Un Meme | à RS Tr n | En grue nn Me S DT Que nie .…. Eros on ce A ee cg ee phmpnnl< à , ne 4 n Lau TEE - RAA ERA res me En ner Mere em ntpene lors _— DRE A rm EE ENS Er a F ms - D nm PE ne où te me Rs mr - 2 à ES : LT oies ES onu Since ee rs Voament #4 æ à .. = —. mt dde TR a GE re cm mater ee er eu Fr 0 . » - ne D ri ge rather LS Et ngqurr enge St hrpun-u ou a = = - ee A PhD L ES re En Vo de EP D nt à De me ut mener nr Es mu Tue va we “ + o ee GS oem on gr eee RES — Se € 5er mme re à en tune pa ntae mr amasts ee = pere _— RS CES + D'éten qe = eee nr ae note, ee Portman este. D PTT ete ee, US = 0 niet de tn nn te — AA LIL E PR ne mg tn RAR LES, PES, _ ee Sirto LOLEEPRad a are ae pe +. 0 2 me = « © ne ie Ro den Cri ré se : = TS TT NOR state. rente = ES = _ st on gre £ : _ : CL ES, COR L : + & | .s.. -. 7, 4 … COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PARIS — L. MARETHEUX, IMPRIMEEUR 4% RUE CASSETTE, 1, k Ha 1 f À LINE COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TOME TROÏSIÈME — DIXIÈME SÉRIE ANNÉE 1896 QUARANTE-HUITIÈME DE LA COLLECTION Avec îfigures PARIS MASSON ET CC, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1896 TEA « de EE M NE MP A A CNE ET Net AIME AU ni LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU 31 DÉCEMBRE 1896 ABRÉVIATIONS A A M, associé de l’Académie de médecine. Pr AEP, agrégé à l'École de pharmacie. A F M, agrégé à la Faculté de médecine. A x, accoucheur des hôpitaux. A M, assistant au Muséum. c A M, correspondant de l’Académie de médecine. c x, chirurgien des hôpitaux. “Ar, membre de l’Académie française. x «A m, membre de l’Académie de médecine. M1, membre de l'Institut. MA s, membre de l’Académie des sciences. uxcrs, maitre de conférences à la Faculté des sciences. M #, médecin des hôpitaux. Pc Fr, professeur au Collège de France. PE M, professeur à l'École de médecine. P EP, professeur à l'École de pharmacie. PE MM, professeur à l'École de médecine militaire. P E y, professeur à l'École vétérinaire. P F M, professeur à la Faculté de médecine. P Fr s, professeur à la Faculté des sciences. PH F M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. P M, professeur au Muséum. P u, professeur à l'Université. UT —— ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). COMPOSITION DU BUREAU (1896) Présidente rt IAE RER IEE Vice-présidents..... Re RENE NA Secrétaire général............ Secrétaires ordinaires........ d Trésorier............... CR TA a Archiviste:1:.:..01 0eme M. Chauveau. M. Charrin. M. Giard. M. Dumontpaillier. M. Capitan. M. Bouvier. M. Trouessart. M. Suchard. M. Beauregard. M. Retterer. MEMBRES HONORAIRES MM. Albert (S. A. S.), Prince de Monaco. Beneden (Ed. van), pu, à Liège. Brouardel, MAS, PFM, MAM, MU, doyen de la Faculté de méde- cine. Burdon-Sanderson, pu, à Oxford. Chauveau, Mas, PM, MAM, 10, ave- nue Jules-Janin. Cohn (F.), pu, à Breslau. MM. Engelmann (W.), pu, à Utrecht. Foster (Michael), pu, à Cambridge. Holmgren, pu, à Upsal. Külliker (von), pu, à Würtzburg. Leuckart, PU, à Leipzig. Ollier, AAM, PrM, à Lyon. Paget (sir James), pu, à Londres. Strasburger, pu, à Bonn. Virchow, ru, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF, 28, avenue de l'Observatoire. Babinski, mu, 54, rue Bonaparte. Balbiani (G.), pcr, 18, rue Soufflot. Balzer, mu, 8, rue de l’Arcade. Beauregard (Henri), AEP, AM, 49, boulevard Saint-Marcel. MM. Berthelot (M.-P.-E.), MAS, MA, PCF, sénateur, au palais de l’Ins- titut. Blanchard (Raphaël), MaAM, Ar, secrétaire général de la Société zoologique de France, 32, rue du Luxembourg. — VII — MM. Bloch, 4, rue Laffitte. Bouchard, PFM, MAS, MH, MAM, 174, rue de Rivoli. Bouchereau, mu, 1, rue Cabanis. Bourneville (D.), Mu, 14, rue des Carmes. Bourquelot, AEP, pharmacien des hôpitaux, 42, rue de Sèvres. Budin (Pierre), MAM, AFM, AH, 4, avenue Hoche. Capitan, 5, rue des Ursulines. Chamberland, directeur de Labo- ratoire, à l'Institut Pasteur, rue Dutot. Charrin, AFM, Mu, 11, avenue de l'Opéra. Chatin (G.-A.), MAM, MAS, 149, rue de Rennes. Chalin (Joannès), MAM, AEP, pro- fesseur adjoint à la Faculté des sciences, 174, boulevard Saint- Germain. Cornil (V.), MAM, PFM, MH, séna- teur, 19, rue Saint-Guillaume. Dareste, directeur du laboratoire de tératologie, à l'École des Hautes-Études, à Paris, 37, rue de Fleurus. Dastre (A.),Prs,73,avenue d’Antin. Dejerine, arm, Mu, 168, boulevard Saint-Germain. Duclaux, MAS, PFS, MAM, directeur de l'Institut Pasteur, 35 bis, rue de Fleurus. Duguet, AFM, MAM, Mu, 60, rue de Londres. Dumontpallier, MAM, Mn, 24, rue Vignon. Dupuy (E.), 53, avenue Montaigne. Duval (Mathias), MAM, PFM, 11, cité Malesherbes. Féré (Ch.), uu,37, boulevard Saint- Michel. MM. François-Franck, MAM, professeur suppléant au Collège de France, >, rue Saint-Philippe-du-Roule. Galippe (V.), chef du laboratoire de la Clinique d’accouchements, 12, place Vendôme. Gellé, 4, rue Sainte-Anne. Giard, PFS, 14, rue Stanislas. Gley, AFM, 14, rue Monsieur-le- Prince. Grancher, PFM, MAU, Mu, 36, rue Beaujon. Gréhant (N.), pm, 17, rue Berthollet. Grimaux, AFM, MAS, professeur à l'École polytechnique et à l’Ins- titut agronomique, 193, boule- vard Montparnasse. Hallopeau, mam, AFM, mx, 91, bou- levard Malesherbes. Hamy, mr, PM, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, 36. Hayem (G.), PFM, MAM, MU, 7, rue de Vigny. Henneguy, professeur remplaçant au Collège de France, 9, rue Thénard. Hénocque, directeur-adjoint du la- boratoire de médecine au Col- lège de France, avenue Mati- gnon, 11. Javal, MA, directeur du labora- toire d’ophtalmologie à la Sor- bonne, 52, rue de Grenelle. Joffroy, PFM, Mu, 186, rue de Ri- voli. Künckel d’Herculaïs (Jules), am, 20, villa Saïd. Laborde (V.), maAm, chef des tra- vaux physiologiques à la Faculté de médecine, 15, rue de l'École- de-Médecine. Laboulbène, Mam, PFM, mu, 181, boulevard Saint-Germain. — VII — MM. Lancereaux (E.), MAM, AFM, MH. 44, rue de la Bienfaisance. Landouzy, MAM, PFM, MU, 4, Chauveau-Lagarde. Larcher, 97, Grande-Rue de Passy. Leblanc, man, 88, avenue Mala- koff. Leven, 26, avenue des Champs- Élysées. Luys, Mau, mu, 20, rue de Grenelle. Magitot, mam, 9, boulevard Males- herbes. Magnan, MAM, mu, 1, rue Cabanis. Malassez, Man, directeur-adjoint du laboratoire d’histologie au Collège de France, 168, boule- vard Saint-Germain. Marey, mas, mMaM, pcr, 11, boule- vard Delessert. Mégnin (Pierre), rédacteur en chef du journal l'Éleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes. Michon (Joseph), 33, rue de Baby- lone. Milne-Edwards (Alph.), MAS, MA, PM, PEP, 57, rue Cuvier. Nocard, PEV, mMAM, à Alfort. rue MEMBRES MM. Binet, 29, rue Madame (21 décem- bre 1895). Bonnier, Pprs, 15, rue de l’Estra- pade (1° décembre 1888). Bouvier, PM, 39, rue Claude-Ber- nard (28 avril 1894). Brissaud, AFM, Mu, 5, rue Bona- parte (4 février 1888). Chabrié, 9, avenue de Saxe (5 dé- cembre 1896). ‘Contejean, 33, rue Linné (22 fé- vrier 1896). MM. Onimus, 7, place de la Madeleine. Perrier, MAS, PM, 26, rue Gay- Lussac. Poncet (de Cluny), à Vichy. Ranvier, MAM, MAS, PCF, 28, ave- nue de l'Observatoire. Raymond (F.), PrM, mu, 156, bou- levard Haussmann. Ayo T'Y Regnard (Paul), professeur à l'Ins- titut agronomique, directeur- adjoint du laboratoire de physio- logie expérimentale de l'École des Hautes-Études, 224, boule- vard Saint-Germain. Rémy, AFM, 31, rue de Londres. Retterer, AFM, 19, boulevard Saint- Marcel. Richet (Ch.), Peu, 15, rue de l’Uni- versité. Robin (Albert), AFM, MAM, ME, 53, boulevard de Courcelles. Rouget (Charles), PM, AAM, à Saint-Jean-de-Villefranche. Sinety (de), 14, place Vendôme. Trasbot, PEY, MA, à Alfort. Troisier, AFM, Ma, 25, rue La Boétie. Vaillant (L.), PM, 2, rue de Buffon. TITULAIRES MM. Darier, mu, 26, boulevard Saint- Germain (14 janvier 1893). Fabre-Domergue, 1, rue Léopold- Robert (11 avril 1891). Gilbert, MH, AFM, 27, rue de Rome (10 mai 1890). Grimbert, pharmac. des hôpitaux, 89, rue d'Assas (21 mars 1896). Guignard, MAS, MAM, PEP, 1, rue des Feuillantines (7 janvier 1888). Hallion, 31, rue de Poissy (30 ma 1896). : - sers *- MM. | MM. Hanriot, MAN, AFM, 4, rue Monsieur- | Raïlliet, MAM, PEV, à l'École vété- le-Prince (21 novembre 1896). rinaire d’Alfort (13 juin 1891). Kaufmann, pev, à Alfort (30 no- | Rénon, 17, rue d'Anjou (27 juin vembre 1889). 1896). Langlois, chef de laborat., FM, | Richer, 11, rue Garancière (8 juil 12, rue de l'Odéon (12 décem- let 1893). bre 1891). Roger, AFM, MH, 4, rue Perrault Lapicque, préparateur, Fs, 59, (2 juin 1888). rue Claude-Bernard (15 décem- | Suchard, préparateur du cours bre 1894). d'anatomie générale au Collège Laveran, MAM, PEMM, Paris. de France, 75, rue Notre-Dame- Mangin professeur au Lycée Louis- des-Champs (30 novembre 1895). le-Grand, 2, rue de la Sorbonne | Trouessart, 112, avenue Victor- (25 mai 1895). Hugo (28 juillet 1895). Netter, arm, mu, 129, boulevard | Varigny (de), 7, rue de Sfax (15 jé- Saint-Germain (23 février 1889). vrier 1890). Phisalix, AM, 26, boulevard Saint- | Weiss, Ar“, 119, boulevard Saint- Germain (13 décembre 1890). Germain (18 juillet 1896). Pilliet, chef de laborat., FM, 4, rue | Wurtz, AFM, Mu, 67, rue des Saints- Richepanse (29 juillet 1893). Pères (26 décembre 1891). MEMBRES ASSOCIÉS MM. : MM. Arloing, PFM, PEV, à Lyon. _ Lépine, PF“, AAM, à Lyon. Beaie, Lionel $S., à Londres. Lortet, PFM, à Lyon. Beaunis, PHPM, à Paris. Marion, prs, Marseille. Carus (J.-V.), pu, à Leipzig. Metchnikoff, chef de service à Dugès (Alfred), consul de France à | l’Institut Pasteur, rue Dutot. Guanajuato (Mexique). | Pitres, PFM, cAM, à Bordeaux. Frédéricq, pu, à Liège. _ Plateau, pu, à Gand. His, pu, Leipzig. | Ray Lankester, pu, Oxford. Kowalewski, MA, à Saint-Péters- ; Renaut (J.), PFM, AAM, à Lyon. bourg. Roux, man, sous-directeur de l’Ins- Laulanié, PEv, à Toulouse. titut Pasteur, rue Dutot. Le Roy de Méricourt, AAM, 5, rue ‘ Sanson, prof. à l'Institut agrono- Cambacérès, à Paris. | mique, 11,rue Boissonade, Paris. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. MM. Arthus, pu, à Fribourg. Brasse, 25, rue Chasselièvre, à Baréty, à Nice. Rouen. Bergonié, PFM, MAM, à Bordeaux. Cazeneuve (Paul), Pr», à Lyon. MM. Charpentier, Pr, à Nancy. Coyne, PrM, à Bordeaux. Courmont, AFM, à Lyon. Daremberg, mam, à Cannes. Debierre (Ch.), Pr», à Lille. Delore, à Lyon. Dubois (Raphaël), Prs, à Lyon. Duret, professeur à l'Université catholique à Lille. Gilis, arm, à Montpellier. Gimbert, à Cannes. : Herrmann (G.), Pr, à Toulouse. , Huet, PEM, à Caen. Jobert (CL.), Prs, à Dijon. Jolyet, PrM, à Bordeaux. Jourdan, PFS, PEM, à Marseille. Jourdain, à Portbail. Laguesse, AFM, à Lille. Lambling, Pr, à Lille. Lennier (G.), directeur du Muséum, | au Havre. Livon, PEM, à Marseille. MN. Maurel, AF“, médecin principal de la marine, à Toulouse. Morat, PFrM, à Lyon. | Moynierde Villepoix,PEM, à Amiens. Nepveu, PEM, à Marseille. Nicati, à Marseille. | Nicolas, rrM, à Nancy. OEchsner de Coninck, rrs, à Mont- pellier. Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Peyraud, à Libourne. Pierret, PFM, à Lyon. Prenant, PrM, à Nancy. Rietsch, à Marseille. Rodet, AFM, à Lyon. Testut (Léo), PrM, à Lyon. Thierry (E.), directeur de l'École d'agricult., à Beaune (Côte-d'Or). Tourneux (Fréd.), PFrM, à Toulouse. Wertheimer, PFM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS MM. Allemagne. Heidenhain, pu, Breslau. Australie. Haswell, à Sidney. Autriche-flongrie. Adamkiewiez (Albert), pu, à Cra- covie. Belgique. Crocq, pu, à Bruxelles. Gluge, à Bruxelles. Brésil. Abbott, à Bahia. Motta-Maïa, à Rio-de-Janeiro. Chili. Lataste, PFM, à Santiago. MM. Espagne. Ramon y Cajal, Madrid. États-Unis, Seguin (E.-C.), à New-York. Stiles, Washington. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, Street, W., à Londres. Berkeley (M.-J.), à Kings-Cliff. Horsley (Victor), 80, Park Street, Grosvenor Square, W., à Lon- dres. Marcet, à Cannes (Alpes - Mari- times). Harley MM. Redfern, à Belfast. Simon (John), à Londres. Williamson, à Londres. Havane. Sanchez Toledo, à Paris. Italie. Golgi, pu, à Pavie. Lussana, PU, à Palerme. Martini, à Naples. Mosso, pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), pu, à Tu- rin. Vella, à Sienne. Portugal. Mello (Cabral da), à Lisbonne. | MM. Roumanie. Vitzou, pu, à Bucharest. Russie. Gamaleïa. Mendelsohn (Maurice), à Saint-Pé- tersbourg. Mierzejewsky,à Saint-Pétersbourg. Pelikan, à Saint-Pétersbourg. Tarchanoff (de), pu, à Saint-Péters- bourg. Suisse. Duby, à Genève. Kronecker, pu, à Berne. Prévost, pu, à Genève. à or à # Fr ETES DTA REED RL CENTS TA : D PAGE HAT «2 Eu iNe ü OL OO FAE Al fi © Le PALAU #14 e SA Y À û RATE NIET FUAE F2 1H RATER LA + _ SD ER ndnae. Art COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Z SÉANCE DU 11 JANVIER 1896 M. A. Gicgert : À propos de la communication faite par M. Mosny, dans la séance du 28 décembre 1895. — MM. A. Gicsert et L. Fournier : La culture du pneumo- coque dans le sang défibriné. — M. F. LAULANÉ : Essai de calorimétrie animale. Sur un calorimètre anémothermique. — M. Cu. FéRé : Note sur l'influence de l'introduction de venin dans l'albumen de l'œuf de poule sur l’évolution de l'embryon. — M. Cu. Féré : Note sur l'influence de l’antisepsie de la peau sur des manifesta- tions cutanées de l'iodisme. — M. LéoPorp-Lévr : Note sur l’état des réflexes patellaires au cours des aftections hépatiques. — M. L.-A. Dugois (de Nancy) : Note préliminaire sur l’action des extraits de capsules surrénales. — MM. A. CHar- RIN et E. GLEy : Hérédité expérimentale. — MM. CosranriN et Marrucxor : Sur la production du mycélium des champignons supérieurs. — M. Grarp : Mucor et Tri- choderma. — M. Cu. ErrznGer : Lésions des méninges rachidiennes et des racines rachidiennes dans la méningite tuberculeuse. — M. S. Arcoxe : Sur une forme atypique de l’exanthème vaccinal généralisé expérimental sur le poulain. — MM. Ro- pET et Nicozas : Sur quelques troubles du rythme cardiaque déterminés par les blessures du cœur. — M. Roper : Quelques observations sur les systoles avor- fe tées. — MM. Lagorpe et CHarrix : Le virus et la maladie pyocyaniques. Signes fonctionnels de lésions encéphaliques, avec localisations déterminées, chez le lapin. —— M. le Dr J. NaGeorTe : A propos des lésions des nerfs radiculaires. — M. V. CHan- son : Contribution à l'étude des accidents produits par les Ascarides. — M. RÉNON : Aspergillose intestinale. — M. le Dr P. Haan (du Havre) : Variation de l'acidité totale du suc gastrique retiré par aspiration et conservé à l'air. — M. E. Gé- rRARD (de Toulouse) : Sur le dédoublement de l’amygdaline dans l'économie. — M. le professeur OEcasxer DE COonIxCK : Sur l'analyse de l'urine des rachitiques. — M. Eo. Rerterer : Développement des tissus conjonctifs muqueux et réticulé. — M. Zurer : Abcès multiples à pneumocoques survenus dans la convalescence d'une pneumonie, à la suite d'injections sous-cutanées de benzoate de caféine pratiquées au cours de la maladie. — M. E. Lépinors : Contribution à l'étude de l'acidité urinaire. Présidence de M. Charrin. À PROPOS DE LA COMMUNICATION FAITE PAR M. Mosny, DANS LA SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 4895, par M. À. GILBERT. Si j'avais pu assister à la fin de la précédente séance de la Société, je n'aurais pas manqué de demander la parole pour faire suivre la com- munication de M. Mosny de quelques observations. D'après M. Mosny, dans le sang défibriné, que nous avons récemment préconisé comme milieu de culture, M. Fournier et moi (1), le dévelop- pement du pneumocoque n'est pas plus rapide que dans le sérum, la (4) A. Gilbert et L. Fournier, Du sang défibriné comme milieu de culture, Bull. Soc. Biol., 16 nov. 1895. BioLocie. COMPTES RENDUS. — 100 SÉRIE. v, IL. 1 9 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE culture n'y est pas plus abondante et la persistance de la végétabilité et de la virulence n'y est nullement supérieure. Je me propose de faire dans cette séance une communication détaillée sur la culture du pneu- mocoque dans le sang défibriné et par suite je montrerai ce qu'il faut retenir de ces affirmations. M. Mosny déclare que dans le sang défibriné liquide, d'une part, il se forme après ensemencement des grumeaux, qu'on doit se garder de prendre pour des amas de microbes, et dans le sang défibriné solidifié par la chaleur, d'autre part, des opacités auxquelles il faut s'abstenir de donner la même signification. En ce qui concerne le sang défibriné liquide, je ne sais si M. Mosny a commis l'erreur qu'il signale, mais elle ne saurait nous être attribuée, puisque jusqu’à ce jour nous n'avons pas fait connaitre les résultats que nous à donnés la culture du pneumocoque dans un tel milieu. Quant au sang défibriné solidifié, il représente par lui-même une subs- tance opaque; dire qu'il s’y développe des opacités après l’ensemencement du pneumocoque est à coup sûr peu expressif. À la vérité, l’'ensemen- cement du pneumocoque sur ce milieu amène essentiellement des modi- fications dans sa couleur. Il était de teinte chocolat et opaque, il devient vert, puis jaune chamois tout en s’opacifiant encore. De telles modifi- cations sont d'ordre chimique, sans doute, mais contrairement à l’asser- tion de M. Mosny, elles sont liées, ainsi que je le prouverai tout à l'heure, à l’envahissement du terrain de culture par le pneumocoque. Dans une note jointe à sa communication, M. Mosny ajoute que le milieu employé par Pfeiffer pour la culture du bacille de l'influenza est « fort analogue » au nôtre « par sa composition et ses propriétés ». Il est certain que si l’on excepte que l’un de ces milieux a pour base la gélose et que l’autre n’en contient pas, que l’un est simplement additionné à la surface d’une goutte de sang liquide, alors que l’autre est exclusivement formé en totalité de certaines parties seulement du sang liquide ou coagulé, qu’enfin, en ce qui concerne la culture du pneumocoque, elle est bien différente sur la gélose de Pfeiffer et sur le sang défibriné, il est certain, dis-je, que ces deux milieux sont « fort analogues par leur composition et leurs propriétés ». LA CULTURE DU PNEUMOCOQUE DANS LE SANG DÉFRIBRINÉ, par MM. À. Giceerr et L. FOURNIER. Nous avons ensemencé le pneumocoque dans le sang défibriné de l’homme (1) du cheval, du chien et du lapin. (1) Le sang emprunté à des pneumoniques en évolution et convalescents s’est comporté comme le sang soustrait à des individus normaux, la question de virulence du germe cultivé étant réservée. SÉANCE DU 1Â1 JANVIER 3 Le sang du cheval nous a fourni des résultats un peu spéciaux sur lesquels nous reviendrons ultérieurement. Les autres sangs, employés à l’état liquide ou solidifiés par la chaleur, nous ont donné des cultures comparables (1). I. Sang défibriné liquide. — Ensemencé dans le sang défibriné liquide, placé à l’étuve à 33 degrés, le pneumocoque se développe rapidement et abondamment en s'entourant de capsules, ainsi que dans le sérum. Sa vitalité, sa végétabilité et sa virulence s'y conservent d’une façon remarquable. Nous n’en saurions actuellement fixer le terme, mais nous possédions au moment des vacances de septembre et nous pos- sédons encore aujourd'hui des cultures âgées de plus de deux mois, conservées à l'étuve, épaissies et presque desséchées, reensemencçables encore et capables de tuer la souris en vingt-quatre ou trente-six heures. Est-il nécessaire de rappeler que les milieux de culture actuel- lement usités ne laissent au pneumocoque la vie et la virulence que pen- dant quelques jours? Sous l’action du développement du pneumocoque, le sang défibriné s’altère dans sa couleur : au bout de vingt-quatre heures il prend une teinte lie de vin et ultérieurement il tend de plus en plus à prendre l’aspect d'un jus de pruneaux clair ou d’une légère infusion de café. Ces modifications physiques sont liées à la transformation de l’hémo- globine en méthémoglobine. Effectivement, examiné au spectroscope, le sang défibriné donne à la fois les bandes d'absorption de l’oxyhémo- globine et de la méthémoglobine en solution acide, lorsque la culture est récente, exclusivement celles de la méthémoglobine en solution acide quand la culture est ancienne. Quelques gouttes d’une solution de potasse versées dans le milieu de culture suffisent d’ailleurs à faire apparaitre à la place du spectre de la méthémoglobine en solution acide, celui de la méthémoglobine en solution alcaline. On sait, et M. Hayem surtout a bien montré qu'un certain nombre de substances toxiques ont le pouvoir de transformer l'hémoglobine en méthémoglobine, Il y avait lieu par suite de rechercher si, dans le sang défibriné, l’apparition de la méthémoglobine était due aux toxines du pneumocoque. Mais en faisant agir sur du sang défibriné vierge d’ense- mencement du sérum dans lequel avait vécu le pneumocoque, nous n'avons, par l’examen spectroscopique, noté aucun indice de transfor- mation de l’oxyhémoglobine en méthémoglobine (2). (4) Toutefois, la durée de la végétabilité et de la virulence n’est pas iden- tique dans ces divers milieux, et la présente note vise exclusivement le sang défibriné du lapin. (2) Nous avons examiné au spectroscope le sang d’un pneumonique sans y trouver trace de méthémoglobine. 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IL. Sang défibriné solidifié. — Semé sur le sang défibriné solidifié par la chaleur, le pneumocoque ne forme qu'une mince culture en relief, mais il pénètre dans le milieu nutritif au sein duquel il prolifère activement. Sa vitalité et sa virulence y persistent d’ailleurs longuement, bien qu'elles demeurent très inférieures à celles que lui permet le milieu liquide (1). Au bout de dix-huit à vingt heures, au niveau de la strie d’ensemen- cement, le sang défibriné, solidifié, qui est de couleur chocolat, prend une teinte verte, puis bientôt jaune chamoiïis. La transformation de couleur se poursuit rapidement en largeur et en profondeur, si bien qu'au bout de quelques jours la surface des tubes offre une bande jaune bordée de vert et que dans les points ou son épaisseur n'était pas trop grande, le milieu nutritif laisse apparaître, au niveau de sa face pro- fonde adhérente au tube de verre, une coloration successivement verte, puis jaune bordée de vert. Nous ignorons les modifications chimiques auxquelles correspondent ces changements de teinte du sang défibriné, mais nous savons qu'elles sont liées à son envahissement par le pneumocoque. L’ensemencement et l'examen sur des lamelles, de ses parties profondes, ayant pris une coloration jaune, suffisent à l’établir. Sur des coupes, la démonstration est plus nette encore. Les pneumocoques s'y montrent dans l'épaisseur du milieu de culture, à une distance plus ou moins grande de la surface d'ensemencement. Ils y sont disposés par colonies distinctes plus ou moins importantes, rangées sur une ligne brisée ayant la forme d'un V, dont l'angle s’avance comme un coin dans la profondeur. Les germes les plus enfoncés se colorent vivement par les réactifs, les autres d'autant moins qu'ils sont plus superficiels (2). Entre la ligne brisée qu'occupent les microbes et la surface du terrain envahi existe d’ailleurs une zone précédemment peuplée, mais où toute trace d'organisme colorable a disparu. Malgré que, situés dans la profondeur du sang défibriné, les pneumo- coques exercent sur son hémoglobine, à une profondeur bien plus grande encore, une action qui se traduit par les modifications de cou- leur que nous avons indiquées. Il ne faudrait donc pas croire que la mesure de l’envahissement microbien est fournie par la modification de couleur subie par le terrain nutritif ; celle-ci est beaucoup plus con- sidérable que celui-là. Nous avons ensemencé sur le sang défibriné, solidifié, un certain nombre d'autres microbes que le pneumocoque, à savoirle pneumobacille de Friedländer, le bacille de l’influenza, le bacille de la diphtérie, la bactéridie charbonneuse, le bacille d’'Eberth, le colibacille, le strepto- coque et les staphylocoques. (4) La végétabilité ne s’y poursuit guère plus d'un mois et la virulence n'y dure guère plus de dix jours. (2) Les capsules font habituellement défaut ou sont peu distinctes. SÉANCE DU Îl JANVIER 5 La question du streptocoque doit être actuellement réservée ; les autres organismes y végètent en surface comme sur le sérum et n'exercent aucune action décolorante sur l'hémoglobine du milieu nourricier. Le sang défibriné solidifié peut donc être employé non seulement en vue de la culture du pneumocoque et de la longue conservation de sa végétabilité et de sa virulence, mais encore il peut être utilisé pour le diagnostie bactériologique du pneumocoque et pour sa séparation d'avec d’autres microorganismes. ESSAI DE CALORIMÉTRIE ANIMALE. SUR UN CALORIMÈTRE ANÉMOTHERMIQUE, par M. F. LAULANIÉ. Quand un courant d’air uniforme parcourt une enceinte contenant une source de chaleur, sa température s'élève à un certain degré qui est, sans aucun doute, fonction du rayonnement calorifique de la source. On conçoit donc qu'il soit possible de mesurer la quantité de chaleur émise par un animal à l'échauffement d’un courant d'air traver- sant uniformément son habitation. Dans un calorimètre construit sur ce principe, la production horaire de la chaleur est donnée par l'équation suivante : CNE dans laquelle Af exprime la différence de température à l'entrée et à la sortie de l’air quand l'équilibre est obtenu, et K une constante dépen- dant de l'appareil et de la ventilation, et qu'il est nécessaire de déter- miner empiriquement. L'idée d’une semblable méthode n’est point nouvelle, et on en trouve, je crois bien, la première application parmi les nombreux dispositifs introduits par M. d’Arsonval pour la mesure de la chaleur animale. Mais le principe de physique sur lequel repose la méthode de calori- métrie anémothermique, est beaucoup plus simple dans son expression théorique que dans ses applications concrètes, et les tentatives réitérées que nous avons faites pour l'appliquer à la mesure de la chaleur ani- male sont demeurées longtemps infructueuses. C’est qu'en effet, Les indications d’un calorimètre anémothermique ne sont proportionnelles à l'intensité de la thermogénèse que dans certaines conditions de construction qu'il convenait de déterminer et que nous avons réalisées de la manière suivante. Notre calorimètre, construit pour le lapin, consiste en une enceinte de cuivre rouge, de forme cylindrique et couchée horizontalement sur quatre pieds métalliques. 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'orifice d'entrée de l'air se prolonge à l'intérieur par une grille hori- zontale et pariétale qui assure la distribution régulière et uniforme de l'air dans l'enceinte. Une deuxième grille, exactement symétrique, reprend le courant à l’intérieur, mais elle ne le conduit pas directement à l'orifice de sortie. Avant d'arriver jusqu'à ce dernier, l’air en mouve- ment est obligé de parcourir un serpentin en cuivre, enroulé à la face interne de la paroi et composé d’une quinzaine de tours distants l’un de l’autre de 3 centimètres environ. Dans ces conditions, le courant d'air passe par toutes les régions pariétales de l'enceinte, il en explore toutes les températures locales et il va en apporter la synthèse sur le thermomètre de sortie. C'est assurément cette circonstance qui donne à notre appareil la précision que nous allons voir. Nous complétons d’ailleurs notre dispo- sitif en enfermant l’animal dans une cage formée d’une feuille de cuivre grillée qui emmagasine la chaleur et fonctionne comme volant. L'échauffement du courant d’air est mesuré à l’aide de deux ther- momètres très sensibles, placés l’un à l'entrée, l’autre à la sortie du courant. Celui-ci est situé immédiatement en amont de l'orifice de sortie. Quant au thermomètre chargé de donner la température de l’air entrant, il est tenu à une certaine distance du calorimètre et soustrait à son influence. Avant de le toucher, l'air extérieur traverse également un serpentin métallique qui fonctionne comme volant. Dans ces conditions, nous avons obtenu des résultats très remar- quables, si on en juge par la série des expériences suivantes, faites sur quatre lapins dans des conditions très variées. Comme on pourra le voir, en parcourant le tableau ci-contre qui contient ces résultats, nous avons déterminé l'intensité des combustions respiratoires de l'animal en expérience en même temps que les effets thermiques de son rayonnement. La ventilation, rigoureusement uniforme et de même intensité dans les 17 expériences relatées, atteignait 106 litres à l'heure. La mesure de la calorification étant donnée par l’échauffement défi- nitif de l’air à sa sortie, nous obtenions les combustions par l'analyse du mélange gazeux qui avait traversé l'enceinte à la première et à la deuxième heure. Pour simplifier, nous n’avons pas fait figurer dans notre tableau ni l'acide carbonique dont le témoignage n’a aucune significa- tion, ni les coefficients respiratoires qui sont inutiles à notre démons- tration. L’échauffement de l'air et son appauvrissement en oxygène suffisent à l'étude comparative que nous avons à faire. Or, on voit en parcourant les résultats de nos expériences que ces deux termes sont à peu près rigoureusement proporlionnels et demeu- rent liés par un rapport à peu près invariable (cinquième colonne verti- cale) en dépit de la diversité des conditions introduites. Les écarts constatés sont toujours très faibles. Ils restent contenus dans la limite des erreurs de détermination et les courbes que nous SÉANCE DU Â1 JANVIER 7! construirions sur les valeurs relatives des combustions et de la thermo- génèse seraient à peu de chose près exactement superposables. Ainsi nos premiers essais font ressortir cette conclusion qu'il existe ; RAPPORT |VALEURS RELATIVES DÉFICIT | ÉCHAUFFEMENT ——— . à DES TERMES des de la D'OXYGÈNE | DE L'AIR COM- |THERMO- précédents | BUSTIONS | GÉNÈSE ANIMAL ET CONDITION Lapin n° { (2K300). n° 2 (3“155). MO NON TC 4 LE DÉPART (A jeun de 48 heures.) di PE (Travail musculaire.) RON 2 à. (2 heures après.) — m3. : (Le lendemain.) UE AT (A jeun du 3° jour.) — n°4 (260). LUN TEE (A jeun de 48 heures.) — n%4, £ (Après le repas.) ni EN OLD A Re (A jeun du 2° jour.) — n°4. TA (A jeun du 3° jour.) un rapport constant entre la production de la chaleur et la consomma- tion de l'oxygène. C’est à ce résultat que nous jugeons la méthode de calorimétrie ané- mothermique et nous l’estimons bonne précisément parce qu'elle nous apporte une conclusion qui se dégage de nos recherches avec une évi- dence croissante au fur et à mesure que nous améliorons nos moyens d’études. 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le choix d’ailleurs provisoire de ce critérium purement physiologique contient évidemment une pétition de principes, mais en somme nous nous bornons à supposer l'exactitude du principe physique de l'appareil, et l'hypothèse n'est sans doute pas très aventureuse. Aussi bien, nous n'avons plus qu'à procéder soigneusement à la graduation de notre appareil, c'est-à-dire à déterminer la constante correspondant à la ven- tilation mise en œuvre. Nous emploierons à cet objet la méthode de Rubner, qui nous paraît supérieure aux moyens accoutumés, et si nous n'en apportons pas les résultats aujourd’hui, c'est que nous avons été empêché par un accident qui a interrompu nos essais. NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'INTRODUCTION DE VENIN DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF DE POULE SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai eu occasion de signaler quelques faits qui paraissent montrer que du sang provenant d’un individu atteint d’une maladie virulente comme la syphilis (1), lorsqu'il est introduit dans l’albumen de l'œuf de poule, est plus nuisible pour l'embryon que du sang provenant d’un individu sain. Bien que ces faits méritent confirmation, ils rappellent ceux que j'ai observés dans les expériences où j'ai mis en action des toxines micro- biennes (2). J'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de répéter les mêmes expé- riences avec des venins. , M. Phisalix a bien voulu, à ma prière, essayer la résistance de la poule à un venin de vipère de Vendée, qu'il a mis ensuite à ma disposition pour mes expériences. Ce venin injecté en solution au millième dans la glycérine se montre une fois moins toxique pour la poule que pour le cobaye (3 milligrammes de venin tuent un poulet de 840 grammes en 11h42); Exp. I. — Douze œufs, au sixième jour de la ponte, reçoivent un vingtième de centimètre cube de la solution de venin, en même temps que douze œufs de même date recoivent la même quantité de glycérine pure. Tous sont mis à l’étuve à 38 degrés en même temps, la grosse extrémité à droite. Ils sont ouverts après 72 heures d’incubation. a. Dans les œufs qui ont reçu la solution de venin, il y a huit embryons normaux de 44 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés, une atrophie de la tête, un omphalocéphale et deux absences de développement. (1) Note sur l'influence de l'injection de sang dans l’albumen de l’œuf de poule sur le développement de l'embryon (C. R. Soc. de Biol., 1894, p. 429). (2) Loc. cit., p. 346, 369, 490. SÉANCE DU Â1 JANVIER 9 b. Dans les œufs qui ont reçu la glycérine, il y a aussi huit embryons nor- maux de 47 h.1/2 en moyenne, une atrophie de la tête, un cyclope, un ompha- locéphale et une absence de développement. Pour cette expérience il y a égale quantité de développements nor- maux, soit 66,66 p. 100, aussi bien dans les œufs qui ont recu la glycé- rine pure que dans ceux qui ont reçu la solution de venin. Exp. I, II et IV, — Dans ces trois expériences, douze œufs, au cinquième et au sixième jour, ont recu deux vinglièmes de centimètre cube de solu- tion de venin, tandis que les témoins recevaient la même quantité de glycé- rine. Chaque couple de douzaines a été mis à l’étuve à 38 degrés, en même temps, et tous les œufs ont été ouverts après 72 heures d'incubation, a). Dans les trente-six œufs qui ont reçu la solution de venin, iln'y a que huit embryons normaux, dont un dévié à 160 degrés et 50 heures de dévelop- pement en moyenne. On y trouve en outre trois atrophies de la tête, une atrophie de la tête avec flexion latérale, deux atrophies de la tête avec absence de protovertèbres, un spina-bifida, une anophtalmie, un cyclope, un ompha- locéphale, deux embryons kystiques, trois blastodermes sans embryon, et treize absences de développement. b). Dans les trente-six œufs qui ont recu la glycérine pure, il y a 25 em- bryons normaux de 46 h. 1/2 en moyenne, dont 4 déviés à 45 degrés, et un en hétérotaxie; il y a en outre un cyclope, une anophtalmie, deux omphalo- céphales, un embryon kystique et 4 absences de développement. Dans ces trois expériences, la glycérine pure laisse 69,44 p. 100 de développements normaux, tandis que la dilution de venin n’en laisse que 22,22 p. 100. Exp. V. — Douze œufs, au sixième jour de la ponte, ont recu 3 vingtièmes de centimètre cube de venin en solution, et douze œufs du même jour ont recu la même quantité de glycérine pure. Ils ont été mis à l’étuve comme pré- cédemment et ouverts après 72 heures d’incubation. a). Dans les œufs qui ont recu le venin, il y a deux embryons normaux de 43 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux embryons kystiques, deux blastodermes sans embryon, un pseudencéphale, deux atrophies de la tête, une anophtalmie, un spina-bifida et une absence de développement. b). Dans les œufs qui ont reçu la glycérine, il y a 7 embryons normaux aussi de #3 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, un blastoderme sans embryon, un cyclope, un embryon kystique, un omphalocéphale et une absence de développement. Dans cette dernière expérience, la solution de venin n'a laissé que 16,66 p. 100 de développements normaux, tandis que la glycérine pure en a encore laissé 58,35 p. 100. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'ANTISEPSIE DE LA PEAU SUR DES MANIFESTATIONS CUTANÉES DE L'IODISME, par M. Cu. FÉRé. Depuis que j'ai reconnu les avantages de l’antisepsie intestinale dans la prévention et le traitement du bromisme (1), j'ai eu souvent occasion de tenter les mêmes agents contre les accidents de l’iodisme, et en par- üiculier contre les accidents cutanés, mais avec l’insuccès le plus com- plet. Ayant remarqué depuis longtemps que chez les sujets bromurés les. soins de propreté de la peau les plus élémentaires avaient une influence marquée sur les éruptions cutanées (2), j'ai essayé les lavages antisep- tiques dont j'ai obtenu de bons résultats (3). J'ai employé les mêmes lavages dans la prévention et le traitement des accidents cutanés iodi- ques. Tant que je me suis servi des solutions d’acide borique, soit en lavages soit en pulvérisations, je n'ai obtenu aucun résultat satisfaisant. Dans ces derniers temps, j'ai utilisé le permanganate de chaux à la dose de 40 milligrammes par litre (20 grammes de monol) pour des lotions répétées plusieurs fois par jour, et dans deux cas j'ai obtenu des résul- tats intéressants. Dans le premier cas, il s'agissait d’un individu qui avait la syphilis depuis douze ans et qui depuis trois mois présentait des accès d’épi- lepsie partielle avec céphalée fixe à recrudescences nocturnes. Il était soumis depuis deux mois et demi au traitement mixte par quinzaines séparées par des quinzaines de repos. Les accidents syphilitiques s’atté- nuaient, mais les périodes de repos suffisaient à peine à la disparition de l'acné iodique abondant sur la face et sur les épaules, et qui se repro- duisait avec une nouvelle intensité dès les premières prises d’iodure de potassium à la dose de 3 grammes par jour, malgré les lotions boriquées répétées avec le plus grand soin. La solution de permanganate de chaux a été substituée à la solution boriquée, au début d’une nouvelle période de traitement et son usage a été continué depuis sans interruption. L'iodure à été dès cette période beaucoup mieux supporté, l’éruption a été beaucoup moins abondante, elle a été insignifiante à la période suivante et nulle à la troisième. (1) C. R. de la Soc. de Biol., 1890, p. 512; Nouv. Icon. de la Salpétrière, 4890, p. 249. — Grémaud. De l'influence de l’antisepsie intestinale sur quelques érup- tions médicamenteuses, Th., 1891. — Chaumont. Du bromisme, Th., 1892. (2) Les épilepsies et les épileptiques, 1890, p. 575. (3) Du borisme (Semaine médicale, 1894, p. 497). — De la nécessité de la bro- muration continue chez les épileptiques soi-disant guéris (Revue de médecine, 1895, p. 208). — L'hygiène de la peau dans la bromuration (Journ. des con- naissances médicales, 1895, p. 398). SÉANCE DU Î11 JANVIER 41 Dans le second cas, il s'agissait d’un paralytique général, ancien syphilitique, qui avait déjà subi trois quinzaines, séparées par un espace égal de repos, de traitement mixte avec 3 grammes d'iodure de potas- sium aussi par jour. Dès le cinquième jour de la dernière quinzaine, on avait dù supprimer l'iodure à cause d’une éruption d’acné abondante et douloureuse sur la face, les épaules et le dos et disséminée sur le reste du tronc. Cetle éruption qui, pendant les périodes de repos, avait en grande partie persisté malgré les lotions boriquées, s’atténua rapidement sous l'influence de la solution de permanganale de chaux employée pendant la dernière partie de la période de traitement interrompue et pendant la quinzaine de repos suivante. Elle avait complètement dis- paru quand commenca la nouvelle période de traitement mixte, et elle ne s’est plus reproduite. Si ces faits sont insuffisants pour démontrer la sécurité absolue du mé- dicament, ils sont au moins encourageants, et sont intéressants au point de vue du rôle des agents extérieurs dans la production de ces érup- tions médicamenteuses. À cet égard d’ailleurs, ils ne sont que confir- matifs de ceux qui ont élé observés dans le bromisme et dans le borisme. NOTE SUR L'ÉTAT DES RÉFLEXES PATELLAIRES AU COURS DES AFFECTIONS HÉPATIQUES, par M. Léoporp-Lévr. Dans un mémoire encore inédit, j'ai traité des troubles nerveux d'ori- gine hépatique. A côté de l’urémie nerveuse, il existe une toxhémie ab hepato læso, à manifestations nerveuses (hépato-toxhémie nerveuse) (1). Au cours de mes recherches, entreprises sous la direction de mon excellent maître M. le D' Hanot, j'ai étudié l’état des réflexes patellaires dans les affections hépatiques. Les réflexes patellaires ont été trouvés pathologiques dans 14 cas. Les observations peuvent se répartir en trois classes : + A. — Les réflexes patellaires sont abolis. B. — Les réflexes patellaires sont exagérés. Il existe de la trépidation épileptoïde. C. — Un des réflexes, le réflexe droit, est surtout modifié (exagéré, aboli). (1) Cf, Léopold-Lévi, Somnolence et narcolepsie hépatiques. Arch. gén. de Médecine, 1% janvier 1896. 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A. — Les réflexes patellaires sont abolis dans 8 cas, sept fois d’une façon définitive, une fois d’une façon transitoire (1). 40 Malade de cinquante-deux ans, marchande de vin, éthylique, atteinte d’une affection hépatique diägnostiquée tuberculose hépatique par M. le D' Hanot. Outre l'abolition des réflexes, il existe une atrophie des membres inférieurs. Douleur à la pression des muscles du mollet. Les réflexes des membres supérieurs sont forts. 20 Lithiase biliaire, chez une femme de cinquanle-six ans, terminée par des phénomènes d'ictère grave. On n’a pu avoir de renseignements concernant l’éthylisme. La face était le siège de varicosités importantes. Il existait de l’im- potence des membres inférieurs, de la douleur à la pression des masses musculaires du mollet. 3° Ethylisme. — Démence alcoolique. — Cirrhose atrophique. Atrophie des muscles des membres inférieurs. Douleur à la pression des muscles. — Névrite périphérique constatée par l'examen histologique. 4° Cancer nodulaire primitif du foie et diabète. 5° Cirrhose alcoolique chez un homme de cinquante ans. 6° Néoplasme hépatique secondaire à un néoplasme stomacal (?). De ces premières observations, il ressort que l'abolition des réflexes n’est pas en rapportdirect, dans les cas étudiés, avec la maladie du foie. Elle dépend d’une névrile périphérique, le plus souvent d’origine éthylique, qui l'accompagne. 7° Cirrhose atrophique avec ascite, ayant débuté sous forme d'une hépatite hypertrophique avec fièvre et ictère. Puis la fièvre et l’ictère ont disparu. Le foie est devenu petit. Coma hépatique transitoire ayant duré vingt-quatre heures. Pendant cette période, les réflexes rotuliens ont disparu. La suppression des réflexes, constatée d’une façon transitoire au cours de troubles nerveux d'origine hépatique, fait poser la question de l'abolition des réflexes de cause hépatique. Il y a lieu de se demander si, dans ce cas, il ne s’est pas produit du côté de la moelle des phéno- mènes analogues à ceux qui se sont passés au niveau de l’encéphale. IL yaurait alorsabolition del’excitabilité médullaire, comme on larencontre dans d’autres dyscrasies. Ce serait un nouveau point de rapprochement entre l’urémie et l’hépato-toxhémie. 8° Cancer du foie chez une femme de quarante-huit ans, ne présentant pas de phénomène appréciable d'intoxication éthylique. Dans une période avancée de son affection, se développent des troubles (1) Je tiens à remercier de leur obligeance M. le Pr Hayem, MM. Siredey, Walther, Gallois, mon collègue Claude, qui ont mis à ma disposition les obser- vations suivantes : 8° Hayem — 12 Siredey — 2° Walther — 3°, 9°, 10° Gallois, Claude. SÉANCE DU A1 JANVIER 43 aigus de névrile périphérique au niveau des quatre membres (impolence fonctionnelle, douleurs vives, accentuées à la pression des masses muscu- laires). Aboliton des réflexes rotuliens. M. le P° Hayem pense que la névrite périphérique (névrite toxique) pourrait être mise sur le compte de la lésion hépatique. Par suite, l'abolition des réflexes elle-même reconnaitrait dans ce cas une origine hépatique. Elle prend de toutes facons sa part dans le tableau du pseudo-tabes hépatique, qui se trouve réalisé d'ailleurs chez les chiens ayant subi la fistule d’Eck. B. — Les réflexes patellaires sont exagérés dans 4 cas, 3 cas d’une façon définitive, une fois d'une façon transitoire. 99 Coma au cours de l’ictère grave. Exagération des réflexes rotuliens. Trépidation épileptoïde bilatérale. Dans ce cas, il existait en outre des con- tractures transitoires. 10° Ethylisme. Délire alcoolique. Parésie des membres supérieur et inférieur droits. Cirrhose alcoolique. Tuberculose pleuro-péritonéale. Exagération des réflexes et trépidation épileptoïde bilatérale. A l’auptosie, aucune lésion céré- brale en foyer. Pas de lésion médullaire. L'exagération des réflexes et la trépidation épileptoïde sont à rap- procher dans ces cas de celle qui existe dans certaines affections aiguës (tuberculose, fièvre typhoïde, rhumatisme articulaire aigu, pneumonie) et dans certaines intoxications (strychnine, atropine). 11° Cirrhose avec ascite à marche rapide, s'étant terminée avec les phéno- mènes d'hépato-toxhémie que j'ai proposés d'appeler « syndrome nerveux terminal hépatique » (délire hépatique terminal, coma terminal et parésie faciale). Les réflexes rotuliens sont fortement exagérés pendant cette période. Il en est de même de ceux des membres supérieurs. D’après les circonstances où s’est développée, dans l'observation précédente, l’exagération des réflexes, sa relation avec l’intoxication hépatique est, au moins, possible. La même conclusion résulte du cas suivant, où la trépidation épileptuïde a été transitoire. Il est d’ailleurs à remarquer que, parmi les symptômes nerveux déter- minés chez les chiens par la destruction du foie au moyen d'acide sulfu- rique introduit par le canal cholédoque, Pick (1) signale l’exagération des réflexes. De même Denys et Strubbe (2), par l'emploi d'acide acétique dilué, ont détruit le foie chez des chiens. Au milieu des symptômes (4) Pick. Functionnelle Ausschaltung der Leber bei Saügethieren. Arch. f. exp. Palh., XXXIT, 1893, p. 385-387. (2) Denys et Strubbe. La Cellule, t. IX. A4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nerveux rencontrés chez ces animaux, ils notent une excitabilité réflexe très prononcée. 12° Affeclion indéterminée chez un homme de trente et un ans, s'étant tra- duite par un état gastrique accentué, une température élevée, de grands frissons répétés, puis par une congestion du foie (augmentation du volume de l'organe, exagération de l’excrétion d’urée, présence de pigments biliaires et d'urobiline dans l'urine). À ce moment existe de la trépidation épileptoide surtout marquée du côté droit. Esquisse de trépidation du côté gauche. Bientôt tous les phénomènes rentrent dans l’ordre. Le foie reprend son volume normal. L’excrétion d’urée diminue. La trépidation épileptoïde disparait. C. — Un des réflexes (le réflexe droit) est surtout modifié. 12° Dans ce cas, déjà étudié, la trépidation épileptoïde et marquée du côté droit, esquissée seulement à gauche. 13° Lithiase biliaire (ictère, décoloration des matières) chez une femme de soixante-treize ans. Les réflexes sont diminués, presque complètement abolis à droite. La différence est très appréciable. 1% Cirrhose alcoolique hypertrophique (forme Hanot et Gilbert). Diminution très marquée des réflexes, qu’on n'arrive à constater que par le procédé de Jendrassik, plus accentuée nettement du côté droit. Bien qu'il n’y ait pas de conclusion à tirer actuellement de ces derniers faits, ils peuvent être rapprochés des cas d'œdème hémiplé- gique droit au cours des affections du foie, sur lesquels M. Hanot a appelé l’attention dans une communication à la Société médicale des hôpitaux (1). NOTE PRÉLIMINAIRE SUR L'ACTION DES EXTRAITS DE CAPSULES SURRÉNALES, par M. L.-A. Doors (de Nancy) (2). L'action de l'extrait de capsules surrénales varie, selon que l’on s'adresse à l'animal sain et à l'animal surmené ou ayant subi une injec- tion de toxines musculaires. Dans ces expériences, Je me suis servi d'extrait préparé avec des capsules fraiches de rats, les broyant avec un volume égal d’eau alcoo- lisée, et laissant macérer vingt-quatre heures dans la glycérine. Actuellement on commence à admettre que les capsules surrénales exercent une action très favorable dans le traitement de la maladie d'Addison. Or, m'appuyant sur ce fait que, dans toutes les imprégnations un peu intenses de l'organisme animal par des toxines bactériennes ou (1) Hanot. OEdème unilatéral droit dans les affections hépatiques. Soc. méd. , 25 oct. 1895. des Hp. Résumé d’une communication faite à la Conférence biologique de Nancy. s (2 SÉANCE DU Â1 JANVIER 15 autres, les capsules surrénales éprouvent toujours une altération mar- quée, augmentant de volume et subissant souvent une infiltration grais- seuse plus ou moins profonde, j'ai essayé de prouver, par les expériences qui suivent, que ces organes agissent non pas en sécrétant un ferment particulier, qui, répandu dans le sang, y détruirait certaines toxines curarisantes, qui y sont en circulation et qui proviennent surtout du jeu de notre activité musculaire, mais au contraire en accumulant, par un mécanisme identique à celui du foie, ces toxines, eten les modifiant à la longue dans l'intérieur de leur parenchyme. Par conséquent il serait illusoire de vouloir traiter la cachexie bronzée par les extraits de corps surrénaux; et les rares faits de légère amélioration, que l’on a obser- vés, se seraient produits tout aussi bien avec les extraits d'organes quelconques. De plus, il est probable que les extraits employés, et dont les propriétés varient énormément suivant la provenance, ne jouissent que d’une activité très faible. En effet, l'extrait de capsules surrénales est normalement très toxique : injecté à des doses relativement très faibles et quelque peu variables suivant l'animal, il produit toujours des phénomènes de torpeur et de parésie, qui varient d'intensité et de durée avec les doses employées et qui peuvent amener la mort au milieu de symptômes paralytiques très nets, les plus fortes excitations étant alors incapables de faire remuer l'animal. Cette toxicité varie suivant le genre de vie et l'alimentation des animaux qui ont fourni les capsules; elle a augmenté dans plusieurs cas où ils avaient été nourris avec des substances avariées; enfin elle est susceptible d'atteindre à son maximum après l'injection de bouillons de culture d'espèces microbiennes diverses, si l’on a soin de sacrifier l’animal peu de temps après cette injection. En outre, les animaux supportent différemment ces extraits ; il semble qu'il y ait là une sorte de réceptivité individuelle d’ailleurs légère ettrès irrégulière. Cet extrait parait composé d’au moins deux substances : l’une, insoluble dans l'alcool à 90 degrés, produit surtout une vaso-dilatation générale," avec tendances congestives; l’autre, très soluble dans le même réactif, jouit de propriétés paralysantes très marquées, amenant l'immobilité de l’animal, rendant ses pulsations cardiaques de plus en plus faibles, et amenant la mort dans l’asphyxie. Si J’employais des extraits de capsules provenant de rats surmenés, je diminuais la survie dans des proportions notables. Enfin, dans une dernière série d'expériences, j'ai essayé de produire le syndrome de la maladie d'Addison, en injectant un extrait de muscles provenant d'animaux préalablement fatigués. Cet extrait était obtenu par macération dans l'alcool glycériné, el évaporation au dixième; j'en injectais une dose suffisante pour produire 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des effets de malaise et de parésie bien marqués; si j'employais alors l'extrait capsulaire, ces phénomènes morbides, loin de s'amender, augmentaient au contraire très visiblement, et entrainaient quelquefois la mort dans un délai de dix-sept à trente heures, alors que les animaux témoins se rétablissaient. | Les autopsies ont donné des résultats variables : tantôt il n'existait aucune lésion appréciable, tantôt il y avait une congestion d'intensité variable, généralisée à tous les organes. HÉRÉDITÉ EXPÉRIMENTALE, par MM. A. Caarrin et E. GLer. La Société se souvient des animaux porteurs de diverses malfor- mations congénitales que nous avons présentés dernièrement (séance du 2 novembre 1895). Ces animaux provenaient d'ascendants ayant reçu des toxines pyocyaniques. Nous avons, bien entendu, conservé ce couple ; il nous a donné deux portées, comprenant treize petits. — Tous, en apparence au moins, étaient bien conformés ; mais aucun n’est venu vivant. Or, on s’en sou- vient, nous avons signalé la morti-natalité comme l’un des accidents caractéristiques de l'intervention de ces toxines à la première génération; nous retrouvons donc ce phénomène à la deuxième génération. SUR LA PRODUCTION DU MYCÉLIUM DES CHAMPIGNONS SUPÉRIEURS, par MM. CosTANTIN et MATRUCHOT. C'est à une époque relativement récente qu'on à pu réussir à faire germer les spores des champignons supérieurs. Les premières tentatives couronnées de succès furent celles de M. Van Tieghem (1876), qui obtint la germination des spores de Coprins. Peu après, M. Brefeld obtint des résultats semblables en s'adressant à des espèces du même genre et à l'Armillaria mellea. Mais il faut arriver jusqu'à 1889, pour voir se pro- duire le premier travail d'ensemble sur cette question importante, tra- vail dû à M. Brefeld (1). Dans cetouvrage, l’auteur étudie la germination des spores dans un nombre considérable de genres et d'espèces ; pour de nombreuses espèces il a obtenu un mycélium non fructifère, et, pour un certain nombre d’autres, des formes conidiennes. (1) Unters. aus d. gesammtgebiete der Myk., t. VIIT, IX et X. SÉANCE DU 1Â1 JANVIER 47 Il reste toutefois beaucoup à faire sur cette question, car le nombre des types intéressants au point de vue pratique et non étudiés est encore très grand. Il reste surtout à obtenir les fructifications complètes. Toute- fois le développement plus ou moins complet a déjà été réalisé par divers auteurs pour quelques espèces particulièrement favorables (1). Plus récemment enfin nous avons pu obtenir le développement complet du Psalliota campestris à partir de la spore (2). Nous avons poursuivi, en même temps, des recherches analogues sur beaucoup d'espèces. Nous avons obtenu un certain nombre de résultats favorables que nous voudrions faire connaitre aujourd’hui. Tous ne sont pas nouveaux, quelques-uns ont été signalés par M. Brefeld ; nous citons cependant ces derniers, ne füt-ce que pour apporter une confirmation à des faits déjà décrits, en y ajoutant d’ailleurs des observations per- sonnelles. En outre, toutes ces germinations ont été faites en milieux stérilisés. Nous sommes en mesure, pour ces espèces, de produire le mycélium à coup sûr, en quantité illimitée sur différents milieux, et cela en toutes Saisons. Voici, sur un certain nombre des espèces qui nous ont donné des résultats, quelques observations sommaires : Amanita rubescens. — Le mycélium, blanc à son début, prend une nuance crème lorsqu'il devient très vieux. Il se développe avec une vigueur remarquable sur les milieux de cultures en tubes. Un caractère très net de ces cultures est la facon brusque dont la masse mycélienne se termine vers le haut du tube : tous les filaments mycéliens s'arrêtent dans leur croissance au même niveau et se terminent pour ainsi dire dans une section droite du cylindre du tube. Lepiota procera. — Le mycélium est blanchâtre et devient légèrement ocracé en vieillissant. Il est à croissance rapide, d'aspect floconneux et de texture lâche. Armillaria mellea. — M. Brefeld à déjà obtenu le mycélium de cette espèce, puis ses rhizomorphes. Nous avons obtenu aussi, sur des milieux stérilisés, la formation d’un mycélium extrêmement vigou- reux, à croissance très rapide, d’abord blanc puis brunâtre. À la sur- face de ce mycélium se forment des croûtes irrégulières sur lesquelles prennent naissance des formations agrégées rappelant la forme des rhi- zomorphes. (4) M. Van Tieghem en 1876, M. Brefeld en 1877, ont suivi le développement complet des Coprins. M. Brefeld, en 1889, a obtenu l’ébauche de la fructification du Nyclalis, que M. Costantin a réalisée complètement en 4891. En 189, M. Costantin a cultivé un Marasmius. M. Voglino vient d'obtenir des ‘ébauches de Tricholoma terreum. (2) Costantin et Matruchot. C. R. Acad. sc., 1893, 3 juillet. — Bull. Soc. de Biolog., 2 décembre 1893. BioLoGiEe. COMPTES RENDUS. — 10€ séÉRz:. 7. DIT. 2 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Collybia velutipes. — Le mycélium reste toujours blanc. Sur lui, çà et là se dressent des filaments bruns, filiformes, de 0,5 de diamètre et de À centimètre de hauteur environ; ces filaments se renflent à l'extré- mité en une ébauche de chapeau. Nous avons pu d'ailleur obtenir le développement normal et complet de cette espèce lignicole en la culti- vant sur des morceaux de bois stérilisé (4). Marasmius oreades. — Le développement du mycélium est extrêmement lent. Ge mycélium est blanc au début, légèrement brunâtre en vieillis- sant. Tricholomanudum. — Le mycélium est souvent d’un blanc légèrement violacé, comme le chapeau du champignon. Le développement en est très lent. Pleurotus ostreatus. — Le caractère le plus marqué de ce mycélium, qui est d’ailleurs blanc et reste toujours blanc, est de s'appliquer étroi- tement sur le substratum nutritif, formant une sorte de tapis très aplati. Le même fait s'observe sur la paroi du tube. L'étude de cette espèce offre d’ailleurs un certain intérêt pratique; c’est, en effet, une espèce volumineuse et comestible, et l’on connaît les essences d'arbres sur les - quelles elle fructifie. Pholiota ægerita. — Les spores donnent un mycélium blane, n'offrant pas de caractères extérieurs bien saillants. L'intérêt de ce champignon réside dans ce fait que les anciens cultivaient une espèce vivant sur le Peuplier ; ils l'appelaient ægerila, et c'est vraisemblablement celle-ci. Desvaux, vers 1840, a tenté à nouveau cette culture, et a réussi une fois à obtenir des fructifications (2). Coprinus comatus. — Ce champignon est, comme la plupart des Co- prins, d’une culture facile. Même en tubes clos, sur milieux stérilisés, nous avons obtenu le développement complet du chapeau. Le mycélium est blanc et reste blanc. L'étude de cette espèce, déjà entreprise par Brefeld, offre d’ailleurs un certain intérêt pratique, puisqu'il s'agit d’une espèce volumineuse et comestible. Polyporus tuberaster. — Le mycélium, d’abord blanc, devient rapi- dement brun clair, en formant des sortes de croûtes étalées sur le substratum. L'étude de cette espèce offre un intérêt tout particulier, puisque c’est elle qui, sous Le nom de Pietra fungaia, fait l’objet d’une certaine culture aux environs de Naples (3). Polyporus frondosus. — Sur le mycélium blane, on voit se former des masses charnues, de 4 à 5 millimètres de diamètre, blanches, puis un peu brunäâtres, à surface mamelonnée rappelant la forme d'un chou- (1) Costantin et Matruchot. Culture d’un champignon lignicole. Comples ren- dus de l’Acad. des Sc., 29 octobre 1894. -(2) Desvaux. Mémoire encyclopédique (1840), n° 109, p. 45. (3) Revue générale de Botanique, nov. 1895. SÉANCE DU 1À1 JANVIER 49 fleur. Ce sont des ébauches de fructification. Comme plusieurs des espèces qui précèdent, le 2. frondosus est à la fois comestible, lignicole et de grande taille. La culture pourrait sans doute en être tentée avec succès. Hydnum coralloides. — Cette espèce nous a offert un développement très caractéristique. Au début, le mycélium blanc forme à la surface du substratum et du verre un feutrage lâche, aranéiforme, floconneux, à nervures peu saillantes, sinueuses ou anastomosées entre elles, d’as- pect assez spécial. Plus tard se dressent des formations agrégées, d’un blanc de lait, en colonnes irrégulières, de 1 à 3 centimètres de haut, offrant des aspects variés : le plus ordinairement ce sont des arbuseules élégamment ramifiés, mais parfois des lames aplaties, ondulées, déchiquetées sur les bords, rappelant un peu l'aspect d'un 7’helephora terrestris qui serait blanc. L’Æydnum coralloides est très rare. C’est un comestible apprécié, il pousse sur le Hêtre et un certain nombre d’autres essences sur lesquelles nous ne l'avons pas encore cultivé. Morchella esculenta. — La germination des spores a déjà élé signalée par M. de Seynes et réalisée à nouveau par M. Brefeld. Le mycélium que nous avons obtenu et que nous avons fait se développer en grande abondance sur divers milieux, en particulier sur du fumier, est un mycélium brun, d'aspect très caractéristique. En culture pure, sa crois- sance est rapide; les filaments sont grèles, peu serrés, formant un feutrage lâche. Au microscope, nous n’y avons pas observé de conidies ; nous y avons reconnu que les filaments, incolores quandils sont jeunes, deviennent brun roussâtre en vieillissant, et que la coloration est fixée sur la membrane. Le diamètre des filaments bruns est de 10 à 16 u. — Enfin nous avons vu se former dans les cultures des agglomérations de filaments qui semblent être des ébauches de fructifications, et dont la nuance est brun clair, brun jaunàälre ou brun noirâtre. Peziza coccinea. — Le mycélium est blanc et présente à la longue des formations de croûtes sclérotiformes noirâtres d’un aspect assez particulier. On voit donc que chacun de ces mycéliums présente, par quelque côté, des caractères particuliers qui Le distinguent assez nettement des autres. On conçoit même que, dans une certaine mesure, ces caractères puissent permeltre à un œil exercé de reconnaître, au seul aspect du mycélium, un certain nombre d'espèces, justifiant ainsi une idée for- mulée autréfois (assez hâtivement d’ailleurs) par M. Planchon. Ajoutons enfin qu'au point de vue des appareils conidiens, deux seu- lement des espèces précédentes nous en ont présenté : Collybia velu- tipes et Hydnum coralloides. Le mycélium de Pleurotus ostreatus sur lequel Brefeld à vu se produire des conidies en chapelets, est, dans nos cultures, toujours resté stérile. 20 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Mucor ET TRICHODERMA. Note de M. JuuiEN Ray, présentée par M. A. GraRp. J'ai trouvé sur de la colle d'amidon abandonnée dans un ceristallisoir deux champignons appartenant aux genres Mucor et Trichoderma, le second vivant en parasite sur le premier; mais en certains points de la surface du milieu, on pouvait avoir des fructifications de Mucor intactes, et, en d'autres points, les fructifications du 7richoderma parfaitement isolées (sans qu'on puisse dire pourtant que le 7richoderma vécüt là sans rapport avec le Mucor). Il m'a done été possible de recueillir séparé- ment les spores des deux champignons et je les ai semées sur des milieux variés (colle d’amidon, pomme de terre, carotte, riz, glucose, lévulose, saccharose, raisin, fumier, gélatine). Sur tous ces milieux, le Mucor et le Trichoderma se sont très bien développés : le parasitisme que j'avais constaté n’était pas un parasitisme nécessaire. J'ai pu d’ail- leurs le rétablir en semant les spores d'une culture pure de 7richo- derma sur une culture pure de Mucor. _ J'indique d’abord sommairement les caractères des deux espèces, en vie libre. Le Mucor forme sur le milieu nutritif un duvet blanc soyeux de À centimètre de haut, moucheté de gris brun par de très nombreuses têtes sporifères. Son thalle, que l’on observe particulièrement bien dans une culture sur gélatine, est formé de filaments fins très abon- damment et très régulièrement ramifiés suivant le mode penné, dessi- nant à la surface de la gelée transparente des arborescences élégantes, cette régularité se perd avec l’âge, les rameaux devenant très variés de forme et de grosseur en même temps que de disposition. Sur le thalle se dressent des arbres sporangifères, dont la ramification est soit en grappe soit en cime; ces deux modes sont combinés de toutes les façons possibles et dans toutes leurs variétés. Les pédicelles des sporanges sont droits ou recourbés vers le bas; il arrive que toutes les branches successives d'une cime sont ainsi recourbées. Les sporanges, sphériques, de 12-40 w de diamètre, ont une membrane transparente laissant voir des spores légèrement elliptiques de 6-8 & de long et se moulant pour ainsi dire sur celles de la surface. À maturité, la membrane se déchire incomplètement suivant une ligne inclinée à 45 degrés environ sur le pied. On voit alors, après dissémination des spores, une columelle ovoïde montant à mi-hauteur du sporange el insérée exactement à la naissance du pied. La membranne de tout l'appareil est abondamment incrustée d’oxalate de chaux; sur les branches, ce sont d'assez gros cristaux, ‘assez informes, tantôt espacés, tantôt très serrés en une croûte opaque; sur la membrane du sporange ce sont de très petites SÉANCE DU A1 JANVIER 21 = tablettes juxtaposées. Si l’on prépare sur une lame de verre quelques fragments de Mucor, qu'on dissolve l'oxalate par une goutte d'acide chlorhydrique étendu, et qu’on laisse évaporer après addition d'un peu de potasse, on obtient une très belle cristallisation d’oxalate. Dans toutes les cultures, on observe soit sur les filaments du thalle, soit sur les filaments sporangifères, des chlamydospores, à contours très divers, d'une dimension moyenne de 16-20 w; et même, avec le glucose, le lévu- lose, je n'ai le plus souvent que des chlamydospores et point de spo- ranges. Enfin si la culture est privée d'air, ce que je réalise facilement en la recouvrant d'huile, je constate une fragmentation presque totale de la plante en articles arrondis destinés à se séparer les uns des autres. Un phénomène intéressant que présente ce Mucor est la pro- duction dans un certain nombre de cultures (culture sur jus de raisin), particulièrement à l'intérieur de la columelle, de corps arrondis ayant une grosseur comparable à celle des chlamydospores et à peu près même réfringence que les spores; j'ai vu plusieurs columelles remplies de pareils corps, les uns libres, les autres attachés à la paroi suivant une faible étendue de leur surface. On les retrouve dans les hyphes sporangifères, ressemblant alors davantage encore à des chlamydo- spores. Il arrive même que telle ramification d’un arbre sporangifère se termine par un renflement qui en contient un très gros, au lieu de se terminer par un sporange. Il y a d’ailleurs tous les passages entre eux et les spores; dans une culture de glucose sous huile, je les ai observés dans la cavité même du sporange, mêlés aux spores. L'ensemble des caractères que je connais de ce Mucor (je n’en ai pas encore les zygospores) me semble en faire une espèce nouvelle; je l'appelle Mucor crustaceus, à cause de son revêtement minéral développé. Le Trichoderma se présente sous l'aspect d’une efflorescence blanche d'abord, verte et jaune ensuite, de quelques millimètres d'épaisseur. Les filaments du thalle sont les uns fins, les autres gros, et souvent alors réunis en faisceau, toujours cloisonnés en articles allongés. Les fructificalions sont des grappes très divisées; l'axe principal porte une double rangée de rameaux secondaires insérés deux par deux au même point; ces rameaux se divisent en deux ou trois, les rameaux tertiaires aussi, et ainsi de suite; mais, dans ses derniers degrés, la ramification devient très irrégulière par suite de l'avortement de certaines divisions, ou parce que certains rameaux cessent complètement de se diviser. Les ramifications ultimes sont renflées fortement et recourbées dans leur partie moyenne, rétrécies à leur extrémité, où elles portent un amas arrondi de spores ; ces spores sont nées l’une après l’autre de l’extré- mité du filament, leur succession constitue un chapelet qui s’est, au fur el à mesure de sa formation, pelotonné sur lui-même ; la spore estronde, de 4 w environ de diamètre; dans l’eau, l’amas se résout immédiate- ment. On remarque sur les filaments du thalle des chlamydospores 29 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE arrondies, ordinairement terminales. Ce champignon est voisin du T'. viride; quand le 7richoderma se développe sur le Mucor, le parasite et l'hôte sont modifiés dans leur constitution. 1° Modifications du parasite. — Ce sont surtout les fructifications du Mucor que l’on trouve attaquées. Dans la cavité des hyphes sporangi- fères serpentent les filaments du 7richoderma, tantôt isolés, Lantôt deux à trois ensemble ; comme dans la vie libre, ils sont de deux sortes, étroits ou larges, mais, dans ce dernier cas, leur grosseur est souvent plus considérable. Arrivés dans la columelle, ils y forment un peloton plus ou moins enchevêtré ; il en part des rameaux qui se comportent de même dans la cavité du sporange. Des divers points de ce trajet peuvent se détacher des branches qui sortent de l'hôte et attaquent d’autres régions. Une différence de structure se manifeste également : on ne voit plus de cloisons dans les parties abritées par l'hôte; la plante, par le fait du parasitisme, prend donc la structure continue. A côté de ces modifiea- tions dans le thalle, nous avons à signaler la rareté extrême des fruc- tifications du Zrichoderma; elles sont en tous cas extérieures à l'hôte. 2° Modifications du parasite. — Les hyphes atlaquées sont en général déformées, par exemple assez fortement dilatées. En outre, le revête- ment minéral y est souvent bien plus développé qu'en l'absence du parasite : sur certains pieds de sporange, on voit une véritable cara- pace de plaques distinctes les unes des autres, mais rapprochées, for- mées chacune d’une agglomération de cristaux réunis dans une pâte amorphe. Parfois, l’oxalate de chaux est cristallisé en raphides, forme sous laquelle il ne se rencontre guère habituellement dans les champi- gnons. Ici aussi, il y à amoindrissement de la reproduction : quand le sporange attaqué est jeune, les spores avortent presque complètement, mais quand le sporange est âgé, on trouve des spores encore en grand nombre. En résumé, chez le parasite : déformation du thalle, passage à la structure continue, absence presque complète de fructifications ; chez l'hôte : déformation des filaments sporangifères, accroissement du revé- tement minéral, avortement d’une partie des spores. À l'intérêt des modifications entraïînées par ce parasitisme, s'ajoute celui du fait que le parasite appartient à un groupe d’ascomycètes où il n’avait encore été signalé aucune association avec les mucorinées. SÉANCE DU À1 JANVIER 923 LÉSIONS DES MÉNINGES RACHIDIENNES ET DES RACINES RACHIDIENNES DANS LA MÉNINGITE TUBERCULEUSE, par M. Cu. ETTLINGER. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Raymond.) Nageotte a décrit à la Société de Biologie (La lésion initiale du tabes, 1894) et dans une série de mémoires les lésions nodulaires et sclé- reuses d'inflammation chronique spécifique des racines rachidiennes, des méninges et de la moelle dans le tabes, ainsi que dans les ménin- gites et méningo-myélites syphilitiques qui l'accompagnent. [ci, comme dans toutes les inflammations chroniques ou subaiguës, les amas de cellules rondes et l’envahissement du tissu par la sclérose, sont les deux éléments de la lésion inflammatoire. Ce qui donne aux lésions décrites par Nageotte leur caractère morphologique et leur aspect tout spécial, c’est la manière dont sont groupées les bandes de sclérose et les amas de cellules embryonnaires, la distribution de ces lésions en rapport avec le tissu conjonctif normal, avec les artérioles et les vei- nules, et c'est suffisamment les décrire que de dire qu’elles reproduisent d'une facon exacte les lésions de la syphilis tertiaire diffuse. Or, la syphilis n’est pas ie seul processus capable de déterminer ce genre d'inflammation, et on sait que les lésions histologiques de la syphilis sont assez exactement imitées par d’autres inflammations chro- niques ou subaiguës : la tuberculose, la lèpre, la morve; ces diverses _inflammations sont donc utilement comparées les unes aux autres; elles forment, en quelque sorte, une famille histologique, chacune en étant une espèce. Je me suis proposé d'étudier comment se comporte l’inflammation tuberculeuse sur les méninges rachidiennes et sur les racines rachi- diennes (1); et, dans ce but, j'ai étudié trois cas de méningite tuber- culeuse. Deux cas étaient particulièrement favorables à cette étude, l'un parce qu'il s'agissait cliniquement d’une forme rachidienne, l’autre parce que la méningite était survenue au-cours d’un mal de Pott sacro- lombaire, et que l'infection méningée s'était peut-être faite par conti- guité. Cependant, dans ce dernier cas, les lésions ne furent pas trouvées plus intenses que dans le troisième, qui est un cas vulgaire de méningite tuberculeuse, c'est-à-dire où les lésions macroscopiques classiques atteignent seulement les méninges de l’encéphale. Le caractère général des lésions médullaires et radiculaires dans la (4) F. Raymond, Des différentes formes de leptomyélites tuberculeuses, Revue de médecine, 1886, 230. : | 24 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méningite tuberculeuse est leur grande diffusion : l'infiltration tubercu- leuse se fait en nappes, en couches étendues et peu épaisses de cellules embryonnaires et en amas nodulaires très petits, dont on pourrait même compter les éléments. Au contraire, les granulations typiques y sont rares; elles sont réduites à des follicules tuberculeux élémentaires visibles seulement au microscope, avec à peine un début de caséifica- tion au centre. Le tissu conjonctif sous-séreux est surtout le siège des infiltrations, et c’est dans l'épaisseur de la pie-mère qu'on voit de ces amas un peu importants de cellules embryvonnaires avec des cellules géantes et des foyers microscopiques de caséification. Dans ces dernières lésions, J'ai pu déceler facilement la présence du bacille de Koch par coloration dans les coupes, tandis que je n’ai pas réussi à le trouver dans les couches peu épaisses d'infiltration diffuse, non plus que dans les lésions vasculaires que je vais décrire. C'est surtout pour les vaisseaux que l’inflammation tuberculeuse des méninges est comparable à l'inflammation syphilitique. Dans les cas que j'ai étudiés, j'ai été frappé de l'absence d’artérite oblitérante ; quoique très lésés, les vaisseaux, artérioles et veinules restent per- méables et la majorité de ces vaisseaux malades présentent des aspects tels qu'il serait impossible, si on examinait un seul point de la coupe choisi à cet effet, de les différencier d’artérioles ou de veinules inté- ressées par les altérations de la méningite syphilitique: les parois et surtout la tunique moyenne et l’externe sont un peu épaissies, mais d’une facon uniforme sur tout le pourtour du vaisseau, et il y a une infiltra- tion parfaitement régulière de cellules rondes. Dans d’autres endroits, il est vrai, Les caractères de la tuberculose apparaissent plus nettement : ce sont de vastes infiltrations périvasculaires de cellules rondes avec un grand nombre de cellules épithélioïdes qui constituent des lésions de périartérite et de périphlébite tuberculeuse. Ces foyers d'infiltration tuberculeuse paraissent se différencier des foyers analogues de la syphi- lis par le grand nombre de leurs cellules épithélioïdes comparé à celui des cellules embryonnaires; on peut, d'autre part, les distinguer facile- ment des infiltrations leucocytiques des infections aiguës, car on voit dans ce dernier cas de nombreux leucocytes polynucléaires (colorations à l'hématoxyline ou au bleu de méthylène). J'ai trouvé constamment des lésions très marquées des racines rachi- diennes dans les cas que j'ai examinés. Dans deux de ces cas, des coupes en séries faites depuis l’origine médullaire jusqu’au delà du ganglion, c’est-à-dire jusqu'à la fusion des deux racines, m'ont permis d'étudier leur distribution. Ces lésions tuberculeuses intéressent le tissu cellu- laire qui accompagne chacune des radicules à leur sortie de la moelle où il se continue avec celui des méninges rachidiennes : chaque radi- cule porte ainsi des lésions d'infiltration de sa méninge, de son tissu conjonctif interstitiel et de ses vaisseaux; les lésions se continuent SÉANCE DU AÂ1 JANVIER bo © plus loin lorsque les radicules se réunissent dans l’infundibulum dure- mérien pour former le nerf radiculaire, elles diminuent d'intensité mais existent encore là où il n’y a plus de revêtement arachnoïdien : l'infiltration tuberculeuse semble émettre des prolongements à travers le périnèvre et l'endonèvre du nerf radiculaire, et le long des petits vaisseaux qui parcourent ce tissu. Les lésions cessent au ganglion, et c’est à peine si, sur l’un de ceux que J'ai examinés, j'ai observé quelques amas de cellules rondes dans le tissu interstitiel du bout central du ganglion rachidien. Un point très important est l'existence de véritables tubercules des racines rachidiennes, tubercules très petits il est vrai, mais bien carac- térisés par leur caséification centrale. J'en ai observé un en plein milieu d'une racine postérieure, aux dépens d'une cloison conjonctive inter- fasciculaire, un autre dans une radicule au voisinage immédiat de la moelle, ce follicule tüberculeux intéressait directement un petit groupe de tubes nerveux ; un troisième était une granulation tuberculeuse, visible à l'œil nu sur les coupes, située dans le tissu cellulo-graisseux accolé à un nerf rachidien au delà du ganglion. Les lésions tuberculeuses des racines rachidiennes, constantes et généralisées dans les trois cas que j'ai examinés, pourraient servir, si elles étaient trouvées dans tous les cas, à interpréter certains symp- tômes de la méningite tuberculeuse, en particulier les troubles sensitifs si fréquents (anesthésie, hyperesthésie) et certaines paralysies ; ces symptômes peuvent être l'expression clinique de la radiculite tuber- culeuse. SUR UNE FORME ATYPIQUE DE L'EXANTHÈME VACCINAL GÉNÉRALISÉ EXPÉRIMENTAL SUR LE POULAIN, par M. S. ARLOING. Les rapports de la vaccine avec la variole restent toujours à l’ordre du jour, comme en témoignent quelques publications, même assez récentes. Il est donc utile de faire connaitre {ous les documents qui se rattachent à cette délicate question. M. Chauveau surtout nous à appris que l’introduclion du vaccin dans le sang du cheval, non seulement fait naître l'immunité contre la vaccine, mais provoque assez souvent l'éraption d'exanthèmes vaccinaux, fac simile exacts de ceux de la maladie naturelle. C'est-à-dire que lon voit apparaitre, à la suite de cette inoculation, des pustules parfaitement caractérisées dans les régions naso-labiale, périnéo-génitale, digitale et même en des points indéterminés. L'expérience donne les résultats les plus complets sur le poulain qui, 26 SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE moins que le cheval adulte, a couru les risques de contracter la vaccine naturelle. : A la suite des nombreuses injections intra-veineuses qu'il a pratiquées, jamais M. Chauveau n’a signalé d'éruption vésiculeuse. Mais il à ren- contré quelquefois celle-ci, chez de très jeunes sujets consécutivement à des inoculations vaccinales sous-épidermiques. Toutefois, la Iymphe de ces vésicules était dépourvue de virulence spécifique. J'ai pratiqué moi-même un certain nombre d’injections intra- veineuses de vaccin dans un but particulier. Or l’une d'elles à donné lieu à un exanthème généralisé atypique. Un jeune poulain reçut en une seule fois dans la veine jugulaire une dose de vaccin, additionnée de glycérine et de sucre, capable de suffire à la vaccination de 50 personnes. Le lendemain, la température centrale de ce sujet, qui marquait 38°,5, s'élève à 40°,3 où elle se maintient pendant trente-six heures. La tempé- rature descend ensuite graduellement à 38°,5,—38°,3 au bout du 5° jour après l'injection. À dater de ce moment, on constate à trois reprises, les 7°, 9° et 12 jours après l'injection, que la température dépasse 39 degrés. Ces accès hyperthermiques coïncident avec trois poussées d'exan- thèmes vésiculeux ou vésico-papuleux : la première sur la fesse gauche ; la seconde, en avant de l’épaule droite ; la troisième, sur la face latérale du cou, du même côté. Elles se dénoncent extérieurement par le hérissement des poils. En cherchant par le toucher à se rendre compte de la cause de ce phéno- mène, on constate qu'il est dû à la présence de nombreuses vésicules, très rapprochées les unes des autres, et laissant échapper déjà une certaine quantité de sérosité. La première poussée occupe une surface large comme la main; les autres sont plus restreintes. Les surfaces qui sont le siège de l'éruption de ces vésicules agminées se soulèvent irrégulièrement, se &endillent et s’exfolient à la manière de la peau après l’action d’un rubéfiant énergique ou d’un vésicant léger. J'ai mis à découvert quelques vésicules isolées, en coupant les poils avec le plus grand soin. Je me suis convaincu qu'elles n’ont jamais revêtu les caractères des pustules vaccinales. Elles restaient acuminées et se couvraient rapide- ment d'une très mince croûte jaunâtre qui éclatait en rayons. Je n'ai pas inoculé le suintement fourni par ces vésicules. Done, je n'ai pas établi directement le lien entre l’éruption et l’inoculation du vaccin. Néanmoins, comme l'éruption a suivi l'injection, comme elle a été l'unique manifestation interne de cette injection, j'ai tendance à la prendre pour une forme atypique de l'exanthème vaccinal généralisé expérimental sur le poulain. EU Re 7 CN ES QU SÉANCE DU Â1 JANVIER oi =>. Au surplus, j'ai pratiqué sans succès sur ce poulain une série d’ino- culations sous-épidermiques de vaccin, pendant qu'un cheval adulte, pris comme témoin, présentait x loco de fort belles pustules. Les éruptions que je viens de signaler m'ont rappelé celles que M. le D' Berthet a observées sur le cheval, après les injections intra-veineuses de virus variolique qu'il a faites sous la direction de M. Chauveau. Voici, en effet, la description qu'il en donne, dans le protocole d’une expérience relatée dans sa thèse ( Vaccine et variole, Lyon, 1884) : « .… On découvre sur tout le corps, mais principalement sur la fesse droite, un grand nombre de petites papules; en d'autres points, il y a déjà quelques croûtes jaunàtres surmontées de faisceaux de poils agglu- linés ; on enlève facilement le tout et on laisse à nu une petite plaie épidermique. » Puis, cinq jours plus tard : «...…. la plupart de ces papules devenaient vésiculeuses, puis formaient une croûte s'enlevant facilement avec la houppe de poils agglutinés qui la surmontait. Un certain nombre de ces papules ont aussi paru se résorber sans devenir vésiculeuses. » Assurément, il n'entre pas dans ma pensée de me servir de mon observation unique pour peser sur le débat pendant entre plusieurs expérimentateurs. Je me borne à la signaler, à titre suggestif. Il n'est peut-être pas inutile de savoir que l'injection intra-veineuse de vaccin peut provoquer une éruption vésico-papuleuse, à la façon d’une injection de virus variolique, et non un exanthème pustuleux aux points d'élection. SUR QUELQUES TROUBLES DU RYTHME CARDIAQUE DÉTERMIMÉS PAR LES BLESSURES DU CŒUR (1), par MM. Roper et NicoLas. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale et comparée de la Faculté de Lyon.) Nous avons expérimenté deux modes de traumatisme des ventricules cardiaques, les piqüres et les coupures. Les piqûres, par pointe effilée, sont très bien supportées; elles ne déterminent aucun trouble appréciable à l'observation simple. Mais l'analyse graphique révèle des troubles immédiats et de courte durée dans le rythme cardiaque. D'une manière générale, c’est une slimu- lation: le cœur est excité à donner des contractions surnuméraires, suivant différents types. Le type le plus simple, mais non le plus fré- (1) Cette note est le résumé d'un mémoire inséré dans les Archives de phy- siologie, 1896, n° 1, p. 167. 28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quent, consiste en systoles simplement anticipées, d'ailleurs normales quant à la forme de leur courbe et quant à leur efficacité; nous avons vu cet effet produit une fois par une piqûre partant sur le milieu du ventricule gauche, une fois par une piqûre de l’infundibulum, plusieurs fois par l'extraction d’épingles implantées dans les parois ventriculaires. Le deuxième type, de beaucoup le plus fréquent, consiste en systoles plus ou moins anormales, se répétant généralement en séries : ce sont de courtes séries de contractions extrêmement rapprochées, les unes très différentes des systoles normales par la forme de leur ccurbe, semblables à des secousses musculaires ordinaires, les autres de type intermédiaire, à divers degrés, entre celles-ci et les systoles normales. Plus rarement, le trouble immédiat déterminé par les piqûres peut consister én une contraction de faible intensité, mais prolongée, sou- tenue avec des renforcements plus ou moins accentués, comme si elle résultait de contractions élémentaires plus rapprochées encore que dans le cas précédent et demi-fusionnées, sorte de tétanos clonique. Nous n’avons jamais vu les piqûres produire d'effets suspensifs ou inhibitoires. Nous n'avons pas relevé de différences dans ces effets immédiats des piqûres, suivant les diverses régions des parois ventriculaires. Il ne nous semble pas qu’il y eût de relation entre le point sur lequel portent le traumatisme et le mode de réaction, ou, s’il en est une, elle reste à déterminer. Nous croyons plutôt que chaque point est capable de réagir suivant un quelconque des modes précédents, et que le type du trouble est plutôt en rapport avec l'intensité de l’excilation, les systoles anti- cipées et normales représentant la réaction au minimum, les séries de contractions plus ou moins avortées une réaction plus vive, et la contraction demi-tétanique témoignant de la réaction la plus intense. Ces troubles immédiats sont très passagers. Nous n'avons jamais vu les piqûres faites en des points très variés des parois ventriculaires déter- miner rien de comparable à ces troubles intenses, définitifs et irrémé- diables qui sont provoqués par les irritations traumatiques d’un terri- toire restreint (union du tiers supérieur et du tiers moyen) du sillon: interventriculaire antérieur (Kronecker, Schmey et Gley). Presque aussitôt (une ou deux secondes), le rythme normal se réta- blit : il persiste sans modification secondaire, ou bien il conserve, lors- que les piqüres ont été répétées, une légère accélération; une fois nous avons observé, comme trouble consécutif, un rythme couplé. Le rythme se maintient régulier, sans trouble consécutif, même lorsqu'on laisse les aiguilles implantées dans la paroi ventriculaire. Exceptionnellement, on peut voir survenir secondairement une forte accélération dans le cas où la piqüre atteint un vaisseau coronaire. Les coupures de la paroi ventriculaire produisent également une sti- mulation se traduisant par une phase d'accélération, pendant laquelle SÉANCE DU 11 JANVIER 29 généralement les systoles gardent à peu près leur type normal, leur succession régulière et leur efficacité. Ce trouble est ici encore de très courte durée, et très rapidement le cœur reprend son rythme antérieur, même dans le cas d’une blessure large déterminant une grave hémorra- gie. Jamais non plus avec les coupures nous n'avons observé de phé- nomènes inhibitoires. Après la reprise du rythme initial, les choses se passent de manière diverse suivant l'étendue de la plaie. Si celle-ci est assez petite pour ne pas donner une hémorragie, le rythme normal per- siste sans modification ultérieure. Si le sang s'écoule, on ne tarde pas à voir se dessiner une accélération secondaire, plus ou moins précoce, suivant l'abondance de l’hémorragie; cette accélération reste modérée et n’est que temporaire, si la perte de sang s'arrête ; elle devient au con- traire considérable etse complique d’un affaiblissement progressivement croissant jusqu'à la mort du cœur dans le cas d’hémorragie persistante. Ceci revient à dire que, si les troubles immédiats doivent être mis sur le compte de l’irritation produite par le traumatisme, les troubles con- sécutifs sont sous la dépendance exelusive de l’hémorragie, ce sont les effets connus de la vacuité du cœur. Au point de vue pratique nous avons vu une fois de plus que les bles- sures des ventricules cardiaques par des instruments piquants (très acérés) ne déterminent pas de troubles graves, sauf dans le cas où elles atteignent les vaisseaux coronaires, leur gravité dépendant alors de l’'hémorragie, qui d’ailleurs peut fort bien s'arrêter. Les plaies par ins- truments tranchants ne déterminent pas non plus par elles-mêmes, en tant que lésions traumatiques, de troubles bien marqués dans le jeu du cœur ; leur gravité est exclusivement liée à l'hémorragie, qui peut d’ail- leurs s'arrêter spontanément où même complètement manquer si la coupure est petite. La syncope immédiate, celle qui n’est pas liée à l’hé- morragie, n'est pas produite par la lésion même du cœur, mais dépend de circonstances concomitantes. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LES SYSTOLES AVORTÉES (1), par M. Roper. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale et comparée de la Faculté de Lyon.) Parmi les troubles du rythme cardiaque que j'ai observés dans mes expériences avec M. Nicolas sur les blessures du cœur, j'ai été frappé de la fréquence, comme effet immédiat des piqûres, de systoles d’un (1) Cette note est le résumé d'un mémoire inséré dans les Archives de physiologie, 1896, n° 1, p. 206. 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE type bien spécial dont la courbe à sommet arrondi, sans plateau, rappellé la courbe myographique de la secousse d'un muscle strié ordinaire. Nos résultats montrent qu’au nombre des conditions dans lesquelles on peut observer ces systoles avortées, il faut ranger les irritations mécaniques des ventricules, particulièrement sous forme de piqûre, et que cela parait même être un des meilleurs moyens de les provoquer (4). Comme l'ont déjà noté expressément MM. Laulanié et Meyer, ces systoles avortées sont stériles ou inefficaces pour le pouls (exception- nellement demi-efficace). Nos tracés indiquent un rapport évident, presque absolu, entre le type normal des systoles et leur efficacité, le type avorté et l’inefficacité. Jamais on ne voit le type avorté coïncider avec une efficacité parfaite, pas plus que la complète stérilité avec la forme vraiment normale. Comme M. Laulanié et M. Meyer, je conclus de l'examen de mes tracés que c’est précisément l’inefficacité qui est la cause du type avorté, ou plutôt que c’est l’inefficacité qui détermine le type normal des systoles. Il est vrai que la systole doit affecter le type normal, c'est-à-dire être suffisamment prolongée, pour lancer une ondée com- plète. Mais il n’y à pas contradiction entre ces deux relations inverses : rien m'empêche que la prolongation normale de la systole soit à la fois la condition nécessaire d’une efficacité complète et la conséquence d’un commencement d'effet. C'est l'efficacité du début de la contraction ou sa stérilité (résultant elle-même d’une influence d'énergie, absolue ou relativé à l’état de la tension artérielle et à la réplétion du ventricule) qui commande l'avortement ou le développement normal de la systole. Ce n’est pas seulement la présence ou l'absence du sang qui importe : la contraction peut en effet affecter la forme de secousse simple, malgré une certaine réplétion ventriculatire, plus avancée même que pour certaines systoles normales. Si la présence du sang est une condition nécessaire pour le type normal de la systole, ce n’est pas une condition suffisante, il faut la mise en mouvement du sang, l'évacuation : la systole se prolonge et prend le type normal, si une ondée est lancée dans l'artère ; si, malgré la présence du sang dans le ventricule, il n’y a pas de projection, parfois lorsqu'il y a seulement une projection excessivement réduite, la systole reste avortée et affecte plus ou moins parfaitement le type d’une secousse simple. Le principal intérêt de ces systoles avortées réside dans les enseigne- ments que l’on peut en tirer relativement à la nature de la contraction (1) Les systoles en forme de secousse simple, signalées par M. Laulanié comme provoquées par le seul emploi de son cardiographe à aiguille, et que nous avons nous-mêmes observées, doivent être vraisemblablement attribuées au même mécanisme, c'est-à-dire à l’irritalion (raumatique. SÉANCE DU À1 JANVIER 31 cardiaque. Evidemment, la vue de ces courbes confirme l’idée que le mode simple de contraction du ventricule est une secousse. Mais n'est-ce pas précisément une raison pour douter que la contraction du mode habituel, avec sa courbe si différente, en plateau prolongé et ondulé, soit de la même nature? Si la courbe simple est une secousse (et ceci paraît évident), est-il bien certain que la contraction normale en soit une aussi ? Il est vrai, comme le disent MM. Laulanié et Meyer, que les ondula- tions du plateau systolique du cardiogramme dépendent des effets hydrauliques, mais ils peuvent n’en être que la conséquence indirecte ; car rien n'empêche qu'avec ces effets hydrauliques ne coïncide, déter- miné précisément par eux, un mode spécial de contraction. Les faits que j'ai observés me portent à croire qu'il en est ainsi. D'abord, je vois dans mes tracés que les ondulations du plateau systolique ne sont pas rigoureu- sement en rapport avec l'intensité des effets hydrautiques. En second lieu, certains détails des troubles déterminés par les irritations trauma- tiques (systole, anormalement prolongée par des accidents absolument identiques avec les ondulations normales et se reliant par des transitions insensibles avec des contractions surajoutées bien distinctes) m'amènent à penser que la théorie qui attribue les ondulations du plateau systolique à des ondes liquides accidentant une contraction simplement prolongée, est beaucoup moins probable que celle qui les considère comme traduisant des variations dans l’état de contraction du myocarde. Je crois d’ailleurs, d’après des considérations théoriques qui ne peuvent pas trouver place dans cette simple note, que chaque ondulation positive, chaque reièvement observé dans le plateau systolique du car- diogramme témoigne, non seulement d’une prolongation, mais d’un renforcement de la contraction. Enfin cette interprélation est confirmée par ce fait que, dans les tracés de pression intra-ventriculaire, le plateau est souvent ascendant; et elle concorde avec les résultats des explorations faites par M. Frédérieq et par M. Contejean au moyen du myocardiographe. Si la systole normale est composée d'efforts successifs, cela est diffi- cilement conciliable avec la théorie classique, car, si la secousse d’un muscle peut être plus ou moins longue, elle ne comporte pas, telle qu'on l'admet aujourd'hui, de renforcements ou d’alternatives dans sa force; tandis que c’est en harmonie avec la théorie de M. Frédéricq, qui considère la systole comme un court tétanos formé de secousses impar- faitement fusionnées. J'incline donc-à penser que les systoles avortées, avec leur courbe si spéciale, telles que je les ai observées sous l'influence dés irritations traumatiques des ventricules, sont seules des secousses du myocarde. 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE VIRUS ET LA MALADIE PYOCYANIQUES. — SIGNES FONCTIONNELS DE LÉSIONS ENCÉPHALIQUES, AVEC LOCALISATIONS DÉTERMINÉES, CHEZ LE LAPIN. par MM. LABORDE et CHARRIN. Dans la séance du 28 novembre 1890, nous présentions à la Société de Biologie un lapin qui, par suite de l’évolution clinique de la mala- die pyocyanique (avec vaccination incomplète), offrait un curieux et intéressant exemple de déterminations encéphalo-cérébrales, dont la localisation fonctionnelle a pu être exactement révélée et suivie à l’aide des symptômes correspondants qu'étaient les suivants : Entrainement de la tête, du cou et consécutivement de tout le corps en rotation à gauche, selon l'axe longitudinal ; tremblement latéral de la tête, et nystagmus synergique bi-oculaire très prononcé dans le même sens (de droite à gauche et de haut en bas). Paraplégie portant particulièrement sur le train postérieur, avec hémi- anesthésie prédominante gauche. Amaigrissement général et extrême qui réduit à l’état presque squelettique l'animal d” Deus en imminence de mort. L'animal que nous vous présentons aujourd'hui, également un lapin, placé dans les mêmes conditions expérimentales d’inoculation pyocya- nique, nous trouvons, ainsi que vous pouvez facilement vous en con- vaincre, à quelques très légères différences près, la reproduction exacte, et comme une seconde édition des phénomènes symptomatiques obser- vés sur le premier. Entrainement très marqué de la tête et du cou à gauche, en rotation selon l’axe longitudinal, et tendance à l'entrainement du corps tout en- tier dans le même sens, toutes les fois que l’animal se met en mouve- ment, soit spontanément, soit surtout quand on l’y incite : la tendance à la rotation selon l'axe longitudinal (en tourne-broche) se produit et s’accentue depuis deux ou trois jours, par suite de l’évolution progres- sive de la maladie ; mais, au début, et encore aujourd’hui, par moments, la forme dominante de la modification motrice est le mouvement de ma- nège limité ou en cercle à gauche, selon un axe vertical passant par le train postérieur. De plus, les globes oculaires suivent, dans un strabisme synergique, l'entrainement de la tête à gauche; le LYsRenus y est moins marqué que chez notre premier lapin ; — Inégalité pupillaire très marquée: mydriase à droite (œil en haut, d’après l’inclinaison de la tête), myosis à gauche (œil en bas); — Vasculo-dilatation très prononcée des vaisseaux auriculaires — avec prédominance sensible à droite (coïncidant avec la pupille myo- sique) et élévation thermique correspondante ; SÉANCE DU 11 JANVIER 33 Enfin, parésie motrice, portant particulièrement sur le train posté- rieur, avec hémianesthésie nette à gauche. Nous n'insistons pas sur l’amaigrissement progressif de l'animal, double conséquence de l'influence morbide primitive qu'il subit et des difficultés d'alimentation occasionnées par les difformités motrices accidentelles ; amaigrissement qui est la règle, en ce cas, et qui devient extrême jusqu à la mort fatale et prochaine. Mais nous appelons particulièrement l'attention, comme dans notre première observation, sur les phénomènes d'ordre encéphalique et sur les localisations exactes qu'ils décèlent, d’après des notions expérimen- tales aujourd'hui parfaitement acquises, savoir : Phénomènes d'entrainement appartenant essentiellement et devant être rapportés à l’influence des fibres pédonculaires, à la fois cérébel- leuses et cérébrales; Aux fibres cérébelleuses du pédoncule moyen, ou fibres tranverses de la protubérance, correspondent les phénomènes d'entrainement et de tendance à la giration sur l’axe; Aux fibres pédonculaires cérébrales correspondent, d’une part, les symptômes de paralysie motrice par implication fonctionnelle du fais- ceau pyramidal, et d'autre part, les symptômes d’hémianesthésie par intervention des faisceaux sensitifs pyramidaux faisant partie des pédoncules cérébraux; Enfin, à l'excitation des fibres d'émergence du moteur oculaire com- mun qui appartiennent topographiquement à cette même région, cor- respond le tremblement oculaire rythmique ou nystagmus. — L'expérimentation parvient à reproduire, à volonté, et avec une telle netteté, ces phénomènes fonctionnels, que nous avons voulu vous apporter, encore une fois, ici, un témoignage convaincant, en vous présentant, à côté, et parallèlement à l'animal pathologique, un lapin sur lequel nous avons réalisé, extemporanément, l'expérience, à l’aide du poincon à manche (de Laborde) allant piquer juste, à travers la paroi cranienne (sans autre traumatisme préparatoire), la région encéphalique dont la lésion détermine les symptômes que nous avons sous les yeux, et qui sont, à s'y méprendre, les mêmes sur les deux animaux. Sur le lapin expérimenté, physiologique, la rotation en cercle ou en manège est plus nette, plus pure, en quelque sorte, que sur le lapin pathologique, parce que ce dernier, grâce aux progrès de la maladie, arrive à des symptômes mixtes. Eh bien, ces symptômes migtes, l'expérimentation peut aussi les réaliser, comme vous le voyez, sur ce cobaye que nous vous présentons, et chez lequel la tendance à la giration selon l'axe longitudinal du corps existe exactement comme sur le lapin pyocyanique.Il suffit, pour varier ces résultats, de faire porter la lésion expérimentale, d’une façon prédo- minante, sur telle localisation organique de voisinage, plutôt que sur B10LOG1E. COMPTES RENDUS, — 10€ SÉRIE, Tr, III. 3 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE telle autre : l'expérimentateur, en un mot, agit 1à, comme sur un véri- table clavier fonctionnel; ainsi que le fait, du reste, la maladie qui réa- lise de véritables expériences, mais àde plus ou moinslongues échéances. IL serait, en tout cas, difficile de rencontrer des exemples plus démonstratifs de la solidarité qui existe et qui doit, nécessairement, exister entre la physiologie expérimentale et la physiologie patholo- gique. -— Dans notre premier cas (lapin de 1890), l’autopsie a pleinement confirmé les déductions et les prévisions expérimentales relativement aux localisations exactes des phénomènes fonctionnels en question. Nous ne doutons pas qu'il en soit de même pour le cas présent : c’est ce que la réalité ne tardera pas à nous montrer, et que nous ne man- querons pas de faire connaître à nos collègues de la Société. Un autre ordre de réflexions non moins importantes se déduit des faits précédents. Sous l'influence du virus pyocyanique, agissant chez une seule espèce animale, on à pu réaliser une série de lésions : névrites, myélites, hémorragies des hémisphères, des pédoncules, du bulbe, etc.; on a pu engendrer une foule de symptômes : paraplégies, monoplégies, contrac- tures, troubles des sphincters, atrophie musculaire, ulcérations trophi- ques, arthropathies causant parfois des perturbations motrices d'ordre réflexe, suivant la conception du professeur Bouchard, phénomènes vaso-moteurs, anesthésies, hyperesthésies, accidents sensoriels, iné- galités pupillaires, nystagmus, épilepsie spinale, modifications des réflexes, etc. La Société a été rendue témoin de la plupart de ces faits. Ces résultats enseignent qu’un processus anatomopathologique unique ne saurait caractériser un agent morbide ; ces processus varient avecles doses, les qualités accessoires de cet agent; avec la voie d'introduction, avec la durée d'application, avec les associations microbiennes en matière de virus, avec l’état du terrain, des viscères, des tissus, etc. Dès lors, on comprend pourquoi, dans la diphtérie, les uns décrivent des altérations des troncs nerveux, les autres des changements survenus dans la moelle ou les racines; tout est possible. — Peut-être même dans notre cas découvrirons-nous une altération nouvelle? Toujours est-il qu'un même virus agissant sur le même système d’un même animal a occasionné des lésions centrales ou périphériques, inflammatoires ou dégénératives, mécaniques, vasculaires, ete. C’est ce que l’un de nous a établi pour le rein, le foie, le myocarde, etc. Les propriétés vaso-motrices des toxines, leurs attributs dyscrasiques, expliquent en partie l’apparition de ces foyers hémorragiques ; on n’est plus surpris de les enregistrer chez des hommes encore jeunes à la suite de la rougeole, de la variole, etc. Parfois, il n'y a pas de lésion, ainsi que nous l'avons vu avec Babinski. SÉANCE DU Â1 JANVIER 35 Ces faits comportent un autre enseignement. On est relativement puissant en présence des processus syphilitiques actifs, aigus, récents; on ne peut obtenir que des changements insigni- fiants quand on s'adresse à des désordres anciens, parasyphilitiques, post-syphilitiques. | Or, durant les phases de la maladie pyocyanique elle-même, contre les effets spécifiques du bacille ou de ses poisons, on est armé par les propriétés non moins spécifiques des humeurs, du sérum bactéricide, antitoxique des vaccinés: le professeur Bouchard a établi dès 1890 l'utilité pratique de ces injections. Ici, chez notre lapin, à cette heure, cette hémorragie pédonculaire (car nous pouvons prédire que c'en est une), ce foyer banal, échappent à ces influences. Ainsi ces résultats, une fois de plus, expliquent ce qui se passe en pathologie humaine. Au contraire, pendant la maladie pyocyanique elle-même, on peut combattre les accidents spécifiques à l’aide du sérum des vaccinés, sérum bactéricide et antitoxique; au point de vue expérimental, c’est même dans cette affection que la sérothérapie a été utilisée pour la pre- mière fois, en 4890, par le professeur Bouchard après l'hémothérapie de Richet et Héricourt. Or, on conçoit que des accidents spécifiques soient combattus par des humeurs à propriétés spécifiques. Mais, ici, à cette période, contre cette lésion banale de lhémorragie, on ne peut rien; ilen est de même des altérations syphilitiques, parasyphilitiques, post-syphilitiques. À PROPOS DES LÉSIONS DES NERFS RADICULAIRES, par M. le D'J, NAGEOTTE, La communication de M. de Massary, à la dernière séance, m'oblige à rappeler quelques faits décrits par moi antérieurement. Le 10 novembre 1894, dans une communication préliminaire à la Société de Biologie, j'ai attiré l'attention sur une région qui n'avait encore été explorée, à ma connaissance du moins, ni au point de vue anatomique, ni au point de vue pathologique. J'ai décrit au niveau des nerfs radiculaires, dans trois cas de tabes, une lésion spéciale qui m'a paru avoir une physionomie et une évolution particulières; cette lésion, dont j'ai cherché à montrer les étapes successives, m'a semblé jouer un grand rôle dans la génèse du processus tabétique. La semaine suivante, dans une communication plus étendue à la Société anatomique, j'ai précisé certains points et j'ai signalé la fréquence des lésions en cette 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE région en dehors du tabes. Je rappellerai que de la description anato- mique sommaire que j'ai donnée à cette époque, il résulte que, dans les régions lombaire et sacrée, les racines antérieure et postérieure s'accolent, puis s’entourent successivement d'un infundibulum arach- noïdien et d’un infundibulum dural; que ces deux membranes se confondent bientôt en s’accolant aux racines et que les filets nerveux cheminent dès lors, sur une certaine étendue, contenus dans un véri- table périnèvre formant une gaine cloisonnée; enfin que la racine postérieure s’éparpille avant d'entrer dans le ganglion. Après avoir montré exactement les rapports de cette région avec la séreuse, je ter- minais ainsi : « Cette région paraît avoir des aptitudes pathologiques spéciales qu'expliquent sans doute sa situation et ses rapports; le fait est qu'indépendamment du tabes, elle présente des altérations congonctives qui semblent assez fréquentes et que nous étudierons plus en détail dans un pro- chain travail. Dans le tabes ces lésions ont une forme spéciale et une inten- sité telle que la dégénérescence des éléments nobles en est la conséquence. Après ce préambule anatomique, je décrivais rapidement et je figurais les lésions scléro-embryonnaires dans deux cas de tabes jeunes, d'acti- vité différente, et je montrais l’aboutissant fibreux dans un cas de tabes vieux. J’insistais sur la disposition des lésions autour des fascicules primitifs, sur leur pénétration au milieu du groupe des filets nerveux plus bas, au niveau du point où ils se dissocient, sur la faseiculation pathologique qui se forme ainsi, remontant dans des régions norma- lement moins fasciculées, exagération morbide d’une disposition normale. On remarquera qu'ici je précise certains détails qui avaient été décrits un peu trop succinctement dans ma communication et qui pourraient prêter à des erreurs d'interprétation ; il n’a en effet jamais été dans ma pensée que la fasciculation observée dans l’état patholo- gique était produite de toutes pièces par le processus morbide. En somme, je décrivais des lésions interstitielles unies aux lésions parenchymateuses déjà connues et je donnais un certain nombre d'arguments en faveur d’une théorie qui consiste à voir là une lésion primitive du tabes, en d’autres termes, à considérer le nerf radiculaire comme le lieu d'application de la cause nocive qui engendre la dégéné- rescence des racines postérieures. Ultérieurement, je montrais la limitation assez exacte de ces lésions interstitielles à deux racines dans un cas de tabes extrêmement localisé chez un paralytique général (Revue neurologique, juillet 1895). Enfin, dans un dernier travail, je cherchais à prouver que cette lésion interstitielle n’est pas isolée, mais se relie à une série d'altérations diffuses, que je m'efforçais de caractériser et dont Je tächais d'établir les parentés en les décrivant chez des tabétiques, des paralytiques généraux et des sujets atteints de syphilis nerveuse (Archives de neu- rologie, 1895, n° 104). ee miens le CES RER ere) c pa É SÉANCE DU A1 JANVIER où —_——_—_———————_———…—@ Toutes ces publications ne sont que les préliminaires d'un travail d'ensemble que j'ai annoncé et dans lequel j'espère pouvoir démontrer la spécificité de la lésion que j'ai décrite dans le tabes en m'appuyant sur un nombre considérable de faits. M. de Massary a décrit dans la dernière séance les lésions radiculaires indépendantes du tabes, que j'ai annoncées comme étantassez fréquentes; il les considère comme constantes et sa description anatomique montre bien qu'il n'a pas encore rencontré l’état normal. Les cas qu’il apporte sont bien disparates ; on y voit figurer côte à côte la fièvre typhoïde, la tuberculose, la sénilité; dans tous ces cas, la lésion radiculaire serait de même nature — banale suivant l'expression de l’auteur — et de plus identique à celle que j'ai décrite. Dans le cas de tuberculose, la figure de M. de Massary (Revue neurologique, janvier 1896) montre une lésion qui diffère complètement par son aspect des lésions que j'ai décrites et figurées ; d’ailleurs la communication que vient de faire M. le D'Ettlinger est beaucoup plus explicite que je ne saurais l'être sur les lésions radi- culaires dans la tuberculose. La figure qui a trait aux lésions radiculaires d’un typhique, mort de perforation intestinale, présente certainement une ressemblance grossière avec les lésions du tabes jeune ; mais s'agit-il d'une prolifération embryonnaire, d’un tissu bourgeonnant, ou bien, au contraire, d'une simple accumulation de cellules migratrices en train de s'éliminer par une voie lymphatique ? Les faits que j'ai eu l’occasion d'étudier, de mon côté, me feraient plutôt pencher vers la deuxième hypo- thèse. En tout cas, c’est là une lésion aiguë dont l’évolution ultérieure nous échappe ; tout ce que l’on peut supposer, c'est que, si la maladie avait marché vers la guérison, son évolution ultérieure se serait trouvée arrêtée. Quelle assimilation peut-on établir entre une pareille lésion et le processus lentement végélant qui existe dans le tabes ? Enfin pour ce qui est de la fibrose sénile, quelle que soit son intensité, elle ne saurait m'être objectée ; la fibrose est l'aboutissant banal d’une foule de processus fort éloignés les uns des autres ; lorsqu'une lésion y arrive, le microscope est bien souvent impuissant à reconstituer les étapes antérieures seules caractéristiques. On peut trouver, dans des moelles de vieillards, des vaisseaux aussi scléreux que ceux que l’on rencontre dans un vieux foyer de myélite syphililique ou dans une cicatrice de poliomyélite antérieure — faut-il en conclure que les lésions vasculaires de la sénilité, de la syphilis et de la paralysie infantile, sont de même nature et que chacun de ces processus a les mêmes conséquences ? En résumé, les nerfs radiculaires ont, ainsi que je l'ai dit en 1894, des aptitudes pathologiques spéciales qui en font un point d'appel pour une série d’altérations aiguës ou chroniques ; parmi ces altérations, ilen est qui respectent plus ou moins l'intégrité des éléments nerveux ; d'autres, caractérisées par l'aspect et l'évolution, — sans doute aussi par l'élément causal, — s'accompagnent d'une destruction des tubes qui 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE semble se limiter électivement aux racines postérieures. Néanmoins, voici les photographies d’une série de coupes d’un nerf radiculaire (3° sacrée) qui montrent que la lésion interstitielle signalée par moi sur le trajet de la racine antérieure dans le tabes peut être accompagnée de lésions de l'élément noble; les tubes, sont, en effet, en partie dépouillés de leur myéline pendant leur passage dans le foyer morbide et la recons- titution complète de la racine antérieure ne se fait qu'un peu au-dessous du point où cesse la lésion conjonctive. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ACCIDENTS PRODUITS PAR LES ASCARIDES, par M. V. CHANSON. Des faits d'observation clinique journalière établissent que les Asca- rides produisent chez l’homme, et en particulier chez l'enfant, des aeci- dents divers qui cessent après l'expulsion des parasites. Ces accidents peuvent être divisés en : 1° Accidents gastro-intestinaux ; 2° Accidents nerveux dits réflexes ou sympathiques; 3° Accidents généraux fébriles dont les auteurs anciens ont sans doute exagéré la fréquence, mais qui ne nous semblent guère contes- tables. Il nous a été donné d’en observer un cas à forme méningitique des plus nets chez un adolescent et, tout récemment, M. Chauffard a publié un cas de lombricose à forme typhoïide. Dans ces deux cas, les phénomènes disparurent très rapidement après l'expulsion des vers. Ces accidents peuvent se manifester dans les pays chauds avec une intensité telle, que Bajon et Pouppée-Desportes auraient, soupconnant un empoisonnement, pratiqué l’autopsie de nègres morts avec des phéno- mènes convulsifs intenses et découvert dans le tube digestif d'énormes paquets de lombries. L'ensemble de ces faits parait être considéré comme d’ordre nerveux réflexe par le plus grand nombre des auteurs modernes. Cependant, des faits d'observation antérieure et dont nous avons pu vérifier l'exactitude, joints à des expériences personnelles, nous per- . mettent d'admettre que les Ascarides peuvent agir sur l'organisme en provoquant un véritable empoisonnement. Avicenne, Coulet, Rosen, P. Franck, cités par Davaine, qui n’admet pas leur manière de voir, prétendent : que « du corps des lombrics sort une vapeur malfaisante qui s'élève jusqu'au cerveau, ou que les excréments de ces êtres, absorbés avec le chyle, passent dans le sang et APTE les humeurs ». a VOTRE SÉANCE DU Â1 JANVIER 39 Huber, cité par Eichorst, a pensé que les Ascarides pouvaient produire leurs effets morbides par l'intermédiaire d’une substance chimique, car pendant qu'il étudiait des Ascarides, cet auteur ressentit du prurit à la tête et au cou, eut une éruption vésiculeuse, les oreilles se gonflèrent; son conduit auditif fut le siège de sécrétions anormales, il eut de la con- jonctivite, du chémosis et de violentes douleurs de tête. Un fait analogue, arrivé à une étudiante en médecine qui disséquait des Ascarides aux travaux pratiques de la Faculté de médecine, est cité dans l'ouvrage de M. le D' Raphaël Blanchard. Un autre fait du même ordre aété observé par nous sur la personne d'un ami regretté, le D° Vignardon, chef des travaux de chimie à l'École vétérinaire d’Alfort, alors que nous avions entrepris ensemble quelques expériences préliminaires sur la question qui nous occupe aujourd'hui et qui furent abandonnées au moment de sa mort. Enfin, au cours des expériences que nous avons reprises l’été dernier, ces mêmes faits se reproduisirent par trois fois sur deux des personnes présentes, avec une grande violence, et nous-même avons été plus légè- rement atteint. Ces accidents se sont bornés pour nous à une céphalalgie légère accompagnée d'ün peu de coryza. Des deux autres personnes : l’une, le garçon de laboratoire qui cou- pait les Ascarides en morceaux, a été pris d’éternuements continus pendant près d'une demi-heure. Le lendemain, coryza. Le surlendemain, gonflement et injection vasculaire intense des conjonctives. L'autre personne, qui assistait aux préparations dans une pièce très vaste cependant, fut prise d’éternuements, de picotements dans les fosses nasales et le pharynx, puis bientôt après d'un peu d'oppression et d’aphonie. Toute la soirée du même jour elle eut les plus grandes difficultés à parler. Le lendemain, coryza et voix rude. Le surlendemain, douleurs pharyngées, difficultés de la déglutition, yeux gonflés et très rouges. Quelque temps après, le garcon du laboratoire que nous avions chargé de retirer les animaux d’un bocal de verre qui les contenait, reçut par mégarde dans un œil une goutte de l’eau dans laquelle bai- gnaient les animaux bien vivants. Il eut une violente conjonctivite avec chémosis et injection vasculaire intense qui dura quatre à cinq jours. Enfin, nous avons injecté dans le tissu cellulaire sous-cutané de cobayes, divers liquides préparés avec les Ascarides vivants du cheval et du porc, principalement avec le liquide citrin que laissent échapper en abondance les vers coupés en petits morceaux. La quantité de liquide injecté a varié de 2 à 4 centimètres cubes en plusieurs séries d'expériences, pour chacune desquelles on s'était pro- curé de nouveaux Ascarides bien frais et vivants. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A. — Un cobaye est mort en quelques minutes avec des accidents convulsifs que nous avons à peine eu le temps de constater. B.— Un second présenta rapidement après l'injection de l'incertitude dans la marche, qui se fit d'avant en arrière pendant plus d’une heure, raideur des membres postérieurs et mort moins de douze heures après l'injection. C. — Un troisième, mort également en moins de douze heures pen- dant la nuit dans sa cage sans qu’on ait observé les accidents initiaux. Ce sont là les cas les plus nets, mais il y en a d’autres où l’action du suc ascaridien ne se manifeste pas d’une façon aussi rapide ni aussi intense. Nous avons observé des cas de mort de cinquante-six à soixante- dix heures après l'injection. En résumé, chez le cobaye on peut observer, à la suite d'injection de suc ascaridien dans le tissu cellulaire sous-cutané, des accidents se déve- loppant très rapidement et se terminant par la mort en un temps très court. La rapide apparition de ces accidents et leur intensité immédiate ne sont guère compatibles avec une infection de nature microbienne et conduisent à les rapporter plus vraisemblablement à une intoxication par le suc ascaridien, intoxication sur les phénomènes de laquelle nous reviendrons dans un travail d'ensemble. ASPERGILLOSE INTESTINALE, par M. RÉNON. Au cours de nos études expérimentales sur l’aspergillose, nous avons observé l’action pathogène de l’Aspergillus fumigatus sur le tube digestif, toute différente d’ailleurs, selon que le parasite pénétrait par la voie veineuse ou par la voie gastrique. AÀ.— Dans un sixième des cas à peu près (21 fois sur 138 lapins), l'infection aspergillaire par la voie veineuse dissémine les spores dans l'intestin, lésé en même temps et de la même façon que les muscles, le foie et les reins, sièges classiques des désordres mycosiques. On observe sur toute la longueur de l’intestin, surtout dans le cæcum, plus rare- ment dans le gros intestin, de nombreux petits amas blanchâtres, de forme tuberculeuse, de la grosseur d’une tête d’épingle : il n’en existe ni sur l'œsophage, ni sur l'estomac. Ces tubercules, vus dans certaines aspergilloses mal définies par Grohe (1), et par Olsen et Gade (2), dans (1) Grohe. Medicinische Verein zu Greifswald. Sitzung von 7 august 1869 (in Berliner klinische Wochenschr., 1870, p. 8). (2) Olsen et Gade. Undersogelser over Aspergillus subfuscus som -patogen mugsop. Nord. Med. Archiv, 1886 (in Baumgarten Jahresb., II, p. 326). Lil: / SÉANCE DU  JANVIER 41 l'infection produite par l'Aspergillus subfuscus, siègent dans les parois de l'intestin, et à la coupe de l'organe, on n’en trouve point sur la sur- face libre de la muqueuse; celle-ci est, de plus, indemne de toute ulcéra- tion, la mort rapide des animaux ayant empêché la fonte caséeuse des tubercules. Dans un cas, nous avons trouvé associées à ces lésions intestinales tuberculeuses des lésions de même nature du péritoine pariétal qui était criblé de petits points blanchâtres : le péritoine contenait 20 gram- mes d’une sérosité louche mélangée à des fausses membranes fibri- neuses. Il s'agissait d'une péritonite à forme ascitique, d'origine sûre- ment aspergillaire, puisque l’ensemencement sur tubes de liquide de Raulin des tubercules pariétaux et du liquide péritonéal ont donné des cultures pures d'Aspergillus fumigatus. Histologiquement, ces tubercules siègent les uns dans les follicules clos demesurément agrandis, les autres dans la sous-muqueuse : après coloration à la thionine, ils prennent une couleur bleuâtre qui les montre composés d’une masse caséeuse centrale, en voie de ramollis- sement, entourée d’une zone de cellules embryonnaires sans ceïlules géantes : sur le pourtour de ces deux zones, on trouve du mycélium très délicat et très fin coloré en rouge violet. Les autres parties de l'intestin sont complètement indemnes de toute altération. B. — En septembre 1895, nous avons essayé sur six lapins l’action pathogène des spores de l’Aspergillus fumigatus introduites par la voie gastrique. Chaque lapin était nourri pendant quinze jours chaque matin avec un mélange de son, d’eau et de spores : la quantité de ces der- nières était énorme, puisque chaque animal recevait quotidiennement les spores venant de la culture du champignon sur un morceau de pomme de terre de 6 centimètres de longueur sur un demi-centimètre de côté. “x. Au bout de onze jours, deux des lapins sont morts après avoir progressivement maigri : l’un n'avait aucune lésion du tube digestif : on ne notait de tubercules ni sur la cavité buccale, ni sur l’æsophage, ni sur l'estomac, ni sur l'intestin : seuls les poumons étaient farcis de tubercules de la grosseur d’une tête d’épingle, comme M. Kaufmann (1) l'avait déjà observé chez des lapins nourris avec un mélange de spores el d'avoine. L'infection pulmonaire était dans ce cas certainement pri- mitive : des spores mal émulsionnées ont été séparées des matières alimentaires pendant les mouvements de mastication et inhalées par l'air inspiré : il n'existait d’ailleurs aucune parcelle d’'aliment dans les poumons : des fragments de ceux-ci ensemencés sur tubes de liquide de Raulin donnèrent des cultures d'A spergillus fumigatus. (4) Kaufmann. Infection produite par l’Aspergillus glaucus. Société des sciences méd. de Lyon, janvier 1882 (in Lyon médical, 1. XXXIX, 1882, p. 353;. 49 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'autre lapin présentait, en plus des mêmes lésions pulmonaires, des lésions de forme tuberculeuse très abondamment répandues sur l'intestin grêle et le ccum, mais plus petites que celles obtenues par la voie veineuse : il n’en existait ni sur le gros inlestin, ni sur l'estomac, l'œso- phage et la cavité buccale. A l'ouverture de l'intestin, les lésions parais- saient pour la plupart superficielles, intra-muqueuses : il n'existait point d'ulcérations. Un fragment du poumon et des fragments de cæcum culti- vés sur liquide de Raulin donnèrent des cultures d’Aspergillus fumigatus. 8. Les quatre iapins survivants n'avaient point perdu de leur peids : deux furent tués par chloroforme le jour de la cessation des expériences; le quinzième jour; ils ne présentaient aucune lésion tuberculeuse dans aucun organe. 7. Un mois après, on reprit pour les deux lapins restants l'ingestion de spores, au moment où dans les écuries de laboratoire on substitue la nourriture d'hiver à celle d'été : à cette époque, les animaux sont sou- vent atteints d’affections intestinales légères accompagnées d'amaigris- sement et de diarrhée qui créent un terrain favorable tout spécial. Ces deux lapins devaient recevoir pendant huit jours, chaque matin, mélan- gée à du son la même ration de spores que précédemment. Le septième jour, un des animaux avait succombé, le ventre très distendu et très ballonné; à l’autopsie, l'ouverture de la cavité péritonéale est suivie d’un dégagement de gaz considérable et d’un écoulement d’un liquide louche mélangé à des matières fécales verdâtres : les anses intestinales, rouges, sont couvertes d'arborisations très marquées ; elles sont agglu- tinées par quelques fausses membranes, très abondantes du côté gauche où le dépôt fibrineux est très compact. En déroulant l’intestin grêle nous voyons dans cette région sortir, par un orifice de la dimension d’une tète d’épingle, des matières fécales. Toute cette partie avec ses mem- branes, ainsi que des fausses membranes isolées, sont ensemencées sur tubes de liquide de Raulin et donnent des cultures d’Aspergillus fumi- gatus (1). En sectionnant l'intestin, on trouve, à 3 centimètres au-dessus de la perforation, une ulcération recouverte d’une croûtelle noirâtre; une autre moins profonde siège plus haut; il existe quelques tubercules sur le cæcum, mais ils manquent complètement dans la cavité buccale, dans l’œsophage, dans l'estomac et le gros intestin. Nous n’avons point examiné la sérosité péritonéale au point de vue microbien, parce qu'il nous a semblé qu’on ÿ rencontrerait tous les microbes des matières fécales qui étaient passées dans le péritoine. Le dernier lapin sacrifié quelques jours après par chloroforme ne pré- sentait aucune lésion tuberculeuse du tube digestif. (4) Nous tenons à faire remarquer que dans ce cas les cultures confirment le passage de l’Aspergillus fumigatus dans le péritoine à travers la perforation, mais non l’origine aspergillaire de cette péritonite. SÉANCE DU A1 JANVIER 43 L'examen histologique nous a montré que dans cette seconde forme d'infection les tubercules siègent dans les follicules clos et dans la muqueuse; après coloration à la thionine, le mycélium est beaucoup plus rare que dans l'infection par la voie veineuse, mais les lésions de la muqueuse sont prédominantes : il y a infiltration de tous ses éléments et notamment des glandes par les bactéries intestinales. Les ulcérations résultent manifestement de la fonte caséeuse des tubercules, et nous avons pu constater à ce niveau une dissociation des tuniques avec des- truction de la muqueuse et de la couche musculaire. Chez ces six lapins alimentés avec des spores, nous avons pris, après la mort, des matières dans l'estomac, dans l'intestin, et dans le gros intestin, près de l’anus : toutes, ensemencées sur tubes de liquide de Raulin, ont donné des cultures d’Aspergillus fumigatus, ce qui semble nous prouver que si quelques spores sont fixées par les éléments lym- phoïdes et par la muqueuse, l'immense majorité traverse le tube digestif sans le léser, sans coloniser dans le foie, et sans être détruites par les sucs digestifs. VARIATIONS DE L'ACIDITÉ TOTALE DU SUC GASTRIQUE RETIRÉ PAR ASPIRATION ET CONSERYÉ A L'AIR, par M. le D' P. Haan (du Havre). Une des opérations d'analyse du suc gastrique, qui donne rapidement des résultats importants, est la détermination de l'acidité totale. Dans la pratique du procédé de MM. Hayem et Winter, que nous avons employé, cette opération se fait à l’aide de la liqueur décinormale de soude, en présence d’une solution alcoolique de phénolphtaléine , comme réactif indicateur. Depuis longtemps, nous avons songé qu’un liquide tel que le suc gastrique devait, une fois aspiré, et conservé au laboratoire, éprouver des modifications très rapides, et nous avons dans une série de seize expériences, fait des dosages successifs de Pacidité totale, dont nous exposons les résultats. La fin de la réaction étant caractérisée par l'apparition d’une teinte rose, nous avons préparé des solutions colorées et titrées, qui placées à côté du liquide à essayer, nous aidaient à arrêter le dosage, sensiblement dans les mêmes condi- tions. Nous avons expérimenté sur un chien de 13 kilogrammes et sur une chienne de 15 kilogrammes, en très bon état de santé. Les repas d’épreuve ont consisté en l'administration, à l’aide de la sonde, de lait, d'eau dis- tillée, et de solution alcoolique marquant de 22 à 30 degrés, sous un volume d'environ 200 centimètres cubes. Nous avons pu ainsi suivre un même suc gastrique pendant cinq et six Jours, et noter ses variations. Nos résullats nous permettent de 44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE déduire que l'acidité totale d’un suc gastrique est réellement variable dans les jours qui suivent son aspiration, et que cette acidité semble être au maximum au moment où le suc est recueilli. De plus, la fixité de l'activité est la plus grande, dans le cas de faible motilité de l'estomac, et de sécrétion gastrique pauvre. Nous avons montré, dans une précé- dente note, que ces conditions se trouvaient réunies, par l’adminis- tration de doses élevées et continues d’alcool. En tenant compte de la nature du repas administré, et de la présence d'acides organiques, on peut expliquer en partie les variations éprouvées au laboratoire, par du suc gastrique conservé en éprouvelte. Nous avons pu, en résumé, conclure : 1° Que le suc gastrique, aussitôt après son aspiration, semble avoir son acidité la plus grande. Exp. I, IE, VII, XI, XIH. 2° Le suc gastrique dans lequel la réaction de l’acide lactique est positive, peut les jours suivants, à la température du laboratoire, aug- menter d’acidité, l'acide lactique de fermentation pouvant agir sur les chlorures du suc gastrique, et donner de l'acide CHOSES Exp. VX, XV. 3° Le suc gastrique peut, au bout de deux ou trois jours de conser- vation à l'air, par suite d’un ensemble de fermentations complexes (lactique, butyrique, acétique), récupérer une partie de son acidité pre- mière. Exp. I, VIIT, XIT. 4 Le repas expérimental a de l'influence sur la conservation du suc gastrique fourni, des levures pouvant être ainsi introduites dans l’esto- mac. Dans le cas d'expériences avec l'alcool, à la température du labo- ratoire, l'acidité totale pourra varier sous l’action de la fermentation sctique Exp. X[. ° Les sucs gastriques fournis es une diète assez longue, et ee après ingestion d’eau distillée, ont une acidité totale sensible- ment constante. Il en est de même, quand la motilité et la sécrétion gastriques sont très affaiblies. Exp. XIV, XVI. 6° Au point de vue clinique, il y a tout intérêt à faire l'analyse du suc gastrique, dans les quelques heures qui suivent son aspiration, dès que sa filtration est terminée d’une façon complète. SUR LE DÉDOUBLEMENT DE L'AMYGDALINE DANS L'ÉCONOMIE, par M. E. GÉrar» (de Toulouse). Note présentée par M. Em. BoURQUELOT. D'après Moriggia et Ossi (1), l'amygdaline pure ingérée dans l'estomac peut agir comme toxique, surtout chez les herbivores; elle se dédou- (4) Moriggia et Ossi. Atti Accad. Lincei; 1875. D’après les Archives italiennes de Biologie, t. XIV, p. 436. = © SÉANCE DU 11 JANVIER blerait suivant ces auteurs, sous l'influence du suc intestinal, agissant, comme le ferait l'émulsine, en aldéhyde benzoïque, acide cyanhydrique et glycose. MM. Laveran et Millon (1) ont également observé la décomposition dans l'économie d’un autre glucoside, la salicine, dont les produits d'élimination recherchés dans les urines sont l’aldéhyde et l'acide salicylique. Je me suis proposé, après avoir essayé de préciser quels sont les ferments digestifs qui agissent sur l’amygdaline, de rechercher l’action des microbes de l’estomac sur ce composé. A cet effet, j'ai sacrifié un lapin en pleine digestion auquel j'avais fait absorber, pendant plusieurs jours, de la salicine et dont les urines contenaient, après cette ingestion, de l'acide salicylique. Des essais de dédoublement de l'amygdaline ont été immédiatement faits avec le pancréas et l'intestin grêle de ce lapin. J'ai adopté pour ces expériences la marche qu'ont donnée M. Bourquelot, mon maitre, et M. Gley (2) au sujet de la digestion du tréhalose. Voici le détail de mes expériences : Pancréas. — Le pancréas est détaché, lavé sous un courant d’eau froide et incisé. On le divise en deux parties : Exp. 1. — Pancréas additionné de 40 centimètres cubes d’eau thymolisée à 1/1000 tenant en dissolution 0 gr. 40 d’amygdaline pure. Exe. I. — Pancréas avec 40 centimètres cubes d’eau thymolisée à 1/1000 sans addition d’'amygdaline. Les deux solutions sont mises à digérer pendant vingt-quatre heures dans une étuve chauffée à 56-37 degrés. Au bout de ce temps, une partie aliquote de chacun des liquides est examinée à la liqueur de Fehling, après défécation au sous-acétate de plomb. Pas de réduction. La recherche de l'acide cyanhydrique dans l'expérience I reste sans résultat. Les autres essais portent sur deux portions différentes de l'intestin grêle qui sont incisées et lavées sous un courant d’eau froide. Intestin grêle. 1° Portion de l’intestin prise à 75 centimètres du pylore. Eau thymolisée à 41/1000. . . . . . 40 centimètres cubes. Moy diner ets red 0 264 40: Digestion de vingt-quatre heures à la température de 36-37 degrés. Pas de réduction de la liqueur de Fehling. Présence de l’acide cyanhydrique. La même expérience est répétée en substituant de l’eau additionnée de quelques gouttes, d’éther à l'eau thymolisée. On obtient les mêmes résultats : (1) Ann. phys. et de chim., [3], t. XII, p. 145. (2) C. R. de la Société de Biologie, 10}, t. AI, p. 355. A6 SOCIÉTÉ DE’ BIOLOGIE pas de réduction de la liqueur de Fehling, mais présence évidente de l'acide cyanhydrique. 2° Portion de l'intestin située près du cæcum. — Mêmes essais, mêmes résultats. Dans une dernière série d'expériences, nous avons puisé, en prenant les précautions nécessaires pour être à l’abri de toute contamination extérieure, le liquide stomacal du lapin dès qu'il a été sacrifié. On a ensemencé des tubes de boüillon et au produit de ces cultures on à ajouté une solution stérilisée d’amygdaline. Au bout de vingt-quatre heures, présence d'acide cyanhydrique, mais pas de réduction de la liqueur de Fehling. Dans ces diverses expériences, on voit donc que l’amygdaline se dédouble dans l'intestin grêle et, à en juger par la proportion d’acide cyanhydrique produit, il semble que c’est la partie moyenne de cet intestin qui est la plus active. Ce résultat est à rapprocher de ceux qui ont été obtenus par MM. Bourquelot et Gley sur la digestion du tréhalose. De plus, les microbes de l’estomac peuvent prendre part à la décom- position de l’amygdaline. Du reste, MM. Fermi et Montisano (1) ont tout dernièrement cité certains microorganismes possédant la pro- priété de décomposer l’amygdaline, el, comme dans les expériences relatées ci-dessus, n’ont pas trouvé de glucose parmi les produits de décomposition. Il reste un point à élucider. Comment interpréter la disparition du slycose qui doit être produit dans la décomposition du glucoside mis en expérience ? Dans notre dernier essai, la glycose peut être consommée par les microorganismes; en est-il de même dans nos aulires expé- riences ? C'est peu probable, étant données les conditions dans les- quelles on a opéré. Il se pourrait, et c’est là une simple hypothèse, que l'intestin grêle sécrétàt un ferment destructeur du sucre analogue à celui que M. Lépine (2) à rencontré dans le chyle et dans le pancréas et qu'il suppose exister ailleurs. Je me propose, du reste, de revenir sur cette dernière question. SUR L’ANALYSE DE L’URINE DES RACHITIQUES, par M. le professeur OECHSNER DE CONINCK. Dans la séance du 27 juillet 1895, j'ai montré que pour détruire les pigments si remarquablement lenaces, qui passent dans l'urine des (1) Apotheker Zeitung, t. IX, juillet 1894. (2) C. R. Ac. des Sciences, t. OX, p. 743 et 1314; t. CXIL, p. 148. SÉANCE DU Â1 JANVIER 47 rachitiques, il fallait calciner avec une petite quantité d’eau régale. L'emploi de ce réactif pouvant présenter des inconvénients, lorsqu'il s’agit de doser l'élément chlore dans ces urines, je propose de le rem- placer par l'acide azotique fumant, qui m'a donné de bons résultats. Voici comment j'ai procédé dans toute une série de dosages de chlore qui ont été effectués par moi-même, ou sous ma direction, pendant les mois d'octobre et de novembre derniers. Je me suis assuré d’abord par les moyens usuels que l'acide azotique fumant ne renfermait pas de produits chlorés. La calcination était faite, après évaporation, dans une capsule de pla- tine dans laquelle on versait environ 5 centimètres cubes d'acide fumant (lorsqu'on avait employé 10 à 15 centimètres cubes d'urine) ; elle était conduite avec précaution, c’est-à-dire que la température était élevée progressivement, après avoir été maintenue relativement peu élevée pendant un quart d'heure au moins. En suivant ces précautions, j'ai toujours obtenu un précipité incolore ou presque incolore de chlorure d'argent bien assez pur pour fournir de bons résultats analytiques (1). DÉVELOPPEMENT DES TISSUS CONJONCTIFS MUQUEUX ET RÉTICULÉ, par M. Éb. RETTERER. Dans deux notes (2) précédentes, j'ai communiqué à la Société de Biologie les résultats auxquels je suis arrivé sur le mode de formation des cavités articulaires péritendineuses et des: bourses muqueuses, et j'ai conclu ainsi : les séreuses succèdent à un tissu plein qui subit l'évolu- lion muqueuse, se fluidifie et fait place à la cavité elle-même. En poursuivant ces recherches, j'ai trouvé que l'histogénèse de ce tissu transitoire n’est qu'un chapitre du développement du tissu con- jonctif en général. Le réactif fixateur qui m'a donné les meilleurs résultats est la solution aqueuse, concentrée, de bichlorure de mercure dans laquelle je laisse les pièces de six à douze heures. Je les mets ensuite, sans les laver, dans de l'alcool additionné d’une petite quantité de teinture d’iode. Les éléments fixés, je coupe les pièces selon les procédés indiqués dans les notes antérieures et je monte les coupes après coloration double par l'hématéine, l’orange, la thionine, etc. (1) Ces recherches ont été effectuées dans mon service, à l’Institut de Chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie du 29 décembre 1894 et du 2 février 1895. 48 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1® STADE. — Tissu conjonctif primordial. — Le tissu muqueux des mem- bres est précédé par un tissu que j'appelle tissu conjonctif primordial. Ce tissu se présente sous la forme de noyaux ovalaires, serrés, que sépare et réunit en même temps une substance transparente et homo- gène. Cette substance internucléaire forme une masse continue entre les noyaux qui ne sont distants que de 1 à 2 y. Lorsqu'on examine ce tissu, soit pendant l’état de repos des éléments, soit à l’aide de réactifs qui ne mettent pas en évidence les phénomènes de la division cellulaire, il est impossible de décider si la substance internucléaire représente uniquement le protoplasma homogène de ces cellules jeunes ou bien s’il n'existe pas déjà à cette époque une subs- tance intercellulaire, interposée entre les corps cellulaires du tissu. Si, au contraire, on a fixé le tissu par le réactif susmentionné, et que l’on porte son attention sur les noyaux en voie de karyokinèse, il est facile de constater les faits suivants dans les stades terminaux de la division cellulaire (dyaster) : tandis que, dans l'intervalle des noyaux au repos, la substance est homogène, elle présente, sur le pourtour du noyau en division, des filaments fixant plus vivement les matières colo- rantes ; ces filaments sont orientés autour des deux jeunes noyaux (noyaux-filles), et forment le fuseau achromatique. Cette modification s'étend jusqu’à la ligne idéale passant par le milieu de l’espace qui sépare les noyaux-filles des noyaux voisins au repos. Au delà de celte ligne, la substance internucléaire a conservé son caractère homogène. Ce fait permet d'affirmer que la substance internucléaire du tissu conjonctif primordial est formée uniquement par le protoplasma des cellules, sans interposition de substance intercellulaire. Le tissu conjonctif primordial n’est donc constitué que par des cel- lules qui, non seulement sont intimement juxtaposées, mais dont le protoplasma est fusionné en une masse unique. L’individualité ou mieux encore l’autonomie cellulaire ne se manifeste qu’au moment de la divi- sion cellulaire. 2° STADE. — Apparition du réseau fibrillaire. — À mesure que le proto- plasma homogène augmente, les divisions cellulaires deviennent plus rares dans ces cellules à corps cellulaires fusionnés. Puis, on constate l'apparition, autour du noyau, d’une zone plus colorable et pourvue, sur plusieurs points, de minces prolongements s'étendant à travers le pro- toplasma périphérique, toujours homogène. Cette zone et ses prolonge- ments présentent les caractères d’une masse fibrillaire qui a pris nais- sance dans le protoplasma hyalin. À partir de ce stade, nous distinguerons ainsi dans les cellules conjonctives une masse fibrillaire. 3° STADE. — J'issu réticulé à mailles pleines. — Le réseau d’une cellule se développant davantage arrive au contact des fibrilles des cellules voisines et forme avec elles un tout continu, puisque le protoplasma des cellules conjonctives est fusionné à leur périphérie. De plus, les SÉANCE DU {1 JANVIER 49 fibrilles deviennent de plus en plus nombreuses et présentent sur leur trajet des branches latérales qui parcourent et cloisonnent le protoplasma en tous sens. Ainsi, après avoir débuté sur le pourtour du noyau, le réseau fibrillaire est élaboré dans toute la masse protoplasmique, qui se différencie partout : 1° en réseau fibrillaire; 2 en hyaloplasma. Jusqu'à ce jour les auteurs ont négligé, dans l’étude du tissu conjonctif, les phénomènes qui précèdent l'apparition du réseau fibrillaire. Ils ont considéré, à tort, la zone fibrillaire, périnucléaire, cemme formant tout le corps cellulaire ou protoplasma et ont dû rejeter le protoplasma homogène en dehors de la cellule pour l'appeler substance intercellulaire. En ne décrivant comme protoplasma que le réseau fibrillaire, les auteurs ont appelé corps fibroplastiques, cellules plates, cellules fixes du tissu conjonctif, etc. ces portions de cellules pourvues d’un noyau et d'une masse fibrillaire. 4° STADE. — Tissu réticulé à mailles vides. — En même temps que le réseau fibrillaire développe ses ramifications, l’hyaloplasma s'accroît et se modifie pour prendre les caractères de la substance muqueuse. Deux phénomènes contribuent à transformer le tissu réticulé à mailles pleines en tissu réticulé à mailles vides : d’une part, les fibrilles latérales deviennent moins nettes et semblent s’atrophier; de l’autre, la substance muqueuse se fluidifie, de sorte qu'il se produit de larges aréoles vides ou vacuoles. Jusqu'à ce jour on a décritles mailles du tissu conjonctif comme des espaces intercellulaires, fentes lymphatiques des auteurs, etc.; le développement montre que ce sont des espaces intra-protoplasmiques, c’est-à-dire intra-cellu- laires, qui résultent de la fonte du protoplasma. A mesure que le tissu conjonctif se transforme en tissu réticulé à mailles vides, un grand nombre des cellules qui ont perdu leur hyalo- plasma et les branches les plus fines de leur réseau, restent à l'état d'éléments fusiformes ou étoilés; d’autres perdent tous leurs prolonge- ments et se transforment en cellules arrondies en prenant tous les caractères des éléments libres du tissu conjonctif communément dési- gnés sous le nom de globules blancs. A l'endroit des cavités séreuses, on voit enfin les résidus cellulaires du tissu réticulé à mailles vides subir une atrophie totale et c’est ainsi que s'établit la cavité définitive. Les cavités séreuses ne correspondent nullement à des interstices intercellulaires (fentes lymphatiques) du tissu conjoncetif; elles résultent de l’évolution et de la disparition de tous les éléments d’un territoire conjonctif. En résumé, le tissu conjonctif primordial qui précède le tissu réli- Bi0LOG1E. COMPTES RENDUS. — 106 SÉRIE, T. IIT, 4 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eulé est constitué par des cellules à protoplasma homogène et fusion- nées en une masse unique. Ce protoplasma élabore une masse fibrillaire qui occupe d’abord la zone périnueléaire, mais s'étend, en se ramifiant, dans tout le corps cel- lulaire. : Dans les mailles de la charpente fibrillaire se différencie l'hyalo- plasma. C’est là le tissu réticulé à mailles pleines d'hyaloplasma. Plus lard, l’hyaloplasma devient muqueux et se fluidifie; les fibrilles latérales de la charpente disparaissent elles-mêmes, de sorte que les vacuoles se produisent dans le protoplasma. Enfin, les résidus de la charpente et le noyau subissent une atrophie complète et disparaissent au niveau des cavités séreuses. ABCÈS MULTIPLES À PNEUMOCOQUES SURVENUS DANS LA CONVALESCENCE D'UNE PNEUMONIE, A LA SUITE D’INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE BENZOATE DE CAFÉINE PRATIQUÉES AU COURS DE LA MALADIE, par M. ZUBER, Interne des hôpitaux. Il s’agit d’un malade âgé de soixante-seize ans, entré à l'hôpital au troisième jour d'un pneumonie droite. La défervescence fébrile, accompagnée de crise urinaire, se fit norma- lement le neuvième jour et le malade se rétablit, mais après une conva- lescence longue. À son entrée, le malade se trouvant dans un état d’adynamie marqué, avec subdélire, arythmie cardiaque, faiblesse du pouls, des injections sous-cutanées de benzoate de caféine furent faites à la face antérieure des cuisses, à raison de deux par jour, pendant six jours. Chaque injec- tion était de 1 centimètre cube d’une solution à 20 p. 100. Dès la première semaine après la dernière injection, le malade s’aperçut de la présence de petits tumeurs indurées, non douloureuses, aux points où les piqûres avaient été faites. Elles grossirent lentement sans réaction locale ni générale, puis environ quarante jours après la dernière injection, au niveau de l’une d'elles, la peau devint rouge et s’ulcéra donnant issue à du pus: On constata alors la présence de quatre autres abcès du volume d’une noisette, entourés d’une zone d'æœdème dur, et nettement fluctuants. Ces abcès furent incisés, et le pus épais, visqueux, jaune verdâtre qui s’en écoula fut recueilli à l’aide de pipettes stérilisées. L'examen de lamelles préparées avec ce pus et colorées par le liquide de Ziehl dilué a montré la présence d’abondants diplocoques lancéolés pourvus d’une capsule. Beaucoup d’entre eux sont englobés dans l’inté- SÉANCE DU 1Â1 JANVIER 51 rieur des cellules du pus. Ces diplocoques se coloraient par la méthode de Gram. Il n’y avait pas d’autres formes microbiennes. Le pus de ces différents abcès ensemencé sur des tubes d’agar inclinés n’a donné qu'une seule espèce de colonies : ce sont d’abondantes colonies fines, transparentes, en goutte de rosée, présentant à l'examen sur lamelles colorées les caractères du pneumocoque en culture. Le bouillon ensemencé a été finement troublé. Le pus d’un des abcès a été inoculé, 1/4 centimètre cube, sous la peau de la cuisse d’une souris, qui présenta, après vingt-quatre heures, un volumineux abeès, et mourut trente-six heures après l’inoculation. Le sang du cœur de cette souris a donné à l'examen direct et par la culture sur agar du pneumocoque à l’état pur. La salive du malade prélevée sept semaines après le début de la pneumonie contenail du pneumocoque virulent pour la souris. Le sang du malade prélevé à l'aide d’une ponction dans une des veines du pli du coude avec une seringue stérilisable, environ deux mois après le début de l'infection, ne contenait pas de pneumocoques, ni par la culture, ni par l’inoculation. On sait que la pneumonie est la manifestation primitive du pneumo- coque qui souvent se généralise dans tout l'organisme, et de très nom- breuses observations ont été publiées se rapportant à des localisations secondaires du pneumocoque dans la plupart des organes (méningites, endocardites, péricardites, otites, pleurésies, arthrites, ostéites, paro- tidites, angiocholites). Plus rares sont les observations cliniques dans lesquelles il a été possible de déterminer la cause locale de ces accidents au cours de l'infection générale, et de voir se réaliser chez le malade les conditions de l’expérimentation. En effet, nous rappellerons que M. Netter (1) a provoqué chez le lapin, après injection intra-pulmonaire de culture de pneumocoque, une méningite suppurée à pneumocoque et une endocardite, en traumatisant l'hémisphère cérébral et les valvules sigmoïdes de l'animal. Banti (2), Vanni (3) provoquent de même la péricardite chez l'animal. Gabbi (4) produit une arthrite purulente chez le lapin en injectant une culture atténuée de pneumocoque sous la peau après avoir irrité une articulation au moyen de l'essence de téré- benthine. MM. Netter et Mariage (5) rapportaient, dans la séance du 7 juin 1890 (1) Netter. De la méniugite due au pneumocoque avec ou sans pneumonie. Archives de médecine, 1887. (2) Banti. Ueber die Aetiologie der Pericarditis, Deutsche med. Woch., 1888. (3) Vanni. R. S. pericardite sperimentale de Pneumococco. Lo Sperimen- ” tale, 1889. (4) Gabbi. Sulla arthrite sperimentale de Pneumococco. Lo Sperimentale, 1889. (5) Un second fait, observé dans le service de notre maitre M. le D' Merklen, peut être invoqué aussi comme un exemple de l'influence de la lésion locale ©r LO SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la Société de Biologie, l’histoire d’un malade atteint de fracture du bassin et des côtes sans plaie, et présentant en même temps les signes d'une pneumonie. À l’autopsie, ont trouvait une collection purulente autour de l’os iliaque avec du pus mélangé à la moelle et ce pus ren- fermait abondamment et exclusivement des pneumocoques. Nous croyons pouvoir rapprocher de ces faits le cas de notre malade (1), chez lequel, au cours d’une infection pneumonique, l'injection sous la peau d'une substance chimique légèrement irritante comme le benzoate de caféine a déterminé l’apparition d’abcès locaux contenant exclusive- ment le pneumocoque. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACIDITÉ URINAIRE, par M. E. LÉpiNois. Depuis quelques années, les urologistes semblent attacher à l’acidi- métrie des urines une assez grande importance. D'autre part, le problème du dosage de l'acidité urinaire est loin d’être résolu d’une manière vraiment satisfaisante. C'est pourquoi nous avons cru intéressant de reprendre la question dans son ensemble, pour choisir la méthode la plus pratique et donnant des résultats d'une exactitude aussi grande que possible. Nous avons étudié d’abord les divers procédés utilisés. Ils consistent généralement à verser une liqueur alcaline titrée de potasse, de soude ou de baryte, dans la prise d'essai d'urine, jusqu’au virage de l’indica- teur choisi, le tournesol ou la phtaléine du phénol. Mais la coloration des urines diminue beaucoup l'exactitude des dosages. Le professeur Capranica, de Gênes, eut l’idée d'enlever les pig- ments par le noir animal privé de sels minéraux. Malheureusement, les matières colorantes de l'urine ayant une fonction acide, il dut y renoncer. | D’autres méthodes tendent à supprimer l’action perturbatrice des phosphates; telle est celle de Maly reprise depuis par divers auteurs, soit pour le sang, soit pour les urines. Or, ce mode opératoire, qui parais- sur la localisation en ce point des pneumocoques de l'infection générale : Un malade atteint d’une plaie anfractueuse de la jambe liée à une ostéomyélite ancienne du tibia, est pris d'accidents tétaniques au cours desquels il fait une pneumonie double avec pneumocoques dans les crachats. L'examen du pus de la plaie, fait à ce moment, y montra la présence de pneumocoques, vérifiée par les cultures et par l’inoculation à la souris. (1) Netter et Mariage. Note sur deux cas de suppurations osseuses à la suite de fractures non compliquées de plaie. Soc. de Biol., 7 juin 1890. SÉANCE DU ÀÂ1 JANVIER 53 sait une heureuse modification, est encore le moins exact; car l’introduc- tion du chlorure de baryum donne naissance à un phosphate mixte de baryte et de soude et surtout à un phosphate monométallique acide aux dépens des phosphates bimétalliques. Nous avons vu ainsi l'acidité augmentée d’un tiers et même davantage. Le procédé Maly doit donc être complètement abandonné. L'eau de baryte comme liqueur titrante a été moins employée. Avec elle il semble que l’amphotérisme doive disparaître, puisque, en pré- sence de la phtaléine, la neutralisation a lieu lorsqu'il s’est formé du phosphate bibarytique n'ayant pas d'action sensible sur l'indicateur. Cela est vrai théoriquement ; mais en pratique on obtient toujours des précipités contenant plus de baryte que n’en renferme le phosphate bibarytique. Nous avons trouvé 69, 69,46 et 70 de baryte pour 100, et la théorie exige seulement 65,66. De plus, l'emploi de cette base alcalino-terreuse peut donner lieu à des réactions secondaires avec les sulfates et les chlorures de l’urine. Cependant, après avoir étudié l’action de ces sels, nous en concluons qu'un mélange des deux ne modifie pas sensiblement le résultat final. Malgré cela, l'emploi de la potasse nous paraît avantageux. Les chiffres obtenus avec elle sont plus constants. Enfin, la conservation de l’eau de baryte est courte et difficile à réaliser complètement, même avec un appareil absorbant l'acide carbonique de l'air. Avec la potasse, nous donnonsla préférence à la méthode indirecte ou par alcalimétrie. Il nous paraît bien plus facile de saisir l'instant précis de la décoloration du milieu. Elle consiste à additionner l'urine d’un excès de solution alcaline titrée et de quelques gouttes de solution alcoolique de phtaléine du phénol; l'excès est ensuite dosé au moyen d’une liqueur chlorhydrique à titre connu. Enfin, notre acidité totale est exprimée en acide chlorhydrique. En étudiant l’action de la chaleur sur les résultats de ces dosages, on remarque que l'acidité trouvée est plus forte à chaud qu’à froid. D’après nos essais, nous pensons que la cause de cette augmentation réside dans l’action exercée par la liqueur alcaline titrante sur les sels ammonia- caux de l'urine. L’alcali fixe déplace l’ammoniaque de ses combinaisons: la chaleur chasse cette ammoniaque par volatilisation et une partie de la potasse titrée se trouve neutralisée par le ou les acides qui étaient primitivement unis à l’ammoniaque. On s'explique alors l'emploi d'une plus grande quantité de solution alcaline et comme conséquence l'augmentation du chiffre de l’acidité. Cependant, il n’y a pas toujours de proportion entre cet accroissement de l'acidité à chaud et le poids total de l'ammoniaque contenue dans l'urine. Cela tient à ce que les phosphates exerçant sous l'influence de la chaleur une action tout à fait inverse, ainsi que nous l'avons constaté, ITS D4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on observe seulement la différence de ces deux réactions simultanées et contraires. En résumé, à notre avis, on devra doser l'acidité de l'urine à froid et il sera avantageux d'opérer par alcalimétrie en utilisant de préférence la potasse. Nous ne nous dissimulons pas combien cette méthode est encore sus- ceptible d'objections; mais elle peut être exécutée facilement, tout en donnant des résultats suffisamment exacts. Enfin, malgré toute l'importance attribuée au facteur acidité, les conclusions pouvant en découler doivent être très réservées; car la com- position même des urines rend ce dosage difficile à réaliser avec toute la rigueur scientifique désirable. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 18 JANVIER 1896 M. Bourxevize : De l’action de la glande thyroïde sur la croissance. — M. Bourxe- VILLE : De l'action de la glande thyroïde sur l'obésité. — M. Ca. FéRÉ : Expériences relatives à la notion de position. — M. le D: H. Méry : Abcès à preumocoques et à streptocoques consécutifs à des injections sous-cutanées de caféine, infection d’origine sanguine. — M. le D: U. Monnier : Contribution à l'étude de la fonction hémorragipare : un cas d'infection cutanée bulleuse hémorragique (coli-bacille, streptocoque), à la période terminale d'une cirrhose atrophique alcoolique. — M. A. Cuarrix : Sur les fonctions hémorragipares des bactéries. — M. G. Caus- SADE : Sur les effets de l'injection sous-cutanée d'extrait de capsules surrénales chez les animaux. — M. H. CLaune : Ulcérations de la langue chez les tuber- culeux. — M. P. Le Noir : Note sur un cas d'infection urinaire mixte; présence du bacille pyocyanique dans l'urine humaine. M. C. CuaBrié : Contribution à l'étude de la cystine. — M. Argent Martureu : Note sur une méthode permettant de mesurer la motricité de l'estomac et le transit des liquides dans sa cavité. — M. N. FLroresco : Activité comparative des pancréas de bœuf, chien, mouton, porc quant à leurs propriétés zymotiques. Présidence de M. Charrin. DE L'ACTION DE LA GLANDE THYROÏDE SUR LA CROISSANCE, par M. BOURNEVILLE. Dans une communication sur 7rois cas d'idiotie myxcædémateuse traités par l’ingestion thyroïdienne, faite à la session du Congrès des aliénistes et des neurologistes qui à eu lieu au mois d'août dernier à Bordeaux, nous avons eu soin de mettre en relief l’action exercée par la glande thyroïde sur la croissance de nos trois malades et sur leur état d’obésité. Voici, au premier point de vue, le résumé de leur histoire. Ogs. L. — Idiotie myrxædémateuse. — Chez le premier, Deb... (Jules), âgé de trente ans, la faille s’est accrue de 2 centimètres et demi, moins que chez les autres, ce qu'explique d’ailleurs son âge déjà avancé. Cependant, ce résultat est d'autant plus intéressant que si, jetant un coup d’æil sur le tableau de sa taille de janvier 1890 à janvier 4895, on remarque que, durant cette période de cinq ans, la taille ne s'est accrue que de 2 centimètres et demi. Or, c'est là justement l'accroissement qui s'est produit, non plus en cing ans, mais en quatre mois, sous l'influence de l’ingestion thyroïdienne. 1890 1891 1892 1893 1894 1895 un. 2 A Ce. A Re OS 2 — Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Taille . . 0,915 0,915 0,915 0,915 0,915 0,918 0,920 0,930 0,940 0,940 0 ,940 BIOLOGIE. CoMPrEs neNbus. — 10€ séntE, Tv. HIT, 5 56 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ogs. IL — Idiotie myxædémateuse. — Wa... (Augustine), âgée de vingt ans, a été suivie par nous depuis 1882, d'abord comme malade externe, puis dans le service depuis 1890. De 1889 à 1895, son poids et sa taille ont offert les modi- fications ci-après : 1889 1890 1891 1892 1893 189% 1895 nu = — RE | nan CR 2 Mai Mai Janv. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Poids. . . 44800 16 18K 18k 18k 18K 19k 19k500 19500 24k Taille. . . 0,833 On,88 On,88 0,88 0m,88 On,88 0,88 0u,88 Om,88 On,88 Le lraitement, commencé le 31 mai, a été continué jusqu'à la fin de sep- tembre avec des interruptions. La faille, qui était de 882 millimètres, avant le traitement, était de 92 centimètres à la fin de septembre, soit en qualre mois un accroissement de (rois centimètres 8, tandis qu'il avait été nul de 1892 à 1895. Ogs. III. — Idiotie myxædémateuse. — Gang... (Marie) élait âgée de quatorze ans quand elle a été mise en traitement à la fin de mai 1895. 1894 1895 Août Janv. Mai DOS ROLE Er AE EE ne EE 154 15K 1585 TaUle CM RP ROME S00 MOTS 0NOSON La fuille qui, comme on le voit, n'avait pas changé depuis l'admission, en août 4894, jusqu'à la fin de mai 1895, a augmenté de six centimètres en quatre mois (95 cent.). Depuis la suppression du traitement, elle est la même. Parmi les effets du traitement, dans ces trois cas, deux étaient plus particulièrement frappants par leur matérialité : la diminution du poids ou l’amaigrissement, l'augmentation de la taille ou la croissance. De là, naturellement, l'idée d'administrer la glande thyroïde à nos enfants obèses et à nos enfants nains. Par malheur, manquant de glandes thyroïdes, nous avons dû nous limiter provisoirement et nous borner à soumettre au traitement thyroïdien trois des enfants de la première catégorie. C’est le résultat de nos observations, sur ces deux points, amuigrissement et croissance, que nous venons soumettre, dans deux Notes, à la Société de Biologie. Ogs. IV. — Imbécillité à un degré prononcé; macrocéphalie ; adipose exagérée. — br... (E.-Lucie), née à Paris le 16 août 1884, est entrée dans notre service le 2 janvier 1891. De 1891 à 1895, le poids et la taille ont eu la progression indiquée dans le tableau ci-dessous : 1891 1892 1893 1894 1895 sn. 0 IR) | EL Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill. Janv. Juill Janv. Juill Bois et DORE » » » » 24K500 266 27 28K500 Tale Ne pee » » » » » 07m OS UP 0S 1,08 SÉANCE DU 18 JANVIER ET Rire Du 23 juillet au 5 novembre, la malade a ingéré un demi-lobe de glande thyroïde tous les deux jours; puis, du 9 octobre au 4 novembre, un demi-lobe tous les jours. Voici quelles ont été les modifications de la faille et du poids. DATES TAILLE POIDS D IE ee ee ne x A O8 29% 17 AQU FORTE NME En re 142 27 500 HÉSCRICMDE RE ete — 27 400 21 — BE PR MEAUESTE RRT PET PE En — 27 200 28 — Le PO SERRE TR RE EE DE) 19 octobre . — TRUE 2 novembre. . — 26 350 ] — — 25 100 A partir de ce jour, le traitement a été complètement supprimé. DATES TAILLE POIDS 19 décembre . STUNT PRIT ET EE 143 21*250 LOMTAONTO ER SR AE RE LE ere 1214 28 » La taille à augmenté de six centimètres en moins de cinq mois. La circonférence du cou et celle du ventre ont subi les modifications suivantes : DATES COU ABDOMEN 23 juillet. -:20.:0:030 centimètres 72 centimètres, AAC sie tres, | 128 nr 69 — HBOYEMDTE A D 28 — 65 _ I0MaAnvIer MEME PSC IN28 — 70 — Du 23 juillet au 5 novembre, Dri... à pris pendant 68 jours un demi- lobe. Os. V. — Idiolie et épilepsie; obésité. — Tho.…. (Marie-Emilie), née le 13 avril 1884, est entrée dans le service le 13 septembre 1893. 1893 1894 1895 — RS CR A Sept. Janv. Juill. Janv, Juill. POS CPR STE OO SES O0 SNS SES 00 M3 1 Taille . 1 ES DAME) Le traitement, commencé le 5 juillet, a été continué jusqu'au 4 novembre : un demi-lobe tous les deux jours, du 5 juillet au 9 octobre, puis un demi-lote tous les jours jusqu'au 5 novembre, soit 74 jours. 58 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DATES TAILLE POIDS SAS NE RS EU 2 PE 1220 31K000 AR te RP ele ET. == 30 700 1 Septembre LEA MERE = 30 450 5 octobre à MER = 29 250 19 — Ml MINES: ar TR At LAINE 191 29 150 2 novembre . . . : = 29 500 Le traitement est suspendu le 51 nov Harlres novembre AA EPP PRE — 29 450 45 — ee MN NS EU. 1222 29 500 OC eMDTE er OMR TR EE 1,23 32 10 ane ts) 1 239 31 La taille s'est accrue de 3 centimètres de septembre 1893 à janvier 1895 et est restée stationnaire depuis cette époque jusqu'au début du trai- tement. Sous l'influence de celui-ci, en six mois, la taille a gagné trois centimètres. Le tableau fait voir aussi que la croissance a continué puisque, à la date du 10 janvier de cette année, elle atteint le chiffre de 1,235. Une autre particularité mérite d’être signalée : c’est l'aug- mentation des accès d’épilepsie pendant la période du traitement et les deux mois qui ont suivi ainsi. N'y a-t-il là qu'une simple coïncidence ou faut-il attribuer fs recru- descence des accès à la médication lhyroïdienne ? Nous n’oserions nous prononcer. Toutefois, nous devons dire, à la décharge du traitement par la glande thyroïde, que, dans les six premiers mois de 189%, on avait compté 42 accès et 9 vertiges et dans la période correspondante de 1895, 51 accès et 35 vertiges, ce qui semblerait indiquer quil y avait déjà, avant le traitement, une tendance à l'aggravation de l’épilepsie. Ogs. VI. — Idiotie; acrocéphalie; obésité prononcée; exiguilé de la taille. — Ri.. (Louis-Edouard), né à Paris le 23 mai 1868, est entré dans notre ser- vice le 23 avril 1880. Le traitement a été commencé le 10 août. Voici les mo- difications que nous avons observées : DATES TAILLE POIDS OP de ME AT ARE 12465 30K200 28 — . SRE ET TS CSC MEME 4 465 60 500 15 sentembre LÉSTÉ pes NÉ Lo Vete e à 4 465 61 214 — RSC RP EUR — 61 500 AP2OCLODEC EN RE PENSER RSR — 63 500 5 novembre . …. . = 64 400 Le traitement est supprimé lé : none. Me E ISOLER PE RP En GA AC \£=décembre me ne 77 — 51 500 A0Éjanvier (1806) HAE EVER À 465 GE UE R... a pris un demi-lobe tous les jours, du 11 août au 29 septembre, et un. SÉANCE DU 18 JANVIER 59 lobe quotidiennement, du 1° octobre au 4 novembre, soit 86 jours de traile- ment. La {aille esl restée la même. | La première partie d'un travail de M. le D'E. Hertoghe (d'Anvers), intitulé : De l'influence des produits thyroidiens sur la croissance (1), est consacrée à l'exposé des résultats qu'a donnés à l'auteur la médi- cation thyroïdienne chez les enfants myxædémateux ; il les a résumés dans le tableau suivant. r == DUREE NOMS AGE TAILLE POIDS PS ï à d ea : ee t ü “ ans = re a Lane }. sea 14 On4 19200 02133 : 128 ES 15 0 775 13 520 0 025 58 ên =: 6 0 705 10 100 0 050 11 a : 15 (CPC ARPIUTÉ 0 048 112 |: SA 19 1413 27 100 0 120 339 Jet 18 1 095 25 300 0 085 339 Es. 20 1 215 30 000 0 879 322 2: 2 | 1 40 150 0 026 141 PU 18 1 536 d4 450 0 033 140 Ces faits sont tout à fait semblables aux nôtres : les uns et les autres mettent bien en relief l’action de la glande thyroïde sur la cro/ssance chez les idiots ou imbéciles myædémateux. Dans six autres cas de M. Her- toghe, de même que dans nos observations IV et V, les unes et les autres relatives à des enfants non myxædémateux, nous voyons nettement l'action de l’ingestion de glande thyroïde sur la croissance. DE L'ACTION DE LA GLANDE TUYROÏDE SUR L'OBÉSITÉ, par M. BOURNEVILLE. Cette seconde communication comprend également deux groupes de malades : [. Zdiots myxrædémateux. — Tous offrent, on le sait, un développement exagéré du tissu adipeux. 19 De... (Jules), trente ans. — Le poids est tombé de 29 kilogrammes à 22 kil. 800, soit une diminution de 6 kil. 200. Il est resté à ce chiffre pendant deux mois «t demi (14 juillet-30 septembre). Depuis la cessation du traite- ment, il est remonté à 26 kilogrammes (10 janvier 1896). (1) Ir-8 de 42 pages avec 21 figures ou tracés. Bruxelles, F. Hayez, 1895. — Consulter entre autres, sur la croissance par l’ingestion de glande thyroïde, les travaux antérieurs de Murray, Morin (de Neufchâtel), Telford Smith, Mellzer, Ballet, P. Brissaud, Marie, Régis, etc., etc. Un grand nombre d'articles sur le myxædme infantile ont été analysés dans les Archives de Neurologie. 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Wa... (Augustine), vingt ans. — Le poids est tombé de 21 kilogrammes à 18 kilogrammes, soit une diminution de # kilogrammes; il est resté à 47 kilogrammes du 10 août au 21 septembre. Alors, bien que le traitement ait été continué jusqu'au 30 du même mois, le poids s’est relevé à 17 kil. 650. Depuis la suspension du traitement, il est remonté à 20 kil. 500 (10 jan- vier 1896). 3° Gan... (Marie), quatorze ans. — Le poids était de 15 kil. 500. Il est des- cendu à 13 kilogrammes, soit une diminution de 2 kil. 500. Après être demeuré à peu près stationnaire, du 12 juillet au 8 août, il est remonté pro- gressivement à 14 kil. 600, malgré la continuation du traitement. Depuis la suppression, il a continué à augmenter : 16 kilogrammes (10 janvier 1896). Il. Zdiots obèses. — Nous n'avons qu’à relever rapidement les parti- cularités consignées dans les tableaux que nous avons donnés dans notre précédente communication. 4° Dr... (E.-L.), onze ans. — Le poids initial était de 29 kilogrammes. Sous l'influence du traitement, il est descendu à 25 kil. 700, soit un amaigrissement de 3 kil. 300. Deux semaines après la suppression de la glande thyroïde, il a commencé à se relever et, aujourd'hui {10 janvier), il atteint le chiffre de 27 kil. 600. 5° Th... (M.-E.), onze ans. — Le poids initial était de 31 kilogrammes. Il s’est abaissé à 29 kil. 150, soit un amaigrissement de 1 kil. 850. Notons que du 19 octobre au 2 novembre, bien que le traitement fùt continué, il y a eu une légère augmentalion du poids, qui n’a fait que s’accuser à partir de la suspension du traitement et que, le 10 janvier, le poids était de 30 kil. 500. 6° R... (L.-E.), vingt-sept ans. — Le poids, loin de diminuer durant l'adminis- tration de la glande thyroïde, s’est au contraire accru, puisque de 59 kil. 200, il est arrivé à 6% kil. 400. Ultérieurement, alors que R... ne prenait plus de glande thyroïde depuis cinq semaines, le poids est descendu à 57 kil. 500, soit une diminution de 1 kil. 700, sans que rien ne puisse expliquer cette diminution consécutive. Le 10 janvier, le poids était de 57 kilogrammes. Dif- férence en moins : 2 kil. 500. | Sauf l'irrégularité que nous venons de signaler, chez tous nos malades, il s'est produit un amaigrissement rapide sous l'influence de la médica- tion thyroïdienne. Nous devons faire remarquer qu'au bout d’un certain temps l'accoutumance survient, que le poids ne diminue plus et enfin qu'il se relève, en général, peu après la suppression du traitement, d'où la nécessité de le reprendre après une période de repos. (Les photographies, que nous plaçcons sous les yeux des membres de la Société, permettent de se rendre compte des effets de la glande thy- roïde sur la croissance (première communication) et sur l'amaigrissement (deuxième communication.) *) NIAN IT: SÉANCE DU 1Â8 JANVIER -6L EXPÉRIENCES RELATIVES A LA NOTION DE POSITION, par M. Cu. FÉRÉ. La notion de position des membres disparaît, en général, dans les conditions où la sensibilité cutanée et la sensation du mouvement sont elles-mêmes profondément altérées. Si on réussit à supprimer ou à obseurcir expérimentalement ces deux modes de la sensibilité, la notion de position est par cela même obnubilée. J'ai fait de ma main droite quatre moules en creux, séparables en une partie inférieure et une partie supérieure, et prenant les doigts, toujours assez séparés pour éviter le contact, dans différentes positions. Je me place latéralement contre une table sur laquelle mon avant-bras repose en traversant un large écran. Je lis à haute voix un livre inconnu. Cette lecture est assez rapide, de manière à fixer l'attention. Au bout de quelques minutes, pendant que je lis sans hésitation, deux aides s'emparent de ma main qui est derrière l'écran et la placent sur l'étage inférieur du moule et la recouvrent avec l'étage supérieur. Si l’atten- tion est bien fixée sur la lecture, je n'ai qu'une notion très vague de la position dans laquelle on à mis ma main. Je continue à lire pendant cinq ou dix minutes. Le moule s’échauffe peu à peu et finit par ne donner qu'une sensation de contact diffus. Lorsqu'on me demande de désigner la position de mes différents doigts, à peu près constamment, cette dési- gnation est erronée, et les erreurs peuvent porter sur tous les doigts. Des positions bien caractéristiques, comme la flexion ou l'extension du pouce, l'extension ou la flexion de la phalangette sont méconnues. La désignation n’est exacte que lorsqu'il s’est produit un mouvement des doigts; et c'est justement l'intérêt de cette disposition expérimentale de ne laisser inaperçu aucun mouvement, et en particulier des mouve- ments subconscients qui passeraient inaperçus dans toute autre con- dition. Les moules ne closent pas sur la main d’une manière hermé- tique; en séchant, le plâtre se réduit et laisse un certain espace libre, mais cet espace est lrès minime, et le moindre mouvement qui serait incapable d’éveiller le soi-disant sens musculaire si la main était à l’air libre, provoque une sensation de contact ou de pression non douteuse. Ce nest que lorsque ces sensations ont été perçues qu'on à vraiment la notion de position bien précise. Ces expériences mériteraient d'être répétées, car c’est surtout en psy- chologie qu'on peut dire festis unus, testis nullus, mais elles semblent propres à montrer que la notion de position est un jugement plutôt qu’une sensation. Lu - Ms. COMME : 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ABCÈS A PNEUMOCOQUES ET A STREPTOCOQUES CONSÉCUTIFS A DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE CAFÉINE, INFECTION D ORIGINE SANGUINE, par M. le D° H. MÉéry. La communication de M. Zuber sur les abcès à pneumocoques consé- cutifs à des injections sous-cutanées de caféine m'engage à rapporter deux faits analogues. J'ai observé l’un personnellement au commencement de 1895, et le second récemment avec M. Bensaude, interne des hôpitaux, dans le service de M. le D" Sevestre. La première observation est idenlique en tous points à celle qu'a rapportée M. Zuber. Il s’agit d'un enfant de neuf ans qui eut, vers le milieu de décembre 189%, une pneumonie extrêmement grave avec phé- nomènes méningés; pendant cette pneumonie, des injections de caféine furent faites à diverses reprises aux fesses et aux cuisses. Une pleurésie purulente à pneumocoques qui débuta au cours même de la pneumonie, nécessita un empyème (4 janvier 1895), fait à l'hôpital Trousseau dans le service de M. Netter. L'enfant revint dans sa famille le 22 janvier. Je remarquai à celte époque deux points d'induration un peu doulou- reux, persistants au niveau de deux piqüres des fesses. Je n’y attachai pas d'autre importance, comptant que cela finirait par se dissiper. Mais la douleur et l’induration augmentèrent, la peau finit par rougir, et le 9 février je fus obligé d'ouvrir deux abcès formés au niveau des anciennes piqûres. Pus épais, visqueux, recueilli dans une pipette stéri- lisée : à l'examen direct, pneumocoques encapsulés. Le pus inoculé à une souris, causa sa mort par infection à pneumocoques. Les cultures sur gélose donnèrent du pneumocoque pur. Ainsi, près de cinquante jours après les injections de caféine, surve- naient des abcès contenant le germe de l'infection primitive (dans le cas rapporté par M. Zuber l'intervalle était de quarante jours) : même évolution lente des abcès. Nous n'avons pas fait l'examen du sang, mais je crois qu'il n'aurait pas donné plus de résultat que dans le cas de M. Zuber. Il est hors de doute que la fixation des germes apportés par voie sanguine a dû se faire au moment de la grande infection pneumo- coccique et qu'à l’époque d’incision des abcès, il n'y avait aucune chance de rencontrer du pneumocoque dans le sang. Néanmoins, l’ori- gine interne, l’origine sanguine des germes de l’abcès est certaine dans ces divers cas. Notre seconde observation nous en a fourni du reste la démonstration la plus complète. Il s'agissait, dans ce cas, d’une infection à strepto- coques; les abcès des piqüres sont survenus au moment où l'infection LT 6 de SE Pen ES à EP SÉANCE DU A8 JANVIER 63 sanguine étail à son maximum et l'examen du sang pendant la vie a été posilif. L'enfant qui a présenté ces accidents, àgé de cinq ans, était entré au pavillon Trousseau pour une angine diphtérique associée à strepto- coques, angine sérieuse, mais qui guérit assez vite. Huit Jours après survinrent les symptômes d'une scarlatine grave (hyperthermie, érup- tion généralisée, desquamation de la langue); l'enfant présenta en par- ticulier des irrégularités et de la faiblesse du pouls qui nécessitèrent l'emploi d'injections de caféine; elle en avait déjà reçu dans le cours de. sa diphtérie. Au bout de quelques jours (cinq à six jours après le début de la scar- latine), on s'apercut que malgré une asepsie rigoureuse les piqûres étaient le point de départ de nodules inflammatoires. Trois de ces nodules suppurèrent, furent incisés et le pus recueilli aseptiquement pour l'examen. Le même jour on fit une prise aseptique de sang dans la veine médiane basilique. L'enfant succomba le lendemain, le treizième Jour de sa scarlaline. Nous avons fait l'examen bactériologique de la gorge, le jour du début de la scarlatine, puis du pus des abcès, enfin celui du sang recueilli pendant la vie et après la mort. Ces divers examens ont révélé dans tous les cas la présence d’un streptocoque gardant ies mêmes caractères, dans sa morphologie, dans ses cultures et dans ses effets sur les animaux. C'était un streptocoque à petites chaineltes se présentant souvent en diplocoques; en bouillon, il formait un dépôt de petits grains blan- châtres sur la paroi et le fond du tube, sans troubler le liquide. Sa viru- lence examinée pour les streptocoques de la gorge et du sang, à paru relativement plus marquée pour la souris que pour le lapin. Dans les deux cas, les souris sont mortes en trente-six à quarante-huit heures. Le lapin inoculé avec le streptocoque de la gorge, est mort en huit jours (il avait reçu 2 centimètres cubes de bouillon dans la veine de l'oreille). Tous les chainons de l'infection sont bien nets dans cette observation. La porte d'entrée : nous trouvons dans la gorge au début de la scarla- tine un streptocoque virulent. L'intermédiaire : ce streptocoque, nous le retrouvons avec ses mêmes caractères dans le sang pendant la vie, et comme terme dans les abcès consécutifs aux piqûres. L'origine des germes de ces abcès est élablie de la façon la plus nelte. Fait remarquable, les premières piqüres faites pendant l'angine diphtérique et au début de la scarlatine, n’ont rien produit : ce n’est que du jour où l'infection streplococcique du sang a existé que la réac- tion locale, les nodules inflammatoires sont apparus pour aboutir à la suppuralion. On voit que l'aiguille et la solution injeclée sont innocents des aeci- 64 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dents survenus; elles n'ont été que la cause occasionnelle, le trauma- tisme qui à permis aux germes du sang de se fixer sur le point du tissu cellulaire traumatisé. Je ne reviendrai pas sur les considérations exposées par M. Zuber à ce sujet; mais je veux rappeler que des faits analogues aux nôtres ont été signalés par M. Netter en 1892, à la Société médicale des Hôpitaux, à propos des abeès par fixation et de la méthode de Fochier. Nos cas peuvent d’ailleurs être rapprochés des abcès par fixation où on a ren- contré le microbe de l'infection primitive. Le traumatisme, fait où non dans un but thérapeutique, agit en favorisant l'arrêt et ie développement au point traumatisé des germes contenus dans le sang. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FONCTION HÉMORRAGIPARE : UN CAS D'INFEC- TION CUTANÉE BULLEUSE HÉMORRAGIQUE (COLI-BACILLE, STREPTOCOQUE), A LA PÉRIODE TERMINALE D'UNE CIRRHOSE ATROPHIQUE ALCOOLIQUE, par le D° U. Monnier (de Nantes). Note présentée par M. A. CHARRIN. Les faits expérimentaux ne sont pas encore nombreux qui établissent nettement que la propriété hémorragique n'est pas, ainsi que le faisait justement observer Charrin, au Congrès de Bordeaux, l’attribut d’un microbe unique; que, en d’autres termes, il n'existe pas de germes hémorragipares spécifiques. — Voici, à l'appui de cette opinion, une observation des plus démonsiratives. Il s'agit d'un malade, âgé de trente-neuf ans, arrivé à la période ultime d’une cirrhose atrophique alcoolique, et qui, quelques jours avant sa mort, présenta une éruption cutanée que nous nous bornerons à esquisser rapidement. Par sa localisation sur la face dorsale des doigts, des mains, des poi- gnets, des avant-bras, sur le cou, la figure et le front; par son évolu- tion (papules devenant vésiculeuses, puis bulleuses), elle rappelle cer- taines variétés d'hydroa aigu. Le seul cas que nous ayons rencontré dans la littérature médicale, comme ayant, au point de vue de l’éruption, quelque analogie avec le nôtre, est une observation publiée par M. le professeur agrégé Étienne, de Nancy, dans sa remarquable thèse inaugurale. Déjà, envisagée au seul point de vue clinique, notre observation nous paraît présenter quelque intérêt : c’est un exemple peut-être unique, en tout cas très rare, d'éruption cutanée bulleuse hémorragique aiguë à la fin de la cirrhose. Après les précautions antiseptiques d'usage, des ensemencements furent faits avec le contenu des bulles hémorragiques sur différents SÉANCE DU 18 JANVIER 65 milieux (sérum, gélose, gélatine, bouillon). — Deux espèces de colonies furent ainsi isolées. Vingt heures environ, après la mort du malade, une certaine quantité du sang du cœur fut recueillie, à l'aide de pipettes stérilisées, pour être ensemencée sur les milieux ordinaires; une minime partie de ce même sang, 1/10° de centimètre cube, fut inoculé sous la peau du ventre d’une souris blanche. L'animal mourut au bout de vingt-quatre heures. Ces diverses expériences permirent d'isoler les deux colonies dont nous avons parlé plus haut et dont voici, en peu de mots, les caractères. L'une, d'aspect bleuté sur la gélatine qu'elle ne liquéfie pas, présente, sur la gélose lactosée, tournesolée, une coloration rouge très accentuée. Les germes qui la composent, mobiles, se décolorent par le grain; autant de caractères qu'on s'accorde à attribuer aux coli-bacilles. La seconde colonie ne liquéfie pas la gélatine, sur laquelle elle offre l'aspect de petits points blancs ; elle rougit également la gélose lactosée tournesolée. Sous le champ du microscope, on voit qu'elle est formée de cocci à gros grains, réunis pour la plupart en chaînettes peu longues. Il s’agit done d’une variété de streptocoques. Les colonies de coli-bacille en bouillon, inoculées à la dose de 1/4 de centimètre cube à des souris blanches, ont déterminé la mort en trente heures. Les colonies de streptocoques, inoculées à ces mêmes animaux, éga- lement à la dose de 1/4 de centimètre cube, ont provoqué la mort en vingt heures. Enfin, avec 1/4 de centimètre cube de bouillon ensemencé à l’aide des deux colonies précédentes, et injecté aux souris, la mort est survenue entre dix et quinze heures. Dans aucune de ces expériences, nous n'avons noté la présence, dans les tissus ou les viscères, de quelque hémorragie. Malgré ce dernier résultat négatif, la conclusion qui se dégage de notre observation est la suivante : l’infeclion cutanée hémorragique à été la conséquence de la septicémie coli-streptococcique préexistante ; comme celte dernière, elle est due au coli-bacille et au streptocoque. — La fonction hémorragipare peut donc être dévolue à ces deux germes : c'est précisément là un des joints que nous désirons mettre en relief. En résumé, et sous forme de conclusions, nous croyons pouvoir dire : 1° Parmi les hémorragies qui marquent la période terminale de la cirrhose alcoolique, on peut observer une variété cutanée bulleuse, rap- pelant certaines formes d'hydroa; 2° Au nombre des causes invoquées pour expliquer la pathogénie des hémorragies de la cirrhose alcoolique, il en est une avec laquelle il faut compter, dans certains cas, c’est l'infection ; 3° Le coli-bacille et le streptocoque peuvent être hémorragipares ; 4° Cette observation, ajoutée à d’autres fails analogues, tend, comme 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ces dernières, à prouver que la propriété hémorragipare n'appartient pas à un seul germe; que si, certains microorganismes, comme le bacille pyocyanique, par exemple, paraissent posséder plus particuhè- rement celte propriété, d'autres microbes, même vulgaires, peuvent également provoquer ces accidents. SUR LES FONCTIONS HÉMORRAGIPARES DES BACTÉRIES, par M. A. CuARRIN. (Note déposée à propos de la Communication de M. Monrer, dans la séance du 18 janvier 1896). IL y a longtemps, comme le rappelle Monnier, que j'ai soutenu, pour la première fois, que la fonction hémorragipare était une propriété commune à des bactéries multiples, fonction qui peut se perdre ou s'acquérir, suivant des conditions multiples dépendant du germe ou du terrain (1). Hlava à prétendu plus tard que les hémorragies étaient dues à un bacille particulier, qui s’associait aux divers agents morbides chaque fois qu'une extravasation sanguine survenait; la chose est possible dans quelque mesure. Sans nier en quoi que ce soit les attributs plus spéciaux de certains microbes à engendrer ces-accidents, je puis dire que les observations réalisées durant ces dernières années ont pleinement confirmé mon opinion. À vrai dire, les découvertes relatives à l’action des produits bactériens sur la composition du sang, sur la structure des vaisseaux, sur les pressions, la vitesse, sur le cœur, plus encore sur les vaso-moteurs, etc., ont singulièrement éclairé la genèse de ces désordres (2). Ce qu’il faut rechercher ici, comme dans les différentes observations de cet ordre, ce sont les molifs qui font que tantôt ces hémorragies se réalisent, tandis que tantôt elles font défaut. Ici, dans le fait de Monnier, l'état du foie permet de comprendre l'accident, les toxines du parasite agissant sur un organisme tout dis- posé à ces processus de par les lésions hépatiques; il en est de même, dans un cas signalé par Étienne. J'ai vu, de mon côté, un homme présenter de nombreuses vésicules remplies de sang; ces vésicules contenaient en abondance le staphylo- coque doré, staphylocoque peu virulent, chez ce sujet. Or, cet homme ) Voir Soc. de Biol., 1888 et Mal. Py. (1 (2) Voir travaux de Bouchard, Gley, Charrin, Arch. de Phys., 4890. SÉANCE DU 18 JANVIER 67 avait, d'une part, une insuffisance mitrale, assez bien compensée à la vérité; d'autre part, il venait d’être mordu par un chien enragé et était en traitement à l’Institut Pasteur. — Très ému, il possédait à ce moment un système nerveux des plus anormaux ; or, nul n'ignore le rôle de ce système dans la genèse des extravasations sanguines. | Dans des circonstances plus rares, il faut invoquer l'état du rein, ou, parfois, la virulence, la quantité des germes, ou encore les associations bactériennes, si importantes, quand, par exemple, le virus pyocyanique est en cause. Si les affections de tous les jours correspondaient à des agents spécifi- ques, doués d'attributs particuliers, ces recherches seraient moins nécessaires. On sait, au contraire, que les troubles morbides habituels dépendent de parasites qui, assurément, jouent un rôle dans la genèse du mal, mais ne le jouent que sur des terrains modifiés de façon à le leur permettre. Le médecin doit s’efforcer de compléter l'œuvre du bactériologue, en mettant en lumière ces modifications. | SUR LES EFFETS DE L'INJECTION SOUS-CUTANÉE D'EXTRAIT DE CAPSULES SURRÉNALES CHEZ LES ANIMAUX, par M. G. CaAussADE. Des expériences que nous sommes en train de poursuivre, depuis dix mois, sur les effets produils sur l'animal sain par l'extrait de capsules surrénales, nous tenons à signaler aujourd'hui, à titre de note prélimi- naire, les premiers résultats. 1° Chez plusieurs cobayes forts, vigoureux, nous avons injecté sous la peau, à des intervalles tantôt assez rapprochés (tous les jours, tous les 2 ou 3 jours), tantôt assez éloignés (tous les 8, 10 jours), des extraits glycérinés de capsules surrénales de veau, à la dose de 3 centimètres cubes dans les premiers jours, de 2 et de 1 centimètre cube dans la suite. Ces injections ont été pratiquées pendant 1 mois, 1 mois 17/2, 2 mois, 4 mois. Les animaux ont été sacrifiés, opérés (décapsulisation) ou sont morts dans des conditions sur lesquelles nous donnerons ulté- rieurement des détails plus complets. Chez tous ces animaux, nous avons trouvé les capsules surrénales hypertrophiées; les unes avaient doublé de volume, les autres avaient un volume plus considérable. Cette hyper- trophie qui porte sur tous les éléments de la glande ne s'accompagne d'aucune autre altération macroscopique saisissable. 2° Celle hypertrophie une fois constituée à la suite des injections telles que nous les avons pratiquées, persiste après la cessation de ces dernières. Chez un de nos animaux en expérience, nous avons constaté 2 INERENERS ET EE 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cette modification glandulaire cinq mois après la suppression de toute inoculation. Il sera nécessaire de préciser les conditions, la durée et les effets de la persistance de cette lésion. Glaczinski (4), dans des travaux contemporains des miens, aboutit à des résullals différents ; cet auteur a recherché par l'injection intraveineuse d'extrait des capsules surré- nales des effets toxiques qui diffèrent de ceux que j'ai obtenus, et par leur rapidité et par leur nature. M. Dubois, de Nancy, dans la dernière séance de la Société de Biologie, à fail une communication qui se rattache à la recherche toxicologique des extraits de capsules surré- nales. Entre les résultats obtenus par ces auteurs et les miens, il y a cette différence que j'ai réalisé des intoxications lentes, chroniques, sui- vies d'une altération spéciale des capsules surrénales. 3° L'extrait glycériné de capsules surrénales subit, même à l'abri de la lumière, une modification chromatique d'autant plus prononcée que la préparation est plus ancienne. La couleur du liquide fonce progressi- vement, et, au bout de deux mois, devient aussi noire que celle de l'encre. Ce phénomène est dû à l’évolution encore mal connue de cer- tains pigments contenus dans les capsules, pigments sur lesquels Mac- Munn a déjà attiré l'attention, et dont les transformations métaboliques (Mac-Munn) aboutissent à ce résultat. L’extrait glycériné a une action nécrosante très marquée sur les tissus, et rend très facile les infections secondaires que nous avons pu cependant éviter. Que cet extrait soit aqueux ou glycériné, cette action est constante. Nous avons accordé, pour des raisons que nous exposerons plus tard, la préférence à ce dernier mode de préparation. Cette préparation a été faite selon la technique suivie pour la confection de tous les extraits organiques. Tous nos liquides ont été filtrés dans l'appareil d’Arsonval sur la bougie de Chamberland. Nous avons pris les capsules surrénales chez le veau: ce dernier possède des glandes surrénales relativement plus développées que chez l’animal adulte. Je poursuis, en ce moment, l'étude des relations qui peuvent exister entre les résultats expérimentaux que je rapporte et la pathogénie de la maladie d’Addison, et je recherche les effets proches où éloignés de la décapsulisation. ULCÉRATIONS DE LA LANGUE CHEZ LES TUBERCULEUX par M. H. CLraupe. La plupart des auteurs admettent que les ulcérations tuberculeuses de la langue résultent d’inoculations sur la muqueuse linguale des (1) Wiener klinische Wochenschrift, n° 14, 1895. PE SÉANCE DU 18 JANVIER 69 x bacilles de Koch contenus dans l'expectoration ou ayant pénétré à la faveur d'un traumatisme. Deux cas que nous avons étudiés dans le ser- vice de notre maitre M. le D' Gaucher, nous paraissent relever d’un processus différent. Ogs. L — M.., quarante ans, charretier, entre à l'hôpital Saint-Antoine, salle Marjolin, le 4 juin 1895, pour des ulcérations ayant débuté deux mois auparavant. Une de ces ulcérations, longue de 2 centimètres, occupe le dos de la langue au niveau du V lingual. Une autre, située un peu en avant de la précédente, sur la face dorsale, a une longueur de 2 cent. 1/2. Enfin une troisième, large de 6 millimètres, à peu près circulaire, siège sur la pointe. De nombreuses petites granulations blanc jaunâtre entourent ces ulcérations ou sont disséminées sur la muqueuse et vont former de nouveaux ulcères. Etat général mauvais, fièvre, tuberculose pulmonaire au début. Les jours suivants, les symptômes généraux s’accentuent, la langue se tumé- lie peu à peu, les premières ulcératious s’agrandissent, deviennent profondes et anfraclueuses, et de nouvelles apparaissent. La base de la langue, à l'examen laryngoscopique, apparaît semée de petites granulations. Le malade meurt le 15 juillet. A l’autopsie, on trouve une tuberculose généralisée (foie, reins, iutestins). Les poumons sont farcis de granulations confluentes ; caver- nules aux sommets. L'examen histologique et bactériologique montre que ces ulcérations sont dues au ramollissement des nodules tuberculeux confluents semés de bacilles de Koch. Au voisinage de ces lésions, l'infiltration tubercu- leuse s'étend assez loin, détruisant les éléments musculaires. Plus loin, ceux-ci recouvrent leur intégrité et les coupes faites à une assez grande distance des ulcérations, dans la profondeur de la langue où le tissu parait normal à l'œil nu, permettent de constater que les fibrilles musculaires sont intactes, que les espaces conjonctifs interfasciculaires ne sont pas infiltrés de cellules embryonnaires, mais çà et là appa- raissent des follicules tuberculeux caractérisés par de belles cellules géantes entourées de cellules épithélioïdes et de quelques cellules rondes. Ces tubercules bien limités sont situés surtout au voisinage des vaisseaux. Nous pensons qu'ils sont en rapport avec une infection par la voie sanguine. La multiplicité de ces tubercules à la surface de la langue ou dans la profondeur, l'extension rapide des ulcérations ; la présence de follicules tuberculeux au milieu du tissu sain nous semblent autoriser à admettre une autre pathogénie que l’inoculation directe de la muqueuse Jinguale. Il s'agirait d’une granulie de la langue tout à fait assimilable à la granulie que nous avons pu constater sur les autres organes. Les ulcérations seraient donc le résultat d’un processus tuber- culeux de cause interne, ayant son origine non dans la muqueuse, mais dans le tissu sous-muqueux ou même dans la profondeur de l'organe. Ons. IE — B..., trente-{rois ans, entre salle Marjolin le 28 septembre, Anté- cédents tuberculeux et alcooliques, Ascite symptomatique d'une cirrhose 70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tuberculo-alcoolique, tuberculose pulmonaire. Albumine. OEdème. Langue rouge, sèche. Le 3 octobre, on constate l'apparition d’une petite ulcération fissuraire à la pointe de la langue. Le 9, cette ulcération est très agrandie. Elle est ronde, a un diamètre de 5 où 6 millimètres; n’est pas douloureuse. Le fond est rosé, jaunâtre; les bords sont saillants, se continuent insensible- ment avec le fond. Il n'existe pas d’épaississement des parties voisines, pas de granulations jaunes autour de l’ulcère ni à la surface de la langue. Les gan- glions sous-maxillaires et sus-hyoïdiens ne sont pas hypertrophiés. La langue est très sèche, rôtie, etnoirätre par place. La cachexie fait des progrès rapides et le malade meurt le 19 octobre. Autopsie : cavernes pulmonaires, tubercu- lose du foie; ulcérations intestinales. Les coupes de l’ulcération ne montrent aucun bacille de Koch, et l’inocula- tion à un cobaye d’un petit fragment, après lavage rapide dans le sublimé, ne détermine pas de tuberculose. D'ailleurs l'examen histologique ne révèle aucune lésion ordinaire de la tuberculose. Pas de cellules géantes, pas d’in- filtration embryonnaire, pas de nodules en voie de caséification. Au niveau de l’ulcération la ligne des papilles disparaît assez brusquement. L’ulcère appa- raît formé par une couche de substance amorphe où l’on reconnait les éléments du tissu conjonctif, nécrosé, difficilement coloré par les réactifs, contenant quelques cellules rondes et de nombreux microorganismes. Ceux-ci ne pénètrent guère dans la profondeur. Le tissu conjonctif reparait avec ses caractères normaux à une faible distance de la surface ainsi que les faisceaux musculaires; les plus superficiels sont altérés, ils se colorent imparfaitement, mais plus loin, ils sont absolument normaux. Dans le tissu conjonctif interfas- ciculaire on trouve des veines etdes artères remarquables par la diminution de leur calibre et par l’épaisseur de leur tunique externe et moyenne, mais non oblitérées. Des faisceaux de fibres nerveuses assez volumineuses se montrent eà et là; colorés par le picro-carmin, l'hématoxyline, la fuchsine et l'acide osmique, ils nous ont paru absolument normaux. Enfin, une glandule lin- guale comprise dans les coupes est tout à fait saine. Nous pensons que cette ulcération ne relève pas de l'infection tuber- culeuse : les caractères histologiques et bactériologiques font défaut. I ne s’agit pas d’une ulcération syphilitique, cancéreuse ou traumatique, ni d'un ulcère toxique. L’explication la plus vraisemblable est la sui- vante : sous l'influence de la sécheresse de la langue, la muqueuse s’est fendillée, les microorganismes de la bouche pullulant à la surface de l'érosion ont déterminé le développement progressif de l’ulcération. L’é- volution de cette lésion a été favorisée non seulement par l’état local, mais par la cachexie profonde et peut-être l’état des vaisseaux qui pré- sentaient des lésions très accentuées de leurs tuniques qu'on peut rappor- ter à l’intoxication tuberculeuse. Ce sont des ulcères de ce genre que l’on décrivait autrefois à côté des ulcérations tuberculeuees sous le nom d’ulcération cachectique (Demarquay, Julliard, Gubler, Herard et Cornil, Le Gendre). Cette opinion, qui avait été battue en brèche à la suite de constalations histologiques et bactériologiques nombreuses, nous parait devoir être maintenue si l’on considère ces ulcérations SÉANCE DU 18 JANVIER 71 ——— © — ——————— comme des lésions microbiennes banales, favorisées et entretenues par le mauvais état des vaisseaux dans la cachexie tuberculeuse. En résumé, il nous paraît juste de distinguer, en exceptant les abeës froids, trois variétés d’ulcérations dela langue au cours de la tuberculose : 1° L'’ulcère de cause locale ou externe, par inoculation directe; 2° L'ulcère de cause interne, résultant de l'infection par la voie cir- culatoire, de la granulie de la langue : 3° L'ulcère dystrophique ou cachectique, déterminé par une infection locale buccale entretenue par une circulation défectueuse. NOTE SUR UN CAS D'INFECTION URINAIRE MIXTE ; PRÉSENCE DU BACILLE PYOCYANIQUE DANS L'URINE HUMAINE, par M. P. LE Nora. La présence du bacille pyocyanique à été, à plusieurs reprises, signalée dans les humeurs de l’homme et les observations se multiplient depuis que l'attention des médecins à été attirée sur ce microorganisme. Considérée d'abord comme une curiosité pathologique, puis comme une maladie exclusivement expérimentale, la maladie pyocyanique tend à prendre place dans le cadre des infections humaines. Le microbe du pus bleu à été rencontré à l’état de saprophyte dans la salive, dans les crachats (Pansini, Frich), dans le liquide stomacal (Abelous), dans le contenu des cavernes (Koch), dans le pus des otites (Babes, Martha), dans la sueur (Eberth, Audouard). LA constatation des faits de ce genre prend d'autant plus d'intérêt que l’on sait que cet agent peut devenir pathogène pour l’homme. Ehlers, Neumann, OEtlinger, Karlinsky, Krannhals, Monnier, Legars ont rapporté des cas d'infection pyocyanique : Le bacille pyocyanogène à pu être incriminé dans certaines observa- tions de péricardite, de broncho-pneumonies, d’adénites, d'infections générales même, en particulier chez l'enfant et le nouveau-né : on a noté des hémorragies, de l'albuminurie, de la fièvre, de l’entérite, des ulcé- rations intestinales. Or ce sont là les lésions et les symptômes que l’on provoque par l’inoculation aux animaux du germe lui-même ou par l'injection de ses produits de sécrétion. Nous avons eu l'occasion d'observer avec M. le Professeur Bouchard un exemple d'infection urinaire mixte chez l’homme où nous avons pu mettre en évidence la présence du bacille pyocyanique. Il s'agit d'un jeune homme de vingt-deux ans qui présentait des signes de calcul du rein et de pyélite : hématuries, douleurs lombaires, albuminurie. Les urines, louches au moment de l'émission, mais de coloration Bi0oLOGIE,. COMPTES RENDUS. — 10e sénis. 7, TI. 6 72 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE normale, ont été recueillies aussi aseptiquement que possible et à deux reprises différentes ensemencées sur gélose. Au bout de vingt-quatre heures des trainées blanchâtres apparaissaient sur la surface et ce n’est que le troisième jour que nous vimes se manifester une légère teinte verdâtre qui s'accentua bientôt en tirant vers le bleu, puis vers le bleu foncé. Par la dilution et des cultures successives, il fut possible d'isoler le bacille pyocyanique et de le cultiver à l'état de pureté dans le bouillon. De ce bouillon nous avons pu, par le chloroforme, extraire la matière colorante et rechercher les réactions caractéristiques de la pyocyanine. L'urine de notre malade contenait en outre le bacterium coli. Le bacille du pus bleu végétait dans les voies urinaires à l’état de saprophyte ; ilest vraisemblable qu'il y avait été introduit lors de l'opé- ration de la lithotritie pratiquée un an auparavant el ne parait pas avoir eu d'influence nocive. Il n’en est pas moins vrai que cette infec- tion doit être aujourd’hui considérée comme un danger. Nous avons voulu savoir comment le bacille que nous avions isolé se comporterait dans une urine normale. Des tubes d'urine stérilisée ont été ensemencés et le bacille s'y est multiplié, mais il n'a pas sécrété de matière colorante, tandis que dans la même urine additionnée d’une pelite quantité de sucre il donnait une teinte verte légère. Ce fait, qui est en rapport avec la faculté que possède le bacille pyocyanique de perdre son pouvoir chromogène, met en évidence la nécessité qu'il y a dele cul- tiver sur des milieux appropriés et permet de comprendre que son exis- tence ait pu bien souvent être méconnue. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CYSTINE, par M. C. CHABRIÉ. Parmi les produits pathologiques que l’on a signalés dans l'urine de l'homme se trouve la cystine. J'ai été conduit à étudier ce composé qui intéresse à la fois le chimiste par sa constitution curieuse et le médecin par la pathogénie tout à fait obscure de la maladie qu'il engendre. En examinant tous les travaux qui ont été publiés sur la formule de la cystine, je me suis assuré que les preuves que donne Baumann en faveur de la formule qu’il admet sont excellentes. Des analyses de calculs cystiques m'ont donné aussi des nombres concordant exactement avec cette formule (1). (1) G. Chabrié. Sur la cystine, Annales des maladies des organes génito-uri- naires, mars et avril 4895. SÉANCE DU 18 JANVIER 13 On sait que Kulz (1) a montré que la cystine pouvait prendre nais- sance dans la digestion pancréatique des matières albuminoïdes. Cela m'a donné l'idée que la cystine se formait par l’action de l'hydro- gène sulfuré sur les acides-amidés, puisque l'hydrogène sulfuré et ces acides sont des composés dont la présence n’est pas douteuse dans la digestion pancréatique. Cela m'a engagé, d'une manière générale, à étudier l'action de l'hy- drogène sulfuré sur les composés organiques amidés. J'ai obtenu un résultat intéressant en soumettant l’aldéhyde ammo- niaque mêlée à de l’éther à un courant du co hydrogène sulfuré pen- dant quelques heures. Il se forme un produit soluble dans l’éther fusible à 60°-63 et dontla formule de constitution est la suivante : CH: cé LH Le te H Ce produit nouveau, cristallisé, est dt intéressant pour Lie chimistes à cause des fonctions complexes qu'il renferme. Il appuie Fhypothèse de la possibilité de la synthèse de la eystine par l’action de l'hydrogène sulfuré sur les acides amidés. Il me parait surtout curieux, au point de vue physiologique, parce qu'il prouve que des composés simples comme l’aldéhyde, l’ammoniaque et l'hydrogène sulfuré peuvent, par des réactions se faisant à des tem- pératures peu élevées, donner naissance à un produit contenant la plu- part des groupements fonctionnels des matières albuminoïdes. Il ren- ferme en effet, dans sa molécule, les fonctions carbure, sulfure, aldéhyde et ammoniaque composée. Les résultats de son analyse ont donné : THÉORIE I II III IV V POUR LA FORMULE admise, (ER 39,58 ») » » » 39,69 ire AE CRT 9,03 » » » » 9,09 Are » 12,56 12,43 » » 11,98 STE » » » 26,11 26,46 26,46 (0e mentir » ») » » » 13,23 (par diff.) L'étude des réactions confirme la disposition des groupements fonc- tionnels que j'ai admis dans la formule écrite plus haut. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Guyon.) (1) E. Kulz. Zeit. Biol., t. XXNI, p. 415-M7. 7! SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———— — ee me NOTE SUR UNE MÉTHODE l'ERMETTANT LE MESURER LA MOTRICITÉ DE L'ESTOMAC ET LE TRANSIT DES LIQUIDES DANS SA CAVITÉ, par M. ALBERT MATHIEU. Note présentée par M. BouRQuELOT. En collaboration avec M. Rémond (de Metz), j'ai soumis le 8 novem- bre 1890, à la Société de Biologie, une méthode d'exploration permettant d'estimer la quantité de liquide contenue dans l'estomac. Comme la pra- tique m'a amené à modifier quelque peu la technique et la formule données, je vais brièvement décrire de nouveau ce procédé. L'opération se fait le plus souvent à la suite d’un repas d'épreuve. La sonde stomacale est introduite dans l'estomac. On extrait par expression ou par aspiration une quantité du contenu stomacal suffisante pour doser l'acidité, et aussi, en général, pour faire l'analyse chimique par la méthode de Winter. On verse alors dans l'estomac, par la sonde, une quantité connue d’eau distillée : j'en emploie le plus souvent 200 centimètres cubes. — On fait revenir, à deux reprises, dans l’entonnoir, la quantité la plus grande possible de suc gastrique dilué; on le reverse dans l'estomac de facon à ce que le mélange soit parfait. À ce moment, on extrait une quantité de liquide suffisante pour le dosage de l'acidité. L'acidité est ainsi successivement estimée dans les deux échantillons du suc gastrique, le premier pur, le second dilué. Soit v la quantité du liquide stomacal extraite sans dilution, à l'acidité de ce liquide, a’ l'acidité du liquide dilué, g la quantité d'eau distillée introduite dans l'estomac et x le volume du liquide contenu dans l'estomac après la prise du premier échantillon. On peut établir l'équation suivante : ax = u'q + a'æ, d’où l’on tire ! a XL — J a = @ La quantité du liquide primitivement contenue dans l'estomac étant figurée par V, on peut écrire : a V=—v—+ : + Grâce à la manœuvre indiquée et à cette formule très simple, on peut, chez un malade, qui tolère assez bien la présence du tube, calculer exactement la quantité du liquide contenue dans l’estomac à un moment donné. Le procédé et la formule ont été à plusieurs reprises proposés par différents auteurs; mais nous croyons être les premiers à les avoir employés et publiés, M. Rémond (de Metz) et moi. C'est évidemment quelque chose que de pouvoir déterminer avec exactitude le volume de liquide que contient l'estomac; mais cet organe est un réservoir dans lequel le mouvement d’entrée et de sortie des SÉANCE DU Â8 JANVIER 75 liquides est incessant. Aux aliments ingérés vient s'ajouter le produit de la sécrétion des glandes salivaires et de la muqueuse stomacale. De plus, le contenu de l'estomac, ainsi augmenté pendant le cours de la digestion, se trouve diminué par absorption peut-être, sûrement, en tous cas, par évacualion pylorique. Il y aurait un intérêt consi- dérable à établir comment se fait ce mouvement des liquides, ce transit stomacal, à estimer comment se vide l'estomac, à quel moment, et avec quelle vilesse; quelle est, d'autre part, la quantité de liquide que lui fournit la sécrétion; quelles sont la vitesse et la quantité de cette sécrétion que les méthodes chimiques permettent aujourd'hui d'analyser qualitativement. Supposons qu'on fasse ingérer, en même temps que le repas d’épreuve, un poids connu d'une substance sans action sur la digestion, suscepli- ble de se mélanger entièrement au liquide de l'estomac et que l'on puisse doser facilement dans le suc gastrique après son extraction, on pourrait, en déterminant combien il en reste dans l’estomac à une phase donnée de la digestion ou à des phases successives, calculer combien il persiste du liquide primitif et combien il sy est ajouté de liquide de sécrétion. L'huile finement émulsionnée m'a paru pouvoir remplir toutes ces conditions et pouvoir jouer le rôle de corps témoin. Elle a l'avantage de ne pas être influencée par l'action chimique du suc gastrique et de n'être pas — très vraisemblablement — résorbée par ia muqueuse stomacale, comme pourrait l'être un sel soluble susceptible de se mélanger plus intimement. M. Hallot, interne en pharmacie, et moi, nous avons entrepris avec elle des essais qui nous ont encouragés à continuer ces recherches. Nous avons fait sur ce sujet une communication préliminaire au Congrès de médecine de Lyon en 1894. Voici en quoi consiste notre procédé : Nous faisons faire au sujet à examiner un repas d’épreuve représenté, comme Je repas d'Ewald, par 60 grammes de pain rassis et 250 grammes de boisson. Seulement, on y incorpore 10 grammes d'huile d’après la formule suivante : Huile d'amandes douces. . . . . . . . . . 10 grammes ÉMERGER die GARE ALT 5 _ DIODES MPICREL TL UR Que DR Oise ADS) — RNONESEr- OS ApourS EN M OUEN ini cent cubes Pour l'extraction du liquide, on procède comme il a été dit plus haut; on extrait, autant que possible, un premier échantillon assez considérable pour permettre de faire le dosage de l'acidité, le dosage de l'huile et l'analyse par le procédé de Winter. Il faut, pour ne pas être gêné, avoir 50 à 60 centimètres cubes de suc gastrique pur à sa disposition. Le dosage de l'acidité et l'analyse par la méthode de Winter sont exécutés sur le liquide filtré. 76 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour le dosage de l'huile, on prélève 25 centimètres cubes de suc gastrique non filtré. On les passe au mortier de façon à bien diviser les flocons de pain et à obtenir un mélange aussi intime que possible. On neutralise par une solution de soude de facon à ce que les acides organiques extraits par l’éther ne puissent pas être comptés comme de l'huile, ce qui “serait une cause d'erreur. On ajoute ensuile une certaine quantité de sable sec, en continuant à faire le mélange au mortier; le tout est chauffé au bain-marie ou à l’étuve à une température modérée. Le sable suffisamment desséché est ensuite placé dans un tube à déplacement et lavé par l’éther jusqu'à ce que celui-ci ressorte parfaitement limpide Ayant entrainé toute l'huile contenue dans le sable. L'éther recueilli dans une capsule tarée, s évapore, et abandonne une cer- taine quantité d'huile que l’on pèse. Il suffit de multiplier le poids obtenu par 4 pour connaitre la quantité d'huile que renferment 100 centimètres cubes du liquide stomacal. Comme on sait, d'autre part le volume total du liquide contenu dans l'estomac, il est facile d'en déduire la quantité d'huile, qui n’a pas été éliminée, et, par différence, la quantité évacuée. L'huile se trouvant dans l'estomac sous la forme d’une émulsion parfaite, intimement mélangée au suc gastrique, son évacuation s’est évidemment faite dans les mêmes proportions que celle du liquide stomacal lui-même. On peut donc déduire de la quantité d'huile restant dans l'estomac, le volume du liquide primitivement ingéré qui n’a pas été évacué. On évalue par différence le volume du liquide primitif évacué et celui du liquide de sécrétion qui s’est accumulé dans l’estomac. On a, d'autre part, fait l'analyse chimique par le procédé de Winter et estimé la richesse relative du liquide stomacal en chlore total, en acide chlorhydrique libre, en chlore combiné aux substances organiques et en chlorures alcalins. En somme, on a obtenu les données suivantes : a) Volume total du liquide contenu dans l'estomac; b) Quantité du liquide ingéré au moment du repas d’ épreuve qui à été évacué ; c) Quantité de ce même liquide qui n’a pas encore été évacué ; d) Quantité du liquide de sécrétion présent dans l'estomac au moment de l'examen; e) Acidité totale du liquide contenu dans l'estomac; richesse de ce même liquide en acide chlorhydrique libre et combiné et en chlorures alcalins. | Par des digestions artificielles, il est facile d'évaluer sa richesse en pepsine. Dans une prochaine communication, nous rapporterons les données que des repas d’épreuve avec extraction à des heures de plus en plus éloignées nous ont permis de relever sur des sujets sains. Elles mon- treront que cette méthode peut servir utilement à l'étude de la physio- logie de l'estomac. Pr SÉANCE DU 18 JANVIER 71 ACTIVITÉ COMPARATIVE DES PANCRÉAS DE BOEUF, CHIEN, MOUTON, PORC QUANT A LEURS PROPRIÉTÉS ZYMOTIQUES, par M. N. FLORESCO. (Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) On se propose de comparer les pancréas de différents animaux, her- bivores, omnivores, carnivores. On prélève des poids égaux de pancréas (40 grammes) chez des ani- maux pris dans les mêmes conditions, en digestion récente; ou à jeun de 24 heures pour le chien; de 48-60 heures pour les herbivores. Les Lissus frais sont coupés en gros morceaux dans l'alcool à 95 de- grés ; après macération durant vingt-quatre heures, les morceaux sont hachés et le liquide est dilué par addition d’eau jusqu'à ce que le titre alcoométrique soit 35 degrés. On a ainsi la même quantité de tissu dans le même volume de liquide. Les flacons sont laissés pendant huit jours à la température du labora- toire. Après ce délai, les liqueurs sont filtrées et ramenées à 25 p. 100 d'alcool. On prend volumes égaux de ces liqueurs, et on évapore. On obtient un résidu que l’on reprend par l’eau. On fait servir ces dernières solutions aqueuses etaussi les liqueurs alcooliques primitives à des essais de digestion artificielle, avec quantités égales de fibrine identique. Expériences. À. Ferment protéolytique. — Nous avons d'abord opéré des digestions de matières albuminoïdes (fibrine). BŒUF, MOUTON RÉSULTAT Étuve 40° : — APRÈS #2 HEURES Liq. alcool. panc. à 25 p. 100. . . 15 cent. cubes. Fibrine à moitié di- AU = gérée. Fibrine cuite (porc). 2 1 21Srammes. Pau ele Me Ne. A5 /Ccentroubes PORC, CHIEN Liq. alc. panc. à 25 p. 100. . . . 15 cent. cubes. Fibrine presque com- RE : x ; à plètement digérée. Fibrine cuite (porc). 2 grammes. Beaucoup de tyro- Eau distillée . . . . . . . . . . 15 cent. cubes. Sine. LES MÊMES, APRÈS ÉBULLITION Liq. alc. panc. à 25 p.100 bouillie, 45 cent. cubes. Fibrine intacte. Fibrine cuite (porc) . . . . , . . 2 grammes. PARPAETNéE" AU ER 6,45; cent:.cubes. Les digestions avec les résidus aqueux donnent la même différence, très évidente. 18 SOCIETÉ DE BIOLOGIE Au point de vue de la quantité de ferment protéolylique contenue dans un poids donné de tissu, on à donc la succession suivante : par ordre décroissant : porc, chien, bœuf, mouton. B. — On peut répéter ces déterminations en recherchant l’action sac- charifiante sur l’amidon. Liq. alcoolique panc.à 25 p.100. 25 cent. cubes Liq. amidon à 3 p. 100 . . . 25 -- Liq. amidon à 3 p. 100 . . . 25 cent. cubes Eau alcoolisée à 3 p. 100 . . 25 — pas de sucre. Liq. amidon à 3 p. 100 . . . 25 cent. cubes Pi alMpanc. 4251p MD0WE625 — bouillie, pas de sucre. Les mêmes digestions sont faites avec les résidus aqueux. Les matras sont laissés à l’étuve pendant trois heures et demie, puis portés à l’ébullition. Les analyses quantitatives du sucre sont faites par la liqueur de Vio- lette ferrocyanurée selon le procédé employé dans le laboratoire de M. Dastre. On observe la succession suivante : 2er 3,4 3,9 porc bœuf mouton chien Conclusion. — Le pancréas du porc est plus riche en ferments protéo- lytique et amylolytique que ceux du bœuf et du mouton et celui du bœuf que celui du mouton. Pour le chien, l’activité protéolytique s'approche de celle du porc; l’activité amylolytique est la plus faible. Le Gérant : G. MASSoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. a < OR of CÉ S EA Ne DOTE) te ner SÉANCE DU 25 JANVIER 1896 M. Ravuoxp Pernir : Note sur la suture et l’anastomose des artères et des veines. — M. A.-M. Brocu : Note à propos de la communication de M. Féré (Expériences relatives à la notion de position). — M. Gastox Bonnier : La miellée produite par les feuilles, comparée à la miellée des Aphidiens. — M. le D' Hexrr Lauv : Note sur les lésions des vaisseaux daus la syphilis des centres nerveux. — M. J.-V. Laporne : L'action préventive et curative du curare vrai dans le tétanos strych- nique ou toxique ; la question de l'immunisation ou vaccination thérapeutiquese — M. le Dr Gare : Parasitisme normal. — M. G&LLé : De l'aura du vertige auri- culaire. — M. Réxox : Mal de Polt aspergillaire. — MM. J.-E. AreLous et E. Bar- DIER : Sur. quelques symptômes consécutifs à une néphrite expérimentale. — MM. J.-E. Agecous et G. BrarNÈs : Nouvelles expériences sur le mécanisme des oxydations organiques. — MM. D'ARSONVAL et CHARRIN : Action des diverses moda- lités électriques sur les toxines bactériennes. — MM. J. BerGonté et C. SicaLas : Sur l'action des courants de haute tension et de grande fréquence. — MM. Captor, G1t.- BERT et RoGER : Note sur la tuberculose des perroquets. — M. G. MaINesco : Des lésions primitives et des lésions secondaires de la cellule nerveuse. — M. le D' E. TrouEs- SART : Sur un nouveau type de Sarcoptides pilicoles (Schisocarpus Mingaudi g. et sp. n.) vivant sur le castor. — M. le D' ALBERT MaATuieu : La motricité stomacale et le transit des liquides dans l'estomac à l’état physiologique. — MM. Vaouez et MarcaNo : Altération de la résistance du sang dans l'hémoglobinurie paroxystique. — M. le professeur OEcusxer DE CONNCK : Sur l'analyse de l'urine des rachitiques. Présidence de M. Giard. NOTE SUR LA SUTURE ET L'ANASTOMOSE DES ARTÈRES ET DES VEINES, par M. Raymonp PETIT, Interne à l'hôpital Trousseau. (Communication faite dans la séance précédente.) Ces expériences sur les chiens, que j'ai commencées l’année dernière au Laboratoire de physiologie de M. Dastre, ne sont point terminées, mais en raison des récentes recherches faites par M. Heidenain, je vais les résumer rapidement. I. — Veines. 1° Dénudation de la jugulaire externe (côté droit) sur une longueur de 5 centimètres. J'ai mis sur la veine deux pinces à forcipressure, dis- tantes de 2 centimètres, qui sont restées deux heures en place. Au bout de ce temps, les pinces ont été enlevées et le sang a repris librement son cours ; il n'y avait de coagulation en aucun point du vaisseau ; 2° Ligature à la soie de la jugulaire externe (côté droit); celte ligature est peu serrée, mais suffisamment pour arrêter le courant sanguin. Au BioLOGïE, ComMPTrES RENDUS, — 10€ SÉRIE, Tr. DIT. 7 Pt | 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bout de vingt-quatre heures, la ligature enlevée, la veine reste per- méable ; 3° Ligature de la jugulaire externe (côté gauche) avec un catgut modérément serré. Quatre jours plus tard, on trouve la veine oblitérée au niveau de la ligature. Le catgut est résorhé ; 4 Le 5 avril, on dénude la veine saphène gauche d’un chien; on introduit dans sa lumière 2 centimètres de catgut n° 0, fixé à l'extérieur de la veine par un nœud. Le 10 mai, on trouve la veine perméable; il n'y a plus de catgut. Cette expérience a été répétée deux fois; 5° Sur un chien, j'ai dénudé la bifurcation de la veine jugulaire en maxillaires interne et externe. Après avoir fait à ces deux branches une plaie longitudinale de 3 centimètres de longueur, j'ai suturé ensemble au catgut les deux lèvres postérieures de ces plaies, puis les deux lèvres antérieures. De cette façon, la veine jugulaire se trouvait être allongée de 3 centi- mètres par la formation d’un canal dùü à l’anastomose de ses deux branches d’origine. Pas d'hémorragie; un mois après, j'ai trouvé ces vaisseaux perméables, mais la maxillaire interne était un peu rétrécie. II. — Ayrtères. 1° Dénudation de la fémorale d’un chien, ligature peu serrée au catgut, mais suffisante pour arrêter la circulation. Trois semaines après, on trouve l'artère perméable sans rétrécissement et le catgut est résorbé ; 2° Dénudation de la fémorale d’un chien; on y fait une fente longitu- dinale de 2 centimètres et demi environ et on la suture au catgut. A points séparés, sutures en étage de la gaine celluleuse et des muscles. Pas d'hémorragies : après l'opération, on sent les battements de l'artère au-dessous. Dix jours après, on trouve l'artère oblitérée par un caïllot ; les points de suture ont déchiré la paroi vasculaire. L’artère adhère à la veine fémorale au niveau du point opéré ; 3° Même opération sur un vieux chien à vaisseaux fragiles ; nécessité de faire la ligature immédiate au-dessus et au-dessous du point opéré. III. — Artères et veines. 1° Expérience faite avec M. Tuffier. Dénudation de l'artère et de la veine fémorale ; incision longitudinale de ces deux vaisseaux sur une longueur de 3 centimètres ; suture deux à deux des lèvres de la plaie artérielle avec celles de la plaie veineuse ; hémorragie ; nécessité de lier les deux vaisseaux au-dessus et au-dessous ; 2 Même expérience sur un second chien le 29 mars 1895. Le 2 avril, petite hémorragie ; le 3 avril, hémorragie mortelle, On trouve l'artère fémorale rompue ; ses deux bouts se sont rétractés. La veine est obli- térée par un caillot. Ces expériences, qui seront continuées, sont encore trop peu nom- SÉANCE DU 25 JANVIER 81 breuses pour qu'on en puisse tirer des conclusions. Nous nous résume- rons simplement par les remarques suivantes : 1° Les anastomoses et les sutures veineuses sont possibles, ce qui a du reste été établi déjà (fistule d'Eck, etc.); 2° Le catgut flottant dans l'intérieur d'une veine y est résorbé sans coagulation ; 3° La ligature, au catgut, à laissé l'artère perméable, et a entrainé l'oblitération de la veine. l 4 Nous n'avons pu arriver jusqu'ici à suturer avec succès une artère, ni à anastomoser latéralement les artères avec les veines. NOTE A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. FÉRÉ (EXPÉRIENCES RELATIVES A LA NOTION DE POSITION), par M. A.-M. BLocx. L'intéressante communication de M. Féré me rappelle des expériences de même ordre que j'ai faites il y a quelques années et que j'ai pré- sentées à la Société de Biologie. Ces expériences avaient, elles aussi, pour objet, la recherche de la notion de position de certaines parties du corps, dans des conditions données. Je vais décrire, le plus briève- ment possible, le procédé dont je me servais et les résultats que j'ai obtenus. Je me plaçais debout, dans l’angle d’un paravent à deux feuilles, plié à angle droit et dont les faces me regardant étaient couvertes d’un papier quadrillé et repéré, horizontalement et verticalement. Je tenais, de chaque main, un bâton de fusain et je levais les bras, symétriquement, en marquant, sur le papier quadrillé, les points qui me paraissaient identiques, pour la droite et pour la gauche. J'opérais, bien entendu, les yeux fermés. Ces tracés avaient un autre objet que celui dont je veux parler actuellement. Voici les épreuves qui se rap- portent au sujet traité par M. Féré. Je lève un bras, le droit, par exemple; je marque, au fusain, la place où arrive ma main etje laisse le bras immobile dans cette position. Puis, au bout de quelques minutes, les yeux fermés, je lève le bras gauche et je note au fusain le point qui me parait correspondre à la marque inscrite par la main droite. Ensuite, je laisse retomber le bras gauche et, de minute en minute, je l'élève de nouveau, tracant un repère à chaque fois. Pendant tout ce temps, le bras droit est demeuré élevé, comme au début de l'expérience. Pour reconnaître les repères tracés successivement par la main gauche, je les ai notés sous forme de chiffres, sur le papier quadrillé. 82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, l'expérience terminée, on constate que l'écart, l'inexactitude, entre la notation de droite et celle de gauche, augmente avec la durée de l'expérience, d'où il faut conclure que la notion de position s’atténue progressivement avec le temps. La première marque, si on la compare au résultat fourni par une autre expérience dans laquelle les deux bras ont été soulevés en même temps, montre une erreur déjà plus grande dans la succession des mouvements que dans leur simultanéité. La notion de position est donc perçue avec une certaine exactitude au moment où les mouvements s'opèrent. elle s'atténue pendant l’immobi- lité et, par la suite, s'oblitère de plus en plus, à mesure que s'éloigne l'instant où le mouvement s est effectué. LA MIELLÉE PRODUITE PAR LES FEUILLES, COMPARÉE A LA MIELLÉE DES APHIDIENS, par M. GASTON BONNIER. Sous le nom de miellée, on désigne, d’une manière générale, la subs- tance sucrée qui se produit sur les parties végétatives des plantes, et en particulier des arbres, en certaines circonstances. Dans les années ordinaires, c’est surtout pendant les chaleurs de juin et de juillet que l’on voit tomber des arbres de notre pays cette pluie de gouttelettes sucrées qui recouvre tous les objets placés au-dessous. En certaines années, où l'été s’est trouvé chaud et sec, par exemple en 1885 et en 1893, la miellée a été particulièrement abondante et a fourni aux abeilles une importante récolte. On a discuté beaucoup sur l’origine de la miellée (1). Certains auteurs voient dans la miellée une production due surtout à une exsudation directe des feuilles, d’autres sont, au contraire, d'avis que la miellée n’a jamais une origine directe et est toujours produite par des Pucerons et des Cochenilles qui attaquent les feuilles et expulsent la majeure par- tie du liquide sucré qu'ils ont aspiré. J'avais déjà indiqué l'origine de deux miellées différentes, l’une pro- duite par les Pucerons, la plus fréquente, l’autre produite directement par le végétal (2); mais comme la tendance actuelle de beaucoup d’en- tomologistes serait plutôt d'admettre exclusivement l’origine animale de la miellée, je me suis proposé de rechercher, par des observations et des expériences nouvelles, si réellement on ne doit attribuer la pro- duction de la substance sucrée des feuilles qu’à cette seule cause. (4) L'historique de la question a été fait par M. Büsgen (Der Honigtau, Tlenaisch Zeitschrift für naturw, 1891. (2) G. Bonnier. Les Nectaires, Ann. sc. nat. Bot., 1879, p. 65. SÉANCE DU 25 JANVIER 83 Dans certaines circonstances atmosphériques, surtout lorsqu'il y a une grande différence de température entre le jour et la nuit, on peut pe trouver aucun insecte sur les feuilles et voir cependant un liquide sucré qui se réunit en gouttes et qui tombe après le lever du soleil. L'observation directe, en employant le microscope, par réflexion, ne laisse aucun doute à cet égard, car après avoir essuyé la feuille avec du papier buvard, on en voit sortir de fines gouttelettes par les orifices des stomates. J'ai constaté ce phénomène sur les Épicéas, les Sapins argentés, les Pins sylvestres, les Pins d'Autriche, les Chênes, les Érables, les Trembles, les Peupliers, les Aunes, les Bouleaux, les Vignes et sur des plantes herbacées, telles que les Vélars, Roquettes, Scorzonères, Salsi- fis, etc. De plus, on peut déduire des diverses expériences et analyses chi- miques que J'ai faites à ce sujet, les conclusions suivantes : 1° Bien que les Aphidiens et les Cochenilles soient le plus souvent la cause de la miellée, il existe cependant des miellées d’origine végétale. 2° La production de la miellée de Pucerons peut se maintenir pen- dant toute la journée et se ralentit pendant la nuit. La miellée directe se produit au contraire pendant la nuit et cesse ordinairement dans la journée ; son maximum de production est au lever du jour. 3° Les conditions qui provoquent l'apparition de la miellée végétale sont les nuits fraiches, intercalées entre des journées chaudes et sèches. L'élévation de l’état hygrométrique et l'obscurité favorisent la produc- tion de la miellée, toutes les autres conditions restant égales. ;° On peut provoquer artificiellement la sortie du liquide sucré par les stomates des feuilles pouvant produire la miellée, en plongeant les branches dans l’eau et en les mettant à l'obscurité dans de l'air saturé. Dans ces conditions, les feuilles peuvent produire de la miellée alors que les branches restées sur les mêmes arbres n’en produisent pas. 5° Bien que les Abeilles puissent aller recueillir n'importe quelle subs- tance sucrée, lorsqu'elles n'ont rien de mieux à leur disposition, elles vont toujours butiner, quand elles ont le choix, là où la substance sucrée est la meilleure. Lorsque la floraison des plantes mellifères est abondante, elles délaissent la miellée, surtout celle produite par les Pucerons. Elles y butinent, au contraire, les jours où il y a disette de plantes mellifères. 6° La composition chimique des miellées est très variable. Celle des miellées d'origine végétale se rapproche plus de la composition chi- mique des nectars que celle des miellées de Pucerons. T D'VORPNTREE O0 Si SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LES LÉSIONS DES VAISSEAUX DANS LA SYPHILIS DES CENTRES NERVEUX, par M. le D' Hexrr Lamy. I. — Je désire simplement présenter quelques considérations sur les lésions vasculaires que l’on rencontre à l'examen des centres nerveux chez les sujets qui ont succombé aux complications cérébro-spinales de la syphilis. Si l’on discute encore sur la forme de ces altérations vasculaires, cela tient à deux causes : 4° Que l’on a affaire la plupart du temps à des lésions anciennes ; 2° Que l’on a affaire souvent aussi à des lésions complexes. - » La première difficulté peut être résolue en choisissant de préférence les cas à évolution rapide, et je crois que certaines formes de syphilis médullaire offrent, à ce point de vue, tous les avantages désirables pour l'étude. On a signalé des myélites aiguës se terminant par la mort en quelques jours (Gilbert, Dejerine, etc.). Sottas en a observé un cas qui n’a duré que deux jours et demi. On chercherait en vain des exemples pareils dans la syphilis cérébrale, si l’on excepte les faits d’apoplexie foudroyante, relevant d’hémorragies méningées, et qui sont dus à des altérations artérielles latentes parfois, mais déjà profondes. Malheureusement, les lésions médullaires qui évoluent si rapidement ne répondent pas au second desideratum pour la plupart. La mort a lieu, en effet, dans la grande majorité des cas, non du fait de la syphilis, mais du fait d'infections secondaires ayant leur origine dans les escha- res du décubitus, ou dans l'infection ascendante des voies urinaires. Certains sujets, dans ces conditions, sont emportés pet des manifestations pyohémiques caractérisées. IT. — Les faits dans lesquels cette infection secondaire terminale ne s’est pas produite sont presque l'exception. J'en ai publié un dans ma thèse. Il s'agissait d’un syphililique, mort subitement et sans avoir présenté de signes d'infection septique, au dix-neuvième jour d’une paraplégie. La moelle offrait des lésions péri- -vasculaires et surtout péri- phlébitiques à peu près pures. Dans un autre, au contraire, datant de trois ans et terminé par infec- tion secondaire et érysipèle, indépendamment des lésions syphilitiques légitimes, qui présentaient encore manifestement une origine périvas- culaire, on constatait, au niveau de la région lombaire de la moelle, des lésions primitivement endovaseulaires, ayant pour point de départ des thrombus en état d'organisation plus ou moins avancée, dont quelques- 5 P queiq uns s’accompagnaient d'une irrilation commencçante de la membrane interne cu vaisseau. Ces dernières altérations occupaient surtout les veines, à un degré moindre les artères, etne s’accompagnaient point de modification de la tunique externe. HIS . éd M art SÉANCE DU 29 JANVIER Rp) J'incline fort à considérer celles-ci comme indépendantes de la syphilis et liées à l'infection secondaire qui a emporté le malade. Malgré mes tentatives répétées, je n’ai pas encore réussi à colorer de microbes dans les thrombus en question ; mais il est vrai que le mode de conservation des pièces (séjour prolongé dans le liquide de Müller) se prêtait peu à cette recherche, En résumé : 1° Certains cas de syphilis médullaire à évolution rapide offrent de grandes facilités pour la détermination des lésions vasculaires quant à leur forme initiale. 2° Tandis que les cas purs montrent avec évidence que la lésion débute vers la tunique externe, ceux dans lesquels il s’est produit une infection secondaire terminale (etce sont les plus communs) présentent des lésions d'aspect différent caractérisées par la formation des thrombus, ayant tendance à s'organiser suivant les lois ordinaires. Selon toute vraisemblance, les lésions de la deuxième catégorie res- sortissent à l'infection sanguine surajoutée. 3° Ces considérations sont applicables non seulement à la syphilis, mais encore à toutes les myélites et même aux infections générales sans localisation. Il peut être intéressant de rechercher les conséquences loin- taines des altérations vasculaires dont il vient d’être question, en cas de survie des sujets. L'ACTION PRÉVENTIVE ET CURATIVE DU CURARE VRAI DANS LE TÉTANOS STRYCHANIQUE OÙ TOXIQUE; LA QUESTION DE L'IMMUNISATION OU VACCINATION THÉRAPEUTIQUES (Note préalable), par M. J.-V. LABORDE. Je désire mettre sous les yeux de mes collègues de la Société, un résultat expérimental des plus simples, en même temps que des plus démonstratifs, et qui me semble présenter une haute importance, à la fois théorique et pratique. Voici deux grenouilles : A l’une, que nous appellerons le n° 1, j'ai injecté une dose suflisante pour amener la curarisalion bien caractérisée, aussi complète que possible, sans être mortelle, environ un demi-milligramme, de l'extrait de curare, que nous avons obtenu avec M. Duquesnel de la plante exo- tique, qui fournit le curare, toujours identique à lui-même, et dont nous avons précédemment entretenu la Société. A la seconde grenouille, n° 2, prise comme témoin, j'ai injecté une dose-suffisante (un quart de milligramme) de chlorhydrate de strych- 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nine, pour provoquer, au bout de quelques minutes, un tétanos strych- nique des plus accentués. Une fois la première grenouille (n° 1) dans l’état de curarisation préalable, je puis dire préventive, je lui injecte, comme au n°2, la même dose de chlorhydrate de strychnine. Or, premier résultat : cette première grenouille (n° 1) ne présente et ne présentera, à aucun moment de sa survie, qui peut être définitive (car, en voici une dont le cœur bat encore plus de quarante-huit heures après l'expérience), aucun signe de tétanos strychnique; Tandis que la seconde (n° 2) est, comme vous le voyez, en état de tétanisation complète, que provoque le moindre attouchement, le moindre choc de voisinage. Mais si nous injectons à cette grenouille ténatisée la dose de curare administrée préventivement à la première, l'état tétanique cesse com- plètement au bout de quelques minutes, et ne se reproduira plus : elle reste dans l’état paralytique et flasque de la curarisation. Bien plus, cet effet curatif peut être réalisé au bout de quarante-huit heures, et plus, de la tétanisation persistante, ainsi que je vous en montre un exemple, chez cette autre grenouille, dont le cœur continue toujours à battre parfaitement et normalement. Ainsi, dans cette alternative expérimentale, notre curare (notez bien que c’est un curare nouveau, de provenance unique et constante, et toujours identique à lui-même) possède et montre à la fois une action préventive et curalive du tétanos toxique. Des expériences semblables, commencées sur les mammifères, nous permettent de prévoir des résullats identiques : il ne s’agit que de déterminer, aussi exactement que possible, les doses appropriées à l’an- tagonisme médicamenteux, sans danger pour la vie de l'animal : je me livre à cette recherche, dans le but d'en faire bénéficier la pathologie humaine; et J'espère pouvoir en communiquer incessamment la suite à la Société. En attendant, je me bornerai au fait expérimental, dont l'intérêt, en soi, ne saurait être méconnu; me proposant de reprendre bientôt la question doctrinale à laquelle il se réfère : celle de l’immunisation, je dirais volontiers de la vaccination thérapeutiques, ou par les poisons végé- taux ou minéraux, parallèlement à l’immunisation ou la vaccination par les virus ou poisons animaux, qui absorbe, un peu trop exclusivement aujourd’hui, les esprits et l’attention. SÉANCE DU 25 JANVIER 87 PARASITISME NORMAL, par M. le D' GaztPpe, Sous le titre suivant : La vie aseplique, notre collègue, M. de Varigny, a publié, dans le numéro du 18 janvier 1896 de la Médecine moderne, un arlicle dans lequel il résume à la fois les expériences de MM. Nuttal et Thierfelder, sur la nutrition sans bactéries et expose des expériences et des idées personnelles sur cette question. La lecture de cet article m'a inspiré quelques réflexions que je juge utile de faire connaître. Tout d'abord, doit-on considérer, un être ou un organe contenant des microbes, comme septique? Le mot implique, me semble-t-il, des conditions inconciliables avec la vie normale, et d'autre part, comme depuis une dizaine d'années, je me suis efforcé de démontrer que des organes normaux pouvaient contenir des microbes sans que leurs fonctions fussent troublées d'une façon appréciable, je me suis préoccupé également de caractériser, par un mot, cet élat en quelque sorte normal de nos appareils. Je me refuse à employer les mots septique et aseptique; mais j'ai vainement cherché une expression propre à rendre exactement ma pensée et, faute de mieux, je désigne sous le nom de parasitaire, tout organe, tout tissu ou tout embryon, renfermant des microbes, et aparasitaire, celui dans lequel il ne m'a pas été possible de les mettre en évidence. Dans le but de terminer, au moins en ce qui me regarde personnel- lement, les expériences que je poursuis depuis plusieurs années, sur le parasilisme normal, j'ai cherché si les microbes contenus dans les œufs de poule pouvaient pénétrer dans les embryons et, dans un grand nombre de cas, j'ai pu mettre ce fait en évidence. Je me proposais de poursuivre encore mes recherches pendant cette année, mais comme les résultats obtenus par moi se trouvent confirmés par les faits exposés par MM. Nuttal et Thierfelder, j'estime pouvoir en rester là : ma conviction est faite. Après avoir reconnu que les embryons de l'œuf de la poule sont sou- vent parasitaires, MM. Nuttal et Thierfelder acceptent, comme vérilé démontrée, qu'un fœtus pris dans les enveloppes fœtales doit être fata- lement aparasitaire. C’est sur ce point seulement que je veux insister et non sur l'expérience même de ces messieurs. Dans une communication faite il y a plusieurs années, à la Société de Biologie, j'ai attiré l’attention sur ce fait que des fœtus recueillis, avec les précautions que j'ai décrites dans l’utérus même, pouvaient ren- fermer des microbes. Quand le volume du fœtus permet d'isoler les organes, on oblient des résultats identiques. Depuis de longues années, je n'ai cessé de poursuivre et de contrôler ces expériences, el je me sens autorisé à dire qu'il est inexact de prétendre qu'un fœtus, recueilli dans 85 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des conditions le mettant à l'abri des contaminations venant de l'extérieur, soit fatalement aparasitaire. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est qu'il en est qui demeurent stériles, soit qu’ils ne renferment pas de microorganismes, soit que ceux-ci, dans des conditions expérimentales déterminées, ne se soient point développés. I n’est donc pas démontré que MM. Nuttal et Thierfelder aient réalisé, comme le dit notre distingué collègue M. de Varigny, « l'animal asep- tique » ou aparasitaire. À propos de ce qu'il appelle la mort « aseptique » ou aparasitaire, M. de Varigny se demande ce que devient le corps de l’animal mort, en dehors de l’action des microbes. J'ai pu, au cours de plusieurs centaines d'expériences, acquérir sur ce point des notions précises. Quand un fœtus est parasitaire, il se désagrège, perd sa forme et subit les modifications habituelles de la putréfaction; si, au contraire, il ne renferme point de parasites, ou que ceux-ci ne se soient pas développés, il conserve les lignes caractéristiques de sa forme et subit une sorte de momification. J'ai eu tout récemment l’occasion de faire vérifier ce fait par mon collègue et ami, M. Grimbert, dont les travaux sont bien connus de la Société de Biologie. Je crois devoir faire les mêmes réserves, en ce qui regarde les graines des végétaux. Je n'ai pas ici à rappeler les nombreuses recherches que j'ai faites pour démontrer l'existence de parasites dans les végétaux. Je n’ai pas eu le temps de m'occuper longuement des fruits et des graines. Toutefois l’été dernier, J'ai fait rechercher par mes deux collaborateurs, MM. Gaillard et Ficquet, la présence de microorganismes dans l’amande verte. Non seulement ces messieurs ont trouvé des microorganismes dans l’'amande même, mais encore dans l'embryon isolé! Ces faits sont de nature à imposer la plus grande réserve, en ce qui regarde les graines des végétaux. En résumé, j'estime que la loi sur laquelle s'appuient MM. Nuttal, Thierfelder et de Varigny est au moins beaucoup trop absolue et mes expériences m'autorisent à la considérer comme controuvée par l'obser- vation des faits. + (Travail du Laboratoire de la Clinique d'accouchements.) DE L’AURA DU VERTIGE AURICULAIRE, par M. GELLÉ. Depuis les expériences de Flourens, on sait que les blessures du nerf auditif provoquent chez les animaux un ensemble de troubles de la motricité remarquables par le désordre des mouvements, et de l’équi- libre; ces faits expérimentaux soft classiques en physiologie. La clinique nous montre, d'autre part, en pathologie auriculaire, dans x . SÉANCE DU 25 JANVIER 89 le syndrome connu du vertige otique, dit de Ménière, les mêmes pertur- bations motrices, les mêmes troubles de la station et de l’équilibre, les mêmes désordres des mouvements si caractéristiques des lésions des canaux semi-circulaires. Mais l'observation des malades nous fournit des notions importantes et d'un autre ordre sur les phénomènes provoqués par la lésion otique, telles que l'expérience de laboratoire ne peut en effet nous les donner, puisqu'elle se limite à l'étude des phénomènes de motricité qui se produisent. Chez l'homme, en effet, on aperçoit qu'il s'ajoute aux crises de mou- vements désordonnés, à l'instabilité, etc., des symptômes d'ordre psy- chique et des accidents de la sensibilité des plus sérieux, qu'on étudie bien puisqu'il garde, au milieu des tourments qu'il éprouve, l'entière conscience de ce qui se passe. C'est ce que l'analyse de l’accès de vertige de Ménière va nous montrer clairement. De l'étude de plusieurs centaines d'observations de ces vertiges ah aure læsa, il résulte que dans plus du quart des cas, il existe une vérilable « aura » prémonitoire de l'accès. J'entends des aura à caractères distincts et différenciées du simple sifflement, son avant-coureur classique reconnu. Ces symptômes initiaux de la crise vertigineuse offrent, au dire des patients, le caractère d'hallucinations, d'images motrices, de représen- tations sensitives ou sensorielles les plus nettes et les plus diverses. On sait qu'un peu avant l'attaque le malade perçoit le plus souvent une aggravation de son bruit habituel ou l’apparition d’un sifflet violent, annonce de la crise. Cette sensation subjective est variable ; certains entendent un bruit formidable, une détonation, une fusillade, des craquements, des pétil- lements avec flammes; des cris, des souffles dans les oreilies, le long des sillons vasculaires du cou; suivis bientôt du tournoiement et de la chule. | On observe encore comme trouble auditif, une ouïe douloureuse, soit même la surdité subite; et l'accident évolue. D'autre part, il débute souvent par des troubles visuels vite suivis de perturbations motrices ou sensitives générales. Ce sont des éblouissements ou des fumées, du noir, un trou sous les pieds, un gouffre sur les côtés, des flammes, des feux enzigzag, comme dans la migraine ophtalmique; ailleurs il y a un abaissement de la vue et de l'obnubilation. Le malade voit double; il ne peut fixer le regard; il voit voler des papillons, des nuages passer; les objets courent avec rapidité, tournent, s'élèvent, s'abaissent; le sol s'ouvre; association de mouvements vus et ressentis, 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce sont de véritables hallucinations de la vue, des visions fantastiques par leur rapidité d'évolution et les perturbations motrices qui leur suc- cèdent si vite. Très souvent l'aura est une sensation subjective d’un ordre plus général. Ce sont des douleurs subites qui traversent la tête d’une oreille à l’autre, ou de bas en haut; qui montent des extrémités à la tête, à la face, à l'oreille ; la sensation de quelque chose qui se déplace dans la tôte d'un côté à l’autre, du voile à l'oreille qui tinte; un coup de massue sur la tête; des coups répétés sur le crâne; le plus fréquem- ment un choc brusque, douloureux ou non, sur la nuque annonce la crise; mais c'est aussi un choc sur le dos, sur le bras, la fesse, Le cou ; une sensation de frottement sur la face, et aussitôt le tournoiement et les autres symptômes de l'accès se montrent. Le choc est tel parfois, le saisissement est assez brusque pour que le patient jette un cri, de terreur ou de douleur, car il à conscience du retour de son mal. J'ai noté six fois ce cri au début du vertige auriculaire, à l’apparition des préludes connus du malade. Les troubles gastriques ouvrent sou- vent la scène : ce sont des nausées avec tendance semi-syncopale, des vomissements répétés, abondants, des crampes d'estomac, qui font croire à une lésion de l’estomac et oublier l'oreille. La série des vomissements persiste parfois pendant toute la durée de la crise. Dans le même moment on constate les troubles les plus accusés de l’innervation vaso-motrice : chaleur à la face, à la tête, à l'oreille, sueurs froides, refroidissements qui précèdent l’attaque verti- gineuse, surtout dans celle qui aboutit à un état de résolution demi- syncopale. D'autre part, les troubles de l’équilibration et de la station, les impul- sions motrices en sens divers, qui sont le corps même de l'accès de vertige auriculaire, peuvent, par leur brusque apparition, en marquer le début. C'est à propos d’un lever, d’un geste de la tête, des yeux, en mangeant, en mastiquant, en avalant, en se mouchant, etc., que le vertige com- mence; ce qui montre qu'il est loin d’être toujours spontané. On sait au reste que le Politzer (aération de la caisse sur le tympan), des pressions centripètes (pressions données sur le tympan, au moyen de la poire à air) provoquent parfois le vertige ab aure læsa. Comme aura motrice on observe la fixité du regard, la raideur du cou, l'inclinaison de la tête sur l'épaule, l'élévation involontaire des yeux, le strabisme, l'oscillation sur la chaise, l'instabilité qui peut aller jusqu à la chute; ces phénomènes avant-coureurs se précipitent, s'associent aux troubles sensitifs et sensoriels; et les impulsions, rotations, entraînements les plus divers se montrent à l'observation du sujel qui est toujours conscient. Le patient prévenu par l'apparition initiale du phénomène indicateur SÉANCE DU 25 JANVIER 91 de l'accès, peut en prévenir les suites graves (fracture, chute, etc.). D'autres fois il reste sur sa chaise et raconte ce qui se passe en lui, ses visions, ses sensations, ses représentations motrices, bizarres, rapides, inévitables. Conclusions. — Ce tableau des phénomènes sensoriels, sensitifs, sub- jectifs, et moteurs, prémonitoires de l'accès de vertige ab aure læsa, montre que les irritations du nerf auditif produisent chez l'homme non seulement les diverses perturbations si connues de l'équilibre, des mou- vements, de la station, que l’expérimentation étudie dans le laboratoire, mais que de plus elles agissent sur les centres psychiques et provo- quent l'apparition de véritables hallucinations sensorielles, sensitives et motrices que l'observation clinique pouvait seule faire connaître. MAL DE POTT ASPERGILLAIRE, par M. RÉNON. Nous avons chservé chez un de nos lapins une lésion aspergillaire des vertèbres, qui à pris l'allure d’un véritable mal de Pott. Ce lapin, qui avait résisté à une abondante injection dans les veines de spores d'Aspergillus fumigatus datant de trois années (1), fut pris, quatorze Jours après une nouvelle injection veineuse de spores récentes viru- lentes, de paralysie du train postérieur : la paralysie s’étendit deux jours plus tard aux muscles de l'abdomen et du tronc, et l'animal suc- comba le dix-huitième jour (2). À l’autopsie, on trouva la rate et les reins parsemés de granulations miliaires, avec des foyers cicatriciels semblables à ceux déjà trouvés (1) Rénon. Atténuation de la virulence des spores de l'Aspergillus fumiga- tus dans les très vieilles cullures. Soc. de Biol., 7 décembre 1895. (2) C’est la huitième fois (8 fois sur 440 lapins) que nous notons la paralysie du train postérieur chez le lapin, à la suite de l’infection aspergillaire. La moelle ne fut examinée microscopiquement que dans deux cas : dans celui que nous rapportons aujourd'hui, et dans un autre, où elle ne présentait aucune lésion apparente. L'examen microscopique ‘n’a porté que sur cette dernière; sur les coupes, après fixation par la liqueur de Flemming et coloration à la safranine et au rouge de Magenta, nous ne constatämes à la région dorsale et à la région lombaire aucune lésion, ni histologique, ni parasitaire., Ce manque de lésions peut s'expliquer par ce fait que l’Aspergillus fumigatus ne produit pas de toxines : M. Kotliar n'en a point trouvé dans les cultures liquides filtrées et nous n'avons pas pu en extraire du mycélium jeune avant la formation des spores. Le champignon paraît, en effet, n'avoir dans l'organisme qu’une action traumatique identique à celle observée par M. Charrin dans le muguet, et par MM. Picot, Rivière et Sabrazès dans l'infection due au strepthotrix d'Eppinger. 92 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chez le lapin (1) : un fragment de l'un et l’autre organe ensemencé sur tubes de liquide de Raulin donna une culture d’Aspergillus fumigatus. Le foie et les poumons élaient complètement indemnes. La colonne vertébrale était le siège de curieuses lésions : quand on ouvrit le canal rachidien pour retirer la moelle, à la fin de la région dorsale, entre la onzième et la douzième vertèbre dorsale, on trouva sous la dure-mère une petite masse caséeuse qui comprimait la moelle à ce niveau. Quelques centimètres plus bas, dans la région lombaire, entre la troisième et la quatrième vertèbre lombaire, il existe un autre foyer beaucoup plus gros et d’origine plus ancienne que le premier. La colonne vertébrale, à sa partie antérieure et au point correspondant de la région dorsale malade, présente un petit abcès de la grosseur d'un pois, qui fait saillie au niveau du disque intervertébral : dans la région lombaire, on remarque une ébauche beaucoup plus marquée d’abcès par congestion, puisque là la collection purulente est à peu près du volume d’une noisette. La matière caséeuse de ces deux abcès fut ensemencée sur tubes de liquide de Raulin : dans tous, de la parcelle ensemencée s'élevèrent des touffes de mycélium qui donnèrent à la surface des spores d’Aspergillus famigatus pathogène pour le lapin. D'ailleurs, l’examen direct de cette matière caséeuse fraiche avait permis d’y voir des fragments de mycé- lium très net avec double contour : on les retrouve après coloration à la thionine à leur aspect violet pàle au milieu des masses caséeuses bleuätres. L'examen fait avec la fuchsine de Ziehl ne révèle pas la pré- sence de bacilles de Koch : des cobayes inoculés sous la peau de l’abdo- men avec du contenu des abcès, sacrifiés quarante-trois jours après, ne présentaient aucune lésion tuberculeuse, ni au point d’inoculation, ni dans leurs viscères. Nous avons examiné les deux vertèbres malades du foyer supérieur : elles sont séparées l’une de l’autre par une matière caséeuse de la consis- tance du mastie, et nous avons pu constater que les parties ramollies pénétraient profondément dans le. corps vertébral. Une des vertèbres, fixée au sublimé acétique, fut décalcifiée par l'acide chlorhydrique à 4 p. 10. Pendant cette opération, quelques fragments s'étaient dissociés d'eux-mêmes : écrasés sur une lamelle et colorés à la thionine, ils ont paru composés d'un nombre considérable d'éléments embryonnaires mono et polynucléés, et par places d'éléments allongés réunis bout à bout ayant toute l'apparence du mycélium aspergillaire. Des coupes de la vertèbre furent traitées par le picro-carmin, la mé- thode de Gram, la fuchsine de Ziehl, le bleu de Kühne et la thionine qui permit de bien apprécier les lésions. Ge qui domine, c’est l’envahisse- (4) Rénon. Du processus de curabilité dans la tuberculose aspergillaire. Soc. de Biol., 16 mars 1895. SÉANCE DU 25 JANVIER 93 ment du corps verlébral par du tissu embryonnaire qui en occupe la plus grande partie. Il existe encore quelques trabécules osseux : les uns forment des ilots isolés; les autres, réunis par leur base à la partie saine de l'os, émettent des prolongements qui circonscrivent des cavités les unes fermées, les autres ouverles du côté des points ramollis, et remplies par le nouveau tissu. Celui-ci se compose de trois séries d’élé- ments, de cellules fixes, d'éléments migrateurs poly et mononucléaires, et d'énormes cellules hyalines pourvues de noyaux en forme de crois- sants et de spirales, et qui semblent être des cellules cartilagineuses ayant subi un processus kariokynétique : tous ces éléments sont agglo- mérés par places sous formes de nodules facilement reconnaissables. On trouve, au centre de ces masses embryonnaires, quelques points caséeux, mais c'est surtout à la périphérie de la préparation, du côté malade, qu'on les observe : il n'y a pas trace de cellules géantes. Tous ces points en voie de caséification sont infiltrés d’une masse considé- rable de filaments ramifiés et enchevêtrés les uns avec les autres; ce mycélium aspergillaire se compose d'éléments délicats et fins, iden- tiques à ceux trouvés directement dans la matière caséeuse de l’abcès, mais en quantité beaucoup plus grande. La recherche du bacille de Koch a été négative dans ces coupes. Tel est ce fait curieux d’aspergillose vertébrale : il sert à démontrer une fois de plus la grande ressemblance de l’action pathogène de l’As- pergillus fumigatus et du bacille de Koch. SUR QUELQUES SYMPTOMES CONSÉCUTIFS À UNE NÉPHRITE EXPÉRIMENTALE, par MM. J.-E. AseLous et E. BaRDiER. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) Nous avons provoqué une néphrite expérimentale en badigeonnant la surface du rein avec une solution de nitrate d'argent tantôt au quinzième, tantôt au dixième. Cette néphrite est caractérisée, au point de vue ana- tomo-pathologique, par une abrasion de l’épithélium des tubes con- tournés et la présence dans les tubes de cylindres. Ces altérations por- tent sur la substance corticale qui présente çà et là des traînées de dépôt argentique ayant fusé jusqu’à la base des cellules des tubes contournés, on à noté aussi une anémie très marquée de la pupille (1). Cette cautéri- sation de la surface du rein entraîne une diminution très considérable de la sécrétion urinaire, diminution qui peut aller jusqu'à l’anurie com- plète et cela que la cautérisation porte sur un seul rein ou sur les deux. (1) Cet examen histologique a été fait par KE, Soulié, agrégé d'histologie et d'anatomie. Pie Didi « 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans le premier cas, il s'agit évidemment d’une anurie réflexe. La petite quantité d'urine sécrétée est foncée en couleur, dense, et renferme une quantité notable d'albumine (2 gr. 25 par litre dans un cas). Quand un seul rein a été cautérisé, au bout de quelques jours la quantité d'urine sécrétée augmente et redevient normale ainsi que sa qualité. Pendant la période d'oligurie et d'albuminurie, un jour après la cautérisation, nous avons pu observer deux ordres de symptômes assez intéressants. Chez un de nos animaux, alors que l'albuminurie était intense (2 gr. 25 par litre), nous avons constaté de véritables troubles psychiques caractérisés par une excitabilité extrème de l'animal qui ne pouvait rester immobile et s’agitait incessamment dans sa cage. Il présentait des mouvements fréquents de ses membres antérieurs, qu'il frottait l’un contre l’autre, en même temps du clignotement et une diminution du réflexe optique par comparaison avec un lapin normal. Ces troubles pour- raient être rapprochés des troubles psychiques de la folie brightique bien étudiée par Dieulafoy. L'animal est mort deux jours après. Le deuxième ordre de symptômes sur lesquels nous désirons attirer l'attention con- siste en une altération du rythme respiratoire qui tend manifestement à prendre le type périodique ; cette altération ne se manifeste pas tout de suite après la cautérisation de la surface rénale. Elle n'apparaît que le lendemain (20 à 24 heures après). Ces modifications respiratoires se produisent que la cautérisation ait été unilatérale ou bilatérale. Elles coïncident avec une oligurie et une albuminurie marquées et dispa- raissent aussitôt que la sécrétion urinaire redevient normale quand la cautérisation a été unilatérale. Quand les deux reins ont été cautérisés simultanément l'animal meurt au bout de 4 à 5 jours. Quand un seul rein a été caulérisé, l'animal survit et, chose curieuse, la cautérisation du second rein alors que le lapin est complètement rétabli n’amène plus l'apparition de l’albuminurie et des troubles respiratoires que nous avons signalés. Nous ne tenterons pas de donner une explication des phénomènes observés (irritation nerveuse ou plus probablement toxémie par rétention), nous proposant de baser ces explications sur de nouveaux faits. Les tracés que nous présentons montrent nettement les modifications du rythme respiratoire comparativement dans les cas de néphrectomie double et de cautérisations uni et bilatérale des reins. NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR LE MÉCANISME DES OXYDATIONS ORGANIQUES, par MM. J.-E. ABecocs et G. BIARNÈS. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) L'année dernière, dans un mémoire publié dans les Archives de phy- siologie (avril 1895), nous avons montré que dans l'oxydation de SÉANCE DU 25 JANVIER 95 l’'aldéhyde salicylique par des extraits d'organes (poumons) préala- blement durcis par l'alcool, desséchés et repris par l’eau, il se faisait en même temps une absorption d'oxygène et un dégagement d'acide carbonique. Mais les chiffres obtenus étaient en somme assez faibles et les résultats peu nets, d’abord parce que notre modus faciendi ne nous donnait que des extraits fort pauvres en ferment oxydant, et en second lieu parce que ces extraits étant mis en présence d’une quantité d'air trop considérable, les modifications dans la composition des échantillons de gaz analysés étaient peu apparentes. Nous avons modifié notre technique et les résultats obtenus ont été beaucoup plus nets. 1° On broie 1 kilogramme de foie de cheval et on ajoute à la pulpe 900 centimètres cubes d’eau saturée de chloroforme. Ce mélange est placé pendant 24 heures dans l'étuve à 40 degrés en flacon fermé. Au bout de ce Lemps on filtre et on exprime le résidu à la presse. On obtient ainsi 4 à 500 centimètres cubes d’un liquide rouge noirätre mais limpide. Ce liquide est réduit par évaporation dans ie vide à 50 degrés à 100 ou 150 centimètres cubes. On précipite cet extrait par cinq fois son volume d’alcool à 95 degrés. Le précipité obtenu est desséché dans le vide. On obtient ainsi une poudre jaunâtre qu’on dissout dans 100 centimètres cubes d’eau distillée (1). Après avoir laissé au conlact quelques heures, on alcalinise légèrement et on décante dans un flacon de 120 centimètres cubes de capacité; on ajoute 2 centimètres cubes d'aldéhyde salicylique, on ferme hermétiquement le flacon, on agite à plusieurs reprises et on laisse dans l’étuve à 40 degrés pendant 12 à 15 heures. Au bout de ce temps on extrait les gaz avec la pompe à mercure. Les chiffres obtenus dans l’analyse des divers échantillons étaient extrêmement rapprochés; voici leur moyenne : O. absorbé. CO? produit. Pour 200 c.c. d'air. SCC A2 6 c. c. 48 — = 0,79. Acide salicylique trouvé : 0 gr. 027. 2° La pulpe de ce même foie traité déjà une fois par l'eau chlorofor- mée et soumise à la presse est de nouveau traitée de la même façon. Le liquide obtenu (500 centimètres cubes) est clair et jaunàtre. On en prélève 300 centimètres cubes qu'on additionne de 6 grammes de fluo- rure de sodium et de 2 centimètres cubes d'aldéhyde salicylique et on l'introduit dans un flacon de 500 centimètres cubes de capacité, fermé. On agite, on laisse à 40 degrés pendant 18 heures, puis on extrait et on analyse les gaz. Voici les résultats obtenus. (1) La solution est claire et à peine teinte en jaune clair. BIOLOGIE, COMPTES RENDUS, — 10€ sénie, v, IN. 8 REA 96 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE O0, consommé. CO? produit. ue = F CO? Pour 200 c.c. d'air. 110. c. 8 NGC 00 Ge — 0,64. Acide salicylique trouvé : 0 gr. 028. Ces expériences montrent done qu'en même temps que l’aldéhyde salievlique s’oxyde pour donner de l'acide salicylique il se fait une consommation d'oxygène et un dégagement d'acide carbonique et cela soit qu'on emploie de l'extrait aqueux de foie en nature fluoré à 2 p.100 ou la solution du précipité par alcool de l'extrait de foie. Elles montrent aussi que le ferment oxydant adhère énergiquement au protoplasme de la cellule hépatique puisqu'un deuxième épuisement par l’eau chloro- formée à donné un extrait nettement doué de propriétés oxydantes. ACTION DES DIVERSES MODALITÉS ÉLECTRIQUES SUR LES TOXINES BACTÉRIENNES, par MM. D'ARSONVAL et CHARRIN. Nous avons étudié précédemment l’action de l'électricité sur les mi- crobes ; nous avons poursuivi nos recherches, après avoir éliminé ces derniers, et en nous adressant uniquement à leurs produits solubles ou toxines. Cette seconde étude a une portée générale bien plus grande que la première, en ce sens qu'elle s'étend à tous les produits cellulaires et par conséquent aux différents liquides de l'organisme qui en dérivent. Quelques essais ont été tentés dans ce sens, notamment par MM. Smir- noff et Kruger, mais sans avoir donné jusqu’à ce jour de résultats bien définis. Cela tient à ce que le problème est généralement mal posé en ce sens que les biologistes se figurent que l'électricité est un agent simple, toujours identique à lui-même. Rien de plus faux que cette manière de voir. L'électricité, au contraire, est un véritable protée, et les modalités de cette forme perfectionnée de l'énergie sont excessivement nom- breuses. Il n’y à aucune comparaison possible entre l’action du courant continu par exemple et celle des courants alternatifs ; entre celle du cou- rant continu à basse tension et les effets de l’état permanent à haut potentiel. L'action du courant alternatif est radicalement différente sui- vant la forme de l’onde électrique et sa période. Un courant alternatif sinusoïdal agit sur la matière vivante d’une façon tout autre que le courant alternatif d’une bobine d’induction. Une décharge alternative de condensateur agit tout autrement que les cou- rants à haute fréquence, etc. L'un de nous (M. d'Arsonval) a montré quelle infinie variété d'effets différents et parfois tout opposés, on obtenait sur sr + SÉANCE DU 25 JANVIER 97 l'être vivant, suivant la forme de l'onde électrique employée. La première condition pour élucider l’action de l'électricité sur les substances aussi instables et aussi complexes que les toxines est donc de définir rigou- reusement, au point de vue physique, la modalité électrique employée. Il faut, de plus, donner pour chacune de ces modalités des mesures par- faitement définies ; car pour une même forme de l'énergie électrique la question de dosage peut radicalement modifier les effets. On voit donc combien le problème est complexe, et on comprend sans peine que les expérimentateurs, généralement peu familiarisés avec les phénomènes électriques, se mettant dans les conditions qui ne sont nullement com- parables, en obtiennent par suite des résultats incohérents. Dans cette première note nous donnerons le résultat de nos recher- ches sur l'action électrolytique du courant dirigé toujours dans le même sens et rendu continu ou intermittent. Nos essais ont porté sur deux toxines seulement : la toxine diphtéri- tique et la toxine pyocyanique. I. Action du courant continu avec électrolyse. — Le courant est produit par des accumulateurs et est absolument régulier. La toxine est contenue dans un tube en verre en forme d'U. Le tube en U porte à sa partie in- férieure un tampon d'ouate hydrophile qui empêche le mélange du liquide contenu dans chaque branche. L'une des branches est en rap- port avec le pôle positif, la seconde avec le pôle négatif de la batterie par l'intermédiaire d'un fil de platine. Le tout est préalablement stéri- lisé et à l'abri des germes de l'air durant l'expérience. 1° Intensité du courant : 20 milliampères ; 2 Densité du courant : 10 milliampères par centimètre carré: 3° Différence de potentiel entre les deux fils de platine : 20 volts; % Durée du passage : 65 minutes. La température du liquide après l'expérience est à peine au-dessus de la température ambiante; ce point est des plus importants. Après l'électrolyse la toxine positive et la toxine négative sont recueil- lies séparément dans des tubes stérilisés. D'après les expériences d’élec- trolyse faites sur les microbes, notamment par MM. Apostoli et Laquer- rière, nous nous attendions à trouver la toxine négative beaucoup moins atténuée que la toxine positive. On sait en effet, qu'au pôle positif se dégagent de l'oxygène à l’état naissant, du chlore, des acides, etc., pro- venant de la décomposition des sels dissous, tandis qu’au pôle négatif se dégagent un gaz inoffensif : l'hydrogène et quelques bases alcalines constituant un milieu presque normal pour les tissus vivants. Pour ces raisons le pôle positif est proclamé seul microbicide et cette action est due non pas à l'électricité elle-même, mais aux produits chi- miques qu'elle met en liberté au niveau du pôle positif. C’est en un mot une action exclusiyement polaire, c'est-à-dire exclu- sivement chimique; ces prévisions très rationnelles ont été complè- 98 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE tement démenties par l'expérience : la toxine en rapport avec le pôle négatif a été également atténuée comme le montrent les injections faites aux animaux : On injecte à trois cobayes 2 c. c. à de toxine diphtéritique ; Le 1% reçoit la toxine positive Le 2°, la toxine négative; Le 3°, la même toxine, non électrisée. Vingt-quatre heures après : Le cobaye positif a perdu. . . . . . 20 grammes sur 500 ÉTCODAYEMES AN ENT EE OT — — 385 Le cobaye témoin "=" MM ENT0 — — 440 Le troisième jour : Lecobaye positif a perdue REC RS UP CaTEES Lefcobiye Méca = A RP MO RE Le cobaye témoin — ÉAAE AU SMART RES Le cobaye témoin est one mort. Une deuxième série de cobayes donnent des résultats identiques pour le témoin et le cobaye négatif. Le cobaye positif a eu une artère perforée pendant l'injection et est mort d'hémorragie péritonéale. Avec la toxine pyocyanique (3 centimètres cubes) sous la peau. Le cobaye témoin est mort au bout de trente-six heures. Le cobaye positif et le cobaye négatif sont très bien portants actuellement, dix jours après l'injection. IT. Action du courant continu intermittent à haut potentiel. — La toxine pyocyanique est soumise de la même manière à l'action du courant émanant d'une bobine d'induction de quantité. Le courant traverse le tube à électrolyse et un coulombmètre. On intercale dans le circuit de la bobine un micromètre à étincelle dont les boules sont dis- tantes de 5 millimètres. Le courant passe donc toujours dans le même sens dans le tube, grâce à cette interruption qui est infranchissable pour le courant induit inverse. Le courant passe pendant une demi-heure à raison de 60 étincelles environ par seconde. La quantité totale d'électricité écoulée est de 7 coulombs; à la fin de l’expérience on injecte 2c.c.5 de cette toxine à 2 cobayes et la même dose non électrisée à 1 témoin après vingt-quatre heures : Le cobaye positif a perdu. . . . . . 20 grammes sur 380 Le cobaye négatif — PQ M ne AS — — 410 Le cobaye témoin — RCE ME ee) — — 480 Le cobaye témoin après 36 Mons est mort. Le 3° jour : Le cobayepositifiiper du M EM SNS erammMes: Lexcobaye négatifi} Refus eee, AOL TRES L'état actuel de ces animaux est bon. 4e Li" SÉANCE DU 25 JANVIER 99 Les conclusions que comportent ces expériences sont les suivantes : 1° Le courant continu ou intermittent à haut potentiel atténue les toxines aussi bien au pôle positif qu'au pôle négatif. Ce n'est donc pas une action polaire; 2 L'action atténuatrice n'est nullement en rapport avec la quantité d'électricité qui a traversé la toxine, puisque des effets analogues ont été donnés par le courant continu qui a laissé passer 78 coulombs et le courant intermittent à haut potentiel qui n’en a donné que 7. L'effet mécanique provoqué par la décharge de la bobine entre certainement en ligne de compte, comme nous le verrons ultérieurement. Les toxines ainsi atténuées deviennent-elles vaccinantes? C'est ce que nous verrons prochainement. On comprend de quelle importance pra- tique serait ce résultat qu'il n'est pas téméraire d'espérer. SUR L'ACTION DES COURANTS DE HAUTE TENSION ET DE GRANDE FRÉQUENCE, par MM. J. BERGONIÉ et C. SiGaras. Note présentée par M. D'ARSONVAL. (Première note.) Les expériences récentes du professeur d’Arsonval, relatives à l’action physiologique des courants de haut potentiel et de grande fréquence, ont montré que, chez les animaux soumis à l’action de ces courants, on observe une exagération des combustions respiratoires prouvant une modification profonde des échanges nutritifs (1). À la suite de la publicalion de ces résultats, MM. Apostoli et Berlioz ont expérimenté l’action de ces mêmes courants sur des sujets sains et malades, et dans une note présentée à l’Académie des sciences le 18 mars 1895, ils formulent des conclusions déduites de la comparaison des symptômes offerts par les sujets avant et après le traitement et de l'examen des modifications de la sécrétion urinaire. Le résumé des expériences que nous venons de relater montre qu'un seul côté de la question a été jusqu'ici envisagé ; pour ce qui est des modifications apportées par le courant aux échanges respiratoires et surtout à la production de chaleur, nous ne possédons à l'heure actuelle que les données expérimentales obtenues par M. d’Arsonval sur les ani- maux. Il nous a paru que, vu l'importance de ses applications possibles en médecine, il était opportun d'entreprendre une nouvelle série de recherches touchant l'action physiologique, non encore complètement étudiée sur l'homme, de cette forme nouvelle de l'énergie électrique. Nous donnerons dans cette note les résultats de nos expériences pré- liminaires de calorimétrie faites sur l'homme sain, (1) Arch. de physiol., avril 1893. UN 7 PHONE 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE I. Méthode d'expérimentalion. — Toutes les méthodes calorimétriques, déjà utilisées, ne peuvent pas être suivies dans des recherches de la nature de celles qui nous occupent. Il nous faut, en effet, un appareil pratique, susceptible d'être employé en clinique et, d'autre part, ne comprenant dans sa constitution aucune masse métallique ou bonne conductrice susceptible d’absorber, sous forme de courants de Foucault, une partie plus ou moins considérable de l'énergie électrique destinée à agir sur le sujet en expérience. C'est pourquoi les premiers calorimètres applicables à l'homme, dont le professeur d'Arsonval a donné le prin- cipe, calorimètres par rayonnement (1) et calorimètres à température constante (2), ont dû être, malgré la précision des résultats qu'ils peuvent fournir, éliminés par nous. Il en est tout autrement de l'appareil présenté par le même savant à la Société de Biologie, dans la séance du 27 janvier 1894, sous le nom d'anémo-calorimètre. « L'homme est enfermé dans une espèce de chambre dont les parois conduisent mal la chaleur (bois ou étoffes de laine). L'air peut pénétrer librement par la partie inférieure de la chambre et s'échapper par une courte cheminée située à la partie supé- rieure. La présence du sujet détermine un tirage d'autant plus actif qu'il dégage plus de chaleur. En plaçant un anémomètre dans la cheminée d'appel, le nombre de tours du moulinet dans l'unité de temps donne ure mesure très exacte de la vitesse du courant d'air et, par suite, de la chaleur dégagée. Ce procédé qui parait grossier de prime abord, est d’une sensibilité surprenante. L'appareil peut recevoir une forme quel- conque et s'adapter par exemple, au-dessus d’un lit où repose le sujeten expérience... » Tel est l'appareil réunissant, comme on le voit, les con- ditions indispensables à nos recherches, que nous avons utilisé en y apportant la très légère modification que nous allons indiquer : l’enve- loppe de notre calorimètre est formée par un tissu de soie blanche de très faible masse (300 grammes), dans le but d'obtenir des indications aussi rapides que possible. Cette soie est maintenue à une forme cylin- dro-sphérique par quelques cercles en osier, de rayon convenablement choisi et reliés entre eux par des tiges de la même substance. La substi- tution de la soie blanche à la laine présente, en outre, l’avantage très appréciable, pour des expériences d’une certaine durée, de permettre au sujet expérimenté d'être éclairé suffisamment pour lire. L'appareil est entouré d’un solénoïde, comprenant vingt-quatre spires d’un mètre de diamètre destinées à donner passage aux courants dont nous voulons étudier l’action sur l'organisme. É’talonnage de l'appareil. — Nos premiers résultats, obtenus en pla- (1) Recherches de calorimétrie (Journ. de l’Anat. et de la Physiol., 1886, p. 150). (2) Travaux du Laboratoire de M. Marey, 1879, p. 400 et suiv. SÉANCE DU 25 JANVIER 101 cant successivement à l'intérieur du calorimètre des sources constantes * de chaleur d'intensités très différentes, nous ont montré que dans ces limites, très éloignées il est vrai, il n'existe pas de relation simple entre la quantité de chaleur fournie dans un temps donné par une source constante et la vitesse du courant d'air indiquée par l’anémomètre. Il nous à done été nécessaire de procéder d’une façon expérimentale à une sorte d'étalonnage de notre calorimètre. Le procédé employé a été le suivant : | Nous avons pris comme source un rhéostat constitué par du fil de 100 SOLS SSSMSeASEs RER DÉNSERTENSETOTIE NES TeNER = Salories. 8 70 6o Grandes 110 120 130 140 150 160 170 180 190 MODE ec eMBrOIMUS maillechort de 1,6 millimètre de diamètre, enroulé suivant une spirale cylindrique (140 spires) et présentant une hauteur de 60 centimètres et un diamètre de 40 centimètres. La résistance totale est de 40 ohms. Cette forme de rhéostat, fonctionnant comme source de chaleur, nous a paru la plus convenable, parce qu’elle peut être considérée comme ayant sensiblement la même surface d'émission qu'un sujet adulte. D'autre part, nous servant de la formule connue : JQ= FR, nous avons choisi nos intensités de courants telles que la température du fil oseil- làt, dans nos mesures servant à la graduation, autour de 37 degrés, afin de nous rapprocher le plus possible, sur ce point aussi, des conditions présentées par les sujets à expérimenter. Cette source, avec laquelle il élait possible d'obtenir, à notre gré, telle ou telle quantité de chaleur, élait placée à l’intérieur du calorimètre, sur un siège en bois, sensible- 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment à la hauteur à laquelle se trouve, dans l'appareil, la cage thora- cique du sujet assis. | Dans une première série de déterminations, nous avons fait varier les quantités de chaleur dans les limites que peut produire l’homme à l'état physiologique et à l’état pathologique. Nous donnons ci-contre la courbe qui relie les quantités de chaleur produites à l'heure par la source au nombre de divisions parcourues en cinq minutes par l'aiguille de l’ané- momèlre. Les quantités de chaleur à l'heure sont portées en ordonnées et les divisions de l’anémomètre en abscisses: Le calorimèire était muni, en outre, de deux thermomètres, l'un placé au centre du tuyau d'appel et donnant la température de l’air à sa sortie ; le second, placé dans la pièce où nous expérimentions, donnait à chaque instant la température extérieure, d’ailleurs sensiblement constante. Il est important de faire remarquer que le critérium du moment où on doit commencer la lecture de l’anémomètre pour qu'elle soit exacte est indiqué par l’état d'équilibre du thermomètre intérieur. De plus, autre. fait important à signaler, la lecture simultanée des deux thermomètres nous a montré qu’à une production donnée de chaleur correspond une différence sensiblement constante entre les deux températures inté- rieure eLeXLÉrIeure. IT. £'æpériences calorimétriques sur l'homme sain. — Nous avons expé6- rimenté sur deux sujets, les mêmes qui doivent être soumis ultérieure- ment à l'action des courants de haute tension et de grande fréquence. L'expérience se fait, le sujet étant normalement vêtu et assis. Le premier (sujet À) est âgé de trente-huit ans. Pendant toute la durée des expé- riences, son poids a varié entre 72 kil. 500 et 73 kilogrammes. Sa tem- pérature buccale a oscillé entre 36°,7 et 36°,9. C’est à lui que se rapporte le tableau ci-après :. TEMPÉRATURE DIVISIONS DE L'ANÉMOMÈTRE CALORIES extérieure. parcourues en cinq minutes. par heure. 429 161 69.50 42 6 163 71.50 135 160 68.50 13 6 159 67.50 14 1600 68.50 15 5 144 36.50 15 9 145 57,00 Le second sujet (sujet B) est âgé de vingt-neuf ans. Son poids, pen- dant toute la durée des expériences, a varié entre 69 kil. 800 et 70 kil. 500. Sa température buccale à oscillé entre 37°,2 et 37°,4. Il a fourni les chiffres suivants : SÉANCE DU 25 JANVIER 103 TEMPÉRATURE DIVISIONS DE L'ANÉMOMÈTRE CALORIES extérieure. parcourues en cinq minutes. par heure. CE 169 17.50 13 6 171 80.00 13 6 172 81.00 14 4 169 - 11.00 15 6 160 68.50 15 4 154 63.50 15 # 154 63,50 L'examen de ces tableaux conduit aux conclusions suivantes : 1° On ne peut pas donner un chiffre unique représentant pour l'homme les quantités de chaleur par kilogramme et par heure. Chaque sujet à son coefficient calorimétrique propre. Sujet A. — Calories par kilogramme et par heure à 13°6 — 0-cal. 931 Sujet B. — — — — 15168 MNEal M0 2° Même pour les variations légères dans la température extérieure, il y à des variations notables dans les quantités de chaleur mesurées au calorimètre. C'est ainsi que, dans les mêmes limites, 11°,8-15°,6, nous avons obtenu : Pour le sujet A : Maximum , 71.50 calories. Minimum" hate SLR S ON DONS Pour le sujet B : Maximum ent 084 00calories: Minimum etats au 0380 1 3° D'une manière générale, les quantités de chaleur dégagées vont en augmentant à mesure que la température extérieure diminue. Si les expériences relatées ci-dessus sont faites à des températures trop peu différentes pour nous donner la loi du phénomène, elles en indiquent du moins le sens très nettement. NOTE SUR LA TUBERCULOSE DES PERROQUETS, par MM. CanioT, GILBERT et ROGER. Les perroquets sont assez souvent atteints de tuberculose; en moins d'un an, nous avons pu recueillir vingt-sept observations qui établissent que la maladie revêt chez ces oiseaux des caractères tellement spéciaux que, sans la présence du bacille, il serait impossible d'en déterminer la nature. Ce sont, le plus souvent, des manifestations cutanées, qu'on ne peut comparer qu'à de certaines formes de lupus verruqueux; les lésions 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE siègent surtout au niveau de la tête, spécialement sur les joues, les régions péri-orbitaires, les commissures des lèvres; elles envahissent fréquemment les muqueuses buccale et linguale; plus rarement elles occupent les membres, les ailes ou les autres régions du corps. Au début, il se produit une chute des plumes, puis la peau s'épaissit, devient verruqueuse et se couvre de végétations et de croûtles. Parfois ce sont des productions cornées qui peuvent avoir de 1 à 5 centimètres de long et atteindre à leur base une largeur de 1 ou 2 centimètres. Si l’on détache ces cornes on trouve, au dessous d'elles, un tissu granuleux ou fongueux. Les ulcérations ne sont pas rares; elles se produisent quand la partie malade est exposée à des traumatismes ou à des frotte- ments répétés. Dans quelques cas moins fréquents, la lésion occupe le tissu sous- cutané; c'est une tumeur de consistance fibreuse dont le volume peut atteindre celui d'une cerise; plus tard le centre se ramollit et se trans- forme en un magma caséeux. Enfin, quand les pattes sont atteintes, on observe des déformations analogues à celles qui caractérisent la « goutte des oiseaux ». Ces lésions externes peuvent, par leur siège et leur volume, provoquer divers troubles fonctionnels : elles obturent les yeux, gènent les mou- vements des mandibules; quand elles occupent la région anale, elles entravent la défécation; au niveau des pattes elles s'accompagnent d’atrophie musculaire et même de parésie. On peut observer sur la muqueuse buccale des végétations analogues à celles de la peau, ce sont des plaques dures, coniques ou arrondies qui peuvent rétrécir la cavité et gêner considérablement la déglutition. L'évolution est extrêmement lente et, dans les cas où les lésions n'entrainent pas, par leur siège, de troubles fonctionnels, la vie peut se prolonger pendant des années. Cependant, tôt ou tard les animaux deviennent malades; ils maigrissent, cessent de parler et succombent finalement dans le marasme. Pour juger de la fréquence des localisations viscérales, il faudrait pouvoir réunir un certain nombre d’autopsies; or la plupart des oiseaux que nous avons observés étaient restés assez bien portants et leurs maitres ne voulaient pas les abandonner. Quatre fois seulement nous avons pu faire des examens nécroscopiques : dans un cas, les résultats furent négatifs; dans les trois autres, nous avons trouvé d'in- nombrables tubercules dans le foie, la rate, les poumons; il existait en même temps des productions tuberculeuses au niveau des articulations et des muscles. L'examen histologique a porté sur les tubercules hépatiques ; nous avons reconnu que leur structure diffère totalement de celle qu’on observe chez la poule et le faisan. Ces tubercules, comme ceux de l’homme, sont réductibles en follicules composés de cellules géantes SÉANCE DU 25 JANVIER > MI05 centrales, de cellules rondes ou fusiformes périphériques et de cellules épithélioïdes intermédiaires. Les cellules géantes contiennent un très grand nombre de noyaux qui sont habituellement distribués dans la totalité de l'élément ou en occupent le centre et non la périphérie, contrairement à ce qu'on observe le plus souvent dans les cellules géantes humaines. Dans les follicules et notamment dans les cellules géantes, les bacilles se montrent très nombreux. Quelle est l’origine de la tuberculose des psittacés? telle est la question qui présente le plus d'intérêt au double point de vue théorique ou pratique. Nous avons déjà établi que la tuberculose humaine s’inocule facile- ment aux psittacés et détermine chez eux des lésions analogues à celles qui se développent spontanément. L'enquête étiologique que nous avons faite établit nettement que, dans sept cas, les perroquets avaient été contaminés par des hommes. Dans une de nos observations, par exemple, il s'agit d'une perruche, qui était depuis huit ans dans la même maison; en août 1894, son pro- priétaire commenca à tousser ; quatre mois plus tard, l'oiseau présentait des plaques tuberculeuses sur les joues ; l'examen bactérioscopique démontra la présence du bacille de Koch dans la production cutanée de la perruche et dans les expectorations de son maître. Celui-ci nous dit qu'il affectionnait beaucoup son oiseau, qu'il l'embrassait souvent sur la tête et lui faisait prendre dans sa bouche des aliments qu'il lui avait mächés; il ajouta que cette perruche était le seul animal se trouvant dans l'appartement, qu’elle n'avait jamais eu de contact, même passager, avec d’autres oiseaux. Nous avons lenu à rapporter brièvement cette observation, car elle nous semble aussi démonstrative qu'une expérience. Dans deux autres cas, la contamination s’est faite dans des conditions semblables à celle-ci; dans les quatre autres, les oiseaux apparte- naient à des personnes tuberculeuses, mais n'avaient pas avec elles de contacts aussi intimes. Le bacille qu'on rencontre dans les lésions tuberculeuses des perroquets diffère du bacille des gallinacés, par son pouvoir pathogène. De même que le bacille humain, il est beaucoup plus virulent pour le cobaye que pour le lapin. Dix cobayes ont élé inoculés et ont succombé du 23° au 1%4: jour ; la survie moyenne a été de 67 jours ; dans tous les cas, l’au- topsie a révélé des lésions intenses et généralisées. Sur quatre lapins inoculés dans les mêmes conditions, un seul est mort spontanément au bout de 278 jours, les autres ont été sacrifiés du 117° au 359° jour. Or, malgré cette survie beaucoup plus longue, puisqu'elle a été en moyenne de 226 jours, nous n'avons trouvé à l’aulopsie que quelques granula- tions discrètes sur le péritoine et dans le foie. Enfin cinq poules ont reçu de la tuberculose de psittacés et sont restées en parfaite santé; elles ont élé sacrifiées au bout de cinq mois à un an; leurs viscères élaient indemnes. 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé, la tuberculose des perroquets est souvent, sinon toujours, d'origine humaine : le bacille acquiert chez ces oiseaux une virulence très marquée pour certains mammifères, comme l’établissent nos inocu- lations sur le cobaye. Or, ces bacilles se trouvent en grand nombre dans les productions cutanées, dans la salive, le liquide nasal, parfois dans les excréments: ils peuvent être facilement disséminés et sont d'autant plus dangereux qu'ils se trouvent mélangés à des particules organi- ques. Les perroquets, contaminés par l’homme, deviennent donc à leur tour des foyers permanents d'infection tuberculeuse; il est inutile d'in- sister sur l'importance de cette conclusion au point de vue hygiénique. DES LÉSIONS PRIMITIVES ET DES LÉSIONS SECONDAIRES DE LA CELLULE NERVEUSE, par M. G. MARINESCo. Dans une communication précédente (1), nous nous sommes efforcés de prouver, à l’aide de documents histologiques, expérimentaux et anatomo-cliniques, qu'il n'existe pas de polynévrites sans altérations des centres d'origine des nerfs. Peu de temps après, MM. Ballet et Dutil, dans un travail présenté à la Société médicale des Hôpitaux, ont rap- porté une observation intéressante de névrites multiples avec constata- tion de lésions des cellules de la corne antérieure. Ils sont arrivés à conclure, après discussion préalable, qu'il est impossible d’affirmer si cette lésion des cornes antérieures est secondaire à la polynévrite ou si elle est primitive. Avant d'entrer dans l'étude de cette question, qu’il nous soit permis de dire quelques mots sur la structure intime de la cellule serveuse, telle qu'elle résulte des recherches de Flemming, de Nissl, de von Lenkossek et des nôtres. Nous nous occuperons seulement, pour le moment, des cellules de la corne antérieure. Ces cellules contiennent à leur intérieur des corpuscules qui se colorent fortement par les couleurs basiques d’aniline. Autour du noyau, ils affectent une disposition con- centrique (couche périnucléaire) ; leur forme est polygonale. A la péri- phérie de la cellule nerveuse, les éléments chromatophiles s’irradient dans les prolongements protoplasmatiques où ils se présentent sous forme de filaments ou de bâtonnets. Au point de bifurcation de ces prolongements, il existe un gros élément chromatophile de forme ({rian- gulaire. Les dimensions sont en rapport avec celles du prolongement où il se trouve. À mesure que celui-ci se bifurque, le diamètre trans- (1) Les polynévrites en rapport avec la théorie des neurones. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 30 novembre 1895. HA NT 0 PP Te SÉANCE DU 25 JANVIER 107 -versal et Le volume de l'élément chromatophile diminue également. Les prolongements protoplasmatiques présentent quelquefois sur leur trajet des renflements fusiformes qui contiennent des filaments chromatiques en abondance. En opposition avec la présence de la chromatine dans les prolongements protoplasmatiques, le cylindre-axe n’en possède pas. D'après Lenkossek, sa structure serait homogène, tandis que nous pensons qu'elle est fibrillaire. Nissl et Flemming l'ont prouvé pour la cellule des ganglions spinaux, ce que nous avons pu constater avec facilité. Les fibrilles du cylindre-axe se continuent avec la substance fonda- mentale de la cellule nerveuse. Nous donnons le nom de trophoplasma (1) au protoplasma qui constitue la substance fondamentale de la cellule et le cylindre-axe (axoplasma de Benda) et celui de kinétoplasma (wo, mouvement) à la substance qui constitue les éléments chromatophiles. Ce dernier, qui n'existe pas à un certain moment de la vie embryon- naire, constitue un appareil nécessaire pour la transformation des impressions centripètes en incitations motrices. Quand on coupe un nerf périphérique, on constate, quelques jours après, une disparition des éléments chromatophiles (lésion à laquelle nous avons donné le nom de dissolution de ces éléments) qui commence au niveau de la colline formée par le cylindre-axe. Cette lésion envahit progressivement tout le corps de la cellule nerveuse en laissant le noyau intact, lequel est repoussé vers la périphérie. Le trophoplasma est intact. | Le premier auteur qui a vu cette première lésion est Nissl et après lui nous avons constaté les mêmes lésions. Elles constituent, comme nous l'avons dit, une réaction à distance, car le cylindre-axe et la myé- line de la fibre coupée sont intacts. Ces lésions du kinétoplasma sont réparables et à mesure que le travail de la régénérescence des fibres coupées s'accentue, les éléments chromatophiles réapparaissent. Mais si à la lésion du kinétoplasma succède une altération du trophoplasma, la lésion de la cellule nerveuse est irréparable et on constate dans cette deuxième phase une atrophie et une dégénérescence du cylindre-axe qui émane de la cellule. Ce sont ces dernières lésions du trophoplasma qui ont été vues par Hayem, Forel, parce que leur technique ne leur permettait pas d'étudier les lésions du kinétoplasma. On voit par con- séquent que dans la première phase qui suit la section d’un nerf, il n'y a pas de lésions du bout central, mais disparition plus ou moins du kiné- toplasma ou réaction à distance. Tandis que dans la deuxième phase, il y a désintégration du trophoplasma et lésion dans le bout central du nerf sectionné. Ces dernières lésions ont été à tort appelées par certains auteurs du nom de névrites ascendantes. En réalité les lésions de ce (1) Les expressions de trophoplasma et de kinétoplasma ont été déjà employées par Strasburger pour la cellule végétale. 4 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bout central sont dues aux lésions du trophoplasma de la cellule ner- veuse. Grâce à ces constatations histologiques, il est possible de distinguer une lésion secondaire des lésions primitives d'un centre cellulaire, mais cette différence n'existe que tant que la lésion secondaire n’a pas envahi le trophoplasma. À ce moment la différence est moins nette et même impossible à établir. On comprend facilement que dans certains cas de névrile périphérique avec lésions des centres, on ne puisse affirmer quelle est la lésion primitive. Quelle est la cause de la disparition du kinétoplasma après la section d'un nerf? Il est assez difficile de répondre à cette question. Cependant il est fort probable qu’elle est due à ce que la cellule ne peut plus déter- miner la décharge nerveuse par suite de la solution de continuité du cylindre-axe. Toutes les maladies qui affectent primitivement la moelle épinière provoquent à la fois une lésion du kinétoplasma et du trophoplasma. Ainsi dans les deux cas de paralysie de Landry que nous avons rapportés avec MM. Marie et OŒEttinger, il y avait, en outre de la dissolution du kinétoplasma, une dégénérescence du trophoplasma avec rupture des prolongements protoplasmatiques. Le noyau était, assez souvent, très altéré. Des lésions à peu près semblables se rencontrent dans la moelle épinière du lapin auquel on a pratiqué la ligature de l’aorte abdo- minale. Dans les maladies amyotrophiques progressives d’origine spinale, telles que la sclérose latérale amyotrophique, la dégénérescence porte aussi bien sur le kinétoplasma que sur le trophoplasma, mais ce dernier n'étant pas complètement dégénéré, il peut nourrir encore une partie du cylindre-axe et par conséquent de la fibre nerveuse, ce qui se traduit anatomiquement par l’atrophie du trophoplasma, du cylindre-axe et de la fibre musculaire. Toutes les considérations que nous venons d'exposer sur la dissociation fonctionnelle du trophoplasma et du kinétoplasma ne s'appliquent aux polynévrites qu’en tant que la disparition du kinéto- plasma n’a pas donné lieu à une dégénérescence du trophoplasma, car, si la régénération des nerfs périphériques est impossible, ce dernier entre en dégénérescence. Ceci arrive dans des cas de polynévrite incu- able ou bien à la suite des amputations. D'ailleurs, la question des polynévrites peut, dans quelques cas, devenir plus complexe parce que les cellules nerveuses peuvent être atteintes en même temps que les nerfs, ainsi que certaines observations l'ont déjà prouvé. (Travail du laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux.) SÉANCE DU 25 JANVIER 109 SUR UN NOUVEAU TYPE DE SARCOPTIDES PILICOLES (Schizocarpus Mingaudi, g. et Sp. n.) VIVANT SUR LE CASTOR, par M. le D' E. TROUESSART. Dans une précédente communication (séance du 1° juillet 1893), j'ai déjà appelé l'attention des naturalistes sur les modifications variées que présente l'appareil locomoteur chez les Sarcoptides qui vivent dans le pelage des Mammifères. Ces modifications sont très intéressantes à étudier au point de vue du transformisme, car elles montrent, de la façon la plus nette, l'influence du milieu sur la conformation des ani- maux et plus particulièrement sur la forme des membres. A ce point de vue, les Sarcoptides pilicoles paraissent jouir d’une grande plasticité, car on peut dire que tous les moyens d’adhérence aux poils ont été employés par eux, et les adaptations diverses nécessitées par la forme des poils — plus variable qu'on ne le suppose chez les Mammifères — ont déterminé de la facon la plus évidente la forme des membres des- tinés à fixer les Acariens sur ces appendices épidermiques. Depuis ma première communication sur ce sujet, j'ai fait connaître (1) un type très curieux qui vit sur les Chauves-souris (Labidocarpus), et dont les pattes antérieures sont semblables à celles du Chirodiscus, mais beaucoup plus courtes. Cette forme est adaptée pour embrasser un poil cylindrique : c’est le type le plus parfait de la forme que j'ai nommée « pince en abal-jour de bougie ». Le nouveau genre que Je fais connaitre aujourd'hui sous le nom de Schizocarpus n'est évidemment qu'une modification du type précédent. Mais ici les pattes antérieures ont dû subir une modification nouvelle, on pourrait dire un perfectionnement, pour s'adapter à un poil aplati, en forme de feuille de Graminée. Les poils du Castor, en effet, sont lan- céolés, fortement aplatis, au moins dans leur moitié terminale. Pour s'adapter à celte forme de poils, les paltes du Schizocarpus se sont échancrées dans leur partie médiane de manière que la tranche du poil puisse pénétrer profondément dans la partie dilatée du membre anté- rieur. Ce membre est donc réellement fourchu comme celui des Rumi- nants. Grâce à cette modification, l’Acarien peut embrasser le poil par toute la face palmaire du membre (lorsqu'il le tient par la partie cylin- drique), et le faire pénétrer plus profondément dans la fourche de l'échancrure (lorsqu'il se fixe au niveau de la partie aplatie du poil). Les caractères de ce type nouveau sont les suivants : (1) E, Trouessart. Description d’un genre nouveau (Labidocarpus) et de deux espèces nouvelles de Sarcoptides pilicoles, avec figures (Bull. des séances de la Sociélé Entomologique de France, Congrès annuel, 27 février 1895, p. LxxxN), A 110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SCUIZOCARPUS g. n. — Facies du G. Labidocarpus, mais le corps moins comprimé. Pattes antérieures en forme de disque avec une échancerure longitudinale médiane dont les bords sont renforcés par une bande de chitine. Pattes postérieures normales, munies de ventouses ambula- craires. Ce genre doit prendre place dans la sous-famille des Chirodiscinæ (Trt, 1893), entre Chirodiscus Trt et Labidocarpus Trt. — Le type est: SCuIZOCARPUS MINGAUDI sp. n. — Mâle à abdomen court, tronqué, for- mant en dessous une cavité qui renferme les ventouses copulatrices. Celles-ci au nombre de deux paires, la ventouse principale étant accom- pagnée d'une seconde ventouse plus petite, en dedans et en arrière de la 1". Pattes de la 3° paire très fortes, celles de la 4° très petites, infères. — Femelle fécondée à abdomen entier, allongé, arrondi à l'extrémité; pattes des 3° et 4° paires égales, celles-ci latérales comme les précé- dentes. Vivipare. — femelle accouplée en forme de sac, n’ayant qu'une seule paire de pattes (semblables à celles des hypopes), les trois paires postérieures représentées par de simples mamelons non sétigères. — Nymphes et larves à pattes antérieures semblables à celles des adultes. — Dimensions. — Longueur totale : mäle 0,35 ; femelle 0%,40. Habitat. -- Dans le pelage du Castor (Castor fiber) d'Europe et de l'Amérique du Nord. — L'espèce est dédiée à M. Galien Mingaud (de Nimes), qui m'a signalé la présence de ce curieux Acarien sur le Castor du Sud de la France (Rhône et Gardon). LA MOTRICITÉ STOMACALE à ET LE TRANSIT DES LIQUIDES DANS L'ESTOMAC A L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE, par M. le D' ALBERT MATHIEU. Nous avons appliqué à deux sujets, que l’on peut considérer comme à peu près normaux, la méthode d'examen de la digesiton gastrique que nous avons fait connaitre à la Société. Nous avons fait des séries de repas d’épreuve avec extraction du liquide après 30, 60 et 90 minutes. Les résultats obtenus chez le premier de ces sujets par M. Haïilot et par moi ont été communiqués au Congrès de médecine de Lyon en 1894. La présente note a pour but de faire connaitre les résultats obtenus chez le second. IL s'agit d’une infirmière d’une vingtaine d'années, dont la digestion parait parfaitement normale ; elle a subi deux séries successives de repas d’épreuve. Voici les chiffres donnés par les examens correspondants. TEEN RAIN ME se Qu NM SE RER LE dr RE ER ee SÉANCE DU 25 JANVIER ail Extraction du liquide, 30 minutes après le repas d'épreuve. Premier repas d’épreuve : Volume total du liquide stomacal . HO TODPRnr Huile non éliminée . Huile éliminée . Liquide primitif évacué. . — non évacué Liquide de sécrétion . . Acidité totale (A). . . . . Chiore total Cl) nb ae En Acide chlorhydrique libre (H) . . Chlore en combinaison organique . Deuxième repas d'épreuve : Volume total du liquide stomacal . Huile p. 100 . Huile non éliminée . Huile éliminée . UE Liquide primitif non évacué. — évacué . Liquide de sécrétion . AB AITIS T2" 8 ir) C=—4:02 EF —= 1.82 338 centimètres cubes. 2.128 7.192 2.808 70 centimètres cubes. 180 — 158 — 1.38 p. 4000 3.86 — 0 me RS TE 399 centimètres cubes. 1.984 7.817 2.183 195 centimètres cubes. 55 — — 204 — — Extraction du liquide, 60 minutes après le r'pas d’épreuve. Premier repas : Volume total du liquide stomacal , Huile p. 100 . Huile non éliminée. . . Halle éLninée PE, Meur 2e fes Liquide primitif évacué, . _ non évacué , ,. . Liquide.de sécrétion... + A0 F7 22 0722 MN E = 1,53 BioLocie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, Tr. III. 236 centimètres cubes. mA CNE 28 5 — 732 4 — 268 105 centimètres cubes. 145 — — 130 = — LU A A Or EN 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Deuxième repas d'épreuve : Volume {otal du liquide stomacal . Huile p.100. non éliminée éliminée . AE Liquide primitif évacué. . . non évacué. Liquide de sécrétion . Extraction du liquide, 90 minutes a) Premier repas d’épreuve : Vo'ume total du liquide stomacal Huile p. 100. non éliminée . éliminée . ë Liquide primitif évacué . non évacué, Liquide de sécrétion Or» We DNA b) Second repas d’épreuve : P- :b3 p. Volume total du liquide stomacal . Huile p. 100. non éliminée éliminée . Liquide primitif évacué non évacué . Liquide de sécrétion . . . . ASE OET Le 400 HNOUAE Co 11 = 218 275 centimètres cubes. 2 gr. 106 5 — 791 4 — 90 405 centimètres cubes. 145 = pe 130 — — 1000 après le repas d'épreuve. 162 centimètres cubes M2 3.421 6.579 164 centimètres cubes. 86 76 1000 centimètres cubes. De la lecture des tableaux qui viennent d'être reproduits ou de l'inspection des courbes graphiques par lesquelles on les a représentés, on peut tirer un certain nombre de déductions intéressantes. 1° Au bout d'une demi-heure, le volume total du liquide contenu dans SÉANCE DU 25 JANVIER 113 l'estomac est notablement supérieur au volume du liquide ingéré pendant le repas d'épreuve. Cet accroissement peut provenir, pour une certaine part, de la liquéfaction du pain, mais il est certainement attribuable surtout à la Pa Zone CHE _L DEEE 250 c c.é. PANNEUE HEURaUAn D # d 4 OA N en ñ NW nes 1 e 100 c.c. b. Liguide firimilif nor evacué.……… LT TON TL PER ES LITE CE SORTIR one Volume lolal du contenu stomacal. Observations sécrétion glandulaire, autant, peut-être, à la sécrétion salivaire qu'à la sécrétion gastrique. En effet, l'analyse chimique montre que la sécrétion Stomacale n’atteint son maximum de richesse en chlore pour 1000 qu'au bout d'une heure dans ces conditions de repas d'épreuve, On peut se 414 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— — représenter cependant que la sécrétion gastrique puisse être abondante au début, mais peu concentrée. Pour juger la question, il faudrait empêcher la salive de pénétrer dans l'estomac. 9° Le volume total du liquide stomacal décroit progressivement de façon à donner sur un tracé une ligne droite oblique en bas. Il en est exactement de même du liquide primitivement ingéré et du liquide de sécrétion. L’estomac chez les deux personnes examinées se vidait d’une facon continue après la première demi-heure. 3° Il n’est pas sans intérêt de constater que la proportion de l’huile p. 100 du liquide stomacal reste à peu près constante. Voici les chiffres relevés : Après 30 minutes. 2:28. et, 1:98 Up 100 — 60 = 2.49. ett2M1000 — 90 — 2.112 et,2.28 V=— Chez le premier sujet examiné, cette proportion n’a varié que de 1,50 à 1,60 p. 100, en chiffres ronds, entre 30 et 60 minutes. Deux hypothèses peuvent expliquer cette particularité : 4° il peut se faire que la sécrétion stomacale soit complète dès la première demi- heure et que le liquide sécrété soit éliminé ensuite sans adjonction . nouvelle de liquide de sécrétion; 2° la résorption du liquide pourrait être égale à la sécrétion et porter sur les chlorures et non sur PHCI. En faveur de ces hypothèses, on peut invoquer les chiffres suivants. La quantité totale du chlore contenu dans l'estomac était : Première série : ADreSODIMEITULES DR PUENT . 1295 milligrammes. — 60 = RDA FAURE MNO2 — — 90 _ EN PA PE D M A LUS — Deuxième série : Après 30 minutes.!. .0. . |. . | . » 1033 milligrammes: — 60 — RIRE CE PE Ie — Fa 90 ES ee older iltenrenfeitie 640 == Dans une prochaine communication, nous ferons connaitre les résultats que nous ont donnés les recherches faites sur des dyspeptiques de. divers ordres. 7 es SÉANCE DU 25 JANVIER A15 ALTÉRATION DE LA RÉSISTANCE DU SANG DANS L'HÉMOGLOBINURIE PAROXYSTIQUE. par MM. Vaquez et MARcANo. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France.) Les limites physiologiques de la résistance des hématies sont encore mal connues, car les méthodes qui servent à mesurer celle-ci sont très. délicates. | La méthode de l’isotonie, due à Hamburger, est une méthode très bonne, mais elle exige une trop grande quantité de sang. On ne peut donc l’employer en clinique. Le procédé de Chanel comporte également des éléments d'erreur. Les liquides différents dont il faut faire usage sont de densité variable, et il résulte de ce fait des écarts sérieux dans les résultats obtenus. La méthode de M. Malassez par laquelle on applique la numération à la mesure de la résistance des hématies est aussi la première méthode en date. Elle consiste, comme on sait, à faire des numérations successives et à intervalles de temps déterminés d’un même mélange de sang et de sérum artificiel de titre constant que l’on conserve à l'abri de toute évaporation (Voir la discussion des méthodes dans la thèse d'Urcelay : De la résistance des globules rouges, Paris, 1895). On peut faire usage du mélangeur Potain dont on ferme les deux bouts avec le tube en caout- chouc. De la sorte on évite toute évaporation, surtout si l’on a soin de laisser le tube au repos et dans une atmosphère suffisamment humide. Si ces précautions n'étaient pas exactement prises, il pourrait se faire que l’on retrouvât, après six ou vingt-quatre heures, un chiffre de glo- bules supérieur au premier chiffre constaté. Nous avons appliqué la méthode de M. Malassez à la mesure de la résistance des globules rouges dans un cas d’hémoglobinurie paroxys- tique liée au paludisme. Nous n’insisterons pas sur les données cliniques qui seront relatées d'autre part (1), et nous rapporterons seulement les chiffres obtenus dans les numérations faites à des intervalles de temps déterminés. Le 4 juillet, veille de l'accès : Première numération. . . . . . . . . 3,500,000 hématies. 6 heures après, le même sang contient 3,000,000 — 24 — . — _— — 2,800,000 — Le 6 juillet, pendant l'accès : Première numération. . . . . . . . . 3,200,000 hématies. 6 heures après, le sang contient, . . . 2,800,000 — 24 — — — — 2,000,000 — (1) Archives de Médecine expérimentale, janvier 1895. 116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le 30 juillet (malade guéri depuis 20 jours) : Premiere numerafion ne 0. 3,600,000 hématies. 6 heures après, le sang contient . . . . 3,200,000 — DRE = e 2,900,000 — Ainsi done, le chiffre des hématies qui, au moment de la crise, se sont spontanément détruites dans le sérum, pendant vingt-quatre heures atteint 1,200,000 alors qu'il ne dépasse pas 700,000 la veille de la’ecès et vingt jours après sa guérison. Le pourcentage des globules détruits donne respectivement, pour les trois jours d'observation : 4 juillet, 21 p. 100 ; — 6 juillet, 36 p. 100 ; — 30 juillet, 20 p. 100. En rapport avec cette diminution considérable de la résistance des hématies on constate, dans le cas actuel, une diminution très notable de la valeur hémoglobinique du sang. Alors que, sous l'influence de la crise, la perte du sang en hématies ne dépasse pas 300,000 globules, le chiffre de l’hémoglobine passe de 12,5 (hémochromomètre de Malassez), veille de la crise, à 7,5, jour de la crise. Ainsi donc le sang ‘a perdu le tiers de son hémoglobine alors qu'il n’a perdu que le douzième de ses globules. L’appauvrissement du sang se marque de la façon suivante : 4 juillet (veille de la crise). . . . . Hémogl. = 35uF7 par million GHuieLs Crise) NERF RER 2 — —?23u64 de SONUIle EUETSON) CRE RES — —33453 ] globules rouges. Nous dirons en conclusion que l'hémoglobinurie s’est, dans notre cas, caractérisée par : 1° Une diminution considérable de la teneur du sang en hémoslobinds atteignant environ un tiers de l’hémoglobine totale ; 2° Un affaiblissement de la résistance des globules du sang permettant la destruction spontanée de 36 p. 100 des globules dans le sérum artifi- ciel, au bout de vingt-quatre heures, alors qu'en dehors de la crise la destruction dans le même laps de temps ne dépasse pas 21 p. 100. SUR L'ANALYSE DE L'URINE DES RACHITIQUES, par M. le professeur OECHSNER DE CONINCK. Dans les notes précédentes, je me suis occupé du dosage du chlore ; dans celle-ci je m'occuperai des dosages de l’acide sulfurique et du soufre total. 1° Dosage de l'acide sulfurique des sulfates libres de Ho — Lors- qu'on acidule l'urine d'un rachitique, préalablement filtrée, et qu'on ajoute un excès d’une solution étendue de chlorure de baryum, on observe très souvent la précipitation d’un pigment tantôt rouge foncé ou rouge brun, tantôt brun clair ou brun foncé qui colore le précipité Wars SÉANCE DU 25 JANVIER 417 de sulfate de baryum. Ce pigment, généralement très adhérent, ne peut être détruit que par une calcination avec l'acide azotique fumant ; on termine l'opération, en lavant le précipité de sulfate barytique à l’eau tiède aiguisée d'acide chlorhydrique. 2° Dosage de l'acide sulfurique conjugué. — Les liqueurs filtrées dans la manipulation précédente sont réunies, évaporées, puis soumises à une légère ébullition, qui doit être assez prolongée pour que tout l'acide sulfurique des phénol-sulfates soit précipité par le chlorure de baryum en excès. Le précipité, formé dans ces conditions, est le plus souvent coloré en rouge-brun, en brun, en rose foncé, en rose clair, etc. On le recueille avec les précautions ordinaires, el on le calcine légè- rement avec quelques gouttes d'acide azotique fumant. On laisse refroidir, on jette sur un filtre, enfin on lave à l’eau chaude, ou à l’eau tiède aiguisée d’acide chlorhydrique pur. On termine par un lavage à l'alcool fort. Le précipité est ainsi débarrassé du pigment. J'ai observé que les lavages à l’eau bouillante et à l’alcool dont par- lent les auteurs ne réussissent pas avec les urines des rachitiques, si l'on n’a pas la précaution de calciner d’abord le précipité comme Je viens de l'indiquer. 3° Dosage du soufre total. — L'urine des rachitiques est riche en prin- cipes organiques complexes; lorsqu'on l’évapore et qu'on calcine le résidu avec l’azotate de potassium, il se développe souvent un pigment colorant en vert la masse fondue. Pour décolorer celle-ci, les auteurs recommandent d'ajouter un léger excès de salpêtre, ce qui est générale- ment inefficace. En pareil cas, j'ai employé avec succès l'hypochlorite de potassium en solution concentrée. Lorsque, dans l’opération finale, on ajoute de la potasse caustique, et qu'on amène à fusion, il se forme toujours une proportion notable de carbonate de potassium. On reprend par l’eau pour dissoudre, puis, avant de précipiter par le chlorure de baryum (qui donnerait un précipité de carbonate, à côté de celui de sulfate de baryum), on aiguise la solution par l'acide chlorhydrique pur. Une fois le carbonate décomposé, on chauffe de manière à chasser l’acide carbonique qui pourrait être resté dissous; enfin on précipite par le chlorure de baryum. Si le traitement à l'hypochlorite de potassium n'a pas suffi à produire un précipité bien blanc de sulfate barytique, on calcinera avec l'acide azotique fumant,; comme il a été indiqué dans ma note précédente (1). (1) Ces longues recherches ont été effectuées dans mon service à l'Institut de chimie de la Faculté des Sciences de Montpellier. LB SUN O, Pi : vPUe HU! 0H ES sa , LE RC nl hf! ‘Communication de M. Robe : : ” Fr Ki ‘Iue Jif e Page 30, ae ligne, lire « efficacité : » > au lieu de « inefficacité a L Fi $ à! FOI "he e | Page 30, 24e ligne, lire « « insuffisance » » au lieu de « miluence » .. À Le Gérant : : 6. Mas Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue 119 SÉANCE DU {* FÉVRIER 1896 M. le D' Pierre Bonnier : Variations du réflexe patellaire dans certaines affections labyrinthiques. — MM. p'Arsonvaz et CHaRRIN : Action de l'électricité sur les toxines bactériennes. — M. HENRY DE VariGNY : La vie aseptique. — MM. H. Brau- REGARD et R. BouLarrt : Note sur la circulation du cœur chez les Balænides. — M. Réxox : Aspergillose pleurale. — M. B. Morz : Note sur un cas d'infection uri- paire par le bacille pyocyanique. — M. le Dr ne SiNéty : De l’épididymite unilaté- rale comme cause de stérilité. — MM. LanGLors et CHARRIN : Hypertrophie expéri- mentale des capsules surrénales. — M. Juces Ricuarp : Sur les fonctions de la ligne latérale du Cyprin doré. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Eu. BouRQuUELOT fait hommage à la Société de l'ouvrage qu'il vient de publier sur Les ferments solubles. Il rappelle qu'il n’a paru, jusqu'ici, qu'un seul travail d'ensemble sur ce sujet. Il est dû à Ad. Mayer; il a été publié en langue allemande, en 1882. Depuis cette époque, les ferments solubles ont été l’objet de recherches nombreuses et variées, et il y avait, semble-t-il, intérêt à rassembler toutes les données, tant anciennes que nouvelles, relatives à ces curieux composés. VARIATIONS DU RÉFLEXE PATELLAIRE DANS CERTAINES AFFECTIONS LABYRINTHIQUES, par M. le D' P;3ERRE BONNIER. On sait que les lésions labyrinthiques peuvent déterminer des troubles réflexes directs soit dans Le domaine de l’équilibration, de la station et de la locomotion, soit dans celui de l’oculomotricité, soit aussi, par irradiation internucléaire, dans ceux des centres bulbo-protu- bérantiels voisins. Les expériences d'Ewald et de Wlassack semblent en outre montrer que le labyrinthe intervient, au moins en partie, dans le maintien de la tonicité musculaire dans certains segments du corps. J'ai recherché systématiquement sur un très grand nombre de malades, pendant ces cinq dernières années de consultation otologique à l'hôpital Cochin, s’il ÿ avait quelque rapport saisissable entre les troubles fonctionnels du labyrinthe et des réflexes éloignés qui, comme le réflexe BIOLOGtE. Compres neNbus. — 109 série, Tv. IT, 10 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rotulien, doivent en apparence rester totalement étrangers à l'activité des fonctions auriculaires. Ces rapports existent, en effet, mais ils ne s’observent que dans cer- laines conditions qu'il importe de bien déterminer. Il sera inutile deles rechercher, m'a-t-il semblé, dans les affections labyrinthiques où l’irri- tation ou l'insuffisance fonctionnelles n'apparaissent pas brusquement, et c'est le cas le plus fréquent. Dans certaines hydropisies aiguës des réservoirs labyrinthiques, les troubles réflexes peuvent également dépendre de l'hydropisie concomitante des réservoirs sous-arachnoï- diens. Une même cause peut encore produire, et c'est assez habituel, à la fois l'insuffisance et l'irritation fonctionnelles, comme par exemple la surdité et le bourdonnement, et ces effets peuvent se neutraliser. Enfin, il faut, en clinique otologique, tenir compte de la suppléance possible de l'oreille lésée par l'oreille saine. Dans le domaine de l'audition, dont le champ sensoriel est objectif, cette suppléance est impossible, chaque oreille ayant son champ auditif propre où l’autre ne peut la remplacer. Dans le domaine des perceptions d'attitudes, et particulièrement de celles d'équilibre, le champ sensoriel est purement subjectif et les opéra- tions des deux oreilles s’y superposent : il peut y avoir suppléance en cas d'insuffisance, mais la compensation n’est plus possible en cas d'irritation. Le vertige labyrinthique périphérique fait généralement tomber le sujet du côté de l'oreille atteinte, le nystagmus réflexe qui fait tourner les objets a un sens déterminé, et il est ainsi possible de dis- tinguer un vertige auriculaire droit ou gauche. En d’autres termes, on peut être sourd d’un côté, on ne peut avoir perdu l’image d'une moitié d’attitude, d'une moitié d'équilibre, ce qui serait d’ailleurs absurde. On voit donc qu'il faut des cas où les symptômes ont une apparition brusque, où l'oreille seule peut être mise en jeu, et où il ne peut y avoir suppléance. Ces cas sont forcément limités; mais sur un très grand nombre de sujets, les exceptions peuvent devenir assez nombreuses pour que ces rapports entre le trouble labyrinthique et le trouble patellaire puissent se formuler ainsi : 1° Quand il y a insuffisance labyrinthique brusque, les réflexes rotu- liens sont généralement exaltés (surdité subite sans bourdonnement ni vertige). 2° Quand il y a irritation labyrinthique brusque, sans insuffisance, ou la dominant (bourdonnement intense, vertige), le réflexe est au con- traire diminué, et parfois supprimé dans les paroxysmes. 3° Ces varialions réflexes peuvent être immédiates; si l’état labyrin- thique se maintient, le réflexe peut ne redevenir normal que subitement après la disparition des symptômes, sinon il redeviendra normal peu à peu dans des conditions qui varient individuellement. 4° Ce phénomène d'association peut être unilatéral, et dans ce cas je l’ai toujours trouvé du même côté. SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 124 ————————_—_—_—_—…—"—"…"…"——…—…—…—…—…—"…—"—"…—"—"—"—" —"—"—"—…—"—"—"—"—"——.…————— Les expériences de Wlassack semblent démontrer, qu'au moins chez la grenouille, l’action réflexe du labyrinthe sur l'activité médullaire est inférieure au niveau du cerveau, du cervelet et des couches optiques. Cependant, je suis tenté d'admettre que l’excitabilité réflexe peut être soumise à l'action d'arrêt des centres labyrinthiques corticaux, car j'ai trouvé une fois le réflexe patellaire momentanément supprimé au cours d’une hallucination auditive dont le caractère d’exaltation systématique éloignait l’idée d'un rapport quelconque avec les organes périphériques de l’audition, d’ailleurs parfaitement sains. J'ajouterai que la rapidité d'action du trouble labyrinthique sur le réflexe patellaire doit faire admettre, au moins pour les cas d'insuffisance brusque, que cette influence n’est que la variation subite d’un état permanent d'interven- tion dynamogénique, elle-même réflexe de la périphérie sensorielle sur la dépense nerveuse moyenne de tout l'organisme. ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ SUR LES TOXINES BACTÉRIENNES, par MM. D'ARSONVAL et CHARRIN. (Deuxième note.) Dans notre précédente communication, nous avons démontré que l’électrisation rendait inoffensives les toxines pyocyanique et diphté- ritique. Nous nous demandions en terminant si ces toxines atténuées devenaient vaccinantes. L'expérience a répondu affirmativement, ainsi que le prouvent les cas suivants : Première expérience. — 3 cobayes, À, B, C, ayant reçu depuis 10 jours 3 centimètres cubes de toxine pyocyanique atténuée par le courant de la bobine, sont inoculés avec 2 centimètres cubes de culture pyocyanique vivante. On injecte de même 2 cobayes, D et E, qui doivent servir de témoins. Le témoin D meurt 36 heures après l'inoculation; le témoin E, 48 heures après. Quant aux 3 animaux À, B, C, la toxine pyocyanique électrisée les a rendus complètementréfractaires, puisqu'ils n’ont même pas souffert de l’inoculation qui a tué les témoins. Deuxième expérience. — 4 cobayes, À, B, C, D, avaient recu de la toxine diphtéritique électrolysée par le courant continu : A et B depuis 8 jours, C et D depuis 5 jours, à la dose de 2 €. €. 5. On leur injecte, ainsi qu'à 3 témoins, E, F, G, 2 centimètres cubes de culture diphtéritique vivante. Deux jours après, tous les animaux paraissant assez bien portants, on leur injecte à nouveau, à tous les sept, 2 autres centimètres cubes de la même culture. 48 heures après cette deuxième injection, le témoin E est trouvé VI 122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mort; le lendemain, on trouve mort un second témoin F, mais aussi deux animaux présumés vaccinés, À et CG. Les 3 suivants (dont témoin G) paraissent malades actuellement (1% février). Dans cette expérience, il y a donc 2 témoins sur 3 qui sont morts et 2 immunisés sur 4. L'immuni- sation complète n’a donc pas été obtenue. Nous ferons remarquer que celte toxine diphtéritique avait été atténuée par le courant continu, avec action chimique des produits de l’électrolyse, tandis que la toxine pyo- cyanique avait été atténuée par le courant de la bobine produisant une action chimique infiniment moindre, mais un fort ébranlement molécu- laire. Nous sommes ainsi ramenés à la conclusion de notre première note, à savoir que l’atténuation des loxines n’est pas du tout en rapport avec la quantité d'électricité qui les traverse, mais bien plutôt avec sa qualité. Gette influence fâcheuse de laction chimique détruit la Loxine plutôt qu’elle ne l’atténue; car l’atténuation doit consister simplement en une orientation, en un groupement moléculaire différent et non dans la destruction de quelque chose. L'électricité doit agir en produisant un ébranlement spécial. On doit donc réussir d’autant mieux qu'on emploiera une forme de l’énergie électrique capable de produire de violents ébranlements moléculaires ne s'accompagnant d'aucune décomposition chimique. Nous avons été conduits, par ce raisonnement, à essayer les courants à haute fréquence et à haute tension dont l’un de nous (M. d’Arsonval) a fait connaître les remarquables propriélés physiologiques. L'appareil employé est celui dont M. d’Arsonval a introduit l'usage en électrothérapie pour l'application locale des courants à haute fré- quence. [Il se compose en principe d’un solénoïde constitué par un fil de cuivre de 5 millimètres de diamètre, présentant 15 à 20 spires, à tra- vers lequel passe la décharge oscillante d’un condensateur actionné périodiquement par un transformateur à basse fréquence. Les deux extrémités du solénoïde sont. terminées par deux fils de platine qui plongent dans le tube en U contenant la toxine. Les courants qui tra- versent la toxine sont oscillants et présentent environ 200,000 renverse- ments par seconde. L'action chimique est nulle, bien que l'intensité du courant soit de plusieurs ampères. On évite l’échauffement de la toxine en plongeant le tube dans un vase réfrigérant. Dans ces conditions, la température de la toxine durant l'expérience n'a jamais dépassé 18 degrés. Nous avons ainsi électrisé pendant 1/4 d'heure une toxine diphtéri- tique très active; puis nous avons injecté 2 c. c. 5 à trois cobayes, 1,2 et 3 et la même toxine, non électrisée, à trois autres cobayes, 4, 5,6 servant de témoins. Le résultat a été des plus nets, les trois témoins sont morts en 20,24 et 26 heures; les trois cobayes ayant recu la toxine électrisée n’ont même pas été malades. Cette expérience prouve que les courants à haute fréquence ont com- a sTDe Sn MT "EL" »- + "7 à _Sé = =. s : " SÉANCE DU 1°’ FÉVRIER 193 Re nn rene MR dons de rome ren eee re 2 5 den No plètement détruit la toxicité de la toxine diphtéritique, et cela en l'absence de toute action chimique, par simple ébranlement moléculaire. Cette toxine électrisée est-elle devenue un vaccin? Nous le saurons dans quelques jours. Cette action antitoxique des courants à haute fré- quence a une importance très grande au point de vue clinique. Ges courants étant sans action sur la sensibilité et la motricité, comme l’a prouvé M. d'Arsonval, il y a lieu d'espérer qu'on pourra les rendre assez puissants pour détruire ou atténuer la toxine dans l'organisme lui-même. Nous ferons connaître très prochainement le résultat de cette expérience dont le succès serait gros de conséquences. LA VIE ASEPTIQUE, par M. HENRY DE ,VARIGNY. Entre notre très estimé collègue, M. V. Galippe, et moi, il y a évi- demment un malentendu de mots qu’il convient d’'éclaircir. L'expérience de MM. Nuttall et Thierfelder a été entreprise pour répondre à une question très précise posée par Pasteur. Comme le disait celui-ci, il s'agissait des « microbes communs ». A la vérité, il serait difficile de dire où cesse exactement le « microbe commun » et où com- mence le microbe non commun, et à quels caractères on distingue l'aristocratie du vulqum pecus. Ce ne peut être une question d'action nui- sible ou non nuisible, car chacun sait que les microbes pathogènes, ou certains d'entre eux, se trouvent très communément à la surface des muqueuses respiratoires et digestives. Quoi qu'il en soit, et sans m'en- gager dans la discussion de ce point, il me paraît que l'élasticité de l'expression « microbe commun » ne sera pas soumise à une trop rude épreuve si l’on englobe sous ce nom les espèces assez nombreuses et variées que l’on trouve le plus souvent sur les muqueuses en question, et, de facon générale, dans partie au moins des cavités du corps ayant communication avec l'extérieur. Pasteur n’envisageait évidemment que ces microbes, quand il parlait de son projet d'expérience, et MM. Nut- lall et Thierfelder, en la réalisant, n’en ont point eu d'autres en vue. Celui-là, et ceux-ci, tiennent évidemment pour possible la réalisation de l'animal aseptique, c'est-à-dire privé de microbes communs. Mais entre l'animal privé de microbes communs, et l'animal aparasitaire tel que le définit M. Galippe, il y a une différence. L'animal aparasitaire existe-t-il? Peut-on tenir pour aparasitaire un animal dont les tissus, dans les milieux de culture ordinaires, propres au développement des microbes communs, restent stériles et ne donnent pas naissance à une multiplication de microbes? Ce serait aller trop loin’que de répondre affirmativement. Il pourrait exister dans 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les tissus des microbes à qui les milieux de culture ordinaires, comme le bouillon, ne conviennent pas. Aussi, MM. Nuttall et Thierfelder n’ont- ils pas affirmé que leur animal fût aparasitaire ; ils l’ont considéré comme simplement aseptique, ou, pour mieux dire, privé de microbes communs, et je ne pense pas que M. Galippe se refuse à admettre la justesse de leur conclusion. L'animal, tout en étant privé de microbes communs, comme l'a montré le résultat négatif des ensemencements avec fragments de tissus, et excréments, était-il aparasitaire ou non ? Leur expérience ne peut répondre à cette question, moins encore la trancher : la question telle que la pose M. Galippe reste entière. Quant à savoir si un embryon encore inclus dans ses membranes est toujours et nécessairement aparasitaire ou même plus simplement privé de microbes communs, c’est une autre question. MM. Nuttall et Thierfelder en ont rencontré un qui était privé de microbes communs, voilà tout ce que l’on peut dire, et dans leur cas, on a, ce semble, le droit de dire qu'ils ont réalisé l'animal « aseptique », en entendant par là qu'il ne renfermait pas les microbes communs dont parle Pasteur. Il n'est pas prouvé par là que tous les embryons soient également privés de ces microbes : l'exemple des œufs est là pour conseiller la prudence, encore que l'infection de l'œuf chez l’oiseau semble devoir se produire plus facilement que celle de l’œuf du mammifère. Les mêmes réserves s'imposent au sujet des expériences que j'ai faites sur les graines. Je n’entends nullement en conclure que celles-ci étaient aparasitaires : mais l'absence de ces « microbes communs » était certaine, et notamment des microbes dont l’œuvre principale semble consister à désorganiser et à désagréger les tissus et organes morts. Peut-être contenaient-elles d’autres microbes, des microbes auxquels les milieux de culture habituels ne conviennent pas? Je n’en sais rien, et me contente de conclure à l'absence des microbes communs de l’atmos- phère. En résumé, j'accorderai très volontiers à M. Galippe qu'il serait imprudent de faire dire à l'expérience de MM. Nuttall et Thierfelder, et aux miennes, plus qu'elles ne disent réellement; à son tour, je n’en doute pas, il m’accordera que ces expériences constituent une réponse à la question telle que la posait Pasteur, et qui, dans les termes mêmes où il l’a formulée, était plus étroite et plus circonserite que celle dont se préoccupe notre distingué collègue. L'expérience de MM. Nuttall et Thierfelder répond au point d'interrogation de Pasteur; elle ne peut répondre à la question de M. Galippe. (Laboratoire de Pathologie comparée du Muséum.) SÉANCE DU 1°" FÉVRIER 195 NOTE SUR LA CIRCULATION DU COUR CHEZ LES BALÆNIDES (1), par MM. H. BEAUREGARD et R. BouLaRT. L'un de nous ayant rapporté, de deux échouements sur les côtes de France, le cœur, en bon état, de deux espèces de Balænoptères, nous en avons profité pour en faire des préparations au point de vue de la cir- culation coronaire, et voici les résultats que nous avons obtenus. Les pièces anatomiques qui nous ont servi se rapportent, l'une à une Ba- leine à bec (2) (Balænoptera rostrata) échouée à Cancale, l'autre à un Rorqual (3) (Balænoptera musculus) jeté à la côte dans la baie de Cava- laire, près de Saint-Tropez. Dans les deux cas nous avons eu affaire à des individus jeunes, à terme cependant, depuis un temps difficile à déter- miner, mais chez lesquels le canal artériel est encore persistant entre l'aorte et l'artère pulmonaire. 1° Circulation artérielle. — Il existe deux artères coronaires qui prennent naissance un peu au-dessus du niveau des valvules sigmoïdes: la coronaire gauche s'engage dans le sillon interventriculaire antérieur, mais au niveau de l'infundibulum elle fournit trois ou quatre rameaux volumineux, l’un pour la cloison, les deux autres pour la paroi anté- rieure du ventricule gauche; elle pousse en outre une branche auri- eulo-ventriculaire gauche qui longe l’espace compris entre l'oreillette et le ventricule, et à la face postérieure du cœur s’anastomose avec la coronaire droite. Celle-ci, qui est logée dans l’espace inter-auriculo- ventriculaire droit, fournit une branche interventriculaire postérieure. Jusque-là, c'est la même disposition que chez l’homme et la plupart des animaux terrestres, sauf que les vaisseaux nés de la coronaire gauche au niveau de l’infundibulum sont remarquablement volumineux chez ces cétacés. Mais il y a plus; on sait que chez l’homme le cercle artériel horizontal, formé par les auriculo-ventriculaires, est complété à la base de l'artère pulmonaire par deux petites artérioles émanées de celles-ci et s'’anastomosant; c'est l'artère graisseuse de Vieussens. Or chez nos deux Balænoptères, à ce même niveau, ces artérioles sont représentées par un véritable plexus artériel qui enserre la base de l'artère pulmonaire. Nous reviendrons, plus loin, sur la signification de ce plexus, mais auparavant nous devons noter une autre particula- rité de la circulation du cœur de nos cétacés qui devient tout à fait caractéristique. (4) Travail du laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum. (2) Pièce inscrite au catalogue des magasins du service de l’'Anatomie comparée sous le n° 1887-1144. (3) Pièce inscrite au catalogue des magasins du service de l'Anatomie comparée sous le n° 1884-2658. 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Au bord externe de chaque ventricule, une artère volumineuse, très sinueuse, née de l’auriculo-ventriculaire correspondante, longe ce bord et fournit aux deux faces du cœur. Nous les désignons sous le nom d'artères marginales. Ces artères marginales, dont il n'existe aucune trace chez les mammifères terrestres, n’atteignent pas tout à fait la pointe des ventricules, mais elles y sont reliées, et le cercle qu’elles for- ment est complété par une branche récurrente qu'émet, de part et d'autre du sillon antérieur, l'artère coronaire SRUCRE au moment où elle atteint l'extrémité de ce sillon. | Il est intéressant de noter que cette description de la circulation arté- rielle du cœur des Balænoptères, identique dans nos deux espèces, est également comparable en tous points à la description que l’un de nous a donnée, en collaboration avec le professeur Pouchet, de la circulation du cœur du Cachalot (Nouvelles Archives du Muséum. Anatomie du Cachalot, 1889-1893). | 2° Circulation veineuse. — Elle comprend une veine coronaire princi- pale qui occupe le sillon postérieur et qui, au moment où elle va débou- cher dans l’oreillette droite, recoit deux branches veineuses auriculo- ventriculaires, une gauche et une droite, logées respectivement dans les sillons inter-auriculo-ventriculaires gauche et droit. Ces branches re- cueillent les nombreuses veinules venant des parois des ventricules correspondants. Cette disposition générale diffère déjà notablement de celle qui est propre à l’homme et aux mammifères terrestres, en ce qu'il existe une veine droite recueillant les petites coronaires du ventricule droit, alors que chez l’homme ces petites coronaires forment trois trones prinei- paux qui débouchent séparément dans l'oreillette droite. Mais il ya plus. Il existe chez nos Balænoptères une veine marginale très volumi- neuse à chaque bord du cœur; ce cercle veineux marginalrecçoitles bran- ches de véritables plexus veineux émergeant de la paroi des ventricules. Somme toute, la circulation tant artérielle que veineuse du cœur des cétacés se caractérise par le nombre et les dimensions relatives très grandes des grandes voies circulatoires, en même temps que par l’exis- tence de plexus dans la paroi des ventricules. Ces particularités sont de même ordre que celles qui se retrouvent dans les diverses parties de l'appareil circulatoire de ces animaux et dont nous avons eu, à plusieurs reprises déjà, l’occasion d'entretenir la Société de Biologie. Camme ces dernières, elles sont évidemment liées à l’adaptation des cétacés à la vie aquatique. Ce qui le prouve bien, c'est que nous n’avons retrouvé rien de sem- blable chez les équidés, qui cependant, à d’autres point de vue (circon- volutions de l'hémisphère, membranes fœtales, poches eustachiennes, corps hippomanes, etc.), présentent des affinités anatomiques incontes- tables avec les cétacés. SÉANCE DU 1° FÉVRIER 197 Par contre, chez un Castor du Rhône et chez l'Otarie, mammifères plongeurs que nous avons pu étudier comparativement, nous retrou- vons à la fois la circulation marginale bien développée et une veine inter-auriculo-ventriculaire droite recueillant les nombreuses petites coronaires du côté correspondant. C'est la démonstration évidente que les caractères anatomiques, sur lesquels nous venons d'attirer l'atten- tion chez les cétacés, sont en relation avec le mode de vie dans l'eau auquel ces animaux sont adaptés. ASPERGILLOSE PLEURALE, par M. RENON. En injectant dans la plèvre de lapins des spores de champignons dont l’action pathogène était mal définie à cette époque (Penicillium glaurum, Aspergillus glaucus), mais parmi lesquels l’Aspergillus fumigatus devait certainement tenir la plus grande place, Grohe (1) put produire des lésions pleurales qui se généralisèrent en amenant la mort des animaux en onze à quatorze jours. A la suite d’inoculations d'Aspergillus fumigatus dans la trachée, MM. Dieulafoy, Chantemesse et Widal (2) ont vu chez le pigeon des lésions aspergillaires s'étendre des canaux bronchiques à la plèvre recouverte « d'une couche de moisissures », fait que nous avons confirmé chez des pigeons spontanément malades (3). Nous venons d'observer, chez un lapin infecté par la voie veineuse, un cas d’aspergillose pleurale qui constitue presque une rareté, puisque, depuis que nous nous occupons de cette mycose, c’est la première fois qu’il nous est donné de le rencontrer. Ce lapin, qui servait de témoin dans une expérience, avait reçu dans les veines 3 centimètres cubes d’une émulsion de trois palettes de spores d'Aspergillus fumigatus dans 5 centimètres cubes de bouillon peptonisé ; il succomba le quatrième jour. À l’autopsie, on trouva, à l'ouverture de la cavité abdominale, les lésions ordinaires du foie et surtout des reins, qui furent reconnues aspergillaires par cultures sur tubes de liquide de (1) Grohe. Experimente über die Injection der Pilzsporen von Aspergillus glaucus und Penicillium glaucum in dem Blut und die serôsen Säche. Meuici- nische Verein in Greifswald. Sitzung von 7 August 1869 (in Berliner klin. Wochen... 1870, p. 9). (2) Dieulafoy, Chantemesse et Widal. Une pseudo-tuberculose mycosique. Congrès international de Berlin, 1890. Gazette des hôpitaux, 1890, p. 821. (3) Rénon. Recherches clin. el expérim. sur la pseud.-tub. aspergillaire. Paris, 1893, p. 43. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Raulin. En ouvrant la cavité thoracique on constate l'intégrité du péri- carde et du cœur, de la plèvre et du poumon droits qui ne présentaient à leur surface aucune lésion de forme tuberculeuse ou autre : sur la plèvre gauche il existe un exsudat fibrineux faisant adhérer le poumon gauche à la partie supérieure de la paroi thoracique. Ces fausses membranes blanchâtres, stralifiées, épaisses de 2 à 3 millimètres à peu près, coiffaient le sommet du lobe supérieur du poumon qu'elles entouraient complète- ment. La partie inférieure de la plèvre est saine et on ne trouve pas trace de liquide épanché. Une partie des membranes facilement détachables fut ensemencée sur tubes de liquide de Raulin : de la partie fibrineuse s'éleva du mycélium qui donna à la surface du liquide des spores d’Asper- gilus fumigatus pathogène pour le lapin. Le poumon gauche examiné macroscopiquement ne présentait aucune lésion, ni tuberculeuse, ni autre, tant à la surface qu'à la section. Le lobe supérieur, fixé par le sublimé acétique, fut coupé et coloré par la méthode de Gram et la thionine. A l'examen microscopique on ful frappé de l'intégrité relative du parenchyme pulmonaire : sur les bords seulement on remarque des foyers de pneumonie corticale dans les alvéoles les plus superficiels. La plèvre épaissie est sillonnée de villosités, ébauches de bourgeons embryonnaires, qui pénètrent dans la masse fibri- neuse : celle-ci se compose d’un fin réticulum de fibrine enserrant dans ses mailles des leucocytes réunis par place en amas, et des globules rouges contenus dans des cavités de nouvelle formation qui prennent dans quelques endroits un véritable aspect télangiectasique. Dans les amas de leucocytes, sur la plèvre et dans les fausses membranes, on voit des filaments de mycélium ramifié très net, et nul autre parasite. Ce fait nous paraît démontrer que chez le lapin, l'infection aspergillaire expérimentale par la voie sanguine peut produire des lésions pleurales, tout comme nous l'avons vu créer des lésions péritonéales. NOTE SUR UN CAS D'INFECTION URINAIRE PAR LE BACILLE PYOCYANIQUE, par M. B. Morz. Dans la séance du 18 janvier 1896, M. Le Noir a fait à la Société de Biologie une communication sur un cas d'infection urinaire mixte par le coli-bacille et le bacille pyocyanique, qu'il a observé avec M. le pro- fesseur Bouchard chez un calculeux. Il y a huit mois, j'ai eu l’occasion d'observer un cas analogue dans le service de mon maître, M. le professeur Guyon. Il s'agit d’un enfant de neuf ans qui présentait, depuis deux ans, les symptômes de eystite. Depuis un an et demi, ses urines étaient très troubles, mais sans hématurie. Il n’a jamais été sondé ; seulement, trois SÉANCE DU À° FÉVRIER 129 jours avant son entrée à l'hôpital, il a été exploré par M. Broca, qui a trouvé un calcul. A l'entrée dans le service de M. le professeur Guyon, les urines étaient très troubles, mais de coloration normale. L'examen microscopique a montré la présence de très nombreux leucocytes et de rares hématies. A l'examen bactériologique j'ai trouvé une culture pure d’un court bacille, que j'ai ensemencé sur gélose, sur gélatine et dans le bouillon. Au bout de trois jours le microbe a donné les cultures caractéristiques du bacille pyocyanique. Le 20 juin, M. Guyon a fait une taille et il a trouvé un gros calcul urique. Les suites de l'opération ont été très bonnes : réunion primitive de la vessie sans drain, pas de température. Le 2 juillet, on lui a fait une cure radicale de hernie inguinale. Réu- nion immédiate. ; L'enfant sort guéri le 20 juillet. (L'observation complète sera publiée dans la thèse de M. Mayet, sur « la taille chez les enfants ».) 7 DE L'ÉPIDIDYMITE UNILATÉRALE COMME CAUSE DE STÉRILITÉ, par M. le D' DE SINÉTY. Lorsqu'on rencontre la stérilité dans un ménage, on a toujours de la tendance à incriminer plutôt la femme que le mari. Cependant, si on examine un certain nombre de ménages stériles et désirant des enfants, on arrive à se convaincre que l’homme est au moins aussi souvent que la femme la cause de l'absence de reproduction. L'opinion, que Jexprimais, en ces termes il y a quinze ans (1), devant la Société de Biologie, n’a fait que s’accentuer par l’expérience. Néanmoins, elle n'est pas acceptée par la plupart des médecins, si j'en juge par les faits soumis journellement à mon observation. Combien de malheureuses femmes sont tourmentées, dans un but de maternité, subissent des dila- tations, des incisions du col utérin, des curetages, des cautérisations, tandis qu’elles ne sont pour rien dans la stérilité du ménage, le mari seul étant infécond (2). La cause la plus fréquente de cette absence de procréation est, sans nul doute, la blennorrhagie et l’épididymite de même origine. Lorsque l'affection envahit les deux côtés, la stérilité est (4) Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 1881, p. 172. (2) Les faits que j'avais signalés, en 1881, étaient relatifs à des tuberculeux chez lesquels les spermatozoïdes perdaient leur mobilité très peu de temps après l'émission. 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très fréquente, neuf foi sur dix d’après certains auteurs. On ne trouve aucun spermalozoïde dans le liquide éjaculé, il y a azoospermie. Mais il n'est pas nécessaire que les deux côtés soient atteints, pour que la stérilité en résulte, et c'est sur ce point que je désire appeler l'attention. J'ai eu l’occasion d'observer un certain nombre d'hommes jeunes, atteints, sept, huit, dix ans auparavant, d'épididymite blennorrhagique unilatérale. Ils ne présentaient, en effet, au moment où ilss’adressaient à moi, qu'une induration de l’épididyme localisée à un côté, l’autre côté paraissant absolument sain. Le sperme, examiné peu de temps après l'émission, contenait un très petit nombre de spermatozoïdes. Ces rares éléments avaient déjà perdu leurs mouvements, deux à trois heures après l’éjaculation, contrairement à ce qu'on voit à l’état normal. A peine, sur chaque préparation, un ou deux avaient-ils conservé quel- ques légères oscillations. Chez la plupart des sujets que nous avons observés, les fonctions géné- siques n'étaient nullement altérées en apparence. Plusieurs présentaient même une grande activité génitale, et ne voulaient pas croire que la stérilité de leur union püt leur être attribuée. Ces faits tendraient à prouver que la suppression fonctionnelle d’un testicule agit, à la longue, sur l’état physiologique de son congénère et entraine la production d’un liquide séminal à spermatozoïdes moins nombreux et moins actifs qu'à l’état normal (1). Les lésions de l’épididyme et du testicule ont été éludiées expérimen- talement par de nombreux auteurs, Malassez, Terrillon, Monod, Bris- saud. Mais, dans la plupart de ces recherches, les organes des animaux sacrifiés n'avaient été examinés que quelques jours ou quelques semaines au plus, après le traumatisme expérimental. Or, il est pro- bable que cen'est qu'après un temps assez long, que se produisent les altérations d'où résulte une spermatogénèse affaiblie et diminuée. Nous avons observé différents degrés, en pareil cas, allant depuis une diminution du nombre des spermatozoïdes et un affaiblissement de leur activité, Jusqu'à l’azoospermie presque complète. Nous concluons donc, d’après les faits que nous avons étudiés, que l’'épididymite blennorrhagique, même unilatérale, peut entrainer une Stérilité plus ou moins absolue, chez des hommes qui conservent, du reste, toute l’activité de leurs fonctions génitales, et sont parfaitement inféconds, sans être nullement impuissants. Il en résulte souvent des erreurs très préjudiciables aux femmes, qui se font traiter pour une stérilité conjugale dont elles ne sont en rien responsables. (1) Des faits du même ordre ont été déjà signalés par Liégeois et Terrillon, SÉANCE DU 1° FÉVRIER 131 HYPERTROPHIE EXPÉRIMENTALE DES CAPSULES SURRÉNALES, par MM. LanGLoirs et CHARRIN. La Société se souvient peut-être que, devant elle, nous avons autrefois établi la possibilité de déterminer des lésions des capsules surrénales, eu injectant des produits microbiens. — Modifications pigmentaires, con- gestions, hémorragies : telles sont les altérations les plus habituelles, alté- rations que d’autres ont, après nous, réalisées à l’aide de différents virus. Les pièces, aujourd’hui présentées, prouvent, une fois de plus, cette influence des sécrétions bactériennes sur ces organes. — Elles pro- viennent de cobayes soumis, pendant six à huit semaines, à des injections modérées de toxines, les unes pyocyaniques, les autres diphtéritiques, injections sous-cutanées pratiquées tous les quatre ou six jours à la dose de un demi-centimètre cube ; ces injections terminées, on a fait pénétrer des quantités considérables — 3 à 8 centimètres cubes — capables d'amener la mort en deux ou quatre jours. Il est facile de constater à quel point ces capsules sont hypertrophiées. — Si on les compare à ce qu'elles sont à l’état normal, on voit que leur volume est deux, trois fois plus considérable ou même davantage. Or, on sait, d’une part, que les recherches les plus récentes portent à attribuer à ces petits viscères des fonctions de protection, des fonctions de destruction, de neutralisation, d'annulation de certains poisons ; on sait, d’autre part, que toute glande qui accomplit un excès de travail est exposée à réaliser une sorte d'hypertrophie compensatrice. — Peut-être ces excès de développement sont-ils attribuables aux produits solubles, plus abondants que dans les conditions habituelles, que les tissus de ces animaux ont dû, pour ainsi dire, élaborer, métamorphoser ou éliminer. — À mesure que se développent les notions relatives aux pro- cessus toxiques, nos connaissances touchant les défenses anti-toxiques deviennent plus nombreuses. Quoi qu'il en soit, retenons le fait : l'hypertrophie des capsules sur- rénales (1) chez des animaux soumis à des injections de substances microbiennes. SUR LES FONCTIONS DE LA LIGNE LATÉRALE DU CYPRIN DORÉ, par M. Jures Ricuarp. Je désire faire connaître à la Société le résultat de quelques expé- riénces que j'ai commencées, il y a déjà deux ans, sur la ligne latérale (1) Il va sans dire que ces résultats n'ont rien d’absolu, que ces injections sont loin de conduire toujours à de pareilles hypertrophies. 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du Cyprin et que d’autres occupations m'ont empêché de poursuivre depuis. À cause de sa résistance et de la facilité qu'il y à de le faire vivre dans de petits aquariums, le Cyprin doré se prête bien à des recherches de ce genre. I. — Le 28 janvier 1894, on enlève les écailles de la ligne latérale de chaque côté et les pores sont cautérisés au galvanocautère sur un individu de 8 centimètres. Remis dans l'aquarium, l'animal semble d’abord très malade, mais il se remet ensuite dans une eau fraiche et renouvelée. Le phénomène capital est l'impossibilité où il se trouve de se maintenir sans effort en un point quelconque entre la surface et le fond. Si le Cyprin cesse tout mouve- ment, il monte invinciblement à la surface. D'ailleurs, le poisson a tous ses mouvements volontaires, il circule librement et peul arriver au fond de l'aquarium en nageant, mais s’il cesse ses efforts il est toujours ramené invo- lontairement à la surface. Le 31 janvier, le Cyprin présente du roulis, quand il se meut lentement, ce qu'il ne faisait pas auparavant; le soir de ce même jour on observe pendant quelques secondes un fort tremblement de tout le corps, l'animal va de temps à autre au fond de l’aquarium, mais il est toujours entrainé à la surface. Le 12 février, je trouve le Cyprin sur le flanc à la surface. Le 2 au matin il est trouvé mort dans cette position. A l'autopsie on remarque que la portion antérieure de la vessie est dure et gonflée, l'œil est enfoncé dans l'orbite. II. — Après avoir enlevé les écailles de la ligne latérale à un Cyprin de 15 centimètres, on cautérise le trajet avec un crayon de nitrate d'argent, le 31 janvier 1894. Remis dans l'aquarium, l'animal tombe au fond quand il cesse ses mouvements volontaires; mais, comme il est vigoureux, il est toujours en mouvement. Plus tard on le voit venir absorber de l'air à la surface où il se maintient la tête relevée grâce à l’air retenu dans sa bouche. On le voit descendre dès qu'il lâche une ou plusieurs bulles d’air et il lui faut de nou- veaux et grands efforts pour revenir à la surface. Si on ferme le vase plein d’eau, le poisson, ne pouvant arriver à la couche d'air, redescend après quelques tentatives inutiles. Après une nouvelle cautérisalion, faite cette fois avec un crayon de potasse caustique et pratiquée dans la soirée je trouve le Cyprin mort au fond, où il est resté toute la journée, le 1er février au soir. IL. — Après avoir enlevé les écailles de la ligne latérale de chaque côté, à un Cyprin de 8 centimètres, le 20 janvier 1895 on cautérise au thermocautère. Mis dans l’eau, le Cyprin ouvre largement et fréquemment la bouche et expulse un peu d'air. Il va au fond et vient se maintenir de temps en temps à la surface en conservant une grosse bulle d'air dans la bouche. Le 25 janvier, au soir, je trouve l'animal à la surface où il revient involontairement quand, ayant cherché à gagner le fond, il cesse ses efforts. Mais, s’il arrive volontai- rement au delà d'une certaine limite en plongeant, au lieu de remonter, il tombe jusqu’au fond. Le 12 février je trouve l'animal à la surface où il est emporté malgré lui, quand ayant essayé de plonger, il cesse ses efforts, même s’il a atteint le fond, comme si la vessie natatoire contenait plus de gaz qu'auparavant. On trouve le Cyprin mort à la surface le 17 février. IV. — Le 19 janvier 1895 un Cyprin doré est traité comme dans l’obser- vation III. Il présente les mêmes phénomènes. Le 23 janvier le Cyprin étant SÉANCE DU 1° FÉVRIER 133 0 —————————— immobile à la surface, on lui donne une impulsion avec le doigt, il descend d’un trait puis, au lieu de remonter il continue à descendre jusqu'au fond. Si, partant de là, il s’élève volontairement jusqu'à un certain niveau, il continue à remonter jusqu'à la surface, mais involontairement. Ce phéno- mène se reproduit les jours suivants et l'animal est trouvé mort à la surface le 5 février. Ces expériences montrent une relation bien nette entre la ligne laté- rale et les fonctions de la vessie natatoire. On peut, je pense, les expliquer en admettant avec d’autres, que la ligne latérale est le point de départ sensilif du réflexe qui amène les variations de quantité du gaz de la vessie pour permettre à l'animal de se maintenir en un point donné avec le minimum d'efforts, en modifiant chaque fois sa densité pour ia rendre égale à celle de l’eau aux différents niveaux. Si le point de départ sensitif est détruit, l'animal ne modifie plus la quantité de gaz et si celle-ci est àce moment trop petite ou trop grande le poisson tombe au fond ou est au contraire entrainé à la surface, involontai- rement. Il peut arriver que l’excès dans un sens ou dans l’autre (exp. III et IV) soit assez petit pour que, par la simple diminution ou augmen- tation de pression des couches d’eau, le même animal soit ramené à la surface ou entrainé au fond quand il a dépassé, en nageant, un certain niveau. | Enfin il est possible que dans les expériences III et IV la destruction de la ligne latérale n'ait pas été absolument complète. ERRATUM Communication de M. Réxox (Mal de Pott aspergillaire), page 91 des Comptes rendus : à la ligne 3 de la note 2, au lieu de « ne fut examinée microscopiquement », lire « ne ful examinée macroscopiquement ». Le lrérant : (Gi. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Marerugux, directeur, 1, rue Cassette, Se terre ra ns ue Roi EN réf Tr or re PTE AET UE LION ENT ee COURS spios l: spas 0h ADO GTI. DRE COEUR LL AE shit PAGE 01h ste" Sr, AOBIUE A Listiaitrineiuvni 20402 UNE GE CDTI. hrugok te TOME L9 FUME SYUUPESE COM ETAT £! FR CUT Fe YR SU a 1 À ; * ; ME Ve nl Un} ui hi} A ETIC PSM -U TOR Hole LUE QU’ ANT, ERA AS PERS PEP (M CEUYE 4 g0 sp flou seu el tasf AogtE 20 ER ASE FRE CROP ALES TETE TE ‘p ŒANITYE ht 1% PEN Cane Cast 1 nt, KIFURE RENATRIRE feat) CPE TA TOR ETS [17 HEURE CP ein É Era AIS bar du ETES DE HER A EL eine CTI UT al Eee rite 861 LÉRREQUES Fute 1 are at} Yi re be nl DUPTNE 120 QUE éitst des AD TAF BUS AMPETE LE) HE EETTER di ASE LH “hi DUANTE MiTo TR NOTA LS NE HSE SÉANCE DU 8 FÉVRIER 1896 M. R. Lépixe : Sur le traitement du hoquet par la traction de la langue. — M. Larorpe : À propos du fait de M. Lépine. — M. Ep. Curémen : Toxicité des crachats tuberculeux. De son rôle dans la pathogénie de la fièvre hectique. — MM. Canror, Gizgerr et Rocer : Inoculation de la tuberculose des gallinacés aux mammifères. — MM. Giserr et Rocer: Unicité des tuberculoses humaine et aviaire. — MM. J. Jorryro et Cu. Ricuet : Réparation de la fatigue musculaire par la respiration élémentaire du muscle. — MM. L. HarzioN et FRrANÇOïS-FRANCK : Effet de l'excitation directe réflexe et centrale des nerfs vaso-moteurs mésenté- riques étudiés avec un nouvel appareil volumétrique. — M. Fraxcoïrs-Fraxcx : Note à propos de la communication de M. Raymond Petit, sur la suture artério-veineuse. — M. le Dr CL.-L. Hocue : Des effets primitifs des saignées sur la circulation de la Lymphe. — MM. »'Arsoxvaz et Carr : Action de lélectricité sur les toxines et les virus. — MM. A. Grgerr et L. Fournier : Du rôle des microbes dans la genèse des calculs biliaires. — MM. J. Drermwe et A. Taowas : Sur les fibres pyramidales homolatérales. — MM. J. DesEnE et A. Tnomas : Sur la terminaison inférieure du faisceau pyramidal. — MM. Marrer et Bosc : Recherches sur la toxicité de l'urine des épileptiques. — M. En. Bomer : Maladie d'Addison expérimentale chez le Rat d'égout. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Ch. Ricuer, en présentant le troisième fascicule du Dictionnaire de Physiologie, fascicule qui termine le premier volume, explique que la physiologie, telle qu'elle est conçue dans cet ouvrage encyclopédique, auquel ont collaboré ou devront collaborer beaucoup de membres de la Société de Biologie, est tout à fait en harmonie avec le plan même d’après lequel est organisée la Société de Biologie. La Botanique, la Chimie physiologique, la Bactériologie, la Médecine, l’Art vétérinaire, la Zoologie, la Psychologie y sont en effet représentées non pas, il est vrai, dans leurs délails techniques mulliples, mais par le côté physiologique qu'offrent ces diverses sciences. Quant à la Physiologie proprement dite, elle est traitée avec tous les développements techniques et biblio - graphiques qu'elle comporte aujourd'hui. M. BeaureGarn offre à la Société un exemplaire de la Liste des ouvrages et mémoires publiés par M. CHARLEs-HENRY-GEORGES Poucuer (1855-1894). SUR LE TRAITEMENT DU HOQUET PAR LA TRACTION DE LA LANGUE, par M. R. Lépine. M. Laporpe communique à la Société la note ci-après de M. le profes- seur Lépine, en l’'accompagnant de quelques commentaires : « La semaine dernière, une jeune fille s'est présentée à ma clinique de l'Hôtel-Dieu de Lyon, pour un hoquet qui durail sans interruplion BioLocte. Coupres nenpus., — 10€ séniE, v. IT. 11 VOTES "1 136 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE depuis quatre jours entiers. Je n'ai pas complé exactement le nombre des secousses par minute; je l’évalue à une trentaine. Cette jeune fille n'était pas hystérique. Les commémoratifs m'ayant fait admettre qu'un trouble de l'estomac avait dû contribuer à la production du hoquet, je lui dis de montrer sa langue : ce qu'elle fit, et elle la tint tèrée plus d'une minute, pour permettre à tous les élèves qui se succédaient de l’examiner. Or, je ne fus pas peu surpris de remarquer que, pendant ce temps, le hoquet avait cessé. Ce fut pour moi un trait de lumière, car l'influence possible du tiraillement de la base de la langue sur le centre respiratoire me vint anssitôt à l'esprit. Je l'engageai, en conséquence, à maintenir la langue fortement tirée au dehors pendant plusieurs minutes, et je veillai, par de continuelles admonestations, à ce que ce mouvement forcé fût bien exécuté. Consé- cutivement, c'est-à-dire après que la langue fut rentrée, il y eut encore quelques rares et faibles secousses. Puis, quelques minutes plus fard, le hoquet avait complètement cessé, et j'ai su depuis, par la religieuse (dont la malade était la nièce), qu'il n’a pas reparu. Il est à noter qu'il avait, au moment où la malade s’est présentée à nous, résisté à plusieurs médications. Devra-t-on, dans d’autres cas, au lieu de se contenter de faire Lirer la langue à la malade, exercer sur cet organe une véritable traction? — Je ne sais. C'est à l'expérience de prononcer. Quoi qu'il en soit, ce fait n’est pas sans intérêt physiologique. Une petite difficulté pourrait seulement être soulevée : La traction rythmée de la langue excite le centre respiratoire, puisqu'elle peut faire reparaîlre la respiration chez l’asphyxié. Dès lors, comment comprendre que, dans le cas de ma malade, la traction de la langue (nullement douloureuse, d’ailleurs) ait manifestement inhibé ce même centre? A vrai dire, je ne suis pas trop embarrassé pour expliquer cette siner rente contradiction, et je me contente de rappeler les résultats que j’ai obtenus. il y a vingt ans, par l’excilation du bout périphérique du seia- tique (1). La patte est-elle chaude? l'excitation la refroidit. — Est-elle froide? l'excitation la réchauffe. — Le résultat de l'excitation dépend donc pour la plus grande part de l’état de l'appareil nerveux où elle aboutit. On comprend, en conséquence, qu'une excitation des ner's de la base de la langue excite le centre respiratoire paralysé et le déprime s'il esten état d’excitabilité exagérée, » (1) Mémoires de la Société de Biologie, 1876 SÉANCE DU 8 FÉVRIER 4131 À PROPOS DU FAIT DE M. LÉPINE, M. LABORDE. — Le cas si intéressant de M. Lépine n’est pas le premier, et par conséquent le seul de son espèce. M. le D' L. Viaud (d’Agon- Coutainville, Manche), en a observé deux : un sur lui-même, l’autre sur une de ses clientes, et il en a donné la relation suivante, qui me fut adressée et que je publiai dans la Tribune médicale de 1894, page 232 : HOQUET PEKRSISTANT ET RÉFRACTAIRE A TOUS LES AUTRES MOYENS. GUÉRISON PAR LES TRACTIONS LINGUALES CONTINUES. « Voici, dit en propres termes M. Viaud, une nouvelle application du procédé des Tractions de la langue, tractions non plus rythmées, mais continues. . Il s’agit du hoquet. Je fus pris de hoquet, il y a quelques jours, à la suite d’un repas pris à la hâte et d’une digestion pénible qui s’en suivit. Pendant trois jours, j'en souffris à ce point que j’en perdis le sommeil. Je mis tout en œuvre : moyens vulgaires (boire un verre d’eau sans respirer), chloral, sinapisme à l’épigastre, soulèvement de l’os hyoïde. Rien n'y fit. Une traction continue de la langue de cinquante à soixante secondes me débarrassa immédiatement et complètement de cette incommodité. Depuis, je me suis servi trois fois des tractions continues contre le hoquet chez la même personne, une dame de mon voisinage, et chaque fois le hoquet a cédé sans retard. Ce procédé, ajoute M. le docteur Viaud, ressemble fort à celui préconisé par Nothuagel : soulèvement avec les doigts de l'os hyoïde. Mais le soulèvement de l'os hyoïde est incommode, voire douloureux. En outre, l’os hyoïde se sou- lève plus quand on tire un peu fort sur la langue avec une pince, ou seulement avec les doigts, que quand on le saisit simplement entre le pouce et l'index. Et c'est ce qui explique — je l’ai, dis-je, expérimenté sur moi-même — que la traction linguale est plus efficace et moins ennuyeuse que le procédé de Nothnagel. Par déduction, parallèlement aux déductions de Nothnagel vérifiées par l'observation, j'ajoute que mon modus faciendi doit faire avorter les quintes de toux de la coqueluche. Ceux de mes confrères qui ont de la coqueluche dans leur clientèle pourront s’en assurer. » C'est évidemment, disais-je à mon tour, par un mécanisme d'arrét que notre confrère à obtenu l’heureux résultat dont il s’agit: et c’est pour cela, sans doute, que la continuité de la traction linguale a joué ici un rôle approprié. C’est une excellente idée, et dont il y a d'autant plus lieu de le féliciter, que cette manœuvre est appelée, croyous-nous, à rendre de grands services, non seulement dans le spasme diaphragmalique qui constitue le hoquet, mais encore, comme le prévoit et le conseille très judicieusement notre confrère, dans les cas de toux quinteuse, comme la coqueluche, suffocante ou asphyxique, etc. Et en effet, cette prédiction s’est réalisée depuis dans l’asphyxie par quintes de coqueluche. 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nul doute que ces remarques dont je faisais suivre cette relation touchant le mécanisme de l’action de la traction linguale, dans le cas de spasme diaphragmalique et de hoquet, ne s'appliquent également au cas de M. Lépine, comme il l'a d'ailleurs fort bien préconisé lui-même. Ainsi que je le disais au Congrès de médecine interne de Lyon, le réflexe respiratoire peut être, soit incité, soitarrèlé par l'excitation des nerfs sensibles qui y président et sur lesqueïs agit la trastion linguale, suivant, d'une part, les conditions fonctionnelles actuelles dans lesquelles se trouve le phénomène, condilions de paralysie ou d'hyperexcitabilité (comme le dit M. Lépine); et, d'autre part, selon l'intensité et même la forme de l'excitation : ainsi la conti- nuilé de l'excitation est plutôt de nature à produire l’arrét que lintermittence plus ou moins rythmée dont l'effet sera plutôt de remettre en jeu le phénomène fonctionnel; l'intervention appropriée de l’excitant électrique sur les nerfs sensibles de la base de la langue, notamment sur le laryugé et le glosso- pharyngien, donnent la démonstration très nette de ce fait. . ToxICITÉ DES CRACIATS TUBERCULEUX. DE SON ROLE DANS LA PATIOGÉNIE DE LA FIÈVRE UNECTIQUE, par M. En. CHRÉTIEN. En présence des résultats contradictoires obtenus par les auteurs qui ont essayé de rattacher à la présence de streptocoques dans le sang, la fièvre à grandes oscillations des phtisiques en hecticilé, j'ai cherché si J’un des facteurs importants de celte hyperthermie n'était pas la résorp- tion au niveau du parenchyme pulmonaire ulcéré de produits pyréto- gènes d'origine microbienne. Ne pouvant me procurer sur le vivant le contenu des cavernes, j'ai recueilli chez un certain nombre de phtisiques atteints de fièvre hectique l'expectoration des vingt-quatre heures. Considérant cette expectora= tion non plus au point des microbes mais des produits toxiques qu’elle contient, j'ai essayé d'extraire tout ou partie de ces produits par la technique suivante. Les crachats des vingt-quatre heures, après avoir été mesurés en volume et additionnés de quatre fois leur volume d'eau stérilisée, étaient battus à l’aide d'une batteuse mécanique dans un récipient fermé. En les dissociant de cette facon on les transformait en un liquide presque homogène, jaune verdätre. Ce liquide était laissé en macération pendant vingt-quatre heures dans un ballon fermé, plongé lui-même dans de la glace, de manière à empêcher la pullulation microbienne. Au bout de ce temps le liquide, divisé en deux couches, une pro- fonde sédimenteuse, une superficielle plus fluide, était décanté et la couche superficielle fillrée sur papier. Le liquide ainsi obtenu était SÉANCE DU 8 FÉVRIER 139 recueilli dans une éprouvette graduée puis filtré à l'aide de la trompe à eau dans des carafes à bougie de Kitasato. J'obtenais ainsi un liquide absolument transparent, jJaunâtre, que je gardais dans un ballon- pipette Chamberland pendant un certain temps à la température du laboratoire, 15 degrés à 20 degrés, après l’avoir laissé pendant vingt- quatre heures dans l’étuve Roux. La transparence constante du liquide prouvait qu'il était entièrement dépourvu de germes. Le liquide ainsi obtenu représentait done le résultat de la macération prolongée de crachats tuberculeux dissociés dans de l’eau distillée, à laquelle ils avaient cédé une certaine quanlité des toxines qu'ils ren- fermaient. Ce liquide ne renfermant aucun microbe, les résultats obtenus expérimentalement devaient être attribués exclusivement aux produits toxiques qu'il contenait. C'est ce liquide que j'ai injecté à l’aide de la seringue de Debove dans la veine marginale de l'oreille du lapin. Chaque injection a élé de 10 centimètre cubes.au plus, de telle sorte que le liquide à agi non par sa quantité mais par sa seule qualité. Tantôt j'ai injecté le liquide tel que je l'obtenais par filtration sur bougies; tantôt j'ai essayé auparavant de le concentrer au bain-marie de façon à lui donner quantitativement une toxicité aussi voisine que possible de celle des crachats dont il était extrait. La température de chaque lapin a été prise : 1° le matin de l'injection ; 2° au moment de l'injection; 3° heure par heure après celle-ei ; 4° les jours suivants, le matin et le soir seulement. Voici les résultats de ces expériences : D'une facon générale l'injection de l'extrait de crachats tuberculeux a déterminé de la fièvre, ainsi que le prouvent les tracés thermiques. La réaction n'a pas été la même dans tous les cas. Trois fois (sur neuf) la température a dépassé 41 degrés. Dans les autres cas, l'ascension a élé moindre mais elle à toujours, sauf une fois, atteint ou dépassé 40 degrés. Dans la plupart des cas, c’est de deux à quatre heures environ après l'injection que la température a atteint son maximum, pour redescendre ensuite après avoir ou non oscillé pendant une heure ou deux au voisi- nage du maximum. Le lendemain de l'injection la température est presque toujours revenue dans les parages de la normale : dans un cas seulement l'ascension thermique à continué le lendemain de l'injection pour alteindre. son acmé. Quelquefois enfin la température, avant de revenir à la normale, a oscillé pendant un certain nombre de jours au-dessus de 39 degrés. À différentes reprises, j'ai fait chez le même animal, à des intervalles variables, plusieurs injections du même liquide, tantôt sans lui faire subir de modifications, lantôt après l'avoir réduit de moitié au bain- marie. 140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comme le prouvent les différents tracés, chaque injection a déterminé de la fièvre : l'ascension n'était pas aussi considérable que celle pro- duite par la première injection, mais elle a presque toujours été assez sensible pour être facilement distinguée sur la courbe. De ces recherches je crois pouvoir tirer les conclusions suivantes : I. — Si les microorganismes multiples trouvés dans l’expectoration des phtisiques entrent pour quelque chose dans la pathogénie de la fièvre hectique, ce n’est pas par leur pénétration directe dans la cireu- lation. Les résultats contradictoires obtenus dans cette voie ne per- mettent pas d'affirmer, jusqu'à nouvel ordre, l'existence d’une « septi- cémie streptococcique » du phtisique en hecticité. II. — A l'exemple de ce qui se passe dans beaucoup d’autres états infectieux, c'est par l'intermédiaire de leurs toxines que ces microorga- nismes paraissent agir et déterminer, entre autres manifestations, la fièvre hectique parfaitement nommée pour cette raison : fièvre de résorplion. Le contenu des cavernes, les crachats, peuvent donc être envisagés comme un composé toxique jouissant, entre autres propriétés, d'un pouvoir hyperthermisant nettement défini. III. — Néanmoins la fièvre hectique ne semble pas reconnaître pour seule cause la résorption de produits microbiens pyrétogènes au niveau des lésions bronchopulmonaires. Le fait que l’on rencontre des phti- siques avec fièvre hectique mais sans expectoralion aucune démontre qu'il faut encore faire intervenir d'autres éléments dans la pathogénie de la fièvre hectique. INOCULATION DE LA TUBERCULOSE DES GALLINACÉS AUX MAMMIFÈRES , par MM. Capior, GILBERT et ROGER. L'étude que nous avons faite de la tuberculose aviaire nous à permis de mettre en évidence les caractères différentiels qui la séparent de la tuberculose des mammifères; en même temps elle nous a révélé, entre les deux virus, un certain nombre d’analogies et de transitions, de telle sorte que nous avons été conduits à considérer les deux bacilles comme deux variétés ou deux races d’une même espèce. Nos conclusions, admises et défendues par des expérimentateurs tels que MM. Arloing, Courmont, Dor, Nocard, ont été attaquées par quel- ques savants, dualistes convaincus, qui ont voulu voir, dans les deux tuberculoses, deux espèces distinctes. Il ne s’agit pas là d’une simple question de mots : dire que les deux tuberculoses représentent deux variétés, c'est admettre leur origine commune, leur transformation pos- sible ; dire qu'elles constituent deux espèces, c’est soutenir leur sépara- SÉANCE DU 8 FÉVRIER 4 Æ = tion complète; au point de vue pratique c’est dénier leur contagiosité réciproque. L'opinion que nous avons soutenue s’appuyait sur les résultats expé- rimentaux, fournis par 44 expériences : des inoculations avaient été faites à 12 poules, 8 lapins, 24 cobayes; nous nous étions servis, non des cultures, dont la virulence est variable et aléatoire, mais de pro- duits recueillis aseptiquement sur des gallinacés spontanément tuber- culeux. Depuis l’époque où nous avons fait connaître nos résultats, nous avons encore inoculé 41 animaux, 2 poules, 9 lapins, 28 cobaves, 2 chiens. En réunissant ces 85 expériences, nous arrivons aux résultats suivants : Pas Lésion Lésions de lésions. locale. viscérales. Poules Re 4 » 10 CHHAVES EE LT ES 2 0 15 9 9 Lapins . : 1 2 24 Chiens . Fe i » 1 Au lieu d'envisager les faits dans leur ensemble, il vaut mieux consi- dérer séparément ce que détermine l’inoculation de la tuberculose aviaire suivant ‘qu'elle provient des gallinacés, ou qu'elle a passé par des mammifères; on reconnaitra ainsi que les effets ne sont pas exacte- ment semblables dans les deux cas : INOCULATION DE LÉSIONS TUBERCULEUSES EE —Ù©Ù0Ù oo PROVENANT DES GALLINACÉS AYANT PASSÉ PAR LES MAMMIFÈRES Pas Lésion Lésions Pas Lésion Lésions de lésions. locale. viscérales. de lésions. locale. viscérales. POUIeSSr-204. 1 » 10 3 » » Cobayes . .. 9 4 9 6 5 49 apins 2". » » 6 1 2 8 Gens: -- . . 1 » » » ») { L'ensemble de nos recherches, confirmant nos conclusions anté- rieures, établit donc que la tuberculose des gallinacés s'inocule aisé- ment au lapin, . qu'elle prend plus difficilement chez le cobaye, mais qu'après plusieurs passages sur des mammifères, elle peut devenir très active pour ce rongeur et susciter chez lui, comme le virus humain, le développement de granulations viscérales; en même temps, elle peut perdre son action nocive pour les gallinacés. Nos conclusions paraîtront plus nettes, si l'on veut bien parcourir le tableau ci-après; c'est le résumé d'une expérience qui a duré près de ‘on? Sa a gr où Ste je atioh fins ÉP ; (samol ÿL) si or “sanol 6) dal ÿ a1quades ÿg 91 on} 9I{U1999pP TE 9 JIOUU ‘390 JF 97 JIOU XI A ITIA ue IIA 24eqon suoumod ‘owrop4ad # ‘9704 * *‘SUU?S2] 9P SD *SU0?S9) 2D SD ‘o10/ 1 (er) membranes cellulosiques sont colorés en rose; l'orseilline BB teint la cellulose en rose dans un bain acide et la callose se teint en bleu par le bleu d’aniline ; s'il existe encore des matières azotées, elles prennent une teinte violet foncé. 2 Mélange de brun vésuvien acide et de bleu d’aniline. Ces colorants sont employés aussi en bain acide obtenu au moyen de l'acide acétique qui a servi à neutraliser les alcalis caustiques. Quand les tissus sont imprégnés de la solution aqueuse formée par le mélange des deux colorants, on les place dans la glycérine étendue d'eau. Le mycélium des parasites est coloré en bleu, les membranes cellulosiques demeurent incolores, seules les matières azolées sont teintes en brun violacé et si les substances incrustantes des tissus lignifiés n’ont pas entièrement disparu, elles se colorent en brun. 3° Mélange de rosazurine et de benzobleu noir. — Ces colorants se fixent sur les tissus en bain alcalin, aussi peut on faire agir leur mélange en solution aqueuse directement sur les tissus qui viennent de subir l’action de la potasse ou de la soude alcooliques. Après un séjour plus ou moins prolongé en chambre humide, on place les tissus dans la gly- cérine étendue d’eau, les filaments mycéliens sont colorés en rouge par la rosazurine et les membranes cellulosiques en bleu par le benzobleu noir. On peut remplacer ce dernier colorant par la benzo-azurine ou par l'azurine brillante, en opérant dans les mêmes conditions. Ce procédé de décoloration est avantageux lorsqu'il s’agit de photogra- phier la disposition générale du mycélium au sein de la plante hospita- lière. Avec des objectifs à long foyer il est facile d'obtenir, comme je l'ai fait, la photographie du mycélium dans un fragment de feuille posé à plat sur la préparation; malgré les diverses assises cellulaires qui forment l'édifice foliaire, les filaments mycéliens ressortent avec une grande netteté. La méthode générale que je viens de résumer ne convient que pour les tissus massifs; pour les coupes délicates, elle est d'un emploi diffi- cile, surtout avec les colorants en baïn alcalin, à cause de la rapide dis- sociation des tissus. Dans ce dernier cas, on peut substituer souvent l’eau de javelle concentrée au mélange d'acide chlorhydrique et de chlo- rate de potasse et procéder pour la suite des opérations exactement de Ja même manière que précédemment. J'ai employé depuis plusieurs années cette méthode à l'étude et à la détermination d’un certain nombre de champignons parasiles, elle m’a fourni de bons résultats; mais son emploi est limité aux familles ou aux genres dont la membrane renferme la callose. Elle ne convient pas conséquemment aux Ustilaginées, et aux Urédinées. Par contre, elle est excellente pour toutes les Péronosporées, les Saprolégniées, les Asco- mycètes, etc. Elle permet notamment de déceler les moindres traces SÉANCE DU 15 FÉVRIER 477 du mycélium des Périsporiacées parasites, alors que la teinte verte des végétaux envahis(Oïdium de la vigne, Erisyphe du Rosier, etc.) est à peine modifiée. Grâce à elle, j'ai pu voir avec netteté la disposition du mycélium du Sphaceloma ampelinum,qui cause l'Anthracnose maculée de la vigne, elle m'a permis de constater que les altérations désignées sous le nom d'Anthracnose ponctuée et d’Anthracnose déformante n'ont rien de commun entre elles et avec l’Anthracnose maculée, contrairement à l'opinion encore répandue et que la similitude fàâcheuse des noms tend à accréditer. Je reviendrai d’ailleurs prochainement sur ces diverses questions intéressant la pathologie végétale. SUR LE TRAITEMENT DE L'EMPOISONNEMENT PAR L'OXYDE DE CARBONE (1), par M. N. GRÉHANT. En répétant dans une lecon pratique l'expérience que j'ai publiée autrefois et qui démontre la rapidité de l'absorption de l’oxyde de car- bone par le poumon (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 1870), J'ai fait respirer à un chien un mélange de 9 litres d’air et de 1 litre d'oxyde de carbone pur; une première prise de sang artériel fut faite entre 415 secondes et 23 secondes; une seconde prise entre 60 et 69 secondes après le début de cette intoxication véritablement fou- droyante : Le premier échantillon a donné, pour 100 centimètres cubes de sang, 11 c. c. 2 d'oxygène et 9 c.c. 2 d'oxyde de carbone; le deuxième échan- tillon a donné, pour 100 centimètres cubes de sang, 6 centimètres cubes d'oxygène et 22 c.c. 6 d'oxyde de carbone. En moins d’une minute la respiration fut arrêtée, l'animal était mourant ; J'ai fait aussitôt tout ce que j'ai pu pour le sauver : 1° On a pratiqué la respiration artificielle en comprimant le thorax et en le laissant se dilater pour chasser le gaz toxique contenu dans les poumons et pour le remplacer par de l’air pur ; 2° On a exercé des tractions rythmées de la langue par le procédé si efficace de notre cher collègue le D' Laborde ; 3 On a insufflé de l'oxygène de Passy d’une manière intermittente dans la gueule de l'animal. (4) Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle, 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Grâce à ces moyens énergiques, le chien s’est mis à respirer au bout de quelques instants; détaché et placé sur le sol il est resté titubant pendant quelques minutes; porté au grand air, il à repris son allure normale. Je ne puis trop conseiller l'usage de ces trois moyens dans tous les cas d'empoisonnement par l'oxyde de carbone. PERSISTANCE DE LA PIGMENTATION DANS LES GREFFES ÉPIDERMIQUES, par M. Pauz Carnor et MI CL. DEFLANDRE. Dans une série de cinquante-sept expériences, réalisées au laboratoire et sous la direction de M. Gilbert, à l'hôpital Broussais, nous avons étudié l'influence de la pigmentation sur l’évolution des greffes” Nos premières expériences nous ont montré la persistance de la pigmentation dans la greffe. Pour la technique de ces greffes, nous nous sommes arrêtés au pro- cédé suivant : On fait, au rasoir, un lambeau très mince de 1 centi- mètre carré que l’on relève : on glisse sur la partie ainsi dénudée le morceau à greffer très mince et de faibles dimensions ; on rabat sur lui le lambeau. La greffe est ainsi protégée contre la sécheresse, et la réu- nion étant immédiate, contre les mouvements de défense ultérieurs de l'animal. Les greffes faites de cette manière se développent très rapide- ment et d’une facon presque constante. I. — Dans une première série, nous avons greffé de la peau noire sur de la blanche. Généralement, au bout de 8 à 10 jours, on aperçoit un point noirâtre, qui grossit rapidement et se fonce de plus en plus. On a alors, au centre, une partie très fortement pigmentée; puis, à la périphérie, une bordure, de teinte intermédiaire, et de 1 millimètre de largeur environ, représen- tant la zone d'extension de la greffe. La tache grandit très rapidement au début. Elle grandit encore, mais avec une moindre vitesse, au 4° mois. Voici, du reste, les mensurations de deux de ces greffes, prises sui- vant deux directions perpendiculaires. Exp. I. — Cobaye à tête noire : arrière-train présentant, à droite, une large tache noire; à gauche, une tache jaune. Le resle du corps est blanc; la cou- leur de la peau coïncide avec celle des poils. Le 13 septembre 1895, on greffe un lambeau d'épiderme noir au milieu de la tache blanche. 4 SÉANCE DU 15 FÉVRIER 179 millimètres. millimètres. 2 octobre, les dimensions de la greffe sont de 7 CEE D) — — = — 10 OP) 9 — — = = All CR 1% — — — — 12 (1 Pen A AO —= = — 13 CHU 17 novembre _ — — 19 et "13 28 — ne — — 18(*) et 10 12 décembre — — — 18-5metu25 26 — — _ — 19 eL ds 45 janvier — = — 19 et 16 16 février — — _ et 2106 Exe. I. — Le 6 novembre, greffé sur la tache blanche d'un cobaye un lam- beau noir provenant du même animal. millimètres. millimètres. 17 novembre, les dimensions de la greffe sont de 2 @r ul 20 Su — — == ANR CL OUPS 25 = = — — 3 Él? 3 décembre — =. — 4.2 et 3 6 = == = = 5 et 3.5 12 — = = — 6.5 et %4 26 — = = — 8 et 4.5 2 janvier — — — 85 metl5t2 5 février — — — 8()Mtetn6 LME == — — 9 eat Nous avons réalisé 18 greffes analogues, tantôt sur le même animal, tantôt d’un animal à un autre de mème espèce, tantôt d’un animal à un autre d'espèce différente. Nous n'avons pas remarqué de différences, quant à l’évolution de ces greffes, dans les deux premiers cas. Mais les greffes d'une espèce à l’autre ne prennent pas régulièrement : Les greffes de cobaye à lapin, et réciproquement évoluent, mais avec une certaine difficulté. Nous n'avons pas encore pu réaliser de greffes de cobaye à chien ni de lapin à chien. II. — Nous avons fait treize fois l'expérience inverse, consistant à greffer un lambeau blanc sur de la peau noire. Aucune de nos greffes ne nous à donné de tache blanche durable, en extension, semblable aux taches noires. Généralement, la greffe ne prend pas. Parfois, la partie transplantée reste moins pigmentée pendant quelques jours, mais on cesse très vite de la distinguer. {*) Une partie de la greffe a été prélevée à différentes reprises à partir du 28 novembre, pour l'examen microscopique et pour une greffe en série dont nous publierons bientôt les résultats. 180 SOCIÈÉTÉ DE BIOLOGIE La greffe ne vit-elle pas, ou ses cellules se chargent-elles du pigment environnant? Nous ne pouvons conclure d'une manière absolue, tout en inclinant vers la première hypothèse. III. — Il est intéressant de se rendre compte, sur ces lambeaux sreffés, de la pigmentation des produits épidermiques secondaires. Les poils du lambeau noir greffé ne réapparaissent qu'après un certain temps. On voit alors un où deux poils noirs et beaucoup de poils blancs. Puis, au fur et à mesure que la greffe grandit et vieillit, le nombre des poils noirs augmente considérablement. Celui des poils blancs diminue. Il n’y a pas de différence de croissance entre les poils blanes et les noirs. La généralisation et l'intensité du pigment des poils parait donc se faire d'une manière secondaire et progressive. IV. — Inversement, les lambeaux épidermiques noirs produisant des poils noirs, la greffe de poils noirs produit de l’épiderme noir. On introduit sous le lambeau épidermique des poils noirs, finement hachés : dans les deux seules greffes de cette nature qui aient évolué jusqu'ici, nous avons obtenu la formation d'une tache épidermique pigmentée. Il semble done démontré : 1° Que la greffe pigmentée conserve sa pigmentation et qu'elle est en extension : Les cellules pigmentées l'emportent donc sur les cellules blanches et prennent leur place. 2% Que la greffe blanche sur partie pigmentée ne prend pas ou dispa- rait rapidement. 3° Que la greffe noire d’épiderme produit des poils noirs. Inverse- ment la greffe de poils noirs produit de l’épiderme noir. 4° La pigmentation épidermique chez les mammifères parait une pro- priété cellulaire, largement indépendante de toute répartition vaseu- laire et nerveuse. Y A-T-IL ANTAGONISME ENTRE LA « GREFFE » ET LA « RÉGÉNÉRATION » ? par M. ALFRED GIARD. Dans un ouvrage récent traitant de diverses questions de Biologie générale, M. Y. Delage s'exprime ainsi au sujet de la Greffe : « Parfois des cellules de même espèce histologique, appartenant à un même animal et à des tissus qui d'ordinaire se soudent facilement, refusent absolument de se souder, bien qu'elles soient parfaitement vivantes. Ainsi un Lombric, une Planaire n’acceptent pas la greffe d'un morceau détaché, ni même d'ordinaire la simple cicatrisation d’une inci- SÉANCE DU 15 FÉVRIER 481 sion. De nombreuses expériences m'ont appris qu'il y a antagonisme entre la Greffe et la Régénération : les cellules de la plaie refusent de se souder parce qu'elles peuvent faire autre chose de mieux, régénérer ce qui manque; par contre, la greffe est particulièrement aisée là où l'apti- tude à la régénération fait défaut. Les végétaux en sont un exemple (1). » Il est regrettable que M. Y. Delage n'ait pas fait connaitre les n0m- breuses expériences sur lesquelles il appuie cette loi nouvelle que lui- mème qualifie de mystérieuse. Toutes mes expériences personnelles, toutes celles tentées récemment par divers biologistes me semblent démontrer au contraire que la greffe s'opère sans difficulté chez des animaux dont le pouvoir régénérateur est très développé. Et ce n’est pas seulement le simple raccord d’un morceau détaché qu'on peut réaliser, mais on peut obtenir plus ou moins facilement plusieurs combinaisons autoplastiques, homoplastiques ou même hétéroplastiques. J'appelle autoplastique la greffe d’une partie empruntée à un être vivant et soudée sur cet être lui-même. Cette greffe peut être le raccord d'une partie amputée remise en place avec ou sans chargement dans son orientation ou encore la transplantation de cette partie en une région différente de l’organisme dont elle provient. Il y a greffe homoplastique quand la greffe et le sujet greffé appartiennent à des individus différents de la même espèce; greffe hétéroplastique quand la greffe et le sujet appartiennent à des espèces distinctes plus ou moins voisines. Les greffes artificielles s'’obtiennent très facilement chez les Ascidies composées et la concrescence (greffe naturelle), s'observe aussi assez fréquemment chez ces Tuniciers soit entre les ramifications d’un même cormus (autoplastie), soit entre branches voisines de deux cormus de mème espèce (homoplastie). La concrescence est même un phénomène normal dans certains cas, par exemple chez les Cynthiadées du genre Synstyela. Etcependant les Synascidies sont des animaux dont le pouvoir régénérateur est très actif (2). Les Eponges et les Coralliaires présentent les mêmes particularités avec une netteté aussi grande, peut-être même plus grande encore. Et si l’on veut objecter que chez ces divers animaux composés il s’agit non d'une régénération véritable, mais d’une reconstitution des cormus par gemmiparité, comparable au bourgeonnement de nouvelles branches (4) Y. Delage. La structure du protoplasma et les théories sur l'hérédité, 1895, p. 107. 2) A. Giard. Recherches sur les Synascidies, thèse de 1872. Les expériences sur la régénération des Synascidies ont été récemment reprises avec soin et les résultats étudiés avec toutes les ressources de la technique moderne par mon élève M. Caullery (Bulletin scientifique, t. XXVII, 1895). PR ENS | Pt PO NS IR 182 SOCIÉTE BE BIOLOGIE 4 sur un végétal précédemment taillé, il est facile de montrer que l’objec- tion est sans valeur. Car l'examen de la surface sectionnée, après quel- ques jours, prouve qu’il y a eu réellement régénération individuelle d’un très grand nombre de personnes du cormus. Seuls sont éliminés com- plètement les individus qui, dans l'opération de la section, ont reçu des blessures entrainant la mort. Même des portions aussi réduites qu'un postabdomen de Polyclinien peuvent, comme je l'ai montré, reconstituer rapidement une Ascidie complète. Si dans certains cas l'on ne peut obtenir la cicatrisation d’une simple incision chez des animaux doués d’une grande puissance régénératrice, cela n'arrive que quand l'incision est abandonnée à elle-même et pour des raisons d'ordre mécanique. Souvent, en effet, des dispositions mus- culaires spéciales déterminent des rétractions on des constrictions qui empêchent l'affrontement des lèvres de la blessure et rendent toute soudure impossible. C'est ce qu’on voit de la facon la plus évidente chez les Némertiens du genre Cerebratulus, par exemple, etchez maintes Anné- lides où les muscles annulaires déterminent une forte constriction quand les muscles longitudinaux ont été sectionnés. C'est ce qui à lieu également lorsqu'on fait une incision sur les siphons d’une Aseïdie du genre Ciona; les muscles formant sphincter autour des ouvertures bran- chiale et atriale déterminent la rétraction des muscles longitudinaux et la plaie reste béante. Dans ce cas encore la soudure devient impossible ; la régénération entre en jeu et 1l se forme un nouveau siphon comme dans les expériences de Loeb et de Mingazzini (1). Mais il n’en est plus de même si on prend soin de remettre les choses en l’état naturel et de rétablir les contacts en contrebalançant par des sutures l'action des muscles. Il faut en outre prendre quelques précau- tions pour éviter les particules étrangères du tube digestif s'il s’agit d’Annélides. En opérant sur le Lombric chez lequel M. Delage déclare n'avoir pu obtenir la greffe d’un morceau détaché ni même la simple cicatrisation d'une incision, deux élèves de Korschelt, H. Rievel et E. Joest (2) ont obtenu non seulement les greffes autoplastiques et homoplastiques Les plus variées (soudure normale, intercalation d’un fragment renversé, (4) Chez les Ciona intestinalis, si abondantes au milieu des moules sur les écluses du port de Boulogne, il arrive que par le mouvement des écluses le choc des coquilles tranchantes de Mytilus occasionne des traumatismes dans le manteau des Ascidies. Aussi n'est-il pas rare de trouver des individus pré- sentant trois siphons et tout à fait comparables aux monstres que l’on peut produire expérimentalement. (2) Korschelt. Transplantations versuche an Regenwürmern (Sifzungsberichte der Gesellschaft zur Beforderung der gesammten Naturwissenschaft zu Marburg, n° 2, décemb. 1895.) SÉANCE DU 15 FÉVRIER 183 soudure de deux extrémités de même nom), mais ils ont même pu réaliser la greffe hétéroplastique de deux espèces différentes (Lumbricus communis et L. rubellus par exemple) (1). Des expériences de transplantation ont été tentées avec succès égale- ment par Wetzel sur l'Hydre d’eau douce, et cependant on sait combien grande est la faculté régénératrice de cet animal (2). Enfin Born a publié dans deux mémoires fort intéressants les résultats qu'il a obtenus en greffant de diverses facons des parties vivantes de larves de Batraciens (3). Comme Joest et Rievel, Wetzel et Born ont pu réunir deux extrémités de même nom, ce qu'on n'a jamais pu réaliser chez les végétaux. Dans la dernière phrase du passage cité ci-dessus, M. Delage fait entendre, si j'ai bien compris sa pensée, que les végétaux se greffent aisément parce qu'ils sont peu ou point susceptibles de Régénération. ce qui viendrait à l'appui de sa thèse. L'argument me parait faible. Il y a chez les végétaux deux conditions évidemment défavorables à la Régénération : 1° l’absence d'éléments cellulaires migrateurs ; 2° l'impossibilité pour les cellules différenciées de revenir à l'état embryonnaire. Mais ces obstacles n’empêchent pas cependant le phénomène de se produire. Sans parler des régénérations qui sont dues à la zone cambiale chez les végétaux supérieurs, on peut citer de véritables réparations dans les tissus foliaires quand ceux-ci subissent un traumatisme à l’état très jeune (par les attaques des insectes en particulier). Ces filaments des Sprrogyra et autres Zygnémées qui se greffent constamment pour la reproduction par conjugaison, sont aussi parfai- tement capable de régénérer les cellules amputées. : Certaines Algues Floridées nous présentent même, ainsi que j'ai pu l’observer à Wimereux, un processus qui tient à la fois de la Greffe et de la Régénération. Quand les filaments de Griffithsia setacea ont été exposés à une action traumatique (chocs, coup de soleil, ete.), il arrive souvent que les cellules qui les constituent sont altérées et périssent sur (1) Au point de vue de la question si discutée des rapports du soma avec les gonades, les greffes hétéroplastiques de Lombrics pourraient donner des indications bien précieuses, en ayant soin toutefois de ne tenir compte que des éléments génitaux formés après la soudure. Les intéressantes expériences de M. P. Carnot sur le cobaye pourraient être utilisées dans le même but. (2) G. Wetzel. Transplantationsversuche an Hydra (Arch. f. mikr. Anat., 45 Bd, 2 Heft, 1895.) (3) G. Born. Die kunstliche Vereinigung lebender Theilstucke von Amphibien- larven. Jahresb. Schles. Gesellschaft für vaterl. Cultur. Med. Sect., Breslau, 1894 Ueber.die Ergebnisse der mit Amphibienlarven angestellten Verwachsungs- versuche. Verh. Analom. Gesellsch. zu Basel, 1895. BioLOGIE. COMPTES nEeNbus, — 10° SÉRIE, r. III. 1 Æ 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une certaine étendue, ce qu'on reconnail aisément à la teinte orangée que prend l'Algue en ces points mortifiés. Considérons un filament dont la partie basilaire et la partie terminale restées saines sont ainsi sépa- rées par une partie médiane réduite au cylindre externe de cellulose. On voit que la cellule distale de la portion basilaire et la cellule proxi- male de la partie terminale ne tardent pas à proliférer et régénèrent de chaque côté deux régions vivantes terminées par des ménisques con- vexes qui vont à la rencontre l’une de l’autre et finissent par se souder. La régénération est même si parfaite, que quand la région nécrosée présentait un rameau latéral, celui-ci est également reproduit à la place qu'il occupait antérieurement. Il est donc inexact d'affirmer que l'aptitude à la régénération fait défaut chez les végétaux, et l’on voit que cette régénération peut être combinée dans certains cas avec la greffe par approche (1). De tous ces faits, il me paraît résulter qu'il n'existe aucun antago- nisme entre la Greffe et la Régénération, mais que ces deux processus sont plutôt deux modes de manifestation différents d’une même pro- priélé : la tendance de la matière vivante à constituer des complexes organiques homophysaires ou hétérophysaires aussi bien équilibrés que possible. Quand des éléments cellulaires possédant encore un certain potentiel plastique sont excités par une section, ils donnent lieu soit à une Régé- nération, soit à une Greffe suivant la position qu'ils occupent et suivant les contacts qu'ils reçoivent des agents extérieurs (cas de la Régénéra- tion) ou des cellules avoisinantes du greffon (cas de la Greffe). Il est bien entendu que l’évolution des cellules issues des éléments proliférants dépend aussi et surtout des particularités physico-chi- miques héréditaires de leur protoplasma, particularités qui, chez les végétaux, tout au moins, peuvent être modifiées par une sorte d'hybri- dation dans le cas de greffe. SUR UN CAS . DE CRAMPE PROFESSIONNELLE SYMPTOMATIQUE DE LA MALADIE DE BRIGHT, par M. le D' PIERRE BONNIER. Si l’on observe que, parmi tous les individus soumis à un même sur- menage professionnel, certains seulement sont affectés de crampes, et qu'il existe d'autre part des affections chroniques — comme le mal de (4) Parmi d’autres lacunes bibliographiques en ce qui concerne les greffes végétales, on peut reprocher à M. Delage de n'avoir pas tenu compte des importantes recherches de L. Daniel, publiées de 1891 à 1894 dans Les Comptes rendus de l’Académie, la Revue générale de Botanique et la Revue des sciences natu- relles de l'Ouest. SÉANCE DU 15 FÉVRIER 185 Bright — dans lesquelles la crampe est un symptôme presque constant et parfois initial, on doit se demander si, dans quelques cas au moins, la profession et la maladie n'ont pas associé leurs efforts. Les crampes les plus souvent observées chez les brightiques sont d’abord les crampes des mollets, puis le torticolis (Dieulafoy), le lumbago, les crampes intercostales ou phréniques, les crampes des sous-mentonniers, du palais et du larynx, etc. J'y joindrais volontiers a priori un bon nombre de crampes localisées par le surmenage professionnel chez des sujets dont l'appareil moteur périphérique et central est également soumis à l'imprégnation brightique. En voici un curieux exemple. M.X...,alors àgé de vingt-trois ans, fut employé, en 1873, au télégraphe de Morse pendant sept heures par jour. En 1875, à la suite d’une variole, apparurent d'un côté les symptômes de la crampe professionnelle et de l’autre un grand nombre de signes de la maladie de Bright. La raideur du poignet, la fatigue et une grande indocilité musculaire le forcèrent à laisser le télégraphe pour les écritures. Les mêmes phénomènes se reproduisirent dans la main, etlorsqu'en 1877 il fut forcé de reprendre le télégraphe, toute la main fut le siège de crispations, de mouvements désordonnés ; le pouce se crispait en adduction et en opposition, non seulement à l’occasion des attitudes techniques, mais pour tous les mouvements et même pendant le sommeil. A partir de cette époque, le pouce fut en contracture presque continue jusqu'en 1893. Il survint encore des mouvements cloniques du bras et de l'épaule, le malade ne pouvait écrire que le coude au corps, la main en demi-supination et le porte-plume tenu entre le médius et l'index. Il consulta, en 1878, le D' Onimus, qui Le traita par les injections de strychnine et les courants alternatifs. En 1880, Vulpian le vit au bureau du Luxembourg, le fit entrer à la Charité, essaya les douches sur les reins, le bromure, et fit appliquer un gros aimant sur la nuque. En 1890, un traitement conseillé à la Salpêtrière, traitement psychique sur- tout, demeura également sans résultat aucun. Il vit encore en 1893 le D' Ballet à Sainte-Anne, prit des douches, de la quinine, de l'iodure et garda le bras sans cesse enveloppé et serré dans un caoutchouc. Aucun de ces traitements n’amena la moindre modification dans son état. Je le vis en décembre 1893 pour sa surdité droite et son vertige, dont certains caractères me mirent aussitôt sur la piste du mal de Bright, et je constatai chez lui un grand nombre de symptômes tels que bruit de galop, tension artérielle exagérée, oligurie avec une faible quantité d'albumine, œdème des malléoles, de la face et des paupières, cryesthésie en bottes, engourdissement facile dans l'immobilité où dans les attitudes où la circulation est gênée, secousses violentes qui inter- rompent sans cesse le sommeil, crampes des sous-mentonniers avec ou sans bâillements, troubles oculaires et auriculaires caractéristiques, 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————— ———s torpeur intellectuelle et dépression morale, jointes à une surexcitabi- lité des réflexes, etc. Tous ces troubles étaient apparus consécutive- ment et après la variole. La crampe semble en avoir été le plus ancien et le plus constant. J’ajouterai que le réflexe patellaire droit était et est encore très affaibli. Je le mis tout d'abord au régime lacté absolu, et fus assez surpris de constater qu’en moins de huit jours le pouce était légèrement dégagé et mobile, et qu’en quinze jours il s'opposait à volonté à tous les autres doigts. Malgré le surmenage de cette époque de l’année, en février 1894 la main tenait correctement la plume et écrivait lentement mais sans troubles el sans fatigue; et de ce côté la guérison s’est maintenue com- plète jusqu'à ce jour. À deux reprises, une suspension du régime lacté fit revenir la crampe, qui disparut quand le malade se fut remis au régime. J'adjoignis au traitemeni général, quand le lait eut fait ses preuves, des bains salins extrêmement chauds de tout l’avant-bras et de la main. La maladie de Bright, un moment arrêtée, suivit son cours, et en juillet 4895, une sorte d’ictus laissa le malade avec des crampes de l'épaule assez violentes pour le gêner considérablement dans son travail. Un second eut lieu plus récemment, et il y a un mois, le malade fut pris dans la rue d’une crampe des sous-mentonniers qui lui tint la bouche largement ouverte pendant plus de cinq minutes et ne disparut pas spontanément. Il y eut aussi de l'angoisse pharyngée et de légers accès d’anxiété paroxystique et d’angine de poitrine. Sa crampe professionnelle est donc en réalité avant tout symptoma- tique de la maladie de Bright, et il serait intéressant de rechercher dans quelle proportion les crampes professionnelles, si fréquentes et souvent si tenaces, comme celle-ci, céderaient à un traitement symplo- matique justifié par la recherche, souvent négligée, de l'état brightique, dont elles semblent pouvoir d’ailleurs être le premier et pendant long- temps l'unique symptôme. NOTE SUR LA MOTRICITE STOMACALE ET LE TRANSIT DES LIQUIDES DANS L'ESTOMAC A L'ÉTAT PATHOLOGIQUE, par M. ALBERT MATHIEU. Dans deux notes récemment présentées à la Société de Biologie, j'ai fait connaître le procédé dont je me sers pour mesurer la motricité stomacale et le transit des liquides dans l'estomac et les résultats que l'emploi de cette méthode m'a donnés chez des sujets sains. Aujour- d'hui, je voudrais, par des exemples, montrer comment elle peut servir à l'étude et à la différenciation des faits cliniques. Pour cela, j'ai choisi parmi celles que j'ai relevées quatre observations SÉANCE DU 15 FÉVRIER 187 appartenant à des types différents, et j'ai représenté par des graphiques juxtaposés les chiffres fournis par la méthode nouvelle et par l'analyse chimique. Après quelques indications sur la façon de les lire, il suf- fira d’un coup d'œil jeté sur ces tableaux pour se représenter ce qu'était la motricité des estomacs examinés et ce qu'était quantitativement et qualitativement la sécrétion de leur muqueuse. Dans les conditions de repas d’épreuve employé, voici quelles sont les valeurs des divers facteurs déterminés à l’état normal : Volume total du liquide gastrique . . . 220 centimètres cubes. — du liquide primitif non évacué. 125 — = — ÉVACUÉ 12% — — du liquide de sécrétion . . . . 95 — Acidité totale p. 1000. . . . 180 milligrammes p. 100 cent. cubes. Chlore total (évalué en HCI), 320 — — Acide chlorhydrique libre. . 50 — = Chlore en combinaison orga- DIQUe RE 014170 —— — Chlore des chlorures fixes . 120 == _ Ces chiffres sont approximatifs, et l’on n’est pas en droit de dire qu’un léger écart au-dessus ou au-dessous d'eux constitue un vice patholo- gique; quoi qu'il en soit, dans les tracés dont cette note n’est que le commentaire, on a noté les déviations au-dessus et au-dessous de ce que nous venons d'indiquer comme la normale des diverses valeurs qui viennent d’être énumérées. Lorsqu'ils correspoñdent au volume des liquides, les chiffres expriment des centimètres cubes ; ils expriment des milligrammes pour 100 centi- mètres cubes lorsqu'ils représentent les chiffres de l’analyse chimique. 300 centimètres cubes au-dessus de la ligne qui marque la normale, comme dans le premier tracé, cela veut dire que le malade avait dans son estomac 300 centimètres cubes de liquide en plus de la quantité normale; il avait de même, on le voit, 200 centimètres cubes de liquide de sécrétion de trop; et il aurait dû évacuer 100 centimètres cubes de liquide du repas d'épreuve en plus. Si l’on tient compte en même temps des autres données fournies par la clinique, on arrive à une connaissance très satisfaisante, sinon très complète encore de la séméiologie et de la physiologie pathologique dont les divers facteurs se trouvent ainsi représentés et évalués. Dans le fait qui correspond au tracé TI, il s'agissait d’une femme atteinte de grande dilatation de l'estomac avec stase permanente; il s’agissait probablement d’une grande dilatation par rétrécissement non cancéreux du pylore. On trouvait le matin des liquides et des détritus alimentaires en abondance dans l'estomac. Une simple lecture des deux tracés suffit pour reconnaître qu'il y avait : kypersécrélion d'un liquide BIOLOGIE DE À ! ÿ] SOCIÉTÉ 188 _'SUIIUOIE SAINIO[U9 S9Pp 910[4) = | “TIPAYIOH) = 9 + H “onbruesio UOSICUIQUIO9 U9 A10[) = “OI 10H = H ‘18307 910149 = LE ‘a[e}0} SHPIOV = V mer MVOVNOLS ANSINIHN9 D Æ ee <) _ : L Ée ee LM à CETTE Lol : DERBLE : o°| Ca Ld | 4 \ l \ \ D ARUEE ‘u01}941998 9p 9pMbET = S- ‘9n98A9 JUN 9pMbTT = ‘098A9 UOU JEU 2pIMbIT = N ‘18707 AUTO — À ————— SadinorT SAC LISNYUL FSTSFSLIRERERNE en mL cnEe _ a. LIT ER RE ER EMIRIE ZE RE A — Su EEE nt es Des FRÈRE LUE San AN [TE A 5 SÉANCE DU Â15 FÉVRIER 189 peu acide, peu riche en chlore combiné, dépourvu d’acide chlorhydrique libre ; il y avait en même temps rétention et stase des liquides fournis par l'alimentation. II. — Le second tracé indique encore lhypersécrétion, mais d’un liquide d’une richesse exagérée en chlore et en acide chlorhydrique libre: il y a donc hypersécrélion avec hyperchlorhydrie. Cependant la motricité et la perméabilité du pylore sont intactes, car il n’y a pas de sase, pas de rétention du liquide ingéré pour le repas d’épreuve. Il y a donc des cas d'hyperchlorhydrie avec hypersécrétion, sans stase. Il est probable qu'il n'y à presque jamais stase sans hypersécrétion hypo ou hyperchlorhydrique plus ou moins abondante, suivant l’étal anatomique et physiologique de la muqueuse, mais il peut y avoir hyper- sécrétion sans stase, ce que quelques auteurs avaient été amenés à mettre en doute. IT. — Il y à ici une sécrétion quantilalivement et qualitativement inférieure à la normale. La motricité était conservée, il n’y avait aucune stase; peut-être même y avait-il évacuation un peu hàtive de l’estomac. IV. — Le malade qui a fourni ce tracé était un neurasthénique. Il ac- cusait de la pesanteur après les repas et des douleurs vives survenaient assez tardivement. Ces douleurs ne furent nullement calmées par la médication habituelle de l'hyperchlorhydrie. L'examen du contenu de l'estomac après un repas d’épreuve huileux, fit voir qu’en effetil n’y avait pas hyperchlorhydrie, hâtive ou tardive; le régime, quelques calmants et pas mal de suggestion vinrent assez rapidement à bout de cette dyspepsie douloureuse. Comme on peut le voir, la quantité des liquides sécrétés, éliminés et retenus était aussi normale que possible. La quantité d'acide chlorhydrique sécrété était un peu inférieure à la moyenne physiologique, mais cela n’a qu’une minime importance. On peut donc, chez des malades qui tolèrent assez bien le tube pour supporter une opération moins longue qu'un lavage stomacal ordinaire, mesurer avec une précision très suffisante pour les besoins de la clinique, les principaux éléments physiologiques du fonctionne- ment de l'estomac, évaluer le volume duliquide qu'il contient, la richesse de ce liquide en acide et en éléments chlorés, et reconnaitre la part que les boissons ingérées et la sécrétion glandulaire ont prise à sa consti- tution. Ces données nouvelles permettront, nous l'espérons, de se faire une idée plus exacte des diverses formes de la dyspepsie et de se mieux rendre compte de l’action des diverses médicalions. 190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTES SUR LA CIRCULATION DU SANG DANS L'EXCITATION MENTALE (1), par M. le D' G. Dumas. PREMIER GROUPE. — Æxrcitation mentale avec hypotension artérielle. Les paralytiques généraux, en état d’excitation délirante, présentent les symptômes suivants au point de vue circulatoire. Le pouls est en moyenne de 85 ou de 90 avant le déjeuner, la tension artérielle est à peine de 10 ou 12 centimètres de mercure à la radiale, et le pouls capillaire est toujours très marqué; ce qui est particulière- ment remarquable, c’est que ce pouls capillaire ne disparait jamais sous l'influence d'une piqüre et donne toujours le même tracé ondulé. Comme les malades en expérience ne présentaient aucune anesthésie cutanée, Je pense qu'on doit admettre une paralysie des vaso-constric- teurs, et c'est l'explication que j'ai adoptée dans yne communication faite à ce sujetavec le D' Klippel au dernier Congrès de Bordeaux (1895). Cette paralysie est générale, autant que j'ai pu le constater sur les parties périphériques de l'organisme, aux mains et aux pieds en parti- culier, au moyen du pléthysmographe de MM. Comte et Hallion. Elle explique suffisamment, d’après la loi de Marey, la vaso-dilatation périphérique, l’abaissement de la pression et l'accélération du pouls. Autant qu'on peut conclure d’un état général à l’état particulier du cerveau, elle explique encore dans le cerveau l'hyperhémie dont le délire serait la conséquence. J'ai constaté des phénomènes analogues (accélération, hypotension et vaso-dilatation) dans l'exaltation mentale d'un typhique et dans celle d'un phtisique. DEUXIÈME GROUPE. — £'xcitalions mentales à hypertension. Dans les délires chroniques de grandeur chez les maniaques et les individus normaux mentalement excités, on trouve au contraire une tension supérieure à la moyenne {environ 19 centimètres de mereure),un pouls qui varie de 90 à 100, et la plupart du temps un pouls capillaire marqué. Ce pouls disparaît toujours et donne un tracé rectiligne sous l’in- fluence d’une piqûre; de plus il est dicrote, ce qui me parait être dans l'espèce un signe de tension et d’élasticité. Quelle interprétation peut-on donner de ces divers symptômes, les- quels sont primitifs et lesquels sont secondaires ? Pour répondre à ces questions, j'ai fait des expériences personnelles sur l'effet primitif et immédiat des excitations émotives. À Saint-Lazare, dans le service du D' Chéron, je suis allé plusieurs (1) Expériences faites à l’Asile clinique de Sainte-Anne, dans le laboratoire du professeur Joffroy. RE PR) LC ee L te SÉANCE DU 45 FÉVRIER 191 fois prendre la circulation et la tension des détenues avant la visite, et aussitôt après l'ordre de mise en liberté. Les résultats ontété constants : tout d'abord la tension baisse pendant 10 ou 15 secondes, tandis que le pouls monte à 120 ou 130. Cette baisse correspond sans doute à la subite dilatation des artères cérébrales que Mosso a pu constater de visu pour toute excitation émotive… Puis la tension se relève et monte à 18 environ, tandis que le pouls descends à 90 ou 100, et cet état général se maintient malgré quelques oscillations. Quant au pouls capillaire périphérique, je ne l'ai jamais vu se manifester immédiatement, et Mosso a constaté, au contraire, une vaso- constriction périphérique, au début de toutes les excitations mentales. Ce pouls existe cependant dans la plupart des excitations mentales prolongées, et je ne puis mieux faire pour l'expliquer que citer l’opi- nion de Maynert, qui l’attribue à la prolongation des excitations corti- cales en se fondant sur les découvertes de Hitzig, mais on comprendra alors que ce phénomène ultime de la série ne soit pas aussi constant que les autres. Il y a donc des excitations mentales à hypertension, caractérisées par l'accélération du pouls, et souvent par un pouls capillaire périphé- rique ; ici la congestion cérébrale est favorisée par l'activité cardiaque. Le cœur et le cerveau travaillent à l'unisson, comme l’a constaté Mosso. Nous trouvons ainsi deux formes d’excitations mentales, les unes à hypotension, les autres à hypertension. Autant qu'on peut le présumer d’après les indications précédentes, les premières seraient d’origine organique, c'est-à-dire périphérique; les autres d’origine mentale, c'est-à-dire cérébrale, et toutes auraient comme caractère commun l'hyperhémie du cerveau. ACTION DU PNEUMOBACILLE DE FRIEDLÆNDER SUR LA XYLOSE ET L'ARABINOSE, par M. L. GRIMBERT. Dans une précédente communication, j'ai montré que le pneumobacille de Friedlænder fournit des produits variables avec la nature du sucre qu'il fait fermenter. C’est ainsi qu'avec la mannite il donne, en même temps que de l'alcool éthylique et de l’acide acétique, de l'acide lac- tique lévogyre, tandis qu'avec son isomère, la dulcite, il donne de l'acide succinique au lieu d'acide lactique. MANNITE DULCITE Algool'étpylique 7 "2 0e", 11540 29 33 AGIDÉPACÉIQUE, Le, DU +0, n 10 60 9 60 Acide lactique gauche. . . . . 36 63 0 00 Acide succinique . . . : . . . 0 00 21 63 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces chiffres se rapportent à 100 grammes de sucre mis en œuvre. J'ai eu depuis l’occasion d'examiner l'action du mème bacille sur deux autres isomères, l’arabinose et la xylose. Cette dernière substance avait été mise gracieusement à ma disposition par M. G. Bertrand, préparateur au Muséum, que je suis heureux de remercier ici. La xylose fermente plus lentement que l’arabinose et la fermentation s'arrête avant la disparition totale du sucre, mais la différence porte surtout sur la nature des produits formés. L’arabinose ne donne pas d'alcool ni d'acide succinique, mais de l'acide lactique lévogyre. La xylose donne de l'alcool et de l’acide succinique et des traces seulement d'acide lactique gauche. ARABINOSE XYLOSE NCDO LÉO EME TIENNE 0800 6 93 ACITENACÉ TIQUE PPT 36 13 23 40 Acide lactique gauche "1. 49 93 traces ACITe SECCINIQUe APM APS 0 00 19 86 Ces deux isomères se comportent donc jusqu'à un certain point, vis- à-vis du pneumocoque de Friedlænder, comme le font la duleite et la mannite. Je me contente, pour le moment, de signaler ces faits que je crois nou- veaux, sans rechercher les relations qui peuvent exister entre la con- slitution chimique et les groupements moléculaires des sucres employés et les produits qu'ils fournissent à la fermentation. COLI-BACILLE PRODUISANT DE L'ACIDE SUCCINIQUE AVEC LE LACTOSE, par M. L. GRIMBERT. Le fait de distinguer entre les diverses matières sucrées isomères n’est pas une propriété exclusive du pneumobacille de Friedlænder. Je l'ai rencontrée récemment chez un 2. coli provenant de déjections et qui présentait tousles caractères classiques attribués à cette bactérie : mobi- lité, fermentation du lactose, formation d’indol, ete., etc. Mais au lieu de donner avec le lactose de l'acide lactique droit ow gauche comme l’a vu Péré dans son travail si intéressant (1), il m'a donné de l’acide succinique. Par contre, ensemencé dans de la glucose, il s’est conduit comme le pneumobacille de Friedlænder en donnant seulement de l’acide lactique gauche sans acide succinique. Le sel de zinc de cet acide lévogyre (4) Annales de l’Institut Pasteur, t. VII, 1893. SÉANCE DU 15 FÉVRIER 193 déviait à droite le plan de la lumière polarisée el possédait un pouvoir rotatoire {x} D — + 5°,61. LACTOSE GLUCOSE AlecoMéthyiquet misent A: 6.54 traces Acid ACER MT 25 43 14 30 Acide lactique gauche. . .. traces 42 73 AGIABE/SUCCINITUES 4e SDS EAU 29.76 0.00 Voici donc une nouvelle variété de coli qui aurait pu passer longtemps inaperçue puisque ce qui la distingue des autres, ce n’est pas son action plus ou moins énergique sur le lactose, mais bien la nature des produits formés dans la fermentation de ce lactose. Je dois dire d’ailleurs que là production d'acide succinique par le 2. coli a étè constatée une fois déjà par M. Péré (1) chez un bacille retiré de l'estomac de l’homme et appartenant à la série des microbes favorisant la virulence et le dévelop- pement du vibrion cholérique, étudiés par M. Metchnikoff. Il y a peut être là plus qu'une simple coïncidence, et il serait intéres- sant de voir quel rôle jouerait cette nouvelle variété dans les associa- tions microbiennes. SUR UN CAS DE POLYNÉVRITE MOTRICE A MARCHE LENTE — PARALYSIE SPINALE ANTÉRIEURE SUBAIGUE — AVEC LÉSIONS MÉDULLAIRES CONSÉCUTIVES, par MM. J. DEJeRINE et J. Sorras. Le malade dont nous donnons l'observation suivie d’autopsie à été vu par l’un de nous, pendant une dizaine d'années, tant dans le service de Vulpian qu’à l'hospice de Bicêtre, et la première partie de l'histoire clinique a été publiée par Vulpian dans ses Leçons (2) et dans la thèse de M*° Dejerine-Klumpke (3). Dans les antécédents pathologiques de cet homme qui exerçait la profession de siphonier, on note comme faits intéressants la syphilis acquise à l’âge de vingt-trois ans et des excès alcooliques, mais pas d'accidents alcooliques mi saturnins. Notre sujet reconnut les premiers symptômes de sa maladie nerveuse à l'âge de vingt-neuf ans, en 1882. Au mois de septembre de cette année, il éprouva de la faiblesse musculaire dans les quatre membres ainsi que dans les muscles du cou et de la mâchoire, la langue mème était paresseuse el inhabile. En même temps existaient des crampes douloureuses dans les membres. Ces symptômes s’accentuèrent progressivement, mais non d'une 1) Communication verbale. (2) A. Vulpian. Maladies du système nerveux, 1886, t. 11, p. 390. (3) Des polynévrites, etc., thèse de Paris, 1889, obs. IT, p. 36, 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE facon continue, car il y eut plusieurs alternatives d'amélioration très notable; en parliculier les symptômes morbides cessèrent complètement dans les muscles de la face, sauf au niveau de la langue. Néanmoins, la faiblesse reprit dans les membres et l’affection atteignit son maximum en novembre 1884, époque à laquelle le malade entra dans le service de Vulpian. Il existait alors une parésie marquée des quatre membres, plus accentuée du côté droit; le malade marchait péniblement, en steppant, les bras pendants et la tête rejetée en arrière. Les muscles, notablement atrophiés, réagissaient encore à l’électrisation faradique et il n’existait pas de réaction de dégéné- rescence ; dans quelques muscles seulement, il y avait égalité dans l'intensité des contractions cathélectrotoniques et anélectrotoniques. Les réflexes tendi- neux étaient très affaiblis, la sensibilité intacte dans tous ses modes. Le malade traité par l’iodure:et la faradisation commenca à s'améliorer en mars 1885 et à la fin de l’année, il marchait plus facilement. Cinq ans plus tard, en avril 1889, il entra à l’hospice de Bicêtre. A cette époque, les membres inférieurs étaient encore affaiblis et très atrophiés, mais le malade marchait. Le réflexe patellaire était aboli des deux côtés. Dans les membres supérieurs, l’atrophie musculaire avait disparu et la force était revenue, quelques muscles cependant présentaient des contractions fibrillaires. La face était intacte, la langue seule était amincie, surtout à droite, et était agitée de mouvements fibrillaires. Pendant les années suivantes, le contraste très frappant qui existait entre les membres supérieurs et les membres inférieurs persista, moins accentué toutefois, car l’atrophie diminua lentement et peu à peu dans les membres infé- rieurs, et l’affection resta à peu près stationnaire. Atteint de tuberculose, vers la fin de 1893, le malade se cachectisa rapidement et succomba le 28 avril 1894. A l’autopsie, on constata à l'œil nu, dans les muscles des membres inférieurs, des signes très nets d’atrophie avec dégénérescence graisseuse ; les muscles des membres supérieurs étaient au contraire simplement amoindris sans teinte jaune. Les troncs nerveux des jambes étaient très diminués de volume. Les centres nerveux paraissaient indemnes, mais les racines spinales antérieures étaient rosées et manifestement atrophiées, surtout au niveau de la queue de che- val. Les troncs nerveux périphériques ainsi que les rameaux nerveux terminaux intramusculaires, examinés au microscope après dissociation et coloration par l’acide osmique ou à l’aide de coupes, ont montré des altérations manifestes, particulièrement dans les membres inférieurs et caractérisées par la présence de gaines vides et de tubes de petit calibre en assez grand nombre. Nous tenons cependant à faire remarquer que la lésion des nerfs intramusculaires n'existait que dans les nerfs des membres inférieurs et qu’elle était moins accusée que celle constatée dans les racines antérieures du renflement lom- baire. Dans les nerfs musculaires des membres supérieurs, enfin, il n'existait pas de lésions nettes, bien que les racines cervicales antérieures fussent encore très altérées. L'étude microscopique de la moelle nous a montré des altérations existant à la fois dans les racines antérieures et dans la substance grise. L'atrophie des tubes nerveux dans les racines antérieures est extrêmement prononcée, et à peu près régulièrement décroissante de bas en haut. En comparant les racines RE le À he SÉANCE DU 15 FÉVRIER 195 postérieures et les racines antérieures comprises dans les coupes de segments de moelle englobés dans le collodion et colorées par la méthode de Pal, on trouve, pour environ 500 fibres saines couvertes par un champ de microscope dans une racine postérieure, 43 fibres à myéline seulement dans une même surface de coupe d’une racine antérieure au niveau de la IIT° racine sacrée, 68 au niveau de la fre sacrée, 71 à la IV° lombaire, 66 à la IX dorsale, 82 à la Ve dorsale, 93 à la VIe cervicale et 117 à la IY® cervicale. On voit, en somme, que les altérations radiculaires sont encore très accentuées dans la région cervicale supérieure. Sur les coupes colorées par l’hématoxyline alunée, les cordons radiculaires dégénérés se montrent très chargés de noyaux qui in- filtrent les tubes altérés, mais le périnèvre et le tissu conjonctif intertubulaire ne sont pas épaissis. Sur presque toute la hauteur de la moelle, on trouve dans les cornes anté- rieures de la substance grise des altérations cellulaires très nettes, mais beaucoup moins importantes que les altérations radiculaires. C’est encore par la numération que l'on peut le mieux rendre compte de l'importance de ces modifications. Sur une coupe au niveau de la Ir° racine sacrée, on compte, dans l’une des cornes antérieures, 65 cellules et 38 au niveau de la IVe racine lombaire. Dans la région dorsale, selon les points, on trouve de 8 à 12 cellules; 47 à 50 dans l’une des cornes au niveau de la région cervicale inférieure et 60 environ au milieu du renflement cervical. Dans la partie inférieure de la moelle, de nombreuses cellules sont atro- phiées ou tuméfiées et päles, sans prolongements, avec un noyau vésicu- leux, etc., mais dans la région cervicale, c'est à peine si l’on trouve quelques cellules arrondies, les autres cellules présentes ont toutes l'apparence nor- male. Malgré l'existence d’altérations des cellules nerveuses dans la subs- tance grise des cornes antérieures, nous avons dans l’évolution clinique de la maladie et dans la disposition des altérations anatomiques, des raisons suffisantes pour affirmer qu'il s'agit bien ici d’une polyné- vrite. D'abord la marche de la maladie, les alternatives d'amélioration, la disparition définitive des symptômes paralytiques et atrophiques existant au début dans le domaine céphalique et cervical, l'amélioration persistante et continue dans les membres inférieurs, indiquent bien que ce ne sont pas les cellules nerveuses qui ont été d’abord altérées (car ces éléments ne se régénèrent pas), mais simplement les conduc- teurs nerveux. De plus, le maximum d'’altération se trouve dans les racines et les nerfs; les altérations radiculaires étant encore très con- sidérables dans la région cervicale, alors que les cellules spinales cor- respondantes sont presque toutes intactes. À ne considérer d'ailleurs que les lésions cellulaires, même dans la région où elles sont le plus prononcées (région lombaire), il est évident que l'importance de ces altérations ne suffit pas à rendre compte de l'intensité de la paralysie et de l’atrophie que présentait le malade. En effet, dans le cas actuel, les racines antérieures étaient aussi altérées que dans les deux cas de 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE poliomyélite chronique rapportés l’an dernier à la Société par l’un de nous, cas dans lesquels les cellules des cornes antérieures avaient com- plètement disparu (1). En raison de l'allure clinique de l'affection, de l’absence totale de parallélisme entre l'intensité des Jésions des racines antérieures et des nerfs périphériques et celles des cellules des cornes antérieures, nous considérons les modifications ‘des cellules de la substance grise comme secondaires à la névrite périphérique. Le retentissement rétrograde sur le centre du neurone, d’altérations portant sur le prolongement périphé- rique, est un fait aujourd'hui connu depuis les travaux de Hayem, de Forel et de Nissl. MM. Ballet et Dutil (2) ont signalé tout récemment dans un cas de polynévrite des modifications légères des cellules des cornes antérieures, modifications appréciables seulement par la mé- thode de coloration de Nissl; dans notre cas, les lésions cellulaires étaient beaucoup plus avancées, car elles apparaissaient très nettes sur les préparations colorées par le carmin. Enfin nous tenons à faire remarquer que dans notre cas il n'existe pas de parallélisme entre l’altération des nerfs musculaires et celle des racines antérieures, celles-ci étant en effet sensiblement plus malades que ceux-là. Cest là une particularité intéressante et sur laquelle nous aurons à revenir par la suite. (1) J. Dejerine. Deux cas d’atrophie musculaire type Aran-Duchenne par poliomyélite chronique, suivis d’autopsie. Société de Biologie, 1895, p. 188 (2) Ballet et Dutil. Société médicale des Hôpitaux, 13 décembre, 1895. SÉANCE DU 15 FÉVRIER 497 ELECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 49 membres prennent part au vote. M. Contejean : : : : - _-. . . obtient 18 suffrages. M, Halo En a _ 12 — MORT DTIORRN TR — 6 -— M'Prerre Bonnierse. 0e... = À — M. Rénon. —- D) — M. Grimbert. : — 2 — M. Morau . SR ST — 2 — M. Remy Saint-Loup . . . .. — 2 — il = Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est procédé à un second tour de scrutin. 34 votes sont exprimés. MA Conteeane PU -Nobtent22Ysufirases. M. Hallion. . SANTE — 7 — MPierre Bonnier nie — 2 — MSGID Er IT SNA N I REEE — 1 — 4 il M. Morau... NT ed à M. Remy Saint-Loup . . . .. — M. Contejean, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. ILest ensuite procédé à l'élection des membres honoraires, associés et correspondants. Membres honoraires. MM. Van Beneden (Edouard), Burdon-Sanderson, Cohn, Engelmann, Külliker, Paget (sir James), Schiff, Strasburger. Membres associés. MM. Carus (J.-V.), Fôster (Mich.), Kowalewski, Laveran, Plateau. Membres correspondants. MM. His, Golgi, Kronecker, Mosso, Ray Lankester. Le Gérant : G. MASson. PO Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Hosni du: Fe AE LA HR TE 160 Fi] < PET ETS EAN, Le eg AT 184 da sr: VAS MN HRR EC: ps ane É IPN if : ty EX tot AFTER DAT LPENS à PU LL g : » e D +54 ee x PRES fie #4) 15 LE GMA ie HS ME CA sAAIeE RE D ; ART. “Hit KR #4 dei La % [34 ja; | BALE NE pie re ones CNE à CERN NON AIR t ES 199 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1896 M. A. PaiLADELP&iEn : Le Sphygmométrographe. — M. M. Kaurmanx : Méthode pour servir à l'étude des transformations chimiques intra-organiques et de l’origine immé- diate de la chaleur dégagée par l’homme ou l'animal. — M. Moxcour : Note sur un cas de lithiase intestinale. — M. L.-A. Dusors (de Nancy) : Sur un nouveau mode de culture du bacille de Koch. — M. Ex. BourqQueLor : Sur l'hydrolyse du raffi- nose (mélitose) par l’Aspergillus niger. — M. J. Bapnsxr : Sur le réflexe cutané plantaire dans certaines affections organiques du système nerveux central. — MM. Harvrox, Lerraxc et Pourxez : De la supériorité du silicofluorure de mercure sur le sublimé corrosif comme antiseptique. — MM. Taouas et Jeanx-Cn. Roux : Essai sur la pathogénie des troubles de la lecture et de l'écriture des aphasiques moteurs corticaux. — M. le D' Arezais (de Marseille) : Note sur l'urine normale du cobaye. Présidence de M. Chauveau. LE SPHYGMOMÉTROGRAPHE IMAGINÉ PAR M. À. PHILADELPHIEN ET CONSTRUIT PAR M. CHARLES VERDIN. (Communication faite dans la séance précédente.) Nous avons nommé ce nouveau sphygmographe sphygmométrographe, parce qu'il possède simultanément les qualités du sphygmographe et du sphygmomètre. Comme sphygmographe, il réalise ce que beaucoup de cliniciens ont tenté de faire, c'est-à-dire de savoir la pression qu'on exerce sur l'artère pour avoir un tracé, notion qui nous est indispen- sable, car, comme il est reconnu et prouvé que le tracé change de forme par rapport à la pression exercée sur l'artère, vouloir comparer les tracés pris sur différents malades sans tenir compte de la pression devient vraiment illusoire, c’est comme si on voulait comparer les vitesses de deux voitures sans tenir compte de leur charge. Les tracés ci-joints démontrent clairement combien leur forme change sous des pressions différentes. Ces tracés sont d’une amplitude extraor- dinaire et ne sont que l'expression exacte des changements de volume de l'artère; car le levier inscripteur n’est sujet ni à des rebondisse- ments ni aux vibrations qui se produisent dans les appareils à ressort : L'expérience suivante le démontre. Nous avons appliqué le bouton qui transmet les mouvements de l'artère sur une poche en peau de gant remplie de mercure et communiquant avec un tube manométrique; les moindres pressions exercées sur elle se transmettent au tube manomé- trique et sont inscrites par un index; or, en faisant osciller le mercure on voit que le levier inscripteur de l'instrument et l'index du tube ma- nométrique inscrivent des oscillations identiques. Comme sphygmomètre, il est d'une exactitude pour ainsi dire mathé- matique, car l’'écrasement complet de l'artère est indiqué par la cessation des mouvements du levier inscripteur. Le tracé est pris sur une bande Biococie, Comptes RENDUS. — 102 SÉRIE. 7, JT. 15 200 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE de papier d'un mètre de longueur, de sorte qu’on peut étudier les modi- fications produites par la respiration, l'effort, etc. L'application de l'instrument se fait très rapidement. Sa construction est faile d'une facon irréprochable par l'habile et ingénieux constructeur M. Charles Verdin, dont la renommée n’est plus à faire, auquel nous sommes heureux de témoigner en ce lieu tous nos remerciements pour les bons conseils qu'il nous a prodigués dans le cours de nos recherches. les I] = ==] x ] fl [TI En) de ë Druhec EL REZ \ sm." Description de l'appareil. - N° 1. — Partie s'appliquant au poignet comme le sphygmographe ordinaire. N° 2. — Mouvement d'horlogerie avec la bande de papier ainsi que la gouttière s'appliquant sur l’avant-bras. No 3. — Tige carrée en aluminium divisée, portant là masse qui doit exercer la pression du plateau d'ivoire sur l'artère. N° %. — Masse coulissant à frottement doux sur la tige carrée. . No 5. — Bouton faisant mouvoir toute la partie antérieure articulée mettant le HÉter d'ivoire au contact de l'artère servant mel à mettre la tige carrée et le levier 9, parallèles pour l'inscription. N° 6. — Plateau d'ivoire de forme spéciale. N° 7. — Mouvement d'horlogerie, No 8. — Arc ou demi-gouttière mobile à son centre reposant sur l'avant-bras. N°5 9 et 10. — Levier et plume. No 11. — Manette pour l'arrêt et la mise en marche du mouvement ‘d” horlogerie. L'application de l'instrument se fait très rapidement malgré tous ces détails. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 201 MÉTHODE POUR SERVIR A L'ÉTUDE DES TRANSFORMATIONS CHIMIQUES INTRA- ORGANIQUES ET DE L'ORIGINE IMMÉDIATE DE LA CHALEUR DÉGAGÉE PAR L'HOMME OU L'ANIMAL, par M. M. KAUFMANN. La plupart des problèmes qui se rattachent à la transformation de la matière et de l'énergie dans l'organisme animal n'ont pu recevoir jus- qu'ici une solution expérimentale satisfaisante faute d'une méthode bien appropriée aux recherches de ce genre. Occupé depuis plusieurs années de l'étude des phénomènes intimes de la nutrition, j'ai employé dans mes recherches diverses méthodes dont l’une, fort simple, et cependant très précise, m'a permis d'obtenir des résultats fort intéressants que j'exposerai prochainement. Cette méthode consiste à déterminer simultanément et directement sur le mème sujet les échanges respiratoires, l’excrétion azotée totale et la chaleur dégagée. Jusqu'ici la mesure directe et simultanée de toutes ces quantités n’a pas été réalisée. Quand on a mesuré à la fois les échanges respiratoires et la thermogenèse on a négligé l’excrétion azotée ou inversement. Or pour obtenir des données qui puissent servir à élargir nos connaissances sur la nature des réactions chimiques intraorganiques, il est nécessaire de tenir compte de toutes ces quantités. Cependant l'expérience m'a démontré que l’on peut dans bien des cas se passer de la calorimétrie directe pourvu que l’on détermine simulta- nément et rigoureusement la valeur des échanges respiratoires et de l'excrétion azotée. Je montrerai en effet prochainement que la quantité de chaleur mesurée au calorimètre est d'ordinaire exactement égale à celle que l’on peut déterminer théoriquement en prenant pour base des calculs la valeur des échanges respiraloires et de l’excrétion azotée. Je reviendrai sur ce point spécial. La présente note est uniquement con- sacrée à la description de la méthode complète. L'’azote lotal est dosé par le procédé de Kjedahl dans l'urine qu'on oblient en vidant la vessie par la sonde avant et après l'expérience. Mais si le dosage très exact de l'azote est chose courante et facile, il n'en est pas de même de la détermination des échanges respiratoires et de Ja chaleur. En étudiant les différents procédés calorimétriques en usage, j'ai reconnu que, dans la pratique c’est celui de M. G. Hirn quise prête le mieux aux recherches du genre de celles que j'avais à faire. Le procédé calorimétrique de Hirn, quoique généralement dédaigné par les physiologisies, offre cependant des avantages énormes : il estsimple et précis. Lorsqu'on place dans une enceinte hermétiquement close une source de chaleur constante et continue, l’intérieur de cette enceinte s'échauffe d’abord graduellement, puis à un certain moment la température reste 202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE absolument fixe si la température extérieure reste elle-même invariable. À ce moment l'enceinte recoit exactement autant de chaleur de la source intérieure que ses parois en perdent à l’extérieur. Il suffit donc de titrer ou d'étalonner l'appareil avec des sources de chaleur connues. J'ai appliqué le principe de Hirn de la manière suivante. Mon calori- mètre qui sert en même temps d'enceinte respiratoire consiste en une petite chambre dont la capacité est connue, à parois entièrement mélal- liques, supportée par quatre pieds. L'une des faces est munie d’une porte également métallique offrant une vitre et fermant hermétiquement. Les autres faces portent diverses tubulures. L'homme ou l’animal en expérience respire l'air de la chambre calo- rimétrique hermétiquement close. La respiration se fait dans des condi- tions absolument normales, car le volume de l'enceinte et de la durée de l'expérience sont établis de manière à éviter dans l'air les altérations signalées par M. Laulanié comme capables de modifier le chimisme res- piratoire. À la fin de l'expérience l'air ne renferme jamais plus de 2 p. 100 d'acide carbonique et n’a pas perdu plus de 3 p. 100 d'oxygène. Par ce procédé la valeur des échanges respiratoires peut être déter- minée très exactement. A la fin de chaque expérience il suffit, après avoir mélangé l'atmosphère de l'enceinte, de déterminer sa composition sur un échantillon puisé avec la pompe à mercure. J'obtiens le mélange de l'air à l’aide d'un soufflet qui aspire l'air de la partie supérieure de l'enceinte et le refoule dans la partie inférieure. Prochainement je me servirai d’un mélangeur à ailettes mû par l'électricité. Pour obtenir une mesure exacte de la chaleur, il faut réaliser les con- ditions suivantes : l'enceinte calorimétrique doit être installée dans un vaste local à température invariable ou ne variant qu'avec une grande lenteur; l'animal en expérience doit occuper le milieu de l'enceinte et ne doit à aucun moment en toucher directement les parois. Pour maintenir l'animal au centre de l'enceinte calotimétrique, il est nécessaire de l’erfermer dans une cage grillée supportée par quatre pieds et dont le fond est disposé convenablement pour permettre la récolte des urines. Dans cette cage l'animal doit avoir la place néces- saire pour pouvoir se tenir debout, se coucher et se Lourner, mais il ne doit pas pouvoir se livrer à de grands mouvements de déplacements latéraux. L’étalonnage ou le titrage du calorimètre se fait en mettant à la place que doit occuper l'animal une source de chaleur parfaitement constante dont la valeur est connue. M. G. H. Hirn y faisait brüler un bec à hydro- gène à débit constant. Je me sers pour le moment de bonnes veilleuses alimentées avec une huile dont la chaleur de combustion est connue. Le mieux serait d'emprunter la source de chaleur à l'énergie électrique fournie par une machine à fonctionnement régulier. Quelle que soit d’ailleurs la source de chaleur, ilest nécessaire de com- SÉANCE DU 22 FÉVRIER 203 muniquer la chaleur à un corps solide dont la surface se rapproche de celle de l'animal. Je place en dessus de la flamme de la veilleuse des plaques de tôle; celles-ci reçoivent la chaleur de la flamme et la cèdent ensuite à l'enceinte à peu près dans les mêmes conditions que l'animal en expérience. Quand les différentes conditions énumérées sont bien réalisées et qu'on expérinente sur un sujet calme, habitué à cette sorte d'expériences, on arrive à déterminer avec une précision remarquable, la quantité de chaleur émise par un animal. Dans mes premiers essais, j'ai mesuré la température de l'enceinte et celle du local avec des thermomètres très sensibles donnant le 1/20 de degré. Aujourd'hui je me sers avantageusement des thermomètres enre- gistreurs. M. J. Richard m'a fourni deux de ces appareils qui fonction- nent d'une façon parfaite. L'un enregistre la température du local, l’autre la température de l'enceinte. Sur les courbes obtenues on peut facile- ment apprécier le 1/20 de degré de température, ce qui est suffisant. En résumé, la méthode dont je viens d'exposer les principes permet la détermination rigoureuse et simultanée des échanges respiratoires, de l’excrétion azotée et de chaleur. Elle fournit ainsi tous les éléments nécessaires à la solution de nombreuses questions se rapportant aux métamorphoses chimiques et énergétiques qui s'accomplissent dans l'organisme animal soit à l’état normal, soit dans divers états patholo- giques. NOTE SUR UN CAS DE LITHIASE INTESTINALE, par M. Moxcour, Médecin des hôpitaux de Bordeaux. Il s’agit d'une jeune femme de trente et un ans, arthritique et névro pathe, présentant depuis six ans une série de troubles gastro-intestinaux à forme de dyspepsie flatulente avec dilatation de l'estomac. Sur- vinrent brusquement dans le courant du mois de janvier 1895 des symp- tômes d’entérite muco-membraneuse ; vives douleurs à la pression sur le trajet du côlon, surtout au niveau de ses portions ascendante et des- cendante; constipation opiniàtre; puis, au mois de novembre de la même année, la malade, après avoir rendu pendant deux semaines des matières muco-membraneuses plus abondantes que de coutume, con- stata la présence dans ses selles d’une multitude de petits graviers ; le plus grand nombre présentait le volume d’un pépin d'orange ; le plus gros, celui qui fut présenté à la Société d'anatomie de Bordeaux, avait les dimensions d’une noisette. Cette émission de calculs intestinaux dura pendant trois semaines environ, 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'analyse de ces concrétions intestinales, faite par M. Barthe, agrégé à la Faculté de Bordeaux, a donné les résultats suivants : PHosphate de MABNÉSIE 1... : 0. NN DNA TTE Carbonate de chaux. . . . des eee Matière organique (par différence), ‘fer, eau. ..":/.e0 Et par: dosage directe shui ske tte Gi0 Ces concrélions de couleur blanc jaunàâtre sont extrêmement friables ; quelques-unes sont hérissées de petits points coniques. En les brisant, on ne trouve pas de noyau central; elles sont de constitution homogène. L'urine, au moment de l'émission des entérolithes, à été trouvée de composition normale. Notre opinion est que cette lithiase intestinale est analogue à la lithiase biliaire et rénale. L'entérite muco-membraneuse a été la cause occasionnelle qui a déterminé la production des calculs. Quant à la cause générale, il faut la rechercher dans des vices de nutrition encore mal connus (phénomènes de nutrition retardante de Bouchard). C'est du resle l'opinion émise par le professeur Dieulafoy à l’occasion des leçons faites en novembre et décembre 1895 sur l’appendicite. « J'ai pu démon- trer, dit-il, par de très nombreux exemples, la similitude pathogénique de ces trois lithiases, leur existence dans une même famille, et l'héré- dité dans une même famille, que je propose de faire rentrer désormais dans le patrimoine de la goutte et de l’arthritisme. » SUR UN NOUVEAU MODE DE CULTURE DU BACILLE DE KOCH, par M. L.-A. Dugors (de Nancy). On sait combien il est difficile d'obtenir des cultures de bacille tuberculeux ; dans la plupart des cas, il est absolument impossible d’y arriver. Dans ces conditions, il m'a paru intéressant de publier un modus faciendi, qui m'a donné d’assez bons résultats, employé d’une manière déterminée, et dans certains cas. Peut-être qu'avec quelques modifications ad hoc, il serait susceptible d’être généralisé, et de donner des résultats qu'il eùt été impossible d'obtenir autrement. On se sert du liquide d’épanchement, retiré le plus aseptiquement possible, et provenant soit d'une péritonite, soit d'une pleurésie. Il faut que la sérosité épanchée renferme des bacilles, et des bacilles virulents, capables de faire succomber le lapin. On répartit alors le liquide en un certain nombre de tubes, le plus possible, car tous ne réussissent pas, il s’en faut de beaucoup. On ajoute alors à chacun de ces tubes, immédiatement, environ.2 cen- timètres cubes (en variant la dose en plus ou en moins, avec chacun des autres tubes, de manière à augmenter les chances de réussite) de sérum de lapin, non stérilisé, renfermant 7 p. 100 de glycose, et PR RE EE NE À re) en) Qc SÉANCE DU 22 FÉVRIER 2 p. 100 de glycérine. On répète la même opération tous les jours, en n’ajoutant plus que la moitié de la dose primitive, jusqu'à ce que la quantité de sérum soit devenue égale à la quantité de sérosilé. Les tubes pendant tout ce temps ont été mis à l'étuve, à l'abri de la lumière et bien fermés avec un bouchon de caoutchouc, et maintenus à une température d'environ 38 degrés. On prélève alors à peu près £ centimètre cube de mélange, que l’on porte dans un autre tube, contenant du sérum de lapin liquide, glyco- glycériné, et n'ayant pas subi les opérations de la stérilisation. Au bout de douze à quinze jours, quelquefois plus tôt, on observe alors soit une pellicule écailleuse, gris brunâtre, soit un trouble plus ou moins grumeleux, soit aucun changement, ce qui ne prouve pas la non- prolifération du bacille. On prend alors de cette dernière culture, et on pratique l’ensemence- ment par les procédés ordinaires, sur sérum solidifié, toujours glyco- glycériné. Après ce dernier stade, le bacille est devenu apte à être cultivé sur gélose et sur bouillon. | Quelquefois même il est inutile de le faire passer par le sérum liquide, il prolifère directement sur sérum solide. Malheureusement dans ces passages successifs, sa virulence semble parfois s'amoindrir, sans que l’on puisse en saisir la cause. Tel est le procédé qui m'a donné, plus souvent que les procédés actuellement en cours, des résultats positifs; je le donne tel qu'il est, encore imparfait. SUR L'HYDROLYSE DU RAFFINOSE (MÉLITOSE) PAR L'Asperqillus niger, par M. Em. BouURQUELoT. Le raffinose a été découvert en 1876 par Loiseau dans les mélasses de sucrerie. Il a été retrouvé dans la betterave, dans les semences de coton, dans l'orge et dans le blé en germination. On suppose qu'il existe, au moins transitoirement, dans beaucoup d’autres graines. Ce sucre à donc une certaine importance en physiologie végétale. Comme le sucre de canne, le raffinose est un polyglucose ; mais tandis que le premier de ces sucres donne deux sucres simples par hydrolyse : dextrose et lévulose, le second en fournit trois : dextrose, galactose et lévulose. En d’autres termes, et en suivant la nomenclature de Scheibler, le sucre de canne est un kexobiose, et le raffinose un hexotriose. Des recherches déjà anciennes ont établi que le raffinose est hydro- Iysé pur les ferments solubles que sécrète la levure, et l'on avait attribué cette hydrolyse à l’invertine. IL y à quelques mois Pautz et Vogel (1) ont annoncé que la muqueuse (1) Pautz et Vogel, Zeitschrift für Biologie, XXXII, p. 30#, 206 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE de l'intestin grêle du chien n’exerce aucune action sur le raffinose et, tout récemment, Em. Fischeret W. Niebel (1) ont constaté, à leur tour, qu'il en était de même pour la muqueuse de l'intestin grêle du cheval. Ces observations négatives présentent un grand intérêt; car, étant donné que le sucre de canne est dédoublé par ces mêmes muqueuses, il s'ensuit, que l’enzyme qui dédouble le sucre de canne dans l'intestin diffère de l’invertine de la levure, ou que la levure sécrète un enzyme particulier que ne sécrète pas l'intestin. Ces faits m'ont engagé à étudier l'action des ferments solubles élaborés par l'Aspergillus niger sur le raffinose. Le raffinose dont je me suis servi, étant de source commerciale, j'ai dû faire quelques essais pour m'’assurer de son identité et de sa pureté. Pour cela, on a pris son pouvoir rotatoire et examiné son action sur la liqueur de Fehling. Le produit cristallisé, en solution à 4 p. 100, a donné au tube de 20 centimètres à la lumière de sodium, une rotation de + 8,15, ce qui correspond à un pouvoir rotatoire «x D—+103°,12. Mais comme il renfermait 4,6 p. 100 d’eau, on voit que, en réalité, le pouvoir rotatoire s'élevait à « D— + 108,1. La solution ne réduisait pas la liqueur de Febhling. Ces résultats s'accordent assez bien avec les propriétés qu’on attribue au raffinose. : Expérience. — On a mélangé une solution de raffinose avec le liquide fermentaire de l'Aspergillus obtenu comme j'ai déjà eu occasion de le dire plusieurs fois. Solution de raffinose, à # p. 100 , . 50 centimètres cubes. Liquide d'ASDErgUUIUS ERA DNENS 0 — — La rotation primitive du mélange était de 4,8". Le contact a été pro- longé pendant six jours et demi, le liquide étant porté chaque jour, pendant deux heures, entre 40 et 50 degrés et abandonné ensuite à la température du laboratoire (12 à 15 degrés). Cette manière de faire per- met de conserver les liquides sans addition d’antiseptiques. L'examen polarimétrique a donné les résultats suivants : Rotation primitive SPENCER CAEN ECEUnt Après 24lheures M A UE en ME MENEE ES /e6) AS OT RE D AN CU US PSE DRE CO ES = EN ee et EE Pl RO Le OO NT ee CR RE 6'JourS AR NNA EURE EIPRATRRE SEEN EEE Re RARE PE Au bout de quatre jours le liquide a été analysé à la liqueur cupro- potassique. (1) Em. Fischer et W. Niebel. Ueber das Verhalten der Polysaccharide gegen einige thierische Secrete und Organe. Sitzungsb. d. kün. preussischen Ak. d. Wiss. zu Berlin, 30 janvier 1896. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 207 et Un SE tnt TT © UE Net Liqueur de Fehling : 10 centimètres cubes — 5 centigrammes de dextrose, Volume nécessaire pour décolorer : 7 cent. cubes 6. Comme on le voit, il y a eu hydrolyse du raffinose. Et si l’on exprime celte hydrolyse en glucose, on constate qu'elle correspond à la forma- tion de 0 gr. 66 de glucose pour 2 grammes ou mieux 1 gr. 908 de raffinose, en tenant compte de l’eau que celui-ci renfermait. Au bout de six jours et demi, l’essai a été répété et a donné une réduction corres- pondant à 0 gr. 83 de glucose. Scheibler aurait d'ailleurs constaté que le raffinose, traité par les fer- ments solubles de la levure, se dédouble en lévulose et en mélibiose, sucre isomère du sucre de canne. Si le dédoublement se fait d’après l'équation CHF OISE ON: GHEOS ER CH 0" _ raffinose lévulose mélibiose, on voit que la proportion de lévulose formé correspond au 1/3 des glucoses que doit donner l’hydrolyse totale. L'Aspergillus irait donc plus loin que la levure. Mais il convient d’être réservé sur ce point, le mélibiose étant, d'après plusieurs chimistes, réducteur par lui-même. Tout ce qu'on peut conclure de cette seule observation, c'est que le raffinose est hydrolysé par les ferments solubles de l’'Aspergillus. SUR LE RÉFLEXE CUTANÉ PLANTAIRE DANS CERTAINES AFFECTIONS ORGANIQUES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL, par M. J. BABINSEL. J’ai observé dans un certain nombre de cas d’hémiplégie ou de mono- plégie crurale liée à une affection organique du système nerveux cen- tral une perturbation dans le réflexe cutané plantaire dont voici en quelques mots la description. Du côté sain la piqüre de la plante du pied provoque, comme cela a lieu d'habitude à l’état normal, une flexion de la cuisse sur le bassin, de la jambe sur la cuisse, du pied sur la jambe et des orteils sur le métatarse., Du côté paralysé une excitation semblable donne lieu aussi à une flexion de la cuisse sur le bassin, de la jambe sur la cuisse et du pied sur la jambe, mais les orteils, au lieu de se fléchir, exécutent un mou- vement d'extension sur le métatarse. Il m'a été donné d'observer ce trouble dans des cas d’hémiplégie récente remontant à quelques jours seulement, ainsi que dans des cas d'hémiplégie spasmodique de plusieurs mois de durée; je l'ai constaté chez des malades qui étaient incapables de mouvoir volontairement les 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE orteils, comme aussi sur des sujets qui pouvaient encore faire exécuter. aux orteils des mouvements volontaires; mais je dois ajouter que ce trouble n'est pas constant, J'ai aussi observé dans plusieurs cas de paraplégie crurale due à une lésion organique de la moelle un mouvement d'extension des orteils à la suite de la piqûre de la plante du pied, mais, comme en pareil cas, il n'y à pas chez le malade même de point de comparaison, la réalité d'un trouble est moins manifeste. ; En résumé, le mouvement réflexe consécutif à la piqüre de la plante du pied peut subir dans les paralysies crurales reconnaissant pour cause une affection organique du système nerveux central non seulement, comme on le sait, une modification dans son intensité, mais aussi une perturbation dans sa forme. DE LA SUPÉRIORITÉ DU SILICOFLUORURE DE MERCURE SUR LE SUBLIMÉ CORROSIF COMME ANTISEPTIQUE, par MM. HALLION, LEFRANC et POUPINEL. L'un de nous a eu l’occasion d'étudier, dans un but industriel, l’ac- tion antifermentescible du silicofluorure de mercure (HgSiFl5) : il a vu le jus de betteraves, produit des plus altérables, devenir remarquable- ment réfractaire à toute fermentation lorsqu'on l'avait traité par des: doses relativement minimes de ce sel. Nous avons pensé qu'il serait intéressant de déterminer, par des investigations précises, le pouvoir antiseptique de ce composé et de l’appliquer, s’il y avait lieu, à la thé- rapeulique chirurgicale. Nous avons traité des milieux de culture : bouillons et sérums, con- curremment par du silicofluorure de mercure et par du sublimé, à des doses rigoureusement déterminées. Trois espèces microbiennes patho gènes ont servi aux ensemencements : bacille pyocyanique, bacille du charbon et bacille diphtérique. Dans toutes les séries d'expériences, les résultats ont été parfaitement concordants; ils nous autorisent à la con- clusion suivante : Le silicoflucrure de mercure est doué d’un pouvoir anti- septique notablement supérieur à celui du sublimé corrosif. Sil’on exprime par 1 le pouvoir antiseptique du sublimé, celui du silicofluorure de mercure est égal à 2. Autrement dit, étant donné que pour réaliser la: stérilité absolue d’un milieu, il faut y ajouter deux parties, en poids, de: sublimé, on obtient le même effet avec une partie de silicofluorure de mercure. | Hoi Le silicofluorure de mercure apparaît, dès lors, comme le plus puis- sant des agents antiseptiques actuellement connus. La constitution moléculaire de ce composé, et les propriétés chimiques dont il est pourvu, ne permettent pas d'en être surpris. En effet, ce sel, bien que très fixe dans ses solutions aqueuses, se décompose avec la plus grande le lie Mr] on ae ER AT ER le e SÉANCE DU 22 FÉVRIER 209 facilité en présence d’un très grand nombre de substances : il réagit notamment avec une remarquable énergie sur les matières organiques; c'est un déféquant de premier ordre. Si l'eau distillée à laquelle on ajoute du silicofluorure de mercure n’est pas d'une absolue pureté, si elle renferme des traces de matières organiques, il s'y produit immé- diatement un précipité. Est-il besoin de dire que cette propriété, loin de présenter un inconvénient pratique, ne fait que mettre en évidence l’ac- tion épurative du composé que nous étudions? Après nous être assurés, par quelques expériences sur le cobaye et sur le lapin, que les propriétés toxiques du silicofluorure n'étaient pas plus à redouter que celles du bichlorure de mercure, nous avons trans- porté nos recherches sur le terrain pratique. Nous avons fait une solu- tion de silicofluorure mercurique à 1/1000 dans l’eau distillée, et nous avons employé cette solution, pure ou diluée, comme on fait pour la liqueur de van Swieten, qui est une solution de sublimé au même titre. Nous avons également composé une pommade à la vaseline, contenant 1/2000 de silicofluorure de mercure. Grâce à l’obligeance de M. le pro- fesseur Terrier, nous avons fait de cette solution et de cette pommade des applications thérapeutiques nombreuses et variées. Ces produits se sont montrés en plusieurs cas, suivant nous, nettement supérieurs aux solutions et pommades au sublimé. Du 17 novembre 1894 au 1® janvier 1895, l’un de nous a pu employer ces produits dans un grand nombre de cas, parmi lesquels nous rele- vons les suivants : ablation de kystes sébacés suppurés, ablation de tumeurs diverses : hématome du cuir chevelu, lymphadénome sous- maxillaire, mycosis fongoïde du cuir chevelu (guéri en neuf jours), abcès chauds, abcès froids, rapidement guéris, brûlures à divers degrés, eczéma humide très ancien de la main (qui a séché et guéri en huit Jours), etc. Dans lous ces cas, la guérison à été extrêmement rapide. Il est à noter que les vieux abcès froids s’amélioraient promptement. Les plaies bourgeonnaient de la façon la plus satisfaisante. Enfin, on n’observait pas d'’irritation cutanée sous l’influence des pansements. Nous avons entrepris des recherches du même ordre avec divers autres silicofluorures. Si plusieurs de ces sels ont fourni déjà certaines applications industrielles et thérapeutiques, il ne semble pas qu'ils aient fait l'objet d'une étude comparative méthodiquement poursuivie. Nous indiquerons, dans une communication ultérieure, les résultats que nous aurons obtenus dans celte voie. Quoi qu'il en soit, il nous parait dès maintenant prouvé que le silico- fluorure de mercure, antiseptique plus puissant que le sublimé corrosif, doit trouver place à côté de lui dans la thérapeutique; il mérite même, suivant nous, de lui ètre préféré. 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ESSAI SUR LA PATHOGÉNIE DES TROUBLES DE LA LECTURE ET DE L'ÉCRITURE DES APHASIQUES MOTEURS CORTICAUX,. par MM. Tomas et JEAN-Cu. Roux, Internes des hôpitaux. (Travail du service du D' Dejerine à la Salpétrière.) Les aphasiques moteurs corticaux ont, au début de leur aphasie, des troubles profonds de la lecture mentale ; plus tard cette alexie s’amende, disparait parfois complètement, surtout lorsque la parole revient, et quand les malades sont guéris de leur aphasie, ils affirment que pen- dant six mois, un an, ou plus, ils comprenaient peu ou pas ce qu'ils essayaient de lire. Ces faits connus depuis Trousseau, notre maître M. Dejerine, et notre collègue Miraillé, les ont bien mis en évidence, dans une statistique qui comprend tous les aphasiques moteurs corti- caux du service de M. le D' Dejerine à la Salpétrière. Cette alexie des aphasiques moteurs corticaux présente quelques caractères Spéciaux. Il est rare que l’aphasique moteur cortical soit complètement alexique. Il reconnaît le plus souvent son nom et son prénom, le nom de ses enfants, le nom des objets les plus usuels. Ce sont là les premiers termes qu’un aphasique moteur peut compren- dre dans un texte que l’on met sousses yeux. Le nombre des mots usuels varie évidemment avec chaque malade; chez certains de nos malades, qui ontrecu une éducation plus complète, le nombre des mots usuels est plus considérable ; on pourrait même croire au premier abord que la lecture mentale est parfaite; une malade que nous avons observée, peut ainsi, en lisant la plupart des mots, et en devinant le reste, comprendre un fait divers de journal, à peu près comme nous comprenons le sens d’une phrase dans une langue qui nous est peu familière, lorsque nous avons compris deux ou trois termes. On peut du reste vérifier que c’est bien par ce procédé que notre malade semblait comprendre une phrase qu'on lui donnait à lire dans un journal, car si on lui montrait ensuite les mots les moins usuels appartenant à cette phrase, elle ne pouvait en comprendre le sens ; on pouvait aussi remarquer, par un questionnaire attentif, que certains détails lui avaient échappé complètement. Cette alexie de l’aphasique moteur en voie de guérison (alexie incom- plète où les mots usuels sont seuls reconnus) forme un type bien à part, et qui se sépare facilement de l’alexie de l’aphasique sensoriel; dans le cas de cécité verbale, en effet, l’alexie est plus complète, le ma- lade ne comprend aucun mot, sauf son nom et pas toujours. Les aphasiques du service de D' Dejerine qui ont servi à nos recher- ches, présentent ces troubles de la lecture. Ils lisent les mots usuels; ies mots non usuels ne sont pas compris par eux. Pour déterminer le trouble du langage intérieur qui se traduit par cette alexie spéciale, voici l'expérience à laquelle nous avons eu recours; SÉANCE DU 22 FÉVRIER 911 nous prenons, parmi les mots les plus usuels, un monosyllabe : pain, ciel, vin, etc., et nous l’écrivons en mettant les lettres dans le sens ver- tical, et assez éloignées les unes des autres. Le mot ainsi écrit est présenté au malade ; on s'est assuré tout d'abord que le malade peut lire les lettres de l'alphabet (quelques-uns peuvent nommer les lettres qu'on leur montre, les autres n’ayant pas encore récu- péré la parole peuvent néanmoins retrouver dans un jeu de cubes alpha- bétiques une lettre qu'on leur indique. Or d’une facon constante, bien que le malade puisse reconnaitre toutes les lettres du mot ainsi éerit, il ne peut arriver à le comprendre. Nous n'avons trouvé d’exceptions à cette règle que sur deux de nos malades, très améliorés de leur apha- sie, et qui ont pu comprendre deux ou trois mots d'ordre courant (pain, vin), écrits sous cette forme. Cette première partie de l'expérience a déjà été exposée dans une précédente communication (1). Mais pour rendre l'expérience plus pro- bante, nous nommons à haute voix les lettres du mot ainsi écrit, nous répétons plusieurs fois de suite ces lettres une à une jusqu à ce que le malade les ait bien toutes dans son souvenir: dans ce cas encore, le mot n’est pas compris. Parfois même, certains de nos malades qui ont recouvré plus complètement l’usage de la parole, répètent après nous les lettres une à une, et cela même ne Jeur est d'aucun secours pour comprendre le mot. Et pourtant, si nous prenions les lettres et si nous les rapprochions l'une de l’autre, présentant le mot dans le sens horizontal, et avec son aspect habituel, aussitôt il comprenait le mot, le reconnaissait, ou, s'il ne pouvait parler, nous indiquait par un geste qu’il avait compris. De cette expérience qui a été répétée plusieurs fois sur chaque malade et toujours avec le même résultat, il nous semble que l’on peut tirer les deux conclusions suivantes : La première, que nous avions déjà indiquée, c’est que l’aphasique lit bien les mots usuels, mais qu’il ne les lit que sous leur forme ordinaire ; il comprend les mots usuels, comme il comprendrait un dessin. La deuxième conclusion, c'est que le malade ne peut pas lire les mots usuels sous une forme inaccoutumée, parce que le mécanisme de l'épel- lation est très altéré chez lui. En effet, tout individu normal, lorsqu'il a nommé les lettres qui forment une syllabe, prononce mécaniquement, pour ainsi dire, la syllabe qu'elles forment. L'épellation est devenue quelque chose de spontané et d'auto- matique. C'est un mécanisme qui a élé créé à force de répétitions et d'exercices dans le cerveau plastique de l'enfant, et qui lui servira plus tard de clef, pour lire tous les mots. (4) Sur les troubles latents de la lecture mentale chez les aphasiques mo- teurs corticaux, par A. Thomas et Jean-Ch, Roux. Comptes rendus de la Societé de Biologie, 12 juillet 1895. 219 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après plusieurs années d'habitude, certains mots peuvent bien prendre une physionomie spéciale et être reconnus par leur aspect, ce sont les mots lus le plus souvent, les plus usuels; mais pour la majorité des mots, il faut encore recourir à l' épellation. Or l’épellation est un mécanisme essentiellement moteur ; épeler, c’est réunir les différentes lettres d’une syllabe, dans un son unique, par une seule articulation : le son b et le son à, ne font ba que parce que nous le prononçons ainsi ; l'épellation n’est en somme qu’une suite d'associations motrices et audilivo-motrices. On comprend donc comment, chez l'aphasique moteur, l'altération des images verbales motrices et de leurs associations avec les images auditives, pourra retentir sur les phénomènes psychiques qui en dérivent directement. La lecture des mots usuels est conservée parce que ces mots sont lus comme un dessin. Les mots non usuels ne sont pas lus, parce que leur forme générale n'étant pas suffisamment connue pour constituer un dessin familier, ils doivent, pour être compris, être épelés et prononcés mentalement. Ces expériences et cette théorie appelaient une vérification. Sur quatre aphasiques, presque guéris et qui peuvent épeler, nous avons répété la même expérience, et dans ces quatre cas, la lecture du mot écrit verli- calement était possible ; les malades pat également lire les mots non usuels. Chez une malade atteinte d'aphasie motrice sous-corticale, la lecture par lettres séparées, était parfaite parce que l’épellation mentale était conservée. Nous nous sommes demandé s si cette même altération de l’épellation ne pourrait expliquer les troubles de l'écriture constatés chez les aphasiques moteurs. Dans son mémoire sur les troubles de l'écriture chez les aphasiques moteurs, M. le D' Dejerine reconnaît deux grandes variétés d’agraphie (1). Dans une première variété, la malade ne peut pas tracer une seule lettre ; ses efforts d'écriture n’aboutissent qu'à un gribouillage informe. Dans une deuxième variété, le malade forme bien les lettres, maisilne peut pas les disposer dans l’ordre voulu. | De la première variété d'agraphie, nous n'avons rien à dire. Il nous semble, au contraire, que les troubles de l’épellation peuvent expliquer la deuxième variété d’agraphie. Nous avons trouvé trois malades qui peuvent être rangés dans la deuxième variété d'agraphie dont parle M. le D' Dejerine ; chez ces trois malades, l'épellation est absolument impossible. (4) J. Dejerine. Contribution à l'étude des troubles de l'é F . chez les aphasiques. Mémoires de la Société de Biologie, 1891, p. 97. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 943 un Or si nous disons à un de ces malades de nous écrire un mot que nous lui dictons, il ne peut y arriver; il peut pourtant, sous notre dictée, écrire toutes les lettres qui composent ce mot. Or décomposer un son, remonter du mot entendu aux lettres qui le forment, c’est en quelque sorte faire de l'épellation en sens inverse, et ce n’est que par une grande habitude de l'épellation que l'enfant peut reconnaitre dans un mot qu'on lui dit, les lettres qu'il faut écrire, c'est-à-dire les lettres qui, épelées et prononcées, reproduiront ce mot. On concoit donc que nos trois malades, qui ne savent plus épeler, ne savent pas non plus de quelles lettres se compose le mot écrit correspondant à un objet ou à un son quelconque (écriture spontanée et écriture sous dictée). En résumé, les recherches que nous avons faites sur les troubles de la lecture et de l'écriture chez les aphasiques moteurs corticaux tendent à démontrer que ces troubles relèvent directement d'une altération, le plus souvent de la suppression de l’épellation mentale. Celle-ci, d'autre part, n'est que la conséquence des modifications survenues dans les associations des images auditives et des images motrices. NOTE SUR L'URINE NORMALE DU COBAYE +i J par M. le D' Azezais (de Marseille). Les données sur l'état normal des animaux mis en expériences sont toujours utiles au physiologiste. C'est ce qui m'a engagé à présenter les résultats que j'ai obtenus en étudiant l'urine normale du cobaye. ‘Mes analyses, au nombre de vingt et représentant une durée de deux mois environ, ont porté sur l'urine de deux cobayes mâles dont le poids initial de 7130 grammes s’est élevé à 800 et 830 grammes. Leur alimenta- tion, toujours la même, se composait de choux et de blé. L'urine du cobaye est un liquide alcalin, jaune laiteux à l'émission, ‘qui devient jaunâtre par le dépôt des sels au repos, et qui brunit avec le temps au contact de l'air. La quantité moyenne émise par jour était de 60 centimètres cubes, variant entre les chiffres extrêmes de 85 et 32 centimètres cubes, et re- présentant 7 centimètres cubes par 100 grammes du poids du corps. La densité moyenne, 1.026, tombe à 1.024 par le dépôt des sels : les chiffres extrêmes, 1.021, 1.032, correspondaient aux variations extrêmes de la quantité. Le poids moyen de 10 centimètres cubes d'urine est de 40 gr. 254 com- pris entre les limites de 10.030 et 10.415. Desséchée au bain-marie puis à l’étuve à 100 degrés, cette quantité d'urine donne un extrait pesant en moyenne 0 gr. 353 (0 gr. 270-0 gr. 527), qui contient 0 gr. 140 de matières organiques (0.090-0.240) et 0 gr, 217 de matériaux fixes (0.097-0.330). Le taux de l’urée est en moyenne 0 gr. 766 par jour, soit 0 gr, 10 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (0 gr. 096) par 100 grammes du poids du corps. Malgré un écart assez notable à 0.44 qui ne s'est produit qu'une fois, il s’est ordinairement maintenu entre 0 gr. 60 et O0 gr. 90. Les phosphates présentent une dose moyenne de 0 gr. 0227 avec un maximum de 0.034 et un minimum de 0.005 qui ne s’est rencontré qu'une fois. Leur chiffre le plus ordinaire oscillait entre 0 gr. 02 et 0.03, ce qui donne 0.003 (0 gr. 002-0 gr. 004) pour 100 grammes du poids du corps. La quantité quotidienne des chlorures était en moyenne de 0 gr. 216 (0 gr. 107-0 gr. 390), soit 0 gr. 125 pour 100 grammes du poids du corps (0 gr. 017-0 gr. 046). Injectée dans la veine fémorale du lapin, au taux de 3-4 centimètres cubes par minute, l'urine du cobaye s’est montrée toxique à la dose moyenne qui résulte de sept expériences, de 10 centimètres cubes par kilogramme de lapin (6 gr. 6-10 gr. 6-10 gr. 12-10 gr. 35-15 gr.-12 gr. 5- 10 gr. 4). Les principaux phénomènes qui se répêtent régulièrement dans chaque expérience sont d'abord l’accélération de la respiration, arrivant peu à peu jusqu'à la dyspnée extrême : le ralentissement puis l'arrêt du cœur : des secousses convulsives, puis un tétanos violent au moment de la mort, le myosis. L'hypothermie est peu marquée, la miction esl fréquente. Desséchée au bain-marie puis à l’étuve à 100 degrés pendant vingt- quatre heures, calcinée et traitée par un volume d’eau distillée égal à son volume initial, l'urine donne, après filtration sur le coton, un liquide alcalin, clair, un peu citrin, d'une densité de 1.012, qui est toxique pour le lapin à la dose de 23 centimètres cubes par kilogramme d'animal. Les phénomènes sont à peu près les mêmes qu'avec l’urine totale, sauf le myosis, qui est remplacé par la mydriase. Dans une expérience, qui durait déjà depuis quelques minutes, et dans laquelle l'animal avait déjà reçu 49 centimètres cubes de liquide, le cœur était arrêté, la respiration stertoreuse se suspendit, tous les museles étaient raidis par les convulsions, les pupilles étaient énormes, il semblait que la mort fût imminente lorsque, l'injection se ralentissant, la respiration reprit peu à peu, le cœur se remit à battre, et la mydriase diminua. À la reprise de l'injection, la respiration s’arrêta de nouveau, les pupilles se dilatèrent et la mort survint. Au contraire, dans toutes les expériences faites avec l'urine totale, les lapins ontsuccombé avec des pupilles très rétrécies, parfois punctiformes. ERRATUM C'est par erreur typographique que M. le professeur Prenant, élu membre cor- respondant national de la Société de Biologie le 15 février 1896, n’a pas été inscrit sur la liste des élections; mais son nom figure sur la liste générale des membres correspondants de la Société, comme cela peut être constaté. Le Gérant : G. MASsoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. ke SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1896 M. A. Caanremesse: Diagnostic précoce de la fièvre typhoïde par l'examen bactério- logique des garde-robes. — MM. Cnarrix et GLEY : Déformations rappelant celles du rachitisme, reproduites expérimentalement. — M. Cn. Couvre : La Phonendos- copie du Dr Bianchi. — M. M. Kaurmanx : Diminution de poids pendant l'inanition comparée chez des animaux normaux et ceux devenus diabétiques par l’extirpation du pancréas. — M. M. Kauruanx : De l’excrétion sucrée pendant le jeûne chez les animaux rendus diabétiques par l’extirpatior du pancréas. — M. G. MaRINESCo : Lésions de la moelle épinière consécutives à la ligature de l’aorte abdominale. — M. C. Parsaux : Attéouation du venin de vipère par les courants à haute fréquence: nouvelle méthode de vaccination contre ce venin. — M. Cx. CONTEJEAN : Pression négative dans l'abdomen. — M. le Dr Caeunx : Recherches sur les gaines synoviales tendineuses du pied, — M. le D' SagrazÈs : Sur un processus de transformation de la graisse en matière glycogène. — MM. À. Dasrre et N. FLoresco : Sur l’action coagulante de la gélatine sur le sang. Antagonisme de la gélatine et des pro- peptones. — M. E. Gzey : Note sur la prétendue résistance de quelques chiens à l’action anticoagulante de la propeptone. Présidence de M. d’'Arsonval. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. le D' MaRAGE adresse à la Société une lettre, avec brochure à l'appui, qui a pour but de faire remarquer que, antérieurement à la communication du 15 février 1896 à la Société de Biologie de MM. Phi- ladelphien et Verdin, il a fait construire un instrument en 1889 servant à la fois de sphygmographe et d’'hémodynamomètre. Cet instrument se trouve dans les vitrines du musée Verdin à l'Ecole pratique, et a été l'objet d’une récompense, le 5 février 1890 (Prix Barbier de la Faculté de médecine de Paris). , DIAGNOSTIC PRÉCOCE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE PAR L'EXAMEN BACTÉRIOLOGIQUE DES GARDE-ROBES, par M. A. CHANTEMESSE. (Communication faite dans la séance précédente.) Un obstacle qu'on rencontre à chaque pas dans l’étude de la fièvre typhoïde est la difficulté de découvrir le corps du délit, le bacille d'Eberth, dans les milieux où sa présence est soupconnée avec appa- rence de raison. Cette difficulté est telle que peu de médecins ont réussi à la surmonter. La technique employée a été si défectueuse que dans l’eau et les matières fécales suspectées on a d'ordinaire trouvé le seul coli-bacille. D'aucuns se sont empressés d’ériger celte constatation en document irréfutable donnant au coli-bacille l'investiture d'agent spécifique de la fièvre typhoïde. J'ai signalé, à plusieurs reprises, l'imperfection des procédés qui mettaient en lumière le coli-bacille aux dépens du bacille d'Eberth et Biozocie. Comptes RENDUS, — 102 séRIE, 7, LT, 16 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE j'ai montré que, dans la grande épidémie typhique de Paris, en 1894, les soldats qui buvaient l’eau de la caserne de Ménilmontant n'avaient pas présenté un seul cas de fièvre typhoïde, alors que cette eau renfer- mait en abondance des coli-bacilles virulents. Le point où giît la diffi- culté est le mélange aux matériaux qui renferment le virus typhique de germes (le coli-bacille en particulier) mettant obstacle à la culture arti- ficielle et, par conséquent, à la découverte du bacille d'Eberth. Il fallait une technique qui permit à ce dernier d'apparaitre dans les cultures, malgré l'obstacle des autres espèces microbiennes concurrentes. En 1886, nous avions proposé, à cet effet, M. Widal et moi, l'emploi de l'acide phénique, ajouté au bouillon nourricier. Cette méthode, utilisée et perfectionnée par Vincent, par Péré, par Parietti, a rendu quelques services, mais son insuffisance est encore manifeste. Le procédé ima- giné récemment par M. Elsner est meilleur. Il a eu recours, lui aussi, à un milieu faiblement nutritif où l’antiseptique destiné à permettre la culture du bacille d'Eberth et à gèner le développement des autres microbes, est l’iodure de potassium. J'ai utilisé la méthode d’Elsner pour la recherche systématique du bacille d'Eberth dans les garde-robes de gens bien portants, de per- sonnes atteintes d’affections fébriles diverses, et de malades souffrant de la fièvre typhoïde. J'ai fait cette étude avec la collaboration dévouée de mon externe, M. d’Avellar. Les cas soumis à l'analyse dans le milieu d’Elsner sont déjà assez nombreux en Allemagne. Ils se répartissent en trois catégories : les malades atteints de fièvre typhoïde en pleine évolution, les convales- cents de cette maladie et les gens bien portants. Chez les typhiques fébricitants (17 cas d’Elsner, 5 cas de Lazarus, 10 cas de Brieger) on à toujours trouvéle bacille typhique dans les garde-robes. Chez les conva- lescents (2 cas d’Elsner, 16 cas de Lazarus) le bacille d'Eberth à été trouvé treize fois. Il a même été rencontré dans les selles d’un infirmier qui soignait les typhiques, mais qui n’était pas atteint lui-même de fièvre typhoïde. Notre statistique personnelle nous a donné les résultats suivants : L'examen des selles de deux personnes en bonne santé, d’un malade atteint d’érysipèle, de deux autres atteints de grippe fébrile et d'un dernier souffrant d’une pleurésie, ne nous a jamais montré la présence de bacilles typhiques. Nous avons soumis à la même analyse les garde- robes de seize malades qui avaient ou qui avaient eu la fièvre typhoïde. Trois fois cet examen est resté négatif : chez un petit malade guéri depuis trois semaines de la fièvre typhoïde et chez deux autres en pleine évolution de la maladie. J'ajoute que ces deux derniers cas ne peuvent entrer en ligne de compte parce que l'analyse n'a été faite qu'une fois et que les plaques de gélatine iodurée n'avaient pas été ensemencées convenablement. Restent treize cas de fièvre typhoïde où l'examen, ” SÉANCE DU 29 FÉVRIER 917 renouvelé à plusieurs reprises, a toujours donné des résultats positifs. Voici la nomenclature des jours d'examen : Au 1° jour, 8 cas; au 8°, 1 cas; au 12°, 1 cas; au 13°, 1 cas; au 17°, 2 cas; au 19°,1 cas; au 20°, 3 cas; au 21°, 1 cas: au 23°, 4 cas; au 26°, 1 cas. Dans ces treize cas, trois méritent une mention particulière parce que la découverte de bacilles typhiques dans les selles a permis de recons- tituer le diagnostic que l'examen purement clinique avait laissé dans le doute. Le premier est celui d'une jeune fille soignée dans le service de M. Dalché, à l'hôpital Beaujon. Après quelques jours de fièvre qui avaient fait porter, par notre collègue, le diagnostic probable de fièvre typhoïde, la maladie s'était jugée par une défervescence brusque accompagnée d'éruption ortiée. Cette terminaison insolite avait fait écarter le premier diagnostic. Pendant la période fébrile, j'ai constaté la présence dans les garde-robes du bacille typhique. Un second malade, cocher, entaché d’alcoolisme, était entré à l’hô- pital ne se plaignant que de faiblesse. Il était apyrétique. Le premier diagnostic avait été de le considérer comme atteint d’un mélange d’in- toxication et de paresse. Il avait encore des bacilles typhiques dans ses garde-robes. Une enquête plus attentive a permis de reconnaître que ce malade avait été atteint chez lui, pendant une quinzaine de jours, de fièvre typhoïde. Une troisième malade, venue à l'hôpital, sans aucune fièvre, avec de la photophobie, du rétrécissement du champ visuel, de l’'hémianesthésie sensitivo-sensorielle, avait aussi dans ses selles le ba- cille d'Eberth. Quinze jours avant son entrée à l'hôpital elle avait eu de la fièvre, de la diarrhée, des vomissements, des épistaxis, du vertige, de l’insomnie. Sous l'influence du poison typhique, à la place d’une réaction nerveuse thermique, elle avait présenté les manifestations de l'hystérie d'origine infectieuse. On voit par ces citations l’aide que la bactériologie vient apporter au domaine de la clinique de la fièvre typhoïde. Lazarus a trouvé le bacille typhique dans les garde-robes d’un homme chez lequel la fièvre avait reparu quarante et un jours après la défervescence d'une dothiénentérie, Le fait qu'un homme en bonne santé peut porter dans son inles- tin des bacilles d'Eberth et les semer çà et là éclaire singulièrement l'origine dite spontanée de certains cas de fièvre typhoïde. Il porte un coup sensible à la vieille doctrine pythogénétique de Murchison rajeunie par l'Ecole lyonnaise. La technique d'Elsner demande, pour rendre les services qu'on attend d'elle, un apprentissage qui s'obtient assez facilement. Sur les plaques de culture qui doivent être ni trop, ni trop peu chargées, on voit se développer quelques colonies de microbes liquétiants, beaucoup de coli-bacilles et un nombre variable de bacilles d'Eberth, dont les colo 9218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nies se distinguent de toutes les autres par leur petitesse et leur trans- parence. C'est d'ordinaire du deuxième au troisième jour, et mieux du troisième au quatrième, qu'elles se montrent: plus tôt elles sont diffici- lement visibles; plus tard elles se confondent aisément avec les colonies voisines. La lenteur de développement dans l'apparition des germes typhiques est un inconvénient sérieux de la méthode d'Elsner, si pré- cieuse en d’autres points. Il y a lieu d'espérer bientôt un perfectionne- ment qui la rendra rapide et véritablement clinique. Lorsqu'elle sera devenue d'usage courant, on pourra prévoir la création, au laboratoire municipal de Paris, d'un service de diagnostic analogue à celui qui a été institué pour la diphtérie, sur le rapport de M. le D' Dubois. La méthode rendra un service signalé à la thérapeutique en assurant un diagnostic rapide. En effet, la fièvre typhoïde se comporte sous plus d’un point comme la diphtérie. Pure, elle est le plus souvent bénigne, mais les formes graves et prolongées se compliquent d’ordinaire, vers la fin du deuxième septénaire, de pénétrations d’autres germes qui jouent, dans l’évolution ultérieure de la maladie, un rôle important. Dans les huit ou dix premiers jours, c’est l'infection par Le virus typhique qui domine. L'homme supporte cette intoxication éberthienne mieux que l'empoisonnement par la toxine diphtérique ou tétanique. Si le dia- gnostic est fait de bonne heure, on peut espérer intervenir d’une ma- nière efficace avant que ne se soient produites les dégénérescences pro- fondes des parenchymes et les infections secondaires. Alors pourra entrer en ligne un traitement spécifique qui nous a manqué jusqu'ici : la sérothérapie de la fièvre typhoïde. En 1892 nous avons fait, M. Widal et moi, les premières tentatives dans cette voie. Nous avons échoué pour une double raison : le virus typhique utilisé était insuffisant et insuffisante était l’immunisation de nos animaux. Les admirables résultats obtenus par l’Institut Pasteur _dans le traitement de la diphtérie ont changé la face de la question, en déterminant le choix des animaux producteurs de vaccins et les mé- thodes pratiques d'immunisation. J’ai repris l'étude de la sérothérapie de la fièvre typhoïde; j'ai obtenu un virus typhique d’une puissance inconnue jusqu'ici, dont la culture, développée depuis douze heures dans un milieu liquide, tue le cobaye en six heures par l’inoculation d’une dose inférieure à un centième de centimètre cube. Depuis le mois de juin de l’année dernière, j'ai immunisé contre ce virus des chevaux de l’Institut Pasteur que M. le D' Roux, avec sa libé- ralité ordinaire, a bien voulu mettre à ma disposition. Le sérum que j'ai obtenu possède en ce moment une puissance préventive telle qu'un cinquième de goutte inoculé vingt-quatre heures d'avance à un cobaye, le protège efficacement contre la dose de virus typhique mortelle pour les animaux témoins. Cette même dose de sérum anti-typhique ne pré- munit pas contre l'infection par une dose mortelle minima de coli- SÉANCE DU 29 FÉVRIER E 219 bacille. Comme l'avaient remarqué Pfeiffer, Lüffler et Abel, le sérum des animaux vaccinés contre le bacille-coli et contre le bacille typhique jouit de propriétés thérapeutiques différentes. Leur spécificité distincte accuse les différences essentielles qui séparent ces deux mi- crobes. Après m'èlre assuré que ce sérum antityphique était préventif et EURE VIE 1 + - ait “ Has Cas de fièvre typhoïde ayant subi l'évolution abortive sous l'influence de la sérothérapie antityphique. (Moyenne quotidienne des températures prises toutes les trois heures.) euratif pour. les animaux, qu'il n'avait aucun mauvais effet ni sur les petits animaux sains de laboratoire, ni sur l'homme en bonne santé, je l'ai utilisé pour traiter trois cas de fièvre typhoïde ayant des bacilles d'Eberth dans les garde-robes. Les deux premiers étaient de forme moyenne, arrivés au huitième et au douzième jour; le troisième était un cas très grave, une forme ataxique et délirante chez un jeune homme que des gardiens de la paix avaient dû saisir et voulu conduire à Sainte- 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Anne quand il s'était précipité par la fenêtre de son logement. Entré à l'hôpital le 9° jour, il recut une injection; le délire disparut dans la journée. Voici (p. 219)les trois courbes thermiques de ces malades. La tempé- rature quotidienne est la moyenne des températures prises toutes les trois heures. On voit quel a été le résultat de l'intervention. La maladie s’est amendée chaque jour, se comportant comme une fièvre typhoïde abortive. Le sérum antityphique a agi comme un élément excito- phagocytaire de premier ordre. Sept jours après le début du traitement, les malades étaient rendus à l’apyrexie et à la santé. Je ne veux pas insister davantage sur ces trois cas. Lorsque le nombre des malades traités sera suffisant, je ferai connaitre en détail les résul- tats. J'ai voulu seulement les indiquer pour montrer que la recherche des bacilles typhiques dans les garde-robes va jouer un rôle important dans l'étude de l’étiologie, du diagnostic et de la thérapeutique future de la fièvre typhoïde. DÉFORMATIONS RAPPELANT CELLES DU RACHITISME REPRODUITES EXPÉRIMENTALEMENT, par MM. CaarriN et GLEY. (Communication faite dans la séance précédente.) Depuis plusieurs années, nous avons présenté à la Société des animaux atteints de malformations diverses et issus de générateurs soumis à l'influence de produits microbiens, en particulier des toxines pyocyanique, diphtéritique, tuberculeuse; parmi eux, plusieurs, on s’en souvient, offraient des atrophies, un développement, une sorte de nanisme. Ce nanisme se retrouve chez l'animal que nous montrons; mais, en outre, on remarque, en l’examinant, une série de détails intéressants. Les poils sont hérissés; l'abdomen est large, flasque:; il existe une entérite à manifestations intermittentes. — Les membres antérieurs sont incurvés; le toucher permet d'apprécier les torsions des os; il permet aussi de noter les saillies considérables des épiphyses du fémur, du tibia par rapport aux diaphyses. — Au niveau du thorax, on constate en avant, près du sternum, des saillies, des angles anormaux des côtes, angles disposés sur une même ligne verticale, à droite et à gauche. — Les incisives supérieures sont irrégulières. — Le poids total ne dépasse pas 995, tandis que celui d’un lapin de la même portée (1), lapin d’ailleurs bien conformé, atteint 1880. — L'accroissement se produit lentement; en cinq jours, l'augmentation a été de 10 grammes, (1) Cette portée fut de trois petits, un en apparence normal, celui que nous présentons, et un mort-né. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 291 à un àge — trois mois — où cette augmentation se fait plus rapidement; la nutrition est assez torpide; la quantité d'urée, avec la ration d'entre- tien, atteint à peine 0,84: les urines sont neutres. Ces déformations, ces anomalies rappellent assez exactement celles qui, dans l'espèce humaine, caractérisent le rachitisme, y compris la gastro-entérite ; toutefois, ici, l'assimilation complète doit être réservée : il importe de pratiquer l'examen chimique et histologique des os. Cet animal a donc subi l'influence des toxines diphtéritiques que ses parents, le màle et la femelle, avaient reçues à quelques jours de dis- tance de la naissance qui a eu lieu le 1% décembre 1895, tandis que les injections ont été pratiquées jusqu’au 24 novembre. Ces données ne permettent pas de mettre en évidence l'influence pré- dominante de l’un des générateurs, pas plus qu'elles ne conduisent à exclure, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, l'intervention directe des toxines passant au travers du placenta ou de la glande mammaire. Quoi qu'il en soit, ce fait prouve qu'il est possible de reproduire chez les descendants des déformations plus ou moins analogues au rachitisme, en soumettant les générateurs à l’action des substances microbiennes; ces résultats éclairent, pour une part, l’origine si dis- cutée d’une série de malformations connues en pathologie humaine. Rappelons à ce propos que dans douze cas, au moins, nous avons observé des phénomènes plus ou moins comparables, à des degrés divers ; on ne saurait donc invoquer de pures coïncidences, d'autant plus que, dans la descendance de lapins sains, nous n’avons pas ren- contré ces accidents avec cette fréquence. S'agit-il [à d’une affection congénitale proprement dite, ou de désor- dres développés durant les premières semaines, sous l'influence des fermentations d’un intestin malade ou des toxines en voie d'élimination par le lait de la mère? Ces questions demeurent, pour le moment, sans réponse, attendu que, pour conserver plus sûrement ces rejetons, nous nous sommes abstenus d'examens trop directs; un fait pourtant est certain, c’est que l'atrophie générale existe dès la naissance, au moins dans certains cas; pour les autres anomalies, il est impossible actuelle- ment de se prononcer. Il est rare, si on tient compte du nombre considérable de nos expé- riences, de leur durée, il est rare, en définitive, d'observer ces acci- dents; cette rareté même est intéressante. — Dans l'espèce humaine, en effet, les tuberculeux, les syphilitiques procréent très souvent; cepen- dant, heureusement, les grandes infirmités sont plutôt, toutes propor- tions gardées, relativement exceptionnelles chez leurs descendants. Aussi, convient-il, en pareille matière, d'être prudent avant de nier — quand il s'agit de transmissions ou d'influences héréditaires — tel ou tel phénomène. — On sait, du reste, que, pour une série de détails, les faits avancés par nous ontélé confirmés par Arlault, de Vevey, par Morau, etc. 2929 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour le passage de l’immunité du père au produit engendré, par exemple, on peut, pendant un an, deux ans et plus, tenter sans succès de l'enregistrer; c'est là, en partie, ce qui explique le désaccord des auteurs. — À ne tenir compte que de ces deux dernières années, nous n'avons pas utilisé moins de soixante-quatre mâles pour arriver à trois observations positives (1). — Nous ne voyons pas que tous ceux qui ont infirmé ce fait aient pris soin de le rechercher ni aussi souvent, ni aussi longuement. Il convient également, dans de pareilles questions, de tenir compte de la nature du virus; l'histoire de la syphilis comparée à la tuberculose démontre, jusqu’à l'évidence, le bien fondé de cette remarque, comme ces deux infections prouvent la possibilité de la participation à ces proces- sus héréditaires, avec des différences assurément, des deux générateurs. L'intensité des désordres réalisés est, à quelques égards, fonction du degré d'imprégnation des éléments anatomiques ; une cellule peut être modifiée dans sa manière d’être d’une façon durable ou passagère, pro- fonde ou superficielle; ce sont là des notions primordiales en biologie qui n’autorisent pas à dire que tel phénomène, à cause de sa brièveté, à cause de son défaut d'importance, ne saurait être tenu pour une pro- priété cellulaire. — A ce compte-là, les substances chromogènes des bac- téries, si faciles à faire varier, ne devraient pas être considérées comme étant des sécrétions de ces bactéries. — On voit où conduit une sem- blable conception scientifique. La PHonenposcopre Du D' Brancui, par M. Cu. Core. (Communication faite dans la séance précédente.) Le D' Bianchi, professeur agrégé de la Faculté de Parme, a réalisé une méthode d'exploration des organes du corps qui promet d’être d'un grand secours dans l’examen et dans la délimitation des viscères. Cette méthode, appelée Phonendoscopie par l’auteur, est une combi- naison de l’auscultation et de la percussion. Elle consiste à appliquer sur l'organe que l’on veut explorer un stéthoscope et à faire naître à la surface de cet organe de légers bruits, qui suffisent pour déceler, d'après l'intensité des vibrations transmises à l'oreille, la position et les dimensions de l'organe exploré. La Phonendoscopie permet en effet de délimiter sans peine et avec (1) Dans un récent et intéressant article de Vaillard, ce chiffre des mâles est réduit à 8; d'autre part, leur vaccination est tenue pour peu intense, alors qu'on à eu recours à des germes atténués qui peuvent introduire des quan- tités de toxines vaccinanutes. — D'ailleurs, notre conception de l’immunité diffère trop de celle de l’auteur pour pouvoir discuter utilement, sisi bio: RER D, ARS LENS SÉANCE DU 29 FÉVRIER 9293 beaucoup de précision les contours d'organes, même quand la percus- sion se reconnait incapable de les découvrir ou ne donne que des résultats très incertains. Ce genre de recherches a été rendu possible grâce à l'appareil d’aus- cultation, le Phonendoscope, dû à la collaboration de M. Bianchi et de M. Bazzi, professeur de Physique à Florence. Le Phonendoscope 4 été présenté à Rome au dernier Congrès inter- nalional de Médecine; ilse compose d’une petite capsule en métal d’en- viron 6 centimètres de diamètre, fermée par une mince plaque d'ébo- nite et dont la cavité est mise en communication avec les oreilles par des tubes de caoutchouc. Au centre de la lame d’ébonite, ou plutôt au centre d'une seconde Erc. 4} Coupe schématique du Phonendoscope. C, Cavité de la capsule métallique. Y, Tube bifurqué auquel s'adaptent les tuyaux de transmission. M, Plaque en ébonite fermant la capsule. T, Tige exploratrice montée sur une seconde plaque d'ébonite qui protège la première. plaque d’ébonite qui recouvre et protège la première, est fixée une petite tige de 5 à 6 centimètres de long environ dont l’extrémité libre se termine par un petit bouton. Si l’on veut explorer un organe, soit l'estomac par exemple, après avoir mis les extrémités des tubes en caoutchouc dans les oreilles, tenant l'appareil par la partie métallique, on applique le bouton de la tige sur l'abdomen en un endroit où l’on est certain que cet organe se trouve en rapport avec la paroi, puis avec un doigt de la main libre on frotte avec une légère pression la peau en s’éloignant de l'appareil en tous sens {1). Tant que l'on se trouve dans les limites de l'organe (4) La friction doit se faire avec le doigt comme si la peau était recouverte d'une fourrure dont on veuille coucher les poils dans un sens donné. Cette friction peut être centripète ou centrifuge par rapport au Phonendoscope ou parallèle aux bords de l'organe exploré. La friction centripète est celle qui 2924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE exploré, ou plutôt dans les limites de sa projection sur la paroi, l’on en- tend un fort bruit de frottement; mais aussitôt que l’on dépasse ces limites, ce bruit de frottement diminue d'intensité d'une facon très nette et assez rapide pour que l’on puisse facilement marquer d’un trait la place même où se produit ce changement de son. Sans chercher à expliquer par quel mécanisme disparait aussi rapi- dement le bruit de frottement dès qu'on a dépassé les limites de l'organe examiné, il est à remarquer que l'expérience suivante, qui repose sur la transmission des sons par les corps solides en donne sans doute la clé. Si l'on applique sur l'oreille l'extrémité d’une canne qui repose d'autre part sur une table, et si l’on gratte la canne avec l’ongle ou même si on la frôle du doigt, le bruit se transmet à l'oreille, avec tout F1G. 2. Deux explorations successives de l'estomac avant et après l’ingestion d'un liquide. autant d'intensité, que la friction soit proche de la tête ou de la table; mais si au lieu de frotter la canne on gratte la table, le bruit ne se percoit presque pas. Cette solution de continuité entre les deux pièces de bois a suffi pour empêcher les vibrations de se propager jusqu’à l'oreille. Le Phonendoscope étant placé sur l'estomac, on arrive à en déter- miner en entier les limites, à la condition toutefois que l'estomac soit vide, sinon au lieu de trouver inférieurement une courbe à concavité supérieure on trouve une ligne horizontale, ligne qui marque le niveau du liquide contenu dans l'organe. Cette différence de densité des deux parties de l'estomac est cause de la disparition du son quand on arrive au niveau du liquide; aussi, après donne les renseignements les plus exacts ; la centrifuge est plus commode et suffit le plus souvent; enfin, la parallèle est la plus rapide, mais aussi la moins juste. 19 19 OC SÉANCE DU 29 FÉVRIER avoir dessiné les limites supérieures de l'estomac, doit-on déplacer l'appareil et placer la tige au-dessous de la ligne horizontale. On arrive alors, par une série de frottements, à compléter le tracé de l'estomac avec la ligne de démarcation indiquant le niveau du liquide. Enfin, si on a deux phonendoscopes placés à la fois l’un au-dessus, l’autre au-dessous de cette ligne et communiquant chacun avec une oreille, dès que le doigt qui frotte change de région, on sent les vibrations sauter d’une oreille dans l’autre. Il suffit de faire boire à l'individu en expérience un verre d’eau pour r] L> See Reproduction des dessins oblenus sur un sujet dont le D' Bianchi avait délerminé avec son phonendoscope la position et la forme des viscères. P, Poumons avec les scissures interlobaires ; le trait plein représentant le bord antérieur de la scissure, le trait pointillé indiquant son bord postérieur. C, Cœur avec les limites de ses différentes cavités. F, Foie partagé au point de vue phonendoscopique en deux lobes. E, Estomac avec le niveau de son contenu. C, Côlon. R, Rate. — Ra, Reins. voir le niveau du liquide changer dans l'estomac en même temps que les contours de cet organe se modifient. Sans entrer dans de plus longs développements, l’on voit sans peine quel intérêt présente cette méthode d'exploration, aussi bien pour la phy- siologie que pour la médecine. En chirurgie aussi l’on peut appliquer la phonendoscopie avec avantage, Un exemple suffira pour le prouver : Un malade présente au-dessous du foie une tumeur dont la matité faisait suite et se confondait avec celle du foie, L’exploration phonen- "4 Re 154208 CET fe. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE doscopique du foie permet de constater que ses limites sont normales : l'appareil étant mis sur le côlon au delà de la tumeur, le bruit de frot- tement ne disparait pas quand on arrive au-dessus de la région mate et le côlon se dessine, gros et distendu, englobant celte tumeur. On explore à son tour celle-ci et elle apparaît sous le crayon dermo- graphique comme une grosse masse stercorale qui disparut en effet avec un traitement approprié. Dans les fractures des os, on arrive aussi, très facilement, à découvrir d’abord la région où se trouve la solution de continuité puis, l'appareil placé sur cette région, on entend la crépitation avec une forte augmen- tation d'intensité. En résumé, du moment où l’on peut appliquer la tige du phonendos- cope sur un point du corps qui se trouve en rapport avec l'organe à explorer, on peut déterminer les limites de cet organe même sl se trouve en entier, sauf le point où repose le bouton, masqué par d’autres viscères; on arrive donc à dessiner sur la peau les organes superposés et à reconnaitre les superficiels des profonds. Le cœur, les poumons, le foie, l'estomac, la rate, les reins, la vessie peuvent ainsi être vus à travers la peau, de même que la hauteur d’un épanchement pleural ou péritonéal. On arrive même, avec un peu d'habitude, à reconnaître chaque cavité du cœur, la position de la cloison, et à déterminer les scissures interlo- baires du poumon. Cette méthode d'exploration présente donc un grand intérêt à cause des résultats qu’elle fournit et des recherches qu'elle permet, sans réclamer des expérimentateurs ni une grande finesse d'oreille ni la possession de tous les secrets de la percussion. Nota. — À la suite de cette communication, le D' Bianchi a fait, à la Société de Biologie, une démonstration pratique de la Phonendoscopie. L'appareil étant muni de plusieurs séries de tubes bifurqués, un certain nombre de membres de la Société ont pu, à la fois, juger de la valeur de cette méthode et voir se dessiner sous leurs yeux les viscères d’un sujet sans qu'on puisse avoir de doute sur le moment et l'endroit où les vibrations produites par le doigt cessaient de se transmettre à l’organe exploré. DIMINUTION DE POIDS PENDANT L'INANITION COMPARÉE CHEZ LES ANIMAUX NORMAUX ET CEUX DEVENUS DIABÉTIQUES PAR L'EXTIRPATION DU PANCRÉAS, par M. M. KAurMann. Tout animal privé d'aliments diminue de poids et meurt après un temps variable. La rapidité de la mort et l’intensité de la diminution de poids dépendent de l’espèce, de l’âge, de l’état d'embonpoint, de la température ambiante, etc. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 297 Pour les études comparatives sur la nutrition à l’état de santé et à l’état de maladie, il est donc nécessaire de se placer dans les mêmes conditions extérieures et de choisir des animaux ayant sensiblement le même àge, le même poids et le même état d’embonpoint. En me plaçant dans des conditions aussi identiques que possible j'ai toujours constaté que, pendant l'inanition, les animaux rendus diabé- tiques par l'extirpation du pancréas et guéris de l'opération, éprouvent une perte de poids beaucoup plus rapide que les animaux normaux. Des chiens normaux âgés de deux ans environ, pesant de 8 à 15 kilo- grammes en bon élat, perdent en moyenne de 160 à 1738 grammes par jour lorsqu'ils sont privés d'aliments, tandis que les chiens dia- bétiques de même âge et de même poids éprouvent une perte journa- lière qui varie de 250 à 500 grammes. Cette différence dans la destruction et l'élimination de matière chez les animaux rendus autophagiques par le jeûne a de l'importance. La plus forte perte de poids subie journellement par les diabétiques soumis au jeûne est nécessairement étroitement liée à l’activité du rejet de matériaux dans le monde extérieur. Comme conséquence de cette active dénutrition il faut admettre que certaines actions chimiques intra- organiques sont considérablement accrues chez les diabétiques. De quelle nature sont ces actions chimiques qui amènent la démoli- tion si rapide de l'édifice organique? Ne sont-elles qu’une exagération d'un processus normal ou bien sont-elles différentes de celles qui s’accomplissent dans l'organisme sain ? J'apporterai prochainement des faits propres à éclairer ce point. DE L'EXCRÉTION SUCRÉE PENDANT LE JEUNE CHEZ LES ANIMAUX RENDUS DIABÉTIQUES PAR L'EXTIRPATION DU PANCRÉAS, par M. M. KAuFMANN. En 1894, M. Thiroloix a communiqué à la Société de Biologie des expériences qui semblaient établir que les animaux dépancréatés soumis au jeûne, cessent d'éliminer du sucre par les urines. Des résultats qu'il avait obtenus, cet expérimentateur a conclu que les animaux autopha- giques ne font pas d’excès de sucre aux dépens de leurs propres élé- ments et qu'en conséquence ils cessent d’être glycosuriques aussi loug- temps qu'ils sont privés d'aliments. Les faits que j'ai observés dans le cours de mes recherches sur le diabète pancréatique m'ont conduit à des résultats différents. J'ai constaté que les animaux dépancréatés complètement continuent à excréter du sucre par les urines, même quand on les soumet à un jeûne prolongé. Ce n'est que peu avant la mort, alors que les animaux se refroidissent que le sucre peut disparaitre complètement des urines. RE. "1 " "3 2928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je ne connais actuellement que deux conditions qui puissent faire cesser la glycosurie pendant le jeûne chez les animaux dépancréatés : l'extirpation incomplète du pancréas et la fièvre. Toutes les fois qu’un de mes animaux sans fièvre montrait une glyco- surie intermittente, apparaissant sous l'influence de l’alimentation et disparaissant par le jeûne, j'ai reconnu à l’autopsie que l’extirpation de la glande pancréatique avait été incomplète. Il suffit que des parcelles glandulaires très petites restent intactes pour que l'animal puisse conti- nuer à exercer une certaine régulation sur sa nutrition et pour que la glycosurie devienne intermittente. Il peut même arriver lorsqu'une notable portion de pancréas subsiste, que la nutrition reste normale et que la glycosurie fasse défaut même après les repas. Alors l'animal dépancréaté n’est pas diabétique. Chez les animaux sur lesquels l’extirpation pancréatique est complète, la glycosurie peut momentanément disparaitre sous l'influence d’une tièvre intense. Les deux expériences suivantes sont très démonstratives. EXPÉRIENCE I. — Chien âgé de deux ans, pesant 13 kilogrammes en très bon état. Extirpation totale du pancréas après un jeûne de vingt-quatre heures. Le jeûne continue pendant trois jours; on reconnaît que les urines renferment du sucre dès le lendemain de l'opération. Ce sucre n’a pas été dosé. Le qua- trième jour, l'animal reçoit quelques morceaux de viande. Dés le lendemain, on dose régulièrement le sucre dans l'urine obtenue par la sonde. Les résultats sont consignés dans le tableau suivant : PER 2 z CONDITION DE L'ANIMAL. TEMPERATURE SUCRE ELIMINE rectale. par heure. Apres eune deb ÆtheuTe SVP" RE 3901 25: — de ge AUS HEURE AIT LE 38 4 41,59 Aprés repas deñviande 10 UMP -AM WC RUUE 38 3,11 — DEMALISUCEÉ PR 38 2 1,178 — DE VIA UE PTE RE EEE 38 7 4,87 _ de saindoux et viande . . . . 38 7 3.28 ApresMeuneide 2#heurese 00e 40 % 0,99 — de 48: xt 207 200 AE 40 5 0 2 GIE, TPE CA 39 0,55 de JG) EE A A En MOTO 1,06 — Le AAANINEUT 6 SANT EP SD dl 0,65 Après ce dernier dosage, l'animal étant d’une maigreur extrème et prêt à mourir, est tué par la section du bulbe. L’autopsie, faite immédiatement, permet de constater que le pancréas est extirpé complètement. Comme lésion importante on note une altération considérable du rein droit. Ce rein à doublé de volume et offre dans sa substance corticale de nombreux foyers de ramollissement formés d’une matière pultacée d’un jaune grisâtre, visqueuse. Cette néphrite est vraisemblablement de nature infectieuse ; elle est la cause de l'élévation de température qui s'est manifestée dans la deuxième période de jeùne. L'urine émise les jours qui ont succédé à cette manifestation SÉANCE DU 29. FÉVRIER 229 fébrile était à la fois sucrée et albumineuse. L’albumine n'y existait qu'en petite quantité. Il est à remarquer que celte néphrite s’est développée après le repas formé de graisse et de viande. Il est possible que des microbes du tube digestif aient trouvé là les conditions favorables à leur pénétration dans le sang et qu’en- suite ils aient trouvé dans le rein fatigué de ce diabétique un terrain excep- tionnellement propice à leur pullulation ? Exp. IL. — Sur un chien griffon âgé de deux ans, en très bon état, pesant 15 kilogr. 500 à jeun depuis vingt-quatre heures, on pratique l’extirpation complète du pancréas. Après l'opération, l'animal ne recoit que de l’eau; dès le lendemain les urines sont sucrées. Pendant les quatre jours suivants, la diète continue ; tous les jours les urines sont examinées ; elles sont sucrées. mais le sucre n’est pas dosé. La suite de l'expérience est résumée dans le tableau suivant : J TEMPÉRATURE SUCRE ÉLIMINÉ CONDITION DE L ANIMAL. rectale. par heure. JeHjOour denjetren PTE BI SLA). SE 3901 18. 1e = one 20) hole: 39 1,4 10° = 38 5 1,48 12e = RÉ Ch CN 38 6 0,92 ALES UR IepAS de Viande 2e re 38 5 3,97 — de graisse et viande. . . . 38 8 2,58 Nobveau jeune, 2 jour 04H) 10/û1 er 38 4 1,32 — SOUL. eue StoE :o le € 36 9 0,34 -- ÉRIC T LE MR PEN ENS 39 0 L'animal étant mourant et d'une maigreur extrême, on le tue. A l’autopsie faite immédiatement, on reconnait que le pancréas avait été extirpé totale- ment. On ne trouve pas de lésions macroscopiques ni dans le rein ni dans le foie, De tous les faits que j'ai observés et de ceux contenus dans les expé- riences ci-dessus, Je tire les conclusions suivantes : 1° L’extirpation totale du pancréas est infailliblement suivie de gly- cosurie chez le chien, que l'animal soit à jeun ou en digestion; 2° L'alimentation accroît la glycosurie ; mais le jeûne même prolongé ne la fait pas disparaitre complètement; 3° Dans les conditions ordinaires des animaux, la glycosurie liée seu- lement à la période digestive ne s'observe que lorsque l’extirpation du pancréas est incomplète. %° La fièvre accusée par une forte élévation de la température rectale fait disparaitre le sucre des urines chez les animaux diabétiques privés d'aliments, mais le sucre reparait dans les urines quand la fièvre cesse ; »° Chez les animaux totalement dépancréatés en dehors de l'état fébrile, le sucre ne disparait des urines que peu de temps avant le moment de la mort; alors que la température rectale subit un abaisse- ment notable. 230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CONSÉCUTIVES A LA LIGATURE DE L'AORTE ABDOMINALE, par M. G. MARINESCO. Dans une précédente communication, nous nous sommes attaché à démontrer que les lésions de la substance grise médullaire antérieure consécutives à la section d’un nerf moteur présentent une disposition particulière, qui permet de les distinguer des lésions nées par place dans l'axe spinal. L'étude que nous allons faire des altérations de la substance grise, à la suite de la ligature de l’aorte abdominale chez le lapin, fera ressortir davantage encore les différences entre ces deux sortes de lésions. _ Il y a déjà quelque temps que Sténon avait montré que la ligature de l’aorte abdominale chez le lapin est suivie d’une paralysie subite de la mobilité et de la sensibilité. Schiffer avait rapporté cette paralysie à l’anémie de la substance grise, mais la preuve anatomique de ces faits a été apportée par Brieger et Ehrlich. Ges auteurs ont trouvé une dégéné- resgcence prononcée des cellules de la corne antérieure et des lésions dégénératives dans la substance blanche. Les cordons postérieurs étaient pour eux intacts. Spronk a étudié ces lésions avec plus de détails, il a étudié aussi les lésions du tissu interstitiel. Singer et Müntzer, Müntzer et Wiener, Sarbo ont apporté de nouveaux documents tout en confir- mant la plus grande partie des recherches d’Ehrlich et Brieger. Il est préférable de faire ces expériences sur le lapin. Si l’on se pro- pose d'étudier les altérations immédiates de la moelle épinière il suffit de faire la ligature de laorte abdominale par la voie abdominale. Si, par contre, on veut garder les animaux pendant plus longtemps, il faut employer le procédé de Dubois Reymond qui consiste à passer une aiguille avec un fil au niveau de la quatrième vertèbre lombaire au- dessous de l’aorte abdominale après avoir rasé et désinfecté la peau du dos de l'animal. Voici les résultats de nos recherches : Cinq à six heures après la ligature aseptique de l'aorte abdominale on constate dans les cellules de la corne antérieure une légère tumé-: faction des éléments chromatophiles. Les prolongements protoplasma- tiques et le cylindre-axe semblent un peu plus volumineux qu’à l’état normal. En même temps, on voit à la périphérie d’un certain nombre de cellules nerveuses une espèce de croissant caractérisé par ce fait que son aspect diffère de celui du reste de la cellule nerveuse. En effet, à cet endroit, les éléments chromatophiles disparus sont remplacés par un semis de granulations plus ou moins visibles, ce qui fait que la cellule y prend un aspect trouble. Cette désintégration de la chromatine est due probablement à l'hydratation des éléments chromatophiles, suite de l’ædème de la cellule nerveuse. Cette chromatolyse, qui cons- SÉANCE DU 29 FÉVRIER 231 titue dans l’espèce une sorte de dégénérescence, se retrouve aussi bien dans la substance grise antérieure que dans la substance grise posté- rieure. Certaines cellules semblent intactes. La zone de dégénérescence peut gagner toute la périphérie de la cellule, mais elle n’atteint la couche prénucléaire et le noyau que dans les stades ultérieurs. C’est tout contraire à ce qu'on voit dans les lésions consécutives à la section des nerfs, où, comme Nissl et nous l'avons montré, la lésion débute au niveau de la colline du cylindre-axe et tout près du noyau (1). La désintégra- tion de la substance achromatique (trophoplasma) se fait presque en même temps avec la dissolution du kinétoplasma (éléments chromato- philes). Il en résulte la formation de lacunes, d’aréoles constituant une espèce de réseau dans le trophoplasma. Cette désintégration de la substance achromatique donne naissance à des ruptures sur le trajet des prolon- gements de la cellule, lésions que avons rencontrées déjà dans la maladie de Landry. La désintégration du trophoplasma amène la mort fatale de la cellule nerveuse. Celle-ci est envahie par des leu- cocytes. Les lésions du noyau sont très manifestes, son contour est moins net, sa forme est irrégulière; mais les lésions de noyau sont tardives. Si l’animal a vécu douze heures après la ligature les lésions de désin- tégration de la cellule sont beaucoup plus prononcées. Le contour de la cellule est mal défini, ses prolongements sont disparus en partie et dans le corps de la cellule on observe des cavités occupant une partie de la périphérie de la cellule. Le noyau de la cellule plus ou moins altéré, occupe habituellement le centre de la cellule, tandis que il est projeté à la périphérie dans les cellules, séparées de leur cylindre-axe (section des nerfs périphériques). Ce n’est que quarante heures après le début de ligature que le tissu interstitiel présente des signes de prolifération, ce qui se traduit par la présence des figures de karyokinèse dans les cellules névrogliques. Les lésions de la substance blanche ne présentent pas moins d'in- térêt. Ehrlich et Brieger, Singer, en collaboration avec Müntzer el plus récemment encore Müntzer et Wiener ont montré qu'elle est très atteinte. Au niveau de la région lombaire, ces lésions qui sont très nettes quand l'animal a vécu sept jours après la compression de l'aorte, sont disséminées dans tous les cordons de la moelle. Mais, à mesure que la section remonte vers la région cervicale, elles disparaissent dans les faisceaux fondamentaux antéro-latéraux et dans l'aire du faisceau pyra- midal pour se cantonner dans le faisceau antéro-latéral à la périphérie de la moelle, c’est-à-dire dans la région des cordons de Flechsig, de (1) G.Marinesco. Des lésions primitives et des lésions secondaires de la cellule nerveuse. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 25 janvier 1896. - BioLoGiE. Compres RENDUS, — 10° série. 7, ILE. 17 239 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Gowers et sulco-commissural. Il se produit la même variation pour les fibres dégénérées du cordon postérieur. En effet, ici encore les boules noires dues aux fibres dégénérées occupent toute la surface des cordons postérieurs au niveau de la région lombaire. Toutefois la partie tout à fait postérieure de ces cordons reste presque intacte. Dans la région cervico- dorsale, les fibres dégénérées, très réduites en nombre, se dirigent vers la ligne médiane et occupent la partie postérieure des cordons médians. Quelle est l’origine de ces fibres dégénérées ? Elle est, sans doute, dans la substance grise, c'est-à-dire dans la disparition des cellules de cordon. En d’autres termes, c’est la dégénérescence de certains neu- rones médullaires qui amène la dégénérescence des fibres endogènes. Ce fait est hors de doute, car la lésion de ces fibres est proportionnelle à la quantité des cellules altérées. Si, comme il est arrivé, dans une expérience de Singer et Müntzer, la substance grise d’une corne posté- rieure reste intacte, il n’y a pas de fibres dégénérées dans le cordon postérieur correspondant. Ces lésions de la corne postérieure constituent un complément inté- ressant de la thermo-analgésie dans la syringomyélie. En effet, on sait que, dans cette maladie, la dissociation dite syringomyélitique est en rapport avec la destruction de la corne postérieure. La ligature de l’aorte abdominale entraine également, comme nous l’avons vu, l’alté- ration des cellules des cornes postérieures ; aussi, s’ensuit-il de l’anal- gésie et de la thermo-anesthésie. Nous avons montré que les lésions de la substance blanche sont d'ori- gine endogène et que les fibres dégénérées occupent tous les cordons de la moelle. Cela nous prouve, ainsi que nous l'avons, du reste, sou- tenu dans des publications antérieures(1), qu’iln’y a pas dans la moelle épinière de systèmes fermés, tels que l'avaient admis Flechsig et, après lui, la plupart des auteurs. Nous avions dit que toutes les régions de la moelle contiennent, en des proportions variables, des fibres endogènes et des fibres exogènes. Il n’existe pas de systèmes anatomiques com- plètement indépendants, mais ils se pénètrent les uns les autres. Du reste, les faits anatomo-pathologiques, chez l’homme, sont en faveur de cette manière de voir. En effet, dans un cas de compression dela queue de cheval, que nous avions publié avec M. Souques, nous avions trouvé un nombre assez considérable de fibres dégénérées dans la zone ven- trale des cordons postérieurs (faisceau fondamental de ces cordons), zone qui est considérée par beaucoup d'auteurs, notamment par Redlich, comme constituée uniquement par des fibres endogènes. Depuis notre travail, on a publié des cas semblables. Les mêmes considérations s'appliquent également au faisceau pyramidal et si l’on pouvait conclure (4) Lésions des cordons postérieurs d’origine exogene in Atlas der pathologis- chen Histologie. Berlin, 1896. Hirschwald, éditeur. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 233 de nos expériences chez le lapin à ce qui doit se passer chez l’homme, le cordon dit de Goll doit soutenir des fibres de provenance endogène. M. Pierre Marie était arrivé à formuler cette opinion en se basant sur des lésions constatées dans la moelle dans des cas de pellagre. Une question de première importance au point de vue de la vie de la cellule nerveuse, c'est la durée pendant laquelle on peut anémier une cellule ou un centre nerveux sans qu'il ail perdu complètement sa vitalité. Pour l'étude de cette question, nous préférons renvoyer le lec- teur aux publications de Spronk, de Hayem et Barrier et de Laborde. {Travail du Laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux.) ATITENUATION DU VENIN DE VIPÈRE PAR LES COURANTS A HAUTE FRÉQUENCE ; NOUVELLE MÉTHODE DE VACCINATION CONTRE CE VENIN , par M. C. PuisaLix. Dans des communications récentes, MM. d’Arsonval et Charrin (1) ont montré l'influence moditicatrice exercée par les courants à haute fré- quencesur les toxines microbiennes. Après l’électrisation, cestoxines sont très atténuées : elles peuvent être inoculées sans danger aux animaux. En outre, ceux qui les ont reçues résistent ensuite à des doses mortelles de toxines virulentes. L’électricité, sous la forme de courants alternatifs à haute fréquence, tels que M. d'Arsonval les a employés le premier, peul donc atténuer profondément les toxines et les transformer en vaccins. En raison de la similitude qui existe entre les toxines microbiennes et les venins, similitude fondée sur un certain nombre de propriétés physiques et physiologiques, il était intéressant de rechercher si le parallélisme se poursuivait sur ce nouveau terrain. C’est pourquoi, profitant de l'offre bienveillante de M. d’Arsonval, je l'ai prié de soumettre du venin de vipère à l'action des courants à haute fréquence. Dans un premier essai, la solution de venin était glycérinée à 50 p. 100. L'atténuation fut très marquée. Un cobaye qui avait reçu une dose de venin mortelle en moins de 10 heures pour un témoin, survécut. Toutefois sa température avait baissé de 2 degrés, et les accidents locaux étaient assez prononcés. Au bout de 6 jours, il fut soumis à l'inoculation d'épreuve en même temps qu'un témoin. Or, tandis que ce dernier succomba en 3 heures 35, le cobaye qui avait reçu préalablement le venin électrisé, ne mourut qu'au bout de 12 heures. Ce résultat, quoique imparfait, indiquait la possibilité d'en obtenir de plus positifs, en employant non plus des solu- tions glycérinées, qui opposent au passage du courant une résistance considérable, mais des solutions de venin dans l’eau salée à 7,3 p. 1000. C'est ce qui a été fait dans une deuxième série d'expériences, avec un plein succès. (1) D’Arsonval et Charrin. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 10 fé- viier 1896, et Société de Biologie, janvier 1896. 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Expérience. — Un cobaye de 485 grammes reçoit, le 21 février, 4 milligr. 2 de venin de vipère qui a élé soumis pendant une heure à l’action du courant à haute fréquence. (Une dose moitié moindre de venin non électrisé tue le cobaye en moins de 10 heures.) À 10h44 (avant l'injection). 39°4 Observations. Marche . ga Fe NA L 2 Gonflement inap- de la température. À 5 ni ! ; préc DIE AU point A 6 30 Æ 39 2 Le lendemain, 22 février, la température s’est élevée. À 10 heures elie est à 409,1 et le soir, à 6 heures, à 39°,9. Le 23, à 40h. 15, on lui inocule 0 milligr. 75 du même venin non électrisé, en même temps qu'à un témoin. Le premier résiste, le témoin succombe en 5 heures. COBAYE VACCINÉ par venin électrisé. TÉMOIN. 9h30 (avant l'injection) 396 . ... . ...1... 13993 10 55 — a) PP IOES 38 1 Ma rche . . . . . . . î 1 45 L SN LE à de la 2 15) —— 38,4. C0 POSER 2 CS) — 375. :. 9. EREMENDE température. 6 37 + A 27 8 30 = 38 Le 24 février, la température est redevenue normale; il ne persiste qu'un sonflement assez prononcé, qui va en diminuant les Jours suivants. Aujour- d'hui, 29 février, ce cobaye est bien portant. Dans une autre expérience, l’inoculation d’épreuve a été faite au bout de 7 jours. La vaccination était encore plus énergique que dans l’expé- rience précédente, car il n'y a pas eu d'abaissement de température, et les accidents locaux ont été insignifiants. Des expériences précédentes, il résulte que nous possédons dans l'électricité un nouveau moyen d'atténuation du venin de vipère et un nouveau mode de fabrication de vaccin antivenimeux. J'ai commencé des expériences identiques avec le venin de cobra capello et j'en appor- terai ici les résultats. En attendant, on peut conclure de ces faits : 1° Que la haute fr équence atténue le venin de vipère (1) ; 20 Que le venin ainsi atténué possède des propriétés vaccinantes très ac- centuées. (1) Toutes les précautions ont été prises pour éviter l’échauffement du venin par le courant. Du reste, comme l’a fait remarquer M. d’Arsonval, la chaleur produite serait insuffisante pour modifier le venin qui ne s’atténue sensible- ment qu'à partir de 75 degrés. 19 ee) O6 SÉANCE DU 29 FÉVRIER PRESSION NÉGATIVE DANS L’ABDOMEN, par M. Cu. CONTEJEAN. La grande majorité des physiologistes qui ont fait des recherches sur es variations de la pression intra-abdominale ou qui ont exploré la pression dans l'intérieur des cavités splanchniques sous-diaphragma- tiques (P. Bert, Kronecker et Meltzer, Rosenthal, Angelo Mosso, C. Hasse, L. Luciani, C. Verstraeten, Hulkrantz, G. Heinricius, A. Hogge, etc), s'accordent à dire que cette pression est toujours posi- tive, indépendamment des variations que lui font subir les mouvements respiratoires. Il est vrai que ces observations ont généralement été recueillies sur l'homme ou sur le chien endormi et couché sur une table d'opération. Dans ces conditions, on observe facilement des résultats concordant avec ceux qu'ont obtenus la plupart des auteurs cités plus haut. Cependant, sur le chien profondément anesthésié par la morphine et le chloroforme et couché sur le dos dans une gouttière d'opération, il n'est pas rare, lorsqu'on incise la paroi abdominale entre le sternum et l’ombilie, de voir l'air se précipiter par l'ouverture béante et entrer dans l'abdomen. Il est généralement aspiré pendant les expirations, et chassé par la plaie pendant les inspirations, mais l'inverse peut être observé lorsque le diaphragme fonctionne très peu. J'ai constaté très fréquem- ment un phénomène analogue sur des chiens à fistule gastrique, couchés sur le dos. Au moment où l’on débouche la fistule fermée auparavant hermétiquement, l'air se précipite dans l'estomac et exécute des mou- vements de va-et-vient en rapportavec la respiration. Mais généralement dans la position couchée la pression est positive dans l'abdomen et dans les cavités splanchniques. Il n’en est pas de même lorsque l'animal en observation se trouve dans la station quadrupède. La pression est alors négative dans la plupart des régions de l'abdomen. Tout d’abord, elle peut être négative dans la veine cave postérieure, et dans les troncs pelvi-cruraux, comme nous le démontre un accident observé quelquefois chez le cheval dans l'opéra- tion du niquetage. Au moment où l’opératenr sectionne les muscles sacro-coccygiens inférieurs, il ouvre les veines coccygiennes superfi- cielles, et l'air aspiré dans ces vaisseaux peut causer la mort de l'animal. Cet accident, très rare, est arrivé deux fois sous les yeux de Brogniez, et une fois a élé suivi de mort. Pareille chose a été rapportée aussi par Loisel (Journal des Vétérinaires du Midi, 1854, p. 49, voir aussi : Précis de Chirurgie vétérinaire de Peuch et Toussaint, 4877, t. IT, p.562). Chez le Cheval, la pression dans le rectum est souvent négative, et quand on ouvre l’anus sur un vieux sujet dont les parois abdominales ont une certaine. flaccidité, l'air se précipite dans le gros inteslin. Le poids des 236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— viscères remplis d'aliments pesant sur la partie inférieure de l'abdomen, exerce une sorte de succion déterminant un vide relatif dans les organes situés dans le voisinage de la colonne vertébrale (veines, rectum, ete.). Malgré la réduction des viscères chez le Chien, le même fait peut être observé chez cet animal, et la pression est quelquefois négative dans le rectum pendant la station quadrupède. Chez cet animal, j'ai pratiqué un millier de fois au moins le cathétérisme de la vessie, le sujet étant dans la station quadrupède. Lorsque la sonde avait été introduite avec ménagement, de manière à ne pas provoquer de contraction de la vessie, ni de l'urèthre musculeux, ce qui est très facile chez les femelles, j'ai presque toujours vu l'air pénétrer dans la vessie en barbotant dans l'urine. E. Odebrecht (Berliner klinische Wochenschrift, 1875 p. 175) a observé aussi deux fois chez l'homme une pression négative dans la vessie dans des cas pathologiques, il est vrai. Ce n'était certes pas la situation de mes nombreux animaux d'expériences, et à coup sûr, chez le Chien normal, sur ses quatre pattes, la pression est très souvent négative dans la vessie urinaire. Ce résultat doit être attribué au poids des viscères pesant sur la partie déclive du ventre, et déterminant, en repoussant au dehors la paroi inférieure de l'abdomen une dépression dans les régions plus élevées de la cavité abdominale. Je pratique aussi très fréquemment le cathétérisme de l'œsophage et de l’estomac sur le Chien dans la station quadrupède, ou plutôt l'animal étant assis sur le train de derrière. Très souvent lorsque la sonde pénètre dans l'estomac, on entend l’air entrer dans cet organe et bar- boter dans les liquides qui y sont contenus au moment des expirations. En résumé, nous voyons que sur des animaux normaux, non endormis, se tenant dans la station quadrupède, et n'étant inquiélés par aucune vivisection, on peut observer une pression négative dans les grandes cavités splanchniques (estomac, vessie, rectum) accessibles sans traumatisme à l'exploration, et si ce fait a échappé à la plupart des physiologistes, c'est parce que les expériences ont été exécutées sur des individus endormis, couchés sur des tables, souvent même plus ou moins traumatisés; et l'attention était peu attirée du côté de ce résultat en apparence paradoxal, et destiné à trouver un médiocre crédit, comme on en peut juger par le peu de notoriété des faits observés par Odebrecht et même par Hasse. RECHERCHES SUR LES GAINES SYNOVIALES TENDINEUSES DU PIED, par M. le D' CHEm, Médecin de la marine, prosecteur de la Faculté de Bordeaux. [. — Gaine synoviale occupant toute la longueur de la plante (voir la figure). Communication de la gaine du fléchisseur commun des orteils avec SÉANCE DU 29 FÉVRIER 237 celle du fléchisseur propre du gros orteil d'une part et la gaine phalan- gienne d'autre part. Normalement, les gaines du fléchisseur commun et du fléchisseur propre sont séparées, au niveau de leur cul-de-sac inférieur, par un mince feuillet celluleux qui permet la communication dans un cinquième des cas d'après M. Poirier, un peu plus souvent d’après mes recherches. Les gaines phalangiennes sont toujours indépendantes, d’après tous les anatomistes, de celles des fléchisseurs. Sur le dessin ci-joint, on peut voir que la synoviale phalangienne, prolongée jusqu'au cul-de-sac inférieur des gaines des fléchisseurs propre et commun réunies, forme avec elles une synoviale unique, composée par trois synoviales normales, occupant toute la longueur de la plante, depuis la petite phalañge du gros orteil jusqu'à 3 centi- mètres au-dessus du sommet de la malléole interne. Pareille observa- tion semble intéressante, parce que cette anomalie, que je ne crois pas avoir été signalée, constitue une synoviale comparable à celle qui entoure à la main le tendon du fléchisseur propre du pouce. Je dois ajouter qu'elle a été rencontrée sur un pied de femme qui ne présentait par ailleurs, aucune particularité, aucune malformation. Il. — La gaine du fléchisseur propre du gros orteil, bridée dans son trajet plantaire et rétro-articulaire par un plan fibreux résistant, n’est séparée en haut de la gouttière du faisceau vasculo-nerveux que par du tissu cellulo-graisseux assez lâche. Aussi, l’insufflation, comme l'injection, y détermine la formation d'un gros cul-de-sac supérieur, à peu près arrondi et presque constant, qui donne un peu à cette gaine l'aspect d’un pistolet dont le cul-de-sac supérieur serait le manche. Cette disposition se retrouve quand ladite synoviale s'injecte par celle du fléchisseur commun, dans les cas où elles communiquent. III. -— La synoviale forme bien autour du tendon un véritable man- chon que le mésotendon empêche seul d’être circulaire. Mais cette dis- position, nette à la partie moyenne, ne l’est plus aux extrémités de la séreuse, surtout au voisinage du point où le tendon va se continuer avec le corps musculaire. La synoviale n’entoure pas le tendon à ce niveau ; elle forme seulement un cul-de-sac aplati sur une de ses faces. Cette remarque, qui a déjà été faite isolément, demande à être généralisée, car peu de synoviales offrent la disposition classique. Le meilleur exemple en est le cul-de-sac supérieur de la gaine de l’extenseur com- mun des orteils: il est situé sur la face antérieure du tendon, entre cetle face et l’aponévrose jambière, au-dessus du ligament annulaire anté- rieur du tarse, suivant une ligne légèrement oblique de bas en haut el de dehors en dedans. Il laisse en dehors de lui une languette de fibres musculaires qui vont se jeter sur le tendo”. du pédieux. Le cul-de-sac inférieur du fléchisseur commun ne recouvre également qu'une face du 238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tendon; le plus souvent l’inférieur. Le cul-de-sac supérieur de la gaine commune aux péroniers se prolonge en haut sur la face externe des tendons, etc., etc. e 3 4 TA) 4, NE Tlechideur VecHeonE « 27 01:9 : 4 3 LCA Caire Mec 9191 o1fêL Ÿ MS OULC Sfechitien Gaine synoviale occupant toute la longueur de la plante du pied. IV. — La communication de la gaine du long péronier latérai avec les synoviales de l’articulation de Lisfranc doit être très rare, si elle existe, Voici pourquoi : indépendamment des ligaments plantaires de cette articulation qui forment un pont fibreux entre les deux séreuses, une dis- position anatomique s'oppose à celte communication. Le long péronier latéral dans sa gaine plantaire est rattaché à la voûte du pied par un | SÉANCE DU 29 FÉVRIER 239 méso qui s'étale sur la face plantaire des articulations tarso-métatar- siennes. Pour être plus exact, il faut décrire deux mésos. L'un part de l’attache du tendon au tubercule du premier métatarsien et suit le tendon jusqu'au delà du troisième métatarsien. L'autre part de l'entrée du tendon dans la gouttière cuboïdienne et s'arrête à 2 centimètres environ du premier. Il n’y a guère que l'articulation du quatrième méta- tarsien avec le cuboïde qui soit séparée du tendon par les seuls liga- ments plantaires. La communication pourrait peut-être se faire par les interstices, mais je ne l'ai jamais constatée. V. — La présence de la bourse séreuse décrite par M. Poirier entre le premier chef du pédieux et le tendon extenseur propre du gros orteil semble démontrée par ce fait : quand la synoviale de l’extenseur propre communique avec la bourse séreuse décrite par M. Morestin (Soc. anal... octobre 1894), et la bourse séreuse métatarso-phalangienne, cette syno- viale, qui s'étend alors jusque sur la première phalange du gros orteil, englobe le premier chef du pédieux. _ VI. — La communication de la gaine du jambier antérieur avec l’arti- culation cunéo-métatarsienne déjà signalée par M. Bouchard (Th. de Strasbourg, 1856), retrouvée une seule fois par M. Poirier, existe dans un tiers des cas environ. Quelquefois on ne la constate pas à la simple inspection parce que la communication peut se faire sous le tendon; mais on trouve l'articulation injectée par des coupes à la scie mécanique sur sujet congelé. SUR UN PROCESSUS DE TRANSFORMATION DE LA GRAISSE EN MATIÈRE GLYCOGÈNE, par M. le D' SABRAZËS, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Bordeaux. (Travail du laboratoire des Cliniques.) J'ai observé un cas de polype fibro-lipomateux de la face interne de la joue droite chez un homme âgé de soixante-deux ans. La tumeur datait d'une ännée environ; du volume d'une amande, elle était implan- tée par un pédicule sur la muqueuse de la joue, un peu au-dessus de l'angle que fait le corps du maxillaire inférieur avec sa branche montante. Ce polype était mou, d'aspect gélatineux, partiellement recouvert de la muqueuse génienne. Son extrémité libre, mobile dans la cavité buccale comme un battant de cloche, était creusée de points de sphacèle fétides et saignants dus à ce que, pendant la mastication, le 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE polype s'interposant entre les dents devenait fréquemment le siège de morsures. Histologiquement, cette tumeur est un fibro-lipome pur. Les parties dégénérées sont représentées par des foyers de désintégration des lobules adipeux: les vésicules de graisse sont morcelées, débordées par un infiltrat de corps granuleux. A la périphérie sont des dépôts pseudo- membraneux de fibrine fibrillaire emprisonnant dans ses mailles des leucocytes chargés de granulations graisseuses el divers microbes de la bouche. Si on fait agir la solution iodo-iodurée de Lugol sur les coupes obte- nues après une immersion prolongée pendant plus de six mois des fragments de la tumeur dans l'alcool à 90 degrés, il se produit instanta- nément une teinte brun acajou — très apparente même à l'œil nu — exclusivement limitée aux régions dégénérées du néoplasme et à la bor- dure d’épithélium stratifié, Autour des vaisseaux sanguins el lymphatiques comme dans leur intérieur il n'existe aucune trace de réaction brune. Après l’action de l'acide osmique à 1 p. 100, sur la pièce traitée par l'alcool, on constate les mêmes résultats: mais, au lieu d’être diffuse, la substance qui brunit par l'iode affecte la forme de gouttelettes sans membrane, d’un diamètre de 4 à 3w, intra ou extra-leucocytaires. Dans le protoplasma des leucocytes, ces gouttelettes coexistent avec des gra- nulations graisseuses. Dans les cellules épithéliales — absolument dépourvues de kératohyaline et de graisse — elles sont infiltrées autour du noyau qui n’est lui-même envahi que très rarement, au stade le plus avancé du processus. Cette substance est insoluble dans l'alcool. Elle ne donne pas de méta- chromasie rouge vis-à-vis du violet de méthyle; la safranine ne la teint pas en jaune. La teinte acajou produite par l’iode disparaît à chaud et reparaît à froid. Elle s’efface très rapidement dans les préparations montées dans l’eau ou dans la glycérine. Elle disparait sous l’action de la salive, des acides forts. Elle persiste, mais ne vire pas au bleu au contact de l'acide sulfurique dilué. Ce corps — qui a plutôt les réac- tions du glycogène que de l’amvloïde — n'existe pas en dehors des foyers de désintégration adipeuse (provoquée par l’action combinée des traumatismes, des microbes, des oblitérations vasculaires) el du revèé- tement épithélial. Il manque dans les leucocytes intra-vasculaires des parties saines de la tumeur; autour des lobules adipeux intacts il fait également défaut; de même dans l’intérieur des cellules conjonctives dont la division mitosique et la transformation ultérieure en vésicules de graisse ont présidé au développement de ce polype. Sous quelle influence s’est montré le glycogène dans cette tumeur? Dans l’épithélium des joues, à l’état sain, sur les bords de lésions ulcéreuses ou papillaires de la bouche, on n’en rencontre qu’exception- SÉANCE DU 29 FÉVRIER 241 nellement. Il semble donc que le milieu salivaire, si abondamment pourvu de bactéries, ne soit pas la cause sine qua non de sa produc- tion (1. La nature histo-chimique du lipome pouväit-elle expliquer la pré- sence du glycogène ? Si on examine à ce point de vue des lipomes non ulcérés on n'y trouve pas de glycogène. Les phénomènes de régression du polype sous l'influence des plaies de sa surface et de l'intervention simultanée des bactéries de la bouche, des débris alimentaires et de la salive devaient-ils être incriminés ? Si on immerge dans la salive mixte, à la température de 37 degrés, des fragments d’un lipome non ulcéré ne contenant pas de glycogène, on n'en voit pas apparaitre même en poursuivant l'expérience au delà de quatre jours. Si on ajoute à la salive de la mie de pain, on constate dans les coupes histologiques, après l'action de l’iode, la teinte bleue de l’amidon ; on ne réussit pas à obtenir une infiltration de dextrine ou de glycogène, Placé dans ces dernières conditions, un lambeau d’épithé- lium buccal ne donne sur Les coupes que la réaction de l'amidon. La formation du glycogène relève donc de la mise en jeu d'autres fac- teurs, _ Nous avons vu que dans le polype le glycogène se trouvait dans le protoplasma des leucocytes et y coexistait avec des granulations graisseuses. Peut-être s'agissait-il là surtout d’un processus de digestion intra- cellulaire. Imbus de cette idée, nous avons inclus aseptiquement sous la peau du dos d'un chien un morceau du même lipome dénué de glycogène, qui nous a servi pour les expériences précédentes. Le quatrième Jour, nous enlevons les sutures et nous constatons autour du bloc de graisse une collection de sérosité jaune, non purulente, riche en matières grasses qui fournit les réactions du glycogène et ne contient pas de glucose. Nous détachons un débris du fragment inséré et nous en faisons l'examen sur des coupes : il existe, à la périphérie, une large bordure représentée par des leucocytes chargés de graisse et de gouttes glycogé- niques ; on ne trouve pas de glycogène en dehors des cellules. Ces corps granuleux ne se teignent pas en rouge par le violet de méthyle; leur protoplasma reste violacé, leur noyau bleuâtre. Ils ne virent pas au bleu par l'iode et l'acide sulfurique dilué. L'alcool n'y dissout pas les gouttes glycogéniques. (1) On sait que dans le pus les leucocytes se teignent parfois en brun aca- jou par l'iode; on ignore s'il s’agit là de glycogène ou d'amyloïde. Lorsque le pus se forme aux dépens d'une région dépourvue de graisse la réaction n'a plus lieu ou est très peu marquée. 249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si on introduit sous la peau d’un chien, dans le tissu cellulo-adipeux, un petit tube en verre stérilisé, il se produit une exsudation riche en graisse autour et dans le corps étranger; l'iode y détermine une teinte brun acajou très vive qui disparaît par le chauffage et reparaïii à froid. Notre collègue M. le professeur agrégé Denigès, qui à bien voulu exa- miner cette sérosité recueillie dans des éprouvettes le cinquième jour après l'insertion, pense, comme nous, qu'elle contient du glycogène en grande abondance. Dans ce liquide nagent de très nombreux corps gra- nuleux dans lesquels les préparations osmiquées et iodées montrent la coexistence de graisse finement émulsionnée et de glycogène à l’état de dépôts diffus. Tous ces faits nous autorisent à penser que le glycogène qui impré- gnait la tumeur buccale à laquelle nous faisions allusion plus haut, provient d’une transformation de la graisse opérée par les cellules mi- gratrices dans l'intimité de leur protoplasma (1). Quant au glycogène libre il semble dû à la destruction sur place de quelques corps granuleux et peut-être aussi à l'élimination de gouttes glycogéniques issues de la cellule où elles sont pour ainsi dire sécrétées. Au niveau des cellules épithéliales de la muqueuse qui bordait la tumeur, le glycogène est-il le résultat d'une simple infiltration ou bien d’une formation in silu s'édifiant de toutes pièces ou aux dépens d'autres produits de désintégration des graisses baignant ces cellules et utilisés par elles? Il ne nous est pas encore possible d’élucider ce dernier point. L'intérêt d'ordre physiologique que nous paraissent comporter ces recherches réside principalement dans le fait de la transformation pos- sible des graisses en glycogène. Ces hydrocarbures sont d’ailleurs si intimement associés dans la cellule vivante, normalement et à l’état pathologique, dans les divers échelons de la série animale, chez les ver-: tébrés, comme chez les protozoaires, qu'il n’est pas téméraire de penser qu'ils puissent, dans des circonstances déterminées, dériver l’un de l’autre et réciproquement. En rapprochant leur formule chimique on se rend facilement compte de la possibilité de ces transformations. Qu'il nous suffise de citer leur coexistence dans la cellule hépatique, par exemple, dans le protoplasma des grégarines où Bütschli l’a depuis longtemps signalée, etc. | Ajoutons enfin, au point de vue de l’évolution des tumeurs, qu'on à voulu assigner aux néoplasmes une malignité d'autant plus grande que (1) La présence du glycogène dans les corps granuleux a été signalée et con- ondue avec la dégénérescence amyloïde dont les liens de parenté avec le glycogène, les dérivés de matières grasses, d’autres variétés de dégénérescence (hyaline, colloïde), nous paraissent être beaucoup plus étroits qu’on ne l'avait pensé jusqu'ici. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 243 leur teneur en glycogène est plus considérable. Notre observation prouve qu'il y a des exceptions à cette règle et qu'il faut tenir compte des phénomènes régressifs capables d'enrichir singulièrement en glycogène une tumeur éminemment bénigne comme un fibro-lipome. SUR L'ACTION COAGULANTE DE LA GÉLATINE SUR LE SANG. ANTAGONISME DE LA GÉLATINE ET DES PROPEPTONES, par M. A. DASTRE et N. FLORESCO. 1. /njection de gélatine dans les vaisseaux. — Au cours de nos études sur la gélatine (voir C. À. Sac. Biol., 26 octobre 1895) nous avons eu l'occasion d'’injecter de la gélatine dans les vaisseaux. Nous opérions sur le chien. Exp. I. — On introduit dans la veine tibiale une solution à 5 p. 100 de gélatine dans le chlorure de sodium à 8/1000. Gélatine sèche 5 gram- mes, chlorure de sodium 0 gr. 8 (eau q. s. p. 100). La quantité de cette solution poussée dans le système vasculaire : variait de 80 grammes à 400 grammes pour un chien de 45 kilogrammes. La gélatine s'élimine en grande partie par les urines. Entre autres particularités, l'urine présente celle de se gélifier en se refroidissant. Elle forme une gelée transparente tenace. On peut renverser le vase sans que cette sorte d'urine solidifiée s'échappe du vase. 2. Coagulation rapide du sang. — Une particularité remarquable et qui, à notre connaissance, n'avait pas été signalée, est offerte par le sang. — Si l’on extrait du sang d’une artère, artère crurale, par exemple, ce sang se coagule instantanément ou au moins très rapidement. — Une saignée faite avant l'injection de gélatine avait montré, par exemple, que le sang se coagulait entre deux et trois minutes, c’est-à- dire qu'il fallait deux minutes pour que le sang reçu dans un tube ordi- naire à essai commençàät à s'attacher aux parois et trois minutes pour que la coagulation fût complète et que le tube peut être renversé sans écoulement. Après injection de gélatine la prise a lieu en dix secondes. Il s’agit bien dans ce cas d’une véritable coagulation qui est accélérée et non pas d’une gélification, d'une prise en gelée du sang gélatiné. Outre que la rapidité du phénomène exclut a priori l'idée d’une géli- fication, celle-ci, même dans une liqueur aussi: concentrée que celle que l’on injecte exigeant un délai beaucoup plus considérable, — une épreuve directe écarte cette supposition. Exp. II. — On peut en effet recevoir le sang extrait du vaisseau dans un tube entouré d’eau à 38 degrés (température incompatible avec la liquéfaction de la gélatine à 5 p. 100); la prise se produit encore. Plus tard, en se refroidissant, le sérum expulsé du caillot se gélifiera 244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— au-dessus de celui-ci. Si l’on prend le tube et qu'on le porte alors à l'étuve à 38 degrés, on verra bientôt le sérum redevenir liquide, et dans ce sérum liquide le culot, formé par le coagulum. I n'y a donc pas de doute. L'injection de gélatine produit une coagu- lation véritable et rapide du sang. 3. Mode d'action de la gélatine. — Parmi les moyens d'empêcher la coagulation du sang; on peut distinguer trois catégories : 1° il y à d'abord les peptones, et plus exactement les propeptones ou protéoses : c'est le procédé découvert en 1880 par Schmid Mülheim; on peut ran- ger provisoirement auprès de cet agent les extraits de tête de sangsue (Haykraft), de muscles d'écrevisse, etc.; 2° il y a les décalficiants (oxa- lates, fluorures alcalins, etc.) : c'est le procédé d’Arthus et Pagès (1890); 3° il ya les sels employés en grandes quantités (sulfate de soude, sulfate de magnésie, etc.) : c'est le procédé de Denis (de Commercy), 1836-1858). À ces procédés pour empêcher la coagulation, correspondent, par une naturelle réciprocité, des moyens exactement opposés de la permettre ou de la favoriser. — Par exemple, si l’on a empêché le sang de coagu- ler au moyen d’un décalcifiant ‘oxalate de potasse), on pourra le faire coaguler en employant le chlorure de sodium (agent calcifiant). — Si l'on a employé des solutions salines concentrées pour maintenir le sang liquide, la dilution, le solidifiera. — Les agents de coagulation corres- pondent ainsi aux agents d'anti-coagulation. Dans laquelle de ces catégories placer la gélatine? Auquel des agents de liquéfaction du sang peut-on l’opposer? Les expériences suivantes répondent à la question. Exp. III. -— L'animal ayant recu l'injection de gélatine, on recueille le sang de la saignée artérielle dans un tube à essai, au fond duquel on a mis une goutte d’eau salée avec un cristal d'oxalate de potasse. Le sang reste liquide comme il arrive toujours avec le sang normal décal- cifié. La gélatine n’agit donc pas en opposition avec les agents décalcifiants. Nous allons voir maintenant qu’elle agit au contraire en opposition avec les peptones. Exp. IV. — On injecte dans la veine tibiale d’un chien une solution de peptone de Witte contenant 0 gr. 8 de poudre de peptone par kilo- gramme d'animal en solution à 10 p. 100 dans le chlorure de sodium physiologique. On prend du sang. Ce sang ne se coagule pas. Il reste liquide. L’injection est poussée très rapidement. Ceci posé, on pratique par la même voie une injection de gélatine (0 gr. 4 de gélatine sèche par kilogramme d'animal, en solution à 5 p.100 dans le chlorure de sodium physiologique) et on recueille le sang de la saignée artérielle. Ce sang qui tout à l’heure ne coagulait pas, coagule maintenant. On peut retourner le tube. La gélatine a donc annulé l'effet de la propeptone. Elle s'oppose à SÉANCE DU 29 FÉVRIER 245 RE nn à nus Un M CR meet l'action de la propeptone et la neutralise à dose moitié de celle-ci. Si l'on appelait ces substances antagonistes, on dirait qu'elles s'équivalent en proportion de 2 de peptone pour 1 de gélatine ou plus exactement que 1 de gélatine est plus que suffisant pour annuler 2 de peptone. Des expériences directes permettront d2 déterminer exactement le rapport d'équivalence. Il est vraisemblable que les propeptones et la gélatine s'adressent en sens contraire au même mécanisme. I. — À propos de l'efficacité des injections de peptone, M. Gley nous a demandé si nous avions trouvé des animaux réfractaires, comme V. Harley prétend qu'il en existe un grand nombre en Angleterre. Nous en avons, en effet, depuis ce moment, trouvé deux. Il est vrai que ces animaux n'avaient reçu que la dose de 3 décigrammes par kilogramme injectée en trois minutes, ou de 5 décigrammes injectée en sept minutes. Cette dose de 3 décigrammes ou de 5 décigrammes suffit lorsqu'on opère avec la propeptone pure. Mais, comme l’a montré Fano, elle ne suffit pas avec la peptone de Witte. Il faut aller alors jusqu'à 6 ou 8 déci- grammes. C'est dans ces conditions, en employant une dose de 8 déci- grammes par kilogramme, et pratiquant une injection rapide (une minute où moins) que je n'ai plus trouvé d'animal réfractaire. Nous croyons qu'avec la dose et la vitesse on doit venir à bout de cet état réfrac- taire. En tous cas, sans vouloir trancher la question, nous dirons que nous nous sommes assurés que nos animaux n'étaient point réfractaires aux injections dont nous faisions usage. IT. — Lorsque l'on emploie des doses ou des vitesses pas tout à fait suffisantes, il arrive que l'on aperçoit un commencement de coagulation du sang peptoné à la surface libre et contr® les parois du tube à essai. On juge alors que l'injection a été inefficace, qu’il y a commencement de coagulation. Si l’on attend vingt-quatre heures pour l'examen des tubes, on portera un autre jugement. En effet, il arrive fréquemment que ce caillot disparaît : le lendemain on n’en trouve plus de trace : il a disparu dans le sang qui est alors entièrement liquide. La même chose arrive lorsque l'on emploie une quantité insuffisante de décalcifiant, d'oxalate de potasse. M. Dastre a signalé ces faits, qui ont un caractère général, sous le nom de #ibrinolyse (1890). NOTE SUR LA PRÉTENDUE RÉSISTANCE DE QUELQUES CHIENS A L'ACTION ANTICOAGULANTE DE LA PROPEPTONE, par M. E. GLey. On a quelquefois affirmé que tous les chiens ne sont pas également sensibles à l'action anticoagulante de la propeptone injectée dans les veines, et même qu'on en peut trouver qui résistent absolument à cette action. w 246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Puisque M. Dastre vient de faire allusion, dans sa très intéressante communicalion, à cette opinion, je désirerais remarquer que la résis- tance dont il s’agit n’est nullement absolue. En effet, j'ai constaté qu’un animal, dont le sang était resté coagulable après l'injection d’une dose moyenne de peptone du commerce (30 à 50 centigrammes de peptone de Witte par kilogramme du poids du corps), ne résiste pas à l’action an- ticoagulante d'une dose plus forte (double, par exemple). C’est là l’ex- plication toute simple de la prétendue immunité signalée par différents physiologistes. Les faits qui m'ont permis d'arriver à cette conviction, trouveront leur place dans un mémoire qui paraitra cette année dans les Archives de physiologie, j'en présente seulement ici le résumé général. J'ai sys- tématiquement recherché sur une trentaine de chiens les variations d'action de la peptone, en employant la peptone de Chapoteaut ou, plus souvent, celle de Witte. Soit un chien dont le sang reste parfaitement coagulable à la suite d’une injection de 50 centigrammes de peptone de Chapoteaut par kilogramme. Quinze jours après, on s'assure que cette résistance n’a pas changé. L'animal est-il donc réfractaire ? On lui fait une troisième injection, cette fois de 1 gramme par kilogramme; et on constate une diminution considérable de la coagulabilité du sang, et telle qu’il aurait suffi sans doute de 25 centigrammes de substance de plus par kilogramme pour rendre le sang complètement incoagulable. Dans cette même série d'expériences, je trouve deux chiens sur lesquels l’action de la peptone de Witte, à la dose de 50 centigrammes par kilo- gramme, est très faible : la coagulabilité du sang de ces animaux est à peine diminuée, et pendant peu de temps. Cinq jours après, on injecte à ces animaux une solution de cette même peptone, à la dose de 1 gramme par kilogramme, le sang devient tout à fait incoagulable et le phénomène dure plus de deux heures. Le no:nbre des animaux prétendus réfractaires n’est, d’ailleurs, pas considérable. Sur 13 chiens, auxquels on injecta de la peptone de Cha- poteaut, on en trouva 2 résistant à l’action d’une dose de 50 centi- grammes par kilogramme, et 1 dont la coagulabilité du sang fut seule- ment diminuée ; sur 15 chiens qui recurent cette même dose de peptone de Witte, on en trouva 1 dont le sang resta coagulahle, et 5 dont la coagulabilité du sang ne fut que diminuée. Bien entendu, comme l'a recommandé Schmidt-Mülheim (1880), les injections étaient toujours faites très rapidement. Le (iérant : G. MASSon. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. aile te SÉANCE DU 7 MARS 1896 M. A.-H. Pruurer : Note sur la pathogénie d'une variété de fibromes intra-utérins. — M, V. Haxor : Diminution des acides biliaires dans la bile incolore. — M. AuGusre CHARPENTIER : Oscillations propres de la rétine. — M. Louis Laricque : Toxine diphté- rique et foie. — M. Rénox : Des variations de la couleur des spores de l’aspergillus fumigatus. — M. M. Kaurmanx : La nutrition et la thermogénèse comparée pendant le jeùne chez les animaux normaux et diabétiques. — M. L. GrimgerT : Sur diverses .wariétés de pneumobacilles de Friedlænder isolés des eaux. — MM. J.-E. ABELOUS et G, Brarnès : Hiérarchie des organes au point de vue du pouvoir oxydant. — M. L. Piccon : Sur la fièvre traumatique aseptique. — M, le D' Sanovraxu (de Bucarest) : Intoxication par la strychnine. | | 4 Présidence de M. Charrin. = NOTE SUR LA PATHOGÉNIE D'UNE VARIËTÉ DE FIBROMES INTRA-UTÉRINS, par M. A.-H. Prier. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai rencontré trois fois, tant sur des pièces d’autopsie que sur des utérus enlevés par le chirurgien, une variété de fibromes dont l'origine inflammatoire est nette et qui me parait mériter, à ce propos, d’être mentionnée. Cette variété se développe autour de la trompe de Fallope dans son trajet intra-utérin, lorsque cette trompe est enflammée et pré- sente en dehors de ce siège précis des caractères de structure assez par- ticuliers. AC Lit Pour les bien comprendre, il faut se rendre compte de ce qui se passe dans Îes inflammations aiguës de la trompe, dans les salpingites suppu- rées. Le pus s’accumule alors dans la cavité salpingienne, dans l’am- poule de Henle, qui se laisse distendre. Mais la portion utérine, main- tenue dans un tissu très dense, ne montre pas de lésions nettes et son étude a été, pour cette raison, assez négligée jusqu’à présent. :: Pourtant quand on pratique des coupes de l’utérus en ces points, ce qui est facile depuis la diffusion de l'hystérectomie vaginale, on cons- tale que la paroi de la (rompe est végétante, ses plis sont chargés de cellules inflammatoires ; elle envoie dans la profondeur du muscle des prolongements épithéliaux d'abord pleins, puis qui se creusent et se transforment en cryptes. Les faisceaux musculaires sont autour et à une assez grande distance sont dissociés par des cellules inflamma- toires ; il existe une myosite interstitielle plus ou moins considérable et Bi0LOGIE. ComPrES RENDUS, — 10° série. Tr. II. 18 248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cette accumulation de cellules inflammatoires peut aller jusqu'à la for- mation d'un abcès péri-tubaire, comme j'en ai vu un cas très net qui. m'avait été adressé par M. le D' Delagénière (du Mans). C'est même souvent par cette voie que la totalité du muscle utérin s'infecte dans le cas de salpingite, et c’est alors à la partie supérieure de l'utérus qu'il faut chercher le maximum des lésions, tandis que c’est l'inverse pour les infections provenant de déchirure ou d’ulcération du col. Ceci posé, il nous sera facile de comprendre ce qui peut se passer quand l'affection passe à l’état chronique. Les bourgeons épithéliaux partis de la trompe rayonnent et se multiplient dans la profondeur de l'utérus; ils sont entourés de portions de tissu presque entièrement selé- rosées, de petits blocs fibreux dans lesquels les fibres musculaires ont . disparu. Entre ces blocs circulent les vaisseaux sanguins et lympha- tiques dilatés et entourés de cellules inflammatoires en plus ou moins grande quantité. Le noyau seléreux ainsi formé. s’'enkyste comme un fibrome ordinaire. Dans le premier cas que j'ai observé, il existait autour de chaque trompe, embroché par elle, un fibrome enkysté du volume d’une aveline, fibrome blanc et dur, ayant tous les caractères extérieurs de cette variété de tumeur, et sur les coupes duquel on était surpris de rencontrer des cavités d'apparence glandulaire. C'est la présence de ces éléments épithéliaux qui caractérise les tumeurs de cette cavité, du moins tant qu'elles ne sont pas très volumineuses. : Dans un second cas, Le fibrome était unilatéral et correspondait natu- rellement à la trompe la plus malade; enfin dans un troisième les deux noyaux fibreux étaient diffus à leur périphérie, non encore enkystés: L'histoire de cette affection nous paraît donc simple, elle concorde avec les recherches de M. Galippe, qui a montré la présence des microbes dans certains fibromes utérins: Elle n’influence pas l'hypothèse-que j'ai défendue l'an dernier du développement du fibro-myome par la prohfé- ration angiomateuse du réseau vasculaire de l'utérus ; l'infection sert seulement de point de départ, de cause, à la prolifération des vaisseaux. “Notons pour terminer que pour les fibromes superficiels de Putérus on a suivi l'hypothèse de leur origine aux dépens de lendothékum de la: surface péritonéale, dont les invaginations ont été constatées au niveau des tumeurs. Dans les cas que nous rapportons, l'invagination épithéliale est indiscutable, mais c'est-de la trompe qu’elle provient. DIMINUTION DES ACIDES BILIAIRES DANS LA BILE INCOLORE, Et ME par. HANoT: #25 F5 A0 J'ai montré, après Ritter, que, dans certaines-conditions ‘patholo= giques, la bile ne‘contient plus ou ne-contient plus: que: peu de pigment =: SÉANCE DU 7 MARS 949 normal. J'ai désigné ce phénomène sous le nom d’acholie Pere taire (1), constatée depuis par bon nombre d'observateurs. Dans deux cas de bile incolore, j'ai prié M. le D' Carion, chef du laboratoire de la Sn médicale de Saint- Antoine, de doser les acides biliaires. Voici les résultats obtenus : Dans un premier cas de bile incolore recueillie à l’autopsie d'une femme morte d'obstruction calculeuse prolongée, le liquide acide: au tournesol (acidité en HCI) 0,035 F 100, contenait : Acide taurocholique LE AR PRE RE 0 gr. 128 P. 100 Acide glycocolique. our dE PRE SEE . traces Dans un second :cas de bile. incolore, rente à l'autopsie d'un homme mort de cirrhose, le liquide, faiblement acide, contenait. : Acide taurocholique 4. 2: 4,2, 1,5 0 gr. 247 p. 100 -Acide chronique LOU Si. POST traces Il semble ae que, parfois du moins, , dans la bile incolore, la moe fication ne porte pas seulement sur la teneur en pigment, mais sur la teneur en acides. Ce n’est là, d’ailleurs, qu une simple indication à compléter par des recherches ultérieures, | RER MATE VE UT SES Tar He AE ete OSCILLATIONS PROPRES DE LA RÉTINE, Note de M. AuG. CuaARPENTIER, présentée par: M. p'ARSONvAL. IL y a plusieurs années (mai 1891), j'ai décrit à la Société plusieurs expériences, dont il résultait que la rétine, au début: d'une excitation lumineuse, est le siège d’une réaction négative (bande noire) qui peut être suivie, dans certains cas, d'oscillations de la sensation, -avec un rythme défini, correspondant à une trentaine de périodes par seconde: Ces oscillations se propageaient sur la rétiné avec'une vitesse qué j'avais pu mesurer (72 millimètres). | J'ai continué ces expériences, el je suis arrivé à observer de nou- veaux faits qui confirment,les premiers et en étendent la portée. En premier dieu, j'ai distingué-cette réaction de début d’un autre phé- nomène décril par d’autrés auteurs, et nommé par Shedford Bidwell image récurrente : c’est une sorte de réapparition de l'excitation qui (1) V. Hanot., Note pour servir à l'histoire de lacholié pigmentaire, Soc. de Biol,, 26 janvier 1884 AOMABUREU à lPétudé dé l’acholie pigmentaire, Arch. de Méd:; janvier 1885, 9250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'opèré en général 1/4 où 1/5 de seconde après celle-ci dans des cir- constances favorables. J'ai montré que cette image récurrente n'était qu'une phase maximum de l'image consécutive, que sa durée,‘son éclat, son moment d'apparition étaient variables suivant des conditions diverses, telles que la durée, l'intensité, la couleur de la lumière exci- tatrice. Ce qu'il y à de plus constant et de plus remarquable dans le phénomène, c'est une phase négative (zone noire) qui se montre cons- tamment à la fin de l'excitation el _e sépare celle-ci de l’image récur- rente. | 4 J'ai montré ensuite que la réaction oenilétoire du début de ei tion avait une constance remarquable dans sa production et dans son rythme; elle se produit au début de toute excitation, seulement plus ou moins visible, suivant l'intensité de celle-ci : on l'observe non seule- ment au début d'une lumière durant un certain temps, mais encore, avec le même rythme, après une excitation dont, la durée a été inférieure au temps nécessaire à la production de la première bande noire, c’est-à-dire à 1/70 de seconde. Une lumière très courte se pie plusieurs fois avec le rythme en questien. Il s'agit donc là d’un phénomène tout à fait général. I ya mieux : : la réaction négativ e se montre même, ainsi que Je m'y ‘attendais, lors de tous les ‘changements d'intensité ne excitation lumineuse, et non plus seulement au début et à la fin d'une excitation uniforme. Ce phénomène indique l'existence d’une sorte de réponse particulière de la rétine à toutes les sollicitations créées par une modification quel- conque de son état d’éclairement. Cette réponse oscillatoire de la rétine, j'en ai i trouvé la preuve dans des circonstances diverses, ajoutées aux formes sous lesquelles je l’avais déjà observée. Une des plus frappantes est l'expérience de 1 stroboscopie rétinienne. La stroboscopie constitue aujourd’hui une méthode physique très employée; elle a son point de départ dans les premiers travaux de Plateau sur la persistance des impressions lumineuses. Supposons qu'on regarde une surface lumineuse à travers deux disques rotatifs placés à une certaine distance l'un de l’autre, tournant dans le même sens, etpercés du même nombre de secteurs équidistants. Si la rotation des disques se fait à une vitesse inférieure à celle qui amène la fusion des secteurs et qui fait paraitre l’éclairement uniforme, on verra plus ou moins nette- ment des secteurs clairs séparés par des intervalles sombres. Seulement ces secteurs paraîtront immobiles ou se déplaceront suivant les condi- tions de la rotation. Si la vitesse des deux disques est exactement la même, les secteurs paraîtront immobiles : pour peu qu'il existe une légère différence de vitesse entre les deux disques, les secteurs parai- tront en mouvement, et le sens de leur déplacement apparent dépendra du sens que présente le rapport des deux vitesses : le disque postérieur # :SÉANCE. DU: 1 MARS: 925E tournant moins vite que l'autre, les secteurs se déplaceront en sens inverse du mouvement des disques; s’il tourne plus vite que l antérieur, les secteurs paraitront marcher dans le même sens: Cette réaction très délicate, permet (en modifiant les détails de l Fe rience) de mesurer avec une grande approximation la fréquence rela- tive de deux séries de phénomènes rythmiques. Or, j'ai trouvé qu'un phénomène stroboscopique très net pouvait se produire en faisant tourner devant une surface lumineuse un seul disque à secteurs. Soit pour fixer les idées un disque percé de vingt-quatre secteurs ayant chacun 5 degrés. Pour une certaine vitesse un peu inférieure à 1 tour 1/2 par seconde, on voit, indépendamment des secteurs du disque, perçus isolément les uns des autres, une sorte de roue qui paraît très distinctement se déplacer derrière le disque en sens inverse de ce dernier et plus lentement que lui. Si on accroit progressivement la vitesse, il vient un moment où la figure radiée parait immobile, puis, la vitesse augmentant un peu plus, la roue plus lente reparait et tourne dans le sens du mouvement du disque. Ces phénomènes sont dus à ce que le passage de chaque be laisse en un point donné de la rétine, par suite de la réaction négative, un certain nombre d’oscillations de l'impression lumineuse, oscillations de période fixe et qui produisent nécessairement le même effet que si un second disque semblable au premier se déplacait au-devant de lui avec une vitesse uniforme, la vitesse qui produirait un nombre de passage égal à celui des oscillations. En d’autres termes, on produit en chaque point de la rétine une double série d’excitations discontinues de fréquence variable : la série réelle produite par le passage des secteurs, la série rétinienne, due à la réaction oscillatoire de période fixe. On a donc là un moyen très précis de déterminer la fréquence des oscillations propres de la rétine, en mesurant la vitesse exacte pour laquelle Les secteurs semblent immobiles, et en déduisant le nombre des passages de ceux-ci par seconde. Cette fréquence est, en moyenne, de 36 ou 37 par seconde. Elle peut subir de petites variations, notamment suivant le degré de la fatigue rétinienne qui l’abaisse. Si l'on rapproche de ce chiffre mes premières estimations, on sera frappé de leur concordance, aussi parfaite qu'on peut l’attendre d’expé- riences aussi délicates. En effet, l'évaluation de la largeur de la bande noire m'avait donné, pour la durée d’une demi-oscillation, de 1/65 à 1/70 de seconde, soit une fréquence de 32 à 35. L'expérience des can- nelures produites par le déplacement d’un petit objet, sur l'image persistante duquel se succédaient les bandes noires propagées à distance, m'avait amené au chiffre moyen de 36. On peut admettre cette valeur, et conclure que la rétine est naturel- 252 SOCIËÉTÉ DE BIOLOGIE lement apte à entrer en oscillations d'une fréquence moyenne de 36 pe seconde. ë Dans une nouvelle note, ces données seront. chbE Es el sendtess à l’aide d'observations d'un tout autre ordre. TOXINE DIPHTÉRIQUE ET VOIE, par M. Louis LAPIcquE. (Laboratoire de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) Au Congrès français de médecine tenu l’année dernière à Bordeaux, M. Teissier dans une étude d'ensemble des rapports de l'intestin et du foie, a apporté des recherches nouvelles, faites en collaboration avec M. Guinard, recherches qui l'ont conduit à la conclusion suivante : il existe certaines toxines, qui, introduites dans l'organisme par le système porte, se montrent plus actives que lorsqu'elles sont introduites par la circulation générale : le foie exalte leur virulenee. Les deux toxines qui ont donné ce résultat sont, d’une part, les produits solubles du pneumo- bacille, de l'autre ceux de la diphtérie. M. Teissier s'attache à démontrer qu'il y a réellement renforcement de la toxicité propre de ces sub- stances, et non une action surajoutée due à l’altération ‘du foie; le fait qui lui paraît capital pour cette démonstration, c’est que, bien que le foie soit visiblement altéré, le glycogène est diminué, il est vrai, mais pas plus lorsque l'injection a été faite par la veine porte que lorsqu’ elle a été faite par la veine auriculaire (1). M. Charrin m'a engagé à reprendre ces recherches. Il s’agit là, en effet, d'une notion nouvelle très importante et qu'il était intéressant de vérifier. La série d'expériences dont j'apporte ici les résultats a été faite sur le lapin, et exclusivement avec la toxine diphtérique (les produits employés m'ont été fournis par M. Charrin). Pour me placer dans des conditions de comparaison aussi rigoureuses que possible, j'ai fait toutes les expériences sur deux sujets en même temps, prenant deux lapins du même poids ou à peu près et de la même portée: l’un recevait une cerlaine quantité des produils microbiens dans un rameau de la veine porte; l’autre subissait la même opération avec le même volume de solution physiologique, puis recevait ensuite le même volume de la même toxine dans la veine auriculaire. L'opération abdominale était faite d’une façon aseptique, mais sans l'emploi d'aucun URI, si ce n’est pour laver la peau. (1) Congrès français de médecine de brie ler fascicule (rapports Bordeaux, 1895, p: 240-257. : F 0 :SÉANCE DU 7 MARS 953 Dans ces conditions, j'ai vu les accidents apparaitre et la mort se produire quelquefois en même temps pour les deux animaux, le plus souvent à quelques heures de distance, le premier qui devenait malade étant tantôt celui qui avait recu la toxine par la veine porte, tantôt celui qui l'avait reçue par la veine auriculaire. Je n’ai donc pas observé, quant à la gravité et la précocité des accidents, qu'il y-ait aucune différence suivant la voie d'introduction. Il n’est même pas nécessaire, pour cons- tater cette absence d'action du foie sur la toxine à son entrée dans l'organisme, de soumettre les deux animaux à un même traumatisme. On peut voir aussi le sujet qui a reçu simplement la toxine par la veine auriculaire être atteint le premier, sans qu'il ait subi la laparotomie. Il y a pourtant une action-évidente sur le foie; dans toutes mes expé- riences, à en juger simplement par l'aspect macroscopique, j'ai vu le foie du sujet qui avait recu les toxines par la veine porte présenter d’une façon bien plus marquée que l’autre les caractères du foie infectieux (taches päles, etc.); en outre ce foie est en moyenne plus gros et plus lourd que celui du témoin. Pour ce qui concerne le glycogène, MM. Teissier et Guinard ont con- staté, nous l'avons vu, une diminution de cette substance; mais ils n'indiquent pas à quelle période de l’intoxication ils ont sacrifié les ani- maux pour faire le dosage. Pour moi j'ai vu que si l'on attend que les accidents se soient montrés chez les animaux, d'une facon constante on ne trouve dans leur foie que des traces de glycogène; si on les sacrifie au contraire avant l'appa- rition de ces accidents (de dix-huit à vingt-quatre heures après l’injec- tion d’une dose qui amène la mort en moyenne au bout de vingt-sept heures), on trouve des chiffres très irréguliers, tantôt seulement des traces comme dans le cas précédent, tantôt au contraire des quantités plus ou moins notables jusqu'à 1 gramme et davantage pour 100, le plus souvent des quantités réduites à quelques centigrammes. Il y a donc une action réelle de la toxine sur la teneur du foie en glycogène (l'appau- vrissement qu'elle produit est très remarquable, si l'on considère que le jeûne n'intervient à peu près pas dans ces expériences, j'ai vu en effet les animaux laparotomisés manger presque jusqu'au moment où les acei- dents surviennent). Mais on ne voit aucune relation entre ce phéno- mène etla voie choisie pour l'injection; celui des deux sujets qui dans une expérience présente la plus forte quantité de glycogène est tantôt celui qui à reçu la toxine par la veine porte, tantôt celui qui l’a reçue par la veine auriculaire. I n'ya donc rien à tirer de ces chiffres. Dans la présente série d'expé- riences, où le fait même de |’ ausmentalion de la toxicité par le passage dans le foie n'existe pas, il n° y à plus à rechercher le comment ni le pourquoi. D'une façon générale, il me semble qu’on n’est pas autorisé à prendre la teneur en glycogène pour la mesure de la santé d'un foie- 254 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Évidemment le bon état de la cellule hépatique est une condition essen- üelle de la formation du glycogène, mais beaucoup d’autres conditions agissent en même temps. ans des sens divers. Et d'abord le point de départ est très variable; il n'y a pas de teneur normale en glycogène. On ne peut donc rien tirer des variations, à moins qu'elles ne soient extrèmement considérables. C’est le cas ici : la toxine diphtérique fait disparaitre très rapidement le glycogène du foie, ce qui indique qu'elle altère le foie; mais on ne pourrait pas dire qu'elle l’a altéré plus ou moins, suivant que l'on trouve quelques centigrammes ou même quelques décigrammes en plus ou en moins. DES VARIATIONS DE LA COULEUR DES SPORES DE L'ASPERGILLUS FUMIGATUS, par M. RÉNON. ‘I. — La couleur des spores de l’aspergillus fumigalus est variable suivant les différents milieux de culture employés : généralement verdàtre sur les milieux acides (pomme de terre, moût de bière, pain humide), elle devient brun noirâtre sur les milieux légèrement alcalins ou neutres ‘bouillon et gélose ordinaires) qui se gaie ‘l ailleurs mal: au drone du champignon. C'est un point bien mis en lumière depuis les discussions célèbres ie Grawitz (1), de Koch (2) et de Lichtheim (3). En 1893 nous avons vérifié ces données (4) : nous avons 7. employé le liquide de Raulin, et nous avons pu voir que, sur tubes de ce liquide, d'abord vertes, les spores prenaient quelquefois une couleur noirâtre. Au bout de quelques jours de culture, on observe toujours cet aspect fumé sur tubes de gélose au liquide de Raulin, et sur tubes de ce liquide ensemencés avec des organes d'animaux infectés d'une manière quelconque par l'aspergillus fumig gatus. | 15 IL. — bépiié cette époque nous avons utilisé pue milieux. Au (1) Grawitz. Experimentelles zur Infectionsfrag ee Berliner Klin. Wochenseh., 1884, p. 189. (2) Koch. Entgegnune auf von den D" Grawitzin der Berliner med. Gesellsch. gehaltenen Vortrag über die FpeseunesiLsente der ARE, Be klin: Wochensch., 1881, n° 52. | (3) Lichtheim. Deber pathogene Schimmelpilze. I. Die sors Re Berliner klin. Wochensch., 1882, n°s 9, 10. ; « : j Fg . (4) Rénon. Recherches TE et sur la Dsl -tub. pergilire Paris 1893, Pen hrpos Dh SMioeer ml ter SÉANCE. DU 7. MARS: 25 (95 - moût de bière, d’une composition inconstante, nous avons substitué une solution de maltose, selon la formule de Sabouraud (1). MAlTOSS METRE) ROMEO STREAM ESE70 Peptone res en et tige 0e JRRSEHAGRE SE 0775 Ban EN NAN agir mia 0 400 grammes: Nous avons fait aussi usage de jus de groseille, de moût de raisin blanc, de carotte, de lait, de pomme de terre artificielle de M. Grimbert (2) : sur tous ces milieux, la couleur verdàâtre seule s’est montrée. Il en a été de même de l'urine humaine normale stérilisée à froid et acide : l'urine de même provenance chauffée à 120 degrés à l'autoclave pendant cinq minutes et de réaction très légèrement alcaline a permis seulement le développement de quelques spores de couleur brun noirâtre absolument identique à celle observée sur le bouillon ordinaire. En nous servant de gélose neulre peptonisée à à p. 100 (milieu utilisé pour la culture du favus), nous avons obtenu une abondance aussi grande de spores que sur les milieux acides, mais de couleur fumée. IT. — L'addition dans les milieux liquides usuels de culture de l'aspergillus fumigatus (liquide de Raulin, maltose de Sabouraud) des substances qui vont suivre et aux doses que nous allons indiquer n’a produit aucune modification de la couleur normale des spores : Nitrate d'argent . . . 1 c. c. de solution à 1 p.100 dans40c.c.deliquide. Teinture-d'iode : | + 4e. c. * — + à ‘1 p. "10 | F lodure de potassium, 1c.c. — à 25 p. 100 ù Sr Chlorure de sodium , 1c.c —- à Ap. 10 RUE re de Aeide:tartrique::;. :3,1, 1;c::0. —: à 2p.100 Des cultures faites sur pain humide et sur pomme de terre trempés pendant une demi-heure dans ces solutions n’amenèrent aucun chan- gement dans la coloration habituelle des spores sur ces milieux. IV. — Dans un seul cas nous avons observé une modification de ces colorations verte et brun noirâtre. A la fin du mois de juin 1895, pour éviter l'évaporation du liquide qui s’était produite les années précédentes dans les tubes capuchonnés, nous avions fermé à la lampe un certain nombre de lubes de cultures d’aspergillus fumigatus sur maltose de Sabouraud. l ne Trois mois après, quand nous avons voulu utiliser ces tubes, nous avons été très surpris de voir que les spores étaient devenues jaunes, tandis que dans les cultures de même date simplement capuchonnées, elles étaient restées vertes. Bien que sûrs de la fixité de notre espèce, (1) Sabouraud. Les Tricophyties humaines. Paris, 1895, p. 53. (2) M. L. Grimbert remplace dans les cultures la pomme de terre naturelle par un mélange artificiel dont il donnera prochainement la composition. 256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous avons cependant craint une contamination de nos tubes par une autre espèce, l’aspergillus flavus; mais nous avons été bien vite rassuré par la simple expérience suivante : nous avons ensemencé ces spores jaunes sur maltose de Sabouraud, et nous les avons vues devenir vertes aussi rapidement que des spores plus récentes ensemençées un même temps de la même facon, et sur ce même milieu. Bien plus, une fois le tube ouvert et bouché à l'ouate, les spores jaunes avaient repris la colo- ration verte au bout de six jours. L'action pathogène n'avait en aucune facon été diminuée, puisque des lapins inoculés avec ces spores et des spores vertes de même date ont succombé dans le même temps. La fermeture hermétique des tubes de culture et les hautes tempéra- tures de l’été exceptionnel que nous avons traversé en 1895 nous ont paru être les raisons de ce changement dans la couleur des spores, ainsi que nous allons l’exposer. Le 24 novembre 1895 nous avons scellé à la lampe plusieurs tubes de cultures d'aspergillus fumigatus sur maltose de Sabouraud datant de quinze jours, et nous les avons divisés en trois paris : la première fut laissée à la température ordinaire du laboratoire, 12 à 15 degrés environ; la seconde fut placée à l’étuve à 22 degrés ; la troisième à 37 degrés. Au bout de trois mois, les premiers tubes avaient conservé leur couleur verte ; il en fut de même des seconds : dans les troisièmes seuls les spores commencèrent à prendre une couleur jaune à partir de la quatrième semaine, et au bout de six semaines le chan- gement de coloration était complet. La virulence de ces spores n’était comme plus haut en aucune facon modifiée : elles reprirent leur couleur verte les jours qui suivirent l'ouverture des tubes, et les milieux ense- mencés avec ces spores ont donné naissance à des.cultures D SRUE: verdàtre caractéristique. On peut donc admettre que dans des conditions bien de absence d'air, chaleurs de l'été ou séjour prolongé à l'étuve à 37 degrés, les spores de l’aspergillus fumigatus peuvent prendre une couleur jaunâtre : cette modification leur permet, au point de vue de la colo- ration seule, de ressembler aux spores d’une espèce voisine, l’aspergilius flavus: mais ce n’est là qu’une simple apparence, puisque réense- mencées sur les mêmes milieux et au contact de l’air, les unes deviennent vertes, les autres jaunes. LA NUTRITION ET LA THERMOGÉNÈSE COMPARÉE PENDANT LE JEUNE CHEZ LES ANIMAUX NORMAUX ET DIABÉTIQUES, par M. M. KAUFMANN. Lorsque par la méthode dont j'ai exposé les principes (1) et qui con- siste dans la détermination simultanée des échanges respiratoires, de (1) Séance du 22 février 1896. ‘SÉANCE DU 7 MARS 257 l’excrétion azotée et de la thermogénèse, on étudie comparativement les transformations chimiques eténergétiques-intra-organiques sur lé chien normal et sur celui qui est ÉRIC on constate de nombreux faits intéressants. e RE GE Je n’appellerai iei l'attention que sur Es suivants : * 4° L'animal devenu diabétique à la suite de l’extirpation totale du pancréas, rendu autophagique par la privation alimentaire, ne se dis- tingue nettement de celui qui est normal, ni par la quantité d’acide carbonique et de chaleur produits ni par la quantité d'oxygène absorbé. Chez le diabétique, les combustions et la thermogénèse ne sont jamais exagérées, elles ont plutôt une certaine tendance vers la diminution. Mais la légère diminution que l’on constate peut s'expliquer par l'absence presque complète des mouvements musculaires. L'animal diabétique à en effet perdu sa vivacité normale, il se livre à un repos prolongé, ne fait que rarement des mouvements et généralement ne se lève que pour satisfaire ses besoins naturels. Chez lui, la vie extérieure est moins active et par suile le lravail physiologique général ainsi que les combustions et la production de chaleur liées à ce travail, sont réduits à leur minimum. Dans le tableau suivant, sont résumés les résultats de quelques- -unes de mes expériences comparatives. ACIDE OXYGÈNE 5 CHALEUR JOURS absorbé CÉnOQUe produite ANIMAUX fin paï heure par heure par heure | hjétéesip SOvAÈEPSE ct par SLR gr - kilogr. Dreras d'animal. d'adinat. d'animal. Chien normal n°1 ,. 2 Oïit: 688 Oïit- 588 SAS (I) — 6 0226042200: (Dose US — 10 0 572 0 480 21 63 Chien normal n° 2 . 2 0 784. 0:= 539 3 47 — 11 0 . 588 0 438 2 212 Chien normal n° 3, Il O0 746 0 -621 3 49 — 15 O 749 0° 561 SOL Chien diabétique n° 1. l 0 ‘736 0 568 3 36 — 2 0 632 0 400 2 86: Chien diabétique n° 2, 1 0 662 O0 486 3 — 3 0: .572 O0 404 FhUT — (9 (omis 0 500 ANDRE Chien diabétique n° 3. 5 0 595 0 436 Dr PAT — © 7 0 591 0 45% 2 8 — 12 0 535 0 400 25 5 Les chiffres de ce tableau établissent que les valeurs des échanges respiratoires et de la thermogénèse, quoique un peu faibles, restent sensiblement normales. La forte diminution de poids qu'éprouvent les animaux diabétiques 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE soumis au jeûne (1), ne peut donc pas s'expliquer par une exagération pure et simple des oxydations intra-organiques. | ; Existe-t-il chez ces animaux, à côté des ee nn alESS d'autres actions chimiques anormales, destructrices de la matière orga- nique, ou bien les oxydations, tout en mettant en œuvre sensiblement la même quantité d'oxygène et en produisant à peu près les mêmes quan- tités d'acide carbonique et de chaleur, ont-elles éprouvé une déviation anormale? C'est cette dernière hypothèse qui se vérifie. 2° Si les échanges respiratoires et la thermogénèse n'éprouvent pas | une modificalion notable chez les diabétiques, il n’en est pas de même de | l'élimination azotée. Celle-ci est considérablement augmentée. Ce fait | est connu. Les cliniciens ont signalé l’azoturie chez l’homme diabétique, les expérimentateurs l’ont constatée chez les animaux dépancréatés. Cependant on n'a guère étudié cette azoturie pendant l’inanition, c’est-à- dire sur des sujets autophagiques. Voici quelques-uns de mes résultats : Chez mes chiens normaux privés d'aliments, la quantité d’albumine détruite par oxydation qui correspond à l'azote total éliminé par heure et par kilogramme d'animal variait chez l’un de 0 gr.089 à O0 gr.151; chez un autre de 0 gr. 110 à 0 gr. 170 ; chez un troisième de 0 gr. 099à 0 ge. 158; tandis que chez les diabétiques également en inanition elle variait, chez l’un de 0 gr. 225 à 0 gr. 360, chez un autre de 0 gr. 181 à 0 gr. 261. Comme on le voit, l'animal diabétique, même autophagique, exerète beaucoup plus d'azote et par suite détruit plus d’albumine que l'animal normal. Il exerète aussi du sucre en nature. C'est certainement dans cette double élimination azotée et sucrée qu'il faut rechercher la cause de la diminution rapide du poids chez les diabétiques. L'animal dépan- créaté détruit avec une grande activité ses matières albuminoïdes ; chez lui les muscles perdent rapidement de leur poids et de leur volume et c'est ce travail de désagrégation portant sur les principes protéiques des tissus qui engendre sans doule en grande partie cette fatigue, cette lassitude et cette faiblesse musculaire générale qu'on observe. L'organisme diabétique se distingue donc de l'organisme normal, non par la valeur absolue des échanges respiratoires, des combustions et de la thermogénèse, mais bien par la valeur absolue et relative de la désa- grégation albuminoïde et par l’excrétion sucrée. - 3° Mes recherches montrent encore les faits suivants : Chez les animaux diabétiques soumis au jeûne, ainsi que chez les animaux normaux, la totalité de l'acide carbonique éliminé et la totalité de la chaleur produite dérivent de simples oxydations; et, ces oxydations qui portent à la fois et exclusivement sur les albuminoïdes et les graisses consomment la totalité de l'oxygène absorbé. De plus, ces oxydations se font en plusieurs temps : l’albumine en s’oxydant dans l'organisme passe par la phase graisse, (1) Séance du 6 mars. TSÉANCE DU 7 MARS 959 puis glycose; la graisse par la phase glycose. En un mot, {ous les prin- cipes immédiats de l'organisme passent par la forme giycose ou glycogène avant de subir leur destruction complète. #4 La démonstration complète de ces faits découlera Fe résultats que je ferai connaitre ultérieurement. 4° Cela étant admis, la destruction exagérée de l’albumine prend une grande importance. Elle entraîne comme conséquence une modification du rapport qui existe entre la quantité totale d'oyygène absorbé par l'animal et la quantité de ce gaz qui se fixe sur l'albumine dont Pazote s'élimine par les urines. Chez l'animal normal autophagique, ce rapport varie entre 3,3 et 8: chez l'animal diabétique, il oscille au contraire entre 1,5 et 3. pau On obtient ces mêmes différences pour les rapports qui existent, d’une part, entre la totalité de l’acide carbonique éliminé par l'animal et la quantité qui dérive de l'oxydation de l'albumine détruite, et d’autre part entre la quantité totale de chaleur émise et celle qui est ee pe la combustion de l'albumine détruite. | De l'examen de ces rapports, il résulte que chez l'animal autopha- gique normal, l'oxydation de l’albumine fixe en moyenne le cinquième de l'oxygène total et produit le cinquième de l’acide carbonique et de la chaleur, tandis que chez l'animal diabétique, l'oxydation de l'albumine absorbe en moyenne la moitié de la totalité de l'oxygène et produit la moitié de l'acide carbonique éliminé et la moitié de la chaleur émise. 5° En partant des faits que je viens de faire connaître, on arrive à établir d’une manière absolument certaine que, dans l'organisme des diabétiques, la quantité de sucre formée aux dépens des albuminoïdes est augmentée, que celle formée aux dépens des graisses est diminuée et que, dans son ensemble, la glycoformation conserve sensiblement sa valeur nor- male avec une légère tendance à la diminution. L De plus comme, d’une part, les animaux diabétiques ne fabriquent pas plus de sucre que les normaux et que, d’autre part, ils en éliminent une certaine proportion en nature par les urines, il devient indéniable que chez eux la consommation sucrée est notablement diminuée. Dans la nutrition du diabétique, une seule chose est exagérée : c'est la destruction de l'albumine. Tous les autres eur entE nutritifs et en particulier la destruction sucrée sont ralentis. Ces nouvelles conclusions concilient les faits qu'on a apportés ; jusqu'ici en faveur des deux grandes théories du diabète : celle de l’exagération de la formation sucrée et celle de la diminution ou du ralentissement de la consommation du sucre. Tous les fails antérieurement établis conservent leur valeur et ils pourront facilement recevoir une interprétation conforme aux conclu sions ci-dessus. Dans une prochaine note, je compléterai la démonstration. 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR DIVERSES VARIÊTES DE PNEUMOBACILLES DE FRIEDLÆNDER ISOLÉS DES EAUX, par M. L. GRIMBERT. J'ai montré dernièrement qu'il existait au moins deux races de pneu- mobacilles de Friedlænder différant entre elles par leurs propriétés fer mentatives, et je disais qu'il faudrait dorénavant vérifier l’action dercette bactérie sur la glycérine el sur la dulcite pour l'identifier soit avec: le pneumobacille étudié par Frankland, soit avec celui qui a servi de hase à nos expériences. : J'ai eu depuis l'occasion d'isoler de certaines eaux des baptéries offrant un ensemble de caractères pouvant les faire confondre avec le, paeumo-bacille de Friedlænder, et je me suis astreint, non seulement 2 examiner sommairement leur action sur diverses matière sucrées, mais encore à faire un grand nombre de fermentations dans le but de, déter- miner qualitativement et, QUAI TEnERE Ja nature des pre uiiss de cette action. 1e Bx tiré: Je désignerai ces bactéries par - res B;; G, di J en Réel a lettre F pour le pneumobacille qui a servi à mes premières expériences: Le bacille H provient de l'eau: d'un village de Bretagne où sévissait la: fièvre typhoïde et dans laquelle il mefut impossible non seulement de déceler un seul bacille d'Eberth, ce qui n’a rien d'étonnant, mais même un seul coli-bacille. Un passage en milieu phéniquéme donna une! cube ture pure du bacille en question. Les autres organismes ont été retirés d'eaux minérales diverses, telles qu’on les trouve dans le commerce. Tous ces microbes se présentaient au microscope: sous ue A petite bacilles courts entourés d’une auréole très nette, Surtout, dans les -cul- tures sur gélose, et ne prenant pas le Gram; sur gélatine, culture ; -en forme de clou; sur gélose, trace. épaisse et glaireuse; sur pommes de terre, culture épaisse et. abondantes avec penis ne. de bulles de gaz. ; Une. culture _ chacun Fe sur D ds âgée de 18 de fut inoculée à des souris blanches à la base de la queue. Une culture du preumobacille, F faite en même temps, servit de point de comparaison. Les bacilles.F etH tuèrent la souris en moins de 24 heures; le bacille Ben. 48 heures, et le bacille G.en trois jours. Quant au bacille J, il ne montra aucune action pathogène. EH fut facile de retrouver dans leisang du cœur de:la souris le microbe inoculé avec tous. ses caractères et notamment avec son-auréole::::::- Après avoir ainsi subi un passage sur souris, chacun de ces bacilles (y compris l'espèce J) fut-ensemencé dans une série:.de solutionstde -SÉANCE: DU: 1 MARS 261 divers sucres et dans des tubes de lait stérilisé. Nous résumerons les résultats obtenus dans le tableau suivant: Le nombre de croix indique la plus ou moins grande activité de la fermentation, jugée d'après l'abondance du dégagement gazeux. S D AM OMENNER AS LE = : Souri 2 E 2 = Alerte LE: = Souris. E c È a E = £ = F <24heures + + + + + ++ ++, 13 B_ 48 heures + —- LH + + ++ — & D RAS RS USSR RE ONE bEE EN ARR 4 H <2#heures +Æ LH + + + 0 traces 1 pie 4er Sp safe agite N'a 28 éig Comme on peut le voir, des qualre espèces de bacilles encapsulés isolés d'eaux de diverses provenances, deux {B et G) se conduisent comme le pneumobacille de Friedlænder (F) et font fermenter tous les sucres indistinctement; les deux autres (H et J) sont sans action sur la dulcite. Quant au lait, il a été coagulé pois aan fes les bactéries B, G, H et J que par le pneumobacille F.: Il était surtout important de rechercher la otre de produits de ces fermentations,et de voir si ces RUE israel avec l'espèce de sucre employé. : : Je me suis limité à l'étude des RE du lactose et de la se cérine: Ces milieux ensemencés le même jour avec une culture. pure.de chacun des microbes en question ont.été examinés au bout du même temps. Les chiffres suivants correspondent aux produits fournis par 100 grammes de sucre après trente Jours de fermentation. Laclose.. en Es H B G J Alcool éthylique Acide acétique . Acide succinique . . : .”.”. Acide lactique gauche: 7.7: 0700: « :0: 00: .. "0:00 = UD —* 0 00 2843 ‘411860 8886 10500 10500 MO AORC MN 200027756 (lycérine. F H B G LIST Alcool éthylique, :,.., ..…., 6660 148514 6800. 9£14 ..19840 | Ace ACéLIQUE ,. . .….. . : . 14 46 19 18 24 08 5 p2 2 54 Acidé succinique : . . . ? : 0 00 0 00 0 00 0-00 0 00 Acide laclique gauche , 4, 17 24005 © 20 90 12 14%: 43 8% 147 70 = formique Le RL GIAS 20) u :00 (D) 00 0 00:11: 00 00 } 1 98 551810 4448 48 11424221 0198150: 174162 262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE De même que le pneumobacille type F, les microbes B, G, H etJ donnent de l'acide succinique avec le lactose et de l’acide lactique lévogyre avec la glycérine. a Ces caractères, ajoutés à ceux que nous avons Lane déjà, nous pere mettent maintenant de réunir ces bactéries de l’eau au pneumobacille de Friedlænder que j'ai étudié pour former une sorte de groupe naturel. Les différences que l’on constate dans les chiffres obtenus, la pré- sence de l'acide formique dans la fermentation de la glycérine sous l'action du -bacille J, l'absence d’action sur la dulcite de la part de ce . même bacille et du bacille H ne sont là que des nuances dues à la plus ou moins grande activité ou à l'éducation de la semence, de même que les différences dans la virulence, ou dans la coagulation du lait, et je ne crois pas qu'il soit nécessaire de créer de nouveaux noms pour désigner ces simples variétés d’un même microbe, surtout quand on sait COm- bien sont variables et contingentes les manifestations vitales de ces D ponen petits. ll HIÉRARCHIE DES ORGANES AU POINT DE VUE DU POUVOIR OXYDANT, par MM. J.-E. AgeLous et G. BIARNËS. Dans des recherches antérieures (Arch. de physiologie, n° 4, jan- vier 1895) sur le pouvoir oxydant du sang et des organes, nous avons montré que ce pouvoir oxydant vis-à-vis de l’aldéhyde salicylique variait beaucoup selon les organes employés. Nous avons pu classer les organes de la facon suivante en nous basant sur la quantité d’acide salicylique produite par poids égaux d'org anes dans les mêmes conditions Ur mentales. | ÉnMEENIenC RE PRO ae mlaATeIte SDS EN Re onle poumon A Re ul ee Se Ie Etre jo ip En CR Le uen. dlathyroide, 2 GB ÉR VUE AT Ge EPA ACTE Ten, = HO AE is. Ou HE le thymus, TE SE te 2e. co: ton. les Capsules SUrTÉNAIES RS RE T0 nico oule DesUicules Etenfin en dernier lieu le pancréas, le cerveau et le muscle qui ne nous ont pas fourni des traces appréciables d'acide salicylique. Il était intéressant de contrôler par une autre méthode expérimentale ces résultats. C’est ce que nous avons fait en utilisant un procédé de démonstration employé par Rôhmann et Spitzer (Berichte deutsch. chem. Gesells., t. XXVNIIT, p. 567, mars 1895). Ces auteurs, poursuivant une observation faite par Ehrlich, ont montré qu'une solution contenant SÉANCE DU 7 MARS 263 4 molécule de paraphénylène-diamine, 1 molécule d’«'naphtol et 3 mo- lécules de soude, très étendue, ne se colore en bleu, puis en violet qu'au bout d'un temps assez long, à la suite d'une oxydation lente provoquée par la soude au contact de l’air. En revanche, quand à une pareille solu- tion incolore on ajoute un fragment d'organe frais, privé de sang par le lavage, la coloration violette apparaît rapidement. Cette coloration est due à la formation d'un 2 APE comme AE montrent les formules suivantes : Re / COHAzH? GH4 (AzH2)?- CIHTOH O0 AH À Gogeop + H°0 6 > in CHA / COH'AzH* \ CH6OH rs \ Gromso.: -t.H°0 | Les auteurs admettent que, dans cette réaction, l'oxygène moléculaire a été dédoublé par la substance animale qui a joué le rôle de substance excitatrice à la facon du palladium hydrogéné d'Hoppe-Seyler. Cette expérience peut donc permettre d'apprécier d'une façon satis- faisante le pouvoir oxydant des divers organes par la ie d'appa- rition et l'intensité de la coloration produite. Pour nos expériences, la solution-mère composée d' après la formule de Rôhmann et Spitzer était diluée au 100°. On employait pour chaque fragment d'organe 10 centimètres cubes de cette dilution à peu près incolore. Pour plus de précision, l'intensité des teintes était mesurée avec le colorimètre de Dubosc. Voici la classification que nous avons pu établir entre les organes au point de vue du POLE oxydant. LE — Organes de grenouille. En 1e ligne : le poumon, — 2° —— la rate, — 32, — le foie, — ke. — :le.rein, .— 5° — le testicule, Ge, | — "lé cerveau oxydation très faible, la teinte n'est pas s plus L — le muscle Ÿ foncée que pour le in témoin. II, — Organes de lapin (saïgné à blanc) Extraits aqueux de poids éqaux- (0 gr. 15 d'organe). d'organe (1 cent. cube). 1° Rate, 1° Foie, rate et poumon, 20 Poumon et thyroïde, 2° Surrénales, 3° Foie et rein, 3° Rein, 4° Pancréas et surrénales, 4e Thyroïde, 5° Ovaire, 5° Pancréas, 6° Cerveau, 6° Bulbe et cervelet, 7° Muscles. 7° Cerveau, 8° Sérum et muscles. Ainsi, aussi bien dans nos premières expériences que dans celles-ci, la Biococre. Courtes nEeNDuSs. — 10€ sémtE. T. LT, 19 264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EEE ee substance musculaire et la substance nerveuse se sont montrées douées d'un pouvoir oxydant très faible sinon nul. C'est là un résultat intéres- sant si on songe que le système musculare est le siège de réactions exothermiques très manifestes. Ce serait donc dans les appareils glandu- laires que devrait se placer le siège des oxydations. Ajoutons que lé pouvoir oxydant se retrouve intact dans les organes traités par l'alcool puis desséchés, et enfin que la laccase préparée suivant la méthode de G. Bertrand détermine RUES lp de la réaction colorée. Ainsi se trouvent confirmés d’une façon générale, par une mn expérimentale toute différente, les résultats que nous avons antérieu- rement obtenus pour le pouvoir oxydant des divers organes vis-à-vis l’aldéhyde salicylique. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) SUR LA FIÈVRE TRAUMATIQUE ASEPTIQUE (1), par M. L. PicLonw, Chef de clinique chirurgicale à la Faculté de médecine 2 Nancy. L'existence de la fièvre traumatique aseptique, contestée par Weber, Bergmann, Verneuil, pour lesquels elle n’est qu'un degré atlténué de fièvre septicémique, estadmise aujourd’hui par tous les chirurgiens. Nous ne rappellerons pas les caractères cliniques de cette fièvre, si bien établis par Gangolphe et Josserand (2), ni les faits cliniques et expé- rimentaux démontrant qu’une lésion traumatique, sans solution de con- tinuité des téguments, peut engendrer des élévations de température, de durée et d'intensité variables. D'ailleurs, la plupart de ces faits sont passibles d'un grave reproche : l'examen bactériologique du sang, de la circulation générale et des liquides du foyer Rue a élé rare- ment pratiqué. Nous désirons seulement mentionner les résultats d'expériences per- sonnelles qui prouvent son existence d’une façon rigoureuse, et citer deux observations cliniques capables d'éclairer pote sa pathogénie encore si obcure. Nous avons fait à des cobayes et à des lapins des traumatismes variés : contusions, fractures, sections sous-cutanées d’un vaisseau, etc. Chaque (1) Extrait d’une communication faite à la Conférence biologique de Nancy, le 5 février. (2) Gangolphe et Mesa Revue de chirurgie, 1891, p. 397. SÉANCE DU 7 MARS 265 fois, nous avons pratiqué l'examen bactériologique du sang, de la circulation générale et des liquides du foyer traumatique ; les températures ont été prises dans le rectum en évitant, autant que possible, les causes d'erreur, Ces expériences nous ont conduit aux résultats suivants : 1° Pour des traumatismes égaux en intensité etintéressant des régions identiques, le degré de l’hy DEL varie d’un animal à un autre de la même espèce; s 2° Il n’est pas toujours dans un rapport direct avec l'étendue des tissus lésés, avec le nombre des éléments anatomiques troublés dans leur vitalité ; 3° Il ne dépend pas toujours du volume de l’épanchement sanguin; 4° De tous les traumatismes, les fractures sous-cutanées semblent être ceux qui engendrent le plus constamment la fièvre 5° L’âge de anal son sexe, le volume de l'os, le Siese de la fracture (diaphysaire. épiphysaire, articulaire), n’ont pas d'influence absolue sur l'élévation de la température ; 6° Les épanchements sanguins intrapéritonéaux aseptiques peuvent donner lieu à une hyperthermie de 1 degré environ, pendant vingt-quatre heures, chez les cobayes. Pour le démontrer, nous avons sectionné un vaisseau mésentérique du cobaye. Les cultures du sang épanché sont restées stériles. Après une hypo- thermie de plusieurs heures, le thermomètre monta de 0°,4; 0°,6 et 0°,9 au- dessus de la température primitive, au bout de huit, douze et vingt-huit heures; la trente-sixième heure, elle était redevenue normale. L'asepsie du sang extravasé a été vérifiée trois fois, au bout de six, dix et trente heures. Les milieux de culture ont été ensemencés au moyen d’une tige de platine stérilisée, introduite dans la cavité péritonéale par une bou- tonnière fermée par une serre-fine. Le liquide, examiné au microscope, ren- fermait de nombreux leucocytes, presque tous polynucléaires, avec quelques hématies et de rares cellules épithéliales. Il est probable que chez l’homme, comme chezle cobaye, les épanche- ments sanguins inlrapéritonéaux peuvent provoquer la fièvre amicro- bienne. Malheureusement, chez l'homme, on n’a jamais, croyons-nous, vérifié l’asepsie du sang extravasé dans les premières heures après la production de l’épanchement. ° Les conditions qui semblent intervenir dans la genèse de l'hyper- thermie et modifier sa durée et son intensité sont les suivantes : — Le pouvoir d'absorption variable avec chaque tissu, et, pour un même tissu, avec la région vulnérée de l'organisme ; — La composition des liquides du foyer traumatique; celle des pro- duits sécrétés par les éléments cellulaires troublés dans leur vitalité ou résultant de leur nécrobiose. | 266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — Le degré d'irritation des tissus lésés, l'intensité de la réaction locale : diapédèse, phagocytose, etc. Ce dernier facteur paraît jouer un rôle important, ainsi que semblent le prouver les deux observations suivantes : Dans un cas, il s’agit d’un homme adulte, sans antécédents héréditaires ni personnels, atteint d’une hémarthrose du genou, sans lésion des téguments. Durant les deux premiers jours après l'accident, la température oscilla entre 380,5 et 39 degrés. Le troisième jour, ponction articulaire : il s'écoule environ 80 grammes d’un sang liquide, rouge vermeil, avec reflets blanchâtres. Les cultures de ce sang dans le bouillon, sur gélose et sur gélatine restent stériles. L'examen histologique de deux préparations, colorées avec Le réactif d'Ebrlich- Biondi démontre l'existence d’un très grand nombre de leucocytes (un pour six hématies), la plupart polynucléaires. Le vert de méthyle colore faible- ment leurs noyaux. De plus, on constate la phagocytose des hématies par quelques globules blancs. Le deuxième jour après la ponction, la température dépassant 39 degrés, le chirurgien fait l’arthrotomie, qui donne issue à 40 grammes environ d'un sang liquide, non coagulé, aseptique et renfermant un grand nombre de leucocytes (‘un pour huit globules rouges), presque tous polynucléaires; la phagocytose a cessé, bien que les mouvements amiboïdes des cellules migratrices soient restés très vifs. Dans la seconde observation, il s’agit d’un homme atteint d’hydarthrose aiguë survenue brusquement après la pénétration d’une petite pointe au niveau du bord interne de la rotule droite. La plaie des téguments, très superficielle, guérit d’ailleurs sans inflammation ni suppuration. Le troisième jour après l'accident, ponction articulaire : il sort un liquide clair et citrin. Lavages de l'articulation avec la solution phéniquée à 2 p. 100. Température avant là ponction : 38 degrés ; elle atteint 380,8 le soir et se maintient aux environs de 38 degrés pendant trois jours. Nouvelle ponction, nouveau lavage articulaire. Température avant : 38 degrés; le soir, 38°,4. Les deux jours qui suivent, elle oscille entre 37,8 et 38°,2, puis elle redevient normale et le malade sort guéri. Le liquide de ponction mis en culture fut reconnu aseptique; il renfermait un grand nombre de leucocytes polynucléaires et quelques cellules épithé- Jiales. Ces deux faits cliniques permettent de penser que les cellules migra- trices peuvent jouer un rôle dans la production de la fièvre aseptique. Les liquides épanchés dans le foyer traumatique ne seraient-ils pas, dans certains cas, doués d’un pouvoir chimiotaxique nettement positif et les globules blancs attirés en masse ne seraient-ils point capables de sécréter des produits pyrétogènes susceptibles d’engendrer la fièvre traumatique aseptique ? Dans une note ultérieure, nous Don. connaitre certains faits expéri- mentaux qui semblent venir à l'appui de cette hypothèse. LO [er] 1 SÉANCE DU 7 MARS. INTOXICATION PAR LA STRYCHNINE, Communication de M. le D' Sapoveanu (de Bucarest). \ En 1891, lorsque je remplissais les fonctions de médecin en chef de l'hôpital de Constantza, je fus appelé à la hâte par M. B..., qui préten- dait que sa femme, M”* L. B..., âgée de vingt-sept ans, s'était intoxiquée eu prenant 60 centigrammes de strychnine (4). Pour le moment, il me fut fort difficile d'admettre les paroles de M. B..., sachant avec quelle difficulté quelqu'un peut se procurer de la strychnine, et je pensai que l’intoxication avait pu se faire par le phos- phore, la substance la plus facile à se procurer dans notre pays. En che- min, vers son domicile, M. B... me déclara que M"° B.., vers 4 heures moins le quart, avait avalé six pilules de strychnine préparées pour empoisonnement de chiens (2). Ces pilules avaient été mises dès le soir dans un verre d’eau où elles s'étaient dissoutes complètement, hormis quelques parties brutes qui servaient d'ingrédients. M"° B..., aprèsavoir bu le premier contenu, avait encore ajouté un peu d'eau et, agitant le verre, ayait pris ainsi le dernier résidu. Chaque pilule contenait 10 cen- tigrammes de strychnine muriatique, ce qui donnait un total de 60 cen- hgrammes. ° L'état dans lequel je l’ai trouvée à mon arrivée, un quart d'heure après l'accident, était le suivant : rigidité musculaire presque générale ; la tête renversée en arrière et un peu penchée à droite; la figure blême; trismus de la face et convulsions des membres, surtout des membres supérieurs ; l'extrémité des pieds déviée fortement en dedans; de sorte que la malade, posée en décubitus dorsal, semblait appuyée davantage sur la nuque et l'extrémité interne des premiers méta- tarsiens; la respiration courte, difficile et parfois convulsive; les lèvres tuméfiées et à peine pouvait-elle articuler un mot; l'intelligence in- tacte. Ce qui s’observait particulièrement, c'était que la malade ne per- dait pas un moment de vue et donnait toute son attention à conserver le (4) Ce chiffre étant indiqué nettement par l’auteur, nous le reproduisons, quelque extraordinaire qu'il puisse paraître; d’ailleurs le dosage de la strych- nine n'a pas été fait rigoureusement. . (2) La ville de Çonstantza, située sur le bord de la mer Noire, est la capitale de la Dobroudja, ancienne province roumaine vers 1600 et annexée à notre pays après la guerre de 1877-1878. Jusqu'à cette époque la Dobroudija faisait partie de l'empire ottoman et était peuplée de plus de chiens que de Turcs, étant donnée l'amitié qui existe éntre les chiens et les musulmans. M. B... était le chef de la police, C’est à lui qu'on confiait les pilules pour les distribuer à son tour aux agents de ville et ceux-ci aux chiens. De cette sorte il fut très facile tr * : L / J à Me B.,, de se procurer de la strychnine. NULIER f Le He À x « LA D D À\ RARYIZX p: L A 268 SOCIÉTE DE BIOLOGIE plus grand calme et n’'essayait même pas de changer de position, car le plus petit mouvement lui causait des contractions toniques et l’opis- thotonos. Malgré toute la tranquillité et le calme qu’elle conservait, il lui survenait, de dix en dix minutes, des crises d'une demi-minute à trois minutes de durée. Me trouvant dans une pareille situation, où l'absorption s'était à peu près opérée, et étant dans l'impossibilité de lui administrer un vomitif ou de lui faire le lavage de l'estomac à cause du trismus existant, je ne pouvais plus penser à intervenir que par injection hypodermique de curare. De la solution de curare de 5 centigrammes par gramme d'eau, je lui at injecté 25 centigrammes en une seule fois. L'effet à été prompt et aussi immédiat que possible : à l’état de contraction spasmodique, survint aussitôt un état de relâchement à peu près général. Mais le relàchement se faisant trop brusquement, j'avoue que je craignais d’être obligé de revenir à administrer la strychnine. Une fois ceci obtenu, je pus lui administrer un vomitif. Le résultat en fut excellent. Après les vomissements, je lui ai lavé l’estomac avec 5 kilogrammes d’eau, lui administrant ensuite 40 grammes d'huile de ricin. Après un intervalle de huit heures je fus de nouveau mandé; les con- tractions étaient revenues et les crises se succédaient très rapprochées. Je lui fis une deuxième injection, mais de 10 centigrammes seulement de solution, ce qui m'a donné à peu près le même résultat que la première fois. Pour la nuit je lui prescrivis : bromure de sodium 1 2 grammes, chlorhy- drate de morphine 3 centigrammes, eau distillée 450 grammes, sirop 40 grammes, lui recommandant de prendre, de quinze en quinze minutes, une cuillerée. Après l’administration de huit cuillerées, le malade s’en- dormit d’un sommeil calme qu’elle conserva à peu près toute la nuit. Le lendemain à 10 heures du matin M°° B... était beaucoup mieux : elle pouvait rester sur son séant, les lèvres un peu tuméfiées, les pupilles plus contractées et une légère contraction musculaire qui se maintenait seulement aux muscles de la nuque. Mais elle ressentait une fatigue gé- nérale, elle tenait les yeux plutôt fermés, relevant à peine les paupières de crainte de la réapparition des crises. Pendant toute la journée elle fut très calme ; la nuit vers 11 heures, une nouvelle crise survint et dura vingt minutes./njection de 2 centigrammes et rien de plus. Le iroisième jour la malade était déjà à peu près bien ; les pupilles normales, le pouls régulier, elle savait manger, parlait bien et descendit du lit étant sou- tenue. Le sixième jour la malade, complètement rétablie, fut en état de quitter Constantza. ee ——_—_—_—_—__——— Le (rérant : G. MASSoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 14 MARS 1896 M. Cu. Féré : Un spasme du cou coïncidant avec des hallucinations visuelles unila- térales. — M. Cu. FérRé :.Notes sur la puissance tératogène de quelques alcools naturels. — M. Duczerr : De l’immunité congénitale dans la variole ovine. — M. le . D: L. Burre : Recherches sur la présence de la glycose dans le sang et le tissu musculaire après iujection intra-veineuse de cette substance. — MM. n'ArSONvVAL et Caarrw : Topographie calorifique chez les animaux fébricitants. — MM. Bietet Counter : Signification des diverses formes du pouls capillaire étudié chez l’homme adulte. — M. le Dr G. Durante : Hémorragies et sclérose du thymus chez les enfauts nouveau-nés. — M. le Dr G. Duranre: Un cas de tuberculose humaine occasionnée par un oiseau. — M. le Dr O. Vax per Srricar : Origine des globules sanguins de l'aorte et de l'endocarde chez les embryons de Sélaciens. — MM. G. Weiss et A. Duriz : Recherches sur le fuseau neuro-musculaire. — M. le D' Samuez BERN- HEIM : mmunisation tuberculeuse et sérumthérapie. — M. L. PrLLox : Les globules blancs sécréteurs de substances thermogènes.— M. CnarPenrieR : Différentes maui- festations des oscillations rétiniennes. — M. Axoré Tuomas : Contribution à l'étude expérinentale des déviations conjuguées des yeux et des rapports anatomiques des noyaux de la 3° et de la 6e paire. — M. Kauruanx : La formation et la destruction du sucre étudiées comparativement chez les animaux normaux et dépancréatés. — M. le D: Licarwtrrz (de Bordeaux) : Présence fréquente du bacille de Lôffler sur la plaie opératoire après l’ablation de l’amygdale avec l'anse électrothermique. Iuno- cuité du bacille dans ces cas. Présidence de M. Giard. UN SPASME DU COU COÏNCIDANT AVEC DES HALLUCINATIONS VISUELLES UNILATÉRALES, par M. Cu. FÉRéÉ. L'histoire des spasmes fonctionnels du cou (1) montre que la plupart sont en rapport avec une irritation de l'écorce cérébrale, aussi les a-t-on rapprochés des tics ou des fausses chorées. Je voudrais appeler l’atten- tion sur un fait particulièrement intéressant par l'association des troubles sensoriels habituellement liés à des irritations de l'écorce cérébrale. Il s'agit d’une femme de quarante-neuf ans, appartenant à une famille où on relève plusieurs cas de longévité remarquables, mais aucun antécédent nerveux, Elle-même n'avait jamais éprouvé de troubles nerveux jusqu’à l’âge de vingt-huit ans. A cette époque, elle fut effrayée par un mendiant difforme “qui se leva inopinément devant elle à la sortie de l'église; depuis lors, elle éprouve des cauchemars fréquents qui la laissent toute bouleversée et sans sommeil pour tout le reste de la nuit. De ces troubles de sommeil était résultée une irritabilité gênante, mais sans troubles nerveux caractérisés, et, à part des fièvres éruptives qu'elle a eues dans l'enfance, elle n’a jamais été (1) Ch. Féré, Contribution à la pathologie des spasmes fonctionnels du cou (Revue de médecine, 1894, p.755) 5 tee BioLocie. ComerEes RENDUS. — 102 SÉRIE. Tr. IE. 20 270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE arrêtée par un jour de maladie. Les cauchemars dont elle souffrait offraient deux caractères importants dont le second n’a pu être apprécié que dans ces derniers temps : il s'agissait toujours de la réprésentation du mendiant difforme, et la vision était constamment du côté droit, particularité qui n'avait d'ailleurs aucun rapport avec l'événement réel, c'était sans aucun doute à sa gauche que le mendiant réel s'était levé. Au mois de novembre 1892, la malade fit une chute sur le siège dans un escalier, à la tombée de la nuit ; elle fut plus effrayée que biessée, mais elle attribue à cet ébranlement les troubles dont elle a souffert depuis. C’est quelques semaines après qu'elle a commencé à sentir des tractions dans le cou et de temps en temps, sa têle était entrainée latéralement, la face se tournait à gauche et un peu en haut. Ces secousses se produisaient d’abord d'une facon intermittente, principalement à la suite de fatigues et d’insomnies; elle était souvent plusieurs jours sans les éprouver. Peu à peu cepenilant, les mouvements ont augmenté d'intensité, d’étendue et de fréquence. Depuis plus de deux äns, elle sait qu'elle est atteinte d'un torticolis spasmodique, et qu'il s'agit d'une affection difficilement curable ; elle ne voulail pas courir les chances d’une opération et s'était résignée après des essais aussi infructueux que multiples de trailements médicaux. Mais depuis six mois, un trouble nouveau est venu s'ajouter au spasme qui, du reste, s’est un peu modifié dans sa forme. Autrefois, il s'agissait constamment de secousses nettement séparées les unes des autres par un intervalle à peu près régulier; outre ces secousses, elle a maintenant des séries de secousses subintrantes dans lesquelles la tension du cou n'a pas le temps de se faire complètement ; le spasme clonique tend à se rapprocher du spasme tonique. Pas plus qu’autre- fois d’ailleurs les spasmes ne se produisent pendant le sommeil; ils sont tou- jours favorisés par les attitudes les plus actives, calmés, au contraire, quand la tête est fortement appuyée, c'est-à-dire qu'ils ont conservé les caractères des spasmes fonctionnels. C’est à propos de ces secousses conglomérées que se produit le phénomène qui inquiète actuellement la malade. Au moment où le cou trémule sans donner le temps à la déviation de se faire, la tête étant en demi-rotation il se produit une hallucination visuelle toujours située à droite et reproduisant l’image du mendiant estropié du rêve, qui continue d’ailleurs, à se manifester de temps en temps. Cette hallucination se produit aussi bien les yeux ouverts que les yeux fermés. Les tentatives qu'on a faites pour dévier l'œil pendant la crise spasmodique n'ont pas réussi. Ces crises de secousses conglomérées se manifestant principalement dans le sterno-mastoïdien droit, mais comprenant à un certain degré les muscles synergiques et aussi les antagonistes qui résistent au déplacement coïncidant avec une hallucination visuelle, constituent une combinaison de phénomènes très favorable à la localisation corticale des troubles. On pouvait se demander si ces décharges sensitivo-molrices n'avaient aucun rapport avec les décharges épileptiques, mais un essai loyal de traitement bromuré n'a donné aucun résultat. Ce fait intéressant au point de vue de l’histoire clinique et de la localisation corticale du spasme, n'est peut-être pas unique. Osler (4) (1) W. Osler. On chorea and choreiform affection, 1894, p. 84. FER SÉANCE DU 14 MARS 271 x cite un cas de spasme analogue associé à des bruits d'oreilles, mais sans que l’auteur indique avec précision leur nature ni l'existence d’une localisation latérale. NOTES SUR LA PUISSANCE TÉRATOGÈNE DE QUELQUES ALCOOLS NATURELS, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà eu occasion d'appeler l'attention sur le rapport assez con- stant qui existe entre la puissance toxique et la puissance tératogène des alcools (1). : Il m'a paru intéressant de rechercher la puissance tératogène de quelques alcools naturels que je dois à l’obligeance de M. Laborde. 1° J'ai essayé un rhum réputé de bonne qualité, densité 92,60, titre 54 degrés, en le comparant successivement à l'alcool éthylique et l'alcool propylique purs. Les deux produits, comme dans les expé- riences suivantes, sont injectés dans l’albumine à la dose de 1/20 de centimètre cube. Dans 4 expériences (2), nous trouvons que 48 œufs de poule qui ont recu chacun un vingtième de centimètre cube de rhum, ne contiennent que 22 embryons normaux ou 45,83 p. 100, tandis que les 48 œufs qui ont recu la même quantité d'alcool éthylique en contiennent 32 ou 66,66 p. 100. Dans 2 expériences, nous voyons les mêmes quantités de rhum et d'alcool propylique laisser 11 développements normaux sur 24 œufs, soit 48,83 p. 100. Ces deux produits ont donc la même puissance téra- togène. 2° Un tafa d’une densité de 91,80 et du titre de 58 degrés, a été comparé aussi successivement à l'alcool éthylique et à l'alcool pro- pylique purs. Dans 2 expériences, nous voyons que le tafia ne laisse que 10 déve- loppements normaux sur 22 œufs, soit 45,45 p. 100 tandis que l'alcool éthylique laisse 16 sur 22, soit 72,72 p. 100. Dans 4 expériences, le tafia laisse 22 développements normaux sur 47 œufs, soit 46,80 p. 100, tandis que l'alcool propylique en laisse 24 sur 47, soit 51,06 p. 100. C'est-à-dire que l'échantillon de tafia parait un peu plus tératogène que l'échantillon de rhum par rapport à l'alcool propylique. (1) Études expér. sur l'influence tératogène ou dégénérative des alcools et des essences, etc. Journ. de l'anat. et de la phys., 1895, t. XXXI, p. 161, — Recherches sur la puissance tératogène et sur la puissance toxique de l'acé- tone. Arch. de phys., 1896, p. 238. (2) Les expériences seront publiées dans le Journal de l'anatomie et de la Physiologie (1896, p. 238). 972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a 3 Un échantillon d'armagnac à 44°,5 et d’une densité de 94,45 a été comparé à l'alcool éthylique pur et à l'alcool éthylique ramené à 45 degrés. Dans deux expériences, l'armagnac laisse 15 développements nor- maux sur 24 œufs, soit 62,54 p. 100, tandis que l'alcool éthylique en laisse 17 sur 24, soit 70,83 p. 100. C'est-à-dire que l'armagnac paraît un peu plus nuisible que l'alcool éthylique pur. Dans 2 autres expériences, l’armagnac laisse encore 15 développe- ments normaux sur 24 (62,54 p. 100), mais l'alcool éthylique ramené à 45 degrés en laisse 18 sur 24, soit 79,17 p. 100. ° Enfin, nous avons essayé aux mêmes doses un alcool de pomme de terre à 89 degrés comparativement à l'alcool éthylique. Dans 2 expériences, l'alcool de pomme de terre ne laisse que 11 dé- veloppements normaux sur 24 œufs, soit 45,83 p. 100, tandis que l'alcool éthylique en laisse 18 sur 24, soit 79,17 p. 100. La puissance tératogène de cet alcool de pomme de terre est donc très rapprochée de celle qu'ont montrée l'alcool propylique, le rhum et le tafia dans les expériences précédentes. DE L'IMMUNITÉ CONGÉNITALE DANS LA VARIOLE OVINE, par M. DuccerT. Certains sujets, au cours de nos études sur la clavelée, ont présenté une immunité absolue ou relative ; nous avons remarqué qu'ils étaient jeunes et issus de mères ayant eu des accidents claveleux avant la conception. Il restait à prouver expérimentalement l'hérédité de l immunité de cette maladie et nous avons entrepris, à cet effet, des recherches mon- trant qu’elle ne fait pas exception aux conclusions exposées par Ehrlich, MM. Charrin et Gley et tout dernièrement par M. Vaillard. | Nous avons utilisé des mâles et des femelles ayant eu une éruption généralisée grave pendant les mois de juin et de juillet de 1894. Après leur entière guérison, à la fin du mois d'août de la même année, ces sujets ont été mis ensemble et l’agnelage à eu lieu dans le cours du mois de janvier 1895. Trois à quatre mois après, on a inoculé du virus actif sous la peau d’un certain nombre de ces agneaux, en même temps qu'à des témoins, fils de mères n'ayant jamais eu le moindre exan- thème claveleux. Ces divers sujets se sont comportés très différemment après ce traitement. Les observations suivantes en témoignent. TÉMOINS. — Doux agneaux àâgés de quatre mois, issus de mères non vaccinées contre la dira e, reçoivent, le 9 mai 1895, 1/10 de centimètre cube de virus actif dans l'hypoderme de la région a le. Le 13 mai, au même endroit, le tissu sous-cutané œdémaliéet la, peau présentent SÉANCE DU 14 MARS 973 une tache rouge lie de vin de 3 à 4 centimètres de diamètre. Les jours suivants ces accidents s’aggravent, et le 15 mai on peut constater une éruption généralisée à toute la surface du corps. La clavelée a ultérieurement suivi son cours et les animaux ont ététués par la piqûre du bulbe, lorsque leur état ne laissa plus le moindre espoir de rétablissement. Sujets issus de mères jouissant de l’immunité contre la clavelée. — Ces agneaux ont reçu, comme les témoins, 1/10 de centimètre cube sous la peau de l’abdomen le 9 mai 1895. Ils étaient âgés de trois à quatre mois. O8s. I. — Un agneau est inoculé le 9 mai. Le 14, il présente une tumeur œdé- mateuse qui s'étend les jours suivants et finit par occuper une étendue assez considérable. À la périphérie, elle est molle ; au centre, où elle est plus proé- minente, elle est assez résistante au toucher. Le 19 mai, elle est entourée par un bourrelet rougeàtre et elle intéresse toutes les couches de la paroi. A sa surface et à son point le plus culminant, il existe depuis le 14 mai une tache rouge foncé, due à l'hyperémie du derme, mesurant à peu près 2 centimètres de diamètre. Ultérieurement cette tache s’est foncée; elle est devenue lie de vin, puis noirâfre et enfin aussi noire que l'encre de Chine. — À ce moment, c'est le 24 mai, la laine et l’épiderme se détachent et le derme est mis à nu. La tumeur, de mieux en mieux circonscrite, est très proéminente. Le 27 mai, la tache noire, sphacélée, se ramollit et de la sérosité perle à sa surface. Peu à peu tout le tissu de la tumeur se nécrose; il est éliminé, laissant à nu une vaste surface bourgeonnante. Pendant le cours de l’évolution de cette lésion locale, il n'a pas été possible de noter sur la surface du corps la moindre trace de généralisation. O8s. IL. — Un deuxième sujet est {raité comme le précédent. On observe un léger œdème au niveau de la piqüre six jours après l’inoculation, et le lendemain, 17 mai, il existe, au niveau de la peau, une macule ‘rouge foncé ayant environ 5 millimètres de diamètre. Les jours suivants, il se forme, au même niveau, une tumeur qui devient de plus en plus proéminente. La peau qui la recouvre se nécrose, l’épiderme et la laine tombent, et le derme mis à nu bleuit et se noircit de plus en plus. Toute la tumeur est alors bientôt cons- tituée par du tissu mort, qui se détache peu à peu. — Le sujet a seulement présenté ce simple accident local; il n’a pas eu la moindre trace de généräli- salion. Ogs. IE. — Au point de l’inoculation, ce nouveau sujet a le tissu sous-çutané ædématié le 14 mai. Ultérieurement, il se forme une tumeur dont les contours deviennent de plus en plus nets. Sa surface devient violacée, puis noire, l'épi- derme se détache en même temps que la laine tombe. Elle répand une odeur infecte, et bientôt, complètement sphacélée, elle reste éliminée par les bour- geons charnus qui croissent au-dessous et autour d’elle. A aucun moment, il n’a été donné de voir la moïndre éruption claveleuse sur le reste du corps. Os. IV. — Le 9 mai, un autre sujet recoit 1/10 de centimètre cube de virus claveleux sous la peau. Les suites de cette inoculation ont été nulles. Ogs. V, — Un cinquième individu est traité comme tous les précédents. Il n'a jamais présenté le moindre accident spécifique. Lo | Æ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = Les observations IV et V démontrent que certains sujets possèdent une immunité congénitale absolue contre la clavelée, du moins vers le 3 ou 4° mois de leur existence. Il en est d’autres, toujours du même âge, qui jouissent d'une plus grande réceptivité, mais qui luttent cependant avantageusement contre l'agent non connu de la variole ovine. La tumeur, dont nous avons constaté l'existence, constituée par des leucocytes et surtout par du tissu conjonctif hyperplasié, est la manifestation la plus frappante de la réaction de leur organisme. Le virus excite des éléments anatomiques, qui s'accumulent autour de lui, prolifèrent, et lui forment une barrière l'empêchant de se répandre dans tout l'organisme pour créer l'infection. Ces résultats expérimentaux ont été heureusement contrôlés sur un assez grand nombre de sujets, par suite d’une épidémie de clavelée qui s'est déclarée au mois de juillet 1895, six mois après l’agnelage, sur le petit troupeau qui nous a fourni les sujets dont l’histoire est rapportée plus haut. L’affection est restée bénigne; la santé générale des indivi- dus n’a pas été sensiblement altérée, leur appétit n'a pas été modifié et leur croissance a continué à se faire très régulièrement. Nous avons observé 14 cas. Parmi eux, 9 ont seulement présenté une, deux, ou trois grosses papules sur les paupières, les oreilles, les com- missures des lèvres, les joues, l’aine ; les 5 autres ont eu une éruption généralisée peu étendue, dont les suites ont été peu graves. Un agneau placé au milieu de ce petit groupe n’a pas tardé à con- tracter une clavelée très maligne à laquelle il a succombé, montrant ainsi que le virus était très actif. Lors de cette petite épidémie, les agneaux ont donc joui d’une immu- nité relative. Ils étaient âgés de six mois et ils ont été plus malades que leurs semblables qui, inoculés dans le laboratoire, n'avaient que trois mois. Ces faits prouvent que dans la clavelée, l’immunité congénitale paraît être passagère. Nous n'avons cependant pu, tous les animaux dont nous pouvions disposer ayant été frappés, déterminer exactement le moment de sa disparition. Dans une prochaine communication, nous montrerons que l'immu- nité des fils est en rapport avec le pouvoir immunisant du sérum des. mères. RECHERCIES SUR LA PRÉSENCE DE LA GLYCOSE DANS LE SANG ET LE TISSU MUS- CULAIRE APRÈS INJECTION INTRA-VEINEUSE DE CETIE SUBSTANCE, . par M. le D' L. BuTTE. Dans une communication antérieure, j'ai étudié l'élimination par l'urine de la glycose introduite dans le sang veineux et j'ai montré que cette élimination se faisait très rapidement; même après injection de: \ SÉANCE DU 44 MARS 275 ————————————————————————.…—…———.—.…..—…——……….….…_—……_—……—…—_—.…——_— ————……_…_—…—_…—_….—_—…—…—…—…—…—.—.—c fortes doses (10 grammes par kilogramme), on ne trouve plus de sucre dans l'urine au bout de 36 heures. Que se passe-t-il du côté du sang et des tissus au srl de vue de la présence de la glycose? , M. le professeur Gréhant a, l’année dernière , montré que chez un chien auquel il avait injecté dans une veine 6 grammes de glycose environ par kilogramme , on trouvait, cinq minutes après l'injection, 8 gr. 6 de cette substance pour 1,000 grammes de sang, une heure après 1 gr. 85 et 2 heures après, 0 gr.36 ee chiffre voisin de la normale. J'ai fait sur des chiens plusieurs expériences pour voir ce que deve- nait la glycose après son injection intra-veineuse, non seulement dans le sang, mais aussi dans le tissu musculaire. I. Dosages du sucre dans le sang artériel à des périodes variables après une injection intra-veineuse de glycose. — À quatre chiens, dont j'avais dosé le sucre contenu dans le sang normal, j'ai injecté dans une veine de la circulation générale, des quantités de glycose variant de 3 à 10 grammes par kilogramme, puis au bout d'une demi-heure, 1 heure, 2 heures, etc., j'ai dosé le sucre dans le sang artériel. Voici résumés dans un fables les résultats de ces quatre Fine riences. QUANTITÉ GLYCOSE GLYCOSE RATES ; de glycose du sang avant du sang après à Le NUMÉROS POIDS injectée. l'injection. l'injection. Se PASS POIDS des des TS î se total expériences. chiens. Poids Po RE Dis Pod Pod ee du sang total. Her total. p.1000,. total. p.1000. l'injection. Je 8k100 818 105 1803 166 5610 8520 4607 6235 (20m après) 118 7! 24050003.50- 0 81441052, 151022:82 0 70 538 , (1h après) 3 62 4 33 2 14 (1/2 ap.) IE. 10 900 43 60 #4 0 88 106 295 353 2 07 838 (1h15 ap.) 1 84 2 20 0 96 (2hap.) Ev: 1% 300 42 3 PAPA 202 OL9SPAEL 00 (1h 15 ap.) 19014073 0 69 (1h 30 ap.) On voit que. le sang ne conserve pas très longtemps la glycose qu'on y à introduite artificiellement. Dans l'expérience [, 50 minutes après l'injection dans le sang veineux de 10 grammes de sucre par kilogramme d'animal, le sang artériel con- tient bien encore une plus grande quantité de glycose qu'à l’état normal, 19 ET (=) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mais sur les 81 grammes introduits dans le sang, on n'en trouve plus que 5 gr. 10 —1 gr. 03 — 24 gr. 07. Tout le reste, ou s’est fixé ou détruit, ou transformé dans les tissus, ou a déjà passé dans l'urine. \ Dans l'expérience IT, il ne reste plus dans le sang, 1 heure après l'in- jection, que 1 gr. SL —0 gr. 81—0 gr. 70 en plus qu'à l’état normal. La presque totalité des 24 gr. 50 de glycose injectés, a disparu du sang. Dans l'expérience IIT, la glycose a rapidement disparu du sang. Deux Beures après une injection de 43 gr. 60 (4 grammes par kilogramme) on ne trouve plus qu'un excès de 1 gr. 84 —0 gr. 88 — 0 gr. 96 de sucre dans la masse totale du sang. ‘Enfin, dans l'expérience IV, il n’y a plus dans le liquide sanguin, Lheure 30 après l'introduction de 42 grammes de sucre (3 grammes par kilogramme), que 1 gr. 90 —1 gr. 21 —0 gr. 69 de cette substance. Toutes ces expériences sont concordantes et fournissent une preuve de plus, que les liquides organiques ont une tendance à conserver leur composition chimique normale, toutes les fois qu'une altération d'un organe éliminateur, comme le rein, ne vient pas entraver l'élimination des substances qui sont ajoutées artificiellement à l'organisme. IT. Dosage de la glycose dans le tissu musculaire. — Il me restait une autre question à résoudre. Dans des expériences antérieures sur l’action de la glycose sur la nutrition (1), j'avais constaté que les combustions intimes subissaient une augmentation notable à la suite des injections intra-veineuses de glycose. J'ai voulu rechercher si tout le sucre intro- duit dans l'organisme, disparaissait sans séjourner dans les tissus à l'état de glycose, soit par suite de sa transformation en glycogène dans le foie par exemple, ou en une autre substance, soit parce qu'il servait à entretenir la chaleur animale ou bien s’il s’accumulait un certain temps dans les tissus. En un mot, trouvait-on du sucre dans les muscles après l'introduction d’une assez grande quantité de cetle substance dans le liquide sanguin? Pour résoudre cette question, j'ai sacrifié un chien, un quart d'heure après lui avoir injecté dans une veine 4 grammes de glycose par kilo- gramme; puis, ayant découpé en fines tranches une portion de muscle dont j'ai soigneusement étanché le sang, je l’ai soumise à l'analyse qua- litalive. Le résultat a été positif, le muscle contenait du sucre. J'ai voulu alors savoir quelle était la quantité de glycose ainsi fixée dans le tissu musculaire et au bout de combien de temps cette substance en disparaissait. : Le tableau suivant donne les résultats de deux expériences faites sur des chiens à ce point de vue. AIRES “4) Action sur l’organisme de la DE en I SenotÉ intra-veineuse (£. BR. Soc. Biol., 4 mai 1888). - Es k SÉANCE DU 14 MARS 2771 Fe & QUANTITÉS DOSAGES DU SANG DANS LES.MUSCLES “a . POIDS de gyeose need des chiens. injectée avant 30 minutes {heure ?2heures 17 heures P S par kilogr. l'injection. après. après. après. après. p.100 - p.100 p.100 EMA 10900 48 0 0542 0835 0631 HA 8 200 # 0 0 41 0530 0 Les chiffres de l'expérience 1 nous montrent que, peu de temps après une injection intra-veineuse de glycose, les muscles se chargent, comme le sang, d'une assez grande quanlité de cette substance, mais que, pro- gressivement cette quantité décroit et qu’au bout de deux heures un tiers du sucre injecté à déjà disparu soit par élimination, soit autrement. Enfin dans l'expérience II on voit que, dix-sept heures après son intro- duction dans le système veineux, la glycose a complètement disparu du tissu musculaire. En résumé dans les muscles, comme dans le liquide sanguin, le sucre injecté en assez forte proportion dans une veine de la circulation géné- rale ne fait que se fixer d’une façon momentanée. . Il semble se répandre d’abord d’une façon uniforme dans toutes les parties de l'organisme qui, solides comme liquides, contiennent, peu de temps après l'injection, une quantité centésimale presque égale à celle qui à été introduite ; puis on le voit disparaître d’une facon régulière et progressive, de telle sorte qu’au bout de quelques heures (un peu plus ou un peu moins suivant la quantité injectée) on ne trouve plus trace de son passage. J'ai montré qu'une partie de cette glycose était éliminée par l'urine, une autre partie parait immédiatement ulilisée pour les combustions intimes ; enfin, il est possible qu'une dernière partie soit transformée dans certains organes. Je fais en ce moment des recherches pour vérifier ce qu'il peut y avoir de fondé dans cette dernière hypothèse. TOPOGRAPHIE CALORIFIQUE CHEZ LES ANIMAUX FÉBRICITANTS. Note de MM. p'ARSONVAL et CHARRIN. On connait bien la topographie calorifique du système sanguin, gràce surtout aux travaux de Claude Bernard. L'un de nous (M. d’Arsonval) a résumé cette question en donnant les dernières expériences qu'il a faites en 1877 avec Claude Bernard sur ce sujet, dans la vingt et unième lecon de physiologie opératoire (1). Depuis cette époque, M. d’Arsonval a (1) Les expériences que j'ai faites sous la direction de Claude Bernard de janvier à avril 4877 sont au nombre de plus de 400, dont j'ai tous les gra- phiques. Dans tous les cas, le sang du foie a été trouvé plus chaud chez les animaus normaux. Dans quatre cas, où les animaux étaient fébricitants par 9278 © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 encore considérablement perfectionné et simplifié le matériel instru- mental grâce auquel nous avons pu étudier rapidement la question qui | fait l'objet de cette communication. — Nous nous sommes proposé d'étudier la température des diffé- rents organes chez les animaux, non plus à l’élat normal mais sous l'in- fluence d'un état fébrile provoqué par l'injection de différentes toxines bactériennes. L'appareil employé est le galvanomètre à circuit mobile et les sondes thermo-électriques nues de d’Arsonval. Grâce à la sensibilité de l'ap- pareil et à la finesse des aiguilles piquantes on peut explorer la tempé- rature des organes profonds sans causer à l’animal de lésions assez sérieuses pour troubler les phénomènes qu'il s'agit de mesurer. En tout cas, on ne procède à aucune vivisection, on ne fait aucune plaie et tout se borne à une piqüre d’aiguille à peine grosse comme une aiguille de Pravaz. C'estlà une condition essentielle pour ne pas troubler la thermogenèse, ainsi que nous l’avions vu avec Claude Bernard. — Les expériences, au nombre de neuf, ontété faites chez le lapin. Ces animaux avaient reçu, en injection intra-veineuse, 3 centimètres cubes d'une solution au 1/10 de tuberculine, de malléine et de toxine pyocya- nique mélangées. La température centrale des animaux fébricitants oscillait entre 41°,1 et 41°,4. Les résultats de toutes ces expériences ont toujours été concordants et les chiffres obtenus ont oscillé dans les limiles suivantes : L'une des aiguilles était plongée dans l'abdomen et donnait la tempé- rature centrale servant de point de repère. La bé Tune du foie a toujours été plus élevée que la température centrale de 1°,5 à 2 degrés. Puis venait la rate avec un RAS environ plus chaude que l'abdomen. Le cœur et le rein ont présenté une température parfois un peu supé- rieure (1/4 de degré), mais le plus souvent sensiblement égale à la tem- pérature centrale. Le tissu pulmonaire a constamment été plus froid de 1/2 à 1 degré. Il en est de même du cerveau (piqué à travers le trou orbitaire) plus froid de 3/4 à 1°, 1/24. La Pa de la peau (tissu sous- cutané) élait de 1 à 2,5 plus basse. suite d'opérations antérieures, le sang du foie a toujours été trouvé le plus chaud. Cet excès de température était même exagéré. Dans le cas où il y a hyperthermie, le foie constitue donc un des points où naît l'excès de chaleur, ainsi que l'ont dit, d’ailleurs, Mosso, Raphaël Dubois, et Claude Bernard 1h même, dès le début dE ses recherches sur le foie. are. SÉANCE DU 14 MARS 279 Les masses musculaires profondes de la cuisse de 1 degré à 1°,1/4 plus froides. Enfin la moelle osseuse du fémur a toujours présenté une température supérieure d'au moins 1/3 de degré à celle des masses musculaires recouvrant immédiatement l'os. — Les résultats ci-dessus, montrent très nettement que la fièvre exa- gère considérablement les différences de température constatées à l’état normal entre les divers organes, mais n'en modifie pas Le sens, confor- mément à l'opinion de Claude Bernard. Ces expériences mettent une fois de plus en lumière le rôle physiolo- gique considérable dévolu au foie, tant à l’état de santé qu'à l’état de maladie. Nous assistons à la lutte de l'organisme contre la cause patho- gène et nous pouvons localiser, à l’aide de l'aiguille thermo-électrique, les points où la défense est le plus acharnée. A ce point de vue, comme au point de vue anatomique ou chimique, il y a une hiérarchie des organes que le galvanomètre établit facilement. Nous signalerons égale- ment l'élévation de température que l’on constate dans la rate et la moelle osseuse, nous n'avons pu aborder le pancréas chez ces petits ani- maux, mais en poursuivant nos recherches sur le chien nous donnerons prochainement de nouveaux résultats. SIGNIFICATION DES DIVERSES FORMES DU POULS CAPILLAIRE ÉTUDIÉ CHEZ L'HOMME ADULTE, par MM. BINET et COURTIER. Nous résumons dans le schéma suivant les études que nous poursui- vons depuis plus d'un an sur la forme du pouls capillaire. Prenons comme point de départ un pouls de la main droite, bonne amplitude, avec un dicrotisme placé à mi-chemin de la descente (tracé I), et sui- vons les divers changements de forme qu'on peut provoquer expéri- mentalement dans le tracé, en se plaçant dans des conditions aussi bien définies que possible. Changements d'attitude. — La main étant placée dans une position déclive (tracé IT), le pouls se rapetisse, le dicrotisme devient intermé- diaire entre deux pulsations, le niveau moyen du tracé s'élève. Au con- traire, si on place la main dans une position élevée (tracé IV), la pulsa- tion, après avoir grandi, diminue, son dicrotisme s’atténue et remonte vers le sommet de la pulsation; parfois il disparait; en même temps, le niveau moyen du tracé s'abaisse. Ces effets sont dus à des modifica- tions de la pression artérielle et de la quantité de sang contenue dans l'organe. (Pour plus de détails, voir notre communication antérieure, décembre 1895.) 280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Vaso-constriction el vaso-dilatation. — Sous l'influence d’une surprise ou d'une inspiration forte, ou d’autres causes, il se produit (tracé VI) un resserrement des artérioles qui produit une descente de niveau des tracés, un rapetissement du pouls avec en général une accentuation et une descente du dicrotisme. Le pouls de vaso-constriction ressemble un peu au pouls produit par une position déclive de la main; le principal carac- tère différentiel est que dans la vaso-constriction se produit en général une descente de niveau, tandis que la position déclive produit une élé- vation de niveau, signe de l'augmentation de volume. L'effet de la vaso-dilatation active sur la forme du pouls (tracé V) est plus difficile à étudier ; on peut cependant s’en rendre compte chez cer- tains sujets qui présentent de grandes ondulations correspondant chacune à trois ou quatre respirations. Ce phénomène, décrit et étudié par Mosso chez l'homme sous le nom d'ondulations vaso-motrices, pré- sente le caractère suivant : la pulsalion grandit et le dicrotisme de chaque pulsation s'élève graduellement depuis le commencement de l'ondulation jusqu'au milieu de celle-ci; or, si nous utilisons, pour expliquer ce déplacement du dicrotisme, les expériences faites sur l'attitude déclive et élevée de la main, nous voyons que plus le dicro- tisme est élevé, moins il y a de sang et de pression; l’ondulation dite vaso-motrice s'accompagne donc d’une diminulion de ces deux facteurs, et pour expliquer cette diminution, l'hypothèse d’un élargis- sement actif des 2riénioees est tout à fait vraisemblable. Nous arrivons donc à supposer — non à établir — que le pouls de vaso-dilatation est caractérisé par un agrandissement de la pulsation avec dicrotisme remontant vers le sommet. Ce mème effet se remarque, mais d’une manière transitoire, à la suite d’une constriction forte et courte; le dicrotisme remonte vers le sommet de la pulsation, ce qui s’explique- rait par un relàächement brusque des artérioles contractées, d'où dilata- tion temporaire des vaisseaux. Changements dans l’activité cardiaque. — Le pouls étant une traduction des plus nettes de chaque contraction du cœur, il est bien certain que tout changement dans la force de propulsion de cet organe doit modifier la nature de la pulsation capillaire. Cette étude malheureusement est rendue difficile par les causes d'erreur qui FORME la cardiographie chez l'homme. Nous croyons cependant qu'on peut se rendre compte de la nature de l'influence cardiaque sur le pouls dans les deux conditions suivantes : 1° Chez un de nos sujets, le travail intellectuel intense prolongé pen- dant environ une minute produit une accélération du cœur extrêmement accentuée, avec rapetissement des pulsations sphygmographiques (arté- rielles) et de pulsations capillaires. Sans admettre qu'il y ait un rapport constant entre la force des contractions et leur nombre, nous pensons cependant que l’accéléralion du cœur et le rapetissement des pulsations SÉANCE DU 14 MARS 281 capillaires sont deux raisons pour faire admettre comme très vraisem- blable la diminution de force propulsive du cœur; or, nous voyons comme effet caractéristique de cette diminution de force que le pouls se rapetisse et que le dicrotisme s’efface complètement (tracé VII) : constatons en même temps que la descente de niveau est très légère, parfois elle ne se produit pas. Nous admettrons par conséquent comme vraisemblable que le tracé représente la forme du pouls quand le cœur faiblit comme force, en augmentant comme vitesse. 2 Chez un autre sujet, nous constatons que l'inspiration d'un parfum violent (lavande en solulion dans un liquide ammoniacal) produit un léger ralentissement de la pulsation, avec augmentalion d'amplitude. er 2 : JUUU NÉ ML ITA TT I. Etat normal moyen. — II. Diminution de la tonicité des artérioles. — III. Aug- mentation de pression et de quantité du sang. — IV. Diminution de pression et de quantité du sang. — V. Vaso-dilataticn active. — VI. Vaso-constriction active. — VII. Augmentation de la force impulsive du cœur. — VIII Diminution de la force impulsive du cœur. Un raisonnement inverse du précédent nous fait admettre dans ce cas une augmentation de force du cœur, qui correspond au pouls du tracé VII, lequel est caractérisé par une augmentation d'amplitude et une exagéralion du dicrotisme. Notons que le dicrotisme ne change point de position, ce qui permet de distinguer ce pouls des pouls 4, b, ce, d, et de l’attribuer à une cause tout à fait différente. Tonicité des artérioles. — La difficulté de faire la part de chacun des facteurs que nous signalons dans la forme du pouls tient à ce que ces facteurs agissent d'ordinaire tous ensemble et qu'on ne peut les isoler que dans des circonstances exceptionnelles chez l'homme normal. Pour étudier les effets de la tonicité des artères, en éliminant l'état du cœur, la position de l'organe. exploré et les phénomènes de constriction ou 282 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de dilatation active, il y a un moyen assez simple, c'est de s'adresser à une personne dont les deux mains ont des forces inégales de pression, surtout de pression soutenue, et de comparer le pouls de la main droite à celui de la main gauche, le même jour, dans les mêmes conditions, et avec un même appareil, qu'on disposera alternalivement sur la main droite et sur la main gauche une vingtaine de fois de suite, afin d'éviter les erreurs provenant d’une différence d'application; les différences qui, pendant ces vingt applications, resteront constantes doivent seules être prises en considération. Or, nous constatons de la manière la plus nette chez plusieurs sujets qu'il y a une différence tout à fait remarquable de dicrotisme entre les pulsations des deux mains: à droite, le dicrotisme est plus horizontal, il est parfois rebondi; à gauche, il est plat etincliné. On obtient à peu près les mêmes effets en fatiguant une main par des contractions répélées, mais le pouls de la fatigue musculaire est proba- blement plus complexe, la tonicité des artères y prend une part, le cœur aussi. En terminant, nous insistons sur ce fait important que notre descrip- tion s'applique à des changements se produisant dans la forme du pouls pendant que les appareils restent en place, et que toutes nos observa- tions ont été faites sur l’adulte ; les changements de forme du pouls ont été enregistrés avec l'appareil de Hallion et Comte, parfois aussi simul- tanément avec le sphygmographe à transmission de Marey qui donnait des tracés concordants. (Travail du laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne (Hautes Études). HÉMORRAGIES ET SCLÉROSE DU THYMUS CHEZ LES ENFANTS NOUVEAU-NÉS, par M. le D' G. DURANTE, Ancien interne des hôpitaux. Le rôle du thymus étant encore mal élucidé et son anatomie patholo- gique, chez le nouveau-né, n'ayant, jusqu'ici, que peu attiré l'attention, nous croyons intéressant d'apporter ici le résultat de trois autopsies que nous avons eu l’occasion de pratiquer en 1895 dans le laboratoire du D' Porak à la Charité. I. — Mère secundipare, toujours bonne santé; grossesse normale à terme. Présentation en OIGA. Après vingt-six heures de travail, enfant mort-né de 56 centimètres de longueur, pesant 4,220 grammes. À l'autopsie, tous les organes sont sains, nulle part de foyers ecchymotiques ; le thymus pèse 21 grammes. Les coupes du thymus montrent une congestion intense de l'organe SÉANCE DU Â14 MARS 283 et de nombreux foyers hémorragiques. Ces foyers siègent toujours au centre des lobules. Quelques-uns ont détruit presque complètement la substance médullaire, en sorte que le lobule n'est plus représenté que par une mince coque de tissu lymphoïde. Dans le plus grand nombre il ne s’agit pas d'une nappe continue de sang, mais d’une infiltration sanguine dissociant les éléments de la substance médullaire. Les corpuscules de Hassall sont beaucoup plus volumineux que d'habitude dans les lobules demeurés intacts. II. — Mère Ill-pare suspecte de tuberculose. Chute sans conséquence dans le sixième mois de la grossesse. Mélrorrhagie passagère au cours et à la fin de la grossesse. Enfant né à huit mois en OIGA après un travail de huit heures. Poids 2,400 grammes. Longueur 46 centimètres. Il parait en parfait état à la naissance et ne présente aucun symptôme pathologique pendant trois jours, mais meurt subitement à ce moment sans cause appréciable cliniquement. A l’autopsie, les poumons et le foie paraissent congestionnés, mais à la coupe on ne constate qu'une simple réplétion vasculaire sans ecchymoses. Le thymus très volumineux et foncé n’a pas été pesé. Mais il présente un volume sensiblement pareil au précédent, de sorte que l’on peut évaluer son poids à environ une vingtaine de grammes. À la coupe, on rencontre comme plus haut de multiples foyers hémorragiques, mais plus nombreux et plus considérables que dans l'observation I. On peut évaluer au tiers le nombre des lobules détruits par ces foyers apo- plecliques qui, ici aussi, intéressent toujours le centre des: lobules. Par places il n'y a qu'une hémorragie diffuse dans le centre du lobule; ailleurs il s'agit d'une véritable nappe de sang entourée par une mince zone de tissu conservé; enfin un foyer plus considérable a détruit en un endroit plusieurs lobules adjacents. En quelques points ces lésions sont plus âgées, et l'on ne retrouve plus de globules sanguins. L'aspect est celui d’une travée de l’épais- seur d'un petit lobule presque dépourvue de cellules. La portion péri- phérique est en effet constituée par du tissu conjonctif adulte contenant des vaisseaux normaux, mais toute la partie centrale est un amas de fibrine granuleuse démontrant l'existence d’un ancien épanchement sanguin. À la limite de la fibrine, au point où elle entre en contact avec la travée fibreuse, or retrouve quelques cellules thymiques. Il s’agit donc bien là d'un lobule détruit presque entièrement par une hémor- ragie plus ancienne et en voie de se transformer en tissu cicatriciel. Les corpuscules de Hassall sont très volumineux et très souvent en dégénérescence colloïde. ILE. — Mère I-pare. Bonne santé antérieure. Grossesse normale. Accou- che à terme en OIGA, après un travail de onze heures, d’un enfant de 2,140 grammes. | 284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'enfant, à partir du 4° jour, oscille entre 2,400 et 2,600 grammes. Trou- bles digestifs, quelques vomissements, selles alternativement verdàälres etnormales. Du 15° au 27° jour, chute du poids de 2,500 à 1,500 grammes, quoique l'enfant mange assez bien; garde-robes quelquefois verdâtres, parfois normales et en particulier normales dans les deux derniers jours. Mort le 27° jour dans un état cachectique. A l’autopsie, thymus de 1 gr. 50. Les coupes de cet organe montrent une sclérose intense. Les travées sont très augmentées de volume, tandis que les lobules n’ont que le tiers ou le quart de leur volume normal. C’est une véritable cirrhose de la glande. Les travées sont constituées par du tissu conjonclif adulte et contiennent de nombreux vaisseaux pleins de sang. Dans les lobules, le tissu épithélioïide l'emporte de beaucoup sur le tissu Iymphoïde. Le parenchyme présente un aspect nettement alvéolaire constitué par un épaississement des trabécules normales comparable à l’épaississement des travées périlobulaires. Ces alvéoles contiennent parfois uniquement un corpuscule de Hassall très volumineux, multicellulaire enveloppé d’une coque endothéliale très nette. Ailleurs, dans ces alvéoles, on trouve au centre un corpuscule de Hassall mais, entre celui-ci et la paroi endo- théliale, existe un espace rempli de cellules lymphoïdes. Dans les trabé- cules qui séparent ces alvéoles, rampent des capillaires et parfois des trainées de cellules lymphoïdes. Nous n'avons pas l'intention de tirer des conclusions de ces trois observations. Les altérations des thymus ont été bien peu étudiées jusqu'ici. #. Weber a décrit anciennement chez les nouveau-nés de petits foyers hémorragiques dans le thymus. Il y voit des lésions méca- niques banales dues à l'accouchement. Dans les deux premières observations, le thymus est énorme puisqu'il dépasse 20 grammes; or, son poids normal est de 2 à 3 grammes à la naissance et pouvant, suivant Sappey, aller jusqu’à 6 ou 8 grammes. = Dans la première observation, le travail ayant duré 26 heures, il serait possible de lui attribuer la genèse de ces foyers apoplectiques, mais il est curieux qu'ilne s’en soit pas produit également dans le foie etles poumons. Dans la deuxième observation, l’enfant naït facilement et vit 3 jours. Ici le traumatisme de l'accouchement peut être moins aisément invoqué, d'autant plus, qu'en dehors de foyers récents, il en existe de plus âgés qui semblent être antérieurs à la naissance. Cette lésion du thymus a-t-elle peut-être été la cause de la mort survenue sans raison appré- ciable, il est impossible de le dire. Enfin il ne peut être question de régression de l'organe, car ce phénomène ne se DHONILE pas à un ie si peu avancé. Dans la troisième observation, on ne saurait non. Se invoquer un travail long et difficile. L' ‘enfant vit 27 jours. et paraît succomber à des troubles gastro-intestinaux ; mais, à vrai dire, ceux-ci n’ont pas évolué rt # | Ot SÉANCE DU 14 MARS 28 avec l'aspect clinique ordinaire de la gastro-entérite des nouveau-nés. La lésion du thymus est une lésion ancienne, à évolution relativement lente. Est-elle sous la dépendance des troubles dyspeptiques, ou ceux-ci proviennent-ils de la lésion thymique? Le rôle du thymus est encore absolument inconnu; mais l’action de la sécrétion interne de ces glandes vasculaires est à l’ordre du jour, et peut-être la suppression de celles du thymus a-t-elle une importance dans l'assimilation des aliments. Nous rappellerons à ce propos l'expérience de Friedleben qui, ayant extirpé à un chien la rate et le thymus, vit cet animal mourir d’épuisement en trois mois et demi, quoiqu il eût conservé un appétit très vorace. Mais il est inutile d'accumuler des hypothèses basées sur des maté- riaux encore trop insuffisants. Nous voulons seulement attirer l'attention sur le thymus et sur les lésions qu'il peut présenter à la naissance, ce sujet ayant, jusqu ici, presque complètement passé inaperçu, alors qu'il devrait être recherché d’une facon plus systématique, puisque, à cet àge, son rôle parait avoir une importance capitale. UN CAS DE TUBERCULOSE HUMAINE OCCASIONNÉE PAR UN OISEAU, par M. le D' G. DuRANTE, Ancien interne des hôpitaux. La discussion sur les rapports existants entre les tuberculoses humaine et aviaire est toujours ouverte. D'abord confondues, on à voulu, plus tard, en faire deux espèces absolument différentes : actuellement on tend de plus en plus à les considérer comme deux races présentant plus d’un point de contact. C'est ce qui nous engage à présenter le fait suivant, qui, ‘du reste, offre également quelque intérêt au point de vue de l'hygiène domestique. Nous avons eu l’occasion de recueillir cette observation à l'Hôtel- Dieu en 1894, alors que nous étions l'interne de M. le professeur Cornil. La malade est une femme de soixante et onze ans, dentelière, ne pré- sentant aucun passé pathologique. Son mari, probablement tuberculeux, a été tué pendant la guerre. Elle a eu quatre enfants. Deux sont morts en bas àge, l’un du croup, l’autre de choléra infantile. Une fille est morte tuberculeuse à vingt-neuf ans, en 1885. Elle vit actuellement avec sa qua- trième fille, âgée de trente-cinq ans, rachitique et suspecte de tuberculose. Après la mort de sa troisième fille. la malade changea de logement, En 1890, alors qu’elle habitait depuis longtemps déjà son nouvel appar- tement, on jui fit cadeau d’un moineau en cage très privé, En décembre 1892, cet oiseau, bien portant jusque-là, parait souffrant, devient triste, irritable et, dans un mouvement de colère, pique sa mai- BioLocie, COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. r. I. 21 286 SOCIÉTE DE BIOLOGIE tresse au niveau de la lunule du pouce, d'un coup de bec assez violent pour faire saigner légèrement. Dans la suite, le moineau continua à dépérir et finit par succomber sans que l’on pûl savoir à quoi. Cinqou six mois après avoir reçu ce coup de bee, la malade remarqua qu'il se formait une croûte au niveau du point traumatisé. Gelte lésion allant en augmentant progressivement, elle vient consulter à l'Hôtel- Dieu en avril 1894. On constate l'existence d'un lupus absolument typique ayant envahi les 2/3 de la face dorsale de la deuxième phalange du pouce en arrière du rebord unguéal. 11 existait, en outre, à la partie moyenne de la face antérieure de l’avant-bras, un noyau secondaire du volume d’un pois et deux autres plus petits au pli du coude. Ces noyaux étaient sous-cutanés. mais adhérents à une peau normale. Les ganglions de l’aisselle n'étaient pas augmentés de volume. Rien dans les poumons. Le lupus fut traité par des pointes de feu et la malade paraissait com- plètement guérie en décembre 1894. Le noyau de l’avant-bras extirpé a été divisé en deux portions : L'une, examinée histologiquement, a montré, dans le tissu cellulaire sous-cutané, de nombreux tubercules caractéristiques avec des cellules. géantes assez nombreuses, mais il a été impossible d'y colorer des. bacilles. L'autre portion a été inoculée à un cobaye qui mourut de tub erculose généralisée. Avec la rate de ce cobaye on inocula : 1° un pigeon qui, sacrifié au bout d’un mois, ne présentait aucune lésion; 2° un lapin qui, mort un mois plus tard, montrait dans tous ses organes de nombreux et volu- mineux noyaux tuberculeux. Il s’agit donc bien ici de tuberculose humaine. N'ayant pu faire l'autopsie du moineau, il est impossible d'affirmer qu'il était tuberculeux et qu'il a été l’agent de l'infection, mais son état maladif depuis quelque temps, sa mort ultérieure semblent plaider fortement en faveur de cette supposition. La malade ayant changé de domicile après la perte de sa fille ainée et bien avant de recevoir cet oiseau, il se peut que celui-ci ait été conta- gionné chez ses premiers maitres, mais il est plus probable qu'il aura contracté son affection de la deuxième fille rachitique et suspecte de tuberculose. Chez les oiseaux les lésions tuberculeuses se localisent d’abord le plus souvent à la commissure du bec ; on comprend, dès lors, qu'il ait pu inoculer sa maitresse en la piquant au doigt. Depuis la distinction des deux tuberculoses on à dénié aux oiseaux la possibilité de contracter la tuberculose humaine. Ils ne seraient Lo de prendre que la tuberculose aviaire. Mais depuis quete ns conti cé dhudes dé oi ed à di SÉANCE DU 14 MARS 9287 temps de nombreuses observations viennent montrer que cette règle n'est pas absolue,et l'on ne saurait plus affirmer qu'il y a des espèces animales présentant une immunité absolue pour une des espèces de tuberculose Récemment encore MM. Cadiot, Gilbert et Roger signa- laient l'existence de la tuberculose humaine chez le perroquet, chez lequel cette infection se localise précisément aux ÉSCRS de la tête et à la muqueuse buccale. Notre observation vient s'ajouter aux précédentes comme un exemple de tuberculose humaine développée chez un oiseau domestique. Elle semble indiquer également que ceux-ci peuvent communiquer par inoculation leur maladie à leur entourage. On ne saurait donc trop atli- rer l'attention sur le danger que comportent parfois ces petits êtres, si inoffensifs d’apparence, lorsqu'ils sont élevés dans l'espace restreint d'un appartement de ville. ORIGINE DES GLOBULES SANGUINS, DE L’AORTE ET DE L'ENDOCARDE CHEZ LES EMBRYONS DE SÉLACIENS, par M. LE D° O. VAN DER STRICHT, Chef des travaux anatomiques à l'Université de Gand. Nous avons eu l'occasion d'examiner un grand nombre d’embryons de Torpedo, de Scyllium stellare, Scyllium canicula et Pristiurus mela- nostomus, durant un séjour à la Stalion zoologique de Naples pendant l'année 1895. Nous avons obtenu les meilleurs résultats grâce à une fixation prolongée par la liqueur de Hermann ou bien par la liqueur de Flemming. Les embryons ont été enrobés dans la paraffine et coupés en séries, puis colorés par la safranine, Pour avoir une idée exacte de l’origine du sang dans l’aire vasculaire, il est indispensable d'examiner des embryons d'âge différent. Nous dis- üinguerons plusieurs stades : 1° Chez des embryons très jeunes, on trouve à la surface du vitellus, au niveau de la périphérie de l'aire embryonnaire, trois feuillets : l'épiblaste, formé de cellules aplaties, allongées, remplies de granulations vitellines et de granulations graisseuses. En dessous du feuillet externe, existe le mésoblaste, formé de cellules allongées, irrégulières, formant une ou deux rangées cellulaires. Elles renferment plusieurs granulations graisseuses el des boules vitellines nombreuses. Enfin, sous le feuillet moyen, on trouve lhypoblaste, constitué par une rangée de cellules fusiformes, très aplalies, recouvrant immédiatement le vitellus, dans lequel on constate la présence de mérocytes éparpillées d'une manière irrégulière à la surface et jusqu’à une certaine profondeur de toute la masse vilel- 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE line. Ces mérocytes ne dépassent jamais la surface du vitellus et n’inter- viennent point dans la formation du mésoblaste. 29 À un stade un peu plus avancé, on constate la présence d'un grand nombre d'ilots cellulaires, analogues à ceux que H.-E. Ziegler et F. Ziegler figurent chez des embryons de 7orpedo el à ceux que nous avons figurés chez le poulet et le lapin. L'indépendance de ces premiers ilots sanguins d'avec le feuillet interne et le feuillet externe est encore plus manifeste que chez les oiseaux et les mammifères. Ils sont formés exclusivement par des cellules mésoblastiques, beaucoup moins irrégu- lières que les éléments voisins. Elles sont plus ou moins arrondies, rela- tivement pelites, et renferment un noyau arrondi ou réniforme, qui a une tendance à se multiplier rapidement par voie mitosique. 3° L'indépendance absolue des premiers ilots sanguins d'avec l’hypo- blaste n’est pas de longue durée. Bientôt l’épaississement mésoblastique gagne en volume et déprime la surface du vitellus, tapissé par une rangée de cellules entoblastiques. La dépression peut s’accentuer à tel point que l'épaississement du feuillet moyen s’y loge complètement. Dans ces conditions, le cordon cellulaire plein du mésoblaste est renfermé dans une espèce de gouttière, largement ouverte du côté du feuillet moyen. Les éléments hypoblastiques tapissant la surface du vitellus, se glissent dans le fond de ces dépressions et séparent les îlols sanguins du vilellus sous-jacent. Mais si la coupe est faile de façon à entamer tangentielle- ment les parties latérales du cordon mésoblastique et l'endoderme qui enveloppe ce dernier, on peut obtenir des images prêtant à des inter- prétations erronées. ; L'hypoblaste semble alors se continuer directement avec l’épaississe- ment mésoblastique. Dans ces conditions, l'ilot sanguin paraît être une prolifération du feuillet interne. C’est pour ce motif qu'il est indispensable d'étudier la genèse de ces productions intéressantes sur des embryons plus jeunes, alors que les rapports des deux feuillets embryonnaires, interne et moyen, sont ons inanes et prèlent moins à la confu- sion. 3 À ce stade du de les cordons cellulaires abmen tent en épaisseur et en étendue, exclusivement aux dépens de la multiplication par voie mitosique de leurs parties constituantes. Jamais nous n'avons vu, éomme Swaen et Rückert l’admettent, des cellules vitellines ni des cel- tules endodermiques pénétrer à l’intérieur du feuillet moyen ni à l’inté- rieur des bourgeons cellulaires qu'il engendre. £ “Ace point de vue, les embryons de Zorpedo fournissent des images dont l'interprétation peut être plus difficile encore. Immédiatement en: dessous de ces cordons cellulaires mésoblastiques, logés à l'intérieur des dépressions vitellines, on trouve une rangée de cellules endoder- #miques volumineuses, cylindriques ou cubiques à certains endroits, plus allongées en d'autres, se multipliant rapidement par voie milosique. SÉANCE DU 14 MARS 289 En dessous de ces dernières, on aperçoit parfois un grand nombre de mérocytes à noyau volumineux et d’autres cellules vitellines ressem- blant aux éléments hypoblastiques. Sur des préparations fixées par le sublimé, il nous est parfois impossible de reconnaitre une limite entre les éléments du feuillet interne et du feuillet moyen. Si nous n'avions eu à notre disposition que des images de ce genre, nous aurions été porté à croire que les cellules sanguines se forment aux dépens de l’hypo- blaste et aux dépens des cellules vitellines. Mais sur des préparations bien fixées par les liqueurs osmiques, on reconnaît toujours facilement les cellules mésoblastiques. Elles sont beaucoup plus compactes, plus foncées et d'un aspect tout différent de celui des éléments hypo- blastiques sous-jacents. De plus, la limite de séparation entre les deux feuillets est toujours nette. De sorte qu’on peut dire que chez la torpille aussi les premières cellules sanguines se forment exclusivement aux dépens du feuillet moyen. 4° À un quatrième stade, on constate la formation d’une paroi endo- théliale aux dépens des cellules les plus périphériques de l'ilot vascu- laire, par conséquent aux dépens des cellules mésoblastiques. En même temps, ou un peu plus tardivement, le cordon cellulaire plein se creuse. Les parties constituantes se séparent et tombent dans la lumière du vaisseau. A ce moment, les futurs globules rouges nucléés sont encore incolores, ou bien faiblement colorés par l'hémoglobine. Ce sont des érythroblastes. Plus tard, la matière colorante du sang devient plus abondante. Il est à remarquer aussi que toutes les cellules sanguines primitives sont de même nature, de même volume, relativement petites, plus ou moins arrondies, à protoplasma compact, d'aspect homogène, pouvant renfermer des granulations vitellines ou graisseuses. Leur noyau est arrondi ou réniforme. Ce sont des cellules sanguines rouges, d’abord incolores, puis colorées par l’'hémoglobine. L'origine des globules rouges dans l'aire vasculaire d’embryons de Sélaciens n’a été étudiée que par quelques embryologistes. Les résultats auxquels nous sommes arrivé en étudiant les embryons de Pristiurus melanostomus, de Scyllium canicula, de Scyllium stellare et de Torpedo marmoratla, concordentavec ceux de H.-F. Ziegleret F.Ziegler { Torpedo). Ils sont en contradiction avec les recherches de Swaen (Zorpedo) et de C.-K. Hoffmann (Acanthias vulgaris), qui attribuent au sang une origine exclusivement endodermique et vitelline. Rückert lui décrit une origine double, mésoblastique et vitelline (Z'orpedo). Avant de terminer, nous tenons à dire un mot de la genèse de l'aorte et de l’endocarde. D’après C.-K. Hoffmann, l'aorte et l'endocarde se forment exclusivement aux dépens de l'endoderme (Acanthias vulgaris). Balfour les considère comme des productions mésoblastiques. P. Mayer aussi les envisage comme des formations du feuillet moyen (Zorpedo, 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mustelus, Pristiurus et Scyllium). Rückert leur attribue une origine double : endodermique et mésodermique. Pour ce qui concerne l'aorte, nous la voyons apparaitre de la même manière que P. Mayer a cru l’observer chez la torpille et Raffaele chez l’'Acanthias vulgaris, sous forme:de bourgeons cellulaires, segmentaires, se détachant au niveau de la partie interne et inférieure des protover- ièbres. Ces bourgeons détachés sont d’abord isolés, et se fusionnent par leurs extrémités, de manière à former de chaque côté de la ligne médiane entre la corde dorsale et l'hypoblaste sous-jacent un cordon cellulaire. Celui-ci est d’abord plein. Il se creuse ensuite pour engendrer la lumière du vaisseau futur. Cette lumière peut déjà apparaitre avant la fusion complète des différents segments isolés. De cette manière, il se forme deux canaux endothéliaux, gauche et droit, vides, c'est-à-dire ne renfermant pas d'éléments figurés du sang. La genèse de la double ébauche de l'aorte ne s’opère donc pas d’une manière analogue à celle des capillaires sanguins de l'aire vasculaire. Lors de l'apparition de ces derniers, les globules sanguins prennent naissance en même temps que la paroi dote Les deux aortes primitives se Porn sans engen- drer des cellules sanguines. L’endocarde prend naissance de la même manière. Il se présente à l’origine sous forme d’une masse cellulaire, qui se détache de la partie inférieure et médiane de la splanchnopleure en contact avec la partie laté- rale de l'hypoblaste (futur intestin céphalique). A l'origine, il existe donc, de même que pour l'aorte, une ébauche paire, double. Quand l'intestin céphalique s'est fermé inférieurement, les deux amas cellu- laires gauche et droit se fusionnent et engendrent l’ébauche impaire de l'endocarde. Ces données nous paraissent conformes aux résullats auxquels est arrivé P. Mayer. RECHERCHES SUR LE FUSEAU NEURO-MUSCULAIRE, par MM. G. Weiss et A. Duric. Dans une note communiquée à l'Académie des sciences (28 novem- bre 1895) nous avons dit que le fuseau neuro-musculaire (Nervenknaeul de Küihker, Muskelspindel de Kühne, faisceau neuro-musculaire de Roth et de Babinski), ne constituait pas, comme l'avaient supposé divers auteurs, une phase du développement de la fibre musculaire et de la plaque motrice. Nos recherches nous avaient conduits à penser, au contraire, que c'étaient des organes de nature sensitive, très analogues aux termi- naisons lendineuses de Golgi. Lorsqu'on examine, en effet, des fragments de muscles d'enbryons AE NE PRE RE te SÉANCE DU À14 MARS 9291 traités par le chlorure d'or, suivant les indications de M. Ranvier, on est frappé par l’analogie de structure qui existe entre les nerfs se rendant aux fuseaux et aux terminaisons tendineuses. Ces tubes nerveux con- trastent avec les fibres se rendant aux plaques motrices, par leur gros- seur, leurs étranglements rares et leur gaine de Henle très épaisse. Les plaques terminales se développent postérieurement aux terminaisons précédentes, formant une série d'images, qu'il est aisé de suivre dans toutes ses transformations, et dans laquelle il est impossible de faire rentrer le fuseau neuro-musculaire. Outre ces considérations, nous apportons aujourd’hui une confirma- tion absolue de cette manière de voir. Les fibres nerveuses destinées aux terminaisons de Golgi et aux fuseaux neuro-musculaires, se divisent à une grande distance de l’organe terminal, de sorte qu'il est généralement fort difficile de connaître la destination des deux branches résultant de la division, elles sont le plus souvent coupées dans la préparation. Rarement on voit l'une d’elles se prolonger jusqu'à un organe terminal, cependant dans quelques préparations nous avons pu suivre les deux rameaux, et les voir aboutir soit à des fuseaux, soit à des terminaisons tendineuses. Enfin nous avons pu constater qu'après division à un étranglementannulaire, une des branches pouvait se rendre à un fuseau, l’autre à une terminaison de Golgi. Cette consta- tation sutfit à démontrer le fait que nous avons avancé. Nous avons aussi pu élucider un autre point douteux. M. Ranvier se demande si les fibres striées constitutives du fuseau peuvent se con- tracter. Or sur plusieurs de nos préparations, nous avons pu constater que ces fibres striées portaient des plaques motrices comme les fibres communes, elles doivent donc entrer en contraction en même temps. IMMUNISATION TUBERCULEUSE ET SÉRUMTHÉRAPIE, par M. le D' SAmuEL BERNHEIM. Mes recherches ont déjà quatre années de durée. J'en ai publié des analyses successivement au dernier Congrès de la tuberculose et au Congrès international de Rome. Dès le début je me suis servi de toxines sécrélées naturellement par le microorganisme. Toutefois, j'ai modifié depuis mes inoculations. En effet, autrefois je chauffai pendant une heure, à 80 degrés, mes toxines, et j'injectai une dose relativement petite. Aujourd'hui j'inocule les toxines passées au filtre de Kitasato, sans les chauffer, et je poursuis mes incculations pendant une longue durée, Aussi suis-je arrivé ces deux dernières années à des conclusions beaucoup plus nettes et plus scientifiques. D'une façon générale, je me suis servi, pour pratiquer l’immunisation PT LUE 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tuberculeuse, de toxines sécrélées naturellement et provenant de bacilles de Koch humains, très virulentes. Je passai ces bouillons avec grandes mesures d’asepsie au filtre de Kitasato, et je les injectai pen- dant cinq ou six mois, à des doses variables suivant leur taille et leur susceplibilité, aux animaux que j'ai voulu rendre réfractaires. Pour démontrer l'efficacité de ma méthode, je vais classer mes expériences en cinq catégories. Première série d'expériences. — Pendant six mois j'ai injecté, presque chaque jour, des toxines pures à un très grand nombre d'animaux qui furent soumis, quinze jours après la dernière inoculation, à une injec- tion intraveineuse avec du bacille virulent de Koch. Cette injection fut répétée trois à quatre fois plus tard, mais par des inoculations sous- cutanées, toujours à des dates peu éloignées de la dernière injection de toxines. Dans chaque série d'expériences, je soumis des témoins à des épreuves identiques. Or, dans tous les cas d’immunisation de lapins, de cobayes, de chiens ou de chèvres, ces animaux soumis préalablement à l'injec- tion de toxines restèrent indifférents à l'infection, tandis que les témoins succombèrent de tuberculose. Deuxième série d'expériences. — Avec le sérum de ces animaux immu- nisés antérieurement, je fis des injections à des animaux neufs qui reçurent 50 à 100 centimètres cubes de sérum-vaccin. Quelques jours après la dernière injection du sérum, j'inoculai à ces mêmes animaux une culture virulente de bacilles de Koch. Ici encore les animaux vaccinés au sérum immunisé résistèrent à l’in- fection et survécureni. Au contraire, les témoins qui furent inoculés avec la même culture de bacilles de Koch, succombèrent de phtisie. Troisième série d'expériences. — J'inoculai du bacille tuberculeux à des lapins et à des cobayes, et quinze jours après cette infection, je les trailai avec de petites quantités de sérum provenant d'animaux immunisés préalablement. Aux cobayes, j'injectai chaque jour 1/2 eenti- mètre cube de sérum ; les lapins recurent quotidiennement 1 centimètre cube du même liquide et je traitai ainsi les animaux pendant trois mois. De ces animaux un grand nombre, à peu près les trois quarts, résis- tèrent, quelques-uns succombèrent de cachexie maïs sans localisation spécifique, et enfin sur un petit nombre j'observai des granulations tuberculeuses généralisées. | Quatrième série d'expériences. — J'injectai sous la peau à un grand nombre de lapins, simultanément, 10 centimètres cubes de sérum immunisé à 1/2 centimètre cube d'une culture virulente de bacilles de Koch. La bosse résultant de ce mélange lié intimement était fort longue à se résoudre. Tous les animaux, qui furent soumis à cette épreuve, maigrirent considérablement, et quelques-uns formèrent au niveau de l'inoculation des abcès entraînant souvent la cachexie et la mort. Mais la d SÉANCE DU 14 MARS . 29% plupart des animaux reprirent le dessus au bout d'un mois; ils virentla masse se résoudre sur place et après trois à quatre mois ils recouvrèrent la santé. Cinquième série d'expériences. — J'ai ensemencé du bacille de Koch simultanément et parallèlement sur du sérum immunisé et sur du sérum ordinaire de lapin. Tandis que ma première culture resta stérile, le deuxième ensemencement se développa admirablement bien. Cette démonstration in vitro est assez concluante. Toutes ces expériences, que j'ai résumées, et qu'il est facile de répéter, ont été renouvelées un grand nombre de fois. Elles démontrent surabondamment qu'il est possible d’immuniser les animaux contre la tuberculose. Pour conférer l’immunité tuberculeuse à une chèvre, par exemple, je procède de la facon suivante : je commence toujours par m'assurer, à l’aide de la tuberculine, que mon animal n’est pas tuberculeux. Ensuite, je lui injecte chaque jour 1/2 centimètre cube de toxines filtrées et cela pendant quinze jours; ces injections sont pratiquées dans le tissu cel- lulaire sous-cutané. Si la température reste normale et si l’état général de la bête reste satisfaisant, j'augmente la dose des toxines et j’injecte 1 centimètre cube pendant quinze jours. Puis j'inocule quotidiennement 2 centimètres cubes pendant un mois, 3 centimètres cubes le troisième mois pour alteindre graduellement la dose quotidienne de 5 centimètres cubes qui ne doit pas être dépassée chez un animal de petite taille. II faut surveiller avec grand soin les sujets en expérience et cesser toute inoculation quand l'animal a l'air d’en souffrir. Quelques jours de repos, et on peut reprendre avec fruit les injections. Au bout de cinq mois consécutifs d'inoculations, on peut saigner l’animal et soumettre le sérum à la double expérience d'injection avec bacilles de Koch et l'ensemencement (expériences des séries 4 et 5). On a la preuve, après un mois, du degré de puissance antitoxique de ce sérum, dont l’action peut encore être augmentée ultérieurement par de nouvelles injections de toxines. J'ai injecté ainsi à des chèvres jusqu'à 600 centimètres cubes de toxines. Celte dose peut être plus élevée pour l'âne ou le cheval. L'injection du sérum provenant d'animaux immunisés est absolu- ment inoffensive, lorsque l'opération est pratiquée avec asepsie sur un autre animal. J'ai injecté plusieurs fois 10 centimètres cubes à un lapin qui n’en a pas élé incommodé. Chez l'homme, où j'ai pratiqué également un grand nombre d’injections, je n’ai observé que les acci- dents communs à toute inoculalion de sérum : prurit, érythème, poussée d'urticaire, ou éruption polymorphe. Quant à l’action exercée par l'injection de ce sérum sur la marche de la phlisie commune, je ne voudrais encore donner aucune appréciation définitive. 29% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Disons seulement comment, mes confrères et moi-même, nous appli- quons la sérothérapie aux phtisiques. Après avoir interdit au malade tout médicament et quelques jours après toute absorption de médica- ment, nous inoculons 3 centimètres cubes de sérum dans la région scapulaire tous les deux jours. Ces inoculations sont prolongées pen- dant {rois ou quatre mois sans aucun inconvénient, quand elles sont pratiquées avec asepsie. Après cinquante ou soixante inoculations, qui procurent presque toujours une amélioration telle qu’on peut prononcer le mot de {rève tuberculeuse, nous soumettons le malade à une cure d'air en pleine campagne ou dans un sanalorium, pour maintenir cette amé- lioration et mettre l'organisme dans de bonnes condilions de résistance contre les nouvelles attaques des nombreux bacilles de Koch qui nous entourent. LES GLOBULES BLANCS SÉCRÉTEURS DE SUBSTANCES THERMOGÈNES, par M. L. Prcron (1). Dans une première note, nous avons publié deux observations cli- niques d'épanchements articulaires aseptiques fébriles. Pour expliquer l’hyperthermie, nous avions émis l'hypothèse que les cellules migra- trices, altirées dans la région vulnérée sans doute grâce à la chimiotaxie positive des liquides extravasés, pouvaient, dans certains cas, sécréter des produits thermogènes. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons recueilli des globules blancs qui, transportés dans des milieux convenables, y ont vécu quel- ques heures. Les liquides renfermant les leucocytes ont été injectés à des animaux. Ces injections ont été pratiquées successivement, une, cinq, huit heures et demie et vingt-sept heures après la séparation de ces cellules. Ce sont les résultats thermométriques de nos expériences que nous désirons faire connaître. Pour recueillir des globules blancs, nous opérons de la facon sui- vante : La saignée est pratiquée à la jugulaire du cheval avec ‘des instruments aseptiques. Pour empêcher la coagulation du sang, celui-ci est décalcifié par le procédé d’Arthus. A cet effet, il est recueilli dans un ballon de verre stéri- lisé, renfermant une parlie en poids d’oxalale neutre de soude finement pulvérisé pour mille parties de sang sortant du vaisseau. Il faut agiter con- stamment le ballon atin de hâter la dissolution du sel et éviter la coagulation. La saignée est faite dans une chambre à basse température. (1) Extrait d’une communication faite à la conférence biologique de Nancy. SÉANCE DU 14 MARS 295 Le sang, reconnu aseptique, est immédiatement réparti dans des tubes de verre d’une capacité de 30 centimètres cubes environ. Deux modèles de tubes ont été utilisés : A) Des tubes de verre assez longs (20 centimètres) et assez étroits (2 centi- mètres), lavés à l'alcool et à l’eau, fermés avec une bourre de coton et stéri- lisés. B) Des tubes moins longs (15 centimètres) et plus larges (2 cent. 5) conte- naunt chacun un second tube en baudruche, fermé à une extrémité, bouché à l’autre avec de la ouate et long de 18 centimètres. Pour éviter l'adhérence entre le verre et la baudruche, nous intercalons un cylindre en papier-parche- min. Pour empêcher l’accolement des parois du tube de baudruche, nous placons dans ce dernier un mandrin en verre qui esl retiré lors du rem- plissage. De plus, il faut laver et brosser la paroi du tube de baudruche pour la débarrasser de la fine poussière qui la recouvre. Des tubes A et B ainsi préparés sont ensuite remplis aux deux tiers de sang oxalaté, puisé dans le ballon utilisé pour la saignée au moyen d’une pipelte à boule munie de deux tubulures, une verticale, une autre latérale et de grande longueur. Ces deux tubulures portent, au voisinage de leur extrémité, des bourres de coton qui tamisent l'air. Les tubes A et B remplis de sang sont aussitôt portés sur un centrifugeur. En cinq ou dix minutes, la séparation du sang en trois couches (plasma, globules blancs et globules rouges) est obtenue. Pour recueillir les leuco- cytes, on peut opérer de deux facons : 1° Avec les tubes A, on aspire lentement avec une première pipette le sérum d’abord, puis, avec une autre pipette, les globules blancs; 20 Avec les tubes B, on commence par retirer le plasma. Pour prélever les leucocytes, deux artifices peuvent être employés. Par une petite ouverture faite au tube de baudruche au niveau de la couche de ces cellules, couche facilement reconnaissable par transparence, on introduit l'extrémité d'une pipette et l’on aspire; ou bien une ligature est posée entre la couche des hématies et celle des leucocytes et ceux-ci sont aisément isolés. Les globules blancs ainsi obtenus sont rapidement placés dans différents liquides : eau chlorurée (0 gr. 60 p. 100), eau chlorurée teuant en suspension des granulations de carmin, sérum de Hayem, etc. Ces milieux, reconnus aseptiques, sont mis dans une éluve à température constante (39 degrés), celle du cheval. Ils sont contenus dans des ballons à trois tubulures, réunis entre eux par des tubes de caoutchouc s'adaptant aux tubulures latérales. Le premier de ces ballons communique d'une part avec un gazomètre à air et de l’autre avec un appareil à acide carbonique. Le débit de ces gaz est réglé de facon que la pression de chacun d'eux soit à peu près équivalente à celle qu'ils ont dans la lymphe (1). Dans chaque ballon, le niveau du liquide n'atteint pas celui des deux tubulures latérales; le courant gazeux passe donc à la surface des milieux, leur constituant une atmosphère sans cesse renouvelée. On évite ainsi tout barbotage pouvant léser mécani- quement les globules blancs. Avant de pénétrer dans la série des ballons, le (4) Lambling. Encyclop. chimique (M. Frémy), t. IX, p. 292, 1895. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mélange gazeux (raverse un tube rempli de ouate qui arrête les germes exté- rieurs. L'acide carbonique se débarrasse de toute trace de HCI en passant dans un flacon laveur renfermant une solution concentrée de carbonate de soude. Nous sommes ainsi arrivés à faire vivre les globules blancs du cheval pendant huit heures et demie, dans de l’eau distillée, stérilisée et con- tenant 0 gr. 60 p. 100 de NaCI. Nous avons fait les trois séries d'expériences suivantes : 1° Nous avons injecté une heure après la saignée, à trois cobayes, dans le tissu cellulaire sous-cutané du dos, 5 centimètres cubes d'eau chlorurée, tenant en suspension une quantité de leucocytes équivalente à celle contenue dans 80 centimètres cubes de sang complet. L'hyperthermie a été constante, débutant au bout de 3 ou # heures, atteignant son acmé (00,5 deux fois et 0°,7 une fois) vers la 10° ou 12° heure. La température était redevenue nor- male 26 heures après l'injection. 2° Les mêmes injections ont été faites à trois cobayes 5 heures après la sai- gnée. L'hyperthermie, à début plus rapide, a atteint 0°,7 deux fois et 0°,9 une fois, au bout de 6, 7 et 9 heures. Elle avait disparu la 19° heure. 3° Les mêmes injections, faites 8 heures 1/2 après la saignée, ont donné des hyperthermies de 09,8, 00,9 et 1 degré, au bout de 5 à 6 heures. Une injection faite à un cobaye 27 heures après la saignée a fait monter le thermomètre à 00,9. De ces faits, il résulte que l'élévation de la température a été en crois- sant de la première à la troisième série (0°,6, 0°,8, 1 degré). L'examen histologique du liquide injecté a été pratiqué avant chaque expérience. Il nous a donné les résultats suivants : 1° Immédiatement après la saignée, un certain nombre de leucocytes sont frappés à mort et désagrégés. Ceux qui persistent présentent des mouvements amiboïdes très nets; la plupart sont polynueléaires. 2° Au bout de cinq heures, les globules vivants sont moins nombreux; beaucoup sont immobiles, à protoplasma granuleux, à noyau fortement coloré par le vert de méthyle; d’autres présentent des mouvements ami- boïdes assez accusés, mais ralentis. 3° Huit heures et demie après la saignée, on constate encore ae leucocytes très peu mobiles; leur noyau a pris une forme arrondie et compacte. Bien que la phagocytose in vitro se produise facilement (1), nous ne l’avons point observée dans l’eau chlorurée chargée de carmin. Nous ne pouvons tirer des conclusions fermes d’expériences aussi peu nombreuses. Cependant l’hyperthermie constatée par nous rend (1) J. Bordet. Recherches sur la PR Ann. de lInst. Pasteur, 25 févr. 1896, n° 2, p. 109. | | | SÉANCE DU 414 MARS 297 probable la sécrétion de substances pyrétogènes par les globules blancs. S'il en est ainsi, l'action sur le système nerveux de ces produits ther- mogènes pourrait bien être un des facteurs pathogéniques de la fièvre consécutive aux traumatismes s’accompagnant d’une réaction locale caractérisée par une diapédèse plus ou moins active avec ou sans pha- gocytose. DIFFÉRENTES. MANIFESTATIONS DES OSCILLATIONS RÉTINIENNES. Note de M. Aug. CHARPENTIER, présentée par M. D'ARSONVAL. Dans mes expériences de 1891, j'avais déjà pris sur le fait la propaga- tion à distance de la réaction négative de la rétine; c’est elle qui donnait lieu à l'expérience des cannelures, d’abord décrites improprement sous le nom d'interférence. | Dans de récentes recherches, j'ai pu observer deux ordres de phéno- mènes nouveaux, indiquant l'existence de deux modes de propagation très différents l’un de l’autre. Un petit objet lumineux qui tourne sur un champ obscur, au-devant du regard maintenu rigoureusement immobile, semble entrainer avec lui deux trainées sombres, plus noires que le reste du fond, et bordées en avant et en arrière par un nuage faiblement lumineux. On peut se servir pour cette expérience d’un grand disque noir tournant au-devant d’une surface lumineuse qu'il masque complètement, sauf au niveau d’une petite fenêtre pratiquée à quelque distance du centre. Si l’on fixe le centre de rotation, on voit la trainée noire intérieure dirigée dans le sens du rayon. La trainée noire extérieure (extérieure au cercle décrit par l’objet lumineux se relie à la précédente au niveau de l’objet sous un certain angle que l'on peut mesurer approximalivement en le reproduisant sur une feuille de papier. Cet angle est important à considérer, car il aug- mente, avec la vitesse de rotation (ramenée à sa valeur rétinienne), ce ce qui indique l'existence d’une vitesse de propagation déterminée du phénomène. Du reste, les trainées noires sont courbées dans le sens prévu, dans cette matière de voir : la trainée extérieure, notamment, est recourbée comme un panache dont la convexité est tournée dans le sens du mouvement. J'ai essayé de déterminer la vitesse avec laquelle la bande noire, née au niveau de l'objet, se propage ensuite radialement sur la rétine; je l'ai trouvée du même ordre de grandeur que la vitesse que j'avais déduite de l'expérience des cannelures et qui était voisine de 10 millimètres par seconde. Ici, le phénomène se propage dans une seule direction, et dans deux sens, l’un centripète, l’autre centrifuge; il est donc orienté, polarisé en 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quelque sorte. Mais le plus curieux est que le point vers lequel ül s'oriente suit tous les déplacements du regard, à n'est autre en effet que la tache jaune. De là, des expériences variées dont il est inutile de donner ici le détail et qui seront décrites ailleurs. Mais, indépendamment de ce premier mode de propagation si parti- culier, dans lequel l'attention est pour ainsi dire accaparée par la bande noire ou première phase négative des oscillations rétiniennes, on en observe un second tout différent, qui se fait avec une autre vitesse (in- férieure à la précédente), et dans d’autres directions. Il s'agitd'une véritable irradiation de l'impression lumineuse, irradia- lion non instantanée, comme celle qui est due à la diffusion optique de l'œil, mais s'étendant au contraire progressivement à partir du point excité et du moment de l'excitation, continue quand celle-ci est uni- forme, intermittente quand l'excitation devient oscillatoire. La zone irradiée change de forme et d'éclat, suivant que l’image de l’objet lumi- neux se déplace sur la rétine avec une vitesse plus ou moins grande. Pour une vitesse faible, on voit la tache diffuse qui entoure l'objet devenu elliptique, et l’objet semble la trainer derrière lui; la vitesse augmentant, l’ellipse s'allonge et se déforme; sa queue devient indis- tincte, puis s'efface; sa tête se change finalement en une double trainée lumineuse, formant une flèche dont la pointe est l’objet lumi- neux. Les deux branches de cette flèche se rencontrent sous un angle de plus en plus aigu à mesure que le mouvement est plus rapide ; puis, se rapprochant el s'amincissant encore, elles finissent par rentrer dans la trace circulaire de l'objet et par se confondre avec elle. Leurs bords sont colorés, point sur lequel nous reviendrons. De plus, on voit ordi- nairement, pour un seul petit objet lumineux, plusieurs flèches suc- cessives, où plutôt l’image lumineuse persistante à l'aspect d’une série de palmes distribuées régulièrement des deux côtés d'une branche plus ou moins courbée. Ils'agit done d'une véritable diffusion rythmique de l'impression lumineuse. Par des artifices spéciaux, on peut mesurer la vitesse avec laquelle se fait cette diffusion; on s'appuie pour cela sur la détermina- tion de l'angle des flèches et sur la vitesse de déplacement de l'excitation sur la rétine. D'autre part, on peut mesurer l'intervalle de deux de ces trainées lumineuses successives. Au moyen de ces deux valeurs, on cal- cule facilement la fréquence de ces émissions rythmiques de lumière, pour lesquelles je propose le nom d'irradiation ondulatoire. On arrive ainsi à une fréquence moyenne de 34 par seconde approxi- mativement. Done, il s’agit encore des oscillations propres de la rétine, dont nous retrouvons le nombre par une quatrième méthode. Ces oscil- lations s'irradient dans tous les sens avec une vitesse de 1"®,7 environ par seconde, et une longueur d'onde de 0"",05; irradiation bien diffé- SÉANCE DU 14 MARS 299 rente de la propagation radiale décrite plus haut, dont la vitesse est environ 40 fois plus grande. Or, cette longueur d'onde de 0%%,05, on la retrouve dans un phéno- mène d'un tout autre ordre : des lignes blanches qui se déplacent lentement devant le regard rigoureusement immobile prennent l’appa- rence d'une ligne sinusoïdale très régulière, dont les ondulalions, mesurées dans des circonstances très diverses, ont en moyenne comme dimensions rétiniennes ce même chiffre de 0"%,05. L'expérience est très nette, surtout avec un cylindre de Marey, tournant à 7 ou 8 tours par seconde, et portant sur son fond noirci une série de traits blancs paral- lèles en hélice continue, distants d'environ 1 millimètre (ces chiffres n'ont rien d'absolu) : au milieu de ces traits, pour fixer le regard, on peut tracer une ligne circulaire, qui revient toujours sur elle-même pen- dant que l’hélice se déplace d'une façon continue. Plusieurs autres méthodes conduisent au même résultat. Donc, à moins d’un pur hasard, on peut admettre que celte concordance frappante entre la longueur de ces ondulations et celle des oscillations réliniennes propagées par irradiation est l'indice d’une nouvelle mani- festation de ces dernières. Dans ce cas, il ne s'agirait de rien moins qu'une division spontanée de la ligne d’excitation rélinienne en conca- mérations, en parties vibrantes se déplaçant transversalement et alter- nativement d'un côté de la ligne à l’autre. L'existence d'une telle divi- sion spontanée des corps vibrants n’est d'ailleurs pas un fait imprévu ; on en connait maint exemple physique. En tout cas, le fait est gros de conséquences; c’est la première fois que l’on ait pu constater d'une façon concrète la production de vibralions des éléments réliniens; ces vibrations sont transversales, ce qui n'exclut pas d'ailleurs les vibrations longitudinales dont j'ai admis précédemment la probabilité, et qui pourraient coexister avec les pre- mières. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES DÉVIATIONS CONJUGUÉES DES YEUX ET DES RAPPORTS ANATOMIQUES DES NOYAUX DE LA 3° ET DE LA 0° PAIRE, par M. ANDRÉ Tunomas, Interne des hôpitaux. (Travail du laboratoire du D° Dejerine, hospice de la Salpétrière.) Les observations cliniques de paralysie du moteur oculaire externe avec déviation conjuguée, suivies d’autopsie, rapportées autrefois par Foville, Desnos, Féréol, Hallopeau et Broadbent et les expériences de Mathias Duval, Laborde et Graux ont démontré l'origine nucléaire de 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ces paralysies. Ces derniers auteurs, s'appuyant, d'une part, sur la phy- siologie expérimentale et d'autre part sur l'anatomie normale, avaient conelu à l'existence d'une association anatomique entre le noyau de la 6° paire et celui de la 3°, association qui se fait par le faisceau longitu- dinal postérieur ou bandelette longitudinale postérieure de la calotte. Mais l'anatomie pathologique n'avait pas sanctionné celte hypothèse. De plus Cajal (1), dans un remarquable travail sur le bulbe et les nerfs craniens par la méthode des imprégnations, consacre un assez long cha- pitre au faisceau longitudinal postérieur et ne signale pas cette union des noyaux oculo-moteurs par l'intermédiaire du faisceau longitudinal postérieur. Deux expériences pratiquées, l'une sur le lapin, l’autre sur le cobaye avec survie et examen anatomique sérié m'ont semblé pouvoir jeter quelque lumière sur cette question et c'est pourquoi je les présente à la Société. Ces deux animaux ont été opérés de la facon suivante : une brèche élroite étant pratiquée sur l'occipital, une anse de galvanocautère est introduite puis dirigée en dehors et ensuite en avant, le courant est établi puis rompu aus- sitôt, l’anse est retirée, la peau suturée : dans les deux cas, la lésion fut presque identique. Le premier animal est un lapin adulte. Aussitôt après l'opération : mouvement de rotation autour de l’axe longitu- dinal de droite à gauche : l'œil droit est dans l'angle interne de l'orbite (para- lysie de la 6° paire) ; l'œil gauche regarde en haut et à gauche (déviation conju- guée). La tête est inclinée à droite et en arrière et a subi un mouvement de torsion Lelle que la face regarde en haut et à gauche. L'animal est placé dans la paille; il reste immobile, ramassé sur lui-même, couché en arc de cercle, et reposant sur le flanc droit; la moindre excitation, cutanée ou auditive, dé- termine des mouvements de rotation prolongés et toujours dans le même sens. Le lendemain matin, l'animal est enfoui dans la paille dans laquelle il s'est enroulé. L’œil droit est plus largement ouvert que le gauche, les yeux et la tête ont conservé la même position que la veille; la conjonctive et la cornée sont insensibles à droite. Leur excitation ne détermine aucun clignement. La cornée est flétrie. Les troubles s’accentuent les jours suivants. Seule, la rota- tion autour de l’axe se répète moins souvent et avec moins d'intensité. La cornée devient de plus en plus opaque, l'œil se vide. (Il y a lieu de faire intervenir ici, dans la production de ce phénomène, les traumatismes inces- sants dus aux mouvements de l'animal. Le huitième jour, au matin, l'animal est trouvé mort. A l’autopsie on trouve une vaste lésion occupant la plus grande partie du lobe latéral droit du cervelet avec prolongement dans la protubérance. L'exa- men des coupes sériées de l’axe cérébro-spinal (méthode de Marchi) montre que (4) S. Ramon y Cajal. Apunles para el studio de! bulbo raquideo, cerebello y originen de los nervos encefalicos. (Trabäjo leido ante la Sociedad de historia natural el 6 de Febrero 1895.) Lei à SÉANCE DU 14 MARS ‘301 les noyaux de l’acoustique, la racine inférieure du trijumeau, le noyau de Derlers et une partie du noyau triangulaire de l’acoustique ont été détruits. La lésion présente un prolongement sur la ligne médiane dans le noyau du moteur oculaire externe. Le facial a été légèrement intéressé. Je n'’insiste pas ici sur les dégénérescences consécutives du corps trapé- zoïde, des stries acoustiques, des olives, du ruban de Reil latéral, etc., ne voulant étudier ici que les dégénérescences consécutives à la lésion du noyau de la 6° paire. Le moteur oculaire externe droit est complètement dégénéré dans toute son étendue. Le faisceau longitudinal postérieur droit sur les mêmes coupes est indemne, et ne contient aucun corps granuleux dans ses fibres consti- tuantes, mais il est traversé par des fibres dégénérées, qui, après avoir tra- versé le raphé, s'arrêtent pour la plupart dans le faisceau longitudinal posté- rieur gaucbe. Outre ces fibres qui proviennent du noyau de la 6° paire, sur des coupes faites un peu au-dessous de l'origine de ce nerf, on voit des fibres se détacher du noyau de Deiters droit, intéressé par la lésion, et se rendre dans le faisceau longitudinal postérieur gauche après avoir traversé le raphé. Sur des coupes faites plus haut, le faisceau longitudinal postérieur droit est indemne, le gauche est, au contraire, très dégénéré. Par contre, les fibres de la substance réticulée qui sont situées entre le faisceau longitudinal postérieur et la petite racine du trijumeau sont très dégénérées du côté droit (côté de la lésion) et indemnes du côté gauche. Ces fibres se distribuent successivement dans le noyau moteur du trijumeau, autour des cellules qu'entoure la petite racine du trijumeau, une très faible partie semble se continuer directement avec les fibres d’origine du pathétique. Sur des coupes faites au niveau du noyau de la 3° paire, les fibres du faisceau longitudinal postérieur droit sont intactes, mais quelques-unes des fibres dégénérées de la substance réticulée avoisinante se terminent dans le noyau de la 3° paire sans s’entrecroiser dans le raphé; on trouve quelques rares corps granuleux dans les racines de la 3° paire. À gauche, le faisceau longitudinal postérieur très dégénéré s'épuise dans le noyau de la 39 paire, rempli de longues trainées de corps granuleux ; la dégénérescence du faisceau et du noyau se prolonge très haut; nous n'avons pu suivre les corps granuleux jusque dans le noyau de Darkschewitsch : il existe quelques rares corps gra- nuleux dans les racines. À Il existe donc des fibres qui, issues du noyau de Deiters et du noyau de la 6° paire, traversent le raphé à ce niveau, montent dans le faisceau longitudinal postérieur du côté opposé et se terminent dans le noyau de la 3° paire de ce côté (origine du nerf du droit interne). Il y aurait lieu de discuter si, d’une part, ces fibres proviennent réellement des noyaux ou ne font que les traverser avant de suivre ce trajet, et si, d'autre part, il existe une continuation directe des fibres du faisceau longitudinal postérieur et des racines de la 3° paire. Nous ne pouvons rien affirmer à ce sujet. Dans le deuxième cas, il s'agit d’un cobaye adulte, opéré dans les Biococ1e. Compres nenpus. — 10 séRE, v. IL. 22 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mêmes conditions, présentant les mêmes symptômes et à peu près la même lésion, le noyau de Deiters et le noyau de l’oculo-moteur externe étaient détruits d'un côté, le faisceau longitudinal postérieur du côté de la lésion élait sain, celui du côté opposé très dégénéré et les fibres dégénérées se terminaient dans le noyau de la 3° paire. Ici comme dans le premier cas, l’entrecroisement des fibres d’asso- ciation ne se fait pas au niveau des noyaux du moteur oculaire commun (Mathias-Duval, Laborde), mais au niveau de la protubérance. Quoique ces animaux n'aient pas dans la vision binoculaire des mou- vements associés comparables à ceux de l’homme, l'existence de fibres vestibulaires de second ordre (fibres du noyau de Deiters) dans le faisceau longitudinal postérieur rend compte (comme le fait très juste- ment remarquer Cajal), de la production des mouvements compensa- teurs et associés des yeux, quand la tête et le corps changent de posi- tion d'équilibre. L'existence de fibres provenant du noyau de la 6° paire et appartenant au même faisceau explique aussi la paralysie du moteur oculaire externe avec déviation conjuguée. LA FORMATION ET LA DESTRUCTION DU SUCRE ÉTUDIÉES COMPARATIVEMENT CHEZ LES ANIMAUX NORMAUX ET DÉPANCRÉATÉS, par M. M. KAUFMANN. Dans une précédente note, j'ai montré que, chez les animaux rendus diabétiques par l’extirpation totale du pancréas et qui sont privés d’ali- ments, les échanges respiratoires et la thermogénèse conservent sensi- blement leur valeur normale: mais que chez eux l’excrétion azotée est augmentée. Or, j'ai constaté que ehez ces animaux glycosuriques, les phénomènes chimiques intra-organiques sont de même nature que chez les animaux normaux. Tout l’acide carbonique produit et toute la chaleur émise par l'organisme dérivent d'oxydations. Ces oxydations qui consomment la totalité de l'oxygène absorbé font passer l’albumine et la graisse à l’état d'hydrate de carbone avant de faire subir à ces principes une oxydation complète. Chez les animaux normaux, le sucre (hydrate de carbone) formé aux dépens de l’albumine et de la graisse s’oxyde immédiatement et en totalité (1); chez les diabétiques, au contraire, une partie de ce sucre formé échappe à l'oxydation; et ce sucre, au lieu d’être mis en réserve sous forme de glycogène, s'élimine en nature par les urines. (1) Il peut arriver à une certaine période de l'inanition qu'une partie du sucre échappe à l'oxydation immédiate, alors il s’accumule dans l'organisme sous forme de glycogène et augmente la réserve hydrocarbonée. Ce ZE Es RE la ee - 2 / 2 . é SÉANCE DU 14 MARS _ 303 En partant de l'azote éliminé et de l'oxygène absorbé par un animai en état d'inanilion, il est facile de calculer la quantité de sucre qui cor- respond à l’albumine et à la graisse oxydées. Chez l'animal normal, tout le sucre produit étant utilisé, le rapport entre la quantité formée et la quantité détruite est égal à l'unité. Chez l’animal diabétique, la quantité de sucre détruite est inférieure à la quantité formée; chez lui le rapport en question est toujours inférieur à l'unité. Ce rapport exprime le degré d'utilisation du sucre dans l'orga- nisme animal, je l’appellerai le quotient de l'utilisation du sucre. Il y a un second rapport qui peut offrir de l'intérêt, c'est celui qui existe entre la quantité totale de sucre formé et la quantité qui a pour : ST PRE origine l'albumine. Ce rapport je le représenterai par Sa Ce qui signifie sucre total sucre dérivant de l’albumine” En appliquant les calculs aux résultats de quelques-unes de mes expériences, on constate les faits suivants : A. Animaux normaux autophagiques. Exp. I. — Chien normal âgé de deux ans, 7° jour de jeüne. Poids, 8 kil. 850. Par heure, oxygène absorbé, 5 lit. 849. Azote éliminé, 0 gr. 1756, correspondant à 1 gr. 123 d’albumine. a) Oxydation complète de l’albumine avec formation d'urée. Oxygène absorbé pour cette combustion. . . . . . . A lt: 1735 Excédant d'oxygène disponible ... . . , . . . . ! . 4 6755 b) Oxydation complète de la graisse avec l'excédent d'oxygène. 4 lit. 6755 d'oxygène peuvent brüler 2 gr. 288 de stéarine. c) Formation de sucre : Sucre dérivant de 1 gr. 123 d’albumine., . . ATEN 06501 Sucre dérivant de 2 gr. 208 de stéarine . . . . :. +. . 3 700 Sucre for e et détruit Dar DETENTE CRU 45201 — — —", Let par kilogr: +. "70463 ST 4,201 t — En ) rent ch Exe. II. — Chien normal 8 k. 500, 9° jour de l’inanition. Sucre dérivant de l’albumine oxydée. . . . . . . . .. 0 676 — A SEAISSE ONE EL PRIRENT. 3 142 Sucre formé et détruit par heure. . . 4 . . . . . . . . 3 818 — — OP PAM PE. MEN MORALE" ST R t= = 5.6. apport 5.6 304. É SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE * Exp. I. -— Chien normal. Poids 7 kil. 600. 10° jour de jeûne. Sucre dérivant de l’albumine détruite . . . . . , . . . 0 483 — de la graisse-brulée. : 455 (eee En Sucre formé'et détrurt par heure... . (+47 RE — — —. et par kilogr... . . . » 0 417 ST Rapport SA 6.9. Exp. IV. — Chien normal. Poids 9 kil. 2, 8° jour de jeûne. Sucre correspondant à l’albumine détruite . . . . . . . O0 794 — à Tareraisse rule Ne RS Sucre forméet détriitipar heure AE RC ES —— — MAC par KO ET UE PAUNCNES Rapport Spes — NS: | SA Exp. V. — Chien normal; 8 kilogr.; 15° jour de jeüne. Sucre correspondant à l’albumine détruite . . . . . . . 0 566 : — . alla graisse brülée CDD VPN OPINIONS Sucre formé etdétruitipartheure MENT MN ENONRON ERA Le = —hethpar Kilogr.. 75e NOR? ; ST Rapport CE Te Dans toutes ces expériences faites sur les chiens normaux, les quantités de sucre détruites et formées étant égales, je quotient d'utilisation du sucre est égal à 1. B. Animaux dépancréatés autophagiques. Exp. [. — Chien diabétique. Poids, 12 kil. 200, 5° jour de jeûne. Par heure : oxygène absorbé, 7 lit. 338. — Azote éliminé, 0 gr. 449, correspondant à 3 gr. 191 d albumine. — sucre éliminé en nature, 1 gr. 400. Oxygène fixé par l’albumine supposée oxydée complètement avec formation diurée) 92162390: Excédent d'oxygène, 4 lit. 003. 1 gr. 400 de sucre éliminé en nature, en se formant aux dépens de la graisse, out absorbé 0 lit. 726 d'oxygène. Nouvel excédent d'oxygène, 3 lit. 277. Sucre correspondant à la stéarine oxydée par 3 lit. 705 done 28593 SuCre Correspondant à 3.194 d'albuminers OU 775 Sucre éliminé en nature 0/4 SAN ON D SUCre total fOPmÉ par heure LT PORTE Sucre brûlé par heure, 4 gr. 016. ÿ BREL Sucre formé par heure et kilogramme d'animal. . . . . (06443 Sucre consommé — =: DEEE 02820 Sucre non utilisé — — tr: 0.329. : Se _Quotient d’ ueanon du sucre OS ten 0. 75. ve ST Rapport — SAT = 3,8. SÉANCE DU 14 MARS 305 Exp. II. — Chien diabétique, poids 10 k. 250 ; 10° jour de jeûne. Par heure : oxygène absorbé, 5 lit. 463. — azote éliminé, 0 gr. 32, correspondant à 2 gr. 046 d’albumine. — sucre éliminé en nature, 0 gr. 920. Oxygène consommé par l’oxydation de l’albumine, 2lit. 138. Excédent d'oxygène, 3 lit. 225. Oxygène absorbé pour la formation du sucre éliminé, 0 lit. 477. Nouvel excédent d'oxygène, 21.748. Sucre correspondant à la graisse brûlée par2lit. 748 d'oxygène. 25174 — ÉAPUMHINE ON RENE IC ES 00015 Sucre éliminéennature PE REPAS a DA CI ©0020 SUere total FOPHIÉ HAL EURE SRE ER Por nue ie. OUT Sucre brülé par heure . . . TE PTS: OS Sucre formé par heure et par Hamone Frnrai AN 07300 Sucre utilisé par heure — US 001 Sucre éliminé en nature par heure et par Recon. Re ER) Quotient d'utilisation du sucre, 0,71. ST Rapport TA — = k, 3. Exp. III. — Chien diabétique, 10 kil. 100, 3° jour de jeûne. Par heure : oxygène absorbé, 6 lit. 449. — azote éliminé, 0 gr. 3887, correspondant à 2 gr. 4861 d’albumine. — sucre éliminé en nature, 1 gr. 594. Oxygène consommé par l'oxydation de l’albumine, 2 lit. 598. Excédent d'oxygène, 3 lit. 851. Oxygène absorbé pour la formation du sucre éliminé, 0 lit. 828. Nouvel excédent d'oxygène, 3,023. | Sucre correspondant à la graisse brûlée par 3 lit.023 d'oxygène. 25392 — lalbétmine oydée RE Re etc 17109 SUCPE CUDTIRE CI HAUTE RUE Ana en le Len a ee Un DA SHCEON TOI IOLHÉES DAT D'EUROS er Pal cel a et AUD Quantité de sucre brûlé par heure. . . . TEE RU 1 Sucre formé par heure et par kilogramme d’ Se VORPER CR LE UNS Sucre utilisé — — dre O9 Æ D Sucre éliminé en nature par heure : — 145 x 07 0018 Quotient d'utilisation du sucre, 0,68 ST Rapport — SA —— Ad Exp. IV. — Chien diabétique, poids 8 kil. 7, à une période avancée de la maladie. Par heure : oxygène absorbé, 5 lit. 829. -— azote éliminé, 0 gr. 3506, correspondant à 2 gr. 242 d’albumine. — sucre éliminé en nature, 0 gr. 995. Oxygène consommé par l'oxydation de l’albumine, 2 lit. 342, 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Excédent d'oxygène. , . . . Jlit487 Oxygène absorbé pour la an dus sucre éliminé. . 0 516 Nouvel excédent d'oxygène . . . . PR ee 2 7 Sucre correspondant à la graisse oxydée Res 5 Sucre — l’albumine oxydée , . . . . . . O0 999 Sucre élimméenmature, 54 RPM ERENE Sucre"total formépar heure. MUC MEN ROME Sucre détruit par heure, . . . D) Sucre formé par heure et par Roma d' sain . . 0 2499 Sucre brülé par heure et par kilogramme , , . . . . . 0 385 Sucre éliminé en nature — re MO PTE Quotient d'utilisation du sucre, 0, 37 ST Rapport — SA — 4.3. Des résultats fournis par les expériences qui précèdent on peut tirer les conclusions suivantes : 4° Chez les animaux devenus diabétiques à la suite de l’extirpation totale du pancréas et qui sont soumis au jeûne, la formation sucrée considérée dans son ensemble reste sensiblement normale avec une légère tendance à la diminution ; en effet, la quantité de sucre formé par kilogramme d'animal et par heure varie chez mes diabétiques de 0 gr. 390 à 0 gr. 504 et chez mes normaux de 0 gr. 417 à O0 gr. 675; 920 Chez les animaux dépancréatés, les albuminoïdes prennent une part plus importante dans la formation sucrée que chez les animaux normaux. En effèt, tandis que chez ces derniers, le rapport entre le sucre total formé et celui qui dérive des albuminoïdes varie de 5.6 à 8.3, il est de 4 à 4.5 chez les diabétiques ; 3° Dans le diabète pancréatique la destruction ou l’utilisation du sucre est notablement diminué. Le quotient de l’utilisation du sucre, au lieu d’être égal à l'unité, oscille entre 0.68 et 0.77 dans mes expériences; % Le sucre éliminé par les urines est fréquemment égal à celui qui dérive de l'albumine détruite ; c’est ce qui existe dans les expériences I, Il etIV de la série B, où les quantités de sucre éliminé sont 1 gr. 400, 0 gr. 920, 0 gr. 995 et celles du sucre formé aux dépens de l’albumine 1 gr. 493, 0 gr. 913, 0 gr. 999, c’est-à-dire des quantités respectivement équivalentes. Ce fait est cependant loin d’être constant. Assez souvent les urines contiennent une quantité de sucre supérieure à celle qui peut prendre naissance aux dépens des albuminoïdes. C’est le cas de l'expérience HI dans laquelle le sucre éliminé est de 1 gr. 594, et le sucre qui a pu se former aux dépens de l’albumine de 4 gr. 409. L'azoturie et la glycosurie ne sont donc pas absolument liées l'une à l'autre. Ce sont là deux phénomènes indépendants et qui ne varient ST TR OR PONT, MMOG AN re Sat” MES LA PS = LE ss 4 = = Le * Le SÉANCE DU 14 MARS 307 pas nécessairement ensemble et dans le même sens. On sait que cette indépendance de l’azoturie et de la glycosurie s'observe fréquemment dans le diabète spontané de l'homme. PRÉSENCE FRÉQUENTE DU BACILLE DE LÔFFLER SUR LA PLAIE OPÉRATOIRE APRÈS L'ABLATION DE L'AMYGDALE AVEC L'ANSE ÉLECTROTHEPRMIQUE. INNO- CUITÉ DU BACILLE DANS CES CAS, par M. le D' Licarwrrz (de Bordeaux). Frappé de la ressemblance que présente l'eschare produite par l’abla- tion électrothermique des amygdales avec certaines formes d’angine diphtéritique, il nous a paru intéressant de rechercher les microbes contenus dans cette eschare dans 27 cas pris au hasard parmi nos opérés (20 enfants et 7 adultes). | L’ensemencement de l’eschare qui recouvre la plaie a élé pratiqué sur sérum, à l’aide de la spatule stérilisée, entre le 2° et le 6° jour après l’opération. C’est en effet à ce moment que l’eschare ressemble à une pseudomembrane diphtéritique. L'examen bactériologique des cultures a été fait dans les 24 heures après l’ensemencement au laboratoire de M. le professeur Ferré et a donné les résultats suivants : Sur les 27 cas, on a constaté 11 fois (8 enfants et 3 adultes), le bacille de Lôüffler soit isolé soit associé : 1 fois bacilles moyens; ille isolé, 2 cas : ; $ ee L fois bacilles moyens; Bacille associé, 9 cas. Dans ces 9 cas, les bacilles long (3 fois), moyen ou court étaient associés soit au staphylocoque (3 fois), au streptocoque (4 fois), au leptothrix (1 fois), à des microcoques (4 fois). Chez les 16 autres malades (12 enfants et 4 adultes) il n'y avait pas de bacille de Lüffler, mais divers microorganismes, tels que staphylocoque (6 fois), microcoque (2 fois), diplocoque (1 fois), staphylocoque et pneu- mocoque (2 fois), staphylocoque et muguet (1 fois), streptocoque et autres microcoques (1 fois), pneumocoque et streptocoque (2 fois), prneumocoque, staphylocoque et diplocoque (1 fois). Il est à noter que 3 malades (2 enfants et 1 adulte), chez qui l’on n'avait point trouvé de bacillesde Loffler lors de l’ablation de la première amyg- dale, en présentèrent après l’ablation de la deuxième, pratiquée chez ces 3 malades respectivement aux 6°, 20° et 24° jour. L'état des malades chez lesquels existait le bacille de Lôffler ne diffé- rait en rien de celui des autres, tant au point de vue local que général. Dans tous les cas la guérison de la plaie s’est produite dans les mêmes 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE conditions ; il n’y a jamais eu de symptômes généraux inquiétants en dehors des suites ordinaires de l'opération. Nous n'avons jamais cru nécessaire de faire, dans ces cas, d'injection de sérum antidiphtéritique. Étant donnés les faits que nous venons de rapporter, nous pouvons avancer que le bacille de Lüffler a dû exister un assez grand nombre de fois dans les nombreuses ablations (plus de 400), que nous avons faites ces dernières années par le procédé de l’anse électrothermique. Cependant nous ne nous rappelons pas avoir jamais eu à noter de complications fâcheuses pouvant faire soupçonner une Aer diphté- ritique post-opératoire. Ces constatations prouvent, une fois de plus, que la présence du bacille de Lôffler dans une plaie n’est pas suffisante pour établir un pronostic fâcheux. Au reste, Roux et Yersin ont déjà fait remarquer en 1890 qu'on pouvait trouver dans la cavité buccale un bacille ressemblant d’une façon saisis- sante au bacille de Lôffler et qu'ils considéraient comme une forme atténuée de ce dernier. Nos cas montrent aussi que la présence du bacille de la diphtérie (court, moyen ou long), même lorsqu'il est associé au streptocoque, ne constitue pas fatalement pour les sujets qui hébergent ces microbes un grave danger et ne commande pas toujours l’injection de sérum. Nous avons toutefois engagé nos malades à laisser désinfecter leur logement suivant les mesures adoptées Dar le service antidiphtérique de notre ville. Le Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Mitine) lis. 309 SÉANCE DU 21 MARS 1896 M. Cnarrn : Mort de M. Sappey. — M. MaxGix : Eludes sur la végétalion dans ses rapports avec l'aération du sol. Recherches sur les plantations des Promenades de Paris. — M. Lavox : Inoculation pastorienne modifiée par certains procédés. — M. Borpas : Note sur les rayons Rôntgen. — M. Cu. FÉRÉ : Un cas d'épilepsie procursive chez le chien. — M. Cu. FÉRÉ : Note sur l'énergie et la vitesse de divers mouvements des membres. — M. Eu. BouRQuELOT : Actions successives d'un ferment soluble hydratant et d’un ferment soluble oxydant. — M. Ex. BourQuELoT : Sur la présence, dans le Monotropa hypopythis. d'un glucoside de l’éther méthylsalicy- lique et sur le ferment soluble de ce glucoside. — M. J.-V. LABOR»DE : À propos de la communication faite par M. A. Thomas, dans la séance du 14 mars, et intitulée : « Contribution à l'étude expérimentale des déviations conjuguées des yeux et des rapports anatomiques des noyaux de la 3° et de la 6e paire.» — MM. G. Linossrer et M. Lanors : Note sur l'absorption du salicylate de méthyle par la peau saine. — M. AvGuste Perrit : Sur le mode de fonctionnement de la glande surrénale. — M. Louis MaxGen : Influence de l'accumulation d'acide carbonique et de l'appau- vrissement d'oxygène dans l'air sur les phénomènes de la germination. — M. Bor- DIER : Variation de la sensibilité galvano-cutanée avec la densité électrique. — M. Broirzer : Nouvel appareil pour l'application du chlorure d'éthyle en chirurgie. — MM. J. Araaxasiu et J. CarvaLzco : L'action de la peptone sur les globules blancs du sang. — M. Ducuerr : Le sérum des sujets vaccinés contre la clavelée est pré- ventif et curatif. — MM. J. Teissier et L. Guinarp : À propos des accidents consé- cutifs à l'injection des toxines dans la veine porte. — MM. J. Tessier et L. Gur- NARD : Effets de la malléine après injection dans le système porte. — M. L. Laricque : Toxine diphtérique et foie. Réponse à la note de MM. Teissier et Guinard. — MM. Pirrer et Barapuc : Métrite parenchymateuse hémorragique. Présidence de M. Charrin. Mort DE M. SaPpey. M. CuaRRiN, vice-président de la Société, fait part de la mort du professeur Sappey. Il rappelle l'œuvre considérable du savant professeur dans l’étude de l'anatomie ; il mentionne principalement l'importance deses travaux sur le système lymphatique. — M. Sappey était un des plusieurs anciens membres de la Société de Biologie ; il avait confié à nos comptes rendus plusieurs notes où mémoires sur l'anatomie normale et l'anatomie pathologique. — Membre de l'Académie des Sciences, M. Sappey, pendant de longues années, avait occupé avec succès la chaire d'anatomie de la Faculté de médecine — C’est un devoir pour le vice-président d'associer les regrets de notre Société à ceux des corps savants auxquels appartenait ce laborieux anatomiste. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Louis MANGIN fait hommage à la Société du travail suivant : £'tudes sur la végétation dans ses rapports avec l'aération du sol. — Recherches sur les plantations des Promenades de Paris. Ce travail renferme, avec une statistique sur la mortalité des arbres BioLocie. Comptes RENDUS. — 10€ série. Tv. I. 23 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans les plantations d’alignement, un historique complet des recherches exécutées par les hygiénistes et les agronomes sur l'atmosphère du sol. On y trouve ensuite, après un exposé des appareils et de la méthode employée pour l'extraction et l'analyse des gaz, une série de résullats sur les recherches réalisées simultanément dans les plantalions d’aligne- ment et au jardin du Luxembourg, pris comme terme de compa- raison. Les chiffres obtenus montrent que les sols tassés sont, toutes choses égales d'ailleurs, moins bien aérés que les sols bitumés pourvus de grilles: que l’arrosage par les cuvettes situées au pied des arbres, diminue la perméabilité de la terre. Une série de tableaux montre les régions où le sol, pauvre en acide carbonique, est aussi aéré que les sols agricoles. Par contre, en beau- coup d'endroits, trop nombreux, l’aération est insuffisante. Dans ces régions (boulevard du Palais, boulevard Montparnasse, quinconces du Luxembourg, avenue Henri-Martin, boulevard Port-Royal, quai d'Orsay, etc.), la proportion d'acide carbonique est ordinairement de 4 à 5 p. 100, elle atteint souvent 8 et 10 p. 100 et parfois devient égale à 16 et 24 p. 100; la proportion d'oxygène oscille entre 14 et 15 p. 4100, elle descend même à 10, à 6 p. 100. En un point, (boulevard du Palais), à 12,50 du pied d’un arbre on n’a pas trouvé trace d'oxygène! La viciation de l'atmosphère du sol dans certaines des avenues de Paris est bien supérieure, non seulement à celle des sols agricoles for- tement fumés (Boussingault) ou de quelques herbages non remués (Th. Schlæsing fils), mais encore à celle des terres imprégnées d’une grande quantité de matières organiques, car Fodor à Klausenbourg, Smo- lensky à Munich, en opérant dans des cimetières, au voisinage des tombes, ou dans des sols souillés par les ordures ménagères, n'ont obtenu, exceptionnellement, que les valeurs de 40 et de 14 p. 100 d'acide carbonique. L'influence toxique de l’acide carbonique sur la végétation signalée par de Saussure, Bæœhm, Jentys, etc., amène à penser que le défaut d'aération du sol est un des facteurs importants du dépérissement des. arbres dans les voies plantées. Ce défaut, causé par la faible perméabilité du sol, entraîne avec luila difficulté, sinon l'impossibilité d'assurer dans le sol la circulation d’eau nécessaire à la végétation. La perméabilité du sol est si faible, qu'en beaucoup d’endroits, l'extraction du volume d'air nécessaire à l'analyse n'a pu être faite qu’en raréfiant l'air jusqu'à 1/12 et même 1/15 d’at- mosphère. Les arbres plantés dans un sol aussi peu perméable sont donc exposés à périr par asphyxie ou par la pourriture des racines, ce dernier cas a été observé sur des ailantes du boulevard Montparnasse, dont les racines étaient envahies par le bacillus amplobacter. Ceux des arbres qui * SÉANCE DU 21 MARS a 11, résistent languissent : leur feuillaison est tardive, la chute des feuilles est précoce, etc., ils sont condamnés à disparaitre en peu d'années. En résumé, l’imperméabilité du sol dans un grand nombre de points des plantations d’alignement est une cause importante et trop négligée jusqu'ici, du dépérissement, car elle entraîne, avec un défaut d'aération très manifeste, une circulation d’eau insuffisante. M. Ricuer fait hommage à la Société d’un travail de M. Livon, direc- teur de l'Institut antirabique de Marseille, où sont constatés les heu- reux résultats de l'inoculation Paslorienne modifiée par certains procédés. NOTE SUR LES RAYONS RÔNTGEN, par M. BoRpas. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie l'épreuve photo- graphique de deux sangsues obtenues à l’aide de rayons Rüntgen. Cette épreuve a ceci de particulier, c’est qu'elle démontre la possibi- lité d'obtenir, avec une netteté suffisante, la silhouette d'organes transpa- renis aux rayons X. Il suffit, en effet, de rendre ces organes opaques en les injectant au préalable comme dans le cas particulier avec une masse composée de : Glycérine pure We trrae tnaier Me 0 0. meAOOisrammesx, Minium por ny ris re eue ie vusthese sa Pre yet ic 1 20 — UN CAS D'ÉPILEPSIE PROCURSIVE CHEZ LE CHIEN, par M. Cu. FÉRÉ. L'épilepsie peut se manifester chez un grand nombre d'animaux et sous des formes très différentes (1). J'ai observé cet hiver un fait qui ne n'a pas paru sans intérêt. C'était une petite levrette âgée de huit ans, n'ayant jamais porté et ayant toujours joui d'une bonne santé ; on la considérait depuis plusieurs mois comme atteinte d'accès de folie. Deux ou lrois fois par mois on la voyait se mettre à courir en rond toujours dans la même direction de droite à gauche dans la pièce où elle se trouvait, avec une vitesse consi- (1) Ch. Féré. Note sur l’épilepsie et le bromisme chez les oiseaux. (C. R. de la Soc. de Biol., 1893, p. 601, — Ibid., 1894, 1895. 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dérable, pendant un temps variable de trois à cinq minutes, sans que rien pût l'arrêter, renversant souvent des chaises ou d’autres objets qu'elle ne paraissait pas voir; la course se terminait brusquement, la bête tombait sur le flanc droit et s'endormait profondément pour une ou deux heures au moins. Quand elle se réveillait elle ne paraissait se souvenir de rien. On ne tarda pas à remarquer que ces accès dits de folie se manifestaient toujours dans des circonstances analogues : après le déjeuner ou après le diner, la bête s'assoupissait et au bout d’un quart d'heure ou vingt minutes, elle se levait avec un air égaré, puis elle s'élançait pour sa course. Plus tard on observa que certains aliments paraissaient plus propres à provoquer l’aecès et en particulier Le gibier même en très petite quantité. C'est en raison de cette circonstance qu'il m’a été permis de l’observer directement ; mais la ration avait été probablement plus abondante que d'ordinaire. L'animal après s'être endormi un quart d'heure environ se leva bien les yeux hagards et partit dans sa direction habituelle et avec la même rapidité ; mais au bout de deux tours la course fut inter- rompue brusquement par une attaque convulsive qui m’a paru généra- lisée d'emblée avec une période tonique qui a duré environ trente secondes et une période clonique qui a duré près de trois minutes, suivie d’un stertor qui se serait prolongé plus d'une heure; l'animal écumait pen- dant la période convulsive et il à uriné au début de la période tonique. Depuis cette époque l’animal a eu plusieurs fois des attaques procur- sives terminées par une attaque convulsive. On a essayé en vain de lui faire prendre du bromure, mais ou il le refusait sous toutes les formes, ou il le vomissait quand on le lui faisait prendre de force. Il a succombé dernièrement dans une attaque convulsive. A l’autopsie que je n'ai pu faire que trois jours après la mort, je n’ai pu trouver que de nombreux lombries dans l'intestin; il n'existait pas de lésion grossière du cerveau, ni de corps étrangers des oreilles. Il est probable que quand l’épilepsie procursive se manifeste chez des animaux, elle est confondue avec la folie. Certaines fugues qu'on con- sidère comme des peurs subites peuvent donner le change (1); ce n’est pas que je veuille nier cependant les vésanies chez les animaux et en particulier les peurs morbides (2). Du reste chez les chats épileptiques, les courses impulsives ne sont pas plus rares que les manifestations maniaques. (4) Sarradet. Un cas de névrose de l'intelligence chez un bœuf. (Rev. vétéri- natre, 1876, p. 221). (2) Ch. Féré. La folie communiquée de l’homme aux animaux. (C. R. de la Soc. de Biol , 1893, p. 204). Note de psychologie morbide comparée, l’immobi- lité du cheval. (Revue neurologique, 1895, p. 38). SÉANCE DU 21 MARS 313 NOTE SUR L'ÉNERGIE ET LA VITESSE DE DIVERS MOUVEMENTS DES MEMBRES, par M. Cu. FÉRÉ. A diverses reprises, j'ai appelé l'attention sur les rapports qui existent aussi bien à l’état pathologique qu'à l’état normal entre l'énergie et la vitesse des mouvements volontaires (1). Ce rapport m'a paru particuliè- rement intéressant au point de vue clinique, parce que lorsque l'étude de l'énergie d’un mouvement est rendue impossible par le défaut d’un dynamomètre approprié, on peut suppléer à cette élude par celle du temps de réaction. J'ai essayé de compléter mes recherches antérieures sur les mouve- ments de la face, des mains et des pieds en étudiant les mouvements des divers segments des membres. J'ai passé en revue ces divers mouvements en les isolant autant que possible et en me servant du même dynamomètre adapté aux différentes positions. Bien que j'aie choisi des hommes vigoureux on est frappé du peu d'énergie des mouvements simples exécutés en dehors des adapta- tions physiologiques, et de la lenteur relative qui correspond à cette faiblesse. Les lractions ont été mesurées en kilogrammes avec le dynamomètre. de Collin et les temps de réaction avec le chronomètre de d’Arsonval. Dans tous les cas, le signal pour la mesure du temps a été donné par un contact à la partie externe de l'extrémité inférieure du segment de membre dont il s'agissait d'étudier le mouvement. Le tableau suivant résume les observations faites sur quatre sujets. Les chiffres relatifs à l'étude dynamométrique sont lrès analogues à ceux que j'avais obtenus précédemment (2). (4) Ch. Féré. Note sur le temps de réaction chez les hystériques el les épi- leptiques. C. R. Soc. de Biologie, 1889, p. 67. — L'énergie et la vitesse des mou- vements volontaires. fevue philosophique, 1889, t. XXVIIT, p. 37. Etude physiologique de quelques troubles d’articulation. Nouv. iconographie de la Salpétrière, 4890, p. 168. Note sur l'influence de l’exercice musculaire sur l'énergie, la rapidité et l'habileté des mouvements de la langue chez un bègue. C. B. Soc. de Biol., 4890, p. 676. Note sur l’exploration des mouvements des lèvres. C. R. Soc. de Biol., 1891, p. 617. La pathologie des émotions, 1892, p. 391. Ch. Féré et P. Ouvry. Note sur l'énergie et la vitesse des mouvements volon- taires considérée dans l’hémiplégie par lésion cérébrale, dans l’amyosthénie hystérique et en particulier dans la surdi-mutité. Journ de l'anat. et de la phys.. 1893, p. 454. Ch. Féré. Note sur les troubles de la mobilité des organes de la voix et de l'articulation chez les sourds-muets. Revue neurologique, 1893, Note sur les paralysies systématiques. C. R. Soc. de Biologie, 1893, p. 371. Note sur la mobilité de l’orbiculaire des lèvres dans la paralysie faciale des hémiplé- giques, (ibid. p. 830). (2) C. R. Soc. de Biol., 1889, p. #08, 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CÔTÉ DROIT CÔTÉ GAUCHE MOUVEMENTS —_———— MES énergie. temps. énergie. temps. 1e L ( Flexion SRE MOTS TON, 0,242 OR ne ometern PNEU 0,354 13 0,360 ATOS 22628 17,0 0,320 17 0,325 de ja Re «lé 0,353 13 0,358 ne D Men MEME PROS TE 0,215 RÉITOPUISLON M 3; 0,330 130 0,352 CÉTÉSIOT NN PNR S ROSE RS 0,350 RE eo NUE: 0,320 23,35 0,330 FIerIOn ARMES 0,422 24 0,425 ! Extension 00e 38 0,290 32 0,284 Co 0,333 30 0,328 ADAUCHON ES RNRRT 0,357 24 0,372 Si on considère les mouvements d’un même segment de membre, on voit que la différence des temps de réaction est moindre que celle de l'énergie des tractions; mais ces différences existent toujours dans le sens indiqué par les expériences antérieures relatives à des mouvements plus habituellement sous l'influence de la volonté. L'étude du temps de réaction dans les mouvements des membres peut donc aussi donner des renseignements utiles et suppléer, au moins en partie ceux que ne peut donner, dans certaines conditions, l'étude de l'énergie. ACTIONS SUCCESSIVES D'UN FERMENT SOLUBLE HYDRATANT ET D'UN FERMENT SOLUBLE OXYDANT, par M. Em. BouRQuELoT. Jusqu'ici, on s’est borné à examiner séparément l’action des ferments solubles hydratanis et celle des ferments solubles oxydants. Le moment est venu d'étudier l’action combinée de ces deux ordres de composés. Nul doute que cette étude n'apporte des données nouvelles permettant d'expliquer la formation de certains produits dans les tissus vivants. L'expérience suivante vient, en tout cas, à l’appui de cette manière de voir. Dans une solution étendue de salicine, on ajoute d’abord quelques centigrammes d'émulsine, puis une petite quantité d'un précipité con- tenant un ferment oxydant. Ce précipité avait été obtenu en mélangeant de la solution de gomme arabique préalablement portée à 110 degrés à l’autoclave et refroidie, à du suc de Aussala cyanoxanthe (Champignon riche en ferment oxydant) puis en ajoutant de l'alcool à 95 degrés et faisant sécher le précipité séparé par filtration dans une cloche à dessic- cation. CO SÉANCE DU 21 MARS 315 On agite à plusieurs reprises. Dès le second jour, on a commencé à sentir l'odeur d’aldéhyde salicylique. La formation de cet aldéhyde peut s'expliquer comme il suit. Dans une première phase, la salicine (glucoside de l’alcool salicylique) est dédou- blée par l’'émulsine en glucose et alcool salicylique. Dans une seconde phase, l'alcool salicylique, sous l'influence du ferment oxydant, absorbe l'oxygène de l'air et donne de l’aldéhyde salicylique. Il est vraisemblable que des réactions analogues ont lieu chez les êtres vivants. Il est permis, en particulier, de penser que celles dont il vient d'être question se produisent dans la Spirée ulmaire ou Reine des prés ‘Spiræa Ulmaria). On a signalé, en effet, la présence de la salicine dans la racine de cette plante, et l'on sait que ses fleurs doivent leur odeur à l’aldéhyde salicylique. SUR LA PRÉSENCE, DANS LE Monotropa hypopythis, D'UN GLUCOSIDE DE L'ÉTHER MÉTHYLSALICYLIQUE ET SUR LE FERMENT SOLUBLE DE CE GLU- COSIDE, par M. En. BOURQUELOT. J'ai montré, il y a deux ans (1), qu'on peut retirer de l'éfher méthylsa- licylique de plusieurs espèces indigènes de Polygala et du Monotropa hypopyths, plante qui vit en parasite sur la racine de certains arbres et surtout des Pins. Mes observations m’avaient amené à penser que, en particulier dans le Monotropa, l'éther méthylsalicylique ne préexiste pas, mais prend naissance durant les manipulations; par exemple, quand on écrase la plante, par suite de l’action d'un ferment soluble sur un glucoside de cet éther. Les recherches que j'ai poursuivies depuis cette époque sont venues justifier celte manière de voir. Il existe réellement un glucoside de l’éther méthylsalicylique, ainsi qu'un ferment de ce glucoside, dans le Monotropa hypopythis. De plus le ferment se rencontre dans un certain nombre d’autres végétaux. La séparation du glucoside exige des précautions particulières. Si on écrase la plante pour la traiter ensuite par un dissolvant, on n’aboutit à aucun résultat; la manipulation met en contact le glucoside avec le fer- ment en présence de l’eau de végétation, et le glucoside est décomposé. I faut tout d'abord détruire le ferment sans toucher au glucoside. On y arrive en découpant, ou mieux en cassant (le contact du fer colorant (1) Sur la présence de l'éther méthylsalicylique dans quelques plantes indigènes, Journ. de Pharm. et de Chimie, [5], XXX, pp. 96, 188 et 433, 1894, 316 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE le liquide en noir) les tiges de Monotropa dans de l'alcool à 95 degrés bouillant. On sépare la solution alcoolique et on distille aussitôt. On évapore le résidu en consistance sirupeuse; on le reprend par l'alcool et, dans la solution alcoolique, on ajoute une solution d’acétate neutre de plomb. On filtre; le glucoside se trouve dans la solution filtrée. On chasse l'excès de plomb par l'hydrogène sulfuré et on concentre le liquide filtré. On reprend le résidu par l'alcool bouillant, on laisse refroidir et on précipite par l’éther. Le précipité qui se présente sous forme de masse poisseuse, est le glucoside impur. Ses solutions aqueuses dévient à gauche le plan de la lumière polarisée. Malgré des essais répétés, je n'ai pu, jusqu'ici, obtenir de produit cristallisé; mais la facon dont il se comporte sous l'influence de l'acide sulfurique étendu, mon- tre que c’est bien là le composé qui, dans le Monotropa, fournit l'éther méthylsaliceylique : A une dissolution aqueuse du produit, on ajoute de l'acide sulfurique étendu de façon à ce que le liquide renferme environ 2 p. 100 d'acide, et on fait bouil- lir. L’odeur d’éther méthylsalicylique se fait sentir aussitôt. On peut d'ailleurs caractériser cet éther en agitant le liquide refroidi avec l’éther sulfurique, évaporant la solution éthérée additionnée d'un peu d’eau et ajoutant du per- chlorure de fer au résidu. (coloration violette). Cette expérience pouvant toutefois ne pas paraître suffisamment démonstrative, j'ai cherché à obtenir le même dédoublement à l’aide d’un ferment soluble, et, comme je n'avais plus de Monotropa hypopyths à ma disposition, je me suis adressé à des plantes qui fournissent aussi de l’éther méthylsalicylique. Ces plantes sont les suivantes: Spiræa Ulmaria, Polygala Senega, Betula lenta. Dans les deux premières, c’est la racine, qui donne l’éther méthylsalicylique ; dans la seconde, c’est l'écorce. Racines et écorce ont été pulvérisées, puis épuisées complètement par l'alcool à 99 degrés froid et, enfin, desséchées. 10 à 20 centigrammes des . poudres äinsi obtenues, ont été ajoutés à la solution aqueuse du pro- duit retiré du Monotropa. Dans les trois cas, il y eut décomposition de ce produit et formation d’éther méthylsalicylique. Les racines d'Ulmaire et de Polygala, ainsi que l'écorce de Petula lenta, renferment done un ferment hydrolysant du glucoside du Monotropa. Ce nest pas tout. J'ai fait des essais analogues avec la racine du Spiræa Filipendula qui, lorsqu'on la froisse à l’état frais, exhale l'odeur d'éther méthylsalicylique (fait non encore signalé à ma connaissance), et avec celle du Spiræa salicifolia; ces deux racines ont provoqué la même réaction que celle qui vient d’être signalée. Ces faits présentent une grande analogie avec ceux qui ont été con- SÉANCE DU 21 MARS 317 statés il y a déjà cinquante-deux ans (1), par Procter dans ses recherches sur la composition de l'écorce du Betula lenta, écorce officinale dans la Pharmacopée des Etats-Unis. Ce chimiste a, en effet, établi que l'écorce de ce bouleau renferme, à la fois, un glucoside de léther méthylsali- cylique, glucoside qu'il a appelé gaulthérine et un ferment soluble de ce glucoside. Il n’a pu séparer ce glucoside qu'à l’état amorphe, mais récemment Schneegans et Gerock ont pu l'obtenir à l’état cristallisé (2). J'ai tenu à examiner cette analogie de plus près. N'ayant pas de gaul- thérine à ma disposition, j'ai opéré de la façon suivante. De l'écorce de Belula lenta a été pulvérisée, épuisée complètement par l'alcool à 90 degrés et desséchée. La solution alcoolique a été ensuite évaporée au bain-marie et reprise par l’eau. J'avais ainsi une solution impure de gaulthérine et une poudre chargée du ferment de l'écorce. La solution de gaulthérine m'a servi à faire des essais avec tous les produits qui, dans les expériences rapportées ci-dessus, avaient amené le dédoublement du glucoside du WMonotropa hypopythis. Dans tous les cas, il y a eu formation d'éther méthylsalieylique et par conséquent aussi dédoublement. D'autre part, comme on l'a déjà vu, la poudre d'écorce de Zetula lenta a dédoublé le glucoside du Monotropa. En résumé, il ressort de tous ces faits 1° qu'un même ferment hydro- lysant de la gaulthérine existe dans la racine des Spiræa Ulmaria, Fili- pendula et salicifolia, dans la racine de Polygala et dans l'écorce de Betula lenta; ® qu'il existe, dans le Wonotropa hypopythis, un glucoside qui est hydrolysé par ce ferment comme la gaulthérine. Peut-être ce glucoside est-il identique à la gaulthérine elle-même? Le ferment est bien un ferment particulier car, ni la gaulthérine, ni le glucoside du Monotropa ne sont hydrolisés par les ferments actuelle- ment conous et, de plus, le ferment qui agit sur ces glucosides n'exerce aucune action sur les autres. Dans un article récent (3), Schneegans donne au ferment de Procter le nom de bélulase. Peut-être trouvera-t-on, le ferment existant dans beaucoup d’autres plantes que le Betula lenta, que le nom de gaulthérase conviendrait mieux. Cette dernière dénomination s’accorderait, d’ail- leurs, avec la nomenclature due à M. Duclaux. (4) Observations on the volatile oil of Betula lenta, ete., The American Journal of Pharmacy, XV, 241, janvier 1844. (2) Ueber Gaultherin ein neues Glykosid aus Betula lenta L., Arch. der Pharmacie, 189%, p.437. (3) Zur Kenntnis der ungeformten Fermente, Journ. d. Pharm. von Elsass. Lothringen, 1896, p. 47. 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À PROPOS DE LA COMMUNICATION FAITE PAR M. A. THOMAS, DANS LA SÉANCE DU 14 MARS, ET INTITULÉE : « CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DES DÉVIATIONS CONJUGUÉES DES YEUX ET DES RAPPORTS ANATOMIQUES DES NOYAUX DE LA 3° ET DE LA 6° PAIRE. Note de M. J.-V. LABORDE. Dans sa très intéressante étude expérimentale, M. A. Thomas croit avoir démontré que l’entrecroisement des fibres anastomatiques entre les noyaux de la 6° et de la 3° paire, qui explique l'association fonelion- nelle constituant la vision binoculaire, se fait au niveau de la protubé- rance, et non au niveau des noyaux du moteur oculaire commun, selon MM. Mathias-Duval et Laborde. Or, M. Laborde, tout en se félicitant de la confirmation que les expé- riences de M. A. Thomas apportent aux résultats de ses anciennes recherches, fait remarquer que son collaborateur Mathias-Duval et lui n'ont pas, comme le leur fait dire. M. À. Thomas, placé l’entrecroisement au niveau même des noyaux de la 3° paire, mais bien au-dessus de ces noyaux, en un point du raphé, exactement indiqué dans les planches de leur mémoire (Journal de l Anatomie et de la Physiologie de À. Robin, 1880). NOTE SUR L'ABSORPTION DU SALICYLATE DE MÉTHYLE PAR LA PEAU SAINE, par MM. G. Linossier et M. Lannors. Si on étale sur un membre du salicylate de méthyle, et si on recouvre d'une enveloppe imperméable la partie badigeonnée, on peut se rendre compte, en suivant l'élimination de l’acide salieylique par l'urine, que la substance déposée au contact de la peau est très activement absorbée. Au bout d’une demi-heure, il est possible d'extraire de l'urine des traces non contestables d'acide salicylique. La proportion en croit pro- gressivement pour atteindre son maximum entre la sixième et la neu- vième heure (plus rarement entre la troisième et la sixième). 80 p. 100 environ de la dose totale éliminée sont contenus dans l'urine des vingt- quatre premières heures. Après quarante-huit heures l’analyse ne décèle plus que des traces d'acide salicylique. Le tableau suivant donne une idée de la marche de l'élimination après un badigeonnage de 4 grammes sur la cuisse. La quantité d'acide salicylique éliminé par les reins représente une fraction d'autant plus importante de celui qui a été appliqué sur la peau, que la quantité de ce dernier est elle-même plus forte. Après un badi- geonnage de 2 grammes, on ne retrouve guère dans l'urine de vingt- quatre heures que 1/10 de la dose appliquée; si le badigeonnage est de SÉANCE DU 21 MARS 319 4 grammes, l'élimination urinaire quotidienne estenviron de 25 p. 100, et a pu atteindre 35 p. 100. Nous avons pu constater par l'analyse des matières fécales qu'une autre fraction assez importante est éliminée par l'intestin. Nous n'avons pu trouver dans quelques gouttes de sueur la réaction de l'acide salicylique. TEMPS ÉCOULÉ QUANTITÉ D’ACIDE SALICYLIQUE depuis QUANTITÉ D URINE éliminé le début recueillie ee me nn de l'expérience. par litre d'urine. totale. par heure. heures. cent. cubes. or. gr. er, 3 125 0 18 0 023 0 008 6 250 0 26 0 065 0 022 9 155 0 80 0 124 0 O41 24 415 4 20 0 498 0 033 36 850 0 13 0 1143 0 009 48 900 0 07 0 035 0 003 60 919 Ana » » T2 250 » » 0 858 Au cours d'une série d'applications quotidiennes de salicylate de méthyle, l'élimination urinaire de l’acide salicylique reste régulière, et ne subit que des variations médiocres. C'est une preuve que l'absorption de cette substance est le résultat d’une fonction physiologique de la peau, et non de l’effraction accidentelle d’une barrière normalement infran- chissable. L'aspect du tégument reste d’ailleurs absolument normal. C'est à l’état de vapeurs que le salicylate de méthyle pénètre dans l’orga- nisme. Nous l'avons prouvé, comme nous l’avions fait pour le gaïacol, en réalisant l'absorption du médicament maintenu à une certaine dis- tance de la peau à l’aide d’un double manchon en fil de fer. Nous ren- voyons, pour les détails de l'expérience, à notre note sur l'absorption du gaïacol (1). Bien entendu, toutes les précautions ont été prises pour éviter la cause d'erreur provenant de l'absorption pulmonaire. Celle-ci est d'ailleurs insignifiante. Après avoir fait respirer plusieurs heures un malade au-dessus d’un bol contenant du salicylate de méthyle, nous n'avons pu retrouver dans l'urine que quelques centigrammes d'acide salicylique. Ces faits sont tout à fait comparables à ceux que nous avons observés avec le gaïacol. Nous rappelons qu'après un badigeonnage de 10 grammes de ce dernier corps, nous en avons trouvé3 gr., 23 dans l’urine de vingt quatre heures, et que la proportion relative a atteint à un moment donné 6 gr. 5 par litre d'urine, Il existe donc un groupe de corps pour (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, février et mars, 1894. 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lesquels la peau saine constitue une voie d'absorption aussi facile que l'est pour d’autres la voie pulmonaire ou gastro-intestinale. La condition essentielle de cette absorption parait être la volatilité. Parmi les corps volatils eux-mêmes, il faut établir une distinction : Les corps très volalils, à vapeurs facilement diffusibles, l’éther, le chloroforme par exemple, trouvent dans le poumon une voie d'absorption supérieure à la peau. Les corps à point d'ébullition élevé, mais qui possèdent dès la température ordinaire une faible tension de vapeurs, comme le gaïacol, le salicylate de méthyle, trouvent au contraire dans la peau une voie d'absorplion beaucoup plus facile. SUR LE MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA GLANDE SURRÉNALE, par M. AuGusre PerrTir. Après avoir étudié au point de vue morphologique la glande surré- nale dans la série des vertébrés (1), j'ai dû me préoccuper de la structure histologique de cet organe : pour ces recherches les Téléostéens, et notamment l'Anguille, m'ont paru présenter des dispositions particuliè- rement favorables. Chez l’Anguille, la glande surrénale est entièrement constituée par une série de cylindres irréguliers limités par du tissu conjonctif; dans l'intervalle de ces derniers cireulent de nombreux vaisseaux ; l'ensemble est enveloppé dans une capsule conjonctive résistante. Chaque cylindre est tapissé (surface interne) par un épithélium colu- minaire, limitant une cavité centrale; ces cellules à l’état normal sont réparlies à peu près uniformément sur une seule rangée; elles ont en moyenne une hauteur de 15-20 & el possèdent un noyau bien développé renfermant un nucléole volumineux. Sur les coupes, on constate que certains de ces éléments subissent une évolution particulière; leur protoplasma s'accroît, devient plus clair et vient faire saillie dans la lumière du cylindre; finalement la cellule tout entière (noyau et protoplasma) tombe dans la cavité centrale. Certains de ces cylindres peuvent ainsi être remplis d'un magma amorphe parsemé de noyaux à divers états de régression; la quantité de ces productions est d'ailleurs sujette, suivant les différents points envisagés, à de très grandes variations. En un mot, la cellule du cylindre surrénal subit une évolution qui aboutit à la formation de produits s'aceumulant dans la cavité centrale. (1) Les résultats de ces recherches ont été partiellement exposées dans trois notes préliminaires. Bulletin de la Soc. zoolog., 11 déc. 1894 et 10 déc. 1895 et Bulletin du Muséum, janvier 1896. SÉANCE DU 21 MARS 321 Afin de démontrer la réalité de ces processus, j'ai répété sur l'Anguille l'expérience pratiquée pour la première fois par H. Stilling (1) chez le Lapin. Sur deux de ces poissons, j'ai extirpé l’une des glandes surrénales ; quelques semaines après (2), j'ai sacrifié les animaux et jai étudié au microscope les capsules surrénales laissées en place; j'ai pu alors cons- tater les modifications suivantes : 1° Les vaisseaux qui entourent les cylindres ont subi une augmenta- tion de volume remarquable (en moyenne dans la proportion de 1 à 4, parfois même dans une proportion sensiblement supérieure) ; 2° Les cylindres surrénaux présentent sur les coupes, au lieu d’une seule couche de cellules, au moins deux et souvent trois rangées de ces éléments; en moyenne, ces cellules ont une hauteur de 35 u, c'est- à-dire près du double de la hauteur normale ; 3° On constate que de nombreuses cellules font saillie dans la lumière du cylindre ; elles sont fréquemment groupées en chapelets de 2 à 3 élé- ments qui se projettent dans la cavité centrale; 4 La régression des produits élaborés est plus rapide qu’à l’élat normal. De l’ensemble de ces faits, on peut conclure que, à la suite de l’extir- pation d'une glande surrénale, l'organe laissé en place présente une hypertrophie compensatrice; H. Stilling (3) avait déjà fait cette consta- tation chez le Lapin en mettant en lumière l’augmentation macrosco- pique de volume et la pléthore sanguine de la glande surrénale fonction- nant seule (4). Toutefois, il convient de remarquer que cette intéressante observation de H. Stilling doit être complétée par la notion suivante : l'hypertrophie consécutive à l'ablation d'une des glandes surrénales est une kypertrophie compensatrice fonctionnelle se traduisant par un accroissement cellulaire anormal et une activité physiologique plus con- sidérable. Certains agents chimiques semblent d’ailleurs permettre de faire varier la sécrétion surrénale : j'ai en effet pu constater que, sur une Anguille intoxiquée lentement par la pilocarpine (5), les glandes surré- nales présentent une prolifération anormale des éléments sécrélants, qu'on peut rapprocher de celle qu’on observe chez les animaux auxquels on à extirpé une de ces glandes. (1) Revue de Médecine, 1888. (2) Le premier animal a été tué 47 jours; le second, 107 jours après l'opé- ration. (3) Loc. cit. (4) H. Stilling insiste en outre sur la fréquence des figures cytodiérétiques. (5) L'Anguille est morte au bout de 17 jours après avoir reçu 0 gr. 25 de chlorhydrate de pilocarpine par voie d’injections hypodermiqus. 322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé : les cellules de la glande surrénale se transforment en une masse amorphe (1) occupant le centre du cylindre et subissant une régression ultérieure ; dans le cas d’exlirpation d’un des deux organes, la glande laissée en place présente une hypertrophie compensatrice fonctionnelle se révélant par un accroissement cellulaire anormal. INFLUENCE DE L'ACCUMULATION D'ACIDE CARBONIQUE ET DE L'APPAUVRISSEMENT D'OXYGÈNE DANS L'AIR SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA GERMINATION, par M. Louis MANGIin. Les résultats que j'ai obtenus en étudiant l'aération du sol, m'ont amené à rechercher l'influence exercée par une atmosphère appauvrie en oxygène et enrichie en acide carbonique sur la végétation. Cette question n’est pas nouvelle, car de Saussure, Boehm, M. Jentys ont montré l'influence nocive de l'acide carbonique sur les plantes. Mais, dans les essais entrepris, les auteurs précédents n'ont eu en vue que l'action de l'acide carbonique, sans étudier l'influence de la dimi- nution d'oxygène, concomitante de la produetion de l'acide carbonique par l'exercice du phénomène respiratoire. C'est ce qui m'a déterminé à reprendre l'étude de cette question d’une manière complète. Mes premières recherches, accomplies pendant l’hiver, ne pouvaient porter que sur les phénomènes de germination; elles m'ont fourni, sur la respiration, des résultats, qui, à ma connaissance du moins, n’ont pas encore été signalés. Au lieu d'employer des atmosphères artificielles, j'ai utilisé les plantes elles-mêmes pour modifier la composition de l'air qui les entou- rait, comme dans les expériences de MM. Brown-Séquard et d’Arsonval, Dastre et Loye, ete., sur les animaux. Des récipients d’égale capacité renférmant des poids égaux de graines ou de tubercules, additionnés de la même quantité d’eau, sont mis en communication entre eux ct avec une trompe à eau qui permet de faire passer à travers les appareils un volume d'air constant, variant de 30 à 600 centimètres cubes par heure. Entre les récipients on inter- cale des flacons laveurs destinés à intercepter toute communication, et à la sortie de chacun d'eux, on a disposé un pelit ajutage, fermé par le mercure, et destiné à extraire, à tout instant, un petit volume d'air (1 à 2 centimètres cubes) destiné à l'analyse. D'autres dispositifs permettent de réaliser la saturation de l’atmos- phère circulante. (1) Voy. les observations de Manasse, Archiv. für Path. Anatomie 1894 — et l'analyse de M. Retterer, Revue des Sciences médicales, 1895. SÉANCE DU 21 Mars 323 En analysant à intervalles plus ou moins rapprochés, l'atmosphère de chaque récipient, on peut régler le courant d'air de manière à ce que les variations de l'atmosphère restent comprises entre certaines limites. Dans la plupart des expériences, je n'ai employé que deux récipients, le premier où la proportion d'acide carbonique ne dépassait pas 2 ou 3 p. 100, le second où elle variait de 2 à 4, et exceptionnellement, à 5 p. 100. Les résultats obtenus sont concordants. Dans une atmosphère viciée, la germination des graines et des tuber- cules est d'autant plus ralentie que l'atmosphère est plus pauvre en oxygène et plus riche en acide carbonique. Ce résultat avait été déjà signalé par de Saussure et Boehm pour les graines seulement. (Un lot de bulbes de jacinthes à seul fait exception, je n'insiste pas sur ce fait pour l'instant à cause de la difficulté d'obtenir des bulbes exactement comparables.) Dans une atmosphère viciée, la croissance est notablement ralentie quand la proportion d'acide carbonique oscille entre 1 1/2 et 4 p. 100, et que la teneur en oxygène varie entre 15 et 18 p.100. Boehm et M. Jentys ont signalé le fait pour d’autres espèces, mais pour ce qui concerne M. Jentys, avec des doses d’acide carbonique bien plus fortes (5 à 12 p. 100). Dès que les organes en état de vie ralentie commencent à passer à l’état de vie active, l'influence de l'augmentation de l'acide carbonique et de lappauvrissement en oxygène se traduit nettement par une dimi- nution de l’activité respiratoire. Je citerai, à titre d’exemple, les chiffres du tableau suivant, où le n° 1 désigne le récipient le plus pauvre en acide carbonique: les gaz viciés dans 1 passent ensuite dans le récipient n° 2, renfermant le même poids de graines ou de tubercules. No Ne 2 GAZ ÉCHANGÉS p. 100 &G4z ÉGHANGÉS p. 100 ren EE , acide es acide Deer carbonique. °XY80n6: carbonique. DSÈRNES Lin ( 3° jour de germination. 4.44 3.29 1.04 1.40 me One — 1.80 3,20 1.36 L.9% ( 2° jour — 0.93 1267 0.16 0.18 Radis . 4 11° jour — 2.38 4.35 1.76 2 48 ( 26e jour ” 1.55 2.40 1.35 1.45 Cresson ( 3° jour _ 1.02 2.18 0.64% 0.66 alénois. { 15° jour — 1.78 3.27 0.86 1.24 Orge . . 9° jour — 1.85 2.16 08 12h58 ÉD1S- +.) 09 JOUT — 1.62 1.87 1.10 1.10 Carotte 1953 2.13 1.20 il ul Topinambour , . . . 2.59 2.71 i.81 «pt a 324 .__ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Non seulement l'intensité du phénomène respiratoire est diminuée par le séjour dans une atmosphère viciée, mais la nature même de ce phénomène est modifiée. Ainsi dans les plantes du second récipient qui recevaient l’air vicié par les plantes du premier, le rapport des gaz échangés est plus grand que pour les plantes du premier. CO? RAPPORT DES VOLUMES DE GAZ ÉCHANGÉS — No No 2 Le ap mr A ER pt 0e Se ST) 1] 0.74 RATS MEN AN EMMEQU LRO OR EE SU OS 0.81 Gressoni: rt eu Odies NERO RE 0.76 Févelactlite dragiloes ch AO RS AT AIDARD 0.97 POS FES STE MNS DE RER PRES DER 0.99 TOpIN ADD OUTRE SM ACNNNERS TE OA SE 0.93 On voit que les différences sont surtout sensibles pour les graines oléagineuses où le volume d'oxygène absorbé au lieu d’être le double du volume d'acide carbonique produit, ne représente plus qu'une fois et demie ce dernier. Les phénomènes d’oxydation qui s'accomplissent pendant la digestion des corps gras, sont donc profondément modifiés par le séjour dans une atmosphère viciée. Chez les graines à réserves amylacées, pois, fèves, les différences, encore sensibles, sont moins grandes; enfin chez l'orge le rapport est à peu près le même pour des plantes germant dans des milieux gazeux différents. Le séjour dans une atmosphère appauvrie en oxygène, enrichie en acide carbonique, détermine donc d'abord un ralentissement de l'activité respiratoire, et, le plus souvent, une diminution dans la quantité d'oxygène absorbée. Il serait prématuré de chercher à fournir l'explication de ces faits avant d’avoir déterminé dans quelle mesure le phénomène respi- ratoire est influencé par les deux facteurs qui interviennent dans ces phénomènes : l’appauvrissement en oxygène, l'augmentation d'acide car- bonique. C'est ce que je me propose de faire en éltendant ces recherches aux plantes les plus variées. VARIATION DE LA SENSIBILITÉ GALVANO-CUTANÉE AVEC LA DENSITÉ ÉLECTRIQUE. Note de M. Borpier (de Lyon), présentée par M. d'ARSONVAL. Ce n’est pas la valeur absolue de l'intensité du courant qui intervient dans la production des phénomènes sensitifs, mais bien la densité de ce courant. La sensation électrique dépend à la fois des deux termes qui entrent dans l'expression de la densité, intensité du courant et surface de l’électrode. Boudet, de Paris, avait cherché à déterminer la densité électrique qui SÉANCE DU 21 MARS 395 : correspond aux sensations supportables pour des électrodes de surface donnée : en faisant varier les surfaces depuis 1 centimètre carré jusqu’à 500 centimètres carrés, cet auteur avait pu construire une courbe des- tinée à faire connaitre l'intensité qui, dans chaque cas, ne devrait pas être dépassée si l’on voulait ne pas provoquer de phénomènes doulou- reux. Mais Boudet de Päris n'avait pas eu soin de noter à part les effets dus au pôle positif et au pôle négatif; de plus il déterminait chaque point de la courbe en cherchant à reproduire toujours une même sensa- tion qu'il appelait sensation supportable. Enfin, en admettant que toutes les précautions eussent été prises dans le but d'éviter les erreurs, la courbe de Boudet ne pourrait s'appliquer qu'aux cas où l’on emploie exactement les mêmes électrodes que celles qu'il avait utilisées : nous avons, en eflet, élabli dans un travail récent, le rôle important que jouent, dans les phénomènes sensitifs du courant, la construction des électrodes et leur résistance électrique (Archives d'électricité médi- cale, 1895, p. 350). Nous avons repris les recherches de Boudet de Pàris en utilisant la sensation minima au seuil de l’excitation sensitive, qu'il est très facile de déterminer exactement, et nous avons étudié séparément l’action de chaque pôle. M Les électrodes employées pour ces expériences étaient constituées par trente-deux feuilles de papier buvard taillées en rectangles, dont la surface est commode à évaluer. Ces masses spongieuses présentent l’avantage de bien s'appliquer sur la peau ; avant chaque série d’expé- riences, chaque masse de papier était bien imbibée d’eau, puis légère- mentexprimée. Le courant était amené à l’aide d'une plaque de charbon placée au-dessus. : Nous avons pu mesurer la résistance de ces électrodes en utilisant la méthode de Kohlrausch qui s'applique ici très bien, le téléphone passant par un silence parfait. Nos recherches ont porté sur douze électrodes dont nous indiquons la surface et la résistance électrique. SURFACES. RESISTANCES,. c. Œ. ohms. LA ae ee RS PT TL LATE 2.6 240 spa LM asie CNIL rare 5.4 215 MR ni NN RE Me 10.50 150 CORRE ds NL ONE ONE D DEN ES 15.75 95 D ce ed ET RE Eee 19:25 69 REED TON, SOON RAR PA 2 29.25 6% RPM D MM LAS ON TE "UC 55 SMéanisutints sans echatnndiide 243040 48 RIRE CR TER OPEN, PP ON E ET 2 171 40 Re Pin à. voor . LUÆ OÙ 30 ART TR DR IE ua s à 8 MAS OÙ » LES RUN AO TT OLA LINE » EE BioLocre. ComPres RENDUS. — 10€ SÉRIE. Tr, IE. 2 326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'électrode indifférente était une large plaque de 1440 centimètres carrés. Plusieurs séries d'expériences ont été faites sur des sujets d'âge et de sexe différents ; mais les résultats généraux ayant été les mêmes, nous nous bornerons à indiquer les nombres d’une seule des expériences : ÉLECTRODES. PÔLE NÉGATIF. PÔLE POSITIF. m. À m. À 40:, 0.25 0.5 20 0,75 4 JU 125 La a 40, 15 3.9 Don 14.75 4,5 6°. 2 D. 7, 225 7 8°. 2.5 1e SAIS 90. 3 8.5 10°. 00) 9.3 AMOR EEE QE NOR S MES RE QELOr MR ERR RER CPE EEE PTE 4 10 GRR RME EE NRA A LE CLÉ NT DRE EASS Le Li IL DS ER) Si l’on construit une courbe pour chaque pôle, on trouve que chacune d’elles est une branche de parabole, celle du pôle positif étant plus ouverte que celle du négatif. L'examen de ces courbes montre que, d’une manière générale, la variation de la sensibilité électrique est beaucoup plus grande pour les électrodes de petite surface que pour celles de grande surface. Ce résultat est intéressant à noter en électrothérapie ; il prouve que les effets sensitifs qui correspondent à une même densité électrique, avec des électrodes de surfaces différentes, sont loin d’être les mêmes : d’où la nécessité, dans les observations physiologiques et thérapeulti- ques, d'indiquer, non pas le chiffre brut de la densité électrique, mais les deux termes qui entrent dans son expression. NOUVEL APPAREIL POUR L'APPLICATION DU CHLORURE D'ÉTHYLE EN CHIRURGIE. Note de M. CH. BROILLET, présentée par M. D’ARSONVAL. La réputation du chlorure d’éthyle comme anesthésique local n’est plus à faire. C'est un agent précieux dans une foule d'opérations de petite chirurgie : incisions d’abcès, de furoncles, de panaris, ablations. de tumeurs sous-cutanées, ablations des phalanges, ongles incarnés, etc... extractions des dents, etc., dans les affections de la peau pour la cauté- risation des tubercules du lupus, les tumeurs verruqueuses, ete. En thérapeutique, le chlorure d’éthyle remplace avantageusement la SÉANCE DU 21 MARS 327 morphine, l'antipyrine, la cocaïne dans les migraines, névralgies aiguës, frontales, faciales, dentaires, intercostales, lombaires, les douleurs rhumatismales, le torticolis, etc., etc. L'application du chlorure d’éthyle avait, dans les débuts, de nom- breux inconvénients ; son extrême volatilité rendait l'emploi des tubes fermés à la lampe très coûteux, car ceux-ci une fois ouverts laissaient échapper le liquide. 328 SOCIÉTE DE BIOLOGIE Le système actuel des ampoules avec bouchon à pas de vis et garni de caoutchouc pouvant se fermer et s'ouvrir à volonté, constitue un grand progrès et rend de réels services ; cependant le chlorure d'éthyle agissant sur le caoutchouc du bouchon, dissout celui-ci et rend la fer- meture non étanche. De là déperdition du liquide anesthésique, les ampoules vides ne pouvant se remplir et n'étant pas reprises par le fabricant. L'appareil perfeclionné, représenté ci-contre, et construit par la mai- son Rousseau, remédie à tous ces inconvénients. Il se compose de trois parties : 1° D'un récipient remplissable à nouveau par l'opérateur ou le fabri- cant, d’une contenance de 80 à 100 grammes de chlorure d'éthyle, servant à 50 ou 60 petites opéralions; 20 D'un robinet, d'une construction particulière, permettant l'arrêt du jet à volonté et garantissant une fermelure hermétique; 3° De tubes en maillechort à lumière capillaire, interchangeables suivant le jet que l’on désire obtenir : jet fin pour l’anesthésie d'une surface limitée (extraction de dents) et jet ordinaire destiné au traite- ment des névralgies, etc., jet qui permet d'obtenir une réfrigération instantanée sur une grande surface. Les tubes sont à bec droit et à bec recourbé; ces derniers spéciale- ment à l'usage des opérations dentaires. L'ACTION DE LA PEPTONE (1) SUR LES GLOBULES BLANCS DU SANG, par MM. J. ArnanasIu et J, CARVALLO. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) En 1893, MM. Richet et Héricourt en France, et M. Lüvit en Allema- gne, ont constaté que certaines substances solubles, injectées dans le système veineux, étaient capables de provoquer la disparition des leu- cocytes dans une proportion considérable. Nous avons repris cette question en nous attachant tout spécialement à l'étude de la peptone de Witt, substance que l’on sait très riche en albumoses. Dans une première série d'expériences, nous avons trouvé que cette peptone se comportait toujours, à des doses supérieures à deux décigrammes par kilogramme, comme un agent capable de produire une hypoleucocytose intense. Nous sommes donc en droit d'affirmer que cette substance offre, à ce point de vue, une action analogue à celles des substances expérimentées par les auteurs que nous venons de citer. Il (1) Peplone Witt. SÉANCE DU 21 MARS 329 est vrai que MM. Richet et Héricourt, venant à rechercher quels étaient, dans le bouillon, les éléments actifs de l'hypoleucocytose, n’ont attribué qu'une très minime influence à la peptone. Mais nous ferons remarquer tout de suite que ces auteurs n'ont employé cette substance qu'à doses extrêmement faibles relativement à celles que nous avons employées, (0 gr. 32 pour un chien de 9 kilogrammes, et que d'autre part, il s’agis- sait d'un produit différent du nôtre. Voici, du reste, par quels moyens nous sommes arrivé à atteindre ces résultats. Premièrement, nous avons compté le nombre de globules blanes, en suivant la méthode de Hayem, avant et après l'injection de la peptone. Comme le nombre de ces éléments varie dans les différents endroits de l'appareil circulatoire, nous avons toujours pris le sang, autant que pos- sible, dans le même vaisseau ou dans les vaisseaux similaires. Les chiffres du tableau ci-joint montrent bien la diminution du nombre de leucocytes dans le sang du chien, à la suite de l'injection de peptone. NOMBRE DE GLOBULES BLANC; PAR MILLIMÈTRE CUBE. Quantités Sn ee M A TT) 5 minutes 6 heures injectées. DAS DOEMENCATOUCE EME res l'injection Mapres injection 1. Ogr.5 par kil. 8,857 » 2,105 » RACE. — 10,800 » 2,600 » SE TE — 16,240 (v. fémorale. 4,905 9,687 Eusuite, nous avons centrifugé le sang provenant de la carotide d'un même animal, avant l'injection de la peptone (l’additionnant d’une part, d'oxalate à 1 p. 1000), d'autre part, après l'introduction de ce produit dans l'organisme. Les différentes parties du sang déposées par la force centrifuge d'après leur densité, forment, comme chacun sait, trois couches bien distinctes : une couche inférieure, constituée par les glo- bules rouges; une couche intermédiaire, lactescente, formée par les glo- bules blancs, et une couche supérieure liquide formée par le plasma. Or si l’on compare les deux sangs après leur centrifugation respective, on voit que, dans le sang oxalaté, la couche de leucocytes ést très appa- rente, tandis que, dans le sang qui à reçu de la peptone, elle fait abso- lument défaut. Par cette simple expérience, on rend on ne peut plus évident le phé- nomène de la disparition des leucocytes dans le sang du chien pepto- nisé. Nous avons cherché en outre quelle était l'action de la peptone de Witt sur la vitalité des leucocytes. Pour cela, nous nous sommes adressé tout d'abord aux animaux à températures variables et nous avons pris la grenouille. Une partie de ces recherches a été faite au laboratoire de M. le professeur Mathias-Duval. Si on injecte À centimètre cube d'une solution de peptone (10 p. 100), 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans le cœur de la grenouille et, si après quelques minutes, on saigne l'animal par l’incision du ventricule, le sang ne coagule pas. On peut même recevoir directement le sang de cet animal dans une capsule qui contient quelques gouttes de la solution de peptone et il reste incoagulé plu- sieurs heures. Si on examine alors les leucocytes dans ce sang ou dans celui qui a reçu la peptone in vivo, on voit que ces éléments ont acquis une vitalité très grande. Leurs mouvements amiboïdes sont exagérés au point qu'à vue d'œil ils émettent des prolongements sarcodiques. Dans le sang du chien qui a reçu de la peptone, les globules blancs se com- protent de la même manière, et on voit avec une grande facilité leurs changements de forme et leurs déplacements, toujours à la température ambiante. C’est là un fait étrange qui ne s'aperçoit jamais dans le sang du chien normal. La-zone thermique de l’activité de ces éléments chez le chien peptonisé est tellement augmentée, qu'on peut constater leurs mouvements amiboïdes dans le sang qui a été maintenu à des tempéra- tures variant entre 10 et 45 degrés. De plus, dans un sang provenant d'un chien qui a reçu de la peptone et qui a été recueilli aseptiquement, nous avons pu suivre celte vitalité, et même le septième jour, elle était encore assez manifeste. De tous ces faits il résulte : 1° que la peptone de Witt diminue beau- coup la proportion de globules blancs dans le sang du chien ; 2 que les leucocytes contenus dans ce sang, qui reste incoagulé, présentent une très grande vitalité et résistent mieux aux agents de destruction. Nous reviendrons dans une note ultérieure sur la relation qui nous paraît exister entre ces deux phénomènes et le fait de l’incoagubilité du sang de chien qui a reçu de la peptone. LE SÉRUM DES SUJETS VACCINÉS CONTRE LA CLAVELÉE EST PRÉVENTIF ET CURATIF, par M. DUCLERT, Professeur à l'Ecole d'agriculture de Montpellier. Etendant à la clavelée les faits qui ont été sï nettement mis en évi- dence par MM. Charrin et Gley, nous avons montré tout récemment que l’immunité était héréditaire dans cette affection. I restait à rechercher les causes de cette faible réceptivité, et il nous a paru qu’elle était due aux propriétés du sérum des ascendants, qui est non seulement pré- ventif mais encore curatif. Les expériences suivantes en témoignent. Au cours de celles-ci, nous avons utilisé des sujets ayant résisté à une variole grave au mois de juillet 1894. Leur sérum a été prélevé dix mois ou 11 mois après, et il a été injecté à des animaux dépourvus de toute immunité congénitale et pesant environ 10 à 12 kilogrammes. SÉANCE DU 21 MARS 331 I. — Le sérum est préventif. Quatre agneaux reçoivent quotidiennement les doses suivantes de sérum : centimètres cubes. LeMOP RP. SANCUE, MR. DM ISF PT EU To FORPMERAIREE DOUTE. AURAI ET QUE 0% BL, T'ON ee Rmaie Meet nf 0er NE HELENE Ur. Cor A0 Petina n etre 0e fe roue a nre eds Si +20 ReRLMMAMpUERES PRIS LES ns Re De UM RTE A MeMONEAIRÉ rc ne AE CERN Le are 0 AOÛ) PRE RARE PE EN RS CRE SUR Ur es» Ve t0 0) PER TOR AIRE 2 SP ANR ee PL EC ed far AO) MO AUEE A crren oeteenesis AÙ Er SOFMANMERLT ARE ARE PE HE PALETTE AIQ Mere rome Er CEE PTE CR MURS F0 640 Bed im a le den EE ES, dun nn cer di ef) Ces 190 centimètres cubes introduits, on inocule sous la peau, le 23 mai, 1/2 centimètre cube de virus claveleux actif. Il n’a pas été permis de noter ultérieurement la moindre éruption claveleuse. Le 23 mai 1895, un sujet servant de témoin recoit dans l’'hypoderme 4/2 centimètre cube du même virus que les agneaux précédents. Le 27, il présente une petite tumeur qui s'étend peu à peu les jours suivants. Le 30 mai, des macules se trouvent en grand nombre sur tout le corps, et leur présence indique que l’organisme s’est laissé envahir. Dans cette expérience le sérum a donc agi préventivement. Le témoin a, en effet, succombé et les autres sujets traités ont résisté; ils n’ont même pas présenté la moindre lésion spécifique. Cependant l'immunité conférée a été passagère ; nous le démontrerons ultérieurement. IL. — Le sérum est curalif. Les agneaux dont il va être question ont reçu le même sérum que ‘ceux de l'expérience précédente, mais seulement après avoir présenté une lésion évidente à la suite de l’inoculation du virus claveleux. Ogs. 1. — Le 12 juin 1895, un agneau pesant 11 kilogrammes recoit sous la peau du flanc 1/2 centimètre cube de virus actif. À cette même place, le 16 juin, le tissu est légèrement œdématié et la peau est rosée. On injecte alors du côté opposé 40 centimètres cubes de sérum. — Le 18 juin, le tissu con- jonctif œdématié s’est multiplié el une tumeur a pris naissance. On réino- cule 40 centimètres cubes de sérum. — Le lendemain cette tumeur est proémi- nente etses contours sont nets. On injecte encore 30 centimètres cubes. — Le 20 juin, nouvelle injection de 10 centimètres cubes de sérum. La tumeur est mieux circonscrile que les jours précédents et elle s’est légèrement affaissée. Ultérieurement, le tissu hyperplasié est tué par le tissu claveleux; une vaste escarre prend naissance. Elle est éliminée progressivement par des bourgeons charnus sous-jacents. Il n’y a pas eu la moindre trace de généralisation. Os. IT, — Un agneau pesant 11 kilogrammes reçoit du virus actif sous la #9932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peau le 12 juin 1895. Quatre jours plus tard une tache rouge existe au pour- tour de la piqûre: elle mesure 2 centimètres de diamètre et elle repose sur une base œdématiée. On pratique une injection de 25 centimètres cubes de sérum. Le 17 juin, l'æœdème s'étant un peu accru, on introduit de nouveau 30 centimètres cubes de sérum. Le 18 et le 19 juin, une véritable tumeur s’est formée; elle est bien délimitée. On inocule de nouveau 30 centimètres cubes de sérum. Le 20 juin, la tumeur est restée stationnaire, un bourrelet rougeâtre l'entoure, indiquant la réaction du tissu sain. On injecte 50 centi- mètres cubes et le lendemain encore 20 centimètres cubes. Les jours sui- vants tout le tissu. néoformé:est nécrosé et éliminé. Pendant toute la durée de ce processus local, ‘iln'y a pas eu la moindre éruption claveleuse. Quatre autres cas semblables ont été observés et les résultats con- statés ont toujours été identiques à ceux qui viennent d'être décrits. Le témoin s’est comporté tout à fait différemment. Il a reçu, à la date du 12 juin, 1/2-centimètre cube de virus claveleux. Le 16 juin il a eu un accident local, et le 19 il présentait une éruption généralisée à toule la surface cutanée. Le sérum guérit donc; il faut cependant que les premières injections soient pratiquées aussitôt que l'accident localisé à la région où le virus a été introduit commence à apparaître, ou n’est, en tout cas, pas trop développé. S'il est déjà trop étendu ou si l'agent virulent, ayant franchi ses limites, s’est répandu dans tout l'organisme, il se montre impuis- sant, ainsi que le prouvent les observations suivantes : Os. IT. — Un sujet pesant 11 kilogramnies recoit, le 29 mai 1895, sous la peau du flanc, du virus claveleux actif. Le 5 juin, il existe une large tumeur ædémateuse où le derme est très hyperémié. L'animal recoit alors 25 centi- mètres cubes de sérum. Le lendemain, on constate une éruption généralisée et on injecte 30 centimètres cubes de sérum. Les 7, 8, 9, 10, 11 et 12 juin, on pratique journellement une injection de 25 centimètres cubes de ce même liquide. La maladie n’en suit pas moins son cours et l'animal succombe le 15 juin. Os. IV. — Le 2 juillet 1895, on inocule à un agneau pesant 11 kilogrammes du même virus actif. Le 10 juillet, il présente une éruption généralisée; on lui injecte alors 35 centimètres cubes de sérum. Les 11, 12, 13 et 14 juillet, on lui en réimocule chaque jour 50 centimètres cubes. Malgré ce traitement, la maladie s'aggrave et l'animal finit par mourir le 22 juillet. Le sérum des animaux ayant résisté à une clavelée maligne est donc préventif. Ilest aussi curatif sile traitement est utilisé assez hätivement. Son action préventive peut expliquer l'hérédité de l’immunité, car, pendant la vie intra-utérine, le fœtus est longuement imprégné par les substances immunisantes contenues dans le sang. On s'explique aussi le peu de durée de cette propriété qui, dans la clavelée, comme dans les autres maladies, est passagère, lorsqu'elle est conférée par le sérum. SÉANCE DU 21 MARS 333 À PROPOS DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS A L'INJECTION DES - TOXINES DANS LA VEINE PORTE, par MM. J. Teisster et L. GUINARD. Le 22 juillet 1895, nous avons présenté à l'Académie des sciences, une note dans laquelle nous avons exposé le fait nouveau, découvert par nous, de l’aggravation des effets de certaines toxines microbiennes par Jeur passage immédiat dans le foie. — Indépendamment des hypothèses que nous avons émises à ce sujet et sur lesquelles nous reviendrons, nous ‘insistions sur l'intérêt de cette notion absolument incontestable que : « si à l'égard de beaucoup de poisons, le foie possède le pouvoir protecteur qu'on lui connaît, vis-à-vis de certaines toxines microbiennes son intervention directe parait plus nuisiblequ'utile à l'économie. » Cette particularité a été surtout étudiée chez le chien, qui nous a donné des résultats beaucoup plus constants et beaucoup plus démons- tratifs que le lapin, et, sans nous livrer à aucune généralisalion, nous avons dit l'avoir observée avec la pneumobacilline et la toxine diphté- rique. Depuis, nous avons constaté que la malléine était dans le même cas. C'est la première fois, croyons-nous, que l’on présentait la glande hépatique perdant non seulement son rôle protecteur contre les poisons introduits par la voie portale, mais exagérant parfois, (d’une façon assez constante chez le chien) les effets de certains poisons,. Dans les excellentes expériences faites d’abord par MM. Charrin et Cassin, (1) avec la toxine pyocyanique, et tout récemment par M. La- picque (2), avec la toxine diphtérique, on trouve un certain nombre de résullats posilifs qui confirment complètement ceux que nous avons observés. — Mais, se servant du lapin comme sujet d'expérience, ces auteurs n'ont pas toujours constalé les résultats annoncés par nous, ce que d’ailleurs nous avions indiqué, implicitement, en stipulant bien que, pour ce genre de recherche, le chien était le sujet qui nous avait donné les meilleurs résultats. En somme, la perte du pouvoir protecteur du foie en présence de certains poisons et souvent l’aggravation ou l'apparition anticipée des effets de ces poisons par leur introduction dans une veine mésentérique est un fait bien acquis (3). — Il reste l'interprétation du phénomène. (4) Charrin et Cassin. Des fonctions actives de la muqueuse de l'intestin dans la défense de l'organisme. Soc. de Biologie, 21 décembre 1895. (2) Louis Lapicque. Toxine diphtérique et foie. Soc. de Biologie, 7 mars 1896. (3) Il est vrai qu'en terminant sa note M. Lapicque dit : que le fait même de l'augmentation de la toxicité n'existe pas dans ses expériences; 1l a obtenu cependant des résultats positifs. — Or, comme les faits négatifs ne sauraient en rien annuler les faits positifs, même obtenus chez le lapin ; comme ils ne peuvent pas être non plus mis en opposition ayec ceux que nous avons 3934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or, dans la note ci-devant citée, nous avons dit : « Les symptômes ne doivent pas s'aggraver parce que le foie perd son pouvoir rétentif bien connu et laisse passer les toxines. » Nous avons graphiquement fourni la preuve du contraire. — « Deux hypothèses se présentent alors : ou bien, au contact de la toxine qui lui arrive en masse, le foie est fonc- tionnellement altéré et perd le pouvoir qu'il a de détruire les poisons; ou bien la toxine arrivant directement dans un organe qui, physiologi- quement, représente un foyer actif d’élaborations chimiques, provoque- t-elle mieux et plus vite l'élaboration des poisons qui causent l’auto- intoxication. Nous donnions la préférence à cette dernière explication, disant : « qu’elle est beaucoup plus en rapport avec ce que nous savons du mode d'action des toxines du pneumobacillus bovis et du bacille de Lüffler et cadre également mieux avec les importantes fonctions chimiques du foie dans l'organisme ». Par conséquent, contrairement à ce que semble nous faire dire M. Lapicque, nous n'avons point affirmé « un renforcement de la toxi- cité propre de ces substances ». Nous n’avons avancé ici qu'une hypo- thèse, au même titre que l’idée d’une hyperproduction dans le foie, au contact de latoxine, des poisons qui paraissent être les agents immédiats des accidents qu’elle produit, après introduction veineuse. En effet, depuis les travaux de Courmont et Doyon, Enriquezet Hallion, Guinarä et Artaud, il est bien prouvé que les toxines dont nous nous sommes servis ne sont pas des poisons directs, mais agissent surtout comme des ferments, qui incitent les éléments organiques à élaborer ou à sécréter le poison provocateur des symptômes morbides, — En l'espèce, pourquoi n'’admettrions-nous pas que le foie est un milieu plus favorable à ces élaborations? Une question se posait alors, et c'est ce qui a motivé nos recherches sur le glycogène; quelles sont les substances dont la toxine-ferment provoque la transformation, quels sont les éléments aux dépens des- quels se forme le poison? — Or, comme M. Lapicque, nous avons vu que la proportion de glycogène diminuait considérablement dans le foie, chez les animaux intoxiqués, et que cette diminution, assez irrégulière d’ailleurs, s'observait vers la fin de l’intoxication, aussi bien après l’in- troduction de la toxine dans la veine porte que dans une veine péri- phérique (1). Quant à savoir si c'était le glycogène disparu qui avait formé le poison, on ne pouvait émettre encore que des hypothèses, et à ce sujet nous n’avons pas fait autre chose. observés chez le chien, nous ne pensons pas que l’auteur ait voulu apporter une négation à un phénomène dont nous avons eu la preuve si souvent et que nous avons encore vérilié, il y a deux jours. (1) Voir Congrès de médecine interne de Bordeaux, 1895; 1e" fascicule, rapport de M. J. Teissier, page 254. n $ SÉANCE DU 21 MARS 339 Comme tous les physiologistes, nous sommes bien convaincus que la teneur du foie en glycogène est extrêmement variable, mais ça n’enlève rien à l'intérêt que peut avoir sa diminution constante à la suite des effets des poisons microbiens ; d’ailleurs, comme M. Lapicque, nous avons bien vu et dit qu'il n'y a aucune relation entre ce phénomène el la voie choisie pour l'injection. — Enfin, comme nous aussi, M. Lapicque, a constaté que le foie des sujets injectés par la voie portale présente, d'une facon plus marquée, les caractères du foie infectieux; nous ajou- terons cependant que, d'après nos propres observations, cette particula- rité n’est pas constante. Nous nous proposons, d’ailleurs, de publier en détail l'ensemble de nos expériences primitives, ainsi que les essais que nous avons faits, plus récemment, dans d’autres conditions. Nous espérons que l'exposé complet de nos recherches sera de nature à éclairer la question que nous avons soulevée, et surtout dissipera tout malentendu. EFFETS DE LA MALLÉINE APRÈS INJECTION DANS LE SYSTÈME PORTE, par MM. J. Teissier et L. GUINARD. Poursuivant nos recherches sur les effets que l’on peut obtenir avec les toxines microbiennes, suivant la voie choisie pour leur introduction dans l'organisme, nous avons essayé, chez le chien, la malléine et la tuberculine. — La première nous a donné une excellente démonstra- tion du fait que nous avons signalé déjà, de l’aggravation des symptômes produils par certains poisons microbiens lorsqu'on les injecte par une veine mésentérique (1). Cette démonstration nous a paru meilleure que celle que nous avons apportée avec la pneumobacilline et la toxine diphtérique, car la diffé- rence, dans les manifestations observées, s'est ici accusée par la survie des animaux témoins auxquels le poison était injecté dans la veine jugulaire. — C'est ce que l’on peut voir dans les deux séries d’'expé- riences suivantes (2) : Première série. — À. Petit chien, bien portant, 4 kilogrammes. Injec- tion de 1 c.c. 5 de malléine brute, dans une veine mésentérique, à 11 heures du matin.— L'opération, d'ailleurs très simple, s’est faite sans complication et sans accident. — 12 h. 1/4, l'animal est triste ; il a eu (1) J. Teissier et L. Guinard. Aggravation des effets de certaines foxines microbiennes par leur passage dans le foie. C. R. Académie des sciences, 22 juil- et 1895 (2) La malléine dont nous nous sommes servis, nous à été fournie par l'Ins- titut Pasteur, — Une partie de notre tuberculine avait même origine, mais nous en avons recu également de M. le professeur Nocard, que nous remercions de l’obligeance avec laquelle il a bien voulu nous en envoyer, ‘336 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE deux ou trois efforts de vomissement. L'abattemeut s'accuse de plus en pluset assez rapidement; le chien reste blottisous une table; il a perdu toute sa vigueur. | On le retrouve le lendemain dans un état plus grave encore; il refuse les aliments ; le cœur est faible et accéléré, la respiration irrégulière et plaintive. Mort le surlendemain, vers les 5 heures du soir, soit 54 heures envi- ron après l'injection. A l’autopsie, on ne relève que quelques lésions de congestion des viscères abdominaux ; le sang est noir, brillant, poisseux et incoagulé. L'intestin ne présente pas de lésions appréciables ; pas d’entérite, pas de péritonite ; aucune complication pouvant dépendre du traumatisme. — Sur le foie, quelques points blancs, mais l'organe est vivement con- geslionné. B. — Chien témoin, 7 kilogrammes; injection de 3 centimètres cubes de malléine brute dans la veine jugulaire, à 10 h. 45 du matin. — Aussitôt après l'injection, l'animal paraît un peu déprimé. — 1 heure, le chien est triste, il reste blotti dans un coin et présente des tremble- ments musculaires. L’abattement persiste jusqu'au soir. — Le lendemain matin, le sujet paraît aller beaucoup mieux; il accepte les aliments qu'on lui offre. — Cette amélioration s'est accusée dans la journée et finalement le rétablissement a été complet. Ce chien a été conservé dix jours encore, avec tous les signes d'une excellente santé. On l’a utilisé pour d’autres expériences. Deuxième série. arfaite santé, 10 kil. 500. Injection de 2 centimètres cubes de malléine dans une veine mésentérique, à 8 h. 45 du matin. — L'opération a fort bien marché; pas le moindre incident. — Immédiatement après l’injection on ne relève pas de modifications apparentes. 11 h. 5, vomissements; le sujet est triste et ne répond plus à la voix comme auparavant. 11 h.25, vomissements très pénibles; l’ sa général devient de plus en plus mauvais. Le lendemain, le chien est étendu sur le flanc. incapable de se tenir debout dans un état comparable à celui du chien A, de la série précé- dente. — Il est mort dans la nuit suivante, vers les 3 ou 4 heures du matin, soit 42 ou 44 heures environ après l'injection. Autopsie. — Rien à noter du côté de l'estomac et de l'intestin ; pas de péritonite. La rate est grosse, gorgée d’un sang très noir. Le foie est très congestionné et présente de nombreuses taches blanches; les lobules paraissent plus distincts qu'à l’état normal, ce qui donne à l'organe une apparence de foie de porc. B. — Chien témoin, 9 kilogrammes. — Injection de 2 centimètres cubes de malléine dans la jugulaire, à neuf heures du matin. Un peu d’essoufflement, avec légère dépression des forces au début, mais rien de plus. — Dans l'après-midi, l'animal paraît un peu plus triste; mais Lu SÉANCE DU 21 MARS: 337: cet état ne dure pas. — Le lendemain notre sujet est complètement rétabli et ce rétablissement persiste d’une façon définitive. Quoique la chose soit superflue, on avait, dans ce cas, simulé une laparotomie pour que les conditions des deux animaux soit plus compa- rables; mais, comme nous l'avons dit, la malléine avalt été introduite dans la jugulaire. | Voilà, il nous semble, des faits positifs, qui démontrent bien ce que déjà nous avons dit, à savoir : que, dans certains cas, non seulement le. foie perd son pouvoir protecteur, mais que l’on peut voir les effets de certaines toxines être accélérés ou considérablement aggravés par leur injection dans une veine mésentérique. Si c’est vrai pour la malléine, il n’en est pas de même pour la tuber- culine. Opérant dans des conditions absolument semblables et injectant cette substance soit dans la jugulaire, soit dans une veine mésenté- rique, nous n'avons jamais observé d'accidents chez le chien. Nos animaux ont non seulement tous résisté aux doses de 1, 2,3 cen- timètres cubes, mais ils n’ont même pas été malades. Nous reviendrons d’ailleurs sur ces recherches particulières, à propos des essais que nous avons commencés avec la toxine tétanique. (Travail du laboratoire de physiologie de l'École vétérinaire de Lyon.) TOXINE DIPHTÉRIQUE ET FOIE. RÉPONSE À LA NOTE DE MM. TEISSIER ET GUINARD, par M. L. Laprcour. En parlant de la toxicité propre des produits sécrétés par le microbe. de la diphtérie, je n'avais point à me préoccuper de la question de savoir si cette toxicité est directe ou indirecte; je voulais simplement, parler de l'action de ces produits sur le sujet, en mettant à part l'in- toxication d'origine intestinale qui pourrait résulter de la suppression fonctionnelle d’un organe d'arrêt tel que le foie, et il ne me semble pas, ainsi faisant, avoir dénaturé la pensée de MM. Teissier et Guinard dans le bref résumé que je faisais de leur travail. Je ne veux d’ailleurs pas suivre maintenant ces auteurs sur le terrain de la théorie relative au mécanisme de la toxicité, n'ayant à apporter aucun fait qui soit de nature à éclairer la discussion. Je me suis borné à dire que ma série d'expériences, limitée à la toxine diphtérique comme poison, et au lapin comme sujet, m'avait donné des résultats strictement négatifs quant à l'influence de la voie d'entrée, circulation générale ou circulation porte, et je m'en tiens à cette conclusion. Je ne puis admettre l'interprélation de MM. Teissier et Guinard d’où il résul- terait qu'il y à dans cette série des faits positifs dans le sens de leur hypothèse, Quelquefois, il est vrai, des deux animaux injectés en même 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps, j'ai vu celui qui avait reçu les toxines par la veine porte réagir le premier; mais si ce fait ne s'était jamais présenté, si c'était toujours l'animal injecté par la voie périphérique qui avait réagi le premier, je ne serais pas en droit de dire que la porte d'entrée n’a pas d'influence, je serais obligé de conclure que le foie a exercé une action protectrice vis-à-vis du poison injecté par la veine porte. De deux animaux injectés en même temps, à moins qu'ils ne meurent exactement ensemble, il faut bien que l’un meure le premier, et comme ce premier a été tantôt l'un, tantôt l’autre, avec seulement des différences pareilles à celles que l’on observe entre deux sujets injectés par la même voie, je dois recon- naître à ces différences des causes indéterminées, mais à coup sûr étran- gères à la donnée du problème. Enfin, je suis heureux de me trouver d'accord avec MM. Teissier et Guinard sur ce point, que la teneur d'un joie en glycogène n’est pas la mesure de l'intégrité de ce foie. MÉTRITE PARENCHYMATEUSE HÉMORRAGIQUE, par MM. Prcrier et Barapuc. Les lésions du muscle utérin, qui étaient, en général, laissées de côté pour celles de la muqueuse utérine que l’on pensait plus fréquentes, prennent un grand intérêt depuis que l’hystérectomie permet de se pro- curer des objets d'étude en bon état de conservation et présentant des désordres plus ou moins graves. On est actuellement en voie de distin- guer différentes formes d'inflammation du corps de l’utérus qui pas- saient inaperçues. De ce nombre est un type fort curieux de transfor- mation inflammatoire du tissu utérin en un véritable angiome, type bien mis en lumière récemment par M. Quénu à la Société de chirurgie, c’est un cas semblable que nous rapportons ici; et il est permis de croire qu'on les verra se multiplier quand l'attention aura élé appelée sur ce point. Il s'agit d'une malade entrée dans le service de notre maitre M. le profes- seur Tillaux, à l'hôpital de la Charité. | La malade réglée à onze ans n'a jamais éte souffrante jusqu'à son mariage. A dix-huit ans elle se maria; et, fut enceinte dès les premiers mois. A partir du sixième mois de sa grossesse elle commenca à éprouver dans le ventre des douleurs très vives qui durèrent jusqu'au moment de l'accouche- ment. Le 27 mars 1894, elle accoucha normalement d’un enfant à terme. Le onzième Jour après elle se levait, très bien portante. Mais, quelques jours après, les douleurs reparurent, aussi vives qu’aupara vant. Les règles n'étaient pas revenues et la malade n’avait que quelques pertes blanches. Elle alla à l'hôpital Cochin où M. Bouilly diagnostiqua une métrite. Le curettage fut pratiqué le 21 juin 1894. SÉANCE DU 21 MARS 339 Quelques jours après les douleurs et les pertes blanches revinrent; et, en août 14894, un nouveau curettage fut pratiqué dans le même service. Comme après le 4°r, les douleurs et les pertes réapparurent au bout de quelque temps. En octobre 1895, elle entra dans le service où M. Thiery, chef de clinique, diagnostiqua une double salpingo-ovarite, la laparotomie fut pratiquée le 17 octobre 1895. On fit l’ablation des annexes des deux côtés; les suites de l'opération furent normales et la malade sortit guérie. en apparence du moins le 10 novembre. Quelques jours après, les douleurs revinrent en même temps qu’une métrorrhagie abondante qui dura quinze jours. En décembre, les métrorrhagies cessèrent, mais les douleurs et les pertes utérin, Préparation de Pilliet. blanches revinrent. Cependant la malade put reprendre peu à peu ses occu- pations, lorsque en janvier 1896 survint une hémorragie abondante mais sans caillots, qui dura du 1° au 16 janvier. En même temps, elle éprouvait des douleurs très vives dans l'abdomen, irradiées dans la région sacrée et dans les deux cuisses. Elle rentre dans le service le 14 janvier. Examen à l'entrée. La malade se plaint de douleurs très vives empêchant complètement le sommeil et de pertes blanches très abondantes. Au toucher, on sent un col mou, un utérus gros et douloureux. L'utérus est en bonne position etil n'y a rien dans les culs-de-sac. L'hystérectomie vaginale est pratiquée par M. Tillaux le 15 février. Dans le cours de l'opération, on remarque que l'utérus est mou, et d’une friabilité particulière. Si bien, que le doigt qui cherche à le décoller en avant perfore sa paroi antérieure et pénètre dans sa cavité. Les suites de l’opéralions furent normales ; les pinces enlevées au bout de quarante-huit heures; et à l'heure actuelle la malade est dans un excellent état. L'utérus volumineux, mou, d’une excessive friabilité, se laissait traverser par le doigt. Sur les coupes, on constate des lésions étendues à toute l'épais- 340 SOCIÉTÉ DE ‘BIOLOGIE seur du muscle et plus marquées à la partie supérieure du corps utérin. Les faisceaux musculaires sont atrophiés, dispersés et confondus; ils sont séparés par de larges trainées de tissu conjonctif lâche d'aspect muqueux, parsemé d'hémorragies interstitielles. Ce qui frappe le plus dans ces traînées, c’est:la présence de capillaires sanguins extrêmement nombreux, présentant tous une telle prolifération de leur endothéliurm qu'ils paraissent presque partout avoir une double ou même un triple revêtement de cellules. Par places, ils sont irrégulièrement dilatés, présenteut des bourgeons saillants dans intérieur de leurs cavités, offrent tous les caractères de l'angiome caverneux ‘(cet aspect existait aussi dans le cas de M. Quénu). Autour de ces points ectasiés existent des hémorragies diffuses dans le tissu conjonctif. Les artérioles sont atteintes d'endo-périartérite considérable; les vésicules sont dilatées et épais- sies. Il exisle dans loutes les coupes des amas de cellules embryonnaires autour des ariérioles. On trouve aussi quelques lymphatiques très dilatés. Réflexions. — Cette transformation angiomateuse du muscle utérin est bien nettement d'origine inflammatoire et parait consécutive tant à l'endométrite qu'à l'infection propagée par les trompes. On conçoit que dans des cas pareils l’ablation seule des annexes utérines est insuffisante. Ces formes d'utérus infecté et hémorragique se ren- contrent en effet à la suite de salpingites suppurées et constituent un type spécial qui peut simuler le fibrome ou l'avortement. Dans un second cas que nous avons eu l'occasion d'observer la transformation angiomateuse élait moins avancée; mais la muqueuse était relative- ment saine et c'était par la trompe remplie de pus depuis longtemps que s'était faite l'infection du muscle utérin. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. Premier tour de scrutin : 51 votants. MM. Grimbert : . . . : . .. “obtient 25 suffrages. Chabriétesusroct ere — 15 — pe Alone CR — 6 — Rénon, cie craie -— NL — Bonnie (Pierre) — 1 — Remy Saint Loup. . . . = L — Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, il: est procédé à un second tour de scrutin. 40 membres prennent part au vote : MM. Grimbert:. . : 1. , : . obtient. 28 suffrages. Ghäbriér tir mes 8 — 10 — HONTE EN RENE — 1 — Rénons creer -—- 1 — En conséquence M. Grimbert ayant obtenu la majorité absolue des suffrages est élu membre titulaire de la Société de Biologie. Le (rérant : G.- MASSON. Paris. — linprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette : = SÉANCE DU 28 MARS 1896 M. Cu. Féré : Note sur l'influence de l'exposition préalable aux émanations du muse sur l’incubation de l'œuf ou du poulet. — M. Cu. Féré : Deuxième note sur l'in- fluence de l'exposition préalable aux vapeurs d'essences sur l'incubation de l'œuf de poule. — M. Cu. Conteseax : L'excrétion azotée dans le diabète de la phloridzine. — M. Weiss : Action du courant continu sur les muscles. — MM. Marrer et Bosc (de Montpellier): Recherches sur les effets de la glande pituitaire administrée aux animaux, à Fhomme sain et à l'épileptique. — MM. Marrer et Bosc (dé Montpellier) : Note sur l’action de l'extrait réual dans l'épilepsie. — MM. L. Huaouxexo et Pavror : Sur les propriétés oxydantes, peut-être dues à des actions diastasiques de quelques tumeurs malignes. — M. le D' Srmox Sapovsky : Modification de la méthode de Niss! pour la coloration du protoplasma des cellules nerveuses, et quelques mots à propos de la méthode de coloration de Weigert par l'acétate de fer et l'héma- toxyline. — M. le Dr Sruox Sanovsxy : Névrile expérimentale par compression et lésions consécutives des centres nerveux. — MM. A. Dasrre et N. FLoResco : Nouvelle contribution à l'étude de l’action coagulante de la gélatine sur le sang. — MM. A. Dasrre et N. FLoresco : De l'incoagulabilité du sang produite par l’'in- jection de propeptones. MM. Areert Rogix et Maurice Biner : Les échanges respiratoires à l'état normal. — M. le Dr E. TouLouse : Sérum anti-alcoolique. — M. Eo. Boxer : Action antitoxique des capsules surrénales sur la neurine. — M. le professeur OEcasver DE Conincx : Sur le processus d'élimination de Ja chaux chez les rachitiques. — MM. UrBaIx Monter et A. Rouxeau (de Nantes) : Recherches sur quelques caractères de l'urine chez le vieillard valide. — M. L. Prcion : Les globules blancs sécréteurs de substances thermogènes. — M. P. REMLINGER : Sur un cas de maladie de Landry, due à l'infection par le streptocoque. — M. Paur. CLasse: Bronchite membraneuse chronique. 4 Présidence de M. Giard. NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'EXPOSITION PRÉALABLE AUX ÉMANATIONS DU MUSC SUR L'INCUBATION DE L'OŒUF OU DU POULET, par M. Cu. FéRé, Réaumur (1) a fait remarquer depuis longtemps que certaines odeurs infectes peuvent tuer les poulets dans leur coquille. Mais les odeurs qu'il incriminait étaient celles qui se dégagaient du fumier dont la fer- mentalion entretenait la chaleur dans ses couveuses artificielles : leur origine est très complexe. L'instinct des poules paraît ne pas négliger le danger des substances odorantes, car elles savent rejeter de leur nid les œufs pourris. Il était intéressant de rechercher si les émanations des substances odorantes qui ne donnent lieu à l’évaporation d'aucun gaz répulé nuisible, n'avaient aucun effet. Le musc naturel parais- sait des plus favorables à l'expérience. J'ai placé deux lots d'œufs sous deux cloches en verre de 30 litres, à la même exposition dans le: laboratoire. Sous une de ces cloches, j'ai mis en même temps que les (1) Réaumur. L'art de faire éclore, 1749, €. T, p. 233. Biozooïs. Coupres nexbus. — 10° sénte, Tr. HIT, 25 342 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PE RS ER NT A D PC PS PR ES œufs une capsule contenant 2 grammes de musc naturel. Les œufs ont été mis en incubation après 48 heures d’exposition. Exp. I. — Deux douzaines d'œufs, au huitième jour de la ponte, après avoir subi l'exposition indiquée, sont mis ensemble au même étage de l’étuve à 38 degrés, la grosse extrémité à droite; ils sont ouverts après 48 heures d'incubation. a) Dans les témoins, il y a 8 embryons normaux de 28 heures 1/2 en moyenne sans déviation, une absence de développement, un blastoderme sans embryon, un embryon granuleux, une atrophie des vésicules cérébrales. b) Pour les œufs qui ont été exposés aux vapeurs de muse, il y a 5 embryons normaux de 26 heures en moyenne, dont 1 dévié à 45 degrés, une absence de développement, 2 blastodermes sans embryon, un cyclope et 3 atrophies de la tête. k Exp. Il. — Deux douzaines d'œufs, au cinquième jour de la ponte, subissent le même traitement que précédemment. Ces œufs sont ouverts après 48 heures d'incubation. a) Dans les témoins, il y a 10 embryons normaux de 30 heures 1/2 en moyenne, dont‘1 dévié à 90 degrés, un blastoderme sans embryon et un embryon kystique. b) Dans les œufs qui ont été exposés aux vapeurs de musc, il n’y a encore que cinq embryons normaux de 30 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés, trois absences de développement, un embryon granuleux, un embryon kystique, un omphalocéphale et une atrophie de la tête. Exp. III, — Deux lots de neuf œufs au sixième jour de la ponte ont été traités comme précédemment et ouverts après 48 heures d’incubation. a) Dans les témoins, il y a huit embryons normaux de 30 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés et un blastoderme sans embryon. b) Dans les œufs qui ont été exposés aux vapeurs de musc,il y a cinq embryons normaux de 25 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux blastodermes sans embryon et deux atrophies de la tête. Exp. IV. — Deux lots de neuf œufs au septième jour de la ponte sont traités comme précédemment et ouverts aussi après 48 heures d'incubation. a) Dans les témoins, il y a huit développements normaux de 31 heures en moyenne, avec une déviation à 90 degrés et une atrophie des vésicules céré- brales. b) Dans les œufs exposés aux vapeurs de musc, il y a quatre embryons normaux de 29 heures en moyenne dont un dévié à 90 degrés, une absence de développement et quatre atrophies de la tête. Dans les témoins nous trouvons trente-quatre embryons normaux sur quarante-deux œufs, soit 80.95 p. 100, tandis que sur le même nombre d'œufs soumis aux vapeurs de muse, il n'y a que dix-neuf embryons normaux, soit 45.23 p.100, et dans les quatre expériences, les embryons normaux de la deuxième catégorie sont en retard sur les autres, c’est- à-dire que la fréquence des anomalies est liée au retard dedéveloppe- ment. C’est un fait qu'on retrouve souvent dans mes expériences anté- rieures, mais dont l'intérêt ne s’épuise pas. SÉANCE DU 28 MARS 343 —— Dans des expériences antérieures sur l'exposition préalable aux vapeurs d’essences, pendant un temps plus court, 24 heures seulement, j'avais obtenu surtout des retards de développement, en particulier avec les essences de lavande, d'anis, de girofle, tandis que l'essence d'absinthe avait donné des monstruosités. Ces faits ne sont peut-être pas sans intérêt au point de vue de l'hygiène des parfums, dont on connaît déjà l'action nuisible sur le sys- tème nerveux (1). S'ils agissent sur le développement de l'embryon, c'est qu'ils agissent sur la nutrition. DEUXIÈME NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'EXPOSITION PRÉALABLE AUX VAPEURS D'ESSENCES SUR L'INCUBATION DE L'OŒUF DE POULE, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà signalé l'influence nocive des vapeurs de plusieurs essences sur l'incubation de l'œuf de poule (2), notamment des essences de lavande, d’anis, de girofle, d’absinthe; J'ai poursuivi ces recherches avec d’autres essences en prolongeant l'exposition préalable. I. Essence de lie de vin. — Douze œufs au quatrième jour de la ponte ont été exposés aux vapeurs d'essence de lie de vin pendant 48 heures sous la cloche noire de 30 litres; et mis à l’étuve à 38 degrés en même temps que douze té- moins de même date, tous orientés la grosse extrémité à droite. 1° Six œufs de chaque catégorie ont été ouverts après la 48° heure. a) Dans les œufs témoins il y a deux absences de développement et quatre embryons normaux d'un développement moyen de 22 heures et demie sans déviation. b) Dans les œufs soumis aux vapeurs d'essence, il y à trois absences de développement, un blastoderme sans embryon, une atrophie des vésicules optiques, un embryon kystique. 20 Les six autres couples ont été ouverts après la 72° heure. a) Dans les œufs témoins, il y a une absence de développement, un monstre à cœur double avec arrêt de développement de la tête et quatre embryons nor- maux de 48 heures en moyenne, sans déviation. b) Dans les œufs soumis aux vapeurs de l’essence de lie de vin, il y a deux absences de développement, deux blastodermes sans embryon, un omphalo- céphale et un embryon de 52 heures, en hétérotaxie, avec arrêt de développe- ment de l’amnios. IL. Essence de thym. — Dix œufs au quatrième jour de la ponte sont exposés pendant #8 heures aux vapeurs de lessence de thym (évaporation de 3 grammes), dans la cloche de 30 litres, puis mis à l’étuve à 38 degrés en (4) Ch. Féré., — La pathologie des émotions, 1892, p. 95. (2) C. R. de la Soc. de Biologie, 1893, p. 945. 344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mème temps que dix témoins de même date, tous la grosse extrémité à gauche. Les œufs ont été ouverts alternativement à partir de la 48° heure, ” a“) Dans les œufs témoins, nous avons trouvé deux absences de développe- ment, un monslre omphalocéphale et sept embryons normaux de 33 heures en moyenne dont un dévié à 45 degrés. ..b) Dans les œufs soumis aux vapeurs de l'essence de thym, il y avait six absences de développement, deux blastodermes sans embryon, une atrophie de la tête et un embryon normal de 25 heures dévié à 45 degrés. IT. Essences de romarin et de wintergreen. — Dix œufs au quatrième jour de la ponte sont placés à l'obscurité sous une cloche de 30 litres en même temps qu'un verre contenant 30 grammes d'essence de romarin. Dix autres œufs de même date sont placés de la même manière sous une autre cloche avec la même quantité d'essence de wintergreen. Au bout de 48 heures, l'essence de romarin a perdu 6 grammes et l'essence de wintergreen 5 grammes. Les vingt-quatre œufs sont placés dans l’étuve à 38 degrés en même temps que dix témoins de même date, tous la grosse extrémité à droite. Ces œufs ont été ouverts à partir de la 72° heure, alternativement un de chaque dizaine. a) Dans les œufs témoins, il y à huit embryons normaux de 52 heures en moyenne dont deux déviés à 45 degrés, un omphalocéphale et un blastoderme sans embryon. b) Dans les œufs soumis aux vapeurs d'essence de romarin, il y a cinq ab- sences de développement et cinq embryons normaux de 46 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés. c) Dans les œufs soumis aux vapeurs d'essence de wintergreen, il y a deux ab- sences de développement, un blastoderme sans embryon et sept embryons normaux de 49 heures en moyenne, un est dévié à 90 degrés el un autre à 45 degrés. . L'essence de lie de vin n'a laissé aucun développement normal tandis qu'on trouve 66,66 p. 100 d’embryons normaux dans les témoins. L'’es- sence de-thym en laisse 10 p. 100 contre 70; l'essence de romarin 40 p. 100 et l'essence de wintergreen 70 p. 100 contre 80 p. 100 dans les témoins. Comme précédemment, les essences ont encore agi en ralentissant le développement dés embrvons restés normaux. L'EXCRÉTION AZOTÉE DANS LE DIABÈTE DE LA PHLORIDZINE, par M. Cu. CONTEJEAN. Le but des expériences dont je vais exposer les résultats était de rechercher si la glycose de l’organisme se forme aux dépens de la graisse ou, comme on l'admet plus volontiers, des matières albumi- noïdes. Chez les animaux rendus diabétiques à l’aide de la phloridzine, et privés préalablement de glycogène par une première administration cnrs this mafans ini .:"ré te SÉANCE DU 28 MARS 345 de ce glucoside, M. von Mering (1) ayant constaté une augmentation de l'excrétion azotée, a été conduit par ses recherches à conclure que le sucre provient des albuminoïdes. Cette manière de voir nous parait exagérée, car elle est en désaccord partiel avec quelques-unes de nos expériences. Voici quelle à été notre manière de faire. Les animaux d'expériences (chiens) sont préalablement soumis à un jeûne suffisamment prolongé pour faire disparaitre le glycogène de l'organisme. À ce moment, on rend le sujet glycosurique. Le seul moyen de parvenir à ce résultat est de lui administrer de la phloridzine; ce que nous avons fait par la voie gastrique, une injection intraveineuse pourrait modifier par elle-même l’excrétion azotée. On dose alors l’azote total de l'urine et le sucre qui passe dans ce liquide. Le dosage de l'azote est fait suivant la méthode Kjeldahl-Willfarth, et celui du sucre par le procédé de Soxhlet avec toutes les précautions possibles et avec des liqueurs rigoureusement étalonnées. Or, si le sucre de l'organisme est fabriqué au dépens de l’albumine, la combustion incomplète qui lui donne naissance sera la suivante, dans l'hypothèse du rendement maximum : 2C,. H,,, N,, 0.,, S+ 103 0, = 8 C, H,,9, + 18 CO(N H.), + 78 CO, + 28 H,0 HS, (Chauveau |. On voit que à 1 gramme d'azote apparaissant dans l'urine correspon- dra au plus 2 gr. 86 de glycose fabriquée. Je rappellerai que depuis longtemps on sait que l'azote provenant du métabolisme des substances albuminoïdes destiné à l'élimination est aussitôt expulsé par lurine et n'est jamais retenu, même pendant un temps très court, dans l'orga- nisme. Plusieurs expériences sont incapables de fournir un renseignement relatif à la question qui nous occupe ; mais quelques-unes sont absolu- ment démonstratives et montrent qu'une partie au moins du sucre pro- vient de la graisse. Le 1% mai 189%, un vieux chien, gras au début de l'expérience et pesant alors 17 kilogrammes, en est à son 32° jour d'inanition. L'azote (otal urinaire excrété depuis le 13 mai (de 9 heures à 9 heures du matin) est : # gr. 772; le 15 mai : # gr. 666 ; 16 mai : 5 gr. 670; 17 mai : # gr. 609; 18 mai : 5 gr. 374; 19 mai : 4 gr. 909; 20 mai : 5 gr.-466;, 21 mai : 5 gr. 363. —- Ce jour-là, à 4 heures du soir, on donne à lanimal 10 grammes de phloridzine. Le lende- main, 22 mai, le sujet a éxcrété 7 gr. 171 d’azole et 22 gr. 5 de glycose. On voit que la quantité d’albumine détruite est trop faible pour avoir à elle seule fourni la glycose perdue par l'urine. Et une partie de la glycose fabriquée ce jour-là a été brûlée dans les tissus, et comme le métabolisme a dû rester (4) V. Mering. Pflüger's Archiv, Bd XIV, S. 282, 1877. 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE en partie ce qu'il était les jours précédents, on ne pourrait guère rapporter la fabrication de la glycose excrétée qu'à l'excès d’albumine détruite et dont la quantité correspond à 3 grammes d'azote environ, Ajoutons encore que l'urine analysée le 22 à été recueillie en deux fois. Dans la deuxième portion, on à trouvé 3 gr. 351 d’azote et 15 gr. 9 de glycose. L’impossibilité de la for- mation de la glycose aux dépens de l’albumine seule saute aux yeux dans cette expérience. — Le 23, l'urine renferme 10 gr. 3 de glycose et 7 gr. 224 d'azote. À 6h. 1/2 on donne encore 10 grammes de phloridzine à l'animal. — Le 24 : 18 gr. 8 de sucre et 7 gr. 105 d'azote. — Le 25 : sucre, 2 gr. 4%; azote, 6 gr. 602. — Le 26 : sucre, 0; azote, 8 gr. 862. On donne à 10 heures du matin, 10 grammes de phloridzine. — Le 27 : sucre, 5 gr. 02; azote, 9 gr. 239. — Le 28 : sucre, 1 gr. 87; azote, 6 gr. 893. L'animal meurt ce jour-là à 7 heures du soir. Il pèse 7 kilogrammes. A l’autopsie, on ne trouve nulle part de graisse anatomique, pas même derrière le globe oculaire, Dans le canal rachidien, on en trouve à l’état de gouttelettes visibles au microscope. Il en existe des traces dans la chair musculaire, extractibles par le sulfure de car- bone, et qu'on à pu caractériser chimiquement. On voit tout d’abord qu'il n’y a pas de relation constante entre les chiffres de l'azote et de la glycose excrétées. Dans bien des cas, la glycose pourrait provenir de l’albumine à la condition de supposer que toute l’albumine détruite ce jour-là a été transformée en sucre expulsé au dehors, ce qui parait peu vraisemblable. Il me semble plus probable que le sucre se forme aux dépens de la graisse, et que pour parer à cette dépense exagérée de graisse, l'organisme augmente alors sa consomma- tion d’albumine, qu'il transforme en grande partie en graisse destinée à combler ses pertes. L'expérience précédente semble d’ailleurs montrer que moins l'animal a de graisse à sa disposition, moins la phloridzine est active. Il est vrai qu'il peut s'agir ici d’une accoutumance au poison. Voici une autre expérience, qui parle dans le même sens que la pré- cédente : I s’agit ici d’un chien jeune et relativement maigre lorsqu'il fut mis em inanition. Il avait donc peu de graisse à sa disposition el se trouvait dans de bonnes conditions pour faire du sucre aux dépens de son albumine. Le 27 mai, l'animal en est à son 21° jour d'inanition. L’azote excrété ce jour-là est: 5 gr. 599. — Le 28 mai :N—5 gr. 571. — 29 mai : N—5 gr. 660. — 30 mai : = 6 gr. 237. — 31 mai : N—7 gr. 177. —1® juin : N—7 gr. 510. — 2 juin: N— 8 gr. 820. On lui administre 10 grammes de phloridzine. — 3 juin : N— 9 gr. 856; sucre — 34 gr. 37. Ici encore, la totalité de l’albumine détruile ne peut suffire à la production de tout le sucre excrété; et en réalité c’est 2 ou 3 grammes au plus d'azote qui devraient entrer en ligne de compte, la valeur de la rénovation du protoplasma nous étant enseignée par les chiffres d'azote des jours précédents. — 4 juin : N—10 gr. 159; sucre— 10 gr. 1. On voit encore que la production de sucre ne suit pas parallèlement l’excrétion azotée. — 5 juin : N — 11 gr. 891, sucre — 1 gr. 17, — 6 juin : N— 13 gr. 665; SÉANCE DU 28 MARS 347 sucre — 0. L'animal est sacrifié. — Le 2 juin, 3 heures après l'administration de la phloridzine, il a été pris à ce chien 27 gr. 13 de sang par amputation de la queue, pour un dosage de sucre. On a trouvé 1 gr. 18 de sucre par kilo- gramme de sang. Ce chien pesant environ 15 kilogrammes, cette manœuvre a dà être sans résultat sur le sens de l'expérience. En résumé, il nous semble vraisemblable que dans le diabète de la phloridzine, le sucre est fabriqué au moins partiellement, sinon exclu- sivement, avec la graisse de l'organisme. ï- ACTION DU COURANT CONTINU SUR LES MUSCLES, par M. Weiss. J'ai montré il y a quelques années qu’un courant continu traversant les tissus organisés pouvait donner lieu à des altérations sur tout son parcours. De nouvelles expériences que j'ai faites sur les grenouilles et sur les mammifères confirment les résultats obtenus autrefois. J'ai d'abord eu pour but d'établir que ces effets ne pouvaient être produits que par un courant toujours de même sens. Pour cela je sou- mettais la patte droite d’une grenouille à l’action d’un courant continu, la patte gauche restant comme témoin. Le même courant alterné à l’aide d'un dispositif spécial traversait la patte droite d’une seconde grenouille. Au bout de quelques minutes on arrêtait l'expérience, les deux gre- nouilles étaient remises dans un aquarium. Quelques jours plus tard on prenait sur ces animaux des tracés myographiques, et l’on constatait que la contractilité du muscle soumis au courant continu était forte- ment diminuée, le muscle soumis au courantinversé restail normal. Ces divers muscles étaient fixés, durcis et coupés simultanément, le muscle soumis au courant continu présentait seul des altérations très spéciales que je décrirai plus tard. J'ai ensuite soumis quatre cobayes au courant continu, les deux pattes postérieures étant reliées aux deux pôles d'une pile, le courant était ascendant dans l’une des pattes et descendant dans l’autre. Les trois premiers animaux furent sacrifiés au bout de un, deux et trois Jours, l'examen microscopique révéla des lésions dans les muscles des membres postérieurs des deux côtés, mais il me sembla qu'il y avait prédominance du côté du courant ascendant. Le quatrième cobaye fut conservé trois semaines, à ce moment il avait une patte de derrière réduite à son squelette, la peau et les muscles avaientété complètement détruits par le courant ascendant de 40 milliampères. Pour vérifier si le courant ascendant était réellement plus actif que le courant descendant, je répétai la même expérience sur cinq grenouilles. Sur des animaux d’aussi petite taille il me fut facile d'examiner toute 348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la section des muscles traversés par le courant et je constatai qu'effec- tivement le courant ascendant produisait à intensité égale des lésions plus considérables que le courant descendant. Il est bien entendu que dans toutes ces expériences l’action des pro- duits mis en liberté aux électrodes était complètement éliminée, les contacts se prenaient en trempant l'extrémité de la partie à électriser dans l’eau d’un cristallisoir relié au pôle de la pile. J'ai trouvé dans une thèse surles brûlures électriques de M. Carlos de Olivera Néry, l'observation d’un homme du service de M. le professeur Terrier, qui après avoir subi entre les deux mains une différence de potentiel de 2,700 volts, courant continu, a eu une atrophie des deux membres supérieurs. Cette atrophie qui a semblé débuter huit jours ] après l'accident, progressait encore au bout de neuf mois. À ce moment, le malade se plaignait d’avoir complètement perdu la force dans les bras. L'auteur attribue cette atrophie aux brûlures produites par le con- tact des fils, mais par comparaison avec ce que j'ai observé sur les ani- maux, il me paraît certain qu’il y a eu électrolyse des muscles. Je n'ai jamais vu signaler pareil fait après brûlure par courants alternatifs. Le courant continu intense peut donc donner lieu à des accidents très graves, Je pense aussi que ce même courant continu, employé dans un but thérapeutique à intensité faible, peut devenir nuisible quand les séances sont trop prolongées. At te ff À om dat, RECHERCHES SUR LES EFFETS DE LA GLANDE PITUITAIRE ADMINISTRÉE AUX ANIMAUX, A L'HOMME SAIN ET A L'ÉPILEPTIQUE, par MM. Marrer et Bosc (de Montpellier). Dans une précédente note, nous avons montré que, dans l'épilepsie, l'urine d'avant les attaques a des propriétés convulsivantes plus mar- quées que l'urine normale. Ces résultats nous ont amenés à nous demander si l'attaque d’épilepsie n’est pas due à la production dans l'économie d’une substance toxique et cela d'autant mieux que Griffiths a trouvé dans l'urine des épileptiques une leucomaïne convulsivante. Dans cet ordre d'idées il était naturel de penser tout d’abord aux glandes à sécrétion interne et nous avons recherché si la glande à incri- miner nest pas l'hypophyse, dont l'ablation pourrait, d'après Gley, Marinesco, Vassale et Sacchi, produire des phénomènes graves d’empoi- sonnement parmi lesquels des tremblements, de la tétanie, etc. Le rôle de la glande pituitaire étant encore très obscur, nous avons cru nécessaire, avant d'aborder ses effets sur l’épilepsie, d'étudier son action physiologique chez l'animal et l’homme sain. L. £ffets physiologiques de l'injection et de l’ingestion de glande pitui- taire chez l'animal et l'homme sain. — Nous avons à des lapins et à un SÉANCE DU 28 MARS : 349 chien injecté sous la peau, dans les veines et dans le péritoine, des quantités plus ou moins considérables de glande pituitaire, et cela pen- dant plusieurs jours consécutifs. Par toutes les voies autres que la voie intraveineuse nous n'avons obtenu qu'une légère élévation thermique, avec quelques troubles respiratoires. Par la voie intraveineuse, avec le liquide filtré, nous avons obtenu la mort par coagulation avec des symp- tômes identiques à ceux que produit le sérum sanguin; l'injection de liquide pituitaire mélangé à du chlorure de sodiumet à du sulfate de soude ou bien chauffé à une température de 65 degrés pendant 15 minutes, et filtré, a amené, à part un myosis énergique, tous les symptômes que nous avons observés avec le sérum sanguin traité de la même façon (1). Chez ces mêmes animaux, l'injection de quantités considérables et répétées de glande pituitaire produit une diarrhée abondante, une albuminurie prononcée mais passagère et de l'amaigrissement. Chez l'homme sain, l'injection sous-cutanée, dans une même journée, du liquide obtenu par la trituration de deux glandes pituitaires de bœuf, produit un état de malaise général avec légère élévation ther- mique, fréquence du pouls, état saburral, fatigue, abattement et augmentation de la densité de l'urine, de l’urée et des phosphates. Ces modifications sont passagères et ne dépassent pas 24 à 48 heures. Il. Effets de la glande pituilaire chez l'épileptique. — Nos expé- riences ont porté sur 21 malades, 6 hommes et 15 femmes. Parmi ces 21 cas, 6 ont été étudiés de très près au point de vue physiologique et thérapeutique. La glande pituitaire a été administrée sous forme d'injection, mais plus particulièrement d'ingestion après trituration dans la glycérine. Comme pour les animaux et l’homme sain, nous avons employé la glande de bœuf. Les doses ont élé pareilles, de une à trois et même quatre glandes dans les 24 heures. Nous ne pouvons pas relater ici nos observations ; nous en indiquons seulement les conclusions. 4° Le tableau ci-dessous (2), qui concerne cinq de nos malades, indique que la glande pituitaire ne diminue pas les attaques, qu'elle aurait plutôt, dans certains cas, de la tendance à les augmenter. La même con- clusion se dégage de l'observation de nos autres épileptiques. FÉVRIER MARS AVRIL MAI JUIN JUILLET AOÛT SEPTEMBRE Oss L. . 135 134 130 242 150 161 123 124 Os. II. 10 11 11 12 Î » » » Os. IE, ». 4 Gi 3 4 % )) » Os. IV. » 4 4 5 2 2 » » O8s. V . » D 9 6 10 14 ( 10 (1) Mairet ei Bosc. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1894, p. 588, 634. (2) Dans ce tableau, les chiffres imprimés en caractères plus gras indiquent le nombre des attaques survenues dans la période où le malade ingérait du suc pituitaire, L. 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 L'ingestion répétée de glande pituitaire produit d’une façon assez constante des accès délirants. Ces accès, qui surviennent trois à quatre jours après l'administration de la glande, revêtent, dans certains cas, les caractères des accès d'agitation propres aux épileptiques, si bien qu'on peut penser à une simple coïncidence ; mais d’autres fois, ces caractères ont quelque chose de spécial que nous n'avions jusque-là jamais cons- taté chez nos malades, bien que nous les suivions depuis plusieurs années. Par suite, il semble bien qu'il y ait un rapport de cause à effet entre eux et l'ingestion de glande pituitaire. NOTE SUR L'ACTION DE L'EXTRAIT RÉNAL DANS L'ÉPILEPSIE, par MM. Marer et Bosc (de Montpellier). Nous venions de terminer nos recherches sur la glande pituitaire lorsque parurent dans les Comptes rendus de la Société de Biologie une note de M. Bra sur « l’action de l'extrait rénal dans l’épilepsie ». M. Bra, frappé des analogies qui existent entre les accès d'épilepsie et les manifestations de certaines intoxications, s’est demandé si l'extrait rénal n’ofirirait pas quelque utilité contre cette névrose. En conséquence, il a administré par la voie stomacale un extrait glycériné de rein de porc broyé, à la dose de deux cuillerées à dessert par jour. Il rapporte huit observations, dont deux personnelles et six dues à deux autres médecins. Dans les deux cas qui lui appartiennent il a eu un insuccès à peu près complet, mais dans les six autres cas, l’extrait rénal a diminué nota- blement les crises ou mieux les a fait disparaître; elles réapparaissaient lorsque le traitement était suspendu et disparaissaient de nouveau lorsqu'il était repris. si Bien que les observations de M. Bra fussent peu nombreuses, les résultats favorables obtenus dans la plupart des cas nous engagèrent à continuer nos expériences sur les extraits d'organe dans l'épilepsie par le suc rénal. Comme M. Bra nous avons fait un extrait glycériné, seulement au lieu d'employer le rein de porc, nous avons employé le rein de bœuf. La quantité d'extrait administré a été dans le premier mois de deux cuillerées à dessert par 24 heures, une le matin et une le soir, et dans le second mois de deux cuillerées à soupe. Bien que l'odeur et le goût n'eussent rien d’agréable, nos malades ont pris, sans répugnance, cet extrait. Nous avons soumis à ce genre de médication, 20 malades, 5 hommes et 15 femmes. Ces malades prenaient tous avant l'administration du mode at tie ts etes dit tnt, hi +" MECS SÉANCE DU 28 MARS 3) bromure ou du borate. Ces médicaments furent suspendus progressive- ment, mais assez rapidement toutefois, et on institua aussitôt le traite- ment par l'extrait. Nous résumons dans le tableau ci-dessous les résultats obtenus. Dans la première colonne nous donnons le nombre des attaques et des vertiges pendant les mois de juin et de juillet, alors que les malades étaient sous l'influence du bromure ou du borate, et dans une seconde colonne nous donnons le nombre des attaques et des vertiges pendant le mois d'août et de septembre, durant lesquels ils ont été soumis à l'extrait rénal. MOIS DE JUIN ET DE JUILLET MOIS D'AOUT ET DE SEPTEMBRE BROMURE OU BORATE. EXTRAIT RÉNAL. NOMS DES MALADES mm "°° —— re — —— FEMMES. Total Total Total Total des des des des attaques. vertiges. attaques. vertiges. ME 2 MAT 17 De 27 » Gay LE nr 9 » 18 » Grouz 27: 23 » on » Delm . 2 ») 7 » 16e DRE 12 » 21 » MAR ER 26 » 19 » Mart. Gabr à » » ») » Noug. Cr .. 4 » di » Bipch ze 21 » 23 » PONS. AIS 42 2 51 » Pasc. Noug . 2 » 12 » ROTAEETCE » » » » Sol 7 271 32 : 259 » Teiss . 10 » 8 » Veun :. 4 3 63 » Bert , . 7 » L » Bren . 8 » 2 Gal, 2 » 7 rez 2 ») 23 » SOL ; 7 27 7 40 Ce tableau se passe malheureusement de commentaires et montre d'une manière bien nette l'inefficacité absolue de l'extrait rénal dans le trailement de l'épilepsie. Les attaques ont été généralement augmentées pendant son administration, mais nous ne pensons pas que ce soit au médicament qu'il faille attribuer cette augmentation, mais à la suspen- sion du bromure et du borate. 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES PROPRIÉTÉS OXYDANTES, PEUT-ÊTRE DUES A DES ACTIONS DIASTASIQUES DE QUELQUES TUMEURS MALIGNES, par MM. L. HuGounENQ et Pavror. À propos d'un cas de tumeur chloromateuse nous avons fait, au sujet de la coloration de ce cancer vert, trouvé chez un jeune enfant de huil ans et ayant donné lieu à des métastases très diffusées, des recherches qui nous ont conduits à des résultats ayant un caractère assez général pour mériter une courte relation. Rappelons d’abord que le chloroma se caractérise macroscopiquement par une teinte vert pois que la tumeur et ses trainées métastatiques prennent à l’air, pour se décolorer après une minule ou une minute et demie d’exposition. Microscopiquement la tumeur offrait un tissu à pelites cellules rondes, à noyau vésiculeux assez pâle, à protoplasma très ténu, très transparent, après brossage, on avait un faux réticulum adénoïde qui est formé manifestement par le tissu connectif dans lequel les cellules ont proliféré. Tous les points examinés ont offert constamment tous les mêmes résultats histologiques. Nous dirons en passant que de toutes les recherches chimiques anté- rieures ayant pour but de déterminer la nature de la coloration, nous ne confirmons que le fait de la réapparition de la couleur pe immersion dans l’ammoniaque. Aucun des nombreux dissolvants, acides, alcalins ou neutres, essayés par nous n’enlève la matière colorante. Nous inspirant des derniers travaux de MM. Bertrand et Bourquelot relativement aux diastases oxydantes des végétaux, nous avons cherché si la coloration n’était pas due à un ferment soluble. Après quelques tàtonnements nous avons constaté que des fragments de la tumeur mis au contact de Ja teinture de gaïac (vieille de un mois environ) lui donnait immédiatement une teinte bleu vif, le fragment lui-même se teignait en bleu; au bout de huit à dix minutes cette teinte pälissait, le néoplasme se décolorant le pre- mier et la teinture elle-même passant au vert jaune sale. Une goutte des dissolvants dans lesquels la tumeur avait macéré, produisait la même réaction avec la teinture de gaïac qui devenait brusquement bleu indigo, puis se déteignait lentement jusqu'au vert jaune. Un fragment porté dans l’eau bouillante perdait immédiatement le pouvoir de faire virer au bleu la teinture de gaïac. Enfin nous avons vu que la tumeur prenait, au contact de la para- phénylène-diamine, une teinte violette intense, qui allait ensuite en s’atténuant au bout de 20 à 30 minutes. Nous avons cherché si d’autres tumeurs n'avaient pas une action sem- blable sur la-teinture de gaïac : une tumeur épithéliale du thymus, un cancer colloïde de l'estomac, un lipome, une tumeur épithéliale ova- 4 tm lat RÉ ee CS, gs, Gal és nn "où d'u dtt LTTANT TS Nr EX | ie « SÉANCE DU 28 MARS 39 ———————— rienne (non kystique et enlevée chez une jeune fille de seize ans), deux cancers du sein, deux cancroïdes de la face, un myome malin de l'utérus (dit eysto-sarcome), enfin un fibrome pur de l'aisselle (41 fois récidivé in situ). En opérant sur des tranches minces de tissu baignées dans une petite quantité de réactif et exposées fréquemment à l'air, nous avons constaté que, en règle générale, la teinture de gaïac virait au bleu quand nous avions affaire à une tumeur à évolution rapide; et que dans une même tumeur les points centraux pouvaient ne pas agir sur la teinture, quand au contraire un fragment de la périphérie se teignait en bleu; pour le fibrome malin, ia grosse masse blanche et nacrée n'avait aucune action, au contraire une masse secondaire plus rosée et plus molle prenait une teinte bleue : de nos deux cancroïdes certaines parties seulement don- naient la réaction, nous avons constaté histologiquement pour ce fibrome malin et pour ces cancroïdes que les fragments réagissant étaient les points manifestement en développement plus actif. Pouvons-nous tirer de ces faits une règle générale? Nous ne le pen- sons pas. Les cancers du sein ne nous ont pas donné la réaction, le cancer colloïde de l'estomac, ainsi que le cancer musculaire lisse de l'utérus non plus. Cependant l’action observée sur la teinture de gaïac, et la paraphé- nylène-diamine, la disparition de cette action par le chauffage des fragments à 100 degrés, permettent de se raltacher à l'idée de la pré- sence d’une substance diastasique oxydante dans le chloroma. Le même phénomène parait se reproduire aussi dans certaines tumeurs et sur quelques points des tumeurs à l'exclusion de certaines autres; dans ce dernier cas, les régions qui donnent la réaction répondent à une zone de développement plus active de la néoplasie. Mais nous n'avons pu déterminer la cause pour laquelle certaines autres tumeurs regardées comme très malignes, nous ont donné des résultats négatifs. MODIFICATION DE LA MÉTHODE DE NISSL POUR LA COLORATION DU PROTOPLASMA DES CELLULES NERVEUSES, ET QUELQUES MOTS A PROPOS DE LA MÉTHODE DE COLORATION DE WEIGERT PAR L'ACÉTATE DE FER ET L'HÉMATOXYLINE, par M. le D' Smmon SAbovsry. On sait que Nissl à proposé deux méthodes de coloration du proto- plasma des cellules nerveuses, l'une plus simple par la fuchsine, l'autre par le bleu de méthylène, plus compliquée (4). Get auteur à découvert la propriété que possède le protoplasma cellulaire de se colorer d’une (4) Technique de Kahlden, traduction 4896 du Dr Laurant. SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE As Co ©e Lo certaine façon caractéristique, fait très intéressant et qui assure à celte méthode un rôle important én pathologie nerveuse. Malheureusement, malgré ses dix ans d’existence, la méthode de Nissl est toujours une « méthode nouvelle » et relativement peu répandue ; à cela nous croyons voir deux raisons : la grande complexité de la méthode et son caractère « capricieux » universellement reconnu. Nissl dit bien (1) que durant des années de travail il n’a pas perdu une seule coupe, mais c’est bien loin d’être l'opinion de ceux qui ont eu l’occasion de suivre ses indications. Le chauffage jusqu'à apparition des vapeurs ou même des bulles, fixe trop la matière colorante et parfois ratatine les coupes. Quant à la décoloration à l’aide de l'huile d’aniline, elle s'opère d’une manière si irrégulière, qu'il est difficile de saisir le moment précis où elle est achevée. Nous n'insistons pas sur les incon- vénients de l'inclusion dans ure solution de colophane dans la benzine, solution qu'il faut enflammer; la colophane noircit quelquefois et la préparation est inulilisable. Au cours de mes recherches dans le laboratoire du professeur Ray- mond, j'ai réussi à modifier cette méthode de manière à lui faire perdre les défauts sus-indiqués, tout en obtenant d'aussi beaux résultats. Fixation : Des fragments de cerveau aussi frais que possible, de 1/2 centimètre cube, sont laissés pendant 3, 4 jours dans une solution aqueuse de formol à 10 p. 100, transportés immédiatement dans l'alcool à 96 p. 100 (2 jours), puis dans l'alcool absolu (3 jours). Inclusion dans la celloïdine et coupes aussi minces que possible. Coloration. — On se sert d’une solution fraîchement préparée de bleu de méthylène dans l’eau à 4 p. 100, ou bien une solution saturée de fuchsine dans de l’eau phéniquée à 5 p. 100. a) Les coupes restent à froid dans la solution de fuchsine de 1/2 à 3 minutes ; dans le bleu, de 1/4 d'heure à plusieurs heures. b) Sur le porte-objet, les coupes sont arrosées avec une solution aqueuse à 1 p. 100 d'acide acétique jusqu’à apparition d’une différen- ciation entre les substances grise et blanche et jusqu'à l’apparition de l’état granuleux du protoplasma. c) La décoloration et la différenciation définitive se font dans l'alcool absolu. Déshydratation soigneuse dans une grande coupe d'alcool. d) Xylol, baume de Canada. La substance chromatophile des cellules nerveuses et de leurs prolon- gements protoplasmiques se colore avec une grande netteté. Nous recommandons particulièrement la coloration à la fuchsine, qui colore en même temps les cylindres-axes de la substance blanche, les noyaux des cellules névrogliques, les cellules des vaisseaux et autres éléments cellulaires. (1) Du même. Sa polémique avec Rosin, Neurologisch. Centralbl., 1894. £a sanatndit th dE, SÉANCE DU 28 MARS 399 Nous pensons qu il est nécessaire d'indiquer ici une application de la combinaison de Weigert (acétate de fer et solution d'hématoxyline) en tant que complément de la coloration de Nissl. Cette méthode est recommandée par Weigert et par Nissl (1) pour l'étude des phénomènes karyokinétiques dans le système nerveux et voici en quoi elle con- siste : fixation dans l'alcool à 96 p. 100; les coupes sont laissées 1/2 heure dans de la teinture d'acétate de fer de Rademacher, légère- ment lavées à l’eau, colorées pendant 1/2 heure dans une solution d'hématoxyline (hématoxyline 1, alcool 10, eau distillée 100), lavées à nouveau, puis décolorées dans l'alcool aiguisé d'acide chlorhydrique (acide chlorhydrique 1 p. 100 dans alcool à 70 p. 100) jusqu’à la teinte gris bleu. Enfin lavage dans l’eau pendant 10 minutes au moins, alcool, xylol, baume de Canada. Par cette méthode, les noyaux des cellules nerveuses se colorent parfaitement, de même que leurs prolongements protoplasmiques, la névroglie, les cylindres-axes; cette méthode colore aussi, quoique moins bien, la substance chromatophile des cellules nerveuses. La méthode de Weigert nous a servi d’adjuvant précieux de la colo- ration par la fuchsine et le bleu de méthylène. NÉVRITE EXPÉRIMENTALE PAR COMPRESSION ET LÉSIONS CONSÉCUTIVES DES CENTRES NERVEUX, par M. le D' Simon Sapovsxy. (Communication préliminaire.) La question du rôle joué en pathologie nerveuse par les causes nocives générales et par celles qui agissent plus directement sur les nerfs périphériques en particulier préoccupe les esprits des savants depuis longtemps. | En laissant toute leur importance aux dispositions individuelles, aux influences infectieuses et toxiques, nous voyons pourtant bien des choses inexplicables dans les rapports de cause à effet entre les différents agents pathogènes et les lésions du système nerveux central ou périphé- rique. Depuis les premières communications de Leyden, toute une série de chercheurs ont essayé de déterminer les altérations qui se produisent dans le système nerveux central à la suite d’une névrite artificiellement provoquée. Nous avons fait nous-même, il y a quelques années (2), une (4) Nissl. Neuroloyisch. Centralbl., 1894, p. 84. (2) Contributions à l'étude des modifications des centres nerveux provoquées par les excitalions périphériques. Saint-Pétersbourg, 1889. Bibliographie jus= qu'en 1888. 356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE série d'expériences (chats, chiens, lapins) en irritant le nerf par lPélec- trisation ou par une ligälure légère, afin de voir s'il se produirait des altérations dans les centres nerveux les plus rapprochés (ganglions spinaux, plexus gangliformes des nerfs pneumogastriques, ganglion cervical du grand nerf auriculaire). Nous avions constaté les altérations suivantes : 1. Vacualisations des cellules nerveuses, aussi bien centrales que péri- phériques : 2. Nécrose de coagulation des cellules nerveuses ; 3. Dégénérescence hyaline de la partie périphérique des cellules nerveuses. Toutes les altérations se trouvaient à distance, il n'y en avait point dans le segment central du nerf. Pour juger sûrement du rôle des névriles dans la pathologie des cen- tres nerveux, il faut trouver réunies deux conditions : la persistance d’une cause d'irritation sur le trajet du nerf et l'absence d'une infection ou d'une intoxication générale qui pourrait agir simultanément sur len- semble du système nerveux. Dans les nombreuses recherches de ces der- nières années, l’une ou l'autre de ces deux conditions fait défaut : la première manque pour les ampulalions, pour la section du nerf; la seconde manque dans les cas de névrite due au rhumatisme, à la tuber- culose, à la diphtérie, à l'alcoolisme, à l'intoxication saturnine, etc., etc. Pour nous rapprocher le plus possible des conditions susindiquées, nous avons fait dans le courant de l’année dernière une série d’expé- riences (lapins) de la façon suivante : le nerf scialique mis à nu vers le tiers inférieur de la cuisse est comprimé entre deux demi-cylindres en bois longs de 1 cent. 1/2 liés à l’aide d’un fil. L'opération est faite aseptique- ment, la plaie guérit par première intention. L'effet immédiat de l’opé- ration est le suivant : les orteils de la patte ne peuvent s’écarter, un léger état parétique se manifeste dans la marche et la patte est parfois rejetée en arrière. Au bout de huit à douze jours iise produit de la chute des poils et une escarre sèche se forme sur le talon de la patte opérée. La température reste normale et le poids est sans changement. Le nerf est très sensible à la pression au niveau de l’étranglement, la sensibi- lité est obtuse vers la périphérie. Au bout de quarante-cinq jours les animaux élaient sacrifiés par la piqûre du bulbe. Les pièces sont pré- parées par les méthodes de Nissl (avec notre modification), de Weigert ‘acétate de fer et hématoxyline) et de Marchi. Voici les résultats auxquels nous sommes arrivé. Au niveau de la compression le nerf a l'aspect presque normal, sauf qu'il a légèrement diminué de volume ; au-dessus et au-dessous de ce point il existe un gonflement sur une étendue de 1 centimètre. Le bout central du nerf et la moelle paraissent normaux à J’œil nu. Le bout péri- sommet in don lue id ns 4 < à ñ à A | —l SÉANCE DU 28 MARS 39 phérique à une consistance plus molle et a perdu son aspect nacré. Il n'existe aucune trace de suppuration. Au microscope les faisceaux nerveux présentent les lésions connues de la névrite parenchymateuse : gonflement et fragmentalion de la gaine de myéline; disparition du cylindre-axe: prolifération des noyaux de la gaine de Schwann. A côté des fibres gonflées il en existe de très minces qui sont plus nombreuses dans la partie du nerf comprimée. Dans le bout périphérique cet état de dégénérescence se poursuit jusqu'à l'extrémité. Dans le bout central il ne remonte que sur une étendue de 4 centimètre. Sur le reste du trajet du nerf on ne voit que quelques fins grains noirs disséminés (par la méthode de Marchi). Dans les ganglions spinaux les tubes nerveux ne présentent pas la moindre lésion. Au niveau de la portion intramédullaire des racines, c'est-à-dire dans les cordons postérieurs, nous avons trouvé dans un cas des boules noires en beaucoup plus grande quantité que du côté opposé. Dans les cornes antérieures il existe, du côté opéré, un gonflement très marqué avec un état onduleux des cylindres-axes des cellules motrices. Cette altération peut être suivie depuis le groupe des cellules postéro- latérales jusqu'à la périphérie de la moelle ; elle ne s'étend pas à la por- tion extramédullaire des racines. Les cellules des ganglions spinaux du côté opéré présentent les lésions qui répondent aux trois types suivants : 1° concentration autour du noyau, en forme de bague épaisse, de la substance chromatophile qui abandonne les bords, 2° déplacement du noyau vers la périphérie ; 3° concentration de la substance chromatophile au centre avec dépla- cement du noyau vers la périphérie. Dans les cornes antérieures les lésions cellulaires se localisent presque exclusivement au groupe postéro-latéral (du côté opéré). Elles ressem- blent d’une facon générale à celles des cellules des ganglions spinaux : concentration de la substance chromatophile autour du noyau avec alrophie plus ou moins prononcée des parties périphériques ; déplace- ment vers la périphérie du noyau avec raréfaction plus où moins pro- noncée de la substance chromatophile. On voit quelquefois des cellules où un des angles seul est décoloré : on ne peut savoir s'il s’agit de léminence du cylindre-axe. Conclusion. — 1 existe des lésions centrales consécutives à l'irritation prolongée des nerfs périphériques, ce qui prouve que les influences nocives localisées en un point précis retentissent à distance sur la tota- lité du neurone. Dans nos expériences la limitation exacte du lieu d'application de l'agént élimine les influences générales qui auraient pu s'exercer directement sur les centres trophiques pour fausser les résultats obtenus. Les lésions que nous avons décrites sont donc bien les résultats d'une action purement dynamique. BIOLOGIE. ComPTEs RENDU, — 10€ série, 7, HI, 26 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En terminant cette communication, je me permets d'exprimer ma pro- fonde reconnaissance à M. le professeur Raymond et à son chef de labo- ratoire M. le D' Najeotte pour l’extrème obligeance avec laquelle ils ont mis à ma disposition les nombreux moyens scientifiques du laboratoire. NOUVELLE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION COAGULANTE DE LA GÉLATINE SUR LE SANG, par MM. A. DasrRe et N. FLORESco. Dans la séance du 29 février dernier nous avons exposé les premiers résultats de notre étude sur la propriété que possède la gélatine de favo- riser la coagulation du sang et de s'opposer à l’action de la propeptone. Nous voulons communiquer ici quelques faits complémentaires : 4 La gélatine se montre un agent coagulateur non seulement in vivo, mais aussi in vitro. — Nous injectons la solution salée de gélatine à 5 p. 100 dans la veine tibiale d’un chien; nous recevons le sang de l'artère fémorale. On constate que la coagulation de ce sang est consi- dérablement accélérée. C’est l'épreuve 2n vivo. Le même résultat se produit si. l’on recoit le sang normal d’un chien qui n’a subi aucun traitement spécial dans la même solution salée de gélatine; on constate une accélération extrèmement marquée de la coagulation. L'expérience doit être faite comparativement. Le sang de la saignée est distribué (par un tube trifurqué) dans trois tubes à essai contenant l’un la gélatine salée ; le second la même quantité de solution physiolo- gique, le troisième vide recevra le sang pur. Ces tubes seront maintenus à une température de 32 à 38 degrés de manière à éviter la complication de la gélification. On constate que le sang pur se coagule d’abord; plus tard le sang salé ; plus tard enfin le sang gélatiné. Pour rendre le phénomène plus manifeste et en augmenter, en quelque sorte, l'évidence, il faut observer une précaution. Il faut opérer sur un animal dont le sang se coagule lentement.On observe des cas de ce genre de coagulation normalement retardée, chez des chiens morphinés, maintenus sur la table à contention et dont la température s’abaisse. Il n'est pas rare de constater alors des coagulations qui commencent après six minutes et ne sont achevées qu'après douze à quinze minutes. C'est dans des circonstances pareilles que l’action de la gélatine devient évidente; la coagulation totale s’y accomplit en deux ou trois minutes. 2 (rélification du sang gélatiné; la gélatine est expulsée du caillot et de la masse des globules. — C'est également dans des cas pareils que l’on se rend mieux compte de l’autre phénomène qui succède à la coagulation; SÉANCE DU 28 MARS 359 à savoir la prise en gelée ou gélification. Lorsque le sang gélatiné met une ou deux minutes à se coaguler, la séparation se fait bien entre le sérum qui surnage et le caillot qui occupe le fond. Quelque temps après le tout prend l'apparence d’une gelée solide: on peut retourner le tube sans rien renverser. Si alors on porte le tube à l’étuve à 38 degrés, le sérum gélatiné surnageant redevient liquide; le caillot garde sensi- blement sa consistance et son volume. La chaleur n’a fait sortir que peu de gélatine. Ainsi dans le phénomène de la coagulation du sang gélatiné, la gélatine mêlée au sang se réfugie dans le sérum : elle est exclue du caillot, fibrine et globules. Autre preuve du même fait : rejet de la gélatine par les éléments du caillot. On reçoit le sang gélatiné dans un tube contenant, dans une goutte d’eau, » centigrammes d’oxalate de potasse. Le sang ne coagule plus. Il reste longtemps liquide; il se gélifie tardivement. Le lendemain on peut renverser le tube sans le vider. Mais si l’on y regarde de plus près, on s'assure que ce qui est gélifié c'est la couche supérieure seulement, le plasma. La masse des globules forme au-dessous une couche épaisse, mais non solidifiée, qu'on peut décanter par le bas du tube. 3° Paradoxe de la gélification du sang. — Cette circonstance rend compte d’une sorte de paradoxe que voici. Nous injectons chez le chien 0 gr. 4 de gélatine par kilogramme d'animal. En évaluant la quantité de sang à 1/10 (évaluation qui n'est pas très éloignée de la vérité, 1/12,1/13), le sang comprendra donc 0 gr. 4 de gélatine par 100 grammes. Or un liquide qui contient 0 gr. 4 de gélaline p. 100 ne gélifie pas; s’ilcontient mème 1 p. 100 il ne gélifie pas encore : il faut qu'il contienne 2 p. 100. Cependantle sang qui contient quatre fois moins de gélatine se gélifie, voilà le paradoxe. Il s'explique en remarquant précisément que la géla- tine ne se répartit que dans le plasma ou le sérum et dès lors que la teneur de ce liquide devient suffisante pour permettre la gélification aux tempé- ratures ordinaires. 4 Le quatrième point sur lequel nous appellerons l'attention est relatif à l’antagonisme de la gélatine et des propeptones, voisines cependant par tant de traits. Nous avions démontré cet anlagonisme en injectant la solution de gélaline après la solution de propeptone et en annulant ainsi l'effet de cette dernière. L'expérience peut être exécutée d'une autre facon. Au lieu d’injeeter successivement la gélatine et la propeptone, on peut les injecter simul- tanément, confondues dans le même mélange. On commence par faire une prise de sang el par observer les circonstances de la coagulation. On injecte alors dans la veine tibiale du chien le mélange de 3 de propeptone et 1 de gélatine (0,8 de propeptone et 0,26 de gélatine sèche 360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par kilogramme d'animal). Cinq minutes après on prend du sang et l'on constate que la coagulation n’est ni accélérée ni retardée : elle se fait dans les mêmes condilions qu’au début, Les quantités précitées des deux agents antagonistes se sont exactement contrebalancées. DE L'INCOAGULABILITÉ DU SANG PRODUITE PAR L'INJECTION DE PROPEPTONES, par MM. À. DAsrRE et N. FLorEesco. Tous les physiologistes connaissent la singulière propriélé des propep- tones (protéoses) de rendre le sang incoagulable lorsqu'on l'injecte dans les vaisseaux. Il suffit d'introduire dans les veines, 1 de propeptone pour 100 de liquide sanguin. L'expérience faite in vitro, en recevant du sang dans de la propeptone réussit également ; mais il faut alors quinze fois plus de propeptone, soit 15 de propeptone p. 100 de liquide sanguin. C’est à Schmidt-Mülheim (1880) que l’on doit la découverte de ce fait et à Fano (1881), Pollitzer (1885), Grosjean (1890) les particularités les plus essentielles du phénomène. On n’en connaît pas encore d'explication satisfaisante. En principe, la coagulation du sang fait intervenir trois facteurs : l’un principal, le fibrinogène, véritable générateur de la fibrine et deux autres acces- soires, le fibrin-ferment et les sels de chaux. Etcomme on admet que le fibri- nogène ne saurait être mis en cause, les explications ne peuvent viser que le fibrin-ferment ou les sels de chaux. L'incoagulabilité du sang à donc été attribuée, par les uns, à l'absence du fibrin-ferment; par les autres, à l'absence des sels de chaux. Que l’on admette tels intermé- diaires que l’on voudra imaginer (substance anticoagulante, sécrétion cellulaire ou hépatique), c'est en définitive au fibrin-ferment ou aux sels de chaux qu'il en faut venir, comme cause prochaine. C'est à l'absence du fibrin-ferment ou à son insuffisance que one Schmidt-Mülheim. Telle semble être aussi, indirectement, l'opinion de Fano qui fait intervenir l’action de la peptone sur les globules blanes, opinion qui vient d'être reprise sous une forme intéressante par MM. Carvallo et Anastasiu. Les auteurs plus récents semblent considérer le fait comme hors de doute et démontré. Rien n’est moins exact. Il est facile de démontrer péremptoirement que le fibrin-ferment existe dans le sang peploné, et en quantité suffisante. Pour faire cette démonstration il faut avoir recours à l’artifice qu'a fait connaître À. Buchanan dès 1831 pour avoir du plasma sanguin pur. Le liquide des cavités séreuses n’est autre chose, en effet, que du plasma transsudé. C’est du sang moins les globules. Ce liquide peu abondant d'ordinaire le devient dans des cas pathologiques (épanche- SÉANCE DU 28 MARS 361 ments non inflammatoires de la plèvre, du péritoine, de la tunique vaginale). Il ne coagule pas spontanément : il Iui manque le fibrin-fer- ment ainsi qu Alexandre Schmidt l'a démontré en 1872. Il coagule au contraire dès qu'on lui ajoute ce ferment ou quelque liqueur qui le con- tienne, sang. lymphe, chyle défibrinés. Ceci posé voici l'expérience : I. £rpérience. Nous nous procurons de la sérosité péricardique et de la sérosité péritonéale de cheval, sans une goutte de sang. On er met quelques centimètres cubes dans une série de tubes à essai; 5 centimètres cubes dans chacune. Ceci posé, on recueille le sang d’un chien à qui l'on à injecté, un quart d'heure auparavant, 1 gramme de peptone de Wilte par kilogramme. On laisse déposer les globules (ou mieux on hâte le dépôt par l'emploi de l'appareil centrifuge). On recueille le plasma. Or, si l’on ajoute 1 à 3 centimètres cubes de ce plasma de peptone (improprement appelé sérum du sang peptonisé), dans un des tubes contenant la sérosité péricardique, celle-ci coagule. Le caillot se forme à la température ordinaire, en quatre heures. Exactement comme avec le sérum de ‘ang ordinaire. | Le plasma-peptone, le sang-peptone, contient donc du fibrin-ferment. L'expérience se fait comparativement. Les tubes témoins qui n'ont point recu de sang-peptone restent indéfiniment liquides : ceux qui ont reçu du sérum de sang ordinaire sont coagulés comme ceux qui ont reçu le sérum de sang-peptone. Dans quelques tubes contenant la sérosité péricardique, on ajoute directement du sang de peptone total (sans laisser déposer les globules); on obtient de mème la coagulation de la sérosité, absolument comme lorsque l'on ajoute du sang ordinaire défibriné. D'autre part, si l'on chauffe à 70 degrés pendant un quart d'heure le plasma du sang de peplone, le sang de peptone ou le sérum de sang ordinaire, l'addition ne provoque plus la coagulation de la sérosité. La température de 70 degrés a détruit le fibrin-ferment. Le fibrin-ferment (quelle qu'en soit la nature, nucléo-albumine ou non) existe donc et en quantité suffisante dans le sang de peptone, et c'est vers le second facteur, sels de chaux, qu'il faut se tourner si l’on veut comprendre pourquoi il reste inefficace. Arthus (1890) à montré que le chlorure. de calcium ajouté au sang de peptone le faisait coaguler. On à voulu prétendre que ce fait était sans signification, sous prétexte qu'il fallait une quantité considérable de chlorure de calcium. Mais cela n’est pas exact; il suffit de faibles quantités, et l'excès même est plus nuisible qu'utile. Mais le moyen d'éviter toute incertitude, c'est d'opérer sur le plasma du sang de peptone, celui-ci étant recueilli d’ail- leurs au moment de son maximum d'activité. 362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il. Æxpérience. — On prend une solution contenant 10 grammes de chlorure de calcium p. 100 et l’on ajoute 3 gouttes de cette liqueur à du sérum de sang peptoné (5 centimètres cubes). La coagulation se produit. Ainsi : le sang de peptone contient du fibrin-ferment capable d'agir. Il coagule sous l'influence de faibles quantités de sel de chaux. III. £xpérience. — On injecte dans la veine tibiale d’un chien un mé- lange de peptone au titre ordinaire et de chlorure de calcium (1 de chlo- rure pour 15 de propeptone). Le sang qui normalement coagulait en 3 minutes, coagule maintenant en moins d’une minute. La pression baisse, mais la coagulation est accé- lérée. D’après un renseignement qui nous est fourni, Pekelharing aurait obtenu un résultat analogue en injectant successivement les deux sub- stances. Nous sommes d'accord avec lui. Ces fait sont faciles à reproduire, caractéristiques, et ne laissent place à aucun doute. Dans une prochaine communication nous verrons quelles en sont les conséquences. LES ÉCHANGES RESPIRATOIRES A L'ÉTAT NORMAL, par MM. AcBerT RoBin et MAURICE BINEr. Le chimisme respiratoire n'a point encore pris place parmi les moyens d'exploration utilisés en clinique; les applications qu’on en peut faire au diagnostic, au pronostic et surtout à la thérapeutique demeurent, à l'heure actuelle, extrêmement restreintes. Notre but est d'introduire l'étude des échanges respiratoires dans la clinique, et depuis deux années, nous poursuivons des recherches dans ce sens. Ces recherches portent actuellement sur près de cent cas, comportant un millier d'analyses. Elles nous ont permis de résoudre plusieurs problèmes obscurs de la nutrition. Et en comparant les résultats de nos expériences avec ceux fournis par l’analyse de l'urine, nous avons pu constiluer un faisceau important des faits qui sont immédiatement applicables à la clinique et à la thérapeutique. Dans une série de mémoires en préparation, nous exposerons les pro- cédés pratiques dont nous nous servons pour recueillir, mesurer et ana- lyser les gaz de la respiration; puis les données nouvelles que nous avons acquises et dont les plus importantes concernent la tuberculose pulmo- naire, la fièvre typhoïde, la pneumonie, le diabète, les cirrhoses, la chlorose, les dyspepsies, etc. Dans la note actuelle, préparatoire, nous voulons simplement rap- SÉANCE DU 28 MARS 363 porter les chiffres physiologique qui nous serviront d’étalons quand il s'agira de fixer le taux et la valeur des variétés pathologiques. 1° Quantité d'air expiré par minute. . . . . 7 litres 090 20 :COZ DE ADAM EXDITE 2 Se 0 d p+,100 SOS CE DOME CE DITES PU LA D: — FCO Pespiret par minute. Mr EU PN 284 Cent. Cubes: 5° O? inspiré — - Aer JU — 6° O0? absorbé par les este See noel TR ON — T° Quantité d'air expiré par minute et par kil. déipoidslts w90pE ARNO — 8° Quantité de CO? ini . Have et jpar kilsde-poids;24.#014. 4.3 — 99 Quantité d'O? inspiré par Sent a . kil. de pouids ENT AL 5,31 — 10° Quantité d’'O? Fhecrhe HT les icone, _. minute et par kil. de poids. . . ... . . 1.01 — Quelques-uns de ces résultats diffèrent sensiblement des chiffres fournis par les auteurs, mais ils portent sur un si grand nombre de faits que nous pouvons les considérer comme représentant l’état normal, au moins dans les conditions où nous sommes placés. L’exposé de ces conditions et la comparaison de nos chiffres avec ceux de nos devanciers seraient trop longs à rapporter ici, et nous en avons fait l'objet d’une étude qui paraîtra prochainement dans les Archives générales de médecine. SÉRUM ANTI-ALCOOLIQUE, par M. le D' Épouarn TOULOUSE. J'ai essayé de faire pour les intoxicalions ce qu'on à déjà fait pour les infections, c’est-à-dire de rechercher des sérums doués de qualités anti- toxiques. Partant de cette idée que certaines maladies infectieuses, la variole par exemple, en se développant chez un sujet, rendait ses humeurs réfractaires à une nouvelle atteinte du poison varioleux, j'ai pensé que l’intoxication à haute dose par l'alcool devait éveiller une défense de l'organisme et peut-être la sécrétion de produits capables de s'opposer d'une manière quelconque à l’action de ce toxique. Il était intéressant de rechercher si le sérum d’un animal fortement alcoolisé pouvait manifester ces qualités biologiques. Pour cela, j'ai, dans le laboratoire de M. le professeur Richet, qui a bien voulu seconder mes recherches, soumis à l’intoxication alcoolique deux chiens. Pendant six jours, du 4 au 9 janvier dernier, ils absorbèrent, mélangés à leurs aliments, environ 40 grammes d'alcool éthylique par journée. Le T° jour, on les fit jeûner; et le 8° on les saigna pour recueillir leur sérum. 364 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quelque temps après l'occasion S'offrilt d'essayer ce sérum dans le service de M. le professeur Joffroy, dont je suis le chef de clinique. Un homme de quarante ans, alcoolique chronique, arriva dans un état d’in- toxication aiguë avec tremblement, fièvre, sueurs profuses et délire hallu- cinatoire violent. Sa maigreur était extrème et la résistance générale du sujet paraissait bien faible. Le 25 janvier 1896, au 2° jour de sa ma- ladie, le sujet est soumis au traitement sérothérapique. J’injecte à midi, sous la peau du ventre, 9 centimètres cubes. La température, qui était de 39°,2, tombe à 38°,4 à 3 heures de l'après-midi et s'y maintient jusqu’à 6 heures du soir. À ce moment, nouvelle injection de 7 centimè- tres cubes. La température remonte à 9 heures jusqu'à 39,6; et la nuit est agitée. Le lendemain, 26 janvier, changement complet; le malade est plus calme et paraît reprendre ses idées. La température était rede- venue normale (37°,5) à 7 h. 1/2 du malin. À ce moment nouvelle et der- nière injection de 8 centimètres cubes. La guérison des accidents psychiques se maintient; plus d’agitation, plus de délire ; une grande lucidité pour les choses actuelles. Seuls les souvenirs de la maladie, où quelques-unes de ses hallucinations se mêlent à des faits vrais, sont et restent encore quarantie-huit heures un peu confus. Bien que ce cas soit des plus nets au point de vue de la cessation des troubles psychiques et physiques coïncidant avec le traitement sérothé- rapique, j hésite encore à attribuer à ce dernier la guérison de mon malade. Car les alcooliques guérissent si facilement qu'on peut toujours objecter que le sujet dont j'ai rapporté l’histoire aurait guéri sans mon sérum. Aussi rapidement avec sa fièvre, et son état de dénutrition? C'est cependant peu probable. Je n’ai relalé ce fait que pour prendre date, me réservant de tenir la Société au courant des nouvelles recher- ches que je poursuis, non encore terminées aujourd'hui, et qui fixeront peut-être certains points obscurs dans mon expérience, à savoir si mon sérum à agi en tant que sérum anti-alcoolique ou en tant que sérum quelconque ; si, dans le premier cas, il peut immuniser des animaux au point de les rendre réfractaires à des doses toxiques d'alcool, ou si pour cela il ne vaudrait pas mieux rechercher l’immunisation alcoolique par l'emploi de petites doses élevées progressivement. ACTION ANTITOXIQUE DES CAPSULES SURLÉNALES SUR LA NEURINE, par M. Ep. Boiner, Agrégé, médecin des hôpitaux, professeur à l'École de médecine de Marseille. Albanèse (Arch. ital. Biol., 1893, t. XVIII, page 53) pense que les cap- sules surrénales ont probablement pour fonction de modifier la neurine, qui se produit dans l'organisme et qui a été retrouvée aussi dans ces Fm. SÉANCE DU 28 MARS 365 organes et dans les urines d'individus morts de maladie d'Addison (Marino-Zucco). D'après Albanèse, les grenouilles acapsulées sont quatre fois plus sensibles aux effets toxiques de la neurine que les grenouilles normales. Des résultats analogues, mais cependant moins nets, ont été observés chez le lapin. (Albanèse, Supino, Æiforma medica, 1892, -vol. HI, p. 686-691.) LE. — J'ai fait, sur les grenouilles et [es rats, deux séries d'expériences qui ont eu pour but d'étudier l’action que l’ablation des deux capsules et la fatigue exercent sur les effets toxiques des injections de neurine. Ces recherches ont été faites comparativement sur des animaux : 1° nor- maux, 2 privés de leurs capsules, 3° fatigués par des décharges élec- triques ou par une rotation ininterrompue, 4° fatigués après l'ablation de leurs capsules, 5° décapsulés, après l'injection de neurine. 1 SÉRIE. À. Grenouilles normales. — 4 milligrammes de neurine déter- . minent immédiatement des contractures passagères avec emprostho- tonos; puis cette phase, qui dure à peine une minute, est suivie de parésie, de mydriase, de paralysie complète, qui n'est généralisée qu après l'arrêt prolongé de la respiration. On note, plus tard, du ralen- tissement des battements du cœur, du myosis, enfin un état de mort apparente, qui survient en un quart d'heure. L'excitation du scialique avec l'appareil de du Bois-Reymond(1) ne provoque pas de contractions dans les muscles, qui réagissent avec énergie, si on les électrise direc- temenL. Cette similitude d'action avec le curare n'est pas complète, car la neu- rine se comporte comme la muscarine vis-à-vis du cœur, des glandes et de la pupille. En résumé, il faut 1 milligramme de neurine pour tuer 6 grammes de grenouille normale. Avec 3 milligrammes injectés à une grenouille moyenne pesant 25 grammes, l’état de mort apparente arrive en 20 minutes, puis les symptômes de l’empoisonnement se dissipent dans l’ordre inverse de leur apparition. La mydriase esl très accusée, la guérison se produit 18 heures après Avec 2 milligrammes, la paralysie ne survient qu'au bout de 30 à 40 minutes et disparait 6 heures après. B. Grenouilles décapsulées. — La destruction des capsules par le fer rouge augmente les effets toxiques de la neurine, dont le coefficient de toxicité peut doubler et même tripler dans quelques cas plus rares. C. Grenouilles fatiquées. — Une faligue exagérée produite par l'appa- reil de du Bois-Reymond augmente l'intensité et la gravité des symp- tômes d'empoisonnement dus à une injection de 2 milligrammes de neurine; ils ne cessent qu'au bout de 36 heures. D. Grenouilles décapsulées, puis fatiquées. — La fatigue, combinée à la cautérisation des capsules, diminue encore la résistance à la neurine, (4) Dix éléments, bobine à fil moyen, placée à six divisions. 366 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — surtout si la décapsulisation est récente. Lorsque cette opération date de la veille, l'animal présente, sous l'influence de 2 milligrammes de neu- rine, les symptômes qui sont provoqués par 3 milligrammes, à l'état normal. Pour éviter ces lésions superficielles des reins qui sont si fré- quentes chez les grenouilles décapsulées et qui gènent l'élimination de la neurine par les urines, nous avons expérimenté sur le rat d’égout. DEUXIÈME SÉRIE. À. Rats anciennement décapsulés. — 5 centigrammes de neurine tuent un rat, de 300 grammes, décapsulé depuis un mois, et n’entrainent pas la mort d’un rat, du même poids, guéri d’une inoculalion intra-péritonéale de cancer. 8 milligrammes ont suffi pour tuer un rat, chez lequel une cautérisation au nitrate d'argent, datant de huit mois, avait atrophié les deux capsules. Cette dose n’est pas capable d'occa- sionner la mort d'un rat normal. Cependant l’ablation des deux capsules n'a pas empêché des rats pesant 85,120,200 grammes, de résister à 0,004 ; 0,01 ; 0,03 de neurine de Darmstadt. B. Rails anciennement décapsulés et faliqués. — Une fatigue inten- sive, consécutive à des chocs électriques ou à une rotation ininter- rompue, diminue la résistance des rats aux effets toxiques de la neurine. Ainsi, un rat pesant 235 grammes, décapsulé depuis un mois, puis fatigué par les décharges électriques, est tué, en quarante-cinq minutes, par 0,02 de neurine : à l’autopsie, on ne trouve aucune trace des cap- sules et on constate une forte hypertrophie de la rate et des ganglions lombaires. Une faible dose de neurine (0,006) détermine des symptômes plus graves chez 4 rats anciennement décapsulés et fatigués soit avant, soit après cette injection. Ces animaux se rétablissent plus lentement que des rats normaux fatigués et placés dans les mêmes conditions. Après une rotation prolongée pendant une heure, un rat, de 135 grammes, décapsulé depuis quarante-cinq jours, succombe douze heures après l'injection de 0,006 de neurine. Par contre, un rat sain pesant 170 grammes, fatigué par des chocs électriques, résiste à 0,02 de neurine. C. Rats fraichement décapsulés. — L'action toxique de la neurine est mal supportée. Ainsi, 0,03 de neurine injectés en 3 fois, à une heure d'intervalle, à un rat pesant 378 grammes, décapsulé deux heures avant, entraînent de la prostration, de l’irrégularité de la respiration, de la mydriase; puis, de la parésie, du myosis, de la rareté et de la fai- blesse des inspirations, de l’affaiblissement cardiaque, de la sialorrhée et de l’hypothermie (34°). Enfin, il meurt en trois heures et demie et pré- sente, à l’autopsie, de la congestion pulmonaire. D. Rats décapsulés après l'injection. — Les faits suivants prouvent que l’action antitoxique des capsules vis-à-vis de la neurine ne doit pas être exagérée. En effet, l’ablation de 2 capsules pratiquée sur un rat pesant 170 grammes et se trouvant en pleine torpeur causée par une injection de 0,025 de neurine, se borne à aggraver les symptômes sans ; | - 4 SÉANCE DU 28 MARS 367 entrainer la mort : ce rat supporte 0,02 le lendemain, et 0,0% le sur- lendemain; il résiste donc à 0,065 de neurine injectés en trois jours. Deux semaines plus tard, ce rat était toujours en bon état. IT. Action antiloxique des capsules in vitro. — Elle était peu appréciable dans les expériences suivantes : 7 capsules fraiches de rat sont broyées et mélangées à XXI gouttes de neurine (à 25 p. 100), préalablement dissoutes dans 7 centimètres cubes d’eau. Ce liquide, filtré au bout de 17 heures, se réduit à 3 cent. cubes 1/2. Il est presque aussi toxique que la neurine ; car, à la dose de 1/2 centimètre cube, il tue, en 2 heures, un rat pesant 400 grammes, décapsulé la veille. 0,032 de neurine injectés à un rat du même poids et décapsulé au même moment que le précédent, entrainent la mort en 3 heures. On obtient des résultats analogues sur 2 rats normaux pesant 60 grammes. Ils meurent quelques heures après l'injection soit de 4/10 de centimètre cube du liquide contenant la neurine et les capsules, soit de 0,021 de neurine. Enfin, 2 grenouilles moyennes succombent en ÿ minutes, sous l'influence de 1/10° et même de 1/20° de centimètre cube de la solution de neurine traitée par les capsules. Cependant, l'addition de 4 capsules de rat à 1 cent. cube 1/2 du précédent liquide en diminue légèrement la toxicité. Ainsi, 1 rat pesant 80 grammes, décapsulé 6 heures avant, résiste à l’injection de 1/3 de centimètre cube, tandis que 1 rat normal, de même poids, supporte une dose deux fois plus forte. Ces derniers résultats sont conformes aux recherches de Charrin et Langlois sur l’action antitoxique in vitro des capsules surré- nales vis-à-vis de la nicotine (Soc. Biol., 25 mai 1894). Conclusions. — L'ensemble de ces expériences parait démontrer que le rôle antitoxique direct des capsules sur la neurine est assez limité. Il est bien moins accusé que l’action neutralisante exercée par ces organes sur l’atropine (Abelous, Soc. Biol., 15 juin 1895). Dans les conditions expérimentales dans lesquelles nous nous sommes placé, l'élimination de la neurine semble surtout se faire par les reins; d’ailleurs, Cervello, en 1885, en avait décelé la présence dans l'urine. (Arch. Ttal. Biol., POVII, p.185.) SUR LE PROCESSUS D'ÉLIMINATION DE LA CHAUX CHEZ LES RACHITIQUES, par M. le professeur OECHSNER DE CONINGK. Dans une note présentée à l’Académie des Sciences, en juillet 1895, j'ai étudié le processus d'élimination de la chaux chez un certain nom- bre d'enfants rachitiques, et j'ai fait connaître les quantités de cet oxyde éliminées dans les vingt-quatre heures par litre d'urine. J'ai continué cette étude en analysant les urines d'un beaucoup plus grand nombre d'enfants rachitiques, pris soit dans les services hospita- 368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_— liers, soit dans la clientèle de ville, soit dans le Nord, soit dans le Sud de la France. | Les nombres que j'ai oblenus, dans mes dernières analyses, en dosant la chaux, se rapprochent d’une manière remarquable de ceux qui ont été publiés par MM. les D Vierordt et Rüdel, et montrent que l'élimi- nation de la chaux par la voie rénale oscille entre certaines limites, sur l'interprétation desquelles il y aura lieu d'insister plus tard. Voici les nombres obtenus par M. le professeur Vierordt : CaO par litre : 0 gr. 074, O gr. 099, 0 gr. 053, 0 gr. 043, 0 gr. 061, 0 gr. 2185; 0 gr. 063, 0 gr. 037, 0 gr. 067. Voici, d'autre part, les nombres obtenus par M. le D' Rüdel : CaO par litre : O gr. 074, 0 gr. 099, O gr. 053, 0 gr. 043, 0 gr. 072, 0 gr. 099 et 0 gr. 063. Ces nombres représentent 16 séries d'analyses pondérales, et ils sont, comme on le voit, très concordants. Dans ma première série d'analyses, j'avais trouvé des nombres plus MMÉORISE CaO par litre : 0 gr. 1318, O gr. 1193, O gr. 4100, 0 gr. 1000, 0 gr. 094 et 051089; Mais dans 80 aulres analyses, que je vais grouper par ordre numé- rique, j'ai trouvé des nombres bien concordants avec ceux des deux savants biologistes allemands : Fe série. — 0 gr. 0348, 0 gr. 0358, 0 gr. 0358, 0 gr. 0362, 0 er. 0366, 0 gr. 037, O0 gr. 0377, 0 gr. 0383, 0 gr. 039, 0 gr. 0394. II série. — 0 gr. O4, 0 gr. 0416, 0 gr. 042, 0 gr. 0421, 0 sr 043; 0 gr. 043, 0 gr. 0435, 0 gr. 044, 0 gr. 0446, 0 gr. 045. LE série. — 0 gr. 050, 0 gr. 051, 0 gr. 0516, O gr. 052, O0 gr 0524; 0 gr. 053, O0 gr. 0535, 0 gr. 0539, 0 gr. 0541, 0 gr. 055. IVe série. — 0 gr. 0608, 0 gr. 061, 0 gr. 0645, O gr. 062, 0 gr. 0622; 0 gr. 0627, 0 gr. 063, 0 gr. 0636, 0 gr. 0648, 0 gr. 066. | VE série. — 0 gr. 071, O0 gr. 0717, 0 gr. 072, 0 gr. 0723, 0 gr. 0730, 0 gr. 0730, 0 gr. 735, 0 gr. 0738, 0 gr. 074, 0 gr. 0748. VE série. — 0 gr. 079,0 gr. 082, 0 gr. 0826; 0\gr. 083,0 700857 0 gr. 0842, 0 gr. 085, 0 gr. 0854, 0 gr. 087, 0 gr. 089. VII: série. — 0 gr. 0829, 0 gr. 0846, 0 gr. 086, 0 gr. 0864, 0 gr. 0875, 0 gr. 0877, 0 gr. 088, 0 gr. 089, 0 gr. 0895, 0 gr. 090. VIII série. — 0 gr. 093, O0 gr. 094, 0 gr. 0944, O gr. 0948, O0 gr. 095; 0 gr. 096, 0 gr. 096, 0 gr. 098, 0 gr. 1000, O gr. 1042. Il résulte de l'examen attentif et de la comparaison de ces nombre fournis par plus de cent analyses, que l'élimination de la chaux, chez les enfants rachitiques, est tantôt faible, tantôt forte, et peut atteindre certaines limites qu’elle dépasse rarement. 2 | | SÉANCE DU 28 MARS 369 Enfin, il importe de remarquer que, chez un même rachitique, dans une période de quelques mois, l'élimination de la chaux, d'abord forte, peut devenir faible sous diverses influences. J'aurai, d’ailleurs, à revenir sur ce dernier point (1). RECHERCHES SUR QUELQUES CARACTÈRES DE L'URINE CHEZ LE VIEILLARD VALIDE, par MM. UrBain Monnier et A. Rouxeau (de Nantes). Quand nous avons entrepris ces recherches, dans les premiers jours de 1894, nous avions surtout l'intention d'étudier la toxicité de l’urine sénile. Mais nous ne tardàmes pas à être arrètés dans nos expériences par la constatation, maintes fois répétée, d’un phénomène que nous n’avions encore vu signaler nulle part, mais qui depuis l'a été, parait-il, par plusieurs auteurs. Nous voulons parler de la coagulalion plus ou moins générale du sang dans toute l'étendue de l'arbre artério-veineux, coagulation qui, très fréquemment, a suivi nos injections intra-veineuses d'urine, aussi bien chez l'adulte que chez le vieillard, accompagnant les phénomènes con- vulsifs el la mort de nos lapins réactifs. Aujourd'hui que les expérimentateurs ont très probablement à leur disposition des moyens d'éviter ces coagulations imporlunes qui peuvent constituer une cause d'erreur dans l'appréciation de la toxicité urinaire, nous nous proposons de reprendre nos expériences. Mais en attendant, nous désirons publier les résultats de nos recherches préliminaires au sujet de certains caractères de l'urine sénile, tels que la quantité, la densité, le chiffre de l'urée, etc. Ce sont évidemment là des caractères qui, depuis les recherches clas- siques de Le Canu (1839), ont fait l'objet de plusieurs importants travaux. Aussi a-t-il fallu une circonstance toute spéciale pour nous engager à revenir, après tant d'autres, sur celte question : c'est que nos conclu- Sions ne sont pas absolument d'accord, sur certains points tout au moins, avec celles que nous avons vu généralement formuler jusqu'à ce jour. A. Manière dont nous avons procédé dans nos recherches. — Nous avons essayé, d'abord, d'obtenir des notions, les plus exactes et les plus précises qu'il nous a été possible, sur le régime alimentaire des vieillards que nous observions. De sorte que chaque observation porte la moyenne de la ralion journa'ière en (1) Ces longues recherches ont été faites dans mon service, à l'Institut de chimie de Ja Faculté des sciences de Montpellier. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pain, viande, farineux, potages, vin, etc., d’où nous avons pu déduire par le calcul, eten nous appuyant sur les chiffres classiques, celle de la consom- mation journalière en eau, matières albuminoïdes, hydrocarbonés, graisses et substances minérales. Nous ne nous flattons pas d'être arrivés à des résultats d'une précision absolue et nous ne voudrions pas les donner pour tels. Tels qu'ils sont cependant, ils présentent, croyons-nous, une approximation suffi- sante pour nous permettre d'en tirer certains renseignements utiles. Nous avons, suivant en cela l'exemple qui nous a été donné par le plus grand nombre de nos devanciers, observé. nos vieillards pendant une période assez longue, quatorze jours en moyenne. Nous nous sommes entourés, bien: entendu, de toutes les précautions de rigueur, pour faire la récolte des urines, et nous croyons bien que, pour le plus grand nombre de nos sujets, nous avons recueilli la presque totalité des urines émises pente toute la période d'observation. Nos recherches ont porté sur l’homme seul. La limite d’dge a été soixante ans; les plus âgés de nos vieillards avaient quatre-vingt-cinq ans; l'âge moyen a été soixante-dix à soixante et onze ans. S Nous ne nous sommes adressés qu’à des sujets en apparence bien por- tants, aux pensionnaires les plus valides de l’hospice général qui, pour la circonstance, étaient mis en observation dans le service de l’un de nous; aux individus atteints de traumatismes légers ou à ceux qui attendaient patiem- ment, à l'Hôtel-Dieu, l’époque de leur transfert à l’hospice général. Tous ceux en particulier qui étaient atteints d’une affection cardio-aortique bien carac- térisée, les ramollis, les hémiplégiques anciens, les brightiques et les urinaires avérés étaient éliminés sans exception. Inutile de dire qu'avant d'admettre définitivement nos sujets d'expérience, l'essai des urines était fait pour l’albumine (chaleur, acide azotique, réactif citro-picrique) comme pour le sucre (liqueur de Fehling) et que cet essai fut répété chaque jour pour tous nos vieillards pendant toute la durée de l’expé- rimentalion. Il nous à paru intéressant de rechercher en même temps l’état de la tension artérielle chez chacun d'eux et nous nous sommes servis dans ce but du sphyg- momanometre de M. le professeur Potain. Disons que cette tension est des- cendue chez quelques-uns à 1# degrés; chez trois seulement elle a atteint 23 degrés et chez un seul elle est allée jusqu'à 25 degrés, chiffre qui ne se rencontrerait, parait-il Au avec la néphrite interstitielle. En moyenne elle a été. de 19 degrés. Ce n’a pas été sans peine que nous avons pu réunir un total de trente- trois individus réunissant à peu près les conditions requises d’àge et de santé. Malheureusement la bonne volonté n’a pas été la même chez tous, et il nous. reste seulement vingt-huit sujets (vingt-trois même, si nous voulons sou-. mettre les observations à une critique rigoureuse) sur lesquels nous puissions nous appuyer. En somme nos recherches sont basées sur quatre cents obser- vations quotidiennes (144 à l’Hôtel-Dieu, 255 à l'hospice général). B. Résultats généraux de nos observations. — Le premier fait que nous avons: pu constater, c’est la rareté excessive de l'albuminurie chez le vieillard valide, en particulier chez celui qui n’est ni un cardiaque ni un urinaire avéré. Nous n’en avons même jamais rencontré, à titre de phénomène trausitoire, pendant, né us ai Là xÿ- SEANCE DU 28 MARS 371 toute la période d’expérimentalion. Nous ne prétendons pas soutenir que les reins de tous ces vieillards étaient indemnes et sains, bien loin de là. Plusieurs d'entre eux (4), étant morts d'une maladie intercurrente dans les mois qui suivirent, nous renconträmes toujours à l’autopsie des altérations rénales très accentuées, des reins en général petits, avec la capsule plus ou moins adhérente, des pyramides dégénérées et assez souvent des kystes disséminés dans le parenchyme. C’est en somme une nouvelle preuve que le rein sénile constitue souvent une affection plus ou moins latente, et ne s'accompagne pas toujours d’albuminurie (Ballet, Sadler, Chabrely, etc.). Ce que nous venons de dire pour l'albuminurie, nous pouvons le répéter pour la glucose. En opérant avec la liqueur de Fehling nous n’avons jamais obtenu le moindre précipité d'oxydule de cuivre chez aucun de nos sujets en expérience, et cela pendant toute la durée de l'observation. Différences individuelles et quotidiennes. — Nous avons été frappés de voir jusqu'à quel point les divers caractères de l'urine, tels que la quantité, la den- silté, le chiffre de l'urée, étaient sujets à varier, et non seulement suivant les individus, mais encore suivant les jours. Ces variations allèrent souvent du simple au double. A ce point de vue l'histoire de l'urine sénile se confondrait assez bien avec celle de l'adulte, mais la conséquence pratique qui nous paraît résulter de cette constatation, c'est qu'une étude de ce genre ne devrait jamais porter que sur un nombre assez considérable de sujets et ne s'appuyer que sur une assez longue période d'observation. Quantité. — Déduite par ie calcul, la moyenne de toutes nos observations peut être évaluée au minimum à 1,310 grammes, soit 22 gr. 4 par kilo- gramme du poids du corps. Mais cette moyenne s'élève à 1,435 grammes, soit 24 grammes par kilogramme, si on élimine les quelques observations journa- lières évidemment incomplètes etles cinq individus que nous soupconnons déne nous avoir jamais fourni la totalité de leurs urines. D'autre part,les moyennes individuelles les plus souvent observées sont précisément celles qui se rap- prochent le plus de la moyenne générale déduite par le calcul. Disons donc que la quantité moyenne de l'urine sécrétée dans les vingt-quatre heures s'est trouvée comprise entre 1,319 et 1,435 grammes. Nous l’évaluerons à 1,370 grammes environ. Ce sont des chiffres évidemment supérieurs à ceux de Roche, de Mossé et Castan, de Nègre même (nous ne citons ici que les travaux sur le vieillard bien portant, sur l'homme, et qui reposent sur un nombre à peu près suffisant d'observations). Mais il est fort possible que la raison de ces différences gise surtout dans une différence du régime alimentaire. Voici en effet ce que nous avons constaté ici même. A l'Hôtel-Dieu, la moyenne a été 1,480 grammes (25 grammes par kilogramme): à l'Hos- pice général, 1,215 à 1,400 grammes (21 à 23 grammes par kilogramme). Or, la quantité d’eau consommée chaque jour en moyenne a été 2,540 grammes pour le premier de ces établissements et 2,150 grammes pour le second (dans celui-ci la consommation moyenne en lait fut plus élevée). L'étude comparative des moyennes dans les diverses catégories d'âge 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne nous à pas fourni de renseignements bien concluants en ce qui con- cerne l'influence des années. Mais si nous adoptons, comme étant l'expression de la quantité d'urine rendue par l'adulte, le chiffre donné par M. le professeur Bouchard, c'est-à-dire 1,350 grammes, chiffre qui donne assez bien la moyenne des apprécialions des auteurs français, il nous sera difficile d'admettre, avec nos devanciers, que la quantité d'urine soit diminuée chez le vieillard. Bien plus, si nous faisons entrer en ligne de compte cette notion, que nous devons à Quételet, à savoir que le poids du vieillard est plus faible que celui de l'adulte, et cette autre, qui a généralement cours, que le vieillard boit moins que l'adulte (nous l'avons vérifiée pour nos vieillards), il nous paraitra légitime de regarder le rein du vieillard comme fonc- tionnant relativement plus que celui de l'adulte, au moins en tant que filtre, et de considérer le vieillard comme un polyurique, un polyurique Jatent, si l’on veut, mais enfin un polyurique. Couleur, transparence, réaction. — Nous serons très brefs sur ce point. Ces différents caractères n'ont guère d'intérêt en effet que s'ils sont observés immédiatement après l'émission, c’est-à-dire dans une urine absolument fraîche. La coloration à été franchement jaune pour l'ordinaire et nous ne croyons pas avoir jamais observé d'urine päle et décolorée. La plupart du temps elle était d'aspect un peu louche. Mais il suffisait de chauffer ou d'aci- duler légèrement pour qu'elle devint transparente. La réaction était le plus souvent acide, mais à un faible degré. Dans quelques cas elle rougissait à la fois le papier bleu de tournesol et bleuissait le papier rouge, indice d’un com- mencement de fermentation. Densité. — Les densités moyennesles plus souvent observées ont été comprises entre 4,014 et 1,017. Déduite par le calcul, la moyenne générale a été de 4,045 à 1,016, et a paru influencée dans une certaine mesure par les progrès de l’âge (1,016.5 1,014.8). Ajoutons que le densimètre dont nous avons fait usage en cette circonstance marquait 1! degré à 1 degré et demi de plus que plu- sieurs autres instruments que nous avons essayés depuis comparativement. C'est donc là une densité assez notablement inférieure à celle qu'on peut déduire des recherches de Roche, de Nègre, de Mossé et Castan (1,020- 1,017.9 1,018.4). Elle est de plus fort inférieure à celle qu’a indiquée M. Bou- chard, comme représentant la moyenne de l’adulte (1,019). Nous ne pouvons donc partager l’epinion des auteurs qui regardent la den- sité de l'urine sénile comme étant à peu de chose près la même que celle de l'adulte. Urée. — Nous nous sommes servis, pour doser l’urée, du procédé de Regnard à l'hypobromite. Nous avons veillé à éviter les fuites qui, avec ce procédé si simple et si expéditif, ont une certaine tendance à se produire et, pour absorber l'acide carbonique, au cas où il s’en serait dégagé, nous avons rempli l'éprouvette d’une solution de pofasse. La moyenne de la teneur en urée par litre a été de 12 grammes environ, Chez les sujets âgés de moins de soixante-cinq ans, elle s’est élevée à 13 gr. 50, et, au-dessus de cet âge, elle n’a plus été que de 11 gr. 70. C'est à peu près le SÉANCE DU 28 MARS 313 chiffre obtenu par nos devanciers, même par ceux qui ont étudié la question chez le malade (Sadler) et chez la femme (Ballet, Joffroy, etc.). C’est dire qu'il y a un accord unanime pour regarder cette leneur en urée de l'urine sénile comme étant très inférieure à celle de l’adulte qui serait, d’après plusieurs auteurs, près de deux fois plus riche en urée. . La quantité d’urée éliminée par jour peut être évaluée en moyenne à 47 gr. 15 (0,29 par kil.) — 16 gr. 05 (0,26 par kil.) — ou 45 gr. 55 (0,26 par kil.), suivant que les observations et les sujets suspects ont été éliminés ou non. Ces chiffres sont plus élevés que ceux de Roche, 12 gr. 53 (0 gr. 23 par kil.), mais ils se rapprochent davantage, bien que restant plus élevés, de ceux de Mossé et Castan, 14 gr. 55, et de Nègre, 14 gr. 95 (0 gr. 24 par kil.). Sans doute il faut tenir compte, pour expliquer ces différences, du procédé d'analyse employé (procédés de Bouchard, d'Esbach, de Regnard), mais il est tout aussi probable qu'une différence plus ou moins notable dans le régime alimentaire a dû jouer un rôle important dans cette circonstance. Il faut reconnaître cependant que nos vieillards n’ont pas suivi un régime particu- lièrement substantiel : 78 grammes d'album. — 248 grammes d'hydrocar- bonés, etc. Beaunis indique pour celui de l'adulte des chiffres bien plus élevés : 120 grammes d’albuminoïdes, 330 grammes d'hydrocarbonés, etc. Celte infé- riorité du régime alimentaire chez le vieillard explique suffisamment pourquoi le chiffre de l’urée est abaissé chez lui. Le fait de la diminution de l’urée chez le vieillard a été parfaitement mis en lumière par les travaux de nos devan- ciers et nos expériences n'ont fait que fournir de nouveaux arguments à l'appui d’une opinion devenue classique aujourd’hui. | Si élevés qu'ils puissent paraître, nos chiffres restent en effet inférieurs à ceux de l'adulte, même si nous prenons comme l'expression de la moyenne de l'adulte, le chiffre de 19 à 24 grammes (0 gr. 33 par kil.), donné par M. Bou- chard. Nous admettrons donc, avec tous les expérimentateurs, que l’âge abaisse le chiffre de l’urée — un peu moins peut-être qu'on ne l’a dit, — et cela nous l’admettrous d'autant plus volcntiers qu’il semble que nos vieillards, groupés par catégories d'âge, aient émis d'autant moins d’urée qu'ils étaient plus âgés : 18 gr. 06 — 16 gr. 14 — 14 gr. 68, donnant respectivement par kilogramme du poids du corps: 0 gr. 313 — 0 gr. 266 — 0 gr 257. Nous n'avons pu, dans une simple note, appuyer nos conclusions de tous les documents nécessaires. Nous comptons faire de ces derniers l'objet d'une publication prochaine. LES GLOBULES BLANCS SÉCRÉTEURS DE SUBSTANCES THERMOGÈNES (Suite), par M. L. PILLON. Dans une note antérieure (1), nous avons montré que l'injection, dans Je tissu cellulaire sous-cutané des cobayes, de solutions chlorurées (4) Soc. Biol., 20 mars 1896. Brocoore. ComPres RENDUS. — 10e SÉRIE, Tr, III, 12 1 Das PE AU IL VON 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aseptiques et tenant en suspension des globules blancs obtenus par centrifugation de sang de cheval frais et oxalaté, engendre des éléva- tions de température constantes et d'autant plus accusées que l’inter- valle compris entre l'isolement des leucocytes et leur injection aux ani- maux élait plus considérable. | Les injections hypodermiques d’eau chlorurée et stérilisée n'étant généralement pas hyperthermisantes (Dastre et Loye), nous concluons que l'ascension thermique constatée est due aux globules blanes. Les leucocytes vivants ou en état de nécrobiose interviennent par leurs sécrélions pyrétogènes; les leucocytes morts par les produits de leur désagrégation. Ces produits sont en partie résorbés directement par le système circulatoire et en partie phagocytés par les cellules mi- gratrices de l'animal injecté. L'hyperthermie peut donc résulter de la résorption et des liquides in- jectés et des substances sécrétées par les phagocytes des animaux en expérience. D'ailleurs, d’autres faits semblent démontrer ce pouvoir de sécrétion des globules blancs. Nous injectons lentement à cinq cobayes, dans le tissu cellulaire du dos, 45 centimètres cubes d’eau distillée, chlorurée (0,7 p. 100), stérilisée et chauf- fée à 39 degrés. La température reste à peu près normale dans tous les cas, avec des variations n'excédant pas + 02,4. Si nous injectons de même à cinq cobayes respectivement 45 centimètres cubes d'eau chlorurée, tenant en suspension ! gramme de poudre de carmin, filtrée sur drap et stérilisée, nous observons une hyperthermie constante, durant 12 à 24 heures et dont les maxima sont 0°,5 (deux fois); 0°,6 (deux fois) et 0,8 soit en moyenne 00,6 (1}. Les mêmes injections faites à cinq cobayes avec des solutions tenant en suspension un poids double de carmin, provoquent dans tous les cas une élé- vation de température durant 18 à 24 heures. Maxima : 0°,5, 02,8, 0°,9 (deux fois) et 1°,2 soit, en moyenne, 0°,8 17/2. , Ces différences thermométriques s'expliquent aisément. Les injections d'eau pure stérilisée engendrent quelquefois de légers mouvements fébriles. C’est qu'en effet ce liquide est globulicide; à son contact, les protoplasmas se M gonflent et se désagrègent : or, les produits résultant de cette nécrobiose M peuvent être pyrétogènes. Les expériences de Gangolphe et Courmont (2) ont en effet prouvé que les tissus nécrobiosés aseptiquement par oblitération M vasculaire sécrètent des substances thermogènes. Nous sommes d’ailleurs M arrivé au même résultat en employant, comme eux, le procédé de la ligature élastique posée à la racine des bourses, chez le chien. Deux heures après. 1 l’ablation de la ligature le thermomètre monta de 0°,8 etoscilla entre 1 degré ; et 1°,4 durant les deux jours qui suivirent. « Riforma medien, n°5 234 à 234, oct. 1894. (2) Gangolphe et Courmont, Congrès de chirurgi?, 1891. (1) Le même fait a été observé, mais interprété différemment par Ughetlis CT. APCE ne SÉANCE DU 28 MARS 319 Mais les produits de nécrobiose ne sont pas seulement pyrétogènes; ils peuvent être doués d’un certain pouvoir de chimiotaxie positive. Borissow (1) l'a démontré pour les tissus morts chez le chien. L'injec- tion d'eau pure peut donc indirectement déterminer un afflux de leuco- eytes et par suite une phagocytose plus ou moins active. Cette phagocy- tose peut, à son tour, impressionner la température. Contrairement à l'eau pure, l'eau chlorurée donne rarement de l'hyperthermie; or, on sait qu'elle altère peu et lentement les élé- ments anatomiques; de plus, elle a une action chimiotaxique nulle (Bo- risSOW). Inversement, l'eau chlorurée carminée attire les leucocytes qui englobent les particules étrangères et les transportent dans différents organes (Cassaët) (3). On ignore la destinée des granulations de carmin; quant aux phagocytes migrateurs, ou ils meurent sur place ou ils se débarrassent de leur proie pour rentrer peut-être dans la circulation générale. Quoi qu'il en soit, la présence d’un corps étranger dans le protoplasma des leucocytes doit exalter ou pervertir le chimisme de ces éléments. Ne peut-il point alors résulter de ce processus irrilatif une diffusion anormale ou exagérée de produits thermogènes dans les plasmas qui baignent nos tissus ? C'est probablement par un mécanisme analogue que les injections intra-vasculaires de liquides hémolytiques déterminent de l’hyper- thermie. La phagocytose intervient, mais elle n'intervient certaine- ment pas seule. Nous connaissons en effet la grande toxicité (Naunyn, Ranke, Schiffer, Hôügyes) et le pouvoir pyrétogène des produits de destruction des hématies. Nous avons vérifié après Benezur, Castellino, Laurent que les injections de solutions d’hémoglobine cristallisée étaient hyperthermisantes. De même, les injections de sérum sanguin, ne doivent-elles pas en partie leur action thermogène à la phagocytose résultant du pouvoir globulicide variable des liquides? Certes, il existe un grand nombre de substances par elles-mêmes thermogènes et l'opinion contraire soutenue par Ughetti est difficilement acceptable. Mais ces substances ne peuvent- elles pas agir indirectement sur la température, par phagocytose en particulier ? Nous croyons aussi que la fièvre qui accompagne souvent les extrava- sations sanguines intra-périlonéales asepliques peut, en partie du moins, être attribuée à la résorption de sécrétions leucocytiques. Si la plupart des éléments figurés du sang épanché repassent directement dans le système circulatoire, les autres sont phagocytés par les leuco- (1) Borissow. Zicgler’s Beitrüge zur pathol. Anat., XVI, p. 432. (2) Ughetti (loc. cit.) (3) Cassaët, De l'absorption des corps solides, 4892. Oct. Doin. Paris. 3176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cytes (Cordua, Ziegler, Ponfick, Maffucci, Muscatello) (1). Le degré de l'hyperthermie pourra donc dépendre, dans une certaine mesure, de l'intensité de la phagocytose, intensité d’ailleurs très variable. Le présence dans le sang circulant de corps étrangers (hématies altérées, granulations de carmin, etc.), la phagocytose et l’hyperthermie sont trois facteurs concomitants. Si l’hyperthermie favorise la phago- cytose, elle ne la provoque pas nécessairement; elle en résulte. Nous pensons done que la phagocytose est une des causes de la « fièvre corpusculaire » d’Ughetti; elle est une véritable hémite fébrile, thermogène par toxhémie. Quant à la nature des substances pyrétogènes mises en liberté, elle nous est inconnue. Le fibrin-ferment, dont nous avons vérifié une fois de plus l’action hyperthermisante, joue certainement un rôle, mais les . fonctions des globules blancs dans l'organisme sont si multiples et si complexes, leur sensibilité si exquise que leurs sécrétions doivent être très variables en qualité et en quantilé suivant l’état et la composition du milieu où ils vivent. D'ailleurs, n'attribue-t-on pas (2) à une destruction de leurs noyaux l'excès d'acide urique éliminé dans le cas de leucocytoses pathologiques (leucémie, ete.), ou artificielles (injections de poudre de carmin, Werigo; de nucléine). Cet acide urique agit-il sur la température? sa faible solubilité dans l’eau chlorurée empêche d'étudier cette action. Mais Rouquès (3) a démontré que les injections d'urate acide de soude sont thermogènes. Si donc la nécrobiose de leucocytes s'accompagne d'une élimination exagérée d'acide urique, cet acide (ou ses dérivés) pourrait être considéré comme un des facteurs pathogéniques de l'hyperthermie. | Mais nous croyons que les substances thermogènes sécrétées par les globules blancs sont multiples. | SUR UN CAS DE MALADIE DE LANDRY DUE A L'INFECTION PAR LE STREPTOCOQUE, par M. P. REMLNGER, Médecin aide-major attaché au Laboratoire de bactériologie du Val-de-Grâce. La nature de la maladie de Landry est depuis quelque temps en dis- cussion. Pour Eichhorst, Pitres et Vaillard, Dejerine, elle est due à des lésions des nerfs périphériques. Pour un grand nombre d’autres ? (1) Muscatello. Arch. per le scienze med., XIX, 3. (2) Kühnau. Zeitsch. f. klin. Med., XX VIN, 5 et 6. (3) Rouquès. Thèse, Paris, 1893, p. 37. SÉANCE DU 28 MARS . 311 auteurs, elle est due à des lésions médullaires. L'observation suivante, venant s'ajouter à celle de Baumgarten, de Curschmann, d'Eisenlobr, de Centanni, d'OEttinger et Marinesco, de Marie et Marinesco qui, à l’au- topsie de maladies de Landry, ont rencontré dans la moelle des microbes divers (bacille du charbon, bacille d’Eberth, staphylocoque, strepto- coque), est un argument en faveur de la nature médullaire et micro- bienne de cette affection. Cette observation a trait à un jeune sergent d'infanterie, rapatrié de Madagascar, où il n'avait été que faiblement touché par les fièvres palustres. En pleine santé, dans la nuit du 19 au 20 janvier, il fut subite- ment atteint de paraplégie. Il entra au Val-de-Gràce dans le service de M. le professeur Richard et là une maladie de Landry évolua absolu- ment typique et classique. Nous noterons seulement ces deux particula- rités qu'elle évolua sans fièvre et que l'intégrité des réservoirs (vessie et rectum) fut absolue pendant toute la durée de la maladie. Le 31 janvier, onze jours après le début de l’affection, le malade succomba à des phé- nomènes bulbaires. A l’autopsie, on ne constata aucune lésion macroscopique de la moelle. La substance grise présentait simplement au niveau des cornes anté- rieures une coloration plus rosée qu’à l’état normal. Dans les régions cervicale, dorsale et lombaire, des prélèvements de substance nerveuse furent faits avec pureté et ensemencés dans des tubes de bouillon. Les ensemencements effectués donnèrent presque tous une culture pure de streptocoque. L’ensemencement du sang recueilli dans les vaisseaux périphériques est demeuré stérile. Des fragments de moelle cervicale, dorsale et lombaire ont été dureis . à l'alcool ou au sublimé concentré et les coupes ont été colorées par la méthode de Nissl. L'examen en a été obligeamment fait par M. le D° Marinesco dont la compétence spéciale est bien connue. Les phéno- mènes vasculaires étaient moins marqués dans notre cas que dans ceux précédemment étudiés par M. Marinesco. Il existait cependant un degré notable de dilatation et d’inflammation des vaisseaux du sillon anté- rieur de la moelle et des ramifications qu'ils envoient dans les cornes antérieures. Dans les vaisseaux, des globules blancs étaient plus nom- breux qu'à l’état normal, sans que cependant leur nombre fût suffi- sant pour oblitérer la lumière. Il n’y avait pas de microbe à l’intérieur des vaisseaux. Mais dans le parenchyme de la corne antérieure, on constatait dans les intervalles des grandes cellules, très probablement dans des espaces lymphatiques, la présence de chaïinettes de strepto- coques. Ces chainettes n’ont pu être retrouvées sur des coupes de la moelle dorsale ou de la moelle lombaire, bien qu'à ce niveau l’ensemen- cement de la substance nerveuse ait donné lieu à des cultures plus rares, il est vrai, de streptocoques. Les cellules des cornes antérieures ne con- tenaient pas de microbes à leur intérieur. Elles n'ont paru présenter 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'autre lésion qu'une rupture de leurs prolongements, particularité déjà signalée dans la maladie de Landry par M. Marinesco et par MM. Ballet et Dulil. Ajoutons qu'on n’a constaté ni à l'intérieur des vaisseaux sanguins, ni en dehors d'eux d'éléments ressemblant à des hématlozoaires. Le bulbe et les nerfs périphériques n’ont pas été exa- minés. Il paraitra naturel d'attribuer à l'infection streptococcique ce cas de maladie de Landry. Le paludisme a agi simplement en diminuant la force de résistance de l'individu. Nous ferons remarquer les bénéfices qu’on peut retirer aux autop- sies de maladies de Landry ou d'affections nerveuses dont on soup- çonne la nature microbienne, en ne se contentant pas de prélever les organes pour y rechercher les microbes sur des coupes, mais encore en ensemençant immédiatement des fragments de substance nerveuse. Ces ensemencements permettent seuls de déterminer exactement l'espèce microbienne pathogène et dans les observations de Centanni, de Mari- nesco et d’OEltinger, de Marie et Marinesco, où ces ensemencements n'ont pas été pratiqués, cette détermination n’a pu être faile qu'ap- proximativement. La méthode des ensemencements est non seulement plus précise et plus rapide que celle des coupes, mais elle risque encore d'être plus sensible, puisque nous avons obtenu des cultures de strepto- coque au niveau des régions dorsale el lombaire, alors que sur les coupes, on n’a pas trouvé de microbes à ce niveau. BRONCHITE MEMBRANEUSE CITRONIQUE, par M. Pauz CLaisse. La nature des bronchites membraneuses n’est pas encore complète- ment élucidée. On connaît bien les bronchites membraneuses aiguës, celles qui surviennent à titre de simple épisode dans l’évolution d'une diphtérie ou d’une pneumonie, et où la présence de bacilles diphtériques ou de pneumocoques est facilement décelée. On sait aussi qu'il existe des bronchites membraneuses aiguës à pneumocoques sans pneumonie. Mais on ignore la nature des bronchites membraneuses chroniques. Ayant rencontré dans le service de M. Huchard une malade qui depuis plusieurs années expeclorait de volumineux moules bron- chiques (1), j'ai entrepris à l'hôpital Laënnec, dans le laboratoire du professeur Landouzy, l'analyse de ces produits. 1° Cultures. — Le produit, recueilli aussi aseptiquement que possible, est soigneusement lavé dans l’eau bouillie, puis diverses portions de l'arbre pseudo-membraneux (tronc, fins rameaux) sont ensemencés sur (1) Huchard. Journal des Praticiens, 1895, p. 147. FETE SÉANCE DU 28 MARS 319 agar. Dix analyses ont été faites à dix jours différents; chaque fois plu- sieurs tubes ont été ensemencés avec divers fragments de membranes. Souvent les milieux de culture restent stériles, surtout quand ils sont ensemencés avec des fragments de gros moules bronchiques, tandis qu'au contraire les fines ramifications terminales donnent presque toujours des cultures. Celles-ci sont souvent impures (l'examen des coupes expliquera pourquoi). On voit ainsi, mais d’une façon incons- tante, et presque toujours en petit nombre, des staphylocoques et divers bacilles. Les seuls microbes rencontrés en abondance et sur tous les tubes qui ne sont pas restés stériles sont des streptocoques. 2% Sur les coupes, on rencontre parfois à la surface de la fausse mem- brane divers microbes, coceus ou bacilles, probablement d’origine sali- vaire, emprisonnés par le réticulum albuminoïde superficiel au moment du passage à travers la cavité bucco-pharyngée : jamais ces microbes ne se voient dans l'épaisseur même du moule bronchique. Là on ne ren- contre que des streptocoques. Mais ces derniers microbes sont difficiles à trouver, faisant totalement défaut sur un grand nombre de prépara- tions, se montrant sous forme d’un gros amas sur une de nos coupes. 3° Recherches expérimentales. — Des fragments de fausses membranes sont introduits dans les bronches de 2 lapins au moyen du dispositif que j'ai décrit ici même (26 octobre 1895), attachés à une sorte de para- chute, dont le rôle est de les maintenir en place, tout en créant une lésion épithéliale mécanique. Le résultat est négatif; à l’autopsie des animaux il n'existe pas de fausses membranes dans les bronches. Des fragments de membranes broyés sont introduits sous la peau de 2 souris, de 2 cobayes, d’un lapin et dans la cavité péritonéale d’un cobaye : aucune réaction chez les souris et les cobayes. Chez le lapin, léger érythème; une goutte de sérosité prélevée à ce niveau donne une culture de streptocoques. Les cultures de streptocoques obtenues par ensemencement des membranes sont inoculées : 1° à 2 souris qui ne meurent pas; 2% à 3 lapins (sous la peau de l'oreille) : léger érythème, dont la sérosité donne des streptocoques; 3° à un cobaye dans le tissu cellulaire, et à un autre dans le péritoine : aucune réaction. _ L'enquête bactériologique prouve donc la présence dans ces fausses membranes d’un streptocoque peu virulent. Cette présence n'est pas fortuite el passagère, puisqu'elle a été constatée à diverses reprises. Il s'agit, en résumé, d’une strepltococcie chronique des voies respiratoires, comparable par son évolution à certains érysipèles à répétition, et sur- tout à ces variétés d'éléphantiasis dont la nature streptococcique a été mise en lumière par Sabouraud et par Achalme. La nature streptococcique de cette bronchite étant établie, il était logique d'essayer la sérothérapie antistreptococcique. Du sérum de Mar- morek me fut remis par M. Roux, le 26 décembre 1895. Du 29 décembre A LAN 3£ ME LR ENERS , “ A è a PAST S TÉENCS PERD ON" on NET Sd) RE Se ÿ | 380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TS au 20 février, neuf doses de. 10 centimètres cubes ont été injectées. Après les premières injections, la malade a rendu de grandes quantités de fausses membranes. Le 8 janvier, l’expectoration diminue beaucoup. Du 41 au 13, a lieu une rechute avec poussée fébrile. Puis de nouveau les membranes deviennent moins abondantes; l'oppression et la toux … disparaissent. Depuis plusieurs années la malade ne s'est jamais trouvée longtemps en aussi bon état. L'iodure de potassium même, qui s'était | montré vraiment efficace, n'avait produit qu'une amélioration passa- gère. La malade est gardée un mois en observation, puis, sur sa | demande, quitte l'hôpital. | D'après ce que l’on sait de l’effet des sérums thérapeutiques, on n’est pas en droit de considérer la guérison comme définitive. Mais en cas de récidive, on a dans le sérum antistreptococcique un remède efficace et dont l'emploi n'offre aucun inconvénient. Ce résultat thérapeutique est une nouvelle preuve de la nature strep- tococcique de cette variété de bronchite membraneuse. Le (Gérant : G. MASSON. - Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette ide het « 4 381 SÉANCE DU 18 AVRIL 1896 M. M. Kauruaxx : Notions préliminaires sur l'étude des transformations chimiques intraorganiques. — M. R. Dusois : Les rayons X et les êtres vivants. — M. LorraIn : Mécanisme du pneumothorax à soupape. — M. Fécix MEsniz : Sur Clymenides sulfureus Claparède. — M. le Dr E. MaureL : De la persistance et de la disparition de la pigmentalion «ans les greffes dermo-épidermiques. — M. Rénox : Passage du mycélium de l'aspergillus fumigatus dans les urines au cours de l'aspergillose expérimentale. — MM. C. Puaisarix et G. BERTRAND : Sur l'existence, à l'état normal, de substances antivenimeuses dans le sang de quelques mammifères sensibles au venin de Vipère. — M. le D' Méry : Sur une variété de strepto- coque réfractaire à l’action du sérum de Marmorek. — MM. Hucouxexo et Doyonx : A propos de la culture du bacille de Lœæffler en milieu chimique défini. — M. le Dr Ed. Boxer : Action physiologique de la nicouline. — MM. Anpré Broca et Cu. Ricuet : Note sur les elfets thermiques de la contraction musculaire, étudiés par les mesures thermo-électriques. Présidence de M. Chauveau. CORRESPONDANUE IMPRIMÉE M. MaureEL, membre correspondant de la Société, offre à la Société les trois ouvrages suivants qu'il a publiés en 1894, 1895, 1896 : 1° Æecherches expérimentales sur l’inflammalion mercurielle des mu- queuses, 1894; ; 2° Recherches sur la cocaïne, ses propriétés toxiques et thérapeutiques, 1895 ; 3° Dépopulation de la France, étude de la natalité, 1895. NOTIONS PRÉLIMINAIRES SUR L'ÉTUDE DES TRANSFORMATIONS CHIMIQUES INTRAORGANIQUES, par M. M. KAUFMANN. Dans une note antérieure (1) j'ai exposé les principes de la méthode que j'ai appliquée à l'étude des transformations chimiques intraorga- niques et de l'origine immédiate de la chaleur animale. Avant de faire connaitre les résultats que j'ai obtenus, je dois indi- quer les notions théoriques que j'ai mises à contribution dans mes recherches. Je rappellerai que je détermine simultanément et directement les (4) Dans sa séance du 22 février dernier, BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, == 102 SÉRIE, 7 II. 28 382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ro quantités d'azote, d'acide carbonique et de chaleur éliminés et d'oxygène absorbé. Une fois qu’on est en possession de ces divers éléments, on connait, d’une part, par la chaleur recueillie, la quantité d'énergie chimique libérée, et d'autre part, par l’azote total et l’acide carbonique éliminés, les résidus matériels des actions chimiques, qui ont donné naissance à cette chaleur. On connait en outre la quantité d'oxygène qui est inter- venue dans ces réactions chimiques. La question à résoudre est donc la suivante : Quelles sont les réactions chimiques qui, en s’exercant sur les principes immédiats de l'organisme, c’est-à-dire sur les matières albu- minoïdes, grasses et hydrocarbonées, consomment d'une part la totalité de l'oxygène absorbé par l'animal et produisent, d'autre part, la totalité de l’urée, de l’acide carbonique et de chaleur éliminés. Nous connaissons exactement la chaleur de combustion des différents principes immédiats grâce surtout aux travaux de M. Berthelot et de ses élèves. Si les formules et les équations à l'aide desquelles on à cherché à rendre compte des transformations intraorganiques des principes immé- diats sont l'expression de la vérité, on doit, en les appliquant, pouvoir rendre compte à la fois de l’origine de l'azote, de l'acide carbonique et de la chaleur rejetés, et de l’oxygène absorbé par l'animal. Dès le début de mes recherches, j'ai eu la vive satisfaction de consta- ter que les transformations chimiques intraorganiques s’accomplissent suivant le mode général indiqué depuis longtemps par M. Chauveau et qu'il a exposé si clairement dans son livre La vie et l'énergie chez l'animal. Les formules et les équations à l’aide desquelles M. Chauveau rend compte de l'oxydation des principes immédiats s'adaptent parfaitement aux résultats expérimentaux et permettent de les interpréter. Voici comment il conçoit l'oxydation de l’albumine. L'oxydation de ce principe peut se faire en un ou en trois temps. A. — Oxydation de l’albumine avec formation d'urée en un temps. 2 C2 H112A71802S L 154 02 — 18 CO Az?H* + 126 CO? + 76H20 + 2. B. — Oxydation de l'albumine avec formation d'urée en trois temps. Premier temps. 4 C2H12A71802S + 13902 — 2C57 411006 EL 36 CO A2H* albumine stéarine urée + 138C0? + 42H 0+2S. Deuxième temps. 2 C57H10 06 67 0? — 16 02H1205 + 18 CO° + 14H° 0. nt EE D. stéarine glycose Troisième temps. 16 CS H!° 065 HE 96 0? — 96 CO? + 96H°0. ae : glycose "TA SÉANCE DU 18 AVRIL 383 Les graisses subiraient deux degrés d’oxydation indiqués par le deuxième et le troisième temps ci-dessus. Quant aux matières hydro- carbonées, elles s’oxyderaient directement pour donner de l'acide car- bonique et de l’eau, ou bien quelquefois elles se transformeraient en graisse d’après un mode indiqué par M. Hanriot. Il est à remarquer que quel que soit le mode d’oxydation d’un principe immédiat, les quantités d'azote, d'acide carbonique et de chaleur produites et d'oxygène absor- bées sont toujours les mêmes, quand cette oxydation est arrivée à son terme complet. Mais si l'oxydation de l’albumine et de la graisse s'arrête à un stade intermédiaire, si, par exemple, il se dépose de la graisse pro- venant de l'oxydation incomplète de l’albumine, ou du glycogène pro- venant de la combustion particlle de la graisse, le rapport entre la cha- leur dégagée et les échanges respiratoires ou l’excrétion azotée est modifié. S Ainsi, 1! gramme d’albumine qui s'oxyde complètement avec forma- tion d'urée dégage 4,857 calories (Berthelot), produit 0 lit. 872 d'acide carbonique et absorbe 1 lit. 045 d'oxygène, tandis qu'en s’oxydant par- tiellement pour se transformer en graisse, 1 gramme d’albumine ne dégage que 2,234 calories, produit 0 lit. 477 d'acide carbonique et absorbe 0 lit. 481 d'oxygène. | De même, 1 gramme de stéarine en s’oxydant complètement dégage 9,500 calories (Longuénine), absorbe 2 lit. 043 d'oxygène et produit 1 lit. 429 d'acide carbonique, tandis qu'en s’oxydant incomplètement pour se transformer en sucre, il dégage 3,417 calories, absorbe 0 lit. 840 d'oxygène et produit 0 lit. 226 d’acide carbonique. De ce qui précède, il résulte qu'il ne peut y avoir que rarement une proportionnalité simple entre les échanges gazeux ou l’excrétion azotée et la thermogénèse. La quantité de chaleur qui correspond à l’unité de volume ou de poids d'oxygène absorbé ou d'acide carbonique éliminé est variable et dépend de la destination immédiate de l'oxygène et de l'origine immédiate de l'acide carbonique. Ainsi, 1 litre d'oxygène correspond à 5,056 calories en oxydant de la glycose, à 4,650 calories en oxydant de la stéarine, à 4,617 calories en brûlant complètement de l’albumine avec formation d'urée, à 4,646 ca- lories en oxydant incomplètement l’albumine pour la transformer en graisse, à 4,460 calories en oxydant incomplètement l'albumine pour la transformer en glycose, à 4,067 calories en oxydant incomplètement de la stéarine pour la transformer en glycose. Si on détermine la chaleur qui correspond au litre d’acide carbonique, on constate des différences encore plus grandes que pour l'oxygène. Pour ce dernier gaz, le nombre des calories qui correspond au litre varie entre 4,067 et 5,056, tandis que pour l'acide carbonique il varie entre 4,685 et 15,186 calories. Il peut même arriver qu'une certaine quantité d'acide carbonique dérive d’une réaction endothermique. 384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces notions font bien comprendre pourquoi les expérimentateurs, parmi lesquels il faut ciler M. Laulanié, n'ont jamais pu trouver une proportionnalité constante entre la thermogenèse et les échanges respi- ratoires. Elles montrent aussi que si on veut se servir des gaz de la res- piration pour apprécier approximativement la thermogénèse, il faut, comme l’a déjà fait remarquer Rübner, s'adresser à l’oxygène et non à l'acide carbonique, et enfin qu'il est impossible de déterminer rigoureu- sement la quantité de chaleur émise par un animal en se basant exclu- sivement sur les échanges respiratoires. On ne peut songer à se passer de la calorimétrie directe qu'à la con- dilion de déterminer directement non seulement la valeur des échanges respiratoires, mais encore celle de l’excrétion azotée. Quand on connaît l'oxygène absorbé, l'acide carbonique éliminé et l’azote total excrété, on peut fréquemment, en se servant des équations de M. Chauveau et en étudiant les rapports qui existent entre les gaz, arriver à connaître exactement la quantité de chaleur émise et la nature des réactions chi- miques qui ont libéré cette chaleur. Les conclusions les plus générales auxquelles m'ont conduit mes recherches sont conformes à la théorie de Lavoisier et à la doctrine de M. Chauveau sur le mécanisme intime de la nutrition. Elles peuvent se résumer comme suit : 1° Toute la chaleur émise par l'organisme animal peut être rapportée à des phénomènes chimiques de pure oxydation, c'est-à-dire à une véritable combustion ; 2 Cette oxydation a pour effet de faire passer l’albumine successive- ment par les phases graisse, puis sucre, et les graisses par la phase sucre ; 3° La matière hydrocarbonée, glycose et glycogène, représente donc la forme chimique en laquelle tous les principes immédiats se transfor- ment avant de subir la destruction totale. ; LES RAYONS X ET LES ÊTRES VIVANTS, par M. R. Dugors. J'ai depuis longtemps démontré que les êtres vivants étaient suscep- tibles d'émettre, en même temps que des: radiations éclairantes, d'autres rayons capables d’impressionner les plaques photographiques. J'ai prouvé, en outre, que la lumière du Pyrophore était fluorescente parce que ses radiations rendent lumineuse une substance fluorescente, contenue dans le sang,et que j'ai appelée « pyrophorine ». Au labora- toire biologique de Tamaris-sur-Mer, ces jours derniers, j'ai fait quel- SÉANCE DU 18 AVRIL 385 ques essais préliminaires pour chercher si les êtres vivants étaient susceptibles d'émettre les rayons X qui traversent les corps opaques. Pour mes expériences, je me suis servi de la Pholade dactyle, dont le siphon renferme deux organes en cordons et deux en triangles émettant une belle phosphorescence bleuâtre, qui offre à l'œil une certaine ana- logie avec celle des corps minéraux. Une photographie très nette de ces organes à été facilement obtenue en ouvrant et en étalant le siphon qui contient les organes lumineux et en placant à une petite distance, au-dessus d’eux, une plaque à instan- tanés; mais il à fallu douze heures de pose. J'ai interposé alors une feuille de papier noir entre un nouveau siphon et une nouvelle plaque, la surface sensible étant tournée du côté de l’animal. Quinze heures après, la plaque, en son milieu correspondant aux organes lumineux, était fortement impressionnée, mais les contours des organes n'étaient pas nettement accusés. En interposant entre le papier noir et la plaque une pièce de 1 franc, dans deux autres expériences, la plaque, dans le point correspondant, n’a pas été impressionnée, ce qui prouve que les radiations actives venaien{ bien de l'animal. Des plaques ont été impressionnées en interposant entre elles et l'animal le couvercle d’une boîte en bois et celui d’une boïte en carton, qui le renfermèrent successivement. : Les clichés portent des détails qui permettent, jusqu'à un certain point, de reconnaitre la structure du bois et celle du carton : il a fallu dix-huit heures de pose. Les résultats ont été moins nets avec les feuilles d'aluminium, cepen- dant des cartes de visite faites avec ce métal paraissent avoir été traver- sées par places, car on remarque sur les clichés des points noirs et des taches qui ne peuvent avoir été produites que par la lumière ayant passé au travers la plaque d'aluminium. Ce sont là, certainement, des essais encourageants que je vais répéter avec les microbes lumineux, mais ils ne suffisent pas pour démontrer d’une manière rigoureuse l'existence des rayons X chez les êtres vivants, car les radiations ordinaires peuvent peut-être passer au travers des corps minces en quantité inappréciable pour l’œil, mais suffisante pour impressionner à la longue une plaque sensible par leur action cumu- lative. J'ajouterai que l’on a beaucoup parlé, en Angleterre, dans ces temps derniers, d'épreuves photographiques obtenues en fixant les regards sur des plaques sensibles. Avant qu'il ne soit question des rayons X, l’année dernière, j'ai fait faire des essais de ce genre par une de mes élèves, miss Sowton, de Londres, et, bien qu'ils aient été exécutés très consciencieusement, ils n'ont été suivis d'aucun résultat. 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MÉCANISME DU PNEUMOTHORAX A SOUPAPE, par M. LORRAIN, Interne des hôpitaux. Nous avons recherché les variations de la pression intrapleurale dans les divers cas de pneumothorax qu'il nous a été donné d'observer depuis deux ans, et nous avons pu ainsi nous convaincre que dans le pneumo- thorax à soupape l'air pénètre dans la cavité pleurale au moment de l'expiration et non pas dans l'inspiration, comme l’admettent la piupart des auteurs classiques. Déjà M. Bouveret (1) (de Lyon) a attiré l'attention sur ce point et montré que l'entrée de l’air dans la plèvre est impossible pendant l’ins- piration. « Si la pénétration de l'air dans la plèvre, dit M. Bouveret, se fait au moment de l'inspiration, il est impossible de concevoir cet excès de la tension pleurale sur la pression atmosphérique. Au moment de l’inspi- ration, l’air bronchique subit une diminution de pression, condilion d’ailleurs indispensable à l’entrée de l'air extérieur dans les voies respi- ratoires. Si c'est à ce moment même de l'inspiration qu’a lieu la péné- tration de l'air bronchique, il est impossible que l'air pleural atteigne jamais une tension supérieure à la pression atmosphérique, puisque l’air bronchique avec lequel cet air pleural communique par la fistule, sup- posée perméable au moment de l'inspiration, ne possède jamais pendant l'inspiration qu'une tension inférieure ou égale à la pression atmosphé- rique. C’est pendant l'expiration alors que la tension de l’air bronchique est supérieure à la pression atmosphérique et surtout pendant la toux que dans le cas de pneumothorax suffocant l'air bronchique fait irrup- tion dans la plèvre. » Dans deux cas de pneumothorax à soupape, nous avons pu constater que la pression intrapleurale était positive, c’est-à-dire supérieure à la pression atmosphérique, même pendant l'inspiration, ce qui prouve que dans ces deux cas, l'air ne pouvait pénétrer dans la plèvre que lorsqu'il possédait une tension supérieure à la pression atmosphérique, c'est-à- dire pendant l'expiration. Voici ces deux observations résumées et dans lesquelles nous ne retiendrons que le point qui nous occupe. Ogs. — Le nommé M.…., âgé de trente-cinq ans, tanneur, entré le 20 août 1894 à l'Hôtel-Dieu, dans le service de M. le professeur G. Sée, alors suppléé par M. le professeur agrégé Chantemesse. Tuberculose pulmonaire évoluant depuis huit ans. (4) Bouveret. Pneumothorax suffocant. Lyon médical, 1888. SÉANCE DU 18 AVRIL 387 Pneumothorax droit datant de deux mois environ. La dyspnée est survenue progressivement. A son entrée à l’hôpital, le malade présente tous les signes d’un pneumo- thorax à droite et d'une infiltration tuberculeuse du côté gauche. Le 16 septembre, la dyspnée étant excessive, on pratique une ponction évacuatrice qui amène l'issue de gaz et d’une petite quantité de liquide puru- lent. Le 18 septembre, la mensuration (1) de la pression intrapleurale nous donne les renseignements suivants : Inspiration — —+ 1 centimètre. Expiration — 6 centimètres. Une nouvelle ponction évacuatrice est pratiquée, mais le malade meurt dans la nuit. A l’autopsie, nous avons trouvé la perforation siégeant au niveau de la face diaphragmatique. Une fausse membrane jouait le rôle de clapet. Le poumon gauche était infiltré de tubercules. O8s. IL. — Le nommé X..., âgé de vingt ans, cocher, entré le 13 janvier 1896 à l'hôpital Beaujon, dans le service de M. le Dr Fernet. Tousse depuis 3 mois, gêne respiratoire depuis 4 jours. Signes très nets d'un pneumothorax à droite : voussure considérable ; le cœur bat en dehors du mamelon gauche. 15 janvier, mensuration de la pression : Inspiration — + 5 centimètres. Expiration —= + 9 — Nous obtenons un rapide soulagement du malade en laissant le trocart en place pendant 5 minutes et en établissant une libre communication entre la plèvre et l’air extérieur en ayant soin d’obstruer l’orifice du trocart avec un tampon de ouate. Immédiatement après, nous recherchons de nouveau la pression et nous trouvons qu'elle est de — 3 dans l'inspiration et de + 3 dans l'expiration. Le pneumothorax à soupape était momentanément transformé en pneumo- thorax ouvert. Mais de nouveau, l'air va se comprimer dans la plèvre, car le lendemain, la mensuration nous indique les chiffres suivants : Inspiration — + 1/2 centimètre. Expiration — L 6 centimètres. Nous opérons comme précédemment et de même les jours suivants. Le malade éprouvait chaque fois un grand soulagement, Il est mort le 2 avril des progrès de sa tuberculose pulmonaire (excavation du sommet gauche). Ces faits nous paraissent assez démonstratifs pour montrer que c'est pendant l'expiration et surtout les fortes expirations, comme la toux, (4) Cette recherche se fait très facilement en mettant une aiguille ou un {rocart de l'appareil Potain enfoncé dans la plèvre, en communication par un tube de caoutchouc avec un tube recourbé en U, à moitié rempli d'eau et en lisant sur la branche libre du tube les différences de niveau du liquide au-dessus et au-dessous du niveau normal pendant l'expiration el l'inspiration. 388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee, que se produit l'entrée de l'air dans la plèvre, dans le pneumothorax à soupape. Il conviendra donc d'éviter autant que possible les quintes de toux (Bouveret). Il faudra aussi surveiller attentivement la pression intrapleurale pour intervenir à temps, soit en laissant un trocart à demeure, soit en répétant les ponctions comme nous l'avons fait dans le cas précédent. Nous ajouterons, qu'à notre sens, le diagnostic du pneumothorax fermé, ouvert, ou à soupape, ne peut pas se faire par les seuls signes cliniques, mais par la connaissance exacte et précise de la pression intrapleurale dans l'inspiration et dans l'expiration (1). Et de cette connaissance dépendent le pronostic et le traitement de chacune des variétés du pneumothorax. SUR Clymenides sulfureus CLAPARÈDE, par M. Féux MEsnir. Note présentée par M. A. Graro. Dans les pêches au filet fin que je faisais à Wimereux en juin et juillet pour la récolte des larves de Spionidiens, j'ai quelquefois recueilli une Annélide curieuse, entourée d’un mince tube de mucus transparent, que je crois devoir rapporter à Clymenides sulfureus Clpde (2). Cette Anné- lide paraît mener une vie pélagique, elle est fort agile et nage vivement en se tortillant. Je l’ai aussi trouvée en compagnie de Pomatoceros tr'i- queter L. sous les rochers à Audresselles (côte du Boulonnais), sans que j'aie bien pu préciser ses conditions d'habitat. Sur mes exemplaires, j'ai noté les détails d'organisation suivants : 4 cent. 5 de long sur 1 mill. 5 de large. Le corps est à peine atténué anté- rieurement, mais le dernier tiers est nettement moins large que les 2 premiers. La teinte est jaune verdâtre surtout accentuée aux extrémités ; elle est due à la présence, dans l’épiderme, de glandules tout à fait semblables à celles de l’Arénicole. Pas d’appendices proéminents. On voit seulement émerger des soies dorsales. Le præstomium, nettement séparé du 1% anneau du métastomium par une rigole transversale, est très court et a une forme tronquée, comme c'est la règle chez les Clyméniens. Son extrémité antérieure est arrondie. Le plan coupé dorsal porte latéralement 2 groupes de 2, 3 ou un plus grand nombre de taches oculaires. (1) H. Meunier. Recherches sur le pneumothorax. Arch. g.de méd., mai 1895. (2) Claparède. Beobachtungen über Auatomie und Entw. Wirbellose Thiere. Leipzig, 1863, p. 30, pl. XV, fig. 24-27. SÉANCE DU 18 AVRIL 389 Le mélastomiun comprend 2 premiers somites achètes, 19 sétigères, et une longue partie achète de 1/3 de centimètre environ. Le métastomium anté- rieurement est plus développé ventralement que le prostomium,. en sorte que la lèvre buccale inférieure est proéminente. Les 2 premiers somites du métastomium ont une longueur qui est au moins moitié de leur largeur, et sont nettement séparés par une cloison trassversale. Le 1°’ porte dorsalement et en avant une paire d’otocystes ronds contenant une dizaine d'’otolithes de grosseur variable et à bords anguleux; ces otocystes paraissent tout à fait semblables à ceux d'Arenicola marina L. | Tous les parapodes we la région sétigère sont construits sur le même type et portent les mêmes soies. Dorsalement, on a en général 4 soies : 2 très longues, faisant fortement saillie à l'extérieur ; leur partie limbée est très longue, mais le limbe est très étroit (1); —2 faisant peu saillie, à partie limbée courte, mais à limbe très large (on voit très nettement la striation oblique de ce limbe, et il paraît même quelquefois découpé très finement). Ventralement, on a une rangée de soies à crochet de Clyménien : la tige, assez longue, est renflée un peu avant son extrémité, et elle se termine par des dents : une interne très développée, 3 rangées externes de très fines (les 2 dernières rangées paraissent même souvent se confondre); immédiatement au-dessous du point où prend nais- sance la dent interne, on distingue mal une légère saillie de la tige d’où part une fine lamelle parallèle à la dent ; c’est une barbule sous-rostrale rudimen- taire. Il y a 3 ou 4 soies à crochet au 1°" sétigère; puis le nombre augmente, il atteint 8 et même 9 au 11° sétigère ; il est de 6 ou 7 au dernier. Aux 2 ou 3 derniers sétigères, le corps, jusque-là assez exactement cylindrique, s’atténue pour passer à la région postérieure achète qui est également cylindrique. Les derniers sétigères sont aussi bien développés que les précédents; ils sont simplement beaucoup moins larges. Il n'existe jamais d'anneaux embryonnaires. La région postérieure est sillonnée par une vingtaine de rigoles transversales qui limitent probablement autant de somites, comme on peut s’en assurer en observant les anses vasculaires. Le pygidium a la forme d’un tronc de cône constitué par 8 courtes papilles qui entourent l'anus à peu près terminal. Le pigment jaune verdâtre est particu- lièrement développé dans cette région. L'appareil digestif commence par une trompe exsertile portant de nom- breuses papilles. Puis vient un tube cylindrique à parois lisses qui s’élargit peu à peu; on a le maximum de largeur aux 5° et 6° sétigères. Cette partie est en communication avec 2 diverticules dorsaux de la longueur d'un somite débouchant à la limite du 6° et du 7e sétigère. A partir du point où s’insèrent ces 2 culs-de-sac, on a un tube digestif large et aunelé; c’est la région glandulaire. Le tube redevient lisse vers le 14° sétigère, et il est étroit et cylindrique dans toute la région achète. Le système circulatoire comprend un organe propulseur dorsal accolé au tube digestif à peu près au point où les diverticules y débouchent. Le sang circule par saccades dans le vaisseau dorsal postérieur ; le cœur se remplit, puis brus- quement se vide dans le vaisseau dorsal antérieur; on a environ 10 pulsations (1) Cette partie n’est pas rigide; l'animal infléchit fréquemment ces soies qui doivent lui être utiles pour la natation. 390 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE à la minute. Le vaisseau dorsal se bifurque à la hauteur des otocystes, et ses deux branches se suivent, nettement visibles, accolées à la trompe; elles reviennent en arrière ventralement et elles s'unissent dans Le 4°r sétigère pour constituer le vaisseau ventral; le sang circule sans mouvements saccadés dans ce vaisseau. Les 2 vaisseaux ventral et dorsal sont unis dans tous les somites, même ceux de la région postérieure, par des anneaux transversaux ; c'est probablement par les anneaux de la région sétigère, à fleur de peau, que se fait l'hématose. Le sang est rouge sans éléments figurés. Les organes segmentaires, construits sur le même type que ceux de l'Aréni- cole, s’observent dans les segments 5 (pavillons dans le 4°), 6, 7, 8 et 9; il y en à probablement aussi une paire dans le 4°. La cavité du corps est remplie d’un liquide avec nombreux éléments figurés : ronds, fusiformes, elliptiques remplis de granulations brunes (ce sont proba- blement des matières d’excrétion ; elles paraissent semblables à celles des organes segmentaires et de certaines cellules qui entourent le vaisseau ventral). Je n'ai jamais observé de produits génitaux. Cette espèce présente une telle analogie d'aspect avec l'espèce de Claparède que je crois devoir les identifier, malgré cette différence importante, d’ailleurs la seule, que Claparède compte 22 anneanx séti- sères au lieu de 19. Claparède a eu raison de classer cette forme parmi les Clyméniens ; elle en a les caractères essentiels, entre autres celui peut-être le plus net, la forme des soies à crochet. Mais elle présente des affinités tout à fait particulières pour les Arénicoliens, et surtout pour Arenicola marina. On pourrait presque la caractériser systématiquement et anatomique- ment en disant que c’est une Arenicola marina de 1 cent. 1/2 sans bran- chies et avec des soiïes à crochet de Clyménien. La présence d’otocystes est, je crois, signalée pour la première fois chez un Clyménien. Ge fait, rapproché de celui d’une partie caudale achète et atténuée, semble bien être en rapport avec une adaptation à la vie pélagique. DE LA PERSISTANCE ET DE LA DISPARITION DE LA PIGMENTATION DANS LES GREFFES DERMO-ÉPIDERMIQUES, par M. le D' E. Maure. Dans la séance du 15 février 1896, M. P. Carnot et M! CI. Deflandre ont communiqué à la Société, sur la persistance de la pigmentation dans les greffes épidermiques, un travail plein d'intérêt, dont les principales conclusions sont les suivantes : « 1° Que la greffe pigmentée conserve sa pigmentation, et qu’elle est en extension. Les cellules pigmentées l’emportent donc sur les cellules blanches et prennent leur place; SÉANCE DU 18 AVRIL 391 « 2° Que la greffe blanche sur partie pigmentée ne prend pas ou dis- paraît rapidement. » Or, je pense que les auteurs de ce travail consciencieux, et la Société, voudront bien me pardonner de rappeler que j'ai étudié la même ques- tion dans une note communiquée à la Société de Biologie elle-même, le 22 juin 1878 (1); et que cette note a été publiée dans ses mémoires de. la même année (p. 11). Mes recherches avaient porté successivement sur des Européens, des Arabes, des Hindous, des Annamites, des Chinois, ainsi que sur des noirs de divers pays. Chacun de ces groupes m'avait servi à faire des greffes dermo-épidermiques, à peu près sur tous les autres; et, en outre, de certains faits d'ordre chirurgical (2) signalés dans cette note, mes résultats relativement à la pigmentation avaient été les suivants : (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, page 255, et Mémoires de la même Société, page 17. « Note sur les greffes dermo-épidermiques dans les diffé- rentes races humaines. » (2) Ces greffes dermo-épidermiques ont été faites sur des ulcères en voie de cicatrisation. On saït que les ulcères, surtout ceux des membres inférieurs, for- ment le fond des services de chirurgie dans les pays chauds. Pendant le 4er semestre de l’année 1876, à Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane francaise), ayant une population de moins de 1,200 habitants, les journées d'hôpital pour la totalité des affections chirurgicales ont été de 8,163; et, sur ce nombre, 3,421 revenaient aux ulcères des membres inférieurs (De l’onyxis ulcéreux. Archives de médecine navale, Maurel, 1879). On sait aussi, et les chiffres ci-dessus l’indiquent assez, combien l'ulcère des pays chauds est rebelle. Or, à la Guyane d’abord et plus tard à la Guade- loupe et en Extrême-Orient, je me suis toujours très bien trouvé des greffes dermo-épidermiques pour activer leur cicatrisation. Ces greffes, qui, du reste, prenpent le plus souvent, deviennent autant d'îlots de cicatrisation marchant à la rencontre les uns des autres, et rendant par conséquent la cutanisation de la plaie plus rapide. Cette cutanisation, en effet, ne se fait qu'au contact de cellules épidermiques, et probablement par leur multiplication. Sur un ulcère ancien, dont toute la couche épidermique à été détruite, la cicatrisation ne se fait que par la périphérie, seul point où les cellules épidermiques sont en contact avec les cellules embryonnaires. Or, les greffes dermo-épidermiques placées au centre de l’ulcère multiplient ainsi les zones de cicatrisatiou ou de cutanisation. Si la greffe est pigmentée, ses cellules épidermiques en se mul- tipliant donnent naissance à des cellules pigmentées, au moins pendant un certain nombre de générations. Si le terrain est favorable à la pigmentation, celle-ci persiste. Dans le cas contraire, les cellules de la greffe restent; mais lé pigment disparait. J'ai constaté, en outre, que les cicatrices ainsi obtenues, surtout pour les ulcères d'une certaine étendue, étaient moins rétractiles et par conséquent plus résistantes. Dans ma note de 1878, j'ai indiqué le procédé suivi, et les conditions dont il faut tenir compte pour la réussite de cette petite opération, 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° Que pour obtenir une greffe dermo-épidermique pigmentée, il faut remplir ces deux conditions : qu'elle soit prise sur un sujet pigmenté et qu'elle soit transportée sur un sujet également pigmenté ; 2° Que ce n’est pas là une question de races, puisque les greffes prises sur des noirs et transportées sur des Hindous à teint foncé, conservent indéfiniment leur coloration; et qu'il en est de même quand on procède en sens inverse ; 3° Mais que, même dans ces deux cas, la pigmentation ne s'étend que de 5 millimètres environ de chaque côté. Au delà elle devient moins foncée, et ensuite elle disparait; ° Que les greffes prises sur les blanes et transportées sur des races colorées conservent leur couleur blanche si la cicatrice est assez large. Dans le cas contraire la greffe est envahie par la pigmentation qui arrive par les bords de la plaie ; 5° Même quand on transporte une greffe pigmentée sur un sujet pigmenté, si la plaie est très étendue, on voit une zone blanche persisier entre la pigmentation de la greffe, qui,je l’ai dit, s’est étendue de 5 mil- limètres environ, et celle qui vient de la périphérie de la cicatrice. Si, au contraire, la distance qui sépare la greffe pigmentée des bords de la plaie est de moins d’un centimètre, la pigmentation envahit tout cet espace. Ainsi le point essentiel découlant de ces expériences faites à la Guyane en 1876 et 1877, était que les greffes dermo-épidermiques prises sur des sujets pigmentés ne conservent leur coloration qu’à la condition d’être transportées sur un sujet pigmenté. À ces faits, je dois ajouter que plus tard j'ai repris ces recherches à la Guadeloupe, de 1881 à 1883 ; et que dans leur ensemble les résultats sont restés les mêmes. Les greffes pigmentées prises sur les noirs ou sur les Hindous, trans- portées sur les Européens, ont presque toujours pli, soit seulement dans quelques jours, soit parfois dans un temps plus long. Toutefois, dans quelques cas très rares elles persistaient encore après plusieurs mois. Dans ces cas, la pigmentation a-t-elle été définitive? Je ne saurais le dire. J’ai quitté la colonie quelques mois après avoir fait ces greffes; et je n'ai plus eu de nouvelles de ces malades. Dans ces quelques cas la durée à donc été plus longue que dans mes recherches de 1876 et 1877. Mais ce fait général ne se dégage pas moins de cette seconde série d'expériences, que si d’une manière exception- nelle ces greffes pigmentées sont restées noires chez des Européens, au moins dans la grande majorité des cas elles ont perdu leur pigment assez rapidement. Toutefois, je dois le faire remarquer, les greffes dans ces conditions, prennent sûrement, et aussi souvent que lorsqu'on fait l’autogreffe, et de plus elles conservent la même action sur la marche de la cicatrisa- SÉANCE DU 18 AVRIL 393 tion. On les, voit bien manifestement, conserver leur teinte noire pen- dant quelque temps et former, d’une manière sûre, un ilot de cicatrisa- tion, qui s'étend avec la même rapidité que s'il s'agissait d'une autogreffe. Mais la pigmentation pälit d’abord, puis disparait. Quant aux grefles prises sur des pigmentés et transportées sur des pigmentés, leur résultat est resté, à la Guadeloupe, le même qu'à la Guyane, c'est-à-dire que la pigmentation a été persistante, et qu’elle s’est étendue de la mème largeur. Ces faits, qu'il me soit permis de le faire remarquer, sont moins en opposition avec ceux de M. P. Carnot et de M':° Deflandre qu'ils le pa- raissent tout d'abord. Ces expérimentateurs, en effet, ont bien porté des greffes noires sur des parties blanches, et ces greffes noires ont bien conservé leur pig- mentation, mais ils ont opéré sur un animal, le cobaye, qui a toujours des parties plus ou moins pigmentées, et qui, par conséquent, présente toujours un terrain favorable à la pigmentation. Les conditions dans les- quelles ont été faites les expériences de M. Carnot et M'® Deflandre, me paraissent donc assez comparables à celles dans lesquelles j'étais, quand j'opérais de sujet pigmenté à sujet pigmenté. Il me. semble donc naturel, que sur cet animal, les greffes pigmentées aient conservé leur .pigmentation même sur les parties blanches. ; Je pense donc que sur ce premier point, nos expériences, loin de se contredire, se confirment les unes les autres. Quant à la disparition de la greffe blanche sur partie pigmentée, fait observé par M. P. Carnot et M’! Deflandre, elle pourrait être expliquée, par ce que j'ai vu moi-même que lorsque la perte de substance faite sur une partie noire, ne dépassait pas un centimètre, la cicatrisation margi- nale suflisait pour la pigmenter. Sur ce second point, nos expériences tendraient donc de nouveau à se confirmer. Ce sont là les quelques faits que je tenais à rappeler. Je crois inutile de dire que je ne cherche nullement à diminuer le mérite de M. Carnot et de M'° Deflandre. Leur communication m'a paru seulement redonner un certain intérêt à des recherches dont quelques-unes sont déjà vieilles de près de vingt ans; et c'est ce qui me fait demander à la Société de bien vouloir insérer cette courte note dans les comptes rendus d'une de ses prochaines séances. PASSAGE DU MYCÉLIUM DE L'ASPERGILLUS FUMIGATUS DANS. LES URINES AU COURS DE L’ASPERGILLOSE EXPÉRIMENTALE, par M. RÉNON. _ Nos recherches ont porté sur les urines de lapins de garenne et de lapins domestiques, inoculées dans les veines avec des spores virulentes 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'aspergillus fumigatus. Ces urines étaient recueillies dans la vessie après la mort, soit qu'on ait sacrifié les animaux au début et dans le cours de l'affection, soit qu'ils aient succombé à l'extension progressive des lésions. I. — Nous avons, cinq, sept, dix et quinze minutes après l'injection des spores, sacrifié ces lapins par section du bulbe et par ingestion d'alcool dans la bouche. Après avoir stérilisé la face antérieure de la vessie à l’aide d’une baguette de verre chauffée au rouge, nous avons puisé le contenu de l'organe avec des pipettes stérilisées, et nous l’avons réparti dans des tubes de liquide de Raulin. Tous ces tubes, mis à l’étuve à 37 degrés, sont restés stériles. De l’urine, recueillie de la même facon, fut centrifugée, et dans le dépôt, coloré à la thionine, nous n'avons point retouvé de spores du champignon : l'urine, d’ailleurs, n’était point albumineuse. Il était dès lors évident, que dans ce court espace de temps, les spores n'avaient pas pu traverser le filtre rénal, et qu’elles se comportaient, à ce point de vue, différemment des bactéries dont on a pu constater la présence dans les urines cinq minutes après leur introduction dans la voie sanguine (1). IT. — Chez d’autres lapins, sacrifiés de vingt-quatre à quarante-huit heures après l'inoculation, nous avons recueilli dans la vessie l'urine avec les mêmes précautions. Les résultats positifs des cultures sur le liquide de Raulin furent d'autant plus nombreux qu'on s’éloignait davantage du moment de l'injection des spores dans les veines. Les urines, souvent albumineuses, présentaient parfois des hématies dans le dépôt centrifugé, fait observé déjà par Grawilz (2) et M. Kaufmann (3) : de plus, quand les cultures étaient positives, on y trouvait presque toujours des fragments de mycélium après coloration. Il y avait corré- lation entre ces deux ordres de recherches, l'examen direct et les cultures. IIT. — Après la mort naturelle, en suivant la même technique, nous avons généralement obtenu des résultats positifs, tant dans les cultures sur tubes de liquide de Raulin que dans l'examen du dépôt : les urines étaient albumineuses dans tous les cas. Ces recherches nous ont aussi permis de constater l’intégrité de l’ure- tère que nous avons toujours trouvé indemne, et l'existence de lésions vésicales assez fréquentes. Celles-ci, d'apparence et de forme tubercu- leuses, amènent une rétenlion d'urine avec distension très prononcée de (1) A. Biedl et R. Kraus. Archiv f. experim. Path. und Pharmakol., Bd XXX VII, Heft 1, p. 105, décembre 1895. (2) Grawitz. Ueber Schimmelvegetationen im thierischen Orne Virchow’s Archiv, 1880, t. LXXXI, p. 355 (3) Kaufmann. Recherches sur Ta ecron produite par l’aspergillus putes Lyon médical, 1882, t. XXXIX, p. 123. SÉANCE DU 18 AVRIL 395 ——_—__—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_——…"…—"—…"—"—"—"—"—"—"—…"—"—"—"—"—"—"—"———— l'organe. Cette cystite nous paraît résulter de l'inoculation des spores par la voie sanguine, et non de leur développement (ou de celui du mycélium) dans l'urine : les spores et le mycélium ont peu de tendance à végéter dans l'urine généralement alcaline, parfois neutre, exception- nellement acide des lapins : nous n'avons jamais pu obtenir de culture en mettant à l’étuve des pipettes remplies d'urine dont quelques gouttes donnaient des résultats positifs sur liquide de Raulin. D'ailleurs nous avons sacrifié des lapins sains et normaux, et après avoir puisé de l'urine dans leur vessie, nous l'avons répartie dans des tubes stériles que nous avons ensemencés avec des spores virulentes d’aspergillus fumigatus : quand l'urine était alcaline, rien ne se développait; quand elle était acide, on ne constatait qu'une légère ébauche de mycélium sans fructification. Les résultats différaient complètement de ceux que nous avons obtenus avec l'urine humaine normale (1). Dans toutes ces expériences les reins ont été cultivés sur liquide de Raulin, et dans tous les tubes on a pu constater l'existence du champi- gnon. Sauf chez les animaux sacrifiés cinq, sept, dix et quinze minutes après l'injection, ces organes présentaient les lésions macroscopiques classiques de l’aspergillose qui ne font jamais défaut dans l'infection par la voie veineuse, et qui sont si marquées au moment de la mort que l’on conçoit très bien le passage du mycélium dans les urines. Cette recherche pourra s'appliquer aux mycoses rénales de l’homme, dont Ross (2), et Ernst (3) ont déjà rapporté quelques cas; mais ici, comme dars toutes les lésions aspergillaires, il faut, pour confirmer le diagnostic, constater d’une part la présence du mycélium (4), et de l’autre obtenir sur liquide de Raulin des cultures d’aspergillus fumigatus aux dépens des parties ensemencées. (1) Rénon. Des variations de la couleur des spores de l’aspergillus fumigalus. Société de Biologie, 7 mars 1896. (2) Ross. Vorlaufige Mittheilung uber einige Fälle von Mycosis im Menschen. Centralbl. f. Bakt. u. Parasit., 1891, Bd IX, p. 504. (3) Ernst. Ueber eine Nierenmykose und das gleichzeitige Vorkommen verschiedener Pilzformen bei Diabetes. Virchow’s Archiv, 1894, Bd CXXX VII, p. 495. (4) Dans les mycoses aspergillaires d’organes profondément situés on ne trouve jamais de spores, mais seulement du mycélium; la fructification n’est possible que dans les viscères et les cavités naturelles ou artificielles commu- niquant avec l'air extérieur : aussi les cas de Ross, qui avait trouvé des spores daos l'urine, ont-ils été l’objet de vives critiques de la part de Max Podack. Virchow’'s Archiv, Bd CXXXIX, p. 260, 261. 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'EXISTENCE, A L'ÉTAT NORMAL, DE SUBSTANCES ANTIVENIMEUSES DANS LE SANG DE QUELQUES MAMMIFÈRES SENSIBLES AU VENIN DE VIPÈRE, par MM. C. Puisauix et G. BERTRAND. Dans des communications précédentes (1), nous avons démontré que le sang des animaux réfractaires au venin de Vipère (Vipère, Couleuvre, Hérisson) devient antitoxique après un chauffage approprié (58°,15). Pour expliquer ces nouvelles propriétés de sangs qui, avant d’être chauf- fés, étaient extrêmement toxiques, on pouvait faire deux hypothèses : ou bien la chaleur a fait apparaître des substances antitoxiques aux dépens des substances toxiques, ou bien elle à détruit ces dernières en conservant les premières. Nous avons cherché à résoudre cette question par l'expérience. Si l'on considère que l'immunité de certains animaux pour les venins est une propriété toute relative, que les plus résistants peuvent être tués par des doses suffisantes, tandis que les plus sensibles peuvent résister à des doses minimes, on conçoit que cette résistance puisse être attribuée à une même cause dont les effets seraient plus puissants chez les animaux réfractaires, plus faibles chez les animaux sensibles. En partant de cette idée, il devient plus facile de déter- miner celle des deux hypothèses précédentes qui est la plus exacte. El existe, en effet, dans l'échelle de résistance pour les venins, des ani- maux dont le sang est complètement dépourvu de toxicité. On peut donc l'inoculer tel quel en proportions variables. Si, dans ces condi- tions, il empêche ou retarde les effets du venin avec lequel on le mélange, c'est qu'il renferme des substances antitoxiques préfor- mées. C’est, en effet, ce que nous avons constaté avec le sang de Cobaye et de Cheval. On trouvera dans le tableau ci-contre le résumé des expé- riences qui nous ont permis d'élablir ces nouveaux faits. Comme on le voit, d'après ces expériences, le sérum de cheval pos- sède des propriétés antitoxiques très accentuées. En outre, l’action de la chaleur, appliquée de la même manière que pour le sang de Vipère ou de Hérisson (chauffage à 58°,15), ne détruit pas ces propriétés anli- toxiques. Cela prouve que les substances antivenimeuses résistent à cette température, ce qui corrobore notre hypothèse sur l’indépen- dance des matières toxiques et antitoxiques. On remarquera aussi que la durée de l'intervalle entre l'inoculation du sang de Cheval et l’inocu- lation du venin a une influence assez grande sur les résultats. Tandis que le venin inoculé en même temps que le sang détermine Ia mort, mais avec un retard souvent considérable, le venin inoculé 48 heures après le sang n’a plus qu'une action locale et l'animal survit. L’immu- nité produite par le sang de Cheval s'accroît donc dans les premiers (1) Bulletin du Muséum d'hist. nat., année 4895, p. 294; Comptes rendus Acad. des sciences, 1895, et Compt. rend. Soc. Biologie, 1895. *sdur9] ougu oj suep sed nod R JIOU JS9 UIOW9} uf ‘sain 9 ‘anou 0 ‘(sassmo) ç ‘ru O - “UNA9S ‘9 ‘9 OJ 0SS ° SIP 6 968} ‘O[N04 0P UNSS III “UOWAT ‘08 ‘qS *9in9u ( ‘(uawopqe) }L ‘Ir 0 « 0%# * gorml ç “Jisuallour 159 J009Y9 90 WNAPS OT *ArAINS ‘9in9au ( « ‘(uawuopqe) wnass ‘9 ‘0 0% 0CY * erpnl Ôr ‘uot} -PI99[N P 9IAIMNS 9124954 ‘o[eJOL *‘Sainou 8% *(oSSIn9) FL “[ru 0 ÉoRae) UINI9S ‘9 ‘9 (8 Gcy ° Jeqpmnl 07 ‘soanog ya |'sognuru sonbjonÿ| ‘(ossimo) pZ ‘Tu 0 ‘(uowopqe) wnai9s ‘9 ‘9 (# 0£9 * qoppmi g ‘S9AN9U LT ‘SaJNUIU G ‘(oSSIM9) FZ “III ‘(uewopqe) wnax9s ‘9 ‘9 g GyG * japinl 8 ‘2104989 }9 SU PHO *sanof ‘94n9U ( ‘(2SSIn9) FL ‘TIU 0 ‘(uaowopqe) wni9s ‘9 ‘9 0 cOG * jorpinl 9 "UNAPS ND SASNIURUIANUD +42 Spppiudoud say aupvoundsip Sod pv] au obnf{nvyo 27 "SaNUIU CF Juepuod ‘UO1}B0 UT} IOU }9 AULQPHO ‘sanof L ‘91nou () ‘(uowopqe) F2 TU 0 +| ‘086 R WnAS 9 ‘9 OZ 07 |°jegml ç - *Saun9y $ U9 JUOUL JS9 ULOW?) 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Cela est-il dû à une réaclion de l'organisme où à des particularités dans les phéno- mènes d'absorption et d'élimination de ces substances? De nouvelles recherches sont nécessaires pour élucider ces différents points. En résumé, les expériences précédentes établissent, d’une manière péremptoire, l'existence de substances antivenimeuses à l'état normal, dans le sang de certains Mammifères. Peut-être en-est-il de même dans tout le groupe des Mammifères. Chez les Oiseaux, le sang ne renferme que des quantités inappréciables de substances antivenimeuses. C'est: du moins ce qui résulte d’une expérience que nous avons faite sur la Poule. On comprend que ces substances, dont la quantité varie d'une espèce à l’autre, soient susceptibles d'augmenter chez un animal, sous l'influence de certaines excitations, en particulier celle qui résulte des injections vaccinantes. Dans ce cas, l’immunité artificielle consisterait dans l’exagération d'un moyen de défense naturel de l'organisme. Cette manière d'interpréter les faits est d'autant plus vraisemblable qu’elle ramène aux mêmes lois les phénomènes de l'immunité naturelle et de - l'immunité artificielle. SUR UNE VARIÉTÉ DE STREPTOCOQUE RÉFRACTAIRE A L'ACTION DU SÉRUM DE MARMOREK, par M. le D° Méry. (Travail du laboratoire du D' Sevestre.) J'étudie actuellement un streptocoque qui présente diverses particu- larités intéressantes; un point sur lequel je veux attirer l'attention aujourd'hui, c'est l’inaction absolue du sérum de Marmorek à son. égard. Ce streptocoque à été retiré, pendant la vie, du sang d'une enfant atteinte de scarlaliné, soignée dans le service de M. le D' Sevestre. On avait pu constater nettement, dans ce cas, l’inaction absolue du sérum de M. Marmorek employé dès le début de l'affection. C’est ce qui m'a -enpagé à entreprendre les recherches qui font l'objet de ce travail. Je n'ai trouvé, jusqu'à présent, aucun caractère distinctif, ni dans la morphologie, ni dans les cultures de ce streptocoque. Il n'est pas encapsulé (1). a . Sa virulence.est moyenne. À la de de 2 centimètres cubes de bouil- -- (4) J'ai pu déterminer avec ce streptocoque chez le lapin des arthrites purulentes d'une facon très constante, par voie sanguine ef périlonéale. Bulle tins de la Société anatomique, mars 1896. - En NP SÉANCE DU 18 AVRIL 399 lon, il tue généralement le lapin en 3 à 7 jours. Il tue également la souris assez rapidement; au début, il m'a même paru relativement plus patho- gène pour la souris que pour le lapin. Il n’a pas d’action sur le cobaye. Les cultures dont je me suis servi étaient généralement âgées de 2 jours (cultures en bouillon simple, ou dans le bouillon-sérum de M. Marmorek). 1° Souris. Première expérience. — 3 souris recoivent 1/3 de centimètre cube de culture; puis à 2 d'entre elles j'injecte 1/2 centimètre cube de sérum de Marmorek. Les 3 animaux meurent en 24 heures, le témoin le dernier. Deuxième expérience. — 2 souris reçoivent préventivement 2/3 de centimètre cube de sérum de Marmorek. 24 heures après elles reçoivent chacune sous la peau % divisions de la seringue de Straus de 2 centi- mètres cubes. Elles meurent toutes deux en 36 heures. Streptococcie généralisée. Lapins. — Inoculations faites simultanément avec l'injection de sérum de Marmorek. 1° Par voie veineuse. — La dose de culture injectée a été de 2 centi- mètres cubes en général. J'ai répété plusieurs fois l'expérience en variant la quantité de sérum de Marmorek injecté. 10 centimètres cubes, 5 c.c.3. Dans un cas, j'ai répété plusieurs jours de suite l'injection de sérum de Marmorek, à la dose de 2 centimètres cubes. Je me suis servi une autre fois d’une culture en bouillon ordinaire âgée de 5 jours, de façon à avoir mon streptocoque aussi peu virulent que possible. Tous les animaux sont morts, et dans plus de la moitié des cas sont morts avant les témoins. Dans plusieurs cas, j'ai trouvé un abcès à streptocoques au point d'injection du sérum de Marmorek. 2° Par la voie péritonéale. — Mèmes résultats. Le lapin qui avait recu le sérum de Marmorek (10 centimètres cubes) est mort en 36 heures. Le PÉR en 6 jours. | ° Par la voie sous-culanée. — Le sérum de Marmorek n’a pas Hire la formation d'abcès au point d’inoculation. Le streptocoque qui m'a servi n'avait pas une très grande virulence et ne tuait pas tou- jours par voie sous-Ccutanée. Injection de sérum faite d'une facon préventive, 24 heures avant l'inoculation. La dose de sérum injectée a été 4 el5 centimètres cubes. Les animaux ont recu ensuite la culture à la dose-de 2 centimètres cubes, l'un dans la veine de l'oreille, l'autre dans le péritoine. Tous deux sont morts en 4 jours. Dans une dernière série d'expériences, j'ai étudié comparativement 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'action du sérum de Marmorek sur le streptocoque que j'ai isolé et sur un streptocoque bien plus virulent, tuant au dixième de centimètre cube que M. Marmorek m'a obligeamment fourni. 3 lapins reçoivent préventivement chacun 3 centimètres cubes d’un sérum de Marmorek très actif. Le lendemain, deux d’entre eux reçoivent 1/4 de centimètre cube de streptocoque fourni par M. Marmorek, l’un sous la peau, l’autre dans le péritoine. Tous deux ont survécu. Les lapins témoins sont morts en 18 et 48 heures. Le troisième lapin injecté préventivement, reçoit dans le péritoine 2 centimètres cubes de culture de mon streptocoque. Il meurt en # jours. Ces expériences me montraient définitivement que j'avais une variété de streptocoque différente de ceux que M. Marmorek possédait, variété sur laquelle son sérum était absolument inactif. L'unicité du streptocoque qu'on rencontre en pathologie humaine me paraît définitivement infirmée par ces faits. — Ce ne sont plus seulement des caractères morphologiques passagers et artificiellement modifiables qui caractérisent des variétés diverses, mais une différence profonde résidant dans les caractères d'une immunité spéciale à chaque variété. Sont-elles deux ou plus nombreuses? Impossible de le dire actuelle- ment. Il faudra s’efforcer d'établir des caractères distinctifs, et le seul certain pour le moment sera l’action réciproque des sérums fournis par chaque variété. Une comparaison obligatoire s'impose à ce point de vue avec les vibrions cholériques, leur multiplicité succédant aussi à l’unicité du début; l'inaction du sérum du vibrion de Pfeiffer vis-à-vis du vibrion de Massaouah. Là aussi le caractère différentiel fondamental, le seul pres- que, c’est l'absence d’immunité réciproque. On sait que pour le coli-bacille et les variétés voisines dont les limites sont si délicates à poser, comme le bacille typhique, il semble que ce sont encore les sérums qui fournissent le moyen le plus sûr de diagnostic. Nous trouvons d’ailleurs, dans la streptococcie vétérinaire, des faits qui sont en corrélation absolue avec ceux que nous apportons pour la streptococcie humaine; cela dans les deux travaux de M. Nocard et Lignières sur les streptocoques de l’anasarque du cheval, de ia gourme et de la pneumonie du cheval. (Lignières. Recueil de médecine vétléri- naire du 30 mars 1896.) L'un de ces streptocoques, celui de l’anasarque, subit d'une façon très nette l’action du sérum de Marmorek ; quant aux deux autres M. Lignières dit : «Il est facile de conclure que l’action du sérum antistreptococcique est tout à fait nulle contre le streptocoque de la gourme, dont il semble même favoriser le développement, et qu'elle est bien légère sur le streptocoque de la pneumonie du cheval. » Le streptocoque que j'ai étudié paraît d’ailleurs assez voisin de celui de la gourme. par ses propriétés. e- RE 2 te D de us ds ton tech De Le ‘4 ). SÉANCE DU 18 AVRIL 401 Il est très pyogène, — il est relativement très pathogène pour la souris. La rate est peu ou pas augmentée de volume favec les deux), — il ne nous à pas paru bien facile d'augmenter beaucoup sa virulence par les procédés habituels. Le sérum de Marmorek est absolument sans action sur les deux. Ce rapprochement exige d’ailleurs une comparaison plus attentive et prolongée qui sera faite gràce à l'aide de MM. Nocard et Lignières. Au point de vue clinique ces faits expliquent l'inégalité d’action du sérum de Marmorek, ils expliquent également ces abcès à streptocoques produits au point d'inoculation du sérum de Marmorek, observés par divers auteurs et que nous avons constatés expérimentalement. Ils ninfirment en rien la haute valeur du sérum de Marmorek pour la majorité des streptocoques de l’homme. À PROPOS DE LA CULTURE DU BACILLE DE LOEFFLER EN MILIEU CHIMIQUE DÉFINI, par MM. HuGouneno et Doyon. On connaît assez mal la nature des poisons bactériens. Pour la péné- trer, il serait nécessaire de disposer de cultures faites dans des milieux de composition chimique déterminée, sans traces de substances pro- téiques. Les travaux d’Arnaud et Charrin (1), d'Outchinsky (2) prouvent que certains microbes en vivant dans des milieux à l’origine dépourvus de substances albuminoïdes, provoquent dans ces milieux l'apparition de corps actifs qui offrent le caractère des albumines. Outchinsky a donné la formule suivante : At APM CREME AU D'ONEREUT MAO00!"Srarimes; GIF COTE MINIEEE TE Rs CPR NONEMAENRS 45 == Chlorure de sodium , . . . . . . .. 7 — Lactate d’ammoniaque. . : . . . . . . . ONE Ghlorurétde: cälcitni 4h00, DESTIN UE OST" vulfate de magnésie so \N UMR AMEN 0 gr. 2 Biphosphate de potasse , . . . . . . . . 2 grammes. ” RACISTES UE 7 Ste. OA LA 0 gr: 02 EE PNR EP PNA RP ARE EE SRE 5 grammes. Sücre dé canne s4 1,0 MANS ON DE MEU TS 5 == L'auteur a cullivé avec succès dans ce liquide un grand nombre de microbes, et spécialement ceux de la diphtérie et du choléra. (4) Arnaud et Charrin. Biologie, 1892. | (2) Outchinsky. Arch. méd. exp., 1893, Centralblatt Bakteriologie, 1893, 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Incidemment, nous avons été conduits à répéter les expériences d'Outchinsky en ce qui concerne particulièrement la diphtérie.Contrai- rement aux résultats obtenus par cet auteur, nous n'avons pu obtenir dans Je milieu qu'il préconise de culture du bacille de Læffler. Nos insuccès pouvaient s'expliquer de deux manières : 1° [ls pouvaient tenir à une particularité du microbe ; nous avons ensemencé des bacilles de provenances diverses et fait varier la végétabilité etles propriétés vitales de l'agent virulent, en le soumettant à des passages soit à travers des animaux, soit à travers des milieux plus ou moins favorables. 2° Il était légitime de penser à un défaut dans la préparation du liquide: nous avons fait un grand nombre d'expériences, tantôt le liquide était obtenu avec des produits purs, préparés par nous, tantôt avec des pro- duits du commerce. Dans un grand nombre d'essais, de la peptone a été ajoutée au liquide : constamment nos résultats ont été négatifs. I — Diphtérie, culture mère, 58° génération, sur bouillon de bœuf peptonisé; très virulent, tue le cobaye en 36 heures à la dose de 18 gouttes injectées dans le péritoine. Ensemencement le 18 novembre 1895 de # ballons contenant le liquide d'Outchinsky : chaque ballon recoit 5 à 6 gouttes de culture; aucun trouble le 11 janvier 1896. Le contenu des ballons est examiné : liquide alcalin; rien au microscope. On ensemence très largement avec le contenu de chaque ballon un tube d’agar, un tube de gélatine, un tube de bouillon. Résultats négatifs. IL — Même semence, 59° génération. Le liquide d’Outchinsky est réparti dans 20 ballons à raison de 50 centimètres cubes par ballon : on ajoute à chacun 1 à 20 gouttes d’une solution à 4 p. 100 de peptone, de manière à disposer d’une série de milieux d’une richesse croissante en peptone ; tous les ballons sont ensemencés avec 4 gouttes de culture. Résultats négatifs. HI. — L'expérience est réalisée à trois reprises différentes, dansles mêmes circonstances que dans l'essai IT avec les 69°, 72e, 73° générations de la semence. Les ballons ont reçu : dans un cas, 3 gouttes d’une culture datant de 2 jours; dans ? cas, une goutte avec l’anse de platine; chaque fois on ensemencait parallèlement avec la culture mère un tube de bouillon de bœuf peptoné, un tube d’agar et un tube contenant le liquide d'Outchinsky. Dès le lendemain de l’ensemencement, tous les témoins avaient poussé. Résultats négatifs pour les autres (liq. d'Outchinsky). IV. — Un cubaye est inoculé le 10 janvier à la cuisse avec 1/2 centimètre cube de culture (72° génération de la même semence). Le 11, sur le cobaye encore vivant on recueille la sérosité péritonéale, on ensemence avec cette sérosité deux tubes d'Outchinsky (l’un avec une goutte, l’autre avec 2 gouttes), un tube de bouillon de bœuf peptonisé (1 goutte) et un tube d’agar (1 goutte). Dès le 12, la diphtérie a poussé sur le tube témoin. Rien dans les autres. La culture mère inoculée au cobaye avait été parallèlement ensemencée dans le bouillon RP Te RE D PS dires ee des + a Re, 0 : N vs : SÉANCE DU 18 AVRIL 403 et dans le liquide d'Outchinsky. Le microbe n’a poussé que dans le bouil- lon. V. — Les essais faits avec même semence après passages répétés sur agar ont été négatifs. VI. — Plusieurs tentatives ont été faites avec des cultures provenant de l'Institut Pasteur : dans un cas, le microbe avait été pris sur une fausse mem- brane, le 21 janvier 1896. La 4° génération est ensemencée sur liquide d'Out- chinsky, le 19 février. Résultats négatifs, Dans le deuxième cas, la culture sur sérum provenait directement d'une fausse membrane (4 février) ; ense- mencement le 20 février dans le liquide d'Outchinsky. Résultats négatifs. L'expérience est répétée plusieurs fois dans les conditions de l'essai IT. En résumé, il résulte de nos expériences : 1° Que le liquide d'Outchinsky, même quand il est additionné de peptone, n’est pas un milieu de culrure du bacille de Léæffler, tout en étant cependant un milieu favorable pour un grand nombre de microbes; 20 Que les résultats positifs avancés par Outchinsky doivent être con- sidérés comme tout à fait exceptionnels, du moins pour la diphtérie; 3° Les tentatives faites à Lyon par divers expérimentateurs (MM. Ni- colas et Dreyfus) sont restées infructueuses et confirment par consé- quent nos conclusions. ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA NICOULINE, par M. le D' Ed. BoinerT, Médecin des Hôpitaux, agrégé, professeur à l'École de médecine de Marseille. La MVicouline (C*H‘O) est une poudre blanche, inodore, sans saveur, cristallisant en tables rhomboïdales obliques, qui a été retirée par M. Geoffroy (1) du Æobinia Nicou Aublet, légumineuse de la Guyane, ap- pelée aussi par les indigènes, « liane à enivrer le poisson ». Cette liane, réduite en filasse et agitée dans l’eau, leur sert à stupéfier et à capturer le poisson. La nicouline possède les mêmes propriétés : les poissons, qui sont plongés dans de l’eau renfermant un peu de nicouline ou qui ont reçu quelques gouttes de cette substance en injection sous-cutanée, font quelques mouvements brusques el quelques bonds; puis ils vien- nent flotter à la surface de l’eau, le ventre en l'air; si on essaie de les saisir, ils peuvent encore fuir; enfin la torpeur augmente, la respiration se ralentit, le poisson reste inerte et meurt. Les mêmes effets sont pro- (4) Geoffroy. Etude botanique, chimique et physiologique du Robinia Nicou Aublet. Mémoire posthume publié par le professeur Heckel dans les Annales de l'Institut botanico-géologique colonial de Marseille, 1895. AU SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE duits par une autre liane de l'Orégon, la Serjania lethalis qui, d'après CI. Bernard (1), n'agirait que par le tannin qu’elle renferme. Cette ac- tion stupéfiante parait plutôt tenir à un principe actif analogue à la nicouline. Nous avons complété l'étude physiologique de la nicouline, qu'avait entreprise Geoffroy, par trente expériences personnelles sur des poissons de mer, crabes, lézards, grenouilles, rats, cobayes. De cet ensemble de recherches on peul tirer les conclusions suivantes : 1° La nicouline exerce surtout son action sur les centres nerveux, qui sont assez souvent congestionnés. Elle détermine, au début, une courte phase d'excitation caractérisée par de l'agitation passagère, par quel- ques mouvements convulsifs légers, par quelques secousses, par de l’accélération de la respiration et des battements cardiaques, par un très léger degré de myosis, durant à peine quelques minutes. Cette première période est plus accentuée chez les poissons (bonds, sauts, mouvements de fuite); chez les grenouilles (quelques secousses convul- sives); chez les rats et les cobayes (tremblement, frémissements fibrillaires, secousses convulsives faibles et passagères, contractions brusques des membres, petits bonds sur place, mouvements de recul, titubation). La durée de cette période varie suivant les doses de nicou- line. Ces phénomènes fugaces peuvent se reproduire plusieurs fois, si on n injecte que 2 milligrammes de nicouline, toutes les dix minutes, à un rat ou à un cobaye ; _ 2° Si la dose est massive, on ne tarde pas à observer de l’hébétude, de la torpeur, de l’assoupissement, de la stupeur. Les animaux titubent, chancellent comme s'ils étaient ivres ; ils essaient en vain de marcher, de se trainer; leurs membres exécutent sur place des mouvements de natation ; les crabes, les lézards, les grenouilles, les rats, les cobayes se déplacent avec peine; ils ressemblent alors à des automates, à des ani- maux mécaniques. | 3° Enfin, la torpeur augmente, la résolution musculaire se généralise, l'animal reste dans la position où on le place; les membres ne peuvent esquisser que quelques faibles mouvements et, plus tard, la parésie est telle qu'aucun mouvement n’est plus possible. Cette ressemblance avec les effets du curare n’est qu'apparente ; car l’électrisation du sciatique détermine des contractions, moins fortes cependant, que l'excitation di- recte des museles. Si la dose de nicouline n’est pas toxique, cet état de résolution peut persister pendant plusieurs heures et la guérison peut être observée. Lorsque la dose est trop forte, la mort peut être précédée de quelques secousses convulsives ou contractions tétaniques. 4° La sensibilité est émoussée; elle persiste à un faible degré presque jusqu'à la fin; elle disparaît après la motilité. (4) CL. Bernard. Des substances toxiques et médicamenteuses. ‘Paris, 1856, p. 265. 3138883 SÉANCE DU 18 AVRIL 405 5° La mydriase apparait généralement en même temps que la torpeur, elle est assez marquée surtout à la dernière période. 6° Les réflexes cornéens existent encore à ce moment. T° La température rectale du rat et du cobaye peut tomber à 30 et même à 25, et 19,8. (Geoffroy.) Le refroidissement des extrémités est appréciable à la main; il s'accompagne parfois de cyanose. Tantôt la température reste à 25 jusqu’à la mort; tantôt elle peut remonter à 31, sans que la guérison survienne. 8° La nicouline détermine encore des phénomènes sécrétoires, respi- ratoires et cardiaques qui indiquent que cette substance exerce une action prédominante sur le bulbe. 9° Elle provoque de la salivation, des vomissements chez le chien, des émissions fréquentes et abondantes d'urine, qui se trouble parfois à la chaleur. 10° Dans une première phase, la respiration est plus rapide, plus pré- cipitée (le rat peut avoir 100 inspirations par minute); puis elle devient plus superficielle, plus irrégulière ; plus tard, elle est pénible, difficile, lente, saccadée, bruyante. Les pauses respiratoires sont de plus en plus longues; la respiration devient rare, diaphragmatique et, vers la fin, elle s'accompagne de räles, de rhonchus, de cyanose. On ne compte alors que 4 à‘5 inspirations par minute. 11° Après une accélération passagère, les battements du cœur se ralen- tissent, ils diminuent d'amplitude, d'énergie, de force; ils deviennent plus irréguliers, plus faibles ; ils subissent des arrèts plus nombreux et plus prolongés. Après un repos variable, le cœur peut encore avoir quelques faibles pulsations, puis il s'arrête en systole. De fortes doses sont nécessaires pour produire de tels phénomènes cardiaques. Avec des doses moindres, le cœur bat faiblement après la disparition de la motilité. Les globules paraissent normaux. On constate, à la dernière période, de la distension et de la stase circu- latoire dans les vaisseaux de la membrane interdigitale de la grenouille et parfois de la cyanose des extrémités chez les rats. En résumé, la nicouline a une action stupéfiante sur les centres nerveux et elle parait avoir une influence plus marquée sur le bulbe. Doses toxiques. Elles sont variables, car la faible solubilité de la nicouline dans l’eau (0 gr. 005 pour 100 grammes) dans l'alcool à 90 degrés (0 gr. 287 pour 100 grammes) rend son absorption aussi diffi- cile qu'irrégulière. La nicouline tue les mammifères à la dose de 1 mil- ligramme pour 8 à 10 grammes du poids de l'animal. Les crabes, les lézards et les grenouilles résistent à des doses qui sont proportionnel- lement quatre fois plus considérables. Ces chiffres s'appliquent à des injections massives; Car la nicouline administrée à doses fractionnées (2 milligrammes toutes les 10 minutes) s’élimine au fur et à mesure, car des cobayes pesant 300 grammes, et des rats du poids de 240 grammes - ! | # 1 L 3 ns di fanré bé, Ce RS 12. IN it APR. b' 406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ont survécu malgré l'absorption lente et progressive de 3 centigrammes. Cette élimination si facile des faibles doses nous a engagé avec le professeur Heckel à utiliser les propriétés hyposthénisantes, stupé- fiantes et paralysantes de lanicouline dans un cas de tétanos aigu, arrivé à la période agonique et traité inutilement par l’opium, le chloral, le bromure de potassium, les bains de vapeur, etc. L’insuffisance de la dose injectée (1 milligramme) pendant l’agonie de ce tétanique ne permet pas de porter encore une appréciation sur la valeur thérapeutique de la nicouline. NOTE SUR LES EFFETS THERMIQUES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE, ÉTUDIÉS PAR LES MESURES THERMO-ÉLECTRIQUES, par MM. Anpré Broca et Cu. RICHET. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Quoique les expériences de Solger (1863) et de Meyerstein et Thiry (4863) soient déjà anciennes, elles n'ont pu être vérifiées par les auteurs qui se sont attachés à étudier les phénomènes thermiques de la con- traction musculaire. Il s’agit de la variation négative thermique, c’est- à-dire d’une période de refroidissement précédant l’échauffement du musele.Heidenhain la révoqua en doute, quoique l'expérience de Solger eût été faite dans son laboratoire. Ni Valentin, ni Helmholtz, ne la purent constater. Hermann l'attribue à une erreur expérimentale, et tout récemment Gad vient de soutenir la même opinion (1895), pensant que le soi-disant refroidissement provient du glissement du muscle sur l'appareil thermo-électrique. Il est vrai que toutes ces mesures ont été prises sur des muscles de gre- nouilles, dont les phénomènes sont minimes, à cause de la petite masse du tissu étudié, et peut-être des réactions chimiques d'intensité faible qui accompagnent la contraction musculaire des animaux à sang froid. M. Chauyeau, en appliquant un thermomètre délicat sur les muscles du bras pendant la contraction chez l’homme, a constaté un refroidisse- ment de la peau sus-jacente allant dans certains cas jusque à C,°4, et cela pendant les deux, trois ou même quatre premières minutes. (7ra- vail musculaire, Paris, 1891, p. 86 et suiv.) Il attribue ce refroidisse- ment à un ralentissement de la circulation. Nous avons essayé d'étudier directement les phénomès thermiques dans les muscles de mammifères, chiens et lapins, et nous avons pu non seulement prouver que la variation négative thermique existe; mais ‘encore préciser dans quels cas elle se produit. En effet, quand on se place dans certaines condilions nettement déterminées, toujours on peut la constater. SÉANCE DU 18 AVRIL 407 Une des soudures du circuit thermo-électrique était placée dans Ja glace fondante; l'autre soudure (nickel et laiton) solidement fixée dans le muscle, et attachée par des pinces, de manière à rendre difficile un glissement quelconque. Dans ces conditions, le galvanomètre donne un demi-millimètre d’élongation pour un millième de degré. Par consé- quent l'équipage galvanométrique va buter contre les bobines, et aucune observation n'est possible. On remédie à cel inconvénient en ramenant la tache lumineuse au centre de la règle divisée, au moyen d'un aimant permanent placé perpendiculairement au plan des bobines. Si on prend un chien normal (ou un lapin) et qu'on excite par un courant électrique fort le sciatique, on voit l’échauffement se produire presque immédiatement; mais non pas immédiatement. Toujours l’é- chauffement, est préeédé d’une sorte d'hésitation du galvanomètre, et en tout cas, dans le tétanos provoqué, s'il dure 100 secondes, par exem- ple, le réchauffement très lent d’abord, va en s’exagérant, ce qui s’ex- plique peut-être par l’échauffement progressif de la masse. Dans quelques cas même, il est précédé d’une courte période de refroi- dissement, surtout si l'excitation n’est pas très forte. Mais, si on diminue l'énergie de la contractilité musculaire, en intoxi- quant l'animal par la morphine, le choralose, le chloral, ou l’éther (et surtout par l’éther), on voit alors, au lieu du réchauffement, survenir un refroidissement qui n'a pas seulement une durée de quelques secon- des, mais qui peut aller presque à une ou deux minutes et parfois da- vanltage. Le muscle d'un animal éthérisé et refroidi, quand il est excité par l'électricité, se refroidit au lieu de se réchauffer. Chez les animaux profondément refroidis (24 degrés), ce même refroi- dissement thermo-musculaire du début de la contraction ne semble plus se produire, ce qui a, au point de vue thermodynamique, une grande importance, pour des raisons que nous avons l'intention de déve- lopper dans une communication ultérieure. | Dans cette note préliminaire nous établirons surtout le fait que les poisons, tels que l'éther et la morphine, ou les altérations de la tempé- rature, modifient profondément les réactions thermiques du muscle, — ‘le sciatique étant coupé et l'influence des centres nerveux étant par conséquent supprimée). F Avec la morphine on observe un réchauffement post-excitatoire très prolongé et très intense. Ce réchauffement post-excilatoire s’observe aussi quelquefois à l'état normal, mais moins marqué. On peut, pensons- nous, l'expliquer en grande partie par ce fait, si bien démontré par M. Chauveau, que le muscle excité, avec des alternatives de repos et de contraction, est parcouru par une grande quantité de sang, et que le 408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sang, régulateur de la chaleur du muscle, circule avec moins d'activité quand le musele est au complet repos. Peut-être, dans Le cas de la mor- phine, y a-t-il des contractions musculaires prolongées après la con- traction même. D'ailleurs pour tous ces phénomènes, quelque réels qu'ils soient, nous ne faisons aucune hypothèse ni au point de vue thermodyna- mique, ni au point de vue des effets de vaso-constriction ou de vaso- dilatation, quoique nous penchions à croire que les effets de la cireu- lation modifiée n'aient pas autant d'importance qu'on pourrait Île soupçonner d’abord. : Le Gérant : G. MASSON. | Paris. .— Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUx, directeur, 1, rue Cassette __ + » mé caf RD 4 AS 409 SÉANCE DU 25 AVRIL 1896 MM. Guey et Cnarri : Le squelette d'un lapin présentant l'aspect du rachitisme. — M. A. Cuauveau : Nouveau stéthoscope à transmission aérienne. — M. M. KAUFMANN : De l’origine et u mode de formation de la graisse dans l'organisme animal. — M. le Dr Gaupre : Note sur la recherche de l’acide urique dans le tartre salivaire au cours de la pyorrhée alvéolaire (gingivite àrthro-dentaire infectieuse). — M. Ca. Ricuer : De la classification décimale en physiologie; Rapport au nom d'une Com- mission composée de MM. R. Blanchard, G. Bonnier, Bourquelot, Dumontpallier, Dupuy, Malassez et Ch. Richet. — MM. AnDré Broca et Crarces Ricner : De l'in- fluence de la circulation sur les phénomènes thermiques de la contraction muscu- jaire. — M. Ca. Féré : Note sur un cas d'épilepsie spontanée chez un lapin. — M. Cu. Féré: Note sur l'influence des injections de peptone dans l’albumen de l'œuf de poule sur l'évolution de l'embryon. — MM. V. Drouin et Réxon : Note sur une mycose sous-cutanée innomée du cheval. — MM. Hucounexo et Doxox : Altérations microbiennes de la biliverdine. — MM. Huaouxexo et Dovon : Sur un procédé nou- veau de préparation de la biliverdine. — M. Pauz Carnor et Me CL. DEFLANDRE : Greffe et pigmentation. — M. Boucxeron : Sérum antistreptococcique préventive- ment à l'opération de la cataracte chez les diabétiques. — M. le D' GaARNAULT : Recherches expérimentales et cliniques sur le traitement chirurgical de certaines formes de surdité. — MM. Doyox et E. Durourr : Fistule biliaire chez le chien. Influence des repas sur la sécrétion de la bile. — MM. E. WerTREIMER et L. LEPAGE : De l'action de la zone motrice du cerveau sur les mouvements des membres du côté correspondant. Présidence de M. Chauveau. LE SQUELETTE D'UN LAPIN PRÉSENTANT L'ASPECT DU RACHITISME, par MM. GLEy et CHARRIN. (Communication faite dans la séance précédente.) La Société se souvient que nous lui avons montré, à diverses époques, des animaux porteurs de malformations variées; ces animaux étaient issus de générateurs soumis à des intoxications chroniques par des toxines, toxines pyocyaniques, diphtériques, tuberculeuses, etc. Parmi ces lapins, quelques-uns ont présenté l'aspect du rachitisme : atrophie générale; poids atteignant 980, inférieur de moitié à celui des sujets normaux de même âge, six mois; gastro-entérite ; abdomen volu- mineux, saillant; déformations osseuses. Aujourd'hui, nous soumettons à l'examen le squelette de l'un de ces lapins. — En le comparant à un autre squelette, celui d'un animal nor- mal, né huit jours après, on constate l’exiguïté des dimensions de tous ces os ; les diaphyses sont épaisses, les épiphyses énormes, à peine soudées ; les côtes offrent des nodosités disposées sur une ligne, de BioLoGie. Comptes RENDUS, — 10 SÉRIE. T, IL. 30 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE facon à former chapelet; les métatarsiens sont renflés; la torsion des humérus, plus encore celle que l'on note dans le second segment des membres antérieurs, sont accentuées ; le bassin déformé, contourné ; les osselets de la queue sont nombreux, de faibles dimensions. L'intestin grêle mesurait 2,60 ; le gros intestin, 1,40; le côlon trans- verse est dilaté. — A l'œil nu, on reconnaît que la région pylorique de . l'estomac est épaissie, que l’iléon, par zones, est congestionné, que la muqueuse est æœdématiée. — Au microscope, on décèle des lésions non douteuses d'inflammation, d’entérite (1); on décèle également des alté- rations osseuses rappelant celles du rachilisme. Sur le vivant, les dimensions mesuraient, de l'extrémité du museau à la queue non comprise, 35 centimètres; du museau à l'extrémité de la patte postérieure étendue, 48 centimètres; de la base du crâne à la termi- naison des lombes, 29. | Ces données réunies, ces constatations faites pendant la vie, après la mort, ces dimensions, ces lésions, ces difformités. etc., tous ces élé- ments permettent de penser que nous avons pu reproduire le rachitisme ou un état singulièrement voisin. Les autres anomalies, nanisme, absence de pieds, etc., dérivent des mêmes processus ; nous avons donc indiqué la voie à suivre, pour arriver à éclairer, à cet égard, la pathologie, sans prélendre que d’autres causes ne puissent conduire à ces résultats. NOUVEAU STÉTHOSCOPE A TRANSMISSION AÉRIENNE, par M. À. CHAUVEAU. Je crois avoir été le premier à exploiter la {ransmission aérienne dans la pratique de l’auscultation médiate. C'était au cours de mes expé- riences et de mes démonstralions, entreprises avec J. Faivre, sur le mécanisme des mouvements et des bruits du cœur. L’organe était mis à nu sur un cheval et ausculté directement avec le long cylindre primitif de Laënnec. On n'obtenait guère que des résultats confus. En effet, les déplacements de l'instrument par les alternatives des diastoles et des systoles, la communication de ces déplacements à la tête de l’obser- valeur déterminaient la production de bruits accidentels, bruits de choc ou de frottement, qui gênaient notablement la perception des bruits naturels. Pour éviter ces perturbations, j'eus l’idée de substituer au cylindre de bois un petit entonnoir métallique renversé sur le cœur et prolongé jusqu’à l'oreillé par un tube de caoutchouc, dont l'extrémité libre s'en- - (1) Nous devons une partie de ces détails à l’obligeance de notre collègue Marfan. she dibé là pe dci h à dé nn) LRO, à 1h din SÉANCE DU 25 AVRIL : AA gageait à frottement dans le conduit auditif externe. Les bruits acci- dentels furent alors considérablement atténués et j'obtins de l'emploi de mon petit système des résultats excellents. Il m'était ainsi démontré que la transmission solidienne, telle qu'elle s'opère dans le cylindre de Laënnec, n’est pas nécessaire à la nette perception des bruits. Cette perception reste excellente avec la fransmission exclusivement aérienne. Dans mon appareil improvisé, en effet, c'était l'air intérieur, ToUT sEuL, qui amenait directement à la membrane du tympan les vibrations sonores engendrées dans le cœur : il suffisait de pincer le tube en caoutchouc pour arrêter toute transmission de bruits. Je ne m attendais pas, je l'avoue, à une pareille réussite. On avait déjà tenté, tant en Angleterre, tant qu en France, de faciliter l’auscultation en rendant le stéthoscope flexible par l’interposition d’un tube de caout- chouc entre le pavillon et la plaque auriculaire. Mais, avec l'instrument ainsi modifié, les sons étaient tellement affaiblis qu'on avait dû renoncer à l'employer. La cause de cet affaiblissement est facile à comprendre. Avec le caoutchouc interposé entre le pavillon et la plaque auriculaire, il n’y a plus transmission solidienne des sons par la substance même de l'appa- reil. Le caoutchouc arrête ou, tout au moins, entrave prodigieusement cette conduction solidienne, dans laquelle réside la cause principale de l'aptitude du stéthoscope ordinaire à transmettre à l'oreille les bruits ou sons qui se produisent au sein de l'organisme. Il ne persiste plus que la conduction aérienne par le canal central de l'instrument. Or la plaque auriculaire se prête mal au passage, dans le conduit auditif, des vibra- tions transmises par le canal intérieur du stéthoscope. Ces vibrations doivent arriver directement sur la membrane du tympan pour l'in- fluencer convenablement, comme cela se produit avec le cornet acous- tique. à De là, l'indication de remplacer la plaque auriculaire par un embout olivaire engagé à frottement dans le conduit auditif externe. C'est dans celte substitution que réside la condition essentielle de l'utilisation de la trans- mission aérienne. En substituant le caoutchouc au bois on ne favorise en rien ce mode de conduction. Les tubes rigides, de n'importe quelle nature, se prêtent aussi bien à la transmission aérienne que les tubes flexibles, pourvu que l'extrémité libre, sertie dans l'orifice de l'oreille externe, amène directement les ondes sonores sur la membrane du tympan. D'où il résulte que les stéthoscopes entièrement rigides, dont l'extrérailé auriculaire serait engagée dans le conduit auditif, jouiraient, dans sa plénitude, de la double conduction solidienne et aérienne {1). (1) Je n'ai pas souvenance, au moment où j'écris ces lignes, des publications où il a été question, en premier lieu, de l'emploi que j'ai fait du tube de caoutchouc, à extrémité libre sertie dans le conduit auditif, pour l’auscultation 212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans ces derniers temps, j'ai eu l'occasion de m'occuper de nouveau du stéthoscope à transmission aérienne et des principes d’après lesquels il convient de le construire. Il ne suffit pas de réaliser une bonne adaptation du tube de trans- mission au conduit auditif externe. Ce tube lui-même et le pavillon qui recueille les bruits doivent présenter certaines conditions, sans les- quelles l’auscultation est défectueuse. En premier lieu, je parlerai du pavillon ou plutôt de la caisse stéthos- copique, dont la construction présente une importance de premier ordre. L'expérience, appuyée sur certaines données théoriques, m'a appris que cette caisse doit être aussi massive que possible. Celle que j'ai adoptée consiste dans un disque épais en laiton, excavé sur une de ses faces. L'autre face est munie d'un court ajutage pour l'adaptation du tube de transmission; et cet ajutage présente à sa base un large bouton molleté qui permet de tenir l'appareil et de le déplacer pour l'appliquer là où il est nécessaire. | Cette caisse peut avoir toutes sortes de dimensions. J'en ai fait con- struire trois modèles, ayant 50, 35 et 20 millimètres de diamètre. L'épaisseur du disque est de 12 millimètres et la cavité plate qu'on y a creusée à 6 millimètres environ de profondeur. Un sillon cireule autour du bord pour fixer une mince membrane de caoutchouc tendu, qui ferme la caisse et par laquelle celle-ci est appliquée sur la surface à auseulter. Cette membrane n'est pas indispensable. La caisse peut s'appliquer tout ouverte à la manière du pavillon d'un stéthoscope ordinaire. Elle présente alors les mêmes qualités acoustiques que si elle est fermée par une membrane élastique, toutefois à la condition d’une application tout à fait exacte et d’une fermeture hermétique par la peau du sujet. Avec la membrane, il n’est plus nécessaire de rechercher la perfection du contact. Aussi la caisse fermée permet-elle d’ausculter à travers les tissus souples des vêtements de nuit, même quand ils présentent une certaine épaisseur. De même la membrane favorise l’auscultation des du cœur mis à nu. Mais je retrouve la mention de l’application de ce procédé à l’auto-auscultation. Je l'ai indiqué d'une manière brève, mais extrêmement précise, en 1858, dans le mémoire sur les murmures vasculaires ou bruits de souffle publié par la Gazelte médicale de Paris. Queïques années plus tard, vers 1861 ou 1862, j'ai vu, entre les mains de Groux, l'homme à la fissure sternale, un instrument absolument identique rapporté d'Amérique et dù au D' Marsh. Chose assez curieuse, jamais per- sonne ne parait s'être douté dans l’ancien continent que cet appareil y était employé depuis 1855, par un physiologiste qui, il est vrai, n’a fait aucun effort pour le répandre, quoiqu'il ait toujours continué à s’en servir couram- ment. = té me lt dinde oh bts sf SE SÉANCE DU 25 AVRIL 413 animaux dont la robe de poils ne permet pas toujours une adaptation convenable du bord de la caisse ouverte. L'emploi d'une lourde masse métallique excavée, comme caisse sté- thoscopique, parait, au premier abord, absolument paradoxal. Il semble que de telles parois doivent éteindre toute résonance. C'est l'inverse qui a lieu. Ainsi, le pavillon en bois qui est communément employé, de minces entonnoirs en verre ou des tambours de Marey forment des caisses stéthoscopiques incomparablement moins sonores. De plus, les bruits musculaires de la main qui tient l'appareil se transmettent beaucoup mieux à l’air intérieur et gènent considérablement la perception du bruit dont on a à constater l'existence. Avec la lourde caisse stéthoscopique métallique ces inconvénients disparaissent ou sont réduits à leur minimum. Il faut, en effet, que les doigts exercent de fortes pressions pour que le stéthoscope massif appliqué sur une surface à ausculter laisse transmettre à l'oreille les sons musculaires de l'opérateur. Ajoutons que le poids de l'appareil lui permet de rester appliqué, sans l’aide de la main ou d'aucun mécanisme, sur les sujets couchés. Mème sur les sujets assis ou debout, la caisse stéthoscopique, grâce à sa masse, s'applique pour ainsi dire, d'elle-même, les doigts n'ayant alors qu’à la soutenir au niveau du point sur lequel doit porter l’aus- cultation. Ainsi sont évitées un certain nombre de perturbations acous- tiques. Quant au {ube de transmission, il est simple pour l’auscultation uni- auriculaire, où se partage en deux branches de 15 centimètres de lon- gueur pour l'auscullalion bi-auriculaire. L'extrémité ou les extrémités libres portent un embout recourbé, avec renflement olivaire en verre ou en ébonite parfaitement polie. J'ai adopté, pour ce tube de transmission, le diamètre de 4 millimètres et la longueur de 75 centimètres. Mais les dimensions, la longueur surtout, sont un peu indifférentes. La {ransmis- sion aérienne S'effectuant dans les tubes à des distances considérables, il est facile, avec l’auscultation bi-auriculaire, d'entendre, affaiblis sans doute, mais très nets, les bruits du cœur à 40 mètres, ceux de la res- piration à 20 mètres. Jusqu'à 3 ou 4 mètres, la transmission des bruits peut se faire sans affaiblissement bien sensible. Le point important, dans les dispositions à adopter pour le tube de transmission, c'est de le mettre en état de conduire les bruits à l'oreille en leur conservant à peu près leur timbre normal. On obtient ce résultat à l’aide d’un branchement latéral, partant du tube principal en un point distant de l'oreille d'une vingtaine de centimètres environ. Ce branche- ment établit une large communication entre l'intérieur du système sté- thoscopique et l'air extérieur. Il convient de lui donner 12 centimètres environ de longueur, Lorsque ce branchement est fermé, les bruits 414 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE arrivent à l'oreille avec un timbre d'autant plus sourd, plus étouffé, que les dimensions du tube de transmission sont plus considérables. Si le branchement est librement ouvert, les bruits ne diffèrent guère par le timbre de ceux qu'on entend avec l'oreille directement appliquée sur la région où ils se produisent. Cet appendice joue donc un rôle des plus utiles, qui n’a pas même été soupçonné jusqu à présent. Mais pour remplir efficacement ce rôle, il doit, quant à sa place et sa longueur, remplir les conditions ci-dessus indiquées. Placé à l’autre bout du tube de transmission, près de la caisse stéthoscopique, le branchement laléral reste sans effet. Trop court, il affaiblit considérablement les bruits. Trop long, il leur enlève de la clarté. | Le branchement latéral présente un autre avantage. On peut le mettre en communication avec un tambour à levier extrêmement sensible pen- dant qu'on ausculte le cœur. Pour peu que la pulsation cardiaque soit perceptible, elle communique au levier des déplacements qui, soit qu'on les observe purement ou simplement, soit qu'on les inscrive, permettent d'apprécier le synchronisme des bruits perçus avec les mouvements du cœur. Cet appareil stéthoscopique se prête également bien à tous les genres d’auscultation, pour l'usage physiologique, médical, chirurgical, obsté- trical. J'ajoute qu'il permet d'entendre admirablement tous les bruits musculaires : il n'existe pas de meilleur myophonoscope. Enfin je ne con- nais pas d'appareil qui se prêle aussi bien à l’auscultation simultanée par plusieurs opérateurs à la fois. DE L'ORIGINE ET DU MODE DE FORMATION DE LA GRAISSE DANS L'ORGANISME ANIMAL, par M. M. Kaurmann. La graisse qui se dépose dans l'organisme de l’animal bien nourri, dérive-t-elle indistinctement de tous les principes immédiats des aliments, ou bien provient-elle exclusivement de l’un de ces principes? On sait combien cette question est encore controversée. D'après certains expérimentateurs, la graisse qui s'accumule dans l'organisme animal provient directement de la graisse des aliments; d’après d’autres, elle dérive exclusivement soit des matières albumi- noïdes, soit des matières hydrocarbonées, soit enfin de tous les principes immédiats à la fois. ; Ne pouvant, dans la limite de cette note, rapporter les faits qu'on a produits à l’appui des diverses opinions, j'exposerai simplement les résultats que j'ai obtenus dans une série de recherches faites sur le chien. SÉANCE DU 25 AYRIL AA5 Mes animaux d'expérience ont été rendus maigres par un jeûne plus ou moins prolongé; puis ils ont recu en abondance soit du lait fortement RE sucré avec de la saccharose, soit de la viande maigre, soit du saindoux. Pendant qu'ils élaient en pleine absorption digestive, on a déterminé simultanément les échanges respiratoires, l'excrétion azotée el la ther- s mogénèse d'après la méthode que j'ai exposée précédemment. En appliquant les équations à l’aide desquelles M. A. Chauveau rend compte de l'oxydation en plusieurs temps des principes immédiats de l'orga- nisme, on constate que la théorie se vérifie par l'expérience. A. Origine de la graisse chez l'animal nourri de matières hydrocarbonées. — Les résultats que j'ai obtenus sur mes chiens en digestion de lait +. sucré peuvent être résumés comme suit : 1° Lorsque l'absorption digestive fait pénétrer du sucre en abondance dans le sang d’un animal, l'organisme de celui-ci devient le siège d'une formation graisseuse très active; 2° La graisse de nouvelle formation dérive en presque totalité de l’albumine qui se détruit et dont on retrouve l’azote dans les urines; 3° L’albumine subit Ia transformation en graisse sous l'influence d'une oxydation incomplèle dont rend compte la réaction suivante indiquée par M. À. Chauveau : 4 CPAM AZBO®S HE 139 0° — 2 CS H11006 E 36 CO Az° Hi + A” Sn “ e Albumine Stéarine Urée 138 Co° + 42H°0+4S. CR 4° Chez le chien, une certaine quantité de sucre se transforme direc- | tement en graisse, d’après le procédé anaérobie indiqué par M. Hanriot. ( Ce processus ne peut pas être mis en évidence par la calorimétrie directe, car 1l est à peu près neutre au point de vue thermique. Il est prouvé par ce fait que le quotient respiratoire peut s'élever au-dessus de l'unité, sous l'influence de l'alimentation sucrée, comme je l'ai constaté dans = mes expériences. Mais il ressort clairement des résultats obtenus que, chez le chien, la PR transformation directe du sucre en graisse est peu active. Le rôle du sucre dans la formation graisseuse n'en est pas moins important chez cet animal, car en prévenant l'oxydation complète de l'albumine, le sucre contribue, mais surtout indirectement, à assurer la formation graisseuse aux dépens des matières albuminoïdes. 5° Le sucre absorbé est en grande partie oxydé immédiatement et transformé en acide carbonique et eau. Sous son influence les échanges respiratoires ainsi que la thermogénèse sont fortement augmentés. En outre une autre partie du sucre se déshydrate et se dépose à l'état de glycogène. Cette accumulation de glycogène retentit souvent sur la thermogénèse et abaisse notablement la quantité de chaleur dégagée; 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE alors le chiffre obtenu directement au calorimètre est un peu inférieur aux chiffres théoriques qui correspondent aux gaz respiratoires. B. Origine de la graisse chez l'animal nourri abondamment de viande maigre. — En nourrissant des chiens avec de grandes quantités de viande, j'ai constaté que l'albumine qui arrive en abondance dans le sang pendant l'absorption digestive subit également l'oxydation incom- plète qui la transforme en graisse. Une partie de celle-ci se dépose sous forme de réserve dans les tissus; une autre partie subit rapidement une oxydation nouvelle qui la fait passer par la phase sucre avant de la transformer complètement en acide carbonique et eau. Voici le détail d’une de mes expériences: EXPÉRIENCE. — Un chien maigre pesant 8 kilogr. 800, à jeun depuis vingt- quatre heures, recoit 500 grammes de viande chaude à 6 heures du matin et 400 grammes à 8 heures. Peu après ce dernier repas, on le place pendant cinq heures dans l'appareil respiratoire calorimétrique et on determine simul- tanément les échanges respiratoires, l’excrétion azotée et la thermogénèse. RÉSULTATS RAPPORTÉS A L'HEURE. Chaleur cédée au calorimèire. . . . . . . . . . . 30%6 Acide carbonique TER AU PNEU Oxyeëne absorbé era APR ENS NN EEE LE Quotient respiratoire . . . LR AS REMORSS Azote total éliminé 15458 comespondens à | 95325 d’albumine, A. Il est bien évident que l'albumine détruite n'a pas subi l'oxydation complète avec formation d’urée, car 9 gr. 325 d’albumine en s'oxydant com- plètement produisent 8 lit. 1432 d'acide carbonique, absorbent 9 lit. 545 d’oxy- gène et dégagent 45 Calories. Ces chiffres sont tous bien supérieurs à ceux obtenus par la mesure directe. B. L'albumine se transforme en graisse d'après le procédé indiqué par M. A.Chau- veau. — Dans cette transformation en graisse (stéarine) on obtient : Chaleur dégagée Are FREE Ne T2 EE) Acide carbonique Droit RTE EUR ARE AN Re Oxysène absorbé BALE ETAIENT RENE RCE Excédents gazeux. Acide carbonique Zu tit PR RAM ER TRE Oxygène 2 Dre ERP PRE OS C. Des graisses subissent l'oxydation complète : Chaleur correspondante à l’excédant d'acide carbonique. 99 == = = d'oxygène. #4 e1080 Chaleur totale se rapportant : A l’acide carbonique éliminé . . . . . 20.8+ 9.9 — 30.7 A l'oxygène absorbé EL Lun NE 20,8-+- 10.6 — 31.4 Chaleur mesurée au calorimètre , 0, 4, 1, ." 30:6 Fr abrdacté ui bé RE à de. SÉANCE DU 25 AVRIL * 417 Le résultat de cette expérience ne laisse aucun doute sur les phéno- mènes chimiques dont était le siège l'organisme de cet animal. On voit nettement que l'oxygène absorbé a été utilisé en partie à oxyder incom- plètement l'albumine pour la transformer en graisse, qu'une petile partie de celle-ci a été ensuite oxydée complètement, tandis que la plus grande partie est restée en dépôt. On rend compte ainsi, non seulement du mode d'utilisation de l'oxygène, mais encore de l’origine immédiate de l’acide carbonique et de la chaleur. C. Origine de la graisse qui se dépose dans ee d'un animal nourri avec des graisses. — Lorsqu'un animal absorbe beaucoup de graisse, celle-ci n’est pas brûlée immédiatement en totalité. Une grande partie de cette graisse absorbée s’accumule dans les tissus, et l'animal produit sa chaleur en brûlant de l’albumine et du sucre ou de l’albu- mine et une partie de la graisse absorbée suivant que son organisme est riche ou pauvre en glycogène. Quand l’animal en digestion de graisse à été nourri antérieurement avec des matières hydrocarbonées qui ont provoqué un abondant dépôt de glycogène, on constate que la totalité de la graisse absorbée se dépose dans l'organisme. Quand l'animal a été soumis a un jeûne qui à appauvri son corps en glycogène, on voit qu'une partie seulement de la graisse absorbée se dépose et qu'une autre partie s'oxyde immédia- tement soit pour se transformer en sucre soit pour se détruire entière- ment. Conclusions générales. — 1° Tous les principes immédiats des aliments sont susceptibles de servir à la formation de la graisse qui s’accumule dans le corps des animaux. 2° Chez les carnassiers, la presque totalité de la graisse emmagasinée provient directement de l’albumine et de la graisse des aliments. Les matières hydrocarbonées sont certainement susceptibles de se trans- former directement en graisse; mais elles contribuent surtout à la formation graisseuse par voie indirecte en facilitant énormément la transformation de l'albumine en graisse et en préservant de l'oxydation la graisse déjà formée et emmagasinée. 3° Les matières hydrocarbonées sont particulièremeut propres à fournir l'énergie nécessaire aux besoins immédiats de l'organisme. Les matières albuminoïdes et les graisses sont, au contraire, propres surtout à fournir l'énergie destinée à être mise en réserve pour les besoins futurs. 418 * SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LA RECHERCHE DE L'ACIDE URIQUE DANS LE TARTRE SALIVAIRE AU COURS DE LA PYORRIÉE ALVÉOLAIRE (GINGIVITE ARTHRO-DENTAIRE INFECTIEUSE ), par M. le D" GaxiPre. Comme toutes les maladies graves, dont l’éliologie est mal connue et le traitement lent et difficile, la pyorrhée alvéolaire a reçu un nombre considérable d'appellations différentes, et son étiologie a été attribuée aux influences pathologiques les plus diverses. Je n'ai pas peu été surpris en lisant, en 189%, dans un recueil améri- cain, que l’étiologie de la pyorrhée alvéolaire devait être constamment rapportée à la goutte. L'auteur de cette assertion s’appuyait sur la présence invariable, dans le tartre salivaire, ainsi que dans les dépôts formant incrustation, à l'extrémité des dents tombées ou extraites, dans le cours de cette affection, de l'acide urique ou des urates. Je me mis en devoir de vérifier cette asssertion, avec le concours de deux de mes collaborateurs, MM. Brun et Gaillard. Partant de ce fait que ‘si l’acide urique existe réellement dans le tartre salivaire ou à l'extrémité des racines, il doit s’y trouver en quan- tité relativement faible, nos recherches ont été menées avec les soins les plus minutieux et avec toutes les précautions usitées. L'auteur américain ne dit pas par quels procédés il a pu vérifier la présence de l'acide urique. Nous n’avons donc peut-être pas suivi la même voie que lui dans nos recherches. Nous avons adopté les mé- thodes classiques et les plus sensibles, celles que l’on suit ordinaire- ment lorsqu'on a à déterminer la présence de l'acide urique dans des concrétions. Ces méthodes sont de deux sortes : I. — Si l'on traite les concrétions renfermant de l'acide urique, fine- ment pulvérisées par l'acide azotique, que l'on évapore l'excès d'acide et que l'on ajoute au résidu une goutte d’ammoniaque liquide diluée, on obtient immédiatement la coloration rose pourpre de la murexide. Il. — Lorsqu'on traite les mêmes concrétions par une solution alea- line de potasse, l'acide urique se dissout en donnant lieu à la formation d'urate de potasse soluble. Le liquide filtré et additionné d'acide chlorhy- drique donne lieu à un précipité d'acide urique facilement reconnais- sable, à l'examen microscopique. Par ces procédés, nous avons d’abord fait quelques essais sur de la salive. Nos résultats ont été négatifs. 1° Sur 10 échantillons de tartre frais, nous avons également obtenu des résultats négatifs. ni nn) DS So de dd, à ÉD ie D re à baies : SÉANCE DU 25 AVRIL 419 2° Sur 40 dents étudiées isolément et provenant de malades atteints de pyorrhée alvéolaire. Le tartre était d’abord détaché et analysé, puis les extrémités des racines étaient sciées et étudiées, après pulvérisation. Tous les résultats ont été négatifs. 3° Le tartre salivaire emprunté à plusieurs séries de dents (9, 6 et 4) n'a point permis de déceler la présence d'acide urique ; les racines réu- nies de ces mêmes séries n'ont pas donné de meilleurs résultats. Devant la persistance de ces résultats négatifs, nous nous sommes demandé, après les trois ou quatre premiers essais, si la présence des matières organiques et minérales existant dans le tartre salivaire, n’en- travait pas les réactions. Nous avons alors institué des expériences de contrôle qui ont été faites ensuite après chaque examen de tartre ou de racine. 1° À de la salive nous avons ajouté des quantités extrêmement faibles : d'acide urique, et ces proportions infinitésimales nous ont donné les réactions très nettes. 2° Les mêmes quantités très faibles d'acide urique ont été ajoutées au tartre salivaire frais, ainsi qu'au tartre salivaire sec et aux exlrémi- tés finement pulvérisées des racines de dents. Dans tous les cas nous avons pu nettement constater la présence de l’acide urique ajouté. Nous nous croyons donc en droit de pouvoir conclure : 1° Que les expériences ont été faites dans des conditions et avec des soins suffisants, pour déceler la présence de quantités même très faibles d'acide urique. : 2° Que si nous n'avons pas constaté la présence de cet acide, aussi bien dans la salive, le tartre frais et sec et les extrémités des racines des dents, c’est parce qu’il n’y en avait pas la moindre trace, dans les échan- tillons examinés par nous ou que les méthodes suivies ne permettaient pas de le déceler. Nous acceptons l'assimilation qu'on a voulu établir entre les concré- tions salivaires et les calculs urinaires. L’étiologie est la même et, dans un cas comme dans l’autre, nous avons affaire à un processus micro- bien, Mais c'est pousser trop loin l'assimilation que de vouloir retrouver de l'acide urique dans toutes les concrétions. La constitution chimique du tartre salivaire se rapproche étroitement de ces concrétions calcaires que l’on trouve dans tous les points de l'éco- nomie, même dans la vessie, chaque fois qu'un processus d'ordre pure- ment parasilaire entre en action. L'origine exclusivement goutteuse de la pyorrhée alvéolaire ne nous parait donc pas devoir être acceptée, bien qu'il soit établi depuis long- temps que les arthritiques et les rhumalisants offrent un terrain de prédilection au développement de cetle maladie, dans laquelle, ainsi que nous l'avons démontré avec M. Malassez, l'élément infectieux joue un rôle si prépondérant. 420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_ Après une dizaine d'années, le caractère infectieux, attribué par nous à la pyorrhée alvéolaire, nous revient d'Amérique, comme une décou- verte, sans qu'il soit fail la moindre allusion aux recherches de M. Malas- sez et aux miennes. C'est trop dans l’ordre des choses, pour que nous songions à nous en plaindre. (Travail du laboratoire de la Clinique d'accouchements.) DE LA CLASSIFICATION DÉCIMALE EN PHYSIOLOGIE. RAPPORT DE M. Cu. RiCHET, AU NOM D'UNE COMMISSION COMPOSÉE DE MM. R. BLANCHARD, G. BONNIER, BourQUELOT, DUMONTPALLIER, Dupuy, MALASSEZz et Cu. RiGHET. Le système de classification décimale de Melvil Dewey nous a paru applicable à la physiologie. Toutefois, pour le rendre vraiment utile, nous avons dû lui donner d'assez longs développements. Ces développements permettent maintenant de elasser d'une manière à peu près méthodique les divers mémoires traitant des questions de physiologie pure, ou directement afférentes à la physiologie. Nous avons présenté notre classification à l'Office bibliographique de Bruxelles, qui représente officiellement en Europe le système de M. Dewey. L’O/fice bibliographique de Bruxelles, après examen, a accepté nos indications, de sorte que, dès à présent, ce schéma peut être considéré comme faisant partie intégrante de la classification décimale. Il est probable, vu l'extension rapide de ce mécanisme biblio- graphique, que, d'ici à peu de temps, la généralisation sera complète. L'Association française pour l'avancement des sciences, la Société de physique, la Société zoologique de France y ont déjà souserit sans réserve. Si la Société nous y autorise, nous adresserons à chacun des membres de la Société un exemplaire de cette classification, de manière qu'il puisse être annexé aux Pulletins de la Société de Biologie. Il sera alors très utile que, dans chacune de leurs communications, nos confrères puissent indiquer leurs notes. L'indication qu'ils donneront eux-mêmes sera assurément la meilleure; et elle devra être suivie par tous ceux qui, dans une bibliographie décimale générale, auront à le classer. Sans entrer dans aucun détail technique, rappelons que : 1° dans cer- tains cas, il faut classer le mémoire à deux et parfois trois numéros : par exemple, Échanges chimiques respiratoires dans l'inanition, doit être classé à la fois à £'changes respiratoires (22) et à Znanition (391),etc. ; 2° si l’on est embarrassé, il est toujours possible de mettre le mémoire SÉANCE DU 29 AVRIL 421 à une rubrique générale, ce qui est vague assurément, mais au moins à l'avantage de n'être pas erroné; 3° les chiffres actuels ne peuvent être modifiés ; mais, à mesure que de nouvelles indications seront nécessaires, elles pourrunt être adoptées, à condition d’une entente avec l'office bibliographique de Bruxelles, qui publiera prochainement l'édition complète (en français) de la classification décimale de toutes ies sciences. La Société de Biologie aura ainsi réalisé ce qui est le vœu, plus ou moins formellement exprimé, des physiologistes du monde entier, e’est- à-dire l'unité dans la Bibliographie. DE L'INFLUENCE DE LA CIRCULATION SUR LES PHÉNOMÈNES THERMIQUES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE, Note de MM, ANDRÉ BRrocA et CHARLES RICHET. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine.) Dans la note précédemment communiquée à la Société de Biologie, nous avions établi que le muscle des animaux à sang chaud (chien et lapin), dans certaines conditions qui affaiblissent sa contractilité (refroi- dissement — éthérisation — morphinisation), présente, quand il est excité, un refroidissement assez notable; et que, quand l'excitation cesse, il se réchauffe. | Nous avons cherché à savoir si les effets vaso-moteurs et les change- ments de circulation dans le muscle pouvaient être invoqués comme causes, el voici comment nous avons procédé pour juger la question. Si l’on fait à un lapin, ou à un petit chien, une ouverture à la partie inférieure et latérale de l'abdomen, juste assez grande pour laisser pas- ser le doigt, on peut introduire l'index par cet orifice, et arriver au ni- veau de la colonne vertébrale, à l'endroit où l’aorte se bifurque pour donner les artères iliaques primitives : on peut alors faire sur les corps vertébraux la compression totale de l’aorte, de manière à empêcher absolument le sang de passer dans les membres inférieurs. Donc, si la variation négative thermique s’observe dans ces condi- tions, ce n’est plus l’expulsicn du sang qu'on peul invoquer, puisque le sang ne circule plus dans le muscle. Voici les résultats d’une expérience faite sur un chien éthérisé. Tant que la température de l’arimal a été supérieure à 34 degrés, il a été impossible de voirle refroidissement du début, d’une manière nette, avec ou sans circulation dans le muscle. Mais, à parlir du moment où la température est tombée au-dessous de 34 degrés, la variation thermique négative s’est nettement manifestée. 429 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Refroidissement dû à l'excitation (par 100 secondes). Circulation intacte. 1ONEXPÉPIENCEMEN. Pen «102.020 2e = Lin: 2 Tee D 02 Circulation arrètée (t. = 339,5). TPE xXPÉTIEN CE PAPER 0 MOPUD depuis 70" 2° — eee 1 0.051 — 220 3° _ HR ROSES — 380 4e — DU 0e AGREE NE AD PIE — 590 Circulation arrêtée (t. = 33 degrés.). LONBRDÉTICNCEN NP EN IPS UGS depuis 90” 20 = Se Re OMIS D) — 280 30 —= hr Eat Re DURS — 50” Sur le lapin, les résultats ont été tout aussi nets, et nous avons même constaté ce résultat, qui parait paradoxal, quoiqu'il nous semble bien établi, que l'interruption de la circulation rend le phénomène de la varia= tion thermo négative beaucoup plus marqué. Dans un cas, le refroidis- sement a été de 0°,139 par 100 secondes après interruption de la circu lation, alors que la circulation étant intacte, ce refroidissement était seulement de 0°,027. Il est à remarquer que la température de ce lapin éthérisé était de 31 degrés; lorsque la température était de 35°,95 ; les excitations muscu- laires donnaient un réchauffement et non un refroidissement. On ne peut donc dans ces divers cas supposer soit un déplacement de la soudure, soit une variation dans l'irrigation sanguine, et il nous parait prouvé que toute cause qui affaiblit la contractilité du musele amène un état de la fibre musculaire tel que l'excitation produit du refroidissement (au début), et non de l’échauffement. NOTE SUR UN CAS D'ÉPILEPSIE SPONTANÉE CHEZ UN LAPIN, par M. Cu. FÉRé. L'étude de l'épilepsie survenue chez les animaux en dehors des con- ditions expérimentales n'est pas seulement intéressante au point de vue de la pathologie comparée ; elle l’est encore au point de vue de la physio- logie expérimentale. On a souvent discuté sur la nature des manifesta= tions spasmodiques ou automatiques des animaux en expérience, et contesté la nature épileptique des manifestations qui ne présentaient pas Lotto ps à es ds ht : à js, éd dé. dde 6 D AC Le di ve tt nt Sd ÉE A SÉANCE DU 25 AVRIL 493 les caractères de la grande attaque convulsive à trois périodes : tonique, clonique et stertoreuse. Il n'est pas sans intérêt de montrer que, chez les animaux, on peut observer la plupart des manifestations que l’on attribue à l’épilepsie chez l'homme. J'ai déjà cité un certain nombre d'exemples (1). L'animal sur lequel je veux appeler l'attention aujourd'hui paraît, autant qu'on peut en juger par les documents publiés, rarement atteint d'épilepsie non provoquée par l’expérimentation. Il s'agit d'un lapin albinos de un mois, qui a été apporté à mon laboratoire, le 12 février 1896, par un employé de l'hospice. On ne savait rien sur l’origine du mal qui appa- raissait, pour la première fois, dans le clapier. L'animal est mort d’une affection pulmonaire et dans un état cachectique, le 8 avril. Nous avons pu l'observer pendant près de deux mois. Je ne parlerai que des paroxymes au nombre de 7 auxquels j'ai assisté et qui se sont présentés sous quatre formes : 1° des grandes attaques convulsives avec ou sans cri, rotation du côté gauche, convulsions toniques et cloniques dans le décubitus dorsal suivies de ronflement avec ou sans micticn au moment de la chute. Ces grandes attaques s’accompagnaient d'iusensibilité et de dilatation de la pupille ; 2° attaques de trépignement dans lesquelles l'animal, assis sur son train postérieur, la tête droite, les oreilles dressées, les pupilles largement dilatées, exécute avec ses pattes de devant des mouvements alternatifs de flexion et d'extension comme s’il voulait reculer ou se mettre debout; 3° des attaques de màchonne- ment dans lesquelles l'animal, dans la même attitude que dans les attaques de trépignement, les oreilles dressées, les yeux fixes et les pupiiles dilatées, exécute des mouvements bruyants de mâchonnement. La durée de ces paroxysmes a été de deux à quatre minutes. Ces différents accès ont pris l'animal occupé à manger, il s’interrompait brusquement ; l'accès terminé, il restait comme hébété pendant quel- -ques secondes, puis se remettait à manger; # dans une autre circons- tance unique, l'accès s’est présenté différemment: l'animal en train de manger se dresse tout à coup sur son séant avec un cri, il reste fixe, les pupilles dilatées pendant près de six minutes, relève spasmodique- ment ses narines sept ou huit fois de suile, puis se remet à manger. Cette crise pourrait passer pour une crise hallucinatoire. (1) Note sur l’épilepsie et le bromisme chez les oiseaux, C. R. Soc. de Biol., 14893, p. 601. — Note sur un poussin mort à la suite d'accès d'épilepsie, ibid., 189%, p. 618. — Note sur l’épilepsie hémiplégique chez les oiseaux, ibid., p. 837. — Note sur un cas d’hémiplégie avec tremblement paroxystique du membre inférieur chez un poussin, tbid., 1895, p. 609. — Un cas d’épilepsie procursive chez le chien, ibid., 1896, p. 311. 4924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L'INFLUENCE DES INJECTIONS DE PEPTONE DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF DE POULE SUR HÉTOLOTION DE L'EMBRYON, par M. . FÉRÉ. Dans ces expériences je me suis servi du même échantillon de peptone Cornélis soigneusement conservé. La quantité de liquide injectée a été la mème dans toutes les expériences. C’est la richesse de la solu- tion qui a varié. Exp. |. — Douze œufs au cinquième jour de la ponte recoivent un ving- tième de centimètre cube de solution de peptone de 1 gramme pour 3 grammes d'eau distillée, et douze œufs de même date reçoivent la même quantité d'eau distillée. Ils sont mis ensemble à l’étuve à 38 degrés, la grosse extrémité à droite. Ils sont ouverts après 72 heures d'incubation. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 3 embryons normaux de 46 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux absences de développement, trois blastodermes sans embryon, un embyron kystique, un cyclope, un omphalocéphale, une atrophie de la tête. b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y a 9 embryons normaux de 48 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, un omphalocéphale, deux atrophies de la tête. Exp. Il. — Reproduction de l'expérience précédente avec des œufs au sep- tième jour, et une solution de peptone à 1 p. 5. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 4 embyrons normaux de 47 heures de développement en moyenne, dont un dévié à 45 degrés, deux absences de développement, deux blastodermes sans embryon, un embryon kystique, un embryon JHnteRe deux cyclopes dont un avec duplicité du cœur. b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y 8 embryons normaux de 48 heures et demie en moyenne sans déviation, une absence de développement, un embryon kystique, un cyclope et un omphalocéphale. Exr. III. — Répétition de la même expérience avec des œufs au quatrième . jour et une solution de peptone à 1 p. 10. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 5 embryons normaux de 47 heures en moyenne, dont un dévié à 45 degrés et deux déviés à 90 degrés, deux absences de développement, deux embryons kystiques, un cyclope et deux atrophies de la tête. b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y a 8 embryons normaux de 48 heures en moyenne sans déviation, un omphalocéphale, deux atrophies de la tête, une anophtalmie. Exp. IV. — Répétition de la même expérience, avec des œufs au cinquième jour, et une solution de peptone à 4 p. 20. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 8 embryons normaux de #7 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés et un dévié à 90 degrés, un blastoderme sans embryon, deux embryons kystiques et un omphalocéphale. É 1 Rd à tank à de SÉANCE DU 25 AVRIL 495 b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y a 9 embryons normaux de 49 heures en moyenne, dont trois déviés à 45 degrés, un blastoderme sans embryon et deux atrophies de la tête. - Exr. V. — Répétition des expériences précédentes avec des œufs au cin- quième jour de la ponte et une solution de peptone à 1 p. 30. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 9 embryons normaux de 47 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés et deux déviés à 90 degrés, un embryon kystique, un cyclope et une atrophie de la tête. | b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y a 8 embryons normaux de 49 heures et demie en moyenne, deux absences de développement, un embryon granuleux et un omphalocéphale. Exr. VI. — Répétition de l’expérience avec des œufs au huitième jour de la ponte, et une solution de peptone à {! p. 40. a). Dans les œufs qui ont recu la solution de peptone, il y a 9 embryons normaux de 48 heures en moyenne, dont deux déviés à 45 degrés et deux déviés à 90 degrés, un embryon kystique et deux omphalocéphales. b). Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, il y a aussi 9 embryons nor- maux de 49 heures en moyenne, dont un dévié à 180 degrés et un dévié à 90 degrés, une absence de développement, un cyclope et un embryon kystique. En somme, dans ces six expériences, les œufs qui ont recu un ving- tième de centimètre cube d’eau distillée ont donné de 8 à 9 embryons normaux par douzaine, soit de 66,66 à 75 p. 100. Les œufs qui ont reçu des solutions de peptone au vingtième au plus ont donné à peu près le même nombre de développements normaux. Les solutions plus concentrées de peptone ont donné d'autant moins de développements normaux qu'elles étaient plus concentrées, 41,66 p. 100 avec une solu- tion au dixième, 33,33 p. 100 avec une solution au cinquième, 25 p. 100 seulement avec une solution à 1 p. 3. NOTE SUR UNE MYCOSE SOUS-CUTANÉE INNOMÉE DU CHEVAL, par MM. V. Droun et RÉNON. Nous venons d'observer sur un cheval une généralisation néoplasique sous-cutanée, se rapprochant, par cerlains caractères, de la botryo- mycose, mais en différant essentiellement par la nature du parasite qui lui a donné naissance. J. — La maladie se traduit par des néoformations fibreuses massives, développées sur la nuque, le long du bord supérieur de l’encolure, à la pointe de l'épaule et à la région inguinale. En l'espace de deux mois, elles ont acquis par place le volume de la tête humaine. Toutes sont le siège d'un pruril extrémement violent. La peau est très adhérente à leur surface. De nombreuses fistules viennent aboutir à l'extérieur, donnant Bioocte. Compres RENDUS. — 10°. sénie, Tv. III, 31 2496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE issue à un pus de bonne nature et à odeur particulière : la tumeur de laine renferme un abcès de 2 litres environ. Le doigt, introduit dans les: fistules, rencontre sous une couche plus ou moins épaisse de substance conjonctive des végétations rugueuses, dures, mamelonnées, très nette- ment différentes du tissu qui les entoure. Dans certains points, ces productions végétantes parasitaires appa- raissent à l'extérieur: on peut alors en suivre le développement. Dans l'espace de quinze jours, la granulation, d'abord miliaire, acquiert le volume d'une noisette, d’une noix et même davantage. Les tumeurs extirpées ne récidivent jamais, si l’on a soin de faire disparaître du champ opératoire toutes les productions végétantes parasitaires qui tranchent par leur teinte jaune verdàtre sur la couleur nacrée du tissu sain. Dans les points où l'extirpation des parasites n’a pas élé complète, la récidive est certaine. Sur une coupe d'ensemble examinée à l'œil nu, il est facile de se rendre compte que la couche réticulaire du derme et le tissu conjonctif sous-cutané se sont fusionnés pour former une épaisse couche scléreuse. De places en places, on trouve la section des productions parasitaires, parfaitement libres de connexions vasculaires avec le tissu néoplasique, et faciles à énucléer : isolées, elles se montrent sous la forme d’une masse jaunâtre, dure, rugueuse, très anfractueuse à sa surface, et d’un volume variable, depuis celui d’une tête d’épingle, jusqu'à celui du pouce; elles présentent à la coupe une résistance spéciale. Il. — Tel est l'aspect extérieur de ces productions néoplasiques : l'examen histologique et bactériologique nous a convaincus de leur origine mycosique que les caractères cliniques nous faisaient déjà pressentir. Des coupes ont été faites sur trois ordres de fragments, dans la lésion à l’état adulte (productions végétantes parasitaires), dans la lésion au cours de son évolution, dans la lésion à son début : elles ont été colorées par la thionine, par la méthode de Gram et celle de Weigert. À.— Dans les productions végétantes parasitaires. — L'ensemble de la coupe se montre formé de tissu embryonnaire très dense, composé d'éléments fixes du tissu conjonctif et de très nombreux éléments migrateurs, leucocytes mono et surtout polynucléés serrés les uns contre les autres. A la périphérie, on note un processus de disintégration très net : aux éléments embryonnaires, succède une zone fibrineuse par endroits, caséeuse par d’autres, et qui s’effrite en fragments de plus en plus petits. Au milieu de ce tissu en voie de destruction, on retrouve des parties de glandes et des poils sectionnés de diverses facons et dont quelques-uns se désagrègent aussi : par place il existe des fissures qui s’enfoncent au centre de la tumeur. Toute la zone périphérique et toutes les parties émiettées, colorées en rouge violet par la thionine, se sont montrées composées d'amas microbiens d'infection secondaire (staphylocoques, streptoco- ques, bactéries diverses); les parties de la zone fibreuse et caséeuse qui ne sont - dé et Le + + mat SÉANCE DU 25 AVRIL 4217 point envahies par ces microbes sont infiltrées de rameaux de mycélium ramrfé, colorés en bleu et en bleu violet par la thionine : c'est dans ces points seule- ment qu'on les rencontre, mais ils y sont en grande quantité : il est impos- sible de les déceler dans ces coupes par la méthode de Gram et celle de Weigert (1), qui n'ont mis en lumière que les microbes. B — Dans les parties malades, en cours d'évolution (productions parasitaires : enclavées dans le tissu scléreux), la limite entre ces deux parties est lrès nette : le tissu sous-cutané, beaucoup plus fibreux qu'à l’état normal, se continue brusquement avec le tissu néoformé composé ici, comme plus haut, d'éléments embryonnaires : par place, on y constate un processus très net d'endartérite et de périattérite qui rétrécit considérablement la lumière des vaisseaux. On ne trouve de microbes que dans les points terminaux des fissures communi- quant avec la surface. Le reste de la coupe n’en conlient pas : avec la thio- nine, on n’observe pas de mycélium. Sur une coupe colorée par la méthode de Weigert, nous avons pu constater la présence de quelques filaments mycé- liens réunis en faisceaux et sectionnés par le rasoir à leurs deux extrémités, et dans un endroit de la préparation, un fragment très nettement ramifié de mycé- lium, ce qui nous fait supposer que ce dernier n'existe pas seulement à la périphérie des productions végétantes, mais que toutes les parties malades doivent en être infiltrées, bien que nous n’ayons pu le colorer. C. — Dans les lésions du début, sans productions parasitaires, en dehors du processus artériel déjà signalé, nous n’avons observé que quelques cellules migratrices éparses au milieu du tissu fibreux : par les procédés de colora- tion employés, nous n'avons pu y déceler ni microbes, ni mycélium. L'examen du pus par cultures sur bouillon peptonisé, gélose, géla- tine et pomme de terre, nous à révélé la présence des microbes banals de la suppuration, staphylocoques, streptocoques et bactéries indéter- minées. Des fragments des parties végétantes parasitaires ont été ensemencés sur deux sortes de milieux, milieux de cultures ordinaires, et tubes de liquide de Raulin qui devaient servir à la différenciation des bactéries d'avec les champignons. a) Sur les milieux ordinaires (gélose, gélose glycérinée, gélose au liquide de Raulin, gélatine), nous avous obtenu des colonies de staphylocoques blancs et dorés, de streptocoques, de levure rose et de tétragène. Sur pomme de terre, les mêmes microorganismes se sont développés; mais nous avons en plus noté la présence de points blanchâtres d'aspect lichénoïde de séjour à l'étuve à 37 de- grés : réensemencées sur divers milieux, ces plaques blanches n’ont fourni (1) Dans les mycoses aspergillaires expérimentales, l'un de nous a constaté la grande difficulté de colorer le mycélium par les méthodes de Gram et de Weigert : MM. Gaucher et Sergent ont éprouvé le même embarras. La thionine colore fort bien le mycélium dans les coupes, mais si les éléments cellulaires sont très tassés les uns coutre les autres, la coloration trop foncée du tissu rend sa recherche très pénible. 4928 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE aucune culture : examinées au microscope, elles n'ont donné aucune image nelle de parasite. b) Six fragments ont élé ensemencés chacun dans un tube de liquide de Raulin, et ont séjourné pendant trente-cinq jours à l'étuve à 37 degrés. Deux tubes sont restés stériles. Un tube à donné du mycélium aux dépens de la partie ensemencée; ce mycé- lium s’est arrêté au bout de 10 jours dans son accroissement et n’a pas gagné la surface du liquide. Un tube a donné de la même façon du mycélium : ce dernier, arrivé à la surface du liquide, a permis le développement d’une levure qui à envahi rapidement tout le tube. Ensemencée sur pommes de terre et sur gélose, cette levure a donné une trainée humide blanchâtre. Y a-t-il simple coïncidence ou relation directe de cause à effet entre le développement du mycélium et celui de la levure? C’est ce que nous ne pouvons en aucune facon affirmer. Deux tubes ont donné, aux dépens de la partie ensemencée, du mycélium qui s'est couvert à la surface du liquide de fructifications caractéristiques d’asper- gillus fumigatus, dont l'action pathogène a été vérifiée sur deux lapins morts avec les lésions rénales classiques de l'aspergillose. Les reins ensemencés sur liquide de Raulin ont reproduit des cuitures d’aspergillus fumigatus. De tous ces examens il nous semble naturel de conclure à l'existence d'une mycose sous-cutanée accompagnée d'infections secondaires microbiennes. Cette mycose est-elle primitive? Est-elle secondaire elle-même? En raison de la présence du mycélium dans le tissu en pleine évolution, il nous semble plus plausible d'admettre, non sans réserves, il est vrai, la première hypothèse. Quant à la nature de cette mycose, nous ne pouvons rien affirmer. Il ne s’agit certainement, ni de botryomycose, ni d’acti- nomycose, ni de celte infection curieuse à blastomycètes récemment décrite par Tokishige chez le cheval (1). M. Eugène Bodin a examiné nos coupes et nous a affirmé que notre mycélium n'avait aucune ressem- blance avec celui du favus et du tricophyton. S’agirait-il d’aspergillose? Nous avons obtenu deux cultures positives d’aspergillus fumigatus sur liquide de Raulin : le mycélium des parties végétantes parasitaires présente une grande analogie avec le mycélium observé dans l’asper- sillose expérimentale du lapin: mais les fragments ensemencés ont été certainement en contact avec la litière du cheval, et les résultats des cultures ne peuvent avoir ici la même rigueur que lorsqu'il s’agit d'organes internes ou de sécrétions provenant de viscères profonds. Aussi ne pouvons-nous rien affirmer sur la nature et l’origine de cette mycose encore innomée, qui nous semble produite par un parasite peut-être analogue à l’actinomyces ou au botryomyces. (1) H. Tokishige. Ueber pathogene Blastomyceten. Centralb. f. Bakt. Parasit. und Infek'., n°s 4et 5, 5 février 1896, p. 105. og te er, | ES RS de os ans cé dl nr À D nt éé SDS hé à "hs SÉANCE DU 23 AVRIL 429 : ALTÉRATIONS MICROBIENNES DE LA BILIVERDINXE, par MM. HuGouxexo et Doxox. I — Si on abandonne de la bile de bœuf (ou de chien) dans une éprouvette placée au contactde l'air, à la température du laboratoire ou à l'étuve, peu à peu la teinte verte du liquide disparait et fait place à une belle coloration rouge rappelant celle de la bilirubine. La transfor- mation s'opère graduellement des parties profondes de l’éprouvette à la surface. Il. — Le changement de coloration est dû à la réduction de la biliver- dine et à l'apparition d'un pigment nouveau formé aux dépens de celte substance..Ce phénomène marque le début de la putréfaction de la bile. Il est dû à des influences microbiennes: car à l'abri de l'ingérence des bactéries, nous avons vu la biliverdine rester inaltérée. III. — On pouvait se demander si la réduction de la biliverdine est due à l’activité spécifique d'un microbe ou si elle peut être l'œuvre banale d'un grand nombre de bactéries. Dans la bile en voie de putré- faction, nous avons isolé au moyen de cultures sur plaques, un cocco- bacille qui paraît être l'agent ordinaire de cette transformation. Ce microbe présente les caractères suivants : il est très mobile, liquéfie la gélatine et ne fixe pas le Gram. Une culture àgée de 2 jours, injectée sous la peau d'un cobaye et d'un lapin à la dose de 2 centimètres cubes, a amené la mort des animaux sans lésions macroscopiques dans un délai de 8 à 10 jours. D'autres microbes réduisent la biliverdine, mais leur action ést moins rapide. Ce sont le staphylococcus aureus, le vibrion septique, le bacille du chloléra, ete... La bactéridie du charbon, d'autres encore, sont sans action. Tous nos ensemencements ont élé faits dans du bouillon de veau sans peptone, additionné de biliverdine et filtré au Chamberland. IV. — La réduction de la biliverdine aboutit à l'apparition d'un pigment qui donne à la bile ou aux milieux de cullures liquides vus sous une forte épaisseur une belle coloration rouge, sous une épaisseur plus faible une coloration jaune aux reflets verdàtres. Les caractères de ce pigment sont les suivants : au spectroscope : absorption du violet et du bleu; pas de bandes délimitées. Réaction de Gmelin négative. Ce pigment ne peut être confondu ni avec la bilirubine ni avec aucun de ses dérivés. C'est cependant avec la bilirubine qu'il présente le plus d'analogie; mêmes caractères spectroscopiques ; même teinte; en solu- tion aqueuse faiblement alcaline, chauffé au bain-marie et au contact de l'air notre malière colorante vire au vert avant de s'altérer délinitive- ment. Elle se distingue de la bilirubine par sa solubilité dans l'eau et sa teinte dicroïque en solution aqueuse. Elle ne donne rien non plus ni par Ja réaction d'Ehrlich ni par celle de Gmelin, _430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE V. — La bilirubine parait subir les mêmes transformations que la biliverdine sous l'influence des agents microbiens. On aboutit à la formation du même pigment. L'expérience a été réalisée avec le cocco- bacille isolé de la bile putréfiée et cultivé dans un milieu contenant uniquement de la glycérine 5 p. 100 et du glycose 4 p. 100 additionné de bilirubine en liqueur alcaline. SUR UN PROCÉDÉ NOUVEAU DE PRÉPARATION DE LA BILIVERDINE, par MM. HuGouneNo et Doxon. La biliverdine est un produit d’oxydation de la bilirubine dont la transformation est d'ordinaire réalisée en dehors de l'organisme en exposant à l'air pendant plusieurs heures la bilirubine en solution dans les alcalis. Nous avons constaté que le bioxyde de sodium permet de passer très rapidement de la bilirubine à la biliverdine. A cet effet on mélange la bilirubine sèche à une petite quantité de bioxyde de sodium. On ajoute goutte à goutte de l’eau puis de l'acide chlorhydrique dilué jusqu'à saturation complète. La réaction n’est pas instantanée. Le mélange fonce peu à peu en couleur. On verse encore de l’acide jusqu'à l'apparition de la teinte vert franc. À ce moment le magma est jeté sur un filtre. On lave le précipité Jusqu'à disparition de l'acidité des eaux de lavage. Le pigment est enfin dissous dans l'alcool absolu qui aban- donne par évaporation la biliverdine pure. Ce procédé permet de préparer de grandes quantités de biliverdine. Ilest très rapide et fidèle. À ce double titre il peut être recommandé pour une expérience de cours. Il est bon de savoir qu’un trop grand excès de bioxyde de sodium provoque une oxydation {rop énergique et par voie de conséquence la destruction de la bilirubine. GREFFE ET PIGMENTATION, par M. Pauz Carnor et M'° CL. DEFLANDRE. Dans une précédente note, nous avons émis les conclusions suivantes : 1° Les greffes épidermiques pigmentées croissent sur épiderme blanc en conservant leur couleur : elles sont, au moins au début, en extension rapide. 2° Les greffes apigmentées ne prennent pas sur épiderme PIS RONIE ou rétrocèdent rapidement. Tout en conservant ces conclusions générales, nous devons les préci- ser, par suite de recherches ultérieures. bé CSN ns C'ién SÉANCE DU 25 AVRIL 431 1° En effet, la vitesse d'extension et la persistance de la pigmentation dans la gretfe sont fonction, non seulement des cellules greffées," mais aussi de la richesse en pigment de l'animal qui recoit la greffe. Ces greffes évoluent rapidement sur un animal très coloré. Elles rétrocèdent non moins rapidement chez les albinos. 2° D'autre part, nous ne devons pas confondre, dans notre deuxième conclusion, les greffes provenant de dépigmentation particulière (viti- ligo, syphilides pigmentaires, etc.), dont les cellules présentent, au con- traire, une vitalité considérable et qui sont en extension sur les parties pigmentées, comme nous le montrerons bientôt. Nous nous attacherons aujourd'hui au premier point. Les greffes que nous avons tout d’abord observées avaient été faites sur des animaux fortement colorés. Nous les avons suivies depuis : les taches noires ont continué à s'étendre. Ainsi, la tache dont nous avions donné la progression, et qui remonte au 15 septembre 1895, avait pour dimensions : BETA EL AMIE mie mord ik vectra 10 et 16 BR OT ASE RUE RE PA ne GT Te RS af): nf: AS DEAD Nan TE Me ME PRE ET A ER PAS ARE 4 A TETE Mais, en multipliant ces greffes, nous nous sommes apercus qu’elles croissaient d'autant plus vite que l'animal était plus coloré. Ainsi, un animal, dont une moitié du corps était colorée (noir etroux), l’autre moitié blanche, nous a présenté une greffe dont les dimensions étaient : : Le 14 mars, de 3 millimètres sur 2 Le 11 avril, de 10 — sur ÿ Le 25 avril, de 12 — SUN qui, par conséquent, en 20 jours, occupait une surface six fois plus grande, en 40 jours, une surface onze fois plus grande que la surface centrale. — Un autre cobaye, qui n'avait qu'uue tache noire sur la tête et dont le reste était blanc, nous a présenté une greffe qui n'était, au bout de 60 jours, que de 2 millimètres sur 2,5, — Enfin, nous avons fait,en grande quantité, des greffes épidermiques noires sur des cobayes albinos. Nous avons réussi une grande partie de ces greffes. Elles ont pu être suivies pendant plusieurs mois. Mais pres- que toutes ont pàli à un certain moment. Elles devenaient progressive- ment plus difficiles à suivré. Beaucoup se sont effacées complèlement au bout d'un mois. Si donc l'homme blanc se comporte comme l'animal albinos ou faible- ment pigmenté; nos résullats sont d'accord avec ceux énoncés par 432 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Maurel (1), relativement à la disparition des pigmentations de greffes épidermiques lransplantées de nègres à blancs. Bryant dit avoir observé quatre de ces greffes, en extension au bout de 10 semaines. Mais cette durée d'observation estévidemmenttrop courte. Nous n'avons pu répéter la greffe du nègre. Mais nous avons greffé, au milieu d'une large plaie causée par un vésicatoire, un petit nœævus pigmentaire. La nf s'est développée, en conservant sa coloration brunâtre, mais s'est peu étendue, malgré l'absence de cellules épider- miques voisines. Au bout d’un mois, elle à déjà très légèrement pàli. 1l semble donc que le pigment soit une production de la cellule épi- dermique, puisqu’en transplantant la cellule, on transplante la propriélé chromogène. Mais l'organisme entier y prend sa part, puisque chez les animaux déjà pigmentés, la greffe grandit et persiste, et qu'elle disparait, au contraire, chez les albinos. ; Cette intervention de l'organisme peut s'expliquer, soit par l’apport de certaines matières premières qui feraient défaut chez les albinos, soit au contraire par une destruction, sur place, du pigment qui s’'exer- cerait plus activement chez l'albinos. L'introduction, dans le péritoine d'albinos, d’une quantité considérable de pigment, n'a modifié en rien la rétrocession des greffes. Nous avons élé frappés, à l’autopsie, de la vitesse avec laquelle tout ce pigment avait disparu. — Ce fait, sur lequel nous reviendrons avec détails, semblerait venir à l'encontre de la pre- mière hypothèse. SÉRUM ANTISTREPTOCOCCIQUE PRÉVENTIVEMENT A L'OPÉRATION DE LA CATARACTE, CHEZ LES DIABÉTIQUES, par M. BoucuEeron. L’antisepsie actuelle permet de praliquer aux diabétiques beaucoup d'opérations. Cependant, il est hors de doute que chez les diabétiques, les opérations sont plus exposées aux suppurations, que chez les sujets non glycosuriques. D'où l'intérêt de rechercher dans quelles circonstances les causes de la suppuration peuvent être écartées. La streptococcie en est une, à laquelle on peut opposer le sérum antistreptococcique, pour les strepto- coques sensibles à ce sérum. C'est ainsi que chez les sujets en état de Re l'emploi de ce sérum peut être utilisé préventivement, lors des opérations qui exigent, plus spécialement,une réunion sans suppuration, de la plaie opératoire. Telle est l'extraction de la cataracte. (1) C. R. Soc. de Biologie, juin 1878 et avril 1896. Nous regrettons de n'avoir connu que tout récemment la très intéressante note de M. Maurel, sd ba mis ct É RS, | à. à). Bu, : | à dr À 4 n. L SÉANCE DU 25 AVRIL 433 Nous avons eu l’occasion d'observer avec le D'Beugnon un diabétique calaracté, qui, ayant été atteint d’une affection streptococcique, — une lymphangite du pied et de la jambe, — fut soumis, sur l'avis du D° Mar- morek, à l'injection de 20 centimètres cubes de son sérum. Mettant à profit le moment où, de par l'injection de sérum, les strepto- coques du malade devaient être fort atténués, nous avons pratiqué l’ex- traction de la cataracte, en employant, bien entendu, une antisepsie scrupuleuse. La plaie opératoire se réunit par première intention, sans la moindre poussée congestive, et le résultat définitif fut parfait. Voici cette observation : Le malade, âgé de soixante-dix ans, robuste, porte une cataracte demi-molle complète. L'examen de cette cataracte fit rechercher et découvrir une glyco- surie de 48 grammes par litre d'urine, avec une quantité d'urine approchant 2 litres. : Avec le bromure de potassium et le régime de Bouchardat, la polydipsie, la polyurie et les autres malaises diminuèrent peu à peu et le sucre se réduisit à 18 grammes par litre. On allait procéder à l'extraction de la cataracte quand survint une lésion de la pulpe du gros orteil, suivie d’une lymphangite du pied et de la jambe. Cette lymphangite révélait l’étal de streptococcie du malade et montrait quel était le microbe capable de produire des complications à la future opération. Mais avec le sérum antistreptococcique, on pouvait espérer à la fois mettre une heureuse terminaison à la lymphangite et écarter le danger de la strepto- coccie pour l'extraction de la cataracte. M. Marmorek, consulté, conseilla l'emploi de son sérum à la dose de 20 cen- timètres cubes. Heureusement, la lymphangite était bénigne, et sous le pansement phéniqué elle avait déjà rétrocédé lorsque le sérum fut arrivé. Glycose, 46 grammes par litre. | On injecta d'abord 5 centimètres cubes du sérum Marmorek le matin et 5 centimètres cubes le soir sous la peau de l’abdomen. Le lendemain, léger gonflement du pied sans douleur. La lymphangite était terminée quatre jours après. Afin de compléter l’action du sérum sur la streptococcie, nouvelle injection sous-cutanée de 10 centimètres cubes de sérum en deux fois, cinq jours après, les premières injections. Le patient se trouvant en bon état général et sa streptococcie pouvant être considérée comme fort atténuée, on décide d'utiliser cette euphorie pour pro-: céder à l'extraction de la cataracte. Quarante-huit heures après les dernières injections. Glycose #3 grammes. L'opération est pratiquée comme nous le faisons d'habitude avec le seul couteau de Graefe flambé, sans iridectomie. La ponction de la cornée, l'ouverture de la capsule cristallinienne, la contre- ponction cornéenne sont faites en un seul temps; le lambeau cornéen aboutit 434 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à 4 millimètre en dedans du bord supérieur de la cornée. Avec le dos du même couteau une pression sur la lèvre supérieure de la plaie évacue les masses corticales demi-molles et un noyau de moyennes dimensions. Une désinfection préalable de la peau des paupières avait été soigneusement faite avec la liqueur de van Swieten, et après l'opération, un pansement sec à la ouate salolée. Il ne se produisit aucune réaction, aucune douleur, comme dans les cas les plus favorables. Le résultat définitif est parfait. C’est la première fois, à notre connaissance, que le sérum antistrep- tococcique est employé de cette manière. Ce premier fait indique que le sérum de Marmorek a pu être utilisé chez un diabétique en état de streptococcie, — et que l'extraction de la cataracte a pu être suivie de succès, après l’action préventive de ce ‘sérum, malgré la glycosurie et la streptococcie. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET CLINIQUES SUR LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DE CERTAINES FORMES DE SURDITÉ, par M. le D' GARNAULT. Sur un temporal frais, de mouton ou de lapin, je fixe, au moyen du mastic Golaz, dans un des canaux semi-cireulaires, un tube de verre finement effilé, l'ensemble des cavités labyrinthiques et le tube sont remplis d'un liquide coloré s'élevant jusqu'à un niveau déterminé. Pour que ce niveau se maintienne constant, il est nécessaire d'enduire la masse entière du temporal d’un vernis, afin de protéger cet os contre la dessiccation, qui vicierait complètement les résultats de l'expérience. Des sons très intenses (tels que ceux fournis par les grands tuyaux d'orgue métalliques de 8 pieds, à anches) arrivant directement dans le conduit, sont impuissants à amener des oscillations du liquide labyrin- thique sensibles au microscope ; il semble donc que pour tous les sons ordinaires les oscillations de l’étrier sont d’une amplitude si faible, qu’il est impossible de les évaluer, au moins par cette méthode. J'ai scellé sur le conduit auditif externe un tube en communication avec une poire en caoutchouc et avec un manomètre à mercure. Il suffit de pressions extrêmement faibles, s’exercantsur le tympan normal, pour déterminer dans le liquide du tube labyrinthique des oscillations faeiles à mesurer au microscope. Toutes choses restant ainsi et la trompe d'Eustache restant ouverte, les mêmes pressions, lorsque la membrane du tympan présente une perforation, même très petite, déterminent des oscillations du liquide labyrinthique beaucoup moins intenses que pré- cédemment. Si, au contraire, on obture la trompe, les oscillations deviennent très grandes, parce que les pressions se trañsmettent, sans . ed SÉANCE DU 25 AVRIL 435 obstacle, au liquide labyrinthique, par la membrane élastique qui ferme la fenêtre ronde ; si la trompe étant fermée, la niche de la fenêtre ronde est également obturée, les oscillations du liquide labyrinthique rede- viennent très faibles, mais augmentent très sensiblement lorsque l’on enlève la membrane du tympan le marteau et l’enclume, tout en laissant l’étrier intact. Ce fait montre nettement que le tympan étant perforé, l'étrier vibrera plus aisément lorsqu'il sera débarrassé de ses con- nexions avec le marteau et l’enclume, devenus pour lui un fardeau non seulement inutile, mais gênant. Il y a deux siècles déjà, on a observé que la perforation intentionnelle ou accidentelle de la membrane tympanique peut énormément amélio- rer l'audition, mais pour cela il faut que l’articulation de l’étrier soit normale et que l’obstacle à la transmission des vibrations réside dans la membrane tympanique et l'articulation incudo-malléale, mais la per- foration du tympan ne peut, à elle seule, être considérée comme un moyen thérapeutique suffisant, car elle se referme très rapidement, et même en supposant que l'articulation temporo-stapédiale soit intacte, ce qui est extrêmement rare, l’expérimentation nous montre qu'il y a avantage à extraire le marteau et l’enclume. Dans presque tous les cas de surdité opérables, les altérations de la . membrane tympanique et de l'articulation incudo-malléale se compli- quent d’altérations de l'articulation temporo-stapédiale dont le dia- gnostic exact ne peut être fait que sous l'œil, pendant mon opération, et dont le traitement consistant en manœuvres chirurgicales sur cet étrier ne peuvent être faites également que dans les nouvelles conditions ana- tomiques créées par ce mode opératoire. Or ces manœuvres ne peuvent être pratiquées par la voie du conduit, parce que la niche de la fenêtre ovale est alors invisible, et j'ai proposé d'opérer en décollant le pavillon et le conduit membraneux et en excavant les parois osseuses pos- térieure et supérieure du conduit, après péritomisation de la membrane tympanique et section minutieuse du muscle tenseur du tympan. J'ai recherché sur 200 temporaux appartenant à 100 crànes de Pari- siens des Catacombes, faisant partie de la collection de l'Ecole d’Anthro- pologie, la position de la fenêtre ovale par rapport au cadre tympanique. Du côté droit, la fenêtre ovale élait invisible dans 31 cas, bien visible dans 18, en partie visible dans 51 ; du côté gauche, la niche de la fenêtre ovale était invisible dans 27 cas, bien visible dans 22, en partie visible dans 51. Mais il s’agit de crânes dépouillés de leurs parties molles, et je me suis efforcé d'interpréter les faits dans un sens défavorable à mes propres tendances. Sur le vivant, en raison de l'étroitesse plus grande du conduit par suite de la présence de son revêtement mémbraneux, des condilions anatomiques et de l'écoulement sanguin inévitable, la mobilisation véritable, efficace, complète, de l’étrier, est impraticable. Les instruments imaginés par Politzer, Dench, Gellé, moi-même, pour 436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rompre le.cadre tympanique en face de la fenêtre ovale ne peuvent rendre de services efficaces dans la plupart des cas. Parmi les crânes observés, 4 fois la niche de la fenêtre ovale était bien visible d'un côté et invisible du côté opposé. Parmi les malades atteints de surdités graves, contre lesquelles les moyens thérapeutiques ordinaires avaient été employés sans résultats, plusieurs ont présenté, à la suite des opérations, une amélioration telle qu'elle peut être qualifiée de guérison de la surdité. Je citerai notam- ment deux malades qui ont été opérés, il y a déjà cinq ou six mois, des deux oreilles, et chez lesquels l'amélioration présente plutôt une tendance à augmenter qu'à diminuer. Ces deux malades atteints, l’un de sclérose de l'oreille, l’autre d’une otite purulente chronique très ancienne, et que je tiens à la disposition de tous ceux qui voudront les examiner, présentent cette intéressante et importante particularité que leur examen ne saurait prêter au doute, puisque ayant été opérés des deux côtés ils ne peuvent entendre qu'avec leurs étriers mobilisés. Ces malades enten- dent très nettement à 16 à 20 mètres La voix articulée ordinaire et répondent à toutes les questions qu'on leur pose. Ils peuvent, dans une très grande pièce, prendre part à un vaste cercle de conversation, en donnant l'illusion de l'audition normale. Dans le catarrhe hypertrophique de la caisse, où la muqueuse comble complètement la niche de la fenêtre ovale, il est impossible d'exécuter, dans le cours de l'opération, un curettage complet de la niche ; il faut le compléter par des applications ultérieures des caustiques et du cou- teau, ce qui serait absolument impossible si la paroi intérieure, osseuse, du conduit, n'avait été au préalable excavée. Par ce traitement, on peut augmenter encore notablement les résultats fournis par l'opération. Chez une malade présentant de l’ankylose osseuse de l’étrier, j'ai fait sauter cet osselet avec un excavateur à baïonnette des dentistes de très petite taille, qui est l'instrument le plus convenable, et j'ai pénétré dans le labyrinthe. Les seuls troubles consécutifs à cette opération ont été des vertiges qui ont rapidement disparu. Le fait que, au bout de six jours, les injections dans l'oreille ne déterminaient pas de vertiges, montre que la niche de la fenêtre ovale était déjà obturée par une mem- brane, ainsi que cela se passe chez les pigeons que j'ai observés, comme je l’ai déjà dit et comme l'avait dit avant moi Denner, dans un important travail que je n'avais pas cité, parce qu'il n’était pas arrivé à ma Connaissance. . Cette observation me parait être la première de ce genre existant dans la science. Elle a une très grande importance, car elle démontre la possibilité d'enlever l’étrier chez l'homme, même en pénélrant dans le labyrinthe, sans aucun danger pour le patient. - ‘ Dans plusieurs de mes cas, l'opération a fait disparaître ou sensible- ment amélioré des bourdonnements très intenses. Li sas Ne PET SÉANCE DU 25 AVRIL 437 RE RM ere "Nm mg om ga me mot ne à te nee TN Ve nier Dans aucun cas, la mobilisation de l’étrier, telle que je la pratique, n'a diminué l'audition; et à l'heure actuelle, d'après les données que m'a fournies mon expérience opératoire, qui porte sur un nombre de cas déjà considérable, je considère la mobilisation méthodique com- plète de l'étrier comme très supérieure à son extraction, au moins pour ce qui concerne l'audition. Pour ce qui concerne les bourdonne- ments, Je réserve encore mon jugement. FISTULE BILIAIRE CHEZ LE CHIEN. INFLUENCE DES REPAS SUR LA SÉCRÉTION DE LA BILE, par MM. Doyox et E. Durocrr. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) L'opération de la fistule biliaire chez le chien est en elle-même facile. Il est rare néanmoins d'obtenir un animal, dans les conditions sui- vantes : liberté complète des mouvements, santé parfaite, possibilité pour l’expérimentateur de recueillir toute la bile sans en perdre une goutte. Les observations prolongées sont le plus souvent entravées par la chute de la canule. Le professeur Dastre (1), le premier, à eu des résultats parfaits. Le procédé recommandé par ce physiologiste com- porte l'emploi : 1° d'une canule à pavillon spécial, étroit, fait pour résister à la poussée de la vésicule qui se rétracte ; 2° d’un réservoir pour recueillir la bile. Ce réservoir est relié à la canule. Dans le but d'éviter qu'il exerce par son poids une traction au niveau de la fistule, on le suspend au collier de l'animal. Nous avons pratiqué une fistule biliaire sur un chien qui se trouve dans des conditions particulièrement favorables. L'animal a été opéré dans les circonstances suivantes : incision sur la ligne médiane suivant le conseil de M. Dastre. Un centimètre de cholédoque est réséqué. La même plaie est utilisée pour l'établissement de la fistule. La canule est coiffée d’une pièce métallique coudée, reliée par un tube de caoutchouc au réservoir suspendu au collier (ampoule de thermo-cautère). Le chien à été constamment maintenu enveloppé d’un bandage de grosse toile laissant passer le cou, les pattes et noué par des lacets sur le dos. On évite ainsi les dangers des coups de pattes. Le chien élait habituel- lement muselé. L'opération a été pratiquée il y a cinq mois. La santé de l'animal est parfaite; l'animal a augmenté de poids (3 kilogrammes). Les excréments sont blanchàâtres. La bile, par suite de l’accolement exact des bords de la plaie sur le pourtour de la canule, peut être recueillie sans la moindre perte depuis deux mois. (4) Dastre, Archives de physiologie, 1890. 438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur ce chien, nous avons étudié les variations de quelques éléments contenus dans la bile. Nos recherches seront publiées ultérieurement. Nous avons aussi fait une étude de la sécrétion biliaire. Les conditions particulièrement favorables dans lesquelles se trouve l'animal nous ont paru donner quelque intérêt aux résultats que nous avons obtenus. Nous avons cherché particulièrement à déterminer l'influence des repas. Comme l'ont affirmé plusieurs auteurs, MM. Dastre, Stadelmann, etc., cette influence paraît nulle, ainsi que le prouvent les expériences suivantes : FES OS LS = à D AIO IDE à DO I © HD A DL = QUANTITÉ de bile sécrétée. cent. cubes. 150 REPAS Repas de 200 gr. Viande, à 7 h. 1/2. » ») Repas de 160 gr. Pain en soupe, à 4 h. Repas de 250 gr. Pain à 4h. 1/4. » }») DE L'ACTION DE LA ZONE MOTRICE DU CERVEAU SUR LES MOUVEMENTS DES MEMBRES DU CÔTÉ CORRESPONDANT, par MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE. La méthode des dégénérations a montré que chez l’homme et chez divers animaux (singe, chien, chat) la pyramide bulbaire envoie souvent des fibres non seulement au cordon latéral du çôté opposé, mais encore à celui du côté correspondant. Il en résulte que, dans ces cas, chacune DAT ut Re RE at, 5 ns ART Se RS PR PATES Pat, vie SÉANCE DU 25 AVRIL 439 des zones, dites motrices, est en relation fonctionnelle avec les deux moitiés de la moelle. Chez l'homme la diminution de la force musculaire du côté sain dans l'hémiplégie est considérée communément comme l'expression clinique de cette disposition anatomique (1). Chez les animaux, celle-ci devra se traduire à l’expérimentation par des mani- festations fonctionnelles bien déterminées. Voici qui justifie bien, au premier abord, cette prévision. Si chez le chien on pratique une hémisection transversale de la moelle cervicale, à gauche, par exemple, au niveau de l’axis, l'excitation du gyrus sigmoïde droit produira des mouvements dans les membres du côté correspondant, c’est-à-dire à droite. Il semble que l'existence et le rôle des fibres homolatérales soient ainsi mis nettement en évidence. Cependant Lewaschew, qui a déjà fait des expériences de ce genre, en a tiré des conclusions différentes qui ont été généralement adoptées. Mälgré les apparences, dit cet expérimentateur, la conduction n’est pas homolatérale. « L’excitation est transmise de l’encéphale droit à la moitié gauche de la moelle et retourne vers la moitié droite de cet organe, au-dessus du niveau de la section (12° vertèbre dorsale). » Ce passage peul s'effectuer à toutes les hauteurs de la moelle. Lewaschew a vu, en effet, les résultats demeurer les mêmes, lorsque l'hémisection était faite au niveau de la 2° vertèbre cervicale. (Arch. de Pflüger, t. XXXVI.) Nous pouvons ajouter qu'ils ne se modifient pas non plus lorsqu'elle est pratiquée un peu plus haut, immédiatement au-dessus de la première paire rachidienne. Les expériences qui portent sur ces régions supérieures de la moelle permettent de s'assurer que l’action du gyrus sigmoïde sur les mouvements homolatéraux s'exerce, en réalité, par des voies directes. 1° Une section transversale divise la moitié gauche du bulbe au niveau de la pointe du quatrième ventricule : on excite avec le courant faradique le gyrus droit et on obtient les mouvements habituels dans la patte postérieure gauche, puisque la section a laissé en dessous d'elle les voies croisées. Une 2° hémisection est faite plus bas, encore à gauche, au niveau de l’origine de la première paire rachidienne. Si l’on excite maintenant le gyrus droit, l’on n'obtient plus de mouvements à gauche, et c'est la patte postérieure droite qui, seule, entre en contrac- tion. (Nous laissons de côté ce qui concerne la patte antérieure.) S'il est vrai que l'excitation suive d’abord la voie croisée pour revenir ensuite à droite par des fibres qui traversent la commissure, ce passage doit se faire entre les deux points où elle se trouve bloquée. Mais si par (1) Peut-être à tort, puisque Pitres a eu soin de faire remarquer que l’affai- blissement du côté sain est un fait banal qui existe même dans les cas où la dégénérescence du faisceau pyramidal est unilatérale, limitée au côté croisé. (Arch. de Phys., 1884.) 440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une section longitudinale sur la ligne médiane on réunit les deux inei- sions transversales, et si on enlève le segment de moelle compris entre ces dernières, la patte postérieure droite continue à réagir tout aussi vivement à la faradisation du gyrus droit. 20 On pourrait objecter cependant que le passage, deux fois croisé, que l’on décrit à l'excitation, ne pouvant plus avoir lieu au niveau de la région opérée, se fait maintenant plus haut. L'expérience suivante répond à cette objection. On pratique une hémisection transversale à gauche au niveau de la 1"° ou de la 2° vertèbre cervicale, puis, à partir de celle-ci, une section longitudinale qui divise le bulbe sur la ligne médiane dans toute sa hauteur. L’excitation du gyrus sigmoïde droit provoque encore des mouvements dans les extrémités droites. Dans certains cas on a prolongé l’incision longitudinale jusqu'au bord anté- rieur de la protubérance et l’on a obtenu des résultats positifs; mais à la suite de ces graves traumatismes. il faut habituellement attendre plus ou moins longtemps que les effets du choc opératoire se soient dissipés. Enfin, d’autres expériences ont montré que la voie principale des fibres directes, homolatérales, n’est pas dans les pyramides, contrai- rement à l'hypothèse qui nous avait servi de point de départ. ERRATUM Dans la communication de M. RénoN, à la dernière séance, sur le Passage du mycé- lium de l'aspergillus fumigatus dans les urines au cours de l'aspergillose expérimen- tale, lire, à la page 393 des Comples rendu, à la dernitre ligne, « lapins domestiques, inoculés dans les veines », au lieu de « lapins domestiques, inoculées dans les veines». Le Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette SÉANCE DU 2 MAI 1896 M. le Dr G. CarRière : Sur un cas d'infection pneumococcique. — M. P. MéGniN : Sur une poule à cloaque à deux orifices. — M. A. Péré : Coli-bacille du nourrisson et coli-bacille de l'adulte. — M. P. MÉGxi : Sur un veau à deux têtes vivant. — M. Durour : Quelques considérations sur le groupement des fibres endogènes dans les cordons postérieurs de la moelle, à propos d’un cas de compression des nerfs de la queue de cheval. — M. n'Arsonvaz : Dispositifs pour la mesure des courants alternatifs de toutes fréquences. — Mme E. Navizze : Sur le développement des follicules clos dans la conjonclive oculaire. — M. Boucuerox : Excrétion de l'acide urique par la salive chez les uricémiques. — M. Réxox : Recherche des spores de l'Aspergillus fumigatus dans le mucus nasal et la salive de personnes säines et malades. — M. P. Bernarp : Note sur un cas de parasitisme du cheval. Présidence de M. Chauveau. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. L'année psychologique, présentée par M. À. Biner. J'ai l'honneur d'offrir à la Société le 2° volume (1895) de l'Année psy- chologique, recueil que je dirige avec M. Beaunis, et où nous analysons tout ce qui de près, ou de loin, intéresse la psychologie. Les dimensions de ce volume, plus de 1000 pages, montrent assez l'importance que le mouvement de la psychologie expérimentale a pris de nosjours, surtout à l'étranger. Voici quel a été le plan adopté pour notre publication. Dans une première parlie, nous publions des mémoires originaux, qui sont les suivants; pour cette année : 1. Ribot, Les caractères anormaux et morbides., — 2. Binel et Courtier, Etude des vasomoteurs dans leur rapport avec l’état intellectuel. — 3. Bourdon, Expériences sur les assgcialions d'idées. — 4. Flournoy, Temps de lecture et d'oubli. — 5. Biervliet, Illusions de poids. —6. Fo- rel, L'instinct des fourmis. — 7. Milliez, La mémoire des chiffres. — 8. Henri, La localisation des sensations du toucher. —9. Binet, La peur chez les enfants. — 10. Pinet et Courtier, Recherches graphiques sur la musique. Dans une seconde partie, nous publions des revues générales, où les questions sont traitées depuis leur origine; citons nos revues sur les sensations olfactives, les sensations tactiles, la psychologie individuelle, la cellule nerveuse, la pléthysmographie, la douleur, le caractère, ete., etc. Enfin, une {roisième partie contient plus de 200 analyses d'ouvrages él d'articles, avec tables, dessins, tracés, graphiques, etc., et une table bibliographique de 1,300 numéros. Biozocie, Comptes RENDUS, — 10€ SÉRIE, %, LL. 32 ei, 149 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE CORRESPONDANCE MANUSCRITE. M. le D' Braxcur (de Parme) adresse au président de la Société une longue note intitulée : Quatorze ans d'éludes sur la projection vhonique des organes avec l'auscultation des vibrations provoquées. M. Bianchi dit que ses premières recherches, sur ce sujet, ont été publiées en 1882 dans les Annales universelles de Médecine et de Chirurgie, de Milan. Elles furent faites avec un microphone spécial construit par le professeur Dall Eco de Florence. Depuis lors, il à publié une série de recherches sur le même sujet : auscultation des vibrations provoquées artificiellement dans un organe, comme moyen de délimitation exacte de cet organe, autrement dit auscultation stéthoscopique de la per- cussion, en 1884-1885 (Congrès de Pérouse). Jusqu'à la fin de 1895, M. Bianchi s’est servi du stéthoscope modifié selon les cas, avec pavillon tantôt réduit à une petite cloche ou à un entonnoir. L'orifice du pavillon étant tantôt libre, tantôt couvert par une mem- brane élastique ou rigide et avec ou sans tige de localisation. C'est avec ces divers appareils qu'il a fait ses recherches variées sur les délimita- tions des lobes pulmonaires, des cavités du cœur et de l'estomac, de la rale, des épanchements sur les muscles, les os, les articulations, etc., publiées dans divers recueils italiens, de 1887 à 1895. Enfin, c'est en 1894, au Congrès de Rome, que M. Bianchi a présenté le phonendoscope concu et exécuté par le D' Bazzi, de Florence, et qu'il a de nouveau exposé sa méthode. L'auteur déerit ensuite, de nouveau, son instrument, et indique les résultats importants qu’on peut facile- ment obtenir par son emploi. SUR UN CAS D'INFECTION PNEUMOCOCCIQUE, par M. le D' G. CARRIÈRE, Chef de clinique médicale à la Faculté de Bordeaux. ( Communication faite dans la séance précédente. } Le malade qui fait le sujet de cette communication était un homme de vingt-sept ans, manœuvre, qui, jusqu au 25 décembre 1895, n'avait Jamais été souffrant. A cette époque, sans cause appréciable, il éprouve le matin en se ren- dant à son travail un violent frisson de deux heures de durée. Il se met au lit et ressent aussitôt un violent point de côté gauche. La fièvre fut très vive pendant la nuit et le lendemain matin il entra dans le service de M. le professeur Pitres. SÉANCE DU 2? MAI 443 Nous constatons à cette date tous les symptômes d'une pneumonie du lobe inférieur gauche. La fièvre était vive (46°,8). le pouls accéléré, dicrote, régulier. La dyspnée était intense, le malade se plaignait d'un point de côté sous- mammaire gauche très douloureux. L'expectoration très visqueuse, légèrement rouillée, renfermait des amas de diplocoques eneapsulés. Le malade, très agité, avait de la carphologie et des soubresauts des tendons; il répondait assez bien aux questions qu’on lui adressait, mais avait par instants de petits accès de subdélire. Les urines, très légère- ment albumineuses, renfermaient une assez grande quantité d'urobiline et de l'indican. L'anorexie était complète, on observait de plus une diarrhée bilieuse très intense sans douleurs dans la fosse iliaque droite, mais avec du gargouillement. La rate était fortement augmentée de volume. On ne trouvait pas une seule tache rosée lenticulaire. Nous nous trouvions donc en présence d’une pneumonie à forme ty- phoïde. Le 27 décembre l'état S'aggrava, le malade, plongé dans un état semi- comateux, ne répondait qu'avec peine aux questions qu'on lui adressait. L'examen des réflexes nous révéla les particularités suivantes : Les réflexes pupillaires sont paresseux, ceux du poignet normaux. Les réflexes abdominaux abolis, les votuliens aussi, les plantaires nor- maux. Il n'existe aucun phénomène parétique. Le 29 décembre, le malade meurt après une nuit extrèmement agitée. L'autopsie, pratiquée seize heures après la mort, avec une tempéra- ture + 2° seulement, c'est-à-dire dans d'excellentes conditions pour éviter les infections cadavériques, nous a révélé les particularités sui- vantes : Le poumon gauche, dans ses deux tiers inférieurs, présente tous les caractères de l'hépatisation rouge, par places on trouve des ilots d’hépatisation grise. La muqueuse intestinale, fortement hyperémiée, présente, de distance en distance, des ecchymoses sous-muqueuses. On ne trouve pas une seule ulcération, mais quelques plaques de psorentérie. La rate, volumineuse, pèse 425 grammes. Elle est molle el très diffluente. Le foie, pale, décoloré, plus volumineux qu'à l'état normal el pesant 1,550 grammes, présente aussi des foyers hémorrhagiques. Le cœur, mou, s'affaisse. Il est augmenté de volume et sa couleur feuille morte, très prononcée. Les reins sont congestionnés. Les méninges cérébrales sont fortement hyperemiées : aussitôt leur ouverture il s'écoule une grande quantité de liquide céphalo-rachidien. Sous la pie-mère on trouve quelques traces d’un exsudat louche, mais non franchement purulent. 444 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur les coupes on trouve un abondant piqueté hémorrhagique, il n existe pas un seul foyer de ramollissement. La moelle, débarrassée de ses enveloppes externes, est sillonnée de vaisseaux gorgés de sang. Sa consistance est partout normale. Des fragments sont placés dans l'alcool et dans l'alcool sublimé pour l'étude microscopique et baclérioscopique. Pour l'étude des lésions histologiques nous nous sommes servis du picro-carmin, du bleu d'aniline, du bleu de méthylène, suivant la méthode de Nissl et du procédé de Pal. Pour l'étude bactérioscopique nous avons employé le procédé de Gram modifié par Nicolle, qui nous a toujours donné d'excellents résultats. Voici, d’après ces méthodes, les constatations que nous avons pu faire. La substance blanche ne présente pas d'altérations appréciables : les tubes nerveux, sur les coupes traitées par le Pal, se montrent intacts. De distance en distance on trouve de petits foyers d’hémorrhagies interstitielles. La névroglie présente par places des traces d'infiltration leucocytaire. Les leucocytes sont surtout abondants au pourtour des vaisseaux, ils distendent les gaines lymphatiques périvasculaires. Bon nombre de ces leucocytes renferment des diplocoques avec ou sans capsules apparentes. La paroi des vaisseaux n'est point profondément altérée ; seules, les cellules endothéliales présentent une légère tuméfaction. On rencontre les mèmes altérations dans la substance grise. Les cellules nerveuses sont un peu plus volumineuses qu'à l'état normal. Quelques-unes d’entre elles présentent l’altération déerite par MM. OEitinger et Marinesco sous Le nom de rupture des prolongements protoplasmiques. Ces filaments protoplasmiques sont parfois complète- ment séparés du corps cellulaire; parfois, ils ne Jui sont unis que par un seul point, et l'aspect qu'ils présentent est celui d’une cassure incomplète. Sur les coupes traitées par la méthode de Nissl, nous avons pu con- stater que les granulations chromatophiles sont peu colorées, elles sont diffuses et leurs contours mal limités. Les noyaux sont mal colorés et leurs limites peu précises. Ce sont surtout les cellules qui renferment les microbes qui présentent ces altérations. On trouve dans l’intérieur même de ces cellules quelques diplocoques, les uns nettement encapsulés, les autres sans capsules. Ils sont plus ou moins profondément situés dans la cellule (Cf. figure ci-jointe). Quelques- uns sont situés immédiatement au contact du noyau; d’autres, au sem du protoplasma; d’autres, enfin, à la limite de la cellule; quelques-uns, dans la gaine péricellulaire. Autour de ces microbes, le protoplasma semble s'être raréfé, il est SÉANCE DU © MAI 445 mal coloré, fait qui avail été déjà signalé dans la myélite variolique par MM. Auché et Hobbs. Dans la capsule péricellulaire, les diplocoques sont tantôt libres, tantôt renfermés dans les leucocytes. Il nous semble intéressant de mettre en évidence la pénétration du corps même des cellules nerveuses par les diplocoques. Peut-être est-ce à leur présence au sein de ces cellules qu'était due l'abolition des réflexes rotuliens et abdominaux constatée pendant la vie chez notre malade? Nous ne sachons pas, du reste, que des faits analogues aient été relatés, et l'on ne trouve dans la littérature médicale aucun rensei- gnement au sujet de cette pénétration des cellules nerveuses par les pneumocoques de Talamon-Frænkel. SUR UNE POULE A CLOAQUE A DEUX ORIFICES, par M. PIERRE MÉGNIN. La duplication de l'orifice extérieur du cloaque est une particularité très curieuse et extrêmement rare, qui se voit quelquefois chez les oiseaux de basse-cour. M. le D' Larcher en a observé un cas sur une dinde femelle et en cite deux autres exemples observés à Londres, chez la poule (4). Dans le cas de notre-confrère qui, non seulemeni le décrit complètement, mais le représente sur une planche lithographiée, les deux anus sont symétriques et séparés par une protubérance charnue de 2 centimètres de saillie sur autant de diamètre, arrondie comme un gland et recouverte de peau nue. M. Larcher n'ayant eu son sujet qu’à l’état de cadavre, ignore si les deux orifices fonctionnaient également. Je viens de disséquer une poule que j'ai gardée vivante pendant plusieurs mois et qui présentait exactement la même conformation extérieure que la dinde de M. Larcher, sauf que le mamelon médian post-abdominal était couvert de plumes et constituait une petile queue sous la grande. J'ai pu voir, pendant tout le temps que je l'ai gardée, comment fonctionnaient ses deux orifices cloacaux; elle à pondu plusieurs fois et deux fois ses œufs étaient restés adhérents aux plumes de sa seconde queue toujours sales et souillées à cause de leur situa- tion, et on voyait clairement que ces œufs étaient sortis par l’ouver- ture cloacale gauche. Je l'ai vue aussi émettre des déjections liquides, diarrhéiques, par les deux ouvertures à la fois, mais les déjections solides étaient généralement émises par l'ouverture droite. A l’autopsie, j'ai trouvé les organes internes parfaitement normaux, (4) O. Larcher. Mélanges de pathologie comparée. Paris, 1878, p. 84. 226 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE mais l'oviduete de l'ovaire unique aboutissait directement ot exelusive- ment à l'ouverture cloacale gauche. La terminaison cloacale de l'intestin après avoir reçu les tubes urini- fères, se divisait dichotomiquement en deux très courtes branches, d'un centimètre à peine de longueur, aboutissant chacune à une ouverture eloacale. La présence d'un œuf en formation dans la chambre coquillère comprimait assez la branche gauche du clouque, pour obliger les déjec- tions à sortir par l'ouverture droite. Quand j'ai eu sacrifié la poule j'ai constaté qu'elle était en parfait élat de santé el même grasse. Elle aurait donc pu atteindre la vieillesse nor- male malgré l’existence de la malformation ci-dessus signalée. . COLI-BACILLE DU NOURRISSON ET COLI-BACILLE DE L'ADULTE, par M. À. PÉRÉ. Dans mon étude (1) sur la « formation des acides lactiques stéréoise- mériqueS », j'ai montré que certains coli-bacilles, possédant les mêmes caractères extérieurs et des propriétés biologiques communes, se dis- tinguent les uns des autres par la constitution moléculaire différente des acides lactiques qu'ils forment. Les uns provenant des excréments de certains animaux, m'ont donné de l'acide lactique droit, dans les solu- tions de glucose-peptone additionnées de carbonate de chaux; les autres, en particulier celui des fèces de l’homme, m'ont donné de l'acide lactique gauche dans le même liquide de culture. La constance de mes résultats, dans des essais qui ont porté sur vingl- deux échantillons du coli-bacille de l’homme, est d'autant plus frappante que M. Blachstein attribue au PBacterium coli commune la propriété de produire de l'acide lactique droit aux dépens du glucose : fait confirmé par plusieurs observateurs du laboratoire de M. Nencki, d'où est partie la mise à l’ordre du jour de cette question. J'ai pense que ces divergences prenaient leur origine dans l'existence de deux variétés du coli-bacille de l’homme; et j'ai été ainsi conduit à comparer le coli-bacille du nourrisson à ceux de l'enfant et de l'adulte. Le coli-bacille du nourrisson, dont j'ai examiné dix échantillons, forme rapidement de l’indol dans les solutions de peptone; il coagule le lait et fait fermenter énergiquement le lactose. Ce sont là des carac- tères qu'il partage avec les coli-bacilles de l'adulte et qui séparent nette- ment le Facterium coli commune du bacille typhique. De plus, il donne de l'acide lactique par la fermentation du glucose, - (1) Annales de l’Instilut Pasteur, 1893. 1 TS re SÉANCE DU 2? MAI Mais l'étude de cet acide lactique, isolé par les procédés usuels de la solution glucose-peptone où le microbe à vécu, m'a fait reconnaitre l'acide lactique droit dont le sel de zinc est lévogyre. Le eoli-bacille du nourrisson diffère donc de celui de l'adulte. Cette différence méritait d’être signalée parce qu’elle soulève la ques- lion de savoir si un nouveau microbe ne viendrait pas de l’extérieur supplanter le microbe d'origine, par le fait même du changement de régime alimentaire chez l'enfant: ou si, plutôt, ce changement de régime ne suffirait pas à modifier le microbe originel dans l’une de ses fonctions biologiques. Quoi qu'il en soit, cette substitution ou cette transformation s'effectue dans un laps de temps assez court. J'ai pu étudier six échantillons de coli-bacille provenant d'enfants de deux à lrois ans : ces microbes ont tous donné, comme ceux de l'adulte, de l'acide lactique gauche dans les solutions de glucose-peptone où le coli-bacille du nourrisson faisait de l'acide lactique droit. Ce qui légitime l'hypothèse d’une transformation du microbe originel, c’est que le coli-bacille du nourrisson peut faire aussi de l’acide lactique gauche. I] suffit, pour obtenir ce dernier, de substituer les sels ammonia- caux à la peptone comme source d'azote alimentaire, dans le liquide de fermentation ci-dessus, renfermant du glucose et du carbonate de chaux. Ce résultat vient corroborer mes premières observations relatives à l'influence de la qualité de l'azote alimentaire sur la constitution molé- culaire des acides lactiques formés par un même microbe aux dépens d'un même sucre. De plus, tous ces microbes, qu'ils proviennent du nourrisson de l'enfant ou de l’adulte, réagissent de même vis-à-vis de l’acide lactique racémique qu ils dédoublent en attaquant de préférence l'acide droit. En résumé, les caractères de ces microbes, au point de vue où nous nous sommes placés, peuvent se traduire comme il suit : GLUCOSE LACTATE DE CHAUX DANS LA SOLUTION DE — GLUCOSE-PEPTONE — SELS AMMONIACAUX. — SELS AMMONIAC, + C0* Ca — CO Ca Coli-bacille de l'enfant et de l'adulte, , . . Acide lactique gauche. Ac. lact. gauche. Ac. lact. gauche. Coli-bacille du nour- riSsOn . . . . . . . Acide lactique droif, Ac. lact. gauche. Ac. lact. gauche, 448 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR UN VEAU A DEUX TÊTES VIVANT, par M. PIERRE MÉGNIN. Les monstres doubles, dont l’un des sujets est réduit à la tête soudée à la tête de l’autre, ne sont pas rares dans l'espèce bovine, où ils consli- tuent alors les veaux à deux têtes; mais, généralement, la deuxième tête RRFERRERANT nn ! di | | | est un parasite inerte, quoique vivant et sensible; et puis ces monstres vivent rarement. Je présente à la Société le portrait en photogravure d'un de ces monstres, qui est intéressant en ce sens qu'il est parfaitement vivant et s'entretient très bien; ses deux têtes sont aussi parfaites l’une que l'autre, fonctionnent également, et l'animal boit et mange indifférem- ment par l’une ou l’autre bouche. Ce veau à deux têtes a actuellement deux mois et demi, étant né le 14 février dernier ; ses père et mère sont de race normande et tous deux bien conformés. Il est né, trois jours après le terme ordinaire, SÉANCE DU © MAI 449 chez un fermier de Freneuse (Seine-et-Oise), qui l'élève avec beaucoup de sollicitude et le montre à qui veut le voir. Les deux têtes sont soudées par le côté de l’occipital et divergent en formant à peu près un angle droit : les deux yeux voisins sont perdus, mais les deux autres et les deux seules oreilles existantes fonctionnent parfaitement. On distingue nettement les quatre tubérosités crâniennes qui donneront les cornes. Il sera curieux à voir à l’âge adulte, si toutefois il l’atteint. QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LE GROUPEMENT DES FIBRES ENDOGÈNES DANS LES CORDONS POSTÉRIEURS DE LA MOELLE, A PROPOS D'UN CAS DE COM- PRESSION DES NERFS DE LA QUEUE DE CHEVAI, par M. Durour, Ancien interne des hôpitaux. Nous avons eu l'occasion, dansle service de M. le professeur Kaymond, à la Salpêtrière, d'étudier la moelle d'une malade morte d’une affection intercurrente cinq ans après le début d’une tumeur que nous avons décrite ailleurs, et qui présentait les caractères d’un endothéliome (1). Cet endothéliome avait comprimé exclusivement les racines lombo- sacrées, depuis la troisième racine lombaire; et la partie tout à fait inférieure du cône terminal au niveau du filum terminal. Les lésions sont plus marquées à gauche qu'à droite, ainsi qu’en rendent compte les coupes praliquées individuellement sur chaque racine et les coupes de la moelle. Nous ne désironsici attirer l'attention que sur les zones non dégénérées dans les régions inférieures; et encore, en remontant dans la moelle, ferons-nous abstraction des régions qui, de l’avis de tous, appartiennent certainement aux filets radiculaires. Rapprochant notre cas de faits publiés antérieurement, nous essayons de donner une interprétation qui, sur certains points, n'est pas absolument nouvelle. Des deux systèmes de fibres restés sains, le premier est constitué, pensons-nous, par un faisceau qui a une topographie différente sui- vant la hauteur à laquelle on l’observè. Il ferait partie d'un système commissural à long trajet et à direction descendante situé à la région dorsale, dans la zone postéro-externe du cordon postérieur (Hoche (2), Barbacci (3); il gagnerait la région toute postérieure un peu plus bas, se rapprochant de l'angle postéro-interne de ces mêmes cordons, au (4) Bulletin de la Soc. anatomique, février 1896. (2) Neurologische Centralblatt, 1896, 15 février. (3) Barbacci, Lo Sperimentale, 189, fase. IE et IV. 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE niveau de la douzième dorsale et première lombaire. Il occuperait le centre ovale de Flechsig, à partir de la troisième racine lombaire, puis, se reportant de nouveau en arrière, constituerait, au niveau de la cinquième sacrée et du cône terminal, le triangle médian sur lequel MM. Gombault et Philippe (1) ont appeïé l'attention. En passant, nous ferons remarquer que MM. Dejerine et Spiller (2) contestent l'étendue des fibres endogènes dans ce triangle. Le deuxième système, que nous n'étudierons qu'au niveau de la région lombaire et sacrée, relèverait d’une origine semblable à celle des fibres de la virgule de Schultze, et serait une commissure à court trajet, à dégénération également descendante. Il serait représenté par la virgule de Schultze dans les régions supérieures; fibres cornu-commis- surales dans les régions lombaires et sacrées supérieures; fibres qui, à partir de la quatrième sacrée, abandonneraient la base des cornes pos- térieures et pourraient plus justement recevoir le nom de faisceau sulco-commissural postérieur. Si l’on admet notre interprétation, la position respective des fibres commissurales à long trajet, dans les régions supérieures et inférieures, permet de comprendre pourquoi la zone postéro-externe du cordon postérieur est souvent intacte dans les cas de tabes à la région cervi- cale, ainsi que l’ont signalé certains auteurs, et entre autres Strümpell. DiSPOSITIFS POUR LA MESURE DES COURANTS ALTERNATIFS DE TOUTES FRÉQUENCES. Note de M. A. D'ARSONVAL. Ces dispositifs, qui complètent ceux que j'ai antérieurement signalés, permettent d'évaluer l'intensité efficace de ce genre de courants, quelle que soit leur puissance, et cela d’une façon continue, pendant la marche même des appareils. Pour mesurer le courant de grande intensité (de 2 à 100 ampères) qui passe dans le grand solénoïde, je procède de la facon suivante : Le solénoïde, au lieu d’être constitué par un fil plein, se compose d'un tube en laiton mince de 10 à 15 millimètres de diamètre intérieur. La cavité de ce tube est reliée à un manomètre à eau, de façon à cons- tituer un thermomètre différentiel de Leslie. Quand le courant passe dans le solénoïde tubulaire, il l’échauffe, et cet échauffement est mesuré par la colonne du manomètre. On mesure ainsi le carré de l'intensité du courant. Le manomètre est gradué en ampères en faisant passer dans le solénoïde un courant continu d'intensité connue. La self-induction (4) Archives de Médecine expérimentale, 3 mai 1894. - (2) Sociélé de Biologie, 27 juillet 1895. SÉANCE DU % MAI 451 du solénoïde étant négligeable, ce procédé permet de mesurer l'inten- sité du courant qui traverse le solénoïde, quelle que soit la forme de ce courant. La graduation reste la même, que ce courant soit continu ou alternatif, et quelle que soit la fréquence des alternances. Pour les courants alternatifs de faible intensité, j'emploie le procédé suivant : ce courant traverse ure soudure thermo-électrique composée par exemple de deux fils très fins fer-nickel, soudure qui est reliée à un galvanomètre à cireuit mobile de mon système. Le courant en ques- lion chauffe la soudure, et la déviation du galvanomètre mesure cet échauffement. Le courant alternatif, qui est sans action sur le galvano- mètre est donc employé à produire un courant continu par échauffement d'une soudure thermo-électrique. Cette méthode est d'une sensibilité exquise. Les soudures sont montées bien entendu en appareil différen- tiel. Des bobines de self-induction placées entre la soudure et le galva- nomètre, peuvent être employées dans certains cas pour éviter toute action perturbatrice du courant alternatif sur le galvanomètre. Je ne fais que signaler le principe de ces deux méthodes, me réservant d'exposer les détails très prochainement à la Société. Dans une communication verbale faite il y a environ un mois à la Société, j'avais annoncé qu'un champ magnétique alternatif intense (de 410 volts, 30 ampères et 42 périodes par seconde) donnait naissance, lorsqu'on y plongeait la tête, à des phosphènes et à un vertige pouvant aller chez quelques personnes jusqu'à la syncope. — Il est inutile d’avoir un champ aussi puissant pour constater la produetion des phos- phènes. Avec des bobines ayant un faisceau de fils de fer doux de 5 cen- timètres de diamètre sur 30 centimètres de long, les phosphènes appa- raissent. Ce champ magnétique alternatif modifie également la forme de la contraction musculaire et produit sur les êtres vivants d’autres effets qu'il est facile de mettre en relief, et dont je poursuis l'étude en ce moment. SUR LE DÉVELOPPEMENT DES FOLLICULES CLOS DANS LA CONJONCTIVE OCULAIRE, par M° E. Navicze. L'existence de follicules dans la conjonctive a été signalée depuis fort longtemps (1), aussi bien chez l'homme que chez les principaux mam- mifères. Schmid (2), le premier, s'est appliqué à étudier leur apparition sur l'enfant, le chien, le porc, la brebis, le chat, le rat et la loutre. A partir de la 2° semaine, après la naissance, cet auteur constate dans la (1) Voir Strickers Handbuch, p. 1149. (2) Lymphfollikel der Bindehaut des Auges Braumauller. Wien, 4870. 452 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE conjoncetive la présence d'amas de cellules qui peu à peu se transfor- ment en follicules clos. Pour Schmid, les follicules clos résulteraient d’une accumulation de cellules arrondies, d'origine conjonctive, dans les mailles mêmes du tissu mésodermique, Plus récemment, M. Stühr (1) a porté spécialement son attention sur : S.DEVY Fi. 1. Coupe passant par la conjonctive bulbaire (CB) et la 3° paupière d’un chien âge de 25 jours. H, glande de harder: CH, chorion; E, épithélium de la face postérieure de la 3e paupière; R, épaississement de l’épithélium. la destinée des éléments arrondis des follicules clos dans la conjonctive oculaire de l'homme et des Ruminants. Il à vu qu'au niveau des follicules clos l’épithélium est dissocié et comme détruit. Il attribue ce fait au passage des globules blancs qui, sortis des vaisseaux sanguins, (4) Sitzungsbericht der phys.-med. Gesellschaft zu Würzburg,lTahrg. 1885, p. 31. SÉANCE DU 2 MAI 453 s'accumuleraient d’abord dans les mailles du tissu conjonctif où ils se multiplieraient et d’où ils émigreraient ensuite en traversant et en dé- truisant l’épithélium de la conjonctive. Nous avons eu l’occasion de constater que les chiens jeunes adultes possèdent constamment un amas de follicules clos sur la membrane nictitante, vers l'angle où la conjonctive de cette 3° paupière se réfléchit Brie 02: BIG: Coupe semblable à celle de la fig. 1 Coupe semblable aux deux premières sur un chien de 32 jours; on n’a sur un chien de 35 jours. figuré que l’épaississementépithéhal etla portion sous-jacente du chorion. pour passer sur le bulbe, — La présence des follicules clos donne à celle région une apparence tomenteuse toute spéciale. Partant de ce fait, à savoir l'existence constante de follicules clos dans la région sus-indiquée, nous nous sommes procuré des fœtus de chiens à la naisssance et des jeunes chiens d'âge déterminé pour étudier le processus d'après lequel prennent naissance les follicules clos. Les pièces furent fixées soit dans le liquide de Kleinenberg, soit dans la liqueur de Muller, et coupées dans la paraffine à l’aide du microtome SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE = (SL L oscillant. L'étude de ces coupes sériées nous à donné les résultats que nous résumons de la facon suivante. Les fœtus et les chiens à la naissance manquent de follicules clos sur la 3° paupière, ce qui confirme les constatations de Schmid. Vers le 25° jour après la naissance, on observe (fig. 1) sur la face pos- térieure ou bulbaire de la 3° paupière ,un épaississement(R) de l’épithé- lium conjoncetival résultant de la multiplication des cellules qui consti- tuent la couche profonde du revêtement épithélial (E). Sur le chien de 32 jours (fig. 2), les assises profondes de l’épithélium conjonctival constituent une saillie plus prononcée, qui proémine du côté du chorion et refoule le tissu conjonetif vers la profondeur. La face superticielle de cet amas épithélial est encore en relation directe el continue avec l’épithélium conjonctival. Sur le chien de 35 jours (fig. 3), l’amas de jeunes cellules épithéliales s'est délimité nettement des parties voisines et une lamelle de tissu ayant les caractères du tissu conjonctif jeune le sépare de l’épithélium qui lui à donné naissance. Avec l’àge, une couche plus épaisse de tissu conjonctif se développe entre l’épithélium originel et l’amas arrondi de cellules épithéliales. En outre, cet amas prend peu à peu tous les caractères morphologiques et histologiques des follicules clos qu'on trouve dans la conjonctive ocu- laire. En effet, ses cellules se différencient en cellules arrondies d’une part et en cellules étoilées de l’autre, en même (PE que tout l'organe est pénétré de vaisseaux sanguins. En résumé, c’est par la prolifération et l'épaississement de l'épilhé- lium que débute l’ébauche du follicule clos. Après que cet amas épithé- lial à fait une saillie dans le chorion, il s’isole peu à peu de l’épithélium originel et constitue ainsi le follicule elos achevé (1). EXCRÉTION DE L'ACIDE URIQUE PAR LA SALIVE CHEZ LES URICÉMIQUES, par M. BOUCHERON. Dans le cours de recherches déjà anciennes sur l'uricémie, j avais reconnu que l'acide urique se trouve dans la salive de certains sujets en quantité notable, et surtout plus considérable que dans la plupart des humeurs. — Ce travail a été publié dans les Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences, 1884. Depuis, des auteurs américains, des dentistes surtout, ont aussiretrouvé l’acide urique dans la salive, comme M. Galippe l’a rappelé dans sa note sur la pyorrhée alvéolaire (Société de Biologie, 25 avril 1896), en indi- quant qu'il n'avait pas eu l’occasion de rencontrer, à son tour, l'acide urique salivaire. (1) Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine. PS © (dr: SÉANCE DU ® MAI Comme mes élèves et moi avons rencontré de l'acide urique dans la salive, chez un grand nombre de malades atteints d’affections guttu- rales, auriculaires et oculaires de nature uricémique, je puis confirmer à nouveau la fréquence, dans l’uricémie, de la présence de l’acide urique salivaire, révélé par la réaction de la murexide. D'ailleurs, j'ai l'honneur de vous présenter un spécimen de ces réac- tions murexidiennes, dans l’urine et dans la salive du même sujet, sur la même capsule plate de porcelaine. Il suffit de 1 centimètre cube de salive ou d'urine pour observer la réaction — et même une seule goutte, comme vous le voyez sur la capsule que je mets sous vos yeux. Procédé, — Avec de si faibles quantités de liquide, il convient d'opérer délicatement. Il faut avoir soin de faire agir à chaud seulement, les VAPEURS d'acide nitrique et d'ammoniaque sur la salive ou l'urine, desséchées à température peu élevée — même à feu nu. — L’excès de chaleur, d'acide ou d'ammoniaque empêche la réaction. — Pour acquérir le tour de main, qui permet d'obtenir à coup sûr cette réaction, il est bon de s'exercer d’abord avec de l'urine. — Comme l'acide urique se trouve, pour ainsi dire certainement, dans l'urine, on l'y retrouvera en exécutant convenablement le procédé indiqué plus haut pour réaliser la réaction de la murexide. Après avoir réussi avec l'urine, on obtiendra sans peine la même réaction avec la salive, quand elle contient de l’acide urique. — Il est à remarquer que les solutions d'acide urique cristallisé, méme très diluées, produisent la réaction de la murexide plus facilement que les solutions physiologiques existant dans l'urine ou dans la salive. Pour s'expliquer ce détail, on peut faire l'hypothèse que dans l'urine et dans la salive, l'acide urique se trouve englobé dans une combinai- son organique, et que la matière organique de cette combinaison, trop chauffée ou trop acidifiée se décompose et trouble la réaction mu- rexidienne, tandis que l'acide urique, par sa précipitation préalable en cristaux, s'étant dégagé de toute combinaison organique, supporte plus facilement, sans s’altérer, un excès de chaleur ou d’acidification. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, à laquelle nous ne tenons point, on peut obtenir dans l’urine, ou dans la salive des uricémiques, sans précipitation préalable de l'acide urique, une réaction murexidienne de coloration rose caractéristique, avec l’acide urique, existant dans ces humeurs; à la condition d'employer avec modération les agents de la réaction, chaleur, acide azotique et ammoniaque. — Une particularité intéressante de l’excrétion d'acide urique, par la salive, c’est qu'elle se produit dans l'intervalle des repas, et qu'elle s'interrompt brusquement aussilôt qu'un corps sapide alimentaire, mis en contact avec la langue, provoque la sécrétion de la salive digestive. Les corps non alimentaires, comme le tabac, n'interrompent point l'excrétion salivaire de l'acide urique. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LL Qc © C'est un exemple assez net de l'alternance entre les fonctions d’excré- tion, et celles de sécrétion des glandes salivaires. Les mêmes différences d'excrétion et de sécrétion s'observent aussi, comme on sait, dans l'estomac. On les reconnaît très bien chez les chiens munis de fistule gastrique, lorsqu'on leur fait lécher un nouet de linge contenant de la viande. Chez l’homme, on remarque souvent que les troubles gastriques, modérés, douleurs, spasmes, pyrosis, etc., peuvent cesser rapidement, après l’ingestion d’une petite quantité d’aliment. C’est probablement que les phénomènes d’excrétion par les glandes gastriques, sont brus- quement remplacés par la sécrétion du suc gastrique digestif. — Un autre point à considérer, c’est que l’excrétion de l’acide urique par la salive est une preuve précise que l'acide urique ne s’élimine pas exclusivement par le rein. Dans certaines circonstances, des glandes du tube digestif peuvent servir à excréter aussi de l'acide urique. De la même manière qu'elles excrètent des substances médicamen- teuses ou anormales, en excès dans l'organisme. L'acide urique excrété par les glandes salivaires ou par d’autres éléments glandulaires, peut être repris plus ou moins par l'absorption intestinale, ou bien être évacué directement par les voies digestives. — Dans l'évaluation de l’azote total éliminé par l'organisme, il y a lieu de tenir compte de l'évacuation par le tube digestif. — Enfin, avec la réaction de la murexide, qui révèle, dans certaines salives, l'acide urique excrété anormalement par cette glande digestive, on possède un moyen de reconnaître qu'un malade a, dans le sang, un excès d’acide urique en circulation. — C'est là un des meilleurs signes de l’uricémie, et un des plus précoces, puisqu'il est appréciable avant les accidents de l’uricémie. C'est l’analogue de la présence du sucre dans l’urine, comme signe de la glycémie. Car le sucre est aussi anormal dans l'urine, que l'acide urique dans la salive. RECHERCHE DES SPORES DE L'aspergillus fumigatus DANS LE MUCUS NASAL ET LA SALIVE DE PERSONNES SAINES ET MALADES, par M. RÉNoN. A la fin du mois de novembre 1895 et au début du mois d'avril 1896, nous avons recherché dans la salive et le mucus nasal de personnes, les unes saines, les autres atteintes d’affections les plus diverses, la pré- sence possible de spores d’aspergillus fumigatus. I. — Nos examens du mois de novembre ont porté sur huit femmes saines de la Clinique d’accouchements, hospitalisées au dernier terme de leur grossesse normale. Le procédé de recherches était le suivant : | és | SÉANCE DU © MAI 457 avec un petit fragment d'’ouate hydrophile, en forme de boulette, stéri- lisé à l'autoclave à 120 degrés, nous prenions sur chaque malade, à l’aide d'une pince stérilisée, un peu de salive et de mucus nasal : les petits morceaux d'ouate étaient ensuite ensemencés chacun dans un tube de liquide de Raulin (1) mis à l’étuve à 37 degrés. Nous nous étions préa- lablement assuré qu'emprisonnées dans l’ouate hydrophile les spores d'aspergillus fumigatus pouvaient facilement, sur ce liquide, donner du mycélium et venir à fructification. Les seize tubes sont restés stériles après un séjour de vingt jours à l’étuve. Il. — Au début du mois d'avril 1896 nous avons fait les mêmes recherches sur les malades atteints d’affections les plus diverses qui venaient demander à la consultation de l'hôpital Necker (2) des avis médicaux. L'examen a porté sur cinquante malades, hommes ou femmes: l’ensemencement a été fait comme nous l'avons dit plus haut, et sur le même milieu. Dans quelques cas nous avons obtenu des résultats positifs. Nous commencions par nous débarrasser des tubes qui, après huit jours de- séjour à l'étuve à 37 degrés, n'avaient donné aucun développement de mycélium aux dépens du fragment d'ouate ensemencé : la longue pra- tique des cultures sur le liquide de Raulin nous avait appris que ce délai de huit jours est toujours suffisant pour permettre la genèse des pre- miers filaments mycéliens qui mettront ensuite plusieurs jours à ter- miner leur évolution. Soixante-cinq tubes stériles furent ainsi retirés de l’étuve, soit vingt-sept pour le mucus nasal, et trente-huit pour la salive. Les autres tubes y furent encore laissés quatorze jours : tous furent définitivement retirés le vingt-troisième jour. Dans les tubes où la hauteur de liquide de Raulin n'excède pas 5 centimètres, jamais un mycélium d'asperqillus fumigatus n’emploie vingt-trois jours à s'élever du fond du tube à la surface et parvenir à fructification, remarque importante pour expliquer une partie des résultats obtenus. A. — Des douze tubes ensemencés avec la salive et qui sont restés vingt-deux jours à l’étuve : Un a donné une culture d’aspergillus fumigatus. Cinq ont donné une culture d'une levure blanche. (4) Les tubes employés avaient 14 millimètres de diamètre ; la hauteur du liquide était à peu près de 4 centimètres dans chaque tube. (2) La circonscription médicale de l'hôpital Necker, établie par le nouveau règlement hospitalier, comprend, à Paris, les quartiers d'Auteuil, de Grenelle, de Javel, Saint-Lambert et Necker ; elle s'étend de plus aux communes suburbaines de Clamart, d'Issy et de Malakoff, IOLOGIE. COMPTES RENDUS, — 10€ 8ÉR1E, T. LI, 33 458 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Cinq ont donné du mycélium, qui s'est arrêté dans son développement vers le huitième jour de séjour à l’étuve, et s'est maintenu distant de 4 à 2 centimètres de la couche supérieure du liquide. B. — Des vingt-trois tubes ensemencés avec le mucus nasal et restés vingt-deux jours à l’étuve : Un a donné une culture d’une levure blanche. Un a donné une culture d’aspergilius niger. Un a donné une culture d’aspergillus nigrescens et d’aspergillus fumigatus. Trois ont donné une culture d’un mucus. Cinq ont donné des cultures d’aspergillus fumigatus. Onze tubes ont donné du mycélium dont le développement s’est arrêté au bout de huit jours, et qui comme plus haut n’a pas gagné la surface duliquide. On voit done que dans nos deux ordres de recherches, sur cinquante- huit cas, nous n’avons constaté qu'une seule fois la présence des spores de l'aspergillus fumigatus dans la salive, et six fois dans le mucus nasal : ce champignon était pathogène pour le lapin. Nous ignorons à quelles espèces appartiennent ces mycéliums, dont le développement s’est trouvé interrompu dès les premiers jours, et s’est arrèté très vrai- semblablement à cause de la température de 37 degrés, trop élevée pour eux. On peut ainsi voir de quelle utilité est l'emploi du liquide de Raulin, non seulement pour séparer les bactéries des champignons, mais encore pour différencier les unes des autres les espèces myco- siques. Dans huit cas seulement, nous avons pu obtenir des cultures positives de la salive et du mucus nasal chez les mêmes personnes, et dans deux de ces cas les résultats ont concordé : 1. Même levure blanche (salive et mucus nasal). 2, Même mycélium arrêté dans son développement (salive et mucus nasal). 3. Levure blanche {mucus nasal). — Mycélium arrêté dans son développe- ment (salive). Mycélium arrêté dans son développement (mucus nasal). — Mucor (salive). Aspergillus fumigatus (mucus nasal). — Aspergillus nigrescens (salive). Mucor (mucus nasal). — Mycélium arrêté dans son développement (salive). Aspergillus nigrescens et aspergillus fumigatus (mucus nasal). — Levure blanche (salive). 8. Mycélium arrêté dans son développement (mucus nasal) — Levure blanche (salive). Æ I © Il est fort possible que faites sur d'autres personnes, dans d’autres conditions de température, de saison et d'habitat, des recherches ana- logues donnent des résultats différents : nous tenons cependant à faire SÉANCE DU 2 MAI 459 remarquer que tout ce que nous venons d'observer coïncide fort bien avec la rareté des cas d’aspergillose des fosses nasales, de la bouche et du pharynx décrits par Schubert (1), Siebenmann (2), Zarniko (3), Mackenzie (4) et Dunn (5). NOTE SUR UN CAS DE PARASITISME DU CHEVAL, par M. PIERRE BERNARD, Professeur suppléant à la Faculté libre de Médecine de Lille. Je viens de retrouver dans mes cartons des notes et des photo- graphies relatives à un cas de parasitisme observé il y a deux ans, et que d’autres occupations m'avaient fait oublier. Un vétérinaire de Lille m'adressa, un jour, dans une terrine, un paquet de vers qu'il avait extrait de l'intestin d’un cheval, abattu pour une affection indépendante des parasites. Cet amas comprenait 399 cestodes, pesant ensemble 2,450 grammes, et 39 ascaris megalocephala, pesant 170 grammes, soit un poids total de 2,620 grammes. Encore ai-je appris depuis que d’autres naturalistes avaient reçu des exemplaires des mêmes helminthes; de sorte que les chiffres ci-dessus se rapportent seulement au lot qui m'est échu. Les ascarides ne m'ont offert aucune particularité intéressante. Ils étaient intimement mêlés aux tænias et formaient avec eux une masse pelotonnée. Les cestodes m'avaient paru s’écarter assez notablement, par plusieurs caractères (forme générale, longueur du strobile, largeur des segments), des espèces décrites dans les traités classiques que j'avais entre les mains. J'en avais même relevé photographiquement, sur les individus encore frais et sur des coupes, les particularités susceptibles de conduire ) P. Schubert. Fadenpilze in der Nase, Berliner Klin. Wochensch., 1889, p. 856. ) F. Siebenmann. Ein zweiter Fall von Schimmelmykose des Rachen- daches. Monatsch. f. Ohrenh., 1889, n° 4. (3) C. Zarniko. Aspergillus mykose der Kieferhühle, Deutsche med. Wochensch., 1891, p. 1222. (4) J. N. Mackenzie. Aspergillo-mycose de l’antre d'Highmore, New York Med. Journal, 25 août 1894. (5) J. Dunn. Growth of the aspergillus glaucus in human nose, Archiv of Otology, vol. XXIV, 1895, p. 154. — C'est à l'aspergillus fumigatus qu'ont été attribuées ces mycoses aspergillaires des fosses nasales et du pharynx. Seul le cas de J. Dunn est dû à l’aspergillus glaucus : il est seulement regrettable que l’auteur n'ait pas fait d'inoculations aux animaux, car la couleur verte des spores de l’aspergillus fumigatus pathogène est presque identique, sur beau- coup de milieux, à celle de l’aspergillus glaucus non pathogène. (1 (2 460 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à une détermination spécifique exacte. Je les avais néanmoins fait provisoirement étiqueter sous le nom de Z'ænia plicata, espèce dont ils se rapprochaiïent le plus. Mes photographies et une note explicative ontété récemment adressées à M. Railliet qui a eu l’obligeance de les examiner et de m'écrire que j'avais bien affaire à l'Anoplocephala plicata, décrit comme type dans la deuxième édition de son Traité de Zoologie médicale. M. Railliet m'engage néanmoins à soumettre mon observation à la Société de Biologie, d’abord en raison du nombre exceptionnel des parasiles et aussi des fréquentes anomalies que j’ai observées. Peu d'individus, sur les 400 que j'ai eus entre les mains, en étaient exempts. Sur presque tous les strobiles, on voit un certain nombre de seg- ments brusquement interrompus dans la largeur par un sillon profond. De distance en distance, un anneau, en forme de coin, s’enfunce entre deux articles normaux. Beaucoup ont des segments bifurqués en Y. Patio très rapprochées, les bifurcations se produisent indifféremment vers un bord ou vers l’autre, mais avec alternance régulière. Plus rarement, un pont étroit relie deux segments voisins. Je n'ai trouvé qu'un seul cas de fenestration. Un ascaride de grande taille s'était profondément enfilé dans la solution de continuité des tissus. L'avait-il produite ou avait-il simplement profité d’une perfora- tion préexistante? La bifurcation de la chaîne des cestodes paraît être une anomalie beaucoup plus rare que les précédentes. Dans son Traité tout récent de parasitologie, M. R. Moniez n’en relève pas plus d’une dizaine d'exem- ples. J'en ai trouvé un très beau spécimen qui est soigneusement conservé dans mes collections. Deux strobiles naissent d’une façon tout à fait indépendante d’un scolex parfaitement normal, tandis que dans la plupart des cas antérieurs, la bifurcation se produit à une distance plus ou moins grande de la tête. ERRATUM Dans la communication de MM. Drouin et Rénon, à la dernière séance, Note sur une mycose innomée du cheval, à la page 427 des Comples rendus, lire, à la cin- quième ligne du dernier paragraphe, « d'aspect lichénoïde, au boul de 15 jours de séjour à l'étuve », au lieu de « d'aspect lichénoïde de séjour à l’étuve ». Le Gérant : G. MASSON. a = Paris. — Imprimerie de la Cour at L. MARETHEUX, directeur, Le rue Cassette SÉANCE DU 9 MAI 1896 M. Fézix Lesars : Le lavage du sang dans les infections. — M. A. CHAR : Remarques sur les injections dites de sérum (à propos de la communication de M. Lejars). — M. Bournevizze : Nouveau cas d'idiotie avec cachexie pachyder-" mique (myxædème infantile) ; avant le traitement par l'ingestion stomacale de glande thyroïde. — M. Arrren GraRD : Sur le Pentastomum constrictum Siebold, parasite du foie des nègres. — M. J. BArrnskr : Relächement des muscles dans _ l’hémiplégie organique. — MM. Cuassevanr et Gor : Sur la valeur antiseptique du benzène. — M. E. Vipa : Action des inhalations chloroformiques sur l'élimination de l'azote par les urines. — M. X. Lesere : Note sur l'existence d'un vestige de la clavicule chez les pachydermes, les ruminants et les solipèdes domestiques. — M. Louis BLanc : Sur une anomalie nouvelle des muscles de l'œil. — M. R. Dunors : Les rayons X et les microbes lumineux. — M. J. ne REY-PAILHADE : Sur l'existence simultanée de deux ferments d’oxydation dans les cellules végétales. Présidence de M. Chauveau. LE LAVAGE DU SANG DANS LES INFECTIONS, par M. FÉzix LEJARs, Agrégé, chirurgien des hôpitaux. Le lavage du sang dans les infections, proposé et expérimenté, en 1889, par MM. Dastre et Loye (1), depuis longtemps utilisé dans le choléra, pratiqué dans la fièvre typhoïde et dans certaines auto-intoxications, par M. Hermann Sabhli (de Berne) (2), en 1890, a été appliqué avec succès (3), dans ces derniers temps, à un certain nombre d'infections chirurgicales. Pour les hémorrhagies, pour cet état complexe, qui porte le nom de shock, traumatique ou opératoire, l'injection par voie sous-cutanée ou intra-veineuse, de notables quantités de sérum artificiel, rentre aujour- d'hui dans la pratique journalière. Je pourrais citer, pour ma part, un (4) Dastre et Loye. Le lavage du sang dans les maladies infectieuses. Bull. Soc. de Biclogie, 1889, p. 261. (2) Hermann Sabli. Ueber Auswaschung des menschlichen Organismus und über die Bedeutung der Wasserzufuhr in Kraukheïiten. Samml. Klin. Vorträge, n° 11, novembre 1890. (3) Soc. de Chirurgie, décembre 1895. — Jayle, Presse médicale, 1896, n° 2, p. 6. — Pierre Delbet, id., n° 16, p. 93, — Duret (de Lille), Semaine gynécolo- gique, 1896, n°% 13 el 14, etc. BioLocie. CouPres REeNDUSs. — 10€ sémE, Tr. HI. 3 462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bon nombre de faits, où cette méthode m'a été fort utile, et, lorsqu'une intervention s'impose sur un malade anémié et déprimé, j'ai l'habitude de faire précéder l'opération d'une injection sous-cutanée de 400 à 500 grammes de sérum, injection que l’on répète au cours même de la séance opératoire, et que l’on renouvelle fréquemment durant les pre- mières Journées. Je veux me borner au lavage du sang dans les infections, et ajouter plusieurs faits à ceux que j'ai publiés au commencement de l’année (1). Voici d'abord un petit malade de dix-sept aus, dont l'histoire a été rap- portée à ce moment, et qui, aujourd'hui complètement guéri, est sorti de l’'hô- pital depuis plusieurs semaines : j'avais dù lui faire, le 5 octobre dernier, en pleine péritonite, une laparotomie, pour une rupture de l'intestin par coup de pied de cheval; le péritoine était souillé de matières fécales et de pus : l’intes- tin rompu fut suturé, et la cavité abdominale drainée. La siluation était déses- pérée. J'eus recours aux injections intra-veineuses massives, à raison de 4 litres environ par jour : en neuf jours, la quantité injectée s'éleva à 26 litres. La diurèse était très abondante et da diarrhée profuse. Au bout de ce temps, les accidents péritonitiques cédèrent, et notre opéré est aujourd’hui dans un état de santé très brillant. Les trois faits suivants me paraissent aussi probants. 1° Le premier est celui d'un jeune garcon de dix-sept ans, très malingre, entré le 17 mars dernier à l'hôpital Beaujon, pour une ostéomyélite aiguë du 1/3 supérieur du fémur gauche. Gros abcès sous-périostique, peu de pus dans l'épaisseur de l'os, qui est largement trépané. État général très alarmant: fièvre continue à 40 degrés; pouls petit el très fréquent; au bout de quelques jours, un abcès se développe au-devant de la première pièce du sternum, un autre en arrière du coude droit, tous deux sans lésion osseuse sous-jacente : le pus, examiné par M. Papillon, ne contient que du staphylococcus pyogenes aureus. Le 22 mars, on substitue, aux injections sous-cutanées de 8 à 900 grammes, deux injections intra-veineuses de 2 litres : la température tombe le soir à 370,4; le 23, 4 litres de sérum, température 38°,6; le 24, pas d'injection le matin; température, le soir, 39°,2, injection de 2 litres ; le 25, température 37,2, injection de 2 litres, que l’on répète encore le 26. En cinq jours, le petit malade a recu 14 litres de sérum. Dès lors, la partie est gagnée : l'état infectieux disparaît, les abcès se ferment régulièrement, le sommeil et l'appétit reviennent. Aujourd'hui, le redressement du membre inférieur, nécessité par une attitude vicieuse, prolonge seul le séjour au lit. 20 Un homme de cinquante-deux ans est écrasé par un train express dans la soirée du 24 mars 1896 : il a le pied droitet l’avant-bras gauche broyés, une large plaie à la région temporale gauche, des plaies contuses multiples, et (1) Les injections intra-veineuses de sérum artificiel à doses massives dans les infections. Presse médicale, 1896, n° 1, p. 1. SÉANCE DU 9 MAI 463 toute la surface du corps imprégnée de poussière de charbon. Dans la nuit, amputation du bras gauche; le lendemain matin, amputation de la jambe droite : le blessé est fébrile, pâle, terreux, anhélant : injection intra-veineuse de 2 litres de sérum. Le 25, température 38°,2, pouls extrêmement petit, frissons, délire : injection de 2 litres. Le 28, même état infectieux : 4 litres de sérum, en deux fois. Le 29, la fièvre et le délire continuent, bien qu'atténués : 4 I. 1/2 de sérum. Le 30, le pouls est bon, le délire a cessé : on suspend les injections: le délire reparait dans la nuit: dernière injection de 2 litres le 31. A partir de ce moment, les accidents disparaissent, la température tombe à 37,2, l’appétil revient. — Le blessé n'attend plus que ses deux appareils prothétiques, pour se lever. 3° Une jeune femme de vingt et un ans est opérée, le 14 avril dernier, d’un kyste de l'ovaire, de dimensions colossales, plusieurs fois ponctionné en province, et largement adhérent à la paroi et à l'intestin. Elle est très pâle, émaciée et dans un tel état de dépression, que l'opération n’est tentée qu'à titre de ressource suprême. Ovariotomie aussi rapide que possible, drainage à la Mickuliez. Le lendemain soir, à 7 heures, les mains sont froides, le pouls manque aux radiales, les traits sont tirés, les pommettes violacées, il y a eu des vomissements toute la journée, la température est montée à 38°,6, le ven- tre est douloureux. Une terminaison fatale parait imminente, à bref délai. Séance tenante, je pratique une injection intra-veineuse de 3 litres 1/2 de sé- rum ; à 10 heures, nouvelle injection de 2 litres, pratiquée, sur ma demande, par M. Bensaude, interne de garde. La nuit est assez tranquille ; Le lendemain, la malade est transformée, plus de vomissements, température 37°, pouls très bon. Dès lors, les accidents ne se reproduisent plus, et la malade se rétablit peu à peu. Les injections intra-veineuses massives sont donc susceptibles de fournir d'excellents résultats, et au début des grandes infections et dans les infections confirmées. Même dans les cas les plus désespérés, elles sont toujours suivies d'une période d’accalmie et d'une atténuation passagère des accidents : et l'on ne saurait faire fi de ces regains de vie et de résistance organique, qui peuvent permettre une intervention de salut. C'est surtout dans ces cas urgents que la voie intra-veineuse est préférable, en assurant une action plus rapide. Dans les conditions ordinaires, la voie sous-cutanée, utilisée par M. Sahli (de Berne) et récemment par M. Duret (de Lille), se prête à l'injection de quantités tout aussi considérables de sérum. Un élément nécessaire au succès du lavage du sang, c’est le bon fonctionnement des reins : nous en avons eu, chez deux malades, la preuve, pour ainsi dire, expérimentale; les injections n'avaient donné aucun résullat, la quantité d'urine n'était nullement accrue : à l'autopsie, les reins étaient tout petits et scléreux, et tous les viscères infiltrés. Nous ne réalisons pas, du reste, le lavage physiologique continu, tel 464 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que le pratiquait M. Dastre. En pratique, on s'en rapproche, en com binant les injections intra-veineuses, répétées deux fois par jour, avec les injections sous-cutanées, renouvelées toutes les deux heures. | Quant au mécanisme précis, il reste discutable, et l'étude expéri- mentale est à reprendre. Nous avons fait, dans le laboratoire el avec le bienveillant concours de M. Laborde, quelques recherches sur un petit nombre de chiens, en essayant de reproduire la technique du lavage du sang, tel que nous le praliquons chez l'homme. L'animal élait infecté, par voie intra-péritonéale, avec un mélange de bile de bœuf et de culture de coli-bacille, et l'injection intra-veineuse n'était pratiquée qu'au moment où l'état général paraissait gravement atteint. Sur lun de nos animaux, le résultat a été très frappant et comparable à ceux que l’on obtient chez l’homme; il nous à semblé aussi que, si l'injection intra-veineuse de sérum était faite immédiatement avant ou pen de temps après l’inoculation, elle devenait nocive et accélérait la marche du processus infectieux. Ces faits sont en trop petit nombre pour auto- riser la moindre déduction ferme. _ Mais les résultats obtenus en clinique, et l'étude que nous poursui- vons depuis six mois, sur les injections intra-veineuses massives dans les infections, nous semblent justifier les conclusions suivantes : 4° L’injection de sérum artificiel à dose massive est inoffensive. 99 Même dans les cas désespérés, elle retarde toujours la mort, assure des trêves utilisables. 3° Sous la réserve que les reins fonctionnent bien, elle donne, dans les infections, des succès inattendus, et mérite d'être érigée en méthode générale. Une infection grave, menacante à bref délai, peut être con- jurée ou atténuée par une injection massive de plusieurs litres; mais il est nécessaire, le plus souvent, de renouveler le lavage durant plusieurs jours, avec ténacité, et d'injecter une quantité totale considérable de liquide. Pour se rapprocher autant que possible du lavage proprement dit, ilest utile de combiner l'injection intra-veineuse avec les injections sous-cutanées, fréquemment répétées. % La voie utilisée importe peu, mais la voie intra-veineuse, inoffen- sive, du reste, et de technique simple, assure un résultat plus rapide, et doit être préférée dans les cas urgents. 5° Le mode d'action est encore mal déterminé et peut-être multiple; quoi qu'il en soit, il est utile de combiner la méthode des injections à tous les moyens propres à accroître la quantité de liquide qui traverse et « lave » l'organisme, aux boissons abondantes (sil n'y à pas de contre-indication abdominale), aux grands lavages de l’inteslin, ele. SÉANCE DU 9 MAI 465 REMARQUES SUR LES INJECTIONS DITES DE SÉRUM (A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. LEJARS), par M. A. CuaRRiN. Je crois pouvoir faire remarquer, à l’occasion de la communicalion de M. Lejars, communication relative aux services rendus par des injections intra-veineuses ou sous-cutanées de doses énormes de solu- tions salines pratiquées chez des blessés, que ces solutions aqueuses sont actuellement utilisées, dans une foule de cas, de différentes façons. — On introduit, parfois, des quantités considérables, 1 à 4 litres; on se sert, également, de proportions moindres, un dixième, un quart, un demi-litre; on a recours, dans d’autres circonstances, à quelques centimètres cubes. — Avec Cassin, j'ai montré que ces volumes minimes permeltaient de retarder la mort des animaux infectés par un microbe, ou intoxiqués par des sécrétions bactériennes ; une survie de quelques heures, de 2, de 3 jours, s'obtient assez aisément ; une survie complète, à moins d'une virulence spéciale, d’une re inusitée, est excep- tionnelle (1). — Or, suivant qu'on a recours à tel ou tel de ces procédés, on détermine des effets différents; on met, en somme, en œuvre des méthodes absolument distinctes qu'il convient d'étudier de plus en plus, car, en présence des résultats en général satisfaisants, il n’y aura bientôt plus un seul accoucheur, un seul chirurgien, un seul médecin qui ne se soit adressé à ces agents; il importe, dès lors, de dégager ce qu'il peut y avoir d'utile dans ces procédés, comme d’écarter les côtés nuisibles. Les uns croient opérer cette sorte de lavage de l'économie que s’efforcaient de réaliser, il y a environ dix ans, Dastre et Loye; les autres, abaïssant de plusieurs milliers à quelques centaines de centi- mètres cubes la totalité du liquide administré, s'imaginent faire pénétrer, sous une forme chimique, des aliments primordiaux, sans se préoccuper autrement des conditions de l'assimilation. Pour ma part, j'ai noté, — au point de vue expérimental pur, — j'ai noté la diurèse, un flux intestinal intense, une élimination activée, puis, avec des nuances en rapport avec les techniques en jeu, un accroisse- ment de l’urée, des oscillations thermiques, des mouvements de la pres- sion moins accentués souvent qu'on ne pourrait le prévoir. — On à indiqué des inégalilés, rapides à se manifester, dans la richesse globu- laire du sang; on a soutenu que ces phénomènes étaient en partie indé- pendants de la nature des sels dissous; divers auteurs ont signalé ces particularités, qui ne sont qu'une fraction des phénomènes déterminés. (4) La solution employée comprenait 10 de sulfate de soude, 5 de phos- phats de soude, 2 de chlorure de sodium, 100 d'eau; on l'injectait sous la peau, À à 3 centimètres cubes. 466 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Peut-être, à se baser sur quelques résultats que j'ai enregistrés avec Cassin, peut-être, puisque la dialyse atténue les toxines, peut-être faut-il compter avec les modifications de l’osmose, conséquences des change- ments de densité, de minéralisation; peut-être faut-il compter avec la fixation, la précipitation de certains produits toxiques, plus encore, conformément à ce que j'ai vu, avec des incitations des neurones. Entre le mode d'action de ces solutions et celui des sérums des êtres immunisés, en passant par l'humeur normale, physiologique, prise dans le sang coagulé, il existe toute une gamme de propriétés, en dehors, bien entendu, des attributs spécifiques. Malgré les ressemblances reliant ces composés, les différences sont telles qu'il est permis de remarquer que c'est par un étrange abus de langage que l’on désigne ces solutions sous la dénomination de sérums : à l'heure actuelle, ces solutions, ces sérums sont entre les mains de tous ; on s'expose, gräce à ces identités dans les termes, à favoriser des confusions, des erreurs, spécialement au point de vue de la toxicité. On rapporte, par exemple, qu’on a poussé, dans les veines, de 2 à 4 litres de cette eau salée, minéralisée; or, un animal, un homme n'aurait pu tolérer une pareille quantité de vrai sérum, par la raison simple que la mort serait survenue bien avant la fin de cette opération. Au cours de quelques discussions, on semble avoir eu une étrange conception, relativement à la composition d’un produit aussi fondamental que le sérum; on à paru le tenir uniquement pour une solution aqueuse, plus ou moins pourvue d'éléments minéraux; on a, en parlie, oublié ses effets toxiques, pourlant classiques, son pouvoir de précipitation, les ferments, parfois thermogènes, qu'il contient ; on a quelque peu oublié la sérine, les globulines, longuement étudiées par Hammarsten ; on à laissé dans l'ombre ces principes si voisins des albumoses offensives, si proches des diastases, qui agissent soit directement, de suite, soit en provoquant des modifications à conséquences plus ou moins lointaines. Ces faits sont connus de tous les chercheurs. — En demeurant sur le terrain de la physiologie, sans vouloir toucher à un titre quelconque à la question du traitement par les sérums des vaccinés, il est permis d'affirmer que rien ne saurait prévaloir contre ces notions; aussi, est-il à peine suffisant d'accoler à ce mot de sérum cette épithète d’artifictel, pour ne pas confondre des composés qui n’ont entre eux que desanalogies chimiques ou fonctionnelles des plus rudimentaires. L'intérêt, l'actualité du sujet, l'usage, de plus en plus répandu, depuis six à huit ans, de ces liquides, justifient ces distinctions. Le sérum est une humeur lrop nettement définie en physiologie, surtout trop toxique, pour que, dans le langage vraiment scientifique, on continue, en dépit des qualificatifs, à désigner, sous ce nom, de pures solutions aqueuses minéralisées. SÉANCE DU 9 MAI 467 NOUVEAU CAS D'IDIOTIE AVEC CACHEXIE PACHYDERMIQUE (MYXODÈME INFAN- TILE) : AVANT LE TRAITEMENT PAR L'INGESTION STOMACALE DE GLANDE THYROÏDE, par M. BOURNEVILLE. Nous avons fait, à la séance du 18 janvier de la Société, une communi- cation sur l'Action de la glande thyroïde sur la croissance et sur l'obésité. À ce propos, nous avons rappelé nos recherches sur le Traitement thy- roidien de l'idiotie myxædémateuse qui avaient été le point de départ de notre travail. Nos dires ont paru intéresser nos collègues. Aussi, afin de les mettre mieux en mesure de se rendre compte par eux-mêmes des effets physiologiques et thérapeutiques de l'ingestion par la voie stoma- cale de la glande thyroïde sur le myxœdème infantile, nous vous pré- sentons un exemple typique de cette maladie. Vous allez en constater vous-mêmes les principaux symptômes. Le traitement commencera ce soir et alors qu'il se sera produit des changements sérieux, nous vous ramènerons la petite malade. Après avoir résumé, en une sorte de sommaire son histoire familiale el personnelle, nous décrirons son éfat actuel. Gon... est née dans le département de la Seine, le 15 juillet 1892, Antécédents héréditaires. — Père, grand, fort, bien portant, sobre ; aucun accident nerveux ou vénérien. — Grand'mère paternelle migraineuse. — Ar- rière-grand-père paternel mort à quatre-vingt-quatre ans, d’un coup de sang. — Arrière-grand mère paternelle, morte à soixante-dix-huit ans, paralysée. — Autre arrière-grand mère maternelle morte d'un cancer du sein. — Cousine à un degré éloigné arriérée. Mère, crises nerveuses de dix-neuf à vingt-six ans. — Grand-père maternel, excès de boisson, mort aliéné. — Arrière-grand-père, eæcès de boisson. — Arrière- grand'mère, morte poitrinaire (?). — Second arrière-grand-père, atteint de tremblement, suicidé à soixante-quatorze ans. — Deux oncles maternels, morts de la poitrine. — Tante maternelle, danse de Saint-Guy dans l'enfance; crises hystériques. Pas de consanguinité. — Inégalité d'âge de 3 mois. Antécédents personnels. — Conception et grossesse, rien de particulier. — Accouchement trois semaines avant terme, — Asphyxie à la naissance, due au volume de la tête qui est restée longtemps au passage; ongles peu ou pas for- més. — Teinte subictérique de huit jours à deux mois. — Hernie ombilicale constatée au quinzième jour (bandage). — Jamais de convulsions. — Elevée au sein par sa mère jusqu'à quinze mois, — Cri aigre. — Crasses du cuir chevelu. L'hérédilé, comme on le voit, est assez chargée des deux côtés, pater- nel et maternel, Mais elle ne diffère guère de celle qu'on rencontre dans un grand nombre de cas d’idiotie, autres que l’idiolie myxædéma- teuse. En ce qui concerne l'enfant elle-même, nous n'avons à noter que 468 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la naissance un peu avant terme et l’asphyxie, d’ailleurs passagère. Rien ne nous fournit une cause très nette de l'affection de l'enfant. État actuel. — L'aspect général de l'enfant ne laisse aucun doute sur la réalité du myxædème infantile : idiotie, décelée par la physionomie ; nanisme, obésité, cachexie pachydermique, absence de la glande thyroïde. La fête est brachycéphale. Les cheveux sont longs, châtain roux; le cuir chevelu est le siège de pellicules et de crasses. La fontanelle antérieure, ainsi que cela est la règle dans les cas de ce genre, persiste. La face est plutôt carrée : frout bombé, arcades sourcilières déprimées, paupières gonflées, rétré- cissant les yeux ; nez camus (les parents ont le nez aquilin); joues gonflées, Jlipomateuses; lèvres volumineuses ; bouche entr'ouverte; langue hypertrophiée dans tous les sens, faisant saillie au dehors ; dentition incomplète ; menton court, aplati, lipomateux ; oreilles décolorées. Cou très court, gros; pas de glande thyroïde ; pseudo-lipomes sus et sous-cla- viculaires. Tronc assez long, large. Ventre de batracien; petite hernie ombilicale, acei- dent commun chez ces malades. Déformation du rachis; ensellure très pro- : noncée de la région lombaire. Saillie exagérée des fesses. Membres supérieurs et inférieurs gros, courts, incurvés. Elat pachydermique des mains et des pieds. Ongles petits, poussant lentement. Peau pâle, cireuse, sèche, sans transpiration habituelle, sauf quelquefois aux mains. Développement exagéré du tissu adipeux formant des pseudo - hpomes ou des lipomes diffus. Circulation : pouls petit; battements du cœur à 112; souffle intense au premier temps à la base; cyanose des lèvres, de la langue, des mains, des pieds. — Respiration toujours gênée, sans râles. — Cri aigre, rauque. Digestion : L'enfant ne prend que du lait ; bave, constipation habituelle ; pas de chute du rectum, accident fréquent chez ces malades ; gâtisme. Sensibilité vive au froid. Vue et ouïe, normales. Température rectale oscillant d'ordinaire entre 36 et 37 degrés. — Physionomie caractéristique, exprimant une obnubilation profonde de l'intelligence; toutefois, on peut fixer l'attention ; la mémoire existe; G... reconnaît ses parents, les personnes qui la soignent, semble relativement affectueuse, sourit parfois. Parole absente. Marche impossible ainsi que la station verticale. Préhension, très défec- tueuse. — Poids : le 29 avril, 11 kilogrammes; le 8 mai, 11 kil. 100. — Taille : 0,68 aux mêmes dates. Telle est, dans ses grandes lignes, la situation de l'enfant, ainsi que vous le montrent l'examen direct et les différentes photographies que nous placons sous vos yeux. Si nos prévisions, basées sur les faits antérieurs, se réalisent, vous constaterez, chez cette enfant, une véritable transformation, après le {railement thyroïdien . NS Ur VAN LUE | SÉANCE DU 9 MAI 469 SUR LE Pentastomum constriclum SIEBOLD, PARASITE DU FOIE DES NÈGRES, par M. ALFRED GIARD. MM. les DS E. Marchoux et Clouard, médecins des colonies, m'ont en- voyé, il y aquelques jours, des kystes du foie de l’homme, contenant. des parasites dans lesquels j'ai reconnu immédiatement le curieux arachnide décrit par Siebold (1852), sous le nom de Pentastomum cons- trictum (1). L'observation de MM. Marchoux et Clouard est intéressante à plusieurs points de vue. En voici le résumé : Le tirailleur sénégalais, porteur des parasites en question, faisait partie d'un conÿoi de 200 hommes récemment arrivé à Saint-Louis, après avoir navigué de Kayes à Saint-Louis (plus de 800 kilomètres) en descendant le fleuve sur des chalands trainés à la cordelle, trop bas pour permettre la station debout et où les passagers sont trop nom- breux pour pouvoir se coucher. Le voyage, qui dure quarante jours, est donc très fatigant. De plus, on arrive d’une région très chaude dans une région relativement froide (16 à 18 degrés la nuit avec grand vent), aussi les noirs souffrent-ils beaucoup. Vingt-deux hommes avaient dû être laissés dans les diverses ambu- lances du fleuve, par suite d’une épidémie de pneumonie, et une quin- zaine sont entrés à l'hôpital, le jour de l’arrivée à Saint-Louis. Le tirail- leur, sujet de la présente observation, après avoir passé deux jours à la caserne en bonne santé apparente, tomba brusquement dans les rangs; il fut envoyé à l'hôpital avec les symptômes d’une méningite aiguë et mourut la nuit suivante. A l’autopsie, le foie présentait à sa surface des sortes de cicatrices arrondies, correspondant à autant de kystes. Les plus profonds n'étaient pas situés à plus de 2 à 3 centimètres dans les tissus. Il y avait égale- ment beaucoup de kystes dans l'épaisseur du mésentère, tout le long de l'intestin, mais surtout aux environs du c:cum. La rate et les autres organes abdominaux n'en contenaient pas. Ils avaient l'aspect normal; les poumons et le cœur étaient sains. En ouvrant la boile cranienne, on constata l'existence d'une suppura - tion abondante du sinus frontal gauche, qui était très développé. La cause de la mort était une méningite suppurée qui occupait toute la convexité des deux hémisphères. L'examen au microscope laissait voir, aussi bien dans le liquide du sinus que dans le pus des méninges, un (1) Zeilschr. f. wiss. Zool., Bd IV, Taf V, fig. 19. 470 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diplocoque encapsulé que les cultures ont démontré être le pneumo- coque de Talamon-Frænkel. Le parasite extrait des kystes, examiné à l'état frais, mesurait 18 à 22 millimètres de long sur 2 à 3 millimètres de large vers son milieu. Il était lentement mobile et s’enroulait sur lui-même quand on l’allon- geait. Une des deux extrémités se terminait en pointe arrondie et rap- pelait assez bien l'extrémité d’un petit cylindre de baudruche gonflé d'air. L'autre extrémité (l'antérieure), plus volumineuse, était munie de quatre appendices en forme de crochets et disposés symétriquement. Ils étaient doués de mouvement et se repliaient alternativement. Ils se détachaient en jaune verdâtre sur le fond blanc nacré. Dans l'alcool, ce parasite est d’un blanc d'ivoire sur lequel les crochets se distinguent par leur teinte jaune ambré. Les constrictions du corps si caractéristiques de cette espèce sont au nombre de seize à vingt. Nos échantillons sont plus grands que ceux étudiés par Siebold. Le Pentastomum constrictum appartient à une section du genre Pentasto- mum très différente de celle dont le P. rhinarium ou tænioides est le type. Il se rapproche plutôt des P. proboscideum et 2. subcylindricum, si bien étudiés par Stiles (1). On sait que le P. rhinarium passe son existence dans deux hôtes différents. Enkysté dans le foie du lapin (assez souvent même dans le foie de l’homme en certaines régions de l'Allemagne), il arrive à l’état adulte dans les fosses nasales d’un carnivore (loup, chien, etc,) par une migration dont les détails ne sont pas encore suffisamment précisés. On admet, généralement, que le P. constrictum doit présenter les mêmes particularités éthologiques, bien qu'on ignore quels sont ses hôtes normaux. Les cas où on l’a rencontré chez l'homme, sont d’ailleurs très peu nombreux. Celui qui fait l’objet de cette note est, à ce que je crois, le sixième seulement. Des observations anciennes de Gerlach, d’autres plus récentes de J. Chatin (2) sur un Pentastome des crocodiles tendraient à prouver que dans certains cas l’évolution de ces parasites pourrait se faire complè- tement dans le même hôte et sans migrations. Les faits indiqués par MM. Marchoux et Clouard nous paraissent instructifs à cet égard. « Notre tirailleur, nous écrivent-ils, vivait très bien avec ses parasites qui ne le gênaient sans doute guère. Il a contracté la maladie dont il est mort à bord du chaland où ila eu peut-être une pneumonie qui a passé inaperçue et qui, dans tous les cas, n’a pas laissé de traces aux poumons. (1) Stiles. Bau und Entwick. von P. proboscideum.Rudund P. subeylindricum. Dies (Zeütschr. f. wiss. Zool., t. LIT, 1891, p. 85-158. PL. VIT und VIII). (2) J. Chatin. Notes anat. sur une linguatule chez Alligator lucius (Ann. Sciences nal., Zool., 1882, 23 pages, t. XIV, fig. 1-10. SÉANCE DU 9 MAI 471 ———— Ou bien la suppuration du sinus frontal à été l’accident primitif. Tou- jours est-il que c’est de là qu'est partie l'infection qui a gagné les méninges. » Je pense qu'il faut abandonner complètement la première hypothèse que l’état d'intégrité des poumons rend d'ailleurs très peu vraisem- blable. Mais il me paraît bien probable que l'infection du sinus frontal par le pneumocoque a été facilitée et préparée par l'inflammation pro- bable de ce sinus que MM. Marchoux et Clouard ont trouvé très déve- loppé. Or, cette inflammation peut être attribuée, avec une certaine vrai- semblance à l'existence dans cette cavité d'un ou plusieurs Pentastomes qui ont été sans doute expulsés par le malade au moment où la suppu- ration s'est établie. Evidemment, pour être affirmatif, il eût été bon de connaître plus exactement les antécédents du malade et il eût fallu tout au moins constater l'expulsion de parasites par les fosses nasales ; mais telle qu'elle nous est donnée, l'intéressante observation de MM. Marchoux et Clouard fournit des indications dont il conviendra de tenir compte. Le P. constrictum a été trouvé chez les nègres, d’abord en Egypte, par Pruner et Bilharz (1). Depuis, Crawford l’a rencontré également sur la côte occidentale d'Afrique à Bathurst (Gambie), localité la plus rap- prochée de Saint-Louis (2). RELACHEMENT DES MUSCLES DANS L'HÉMIPLÉGIE ORGANIQUE, par M. J. BaBinskr. J'ai observé, dans plusieurs cas d'hémiplégie et de monoplégie bra- chiale dues à une lésion de l’encéphale, un relâchement des muscles qui se manifeste par la possibilité de faire exécuter aux membres paralysés certains mouvements passifs d'une étendue plus grande qu'aux mem- bres du côté sain. — Mes observatiopns ont porté particulièrement sur le mouvement de flexion de l’avant-bras et du bras. Voici d’une manière plus précise en quoi consiste le phénomène en question : quand on imprime à l’avant-bras placé en supination un mouvement passif de flexion sur le bras et qu'on cherche à appliquer ainsi ces deux segments du membre supérieur l’un sur l’autre aussi fortement qu'il est possible de le faire sans provoquer de douleur et en déployant de part et d’autre (4) Bilharz. Ueber Pentastomum constrictum (Zeitsch. f.1wiss. Zool., t. VIT, 1856, p. 329, vol, XVII B, fig. 4-5) — Zusatz von Prof. v. Siebold, ibid., p. 330-331. (2) Aitken. On the occurrence of Pent. constrictum in the human body, etc. (Science and practice of Medicine, 4° éd., 7 pages, 5 fig. 472 SOCIÉÈTÉ DE BIOLOGIE la même énergie, on constate, en comparant les deux côtés l'un à l’autre, que le degré de flexion est plus grand du côté paralysé. J'ai observé d'abord ce phénomène dans des cas d’hémiplégie récente, flasque, sans exagération ou avec affaiblissement des réflexes tendi- neux. Le premier malade sur lequel j'ai vu nettement ce trouble était atteint d'une monoplégie brachiale qui remontait à quelques jours; le réflexe du tendon du triceps brachial était presque aboli. Je l'ai constaté chez une femme qui était atteinte d'hémiplégie depuis vingt heures seulement. Le relâchement des muscles se manifestait encore chez cette malade par une chute du pied et de la main : lorsque les jambes étaient pendantes, l'angle que forme le pied avec la jambe était plus grand du côté paralysé; quand l’avant-bras était maintenu dans la position horizontale et en pronation, la flexion de la main était aussi plus accentuée de ce côté. Dans ce cas, le réflexe du triceps bra- chial était à peu près égal des deux côtés ; le réflexe rotulien était un peu plus fort du côté malade (1). Dans ces divers cas, il n’y avait pas d'amyotrophie. J'ai constaté ensuite ce même phénomène sur quelques malades atteints d’ hémiplégie de plusieurs mois de durée, avec exagération des réflexes tendineux. Ce trouble me parait du même ordre que l’abaissement de la commis- sure labiale qu'on observe dans l’hémiplégie organique ; il est dû sans doute à un affaiblissement de la tonicité des muscles. A ce sujet, je ferai remarquer que s'il est facile de concevoir l'association de ce trouble à un affaiblissement des réflexes tendineux, il peut paraitre au moins singulier d'observer Le relàchement des muscles dans un membre dont les réflexes tendineux sont exagérés. Dans les divers cas d'hémiplégie hystérique que j'ai i observés depuis que mon attention à été dirigée dans ce sens, ce phénomène à fait défaut et je suis porté à croire, sans vouloir loutefois être d'ores et déjà affirmatif à cet égard, que c’est là un signe qui peut servir à distinguer l’hémiplégie et la monoplégie brachiale organiques, de l'hémiplégie et de la monoplégie brachiale hystériques. (4) J'ai constaté aussi, chez cette malade, la modification particulière du réflexe plantaire sur laquelle j'ai récemment attiré l’attention de la Société (séance du 22 février 1896) et que je proposais de dénommer le phénomène des orteils; la piqûre ou le chatouillement de la plante du pied provoquait du côté sain, comme cela a lieu d'habitude à l’état normal chez l'adulte, une flexion des orteils sur le métatarse et une extension du côté paralysé. di SÉANCE DU 9 MAI 473 SUR LA VALEUR ANTISEPTIQUE DU BENZÈNE, par MM. Cuassevanr et Gor. Au nombre des procédés nombreux proposés pour la désinfection des vètements, étoffes, fourrures, etc., il en est un qui consiste à mettre en contact les objets avec du benzène impur ou benzine du commerce, et cela pendant une durée variable selon les procédés, et à les sécher ensuite, soit à la température ambiante, soit à des températures plus élevées, et en particulier, pour un industriel de Paris, à 70 degrés cen- tigrades et en présence de l’air. D'après des observations de M. A. Chassevant, communiquées à cette Société, la valeur antiseptique du benzène avait paru perdre une bonne part de sa réputation. Nous avons entrepris une série d'expériences pour vérifier ces premières constatations. Les benzines employées ont été des benzines du commerce. Le chauffage à été fait dans une étuve à huile (d'Arsonval). L'étoffe (de la flanelle), découpée en morceaux de 0,04 sur 0,02 environ, était fixée autour d'un petit tube de verre (large de 0,007, long de 0,05) à l’aide d’un fil de lin, ce petit appareil, placé dans un tube à essai, contenant 10 centimètres cubes de bouillon peptone, stéri- lisé à l'autoclave. On ensemencait ensuite le bouillon, et, après 48 heures de culture à 33 degrés centigrades, on retirait le petit tube habillé pour le laisser sécher à 33 degrés, dans un manchon de verre, fermé aux deux bouts par des tampons d'ouate. Ce séchage était parfait après 48 heures. Les tubes habillés étaient alors soumis à l’action des différentes ben- zines et séchés, soit à 33 degrés, soit à 70 degrés, la durée du séjour dans l’étuve variant selon les expériences. Après cela, les tubes habillés remis dans du bouillon stérile, donnaient, ou non, une culture. Les cul- tures qui se montraient étaient identifiées par les procédés connus. Des témoins participaient à toutes les manipulalions, sauf celles où l’on uti- lisait l'action de la benzine. Nos expériences ont porté sur plusieurs microbes, elles ont été suivies sur le bacille charbonneux et le bacteriuin coli commune. Pour le charbon (culture virulente de charbon âgée de 2 jours), — le séjour de 1/2 heure à 1! heure dans les benzines, — le séchage à 33 degrés, l’action d'une température de 70 degrés pendant 24 heures, pendant 48 heures, — n’ont pas empêchéle développement du microbe replacé dans un milieu convenable. Le charbon, soumis à l'action de la benzine lourde, à présenté un léger retard et une moins grande richesse de culture que l’autre. - Toutes conditions égales, d’ailleurs, le charbon qui est resté 48 heures à 70 degrés s'est montré moins virulent que celui qui n'y a séjourné que 24 heures. 47% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a Pour le bacterium coli commune (coli mobile provenant d’un abeès), — l’action des benzines., 1/2 heure, 1 heure et 24 heures, — suivie de l’ac- tion de la chaleur (24 heures à 70 degrés), — n'ont pas empêché la pul- lulation du microbe replacé dans le bouillon peptone. Le séjour dans l'étuve à 70 degrés, en présence de l'air, — au delà de 48 heures, — enlève au microbe la faculté de pousser, et le tue, qu'il y ait eu ou non action préalable de la benzine. En résumé, le contact du benzène prolongé de 1/2 heure à 24 heures, et suivi de l’action de la chaleur à 70 degrés, en présence de l'air, pendant 24 heures, ne semble pas avoir d'action antiseptique. Les modifications apportées à la végétabilité des microbes par le séjour dans l’étuve à 70 degrés sont les mêmes, qu'il y ait eu ou non action préalable des benzines. — Dans quelques cas où on a eu des dif- férences, elles étaient extrèmement faibles. L'effet produit par les benzines commerciales sur les microbes semble dû à d’autres hydrocarbures que le benzène; — cet effet n’est pas anli- septique, tout au plus retarde-t-il la végétation. ACTION DES INHALATIONS CHLOROFORMIQUES SUR L'ÉLIMINATION DE L'AZOTE PAR LES URINES, par M. E. VipaL. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) : Dès 1893, nous eûmes l'occasion de vérifier les faits que venait de signaler M. Lucas-Championnière, relatifs à la décharge d'urée consécu- tive aux opérations pratiquées sur l’homme. Nous examinämes les urines d’une malade soumise à une simple chloroformisation exploratrice. La décharge d’urée se produisit tout conme après un traumatisme opéraloire. Le chloroforme absorbé par la voie pulmonaire semblait, dès lors, provoquer, du moins en partie, les modifications de l’excrétion azotée après les opérations. M. Reynier émit cette hypothèse à la Société de chirurgie ; MM. Heymans et Debück ont, d’ailleurs, signalé en 1895, des faits analogues après injection sous-cutanée de chloroforme chez l'animal. Nous avons pu, chez l’homme, observer cinq cas semblables au précédent. Dans quatre de ces chloroformisations exploratrices, la composilion de la ration alimentaire a pu être connue, de facon à donner la valeur approchée de l'azote des ingesta, condition de première nécessité en l'espèce. De SÉANCE DU 9 MAI 47 Chloroformisations pour exploration chirurgicale. (Femmes. JOURNÉE JOUR 1er Jour 2e JOUR 3° JOUR N° précédente. de l’anesthésie. après. après. après. des eme CS CS D GR 2 D RE OBS. riences. Az Az AZ Az Az Az Az AZ AZ Az ingéré. éliminé. ingéré. éliminé. ingéré. éliminé. ingéré. éliminé. ingéré. éliminé. 1 1935» 1088 78» 1982 Ses 1787 935 833 ») » S 2 RÉAN P R OIST D ES MO DEA SN TIG D ASS A5) pe 42: 9 = 3 JÉDAEIOIN 4 3 FU TN Mau la El CARE E182 9 8 8 à = 4 11 » 9 4 Youissement, 10 3 13 » 20 5 11 » 22 6 10 » ROUES ? Urée: ? rca D OUréer CT RUrée 0 07 Urée : ee D 1482 1053 1981 2856 1551 = Les dosages portent sur la lotalité des urines de vingt-quatre heures. Il ressort de ce tableau que l'administration du chloroforme en vapeurs provoque d'ordinaire une décharge azotée, d'intensité variable, qui peut attendre le double et au delà de l'azote ingéré, et dont le maxi- mum se montre soit le premier, soit plutôt le second jour après celui de l’anesthésie. Dans d’autres cas où l’acte opératoire a suivi l’anesthésie, l'intensité de l'élimination azotée ne nous a pas semblé dépendre beaucoup de la nature de cet acte. Des opérations avec minimum de résorption de liquides épanchés (panaris profonds, amputation des phalanges, ongles incarnés), nous ont montré, parfois, une décharge aussi considérable que nombre d'interventions sur les organes abdominaux. Quant à l'in- fluence de la durée de l’anesthésie ou du titre du mélange anesthësique, nous nous proposons d'y revenir sous peu. Nous avons cherché à vérifier ces faits par des expériences sur les ani- maux. Les lapins refusant d'ordinaire une partie de leur nourriture après administration de l’anesthésique, nous avons dû renoncer à les maintenir à la ration d'entretien et recourir à l’inanition absolue. Après trois jours de jeûne, chez des lapins recevant auparavant une ration «ad libilum, nous avons vu, comme M. Heymans, le taux de l’urée et de l'azote s’abaisser assez régulièrement pendant cinq jours au mini- munm. Pour plus de sûreté, au groupe de quatre lapins en expérience était joint un nombre égal d'animaux placés dans des conditions identiques. et les dosages étaient exécutés sur la totalité des urines de chaque groupe. L'azote total était dosé par la méthode de Kjeldahl-Denigès, après élimination de l'albumine, presque constante chez les lapins en inanition, abondante s'ils sont soumis aux inhalations chloroformiques. 476 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ANIMAUX EN EXPÉRIENCE ANIMAUX TÉMOINS A TR JOURS AZ TOTAL JOURS AZ TOTAL du par OBSERVATIONS. . du par jeûne. kilogr. jeune. kilogr. 4 jour, 08721 ) Avant le chloro- 497 JON TT TUE 08690 5e jour. 0 690 ÿ forme. GE jour: 2 ATEN 0 670 6e jour. 2 09 20 gr. CH CE en 30! PR TJOUT, FR 0 0 596 sous cloche, Te jour. 2 321 1° jour après l'a- HPATOUT >: TERRE 0° 570 HÉSE] , 8e jour. 0 832 jour après la- SE NJOUT A URLS 0 502 Re Une seconde série a fourni des résultats analogues. Combien de temps après l'inhalation commence l'élimination azotée? Nous avons essayé de résoudre la question au moyen d'un appareil recueillant l'urine, au sortir des uretères d'un chien, dans une solution d'hypobromite de sodium, qui décompose l'urée et quelques autres substances azotées en petite quantité (1). (Il ne s’agit point ici d’un dosage d'urée rigoureux, mais du sens d’un phénomène.) L'appareil est disposé de façon à fournir un graphique de la marche de cette décomposition. L'animal en inanition (4° jour), morphiné légèrement, maintenu à température constante, fournit pendant deux heures un tracé à peu près régulier qui donne la normale de son excrétion. Puis, il inhale du chloroforme. Pas d'agitation. Moins de quinze minutes après le début des inhalations, la courbe commence à monter d'une facon continue, quoique un peu irrégulière, jusqu'à la fin de l'expérience : Chien de 16 kilogr. Heures des dosages, 12130 41 4h30 2h [2h30 3b 3:30 4h 4h30 5h 5h30 Urée par heure pour 16 kilogr. . . . . 0,45 0,458 0,44 EL mit 0,56 0,606 0,58 0,68 0,69 0,70 10 gr. en 10. ‘Tout l'azote dégagé a été réduit en urée. Des expériences similaires ont donné les mèmes résultats. Ainsi, nous avons pu démontrer que sous l'influence des vapeurs de chloroforme, il se fait une désassimilation active et rapide des maté- riaux azotés qui contraste avec le ralentissement des combustions des hydrates de carbone admis par la plupart des auteurs. Nous nous proposons de revenir ultérieurement sur le mécanisme et la cause de ces phénomènes, ainsi que sur l’action à ce point de vue de quelques autres anesthésiques. (1) Principe indiqué autrefois par M. d'Arsonval. T'NTTIN ET PAT A lé éme nn ut ml nes d'est Le. | > ais mn énite «Dé . La de, À APRES TT PETER PS RE ni 'oT: 5 de 7 ds tattanutinth ut éui 7 HA) SÉANCE DU 9 Mal 411 NOTE SUR L'EXISTENCE D'UN VESTIGE DE CLAVICULE CHEZ LES PACHYDERMES, LES RUMINANTS ET LES SOLIPÈDES DOMESTIQUES, par M. X. LESBRE, Professeur d'anatomie à l'École vétérinaire de Lyon. Les auteurs d'anatomie comparée, depuis Cuvier, s'entendent à dire que « la clavicule manque entièrement dans tous les animaux à sabots, tels que pachydermes, ruminants et solipèdes ». Je désirerais relever ce que cette affirmation a de trop absolu et démontrer que, en ce qui concerne du moins les espèces domestiques des groupes susnommés, il existe un vestige de elavicule, etqu'il en est de cet os comme des côtes abdominales, c’est-à-dire qu'il est susceptible de rétrocéder à l’état de simple intersection musculaire fibreuse. Je rappellerai d'abord que la locomotion quadrupédale entraine généralement l’aplatissement latéral du thorax, le rapprochement des épäules par leur angle huméral, leur allongement dorso-ventral et leur mobilisation plus grande sur la paroi costale ; la clavicule est moins fixe; elle s’atrophie plus où moins, au point de ne laisser parfois, comme on va le voir, que des traces difficilement perceptibles. Les muscles participent naturellement à cette adaptation : La portion supérieure du grand pectoral, ne trouvant plus de point fixe sur la clavicule, concentre ses insertions sur le sternum et consti- tue un muscle tout à fait indépendant désigné en anatomie vétérinaire sous le nom de sterno-huméral. Les portions claviculaires du trapèze et du deltoïde sont entrainées, pour ainsi dire, vers le sternum, par suite de la convergence des épaules, et séparées du restant de ces muscles. | La portion claviculaire du träpèze vient chevaucher sur le cléido- mastoïdien, en s’unissant plus ou moins à lui. La portion claviculaire du deltoïde s'ajoute bout à bout aux deux muscles précédents, et ainsi se constitue ce muscle complexe, étendu de la tête à la partie inférieure de l'humérus, que l’on désigne en anatomie comparée sous le nom de mastoido-huméral où huméro-mastoïdien. C'est à l'endroit où les éléments précités de ce muscle s'ajoutent bout à bout, que l’on trouve la clavicule, comme une intersection transverse que l’on suit plus ou moins aisément, d'une part, vers l'angle de l'épaule, d'autre part, vers l'extrémité antérieure du sternum. — Cette clavicule est encore passablement développée dans le lapin et le chat; elle est tout à fait rudimentaire chez le chien; enfin ce n’est plus qu'un raphé fibreux chez le pore, les ruminants et les solipèdes. L'intersection claviculaire du mastoïdo-huméral du pore est très Biococie. COMPTES RENDUS, — 106 sfnte, 7. HT. 3 RES, Ce RS SN bel “rubis em] = PR) cu * SE Se EE 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE manifeste; elle a été déjà figurée dans le Traité d'anatomie vétérinaire de Ludw. Franck. Jusqu'à preuve du contraire, je crois être le pre- mier à signaler cette même intersection chez les ruminants et chez les solipèdes. En général, elle n’est pas visible extérieurement, et les fibres du mastoïdo-huméral paraissent être indiscontinues; mais on la découvre aisément en pratiquant des sections longitudinales de ce muscle, au-devant de la pointe de l’épaule : on voit alors sur la coupe une sorte de raphé traversant son épaisseur en décrivant une double inflexion en w. Dans les solipèdes, ce raphé est particulièrement mince, et on ne le trouve pas toujours. La trace d'une clavicule, chez des quadrupèdes ongulés, dont les membres fonctionnent comme de simples colonnes de support, est une preuve nouvelle à ajouter à beaucoup d’autres en faveur de la théorie évolutionniste. SUR UNE ANOMALIE NOUVELLE DES MUSCLES DE L'ŒIL, par M. Louis BLANC. Nous avons rencontré deux fois, sur le cheval, une anomalie singulière des muscles de l'œil : cette conformation, qui n’a pas encore été signalée, à notre connaissance tout au moins, tend à donner au muscle petit oblique la disposition anatomique du grand oblique. Chez un premier sujet, dont une seule orbite a pu être disséquée, le droit interne se divisait, dès son origine, en deux faisceaux également colorés : le faisceau inférieur, moitié plus petit que le supérieur, au lieu : de se rendre au globe oculaire, déviait un peu en dedans et en bas, pour se terminer par une courte aponévrose sur l'insertion fine du petit oblique. L'ensemble de ce faisceau aberrant et du muscle petit oblique avait l’apparence exacte du grañd oblique ; mais la poulie manquait, et les deux faisceaux étaient bien séparés au niveau de leur insertion commune. Chez un second sujet, nous avons trouvé, à droite, une disposition identique à celle qui vient d'être décrite; à gauche, le faisceau aberrant du côté droit était plus grêle, et se perdait dans le tissu conjonctif, un peu avant d’avoir atteint l'insertion fine du petit oblique. Les conditions dans lesquelles ces constatations ont été faites ne nous ont pas permis de rechercher le mode d'’innervation de ce faisceau surnuméraire, mais il est certain, d’une part, qu'il était innervé et se contractait, car il ne présentait aucun indice de dégénérescence, — et en second lieu, qu'il recevait un rameau de l’oculo-moteur commun, nerf du petit oblique et du droit interne, c’est-à-dire des deux museles dont ce faisceau faisait partie presque intégrante. Fe RES te TE SÉANCE DU 9 MAI 4719 Il est difficile de donner une interprétation certaine de cette anomalie. Toutefois, sa répétition exacte chez deux sujets, sa symétrie dans l'indi- vidu où les deux cavités orbitaires ont pu être disséquées, font penser qu'il ne s'agit pas d’un accident, d'un vice de formation. Cette anomalie est due à une cause pouvant se manifester semblable à elle-même chez plusieurs sujets; elle nous semble répondre, soit à une structure ayant existé chez certains êtres, soit à un progrès effectué par l'appareil moteur de l'œil. a Il n'est pas irrationnel de penser que les deux obliques de l'œil ont eu, à un moment donné, la même conformation, monogastrique ou digas- trique. S'ils ont été tous les deux digastriques, le petit oblique se serait simplifié, et l'anomalie signalée serait un retour à l’état ancien. Si les deux. muscles ont été monogastriques au début, le grand oblique se serait compliqué en s’allongeant, en se coudant, — et il faudrait voir, dans l’anomalie que nous venons de décrire, une tendance du petit oblique à se perfectionner à l’égal de son antagoniste. Cette dernière hypothèse nous parait la plus probable. LES RAYONS X ET LES MICROBES LUMINEUX, par M. R. Dugors. J'ai exposé, au-dessus de cultures liquides de photo-bactériacées lumi- neuses, des plaques photographiques enveloppées de deux et même de trois feuilles du papier dont on se sert pour préserver les plaques de la lumière ordinaire. Une pièce de monnaie était interposée entre les feuilles de papier. Le tout était placé dans l'obscurité la plus complète. Au bout de vingt-quatre heures de pose, et après développement, on distinguait nettement les contours de la pièce de monnaie et celles du vase ouvert renfermant la culture : l’espace compris entre ces deux &ntours était nettement impressionné. SUR L'EXISTENCE SIMULTANÉE DE DEUX FERMENTS D'OXYDATION DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, par M. J. pe REY-PAILHADE. MM. Rühmann et Spitzer ont prouvé que les cellules animales con- tiennent un ferment d’oxydation qui produit de l’indophénol bleu dans une solution sodique très étendue de naphtol et de paraphénylène diamine, Il résulte de mes dernières recherches que ce ferment est très 480 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE répandu aussi dans le règne végétal. Les jeunes racines et les jeunes tiges des graines germées sont riches en ce principe oxydant. D'autre part, M. G. Bertrand à montré que les cellules végétales en général contiennent de la laccase, ferment d'oxydation bleuissant la teinture alcoolique de gayac. Le ferment de MM. Rühmann et Spitzer et la laccase ne se confondent pas, car les tissus animaux ne bleuissent pas la teinture de gayac. Les cellules végétales contiennent simultanément les deux ferments. : Il existe une différence entre le ferment de MM. Rühmann et Spitzer du règne animal et celui du règne végétal. Les tiges et les racines de jeunes plantes broyées et tfaitées par de l’eau pure, de l'alcool faible ou une solution aqueuse de fluorure de sodium, puis filtrées, donnent une liqueur claire renfermant beaucoup de ferment. Les tissus animaux ne cèdent du ferment à aucun de ces réactifs. | La levure de bière renferme un peu du ferment de MM. Rühmann et Spitzer. Le (rérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette Dci ss ssl c'e > de 21 sulréit nl £ POV CS EN POSE Er ns À hé : L È A81 SÉANCE DU 16 MAI 1896 M. A. Cnarrn : Animaux et végétaux; procédés de défense. — M. ALrReD GARD : Sur l'existence chez certains animaux d’un ferment bleuissant la teinture alcoo- lique de gayac. — MM. A. Grreert et H. CLaune : Tuberculose expérimentale du foie par l'artère hépatique. — MM. Doxox et E. Durourr : Recherches sur la teneur de la bile en cholestérine. — M. A. RarcziET : Sur quelques parasites du droma- daire. — M. J. LEerèvRE : La résistance thermogénélique chez l'homme. Bain de trois heures dans l'eau à 15 degrés. — MM. Caprran et Vernix : L'auscultation de la percussion avec le stéthoscope de Boudet de Päris modifié. — M. GeorGes Marr- NESCO : Sur un nouveau cas de polynévrite avec lésions de réaction à distance dans la moelle épinière. — M. A. CnassevanT : Action des injections de sérum artificiel dans l'empoisonnement strychnique. — M. Turrier : Le lavage du sang dans les infections chirurgicales. — M. L. MArassez : Sur les solutions salées dites physiologiques. — M. A. LécaiLzox : Note relative à la coque excrémentitielle des œufs et des larves de cerlains insectes, en particulier du Clythra quadripunctata. Présidence de M. Chauveau. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. LixossiER, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lyon, adresse, à l'appui de sa candidature au titre de membre corres- pondant, un £xposé de ses titres el travaux scientifiques, et une série de tirages à part de plusieurs de ses publications. CORRESPONDANCE MANUSCRITE. Lé professeur KRoNECKER (de Bäle) remercie la Société pour sa nomi- nation de membre correspondant. ANIMAUX ET VÉGÉTAUX ; PROCÉDÉS DE DÉFENSE, par M. A. CHARRIN. J'ai montré à la Société les caractères, les cultures du bacille du bru- nissement du sarment (1). Grâce à MM. Viala et Ravaz, grâce à leurs intéressantes recherches, j'ai poursuivi celte étude, m'efforçant de comparer les résultats obtenus et chez les animaux et chez les végétaux. La virulence de ce bacille est faible ; je l'ai prouvé avec Ostrowsky; dans quelques cas, on parvient à tuer le lapin, le cobaye ; toutefois, Le (1) Soc. Biol., 1895. LBrococie. Coupres Rexbus, — 10€ SÉRIE, v, HIT, 36 482 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus souvent, il convient de faire intervenir le froid, les trauma- tismes, ete., des facteurs propres à détériorer le terrain, à troubler les phagocytes, les vaso-moteurs, etc. Chez la plante, ordinairement, on échoue ; que le sarment contaminé soit greffon ou porte-greffe, la diffusion ne se réalise pas de la parlie malade à la partie saine; les racines elles-mêmes, poussant sur ces sar- ments envahis par le germe du brunissement, ne se laissent pas pénétrer, malgré les chocs, les variations thermiques, etc. Pour réussir, pour obtenir la diffusion de ce germe, il convient de s'adresser à des sarments aoûtés, sectionnés aux deux extrémités. — On les plonge dans une culture fertile; on les place en straltification dans le sable à 25 degrés ; or, à ce moment, la vie est au repos; la sève est peu acide; aussi le bacille pullule (1). ; En somme, on arrive à établir que plus les êtres s'élèvent dans l'échelle, plus leurs modes de protection, à l'exemple de leurs appareils, sont complexes; les animaux, comme les végétaux, ont des humeurs nuisibles aux germes; en outre, ils ont, pour se défendre, les processus. vaso-moteurs, les phagocytes, processus, phagocytes, qui constituent les proteclions les plus délicates, les plus aptes à subir l'influence de ces causes secondes mises en jeu, du froid, des chocs, etc. Dans ce règne végétal, nous retrouvons, pour la vigne, ce que j'avais vu pour les Crassulacées inoculées à l’aide du bacille pyocyanique, à savoir le rôle des sucs, de leur acidité, en dehors des résistances opposées, par les membranes d'enveloppes des cellulaires, résistances. plus efficaces que celles des épithéliums ; ces protections humorales sont plus lentes, plus difficiles à supprimer, à modifier, que celles qui dérivent des vaso-moteurs, des phagocytes, éléments dynamiques plus promptement perturbés que les composés statiques par l'action des divers agents atmosphériques, agents qui parviennent cependant à agir sur les végétaux. Grâce au choix varié des espèces, on arrive à dissocier ces procédés de défense des organismes vis-à-vis des parasites; on met en évidence la pluralité de ces procédés; on montre les exagérations de l’exelusi- visme; on place en lumière le rôle des saisons, puisque l’époque de l'arrêt de la sève facilite l’envahissement bacillaire, phénomène corres- pondant aux oscillations du mouvement vital; on met hors de doute la part des agents adjuvants; on établit que les protections liées à la nutri- tion, à La composition, à la réaction des plasmas, sont les plus répandues, les plus fixes, qu’elles suffisent souvent pour s'opposer à l'infection ; on prouve que celles qui dérivent du névraxe, des cellules à mouvements amiboïdes, forment, pour ainsi dire, des défenses de perfectionnement, des défenses surajoutées. (4) Travaux de Viala et Ravaz (Acad. Sc., 1896). ._SÉANCE DU 16 MAI : 483 SUR L'EXISTENCE CHEZ CERTAINS ANIMAUX D'UN FERMENT BLEUISSANT LA TEINTURE ALCOOLIQUE DE GAYAC, par M. ALFRED GIARD. Dans une note présentée à la dernière séance (9 mai, p. 479) sur l’exis- tence simultanée de deux ferments d'oxydation dans les cellules végétales, M. J. de Rey-Pailhade affirme que les tissus animaux ne bleuissent pas la teinture alcoolique de gayac. Je connais au moins deux exceptions à cette règle chez les Tuniciers de la famille des Ascidiens. A la suite des intéressantes communications de MM. Bourquelot et G. Bertrand, j'ai, dans le courant de l'été dernier, essayé la réaction de la teinture de gayac sur divers tissus animaux qui présentent normalement au contact de l'air des changements de coloration plus ou moins rapides. Or j'ai obtenu un bleuissement immédiat et très intense chez le Botrylloides cyanescens Gd.et chez l’Ascidia fumigata Grube. Le sang de cette dernière Ascidie est d’un jaune clair et devient vert foncé au contact de l'air. Il est très possible d’ailleurs que ces animaux renferment aussi le ferment de Rôhmann et Spitzer. Je n’ai fait aucune expérience à ce sujet. TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE DU FOIE PAR L'ARTÈRE HÉPATIQUE, par MM. A. Girgerr et H. CLAUDE. Dans une note précédente (1), nous avons rapporté les résultats de nos . recherches sur la tuberculose expérimentale des voies biliaires, ef quoique ayant obtenu des lésions systématisées des canalicules biliaires par l'injection de bacilles de Koch dans le cholédoque, noûs avions émis l'hypothèse que d’autres modes d'infection pouvaient, peut-être, réali- ser des altérations de nature analogue. Dans le but de vérifier cette hypothèse, nous avons injecté des cultures tubereuleuses directement dans l'artère hépatique, qui est essentiellement un vaisseau nourricier, et doit donner la plus grande partie de ses rameaux à la paroi fibro- conjonctive des canalicules biliaires, en même temps qu'aux autres organes des espaces portes. Pour éviter les désordres consécutifs à la ligature de l'artère, nécessaire quand on pique directement sa paroi, nous avons dû employer un procédé qui assurât la pénétration des germes dans le vaisseau sans modifier la circulation à l’intérieur (2). Nos (1) Société de Biologie, décembre 1895. (2) Le procédé opératoire a été le suivant : chez le chien l'artère hépatique donne, à la face inférieure du foie, trois ou quatre branches collatérales se rendant aux différents lobes de l'organe, el une branche terminale assez volu- miueuse, la gastroduodénale, qui fournit des rameaux à l'estomac, au duo- 184 :SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expériences ont porté sur sept animaux. Nous en donnerons rapidement le résumé. | s Exe. I. — Lapin inoculé dans l'artère hépatique sans ligature. Sacrifié au bout de trois jours. Foie, en apparence, normal. Sur les coupes, le parenchyme hépatique est absolument sain. Un grand ” nombre d'espaces portes sont normaux, mais quelques-uns offrent une certaine quantité de leucocytes mononucléaires, groupés d'une facon prédominante au- Lour descavalicules biliaires et envahissant leur paroi conjonctive. L’épithéhum est parfaitement conservé, la cavité du canal est libre sans exsudat. Il n'existe pas trace d’inflammation catarrhale. Sur certains points, notamment dans les plus petits espaces contenant. seulement un Canalicule, une veinule et . une artériole, la lésion est caractéristique, on ne distingue qu’une lumière d'un canalicule limitée par son épithélium, et entourée d’un nodule de cel- lules embryonnaires, dissimulant les autres éléments de l’espace. Au milieu _ de ces leucocytes, et souvent à leur intérieur, des bacilles de Koch se voient, en général peu nombreux, isolés et très modifiés dans leur forme ; quelques- ‘uns sont cassés, d’autres punctiformes; ils sont assez larges et peu allongés. * Ces petits foyers sont absolument limités aux espaces portes, ils n’afteignent pas les lobules et ne diffusent, le plus souvent, autour les vaisseaux que secondairement. Dans quelques espaces de moyen volume, il semble, en effet, que les leucocytes soient aussi groupés autour et dans la paroi des veines. Exr. II. — Lapin sacrifié au bout de cinq jours. Lésions très inégalement réparties dans le foie, mais beaucoup plus avancées, et consistant en des fol- licules tuberculeux parfaitement constitués. Certains espaces portes, en effet, sont complètement envahis par la prolifération leucocytaire, on y reconnaît, cà et là, les lumières des canalicules dont l’épithélium est conservé, ainsi que la paroi de quelques vaisseaux, mais le calibre des uns et des autres est diminué, et les parois tendent à s’accoler comme si elles étaient repoussées par la pullulation des cellules rondes. Souvent le centre de ces espaces, dont les dimensions sont agrandies et les contours déformés, esten voie de nécrose, dénum et au pancréas en s’anastomosant avec les autres vaisseaux de la région. L'aiguille de la seringue était enfoncée dans la lumière de la gastro- duodénale qui était liée au-dessous, — puis nous poussions l'injection de eulture tuberculeuse qui se dispersait inégalement dans les diverses branches de l'artère hépatique. Enfin, avant de relirer l’aiguille, une deuxième ligature était portée au-dessus du point de la piqûre. Grâce à la circulation collatérale et anastomotique très riche de la région pancréatico-duodénale, nous n'avons _pas observé d'accidents hémorragiques ou de gangrène consécutivement à celte ligature. Chez le lapin il existe une artère pylorique qui se détache de l'hépatique et qui est très facilement accessible, l'injection portait sur ce vaisseau et la liga- ‘ture était faite comme précédemment. L'opération était plus sûre, car il étai 1 * possible d'introduire l'aiguille par l'artère collatérale, jusque dans l'artère “hépatique elle-même. Malheureusement dans un cas il se produisit du sphacèle ‘de la muqueuse pylorique et une hémorragie slomacale mortelle. SÉANCE DU 16 MAI: 485 : et l'on y constate, un peu en dehors de la zone de nécrose, des cellules : géantes bien développées. Ici encore le maximum des lésions est au voisinage et dans la paroi même des conduits biliaires, — comme on le constate aisé- ment sur certains points où les altérations sont moins avancées. Le paren- chyme lobulaire est toujours indemne. if | Exe. IL — Vieille chienne, morte accidentellement après quatre jours (ouverture du ventre). Les résultats sont d’une observation moins facile à \ cause des lésions antérieures du foie (cirrhose et dégénérescence graisseuse),.. mais l'interprétation des altérations expérimentales est la même que dans les . cas précédents. Pas de lésions tuberculeuses des lobules. Dans les espaces : portes, infiltration leucocytaire péricanaliculaire et bacilles dans la zone occupée par les éléments mononucléaires. D'une facon générale, la maladie a évolué beaucoup plus lentement que chez le lapin, et les altérations que l’on constale ici sont bien moins avancées que dans l'expérience I (infection de trois jours). De plus, dans un certain nombre d'espaces, la leucocytose est: plus diffuse et s'étend bien souvent à tout le territoire conjonctivo-vasculaire. : Exp. IV. — Lapin, survie de douze jours. L'aspect du foie est très différent microscopiquement. L'organe est semé de : P 5 foyers de nécrose plus ou moins étendus. Il est adhérent au diaphragme, à la paroi abdominale et à l'estomac. Sur une coupe, on distingue, dans la profon- deur comme à la surface, des zones nécrosées, jaunes, ramollies au centre ou : formant de véritables cavités teintées en vert par la bile. Rien dans les autres organes. Au microscope, pertes de substance circulaires représentant la coupe des cavités et contenant une sorte de magma sphacélé. La limite de ces cavités est formée par un tissu fibro-conjonctif, rempli de leucocytes et conte- nant encore des canaux biliaires de volume variable, irrégulièrement disposés. Sur une de nos coupes on voit nettement un assez gros conduit biliaire qui s'ouvre dans une de ces cavités. Quelques vaisseaux se montrent à la périphérie : de cette zone inflammatoire. Enfin, tout autour de ce foyer, le parenchyme des, lobules reste normal et parfaitement conservé. Les bacilles sont très abondants au milieu des leucocytes, quelques cellules géantes, d’ailleurs assez rares, se distinguent sur quelques coupes. Cette vaste lésion est le résultat de troubles ; circulatoires des espaces portes et d’un sphacèle du territoire irrigué par : leurs vaisseaux. En effet, l'expérience avait été conduite ici de facon à essayer, de déterminer, autant que possible, la fixation des bacilles dans les rameaux artériels, Dans ce but, au lieu d’injecter une culture pulvérisée en suspension dans le bouillon alcalin, nous avons simplement écrasé les pellicules de colo- nies tuberculeuses pour les réduire à un volume permettant leur passage dans l'aiguille de la seringue ; le liquide emplové fut l’eau stérilisée, la quantité injectée, 3 centimètres cubes. Il se produisit vraisemblablement, de la sorte, : des obstructions par embolie bacillaire ou par thrombase spécifique de quel- ques artérioles et consécutivement du sphacèle de l’espace porte et des : éléments qui y sont contenus, mais les bacilles se sont répandus dans le tissu : hépatique périphérique et ont déterminé une réaction leucocytaire avec solu- ! tion fibro-conjonctive du stroma hépatique. Quoi qu’il en soit, en dehors de ces vastes lésions, un grand nombre d'espaces portes offrent des altérations très caractéristiques consistant en un élargissement des espaces, avec début de 486 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cirrhose et une prolifération leucocytaire très accusée, mais occupant toute la zone portobiliaire. L'épithélium des canalicules, comme la paroi des veines sont respectés par la néoformation et se distinguent très nettement. Exp. V.— Chien, survie de huit jours. Pas de grosses lésions, début de formations embryonnaires dans quelques espaces portes, mais les lésions sont peu étendues et seuls certains petits espaces offrent l'aspect caractéristique signalé plus haut : prolifération leucocytaire englobant ou faisant disparaître les organes de l'espace. Quelques-uns de ces espaces sont remarquables aussi par une certaine tendance à la nécrose des parties malades, sans qu'il y ait véritablement sphacèle et destruction des organes; on constate seulement qu'ils se colorent moins bien et semblent moins cohérents. Exr. VI. — Chien sacrifié après quarante-quatre jours. Léger pointillé gri- sâtre à la surface et sur la coupe du foie. Au microscope pas de foyer de nécrose ni d'infiltration diffuse. Mais les lésions occupent, sous la forme nodu- laire, les espaces portes et la substance lobulaire. Dans les espaces, les canaux biliaires sont en général respectés, mais ils sont atteints d'angiocholite catar- rhale. Parfois ils disparaissent au milieu de la prolifération leucocytaire; et leur paroi épaissie, infiltrée, leur épithélium desquamé ne permettent plus de distinguer leur nature. Il en est de même pour les vaisseaux. En général, les cellules rondes sont groupées en amas serré dans les espaces et se colorent très vivement. Dans les lobules on distingue une assez grande quantité de foyers de cellules leucocytaires en voie de développement. Ils se forment nettement dans l'intervalle des tracés hépatiques qu'ils refoulent et constituent des nodules de taille variable, très souvent contigus aux espaces portes malades, mais aussi fréquemment isolés, ou même tout près de la veine centrale. Il y a donc ici deux fuits à considérer : des tubercules d'inoculation occupant là zone portobiliaire et des lésions secondaires par auto-inoculation hépatique dues à la dissémination des germes, par la voie lymphathique, vraisembla- blement, et localisées dans le parenchyme. Ces faits sont complètement confir-. matifs des descriptions de Borrel qui a bien montré, pour le poumon et le rein, les deux étapes de la tuberculisation : l'infection localisée primitivement par là fixation des germes apportés par le sang suivie d’une généralisation à partir du vingtième jour. Exr. VII. — Chien de forte taille, 75 livres, inoculé comme précédemment avec 3 centimètres cubes de culture tuberculeuse ancienne (trois mois environ) sacrifié quatre mois plus tard. N’avait subi aucun amaigrissement, ni trouble de la sanité. À l'autopsie, pas de lésions hépatiques, ni d'aucun viscère. L'examen histologique ne décèle pas d'altérations. Peut-être existe-t-il un léger degré de fibrose des espaces portes et surtout péricanaliculaire, mais qu'on ne peut considérer comme pathologique. La culture était sans doute trop peu virulente, car on ne peut guère admettre que cette fibrose représente les traces de lésions tuberculeuses guéries | En somme, de ces diverses expériences nous pensons pouvoir con- elure que l'injection de bacilles tuberculeux dans l'artère hépatique SÉANCE DU 16 MAI 487 détermine les lésions suivantes : au début « accumulation de leucocytes dans les espaces portes exclusivement et en parliculier dans la paroi des conduits biliaires, — moins souvent autour des veines ou dans le tissu cellulaire. La prolifération leucocytaire envahit rapidement ensuite tout l'espace porte où se constituent des follicules tuberculeux bien développés avec cellules géantes. La lésion restant toujours limitée à l’espace porte, il est possible dans certains cas, si les troubles circulatoires sont très prononcés par suite d’embolie, thrombose ou artérite tuberculeuse, que certains territoires hépatiques autour de l'espace porte subissent une nécrose plus ou moins étendue. Cette nécrose aboutit à une perte de substance el la zone sphacélée est limitée par une bande fibro-conjonctive remplie de cellules rondes au milieu desquelles se voient quelques cellules géantes, des canaux biliaires de volume variable qui peuvent communiquer avec la cavité, enfin quelques vaisseaux. Tout autour le parenchyme hépatique reste normal. Lorsque l’évolution de la maladie a dépassé un certain temps, et la constatation a été faite au quarante-quatrième jour, les lésions tuber- culeuses qui étaient localisées aux espaces portes se généralisent comme si les foyers d’inoculation primitifs étaient l’origine d’une infection nouvelle. C’est alors qu'on constate un peu dans toutes les parties du foie, en plein parenchyme, comme à la limite des espaces portes, des nodules tuberculeux développés nettement dans l'intervalle des travées hépatiques. Ainsi l'infection tuberculeuse du foie par le vaisseau nourricier des parties composantes de l'organe, par l'artère hépatique, détermine une tuberculose d’un aspect spécial, caractérisée par la localisation des lésions aux espaces portes et particulièrement aux canalicules biliaires qui reçoivent la plus grande partie des rameaux artériels. Cette tuber- culose ne reste pas localisée et systématisée; elle se généralise suivant un processus observé déjà pour le poumon et le rein. Enfin la disposi- tion élective des tubercules au niveau des conduits biliaires permet d'envisager l'infection par la voie de l'artère hépatique comme une des causes possibles de la tuberculose des voies biliaires. RECHERCHES SUR LA TENEUR DE LA BILE EN CHOLESTÉRINE, par MM. Doxon et E. Durourr. (Travail du laboraloire du professeur Moral.) L. — On n’est pas absolument fixé sur l'origine de la cholestérine dans la bile. Quelques auteurs (Naunyn, Kausch...) admettent qu'elle provient non seulement du foie, mais aussi des voies biliaires elles-mêmes. Nous avons cherché à contrôler cette double origine. 488 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il. — Nous avons dosé la cholestérine dans la bile de fistule et dansla bile de vésicule chez le chien. La bile de fistule était fournie par um chien opéré depuis six mois, en excellent élat de santé et soumis à un régime uniforme. La bile de vésicule provenait de différents chiens. Nous avons constaté que la bile de fistule contient de la cholestérine, mais en quantité beaucoup plus faible que la bile de vésicule (tableau D). TaBLeau I — Dosages de cholestérine chez le chien. NATURE DE LA BILE QUANTITÉ GRAISSES CHOLESTÉRINE GRAISSE CHOLESTÉRINE p. 1000 p. 1000 cent. cubes. Bile de fistule 25 0.038 0.007 1,52 0,28 (chien). 50 0.14 0.013 2,80 0.26 d0 0 95 0.015 3.90 0.30 200 0.558 0.039 2.19 0:49 200 0.27 0.053 1.35 0,26 200 0.64 0.05 3. 20 0.26 200 0.37 0.056 1.86 0.28 200 0.43 0.078 2.15 0.39 300 _ 0.073 = 0.25 1,000 2.62 0.223 2.62 0.22 Bile de vésicule 50 0.21 0.069 4.37 1.39 (chien). 109 0.39 0.105 3.6 44] (non filtrée). HT. — Il est certain que la teneur de la bile en cholestérine augmente au niveau de la vésicule. Cette augmentation ne paraît pas due à une simple concentration de la bile. Nous avons constaté, en effet, que la bile de vésicule non filtrée contient sensiblement plus de cholestérine que la bile de vésicule filtrée (tableau IT). Nos résultats peuvent s’inter- préter dans le sens d’un apport de cholestérine par les parois de la vési- ‘ale elle-même et viennent à l'appui de l'opinion de Naunyn. NATURE DE LA BILE QUANTITÉ GRAISSES CHOLESTÉRINE GRAISSE CHOLESTÉRINE p. 1000. p. 1000. 19 Bœuf : Filtrée, 100 0.207 0.038 2.07 0.38 — Non filtrée. 100 0.572 0.065 DTA 0.65 20 Bœuf : Filtrée. 150 0.206 0.059 1797 0.39 — Non filirée. 150 0.256 0.062 1.70 0.41 3° Porc : Filitrée. 300 8.207 0.435 2185 1.11 — Non filtrée, 300 4.347 1.075 44,90 3.58 ° Porc : Filtrée. 130 2,789 0.156 21 .40 4,20 e Veau : Non filtr. 300 — 0.633 — 2.11 Bœuf : Filtrée. 200 0.358 0.096 4579 0.48 SÉANCE DU 16 MAI 489 IV. — Nous avons aussi dosé la cholestérine dans le foie du chien. On trouve de 0,30 à 0,80 p. 100 de cholestérine. Nous croyons, en résumé, que cette substance est éliminée au niveau du foie et au niveau de la vésicule. Pour être à même cependant d'affirmer cette seconde origine de la cholestérine de la bile il conviendrait d'isoler la vésicule des voies biliaires, d'ouvrir la poche à la peau et de rechercher les produits de sécrétion de ce réservoir. Nous nous proposons de réaliser cette expé- rience chez le porc en raison de l'absence de canaux hépato-cystiques et de la richesse en cholestérine de la bile de vésicule chez cet animal. SUR QUELQUES PARASITES DU DROMADAIRE, par M. A. RAILLIET. J'ai rencontré récemment à Alfort, à l’autopsie d’un jeune Dromadaire, un certain nombre de parasites dont je compte publier prochainement, avec le concours de M. Marotel, une étude détaillée, accompagnée de figures, mais dont je puis donner dès aujourd’hui une description som- maire. L'animal était porteur à la fois de parasites externes et de parasites internes. Tout d’abord, il était atteint de gale généralisée, causée par le Sarcoptes scabiei var. cameli. Cette gale s’est communiquée à plusieurs des élèves chargés de dépouiller le cadavre pour la dissection, mais, sur la plupart, l’éruption s’est montrée fugace et a disparu en quelques jours sans traitement ; chez un seul, elle a persisté huit à dix jours et a nécessité l’usage de frictions antipsoriques et de bains sulfureux. Sur différents points de la peau, dans les régions où le poil était conservé, il existait en outre des Ixodinés d'assez forte taille : c'étaient des mâles d'Æyalomma ægyptium. Découverts trois jours après la mort et le lendemain du jour où la peau avait été enlevée, ils étaient encore bien vivants, solidement fixés par petits groupes dans un feutrage de poils simulant une sorte de nid, et entourés de gros excréments noirâtres. Placés dans un flacon, ils se montraient très actifs, mais le lendemain matin, je les trouvai tous morts et déjà très rigides. Parmi les parasites internes, je signalerai tout d’abord des larves d'OŒstridés, appartenant à l’espèce Cephalomyia maculata (Wiedemann), au nombre d'une quinzaine, réparties dans les cavités nasales, le pharynx et l'œsophage. Les unes étaient au stade pénultième, les autres au dernier stade, toutes d'une teinte blanchätre nuancée de carné, avec une zone carmin correspondant au tube digestif. Placées dans l'alcool, elles ont pris une teinte grise ou gris roussâtre, notamment sur les derniers anneaux. 490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je n'ai pas pu examiner les réservoirs gastriques, mais l'intestin m'a fourni trois ou quatre types de Nématodes et un de Cestode. D'abord, deux Strongylidés, un appartenant au genre Sérongylus Müller, l’autre au genre ŒÆ'sophagostomum Molin. Le premier me parait représenter une forme non décrite, pour laquelle je proposerai le nom de Strongylus spathiger. C'est un Ver rougeàtre, très effilé en avant, à tête pourvue d’une expansion vésiculeuse. La bouche, limitée par des lèvres membraneuses, est suivie d’un œsophage très long, renflé en massue. Le mâle est long de 14 à 19 millimètres ; il atteint son maximum d'épaisseur (180 à 200 y) vers le tiers postérieur. Sa bourse caudale est formée de deux lobes latéraux très amples, mais le lobe postérieur impair, habituel aux formes de ce type, est si fortement échancré dans son milieu qu'il se trouve réduit à deux faibles lobules. Les côtes postérieures, relativement écartées, se rendent chacune à un de ces lobules, où elles se divisent en deux courtes branches, l’extérieure un peu plus longue et recourbée en dehors; les côtes postérieures externes sont très grêles ; les moyennes et antérieures sont dédoublées. Les deux spicules, réunis à leur extrémité par une lame membraneuse dilatée en spatule (d’où le nom spécifique), mesurent 1 millimètre de longueur. La femelle est longue de 26 à 29 millimètres; elle augmente progressivement d'épaisseur jusqu'au niveau de la vulve, où elle atteint jusqu'à 460 x ; immédiatement après celle-ci, le corps se rétrécit, puis se dilate de nouveau dans la région de l’oviducte postérieur, et enfin s’atténue définitivement jusqu’à l'extrémité caudale, qui est très mousse. L'appareil génital offre des particularités intéressantes, qui seront décrites ailleurs. La vulve est située à peu près au quart postérieur du corps. Les œufs sont énormes, ovoïdes-oblongs, à coque mince un peu épaissie à l’un des pôles ; ils mesurent en moyenne 260% de long sur 103 de large ; ils sont en voie de segmentation au moment de la ponte. Ces Vers existaient en grand nombre dans l'intestin grêle, au contact direct de la muqueuse dont ils suçaient le sang, et je ne doute pas qu'ils aient concouru à amener le Dromadaire à l'épuisement extrème dans lequel il se trouvait. RES Par l’ensemble de leurs caractères, ils se rattachent au groupe des Strongles gastriques (type Sfr. contortus Rud.); il est donc probable qu'on les aurait aussi rencontrés en grande abondance dans la caillette si celle-ci avait pu être examinée. Toutefois, je dois faire remarquer que l'intestin grêle ne renfermait pas de ces petits Strongles du type retor- tæformis, qui sont les aides habituels des suceurs de sang de l'estomac. : De l’autre Strongylidé, du genre Æsophagostomum, je n'ai trouvé que trois exemplaires, deux mâles et une femelle, dans le gros côlon. Je dirai seulement que par l'ensemble de ses caractères, cé Ver me parait se rapporter à l'espèce fs. venulosum Rud., qui vit ordinaire- ment dans le gros intestin du Mouton et de la Chèvre. Du moins, l’exa- dé PRE RE EE ee Ne ga Me Ve va | ‘} _ … + SÉANCE DU 146 Mai 491 - men peu complet que j'ai pu en faire ne m'’a-t-il permis de découvrir aucun caractère saillant propre à l'en distinguer. Dans le gros côlon également, j'ai recueilli 3 mâles et 6 femelles d'un Trichocéphale se rapportant non pas au 7richocephalus affinis Rud., comme on l'a longtemps admis, mais à une espèce particulière {7r. echi- nophyllus Nitzsch). J'ajouterai que l'examen microscopique du contenu intestinal m'a fait voir, dans le petit côlon, une larve de Nématode longue d'environ 800 w, large de 18 x, à tête tronquée, à queue mousse, larve qui ne peut être rapportée à aucune des formes précédentes. Enfin, l'intestin grêle contenait cinq exemplaires d'un Téniadé mesu- rant près de 18 à 23 centimètres de long sur une largeur maxima de 1 mil- limètre à 4 mill. 3. Il s'agit d'un Anoplocéphaliné du genre Slilesia, très voisin du St. globipunctata (Rivolla), ce parasite du Mouton qui à été rencontré en Italie d'abord, puis dans l'Inde, — et que j'ai recu récem- ment de l'abattoir de Dijon. Le Stilesia du Dromadaire se distingue surtout de la forme type du Mouton par l'étendue relativement res- treinte des champs latéraux qui logent les testicules. Il résulte de là que la poche du cirre, rejetée tout à fait sur le bord, est beaucoup moins développée : à vrai dire, elle est fort peu distincte. et aboutit directe- ment au pore génilal. D'autre part, le canal déférent qui traverse le champ médian pour amener le sperme du groupe testiculaire opposé, au lieu d'être à peu près rectiligne comme le figurent Stiles et Hassall chez Stilesia globipunctata, décrit de très nombreuses sinuosités; il aboutit dans une sorte de vésicule séminale allongée qui se continue par un canal pelotonné en glomérule. Le vagin lui-même, avant de former un réservoir séminal, décrit des lacets plus ou moins nombreux. L'or- gane énigmatique situé en avant des utérus a pris ici un très grand développement : c'est une sorte de sac transversal, irrégulier, rempli d'une substance noiïrâtre, qui occupe toute la largeur de l'anneau. Enfin, les œufs, globuleux ou légèrement ellipsoïdes, longs de 14 à 17 y, larges de 13 à 17, sont pourvus d’une coque épaisse, mais sans prolon- gements polaires; ils renferment un embryon à 6 crochets longs de 5à 6 u. | Ce Ver semble donc présenter un ensemble de caractères anatomiques propres à le distinguer du St. globipunctata du Mouton ; en raison des bandes parallèles formées par le sac transversal dans les derniers anneaux, on peut lui appliquer le nom de Sfilesia vitlata. Sans vouloir entrer dans des considérations générales sur ce cas de parasitisme, il me paraît curieux de relever les rapports qui existent entre les entozoaires du Dromadaire et ceux du Mouton. Si le premier de ces animaux héberge des parasites qui lui sont propres, comme Cephalomyia maculata, Stronçylus spathiger, Trichocephalus echinophyl- lus, il en possède, par contre, qui lui sont communs avec le Mouton (et 492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE non pas avec le Bœuf) : déjà les auteurs citent S{rongylus filaria Rud., dans les bronches; nous signalons provisoirement (Æsophagostomum venulosum, notre Stilesia viltatà pourrait, à la rigueur être regardé comme une simple variété du Stilesia globipunctata. LA RÉSISTANCE THERMOGÉNÉTIQUE CHEZ L'HOMME. BAIN DE TROIS HEURES DANS L'EAU A 15 DEGRÉS, par M. J. LEFÈVRE. La recherche de la résistance offerte par l'organisme humain aux réfrigérations très vives produites par l’eau à basse température, a été l’objet de plusieurs notes communiquées par nous à la Société Li Biologie et résumées dans le Bulletin du 3 août 1894. A cette étude et aux conclusions qu'elle a motivées, on pouvait faire l'objection que les expériences de durée relativement courte (12 à 45 minutes), ne sauraient suffire pour faire admettre comme durable et définitive cette réaction de l'organisme au froid, bien qu'il fût déjà inté- ressant de connaître la vigueur et la rapidité d'une résistance qui se proportionne immédiatement à la grandeur des pertes périphériques. Cette objection attendait une réponse. Nous l'avons donnée en abor- dant et réalisant, malgré la difficulté du sujet et la témérité de l’entre- prise, les expériences de frès longue durée. Déjà (séance du 13 juillet 1895), nous avions communiqué les résul- tats d’une expérience faite dans un bain à 7 degrés et prolongée pendant une heure. Nos conclusions élaient les suivantes : 1° La résistance est d’abord parfaite (pendant les 12 ou 15 premières minules); 2% Puis la température interne fléchit, d’une facon d'ailleurs très modérée; et la thermogenèse est encore supérieure à la moitié du débit ; 3° Une demi-heure plus tard, la température du corps est stationnaire. La thermogenèse portée et adaptée à une plus grande puissance, com- pense jusqu'à la fin de l'expérience les débits pourtant considérables provoqués par l’eau (7 calories par minute pour l’organisme entier). Nous présentons aujourd'hui une nouvelle étude, réalisée comme la précédente sur nous-même (âge : trente-deux ans; poids : 6% kilo- grammes; entrainement aux exercices de force et à l’hydrothérapie). Elle est plus intéressante et plus concluante encore, puisqu'il s'agit d’un séjour de 3 heures, sans mouvements, dans l’eau à 15 degrés. La méthode suivie est exactement celle qui se trouve décrite au Bulletin du 140 juillet 1895 (J. Lefèvre. Puissance et résistance thermo- génétiques de l'organisme humain dans un bain d’une heure à la tem- pérature de 7 degrés, C. rendus hebd. Soc. Biol.). :SÉANCE DU: 16 MAI ° 493 Rappelons que le sujet place dans son aisselle, à l'abri de tout con- tact avec l'air ou avec l’eau, un thermomètre très sensible; après avoir attendu le stationnement de la colonne mercurielle, il s'assied, en prenant toutes les précautions nécessaires, dans une baignoire et s'im- merge jusqu'au niveau des mamelons. De minute en minute on lit la température axillaire; celle du bain, constamment et soigneusement mélangé, est relevée toutes les 5 minutes. Il serait intéressant de détailler cette longue expérience. Nous ne pouvons en donner ici que les faits et résultats principaux, résumés dans le tableau suivant : TEMPÉRATURE CHALEUR PERDUE , CHALEUR (1) COEFFICIENT (2) TEMPS ; EBITS : aisselle. eau. depuis le début. produite, de résistance. minutes. degrés. degrés. calories. calories. calories. ; 0 31 30 25 65 0 0 0 » 1 37 40 » » » » » 2 31 45 » » » » F5 3 31 475 » » » » » k 31 50 » ». »- » » D 37 525 16 30 94 6 31195 -» ») 7 DUO » » 5 8 COL T 115 8 31 60 » » 9 33 61 » * » 10 37 61 16 50 123 Û , 11 AU » » ÿ ei 2° - 12 31 61 16 56 132 15 37 60 » » 4 3 2141109 0.502 baisse assez rapide. 36 36 66 ATH 235 tompérature 4 3 4 3 1 stationnaire. ; 43 36 66 17 48 265 A gi 4 3 1.048 frès lente. 100 36 86 19 10 499 température 4 4 1 stationnaire, 107 36 89 19 28 527 baisse 3 8 3-6) 0.87 très lente. 160 36 30 20 66 128 A 3 6 3 6 1 180 36 30 D logs its 800 (4) g étant la chaleur débitée à la périphérie par unité de poids, { le chan- gement de température positif ou négatif éprouvé par l'organisme en { mi- nute, Q la chaleur produite par unité de poids, on a Q — y +-ct. c est la cha- leur spécifique moyenne du corps (0.835). 44 Fi LR N her Q (2) Le coefficient de résistance est, d'après notre définition, le rapport — q TON # 494 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusions. — 1° Il y a d'abord une phase d'excitation, pendant laquelle la température du corps s'élève, malgré une perte de 732 calo- ries. 2% A la 45° minute commence la phase de dépression qui dure 20 à 95 minutes ; phase pendant laquelle la température interne s’abaisse, la thermogenèse restant cependant supérieure à la moitié-du débit. 3° Enfin, après une oscillation insignifiante, la température interne reste fixe. Pendant 2 heures 1/2, le coefficient de résistance, à peu près invariable, reste voisin de l'unité, et l’on peut dire que, malgré le débit considérable de 4 calories à la minute, la résistance est parfaite. En résumé, les résultats sont ceux de la première expérience, bien que l'expérience présente soit {rois fois plus longue! Concluons que, à part les deux phases excitante et déprimante du début, l'organisme humain, convenablement entraîné, en arrive à pouvoir compenser, pendant plusieurs heures, par une résistance el une adap- tation exactes, l2s pertes énormes que l'eau froide lui fait subir (perte totale de 800 calories !) L’AUSCULTATION DE LA PERCUSSION AU MOYEN DU STÉTHOSCOPE DE BOUDET DE PARIS PERFECTIONNÉ, par MM. CapPiTAN et VERDIN. Le 22 février dernier, M. Comte présentait à la Société de Biologie le phonendoscope de M. Bianchi (de Parme), exposait la méthode de per- cussion auscultée de cet auteur et en faisait, avec M. Bianchi, une très probante démonstration après la séance. D'une façon indiscutable, ce procédé donne de remarquables résultats. On se rappelle qu'il consiste essentiellement en ceci : on place sur un organe, le foie par exemple, à peu près au milieu de l'aire qui est en contact avec la paroi thoracique, l'instrument, puis on frotte sur toute la surface que l’on veut délimiter avec la pulpe du doigt, tandis qu'au moyen des tubes en caoutchouc on écoute le bruit ainsi produit. Tant qu'on est dans les limites du viscère, les bruits sont extrêmement nets; dès qu’on sort de ces limites, les bruils deviennent sourds. La différence est tellement évidente qu'il est très facile de délimiter ainsi la partie de l'organe qui est en contact avec les parois. M. Bianchi a appliqué cette très ingénieuse méthode à la limitation des principaux viscères et il est arrivé à des résultats fort remarquables. l Deux points méritent d’être envisagés : l'instrument et la méthode. De celle-ci nous ne dirons qu'une chose, c’est qu'à la séance du 25 avril le D' Faucher a présenté une série d'observations et un travail du D' Bendersky (de Kiew) qui prétend avoir employé cette méthode depuis SÉANCE DU 16 mal - 495 longtemps déjà. A ceci, M. Bianchi a répondu par une longue lettre résumée dans le bulletin de la séance du 2 mai. M. Bianchi dit que ses premières recherches sur l’Auscullation stéthoscopique de la percussion ont été publiées en 1882 et qu'à diverses reprises il a fait une série de communications sur ce sujet à Milan, Pérouse et enfin au Congrès de Rome en 1894. C'est à ce Congrès qu'il a présenté son phonendoscope, appareil définitif, tandis que jusque-là, il avait mis en œuvre une série d'appareils variés. En somme la question de méthode paraît jugée. M. Bianchi semble bien en être l’auteur. Nous ne voudrions pas discuter le grand mérite qu'il a eu à créer et à mettre au point ce très intéressant procédé d'exploration clinique. Reste la question d'instrument, secondaire il est vrai, mais qui a encore une certaine importance. Or, dès que le phonendoscope eut été présenté, Verdin fit immédiatement remarquer à M. Bianchi que cet instrument n’était pas autre chose que le stéthoscope de Boudet de Pris, légèrement modifié, stéthoscope imaginé par notre regretté col- lègue et exécuté par Verdin en 1880. Ce stéthoscope que nous vous présentons est en bois, ayant la forme du stéthoscope ordinaire ; son orifice inférieur est fermé par une mince membrane d’ébonite portant un bouton saillant. L’orifice supérieur pré- sente une bifurcation sur laquelle se fixent deux tubes de caoutchouc dont on introduit les extrémités dans les oreilles. Or, si on emploie le stéthoscope de Boudet de la même façon que le phonendoscope, on obtient des résultats sensiblement identiques. On peut arriver exactement aux mêmes résultats en modifiant un peu l'appareil. C'est ce que nous avons fait avec Verdin. Nous avons donné à l’appa- reil la forme d’une petite cloche en bois (voir figure ci-dessous). Une série de recherches comparatives nous à montré que les meil- leurs résultats étaient obtenus en employant une membrane d’ébonite de 2/10° de millimètre d'épaisseur. Cette membrane est fixée un peu au-dessus du plan, passant par les bords de la grande ouverture ; elle est maintenue par une bague de cuivre. À son centre, il existe un petit disque de cuivre, sur lequel est fixée la tige qui supporte le bou- ton. Ce bouton dépasse légèrement les bords de l'instrument. A l’extré- mité supérieure, un tube en cuivre bifurqué reçoit les deux caoutchoucs dont les extrémités s’introduisent dans les conduits auditifs. En employant cet appareil comme le phonendoscope, on obtient exactement les mêmes résultats, ainsi que nous avons pu nous en assu- rer dans un nombre considérable d'observations faites comparative- ment avee cet instrument et avec le phonendoscope. Il permet même d'éviter les bruits parasitaires souvent gênants quand on emploie le phonendoscope. Il résulte de nombreux examens que nous avons faits à la consulta- 496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion de la Pitié, où nous avons chaque jour à examiner une moyenne de quarante malades, que notre stéthoscope donne de très bons résul- tats pour délimiter le cœur, le foie, la rate, l'estomac, les reins, les épanchements pleuraux. Il est surtout commode, pour bien limiter la forme du cœur, pour fixer le bord inférieur du foie qui échappe si sou- vent, et pour indiquer exactement les dimensions de la rate, Nous avons remarqué que les indications sont, en général, plus précises, si on pra- tique une légère percussion de l’organe qu'on examine avec l'extrémité de l’ongle au lieu d'employer la méthode de friction, ordinairement mise en usage par M. Bianchi. Des recherches faites sur le cadavre par M. Kuss, interne de M. Robin, ont montré que pour la rale, les renseignements que fournit ce sté- thoscope sont exacts d'une facon absolue. Le tracé que l’on peut faire au moyen de l’appareil sur la peau, correspond exactement à la surface occupée réellement par la rate. Pour le foie, la concordance est moins absolue. Ceci tient évidemment à la consistance et à la situation si diffé- rentes du foie sur le vivant et sur le cadavre. SÉANCE DU 16 MAI 497 En somme, nous croyons que le stéthoscope de Boudet de Paris, modifié et perfectionné par nous, constitue un instrument commode, simple et facile à manier, puisque, ainsi que nous l'avons constalé, le premier venu arrive, presque immédiatement, à limiter exactement le viscère qu'il examine. Ce stéthoscope peut donner des indications pré- cises : forme et dimensions du cœur, du foie, de la rate, de l'estomac, des reins, etc.., dans bien des cas où les moyens d'investigation ordi- paires sont insuffisants. Enfin, c’est un instrument dû à noire collègue Boudet de Paris, et qui a la priorité de l’âge. Avec cet instrument il est très facile d'obtenir les très intéressants résultats de la méthode d’auscultation de la percus- sion, imaginée par le professeur de Parme, le D' Bianchi, auquel nous laissons tout l'honneur de cette découverte, en ne revendiquant pour notre compatriote que la priorité de l’instrumentation. SUR UN NOUVEAU CAS DE POLYNÉVRITE AVEC LÉSIONS DE RÉACTION A DISTANCE DANS LA MOELLE ÉPINIÈRE, par M. G£oRGEs MARINESCO. Nous venons d’examiner, grâce à l’obligeance de M. le professeur Raymond, le système nerveux central et périphérique d’un individu atteint d'une paralysie atrophique dans le domaine du nerf sciatique poplité externe. Il yavait de laréaction de dégénérescence dans certains muscles, mais pas de troubles de la sensibilité. Le malade, un tuber- culeux, présentait en outre une diplégie faciale d’origine otique. Dans les nerfs périphériques, sciatique poplité externe, tibial antérieur, nous avons trouvé une dégénérescence des fibres nerveuses assez marquée, mais portant sur certains faisceaux du nerf, d’autres restant intacts. On retrouve la même disposition dans le tibial antérieur et dans les nerfs intramusculaires, ceux-ci étant beaucoup plus altérés. Le tronc du nerf sciatique ne contient que très peu de fibres dégénérées et les racines anté- rieures étant complètement intactes et d'apparence absolument normale. Les muscles atrophiés sont le siège de lésions dégénératives et atrophi- ques simples, présentant, en outre, des lésions vasculaires consistant en des hémorragies diffuses et dans l’épaississement des parois vasculaires, surtout de la tunique interne. Ni dans les muscles, ni dans les nerfs malades on ne trouve de signes de luberculose proprement dite : pas d'infiltration cellulaire, pas de nodules tuberculeux. Donc, jusqu'ici, le cas présent ne présente rien de spécial. Mais, dans la moelle épinière examinée à l’aide de la méthode de Nissl, on constate des lésions très nettes et d'une physionomie spéciale. Ces lésions n'existent ni dans la région cervicale, ni dans la région dorsale, ni dans la région lombaire Biozocie. Compres RENDUS, — 10° SÉRIE, Tr. IUT. 31 LOTS 498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE supérieure. Elles sont localisées dans le renflement lombaire où elles occupent presque exclusivement le groupe cellulaire postéro-externe. Voici en quoi consistent ces lésions. Les cellules ont conservé, jusqu'à un cerlain point, leur contour, et leur volume. Certaines paraissent un peu plus petites. Les prolongements nerveux sont moins visibles qu'à l’état normal, ce qui revient à dire que les filaments chromatiques qui se trouvent dans ces prolongements et dont l'axe est. paral- lèle à ces prolongements ont en partie disparu. Le noyau, aw lieu d'occuper sa position normale, c’est-à-dire le centre de ïa cellule, a émigré vers la périphérie. Il a perdu sa forme sphérique pour prendre l'aspect ellipsoïde. Quelquefois même il est aplati du côté qui regarde la périphérie. Plus rarement il déborde la périphérie de la cellule. Le nucléole ne semble pas altéré. Une autre particularité très caractéris- tique de ces lésions, c'est que la partie centrale de la cellule re contient plus de particules figurées chromatiques que nous avons appelées éléments chromatophiles. Nous pensons qu'ils se sont dissous dans le plasma fondamental; en effet, celui-ci, au lieu d'être incolore, présente un semis de granulations disséminées sur un fond coloré. Toutefois à la périphérie du corps cellulaire on constate encore quelques rares fila- ments chromatiques. Il est beaucoup plus rare de voir des cellules privées de noyau et sans prolongements. Les lésions constatées dans ce cas, peuvent être résumées de la façon: suivante : dégénérescence parenchymateuse des nerfs sciatiques poplités externes : intégrilé des racines antérieurés ; dissolution du kinétoplasma (la substance chromatique figurée de la cellule) des cellules nerveuses situées dans le groupe postéro-externe du renflement lombaire ; migra- tion du noyau vers la périphérie; intégrité au moins apparente de la substance fondamentale de la cellule nerveuse. Quel est le mécanisme et quelle est la nature de ces lésions cellulaires ? Élant donné que le processus pathologique de dégénérescence des nerfs n’est pas continu et qu'ilexiste une portion intermédiaire intacte, on doit admetlre que les lésions des cellules nerveuses ne sont pas dues à ce qu'on est convenu d'appeler une névrite ascendante ; ce sont là des lésions par réaction à distance ainsi que nous les avons dénommées dans des publications antérieures. Sont-elles primitives ou secondaires? Il résulte naturelle- ment de ce que nous venons de dire que ce sont là des lésions consé- cutives au processus de dégénérescence des nerfs périphériques. Il existe cependant un argument plus décisif qui milite en faveur de cette opi- nion ; c’est que, ainsi que nous l'avons montré, il se passe là un processus analogue à celui qui suit la section d’un tronc nerveux; car, en somme, une névrite dégénérative qui produit une solution de continuité du eylindre-axe est comparable à une section nerveuse expérimentale. Il existe cependant une légère différence ; c'est que la section expéri- mentale réalise une solution brusque suivie de lésions aiguës dans les PTT CE CRT SÉANCE DU 16 MAI 499 centres, tandis que la névrite détermine une action lente suivie de lésions centrales à évolution également lente. 11 y a dans cette question du retentissement à distance des lésions des nerfs sur les centres, un point qui mérite d'être relevé, c'est que les nerfs périphériques se régénèrent et les polynévrites guérissent dans certains cas. On doit admettre, en conséquence, que les lésions centrales produites, dans ces circonstances, sont curables. En nous basant sur ces considérations et sur les lésions histologiques trouvées dans des cas d’affections primi- tives de la moelle, nous avons conclu que les lésions primitives de la moelle portent aussi bien sur le kinétoplasma que sur le trophoplasma. Or les lésions de ce dernier sont irréparables. Parmi les divers cas que nous avons examinés depuis que nous avons formulé cette opinion, les lésions de la rage nous semblent lui apporter un appui très sérieux. Tout d’abord, nous avons trouvé que la topographie des altérations de la cellule nerveuse, dans ce cas, est bien différente de celle consécutive aux sections nerveuses et rappelle, par certains points, celle qui déter- mine la ligature de l’aorte abdominale. Dans la rage, on trouve que les cellules de la corne antérieure présentent une zone de dégénérescence circulaire où les éléments chromatophiles manquent presque complète- ment. Le noyau est céntral. La lésion peut atteindre tout le corps de la cellule nerveuse qui présente un aspect plus uniforme et dans un stade plus avancé, le corps de la cellule, par suite du défaut de résistance du trophoplasma est envahi par des leucocytes. La bande.de dégénérescence périphérique dépend de l’action directe du virus rabiqué dont l’action se propage de la périphérie au centre de la cellule. ACTION DES INJECTIONS DE SÉRUM ARTIFICIEL DANS L'EMPOISONNEMENT STRYCHNIQUE, par M. A. CHASsEvANT. Nous avons cherché à déterminer l’action curative des injections massives de sérum artificiel contre l'empoisonnement par les alcaloïdes. Nous avons choisi le lapin comme animal d'expérience, et, la stry- chnine comme poison, injecté par voie sous-cutanée. Nous avons toujours opéré comparativement, c’est-à-dire administrant à un animal témoin la même dose de poison. Dans une première série d'expérience nous faisons l'injection de sérum aussitôt après l'absorption du poison. Lapin de 1 kil. 620 reçoit 1 milligr. 25 de strychnine à l'état de sulfate soit O0 milligr. 77 par kilogramme, il recoit 400 centimètres cubes de sérum artificiel en 40 minules; l'animal n’a que quelques secousses tétaniques et revient à lui, guéri. Un lapin témoin de 1 kil. 500 recoit la même dose de strychnine. 500 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 milligr. 25 soit O milligr. 19 par kilogramme, il meurt au bout d’une heure. Un lapin de 2 kil. 050 reçoit 2 milligrammes de strychnine, soit Omilligr, par kilogramme. On introduit par la veine de l'oreille 202 centimètres cubes de sérum artificiel en 45 minutes. L'animal guérit rapidement. Un lapin témoin de 1 kil. 940 reçoit 1 milligr. 75 de strychnine, soit 0 milligr. 90 par kilogramme, il meurt au bout de 1 h. 10. Dans une seconde série d'expériences nous attendons pour com- mencer les injections de sérum les premières manifestations d’intoxica- tion. Dans ce cas, on ne peut éviter la mort, tout au plus retarde-t-on le dénouement fatal. Lapin de 2 kil. 220 recoit 2 milligrammes de strychnine, soit 0 milligr. 90 par kilogramme. On pratique l'injection de sérum dès l’ap- parition des premières secousses, soit 20 minutes après l’injection du poison, l'animal meurt une heure et demie après malgré une injection de 131 centimètres cubes de sérum. Lapin de 2 kil. 215, reçoit À milligr. de strychnine, soit O0 milligr. 79 par kilogramme. On injecte 94 centimètres cubes de sérum en 1 heure, en commençant lors de l’apparition des premières secousses environ 15 minutes après l'injection de strychnine. L'animal meurt au bout de 3 heures. L'injection de sérum par doses répétées dans le péritoine nous a donné les mêmes résultats négatifs. En résumé les injections de doses massives de sérum artificiel semblent empêcher l'intoxication par la strychnine, à condition d’être pratiquées avant l'apparition des accidents nerveux. (Travail du laboratoire de M. le professeur Landouzy à la Faculté de médecine de Paris.) LE LAVAGE DU SANG DANS LES INFECTIONS CHIRURGICALES, par M. Turrier. Les injections intraveineuses de solutions salines, dites « de sérum artificiel », sont passées du domaine expérimental dans la pratique médico-chirurgicale et la belle découverte de MM. Dastre et Loye, sur le lavage du sang en 1887, a reçu une sanction absolue de la pathologie humaine. Ces injections sont inoffensives sous les conditions de vitesse, de pression, d'asepsie et de perméabilité rénales posées par leurs auteurs. Les résultats thérapeutiques obtenus contre les hémorragies abondantes et les maladies infectieuses vous sont déjà connus. Ils sont trop remar- quables et trop constants pour être discutés, et ils nous font entrevoir de nouvelles et très nombreuses D SÉANCE DU 16 MAI 501 Pour ma part, j'ai pu suivre l'évolution de cette méthode à son foyer même d'origine, au laboratoire de mon maïtre en expérimentation le professeur Dastre et je l’ai appliquée d’abord timidement, puis très lar- gement dans la pratique chirurgicale. Depuis 1892, j'ai pratiqué une cin- quantaine de ces injections successives de solution dite physiologique dans les cas de tétanos, d'hémorragies traumatiques graves, de septicémies périlonéales et d'infections rénales. Les résultats que j'ai oblenus sont très encourageants, je viens vous les soumettre, et en même temps je vous demanderai votre avis sur le mode d'action encore bien obscur de cette méthode. I. — Au mois de mars 1892 j'ai reçu de Melun à l'hôpital Beaujon un charretier qui portait une cieatrice à peine complète d'une plaie trans- versale de la région sourcilière droite. Six jours avant son entrée, le malade avait reçu un coup de pied de cheval à ce niveau et la plaie s'était réunie par première intention sans aucun pansement. Au 3° jour, du trismus se manifestait le soir et au 6° jour après l'accident je me trouvais en présence d’un fétanos encore limité à la région cervico- céphalique. Le traitement médical par l’enveloppement ouaté, la mor- phine, le chloral, le tout joint à l’immobilité et l'obscurité absolues n’empêchèrent par les contractures de se généraliser, et le matin du 3° jour le malade en opisthotonos faillit succomber dans un spasme leryngé. Je priai alors mes collègues Chantemesse et Widal de voir le malade avec moi; il n'y avait pas à songer à une action sur la plaie complètement cicatrisée depuis trois jours, la cause des accidents était dans l'intoxication générale que rien ne pouvait chasser, c’est alors que nous fûmes d'avis de faire le lavage du sang. Séance ténante une saignée de 500 grammes suivie d'une injection de solution saline de 1,200 gram- mes fut pratiquée. Quelques heures après toutesles contractures cessèrent et le lendemain matin il n'existait plus qu’une certaine difficulté à écarter les mächoires. Le surlendemain matin les contractures gagnaient de nouveau le cou et le dos, je fis une nouvelle saignée de 700 grammes et une injection de 1,200 grammes. Le soir les contractures avaient dis- paru, il resta un peu de trismus pendant trois jours et le malade guérit complètement. Un an après il revenait à l'hôpital nous amenant un autre blessé ; lui-même n'avait jamais eu aucun accident nouveau. Le 1% mars 1894, un employé de la Compagnie de l'Ouest, âgé de trente-deux ans entrait à l'hôpital Beaujon pour un écrasement de la main et du bord interne du pied droit. L'accident était consécutif à un coup de pilon. Au 5° jour apparut un tétanos à début cervico-facial, même traitement médical, même insuccès, même généralisation au 3° jour que dans le cas précédent. Enhardi par mon premier résultat, et sachant le faible espoir que nous laisse cette terrible complication, nous pratiquons à deux jours d'intervalle, deux saignées de 700 grammes, accompagnées de deux injections de 900 et de 1,600 grammes de solution saline. Les 502 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contractures cédèrent exactement de la même façon et le malade sortit guéri complètement de son tétanos et de ses plaies Le 30 juin. Dans un autre cas de tétanos suraigu traité au même hôpital en 1894, le malade mourant au moment de l'intervention, succomba quelques heures après, malgré l'injection. Je ne veux pas déduire des faits précédents que le traitement du tétanos par le lavage du sang donnera toujours des succès ; je connais les formes bénignes, chroniques, curables de cette affection, j’accorde même que mes malades auraient peut-être guéri sans mes injections. Mais leur action a été si rapide et si nette qu’elle est indéniable et la conclusion qui s'impose me paraît être la suivante. Certaines formes de tétanos dans lesquelles le foyer d’origine ne pourra être atteint soit à cause de sa situation, soit à cause de son ancienneté, les bacilles ayant alors disparu de la plaie, pourront, en cas d'échec des moyens ordi- naires, bénéficier rapidement du lavage du sang, avec ou sans saignée. Je n'insisterai pas sur les résultats que m'ont donnés les injections intraveineuses dans les hémorragies graves et dans les 2nfections périto- néales, ils sont absolument remarquables et conformes à ce que vous savez sur cette question (Berlin de Nice, Th. Anger, Monod, Pozzi, Peyrot, Lejars, Delbet, Jayle, Duret). Les quantités injectées ont varié de 3 à 8 litres. Cinq de mes malades doivent réellement leur vie à cette méthode. L'une succombait à une hémorragie postopératoire telle que au moment où mon interne M. Desfosses fit l'injection la malade était inerte, le réflexe cornéen n'existait plus et la sensibilité avait disparu, si bien que cette personne ne s’est pas doutée de l'intervention à laquelle elle a dû le salut. Dans quatre autres cas, il s'agissait de septicémies péritonéales consécutives à des interventions sur l'abdomen. Chez tous ces malades l'infection était de la plus haute gravité, la température peu élevée, le pouls incomptable. Les extrémités froides, violacées, indiquaient une intoxication particulièrement intense, celle même que nous considérons comme toujours mortelle, et l'issue fatale, à brève échéance, ne faisait aucun doute ni pour nous, ni pour notre entourage. Ces malades ont guéri, et je l'avoue, à mon plus grand étonnement. Je n'insiste pas sur les phénomènes vraiment extraordinaires qui succèdent immédiatement à l'injection, ils ont été signalés par tous mes collègues. Là, encore, il est certain que nous n’avons pas entre les mains une panacée. J'ai perdu moi-même trois autres malades dont une d’une péritonite, suite d'appen- dicite, malgré ces injections. Mais je ne vous signale ici que les cas où l’action de l'injection a été sûrement indéniable et je laisse de côté les faits douteux où les malades auraient peut-être guéri sans intervention. J'ai essayé cette même méthode dans deux cas d'infections rénales suppurées aiguës alors que l’un des deux reins, plus malade, avait été ouvert et drainé. Les résultats que j'ai obtenus, et que les lois de la physiologie pathologique pouvaient faire prévoir, ont été à peu près _SÉANCE DU 16 MAI 503 négatifs. J'ai pu provoquer une diurèse abondante, rendre à la bouche son humidité d'un pronostic généralement si favorable, mais je n'ai réussi qu'à prolonger de quelques jours la vie de mes malades. I est probable que de ce côté nous trouverons certaines formes de pyéloné- phrites justiciables du lavage du sang, mais je ne peux actuellement en préciser les indications. Il. — Le point de physiologie pathologique que je.voudrais aborder, a trait au mode d'action de ces lavages. Il est logique de penser que les doses massives d’eau injectée entraînent les toxines, et, pour le tétanos, c'est la seule explication de l’effet du lavage, mais cette élimination ne peut avoir lieu que par un intermédiaire obligé, le relèvement et le maintien à une tension normale de la pression artérielle. Les conditions dans lesquelles nous agissons chez nos malades diffè- rent de celles dans lesquelles s'étaient placés les expérimentateurs. Les quantités d'eau injectée sont beaucoup moindres en pathologie humaine que dans les expériences de M. Dastre. Nous faisons une injection intraveineuse qui est une simple réplétion de l'appareil circula- toire, et nous nous arrêtons juste au moment où le lavage véritable commencerait, et cependant le résultat pratique est acquis, puisque nous mettons ainsi en jeu l'action des émonctoires naturels (diurèse, sécrétion salivaire, diaphorèse, etc.). Une seconde différence entre nos conditions d’expérimentation, c’est que le physiologiste agit sur un animal sain, dont la tension artérielle est normale, et nous agissons au contraire sur un malade dont le pouls est petit, rapide, mou et fuyant, symptomatique d'une tension artérielle minima. Depuis bien longtemps, j'ai remarqué que le premier symptôme d’une infection grave chirurgi- cale, c'est l'abaissement de la pression artérielle, et quand on observe les accidents qui terminent ces péritonites suraiguës, on arrive à cetle conviction que nos malades succombent par asthénie cardiaque, soit que l’intoxication frappe les centres vaso moteurs, soit qu'elle atteigne l'appareil aerveux du cœur lui-même. Le muscle cardiaque se contracte follement et à vide. Or le premier effet d’une injection intraveineuse, en pareil cas, c’est l'augmentation de la tension artérielle, la régularisation et la diminution des battements du cœur. L'action est si rapide et si manifeste, qu'il est bien difficile d'y voir tout d'abord autre chose qu'une simple action mécanique, un véritable point d'appui donné à la contraction cardiaque. Je crois que cette tonicité rendue à l'appareil circulatoire, joue, par elle-même, un rôle considérable. En effet, l’abaissement de la pression artérielle, provoquée par l'infection, à pour conséquence corrélative immédiate, une excrélion minima d'urines qui est réduite à ‘quelques centigrammes, et celte suppression du filtre rénal, seule voie d'émonc- tion, est un obstacle à l'élimination des toxines et une cause de l'aggra- valion des accidents. Or le second résullat bien net et presque immé- 504 SOCIÉTÉ Di BIOLOGIE — diat d’une injection intraveineuse, c'est la diurèse. Nous voyons nos malades uriner de 1,000 à 3,000 grammes dans les 24 heures, suivant les quantités injectées. Cette urine, dont je n'ai pu encore déterminer le coefficient de toxicité, renferme bien probablement un grand nombre des produits morbides qui empoisonnaient le malade, et c’est alors que l’action du lavage véritable commence, et non seulement le rein, mais les glandes salivaires, la peau, l'intestin contribuent, pour leur part, à l'élimination des produits toxiques. Il se fait, en somme, une guérison naturelle de la maladie par mise en jeu des émonctoires naturels. Le rétablissement de la tension artérielle et la continuation de l’in- jection intraveineuse, aurait même le pouvoir d'empêcher l'absorption au niveau des foyers morbides. Quoi qu'il en soit, il est certain que le man- que complet d'ingesta chez nos opérés doit singulièrement faciliter la résorption par les veines au niveau des régions infectées, et que le rétablissement de la pression normale doit les diminuer d'autant. Tels sont les quelques faits de physiologie que je viens vous sou- mettre, et sur lesquels je serais heureux d’avoir l’avis de la Société. SUR LES SOLUTIONS SALÉES DITES PHYSIOLOGIQUES, par M. L. Marassez. Les solutions de chlorure de sodium que l’on emploie le plus généralement en histologie, en physiologie, comme aussi en clinique depuis quelque temps, sous les noms de sérums artificiels ou de solutions salées physiologiques contiennent environ 7 gr. 5 de chlorure de sodium pour 1000 d’eau. Or, en ce qui regarde les globules rouges normaux de l'homme et de quelques animaux supérieurs (1), cette solution n'est pas celle qui les conserve le mieux, ce n’est pas la plus physiologique. Je m'en suis assuré de deux façons différentes : 1° En appréciant les diminutions de nombre, c’est-à-dire les destruc- tions de globules, qui se produisent après un temps plus ou moins long dans des mélanges sanguins de titres déterminés toujours les mêmes, faits avec cette solution salée et toute une série d’autres plus ou moins concentrées; 2 En appréciant les modifications de forme et de dimensions qui se produisent presque aussitôt le mélange fait, alors que le nombre ne paraît pas modifié, que la forme même semble, à la simple vue, parfai- tement conservée. (1) On sait qu'une solution salée, bonne pour une espèce donnée à l’état de santé, peut ne plus l'être aulant pour une autre espèce ou pour la même à l’état pathologique. SÉANCE DU 16 MAI 505 ————————————————————— ————————————————————————————————— _———————û —û a — Les résultats obtenus de part et d'autre sont concordants. Et comme les destructions globulaires ont été déjà étudiées; tandis que les pre- mières altérations de forme et de dimensions me semblent peu connues et sont cependant très intéressantes, je parlerai seulement de ces der- nières (1). Dans des mélanges au 200°, au 100° ou au 50°, faits avec le sang des êtres que j'ai dit et la solution salée à 7.5 p. 1000, les globules rouges commencent par diminuer de diamètre et augmenter d'épaisseur. Cette modification est déjà très considérable avant d’être sensible à la simple vue de la préparation, cela tient probablement, je suppose, à ce que la plupart des globules l’ont subie et qu’on n’a plus de termes de compa- raison. Chez un lapin, par exemple, le diamètre moyen des globules, qui était de 7 uw 14, était tombé à 5 4 26 pendant le temps relativement court, passé à faire la préparation, soit une diminution de 26 p. 100, ce qui est énorme. Plus tard, cette altération s'exagère, devient très visible, puis les globules prernent les formes sphériques ou crénelées bien connues. Au contraire, avec des solutions salées beaucoup plus concentrées dépassant 5 p. 100, les diamètres s’agrandissent, les épaisseurs dimi- nuent; puis les globules semblent s'aplatir, et beaucoup se plissent irrégulièrement. Ces modifications sont moins rapides, moins considé- rables que les précédentes; ainsi chez le même lapin que plus haut et dans les mêmes conditions, le diamètre de 7.14 était monté à 7.39 dans une solution salée à 10 p. 100, à 7.52 dans une solution à 20; soit des augmentations de 3.5 et de 5.3 p. 100 seulement. Les solutions intermédiaires voisines de 1 p. 100 et même quelque peu supérieures conservent beaucoup mieux les dimensions et les formes normales des globules. Au début et dans les mêmes laps de temps, je n'ai trouvé, toujours chez le même lapin, que des variations très faibles, rentrant dans les limites d'erreurs des méthodes de mensuration que j'employais, très exactes cependant. Inutile de discuter la signification de ces diverses modifications ; si, comme je l'ai supposé, les diminutions de diamètre correspondent à des augmentations de volume dues à des absorptions de liquides; etinver- sement pour les augmentations. Il suffit, en pratique, de connaitre leur existence et leur importance. Il est probable en effet que de telles modi- fications de dimensions s'accompagnent de modifications dans la vie et les fonctions des globules, voire même dans leur circulation. Peut-être s’en produit-il également dans l'état et la fonction de beaucoup d'autres éléments de l'organisme. On arrivera vraisemblabiement à les éviter, les (1) J'ai eu souvent, et depuis longtemps, l'occasion de les signaler au labo- ratoire. Il y à trois ans, je m'en suis occupé tout particulièrement dans un cours fait au Collège de France en remplacement de M. Ranvier. PIE es 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE atténuer tout au moins, en remplaçant cette prétendue solution salée physiologique à 7,5 p. 1000, par celle à 10 p. 1000, ou au centième (4). Resterait à savoir jusqu'à quel point ces modifications sont nuisibles; siau contraire, dans certains cas pathologiques elles ne seraient pas utiles, s'il n'y aurait pas intérêt à employer au lieu de solutions aussi physiolo- giques que possible, des solutions modificatrices, soit dans un sens soit dans l’autre, des solutions ou plus concentrées ou plus diluées que celle à 1 p. 100. Ceci pour dire que si je préconise cette dernière ce n'est pas d’une façon exclusive et absolue (2). NOTE RELATIVE A LA COQUE EXCRÉMENTITIELLE DES OEUFS ET DES LARVES DE CERTAINS INSECTES, EN PARTICULIER DU Clythra quadripunclata, par M. A. LÉCAILLON. (Travail du laboratoire de M. Balbiani au Collège de France.) Les œufs de certains insectes reçoivent, au moment où ils sont pondus, une enveloppe protectrice singulière ; ils sont entourés d’une coque construile par la mêre avec ses propres excréments. Chez le Clythra quadripunctata que l’on peut prendre pour type à ce point de vue, l'œuf recouvert de sa coque excrémentitielle (fig. À et OC) a la forme d’une petite masse cylindrique, arrondie aux deux extrémités, de 1 millimètre 1/2 de long sur un diamètre transversal d’environ 1 millimètre. Cette masse est hérissée de lamelles pointues à leur extré- mité libre, disposées régulièrement sur toute la surface et dirigées toutes vers le même pôle de l'œuf. Si on détache ces lamelles, par exemple en raclant le contour avec une aiguille, la surface de la coque se montre divisée en petits losanges (fig. E) égaux entre eux et placés très régu- lièrement en rangées soit qu’on les considère dans le sens longitudinal, soit qu'on les considère dans le sens transversal. Ces losanges qui sont au nombre d'une cinquantaine pour chaque œuf, ont leurs bords soudés les uns aux autres et leur surface un peu concave. La face interne de la coque est au contraire lisse et directement appliquée contre le chorion de l'œuf. Le nombre des lamelles épineuses qui émergent de la surface correspond exactement au nombre des facettes losangiques ; il yen a une par facette. La confection de cette coque demande à l’insecte un temps long de plusieurs heures ; dès que l’une des extrémités de l’œuf sort de l’orifice (1) Au laboratoire, nous en avons toujours de toutes préparées d’avance, qui, stérilisées d'avance, sont conservées dans des flacons de capacités. diverses analogues à ceux de Soxhlet. (2) Un complément à cette note sera donné dans la séance prochaine. : SÉANCE DU 16 MAI 507 génital de la femelle pondeuse, celle-ci y dépose la substance excré- mentitielle qu'elle pétrit ensuite avec les tarses de ses pattes postérieures tout en maintenant l'œuf avec ces mêmes pattes. L'œuf sort peu à peu de l’orifice génital et est à mesure recouvert de la coque ornementée comme on vient de le voir; il est alors abandonné par la femelle. L'enveloppe excrémentitielle se dessèche alors, devient dure et résis- tante, l'ensemble des lamelles formant en outre une zone élastique. Les divers individus de Clythra quadripunctata pris au moment de la maturité sexuelle, s'accouplent et pondent parfaitement bien en capti- vité; mais alors les premiers œufs pondus sont seuls recouverts de la coque excrémentitielle normaïe, tandis que les suivants ne le sont qu'en parlie ou même pas du tout. Ce fait est certainement dù à la privation d'aliments capables de fournir les matériaux excrémentitiels nécessaires à la confection des coques. Ces œufs se développent d’ailleurs tout aussi bien que les autres, mais les larves qui en naissent sont forcément nues, tandis que celles qui proviennent des œufs normaux se contentent de faire un petit trou à l’une des extrémités de la coque, mais restent à l'intérieur de celle-ci; pour se déplacer, elles sortent par l'ouverture leur tête et leur thorax avec les trois paires de pattes, tandis que l'abdomen ne quitte jamais la coque. A mesure que ces larves grandissent, elles déposent leurs excréments sur les bords de l'ouverture de celle-ci de façon à en accroître continuellement la longeur et la largeur ; cette opération est facilitée par ce fait que l'abdomen de la larve est toujours replié sur lui-même du côté de la face ventrale, ce qui lui permet d'approcher facilement son extrémité anale du bord de l'ouverture. Quant aux larves nues, nées d'œufs privés de leur enveloppe, elles ont aussi leur abdomen replié sur la face ventrale, mais elles paraissent incapables de se construire la coque qui leur manque. La structure de la coque de l'œuf de Clythra quadripunctata permet de faire une remarque intéressante relativement à l'orientation de l'embryon dans l'œuf par rapport à la position de celui-ci dans l'ovaire. En effet, l'œuf dépouillé de son enveloppe (fig. B et D) a ses deux extré- mités identiques, tandis que pour l'enveloppe, le pôle a (fig. C) difière du pôle 4 puisque toutes les pointes des lamelles sont dirigées vers lui. 508 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Il faut absolument que la tête de l'embryon, dans l'œuf, soit dirigée vers b et non pas vers 4, afin qu'après l’éclosion la larve sorte la partie anté- rieure de son corps par l'extrémité à et ne soit pas gênée dans sa marche au milieu des herbes ou du sable par les lamelles de la coque. Et de fait, c'est toujours par l'extrémité 4 que la œuune est ouverte par la larve au moment de l’éclosion. Or, le pôle # est celui qui sort le dernier de l'oviducte, celui qui est recouvert en dernier lieu par la substance excrémentitielle, celui qui, dans l'ovaire, est tourné vers la tête de la mère; on peut donc dire que la disposition de la coque de l’œuf implique cette nécessité que dès l'ovaire ou tout au moins dès le moment de la ponte, les deux pôles de l’œuf soient différenciés intérieurement, de façon que plus tard, la tête de l'embryon soit dirigée vers le pôle antérieur de l'œuf, c’est-à-dire vers celui qui est le plus près de la tête de la mère. Cette conclusion s'accorde d’ailleurs avec la loi de l'orientation de Hallez, trouvée sur l'Hydrophile et vérifiée par Wheeler sur la Btatte et le Doriphora. Le rôle de la coque excrémentitielle du Clythra quadripunctata est uniquement un rôle de protection et ce rôle est rendu efficace pour deux raisons : 1° Par un phénomène de mimétisme. L'œuf privé de sa coque est en effet d’une couleur jaune vif le rendant très visible à distance, tandis que revêtu de son enveloppe il est d’une couleur brunâtre voisine de celle des herbes ou du sol où il est déposé. 2° Par suite de l’élasticité, de la dureté et de la nature excrémentitielle de la coque. Le chorion de l’œuf est en effet extrêmement mince, de l'épaisseur seulement de la membrane vitelline, alors que dans la plu- part des œufs d'insectes le chorion est 5, 10, 20 fois plus épais que la membrane vitelline. La moindre pression, le moindre choc suffisent pour écraser l'œuf privé de son enveloppe excrémentitielle. Il paraît certain que l'espèce Clythra quadripunctata serait vite amenée à disparaître par suite d’un effet de sélection naturelle si ses œufs, à très mince chorion, se trouvaient tout à coup privés de leur coque protectrice. Inversement, on peut admettre que c’est grâce à la présence de cette coque que la sélection naturelle a laissé persister une espèce où le chorion est si peu résistant et aussi le nombre des œufs pondus par chaque femelle très peu élevé. Quant à la nature excrémentitielle de la coque, il est logique d’ad- mettre qu'elle doit détourner les animaux qui pourraient, sans sa présence, prendre l’œuf comme nourriture. Le singulier moyen employé chez le Clythra quadripunctata pour pro- téger l’œuf, l'embryon et la larve existe-t-il ailleurs? et s’il existe comment est-il apparu et comment s'est-il perfectionné? Un certain nombre de faits connus permettent de répondre à ces questions. On sait, en effet, que les larves d'un certain nombre d'insectes habitent SÉANCE DU 16 MAI 509 un lube plus ou moins parfait qu’elles construisent elles-mêmes, qu'elles transportent avec elles et dans lequel elles se retirent pour se dérober à leurs ennemis ou pour subir leurs métamorphoses. Telles sont, par exemple, les larves de Teignes, de Phryganes et aussi de beaucoup de Chrysomélides parmi lesquelles les Cassides, les Cryptocéphales, les Clythres. Mais ces tubes sont construits suivant deux procédés tout à fait différents et qu'il importe, je crois, de distinguer nettement : lesuns sont construits par les larves au moyen de matières prises dans le mi- lieu ambiant, grains de sable, d'argile, de calcaire, débris de coquilles, débris végétaux, etc. ; ce sont des péloconques [rnd6, boue, terre, argile, etc., x0yyn, coquille] — les autres sont plus spéciaux et construits par les larves avec leurs excréments, ce sont des scatoconques [oxurôs, excréments]. Je n'ai à envisager ici que les scatoconques. Gené (1), docteur de la Faculté de philosophie de Pavie, a reconnu le premier que les tubes des larves de Cryptocéphales et de Clythres sont faits des excréments des larves, et non pas de malières terreuses comme on le croyait avant lui; ce sont des scatoconques, et non pas des pélo- conques. Il remarqua, en outre, qu’il y a des degrés dans la perfection des scatoconques suivant les espèces, et qu’on peut trouver tous les intermédiaires entre les scatoconques rudimentaires, comme celles des Cassides, où elles constituent un simple parasol pouvant recouvrir en partie le dos de la larve et celles des Clythres où elles forment des tubes complets et parfaitement construits. Pour Gené, le mode de protection au moyen d'une scatoconque, serait arrivé à son dernier degré de per- fection avec les scatoconques larvaires des Clythres. Ce même observa- teur a cependant, le premier encore, en 1827, remarqué que les femelles de Cryptocéphales et de Clythres déposent une matière excrémentitielle autour de leurs œufs, mais il ne pense pas à considérer ce fait comme un perfectionnement du procédé de protection qui nous oceupe. Il me semble rationnel d'admettre avec Gené que ce procédé apparaît avec les larves qui, comme les Cassides, ne construisent qu'un court parasol ; seulement, il ne se termine pas avec la scatoconque larvaire des Clythres, mais bien avec leur scatoconque ovulaire. La scatoconque ovulaire est arrivée à se produire seulement chez les insectes ayant déjà une scatoconque larvaire bien complète et, semble-t-il, d'une manière tout de suite assez parfaite parce qu'elle se produisait chez des insectes déjà habitués à se construire une scatoconque larvaire complète. En résumé, certains insectes sont protégés pendant une partie de leur vie par une coque de nature excrémentitielle ou scatoconque. Celle-ci est larvaire, quand elle est fabriquée par la larve elle-même; elle est ovulaire quand la mère la construit elle-même autour de chacun de ses œufs. La scatoconque est apparue chez les insectes sous forme de sca- (1) Annales des sciences naturelles, Zoologie, tome XX, p. 155, 1839. 510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toconque larvaire très imparfaite ; puis elle s’est perfectionnée peu à peu. Ensuite, chez les espèces ayant déjà une scatoconque larvaire complète, est apparue une scatoconque ovulaire. C’est précisément le cas du Cly- thra quadripunctata; 1à, la scatoconque larvaire est complète et la sca- toconque ovulaire bien construite et parfaitement ornementée. Les insectes ainsi munis de deux scatoconques sont pendant presque toute leur existence protégés par leur enveloppe excrémentilielle : l'embryon s'y développe, la larve y grandit, les métamorphôses s'y font: seule, la courte période d'existence ailée se passe en dehors de cet abri pro- tecteur. ERRATUM M. le Dr Garnault, dans sa communication du 25 avril dernier, a attribué, par erreur, à Dennert, un travail qui appartient en réalité à Grunert ; c'est de son mé- moire intitulé : « Die Extraction der Columella bei Tauben »,. paru dans les Fort- schrifte der Medicin., n° 19, 1er octobre 1894, qu'il s'agit. Le {iérant : G. MASSON. ———————————————.——.—.—..————…_—_————.———— Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUx, directeur, 1, rue Cassette 511 SÉANCE DU 23 MAI 1896 M. L. Mazassez : Sur les prétendus liquides conservateurs ou fixateurs des globules rouges, et les erreurs qu'ils peuvent causer dans les mensurations et évaluations de volume de ces éléments. — M. Cu. FÉRé : Note sur un coq atteint de torticolis permanent avec recrudescences aboutissant à des accès épileptiformes. — M. Ca. FÉRÉ : Tératomes expérimentaux. — M. E. GérarD : Fermentation de l'acide urique par les microorganismes. — M. le professeur E. A. Homéx : De l’action du streptocoque et de ses toxines sur les nerfs, les ganglions spinaux et la moelle épinière. — MM. E. GLex et V. Pacnon : Influence du foie sur l'action anticoagu- lante de la peptone. — MM. J. Araanasiu et J. CARVALLO : La propeptone comme agent anticoagulant du sang. — M. Fowzes-DrAcox : Elimination des sels alcalino- terreux daus un cas d’ostéomalacie. Présidence de M. Giard. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. GrarD dépose deux volumes de M. Joseph Perraud, intitulés : 1° La taille de la vigne, étude comparée des divers systèmes de taille ; 20 Le traitement du black-rot, dans les vignobles du Centre et de l'Est. M. Grarb dépose aussi un volume du D" Paul Ballion, intitulé : De l'instinct de la propreté chez les animaux. SUR LES PRÉTENDUS LIQUIDES CONSERVATEURS OU FIXATEURS DES GLOBULES ROUGES, ET LES ERREURS QU'ILS PEUVENT CAUSER DANS LES MENSURA- TIONS ET ÉVALUATIONS DE VOLUME DE CES ÉLÉMENTS, par M. L. MALassez. (A l’occasion du procès-verbal de la dernière séance.) Dans la dernière séance, à propos d’une communication de M. Tuffier sur le lavage du sang, je disais que les solutions salées dites physiolo- giques à 7,5 p. 1000, généralement employées, produisaient rapidement des altérations notables des globules rouges, alors même qu'à un simple examen microscopique ceux-ci ne paraissaient modifiés en rien. Je citais comme exemple des diminutions de diamètre de 26 p. 100 que j'avais constatées dans de telles solutions, presque aussitôt la prépa- ration faite, sur des globules de lapin adulte et normal; tandis que chez le même animal, des solutions salées à 10 p. 100 produisaient au contraire des augmentations; c’étaient les solutions intermédiaires, à 4 p. 100 ou un peu plus concentrées, qui étaient les moins altérantes. Je voudrais ajouter aujourd'hui que j'ai observé des altérations ana- BioLoaie, Compres RENDUS, — 10 série. r, III. 38 512 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE logues avec lLous les prétendus liquides conservateurs ou fixateurs que j'ai examinés. Ainsi, chez le même lapin, les solutions de sulfate de soude inférieures à 10 p. 100, de bichromate de potasse de 2,5 à 10 p. 100, le liquide de Müller, l'acide osmique à 1 et 2 p. 100, déterminaient des diminutions de diamètre plus ou moins considérables, à la façon de la solution salée dite physiologique à 7,5 p. 1000. Au contraire, les solu- tions de sulfate de soude supérieures à 10 p. 100 produisaient des augmentations, comme les salées supérieures à 5 p. 100. Il serait très intéressant de savoir au juste quelle est la signification de ces lésions, jusqu’à quel point elles sont nuisibles au fonctionnement des globules rouges, etc. Je me contenterai d'appeler simplement l'attention sur les conséquences sérieuses qui en peuvent résulter, lorsque dans des mensurations ou dans des évaluations de volume de globules, on commence par diluer le sang dans de tels liquides, ainsi qu’on l’a fait et qu'on le fait encore. Ces dilutions préalables ont évi- demment l'avantage de faciliter certaines des opérations à faire; mais d'autre part, et par suite des modifications de diamètre que je signale, on s'expose à de graves erreurs, non seulement à des erreurs absolues, mais encore à des erreurs relatives, puisque ces modifications varient lorsque les conditions dans lesquelles on se trouve ne sont pas exac- tement les mêmes, ce dont précisément l’on n’est pas toujours sûr ni informé. C'est par exemple ce qui est arrivé pour la mensuration des glo- bules rouges à l’un des premiers observateurs qui ait appliqué mes procédés de numération. Voulant avec raison comparer les variations de nombre aux variations de dimension, il mesurait les globules san- guins dans le mélange même qui lui servait à les compter. Malheureu- sement, son liquide de dilution étant trop aqueux, les résultats qu'il a obtenus ont été beaucoup trop faibles. Le sérum sanguin employé comme liquide de dilution à la façon de Buntzen donne de meilleurs résultats. Mais rien ne vaut pour les mensurations de globules, les préparations de sang desséchées, convenablement faites et conservées. Les résultats obtenus sont très voisins de ceux obtenus avec du sang frais, à peine un peu inférieurs ; ils sont beaucoup plus constants, beaucoup plus sûrs, et les manœuvres de mensuration incompara- blement plus faciles et plus exactes qu'avec n'importe quel autre mode de préparation, je l’ai démontré expérimentalement. Des erreurs de même source se produisent également quand on veut évaluer le volume de la masse globulaire totale dans une quantité donnée de sang, soit en laissant déposer lentement les globules sous l'influence de la pesanteur, soit en les centrifugeant comme on le fait maintenant. Dans les deux cas on dilue le sang au préalable, afin de l'empêcher de se coaguler, afin aussi de faciliter le dépôt des globules, ceux-ci se trouvant alors dans un milieu moins dense. Mais ces dilutions as Lu, SÉANCE DU 23 MAI 513 —— modifient leurs dimensions, leur forme, vraisemblablement leur volume ; et par conséquent celui de leur ensemble. Ce n’est pas là une idée à priori. Dans les essais que j'ai faits autrefois avec ces deux méthodes, je suis arrivé à des résultats qui m'ont paru beaucoup trop élevés; et j'en dirai autant de ceux publiés depuis par divers auteurs. Prenons, par exemple, ceux obtenus par Hedin (1890) et Darland (1891) chez l'homme sain. Comme ils ont eu l’un et l’autre l’excel- lente idée d'évaluer les nombres des globules en même temps que les volumes des masses globulaires, on peut, en divisant ces dernières valeurs par les premières, en tirer le volume moyen des glabules. J'ai trouvé ainsi qu'il dépassait un peu 101 pÿ. Or si l’on calcule ce même volume, à la facon de Harting, en partant des largeur et épaisseur moyennes mesurées au microscope, et en supposant les globules de forme cylindrique, c’est-à-dire en ne tenant compte ni de la biconcavité de leurs deux faces, ni de l'arrondissement de leurs bords, donc en les faisant plus volumineux qu'ils ne sont, on arrive à des volumes beaucoup plus faibles. J'ai obtenu ainsi de 88 à 94 L* seulement. Et si à la facon de Welker on tient compte de leur véri- table forme, on n obtient plus qu'un volume d'environ 73 u. Il n’y a donc pas en douter, les volumes moyens de globules cal- culés d'après les données de Hedin et de Darland sont beaucoup trop élevés. Pourquoi? ce n’est certainement pas parce que les nombres de globules trouvés par eux soient trop faibles ; leurs moyennes (4,503,000 et 5,092,000) sont à peu de chose près celles que l’on obtient chez l'homme sain avec des appareils et procédés de numération exacts. Il faut donc que ce soit leurs évaluations de volume qui aient donné des chiffres trop forts; comment cela ? On peut supposer d’abord que les espaces libres qui existent forcé- ment entre les globules voisins par suite de leurs formes arrondies n’ont pas disparu complètement sous l’action de la force centrifuge; en sorte que le volume total de ces espaces se trouve porté au compte de la masse globulaire, laquelle en est augmentée d'autant. Je pense aussi que les déformations globulaires dues au liquide de dilution et sur lesquelles j'appelle ici l'attention y entrent pour une bonne part. Avec les liquides employés dans ces recherches, les défor- mations sont en effet analogues, je l’ai constaté, à celles que produisent les solutions salées dites physiologiques, à 7,5 pour 1000; c’est-à-dire qu'elles déterminent chez les globules une diminution de largeur, une augmentation d'épaisseur, une tendance à prendre la forme sphérique. Or un tel changement de forme me semble capable de faire augmenter le volume de la masse globulaire de deux façons différentes : 4° en augmentant l'importance des espaces interglobulaires, en les rendant moins réductibles, 2 en augmentant peut-être le volume de chaque glo- bule malgré leur diminution de diamètre. Soit par exemple un glo- 514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bule normal de lapin ayant 741% de diamètre : d'après mes calculs, . il aurait un volume d'environ 47 tÿ, mais il suffit qu'il prenne la forme d’une sphère de 5 # de diamètre pour que ce volume s'élève à 65 pi. Ce genre de transformation serait dû, je pense, à ce que les globules absorbent davantage de liquide, et tendent à prendre la forme sphé- rique, qui est celle du plus grand volume sous la moindre surface; peut-être aussi leur substance propre se ramollit-elle? Quoi qu'il en soit, l'important est de savoir que les évaluations de volume de masse globulaire, obtenues en diluant le sang et en mesu- rant ensuite le dépôt de globules, donnent avec les liquides de dilution et les appareils habituellement employés des résultats beaucoup trop élevés. Je n'en ai guère obtenu de meilleurs dans les essais que j'ai faits autrefois (1) en employant des liquides de dilution moins altérants et des centrifugeurs encore imparfaits mais donnant cependant des vitesses plutôt supérieures. Je ne voudrais pas en conclure que ces genres d'évaluation soient mauvais en soi, ils ont leurs avantages, mais il y aurait lieu de les perfectionner, ou tout au moins de déterminer le degré d’exactitude qu'ils peuvent donner (2). NOTE SUR UN COQ ATTEINT DE TORTICOLIS PERMANENT AVEC RECRUDESCENCES ABOUTISSANT A DES ACCÈS ÉPILEPTIFORMES, _ par M. Cu. FÉRÉ. Je désire vous montrer un coq qui présente quelques phénomènes qui ne sont pas sans intérêt au point de vue des rapports des spasmes permanents et de l’épilepsie. C’est un animal âgé d'environ un an, que je dois à l’obligeance de M. Bru, l’économe de Bicêtre. Il est arrivé de la campagne en compagnie d’un jeune dindon qui l’a battu et lui a laissé une plaie de tête qui a saigné abondamment, mais dont on retrouve difficilement la trace ; il n’y amême aucune adhérence de la peau aux os sur toute l'étendue du crâne. Ce n’est d’ailleurs que quelques mois plus tard que l’on s’est aperçu que ce coq avait une attitude spéciale, et qu'il tombait dans des accès convulsifs. Depuis plus de deux mois qu'il est dans mon laboratoire, il na guère changé. Qu'il soit debout ou couché, le cou est constamment tordu de telle sorte que la face inférieure de la tête se porte en haut et à droite formant avec sa direction normale un angle qui varie de 45 à (1) On n'avait pas encore publié de telles recherches, et si je’n’ai pas fait connaître les miennes, c’est précisément que je n'avais pas été satisfait de leurs résultats. (2) Jai déjà insisté sur ces faits, principalement en 1893, à mon cours du Collège de France. SÉANCE DU 23 MAI 515 180 degrés : à de certains moments, en effet, la face inférieure de la tête regarde directement en haut. La tête ne se redresse jamais complète- ment, excepté lorsque l'oiseau allonge le cou pour chanter. Dans toutes les autres conditions, la torsion persiste à un certain degré; illa con- serve quand il mange, et, quand il déglutit, le renversement est généra- lement complet. De temps en temps, la torsion s’exagère brusquement, et alors le corps de l’animal roule tout à coup autour de son axe et tombe sur le côté gauche. Il arrive souvent qu'il reste longtemps dans cette position. D'autres fois il roule sur le dos et reste de même dans cette atlitude. Enfin plus rarement la chute sur le dos s'accompagne de secousses clo-- niques dans les ailes et dans les membres inférieurs durant une minute ou deux. Plusieurs fois nous avons constaté que l'animal était insen- sible pendant cette période de secousses ; on n’a jamais constaté d’insen- sibilité dans aucune autre circonstance, jamais il ne jette aucun cri: . jamais il n’a de déjections. Cette tendance à tourner sur son axe rappelle celle qu'on observe dans les lésions pédonculaires. L’autopsie nous éclairera un jour sur ce point. TÉRATOMES EXPÉRIMENTAUX, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà montré plusieurs fois à la Société, des poulets porteurs de tumeurs développées en conséquence de greffes de blastodermes pris dans l’œuf et d’un développement de deux à trois jours (1). Ces tumeurs sont constituées par des éléments normaux en proportions diverses, montrant que les cellules mésoblastiques en particulier qui ne paraissent se différencier qu'à partir du cinquième jour de l’incubation, peuvent continuer à évoluer après la greffe. Qu’elles se développent immédiatement après la greffe ou un peu plus tard, ces tumeurs avaient pour caractère de se résorber au bout de quelques semaines après avoir acquis un volume variable, mais ne dépassant guère celui d’un gros pois. La plus persistante que j'aie obser- vée date du 12 février, mais elle est réduite au volume d’un grain de millet. | Je puis vous présenter actuellement un coq qui offre peut-être une aptitude spéciale, car dans les différentes régions où les greffes ont élé (4) Note sur le sort des blastodermes de poulet implantés dans les tissus d'animaux de la même espèce (C. R. Soc. de Biol., 1895, p. 331). La famille tératoplasique (Hevue de chirurgie, 1895, p. 696), = 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faites, elles n’ont pas cessé de croître. C'est le 29 février qu'on lui a greffé sur les flancs et dans les appendices sous-maxillaires des embryons de quarante-huil heures, et vous pouvez voir sur ces quatre points des tumeurs bien limitées; celle du flanc droit principalement qui constitue une masse assez régulièrement arrondie mobile, de 15 millimètres de large sur 17 de long. On ne peut pas prévoir quel sera Le sort de ces tumeurs, mais jai tenu à les montrer parce que leur croissance se prolonge déjà beaucoup plus que dans les expériences que j'ai suivies depuis dix-huit mois. FERMENTATION DE L’ACIDE URIQUE PAR LES MICROORGANISMES, note de M. E. GÉRARD, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Toulouse. Je me propose, dans cette note, de communiquer les premiers résultats d'une étude que je poursuis actuellement sur la décomposition de l’acide urique par l’action seule des microorganismes. Le 10 décembre 1895, j'avais laissé ouvert à l’air un ballon renfer- mant une solution de 3 grammes de phosphate disodique et de 0 gr. 50 d'acide urique pur dans 500 centimètres cubes d’eau. On sait que M. Donath (1) a moutré que l'acide urique, presque insoluble dans l’eau froide, se dissout dans une solution de phosphate de soude en donnant un urate alcalin. Après 4 jours d'exposition à l’air, le liquide était envahi par des microorganismes qui troublaient sa transparence. La liqueur renfermait du carbonate d’ammoniaque. Une nouvelle propor- tion d'acide urique est ajoutée. Les microorganismes continuent à pulluler et se déposent en zooglées au fond du ballon; ils sont formés par des coccus et des bactéries nombreuses. Des cultures sont alors faites sur bouillon peptonisé et sur gélose, avec lesquelles on ensemence de nouvelles solutions stérilisées de phos- phate disodique et d'acide urique. Le développement des microorga- nismes se fait assez rapidement à la température de 30 à 32 degrés, et, tous les 3 ou 4 jours, on ajoute une autre quantité d'acide urique. La décomposition de ce dernier composé s'effectue toujours régulièrement et a pu, même dans certaines expériences, se continuer pendant longtemps. Nous verrons plus loin que la production de carbonate d’ammoniaque est irès vraisemblablement le résultat d’une action secondaire d’un microorganisme urophage sur l’urée produite dans le dédoublement (1) Journ. prakt. Chem., 2° série, t. IX, p. 145. SÉANCE DU 23 MAI 517 de l'acide urique. En effet, dans certames fermentations, on a obtenu de l’urée comme principal produit formé. Voici comment on a pu déceler l'existence de l’urée : on a évaporé à siccité au bain-marie le liquide d'une fermentation ; le résidu a été traité par l'alcool absolu qui a dissous un produit cristallisant en aiguilles et présentant tous les caractères physiques et chimiques de l’urée. Une phase très intéressante du processus de la fermentation était ainsi mise en évidence : l'acide urique se décompose sous l'influence de certains microorganismes en donnant de l’urée et du carbonate d’am- moniaque. Me basant sur ce fait acquis, j'ai entrepris defnouvelles fermentations dans lesquelles j'ai dosé l’urée et le carbonate d’ammoniaque. EXPÉRIENCE I. — 7 mars. Ensemencement avec une trace des cultures sur bouillon peptonisé précédemment obtenues, de la solution suivante : Phosphate disodique. . . . . . . 3 grammes. ACITEUTIQUE DUR, ES 44e ON ETD0 Eau distillée. . . . . . : . : . . 500 centimètres cubes. 19 mars. Dosage de l'ammoniaque et de l’urée : Nomoniaquenpur Guise ah fondélescactet enr0er 068 Hréer Salt hi ends se Paie 24 ee 0200 Cette quantité de 0 gr. 250 d'urée correspond à 0 gr. 142 d'ammo- niaque, soit, au total, 0 gr. 210 d'ammoniaque. Exp. Il. — 7 mars. Ensemencemént d’une même solution de 0 gr. 50 d'acide pur et de 3 grammes de phosphate de soude. 1: avril. Les dosages de l’ammoniaque et de l’urée donnent les résultats suivants : ARR NHAUeS EST SLA UNS 1001 DHEA nt A en el ie ue ee ao Cette quantité de Ogr. 215 d'urée correspond à 0 gr. 155 d’ammo- niaque, soit, au total 0 gr. 206 d'’ammoniaque. En admettant que tout l'azote de la molécule d’acide urique (C*H*Az*0#*) soit transformé en ammoniaque, on a théoriquement 0 gr. 202 d’ammo- niaque pour les O0 gr. 50 d'acide urique mis en expérience, chiffre voisin de ceux que nous avons trouvés. Dans une autre expérience, la proportion de carbonate d'ammoniaque produit est encore moins élevée et, au contraire, celle de l’urée est plus grande. Ainsi : Exp, If. — Ensemencement, le 26 mars 1896, d’une liqueur renfer- PEL TS CPP ER ET PQ LP nd 6 | SVER st: an Old dde ia CR Ve -at i FINS — 1 . Ve ur + ils PAT 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mant : acide urique, 1 gramme; phosphate disodique, 6 grammes; eau distillée, 2 litres. 6 avril. Dosage de l’urée et de l’ammoniaque. ÜT6E 22 AR En VER CE UE EEE AMIMONAQUE MEME. IE SHSEEET SR ERUEUE Ces résultats correspondent à 0 gr. 657 d'acide urique. IL restait dans le liquide une partie de l'acide urique non transformé. Enfin dans une autre fermentation, commencée le 28 février 1896 et terminée le 26 mars, on a retiré 1 gr. 313 d’urée formée aux dépens de 3 grammes d'acide urique ajoutés par fractions de 0 gr. 50 tous les 2 ou 3 jours. Le carbonate d'ammoniaque et l'acide urique non transformé n'ont pas été dosés. Il résulte de ces premières expériences que l'acide urique est décomposé par certains microorganismes, en urée et carbonate d’ammoniaque. Il est très probable que l'urée, principal produit formé, subit ultérieurement l'action d'un microbe urophage qui l'hydrate et donne du carbonate d'am- moniaque. Ce qui semble l'indiquer, c'est d’abord la variation dans la quantité des produits de l'action biochimique, variation tenant à des cultures impures, et, ensuite les expériences en cours dans lesquelles on obtient exclusivement de l’urée sans trace d'ammoniaque. Il se pourrait que la fermentation de l’acide urique fût une hydrata- tion de la molécule et qu'il fût possible de démontrer la formation d'acide tartronique ou de l’un de ses produits de décomposition. C’est ce que je me propose de rechercher en essayant, en même temps, de séparer les différentes productions organisées de cette fermentation pour en faire l'étude morphologique. DE L'ACTION DU STREPTOCOQUE ET DE SES TOXINES SUR LES NERFS, LES GANGLIONS SPINAUX ET LA MOELLE ÉPINIÈRE, par M. le professeur E.-A. HomÉN, d'Helsingfors (Finlande). Les expériences auxquelles je me suis livré sur cette question dans mon laboratoire depuis l'automne de 1894, et qui ont porté d’abord sur différents microbes pathogènes, ont eujusqu'à présent plus spécialement pour objet le streplocoque, ce dernier étant le plus approprié surtout à la méthode dont je me suis servi. À cet effet, j'ai introduit directement dans le nerf (ou dans la moelle) ce microbe cultivé en bouillon. Après avoir mis à nu, immédiatement au-dessus du genou, le nerf scialique droit d’un lapin et l'avoir soulevé un peu en observant les précautions antiseptiques, j'ai injecté directement dans le nerf, à l’aide d’une seringue de Pravaz, assez de liquide pour qu'il se formât un très léger SÉANCE DU 23 MAI 519 renflement du nerf au lieu d'injection. Pour les cas jusqu'ici peu nombreux où j'ai opéré sur la moelle, j'ai d'abord ouvert le rachis et puis injecté une toute petite goutte du liquide dans la moelle. Au début j'ai expérimenté avec des streptocoques de provenances diverses; plus tard, je m'en suis tenu à un streptocoque retiré du pus d’une tendovaginite observée au mois de février 1895. Ce streptocoque est d’une grandeur moyenne, il forme des chaïnettes souvent très longues; dans les milieux ordinaires de culture, il se comporte comme celui de l’érysipèle ou pyogène; il se colore par le Gram, mais ne garde pas cette coloration assez fortement pour permettre une décoloration complète des tissus. | Ce streptocoque, de même que ceux d'autres provenances, ne pro- voqua d’abord chez le lapin qu'une réaction faible. Afin d'en augmenter la virulence, je l'ai inoculé de l'animal à l'animal. Parmi d’autres moyens que j'ai employés pour augmenter la virulence, la méthode la plus efficace, pour faire succomber à l'infection les animaux inoculés, a été de les exposer tous les jours pendant une demi-heure à deux heures à une température basse (environ zéro). J'ai obtenu ainsi des cultures assez virulentes pour provoquer au lieu de l'inoculation, sous la peau et autour du nerf à la place injectée, une infiltration caséo-purulente et le plus souvent, une infection générale qui a tué les animaux en quelques jours, parfois même dans les vingt-quatre heures. J'ai réussi à constater par des cultures la propagation des microbesle long du nerf jusque dans la moelle, et pouvant dès lors compter y trouver des altérations histologiques, je voulus rechercher dans quelle mesure les microbes ou leurs toxines provoquaient ces altérations, et, pour le cas probable où la plus grande part de l’action devait être attribuée aux toxines, si les mêmes effets seraient obtenus en préparant d'avance les toxines de ce streptocoque et en les injectant de la même manière. Dans cette étude comparée, mon collaborateur, le D'Laitinen, s’est chargé de la partie toxicologique. Il a préparé une toxine dont 10 à 15 milli- grammes injectés sous la peau ou dans l'abdomen d'un lapin l’a tué souvent dans quelques jours, et avec laquelle il a réussi à immuniser des lapins contre le streptocoque (1). Depuis le mois de septembre 1895, nous avons ainsi poursuivi nos expériences parallèlement. M. Laitinen injeclait en même temps que moi et avec les plus grandes précautions aseptiques, une dose de 10 à 15 milligrammes de toxine dans le nerf d’un lapin, et, quand les animaux ne mouraient pas spontanément, nous les avons tués aux mêmes inter- valles après l'inoculation. Nous avons employé cent cinquante lapins, faisant toujours des expériences de contrôle. Nous avons pesé les animaux (4) Le Centralblatt fur allygemeine Pathologie, ete. a publié dans son n° 9 de cette année une notice succincte sur ces toxines et leurs effets. \ PA 2] #< ni é PINS jo. NN APE MR TU te CT ET EU CS QT NU PE NEIGE TE ARE PS ARE CE 4 Ps. je: PET “ngà PRE ECC" ET 520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE opérés une fois par jour; nous avons noté s'il y avait ou non diarrhée et enregistré leur température matin et soir. Voici les différences que nous avons constatées : la diminution du poids a été plus considérable chez les animaux inoculés de microbes (souvent au début jusqu'à 100 et 200 grammes par jour); la fièvre (40 degrés et au-dessus), qui chez ceux-ci se déclarait généralement au bout de quatre à huit heures, n’apparaissait suère que le lendemain chez les animaux inoculés de toxine; la diarrhée, ordinaire chez ces derniers, était rare chez les autres; les injections de microbes ont plus souvent et plus vite provoqué la mort que celles de toxine. À la suite de l’inoculation des microbes ou de la toxine, on a observé parfois une paralysie même du côté non opéré. Chez les animaux inoculés de microbes, on observait souvent déjà au bout de deux ou trois jours un peu d'infiltration caséo-purulente autour du nerf, au lieu de l'injection, malgré les précautions prises pour l’inoculation : le nerf était, au moins pendant la première semaine, injecté sur tout son parcours, grisätre, œdémateux et très gonflé, d’un volume double et triple quelquefois. Souvent il y avait de l'injection dans les méninges de la moelle, surtout dans la région lombaire. Quant aux organes intérieurs, j'ai souvent constaté des ecchymoses sous-pleurales et sous-péricardiques, quelquefois une forte injection du péritoine, et dans l'abdomen un peu de liquide séreux et sanguinolent renfermant des streptocoques. Souvent la rate était de couleur foncée, mais peu ou point gonflée. Après l’inoculation de la toxine, l'irritation locale était rare, en tout cas légère; le nerf était grisâtre, généralement pas injecté ni aussi gonflé que par l'injection des microbes ; en revanche, les membranes séreuses étaient plus irritées et parfois le siège d’exsudations fibri- neuses, quoique aucune infection étrangère ne fût survenue. Les altérations histologiques dues à l’inoculation des microbes se sont produites sur tout le parcours du nerf et, en général, dans les racines et ganglions spinaux correspondants ainsi que dans la moelle. En ce qui concerne le nerf, les altérations, ordinairement aussi considé- rables au-dessous qu’au-dessus du lieu d'injection, se modifient à mesure qu'on s’en éloigne quant à leur étendue et leur répartition. Ainsi chez les animaux morts les premiers jours, on trouve, au lieu de l'injection et immédiatement au-dessus, une altération assez également répandue dans toute la coupe du nerf avec des leucocytes et de petites hémorra- gies dans l’épineurium, le périneurium et le faisceau lui-même, ainsi qu'une destruction considérable des fibres nerveuses. Plus haut, ces altérations existent principalement dans la partie périphérique de la coupe du faisceau nerveux, s'y montrant sous une forme diffuse en ce sens que la gaine de myéline se comporte autrement qu'à l’état normal à l'égard des matières colorantes ordinaires ; le cylindre-axe, souvent un peu gonflé, ne se différencie pas bien de cette gaine ; enfin toute la coupe SÉANCE DU 23 MAI SA. de la fibre offre souvent un aspect grenu, diffus, parfois même confondu avec des parties avoisinantes, il s'y trouve en outre des leucocytes, quelquefois aussi de petites hémorragies. Dans certains cas, cette zone périphérique altérée se distingue nettement des parties intérieures plus ou moins intactes du faisceau nerveux; dans d’autres cas, le passage d'une zone à l’autre est insensibie. Dans des cas plus anciens, au bout de quatre à sept jours par exemple, l'altération se manifeste davantage, mème dans les parties centrales du faisceau ; les noyaux de la zone périphérique diminuent. Plus tard enfin, à partir de huit à dix jours, l’altération dès 3 à 4 centimètres au-dessus du lieu d'injection est loca- lisée presque exclusivement dans le faisceau nerveux et dans toute son épaisseur, mais moins intense. Dans les ganglions spinaux correspondants, les altérations sont relati- vement petites: on voit, surtout dans a capsule, une infiltration de leu- cocytes qui, parfois, pénètrent dans l’intérieur des ganglions entre les cellules ; parmi celles-ci on trouve, surtout vers la périphérie, des exem- plaires altérés, quelquefois même tout à fait décomposés; çà et là par- fois de petites hémorragies. Dans les racines les altérations sont de même nature que dans le nerf, mais moins prononcées et, en général, plus marquées dans les racines postérieures que dans les antérieures. C'est dans la moelle qu’elles sont le moins accentuées ; en général, elles sont plus marquées dans la partie lombaire. De même que dans les méninges, il y a injection dans la moelle, avec de petites hémorra- gies, surtout vers la périphérie, quelquefois dans la substance grise. On constate encore, outre quelques leucocytes, des altérations des fibres nerveuses, pour la plupart en petites taches limitées, surtout dans la périphérie, paraissant parfois se localiser de préférence le long du sep- tum postérieur. Dans quelques ‘cas, on trouve une altération allant par- fois jusqu'à la destruction d’une partie des cellules des cornes anté- rieures, il y a alors dégénération granuleuse, ou bien les cellules sont rondes, atrophiques, sans noyaux ni prolongements. On trouve parfois dans les cellules des taches circonscrites rappelant des vacuoles, d'où les éléments chromatophiles sont disparus. Chez les animaux inoculés de toxine, en général, les altérations du nerf sont moins grandes, il y a moins d'infiltration de leucocytes ; mais dans les ganglions spinaux et la moelle, les altérations sont tout aussi marquées et réparties à peu près de même qu'à la suite de l’inoculation des microbes. Les altérations provoquées par l'injection des microbes s'expliquent pleinement par la propagation des streptocoques dans les interstices des lissus et le long des voies lymphatiques (souvent il y a, en outre, une infection générale). Disons tout de suite que, pour prévenir toute propagation de bactéries 522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE après la mort, les animaux, le plus souvent, ont été lués pendant l’ago- nie sans attendre la mort naturelle, que l’'autopsie a été pratiquée aussi- tôt, et que des cultures ont été faites même des organes intérieurs. Les deux nerfs sciatiques et la moelle ont été mis quelquefois dans le liquide de Müller, mais le plus souvent dans la solution de Zenker, pour mieux fixer les cellules. Quant à la constatation des bactéries au micro- scope, pour plus de contrôle, on a mis souvent de petites portions de nerfs et de moelle dans l'alcool absolu. Pour étudier les bactéries dans les coupes, je me suis surtout servi d’une solution faiblement alcaline de bleu de méthylène (bleu de méthylène de Lôüffler) ; pour l'étude de la structure, j'ai fait une deuxième coloration à l’aide d’une faible solu- tion d'éosine. La constatation de la présence des bactéries le long du nerf et même dans la moelle, a presque toujours réussi par les cultures et par l'examen des coupes dans les six ou dix premiers jours après l’inoculation. Dans les coupes, les microbes se voyaient souvent encore deux ou trois jours plus tard que dans les cultures de la même série, mais alors dans un certain état de dégénérescence, moins bien colorés que dans les cas plus rapides, et de formes moins régulièrement égales ; de plus, la formation des chaïinettes était moins bien marquée. Quant à leur distribution, les bactéries sont assez éparses autour du lieu d'inoculation, mais plus on se rapproche des ganglions spinaux, plus elles tendent à se localiser. Ainsi, par exemple, à 4 ou 5 centimètres au- dessus de la place injectée chez les lapins morts au bout de vingt à vingt-quatre heures, elles se trouvent surtout au bord intérieur du péri- neurium, dans l’espace lymphatique, soit en masses compactes, soit en chainettes isolées, et çà et là pénètrent dans l’intérieur du nerf entre les fibres nerveuses. Dans la moelle, les bactéries se trouvent entre les mé- ninges et surtout dans la partie lombaire, localisées plutôt du côté opéré et se groupent, comme aussi dans les cas plus anciens de préférence, autour des racines adjacentes, surtout des racines postérieures. Quel- quefois elles pénètrent dans les faisceaux de ces racines. Dans les cas de deux à trois jours, les bactéries sont dans les parties centrales du par- cours du nerf, surtout au bord intérieur de la zone périphérique altérée de la coupe du nerf et pénètrent un peu vers le centre relativement intact du faisceau; on trouve aussi des chaïnettes isolées dans la zone périphérique, rarement dans l’épineurium. Dans les racines correspon- dantes, leur distribution est à peu près la même que dans le nerf. Dans les ganglions spinaux, elles se trouvent principalement dans la capsule, à son bord interne, d’où parfois elles pénètrent un peu entre les cel- lules. Entre les méninges spinales, on les trouve plus disséminées, péné- trant souvent dans les parlies périphériques et même plus profondément, de préférence dans le septum posterius et même dans la substance grise ; exceptionnellement on les voit dans un petit vaisseau sanguin. Dans les cas plus anciens, de même que les altérations histologiques, SÉANCE DU 23 MAI 028 les microbes se trouvent plus vers le centre de la coupe du faisceau nerveux, et surtout à la limite interne des parties gravement altérées. Enfin chez un lapin tué dix jours après l’inoculation, il s'en est encore trouvé un peu et très disséminés, mais surtout dans les parties les moins allérées du faisceau; dans ce cas, il n'y en avait pas dans les cul- tures ; la moelle n’en contenait pas non plus. Dans les quelques cas où les animaux ont vécu plus de dix jours, en général, je n’ai pas trouvé de microbes bien que l'infection eût été par- fois assez grave au début et les altérations bien prononcées. Pour contrôler, j'ai examiné aussi le nerf sciatique du côté non opéré mais n'ai pu constater d’altérations microscopiques évidentes, ni pu trouver de microbes dans les faisceaux ou les tissus conjonctifs; j’en ai pourtant parfois rencontré dans un vaisseau sanguin du nerf. Pour être complet, je dois dire que dans quelques cas, j'ai trouvé, au lieu d’inoculation, outre les streptocoques, d'autres microbes : le staphy- locoque, le coli ou d'autres formes de bacilles; mais ordinairement je n'ai pu suivre dans le nerf ces autres microbes que tout au plus quelques centimètres. Dans les quelques cas où j'ai injecté directement dans la moelle, et où les animaux sont morts dans les deux premiers jours, la propagation des microbes semble s'être faite principalement entre les méninges et par le canal central dont les parois étaient généralement très altérées. Ces recherches doivent contribuer pour leur part à appuyer l'opinion qui tend à se répandre que plusieurs affections de la moelle sont de nature infectieuse ou toxique; elles doivent surtout donner un fonde- ment anatomique à la théorie de la névrite ascendante, théorie déjà sou- tenue par notre grand maître M. Charcot. INFLUENCE DU FOIE SUR L'ACTION ANTICOAGULANTE DE LA PEPTONE, par MM. E. Gzey et V. Pacxox. Après avoir trouvé que la ligature des vaisseaux lymphatiques qui sortent du foie empêche l’action anticoagulante de la peptone (1), nous avons été amenés à penser que, pour que cette substance exerce son effet, l'intervention du foie est absolument nécessaire. Nous nous sommes alors appliqués à vérifier cette opinion dans plusieurs séries de recherches (2). (4) Comptes rendus Acad. des sce., CXXI, p. 383, séance du 26 août 1895; Arch. de physiol., 5° série, VIH, p. 711, 1895. (2) La seule dont nous ayons jusqu'à présent fait connaître les résultats consiste dans la détermination de l’action de la peptone après l’extirpation du foie (Comptes rendus Soc. de Biol., séance du 23 novembre 1895, p. 74). Cette expérience, il est vrai, est décisive; dans ce cas, en effet, chez le chien, RE : 5 k 4 *} (4 Lo à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'idée directrice de toutes ces expériences est fort simple : si notre opinion est juste, toute cause qui diminue ou supprime le fonctionne- ment du foie doit mettre plus ou moins obstacle à l’action de la peptone. Et c’est ce que nous avons constaté par trois séries d'expériences. 4° Nous restreignons le fonctionnement hépatique par action méca- nique drecle : augmentation de pression due à la ligature des lympha- tiques. Ce sont là nos premières expériences,sur lesquelles d’ailleurs nous reviendrons prochainement, pour répondre à quelques critiques. 2° On peut troubler temporairement le foie par action nerveuse directe, en sectionnant ses nerfs ou en détruisant ses centres nerveux excita- teurs. Sans parler encore des résultats de nos recherches personnelles, qui confirment ceux obtenus par Contejean, nous sommes en droit de constater que les expériences relatées par ce dernier (1) et dans les- quelles ce physiologiste a vu l'injection intra-veineuse de peptone rester sans effet après l’extirpation des ganglions cœliaques, chez le chien, constituent une preuve solide à l’appui de la thèse que nous soute- nons. 3° Nous supprimons plus ou moins complètement le foie par action chimique directe. On peut produire des altérations profondes de cet organe au moyen de diverses substances toxiques, du phosphore par exemple. C’est à l'emploi de cette substance qu'il était naturel de penser d’abord. Nos expériences sur ce point ne sont pas encore terminées. — Nous avons eu recours à un autre moyen de destruction chimique du foie, qui est celui indiqué, il y a quelques années, par Denys et Stubbe (2) : il suffit d'injecter dans le canal cholédoque d’un chien 50 à 70 centimètres cubes d’une solution d'acide acétique à 2,5 p. 100 pour amener très rapidement la destruction de presque toutes les cellules hépatiques. Or, nous avons vu que, si, quinze heures environ après cette opération, on fait une injection intra-veineuse de peptone à l'animal qui l’a subie, cette injection est inefficace ; Le sang reste par- faitement coagulable. l'injection intra-veineuse d’une solution de peptone de Witte ne rend plus le sang incoagulable. On a objecté {Comptes rendus Acad. des sc., séance du 11 mai 1896) à ces expériences que, s'il se formait dans l'intestin, sous l'influence de la peptone, une substance anticoagulante, comme l’extirpation du foie supprime la circulation dans la veine porte, cette même substance ne pourrait pénétrer dans le torrent circulatoire et produire son effet sur le sang. C’est là une objec- tion sans fondement, puisque la ligature de la veine porte, comme nous l'avons constaté et comme déjà Contejean l'avait vu (Arch. de physiol., 5° série, VIII, p. 165, 1896), n'empêche nullement l’action anticoagulante de la peptone. (1) Comptes rendus Soc. de Biol., séance du 16 novembre 1895, p. 729; Arch. de physiol., 5° série, VIIT, p. 159, 1896. (2) J. Denys et L. Stubbe. Étude sur |’ « acholie » ou « cholémie » expéri- mentale (La cellule, IX, p. 447-460, 1893). | PTT De 2° Le - A Ü Le anale ge SÉANCE DU 23 MAI 525 On remarquera que les expériences de cette troisième série, réalisant, en définitive, la destruction plus ou moins complète du foie, équivalent à sa suppression ?n situ, et sont, par suite. à rapprocher de nos expé- riences antérieures d’extirpation. Il s’agit ici d'actions chimiques directes. On pourrait encore imagi- ner des actions chimiques troublant indirectement le fonctionnement du foie, par l'intermédiaire du système nerveux de cet organe. Divers essais seraient peut-être à tenter dans cette voie. Quoi qu'il en soit de ce dernier point, on voit, dès maintenant, que tout moyen qui diminue ou suspend l’activité hépatique entrave l’action anticoagulante de la peptone. Reste à savoir en quoi consiste le phénomène en vertu duquel la pep- tone, en traversant le foie, acquiert la propriété anticoagulante. On pouvait penser que cet organe forme, aux dépens de la peptone, la substance anticoagulante dont G. Fano, Ch. Contejean, A. Ledoux ont admis l'existence, pour des raisons diverses. Dans cette hypothèse, il paraissait possible de résoudre la question par deux séries d’expé- riences : d'une part, il fallait chercher si des extraits, préparés avec le foie de chiens ayant recu une injection de peplone, possèdent la pro- priété anticoagulante; et, d'autre part, il fallait faire circuler, dans le foie séparé du corps, du sérum artificiel et peptonisé, recueillir le liquide s'écoulant des veines sus-hépatiques, et voir si ce liquide rend le sang incoagulable. En ce qui concerne la première série d’expé- riences, nous avons fait quelques essais qui ne nous ont donné que des résultats négatifs; positifs, ces résultats auraient eu une signification importante; mais, négatifs, ils sont susceptibles, croyons-nous, de plu- sieurs interprétations, et, par cela même, il ne nous a pas paru qu’on en pouvait tirer quelque conclusion fermé. Quant aux expériences de circulation artificielle dans le foie, nous avons l'intention de ne pas les poursuivre, puisqu'un autre physiologiste vient justement de s’en occu- per (1), et que ses observations, encore que positives, ne prouvent pas, ce nous semble, l'existence réelle de la substance anticoagulante dont il s'agit; ses recherches montrent, en effet, non pas la réalité chimique d'une telle substance, mais seulement que le liquide sorti du foie, dans les conditions qu'il a fixées, rend le sang incoagulable, (1) C. Delezenne. Comptes rendus Académie des Sciences, séance du 11 mai 1896, p- 1072. re 5 lat : al de di: es it RE Re D CN AE ST AU 526 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA PROPEPTONE COMME AGENT ANTICOAGULANT DU SANG, par MM. J. ArTnanasIU et J. CARVALLO. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Dans une note précédente (1), nous avons constaté que la peptone de Witt, qui contient une grande quantilé de propeptone, injectée dans le système circulatoire du chien, produit une hypoleucocytose intense. Sémakine, en 1895 (2), avait observéle même phénomène. En plus, nous avons remarqué que les globules blancs de ce sang peptonique, extrait du corps, jouissent d’une vitalité considérable. Depuis, nous avons poursuivi nos recherches sur ce même sang. En ce qui concerne les globules rouges, leur aspect müriforme et crénelé, n'implique pas nécessairement leur mort, car tant qu'ils conservent leur hémoglobine et qu'ils fixent l'oxygène de l'air, il nous semble qu'on doit les considérer comme vivants. Les mouvements contractiles de ces éléments observés par Cavazzani étant très lents, nous n’avons jamais pu les apprécier. Quant aux autres éléments figurés du sang normal (héma- toblastes de Hayem, plaquettes de Bizzozero, etc.), leur présence dans le sang peptonique n'est pas constante. Toutefois nous avons trouvé bien souvent dans les couches inférieures du plasma recueilli après une pre- mière centrifugation du sang, des petits corpuscules ronds ou ellipsoï- daux qui ressemblent beaucoup à ceux décrits par Bizzozero. Ainsi donc, à la suite de l'injection intraveineuse de la peptone, le sang contient tous ses éléments figurés avec une diminution notable dans le nombre de leucocytes. Ceci posé, il s'agit de savoir si, dans le sang peptonique se trouvent les éléments nécessaires à la formation de la fibrine. Le FIBRINOGÈNE y existe constamment. On peut démontrer sa présence par la chaleur qui, entre 56 et 58 degrés, produit un précipité abondant dans le plasma peptonique séparé par la centrifugation du sang. Les SELS DE CHAUX, d'après MM. Dastre et Floresco, feraient défaut dans le sang peptonique et ceci expliquerait son incoagulabilité. Il nous parait difficile d'admettre cette opinion qui se trouve infirmée par les faits suivants : 1° la peptone ne suspend la coagulation du sang ên vitro qu'à des doses massives ; 2° les combinaisons que ce corps pourrait former avec la chaux, se trouvant dans le sang, sont des sels solubles ; 3° la chaux n’est pas absente dans le plasma peptonique et on peut le mettre en évidence au moyen de l’oxalate de soude ou d’ammoniaque qui la précipite sous la forme de cristaux d’oxalate de chaux facilement reconnaissable au microscope; 4° le sang peptonique n’est pas indéfini- (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896, t. III, 10e série, p. 328-330. (2) Arch. des Sc. Biol., Saint-Pétersbourg, 1895, IV, 115-144. FSÉANCE DU 23 MAT 527 = - == Agents ment incoagulable comme le sang oxalaté. I finit toujours par coaguler, même si on l'a pris aseptiquement, au bout de sept ou huit jours (1). Le FERMENT FIBRINE n existe pas à l’état.libre dans le sang qui a reçu de la peptone. Les éléments figurés, en conservant leurs propriétés physiologiques, n'ont pas eu l’occasion de le produire. L'expérience suivante nous semble bien démonstrative à cet égard. Par la force centrifuge prolongée pendant quatorze heures, nous avons réussi à séparer presque complètement le plasma des éléments figurés du sang peptonique; tout au moins, plusieurs préparations mi- croscopiques de ce plasma n'ont décelé aucun élément cellulaire. D'autre part, nous avons pris du plasma contenant des globules et nous avons traité l’un et l’autre par les réactifs suivants. SUBSTANCES EMPLOYÉES PLASMA SANS GLOBULES PLASMA AVEC DES GLOBULES : Solution Na CI 7 p. 1000. Rien. Rien. at iSHlée Tu. - — Coagulation. —- chloroformée. . . — — A TOLHÉTER nm ee = — — de chaux. . . . . — —- Sulfate de calcium. . . — = Fibrine ferment. . . . Coagulation. _ BR E NE Cette expérience, répétée plusieurs fois, nous a toujours donné des résultats semblables. Le plasma, étant privé de globules, on ne peut le faire coaguler que par l’addition du fibrine-ferment (2), tandis que, le plasma avec des globules, coagule en présence de tout agent capable de produire la mort de ces éléments (eau distillée, eau chloroformée, eau de chaux, sulfate de calcium, etc.). La contradiction entre cette ‘expérience et celle de MM. Dastre et Floresco, qui ont vu le liquide de l’'hydrocèle se coaguler par l'addition du plasma peptonique, nous parait difficile à expliquer autrement qu’en supposant que ces auteurs se sont servis de liquides contenant encore des éléments figurés par le fait d’une centrifugation incomplète. En effet, le plasma dépourvu presque totalement de globules, additionné au liquide du péricarde, ne détermine pas la coagulation de celui-ci, ainsi que nous avons pu le constater maintes fois. Ces faits nous semblent bien démontrer que, si le sang peptonique (4) Nous avons toujours injecté 1 gramme de peptone par kilogramme d'animal. (2) Le fibrine-ferment que nous avons employé était préparé avec le caillot de globules blancs, broyé dans la solution physiologique et filtré. BioLoGte. ComPpres RENDUS. — 10€ série, Tr. TI. 39 528 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE reste incoagulable pendant un temps donné en dehors de l'organisme, tout en ayant tous les éléments nécessaires à sa coagulation, c'est parce qu'il conserve, comme le sang circulant dans les vaisseaux, toutes ses propriétés physiologiques. ELIMINATION DES SELS ALCALINO-TERREUX DANS UN CAS D'OSTÉOMALACIE, par M. FONzES-DIACON, Chef des travaux de chimie à l'École de pharmacie de Montpellier. M. le professeur Baumel (1) ayant observé dans son service une nour- rice atteinte d'ostéomalacie, me pria d'en examiner les urines au DOME de vue de leur teneur en magnésie et en chaux. Les urines émises dans les vingt-quatre heures occupaient un volume de 845 centimètres cubes et ne présentaient d’anormal qu’un peu d’albu- mine et un dépôt abondant d'urate acide de sodium. Les cendres de 200 centimètres cubes fortement calcinées en. présence d'un peu d'acide azotique, pour détruire complètement la substance organique, renfermaient 1 gr. 50 d’anhydride phosphorique P°0° par litre. Ce dosage a été effectué en précipitant les phosphates à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien, redissolvant dans l’acide acétique et dosant à l’urane ; ce procédé détourné permet d'éviter toutes les causes d'erreur. Cette quantité de phosphate n’est pas anormale, qusiqnés un peu faible. Le dosage de la chaux a été effectué sur les cendres de 200 centimè- tres cubes d'urine par précipitation à l'état d'oxalate de chaux, dessic- cation et transformation du précipité en sulfate de chaux; ramenée au litre la proportion de chaux est de Ogr. 157, chiffre légèrement supérieur à ceux qui ont été donnés pour l'élimination maxima de la chaux PAF les rachitiques (2). La magnésie a été dosée dans la liqueur précédente, débarrasse de chaux, par précipitation à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien, redissolution dans l'acide acétique et dosage à l’urane ; ramenée au litre, la proportion de magnésie, à l’état d'oxyde, est de 0 gr. 130. Si on exprime ces données non plus en oxydes métalliques, mais en phosphates correspondants, on trouve par litre : phosphate neutre de magnésie, 0 gr. 283; phosphate neutre de calcium, 0 gr. 290. Ces nombres sont sensiblement dans le rapport de 1 à 1, alors que _ {t) Clinique des maladies des enfants (Montpellier), professeur Baumel. (2) OEchsner de Coninck. Société de Biologie, avril 4896. SÉANCE DU 23 MAI 529 OT RU: © AR TS RE I ANS | dans une urine normale (Yvon) ce rapport doit être de deux tiers de phosphate de magnésie, pour un tiers de phosphate de chaux. L'élimination des sels calcaires est donc exagérée. La malade étant sortie du service, ilnous a été impossible de continuer ces recherches. Les nombres donnés sont la moyenne de deux séries d'expériences concordantes. Le (iérant : G. MAsson. MaRETHE&Ux, directeur, {, rue Cassette Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Des Era me _. | | alor die 2 exo li 00 ES D SE 1 di Jace senc seudienne 531 SÉANCE DU 30 MAI 1896 M. Cuauveau : Décès de M. Gallois, membre honoraire. — M. Louis LAPIicQuE : Sur l'explication physiologique de l'usage du sel comme condiment. — M. Aucusre Perrir : Action de la pilocarpine, du curare et de la toxine diphtéritique sur la glande surrénale. — M. J.-B. Caarcor : Un cas de sigue de Romberg survenant subitement chez un tabétique amaurotique depuis neuf ans et disparaissant pro- gressivement. — M. EuiLe BerGer : Emploi de l’eucaine en ophtalmologie. — M. A. Rarcurer : Sur les variations morphologiques des Strongles de l'appareil digestif, et sur un nouveau Strongle du Dromadaire. — M. le Dr Noez HALLÉ : Leucoplasies et cancroïdes dans l'appareil urinaire — M. L. Berize : Etude anatomique de l'appareil urticant des chenilles processionnaires du Pin maritime, Cnethocampa pityocampa Borowski. — M. H. CLaune : Myélites aiguës par toxines strepto-staphylococciques. — MM. FABRE-DouERGuE et Brérrix : Sur les OEufs et les Alevins de la Sardine dans les eaux de Concarneau. — M. Pauz Carnot : Sur un ferment oxydant de la salive et de quelques autres sécrétions. — M. Roper: Sur la valeur nutritive du lait stérilisé. — MM. L. Cauus et E. Gzex : L'action anti- coagulante des injections intra-veineuses de peptone est-elle en rapport avec l’action de cette substance sur la pression sanguine ? — MM. Francois-FRanck et L. HazzroN : Recherches sur l'innervation vaso-motrice du pancréas. — M. LEFÈVRE : Résistance de l'organisme humain aux réfrigérations de très longue durée : trois heurés dans l'eau à 25 degrés. Présidence de M. Chauveau. DÉCÈS DE M. N. GALLOIS. M. le Président prononce l’allocution suivante : MESSIEURS, La Société de Biologie vient de perdre un de ses plus anciens membres honoraires, le D'° N. Gallois, qui pendant plusieurs années avait été le collaborateur de notre Président, M. Rayer. C'était à l'hôpital de la Charité, où Gallois, alors interne en pharmacie, fit de nombreuses analyses chimiques et micrographiques du liquide urinaire dans les maladies. | L'un de ses principaux travaux date de l’année 1857 et avait pour litre : Lssai physiologique sur l’urée el les urates. Puis en 1859, Gallois publiait un mémoire important sur l’oxalate de chaux dans les urines, dans la gravelle et les calculs. Enfin en 1863, époque où Gallois était membre titulaire de la Société de Biologie, il consignait dans nos Mémoires un travail très intéressant sur l'inosurie. Depuis longtemps déjà, il vivait retiré à la campagne; beaucoup d’entre vous ne l'ont point connu ; mais je devais vous rappeler que vous trouverez dans les Comptes rendus de notre Société plusieurs communications et mémoires qui établissent que notre regretté collègue élait un chercheur consciencieux et instruit. Laissez-moi ajouter que c'élait de plus un travailleur d’une modestie extrème. Bioocre, ComPprES RENDUS. — 10€ sénte, 7. TE. 40 532 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'EXPLICATION PHYSIOLOGIQUE DE L'USAGE DU SEL COMME CONDIMENT, par M. Louis LAPIGQUE. (Communication faite dans la séance précédente.) Il existe sur ce point une théorie très séduisante qui à été proposée par Bunge et qui peut se résumer ainsi : L'alimentation végétale est la condition du besoin de sel (chlorure de sodium), car on observe régulièrement la concomitance des deux faits. Un grand nombre d'animaux herbivores, soit domestiques, soit sauvages, recherchent avidement le sel; on n’a jamais rien observé de pareil pour aucun carnivore. Parmi les hommes, les populations agricoles, c’est-à-dire celles dont la nourriture est surtout empruntée aux végétaux, consomment du sel. Lorsque les conditions géographiques font que ce minéral est rare dans une région habitée par des agriculteurs, ceux-ci considèrentle sel comme extrêmement précieux et le recherchent avec une avidité frappante ; Les récits de voyage dans l’Afrique centrale abondent en anecdotes très démonstratives dans ce sens. Au contraire, les peuples chasseurs et pas- teurs ne consomment pas de sel, même quand ils vivent dans le voisi- nage de la mer, des sources salées ou d’efflorescences salines. Or, si l’on compare la composition minérale d’un régime carnivore, d’une part, et d’un régime végétal, de l’autre, on voit que la différence caractéristique porte, non pas sur l'absence de sels de sodium dans le régime végétal, mais sur un grand excès de sels de potassium dans ce régime. Bunge admet que le passage de ces sels de potasse à travers l’or- ganisme tend à dépouiller celui-ci de son chlorure de sodium. Dans des expériences faites sur lui-même, il a vu en effet que l’ingestion de phos- phate ou de citrate de potasse amenait l'élimination par l'urine d’un- excès notable de chlore et de sodium. C’est à couvrir cette perte qu'est destinée l’ingestion systématique de sel marin (1). Dans cette théorie, il y a deux points distincts : 1° Le régime végétal est la cause du besoin de sel, ou du moins coexiste toujours avec l’appétit pour ce condiment. Ce point parait acquis. Pour ce qui regarde l’homme, en particulier, l'enquête ethnographique à laquelle s’est livré Bunge est très démons- trative et la base d'observation est assez large pour que la loi subsiste en thèse générale, quand même des documents nouveaux apporteraient quelque fait contradictoire. Mais il est probable, au contraire, que les voyageurs dont l’attention serait attirée de ce côté trouveraient en grand (1) G. Bunge. Ethnologische Nachtrag zur abhandlung uber die Bedeutung des Kochsalzes, in Z. f. Biologie, t. X, p. 111, 1874. Ce travail est amplement exposé dans le Cours de chimie biologique du même auteur. SÉANCE DU 30 Mal : 533 — nombre des faits confirmatifs. C'est ainsi que j'ai pu en noter un assez frappant pour une région sur laquelle Bunge avouait manquer de rensei- gnements, l’Insulinde. A Florès, les indigènes, essentiellement agricoles, ont, malgré l’état peu avancé de leur industrie en général, constitué une méthode assez perfectionnée pour l'extraction du sel marin (1). Ce qui montre bien l'importance qu'ils attachent à ce condiment. 2% Le second point, c’est-à-dire la théorie physiologique proprement dite que Bunge déduit du premier point, peut se formuler ainsi : l'usage du sel répond à un déficit de l’organisme en chlorure de sodium, déficit causé par l’ingestion excessive de sels de potassium. Le fait suivant constitue, il me semble, une expérience naturelle tout à fait décisive sur ce point. Il y a en Afrique une région assez vaste, entre le bas Congo et le lac Tchad, comprenant notamment le bassin de l’Ogooué et celui de la San- gha, où le sel marin est remplacé par un sel extrait de la lessive des cendres de certaines plantes. Le fait nous est connu depuis plusieurs années par les récits de divers voyageurs. Les nègres de cette région, comme la généralité des nègres africains, sont agriculteurs ; habitant une contrée dépourvue de gisements naturels de sel marin et, en fait, jus- qu'à ces temps derniers, privée de communication avec la mer, il est intéressant de voir qu'ils se sont ingéniés à se procurer quand même un sel de cuisine, et à ce point de vue, ils confirment remarquablement la première loi. Mais ce sel est-il du chorure de sodium ou tout au moins un mélange de sels où la base dominante soit la soude? La provenance ne permetlait pas de trancher a priori la question, car si les végétaux sont généralement minéralisés surtout par le potassium, on sait que la règle souffre des exceptions et que certaines plantes (chez nous, par exemple, les épinards et la salade romaine) contiennent plus de sodium que de potassium. Or, nous savons, par le témoignage formel et una- nime des voyageurs, que ces nègres emploient exclusivement un petit nombre d'espèces végétales déterminées pour la préparation des cendres dont ils extraient leur sel. Si le choix de ces plantes est dirigé de facon à obtenir un sel riche en sodium, la théorie du balancement entre le potassium de l'alimentation et le sodium du condiment se confirme d’une façon remarquable. Mais si le sel de cendres est riche en potassium, la théorie tombe d'elle-même. En 1893, M. Dybowsky a communiqué à l’Académie des sciences les analyses faites sur divers échantillons de ce sel rapportés par lui : ces analyses indiquent exclusivement des sels de potasse. A la fin de l’année dernière, mon ami le D' Herr, qui avait accom- pagné en qualité de second M. Clozel dans la mission qui à relié le (1) L. Lapicque. Documents ethnographiques sur l'alimentation minérale, avec 1 planche, in L’Anthropologie, mars 1896. 534 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bassin de la Sangha à celui du 7chad, a bien voulu me remettre un échantillon de sel de cendres recueilli par lui à Berberati (sur la haute Sangha). Cet échantillon, obtenu dans des conditions d'authenticité dans lesquelles je puis avoir toute confiance, me permet de confirmer ce fait : l’alcali de ce sel est presque purement de la potasse. La potasse est même tellement prédominante qu’on peut faire avec ce sel une réaction qui ne laisse place à aucun doute, à aucune erreur de détermination chimique : une petite quantité de ce sel placé dans la flamme d’un bec Bunzen colore cette flamme en violet. Or un mélange de 20 parties de chlorure de potassium et de 1 partie de chlorure de sodium produit déjà une flamme nettement jaune. Les acides sont divers : les deux plus abondants sont le chlore et l'acide sulfurique : il y a en outre de l'acide carbonique et de l'acide phosphorique. La proportion relativement petite des carbonates (et par suite la faible alcalinité de la solution du mélange de sels) est remar- quable, étant donnée la provenance. On doit admettre que le choix des plantes, et probablement aussi le mode de préparation (1) sont systéma- tiquement dirigés vers l’obtention d’un produit aussi peu carbonaté que possible. La saveur alcaline des carbonates est en effet désagréable. Le sel de la Sangha présente, au contraire, une saveur franchement saline, mais avec l’arrière-goût âcre des sels de potassium. Telle qu’elle est, cette saveur est préférée par les indigènes à celle du chlorure de sodium, et aujourd’hui que ie commerce fait pénétrer dans cette région du sel marin, celui-ci est méprisé pour sa fadeur. Donc nous trouvons des sels de potassium employés comme condi- ment minéral unique par une population agricole. Cette population vit ainsi, sans doute, depuis une longue série de siècles et ne parait pas sen trouver plus mal. Les observations ethnographiques relatives à la physiologie ont une signification de premier ordre, parce qu’elles repré- sentent les résultats de myriades d'expériences spontanées. Il faut donc s’incliner devant celle-ci et reconnaître que le besoin de sel n’est pas un besoin organique de chlorure de sodium. Il me semble qu'il ne reste qu'une explication possible de l'usage du sel : c’est de considérer celui-ci comme un condiment, et non comme un aliment, comme une substance agréable et même utile par son action sur les sens, nullement comme une combinaison chimique, nécessaire à la reconstruction incessante de l'édifice organique. Le régime végétal ne créerait le besoin de sel qu'en raison de la fadeur et du volume des aliments à ingérer, ce qui pousse à rechercher une excitation gustative. : Remarquons, en effet, que ce n’est pas seulement le sel que recherchent les peuples agricoles, mais en général les épices. IL serait intéressant de faire, relativement à l'usage des condiments (1) Voir pour ce point ma note citée plus haut. SÉANCE DU 30 MAI 535 poivrés, par exemple, une enquête analogue à celle qu'a faite Bunge pour le sel et de voir s’il n’y a pas une appétence pour ces condiments tout particulièrement marquée dans le cas d’une alimentation végétale prédominante. ACTION DE LA PILOCARPINE, DU CURARE ET DE LA TOXINE DIPHTÉRITIQUE SUR LA GLANDE SURRÉNALE, par. M. AUGUSTE PETTIT. Après avoir démontré histologiquement la nature glandulaire de la capsule surrénale et en avoir donné la preuve expérimentale (3), je me suis proposé d'étudier l’action de quelques substances toxiques sur ces organes. 4° Chlorhydrate de pilocarpine. — L'emploi de cette substance s'imposait; c'est en quelque sorte le réactif physiologique des glandes. Sur les anguilles intoxiquées par cette substance, les glandes surré- nales présentent des modifications très comparables à celles qu'on constate dans les cas d'hypertrophie compensatrice. Les cylindres surrénaux sont anormalement développés ; en outre, les vaisseaux sont sensiblement dilatés, mais cette augmentation est loin d'atteindre la même importance que chez les animaux qui ont dû vivre avec une seule capsule. A part ces quelques différences dans l'intensité des phénomènes, toutes les autres modifications consécutives à l’action de la pilocarpine se rapprochent sensiblement de celles qui caractérisent l'hypertrophie compensatrice. En somme, la capsule se comporte dans ce cas de la même facon qu'une glande ordinaire : elle est le siège d’une hypersécrétion. 20 Curare. — Le curare produit des modifications très analogues à celles que j'ai signalées à propos de la pilocarpine. Néanmoins, il con- vient de dire que les phénomènes affectent ici une moins grande intensité que dans le cas de la pilocarpine; mais c’est là une différence vraisemblablement imputable plutôt à la courte durée de l'intoxication qu'à l’action même de la substance. 3° Action de la toxine diphtéritique (2). — Dans nombre d’intoxications (cliniques et expérimentales) d’origine microbienne, les capsules surrénales sont le siège de modifications remarquables. Frappé par ces faits, J'ai cru trouver dans les toxines des réactifs particulièrement avantageux au point de vue de l’élucidation du mode de fonctionnement (1) Société de Biologie, 21 mars 1896. (2) Je dois à l'extrême obligeance de M. le professeur agrégé Charrin les matériaux nécessaires à ces recherches. 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— —————————————————————.—————— ———_————————————————….—….——.…—…—……. ….…—.……—………_—…—…….—.—.—.…...—. ——_——_—-——-—————]— de la glande surrénale; parmi les innombrables substances d'origine bactérienne actuellement connues, la toxine diphtéritique m'a semblé se recommander par l'intensité et la netteté des résultats qu'elle a fournis à Charrin et Langlois. (a) Cobaye. — Chez le Cobaye, la capsule surrénale est le siège d'al- térations macroscopiques et microscopiques. Je Fos pas sur les premières (1). Quant aux lésions microscopiques (2), elles sont surtout manifestes dans la substance corticale; les portions centrales, en effet, sont beaucoup moins profondément atteintes. Sur des préparations colorées par la méthode de Benda, l'aspect est particulièrement net : on voit quelques ilots cellulaires colorés en rouge se détacher sur des lacs sanguins occupant la majeure partie du champ du microscope. Les cylindres corticaux sont bouleversés, leur capsule conjonctive est rompue en maints endroits et là encore on constate des hémorragies importantes. La plupart des cellules sont altérées; leur cytoplasma est grumeleux et ne présente plus de limites distinctes; les noyaux enfin offrent tous les signes de la dégénérescence. (b) Anguille. — La capsule est sclérosée et la vascularisation est légè- rement augmentée; de plus, la forme des cylindres s’est modifiée : elle est devenue beaucoup plus irrégulière. En somme, ces phénomènes rap- pellent assez exactement ceux signalés chez le Cobaye. En revanche, les éléments cellulaires sont le siège d’altérations beaucoup plus significa- tives. Ceux-ci, en effet, sont réduits à de petites masses de protoplasma appliquées contre le réticulum conjonctif interposé entre les cylindres, et dont la hauteur n’atteint pas la moitié ou même le tiers des dimen- sions normales. Le cytoplasma des cellules est granuleux et semble se confondre avec la masse qui occupe la lumière centrale. Cette dernière est, en effet, remplie par une substance floconneuse dont la quantité est plus considérable que dans toutes les autres conditions (normales ou expérimentales) que j'ai étudiées. Des recherches précédentes, il ressort un fait : La capsule surrénale: est une véritable glande (au sens propre du mot) dont le fonctionnement peut être modifié par l’action de certaines substances toxiques (Pilocar- pine, Curare, Toxine diphtéritique). Dans les infections d’origine micro- bienne, cet organe est le siège de modifications électives. (1) Je n’aurai, en effet, qu'à répéter ce qui a été dit à ce sujet par Charrin. et Langlois. (2) Voy. Roger, Dubois, etc. SÉANCE DU 30 MAI 531 UN CAS DE SIGNE DE ROMBERG SURVENANT SUBITEMENT CHEZ UN TABÉTIQUE AMAUROTIQUE DEPUIS NEUF ANS ET DISPARAISSANT PROGRESSIVEMENT, par M. J.-B. Cuarcor, Chef de clinique à la Salpétrière. J'ai cru intéressant d'attirer l'attention de la Société de Biologie sur le cas suivant que j'ai tout lieu de supposer unique jusqu’à présent. Il s’agit d’un homme âgé de quarante-trois ans, exerçant autrefois la profession de dessinateur. Du côté de ses antécédents palernels, nous n'avons rien à relever ; du côté de ses antécédents maternels, nous notons un oncle et un cousin germain qui restèrent pendant de longues années paralysés; il nous a été impossible d'obtenir sur cette paralysie des ren- seignements précis. Notre malade, personnellement, a toujours joui d’une bonne santé jus- qu à l’âge de trente et un ans; il n’avoue pasla syphilis, dont ilne porte d'ailleurs aucune trace. Il y a douze ans, sa vue s’est progressivement affaiblie, et, au bout de trois années, il à été frappé de cécité complète. Vers la même époque, apparurent des douleurs fulgurantes typiques siégeant dans les membres inférieurs et dans les membres supérieurs, survenant par accès durant environ vingt-quatre heures. Consulté à cette époque par le professeur Charcot, le diagnostic de tabes fut porté; déjà, à ce moment, l'absence des réflexes avait été relevée. Les crises de douleurs fulgurantes surve- nant en somme très rarement, le malade, qui ne se plaignait d'aucun autre symptôme (pas de dérobement des jambes, pas de sensation de tapis, pas d’incoordination), faisait, accompagné de son père, de longues courses journalières durant quelquefois plusieurs heures. Il y a deux mois, survint un peu d’incontinence d'urine et, quinze jours après, sans aucune raison apparente, en voulant se lever, un matin, le malade s'aperçut qu'il ne pouvait plus se tenir debout, qu'il titubait comme un homme ivre ; c'est pour ce fait. sur lequel je tiens à attirer l'attention de la Société de Biologie, qu’il vint à la clinique de la Salpé- trière consulter mon maitre, M. le professeur Raymond, qui a bien voulu me permettre de m'en occuper. Nous avons pu constater que cet homme était atteint d’amaurose tabé- tique, présentant à l’ophtalmoscope la lésion typique. Les réflexes rotu- liens étaient absents ; du côté des membres supérieurs il n'existait pas d'incoordination motrice ni de perte du sens musculaire, et, du côté des membres inférieurs, c'est à peine si le malade talonnait très légèrement. [l ne présentait en aucun point des troubles de la sensibilité. Mais, dès qu'il se mettait sur ses jambes, il était en proie à une titubalion exces- sive et serait infailliblement tombé si on n’était venu à son secours. S'il voulait faire quelques pas, il marchait comme un homme ivre, avec la 538 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE crainte perpétuelle de tomber, mais toujours let nous avons pu nous en assurer encore plus exactement par des tracés) sans la moindre incoor- dination. En écartant fortement les UE il parvenait à se maintenir à peu près immobile ; mais, dès qu'on lui ordonnait de réunir les pieds, l’équi- libre était de nouveau impossible à garder. La station sur un pied était complètement impossible. Ce phénomène,en somme, présentait tous les caractères du signe de Romberg ; il était même accompagné de cette angoisse dont se plaignent presque tous les malades qui en sont atteints, mais sans aucun bour- donnement d'oreille, sans aucun vertige. L’occlusion des yeux, même pratiquée avec force, n'amenait aucune modification. Le malade ne présentait aucun signe posa faire craindre la para- lysie générale. Force nous fut de reconnaitre qu'il était atteint de signe de Rom- berg survenu brusquement et rendu permanent par la cécité absolue. Nous avons soumis ce malade, qui pendant de longues années avait cessé tout traitement, à la suspension trois fois par semaine. Au bout d’une quinzaine de jours, une amélioration, qui n’a fait que s’accentuer progressivement, a été constatée, et actuellement, c'est-à-dire au bout de deux mois,le malade ne présente presque plus le signe de Romberg; il a pu reprendre ses longues promenades journalières. Ce cas nous a paru particulièrement intéressant, le signe de Romberg n'ayant jamais, à notre connaissance, été signalé chez les tabétiques frappés comme premier symptôme par l’'amaurose; même chez ceux qui dans la suite sont atteints d'amaurose, ce signe fait presque toujours défaut. De plus, notre malade est resté pendant neuf ans sans présenter la moindre trace du phénomène de Romberg, qui est survenu subitement pour disparaitre ensuite progressivement par un traitement approprié. Enfin, et cela n’est pasle point le moins important à noter,le malade na, et n’a eu en aucun moment d’incoordination motrice ni d'insensibilité plantaire. Nous nous contenterons de signaler le fait, sans chercher à émettre des explications sur sa nature, qui ne pourraient être que des hypo- thèses. Pas une des théories, d’ailleurs hypothétiques, proposées pour expli- quer le signe de Romberg n'explique d'une façon salisfaisante le cas que nous signalons. Nous croyons pouvoir mettre sur le compte de b suspension l’amé- lioration progressive constatée ; le phénomène de Romberg est, en effet, un des symptômes qui cède le plus facilement à ce traitement. SÉANCE DU 30 MAI 539 = —————_—— ——————————————]—] "| |] " " EMPLOI DE L'EUCAÏNE EN OPHTALMOLOGIE, par M. EMILE BERGER. Nous résumons ci-dessous les résultats de nos recherches cliniques sur l'emploi en ophtalmologie de l’eucaïne que l’on désigne en chimie sous le nom d'éther-méthylique de benzoyl-méthyl-tétra-méthyl-x- oxy-pipéridine-phénol. Nos recherches sont, à notre connaissance, les premières qui aient été instituées en France; nous les avions déjà com- mencées au moment où Vinci (1) a fait sa communication. Nous nous sommes servi de solutions aqueuses de chlorhydrate d’eu- caïne à 4 p. 100 et à 2 p. 100. Une goutte de ces solutions, instillée dans le sac conjonctival, provoque une sensation de picotement qui est plus accusée que celle qu’une solution de cocaïne de même concentra- tion provoque. Cette constatation nous a incité à modifier le mode d'emploi de l'eucaïne : nous avons instillé d'abord une goutte d’une solution à 1 p. 100 et, après avoir entendu pendant trois minutes que la sensibilité de la conjonctive fût devenue obtuse, nous avons instillé une goutte de la solution d’eucaïne à 2 p. 100. De cette façon, cette dernière ne provoque aucune sensation douloureuse. Deux minutes et demie, en moyenne, après l'instillation de cette dernière, l’anesthésie de la con- Jonctive et de la cornée devient manifeste. La durée de ce phénomène est, en moyenne, de dix à dix-huit minutes. La sensibilité au contact est d'abord abolie ; la sensibilité thermique, de son côté, persiste, car le froid et le chaud sont nettement perçus. La sensibilité thermique ne diminue que plus tard; elle devient obtuse et est à la fin complètement abolie à son tour (2). Le degré d’anesthésie de l'œil eucaïnisé est à peu près égal à celui de l'œil cocaïnisé ; des petites différences que nous avons quelquefois cons- tatées, en nous servant d’un côté d'eucaïne et de l’autre de cocaïne, sont plutôt dues à l'emploi de quantités de collyre non exactement semblables. L'anesthésie se manifeste d’abord à l'endroit où la goutte a été ins- tillée et y persiste le plus longtemps, L’anesthésie de l'œil eucaïnisé est accompagnée dans toute l'étendue de Ja conjonctive d’une hypérémie qui persiste plus longtemps que l'anesthésie : elle avait cependant, dans toutes nos observations, disparu trente minutes, au plus tard, après l'instillation. Nous avons constaté en outre une hypersécrétion lacrymale de l'œil eucaïnisé. Nous n'avons jamais pu déceler la moindre dilatation (4) Vinci (travail du laboratoire du professeur Liebreich)., Société Hufeland, de Berlin, séance du 16 avril, (2) Même phénomène constaté pour la cocaïne. Voir Berger, Sociélé de Bio- logie, 1893, 14 janvier. 2710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pupillaire au moindre trouble de l’accommodation dans l'œil eucaïnisé. (Nous avons proposé, il y a quelque temps, d'éviter les deux inconvé- nients de la cocaïne par l'association de cette dernière avec la pilocar- pine (1). Nous n'avons jamais pu constater, dans l'œil eucaïnisé, les troubles cornéens que provoque la cocaïne, et qui sont dus au desséche- ment de la cornée. Ce phénomène, qui est dû à un ratatinement des cel- lules superficielles de l’épithélium cornéen (cellules à protoplasma suc- culent et pourvus de noyaux), entraine la production d'éraillures (2) qui, dans des maladies infectieuses de la conjonctive, peuvent constituer des portes d'entrée pour les microbes pyogènes. (On a constaté la fré- quence plus grande d'abcès cornéens dans la conjonctivite blennorrha- gique, quand on pratique des cautérisations après cocaïnisation préa- lable.) Le fait que l’eucaïne ne provoque ni mydriase, ni troubles cornéens est de la plus haute importance au point de vue clinique et doit lui faire accorder la préférence; d’un autre côté, elle provoque une conges- tion de la conjonctive, mais nous n’avons cependant jamais observé d'effets fâcheux à la suite de cette congestion. Nous nous en sommes servi pour des cautérisations au crayon de sulfate de cuivre et de pierre divine, au nitrate d'argent pour l'extraction de corps étrangers de la cornée, pour l'introduction de sondes de Bowman, pour des incisions. des opérations de chalazion, et pour des péritomies ignées. Nous pré- férons d’ailleurs pour nos essais actuels l'association de l’eucaïne avec la cocaïne (chlorhydrate de cocaïne 0,20 centigrammes, chlorhydrate d’eucaïne 0,20 centigrammes, eau distillée 20 grammes) en chirurgie oculaire. Le resserrement des vaisseaux provoqué par la cocaïne (qui, d’après Mellinger, retarde la guérison de plaies cornéennes et des parties antérieures de l'œil) est ainsi annihilé par l’action vaso-dilatatrice de l’eucaïne pendant que l’action anesthésique des deux produits s’addi- tionne. SUR LES VARIATIONS MORPHOLOGIQUES DES STRONGLES DE L'APPAREIL DIGESTIF, ET SUR UN NOUVEAU STRONGLE DU DROMADAIRE, par M. À. RAILLIET. Les Strongles qui vivent dans l'appareil digestif de l'Homme et des animaux supérieurs offrent certaines variations morphologiques qui sont en rapport, dans une certaine mesure, avec leur habitat, et, d’une façon plus nette, avec leur rôle pathogène. (1) Berger. Soc. de Biologie, 14 janvier 1893. (2) Berger. Bull. de la Soc. franc. d’ophtalmologie, 1894, p. 61. SÉANCE DU 30 MAI 541 On peut les diviser, à cet égard, en deux groupes principaux reliés d’ailleurs par des formes intermédiaires. Le premier de ces groupes, dont le type peut être fourni par le Strongylus strigosus des Léporidés ou par le Strongylus contortus des Ovinés, est caractérisé par des formes d'assez grande taille, dont les mäles ont des spicules allongés ou complexes, avec une bourse caudale à côtes antérieures à peine dédoublées, et dont les femelles ont une vulve plus ou moins saillante, souvent protégée par des appendices. Ces Vers ont le corps coloré en rouge vif par de l’hémoglobine, du moins quand ils sont fraichement repus ; ils habitent surtout l'estomac, plus rarement les régions antérieures de l'intestin grêle. Le second groupe, qui a pour type le Strongylus retortæformis des Léporidés, est représenté par des formes beaucoup plus petites, dont les mäles ont des spicules tordus (rétortiformes), avec une bourse caudale dont les côtes moyennes et antérieures ont leurs branches fortement écartées, la branche antérieure de la côte antérieure étant très grêle et reportée en avant. Ces Strongles sont de teinte plus pèle que les précédents; ils se rencontrent généralement dans l’intes- tin (Str. ventricosus du Cerf, Str. subtilis de l'Homme, etc.); plus rare- ment on les trouve localisés à l'estomac (Sfr. Axei du Cheval, Str. rubidus du Porc). Ils paraissent jouer dans la production de l’anémie un rôle relativement secondaire, et c’est seulement quand ils se multi- plient à l'excès qu'ils sont capables de faire périr leur hôte, comme je lai montré à propos du Str. instabilis. Enfin, il est des formes intermédiaires, comme le Strongylus filicollis du Mouton, qui, par leur taille et leur coloration, se rapprochent du second groupe, tandis qu'ils se relient au premier par la forme des spi- cules et la disposition des côtes de la bourse caudale du mâle. Ceux-ci sont encore des agents secondaires dans la production de l’anémie. Mais, ce qu'il est intéressant de noter, c'est que le même hôte héberge d'ordinaire à la fois des parasites des deux premiers groupes, et dans certains cas même des rois groupes en question, les petites formes venant en quelque sorte prêter assistance aux plus grandes, et profitant peut-être, à l’occasion, de l’écoulement sanguin qui résulte de leurs morsures. De sorte que si l’on vient à découvrir chez un animal une des grandes espèces sanguisugues, on peut prévoir que cet animal en héberge aussi une petite. Je viens précisément de voir se réaliser une telle conjecture. Dans une Note récente (1), je signalais la présence, dans l'intestin grêle d’un Dromadaire, d’une nouvelle espèce de Strongle du premier type, à la- quelle j'appliquais le nom de Strongylus spathiger, et je faisais remar- quer que j'avais en vain recherché la petite forme qui semblait devoir (4) Comptes rendus Soc. de Biol., séance du 16 mai 1896, p. 489. © 542 SOCIÉTÉ . DE BIOLOGIE l’accompagner. Mais j'ai pu assister, ces jours derniers, à l’autopsie d’un second Dromadaire, compagnon du précédent, et cette fois mes recher- ches ont été plus heureuses. Atteint de gale sarcoptique comme le premier, ce Chameau m'a fourni comme parasites internes : Strongylus spathiger, ŒÆsophagostomum venulosum, Trichocephalus echinophyllus et un Stilesia indéterminé. Le Strengylus spathiger siégeait encore dans l'intestin grêle, et plus spécialement dans les régions antérieures. Cette fois j'ai pu examiner, sinon la caillette, du moins son contenu, et je n’y ai pas rencontré d'Helminthe, de sorte que le séjour normal de ce Strongle paraît bien être l'intestin gréle. Les exemplaires étaient en nombre relativement restreint, et c’est bien une preuve en faveur de la nocuité du parasite, car l'animal était manifestement moins anémié, moins épuisé que le précédent. Mais en examinant au microscope, à un faible grossissement, le con- tenu de l'intestin grêle, j'ai pu découvrir, comme il vient d'être dit, une seconde espèce de Strongle. C'est un Ver minuscule, dont le corps capillaire est blanc rosé, colo- ration qui tient à la diffusion de l’hémoglobine dans les tissus, mais qui est beaucoup moins accusée que chez le Str. spathiger. Le corps est atténué en avant; l'extrémité céphalique n'est pas vésiculeuse. Le tégu- ment est finement strié en travers, et présente en outre des arêtes longitudinales assez écartées. La bouche, très petite, parait nue. Le mâle est long de 32,5 à 6%m,9: il atteint son maximum d'épaisseur, soit 70 à 90 y, vers le quart postérieur du corps. Sa bourse caudale est formée de deux lobes latéraux assez larges, réunis par un petit lobe médian légèrement échancré en son milieu; les côtes postérieures, naissant d’un tronc commun, sont bifurquées, et la branche interne semble être elle-même subdivisée en deux courts rameaux; les côtes moyennes ont leur branche postérieure recourbée en arrière ; les côtes antérieures ont leur branche antérieure, très grêle, reportée en avant. Il existe deux courts spicules tordus, longs de 195 à 135 u, avec une pièce accessoire ou glissière pénienne en navette, longue de 75 à 85 u.. La femelle est longue seulement de 3 à 4 millimètres; elle augmente progressivement d'épaisseur d'avant en arrière jusque dans la région vulvaire, où elle atteint 80 à 100 y, et décroît à peine en arrière; son extrémité postérieure, arrondie, porte en son milieu une courte saillie conique relevée vers la face dorsale. La vulve est située en moyenne vers le cinquième postérieur du corps. Les œufs sont ellipsoïdes, longs de 55 à 60 w, larges de 36 à 38 Je propose de nommer ce Strongle, d’après la PEUIE éminence cau- dale (xp060)4) de la femelle, Sérongylus probolurus. SÉANCE DU 30 MAI 543 LEUCOPLASIES ET CANCROÏDES DANS L'APPAREIL URINAIRE, par le M. D° Noez HALLÉ, Chef du laboratoire de la Faculté à l'hôpital Necker. L'appareil urinaire peut être le siège de deux lésions, de nature diffé- rente, l’une inflammatoire, l'autre néoplasique, dont le caractère essentiel commun est la prolifération de l’épithélium sous une forme anormale, sa tranformation en épithélium pavimenteux stratifié corné semblable à l'épiderme. I. — La lésion inflammatoire à été décrite sous des noms différents : cholestéatome, desquamation cholestéatomateuse, xérose, pachydermie. Rokitansky la mentionne : Marchand, Beselin, Cabot, Ebstein, Leber, Chiari en ont observé des exemples ; j'ai pu personnellement en étudier sept cas. Chez des sujets atteints d’inflammation chronique de l'appareil urinaire, cystite ou urétéro-pyélile ancienne, souvent compliquée de lithiase phosphatique, on trouve, sur la muqueuse malade, des zones dures, blanches, nacrées, satinées, plissées, d'aspect épidermique. Tantôt la lésion est limitée à quelques plaques disséminées dans la vessie, les uretères ou les bassinets; tantôt elle s'étend jusqu’à envahir la presque totalité de la muqueuse urinaire. A l'examen histologique, on constate, au-dessus d’un derme muqueux chroniquement enflammé et devenu papillaire, un revêtement d'épithé- lium pavimenteux corné, de structure épidermique. Ce revêtement patho- logique peut présenter tous les caractères de l’épiderme cutané normal : couche basale, couche malpighienne dentelée, couche granuleuse à éléidine, couche transparente, couche cornée; ou bien des caractères épidermiques incomplets. Et ces deux types de kératinisation, régulier ou irrégulier, peuvent se rencontrer combinés l’un à l’autre dans tous les segments de l'appareil : vessie, uretères, bassinets. Souvent fort épais, ce revêtement épithélial végète dans la profondeur, en prolon- gements interpapillaires, et en bourgeons volumineux. A la surface il desquame en abondantes lamelles cornées, qu'on retrouve dans le dépôt urinaire, et qui peuvent servir à établir le diagnostic. Ces lésions épithéliales sont semblables à celles décrites dans l’uré- thrite chronique et le rétrécissement par Vajda, Neelsen, Possner, Finger, Wassermann et Hallé; et analogues aux transformations épithé- liales signalées sur d’autres muqueuses chroniquement enflammées : pituilaire, pharynx, larynx, trachée, oreille moyenne, utérus, rectum). Elles ressemblent assez, comme caractères, pathogénie et nature des lésions, à la leucoplasie buccale, pour qu'on puisse les désigner sous le nom de leucoplasies urinaires. 544 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IT. — La lésion néoplasique est mieux connue. Sur tous les points de la muqueuse urinaire on a observé des épithéliomas lobulés cornés à globes épidermiques. C'est la forme histologique la plus fréquente du cancer de l’urètre. Dans la vessie, Antal, Thompson, Winckel, Sanders, Bourcy, Clado en ont rapporté des exemples. Albarran a étudié quatre cas de ces épithé- liomas dermoïdes : il les regarde comme des tumeurs probablement hétérotopiques, et les range à côté des kystes dermoïdes. J'en ai per- sonnellement observé quatre cas. Dans l’observation de Bourcy, dans une observation d’Albarran, dans une des miennes, on a constaté dans les cellules périphériques des globes épidermiques, les filaments d'union, et les grains d’éléidine, caractéristiques de la kératinisation normale; dans les autres cas, il n'existait que des caractères incomplets d'évolution épidermique. Ces épithéliomas ont des caractères anatomo-pathologiques et elini- ques spéciaux : très friables, profondément ulcérés, ils laissent tomber dans l'urine des fragments multiples, abondants, d'aspect caséeux, formés de cellules plates cornées et de globes épidermiques permettant un diagnostic histologique précis. Ces caractères les rapprochent assez des cancroïdes de la peau et des orifices muqueux, pour qu'on les dis- tingue des autres néoplasmes vésicaux, sous le nom de cancroïdes urinaires. Dans un des cas que j'ai observés, avec un cancroïde de la vessie, existaient des lésions leucoplasiques simples de la muqueuse vésicale; et, sur certains points, des lésions intermédiaires : une infiltration épithéliale néoplasique du derme au-dessous d’une plaque leucoplasique. Leucoplasie et cancroïdes peuvent donc coexister sur la muqueuse urinaire. Il est permis de penser qu'il existe, ici comme dans la bouche, des liens entre les deux lésions, et que sur la muqueuse urinaire, comme sur la muqueuse buccale, la leucoplasie peut dégénérer en caneroïde. Plusieurs arguments peuvent être invoqués en faveur de cette manière de voir. a). Dans lurètre, le cancroïde se développe le plus souvent chez de vieux rétrécis, chez lesquels existe, par conséquent, la transformation leucoplasique de l'épithélium. La dégénérescence néoplasique des anciens trajets fistuleux urétraux a été observée; et nous avons décrit, chez les rétrécis, l’envahissement des trajets fistuleux par un revêtement pavimenteux corné, épais et végétant. b). Les sujets atteints de cancroïde vésical présentent souvent de longs antécédents de cystite chronique, très probablement antérieure au développement du néoplasme; et, dans les quatre cas que j'ai étudiés, j'ai constaté la coexistence de lésions anciennes de cystite chronique avec le néoplasme. | 1 | | k } | | 1 PR NT RE RE M DR LR ne 7 Po = + FM Are | Or re © SÉANCE DU 30 MAI c). Enfin, dans un cas de transformation épithéliale étendue à toute la muqueuse urinaire, Marchand a rencontré, à la face inférieure du diaphragme, une tumeur épithéliale cholestéatomateuse, probablement secondaire et métastatique. Dans un cas semblable de leucoplasie urinaire totale, j'ai constaté un début de dégénérescence épithéliale dans les ganglions du hile rénal. Cette hypothèse, sur les relations entre la leucoplasie et le cancroïde de l'appareil urinaire, est donc vraisemblable. La transformation de l’une en l’autre serait un nouvel exemple du rôle que peuvent jouer, dans la production de certains néoplasmes épithéliaux, les irritations banales, suivies de lésions inflammatoires chroniques simples. Les caractères histologiques de l’épithélium, dans ces deux séries de faits, méritent d'attirer l'attention. Aussi bien dans la vessie, les uretères et les bassinets, d'origine endo el mésodermique, que dans l’urètre, nous constatons la formation d’un épithélium, ayant, dans la stratification de ses couches et la nature de ses cellules, des caractères vraiment épidermiques, filaments d'union et éléidine, qu'on regarde généralement comme réservés aux formations épithéliales de provenance ectodermique. Nous sommes donc obligés d'admettre qu'à l’état pathologique, les revêtements dérivés du feuillet interne et du feuillet moyen, peuvent prendre lous les caractères des épithéliums ectodermiques : ces carac- tères ne sont denc pas rigoureusement spécifiques. Les faits que nous venons d'exposer nous semblent avoir un intérêt, au double point de vue de l'embryologie urinaire et de la question, plus générale, de la spécificité cellulaire. ETUDE ANATOMIQUE DE L'APPAREIL URTICANT DES CHENILLES PROCESSIONNAIRES DU PIN MARITIME, Cnethocampa pilyocampa Borowski, par M. L. Brice. Cette chenille porte, sur la région dorsale et sur chacun des huit der- niers anneaux du corps, une plaque ovalaire jaune brunâtre, limitée par deux replis saillants et mobiles des téguments, qu'on désigne sous le nom de muircir. Cet appareil est mal connu au point de. vue anatomique, sa couche chitineuse en rend l'étude difficile ; il est cependant fort important, et les poils dont il est couvert causent, par leur pénétration dans les tissus des animaux, un urticaire endémique dans les régions où croit le Pin maritime ; cette affeclion est fréquente dans le sud-ouest de la France. Lorsque la chenille n’est pas inquiétée, le miroir apparait comme une surface plane, dont le grand axe perpendiculaire à la ligne médiane et 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE longitudinale égale à peu près le tiers de la largeur totale du corps; cette surface est recouverte en partie par les deux bourrelels, antérieur et postérieur; mais si on excite l'animal ces deux replis s'écartent l’un de l'autre, le miroir devient proéminent et sa longueur atteint à peu près la moitié de celle de l'anneau. | Sur les deux bourrelets qui limitent chaque miroir, on compte dix faisceaux de grandes soies disposées symétriquement et ayant une orientation différente. Ces soies jaunes ou blanches ont une longueur de 0w,0025 à 0,003, elles sont implantées solidement dans les téguments, rigides et cassantes. L'examen microscopique montre que ces soies sont enchässées dans un cadre chitineux, que leur surface porte de nombreuses barbelures dirigées en haut et en dehors, et que leur centre est occupé par un canal volumineux, en relation avec une glande unicellulaire située au niveau de l'hypoderme. Ce sont les seuls organes que les anatomistes ont décrits, depuis Leydig jusqu'à Laudon, comme organes urticants de ces chenilles; mais les auteurs ne s'ac- cordent pas sur la nature chimique du contenu de ces glandes qui, pour la majorité d’entre eux, est cependant de l'acide formique. Les chenilles processionnaires du Pin maritime sont pourvues en outre, de poils urticants beaucoup plus petits,mais en nombre plus con- sidérable, insérés sur chacun des miroirs. Ces poils ont été décrils par Laudon ( Virchow’s Archiv, 1891, t. CXXV, p. 220); mais cet auteur, qui les étudie sur la Processionnaire du Pin sylvestre (Cn. pinivora), ne s'occupe pas de leurs relations avec les parties sous-jacentes, et cette question n’a, à notre connaissance, été abordée par personne. Des coupes, en série, pratiquées dans deux directions perpendieu- laires du miroir, montrent que la surface est divisée en quatre secteurs par deux bandes perpendiculaires dirigées selon les axes. Ces quatre secteurs sont recouverts d’une infinité de poils, qu'on peut comparer à de minuscules flèches barbelées; leur nombre sur chacun des miroirs dépasse certainement plusieurs milliers. Sur la Processionnaire du Pin maritime, ces poils ont une longueur moyenne de 0"®,2, ils sont renflés au centre et effilés aux deux extrémités, la largeur maxima est de 3 y. Un fort grossissement montre au centre un canalicule de 1 x vide ou partiellement occupé par des gouttelettes d’un liquide granuleux, et par de petites bulles d'air. L’extrémité libre du canalicule est fermée, l'autre est ouverte et communique avec les parties sous-jacentes, de fines bar- belures dirigées en avant et en dehors se voient surtout vers l'extrémité libre. Dans les parties du miroir recouvertes de poils, on trouve à la surface une couche brunâtre et épaisse de 6 x, cette couche, percée d’une infi- nité de trous dans chacun desquels est enchâssé un poil, apparait sur les coupes très fines comme dentelée. De chacun de ces enfoncements, part un canalicule qui traverse la couche sous-jacente, celle-ci n’est SÉANCE DU 30 MAI 5417 autre que la couche chitineuse qui enveloppe le corps de la chenille, mais cette couche est ici plus mince; elle se renfle de nouveau au niveau des deux axes du miroir, c'est-à-dire suivant les deux bandes dépour- vues de poils. La couche profonde de nature glandulaire n'existe qu’au- dessous des secteurs reccuverts de poils. Les glandes sont séparées les unes des autres par des travées conjonctives, et une membrane de même nature les sépare des organes sous-jacents. Ces glandes sont uni- cellulaires et en forme de poire très allongée; leur longueur est de 0®",3, et leur portion renflée, pourvue d’un noyau, atteint 0" 04. Dans la partie rétrécie, on voit un canal qui se continue avec chacun de ceux qui traversent la couche chitineuse et qui, par suite, occupent. l’axe de chaque poil. Ces glandes sont donc analoges par leur structure avec celles qui correspondent aux grandes soies, et doivent être considérées comme des glandes tégumentaires. Les poils supportés par le miroir sont anatomiquement et physiologiquement différenciés par rapport aux grandes soies : simplement enchässés dans les petits enfoncements de la couche superficielle, ils se séparent du miroir avec la plus grande facilité, ils emportent dans leur canalicule une portion plus ou moins considérable de la substance sécrétée par la glande, et peuvent ainsi produire l’urtication à distance. On sait depuis longtemps combien il est dangereux de rester quelque temps même dans le voisinage d’un endroit envahi par les Processionnaires. Lorsqu'on excite la chenille, on la voit répandre ces poils minuscules par un mécanisme très curieux. Deux des faisceaux de soies placés sur le bourrelet antérieur et près de la ligne médiane sont inclinés par rap- port au corps, et recouvrent une partie du miroir de l’anneau précédent. Par suite des mouvements de la chenille, ces soies, s'inclinant encore davantage, pénètrent entre les poils de ce miroir et, agissant comme des leviers, enlèvent en se relevant, une quantité plus ou moins consi- dérable de ces petites flèches, que le moindre souffle suffit alors à dis- perser. : Les poils du miroir ainsi que les téguments se renouvellent à chaque mue, et ces dépouilles restent dans les nids qui conservent ainsi fort lontemps leurs propriétés urticantes. MYÉLITES AIGUES PAR TOXINES STREPTO-STAPHYLOCOCCIQUES, par M. H. CLaAuUDE. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Raymond.) Au cours d'expériences entreprises au laboratoire de notre maitre, M. le professeur Raymond, pour déterminer l'action de certaines toxines microbiennes sur divers organes, nous avons obtenu, chez deux BioLocie. ComprTes nENDUSs. — 10° sénte, Tv. LI, 41 « = Pay. LP n PACE ne FES REA US PEUT VE I TO BU PONT RES TTC ET OT OPEN EE 548 _ SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE cobayes, des phénomènes paralytiques consécutivement à l'injection d’un bouillon de culture filtré où avaient végété deux espèces microbiennes, un streptocoque et un staphylocoque. L'autopsie des animaux nous a montré l'existence d'une myélite aiguë sans altération appréciable des nerfs. Ces deux cas nous ont paru de quelque intérêt à rapporter en détail. Exp. I. — Cobaye de 620 grammes, inoculé le 28 février sous la peau avec le bouillon strepto-staphylococcique, préalablement expérimenté sur une souris qui avait succombé en 36 heures à une dose de 2 centimètres cubes. Les injections sont faites dans la patte postérieure en plein muscle. L'animal meurt le 17 mars. Il n'avait pas paru malade jusqu’au 14 mars. Le 15, l'animal paraît moins vif, mais mange toujours bien. Le 16, on constate une paralysie avec une certaine rigidité des membres inférieurs et de la rétention d'urine pendant la journée. Le 17, l'animal meurt dans la matinée, | complètement paralysé des quatre membres. | A l’autopsie, foie congestionné brun rougeûtre; reins gros, légèrement déco- lorés dans la substance corticale; poids, 3 gr. 50. Estomac et intestins normaux. Vessie distendue par l'urine. Cœur dilaté. Poumons très congestionnés. Le | cerveau offre un certain degré de congestion méningée. Pas d’hémorragie ni | grosses lésions macroscopiques. La moeile est très congestionnée. Les vaisseaux méningés forment des arborisations très développées. Pas d’exsudat méningé. Sur les coupes de la moelle, on distingue déjà à l'œil nu, par places, dans la substance grise, un pointillé ou des foyers hémorragiques. Il est difficile de: dire si la moelle est ramollie, car chez le cobaye la moelle a un très petit volume et est toujours très molle. Pour l'étude microscopique, des fragments de la moelle ont été placés dans. | le formol, puis dans l'alcool. Les coupes ont porté sur la région du renflement GROS la région dor- sale et la région cervicale. Dans la région lombaire, on rencontre plusieurs petits foyers hémorra- siques occupant la substance grise, tantôt la corne antérieure, tantôt et plus. souvent la région moyenne, intermédiaire. Ces foyers, peu étendus en hauteur ou transversalement, sont de petit volume. Ils représentent plutôt une infiltration hématique qu'une collection hémorragique. Certains sont nettement développés autour d’un capillaire dont les parois se voient aisément. Les petits vaisseaux sont en général remplis de sang et dilatés, leurs. . parois sont semées de cellules rondes qui leur forment un manchon. Les vais- seaux de plus fort calibre, artères et veines, ne paraissent pas être le siège d’un semblable processus inflammatoire. Dans la substance grise, la plupart des grandes cellules sont très altérées. Leur protoplasma et leur noyau se colorent d’une facon un peu diffuse par le (4) Le liquide injecté était un bouillon de viande peptonisé, additionné de | liquide ascitique et de sang défibriné. Il avait été ensemencé simultanément avec un streptocoque et un staphylocoque rendus virulents par plusieurs pas-. sages. Le bouillon, placé à l’étuve dans un ballon de Roux pendant trois. M semaines, fut filtré sur bougies Chamberland avec la pompe d’Arsonval. Ne SÉANCE DU 30 MAI 549 carmin et l'hématoxyline. Le protoplasma est comme fendillé sur certaines cellules, il contient des vacuoles qui souvent dissimulent en partie le noyau. La plupart de ces cellules sont entourées d’un grand nombre de cellules rondes de deux espèces, les unes à noyau petit, fortement et uniformément coloré, les autres plus grosses, à noyau plus clair, contenant quelques granulations plus colorées. Ces cellules, leucocytes mononucléaires et éléments interstitiels, pénètrent dans l’intérieur des cellules ganglionnaires, les remplissent et les font disparaître à peu près complètement. A un stade avancé, on ne constate plus qu’an noyau et un peu de protoplasma entouré de quelques cellules rondes et tout autour des lacunes ou vacuoles marquent la place de l'élément noble détruit. Dans la substance blanche les fibres nerveuses paraissent un peu gonflées, mais les cylindre-axes se distinguent et se colorent bien. On ne trouve pas dans cette partie les foyers hémorragiques signalés plus haut. Sur des coupes colorées par la méthode de Nissl et la méthode de Weigert à l’acélate de fer, les cellules des cornes antérieures se montrent très malades; on ne distingue plus les granulations chromatophiles ; le noyau, sur un certain nombre de cellules, se colore par le réactif, gagne la périphérie de la cellule et semble tendre à s'échapper. Le protoplasma est rempli de vacuoles et a parfois un aspect craquelé. Enfin les prolongements cellulaires se distinguent mal et paraissent, par places, fragmentés et vacuolaires. Il n’a pas été fait de coloration par le Marchi, ni par le Pal. La région dorsale est beaucoup moins malade. On ne trouve ni les infiltra- tions hémorragiques ni les lésions cellulaires si marquées qui se voyaient dans la région lombaire. Mais les leucocytes sont déjà groupés en grand nombre autour des vaisseaux et l'on trouve dans la substance grise des cellules rondes en quantité anormale. Les coupes de la région cervicale montrent, de même, des altérations no- tables des capillaires : dilatation et manchon leucocylaire, mais les lésions des cellules des cornes antérieures sont surtout très prononcées ; elles fixent mal les réactifs, et disparaissent sous un amas de cellules rondes qui les entourent de toutes parts. La prolifération leucocytaire est également assez marquée dans les cordons latéraux. Des fragments du sciatique et du crural, placés dans l'acide osmique, puis dans le picro-carmin et dissociés, n’ont paru présenter aucune altération. Exp. II. — Cobaye de 550 grammes, inoculé de même que le précédent; a recu les mêmes doses, les mêmes jours. Présente, un jour plus tard que le premier cobaye, les phénomènes paraplégiques, le 17 mars dans l'après-midi, et est trouvé mort le lendemain 18. Aulopsie. — Congestion des différents viscères. Vessie distendue par l'urine. Le cerveau et la moelle sont congestionnés, ainsi que les méninges. Pas d'ex- sudat dans le canal vertébral. Piqueté hémorragique du cerveau. Moelle de consistance normale. L'examen histologique a été pratiqué de la même facon que dans le cas pré- cédent, et a donné des résultats analogues. Nous ne croyons pas utile de faire ici une nouvelle description, Nous noterons seulement quelques différences. Les lésions sont beaucoup plus accentuées ‘dans la région lombaire que dans 550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les parties plus élevées de la moelle. Toutefois, les foyers hémorragiques, les lésions cellulaires et l’infiltration embryonnaire sont moins prononcés que chez le premier animal. La région dorsale est à peu près saine; quant à la partie cervicale de la moelle, elle est assez malade, et, notamment sur une série de coupes de la région inférieure, on constate un petit foyer de ramollissement occupant la partie postéro-externe d’une des cornes postérieures, et qui est dû à la throm- bose d'un petit vaisseau émané de l'artère spinale postérieure. On peut voir de plus, dans la substance grise, des lésions analogues à celles qui ont été déjà décrites à un degré plus ou moins accentué. Les nerfs n ofnaient aucune alté- ration. En résumé : En inoculant à des animaux une culture filtrée de strep- tocoque et staphylocoque virulents, nous avons constaté deux cas, chez des cobayes, de myélite à évolution rapide, et caractérisés, dans le pre- mier cas, par une paraplégie spasmodique, suivie d'une parésie des membres supérieurs; dans l’autre, par une paraplégie simple. Les lésions de la moelle consistaient en petits foyers hémorragiques dans la substance grise, et dans une prolifération des leucocytes et, peut- être, des cellules névrogliques. Ces éléments s’amassent autour des cellules ganglionnaires, les étouffent, pénètrent à leur intérieur et Îles détruisent. Mais les cellules nerveuses, qui n’ont pas été atteintes par cet envahissement phagocytaire, présentent aussi des altérations plus ou moins accentuées, consistant dans une désintégration du protoplasma, l'apparition de vacuoles et des modifications dans la situation et la structure du noyau. La substance blanche est, en général, épargnée. Les petits vaisseaux présentent des lésions inflammatoires marquées, pou- vant aller jusqu'à la thrombose. Les nerfs examinés nous ont paru nor- maux. Nous devons faire remarquer que ces deux cas sont restés isolés, et que les inoculations, avec le même bouillon, poursuivies pendant plus longtemps sur un certain nombre d'animaux, n’ont pas donné d’autres accidents paralytiques. Ces faits s'ajoutent à ceux, encore peu nombreux, publiés dans ces derniers temps, de myélite par intoxication microbienne. Il existe donc des allérations profondes des centres nerveux, dues aux toxines seules. On est conduit alors à admettre que, dans un certain nombre de mala- dies infectieuses, surtout lorsqu'on n’a pas décelé de microbes dans la moelle, les altérations nerveuses peuvent résulter de l’action des pro- duits toxiques élaborés dans l'économie par les microorganismes. Parmi ceux-ci, le streptocoque et le staphylocoque sont les agents d’in- fection les plus communs, et il est probable qu'ils doivent être mis en cause dans un grand nombre de myélites. Les faits que nous venons de sur la moelle par leurs toxines. rapporter prouvent que, dans certaines circonstances, ils peuvent agir , SÉANCE DU 30 MAI 591 : Sur LES OEUFS ET LES ALEVINS DE LA SARDINE . DANS LES EAUX DE CONCARNEAU, | par MM. FABRE-DOMERGUE el BiÉTRIx. È On sait très peu de chose sur la biologie de la Sardine océanique, en - dépit des recherches nombreuses auxquelles le sujet a déjà donné lieu. - Tandis qu'à Marseille, en effet, M. Marion à pu reconstituer le cycle - évolutif complet de l'espèce, les travaux de MM. Pouchet, Henneguy et - Vaillant en France, Cunningham en Angleterre, sur la Sardine océanique, . tendent à démontrer que ses mœurs diffèrent quelque peu selon les mers | qu'elle habite et que l’on ne peut généraliser à l'Océan les recherches - effectuées sur ce poisson dans la Méditerranée. Les observations de > M. Cunningham venant à l'encontre de tous les faits avancés par - certains de ses prédécesseurs, nous avons pensé quil ne serait pas sans intérêt de reprendre cette étude d'autant plus importante, que la Sardine présente pour notre littoral un intérêt économique considérable. È Bien que le Laboratoire de Concarneau n'ait qu'un matériel nautique - extrêmement rudimentaire, nous avons pu cependant apporter quelques J faits confirmatifs et complémentaires de ceux relevés à Plymouth. Des > pêches pélagiques au filet fin, effectuées avec continuité entre 1,000 et - 1,500 mètres de la côte, nous ont fourni, à plusieurs reprises, des œufs . floltants que leurs caractères nous ont permis d'identifier à ceux de la | Sardine, soit en nous reportant aux descriptions des auteurs, soit par » comparaison avec les œufs de femelles müres capturées dans Ia baie. Ces œufs, mis en incubation dans le laboratoire, ont donné naissance à - des alevins identiques à ceux figurés par Cunningham dans ses pré- cédentes communications, et nous avons pu, grâce à eux, établir les principaux stades du développement embryonnaire de l'espèce, et en. - figurer les formes jusqu'au septième jour de la vie post-embryonnaire. x Presque tous les œufs rencontrés dans nos pêches se trouvaient aux Ë premiers stades du développement, le blastoderme n'ayant pas encore - recouvert la moilié du vitellus, et présentant seulement l'éminence + embryonnaire à son début. Les premières éclosions eurent lieu deux * jours après, à une température moyenne de 16 degrés. Les larves, très > vives et très actives à leur sortie de l'œuf, mesurent environ 4", 4. | Elles sont nettement caractérisées par leur corps allongé et surtout 4 par les mouvements anguilliformes que nous n'avions jusqu'ici constatés que chez les larves du Hareng. Quoique nous ayons placé nos élèves dans les meilleures conditions possibles et que nous leur ayons offert des aliments variés obtenus soit de pêches pélagiques, soit de cultures d'infusoires marins, nous n'avons pu en pousser l'élevage au delà du septième jour. Ce fait est à rapprocher de celui observé à Plymouth où, les larves ayant pu être nourries avec : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : ©7 OZ bo des fragments de vers, la survie n’a pas dépassé dix Jours. Il y a là un point encore fort obscur de la biologie des alevins marins qui appelle d'autant plus impérieusement l'attention qu'il semble assez généralement applicable à Loutes les espèces jusqu'ici étudiées. On est assez justement fondé à se demander si les alevins éclos dans nos appareils ne se trouvent pas, dès les premiers Jours de leur vie, dans un état patho- logique spécial qui les voue à une mort certaine et prématurée. Certaines expériences, conduites sur l'élevage d'espèces autres que la Sardine, . nous conduisent à penser qu'il ne serait pas inutile de rechercher de ce ‘ côté la cause des insuccès enregistrés jusqu'ici et de s'attacher à les préciser, avant d'aborder les applications pratiques dont les résultats sont — nous semble-t-il — quelque peu aléatoires, étant donné l'état actuel de nos connaissances sur le sujet. Il est done bien établi aujourd’hui que la Sardine dite « de dérive » soustitue la forme adulte de l'espèce, qu'elle pond dans nos eaux littorales jusque près des côtes des œufs flottants dont l’incubation et le développement ont lieu dans les zones supérieures de la mer. Un point importantreste encore à résoudre, celui de savoir ce que deviennent les alevins après l’éclosion, s'ils mènent pendant longtemps encore une existence pélagique où s'ils se rapprochent, au contraire, du fond. Mais de telles investigations demandent un matériel d'exploration et des moyens d'action dant le laboratoire de Concarneau est totalement dépourvu. L'intérêt qui s'y attache, au point de vue scientifique aussi bien qu'au point de vue pratique, justifierait amplement les sacrifices nécessaires à leur réalisation. SUR UN FERMENT OXYDANT DE LA SALIVE ET DE QUELQUES AUTRES SÉCRÉTIONS, par M. PAUL CaRNoT. La présence d'un ferment oxydant dans certains tissus étant établie, il était intéressant de le rechercher dans les différentes sécrétions. Les réactifs employés pour cette recherche ont été: 1° La teinture de gaïac : Heinrich Struve, dès 4872, a signalé le bleuissement de ce liquide au contact du sang, de la salive et du pus; 2 L’aldéhyde salicylique, employée par Jacquet et par Abelous et Biarnès ; 3° La paraphénylène diamine, en milieu alealin, employée par Roh- mann et Spitzer. Ce réactif, le plus commode et le plus sensible, donne par oxydation en présence du ferment une couleur violette, qui ne se produit spontanément qu'avec une grande lenteur. La comparaison d = 4 CCR PPT AE ARTS ME LA el tue à NT Digi AL EU 2 € APE At ANT CO MOT DE VON PTT OIEUS TE TENTE APE NP TL ER PR a PEN AE) + SÉANCE DU 30 MAI 553: “ avec un tube témoin est indispensable, car il y a, sous l'influence du ferment, plutôt une différence de vitesse que de réaction; 4° Enfin, nous avons répété quelques réactions, décrites avec grand soin par G. Bertrand pour la laccase, le mieux étudié et la tête de file des ferments oxydants : l'hydroquinone, donne une liqueur rose qui se fonce et dépose plus tard des cristaux verts de quinhydrone. Le pyro- gallol précipite une substance insoluble qui donne avec l'ammoniaque une belle liqueur bleue ; 5° Nous avons enfin mensuré la diminution de volume d’une atmos- phère confinée, après absorption de l'oxygène, sur un bain de mercure. Nous avons éludié successivement différentes sécrétions; la salive, qui présente un pouvoir oxydant très net, et qui, d'autre part, est facile à se procurer, nous à servi de type pour l'étude du ferment; les autres sécrétions, plus rares (larmes, mucus nasal, etc.), ont été examinées seulement avec la teinture de gaïac et la paraphénylène diamine. | La salive humaine, fraiche et filtrée sur papier, donne très rapide- ment, avec la paraphénylène diamine en solution très étendue, à 4 p. 10000, une coloration violette. Cette teinte s'obtient en quelques minutes, la solution témoin ne présente au bout de vingt-quatre heures qu'une faible coloralion grenat. Avec la leinture de gaïac, la liqueur passe presque immédiatement au vert bleuâtre, mais jamais nous n’avons obtenu la belle teinte bleue que lui communique la laccase, ferment qui semble beaucoup plus actif. k L'hydroquinone, le pyrogallol nous ont présenté les réactions décrites. Cette action semble bien appartenir à la salive même : les microorga- nismes et leurs sécrétions ne semblent intervenir en rien. En effet : 1° La salive abandonnée à elle-même, avec pullulation de ses micro- organismes pendant quelques jours, oxyde moins que la salive fraiche ; 2° La salive, recueillie à l’orifice des conduits glandulaires chez l'homme, par fistule chez les animaux, présente, elle aussi, un pouvoir oxydant, le nombre des microorganismes du canal étant fort restreint; 3° La salive filtrée au filtre Chamberland a un pouvoir oxydant très net, quoique moins intense que la salive naturelle ; %° Enfin l'ensemencement, en masse, de tubes de bouillons avec les microorganismes de la salive, a donné une culture complètement dépourvue de ferment oxydant. Il semble donc bien que la salive agisse par elle-même, indépendam- ment de ses microorganismes et de leurs sécrétions. L'origine de ce ferment peut-elle être précisée? Chez l'homme, on peut recueillir avec une seringue quelques gouttes de liquide à l'issue des conduits salivaires : chaque salive contient l'oxy-ferment. Mais peut-être l'intensité de la réaction est-elle moindre que pour la salive Ce ni TELE 554 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mixte. IlLest bien probable, d'autre part, que les cellules et glandes de la muqueuse buccale présentent la même propriété, par analogie avec la muqueuse nasale qui, elle aussi, sécrète un oxy-ferment. Ce ferment existe chez toutes les personnes où je l’ai cherché, même chez des enfants de deux mois. Chez le Chien, la réaction de la salive mixte est un peu moins intense que chez l'homme. Chaque salive contient le ferment. Chez le Cheval, la salive mixte a un pouvoir oxydant beaucoup plus faible. La salive parotidienne n’exerce aucune action de ce genre. Notons que cette salive ne contient également pas de ptyaline. | Si, d'autre part, nous prenons des glandes salivaires, et si nous en faisons un extrait glycériné, le liquide obtenu oxyde.légèrement la solution de paraphénylène diamine, mais il y a une différence d’inten- sité considérable entre l'extrait glandulaire et le produit de sécrétion : on peut émettre comme explication l'hypothèse d'une transformation d'un pro-ferment glandulaire en un ferment sécrétoire, mais cette hypo- thèse a besoin d’une autre démonstration. La salive mixte agit sur la teinture de gaïac et la paraphénylène dia- mine en milieu légèrement alcalin. Aucune action ne se produit en milieu acide. C'est la différence la plus nette quil y à entre l’oxy-ferment animal et les ferments végétaux (laccase, etc.), qui continuent leur action en milieu acide, L’oxy-ferment animal se trouvant toujours en milieu alcalin, ou neutre, agit donc dans l'organisme. Néanmoins, il est probable qu'il n’agit plus, une fois mélangé à la sécrétion gastrique acide. La température influe évidemment. sur l’action du ferment : l’opti- mum nous à semblé voisin de 40 degrés; les solutions agissent encore faiblement à 80 degrés. Il faut même un certain temps d’ébullition à 100 degrés pour détruire le ferment. Par l'alcool, on précipite le ferment ; le précipité, redissous, manifeste une action oxydante, le filtrat en est dépourvu. De même, après précipitation de phosphate de chaux au sein de la liqueur, le filtrat est dépourvu d'oxy-ferment. Ce pouvoir oxydant de la ‘salive est assez intense. Comparé au pouvoir oxydant des extraits d'organes, rate, foie, etc., il se montre plus énergique, environ dans la proportion de 8 à 5. La sécrétion nasale présente une action analogue, mais avec une intensité un peu moindre que la salive, supérieure aux extraits d'organes. | Les larmes ont un pouvoir oxydant légèrement inférieur à celui de la salive ; le sperme oxyde très ÉnersIAEnEnL comme l’a décrit Pœhl, à propos de la spermine. Le pus semble doué d'un pouvoir ou moindre, mais assez éner- gique encore. _2dusis SÉANCE DU 30 MAI 559 À côté de ces sécrétions, d’autres semblent complètement dépourvues d'action. L'urine en particulier, non seulement ne favorise pas l'oxydation, mais, mélangée à la salive, elle semblerait en empêcher en partie l'action, peut-être par la présence de corps réducteurs. La bile n'offre aucune action. Les sécrétions intestinales ne favorisent nullement l'oxydation. Le lait a une action très minime. Le blanc d'œuf également. Il existe donc dans la salive un oxy- _ferment qui se retrouve dans le mucus nasal, les larmes, le sperme, qui manque dans l'urine, la bile, les sécrétions intestinales. x La théorie d'oxydations animales par fermentation, établie par les travaux de A. Gautier, Traube, Jacquet, Pœhl, Abelous et Biarnès, Rohmann et Spitzer, doit donc être étendue, non seulement aux organes et extraits d'organes, mais encore à un grand nombre de produits de sécrétion. SUR LA VALEUR NUTRITIVE DU LAIT STÉRILISÉ, par M. Roper. M. Duclaux a consacré, il y a quelques mois, une de ses intéressantes revues des Annales de l'Institut Pasteur à la question controversée de la valeur digestive et nutritive du lait stérilisé. IL analyse plusieurs travaux étrangers dont les auteurs se sont proposé de chercher si la stérilisation par la chaleur amoindrit l’utilisation alimentaire des divers principes du lait. La méthode générale suivie dans ces travaux consis- tait, après avoir dosé la matière azotée (ou la matière grasse) du lait ingéré, à doser l'azote Lotal (ou la graisse) dans les matières fécales ou simultanément dans ces matières et dans l'urine, avec la prétention d’en conclure dans quelle proportion la matière alimentaire est digérée et absorbée, quelle est, tant pour la matière azotée que pour la matière grasse, la part soustraite à la digestion et la part utilisée, cela étant fait comparativement avec le lait cru et avec le lait stérilisé. M. Du- claux soumet cette méthode à une critique serrée et pleinement jus- tifiée. — La composilion chimique des matières fécales, mème rap- prochée de l'urine, ne suffit pas réellement à donner un renseignement précis sur le degré d'utilisation de la matière alimentaire, l'azote total des matières fécales ne représentant pas exactement la part de l'azote non utilisée par l'appareil digestif, l'azote total de l'urine répondant moins encore à la part utilisée : des facteurs multiples compliquent le problème, et particulièrement l’état du poids, croissant, stationnaire ou A AE EE nes LACS GE Fr =” 1 Ds ee 4 J ? À Ot O6 [er] SOCIÉTÉ DE’ BIOLOGIE décroissant, de l'animal en expérience, dont il est impossible de tenir un compte rigoureux en abordant le problème de cette manière. J'ai cherché à juger expérimentalement la valeur nutritive du lait stérilisé, par une méthode tout à fait différente. Cette méthode consiste à nourrir de jeunes animaux en croissance exclusivement avec du lait, cru ou bouilli, et à déterminer, par une série de pesées, l'accroissement de poids, tant absolu que proportionnel à la quantité du lait. Quatre jeunes chiens, de la même portée, âgés de cinq ou Six semaines, formèrent deux lots : le lot À (chiens I et IT) reçut du lait de vache cru, légèrement tiède; le lot B (chiens IIT et IV), le même lait, soumis à une courte ébullition; le volume du lait administré par jour étant d’aflleurs pour chaque lot rigoureusement égal. J'adjoignis à ces quatre animaux un cinquième chien (V), environ du même âge, de race plus grosse, qui reçut le même lait soumis à une ébullition plus ou moins soutenue el privé de la couche complexe concrétée à sa surface par un lent refroidissement. Enfin, un sixième chien en croissance, mais un peu plus âgé, recut du lait soumis, au moment d’être donné, à une courte ébullition, comme les chiens IIT et IV. L'expérience dura plusieurs semaines. On fit une série de pesées, par lesquelles on évalua l'accroissement graduel du poids de chaque animal. Il est surtout intéressant de considérer ce qui se passa pour les lots À et B, composés de chiens de la même portée. Le lot B, nourri de lait boulli, pesait, au débul de l'expérience, sensiblement moins que le lot À, alimenté au lait cru. Après une période un peu indécise, l’accrois- sement du premier ne tarda pas à dépasser celui de l’autre, la diffé- rence de poids alla en diminuant graduellement, et finalement, les deux chiens nourris de lait bouilli pesèrent plus que leurs frères. Ces données sont précisées dans le tableau 1. Tableau n° 1. VOLUME POIDS POIDS ACCROISSEMENT ACCROISSEMENT du lait AURA fn absolu proportionnel ta début CE —< au poids par Jour. dela dela pour par du début de — période. période. 531 j jour. la période. cent. cubes. _ _. = M à p- 1000. Lot A 1200 1592 2608- 1016 32.5 638 (chiens I et II réunis) Lait cru. + Lot B 1200. 1468 2638 1170, 322 0 0e (chiensIll et IVréunis) Lait bouilli. Par conséquent, chez ces animaux de la même portée, non seulement = SÉANCE DU 30 MAI Da le lait bouilli n'a pas déterminé un déficit relatif, mais il a même pro- curé un accroissement sensiblement supérieur. Le chien V, dont le lait était soumis à une ébullition soutenue, pesait au début de la mème période 3,397 grammes. Il s'accrut en un mois de 938 grammes, soit 30 grammes par jour, accroissement absolu corres- pondant à un accroissement proportionnel (p. 1000 du début de la période) de 276. Le chien VI, qui recevait le lait soumis à une courte ébullition, comme le lot B, pesait, au début de la même période, 2,155 grammes. Après un mois, il s'était accru de 1,132 grammes, soit 36 grammes par Jour, ou 525 p. 1000. Ces derniers chiffres ne sont pas directement comparables à ceux qui concernent les deux premiers lots : d'abord, parce que les chiens V et VI étaient un peu plus avancés en àge ; en second lieu, parce qu'ils rece- vaient une quantité de nourriture moindre relativement à leur poids (1,300 centimètres cubes par jour pour chacun). Malgré cela, j'ai eru pouvoir lirer parti des résultats donnés par ces deux animaux, en rappro- chant l'accroissement rapporté au poids initial et la quantité d'aliment également rapportée au poids ; en d’autres termes, en faisant le rapport de l'accroissement de l'unité de poids à l’alimentation de l'unité de poids, ou plus simplement, ce qui revient tout à fait au même (car AV P : +) » le rapport de l'accroissement absolu (A) à la quantité ab- solue d’aliment (V). = Tableau n° 2. RAPPORT DE L'ACCROISSEMENT ABSOLU pendant une période de trois semaines à la quantité quotidienne du lait. BORA TALCETU) PRET. 0.62 ° Lot B (lait bouilli) : . "7. 0.68 Chien V (lait bouilli) . . . . : 0.61 Chien VI (lait bouilli). . . . 0.62 On voit que ces rapports présentent fort peu d'écart, et que le plus élevé concerne un lot (B) nourri de lait bouilli. Les chiens V et VI (lait bouilli), quoique n'étant pas de la même portée, ont des rapports presque identiques, le dernier égal à celui du lot À (lait cru), l’autre à peine inférieur. L'animal (V) qui recevait le lait soumis à une ébullition soutenue à l'air libre et privé de la couche com- plexe qui en résulte l'a, à mon sens, au moins aussi bien utilisé que le Vlet que les chiens du lot A, malgré que le rapport qui le concerne soit très légèrement inférieur ; attendu que le caleul montre que ce chien recevait moins d'aliments, non seulement relativement à son poids, mais même relativement à sa surface, et je pense que, pour un animal as fs PC El rg 4 , 558 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——— en croissance, moins il reçoit d'aliments relativement à sa surface (c'est- à-dire à l'intensité de ses combustions), toutes choses égales d’ailleurs, plus petite doit être la part de l'aliment employée à l'accroissement, plus faible par conséquent doit être le rapport entre l'accroissement absolu et la quantité d'aliment. Il est juste de prêter surtout attention aux rapports fournis par les lots À et B, de la même portée : les nombres qui les concernent sont très significatifs. On voit que le rapport de l'accroissement absolu au volume quotidien du lait est très notablement supérieur pour le lait bouilli, c'est-à-dire que ce dernier lait a mieux été utilisé que le lait cru. Peut-être ce faible avantage était-il dû à la légère concentration déter- minée par l'ébullition (le volume du lait étant mesuré après le chauf-. fage), quoiqu'elle ait dû être bien minime, puisque l’ébullition n'était pas maintenue. Quelle qu’en soit la cause, je peux conclure, au point de vue pratique, que le lait soumis à la température de l’eau bouillante, tout au moins celui qui ne subissait qu'une courte ébullition (lot B, chien VI), s’est montré, dans cette expérience, doué d’une cp nutri- tive au moins égale à celle du lait cru L'ACTION ANTICOAGULANTE DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PEPTONE EST-ELLE EN RAPPORT AVEC L'ACTION DE CETTE SUBSTANCE SUR LA PRESSION SANGUINE ? par MM. L. Cauus et E. GLEy. L’abaissement de la pression artérielle, causé par une injection intra- veineuse d’une solution de peptone du commerce {peptone de Witte) riche en propeptone, est tel que l’on peut se demander s’iln’existerait pas quelque rapport entre cet effet et l’action de cette substance sur la coa- . gulabilité du sang. Ne serait-il pas possible qu'en raison d’une vaso- dilatation aussi importante il y eût stagnation du sang, dans les viscères abdominaux par exemple, à ce point qu'une grande partie de ce sang échappat à l'influence de la peptone? Ce fait expliquerait, d'autre part, la différence énorme que l’on constate dans les doses de peptone néces- saires pour diminuer la coagulabilité du sang in vitro et in vivo. À la vérité, plusieurs faits déjà paraissent contraires à cette idée. Ainsi Grosjean (1) a vu que l’action anticoagulante de la propeptone persiste encore pendant un certain temps après que la pression san- guine est redevenue normale. Gley et Pachon (2) ont observé que, sur (1) A. Grosjean. Recherches sur l’action physiol. de la propeptone et de la peptone {4rch. de Biol., XII, p. 381, 1892). (2) Arch. de physiol., 5° série, VII, p. 711, 1895. ER OTR SÉANCE DU 30 MAI 539 les chiens sur lesquels les Iymphatiques du foie ont été liés, la peptone produit toujours la diminution de la pression artérielle, alors qu'elle a perdu sa propriété anticoagulante. Il n'était cependant pas inutile de s'assurer par des expériences directes s’il y à ou non un rapport entre les deux phénomènes. Dans une première série d'expériences, nous avons essayé, la pression étant très basse à la suite de l'injection d’une solution de peptone de Witte,à la dose de 0 gr. 50 par kilogramme, chez le chien,et le sang étant devenu incoagulable, de relever cette pression au moyen de substances vaso-constrictives. Nous avons employé dans ce but un sel d’anagyrine, substance qui provoque,comme les recherches de Gley l’ont montré (1), une augmentation extraordinaire de la tension artérielle. Chez les ani- maux qui ont recu préalablement de la peptone, cet effet est un peu atténué, quoique encore très marqué, ainsi qu on peut le constater sur les tracés que nous présentons à la Société (2). Si, à un moment où la pression se relève manifestement, on fait une prise de sang, on constate que ce sang est resté incoagulable. Il en est de même avec la strychnine dont nous nous sommes égale- ment servis. D'ailleurs, l'élévation de la pression provoquée par la strychnine, dans cette condition, est beaucoup moindre que celle que détermine l’anagyrine. Si l’on fait d’abord l'injection d’anagyrine et qu'on injecte ensuite la solution de peptone, alors que la pression atteint 27 à 30 centimètres de mercure dans la carotide, chez-des chiens de 8 à 12 kilogrammes, immédiatement et très rapidement elle descend à 3 ou 5 centimètres; une nouvelle injection d’anagyrine la fait à peine monter de 1 centi- mètre. Le sang reste naturellement incoagulable. Dans une autre série d'expériences nous avons provoqué le relève- ment de la pression artérielle par l'excitation forte du bout périphé- rique d'un nerf splanchnique, sur des chiens ayant reçu de la peptone ; mais cette excitalion est alors presque sans effet, il peut être intéressant de le remarquer. Si, au contraire, on pratique l'injection de peptone durant l'effet produit par l'excitation du splanchnique, la pression s'abaisse aussitôt, comme chez un animal normal. Dans l’un et l’autre cas, le sang a été incoagulable. Il faut bien convenir que ces expériences ne permettent pas de tran- cher la question posée en tête de cette note. La condition à réaliser, ce (4) Soc. de Biol., séance du 23 juillet 1892, p. 680, et in Thèse de doctorat, de A. Coutres, Paris, 1892. (2) K. Hürthle (Archiv f. exper. Pathol. und Pharmak., XXX, p. 141, 1892) a déjà eu l'occasion de constater que l’oxyspartéine relève la pression artérielle, lorsque celle-ci s'est abaissée à la suite d’une injection de peptone, mais il n'est point question dans son travail de la coagulabilité du sang ni d'un rapport possible entre ce dernier phénomène et les variations de la pression. A sŸ " TR e # D y m4 4 RAR de te EUNrEE en € RES Fe CR ES où “* ee T'E Pas OR RES ER LEE PES TR Na ets: de Re DE : ET pi NSP RAA GON ES “ 000 serait, à la suite de l'injection de peptone, et après constatation de l'incoagulabilité du sang, le relèvement de la pression artérielle au niveau de la normale et son maintien persistant à ce niveau, et non une élévation passagère, comme on l'observe sous l'influence de l’anagyrine. Il est possible d’arriver à ce résultat par l'injection intra-veineuse d’une assez grande quantité d’eau salée qui finit par remplir les vaisseaux relàchés. Malheureusement, dans cette expérience on doit diluer nota- blement la masse du sang. D'ailleurs pour contester l'existence d’un rapport entre la diminution de la pression artérielle et l’action anticoagulante, il suffirait déjà de faire remarquer que, sur les chiens dont on détruit le foie au moyen d'une injection d'acide acétique dans le canal cholédoque (1), la peptone amène toujours une chute de la pression, alors que le sang reste parfai- tement coagulable. C’est un résultat analogue à celui que Gley et Pachon avaient obtenu dans leurs expériences relatives à la ligature des lym- phatiques du foie et que nous rappelons plus haut. On peut donc observer : pression basse et sang coagulable. Il conviendrait d'observer aussi : pression haute et sang incoagulable, non plus temporairement, comme nous venons de le signaler (expériences avec l’anagyrine), mais tout le temps à peu près que dure habituellement l’action anticoagu- lante de la peptone. THROMBOSE GÉNÉRALISÉE A LA SUITE D'INJECTIONS DE CHLORURE DE CALCIUM, par MM. DasrTRe et W. FLORESCO. Wooldridge a constaté que les substances qu'il appelait impropre- ment « fibrinogènes de tissu » possédaient la singulière propriété de déterminer, étant injectées dans les veines, une coagulation généra- lisée à tous les vaisseaux, spécialement aux vaisseaux veineux. Hal- liburton et Brodie ont montré que ces substances sont des nucléo-albu- mines et ils ont fait connaître la manière de les préparer. Ces nucléo- albumines sont solubles dans les solutions étendues de carbonate de soude d’où elles sont précipitées par l'acide acétique. Soumises à la digestion gastrique, elles fournissent un résidu de nucléine (substance insoluble dans les acides dilués, soluble dans les alcalis étendus, d’où elle est précipitée par l'acide acétique et l'acide chlorhydrique, riche en phosphore). La propriété de déterminer une thrombose plus ou moins généralisée leur est tellement spéciale, qu’elle a servi quelquefois à les identifier. C'est ainsi que le venin de quelques serpents produisant une coagula- (4) E. Gley et V. Pachon. Comptes rendus Soc. de Biol., séance du 23 mai 4896, 23. QC P- SÉANCE DU 30 MAI 561 tion intra-vasculaire généralisée, la substance active a pu être, assi- milée à une nucléo-albumine. Une autre application du même principe a été faite par Pickering aux colloïdes de synthèse préparés par Grimaux. Les colloïdes (acides amido-benzoïques, et anhydride aspartique) constituent des sortes d’al- buminoïdes élémentaires, réduits au maximum de simplicité. Pickering a corstaté qu'ils provoquaient une thrombose généralisée et a vu dans ce fait une raison de les assimiler aux nucléo-albumines. Y a-t-il réellement une relation aussi absolue entre les nucléo-albu- mines et la coagulation intra-vasculaire ? Déjà Halliburton et Brodie ont montré que les nucléo-albumines ne produisent pas toujours la coagu- lation intra-vasculaire. C.-J. Martin (1893), d'autre part, n'ayant pas trouvé de nucléo-albumine préexistante dans certains venins, a supposé que ces substances se formaient secondairement. Nos recherches nous ont amené à trouver une autre substance jouis- sant à un haut degré de la propriété thrombotique. Il s’agit simplement du chlorure de calcium en solution dans l’eau salée physiologique, à raison de 10 p. 100 et injectée dans les veines à raison de 2? décigram- mes par kilogramme d'animal (chien. C'est là un fait curieux qui donne un nouvel intérêt à cette substance que tant d’autres traits recommandent à l'attention des physiologistes. RECHERCHES SUR L'INNERVATION VASO-MOTRICE DU PANCRÉAS, par MM. FRançois-Francx et L. HALLION. La lacune que relevait Vulpian en 1875 (Lec. vaso-motr., IT, p. 38) sur l'innervation vaso-motrice du pancréas persiste encore aujourd'hui; c'est par induction seulement, et non d’après des expériences précises, qu'on peut assimiler le pancréas à une glande salivaire et admettre l’action vaso-motrice et sécrétoire des nerfs pancréatiques. Le pancréas cependant se prête tout aussi bien qu'un autre organe à l'exploration volumétrique, à la condition qu'on le dégage du duodénum dont les mouvements ne manqueraient pas d'introduire des causes d’er- reur dans cette exploration. Cet isolement est très facile à pratiquer en liant une à une toutes les divisions de l'artère pancréatico-duodénale qui abordent le duodénum et en libérant ensuite le pancréas pour l'engager entre les deux valves d'un appareil volumétrique approprié. Nous avons réalisé cette exploration en même temps que nous avons examiné les variations de l'écoulement du sue pancréalique : il ne sera question dans cette note sommaire que de la circulation pancréatique et des influences nerveuses qui agissent sur les vaisseaux de cet organe. CRETE # LR ASE PT MN TE M DAS OM DER T TS En TES 21 Leg" LR" * F 12 TA PR 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE I. — Le contrôle de l'appareil volumétrique est obtenu en faisant agir sur la circulation du pancréas des influences mécaniques détermi- nées, telles que la compression de l'artère pancréatico-duodénale, celle de l'aorte sus-diaphragmatique, l'arrêt du cœur, etc. : dans ces différen- tes conditions, la courbe volumétrique s’abaïisse plus où moins suivant l'importance de l’anémie mécaniquement produite. Inversement, la compression de l'aorte au niveau des rénales, la compression des veines pancréatiques, ete., provoquent l'élévation du niveau de la courbe volu- métrique. On est ainsi assuré de la signification des tracés fournis par l'appareil et on peut aborder la recherche de l'influence du système ner- veux sur les vaisseaux pancréatiques. IT. — Le tissu du pancréas donne des pulsations totalisées correspon- dant aux systoles cardiaques et subit des variations rythmiques de vo- lume. Celles-ci sont parallèles aux ondulations de la pression aortique quand les vaisseaux pancréatiques ne réagissent pas activement; elles sont, au contraire, inverses des ondulations aortiques si les vaisseaux du pancréas subissent l’action vaso-motrice rythmique qui préside à ces ondulations. III. — L'action vaso-constrictive pancréatique du sympathique se manifeste par l’abaissement de la courbe volumétrique traduisant l'anémie active du tissu. On obtient cet effet vaso-constricteur, en excitant le bout périphérique des rameaux communiquant, gauches ou droits, à partir du 5° rameau intercostal jusqu'au 1° lombaire ; le même effet, se produit, bien entendu, quand on excite le cordon sympathique, avec cette différence toutefois, que la valeur de la vaso-constriction, au lieu de rester sensiblement la même, va en augmentant à mesure qu'on s’'écarte davantage du point de départ supérieur des vaso-constricteurs pancréatiques : ces filets, en effet, se groupent dans le cordon et lexci- tation pratiquée au niveau du splanchnique en fait intervenir un plus grand nombre que quand elle est appliquée plus haut. IV. — On voit souvent survenir, à la süite de la vaso-constriction pancréatique produite par l'excitation centrifuge des rameaux commu- niquants ou du cordon, une vaso-dilatation secondaire dont le caractère actif paraît établi par le défaut d’élévation de la pression aortique au: moment où elle se produit; l'excitation du sympathique provoque, en effet, la vaso-constriction dans des réseaux importants du territoire abdo- minal, et, de ce chef, élève la pression aortique ; mais cette élévation ne dure pas, et c'est précisément au moment où la pression redescend et s’abaisse même au-dessous de son niveau initial qu’on voit souvent aug- menter le volume du pancréas. On peut done admettre qu'à côté des vaso- constricteurs pancréatiques, cheminent dans le sympathique des vaso- dilatateurs; ceux-ci, du reste, n'existent pas seulement dansles rameaux e SÉANCE DU 30 MAI 563 communiquants; on les retrouve dans la chaine et dans les splanch- niques, c'est-à-dire au delà de l'étape ganglionnaire du cordon latéral. Nous ne pensons pas qu'ils agissent sur la sécrétion pancréatique à la facon de la corde du tympan sur la sécrétion salivaire : le rôle sécréteur semblait plutôt dévolu au pneumogastrique. V. — L’excitation centrifuge de ce dernier nerf, pratiquée le long de l’æsophage, nous à paru produire la vaso-dilatation pancréatique en même temps que l'augmentation de la sécrétion. En explorant simulta- nément les variations de volume d’une anse du jéjunum, nous avons observé la vaso-dilatation dans ces deux organes, sans rapport avec l'élévation de la pression artérielle. Mais cette question nécessite des recherches complémentaires. VI. — L'excitation des nerfs de sensibilité générale, produite par un procédé quelconque, de même que les excitations directement appli- quées aux points excitables du cerveau, et tout comme les stimulations psychiques émotives et auditives, provoquent la vaso-constriction réflexe du pancréas. L'examen comparatif des variations de volume du foie, de l'intestin, du rein, ete., montre que le même effet vaso-constricteur se retrouve, sous les mêmes influences, dans ces divers organes abdomi- naux. VII. — Par une opposition intéressante qui est à signaler à propos de chaque organe abdominal, l'excitation centripète des filets sensibles du prneumogaslrique, soit au niveau de l'estomac ou du foie, soit le long de l'æsophage, soit à la base du cou, provoque le plus souvent une vaso- dilatation réflexe des plus nettes, non seulement dans le pancréas, mais aussi dans le foie, l'intestin et le rein. C’est là une réaction importante à connaitre, car elle correspond à la congestion réflexe abdominale qui peut rester dans les limites physiologiques ou devenir, par son excès même, un phénomène pathologique. Nous examinerons plus tard les réactions de ce genre dans une étude d'ensemble sur les congestions réflexes des viscères abdominaux à l’état normal et pathologique. VITE. — Sous l'influence de l'excitation asphyxique centrale, à partir de la 20° ou de la 40° seconde de l'arrêt respiratoire, suivant le degré préalable d'aération pulmonaire, on voit se resserrer activement les, vaisseaux pancréaliques comme ceux de l'intestin, du foie, de la rate, du rein, en même temps que s'élève rapidement la pression aortique et que le cœur devient lent et arythmique. Au même moment se produisent la vaso-constriction pulmonaire et la vaso-dilatation musculo-cutanée, conditions compensatrices de l'excès de tension artérielle. Biococre. ComprEes RENDUS, — 106 SÉRIE. 7, III. 42 PR S ee NET à. V0 EU ESA 564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÉSISTANCE DE L'ORGANISME HUMAIN AUX RÉFRIGÉRATIONS DE TRÈS LONGUE DURÉE : TROIS HEURES DANS L'EAU A 25 DEGRÉS, par M. LEFÈVRE. Pendant les plus vives réfrigérations, lorsque leur durée ne dépasse pas dix ou douze minutes, la production de chaleur devient si grande que, malgré des pertes totales de 200 ou 300 calories, la température centrale, aussi bien d'ailleurs que celle des régions périphériques (mus- culaires), reste invariable ou s’élève de quelques centièmes de degré ; et c'est à peine si, un peu plus tard, pendant la réaction, cette tempéra- ture s'abaisse de quelques dixièmes, dans les cas les plus criliques (bains de douze minutes à 5 degrés), pourvu toutefois quil s'agisse d'un homme robuste méthodiquement habitué depuis longtemps aux atteintes du froid. Mais cette résistance peut-elle se prolonger? L’accommodation ther- mogénétique régulatrice présente-t-elle, avec le caractère de l'intensité et de la rapidité, celui de la durée? Telle est la question grave qui se posait et que, malgré la difficulté de l’entreprise, nous avons résolue. Déjà nous avons fait connaître les principaux résultats de nos re- cherches dans les bains à 7 et 15 degrés. La présente note, qui résume une expérience de trois heures dans l’eau à 25 degrés, est destinée à compléter cette étude de la résistance offerte par l'organisme humain aux réfrigérations de très longue durée. Méthode et résultats. —— La méthode employée est celle que nous avons décrite pour les expériences à 7 et à 15 degrés. Le sujet est assis dans une baignoire contenant 145 litres d’eau dont le niveau s'élève à la hau- teur des mamelons. Un bon thermomètre, bien exactement fixé dans l’aisselle, longtemps à l'avance, sera observé de minute en minute. La température de l’eau, nécessaire à connaître pour le caleul des débits, est relevée toutes les dix minutes, sur divers thermomètres plongés dans le liquide convenablement mélangé. : Nous donnons, dans un tableau, le résumé de cette expérience. En regard de la colonne des temps, se trouve celle de la température axillaire; plus loin, la température de l’eau du bain, la chaleur perdue depuis le début, le débit à la minute, la chaleur produite (4), enfin le coefficient de résistance, c’est-à-dire le rapport entre la chaleur pro- duite et la chaleur perdue. (1) La quantité Q de chaleur produite par unité de poids est donnée par la formule plusieurs fois employée Q — q9—+ct; dans laquelle q représente la chaleur perdue par la surface de l'unité de poids du corps; c la chaleur spé- cifique moyenne du corps; { l’'échauffement positif ou négatif moyen pendant l'unité de temps. TEMPS minutes. SÉANCE DU 30 Mar Tableau d'une expérience de trois heures à 95 degrés. TEMPÉRATURE A , aisselle. degrés. 37 20 37 30 31 39 31 37 GTA à. 37 41 31 43 31 45 37 47 37 48 37 49 37 90 31 51 37 92 37 5 37 54 31 55 37 56 31 57 31 51 31 57 317 57 37 91 31 51 31 57 baisse lente. 31 38 baisse lente. 37 16 baisse lente. 36 80 stationnaire. 36 80 stationnaire. 36 80 baisse lente. 36 70 36 70 baisse lente. 36 61 stationnaire. 36 62 baisse légère. 36 66 stalionnaire. eau. degrés. 24 70 CHALEUR PERDUE depuis le début. calories. DÉBITS périphériques à la minute. calories. +: D b] ©: CHALEUR produite à la minute. calories. a Il 565 COEFFICIENT de résistance. RE — SCA .05 .66 .01 .18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 566 TEMPÉRATURE TEMPS < NT aisselle. eau. minutes. degrés. degrés. 140 36 66 » hausse très lente. 146 36 6% 26 55 baisse lente. 150 36 60 » stationnaire. 160 36 61 » hausse légère. 16% 36 63 » stationnaire. 166 36 63 26 70 stationnaire. 5 171 36 63 » baisse très légère, 175 36 60 » stationnaire. 179 36 605 » hausse. 190 36 64 26 85 TEMPS AISSELLE RECTUM minutes. degrés. degrés. 0 36 64 » 2 36 65 36 45 10 36 50 36 30 25 36 59 36- 40 45 36 70 36 60 60 36 92 36 80 80 37. 25 31 20 100 31 30 97 40 120 37 37 31 #1 150 37 42 31 DD 180 31 45 37 60 240 31 50 37 68 Conclusions. — 1° Il ya une première phase d’excitation pendant laquelle la température du corps s'élève de 0°,4, malgré la perte de CHALEUR PERDUE DÉBITS Re depuis le début. RATE calories. calories. » À 44 j 268 14 ») À il ; 11 ji ») 290 1? oo 11 ») ù 11 912 | 11 Réaction. CHALEUR proiluite à Ja minute. calories. am 0 95 COEFFICIENT de résistance. = 12 LS 0.8 1.2 Le sujet est enveloppé rapidement d'une couverture de laine munie des ouvertures nécessaires pour la lecture des thermomètres. 100 calories. 2° La phase de dépression thermogénétique apparaît ici plus tard que dans la réfrigération à 15 degrés (à la vingt-cinquième minute au lieu de la quinzième minute). APELÉE Near mao te RATE ENS ER D RE RS | = p n - SÉANCE DU 30 MAI 567 3° Ce n’est qu'après une heure de réfrigération, lorsque la perte a atteint 250 calories, que la température tombe au-dessous de la normale. ° En négligeant des oscillations insignifiantes, on peut dire que la température interne et la température périphérique se fixent vers 36°,50 ou 36°,60, et que la chaleur produite équilibre dès lors la chaleur perdue. Le coefficient moyen de résistance reste voisin de l'unité et la dépasse au moment où cesse l'expérience. Nous avons donc prouvé ici, comme précédemment, l’existence d’une accommodation thermogénétique compensatrice suffisante pour maintenir d'une facon durable la température du corps dans le voisinage de la normale, bien que l'organisme soit soumis encore à des pertes trois ou quatre fois plus grandes que celles qu'il éprouve dans.les conditions ordinaires. IN: R: à la sortie du bain les deux températures cen- trale et Re Héibue (musculaire) sont sensiblement égales ; mais tandis qu'avant le bain c’est le rectum qui l'emporte de 2 dixièmes, après le bain les conditions sont renversées et les choses ne reviennent à l’ état initial que progressivement pendant la réaction. Nous avons toujours soutenu que le rectum et le noyau central ne sont pas privilégiés dans la résistance au froid. Deux notes commu- niquées à la Société en juin et juillet 1895 l'ont déjà montré. La preuve nouvelle fournie par nos expériences de longue durée est plus con- cluante encore, puisqu'elles embrassent l'énorme période de trois heures d'action réfrigérante et de quatre heures de réaction! ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE. 46 votes. MM. Hallion . . ....... obtient 31 suffrages. RÉTONRE RE RES ANNEE —— 7 — Chabrié . . . . pue — — Rémy Saint Loupe ad — Bonnier > "7 DURE nee Un bulletin Hné ARE _ = bb 19 | En conséquence, M. Hallion, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu Membre titulaire. Le (rérant : (Gi. MASSON. Re est CRE RE hour ts 1 y EN 424: tion nl ÿ Ja té e p 1j 2 » * DM + PA NI 14 LAS TES ENT TNIIES CUT EE tareS PONS C ARCNANEES À 248 ff pi HE PEER 369 SÉANCE DU 6 JUIN 1896 M. À. Dasrre : Sur l'incoagulabilité du saug-peptone. — M. Cu. FéRÉ : Note sur l'importance physiologique des variétés morphologiques du pavillon de l'oreille. — M. Cu. Féré : Note sur un corbeau atteint d’épilepsie. — M. GuILLEMONAT : Sur la variation de la glycosurie chez les diabétiques soumis au régime lacté. — M. J.-E. AgeLous : Dosage des matières extractives réductrices dans les muscles. — M. le Dr N. Merxixorr-RazvenenKkorr : Note sur un nouveau mode de conservation des pièces anatomiques. — M. Anpré Taouas : Lésion sous-corticale du cervelet déter- minée expérimentalement sur le chat. Dégénérescences secondaires. — M. ATxras : Sur l’origine et l'évolution des petites cellules étoilées de la couche moléculaire du cervelet chez le chat et le lapin. — M. Pierre DELBET : Recherches expérimen- tales sur l'hématocatharsise. — M. E. Gex : Influence de la peptone sur la coagula- tion du lait par la présure., — M. Cu. VERDIN : Un nouveau dynamomètre facilement transformable en dynamographe. Présidence de M. Chauveau. SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG-PEPTONE, par M. A. DASTRE. Le dernier numéro des Comptes rendus (séance du 23 mai, p. 526) contient une note de MM. Athanasiu et Carvallo, dans laquelle ces auteurs m'attribuent, ainsi qu’à mon collaborateur Floresco, une opi- nion qui n'a jamais élé la nôtre. Je n’ai jamais dit que les sels de chaux feraient défaut dans le sang peptonique. Il n'y a aucune espèce de raison de soutenir une idée de ce genre, et, par conséquent, non plus de se mettre en frais pour la combattre. Si les auteurs qui me l'attribuent avaient entendu les explications orales que j'ai données à trois reprises devant la Société, ils sauraient que je n'ai pas fail intervenir l’absence des sels de chaux pour expliquer l’in- coagulabilité du sang-peptone. J'ai dit simplement qu'ils ne paraissaient pas être dans l’élal convenable pour permettre la coagulation. Je sou- tiens, d'une facon plus générale, qu'il faut un certain équilibre salin, une cerlaine condition isotonique du sang pour que la réaction de coa- gulation s'accomplisse. La précipitation des sels de chaux, telle qu’elle est réalisée par Les savons, les fluorures, les oxalates, est une condition qui trouble, au maximum, cet équilibre, et qui rend la coagulation absolument impossible. Mais il s'en faut de beaucoup que ce soit la seule. Alexander Schmidt a cité Paction des citrates alcalins qui sont Biococie. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. II. 43 570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE presque aussi efficaces, sans précipiter les sels de chaux. Je rappellerai de mon côté, un autre exemple. On sait que lorsque l’on a précipité les sels de chaux par les oxalates ou les fluorures d'aleali, si l'on réintroduit la chaux sous forme de chlorure de calcium, la coagulation, suspendue jusqu'alors, se produit — et c’est là une des expériences les plus saisis- santes de M. Arthus. Mais, le fait que je veux signaler, c'est que si l’on introduit la chaux sous une autre forme soluble, sous la forme d’eau de chaux, par exemple, la coagulation n’a pas lieu. Voilà bien la preuve que non seulement la chaux doit être présente, doit être soluble, mais qu'elle doit exister à un certain état. Au surplus, Arthus a démontré que tous les sels qui décalcifient le sang empêchent la coagulation; mais il n’a pas prélendu que tous les sels qui empêchent la coagulation, même à dose faible, décalcifiaient le sang. (Réfutation des objections d'A. Schmidt, Arch. de Physiologie, 1896, p. 51.) Pekelharing, dont je n'ai pu me procurer le mémoire, soutient précisément que la peptone agit sur le sang comme les citrates d'’alcalis en dissimulant les sels de chaux (cité par Arthus. /bidem). Mon opinion est plus générale encore. J'admets, pour les sels de chaux et pour les composants salins du milieu, la nécessité d'un certain équilibre, sans quoi la coagulation n'a pas lieu. Les sels de soude el de magnésie en solution concentrée changent l’équi- libre salin efficace par effet de masse; les décalcifiants le changent en précipitant la chaux ; la propeptone à 15 p. 100 et les citrates alcalins en dissimulant les sels de chaux ; la propeptone injectée en moindre quan- tité en provoquant des phénomènes osmotiques qui retentissent encore sur la condition du milieu et sur son état isotonique. En résumé, la pré- sence dans le sang de sels de calcium dissous, qui est une condition nécessaire de la coagulation, n’est pas, 2pso facto, suffisante. Je citerai une dernière expérience qui conclut encore de la même facon : On recueille 5 centimètres cubes de sang d’un chien peptoné dans trois tubes à essai, contenant : le premier, {À centimètre cube de la solution de chlorure de caléium à 6 p. 100 étendu à 5 centimètres cubes; le second, c.c. 5 de la même solution, étendus à 5 centimètres cubes; la troisième, centimètres cubes de la même solution. En somme, on recueille le sang-peptone dans des solutions de chlorure de calcium de concentration variable entre 1 et 5. Or, on constaté que le sang-peptone reste liquide dans les tubes 1 et3 et coagule dans le tube 2. 19 ©t C’est la preuve qu'un certain degré de salure permet la coagulation et que des degrés supérieurs et inférieurs l’empêchent. En résumé, les conditions substantielles de la coagulation étant réunies, à savoir : fibrinogène, fibrin-ferment, sels de chaux, la coagu- SÉANCE DU 6 JUIN 571 lation peut se produire ou faire défaut, apparaitre immédiatement ou très tardivement, suivant la condition du milieu quant à l'état et au degré de concentration des sels qui y sont contenus. Voilà quelle est ma pensée relativement à la théorie de l'incoagulabilité du sang-peptone. Si je ne l’ai pas imprimée in extenso dans les Comptes rendus, mais seulement exprimée en séance, c'est que je trouvais inutile d'ajouter, avant démonstration complète, une théorie de plus à celles trop nombreuses qui encombrent la science. L'erreur seule, que m'attribuent MM. Carvallo et Athanasiu, m’oblige à sortir de cette réserve. Je reviens aux faits. Contrairement aux auteurs qui déclarent le fibrin-ferment absent dans le sang-peptone, ou détruit définitivement, ou paralysé dans son action par une toxine hypothétique, contrairement à ces auteurs, depuis Schmidt-Mülheim, jusqu'à M. Contejean, nous avons montré, M. Flo- resco et moi, que le sang-peptone et le plasma-peptone fournissent le fibrin-ferment en quantité suffisante pour produire la coagulation. Nous avons donné cette démonstration en mettant en présence le sang-peptone ou le plasma-peptone avec de la sérosité péricardique ou péritonéale (véri- table plasma sanguin sans globules à qui il ne manque que le fibrin- ferment pour se prendre en coagulum). La coagulation de la sérosité se produit alors comme elle se produit avec le sang ordinaire défibriné ou le sérum de ce sang. Et il ne nous a point paru que, dans l'intensité d'action, dans le délai (3 à 4 heures), dans la forme du caillot et son aspect, il y eut aucune différence entre le sang-peptone et le sang ordinaire. à Le sang-peptone, le plasma-peptone contiennent donc du ferment- fibrine au même titre que le sang ordinaire. L'expérience est simple, nette ; et quoi qu'il advienne des théories, elle doit rester. Il résulte de là que le sang- Dontone et le plasma-peptone contiennent substantiellement tout ce qui est nécessaire à la formation du caillot. Mais alors pourquoi cette formation n’a-t-elle point lieu ? Pourquoi tarde-t-elle longtemps ou indéfiniment? C'est qu'il manque une circonstance, une condition de milieu. Les sels de chaux, les sels en général ne sont pas engagés dans un état qui permette l'efficacité du fibrin-ferment : ils ne sont point dans l’équilibre convenable, Si l’on comparé cette conclusion à celle des auteurs qui se sont expli- qués sur ce point, elle en diffère donc par le caractère essentiel, à savoir que la cause de l'incoagulation du sang-peptone réside daus une circons- tance du milieu (équilibre salin, isotonie) et non dans la présence ou l'abseuce substantielle d’une matière quelconque. Au lieu de raisonner comme ceux qui disent : La coagulation n’a pas lieu, c’est donc qu'il ya 572 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un facteur qui fait défaut ou une substance qui l'empêche ; nous disons : « La coagulation n’a pas lieu. Tous les facteurs existent réellement ou virtuellement, et c’est une cérconstance qui l'empêche ou fait défaut. » Cette formule est assez générale pour comprendre le moins d’arbi- traire possible et au besoin pour enfermer l'explication de M. Fano reprise par MM. Athanasiu et Carvallo ou celle que j'incline à lui préférer. Pour ces auteurs comme pour nous les conditions matérielles de la coagulation sont réalisées en substance : il ÿ a du fibrinogène des sels de chaux, du fibrin-ferment. Seulement, ce fibrin-ferment que je crois libre et réel, est pour eux virtuel, engagé dans le globule blanc, et n'en sera libéré que plus tard par la destruction de celui-ci. Le milieu n'est pas favorable à cette destruction et par suite à la mise en liberté du ferment, tandis que pour moi il n’est pas favorable à son activité. Les deux hypothèses ont donc en commun une partie essentielle. Elles diffèrent quant au mécanisme. Je n’éprouve aucun embarras à déclarer que l'hypothèse de MM. Athanasiu et Carvallo, qui n’est d’ailleurs que celle de Fano, c’est-à-dire l'hypothèse classique est très séduisante, très physiologique. Il est possible, en définitive, qu'elle soit quelque jour démontrée exclusivement exacte et je ne m'en plaindrai pas, parce qu’elle apportera la clarté et la simplicité dans une question obscureie à plaisir par des travaux récents. La question est de savoir si cette exactitude est dès à présent établie. Je n'hésite pas à dire qu'elle ne l’est pas et il me semble que l'avantage reste pour le moment à l'hypothèse que je soutiens et qui a d’ailleurs beaucoup de points communs avec les idées de Pekelharius et d'A. Schmidt, à savoir que le fibrin-ferment existe dans le sang-peptone comme dans le sang normal, et que c’est une circonstance relative aux conditions d'isotonie du milieu qui l'empêche d’être efficace. Cette explication a pour elle les arguments suivants : 1° Elle est très générale et comprend tous les cas où l’on empêche la coagulation par l'addition des sels (sulfate de soude, de magnésie, de chlorure de sodium en excès, de citrates, de décalcifiants), le fibrin-fer- ment étant alors manifestement en-liberté; et d'autre part tous les cas où on la rend possible par l'addition d’eau, de sels nouveaux. 2° Cette circonstance, que l’on produit la coagulation des sérosités péricardique et péritonéale (à qui il ne manque que le fibrin-ferment) en y ajoutant du sang-peptone, du plasma-peptone, du sang normal défibriné, sans qu'il y ait de différences apparentes bien nettes dans la manière d'agir de ces différentes liqueurs. 3° Le fait que l’on produit rapidement la coagulation par l'addition au sang-peptone d'une quantité convenable de chlorure de calcium, ce qui ne se produit pas à un égal degré avec d’autres substances destruc- tives des globules blancs. SÉANCE DU 6 JUIN 573 Au contraire, contre l'hypothèse de Fano (1) que la coagulation est empèchée uniquement parce que les globules blancs sont conservés et conservent le fibrin-ferment — on aperçoit l’objection suivante : 1° Admettons que dans le plasma-peptone centrifugé les globules blancs sont encore en nombre. Il faudra supposer que ces leuco- cytes conservés dans ce plasma vont être détruits et libérer leur fibrin- ferment aussitôt qu'on y ajoutera la sérosité péricardique ou péritonéale, c'est-à-dire les liqueurs les plus conservatrices que l'on puisse imaginer. Et au contraire, ils vont être conservés dans l’eau salée à 7 p. 1000. — En d'autres termes les sérosités, c'est-à-dire le plasma sanguin, seront considérés comme des liquides destructeurs au même titre que l’eau distillée, l'eau éthérée ou chloroformée. D'ailleurs l'explication de Fano, pour Le sang peptonisé, c’esl, comme il le dit lui-même, l'explication d’A. Schmidt et Mantegazza pour le sang ordinaire. Tout est rapporté au globule blanc et au fait qu'il se conserve ou se détruit. Les faits établis par Arthus et Pagès pour les sels de chaux ont montré que cette théorie était trop exclusive, en ce qui concerne le sang normal. Je la crois trop exclusive aussi en ce qui concerne le sang- peptone. La conservation des globules blancs et leur activité dans le sang-peptone démontrées autrefois par Fano (2) et confirmées par MM. Athanasiu et Carvallo, jouent certainement un rôle considérable dans le fait de la coagulation ou de l'incoagulation du sang-peptone, mais l'équilibre salin y intervient sans doute aussi. Et c’est là ce que je suis disposé à admettre. NOTE SUR L'IMPORTANCE PHYSIOLOGIQUE DES VARIÉTÉS MORPHOLOGIQUES DU PAVILLON DE L'OREILLE, par M. Cu. FÉRÉ. J'avais remarqué que lorsqu'on fait passer parallèlement à l'axe longitudinal du cràne, un diapason vibrant, de faible sonorité, à une petite distance de l'oreille, le son subit des interruptions qui paraissaient correspondre aux saillies du pavillon etdes renforcements qui séparent les silences. J'avais fait une étude du fait il y a quelques années avec un de mes internes, M. Lamy (3), je l'ai reprise depuis pensant qu'il pouvait exister (1) Fano. Das Verhalten des Peptons und Tryptons gegen Blut und Lymphe (Archiv für Physiologie, 1881, p. 277). (2) Fano. Loc. cit., p. 285-286. (3) Ch. Féré et H. Lamy. Note sur la physiologie du pavillon de l'oreille (Bull. Soc. anat., 1889, p. 237). ce 574 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 0 des variétés correspondant aux variétés morphologiques du pavillon (1). La supposition était d'autant plus vraisemblable que les silences et les renforcements sont dus à des conditions physiques faciles à reproduire. Si on applique l'extrémité aplatie d’un stéthoscope sur l'oreille et qu'on fasse passer un diapason en vibration devant l'extrémilé conique, on entend que le son s’interrompt en passant sur chaque bord de l’enton- noir pour se renforcer dans l'intervalle des deux interruptions, c'est-à- dire quand le diapason passe en face la cavité qui recueille directement le son. Suivant la forme du pavillon, il se produit des variétés de durée des silences et d'intensité des renforcements. Les silences se font au niveau des saillies, de l’hélix de l’anthélix, du tragus, de l’antitragus. L'inten- sité du renforcement varie suivant l'étendue des dépressions ou des cavités qui séparent les saillies. Ces différences peuvent être mises en évidence en variant la direction de la procession du diapason. Si l’'hélix et l’anthélix sont très rapprochés, ils peuvent ne donner lieu qu'à un seul silence, quand le diapason est dirigé horizontalement; si l’une des deux saillies est prédominante, c’est elle qui détermine le silence; si les deux saillies sont séparées par une cavité scaphoïdienne large et profonde, il y a deux silences bien distincts. Quand la cavité de la conque est séparée par une racine de l'hélix très saillante et allant s’anastomoser avec l’anthélix, la procession verticale de bas en haut du diapason détermine trois silences, un au niveau de l’antitragus, un au niveau de la racine de l’hélix anormalement saillante, et un au niveau de l’hélix, le renforcement intermédiaire le plus fort correspond natu- rellement à la partie de la conque dans laquelle s’abouche le conduit auditif. [Il résulte de ces faits que les malformations du pavillon de l'oreille modifient nécessairement l'audition dans une mesure quel- conque. Plusieurs auteurs ont constaté que le remplissage des cavités de l'oreille (Schneider, Esser, Vidal) diminue l’audition (2). L'aplatissement des sillons peut aussi modifier la fonction tout comme les saillies anormales. | Les silences qui se produisent au niveau des saillies lorsque l’on pro- cède avec un instrument d’une sonorité faible comme le petit diapason en /a dont je me sers, paraissent assez démonstratifs en faveur de la théorie de Savart (3) qui admettait que les inégalités du pavillon avaient pour utilité de présenter aux ondes sonores des surfaces d'incidence (4) Ch. Féré. La famille névropathique, théorie tératologique de l’hérédité et de la prédisposition morbides el de la dégénérescence, 1894, p. 263. (2) P.-J. Vidal. De la physiologie de l'organe de l'ouïe chez l’homme, 18317, p.66. (3) Recherches sur les usages de la membrane du tympan et de l'oreille externe. (Ann. de Chimie et de physique, 1824, t. XXVI, p. 29.) QE SÉANCE DU 6 JUIN 57 directement perpendiculaires à leur direction. Quand on fait l’explora- tion avec un son assez faible, l'audition est complètement supprimée lorsque le son agit sur les surfaces les moins favorablement disposées. NOTE SUR UN CORBEAU ATTEINT D ÉPILEPSIE, par M. Cu. FéRé. Parmi les oiseaux assez nombreux qui peuvent être atteints d'épi- lepsie (1), on a cité le corbeau; mais les descriptions manquent ou peu s'en faut, aussi ai-je pensé qu'on me pardonnerait de dire quelques mots d'un corbeau épileptique que je devais à l’obligeance de notre collègue M. Railliet. Après avoir présenté un certain nombre d'accès isolés, ce corbeau avait eu quelques séries à la fin de la semaine dernière. Quand il a été en observation dans mon laboratoire, à partir de dimanche dernier, ses accès étaient fréquents, toutes les heures environ; ie lendemain ils ont redoublé de fréquence et se manifestaient souvent par séries. Pendant les quelques heures qu'on a pu l'observer la nuit, il était tranquille: il est certain du moins que ses accès étaient-plus rares quand il paraissait dormir. Le. mardi, les accidents sont encore devenus plus fréquents, il ne s’écoulait guère plus de dix minutes sans qu’un accès survint, et c'était souvent une série. Il est mort vers midi, à la suite d'une attaque isolée. Celte marche aiguë est assez remarquable. Quant aux accès ils se présentaient sous deux formes, des accès complets et des accès in- complets. Tous ceux que j'ai vus se produisaient exclusivement quand l'animal était perché. Dans les accès incomplets, on voyait le cou s’allonger et se renverser en arrière, le trone se redressait, les pattes se serraient sur le barreau, les yeux clignotaient ; au bout de quelques secondes, les yeux se rouvraient en même temps que le cou s’abaissait, l’animal reprenait son attitude. Dans les accès complets on assistait d’abord aux phénomènes précédents ; mais les pattes, après s'être serrées fortement, s’ouvraient brusquement, l'animal tombait à la renverse sur le sol en battant des ailes et en étendant et en rétractant alternative- ment les pattes par saccades. Tantôt l'animal restait sur le dos, et les mouvements des membres étaient symétriques; tantôt il se tournait sur le côlé gauche, et c'étaient les membres du côté droit qui s’agitaient seuls. Ces accès étaient de très courte durée, et je n'ai jamais pu (4) Ch. Féré, Note sur l’épilepsie et le bromisme chez les oiseaux. (C. R. Soc. de Biologie, 1893, p. 601.) 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE m'assurer correctement de l’état de la sensibilité pendant leur durée. L'animal revenait tout de suite à lui, frappait du bec et sautait. Le retour de l’activité spontanée s'effectuait de la même manière, soit que l'accès ait été isolé, soit qu'il y eût eu une série de cinq ou six accès. Quelque courts que fussent les intervalles dans les séries, le retour des mouvements spontanés était brusque et complet; il n’y avait aucune trace de stupeur post-convulsive. Dans les intervalles, l'animal mangeait et ne paraissait présenter aucune anomalie fonctionnelle. Les organes viscéraux et les centres nerveux ne nous ont montré aucune lésion susceptible d'expliquer les troubles. Ni corps étranger, ni suppuration dans les oreilles. Aucune congestion du cerveau. SUR LA VARIATION DE LA GLYCOSURIE CHEZ LES DIABÉTIQUES SOUMIS AU RÉGIME LACTÉ, par M. GUILLEMONAT (L). Rien n’est plus variable que l’action du régime lacté sur les diabé- tiques glycosuriques. Chez les uns, la quantité de sucre élintiné par 2% heures est augmentée de la quantité de lactose ingérée; chez d’autres, au contraire, la glycosurie diminue. Bourquelot et Troisier (Recherches sur l'assimilation du sucre de Société de Biologie, 23 février 1889) citent le cas d’un diabétique qui, pendant 5 jours, prit des quantités croissantes de lactose et chez lequel le sucre de l’urine augmenta proportionnellement, et pour cer- tains jours, l'augmentation fut égale ou presque égale à la quantité du sucre ingéré. Dans un autre sens, Kulz (Diabètes Mellitus) rapporte (obs. 10) l'histoire d'une diabétique qui, en 3 jours, prit 500 grammes de lactose et qui n’élimina que des traces de sucre. Il semble done que chez ces malades, il y ait une limite de l’assi- milation de la lactose. — Les deux observations qui suivent montrent combien cette limite est variable avec le cas considéré. Notre premier malade est un homme de quarante-neuf ans, diabétique depuis quatorze ans, frappé en juillet dernier d’une hémiplégie gauche ; la marche est aujourd’hui facile; l'urine contenait de l’albumine.: Pendant 14 jours, il prend 4 litres de lait par 24 heures. (1) J'ai poursuivi ces recherches dans le service de M. Charrin, sur les conseils de M. Berlioz et avec l’aide de M. Lapicque. SÉANCE DU 6 JUIN 577 —_—_—_—_—__—__—_—_—_—_—_—_—_————…—…”…"”…"…"”"….…"…"…"…"…—…—"…— —…"…"…"—…—…"…"…"…"…"…—"…—"—…—……—………………—……—————…—…————— L URINES SUCRE ALBUMINE POIDS TEE de 24 heures. par 24 heures. par 24 LIRTREEe du malade. Avant la mise au régime lacté. 12-13 février . . 21 750 82850 28 66% 13-14 — .. 2 100 61 95 4 50 Pendant le régime lacté. 14-15 février . . 21 800 8182 2 15-16 — . . Urines perdues. 16-17 — Ne 2! 700 16520 L 08 17-48 — 2 500 AND OPEN 0 60 18-19 — .. 2 400 13 20 » 49-20 — .. Urines perdues. 20-21 — 2 500 42 50 traces 665500 21-22 — 2 700 43 50 » 22-23 — 2 900 125 » nr 2 900 9 30 | ) 24-25 — 2 800 10 16 » 25-26 — . 3 200 10 60 » 26-27 — 2 2 800 12 40 » 27-28 — 2 900 42 90 » 28-29 — 3 100 15 50 » Le malade mange sans prévenir. — Suppression du régime. 29 fév.-1®7 mars. 21 600 728 50 » 67% 1-2 mars 2 500 47 50 l'albumine 2-5 — 2 500 33 19 augmente. En 14 jours, ce malade à pris 56 litres de lait, ce qui fait environ 2 kil. 800 de lactose, et pendant le même temps il a seulement éliminé par ses urines 289 grammes de sucre. La nutrition s'est faite convena- blement, puisque son poids a augmenté légèrement. Notre deuxième malade est une femme de cinquante-six ans, diabé- tique depuis 16 ans, non albuminurique. Nous l’observons pendant 9 jours avant de la soumettre au régime lacté. À partir du 4° jour de la diète au lait, elle prend 500 grammes de viande par 24 heures. L'observation continue pendant 5 jours avec ce régime : lait, 2à 3 litres: viande, 500 grammes. La malade reprend ensuite son régime primitif et nous dosons le sucre pendant une nouvelle période de 9 jours. Nous n'indiquons que les moyennes obtenues pour chaque période de 9 jours. URINES SUCRE Se de 24 heures. de 24 heures. ; 1"< période (9 j.) ? au début, 42K 719 910€ € DES avant le régime cie \ 1200 3195 à la fin, #1 500 20 né € : ; T'es période (9 j.) is au début, #1 500 miss au régime. 6 200 260 à la fin, 44 PVe ériode # 9 29 44 os du régime.) 21200 sel FF 5178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les chiffres extrêmes obtenus pendant la 2° période sont 349 grammes de sucre le 3° jour, et 155 grammes le 7° jour. Pendant cette période la malade à pris 22 litres de lait. L'assimilation du sucre de lait s’est faite d’une manière satisfaisante, puisque le sucre a diminué dans les urines, malgré l'absorption de 120 grammes de lactose par 24 heures. Ce qui est remarquable dans ce deuxième cas, c'est l'augmentation du poids, qui est très nette et égale à 2 kil. 500 en 9 jours. Ces deux observations ne permettent pas évidemment de donner une conclusion à ce travail, bien que ces résultats soient en plein accord avec ceux de M. Bouchard. Cependant l’on peut déjà voir que le rejet systé- matique du jait, dans le régime des diabétiques, est quelquefois regret- table; que chez certains d’entre eux, en même temps albuminuriques, il n’a que des avantages; il agit sur l’albumine, sans augmenter la glyco- surie, la diminuant même parfois. L'on pourra done, dans les cas douteux, chercher la limite de l'assimilation de la lactose et se guider sur les résultats obtenus. Ce régime pourra également rendre des services dans une affection souvent accompagnée, en dehors de l’albuminurie, de désordres gas- triques, intestinaux, hépatiques, etc. DOSAGE DES MATIÈRES EXTRACTIVES RÉDUCTRICES DANS LES MUSCLES, par M. J.-E. ABELOUS. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) J'ai commencé une série de recherches sur les matières extractives réductrices que contient l'organisme dans diverses conditions. Pour doser ces substances, je me suis servi du procédé de MM. Ch. Richet et Etard pour le dosage des matières extractives de l'urine : oxydation de ces substanees par le brome et dosage de l'excès de brome par le chlo- rure stanneux. Ce procédé simple et rapide permet de faire en peu de temps de nombreux dosages, avantage inappréciable dans des recher- ches physiologiques. La présente note n’a pour but que de montrer combien peut varier la quantité des malières extractives réductrices dans les muscles selon des conditions variées. On sait qu'Helmholtz a montré, en 1845, que les muscles fatigués con- tiennent plus de matières solubles dans l'alcool que les museles nor- maux. D'autre part, Gscheidlen a constaté plus tard que l'extrait SÉANCE DU 6 JUIN 579 alcoolique des muscles fatigués contenait plus de matières réductrices que l'extrait des muscles normaux. J'ai voulu doser ces matières réductrices solubles dans l'alcool, dans les muscles normaux, tétanisés, paralysés, dans les muscles d'animaux refroidis à 0 degré et dans ceux d'animaux soumis à une température élevée (40 degrés). Ces deux dernières séries de recherches ont été faites exclusivement sur la grenouille; les autres, sur des lapins et des gre- nouilles, en prenant toujours même poids de muscles pour chaque espèce animale. Sur un lapin tué par section du bulbe, on prend immédiatement 50 grammes des muscles d’une patte qu'on broie avec un excès d'alcool (400 centimètres cubes) à 95 degrés. L'autre patte est tétanisée jusqu’à épuisement, après quoi on enlève 50 grammes de muscles qu'on traite comme ci-dessus. On sectionne aussi haut que possible le sciatique et le crural d’un côté sur un lapin de même poids et placé dans les mêmes conditions que les animaux de la première série. On attend une huitaine de jours pour que la dégénérescence des nerfs sectionnés se produise et on fait deux extraits alcooliques avec 50 grammes de la patte énervée et de la patte normale. On filtre au bout de 48 heures ces extraits, on exprime le résidu; l'alcool est évaporé au bain-marie à 100 degrés et le résidu repris par 100 centimètres cubes d’eau. C'est dans cette solution aqueuse qu'on dose les matières extractives. Pour la grenouille, j'ai opéré de la même façon en prenant 12 grammes de muscles et j'ai dosé les matières réductrices : 1° Des muscles paralysés par section antérieure des nerfs; 2" Des musles normaux ; 3° Des muscles tétanisés jusqu'à épuisement ; 4° Des muscles de grenouille refroidie à O0 degré ; 5° Des muscles de grenouille chauffée à 40 degrés pendant quelques instants. La tétanisation des muscles était pratiquée sur le train postérieur sectionné. Voici les résultats obtenus : les chiffres rapportés à 100 grammes de muscles représentent la moyenne de plusieurs séries d'expériences. Ils indiquent le poids d'oxygène nécessaire pour oxyder complètement les matières réductrices. Muscles du lapin. Muscles paralysés. Pouvoir réducteur . . . . . . . 050960 Muscles normaux. = Me y o3H09040N5 Muscles tétanisés, _ ue dt tartes sen + ACTOR VER 580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Muscles de grenouille. Grenouille refroidie à 0 degré. Pouvoir réducteur. 050266 Muscles paralysés. — 0 0556 Muscles normaux. — 0 0768 Grenouille à 40 degrés. — 0 0800 Muscles tétanisés. — 0 1104 Ces expériences nous montrent donc que la quantité de matières extractives réductrices que l'alcool peut extraire des muscles varie sur- tout en raison directe de l’activité de l'organe. Au fur et à mesure que cette activité, et par suite l'intensité des réactions chimiques s'accroît, on voit augmenter la proportion de matières réductrices. Elles montrent aussi que la quantité supplémentaire d'oxygène qu'un muscle absorbe pendant son travail n’est pas suffisante pour oxyder l'extrait de ma- tières réductrices qui résulte de dédoublements plus actifs. Ce fait paraît aussi évident si on tétanise les muscles sur l'animal vivant et si on dose les matières réductrices du sang après une tétanisation prolon- gée en pratiquant une respiration artificielle active de façon à éviter tout état subasphyxique du sang. On arrive ainsi aux résultas suivants : Sang de lapin normal. Pour 100 grammes. Pouvoir réducteur . . . . . . 0502742 Sang de lapin tétanisé PR . . . . . PR NOR 210) Différence en faveur du sang de lapin re : . 0 60686 Il semble donc que pendant la tétanisation, la vie anaérobie du muscle s’exalte et qu'il se produit ainsi un excès de matières réductrices qui ne peuvent pas être oxydées complètement par l'absorption supplé- mentaire d'oxygène qui se produit. On sait d’ailleurs que la surproduc- tion de Co? dépasse la surabsorption d'oxygène. NOTE SUR UN NOUVEAU MODE DE CONSERVATION DES PIÈCES ANATOMIQUES. M. Magnan communique à la Société de Biologie, de la part de M. le D° N. Melnikoff-Razvedenkoff, conservateur du Musée d’anatomie pathologique de l'Université de Moscou, un nouveau mode de conser- vation des pièces anatomiques et soumet à son appréciation les magni- fiques préparations obtenues par cetle méthode. L’organe frais est d’abord traité à la formaline concentrée, c’est-à-dire à la solution de 40 p. 100 de formaldéhyde chimiquement pur; il est placé sur une couche de ouate préalablement mouillée, exprimée et recouverte de formaline; il y séjourne pendant vingt-quatre heures et y SÉANCE DU 6 JUIN 581 —— subit un changement de coloration et de consistance. C’est de la péri- phérie vers le centre, des parties en contact immédiat avec la formaline vers les parties les plus éloignées, que se produit l'augmentation de consistance. L'organe est ensuite transporté dans de l'alcool à 95 degrés où il doit séjourner au moins de 6 à 8 heures. L'action de l'alcool se constate presque aussitôt. Les organes acquièrent une coloration très voisine de celle qu'ils présentent à l’état frais. Les artérioles, ayant conservé leur sang, apparaissent extrêmement nettes, on croirait à une injection de matières colorantes. L'alcool révèle et fixe bien la coloration première. Il se produit une sorte de combinaison d’hémoglobine très stable et peu variable. En coagulant les albumines des tissus, l'alcool donne un résidu floconneux ; on le change deux à trois fois jusqu’à ce qu'il reste clair ; mais au bout d’un mois il prend une coloration brunâtre. De l’alcool on transporte les préparations dans une solution glycérino- aqueuse d'acétate de potasse. Acétate de potasse . pee Me DL OU GIVCÉRUN CN NS PER RNA ALERT EE AE GO RÉOHCHS LITE ERA PEER ARS EP ROSE SNS TRE TO) C) Cette solution reconstitue entièrement et définitivement la coloration première ; les préparations s’y conservent très bien. On peut aussi les conserver dans l’alcool ou dans une solution de 2 p. 100 de formaline, mais à condition d’avoir traité les préparations par la méthode décrite. Par inclusion dans la gélatine, on obtient les plus beaux résultats. On fait bouillir 100 grammes de gélatine dans 600 grammes d’eau ; on ajoute à la gélatine chaude 350 centimètres cubes d’une solution d’acétate de potasse, le mélange est filtré dans un double filtre et on y ajoute ensuite 100 centimètres cubes de glycérine. Ainsi la méthode proposée conserve la coloration primitive des pièces anatomiques et n’entrave aucunement l'examen microscopique. Ce n'est que l'avenir qui pourra décider de la stabilité de la coloration, mais par l'inclusion dans la gélatine, en se basant sur les expériences du D' Lysenkoff (Annales de chirurgie russe, 1894), qui conserve, sans alté- rations, pendant deux ans des coupes de cadavres, traités à la solution de 2 p. 100 de formaline, M. Melnikoff-Razvedenkoff espère pouvoir conserver ses pièces pendant un temps beaucoup plus long. Résumé de la méthode : 1. Traitement des organes à la formaline concentrée (40 p. 100 de formaldéhyde); fixation des lissus et certaine décoloralion. 2, Trailement à l'alcool à 95 degrés, ce qui révèle d'une manière très complète la coloration primitive. 3. Conservation des préparations dans une solution glycérino-aqueuse 582 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'acélate de potasse, qui fixe et reconstitue définitivement la coloration première. On ne saurait enfin assez recom mander l'inclusion des préparations dans la gélatine, avec addition d'acétate de potasse (1). Les pièces présentées avec les dates de la préparation sont les sui- vanties : Novembre 1895. — Tibia d’un nouveau-né mort par asphyxie. Février 1895. — Globe oculaire d’un nouveau-né mort par asphyxie. Février 1895. — Rein et capsule surrénale d’un nouveau-né mort par asphyxie. Février 1895. — Moelle épinière du nouveau-né. Janvier 1896. — Ovaire avec hémorragie dans un follicule de Graaf. Décembre 1895. — Thrombose pariétale d’une aorte athéromateuse. Novembre 1895. — Thrombose d’une veine jugulaire par compression strumeuse. Novembre 1895. — Artère carotide normale. Novembre 1895. — Vaisseaux de la paroi de l’artère. Février 4895. — Noyaux cancéreux du poumon, consécutifs à une tumeur primitive à l’utérus. Février 1895. — Néphrite chronique parenchymateuse (gros rein blanc). | Décembre 1895. — Glyome (sarcome névroglique) (noyau coudé du corps strié, capsule interne, noyau lenticulaire). LÉSION SOUS-CORTICALE DU CERVELET DÉTERMINÉE EXPÉRIMENTALEMENT SUR LE CHAT. DÉGÉNÉRESCENCES SECONDAIRES, par M. ANDRÉ Tuomas, Interne des hôpitaux. (Travail du laboratoire du D' Dejerine, hospice de la Salpétrière.) Il y a actuellement deux opinions absolument opposées sur l'existence dans la moelle de fibres cérébelleuses descendantes : Marchi, le pre- mier, a signalé ces fibres, et il a pu les suivre jusque dans la moelle lombaire ; les dernières recherches de Russell tendent, au contraire, à démontrer que, s'il existe des fibres cérébelleuses descendantes, elles ne forment aucun faisceau, sont en très petit nombre et ne peuvent être suivies au delà de la régicn cervicale. Ferier et Turner sont du même avis; dans tous les cas où ces auteurs ont trouvé dans la moelle (4) Melnikoff-Razvedenkoff. Nouvelle méthode de conservation des pièces anatomiques. Revue de Médecine de Moscou, 1896, t. XLV, n° 5, p. 472. SÉANCE DU 6 JUIN 583 un système de fibres dégénérant de haut en bas à la suite d’une ablation du cervelet, le noyau de Deiters avait été intéressé : dans quelques cas le noyau avait été épargné et la moelle ne contenait pas de fibres dégé- nérées : il en résulterait, d'après ces auteurs, que le contingent médullaire du cervelet devrait être reporté au noyau de Deiters. Bazilewski, étu- diant les dégénérescences consécutives à la section du pédoncule céré- belleux postérieur, conclut qu’il existe des fibres cérébelleuses descen- dantes dans la moelle et que ces fibres forment deux faisceaux, dont l’un occupe dans la moelle la partie antérieure et postérieure du cordon latéral, l’autre, le bord antérieur du faisceau fondamental antérieur et le bord antérieur du faisceau fondamental du cordon latéral. Nous avons étudié, par la méthode de Marchi, les dégénérescences consécutives à une lésion sous-corticale du cervelet déterminée de la façon suivante : Chat adulte, vigoureux et bien constilué. La tête étant fléchie, la peau et les muscles de la nuque sont sectionnés sur la ligne médiane, la 1'° vertèbre est réséquée; une fine curette est introduite ensuile entre le vermis et le plancher du 4° ventricule, puis dirigée en haut et à gauche; en même temps des mouvements de rotation lui sont imprimés de facon à déterminer une lésion étendue du lobe gauche du cervelet. L'animal a vécu un mois : nous n'insistons pas sur les symptômes (direction à gauche pendant la marche et tendance à tomber du même côté). A l’autopsie, l'écorce du cervelet ne présente aucune lésion apparente. Sur des coupes sériées, il a été constaté une destruction de la substance blanche du lobe gauche du cervelet dans sa moitié inférieure : la masse grise centrale a été détruite en grande partie et le noyau du toit à élé partiellement intéressé. L'extrémité inférieure du vermis et du lobe droit ont été légèrement endom- magés,. Dégénérescences secondaires. Pédoncule cérébelleux moyen. — M n’est nullement dégénéré. Pédoncule cérébelleux supérieur : A gauche. — Dégénérescence très prononcée. Entre-croisement sous les tubercules quadrijumeaux des fibres dégénérées, terminaison en partie dans le noyau rouge, en partie dans le thalamus. A droite, quelques rares corps granuleux, mais il est bordé en arrière par un croissant de fibres dégénérées qui viennent du lobe gauche par la commissure antérieure et par la commis- sure postérieure du cervelet; une partie de ces fibres descend dans la racine ascendante de Roller. Pédoncule cérébelleux inferieur : A gauche. — Dégénérescence {très marquée du corps restiforme, des fibres arciformes internes et externes. Les fibres arciformes externes peuvent être suivies dans le noyau antéro- latéral du bulbe où une grande partie semble se terminer. Quelques-unes pénètrent dans la substance réticulée entre ce noyau et l’olive inférieure pour descendre ensuite dans la moelle : elles sont peu nombreuses. 584 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les fibres arciformes internes, après avoir traversé la ligne médiane, se rendent dans la couche interolivaire et dans l’olive inférieure droite. Les coupes faites au niveau du bulbe et de la protubérance, montrent la continuation des fibres arciformes internes d’un côté, de la couche interoli- vaire et du Ruban de Reil médian du côté opposé. Ce système de fibres se ter- mine dans le thalamus. Sur les coupes faites au niveau du bulbe, il existe encore une dégénéres- cence très marquée à gauche du faisceau longitudinal postérieur, de la substance réticulée dans. une zone comprise entre l'olive inférieure et le noyau antéro-latéral, de la racine ascendante de Roller (cette dégénéres- cence est bilatérale). Les fibres qui entrent dans la composition de ces trois systèmes sortent du cervelet dans l’extrémité inférieure de la protubérance, longent le bord externe du 4° ventricule et après avoir traversé le noyau de Deiters se rendent : 4° Dans le faisceau longitudinal postérieur, des deux côtés; mais, dans l'étage supérieur de la protubérance, c’est le faisceau longitudinal du côté opposé qui est surtout dégénéré; dans l'étage inférieur et dans le bulbe, c’est celui du même côté. Le premier peut être suivi jusque dans le noyau de la 3° paire. Le second descend dans le faisceau fondamental anté- rieur de la moelle; 2° Dans la substance réticulée de la protubérance du même côté, en arrière du noyau du facial et de l’olive supérieure; ce sont ces fibres qui descendent dans le bulbe entre l’olive in‘érieure et le noyau antéro- latéral : plus bas ces fibres descendent dans la moelle où elles occupent la périphérie du faisceau antéro-latéral en avant de la corne antérieure : à leur extrémité interne, elles se confondent avec les fibres descendues par la voie du faisceau longitudinal postérieur. Ces fibres médullaires, très nombreuses, et formant ici un véritable faisceau dans la région cervicale et dans la région dorsale, ont pu être suivies jusqu’à l'extrémité inférieure du renflement lom- baire. Il est très facile, sur certaines préparations, de suivre ces fibres dans la corne antérieure correspondante où elles se terminent. 3° Dans les fibres arciformes de la protubérance : après s'être entre-croisées dans le raphé, elles vont se placer dans le Ruban de Reil latéral d'où elles se rendent dans le noyau du Ruban de Reil latéral et dans le tubercule quadrijumeau postérieur. 49 Dans la racine ascendante de Roller, du même côté. A droite. — Il existe quelques rares fibres dégénérées dans le corps resti- forme et une dégénérescence très nette de la racine de Roller. Il existe également une légère dégénérescence des fibres médullaires, mais beaucoup moins raarquée qu'à gauche; ces fibres viennent du cervelet et descendent dans la substance réticulée du bulbe après avoir traversé la protubérance ou le cervelet. Tels sont, très résumés, les résultats obtenus par l'examen des coupes sériées. Les dégénérescences secondaires de la moelle sont comparables à celles observées par Basilewski chez le chien, et semblent bien en rapport avec la lésion cérébelleuse ; les faits observés par Ferier et Turner ont attiré notre attention sur le noyau de Deiters : ce noyau n’était pas lésé, mais il contenait un grand nombre de corps granuleux appartenant à des fibres qui, d’une part, le traversent, et d'autre part s’y He dE PES ES ie 2 SÉANCE DU 6 JUIN 585 terminent; mais en présence des conclusions fermes de Ferier et Turner, et en raison de leur autorité scientifique, nous devons encore faire cette réserve, que la lésion a pu retentir par compression sur le noyau de Deiters. SUR L'ORIGINE ET L'ÉVOLUTION DES PETITES CELLULES ÉTOILÉES DE LA COUCHE MOLÉCULAIRE DU CERVELET CHEZ LE CHAT ET LE LAPIN, par M. ATuras. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Mathias-Duval.) On sait, depuis les recherches de Ramon y Cajal et de Lugard, que la zone la plus superficielle de l'écorce cérébelleuse des embryons et des animaux jeunes, zone transitoire appelée des grains superficiels, est essen- tiellement constituée par des éléments auxquels on donne le nom d'éléments épithélioides. De ces éléments épithélioïdes proviennent, d’après ces auteurs, les grains profonds ; mais, d’après Schaper, tous les éléments épithélioïdes ne se transformeraient pas en grains : ils donne- raient aussi naissance à d’autres éléments cérébelleux. Nos recherches exécutées à l'aide de la méthode de Golgi et surtout de la double imprégnation de Cajal, nous ont permis de constater, chez le lapin et le chat très jeunes (de un à quinze jours), que les cellules étoilées à corbeilles de la couche moléculaire du cervelet se formaient aussi aux dépens des éléments épithélioïdes. Ceux-ci, à l’état indifférent, ont un corps ovoïde, plus ou moins régulier et émettent du côté de la surface un prolongement assez épais en forme de pied étalé sous la pie- mère. À mesure qu'ils se transforment en éléments différenciés, ils émettent par leur extrémité profonde un autre prolongement, quittent la surface du cervelet en s’inclinant parallèlement à cette surface et deviennent ainsi des éléments bipolaires horizontaux. Mais tandis que ceux qui se transformeront en grains, se disposent parallèlement à l'axe longitudinal des lamelles, ceux qui formeront les cellules étoilées s'allongent au contraire perpendiculairement à ces lamelles. Pour ces derniers, cet allongement peut se faire pendant qu'ils sont encore adhé- rents à la surface du cervelet; mais ensuite ils la quittent. À ce stade de cellules bipolaires horizontales les jeunes cellules étoilées se présentent avec un corps ovoïde, muni d'un gros noyau allongé; des deux extré- mités du corps partent deux prolongements : l’un épais, verruqueux ou épineux, parfois ramifié, a toutes les apparences d’un prolongement protoplasmique ; l’autre fin, variqueux, très long, a tous les caractères d'un prolongement cylindre-axile; nous l'avons vu se terminer par un cône d'accroissement. B10LOG1E. COMPTES RENDUS. — 10€ sérte. Tv. III, CS ES 586 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— Chez des cellules plus profondément situées, on voit que le corps est épineux, les prolongements protoplasmiques plus nombreux et ramifiés, et que le cylindre-axe commence à fournir de petites branches latérales les unes ascendantes, les autres descendantes, très courtes; on voit déjà à ce stade que le cylindre-axe grossit légèrement à mesure qu'il s'éloigne du corps cellulaire : c’est un de ses caractères dans la cellule adulte. À un stade plus avancé, on voit que la cellule a pris la forme étoilée caractéristique de l’état adulte; le cylindre-axe s’est recourbé à son extrémité libre qui descend jusqu'au niveau des corps des cellules de Purkinje et se termine par une petite nodosité conique, ou par quelques branches terminées aussi par un renflement conique; ses branches collatérales descendanîes, plus nombreuses que dans le stade précédent, sont également terminées par une petite varicosité au niveau des cel- lules de Purkinje. Toutes ces nodosités qui terminent le cylindre-axe et ses collatéraies sont les rudiments des futures corbeilles terminales. Celles-ci ne commencent à se montrer avec les caractères qu’elles ont chez l'adulte, que chez Le chat âgé de quatorze jours et le lapin de dix Jours environ; cependant l’arborisation péricellulaire y est encore très réduite. De tout ceci nous pouvons conclure : 1° Que les petites cellules étoilées de la couche moléculaire pro- viennent, tout comme les grains profonds, des éléments épithélioïdes ; 2° Que pour se transformer en cellules étoilées, ces éléments se cou- chent horizontalement; mais qu'au lieu de se placer parallèlement à l'axe longitudinal des lamelles, comme ceux qui formeront les grains, ils se disposent perpendiculairement à cet axe ; 3° Au point de vue général, et d’après nos connaissances sur l’évolu- tion des cellules nerveuses, nous voyons se vérifier encore une fois le fait de la polarité des prolongements protoplasmiques et cylindre-axile. La cellule épithélioïde avant de se détacher, adhérait à la périphérie du cervelet par un prolongement épais, protoplasmique, tandis que par sa partie profonde elle émet bientôt le filament cylindre-axile; et cette direction relative des deux sortes de prolongements persiste plus ou moins encore pendant les stades ultérieurs du développement. L LE: L 4 À N nt td dt mnt, cat ét à se ee né 4, ‘où sauts tt Si elnions ÉD at de à née Gaine die ut dati né dau PAP NET SÉANCE DU G JUIN 87 RECHERCHES FXPÉRIMENTALES SUR L'HÉMATOCATHARSISE, par M. PreRRE DELBET, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, chirurgien des hôpitaux. (Travail du laboratoire de M. le professeur Dastre.) J'ai l'honneur de communiquer à la Société de Biologie le résultat de recherches que je poursuis sur le lavage du sang. Bien que ces re- cherches ne soient pas terminées, je demande la permission d’en donner un court résumé dans l'espoir qu'il pourra servir aux nombreux cher- cheurs que tente cette question d’ailleurs si intéressante. I. — Au mois de janvier de cette année, ayant obtenu d'excellents ré- sultats thérapeutiques des lavages du sang, j'ai entrepris de chercher par quel mécanisme ces lavages facilitent l'élimination des poisons ou toxines. Pour obtenir des résultats expérimentaux précis, il fallait employer un poison dont les manifestations sur l'organisme et l'élimination puissent être suivis pas à pas. La strychnine m'avait semblé répondre à ce double desideratum. Malheureusement, mon espérance a été déçue au moins pour le second point, car je n'ai jamais pu déceler la présence de la strychnine dans l’urine, ni dans la salive des animaux empoisonnés et lavés. Les réac- tifs de Bouchardat et de Valser n’ont rien donné et l'injection de quelques gouttes d'urine à une grenouille n’a produit aucun phénomène de tétanisme. Mais je dois dire que cette injection n’a été pratiquée qu'une fois. Ces expériences ont été faites en hiver et je n’ai pu, à cette époque, me procurer qu une seule grenouille, encore était-elle en état de demi-hibernage. Quant aux accidents d'empoisonnement, ils n’ont paru influencés par le lavage que dans un seul cas sur huit. Un chien de 4 kil., 300 à reçu en injection, dans le tissu cellulaire sous-cutané, 3 grammes d’une solution de sulfate de strychnine au millième, soit 3 milligrammes de poison. Une canule avait été placée auparavant dans la veine fémorale et le lavage du sang a été commencé immédiatement après l'injection. Ce lavage a été poursuivi pendant 4 h. 25, et 910 grammes de solution salée ont été injectés. L'animal ne présentait plus alors aucun phénomène de strychnisme et il a guéri. L'urine a été recueillie pendant 4 h. 3/4 à partir du début du lavage. La quantité d'urine éliminée pendant ce temps a été de 532 grammes, quantité énorme par rapport au faible poids de l'animal. C’est la plus forte diurèse que j'aie observée, et c’est peut-être à cela que l'animal a dû de guérir. L'expérience terminée, son poids avait augmenté de 588 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————"————"——"— Et Cr Ce UT TT 300 grammes. Il avait done emmagasiné environ 300 centimètres cubes de la solution, avant de se comporter, suivant l'expression de mon maitre, le professeur Dastre, comme un vase percé. Quelques jours après, pour m'assurer que ce chien ne présentait pas une résistance spéciale et personnelle à la strychnine, je lui ai injecté dans les mêmes conditions, mais sans le laver, la même quantité de la même solution de strychnine. Il est mort en 21 minutes. Dans toutes mes autres expériences, les phénomènes d'empoisonne- ment n'ont pas paru modifiés par le lavage. Les animaux ont succombé, bien que je leur aie injecté, dans plusieurs cas, des doses de strychnine proportionnellement moins considérables. Je me garderai bien de conclure de ces faits négatifs que le lavage du sang ne facilite pas l'élimination des poisons ou au moins ne diminue pas leur effet. Les observations cliniques qui ont été publiées par moi ou par d’autres prouvent clairement le contraire. Le mode d'action des poisons ou toxines est très variable. Le mécanisme par lequel ils tuent, la manière dont ils s'éliminent, diffèrent notablement, et tant qu'on ne les aura pas classés à ce point de vue, on ne pourra pas conclure de l’un à l’autre. | J'avais espéré me rapprocher davantage des conditions cliniques en employant les toxines du tétanos. M. Nocard m'en a donné des quan- tités considérables avec une amabilité dont je ne saurais trop lui exprimer ma reconnaissance. J'ai voulu d'abord déterminer leur toxicité pour les animaux que je voulais employer, mais ces recherches préli- minaires m'ont donné des résultats si variables, que j'ai dû renoncer à expérimenter avec ces substances. II. — Désirant savoir si la solution dont je me sers et qui contient 7 grammes de chlorure de sodium et 7 grammes de sulfate de soude par litre, avait une action sur les éléments figurés du sang, j'ai prié mon ami Vaquez, dont tout le monde connait la haute compétence sur ce sujet, de bien vouloir faire l'étude du sang d'un chien avant et après le lavage. Voici quel a été le résultat de cette étude. Avant le lavage, les globules rouges étaient au nombre de 4,000,000: après le lavage, on. n'en trouvait plus que 3,650,000. L'animal, qui pesait 9 kil. 600, avait reçu 1 litre de la solution salée et avait uriné 218 centimètres cubes. Cette différence dans la proportion des globuies est-elle due à la simple dilution du sang, ou bien y a-t-il eu destruction des éléments figurés? C'est la première hypothèse qui est la plus probable, car on n’a pas trouvé d'éléments en voie de destruction. Pour ce qui est de l'état des globules eux-mêmes, je cite he ment la note que m'a remise mon ami Vaquez. ; ‘« Sur les préparations sèches, les globules du second examen pré- sentent des altérations beaucoup plus rapides et beaucoup plus mani- SÉANCE DU G JUIN 589 festes. Malgré la rapidité de la dessiccation, la plupart des globules sont déjà crénelés et un grand nombre sont déjà fragmentés. « En appliquant à la mensuration-la méthode de M. Malassez, on voit que le diamètre moyen des globules, avant l'injection, est de 7 u 44; après l'injection, le diamètre globulaire atteint 7 & 76. De plus, quelques globules présentent des dimensions très considérablement exagérées. Il semble donc que le lavage du sang avec la solution indiquée déter- mine un accroissement manifeste du volume globulaire. Il serait inté- ressant de chercher si cet accroissement est transitoire et quelle est sa durée. « Les globules blancs ne nous ont pas paru présenter de modifica- tions apparentes dans leur forme. Les rapports numériques entre les différentes formes de leucocyte ont semblé conservés. « Enfin nous n'avons pas remarqué de différence dans la réaction des différents éléments du sang aux matières colorantes, nolamment à l’éosine et à l’hématéine. » L’altération globulaire qui a été constatée est d'assez peu d'impor- tance et c'est sur le chien qu'elle a été observée. On ne peut pas conclure qu'elle existe également chez l'homme. En tout cas, je n'ai jamais vu qu’elle ait la moindre conséquence clinique. Il n’en est pas moins vrai que si elle existe, il faut tout faire pour l’éviter. III. — Dans une autre série d'expériences, j'ai étudié l'influence du lavage du sang sur la pression artérielle. Pour cela, j'ai placé dans l'artère fémorale des chiens une canule communiquant avec un manomètre dont j'ai enregistré les oscillations. — Ce sont les tracés ainsi obtenus, que j'ai l'honneur de soumettre à la Société. Voici le résultat de ces expériences. Quand la pression artérielle est normale, on ne réussit pas à l’élever en injectant dans les veines des quantités même considérables de solu- tion saline. Mon maître, M. Dastre, avait déjà constaté ce fait; mais dans les expériences dont je parle, les injections ont été faites dans des con- ditions toutes différentes, avec une véritable brutalité. La vitesse, consi- dérée comme toxique par M. Dastre a été de beaucoup dépassée. Quand la pression est artificiellement élevée par l’empoisonnement atropinique, l'injection intra-vasculaire de solution salée ne la modifie pas. L'impossibilité d'élever la pression quand elle est normale ou artifi- ciellement surélevée a une certaine importance. Elle autorise à employer le lavage du sang dans certains cas pathologiques où la pression san- guine est très considérable, l’'éclampsie par exemple. Quand la pression a été abaissée par une hémorragie abondante, l'injection intra-veineuse de la solution saline indiquée la ramène rapi- dement à l'état normal. Si on fait l'injection très vite, ce qui dans de 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE telles circonstances ne parait pas avoir d'inconvénients, on peut faire remonter la pression de plus d’un centimètre par minute. Il n’est pas toujours nécessaire, pour ramener la pression à la normale, d'injecter une quantité de solution saline égale à la quantité de sang perdue. Cela tient à ce que chez les animaux vigoureux, on peut enlever une certaine quantité de sang, plus de 300 grammes chez un chien de 27 kilogrammes, sans abaisser la pression artérielle. Il y a done chez ces animaux une certaine quantité de sang qu'on pourrait appeler supplémentaire. Cette quantité supplémentaire, variable suivant les conditions de l'alimentation, de la digestion et de bien d’autres circonstances, peut être artificiellement modifiée. Si on injecte dans le système vasculaire une grande quantité de solution saline et qu'on saigne ensuite l'animal, il faut lui enlever beaucoup de liquide pour abaisser la pression, 700 centimètres cubes chez un chien de 28 kilogrammes, qui avait recu 3,200 centimètres cubes de solution salée en une heure et qui avait peu uriné pendant ce temps. On est tenté de croire que chez un animal qui a recu ure grande quantité de solution salée dans les vaisseaux avant d'être saigné, la pression après la saignée, devra rapidement remonter puisque l’ani- mal a emmagasiné une grande quantité de liquide. Il n’en est rien. Chez un chien qui vient de recevoir 3,850 centimètres cubes de solu- tion salée, j'enlève en deux fois 1,500 centimètres cubes de sang. La pression tombe à 5 e.c. 5. J'attends dix minutes, la pression ne se relève pas. Il est cependant certain que cet animal avait le tissu cellulaire ou les lymphatiques gorgés de liquide, c’est-à-dire qu'il se trouvait dans des conditions analogues à celles d’un animal auquel on fait des injec- tions sous-cutanées. Après ce temps, J'injeete dans les vaisseaux 250 centimètres cubes de la solution salée en deux minutes : du coup la pression remonte de plus de 3 centimètres. Je continue l'injec- ton de manière à faire passer 756 centimètres cubes en six minutes. Dans ce court espace de temps, la pression remonte de 74 millimètres. Cette expérience semble prouver que pour ramener à la normale la pression très abaissée par une hémorragie abondante, les injections intra-vasculaires ont une action plus puissante et plus rapide que les injections dans le tissu cellulaire. Chez les chiens empoisonnés par l’atropine, dont le pneumogastrique est par conséquent paralysé, l’abaissement de la pression sous l'influence de l’'hémorragie et le relèvement sous l'influence du lavage se produi- sent dans les mêmes conditions. Ces modifications ne sont donc pas sous Ja dépendance du nerf vague. Au point de vue pratique, il serait très intéressant de déterminer si les injections intra-veineuses peuvent ramener la pression à la normale quand elle à été abaissée non plus par des hémorragies, mais par des C0 SÉANCE DU 6 JUIN 591 substances toxiques. C'estlà une question extrêmement complexe, parce que le mécanisme de l’abaissement de la pression par les poisons ou toxines est très variable. Les expériences que j'ai commencées sur ce point particulier ne me permettent encore de rien conclure. INFLUENCE DE LA PEPTONE SUR LA COAGULATION DU LAIT PAR LA PRÉSURE, par M. E. Gzery. Mes recherches sur l’action anticoagulante de la peptone sur le sang m'ont conduit à examiner si cette substance n'exerce pas une action analogue sur la coagulation du lait, telle que cette dernière se produit sous l'influence de la présure. Les expériences que j'ai faites jusqu’à présent à ce sujet ont été réa- lisées à l’aide de la même solution de ferment (solution de présure du commerce), plus ou moins étendue. J'ai employé des laits de vache, de diverses provenances. J'ai aussi fait quelques essais avec le lait de chienne. J'ai constaté qu'une solution dans l’eau distillée de peptone de Witte à À pour 10, ajoutée en quantités variables à 5 centimètres cubes de lait, dans lesquels on verse 1 goutte de la solution de présure, retarde tou- jours la coagulation de ce lait. La température du bain-marie dans lequel étaient plongés les tubes a varié de 40 à 45 degrés. Pour que le retard de la coagulation soit bien net, il faut que 1 centimètre cube de lait soit en contact avec 0 gr. 06 ou 0 gr. 08 de peptone (soit, pour les 5 centimètres cubes de lait employés, 3 ou 4 centimètres cubes de la solution de peptone). Dans ces conditions, le caséum n'est formé qu'après un temps variant de sept à treize minutes, tandis que dans des tubes témoins contenant 5 centimètres cubes de lait + 4 centimètres cubes d’eau distillée, il est formé en trois minutes en général. Si l’on n'ajoute au lait que 1 ou 2 centimètres cubes de la solution de pep- tone (soit 0 gr. 02 ou 0 gr. 04 de peptone par centimètre cube de lait), la coagulation se fait en trois ou quatre minutes. Quand la solution de peptone a été faite dans l’eau salée à 8 p. 1000, le retard est beaucoup plus grand (1); la coagulation a lieu, en effet, de quinze minutes (pour 3 centimètres cubes de la solution) à 33 minutes (pour # centimètres cubes de la solution), tandis qu'elle est terminée en deux ou trois minutes dans des tubes témoins (> centimètres cubes de lait + 4 centimètres cubes d’eau salée à 8 p. 1000 + 1 goutte de la solution de présure). Dans ce cas, même avec 2 centimètres cubes de la (1) Cette différence tient sans doute à ce que la peptone est peu soluble dans l’eau distillée. 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE solution de peptone (soit 0 gr. 04 de peptone par centimètre cube de lait), le phénomène est très net, puisque le caséum n’est formé qu'après six à sept minutes (1). Constatations analogues avec le lait de chienne. On met, par exemple, dans un bain-marie à 42° : | Z © - 1. 10 h. Al D c.c. lait + 4 c.c. eau salée à 8 0/00 +- 1 goutte de présure = caséum à 10 h. 44 2. — +4c.c. solution de peptone au 1/10° + — — liquide à 14 h. 25 3 10h47 — + 3 c.c. — + — — liquide à 11 h. 25 SM OnEe50 — + 2 c.c. — + — — taséum à 114 h. 9 5. 10 h. 52 se Vos _ je = = NE ONEE A 2 heures on constate que le lait des tubes n° 2 et 3 est encore liquide; mais le lendemain matin on le trouve coagulé. On remarquera que dans toutes ces expériences, il a été employé une quantité trop forte de ferment: que la solution primitive du commerce ait été étendue de moitié, ou de 5 ou 10 fois son volume, les résultats ont toujours été à peu près les mêmes. En mettant 1 goutte de la solution étendue de moitié dans 10 ou 20 centimètres cubes de lait, on obtenait une caséification complète en 3 minutes. Je ne proposerai point, pour le moment, d'explication de cette action de la peptone. J'indiquerai seulement les résultats de quelques essais très simples qui serviront peut-être plus tard à une telle explication. Si à un échantillon de lait resté liquide après 20 minutes et plus, sous l'influence d’une quantité donnée de peptone, on ajoute une nouvelle goutte de la solution de présure, le caséum se produit rapidement, en 4 ou 5 minutes. Je ne conclurai pas tout de suite de 1à que la pep- tone neutralise l’action du ferment, qu’il y a réel antagonisme entre les deux substances. Aussi bien, si, d’un échantillon de lait resté incoagu- lable sous l'influence d'une forte dose de peptone, on prélève la moitié, que l’on porte à l’ébullition, on constate que ce lait est devenu coagu- lable : la présure, malgré la peptone, a donc dédoublé la substance caséinogène. C'est l'expérience analogue à celle qu'Arthus et Pagès ont faite pour démontrer que, malgré l’action des oxalates, la présure fait (1) Ces observations ont été faites avec un lait de bonne composition moyenne. Avec un lait moins pur, on observe des résultats plus marqués encore. Voici, par exemple, une expérience : Me) ( 5 c.c. lait. + 1 c.e. eau salée à 8 0/00 +- 1 goutte de présure — caséum à 4 h. 22 ht — + 1 — solut. de peptone au 1/10° + — = — 4h. 28 4h. 3% - —+- 2 c.c. eau salée à 8 0/00 + — = — 4 h. 34 RE ; = + — solution de peptone De — == ns LE 2h50 30” + 4 c.c. eau salée à 8 0/00 +- — = — Ans 58 (l _ + 4 c.c. solution de peptone + — — complèt. liquide à 5 h. 13 Bain-marie à 40 degrés. SÉANCE DU 6 JUIN 593 subir au caséinogène sa transformation particulière, qui précède la formation du caséum (1). D'autre part, et dans un autre ordre d'idées, on constate qu'en ajou- tant une petite quantité d’une solution d’oxalate de potasse à 5 centi- mètres cubes de lait de vache ou de lait de chienne, la caséification, déterminée par 1 goutte de présure, se fait avec un retard notable de quelques minutes; or, on a constaté également que ce phénomène n’est presque pas retardé, comme d’ailleurs je l'ai dit plus haut, par l’adjonc- tion à cette même quantité de lait de 1 centimètre cube de solution de peptone (au 1/10°); mais qu'au lait on ajoute l’oxalate, puis la peptone, on voit que le retard dans la formation du caséum est plus que dou- blé (2). — L'expérience peut être faite d’une autre facon : à 5 centimètres cubes de lait de vache, j'ajoute 0 c. ce. 5 d’une solution d’un sel de cal- cium à 10 p. 100, puis 4 centimètres cubes de la solution de peptone, dose qui retarde toujours la caséification d'au moins 10 à 12 minutes, enfin une goutte de présure : le lait est coagulé en deux minutes Je ne conclurai pas non plus de là dès maintenant que la peptone agit sur les sels de calcium du lait, de quelque façon que ce soit d'ailleurs, pour empêcher la formation du composé albuminoïdo- calcique, le caséum; il me semble toutefois que ces faits méritent quelque attention. En employant, au lieu de peptone de Witte, de la propeptone pure, que j'ai préparée suivant le procédé indiqué par Grosjean (3), j'ai observé, sous l'influence d'une dose de 3 centimètres cubes d’une solu- tion de propeptone à 1 pour 10 d’eau distillée, et en faisant agir une goutte de présure sur 5 centimètres cubes de lait mélangés à ces 3 cen- timètres cubes de propeptone, la formation, au bout de 10 minutes, non pas d'un caséum, mais d’un précipité floconneux abondant, dont les flocons s'agglomèrent rapidement en une masse assez homogène et rétractile enfermant les globules gras. Etant données les analogies profondes que tous les physiologistes (1) Arch. de physiol., 5° série, II, p. 331 ; 14890. (2) Exemples. — N° 1. Lait de chienne : 5 c.c, + 1 c.c. solution d'oxalate de potasse à 1 0/0 + 1 goutte de présure —caséum en 8 minutes. 5 c.c. +1 c.c. solution de peptone de Witteau1/100 +- — _ — 9 — 5 c.c. + 1 c.c.solution d'oxalate + 1c.c. sol. peptone +- — = — 25 — N° 2. Lait de vache : 5 c.c. + 1 c.c. solution d'oxalate de potasse à 1 0/9 + 1 goutte de présure — cas£um en 2 minutes. 3 c.c. + 4 c.c. solution de peptone de Witte au 1/10° +- — — — 12- — 5 c.c. + 1 c.c.solutiond'oxalate + 4c.c.sol. peptone +- — = — 23 — (3) Arch. de Biologie, XIX, p. 381 ; 1892. 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE savent exister entre la coagulation du sang et celle du lait, j'ai pensé qu'il n’était pas inutile de signaler ces faits (1). UN NOUVEAU DYNAMOMÈTRE FACILEMENT TRANSFORMABLE EN DYNAMOGRAPHE, par M. CHARLES VERDIN. Un des inconvénients les plus évidents du dynamomiètre ordinaire à ressort elliptique est la douleur qu'on éprouve quand on à manié cinq ou six fois de suite cet instrument, les bords de l'acier produisent sur la main des sensations très douloureuses qui rendent impossibles des expériences comparables. Dans le dynamomètre que je présente, cet inconvénient disparait complètement, étant donné que les doigts se trouvent placés dans l’in- térieur d’une poignée arrondie en tous sens et que sur la paume de la (1) 11 vient de paraître dans le Journal of Physiology (vol. XIX, fasc. 5 et 6, 30 mai 4896) un mémoire de Arthur Edmunds : Notes on rennet and on the coagulation of milk, p. 466-476, où l’auteur indique nettement le fait essentiel du retard de l’action de la présure sous l'influence de la peptone. à D: er SÉANCE DU 6 JUIN 595 main repose le piston ayant, à son extrémité, une poignée de forme ellipsoïdale. (Je dirai que cette idée de poignée m'a été suggérée par M. le D' Chéron.) Un autre point important dans ce dynamomètre, c’est le ressort moteur qui est composé de quatre lames de ressorts encastrées à leurs extrémités dans le support servant de poignée que l’on fait fléchir par une tige perpendiculaire appliquée au centre de la poignée; l'effort de flexion des ressorts est transmis à une aiguille donnant ses indications en kilos sur un cadran au moyen d’un pelit pignon multi- plicateur. Il suffit donc, pour pratiquer les mensurations de ce nouveau dynamomètre, d'introduire ses quatre doigts dans l’intérieur de la poignée, de faire reposer la tige du piston sur la paume de la main, de presser pour obtenir immédiatement l'effort de pression qui aura été fait : cette opération pourra être répétée un grand nombre de fois sans causer la moindre douleur. J'ajoute également que ce dynamomètre présente un autre avantage sur les instruments ordinaires, les déforma- tions sont proportionnelles aux pressions. Je puis changer ce dynamo- mètre en dynamographe, il suffit de mettre en rapport l'extrémité de la crémaillère à une cuvette munie d’une membrane de caoutchouc; cette cuvette portée par une potence sera fixée derrière le cadran au moyen de deux boutons que l’on pourra visser très facilement avec les doigts. Le Gérant : G. MASSON. a mme mm —— —————————_—————— Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MareTH&ux, directeur, 1, rue Cassette. EE . ; tr CPE both 397- SÉANCE DU 13 JUIN 1896 M. L. MArassez : Remarques sur la coagulation du sang. — M. J. ne Nrrnis : Séro- - thérapie du Proteus vulgaris. — M. Paur Courmonr (de Lyon) : De l’inoculabilité à l'animal du Microsporum Audouini. — MM. J. Couruonr, Doxox et Pavior : Névrites périphériques chez le lapin par intoxication cholérique. — MM. J. Courmoxr et _ Durrau : Marche des infections expérimentales chez le lapin splénectomisé. — MM. Iueertr, H. BERTIN-SANS et GAGxiÈRE : Radiographie, après la mort, du corps - entier d'un nouveau-né. — M. Louis Moxcre : Kyste séreux de l'abdomen chez une poule: rétrocession du kyste sous l'influence de la suppression des boissons. — - M. G. Porx : De l'hyperazoturie consécutive aux injections de sérum antidiphtérique et de sérum de cheval non immunisé. — M. CnarLes-Sepewicx Minor : Microtome automatique nouveau. — MM. Bosc et Venez, de Montpellier : Recherches sur l'action toxique de l’eau distillée en injection intraveineuse (degré et saractères de * sa toxicité immédiate et éloignée). — M. G. Maninesco : Étude de mains d'acro- - mégaliques au moyen des rayons de Rôntgen. — M. le professeur OECHs\ER DE + Cox : Sur les réactions qui permettent de déceler la créatinine dans les urines. .— M. le Dr L. Dusors (de Chatel) : Sur la bactériologie des fièvres dites gastriques. — MM. E. Werraeier et L. LepaGe : Sur les fonctions des pyramides antérieures du bulbe. — MM. L. Camus et E. GLey : Note concernant l’action anticoagulante de la peptone sur le sang comparativement in vitro et in vivo. — M. E. GLEY : A propos de l’action anticoagulante de la peptone sur le lait. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE,. M. le D' Mercier (de Zurich) fait hommage à la Société : 1° De la note qu'il a rédigée sur le {thermomètre muet; 2° D'un travail sur l'influence du climat des allitudes. REMARQUES SUR LA COAGULATION DU SANG (1) 11 par M. L. Marassez. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai eu l’occasion d'observer quelques faits d’histologie qui me semblent jeter un certain jour sur la coagulation du sang et mettre un lien entre plusieurs des théories qui ont été émises sur celte difficile ques- tion. N'ayant pas eu le temps de les étudier suffisamment, je ne les ai (1) Remarques faites dans la dernière séance, à propos de la communica- tion de M. Dastre. BioLOoGiE. COMPTES RENDUS, — 102 SÉRIE. Tr. III. 45 598: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas publiés, mais j'en ai souvent et depuis longtemps parlé au labora- toire, et je voudrais en dire. ici quelques mois. à propos des récentes communications qui nous ont été faites. Je rappellerai d'abord un fait histologique important dont nous devons la connaissance première à M. Ranvier et qui depuis à été étudié par Hayem, Bizzozero et bien d’autres; c'est que dans le sang qu'on laisse se coaguler naturellement, on voit la fibrine apparaître sous forme de fins filaments radiés qui partent, non des globules rouges. ou blancs, mais de ces corpuscules que Donné avait décrits et parfaite- figurés vers 1844, sous le nom de globulins et qu’ensuite on a nommés corpuscules ou vésicules élémentaires (Zimmermann), hématoblastes. (Hayem), plaquettes (Bizzozero), etc. Seulement cette sorte de cristal- lisation serait toujours précédée de profondes modifications dans l'aspect de ces éléments. Un second fait très instructif et qui n’a peut-être pas altiré TU ment l'attention des observateurs, c’est que, vis-à-vis des réactifs colorants et autres, les globulins non encore modifiés se comportent à peu près comme le protoplasma des globules blanes. Soit, par exemple, une préparation de sang par dessiccation, passée rapidement dans. une solution au centième d’acide chromique (excellent procédé de fixation que je recommande, beaucoup), puis lavée à grande eau et enfin colorée par l'éosine et l’hématoxyline. Si l’on a fait agir. fortement l’éosine, les globulins sont plus ou moins colorés en rouge, comme l’est également le protoplasma des globules blancs. Si c’est au contraire l’hématoxyline (ou l’hématéine) qu'on a fait agir davantage, ils sont plus ou moins teintés en bleu, toujours comme le protoplasma des blancs. Tandis que si la coloration n’a pas été trop intense et a été bien proportionnée, les globulins, comme le protoplasma des globules . blanes, sont à peine colorés; alors que les globules rouges le sont fran- chement en rouge et les noyaux des blancs nettement en bleu. Résul- tats analogues avec bien d’autres matières colorantes. Il semble donc: d’après cela qu'il doive y avoir une grande analogie de composition entre la substance des globulins et celle du protoplasma des globules . blancs, en tous cas, plus qu'avec tout autre élément ou partie d'élément du sang (1). (1) Je ne parle ici que des leucocytes ordinaires. Il existe, en effet, de très gros globules mononucléés et de gros polynucléés (ces derniers me paraissent peu connus) dont le protoplasma prend difficilement les matières colorantes susdites, bien moins que les globulins, et dont le noyau est également peu colorable, guère plus que les globulins; en sorte que l'on pourrait croire ces éléments plus voisins comme composition du noyau de ces globules blancs. que de leur protoplasma, s'ils n’en différaient à tant d'autres points de vue. Ges gros globules blancs ont souvent des contours peu nets, se résolvant par- ois en fines granulations, comme sic’étaient des éléments en voie de destruc-. SÉANCE: DUC 13 JUIN: 599 “Un troisième fait, que je n'ai malheureusement pas assez étudié et qui me parait également très important, c'est l'existence, dans certaines circonstances, de sortes de petits bourgeons partant de la périphérie des globules blancs et ayant les dimensions et l'aspect des globulins. Sont-ce là de véritables bourgeonnements analogues à ceux que j'ai constatés sur les globules rouges nucléés et qui en se détachant donne- raient lieu, selon moi, aux globules rouges ordinaires? Serait-ce, au con- traire, une sorte d’excrétion sarcodique, ou bien encore un phénomène de désagrégation protoplasmique? Je ne saurais dire. En tous cas, ilse pour- rait que ce soit là l’origine des globulins (1). - Il m'a semblé enfin, et ce serait encore là un fait intéressant à vérifier, que dans le temps qui précède la coagulation, les globulins deviennent beaucoup plus nombreux; je n’oserais dire que les globules blancs se détruisent parallèlement. Si maintenant l’on relie tous ces faits par la pensée, on en vient à supposer que la coagulation n’est pas sous la dépendance unique des globulins, ni sous celle des globules blancs, opinions précédemment émises ; mais sur celle de ces deux éléments à la fois; en sorte qu'elle pourrait être influencée, favorisée ou retardée, par des causes agissant sur l’un ou sur l’autre ou sur tous les deux à la fois. On comprend aussi que le simple fait de leur plus ou moins grande abondance dans le sang, puisse également favoriser ou retarder la coagulation. Bien entendu, ce ne serait là que le côté morphologique de la question; il laisse intact le côté chimique, mais s'accorde parfaitement avec lui. On conçoit, en effet, que de telles modifications dans les globules blancs et les globulins doivent s'accompagner de changements profonds dans leur nutrition et par conséquent dans les phénomènes d'osmose dont ils sont le siège. On peut supposer, par exemple, que dans ces condi- tions, il passe dans le sang des substances favorisant la coagulation, ou bien au contraire qu'il n’en, passe plus l’empêchant. Quant aux coagulations que l’on arrive à produire sans la présence des globules blancs et des globulins, on s'explique très bien qu’elles puissent avoir lieu quand même, si l’on ajoute au plasma coagulable des substances semblables ou analogues à celles que nous supposons s’exhaler des globules blancs et des globulins, au moment de la coagula- tion. Je ferai remarquer seulement qu'en raison du peu de densité des globules blancs et de la petitesse des globulins, il ne doit pas être très lion. Il se pourrait, je n’en sais rien, que de telles granulations soient, comme les globulins, le point de départ de filaments de fibrine et jouent un rôle dans ta coagulation. (1) Il est aussi des globulins qui sont situés à la surface de globules rouges et font plus ou moins saillie; je ne sais s’il s'agit là d'un phénomène analogue ou d'un simple accolement accidentel. 600 SOCIÉTÉ . DE BIOLOGIE facile de se débarrasser de ces éléments par la centrifugation ou !la filtration, donc d'obtenir des coagulations où ils soient complèlemens absents. | Evidemment, ce ne sont là que des hypothèses, des hypothèses encore bien vagues et basées sur des faits dont plusieurs sont insuffisamment établis. Si j'en parle, c'est, je le répète, qu’elles me semblent mettre. d'accord plusieurs des opinions diverses précédemment émises; et qu'elles peuvent suggérer de nouvelles recherches. SÉROTHÉRAPIE DU Proteus vulgaris, par M. Jacques DE Nirris. La présence du Proteus vulgaris généralement associé à d’autres es- pèces, dans la gangrène du poumon, et surtout son rôle pathogène dans certains cas de pleurésie gangreneuse où il peut être trouvé seul, ainsi que l'ont démontré MM. Charrin et Nobécourt, rendaient intéressantes les recherches de sérothérapie contre ce microbe. … Nous avons injecté, dans le péritoine d’un cobaye, des cultures viru- lentes de Prateus à la dose capable de tuer en 24 heures, PSE les veines, 3 kilogrammes de lapin. En effet, l'injection intrapéritonéale de cette RUE de culture n'amène pas d'accidents chez le cobaye, tandis qu’au contraire l'injec- tion intraveineuse de doses trois fois moindres cause la mort de l'animal en 2 jours. Pendant cinq jours en moyenne, la température ne dépasse guère 390,6, et il y a un léger amaigrissement (3, 6, 2, 0, 3 et 12 jours). Après une semaine au plus, on sacrifie le cobaye pour obtenir, selon les circonstances, de 3,5 à 8 centimètres cubes de sérum. Les essais ont été faits sur des lapins, très sensibles au Proteus. Les uns recevaient, dans la veine marginale de l'oreille, des cultures de Pro- teus à la dose capable d'amener leur mort en 24 heures; aux autres, nous injections cette même dose, mélangée au sérum obtenu de la façon ci-dessus décrite. (Avec nos cultures, la dose mortelle pour un ae de 2 kilogrammes était en moyenne de 2 centimètres cubes.) Une première expérience, faite trop timidement, ne donna d'autre résultat qu'un amaigrissement rapide du témoin, tandis que le lapin traité se maintenait dans les environs de son poids primitif (310 grammes perdus dès le 2° jour pour le témoin, tandis que le lapin : traité, sur un poids primitif identique, ne perdait que 10 grammes et avait constamment une température plus élevée). Le seul intérêt de 4 L dé. Lis ossi hs à | 0 7 2 - SÉANCE DU {3 JUIN 601 LA l'expérience fut la façon dont'les deux animaux réagirent à une nouvelle dose (tuant un lapin normal en moins de 12 heures) de cultures de Pro- teus : le lapin témoin succomba en 4 jours, manifestant ainsi un certain degré d'immunité par le fait d'une première atteinte; le lapin immunisé par le sérum se releva rapidement, mais mourut 14 jours CRREES d’ inrechon streptococcique à la suite d’une opération. Les autres expériences faites dans les mêmes conditions, mais avec des doses plus franches de culture microbienne, donnèrent seules des résultats brutaux : les témoins constamment trouvés morts le lende- main (matin ou après-midi), tandis que les lapins traités par le sérum sont toujours vivants (depuis le 13 avril, 30 mai et 3 juin). Nous avons enfin vérifié que le sérum de cobaye normal ne présente aucune action comparable. DE L’INOCULABILITÉ À L'ANIMAL DU Microsporum Audouinti, par M. Pauz Courmoxr (de Lyon). (Travail du Laboratoire de M. le professeur Arloing.) On sait actuellement qu’en dehors des nombreuses espèces de trico- phytons si bien étudiées ces dernières années, il faut ranger un crypto- game parasitaire bien différent d'eux, le Microsporum Audouini, reconnu par Sabouraud, après Grüby, comme cause de la teigne tondante rebelle des enfants, si répandue dans nos pays. Son aspect dans le cheveu, ses caractères botaniques le différencient nettement des trico- phytons. _De même, tandis que le rôle pathogène de ceux-ci a été bien démontré par les inoculations positives à l'animal, celui du Wicrosporum Audouini n'a pu encore être prouvé expérimentalement. Sabouraud, qui a réussi à reproduire des teignes avec la plupart de ses cultures trico- phytiques, mentionne l’insuccès de ces inoculations du Wicrosporum Audouini aux pelits animaux. Nous avons été plus heureux et obtenu des résultats souvent positifs sur plusieurs espèces animales avec des cultures pures de M. Audouini. Celles-ci provenaient d'enfants de l’An- tiquaille atteints de teigne tondante rebelle, et, dans un cas, d’un jeune nègre sénégalais. Les cultures de cette dernière provenance, bien que “Serablables en tous points à celles d'origine française, nous ont semblé particulièrement actives. Nous nous sommes constamment servis de cultures sur, milieu solide (gélose peptonée), âgées de quinze jours à un mois. Nous attribuons nos résultats positifs surtout au mode d’inoculation. 602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons toujours pratiqué celle-ci non par piqüre, mais par scarifit cations analogues à celles d’une vaccination; nous introduisons dans les sillons scarifiés des fragments de culture en grande abondance. - Les animaux employés ont.élé le cobaye, le lapin, le cheval adulte. ‘Sur le cobaye la lésion apparaît au bout de huit ou dix jours sous forme de petites croûtelles blanches entourant la cicatrice d’'inocula- tion. Celles-ci s'étendent en zones excentriques au niveau desquelles la chute des poils se produitcomplète, formant des places d'alopécie totale où la peau est épaissie, dure, couverte de squames d'un blanc brillant. Le temps que met la lésion à atteindre son maximum varie de dix à vingt jours. Au bout de ce temps, elle occupe tout au plus la grandeur d’une pièce de deux franes, et présente une forme arrondie plus ou moins régulière. À partir d'un mois environ après l'inoculation, les squames tombent, la plaque devient lisse, la peau reste quelque temps épaisse et dure, puis les-poils repoussent peu à peu. Sur le lapin, les lésions suivent une marche analogue pendant six se- maines environ; mais au début la peau présente une zone rouge, éry- thémateuse, très visible au point où se fera la chute des poils. La plaque desquamée ne dépasse pas le diamètre d'une > pièce de cin- quante centimes. Sur le cheval adulte, nous avons pratiqué quatre essais d’inoculation avec des cultures différentes. Nous avons obtenu des lésions bien nettes dans trois cas seulement et très peu étendues. Elles se sont bornées au développement de petites squames brillantes autour du trait d’inocula- tion, bien visibles au bout de quinze jours, avec chute des poils dans une zone qui ne dépassait pas un demi-centimètre de neue La durée totale a été de six semaines. Il est intéressant de voir des lésions produites chez l'animal par le Microsporum Audouini être identiques à celles des tricophyties expéri- mentales, mais beaucoup plus bénignes, alors qu’elles sont si rebelles chez l'enfant. Aussi nous proposons-nous de répéter ces expériences sur le poulain. On sait que cet animal est très sensible à l’inoculation d’un champignon qui produit chez lui un herpès contagieux spécial et qui est irès voisin du Microsporum Audouini. L'origine équine de ce dernier serait bien près d’être prouvée si on obtenait avec lui des résultats ana- logues. Conclusions. 1° Le Microsporum Audouini est inoculable à l’animal (cobaye, Rp cheval adulte); 2 Les lésions produites sont absolument analogues à celles des trico- phyties animales expérimentales, mais très Jens et durent environ six semaines. De du USA NUE Sn de. S + cha Dar en :SÉANCE DU 13: JUIN ‘608 NÉVRITES PÉRIPHÉRIQUES CHEZ LE LAPIN PAR INTOXICATION CHOLÉRIQUE, par MM. J. Courmonr, Doyon et Pavior. Des paralysies expérimentales ont été obtenues avec les toxines de ‘plusieurs microbes pathogènes. On ne les a pas encore notées, croyons- nous, à la suite de-l’intoxication cholérique. Nous rapportons l’obser- vation d'un lapin qui fut atteint, treize jours. après une injection intraveineuse de culture filtrée de Vibrion cholérique, de paraplégie anesthésique, et mourut trois jours plus tard. Le vibrion expérimenté était celui de Massaouah; 1 centimètre cube de culture inoculé dans le péritoine du cobaye le tuait en 16 heures. La culture avait été filtrée -après 13 jours de végétation dans le vide à +38 degrés. La toxine conservée sous l'huile a été injectée 9 jours après la filtration. Observation. — Lapin de 2 kilogrammes. Température 380,9. 8 mai. — Injection de 15 centimetres cubes de loxine dans la veine auri- -culaire. Tete ee 9 mai. — 390,6 matin et soir. Un peu de tristesse. 10 mai. — 390,2. 11 mai. — 39 degrés. 12 mai. — 38°,9 et 39 degrés. 43 mai. — 39,4 et 39 degrés. 14 mai. — 39 degrés. 19 mai. — Va très bien. 21 mai. — 39 degrés. Paraplégie légère. Souillé d'urine. 2 22 mai. — 389,5. — Paralysie complète de tout le train postérieur que l'animal traîne en marchant. Incontinence d'urine. 23 mai. — 37°,4 et 38,4. Paralysie flasque et anesthésie absolue de tout le 1 train postérieur. 24 mai. — 38°,5. Mème état. 25 mai. — Trouvé mort le matin. Autopsie. — La vessie, très dilatée, contient au moins 200 grammes d'urine. Viscères normaux. La moelle n'offre ni adhérences ni traces de congestion du côté de ses enveloppes. Elle est placée dans le formol à 10 p. 100. L’encéphale qui parait normal est placé dans le liquide de Müller. Le sciatique droit, normal en apparence, est exposé pendant quarante-huit heures dans l’acide osmique à 1/400. Les muscles du train postérieur sont plus blancs que ceux du train antérieur; des fragments sont prélevés en différents points. Examen histologique. — Le renfleinent lombaire est débité en petits frag- ments de 1/2 centimètre de hauteur passés au formol à 10 p. 100, puis dans les alcools successifs. Inclusion dans la celloïdine. Coloration par la méthode de Niss] (modifiée par Sadovsky). Les coupes nous ont montré des cellules des cornes antérieures que l'on peut considérer comme intacles (par cette méthode). TEEN Se a A ee Bee PIS BND DAT CR sf SR PS EE GS PRE RE A 60% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Peut-être faudrait-il faire quelques réserves pour le groupe externe de ces cornes, dans lequel, sur certaines coupes, nous avons vu une ou deux cellules où la ere chromatophile apparaît légèrement en dissolution ; mais on ne trouve aucune autre altération cellulaire ou extra-cellulaire. On a la sensa- tion qu'il ne s'agit pas d’une lésion primordiale. Au contraire, les dissociations du sciatique imprégné à l’osmium ont montré un assez grand nombre de fibres où la myéline discontinue ou en gouttelettes témoigne d’une névrite périaxile indéniable, assez prononcée pour être regardée comme la cause des symptômes observés. Le cerveau n'a pas été examiné microscopiquement, mais les coupes en série antéro-postérieures n'ont décelé aucune altération macroscopique. _ L'examen histologique comparatif d’un muscle de l'épaule et d’un muscle de la hanche, n’a pas révélé la moindre différence. | En résumé, on doit conclure à des névrites périaxiles primitives, de date récente, n'ayant pas encore entrainé de l'atrophie musculaire et n'ayant pro- duit que cette altération minime des groupes externes des cellules des cornes antérieures : dissolution légère de la substance chromatophile, sans déplace- ment du noyau ni cassure des bras cellulaires, la grande majorité des cellules pyramidales restant à l'état normal tel que le révèle la méthode de Nissl. MARCHE DES INFECTIONS EXPÉRIMENTALES CHEZ LE LAPIN SPLÉNECTOMISÉ , par MM. J. CourmonrT et DurFAu. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Arloing.) Le rôle de la rate dans la défense de l'organisme a donné lieu à un grand nombre de travaux. On a surtout recherché les effets de la splénec- tomie sur une inoculation virulente ultérieure. Les expériences de Kourloff, Martinotti et Barbacci, Roger, Bardach, Soudakewitch, Tiktine montrent les animaux splénectomisés mourant avant, en même temps ou après les témoins suivant les cas. On n’est pas davantage d'accord sur la vaccination des dératés. Bardach, Demel, Tizzoni- et Cattani échouent avec différents virus ; Kanthack, Foa et Scabia, Righi, Benario réussissent avec d’autres. Bardach, Kanthack affirment qu'un vacciné conserve l'immunité après la splénectomie. D'une façon générale, on conclut à un rôle important de la rate dans la défense de l’organisme. Hankin, Montuori, Ogata l'ont même expliqué par la diminution du pouvoir bactéricide du sang chez les splénectomisés, la rate fabriquant une globuline ou un ferment soluble bactéricide. Metchnikoff consi- dère la rale comme un centre dé production de :HeReOGy EE phagocy- taires. : | Fra MES en dun a émis Mine que le. ira matisme de la splénectomie devait expliquer en grande partie la mort | 4 | : | J Ê * l Été en - SÉANCE DU 13 JUIN ‘605 È SR AE PT CEE RTL RS TR ONE RER DER CRE RS | plus hâtive des animaux dératés. C'est dire que la question est LE | d'être résolue. | ÉE 4 Les résultats discordants tiénnent aux conditions différentes dns à k lesquelles se sont placés les expérimentateurs. Pourquoi, spécialement, 4 l'organisme lutterait- il ‘avec les : mêmes procédés contre toutes Æ infections ? rs à Toutes nos expériences fiobé un ultérieur fera connaître les détails) ont été faites sur le £apin, animal qui supporte aämirablement la splénectomie, lorsqu'elle est pratiquée aseptiquement. L. — Lapins splénectomisés inoculés avec le bacille pyocyanique (dans le sang). -Le. bien suivant est tite Le s ; ê | ANCIENNETÉ SURVIE SURVIE -INOCULATION de la OS Ë des | splénectomie. splénectomisés. non splénectomisés. | I 4 13 mars. 2 jours 103 heures Indéfinie Il 16 avril. - 25 jours 16 heures 216 heures Le lapin récemment ou anciennement splénectomisé est done dans des conditions marquées d'’infériorité pour lutter contre le £. pyocya- nique. IT. — Lapins splénectomisés inoculés avec le slaphylocoque ;pyogènè (dans le sang). us FA Voici trois expériences : ANCIENNETÉ SURVIE SURVIE INOCULATION de la des des splénectomie, splénectomisés. non splénectomisés. IT 2) 6 mars, l jour 23 heures 984 heures EY | “27 février. 2 jours 10 heures 216 heures V 16 avril 25 jours 38 heures 18 h. 1/2 (très virulente). Le lapin récemment splénectomisé est donc plus sensible que le témoin au Staphylocoque pyogène. Au bout de 25 jours, il est redevénu f aussi où plus résistant que l'animal complet. : 19b-éuiqe sois à tits d :606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE + 3 3 À b = —————————— TOOTOTOTOTOTvOTOTOvTvTvTV,”,O-…- A — Lapins splénectomisés. inoculés, avec. le: shreptocoque: nyagÊRe (dans le sang). 38 : Ce streptocoque était des plus virulents, tuant en 16. à, 36 Heu 1e Mois à:1/10000 de :centimètre cube. Nous l’avons atténué par le chauf- fage dans lesexpériencesIX, X et XI. Dans les 2 dernières, l’atténuation ayant été trop forte, les lapins se sont rétablis; une deuxième inocula- tion très virulente à été pratiquée. | | | Rae 4 CANCIENNETÉ SURVIE PE SRE INOCULATION : de la des =; LREES LA splénectomie. splénectomisés. non splénectomisés. VI 12 février. 2 jours 37 heures + 12E NEA VII 29 janvier. 4 jours 27 heures 22 heures VIII a | ue 3 20 heures | : 8 s 2 R ë 3 juin Jours 32 heures SD here | 30 avril 2 jours Indéfinie 72 heures (Str. atténué,) Sacrif. 197 juin. X 4 49 19 mai 2 jours 36 heures (Str. atténué.) : 5 heur 20 26 mai - 29 jours 36 heures “é USE (Str. virulent). XI 19 7 mai 17 jours 17 heures 20 heures (Str. atténué.) 2° 18 mai (Str. virulent.) Le lapin splénectomisé, même depuis 48 heures seulement, résiste donc mieux qu’un lapin complet à l'inoculation du streptocoque pyogène (exp. VI, VIT, VIIT et IX); il peut même survivre à une inoculation qui tue le témoin (exp. IX). Il s’immunise moins qu'un lapin complet à la suite d’une inoculation non mortelle puisqu'une deuxième inoculation virulente tue les animaux splénectomisés aussi vite ou plus vite que les témoins (exp. X et XI). Conclusions. — Il ne faut pas se hâter de énéralicer en Dci ee 1 les procédés de défense de l'organisme ne son pe, idee dans toutes les infections. 192 Ù ë Il ressort, en.effet, de nos expériences que la en Dan chez le lapin, depuis 1 à 8 jours, diminue la résistance de cet animal PNR TR ET te PET SOS SISÉANDE "DU AB JUN 607 vis-à-vis de certains microbes (2. pyocyanique, Slaphylocoque pyogène), tandis qu’elle:la renforce vis-à-vis du Sireplocoque pyogène. + H-semble qu'au bout de 25:jours le lapin splénectomisé a conservé son une réceptivité pour le 2. pyocyanique, tandis qu'il est redevenu normalement résistant au Staphylocoque puogenc, Le lapin splénectomisé depuis 2 à 29. jours s'immunise moins qu'un lapin complet par une inoculation de Séreptocoque.atténué. Nous ferons ultérieurement connaître le mécanisme de cette one variable de la FRICMEURONE: RADIOGRAPHIE, APRÈS LA MORT, DU CORPS ENTIER D'UN NOUVEAU-NÉ, : par MM. ImBerRT, H. BERTIN-SANS et GAGNIÈRE. Note présentée par M. D'ARSONVAL. Nous avons l'honneur d'adresser à là Société une épreuve positive de Ja radiographie, faite après la mort, du corps entier d'un nouveau-né. Cette radiographie a été obtenue, en 25 minutes de pose, au moyen d'un tube focus placé à 72 centimètres de deux plaques sensibles 54X30 juxtaposées, sur lesquelles le corps de l'enfant était couché ; le courant, fourni par 10 éléments au bichromate, était interrompu 3 à 4 fois par seconde au moyen d'un interrupteur Horn (Chappuis). Les tubes focus présentent l'inconvénient de donner des ombres qui sont dues, croyons-nous, à la répartition irrégulière des rayons catho- diques dans le faisceau parti de la cathode et qu'il doit dès lors, être possible de faire fusionner en donnant à la cathode une forme conve- nable, que nous nous proposons de déterminer; mais, grâce à la dis- tance, relativement considérable, à laquelle était placée la source des rayons X, cet inconvénient, inhérent à l'emploi des tubes focus actuels, n’a eu aucune influence fâcheuse sur la netteté de la radiographie. Toutes les parties du squelette, côtes, colonne vertébrale, bassin, os des membres, etc., sont en effet, d'une nelteté parfaite ; on distingue en particulier les dents dans les alvéoles et de minuscules points épiphyÿ- saires dont quelques-uns (phalanges des orteils, par exemple) n’ont pas un diamètre supérieur à 0%",5. Les plis de la peau et les contours d’un certain nombre de muscles sont, en outre, nettement visibles. La possibilité d'avoir ainsi, par simple radiographie, des renseigne- ments complets et au moins aussi précis que pourrait la fournir une dissection minutieuse, sur l'état de l’ossification d’un nouveau-né, pré- sente un assez grand intérèl, en particulier au point de vue médico- légal, et nous a paru digne d’être signalée. LOS ILES SEUEREN SES ENS SLR SEA PAREEE :608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE KYSTE SÉREUX DE L'ABDOMEN CHEZ UNE POULE; Li) np) “RÉTROCESSION DU KYSTE SOUS L'INFLUENCE DE LA SUPPRESSION. DES BOISSONS, .par M. Louis MowGtE, . 4; Externe des hôpitaux de Bordeaux. (Travail du Laboratoire des Cliniques.) 17 #08: Nous avons observé une poule qui avait.une volumineuse tumeur:de l’abdomen, et qui a succombé à une intervention opératoire. Cette poule avait une soif ardente. Lorsqu'on la privait de boissons, sa tumeur disparaissait pour reparaître deux heures après la reprise de l’eau. Le cours des matières intestinales n’était nullement interrompu. L'autopsie nous à démontré qu'il ne s'agissait ni d’une occlusion, ni d’un diverti- cule du tube digestif, mais d’un kyste des feuillets péritonéaux. C'était une tumeur liquide, à paroi mincé et transparente, très vasculaire, sans adhérence, du volume d’une grosse orange; elle était comprise dans les feuillets du péritoine. Elle contenait 700 grammes d'un liquide clair, mobile, limpide comme de l'eau, sans corps étrangers, sans éléments parasitairés, sans aucune trace de matières fécales, très albumineux. Enlevée avec la masse intestinale, elle ne s'est vidée ni spontanément, ni par la pression. Une injection poussée dans l'intestin ne s’est pas perdue dans la tumeur, une injection poussée dans la tumeur n est pas ressortie dans a C'était donc un kyste. La poche kystique el le gros intestin qui l’avoisinait, soumis à l'examen microscopique, ont présenté une structure absolument différente. On reconnaissait l'in- testin aux villosités, au tissu muqueux sous-jacent et aux fibres muscu- laires lisses; la tumeur était caractérisée par des contours bien arrêtés, sans Ales elle était constituée par un tissu conjonctif à gros fais- ceaux, parcouru par de nombreux vaisseaux, à parois fibreuses. Le kyste avait en somme la structure des kystes séreux qui ont, selon toute vraisemblance, une origine lymphatique. Il était “englobé dans les feuillets du péritoine. Le réseau veineux qui le enlaçait se continuait à la Surface du gros intestin. Les ones du péritoine ont été fréquemment observés chez Ï Lonme- nous n’en avons pas trouvé d' exemple décrit chez les animaux. Chez eux on rencontre fréquemment lPascite, en oe chez les vieux chiens et les brebis âgées. ne < Au Laboraloire des Cliniques, nous en avons observé un | CAS chez un “vieux coq alteint de myocardilé scléreuse et de cirrhose biveineuse , plus accusée au niveau des veines sus- hépatiques. “Le diagnostic différentiel des kystes abdominaux d'avec l'ascite. È st très difficile chez la poule, au moins cliniquement. Dans le cas que nous relatons, le diagnostic repose sur les données suivantes : 1 * Ë ISÉANCE: DU 13: JUIN | 609 c:19-Le cours des matières fécäles n’a jamais: été eee. 5 OTCGIO 2° La poche était absolument close; ©" 7 | em 13 Le:liquide était aqueux, limpide, clair: comme de Fa a Le sans odeur, Sans gruMEAUX ; 109 À 4° Il contenait de l’albumine : 3 -:5% La structure de là poche diffère-de celle de l'intestin; [= 6° La tumeur faisant corps avec.le repli péritonéal et'ayant la struc- _ture.des kystes séreux, ne peut être considérée que comme un me de cette région. | : II étaït surprenant de voir le Da neue qui eut ce V ingestion des liquides, la soif ardente de la poule et l'augmentation de volume de la tumeur. Il suffisait de supprimer l’eau pour que le kyste se réduisit considérablement. On ne peut nous objecter que ce fait est dû à un pertuis de communication existant entre le tube digestif et la poche kystique, puisque, après l'ablation, un semblable pertuis n'a ‘Res été retrouvé, et puisque le kyste est Me intact. Force. est donc de penser que l’ingestion d'eau s’accompagnait d’un état hydrhémique, avec transsudation à travers les parois extrêmement vasculaires du kyste. C'est la notion des échanges osmotiques entre le sérum sanguin et le liquide kystique qui nous renseigne sur ce balan- cement. Il ne nous semble pas possible de donner une autre interpré- tation à ce fait curieux. Nous attirons l'attention sur lui, car on pourrait peut-être, s’il se vérifiait, en déduire des applications thérapeutiques. Nous sommes heureux, en terminant, de remercier M. le professeur agrégé Sabrazès, qui nous a inspiré ce travail et nous a aidé de ses conseils. DE L'HYPERAZOTURIE CONSÉCUTIVE, AUX INJECTIONS DE SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE ET DE SÉRUM DE CHEVAL NON IMMUNISÉ, par M. GASroN Porx. Dans le but de déterminer les modifications de l’urée produites par le sérum antidiphtérique, nous avons praliqué des injections à des lapins de 2,000 à 2,400 grammes. Ces injections ont été failes dans le tissu céllulaire sous-cutané du flanc, avec les précautions aseptiques ordi- nairement employées; afin d'éviter les variations considérables qui dépendent du mode d'alimentation, nous nous sommes efforcés de donner aux animaux une nourriture toujours identique. Les urines ont été recueillies et examinées chaque:jour. A la suite d'injections de sérum antidiphtérique de 5 ‘centimètres cubes, nous avons constaté dans tous les cas une augmentation de l'urée; cette hyperazoturie n’est pas très considérable, mais, si on 610 SOCIÉTÉ! DE! BIOLOGIE compare les examens faits-avant et-après les injections'chez le:même animal, et si on les met en parallèle-avec les résultats obtenus:chéz les animaux témoins, soumis au même mode d’ Men AUS on moi qu > est constante. 14 INC ARE Voici quelques-uns de nos résultats : 1: 609300 I. — Lapin de 2,250 grammes. — Urée des 24 heures : avant ie | tion, 0 gr: 345 ; après l'injection, 1 gr. 27, 0 gr. 53, 0 gr. 84. :: [88 Il. — Lapin: de 2,400 gramimes. — Irene: : avant Pense DO après, Ogr. 64, O0 gr. 79, 0 gr. 88. ILE — Han de 2,450 grammes. — Urée : avant l'injection, L ne 10 : après, 1 gr. 65, 1 gr. 70, A gr. 47. IV. — Lapin de 2,130 grammes. — Urée : avant l'injection, 1 gr. 05; après, 2 grammes, 2 gr. 45, 1 gr. 93. Cette hyperazoturie dure en moyenne de 2 à 6 jours; au pou dti ce: temps, le taux de l’urée redevient normal. PAUL av Ces faits confirment les résultats expérimentaux obtenus par MM. Charrin et Roger:et les constatations cliniques faites par M. Variot et par Mongour (de Bordeaux), chez les diphtériques soumis au traite- ment sérothérapique. L’hyperazoturie post-sérique est-elle produite par l’antitoxine, ou par: le sérum lui-même? Dans le but de répondre à cette question, nous avons injecté à des lapins du sérum de cheval non immunisé, recueilli aseptiquement, que nous avons pu nous procurer gràce à RES de M. Cadiot, d’Alfort. - La dose de sérum injectée a été la même que dans les expériences: précédentes et les injections ont été faites à des animaux soumis au même régime alimentaire. Nous avons obtenu avec le sérum non immu- nisé une augmentation du taux de l’urée, analogue à celle que produit le sérum antidiphtérique. Voici quelques résultats : I. — Lapin de 2kil. 080. — Urée : avant l’injection, 0 gr. 32; après l'injection, Ogr. 66, 0 gr. 68, Ogr. 79. II. — Lapin de 2 kil. 270. — Urée : avant es Ogr.5l; après. l'injection, Ogr. 71, 1 gr. 09, 1 gr. A1, 1 gr. 49, Ogr. 4 III. — Lapin de 2kil. 620. — Dés : avant os 1 gr.2; après, 2 gr. 24, 2gr. 06, 2gr.50, 1 gr. 82, 1 gr. 49. IV. — Lapin de 2 kil. 070. — Urée : avant l'injection, Ogr.36; après l'injection, 0 gr. 38, O gr. 52, 0 gr. 99, 0 gr. 90, O gr. 34. Nous pouvons donc légitimement conclure que l'augmentation de l’urée à la suite des injections de sérum antidiphtérique n'a pas pour facteur l’antitoxine, mais le sérum lui-même, puisque le sérum de: cheval non immunisé détermine la même modification. ea home ec ir dti ln 5e ts tete SÉANGE DUT 187 JUIN2 (65 Bi à] :MICROTOME AUTOMATIQUE :NOUVEAUS: + à nié pril par M. CHARLES- SEDEWICK Minor, Professeur à l'Harvard medical Séhool de Boston: : Nous présentons d'abord le dernier modèle de ncretouré automatique que nous avons fait construire en Amérique, modèle qui présente plusieurs modifications dans la construction, qui font fonctionner l'ins- trument avec une précision plus grande qu'on n’était arrivé d’avoir dans les constructions connues jusqu'ici, soit en Allemagne, soit en France, où on l'a fait construire d’après nos indications antérieures. Nous présentons, en outre, un microtome d’un modèle absolument nouveau, que nous venons de faire construire, tout en profitant de la collaboration, pour les questions purement mécanique et pratique, de M. Eduard Bausch, du Firma, très connu de Bausch et Lomb, fabricants de Rochester, de l’État de New-York. Avec notre nouveau microtome, on peut faire, sans aucune difficulté, des coupes absolument sémlenee el de l'épaisseur voulue, c'est-à-dire des coupes de 0,002 millimètres jusqu’à la plus grande épaisseur convenable. Pour arriver à ce résultat, nous avons adopté la construction qui donne la plus grande rigidité pos- sible. Le couteau est tenu des deux côtés, et puisqu'il est, en outre, très épais, il reste tout à fait immobile. Le porte-objet est soutenu des deux côtés aussi, mais immédiatement au-dessous du couteau. Il n’y à alors qu'une erreur minime, qui n’est possible ni dans la position du couteau ni dans les mouvements du porte-objet. Nous voulons faire remarquer le double mouvement automatique, qui est très simple et fonctionne avec une cerlitude absolue. La construction permet d’avoir des coupes tout à fait automaliques, d’une épaisseur qu'on peut faire varier en multiples de 0,005 millimètres, et permet également d’avoir des coupes — pour ainsi dire — demi-automatiques en faisant varier l'épaisseur en multiples de 0,002 millimètres autant qu’on veut. Avec le modèle nouveau, on peut faire également ou des coupes à l'alcool, ou des ‘coupes à paraffine. Par notre méthode, si l’on emploie l'alcoool pour faire des coupes, le liquide passe sur l’objet et descend sans qu'il puisse tomber ni sur la vis micrométrique ni sur les glissières de l’appareil. Finalement, nous montrons le nouveau couteau que nous employons pour tous les microtomes. Il est très fort et les seules manches sont les deux bouts, qu'on à faits sans tranchant. Pour l’aiguiser, il faut qu'on le repasse sur une plaque de verre avec de l’eau et de la poudre à polir la plus fine qu’on peut se procurer. Nous avons employé pour cela le « Diamontine » américain. Avec un couteau comme nous venons dele faire connaitre, on peut faire des coupes beaucoup plus fines qu'avec un rasoir, qui est tout ce qu'il y a de plus mauvais pour faire des coupes très fines comme les demandent les microtomistes d'aujourd'hui. 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C’est la première fois que nous montrons notre microtome automa- tique nouveau. C'est un grand honneuür pour nous de le faire voir à Paris, puisque c’est à la France que la science doit les premiers micro- tomes pratiques — grâce à M. Rivet et à notre maître d'autrefois, mais toujours aimé, M. Ranvier. Le nouveau microtome sera fabriqué par MM. Bausch.et Lomb, de Rochester, New-York. Le prix ne dépassera pas prop biemens 350 ne le couteau el l emballäge compris. RECHERCUES SUR L'ACTION TOXIQUE DE L'KAU DISTILLÉE . EN INJECTION INTRAVEINEUSE (DEGRÉ ET CARACTÈRES DE SA TOXICITÉ IMMÉDIATE ET ÉLOIGNÉE), par MM. Bosc et Veper. (de Montpellier). Nous avons entrepris une série de recherches sur l’action thérapeu- tique des injections intraveineuses et sous-cutanées de sérum artificiel. Avant d'aborder le côté thérapeutique, il nous a paru nécessaire de nous faire une opinion exaete sur les effets du chlorure de sodium in- troduit dans l’économie. Mais la pratique des injections salées un l'introduction dans l'organisme d'une quantité d'eau considérable, qui, de ce fait, repré- sente un facteur dont il convient de déterminer la valeur intrinsèque dans l’ensemble des effets de ces injections. Cette question du rôle de l’eau est d'autant plus importante, qu'au début de la méthode, certains auteurs ont conseillé l'emploi de l’eau seule en injection intravei- neuse. ‘L'eau introduite ainsi dans l’organisme ne possède-t-elle pas des pro- priétés particulières et surtout n’a-t-elle pas un pouvoir nocif? Mais, d’abord, quelle espèce d’eau convient-il d'employer, de l’eau distillée ou - de l’eau ordinaire, la première paraissant la plus convenable, par sa pureté relative? Cette distinction est loin d’être indifférente. Dans cette note nous ne nous occuperons que de l’action de l’eau distillée. Nos expériences sur l’eau distillée ont porté sur des lapins et sur des chiens. L'injection a été faite, pour les premiers, dans la veine margi- ‘nale de l’oreilie; pour les seconds, dans la veine fémorale. Nous ne nous sommes servis ni de seringues ni de récipients à air comprimé, mais du vase de Mariotte. L'eau avait une température de 38 à 39 degrés et le procédé employé nous permettait de laisser nos lapins libres sur. la table pendant la durée de l’opération. La vitesse de l'écoulement était, SÉANCE DU Â13 JUIN 643 par minute, de 5 centimètres cubes chez le lapin, de 20 centimètres cubes chez le chien. D'après M. le professeur Bouchard, l'eau distillée ne commence à se ‘montrer toxique que si l’on en injecte plus de 90 centimètres cubes par kilogramme et la mort arrive à partir de 122. Nous devons signaler également les recherches faites avec M. le professeur Mairet et dont on trouvera le résumé dans les Comptes rendus de la Société de Bio- logie (1891). Nous avons dû reprendre, dans un autre but, l'étude de la toxicité immédiate et surtout de la toxicité éloignée de l’eau distillée. 4° ToxICITÉ IMMÉDIATE : a) Chez le Chien, il a fallu injecter 170 centimètres cubes en moyenne -par kilogramme pour entrainer la mort immédiate, avec ün maximum de 190 centimètres cubes. Les effets se sont manifestés dès le début de Linjection. La respiration, peu alteinte au début, devient pénible spasmodique, ‘se ralentit jusqu'à 10 par minute. È - La circulation est ralentie légèrement, et le pouls, irrégulier, intermitlent, s’affaiblit de plus en plus avec des périodes d’ excitation passagère. La calorification est peu atteinte. L'injection de 3 litres n'a produit que des variations de quelques dixièmes de degré. Les mictions sont rares, tar- dives, franchement hématuriques. Salivation abondante, rapide, à la fin exces- sive et aqueuse. Les pupilles ne sont pas modifiées. Du côté du système nerveux, l'animal demeure d’abord très calme, et ce n'est que vers la fin du premier litre qu'il manifeste un peu d'inquiétude, de la somnolence, de l’affaissement. Aux très hautes doses, il se produit de l’'enraidissement général et de grandes attaques toniques et cloniques; avec mort par arrèt de la respiration. Notons que l'injection ne paraît provoquer aucune douleur. À l'autopsie : écume sanguinolente dans la gueule ; ecchymoses de la con- jonctive et du voile du palais; humeur aqueuse, sanglante; caïllots autour du cristallin et dans l'humeur vitrée. Les reins sont très congestionnés, violacés et la vessie contient une urine sanglante. Le foie est volumineux, gorgé de sang. Les poumons sont congestionnés avec œdème et hémorragie surtout dans les lobes postérieurs. Le péricarde contient un liquide sanguinolent. Les veutricules sont dilatés avec des ecchymoses sous l’endocarde. La dure- mère est congestionnée, les sinus dilatés, et sous la pie-mère on note des suffusions sanguines violentes. Le cerveau à une teinte hortensia. b) Chez le lapin, la dose nécessaire pour produire la mort immédiate va de 90 à 102 centimètres cubes par kilogramme et les ef/ets sont iden- _tiques à ceux décrits chez Le chien. La respiralion se ralentit, devient saccadée, superficielle. La calorification est peu où pas, modifiée; les urines sont rapidement hématuriques. Jusque vérs Biococie. ComPpres REeNDuSs. — 106 sénte, v. TX. 46 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x le milieu de l'injection, le système nerveuxne paraît pas atteint; à ce moment, il se produit de l’affaissement qui progresse Jusqu'à une résolution complète et la mort survient avec arrêt de la respiration. A l’autopsie, on constate une congestion de tous les organes avec ecchymoses et hémorragies. 20 ToxICITÉ ÉLOIGNÉE. Cette étude nous montre que l'eau distillée a une toxicité réelle. Des doses faibles peuvent en effet produire des phénomènes de très haute gravité. a) Chien. Nous avons injecté à des chiens des doses de 90, 80 et 10 centimètres cubes par kilogramme. Pendant l'injection, le chien paraît normal et les phénomènes toxiques ne se marquent que demi- heure après environ. À 90 centimètres cubes,on observe des vomissements hémorragiques, de la salivation, du ralentissement et de la difficulté de la respiration. Mais la calorification et la circulation sont peu atteintes. La mort survient ordinairement au bout de 12 à 24 heures et les lésions sont identiques à celles décrites plus haut. A 80 et 70 centimètres cubes, le chien meurt au bout de trois à quatre jours. Il présente des vomissements hémorragiques, de la diar- _rhée, une salivation persistante, des hématuries ; la température oscille autour de la normale; le chien demeure affaissé avec une lassitude extrème. b) Lapin. En dehors des doses fortes, 90 et 60 centimètres cubes par kilogramme, nous avons étudié l’action des doses moyennes, 50 et 40, et des doses faibles, 25 et 20. Aux doses fortes et moyennes, la mort survient rapidement. L'animal ne présente rien d’anormal pendant la durée de l'injection; mais bientôt la respiration devient pénible et ralentie; la température baisse de cinq dixièmes à 2 degrés. Il se produit de l’affaissement, de la réso- lution, et la mort survient avec ou sans attaques. On ne note pas de mictions, quoique la mort ne survienne que deux heures après l’injec- tion ; ou bien elle est fortement hématurique. Avec les doses moyennes, la résolution survient moins rapidement et est précédée de somnolence. Aux doses faibles (30, 25 et 20 c. c.), la mort survient encore rapi- dement; cependant à 20 c. c., l'animal peut survivre. Avec 30 centimètres cubes, la fin de l'injection se margne par de la somnolence et de l'accélération du cœur; puis la respiration devient difficile; le cœur se ralentit; la température baisse de 2 degrés pour revenir à la normale, sans phase hyperthermique. Les miclions sont franchement hématuriques. La somnolence et l’affaissement augmentent SÉANCE, DU: 13 JUIN. 615 Fr SES ET CR SC RONE Lt PP ES RÉ RSMÉ EESRES CRUE 5S SÉANCE DU 13 JUIN 625 de leurs mouvements amiboïdes, il n’en résulte pas que le sang devienne par cela même et pour cette seule raison incoagulable; et la meilleure preuve, c’est que du sang de chien versé, au sortir de l'artère, dans une quantité suffisante de peptone pour que les globules blancs restent fort longtemps vivants, se coagule néanmoins assez rapidement ; augmentons encore la dose de peptone, les globules blancs ne deviennent pas pour cela plus vivants, et le sang reste incoagulable pendant une heure et plus. En d’autres termes, il ne semble pas qu'il y ait de rapport entre la quantité de peptone nécessaire pour augmenter la vitalité des globules blancs, in vitro, et la résistance du sang de peptone à se coaguler. Il y a plus. Quand on recoit 5 centimètres cubes de sang dans un tube qui contient 1 ou 2 centimètres cubes de la solution de peptone, la coagulation se fait avec un retard, variable selon les sangs, mais toujours assez rapidement. Or, si on prend un peu du caillot formé, et qu'on l’examine au microscope, on constate que tous les globules blancs qu'on trouve dans la préparation présentent les mêmes mouvements amiboïdes et aussi énergiques que ceux des globules que l’on rencontre dans un mélange de sang de peptone qui reste incoagulable durant plusieurs heures; et ces globules, comme les derniers, restent vivants pendant des heures, encore qu'ils aient été emprisonnés dans le caïllot (1). Il semble donc que la constatation des mouvements des globules blancs dans le sang peptonisé ne suffisait pas pour que l’on fût en droit de voir immédiatement dans ce phénomène la cause de l'incoagulabilité de ce sang ; la contre-épreuve de cette observation, la recherche de l'état des globules dans un mélange de sang et de peptone coagulable et coagulé, permet, en effet, d'établir que cet état ne paraît point différer de part et d'autre (2). Assurément, nous ne prétendons nullement tirer de là la conclusion (1) Il convient de remarquer qu’en cette saison, par celte température élevée, nous avons trouvé dans des caillots de sang normal des globules blancs doués de mouvements amiboïdes et qui conservaient ces mouvements pendant quelques heures ; mais, à côté de ces globules, on en voyait d’autres sphériques et immobiles. (2) Nous avons pensé que la question ne serait sans doute pas moins neltlement résolue par une expérience consistant à détruire brusquement tous les globules blancs dans un tube où une quantité suffisante de peptone mainliendrait liquide une quantité donnée de sang pendant un laps de temps assez long ; mais il était nécessaire de trouver un moyen qui n'altérât pas la composilion du sang, Nous avons cru que le meilleur à employer était Ja décharge d’une boutcille de Leyde ou le passage à travers le sang d’un 1626 SOCIÉTÉ IDE BIOLOGIE que les glabules blancs ne jouent aucun rôle dansila coagulation «du sang æt dans l’action anticoagulante de la peptone. Nous voulons seulement montrer que cette action n'est pas expliquée simplementipar:le :faitesi bien mis en lumière par les recherches de MM. Athanasiu et -Carvallo. Le phénomène ‘est sans doute plus complexe. Ne se pourrait-il pas, par exemple, que leglobule blanc, tout en conservant sa vitalité, laissât ranssuder, dans certaines solutions de peptone, de la ‘plasmase «en quantité suffisante pour ‘quelle sang pût se-coaguler, et que, dans.des solutions à un titre plus élevé, l'activité de cette plasmase fût suspendue? À PROPOS DE L'ACTION ANTICOAGULANTE DE LA PEPTONE SUR LE LAIT , par M. E, GLEY. J'ai cherché si une injection intra-veineuse de peptone du commerce (peptone de Witte) ne ferait pas subir au lait sécrété, sur l'animal vivant, une modification telle que ce lait ne se coagulerait plus ou se coagulerait moins aisément sous l'influence de la présure. C'est même par cette expérience que j'avais préludé aux recherches relatives à l’action de la peptone in vitro sur la coagulation du lait, dont j'ai entre- tenu la Société dans sa dernière séance. Je n'ai eu jusqu'à présent à ma disposition qu'une seule chienne en état de lactation active pour faire cette expérience. — J'ai d'abord, sur cet animal {jeune chienne de berger, du poids de 11 kilogrammes), recueilli une certaine quantité de lait-pour m'assurer qu'il était coagu- lable et pour procéder à divers essais. Puis j'ai pratiqué une injection intra-veineuse de peptone de Witte (solution à 1 p. 10 dans l’eau salée à 8 p. 1000), à la dose de 0 gr. 50 par kilogramme d'animal. Le sang est devenu parfaitement incoagulable. Quant au lait recueilli (10 centi- mètres cubes en 9 minutes), durant que le sang se montrait ainsi incoa- gulable, il se caséifiait par la présure comme le lait antérieurement obtenu. Bien entendu, j'avais eu soin de traire aussi complètement que pos- sible une mamelle avant l'injection et de ne retirer ensuite du laït que de cette même mamelle. Malheureusement, et encore que j'eusse passé à cette petite opération plus d’une demi-heure, je n'avais pas réussi à courant induit (expériences de Rollet, 1863). Nous avons fait passer ‘un font courant pendant ‘une «demi-heure à travers le mélange en question -sang- peptone, mais, au:bout de:ce temps, les globules blancs présentaient toujours des mouvements. L'expérience est donc à recommencer avec des courants plus forts ou avec les décharges d’une bouteille de Leyde. SÉANCE DU À3 JUIN 627 vider complètement la glande (on avait obtenu environ 40 centimètres cubes de lait). C'est qu'il est assez laborieux de traire une chienne, en raison des petites dimensions de la mamelle. Il serait, à ce point de vue, plus facile probablement d'opérer sur la chèvre, dont une mamelle pourrait sans doute être débarrassée de tout le lait qu'elle contient avant l'injection ; puis, celle-ci faite, on pourrait pendant un assez long temps et à des intervalles réguliers, recueillir des quantités suffisantes de lait pour les observations nécessaires. À la vérité cependant, les effets des injections de peptone chez la chèvre sont encore inconnus, et il faudrait peut-être, pour les déter- miner, procéder à des expériences préliminaires qui ne laisseraient pas d'être assez coûteuses. Le (Gérant : G. MASssoN. re ee Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Mareérueux, directeur, |, rue Cassette. de “ab 6 SIME À RAT +5 ui # Ste on je lp ts > T Sfar CHETE me RENE Tia Le LAN CRETE LICE Inci sl s sep dd D sa s1T0 8 CUT 8 Aipvirnié nn sal te 3# A î COTDENTR RENTE ARTE tte Ft vdtat LUE {a En LE ie NA does “hdi sed 85! Top RE 9! fr aol : Yut ah fs à TTL laroq osuag LE Feu ü Up anis RTE Chi 459091 dau SÉANCE DU 20 JUIN 1896 M. le Dr Duczerr : Atténuation du virus claveleux par la chaleur. — MM. E. Hépox et C. Decrzexxe : Effets des injections intra-veineuses de peptone après extirpa- tion du foie combinée à la fistule d'Eck. — M. AnDré Sanson : Caisse d'expérience pour établir le bilan nutritif des petits animaux. — M. le Dr Duocuerr : Sur la vaccination contre la variole ovine. — M. J.-B. CHarcor : Une cause nouvelle d'intoxication saturuine. — M. H. Herissey : Etude comparée de l'émulsine des amandes et de l’'émulsine de l’Aspergillus niger. — MM. Carrran et VErniN : Le splanchnomètre. — M. G. Weiss : Expériences de chronophotographie microsco- pique. — M. G. Werss : Recherches sur les causes qui peuvent apporter des modifi- cations dans les tissus traversés par le courant continu. — MM. A. GurLemonar et L. LaPicQouE : Dosage du fer dans les tissus que l’on ne peut débarrasser mécani- quement de leur sang. — MM. A. Guizzemonat et L. LApicouE : Variations patholo- giques de la teneur en fer du foie et de la rate chez l’homme. MM. A. GuILLE- MONAT et L. LAPICQUE : Fréquence relative de la rubigine en pathologie humaine. — M. C. Prsaux : Action du filtre de porcelaine sur le venin de vipère : séparation des substances toxiques et des substances vaccinantes. — M. E. Gzey : Action de la propeptone sur la coagulabilité du sang de lapin. — M. le Dr Henry Morau : Note relative à l’action des liquides physiologiques sur la solubilité des toxines néoplasiques. Présidence de M. Chauveau. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. Cuarrin fait hommage à la Société de l'ouvrage que M. le D' Léon Meyer vient de publier sur la Classificalion des sérums. DÉCÉS DE M. LE PROFESSEUR LELOIR. M. DEJERINE adresse à la Société de Biologie la lettre suivante : MESSIEURS, | J'ai le regret d'annoncer à la Société la mort de notre collègue le pro- fesseur Leloir {de Lille), membre correspondant, décédé à Paris le 18 juin, à quarante et un ans, après une très courte maladie. Leloir était élève de Vulpian, du professeur Cornil et ancien chef de clinique du professeur Fournier. Pendant son séjour à Paris, il fut un membre très actif de notre Société. Travailleur acharné et infati- gable, il s'était voué de bonne heure à l'étude de la dermatologie et, quoique très jeune encore, avait acquis, dans cette branche de la méde- cine, une grande notoriélé. Son œuvre est considérable. Parmi ses principaux travaux, je citerai : ses recherches sur les affections cutanées Biozoo1ig. Compres RENDUS. — 10€ SÉRIE, T. HI, 47 ne’ | 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'origine nerveuse, sur le lupus, sur la lèpre, sur la scrofulo-tuberculose, sur les dermato-neuroses, etc. Leloir meurt à un âge où on pouvait encore beaucoup attendre de lui, etce n’est pas sans un profond sentiment de tristesse que j'adresse un dernier adieu au savant et à l’ami dévoué, hier encore plein de force et de courage, si brusquement enlevé à l'affection des siens. ATTÉNUATION DU VIRUS CLAVELEUX PAR LA CHALEUR, par M. le D' DucrerrT, Professeur à l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier. (Communication faite dans la séance précédente.) L'inoculation d’un peu de virus claveleux sous la peau d’un agneau n’est d’abord suivie d'aucun effet. C’est seulement à la fin de la troisième journée qui vient après cette petite opération, que l’on observe un peu d'œdème au niveau de la piqüre. Le quatrième jour, la peau présente une tache rouge lie de vin, due à une hyperémie intense du derme. Cette tache a des contours irréguliers et une étendue mesurant environ 2 à 3 centimètres carrés. Les jours suivants, elle s'étend et se fonce; le tissu conjonctif cutané et sous-cutané prolifère, les leucocytes arrivent en grand nombre, l'œdème envahit les parties voisines jusqu'alors saines. Tout ce processus pathologique donne naissance à une tumeur plus ou moins proéminente, assez consistante, se confondant peu à peu à la péri- phérie avec les tissus normaux. Du sixième au huitième jour, suivant la résistance des sujets, l’agent claveleux franchit les limites de cette tumeur, se répand dans l'organisme et s'arrête de préférence dans les vaisseaux du derme, où il forme de nombreuses macules. Ces macules deviennent des papules, puis des vésicules contenant une plus ou moins grande quantité d’un liquide jaune citrin, un peu filant, qui est le claveau. L'animal, si c’est un agneau, suceombe du qualorzième au vingtième jour. En résumé, avec le virus normal, on observe : 1° Au quatrième jour, un accident localisé à la région où le virus a été introduit; cet accident s'étend les jours suivants et n’a aucune ten- dance à la délimitation; : 2° Une infection généralisée se produisant du sixième au huitième jour; 3° La mort certaine des sujets jeunes ne jouissant pas de l'hérédité congénitale absolue ou relative contre la clavelée. Si on sectionue la tumeur dont il vient d’être question, on tombe sur SÉANCE DU 20 JUIN 631 un tissu lardacé, rouge, laissant écouler un liquide un peu visqueux, grâce à la mucine qu'il renferme. Ce tissu pathologique, recueilli très aseptiquement et mis à macérer dans la glycérine, se conserve parfaite- ment bien, si la température du milieu ambiant ne dépasse pas 10 degrés. On peut le broyer, le filtrer sur de la batiste, pour obtenir une fine émulsion, puis l'inoculer à des animaux. Il donne toujours, dans ces conditions, les accidents claveleux les plus manifestes et les plus typiques. Action de la chaleur sur le virus claveleux. Les symptômes varioliques peuvent apparaître plus tardivement, être plus bénins et même ne passe manifester, si le virus, dont le mode de préparation vient d’être indiqué, a été soumis, pendant un temps plus ou moins prolongé, à l'influence de la chaleur, en présence de l'air et de la lumière. IL est possible, en partant du virus normal, d'obtenir un claveau de plus en plus atténué, ne produisant plus qu'un accident local, suffisant cependant pour vacciner l’animal qui l'aura présenté. Au début de nos expériences, le virus était exposé à la température de 37 degrés, puis de 33 degrés; mais il perdait alors trop rapidement ses propriétés. Nous avons été conduit à abaisser l’étuve à 25 degrés et les résultats obtenus ont été bien plus satisfaisants. L'atténuation a été plus lente et il nous a alors été facile d'établir une échelle de virulence. Après une exposition à 25 degrés pendant douze jours, le virus a perdu toute son activité, mais, si on le laisse à cette température pendant onze jours, il détermine encore, chez quelques sujets ayant une résis- tance faible, un accident local bien délimité et de faible étendue. La généralisation n’est jamais observée. Le 1 mars 1896, le sujet A, pesant 8 kilogrammes, recoit à l'extrémité de la queue 2/10 de centimètre cube de virus chauffé pendant onze jours à 25 degrés. Le 7 mars, seulement, on note un très léger œdème au niveau de la piqûre. Le 9, l'œdème à un peu augmenté et il existe une petite macule rouge. Le 11, on constate la présence d'une papule bien proéminente, cireu- laire, dont le diamètre est de 1 centimètre. Les jours suivants, sa coloration devient violette et elle est très nettement circonscrite. La laine qui la recouvre tombe le 19 mars; son diamètre mesure environ 2 centimètres et un bourrelet rougeätre la sépare nettement des parties saines avoisinantes. À la surface du corps on n’observe pas la moindre trace d’un exanthème variolique. Peu à peu, le tissu malade est nécrosé ; il se détache et tombe La santé de l'animal n’a été nullement altérée. Ce sujet, inoculé le 20 mai 1896, avec 2 centimètres cubes de virus actif, a parfaitement résisté, tandis qu’un animal pris comme Lémoin a succombé. Nous avons répété ces inoculations sur trente individus. Sur quatre d'entre eux nous avons constalé, à quelques nuances près, des lésions 632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE analogues à celles qui viennent d'être décrites. Les autres n'ont pas réagi. Il en résulle que, chez les animaux les moins résistants, le virus de onze jours produit un accident local bien délimité, peu étendu, bénin. Il n'amène jamais l'infection généralisée. Le virus maintenu à l’étuve à 25 degrés pendant dix jours est seule- ment un peu plus actif que le précédent. Il nous parait inutile d’insister ici sur ses effets. Si nous prenons le virus de neuf jours, nous voyons le tableau se modifier un peu; les observations suivantes, choisies parmi beaucoup d’autres, que nous ne pouvons rapporter ici, faute de place, le démontrent. A un agneau B, du poids de 12 kilogrammes, on inocule, le 7 février 1896, à la face interne de la cuisse, 1/10 de centimètre cube de virus chauffé à 25 degrés pendant neuf jours. Le 12, un léger œdème apparait. Les jours suivants, le tissu néoformé proémine et est bien délimité. La peau qui le recouvre présente d’abord une coloration rouge foncé; elle devient ensuite violacée. L'épiderme tombe;-une escarre se forme et se détache le 29 février. La plaie qui est résultée de cette chute se ferme. Le 17 avril 4896, on l'inocule, en même temps qu'un lémoin, avec du virus actif. Ce dernier succombe, mais jui ne présente pas le plus léger accident claveleux. Le sujet C, pesant 12 kilogrammes, recoit, le 7 avril 1896, à l'extrémité de la queue, 1/10 de centimètre cube de virus chauffé pendant neuf jours à 25 degrés. Le 12, au point de l’inoculation, on constate la présence d’un léger œdème. Le 45, il existe une petite papule qui s'étend les jours suivants et finit par occuper le tiers de la largeur de l'extrémité caudale. Elle possède alors des contours bien définis et elle est entourée par un petit bourrelet rougeâtre. Les tissus qui la forment sont uécrosés, puis éliminés le 29 mars. Ce sujet, inoculé avec du virus actif, a parfaitement résisté. A un agneau D, pesant 14 kilogrammes, on injecte, le 15 avril 1896, à l’ex- trémité de la queue, 1/10 de centimètre cube de virus claveleux chauffé à 25 degrés pendant 9 jours. On observe une papule le 22 avril à l'endroit même de l'opération. Le 24, on note la présence sur toute la surface du corps de nombreuses macules. Le lendemain, ces macules ont disparu. Finalement, toute l'extrémité de la queue est nécrosée sur une étendue de 7 à 8 centi- mètres. Ce même sujet a résisté à une injection de 2/10 de centimètre cube de virus actif pratiquée le 17 avril. Le témoin est mort. Trente-quatre sujets, ont été traités, comme les trois précédents, avec du virus de 9 jours. Ils ont donné des résultats sensiblement identiques à ceux dont l’histoire vient d’être rapportée avec quelques détails. Nous devons cependant signaler que deux d’entre eux ont parfaitement résisté, sans présenter pour cela l’immunité contre la clavelée. Les autres n'ont eu qu'un accident local et, très exceptionnellement, une éruption qui a été passagère et le plus souvent bénigne. SÉANCE DU 20 JUIN : 633 Ainsi, le virus de 9 jours produit un accident qui est nettement cir- conscrit, mais qui est cependant plus étendu et apparait plus vite qu'avec celui de 11 jours. Il est aussi capable de donner une éruption de peu de durée (agneau D), mais parfois cependant un peu grave si les sujets présentent une grande réceptivité. Si nous inoculons du virus chauffé pendant 8, 7, 6, 5, 4, 3 et 2 jours, nous constatons que les symptômes tendent progressivement à ressem- bler à ceux que nous avons décrits lors de l'injection du virus normal. Lalésion primitive est d'autant plus étendue et moins bien délimitée que l'exposition à la température de %5 degrés a été moins prolongée; l'in- fection généralisée et la mort redeviennent la règle. Il nous restera, dans une prochaine communication, à montrer que la vaccination des ovidés contre la clavelée est possible, bien que l’atténuation du virus ne soit pas héréditaire. EFFETS DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PEPTONE APRÈS EXTIRPATION DU FOIE COMBINÉE A LA FISTULE D'ECK, par MM. E. Hépon et C. DELEZENNE. On ne saurait actuellement mettre en doute le rôle du foie dans la formation de la substance anticoagulante qui prend naissance après injection intra-vasculaire de peptone. Toutefois les expériences sur lesquelles on s’est appuyé pour affirmer cette action sont loin d’avoir toutes ia même portée. La ligature des gros troncs artériels abdominaux, faite par Conte- jean (1), est une première tentalive expérimentale indiquant vaguement que le foie ou l'intestin, peut-être Les deux, sont les principaux organes intéressés dans l’action. La ligature des lymphatiques du foie, si elle entrainait sûrement l’annihilation du pouvoir anticoagulant de la peptone, ainsi que l'ont avancé Gley et Pachon (2), suffirait à démontrer l’action spécifique de cette glande. Mais ni Starling (3) ni Delezenne (4) n'ont obtenu ce résultat : aussi le tenons-nous pour douteux jusqu'à ce que l'ont ait précisé les conditions expérimentales dans lesquelles il faut se placer pour l'obtenir. Restent les expériences des circulations artificielles de peptone à (1) Contejean. Archives de Physiologie, t. VIX, p. 245, avril 1895. (2) Gley et Pachon. Compt. Rend. Acad. des Sriences, 26 août 1895, p. 383, Archives de Physiologie, t. VII, p. 711, novembre 1895. (3) Starling. Journal of Physiology, janvier 1896. (4) Delezenne, Comp!. Rend. Acad. des Sciences, 11 mai 1896, p. 1072. 634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE travers différents organes et les expériences d’ablation ou de destrue- tion du foie. Les premières, faites par Delezenne (1), par suite des résultats positifs qu'elles donnent avec le foie à l'exclusion de tout autre organe, prouvent d'une façon certaine que la glande hépatique est bien le lieu de production de la substance anticoagulante. Les secondes, exécutées par Gley (2) et Pachon, viennent renforcer cette conclusion par les résultats négatifs qu'elles amènent à la suite des injections de peptone. Cependant la simple extirpation du foie telle que Gley et Pachon l'ont exécutée, c'est-à-dire sans ménager l’écoulement du sang porte, en outre qu’elle entraîne un trouble considérable du régime circulatoire qu'il eût été préférable d'éviter, est de plus insuffisante à prouver que le foie est le seul organe en jeu et que l'intestin ne partage pas avec lui la même action. En effet, il est clair que, dans le cas où il élaborerait aussi la substance Si asaaueate, l'intestin pourrait être impuissant à manifester cette action par suite de l'arrêt de la circulation portale. Il n’y a pas à objecter que la simple ligature de la veine porte n entraîne pas la disparition de l’action anticoagulante de la peptone, car dans ce cas le foie conserve son pouvoir. Une telle objeclion est justifiée si l’on altribue une fonction au foie ou à l'intestin à l'exclusion l’un de l'autre; mais elle laisse toujours intacte l'hypothèse que cetle fonction est dévolue à la fois à l’un et à l’autre organe. Quant aux expé- riences de destruction du foie sur place par injection d'acide acétique dans les voies biliaires, il est possible qu'elles répondent à cette critique ; toutefois nous ignorons ce qu'était devenue dans ce cas la circulation porte: il est permis de douter à priori que les capillaires intralobulaires soient bien perméables lorsque les cellules hépatiques sont frappées de mort par ce procédé. Quoi qu'il en soit, nous avons pensé qu'il y avait un intérêt à répéter les expériences d’extirpation du foie sur des animaux pourvus au préalable d’une fistule d'Eck, c’est-à-dire d'une communication arli- ficielle entre la veine porte el la veine cave. L'opération de la fistule d'Eck fut exécutée en imitant ponctuellement la méthode employée par Hahn, Massen, Paulow, et Nencki. La fistule ainsi pratiquée, en assurant un large écoulement au sang porte, nous permit de réaliser un régime circulatoire normal dans la masse intesti- nale, malgré la ligature de la veine porte au niveau du hile du foie. Après avoir attendu quelques heures pour être sûrs que ces conditions expérimentales étaient remplies nons extirpions le foie aussi complè- tement que possible; puis nous laissions l’auimal se reposer sur une table chauffée environ une heure avant de pratiquer l'injection de peptone. La ) Delezenne. Loco cilulo. 2) Gleyet Pachon. COTES rendus de la Société de Biologie, 23 novembre 1895, p- 741 et 23 mai 1896, p. 523. SÉANCE DU 20 JUIN 635 survie, après extirpation du foie, fut dans les deux cas d'environ trois heures. Or, dans deux expériences où la fistule fut parfaitement réussie, nous avons constaté de la façon la plus nette que l'extirpation du foie enlevait à l'injection de peptone, même à dose très forte (0 gr. 60 et 0 gr. 75 par kilogramme), son effet anticoagulant. Ces expériences apportent donc une preuve de plus en faveur du rôle spécifique du foie dans la formation de la substance anticoagulante chez l'animal peptoné ; elles démontrent en outre, par leurs résultats absolu- ment négatifs, qu'on ne peut songer à doter aucun autre organe de la même action. Une de ces expériences nous servit également à rechercher l'effet de l'injection de peptone sur la pression sanguine. Un manomètre appliqué à l'artère fémorale, après l’extirpation du foie, indiqua une pression de 10 centimètres de mercure avec une amplitude d’oscillations de la colonne mercurielle d'environ 1 centimètre, ce qui indiquait un régime circulatoire et une énergie cardiaque des plus satisfaisants, malgré le grave traumatisme subi par l'animal. Or pendant l'injection de peptone la pression tomba à 5 centimètres pour ne plus se relever jusqu’à la mort de l'animal; les oscillations cardiaques de la pression devinrent en même temps imperceptibles. Ce dernier résultat nous paraît donc corroborer cette donnée de Camus et Gley (1), que l’on peut dissocier expérimentalement les effets de la peptone sur la coagulation du sang et la pression sanguine et que les deux phénomènes ne sont pas néces- sairement liés entre eux par une relation causale. CAISSE D'EXPÉRIENCE POUR ÉTABLIR LE BILAN NUTRITIF DES PETITS ANIMAUX, par M. ANDRÉ SANsON. Je communiquerai, dans une prochaine séance, les détails et les résultats d’une expérience de nutrition que nous venons d'exécuter à mon laboratoire de l’école de Grignon. Aujourd’hui, je veux seulement montrer à la Société le dispositif qui nous sert pour établir, avec la plus grande exactitude possible, le bilan nutritif des petits animaux, étant de ceux qui pensent que la valeur des résultats expérimentaux dépend, pour la plus forte part, de la technique suivie pour les obtenir. Comme on le voit, ce dispositif est une caisse en bois de 0,38 de longueur sur 0",2% de largeur et 0,24 de hauteur, dans laquelle est (1) Camus et Gley. Comptes rendus de la Société de Biologie, 30 mai 1896 P » p. #31. Li 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE enfermé l'animal qui, dans notre cas, est un lapin. Cette caisse est partout doublée en zinc, sauf pour son couvercle, qui est constitué par un treillage en fil de fer galvanisé à grandes mailles. La doublure métallique des parois est nécessaire pour éviter que l'animal, en ron- geant le bois, puisse troubler le résultat. Le fond présente quatre plans inclinés venant converger au point d'intersection des deux diagonales, où se trouve un orifice circulaire autour duquel est soudé un tube qui s'engage dans le goulot du ballon qui doit recevoir les urines, dont l'écoulement complet est assuré par les plans inclinés. L'animal n’est point placé directement sur ce fond oblique. Il s'appuie sur un treil- lage métallique soutenu par un cadre, en telle sorte qu'il n'ait aucun contact avec ses déjections, surtout avec les liquides dont ses poils pourraient autrement retenir une partie. À la fin de chaque expérience, le fond en zinc est soigneusement lavé à l’eau distillée et les eaux de lavage sont ajoutées aux urines recueillies. De la sorte, il n'y a rien de perdu. On sait que la forme des déjections solides du lapin permet de les recueillir aisément. Sur l’un de ses petits côtés, la caisse présente une fenêtre allongée qui met l'intérieur en communicalion avec une mangeoire également: construite en zinc. Celle-ci, à paroi extérieure et à fond courbes, afin d'éviter les angles dans lesquels les aliments sont difficiles à prendre, est pourvue d’une vitre qui, en lui donnant une clôture extérieure, permet de voir ce qui se passe à son intérieur. Cette mangeoire est mobile. On l’enlève pour préparer la ration alimentaire. Elle se fixe autour de la fenêtre par quatre petites bobineltes. Pendant le temps qu'elle est enlevée, un grillage métallique la remplace. Ce dispositif assure la mesure exacte des ingestions, en la rendant facile. Aucune parcelle des aliments ne sort de la mangeoire et aucun reste n'échappe à l’expérimentateur. Dans les conditions que je viens d'exposer, les éléments du bilan des échanges nutritifs ne peuvent donc, ce me semble, rien laisser à désirer. On n’y aperçoit aucune cause d’erreur. Et dès lors, de ce chef, les résultats des recherches pratiquées dans ces conditions peuvent être acceptés en pleine confiance. C'est-pourquoi j'ai cru bon de mettre préalablement les expérimentateurs de la Société de Biologie en état d’en juger. | Indépendamment du motif personnel qui m'a guidé, ceux d’entre eux qui font, sur les lapins, des recherches analogues à celles dont il s'agit, ne seront peut-être pas fächés d’avoir eu sous les yeux un dispositif qui pourra, le cas échéant, je puis les en assurer, garantir l'exactitude des résultats dans les expériences délicates comme celles dont il est ici question. On n’a que trop de conclusions fausses ou douteuses, pour cause de technique insuffisante. SÉANCE DU 20 JUIN 637 SUR LA VACCINATION CONTRE LA VARIOLE OVINE, par M. le D' DuccerT, Professeur à l’École nationale d'agriculture de Montpellier. Nous savons que le virus claveleux exposé à 95 degrés perd progres- sivement son aclivité (1). S'il n’agit plus après douze jours, il produit encore après le onzième, chez les animaux les moins résistants, un acci- dent de faible étendue et bien délimité. Chauffé pendant neuf jours, il est plus nocif et plus rapide dans ses effets, mais l'agent infectieux se généralise cependant très rarement. En diminuant progressivement la durée du séjour à l’étuve, on voit peu à peu les symptômes devenir plus graves et finalement ressembler à ceux que l'on observe à la suite de l’inoculation du claveau normal. Avec ces virus, à activité décroissante, il nous a été possible de vac- ciner un certain nombre d'animaux contre la clavelée. Nous avons, à quelques jours d'intervalle, pratiqué deux inoculalions, afin de tenir compte de la résistance individuelle. Pour la première, nous avons uti- lisé le virus le plus atténué, exposé à 25 degrés pendant onze jours, pour ne pas introduire d'emblée chez les sujets les plus sensibles, un agent claveleux trop actif, et, pour la seconde, nous nous sommes servi de celui de neuf jours. Les animaux d'expériences ont été divisés en trois catégories. On a rangé dans la première des sujets jeunes, pesant environ 12 kilo- grammes; dans la seconde, cn a mis des animaux âgés de trois ans environ, et, dans la troisième, des agneaux doués d’une certaine immu- nité héréditaire, car ils étaient issus de mères ayant eu la elavelée avant la conception. Nous relatons ci-après leur histoire (2). SÉRIE I. — À douze agneaux pesant en moyenne 12 kilogrammes, on injecte, le 26 mars 1896, à l'extrémité de la queue, 2/10 de centimètre cube de virus exposé à 25 degrés pendant onze jours. On voit, sur deux d’entre eux, A et B, dix jours après cette petite opération, au niveau de la piqüre de l'aiguille, une petite papule, qui ne s'étend guère et qui guérit, en laissant à sa place une petite cicatrice. Les autres sujets n’ont rien présenté. Le 15 avril 4896, on réinocule à tous ces agneaux, soit à la cuisse, soit à la queue, 4/10 de centimètre cube de virus de neuf jours. — A et B n'ont pas réagi, — Chez tous les autres, on note, six à sept jours après, la présence (4) L. Duclert. Atténuation du virus claveleux par la chaleur. Sociélé de Biologie, 13 juin 1896. (2) L. Duclert, De limmunilé congénitale dans la variole ovine. Société de Biologie, 14 mars 1896. 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'une petite papule. Ultérieurement, elle s'est peu à peu étendue, mais elle a été bientôt entourée par un bourrelet rougeàtre. Aucun exanthème n'a été observable, si ce n'est sur un animal, où quelques macules sont restées visibles pendant vingt-quatre heures. Au niveau de chaque papule, une escarre s’est formée, puis détachée. La santé des sujets n’a pas été sensiblement altérée ; leur accroissement s'est fait fort régulièrement. Le 10 mai, on les a inoculés avec du virus actif en même temps qu'un témoin. Ce dernier à succombé; les autres ont parfaitement résisté. ; SÉRIE IL. — Le 10 mars, dix brebis âgées de deux et demi à trois ans, ont reçu à l'extrémité de la queue du virus chauffé à 25 degrés pendant onze jours. Chez une seule d’entre elles, C, on a seulement vu une papule dont le diamètre à fini par atteindre 2 centimètres. Le 26 mars 1896, chez tous les sujets, on introduit à nouveau, et au même endroit, 1/10 de centimètre cube de virus de neuf jours. Sept ou huit jours après, six brebis présentent une petite macule au lieu d’inoculation. Ultérieu- rement, là rougeur s'étend et se fonce et un œdème assez prononcé se déve- loppe au-dessous d'elle. Deux animaux ont même eu, le 23, une éruption très légère, mais aussi très fugace. La bête C n’a pas réagi contre le virus de neuf jours. Chez trois autres, on n’a rien noté. Mises au contact d’un agneau atteint d'une clavelée maligne, une d'entre elles a contracté la maladie et les deux autres ont résisté. Ces dernières avaient donc une immunité antérieure- ment acquise. Inoculées avec du virus actif, le 13 mai, elles n’ont pas réagi. Le témoin est mort. SÉRIE III. — Les dix agneaux de cette catégorie, âgés de trois mois environ, sont issus de mères ayant eu la clavelée avant la conception, pendant les mois de juin et juillet 4894. Le 7 mars 1896, on leur injecte à la face interne de la cuisse ou à l’extré- mité de la queue, du virus de onze jours. La réaction a été nulle. Le 14 avril, ils reçoivent de nouveau 1/10 de centimètre cube de virus de neuf jours, en même temps qu'un sujet témoin E, âgé de trois mois, non doué d'immunité congénitale. Ils réagissent un peu à la suite de ce traitement, mais l’accident local reste bénin. On n'a jamais noté chez eux la moindre éruption. Chez le témoin E, la lésion, d’abord localisée au point de l'inoculation, a fini par occuper les 10 derniers centimètres de l’'appendice caudal. Il a donc été plus malade que les autres sujets. Les suites de l’inoculation de virus actif ont été nulles chez tous ces ani- maux. Le témoin a succombé. Ainsi, les animaux ayant hérité de leur mère une certaine immunité, sont faciles à vacciner (série III). Chez eux, l'accident local résultant de l'introduction du virus atténué reste toujours fort peu développé et l'infection généralisée n’est pas à redouter. Il serait donc à désirer que la vaccination soit surlout pratiquée sur de tels sujets. La mortalité serait alors nulle, ou, en tous cas,"extrêmement peu élevée. w 1 SÉANCE DU 20 JUIN 639 LE PPT RS RME PR RSA NE + 2 RES SRE RER ER ER L'injection préalable du virus de onze jours est peu ulile pour ces sujets; ils supportent bien celui de neuf jours. Nous avons même constaté, au cours de nos expériences, qu'un claveau encore moins atténué donne de bons résultats. Il ne faut cependant pas oublier que l’immunité héréditaire, due au sérum préventif de la mère, sombre assez rapidement (1), et le meilleur moment pour l'opération est, selon nous, vers le troisième mois après la naissance. Chez les sujets ordinaires (séries I et 11), l'inoculation successive des virus de onze et neuf jours nous parait être indispensable. Il est même cerlains sujets, déjà un peu àgés et un peu plus résistants que les autres (série IL), sur lesquels celui de neuf jours est sans effet. Il nous restera même à déterminer s’il n’est pas indispensable d'employer pour eux un virus un pen plus actif. Plusieurs expériences importantes, actuellement en cours, nous permettront de résoudre bientôt cette petite question. Nous avons aussi constaté que l’accident le plus bénin en apparence donne une immunité très solide. L'explication de ce phénomène réside en ce fait, que le virus le plus atténué récupère lentement sa virulence ; nous le démontrerons dans une prochaine communication. UNE CAUSE NOUVELLE D'INTOXICATION SATURNINE, par M. J.-B. Cuarcor, Chef de clinique à la Faculté. J'ai pensé qu'il était intéressant d'attirer l'attention de la Société de Biologie sur un cas d'intoxication saturnine dû à une cause non encore signalée. Il y a huit jours, est venu à la clinique de la Salpêtrière une femme âgée de trente-deux ans, atleinte d'une paralysie bilatérale limitée aux extenseurs des doigts; cette paralysie a tous les caractères cliniques de la paralysie saturnine, mode de début, intégrité du grand supinateur, réactions électriques. Inlerrogée sur ses antécédents, elle raconte avoir éprouvé fréquemment des coliques très intenses accom- pagnées de constipation opiniâtre. Elle ne présente pas de liséré gin- gival bien net, mais sa bouche est Lenue très soigneusement et ses dents sont en bon état. Elle est très amaigrie et d'une grande pàleur. Elle nous dit exercer la profession de fleuriste ; depuis une douzaine d'années, elle travaille dans un atelier avec de nombreuses compagnes (4) L. Duclert. Le sérum des sujets vacciués contre la clavelée est préventif et curatif, Société de Biologie, 21 mars 1896. 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et son rôle consiste à enrouler les liges des fleurs fausses avec une espèce de papier de soie coloré en vert; pour le faire, elle mouille fré- quemment, avec sa langue, l'extrémité de ses doigts qui sont en contact perpétuel avec le papier vert. Cette malade, sur notre demande, nous a procuré de ce papier et, ana- lysé par M. le D° Yvon, il a élé facile de reconnaitre qu'il contenait une grande quantité de sels de plomb. En dehors de cette cause de saturnisme non encore signalée, croyons- nous, le fait est intéressant : car il prouve, une fois de plus, l'influence considérable de la prédisposition individuelle dans la production d’acei- dents saturnins ; notre malade ne se souvient pas, en effet, qu'aucune de ses camarades d'ateliers ait été pareillement atteinte. Nous nous proposons, avec le D' Yvon, de faire, à ce sujet, une enquête très sérieuse, ainsi que sur la composition et la quantité des sels de plomb en question. ETUDE COMPARÉE DE L'ÉMULSINE DES AMANDES ET DE L'ÉMULSINE DE L'Aspergillus niger, par M. H. HERISSEY. Il y a quelques mois, nous avons étudié (1), M. Bourquelot et moi, les propriétés de l’'émulsine des champignons, en choisissant comme pro- ducteurs de ce ferment, d’une part, un ascomycète, l'Aspergillus niger, et d'autre part un basidiomycète, le Polyporus sulfureus Fr. M. Bour- quelot avait en effet établi précédemment (2) qu'il existe dans ces deux espèces, ainsi que dans beaucoup d’autres champignons, parasites des arbres, un ferment capable d’hydrolyser certains glucosides comme l’amygdaline, la coniférine, l’esculine, etc. Nous avons pu constater que les émulsines fournies par les deux cham- pignons examinés présentaient des propriétés identiques et paraissaient se rapprocher beaucoup de l’émulsine des amandes. Il y avait toutefois avec cette dernière deux différences : 1° l’émulsine de l’Aspergillus dédouble la populine et la phloridzine, ce que ne ferait pas l’'émulsine des amandes (le ferment du Polyporus sulfureus n’a pas été essayé à ce point de vue); 2° l'émulsine de l’Aspergillus et du Polyporus n’agit pas sur le sucre de lait qui serait dédoublé par Le ferment des amandes. Sur les conseils de M. Bourquelot, j'ai étudié comparativement d’un (1) Journal de Pharmacie et de Chimie [6], I, 435, 1895 et Comptes rendus, 11 novembre 1895. (2) Journal de Pharmacie et de Chimie [5], XXVIIL, 385, 1893 et Comptes rendus, 11 septembre 1893. SÉANCE DU 20 JUIN GA peu plus près l’action de l’émulsine de l’Aspergillus et celle de l’'émulsine des amandes. En premier lieu, il pouvait se faire que, dans les essais tentés avec l'émulsine des amandes sur la populine et la phloridzine, on n’eût pas assez proiongé l'expérience ; car, si le ferment de l’Aspergillus agit sur ces glucosides, la réaction est, à vrai dire, assez lente à se produire. Aussi ai-je repris ces essais de la facon suivante : On fait au mortier de verre une solution d’émulsine d’amandes à 0 gr. 10 p. 100 et on filire ; on prépare alors les deux tubes suivants : PRiqriEmMmeE Re .7.1,:7.-0 2r. 20 PODHAREMRE SRE EE CIS reOt) Solution d'émulsine 10 . 20 c. c. Solution d'émulsine 10 20 c. 100 100 i PRE he eV POUILES- HR URer ee 2e ar nes OuiteSs On abandonne à la température de 32-33 degrés. On essaie tous les deux jours le contenu de chaque tube à la liqueur de Fehling et, le 6° jour, on ajoute à chaque liquide, de nouveau, IT gouttes d’éther. Après douze jours, aucun des deux tubes ne contient la moindre trace de sucre réducteur. L'émulsine n'a subi d’ailleurs aucune altération : en versant dans chaque tube quelques centimètres cubes d’une solution à 1 p. 100 d’amygdaline, on perçoit au bout de moins d’une heure l'odeur caractéris- tique de l’aldéhyde benzoïque, en même temps que la liqueur de Fehling accuse dans le liquide la présence de sucre réducteur. Il résulte donc de cette expérience que l’émulsine des amandes ne dédouble ni la phloridzine, ni la populine. Dans la recherche de caractères distinctifs entre l’émulsine des amandes et celle de l’Aspergillus, j'ai pensé pouvoir obtenir quelques résultats en comparant la vitesse d'action des deux ferments sur une même série de glucosides dédoublables par l'un et par l’autre. D'une part, l'émulsine de l’Aspergillus a été obtenue à l’état de solution suivant la méthode ordinaire (1); d'autre part, l’'émulsine des amandes a été pré- parée par précipitation, au moyen de l'alcool à 95 degrés, d’une macé- ration aqueuse d'amandes douces débarrassée préalablement de la caséine végétale au moyen de l'acide acétique. Emulsine de l'Aspergillus niger. — Les essais ont été effectués sur six glucosides, l’amygdaline, la coniférine, l'esculine, la salicine, l'arbutine et l'hélicine. On pèse 0 gr. 20 de chaque glucoside qu’on délaie ou qu'on fait dissoudre respectivement dans 20 centimètres cubes d'un même liquide fermentaire d'Aspergillus; on ajoute II gouttes d’éther et on abandonne à l'étuve à 31 degrés. (1) Journal de Pharmacie et de Chimie |6|, IT, 435, 1895. 642 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après vingt-deux heures, on ajoute dans chaque tube IV gouttes de sous- acélale de plomb, on filtre et on dose à la liqueur de Fehling, le sucre réduc- teur formé. En tenant compile de la quantité de sucre réducteur que chaque glucoside serait susceptible de fournir, si le dédoublement était complet, il. est facile de calculer la quantité p. 100 de glucoside dédoublé, | Cette expérience donne les résultats suivants : QUANTITÉ P. 400 de glucoside dédoublé. APRULIN ENS AAS ATEN PHARE AIO) HSCULINE EVA ARRETE SHOT TPS Am yedaline rs. AE NE RERR RE AC HÉelnetnts de OMAN MENT RTE Te Sn (A0 CONLIÉTIMERN Se AIRE EN NE RE EC (UE SATICITEN SL ARR AE SNS re US EDR On voyait immédiatement par cette expérience que l’émulsine de l'Aspergillus n’agit pas également vite sur les divers glucosides; mais il s'agissait, dans l'espèce, de savoir si la vitesse d'action de l’émulsine des amandes s'exerce dans le même sens que celle de l’émulsine de l'Aspergillus, si, par exemple, toutes les conditions étant les mêmes, l’'émulsine des amandes, comme celle de l’Aspergillus, dédouble l’arbu- tine plus vite que la salicine. À plusieurs séries d'expériences faites avec le ferment de l’Aspergillus, il fallait opposer plusieurs séries d'expériences faites avec le ferment des amandes. Voici d'autres résultats d'expériences faites avec l'Aspergillus; on opère toujours sur 0 gr. 20 de glucoside et 20 centimètres cubes de liquide fermen- taire : ; Durée de l'expérience : 21 heures. Durée de l’expérience : 21 heures. Température : 29-30 degrés. | Température : 30-31 degrés. : Dédoublement | Dédoublement Due | p. 100 ArDutine PATENT EN NIRESZ | Arbüutine.: 2 2400 00 RS ON Ésculine SERA AT PO 02 EÉSCuiIne. 2, 4e ee RUE ATV STATE ME RENE ENR ESS Annyedaline, 0 AMEN HEC NN PREMIERE Hélicine 000 OST Comierine RON SE Coniférine MADAME Saleen enr NUE Un) SaliCIME EN NERRE D'une manière générale, on voit que ces résullats concordent entre eux ainsi qu'avec ceux de l'expérience rapportée plus haut. Bien avant l’idée qui a présidé à ces recherches, le suc du Poliyporus sulfureus avait été essayé sur cinq des glucosides cités (1), et on avait trouvé qu'il agis- (4) Journal de Pharmacie et de Chimie [6], IN, 439, 1895. SÉANCE DU 20 JUIN 643 sait dans le même sens que l'émulsine de l’Aspergillus; car, dans les mêmes conditions, il dédoublait, suivant une vitesse décroissante, l’arbutine (100 p. 100), l’esculine, l’amygdaline (80,5 p. 100), la conifé- rine (74,7 p. 100), la salicine (73,5 p. 100). Emulsine des amandes. — Les essais ont été conduits en employant chaque fois 0,20 de glucoside-et 20 centimètres cubes de solution d'émulsine filtrée. Voici les résultats de quelques-unes des expériences, ainsi que les conditions dans lesquelles on a opéré : 7 0,025 à :05 SOLUTION D'ÉMULSINE À {jp * SOLUTION D'ÉMULSINE À Durée de l'expérience : 20 heures. Durée de l'expérience : 21 heures. Température : 17 degrés. Température : 15 degrés. Dédoublement Dédoublement p. 100 p. 100 Aamyedaline des sn rs Amyodaline #4 29805 Héhenes du. de 0606 DSAICINE MAMA EME ES à 81 SAGE UE 2 UNE SMS Us HÉliCiMeRS UEN TNA EE 75 ESC EAU Er Te 50 SCENE AIN 6 D Coniférine. Dédoublement faible. Coniférine . . . Ice Arbuline. Dédoublement extrême- | Arbutine. Dédoublement très faible. ment faible. 5 0,025 F. 0,025 SOLUTION D'ÉMULSINE À = 5g SOLUTION D'ÉMULSINE À y Durée de l'expérience : 21 heures. Durée de l'expérience : 45 heures. Température : 18-189,5. Température : 18-180,5. Dédoublement Dédoublement p. 100 p. 100 Mniyedalne tune mm mes AN AUalDe FAMMEMAEMOS TES Heléinet Bd mr 4160036 SA CINEMA EAU ENS EU SANT EM vita dent te 40 D: 0 Esculinet mad 1808 HÉCone sr Ue r 57 Hélicine}4s san AS Coniférine. Dédoublement faible. Coniférine . . . 38,8 Arbuline. Dédoublement très faible. | Arbutine. Dédoublement très faible. Le sens général de ces diverses expériences est nettement concor- dant. Les seules divergences qu'on peut observer portent sur deux glucosides, l'hélicine et l’esculine. A ce sujet, je ferai quelques remarques qui s'appliquent aussi aux essais faits avec l’Aspergillus. D’une part, le dosage du sucre réducteur, au moyen de la liqueur de Fehling, dans des liquides contenant de l’hélicine ou de l’esculine est très délicat, malgré la défécation par le sous-acétate de plomb; on peut ainsi facilement commettre une légère erreur. D'autre part, et c'est la remarque à mon avis la plus importante, l’esculine et l'hélicine sont très peu solubles dans l’eau; ils se trouvent surtout en suspension dans le liquide fermen- laire ; on comprend facilement que leur état plus ou moins grand de 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE division, très difficile à régler, puisse influer notablement sur la vitesse du dédoublement; c'est sans doute à cette dernière cause surtout qu'il faut rapporter les divergences observées. Si l’on compare les vitesses d'action, sur les mêmes glucosides, des deux émulsines étudiées, il semble que les résultats obtenus permettent de différencier ces deux émulsines. En n‘envisageant que les faits les plus saillants, on voit, par exemple, le ferment de l’Aspergillus agir plus rapi- dement sur l’arbutine que sur les autres glucosides, tandis que le phé- nomène exactement inverse se produit avec le ferment des amandes. Remarque curieuse, ce dernier agit surtout sur l’amygdaline, qui est précisément le glucoside contenu à l’état naturel dans la même plante que lui. En admettant que les réactions observées doivent être attribuées à l’émulsine seule, tous ces faits nous autorisent, jusqu'à un certain point, à considérer l’'émulsine des champignons et, en particulier, l’émulsine de l’'Aspergillus, comme nettement différente de l’émulsine des amandes. (Travail fait au laboratoire de M. le professeur Bourquelot à l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris.) LE SPLANCHNOMÈTRE, par MM. Caprran et VERDIN. Nous voudrions présenter le modèle définitif de notre stéthoscope pour l’auscultation de la percussion, qui n’est qu’une modification et un perfectionnement du stéthoscope de Boudet de Pâris. Pour bien indiquer l'objet de cet appareil, nous l'avons dénommé splanchnometre. On se souvient quel est le principe de ce procédé de recherche indiqué par Bianchi. On place l'appareil au centre de l'aire qui répond au viscère qu'on veut délimiter. Puis, après avoir introduit dans les oreilles les tubes de caoutchouc dont l'appareil est muni, on frappe légèrement sur la peau en s’éloignant peu à peu de l'appareil. Tant qu’on est dans les limites du viscère, on perçoit un bruit très net qui disparait brusquement dès qu'on a dépassé ces limites. Il est donc facile, par ce moyen, de mesurer l'organe qu’on examine. | Au lieu de construire l'appareil en bois comme le modèle que nous avons présenté récemment à la Société de Biologie (séance du 25 avril 1896), nous l'avons fait en cuivre embouti et verni. De plus, un couvercle en cuivre permet de fermer l'appareil et de protéger le bouton et ia mem- brane. On peut ainsi facilement l'emporter dans la poche. Pour répondre à certains desiderata, nous avons fixé sous le couvercle une petite tige de 3 centimètres de longueur, que l’on peutenlever faci- SÉANCE DU 20 JUIN 645 lement et visser sur la membrane après avoir dévissé le bouton qu'on revisse ensuite sur l'extrémité de la tige. Grâce à ce dispositif, on peut limiter le point qu'on auseulte et arriver ainsi à mesurer très exacte- ment un organe de faible étendue, tel que l'aorte, ou encore percevoir la crépitation d’une fracture, même en un point très limité. Les indications qu'on obtient avec le splanchnomètre sont plus pré- cises que celles fournies par le modèle en bois. On percoit plus nette- ment (mais sans l’exagération des bruits qui est un sérieux écueil) Les chocs donnés sur l'étendue du viscère qu'on examine au moyen de la pulpe du doigt ou de l’extrémité de l’ongle. Ce procédé nous a semblé préférable, en général, à celui du frottement. On cesse, en effet, assez brusquement de percevoir les choes dès que l'on sort des limites du viscère, tandis que, avec la méthode de la friction, le bruit se propage davantage, et il y a souvent un peu d'hésitation pour la détermination exacte des limites du viscère. Le splanchnomètre peut aussi servir de stéthoscope très délicat; il permet de percevoir très nettement les bruits cardiaques ou vasculaires. EXPÉRIENCES DE CHRONOPHOTOGRAPHIE MICROSCOPIQUE, par M. G. Weiss. J'ai cherché à faire des photographies microscopiques en série, de la fibre musculaire pendant sa contraction. J'ai employé, à cet effet, un appareil chronophotographique de M. Marey, disposé d’une facon spéciale. Il est impossible de faire ici la description de l’ensemble des expériences et des procédés quim'ont permis de tourner les nombreuses difficultés qui se sont présentées. Les photographies étaient prises à des intervalles variant de 1/20° à 1/40° de seconde, lc temps de pose étant de 1/2000° à 1/4000° de seconde à la lumière électrique concentrée à l’aide d'un système de lentilles. Une des opérations les plus délicates a con- sisté, non seulement dans le montage des fibres musculaires vivantes, mais surtout dans leur excitation au moment voulu. Le muscle qui m'a donné les meilleurs résultats est l'hyoglosse de la grenouille. La lamelle couvre-objet m'a énormément gêné, aussi j'ai fini par la supprimer en photographiant le muscle dans l’eau salée avec un objectif à immer- sion à eau de Zeiss. Mon apareil venant de subir une avarie grave, je profite de l’occasion pour y apporter plusieurs modificalions que l'expé- rience ma démontré devoir être très utiles, et cette transformation nécessitant un temps peut-être fort long, je soumets à la Société un échantillon de mes premiers essais. J'ai d'abord voulu étudier la propagation de l’onde ; or, malgré un BioLOG1E. COMPTES RENDUES. — 106 sénie. r. LI. 48 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE pe SRE tr AE grand nombre d'épreuves dans les conditions les plus variées, jamais ül ne m'a élé donné d'avoir d'ondes. Toutes mes épreuves ressemblent, en plus ou moins bien, à celle que je soumels à la Société, où il est bien évident que la contraction se produit et où cependant il n y a aucune apparence d'onde. La suile de mes expériences me montrera ce qu'il faut en penser. RECHERCHES SUR LES CAUSES QUI PEUVENT APPORIER DES MODIFICATIONS DANS LES TISSUS TRAVERSÉS PAR LE COURANT CONTINU, par M. G. Weiss. Dans une précédente communication, j'ai fait voir que le courant continu passant à travers les muscles pouvait ÿ produire, sur lout son trajet, des allérations visibles au microscope. Ii y à lieu de se demander quelles sont les causes directes de ces allérations. | En premier lieu, il se produit de véritables phénomènes d’électrolyse, c'est-à-dire de production d'acides et de bases aux dépens des sels en dissolution dans les liquides de l'organisme. J'ai déjà mis cette élec- trolyse en évidence, en faisant voir que le passage du courant continu à travers les muscles était accompagné de polarisation. Un perfection- nement que j'ai apporté au procédé de mesure m'ayant servi autrefois, m'a permis d'arriver à des résultats assez intéressants et de préciser la nature du phénomène. Je vis d’abord que, sur la grenouille, la force électromotrice de pola- risation croissait avec l'intensité du courant pour monter à un maximum de 1/5° de volt environ. Je fus fort étonné ensuite de constater que, sur l’homme, à intensité égale, la polarisation était bien moindre que sur la grenouille, mais, qu'en forcant le courant, elle pouvait monter bien plus haut. Je ne sais le maximum qu'il est possible d'atteindre, les courants intenses étant douloureux et même dangereux, ainsi que je l'ai montré. Mais la suile de mes expériences me montra qu'à intensité égale, la polarisation des muscles est d'autant plus forte que le trajet parcouru est plus long, d'autant plus faible que la section des conducteurs est plus grande. Cela explique tout: le muscle se comporte comme sil était composé d'une masse de petits éléments juxtaposés se polarisant comme de pelits accumulateurs. Ces phénomènes peuvent se reproduire sur la matière non organisée. Prenons un tube de verre ouvert aux deux bouts et coulons-y de Ia gélatine en couches successivement salées et non salées, puis, après la prise, faisons passer un courant continu de haut en bas, nous verrons la gélatine se liquéfier aux surfaces de séparation des parties salées et SÉANCE DU 20 JUIN 647 ——— non salées. Cette liquéfaction est due à la mise en liberté d’acides et de bases ; en effet, si nous colorons la gélatine au tournesol, nous voyons, - au moment du passage du courant, la couleur virer au rouge et au bleu aux surfaces de séparation. A côté du phénomène que je viens de décrire, il y en a un autre des plus curieux. Prenons encore un tube de verre ouvert aux deux bouts, contenant de la gélatine blanche, légèrement colorée dans la partie médiane du tube au bleu de méthylène, par exemple, puis faisons passer un courant dans ce tube. Nous verrons, sous l'influence du courant, la matière colo- rante se déplacer; mais toutes les couleurs ne vont pas dans le même sens. Les unes comme le Bleu de Méthylène, le Violet de Paris, la Fuchsine, la Safranine, etc., sont entrainées dans le sens du courant; les autres, comme l'Eosine, l'Orange, la Fuchsine acide, l'Ecarlate de Biebrich, ete., remontent du pôle négatif vers le pôle positif. Ce phénomène, des plus intéressants au point de vue théorique, a aussi une portée pratique. En effet, il s’obtient avec des courants extré- mement faibles : ceux que j'employais ne dépassaient pas 4/25000° d’am- père et ils suftisaient pour produire, dans un tube d’environ 1 centi- mètre carré de section, un déplacement de 5-6 centimètres par jour. En opérant sous le microscope, sur des gouttelettes de gélatine baignant dans des solutions colorées, on voit le phénomène s’opérer en quelques secondes et donner l’image d’entrainements analogues à ceux qui se produisent fatalement dans l'organisme, sous l'influence des courants thérapeuliques. DOSAGE DU FER DANS8LES TISSUS QUE L’ON NE PEUT DÉBARRASSER MÉCANIQUEMENT DE LEUR SANG, par MM. A. Guicemonar et. L. LAPICQUE (Laboratoire de la clinique médicale de l'Hôtel-Dieu.) Lorsqu'on veut, pour des recherches physiologiques, doser le fer d'un organe, ce qu'il importe de connaitre, c'est le fer qui appartient en propre au tissu de cet organe, abstraction faite du sang qui pourrait rester dans les vaisseaux. La proportion de sang est en effet très varia- ble suivant l’état de congestion ou d’anémie de l’organe, et ces variations tout accidentelles pourraient modifier complètement les résultats, étant donné que le sang contient relativement beaucoup de fer. Sur le foie d'un animal que l’on sacrifie en vue de la recherche, il est facile de se débarrasser de cette cause d’erreur : il suffit de faire passer par les vaisseaux une quantité suffisante d’eau salée physiologique, tous les globules sanguins sont entrainés et on obtient un tissu exsangue. 648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais ce procédé de choix n'est pas toujours applicable, même sur les animaux; sur un animal mort seulement depuis quelques heures, il se fait souvent déjà des coagulations inlra-vasculaires qui rendent le lavage complet de l'organe à peu près impossible. Le procédé n’est pas applicable à la rate. Enfin sur l'homme il n’est applicable pratiquement sur aucun organe sauf des cas exceptionnels. En effet, on n'a les cadavres que vingt-quatre heures au moins après la mort et le plus souvent on ne peut disposer que de pièces déjà frag- mentées par l’autopsie. On peut avoir recours à une méthode indirecte, qui consiste à évaluer la quantité de fer existant dans l'organe sous forme d’hémoglobine et à retrancher cette quantité du fer total trouvé pour l’organe incinéré avec son sang. La différence ainsi obtenue ne permet de calculer le fer appar-. tenant en propre à l'organe, que sous certaines conditions, mais même si ces conditions ne peuvent être remplies, il est d'une importance capitale, pour la plupart des recherches physiologiques, de distinguer le fer sous forme d’hémoglobine du fer contenu dans l'organe sous toute autre forme. : Cette distinction est en pratique facile à réaliser par la colorimétrie, suivant une marche telle que la composition de l’hémoglobine n'inter- vienne pas dans le calcul et par conséquent que les résultats soient indépendants de l'incertitude où nous sommes encore relativement à cette composition. On n’a même pas besoin de préparer une solution titrée d'hémoglobine pure, opération si délicate qu’elle est presque toujours erronée. Il faut admettre que tout le fer du sang y est contenu sous forme d'hémoglobine. Ce point est considéré comme acquis par la généralité des physiologistes acluels; mais mème si l’on voulait s’en tenir aux données anciennes, d'après lesquelles il y aurait un peu de fer dans le sérum, cette quantité de fer du sang étrangère à l’hémoglobine serait - proportionnellement si peu de chose que dans le cas qui nous occupe, il ne saurait y avoir d'erreur sensible de ce chef. De même, l'hémoglo- bine peut être considérée comme l’unique matière colorante du sang, les petites quantités d’autres matières colorantes qui existent quelquefois (urobiline dans le sérum du cheval, par exemple) étant tout à fait négligeables colorimétriquement à côté de l’hémoglobine. Par consé- quent, au double point de vue de la colorimétrie et du fer, le sang dilué dans l’eau distillée et rendu parfaitement transparent par addition d’une goutte d'ammoniaque, se comporte comme une solution d'hémo- globine et pour une espèce donnée, le rapport entre la puissance colo- rante d’un sang et sa teneur en fer est, à priori, constant. Si l’on a un étalon, un disque de verre coloré par exemple auquel on rapporte la puissance colorante des divers sangs, cet étalon peut être titré en fer par un seul dosage correct. Soit e l'épaisseur sous laquelle une dilution PPT Ten SÉANCE DU 20 JUIN 649 de sang au cinquantième présente la nuance de l’étalon, soit f la quan- tité de fer contenue dans 1 gramme de ce même sang on à e f — con- stante — M. Si un autre sang appartenant à la même espèce animale dilué également au cinquantième donne au colorimètre l’épaisseur e/ on pourra tout de suite déduire la quantité de fer /” contenu dans 1 gramme de ce sang au moyen de la relation très simple f/ = —. e La lecture colorimétrique portant sur une solution d'hémoglobine doit être effectuée avec des précautions plus minutieuses que la lecture colorimétrique d’une solution de sulfocyanate ferrique ; pour celle-ci, eu effet, l'étalon peut être titré à nouveau immédiatement avant chaque opération, pour l'hémoglobine l'étalon est titré une fois pour toutes; il faut donc éviter toutes les erreurs pouvant provenir de variations dans l'éclairage et spécialement de l'inégalité d'éclairage entre les deux champs du colorimètre; l'égalité de cet éclairage est presque impossible à obtenir d'une manière rigoureuse et permanente et de très légères variations peuvent donner lieu ici à des erreurs notables. On y remédie en faisant toujours deux lectures entre lesquelles on fait passer à gauche la cuve qui était à droite et vice versa; si l'éclairage est égal, les deux lectures concordent ; si elles ne concordent pas, il faut ou bien en pren- dre la moyenne, où bien essayer de rétablir l'égalité d'éclairage par de très légers déplacements de la source ou de l’appareil. En prenant ces précautions, on arrive pratiquement dans une série d'opérations portant sur des animaux différents de même espèce à trouver des valeurs de M extrêmement voisines, les écarts rentrant dans l'hésitalion de lecture. Nous avons déterminé cette valeur de M par rapport à notre étalon, pour l’homme, pour le chien et pour le lapin, en opérant pour chacune de ces espèces sur trois sujets. Voici les résultats que nous avons obtenus (les épaisseurs colorimétriques du sang dilué au cinquantième étant exprimées en dixièmes'de millimètre, et le fer en centièmes de miiligramme par nue : Homme. — N° 1, 23,7; n° 2, 24,6: n° 3, 93,8. Chien. — N° 1, 24; n°9, 23,6; He 24. Lapin. — N°1, 23: n° 2; 3% à 3221 À priori, on ne peut dire si le rapport Fe la puissance colorante au fer varie d’une espèce animale à l’autre, c'est-à-dire d’une hémoglobine à une autre hémoglobine ; en fait nous voyons que ce rapport varie très peu en tous cas pour les trois espèces considérées. Les trois chiffres du chien et les trois chiffres de l’homme donnent les mêmes moyennes, la moyenne des trois chiffres du lapin est plus faible d'une unité. Nous n'osons pas, avant de disposer de séries plus nombreuses, affirmer qu'il s'agit là d’une différence spécifique. M étant déterminé pour une espèce animale dans les conditions 650 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE expérimentales où l’on opère, rien n’est plus facile que de déterminer dans un tissu la quantité de fer qui y est contenue sous forme d'hé- moglobine. Un certain poids (en pratique, 5 à 10 grammes) de ce tissu est broyé dans un mortier avec du sable, épuisé par de l'eau distillée à laquelle on a ajouté une goutte ou deux d’'ammoniaque, les différents liquides d’épuisement sont rassemblés et le volume total mesuré, puis on filtre. La filtration totale d’un liquide de ce genre est difficile et pourrait donner lieu à des erreurs parce que le filtre retient avec énergie la matière colorante, mais il est facile d'obtenir les quelques centimètres cubes nécessaires à la colorimétrie et qui suffisent pour le calcul puisque le volume à été déterminé avant la filtration. On obtient presque toujours du premier coup un liquide parfaitement limpide et propre à la colorimétrie. La lecture colorimétrique étant faite, on n’a plus qu’à effectuer le calcul suivant, soit p le poids du tissu employé, v le volume des liquides d'épui- M. v. 50. e. p. Voici deux exemples pris dans la série de dosages qui font l’objet de la note ci-après. sement on à / = 4 gr. 34 de foie sont broyés, épuisés par l’eau ammoniacale; le volume de la solution est égal à 70 centimètres cubes; la lecture colorimétrique en dixièmes de millimètre donne 96. On a par suite le fer à l’état d'hémoglobine pour 24 X 70 __ 41.680 50 X 96 X 4,34 20.832 fer portant sur deux échantillons de tissu hépatique avec son sang ont donné 0,50 et 0,52, en moyenne 0 millig. 51 de fer pour 1 gramme de foie. En faisant la différence, ont obtient 0,43 pour le fer appartenant en propre au tissu hépatique. 2 gr. 32 de rate sont broyés, épuisés, le volume du liquide est égal à 65 centimètres cubes, la lecture colorimétrique donne 84, le fer à l’état d'’hémoglobine pour un gramme de rate f = RER He, 16. SOC BA XC2:92 0 OT Deux dosages de fer portant sur deux échantillons de tissu splénique avec son sang ont donné 0,26 et 0,27 pour 1 gramme; il reste pour le fer de la rate sous une autre forme que l’hémoglobine 0 millig. 10 par gramme. 1 gramme de foie f— —:0 millig. 08. Deux dosages de Les chiffres extrêmes que nous avons obtenus pour le fer dû à l’hémo- globine sont 0,01 et 0,13 pour le foie; et 0,04 et 0,26 pour la rate. Etant donnée la teneur en fer de ces organes, ces quantités suftiraient pour modifier les résultats et parfois les fausser complètement. Il y a des cas où le fer dû à l'hémoglobine et Le fer total s'équivalent à l'approximation près des méthodes tant pour le foie que pour la rate, c'est-à-dire qu'il n'y a dans ces organes sensiblement pas de fer en dehors de celui qu’apporte le sang. On voit également qu'il serait tout à fait illusoire de faire une correction moyenne pour ce fer de l’'hémoglobine et qu'il est SÉANCE DU 20 JUIN 65L nécessaire de le déterminer chaque fois que l’on ne peut recourir au . lavage mécanique. Il nous semble que le procédé que nous venons d'indiquer est d'une application facile et conduit à des résultals sufi- samment précis. VARIATIONS PATHOLOGIQUES DE LA TENEUR EN FER DU FOIE ET DE LA RATE CHEZ L'HOMME, par MM. A. GuizcemonaT et L. LaAPIcQue. (Laboratoire de la clinique médicale de l’Hôtel-Dieu.) Il n'existe dans la science qu'un nombre assez restreint de dosages de fer dans le foie et dans la rate de l’homme. Quincke, Rosenstein, Hin- denlang, ont indiqué pour des cas pathologiques spéciaux (diabète su- cré, maladie de Werlhoff, anémie pernicieuse) une accumulation consi- dérable de fer dans ces organes; Zaleski, dans les mêmes maladies, n'a pas retrouvé ces fortes proportions. Les recherches de ces auteurs ne portent que sur un très petit nombre de cas. Stahel (1) a publié des dosages pour dix cadavres pris au hasard. Ces données sont insuffi- santes pour conduire à aucune conclusion. Les chiffres sont tellement discordants qu'on ne peut établir une moyenne avec un nombre aussi restreint d'observations. Encore moins peut-on déterminer comment les influences pathologiques modifient cette teneur en fer, s'il y a de ces influences qui l’augmentent ou la diminuent d’une façon constante. Il nous a semblé que cette question méritait d’être étudiée. Nous avons pensé que peut-être les varialions qu'on observerait dans la teneur en fer du foie et de la rate chez les individus morts de maladies déter- minées, pourraient apporter quelque lumière sur le rôle de ces organes dans la vie des globules rouges, tout au moins comme lieu d'emmaga- sinement pour du fer de réserve ou du fer de déchet. Nous avons donc entrepris une série de dosages sur des sujets pris au hasard parmi les autopsies journalières de l'Hôtel-Dieu. Le fer de la rate et celui du foie ont été déterminés par deux dosages au moins sur chaque organe; comme nous ne pouvions effectuer Le lavage intramuseulaire des organes, nous avons retranché le fer dû à l’hémoglobine suivant le procédé indiqué dans la note précédente. Nos chiffres portent actuellement sur 53 sujets de tout àge et des deux sexes. Si ces chiffres ne nous ont pas donné relativement à l'hématopoïèse et à l'hématolyse sous les influences pathologiques les résultats que nous avions espérés, il est pourtant quelques conclusions intéressantes qui s'en dégagent, et en tout cas, il y (4) H. Stahel. Der Eisengehalt in Leber und Milz nach verschied. Krankheïten ; in Archives de Virchow, t. LXXXV, p.26, 1881. 652 Le ET PAR 7 0 OI ; np D Te cu SE SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a là un matériel d'observations qui pourra servir de bases pour diverses études. Voici la série des chiffres que nous avons obtenus. Nes Em be jm OP CO ETC RC ATORESE | ES (=) Fe OH Là Le E bn © © I OO N NN NS 32 SEXE RARES ENST LS LEE E En AGE CAUSE DE LA MORT Inconnue Inconnue Tuberculose pulmonaire Lésion mitrale . . Tuberculose miliaire . Pneumonie caséeuse . . Hémiplégie Hémiplégie Urémie ne Péritonite eue Néphrite, Tuberculose oo Péritonite tuberculeuse . Tuberculose pulmonaire Tuberculose, méningite. Plaie pénétrante abd. Pneumonie (8° jour). . . Tuberculose pulmonaire Tuberculose pulmonaire Méningite . Cardiopathie . Tuberculose Hanna à Néphrite. . Tuberculose . . Cardiopathie. CREME ULTÉRIEURES Pneumonie Aero leuse Le Sarcome du bassin . . Tuberculose pulmonaire Fièvre typhoïde Cardiopathie . ? Congestion pulmonaire . Tuberculose pulmonaire Sarcome col. vertébrale, . Mal de Pott sous-occip. . . Embolie pulmonaire . . . . Tuberculose pulmonaire. . . Néphrite Néphrile Eee Tuberculose pulmonaire CC FER TOTAL nn. = Foie. Rate. 0,20 0,64 0,10 0,57 0,03 0,07 0,21 0,35 0,11 0,16 DATE PE 0,22 0,86 0,39 0,52 0,22 0,48 0,87 1,52 0,44 1,13 O,1Æ 0,32 0,2% 0,6% 0,38 1,10 0,18 0,83 0,40 0,54 0,97 1,73 0,25 0,43 0,92 - 3,49 0,21 14,13 0,55: 0,94 0,23 0,34 0,06 0,40 0,07 0,23 0,26 0,39 0,13 0,27 0,25 4,77 0,24 1,54 0,09 0,11 0,31 1,57 0,21 -0,57 0,16 0,25 0,45 0,47 0,03 0,10 0,30 0,7 0,27 0,41 0,24 0,58 0,50 0,53 0,17 0,25 0,23 0,95 FER non hématique. 0 Foie. Rate. 0,18 0,54 0,08 0,49 0,04 0,01 0,14 0,37 0,05 0,03 0,25 6,10 0,20 0,74 0,37 0,35N 0,17 0,36 0,84 1,42 0,39 1,08 0,12 0,2 0,20 0,60 0,36 1,05 0,45 0,72 0,36 0,45 0,96 1,7 0,21 0,35 0,87 3,29 0,15 1,06 0,41 0,86 0,14 0,2 0,05 0,34 0,04 0,05 0,21 0,28 0,07 0,08 0,23 1,74 0,20 14,52 0,01 0,02 0,26 1,35 0,18 0,36 0,03 0,02 0,43 0,36 0,04 0,01 0,26 0,66 0,2% 0,13 0,21 0,32 0,42 0,46 0,44 0,17 0,18 70/82 SÉANCE DU 20 JUIN 653 FER TOTAL a N°5 SEXE AGE CAUSE DE LA MORT non hématique. F , F En Se — Foie. Rate. Foie, Rate. 4 H 48 Péricardite purulente. . . . (0,34 0,26 0,24 0,10 42 F D3 CAEMOpALRIE Re A 0,107 "0,19" 20 0 43 H 70 Broncho-pneumonie .-. . : 0,31 0,38 0,21 0,17 44 F (7 Pacumonie tem NEO AS 0 EAU 010 LOST 45 F 12 Pneumonie . . . . ON (OM BOB: 0,087 1054 46 H 27 Méningite been Heure 0e 02163052 47 H 33 Tuberculose rapide. . . . 0:26 °20,63:-10,25,7 0,54 48 F 46 Rupture d’un kyste hy Se. OMR O0 ER D032E0 49 F 56 NÉDRNÉE. MS 00,250 /00%0 1522043 d0 F 36 Tuberculose crane PO ON 0 00 0e 030 51 H 25 Paeumonie Rss. ea 00e 020,20 05/70/03 52 F 65 CAEdIOpatie EE 520 0 00 0160; 05 0,08 53 F 49 GTR ER ON AO PE COPA O TO 06" 0 12 La seule inspection de ce tableau montre que la proportion de fer tant dans le foie que dans la rate est extrêmement variable. La notion très courante que la rate est généralement très riche en fer -ne se trouve pas du tout vérifiée; s’il y a pour cet organe quelques chiffres très élevés, il y en a aussi de très faibles et voisins de zéro lorsqu'on a retranché le fer dû à l’hémoglobine. L'âge du sujet n’a aucune influence. Au contraire, se manifeste l'influence d’une condition à laquelle nous ne songions guère et que rien dans les travaux précédents n'avait indiqué, Le sexe. Cette influence est marquée très nettement pour le foie: chez aucune femme la teneur en fer de cet organe ne dépasse 0,20 p. 1000, tandis que chez la plupart des hommes la teneur est au- dessus de ce chiffre. Lès variations.sont si grandes que des moyennes seraient à peu près illusoires; mais si l’on dresse le tableau de la répar- tition des cas le long de l'échelle des richesses en fer, le groupement des foies de femme au bas de cette échelle est frappant. Pour la rate, la différence est moins tranchée, il y a des rates de femmes assez riches en fer, pourtant presque tous les cas de 0,05 p. 1000 et au-dessous appartiennent à des femmes. Sept femmes sur vingtet une, soit exactement le tiers, ont donné ces chiffres très faibles dont on ne trouve qu’un seul exemple sur trente-deux hommes. Le genre de maladie qui a causé la mort du sujet, n’a en général pas d'influence spécifique, les cas de tuberculose, de mal de Bright, se répar- tüissent du haut en bas de l'échelle; pour les cardiaques seuls il ÿ à une certaine régularité, tous les cas présentent des chiffres assez peu élevés, soit pour le foie, soit pour la rate. Dans quel rapport ces chiffres obtenus dans des conditions patholo- giques peuvent-ils se trouver avec les chiffres physiologiques encore 654 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — inconnus chez l’homme? L'absence de relation entre la nature de fa maladie et la teneur en fer ne permet pas de répondre au moyen des seuls documents ci-dessus. M. Charrin a entrepris avec nous une série de recherches sur les animaux, chez lesquels il est facile d'obtenir des chiffres à l'état sain, pour voir si les causes pathologiques introduiront une varialion systématique. Ces recherches ne sont pas encore Lerminées. On peut dès maintenant affirmer comme pathologiques les chiffres très élevés, c'est-à-dire pour le foie ceux qui dépassent 0,50 p. 4000 et pour la rate ceux qui dépassent sensiblemeni 4 p. 1000; dans ces cas en effet, nommément les numéros 10, 17, 19, 20, 27 et 28 de notre série, nous avons constaté l'existence de ce pigment pathologique ferrugineux que MM. Auscher et Lapicque ont éludié récemment et auquel ils ont donné le nom de rubigine. FRÉQUENCE RELATIVE DE LA RUBIGINE EN PATHOLOGIE HUMAINE, par MM. A. GuizremonaT et L. Liricour. (Laboratoire de la clinique médicale de 1 Hôtel-Dieu.) MM. Auscher et L. Lapicque, en faisant l'étude chimique d'un cas de diabète pigmentaire, ont reconnu que le pigment ocre, très abondant dans beaucoup d’organes, était constitué purement par un hydrate ferrique, de formule F?0*,2H?0, remarquablement résistant aux réactifs (1). Le pigment ainsi déterminé, auquel les auteurs ont donné le nom de rubigine, n’est pas caractéristique du syndrome clinique, constitué en entité morbide par MM. Hanot et Chauffard; on peut produire expéri- mentalement chez le chien un pigment identique, en provoquant des hémorragies internes (2). Il semble donc que ce pigment ne doit pas être absolument rare en pathologie, même dans l'hypothèse où l'hémor- ragie interne serait l'unique mécanisme de sa formation. Nous avons systématiquement recherché la rubigine dans la série de cas qui font le sujet de la communication précédente. Toutes les fois que la proportion de fer paraissait anormalement élevée, la recherche était pratiquée : 1° Au microscope, par l'examen simplement d’unedissociation du lissu frais sans l'emploi d'aucun réactif; dans ces conditions, la rubigine, lorsqu'elle existe, se révèle nettement sous forme de granulations translucides, jaune orangé ou ambrées, de grosseurs et de formes très (1) Soc. de Biologie, 25 mai et 29 juin 4895. (2) Auscher et Lapicque. Archives de Physiologie, avril 1896. PT SÉANCE DU 20 JUIN 655 diverses, mais présentant toujours un contour net et une réfringence particulière; dans l'ensemble, un aspect caractéristique sur lequel on n'hésite pas quand une fois on le connait. 2° Chimiquement, en dissolvant un échantillon un peu considérable du tissu (30 à 50 grammes) dans de la lessive de soude étendue, laissant déposer et examinant le dépôt. L'existence seule d'un dépôt couleur de rouille est déjà révélatrice, mais il est facile de séparer ce dépôt par décantation et, après l'avoir lavé, de constater que cette substance ocreuse réagit très lentement au sulfhydrate d’ammoniaque et met une ou plusieurs minutes à noircir; de même l'acide chlorhydrique étendu est sans action apparente à froid, tandis qu'à chaud la dissolu- tion est tolale et immédiate. Ces façons de réagir sont caractéristiques de la rubigine. Sur cinquante-trois sujets de tout âge et morts de maladies diverses, nous avons constaté sept fois la présence de la rubigine dans la rate. Lorsque la teneur en fer était faible, nous n'avons pas fait l’examen qualitatif. Les cas ayant donné un résultat positif sont les suivants : 1° Un homme de soixante-cinq ans, mort dans le coma urémique (eystite purulente, lithiase rénale); 2° Un homme de trente ans (tuberculose pulmonaire); 3° Une femme de vingt-huit ans (tuberculose pulmonaire); 4° Un homme de trente ans (pneumonie tuberculeuse); 5° Une femme de quarante-neuf ans (cancer avec nombreuses métas- tases) : 6° Un garçon de six semaines (méningite); 7° Un homme de trente-six ans, suicide (antécédents morbides inconnus); En résumé, quatre tuberculeux, un cancéreux, un néphritique et un cas pathologiquement inconnu. Il est à remarquer que cinq cas sont des maladies chroniques et des maladies connues pour faciliter les ruptures vasculaires: il est donc possible d'admettre que le mécanisme de la production de la rubigine, dans ces cas, est celui que Auscher et Lapicque ont reconnu expérimen- talement. Parmi les cas négatifs, il en est un qui nous parait devoir être cité comme faisant neltement opposition avec les précédents, c'est celui d'un typhique, mort au troisième septénaire : la rale présentait un chiffre de fer anormalement élevé, 1,35 p. 1000; c’est le seul chiffre de cet ordre qui ne coïncide pas avec la présence de la rubigine. Il est à noter que Auscher et Lapicque, dans leurs recherches expérimentales sur ce sujet, ont constaté qu'il fallait un intervalle de trois semaines après l'hémorragie pour que la rubigine fût constituée en tant que telle. 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si l’on sacrifie l'animal avant ce laps de temps écoulé, on trouve des combinaisons ferrugineuses encore indélerminées. Notre typhique nous semble pouvoir rentrer, à tout point de vue, dans le même cas. ACTION DU FILTRE DE PORCELAINE SUR LE VENIN DE VIPÈRE : SÉPARATION DES SUBSTANCES TOXIQUES ET DES SUBSTANCES VACCINANTES, par M. C. Puisazix. L'étude de l’action des agents physiques, chaleur et électricité, sur le venin de vipère de différentes régions (Seine-et-Oise, Isère, Haute- Saône, Jura, Vendée), nous a permis d'établir que le chauffage (1) et les courants à haute fréquence (2) font disparaitre le pouvoir toxique de ce venin, en même temps qu'apparaitre des propriétés vaccinales. Pour expliquer ce résultat, deux hypothèses peuvent être faites : ou bien la chaleur respecte les substances vaccinantes, ou bien elle les fait naître aux dépens des matières toxiques ou autres contenues dans le venin. Si cette dernière hypothèse était exacte, on devrait, par un chauffage convenable, transformer d’une manière constante le venin en vaccin. Or, dans de très nombreuses expériences faites avec le venin de vipère aspic, de provenances diverses, nous avons observé une seule, mais remarquable exception. Le venin des vipères de Clermont- Ferrand (3), chauffé à des températures variables, s’atténue, perd sa toxicité, mais ne possède aucune propriété vaccinante (4). Cependant ce venin contient les mêmes substances toxiques (échidnase, échidnotoxine produisant les mêmes effets que le venin des vipères d’autres localités. Ce fait négatif unique, opposé à l’ensemble assez considérable des résultats positifs, a une signification importante : il permet d'affirmer que les propriétés vaccinantes du venin chauffé ne sont dues ni à une atténuation, ni à une transformation des substances toxiques. Aussi, quand une de ces substances fait défaut, comme à un certain moment l'échidnase dans le venin de vipère d’Arbois, cela n'empêche pas les propriétés vaccinales d'apparaitre sous l'influence de la chaleur (5). 1) Phisalix et Bertrand. Comptes rendus, 6 février 1894. 2) GC. Phisalix. Société de Biologie, 29 mars 1896. (3) Nous adressons tous nos remerciements à M. le professeur P, Girod, qui nous a fourni les vipères nécessaires à nos expériences. (4) Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1895, n° 3. (5) Il est évident que ces caractères physiologiques ont une importance au moins aussi grande que ceux tirés de la forme et de la couleur, et dont il faudrait teuir compte pour la création des variétés de l'espèce. | ( ( SÉANCE DU 20 JUIN 657 Toutefois, pour établir, par une démonstration plus directe, la pré- existence des principes vaccinants dans le venin de vipère, il fallait les isoler par un procédé dépourvu d'action chimique modificatrice. La filtralion sur porcelaine répond parfaitement à ce but. Déjà on sait que certains ferments, certaines toxines sont relenues par le filtre, tandis que d'autres passent plus facilement. En ce qui concerne le venin de vipère, nous avons constaté que les principes nuisibles restent dans la bougie. Mais les produits filtrés ne sont pas dépourvus d’une certaine action physiologique, puisqu'ils élèvent légèrement la température des cobayes auxquels on les injecte. Comme le venin transformé en vaccin par une température de 80 degrés à 90 degrés, élève, lui aussi, la tem- pérature, on pouvait supposer que le venin filtré contiendrait peut-être des substances vaccinantes. C’est, en effet, ce qui a lieu. Expérience. — Le 2 mai 1896, on mocule à un cobaye de 620 grammes une solution à 1 p. 5000 de venin de vipère qui a été filtré sur porcelaine. La dose injectée (1 milligramme) serait plus que suffisante pour le tuer si le venin n'avait pas élé filtré. En deux heures, la température s’est élevée de 0°,5 pour revenir ensuite au point de départ. Pas d'action locale appréciable. Quarante- huit heures après, le 4 mai, l’inoculation d'épreuve est faite avec le même venin non filtré. Or, tandis qu’un cobaye témoin inoculé avec la même dose, O0 milligr. 7, est mort en cinq heures et demie, le premier a parfaitement résisté; sa température a baissé de 1 degré seulement dans les six premières heures pour remonter ensuite à son point de départ. Les accidents locaux ont été, pour ainsi dire, nuls. « Cette expérience a été répélée à plasieurs reprises, quelquefois en doublant les doses de venin filtré (2 milligrammes). Elle a toujours donné ce même résultat : après filtration sur porcelaine, le venin de vipère a perdu sa toxicité et possède des propriélés vaccinantes. « L'immunisalion peut-elle être attribuée à une trace de substance toxique qui aurait passé à travers le filtre? La réponse est facile si l’on se rappelle que, pour réussir à immuniser un animal par accoutumance, il faut commencer par de très faibles doses pour arriver lentement et progressivement aux doses mortelles. Or, dans le venin filtré, la quantité de malière toxique serait si faible qu’elle n'abaisse pas la température, et cependant, déjà au bout de quarante-huit heures, l’animal qui a reçu ce venin est parfaitement vacciné. « Les travaux de différents auteurs, particulièrement de M. Duclaux(1), ont montré que l’action des filtres sur les substances en solution pou- vait s'expliquer par des phénomènes d'attraction et d'adhésion molécu- laires. Si aucune action chimique n’est en jeu, il faut admettre que, dans la filtration du venin de vipère, les substances vaccinantes ne dérivent (1; Annales de Chimie et de Physique, t. XXV, 1872. 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pas des substances toxiques, mais qu'elles existent primitivement. La désignation d’échidno-vaccin est donc aussi justifiée que celle d'échidnase attribuée à la substance phlogogène dont l'indépendance a été mise hors de doute. Le venin filtré agit, en effet, à la manière d’un vaccin :ily a une période d'incubation entre le moment où il est inoculé et celui où l’immunité apparaît, ce n'est qu'au bout de quarante-huit heures envi- ron que l’immunité estcomplètement réalisée. De même qu'avec le venin chauffé, cette immunisation n’est pas produite directement par la ma- tière vaccinante, elle résulte d’une réaction de l'organisme. « D’après ce qui précède, l’action du chauffage sur le venin de vipère est facile à expliquer. Les substances vaccinantes résistent mieux à la chaleur que les substances toxiques. Les limites de température les plus favorables à leur dissociation sont comprises entre 75 et 90 degrés. Dans ces limites, les premières persistent en grande partie, tandis que les secondes sont plus ou moins détruites. Au-dessous de 75 degrés, les substances toxiques sont peu affaiblies ; au-dessus de 90 degrés, les vaccinantes sont fortement atteintes. Mais, comme l’action de la chaleur sur les principes actifs du venin est progressive et variable suivant la durée du chauffage et l'élévation de la température, il est difficile, on le conçoit, de réaliser les conditions où les substances toxiques seraient entièrement détruites, tandis que les vaccinantes resteraient intactes. Aussi, au point de vue pratique, la filtration est préférable au chauffage : elle permet d'isoler les substances vaccinantes sans en affaiblir les pro- priétés. « En résumé, dans le venin de vipère, les matières vaccinantes sont distinctes des matières toxiques. Leur séparation mécanique par le filtre apporte un appui expérimental direct à la théorie de la vaccination par des substances spécifiques. Toutefois, ce serait aller trop loin que de généraliser cette théorie, d'autant plus que l’immunisation peut se réa- liser par divers mécanismes (1). » ACTION DE LA PROPEPTONE SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG DE LAPIN, par M. E. Gzey. Il est de connaissance tout à fait courante qu’une solution de propep- tone ou d’une peptone du commerce, injectée dans les veines d'un lapin, ne rend pas Le sang de cet animal incoagulable, contrairement à ce qui se passe chez le chien. C'est ce que Fano a bien montré dès (1) Travail du laboratoire de M. Chauveau, au Muséum d'Histoire naturelle. SÉANCE DU 20 JUIN 659 l’année 1881 (1). Plus tard, Grosjean a constaté le même fail (2); ïl remarque cependant qu'une injection de 1 gr. 70 de peptone par kilo- gramme retarde la coagulation complète de 50 minutes environ. Je me suis demandé si cette différence importante dans l'action de la peptone sur le chien et sur le lapin, est aussi profonde qu'on le croit. Ne se pourrait-il pas qu'il y eût en jeu, dans ce phénomène, d’abord une question de dose? IL est très vrai qu'en employant des doses de peptone de Witte, qui sont largement suffisantes pour amener l'incoagulabilité du sang de chien, on ne rend pas le sang de lapin incoagulable. Si on augmente la dose, l'animal meurt sûrement et très rapidement. Mais on sait que la propeptone pure a une action anticoagulante beaucoup plus énergique que celle des produits commerciaux, mélanges de protéoses et de peptone, dont on se sert usuellement pour ces recher- ches. J’ai donc au commencement de cet hiver préparé de la propeptone pure, suivant le procédé décrit par Grosjean (/oc. cit.); et cette substance a considérablement diminué la coagulabilité du sang des lapins, dans les veines desquels je l’ai injectée à forte dose. Cette dernière condition est nécessaire. Une dose de 1 gramme par kilogramme d'animal est inefficace. Une dose de 1 gr. 50 par kilogramme s'est montrée efficace six fois sur sept. Malheureusement cette quan- tité de propeptone, quelle qu’en soit la dilution, du moins dans les limites dans lesquelles j'ai opéré, avec des solution au 1/10° ou au 1/20°, injectées dans une veine jugulaire, a toujours été mortelle, et cela en un si court laps de Lemps que l’on peut à peine recueillir quelques cen- timètres cubes de sang par une carotide. Les animaux sont pris de convulsions tétaniques violentes, la respiration s'arrête presque tout de suite et le cœur s'arrête aussi. Même si l’on pratique, dès que se montrent les premiers accidents convulsifs, la respiration artificielle, les battements du cœur s'arrêtent. Mais dans les échantillons de sang que l’on a pu obtenir, la coagulabilité est ou bien retardée ou même suspendue. Voici, par exemple, un lapin qui meurt en deux minutes; le sang carotidien recueilli n’a été complètement coagulé qu'au bout d'une demi-heure, soit avec un retard de vingt-huit minutes; dans le sang d’un autre animal, le retard n’a été que de vingt minutes ; mais dans celui de trois autres il a été de plus d’une heure; le sang d'un autre encore est resté liquide pendant deux heures, puis dans le tube s’est déposée la (1) G. Fano. Das Verhalten des Peptons und Tryptons gegen Blut und Lymphe (Archiv für Physiol., 1881, p. 277-296). (2) A. Grosjean. Recherches sur l’action physiologique de la propeptone et de la peptone (Arch. de Biol., XII, p. 381, 1892). an a. ee : ed PATES" vu ES FAN ET INNEO TS MENT ES NI ; a A « Le ji . re 660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE touillie grumeleuse caractéristique, que surnage un plasma clair; le lendemain, ce sang était dans le même état. Avec une dose de 4 gr. 60 par kilogramme, les phénomènes ont élé les mêmes. On le voit, la difficulté de ces expériences est très grande : la propep- tone a bien sur le sang du lapin une action anticoagulante, mais à une dose qui est mortelle, et si rapidement que la circulation cesse presque tout de suite et que la substance a à peine le temps d’agir. Aussi ai-je essayé de tourner cette difficulté et de démontrer, par d’autres expériences, que la peptone agit sur le sang de lapin comme sur celui de chien. Je rendrai prochainement compte de ces expériences. In vitro, la propeptone pure dont je me suis servi, et d’ailleurs aussi la peptone de Witte, diminuent la coagulabilité du sang de lapin comme celle du sang de chien. La propeptone est naturellement plus active. Ainsi 5 centimètres cubes de sang reçus dans 1 centimètre cube de solution de propeptone à 4 p. 10 d’eau salée à8 p. 1000 ne sont coagulés qu'au bout de cinquante minutes; cette même quantité de sang, mélangée à 4, 3 et même ? centimètres cubes de la solution de propeptone, reste liquide plus de vingt-quatre heures, et le surlendemain il n’y a dans le tube qu'un très petit caillot. Avec 1 et 2 centimètres cubes de solution de peptone de Witte au même titre, 5 centimètres cubes de sang donnent un cCaillot total en vingt à trente-cinq minutes; la coagulation est donc notablement retardée ; avec 3 et 4 centimètres cubes, cette quantité de sang n’a été trouvée coagulée que le lendemain, et le plasma s'était coa- gulé indépendamment du dépôt globulaire. NOTE RELATIVE A L'ACTION DES LIQUIDES PHYSIOLOGIQUES SUR LA SOLUBILITÉ DES TOXINES NÉOPLASIQUES, par M. le D° Henry Morau, Préparateur adjoint d’histologie à la Faculté. Dans une série de communications antérieures, j'avais déjà présenté à la Société les résultats contradictoires de mes expériences sur les injeclions de sucs cancéreux. J'avais montré qu'en broyant des néo- plasmes soit humains, au moment même de l'intervention chirurgicale, soit expérimentaux, j'obtenais bientôt la mort rapide de l'animal injecté ou au contraire un résultat négatif, À cette phase de mes expériences, j'obtenais mes sues cancéreux de la façon suivante : Le néoplasme extirpé était divisé en fragments menus avec toutes les précautions antiseptiques possibles. Ces fragments étaient ensuite broyés au mortier en y ajoutant du grès pulvérisé, préalablement SÉANCE DU 20 JUIN 661 stérilisé: ce dernier fait étant destiné à augmenter la division de la substance néoplasique. Le magma ainsi obtenu était allongé avec de la glycérine neutre et filtré ensuite sous pression dans le filtre de Cham- berland. Depuis longtemps, pour obtenir la pression nécessaire, je ne me sers plus d’acide carbonique, ayant remarqué que cette substance précipitait les chlorures de mes solutions. Pour avoir la pression voulue, je me sers aujourd'hui de la pompe à air de Gay-Lussac. Le résultat du filtrage examiné au microscope ne me présentait plus aucune trace d'éléments figurés. C'est avec ces solutions que j'injectais soit à doses massives, soit à doses fractionnées les animaux en cours d’expé- rience. Mes résultats furent absolument contradictoires puisque jobtenais la mort rapide avec des doses minimes, tandis que chez d'autres sujets, des doses massives restaient inefficaces, je dois dire que dans toutes ces expériences les néoplasmes mis en usage n'étaient pas ulcérés. Ce dernier fait présente à mes yeux une grande importance, car j'ai déjà montré que dans les néoplasmes ulcérés on retrouvait les microorganismes de la suppuration vulgaire, d’où les injections secon- daires possibles. À un autre point de vue, dans une note au dernier congrès de la tuberculose, j'ai montré avec mon collègue le D' Launois l’action des suppurations secondaires dans les cavernes tuberculeuses. Quoi qu'il en soit, ces résultats contradictoires m'amenèrent à penser que le véhicule de solubilité des toxines néoplasiques était encore à rechercher, et que la glycérine, dont je me servais alors, pouvait en détruire une grande partie. Comparant mes résultats avec ceux obtenus dans certaines pratiques d’extraction de sucs organiques d'après la méthode de Brown-Séquard, j'eus l'idée de substituer à la glycérine un liquide neutre, se rapprochant autant que possible du sérum sanguin. J'employais à cet effet la solution physiologique de chlorure de sodium, puis la formule un peu plus complète de sérum artificiel du professeur Hayem. Pour faire mes sucs néoplasiques j’employais toujours des tumeurs épithéliales non uicérées et je les broyais comme je viens de l'indiquer en les mélangeant avec ce sérum artificiel. Dans cette dernière série d'ex- périences, j'ai été surpris de la constance de mes résultats et ce sont eux que je présente à la Société. A doses massives, c'est-à-dire avec 1 gramme de suc concentré par souris blanche, j'obtiens en deux jours la mort de l'animal, sans qu'à l’autopsie ou à l'examen microscopique il m'ait été possible de relever une trace quelconque de lésion. | Sur des rats d’égouts, animaux beaucoup plus résistants, j'ai obtenu, sur six expériences à doses massives, c'est-à-dire 1 gramme de suc par 10 grammes d'animal : 1° Un cas avec vaste abcès au niveau dela piqûre (faute d'antisepsie); Biococie. Courtes RENDUS. — 10€ SÉRIE. 7. IT. 49 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 Un cas de mort en vingt-quatre heures, l'animal pesait 36 grammes; jeune rat déjà affaibli par un long séjour dans les cages; 3 Un cas de mort après cinq jours et six injections en une seule fois, nombreux abcès métastatiques (faute contre l’antisepsie); 4° Un cas de mort en dix heures avec mouvements convulsifs géné- ralisés chez un rat de 80 grammes, après sept injections successives ; 5° Un autre cas semblable chez un animal de 60 grammes, avec cinq injections; 6° Un cas dans lequel, malgré six injections, la mort n’est survenue qu'après trois semaines. En résumé, trois cas de mort rapide, un cas de mort lente et deux autres cas qui peuvent être attribués à des suppu- rations secondaires. Modifiant alors mes expériences j’ai pratiqué des injections de sucs à doses fractionnées. Chez tous les animaux j'ai vu survenir un état de cachexie d'autant plus prononcée que les injections avaient été plus nombreuses. De cet ensemble de faits il me paraît permis de tirer les conclusions suivantes : 1° La glycérine, agissant in vitro, a un pouvoir destructeur spécial sur les toxines sécrélées par la cellule néoplasique ; 2% Cette toxine semblerait plus soluble dans les liquides dont la composition chimique se rapproche davantage de celle des liquides organiques. Le (rérant : G. MASSON. . Paris. — imprunerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, |, rue Cassette. 663 SÉANCE DU 27 JUIN 1896 M. E. GLey : À propos de l'effet de la ligature des lymphatiques du foie sur l'action anticoagnlante de la peptone.— M. le D° DE LA JARK«1IGE : Sur un cas de tuberculose pulmonaire traité par la sérothérapie. — MM. B. Aucné et Carrière : Toxicité urinaire dans l’adénie tuberculeuse et dans la lymphadénie leucémique splénique et ganglionnaire. — M. le Dr J. Pevron : Etude de l'élimination du plomb chez les saturuins traités par le monosulfure de sodium. — MM. DEJERINE et A. Tomas : Contribution à l'étude du trajet intramédullaire des racines postérieures dans la région cervicale et dorsale supérieure de la moelle épinière : Sur l'état de la moelle épinière dans un cas de paralysie radiculaire inférieure du plexus brachial d’ori- gine syphilitique. — M. CH. FÉRÉ : Note sur des altaques paralytiques chez un épileptique. — M. Cu. FÉRÉ : Agalactie familiale et cancer du sein. — MM. A. CHarrix et E. GLey : Nouveaux faits sur l'influence héréditaire de l'infection. — MM. A. CHARRIN, A. GUILLEMONAT et L. LaPicque : Variations quantitatives du fer organique sous l'influence des toxines microbiennes. — M. L. GrimBexT : Action du coli-bacille sur le lactose et le saccharose. — M. Anoré SAN 0,065 0,992: 0,3% 7 — Tox. diphtérique . . . F DAS DDR OST PARUS — — Mi de M AU 0 0e 256 0 00 0 0 Sérum antidiphtérique. F » LAN 0005407 OA ONENT — Le HO 2 AIN CUITE MAPS SRE Chez les quatre sujets où le fer du sang a été dosé, il y a diminution considérable et constante, quel que soit le produit injecté. On peut admettre comme moyenne normale, chez le lapin 0,40 (Lapicque); la diminution du fer du sang est donc d'un tiers à deux cinquièmes. Pour le foie, la moyenne normale peut être fixée à 0,04 ou 0,05 (les chiffres qui existent à cet égard dans la science sont les suivants : Zaleski, 0,058; Lapicque, 0,043-0,045-0,040). On voit donc que les résultats ont varié suivant la substance injectée. Avec la toxine diphté- rilique, pas de changement ; avec la tuberculine, rien ou augmentation très légère ;avec le sérum antidiphtéritique, augmentation notable, exactement la même dans les deux cas, qui présentent le double de la normale. Pour la rate, la teneur en fer normale varie de 0,19 à 0,44(Lapicque). Les deux lapins ayant reçu de la tuberculine présentent donc des pro- portions de fer normales, les deux qui ont reçu la toxine diphtérilique montrent une augmentation considérable, apparente au premier coup d'œil pour le sujet 4, non moins réelle sur le sujet 2, si l'on tient compte 684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la fois de la proportion de fer et du poids de la rate. Enfin, les deux sujets qui ont recu le sérum antidiphtéritique, l’un présente une teneur en fer normale, l’autre une augmentation considérable. Il faut noter que sur ce dernier sujet, on a constaté nettement la pré- sence de la rubigine, non seulement au microscope, mais encore par la séparalion chimique. La recherche de la rubigine à été malheureuse- ment négligée chez les sujets qui avaient reçu la toxine diphtéritique. Il nous parait vraisemblable que c’est la formation de rubigine qui rend compte de l'augmentation du fer de la rate dans les cas où cette augmentation s’est produite; cette conception permet de se rendre compte de l'irrégularité frappante dans les résultats. On sait en effet, que la rubigine se produit dans le cas d’hémorragie interne, or les toxines microbiennes prédisposent aux ruptures vasculaires, celles-ci pouvant du reste avoir effectivement lieu ou non, suivant des conditions tout à fait accidentelles. C'est ainsi que le sérum antidiphtéritique injecté de la même façon à deux animaux a pu augmenter considérablement le fer de la rate pour l’un des deux et laisser l’autre normal. Il n'en va pas de même pour le fer du foie, l’action des substances em- ployées s'est manifestée au contraire avec une régularité remarquable ; il faut noter que pour les deux substances, qui sont véritablement des toxines, cette action a été sensiblement nulle. Quant à la modification produite par le sérum antidiphtéritique, elle est à enregistrer purement et simplement, comme un fait intéressant, mais que nos connaissances actuelles ne nous permettent pas d'expliquer. ACTION DU COLI-BACILLE SUR LE LACTOSE ET LE SACCHAROSE, par M. L. GRIMBERT. Dans une communication précédente (1), j'ai signalé l’existence d’un coli-bacille ayant la propriété de donner avec le lactose de l'acide sue- cinique, et avec le glucose de l'acide lactique lévogyre. Depuis lors j'ai examiné un certain nombre de coli-bacilles d'origines diverses, et je dois reconnaitre que ce que je considérais, sur la foi des auteurs, comme une exception, est au contraire la règle générale. Sur les sept bacilles que j'ai eus entre les mains, un provenait de selles normales (a), c'est celui dont j'ai parlé dans ma dernière note; trois avaient été tirés de l’eau de la Vanne (4, c, d), et lrois autres de selles typhiques (e, f, g). Toutes ces espèces faisaient fermenter le lac- tose et donnaient de l’indol dans une solution de peptone. Les seules différences consistaient dans la plus ou moins grande intensité de ces réactions, dans la plus ou moins grande épaisseur de la culture sur pomme de terre ou dans la forme des colonies sur gélatine. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, février 1896, p. 192. SÉANCE DU 27 JUIN 685 Chaque bacille fut ensemencé dans une solution de lactose à 3 p. 100 du volume de 500 centimètres cubes environ et addilionnée de 2 p.100 de peptone. Au bout de quinze jours, les fermentations ont été examinées au point de vue qualificatif seulement.i Laissant de côté la production d'alcool éthylique et d'acide acétique qui est constante, j'ai porté particulièrement mon attention sur la pro- duction des acides fixes. Tous les coli-bacilles employés m'ont donné de l'acide succinique avec des traces d'acide lactique lévogyre. Ce dernieracides’est montré un peu plus abondant dans les fermentations provoquées par les bacilles f et g. Le coli-bacille se conduit done à cet égard comme le pneumo-bacille de Friedländer. Au cours de ces recherches, j'ai constaté un fait que je crois intéres- sant de signaler, c’est que la propriété de faire fermenter le saccharose est une exception chez le coli-bacille. Un seul bacille provenant des dé- Jections typhiques, le bacille g, s’est montré actif vis-à-vis du sucre de canne. Les autres n’ont donné lieu à aucune fermentation. Un ballon renfer- mant 500 centimètres cubes de solution de saccharose additionnée de peptone et de carbonate de chaux fut ensemencé avec le bacille a; trois semaines après, l'examen chimique n’y décelait pas trace de chaux en solution ; le saccharose était resté intact et la peptone avait donné de l’indol. J'insiste sur ces faits parce qu’on lit couramment dans les livres clas- siques, que le bacille coli fait fermenter indistinctement les glucoses et les saccharoses, contrairement au bacille d'Eberth, qui n’attaque que les glucoses. Il est bon de savoir que cette réaction n’est générale que pour le lactose et aussi pour le maltose, mais qu'elle n’est qu'exceptionnelle pour le sucre de canne. On s’exposerait donc à de graves erreurs de détermination si l’on employait, comme le conseillent certains auteurs, l’un de ces sucres pour l’autre. SUR L’ASSIMILABILITÉ DES GLYCÉRO-PHOSPHATES, par M. ANDRÉ SANSON,. Toutes les expériences bien faites, notamment celles de Weiske et de Haïidlen, ont établi que les phosphates minéraux, et même celui des os, ne sont pas assimilables par les animaux. Il a été reconnu que l'acide phosphorique ne peut s'assimiler qu'à la condition d’être engagé dans une combinaison organique, comme celle où il existe chez les végé- taux et chez les animaux mêmes. C'est sans doute en partant des faits ainsi constatés qu'on a eu l’idée d'attribuer la même propriété aux gly- céro-phosphates. Mais il n’est pas à ma connaissance que cette proprielé eût été vérifiée expérimentalement. En raison de l'intérêt que la ques- 686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion présente, en particulier au point de vue zootechnique, j'ai institué, avec le concours de mon assistant M. Paul Gay, l'expérience dont je vais exposer les détails. Pour avoir une signification incontestable les expériences de ce genre exigent d’être conduites avec les précautions les plus minutieuses. On va voir que nous n’en avons négligé aucune. Nous avons pris pour sujet un jeune lapin d'environ deux mois, par conséquent encore en période de croissance, et pesant 1 kil. 508. Il a été installé dans la caisse que j'ai montrée à la Société dans la dernière séance, et pendant quelques jours on a cherché à déterminer la limite de son appétit pour le son de froment humecté dont il devait être nourri. Sa ralion journalière à été ainsi fixée à 50 grammes, et divisée en deux repas de 25 grammes chacun, le premier donné à 8 heures du matin et le second à 4 heures du soir. L'expérience a compris quatre périodes, dont deux préparatoires et deux effectives. Dans les deux premières, il s'agissait de mesurer la quantité assimilée de l’acide phosphorique contenu normal-ment dans le son; dans les deux autres, de voir si une addition de glycéro-phos- phate à la ration ferait ou non varier le premier résultat. Le quatrième jour de la première période, après avoir soigneusement lavé à l'eau distillée chaude le fond de la caisse, on a commencé à recueillir les urines et les déjections solides. Chaque jour, un échantillon du son a été mis à l’étuve à 110 degrés pour déterminer la proportion de sa matière sèche, qui s’est montrée variable selon les jours, preuve que la précaution n'était pas inutile. Les échantillons, réunis dans un: flacon bien bouché, devaient fournir l'échantillon moyen pour le dosage. Chaque jour aussi les déjections solides recueillies étaient de même accumulées à l’étuve dans une capsule et les urines évaporées au bain- marie. À la fin de la période, qui a duré sept jours, les déjections solides sèches ont été moulues el la poudre obtenue a été bien brassée pour obtenir l'échantillon bien homogène qui devait être incinéré en vue du dosage. Quant au résidu sec des urines, ila pu être incinéré en entier. Voici les résultats constatés : Acide phosphorique contenu dans 3045150 de son sec ingérés (à raison de 3,20 p. 100 de matière sèche) . . 11. J'EN MIOBEGSD Acide phosphorique Son den Ares 93 grammes d’excréments solides secs(àraison de 7,01 p.100 detmañebreseche) NPC . 681537 $ 9 540 Acide phosphorique sos dans. 1 5er840 dr résidu sec des urines. En Rage (D) (0 Acide phosphorique le en ftjours 2e PNIDEAURS À la fin de cette période, comme au commencement, le fond de la caisse avait été lavé à l’eau distillée chaude et l’eau de lavage ajoutée SÉANCE DU 27 JUIN 687 aux urines. Alors s’est ouverte une nouvelle période préparatoire de trois jours, durant laquelle on à ajouté aux 25 grammes de son de chaque repas 0 gr. 500 de glycérophosphate de chaux, soit 1 gramme par jour. La substance étant soluble dans l'eau froide, sa solution dans l'eau distillée a servi pour humecter, comme la première fois, le son de la ration, au sujet duquel on a du reste procédé de même que dans l'autre cas. C’est seulement après ces trois jours d'alimentation préparatoire et le fond de la caisse ayant été encore une fois lavé, qu'on a commencé à recueillir les déjections solides et liquides. Je ferai remarquer en pas- sant que c'est pour avoir, dans les anciennes expériences avec les phos- phates minéraux, porté en compte les déjections du premier jour, que les expérimentateurs ont été conduits à constater un déficit qui n'était qu'apparent, le phosphate ayant été, non pas assimilé, mais bien retenu dans l'intestin. La période d'expérience avec glycérophosphate a duré sept jours, comme l'autre. Elle a donné les résultats suivants : Acide phosphorique contenu dans 3018470 de son sec ingérés (à raison de 3,36 p. 10 de A LErESeCHE) AMEN, à PAIN OR MAOE 29 Acide phosphorique nn ct nn ne de glycérophosphate de chaux (à raison de 2e Da 100) Sins es . 2 046 Acide phosphorique contenu ère 07 SgTammes d'excréments secs (à raison de 7 43 p. 100 de matière sèche. 2 18"207 } 108562 Acide phosphorique contenu Fate 168490 de DÉSCUN SCORE SSUEURES PRE RO A0 ACC PÉOSDhorIqUe ASS EN RME EN OU 0 1S Sur les 12 gr. 175 d'acide phosphorique que notre lapin d'expérience avait ingérés dans cette dernière période, il en a donc assimilé 1 gr. 613, tandis que sur les 9 gr. 636 fournis par le son seul dans la première, il n'en avait assimilé que 0 gr. 089. Cela fait une différence de 1 gr. 524, qui ne paraissent pouvoir provenir que du glycérophosphale surajouté à sa ralion. La propriété nutritive de ce glycérophosphate n'est, d’après cela, pas douteuse. A la fin de l'expérience, le lapin pesait 4 kil. 572. Il n'avait ainsi gagné que 64 grammes de poids. Je dois ajouter, avant de finir, que les dosages d'acide phosphorique ont été exécutés avec le plus grand soin, et toujours en double pour plus de sécurité, par M. Gay, à l’aide d'une méthode nouvelle, plus sûre et plus expéditive que l'ancienne, et due, en très grande partie, à la collaboration de deux jeunes chimistes de Grignon, ses collègues, MM. Crochetelle et Marcille. Dans cette méthode, l'acide phosphorique se dose en poids, à l'état de phosphomolybdate. 688 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a RECHERCHE DU BACILLE D'ÉBERTH DANS LES SELLES PAR LE PROCÉDÉ D ELSNER, par M. Paurz Courmonr (de Lyon). (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) La méthode d’Elsner pour la recherche du bacille typhique dans les selles, à donné dans les premiers mois de son application, des résultats merveilleux entreles mains d'Elsner, Lazarus, Brieger, Chantemesse(1). Ces recherches avaient une extrême importance au point de vue tant doctrinal que clinique. Elles constituaient en effet, un argument en faveur de la dualité du bacille coli et du bacille d’Eberth, et rendaient enfin possible l'isolement de ce dernier dans les milieux organiques, même en présence du bacille coli; le diagnostic de la fièvre typhoïde devenait sûr, facile, précoce. Depuis le mois de février 1896, nous avons expérimenté la méthode d’Elsner à ces deux points de vue. I. Ensemencement sur milieu d'Elsner du bacille coli et du bacille d'Eberth provenant de cultures. — Ayant suivi rigoureusement les indi- cations d’Elsner sur la préparation de son milieu, nous avons fait, à la température de 21 à 22 degrés, de très nombreux ensemencements avec des cultures de bacille d’Eberth et de bacille coli, seuls ou mélangés. D'une façon générale, nous avons obtenu les mêmes résultats qu'Elsner, quant à l'aspect des colonies, et leur date d'apparition et par là leur différenciation assez facile sur tubes d'Esmarch (2). Cependant les colonies de coli ne présentent pas toujours l'aspect brun crémeux ; elles sont souvent minces et bleuâtres, mais, il èst vrai, avec un centre toujours brun et surélevé. De plus, si dans un tube d'Esmarch, on ense- mence abondamment du bacille d’Eberth et du bacille coli, les colonies de ce dernier demeurent très petites surtout celles en profondeur, et il devient impossible de les différencier à l'œil nu ou à la loupe. Quant à l'importance théorique des différences de végétabilité de ces deux microbes sur milieu d’Elsner, elle a été constatée par MM. Roux et Rodet (3). IL. £nsemencement des selles. — Nos recherches ont porté sur les selles de vingt malades. Les tubes d’Esmarch chargés de gélatine d’'Elsner, étaient placés à 22 degrés, examinés tous les jours à la loupe, elles colonies suspectes étaient toujours vérifiées par leur ensemence- ment en bouillon lactosé tournesolé. (1) Soc. de Biol., 22 février 1896. (2) V. ma communication à la Soc. des sc. méd. de Lyon, 11 mars 1896. (3) Soc. des sc. méd. ie 18 mars 1896. SÉANCE DU 27 JUIN 689 Sur nos 20 malades, neuf étaient atteints de fièvre typhoïde clini- quement certaine, l’un de ceux-ci seul étant à la période de convales- cence; les autres ont tous été examinés en pleine période d'état, avant le quinzième jour, la température étant au-dessus de 39 degrés. Sur ces neuf typhiques, nous n'avons pu isoler le bacille d'Eberth que dans deux cas à la période d'état. Chez les 11 autres malades atteints d’affections diverses (3 cas d'embarras gastrique), nous ne l'avons jamais rencontré. Ces résultats diffèrent notablement de ceux d'Elsner, Lazarus, Brieger, Chantemesse, qui ont trouvé le bacille d’Eberth dans presque tous les cas de dothienentérie. M. Chantemesse l’a même rencontré chez plusieurs malades ne présentant ni fièvre, ni symptômes typhiques. L’explication de cette divergence nous semble facile. Nous serions arrivés à des résultats concordants, si nous avions tenu comme rigoureuses les assertions d’Elsner, en cherchant à différencier, à l'œil nu, les colonies de bacille d'Eberth. Voulant contrôier la méthode, nous nous sommes adressés au critérium de l’ensemencement en bouillon lactosé des colonies suspectes. Dans les cultures sur milieu d'Elsner, de selles typhiques, les colonies de bacille coli sont extrêmement nombreuses; même sur les tubes peu chargés, celles-ci se développent souvent peu en surface, restent à l'état de petits points brillants qu'on ne peut différencier, même à la loupe, des colonies de bacilles d'Eberth. L’ensemencement en bouillon lactosé, nous a prouvé maintes fois que les colonies prises pour du bacille d’Eberth, faisaient fermenter la lactose. Ce n’est qu’en ensemencant presque au hasard beaucoup de colonies suspectes, qu'on peut isoler le bacille d’Eberth. Elsner a d'ailleurs avoué lui-même, à la Société de médecine interne de Berlin (10 juin 1896), que son procédé n'était pas l'idéal et que le pullulement du bacille coli sur son milieu, gênait la recherche du bacille d'Eberth. En somme, l'application consciencieuse d’un procédé, destiné à différencier le bacille coli du bacille d'Eberth, montre que, dans les selles de typhiques, au seul point de vue morphologique invoqué par Elsner et ses successeurs, il y a des formes de transition insensibles entre ces deux microbes. La méthode d’Elsner marque cependant un progrès sur les méthodes antérieures; elle rend possible, sinon facile, l'isolement du bacille d'Eberth dans les selles; mais les conclusions cliniques qu'on voudra tirer de son application, devront être basées sur un contrôle rigoureux des colonies suspectes. Un autre point hasardé des assertions d’'Elsner, consiste dans son affirmation que les autres microbes des selles ne poussent pas sur son milieu. Les recherches de M. Roux (de Lyon) et les nôtres prouvent que des microbes des selles d'aspect éberthiforme, coliformes, ou 690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même liquéfiants, peuvent gêner considérablement les recherches. CONCLUSIONS. — 1° Le milieu d'Elsner met facilement en évidence les différences de végétabilité du bacille d’Eberth et du bacille coli prove- nant de cultures ; 2° Ces différences ne sont pas absolues et s'effacent facilement dans les cultures de selles de typhiques où le bacille coli prend souvent l'aspect éberthiforme ; 3° Le bacille typhique n’a été isolé par nous que 2 fois chez 9 typhi- ques et jamais chez 11 autres malades; 4 La méthode d’Elsner, si elle ne peut assurer le diagnostic à l'œil nu de la présence du bacille d'Eberth, permet du moins la recherche de celui-ci dans les milieux organiques, et, contrôlée par la constatalion des autres caractères du bacille, pourra rendre des services en clinique. NOTE SUR LA VARIATION ÉLECTRIQUE (COURANT D'ACTION) DÉTERMINÉE DANS LE NERF ACOUSTIQUE PAR LE SON, par MM. H. BraurecarD et E. Dupuy. (lravail du laboratoire d'Anatomie comparée des Hautes Etudes au Muséum.) Préoccupés d'établir une méthode permettant de déterminer, chez les animaux, les limites de la sensation auditive, nous avons pensé pouvoir uliliser pour cette détermination, le courant d'action qui, théoriquement, doit se produire dans le nerf acoustique excité. A cet effet, nous avons employé le galvanomètre universel apériodique de d’Arsonval (1), en nous servant de l'échelle micrométrique qui permet de reconnaitre des courants extrêmement faibles. Nous donnons aujourd’hui les premiers résultats de nos expériences. Celles-ci ont été faites sur la grenouille et sur le cobaye. La calolte cranienne est rapidement enlevée, ainsi qu'une partie du cervelet, de manière à mettre à nu le nerf acoustique du côté choisi pour l'expérimentation. Le nerf étant alors sectionné, nous appliquons sur la section une électrode impolarisable (nous nous servons des électrodes de d'Arsonval), et l’autre électrode sur le tympan. Ces électrodes sont reliées par un fil de cuivre au galvanomètre qui se trouve ainsi compris dans le circuit. Nous ne cacherons point que ces expériences sont fort délicates; tou- tefois, si l'opération a été bien menée, nous constatons, dès que les électrodes sont en place, l'existence du courant normal résultant de la (1) Nous adressons ici nos meilleurs remerciements à notre savant collègue qui a bien voulu mettre à notre disposition l'appareil avec lequel nous avons expérimenté. SÉANCE DU 27 JUIN Le G9H ——— section et se traduisant par un mouvement de déviation continu de l'échelle micrométrique devant le fil vertical immobile qui sert d’index. Ceci posé, au moyen d'un sifflet métallique, nous émettons un son très aigu au voisinage de l'oreille en expérience. Aussitôt une variation électrique (courant d'action) se produit dans le nerf acoustique: elle se traduit par un arrêt du mouvement de l'échelle micrométrique et un changement du sens de ce mouvement. L'oscillation ainsi produite a été, en moyenne, dans nos expériences, de 3 degrés de l'échelle pour le son aigu du sifflet employé. Dès que le son a cessé, le courant du nerf chargé sur l'électrode se manifeste de nouveau et l'échelle reprend son mouvement dans le premier sens. Nous avons répété ces expériences sur un grand nombre d'individus, toujours avec le même succès. Elles nous permettent d'affirmer qu'il est possible «enregistrer le courant d'action du nerf acoustique excité par les ondes sonores Avant d'aller plus loin, nous ferons quelques remarques sur diverses particularités que nous avons pu observer au cours de ces recherches. 1° Dans les conditions de l'expérience, l'appareil acoustique parait se faliguer rapidement, car si, dans l'empressement d'observer ces oscilla- tions du courant d'action, on fait succéder assez rapidement deux coups de sifflet, l’oscillation du courant produite par le second coup est beau- coup moindre que la première, et pour un troisième coup succédant rapidement au second, elle est ordinairement nulle. Au contraire, si. l'on réserve un temps de repos de une minute à peu près entre chaque son aigu, on obtient chaque fois une oscillation bien nette. 2° Pour peu que l’une des électrodes vienne à se déplacer et cesse d'être en contact soit avec le tympan, soit avec l’extrémilé du nerf acoustique, le courant cesse de se manifester. Il cesse également d'être enregistré si le sang des vaisseaux lésés envahissant la cavité cranienne en trop grande quantité, atteint le point de contact du nerf acoustique et de l’électrode. Ces accidents nous sont fréquemment arrivés au cours de nos expériences; ils sont la meilleure démonsiralion que le courant observé est bien un courant propre au nerf, puisque nous ne l’obser- vons plus dès que les contacts avec le nerf sont détruits ou altérés. 3° Enfin, aussitôt que l'animal succombe, ce qui n'arrive guère qu'au bout de 20 à 25 minutes, dans les conditions d'une opération bien réussie, le courant cesse, preuve nouvelle qu'il s'agit bien, dans nos expériences, d'une manifestation de la vie du nerf acoustique et de réac- tions répondant à des états particuliers, de ce nerf considéré soit au repos soil en acliviié. Nous nous sommes servis de la grenouille et du cobaye, en raison séu- lement'des qualités bien connues de ces'animaux comme sujets d'expé- rimentation, car nous n'avons point eu la pensée d'étudier spécialement chez eux les limites de la sensalion auditive. Nous nous réservons SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ©ù © LO d'entreprendre ultérieurement cette étude, nous bornant aujourd'hui à faire connaître les résultats premiers de nos recherches. Toutefois, nous ne nous en sommes point tenus à ces premiers faits. Nous avons voulu établir, en outre, si la différence de hauteur des sons se traduit par une différence dans la grandeur du courant d'action. Nous avons constaté qu'il en est bien ainsi. En effet, au moyen du diapason normal (dont le nombre des vibra- tions (870)est très inférieur à celui du sifflet aigu employé tout d abord), nous avons pu, en faisant vibrer cet instrument près de l'oreille du cobaye, obtenir un courant d'action manifeste, mais beaucoup moins étendu que celui qui répond au son aigu du sifflet; il n’a pas dépassé, en effet, un degré de l'échelle micrométrique, et parfois même il ne s’est manifesté que par un arrêt, sans recul, du mouvement primitif. Avec un grand diapason, donnant des sons très graves, nous n’avons pas observé d'oscillation du courant chez le même animal. Nous pouvons donc con- clure de là, que la grandeur du courant d'action dans le nerf acoustique varie avec la hauteur du son qui arrive à l'oreille. Nous posons seulement cette conclusion générale, sans rien tirer de plus de notre expérience, car s'il est vrai que pour l'oreille du cobaye les sons aigus déterminent dans le nerf acoustique un courant d'action plus grand que les sons graves, il se peut que pour l'oreille d’un animal organisé pour la récep- tion des sons graves, ce seront ceux-ci qui détermineront le courant d'action le plus grand. Tout ce que nous pouvons dire en ce moment, c’est qu'il y a variation de la grandeur du courant d'action avec la hau- teur du son. Nous aurons également à rechercher le rôle que peut jouer l’intensité des sons, en outre de leur hauteur, dans la production du phénomène, et c’est seulement lorsque nous aurons résolu ces questions, qu'il nous sera possible d'appliquer notre méthode à la détermination de la limite de la sensation auditive dans les diverses espèces animales. Pour finir, nous ferons remarquer encore que les expériences cei-des- sus rapportées, démontrent que l'oreille fait un travail d'analyse des sons, qu'elle fonctionne comme un centre nerveux et que le nerf semble ne transmettre au cerveau que le résultat de l'analyse. DU ROLE DES CHLORURES ET DES PLASMAS DANS L'ORGANISME, par M. J. WINTER. Il y a trois mois, je fis connaître dans les Archives de physiologie (1), comme corollaire d’une étude plus générale, une relation régulière et (1) Arch. de Physiologie, avril 1896. SÉANCE DU 27 JUIN 693 inconnue entre la concentration moléculaire des liquides organiques et leur richesse chlorurique. Depuis cette époque, différentes communications nous ont rappelé l’action des injections salines et de l’eau pure. Les explications théo- riques que leurs auteurs invoquent ne nous apprennent rien de plus, sur le rôle des chlorures dans l'organisme, que les faits remarquables qu'ils nous ont apportés. Pour acquérir quelques notions sur cette fonction obscure des chlo- rures, il faut pénétrer plus avant dans l'étude des faits. Il faut faire quelque chose de plus que de l'anatomie et de l'analyse chimique; quelque chose de plus même que de l’expérimentation pure, que des injections, par exemple, lesquelles modifient et compliquent certaine- ment les conditions physiologiques. /{ faut interroger la statique molé- culaire des humeurs naturelles. I faut considérer ces solutions humorales aux états de repos et pendant le travail des fonctions. On arrive ainsi à dégager des constantes d'équilibre et des limites de transformation absolument inconnues. Je crois qu'un grand intérêt s'attache à l'étude de la question ainsi posée. Le rôle des chlorures lui est, d'ailleurs, inti- mement lié, comme on va le voir. Je me contente, pour aujourd'hui, de fournir le principe de mes re- cherches, et d’en donner un court résumé synthétique avec l’interpréta- tion qui en découle le plus naturellement. Par la suite, je donnerai des faits particuliers, et je m'efforcerai de justifier l'interprétation que je vais esquisser ici. Le principe fondamental de ces recherches, que je poursuis depuis plusieurs années déjà, est l'étude du rôle de l’état de condensation de la matière dans la production et la marche des phénomènes physiologiques. Jusqu'ici je n’ai guère étudié que la concentration des humeurs acces- sibles à l'analyse. La méthode qui, entre toutes, m'a donné, dans cette voie, les résultats les plus simples, est la méthode cryoscopique (1). Il y a dans cette constalation l'assurance, pour nous, que les forces molécu- laires jouent un très grand rôle dans l’équilibre organique. Ce sont les résultats de cette méthode que je résume ci-après en parlant de concen- trution moléculaire. Je renvoie, pour les détails que je ne puis reproduire dans ce petit cadre, à mes publications antérieures (2). Voici l’'énumération condensée des principaux faits : La concentration moléculaire d’un liquide organique quelconque, se compose d’une partie constante en rapport avec l’état fonctionnel cor- respondant, cette fonction étant supposée au repos, et d'une partie (1) Détermination de l'abaissement du point de congélation des liquides. (2) C. R. À. d. Se., 11 novembre 1895, et Arch. de Physiol., janvier, avril et aussi juillet 1896. 694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE variable, dépendant de la première et liée aux modifications chimiques que suscite le travail de la fonction. Pour quelques liquides (sérum, lait, etc.) la variation est presque constamment nulle. Elle est limitée dans tous les cas. On ne saurait, à l'heure actuelle, aborder avec assurance et profit l'étude générale des causes qui, par leur anlagonisme, limitent ainsi la concentration et, par le fait, règlent l’activité chimique des solutions plasmatiques. Mais on trouve, dans l'étude des chlorures, des indications précieuses qui permettent de don- ner du rôle des plasmas et de leurs constituants un schéma simple, capable de nous guider ultérieurement. Les mouvements des chlorures dans les dissolutions sont, en effet, fort singuliers. À l’élat de repos des fonctions et pour une concentration moléculaire donnée, les chlorures plasmatiques varient avec la masse, c’est-à-dire avec le poids des molécules. Il s’agit donc bien ici de l’état de conden- sation de la malière dissoute. Il est, de plus, facile de montrer que dans le sang et dans ie lait la loi s'applique aussi bien à la malière en sus- pension qu'à la matière en dissolution. J'ai insisté sur ce point dans mes notes antérieures, notamment au sujet de la résistance des héma- ties, résistance égale à la concentration chlorurique du sérum. Ce fait était absolument ignoré. Rien ne semble s'opposer à la généralisation de ce principe aux divers plasmas cellulaires. Nous verrons mieux cela par les développements ultérieurs et par la discussion des faits. J'ajoute que les chlorures fournissent les 2/3 au plus de la totalité des molécules dissoutes. Suivant l’état de condensation du milieu, ils peuvent n’en fournir que les 4/9°, les 8/27°, etc. L'énergie fonctionnelle décroit à me- sure que l'écart entre la concentration totale et les chlorures s'accentue. Voilà pour l’état de repos. Pendant le travail des fonclions, ce qui est le cas pratique ordinaire des examens chimiques, et pour une certaine énergie fonctionnelle initiale, les chlorures diminuent quand le nombre total des molécules dissoutes augmente et vice versa. Il y a compensation réciproque, compensation qui s'obtient facilement par des mouvements de liquide dus à l'attraction osmotique des milieux et à la diffusibilité des chlo- rures. Cet antagonisme entre les chlorures et les molécules organiques constitue évidemment un des grands mécanismes de régulalion des forces cellulaires. Il conduit directement à cette notion générale, d'un intérêt pratique considérable : l’activité fonctionnelle d'un organe est, pour une concentration inuiale donnée, inversement proportionnelle à la quantité de chlorures du plasma cellulaire correspondant. Pour les urines, l'intérêt est encore plus considérable, car il est facile de montrer et de comprendre que l’étal urinaire dépend à la fois et de la fonc- tion ‘rénale et du travail organique général: Donc, dans une urine, la concentration initiale étant connue (nous verrons comment), la quantité: SÉANCE DU 27 JUIN 6935 de chlorures est en rapport direct avec l'état général (A), Rien n'est plus facile à vérifier que ce principe si simple, complètement ignoré jusqu'à ce jour. L'ensemble des faits ci-dessus, appuyés par des considérations d’un autre ordre, conduit à une conception que je demande la permission de schématiser dans uün langage sur l’absolue vérité duquel je fais quelques réserves. Je ne considère qu'une analogie qui doit nous per- mettre de comprendre facilement une des principales conséquences des mouvements moléculaires mentionnés ci-dessus. Considérons un circuit fermé parcouru par un courant. Interposons de place en place des solutions de concentration variable. Le courant sera interrompu par des solutions organiques très concentrées; il se propagera dans les solutions qui renferment des éléments conducteurs, tels que les chlorures (électrolytes). IL se propagera, plus ou moins facilement dans des solutions mixtes. En deux mots, ces solutions servent de milieu de transmission et de régulation du courant. On comprend l’analogie, je pense. Tous les plasmas organiques servent ainsi d'éléments de propagation de l’onde nerveuse. Suivant leur consti- tution, ils l’accélèrent ou l’arrêtent. L'importance de leur rôle saute aux yeux et celui de leur constitution et de leur richesse chlorurique aussi. Telle est la conception simple à laquelle conduit l'étude approfondie des faits ci-dessus, appuyés par d’autres que je donnerai plus lard. Ils permettent même d'aller plus loin. Ces plasmas ne sont pas seulement des milieux conducteurs; c’est dans leur sein que les transformations chi- miques mettent en liberté (ou absorbent) de l'énergie qui peut devenir de l'énergie calorifique ou électrique, ou nerveuse. Les noyaux se pré- sentent alors comme de véritables centres d'attraction, comme des pôles vrais. C’est dans les plasmas cellulaires, à la périphérie, par consé- quent, que l'énergie nerveuse prend sa source. C’est de là qu’elle se pro- page vers d’autres milieux qui la centralisent et la répartissent. Je n’insiste pas davantage. Mais, on voit que l'étude des plasmas et des liquides qui en dérivent, est aussi importante que l'histologie cellulaire. Et maintenant, il nous est facile de comprendre leur rôle et de dire des chlorures qu'ils reflètent, à tout instant, dans un liquide physio- logique donné, la réserve d'énergie potentielle de la fonction corres- pondante. (4) Tant que ces chlorures ne dépassent pas les 2/3 de la totalité des molé- cules. BiosoGie. Couvres neNDus, — 108 séuxe. r, II 52 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LA CONTRACTION MUSCULAIRE DES ANIMAUX A SANG FROID : GRENOUILLE, ÉCREVISSE (1), par M'e5 À. CocEman et M. PoMPILIAN. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) 1° Procédés techniques. — Voici dans quelles conditions ont été faites nos expériences : grenouilles à circulation intacte immobilisées par la destruction de l’axe cérébro-spinal; refroidissement obtenu lentement par la glace; échauffement lent par un courant d’eau chaude passant dans deux tuyaux.de plomb placé de chaque côté de la grenouille, dont ils étaient séparés par une couche d’ouate trempée dans une solution d’eau salée (7p. 1000). Un thermomètre placé dans l’œsophage donnait la température centrale; un autre, à côté du muscle, indiquait la tempé- rature du coton environnant. Inscription, sur cylindre immobile ou animé de différentes vitesses, des contractions du muscle gastro- cnémien. Exeitation du nerf sciatique par des courants induits produits à la rupture du courant inducteur donné par quatre éléments Daniell. Mêmes moyens d’échauffement et de refroidissement pour la pince de l'écrevisse détachée du corps. Excitation directe du muscle. 2 Influence de la température sur le seuil de l’excitabilité. Expériences faites sur le muscle gastro-cnémien, tendu par un poids faible. Nous avons observé que le seuil de l’excitabilité présente un mini- mum vers 21 degrés environ et un maximum à 13 degrés (température extérieure). 3° Influence de la température sur la hauteur de la secousse. a) Chez la grenouille. — Prenant toujours un poids identique, égal à 100 grammes, et une excitation identique (d'intensité correspondant au n° 10 de la bobine), nous avons observé : Un maximum de la hauteur à 0 degré; Une diminution de la hauteur par l’échauffement (de 0 à 30 degrés) sans présenter un second maximum à 30 degrés, comme MM. Gad et Heymans l'ont vu; mais les conditions de nos expériences sont diffé- rentes de celles de ces deux auteurs. (1) Cette question a été étudiée avant Gad et Heymans, qui en ont fait une étude détaillée, par Schmulewitsch, Hermann, Fick, Marey, etc. Schenk a essayé d'en donner l’explicalion. Grünhagen, Samkowy et Bernstein ont étudié l'influence de la température sur les muscles lisses de la grenouille, ils ont constaté une augmentation de la tonicité par le refroidissement, une diminu- tion par l’échauffement. Biedermann a vérifié le même phénomène chez les mollusques. Pour la bibliographie complète, voir Gad et Heymans (Arch. für Physiol., 1890, et Bicdermann : Elektrophysiologie ; 1895, p. 85). SÉANCE DU 271 JUIN 697 Nous avons varié l’ordre dans lequelnous produisons les variations de température. On ne peut donc pas attribuer à la fatigue la diminu- tion de la hauteur produite par l’'échauffement, quand on voit ce même muscle, refroidi à nouveau à 0 degré, donner des secousses bien plus hautes que les précédentes. b) Chez l'écrevisse. — Nos expériences faites sur le muscle de la pince détachée du corps nous ont montré que : Pour un poids égal à 100 ou 50 grammes, et pour un excitant iden- tique (d'intensité correspondant au n°5 de la bobine), on observe un maxi- mum de la hauteur à 0 degré, plus manifeste encore que chez la gre- nouille. Une diminution de la hauteur par l'échauffement. Voici les chiffres des hauteurs obtenues à des températures différentes : Grenouille. 49 Expérience du 9 mai : Température: 0 degré. Hauteur de la secousse : 24 millimètres. AREA RNA AES 18 4 _ 22 — — 3 — — ONE ENS — 21 — 20 Expérience du A1 mai : Température: 0 degré. Hauteur de la secousse : 27 millimètres. > A1 5 — — 20 — ES DEC — ‘ 18 — a CARE 2e 11 Æ ss ro Se 16 . 39 Expérience du 13 mai :: Température: 0 degré. Hauteur de la secousse : 36 millimètres. Æ 16 ae = 22 2 it 26 5 — ” 20 3 = AE nu 26 a 4° Expérience du 22 juin : Température : 21 degrés. Hauteur de la secousse : 12 millimètres. ge SUB Le 8 1e _ Es 7" 11 ss = 20 — dr 1 Le 8° Expérience du 19 juin : Température: 20 degrés, Hauteur de la secousse : 14 millimètres. — 0 — —- 22 — _ 20 — = 42 ue ir our — — 14 5 — Écrevisse. 1° Poids : 100 grammes. Température : 14 degrés. Hauteur de la secousse : 38 millimètres. 0.5 TRE : 9 2) E gi LE 61 se 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Poids : 50 grammes. Température : 14 degrés. Hauteur de la secousse : 64 millimètres. 35 BRAS ne 18 À — 0 — _ T5 — Il est clair que cela semble un paradoxe, que la hauteur décroisse avec l'élévation de la température, mais on peut faire remarquer que la vitesse est un des éléments du travail et qu'elle varie aussi avec les changements de température, de sorte que : de e , HP - Considérant:E l'énergie correspondant à la puissance TT d'un muscle chauffé, — 14 refroidi, il ne s'ensuit pas que, si H>H, nous ayons aussi EE, car, ainsi que l'expérience l'indique, T” est bien plus grand que T. L'énergie dépensée par un muscle refroidi pour soulever un poids donné à ure certaine hauteur, peut être égale ou moindre que l'énergie dépensée par un musele chanffé pour soulever le même poids à une hau- teur moindre. | d’un muscie E’ l'énergie correspondant à la puissance NOUVEAU CAS D'IDIOTIE AVEC CACHEXIE PACHYDERMIQUE (MYXOEDÈME INFANTILE) : APRÈS LE TRAITEMENT, par M. BourNEvILLE. Dans la séance du 9 mai, nous vous avons présenté une petite fille de trois ans, atteinte d’idiotie myxædémateuse. Nous vous avions annoncé que nous vous la présenterions de nouveau après qu'elle aurait été sou- mise durant un temps convenable au traitement par Vingestion thyroï- dienne. Et, afin que vous puissiez vous rendre compte des effets du trai- tement, nous avions mis en relief les principaux caractères de son affection. Malheureusement, au bout de quelques jours, l'enfant à été prise d'accidents pulmonaires auxquels elle a rapidement succombé. Nous avons cru cependant, qu'il était bon de vous faire connaître les résultats oblenus, car ils étaient significatifs et s’annonçaient de bon augure. : 9 mai. — Un demi-lobe de glande thyroïde. T. R. 36°,9 et 37 degrés. 10. — Un demi-lobe, 37°,5 et 38 degrés. Les mains et les pieds, qui avaient une coloration rouge vineuse, ont pris la teinte cireuse du reste du corps et leur gonflement pachydermique a diminué. La langue, qui pendait en avant des arcades dentaires, est devenue notablement moins volumineuse au point qu’elle se replie maintenant dans l'arrière-fond de la cavité buccale et occu- TR AE M ee CNE ae D QT LR a; ME NS SÉANCE DU 27 JUIN 699 sionne des périodes de demi-asphyxie durant lesquelles la respiration est interrompue. 11 mai. — Au cours de la nuit l’enfanta été agitée et s’est réveillée en sursaut à plusieurs reprises. T. R. 380,3; P. 67; R. 21. En raison des symptômes observés, on ne donne pas de glande thyroïde. — Soir : T. R. 389,5. 42 mai. — L'agitation a continué. L'amélioration s'accentue. Les paupières sont moins tuméfiées, aussi les yeux sont-ils davantage découverts. Les lèvres sont beaucoup moins violacées. — Poids : 10 kil. 500. — T. R. 37,9. — À midi, l'enfant prend 1 gramme de glande thyroïde. — Le soir, elle parait affaissée. Toutefois, elle saisit plus facilement les objets qu'on lui présente. Pour la première fois, depuis son admission, elle a une garde-robe sans lave- ment. — Soir : T. R. 39 degrés. 41 mai. — En raison de l'élévation de la température observée hier soir, et bien que la température soit descendue ce matin à 38°,2, nous ne lui faisons pas prendre de glande thyroïde. L'enfant continue à être un peu agitée et à être très énervée. 14 mai. — Le sommeil a été à peu près nul et l'enfant a remué sans cesse. T. R. 359,8. 1 gramme de glande thyroïde. — Les mains se dégonflent de plus en plus. Les cheveux tombent. On note un commencement de desqua- mation mais pas de sueurs. Dans l'après-midi, plaintes, agitations, refus de boire le lait. — Soir : T. R. 390,6. 45 mai. — La nuit a été mauvaise. La respiration était précipitée, l’oppres- sion très grande, la température très élevée (40 degrés). Dans la matinée, Gon... est plus calme, bien que la respiration soit gènée et fréquente. La température est descendue à 38°,4. Dans la journée, alternatives d’agitation et d’abatte- ment, plaintes, pleurs, déglutition difficile, bouche close; la langue ne sort plus; la face est moins bouffie, la coloration rouge des mains a tout à fait dis- paru. — Soir : T. R. 399,4. 16 mai. — Pendant la nuit, plaintes, dyspnée, toux. T. R. 38°,1. Ce matin, G... est moins abattue, semble mieux, mais, dans l’après-midi, la dyspnée reparaît, la toux persiste. L'enfant se gratte le nez, frotte sa tête contre l'oreiller. Une selle sans lavement. — Soir : 389,5. 47 mai. — Bien qu'on lui ait administré hier soir un lavement au chloral, G... n'a pas dormi. Parfois son regard devient fixe et d’autres fois ses yeux se retournent comme si elle avait des convulsions (?). — Le matin, T. R. 380,3. Dyspnée, toux plus fréquente, nausées. L'enfant paraitsouffrir beaucoup. Rien à l’auscultation. La pression du côté gauche paraît douloureuse. Deux selles spontanées dans la journée. Le soir, Gon... est plus calme. T. R. 399,3. 18 mai. — La nuit a été mauvaise en raison de la dyspnée. On a mis des ventouses sèches et appliqué des cataplasmes sinapisés. À 10 heures du matin, T. R. 380,6; P. à 96; R. à 56. Oppression de plus en plus accusée. Lèvres pâles. Regard sans expression. Déglutition très difficile. À la percussion, la sonorité est conservée sauf en arrière à gauche où il y à de la submatité. A l’ausculta- tion, l'inspiration est rude presque partout, mais on n'entend ni souffle, ni räles, — Ventouses sèches, sur la poitrine, inhalations d'éther, lotions vinai- grées; ipéca; potion de Todd. Soir. — Le traitement à été fait très régulièrement. Un second vomitif n’a, comme le premier, produit aucun effet, On à remplacé les inhalations d’éther 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par des inhalations d'ammoniaque et on a fait une nouvelle application de ventouses sèches. La température est descendue à 38 degrés (une heure de l'après-midi) pour remonter à 390,8 (9 heures du soir). Sueurs abondantes. Oppression extrême. P. à 100; R. à 56. Coma. L'enfant meurt le 19 mai à 6 heures du matin. T.R. 39 degrés. — Poids après décès : 9 kilogrammes. — La famille a fait opposition à l'autopsie. Résumons le {railement el ses effets : 1 Jour NME A/2tlohe de slandelinyaoniee DE = NN RE ee 14/2 dlo perde = DR ES EE ST D ENS ICE NN Mr ET er de flan de CH MONTE DAS EE LEE UE ENS USDeNSION: CN RE ME RCE tente clan de thyroirler 118 ACTA I OUT RTE EAST EN LOTO MNT RAT TL Quant aux effets dus à l’ingestion de la glande thyroïde, ils ont été les suivants : disparition de la coloration d’un rouge vineux des pieds et des mains; diminution de leur état pachydermique; dégonflement de la langue et partant suppression de la protrusion de cet organe; occlusion de la bouche auparavant largement ouverte; diminution de la cyanose des lèvres et du gonflement des paupières qui laissent voir les yeux; selles spontanées au lieu de la constipation opiniâtre antérieure; sommeil agité, réveils en sursaut, agitation, plaintes; élévation de la température centrale; amaigrissement se traduisant par un abaissement de poids d’un kilogramme et demi en neuf jours. Lorsque nous avons commencé le traitement, une particularité nous avait frappé : c'était l'élévation relative de la température sans motif appréciable, durant les trois jours précédents. Elle oscillait entre 37 de- grés et 37°,2 tandis que d'ordinaire, et chez la malade elle-même, elle est de 36 degrés à 36°,8. Cette élévation était-elle le premier indice des accidents pulmonaires ultérieurs, nous n'oserions nous prononcer. Quelle est la cause de la mort? Nous croyons qu'il faut écarter la mé- dication parce qu’elle a été de très courte durée (4 jours) avec une inter- ruption d’un jour; parce que la dose quotidienne était très faible (4 gr. 50 deux fois, 1 gramme deux fois). Ajoutons que, en raison dela résistance de l'enfant, aucune de ces doses n'a été ingérée complètement, l'enfant en ayant rejeté une partie, chaque fois, surtout la seconde fois. À l'appui, nous pouvons invoquer le cas d’un enfant — une fille éga- lement. — Bou.…., moins âgée de cinq mois, qui a pris un demi-lobe (4 gr. 50) pendant douze jours avec une seule interruption le cinquième jour sans offrir de symptômes anormaux, en particulier la dyspnée, l'élévation de température, etc.., notés chez Gonich... Rappelons que les phénomènes principaux dus à l’ingestion de la glande thyroïde s'atténuent très vite, d'habitude en vingt-quatre heures, dès qu'on SÉANCE DU 27 JUIN 704 suspend le traitement. Enfin nous n'avons pas observé les crises épilep- tiformes, la tachycardie proprement dite, le tremblement, la paralysie, les éruptions cutanées, etc., signalés comme étant les phénomènes qui accompagnent l’intoxication complète. C'est donc à une affection pulmonaire qu'il convient, à notre avis, d'attribuer la mort. La toux, l'oppression, la douleur à la pression, la submatité, malgré la suspension du traitement, nous paraissent rendre fort probable cette opinion. Il est bien regretlable que l'opposition à l’autopsie ne nous ait pas permis d'en apporter la certitude. (M. Bourneville montre des photographies qui mettent en évidence le retrait de la langue dans la bouche, l'ocelusion des lèvres, le dégonfle- ment des paupières, et les /racés du poids et de la température.) SUR LA MODALITÉ DU FROTTEMENT DANS LA PROJECTION ACOUSTIQUE DES ORGANES, par le D' A. Bianca. Dans la dernière séance de la Société de Biologie, il a été déclaré qu'on pouvait obtenir des résultats plus exacts par la projection acous- tique des organes, en produisant les vibrations avec le frottement par l’ongle, au lieu qu'avec le frottement et la pression par le doigt. Dans la délimitation acoustique des organes, la substitution du frotte- ment par les ongles au frottement par les doigts ne peut se faire. Il y a pour cela plusieurs raisons. Avec l’'ongle on ne peut faire la pression nécessaire pour obtenir l’exacte délimitation des organes, et c’est facile de tomber dans les résultats erronés que, par exemple, a obtenus M. Bouverel, de Lyon. Avec l’ongle on peut facilement égratigner la peau des malades et rendre ainsi la méthode des plus incommode. Lorsque je présentai la méthode à M. Potain, en présence de M. Marey, M. Potain a fait remar- quer que, avec cette méthode,on caresse les malades. En substituant l’ongle au doigt, on égratignerait les malades. Changer la facilité de la méthode ou la rendre dangereuse pour les malades, parce que le frottement avec pression fait avec l’ongle peut apporter des dangers, est compromettre le futur de la projection acous- tique des organes obtenue par l’auscultation des vibrations provo- quées. RÉPONSE À LA NOTE DE M. Brancui, par MM. Capiran et VERDIN. Aux protestations ci-dessus de M. Bianchi nous répondrons : 1° M. Bianchi se sert de la forme impersonnelle pour nous désigner : « Dans la dernière séance de la Société de Biologie, dit-il, & a été dé- claré... » 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————@— re = Nous ferons remarquer que cette forme est d'autant plus incorrecte que dans nos deux notes : séance du 16 mai (et non du 25 avril comme une erreur de correction nous l'a fait dire dans notre dernière note) et séance du 20 juin 1896, nous avons toujours cité M. Bianchi, en le con- sidérant comme créateur de la méthode. Il aurait donc pu nous appeler par nos noms au lieu de dire : Il a été déclaré... 2° Nous ne pouvons accepter l’objection suivante de M. Bianchi: d’ailleurs un peu... enfantine : « la substitution du frottement par les ongles au frottement par les doigts ne peut se faire... Avec l’ongle, on peut facilement égratiqner la peau. En effet, jamais nous n’avons recommandé de frotter avec l’ongle, mais bien de percuter. Nous disions dans notre note du 20 juin : « On frappe légèrement sur la peau, etc... et plus loin : « Les chocs donnés, sur l'étendue du viscère qu’on examine, au moyen de la pulpe du doigt ou de l'extrémité de l’ongle.... » 3° Si d’ailleurs, c'est la seule objection que M. Bianchi trouve à faire à notre instrument, il faut avouer qu'elle est au moins peu sérieuse et qu'elle ne semble pas pouvoir nuire beaucoup à l'avenir de la très intéressante méthode de la percussion auscullée, due à M. Bianchi, et ‘que nous croyons avoir rendue plus pratique encore par l'emploi du splanchnomètre. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 63 votants. 1% four de scrutin. M: Rénon,.% LAN CE obtient 2IfSuffrases M4 Cha briéues. Li le nrseIe Er —\t 224 — MS MWelsss Dre ae — Ai — Mr Gharco bass SEP — 2 — Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, il est procédé à un second tour de scrutin. — 54 votes sont exprimés : M° Rénon Fe 02 obtient 34 /snitrasess MCRabrie EE OP AE — 18 — AIM SPAVICIS SAMOA RE ter MES _— 2 — En conséquence, M. Rénon, ayant obtenu la majorité des suffrages exprimés, est proclamé membre titulaire de la Société de Biologie. Le (Gérant : G. MAsson. Paris. -- Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 4 JUILLET 1896 M. Cu. Ricuer : De l'index général de la classification décimale de la physiologie. — M. le Dr Prærre Boxnier : Critique des théories classiques de l'audition. — M. Manon : Les maladies circulaires de la Jacinthe. — MM. LaxGrors et CHARRIN : Du rôle des capsules surrénales dans la résistance à certaines infections. — M. le Dr E. Bonn : Sur les Favus à lésions trichophytoïdes. — M. Cn. CONTEJEAN : Sur la coagulation du sang de peptone. — M. ConteJean : Rôle du foie dans l’action anticoagulante des injections intravasculaires de peptone chez le chien. (Versus Gley et Pachon, Delezenne et Hédon.) — MM. p’Arsonvaz et Carr : Les courants à haute fréquence. Leurs actions sur l'organisme. — M. Cu. FÉRé : Gretfes de blastodermes d'oiseaux sur des oiseaux adultes d'autres espèces. — M. L. Grimsert : Sur la préparation du milieu d'Elsner. — M. G. MariNesco : Les lésions médullaires provoquées par la toxine tétanique.— M. Rocer : Modifications de sérum chez les animaux vaccinés contre l’oidium albicans.— M.E. BATAILLON : Evolution de la fonction respiratoire chez les embryons d'Amphibiens et de Téléostéens. — M. A. Graro : Observations à propos de la note précédente. — MM. Bosc et Vever (de Montpellier) : Recherches expérimentales sur l'action de l’eau ordinaire en injections intraveineuses (doses mortelles, doses non mortelles). — MM. Bosc et Vene (de Montpellier) : Recherches sur la toxicité et les effets des solution fortes (T p. 100) de chlorure de sodium en injection intraveineuse. Présidence de M. Giard. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. DasrRe, au nom de l’auteur, M. le professeur Raphaël Dubois, fait hommage à la Société d’un travail considérable ayant pour titre : Étude sur le mécanisme de la thermogénèse et du sommeil chez les mammifères, el pour sous-titre : « Physiologie comparée de la marmotte ». (612.01! DE L'INDEX GÉNÉRAL DE LA CLASSIFICATION DÉCIMALE DE LA PHYSIOLOGIE, par M. Cu. Ricuer. La classification décimale de la physiologie, telle qu'elle a été rédigée par la commission nommée par nous à cet effet (MM. R. Blanchard, G.-Bonnier, Bourquelot, Dumontpallier, Dupuy, Malassez, et Ch. Richet, rapporteur) est maintenant terminée. Elle a été acceptée par l'Institut bibliographique international de Bruxelles, et nous la ferons parve- nir cette semaine, avec les Comptes rendus hebdomadaires de nos séances, à tous les membres de la Société de Biologie. Brouocie. Comptes RENDUS, — 102 SÉRIE, Tr, ILE. 53 704 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Le principe de cette classification, adopté par nombre de journaux scientifiques (Natural Science, Zoologischer Anzeiger, Revue de l'Univer- sité de Bruxelles, Revue scientifique, Société de physique, Association fran- caise pour l'avancement des sciences, etc.), peut donc être considéré comme adapté définitivement à la physiologie. MM. Munk et Latschenberger, pour le Centralbatt für Physiologie, l'ont acceptée en ces derniers temps. C'est donc un grand pas fait pour l'unification de la bibliographie, et il nous semble qu'il y a là un réel progrès, dû à l'initiative de notre Société. Il est à désirer que l'application en soit faite par les auteurs qui communiqueront une note relative à leurs écrits : eux seuls sont en état de faire l'indexation (néologisme qu'on excusera, car il est néces- saire) de leur mémoire. Il leur suffira de se reporter à la table générale, et de mettre en tête de leur note le chiffre qui leur paraîtra répondre le plus exactement à la note qu'ils présentent. A partir du prochain numéro de nos Comptes rendus, nous espérons que cette détermination sera acceptée et pratiquée par eux. [612.858] CRITIQUE DES THÉORIES CLASSIQUES DE L'AUDITION, par M. le D' PIERRE BONNIER. La théorie de Hurst (1), qui date de décembre 1894, publiée en dé- cembre 1895, et la mienne, présentée à la Société de Biologie en février 1895, ont définitivement rompu avec les anciennes hypothèses qui dominaient la physiologie auriculaire depuis deux cents ans. Depuis Du Vernay — qui, en 1683, longtemps avant que Helmholtz conçüût sa théorie des résonateurs et l’appliquàt à l'oreille, avait déjà assimilé cet organe à un appareil de résonance — jusqu'à nos derniers traités classiques de physiologie, l'oreille a toujours été considérée comme un milieu de résonance purement physique, dans l'une ou l’autre de ses parties. Hurst rejette toute théorie de la résonance auriculaire passée, présente ou à venir, en s'appuyant sur les expériences de Kohl- rausch, qui observe que deux ébranlements convenablement espacés suffisent pour provoquer une sensation tonale — ce que prouvait, d’ail- leurs, la roue dentée de Savart. J'ai établi, de mon côté, qu'il n'existe (4) A new theory of hearing. C.H. Hurst. Ce mémoire, lu le 14 décembre 1894 au Royal College of Sciences de Dublin, n’a été publié qu’en décembre 1895, dans les Trans. L'pool Biol. soc., vol. IX. Je l'ignorais donc quand je commu- niquai ici ma théorie de l'audition, les 2 et 23 février 1895, et quand je la déve- loppai, en mai 1895, dans le Bulletin scientifique de M. Giard: Nos théories dif- fèrent d’ailleurs sur des points essentiels. SÉANCE DU À JUILLET 705 —_—_—_—_—————…———————…—…—…——…——…— —…—…—.—.…—.—.—…—…——…——_—…—_—…—…— —…"…—… —…—…—…"…"…—.—_—…—…"—…—…—…"—_—… …"…—…— —…"…—_"_…—" —_…_…" —…_…—_—"—_…_—"——…—…— — — ———————— pas dans le limacon de parties réalisant dans leur anatomie les condi- tions physiques de la vibration par influence directe — que, même en l’'admettant, il n'y a aucune proporlionnalité entre les dimensions des éléments percevants et la gravité de certains sons perçus — ni surtout entre l'échelle des dimensions de ces éléments qui varient de 1 à 12 au maximum, et celle des tonalités de nos perceptions auditives, lesquelles varient de 1 à 1,000 au minimum. J'ai montré que, loin d'opérer comme des résonateurs, capables de garder l'accord toute la vie, l'appareil cochléaire était absolument comparable dans son mode fonctionnel à un enregistreur, et que tout le dispositif avait pour effet d’étaler l’ébran- lement dans tous les détails de sa forme sur une longue surface de per- ception, dont les éléments contigus procurent une analyse continue. En second lieu, à part Hurst et moi, tous les auteurs admettent que c'est l’'ébranlement sonore qui, par conduction moléculaire, vient lui- même exciter les éléments de la papille. Hurst pense, de son côté, qu'il n'y a, vu l'exiguité des dimensions des milieux auriculaires, aucune uti- lité à distinguer l’ébranlement moléculaire de l’ébranlement « molaire » ou en totalité. J'ai montré que cette distinction entre les deux formes de sollicitation des milieux auriculaires suspendus et inertes devait d'autant plus subsister, que la transmission moléculaire se fait d'autant mieux que l'oreille est moins bonne physiologiquement, tandis qu'au contraire l'audition souffre immédiatement du moindre obstacle apporté à l’oscillation totale des milieux auriculaires. L’ébranlement sonore éveille bien la sensation tonale, mais comme la chaleur fait tourner la roue d’une machine, en faisant naître dans certains milieux une force d’une autre forme qui, elle, produira le travail utile approprié au dispo- sitif fonctionnel. Il est un troisième point sur lequel je me suis complètement séparé de tous les physiologistes, point capital au point de vue de la physiolo- gie sensorielle. Tous les auteurs, Hurst compris, admettent que le nerf auditif analyse le son, c'est-à-dire qu’à des sons donnés, à des ébranle- ments de périodicité définie, correspondent des segments définis de la papille sensorielle. J'ai fait observer que dans aucun de nos appareils sensoriels il n'était possible de supposer autant de variétés d’élé- ments qu'il y à de variétés dans chaque modalité sensorielle, et que chaque point d’une surface sensorielle est capable de recevoir tous les degrés, toutes les tonalités dans une même modalité. Rien ne prouve que nos sens décomposent les phénomènes extérieurs en leurs éléments simples ; et si nous connaissons, grâce au prisme, la spectration lumi- neuse, si nous analysons, grâce aux résonaleurs, la composition du tim- bre, rien ne nous force d'admettre pour cela que notre œil décompose comme le prisme, notre oreille comme les résanateurs. Un enregistreur nous donne les moindres détails d’une courbe ondulaloire, sans la départager en une série de courbes simples, et l’analyse d'une forme 706 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE complexe n'implique pas sa décomposition en formes simples. Les réductions opérées par les appareils à réaction physique n'engagent en rien le fonctionnement sensoriel et la théorie des localisations intra- papillaires ne peut se soutenir. Pour l'oreille, j'ajouterai que le contraire de la décomposilion semble prouvé par les expériences toutes récentes de Corradi (1), dans lesquelles, des destructions partielles du limacon n'ont jamais altéré plutôt la per- ception des sons aigus que celle des sons graves, quel que fût le siège de la lésion. La clinique ne nous montre-t-elle pas tous les jours des lésions passagères limitées à l'oreille externe ou moyenne, déterminant de la surdité soit pour les sons aigus, soit pour les sons graves, sans qu'il soit possible d’incriminer une action limitée à tel ou tel segment de la papille cochléaire? Les surdités partielles peuvent être liées à des troubles de l'appareil de transmission et indépendantes de l’état de l'ap- pareil papillaire. L'expérimentation et la clinique confirment donc la théorie que j'ex- posai il y a un an — et ne confirment qu'elle. LES MALADIES CIRCULAIRES DE LA JACINTHE. par M. ManGn. J'ai reçu d’un horticulteur du Midi de la France de nombreux lots de Jacinthes blanches et roses, envahies par une maladie qui exerce de grands ravages dans les cultures de cette plante. L'examen des bulbes a révélé l'existence de deux parasites animaux, dont l’un n'avait pas été signalé, à ma connaissance du moins, dans les cultures méridionales. Ce sont : l'Anguillule de la Jacinthe, ou Z'ylenchus Hyacinthi, déjà signalée dans la région méditerranéenne en 1881 par M. Prillieux (2), et un Acarien, le Cepophagus echinopus, découvert par Fumouse et Robin (3), sous le nom de Zyroglyphus echinopus, sur des fleurs desséchées de Jacinthe et que M. Kramer (4) a signalé aussi (4) Corradi. Rech. expér. sur le limacon. Soc. ital. de laryngol., Florence, 1895. (2) Prillieux. La maladie vermiculaire des Jacinthes, Bulletin de la Société nationale d'Horticulture, 1881, 3° série, t. III, p. 253. (3) A. Fumouse et Robin. Observations sur une nouvelle espèce d'Acariens du genre Tyroglyphus. Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, Ch. Robin, n° 8, 1868. (4) Kramer ein Feind der Hyacinthenzwiebeln. Zeitsch. f. mikroscop. Fleischs- chau med. popul. mikroscopie, 1880, p. 121-124. SÉANCE DU À JUILLET 707 sur les bulbes de la Jacinthe. La section transversale des oignons attaqués montre, au milieu des écailles saines, un certain nombre d'écailles jaune fauve ou brunes, qui dessinent des arcs plus ou moins longs et méritent bien, aux maladies causées par Les parasites cités plus haut, le nom de Maladies circulaires, créé par M. Sorauer. Mais cet auteur les attribuait à des champignons parasites, et M. Prillieux a fait remarquer, avec raison, que ces champignons sont des saprophytes qui prennent possession des oignons détruits par les anguiilules, ils ne sont en au- cune facon spécifiques de la maladie. Je veux insister spécialement sur le traitement destiné à débarrasser les cultures de ces parasites, M. Prillieux a recommandé d’arracher et de brûler toutes les bulbes envahies. En ce qui concerne les anguillules, ce procédé est peu pratique à-cause de la difficulté de reconnaitre leur pré- sence. Quand les oignons sont fortement contaminés, les écailles des régions envahies prennent une teinte jaune ou fauve caractéristique; mais dans beaucoup de cas la présence de ces parasites n’est pas indi- quée par des caractères extérieurs. En effet, si les anguillules sont peu nombreuses, elles cheminent dans les lacunes nombreuses voisines de la face interne de chaque écaille, et y pondent leurs œufs sans que leur présence soit indiquée par un changement de teinte appréciable. Il est vrai que, d'après M. Prillieux, les oignons attaqués présentent une production de gomme assez considérable; on lit, en effet, dans son travail: « La gommification des jeunes organes dans les formations « axillaires, s'observe très fréquemment d'une facon très complète, et « quand on abandonne un oignon malade coupé transversalement par « Ja moitié, on voit les surfaces tranchées se couvrir de grosses gouttes « d'une matière jaune très réfringente, qui durcit à l'air. » Mes observations n’ont pas vérifié cette manière de voir. Bien loin d’être un phénomène pathologique, la formation de la gomme est nor- male et s'observe chez les individus sains comme chez les individus malades; souvent même, quand les écailles sont envahies en grand nombre, la production de la gomme cesse dans les oignons malades. Cette gomme, dont j'’indiquerai l’origine dans une autre publication, s’'amasse ordinairement sous l’'épiderme des écailles de l'oignon et forme en beaucoup d’endroits, des masses lenticulaires fauves ou brunes qui se révèlent, sur la section transversale, sous l'aspect d’arcs plus ou moins étendus et pourraient faire croire, à tort, à l'existence de la maladie. Le Cepophaqus echinopus, au contraire, est toujours facile à reconnaitre, parce que les tissus déchirés prennent une teinte brune; mais, comme l'a montré M.Mégnin, cette espèce peut se rencontrer sur d'autres plantes el, par suite, persister dans la terre d’un champ où les bulbes ont été arrachées. Pour détruire les plantes atteintes, il faut les séparer des plantes 7108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE saines. Le triage des bulbes saines ou malades se fait de la manière: suivante : on coupe transversalement le sommet des bulbes, et sila sec- tion est blanche, la bulbe est saine; si elle offre des zones ou des ares. bruns, la bulbe est réputée malade, et l’on fait de nouvelles sections de plus en plus bas pour constater si la maladie ne s’est pas étendue ; on peut planter alors celles des bulbes qui ne sont pas tachées ou qui n'étaient tachées qu'à leur partie supérieure. Les observations signalées plus haut montrent que ce procédé est défectueux, d'une part, à cause de la présence des amas de gomme brune qui, dans une bulbe saine, peuvent donner l'illusion de la maladie, et, d'autre part, parce que les régions faiblement envahies par les anguil-- lules ne se distinguent à l'œil nu par aucun caractère extérieur. Une dernière raison est fondée sur la persistance des parasites, au moins. des Acariens, dans le sol même où les Jacinthes ont été cultivées. Je propose l’emploi du sulfure de carbone soit avec les bulbes pen- dant la période de repos, soit dans le sol pendant la végétation. Dans les cultures méditerranéennes, les oignons de Jacinthe sont arrachés à la mi-juin et replantés en septembre. Un peu avant l’époque. de la plantation, on disposera les oignons sur des claies, dans des caisses. en bois ou dans des armoires contenant des soucoupes remplies de sciure de bois imprégnée de sulfure de carbone ; au bout de six heures, on enlèvera les bulbes pour les aérer et faire disparaître les vapeurs toxiques. Cette durée est suffisante pour tuer les parasites; elle me parait insuffisante pour endommager les plantes. D'autre part, on pourra, après la plantation des bulbes, injecter le sul- fure de carbone dans le sol au moyen d’un pal ; des essais établiront la dose qu'il ne faut pas dépasser. DU RÔLE DES CAPSULES SURRÉNALES DANS LA RÉSISTANCE A CERTAINES INFECTIONS, par MM. LanGLois et CHARRIN. Le rôle antitoxique des capsules surrénales a été mis en évidence par Abelous et Langlois dans leurs recherches de 1891-92, recherches con- firmées par la plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question. — Charrin et Langlois, d’une part, Abelous, de l’autre, ont insisté sur l’action antitoxique, in vitro, exercée par cet organe sur des alcaloïdes,. tels que la nicotine, l’atropine. — D'autre part, des expériences nom-- breuses d'Olivier et Scheffer, etc., ont montré que l'extrait de ces cap-. sules était toxique. Il était important de rappeler ces faits, avant de relater les résultats. SÉANCE DU 4 JUILLET 109 en apparence paradoxaux auxquels nous sommes arrivés, en injectant soit des cultures virulentes, soit des cultures stérilisées du bacille pyo- cyanique à des animaux privés de l’un de ces viscères. Dans deux séries, nous avons injecté des cultures virulentes. — Dans la première, 3 cobayes étaient normaux, 3 monocapsulés depuis 8 jours ; la survie totale des 3 premiers a été de 138 heures; celle des 3 derniers de 150. — La seconde série fut faite dans les mêmes condi- tions, mais quelques animaux sont morts dans la nuit : 30 heures après l'injection, on constatait 2 normaux morts, 1 monocapsulé mort; dans la nuit mouraient 1 normal et 1 monocapsulé; enfin, à 9 ces du matin, le dernier monocapsulé était trouvé expirant (1). Avec les cultures virulentes, nous avons fait plusieurs autres séries comprenant des animaux monocapsulés avant l'injection, des animaux monocapsulés après cette injection. — Voici quelques résultats. C : (série). — 5 cobayes; 3 opérés 5 et 6 jours avant; 2 normaux. — Mort. Un opéré meurt le premier, 26 heures après, puis les 2 normaux; enfin les 2 autres opérés. D : (série). — 4 cobayes; 2 opérés de 3 semaines, 2 normaux. — Un us mort 48 heures après; 1 normal succombe ; les opérés survivent. : (série). — 3 cobayes; l'opération est faite 24 heures après l’inocu- . à l'un d'eux; survie de tous les trois; toutefois, le monocapsulé a été moins malade, malgré le traumatisme, que les deux autres. F : (série). — 3 cobayes; les 3 animaux de la série précédente, com- plètement remis, ayant tous récupéré, même au delà, leurs poids primi- tifs. Cobayes normaux. Morts : le premier 6 heures, le second 9 heures après l'injection; le monocapsulé malade 10 heures après l'injection, mais susceptible de vivre quelques heures encore, d'après l'observation comparée des autres. — Injection de 16 centimètres cubes d’eau salée sous la peau. — Vivant le lendemain. — 24 heures après, nouvel état grave ; 16 centimètres cubes de sérum. — Vivant le surlendemain. Comment expliquer cette résistance étrange, en présence des don- nées signalées par nous sur le rôle antitoxique des capsules surrénales; la contradiction parait, en apparence, manifeste : nous ne pouvons ici qu'affirmer le fait. — Quant à l'interprétation, nous ne la donnerons qu'à titre hypothétique. Ce rôle antitoxique de ces organes, au point de vue des auto-intoxica- tions ou de l’action sur certaines substances nuisibles, reste indiscutable ; mais nous avons montré les premiers, que, sous l'influence de l'infec- tion, il se produisait une hypertrophie considérable de ces capsules: — D'autre part, Petit, étudiant les lésions microscopiques, à vu «que les cylindres corticaux étaient bouleversés, leur capsule conjonctive (4) Nous avons, il y a plus de deux ans, fait une simple allusion à ces faits dans la Revue générale des Sciences. 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— rompue, la plupart des cellules altérées; on a l'impression, dit-il, en note, d'un corps spongieux dont il ne resterait que le squelette ». Si l'on rapproche cette observation du fait connu de la toxicité des extraits de ces viscères, toxicité accrue dans l'infeclion, nous sommes amenés à l’hypothèse suivante. Sous l’action des toxines, on voit se réaliser, dans une première période, une hyperactivité glandulaire; les cellules réagissent avec énergie ; elles engendrent sans doute en quantité plus grande la subs- tance toxique inconnue (Pyrokatechine?). Puis, surviennent, après ce travail intense, une résorption de ces produits, par suite une auto- intoxication qui va ajouter ses effets à l’intoxication attribuable aux toxines pyocyaniques; en supprimant une capsule, nous diminuons la quantité de ces substances toxiques surrénales résorbables. — Si les résultats, bien que constants, sont peu accentués, si l'augmentation dans la survie est faible, c'est que nous ne pouvons enlever qu’un seul de ces viscères. — Il n’en reste pas moins établi ce fait singulier, à savoir que l’ablation d’un organe tout spécial, malgré le traumatisme | qui en résulte, le plus ordinairement ne diminue pas la résistance à une certaine intoxication; souvent même, contrairement à ce qui se passe pour le foie, le rein, ete., cette ablation augmente sensiblement cette résistance. Les organes anti-toxiques, soit un des plus connus, le corps thyroïde, fabriquent, on le sait, un principe utile qui neutralise des éléments nui- sibles; ces éléments manifestent leur influence, lorsque cette neutrali- sation n’a plus lieu, dans le myxœdème, en particulier. Toutefois, si ce principe utile de ces organes antitoxiques dépasse telles limites, des dommages d'un autre ordre en sont la conséquence, peut-être, dans ce cas du corps thyroïde, la maladie de Basedow. Pour devenir offensif, un produit ne doit pas falalement être étranger à l’économie; les effets de la surabondance du sucre chez le diabétique le prouvent. De même, si les capsules surrénales font défaut, l’asthénie addiso- nienne apparait, parce que la sécrétion interne de ces viscères, chargée de détruire quelques poisons hyposthénisants, manque. Mais si cette sécrétion est trop abondante, elle devient nuisible ; son action s'ajoute à celle des autres toxiques: elle aggrave le mal. On peut remarquer que ces expériences tendent à établir qu'une partie des matières morbifiques vient de l'organisme impressionné par les toxines. — A vrai dire, nous le répétons, nous ne tenons qu'aux faits, non à ces hypothèses. | SÉANCE DU À JUILLET 711 SUR LES FAVUS A LÉSIONS TRICHOPHYTOÏDES, par M. le D' E. Boni. J'ai extrait récemment des lésions du veau teigneux un champignon particulier qui n’a jamais été décrit jusqu'ici, et qui présente ce fait curieux d'être, au point de vue botanique, un Favus, et de causer sur l'animal une lésion trichophytique. Voici dans quelles conditions j'ai rencontré ce champignon. C'était sur deux veaux {1) atteints de teigne tondante et dont les lésions revétaient, sans que cela puisse faire aucun doute, les caractères des trichophyties. Dans les squames et dans les poils cassés existant au niveau de ces lésions, l'examen microscopique me démontra la présence d’un parasile dont l'aspect était celui que mon excellent collègue et ami le D° R. Sabouraud a décrit comme caractéristique des trichophytons endo- ectothrix d'origine animale (2). Toutefcis, en certains points de mes préparations, les spores mycéliennes étaient plus grosses, plus irrégu- lières et formaient des chapelets plus flexueux que dans les cas ordi- naires de trichophytie animale. Mais si ces particularités pouvaient indiquer, à un observateur accou- tumé à ces examens, l'existence dans ce cas d’une espèce spéciale de trichophyton, elles ne changeaient point l'aspect général du para- site qui restait dans ses grandes lignes celui des trichophytons endo- ectothrix. Jusqu'ici donc l'examen clinique et l'étude microscopique indiquaient la nature trichophytique de l'affection. Mais, après isolement du parasite contenu dans ces lésions, les cul- tures que j'en ai pratiquées m'ont offert un aspect et des caractères ne rappelant en rien ceux des trichophytons. Ce champignon, qui ne pousse bien qu'entre 30 et 33 degrés, n'utilise point les hydrocarbures comme la mannite ou la maltose, et, sur les milieux composés avec ces substances, il végète si pauvrement, qu'au bout de 12-15 jours sa culture est à peine évidente. Il se développe bien au contraire sur les milieux renfermant des matières azotées st surtout des malières azotées du type des peptones. Sur agar peptonisé à 1 gr.50 p.100 ou sur agar peptonisé à très forte dose (5 p. 100), ses cultures acquièrent en 12-15 jours la dimension d'une pièce de 1 ou de 2 francs ; elles apparaissent sous la forme d'une masse à surface saillante, irrégulière, grisàtre, humide et dont la partie (4) Je remercie ici M. le D' Veyrières, de La Bourboule, à qui je dois d’avoir pu étudier ces lésions animales. (2) R. Sabouraud. Les trichophyties humaines. Paris, 1893, Rueff, édit. CES NT ES ARS PE Cr PTE ne 1 VERRE, LT ES TT \ 712 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE profonde envoie dans le milieu nutritif des mycéliums rayonnants et toujours assez gros. Sur gélatine, il pousse rapidement, mais il liquéfie le milieu dès les premiers jours de sa croissance; au 4° jour, il s’est déjà formé un entonnoir de liquéfaction très net. Sur pomme de terre, il se développe assez bien et donne une cul- ture grisàtre, humide, saillante, irrégulière, quelquefois blanche par places. Voilà certes des caractères qui ne se rencontrent point dans les cultures des trichophytons. Ceux-ci, qui poussent facilement à 25 degrés, ont pour caractéristiques biologiques (Verujski, Sabouraud) : d'utiliser surtout les hydrocarbures et de se développer sur les milieux contenant ces hydrocarbures avec une telle intensité qu'en 8-10 jours ils couvrent la surface d'un flacon d’Erlen-Mayer, tandis que leur croissance n’est point influencée favorablement par l'addition aux milieux de culture d'une substance azotée quelle qu'elle soit. Gultivés sur la gélatine, ils. ne s'accompagnent de liquéfaction qu'au 12° ou 15° jour. Leurs cultures, larges, abondantes, blanches ou jaunâtres, duveteuses ou plâtreuses, sont régulières et présentent ordinairement des plis rayonnés ou des rayons périphériques très élégants. Ce n'est assurément pas de ces cultures trichophytiques qu'il faut rapprocher les cultures du parasite que j'ai extrait des lésions tricho- phytiques du veau; l'aspect tout différent de ces derniers et leurs caractères biologiques, pour ainsi dire inverses de ceux des tricho- phytons, éloignent immédiatement cette idée. Mais il est un groupe de champignons pathogènes auquel on peut,au : contraire, rattacher le parasite dont je m'occupe actuellement; ce groupe, c'est celui des Favus. Tous les Favus ont, en effet, pour caractéristiques biologiques : de: ne se bien développer qu’à 30 degrés, de n’utiliser dans leurs cultures: que les substances azotées du lype des peptones et de ne se servir en rien des hydrocarbures, de liquéfier enfin la gélatine dès les premiers. jours de leur croissance sur ce milieu. Leurs cultures revêtent, pour certaines espèces, un aspect tellement analogue à celui des cultures du champignon que j'ai trouvé sur le veau, qu'il est parfois impossible de différencier ces cultures les unes des. autres. Et cette analogie que vient de nous montrer l'examen des cultures, devient encore plus étroite après l’étude mycologique. Dans les cultures du champignon provenant des lésions du veau, je n'ai jamais pu observer cette fructification conidienne en grappe (Botrytis) que Sabouraud a démontrée être pathognomonique des trichophytons. Ce que j'ai vu dans ces cultures, ce sont des formes de reproduction conidienne se rapprochant intimement, au point de vue morphologique, SÉANCE DU 4 JUILLET 713 du type Vospora ; or on sait que c’est suivant ce type que se reproduisent les Favus. Ce fait très important joint aux caractères des cultures établit, sans contestation possible, un rapprochement très grand entre le champignon que j'ai rencontré sur le veau et les champignons du Favus. Que conclure en présence de ces faits, en apparence contradictoires, qui nous montrent un champignon très analogue et pour ainsi dire iden- tique botaniquement aux Favus et qui cependant donne lieu sur l’ani- mal à des manifestations d'aspect trichophytique. Je connais déjà deux espèces de champignons qui sont, au point de vue mycologique, des Favus et qui déterminent chez l’homme et chez l'animal des lésions trichophytiques (tondantes, Kérion Celsi, Sycosis de la barbe); à ces espèces, que j'ai décrites en détail dans un travail sur les teignes tondantes du cheval, j'ai donné le nom de 7richophytons faviformes, et j'ai pensé qu’elles représentaient des termes de passage entre les Trichophytons et les Favus. Eh bien, le parasite du veau, dont je viens de résumer les caractères, rentre dans ce groupe nouveau dont je possède ainsi aujourd’hui trois espèces. Mais j'ajouterai ici que le nom de Zrichophytons faviformes, sous lequel j'ai désigné ces cryptogames il y a quelques mois, ne me parait pas leur convenir exactement. Sabouraud m'a fait remarquer à ce sujet quil serait préférable de leur donner le nom de Favus à lésions trichophytoïides, puisque c’est dans le groupe des Favus que les caractères mycologiques de ces cham- pignons leur assignent une place. Cette dénomination est, en effet, beaucoup plus convenable, car, en présence du nombre sans cesse croissant des espèces parasitaires qui causent les mycoses humaines et animales, il est évident que le seul moyen d'établir une classification rationnelle de ces espèces cryptoga- miques, c’est de prendre pour. base de cette classification les caractères mycologiques des parasites. IL importe donc avant tout de désigner chaque champignon pathogène sous le nom du groupe mycologique auquel il appartient par son mode de reproduction. La conclusion qui se dégage de ces faits peut, je crois, se résumer de la facon suivante : Il existe certaines espèces de champignons parasites qui se rapprochent intimement, au point de vue mycologique, des Favus, et qui cependant, chez l'homme ou chez l'animal, déterminent des lésions cliniquement trichophytiques. Ces parasites peuvent être désignés sous le nom de Favus à lésions trichophytoïdes. 714 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA COAGULATION DU SANG DE PEPTONE, par M. Cu. CONTEJEAN. Dans un mémoire publié, le 1° janvier 1895, dans les Archives de Physiologie, je signalaïs ce fait que le sang de peptone recueilli dans les vaisseaux, à l'abri des germes de l’air, finit ordinairement par coaguler au bout d'un temps plus ou moins long. J'ai, dons répété un grand nombre de fois cette expérience, et le résultat ne s’en est jamais démenti. Voici quelle est ma manière de faire. La solution de peptone destinée à l’expérience et la seringue qui doit servir à l'injection, sont stérilisées à l’autoclave. La veine jugulaire et la carotide d’un chien sont découvertes aseptiquement, et on cautérise les parois des vaisseaux avant d'introduire la canule de la seringue dans la veine, et l'extrémité d’une pipette Chamberland dans l'artère. Un robinet à trois voies, fixé à la seringue, permet d’aspirer la solution de peptone et de l’injecter dans la veine en opérant à l'abri des germes de l'air. L'animal d'expérience est à jeun depuis vingt-quatre heures. On lui administre 1 gramme de peptone par kilogramme, et cela en opérant le plus vite possible. On recueille alors aseptiquement, comme il a été dit, du sang, dans la carotide à des temps différents après l'injection. Quelques gouttes de ce sang ensemencées dans des flacons de bouillon, n’ont pas cultivé, et par suite ce sang peut être considéré comme pur de germes. Les prises récoltées de 5 minutes à 15 minutes après l'injection peu- vent parfois être conservées à l’éluve à 30 degrés pendant un temps fort long, sans former trace de fibrine, et cela tant que le sang conserve sa couleur rouge. Au bout d’un temps variable, deux semaines dans une de nos expériences, on voit le contenu de la pipette Chamberland noircir par suite de la formation de méthémoglobine etalors, en un Jour ou deux, le tout se prend en masse, mais seulement après la transformation de l’hémoglobine en méthémoglobine. Les prises de sang faites plus longtemps après l'injection se coagulent plus facilement et en un temps plus court. On voit d’abord les globules se déposer au fond du vase, ce qui ne se produit pas toujours dans la première prise, plus réfractaire à la coagulation; et au bout de quatre ou cinq jours environ, quelquefois moins, quelquefois plus, on voit apparailre le caïllot dans la zone des globules. Ce caillot envahit peu à peu le plasma surnageant, et il faut un temps considérable pour qu'il se prenne totalement. Les parois du vase sont revêtues de fibrine; mais il y a toujours, au milieu, du plasma liquide, et si l’on décante ce plasma dans un autre vase, il se prend rapidement en masse, en quel- ques minutes, à l’éluve à 30 degrés, tandis qu'on voit à côté le même plasma rester liquide dans le vase revêtu de fibrine. Les caillots se for- LEA RTE a 2e ee Abe AE EE ER UE dès SÉANCE DU À JUILLET 715 —__————p—p—Z— ment dans ces prises tardives, bien avant l'apparition de la méthémo- globine. Nous avons signalé déjà la plupart de ces faits, et si nous revenons sur ce sujet, c'est pour insister sur quelques expériences que nous n'avons pas publiées en détail et qui montrent que le sang de peptone recueilli au début de la peptonisation résiste très énergiquement aux agents qui en provoquent habituellement la coagulation. En particulier, et ce fait vient corroborer la découverte de MM. Dastre et Floresco, qui ont montré que le sang de peptone renferme du ferment de la fibrine, on peut ajouter au sang recueilli au début de la peptonisation, des liquides organiques renfermant du ferment de la fibrine sans en provo- quer la coagulation. Dans la confection de ces liquides, J'ai évité de me servir de sérum physiologique, qui seul, comme l'a montré Ledoux, suffit à déterminer la coagulation du sang de peptone. Je me suis adressé à du sang défibriné, à du sang laqué, à de l'extrait de caillot obtenu par la presse, et surtout à du sérum normal. Ce dernier procédé est le plus correct : il permet, en effet, d'opérer aseptiquement avec une très grande facilité; et cela n’est pas inutile, car nous avons vu parfois le sang de peptone résister vingt-quatre heures à la température de 30 de- grés, à l'action de ces agents coagulants, ce qui n'aurait probablement pas eu lieu si des germes étaient intervenus. — Exemple : Le 41 janvier 1895, à 3 h. 1/2, on met à l'étuve à 38 degrés, une série de tubes à essais stérilisés, renfermant les mélanges suivants, purs de germes. Les volumes indiqués sont approximatifs, mais presque exacts. Un tube témoin renfermant 10 centimètres cubes de sang de peptone. 10 cent. cubes de sang de peptone + 1 cent. cube d’eau distillée. 10 — — + 10 cent. cubes d’eau distillée (coagulé à 4 heures). 10 — — — 1 cent. cube d’une solut. de chlorure de calcium. 10 — — + 6 gouttes de la même solution. 10 ee — —- 10 cent. cubes de sérum. 10 “4 Le, rites sa — 10 = L- Se — 10 = _ 1226 LS _ 10 — — + 5.cent. cubes d'un autre sérum. 10 — — + 3 — — 10 se ce 29 24 25 Le lendemain matin, ces tubes renfermaient encore le sang liquide, et les sérums avaient fait coaguler du sang maintenu liquide par de l'extrait de tête de sangsue et traité absolument de la même manière. Le 18 janvier 4895, on peptonise un chien à 2 h. 23. On fait trois prises de sang à 2 h. 29, 2 h. 50 et 3 h. 15. Des échantillons des deux premières prises sont mis à l’étuve à 30 degrés à 3 h. 5. Les échantillons de la troisième prise 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sont mis à l’étuve à 3 h. 30. Outre les échantillons témoins incoagulables, chacun de ces échantillons a été traité cormme il suit pour chacune des séries : A. — Le sang de peptone renfermé dans ce tube a été additionné de 2 ou 3 gouttes de chlorure de calcium. — Addition de 1/2 volume de sérum. — — — — d'un autre sérum. — — — — de sang défibriné. — — — — de sang laqué. . — Le sang à été congelé dans un mélange réfrigérant. Celui-ci a été mis à l'éluve après les autres tubes de la série, quand le sang qu'il renfermait était complètement solidifié. MERE À 6 h. 15 du soir, les tubes de la première série (sang de 2 h. 29) sont tous liquides. A 3 h. 30, les tubes A, B et C de la deuxième série (sang de 2 h. 50) sont coagulés; D est coagulé à 4 h. 45; E est coagulé en partie à 6 h. 45. A la même heure, F est liquide. Pour la troisième prise mise à l’étuve à 3 h. 30, A, Bet C sont coagulés à x 4 heures; D l’est incomplètement à 4 h. 45; E est coagulé incomplètement à 5 h. 30. À 6 h. 15, F est encore liquide. Le lendemain, tout est dans le même état, sauf quelques tubes qui se trôu- vaient souillés et ont été envahis par les moisissures. F de la troisième série est coagulé (non souillé). Dans les deux autres séries, il est liquide. Ces expériences montrent bien que le sang de peptone obtenu dans les conditions signalées plus haut, peut résister énergiquement aux agents coagulants. Sa résistance à la coagulation diminue très vite à mesure qu'augmente le temps quis'écoule entre la cueillette du sang et la peptonisation du sujet. Des faits semblables peuvent être observés avec du sang plus ou moins riche en extrait de sangsue. Aussi avons-nous été portés à accepter l'interprétation communément donnée par les auteurs pour expliquer l’incoagulabilité du sang de peptone, en la modifiant légèrement. Ce sang renferme une substance, analogue comme action à celle de l'extrait de sangsue, mais incapable de résister à la chaleur, qui neutralise l'effet du fibrinferment. Si le sang de peptone fait coaguler le liquide de l'hydrocèle, c’est que l’action de la substance inconnue est paralysée par dilution. Pour nous, cette substance n’est pas de la propeptone transfor- mée. Outre les raisons que nous avons déjà fait connaître, nous ajouterons que l’on retrouve, dans l'urine, toute la propeptone injectée et que son pouvoir rotatoire n'est pas même modifié. Nous avons indiqué ailleurs les raisons qui nous font croire que cette substance est un produit de sécrétion des cellules de l'organisme, et le rôle que nous sommes portés à attribuer au foie dans ce phénomène, SÉANCE DU 4 JUILLET 717 1612.115.3! ROLE DU FOIE DANS L'ACTION ANTICOAGULANTE-DES INJECTIONS INTRAVASCU- LAIRES DE PEPTONE CHEZ LE CHIEN (Versus GLEY et PACHON, DELEZENNE et Hépow), par M. Cu. CONTEJEAN. Il y a un an environ, je faisais connaître les résultats d’une série d'expériences qui m'avaient conduit à formuler cette opinion, savoir : que, dans l’action anticoagulante des injections intravasculaires de pro- peptone chez le Chien, le foie et la masse intestinale jouent un rôle considérable, mais cependant toutes les cellules de l’organisme réagis- sent plus ou moins à l'invasion étrangère et contribuent bien moins activement que la région susdite, il est vrai, à la production de la subs- tance anticoagulante. Mon travail a provoqué une série de recherches critiques dont je ne puis être que lrès honoré. Gley et Pachon se sont les premiers élevés contre mon opinion. Con- firmant en somme ce que javais dit concernant le rôle du foie, ils refusent toute part dans ce phénomène, aux autres cellules de l’orga- nisme. Ils n'ont cessé de soutenir cette opinion, et de tenter de l’étayer par des expériences aussi ingénieuses que variées, dont je discuterai la portée tout à l'heure. Delezenne seul d'abord, puis en commun avec Hédon, tout en confir- mant encore mon opinion relativement au foie, refuse aussi toute action aux autres cellules de l'organisme ; et empruntant à Gley une phrase pour juger mes travaux, il trouve que mes expériences ne m'ont pas permis de préciser le lieu de formation de la substance anticoagulante. Mes expériences m'ont, au contraire, permis d'affirmer que le sang acquiert plus ou moins la propriété de ne point coaguler dans toutes les régions de l'organisme, le foie et la masse intestinale seuls se distin- guent par une superaclivité notable. Voyons maintenant si les expé- riences de mes contradicteurs l’emportent en précision sur les miennes. Je mets de côté tout d'abord toute expérience où l’animal est empoi- sonné par injection de substances toxiques dans les voies biliaires où ailleurs. Ces expériences montrent que les injections intraveineuses de peptone sont sans effet sur un animal malade et rien de plus. Nous savons que l’intoxicalion par le phosphore, parle venin de serpents, etc., rend le sang incoagulable. Que conclure alors d'expériences où l’on à peut-être introduit déjà des conditions qui modifient la plasticité du sang? Quant aux expériences relatives à la ligature des lymphatiques, elles n'ont jamais réussi entre les mains de Starling, de Delezenne, et entre les miennes (4). Le phénomène est donc assurément très compliqué et (1) Peut-être les auteurs lésaient-ils les nerfs du foie, ce qui, d'après mes recherches, diminue l'action de la peptone, 718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'interprétation donnée par Gley et Pachon devrait être accompagnée d'un grand point d'interrogation. Je n’accorde pas non plus une signification très importante aux expé- riences de circulation artificielle. Je montrerai prochainement que, dans tous les tissus de l'organisme, il y à des substances anticoagulantes, et nous ne savons pas encore par quels procédés on peut les faire agir ou les empêcher de manifester leur action. L'expérience de Delezenne dé- montre que le foie joue un rôle très important, mais elle ne démontre pas que le reste de l'organisme est inactif. Quant aux expériences relatives à l’extirpation du foie, je ne com- prends vraiment pas que l’on puisse se décider à tirer une conclusion quelconque d’une expérience donnant un résultat négatif et exécutée sur un animal effroyablement mutilé et en train de mourir. Je n'aurais pas parlé d'expériences semblables, car elles ne prouvent rien, absolument rien. Quoi d'étonnant à ce que la peptone n’agisse pas sur un chien dont le foie est enlevé avec ou sans fistule d’Eck, surtout quand on a eu le soin d'attendre une heure après l'opération avant de pratiquer l'injec- tion. L'animal est encore plus près de la mort et les cellules de l'orga- nisme malade du fait de la suppression des fonctions du foie n’en étaient que plus incapables de réagir. Un chien semblable n’aurait jamais pu digérer quoi que ce soit, et qui aurait osé conclure de cela que le foie était nécessaire à la digestion gastrique? Un résultat négatif (inaction de la peptone) ne prouve rien dans ces conditions. Pour moi, j'ai obtenu un résultat positif (action de la peptone) dans des conditions différentes. L'expérience est facile à répéter, il n’y a pas de fistule d'Eck à faire, et je La crois à l'abri de toute critique. Un chien à jeun est abattu par la section de la moelle. Trachéotomie. Respiration artificielle. Incision du pénis à l’appendice xiphoïde, et sur le flane droit de ia ligne blanche à la masse commune au-dessous de la dernière côte. On sectionne entre deux ligatures tous les organes entrant dans le hile du foie : artère hépatique, veine porte, lymphatiques, etc., etc. On déchire le petit épiploon, et le ligament hépato-rénal. Le foie complètement libéré n’est plus retenu que par le ligament suspenseur. On embrasse le pédicule dans de la corde de caoutchouc et l’on fait une ligature serrée en ayant soin de ne pas empêcher la circulation dans la veine cave pos- térieure. Tout cela n’a pas pris plus de dix minutes. On injecte alors de la peptone dans une veine, très brusquement, en moins d'une mi- nute. Le sang coagulable auparavant, coagule maintenant très mal, en dix minutes environ. Le caillot est mou, fluctuant; parfois la majeure partie du sang reste liquide. Il est en tout cas toujours moins coagulable que lorsque l'intestin a été en même temps isolé. Ce sang se conduit comme celui des veines sus-hépatiques: il se liquéfie quand on l’agite. Enfin il est bientôt le siège d'une fibrinolyse active et en quelques heures il retourne à l’état liquide. Est-ce là du sang normal? Je ne puis SÉANCE DU À JUILLET 719 d'admettre, et comme j'ai le droit de conclure quelque chose d’une expé- rience donnant un résultat positif, résultat constant si l’on opère comme j'ai dit, je suis forcé d'admettre que, hors du foie, il se produit de la substance anticoagulante. Je maintiens donc ma manière de voir et les conclusions de mes anciennes expériences, qui n'ont jamais d’ailleurs été bien compromises. [612.014.42] LES COURANTS A HAUTE FRÉQUENCE. — LEURS ACTIONS SUR L'ORGANISME, par MM. D'ARSONVAL et CHARRIN (1). — Les courants à haute fréquence, le fait est prouvé, agissent sur l’économie normale; il nous a paru intéressant de rechercher leurs effets sur cette économie devenue malade. Chez un premier diabétique, après un mois et demi de traitement, le sucre a fléchi de 622 à 186; le volume de l’urine de 11, de 12 litres, à 7, à 8; la toxicité urinaire a augmenté; de 136 par Docu, elle a passé à 98, à 79. Chez un second diabétique, le glycose est tombé de 144 à 57; a pres- sion artérielle, le pouls, la température ont subi une série de modifica- tions ; ce sujet, à l'exemple du premier, a déclaré éprouver une RE amélioration ; le traitement était limité à ces courants. Il convient d' ajouter que ces résultats demandent des séances répétées, fréquemment quotidiennes ; on ne commence à les percevoir qu'après un certain temps; ils sont lents, progressifs; à cet égard, les observa- tions prises avec soin par Bonniot, qui nous a activement secondé, sont démonstratives. Chez un obèse cardiaque, à deux reprises, ces courants ont fait fléchir le chiffre de l’urée, ont HOUR une oppression plus marquée ; on a dû les abandonner. Ces faits ne peuvent fournir que quelques indications; en les multi- pliant, on parviendra à formuler les règles de ces procédés, la nature de l'électricité à utiliser, la dose, la durée d’application, le nombre des séances, elc., plus encore les affections qui réclament cette méthode, comme celles qui sont influencées défavorablement. Pour les maladies infectieuses, nous nous sommes bornés à des essais sur des cobayes soumis à des injections de toxines diphtériques; un seul, jusqu'à ce jour, a survécu, c'est dire que nous avons échoué à peu près lolalement; on se heurte, pour le passage du courant, à des obsta- cles qui n'existent pas chez l'homme. (1) Les recherches relatives aux diabétiques ont été poursuivies sous la direction de M. d’Arsonval,, dans le service de M. Charrin. BioLoGie. Compres ReNDUS, — 10€ sénie, v. III. 54 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE © —_— _——————. Même in vitro, on ne réussit pas toujours; les résultats varient avee la nature de la toxine, et, pour une même toxine, avec son ancienneté, avec une foule de circonstances. L'électrolyse à sa part; toutefois, à l’aide de plusieurs dispositifs. spéciaux, on réduit les actions polaires, aussi bien que la température, qui peut ne pas dépasser 38, ou quelquefois 10 degrés; la diminution de toxicité est alors plus lente, plus faible, quoique réelle; inconstante, à dire vrai, elle existe avec certitude, du moins dans la majorité des cas. D'ailleurs, à côté de quelques échecs, les confirmations n'ont pas fait défaut; Bonome, Viola, en particulier, sont même allés plus loin que: nous ; ils ont rendu les substances microbiennes du streptocoque dix fois moins actives; nous avions, pour d’autres composés, atténué celte activité dans des proportions plus faibles, une demie, un liers, injectant, à un grand nombre d'animaux des doses peu considérables, permettant à l'état normal, une survie assez longue. | Ces auteurs ont réussi à transformer en anti-toxine, principe qui semble provenir, en partie, dela cellule animale, la toxine, principe issu de la vie des germes; nous n'avons pas réalisé cette transformation. On connait mal le mode d’action intime; évidemment il s’agit d'un processus physique ou chimique ; nous n’avons Jamais pensé qu'il pût être autre ; il y a là des questions de définition, de mots; il faudrait, par exemple, savoir dans quelles limites se meut l’électrolyse. Quoi qu'il en soit, l'expérience permet de proclamer que, grâce à ces courants de haute fréquence, on peut agir et sur l'organisme sain, dont le poids fléchit, dont la pression oscille, etc., et sur l'organisme malade. [612.602] GREFFES DE BLASTODERMES D OISEAUX SUR DES OISEAUX ADULTES D'AUTRES ESPÈCES, par M. Ch. FÉRé. J'ai déjà, à plusieurs reprises, montré à la Société de Biologie des: faits qui prouvent que des blastodermes de poulet, greffés sur des pou- lets adultes, peuvent donner lieu à un développement de tissus qui n'étaient pas différenciés dans l'embryon au moment de la greffe (1). Ces productions peuvent constituer des tumeurs qui persistent plusieurs. mois. Celles que j'ai montrées, le 23 mai, persistent et ont légèrement augmenté. La tumeur, qui avait 15 millimètres de largeur sur 17 de longueur a, aujourd’hui, 16 sur 21. Le même animal présente, dans un appendice sous-auriculaire, une tumeur résultant d’une greffe d’un blas- toderme de 48 heures, faite le 17 mai, et qui dépasse 2 centimètres (4) C. R. Soc. de Biol., 1895, p. 331; 1896, p. 515, Aa PACE d w SÉANCE DU À JUILLET 121 dans tous les sens. La poule que je vous présente en même temps pré- sente, dans la région iliaque gauche, une tumeur qui résulte d'une greffe analogue, faite le 4 mai, et qui a 21 millimètres suivant l'axe longitu- dinal et 27 suivant l'axe transversal du corps, avec une épaisseur de 15 millimètres environ. Cette tumeur présente les caractères d’un kyste reposant sur une base dure. Il était intéressant de chercher si un blastoderme d'oiseau peut se développer indifféremment sur un animal de son espèce et sur un animal d'une autre espèce. J'ai fait incuber au même étage de la même étuve des œufs de canard et des œufs de poule que j'ai ouverts après soixante-douze heures d’incubation. Les œufs de poule ont fourni des embryons variant de quarante-deux à cinquante-deux heures (comparés aux figures de M. Mathias Duval); les œufs de canard des embryons varient de trente- huit à quarante-huit heures. Ces embryons ont été greffés individuelle- ment en séries de chaque côté du thorax, les embryons de poulet à droite, les embryons de canard à gauche. Un coq d’un an, en mauvais état (celui qui a été présenté à propos de son spasme du cou), a reçu 10 embryons de chaque côté, le 4 juin. Aucun développement. Un coq d’un an, en bon état, a reçu 8 greffes de chaque côté, le 7 mai. Aucun développement Une poule d’un an a recu, le 14 mai, 7 embryons de chaque côté, la veille du jour où elle commença à couver. Il s’est développé seulement une tumeur correspondant à une greffe d’embryon de poulet. Un canard de quatre mois a reçu, le 30 avril, 7 embryons de chaque côté; le 14 mai, 8 autres embryons de chaque côté; le 11 juin, 3 autres greffes, qui n’ont rien produit. Il en a reçu 11 nouvelles le 25 juin; il n'y a encore aucune apparence de succès. Un pigeon a recu, le 18 juin, 7 greffes de chaque côté. Aucun dévelop- pement. Le poulet que je vous présente, et sur lequel se sont déjà montrées plusieurs tumeurs résultant de greffes antérieures a recu, le 28 mai, 9 greffes de chaque côté : sur la ligne des greffes des embryons de poulet, il y a 3 petites tumeurs bien distinctes et indépendantes des cicatrices ; sur la ligne des greffes des embryons de canard, il n’y a qu'une légère tuméfaction adhérente à la peau au niveau d’une suture. L'expérience doit être poursuivie, mais j'ai tenu à en montrer les premiers résultats, qui semblent indiquer une certaine spécificité de l'embryon à une époque où les différences morphologiques et histolo- giques n'existent pas. 722 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PRÉPARATION DU MILIEU D ELSNER, par M. L. GRIMBERT. Lorsque, au mois de décembre dernier, Elsner annonça (1) qu'il avait découvert une méthode permettant de déceler le bacille d’Eberth associé au coli bacille,et de diagnostiquer en quarante-huit heures une fièvre typhoïde à peine à ses débuts, par l'examen des selles du malade, son mémoire provoqua dans le monde des bactériologistes un véritable enthousiasme, entretenu d’ailleurs par les communications louangeuses de MM. Brieger (2) et Lazarus (3). | En France, ceux qui voulurent répéter les expériences d’Elsner ne furent pas tous également heureux dans leurs résultats et il semble qu'on assiste maintenant à une véritable réaction qu'il était facile d’ailleurs de prévoir. Jen’en veux comme preuve que lacommunication de M. G. Roux à la Société des sciences médicales de Lyon (4) et celle toute récente de M. Paul Courmont (5), de Lyon, présentée à la dernière séance de notre Société. Je viens à mon tour apporter les résultats que m'ont donnés sur ce sujet une série d'expériences entreprises depuis plusieurs mois. La formule de la gélatine, telle qu’elle a été donnée par Elsner dans son mémoire original (6), n’était pas très claire. Il l’a précisée davantage un peu plus tard, dans une lettre adressée à la Presse médicale (1). Mais encore ici, le mode opératoire qu’il donne n’est pas exempt de critique; qu'on en juge : Préparalion du milieu Elsner. Prendre 500 grammes de pommes de terre; les peler soigneusement et les râper. Faire macérer les pommes de {erre ainsi ràpées dans 1 litre d’eau pendant 3 à 4 heures. Prendre la masse, la tamiser et laisser déposer pendant la nuit. Décanter le liquide et y ajouter 15 à 20 p.100 de gélatine; faire dissoudre à feu doux. Essayer la réaction du liquide qui est très acide; puis ajouter de la solution normale de soude jusqu’à ce que la réaction devienne faiblement, mais encore nettement acide. Suivant le degré d’acidité il faut de 20 à 30 centimètres cubes de la solution alcaline. ) Zeitschrift fur Hygiene und Infectionskrankheiten, t. XXIT, 1895. ) Berlin. Klin. Woch., déc. 1895, p. 1068. ) Deutch. med. Woch., 1895, p. 835. ) Lyon médical, 11 mai 1896. ) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896, p. 688. MLoC-RCit. ) Presse médicale du 18 janvier 1896, n° 6. SÉANCE DU À JUILLET 123 Filtrer, stériliser et verser dans des tubes d’une contenance de 100 grammes environ. Quand on veut se servir de cette gélatine nutrilive, ajouter, dans chaque tube de 100 grammes, { gramme d'iodure de potassium. Je ferai remarquer d’abord que le jus de pommes de terre renferme des quantités notables de matières albuminoïdes que la chaleur coagule et qu'il est préférable de s’en débarrasser avant l'addition de la gélatine. Je ne vois pas ensuite l'utilité de répartir cette gélatine à la dose de 100 centimètres cubes dans des tubes, quand quelques centimètres cubes suffisent pour préparer une plaque. Mais la critique la plus importante est celle qui a trait à l’acidité. Cette acidilé, d'après Elsner, aurait une importance considérable. Il est donc regrettable que l’auteur n'ait pas cru devoir la fixer une fois pour toutes au lieu de se contenter des mots « faiblement, mais encore nettement acide ». Mais d’abord d’où vient celte acidité ? Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la réaction du milieu Elsner est due plutôt à l'acidité naturelle de la gélatine qu à celle du jus lui- même. En effet, dans un premier essai, 10 centimètres cubes de la macéra- ion de pommes de terre préparée d’après la recette d’Elsner ont demandé, pour être saturés,2 c. e. 5 d’eau de chaux, tandis qu'ilen fallut 8 centimètres cubes pour neutraliser 10 centimètres cubes de la gélatine toute préparée à 15 p. 100. Dans un second essai, fait avec des pommes de terre de mème nature mais avec une gélatine de marque différente, 10 centimètres cubes de macération exigeant 2 c. c. d’eau de chaux, 10 centimètres cubes de gélatine ne demandaient plus que 4 c. e. 1. C'est-à-dire qu'on était en présence d’une acidité moitié moindre que dans le premier cas. Je crois qu'il serait bon de s'entendre, une fois pour toutes, sur le degré d'acidité à laisser à la gélatine pour que les expériences fussent comparables entre elles autant qu’elles peuvent l'être avec l'emploi d'un milieu aussi variable dans sa composition que le jus de pommes de terre! Je propose donc de laisser à la gélatine Elsner une acidité telle que 10 centimètres cubes soient neutralisés par 4 à 5 centimètres cubes d'eau de chaux, ce qui correspond environ à 1 gramme d’acide sulfurique SO*H? par litre. Pour ma part, voici comment je prépare le milieu d'Elsner : 500 grammes de pommes de terre sont râpés et étendus de 1 litre d'eau. On laisse macérer le tout pendant 3 ou 4 heures, ou mieux pendant une nuit entière dans un lieu frais. On décante le liquide et on le filtre pour le débar- rasser de l’amidon qu'il tient en suspension. Le liquide filtré est porté à l'au- 724 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toclave pendant 10 minutes pour coaguler les matières albuminoïdes, puis filtré de nouveau sur la gélatine placée dans un ballon et employée à la dose de 15 p. 100.O0n en achève la dissolution au bain-marie. Quand celle-ci est complète, on laisse refroidir la masse à la température de 55 degrés et on y ajoute un blanc d'œuf battu dans un peu d'eau. C’est ici que se place le titrage acidimétrique. A l’aide d'une pipette, on prélève 10 centimètres cubes du mélange qu’on verse dans 50 centimètres cubes d'eau distillée environ et auquel on ajoute 5 à 6 gouttes de solution alcoolique de phénolphtaléine, puis on verse de l’eau de chaux au moyen d'une burette graduée jusqu’à ce qu'on obtienne une légère teinte rose persistante. S'il a fallu plus de 5 centi- mètres cubes d’eau de chaux pour neutraliser 10 centimètres cubes de géla- tine, on ajoute à celle-ci quelques centimètres cubes de solution normale de soude (à 4 p. 100) et on recommence le titrage. On ajoute de nouveau de la soude si cela est nécessaire jusqu'à ce qu'on arrive à ne plus employer que 5 centimètres cubes d’eau de chaux pour la neutralisation. La gélatine ainsi obtenue est portée à l’autoclave à 110 degrés pendant un quart d'heure pour la clarifier, puis filtrée et répartie ensuite dans des tubes a essais à la dose de 9 centimèlres cubes; ceux-ci sont ensuite stérilisés à J’autoclave à 110 degrés pendant un quart d'heure. Au moment d’en faire usage on introduit dans les tubes de gélatine liquéfiée 1 centimètre cube d’une solution stérilisée d’iodure de potassium à 10 p. 100. C'est avec cette gélatine que furent faites les expériences suivantes : Les mélanges de culture de B. coli et de B. d’Eberth furent ensemencés non seulement sur des plaques de gélatine d’Elsner iodurée, mais sur des plaques de la même gélatine non iodurée, et sur des plaques de géla- tine préparée avec du bouillon simple (1). Les résultats furent identiques sur les trois milieux, et semblables à ceux qu'a décrits Elsner, et que M. Courmont vous signalait dans la dernière séance. Les colonies typhiques, au bout de 48 heures, apparaissaient comme de petits points transparents qui, au bout de quelques jours, finissaient par perdre leur aspect caractéristique, tout en restant plus claires que les colonies de B. coli de même dimension. Comme on n'avait introduit sur ces plaques que du coli-bacille et du bacille d'Eberth, rien n'était plus facile que de distinguer ces deux espèces par des ensemencements sur peptone ou sur lactose. Pour les selles typhiques, chaque colonie suspecte fut ensemencée d'abord dans du bouillon, puis sur lactose, sur peptone, sur pomme de terre et sur agar. Cette dernière culture servait, au bout de 12 à 24 heures, à faire la coloration des cils vibratiles. Ce n’est que lorsque tous les caractères attribués au B. d'Eberth sur ces milieux se trouvaient réunis, que J'ai conclu à l'existence de cet organisme. (1) J'appelle bouillon simple du bouillon préparé par macération à froid de viande de bœuf hachée, dans le double de son poids d’eau, pendant quatre heures, et sans addition de peptone ou de sel marin. SÉANCE DU # JUILLET 195 Or, il n’est pas exagéré de dire que de semblables opérations de- mandent, au minimum, trois jours, et que ce n’est qu'au bout du cin- quième jour qu'on peut espérer obtenir un résultat dans l'examen bac- tériologique des produits typhiques. Nous sommes loin des 48 heures annoncées par Elsner, et confirmées par plusieurs auteurs! Je suis, sur ce point, absolument d'accord avec M. P. Courmont, quand il s'élève contre la prétention de diagnostiquer le bacille d'Eberth à l'œil nu. Non seulement on rencontre dans des selles typhiques des coli-bacilles offrant le même aspect, mais aussi des organismes divers très voisins du coli et du typhique. Les uns faisant fermenter la lactose, mais ne donnant pas d’indol, et d’autres donnant de l’indol et ne faisant pas fermenter la lactose. J'ai même rencontré de ces colonies éberthiformes conslituées par un microcoque. Néanmoins, dans les selles de 6 malades ensemencées das nos trois milieux, j'ai trouvé quatre fois le bacille d'Eberth. Les 2 résultats néga- tifs se rapportent à des selles de convalescents. Et j'insiste sur ce point, que les colonies ont été constatées aussi bien sur le milieu Elsner sans iodure, que sur la gélatine au bouillon simple et sur le milieu Elsner ioduré. | D'après Elsner, l'iodure aurait pour effet d'empêcher la croissance des bactéries banales et particulièrement des espèces liquéfiantes. Nous savons maintenant ce qu'il faut penser de cette assertion (1); pour ma part, j'ai eu des plaques de gélatine Elsner iodurée, qui ont été envahies par des colonnes liquéfiantes, et il suffit d’ensemencer ce même milieu avec de l’eau quelconque pour voir s'y développer une flore des plus variées. Ce qu'il faut retenir de ces faits, c'est que tout milieu peu riche en matières nutritives pourra permettre au bacille d’Eberth de se dévelop- per à côté du coli-bacille. C’est ainsi que M. G. Roux (de Lyon) a annoncé, dans sa communication, qu'il avait obtenu des résultats meilleurs que ceux d'Elsner, en remplaçant la pomme de terre par la carotte jaune. L'inconvénient de tous ces milieux, plus ou moins culinaires, c’est qu'ils n'offrent pas deux fois de suite la même composition, aussi je me propose, dans une prochaine séance, de vous présenter un milieu artifi- ciel, dans lequel il n’entre que des corps parfaitement définis, milieu qui m'a donné déjà d'excellents résultats dans la recherche du bacille d'Eberth, ainsi que vous pourrez en juger par les plaques de culture que je tiens à mettre aujourd’hui sous vos yeux. En résumé : 1° La réaclion du milieu Elsner est due en grande partie à l'acidité de la gélatine, et non à celle du jus de la pomme de terre ; (4) G. Roux. Loc. cit.; P. Courmont, Loc. cit. 726 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 29 Comme elle varie d’une gélatine à l’autre, il est bon de fixer une , fois pour loutes le titre acidimétrique que doit posséder la gélatine: achevée ; 3° Je propose de maintenir ce titre à 1 gramme SO‘H? par litre, ce qui correspond à peu près à l'emploi de 5 centimètres cubes d’eau de chaux pour neutraliser 10 centimètres cubes de gélatine, en employant la phénol-phtaléine comme indicateur ; 4 En employant ce milieu ainsi préparé, j'ai isolé quatre fois le bacille d’Eberth chez 6 typhiques. Les deux résultats négatifs se rapportent à des convalescents: 3° Le reste de mes conclusions est d'accord avec celles de MM. P: Courmont et G. Roux (de Lyon). LES LÉSIONS MÉDULLAIRES PROVOQUÉES PAR LA TOXINE TÉTANIQUE, par M. G. MARINESCO, Les recherches entreprises sur les lésions de la moelle épinière chez des sujets morts de tétanos ou bien dans le système nerveux des animaux intoxiqués expérimentalement ont été Jusqu'ici peu nom- breuses. Ainsi Rokitansky et Demme ont décrit des altérations n'ayant aucune signification pathologique et critiquées, à juste titre, par Leydey. Bonome;a décrit des lésions dégénératives de la moelle épinière localisées particulièrement dans la substance blanche et dans les racines. Achard a vu’des fibres nerveuses dégénérées dans les nerfs périphériques situés: au niveau de la plaie dans un cas de tétanos traumatique. Nerlich, qui & examiné un cas de tétanos céphalique, a trouvé de la dégénérescence vasculaire dans les noyaux moteurs du trijumeau, du facial et de l’hypo- glosse. D’après lui, le virus tétanique se propage le long des nerfs. Goldscheider, qui a envisagé la question du virus tétanique au double point de vue de la physiologie et de l'histologie pathologique, n’a jamais trouvé de lésions apparentes, ni dans les cellules nerveuses, ni dans la substance blanche de la moelle épinière. Les recherches de ce dernier ayant été faites avec beaucoup de soin d’après les méthodes les plus récentes et en particulier, d’après la méthode de Nissl, semblaient trancher définitivement la question dans le sens négatif. Je dois ajouter, pour terminer l’histoire de cette question, que Nissl, le créateur d'une méthode dont j'ai montré à plusieurs reprises la valeur pour l'étude des fines lésions du système nerveux, parle, dans un travail publié en 1895, dans le Centralblatt für Nervenheilkunde, de lésions qu'il a trouvées autre- fois dans des cas de tétanos. Cependant dans la note à laquelle je fais allusion, l’auteur dit que les lésions affectent le corps de la cellule et son noyau, sans donner une description de ces lésions. és ERP OS ET NET ELA ee E de - bo En | SÉANCE DU 4 JUILLET 1 J'ai examiné la moelle de trois cobayes qui ont été inoculés avec de la toxine tétanique par M. le D' Remlinger, dans le laboratoire du professeur Vaillard, au Val-de-Gràäce. Les lésions trouvées, qui dépen- dent de l'intensité du virus et de la durée de l’intoxication, sont les suivantes. La substance grise antérieure et postérieure présente des hémorragies diffuses. Elles sont plus nombreuses, peut-être dans la corne antérieure. Les cellules nerveuses, quel que soit le degré d'intensité du virus tétanique, ne présentent pas du tout leur aspect normal. Les lésions les plus apparentes portent sur les éléments chroma- tophiles. Ceux-ci ont changé de forme et de volüme : ils sont plus amincis, se présentent assez souvent sous forme de bâtonnets, alors qu’à l’état normal ils se présentent sous forme polygonale. Leur dimension en longueur, dans un stade plus avancé, a diminué. Parfois, ils sontréduits à des granulations de forme irrégulière disséminées dans le corps de la cellule, ou affectant la disposition d'un réseau. Sur certaines prépa- rations, on voit qu ils ont disparu à la périphérie de la cellule, qui prend un aspect uniforme, lésion que nous avons trouvée ailleurs, dans la rage, dans l’anémie de la moelle par ligature de l'aorte abdominale. Ils peuvent même disparaitre complètement alors que la lésion est plus avancée. Les prolongements protoplasmatiques présentent les mêmes lésions en ce qui concerne leurs éléments chromatophiles. Leur volume semble augmenté; leurs bords sontirréguliers, granuleux. La substance achromatique du corps de la cellule et de ses prolongements est plus foncée. Quelquefois même, elle prend la même teinte que les éléments chromatophiles modifiés. Même dans certains cas, la cellule qui conserve encore sa configuration extérieure, est transformée en un véritable bloc de couleur intense, dans lequel il est difficile d'apercevoir quelques éléments chromatophiles profondément modifiés comme volume et comme structure. Il est probable, dans ce cas, qu'il s’agit d’une nécrose de coagulation. Les lésions décrites, et c’est là un point intéressant au point de vue de la physiologié pathologique du tétanos, se retrouvent aussi bien dans les grosses cellules de la corne antérieure que dans celles de la corne postérieure. Les lésions du noyau semblent peu accusées dans le premier stade de la maladie, mais quand le tétanos a duré quelque temps, ces lésions sont manifestes ; son contour est moins bien défini. La coloration est quelquefois plus intense. Le réseau nucléaire disparait. Les cellules névrogliques sont augmentées de volume; elles attaquent les cellules nerveuses, surtout celles de volume moyen et de petit volume. Quand le télanos passe à l’état chronique, on trouve des lésions dégénéralives dans la substance blanche et dépendant probablement d'une altération des cellules du cordon. Les altérations que je viens de décrire, dans la moelle des cobayes tétaniques, relèvent des altérations primitives de laïmoelle auxquelles j'ai assigné les caractères suivants : 7128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE raréfaction, dissolution des éléments chromatophiles (kinétoplasma), désintégration ou coagulation du trophoplasma (1). Elles diffèrent complè- tement des lésions secondaires, du moins quand celles-ci sont au début. MODIFICATIONS DU SÉRUM CHEZ LES ANIMAUX VACCINÉS CONTRE L'OIDIUM ALBICANS, par M. Rocer. On sait, depuis les travaux de Klemperer, que lorsqu'on injecte dans les veines d’un lapin 1 centimètre cube d’une culture d'Oidium albi- cans, l'animal succombe en cinq ou six jours; à l’autopsie, on trouve différentes lésions, notamment d'innombrables abcès miliaires dans les reins. Reprenant cette étude, j’ai reconnu qu’on peut vacciner les lapins contre cette mycose; il suffit d'injecter, dans les veines, de faibles doses de culture, puis d’en introduire lentement et progressivement des quantités de plus en plus considérables : on arrive ainsi à faire sup- porter facilement une dose double de celle qui est mortelle. Ce premier résultat obtenu, j'ai étudié comparativement le développe- ment du muguet dans le sérum des animaux normaux et dans le sérum des vaccinés. Je prends une culture développée dans le sérum normal et j'en sème une trace, soit le contenu d’une petile anse de platine. Au bout de vingt-quatre heures, le développement est très abondant dans le sérum normal; les deux tiers inférieurs du liquide sont remplis de flocons épais et serrés. L'aspect du tube contenant le sérum des vac- cinés est bien différent : au premier abord, on pourrait croire que rien ne s’est développé; car le liquide est complètement clair. Cependant au fond du tube,on trouve un amas de petits grains qui ont une grande tendance à s'agglutiner, de façon à former parfois une masse unique : si l’on agite le liquide, ces grains se dissocient et se dispersent, mais ils sont peu nombreux; la culture, outre son aspect spécial, est donc assez pauvre. Les jours suivants, le développement s’accuse an peu plus, mais reste toujours inférieur à celui du témoin. Le pouvoir végétatif de l’oïdium s’affaiblit tellement dans le sérum de l'animal vacciné, que, si au bout de quatre ou cinq jours, on réense- mence avec celte culture un nouveau tube du même sérum, le liquide reste stérile ; on ne peut donc continuer la série ; elles’arrête au deuxième terme, et cependant dans quelques cas, j'avais fait des ensemencements relativement considérables, 0 e.e. 01 à 0 c.c. 02 dans 3 ou 4 centi- mètres cubes de sérum. (4) Revue neurologique, 15 mars 1896. SÉANCE DU # JUILLET 129 Pour déterminer à quoi est dû l'aspect si différent des cullures, il suffit de pratiquer un examen microscopique. Dans le sérum normal, on trouve, au bout de vingt-quatre heures, de beaux filaments mélangés à des formes en levures; celles-ci sont cons- tituées par une masse de protoplasma, vivement colorée par le bleu de méthylène et limitée par une cuticule incolore, qui lui forme un double contour ; ces levures sont libres, isolées ou réunies par deux ou par trois, portant parfois un petit bourgeon terminal ou latéral. Tout autre est l’aspect de l’oïdium dans le sérum des vaccinés. Si on examine une levure isolée, on voit que le protoplasma, coloré comme à l'état normal, est entouré d'une masse incolore, hyaline, quelquefois légèrement striée, dont les bords sont sinueux, mal déli- milés, et dont la largeur est de cinq à dix fois plus considérable que celle de la cuticule normale. Les éléments sont rarement isolés; on voit par place deux à trois levures englobées dans une masse hyaline; le plus souvent les amas sont plus volumineux ; ce sont de vraies plaquettes, formées par l’agglutinement de dix à trente masses protoplasmiques. A côté de ces formes ovalaires, on voit quelques filaments, entourés éga- lement d’une couche hyaline et dont une des extrémités pénètre au milieu de ces amas de levures et semble s’y accoler. Cet agglutinement des éléments végétaux est comparable à l'agglu- tinement qui s'observe quand on cullive des microbes dans le sérum de certains animaux vaccinés. Il explique parfaitement l'aspect des cul- tures et la formation des petits grains, si différents des larges flocons . qu'on trouve dans le sérum normal. Dans une autre série d'expériences, j'ai étudié l’action qu’exerce le sérum, quand on le met en contact avec des myco-levures développées sur des milieux solides: il faut, pour cela, prendre une culture sur agar datant de vingt-quatre ou quarante-huit heures; on prélève une petite quantité de l'enduit crémeux qui a poussé et on la mélange avec du sérum normal ou avec du sérum de lapin vacciné; en examinant de temps en temps les deux échantillons, voici ce qu’on observe : dans le sérum normal, les cellules conservent leur aspect habituel, quelle que soit la durée de l'expérience; au contact du sérum de l’animal vacciné, la membrane d'enveloppe commence à se distendre, au bout de 10 à 15 minutes, et finit par prendre l'aspect d'une couche hyaline ayant de trois à quatre fois l'épaisseur normale; en même temps les éléments tendent à s’accoler et à former de petits amas. Les résultats sont donc semblables à ceux qu'on obtient en pratiquant des cultures dans le sérum des vaccinés; mais ils sont moins nets; les modifications sont plus légères, ce qui se comprend facilement ; le sérum a moins d'action sur les éléments adultes qu'on y plonge, que sur les éléments jeunes qui s'y développent. Les faits que je viens de rapporter me semblent de nature à établir 7130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE _ un rapprochement entre l'oïdo-mycose et les affections bactériennes ; dans les deux cas, on arrive, par des doses progressives, à rendre les animaux plus ou moins réfractaires; dans les deux cas, la vaccination provoque des modifications semblables du sérum : ce liquide devient un mauvais milieu de culture; il entrave le développement, modifie la morphologie des éléments végétaux et détermine leur agglutinement. L'organisme semble donc réagir de la même façon vis-à-vis ces deux groupes d'agents pathogènes et leur oppose des moyens de défense analogues. L'étude de l’oïdo-mycose expérimentale semble done pré- senter un certain intérêt au point de vue de la physiologie générale des infections ; elle a, de plus, l'avantage d’être relativement facile : le volume considérable de l'agent pathogène permet de mieux apprécier les varia- tions morphologiques qu'il peut présenter. ÉVOLUTION DE LA FONCTION RESPIRATOIRE CHEZ LES EMBRYONS D AMPHIBIENS ET DE TÉLÉOSTÉENS, par M. E. BATAILLON. Note présentée par M. A. Gran». L'étude de la respiration chez les œufs de Poissons et d'Amphibiens présente deux difficultés capitales : l'habitat aquatique, les quantités minimes de gaz à apprécier. On va voir que le premier obstacle est facilement surmontable. J'ai institué des expériences préliminaires en vue d’obtenir l’évolution des œufs hors de l’eau. J’exposais mes pontes sur un tamis, à un courant d'air saturé d'humidité et entretenu par la trompe. Ces essais n'offraient pas seulement de l'intérêt en vue d’une technique expérimentale; ils devaient, dans ma pensée, conduire à la solution de problèmes biologiques importants. Les physiologistes se sont demandé si les œufs qui évoluent dans l’eau n’emprunteraient pas constamment au milieu des matériaux dissous. De plus, du fait qu'après la ponte l'œuf de Poisson absorbe une certaine quantité d’eau qui s’accumule sous l'enveloppe, certains ont cru pouvoir déduire que l’his- togenèse impliquerait elle-même une absorption d'eau. À ce point de vue, ces œufs différeraient essentiellement de l'œuf d'oiseau, dans lequel les liquides se concentrent par évaporation pendant le développement. Mes expériences ont été très concluantes, puisque dans les conditions sus-indiquées, j'ai pu conduire jusqu'à l’éclosion cinq espèces de Téléostéens vulgaires : Perche, Vairon, Vaudoise, Rousse, Goujon. L'évolution s'effectuait d’une façon régulière et avait exactement la. même durée que pour les témoins maintenus dans l’eau à la même tem- SÉANCE DU 4 JUILLET | 731 pérature. Il semble donc établi que les échanges avec le milieu extérieur sont exclusivement gazeux, ce qui donne à la fonction respiratoire une importance exceptionnelle; d'autre part, tout porte à croire que cette fonction n'est pas troublée par le changement de milieu, puisque les stades du développement dans l'air humide et dans l’eau restent rigou- reusement comparables. Le courant d'air humide étant réglé par la trompe, il était possible de le dépouiller complètement d'acide carbonique à l'entrée du récipient contenant les œufs, et d’absorber par la baryte, à la sortie, le gaz dégagé. J'ulilisais, pour la circonstance, des tubes de Petenkofer de 60 centi- mètres de long et contenant chacun 10 centimètres cubes de baryte litrée. Un tube témoin, placé en avant du récipient, conservait indéfini- ment son titre et attestait que l'air arrivant aux œufs était complète- ment dépouillé : le dernier des tubes de dosage restait également intact et prouvait que l'absorption était parfaite à la sortie. Mais cette méthode présente de nombreuses difficultés dans la pra- tique. Il faut opérer sur une quantité d'œufs relativement considérable, et, si soignées que soient les fécondations, il y à à compter avec la mortalité. De plus, chaque, opération porte sur un temps trop long. Les oscillations caractéristiques de la courbe peuvent passer inaperçues si l'évolution est rapide; et, par contre, un développement lent comme celui des Salmonidés, condamne les matériaux à une infection rapide dans ces conditions anormales. Des expériences nombreuses exécutées en 1894 et 1895, m'avaient montré deux oscillations importantes de la courbe d’élimination d'acide carbonique : 1° Une baisse à un stade qui précède l'extension du blastoderme à la surface du vilellus; 2° Une autre baisse après l’occlusion du trou vitellin. L'œuf de Goujon (avec des lots de 500 ou 1,000 et 2 analyses par jour) me donnait les meilleurs résuitats à cause de son évolution relative- ment lente (une quinzaine de jours). Dans la saison qui prend fin, j'ai utilisé une méthode plus simple et plus délicate. J'ai commencé par m'assurer que, dans une eau conte- nant une faible quantité de baryle, les œufs d'Amphibiens comme ceux de Poissons, évoluent très bien et normalement. Le fait acquis, je plaçai dans une quantité déterminée de liquide titré et rougi par la phtaléine, une masse connue d'œufs; le temps nécessaire au virage me donnait la mesure de l’activité respiraloire. J'aurais voulu disposer d'une méthode aussi sensible, pour établir une courbe de l'absorption d'oxygène. J'ai seulement pu constater cette absorption par la dépression qui se produit dans un flacon fermé où des œufs évoluent au contact d’une solution faible de baryte. La mesure de celle dépression m'a donné des chiffres de même ordre. La respiration SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 Ce [ÈS] des œufs peut être mise en évidence d'une façon grossière, en compri- mant un amas d'œufs assez rapprochés entre deux lames. L'appareil plongeant dans l’eau, on verra bientôt les œufs centraux asphyxiés se désagréger, alors que la couronne des œufs périphériques reste en par- fait état. Les chiffres qui suivent représentent simplement les jalons prinei- paux d’une courbe d'élimination de l'acide carbonique. VAIRON Résultats pour 1,000 œufs. Temps nécessaire à la neutralisation d'une quantité de baryte répondant à GRENOUILLE Résultats pour 1,000 œufs. Temps nécessaire à la pneutralisation d'une quantité de baryte répondant à 1BNCCAUUE 1/54c:c. COX: Après la fécondation . 4 h. 30 Après la fécondation . 4 h. 30 Pleine segmentation . 40 minutes Pleine segmentation . 1 b. 30 Début de l'extension du Avant le revêtement ec- blastoderme. . . . 4 h. 40 todermique . 6 heures Recouvrement. A NRERO D Revètement. . . 2 heures Suite du recouvrement. 30 minutes Suile du recouvrement, 45 minutes A LUE a LL A F3 LEE 290 Sr ROMANS 30 minutes Différenciation de l’em- Bouchon d’Ecker , 4 h. 30 bevon tete er ah Blastopore fermé. . . 2 h. 45 Apparition des mouve- Sillons médullaires . 20 minutes ments. . . . . . . . 45 minutes Mouvement. Éclosion. . Si l’on compare ces deux tableaux, on constate un parallélisme remarquable entre les résultats. Des séries nombreuses, des essais simultanés avec des lots d'âge différent, dont les courbes partielles venaient corroborer la courbe générale, assurent la fixité des deux grandes oscillations obtenues par une méthode plus grossière. La courbe d'élimination s'élève pendant la segmentation. La période d'extension du blastoderme chez les Poissons semble corres- pondre physiologiquement au recouvrement ectodermique chez les Amphi- biens. Elle est précédée d'un temps d'arrêt marqué par une baisse très accenluée. L'extension comme le recouvrement sont accompagnés d'un relèvement de la courbe. À locclusion du trou vitellin comme à la disparition du bouchon d'Ecker, survient une nouvelle baisse ; puis l'élimination s'accroît lentement pour rester à peu près stationnaire vers l'éclosion. Ces rapprochements physiologiques s'imposaient, et je me garderai bien d'en rechercher la valeur au point de vue phylogénique. Dans un SÉANCE DU 4 JUILLET 133 travail plus étendu et qui paraîtra prochainement, je développerai ces résultats en montrant qu'ils peuvent jeter quelque lumière sur l’onto- genèse. OBSERVATIONS A PROPOS DE LA NOTE PRÉCÉDENTE, par M. A. Grarp. Les conclusions de M. E. Bataillon, relatives au développement dans Vair humide des œufs de Poissons et de Batraciens, peuvent être étendues, comme je m'en suis maintes fois assuré, aux œufs de nom- breux Mollusques d’eau douce (Lymnées, Planorbes, ete.), de plusieurs Hirudinées et mème de certaines Annélides Polychætes marines (Aréni- coles, etc.). Il en est de même pour beaucoup de Mollusques marins dont les pontes sont prolégées soit par une coque résistante (Purpura, Buc- cinum, Murexæ, etc.), soit par une substance muqueuse (Nudibranches, Lamellaria, etc.) Chez les Batraciens, la série zoologique nous offre, d'ailleurs, des types (Alytes obstetricans, Hyla martinicensis) où le développement s’'accomplit normalement hors de l’eau. Les Limaces, les Lombriciens, nous offrent des formes correspondantes chez les Mollusques et les Annélides. Pour beaucoup d'animaux aquatiques (d’eau douce ou marins), le séjour dans l’air humide peut d’ailleurs être prolongé sans danger un temps variable, parfois très considérable, tandis que l’animal succombe rapidement dans une eau très légèrement impure. La connaissance de cetle particularité est fort importante pour le transport à grande dis- tance des animaux vivant en milieu liquide. Ce transport est beaucoup mieux supporté en ‘milieu simplement humide que dans l’eau. (612.01%4.46| RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ACTION DE L'EAU ORDINAIRE EN INJECTIONS INTRAVEINEUSES (DOSES MORTELLES, DOSES NON MORTELLES), par MM. Bosc et VEepez (de Montpellier). Nous avons vu, dans une précédente communication, que l’eau dis- tillée était un liquide éminemment dangereux lorsqu'on l'introduisait dans les vaisseaux, même à doses faibles. Aussi, avons-nous conclu à son rejet dans la pratique des injections intraveineuses. En est-il de même de l’eau ordinaire? Cerlains auteurs, Magendie, Oré, entre autres, avaient injecté, dans les veines de rabiques, de l’eau ordinaire, en quantité notable, sans entrainer d'accidents. 784 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Munck et Falck ont tué des chiens avec une dose d'eau égale au 1/5 du poids du corps. Picot (1874) a lué des lapins avec une dose égale au 1/10 du poids du corps, sans convulsions, et des chiens avec une dose égale au 1/5 du poids du corps : il a trouvé, à l’autopsie, de la congestion des viscères, en particulier de la congestion pulmonaire, et chez le chien, une abondante hémorragie dans le péritoine. Aux doses inférieures à 1/10 du poids du corps, l'animal se rétablit, en vingt-quatre heures, après avoir présenté de la salivation, de La diarrhée, des vomissements, une légère prostration. Charbonnel-Salles injecte le 1/3 de la masse du sang sans entrainer d'accident. D'après des recherches entreprises en 1891, avec M. le professeur Mairet, nous avons montré qu'il faut injecter à des chiens 158 centi- mètres cubes par kilogramme, pour entraîner la mort immédiate, sans attaques; au-dessous de cette dose, il y avait absence de phénomènes toxiques immédiat ; les mictions et la salivation étaient abondantes. Nous avons complété cette étude par de nombreuses expériences sur des lapins et sur des chiens, en nous mettant dans les conditions expé- rimentales relatées dans notre précédente note sur les effets de l’eau distillée. Nous avons cherché non seulement quelle est la dose immédiatement toxique, mais nous avons suivi les effets de l’eau ordinaire en particu- lier sur la calorification et les sécrétions, de façon à préciser Le rôle du véhicule dans les injections salées intraveineuses. TI. LAPIns. a) Doses mortelles. — À 90 centimètres cubes d’eau ordinaire, par kilo- gramme, la mort survient rapidement, en une à deux heures, comme à la suite de l’injection d'une même quantité d’eau distillée. Comme effets, on note que : la respiration se ralentit et devient de plus en plus difficile, le cœur s'accélère, la température s’abaisse de quelques dixièmes; il n’y à pas de miction et la vessie contient un peu d'urine hématurique; il se produit de l'affaissement sans somnolence, des secousses convulsives et des attaques généralisées suivies de mort. On constate, à l’aulopsie, une congestion des viscères. b) Doses non mortelles. — Aux doses de 30, 45, 50 centimètres cubes par kilogramme, la mort n’est jamais survenue. Les effets ont élé insi- gnifiants, au point de vue toxique : la respiration se ralentit, mais ne présente pas de difficulté réelle, le cœur s'accélère, passagèrement, la température s’abaisse de quelques dixièmes à un degré, les mictions sont abondantes, d'abord rosées, puis hématuriques avec retour à la normale en douze à vingt-quatre heures ; l’état général n’est pas FEI \’animal demeure vif, sans Somnolence ni SHARE Em ent. SÉANCE DU # JUILLET 135 IT. CHIENS. a) Doses mortelles. — Nous avons pu injecter 165 centimètres cubes par kilogramme, mais la mort survient entre 150 et 160 centimètres cubes par kilogramme. Les effets de ces doses mortelles portent sur la respiration qui est ralentie, irrégulière, saccadée, avec pauses pro- longées, sur le pouls qui est ralenti puis accéléré, sur la diurèse qui est augmentée : les mictions sont abondantes, claires, non hématuriques ; à la fin de l'injection, affaissement, résolution, mort. La calorification nest pour ainsi dire pas touchée. A l’autopsie, les organes sont conges- tionnés et le liquide encéphalo-rachidien est sanguinolent. b) Doses non mortelles. — Aux doses de 80, 90, 100, 120, 130 centi- mètres cubes par kilogramme, nous n'avons jamais obtenu la mort. Les effets consécutifs sont peu marqués : la respiration est ralentie pendant quatre à cinq jours, le pouls légèrement accéléré, la salivation abon- dante, les mictions abondantes et claires; la calorification est normale pendant l'injection, puis il se produit une élévation progressive et passa- gère de 6 dixièmes à 1 degré; le chien est vif et gai comme S'il n’avait rien reçu. En résumé, l'eau ordinaire n’entraîne la mort des animaux qu’à des doses très élevées, mais, en outre, elle ne possède pas une véritabie action toxique, car on peut l'injecter à des doses très fortes de 120, 130 centimètres cubes par kilogramme, chez le chien, sans qu'il se produise des effets nocifs. Aux doses non mortelles, l'injection intraveineuse d'eau ordinaire produit des effets sur la calorification et les sécrétions dignes d’être rele- vées : il se produit chez le chien une légère réaction thermique d’une durée de quatre à cinq heures et les éliminations d’urines sont abon- dantes, sans hématurie. On voit toute la différence qui, au point de vue toxique, sépare l’eau distillée de l’eau ordinaire : la première tue même à des doses faibles, ferme le rein, abaisse la température, entraine un processus hémorragique intense, produit de la somnolence et de l’affaissement; la seconde n'est pas nuisible, augmente la diurèse, entraine une réaction thermique légère et ne touche pas le système nerveux. L’eau ordinaire enfin, agit sur les globules rouges d’une facon bien moins marquée que l’eau distillée. Nous pouvons conclure de cette étude que l'eau ordinaire seule pourrait, à la rigueur, étre introduite, sans danger, dans les veines, même à dose considérable. BioLocie. ComPpres RENDUS. — 10° SÉRIE, 7. IT. 55 736 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1612.014.46] RECHERCHES SUR LA TOXICITÉ ET LES EFFETS DES SOLUTIONS FORTES (7 P. 100) DE CHLORURE DE SODIUM EN INJECTION INTRAVEINEUSE, par MM. Bosc et Venez (de Montpellier). On peut attribuer l'absence de toxicité de l’eau ordinaire, de même que ses effets diurétiques et thermiques, aux principes minéraux qu’elle contient, en particulier au chlorure de sodium qui est, en outre, conser- vateur des éléments figurés du sang. Comme les globules sont encore alteints par l’eau ordinaire, l’on a cherché un liquide qui ait des pro- priélés conservatrices encore plus marquées.En se basant sur la teneur du sang en Na CI, on a obtenu des liquides appelés solution physiologique, sérum artificiel, en faisant dissoudre dans l’eau une quantité de chlorure de sodium variant de 6 à 8 p. 1000. On s’est servi de ces solutions pour la pratique des injections intraveineuses; mais on a cherché également à faire entrer dans la thérapeutique les injections de chlorure de sodium fortes, de 7 à 10 p. 100. | Nous avons fait toute une série d'expériences avec la solution à -10 p. 100 chez le lapin, avec la solution à 7 p. 100 chez le chien. I. LAPINS. a) Toxicité immédiate. — Le chlorure de sodium, d’après le professeur Bouchard, serait immédiatement toxique à la dose de 5 gr. 17 par kilo- gramme. Dans des recherches publiées avec le professeur Mairet, la mort est survenue une heure et demie après l'injection de doses égales à 4 grammes de Na CI par kilogramme ; nous avions noté de l'accélération du cœur et une augmentalion de la diurèse. Nos expériences actuelles nous ont montré que la respiration se ralentit, devient très difficile, que le cœur s'accélère et qu'il se produit un affaissement qui aboutit à la résolution complète et à la mort; la diminution faible de la température centrale doit être rapportée à l’im- mobilité par résolution. Nous avons constaté, à l’autopsie, de la conges- tion et de l’ædème pulmonaire, comme Falck, des hémorragies sous la dure-mère et une congestion très forte de tous les organes. b) l'oxicité éloignée. — Au-dessus de 3 grammes de NaCl par kilo- gramme, la mort survient; au-dessous de cette dose, l'animal revient à la santé. - Les effets, aux doses rapidement mortelles, sont un ralentissement de la respiration, de l'accélération du cœur, des miclions abondantes, non hémaluriques, des tremblements, des secousses, des contractures, par. accès; la mort survient en résolution. À l’aulopsie, on retrouve des lésions hémorragiques très marquées, en particulier sous la dure-mère. SÉANCE DU À JUILLET Tor Aux doses non mortelles (au-dessous de 3 grammes par kilogramme), l'accélération cardiaque se marque une à trois heures après, les mic- tions sont fréquentes, abondantes, non hématuriques; la température, non modifiée dans certains cas, présente, dans d’autres, une élévation qui se marque dansles heures qui suivent l'injection et qui peut atteindre 2 degrés centigrades ; comme troubles nerveux, il n'existe qu'un peu d'inquiétude. II. Cuiexs. — a) Toxicité immédiate. Comme Falck, Richet tue un chien à la dose de 4 gramme de Na Cl par kilogramme. Nos expériences nous montrent que les animaux sont tués immédiatement à la dose de 3 gr. 4, en moyenne, par kilogramme (solution à 7 p. 100). Au point de vue des effets, Richet avait observé des convulsions passagères, puis des mouvements choréiformes, un état de résolution complète et la mort par asphyxie. Nous avons vu, d’après de nombreuses expériences, que : la respiration, d'abord accélérée, se ralentit de plus en plus; le cœur s'accélère; la pres- sion sanguine n'est pas modifiée; la calorification n’est pas atteinte pen- dant la durée de l'expérience; le chien s’affaisse rapidement et meurt en résolulion. A l'autopsie, congestion hémorragique de tous les viscères, avec œædème pulmonaire, hémorragies sous la dure-mère et dans les parois de l'intestin. b) Toxicité éloignée. — Au-dessous de 3 gr. 4 par kilogramme, les chiens ne meurent pas immédiatement; à la dose de 2 gr. 2 ils suc- combent en 2 à 5 heures ; enfin, à la dose de 1 gr. 5 par kilogramme et au dessous, les animaux ont survécu. Effets. — La respiration, peu touchée aux doses faibles, devient ralentie, pénible, avec pauses quand la dose est mortelle; le cœur s'accélère, devient irrégulier, tumultueux ; la pression sanguine n’est pas modifiée, sauf au moment des convulsions, où elle dépasse la nurmale de 20 millimètres; la température subit une élévation qui débute de 5 à 30 minutes après l'injection : c'est une réaction passagère, avec un maximum assez élevé qui évolue en 10 à 18 heures : température nor- male = 38°,3 ; 40 minutes après l'injection 39°,4; 2 heures après, 40°; 3 heures après, 40°; 18 heures après, 38°,9. Quand la mort survient en quelques heures, la température s'élève à 41°,1 avant les convulsions et, pendant celles-ci, atteint par exemple 42°,3. Ces réactions ther- miques sont indépendantes de la température de la solution injectée. Les miclions ne surviennent ordinairement que 4 à 2 heures après l'in- jection : les urines sont abondantes, claires, sans albumine, ni sucre; aux doses faibles; le tube digestif demeure normal. L'animal demeure normal aux doses faibles, pour ce qui regarde son système nerveux; aux doses mortelles en quelques heures, il se produit de l'inquiétude, des 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tremblements qui se généralisent et rappellent le chien strychnisé jus- qu'à ce que la résolution survienne bientôt suivie de mort; parfois celle-ci se produit à la suite d'attaques violentes. À l’autopsie de ces animaux : congestion hémorragique des organes, œdème pulmonaire, hémorragies sous la dure-mère et suffusion sous-pie-mérienne; con- gestion intense de la substance nerveuse. En résumé, les solutions fortes de chlorure de sodium à 10 et 7 p. 400 accélèrent le cœur, ne touchent pas à la pression sanguine, élèvent la température, activent la diurèse; elles peuvent produire des attaques aux doses fortes avec hémorragies méningées. Le chlorure de sodium peut étre introduit en solution forte dans les veines, à condition de ne pas dépasser la dose de À gramme par hilo- gramme, il produit à cette dose des réactions physiologiques intéressantes. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, Î, rue Cassette. 139 SÉANCE DU 1{ JUILLET 1896 M. E. Gzey: À propos de l'influence du foie sur l’action anticoagulante de la peptone.— M. Caarrix : La maladie pyocyanique en pathologie humaine. — MM. CHarriN et Osrrowsky : L'Oidium albicans, agent pathogène général. — M. A.-M. BLocn : Note sur un perfectionnement apporté à mon sphygmomètre. — MM. Prcou et Ramoxo : Méthode pour étudier sur le cadavre les changements de position que subissent les organes abdominaux sous l'influence des organes voisins. — M. le Dr E. Troues- sartT: Sur deux espèces et un genre pluriel nouveaux de Sarcoptides Psoriques. — MM. Bosc et VeneL (de Montpellier) : Recherches expérimentales sur les effets et la valeur physiologique des injections massives de la solution salée simple (Na CI à 3 et 7 p. 1000), et de la solution saline composée (chlorure de sodium et sulfate de soude à 7 p. 1000). Injections isolées et en série. — M. Ca. ConreJean : Action anti- coagulante des extraits d'organes. — M. Cu. ConteJean : Nouvelles remarques cri- tiques au sujet du rôle du foie et de la masse intestinale sur l’action anticoagu- lante des injections intra-vasculaires de peptone chez le chien. — MM. ExRIQUEz et Hazuiox : Injections intra-vasculaires d’eau salée dans l’intoxication diphtéri- tique expérimentale. — M. Pauz Carnor ‘ Sur les propriétés hémostatiques de la gélatine — M. E. Grey : Action anticoagulante du sang de lapin sur le sang de chien. — MM. A. Gurzczemonar et L. Laprcque : Le fer dans le foie et dans ia rate; comparaison de l'homme avec diverses espèces animales. — M. D'ARSONVAL : À propos de l'atténuätion des toxines par la haute fréquence. — M. p'ARSONVAL : Aclion thérapeutique des courants à haute fréquence. — M. SouLaces : Applica- tion des courants à haute fréquence dans une crise aiguë de rhumatisme. — MM. J. Araanasiu et J. CarvaLco : Effets des injections de peptone sur la constitu- tien morphologique de la lymphe. — MM. G. TuiBrerGe et F. BEzançon : Rôle du streptocoque dans la pathogénie de l'ecthyma. — M. Kaurmanx : Influence exercée par la fièvre sur les actions chimiques intra-organiques et la thermogénèse. Présidence de M. Charrin. À PROPOS DE L'INFLUENCE DU FOIE SUR L'ACTION ANTICOAGULANTE DE LA PEPTONE, par M. E. Gzey. (A l'occasion du procès-verbal de la dernière séance.) La discussion engagée par M. Contejean dans la dernière séance de la Société (voy. Comptes rendus Soc. de Biol., 4 juillet 1896, p. 717-719) ne se ramène peut-être pas aussi aisément qu'il pourrait le paraitre aux termes très simples auxquels il la réduit. En face de l'opinion que nous avons soutenue, M. Pachon et moi, à savoir que le foie joue un rôle absolument prépondérant dans l’action anticoagulante de la peptone sur le sang, M. Conlejean pose la sienne, qui est que, sous l'influence d'une injection intra-veineuse de peptone, « le sang acquiert plus ou moins la propriété de ne point coasuler dans toutes les régions de l'organisme, le foie et la masse intestinale seuls se distinguent par une superactivité notable ». Or, M. Contejean a précédemment montré lui-même que « lextirpation des thyroïdes ou des reins, ou du pancréas, elc., est sans influence appréciable sur Biouocte. Comeres nexpus. — 102 série, T, I]. 56 140 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — le phénomène » (Soc. de Biol., 9 février 1895, p. 94) (1); il a montré, de plus, en faisant passer une solution de peptone dans les vaisseaux d'un membre, que les muscles aussi n'ont pas d'influence. « Si, décou- vrant l'artère et la veine crurale sur un chien, on lie le membre inférieur avec une corde de caoutchouc, en laissant les vaisseaux hors de la ligature, et qu'on injecte de la peptone dans l'artère par une canule piquante, pendant qu'on recueille le sang coulant du bout périphérique de la veine, ce sang se coagule normalement, même si on l’a laissé stagner quelque temps dans le membre. » (Soc. de Biol., 9 février 1895, p. 94) (2). Il ne me semble donc pas, d'après ses propres expériences, que M. Contejean soit autorisé à affirmer que « toutes les cellules de l'organisme (3) » participent à la production d’une substance anticoagulante sous l'influence d’une injection de peptone, puisque déjà ni les cellules des reins, ni celles du pancréas, ni celles de la glande thyroïde, ni les muscles n’interviennent dans le phénomène. Restent, il est vrai, — et c’est le second point sur lequel la question n’est pas aussi simple qu'on pourrait le croire, — d’autres organes sur le rôle possible desquels, l'intestin excepté, M. Contejean ne semble pas avoir cherché à s'éclairer encore, mais dont il peut hypothétiquement invoquer l’action; il conclut, d’autre part, d'une série d'expériences, à la réalité de l'intervention importante au moins des intestins. Or, celte supposition et ces expériences sont en contradiction avec les résultats des recherches récentes de Delezenne (Arch. de physiol., 1° juillet 1896, p. 655), qui à constaté, en pratiquant des circulations artificielles, à l’aide de solutions de peptone, dans l'intestin tout justement, la rate, (1) Cette phrase est textuellement répétée par l’auteur dans son mémoire des Archives de physiologie, 5° série, VII, p. 245-251, 1895 : Nouvelles recherches sur l'influence des injections intra-vasculaires de peptone sur la cougulubilité du sang chez le chien. (2) Dans le mémoire cité ci-dessus des Archives de physiologie, auteur est revenu sur ce point et donne le protocole détaillé’ d'une de ses expériences. (3) Je ne pense pas d’ailleurs qu'il soit exact de dire que « toutes les cellules de l'organisme, dont en somme le protoplasme est à peu près iden- tique, doivent jouir de propriétés physico-chimiques semblables, à des degrés d'intensité différents, suivant la nature de ces cellules » (Ch. Contejean, Arch. de physiol., 1895, p. 250). S'il est vrai, d’une facon générale, que les spé- cialisations fonctionnelles sont moins marquées dans les organes où se passent les phénomènes de la vie de nutrition, ce mot étant entendu dans son sens le plus large (vie organique de Bichat), que dans les organes de la vie de rela- tion, cependant il existe déjà entre les éléments cellulaires des premiers des différenciations bio-chimiques très nettes; une preuve, entre autres, en est dans l’impossibilité réciproque où sont beaucoup de se suppléer ; une autre dans l’action sur tel et tel d’une substance toxique qui n'agit pas sur les autres, etc. Dont HELENE AE LS he RE D NÉS VE D ” BE c : SÉANCE DU- AÎ JUILLET “T/A Je rein, le poumon, le cerveau et les muscles, que le liquide obtenu dans ces conditions, dans aucun cas, n° retarde la coagulation du sang, à l'inverse du liquide obtenu durant une semblable circulation artificielle dans le foie. « L'expérience de Delezenne, écrit M. Conte- jean, démontre que le foie joue un rôle très important, mais elle ne démontre pas que le reste de l'organisme est inactif » (p. 718). Assu- rément, mais ces autres expériences, que je viens de rappeler et dont M. Contejean néglige de tenir compte, ont prouvé à leur auteur que tout au moins l'intestin, la rate, le rein, le poumon, le cerveau et les muscles sont inactifs; et, comme M. Contejean, on l'a vu plus haut, a montré de son côté que les reins, le pancréas, le corps thyroïde et les muscles sont inactifs, il ne reste plus à examiner du même point de vue que le rôle des glandes salivaires, du thymus, des amygdales, des testicules ou des ovaires; inutile sans doute de parler de la moelle et des organes des sens. Telles sont les données qu'il convenait, je crois, de faire entrer dans la discussion soulevée par M. Contejean. Quant au fond même de la question, il ne pourrait être utilement abordé que par la critique du fait très intéressant que M. Contejean a apporté à l'appui de son opinion, à savoir qu'après l'isolement vascu-. laire du foie il à vu la peptone exercer encore son action anticoagulante, quoique beaucoup moins énergiquement que sur un animal normal. Il faudrait s'assurer si, dans les conditions dans lesquelles l'auteur opère, toute circulation est bien supprimée dans le foie; et chercher aussi si la diminution assez faible de coagulabilité du sang, dans ce cas, ne tiendrait pas seulement à la réduction considérable de la masse san- guine qui résulte de l'opération elle-même, la quantité restante de sang pouvant subir l'influence directe, bien connue, de la peptone (1); et ce travail est sans doute d’autant plus nécessaire que le fait en question ne s'accorde pas avec les résultats des expériences citées plus haut de Dele- zenne. Mais je n'ai pas encore .pu répéter l'expérience dont il s’agit et la soumettre à une critique expérimentale. — Quoi qu'il en soit, je per- siste à penser, comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire à la Société, que la question de savoir si la peptone agit uniquement sur le foie ou encore sur quelque autre organe, perd un peu de son intérêt, depuis que tous les expérimentateurs admettent avec M. Pachon et avec moi que le rôle du foie est absolument prépondérant; mais je reste naturellement tout prêt à reconnaitre que ce rôle n'est pas exclusif. La note de M. Contejean comprend une autre partie, qui consiste en la critique de plusieurs des expériences que j'ai faites avec M. Pachon ; celle critique ne peut rester sans réponse. (1) Observations de Schmidt-Mülheim, de Pekelharing, etc. Voy. à ce sujet L. Camus et E. Gley (Soc. de Biol., 13 juin 1896, p. 621). 742 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° M. Contejean suppose que, dans les expériences de destruction du foie au moyen d’une injection d'acide acétique dans les voies biliaires (1), il peut s’'introduire des conditions qui modifient la plasticité du sang; n'est-ce pas une supposition gratuile, puisque le procédé employé (pro- cédé de Denys et Stubbe) n’agit que localement? 2 Puis il avance que l'effet de la ligature des Iymphatiques du foie doit être très compliqué. Je me suis suffisamment expliqué sur ce point dans l’avant-dernière séance de la Société (Comptes rendus Soc. de: Biol., 17 juin 1896, p. 663-667) pour qu'il me paraisse inutile d'y revenir encore. | 3° M. Contejean pense que les expériences d’extirpation du foie ne peuvent rien prouver, en raison de l’efroyable mutilation des animaux. Il a pourtant lui-même montré que, «sur un animal déchiqueté, la peptone produit encore une action manifeste » (Arch. de Physiol., 1896, p. 162). La mutilation, qui consiste en l’extirpation du foie, ne me paraït pas un traumatisme plus « effroyable » que le déchiquetage d’un animal. Mais M. Contejean n'attribue sans doute pas plus que moi au trauma- tisme en lui-même une influence réelle sur le phénomène en question. Aussi bien, dans son expérience de déchiquelage, il n enlève aucun organe. Mais jai constaté que, si l'on enlève à un chien tous les intes- tins, du cardia à l'extrémité du rectum, et si l’on fait ensuite à cet animal une injection intra-veineuse de peptone, son sang devient complètement incoagulable. D'autre part, nous avons toujours eu soin, M. Pachon et moi, dans nos expériences, de pratiquer l'injection de peptone le plus tôt possible. LA MALADIE PYOCYANIQUE EN PATHOLOGIE HUMAINE, par M. CHARRIN. On a cru, à un moment donné, que le virus pyocyanique, en dehors des accidents de la suppuration bleue observés en chirurgie, était um virus connu exclusivement dans les laboratoires; actuellement, il est impossible de conserver cette donnée. Cultivé, utilisé expérimentalement, à cause des certitudes, des garan- ties issues de la production d’une substance chimique définie, cristalli- sable, visible à l'œil nu, en raison de ses attributs chromogènes, ce virus a permis d'établir des notions fondamentales : vaccination par les. produits solubles, réalisation des symptômes, des lésions, grâce à des (1) E. Gley et V. Pachon (Soc. de Biol., 23 mai 1896, p. 523; Arch. de Physiol., 1896, p. 715). SÉANCE DU A1 JUILLET 743 toxines morbifiques, humeurs baetéricides, etc. Or, l'application, à la pathologie humaine, de ces notions, bases de toutes les opérations- générales de la bactériologie actuelle, permettait de pressentir les rela- tions entre cette pathologie et ce virus. _Les faits ont justifié ces pressentiments, attendu que, soit à l'étranger, en Allemagne de préférence, soit en France, existent actuellement des thèses, des mémoires, des observations, etc., mettant en lumière les méfaits occasionnés, chez nous, par ce parasite. On a vu ce bacille déterminer, chez le nouveau-né, une septicémie, avec hémorragies, avec entérite; on a vu ce bacille provoquer des dysenteries, des broncho-pneumonies, des otites, des néphrites, des péricardites, des cystites, des adénites, etc. Aujourd'hui, je présente une observation nouvelle, due au D' Bardon, de Brive (Corrèze). Il s'agit d’une femme de quarante-cinq ans, qui, à volonté, peut faire sortir de ses canaux galactophores un liquide verdâtre. Dyspeptique depuis plusieurs années, névropathique, atteinte de troubles digestifs variés, cette femme, dépourvue de fièvre, n’a pas eu d'affection aiguë déterminée. — Actuellement, elle offre sur la surface cutanée des points d’une pigmentation spéciale, qui conduisent à songer à une généralisation du processus. Quoi qu'il en soit, ce qui est positif, c'est que le liquide qui sort de celte galactophorite contient un bacille donnant naissance à une matière verdâtre. — Après une foule de tentatives, de passages, de cultures, on obtient de la pyocyanine. On voit combien sont multiples les circonstances dans lesquelles se révèle ce virus dans l'espèce humaine. — Il est même permis d’ajouter que les difficultés que l’on éprouve si fréquemment d’ailleurs à obtenir, comme dans ce dernier cas, les pigments caractéristiques, font que, bien Souvent, on méconnaîit ce virus. L'OIDIUM ALBICANS, AGENT PATHOGÈNE GÉNÉRAL, par MM. CHaARRIN et OSTROWSKY. Il y a deux ans, nous avons montré, avec d’autres auteurs, que le champignon du Muguet, introduit dans la circulation, provoque des accidents généraux, grâce à des mécanismes multiples. — Les recher- ches, depuis lors poursuivies, permettent de préciser ces faits. Ce parasite, comme nous l'avons toujours dit, iatervient par ses sécré- tions, puisque nous avons pu, à l’aide de ces sécrétions, faire varier la température, la composition des urines, amener la mort — preuves plus que suffisantes. 74% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = ———_———————————…——……—…—…—…——…—…—…—…—…—…—_—…—…——…———…—…—…—…—…—_—.—…——————————————…——————— .————— —.— —————————__—@—û@—@—@@—@—<#———— rm Du côté de la glycémie, de l'isotonie des globules, des gaz du sang, les modifications ont été, il est vrai, peu marquées; néanmoins, la certi- tude de ces données s'appuie sur l'autorité de Kaufmann, d'Abelous, de Langlois, qui les ont vérifiées. Ce parasite intervient également par un processus d’auto-intoxica- tion, en ce sens que lésant les viscères, en particulier le rein, l'intestin, souvent d'une manière intense, il y a rétention relative d'une série de toxiques; les coupes histologiques, l'accroissement de la toxicité du sérum, parfois, la diminution de celle de l'urine, les phénomènes observés, ete. (myosis, convulsions, somnolence, etc.) l’établissent suffi- samment. Il agit, en outre, mécaniquement, directement; les altérations sont surtout marquées au niveau des colonies, des foyers de pullulation; ce sont là des fails positifs que rien ne peut détruire; le rayonnement existe, mais il est souvent plus restreint que dans les infeclions baclé- riennes (il y a là une question de mesure), du moins dans les condilions où nous nous sommes placés; or, c’est là une particularité que nous avons eu soin de signaler. Il est clair, en effet, que ces résultats peuvent varier avec les milieux, avec la virulence de ce parasite ; on peut l’éduquer, l'amener à fabriquer plus de poisons ; de même, les bactéries agissent plus par elles-mêmes, localement, quand elles sont atténuées : c'est une notion banale, sur laquelle il n’est pas nécessaire d'insister. Déjà en 1895 (au mois de mars), nous avons obtenu l’état réfractaire ; toutefois, pour avoir une immunilé valable, pour accroître la résistance, nous avons dù inoculer des doses successives d’un virus vivant, mais faible; même, dans ces conditions, on réussit mal, moins bien en se- servant de la voie sous-cutanée, que par l'injection intra-veineuse; on peut aussi avoir des produits favorisants. — Pour le sérum, il subit des modifications analogues à celles qu'ont vues Charrin et Roger, les pre- miers en France, puis Pfeiffer, Gruber, modifications qui font que les microbes poussent tout différemment dans le sérum des sujets normaux et dans celui des vaccinés; ces faits sont la base expérimentale du séro-diagnostic, des intéressantes applications que l’on fait de ces données. Il y a donc, si on compare ces processus à ceux des bactéries, et des analogies el des différences, qui se trouvent développées dans la thèse de l’un de nous, du moins pour la majorité de ces faits. | En dehors de quelques critiques de détail, cette manière de voir a, - du reste, été confirmée à propos de parasites analogues. Are PR LR EE ER PS OR NE UT F7 PC ca = SÉANCE DU Â1 JUILLET 745 NOTE SUR UN PERFECTIONNEMENT APPORTÉ A MON SPHYGMOMÈTRE, par M. A.-M. Brocx. J'ai présenté à la Société, en 1888, un nouveau procédé de mensura- tion de la tension du pouls radial au moyen d’un instrument que j'ai désigné sous le nom de sphygmomètre. Cet instrument, construit par M. Verdin, a été, depuis, modifié dans sa forme et simplifié par lui. Le nouveau perfectionnement que j'apporte pourrait être appliqué à mon modèle primitif, mais il m'a semblé préférable de l'ajouter au modèle de M. Verdin, modèle dont je me sers habituellement. L'addition consiste dans un ressort placé contre la tige du sphygmo- mètre et destiné à arrêter à volonté cette tige lorsque l'opération est terminée, c'est-à-dire lorsque les battements de l’artère ont disparu. Le corps du sphygmomètre étant tenu entre le pouce et le médius, c'est l'index qui presse le ressort et l'empêche d'appuyer sur la tige. Au moment opportun, on écarte l'index et l'échelle mobile de l'instrument se trouve arrêtée dans sa position. On comprend les avantages de cette modification. Elle permet de faire l'expérience sans qu'on ait besoin de se placer dans un éclairage favo- rable. On peut opérer en fermant les yeux et concentrer ainsi l'attention sur les phénomènes du pouls sans être distrait par la lecture du degré de pression. J'ai, de plus, remplacé la pointe de l'instrument par un patin en ébonile qui permet de comprimer l'artère directement ou médiatement, suivant mon procédé. Voici, d’ailleurs, la meilleure facon de prendre le pouls avec mon sphygmomèlre. On appuie sur l'artère radiale la pulpe de l'indicateur droit, pour la radiale droite; gauche, pour la radiale gauche, en plaçant le doigt le long de l'artère de façon que son extré- mité unguéale regarde le haut de l’avant-bras. La pression doit être exercée sur l'artère, à l'endroit où elle passe sur l'extrémité élargie de la face antérieure du radius. L'écrasement du vaisseau est facile et très net dans celte région. Je désire ajouter quelques remarques, au sujet du sort réservé jusqu'à ce Jour à mon instrument. Le constructeur a changé sa forme et l’a perfectionné et le sphygmomètre à pris le nom du constructeur, à l'exclusion du mien. Des médecins l'ont employé et ont changé qui le palin, qui l'échelle de graduation. Ils ont ensuite adopté mon sphygmo- mètre, dans le sens juridique du mot, résolus à se substituer au père naturel ; de sorte que mon invention est devenue celle de M. X..., de M: Y..:, de M:Z:.. Je proteste contre ces procédés. Il est bon que les choses soient remises en place et, si mon instrument a su trouver la faveur du public 746 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE médical, si plusieurs l'ont modifié, simplifié, amélioré, il n'en est pas moins vrai, que la méthode est de moi et que cette méthode consiste à écraser l'artère radiale au moyen d’une tige dynamométrique dont l'extrémité presse sur l’'ongle d’un doigt interposé entre l'instrument et le vaisseau qu'on examine. MÉTHODE POUR ÉTUDIER SUR LE CADAVRE LES CHANGEMENTS DE POSITION QUE SUBISSENT LES URGANES ABDOMINAUX SOUS L'INFLUENCE DES ORGANES VOISINS, par MM. Prcou et Ramonp. Quand on veut étudier la statique des organes abdominaux, sans cesse modifiée par l'état des organes voisins, on peut sur le cadavre avoir recours à l'emploi des aiguilles aimantées, comme nous l'avons fait pour la rate. Si nous appelons l’atlention sur cette méthode, c’est que nous la croyons peu usitée en anatomie. Voici comment nous pro- cédons : L’abdomen étant ouvert, nous enfonçons dans le parenchyme splénique, et autant que possible, suivant l'axe de la rate, une très forte aiguille aimantée ; nous lions l'estomac à ses deux orifices, le côlon au niveau de son angle droit et au milieu de sa portion descendante, puis nous fixons sur chacun de ces deux organes, une canule terminée par un tube en caoutchouc. Nous refermons alors l'abdomen par des sutures très serrées, en laissant seulement en haut et en bas une petite bouton- nière suffisante pour faire passer les tubes en caoutchouc. Nous insuf- flons successivement, puis nous vidons à volonté chacun de ces organes. Pendant ce temps, le sujet étant couché sur Le côté droit, nous explo- rons à l’aide d’une boussole, sur la paroi thoracique, les divers change- ments de l’aiguille aimantée intrasplénique. Pour cela, supposons que le pôle austral de celle-ci soit vers l’extrémité postérieure de la rate. Nous commençons par déterminer dans le voisinage présumé du siège de ce pôle austral, deux directions différentes que nous traçons sur la paroi d’après les indications de la boussole, à l’aide du crayon dermo- graphique, et dont l'intersection correspondra au point cherché. Con- naissant ainsi le pôle austral ou extrémité postérieure de l'aiguille intrasplénique, nous cherchons de même son pôle boréal ou extrémité antérieure. Il ne reste plus qu’à joindre les deux extrémités ainsi obte- nues par une ligne droite, parallèlement à laquelle déviera l’aiguille de la boussole, si on lui superpose cet instrument. L'opération termi- née, il faudra voir la position occupée par l'aiguille aimantée dans la rate enlevée, afin de faire des corrections, s’il y a lieu; et, si l’ai- guille intrasplénique est énergiquement aimantée, on peut négliger l'influence du magnétisme terrestre. En suivant cette méthode, nous SÉANCE DU 11 JUILLET 747 —— avons trouvé que : 1° quand on restitue aux poumons d'un cadavre leur air de réserve, la rate devient horizontale; son extrémité anté- rieure s'élève, tandis que la postérieure s’abaisse beaucoup plus: 2° quand on insuffle l'estomac, le côlon étant vide, la rate tend à devenir verticale, en même temps qu'elle subit un transport en masse en bas et en avant; 3° quand on insuffle en même temps estomac et côlon, la rate ne se déplace plus en avant, comme tout à l'heure; mais elle remonte légèrement en totalité, l'extrémité postérieure s'élevant plus que l’antérieure; 4° quand on insuffle le côlon seul, l'estomac étant vide, la rate remonte en totalité et devient presque horizontale, son extrémité antérieure s’élevant plus que la postérieure ; 5° enfin, tous ces organes étant vides et les poumons privés de leur air de réserve, la rate se rapproche des directions (2° et 3°), presque parallèle aux côtes : elle est cependant moins oblique. SUR DEUX ESPÈCES ET UN GENRE PLURIEL NOUVEAUX DE SARCOPTIDES PSORIQUES, par M. le D' E. TROUESsART. Les Sarcoptides dont je donne ici la description sont très intéressants en ce qu'ils constituent, par leurs caractères et par leurs mœurs, des types de transition montrant nettement comment s’est formée la sous- famille des Psoriques. Le premier est un vérilable Sarcoptes Latr., qui vit sur les Chauves- Souris de notre pays, qui est tout à fait intermédiaire entre les Sar- coptes des Mammifères et ceux des Oiseaux. Voici la caractéristique de cette espèce : Sarcoptes chiropteralis, n. sp. — Mäle ayant les deux paires de pattes postérieures munies de ventouses ambulacraires ; la 3° paire porte, en outre, une longue soie et de courtes épines; la 4 seulement de courtes épines. Rostre bien dégagé de l'épistome, mais à joues bien développées. Organe génital assez grand, mais à sternite antérieur faible. Anus notogastrique mais peu éloigné de l'extrémité de l’abdo- men qui porte deux paires de soies très courtes. Plaque de l’épistome large, grenue, non bordée par un prolongement des épimères de la 1°° paire de pattes. — femelle semblable à celle du Sarcoptes alepis Raillet et Lucet, mais sans prolongement de l'épistome formant collier et recouvrant le rostre. Ovipare. — Mâle long de 220 à 250 y, large de 150 à 180 y; — femelle longue de 350 à 380 w, large de 270 à 300 u. — Vit sur Ahino!lophus ferrum-equinum et Vesperugo sero’inus, à la région faciale. On sait que la face des Rhinolophes et des Sérolines, comme celle de | | 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la plupart des Chiroptères, présente de grosses glandes sébacées d’où sort un épais bouchon de matière grasse. C’est à la surface de ce bou- chon de sébum que sont pondus les œufs : ils adhèrent solidement à la malière grasse par un long pédoncule grêle etse montrent, rangés autour du bouchon, en forme de grappes, comprenant chacune de 20 à 30 œufs. Comme il n'existe pas de lésions cutanées appréciables et que ce Sar- cople est assez rare, ne paraissant pas former de nombreuses colonies, on doit admettre que cette espèce ne produit qu'une gale superficielle et que la sécrétion normale des glandes cutanées suffit, d'ordinaire, au développement des jeunes et même à la nourriture des adultes. Par ses caractères, le Sarcoptes chiropteralis forme le passage entre le S. alepis qui vit sur les Muridés et les S. mutans et lœvis des Oiseaux. Il suffirait, à lui seul, pour montrer combien sont artificiels les sous- genres que l’on à proposés pour subdiviser l'ancien genre Sarcoptes de Latreille. La seconde espèce nouvelle est plus intéressante encore, et doit for- mer un genre nouveau qui présente les caractères suivants : PSORALGES gen. nov. — ÂMäle à pattes postérieures très fortes, comme dans les genres Prolalges et Megninia des Sarcoptides plumi- coles, la 3° paire étant beaucoup plus longue que la 4° qui est sous- abdominale. Toutes les pattes, dépourvues de manchettes ou de tuber- cules olécraniens, se terminent par un crochet et un ambulacre à tige assez courte. Abdomen rétréei et bilobé portant les ventouses copula- trices. — l'emelle semblable à celles du genre Megninia à pattes posté- rieures (3° el 4° paire) munies d’un ambulacre assez grêle et de longues soies. Tocostome soutenu par un sternile transversal fortement arqué. — Jeunes (larves et nymphes jusqu'à l’âge de femelle accouplée) pré- sentant les caractères des Sarcoptides psoriques, c’est-à-dire ayant les pattes postérieures dépourvues d'ambulacres et munies de longues soies. Le type de ce genre est l'espèce suivante : Psoralges libertus n. sp. — Mäle ayant le facies des mâles des genres Protalges et Megninia, avec les pattes de la 3° paire énormes, celles de la 4° presque aussi grosses, mais de moitié plus courtes; abdomen rétréci et bilobé avec une échancrure presque linéaire, portant de chaque côté un poil fin assez court et deux poils très longs et très forts. Pénis flagelliforme très long, recourbé sur lui-même à la base. — Lon- gueur (sans les pattes) : 400 à 470 y: (avec les pattes plus de 600 y); lar- geur : 960 p. — femelle à abdomen arrondi, semblable aux femelles de Megninia, présentant les caractères sus-indiqués. Ovipare; longue de 450 x, large de 230 à 250 uw. — Les jeunes présentant nettement les caractères psoriques. 58e Cette espèce vit en nombreuses colonies sur le petit Fourmilier (Tamandua tetradactyla ou T. bivittata du Brésil. Des spécimens de tout SÉANCE DU Â1 JUILLET 749 âge et de tout sexe ont été recueillis sur ce petit Mammifère par M. Gôüldi, actuellement directeur du Musée de Para (Brésil), qui nous les a com- muniqués el nous a donné les renseignements suivants sur la gale que produit cette espèce. Lorsque l’on capture un de ces Tamanduas et que l’on examine sa face centrale, particulièrement entre les pattes antérieures, on y trouve des taches orangées, saillantes, de la dimension d’une pièce de 50 cen- limes, en partie cachées par le pelage assez long de l'animal. Chacune de ces taches est le nid d’une petite colonie de Psoralges : les jeunes vivent dans des vésicules sous-épidermiques qui, par leur réunion, constituent la tache orangée : les adultes, mäles et femelles, vivent au milieu des poils qui la recouvrent. L Le Psoralges a donc des habitudes psoriques dans son jeune âge : à l’âge adulte, il est pilicole. C’est en raison de ces mœurs que je l'appelle libertus (affranchi). Cette gale, qui parait affecter d’autres Mammifères sauvages, est bien connue, au Brésil, des chasseurs et des gens du peuple, qui l’appellent micuim, et des Indiens, qui la désignent sous le nom de {fupi. Lorsque l’on manie les animaux morts, ces Acariens passent facilement sur les mains et y produisent des démangeaisons désagréables; mais, il ne semble pas que cette espèce se soit jamais acclimatée sur l’homme ou sur les animaux domestiques. L'étude des deux espèces que je viens de décrire démontre, jusqu'à l'évidence, l'exactitude de l'opinion que je soutiens depuis longtemps, à savoir que les Mammifères ont recu les Sarcoptides psoriques des Oiseaux, et que c’est sur les Oiseaux que ces Acariens ont contracté les habitudes nouvelles qui en font des animaux producteurs de gales. En effet, les Sarcoptides psoriques ne se distinguent, en réalité, des Sarcoptides plu- micoles que par les mœurs, tandis qu'ils n’ont que des rapports beau- coup plus éloignés avec les Sarcoptides pilicoles, hôtes habituels du pelage des Mammifères. RECHERCUES EXPÉRIMENTALES SUR LES EFETS ET LA VALEUR PHYSIOLOGIQUE DES INJECTIONS MASSIVES DE LA SOLUTION SALÉE SIMPLE (Na CI 4 5 Er 1000), ET DE LA SOLUTION SALINE COMPOSÉE (CHLORURE DE SODIUM ET SULFATE DE SOUDE A 7 P. 1000). INJECTIONS ISOLÉES ET EN SÉRIE, par MM. Bosc et Venez (de Montpellier). Après avoir étudié les effets des solutions fortes de chlorure de sodium (7 à 10 p. 100), nous relatons dans la note actuelle les effets physiologiques des injections intraveineuses massives de solutions : salines faibles, de 5 à 7 p. 1000 : 4° solution, dans l’eau ordinaire, de 750 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chlorure de sodium seul, solution salée simple ; 2° solution, dans l’eau ordinaire, de chlorure de sodium et de sulfate de soude, ou autres sels, solutions salines composées. Comme on peut avoir à discuter, en théra- peutique, l'opportunité de plusieurs injections successives, chez un même individu, nous avons fait des injections isolées et des injections en série. Nous avons opéré sur des chiens; l'injection a été poussée dans la veine fémorale, avec une vitesse constante pour une même injection, gràce à l'emploi du vase de Mariotte. I. SOLUTION SALÉE SIMPLE. Nous avons étudié les solutions de chlorure de sodium seul dissous dans l’eau ordinaire à la dose de 5 et 7 p. 1000. 1° Solution à T pour 1000. — Nous avons fait cinq expériences : l'injec- tion a été poussée avec une vitesse de 15 à 87 centimètres cubes par minuie, à la dose de 86 à 261 centimètres cubes par kilogramme d'animal, et à des températures variant de 39 à 20 degrés C. Nous n'avons jamais entraîné la mort soit immédiate, soit éloignée : la solution salée simple est dépourvue de toute toxicité alors même qu'elle fait plus que tripler la masse du sang et qu’elle est injectée avec une vitesse considérable, un litre en dix minutes. Un chien de 6,890 grammes a reçu dans la fémorale, 1,800 centimèlres cubes de la solution et est demeuré bien portant. Comme effets, la respiration se ralentit, la circulation s'accélère, le pouls s'élève de 120 à 160, à 200, avec retour à la normale en cinq à douze heures ; il se fait une réaction thermique qui débute ordinairement quelque temps après la fin de l'injection et qui élève la température de 39°,3 à 40°,9, par exemple, avec retour à la normale en quelques heures; la température périphérique suit une marche identique à celle de la température centrale; la pression sanguine n'a pas été modifiée; la pre- mière miction à lieu 25 à 30 minutes après l'injection et, à partir de ce moment, il se produit des mictions abondantes, claires, sans albumine ; diarrhée légère dans les heures qui suivent l'injection ; salivation abon- dantes; frissons; dès que le chien est détaché, il est vif, va et vient, sans troubles généraux en dehors d’un peu de lassitude. 2° Solution à 5 p. 1000. — Cette solution produit les mêmes effets que la précédente ; mais les effets physiologiques que nous considérons comme les plus importants : diurèse, réaction thermique... sont plus tardifs et bien moins prononcés qu'avec la solution à 7 p. 4000. IT. SOLUTION SALINE COMPOSÉE. — Nous nous sommes servis d’une solution composée de chlorure de sodium et de sulfate de soude, à parties égales (7 p. 1000), dans un litre d’eau ordinaire. Nous avons fait des injections isolées et en série. 1° Znjections isolées. — Nous avons injecté des doses allant de 1,000 à 1,300 centimètres cubes; c'est-à-dire de 55 à 135 centimètres cubes par ER UTC EPS ET TN E- RSS RSS RNA AS re des <. RP RSS, ra SÉANCE DU À JUILLET 751 kilogramme, la dose de sel étant de 0 gr. 38 à O0 gr. 94 par kilogramme, et la vitesse d'écoulement oscillant entre 28 et 100 centimètres cubes par minute. Dans aucun cas la mort, immédiate ou éloignée, n'est survenue; iln’y a pas eu de phénomènes toxiques, même avec de très hautes doses, et les effets ont été absolument identiques à ceux des injections intraveineuses massives de la solution salée simple; réaction thermique allant par exemple de 39,3 à 41°,3, d'une durée de huit à douze heures; mictions survenant trente minutes à une heure après l’injection, abondantes et claires, accélération du cœur; absence de modification de la pression sanguine, frissons vers la fin de l'injection. Chez un chien Jeune, l'injection poussée avec une vitesse, une de 70 et une autre de 100 centimètres cubes par minute, a amené un état de mort apparente avec perte absolue des réflexes, même cornéens, et de la sensibilité ; quoiqu'on ait continué l'injection avec une vitesse moindre, le chien n’est pas mort et rapidement, après l'injection, il est revenu à la normale. 2° Injections en série. — Un chien de 18 kilogrammes a recu quoti- diennement, pendant 4 jours successifs, 1,000, 1,000, 1,200, 1,500 centi- mètres cubes. Chacune de ces injections, prise Sénat a donné un tableau absolument semblable et calqué sur celui des injections isolées : après chaque injection de la série, mêmes frissons, même réaction ther- mique, même diurèse, sans élévalion de la pression sanguine, même absence de troubles généraux. Après la quatrième injection, l'animal était aussi bien portant qu'après la première. En résumé : Les injections intraveineuses massives de la solution salée simple sont dépourvues de toxicité; malgré la quantité et la vitesse de la solution injectée, dans les limites très larges où nous nous sommes placés (15 à 83 centimètres cubes par minute). Les effets physiologiques de ces injections massives sont sans rapport avec la température et la vitesse de la solution; lorsqu'on a déjà introduit une quantité considérable de liquide, il n'y a plus proportionnalité entre les effets et la dose injectée. Les injeclions massives de cette solution produisent une diurèse abondante qui n'apparail que trente minutes environ après l'injection, sans élévation de la pression sanguine, sans albuminurie, de l'accélération du cœur, et une élévation de la température centrale et périphérique ressemblant à un ACCÈS DE FIÈVRE. La solution de chlorure de sodium à T p. 1000 doit être préférée à la solu- lion à 5 p. 1000. — Les injections intraveineuses massives de la SOLUTION SALINE COMPOSÉE (Na CI et sulfate de soude à T p. 1000) sont dépourvues d'effets nuisibles dans les mêmes conditions que la solution salée simple. 752 SOCIÉTÉ DE: BIOLOGIE lin'y a aucune différence entre les effets de la solution saline composée et de la solution salée simple. L'adjonction du sulfate de soude au chlorure de sodium ne paraît pas utile ; elle paraît plutôt nuisible (Mayet) à la conservation globulaire. Les injections en SÉRIE ont reproduit, pour chaque injection, les mêmes effets qu'une injection isolée, et se sont montrées aussi peu nocives. Les animaux JEUNES paraissent plus sensibles aux injections massives intraveineuses, mais malgré l'apparition de phénomènes graves pendant l'injection, allant jusqu'à un état de mort apparente, ces animaux revien- nent rapidement à leur étal normal. La solution salée simple (chlorure de sodium, T grammes; eau ordinaire, 1,000 grammes) nous paraît la solution de choix pour les injections intra- veineuses ; elle produit un minimum d'effets nocifs et donne le maxinvum des effels physiologiques. ACTION ANTICOAGULANTE DES EXTRAITS D'ORGANES, par M. Cu. CONTEJEAN. Un extrait d'organe préparé comme suit [broiement de l'organe, macération dans son poids de sérum artificiel (eau salée) pendant un quart d'heure à une demi-heure, en remuant fréquemment, filtration sur des toiles de plus en plus serrées et finalement, si on peut et si on a la patience d'attendre, sur papier] provoque instantanément la coagu- lation du sang normal în vilro, quelle que soit la dose à laquelle on l’ajoute. Des faits semblables ont été signalés par Wooldridge. Mais si on injecte ces extraits dans les vaisseaux d’un chien, on rend son sang incoagulable. Pourtant Buchanan, Foa et Pellacani ont publié des résultats absolument contradictoires en apparence. On luerait les animaux par coagulations intravasculaires en faisant ces transfusions. Voici les extraits que ces derniers auteurs ont employés : cerveau, capsules cervicales, testicules, reins, glandes lymphatiques, foie; la rate est sans action. Entre mes mains, des extraits de foie, de muqueuse intestinale, de muscles, de cerveau, de testicules (je n'ai pas eu le temps d'essayer d’autres organes), injectés dans les vaisseaux de chien (Foa et Pellacani opérèrent sur Le lapin), ont rendu le sang incoagulable. Ces injections ne sont très dangereuses que lorsque ces organes ont été empruntés à un animal d'espèce différente. Ainsi l'extrait de testicules de taureau tue très vite le chien, ainsi que l'extrait de muscles de cheval. A l’autopsie je n’ai trouvé de caillots qu’une seule fois dans le cœur après injeetion d’un extrait de cerveau; mais le sang de cet animal, comme cela est la règle, même en cas de mort, était incoagulable. Les accidents mortels SÉANCE DU Â1 JUILLET Fo que j'ai observés sont dus non à des thromboses, mais à un empoison- nement. Il y a un frissonnement général presque immédiat, puis tétanisme, enfin arrêt très prompt de la respiration. La respiration artificielle peut sauver le sujet. La gravité de ces accidents était aussi probablement le résultat de la vitesse de mes injections, car je croyais que cela était, comme pour la peptone, nécessaire au résultat de l’expé- rience, et Je ne suis pas encore bien renseigné sur ce point. Chez les animaux qui échappent à la mort, ce qui est la règle si les organes employés proviennent du chien, et si l'injection n’est pas faite trop vite, le sang devient incoagulable pour plusieurs heures (extrait, par exemple, d'un foie du chien pour un animal de même taille, d’un testicule de taureau pour ün chien de 6 à 8 kilos), il n'y a pas de nar- cose, ni de baisse de pression, ni de diarrhées. Quand le sang est redevenu coagulable, une injection de peptone peut supprimer de nou- veau la coagulation ; ce qui montre que le mécanisme d'action des deux substances est différent. Dans une seule expérience, une nouvelle injec- tion de produit a déterminé aussi de nouveau l’incoagulabilité. L’extrait ne perd probablement pas ses facultés par l’ébullition, c'est du moins ce qui m'est arrivé une fois avec du bouillon de chien. Mais du bouillon de cheval précipite au contraire la coagulation, et ne pro- voque aucun des accidents ou troubles déterminés par l'extrait cru. Ces résultats sont probablement dus à l’histone de Lilienfeld, pro- venant de la décomposition dans les tissus vivants des nucléo-his- tones qui se trouvent dans ces liquides organiques. Rappelons que Heidenhain à vu le sang devenir incoagulable après l'injection d'extraits de muscles d’écrevisse et de foie. NOUVELLES REMARQUES CRITIQUES AU SUJET DU ROLE DU FOIE ET DE LA MASSE INTESTINALE SUR L'ACTION ANTICOAGULANTE DES INJECTIONS INTRA- VASCULAIRES DE PEPTONE CHEZ LE CHIEN, par M. Cu. CONTEHJEAN. (Travail du laboratoire de M. Chauveau.) Lorsque, dans la dernière séance de la Société, j'ai pris la parole pour rappeler ce qui me revenait dans l'étude de l'action physiologique de la peptone, je n'avais pas encore lu le récent mémoire de Gley et Pachon, paru dans les Archives de Physiologie (4). Le début m'a un peu surpris : « Depuis que nous avons posé la ques- (4) E. Gley et V. Pachon. Recherches concernant l'influence du foie sur l'action anticoagulante des injections intra-veineuses de propeptone. Archives de Phy- siologie normale et pathologique, 1896, 5° série, t. VII, n° 3, p. 715-723. 754 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tion du rôle spécifique du foie dans l’action anticoagulante de la peptone sur le sang de chien, nous avons poursuivi... » Je croyais être le pre- mier à avoir posé cette question, le 9 février 1895, lorsque j'ai apporté à la Société de Biologie des expériences suffisamment démonstratives touchant ce sujet, et le 1 avril de la même année je publiais un mémoire renfermant les protocoles détaillés de quelques-unes de ces expé- riences. Je croyais avoir exprimé mes idées assez clairement; je vois qu'il n'en est rien, et je ne dois men prendre qu'à moi-même. J’ai en effet l'habitude d'écrire avec le plus de concision possible, afin de ne pas abuser de la patience de ceux qui me lisent. Cela ne m'a pas toujours réussi; je vois que la clarté y perd. Cependant plusieurs personnes ont compris mon opinion; je ne puis en douter après les conversations que j'ai eues avec elles, mais je ne dois citer que ce qui est imprimé. Dans le Centralblatt für Physiologie, M. Léon Frédéricq, analysant ma note du 9 février 1895, s'exprime ainsi : « Verf. ist geneigt anzunehmen dass diese gerinnungshemmende « Substanz hauptsächlich in der Leber (und in der Darmmasse?) unter « den Einfluss des eingesprizten Peptons gebildet wird. » C. f. P. 1895, Bd IX, n° 13, S. 412. M. Olof Hammarsten parle en ces termes de mon travail dans son traité de chimie biologique : « Diese Verhältnisse hat Contejean (Archiv. de Physiol., sér. 5, Tom 7) (sic) weiter verfolgt und er kam zu dem Schlusse, dass im Thier- kürper — wie es scheint durch Vermittelung der Leber und der Gedärme — unter dem Einflusse der injizirten Albumose eine besondere Substanz abgesondert wird welche die Gerinnung verhindert... » Lehrbuch der phy- siologischen Chemie, Dritte Auflage, Wiesbaden, J.-F. Bergmann, 1895, S. 638. J'avais toujours considéré les résultats obtenus par MM. Gley et Pachon comme différant peu des miens. Le fait important est d’avoir montré que toutes les régions du corps n'ont pas la même énergie et que c’est le foie qui joue le rôle primitif dans l'affaire. J'ai encore quelques mots à dire au sujet de la publication récente de MM. Gley et Pachon. Je répondrai à la demande de la page 720 que dans les expériences faites sur les centres nerveux, moelle et cerveau, 5 piqüres et sections ont été, chez quelques sujets, suivies d’une pep- tonisation immédiate; chez d’autres, on a attendu de une demi-heure à une heure; enfin, dans un dernier lot, les animaux opérés le matin étaient peptonisés l'après-midi, au bout de six heures. Tout cela a été sans effet. Je n'ai pas cru devoir parler de ces expériences, comme de bien d’autres ; j'en ai une foule innombrable dont je n’ai jamais causé, parce qu'elles ne m'ont rien donné. Et je ne suis pas sans connaitre les expériences de M. Chauveau, auxquelles j'ai parfois l'honneur de par- ticiper. SÉANCE DU À JUILLET 155 Au sujet de mes expériences sur les centres nerveux et leur action - sur l'effet de la peptone, expériences dont les résultats sont confirmés par Gley et Pachon, ces auteurs m'attribuent (page 7205) « la (endance à expliquer par des phénomènes d’excitation, le résultat de l’extirpation des ganglions cœliaques » et alors ils considèrent leur interprétation, la seule vraisemblable d’ailleurs, une diminution d'activité de l'organe, comme différente de la mienne. Mais depuis sept années, j'ai fait un nombre considérable d'expériences sur le système nerveux, quoique j'aie publié fort peu, et mon expérience personnelle m'aurait appris ce fait connu des étudiants de 2° année dans le cas où je l'aurais ignoré. La section d'un nerf supprime ou diminue généralement l'activité de l'organe auquel il serend quand ce nerf n’est pas un inhibiteur. Je dis même (ArcA. de physiol., 1896, p. 166) : « Nous sommes accoutumés à voir le foie et Les intestins reprendre rapidement {eurs fonctions après l'événement. » Même phrase dans le Pulletin de la Société de Biologie, 1895, pp. 730 et 731. IL est donc évident que j’attribue le phénomène observé à une diminution des fonctions du foie et de l'intestin. Et si j'ai parlé de l’irrilation causée par la section, c'est parce que les sections nettes sans arrachement des ganglions, sans le raclage du tronc cœliaque sont peu efficaces. Je ferai remarquer, en outre, que dans mes recherches il est dit aussi que l’ex- tirpation des ganglions de la grande mésentérique diminue un peu l'action ou plutôt la durée d'action de la peptone, ce qui est une preuve con- tribuant à démontrer que l'intestin n’est pas inerte dans la production de la substance anticoagulante. En terminant, je dirai que je ne crois pas que le phénomène qui nous occupe soit l'exagération d’un fait physiologique. J'avais songé aussi que le sang des veines sus-hépatiques devait avoir quelques rapports avec le sang de peptone (1). Mais j'ai rejeté cette idée à la suite de quelques expériences. Le sang des veines sus-hépatiques, des veines rénales, de la veine splénique. coagule très difficilement parce qu'il est très pauvre en fibrinogène, comme l’a montré Lehmann. Ce n’est pas le cas du sang de peptone, et les animaux s’auto-immuniseraient constam- ment contre l’action de la peptone. (4) C'est même cette idée fausse qui a été la cause de ma découverte de la prépondérance du rôle du foie. C’est ce fait et le suivant que je n’ai jamais publié quoique je le connaisse depuis plusieurs années. On peut très fréquem- ment rendre le sang d'un chien incoagulable, en injectant de faibies quantités de peplone, 1/3 à 1/5 de gramme par kilogramme, dans la veine porte, même quand le temps de l'injection est de vingt minutes, Une fois entre autres l'in jeclion a duré quarante-cinq minutes, Brozocre, Compres nmenDus, — 10° Sénie, Tr. II. 51 756 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE INJECTIONS INTRAVASCULAIRES D'EAU SALÉE DANS L'INTOXICATION DIPHTÉRITIQUE EXPÉRIMENTALE, par MM. EnriQuez et HALLION. Au cours de nos recherches sur l’intoxication diphtéritique expéri- mentale, nous avons essayé d'atténuer les phénomènes d'empoisonne- ment par les injections intravasculaires de solution de Na CI à 7 p.1000. Nos expériences ont porté sur le chien et sur le lapin. Nous avons employé un bouillon filtré qui tuait le cobaye à la dose de 1/10° de centimètre cube en 36 à 48 heures environ. L'injection d’eau salée était faite lentement, avec une vitesse toujours notablement inférieure à la « vitesse loxique », déterminée par M. Dastre. Nos faits se répartissent en deux groupes principaux, suivant que l'in- jection salée était pratiquée au début même de l’intoxication ou à une phase avancée : 1° Considérons ce dernier cas. Noûüs avons expérimenté sur le chien. Lorsque l'animal était profondément déprimé et que sa mort était mani- festement prochaine, on l’attachait et on inscrivait sa pression artérielle ; celle-ci était toujours très basse. On injectait alors la solution salée et l'on voyait la pression s'élever graduellement; en même temps l'animal sortait peu à peu de sa torpeur et commençait à réagir aux excitations. [1 semblait littéralement renaître à la vie. Mais cet amendement des phénomènes durait peu; même alors qu'on poursuivait l'injection, la pression artérielle redes- cendait peu à peu, arrivait progressivement au voisinage de 0; la respi- ration et les battements cardiaques s’arrêtaient. 2° La deuxième série d'expériences à été pratiquée sur des chiens et sur des lapins. Ces derniers animaux, qui peuvent être choisis plus facilement de même taille, se prêtent mieux à des expériences comparatives. On choisit trois lapins sensiblement de même poids. Au premier on injecte par une veine auriculaire 400 grammes de la solution salée. Au deuxième on injecte 200 grammes de la même solution; l'animal commence à rendre,comme c’est la règle, en abondance des urines peu colorées. À ce moment on injecte par la même voie une forte dose de toxine. Au troisième on injecte purement et simplement, toujours dans une veine auriculaire, la même dose de toxine. _ Voici ce qu'on observe : Le premier animal survit indéfiniment sans être sensiblement incom- modé. Les deux autres présentent tous deux les phénomènes habituels de Hans MEET LEE bu SÉANCE DU 1Âl JUILLET 751 l'intoxication diphtéritique avec cette différence toutefois que les symp- tômes évoluent plus rapidement chez le deuxième, c’est-à-dire chez celui qui a subi l'injection salée, comme MM. Dastre et Loye l'avaient déjà vu. Dans cette dernière série d'expériences, chez le deuxième lapin, nous nous sommes placés dans les meilleures conditions pour permettre l’éli- mination des produits toxiques, puisque l'injection de toxine a été pra- tiquée une fois que la diurèse était déjà établie, c’est-à-dire au moment même où s'opérait ce qu'on a appelé, à la suite de MM. Dastre et Loye, le lavage du sang. Malgré cela, les symptômes d'empoisonnement, loin d’avoir été évités ou amendés, ont subi une aggravation manifeste. Dans la première série d'expériences, quand l'injection salée a été pra- tiquée chez des animaux arrivés à la dernière période de l’empoisonne- ment, alors que la pression artérielle était fortement abaissée, on voyait cette pression s'élever progressivement et en même temps les différents symptômes s'amender. Ce fait, d'accord avec l’ensemble de ceux que nous avons observés, nous porte à croire que, dans l'intoxication diphtéritique, l'abaisse- ment de la pression artérielle est le facteur principal des accidents ultimes. L'injection d’eau salée, en relevant cette pression, peut retarder la mort; elle peut permettre à l'organisme de prolonger la lutte contre l'intoxication et parfois d'en triompher, à condition que les fonctions essentielles ne soient pas trop profondément compromises, comme c'est le cas dans les hémorragies graves. Il n’en était pas ainsi chez nos animaux : l’intoxication était à la fois trop intense et trop avancée. L'injection salée dans l'intoxication diphtéritique ne réalise donc pas « le lavage du sang » et ne favorise pas l'élimination des produits toxiques; mais pratiquée au moment où la pression artérielle est for- tement abaissée, elle peut avoir une action favorable. C’est probablement par ce mécanisme qu’elle produit les effets théra- peutiques si brillants que certains auteurs, et notamment M. Tuffier, ont obtenus chez l’homme. Dans la plupart des infections, dans les péritonites, dans le choléra, par exemple, l'abaissement de la pression sanguine peut devenir énorme, et constituer, par lui-même, une menace de mort imminente : soutenir la pression sanguine, c'est en pareil cas, remplir l'indication la plus urgente : mieux que toute autre médication, l'injection salée y pourvoit. 158 SOCIÉTÉ. DE BIOLOGIE SUR LES PROPRIÉTÉS HÉMOSTATIQUES DE LA GÉLATINE, par M. Pauz CarNor. L'idée d'employer comme hémostatique une solution de gélaline, dérive directement des travaux de Dastre et Floresco sur l'hypercoagu- labilité du sang, mélangé à ces solutions (4). La coagulation du sang étant une défense de l'organisme, qui réalise mécaniquement l’hémostase, il semble que tous les coagulants doivent ètre en même temps des hémostatiques. Or actuellement, les hémostatiques employés journellement (perchlo- rure de fer, etc.) ont une action très nuisible sur les cellules au contact desquelles elles se trouvent. Il y aurait grand intérêt à trouver, parmi les coagulants, une solution hémostatique aseptique, inoffensive et facile à se procurer. La gélatine semble répondre à ces conditions. Nous l'avons employée plusieurs fois, pour des épistaxis rebelles chez des hémophiles, pour des métrorrhagies consécutives à des fibromes utérins, pour une plaie de la main où l'hémostase était difficile à faire, etc. Le titre de la solution peut varier dans de larges proportions : 5 à 40 p. 100 environ. La solution peut être faite dans l’eau salée phy- siologique, ou dans uñ liquide antiseptique (sublimé à 4 p. 1000). Enfin, on aura soin d'employer la solution après l'avoir chauffée au bain-marie à 35 degrés environ. Os. I. — Il s'agissait d'un petit hémophile de quatorze ans, qui était entré à l'hôpital pour des épistaxis alarmantes par leur fréquence et leur quantité. On lui fit sans grand résultat, des applications d’antipyrine, puis de perchlo- rure de fer. Comme l’hémorragie persistait, on eut recours à une solution de gélatine. On se servit simplement d’un tube de culture (bouillon, gélatine) stérilisé. On fit dans la narine qui saiguait une injection de quelques cen- timètres cubes. Puis on appliqua un léger tampon d’ouate hydrophile imbibée de la même solution. J1 se fit immédiatement une gélification, puis une coagulation et l'hémor- ragie s'arrêta. Elle ne reparut plus; mais le lendemain, le malade eut une hémorragie de l’autre narine, qui céda à un traitement analogue. Le petit malade eut du reste d’autres hémorragies (intestin, péricarde), du purpura, et mourut avec une déglobulisation extraordinaire 465,000 globules - seulement le 18 mai, 365,000 le 21 mai, jour de sä mort. Sans avoir rien . modifié à son état général, la gélatine avait deux fois arrêté localement les hémorragies. (1) Das're et Floresco. C. R. Soc. Biolugie, 29 février 1896; Arch. Physiol., avril 1896. SÉANCE DU Â1 JUILLET 159 --08s. IT. — I s’agit d’une fillette, hémophile également, qui ful prise d’épis- taxis d'une graude violence, coïncidant avec du purpura, etc.; l'injection nasale d’une solution de gélatine -à 10/100 environ, arrêta net l'épistaxis qui ne se reproduisil plus. Ons. III. — Plaie de la main avec un rasoir : le sang coule en masse, sans tendance à l’arrèt spontané. Compression sans résultat. On fit alors un lavage avec une solution de sublimé gélatinisée. Application d’une légère couche d'ouate hydrophile. Coagulation immédiate : arrèt de l'hémorragie. Nous avons encore employé avec succès, une solution d’eau gélati- nisée en injection intra-utérine, pour une métrorrhagie consécutive, à des fibromes utérins, et en lavements pour une hémorragie hémorroï- daire. Il semble donc que les solutions de gélatine à 5 ou 10 p. 100 puissent avoir quelque utilité pour arrêler mécaniquement, par coagulation, une hémorragie produite sur une surface ou dans une cavité. Nous avons employé le chlorure de calcium dans le même but, mais avec des succès moins encourageants. ACTION ANTICOAGULANTE DU SANG DE LAPIN SUR LE SANG DE CHIEN, par M. E. Grey. L'injection du sang d'une espèce animale dans les veines d’un animal d'une autre espèce détermine des coagulations intra-vasculaires; le fait est bien connu (1). J'ai, au contraire, constaté que l'injection de sang de lapin dans les veines du chien diminue beaucoup la coagulabilité du sang de ce der- nier; cette diminution est d'autant plus marquée que la quantité injectée est plus considérable. Il suffit de 20 à 30 centimètres cubes de sang pris dans la carotide d'un lapin et injectés le plus rapidement possible dans la veine saphène d’un chien de 5 à 8 kilogrammes pour que le phénomène ait lieu; il se produit seulement, dans les échantillons de sang recueillis au sortir d'une artère, sur l'animal chez lequel cette transfusion à été (1) Cependant A. Mosso (Arch. ilal. de Biol., X, p. 142-169; 1883) a vu que le sérum du sang d’anguille rend le sang de chien incoagulable. D'autre part, — mais ici l'expérience a été faite dans des conditions très particulières, — G. Hayem (Du sang et de ses altérations anatomiques, Paris, 1889) a trouvé que le sang d'un chien, préalablement saigné à blanc et auquel on transfuse ensuite du sang de cheval, et cela à trois reprises successives, devient incoa- gulable (loc. cit., p. 247). 760 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faite, quelques petits fragments de caillot, et encore plus ou moins tar- divement. Cet état du sang dure deux heures environ. La réciproque n’est pas vraie : du sang de chien, injecté dans la veine jugulaire d'un lapin, n’a en rien modifié la coagulabilité du sang de cet animal, aux doses, du moins, que j'ai employées (20 à 25 centimètres cubes de sang de chien pour des lapins de 2 kil. 500 à 3 kilogrammes). Je me propose d'étendre ces recherches et de voir si le sang d’autres espèces, injecté au chien, a la même action que le sang du lapin. Quoi qu'il en soit, on peut déjà penser que la production des coagula- tions intra-vasculaires, à la suite des injections de sang, n'est sans doute qu'un phénomène secondaire, précédé d’une phase plus ou moins longue, pendant laquelle le sang devient incoagulable. Le sérum du sang de lapin normal n’a pas cette action, à la dose du moins, que Je n'ai pas dépassée, de 4 centimètres cubes par kilogramme de chien. In vitro, le sang de lapin, mélangé en diverses proportions à du sang de chien, n'empêche nullement la coagulabilité de ce dernier (4). LE FER DANS LE FOIE ET DANS LA RATE, COMPARAISON DE L'IOMME AVEC DIVERSES ESPÈCES ANIMALES, par MM. A. GuizemonaT et L. LAPIcouE. (Travail du laboratoire de la clinique médicale de l’Hôtel-Dieu.) Dans notre note sur la teneur en fer du foie et de la rate chez l'homme, communiquée le 20 juin dernier, nos recherches ne portaient que sur des cas pathologiques; mais nous avons constaté que notre série n’ac- cusait aucune influence pathologique systématique; les cas relevant de chaque maladie n’affectent aucun groupement particulier, on ne voit pas que la tuberculose, par exemple, de laquelle relèvent la moitié des cas, donne soit pour le foie, soit pour la rate, des chiffres toujours élevés ou toujours faibles. On peut donc se demander si le fait que le sujet est mort de maladie à une importance quelconque. Bien entendu, il faut mettre à part, tout de suite, les chiffres qui se présentent d'eux-mêmes comme aberrants, que les règles ordinaires de la statistique suffiraient à faire classer hors série ; en fait, nous avons pu, par une constatation directe, déterminer la cause perturbatrice, qui n’est autre dans ces cas que la présence de la (1) J'ai également étudié l’action du sang de lapin, après une injection intra- veineuse de peptone sur cet animal, et du sérum de ce sang sur le sang de chien. Les faits que j'ai observés à cet égard trouveront leur place dans une communication ultérieure. SÉANCE DU A1 JUILLET 1617 rubigine. Dans tout ce qui va suivre, il ne sera question que des chiffres- qui peuvent s’ordonner en série régulière. Cette série régulière, dans laquelle, on trouve les maladies les plus diverses, tuberculoses, néphrites, cardiopathies, infections aiguës, etc., peut-elle être regardée comme exprimant la teneur en fer des organes de l'homme, abstraction faite de son état de maladie ou de santé? Voilà la question que nous avons été amenés à nous poser. Nous espérons pouvoir la résoudre par l'expérience, au moyen des chiffres pris sur l’homme frappé de mort violente en pleine santé. Mais les données de ce genre qui existent jusqu'à présent dans les sciences sont insuffi- santes, et les matériaux nécessaires exigent quelque temps pour être rassemblés. En attendant, la comparaison avec l’animal peut fournir quelques considérations intéressantes qui permettent de préciser l'hypothèse. Chez l'animal, il est facile d'obtenir des chiffres à l’état sain ; ce sont même ceux-là qui existaient seuls dans la science jusqu'ici. Or, l'examen des chiffres publiés par JALESKI, GOoTTLIEB, KRÜGER, LaPpicQuE conduit tout d’abord à la conclusion suivante, en ne tenant compte que des adultes. Toutes les séries présentent des variations individuelles que l’on n’a pu jusqu'ici mettre en rapport avec aucune condition. Pour la rate, le phénomène est très apparent, et l’un de nous a insisté sur ce point dans un travail antérieur (1). Pour le foie, les écarts individuels sont moins grands, mais ils sont suffisants pour que, chez le chien, GoTTLreg ait dû renoncer à fixer une normale (2). C'est un premier point qui concorde avec nos résultats sur l’homme. Pour la suite de la discussion, nous sommes obligés, maintenant, d'examiner séparément le foie et la rate. Foie. Pour le foie, malgré ces divergences et bien qu'on dispose, en géné- ral, de séries trop peu nombreuses, il est possible de constater qu'il existe une teneur moyenne spécifique, qui varie d’une espèce à l’autre; c'est ainsi qu’on peut admettre pour le lapin la moyenne de 0,04, pour le chien 0,09; pour le cheval (seulement deux chiffres de JALESKI, mais assez concordants) 0,16 (en Fe pour 1000 du foie frais lavé). Keücer donne pour la race bovine des séries beaucoup plus nombreuses que celles que nous possédions pour aucune espèce; mais il a opéré en suivant une technique si différente de la technique habituelle, que ses résultats ne sont comparables qu'entre eux. Il obtient sensiblement [a même moyenne pour le bœuf et pour la vache; traduite dans notre (4) Lapicque. Société de Biol., 16 juillet 1892. (2) Zeitschr. für physiol. Chemie, t. XV, 1891. 7162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE notation, celte moyenne serait, autant du moins qu'on peut s’en rendre compte, approximativement 0,10. Pour l’homme, dans notre communication précédente, nous n'avions pas voulu calculer de moyenne, nous avons reconnu que nous pouvions, en réalité, tirer de nos chiffres une moyenne significative. En effet, en calculant de diverses manières soit au moyen du maximum du groupe- ment, soit par des séries partielles obtenues en prenant les cas de dix en dix dans l’ordre où ils se sont présentés, on arrive à très peu de chose près aux mêmes résultats, à savoir, 0,23 pour l’homme et 0,09 pour la femme (1). Le chiffre de l’homme apparaît comme élevé, par rapport aux moyennes animales que nous venons de citer; il n’y a pourtant pas lieu de conclure de cet écart à une augmentation pathologique dans notre série; d’autres espèces animales, en effet, semblent présenter des chiffres normaux beaucoup plus élevés que ceux-là. Jaleski donne pour deux hérissons les chiffres de 0,88 et 0,77 (2). La série étant vraiment trop courte, et le fait présentant un intérêt, nous avons voulu le con- trôler. Trois hérissons mâles (le sexe de ceux de Jaleski n'est pas indiqué) nous ont donné les chiffres suivants : 0,47; 0,53; 0,15. Ces chiffres sont plus faibles que ceux de Jaleski et sont d’ ailleurs discor- dants entre eux. Nous retrouvons ici l'irrégularité déjà signalée; mais on peut voir, néanmoins, que la moyenne du hérisson serait certaine- ment plus élevée que celle de l’homme. On peut donc admettre qu'il existe des espèces animales dont le foie contienne normalement des proportions de fer de l’ordre de celles que nous trouvons pour l'homme. Nous avons voulu voir ce que donnait, à ce point de vue, le foie du porc, animal qui a été souvent comparé à l’homme pour l’ensemble des conditions de sa nutrition; nous n’avons trouvé dans la science aucun chiffre à cet égard. Deux foies de porc, achelés chez le charcutier, nous ont donné les Cr de 0,18 et 0,21. Si nous cherchons maintenant à nous rendre compte expérimentale- ment des modifications que les conditions pathologiques peuvent pro- duire dans la teneur en fer des organes, nous voyons par les recherches que nous avons communiquées iei même, la semaine dernière, en. commun avec M. Charrin, qu'un animal peut être rendu cachectique par l'injection répétée de toxines microbiennes, sans que cette teneur en fer sorte des chiffres normaux. Et même, pour le foie, l'absence de variation est la règle. D'autre part, un chien mort de péritonite aiguë: (perforation intestinale) nous a donné le chiffre de 0,105, pour le fer de. (1) Notons en passant que le classement des cas, suivant l’âge de vingt à quarante ans, de quarante à soixante ans, au delà de soixante: ans, donne: pour chaque période une moyenne très voisine de la moyenne générale (2) Studien über die Leber Jahresb de Mally, 1887. SÉANCE DU {1 JUILLET 763 son foie, chiffre qui se trouve précisément tout à fait voisin de la moyenne. Il ya une autre condition, dont il fallait éludier l'influence, c'est le défaut d'alimentation qui, à un degré plus ou moins élevé, s’observe en général pendant les derniers jours de la vie des malades. Dans l’état de nos connaissances, l'effet de l'inanition sur la teneur en fer des organes ne peut être prévu. Gottlieb {/oc. cit.) avait observé, chez un chien soumis à un jeûne de dix-huit jours, un chiffre de fer anormalement élevé, dans le foie (0,25); prudemment, connaissant l'étendue des variations indivi- duelles, il s'était abstenu de rien conclure d’un cas unique. Ce point était important pour nous et valait la peine d’être vérifié. Deux chiens, après un jeûne de quinze jours, nous ont donné les chiffres de 0,145 et 0,095, chiffres qui rentrent très bien dans la série normale. On peut done éliminer l'hypothèse d’ailleurs paradoxale de l'augmentation du fer dans le foie par l’inanition. En résumé, nous ne trouvons aucune raison a priori pour que les chiffres obtenus sur l’homme mort de maladie soient en général différents de ceux de l’homme normal. Si maintenant nous considérons les quelques chiffres obtenus sur l’homme normal, nous trouvons les valeurs suivantes (in Fe pour cent du poids sec) : Van Bibra : 0,12 — Oïdtmann : 0,08 — Stahel : 0,167 et 0,204. Comme nous le disions plus haut, cette série n'est pas concluante : d’abord, elle est trop courte, étant données les variations individuelles que nous retrouvons nettement ici; ensuite le fer du sang n'a pas élé retranché. Néanmoins, on peut voir que ces chiffres, s'ils ne donnent pas un résultat certain, n’apporlent au moins aucune contradiction à notre hypothèse. Calculés approximativement suivant notre notation, ils prendraient place, en effet, très bien dans notre série, entre 0,20 et 0,40. Il s’agit de sujets du sexe masculin. Enfin, l'influence du sexe, si nettement marquée, ne peut guère être qu'une influence physiologique. Cette considération tend encore à monirer que les influences pathologiques ne se font, en tout cas, sentir que bien faiblement si elles se font sentir. Rate. Pour la rate, il est impossible de calculer, au moyen des données que nous possédons, une moyenne ayant une signification quelconque, et cette impossibilité se retrouve aussi bien avec les animaux sains adultes qu'avec l'homme mort de maladie. On sait, par les recherches de Nasse, que la rate des vieux chevaux est généralement très riche en fer. Nous- mêmes, dans le seul cas que nous ayons étudié, avons trouvé la propor- tion de 2,51 p.1000. Sur le chien et sur le lapin, on trouve généralement des chiffres beaucoup moins élevés, mais toujours extrêmement diver- gents d'un animal à l'autre. Dans ces conditions, toute comparaison d'espèce à espèce devient difficile. EL 764 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons constaté, avec M. Charrin, que sous l'influence des toxines microbiennes, la teneur en fer de la rate peut s'élever considérablement, cette augmentalion pouvant du reste se produire ou non dans des expé- riences en apparence identiques; l'accumulation de fer a lieu sous forme de rubigine. Or, dans la rate des vieux chevaux, on constate aussi la rubigine en abondance; nous avons trouvé cette production chez notre cheval, et Nasse, dans ses observations, décrit des granulations ferrugineuses, qu'il n'a pu réussir à isoler à l’état pur, mais qu’on peut sans hésitation identifier à la rubigine. D'autre part, si pour les adultes l’irrégularité est la règle, chez les animaux très jeunes, au contraire, la rate est toujours très pauvre en fer, comme l’a montré l’un de nous, résultat qui, ensuite, a été confirmé par Kruger. Ii est donc possible que les chiffres élevés trouvés chez les animaux âgés, sacrifiés en pleine santé, traduisent : des influences pathologi- ques antérieures, des maladies ou des accidents guéris, et dont la trace peut ne plus se retrouver ailleurs que dans cette augmentation du fer de la rate. C’est une hypothèse qui pourra être tranchée au moyen d'expériences de très longue durée, mais, en tout cas, elle concorde avec les résultats de notre série pathologique convenablement interprétés. Cette série nous montre en effet, que ce n’est pas l’âge qui fait les chiffres élevés pour la teneur de la rate. Ces chiffres se rencontrent à tout âge, mais presque exclusivement dans les maladies chroniques (tuberculose, mal de Bright, cancer), c'est-à-dire sur des sujets, quel que soit leur àg, qui ont une longue histoire pathologique. À PROPOS DE L'ATTÉNUATION DES TOXINES PAR LA HAUTE FRÉQUENCE. Note de M. D'ARSONVAL. À l'étranger, en Ilalie surtout, on a, comme je l'ai déjà dit à la der- nière séance, répété avec plein suecès les expériences dont Charrin et moi avons entretenu la Société à propos de l’atténuation possible de certaines toxines par la haute fréquence. Bonome, Viola, assistés du physicien Casciani, ont même obtenu des résultats encore plus nets que les nôtres, car ils ont rendu les toxines du streptocoque dix fois moins actives; ils ont même fabriqué de l’anti- toxine (voir Centralblatt für Bakteriol.). Pour nous, nous n’avons pas dépassé, dans cette échelle des atténua- tions, la proportion du simple au double, tout au plus sommes-nous allés exceptionnellement jusqu'au triple. Plus d’une fois, nous avons SÉANCE DU  JUILLET 765 échoué; mais en multipliant beaucoup les expériences, nous sommes arrivés à des affaiblissements, variables avec la nature des toxines, avec leur âge, avec diverses conditions. Dès le début des expériences, j'ai dit et répété à satiété que toutes les précautions avaient été prises pour éviter tout échauffement anormal des toxines ; le thermomètre plongé dans la toxine même n’a jamais dépassé + 40 degrés, température du cobaye. Pourtant, tout récemment, M. Marmier à cru pouvoir conclure de ses intéressantes expériences que l’atténuation était due uniquement à l’élé- vation de température produite par le passage du courant. — J'ai done fait de nouvelles expériences en plongeant les toxines dans des mé- langes réfrigérants ou en les maintenant dans le vide; j'ai même été jusqu'à la congélation soit avec des toxines, soit avec des ferments solubles (invertine); les résultats ont été à peu près les mêmes; à côté d'échecs, Charrin a, dans certains cas, constaté une atténuation minime mais nette. Il ya déjà quelque temps, j'ai fait avec le venin de Cobra une expé- rience non moins significative. — Ce venin, donné à notre collègue Phi- salix par le professeur Armand Gautier, ne perdait sa virulence qu’en étant chauffé à + 150 degrés en tube scellé, l’ébullition à 100 degrés était insuffisante. Eh bien, ce même venin, soumis à la haute fréquence en tube ouvert, en solution aqueuse, à perdu de sa virulence, d’après les expériences de Phisalix; dans ce cas encore il est impossible d’ineri- miner la chaleur. Comme je l'ai déjà dit de vive voix, à plusieurs reprises, à la Société, l’atténuation par la haute fréquence n’est pas due à la chaleur, mais à des phénomènes d'ordre électrolytique. — Il ne s’agit pas de l’élec- trolyse vulgaire avec libération polaire des produits de l’électrolyse et action possible des électrodes. — J'ai montré, en effet, dans la der- nière séance, un appareil dans lequel la toxine est uniquement en contact avec du verre pendant le passage du courant, appareil avec lequel j'ai obtenu des résultats positifs. L’électrolyse produite par les courants à haute fréquence ne s’accom- pagne pas d'actions exclusivement polaires; il s'agit de combinaisons et de décompositions alternatives, extrêmement rapides, se faisant dans la masse du liquide, de molécule à molécule, ne s'accompagnant d’au- cun dégagement de produits libres pouvant agir chimiquement sur la toxine. Ce fait n’a rien d'étonnant, puisque les physiciens admettent bien aujourd’hui que les sels d'argent sont réduits par les vibrations électro-magnétiques qui constituent les ondes lumineuses. — Quoi qu'il en soit, je maintiens mes conclusions à savoir : 1° Que les courants à haule fréquence, dans des conditions spéciales, peuvent atténuer certaines toxines ; 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Que cette alténuation n’est pas due aux effets caloriques du cou- rant. D'ailleurs, ce qui se passe chez les animaux vivants soumis aux cou- rants à haute fréquence est absolument incompatible avec cette théorie. — D'autre part, de tous les côtés affluent des observations favorables à ce que j'avance ACTION THÉRAPEUTIQUE DES COURANTS A HAUTE FRÉQUENCE. Note de M. D'ARSONvAL. J'ai l'honneur de communiquer à la Société les observations sui- vantes prises à Lyon, dans le service du D' Gailleton, par son chef de clinique le D' Coignet et communiquées par ce dernier à la Société des sciences médicales de Lyon. — Les appareils employés pour produire les courants de haute fréquence sont ceux qui ont été établis, sur mes indications, par la maison Gaiffe, et dont j'ai parlé à plusieurs reprises à la Société. Le résonnateur, dont il est question ici est celui que le D° Oudin a adjoint à mes appareils. M. Corcner. — Les trois malades que nous avons l’honneur de pré- senter à la Société ont été traités par les courants à haute fréquence découverts dans ces dernières années par le professeur d'Arsonval. — Ces courants sont capables d’impressionner très fortement l'organisme, sans que la sensibilité générale soit touchée; ces faits physiologiques sont déjà trop connus pour que nous ayons à en parler. Nous voulons simplement présenter des malades qui étaient porteurs, depuis trois semaines environ, de chancres mous et qui ont été rapide- ment guéris par l’action de ces courants à haute fréquence. Voici comment nous avons procédé : Nous avons agi unipolairement : nous nous sommes servis du petit solénoïde et du résonnateur ; au résonnateur s'adapte un fil métallique isolé qui vient se fixer à une pointe tenue par un manche en verre. — Si on met l'appareil en marche, une petite gerbe d’étincelles jaillit à l'extrémité de la pointe; cette gerbe n’est pas douloureuse; au bout d’un moment, elle détermine une anesthésie locale assez marquée. On peut, grâce à la pointe, bien circonscrire son action thérapeutique. On l'approche de l’ulcération, bientôt on voit poindre à la surface de celle-ci un suintement d’une sérosité claire; au bout d’une minute apparait sur toute la surface un piqueté rougeàtre, comme s'il se faisait une petite hémorragie superficielle; cependant il ne s'écoule pas de Sang. — À ce moment le malade ne sent rien; l’ulcération est presque anesthésiée. SÉANCE DU AÂl JUILLET 767 La séance dure deux à trois minutes. Après quoi, on met une simple mèche de gaze stérilisée. De cette façon, nous avonstraité, à la clinique du PACIGRROUE Gailleton, trois malades avec des résultats très heureux. Le premier, A..., dix-huit ans, avait depuis quinze jours deux ulcé- rations chancrelleuses dans le sillon balano-préputial, qui paraissaient s’éterniser. — On fit une seule séance de trois minutes. — Le lende- main, la plaie avait l'aspect (à une plaie simple ; le surlendemain, elle était cicatrisée. Le deuxième, V... (Claudius), vingt-cinq ans, portait une ulcération sur le prépuce; il avait, au pli de l’aine, un bubon ouvert spontanément, qui s'était chancrellisé. À eu deux séances de quatre minutes. L'ulcère s’est cicatrisé trois jours après. Enfin le troisième était porteur, depuis près de trois semaines, de huit chancres mous, deux assez étendus dans le sillon balano-préputial, cinq sur le prépuce, un sur le méat. Il éprouvait de violentes douleurs: chaque jour, il voyait une inocu- lation spontanée se faire, une petite ulcération de plus. Une séance de deux minutes porte sur tous ses chancres. Après la première, ces douleurs ont disparu complètement. Chez lui, nous avons fait trois séances, trois jours consécutifs. — Dès la troisième, la plaie a pris des caractères ordinaires ; aujourd'hui, cest-à-dire sept jours après la première application, les ulcérations sont presque totalement cicatrisées. Je n'aurais garde d'omettre de dire que tous ces malades ont été inoculés avant avec un résultat positif, inoculés ensuite, après la der- nière séance avec un résultat négatif. Les courants à haute fréquence ne font pas d’électrolyse. L'étincelle est également trop peu chaude pour qu'on puisse penser que c’est la chaleur qui agit sur le chancre mou. L'action thérapeutique parait rapide; reste à déterminer son essence intime. J'ai laissé la parole à M. Coignet. — Je puis ajouter que j'ai atténué les fonctions de l'invertine, malgré une température de 22 degrés au- dessous de zéro, température obtenue à l’aide du chlorure de méthyle. — Phisalix a vu un venin, qui résiste à 140 degrés, affaibli par ces cou- rants; or, j'ai montré comment, grâce à des dispositifs spéciaux, on évitait l'élévation thermique. Je ne crois donc pas à ce mode d'action pour expliquer l’aiffaiblis- sement de l'activité des toxines, affaiblissement que j'ai plus d’une fois constaté, avec M. Charrin. Nous reconnaissons, à nouveau, que cet affaiblissement ne s'obtient pas conslaniment, que certaines toxines échappent à cette influence, 768 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que, pour une même toxine, l’âge, la provenance, le mode de prépara- tion, etc., agissent sur les résultats. Nous reconnaissons également que les atténuations réalisées par nous ont toujours été beaucoup plus faibles, du simple au double, en général, que celles que, par exemple, Bonome, Viola, ont indiquées pour le. streptocoque. APPLICATION DES COURANTS A HAUTE FRÉQUENCE DANS UNE CRISE AIGUE DE RIUMATISME. Note du D' SouLaGcEs, présentée par M. D'ARSONVAL. Dans le courant du mois d’avril dernier, M. L... (quarante-six ans, arthritique) était pris d'une violente crise rhumatismale au cours d’un voyage dans les environs de Vichy. Son ami, M. le D' Berthomier (de Vichy), lui conseilla de rentrer immé- diatement à Paris et d'aller à l'établissement du D’ Béni-Barde pour se soumettre à l'application des courants à haute fréquence. Le 8 avril, lorsque M. L... s'est présenté, il portait le bras gauche en écharpe; il ne pouvait faire un mouvement sans ressentir de violentes douleurs. Son voyage de retour avait été un vrai supplice ; depuis le commen cement de la crise il n’avait pas eu un instant de sommeil; pendant les nuits, il poussait des cris metlant en émoi tous les habitants de sa maison. Les deux ou trois premières séances, de quinze minutes, dans le solénoïde, pour application des courants à haute fréquence, ont com- mencé à calmer les douleurs; le sommeil surtout est immédiatement revenu. Après cinq jours d'applications quotidiennes, l’état général était gran- dement amélioré; le bras, sorti de son écharpe, pouvait exécuter des mouvements presque sans douleur. Quelques séances faites ensuite à des intervalles irréguliers, jusqu’au 8 mai, ont complété la guérison de cette crise. Pour les sujets obèses et diabétiques que je traite en ce moment, les premiers résultats obtenus sont tout à fait conformes à ceux signalés par M. le D' d'Arsonval; je publierai du reste ces observations dès qu’elles seront assez complètes. | à cb SÉANCE DU 11 JUILLET 769 [612.115.3] EFFETS DES INJECTIONS DE PEPTONE SUR LA CONSTITUTION MORPHOLOGIQUE DE LA LYMPHE, par MM. J. ATuanasiu et J. CARVALLO. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Dans nos précédentes communications (1), nous avons insisté sur les modifications que la peptone, injectée dans le système veineux du chien, produit sur les éléments morphologiques du sang. Parmi ces modifica- tions, nous avons signalé, comme étant les plus importantes, l’hypoleu- cocylose et l'augmentation dans la vitalité des leucocytes. En même temps nous avons fait remarquer la relation qui semble exister entre ces phé- nomènes, et le retard observé dans la coagulation du sang de peptone. Postérieurement, nous avons voulu connaître les causes qui déter- minent la disparition des leucocytes, sous l'influence des injections intra- veineuses de la peptone. On sait que grand nombre de physiologistes se sont adonnés à l'étude de cette question, et qu’on est encore loin de savoir la véritable nature de l’hypoleucocytose. Nous ne pouvons pas admettre, ainsi que le font Lüwit, Wright et Botkine, que les globules blancs sont alors détruits. Nos expériences prouvent que les leucocytes sont non seulement bien conservés dans le sang de peptone, mais qu'ils y jouissent d’une vitalité considérable. Du reste, la disparition de ces éléments est un phénomène très passager, comme MM. Richet et Héri- court l'on constaté pour le bouillon et l'essence de térébenthine, et comme nous l'avons vu aussi pour la peptone. Il fallait donc chercher ailleurs l'explication de l'hypoleucocytose. C’est alors que nous avons pensé à la possibilité de leur passage dans la lymphe, et qne nous avons entrepris une série de recherches pour étudier les modifications morphologiques de ce liquide à la suite de l'injection peptonique. La lymphe était recueillie par une fistule établie dans le canal thora- cique, tout près de son embouchure dans le confluent Jugulaire. Nous déterminions ensuite la proportion des éléments figurés dans la lymphe qui sorlait, puis nous injections la peptone (2) dans la veine jugulaire externe. Au bout de quelques instants, on voyait l'écoulement de la lymphe augmenter considérablement : parfois celle-ci devenait louche et lactescente. En poursuivant l'expérience, il était facile de constater que l'écoulement s'accentue de plus en plus, et qu'à partir de 140, 20, 30 minutes, tout au plus, la lymphe perdait son aspect lactescent pour prendre une coloration rougeâtre, qui allait toujours en croissant. Tous ces faits, signalés par Heidenhain (3), dans son étude sur l'action des ) B. B., 1896, nos 41 et 18. ) Toujours 4 gramme de peptone de Witte par kilogramme d'animal. ) ( (£ (3) À. g. P., 1893. 3 \ 7170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lymphagogues du premier groupe (extrait de sangsue, extrait des muscles d'écrevisse, peptone, etc.), n’ont été étudiés spécialement pour la peptone, qu'incidemment par ce savant physiologiste. La nature de nos recherches nous a amenés à bien déterminer toute l'importance de ce phénomène. Pour cela, nous avons compté le nombre de leuco- cytes et d’hématies, comparativement dans le sang et dans la lymphe, avant et après l'injection de la peptone. Les résultats sont indiqués dans le tableau suivant : AVANT LA PEPTONE APRÈS LA PEPTONE RER TAN Globules Globules Globules Globules rouges. blancs. rouges. blancs. 1 6.119.000 12.400 6.800.000 nl2ds | Sang . IT. 7.158.000 18.000 8.308.000 500 TEL. 6.572.000 10.605 8.676.000 1.400 \ I. 588 11.158 64.875 3.846 Lymphe IL. 5.875 4.783 17.091 2:439 ( LIT. 2.304 6.263 46,710 2.846 En examinant de près ces chiffres, on voit que, contrairement à nos prévisions, le nombre des leucocytes diminue dans la lymphe, en même temps que dans le sang. Par contre, les hématies sont devenues plus nombreuses dans les deux liquides. Ce sont là des résultats impré- vus dont l'interprétation semble être assez difficile. Toutefois, en ce qui concerne la disparition des leucocytes, nous ne pouvons l'expliquer autrement que par des phénomènes de diapédèse qui se produiraient spécialement dans les viscères abdominaux, et de préférence. dans Île foie. En effet, si on suit, sur le cadavre des animaux ainsi injectés, le canal thoracique jusqu'à son origine, on le trouve sanguinolent dans toute sa longueur; la citerne de Pecquet offre aussi l'aspect d'une poche rouge, sanguine, et, parmi les lymphatiques qui affluent en ce point, ce sont les Iymphatiques venant du pancréas d’Aselli qui sontle plus rouges, ainsi que tous ceux qui contribuent à la formation du système porte. Il est en outre probable que les leucocytes, ainsi sortis de l'appareil circulatoire, restent, en vertu de leurs mouvements amiboïdes exaltés, pour un temps plus ou moins long, accolés dans les interstices des tis- sus. Ceci expliquerait leur disparition temporaire dans le sang et dans la lymphe. Quant à l'augmentation des hématies dans cette dernière, elle est pour ainsi dire la conséquence naturelle de tous ces phénomènes de diapédèse. Une fois la porte ouverte par les leucocytes, les globules rouges sortent des capillaires sanguins et sont entrainés par les cou- rants lymphatiques. C’est pourquoi la lymphe devient rouge à tel point qu'elle ressemble à du sang très dilué. Le léger surcroît des hématies SÉANCE DU A1 JUILLET 171 que l’on constate dans le sang après l'injection de la peptone est en rapport avec son degré de concentration qui est en effet très changé (1). Voici une expérience bien démonstrative à cet égard. Dans une série de tubes du même diamètre on recueille une quantité de sang égale (1 centimètre cube) avant la peptone (en empêchant la coagu- lalion par l'oxalate de soude en poudre) et 5’, 10", 15”, 20’, 25’, 30’, 40’, après la peptone. On centrifuge tous ces tubes en même temps (3 heures) 10 TEST NS 0e UU et on voit alors que, tandis que la couche liquide va en diminuant du sang normal au sang de peptone, la hauteur de la couche de globules suit une marche inverse. On à ainsi une courbe dont on peut se rendre compte par le schéma ci-dessus. Il ressort de ces expériences ce fait remarquable que la peptone en injection intraveineuse produit, à côté des modifications physico- chimiques signalées par Heidenhain dans le sang et dans la lymphe, un changement profond dans la constitution morphologique de ces liquides (diminution des leucocytes; augmentation des hématies). (1) L'augmentation de la quantité d’hémoglobine dans le sang qui à recu de la peptone (Heidenhain) tient sans doute à cette concentration. Biococie. Compres RENDUS. — 10€ sén1e, v. II. b8 = = 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ROLE DU STREPTOCOQUE DANS LA PATHOGÉNIE DE L'ECTHYMA, par MM. G. TuBlERGE et F. BEZANÇON. (Note préliminaire.) L'étude bactériologique de l’ecthyma a donné jusqu'ici des résultats variables et incertains. En dehors des faits exceptionnels où Ehlers (1) a constaté la présence du bacille pyocyanique, on a presque toujours rapporté le développe- ment de la pyodermite ecthymateuse à des pyogènes vulgaires. L. Wickham (2), H. Leloir (3) y ont rencontré le staphylocoque pur ou, plus exceptionnellement, associé au streptocoque et semblent faire de ce dernier le résultat d’une infection secondaire. Chez une accouchée atteinte d’angine pseudo-membraneuse à strep- tocoques, Jacquet et Renault (4) ont trouvé le streptocoque dans des lésions d’ecthyma ulcéreux de la vulve et du périnée; mais il s’agit là encore d'un fait exceptionnel et l'opinion courante fait de l’ecthyma une manifestation staphylococcique. Unna (5) a, à la vérité, constaté dans les pustules ecthymateuses la présence de microcoques que, en raison de leur forme et de leurs dimensions, il considère comme des streptocoques, bien qu'ils n’en offrent pas la disposition caractéristique; mais il s’agit là d'examens pratiqués sur des coupes microscopiques, non contrôlés par la méthode des cultures, et, par suite, d’une valeur démonstrative restreinte. Des recherches entreprises à l'hôpital de la Pitié sur les microbes ren- contrés dans les pustules d’ecthyma nous ont amené à des résultats contraires à l’opinion généralement accréditée. Le staphylocoque n’a pas, nous a-t-il semblé, un rôle aussi important que celui qu'on lui a attribué jusqu'ici. Si on le retrouve le plus souvent dans les pustules d’ecthyma, c’est en très petite quantité. Il semble ne jouer qu’un rôle de microbe d'infection secondaire ; dans certains cas même il ne s’agit pas d'une des variétés pathogènes de staphylocoque, mais bien de microcoques en amas, qui ne liquéfient pas la gélatine. Nous avons par contre rencontré le streptocoque, cinq fois sur six cas que nous avons étudiés et toujours en grande quantité, souvent en (1) Ehlers. Hospitaltidende, mai 1890. (2) L. Wickham. Staphylococcia purulenta cutanea, British Journul of Der- matology, juillet 1892, p. 203. (3) H. Leloir. Des pyodermites, Bulletin médical, 1893. (4) Jacquet et Renault. Gazette des hôpitaux, 3 mars 1892, p. 245. (5) Unna. Histopathologie der Haut, 18 95. LR LA VONT LT CAE APTE 77 re T LRARPE VIN SRE Le Se ï SÉANCE DU  JUILLET 1173 a —— cultures presque pures, associé ou non à du staphylocoque ou à des saprophvtes. Dans la plupart des tubes de gelose ensemencés avec le pus de pustules d’ecthyma encore petites el non ouvertes, nous trouvions le long de la strie d’ensemencement des colonies très nombreuses de streptocoque, tandis qu'il n’y avait qu'une colonie dans un cas, trois dans un autre, de microbes de nature différente; dans deux cas même il n'y avait que du streptocoque sur deux tubes sur trois et une colonie étrangère au milieu de colonies de streptocoques sur le troisième. Dans le cinquième eas, il y avait autant de staphylocoques que de strepto- coques. Le sixième cas étudié ne nous a donné que du staphylocoque, mais il s'agissait d'une pustule ouverte et desséchée. Le streptocoque isolé dans ces divers cas a tous les cine du streptocoque de l'érysipèle; il donne sur gélose des colonies arrondies assez larges à centre un peu opaque, à bords transparents: le bouillon ensemencé reste clair, mais il se dépose au fond du tube de gros gru- meaux formés d’agglomérats, de chaïînettes souvent assez longues de coccus. Ce streptocoque ne nous à pas paru pathogène pour le lapin. Nous reviendrons d’ailleurs plus tard sur les caractères de ce strepto- coque et sur son action expérimentale. Dans cette courte note préliminaire, nous avons voulu seulement mettre en relief le rôle qui nous a paru prépondérant du streptocoque dans la pathogénie de l’ecthyma, nous proposant d'étudier maintenant parallèlement, au point de vue clinique et bactériologique les divers cas d'ecthyma, pour voir si à des variétés cliniques différentes n’appartien- nent pas des facteurs étiologiques différents. INFLUENCE EXERCÉE PAR LA FIÈVRE SUR LES ACTIONS CHIMIQUES INTRA-ORGANIQUES ET LA THERMOGÉNÈSE, par M. M. KAurFMANN. Dans l'étude expérimentale des modifications que subissent les phé- nomènes chimiques intra-organiques et la thermogénèse sous l'influence de la fièvre et de toute autre action pathologique, il est nécessaire de réaliser les deux conditions suivantes : 4° faire agir la cause pathogène sur un animal dont la nutrition et la production de chaleur sont sensi- blement fixes ; 2° mesurer directement et simultanément les échanges respiratoires, l’excrétion azotée totale et l'émission de chaleur, avant et pendant l'état morbide artificiellement créé. Pour obtenir la fixité dans les échanges intra-organiques et la ther- mogénèse, j'opère sur des animaux en élat d’abstinence, conformément + LE 7114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aux préceptes formulés par M. A. Chauveau (1) pour les études de ce genre. L'expérience m'a enseigné que, chez le chien, la fixité nutri- tive et calorimétrique ne s’observe généralement pas dans les premiers jours de l’abstinence. Souvent, le quotient respiratoire baisse et oscille entre 0.70 et 0.65 pendant quelques jours, puis il se relève et, pendant une longue période, se maintient sensiblement fixe vers 0.74 ou 0.75. Pendant cette période à quotient respiratoire fixe, les échanges nutri- tifs et la thermogénèse diminuent graduellement à mesure qu'avance l'inanition; mais si on considère cette diminution seulement dans une période de deux ou trois jours, elle est le plus souvent si faible qu'on. peut la négliger sans erreur notable. Je réalise la détermination simultanée des échanges respiratoires, de l’excrétion azotée et de la thermogénèse par la méthode que j'ai fait connaître antérieurement (2). Les gaz sont analysés eudiométriquement, l'urine est recueillie par la sonde, et l'azote total y est dosé par le pro- cédé de Kjeldahl amélioré. Le chien qui m'a servi aux études sur la fièvre était conservé depuis longtemps dans le laboratoire, et il était habitué à être enfermé dans la chambre calorimétrique respiratoire, dans laquelle il restait parfaite- ment calme. Cet animal, après un jeûne de onze jours, pesait 10 kilo- grammes: il étail vif el en bon étal, son quotient respiratoire était fixé à 0.75. Après avoir déterminé une dernière fois l'état normal de sa nutrition et de sa thermogénèse, on lui a injecté dans le péritoine quelques gouttes de pus putréfié provenant du cheval, délayé dans 10 centimètres cubes d’eau distillée. La fièvre s'est déclarée dès le lendemain, elle a duré deux jours, puis le troisième jour la tempéra- ture rectale est devenue normale. Les expériences ont donc duré quatre jours, deux jours avec l’animal à l’état normal, et deux Jours avec l'animal en état de fièvre. Chaque jour le chien a été mis en expé- rience pendant cinq heures, de sept heures du matin à midi. Les résul- tats sont consignés dans le tableau [ de la page suivante. Les chiffres contenus dans ce tableau sont très éloquents; ils montrent que, pendant la période de fièvre (2° et 3° jours de l’expé- rience), les échanges respiratoires, la destruction de l'albumine et la production de chaleur ont simultanément acquis une plus grande inten- sité et, après la cessation de la fièvre, sont ensuite revenus ensemble à l’état normal. Si, en partant de l’état normal inilial, on calcule la valeur de l’aug- mentation provoquée par la fièvre dans les actions chimiques ef la ther- mogénèse, on obtient les chiffres rapportés dans le tableau I. (1) La vie et l'énergie chez l'animal. | (2) Archives de Physiologie normale et pathologique, avril 1896. - Comptes rendus de la Soc. de Biol., 22 janvier 1896. : SÉANCE DU 41 JUILLET 175 Il est à remarquer que l'augmentation a été la plus marquée pour la destruction de l’albumine. Les chiffres qui expriment cette destruction albuminoïde exagérée, n’ont aucune relation avec ceux exprimant la valeur soit des échanges respiratoires, soil de la thermogénèse. Il y à, au contraire, une relation évidente entre l'augmentation de la thermogénèse et celle des échanges respiratoires. Ces ceux quantités EEE om TABLEAU Î. Nutrition et (hermogénèse comparées à l'état normal et à l’état de fièvre chez le chièn en abstinence (Ré-ultuts rapportés à l'heure). TEMPÉRATURE JOURS ÉTAT ÉCHANGES RESPIRATOIRES ALBUMINE CHALEUR des expé- de AU PTE En - détruile broduite rieuces. l'animal. local. de CO? Oxygène Quotient EF au ; l'animal. produit. absorbé. respiratoire. calorimètre. Ê le NE Cal 1: Normal. 20°,5 _38°,6 EN AT 0.75 0.498 21 AOMBTENTEMMOANES ESA OL ÆÉTA O6 06 0.72 0.837 30,4 HRURTÉ ren E210 50140 :6 4.36 5.67 0.76 0 889 26 4 Normal. 219 38°,7 3.40 4.49 0.75 0.556 21 TABLEAU Il. AUGMENTATION P. 100, SOUS L'INFLUENCE DE LA FIÈVRE. 1er jour de fièvre. 2e jour de fièvre. Exhalation d'acide carbonique . . 49 p. 100 29 p. 1400 Absorplion d'oxygène . . . . . . LT — 26 — Destruction de l’albumine : . . . 68 — 18: — Production de chaleur . , . . . . 45 — 24,6 — croissent et décroissent ensemble. Il existe surtout un parallélisme el une proportionnalité remarquable entre l'augmentation de l'absorption de l'oxygène et celle de la production de la chaleur. Ainsi l’absorption de l’oxygène a augmenté de 47 et 26 p. 100; la thermogénèse à aug- menté respeclivement de 45 el 24.6 p. 100, c'est-à-dire sensiblement dans les mêmes proportions. Ce parallélisme, si remarquable entre l'exagéralion des échanges res- piratoires et celle de la thermogénèse pendant la fièvre, constitue un argument nouveau et puissant en faveur de la doctrine de M. Chauveau, d'après laquelle la chaleur produite par l'animal dérive d'un processus 7176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chimique d’oxydation ou d'une simple combustion plus ou moins com- plète des principes immédiats de l'organisme. Il prouve également que pendant la fièvre, les phénomènes intimes de la nutrition et la thermo- génèse ne sont pas modifiés dans leur nature, mais sont simplement exagérés. Si on recherche la relation qui existe entre l'élévation de la tempéra- ture rectale pendant la fièvre et l’exagération de la thermogénèse, on constale que ces deux phénomènes ne sont pas entre eux dans un rap- port constant. En effet, pendant le premier jour de fièvre, la température rectale s'étant élevée à 40°,1, c’est-à-dire à 1°,5 au-dessus de la normale, l'animal a produit un excès de chaleur équivalent à 45 p. 100; tandis. que le deuxième jour de fièvre, alors que la température interne s’est élevée à 40°,6, c’est-à-dire à 2 degrés au-dessus de la normale, l’excès de chaleur n’a été que de 24,6 p. 100. On observe nécessairement la même discordance entre l'excès de la température rectale et l'excès des échanges respiratoires. De ces constatations 1l se dégage un fait déjà signalé par M. d’Arson- val, à savoir : que par la thermométrie il est impossible d'apprécier la valeur des modifications qui surviennent dans les combustions intraor- ganiques et dans la production de chaleur. C'est que chez l'animal, la température interne est modifiée non seulement par les changements qui surviennent dans les combustions intra-organiques et la production de chaleur, mais aussi par ceux qui portent sur les conditions de déper- dition ou d'élimination de cette chaleur. Les modifications qui se pro- duisent dans la vascularisation et les sécrétions de la peau agissent toujours directement sur la déperdition de la chaleur, mais n’exercent pas nécessairement une action sur sa production. Pour apprécier exactement l'intensité de la thermogénèse et par suite celle des actions chimiques intra-organiques, il faut nécessairement avoir recours soit à la calorimétrie directe, soit à la détermination des échanges respiratoires et de l’excrétion azotée, soit à la méthode que j'emploie et qui permet de faire simultanément toutes les détermina- tions. Les résultats consignés dans le tableau 1 permettent de mettre en évidence un autre fait intéressant. Nos connaissances actuelles nous autorisent à placer dans le foie le siège de la transformation de l’albu- mine et de la graisse en sucre ou glycogène. Or, d’après les derniers travaux du professeur À. Chauveau, cette transformation se fait non par un simple dédoublement anaérobie, mais par oxydation. Dès lors, il devient facile, en se basant sur les équations de M. Chauveau, de calculer la quantité de chaleur créée dans le foie pour la reconstitution du sucre qui, chez l'animal est incessamment entrainé par la circulation et brülé dans les divers tissus. La chaleur totale produite par l’auimal se com- SÉANCE DU AÂ1 JUILLET A1 pose de celle qui provient de l'oxydation incomplète de l’albumine et de la graisse et leur transformation en sucre et de celle qui provient de la combustion de ce sucre dans les autres {issus. Or, voici dans le tableau IIT, les résultats que l’on obtient. TABLEAU III. CHALEUR PRODUITE RAPPORT JOURS par la formation du sucre 3 Ja Ghalene 3 aux dépens CHALEUR CHALEUR produite jene RORHPRORPEN LE Pb = mali totale totale le foie et état de. de la produite - produite par à la chaleur de l'animal. l’albumine graisse dans le foie. l'animal. totale produite détruite. brülée. ke par l'animal. Cal. Cal. Cal. Cal. Cal. 14 Normal. 1.6 6.6 8.2 24 0.39 2 Fièvre. 2.7 9.5 42.2 30.5 0.40 3 Fièvre. 2.8 8 0 10.8 26 0.41 4 Normal. 1.8 6.5 833 21 0.39 La dernière colonne de droite qui donne, pour chaque jour, le rap- port de la chaleur produite dans le foie, à la chaleur totale produite par l'animal, montre que pendant la fièvre, le foie a produit les 0,40 et 0,41 de la chaleur totale, tandis qu'à l’état normal il n’a produit que les 0,39 de cette chaleur. Ce résultat est conforme à celui obtenu par MM. d'Ar- sonval et Charrin à l’aide de la thermométrie différentielle du foie et des autres viscères sur des lapins fébricitants (1). Les conclusions générales de ce travail peuvent être résumées comme suit : 1° L'état fébrile est accompagné d'une augmentation de l’activité des échanges respiratoires, de l’exerétion azotée urinaire et de la thermogé- nèse. 2° Chez l'animal fébricitant en état d’abstinence, les phénomènes chi- miques intraorganiques sont simplement exagérés, mais non modifiés dans leur nature. En effet, le quotient respiratoire conserve à peu près sa valeur normale et la chaleur produite en excès est sensiblement pro- portionnelle à l'excès de l'oxygène absorbé. 3° Conformément à la doctrine de M. A. Chauveau, la totalité de la chaleur produite peut être rapportée à un simple processus d'oxydation, faisant passer l’albumine et la graisse à l’état de sucre et le sucre à l’élat d'acide carbonique et d'eau. 4 Conformément aux résultats obtenus antérieurement par M. d’Ar- (1) Séance du 14 mars 1896. 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sonval, la température rectale et la thermogénèse ne subissent pas les mêmes modifications. En conséquence, la thermométrie ne peut fournir aucune indication précise sur la valeur des actions chimiques intra- organiques et celle de la production de chaleur pendant la fièvre. 5° Pendant l’état fébrile, la thermogénèse augmente plus dans le foie que partout ailleurs. Ce fait est en harmonie avec les résultats obtenus par MM. Charrin et d'Arsonval, sur des lapins fébricitants avec la méthode de la thermométrie différentielle. Le Gérant : G. MASson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETH&UXx, directeur, 1, rue! Cassette. 119 SÉANCE DU 18 JUILLET 1896 M. E. GLey : Nouvelles remarques au sujet du rôle du foie dans l'action anticoa- gulante de la peptone. — M. Coxreseax : La peptone et l'incoagulabilité du sang (Réponse à M. Gley}. — M. C. Decezenxe : Préparation d’un plasma pur et stable par simple centrifugation du sang d'oiseau. — M. E. GLey : De la mort consé- cutive aux injections intra-veineuses de peptone chez le chien. — MM. L. Camus et E. GLeY : Sur l'augmentation du nombre des globules rouges du sang, à la suite des injections intra-veineuses de peptone. — MM. L. Cauvus et E. GLey : Action coagulante du liquide prostalique sur le contenu des vésicules séminales. — M.J.-F. Heymans et P. Mason : Action antitoxique de l’hyposulfite de soude vis-à-vis du nitrile malonique. — M. Ca. Féré : Expériences relatives à la peur instinctive chez les poussins. — M. Cu. FÉRÉ : Faits relatifs à la tendance à la variation sous l'in- fluence de changements du milieu. — M. le D' Euson : Sur les fibres centrifuges du nerf optique. — M. Miscawsky (de Kasan) : Remarques sur les recherches du Dr Elinson. — M. Cuarzes Henry : Energie musculaire et sensibilité; méthode nouvelle de détermination des distances respectives de centres sensitifs aux centres moteurs. — M. Ca. Moror : De la ladrerie chez les bovins francais. — - MM. les Drs REMLINGER et SCHNEIDER : Présence du bacille d'Eberth dans l’eau, le sol et les matières fécales de sujets non atteints de fièvre typhoïde. — MM. CHarRIN et Descrez : Action des sclutions minéralisées sur l’organisme.— M. ANDRÉ CLAISSE : Modification de la leucocytose dans les infections par les injections salines mas- sives. — MM. J.-E. Agecous et BicLarp : Sur ïes fonctions du thymus. Effets de l’ablation du thymus chez la grenouille. — M. Ex. Bourquezor : Les ferments oxydants dans les champignons. Présidence de M. Giard. (612.115.3] NOUVELLES REMARQUES AU SUJET DU ROLE DU FOIE DANS L'ACTION ANTICOAGULANTE DE LA PEPTONE, par M. E. Gzey. (A l’occasion du procès-verbal de la dernière séance.) M. Contejean présentait tout récemment une note à la Société (Comptes rendus de la Soc. de Biol., séance du 4 juillet 4896, p. 717) pour rappe- ler et maintenir son opinion que, sous l'influence d'une injection de peptone, tous les organes, mais plus activement le foie et l'intestin, fabriquent une substance anticoagulante ; dans sa nouvelle note (/bidem, séance du 11 juillet 4896, p. 753), il dit avoir démontré surtout que le foie joue un rôle absolument prépondérant dans ce phénomène. Il me suffit de faire remarquer que ses expériences de réduction ou de suspension de la circulation abdominale ne lui permettaient pas, ce semble, de tirer une conclusion autre que celle qu'il en a légitimement B1OLOGIE. COMPTES RENDUS. — 10° Série, v. HI. 59 - LEP Le 7180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tirée, à savoir que le foie et la masse intestinale interviennent dans la production du phénomène (1). C'est alors que nous avons publié, M. Pachon et moi, les premiers faits que nous avions obtenus concer- nant une analyse expérimentale sur ce point. Mais pour montrer que nous n'avons jamais, M. Pachon et moi, négligé de rendre justice à celui qui, avant nous, s'était occupé de la question, les citations suivantes suffiront sans doute : « Ch. Contejean s'est demandé récemment (indication bibliographique en note) si le foie ou la masse intestinale ne joue pas un rôle prépondérant dans la sécré- tion du produit anticoagulant. » (Comptes rendus Acad. des sciences, 26 août 1895, p. 384.) — « Contejean déjà s'était demandé si le foie ou la masse intestinale ne joue pas un rôle prépondérant dans la sécré- tion du produit anticoagulant. » (Arch. de Physiol., 1° octobre 1895, p. 712.) Et, la seule fois que j'aie eu à présenter en quelques mots l'historique de nos connaissances sur l’action de la peptone, J'ai écrit : « Contejean, le premier, arrive à se poser la question de savoir dans quelle partie de l'organisme se forme, sous l'influence de la peptone, la substance anticoagulante dont il admet avec Fano... l'existence. » (Comptes rendus Soc. de Biol., 27 juin 1896, p. 664.) Sans doute nous avons ajouté — interprétation qui nous paraissait exacte — que les expériences de Contejean ne l’amenaient pas à une localisation du phénomène; et cela estsi vrai que M. Contejean soutenait encore le 4 juillet dernier que ledit phénomène n’est pas local, mais général. Aussi avons-nous cru que nous avions fait faire un pas nouveau à la question, en montrant le rôle absolument prépondérant du foie; assurément la portée de nos expériences peut être contestée, et M. Contejean en particulier l’a fait, mais la question se décidera bien d'elle-même peu à peu, sans tant d'écritures. C’est dans ce sens tout simplement que nous avons écrit la phrase qui « a un peu surpris » M. Contejean; et nous ne pensions pas pouvoir être accusés, par là, de méconnaître la signification de ses recherches, étant donné, d'autre part, que nous en avions par ailleurs nettement indiqué l'essentiel mérite. Quant à l'interprétation des expériences de M. Contejean relativement à l'effet de l’extirpation des ganglions cœæliaques, notre erreur à ce sujet est peut-être excusable. Nous avions compris tout d'abord (1) ces expériences comme il convient, selon l'auteur (voy. le dernier numéro mue des Comptes rendus de la Société, p. 755); puis nous nous étions (1) Même observation au sujet de ses expériences ultérieures sur l'effet de l'extirpation des ganglions cœliaques, puisque ces ganglions ue fouruissent pas exclusivemeut à l’innervation du foie. (2) Voy. E. Gley et V. Pachon, Comptes rendus Soc. de Biol., 23 mai 1896, p: 524; E. Gley, Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1896, n° 5, p. 199. SÉANCE DU 18 JUILLET 7181 demandé si telle était bien sa pensée, à cause des phrases suivantes que nous avons citées dans notre dernier mémoire des Arch. de physiol. : « Je crois devoir attribuer l'effet que j'ai observé à l'irritation passagère des nerfs du foie consécutive à leur section. » (Contejean, Soc. de Biol., 16 novembre 1895, p. 731.) — « Je crois devoir attribuer les faits que j'ai observés à la lésion des nerfs du foie et de l'intestin due aux tirail- lements nécessités par l’extirpation des ganglions cœæliaques. » (Idem, Archives de Physiol., 1896, p. 166.) Il résulte de ce que dit M. Contejean dans le dernier numéro de nos Comptes rendus que c'est notre première interprétation qui était la bonne, c'est-à-dire conforme à sa pensée. La PEPTONE ET L'INCOAGULABILITÉ DU SANG. Réponse à M. Gley, par M. CONTEJEAN. Je me bornerai ici à répondre à quelques objections de M. Gley; je laisserai de côté toute discussion étrangère au sujet qui nous occupe, notamment la critique que m'adresse mon éminent contradicteur rela- tivement à l'opinion que j'ai formulée « que toutes les cellules de l'or- ganisme, dont le protoplasma est à peu près identique, jouissent de pro- priétés physico-chimiques semblables à des degrés d'intensité différents. Comme je l’ai dit, les expériences de Delezenne prouvent peut-être que le foie a un rôle actif; elles ne prouvent pas que les autres organes ne jouent aucun rôle dans le phénomène qui nous intéresse. Je suis sur- pris que tous ses extraits des liquides de circulations artificielles ne provoquent pas l'incoagulabilité puisque tous les tissus de l'organisme renferment des substances anticoagulantes (histone?) que l'on peut mettre en évidence de différentes manières. Les résultats auxquels ül arrive tiennent peut-être à des différences de concentration de ses liquides. Et d’ailleurs, dans mes recherches, j'ai toujours vu que le foie était plus actif que les autres organes, et dans mes expériences d'extraits d'organes, et dans mes expériences sur la peptone. Des faits comme ceux que M. Delezenne a apportés sont fort intéressants, mais nullement dé- monstratifs, car ils sont susceptibles d’une foule d'inlerprétations.Je n'ai pas négligé d'en tenir compte, je me suis borné à faire cette critique à leur adresse. Gley conclut de mes expériences que le foie seul est actif dans la pro- duction du sang de peptone. Mais pourquoi, dans mes expériences, le sang de peptone contiaue-t-il à se former après l'isolement vésiculaire du foie et même après l'extirpation du foie? Gley me demande si la cir- culation dans le foie élait bien supprimée? La réponse à cette question se trouve dans les traités d'anatomie; j'ai dit quels étaientles vaisseaux 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liés ou obturés; dans une expérience, restaient les veines portes dia- phragmatiques irriguant encore le foie avec les rameaux des artères tho- raciques internes; dans d’autres expériences, ces derniers vaisseaux seuls persistaient. Je pense que M. Gley a disséqué des chiens et sait à quoi se réduisent les artères et veines en question. Quant à mon expé- rience où le foie estenlevé, je puis affirmer que cet organe ne recoit plus aucun vaisseau dans ce cas-là. Cette critique me semble tomber d'elle- même. Plus grave en apparence est celle-ci. La diminution de coagula- bilité du sang tient-elle à la réduction de la masse sanguine résultant de l’extirpation de l'organe? A cela, je réponds : assurément non, car il au- rait fallu pour obtenir des résultats identiques à ceux de mes expériences que l’extirpation du foie réduisit la masse sanguine de l'animal à un dixième de ce qu'elle était auparavant. Et M. Gley enlève autant de sang à l'animal, sinon plus, quand il extirpe l'intestin, et il ne s’est pas fait cette critique. Dans mes expériences de déchiquetage, il est montré que la peptone agit si on l’injecte immédiatement, et que dans les opérations de cette sorte son action est fortement diminuée. Elle peut être abolie, si on attend une demi-heure et plus avant de pratiquer l'injection sous pré- texte de reposer l’animal ; comme cela a lieu dans les expériences Gley et Pachon, Delezenne et Hédon. Pour terminer, je demanderai à M. Gley comment il enlève l'intestin sans lier les lymphatiques du foie ? Puisque la peptone à agi dans ce cas, il reconnaîtra bien que le phénomène peut être qualifié de complexe. À coup sûr, je puis soutenir que l'interprétation véritable n’a pas encore été donnée, puisque cette expérience fournit tantôt un résultat, tantôt un autre, même entre les mains du même expérimentateur. [612.115] PRÉPARATION D'UN PLASMA PUR ET STABLE PAR SIMPLE CENTRIFUGATION DU SANG D'OISEAU, par M. C. DELEZENNE. Dans une note récente à l'Académie des Sciences (1), j'ai montré que le sang des oiseaux recueilli dans un vaisseau, à l'abri des corps étran- gers et du contact des tissus, se coaqule avec une extrême lenteur. J'ai montré en outre, qu'entre cette donnée nouvelle et la notion générale- ment admise de la rapidité de coagulation du sang des oiseaux il n'y a qu'une apparente contradiction. Bien que s’appuyant sur quelques résul- tats expérimentaux dus à Thackrah, Nasse, etc., cette dernière notion (1) Delezenne. Sur la lenteur de la coagulation normale du sang chez les oiseaux. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, 1°* juin 1896. SÉANCE DU 48 JUILLET 183 était née surtout de ce fait d'observalion banale que le sang des oiseaux se coagule presque instantanément après décapitation. Or, je me suis assuré, qu'en opérant dans les conditions où l’on s'était généralement placé jusqu'ici, c'est-à-dire en recueillant le sang au niveau d’une plaie (Thackrah, Nasse), ou par décapitalion, on a affaire à une coagulation anormale. Si le sang recu dans ces conditions se prend rapidement en masse, c'est qu'il baigne les tissus, et entraine mécaniquement une cer- taine quantilé du principe coagulant qu'ils contiennent normalement et qui, chez les oiseaux, m'a paru doué d’une très grande activité. Mais, si l’on a recours au procédé généralement employé pour étudier la coagulation chez les mammifères, celui qui consiste à recevoir le sang par une canule introduite dans un vaisseau, on observe qu'il reste parfaitement liquide pendant quelques heures. La coagulation n’appa- rait qu'après le dépôt des globules et la formation d’une épaisse couche de plasma. Il est possible de séparer ce dernier par décantation ou par siphonage, et, même à la température ordinaire, il peut rester liquide pendant un temps suffisant pour qu'il soit possible de le soumettre à toute une série de recherches. Mais, par ce procédé, il n’est guère facile d’en obtenir de grandes quantités; d'autre part, deux ou trois heures, exceptionnellement cinq à six heures après la séparation, ce plasma coagule. La raison en est évidemment dans ce fait, que l’on n'obtient pas ainsi une séparation suffisante des éléments figurés et de la partie liquide. Il était donc naturel de penser, qu’en raison de sa faible coagulabilité, le sang des oiseaux soumis à la centrifugation, devait fournir un plasma plus abondant et surtout plus complètemeut débarrassé des éléments figurés et par Le fait doué d’une stabilité plus grande. Une canule introduite dans l'artère humérale ou la carotide d’un oiseau, permet de recevoir directement le sang dans les éprouvettes de l'appareil centrifuge. Après dix minutes de centrifugation, on obtient déjà une séparation très nette du plasma et des globules. On siphone, et le liquide recueilli est à nouveau soumis à la centrifugation. Ainsi, par décantations et centrifugations successives, j ai pu obtenir, en une heure environ, un plasma parfaitement limpide, totalement débarrassé des globules rouges et ne contenant plus que quelques rares leucocytes. Ce plasma, main- tenu sous cloche à la température du laboratoire (20 à 25 degrés), peut rester liquide pendant deux, trois jours et plus. Les différents procédés de préparation du plasma qui étaient jusqu'ici à la disposition des physiologistes, ne permettaient pas d'obtenir des plasmas à la fois purs et stables. Avec un sang faiblement coagulable comme celui du cheval, on peut préparer, soit par le procédé de la jugu- laire, soit par le refroidissement et la centrifugation combinés, un plasma pur mais se prenant en masse dès qu'on ouvre le vaisseau ou 784 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dès que la température s'élève ; avec le sang du chien ou d'autres mam- mifères, il faut avoir recours aux décalcifiants ou aux sels neutres; les plasmas obtenus après injection intravasculaire de substances anticoa- gulantes (peptone, extrait de sangsue), ne peuvent non plus être consi- dérés comme des plasmas naturels, car nous ignorons encore les modi- fications que subit le sang sous l'influence de ces substances. Le procédé que je viens d'indiquer permet donc de préparer un plasma naturel doué d’une stabilité suffisante pour qu'il soit possible d'étudier non seulement sa constitution chimique, mais encore ses pro- priélés physiologiques. J'ai entrepris, dans ce sens, une série de recherches dont je publierai ultérieurement les résultats. Je me contenterai de signaler ici, et pour prendre date, qu’en injection intravasculaire, le plasma d’oiseau possède la propriété de diminuer la coagulabilité du sang chez le lapin et chez le chien. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de méd. de Montpellier.) [612.115.3] DE LA MORT CONSÉCUTIVE AUX INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PEPTONE CHEZ LE CHIEN, par M. E. GLey. Les injections intra-veineuses de peptone de Wilte sont très sou- vent mortelles chez le chien, non seulement à la dose habituelle de 0 gr. 50 par kilogramme d'animal, mais même à la dose de O0 gr. 30, qui suffit, dans la plupart des cas, pour rendre le sang incoagulable: durant près de deux heures. La mort survient, le plus généralement, en douze à seize heures (1), exceptionnellement en cinq ou six heures ou en deux jours et plus. Sur un assez grand nombre de chiens, ayant préalablement reçu ces doses de peptone pour être employés ensuite à diverses expériences, j'ai vu la mort survenir dans plus de la moitié des cas. Ainsi, 3 chiens ont reçu À gramme par kilogramme; tous trois sont morts, respective- ment, en douze, quinze et vingt-trois heures ; 38 chiens ont reçu 0 gr. 50 par kilogramme ; 21 sont morts : 41, en cinq heures; 14, en douze-quinze heures; 2, en vingt-trois-vingt-quatre heures; 4, en trente-six heures; 1, en quarante-huit heures; 1, en cinquante-quatre heures; 1, en soixante heures. (1) Ce chiffre n’est qu'approximatif, la plupart des injections ayant été faites l'après-midi et les animaux étant trouvés morts le lendemain matin, vers sept où huit heures. SÉANCE DU 18 JUILLET 185 Enfin, 12 ont reçu seulement 0 gr. 30 par kilogramme ; sur ce nombre, 1 sont morts : 1, en quatre heures; 1, en cinq-six heures ; 3, en douze heures; 1, en trois jours; 1, en six Jours. Tous ces animaux restent très abattus; ceux qui survivent plus de quarante-huit heures, refusent la nourriture; quelques-uns seulement reprenaient leur vivacité et leur entrain, mais ce relour à l'état normal n'était qu'apparent et ils redevenaient bientôt très malades. Beaucoup ont eu des vomissements biliaires ; tous, de la diarrhée, souvent san- guinolente. Le complexus de symptômes que présentent ces animaux mériterait, d'ailleurs, d'être étudié de près et analysé. L'aulopsie, pour des raisons diverses, n’a pu être faite que rarement. Mais, toutes les fois, sauf une, qu'eile à eu lieu très peu de temps après la mort, on a trouvé, dans le cœur et dans les gros vaisseaux, des cail- lots. C’est ainsi qu'un chien, mort en douze heures après une injection de 1 gramme de peptone par kilogramme, avait de petits caillots dans l'oreillette gauche; on en vit aussi à l’origine de l'aorte. Sur 3 autres animaux, morts en dix heures, en cinquante-quatre heures et en deux jours après une injection de 0 gr. 50 par kilogramme, j'ai trouvé des caillots dans l’oreillette et le ventricule droit du premier, des caillots dans l'artère pulmonaire et dans l’aorte du deuxième, ainsi qu'une grosse masse de fibrine dans les deux ventricules ; et, chez le troisième, une masse fibrianeuse qui remplissait toute l'oreillette droite et une grande partie du ventricule du même côté, caillot se prolongeant jusque dans la veine cave inférieure. Deux autres chiens, morts, l’un en cinq ou six heures, et le second en douze heures, à la suite d'une injection de O0 gr. 30 par kilogramme, avaient des caillots mélangés à du sang noir dans le cœur; sur le premier, le ventricule gauche était rempli de ces caillots noirs, gluants, extrêmement adhérents aux parois; dans le ventricule droit, il n'y avait que du sang très noir, liquide. Dans une seule des autopsies que j'ai faites, sur un chien qui mourut très rapidement (en cinq heures) à la suite d’une injection de 0 gr. 50 par kilogramme, je n'ai trouvé dans le cœur que du sang liquide. Je ne prétendrai donc pas que la cause de la mort, chez les chiens peptonisés, doive être cherchée dans tous les cas et exclusivement dans la formation, que je viens de signaler, de coagulations intra-vasculaires. Quelques-uns peuvent mourir avant que cette formation ait commencé, par hémorragie prolongée (le sang ne recouvrant que lentement sa coagulabililé), par action de la peptone sur le système nerveux, etc. Mais il m'a paru intéressant de signaler dès maintenant ce phénomène. 786 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai montré tout récemment (Soc. de Biol., A1 juillet, p. 759) que l'injection de sang de lapin à un chien, à la dose de 3 ou 4 centimètres cubes par kilogramme, diminue considérablement la coagulabilité du sang de cet animal. Or, il est établi que ces injections de sang amènent souvent la mort par coagulation intra-vasculaire; on voit donc que ce phénomène est précédé d’une phase pendant laquelle le sang devient moins coagulable ou incoagulable. Au point de vue téléologique, on pourrail dire que l'organisme paraît lutter Contre la production d’un phénomène déterminé et mortel par une réaction de sens inverse. De fait, n’existe-t-il pas une relation entre ces deux effets antagonistes? Que la formation d’une substance anticoagulante, sous l'influence d'une injection de peptone, soit suivie d’une augmentation de la coagulabilité du sang, ou que la formation de coagulations intra-vasculaires soit pré- cédée d’une diminution de la coagulabilité du sang, moyen par lequel on peut penser que l'organisme se défend, le phénomène est le même et cette réaction, encore que l'interprétation en soit différente pour moi, mérite d'être rapprochée des faits découverts par Alexandre Schmidt, il y à plusieurs années, concernant l’action anticoagulante des extraits d'organes (1) et de la théorie qu'il a émise à ce propos : leber den flüs- sigen Zustand des Blutes im Organismus (Centralbl. f. Physiol., IN, p. 257, 2 août 1890). [612.441] SUR L'AUGMENTATION DU NOMBRE DES GLOBULES ROUGES DU SANG, A LA SUITE DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PEPTONE, par MM. L. Camus et E. GLEy. Au cours de nos expériences sur l’effet des injections intra-veineuses de peptone (2), nous avons eu l’occasion de constater, au moyen de la méthode colorimétrique, l'augmentation des globules rouges du sang sous l'influence de ces injections, chez le chien (fait signalé dans la dernière séance de la Société par MM. Athanasiu et Carvallo). Nous. avons vu, en effet, chez des animaux dontle sang, avant l'injection d’une dose de 0 gr. 50 par kilogramme de peptone de Witte, présentait une épaisseur colorimétrique égale à 55 ou à 60, chiffre normal, l'épaisseur colorimétrique devenir 41 ou 45, c’est-à-dire que la richesse en hémo- globine de ce sang avait notablement augmenté (3). Dans un cas où la (1) Les expériences de Schmidt ont été faites in vitro, sur le plasma filtré. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 30 mai 1896, p. 558, et 13 juin 1896, p. 625. (3) On peut aisément donner à ces chiffres une valeur réelle, en les traduisant en quantité de fer p. 1000, en divisant par le chiffre représentant l'épaisseur colorimétrique le chiffre 24 déterminé pour la valeur colorimétrique de notre étalon. | SÉANCE DU 18 JUILLET ; 787 peptone avait seulement diminué la coagulabilité du sang, le phéno- mène s’est trouvé moins marqué, e égalant 50 au lieu de 55, avant l'injection. Comme il n'y a pas d’hémoglobine dissoute dans le sang de peptone, le phénomène dont il s’agit ne peut tenir qu'à une augmentation du nombre des globules rouges. Et celle-ci dépend sans doute d’une dimi- nution du plasma sous l'influence de l'injection, comme le pensent aussi MM. Athanasiu et Carvallo et comme d’ailleurs Heidenhain l’a remarqué. [612.61] ACTION COAGULANTE DU LIQUIDE PROSTATIQUE SUR LE CONTENU DES VÉSICULES SÉMINALES, par MM. L. Camus et E. GLEY. Le sperme du cobaye sort souvent coagulé du canal de l’urèthre, ou bien il se coagule très rapidement à l'air ou dans le vagin de la femelle. C'est d’ailleurs ainsi que se forme ce que les zoologistes ont appelé le bouchon vaginal des Rongeurs (1). À quoi est due cette coagulation et quels en sont les facteurs? Les vésicules séminales du cobaye, ainsi que d’autres Rongeurs, sont relati- vement très grosses et contiennent une masse semi-liquide, claire, trans- parente, offrant l’aspect de colle ou d’empois grumeleux; sa réaction est neutre (2). C’est cette masse qui fournit la matière du bouchon vaginal. Comment se produit cette coagulation? Ce n’est pas, bien entendu, un phénomène spontané; exposé à l'air, le contenu vésiculaire se dessèche simplement; conservé dans une petite chambre humide, il garde son aspect caractéristique. — D'autre part, le phénomène n’est pas dû à l’action du sperme proprement dit; on peut, sur l’animal vivant, lier les canaux déférents le plus près possible des vésicules séminales, puis exciter le nerf éjaculateur, et la coagulation dont il s’agit ne s’en produit pas moins. C’est sous l'influence du liquide d’une glande annexe, très importante (4) Voy. particulièrement F. Lataste : Matière du bouchon vaginal des Ron- geurs (Comptes rendus Soc. de Biol., 8 décembre 1888, p. 817). (2) H. A. Landwehr (Archiv f. die ges. Physiol., XXIIT, {p. 538-5#1; 1880) a donné quelques indications sur la nature et les propriétés de cette colle ; nous avons vérifié presque tous les faits qu'il a constatés, en particulier l'absence de spermatozoïdes et d’autres éléments figurés, la quantité infinitésimale de cendres, etc., et les principales réactions ; mais nous ne croyons pas, et on trouvera plus loin quelques raisons de notre opinion, que cette matière soit du fibrinogène. 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE également chez les Rongeurs, que se coagule le contenu vésiculaire, sous l'influence du liquide prostatique. Une goultelette de ce dernier, recueillie au moyen d'une fine pipette de verre que l’on enfonce au milieu des acini glandulaires, puis mélangée à une portion de contenu vésiculaire, grosse comme une petite noisette, en détermine instantané- ment la coagulation; très rapidement le coagulum devient blanc- cireux, analogue à de la bougie, et plus tard de la surface on voit sourdre quelques gouttelettes qui représentent par conséquent le sérum extrait du caillot. Si l'on chauffe une solution du contenu vésiculaire dans l’eau salée jusqu'à l’ébullition, qu'on laisse refroidir, et qu'on ajoule ensuite un peu de liquide prostatique, il se produit un précipité blanc floconneux, extrêmement adhérent aux parois du tube. Ce liquide prostatique, que l’on peut recueillir, par le moyen indiqué plus haut, en quantité suffisante pour procéder à un bon nombre d'essais, parce qu'il est très actif, est clair, limpide, de réaction neutre, tout à fait fluide. Chauffé de 65 ou 66 degrés à 69 degrés, il se coagule, mais conserve néanmoins son action spéciale sur le contenu vésiculaire. Chauffé à 70 degrés pendant 15 minutes, il perd tout son pouvoir. Est-ce là une coagulation spéciale? La présure ne la provoque pas. Le fibrin-ferment ne la détermine pas non plus, ni le sang extrait d'un caillot, ni le sérum sanguin; les oxalates ni la peptone ni l’extrait de sangsues ne l’empêchent. Les extraits d'organes, ceux du moins que nous avons essayés jusqu'à présent, extrait de testicule, de capsule surrénale, de rein, de foie, de pancréas, donnent lieu à une agglutination plus ou moins consistante du contenu vésiculaire, mais non à la coagu- lation cireuse dont il s’agit. Inversement, le liquide prostatique n’a d'action coagulante ni sur le sang ni sur le lait. Il nous semble donc que ce liquide constitue un nouvel agent coagu- lant, à action spécifique, comme celle des aulres ferments de ce genre. Nous avons constaté la même action du liquide prostatique sur le contenu des vésicules séminales, chez d’autres Rongeurs, chez le Rat et la Souris; et nous poursuivons cette recherche sur d’autres espèces. Le liquide prostatique du Rat agit sur le contenu vésiculaire du Gobaye et réciproquement. Dans un travail ultérieur, nous essayerons de résoudre les questions qui se posent concernant la nature du contenu vésiculaireet les substances entrant en jeu dans ce phénomène de coagulation. ere Ds x: à SÉANCE DU 18 JUILLET 189 ACTION ANTITOXIQUE DE L'HYPOSULFITE DE SOUDE VIS-A-VIS DU NITRILE MALONIQUE, par J.-F. Heymans et P. Mason (de Gand). Depuis plusieurs années nous étudions le mode d’action des dinitriles normaux, CN — CN, CN — CH? — CN, CN — CHE — CH® — CN, CN — CH? — CH? — CH? — CN. Le nilrile malonique, découvert par L. Henry, est mortel pour le lapin à la dose de 6-7 milligrammes par kilogramme; il se décompose au sein de l'organisme et s’élimine avec les urines sous forme de sulfocya- nure (1). A l'aide de l’hyposulfite de soude de . > S0?, nous pouvons, non seulement prévenir l'intoxication, comme cela est le cas pour les cyanures (Lang), mais la faire disparaître et sauver l'animal à n’im- porte quel stade de l'empoisonnement. Pour vous en faire la démons- tration, nous prenons 3 lapins : au premier, nous injectons dans la veine marginale de l'oreille d'abord 0 gr. 5 d'hyposulfite, ensuite 30 milli- grammes de nitrile malonique; au 2° et au 3° lapin, nous injectons la même dose de nitrile. Le premier lapin ne se distingue, à aucun moment, d'un lapin normal; le 2° et le 3° présentent, après dix ou vingt minutes, les deux périodes caractéristiques de l’intoxication par le nitrile malo- nique, période d’excitation (polypnée, accélération cardiaque, vaso-dila- tation auriculaire et buccale, mais non conjonctivale, etc.), période de dépression (dyspnée, ralentissement cardiaque, paralysie, ete.). Le 2° lapin meurt vingt-cinq minutes après l'injection. Le 3° lapin est para- lysé à ce moment; il est presque agonisant après trente minutes; nous lui injectons dans la veine marginale 0 gr. 5 d'hyposulfite. Aussitôt, la respiration et le cœur se relèvent; la motilité reparait après cinq minules; après dix ou douze minutes, le 3° lapin ne se distingue plus d'un animal normal. Ces faits constituent le premier exemple d’antfidotisme cellulaire. (V. les détails dans les Archives de pharmacodynamie, vol. IT, fasc. 1.) (4) Ce fait avait été montré déjà pour les cyanures et les mononitriles par Pascheles. 7190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.648] EXPÉRIENCES RELATIVES A LA PEUR INSTINCTIVE CHEZ LES POUSSINS, par M. Cu. Féné. Parmi les faits relatifs aux instincts des poussins couvés à l’éluve (1), J'ai signalé l'absence des manifestations caractéristiques de la peur sous l'influence d'excitations extérieures en apparence propres à pro- voquer cette émotion, tant que l'expérience n’est pas venue les éclairer. On sait que les corbeaux attaquent volontiers les poussins, même assez forts, et sous la protection de leur mère et que la vue de ces oiseaux provoquent chez la poule et ses petits des réactions bien carac- téristiques de l’effroi. Un poussin de quatre jours né dans l’étuve, est placé sur une table à l'extrémité de laquelle est tenu un corbeau adulte. Tant que le corbeau est silencieux,le poussin n’y fait nulle attention, mais dès qu'il eut poussé quelques cris, le poussin se précipita vers lui sans hésitation et vint frapper de son bec le bec du corbeau qui riposta en le saisissant par le cou. Quand il fut dégagé, le poussin resta étonné, mais sans s'éloigner ni donner aucune signe de terreur. Au bout d’un quart d'heure le poussin fut retiré de nouveau de la couveuse, et remis dans les mêmes conditions sur la table; il s’approcha de nouveau assez près du corbeau pour en recevoir un coup de bec. C’est à partir de ce moment seulement qu'on ne put plus le décider à approcher. J'ai fait apporter alors successivement trois poussins de six semaines, élevés par leur mère à proximité du laboratoire, qui n’ont jamais été approchés par un corbeau. Ils ont tenu tous trois la même conduite. Ils se sont approchés pour manger le pain qui était à la disposition du corbeau et ne se sont éloignés qu'après les coups de bec. [612.014.47 FAITS RELATIFS A LA TENDANCE A LA VARIATION SOUS L'INFLUENCE DE CHANGEMENTS DU MILIEU, par M. Cu. FÉRé. Lorsqu'on expose des œufs de poule à des vapeurs susceptibles de pénétrer à travers la coquille, ou lorsqu'on introduit par injection des substances solubles dans l’albumen, ou bien encore lorsqu'on exerce sur l'œuf une action mécanique en le maintenant par exemple pendant un certain temps sur une table mise en vibration par un diapason, on (4) Note sur l'instinct des poussins produits de l’'incubation artificielle. C. rend. de la Soc. de Biologie, 1895, p. 118. — Notes sur les difformités congé- nitales des membres inférieurs chez les oiseaux (1bid., p. 311). SÉANCE DU 1Â8 JUILLET 7191 produit en général un trouble d'évolution. Il est indispensable d’ail- leurs, pour établir la relation de l’effet à la cause, d'examiner compa- rativement des œufs qui n’ont subi aucune influence. Lorsqu'on fait agir une influence quelconque étrangère aux conditions normales, l'effet qu'on observe le plus généralement c'est la production de malformations et un retard de développement chez l'embryon: dans un lot d'œufs qui a subi une influence troublante, plus il y a d’embryons déformés, plus les embryons restés normaux sont chétifs, plus leur déve- loppement est retardé ; les embryons malformés ont d’ailleurs en général un retard de développement généralisé. On peut accepter comme règle générale que la malformation est liée à l’arrêt de développement. Cependant, la malformation et l’arrêt de développement ne sont pas les seuls faits que l’on puisse observer dans les mêmes circonstances. Il arrive de temps en temps que dans un lot d'œufs qui ont subi une action troublante et dans lesquels suivant la règle, les arrêts de déve- loppement et les malformations sont nombreux, on observe un embryon dont le développement est non seulement normal au point de vue mor- phologique, mais enccre plus avancé que ne le comporte le temps de l'incubation. D'autres fois, dans les mêmes conditions encore, on trouve un embryon qui présente une malformation plus ou moins importante d'une partie quelconque et dont l’ensemble cependant pré- sente un développement plus avancé que les embryons normaux qui n'ont subi aucune influence troublante. Si en général, comme le dit J. Geoffroy Saint-Hilaire, les monstres sont monstres dans leur organisation tout entière, il y a des exceptions bien nettes pendant la vie embryonnaire et on a quelques raisons de croire que quelques-unes peuvent persister. On sait d’ailleurs que certaines influences nuisibles au développement à une certaine dose peuvent au contraire favoriser l’évolution à une dose moindre. Les faits d'exaltation générale ou partielle du développement, bien qu'exceptionnels, suffisent à montrer que les agents capables d'in- fluencer le développement de l'embryon ne manifestent pas seule- ment leur action par des retards ou par des malformations. Con- sidérée en général, leur action se manifeste par une tendance à la varialion qui, suivant la dose de l’agent et suivant l'équation trophique individuelle du germe (1), peut s'exercer dans le sens de l’exaltation ou dans le sens de la dépression. Dans le cas de l’exaltation aussi bien que dans le cas de la dépression, un défaut de ‘synergie trophique des élé- ments peut aboutir à une malformation locale. (1) Ch. Féré. Note sur les effets différents sur l’évolution de l'embryon de poulet d’une même substance suivant les doses. Comptes rendus Soc. de Büol., 1895, p. 673. 7192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans des conditions identiques capables de troubler l’évolution de l'embryon, d'éveiller la tendance à la variation, on peut voir se développer des individus absolument supérieurs, des individus qui présentent avec des défauts partiels une constitution générale remarquable, en même temps que des individus faibles ou arriérés et malformés. Cette manifestation de l'influence des modifications de milieu par la tendance à la variation divergente n’est pas propre à l'embryon de poulet. Nous voyons que les nations les plus civilisées se distinguent par le nombre d'êtres exceptionnels, aussi bien des hommes de génie que des êtres les plus dégradés par le vice ou par les perversions intel- lectuelles (1). Le milieu civilisé excite la tendance à la variation qui se manifeste principalement dans le sexe masculin aussi bien au point de vue psychique qu’au point de vue somatique. Ce qui se passe pour l'embryon de poulet peut faire comprendre que si des variétés très différentes peuvent prendre naissance dans les mêmes conditions, et conserver quelques caractères communs, il n’y a pas moins une distinc- tion à établir entre eux. Si toutes constituent des anomalies, ces ano- malies méritent d’être distinguées en supranomalies et en infranomalies. C'est surtout ces dernières qui caractérisent les dégénérescences qui se montrent comme l'accompagnement inévitable de l'évolution. [612.819.21 SUR LES FIBRES CENTRIFUGES DU NERF OPTIQUE, par M. le D' Ezinson. (Travail du laboratoire de physiologie du professeur Mislawsky à Kasan.) Dans cette courte communication, J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie les résultats que j'ai obtenus en étudiant les fibres centrifuges du nerf oplique. Pour élucider la question de l’origine de ces fibres, J'ai fait toute une série d'expériences, sous la direction et avec le concours de M. le pro- fesseur Mislawsky. Dans une première série, j'ai extirpé le ganglion ciliaire chez le chien (je ne donnerai point le détail de cette opération compliquée, qui a été faite aseptiquement); après cette exlirpation, j'ai constaté une dilala- tion extrême de la pupille et une insensibilité complète de la cornée. Le lendemain et quelquefois deux ou trois jours après, on apercevait, dans le centre de la cornée, une opacité suivie d'une ulcération: ces lésions guérissent ensuite spontanément en laissant une leucoma adhæ- (4) Ch. Féré. L'hérédité morbide. Revue des Deux Mondes, 1894, t. CXXVI, p. 441, 446. SÉANCE DU 18 JUILLET 193 a —— rens. Les chiens opérés ont survécu plus ou moins longtemps : 12 jours, 3 semaines, 1 mois et plus. L'animal ayant été sacrifié par hémorragie, les deux nerfs optiques furent excisés des deux côtés; ils ont été durcis, et on fit des recherches microscopiques par la méthode de Marchi. Les résultats de cette série d'expériences ont été une dégénérescence d’une grande quantité de fibres nerveuses larges du nerf optique du côté opéré; la dégénérescence apparait 12 jours après l'opération. Dans la seconde série d'expériences on a excisé, chez le chien et le chat, le ganglion cervical supérieur du grand sympathique; après cette extirpation, on aperçoit aussitôt un rétrécissement de la pupille, et on constate la paralysie de la troisième paupière; les animaux ont survécu aussi longtemps que dans la première série; les nerfs optiques ont été examinés de la même manière. Chez les animaux qui ont survécu 15 jours, j'ai trouvé quelques fibres nerveuses dégénérées ; dans certains cas je n’en ai pas trouvé du tout. Si l'animal survit un mois ou à peu près, on aperçoit constamment dans le nerf optique du côté opéré, une quantité assez considérable de fibres dégénérées, mais qui sont cepen- dant en moins grand nombre qu'après l’ablation du ganglion ciliaire. Je conclus de là que la quantité de fibres qui partent du ganglion cer- vical supérieur, et qui traversent le ganglion ciliaire sans s'y arrêter, est peu considérable. Une troisième série d'expériences a consisté à sectionner le filet cer- vical du grand sympathique chez le chat. Avant un mois, on ne trouve presque rien dans le’ nerf optique; mais un mois après la section, on peut constaler un certain nombre de fibres dégénérées, en moins grande quantité qu'après l’exlirpation du ganglion supérieur. De ces faits, on peut conclure avec certitude que le nerf optique reçoit des fibres sympathiques du ganglion ciliaire, du glanglion cervical supé- rieur et du filet cervical. Quel trajet ces fibres suivent-elles pour arriver au nerf optique? Il n'y a point de doute possible pour les fibres émanées du ganglion ciliaire. Pour le ganglion sympathique, certaines fibres peuvent se rendre di- rectement au ganglion ciliaire, s’y terminer ou le traverser; d’autres fibres peuvent se rendre au ganglion de Gasser, et de là par les rameaux ophtalmiques du trijumeau et par la racine sensitive ou longue du gan- glion ciliaire au nerf optique, et enfin des fibres peuvent s'anastomoser avec le nerf oculo-moteur dans le sinus caverneux, et de ce dernier par la racine courte du ganglion ciliaire se rendre au nerf optique. Pour étudier ces distributions, j'ai sectionné le trijumeau en avant du ganglion de Gasser chez le chat, qui a survécu 3 semaines, et sur la série des coupes du nerf optique, j'ai trouvé, par la méthode de Marchi, une pelite quantité de fibres dégénérées. 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En sectionnant le rameau de l’oculo-moteur dans l'orbite même, en arrière du ganglion ciliaire, j'ai constaté à peu près autant de fibres dé- générées dans le nerf optique qu'après l'ablation du ganglion ciliaire. Après la résection du nerf optique, j'ai constaté une très grande quan- tité de fibres ayant subi la dégénérescence wallérienne, dans le bout périphérique, ce qui prouve que dansle nerf optique il y a deux espèces de fibres centrifuges : les unes qui ont été décrites par Monakow (Archiv für Psychiatrie, Band XX), et les autres que j'ai mises en évi- dence par cette série de recherches. [612.819.2] REMARQUES SUR LES RECHERCHES DU D' ELINSON, par M. le professeur Miscawsry (de Kasan). : Dans ces dernières années, M. Ramon y Cajal a décrit, au milieu des éléments de la rétine, des fibres qui s’y terminent librement et qui paraissent avoir été en contactavec des cellules que cetauteur a désignées sous le nom de cellules amacrines; ces cellules et ces terminaisons libres sont distribuées dans les couches de la rétine qui renferment des vais- seaux sanguins; d'autre part, les recherches de MM. Adamuk, Dogiel, Doyon, etc., ont démontré l'influence du nerf sympathique du cou sur les vaisseaux de la rétine. Les recherches de M. Elinson, faites d’après mes indications et qui ont été exposées ci-dessus, ont démontré qu’un grand nombre de fibres centrifuges du nerf optique, qui entrent dans la rétine et qu'il a suivies jusque dans cette membrane, sont d’origine sympathique. Les faits anatomiques exposés par cet auteur sont en parfait accord avec les résultats physiologiques de M. Doyon. On peut supposer qu'une grande partie des fibres décrites par Ramon y Cajal, qui sont en rapport avec les cellules anacrines, sont spécialement desti- nées à l’innervation des vaisseaux de la rétine et ne joueraient aucun rôle direct dans l’acte de la vision. C’est là une hypothèse qui pourrait contribuer à l'explication de la structure si compliquée de la rétine. [612.825] à ÉNERGIE MUSCULAIRE ET SENSIBILITÉ ; MÉTHODE NOUVELLE DE DÉTERMINATION DES DISTANCES RESPECTIVES DE CENTRES SENSITIFS AUX CENTRES MOTEURS, par M. CuARLES HENRY. Des efforts musculaires intenses et un peu prolongés font évanouir des sensations faibles et des différences faibles de sensations. Cette proposition, vraie probablement de tous les faits psychiques, il est SÉANCE DU 1Â8 JUILLET 795 facile de l’établir pour la sensation lumineuse et pour la sensation audi- tive. L'expérience donne, dans ces cas, des résultats suffisamment concor- dants pour un même sujet, etle rapport des nombres de sensalions audi- tives aux nombres de sensations visuelles évanouies pour un même effort chez des sujets différents est sensiblement une constante. Pour l'étude des évanouissements de sensations lumineuses nous prenons une sorte d'écran Bunsen, carton blanc opaque percé au centre d’une ouverture circulaire obturée par un papier translucide; nous éclairons l’éeran par devant et par derrière avec deux sources disposées de manière à obtenir, entre la tache éclairée par transparence et le fond éclairé par réflexion, des différences croissantes de numéros d'ordre de sensations : nous repérons les distances correspondantes. Cela fait, nous ramenons l'écran à la distance qui permet une différence d’un numéro d'ordre entre la tache et le fond; le patient se met à presser progressivement un dynamomètre ordinaire avec les muscles fléchisseurs de la main jusqu'à épuisement total; un aide lui présente, à chaque évanouissement de sensation, la différence de numéros d'ordre immédiatement supérieure et le patient voit successivement s'évanouir, à des temps qui sont immédiatement pointés, lors de pressions qui sont immédiatement enregistrées et transformées par le calcul en travaux, des différences de un à sept numéros d'ordre de sensa- lions. | Pour l'exploration des évanouissements de sensations auditives, nous déterminons au préalable les ouvertures du diaphragme quil faut opposer à une source sonore bien constante, comme une montre, dans notre audiomètre, afin d'obtenir le minimum perceptible et les degrés successifs de la sensation ; à chaque évanouissement d'un numéro d'ordre de sensation sous l'influence d’un effort donné, on présente au patient l'ouverture du diaphragme déterminant le numéro d'ordre immédiatement supérieur; pour tout le reste, on opère comme dans le cas de la sensation lumineuse: l Il y a entre ces deux méthodes celte différence que, dans le premier cas, le sujet voit s’évanouir des différences plus ou moins grandes de sensations, tandis que, dans le second, il voit s'évanouir des degrés absolus de la sensation ; mais cette différence de procédé n’enlève rien vraisemblablement à la parfaite comparabilité des deux méthodes. En effet, pour la sensation lumineuse, on peut formuler celte loi: le nombre de numéros d'ordre de sensations qui s'évanouil est indépendant de l'intensilé absolue ; par exemple, que le fond soit éclairé par dix bougies- mètre ou par une bougie-mètre, le nombre de sensalions que l'on peut faire évanouir ne dépasse pas sept, et il est le même pour l'acoustique que pour l'optique. On constate aussi pour la sensation lumineuse que ce nombre est indépendant de l'énergie absolue dépensée ; par exemple, que l’on exécute des travaux avec les muscles fléchisseurs de Ta mai Biozocie. Courres nexous. — 10 sénie, T. NT. C0 796 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ou des travaux quatre fois plus considérables avec les museles des reins, ce nombre est toujours sept. Le moteur vivant présente trois phases : une phase de croissance, une phase de constance, une phase de décroissance de l'effort. J’appelle + la durée au bout de laquelle on atteint le maximum d'effort avec les muscles fléchisseurs de la main; +’ la durée au bout de laquelle est terminée la période de constance; +” la durée au bout de laquelle le x sujet est épuisé, + varie normalement de 0”,1 à 2”, suivant les sujets; ! ” A Q # . . T ’ cette durée peut être volontairement prolongée mais, toujours — oscille entre 4 et 8; dans nos expériences +” varie entre l' et 4’. Suivant les sujets et les dispositions différentes d’un même sujet, les. évanouissements sensoriels se répartissent inégalement dans les trois phases. Mais dans tous les cas le travail extérieur indiqué par le dvna- momèêtre n’est qu'une fraction de l'énergie dépensée ; il y a à mesurer, en outre, le travail intérieur, difficile à atteindre complètement, mais dont le gros terme est évidemment représenté par l'équivalent méca- nique de la chaleur multiplié par la différence entre la quantité de: chaleur dégagée pendant l'exécution du travail el la quantité de chaleur dégagée pendant le repos. Le problème est de connaître les travaux: exlérieur el intérieur depensés aux instunts de nos évanouissements suc- cessifs de sensations. Comme il est difficile, sinon impossible, de mesurer par les quantités d'acide carbonique exhalées aux différents instants des évanouissements les quantités de chaleur produites, J'ai dû rechercher un moyen de calculer le travail intérieur. Par une conception évidemment simplifica- trice, mais suffisamment justifiée par ses conséquences, j'ai assimilé le cycle formé par le centre moleur cortical du cerveau, la moelle, le: nerf moteur, les muscles fléchisseurs de la main, le nerf sensitif, læ moelle et le cerveau à une pile idéale, résultante d’une infinilé de piles, dont l'énergie est fournie par les combinaisons chimiques interslitielles. des tissus et j'applique à cette pile les lois de l'énergie des piles. Dans la période de croissance, de durée très courte 7, l'énergie. dépensée aux divers moments { est sensiblement proportionnelle au temps; le travail intérieur est nul ou négligeable. En appelant E la force. électro-motrice, 2 l'intensité, 8, le travail extérieur produit, on a : (1) Er équation d’où l'on tire Ei l'énergie de notre pile motrice, 5, étant le- travail maximum indiqué par le dynamomètre de puissance ou déduit. de la pression indiquée par un dynamomètre ordinaire. Dans la deuxième phase, de durée +’, le travail intérieur 5; apparait. De l'équation générale Et = 5, + 5; et de l'équation (1) on déduit (2) 9; — Ei(r'—:); soi EEE LS 3 PPT LP ES PP ET TU Te No SÉANCE DU Â8 JUILLET 7197 d'où en divisant membre à membre (1) et (2). 0, © 0" ‘Sqjuopooouid sep sJmMpop SoIQON “HOLIIOH JJICQOH ‘IX op erqdexsouou ej 1ed SIUINOF SOIQUON PIE us 45 EEE u9 ‘SPAUMPA sun Sauna tan SN AUOT np A LOLLET UI 9P 9HPUO099H ; ms 872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En d’autres termes, d'après cette prétendue loi, si une femelle de taille À pond un nombre N d'œufs, une femelle de taille À +n' en produirait r" N. Une telle loi serait assez bizarre. D'ailleurs, comme le reconnaît l'auteur, elle ne s’appliquerait, avec une approximation à peu près satisfaisante, qu'aux sujets dont la taille est comprise entre huit et quatorze pouces. A priori, il semble évident que,toutes choses égales d’ailleurs, le nombre des œufs pondus en une fois par une femelle doit être propor- tionnel au volume de l'ovaire qui les produit, lequel, à son tour, doit être proportionnel au volume total de l'animal, c’est-à-dire propor- tionnel au cube de sa taille. Admettons qu’il en soit ainsi. En appelant N le nombre des œufs pondus par une femelle, / la taille de celle-ci et ; une constante, nous aurons alors entre ces trois quantités la relation NE d’où N Ex: La statistique de l’auteur, portant sur 4,615 femelles, me fournissait une magnifique occasion de vérifier l'exactitude d’une telle vue à priori; et je ne l’ai pas négligée. J’ai dressé alors le tableau ci-joint (Tableau I), dans lequel l’avant-dernière colonne à droite présente les valeurs de k, correspondantes aux données de cette statistique. Or, ces valeurs sont toutes comprises entre 9,42 et 16,40, et elles le seraient entre 10,56 et 14,70, si nous éliminions celles des données qui correspondent à moins de quatre sujets et dont, par suite, la valeur est fort contestable. D'aussi petites variations de k, — surtout quand on les compare aux écarts considérables des nombres maxima et minima des œufs pondus par des femelles de même taille (troisième et quatrième colonnes à gauche), et quand on remarque que, si ces variations n’obéissaient à aucune loi, elles oscilleraient irrégulièrement, d’après les données qui ù 4.822 71.647 , m'ont servi, entre — — 0,70 et — 151,65, — démontrent de la 6.859 512 façon la plus éclante l'exactitude de notre hypothèse. Si, maintenant, nous fixons notre attention sur ceux des nombres de l’avant-dernière colonne à droite qui correspondent à des données fournies par de très nombreuses femelles de même taille, ou bien encore sur les nombres de la dernière colonne qui représentent les moyennes fournies par toutes les femelles dont la taille diffère de moins d’un pouce, nous constatons que les petites variations de Æ ne sont pas désordonnées. Ce rapport, à partir de 10,72, qui correspond aux femelles de 8 à 9 pouces de long, croît jusqu'au maximum de 14,04 qui SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 873 correspond aux sujets de 16 à 17 pouces, pour redescendre ensuite et tomber à 11,32 avec les sujets de 19 pouces. C’est encore là un résultat que, jusqu’à un certain point, nous pou- vions prévoir d'avance. D'une façon générale, en effet, nous savons que, lorsqu'un animal atteint l’âge de la reproduction, lequel corres- pond à une certaine taille, si ses facultés reproductrices se manifestent brusquement, elles n'atteignent pourtant pas du premier coup leur maximum de puissance ; elles croîtront donc, au début, dans le même sens que la taille; plus tard, elles atteindront une période d'état ou même de décroissance, tandis que la taille, chez certains animaux, pourra continuer de croître indéfiniment. En somme, la loi de production des œufs, comme l’appelle le profes- seur Francis Hobart Herrich, peut être représentée, chez le Homard américain et sans doute aussi d’une façon générale, par l'équation NP dans laquelle X peut être regardé comme une constante dans une pre- mière approximation, mais est en réalité une fonction de l’âge f, k= f(®), qui n’a de valeur réelle qu'autant que { est compris entre certaines limites, et qui passe par un maximum quand { varie de l’une à l’autre de ces limites. Je tiens à faire remarquer, en terminant, que mon admiration pour la belle monographie du professeur Francis Hobart Herrick demeure tout entière, malgré la critique implicitement adressée ici à un détail de cette œuvre. LE PNEUMOSCOPE, par M. À. M. BLocu. L'instrument que j'ai l'honneur de présenter à la Société, et que je désigne sous le nom de pneumoscope, est destiné à apprécier les moda- lités de la respiration, chez l'homme; soit à l’état physiologique, quand cette fonction est influencée par la position du corps, par l'exercice, le travail de la digestion, etc., soit chez les malades, dans les diverses affections qui retentissent sur le jeu des organes respiratoires. Le procédé n'est pas comparable aux méthodes spirométriques ou pneumographiques qui, elles, donnent la notion directe de la capacité respiratoire ou du développement de la cage thoracique. Le but que je me propose est de faire respirer par un orifice dont on peut modifier les dimensions et de déterminer la limite inférieure de cet orifice au delà de laquelle l'anxiété devient telle que la respiration n’est plus possible. 874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'instrument se compose d’un tube métallique de 12 centimètres de long et de 2 centimètres de diamètre par lequel on respire, en le tenant dans la bouche. Pour empêcher l'air de passer par les lèvres, en dehors du tube, une plaque métallique concave vient s'appliquer contre elles. De plus, une pince dont les deux branches peuvent se rapprocher l’une de l’autre au moyen d’une vis et qui tourne sur un pivot, est fixée sur le tube, en avant de la plaque dont je viens de parler et comprime les narines du sujet. L'autre extrémité du tube est formée par une fenêtre rectangulaire de 5 centimètres de large et de 10 centimètres de haut. Un petit volet, actionné par une vis, peut descendre sur la fenêtre et en diminue la hauteur à volonté. J'ajoute que le tube porte, à sa partie moyenne, un manche en bois qui permet de chauffer fortement l’instrument après chaque épreuve. Voici comment on procède : Le sujet tient lui-même le manche de bois. Il introduit le tube dans sa bouche el appuie modérément la plaque sur ses lèvres. On serre les branches de la pince sur ses narines et on lui recommande de respirer tranquillement en le prévenant de ce qu’on attend de lui et en lui recommandant de sortir le tube de sa bouche dès que sa respiration deviendra trop pénible. On fait faire un demi-tour à la vis qui diminue l'orifice, {outes les trois respirations, jusqu'à ce que le sujet ne puisse plus aller plus loin. Alors, on compte la hauteur de la fenêtre graduée en millimètres et, multipliant par 5, on a la surface limite qui fait l’objet de la recherche. Pour avoir des résultats concordants, il faut que l'expérience soit toujours conduite de la même façon. En effet, la grandeur limite de l’orifice n’est pas la même si, au lieu de trois respirations, on en permet une, deux, quatre ou davantage entre les demi-tours de vis qui abaiïissent le volet. De même, un instrument dontles dimensions seraient autres, ne donnerait pas des chiffres semblables, la limite étant justi- ciable de la longueur du tube, de son diamètre, de la place qu'occupe l’orifice dans sa lumière, de la forme de cet orifice. L'instrument est extrêmement sensible. La limite varie, selon qu'on est debout, assis ou couché, à jeun ou non; le moindre exercice préa- lable change le résultat; il faut donc spécifier exactement toutes les particularités de l'expérience et mettre les sujets dans les mêmes con- ditions pour pouvoir comparer les recherches normales ou patholo- giques. Dans une prochaine communication, je présenterai une série d’études faites avec le pneumoscope sur des personnes en bonne santé et sur des malades (4). (1) L’instrument a été construit par M. Charles Verdin. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 875 a NÉVROPATHIE ET MALFORMATION FRATERNELLES, par M. Cu. FÉRÉ. On connait bien la coïncidence fréquente des malformations congé- nitales et des maladies héréditaires et familiales, particulièrement des maladies du système nerveux. Cette coïncidence peut servir d'appui à la théorie tératologique de l’hérédité morbide (1). La relation qui existe entre la malformation et la névropathie est encore mieux mise en lumière, lorsqu’au lieu de névropathies et de malformations diverses, c'est une névropathie et une malformation semblables qu'on observe dans la même famille. Tel est le cas de la famille sur lequel je veux appeler l'attention : M. H..., le chef actuel de la famille, a quarante-huit ans; son attention a été vite appelée depuis longtemps sur la vraisemblance de l’hérédité de la maladie de ses enfants, et il a fait une enquête minutieuse. Sa femme est morte à trente-huit ans de lésions internes à la suite d’une chute de voiture, elle se portait bien, n’était pas nerveuse, ses grossesses et ses couches avaient été exemptes d'accidents. Elle n'avait que deux sœurs qui vivent encore, ont cha- cune deux enfants; tous se portent bien; une des deux sœurs a fait une fausse couche à six mois à la suite d’une chute. Il a connu le père et la mère de sa femme qui étaient des paysans vigoureux : le père est mort d’une attaque d'apoplexie à soixante-huit ans et la mère d’une fluxion de poitrine à soixante-deux ans. Une tante maternelle vit encore et n’a jamais été malade jusqu'à quatre-vingt-lrois ans; une autre est morte non mariée à trente-deux ans d'une pleurésie. La tante survivante n'a eu qu'un fils qui a cinquante- neuf ans, se porte bien et a deux filles aussi bien portantes. M. H... n’a aucune connaissance de malformations somatiques grossières chez tous ces parents de sa femme, et il est très affirmatif en ce qui concerne la dentition. Son père à lui est mort à cinquante-six ans d’une affection gastrique, qu'on a appelée gastrique chronique (?). Un oncle paternel est mort de la poitrine après avoir été longtemps malade ; il était marié, mais n’a pas laissé d'enfants. Une tante maternelle est morte d’une affection aiguë de poitrine à soixante- deux ans, elle a laissé une fille qui se porte bien et a eu trois enfants dont un à une coxalgie et les autres se portent bien. M. H... est fils unique, il s'est toujours bien porté jusqu'à vingt-neuf ans. A cette époque il a eu en Afrique des fièvres intermittentes qui, après huit mois de durée, paraissent guéries. 11 n'a eu aucune autre maladie. Il s’est marié à vingt-huit ans. Il avait trente-trois ans quand il a eu son troisième enfant. Et ce n’est qu'un an plus tard qu'il a été repris d'accidents paludéens à la suite d’une grande fatigue physique. Ces accidents ont disparu en trois semaines sous l'influence d'un traitement quinique et de l’hydrothérapie et n’ont plus reparu depuis. M. H... est un homme sobre qui ne présente pas de {races de (4) Ch. Féré. La famille névropathique, théorie tératologique de l'hérédité et de la prédisposition morbides et de la dégénérescence, 1894. 876 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE syphilis; il ne présente en fait de difformités que des oreilles à lobule soudé et cinq petites tumeurs moluscoïdes dans le dos, il est d’ailleurs vigoureuse- ment constitué. La seule condition défectueuse qu’on rencontre chez lui, au point de vue de la génération, c’est qu'il était en puissance de paludisme au moment de la conception de ses enfants. Ces enfants au nombre de trois sont des fils qui ont respectivement 18, 17 et 45 ans. Tous trois sont venus à terme et dans de bonnes conditions, mais étaient chétifs. Ils ont tous trois été nourris dans les mêmes conditions par la mère. É Dans les premiers mois ils n’ont présenté rien d’anormal, mais tous ont eu les dentitions retardées. Tous ont marché tard et les deux derniers n’ont parlé qu'à près de trois ans. Tous les trois ont eu des convulsions à la première dentition et presque à chaque éruption de dents. Sur tous les trois on avait remarqué à la première dentition un écartement médian des incisives inférieures. A la seconde dentition cette particularité s’est considérablement accentuée et toutes les incisives inférieures sont remarquablement petites. L’arcade dentaire supérieure fait une forte saillie en avant de l’inférieure et le menton est court et petit. Ces malformations donnent à la physionomie un caractère tout à fait spécial et tout à fait inconnu parmi les ascendants et les collatéraux. Cette particularité morphologique commune, coïncide avec des troubles nerveux qui présentent aussi une ressemblance frappante : tous trois sont affectés de ce que Charcot a appelé la maladie des tics; et cette maladie se présente chez eux avec des caractères similaires remarquables. Ils n’ont pas été pris au même âge : l'aîné a été atteint vers sept ans, le deuxième à huit et le troisième à dix ans, sans causes connues; mais chez tous les trois elle a commencé par les mêmes mouvements, élévation simultanée des épaules et flexion de la tête. Au cours de l’évolution, la maladie présente chez les trois frères des particularités diverses; mais ces spasmes initiaux ont conservé une prédominance marquée. L'ainé est le seul qui ait des exclamations spasmo- diques; le troisième a la jambe gauche sujette à des ftexions subites qui lui font souvent perdre l'équilibre. Les idées obsédantes n’ont aucun rapport de ressemblance. Du reste, en dehors de la malformation commune que nous avons signalée, l'aîné présente des oreilles en conque bien accentuées, un thorax en gouttière, une hernie inguinale droite, de l’olygodactylie cubitale bilatérale, des pieds plats. Le second a de la corectopie bien marquée aux deux yeux, une bifidité de la luette, le testicule gauche retenu à l’anneau, des taches pigmentaires multiples, le genu vulgum bilatéral; le troisième a l'hélix déroulé aux deux oreilles, une asymétrie faciale bien marquée, une large tache érectile sur la région sternale et une torsion de ia verge avec épispadias. Tous les trois ont un développement intellectuel très retardé, tout comme leur développement physique. En dehors de toute tare héréditaire, ces trois enfants présentent une malformation commune assez rare et un étatnévropathique commun, qu'il faut attribuer aussi à une anomalie de développement liée sans doute à une condition anormale des générateurs. Cette condition paraît être + durs 1 “19 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 877 le paludisme latent du père, mais on ne peut pas exclure toute autre condition et en particulier les influences maternelles, quand on connaît les influences multiples qui peuvent jouer un rôle dans la tératogénie. Ces malformations et ces névropathies non héréditaires, ne sont pas non plus familiales, puisqu'on ne les retrouve pas parmi les collatéraux. La qualification de fraternelles me parait leur être convenablement appliquée. J. Adams me semble être le premier auteur qui ait remarqué qu’en dehors de l'hérédité on peut voir chez plusieurs enfants des maladies communes qu'il a appelées familiales et il a fait remarquer que ces maladies congénitales sont plus souvent familiales qu'héréditaires (1). D'ailleurs la qualification de familiale n'a pas prévalu, l’ataxie de Friedreich a été désignée sous le nom d’ataxie héréditaire, bien qu'elle ait le caractère familial au $ens d'Adams. Du reste l'adjectif familial qu'on a essayé de lui attribuer (2) ne peut pas lui appartenir exclusive- ment : on ne peut pas refuser la qualité de familiale aux maladies ou aux difformités héréditaires, bien qu’elle appartienne plutôt aux mala- dies et aux difformités fréquentes dans une famille en dehors de l’héré- dité directe. L'expression de fraternelle me paraît s'appliquer plus exactement aux faits reconnus en pathologie par Adams et en térato- logie par S. Geoffroy Saint-Hilaire et où l’anomalie se manifeste tout d’abord sur plusieurs sujets d’une même génération. LES RAPPORTS DU POIDS DE L'OŒUF ET DE LA DURÉE DE L'INCUBATION CHEZ LE POULET ET CHEZ LE CANARD, par M. Cu. FÉRÉ. La durée du travail embryogénique varie avec deux conditions prin- cipales : 1° Le degré de perfection organique auquel le germe doit par- venir avant de vivre au dehors; 2° la taille qu'il doit atteindre (3). C’est surtout chez les oiseaux que ces rapports apparaissent, sans toutefois avoir été établis sur des chiffres. (4) J. Adams. À freatise on the supposed hereditary properties of diseases, con- taining remarks on the unfoun ded terrors and ill judjed cautions consequent on such erroneous opinions; with notes illustratives of the subject, particularly in maduess and scrofula. Londres, 1814, p. 12. — A philosophical treasise on here- ditary peculiarities of the human race, etc., 1815. (2) Ch. Féré. Ataxie héréditaire, maladie de Friedreich, etc, (Progrès médical, 1882, p. 890). — Dejerine. L'hérédité des maladies du système nerveux, 1886, p. 197. (3) H. Milne Edwards. Leçons sur la physiologie et sur l'anatomie comparée, t. IX, 1870, p. 444. 878 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le rapport de la durée de l’incubation au poids de l’œuf n'était pas moins intéressant à étudier, d'autant qu'il peut se vérifier avec plus de précision. | Chez la poule, l’incubation dure 21 jours, elle dure %5 jours chez le canard. L'œuf de poule, d’après 1,104 pesées (1), m'a donné une moyenne de 60 gr. 18. L’œuf de canard, d’après 117 pesées, m'a donné une moyenne de 73 gr. 93. Le rapport de 21 à 25 — 100 est 84. Le rapport de 60,18 à 73,93 — 100 est 81,53. Le rapport du poids des œufs et le rapport de la durée de l'incubation diffèrent de moins de 5 deux centièmes (2). DE L’APPLICATION DES RAYONS RÔNTGEN A L'ÉTUDE DES OSSEMENTS FOSSILES DES ENVIRONS DE REIMS, par M. LEMOINE. Je voudrais entretenir la Société de Biologie de l'application des rayons Rôntgen à l'étude des ossements fossiles que j'ai découverts et recueillis aux environs de Reims et qui appartiennent aux plus anciennes faunes de Mammifères actuellement connues. Ces faunes fournissent, par suite, au point de vue du mode de l'apparition et de l’évolution primitive de cette classe si intéressante de vertébrés, des . renseignements de la plus haute valeur. (4) Ch. Féré. Le poids de l’œuf de poule, envisagé au point de vue de la téra- togénie expérimentale. (C. R. Soc. de Biol., 1895, p. 839.) (2) Il n’est pas inutile de noter le poids individuel des œufs de canards : Poids. Nombre des œufs. Poids. Nombre des œufs. D'OPCPATANAE SEEN 1 TON CEAMNMIESENSONNEE 8 60 LEUR AT te 1 16 — LA DEN PEMEREE 62 er ADP NET EE À Fil RES TR DA MER cs 3 63 — ST DA EN 18 AV NT HAN RS 4 64 A A AO He 3 79 UE ue à 3 65 AR PAG NE ES 4 80 2 MO EL SENIOR 8 66 NAN PERRET 2 s1 Se LUNA ILES TEE co) 67 ND AU LE AE A Eu TE 4 82 rs ALL LA DT ES à 4 68 NU UOTE NE 40 84 RAR D Lo 4 69 = SRE 2 85 SN NOM EUR il 10 nul LOLIQ EU ANE is) 86 SHOT EE OMRE 2 TA Se I SPA. 4 87 nd ET ot 1 72 heu a lt 0 0 13 88 PR EC URL C 2 73 SAN FT NES 1 90 SANDER 1 14 ne DEPOT NME 3 94 ONE RUE 1 fs LR SA = SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 879 Je dois tout d’abord remercier d'une facon spéciale mon confrère et ami M. le D° Rémy, chef des travaux histologiques à la Faculté de méde- cine, et son préparateur, M. Contremoulins. M. Remy a bien voulu mettre à ma disposition l'installation si complète de son laboratoire, et c’est au précieux concours de M. Contremoulins que je dois les photo- graphies que je vais faire passer sous vos yeux et qui ont été obtenues à l’aide des rayons Rüntgen. Vous pouvez juger de la facilité avec laquelle ces nouveaux rayons traversent les parois osseuses que leur modification chimique et leur minéralisation sembleraient devoir rendre absolument opaques. Ils mettent en évidence des détails que les coupes les mieux réussies n’au- raient pu fournir que pour un seul plan, en admettant que la valeur scientifique d'échantillons si rares, en même temps que leur fragilité n'ait pas été un obstacle absolu à des tentatives de ce genre. Je ne puis que vous esquisser ici les principaux résultats nouveaux fournis par l'emploi de ces rayons. Les faunes nouvelles des environs de Reims, que j'ai dû désigner par des noms nouveaux (faune Cernaysienne, de la localité de Cernay, faune Agéienne, de la localité d’Ay), contiennent, outre les mammifères, des oiseaux parfois de fort grande taille, puisqu'ils pouvaient atteindre près de 3 mètres de haut. Les rayons Rüntgen nous permettent immé- diatement de distinguer leur provenance, et vous voyez combien ces ossements d'oiseaux sont celluleux. Les reptiles y sont relativement nombreux et appartiennent à toutes les subdivisions du groupe, crocodiles, tortues, lézards qui peuvent atteindre jusqu'à 3 mètres de longueur. Voici un humérus d'un de ces types nouveaux, le Simædosaure, qui est particulièrement intéressant, par suite de la disposition absolument pleine et compacte du corps de l’os. Cette photographie peut en même temps vous rendre compte des dimensions de l’animal, si on compare cet humérus à celui d'un des lézards qui habitent actuellement les environs de Paris. C'est dans les terrains fossilifères des environs de Reims, que l’on trouve pour la première fois le type serpent d’une facon bien authen- tique. Les poissons sont également nombreux dans ces couches, et ils appartiennent principalement aux types que l’on rencontre actuelle- ment près des côtes ou même dans les eaux douces. Quelques-uns de ces types, dont des pièces osseuses ont été ici photographiées par transparence, vivent encore maintenant dans les grands fleuves de l'Amérique, ainsi l’'Amia et le Lépisoste; vous pouvez voir combien la structure de leurs vertèbres est élégante et délicate. Rien n'est plus difficile actuellement que de classer les poissons du groupe des requins et on a dû adopter, dans ces derniers temps, une classification basée sur la conformation intérieure du corps des ver- tèbres. Je n'ai pas besoin d'insister sur l'impossibilité d'appliquer le 880 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus souvent une telle méthode aux pièces paléontologiques qui, par leur rareté et leur fragilité, s'opposent à toute tentative de coupe. Avec les rayons Rüntgen, tout devient facile, et les moindres détails sont rendus apparents. Les renseignements fournis au point de vue de l’encéphale par les premiers mammifères, sont d'une importance de telle valeur qu'il suffit d'en parler. Parfois nous avons la bonne fortune de rencontrer des crânes dont la cavité en reproduit le contour; mais ces crânes sont si fragiles que nous devons nous abstenir de toute tentative d'ouverture. Les rayons Rüntgen nous fournissent un moyen précieux de tourner la difficulté, ainsi que vous pouvez le constater sur cette figure qui nous apprend que l’encéphale que nous pouvons ainsi étudier et qui est le plus ancien que l’on connaisse jusqu'ici pour le groupe des mammifères, offrait des lobes olfactifs très développés, des lobes cérébraux peu supé- rieurs comme volume aux lobes optiques, dont ils sont absolument distincts, ces lobes optiques étant eux-mêmes tout à fait séparés du cer- velet. C’est bien là un encéphale de reptile trouvé chez un mammifère authentique. Abordons maintenant l'étude des dents de remplacement chez les mammifères anciens, et voyons si on doit les rapprocher des marsu- piaux actuels qui n'ont qu'une dent de remplacement, ou des mammi- fères placentaires qui en présentent un nombre relativement considé- rable. J’ai déjà pu constater que les anciens mammifères de Cernay n'avaient que trois dents de remplacement. Ce n’était donc pas des marsupiaux vrais, contrairement à la doctrine jusqu'ici admise. Les rayons Rüntgen me permettront sans doute de corroborer, par l'étude de màchoires intactes, cette conclusion zoologique de première importance au point de vue de l’évolution. Je n’ai pas à insister ici sur la valeur de l'étude des dents considé- rées, soit au point de vue du contact des couronnes dentaires des deux mächoires, soit sur leur mode d’usure. Les rayons Rôüntgen nous donnent à ce sujet des renseignements complets, ainsi que sur la con- formation intérieure de la couronne et des racines. Ils nous fournissent par suite des moyens d'étude fort intéressants au sujet de la couche d’émail dont l’existence paraît constante chez nos mammifères anciens, qui, d'autre part, manquent toujours de la couche cémentaire. On sait qu'il peut en être tout autrement chez les mammifères actuels. Nous pouvons également préciser sur des dents absolument intactes, les proportions de la cavité de la couronne et de celle des racines si utiles à considérer, au point de vue de la pénétration des éléments nutritifs et par suite de l’élongation de la dent ou de sa chute plus ou moins rapide. Il en est de même des canaux dentaires qui parcourent les mâchoires. La nature de la fossilisation semble avoir une importance de premier SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 881 ordre sur les résultats obtenus. Les pièces osseuses provenant des envi- rons de Reims, paraissent particulièrement favorisées à ce point de vue. Toutefois, quelques échantillons qui ont manifestement subi une fossili- sation spéciale, se montrent réfractaires à la pénétration des rayons Rôntgen. On peut espérer, par suite, que les mêmes procédés de recherches seront applicables avec grande utilité aux études purement minéralo- giques. | J'ai joint aux reproductions des pièces osseuses, celles de coquilles fossiles non moins démonstratives, et vraisemblablement l'étude facile et complète de leur conformation intérieure devra prêter un précieux concours aux recherches malacologiques si importantes pour le paléon- tologiste. [612.31] NOUVELLES RECHERCHES SUR LA NON-EXISTENCE DE L'ACIDE URIQUE DANS LE TARTRE SALIVAIRE ET DANS L'EXTRÉMITÉ DES RACINES DE DENTS ENVA- HIES PAR LE TARTRE, par M. le D' V. GaLitPPE. (Deuxième note.) I. — Dans une première note publiée à la Société de Biologie (mai 1896) nous avions exposé un certain nombre d'expériences relatives à cette question et dont le résultat avait été constamment négatif. Une commu- nication faite à la même Société par M. le D' Boucheron, nous ayant inspiré quelques doutes au sujet de la sensibilité des procédés classiques employés par nous, nous avons institué de nouvelles expériences avec l’aide de notre préparateur, M. Ficquet. Nos expériences ont porté : 1° sur des solutions titrées; 2° sur de la salive. II. — Les solutions titrées ont été faites de la façon suivante : solu- tion À, contenant un gramme d'acide urique pour 1,000 grammes d’eau distillée (une goutte correspond à 0 gr. 0005 d'acide urique). La solution B renfermait 1 gramme d’acide urique pour 2,500 grammes d’eau (une goutte correspond à 0 gr. 000002 d’acide urique). La solution Crenfermait 1 gramme d'acide urique pour 10,000 grammes d'eau (une goutte correspond à 0 gr. 000005 d'acide urique). Dans ces solutions l'acide urique était converti en urate de potasse. Une goutte de chacune de ces solutions, examinée séparément, a fourni les réactions très nettes de la murexide, avec les procédés em ployés par M. Boucheron et par nous. III. — De la salive, dans laquelle on avait vérifié l'absence d’acide 882 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE urique, a été additionnée d'une goutte de chacune des solutions précé- dentes. Par les deux méthodes, on a caractérisé nettement la présence d'acide urique dans les échantillons de salive additionnés d'une goutte des solutions A et B. Le troisième (liqueur C) n’a rien donné. De ces expériences, on peut conclure que les méthodes classiques ont toute la sensibilité désirable pour mener à bien des recherches délicates. Toutefois, il faut prendre la précaution de ne pas agir à une tempéra- ture trop élevée, sinon les matières organiques prennent une coloration: jaunâtre qui masque les réactions de la murexide. Pour ces essais, on s’est toujours servi de solutions récentes d'acide urique. La netteté des réactions diminue au fur et à mesure que la solu- tion vieillit. Cette altération des solutions se produit même très rapide— ment, puisque c’est à peine si au bout de quelques jours on parvient à caractériser l'acide urique. On constate, du reste, facilement que ces solutions se sont altérées en les chauffant dans un tube à essai; le papier rouge de tournesol bleuit légèrement (1). . Si pendant l'été, les solutions étendues d’urate de potasse se détruisent au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, sous l'action des microorganismes, il est permis de supposer que si l'acide urique pré- sumé contenu dans le tartre salivaire, y figurait à l’état d’urate, il serait rapidement détruit également, par les microorganismes que l’on trouve dans la salive. Nous avons aussi recherché de nouveau la présence de l’acide urique dans neuf échantillons de tartre salivaire. Celui-ci d’abord pulvérisé, était traité, à chaud, par très peu d’eau faiblement alcalinisée par la potasse. Le liquide filtré était réparti dans trois capsules. Dans l’une on ajoutait deux gouttes d'acide azotique au tiers; la seconde était traitée de la même facon, et on y ajoutait une goutte de la solution À; à la troisième capsule, après addition de la même quantité d'acide, on ajoutait une goutte de la solution B. Les solutions évaporées en même temps et à la même température, ont donné les résultats suivants : avec le premier et le troisième échan- tillon, on n’a pas obtenu les réactions de l’acide urique. Le deuxième échantillon, au contraire, a donné une coloration rouge devenant pourpre par l’action de l’'ammoniaque et violette par la potasse. (1) Communication faite à la Société de Biologie, 23 mai 1896. Des expé- riences de M. Girard, il résulte que l'acide urique est décomposé par certains microorganismes en urée et en carbonate d'ammoniaque. Il est probable que l’urée, principal produit formé, subit ultérieurement l’action d’un microbe urophage qui l'hydrate et donne du carbonate d’ammoniaque. Ce qui semble l'indiquer, c'est d'abord la variation dans la quantité des produits de l’action biochimique, variation tenant à des cultures impures et ensuite ce fait que, dans quelques cas, on a obtenu de l’urée sans trace d’ammoniaque. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 883 —— Cependant la réaction, comparée à celle obtenue avec la salive traitée dans les mêmes conditions, est moins nette. Cela tient certainement à la présence d’une plus grande quantité de matières organiques et miné- rales. Dans aucun des neuf échantillons de tartre salivaire examinés, on n’a lrouvé d'acide urique. On a répété les mêmes essais sur les extrémités de dents extraites à la suite de pyorrhée alvéolaire et recouvertes de tartre. Les essais ont été également négatifs. Nous sommes done autorisé à maintenir les conclusions ne notre première note (1). Il résulte d’une lettre qu'a bien voulu m'adresser, au sujet de cette question, mon éminent confrère M. Ch. Tomes (de Londres), qu'il n’a pas été plus heureux que moi dans ses recherches sur l'existence de l'acide urique dans le tartre salivaire. M. Tomes a entrepris une série d'expériences sur des réactions colorées fournies par l’acide phénique ou certaines impuretés qu'il contient, et qui pourront jeter quelque lumière sur l'erreur probablement commise par certains expérimenta- teurs. NOUVEAU MILIEU POUVANT SERVIR A DIFFÉRENCIER LE BACILLE D'ÉBERTH DU BACTERIUM COLI (2), par M. Fézix Ramonn, Interne des hôpitaux. Depuis quelques années, les auteurs se sont efforcés de trouver un milieu de culture capable de différencier le bacille d'Eberth du bacterium coli. Citons, pour mémoire, les méthodes de Spina (3), d'Abundo (4), de Nœgerath, de Grancher et Deschamps, de Max-Holz, et enfin de Gasser (5), méthodes qui ne sont plus guère employées depuis la publication de M. Würtz(6). Cet auteur, mettant à profit la remarque de Chantemesse et Widal sur la mise en liberté d'acide succinique par le bacterium coli cultivé en bouillon lactosé, préconisa les milieux tournesolés : le bacterium coli ensemencé faisait virer au rouge; le bacille d'Eberth laissait à ce milieu sa belle coloration violet améthyste. Cet ingénieux procédé est très utile dans les laboratoires ; il est passible cependant de quelques objections : la couleur violet (1) Travail du laboratoire de la Clinique d’accouchements. (2) Voir la Presse médicale, 8 août 1896. (3) Spina. Centralbl. für Bakt., 1887, t. II, p. 71. (4) Arundo. Riforma med., décembre 1887. (5) Gasser. Arch. méd. exp., 1890, p. 750. (6) Würtz. Arch. méd. exp., 1892. B10LOG1E. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE. 7. LI. 67 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE améthyste n'est jamais franche, et présente souvent un reflet rougeâtre, si l’on n’a pas soin d'employer une teinture absolument pure. De plus le tournesol bleu est un réactif relativement peu sensible; il faut une dose d'acide assez notable pour le faire virer. Ainsi nous avons eu à notre disposition un bacille d'Eberth prétendu authentique. Le lait ensemencé avec ce bacille n’était pas coagulé au bout de quinze jours; la gélose tournesolée restait indéfiniment bleue. Nous fûmes donc très étonnés de voir, vers le vingtième jour, le lait coagulé, alors cependant que la gélose n'avait subi aucune modification. Aussi, suivant les conseils de M. Chauffard, avons-nous cherché un milieu coloré plus sensible et à réactions plus nettes. Nous avons d’abord expérimenté la phthaléine du phénol; la phtha- léine est un révélateur d'acide extrêmement sensible, elle vire au rouge sous l'influence d’une trace d’alcali; et redevient incolore si l’on sature cetle trace d’alcali par un acide, tel que l’acide lactique. Les résultats obtenus ont été médiocres. Nous avons essayé d’autres réactifs; certains nous ont donné des résultats encourageants, entre autres le vert brillant : il se décolore en milieu alcalin, redevient vert en milieu acide. De même encore pour le violet acide ou sauvenviolett des Allemands. Remarquons cependant que les géloses traitées par une des matières colorantes précédentes, puis décolorées, ne reprennent pas absolument leur limpidité primitive. Elles gardent un très léger reflet verdàtre qui nous les a fait rejeter. Ce sont les milieux préparés à la rubine acide qui nous ont donné les virages les plus nets. Une solution de rubine alcalinisée se décolore, surtout à chaud. Une goutte d'acide la recolore immédiatement. Nous avons mis à profit cette réaction pour apporter une variante au milieu préconisé par M. Würtz. On prend un tube de gélose nutritive (ou gélatine) de 5 à 6 centimètres cubes, lactosé à À p. 100; la gélose est liquéfiée et colorée avec quelques grains de rubine acide, jusqu'à teinte rouge cerise. On porte le tube à 70-80 degrés, et on ajoute deux gouttes de solution aqueuse saturée de carbonate de soude. A cette température, la gélose se décolore presque instantanément; à 50 degrés centigrades, il faut un certain temps. L'on doit donc opérer à chaud. Sous l'influence de l'alcalinisation, il se précipite des sels terreux; ce qui nécessite une filtration sur papier filtre ordinaire. On recueille ainsi une gélose absolument décolorée et transparente. On la stérilise à 105 degrés centigrades pendant cinq minutes, et l’on a un milieu tout préparé. Si maintenant on ensemence du bacterium coli sur cette gélose décolorée, en quelques heures la gélose vire au rouge intense; le bacille d'Eberth n'amène aucun chan- gement (1). (4) Dans la pratique on opérera, bien entendu, sur de plus grandes masses de gélose, tout en conservant les proportions ci-dessus indiquées. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 885 Cette gélose à la rubine est un réactif d’une extrême sensibilité : nous avons ensemencé sur un tube de gélose ainsi préparé le bacille d'Eberth que nous pensions authentique, et dont il a été question plus haut. Tout le milieu était déjà recoloré en 24 heures: il avait été inutile d'attendre un mois la coagulation du lait pour porter un diagnostic ferme et précis. La gélose tournesolée ensemencée le même jour, c'est-à-dire il y a trois mois, reste uniformément bleue. Si maintenant on coule dans une boîte de Pétri un tube de gélose ou de gélatine à la rubine, et ensemencé avec une trace de culture mixte de bacterium coli et de bacille d'Eberth, on obtient, au bout de 24 à 36 heures, un aspect des plus saisissants : les colonies de bacterium coli apparaissent rouges, tandis que celles du bacille d'Eberth sont claires et transparentes; le contraste est frappant. Inutile de rechercher, comme pour le milieu d’Elsner, des variations de réfringence ou d'opacité; l'œil le moins exercé saisit la différencialion. De plus, grâce à son haut degré d’alcalinisation, ce nouveau milieu offre, semble-t-il, un autre avantage sur la gélatine d’Elsner : il est peu favorable au développement des divers microbes de l'intestin, surtout du subtilis. Les bacilles d'Eberth et d’Escherich, par contre, s'y développent abon- damment. SUR UNE BACTÉRIE PRODUISANT PLUSIEURS COULEURS (BACILLE POLYCHROME), ‘ par M. GEORGES Tuiry, Préparateur d'hygiène à la Faculté de médecine. (Communication faite à la Réunion biologique de Nancy. Cette bactérie intéressante au point de vue de la biologie générale fut deux fois isolée d'eaux de puits par M. le professeur Macé. Elle semble « un chromogène à tout faire », donnant facilement dans les cultures les trois couleurs fondamentales et par leur mélange les diverses couleurs spectrales. Déjà divers travaux (Charrin, Guignard, Wasserzug, etc.) avaient montré qu'un agent chromogène peut être susceptible de nota- bles variétés dans son activité, mais rien ne laissait prévoir toute l'étendue de ces variations, non seulement dans l'intensité et la modalité, mais aussi dans la qualité. Les caractères de ce microbe paraissent assez constants et assez importants pour justifier une distinction spéci- fique. C’est le plus souvent un bacille court, lentement mobile, gardant le Gram, dont la forme ne semble pas liée à ses multiples fonctions; il serait doué d’une assez grande végétabilité, puisqu'il m'a été possible de le propager en culture depuis 14894. C'est sur pommes qu'il conserve au mieux ses propriétés (parfois six mois). La gélatine est fortement 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liquéfiée, le sérum coagulé également. C’est un anacrobie facultatif. Ce bacille ne semble pas pathogène pour les grenouilles et pour les cobayes : un de ces derniers a pu recevoir en injection péritonéale jusqu'à 10 centimètres cubes sans manifestations pathologiques. Sa fonction chromogène est peu influencée par la lumière et par la pression, mais est bien plus sensible à la température : à 36-37° C. les cultures sont incolores, elles se teignent bientôt si on les sort de l’étuve. Leur coloration relève à la fois du phénomène de la fluorescence et du dichroïsme. On ne peut même soupconner ce qui détermine telle ou telle fonction pigmentaire; il ne paraît pas que ce soit uniquement l'aliment. Avec des cultures aussi homogènes que possible (au sens que Wasserzug attache à ce mot) on obtient sur les mêmes milieux les colorations les plus différentes. En 1893, Charrin présentait à la Société de Biologie une pomme de terre à la surface de laquelle on voyait des colonies de B. pyocyanique : brunes, jaunes et marron, à côté de colonies vert-bleu. Nous avons observé une fois chez notre bacille des colonies plus bigarrées encore : violettes, roses, vertes, jaune vert, jaune d’or, marron, bleu indigo. Cependant normalement, tout le tubercule se colore en bleu indigo pur, tandis que la colonie très luxuriante est uniformément bleu grisätre ou parfois violette. Sur gélatine peptonisée à l’eau, le pigment est vert émeraude, sur gélatine peptonisée au bouillon, le pigment diffusé est - rouge vif; sur bouillon aucune fonction chromogène ne s’est jamais manifestée. Les solutions de pigment obtenues (les unes alcooliques, les autres aqueuses) : vertes (instables), rouges, jaunes, bleu-violet (plus stables) présentent divers spectres d'absorption et des réactions carac- téristiques. Ainsi une solution aqueuse bleu-violet (obtenue de culture de 17 jours sur carotte) devient rouge par les acides azotique et sulfu- rique, rose par l’ammoniaque, verte par la potasse (solution à 40 p. 100) et par la soude (10 p.100). Nous ne sommes pas parvenus à faire cris- talliser le pigment de ces solutions ; nous avons seulement vu le pigment bleu parfois emprisonné dans la formation de cristaux d'oxalates ou de phosphates ammoniacaux magnésiens. Souvent spontanément appa- raissent dans les cultures sur gélose ou sur pommes d'importants amas de formations cristallines d'un bel indigo foncé très semblables comme forme à l’indigo urinaire. De telles formations bleues n'ont pas encore été signalées à notre connaissance chez les bactéries, mais il faut peut-être les rapprocher des raphides verts que MM. Guignard et Sauvageau ont décrits chez le B. chlororaphis. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 887 SUR L'ORIGINE DU PLASMODIUM ET DES CRISTAUX DANS LES LITHOCYSTIS (1), par M. Louis LÉGER. Note présentée par M. A. GraRp. Le Zithocystis Schneideri découvert par M. Giard en 1876 est un curieux Sporozoaire qui vit en parasite dans la cavité générale de l'Echinocardium cordatum. On le trouve communément, appliqué contre la face interne du test de l’Oursin, sous la forme de masses plasmodiales noirätres, irrégulières, englobant une quantité de kystes sphériques, remplis de spores et renfermant en outre une sphérule opaque entière- ment constituée par des petits cristaux appartenant au système cli- norhombique. Ces cristaux paraissent formés par de l’oxalate de chaux comme le montre l'analyse microchimique et comme l’a déjà indiqué M. Giard. Les recherches que j'ai entreprises au laboratoire de Wimereux m'ont permis de déterminer d’une façon certaine, la nature de ce parasite ainsi que l'origine des productions particulières qu'il comporte. En examinant attentivement le liquide cavitaire d'un grand nombre d'Oursins vivants, j'ai fini par rencontrer, le plus souvent dissimulées sous les circonvolutions intestinales, des Grégarines monocystidées normales, libres, à différents états de développement. Les unes très petites comme les corpuscules falciformes des spores mûres; d'autres plus grosses, puis adultes, très agiles, avec un myocyte bien net et un beau novau ; enfin d’autres, de forme plus massive, à mouvements lents, et voisines de la période d’enkystement. On peut ainsi rencontrer tous les états intermédiaires entre la jeune Grégarine monocystidée etles kystes à cristaux du ZLithocystis. Il n’est donc pas douteux que ces kystes dérivent directement de la Grégarine qui vit dans la cavité générale de l’'Oursin. En suivant pas à pas l’évolution de cette Grégarine, je suis arrivé à reconnaitre l’origine des cristaux et la nature des masses plasmodiales dont la présence donne à ce parasite un caractère si particulier. A. — Cristaux. Si l'on examine une Grégarine de l'Echinocarde, soli- taire ou conjuguée, sur le point de s’enkyster, c'est-à-dire lorsqu'elle commence à prendre une forme massive et à ralentir ses mouvements, on verra que son entocyte renferme, outre les granulations et le noyau, une grande quantité de vacuoles sphériques claires dont la plupart mon- trent déjà, à leur intérieur, un tout petit cristal en voie de formation. Dans les individus encore plus avancés, presque enkystés, les cristaux sont complètement formés et il y en a toujours un seul dans chaque (4) Travail fait au Laboratoire de zoologie de Wimereux-Ambleteuse. 838 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vacuole. Plus tard, lorsque le kyste est complètement formé, les vacuoles disparaissent, leur contenu se répand dans le kyste où il contribue à séparer les spores par petits bouquets, tandis que les cristaux se réunis- sent au centre pour former la sphérule cristalline. Telle est l’origine des cristaux du Lithocystis. Leur mode de formation permet de les considérer comme un véritable produit d’exerétion de la Grégarine apparaissant aussi dans des vacuoles excrétoires. Leur nature calcaire s'explique par la richesse en sels de chaux du liquide cavitaire de l'Oursin dans lequel vit la Grégarine. Aumoment de la reproduction, c'est ce produit plus ou moins modifié par l'animal et devenu inutile et même gênant pour la division du protoplasma, qui s’isole du reste de l'individu, sous forme de cristaux. B. — Masses plasmodiales. Les Grégarines jeunes et adultes de l'Echi- nocardium sont douées de mouvements vifs, dont l'intensité augmente encore dans les couples en état de conjugaison (1) pour diminuer ensuite peu à peu à l'approche de l’enkystement. À ce moment, les amæbocytes de la cavité générale de l’Oursin qui n'avaient pu jusque-là prendre pied sur le jeune parasite à cause de ses mouvements violents et continus, commencent à se fixer à sa surface et bientôt le kyste en est complètement recouvert. IL présente alors un aspect extrêmement curieux dû à ce que chacun des phagocytes qui l’emprisonnent comme un réseau, émet vers l'extérieur un pseudopode long etrigide dirigé normalement à la surface du kyste. Celui-ci apparaît alors comme un organisme ovoïde hérissé de pointes aiguës et disposées avec une remarquable régularité. Sous la pression du couvre-objet, un grand nombre de phagocytes abandonnent le kyste et, s’'échappant par leur pseudopode libre, vont bientôt former une sorte de réseau aux alen tours, en s’anastomosant par leurs prolongements. Le carmin acétique montre un beau noyau dans chacun d’eux. À mesure que le kyste mürit, les phagocytes se bourrent de granula- tions et de produits pigmentaires ; ils se déforment et finalement entrent en voie de dégénérescence, constituant ainsi, autour des kystes mürs, ces sortes de masses plasmodiales granuleuses, fortement pigmentées, qui caractérisent le Lithocystis. Ces masses plasmodiales dans lesquelles un examen attentif montre des phagocytes à tous les états : jeunes, très actifs, vieux, pigmentés et immobiles, morts, granuleux et altérés, sont donc le résultat de la lutte de l'organisme contre le parasite envahisseur. L'étude de leur formation montre un des exemples les plus beaux et les plus frappants de ladmi- rable théorie de Metchnikoff. (1) Cette conjugaison se fait d'une facon très bizarre, les individus étant seulement accolés par une faible surface de leur tégument située environ à la moitié de leur longueur comme chez Diplozoon. " : SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 889 Conclusions. — Le Lithocystis Schneideri est une Grégarine monocys- tidée normale vivant dans la cavité générale de l'Oursin. Les cristaux sont un produit d’excrétion de la Grégarine. Les masses plasmodiales pigmentées sont les débris des phagocytes de l’Oursin qui ont succombé pour sa défense. BACTÉRIENS DE LA CANNE A SUCRE, par M. F. DEBRAY. Note présentée par M. A. Grarp. J'ai eu récemment connaissance d’un travail de Janse (1) par l'analyse qui a été publiée dans le Botanischer Jahresbericht (1892, IT, p. 262). D’après cette analyse le Sereh, maladie grave de la canne, qui, je crois, doit être attribuée à la Brunissure (2), serait due à des Bactériens, et voici comment Janse l’établit : Il fait cuire pendant dix minutes avec de l’eau de pluie dans un appa- reil stérilisé des disques coupés dans les nœuds de la canne, et voit apparaitre après deux jours sur la surface de la coupe de petits amas gommeux qui se fondent graduellement en grosses masses. Ces masses gommeuses sont composées de Bactériens munis d’enveloppes gélati- neuses épaisses. Pour résoudre la question de l’origine des Bactériens, l’auteur a examiné isolément l’air, l’eau de pluie et la canne elle-même, et est arrivé à la conclusion que les Bactériens proviennent de cette dernière et préexistent dans la plante vivante Ces Bactériens appartien- nent à deux espèces qu’il nomme Bacillus Sacchari et Bacillus Glagæ et se rencontrent aussi chez quelques autres plantes; malheureusement l'analyse que j'ai entre les mains n'indique pas leurs caractères. J'ai répété l'expérience précédente en faisant bouillir dix minutes des disques de cannes récoltées à Alger, placés en tubes à cultures, et deux jours après je voyais apparaitre des masses gommeuses blanchâtres dans lesquelles l'examen microscopique démontrait la présence de deux organismes : 4° Des filaments de 2 y de diamètre à contour peu net, à contenu incolore, cloisonnés en une série d'articles et présentant des parties réfringentes d’une longueur d’une fois et demie à deux fois le diamètre, ayant l'aspect des spores de Bactéries. Je n'hésiterais pas à considérer ces filaments comme des Bactéries si leur diamètre relativement très élevé ne laissait subsister un doute à cet égard. (1) Het Vorkomen van Bacterien in Suikerriet. (2) Debray et Brive. La brunissure chez les végétaux; ses caractères, le parasite qui la produit. Extrait de la Revue de viticulture, 1895, p. 18. 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 En bien moins grande abondance un Bacillus de 1/2: de diamètre. J'ai voulu ensuite m'assurer si ces Bactériens ne provenaient pas de la surface de la canne et non pas de son intérieur; c'est ce que prou- vent les expériences suivantes : Un fragment d'une canne semblable à la précédente, pris sur le même pied, lavé à l’eau sucrée stérilisée, puis lavé avec une solution de bichlorure de mercure et séché, fut enfin coupé de manière à en tirer quelques disques, avec des instruments stérilisés. La canne ainsi lavée fut bouillie dix minutes comme précédemment et ne fournit aucune trace de Bactériens ni extérieurement, ni intérieurement, bien que les sections elles-mêmes n’eussent pu être touchées par le sublimé. — Un tube stérilisé contenant de la gélatine fut rempli de l’eau sucrée du lavage précédent, puis vidé. Il présenta, quelques jours après, sur la surface de la gélatine, de petites colonies blanchâtres semblables d'aspect à celles obtenues sur les disques de cannes dans ma première expérience et présentant à l'examen microscopique des filaments de 24 de diamètre en tout point semblables aux premiers ; le petit Bacillus d’un 1/2 de diamètre n’a pas été retrouvé ici, ce qui peut être attribué à sa rareté. Il me semble démontré que ces organismes sont localisés à la surface du végétal et ne peuvent, par conséquent, être considérés comme [a cause de la maladie de Sereh. POUVOIRS ZYMOTIQUES COMPARATIFS DES PANCRÉAS DE BOŒUF, CHIEN, MOUTON ET PORC, PAR RAPPORT A LA GÉLATINE, par M. N. FLoREsco. (Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) J'ai étendu à la gélatine l’étude de l'action digestive des pancréas des mammifères que j'avais examinés par rapport à l’amidon et à la fibrine. Il s’agit de comparer l'énergie des poids égaux de pancréas de ces divers animaux, toutes choses égales d’ailleurs. J'ai employé la gélatine blanche du commerce, débarrassée de ses sels (chlorures) par séjour dans l’eau distillée glacée. Cette eau est renouvelée jusqu'à ce qu'elle ne donne plus de précipité avec le nitrate d'argent. Quant aux pancréas, j'ai employé le tissu frais des animaux pris dans les mêmes conditions; tantôt en digestion; tantôt à jeun, depuis 24 heures pour le chien, 48 heures à 60 heures pour les autres animaux. On coupe en gros morceaux 50 grammes de tissu pancréatique; on les jette dans l'alcool à 95 degrés où on les laisse 24 heures; puis les morceaux sont hachés et mis dans les mêmes liqueurs diluées avec = SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 891 l’eau distillée, de manière à avoir le titre alcoométrique de 25 degrés. Après une macération de 8 jours à la température du laboratoire, les liqueurs sont filtrées et ramenées au titre alcoométrique de 15 degrés. On prend parties égales de ces liqueurs, choisies, comme on le voit, de manière à être comparables: on en extrait le ferment digestif par évapo- ration à 38 degrés et reprise par l’eau distillée. Ce sont ces volumes égaux de solutions aqueuses que l'on emploie comme solutions digestives. On mélange volumes égaux de solution aqueuse digestive (10 centi- mètres cubes) et de gélatine en solution forte (20 p. 100), de manière qu'en définitive la solution est à 10 p. 100 de gélatine. On met à l'étuve à 38 degrés, et pour pratiquer l'examen des transformations subies par la gélatine on refroidit brusquement à la glacière, arrêtant ainsi les actions zymotiques. EEE 30 min. 4 Dh. 4 h. 30 3 h. 30 6h. Liq. pancr. de chien . 10%. Gélifiable : Gélifiable : Ingé- Ingé- Liquide. Gélatine à 20 0/0 . . 10cc. 1/8 du très petite lifiable. lifiable. vol. total. fraction. Liq. pancr. de pore . . 10e, Gélifiable : Gélifiable : Ingé- Ingé- Liquide. Gélatine à 20 0/0 . . 10. 1/8 du petite lifiable. lifiable. vol. total. quantité. Liq. pancr. de bœuf. . 10c, Gélifiable : Gélifiable : Gélifiable : Ingé- Liquide. Gélatine à 20 0/0 . . 10c. plusl/8du petite très petite lifiable. vol. total. quantité. quantité. Liq. pancr. de mouton. 10cc. Gélifiable : Gélifiable : Gélifiable : Gélifiable : Liquide. Gélatine à 20 0/0 . . 10cc. 1/4 du 1/6 du 1/8 du petite vol. total. volume. volume. quantité. EEE Dans un mémoire publié avee mon maitre, M. le professeur A. Dastre, sur la gélatine (Archives de Phys., octobre 1895), nous avons donné les propriétés caractéristiques qui permettent d'apprécier les transfor- mations de la gélatine : c’est-à-dire le pouvoir de la gélification et les réactions suivantes : avec le sulfate d'ammoniaque à saturation, le NaCI à saturation additionnée d'acide acétique (30 p. 100) et le chlorure de platine. En se servant de ces caractères : on constate que le pouvoir de gélification est perdu rapidement sous l'influence du pancréas de chien et de porc, action appréciable après 5 minutes, terminée après 4 h. 30; moins vite pour le pancréas de bœuf et très tard pour celui de mouton : après 3 h. 30, on trouve encore de la gélatine non transformée. Avec le sulfate d'ammoniaque et le chlorure de platine, on peul démontrer l'existence de protogélatose et deutérogélatose dans toutes les digeslions pancréatiques. Après 3 h. 30 les mêmes réactifs fournissent 892 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE encore, dans les digestions pancréatiques du chien, un précipité peu abondant; plus abondant pour le porc et le bœuf et très abondant pour le mouton. Après 6 heures, il n’y a plus de précipité dans la liqueur pancréatique du chien : donc seulement de la gélatine-peptone, des traces dans celles du porc et du bœuf et une petite quantité dans celle du mouton. Par ordre décroissant d'activité zymotique sur la gélatine, nous avons. celles du chien, porc, bœuf et mouton. Conclusions. — Le pouvoir zymotique du pancréas du chien sur la gélatine est le plus grand; viennent ensuite ceux de porc, bœuf. Le pou- voir zymotique du pancréas du mouton est le plus faible. [612.172.3] ETUDE SUR QUELQUES POINTS DE L'EXCITABILITÉ PÉRIODIQUE DU CŒUR, par M. DENIS COURTADE. (Travail du laboratoire de M. François-Franck.) M. Marey, étudiant en 1876 l’excitabilité du cœur, trouve : 1° Qu'il existe une période réfractaire aux excitations correspondant au début de la phase systolique : l'excitation ventriculaire produite en ce moment reste sans effet. C'est ce qu'il appelle la loi d’inexcitabilité périodique. 2 Pendant l’autre partie de la systole et pendant la diastole le cœur réagit aux excitations, mais avec un temps perdu assez long, et qui va en diminuant à mesure que le cœur est irrité dans une phase plus rapprochée de la diastole. Cette secousse surajoutée n’altère pas cepen- dant le rythme du cœur. M. Marey a en effet démontré qu'après chaque contraction provoquée il se produit un repos compensateur qui dure le temps nécessaire pour que, dans un même temps, ait lieu un même nombre de pulsations. C’est la loi d’uniformité du travail du cœur. Je me propose, dans cette communication, d'étudier à quoi est dû le retard de la contraction ventriculaire provoquée. Le ventricule est complètement inexcitable pendant le début de la systole, du moins dans les conditions ordinaires et avec des courants faibles et moyens. Plus on se rapproche de la diastole et plus le ventri- cule devient excitable : mais c’est alors que survient ce fait remarquable consistant en un retard, pouvant se chiffrer par des dixièmes de seconde, alors que dans les autres muscles à contractions rapides le temps perdu n’est que de quelques centièmes de seconde. Cette longue période latente serait-elle spéciale au muscle cardiaque ? J'ai excité un muscle cardiaque détaché depuis un certain temps et SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 893 ne présentant que quelques rares contractions spontanées et le temps perdu n’a pas été supérieur à trois centièmes de seconde. En ex aminant bien les diverses phases de la contraction cardiaque, je me suis alors aperçu que cette période que l’on observe n’est pas due à l'excitation ventriculaire mais à l'excitation de l'oreillette produite par un courant dérivé. Si l’on observe ce qui se passe du côté de l'oreillette lorsque l’on excite le ventricule on voit que : 1° Si l'excitation a lieu tout à fait au début de le systole ventriculaire, l'oreillette ne présente aucun phénomène. 2% Si l’excitation se fait à une période plus avancée de la systole, on voit l'oreillette, alors en pleine diastole, se contracter, et la contraction du ventricule ne fait que succéder à la contraction auriculaire. 3° Lorsque l'excitation a lieu à la fin de la systole ventriculaire ou pendant la diastole, on observe une contraction simultanée du ventri- cule et de l'oreillette. Dans quelques cas, surtout quand le courant est faible, on voit une contraction ventriculaire apparaître d’abord et être suivie d’une contraction auriculaire : le rythme du cœur paraît renversé. On peut même prolonger pendant longtemps ce rythme renversé au moyen d'excitations faites au début de chaque diastole ventriculaire. Mais lorsqu'on cesse l'excitation, le rythme redevient normal et com- mence par une contraction de l'oreillette, de sorte que deux secousses auriculaires se suivent immédiatement. En résumé, le ventricule du cœur de la grenouille est inexcitable non seulement au début, mais encore pendant la plus grande partie de la systole pour des courants faibles et moyens. S'il se produit des contrac- tions ventriculaires paraissant précédées d’une longue période latente, cette extra-contraction n’est pas le fait d’une excitation directe du ven- tricule, mais succède à une contraction de l'oreillette, contraction pro- voquée elle-même par une excitation dérivée. SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS DES SOLUTIONS AQUEUSES CHLOROFORMÉES DE FERMENT OXYDANT DES CHAMPIGNONS, ET SUR LA DURÉE DE L'ACTIVITÉ DE CES SOLUTIONS, par M. Em. BOURQUELOT. Les faits relatés dans ma note du 18 juillet dernier (1) montrent que, pour tous les champignons que j'avais examinés à cette date, les propriélés oxydantes de la macération aqueuse chloroformée de ces végétaux peuvent être mises en évidence, lorsqu'elles existent, aussi bien par la coloration bleue qu’elles donnent avec la teinture de résine de gaïac que par la coloration noire qu’elles donnent avec la tyrosine. (1) Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1896, p. 811. 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'une facon générale, la seconde de ces réactions (coloration noire avec la tyrosine) ne se produit pas avec les liquides oxydants retirés des végétaux phanérogames. Du moins en est-il ainsi pour les plantes signa- lées par Schœnbein comme riches en substances oxydantes, telles que la laitue, le sénecon, le pissenlit. Ces plantes donnent, par trituration avec du sable et de l’eau chloroformée, des solutions qui colorent immé- diatement et fortement la teinture de gaïac, mais n’agissent pas sur la tyrosine. Ce n’est pas là la seule différence existant entre ces deux groupes de solutions oxydantes. Schœænbein a fort bien étudié les solutions oxydantes des végétaux phanérogames que je viens de citer. Il a constaté : 1° que ces solutions perdent peu à peu leurs propriétés oxydantes, surtout lorsqu'on les expose à la lumière; 2° qu’elles ne colorent pas la teinture de gaïac en présence de traces d'acide cyanhydrique; 3° qu'elles colorent en bleu l'empois d’amidon renfermant de l'iodure de potassium et légèrement acidulé ; 4° enfin, qu’elles détruisent l’eau oxygénée. J'ai répété les expériences de Schœnbein sur ce sujet, en opérant avec la laitue, et j'ai reconnu l'exactitude des faits signalés par ce chimiste. D'autre part, j'ai fait comparativement des expériences analogues avec un liquide obtenu en triturant une russule, le 2. delica, — champignon qui, comme je l’ai indiqué (1), convient parfaitement pour ces sortes de recherches — avec du sable et de l’eau chloroformée et filtrant. J'ai ainsi reconnu que ce liquide colore l'empois d’amidon ioduré et décom- pose l’eau oxygénée, comme le fait le liquide préparé avec la laitue, — peut-être un peu moins rapidement, — mais se conserve beaucoup plus longtemps, et est beaucoup moins sensible à l’action de l'acide cyan- hydrique (2). Il y avait surtout intérêt (au point de vue de l'emploi des solutions oxydantes obtenues avec les Champignons) à déterminer la durée de l’activité de ces solutions. Ayant eu à ma disposition, dès le commen- cement de juillet, des À. delica et quelques autres espèces riches en ferments oxydants, il m'a été possible d’instituer, sur ce point, quel- ques recherches suffisamment prolongées. J’ai déjà eu l’occasion de dire que, pour le 2. delica, ces solutions peuvent conserver leur activilé au moins pendant 20 jours; en réalité, si le vase qui contient ces solu- tions est plein, s’il est additionné de quelques gouttes de chloroforme et placé dans une armoire à porte pleine, l'activité peut se conserver pendant 6 semaines à 2 mois. Voici, d'ailleurs, sur ce sujet, quelques-unes des observations que j'ai pu faire jusqu'ici. (1) Ac. des Sciences, séance du 27 juillet. (2) Journ. de Pharmacie et de Chimie [6], IV, p. 145, 1896. SÉANCE DU 71 NOVEMBRE 895 Toutes les solutions dont il est question ont été préparées en triturant À partie de champignon avec 1 partie de sable lavé et 5 parties d’eau saturée de chloroforme. Elles étaient parfaitement limpides. Dans tous les cas, on a ajouté, pour plus de sécurité, quelques gouttes de chloro- forme. 1° (15 juillet). — Solution préparée avec R. delica. Cette solution a été exposée pendant 8-heures à la lumière solaire directe, puis conservée à la lumière diffuse dans un tube à essai à moitié plein et bouché. Cette solution agissait encore le 5 septembre sur teinture de gaïac, gaïacol et tyrosine. Le 27 octobre, elle n'agissait plus que sur les deux premiers de ces réactifs. 2° (30 juillet). — Mélange de diverses russales (R. faetens, delica et virescens). Cette solution a été conservée, comme celles qui suivent, dans uue armoire non vitrée. Le 27 octobre, elle agit encore sur les trois réactifs. 3° (2 août), — Mélange de diverses russales (delica, furcata, cyanoæantha). Le 27 octobre, la solution agit encore vivement sur gaïac et gaïacol; n'agit plus tyrosine. 40 (3 août). — R. rosacea Fr. Le 27 octobre, colore encore fortement la tein- ture de gaïac et agit à peine sur gaïacol et tyrosine. Toutes les autres solutions conservées depuis le 4 août, et certaines d’entre elles ont été préparées avec les Lactarius zonarius (17 août) et velutinus (23 août), agissent encore sur les trois réactifs. De ces solutions, la plus intéressante, jusqu'ici, est celle du 2 août, qui n’agit plus sur la tyrosine. J'ai voulu savoir s'il existait encore d'autres composés, parmi ceux qui sont oxydés sous l'influence du fer- ment oxydant des Champignons, sur lesquels cette solution n'exerçait plus d'action. J'ai ainsi trouvé que si elle agissait encore sur naphtol «, vératrol, vératrylamine, créosol, elle n’agissait plus sur anisol, phé- néthol, vanilline, et qu’elle n’agissait plus de la même facon qu'elle le faisait à l’état frais sur l’eugénol et la saligénine. Avec ce dernier corps en particulier, on ohserve la formation d’un trouble blanchâtre et on percoit une odeur très nette d’aldéhyde salicylique ; tandis que, primi- tivement, on obtenait un précipité brunâtre, le mélange ne présentant à aucun moment l'odeur d’aldéhyde salicylique. On peut, à la rigueur, expliquer ces faits en supposant que la solution primitive contenait deux ferments oxydants, chacun agissant sur un groupe déterminé de substances oxydables, et en admettant que l’un de ces deux ferments s'est détruit avant l’autre. C’est là une hypothèse analogue à celle qui a été émise récemment par M. Bertrand à l’occasion de ses recherches sur l’action de la chaleur sur une solution oxydante obtenue également avec le Z. delica (1). Je crois cependant prudent de ne pas me prononcer définitivement sur ce point. (4) Comptes rendus Ac. des sciences, séance du 14 septembre 1896. 896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'EMPLOI DU GAÏACOL COMME RÉACTIF DES FERMENTS OXYDANTS, par M. Ém. BouRQuELOT. La teinture de résine de gaïac est, depuis Schœænbein, considérée comme un réactif très sensible des substances organiques oxydantes. Ce réactif présente cependant quelques inconvénients. En particulier, il s'altère à la longue et perd de sa sensibilité ; de plus, la résine de gaïac, qui en est la base, est un produit complexe dont la composition est imparfaitement connue. Dans ces derniers temps, j'ai proposé d'employer, dans le même but, une solution aqueuse de gaïacol, corps bien défini qu'on peut se pro- curer facilement à l’état cristallisé et pur (1). Lorsqu'on ajoute à cette solution quelques gouttes d'une macération de À. delica, par exemple, on voit, presque aussitôt, le mélange prendre une belle teinte rouge orangé. Plus tard, la couleur se fonce et il se fait un précipité rouge grenal. La gaïacol présente, d’ailleurs, avec le composé bleuissant de la résine de gaïac, des ressemblances et des différences sur lesquelles je crois utile d’insister. 4° La solution de gaïacol, comme la teinture de gaïac, est oxydée non seulement par les substances oxydantes des champignons, mais encore par celles de diverses phanérogames (gomme arabique, gomme d’abricotier); 2 On peut se servir, comme dissolvant de la résine de gaïac, d’une solution aqueuse d’hydrate de chloral (Schaer); de même, la solution d’hydrate de chloral dissout de fortes proportions de gaïacol, et le liquide que l’on obtient est coloré en rouge orangé par les ferments oxydants qui colorent la solution aqueuse de gaïacol ; 3° La matière colorante bleue de la teinture de gaïac oxydée est détruite lorsqu'on ajoute quelques gouttes d’alcali, ou lorsqu'on chauffe vers 100 degrés. Il en est de même pour la matière rouge que l'on vient d'obtenir en faisant agir le ferment oxydant sur la solution de gaïacol ; 4° Schônbein, au cours de ses recherches sur les substances oxydantes, a fait la remarque suivante qui est très curieuse : Lorsqu'on a déterminé le bleuissement de la teinture de gaiac à l’aide d’un oxydant, si l’on ajoute de l’aniline au liquide, la couleur disparaît. Le composé bleu (ozonide), semble-t-il, est désoxydé et cède son oxygène au composé oxydable ajouté. | On observe des faits analogues avec la solution de gaïacol; divers corps sont susceptibles d'enlever l'oxygène au gaïacol oxydé. Le naphtol, en parti- culier, le fait d’une facon très apparente. L'expérience est rendue très démon- strative en opérant de la facon suivante : A une solution aqueuse de gaïacol, on ajoute quelques centimètres cubes (4) Comptes rendus Ac. des sciences, séance du 3 août 1896. SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 897 d’un liquide actif. Au bout de quelque temps, le mélange est devenu trouble par suite de la formation du précipité rouge grenat ; on l’additionne alors de quelques centimètres cubes d'une solution d’«-naphtol («-naphtol 0 gr. 50 ; alcool absolu 25 centimètres cubes ; eau pour 100 centimètres cubes). Bientôt la couleur rouge disparaît pour faire place à la couleur bleuâtre que donne le naphtol x avec le ferment oxydant. On peut s'assurer qu'il re reste plus de gaïacol oxydé. Si, en effet, on agite le liquide avec de l’éther, celui-ci ne se colore pas ou se colore très légère- ment en mauve. S'il y avait encore du produit d'oxydation du gaïacol, l’éther se colorerait en jaune foncé. On peut d’ailleurs faire l'expérience en solution alcoolique et même en solution éthérée. En solution alcoolique, la décoloration se fait en quelques minutes; en solution éthérée, la réaction est un peu plus lente. Chose curieuse, le naphtol $, employé de la même facon, n’agit pas ou n’agit qu'avec une extrême lenteur sur le gaïacol oxvdé. Voici, d'autre part, une expérience dans laquelle on constate que le gaïacol et la résine de gaïac présentent des différences comme réactifs. Si l’on triture la partie sous-épidermique de la pomme de terre avec du sable et de l’eau et si on filtre, on obtient, comme on le sait depuis longtemps, un liquide qui colore en bleu la teinture de gaïac. Ce même liquide ne colore pas la solution de gaïacol. Si l’on rapproche ce dernier fait de ceux que j'ai rapportés dans la note qui précède, on voit qu il peut exister 1° des liquides possédant, à la fois la propriété de bleuir la teinture de gaïac, celle de rougir le gaïacol et celle de noircir la tyrosine (2. delica, liquide frais); 2° des liquides ne possédant que les deux premières de ces propriétés (A. delica, liquide ancien) ; et 3° des liquides ne possédant que la première (pomme de terre). Les premiers renferment-ils trois ferments, les second, deux, et les troisièmes un seul ? C'est là une hypothèse qui, comme celle dont j'ai parlé plus haut, peut être admise, mais à litre provisoire. Il serait bon, je crois, avant de se prononcer, d'étudier de nouveau les propriétés des ozonides de Schænbein. MUSCLE TRACHÉAL ET MUSCLES DE REISSEISSEN, par M. A. GUIEYSSE. L'étude du passage des muscles de la trachée en muscles de Reis- seissen se fait très facilement chez le cobaye; cet animal nous servira de type. Le muscle trachéal, qui forme une parlie de la paroi postérieure de 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la trachée, s'insère chez cet animal à la face interne des cornes des anneaux cartilagineux; ce muscle est très fort et très homogène; son insertion se fait directement au périchondre, sans interposition de fibres élastiques. Dans les deux grosses bronches, il reste ce qu'il était dans la trachée. On sait, d'autre part, que les muscles de Reisseissen sont placés entre la muqueuse et les plaques cartilagineuses des bron- ches sans insertion carlilagineuse. J’ai cherché de quelle façon s'opère le passage, et je suis arrivé à cette conclusion qu'il ne s'effectue pas de la même façon pour les muscles des lobes supérieurs que pour ceux du lobe inférieur. Pour la bronche inférieure ou postérieure, le muscle présente pendant longtemps la forme trachéale; cette. bronche continue, en effet, le trajet de la grosse bronche, et son muscle passe insensiblement de la dispo- sition trachéale à la disposition en muscle de Reisseissen. En le sui- vant de haut en bas, on le voit s’allonger peu à peu, tandis que le earti- lage diminue ; mais comme la solidité doit être conservée, on voit apparaître, derrière le muscle, des plaques cartilagineuses qui ne recoivent aucune insertion musculaire. À mesure que le cartilage s'agrandit et que le muscle diminue, ces plaques se montrent de plus en plus nombreuses. Lorsque le dernier vestige du cartilage d'insertion a disparu, le muscle, se soudant à lui-même, s’est complètement trans- formé en un musele de Reisseissen; il est parfailement indépendant des plaques cartilagineuses placées derrière lui. Pour les bronches des lobes supérieurs ou antérieurs, il n'y à pas ce passage progressif, le muscle s'établit d'emblée ; le plus souvent, le point de bifurcation de la grosse bronche et d'une bronche supérieure a lieu en dehors du muscle ; au point même, il n’y a pas de fibres lisses et, sur une faible longueur, la bronche est dépourvue de muscle; mais bientôt on voit un muscle de Reisseissen se former d'emblée avec tous ses caractères. Quelquefois, la bronche, au contraire, prend nais- sance en intéressant le muscle : rien n’est changé de ce fait, le musele s’insère alors au cartilage de la nouvelle bronche, puis se reconstitue au-dessous comme il était avant, formant seulement à la bronche un demi-anneau. Chez le lapin, l'insertion du muscle trachéal a lieu à l’extérieur des cornes du cartilage; et, comme pour le cobaye, au périchondre; Stir- ling (1) le décrit ainsi et, sur un grand nombre de coupes, j'ai toujours observé cette disposition. Il est aussi homogène que celui du cobaye. Quoique le muscle soit disposé d’une tout autre facon, le passage se fait de même, lent et progressif, pour le lobe inférieur, brusque pour les lobes supérieurs. Chez l’homme, le muscle trachéal s’insère, comme chez le cobaye, à (4) Stirling. Journal of Anatomy and Physiology, 1883, p. 204. SÉANCE DU 1 NOVEMBRE 899: l'intérieur des cartilages, ainsi que Quain le décrit (1); mais il ne pré- sente pas cette homogénéité que l'on voit chez le cobaye et le lapin; il est perforé par les conduits excréteurs des glandes muqueuses qui sont extrêmement nombreuses en ce point et placées toutes derrière lui. Le passage, ainsi que je l'ai vu sur des poumons d'enfant, se fait toujours de la même façon. Chez le chien. le muscle s'insère très loin en dehors; les cornes car- tilagineuses se recouvrent sur une certaine étendue, et comme la mu- queuse est très mince, elle accompagne le cartilage, formant ainsi en arrière un canal ouvert sur un côté. Le muscle passe sur le tout à la façon d’une sangle. Chez le chat, la disposition est identique. Le pas- sage est difficile à saisir, parce qu'il se fait plus rapidement que chez les animaux précédents; cependant on voit bien, sur une certaine étendue, la bronche inférieure être du type trachéal, alors que les autres bronches sont du type pulmonaire. Chez un singe, que j'ai eu l'occasion d'étudier, j'ai observé les mêmes dispositions que chez l'homme, avec ces différences que le muscle est plus mince, mais plus homogène, et que les cartilages se recouvrent au point qu'à l'œil nu on ne voit pas de paroi postérieure membraneuse. Le passage est le même. Nous en concluons que le passage des muscles trachéaux en muscles de Reisseissen se fail brusquement pour les lobes supérieurs, progressivement pour les lobes inférieurs, quelle que soit la disposition du musele trachéal; que pour les lobes supérieurs, les muscles sont absolument indépendants; enfin que les plaques cartilagineuses des bronches intra-pulmonaires repré- sentent un appareil de soutien spécial et non point uniquement les vestiges des anneaux cartilagineux, comme on l'admet généralement (2). SUR LES GLANDULES SATELLITES DE LA THYROÏDE DU CHAT ET LES KYSTES QUI EN DÉRIVENT, par M. P. VERDUN, Préparateur à la Faculté de médecine de Toulouse. Abstraction faite des thyroïdes accessoires, les dérivés épithéliaux de l'appareil branchial qu'on rencontre le plus habituellement à l’état d'organes satellites du corps thyroïde sont, d’une part des glandules thyroïdiennes du type Sandstræm-Gley, d'autre part des {hymus acces- soires (Jendrassik). (4) Quain's Anatomy, p. 891. (2) Travail du Jaboratoire de M. Mathias-Duval. Brozocie. ComPres RENDUS. — 10€ SÉRIE. Tr. INT. 68 900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces petits corps présentent sur le chat des dispositions anatomiques intéressantes signalées pour la première fois par Kohn (Archi für mikr. Anat., 4895, &. XLIV, p. 366). Cet animal possède deux glandules thyroïdiennes annexées à chacnn des lobes latéraux de la thyroïde : l’une externe, para-thyroïdienne (glandule thymique, Prenant), l’autre interne, souvent enfoncée profondément dans le corps thvroïde, intra- thyroïdienne. Chez les jeunes sujets, chaque glandule est accompagnée de lobules thymiques accessoires avec lesquels elle forme un petit groupe d'un aspect très caractéristique. Nos recherches confirment dans ses lignes essentielles la description de Kobhn, tant pour la situation et la structure de ces divers grains glandulaires que pour les rapports qu'ils affectent entre eux et avec le parenchyme de la thyroïde. Sur une série de dix chats nouveau-nés nous avons trouvé constamment la glandule externe (parathyroïdienne, Sandstræm), soit 20 fois; la glandule interne de Kohn 13 fois; le thymus accessoire externe 10 fois; l’interne 13 fois. Les glandules thyroïdiennes existent chez l'adulte aussi constamment que chez le nouveau-né ; aucun de nos sujets n'en avait plus de quatre. L'évolution des grains thymiques après la naissance offre des variations individuelles très marquées; cependant on peut dire qu'ils persistent fréquemment, en tout ou en partie, chez l'adulte, avec leur structure normale et sans aucun signe d’atrophie. En outre, le corps thyroïde du chat montre fortsouvent, soit à sa sur- face, soit dans son intérieur, des productions kystiques dont le dia- mètre ne dépasse pas 3 millimètres et qui sont en connexité étroite avec les glandules satellites el les vestiges embryonnaires de la région, non seulement au point de vue topographique, mais aussi en ce qui concerne leur origine. À. — Dans la substance médullaire des thymus accessoires examinés sur des coupes sériées, on aperçoit des excavations arrondies qui résultent d'un accroissement des corps concentriques dont les parties centrales entrent en régression en même temps que les éléments des couches périphériques continuent de se multiplier. La paroi kystique est constituée par plusieurs assises de cellules plates, dont les plus internes subissent diverses altérations et se desquament peu à peu pour aller grossir le magma central. En certains points, il n'existe même qu'une seule rangée d'éléments pavimenteux ou cubiques. Les kystes s'étendent graduellement et s'ouvrent les uns dans les autres aux points de contact. Ils compriment le tissu thymique qui s’atrophie progres- sivement et se trouve réduit à un système de lamelles et de travées minces cloisonnant l’intérieur de la poche kystique. Ce processus, dont Kohn a également observé les premiers stades, peut aboutir à la disparition complète du tissu propre du thymus acces- soire. Celui-ci se trouve alors remplacé par une petite masse kystique TR n TT = SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 901 multiloculaire située dans le voisinage de la glandule thyroïdienne du groupe correspondant (externe ou interne), et s'étendant souvent dans l’intérieur du lobe latéral de la thyroïde. B. — Une autre variété de kystes se distingue de la précédente par la nature du contenu représenté par une masse filamenteuse ou grenue, à peine colorable, d'aspect muqueux, et par la présence d'un épithé- lium à cils vibratils. Celui-ci revêt tantôt le type prismatique allongé ou peu élevé, à un ou deux plans de cellules, tantôt la forme cubique ou même pavimenteuse. Dans ce dernier cas, l’épithélium, à mesure qu'il s’abaisse, tend à perdre ses cils, et l’on voit alors des portions ciliées se continuer avec des parties tapissées d’une couche de cellules plates très minces et dépourvues de cils. Ces kystes peuvent être en rapport intime avec un ou plusieurs lobules thymiques persistants; d’autres fois on ne trouve aucune formation thymique formant corps avec eux, mais toujours ils sont voisins d'une glandule thyroïdienne. Nous les avons trouvés symétriquement placés de chaque côté du cou, sur les lobes latéraux du corps thyroïde, chez deux chats adultes. Doivent-ils également leur origine à une évolution spéciale des for- mations épithéliales qui occupent la partie médullaire des thymus accessoires? Suivant les observations de Watney, sur le chien (Philos. Transact., 1882), les cellules formant le revêtement des corps concen- triques creux pourraient en effet s’allonger et se couvrir de cils. D'autre part, on voit dans la région du hile des grains thymiques chez les chats nouveau-nés et les fœtus avancés, une sorte de pédicule ou de traînée épithéliale parfois creusée d’une lumière centrale étroite que bordent des cellules transparentes. Cet épithélium ressemble à celui de l’œso- phage (Tourneux et Herrmann, Soc. de Biol., 1887. — Prenant, La Cellule, 1894, t. X, p. 123), qui prend la forme vibratile à un stade déterminé chez le fœtus humain. N'ayant pas suivi à ses diverses phases la genèse des éléments ciliés, nous ne pouvons actuellement en préciser le mode d'origine. On sait que les kystes branchiogènes peuvent ren- fermer des épithéliums vibratils, et nous ne pouvons omettre derappeler ici les vésicules ciliées observées dès 1843 par Remak sur le thymus des jeunes chats. Nous réservons pour une communication ultérieure la description des inclusions thyroïdiennes (kystes et lobules thymiques) observées chez le mouton ainsi que l'étude du développement embryogénique, encore si discuté, des glandules satellites. Le Gérant : G. MASSON. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MarRerHEUx, directeur, 1, rue Cassette. bi Eee 0 DFE VAN ART A "Led ML , M TA EE s, 903 SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 1896 MM. L. Hacuron et Cu. Core : La pression artérielle pendant l'effort. — M. A.-M. BLoca : Note relative à la communication de MM. Hallion et Comte, sur la pres- sion artérielle pendant l'effort. — MM. J. BerGonié et C. SicaLas : Appareil pour l'étude des combustions respiratoires chez l'homme. M. Cu. FÉRÉ : Dysgraphie émotionnelle. — M. Ca. FéRé : Note sur l'orientation et sur l'allure du développe- ment de l'embryon du canard. — M. le Dr E. Maure : Action de l’eau distillée sur les éléments figurés du sang de lapin. — M. E. Maurez : Action de l'eau dis- tillée injectée au lapin par la voie intraveineuse ou par la voie hypodermique. -— M. Her Hérissey : Action du chloroforme sur la maltase de l’Aspergillus niger. — M. Pierre Bonnier : Sur le sens latéral. — MM. Pavior et GaLcois (de Lyon) : De la véritable nature du « Chloroma », — M. Rocer : Des injections intra- veineuses d’eau salée dans l’empoisonnement strychnique. — M. Cu. MATHIEU : Etat histologique du tube sémiuifère dans un testicule sarcomateux, — M. Hax- RIOT : Sur un nouveau ferment du sang. Présidence de M. Charrin. LA PRESSION ARTÉRIELLE PENDANT L'EFFORT, par MM. L. Hazzion et Cu. CoMTE. (Travail du laboratoire de physiologie pathologique des Hautes-Etudes.) (Communication faite dans la séance précédente.) Étudiant l'influence de l'exercice sur la circulation, et particulière- ment sur la circulation périphérique, nous avons dû examiner les phé- nomènes qui accompagnent et suivent l'effort musculaire, notamment ceux qui ont trait à la pression artérielle. À ce point de vue, il faut distinguer deux cas. Si l'effort est de courte durée, la pression artérielle s'élève, d'après un mécanisme que nos maitres, M. Marey d’abord, M. François-Franck ensuite, ont déterminé. Si, au contraire, l'effort se prolonge, on voit s’intercaler, entre deux phases pendant lesquelles la pression artérielle dépasse le niveau normal, une période pendant laquelle, suivant nous, elle subit un abais- sement. Ces résultats ne sont pas en contradiction avec ceux que MM. Marey et Francois-Franck ont énoncés, ils s’y ajoutent et les com- plètent. L'effort intense s'accompagne, comme on sait, d'une contraction sou- tenue des muscles de la respiration, et surtout des expirateurs, com- binée à l’ocelusion de la glotte; c’est-à-dire que le sujet emmagasine de l'air comprimé dans ses voies respiratoires. Or que se passe-t-il si, chez un animal, on soumet l'air contenu dans la poitrine à une pression BioLoGiE. ComprEs RENDUS. — 10€ SÉRIE. Tr, III, 69 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE supérieure à la pression atmosphérique, comme l’a fait, pour imiter les - phénomènes de l'effort, M. Francois-Franck? Tout d’abord, l'augmentation de la pression intra-thoracique combine son action à celle du cœur pour expulser le sang contenu dans le thorax, de là une chasse du sang vers. les artères el une augmentation passagère de la pression artérielle. Mais si l'on maintient la compression de l’air dans les voies respiratoires, la pression artérielle décroit rapidement et profondément, tandis que la pression veineuse augmente : le sang veineux, ne trouvant plus son libre accès dans le thorax, cesse d'alimenter le cœur droit ; le réseau pulmo- naire est anémié; le cœur gauche voit diminuer son débit comme son apport, et n’émet plus dans les artères que des ondées sanguines insuf- fisantes à maintenir la pression initiale. Quand cesse l’état expiratoire avec occlusion glottique, le sang accumulé dans les veines se précipite dans le cireuit thoracique désormais perméable et la pression veineuse décroit brusquement. Les voies circulatoires intrathoraciques s'emplis- sent alors, et bientôt le flot sanguin atteint le cœur gauche qui le pro- jette dans les artères : la pression artérielle regagne rapidement son niveau, puis le dépasse. Enfin, l'équilibre se rétablit. Les mêmes phénomènes se succèdent chez l’homme pendant l'effort intense et soutenu. Voici des tracés relatifs aux variations que subit le volume des doigts pendant une expiration forcée s’accompagnant d'occlusion glottique, ainsi que pendant un effort (soulèvement d’un poids). Tout d’abord, la stase veineuse se traduit par une augmen-. tation de volume du doigt, à laquelle prend part sans doute aussi. l’accroissement initial de la pression artérielle. Ensuite les pulsations. deviennent faibles, rapides, avec une onde dicrote accentuée et située très bas ; durant cette période, le volume du doigt tantôt se maintient, tantôt subit une diminution relative suivie d'une augmentation, éven- tualités que l’on s'explique par l'intervention simultanée de deux facteurs antagonistes : accroissement de la pression veineuse et diminution de la pression artérielle, dont la première finit, dans tous les cas, par. l'emporter. La cessation de l'effort et la reprise de la respiration se signalent par une diminution rapide du volume, qui traduit la déplétion veineuse ; puis, quelques secondes après, des pulsations très amples, à rythme ralenti, à dicrotisme élevé, indiquent l’afflux du sang dans les artères de la grande circulation, et l’augmentation secondaire de la pression dans ces vaisseaux. Bientôt, enfin, le régime ordinaire se rétablit (1). (1) On peut remarquer l’analogie que présentent ici les tracés du sphygmo- graphe avec ceux du pléthysmographe, analogie sur laquelle M. Francçois- Franck avait déjà appelé l'attention. La raison en est, pour une part, dans le fait suivant : le sphygmographe, dont les liens fixateurs enserrent étroilement le poignet, obéit dans une certaine mesure aux diverses variations de calibre de ce dernier, comme le pléthysmographe obéit à celles des doigts. er" > SH SÉANCE DU 44 NOVEMBRE 905 . Le sujet qui exécute un effort, même intense, peut réprimer l'instinct en vertu duquel sa poitrine s’immobilise et sa glotte se ferme ; il peut continuer à respirer, comme on en voit un exemple sur un des tracés que nous vous soumetions. En ce cas, les phénomènes circulatoires que nous avons indiqués sont moins marqués ; ils existent néanmoins, et on se l'explique, car le sujet ne peut qu'imparfaitement s'opposer à la contraction des muscles moteurs du thorax. Nous devons insister sur un fait que nous développerons ultérieu- rement, et quil est nécessaire de bien connaitre pour éviter des erreurs d'interprétation, dans les expériences concernant les effets cir- culatoires de l'effort; nous voulons parler de l'influence très grande qu'exercent, sur la force et la fréquence des battements du cœur et sur la répartition de la pression dans les vaisseaux, les changements d'attitude du corps. Il faut éviter ces changements d'attitude quand on étudie l'effort en lui-même. Conclusions : 1° Pendant l'effort musculaire soutenu, il y a diminu- tion de la pression artérielle et augmentation de la pression veineuse ; 2° C’est après la cessation de l'effort que se produit, à la suite d'un afflux surabondant du sang au cœur droit et au poumon, une élévation passagère de la pression artérielle. 3° Ces phénomènes sont moins marqués lorsque, pendant l'effort, le sujet continue à respirer; il y a donc avantage, pour ménager l’appa- reil circulatoire, à pratiquer l'effort dans ces dernières conditions, s’il se peut. | NOTE RELATIVE A LA COMMUNICATION DE MM. Hazcion ET CoMTE SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE PENDANT L'EFFORT, par M. A.-M. BLocu. MM. Hallion et Comte ont montré des tracés indiquant une dimi- nution de la pression artérielle pendant l'effort et une augmentation dans les instants qui suivent. J'ai présenté, il y a huit ans, à la Société, des expériences faites avec mon sphygmomèêtre sur l’homme, établissant aussi l'augmentation considérable de la pression artérielle immédiatement après l'effort. Ainsi une pression de 600 grammes suffisant à interrompre les batte- ments de la radiale, si on fait un effort un peu violent, à la suile de cet effort, il faut 800 grammes pour écraser le vaisseau. Ce fait est de la plus haute importance. Il explique la fréquence des accidents mortels chez les vieillards et les cardiaques, pendant l'acte de la défécation et, en général, la nécessité, pour le médecin, de conseiller aux personnes dont le cœur ou les gros vaisseaux sont atteints, d'éviter les efforts violents. 906 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.221] APPAREIL POUR L'ÉTUDE DES COMBUSTIONS RESPIRATOIRES CHEZ L'HOMME, ‘ par MM. J. BerGonié et C. SIGALAS. Dans une précédente note, nous avons donné les résultats d’expé- riences préliminaires, calorimétriques, faites sur l’homme dans le but de rechercher l'action physiologique des courants de haute tension et de grande fréquence. Nous présentons aujourd'hui à la Société l'ap- pareil très simple et peu encombrant que nous avons construit pour l'étude des combustions respiratoires en simplifiant celui qui nous a servi dans des recherches antérieures faites avec M. le professeur Jolyet (1). Il se compose d’un flacon F d’une capacité de 40 litres, muni de quatre tubulures, trois supérieures et une inférieure, qui contient 2 litres environ de lessive de potasse ou de soude. C'est dans ce flacon que respire le sujet en expérience à l’aide d’un masque R relié à l'une des tubulures latérales. — La tubulure centrale est fermée par un bouchon de caoutchouc percé d’un trou à travers lequel passe une tige verticale fixée sur le prolongement de l'axe d’un moteur électrique M actionné par une batterie d’accumulateurs. Cette tige se termine par une hélice H en fer dont l'extrémité des ailettes est immergée de quelques milli- (4) C. R. de l’Ac. des sciences, août 1887. SÉANCE DU: 14 NOVEMBRE 907 mètres seulement dans la solution alcaline (NaOH). De plus, on réalise une fermeture hydraulique de la tubulure en ayant soin de mettre au-dessus du bouchon À une couche de 1 ou 2 centimètres d'huile de vaseline. Dans ces conditions, la tige qui supporte l’hélice peut tourner libre- ment sans que l’air extérieur puisse pénétrer dans l'appareil. Le mou- vement de rotation imprimé à l’hélice par le moteur convenablement réglé suffit pour remplir la presque totalité du flacon de gouttelettes très fines de la solution alcaline, de telle sorte que l’air de l’expiration se dépouille instantanément de l'acide carbonique qu'il contient. Un sac de caoutchouc, adjoint à l’une des tubulures latérales, reçoit la pre- mière expiration. C'est par un mouvement expiratoire que le sujet doit commencer l'expérience, tandis qu'il doit la terminer par une inspira- tion de volume sensiblement égal à celui de la première expiration. L’absorption instantanée de l'acide carbonique expiré a pour effet de produire à l’intérieur du système une diminution de pression grâce à laquelle l'oxygène pur contenu dans le sac O, et relié au flacon par l'intermédiaire du compteur C, et du flacon laveur L, pénétrera dans l'appareil. La mesure des combustions respiratoires se déduira très simplement : 1° pour ce qui est de l'oxygène absorbé : de la lecture sur le compteur, de l'oxygène qui a pénétré en F,et de l’analyse de l'air contenu dans le flacon à la fin de l’expérience; 2° pour ce qui est de l'acide carbonique exhalé : du titrage de la lessive alcaline à la fin dela respiration. DYSGRAPHIE ÉMOTIONNELLE, par M. Cu. FÉRÉ. Plusieurs états morbides s'accompagnent de troubles moteurs capables de simuler, plus ou moins exactement, la crampe des écri- vains, soit sous la forme paralytique, soit sous la forme spasmodique : les paralysies consécutives à des sections nerveuses ou à des névrites, les contractures de certaines formes de paralysies hémiplégiques infan- tiles, la rigidité de la paralysie agilante, certaines impotences liées au rhumatisme chronique, ou à la goutte, aux névralgies, ete. L'hésitation due à certaines formes de folie du doute (1) peut encore en imposer. Un spasme provoqué par l’action d'écrire peut constituer le début d'une attaque convulsive généralisée (2). (1) Séglas. Un cas de folie du doute simulant la crampe des écrivains. Bull. Soc. méd. des hôp., 1890, p. 291. (2) Ch. Féré. Note sur une pseudo-crampe des écrivains de nature épilep- tique. C. R. Soc. de Biol., 1891, p. 1. 908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : J’observe actuellement un malade affecté d'un trouble qui, à un examen superficiel, rappelle aussi la crampe des écrivains, bien qu'il en diffère foncièrement. | R..., âgé de quarante et un ans, expéditionnaire à l'Assistance publique. Issu de parents indemnes de troubles nerveux, il est le second de dix. enfants sur lesquels on n'obtient que des renseignements insuffisants. Lui-même est né chétif, a eu des convulsions à sa première dentition et. n’a marché qu'à quatre ans. À parlir de cette époque, bien que maigre, il se porta parfaitement, fut considéré comme üun enfant robuste : « Je ne me suis jamais laissé marcher dessus par les enfants de mon âge », dit-il dans une note écrite. Pourtant, depuis l’âge de six ans, il était sujet à des migraines. A dix ans, il fut mis en apprentissage comme horloger, tout en continuant à fréquenter l’école. Il commenca à fumer avec excès à l’âge de quatorze ans. Entré au régiment à vingt et un ans et demi, il était sergent au bout de trente-trois mois de service el adjudant dix-huit mois plus tard. Pendant cette période, sa santé fut parfaite, sauf ses migraines. Cependant, depuis qu'il était entré au régiment, il avait remarqué qu'il avait souvent une certaine difficulté à écrire en présence d’une personne quelconque, mais surtout en présence de ses supérieurs. Il s'est marié en 1884, et a eu bientôt deux enfants; obligé de subvenir aux besoins de sa famille, il s’est mis à copier des rôles pour un notaire et travaillait souvent jusqu'à minuit, et se levail à quatre heures du matin. Il n’éprouvait guère de fatigue à écrire; mais c'est à partir de ce moment qu'il commença à éprouver plus de diffi- culté à écrire en présence d’un étranger. En 1890, voulant passer son examen pour obtenir une place de per- cepteur, il fut incapable d'écrire un seul mot sous la dictée. Depuis cette époque, il est obsédé par l’idée qu'un jour il ne pourra plus exercer sa profession, et il lui arrive souvent même lorsqu'il est seul d’être inea- pable d'écrire. Il sent une rigidité de la main et de tout le membre supérieur, il arrive à peine à tracer une lettre ou deux, puis la main s’immobilise sans tremblement, ni spasmes. Après plusieurs tentalives, au bout d'une minute ou deux, il peut commencer à écrire, et quand il est lancé, il n’éprouve plus aucune difficulté. On ne remarque dans son écriture aucune trace de spasmes, les caractères sont réguliers, sans aucun signe d'hésitation. Ce qui se produit au moment du premier essai, c’est une immobilisation avec rigidité du membre. Cet homme n’est pas timide; il s'exprime correctement, devant n'importe qui; c'est seulement lorsqu'il s'agit d'écrire, et dans le bras droit exclusivement qu'il a cette sensation particulière. Pour tout autre usage, il est capable de se servir de sa main devant une assistance quelconque. Pourtant cette intégrité fonctionnelle n’est qu'apparente. Si on exa- SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 909 mine l'énergie de la flexion des doigts avec le dynamomètre ordinaire, on obtient 50 kilogrammes à droite et 43 à gauche, c’est-à-dire une différence à peu près normale. Si on étudie l'énergie de {la flexion isolée de l'index, on obtient 8.5 des deux côtés, et si on prend le temps de réaction simple de la flexion de l'index on obtient, pour une moyenne de 20 expériences 0”,218 à droite et 0",196 à gauche, c'’est- à-dire que le temps de réaction assez long des deux côtés est plus long à droite, différence contraire à la règle. De sorte que cette impotence émotionnelle est moins systématisée qu’elle ne le paraît au premier abord. Cette dysgraphie se sépare de la crampe de l'écrivain par ce caractère qu'elle cesse par la répétition de l'effort. Il n’est pas saas intérêt de remarquer que l'absence de systématisation réelle de l’impotence se retrouve dans la crampe des écrivains véri- tables, comme l’a bien relevé Poore (1), et dans les paralysies dites systématiques en général (2). [612.64] NOTE SUR L ORIENTATION ET SUR L'ALLURE DU DÉVELOPPEMENT DE L'EMBRYON DE CANARD, par M. Cu. FÉRé. J'ai profité de l'occasion que me fournissaient mes expériences sur les « greffes de blastodermes d'oiseaux sur des oiseaux adultes d’autres espèces (3) » pour faire quelques comparaisons entre l'embryon de canard et l'embryon de poulet. Les œufs à comparer étaient pondus du même jour, placés de la même manière, la grosse extrémité à droite dans l’étuve de Roux à 38°. Ils ont été ouverts après 72 heures d’incu- bation. Les embryons normaux découverts consécutivement ont seuls été comptés. La comparaison porte sur 74 embryons de chaque espèce. Les déviations sont résumées dans le tableau suivant : DEGRÉ NOMBRE DE DÉVIATIONS A Te de la déviation. Embryons de canard. Embryons de poulet. ASOudesrés pli 14 6 1e FOSTER AE CARRE SA 1 1 DU MS Mat 10 6 BOND EAN ET RTE, 21 10 HÉéférOfAXIE 4,5 us 2 0 48 128 (1) V. Poore. An analysis of seventy five cases of « Writer’s cramp » and ‘imparied writing power, Med. Chir. trans., LXI, p. 111, 1878. (2) Ch. Féré. Note sur les paralysies systématiques. C. R. Soc. de Biol., 1893, ID. ST: (3) C. R. Soc. de Biologie, 1896, p. 720. 910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Si nous nous en tenons aux dévialions de la direction de l’axe de l'embryon en négligeant l'hétérotaxie, nous trouvons 56 déviations des embryons de canard, soit 75,67 p. 100 et seulement 23 déviations des embryons de poulet, soit, 31,08 p. 100. Si on compare cette dernière proportion avec celles qui sont fournies par la plupart de nos expé- riences, on la trouvera déjà très forte ; mais celle qui est fournie par les embryons de canard dépasse, 1l me semble, toute attente, et paraît montrer qu'il ne faut pas attacher une grande importance à ces dévia- tions dont la genèse échappe à l'observation. En notant l’âge de ces embryons, nous trouvons, comparativement aux figures données par M. Mathias Duval dans son Atlas, pour les embryons de canard 42 heures de développement en moyenne et 50 heures pour les embryons de poulet. Si nous comparons la durée totale de l’incu- bation, 21 jours pour le poulet et 15 jours pour le canard, nous voyons que l'embryon de poulet a une avance de 4 jours en 21 jours, soit 1 heure par 5 h. 15 environ; dans les trois premiers jours, il a une avance de 8 heures seulement, il ne gagne 1 heure qu'en 9 heures. Le retard relatif de l’évolution de l'embryon de canard est done moindre au début de l’incubation que dans l’ensemble de sa durée. [612.111.17] ACTION DE L'EAU DISTILLÉE SUR LES ÉLÉMENTS FIGURÉS DU SANG DE LAPIN, par M. le D' E. Maurer. Ces expériences ont été faites par le procédé de l'immersion (1) qui, on le sait, permet de maintenir le sang dans des conditions qui se rap- prochent autant que possible de celles de l’organisme. L'eau distillée a été mélangée au sang de lapin dans les proportions de 5/6, 2/3, 3/5, 1/3, 1/4, 1/5, 1/8 et 1/10. Cette eau a été préalablement portée à 100 degrés, puis ramenée à 39, 38 degrés au moment du mélange avec le sang. Le plus souvent les expériences ont été faites avec des lames à deux champs. Ces lames, que j'ai décrites (2), sont divisées en deux parties ongitudinalement par une rainure qui empêche le mélange du sang, quand on met une goutte de chaque côté de la rainure, quoique ces gouttes soient recouvertes par la même lamelle. Sur un côté de la rai- nure, le sang élait pur (champ lémoin), et de l’autre côté il était mé- langé à l’eau distillée dans les proportions indiquées ci-dessus (champ d'expérience). (4) Arch. de Méd. expérimentale, 17 mars 1895, p. 173. (2) Même travail, p. 182 et suivantes. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 9114 Dans les cas douteux, les expériences ont été répétées assez souvent pour faire disparaître les doutes. Les résultats de ces expériences peuvent se résumer ainsi : I. — Relativement aux hématies : 1° Les hématies sont plus sensibles que les leucocytes à l’eau dis- tillée. 2 Les hématies deviennent diffluentes et se décolorent rapidement dès que l’eau distillée est au sang dans la proportion de 1/4, et même peut-être de 1/5. 3° Ce n’est qu’à la faible proportion de 1/10, de 1/8 que ces éléments résistent. Il. — Aelativement aux hématoblastes : 1° Ces éléments sont encore plus sensibles à l’eau distillée que les hématies. 2 Mais les altérations qu'ils subissent sont de même nature. III. — Aelativement aux leucocytes : 1° Les leucocytes sont plus résistants que les hématies. [ls conservent leurs déplacements assez longtemps dans un mélange avec 2/3 de sang, mélange qui altère les hématies rapidement. 2 Les modifications qu'ils présentent dans le sang de plus en plus dilué, se succèdent dans l’ordre suivant : évolution plus rapide, ten- dance à la forme sphérique, mouvement brownien de leurs granulations pendant que cependant ils conservent leurs déplacements, perte de leurs déplacements, forme sphérique, puis enfin perte de leur adhé- rence qui est souvent un signe de mort. 3° Parmi les leucocytes, ce sont les jeunes, et surtout ceux qui n'ont pas encore de mouvement qui résistent le mieux à l’eau distillée. J'a- vais déjà vu qu'il en est ainsi pour la résistance aux températures éle- vées (1), et aussi à de nombreux toxiques (2). IV. — Relalivement aux applicalions à faire de ces expériences : 1° En ne tenant compte que de l’action de l’eau distillée sur les élé- ments figurés du sang, il est probable, d’après ces expériences, que le lapin doit résister à l'addition à son sang de 1/10 ou de 1/8 d’eau dis- tillée. 2° Mais que son existence doit être menacée, au contraire, en ajoutant à son sang de l’eau distillée dans la proportion de 1/4 ou 1/5 et surtout au delà. (1) Recherches sur les leucocytes, les quatre premiers fascicules. (2) 1bid., 5°, 6° et 7° fascicules. Doin, Paris. ‘912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° Que si après Les injections d’eau distillée, la mort de l’animal est due à une altération du sang, c'est probablement à l'altération des hématies qu'il faut l’attribuer. Dans le travail suivant, on va voir les rapports qu'il y a entre ces expériences et celles faites sur l'animal vivant. [642.111 17] ACTION DE L'EAU DISTILLÉE INJECTÉE AU LAPIN PAR LA VOIE INTRA-VEINEUSE OU PAR LA VOIE HYPODERMIQUE, par M. le professeur E. MAUREL. L'eau distillée a été injectée au lapin : 1° à doses immédiatement mortelles ; 2 à doses mortelles, mais à une époque plus ou moins élor- gnée ; 3° à doses pouvant être supportées par l'organisme et que l’on peut considérer comme thérapeutiques. I. Doses immédiatement mortellés. — Bouchard (1) d'abord, puis tout récemment Bosc et Vedel (2), ont injecté l’eau distillée chez le lapin jusqu'aux doses immédiatement mortelles. D'après leurs résultats, qui se confirment aussi complètement que possible, on peut admeltre que le lapin succombe à une injection intra- veineuse, c'est-à-dire à un mélange direct à son sang, de 100 centimètres cubes par kilogramme de poids. La mort immédiate arrive donc lorsque le sang est additionné de son volume d’eau distillée. Mais il s’agit ici de la mort immédiate ; et nous allons voir que l’animal ne résiste pas même à l'injection d’une quantité beaucoup moindre. IT. Doses mortelles mais seulement à une époque plus ou moins éloi- gnée de l'injection. — Bosc et Vedel ont trouvé que le lapin succombe souvent à une injection de 30 centimètres cubes, de 25 centimètres cubes etmême parfois de 20 centimètres cubes par kiloÿramme de poids. Des expériences que j'ai faites dans le mois d'août dernier, à 30, 25 et 20 centimètres cubes, ont confirmé leurs résultats. Or, qu'on le remarque, injecter par la voie veineuse, 30, 25 et 20 centimètres cubes d’eau distillée par kilogramme de poids, c'est additionner le sang approximativement de 1/3, 1/4 et 1/5 de ce liquide; et, dans le travail précédent, on a vu que dans ces proportions, les hématies sont altérées plus ou moins rapidement par l’eau distillée. (1) Société de Biologie, 20 décembre 1884, p. 729. | (2) Ibid., 13 juin 1896, p. 300. . 15 8 ONE) SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 943 11 y a donc une concordance aussi complète que peuvent le permettre les faits biologiques, entre les proportions d'eau distillée qui altèrent les hématies du lapin et celles auxquelles il succombe. J'ai, du reste, vérifié le fait par le procédé de l'immersion sur le sang des animaux qui succombent aux doses mortelles éloignées. Sans établir cette con- cordance Bose et Vedel avaient déjà indiqué l'altération du sang chez les animaux qui meurent dans ces conditions. III. Doses supportées par l'organisme. — C'est surtout sur ces doses qu'ont porté mes recherches. L'eau distillée à été injectée par la voie veineuses ou par la voie hypo- dermique. Par la voie veineuse, l'injection a été faite à 10 centimètres cubes par kilogramme de poids, soit 1/10 du sang, mais elle a été répétée sur le même animal six fois à deux jours d'intervalle. Les injections kypodermiques ont été faites à 30 centimètres cubeset à 50 centimètres cubes par kilogramme de poids, soit 1/3 et 1/2 de la masse totale de sang. Comme pour les injections intra-veineuses, celles-ci ont été répétées six fois sur le même animal à deux jours d'in- tervalle. Avant l’expérience, les animaux ont été pesés, leurs urines dosées et le sang examiné. Tous ces examens ont même été faits plusieurs fois. Ils ont été ensuite répétés, tous les deux jours aux mêmes heures, pen- dant la période des injections; et enfin, ils ont été De plusieurs jours encore après ces injections. L’alimentalion des animaux est restée la même, pendant ces trois périodes : son et avoine à volonté; herbes, 150 grammes par kilogramme de poids de l’animal. Mon attention, pendant ces expériences, a porté sur trois points : les modifications du poids de l’animal, les modifications du sang, et celles de la sécrétion urinaire. Pour abréger, je résumerai ces expériences ainsi qu'il suit : I. Æelativement aux modes d'administration. — 4° L'injection intra- veineuse à 10 centimètres cubes par kilogramme de poids équivaut, d'une manière approximative, à des injections hypodermiques de 30 à 50 centimètres cubes. Pour obtenir par la voie hypodermique les mêmes effets que par la voie intraveineuse, il faut donc élever la dose de 3 à 5 fois (1). IL Aelativement au poids — 1° Sous l'influence de ces injections le poids des animaux a baissé d'une manière rapide et graduelle. L'animal soumis aux injections intraveineuses à passé par les poids suivants : 2,600, 2,585, 2,550, 2,510, et 2,475 grammes. (4) C’est déjà aux mêmes conclusions que j'étais arrivé à propos des toxiques. Voir: Recherches sur la cocaïne, Doin, Paris, 1895, p. 231 et suiv. 914 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ; Celui soumis aux injections hypodermiques à 50 centimètres cubes par kilogramme : 2,400, 2,140, 2,050, et 1,985 grammes. - Enfin le troisième, soumis à des injections hypodermiques de 30 cen- timètres cubes par kilogramme : 1,460, 1,340, 1,370, et 1,330 gram- mes. | 2° Je dois faire remarquer cependant que pour tous ces animaux, après être descendu aux chiffres que je viens d'indiquer, le poids a cessé de diminuer, et même qu'ils’'est un peu relevé quoique les i MRC tions aient été continuées. ..3° Le poids de tous s’est ensuite accru d’une manière sensible, lors- que les injections ont été supprimées. IT. Aelalivement au :sang.. — 1°°Le nombre des hématies a égale- ment diminué au début : Avec les injections intraveineuse, ces éléments qui ‘étaient de. 4,809,000, au début sont tombées successivement à 3,131,000,2,883,000, 2,604,000, 2,759,000 et 2,790,000. Avec l'injection hypodermique de 50 centimètres cubes, les hématies qui étaient avant au nombre de 4,030,000 sont tombées successivement à 3,819,000, 3,448,000, 3,348,000, 2,958,000 2,573,000, 3,067,000, et 3,131,000. l'adre . Avec l'injection hypodermique de 30 centimètres cubes, les hématies qui étaient de 4,774,000, sont tombées à 4,061,000,2,852,000, 3,937,000, 4,650,000, 3,379,000. 2° Comme on le voit, de même que pour le poids, le nombre des hématies a d'abord diminué. Il à atteint le chiffre minimum vers le 6° ou le 8° jour; puis il s’est relevé sans atteindre toutefois le chiffre primitif. 3° Mais également, de même que pour le poids, le nombre des hématies a augmenté rapidement dès que les injections ont été supprimées. 4° Les leucocytes, dès le 4° ou Le 6° jour, ont augmenté de nombre; et celte hyperleucocytose s’est maintenue jusqu’à la fin des injections. 5° Cette hyperleucocytose a été constituée d'abord par des éléments jeunes, plus petits que les hématies, qui, deux jours après, Sao plus gros qu'elles. 6° L'hyperleucocytose a précédé l’augmentation des hématies de quelques jours. 1° L’hémoglobine a souvent diminué moins rapidement que le nombre des hémalies. IV. Relativement à la sécrétion urinaire. — 1° La sécrétion urinaire est augmentée : Avec j'injection à 50 centimètres cubes par kilogramme de poids, l'animal qui urinait en moyenne 77 centimètres cubes par kilogramme de poids dans les 24 heures, a uriné 132 centimètres cubes pendant les injections, et 108 centimètres cubes après; Avec l'injection de 30 centimètres cubes, l'animal qui urinait 67 cen- SÉANCE DU Â14 NOVEMBRE 945 timètres cubes, a uriné 166 centimètres pendant les injections et 124 après. ni 2 Comme on le voit, il semble que l'effet diurétique des injections se prolonge même au delà du troisième jour. V. Relativement aux applications. — 1° L'injection intra-veineuse d'eau distillée à 10 centimètres cubes par kilogramme de poids peut être répétée un certain nombre de fois chez le lapin et à courts intervalles, sans menacer son existence. 2 Il en est de même des injections hypodermiques à 30 centimètres cubes et à 50 centimètres cubes par kilogramme de poids. 3° Toutefois ces injections font baisser le poids de l'animal, diminuer le nombre des hématies et augmenter la sécrétion urinaire. 4 Si les applications des deux premières propriétés sont rares, iln'en est pas de même de la troisième, la propriété diurétique. 5° Cette propriété diurétique se montre déjà avec des doses auxquelles la solution de chlorure de sodium à 7 p. 1000 ne la possède pas. Il se pourrait donc que, dans certains cas, il y ait des avantages à s'adresser à l'eau distillée, lorsqu'on veut augmenter la diurèse comme pour le lavage du sang. 6° Les inconvénients ou les dangers résultant de la diminution de poids et du nombre des hématies, ne doivent pas être exagérés, étant donné que l'organisme y rémédie de lui-même et rapidement. 1612.396.31 ACTION DU CHLOROFORME SUR LA MALTASE DE L'Aspergillus niger, par M. HExRI HÉRISSEY. En 1886, M. Bourquelot (1), en éludiant la fermentation alcoolique du maltose, arrivait à cette conclusion que ce sucre, pour être utilisé par la levure de bière, devait, comme le saccharose, subir un dédoublement préalable. Ce dernier ne pouvait être effectué que par un ferment soluble sécrété par la levure elle-même, ferment auquel M. Bourquelot a donné plus tard le nom de maltase. M. Emile Fischer à repris récemment (2) l'étude de l’action des enzymes de la levure de bière sur le maltose, et l'une de ces conclusions a élé identique à celle des recherches précédentes, à savoir que le mallose ne fermente pas directement, mais est au préalable dédoublé (1) Recherches sur les propriétés physiologiques du maltose. Journ. de l’Analomie et de la Physiologie, 1886. (2) Einfluss der Configuration auf die Wirkung der Enzyme, Berichte der Deutschen chemischen Gesellschaft, XXVII, 189%, p. 2985 et 3479; XXVIIL, 1895, p. 142. ne ” SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (de) en (e7) par un enzyme de la levure. Mais il a constaté en même Lemps ce fait curieux que le chloroforme ajouté aux mélanges fermentaires dans des, proportions variables retardait et même empêchait complètement le dédoublement du disaccharide (1). En dissolvant par exemple 1 gramme de maltose dans 10 centimètres cubes d’eau chloroformée saturée et ajoutant 50 grammes de levure fraiche de Saaz ou de Frohberg, il n’a pu constater aucune action dédoublante appréciable sur le sucre, tandis. que cette dernière se manifestait nettement sur le maltose en solution dans l'eau additionnée de thymol ou de toluol. Il m'a paru intéressant de rechercher si la maltase produite par des organismes autres que la levure de bière élait semblab'ement influencée: par le chloroforme. Je me suis adressé à l’Aspergillus niger, comme pro- ducteur de ferment. La solution fermentaire a été obtenue à la manière ordinaire : au moment de la fructification, on à rejeté Le liquide de. culture, puis remplacé ce dernier par de l'eau distillée renouvelée fré- quemment pendant quelques heures. Au bout de trois jours, l’eau distillée introduite en dernier lieu, sous la culture, à fourni une solu- tion active de ferment. On a préparé une solution aqueuse de maltose (pur mais non anhydre) à 3 grammes p. 100 et disposé les mélanges suivants : I. — 1er témoin : IT. — 2° témoin : Solution de maltose . 1IPNCACE Solution de maltose . 1DNCANCE Fautdistillé e RON 10 — Eau thymolée à 2/1000. . 40 — IL. — 3° témoin : IV. — Mélange chloroformé à 0,30* p. 100. Solution de maltose . HORCACE Solution de maltose 1I0NC AE: Solution de ferment . AD Solution de ferment . 19 — Chloroforme. . . . 0 gr. 06- V. — Mélange chloroformé à 0,60 p- 100. Solution de maltose . 108c- 6: Solution de ferment . 10 — Chloroforme 0 gr. 12 VII. — Mélange chloroformé à 2 gr. 50 p. 100. Le tube qui contenait ce mélange a été laissé ouvert. Solution de maltose . . lDNCRC: Solution de ferment . . . 410 — Chloroforme . 0 gr. 50 (1) Ibidem, XX VIII, 1895. VI. — Mélange chloroformé à 2 gr. 50: p. 100. Solution de maltose 10%cAc: Solution de ferment . . 10 — Chloroforme . 0 gr. 50” VIT. — Mélangé avec thymol en. excès. Solution de maltose 410 €. c. Solution de ferment . 10 — Thymok.... + EPA M NOIEreRN SÉANCE DU 44 NOVEMBRE 917 On a abandonné les mélanges pendant 48 heures à la température de 19 degrés. Au bout de ce temps, on a examiné au polarimètre le contenu des divers tubes. Cet examen a donné les résultats suivants : I. — « — 30,52 IL — x — 3,52 IL — « — 2,56 IN —= 256 Via ‘29,58 VL — a — 2,58 VII — à — 20,56 VIIL — à — 20,56 L'examen de ces divers résultats nous montre nettement que le chlo- roforme, même en solution saturée, n’a pas d'influence sur la maltase de l’'Aspergillus niger. (Travail fait au laboratoire de M. le professeur Bourquelot, à l'Ecole supérieure de pharmacie de Paris.) 612.886] SUR LE SENS LATÉRAL, par M. PIERRE BONNIER. J'avais entrepris, il y a un an, des recherches sur le sens de la ligne latérale des poissons, et je me proposais d’en faire connaître les résul- tats à la Société, quand M. J. Richard communiqua ici même les résul- tats de recherches analogues, résultats tout à fait différents des miens(1). Je repris donc une nouvelle série d'observations et je pus me con- vaincre que la divergence entre les résultats qu'obtenait M. Richard, et ceux que je retrouvai — identiques aux premiers — dans mes secondes recherches, tenait d'une part, au procédé expérimental, el, d'autre part, à l'interprétation même des faits. Je rappellerai ceux qu'a publiés M. Richard. Son procédé consiste tout d'abord à enlever toutes les écailles de la ligne latérale, ce que l’on peut regarder comme un traumatisme grave pour un poisson, et de nature à compliquer sérieusement l’expérimentalion, sans compter que le sens latéral de la tête est laissé intact. Puis il cautérise les pores sensoriels au thermocaulère ou au galvanocautère, ou bien encore au nitrate d'argent où à la potasse caustique, dont l’action irritante va se (4) M. Jules Richard. — Sur les fonctions de la ligne latérale du Cyprin doré. Soc. de Biologie, 1°* février 1896, 918 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE continuer sous l’eau. Dans les quatre cas, les poissons opérés furent longtemps à se remettre, et l'un d'eux mourut après une seconde cauté- risation, Sur les quatre individus traités, deux sont invariablement ramenés à la surface, un tombe au fond, un autre est incapable de se maintenir à un niveau donné: bref, les quatre sont profondément trou- blés dans l'hydrostation, mais aussi dans leur état général, car ils meurent bientôt. M. Richard en conclut à une «relation bien nette entre la ligne laté- rale et les fonctions de la vessie natatoire ». — Évidemment ces troubles hydrostatiques sont liés à des troubles organiques ; mais, sans nier les relations entre les deux appareils, je ne pense pas que ces expériences soient de nature à les démontrer. En effet, l'ablation des écailles et la perte de substance due à la cau- térisation diminuent le poids de l'animal; d'autre part, la cautérisation, se faisant sur la ligne latérale, débride plus ou moins le manchon mus- culaire qui enserre la vessie, et permet à celle-ci dese dilater. Le pois- son perdant du poids et gagnant du volume, diminue de densité et remonte tout naturellement. Il perd, de plus, la faculté d'agir mus- culairement sur sa vessie; enfin celle-ci peut être lésée elle-même par le rayonnement à travers la couche musculaire peu épaisse et atteinte par le galvanocautère; de plus, les caustiques chimiques exagèrent Leur action sous l’eau et peuvent traverser les tissus. Le traumalisme explique donc mieux que l'hypothèse d’un réflexe supprimé les troubles, d’ailleurs assez contradicloires, observés par M. Richard sur quatre cyprins seulement. _ Je me suis efforcé, au contraire, de laisser l’animal intact, et de ne léser que la périphérie du sens latéral. Je me contentai, le laissant peu de temps hors de l’eau, et opérant à plusieurs reprises, de porter à l’ébullition, par le contact d’un fin galva- nocautère, les organes de la ligne latérale. L’ébullition du liquide des canaux latéraux tue les papilles sensorielles, sans léser les plans muscu- laires sous-jacents, grâce au faible rayonnement calorique à travers l’écaille, — ce qui se vérifiait aisément. Les poissons remis à l'eau ne me montrèrent jamais que deux symp- iômes : 1° ils se laissaient approcher par la main ou l'épuisette et par- fois même saisir sans difficulté ; 2 ils n’orientaient plus correctement le point de chute des corps jetés dans l’eau ou la direction d’un diapa- son vibrant dans l’eau, et fuyaient devant eux directement, contraire- ment à ce qui se passe d'ordinaire. Comme l'oreille perçoit également les ébranlements, je portai à l'ébullilion, par plusieurs applications de plus en plus profondes du galvanocautère, le liquide labyrinthique et tuai ainsi les papilles. Généralement, dès qu'on le remettait à l’eau, le poisson gagnait le SÉANCE DU 1% NOVEMBRE 919 fond en nageant en spirale, le dos alternativement en haut et en bas, autour de son axe longitudinal; quelquefois, il gardait une attitude incurvée latéralement et nageait en manège. Puis, il reprenait ses mou- vements normaux et la facilité avec laquelle il se laissait approcher et prendre était plus grande encore. Enfin, les ébranlements le laissaient indifférent. En ternissant la cornée par l'approche du L ariocautére on le ren- dait insensible à toute approche extérieure. Je fis les expériences inverses. Le poisson, simplement aveugle, percevait et orientait les ébranlements; privé, en outre, de ses oreilles, il percevait et orientait encore nettement. Aveugle et privé de sens latéral, il percevait nettement, mais orientait assez mal. Tous ces pois- sons survécurent et ne moururent que tardivement d’infeclions parasi- taires au niveau des lésions. On peut donc admettre, avec Schultze et Wiedersheim, que le sens latéral, entre autres fonctions, sert à la perception et à l'orientation des ébranlements qui traversent le milieu où baigne l’animal. Cette perception des ébranlements, que j'ai appelée seisesthésie pour la distinguer de l’audition, est commune aux organes latéraux et à l'oreille, qui n’est, d’ailleurs, qu'un organe latéral très différencié. On conçoit quelle facilité la disposition générale . organes latéraux donne à l'orientation objective. Le sens latéral possède encore d’autres attributions communes avec le labyrinthe ; elles feront l'objet d’autres communications. DE LA VÉRITABLE NATURE DU « CHLOROMA », par MM. Pavior et GaLLois (de Lyon). Note présentée par M. CHaARRIN. Après l'étude longue et minutieuse d’un cas de « Cancer vert », d'Aran, connu aussi sous le nom plus général de « Chloroma », nous nous croyons autorisés à identifier la forme morbide isolée par Aran à la variété maligne des « tumeurs lymphoïdes symétriques des orbites », bien connues en ophtalmologie depuis les travaux d'Osterwald (1), de Gayet (2), et plus récemment de Rosa Kerschhaumer (3). -— Nous n'ignorons pas qu à côté de cette forme maligne de tumeur symétrique des orbites, il y a place pour des variétés liées à la lympha- (1) Osterwald, Un nouveau cas de leucémie avec double exophtalmie par tumeurs orbitaires. Von Græffe’s Archiv für ophthalm., 1881, Bd XX VII. (2) Gayet. Sur les tumeurs symétriques des deux orbites Arch, d'ophtalmol., 1886. (3) Rosa Kerschbaumer. Affections leucémiques de l'œil, Archives de Græfe, 1896, t. XLI, f. 3. Biococre. Comptes RENDUS, — 10 SÉRIE. Tv, HT, 10 920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dénie infectieuse (1) (sans leucocythémie? ni leucocytose), et pour d'autres variétés plus bénignes encore, que M. Panas (2) cherche à démêler dans les productions si disparates de nature et d’étiologie que: sont les affections confusément décrites sous le nom de « Ilymphomes des orbiles ». Mais depuis Leber et surtout Osterwald, on sait qu'il faut admettre une variété grave et mortelle de lymphome double des orbites liée d'une façon certaine à la leucocythémie vraie. — Or, si l’on veut bien s’astreindre à la lecture du cas d'Osterwald et de celui publié par Gayet, on sera, comme nous, convaincu de la simili- tude clinique absolue de cette affection et de celle décrite par Aran, sous le nom de Cancer vert (3). Elles ne diffèrent que par la teinte; mais, au triple point de vue clinique, nécropsique et histologique, on a affaire à la même affection. Un seul élément nous fait défaut pour parfaire d’une. façon définitive l'assimilation, c’est l'examen du sang, qui n’a été fait jusqu'ici dans aucun cas de chloroma et non plus dans le nôtre; mais du moins celui que nous avons observé nous a donné histologiquement le foie leucocythémique le plus typique qu'on puisse voir. — Peut-être la forme morbide d’Aran n'est-elle pas la seule tumeur chloromateuse qui existe, c’est-à-dire qu’au point de vue histologique, dans les cas réunis dans la monographie de M. Lang (4), il n’y a proba- blement pas que des lymphomes; mais, nous insistons, nous ne visons: ici que la prétendue entité isolée par Aran. — Nous croyons, pour les considérations développées plus haut, pou-. voir conclure que : 1° Le Cancer vert d'Aran (Ghloroma de King) est constitué par un ensemble de lymphomes tangibles, dessous apparents à cause de leur siège orbilaire, temporal et occipital. 2 L’allure clinique, les résullats autopsiques F foie leucocythémique typique dans notre cas), autorisent à le rattacher fermement à la leuco- Cythémie, qui, dans son évolution, précède, comme en témoignent la pâleur et l'élat général grave, l'apparition de ces lymphomes orbitaires. Note adilitionnelle : Ce sont les diverses productions chlore de ce cas, que l’un de nous a étudiées en collaboration avec M. le pro-! (4) Delens. Observation de tumeurs lymphadéniques des deux orbites. Arch. d'ophtulmil., 1886. (2) Panas. Clinique : Dacryo-adénite double d’origine amygdalienne. Sem. mél, 23 Janv. 189%. — Thèse de son élève Ezéquiel Sanchez : Contribution à l'étude clinique des pseudoplusm s de l'orbite. (3) Aran. Note sur une forme particul ère el encore peu connue de cancer de la dure-mère et des os du crâne Ge vert, CARLA Arch. gén. de inétl., 1854. (4) Lans. Monographie du chloroma. Arch. gén. de méd., 1893-1894. SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 921 x fesseur Hugounenq (1); les résultats en ont été communiqués à cette Sociélé : ceux que nous apportons aujourd'hui n'infirment en rien ce ; J que nous avons dit pour les autres tumeurs malignes expérimentées. DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES D'EAU SALÉE DANS L'EMPOISONNEMENT STRYCINIQUE, par M. Rocer. Dans des expériences sur les condilions qui modifient l'absorption des substances toxiques, Magendie reconnut qu'en injectant un litre d’eau dans les veines d’un chien, l’on retarde et l'on atténue l’action des poi- sons introduits dans la plèvre; en employant deux litres, on empêche toute manifestation toxique. J'ai repris la question et j'ai étudié les effets du sulfate de strychnine chez des lapins, dont les uns servaient de témoins, dont les autres avaient reçu, au préalable, de l’eau salée dans les veines. L'eau salée a été injectée à la température de 39 degrés, à raison de 3 à 4 centimètres cubes par kilogramme et par minute; la quantité introduite a varié de 3 à 228 centimètres cubes par kilogramme. Dans une première série d'expériences, le poison a été introduit sous la peau. Cinq minutes après la fin de l'injection d'eau salée, ces ani- maux recevaient de 0.5 à 2 milligrammes de sulfate de strychnine. Le tableau ci-contre donne une idée des résultats obtenus. On voit que les injections d’eau salée, à dose de 3 à 70 centimètres cubes par kilo- gramme ne modifient guère la résistance des animaux; tantôt elles l’aug- mentent, tanlôt elles la diminuent; mais, si on introduit des quantités considérables, c'est-à-dire de 164 à 228 centimètres cubes par kilo- gramme, les accidents sont retardés et atténués. Ainsi, une dose de 4 milligramme tue un lapin neuf dans un temps qui varie de dix-huit à trente et une minutes; ce n’est qu’au bout d’une heure qu'elle amène la mort d’un animal ayant reçu, au préalable, 210 centimètres cubes d’eau salée par kilogramme (exp. X). En diminuant la dose de poison, on n’observe même plus d'accidents. Chez le lapin de l'expérience XIV, 7 milligrammes ne produisent aucun trouble, pas même une exa- gération des réflexes, tandis que les lapins des expériences XIII et XV, qui avaient recu par kilogramme la même dose de strychnine, furent atteints de convulsions qui se répétèrent pendant sept à huit minutes; puis, ils se remirent mais, pendant trente à quarante minutes, ils pré- sentèrent encore une exagéralion très marquée des réflexes. Si le poison est injecté dans les veines, les résultats sont bien diffé- (1) Hugounengq el Paviot. Sur les propriétés oxydantes, peut-être dues à des actions diastasiques, de quelques tumeurs malignes. Soc, Biol., 28 mars 1896. 922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rents. Toujours, quelle que soit la quantité d’eau introduite, les animaux hydrémiés succombent avant les témoins. Dans les expériences XXIV, XXV, XXVI, XXVII et XXVIII, nous avons employé une solution à 1 pour 16,000 (6 mgr. 25 pour 100) et nous avons poussé le liquide de façon à introduire deux gouttes par minute; il fallait done 10 minutes pour injecter 1 centimètre cube. De cette façon, le poison a le temps de se diffuser et de s’éliminer, el les résultats obtenus ont une net- teté et une précision tout à fait remarquables. C'est ce qu’on pourra saisir en parcourant le tableau ci-contre : les chiffres que nous donnons QUANTITÉ D'EAU DOSE DE STRYCHNINE | TEMPS ÉCOULÉ DEPUIS INJECTÉE INJECTÉE L'INJECTION RC mm de F Ts L'ANIMAL par par L jusqu'aux | jusqu’à la lapi P convuls. mort. gr. cent. cubes.|cent. cubes.| milligr. 2220 » » 2380 167 70 1470 1500 : 2000 1500 1400 1520 1600 1900 1750 1750 1950 1820 1320 1500 1670 13 Pas de conv. 18 15 18 OO000O00O0hemRR EE = 0 IN DODOOCOSOOCOSSO0CSOCE peuvent encore servir à démontrer combien les résultats varient avec la vitesse de l'injection, combien ils sont constants quand la vitesse reste constante. Trois explications peuvent être proposées pour rendre compte de effets produits par les injections intraveineuses d’eau salée dans l'em: poisonnement strychnique : une absorption plus lente du poison, une élimination plus rapide, une modification du pouvoir réflexe Des: cen- tres nerveux. - Quand le poison est introduit dans les veiñes, une Sole Me taie conditions est supprimée ; il n’y a plus à tenir compte des modifications dans l'absorption. Mais si l’élimination par la voie rénale est vraiment devenue plus active, son influence peut encore se faire sentir, surtout CRE à RQ 2 0 A SÉANCE DU 14 NOVEMBRE 923 quand on injecte lentement la solution toxique; il est certain que lors- qu'on met une heure et plus pour introduire une dose convulsivante, le poison arrive bien plus lentement qu'après une injection sous-cutanée, et doit par conséquent s'éliminer beaucoup plus facilement. Or, il est certain que la sécrétion rénale est plus active; mais rien ne démontre qu'elle entraine une plus grande quantité de poison; c'es une question qui mérite d'être étudiée. Nos recherches n’apportent aucun éclaircisse- ment sur ce point; elles démontrent, en revanche, que les injections augmentent notablement le pouvoir réflexe de la moelle : car on ne peut comprendre autrement pourquoi, en injectant dans les veines des doses QUANTITÉ D'EAU INJECTÉE DOSE DE STRYCHNINE INJECTÉE PHÉNOMÈNES TR POIDS TITRE DE LA SOL. de l'animal. ar par | par | Kilo et par minute. observés, de l'injection de strychnine. de strychnine. lapin.| kilo. mile | millig.| millig.| millig. 2000446 .18710.087 .12510.057 .06210.028 11811025 .315|0.192 .65610.337 .71910.331 0. |0.272 25010226 .40610.187 AO XVII1121450 XIX|2170 XX12180 XXI|2180 XXI114900 XXHI|1950 XXIV11950 XXV 12170 XXVI12200 XXVIL| 1880 XXVI1112165 .023 Mort en 4 minutes. .022 Mort immédiate. .014 Convuls.; survie. .01# Mort en 2 minutes. .0045 Conv.; mort rapide. .0043 — .0033 à — .003%| 1.35 |Convuls.; survie. -0031! 1. = 1003318 Conv.; mort rapide. .0033 — Le "D ND | COTES [er] [SLA © 9 © OO © © © © © © © 41 1 A à SOI eoie de strychnine qui ne provoquent aucun trouble chez.les témoins, on détermine chez les animaux hydrémiés des convulsions mortelles. D'un autre côté, si l'injection intraveineuse de grandes. quantités d’eau salée retarde et atténue les effets d’une injection sous-cutanée de strychnine, c'est évidemment que l'absorption est considérablement diminuée. On s'explique ainsi la discordance apparente des résultats sui- vant que le poison est introduit sous la peau ou dans les veines. En résumé, tout en réservant la possibilité d’une élimination plus active, nous croyons pouvoir tirer de nos expériences les deux oeil sions suivantes : Lés injections intraveineuses d'eau salée retardent l'absorption sous- cutanée; elles augmentent lé-pouvoir réflexe de la moelle” autrement dit, elles exercent une action dynamogérique. at 924 7 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Érar HISTOLOGIQUE DU TUBE SÉMINIFÈRE DANS UN TESTICULE SARCOMATEUX, par M. Cu. MATHIEU, Préparateur à la Faculté de médecine de Nancy. (Extrail d'une communication à la Réunion biologique de Nancy du X novembre 1896.) Il s’agit d’un néoplasme du testicule, ayant nécessité la castration que M. le professeur Gross remit au laboratoire d'anatomie patho- logique. La glande n’était pas envahie par la tumeur qui avait pris naissance dans l'épididyme, elle était seulement un peu réduite de volume, nor- male de consistance et d'aspect. Les pièces, choisies en différents points, plus ou moins rapprochés de la tumeur, ont été fixées par l'alcool absolu, le sublimé en solution concentrée, le liquide de Flem- ming, coupées à la paraffine et colorées aux couleurs d’aniline. Les résultats de l'examen démontrèrent qu’on avait affaire à un sar- come encéphaloïde, à petites cellules, qui avait modifié profondément, par voisinage, la structure fine du tube séminifère ; et voici quelles étaient les lésions déterminées par la présence de ce sarcome : 1° La membrane propre est d'autant plus épaissie qu’on se rapproche davantage du voisinage de la tumeur. Get épaississement, limité à la. membrane propre, se produit aux dépens de la lumière du canal qui finit par disparaître complètement, ainsi que les cellules qu’elle ren- fermait. Le tube oblitéré se laisse, à son tour, envahir par les éléments du sarcome et finit par disparaître. 2° Les cellules nobles, renfermées dans le tube, au début du pro- cessus d'altération, ne disparaissent pas en masse et d’une facon quel- conque, mais, par ordre, successivement reproduisant en sens inverse le cycle de leur genèse; c’est-à-dire qu’on voit disparaitre d’abord les. spermatozoïdes, puis les spermatides, ensuite, les spermatocytes, enfin les spermatogonies. Cet ordre est prouvé par les figures de dégé- nérescence que ces divers groupes de cellules présentent dans les tubes altérés. 3° Les dernières cellules qui persistent dans ces tubes sont les cel- lules fixes de Sertoli ou cellules de soutien. Leurs caractères ne per- mettent pas de les confondre avec d’autres cellules dégénérées. Avant de disparaitre, ces cellules présentent une phase d'activité remar- quable et attestée : 1° par l'augmentation du nombre de ces cellules; 2° par la constatation de figures de division (division amitotique) ; 3° par des déplacements nucléaires à l'intérieur du protoplasma cellu- laire. Le noyau se porte tout à l'extrémité centrale de l'élément, Rs, : - SÉANCE DU 44 NOVEMBRE 995 SUR UN NOUVEAU FERMENT DU SANG, par M. HaANriot. On sait avec quelle facilité les réserves graisseuses de l'organisme disparaissent, soit par l'inanition, soit dans certains états pathologiques. Comment cette graisse peut-elle être solubilisée et être ramenée dans le sang pour y subir l'oxydation? On admet généralement que l’alcalinité -du plasma suffit pour opérer son hydratation et la transformer en glycé- rine et savons, tous deux solubles. J'ai pu m'assurer par l'expérience directe, que les graisses les plus diverses, abandonnées pendant plusieurs mois avec une solution de carbonate de sodium, relativement concentrée, ne subissent qu'une attaque insignifiante. Il fallait donc chercher une autre explicalion à la dissolution rapide des graisses de l’organisme. Les graisses raturelles sont difficilement mouillées par les liquides aqueux, et leur attaque par les divers réactifs en est sensiblement ralentie; aussi je me suis adressé dans ces recherches à un corps gras soluble en partie dans l’eau, la monobutyrine de la glycérine, qui a déjà servi à Claude Bernard et à Berthelot à étudier l’action du suc pancréa- tique. . é A l’aide de ce réactif, j'ai pu, en titrant l'acide butyrique mis en liberté, constater que le sérum sanguin dédouble aisément la monobu- tyrine, même en solution légèrement acide, tandis que l’eau et même le carbonate de soude n'ont qu'une activité négligeable. Il s'ensuit que le sérum agit, non par son alcalinité, mais par un autre principe que j'ai supposé être de l’ordre des diastases. Il est en effet facile de constater que l’activité du sérum cesse lors- qu'on l’a porté à une température de 90 degrés, qu’elle se ralentit consi- dérablement lorsque le sérum est chauffé à 60 degrés, ou lorsqu'on lui ajoute son volume d'alcool; qu'au contraire les antiseptiques, phénol, chloroforme et sublimé n’empêchent pas la réaction. Du reste, le sérum avait été recueilli aseptiquement, les autres liquides avaient été stéri- lisés, ce qui écarte la possibilité d’une action microbienne. J'ai enfin constaté qu'une quantité très minime de sérum suffit à décomposer des quantités relativement considérables de butyrine, pourvu que l'on sature de temps en temps l'acide mis en liberté. Faute de cette dernière précaution, la réaction s'arrête dès que la solution a atteint un degré d'acidité déterminé. C'est cet ensémble de réactions qui caractérise ce que l’on est con- venu d'appeler un ferment soluble; nous devons donc admettre que le sérum renferme un tel ferment hydratant des graisses, et pour lequel je proposerai le nom de lipase. » . NAT 926 "SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ? Ce ferment préexiste-t-il dans le plasma sanguin ou n’apparaît-il qu'après la mort des éléments du sang? Pour résoudre cette question, j'ai centrifugé du sang oxalaté et j'ai pu constater que le plasma avait exactement la même activité que lé sérum provenant d’une autre por- tion du même sang. On peut,'en effet, évaluer les quantités de ce ferment qui existent dans une solution; .car, pour des durées inférieures à une heure, les quantités d'acide mises en liberté sont sensiblement proportionnelles aux quantités de sérum ajoutées : nous avons donc le droit de comparer les richesses en ferment de deux solutions, à condition d'opérer sur ces deux Sono dans des conditions identiques de temps et de tempéra- ture. J'ai recherché la présence de la lipase dans les divers tissus de l’or- ganisme, et voici les-conclusions de cette élude : Le sang, le pancréas, le foie en renferment abondamment. Le musele, ‘le corps thyroïde, la rate, les capsules surrénales, le testicule, l’urine, la lymphe n’en ren- ferment que des ons insignifiantes. £ Le même réactif m'a permis de constater aisément la Dréscnbe d'un ferment analogue dans les graines oléagineuses en train de germer, ferment qui paraît y remplacer la diastase,. Pour que les résultats obtenus si nettement avec la monobutyrine puissent être généralisés, il fallait démontrer que les graisses natureiles agissent de même; j'ai pu constater une action analogue avec la crème bien lavée, ainsi qu'avec l'huile d'olives et le suif, bien que plus diffici- Ù q ) lement, Le (Férant : te MASSoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, {, rue Cassette. De .: 927 SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1896 M. Pau Carwor : Sur les nerfs chromatomoteurs de la grenouille. — M. G. Marr- NESCO : Sur les phénomènes de réparation dans les centres nerveux après la sec- tion des nerfs périphériques. — M. Boucaeron : Sérothérapie antistreptococcique dans la dacryocystite purulente rebelle à streptocoques, et dans les streptococcies oculaires. — MM. A. GILBERT et P. CarNor : Note préliminaire sur l’opothérapie hépa- tique. — M. A. Carr : Accidents épileptiformes expérimentaux. — M. Cu. FÉRE : Note sur l'influence des injections de la solution dite physiologique de sel dans l'albumen de l'œuf de poule sur le produit de l’incubation; apparence de neutra- lisation des effets de l'orage. — MM. Cu. Acnarp et R. BENSAUDE : Sur l’aggluti- nation des divers échantillons du bacille d'Eberth et des bacilles paratyphiques. — M. P. Lancrors : Action différente de l'extrait de capsule surrénale sur la pres- sion sanguine suivant l'état d’altération morbide de ces organes. — M. CHARLES Ricuer : Jusqu'où, dans l'état nerveux hystérique, peut aller la privation d’ali- ments? — M. Cnarces Ricuer : Des échanges respiratoires dans l'inanition hysté- rique. — MM. E. WERTHEIMER et L. LePAGE : Sur les voies de résorption de la bile dans le foie. — MM. Turrier et HazLion : Opérations intrathoraciques avec respi- ration artificielle par insufflation. — M. P. Méaewnx : Etat dans lequel sont les oreilles des jeunes animaux qui naissent les yeux fermés. — M. Mrrour : Traitement des accidents consécutifs aux grandes hémorragies. — MM. Desror et Bérarn : La circulation artérielle du rein étudiée d’après des radiographies. Présidence de M. Chauveau. CORRESPONDANCE MANUSCRITE. Note de MM. E. Desror et BéRarD, Sur la circulation artérielle du rein, étudiée d'après des radiographies, avec planches photographiées (rayons X). (Voir page 957.) CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. le professeur Ricuer fait hommage à la Société : 1° Du 1° fascicule du tome. II de son Dictionnaire de Physiologie ; 20 ‘D'un exemplaire du 1° volume de Bibliographia physiologica, année 1895, par Cu. RICRET. [612.79] SUR LES NERFS CHROMATOMOTEURS DE LA GRENOUILLE, par M. Pauz CaRNor. (Communication faile dans la séance précédente.) Le chromoblaste de la grenouille se présente, tantôt à l’état d'exten- sion (teinte foncée de l'animal), tantôt à l’état de boule très noire et d'un volume très réduit (teinte claire). Si nous soustrayons à l’action de la lumière, deux grenouilles, l’une très claire, l’autre très foncée, au BioLocre, ComPrEs RENDUS. — 102 séÉRtE. Tv. III. 71 928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bout de 24 heures, elles ont chacune, en dehors de toute excitation, une teinte mixte, et une position moyenne d'extension des chromoblastes. Nous croyons qu'à une action nerveuse d’un seul sens, admise par les auteurs, doit être substituée la notion d’une action double chromato- constrictrice et chromatodilatatrice (1). L'étude de certains réactifs physiologiques des chromoblastes nous confirmera dans cette idée. Tout d'abord, nous étudierons le mécanisme de la rétraction sur une membrane interdigitale vivante fixée sous le microscope, après injec- tion de quelques gouttes d’une solution à 5/100 de chlorhydrate d'ani- line. Les cellules, à prolongements étalés et intriqués, se simplifient déjà au bout de 1/4 d'heure. Si nous fixons un prolongement, nous le voyons devenir invisible par places et bientôt il n’en reste plus que 3 ou 4 tronçons bourrés de granulations pigmentaires. On pourrait croire à l’émiettement des prolongements, à une sorte de clasmatose. Les réactifs colorants les plus énergiques ne parvien- nent pas, en effet, à colorer l’ancien prolongement, entre les tronçons pigmentaires. Or il n’en est rien : nous voyons, en suivant plusieurs amas pigmentaires, que l’un d’eux devient à un moment plus petit et plus clair; en même temps, l’amas voisin, en direction centripète, devient plus gros et plus foncé. Puis, lui-même diminue aux dépens du suivant et ainsi de suite. On assiste au transport, par petits paquets, des granulations pigmentaires, d’un amas à l’autre en direction cen- tripète jusqu’à ce que, finalement, il ne reste plus qu'une boule noire centrale arrondie. Jusqu'à ce stade donc, les prolongements protoplasmiques persistent, puisque le transport régulier des granulations s'effectue à leur intérieur. Mais une fois tous les granules transportés à la partie centrale, ces prolongements subsistent-ils ou se rétractent-ils comme les pseudo- podes des amibes et des leucocytes? Si on atlend le retour, après 3 ou 4 heures, des chromoblastes à l’état d'extension, ou si on hâte cette extension en exposant l'animal aux vapeurs de nitrite d’amyle, on voit les prolongements nouveaux occuper en général la place des anciens. Pourtant, il arrive que parfois, un prolongement est remplacé par plu- sieurs ; que leur trajet, au sortir de la cellule, n’est pas identique à celui dessiné pendant la première phase. Il y a, somme toute, des modifi- cations légères, mais appréciables. Néanmoins, les recherches de Ballowitz, puis d’Eberth et Bunge ont montré que la cellule une fois rétractée, les filets nerveux très nombreux, (1) Cette notion ne se trouve pas exprimée par les auteurs, si nombreux pourtant, qui se sont occupés de la question. Une exception doit être faite cependant pour les chromatophores des céphalopodes, organes musculaires, il est vrai. P. Bert, Klemziewitz, et surtout Phisalix, ont insisté sur les aclions inhibitrices de ces chromatophores. Le TA SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 929 allant aux prolongements et colorés par la méthode de Golgi persis- taient : ce qui semblerait indiquer une persistance des prolongements. Quoi qu'il en soit de cette deuxième phase, du moins au début, le prolongement persiste, et le transport des granules pigmentés se fait à son intérieur, de même qu'il se fait à l'intérieur des cellules rétiniennes chez l'homme et les mammifères. Nous avons employé comme type de réactifs chromatoconstricteurs, le chlorhydrate d’aniline. D’autres réactifs ont la même action : la san- tonine (indépendamment de son action sur la vue, car l'effet est le même -sur une grenouille aveuglée), l’ergotine. Généralement tous les médica- ments vasoconstricteurs sont en même temps chromoconstricteurs. Il y a néanmoins des exceptions : tel l’iodure de potassium qui éclaireit la grenouille en dilatant ses artères; la chaleur agit également en sens inverse. D'autres réactifs foncent au contraire la grenouille et agissent comme chromodilatatrice : le type de ces réactifs, comme il estun type d'action vasodilatatrice, est le nitrite d’amyle. De même agissent, mais moins sûrement, l’éther, le chloral, signalés par Vulpian; de même l’action locale de l’huile de croton, de la cantharide signalée par Leister. Comment s'exerce cette action? Elle n’est pas périphérique : en effet, -deux lambeaux de peau coupés et plongés aussitôt l’un dans une solu- tion de chlorhydraie d’aniline, l’autre exposé aux vapeurs de nitrate d'amyle, ne changent pas de couleur : l'électricité les fait changer; ils sont donc encore impressionnables. L'action est une action nerveuse à distance; quelles sont les voies de conduction? Si on coupe un sciatique, la grenouille prend parfois, de ce côté, une teinte un peu plus foncée, mais qui disparait vite; l’action du chlorhy- drate d’aniline et du nitrite d’amyle s'exerce également sur l’une ou l'autre patte; de même de l’action de la chaleuret de la lumière. Si, par contre, on coupe toute la patte, sauf le sciatique, les changements de couleur se font de même dans l’une et l’autre patte. Si on coupe toute la patte, sauf l'artère et les réseaux périartériels, la circulation étant, du reste, arrêtée très vite par l’obstruction des voies de retour, les changements de coloration, après injection de chlorhy- drate d’aniline et de nitrite d’amyle, se font encore, et même plus éner- giquement, du côté sectionné. Le sciatique, le réseau périartériel, contiennent donc de doubles fibres constrictrices et dilatatrices, et après section se suppléent l’un l’autre; de même de la moelle et du sympathique qui, sectionnés iso- lément, n’empêchent pas les changements de coloralion de se pro- duire, sectionnés ensemble l’empêchent. 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.825.6] SUR LES PHÉNOMÈNES DE RÉPARATION DANS LES CENTRES NERVEUX APRÈS LA SECTION DES NERFS PÉRIPHÉRIQUES, par M. G. MARINESCO. (Travail du laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux.) (Communication faite dans la séance précédente.) La section d’un nerf périphérique détermine dans son centre un état de réaction dont les modifications nous sont connues gràce aux recher- ches de Nissl, Marinesco, Onufrowiez, Ballet et Dutil, Flatau, Lugaro. Certaines cellules ne pouvant suffire aux frais de réparation de leur prolongement périphérique, s’atrophient et disparaissent, tandis que d’autres sont capables de fournir une quantité suffisante d'énergie et peuvent ainsi survivre à la section de leur cylindre-axe. Comment se fait la restitulio ad inteyrum de ces cellules ainsi modifiées? C'est là une question fort intéressante au point de vue de l'histologie générale et qui n’a pas encore été résolue complètement. Le seul auteur qui, à ma connaissance, s’est occupé de ce sujet est Nissl, lequel, dans un tra- vail publié sur ce sujet, dit : « Un petit nombre de cellules nerveuses, après la section du facial, disparaissent, mais la plupart réparent lente- ment leur perte, probablement par l'intermédiaire de nouvelles commu- nications nerveuses, de sorte que 50 à 60 jours après la solution de continuité, il est difficile, pour un observateur non exercé, de les distinguer des cellules nerveuses. » Afin de compléter l'étude de cette question, j'ai entrepris une série d'expériences dont les résultats me paraissent devoir jeter une certaine lumière sur le processus de répa- ration dont il s’agit. J’ai examiné le bulbe de lapins auxquels j'avais sectionné l'hypoglosse. Après avoir gardé les animaux en vie pendant 24, 46, 73, 90 jours, ils ont été sacrifiés. Les phénomènes de réparation sont déjà {rès nets el certains au bout de 2% jours. Il est facile de distinguer, à un faible grossissement, le noyau correspondant au nerf sectionné, du noyau intact. Deux carac- tères surtout servent à montrer cette différence, c’est d’une part, lhyper- trophie des cellules, celles-ci dépassant par leur volume, les dimen- sions moyennes, et d'autre part, leur coloration foncée résultant, ainsi que nous le verrons, de l'augmentation de volume des éléments chroma- tophiles. Pour faire plus ample connaissance avec ces modifications, il faut employer un grossissement plus fort. On voit alors que les deux caractères que nous venons d'indiquer sont très accusés et les cellules hypertrophiées sont de vraies cellules géantes à côté des cellules atro- phiées. Leur noyau est habituellement un peu excentrique. Il est plus foncé qu'à l’état habituel. Les éléments chromatophiles volumineux se présentant assez souvent sous forme de /ilaments, ce qui fait que l'aspect strié de la cellule est exagéré. Une particularité qui mérite " LL 'Eut'h4i gr DU) dun | MER Lu 6 ME (1 ? PAGES ED RMI Je at ° si LL ; 4 7 - Ê A SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 931 d’être notée est que les éléments chromatophiles, ainsi que Benda l'avait admis, sont constitués par des granulations agglutinées, par une subs- tance pâle et homogène. La néoformation des éléments chromatophiles ne se présente pas d’une façon uniforme dans toutes les cellules en voie de réparation. Dans quelques-unes ce processus de néoformation est nettement périnucléaire et alors la cellule présente, autour de son noyau, un anneau formé d'éléments chromatophiles, tandis qu'à la périphérie plus pâle, se voient des éléments beaucoup plus jeunes, de volume et de coloration moindres. Ailleurs, on voit aussi un anneau périphérique et un anneau central séparés par une zone claire. D'autres cellules enfin présentent des régions alternativement sombres et claires par suite de l’inégale répartition des éléments chromatophiles. Dans le bulbe de lapins qui ont vécu 46 jours, ces modifications s’accentuent, le volume de la cellule a encore un peu augmenté; cette hypertrophie lente se continue même jusqu'à 90 jours; mes expériences n'ont pas porté au delà de cet intervalle. Ce qui distingue particulièrement les cellules du noyau de l’'hypoglosse du côté de la section, au bout de 90 jours. c'est qu'elles sont très volumineuses par rapport à celle du noyau intact, mais elles ont repris leur configuration, on dirait d’une cellule normale très hypertrophiée. En outre, elles se trouvent dans un état de pecno- morphie évidente, et pour cela elles se colorent d’une facon beaucoup plus intense que les cellules normales qui paraissent très päles, com- parées aux précédentes. Un fait essentiel dont on doit tenir compte dans l’évolution du pro- cessus de réparation après la section des nerfs périphériques, c’est la réunion complète ou incomplète ou l’absence d'union des deux bouts des nerfs sectionnés. Je puis affirmer que les modifications des cellules ner- veuses queje viens de décrire, sont les fonctions du travail de régénéres- cence nerveuse qu'elles doivent accomplir dans le bout périphérique dégénéré. Aussi, plus les conditions de réunion des deux bouts sont facilitées, plus les phénomènes de réparation des cellules nerveuses sont précoces. Ainsi, chez le lapin qui a vécu 24 jours, les phénomènes de réparation des cellules étaient déjà nettement accusés, la réunion des deux bouts sectionnés était également en train de s'effectuer. L'hyper- trophie progressive de la cellule nerveuse, dans le cas de section de son cylindre-axe, démontre, à mon avis, que si, dans un élément anato- mique les phénomènes de désintégration sont relativement petits par rapport aux phénomènes d'intégration, il s’hypertrophie, car, il ne faut pas l'oublier, la cellule nerveuse augmente de volume dans le but de subvenir aux lésions produites dans les deux bouts du nerf sectionné, et ce n’est que plus tard, quand la continuité anatomique du nerf péri- phérique est rétablie, que la fonction reparait; dans ce cas, l'hyper- trophie de l'élément a précédé le retour de la fonction. 932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉROTHÉRAPIE ANTISTREPTOCOCCIQUE DANS LA DACRYOCYSTITE PURULENTE REBELLE A STREPTOCOQUES, ET DANS LES STREPTOCOCCIES OCULAIRES, par M. BoucuERoN. (Communication faite dans la séance précédente.) Un grand nombre de dacryocystites purulentes sont produites par les streptocoques, comme le prouvent les recherches bactériologiques récentes de Widmark (1), de Parinaud (2) et Morax (3) et les nôtres. La dacryocystite à streptocoques paraît être fréquente, car ce sont des streptocoques qui ont été trouvés dans la plupart des observations publiées, mais il faut remarquer qu'il s'agissait presque toujours de cas sérieux. t La dacryocystite purulente à séreptocoques est un type défini, carac- térisé par la présence des streptocoques dans le pus; par les phlegmons du sac lacrymal, parfois récidivants ; par la persistance de la purulence fréquente après l’état aigu; par la conjonctivite lacrymale, fréquente aussi; et par la rhinite à streptocoques, plus fréquente peut-être. Le rétrécissement du canal nasal précède souvent, et accompagne presque toujours la purulence du sac. Le rétrécissement du canal nasal, une fois constitué, est une lésion qui persiste, indépendante de la cause formatrice, et qui réclame une thérapeutique chirurgicale spéciale. Les cas les plus rebelles sont ceux où la purulence du sac se pro- longe, après les phlegmons aigus du sac, malgré la thérapeutique chi- rurgicale et antiseptique usitée aujourd’hui. Dans les formes atténuées, la purulence disparait spontanément. C’est pour les cas rebelles que la sérothérapie antistreptococeique est surtout indiquée. Voici un exemple de ce que l’on peut obtenir par la sérothérapie antistreptococcique, dans un cas de dacryocystite purulente, rebelle, à streptocoques. OBSERVATION (résumée). Il s'agit d'une femme de trente-neuf ans, affectée de larmoiement depuis 4 à 5 ans, atteinte d’un premier phlegmon du sac à l’occasion d’une grossesse, et ayant subi trois autres phlegmons du sac en 14 mois, avec persistance de la purulence du sac dans l'intervalle des phlegmons, malgré les traitements employés, — la première injection hypodermique de sérum Marmorek, faite contre cette purulence persistante, amena une grande amélioration. Une 2 injection pratiquée 15 jours après, fit disparaître ce qui restait de pus dans le sac, les restes de la conjonctivite lacrymale, et améliora considérablement x (4) Widmark. Études bactériologiques sur la dacryocystite, la kératite à hypopyon, la blépharadénite et la dacryocystite phlegmoneuse. Résumé français dans les Annales d’oculistique, t. XCXV. (2) Parinaud. Annales d'oculistique, 1892. (3) Morax. Thèse de Paris, 1894. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 933 la rhinite. Une 3° injection, huit jours plus tard, fut encore faite, pour conso- lider ces résultats. Ainsi avec l'injection hypodermique du sérum de Marmorek à demi- dose, soit 5 centimètres cubes, trois ou quatre fois répétées à quelques jours d'intervalle, — on voit, sans autre traitement, disparaître la puru- lence du sac lacrymal, la conjonctivite lacrymale et la rhinite coexis- tantes, en peu de jours. — Dans un autre ordre d'idées, la sérothérapie antistreptococcique peut recevoir des applications intéressantes en oculistique. C'est dans les Streptococcies locales de la région oculaire, en vue de prévenir ou de combattre les complications purulentes des opérations et des trauma- tismes de l'œil. On inerimine depuis longtemps et avec raison les affections lacrymales, infectieuses, de provoquer des complications de purulence dans les opérations chirurgicales du globe oculaire et dans l'opération de la cataracte en particulier. Les traumatismes du globe oculaire, avec plaie pénétrante, subissent aussi des complications purulentes, du fait des infections préalables des voies lacrymales, des conjonctives et des paupières. Si tous les microbes pyogènes peuvent être l’origine de ces compli- cations de purulence, il faut reconnaître avec Morax, qui dans sa thèse de 1894 a fait d’intéressantes recherches sur ce point, que le streptocoque, hôte fréquent des voies lacrymales et nasales, estsouvent l'agent des complications, les plus graves, des opérations oculaires. La streptococcie des voies lacrymo-nasales est une indication de la sérothérapie antistreptococcique préventive chez les sujets qui doivent subir l'opération de la cataracte ou une autre opération oculaire, et qui sont menacés de complications du fait de cette streptococcie locale. La sérothérapie préventive peut aussi être employée quand le sujet à opérer est en état de streptococcie même avec localisation hors de l'œil. Nous avons déjà présenté à la Société de Biologie (1896) un fait de ce genre. Il s'agissait d'un cataracté diabétique, qui, ayant été atteint d’une streptococcie du membre inférieur (lymphangite), fut soumis à la séro- thérapie préventive antistreptococcique, et fut, peu après, opéré de la cataracte sans complication. — Lorsqu'apparait une complication streptocococcique après une opé- ration oculaire ou après un traumatisme, la sérothérapie, par le sérum de Marmorek, nous semble aussi pouvoir être tentée, à titre curatif, quand l'examen microscopique ou les cultures ont démontré l'existence d'un streptocoque dans la plaie. La dose du sérum de Marmorek est efficace à 5 centimètres cubes, comme nous nous en sommes assuré par des observations déjà nom- breuses, dans ces streptococcies locales, infiniment moins graves que les septicémies par streptococcie généralisée. 934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE PRÉLIMINAIRE SUR L'OPOTHÉRAPIE HÉPATIQUE, par MM. A. GILBERT et P. CARNor. Certaines difficultés techniques entravent l'étude physiologique et thérapeutique des extraits de foie : la principale provient de ce que le foie, s’il détruit ou neutralise physiologiquement certains poisons, en retient d'autres. Un extrait total comprendrait donc, à la fois, le poison et le contre-poison. Suivant la quantité relative des deux, les propriétés de l'extrait varieraient largement; elles pourraient même être très nocives. L'opothérapie hépatique n’existera vraiment que si l’on peut isoler les parties utiles et nuisibles. Pour atteindre ce but, on peut employer deux moyens: 1° Ou bien chercher une séparation physique, c'est le {but que nous avons poursuivi, en étudiant séparément les principes solubles dans l’eau, dans l’alcool, dans l’éther ; en précipitant des sels au sein de la liqueur, en filtrant, en dialysant, etc. Ces procédés nous ont donné plusieurs indications ; mais ils n’ont pas encore fourni tous les résultats voulus. Nous les ferons connaitre prochainement. 2° Ou bien on peut, par le choix de l'animal et les conditions dans lesquelles on le met avant l’abatage, limiter la toxicité de l'extrait, et, par là même, augmenter d'autant les propriétés utilisables. Nous avons, dans cette voie, expérimenté successivement avec les extraits suivants: «) Extraits provenant de foies d'animaux adultes, normaux, nourris comme d'habitude. 6) Extraits de foies d'animaux adultes, maintenus au lait quelques semaines avant l’abatage. On réalise ainsi, autant que possible, l’asepsie du tube digestif; on diminue par là même la quantité de substances toxiques d’origine intestinale, retenues par le foie. y) Ceux d'animaux jeunes encore en lactation. à) Ceux du fœtus ; les matières toxiques, d’origine intestinale, font défaut. Mais, comme pour le cas précédent, la cellule hépatique n’a pas encore la plénitude de sa fonction physiologique. Ces extraits nous ont paru avoir des propriétés différentes : nous donnons, jusqu’à présent, la préférence à celui résultant d'animaux adultes mis au lait, qui nous semble à la fois plus actif et moins toxique. Nous avons surtout, chez l'homme, employé l’ingestion de la glande même. On peut la donner hachée, ou mieux râpée dans du bouillon tiède. On peut la dessécher, ce qui en permet la conservation. Nos cas cliniques et expérimentaux semblent indiquer que l’absorp- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 935 tion par la voie digestive donne les mêmes résullats que par la voie sous-cutanée. Les malades supportent facilement ce régime. Au point de vue expérimental, nous avons d’abord cherché à altérer le foie et à suppléer à l'insuffisance hépatique par injection ou ingestion d'extraits : Sur la grenouille, nous avons réalisé l’ablation complète du foie. Nous avons fait deux lots de grenouilles, toutes déshépatisées : un de ces lots a recu, dans la cavité péritonéale, un ou deux foies de grenouille. Nous avons comparé la survie des deux lots, sans tenir compte des morts.hâtives survenues avant le 15° jour. Les grenouilles, simplement déshépatisées le 4 décembre 1895, sont mortes entre le 20 et le 24 décembre. Les grenouilles déshépatisées, mais ayant reçu, dans le péritoine, un ou deux foies, ont eu une survie qui a duré plusieurs jours; la dernière n’est morte qu’au bout de trente jours. Par contre, celles qui avaient reçu trois foies dans le péritoine sont mortes les premières. Sur le lapin, nous avons obtenu jusqu'ici d'assez médiocres résultats. Nous avons fait des résections de foie ; mais, si elles sont trop étendues, on a des troubles cireulatoires; si elles sont moindres, aucun symptôme n’est appréciable. De plus, la régénération paraît se faire très vite : un moineau à qui il ne restait qu'une parcelle de tissu hépatique, a sur- vécu et régénéré son foie en trois mois. On ne connaît done jamais exactement les conditions de l'expérience. L'intoxication par l'huile phosphorée, que nous avons employée, lèse le foie surtout, mais aussi les autres organes. Enfin, nous avons cherché ce que devenait la glycosurie consécutive à l'administration de phloridzine, de nitrate d’urane, de morphine, etc., après injection d'extrait hépatique. La réduction de la liqueur cupro- potassique s’est effectuée à peu près comme à l'état normal. Nous avons, d'autre part, cherché, sans altération du foie, à aug- menter les substances antiloxiques fabriquées normalement par cet . organe, au moyen d'extraits hépatiques qui doivent en contenir. Des cobayes, intoxiqués ou infectés aux mêmes doses que des cobayes témoins, étaient traités par l'extrait hépatique. Nous avons essayé, notamment, les toxines diphtérique et tétanique. Nous avons, jusqu à présent, observé une survie plus ou moins grande des amimaux traités. Cliniquement, nous rangerons les cas que nous avons traités sous trois chefs différents : 1° Ilexiste une affection du foie et des signes plus ou moins marqués d'insuffisance hépatique : Parmi les malades de cette catégorie, chez lesquels l'opothérapie hépatique parut produire des résultats heureux, nous citerons un cir- rhotique non alcoolique, atteint de délire, et un cirrhotique syphilitique, 936 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chez lequel alternaient l’agitation et le délire avec le coma. Le premier fut soumis à l’ingestion quotidienne de 100 grammes de foie frais, le second à l’ingestion de la même dose et à des injections sous-cutanées d'extraits glycérinés. Chez l’un el chez l’autre les troubles cérébraux disparurent rapidement. Le second même guérit complètement, grâce à l'intervention ultérieure du traitement spécifique. 2° L’affection a un rapport, mais mal déterminé et non exclusif, avec les fonctions hépatiques. Nous avons employé, avec des succès variables, l'extrait de foie dans des cas de diabète, de pathogénie, sans doute également variable. Nous avons, chez certains malades, obtenu de bon résultats. Un diabétique, à proportion de sucre fixe, ayant, le 14 janvier 1896, 81 grammes, ingère, à partir du 19 janvier, 100 grammes de foie par jour; le 21, le sucre total est tombé à 37 gr. 62, le 23 à 21 grammes, le 26 janvier à 11 grammes. On supprime alors le foie : le sucre remonte le 29 janvier à 20 gr. 7, le 30 à 32 grammes, le 3 mars à 35 gr. 4. De même, une femme ayant 155 grammes de sucre par vingt-quatre heures, le 29 janvier 1896, prend, à partir du 30 janvier, 100 grammes de foie par jour. Le 3 février, le sucre tombe à 93, Le 5 février à 85 grammes. On cesse le foie : le sucre monte à 96 gr. 3. La malade veut quitter l'hôpital. Une autre malade a, le 4 mars 1896, 142 grammes de sucre. Elle prend alors du foie tous les jours : le 26 mars, elle n’a plus que 19 grammes, le 5 avril 60 grammes. Par contre, un diabétique qui avait 125 grammes de sucre par vingt-quatre heures prend, à partir du 19 janvier, 100 grammes de foie. Le 20, le sucre tombe à 59. On interrompt le foie le 22 janvier : le sucre monte le 24 à 65 grammes. On rend le foie le 24 : le sucre est de 53 grammes le 26 janvier, de 51 Le 27 janvier. Mais on assiste ensuite à une progression croissante : le 30 janvier 88 grammes, le 3 février 83 grammes, le 8 février 63 grammes, le 4 mars 128, le 16 mars 146. Une autre malade ayant 161 grammes de sucre le 21 mars, 168 grammes le 27, prend 50 grammes de foie par jour. Son sucre tombe le 20 à 195 grammes. Puis on assiste à de grandes oscillations, Le sucre varie entre 120 et 234 grammes. Done, à côté de cas favorables, où la diminution persiste, les malades n'étant, d’ailleurs, soumis à aucun régime alimentaire spécial, d’autres cas n’ont présenté qu'une diminution passagère. Mais ce fait est encore très intéressant et peu explicable. Évidemment, nous avons atteint là, non la maladie, mais un symptôme; mais le mécanisme nous en échappe. Un autre cas curieux a trait à un malade à gros foie, porteur d'un vitiligo. IL fut soumis longtemps à l'ingestion de foie : son vitiligo a presque complètement disparu. Est-ce coïncidence ? 3 Nous avons enfin commencé quelques recherches cliniques sur les SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 937 extraits hépatiques dans les infections et intoxications générales. Mais la complexité des faits est telle que nous ne pouvons rien conclure de : quelques cas et que nous attendrons, pour nous prononcer, de plus grosses statistiques. ACCIDENTS ÉPILEPTIFORMES EXPÉRIMENTAUX, par M. A. CHARRIN. Il m'a été donné d'observer depuis quelque temps, chez un cobaye, des accidents convulsifs, parfois épileptiformes, rappelant dans une large mesure les faits rapportés par Brown-Séquard. Spontanément, du moins en apparence, on voit cet animal tomber sur le côté, éprouver dans quelques conditions des mouvements de rotation suivant le grand axe du corps, tout en présentant, au début surtout, des mouvements spasmodiques des membres. Ilest possible d'enregistrer des attaques successives, très courtes, pour ainsi dire subintrantes, bilatérales, se prêtant au transfert; dans leur intervalle, on ne distingue souvent aucune particularité, en dehors cependant d'une torsion plus ou moins accentuée, plus ou moins con- stante de la tête ou du cou, d’un relächement du tonus intestinal, d'une kérato-conjonctivite gauche. Un des points les plus nets de l’état de cet animal, c’est qu’en pinçant fortement la peau, de préférence dans la région cervico-dorsale, on provoque ces crises; on détermine, plus spécialement du côté comprimé, une sorte de torsion qui ramène en avant le membre postérieur en trépidation pour quelques secondes : il y a une véritable zone, dont l’irritation engendre ces désordres; des tractions exercées sur les nerfs axillaires semblent les atténuer. La santé générale de ce cobaye parait assez bonne; les troubles moteurs, sensitifs, sont sans importance dans l'intervalle des accès, peut-être cà et là distingue-t-on des territoires incomplètement anes- thésiés. ( Les antécédents de l'animal ne sont pas sans intérêt. — II a reçu, il y a sept mois, de la toxine diphtérique sous la peau; puis, soumis par le professeur d'Arsonval et moi aux courants à haute fréquence, il a résisté. Bien entendu nous n’attribuons pas à ces courants cette guérison; tout ce que nous avons en général obtenu a consisté dans des atténuations d'ailleurs faibles, inconstantes, réalisées in vitro, alténuations que Bonome, Viola, Casciani ont reproduites beaucoup mieux que nous, tandis que d’autres auteurs ont échoué. — Si je rappelle ces faits, c’est pour expliquer la double amputation postérieure subie par ce cobaye, amputation dont la cause n’est autre qu'une énergique élévation ther- mique occasionnée, grâce à une erreur, par le passage de ces courants. 938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a M RON 2 NP SR SRE Est-ce à l'irritation du névraxe, spécialement à la section des sciati- ques, ou à l'ébranlement, ou encore à l’intoxication ou à d’autres méca- nismes, qu'il convient de rapporter le développement tardif de ces acci- dents qui se sont développés au bout de sept mois, période qui, pour l'homme, équivaut à plusieurs années? Il est difficile, pour le moment, avant l'examen histologique, de répondre à ces questions : chacun de ces processus à été incriminé; peut-être convient-il de mettre en cause leur association. NOTE SUR L'INFLUENCE DES INJECTIONS DE LA SOLUTION DITE PHYSIOLOGIQUE DE SEL DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF DE POULE SUR LE PRODUIT DE L'INCU- BATION ; APPARENCE DE NEUTRALISATION DES EFFETS DE L'ORAGE, par M. Cu. FÉRÉ. Au début de mes recherches sur les effets des injections des liquides dans l’albumen sur l'incubation de l'œuf de poule (1), j’ai signalé l’in- fluence nuisible du sel à doses élevées (4 centimètre cube d’une solu- tion à 10 p. 100). J'ai voulu étudier les effets de doses plus faibles, eten particulier ceux des solutions dites physiologiques. J'ai choisi une solu- tion de 1 p. 100 (2). L'eau distillée et l’eau distillée salée avaient recu, par litre, 20 gouttes de fuchsine pour obtenir une légère coloration qui permît d'assurer qu'il n’y avait aucun reflux du liquide injecté. 1° Dans huit expériences on a injecté 1 demi-centimètre cube de la solu- tion salée stérilisée, et comparativement {1 centimètre d'eau distillée et stérilisée. Six expériences ont porté sur des douzaines d'œufs de même date, les deux autres sur des lots de 9 œufs, en tout 180 œufs, 90 pour chaque liquide. Dans chaque expérience, les deux lots d'œufs mis en comparaison étaient de même date (5 à 7 jours), et ils étaient mis au même étage de la même étuve à 38 degrés, la grosse extrémité à droite. Ils ont été ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu l'eau pure, il y avait 63 embryons normaux, soit 70 p. 100, de 47 heures en moyenne, dont 2 en hétérotaxie, et 10 déviés (6 à 45 degrés, 2 à 90 degrés, 2 à 135 degrés et 1 à 180 degrés); 41 absences de développement et 16 monstruosités (3 omphalocéphales, 2 cy- clopes, 6 atrophies de la tête, 1 kyste caudal, 2? embryons kystiques, 2 blas- todermes sans embryon). b) Dans les œufs qui ont recu la solution salée, il y avait 64 embryons normaux, soit 71.11 p. 100 de 49 heures et demie en moyenne, dont 36 déviés, (15 à 45 degrés, 11 à 90 degrés, 6 à 135 degrés et 4 à 180 degrés), 8 absences 1 de développement et 18 monstruosilés (2 omphalocéphales, 4 cyclopes, (4) Note sur l'influence, sur l’incubation de l’œuf de poule, d’injections préa- lables dans l’albumen, de solutions de sel, de glucose, de glycérine. Comptes rendus de la Sc. de Biol., 1893, p. 831. (2) Malassez. Sur les solutions salées dites physiologiques, Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1896, p. 504. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 939 2 atrophies de la tête, 5 embryons kystiques, 2 embryons granuleux, 3 blasto- dermes sans embryon). | Dans ces deux groupes d'expériences, qui donnent un nombre à peu près normal de développements réguliers (70 et 71.11 p. 100), la diffé- rence en faveur de la solution salée est très faible; le développement moyen est légèrement plus avancé dans les œufs qui l'avaient recue. 2 Dans huit autres expériences, on a injecté 1 centimètre cube de la solu- tion stérilisée de sel dans l’eau distillée, et comparativement 1 centimètre cube d’eau distillée et stérilisée; quatre expériences ont porté sur des dou- zaines d'œufs, les quatre autrès sur des lots de 9 œufs de même date, en tout 168 œufs, 84 pour chaque liquide. Les œufs ont été mis en incubation dans les mêmes conditions que dans les expériences précédentes. a) Dans les œufs qui ont recu l’eau pure, il y a 51 embryons normaux, soit 60.71 p. 100 de 48 heures en moyenne, dont 1 en hétérotaxie et 10 déviés (5 à 45 degrés, 4 à 90 degrés et 1 à 180 degrés), 21 absences de développement et 12 monstruosités (1 omphalocéphale, 6 embryons kystiques, 2 spina-bifida et 3 blastodermes sans embryon). b) Dans les œufs qui ont recu la solution salée, il y à 55 embryons nor- maux, Soit 65.47 p. 100 de 49 heures en moyenne, dont 2 en hétérotaxie et 13 déviés {6 à 45 degrés, 3 à 90 degrés, 2 à 135 degrés et 2 à 180 degrés), 16 absences de développement et 13 monstruosités (2 omphalocéphales, 1 cy- clope, 2 atrophies de la tête, #4 embryons kystiques, 1 spina-bifida et 4 blasto- dermes sans embryon). Dans ce deuxième groupe d’expériences la différence en faveur de la solution salée n’est guère plus sensible que dans le premier : le déficit commun peut s'expliquer par la plus grande quantité de liquide qui exerce un traumatisme plus important. Les expériences suivantes qui donnent une différence beaucoup plus marquée ont été faites dans des conditions spéciales. Je recois les œufs le samedi et je les laisse reposer pendant 48 heures au moins avant d'entreprendre une expérience. J’ai reçu le samedi 95 juillet 100 œufs pondus du jeudi, qui par conséquent ont éprouvé le 26 l'orage qui a dévasté la région de Paris. 3° Le 27, deux douzaines d'œufs au 5° jour de la ponte ont reçu un demi- centimètre cube de la solution salée et deux autres douzaines la même quan- tité d'eau pure. Ils ont été mis en incubation dans les mêmes conditions que précédemment; ils ont été ouverts le 30 juillet après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu l’eau pure, il y a 6 embryons normaux, soit 25 p.100 de #7 heures en moyenne, 1 en hétérotaxie, 1 dévié à 90 degrés, 1 dévié à 45 degrés, 11 absences de développement et 7 monstruosités (une anophtalmie, trois cyclopes, un embryon kystique et deux blastodermes sans embryon). b) Dans les œufs qui ont recu la solution salée il y a 47 embryons normaux, soit 70.83 p. 100, de 48 heures et demie en moyenne, dont 1 en hétérotaxie ; 5 déviés à 45 degrés et 1 à 90 degrés, 3 absences de développement et 4 monstruosités (deux cyclopes, un embryon kystique et deux blastodermes sans embryon). %° Le 28, deux douzaines d'œufs au 6° jour de la ponte ont recu 1 centi- 940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mètre cube de la solution salée et deux autres douzaines la même quantité d’eau pure. Ils ont été mis en incubation dans les mêmes conditions que précé- demment ; ils ont été ouverts le 31, après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu l’eau pure, il n’y a que 2 embryons normaux, soit 8.33 pour 100, de 47 heures sans déviation, 9 absences de développement et 43 monstruosités (4 atrophies de la tète,un cyclope, un omphalocéphale, un embryon granuleux et six blastodermes sans embryon). b) Dans les œufs qui ont recu la solution salée, il y a 44 embryons normaux, soit 58.35 p. 100, de 55 heures en moyenne (1 à 72 heures), dont 3 déviés à 35 degrés et 4 à 135 degrés, 7 absences de développement et 3 monstruosités (une atrophie de la tête, un kyste caudal et un blastoderme sans embryon). Dans le premier groupe d'expériences avec des injections d’ur demi- centimètre cube, la différence de 70 à 71.11 p. 100 était à peu près nulle, dans cette dernière expérience cette différence est de 25 à 70.83 p. 100. Dans le deuxième groupe d'expériences, avec des injections d’un centigramme, la différence de 60.71 à 65.47 p. 100 était encore faible, elle devient 8.33 à 58.35 dans la dernière expérience. Si en temps ordinaire la différence est nulle, c’est que la solution salée n’a aucune action sur la nutrition de l'embryon; si la différence se manifeste dans des conditions météorologiques spéciales, on peut admettre que cette quantité de sel suffit à s'opposer à une action propre de ces conditions météorologiques sur l’ineubation. Les effets de l'orage sur l’incubation, bien connus des éleveurs, ne sont pas mis en doute par les savants qui se sont occupés de la ques- tion (1); j'ai eu souvent occasion de les constater. Les résultats des expériences que je viens de résumer semblent en bien établir la réalité et indiquer que ces effets peuvent être attribués à une fermentation à laquelle une petite quantité de sel peut mettre obstacle. SUR L’AGGLUTINATION DES DIVERS ÉCHANTILLONS DU BACILLE D'ÉBERTH ET DES BACILLES PARATYPHIQUES, par MM. Cu. AcnarD et R. BENSAUDE. Le phénomène de l’agglutination des microbes par le sérum a con duit à deux applications pratiques fort importantes : la première inté- resse les microbiologistes et consiste dans la distinction des types microbiens par le sérum d'animaux infectés expérimentalement; la seconde intéresse les cliniciens et consiste dans le diagnostic de la nature des injections par le sérum des malades. Au cours des recher- ches que nous avons entreprises sur ces deux sortes de séro-diagnostic, particulièrement à propos de la fièvre typhoïde, nous avons eu l’oceasion (1) Geoffroy Saint-Hilaire, Des différents états de pesanteur des œufs au commencement et à la fin de l’incubation (Journ. compl. des sc. méd., 1820, &. VIT, p. 271). SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 941 de relever deux causes d'incertitude que nous signalerons dans cette note. I. — En étudiant l’action de sérum de plusieurs malades sur de nom- breux échantillons de bacilles d'Eberth (19) de provenances diverses, nous avons vu que certains échantillons se laissent mieux agglutiner que d’autres par les différents sérums. Ces résultats s’observent lorsque la propriété agglutinante est atténuée pendant la convalescence : le sérum peut alors se montrer actif pour certains échantillons et inactif pour d’autres, du moins dans les mêmes conditions et aux mêmes doses. La différence, d’ailleurs, n’est pas toujours en faveur de l'échantillon qui provient du malade même. De ces faits ressort une conclusion pratique, c’est quil convient de choisir, pour le séro-diagnostic, un échantillon connu et éprouvé, apte à se laisser agglutiner aisément. II. — La seconde cause d'incertitude a une portée théorique plus considérable : elle touche à la spécificité de la propriété agglutinante, qui a été déjà mise en discussion, précisément pour le bacille d’'Eberth. On s’est demandé si le sérum qui agglutine l’un ne serait point capable aussi d’agglutiner l'autre. La question est résolue par la négative pour les types ordinaires du coli-bacille, faisant fermenter le lactose et produisant de l’indol. Mais elle est beaucoup plus délicate à trancher si l’on considère les types coli-bacillaires qui sont très voisins du bacille d’Eberth. Ainsi Max Gruber rapporte qu’un échantillon de ce genre (bacillus entericus, Gärt- ner) subissait l’action agglutinante du sérum typhique, et devant ce résultat, il rejette résolument la spécificité rigoureuse de la propriété agglutinante. D'autre part, MM. Gilbert et L. Fournier ont vu récemment le sérum typhique agglutiner aussi le bacille de la psittacose (maladie des perruches infectieuses), qu’ils considèrent comme extrêmement voisin du bacille d'Eberth, mais auquel ils attribuent néanmoins, avec M. Nocard, quelques caractères propres. Nous avons eu l’occasion d’étudier deux échantillons de bacilles sem- blables. L'un provenait de l'urine purulente d’une malade présentant quelques phénomènes typhoïdes, l’autre d’une arthrite sterno-clavicu- laire suppurée, opérée par M. Walther, chez un enfant de huit mois soigné par M. Martinet pour un état typhoïde. Nous avons comparé ces deux microbes à un échantillon de bacille de la psittacose, obligeam- ment donné par MM. Gilbert et Fournier, et nous avons constaté que tous trois offrent les mêmes caractères de cultures, bien qu'ils diffèrent un peu entre eux quant aux dimensions et à la mobilité. Tous trois subissent aussi l’agglutination par le sérum typhique. Sont-ils identiques au bacille d’Eberth? Les caractères différentiels indiqués pour le bacille de la psittacose ne nous ont pas paru d’une valeur décisive ni d’une apprécialion facile. Une distinction qui nous à paru plus constante nous a été fournie par le réensemencement sur de 9492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vieilles cultures de bacille d'Eberth, suivant le procédé imaginé par M. Wurtz pour différencier le coli-bacille du bacille d'Éberth, et utilisé ensuite par M. Jules Renault et l’un de nous pour séparer les uns des autres les divers types de coli-bacilles. Ce procédé est d’une extrême sensibilité. Or, sous ce rapport, ces trois échantillons se comportent envers le bacille d'Eberth comme le fait le coli-bacille. Comme ce dernier également ils font fermenter le glycose et le maltose, mais ils en diffèrent par un caractère fondamental : ils ne font point fermenter la lactose ni le saccharose. Doit-on les considérer comme formant une espèce distincte, voisine du bacille d’Eberth, ou seulement comme une variété particulière de ce dernier ? Peu importe : ce qui nous parait indéniable, c'est que ce type microbien est autre chose que le bacille d'Éberth rencontré d'or- dinaire dans la fièvre typhoïde, et d’ailleurs il est bon d’ajouter que les maladies qu'il a provoquées sont autre chose aussi que la fièvre typhoïde véritable. Cela étant, comment se comportent à l'égard de la réaction aggluti- nante ces bacilles paratyphiques? Nous avons déjà dit qu'ils se laissent agglutiner par le sérum des organismes infectés par le bacille d'Eberth. D'autre part nous avons constaté que le sérum des organismes infectés par eux provoque l’agglutinalion du bacille d’Eberth. Chez l’homme cependant, dans le seul cas où le sérum d’un sujet atteint d'une de ces infections paratyphoïdiques a pu être l’objet d’un examen, il a produit seulement, l’agglutination d’un très petit nombre d'échantillons de bacille d’Eberth, outre celle des bacilles paraty- phiques. La valeur du séro-diagnostic reste donc très grande en cli- nique, et les résultats généraux de cette méthode subsistent, l'erreur de ce chef paraissant être une exception. Mais dans les conditions expérimentales, il n'en serait plus ainsi, surtout si, pour faire le séro-diagnostie des microbes, on utilisait le sérum d'un animal possédant un pouvoir agglutinant très prononcé, renforcé par des inoculations successives. On s’exposerait alors à con- fondre le bacille d'Eberth avec les bacilles paratyphiques. Tout en recon- naissant une certaine valeur à ce procédé, nous pensons que la bacté- riologie dispose de réactions plus sensibles pour distinguer des microbes très voisins. [612.45] ACTION DIFFÉRENTE DE L'EXTRAIT DE CAPSULE SURRÉNALE SUR LA PRESSION SANGUINE SUIVANT L'ÉTAT D ALTÉRATION MORBIDE DE CES ORGANES, par M. P. LanGcors. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) Dans nos premières recherches sur l'effet des injections d'extrait de capsules surrénales soit sur les animaux acapsulés, soit sur les addi- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 943 sonniens (1), nous avions négligé l'étude des modifications apportées dans la pression sanguine, et nous avions simplement signalé la diurèse observée chez les malades ayant reçu des quantités minimes d'extraits (4 à 2 centimètres cubes, représentant le tiers d'une capsule de cobaye}, Depuis cette époque, Oliver et Schaffer, Cybulsky, Szymonowicz ont signalé et étudié l’action pour ainsi dire spécifique de l'extrait capsu- laire sur la pression vasculaire, aucun autre extrait ne déterminant à dose égale une élévation de pression aussi intense. D'autre part, nous avons montré avec Charrin (2) que, sous l'influence de l'intoxication diphtéritique ou pyocyanique (culture virulente ou toxines simples), les glandes surrénales subissaient une hypertrophie considérable succédant à une hyperhémie intense. Le mécanisme de ces lésions a bien été étudié par Pettit. Certains produits chimiques, toluène (Pillet), pilocarpine (Pettit), déterminent des modifications ana- logues. Il a été démontré qu'il existait dans les dernières périodes une fonte cellulaire complète des cylindres glandulaires. Rappelons enfin la réaction de la substance médullaire de la capsule surrénale observée avec le perchlorure de fer, coloration bleu noirâtre virant au rose avec les alcalins (Vulpian), réaction rappelant celle de la pyrocatéchine, substance isolée des capsules par Mulhbaum et qui, d'après ce dernier, expliquerait l’action toxique sur le système vascu- laire de l'extrait. Or, en examinant des capsules surrénales hypertrophiées, on ne trouve plus la réaction de la pyrocatéchine, ou tout au moins cette réac- tion est moins nette et moins franche que celle observée dans les capsules saines. M. Pettit, qui s’est chargé de l'examen histologique de ces capsules, à confirmé ce fail, dans sa généralité. Les capsules ainsi atteintes dans leur constitution possèdent-elles encore les mêmes propriétés? Déjà un tracé obtenu par Oliver et Schaffer avec l'extrait de capsules d’un addisonnien, montrait que l’élé- vation de pression ne se manifestait plus; mais les auteurs anglais se sont contentés de signaler le fait. Utilisant la propriété de la toxine diphtérique signalée plus haut eten suivant la méthode indiquée par nous, nous avons injecté à des cobayes des doses variables de toxines pour avoir une intoxication plus ou moins rapide. Les expériences ont été faites avec des capsules saines, des capsules hyperhémiées non hypertrophiées (mort trop rapide), des capsules hypertrophiées (intoxication plus lente), capsules doublées ou triplées de volume et de poids. Les extraits étaient toujours obtenus par le (1) Abelous.et Langlois. Soc. de Biologie, p. 338, 1892. — Abelous, Charrin et Langlois. Arch. de Physiologie, p. 721, 1892. (2) Charrin et Langlois. Soc. de Biologie, p. 812, 1893; p. #10, 4894; p. 131 et 708, 1896. BioLocie. Comptes RENDUS. — 10° sémtE. v. IN. 1 LD 944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même procédé : les deux capsules du cobaye sain ou malade triturées. et broyées dans 1 centimètre cube de glycérine avec addition d’eau salée, puis filtrées sur ouate. Les premières expériences ont été poursuivies sur des chiens chlo- ralisés, les dernières sur des chiens peptonisés. L’extrait capsulaire en injection veineuse ainsi que nous l'avons vu avec M. Athanasiu, n’exerçant aucune influence sur l’action anticoagulante de la peptone. ExPÉRIENCE IV. — Chien de 5 kil. 270 : 1 gr. 15 de chloral. 1. Capsules de cobayes de 500 grammes, congestionnées, hypertrophiées. Pas de réaction avec FeCl. P., 0.64, dilué en 50 centimètres cubes d’eau salée. Pression avant l'injection, 42 centimètres cubes de Hg. ; après injection de 15 centimètres cubes, 142. 2. Capsules de cobayes de 400. Congestion intense, hypertrophie, 0.40 cen— tigrammes en 8 centimètres cubes. Pression avant, 10; après injection totale, 40.6. 3. Capsules saines d’un cobaye de 430 grammes, pesant 0,30 centigrammes, diluées en 8 centimètres cubes. Pression avant, 40.6; après injection totale, 15. 4. Capsules d’un cobaye malade,630 grammes, pesant 1 gr. 810 (poids triple), diluées en 16 centimètres cubes. Pression avant, 8; après injection totale, 10. : L'animal est très affaibli. À perdu beaucoup de sang. 5. Capsules d’un cobaye sain, 460 grammes pesant 26 centigrammes, en 10 centimètres cubes. Pression avant, 7.6; après injection totale, 9.8. 6. Injection de 0.05 de pyrocatéchine. Pression avant, 7 ; après, 9. Exr. VI. — Chien de 10 kilogrammes. Chloralisé. Capsules de 4 cobayes tués en six heures par toxines diphtériques. Con- gestionnées sans hypertrophie. Poids moyen par paire, 0.30. Injection de 0,50: en 10 centimètres cubes. Pression avant l'injection, 44; après, 49.8. Exe. VIII. — Chien de 5 kil. 650, À gramme de peptone en 40 centimètres. cubes, mise à nu des uretères. 40 Capsules d’un chien sain de 14 kilogrammes. 1 gr. 10 en 45 centimètres. cubes d’eau. Pression avant l'injection, 6.5; après injection de 15 centimètres cubes, 25. 2° Capsules de 2 cobayes, morts en 8 ou 10 heures, à peine hyperhémiées. Poids des 4 capsules, 0.60 ; en 25 centimètres cubes d’eau. Pression avant, 7; après l'injection de 15 centimètres cubes, 20. Exp. IX. — Chien de 10 kilogrammes, 2 grammes de peptone en 30 centi-- mètres cubes. Capsules d’un cobaye de 600 grammes ayant reçu # fois, en un mois, de la toxine diluée. Capsules hypertrophiées, 0 gr. 93; diluées en 38 centimètres. cubes, injection de 15 centimètres cubes. Pression avant l'injection, 114 ; après l’injection, 16. Cette élévation de pression ne se maintient que pendant 65 secondes. Exe. X. — Chien de 15 kil. 300, à jeun depuis 3 jours, 1 gr. 20 de peptone. 1° Injection de 20 centigrammes de capsules hypertrophiées (1 gr. 45). Pas de réaction avec FeCl. > SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 945 Pression avant, 48; après, 20. 2° Injection de 20 centigrammes de capsules saines. Pression avant, 20; après, 28. De ces expériences nous croyons pouvoir conclure. 1° Que les capsules congestionnés, mais non hypertrophiéees, n'ayant pas subi la dégénérescence complète, exercent une action encore très nette, parfois même plus active que des capsules saines, sur la pression vasculaire (Exp. VIII, 2°). 2° Que les capsules hypertrophiées ont perdu en partie cette action tonique sur le système circulatoire. 3° Que l'élévation de pression obtenue quelquefois avec de fortes doses de capsules hypertrophiées est très passagère (Exp. IX). 4 Qu'il existe une relation entre l’activité tonique de l'extrait glandu- laire et l'intensité de la réaction colorante avec le perchlorure, sans que l’on puisse attribuer l’action tonique à la pyrocatéchine. 1612.391.41 JUSQU'OÙ, DANS L'ÉTAT NERVEUX HYSTÉRIQUE, PEUT ALLER LA PRIVATION D’ALIMENTS ? _ par M. CnaRLes RICHE. Je ne citerai pas ici les très nombreuses observations des auteurs modernes et des auteurs anciens sur le jeûne et l’abstinence dans l’hys- térie. On trouvera la bibliographie afférente à cette curieuse question dans l’article AgsrinencE de l’?ndex Catalogue, dans le Catalogue de la Bibliothèque nationale; Se. Médicales, 1, p. 361; et dans mes Leçons sur l'inanilion. Trav. du Lab. de Physiologie, 1893, IT, 267-325. Je me contenterai de rapporter deux cas observés de près, et dont le contrôle m'a été facilité par suite de conditions tout à fait spéciales. L'une de ces femmes, L..., est âgée de vingt-neuf ans; non mariée. Son intelligence est parfaitement intacte. Nulle paralysie, nulle anes- thésie. Pas de névralgies rebelles. Elle n’est pas suggestible ou à peine. L'appétit est nul; et elle a peur de toute alimentation; car, peu de temps après avoir mangé, elle ressent des douleurs stomacales intolé- rables. J'ai été à même de noter exactement son alimentation ; car elle demeure chez moi, et prend tous ses repas — ou ce qu'elle appelle ses repas — à la table de famille. Pour savoir ce qu’elle mange, j'avais fait apporter une balance et je pesais moi-même ses aliments. Elle ne sor- ail jamais seule ; il lui était impossible donc d'acheter des aliments au dehors: el, dans la maison, elle ne prenait jamais d'aliments en dehors des repas. Je m'en suis assuré par une surveillance rigoureuse el prolongée. 946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——————————— Pendant cinquante-huit jours j'ai procédé à la pesée de son alimen- tation ; et voici le chiffre total de ses aliments durant ce temps. Pain et gâteaux . . . 2,945 grammes. Viande (surtout du poulet). Neuf fois | pois- son ;une fois, foie gras ;une fois jambon. 3,265 — Hate 2 AA ASP MRNES Se AS Sr US PR ds ASS — DEURRÉ et en Vds PES QT 280 — GOlÉBTE, NME TOR RER PME SU) — DATES. Pod Me URL Are OO 425 = Riz À RS TOME ET CAT Te 50 — Pommes de terre Nan Cr et CNE 80 — SAAdE RER PRE PENSAIS) — HuitresiettMmOUle SR ERNEST 439 — Champisn ons RAR BAM PAPER SION ENROU 105 — HATICOIS AE ONE NIET L'an fe AO t 190 — SEE HO SON PE er MORE RE QE D eq € VA 625 — (OA SR A re RE RO ET ET A Ces aliments représentent : Matières grasses . . . 414 grammes. Matières azotées . RE PC Se ISO — Hiydrates de Carbone MEN 2e — En adoptant les chiffres de 4 cal. 1 par gramme d’hydrate de C; de 4 cal. 7 pour l’albumine; et de 9 cal. 4 pour la graisse, nous trouvons que sa consommation alimentaire en calories est : Calories. Hydrates dé carbone ARE" APRIGURE DUDSIANCES AZOLÉES AREA RE AREA D DDAS MAVIÈTES ERA SSE SAMPLE RE ENS E ER TS SOA Total. . . 20,052°6 ce qui représente, en cinquante-huit jours, 345 cal. 8 par jour, ou, en chiffres ronds, 346 calories. Dans cette période du 4 février au 2 avril 1896, son poids a diminué de 46 kilogrammes (avec vêtements) à 44 kil. 290 : soit, en chiffres ronds, une diminution de poids de 2 kilogrammes. En supposant, ce qui est certainement exagéré, que la perte en graisse soit de 50 p. 100 dans la diminution de poids, elle a dû con- sommer de sa propre substance 1,000 grammes de graisse, soit 9,400 calories; et le chiffre total des calories mesurées par voie indi- recte devient 29,452 calories, soit par jour 508 calories, et, en forçant un peu les chiffres, 510 calories par jour. C'est Ià un chiffre extrêmement faible. L. Luciani (Fisologia del digiuno, Firenze, in-#, 1889, p. 136) a trouvé chez Succi, au vingt- neuvième jour de jeüne, 1,422 calories, et cependant l’inanition était absolue. Zuntz et Lehmann (Untersuch. an zwei hungernden Menschen, Berlin, 1893, in-8°, 209), ont trouvé au dixième jour, chez Cetti, 4,508 cal. 5; et au sixième jour, chez Breithaupt, 1,292 calories. Ces SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 947 trois chiffres, assez voisins, fournissent en calories, par kilogramme et par vingt-quatre heures : 29,2; 22,3; 27,8, ce qui nous donne une moyenne de 26 cal. 4 par kilogramme et par vingt-quatre heures. Dans le cas de L..., même en admettant une autophagie de 1 kilogramme de graisse, nous ne trouvons que 12 cal. 6, par kilogramme et par vingt- quatre heures, c’est-à-dire moitié moins que chez les plus forts jeûneurs. Pour se rendre compte de la faiblesse de ces chiffres, il suffira de com- parer ce chiffre de 12 cal. 6 par kilogramme et par vingt-quatre heures aux chiffres obtenus par la calorimétrie indirecte chez les divers indi- vidus. P. Albertoni, et I. Novi, chez des ouvriers et paysans italiens mal nourris (Uber die Nahrungs und Stoffwechselbilan italianischen Bauers; A. g. P., 1894, LVI, 244) ont trouvé un minimum de 39.2 chez l’homme, et de 42.8 chez la femme. Avec Lapique (Art. Aliments du Dict. de Physiol., T1, 356), calculant la ration, extrêmement faible, des Japonais, des Malais, des Abyssins, nous avons trouvé 40 calories par kilogramme. La seconde personne observée est une femme de trente-cinq ans envi- ron, que j'appellerai M... Pierre Janet l’a observée pendant longtemps, et cela depuis plusieurs années : il regarde comme certain qu'elle est restée pendant plusieurs mois à se nourrir seulement d’une tasse de lait, environ 200 grammes, par jour. Encore en vomissait-elle une partie. Mais l'observation devait être prise avec plus de soïn. Je l’ai done, de concert avec P. Janet, soumise à une surveillance rigoureuse. Pendant un mois, du 10 avril au 142 mai 1895, elle a été gardée à vue, et, pendant la nuit, enfermée. En laissant de côté les six premiers jours pendant lesquels elle a perdu beaucoup de poids, nous trouvons, du 16 avril au 12 mai, que son poids a varié à peine. Elle pesait (sans vêtements): 37,873 grammes le 16 avril et 37,267 le 12 mai ; soit en vingt-huit jours, une perte de poids de 606 grammes, ce qui peut représenter au maximum 300 grammes de graisse. Son alimentation durant cette période de vingt-huit jours a été de : PAT AE ACER EU LA LA AS A OA DEETaMNes Bonilone et rep NME ne AS OGR == BEN es AUS péter te, RCE EEE Lee A EN PAC 100 — En admettant que ces trois liquides aient une valeur thermodyna- mique égale à celle du lait, ce qui est certainement exagéré, cela nous donne un chiffre de 5,855 grammes, soit, en chiffres ronds, 6 litres de lait, représentant en calories le nombre extrêmement faible de 5,838 calo- ries. Ajoutons les 300 grammes de graisse perdue par l'organisme, nous n’arrivons encore qu'à 8,748 calories ; ce qui nous donne par jour 312 ca- lories, soit, par kilogramme, 8 cal. 7, ou, en forçant encore, 9 calories par kilogramme et par vingt-quatre heures (1). (1) Dans une autre série de recherches pendant 35 jours, — il est vrai que le contrôle a été nul, — M... a consommé 5,360 grammes de pain, 9,860 grammes 948 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE En résumant, nous trouvons en chiffres ronds (par kilogramme et par vingt-quatre heures) : CRE M ES Se M Me ie ee PONTS D SC AULOIR EEE Chèz LH ORALE EL MISES OR ERE 0 — Chez les jeüneurs. Hp AS . 20 =: Chez les individus à imentahion minimale. . 40 — Chez les individus normaux, bien nourris et CrAva Tant RTE UE UD AR UN RDS — [612.394.4] DES ÉCHANGES RESPIRATOIRES DANS L'INANITION HYSTÉRIQUE, par M. CHaRLes RicHEr. En même temps que l'alimentation est réduite à un minimum très extraordinaire, on voit une diminution considérable de tousles échanges matériels. Chez M..…., avec Pierre Janet, nous avons constaté d’abord qu'il se fait une minime excrétion aqueuse, soit par la respiration, soit par la transpiration cutanée (1). En nous plaçant sur une très bonne balance pesant à 100 kilogrammes et à 2 grammes, nous avons trouvé sur nous-mêmes que notre perte par minute et par kilogramme était en milligrammes : OBSERVATIONS MILLIGRAMMES par minutes. RES NET) NUE RE ER Re Re de nn, A GA Ie) AE At NS RL tte les EDS VE AGAI GOT) D. NP LS NRA A A Re EE CASA) NO NE Al) M RENE A5 76 VII. — E. (68 kil.) . . . . 30.8 (Exercices musculaires.) RERO NO ER) Een X. —R. . Fe 13.0 XI — J.. 14 XII — C. Sd tir PS0 AUINIRO Moyenne Per de lait, avec 4,650 grammes de café. La perte de poids a été de 775 grammes, passant de 45,702 grammes à 44,925 grammes. La consommation en calories a été de 560 cal. 8 par 24 heures; et, en tenant compte de la perte de poids (50 p. 100 de graisse), égale à 571 cal. 6 par jour; ce qui fait, par kilogramme et par 24 heures, 12 cal. 7, chiffre qui concorde avec le chiffre trouvé chez L... et-est un peu plus fort que le chiffre précédent donné par M... elle-même. (1) La perte de poids qui se fait constamment porte en grande partie et presque en totalité sur l’exhalation aqueuse, attendu que le gain en oxygène représente (en poids) à très peu de chose près la perte en acide carbonique. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 949 Soit, en éliminant l'expérience 8, un chiffre moyen de 14 milligrammes par minute et par kilogramme. Chez M..., au contraire, cette perte était insignifiante. Elle a été, en milligrammes, et par minute et par kilogramme : Co O0 QU © & © & ND 6] .D 2 Moyenne : 3.1 Même, dans deux cas, il y a eu une augmentation de poids manifeste; de 14 grammes en 4 heures; et de 5 grammes en 3 heures. Il convient de noter qu'elle était pesée nue, et qu’elle était tout le temps de l’expé- rience soumise à notre surveillance personnelle. L’explication de ce paradoxe nous a été donnée par l'examen de ses échanges respiratoires. Chez M..…., le quotient respiratoire est extrême- ment faible; et beaucoup plus d'oxygène est absorbé qu'il n’est excrété de CO*. Dans une expérience qui a duré 50 minutes, il y a eu absorption de 11 1. 900 d’O et excrétion de 5.700 de CO?. Dans une autre expérience, qui a duré 45 minutes, il ya eu absorption de 16.300 d’O et excrétion de 3.400 de CO?. Une troisième expérience de 30 minutes a donné 10.350 de O et 2.35 de CO?. Une quatrième, qui a duré une heure, a donné 22.3 d'oxygène et 6.65 de CO*. Le tableau suivant résume ces chiffres calculés par heure : EXP. O2 ABSORBÉ CO? PRODUIT QUOTIENT en litres. : en litres. respiratoire. 1 PSE 6.84 0.49 2 ENT 1520 0.33 3 20.7 4.50 0:24 4 2223, 6.65 0.30 Avec les mêmes appareils, dans les mêmes conditions. nous avons trouvé sur nous-mêmes (par heure) : OXYGÈNE CO? QUOTIENT RESPIRATOIRE 18.8 17.4 FARINE OR 0.92 (EL NA AE à POSE 14,6 9.9 0.69 J 15.0 12.6 0.84 Moyenne. 0.85 Le chiffre de 0,85 est d’ailleurs la moyenne classique, tandis que le chiffre de 0,36 est manifestement inférieur à tous les chiffres connus jusqu’à présent. Il résulte de tous ces faits que, sous l'influence d’une perversion quelconque des fonctions du système nerveux central, la nutrition est, 950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans certaines formes de l’hystérie, absolument bouleversée, et sou- mise à des lois un peu différentes des lois qui régissent les organismes normaux. D'une part, la consommation des aliments est prodigieusement dimi- nuée; ce quise traduit par une exhalation très faible de CO? et une transpiration (cutanée et pulmonaire) tout à fait faible. L'oxygène est peut-être pendant un temps absorbé en quantité très grande pour déterminer des produits chimiques intermédiaires qui, à un moment donné (à l’époque des règles peut-être), se dégageront sous forme de CO*. Il nous paraît qu'il y à beaucoup à faire dans ce sens; que ces études sur la nutrition ralentie des hystériques auraient de précieux avan- tages non seulement pour la connaissance de la physiologie patholo- gique, mais encore pour la solution de nombreux problèmes de la phy- siologie normale de la nutrition. | Probablement les cas de ce genre ne sont pas très rares; nous engageons donc les médecins qui les observeront à en entreprendre l'étude à l’aide des ressources de la chimie et de la physique biolo- giques. [612.357] SUR LES VOIES DE RÉSORPTION DE LA BILE DANS LE FOIE 7 par MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE. Les expériences de Fleischl et de Kunkel, celles de Kufferath ont accrédité l'opinion que la résorption de la bile dans le foie, après l’obli- tération du canal cholédoque, se fait exclusivement par les vaisseaux lymphatiques. Les recherches de Vaughan Harley (1893) sont venues encore confirmer cetle manière de voir. Dans son récent article « Bile » du Pictionnaire de Physiologie, Dastre la considère comme très absolue, sans toutefois pouvoir invoquer contre elle l'appui de faits expérimen- taux. Nous avons, sur cette question, des expériences déjà nombreuses qui nous permettent d'affirmer que les vaisseaux sanguins prennent une part active à la résorption des pigments biliaires. Un premier ordre de preuves est le suivant. Chez un chien curarisé ou chloralisé, on introduit une canule dans le canal thoracique et on recoil la lymphe qui s’en écoule : celle qui vient du foie ne peut donc plus retourner aü sang. Pour plus de précaution, on lie le confluent lymphatique du côté droit. D'autre part, on isole le canal hépatique droit et on y fait pénétrer de la bile de bœuf sous une pression suffisante pour amener une résorption plus ou moins rapide de ce liquide. Les autres lobes du foie continuent à fonctionner normalement, et on recueille leur produit de sécrétion au moyen d’une canule introduite soit dans la vésicule biliaire, soit dans le canal hépa- tique gauche. Le but de l’expérience est donc de faire résorber la bile étrangère par une portion du foie et de rechercher si elle apparaît ou non dans la bile sécrétée par les autres lobes hépatiques, alors qu'elle ne peut plus être déversée dans le sang par les voies lymphatiques. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 951 Le résultat doit être négatif si l'opinion classique est exacte. En réalité, au bout de 45 minutes, quelquefois au bout d'une demi-heure déjà, le spectre caractéristique du pigment de la bile étrangère, de la cholohématine, com- mence à se montrer dans le liquide qui s'écoule de la vésicule ou du canal hépatique gauche ; il devient ensuite de plus en plus manifeste. Le pigment a donc dù être résorbé dans les lobes droits par les vaisseaux sanguins, et après avoir passé dans le courant de la circulation il est éliminé par les por- tions du foie dont les fonctions sont restées normales. On pourrait objecter à cette démonstration que le passage de la bile injectée s’est peut-être effectué directement des lobes droits aux lobes voisins par des anastomoses entre les canaux biliaires. Le mode d’éli- mination du pigment suffirait déjà à prouver que ce mécanisme ne peut être invoqué. Ea effet, si, peu après que son spectre est apparu dans la bile du chien, on cesse l'injection et qu'on laisse le contenu du canal hépatique droit s'écouler librement au dehors, les lobes gauches du foie n’en continuent pas moins à rejeter la bile étrangère plus abondamment même que pendant l'injection, et cela pendant une heure et demie au moins ; nous n’avons pas continué l'examen au delà de celte période. En outre, chaque expérience était suivie d’une épreuve de contrôle qui con- sistait, après avoir sacrifié l’animal, à faire passer immédiatement après sa mort une solution de sulfate d’indigo dans le canal hépatique droit. Bien que l'injection de la matière colorante se fit sous une pression plus forte et pen- dant un temps plus long que l'injection de bile de bœuf, il n’en passait pas trace dans la vésicule, à plus forte raison dans le canal hépatique gauche, alors que les lobes droits du foie étaient parfaitement et seuls injectés en bleu. C’est du moins ce qui se passe dans la majorité des cas; exceptionnellement, il peut exister des anastomoses directes entre le canal hépatique droit et la vésicule ; mais on en est averti par les résultats mêmes de l'expérience et par l'épreuve de l’indigo, post mortem. Nous pouvons ajouter enfin que nous avons pratiqué également la ligature simultanée du canal cholédoque et du canal thoracique. Chez six chiens ainsi opérés, nous avons déterminé constamment de l’ictère. Si ces résultats diffèrent de ceux qu'a obtenus Vaughan Harley, cela tient sans doute à ce que nous avons modifié quelque peu les conditions expérimentales. Après que nous les aurons complétés encore, ils feront l'objet d’une communication ultérieure. (612.216.3) OPÉRATIONS INTRATIHORACIQUES AVEC RESPIRATION ARTIFICIELLE PAR INSUFFLATION, par MM. Turrier et HALLION. (Travail du laboratoire de M. Francois-Franck.) L'un de nous à pu appliquer avec succès à la résection partielle du poumon, chez l’homme, un procédé qu'il avait au préalable expéri- menté chez l'animal. Il serait incontestablement désirable que les 952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE organes intrathoraciques, qui pour la plupart se dérobent encore à l'intervention chirurgicale, devinssent accessibles à l'opérateur. Il faudrait, pour cela, que la respiration se continuât sans encombre, malgré l'ouverture large des plèvres, celles-ci fussent-elles libres de toute adhérence. Seule, la respiration artificielle par insufflation paraît capable de réaliser ce desideratum. Des opérations que nous avons pratiquées chez le chien, et que nous allons brièvement rapporter, nous permettent, croyons-nous, d'espérer que la même manière de procéder pourra s'appliquer à l’homme. Nous avons tenu, de plus, à nous éclairer sur les inconvénients éventuels de la respiration artificielle par insufflation, au point de vue du système circulatoire, mais nous ne nous occuperons pas aujourd'hui des expé- riences instituées dans ce but; nous nous contentons de dire que les conclusions en ont été encourageantes. La note présente sera 2xclusi- vement consacrée à la technique opératoire. Une des opérations que nous avons le plus fréquemment pratiquées est la suivante : Chien fixé sur Le dos, pattes antérieures attachées en avant, à la hauteur du museau. Chloroformisation. Par la bouche maintenue largement ouverte, un long tube de cuivre stérilisé, légèrement coudé à angle obtus, et taillé en bec de flûte à son extrémité, est introduit jusque dans le larynx et la trachée. Pendant cette manœuvre, l'opérateur exerce une forte traction sur l’épiglotte saisie dans les mors d'une pince hémostatique. Ce cathétérisme une fois réalisé, une pince spéciale serre la trachée sur le tube, de manière à inter- cepter le passage de l’air autour de lui. Les branches de cette pince sont courbées en demi-cercle, et ses mors, longs de 3 centimètres et fixés per- pendiculairement au plan passant par les branches, s’'insinuent en arrière de la trachée en déprimant la peau et les parties molles. La pince agit, en somme, à la facon d’une ligature posée sur la trachée. L’extrémité libre du tube de cuivre, pourvue d’un tuyau de caoutchouc, pourra, quand on le voudra, être mise en communication avec l’orifice trachéal d’une canule à respiration artificielle de François-Franck, recevant d'autre part l’air d’une soufflerie. Ajoutons qu'une plaque de bois rectangulaire, pourvue d’un orifice qui livre passage au tube, a été insinuée entre les mâchoires de l'animal pour les maintenir écartées. Ce sera désormais dans le tube d'adduction de l’air que, par l’orifice de la canule de François-Franck ou par un petit branchement spécial, on fera pénétrer le chloroforme aux doses nécessaires. Incision de la peau le long de l’espace intercostal qu’on se propose d'ouvrir : supposons, pour fixer les idées, qu'il s’agisse du sixième espace. Respiration artificielle. On ouvre la cavité pleurale par une incision suivant le bord supérieur de la septième côte. On peut achever de rendre béant l’espace intercostal en déchirant les tissus par une forte traction exercée en même temps et en sens inverse sur les côtes qui le limitent; la plaie ainsi produite saigne généralement très peu. Un écarteur attaché à un long fil de laiton stérilisé, est placé sur le bord inférieur de la sixième côte, on tire avec force le fil de laiton, et on je fixe à un appui extérieur. On procède de même pour la septième côte, et l’espace devient largement béant. Tandis qu'un aide récline le poumon dans la direction voulue, on peut, à la lumière d’une petite lampe électrique à incandescence, explorer facilement la cavité pleu- SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 953 rale et les organes du médiastin, et opérer, comme nous l'avons fait, sur le cordon du grand sympathique, le nerf pneumogastrique, l’œsophage, etc. Enfin, on suture la peau, on supprime l'insufflation et on enlève le tube laryngo-trachéal. Nous devons insisler sur la nécessité de réaliser, dans les opéra- tions de ce genre, l’asepsie la plus rigoureuse : l’air introduit dans le poumon par insufflation devrait, pour plus de sécurité, être stérilisé par la chaleur ; l’air extérieur doit être aussi pur que possible, car on comprend qu'un air septique, incessamment brassé, par le va-et-vient du poumon, dans une vaste cavité à parois humides, ne manquerait pas d'y abandonner ses germes en abondance. Malgré les conditions défavorables dans lesquelles nous nous sommes trouvés à ce point de vue, le laboratoire ne pouvant être, faute de place et faute de ressources, suffisamment approprié à des vivisec- tions aseptiques, nous avons pu conserver, pendant de longs mois, des chiens chez lesquels avaient été pratiquées, à l'intérieur de la cage thoracique, des opérations impliquant des délabrements assez considé- rables. Indiquons encore d'autres procédés qui nous ont paru commodes pour ouvrir largement le thorax, mais que nous n’avons pas expéri- mentés suivant la méthode antiseptique. On se livre très rapidement accès dans les deux plèvres, en divisant, à la scie, le sternum sur la ligne médiane, dans toute sa longueur, et écartant ensuite les deux moitiés de la cage thoracique. On se donne, d’autre part, un jour très large, par l'opération sui- vante, qui est également très rapide. On incise la peau transversale- ment, en avant de la poitrine; on incise, de chaque côté du sternum, deux espaces intercostaux symétriques (de préférence le 3° ou le 4° espace, sauf indications spéciales); on sectionne entre deux liga- tures les vaisseaux mammaires internes; on divise transversalement le sternum au même niveau, avec la scie ou la cisaille, et on entrebäille, ou même on ouvre largement, par une discision violente, les deux espaces intercostaux maintenant réunis. Ces opérations, que nous rapportons aujourd’hui à titre de contri- butions à la technique physiologique, nous paraissent encourager des tentatives du même ordre chez l’homme. L’un de nous s’est occupé d'établir un modèle de canule capable de servir au tubage du larynx chez l’homme adulte; cette canule, indépendamment des autres indi- calions qu’elle est appelée à remplir, trouverait son emploi dans ce cas particulier. 954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.851] ÉTAT DANS LEQUEL SONT LES OREILLES DES JEUNES ANIMAUX QUI NAISSENT LES YEUX FERMÉS, par M. P. MÉenis. On sait depuis un temps immémorial — Aristote et Pline signalaïent déjà le fait — qu'un certain nombre d'animaux, particulièrement les carnassiers et certains rongeurs, naissent les yeux fermés; chez les chats et les lapins ces organes ne s'ouvrent qu’au neuvième jour et chez les chiens trois ou quatre jours plus tard. Et les oreilles, dans quel état sont-elles, à ce moment, chez les mêmes animaux ? | Nous ne sachons pas que personne se soit occupé de cette question. Les auteurs du grand 7'raité de l'anatomie du chien, paru récemment, MM. Ellenberger et H. Baum, sont muets sur ce point. Tous les natura- listes et anatomistes que nous avons consultés, nous ont dit n'y avoir jamais pensé, croyant la chose connue. En somme, l’idée générale est que l'oreille, chez ces animaux, comme chez les autres, est complète- ment développée à la naissance, Eh ! bien, il n’en est rien, et voici comment nous sommes arrivé à le constater. Un de nos correspondants, M. R. de la B..., grand veneur de l'Ouest, bien connu par sa belle meute de Feagles, petits chiens courants anglais d'une race particulière, meute qu'il entretient par des élevages qu'il surveille avec une grande sollicitude, nous écrivit un jour, il y a de cela deux ans environ, pour nous dire qu'il venait de s’apercevoir que toute une portée de ses beagles était née les oreilles closes, et il nous demandait s’il était possible de remédier à cette défectuosité. Nous pensions à un arrêt de développement et nous l’engageàämes à nous envoyer ses petits chiens pour les examiner. Au moyen d'une fine bougie en gomme, nous fimes le cathétérisme de toutes les oreilles des petits chiens dont le conduit était entièrement fermé par l’adossement des nombreux plis que formait la muqueuse dermoïde. Ces plis furent effacés et le conduit reconstitué. Puis les petits chiens furent renvoyés à leur propriétaire, enchanté du succès de l’opération. Ce fait ne laissa pas que de nous intriguer; cet arrêt de développe- ment existant au même degré chez les six chiens d’une même portée, nous étonnait, car nous avions vu souvent d’autres infirmités par arrèt de développement, comme la non-fermeture de l’ouverture ombilicale sous-cutanée, si commune chez les jeunes chiens, mais n'affectant jamais que les plus malingres de la portée. Nous ouvrimes une enquête auprès d’un grand nombre de chasseurs et d’éleveurs de chiens pour savoir si le fait en question était fréquent et presque tous nous répondirent qu'ils n’y avaient jamais fait attention. Un seul, M. B. L..., de Lille, qui élève des Braques-Saint-Germain, nous SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 955 dit qu'il avait constaté souvent le fait de l’occlusion des oreilles chez les chiens, mais qu'il ne s’en préoccupait pas, cette défectuosité disparais- sant toujours spontanément. Nous avons eu l’occasion dernièrement de vérifier cette assertion et ce qui se passe dans ce cas. Nous possédons une chienne de la race des Schipperkes de Belgique, qui vint en folie en juillet dernier, couverte, par un mâle de sa race, elle nous fit deux mois après, quatre petits, tous bien conformés et vigoureux, mais tous ayant les oreilles closes. Le pavillon de l'oreille avait l'apparence d'un petit lobe épais triangulaire, plat sur ses deux faces et appliqué en arrière et sur les côtés de la tête. A la base de ce lobe et en dehors existait un mince sillon transversal, sans profondeur, au lieu d'une ouverture. En nous gardant bien d’y toucher, jour par jour, nous examinions les oreilles de nos petits chiens et nous avons assislé ainsi à leur développement normal et aux modifications de formes presque insensibles qu’elles présentèrent chaque jour, et que nous avons notées sur des croquis quotidiens. En même temps que les oreilles s’agrandissaient, elles s’amincissaient et prenaient peu à peu la forme d'un cornet; le sillon de la base s’accentuait peu à peu, puis per- dait sa rectitude par l’apparition d’une petite courbe centrale sous laquelle on sentait un petit cartilage en formation (un tragus). Ceci se montrait vers le huitième jour de la naissance. Peu de temps après, une sorte d’épiderme se détachait en petites écailles furfuracées et découvrait un petit infundibulum peu profond à plis rayonnants rappelant la forme dite en cul de poule. Nous étions alors vers le treizième ou le quinzième jour. — Notre collègue M. le D' Gelé, dans une conversation que nous avons eue avec lui à ce sujet, nous à appris que cette phase de développement correspond à celle de l'oreille du fœtus humain à l’âge de cinq mois de gestation. Peu à peu l’infundibulum se creusait, s’agrandissait, les plis rayon- nants s’effacaient et le conduit auditif prenait sa forme définitive, mais ce n’est guère que vers le vingtième jour que l'oreille externe était com- plète et que le pavillon présentait les creux, les sillons et les saillies que l’on constate dans l'oreille des adultes. Il serait intéressant de voir si l'oreille interne suit les mêmes phases de développement que l'oreille externe. En résumé, nous savons maintenant positivement, ce qui a de l’in- térêt surtout au point de vue pratique, que les jeunes chiens ont, en naissant, les oreilles closes comme les yeux, et qu'un travail parallèle complète, pendant les quinze ou vingt jours qui suivent la naissance, l'organisation des appareils de la vision et de l'audition. 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRAITEMENT DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS AUX GRANDES HÉMORRAGIES, par M. le D° Mrrour. J'ai eu l’occasion d'appliquer contre les accidents suites d'hémorragie, un mode de traitement qui, dans cinq cas différents, m'a donné de bons résultats. Chez tous les malades suivis, il y avait le pouls filiforme, la dilatation pupillaire, des vertiges, en un mot un état très grave. Les méthodes actuelles, injection d’alcool, d'éther ou de sérum artificiel ayant été repoussées par les malades ou les familles, j'ai songé à la voie rectale pour rendre à l'organisme l’eau qu’il avait perdu. J'ai donc donné, de parti pris, des « lavements d’euu salée, de lait salé, de bouillon salé ». Mon espoir s'est trouvé réalisé et j'ai eu le plaisir de remettre sur pied les cinq malades sur lesquels je fournis ci-après une courte notice. Mais avant de les présenter, je crois utile de montrer les phases par lesquelles je suis passé avant d’ériger ce traitement en méthode générale. J'avais observé, à la suite d'une hématémèse (obs. IV), que mon malade, soumis aux lavements alimentaires, reprenait chaque jour des forces; je notai ce fait, l’attribuant seulement à une action de nutrition. Dans un autre cas (obs. I), les lavements alimentaires, donnés aussi à titre nutritif, améliorèrent le malade. Ces deux améliorations successives me firent réfléchir, et je les attribuai de suite, moins à l’alimentation qu'à l’eau récupérée ; aussi je songeai à vérifier cette hypothèse. Le len- demain, le malade I fut mis aux lavements d’eau salée (eau, 1 litre; sel, une cuillerée à café), qu'il dut garder. Le mieux persistant, je me promis, le cas échéant, d'essayer ces lavements d’eau salée; l'événement me donna raison, comme on peut le voir sur les cas suivants, que Je suis obligé de résumer. Os. I. — 16 septembre 1896. M. X.., quarante-quatre ans. Ethylique. Fait une hématémèse; origine ulcus simplex. Vomissement de sang pendant quatre Jours. Quantité : 900 à 1,000 grammes. Etat grave. Lavements alimentaires, bouillon, jaune d'œuf les 16, 17, 18, 19 septembre 1896. — Le 20, un lavement salé d'un litre matin et soir, que l’on continue tous les jours. — Le 30, le malade se levait guéri. Os. II. — 20 octobre 1896. Mme X..., quarante ans. Hémorragie hémorrhoïdaire de 500 grammes. Vertiges, sueurs, état alarmant. Lavements salés quotidiens à garder, matin et soir (eau, 250 grammes; sel, une demi-cuillerée à café); le 30 octobre 1896, la malade sortait. Os. II. — 24 octobre 1896. Mme Z..., vingt-huit ans. Métrorrhagie. 300 et 200 grammes ayant nécessité le tamponnement. Grande faiblesse. Lavements salés à garder, un par jour; mieux sensible, puis guérison le 1°" novembre. Ogs. IV. — 27 août 1896. M. Y..., quarante ans. Deuxième récidive d'hémalé- mèse ulcus simpleæ. Grand affaiblissement, 800 à 900 grammes de sang perdu. Lavements alimentaires quotidiens; guérison le 5 septembre. SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 957 — Os. V. — 30 octobre 14896. Le même M. Y.….., troisième récidive d'hématémèse d'ulcus simplex. Lavements salés et lavements alimentaires pendant huit jours; de 2 à 4 heures d'intervalle, 800 grammes de sang perdu. Grande faiblesse, est actuellement convalescent. Le malade est levé le 18 novembre. Méthode. — 1° Lavement évacuateur d’eau tiède : 20 Lavement à garder au moins une demi-heure; on donne très lentement. Formule I : PAU DEC ne den ue. .… 200 ÉEGMINES. SORA MORIN EURE MAUR CENT DIE (Por cuillerée ANCarE Formule IL: Lait tiède bouilli écrémé . . . . . . . . . 200 grammes. SeMmarnn here as GE ner aies ad Pn6milierée, ai Caié, Robe d'ŒUL EL 2 MST CU ee Pan Formule II : Bouillon dégraissé tiède. . . . . . . . . 200 grammes. ne OPEL EMI T re DECESRS CORRESP ONT Formule IV: Lait tiède bouilli écrémé . . . . . . . . . 200 grammes. Sel/marin ::,1.1/:02 HOT D ire acloe cuilleréeraoaté On peut alterner ces lavements. On en donne un d'heure en heure, puis de deux en deux heures, puis toutes les six heures. La quantité de liquide peut être augmentée suivant la tolérance des malades. [612.463.4] LA CIRCULATION ARTÉRIELLE DU REIN ÉTUDIÉE D'APRÈS DES RADIOGRAPHIES, par MM. Desror et BÉRARD. Ces auteurs ont appliqué la radiographie à l'étude de différentes cir- culations viscérales. Ils adressent à la Société une série de très remar- quables radiographies montrant, dans de nombreuses figures, la cir- culation artérielle du rein. Le mémoire adressé, en même temps que ces photographies, se termine par les conclusions suivantes : Il résulte de l'examen même de toutes ces radiographies : 4° Que dans le rein, la circulation artérielle est répartie suivant de vastes territoires fermés et superposés dans le sens antéropostérieur (déjà admis par Hyrtl, Testut et Schmerberg) ; 2 Que chaque branche de bifurcation lobaire, interlobaire ou multi- lobaire commande un territoire terminal plus ou moins restreint, sui- vant l’accolement plus ou moins parfait des reins élémentaires pri- mitifs ; 3° Que chacune des artères lobaires se divise par fausse dichotomie, suivant des types contingents, pour arriver le plus rapidement possible et par le plus court chemin aux divisions glomérulaires ; 4° Qu'on ne saurait donc plus admettre l'existence de voûtes arté- rielles suspyramidales continues; les descriptions antérieures reposaient sur une illusion bien explicable par l'entrecroisement serré des arté- 958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rioles se rendant obliquement du tronc interlobaire aux glomérules répartis dans toute l'écorce; 5° Que les artères droites interlobaires des auteurs naissent directe- ment des branches du tronc lobaire, à la façon des aiguilles d’une branche de sapin, ou des congélations du givre autour d’une branche d'arbre ; 6° Que les artères des pyramides de Malpighi proviennent, suivant l'opinion de Kolliker, partagée par Testut, des capillaires glomérulaires, puisque jamais nous n’avons pu les remplir par des injections qui inté- ressaient pourtant tout le reste du système artériel rénal. On pourra être frappé sur nos premières épreuves de la grosseur excessive des projections des rameaux artériels; il y a là évidemment un effet d'optique dû à l’étalement de la projection, et analogue à cette illusion qui fait paraître une tour carrée beaucoup plus large qu’une tour ronde de même diamètre. Mais même en tenant compte de cette cause d'erreur, la circulation artérielle du rein reste néanmoins une des plus riches, sinon la plus riche de l’économie; tout ici a été sacrifié à la fonction, et les réseaux nutritifs des tubes excréteurs utilisent le sang qui a déjà passé dans le glomérule. D'autre part, la résolution, pour ainsi dire sans intermédiaire des troncs principaux en une infinité d’artérioles ténues, permet une répartition et un fractionnement immé- diat des excès de tension sur tous les glomérules, comme une quantité de fuites en pomme d’arrosoir, qui utilisent immédiatement les débou- chés glomérulaires, tout en présentant des sections assez fines de leurs canaux pour ne pas forcer le glomérule qui se trouve ainsi protégé contre les variations brusques de pression. (Travail du laboratoire d’ana- tomie de la Faculté de Lyon.) ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE 52 membres prennent part au vote. MM Hénnon 4% "#"oblientanisuirases ChADTIÉ AE SERRE — î — BONNICL AMENER — L — Charcot MORE — 4 — Énriquez PH" PME — 1 — Morad' is tent — 1 —— RÉMMIS AIDE LOUP IMNEMANE— 1 — En conséquence, M. HawrioT, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, est élu membre titulaire de la Société de Biologie Le (Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1896 M. Evo. Vins : L'hépatothérapie dans la cirrhose atrophique. — M. Jousser : Opothé- rapie hépatique. — M. CaarriN et Me PowpiciAN : Influence des toxines micro- biennes sur la contraction musculaire. — M. C. Puisazix : Antagonisme physio- logique des glandes labiales supérieures et des glandes venimeuses chez la vipère et la couleuvre : la sécrétion des premières vaccines contre le venin des secondes. Corollaires relatifs à la classification des ophidiens. — MM. Errzncer et Naceorre : Lésions des cellules du système nerveux ceutral dans l'intoxication addisonienne expérimentale (décapsulation). — M. le Dr E. Maure : Action de l'eau distillée sur le sang humain. Conclusions générales sur l’action de l'eau distillée. — M. Acrreo Rouxeau, de Nantes : De l'influence de l'ablation du corps thyroïde sur le développement en poids des glandules parathyroïdes. — MM. J. Bornas et S. De Raczkowski : Sur le dosage de petites quantités d'alcool. — M. Levone : De l'application des rayons Rôntgen à l'étude du squelette des avimaux de l'époque actuelle. — MM. L. Hazcion et Cu. Coure : Note com- plémentaire sur la pression artérielle pendant l'effort. — M. Rocer : Influence des injections intra-veineuses d'eau salée sur l'élimination des poisons. — MM. Gisert et Rocer : Stéthographe bilatéral. — MM. A. Girserr et A. GRENET : Cystite primitive à coli-bacille. — M. Jeax-Cu. Roux : Sur l'évacuation spontanée et artificielle du contenu de l'estomac par le pylore. — M. ETienxE RaBaAuD : Sur l'origine endodermique des vaisseaux sanguins. — MM. Caassevanr et Gor : Action des injections intraveineuses d’eau salée dans l'empoisonnement par la strychnine. — M. G. Maniesco : Lésions des centres nerveux produites par la toxine du Bacillus botulinus — MM. Wipaz et Sicarp : Différenciation du bacille typhique et du bacille de la psittacose par la réaction agglutinante. Des règles à suivre pour la différenciation des microbes d'espèces voisines par l'action des sérums. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE. M. GELLÉ présente deux volumes de physiologie et d'anatomie. Dans ces deux volumes de physiologie, M. P. Bonnier a étudié la nature, le mécanisme et le développement, à travers la série animale, des diffé- rentes fonctions attribuables à l'oreille et aux nombreuses formations qui l'ont précédée, depuis l’ectoderme le plus simple, en passant par les organes marginaux, les organes centraux et les organes latéraux. Ce travail réunit et complète, en les développant, une série de commu- nications faites à la Société de Biologie depuis 1892. Je rappellerai principalement la théorie nouvelle de l'audition que M. P. Bonnier a exposée ici même il y a un peu plus d’un an, théorie originale et qui lui semble plus conforme aux données anatomiques, physiques, physiolo- giques et cliniques que la théorie classique de Helmholtz, dont il a fait la critique et que l’on tend d'ailleurs à abandonner complètement aujourd'hui. L'auteur pense que cette étude physiologique, et sans doute aussi les deux volumes de pathologie qui suivront, permettra aux neurolo- gistes de reconnaître la part importante que l'appareil labyrinthique Biozocie. Comptes RENDUS. — 10° SÉRIE, T. II. 73 960 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est appelé à prendre dans la symptomatologie d’un grand nombre d’af- fections centrales et systématiques, en particulier le tabes. M. Ricuer offre à la Société un exemplaire de l'Enquête médico-psycho- logique d'Emile Zola, par le D' Edmond Toulouse. M. KAUFMANN présente un ouvrage de M. F.-X. Lesbre, ayant pour titre : Zssai de myologie comparée de l’homme et des mammifères domes- tiques. L’HÉPATOTHÉRAPIE DANS LA CIRRHOSE ATROPHIQUE, par En. VipaL. La cirrhose atrophique se caractérisant par l’atrophie des cellules hépatiques et leur infiltration par la graisse et le pigment biliaire, J'ai cherché à suppléer à la fonction hépatique disparue, ou tout au moins fortement atténuée, d’abord par l’ingestion de pulpe de foie de porc, puis par l'injection sous-cutanée d'extrait de pulpe hépatique. J'ai communiqué à la Société de thérapeutique et publié dans son Bulletin du 8 avril 1896, trois observations de cirrhotiques traités par l'ingestion quotidienne de 100 grammes de foie provenant d'un porc fraîchement saigné, pulpé au couteau émoussé, et donné en deux fois, au moment des repas, sous forme de « potage au tapioca médicinal », préparation admirablement tolérée par le malade. Dès le début du trai- tement apparait une diurèse abondante s’accompagnant de diarrhée ; la diarrhée cède à quelques lavements amido-opiacés et la diurèse se maintient tant que dure le traitement. En quelques jours, l’ascite diminue, les œdèmes s'amendent et, l’état général s'améliorant, l'appétit reparait. J'ai traité deux nouveaux malades par des injections sous-cutanées d'extrait de pulpe hépatique triturée dans l’eau de laurier-cerise et filtrée sous pression, l’eau de laurier-cerise étant choisie comme exci- pient à cause de ses propriétés microbicides et du peu de sensibilité provoqué par sa diffusion hypodermique. Ces injections ont été suivies d’une diurèse abondante, mais aussi d’un léger frisson et d'une faible élévation de température. Les résultats ont été sensiblement les mêmes PRE que par la voie stomacale : ils m'ont permis de conclure que la pulpe de foie de porc pouvait être utilement employée dans la cirrhose atro- phique soit par voie gastrique, soit par voie hypodermique. Celte pulpe agit-elle en suppléant un instant aux fonctions disparues ou, par son action sur le filtre rénal, amène-t-elle simplement la diurèse ? A l'étude prolongée des cas et des malades reste réservée la solution du problème. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 961 OPOTHÉRAPIE HÉPATIQUE, par M. Jousser. Dans la séance du 21 novembre, MM. Gilbert et Carnot ont fait une communication sur l’opothérapie hépatique, dans laquelle ils rendent compte du traitement du diabète sucré par des extraits de foie, traite- ment qui aurait diminué la quantité de sucre excrété. Dès février 1896, dans l’Art médical et ailleurs, nous avons signalé des faits analogues. Depuis près de trois ans, nous avons déjà traité des diabétiques par des extraits d'organes d'animaux, préparés suivant la méthode de Brown-Séquard et administrés par la voie stomacale à la dose de 10 à 30 gouttes par jour. Nous avons d'abord employé le pancréas, qui nous a donné des succès assez remarquables; mais, dans certains cas, n’en ayant rien obtenu, nous lui avons substitué l'extrait de foie, et chez plu- sieurs malades la quantité de sucre a notablement diminué. Voici, du reste, ce que nous disions dans une leçon clinique faite à l'hôpital Saint-Jacques, à la fin de décembre 1895 et, publiée dans l'Art médical (février 1896): « En terminant cette leçon, je désire vous signaler un nouveau trai- tement du diabète. Je vous ai entretenu plusieurs fois du traitement de cette maladie par le pancréas, préparé suivant la méthode de Brown- Séquard et administré par la voie stomacale. « À côté de succès rapides et durables, cette méthode compte aussi des insuccès absolus, particulièrement dans le diabèle gras. Nous avons pensé qu'il serait bon de remplacer dans ces cas-là le pancréas par le foie. Nous avons donc administré à des diabétiques, par la voie stoma- cale, le foie préparé par la méthode de Brown-Séquard, et quoique ces essais soient encore trop récents pour que nous puissions poser une conclusion ferme, nous vous les signalons cependant pour que, de votre côté, vous puissiez vérifier l'efficacité de cette méthode. « Dans trois cas, chez des femmes atteintes de diabète très chroni- que, et chez lesquelles le pancréas n'avait rien produit, nous avons obtenu, par le nouveau médicament, chez l’une, une diminution de 8 grammes de sucre; chez l’autre, une diminution de 20 grammes après trois semaines de traitement et sans régime ; enfin, chez une troisième, le sucre est tombé de 90 à 49 grammes ; chez toutes, la quantité des urines à diminué. » 962 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DES TOXINES MICROBIENNES SUR LA CONTRACTION MUSCULAIRE ) par M. Cuarrin et M''e Pompician (1). (Travail du Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) Nos recherches portent sur l’action de deux toxines : diphtérique et pyocyanique ; elles ont été faites dans les conditions suivantes : - Technique expérimentale. — L'animal était pesé et chloralisé; le tendon du muscle gastro-cnémien était mis à nu et attaché au levier du myo- graphe horizontal. L'inscription des contractions se faisait sur le cylin- dre animé d’une vitesse maximum. Le poids que le muscle avait à sou- lever variait, mais était ordinairement fort (200 grammes). L’excitation portait directement sur le nerf sciatique mis également à nu ; elle était donnée par le courant induit, produit à la rupture du or provenant de 5 éléments Daniell. Pour produire l’intoxication, nous procédions de deux manières : 1° Nous injections dans le tissu sous-cutané soit 1 centimètre cube ou 2 centimètres cubes de toxine diphtérique, soit 4 centimètres cubes et plus de toxine pyocyanique, d'après le poids de l'animal, 24, 36 ou 48 heures avant l’enregistrement des secousses. 20 Nous prenions les tracés des secousses avant l’intoxication, nous injections ensuite une dose très forte de toxine pyocyanique (24 centi- mètres cubes) et une heure après, nous prenions de nouveau des tracés. Résultats obtenus. — Avec cette technique énumérée sommairement, nous avons observé que : L'’excitabilité musculaire semble augmentée. La forme de la secousse est modifiée. L’amplitude et la hauteur de la courbe diminuent considérablement; il en est de même pour la durée. Cette dernière ne paraît pas touchée par la toxine pyocyanique, pour laquelle, d’ailleurs, les modifications de la courbe sont moins accusées que pour la toxine diphtérique. Cela n’est vrai que pour le premier mode d'intoxication. Quant au second, c'est-à-dire après intoxi- cation massive par la toxine pyocyanique, la modification de la courbe est tout autre : l'amplitude et la durée de la secousse augmentent, la courbe ressemble à celle d’un muscle refroidi; d’ailleurs, le thermo- mètre placé dans le rectum indique un abaissement de la température. Ce fait, d'une part, d'autre part les modifications de la courbe décrites plus haut, modifications semblables à celles que produit l’'échauffement du muscle, nous ont conduits à chercher quelle est l'influence des variations de la température sur la contraction musculaire des animaux intoxiqués. (1) On sait que divers auteurs, avec d’autres produits bactériens, ont étudié à divers points de vue cette même question; citons MM. Gley, Roger et l’un de nous. val “ARE SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 963 Nous avons constaté que, par le refroidissement, la duréetet l'amplitude de la courbe augmentent, tandis que par l’'échauffement elles diminuent beaucoup jusqu’à disparaitre, pour reparaitre par le refroidissement. De nos recherches, nous pouvons tirer la conclusion suivante : Les toxines diphtérique et pyocyanique modifient la contraction musculaire de même que la fatigue, l’échauffement ou toute autre cause épuisante. ANTAGONISME PHYSIOLOGIQUE DES glandes labiales supérieures £T DES glandes venimeuses CHEZ LA VIPÈRE ET LA COULEUVRE : LA SÉCRÉTION DES PREMIÉ- RES VACCINE CONTRE LE VENIN DES SECONDES. — COROLLAIRES RELATIFS À LA CLASSIFICATION DES OPHIDIENS, par M. C. Puisauix. On sait qu'il existe, dans le sang de la vipère et de la couleuvre, des substances antivenimeuses (1). Cette formation dans le sang de principes antagonistes du venin, peut être expliquée par une véritable auto-vacci- nation, puisque la glande spécifique sécrète en même temps des subs- tances toxiques et des substances vaccinantes (2). Mais la quantité de substances antivenimeuses contenues dans le sang, à l’état normal, est insuffisante pour expliquer l’immunité considérable de ces reptiles pour leur venin. Nous savons, en effet, que la vipère et la couleuvre peuvent résister à des doses de venin de 25 à 30 fois supérieures à la dose mortelle pour un cobaye, et cependant la totalité de leur sang suffit à peine à protéger un cobaye contre une dose deux fois mortelle. Il faut donc, s'il y a une relation réelle entre l’immunité de ces reptiles et la composition de leur sang, que, par un mécanisme spécial, la proportion des substances immunisantes puisse être rapidement augmentée. On peut supposer que ce mécanisme consiste dans la sécrétion, par certains organes, de substances vaccinantes qui seraient abondamment déver- sées dans le sang. Dans cet ordre d'idées, j'ai recherché si, indépendamment de la glande à venin, d'autres glandes ne fabriqueraient pas ces principes protecteurs. Chez la vipère et la couleuvre, comme chez beaucoup d’au- tres serpents, il existe, sur le bord inférieur de la glande à venin, une petite glande salivaire qui a été décrite autrefois par Duvernoy (3) sous (4) Phisalix et Bertrand. Sur l'emploi du sang de vipère et de couleuvre comme substance anti-venimeuse. Société de Biologie, 23 nov. 1895. (2) Phisalix. Démonstration directe de l'existence, dans le venin de vipère, de principes vaccinants indépendants des substances toxiques. Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 1896, n° 5. (3) Mém. sur les caractères lirés de l'anatomie pour distinguer les serpents venimeux des non venimeux. Ann. des Sciences nat., 1832. 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le nom de glande salivaire sus-maxillaire et plus récemment par - F. Leydig (1). C'est elle qui a tout d’abord attiré mon attention. Rappelons en deux mots la disposition anatomique de cette glande. Elle se compose d’un amas longitudinal de glandules muqueuses fixées dans l'angle des écailles qui se recourbent pour former la lèvre supé- rieure et dont les conduits excréteurs s’ouvrent séparément sur la muqueuse buccale. La glande de la couleuvre est plus développée, sur- tout en avant, que celle de la vipère. On peut, par la pression, faire sourdre une gouttelette de mucus à l’orifice de ces glandes. Pour les extraire et les préparer, on coupe la muqueuse buccale tout le long de la lèvre supérieure qui est facilement libérée; on détache ensuite, avec des ciseaux, le lambeau de peau qui contient la glande labiale et on le met macérer dans l’eau glycérinée à 50 p. 100 pendant vingl-quatre ou quarante-huit heures. Le liquide visqueux ainsi obtenu avec les glandes de plusieurs vipères est inoculé au cobaye. Le seul résultat appréciable est une élévation de température de À à2 degrés. Au point d'inoculation, il se produit un gonflement avec induration qui persiste souvent pendant plusieurs jours. Au bout de quarante- huit heures, l’immunisation du cobaye contre le venin est déjà très prononcée et elle s’accentue encore les jours suivants. Cette immunisation est si forte qu'après l’inoculation d'épreuve, la tempé- rature s'élève souvent d’un degré et plus pour revenir ensuite à la normale, sans s’abaisser au-dessous de cette normale. Les accidents locaux sont très atténués; cependant, il se forme, quelquefois, une petite eschare au point d’inoculation. Quant à la durée de cette vacci- nation, nous avons constaté, jusqu'ici, qu'au bout de vingt jours, elle est encore aussi accentuée qu’au début. On trouvera résumées dans le tableau suivant cinq expériences, qui, toutes, ont donné des résultats concordants. DOSE INTERVALLE | DURÉE No du QUANTITÉ INOCULÉE de entre les deux| de la OBSERVATIONS cobaye venin. |inoculations.|survie. 41 630 |Glandes de 8 vipères.| milligr. | #8 heures. |Totale.| Un témoin est 0.9 ut en 30 heures. 21 475 — 10 _— 0.7 3 jours. Id. Un témoin est mort en 7 heures. 3| 480 — 6 — 0.7 5 — ATd: Id. 4| 480 — 6 — OP A1 — Id. Id. 5| 640) Me tor SE OT DES Id. Id. (1) Ueber die Kopfdrüsen einheimischer Ophidier. Archiv für mik. Anat., 1813. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE ‘965 On peut conclure de ces faits qu'à côté de la glande à venin qui fabrique en même temps des produits toxiques et vaccinants, il existe des glandes dont l’évolution fonctionnelle s’est faite dans une direction opposée et sécrètent seulement des substances utiles antagonistes du venin. Il est possible qu'en vertu de corrélations fonctionnelles, dont on connait déjà tant d'exemples en physiologie, d’autres organes concou- rent au même but et maintiennent ainsi l'équilibre de l'organisme chez les reptiles venimeux. C'est ce que des recherches ultérieures pourront élucider. En attendant, qu’il me soit permis d'attirer l'attention sur l'utilité des caractères physiologiques pour la classification. Autrefois, on divisait les serpents en venimeux et en non venimeux. L'étude approfondie que M. G.-A. Boulenger (1) a faite des caractères tirés des dents et du crâne, l’a conduit à abandonner cette classification trop simpliste et à la remplacer par une autre plus rationnelle, plus en rapport avec l’ensemble des faits anatomiques. D'après cetauteur, à par- tir des colubridés, la filiation des ophidiens peut être ainsi établie : des aglyphodontes aux protéroglyphes d’une part, et des aglyphodontes aux vipéridés d'autre part, en passant par les opisthoglyphes..« 7! n’y a pas de relation génétique directe entre les Vipéridés et les Protéroglyphes, contrairement à l'ancienne opinion qui représente les Elapines comme formant passage entre les Colubrines et les Vipérines(2). La découverte des glandes venimeuses (3) suivie de l'étude du venin et du sang, chez les couleuvres, a apporté à cette manière de voir l’ap- pui d’une vérification expérimentale. Le venin et le sang de la couleuvre possèdent en effet les mêmes propriétés physiologiques que le venin et le sang de la vipère, d’une part, et d'autre part, le venin et le sang des Protéroglyphes (cobra, ophiophage) déterminent des symptômes d’em- poisonnement complètement différents de ceux de l'envenimation vipé- rique. Si l’on ajoute à cela que le venin de couleuvre atténué par la chaleur ou inoculé à dose non mortelle devient un vaccin contre le venin de vipère et que les glandes labiales de la couleuvre, à l’égal de celles de la vipère, vaccinent aussi contre son venin, on sera convaincu qu'il y a non seulement homologie, mais encore analogie entre ces glandes, et que la parenté entre les colubridés aglyphodontes et les vipé- ridés peut être admise comme définitivement établie. (Travail du Laboratoire de M. Chauveau au Muséum.) (4) Catalogue of the Snakes in the Bristish Museum (natural History). London, 1893-1896. (2) G.-A. Boulenger. Remarks on the Dentition of Snakes and the Evolution of the Poison-fangs. Proceedings of the Zoological Society of London, 1896, p. 616. (3) Phisalix et Bertrand. Ac. des Sciences, 1894, et Archives de Physiologie, avril 4894. 966 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE “ LÉSIONS DES CELLULES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL DANS L'INTOXICATION ADDISONIENNE EXPÉRIMENTALE (DÉCAPSULATION), par MM. ETTLINGER et NAGEOTTE. Abelous et Langlois ont démontré (Archives de Physiologie, 1892, p- 268 et p. 465), après Brown-Séquard, que les capsules surrénales sont des organes essentiels à la vie; ils ont précisé le mécanisme de la mort, qui survient par intoxication. Le poison qu'ils ont étudié à une action curarisante, et la fonction des capsules surrénales semble être de neu- traliser ce poison. Il nous a paru intéressant d'étudier les lésions des cellules nerveuses centrales au cours de cet empoisonnement, qui est un type pur d’auto- intoxication. | Nous avons employé les méthodes données par Unna pour la cytologie de la peau (Wonatshefte für praktische Dermatologie, t. XIX, p. 225). Ces méthodes, pour des résultats analogues à ceux de la méthode de Nissl, présentent des avantages. Nous signalons en particulier l’utilité de la double coloration au bleu polychrome et à l’orcéine. Les pièces ont été fixées et durcies dans le formol à 10 p. 100, puis dans l'alcool absolu et coupées sans inclusion. Nous avons trouvé l’axe. cérébro-spinal lésé dans sa totalité. Dans la moelle, la plupart des cellules sont altérées, et voici en quoi ces lésions consistent : la masse du protoplasma est gonflée et les pro- longements protoplasmiques augmentés de largeur. Souvent, à la péri- phérie de la cellule, il existe une bordure claire dépourvue d'éléments chromatophiles. Les éléments chromatophiles eux-mêmes sont frag- mentés, et lorsque celte altération est au maximum, ils sont réduits en une poussière fine à peu près uniformément répartie. Une des alléra- tions les plus caractéristiques est la présence, dans la partie fondamen- tale du protoplasma, de fissures courtes qui circonscrivent des frag- ments irréguliers. Elles ont l'aspect de lignes brillantes et forment, en certaines régions du protoplasma, une sorte de réseau à mailles allon- gées sans orientation définie; elles sont dans l'épaisseur de la cellule et n’entament ni son bord, ni ses prolongements. Le noyau ne nous à pas paru notablement altéré. Il existe, dans presque toutes les cellules du cerveau, des lésions de ce même type avec quelques différences de détail : le protoplasma est moins tuméfié; les fissures, plus volumineuses et moins nombreuses, prennent une forme en croissant et envahissent les prolongements pro- toplasmiques. De plus, dans la couche la plus superficielle de l'écorce, les petites cellules pyramidales prennent la couleur d’une façon dif- fuse et intense, leur protoplasma est criblé de vacuoles très petites et nombreuses. Celles-ci, siégeant à la périphérie, donnent à la cellule un SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 967 aspect épineux. Dans cetle zone superficielle, la substance cérébrale présente l’aspect vacuolaire de l’œdème, mais il est utile de faire des réserves sur la cause de cet œdème, que nous avons également observé, quoique à un moindre degré, sur un chien mort au cours d’une opéra- tion. Peut-être est-ce une lésion agonique. Dans le cervelet, les cellules de Purkinje ne présentent pas de fissures, mais ont des lésions de leurs corpuscules chromatiques comme ci-dessus. Les lésions que nous venons de décrire ont été observées sur des chiens ayant subi l’extirpation double des capsules surrénales. Elles ne nous ont pas paru différentes avec une survie de huit jours, ou avec une survie de dix-huit heures seulement. Nous n'avons rien trouvé de comparable sur un chien mort acciden- tellement au cours de l'opération, non plus que sur un autre ayant subi depuis une huitaine de jours une première extirpalion sans accident, et mort pendant la deuxième opération. Nous avons noté en particulier lJ’absence de tout état fissuraire des cellules. Cette comparaison avec des animaux témoins permet d'écarter l’hypo- thèse d'artifices de préparations imputables à la technique. On ne peut non plus penser qu'il s'agisse de lésions infectieuses, car nous avons pu vérifier à l’autopsie l'absence d'infection. Ainsi, en rapport avec les symptômes nerveux, il existe, dans cette auto-intoxication, des lésions profondes et étendues des cellules ner- veuses. ACTION DE L'EAU DISTILLÉE SUR LE SANG HUMAIN. CONCLUSIONS GÉNÉRALES SUR L'ACTION DE L'EAU DISTILLÉE, par M. le D' E. Maurez. Dans deux notes précédentes (1), j'ai fait connaitre : dans la première, l’action de l'eau distillée sur Le sang des lapins, et dans la seconde, l'action de ce même agent sur cet animal. Dans celle-ci, je résumerai l'action de l'eau distillée sur le sang humain, et ensuite je donnerai quelques conclusions embrassant ces trois séries d'expériences. [. — Action de l'eau distillée sur notre sang. Ces expériences, comme celles sur le sang de lapin, ont été faites par le procédé de l'immersion et en suivant la même technique, l’eau dis- tillée a été mélangée à notre sang dans les proportions de 1/6, 1/5, 1/4, 1/3, 1/2, 2/3, 3/4 et 5/6. (1) Société de Biologie. Séance du 14 novembre 1896, p. M0. - ‘968 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les principaux faits qui se dégagent de ces expériences sont les sui- vants : I. Relativement aux hématies. — 4° Ces éléments peuvent séjourner plusieurs heures dans un mélange de 1/5, 1/4 et même 1/3 d’eau dis- tillée sans subir de grandes modifications, au moins apparentes; 2° Ce n’est qu'à partir des mélanges de 3/4 d’eau distillée pour 1/4 de sang que nos hématies sont immédiatement altérées; 3° Ces altérations consistent surtout dans la diminution de leur con- sistance, et le passage d’une partie de leur hémoglobine dans le plasma Sanguin ; 4° Ces altérations s’accentuent encore davantage avec les mélanges de 4/5 et de 5/6 d’eau distillée ; 5° Toutefois, même avec ces mélanges, qui réduisent les matières salines au cinquième, et même au sixième de leur quantité normale, quelques hématies conservent encore leur hémoglobine et leur consis- tance. IL. Relalivement aux hématoblastes. — 1° Ces éléments, pour conserver leurs caractères normaux, ont besoin d’un plasma plus riche que ces hématies ; 2 Leurs altérations sont de même nature que celles des hématies. III. Relativement aux leucocytes. — 1° Lorsqu'on diminue graduelle- ment la richesse du plasma sanguin, nos leucocytes résistent mieux que nos hématies ; 2° Nos leucocytes, en effet, semblent avoir une évolution normale jusqu’à la proportion de 1/3 d’eau distillée inclusivement; 3° Dans les mélanges avec 2/3 et 3/4 d’eau distillée, leur évolution est seulement activée ; 4° Il fau arrive aux mélanges de 4/5 et 5/6 d'eau distillée pour qu'ils subissent des modifications immédiates; 5° Les modifications subies par nos leucocytes sont les mêmes que celles présentées par les leucocytes du lapin; et elles se suivent dans le même ordre. . IV. Relativement à la fibrine. — 1° Même dans ces mélanges si étendus, allant jusqu'à 5/6 d’eau distillée, les hématies peuvent perdre leur hémoglobine, quelques-unes même se dissoudre dans le plasma; les leucocytes peuvent se désagréger dans le plasma, sans que j'aie vu la fibrine se précipiter. 2° Par conséquent, si le mélange soit de la globuline, soit du proto- plasma des leucocytes au plasma sanguin constitue une condition favo- rable à la précipitation de la fibrine, à elle seule cette condition est insuffisante. | V. Enfin en comparant l'action de l’eau distillée sur le sang du lapin avec celle sur notre sang. — L'eau distillée fait subir aux éléments figurés SÉANCE DU 28 NOVEMBRE - 969 de notre sang les mêmes altérations qu'aux éléments figurés du lapin. 2 De même que pour le lapin, nos leucocytes résistent mieux à l’eau distillée que les hématies. 3 Enfin, fait qui a une grande importance, quand il s’agit de passer des expériences faites sur le lapin aux applications chez l’homme, les éléments figurés de notre sang résistent mieux à l’eau distillée que les mêmes éléments du sang du lapin. II. — Conclusions générales sur l’action de l'eau distillée. Ces conclusions sont de deux ordres : les unes d'ordre scientifique et les autres d'ordre pratique. I. Conclusions d'ordre scientifique. — 1° Par ordre de sensibilité à l’eau distillée, les éléments figurés du sang se placent dans l’ordre suivant : l’'hématoblaste, l'hématie et le leucocyte. L'eau distillée semble donc avoir une action élective sur les éléments rouges. La toxicité de l’eau distillée semble être due à son action sur les hématies, puisque ce sont sensiblement les mêmes quantités qui enlèvent l’'hémaglobine aux hématies qui sont immédiatement mortelles. , II. Conclusions d'ordre pratique. — 1° L'eau distillée diminue le poids de l’organisme ; elle déglobulise et augmente la diurèse. Cette dernière propriété, qu'elle possède à un titre beaucoup plus élevé que les solulions de chlorure de sodium (1), pourrait la rendre utile dans certains cas, où l'on se propose le lavage du sang; 2° Dans les cas pressanis, on peut avoir recours à la voie intra- veineuse; mais mes expériences m'ont démontré que la voie hypoder- mique, beaucoup plus facile, peut suffire ; 3° Les trois séries d'expériences précédentes ayant établi : a) Que la toxicité de l’eau distillée réside dans son action sur les hématies ; b) Que nos hématies résistent mieux à l’eau distillée que celles du lapin ; c) Et que pourtant, cet animal résiste à des injections intraveineuses de 10 centimètres cubes par kilogramme de poids, et à des injections hypodermiques de 30 et 50 centimètres cubes par kilogramme de poids. Il me semble que l’on resterait dans les limites d’une sage prudence, en injectant à l’homme, par la voie intraveineuse, de 5 centimètres cubes et par la voie hypodermique de 15 à 25 centimètres cubes par kilogramme de poids; et il est probable que même avec des doses ainsi diminuées, on obtiendrait encore, et d’une manière assez marquée, les (1) J'enverrai très prochainement, à la Société, les conclusions des expé- riences qui établissent cette propriété. 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE effets constatés chez le lapin, et notamment l'effet sur la sécrétion uri- naire. Je communiquerai très prochainement à la Société de Biologie le résultat de mes expériences sur le chlorure de sodium, expériences que j'ai faites en suivant les mêmes procédés et la même marche. .. DE L'INFLUENCE DE L’ABLATION DU CORPS THYROÏDE SUR LE DÉVELOPPEMENT EN POIDS DES GLANDULES PARATHYROÏDES, par M. le D' Arrren RouxEAu, de Nantes. M. Gley a attribué, comme chacun sait, un rôle spécial aux glandules parathyroïdes : ces petits organes seraient destinés à remplacer le corps thyroïde. Et, en effet, les résultats de la thyroïdectomie chez le lapin sont complètement différents suivant qu'elle est accompagnée ou non de l’extirpation des glandules. Les résultats de mes expériences per- sonnelles, qui seront publiées prochainement avec quelques détails dans les Archives de physiologie, me portent à partager cette manière de voir: il est évident que la fonction des glandules est absolument nécessaire à la vie dès que le corps thyroïde vient à manquer. Il faut reconnaitre toutefois que cette opinion a été combattue par quelques physiologistes. La preuve anatomique en est encore à donner; jusqu'ici, en effet, on n’a pas trouvé constamment de modification de structure caractéristique dans les glandules après la thyroïdectomie. Il est cependant un caractère anatomique, qui a été signalé par M. Gley, et qui, s’il n’a pas la valeur d'une preuve formelle, implique tout au moins d'assez grandes présomptions en eur de l’opinion soutenue par ce distingué physiologiste. Je veux parler de l'augmentation de poids que subissent les De dules à la suite de la thyroïdectomie. Mes observations personnelles m'ont mis à même de voir que cette augmen- tation est très réelle. J'ai, en effet, pesé les ae chez plusieurs lapins normaux et chez un assez grand nombre de lapins, privés de la glande thyroïde depuis un certain temps. | Les résultats de ces pesées sont consignés dans les tableaux ci-après. On voit que le poids total des glandules a varié dans des limites considéra- bles, allant de 0.0055 à 0.0340. Déduite par le calcul, la moyenne générale serait 0.0145 (soit 0.0069 par kilogramme du poids du corps). Évidemment les chiffres sont trop élevés ; la moyenne est faussée par le volume excep- tionnel des glandules chez le lapin n° 2; je dis exceptionnel, car 5 fois sur 7, le volume des glandules n’a varié qu'entre 0.0055 et 0.0145. Défalcation faite du lapin n° 2, la moyenne déduite par le calcul tombe à 0 gr.0116 (soit 0.0057 SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 974 par kilogramme). Ce qui est plus vrai certainenement et cadre mieux les résultats obtenus par M. Gley (0.004 à 0.006 par glandule). TABLEAU I Poids des glandules parathyroïdes chez le lapin adulte. NES POIDS POIDS TOTAL RAPPORT d'ordre. du corps. des glandules. au poids du corps. " grammes. . grammes. par kil. 1 1770 0 .0080 0.0045 2 2470 0,0340 0.0137 3 2319 0.0210 0.0088 4 1550 0.0090 0.0058 b) 1960 0.0145 0.0071 6 2197 0.0120 0.0054 7 1880 0.0055 0.0029 Voici, d'autre part, les résultats obtenus après la thyroïdectomie partielle. TABLEAU IT Poids des glandules chez le lapin thyroïdectomisé. 1re Série (adultes). N°5 POIDS POIDS TOTAL RAPPORT d'ordre. du corps. des glandules. au poids du corps. grammes. grammes. par kil. 1 1440 0.0100 0.0077 2 2260 0.0170 0.0075 3 2025 0.0150 0.0074 4 1840 0.0165 0.0089 5 2012 0.0140 0.0069 6 1900 0.0125 0.0065 7l 2060 0.0270 0.0131 8 2110 0.0230 0.0108 9 2110 0.0195 0.0092 10 2245 0.0245 0.0109 11 2100 0.005 0.0026 12 1800 0.0080 0.004# 13 1680 0.0170 0.01401 2° série (animaux jeunes). 14 1100 0.0260 : 0.0236 45 1155 0.0210 0.0181 16 1040 0.0280 0.0269 17 1100 0.0185 0.0168 18 1290 0.0300 0.0232 19 920 0.0095 0.0103 20 920 0,0130 0.01%1 21 D45 0.0035 0,006% 22 875 0,0175 0.0200 972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Considérons seulement la série des adultes. Le poids, chez les animaux de cette série, a varié de 0.055 à 0.027. Mais ici, on ne trouve pas d'écarts brusques entre les chiffres. La moyenne déduite par le calcul a ici des chances d’être l'expression de la vérité. Elle peut être évaluée à 0 gr. 0161 (soit 0 gr. 0081 par kilogramme du poids du corps), et se rapproche, sans l’atteindre toutefois, du chiffre trouvé par M. Gley (0 gr. 010, soit 0 gr.020 pour les deux glandules). Je ne sais si cette moyenne trouvée par M. Gley a été obtenue d’après des observations faites sur de jeunes animaux. Le fait aurait une certaine impor- tance, car, chez ces derniers, après la thyroïdectomie, j'ai vu que le poids des glandules était notablement plus élevé que chez les animaux adultes : 0 gr. 0185 (soit 0 gr. 0177 par kilogramme du poids du corps). Comme il est probable qu'avec l’âge, le poids des glandules ne diminue pas chez le lapin normal et qu'il est plus faible chez les jeunes sujets, je suis, il me semble, autorisé à préciser un peu mes conclusions en disant que l’ablation du corps thyroïde augmente le poids des glan- dules parathyroïdes, et cela d’une façon d'autant plus marquée que le sujet est plus jeune. SUR LE DOSAGE DE PETITES QUANTITÉS D ALCOOL, par MM. J. Borpas et S. DE RACZKOWSKI. Lorsqu'une solution contient plus de 2 p. 100 d’alenol absolu en volume, le dosage par l’alcoomètre donne des résultats précis, mais il n’en est plus de même, lorsque la teneur est inférieure à ce titre et a fortiori lorsqu'elle s'abaisse au-dessous de 1 degré. Il devient même impraticable si la quantité d'alcool est de quelques dixièmes seulement. Dans une communication faite en juillet dernier à la Société de Biologie, M. Nicloux a exposé un procédé de dosage de l'alcool, lorsque ce dernier se trouve précisément en quantités qui ne pourraient être appréciées par l’alcoomètre. Ce procédé absolument nouveau est basé sur une réaction bien connue, l'oxydation de l'alcool par l’acide chromique. Lorsque l’on met en présence de l'alcool du bichromate de potasse et de l'acide sulfu- rique, il se forme de l’aldéhyde éthylique, l'acide chromique passant à l’état de sesquioxyde de chrome forme avec l'acide sulfurique du sulfate de sesquioxyde de chrome. De sorte que si l'alcool est en excès, la solution devient verte, tandis qu'elle est jaune si c’est le bichromate qui domine. Dans les limites indiquées par M. Nicloux, la teinte de passage du jaune au vert est parfaitement appréciable et peut par suite servir comme moyen de dosage de l’alcool. L'intérêt que présente le dosage des pelites quantités d'alcool dans SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 973 certains liquides donne toute son importance à la sensibihté de la réaction appliquée par M. Nicloux, aussi avons-nous cherché s'il n'était pas possible de simplifier cette méthode pour la rendre d’une application plus pratique encore. Les types 1/500,1/666, 1/1000, 1/1500, 1/2000, 1/3000 correspondent à des teneurs alcooliques de 0°,2, 0°,15, 0°,1, 0°,066, 0°,05, 0°,033 p. 100 en volume. D'autre part, les quantités de solution de bichromate de potasse à 20 grammes par litre, nécessaires pour obtenir la couleur vert-jaunâtre limite, sont respectivement, pour chacune des teneurs précédentes, 2 centimètres cubes, 1 c.c.5, 1 centimètre cube, Oc.c.6,0c.c.5, 0c.c.3.Il est donc aisé de remarquer que pour ces richesses alcooliques, 1 centi- mètre cube de solution de bichromate à 20 grammes p. 1000 employé dans les conditions indiquées précédemment correspond à 0°,1 d'alcool absolu p. 100 en volume. Des essais faits sur des solutions de titres connus ont précisément confirmé cette remarque d’une facon très nette, et cela pour des teneurs comprises entre 0°,3 et 0°,03 p. 100. Au delà de ces limites, la réaction n'est plus aussi appréciable, par suite de la trop grande ou trop faible intensité des teintes. Dès lors, la comparaison à des types déterminés devient inutile et la solution de bichromate de potasse cristallisé pur, à 20 grammes par litre, est seule nécessaire pour effectuer un dosage. On opère alors de la façon suivante : On met dans un tube à essai 5 centimètres cubes de solution à essayer, 2 c. c. à d'acide sulfurique concentré, et on verse à l’aide d'une burette 1 centimètre cube de solution de bichromate, on fait bouillir rapi- dement. Trois cas peuvent se présenter : 1° La solution est jaune. Il y a excès de bichromate et par suite moins de 0°,1 d'alcool absolu p.100 en volume. On recommence l'essai avec O0 c. c. 5 de bichromate; si la solution est encore jaune, il y a moins de 0°,05 d'alcool; si elle est verte, le titre est compris entre 0°,05 et 0°,1: 2° La solution est jaune-verdàtre. Il y a environ 0°,1 d'alcool, on fait alors deux essais avec 0°,5 et 1 c. c. 5 de bichromate. Suivant les couleurs obtenues, on verra si le titre est compris entre 0°,05 et 0°,1 ou 0°,1 et0°,15. 3° La solution est verte. La quantité de bichromate employée est insuffisante, il y a donc plus de 0°,1 d’alcoo!l dans la solution; on essaye alors 2centimètres cubes et, s'ils ne suffisent pas, 3 centimètres cubes de bichromate et enfin si, avec cette quantité, la solution était encore verte, il y aurait plus de 0°,3 d'alcool, et dans ce cas, on diluerait l'échantillon au dixième et on répéterait sur le liquide ainsi dilué ce qui vient d’être dit. On voit donc que l’on arrivera rapidement à obtenir l'intervalle dans lequel se trouve compris le titre alcoolique cherché. 974 ‘:: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il ne reste plus qu'à le fractionner par quatre nouveaux essais, c’est- à-dire que si, par exemple, 4 centimètre cube et 1 c. c. 5 de bichromate ont respectivement donné des teintes verte et jaunâtre, on répétera lestessais avec ic: cc: C2 lc ic 9 Mec En considérant la série formée par les six tubes constitués par les six essais de 1 centimètre cube à 1 c.c.5, on verra qu'il y en a trois pour lesquels les teintes seront respectivement vert-bleuâtre, verte, vert- jaunètre. La quantité de bichromate employée dans le tube qui présente la liqueur verte représente le titre exact de la solution ou le 1/10 de ce titre si on a dû diluer l'échantillon au 1/10. Soit par exemple 1 c.c.2, la quantité de bichromate nécessaire, la richesse alcoolique p. 100 en volume sera 0°,12 ou 1°,2 si on a opéré au 1/10. La méthode de M. Nicloux ainsi modifiée, appliquée à des solutions de richesses connues, nous a donné dans tous les cas des résultats abso- lument concordants. On pourrait même, au besoin, doser ainsi l'alcool! dans un liquide qui en contiendrait jusqu’à 10 p. 100 par exemple, mais dont on aurait une quantité insuffisante pour le doser par l’alcoomètre; il suffirait de le diluer convenablement. DE L'APPLICATION DES RAYONS RÔÜNTGEN A L'ÉTUDE DU SQUELETTE DES ANIMAUX DE L'ÉPOQUE ACTUELLE, par M. LEMOINE. J'ai déjà entretenu la Société de Biologie du résultat de mes recher- ches sur l'application des rayons Rôüntgen à l'étude des ossements fos- siles. Aujourd'hui je voudrais soumettre à son appréciation quelques radiophotographies, relatives au squelette des animaux de l'époque actuelle. Je dois à nouveau remercier M. le D' Remy et M. Contremou- lins du concours qu'ils ont bien voulu me prêter. Des résultats très satisfaisants au point de vue de l'appréciation du contour des pièces osseuses contenues dans des animaux intacts et gor- gés de leurs liquides normaux, ayant déjà été obtenus, j'ai dû diriger d’un autre côté mes invesligations, et je me suis adressé à des os dénu- dés des parties molles et soumis à une dessiccation aussi complète que possible. J'ai emprunté des types d'étude aux mammifères, aux oiseaux, aux reptiles, aux poissons, je les ai choisis de dimensions assez variées (patte de lion, mandibules du veau, du marcassin, du chevreau, du mouton, du daman, de petits carnassiers et de divers rongeurs). On peut voir avec quelle netteté tous les détails de la confor- SÉANCE DU 28. NOVEMBRE 975 ———————————————————.—.—.….….—..—.— ..—.—— —_——_—___— mation intérieure des os se trouvent mis en évidence et avec quelle précision peuvent être étudiés les deux modes de dentition dans leurs rapports réciproques et les facettes articulaires des pièces osseuses voi- sines qui se trouvent à la fois toutes mises en évidence. Les têtes d’oi- seaux (perroquet, canard adulte et sortant de l'œuf), également radio- photographiées, sont absolument remarquables comme finesse de détails et cela à tel point que toutes les parties de l'oreille interne peuvent être immédiatement appréciées. Je crois pouvoir en dire autant pour les crânes et les mandibules de divers reptiles (crocrodiles, tortues, Varans et plusieurs Lacertiliens). Le mode de fixation des dents, les encoches pour la réception des organes de remplacement sont particu- lièrementi bien mis en évidence. Ii en est de même pour les mâchoires et les dents de poissons (types en aiguilles, types coniques, types mamelonnés pour divers repré- sentants du groupe des Téléostéens, dents de squales, de raies pour les poissons dits cartilagineux). On peut voir combien sont distinctes les diverses rangées de dents en réalité superposées. Une pièce de pois- son-scie est véritablement bien démonstrative pour la mise en évidence de tous les détails de sa texture. On concoit par suite facilement tout le parti que l'ichthyologie pourra tirer de l'emploi du nouveau procédé. Nous croyons donc pouvoir conclure que l'application des rayons Rüntgen à l'étude du squelette desséché des animaux actuels, est appe- lée à rendre les plus grands services; que non seulement la nouvelle méthode complète et perfectionne les procédés d'observation usités jusqu'ici, mais que, de plus, elle pourra fournir des données tout à fait nouvelles. Dans un tout autre ordre d'idées, nos collections publiques et parti- culières renferment pour certains types normaux et tératologiques de l'époque actuelle des pièces tellement rares et tellement importantes que toute mutilation, si intéressante qu'elle puisse paraître pour l'étude, se trouve absolument interdite. Ces pièces, d'une autre part, étant conservées dans l'alcool, on peut se demander quelle peut être l'influence du liquide en question sur l’utilisation des rayons Rôntgen. Parmi les tentatives que nous avons faites à ce sujet, nous attirons l'attention sur cette radiophotographie relative à une jeune autruche éclose depuis douze jours et que M. Milne-Edwards a bien voulu mettre à notre disposition. Quoique, d’une façon générale, l'alcool paraisse peu favorable pour l'application des rayons Rüntgen, on voit, néanmoins, quel parti précieux peut être tiré de l'emploi de la nouvelle méthode pour l'édude des diverses pièces d'un squelette aussi particulièrement intéressant. B10LOG1E, ComPTES RENDUS, — 10€ SÉRIE, r. III, 7 pes 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE PENDANT L'EFFORT, par MM. L. HazrioN et Cu. COMTE. Dans la note que nous avons présentée, le 14 novembre 1896, à la Société de Biologie, sur la pression artérielle pendant l'effort, nous avons dit que « la cessation de l'effort et la reprise de la respiration se signalent par une diminution rapide du volume des doigts », et nous avons attribué ce phénomène à la déplétion veineuse. Nous avons négligé de parler du reflux du sang des artères périphériques dans les artères intrathoraciques rendues flasques et vides par la cessation de la com- pression à laquelle les soumettait l'effort. Ce reflux artériel, étudié depuis longtemps par M. Marey, l'emporte, selon notre Maître, en impor- tance et en rapidité sur la déplétion veineuse et produit sur le sphygmo- gramme cette chute brusque de la courbe des pulsalions qui prouve une forte et rapide diminution de la pression dans l’artère explorée. Nous avons cru pouvoir interpréter, autrement que par un reflux artériel, la diminution rapide du volume des doigts à la fin de l'effort, à la suite de nos expériences où nous avons enregistré à la fois le pouls radial et le volume des doigts d’un même bras avec un sphygmographe à transmission et nos pléthysmographes. Il est évident qu'il n’y a aucune raison de nier le reflux artériel signalé par M. Marey (phéno- mène inverse de l'élévation initiale de la pression artérielle au début de l'effort par chasse du sang hors des vaisseaux intrathoraciques); mais nous n'avons pas cru devoir donner à ce reflux artériel Le rôle prépon- dérant dans les variations de volume produites dans les membres à la fin de l'effort. INFLUENCE DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES D'EAU SALÉE SUR L’ÉLIMINATION DES POISONS, par M. RoGEr. S'il est établi que les injections intra-veineuses d’eau salée augmentent notablement la sécrétion urinaire, il ne s'ensuit pas néces- sairement qu'elles favorisent l'élimination des substances toxiques introduites ou formées dans l’organisme. On peut se demander, en effet, s’il ne se produit pas une simple exagération de la filtration gloméru- laire; l'élimination des poisons, qui est un phénomène vital, dépendant de l'activité des épithéliums, pourrait ne subir aucune modification. On est conduit ainsi à aborder un problème qui présente une importance capitale au point de vue thérapeutique. Si l’on voulait, pour cette étude, utiliser la strychnine, il faudrait, 4 SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 977 suivant la remarque de M. Delbet, avoir recours à un réactif vivant, c’est-à-dire injecter à des grenouilles l'urine émise par les animaux en expérience. Les recherches ainsi comprises seraient fort délicates ; aussi ai-je pensé qu'il serait préférable d'employer des substances faciles à déceler dans l'urine. Après quelques tâtonnements, je me suis arrêté au ferrocyanure de potassium et au sulfindigotate de soude. Dans une première série d'expériences, j'injecte à des lapins, par une veine auriculaire, 4 centimètres cubes d’une solution de ferrocyanure à 4 p. 200, soit 0 gr. 02. L’injection dure une minute. Puis, je recherche à quel moment l'urine donne, avec le perchlorure de fer, la réaction bleue caractéristique. Pour cette détermination, je recueille, toutes les minutes, quelques gouttes d'urine, soit au moyen d’une sonde, soit en comprimant la vessie à travers la paroi abdominale. Dans les deux cas, mais surtout quand on emploie la sonde, il faut avoir le soin de malaxer légèrement le réservoir urinaire ; sans cette pré- caution, l'urine qui sort des uretères peut séjourner dans le bas-fond et ne pas s'engager immédiatement dans la sonde. Au contraire, quand on emploie la petite manœuvre que je viens d'indiquer, on obtient des résultats extrêmement précis, beaucoup plus exacts même que lorsqu'on étudie l'écoulement par un uretère; car la section de celui-ci provoque des troubles très marqués dans la sécrétion, ou plutôt dans l’excrétion rénale, et modifie notablement l'élimination du ferrocyanure. En opérant sur 6 lapins normaux, j'ai constaté la présence du ferro- cyanure dans l'urine au bout de 10, 11, 13, 14, 16 et 17 minutes, soit, en moyenne, 13 minutes. Chez 4 lapins, auxquels j'avais injecté de l’eau salée avant l'introduction du ferrocyanure, j'ai obtenu les chiffres suivants : 7 minutes chez un premier lapin, ayant reçu au préalable 62 centimètres cubes d’eau salée par kilogramme; 6 minutes chez un deuxième en ayant recu 100 centimètres cubes; 8 minutes chezles deux autres qui avaient reçu l’un 133, l’autre 160 centimètres cubes par kilogramme; la moyenne est de 7 minutes. Les différences sont donc fort nettes : l'injection préalable d’eau salée fait apparaitre le ferro- cyanure dans l’urine deux fois plus vite que chez les témoins. Il est plus difficile de déterminer au bout de combien de temps l'éli- mination est achevée; car le ferrocyanure diminue peu à peu, et il arrive un moment où la réaction avec le perchlorure de fer devient fort douteuse. Néanmoins, voici des chiffres qui ont au moins une valeur comparative. Chez trois lapins normaux, la réaction avait cessé au bout de 4 heures, 4 h. 40 et 5 heures. Chez trois lapins qui reçurent de l’eau salée, après l'injection du ferrocyanure, la réaction cessa : chez le pre- mier, qui avait recu 62 centimètres cubes par kilogramme, au bout de 4 heures; chez les deux autres, qui avaient reçu 100 centimètres cubes, au bout de 3 h. 40 et de 3 h. 30. Ainsi, en prenant les moyennes, on peut dire que l'élimination dure 4 h. 33 chez les animaux témoins, 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3 h. 43 chez les animaux injectés. Les différences sont appréciables, mais assez minimes. On peut arriver à des résultats plus nets, en se servant du sulfindi- gotate de soude. | Si l'on injecte dans les veines d’un lapin, 2 centimètres cubes d'une solution de sulfindigotate de soude à 3 p. 100, on voit déjà, au bout de 3 à 4 minutes, s’écouler une urine franchement teintée de bleu. Le passage de la matière colorante se fait done beaucoup trop rapidement, pour qu'on puisse trouver des différences chez les animaux hydrémiés; aussi ai-je simplement cherché si, en injectant de l’eau salée après l'introduction de l’indigo, on favorise l'élimination de cette matière colorante. Les résultats ont été semblables à ceux que m'avait fournis le ferrocyanure : l'urine reprenait son aspect normal au bout de 4 h. 1/2 chez les témoins; au bout de 3 h. 1/2 à 3 h. 3/4 chez les animaux traités. Il va sans dire que, dans toutes ces expériences, j'ai toujours tenu compte de la dilution différente du liquide excrété. Pour donner une démonstration plus saisissante de l’action exercée par les injections d'eau salée, j'ai introduit dans les veines 15 à 20 cen- timètres cubes par kilogramme d’une solution de sulfindigotate de soude à 3 p. 100; les animaux ne tardent pas à présenter une coloration bleuâtre, bien appréciable au niveau du museau, des lèvres, des gen- cives, de la nictitante et des conjonctives : si on coupe les poils, on voit que la peau est d’un bleu assez foncé ; on peut faire plus facilement la même constatation au niveau des oreilles. On conserve alors un animal comme témoin et à l’autre on injecte de l’eau salée. Or, en introdui- sant 430 centimètres cubes par kilogramme, on accélère notablement le retour à la coloration normale, surtout au niveau des muqueuses. Au bout de 1 h. 1/2, par exemple, les muqueuses buccales, nasales, ocu- laires, primitivement bleues, ne sont plus que grisètres; au bout de 2 heures ou 2 h. 1/2, elles ont repris leur teinte normale; à ce moment, chez les animaux témoins, les mêmes parties sont d’un pes ürant un peu sur le vert. Les différences sont analogues au niveau de la peau ; mais elles sont moins marquées : la décoloration, aussi bien chez les témoins que chez les animaux traités, se fait avec beaucoup plus de lenteur qu’au niveau des muqueuses. _ Mêmes résultats pour les viscères; en sacrifiant les animaux à à diffé- rents moments, on voit que la décoloration se fait plus vite chez ceux qui ont été injectés; au bout de 3 heures, par exemple, le foie a repris chez eux son aspect normal, tandis qu'il est bleu ‘chez les témoins; les reins restent plus longtemps colorés, mais leur teinte est plus claire; enfin, au bout de 7 heures, les animaux témoins ne présentent plus ou presque plus de coloration anomale; chez les témoins, les reins et les tendons sont encore teintés de bleu. RP Re ee TE SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 979 On peut conclure que les injections intra-veineuses d’eau salée réa- lisent véritablement le lavage du sang ou plutôt de l'organisme : elles hâtent l'apparition dans l'urine du ferrocyanure de potassium, et accé- lèrent son élimination; enfin, comme le montrent nos recherches avec l'indigo, elles favorisent la sortie des matières nocives, déposées dans les tissus. L'emploi du sulfindigotate de soude nous à paru d'autant plus indiqué que cette substance, comme l’a montré Heidenhain, s’éli- mine par l’épithélium des tubes contournés; les injections d’eau salée stimulent donc l’activité des éléments glandulaires ; elles n’exercent pas seulement une action mécanique. STÉTIHOGRAPHE BILATÉRAI, par MM. Girgert et RocEer. Les pneumographes généralement usités ne donnent de rensei- gnements que sur la dilatation totale de la poitrine; nous avons pensé qu'il serait utile d'enregistrer séparément les mouvements de chaque moitié du thorax. C'est ce qu'on peut obtenir au moyen du stéthographe bilatéral que nous présentons et que M. Verdin a construit sur nos indications. Cet appareil se compose essentiellement de deux pelits tambours métalliques, dont une des extrémités est obturée par une membrane de caoutchouc; cette membrane porte, à sa partie centrale, un crochet sur lequel on fixe le lien devant servir de cyrtomètre ; les deux tambours manipulateurs sont pourvus chacun d’un embout qui permet de les relier, par deux tubes de caoutchouc, à deux tambours récepteurs. Les deux tambours manipulateurs reposent, par un point de leur circonférence, sur une plaque métallique qui s'applique au thorax ; pour les maintenir en position, on se sert simplement d’une colle froide très épaisse; l'appareil étant construit en aluminium, son poids est minime et sa fixation s'obtient avec la plus grande facilité. On colle les deux plaques métalliques à la partie antérieure du thorax, toutes deux à égale distance de la ligne médiane. Puis on attache aux crochets les deux bouts d’un ruban qui fait le tour du thorax; au moyen d'une pince à pression continue, on donne à ce ruban une longueur teile qu’à la fin des plus fortes expirations, il exerce encore une légère traction sur les membranes de caoutchouc : on n'a plus alors qu'à fixer solidement le ruban en arrière, en le maintenant appliqué sur les apophyses épineuses au moyen d'une bandelette agglutinante, de cette façon les deux parties de l'appareil sont complètement indépendantes, et chaque tracé se compose de deux lignes superposées et, par consé- quent, facilement comparables. 980 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quand on opère sur l’homme, il est bon de fixer les tambours mani- pulateurs au niveau du cinquième espace intercostal, juste en dehors. du bord sternal. Nous avons reconnu en effet qu’il n’y a aucun avantage à appliquer les appareils sur un point plus éloigné de la ligne médiane, par exemple au niveau de la ligne axillaire ; les différences, contrairement à ce qu on aurait pu supposer, ne sont pas plus marquées; en revanche, les tracés sont moins amples et par conséquent moins nets. Afin d'éviter les erreurs dues à la sensibilité variable des tambours, il faut toujours prendre plusieurs tracés, en faisant servir alternati- vement à chaque côte les deux tambours manipulateurs et les deux tambours enregistreurs. Cet appareil, qui pourra rendre quelques services en physiologie, est surtout utile en clinique ; il nous a servi à recueillir un certain nombre de tracés qui seront publiés dans un des prochains numéros de la Revue de Médecine. CYSTITE PRIMITIVE A COLI-BACILLE, par MM. A. GILBERT et A. GRENET. En présence d’accidents de cystite survenant chez un individu jeune, deux facteurs étiologiques se présentent immédiatement à l'esprit du clinicien, la blennorrhagie et la tuberculose. Depuis les découvertes bactériologiques, diverses cystites microbiennes ont pris place à côté des inflammations vésicales causées par le gonococeus et le bacille de Koch. Après ces deux dernières, la cystite à bacterium coli est la plus fréquente : elle peut survenir à la suite d'un cathétérisme malpropre, ou être consécutive à une infection de l’urètre par le gonococcus, et l'on sait combien, dans ce dernier cas, il est difficile de retrouver dans le pus provenant de la vessie, l'agent initial de la blennorrhagie. Enfin, il est des cas où la cystite se déclare chez des individus qui n'ont jamais été sondés, et qui n’ont jamais eu de blennor- rhagie. Tantôt, il s’agit d'individus âgés dont la vessie se vide incomplètement, tantôt d'individus jeunes. Reymond a, dans les An- nales des maladies des organes génito-urinaires (1), étudié les cys- tites survenant chez les individus dont l'urètre n’a jamais été in- fecté ni par la sonde, ni par le microbe de Neisser. Le plus jeune des malades qu'il a observés avait quarante-cinq ans : chez tous la vessie se vidait incomplètement ; six fois sur douze cas, l’auteur a trouvé le bacterium coli. is Pour lui, le microbe peut pénétrer par trois voies dans la vessie : l’uretère, l’urètre et les parois vésicales. Chez la femme, Reymond (1) Reymond. Ann. mal. org. génit.-urin., octobre 1893. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 981 a constaté des cystites se produisant au voisinage des salpingites, et il se demande si l’on ne pourrait pas admettre que, chez l'homme, l’infec- tion se fasse par l'intermédiaire de la prostate. M. Bazy, étudiant les cystites, dites a frigore, rappelle qu’elles peu- vent être le plus souvent rattachées à une autre cause, en particulier à une infection partie d’un autre point du corps : cet auteur a produit des cystites expérimentales par injection intra-veineuse de cultures pures de coli-bacille (4). Une seule fois il a observé une cystite tenace, mais elle s'était accom- pagnée d’un accès de rétention (2). Dans toutes les cystites, dites a fri- gore, qu'il a étudiées, il a toujours trouvé une infection en un autre point du corps. Nous avons eu l’occasion d'observer un jeune homme, atteint de cystite aiguë à bacterium coli et, chez lequel, malgré l’interrogatoire le plus minutieux, nous n’avons lrouvé aucune infection extérieure capa- ble d'expliquer la présence du coli-bacille dans la vessie. Le nommé B.…., âgé de dix-neuf ans, journalier, entré le 16 avril 1896 à l'hôpital Broussais. Antécédents héréditaires. — Père mort tuberculeux, mère vivante et bien portante. Jamais B... ne se souvient d’avoir été malade ; il a eu seulement, vers l’âge de sept ans, un abcès dans l'oreille qui a guéri assez rapidement. A l’âge de dix-sept ans, il a souffert de palpitations de cœur qu'un médecin a traitées par le bromure ; ces palpitations se produisaient surtout après le repas et au moment des efforts. Actuellement, tous ces malaises ont disparu et l’auscul- tation ne révèle aucune lésion cardiaque. Il y a quinze jours, le malade s’est aperçu qu'il urinait plus souvent et que la fin de la miction était douloureuse; à la fin apparaissaient quelques gouttes de sang; cette émission de sang était accompagnée d’une douleur cuisante siégeant au niveau du bulbe de lurètre; les urines étaient troubles. Au moment de son entrée à l'hôpital, il présente les symptômes suivants : fréquence des mictions, douleur, pyurie. L'épreuve des trois verres ne nous fait pas constater la présence de sang. En pratiquant le toucher rectal on ne trouve rien d’anormal du côté de la prostate et des vésicules séminales, il n’existe pas de lésions épididymaires, Les appareils respiratoire, digestif et circulatoire sont absolument normaux. Le pus des urines, examiné au microscope, contient de nombreux bacilles à bouts arrondis, ne prenant pas le Gram et que la culture, sur les divers mi- lieux fait reconnaître pour le bacterium coli. Nous n’avons pu trouver dans le pus ni bacille de la tuberculose, ni gonococcus. Le malade nie, du reste, toute blennorrhagié antérieure, et son canal est absolument sec. Il n’a eu, dans ces derniers temps, ni maladie, ni indisposition quelconques ; pas de (1) Société de Biologie, 12 mars 1892 et Congrès français de chirurgie, 1891. (2) Bazy. Annales des organes génito-urinaires, 1893. 982 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plaie, pas de brûlures, pas de furoncles, pas d’angine, pas d'embarras gas- trique, pas de diarrhée. Il est absolument impossible de déceler une lésion locale où le bacterium coli aurait pu pulluler, pour, de là, aller infecter la vessie. Le traitement a consisté dans l’application du régime lacté, et dans l’admi- nistration de térébenthine à la dose de 2 grammes par jour; il n’a été pra- tiqué aucun lavage de la vessie. Très rapidement les urines sont devenues moins troubles, et, au bout de quatre semaines, le 11 mai, le malade est complètement guéri. Nous pensons que dans cette cystite, le seul agent pathogène en cause à été le bacterium coli : on pourrait, il est vrai, nous objecter que le gonococcus et le bacille de la tuberculose peuvent échapper à l’exa- men microscopique ; mais iln’est pas dans les allures de la cystite blennorrhagique de guérir aussi rapidement et aussi facilement. La cystite tuberculeuse est encore plus rebelle au traitement, et il est assez rare de voir une tuberculose vésicale ne pas s'accompagner de tuberculose génitale. Au contraire, les cystites à coli-bacille, observées par Bazy et les autres auteurs, ont été remarquablement bénignes et ont guéri presque sans traitement. Reste à expliquer comment, dans notre cas, le coli-bacille a pu péné- trer dans la vessie el y pulluler. D’après les auteurs, le microbe peut gagner la vessie par trois voies : en cheminant dans l’urètre, en étant transporté par la circulation sanguine, en traversant les parois intes- tinales. Wreden a fait sur le lapin une série d'expériences tendant à démon-. trer ce dernier mode de pénétration, mais la cyslite ne se produisait que lorsque les lésions intestinales étaient sérieuses et portaient sur le rectum (1). Posner et Lewin n'ont pas admis les résultats des expé- riences de Wreden, et pensent que c'est par la voie circulatoire que la vessie s’infecte (2). Trumpp est d'avis que le microbe peut gagner les voies urinaires en traversant les parois de l'intestin ; l'existence de la cystite chez les garcons et sa fréquence au cours des maladies de l’in- testin, plaideraient en ce sens(3); cinq fois sur huit cas de cystite sur- venant chez des garçons, Trumpp a noté l'existence d’une entérite fol- liculaire. M. Hutinel se rallie à l'opinion de Trumpp, et estime que chez les garcons les coli-bacilles utilisent la voie directe et passent du rec- tum dans la vessie en traversant les tissus, à moins, dit-il, que l’infec- tion ne se fasse par l'intermédiaire de la circulation (4). (1) Wreden. Zur Ætiologie der Cystites. Centralblalt f. Chirurg., 1893. (2) Posner et Lewin. Semaine médicale de Berlin, 1894. (3) 68° Congrès des méaesins et naturalistes allemands, 1896. (4) Hutinel. Cystites coli-bacillaires chez les enfants. Presse médicale, 1896, n° 95. SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 983 Le transport du coli-bacile à la vessie par la voie circulatoire parait être démontré par les observations de M. Bazy ; mais il nous semble que le bacille d'Escherich affectionne, pour gagner la vessie, la voie uré- trale, témoin la fréquence beaucoup plus grande des cystites coli-ba- cillaires chez la femme. Ce microbe est mobile; il n’en est pas qui soit plus répandu dans la nature, c'est par milliards que l’homme élimine chaque jour par la voie intestinale des coli-bacilles, et l’on concoit aisément que, directe- ment ou indirectement, la peau et les muqueuses, notamment celles des ‘ parties génitales, puissent être souillées par ces bactéries (1). On peut, il est vrai, nous objecter que, de même que l'on n’a jamais vu le bacterium coli cheminer à travers les tissus du rectum à la vessie, on n'a jamais démontré qu'il pût arriver chez l'homme du méat uri- naire à la vessie par l’urètre. Ce dernier mode de pénétration parait cependant plus simple que le premier, et, des expériences récentes de Neisser, il semble résuller que les microbes saprophytes et la plupart des microbes pathogènes franchissent difficilement la barrière que leur offre la paroi intestinale (2). Barlow, de son côté, faisant des expériences sur le lapin, a constaté que, sans traumatisme d'aucune sorte, sans ligature ni rétention, on produisait toujours une cystite chez cet animal en injectant par l’urètre une culture de bacterium coli; il a noté que l'inflammation vésicale ainsi produite était peu intense, passagère et spontanément guéris- sable (3). L'expérience et la clinique concordent donc sur les deux points suivants : une vessie primitivement saine peut s'infecter par le bacterium coli; quelle que soit la voie suivie par le microbe, pour atteindre la vessie, l'infection vésicale coli-bacillaire est généralement bénigne. SUR L'ÉVACUATION SPONTANÉE ET ARTIFICIELLE DU CONTENU DE L'ESTOMAC PAR LE PYLORE, par M. JEAN-Cu. Roux, Interne des hôpitaux. Les recherches que nous présentons à la Société de Biologie ont été faites chez l'homme avec le phonendoscope de Bazzi Bianchi; nous nous sommes assurés tout d'abord, par une série de recherches sur le cadavre, que cet appareil donne bien les limites de l'estomac. De plus, sur un sujet debout et dont l'estomac contient une certaine quantité de liquide, (1) À. Gilbert. Coli-bacillose, Traité de Médecine et de Thérapeutique. (2) Neisser. Zeitschrift f. Hyqg. und. Infektionskr., XXII, n° 1. (3) Barlow. Arch. f. Dermat. und Syph., 1893, Munich. 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le phonendoscope indique le niveau atteint par le liquide; nous l'avons vérifié en mettant une sonde dans l’æsophage et en établissant par ce moyen un système de vases communiquants entre l'estomac et un vase extérieur. Enfin voici comment nous nous assurons que le contour obtenu était bien celui de l'estomac et non pas celui de quelques anses intestinales : sur un sujet à jeun, on détermine les limites de l'estomac; alors si le sujet se met debout, et qu'on lui fasse ingérer 200 grammes de liquide, ce liquide doit se ramasser à la partie inférieure de l'estomac, et lorsque le sujet se met dans le décubitus latéral gauche, le liquide doit passer dans la partie gauche de l’estomac. Ce premier point établi, voici ce que l’on observe en suivant l'estomac pendant la période digestive. Nous prenons comme exemple un individu bien portant, âgé de vingt-quatre ans, doué d’un bon appétit. Après le repas de midi, l'estomac présente une forme ovalaire, le grand axe étant vertical, et contient dans sa partie la plus basse des matières s’élevant à 4 ou » centimètres au-dessus de sa limite inférieure ; la hauteur de ces matières va rester la même pendant toute la durée de la digestion. Les limites de l'estomac lui-même ne changent pas, sauf le bord droit correspondant à la petite courbure de l'estomac et au pylore, qui se déplace peu à peu vers la droite; ce mouvement s’accentue de plus en plus, et vers la fin de la digestion le pylore s’est transporté de 5 centi- mètres vers la droite : la petite courbure participe aussi à ce mouvement de sorte que, verticale au début de la digestion, elle prend à la fin une direction oblique en bas et à droite. | Aun moment qui varie entre irois heures et demie et quatre heures après le repas, le niveau des matières baisse brusquement; il baisse d’abord de? centimètres environ, reste ainsi pendant cinq minutes à peu près, puis les malières disparaissent tout d’un coup et l'estomac est vide. Alors l'estomac se rétracte lentement, prend une forme plus ou moins circulaire, son diamètre vertical diminuant de moitié, son diamètre horizontal de quelques centimètres seulement. Nous avons répété cet examen sur plusieurs sujets: sur un jeune homme de vingt-trois ans, sur un enfant de sept ans, sur un bébé de quatre ans, et nous avons toujours observé les mêmes phénomènes. Nous ferons remarquer que Charles Richet avait déjà observé cette évacuation brusque des aliments par le pylore, sur un malade porteur d'une fistule gastrique. Voilà donc comment l’estomae s’évacue spontanément. Mais nous avons trouvé un moyen pour faire passer artificiellement dans l'intestin les matières contenues dans l'estomac, et cela à un moment quelconque de la digestion. Ce procédé, pour forcer la résistance du pylore, con- siste uniquement à faire prendre au sujet, au moment voulu, une à deux cuillerées à bouche d’une solution concentrée de peptone. Nous avons donné constamment 2 grammes de peptone en solution SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 985 au 1/15 ou au 1/20. Il faut que la solution scit concentrée; s1 elle est trop étendue, la peptone n’a plus aucun effet. Immédiatement après l'in- gestion de la peptone, l'estomac commence à se vider; si le sujet reste debout, cette évacuation est lente et le début en est difficile à saisir : il faut alors 3/4 d'heure à une heure pour que l'estomac se vide; mais si l’on fait mettre le sujet dans le décubitus latéral droit, de façon à ce que les matières se rassemblent sur la région pylorique, déjà au bout d’une minute les matières ont baissé de plus d'un centimètre, et au bout de cinq à dix minutes l'estomac est complètement vide. Ce résultat est constant, que l’on donne la peptone immédiatement après le repas ou à la fin de la digestion; nous avons répété l'expérience plusieurs fois, sur deux sujets normaux de vingt-cinq et de vingt-deux ans, sur une jeune fille de quinze ans, sur un enfant de cinq ans, et toujours l'évacuation a commencé immédiatement après l’ingestion de peptone, se produisant lentement, sile sujet reste debout, brusquement s'il se met dans le décubitus latéral droit. Nous ne faisons que signaler ce fait, nous réservant d'y revenir dans une prochaine communication pour essayer de l’interpréter et pour en montrer les conséquences thérapeutiques, ce procédé permettant de régler à volonté la durée de la digestion gastrique. SUR L'ORIGINE ENDODERMIQUE DES VAISSEAUX SANGUINS, par M. ÉTIENNE RABaAUD. L'origine des vaisseaux sanguins est l’un des points les plus discutés de l’embryologie : trois théories principales sont en présence. La plus ancienne en date est celle de Remack (1), à laquelle se sont successivement rattachés Külliker (2), Balfour (3), Disse (4), etc.; ces auteurs admettent que les ébauches vasculaires prennent naissance aux dépens du mésoderme de l'embryon. Suivant une deuxième manière de voir, la formation des cellules san- guines serait indépendante du mésoderme : ces cellules naîtraient de la région parablastique ou rempart germinatif. Cette origine parablas- tique, soutenue par His (5) le premier, a été reprise avec des modifi- (41) Untersuchungen über die Entwick. der Wirbellhiere, Berlin 1850-55. (2) Die Embryonalen Keimblätter und die Gewebe. Zeitseh. für. Wiss. Zool., 1884. (3) Éléments d'Embryologie, édit. franc., 1878. (4) Die Entstehung des Blutes und der Ersten Gefässe im Hühnerei. Archiv für mikrosk. Anat., 1879. (5) Der Keimwall des Hühnereies und die Entstehung der parablastischen Zellen. Zeitschrift für Anat. und, Enter., 1876. 986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : cations diverses par de nombreux auteurs, entre autres Gensch (1), Rückert (2), surtout O. Hertwig (3), pour lequel les éléments mérocytaires donnent naissance à un feuillet spécial, le mésenchyme, lieu de forma- tion des vaisseaux. Prenant f4),en France, s’est rattaché à cette con- ception. L'origine endodermique enfin a été défendue dès 1884 par Hoffmann (à) qui a vu, chez les reptiles, l'endoderme donner naissance à des vais- seaux en des points où le mésoderme n'avait point encore apparu, — par Swæn (6) (torpiile), — par Uskow — particulièrement en France par mon maitre, M. Mathias Duval (7), et par Vialleton (8). Au cours de recherches tératologiques, sur les poulets monstrueux, qu'a bien voulu me confier mon maitre M. Dareste, j'ai eu l’occasion d'observer à ce point de vue un sujet particulièrement instructif dont j'ai poursuivi l'étude au laboratoire d’histologie de M. Mathias Duval. Ce monstre, omphalocéphale, et en outre hydropique comme il arrive souvent en pareil cas (9), est caractérisé par une atrophie marquée de la partie antérieure du corps. Sur les coupes soigneusement sériées, l’ectoderme et l’endoderme sont bien développés; le tube neural, petit, est déformé ; les formalions ganglionnaires manquent complètement ; la corde dorsale est également absente. Quant au feuillet moyen, il est représenté à la partie tout antérieure de l'embryon par la splanch- nopleure et un manchon endothélial qui entoure le tube neural. Un peu plus loin ce manchon périneural s’épaissit à la région dorsale et vient se confondre avec le mésoderme pariétal situé immédiatement au-dessus de façon à constituer une lame intermédiaire avortée. £n aucun point la splanchnopleure n'existe et cependant on aperçoit de nom- breux vaisseaux à la face interne de l’endoderme, réduits à l’endothé- (4) Die Blutbildung auf dem Dottersack beim Knochenfische. Arch. für mikrosk. Anat., 1881. (2) Ueber die Entstehung der Endothelialen Anlagen der Herzens und der erste Gefässstämme bei Selachienembryo. Biol. Centralblatt, 1888. (3) Traité d'Embryologie, édit. franc., 1891. (4) Éléments d'Embryologie, 1891. (3) Beiträge zur Entwickelung Geschischte der Reptilien. Zeitschr. für Wis- sensch. Zool., 1884. (6) Étude sur le développement des feuillets et des premiers îlots sanguins dans le blastoderme de la torpille. Bull. Acad. roy. belge, 1885. (7) Atlas d'Embryologie, 1889. Précis d'histologie, 1897. M. Duval a en outre vérifié Le fait au cours de ses recherches sur les chéiroptères (communication orale). | \ (8) Développement des aortes chez l'embryon de poulet. Journal de l'Ana- tomie, 1892. (9) Dareste. Recherches sur la production artificielle des monstruosités, 2° édi- tion, Paris, 1891. LE" Sr SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 987 lium, et toujours reconnaissables, grâce aux globules rouges qu'ils renferment; de ces vaisseaux, les uns sont indépendants du feuillet interne, simplement accolés à lui; les autres apparaissent comme étant un simple dédoublement de ce feuillet. La somatopleure suffisamment distante de l'endoderme ne renferme pas trace de vaisseaux. Bien plus, en suivant les coupes, on voit se détacher de la portion ventrale du mésoderme périneural un bourgeon mésodermique effilé qui vient s’étaler sur l’endoderme à sa partie médiane ; il gagne peu à peu, à droite et à gauche, formant la splanchnopleure. Chemin faisant, il ren- contre les vaisseaux déjà formés, les enveloppe complètement, et par suite les isole de l’endoderme.A ce moment il est possible de distinguer sur une même coupe : D'une part, les vaisseaux médians enveloppés de mésoderme ; D'autre part, les vaisseaux latéraux, que la splanchnopleure n’a pas encore atteints, réduits à l’endothélium. Ce cas tératologique a donc la valeur d'un fait expérimental, puisqu'il nous présente le feuillet moyen complètement séparé du feuillet interne, et montre les vaisseaux sanguins uniquement dépendants de l’endo- derme. (Travail du laboratoire de M. Mathias Duval.) ACTION DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'EAU SALÉE DANS L'EMPOISONNEMENT PAR LA STRYCININE, par MM. CuassevanT et Gor. Dans une première série d'expériences faites en février 1896, commu- niquées à la Société de Biologie le 16 mai, l’un de nous avait constaté que le lavage du sang, pratiqué chez le lapin aussitôt après l’intro- duction de la strychnine dans l’économie, atténuait et même empêchait l'apparition des phénomènes convulsivants, retardait la mort et même permettait la guérison. L'action antitoxique des injections d’eau salée ne se manifestait qu'à la condition de les commencer avant l'apparition des premiers symptômes tétaniques de l’empoisonnement. Une première série d'expériences faites sur le lapin nous ont permis de vérifier les faits énoncés précédemment. [. — Lapin pesañt 2 kilogr. #10, recoit 2 milligrammes strychnine (1) en injec- tion intrapéritonéale. 2 h. 25, on commence l'injection intraveineuse d’eau salée; à 8 p. 100. (1) Les doses de strychnine représentent le poids réel de l'alcaloïde injecté ; il est dissous dans l’eau à l’état de sulfate, 1 centimètre cube contient 0 milligr. 5 de strychnine cristallisée. | 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———_—__——— 2 h. 50, l'animal a recu 200 centimètres cubes d’eau salée ; on cesse l’injec- tion. L'animal a présenté quelques crises tétaniques, se remet promptement. Il survit. L'animal a recu une dose de 0 milligr. 82 par kilogramme. II. — Lapin témoin, pesant 2 kilogrammes, reçoit 2 milligrammes strychnine en injection sous-cutanée, à 3 h. 40; il meurt à 3 h. 50 après une seule crise tétanique. L'animal a recu une dose de 1 milligramme par kilogramme. I. — Lapin pesant 1 kilogr. 920 ; recoit 1 milligr. 5 strychnine dans la veine de l'oreille, on injecte en même temps 200 centimètres cubes de sérum. Aucun symptôme d'empoisonnement. Forte exophtalmie, l'animal est atone. IL se remet 2 heures après et vit encore actuellement. L'animal a recu une dose de 0,79 par kilogramme. IV. — Lapin pesant 2 kilogr. 170, recoit 2 milligrammes strychnine dans le péritoine. Injection simultanée de l’eau salée par l'oreille, 50 centimètres cubes; la canule se bouche; crise tétanique. Injection rapide de 50 centimètres cubes d’eau salée dans le péritoine. On abandonne l’animal. Il survit. Quatre jours après, injection 4 milligr. 7 strychnine 2 h. 20, mort 2 h. 59. Il ne pèse plus que 1,910. L'animal a recu une première fois 0 milligr. 92 de strychnine par kilogr. L'animal a recu une seconde fois 0 milligr. 82 de strychnine par kilogr. Il n'avait pas d'immunité spéciale. Dans une deuxième série d'expériences, nous avons injecté d’ abord l'eau salée, puis la strychnine (1). TI. — 13 juin. Lapin, 1 kilogr. 750, reçoit de 2h. 40 à 9 h. 10,175 centimètres cubes d’eau salée en injection intraveineuse; on injecte immédiatement après 1 milligr. 75 strychnine. Mort à 3 h. 38. II. — 13 juin. Lapin, 2 kilogr. 200, recoit 225 centimètres cubes d’eau salée de 3h. 34 à 3 h. 40. On injecte sous la peau 2 milligrammes de strychnine, l’animal présente un état latent de tétanisation. Les secousses et les excilations provoquent des accès de tétanisme. #4 h. 55. L'animal urine abondamment, il survit. Le 16 juin, on injecte au même animal 2 milligrammes strychnine; on n’observe aucun phénomène réactionnel. Le 149 juin, l’animal est atteint spontanément des symptômes # l'empoi- sonnement strychnique il meurt peu après. L'animal a recu le 16 juin 0 milligr. 90 de strychnine par kilogramme. L'animal a reçu le 19 juin 0 milligr. 90 de strychnine par kilogramme. III. — 16 juin. Lapin, 2 kilogr. 050, recoit 200 centimètres cubes d’eau salée de 3 h. 40 à 3 h. 32. Il urine à 3 h. 40. On injecte 1 milligr. 87 de strychnine sous la peau à 3 h. 42. Il urine abondamment à 4 h. 34. L'animal ne présente aucun symptôme d'empoisonnement. On le trouve mort dans sa cage le 19 juin au matin. Il n'avait présenté aucun symptôme d'empoisonnement la veille au soir. (1) Ces expériences sont analogues à celles faites plus tard par M. More et publiées à la Société de Biologie dans sa séance du 14 novembre. Aster 8 SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 989 L'animal a recu 0 milligr. 94 par kilogramme. IV. — Lapin pesant 1 kil. 850, recoit 180 centimètres cubes de sérum de 3 h. 40 à 4 h. 30; il urine abondamment pendant l'injection. Injecte 1 milligr. 75 strychnine à 4 h. 42; — 4 h. 51 crises tétaniques; 5 h. 13 mort. L'animal à recu 0 milligr. 94 strychnine par kilogramme. Les expériences ci-dessous nous ont permis d'établir que toutes les doses de strychnine employées dans ces expériences étaient de beaucoup supérieures à la dose toxique pour le lapin, qui est d'environ 0 milligr.26 par kilogramme de lapin. Nous avons fait aussi plusieurs expériences sur le chien, les résultats obtenus ont été négatifs, ainsi que l’a déjà observé M. Delbet ; il nous semble inutile de les rapporter en détail. Nous avons cherché à déterminer la sensibilité de la grenouille vis- à-vis de la strychnine. Nous avons constaté qu’une dose de 0 milligr. 45 était nécessaire pour déterminer l'apparition des symptômes de l’em- poisonnement strychnique chez une grenouille de 35 grammes. Cette dose n'est que convulsivante et non toxique. La grenouille ne réagit qu'à une dose de # milligr. 2 par kilogramme. Il n’est pas possible d'employer cet animal pour caractériser la présence de la strychnine éliminée dans les urines des animaux intoxiqués. Il nous semble difficile de donner une explication satisfaisante du mécanisme des phénomènes observés. La strychnine agit d'une façon élective sur le bulbe, et il semblerait que l’hyperhydermie empêche cette action de se manifester. Les expé- riences II et III de la seconde série semblent le démontrer. La strychnine qui est restée dans l’économie semble avoir agi sur le bulbe lorsque l’hyperhydermie a disparu. L'injection intraveineuse d’eau salée permettrait donc l'élimination du poison, en protégeant momentanément le système nerveux de son action toxique. Chez le chien, l’action toxique sur le bulbe se manifeste trop rapide- ment pour permettre une intervention efficace. (Travail fait au Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine.) LÉSIONS DES CENTRES NERVEUX PRODUITES PAR LA TOXINE DU BACILLUS BOTULHUS, par M. G. MARINESCO. L'année dernière, le professeur Van Ermengen, de Gand, isolait d'un jambon qui avait déterminé des accidents graves et même mor- tels, un microbe anaérobie, mobile, présentant de nombreux cils (Bacillus botulinus) et dont la toxine est très active. L'inoculation de ce 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE microbe et de sa toxine (cette dernière étant administrée même par la voie digestive) détermine, chez le chat et le singe, une série de phéno- mènes tels que mydriase, paralysies partielles, aphonie, impossibilité de la déglutition, et qui ressemblent complètement à ce que l’on observe chez l’homme. Le système nerveux cérébro-spinal des animaux que j'ai examinés, gràce à l’obligeance de M. Van Ermengen, présente des lésions fort intéressantes que je désire faire connaître. Les lésions que j'ai trouvées existent dans tout le système cérébro- spinal, mais affectent des différences notables de degré. Elles sont presque nulles dans le cerveau, absentes dans les nerfs craniens et très accusées dans la moelle épinière et dans le bulbe; elles affectent presque exclusivement la substance grise antérieure et postérieure. La première étant plus touchée que la dernière, ces lésions, con- sidérées dans leur ensemble, sont très variables comme intensité; mais, comme on trouve sur la même pièce les degrés les plus divers, il est possible d'en saisir la filiation. Cellules nerveuses. — Le premier degré de la lésion consiste dans la raréfaction et la disparition des éléments chromatophiles. La lésion débule, dans un certain nombre de cellules, à la périphérie de la cellule nerveuse, de la sorle qu'on voit une bande circulaire plus ou moins complète, privée de corpuseules chromatophiles. La lésion, habi- tuellement, est moins accentuée dans la partie centrale de la cellule où l’on ne constate que la raréfaction des éléments chromatophiles. Quel- quefois, cependant, cette lésion est beaucoup plus accentuée autour du noyau et la couche perinucléaire a, en partie, disparu. Dans un stade plus avancé, les corpuscules de Nissi sont réduits à des granulations inégales de volume et même transformées en une fine poussière. Ces granulations, qui nagent dans le protoplasma de la cellule nerveuse, se colorent d'une façon moins intense que les éléments chromatophiles. A cette période, qu'on peut dénommer la phase de désintégration granu- leuse ou de chromatolyse, la cellule nerveuse a perdu son aspect strié, son volume est légèrement augmenté et les prolongements protoplas- miques tuméfiés. Le processus requis continuant, on constate, dans une troisième période, la formation de lacunes à l’intérieur de la cel- lule nerveuse, par la destruction de la substance achromatique. A ce moment, le contour de la cellule nerveuse est sinueux, irrégulier. Les bords sont rongés par des cellules névrogliques hyperplasiées et hypertrophiées. En opposition avec cette lésion de chromatolyse et de désintégration de la substance achromatique, il en existe une autre que je rattache à la coagulation du protoplasma de la cellule nerveuse, lésion fort semblable à celle que l’on trouve dans l’anémie expérimentale de la moelle. On ne peut plus du l’individualité note des éléments chromatophiles. : . Il est intéressant de remarquer que, malgré Je lésions fort étendues SÉANCE DÜ 28 NOVEMBRE 994 des cellules nerveuses, le noyau semble intact dans la plupart des cas mais, à son tour, il peut être atteint. La paroi est rétractée, le réseau nucléaire désintégré et le nucléole plus ou moins atrophié. Les lésions, jusqu'ici décrites, se retrouvent surtout dans la moelle épinière. Dans le bulbe et dans les noyaux de la protubérance et du pédoncule, les lésions sont moins accentuées et restent limitées habituellement à la première ou à la deuxième période; raréfaction et diminution des élé- ments chromatophiles avec ou non-désintégration. C'est avec cet aspect qu'on trouve la lésion dans les noyaux de l’hypoglosse, dans le nucleus ambiquus, dans le noyau dorsal du pneumogastrique, dans les cellules des olives et dans celles du cervelet. Elles existent également dans le noyau médian, à petites cellules du moteur oculaire. Parallèlement à ces lésions régressives des cellules nerveuses, il se développe dans les cellules névrogliques qui se trouvent normalement au voisinage des premières, un processus progressif de multiplication. Leur noyau est hypertrophié; quelquefois, son réseau se présente sous forme de peloton, mais je n’ai pas eu d’autre forme de karyokinèse. Aussi, suis-je disposé à admettre que leur multiplication se fait par la voie directe. Les cellules névrogliques hyperplasiées, serrées les unes contre les autres, constituent tantôt un chapelet quand la multiplication se fait dans un seul sens, ou sous forme de groupes ou d’amas quand leur multiplication se fait dans des directions multiples. Les cellules névrogliques multipliées jouent le rôle de neuronophages, elles rongent, détruisent la substance de la cellule nerveuse qui finit par être dévorée par ces éléments dont la nutrition est très active. J'insiste sur ce point parce que, jusqu'à présent, la plupart des auteurs qui se sont occupés du mode de destruction des cellules nerveuses, ont accordé trop d'importance, en fait de phagocytose, aux leucocytes dont le rôle est bien réduit dans ce processus. Dans la substance grise de la moelle, des foyers d'hémorragie sont situés à la base de la cornée postérieure. Une lésion exceptionnelle que j'ai observée, d’ailleurs pour la première fois, c'est l’émorragie intracellulaire, bien que ce dernier fait admette certaines réserves. (Travail du Laboratoire de la Clinique des maladies du système nerveux.) DIFFÉRENCIATION DU BACILLE TYPHIQUE ET DU BACILLE DE LA PSITTACOSE PAR LA RÉACTION AGGLUTINANTE. DES RÈGLES A SUIVRE POUR LA DIFFÉ- RENCIATION DES MICROBES D'ESPÈCES VOISINES PAR L'ACTION DES SÉRUMS, par MM. WipaL et SICARD. I était intéressant de rechercher si l'action du sérum d'animaux immunisés, ne pouvait aider à la différenciation d'espèces très voisines, BioLocir. Comptes neNDus, — 10€ SfmE, v. HI. 75 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par exemple du bacille typhique et du bacille de la psittacose, qui ne, font pas fermenter la lactose. M. Nocard, MM. Gilbert et Fournier ont décrit quelques caractères particuliers au bacille de la psittacose, aspect spécial des cultures sur gélatine et sur pomme de terre, agencement des cils, virulence extrême. MM. Gilbert et Fournier ont Cab insisté sur ce fait que l’agglutination était moins marquée par le sérum typhique. Dans une note récente, MM. Achard et Bensaude disent que ces caractères ne leur ont pas paru. d'une valeur décisive ni d’une appréciation facile et trouvent dans la réaction agglutinante une cause d'incertitude pour la différenciation des deux microbes. Nous pensons au contraire que cette réaction peut tran- cher rapidement et avec la plus grande facilité le diagnostic du bacille typhique et du bacille de la psittacose. Si l’on mélange le sérum d’un homme atteint de fièvre typhoïde à une culture jeune en bouillon du bacille de la psittacose dans la proportion, de 4 p.10, on voit se former des amas microbiens, mais en général plus petits, plus resserrés que ceux obtenus avec des bacilles d'Eberth. Si l’on porte la proportion du mélange à 1/20, HE ou 1/40, il arrive un moment où l'on ne trouve plus d’amas alors qu'une dilution de même proportion, faite avec le même sérum et uneculture de bacilles typhiques, en montre encore de très nets. Si, au lieu de faire agir le sérum sur des bacilles déjà développés, on le fait agir sur des bacilles naissants, la différence devient éclatante. Après avoir mélangé le sérum Done à du bouilion vierge dans une proportion de 1 .p. 40 ou de 1 p. 60, si l’on ensemence des tubes avec une trace de culture typhique et les tubes homologues avec une trace de culture de la psittacose, déjà après quelques heures de séjour à l'étuve à 37°, du premier coup d'œil on distingue ceux ensemencés avec le bacille de la psittacose, qui présentent un trouble parfait, de ceux ensemencés avec le bacille typhique, qui sont clairs, transparents, et dont le fond contient des amas de flocons blanchâtres. L'examen au microscope de la culture de psittacose, montre quelques rares amas perdus au milieu du grand nombre des bacilles restés isolés et ayant conservé pour la plupart leur mobilité; la culture typhique montre, au contraire au microscope de gros amas agglutinés de bacilles d° H Be exposés en ilots d’archipel et séparés par des espaces vides. Ge fait nous fournit donc un procédé de différenciation des plus tranchants pour le diagnostic des deux microbes, et loin de toucher à la spécilicité de la réaction agglutinante, il semble être pour elle un argument nouveau. Si le bactériologiste, pour les besoins de la technique, cherche à em- ployer la réaction agglutinante d’un sérum spécifique pour le diagnostic microbiologique, il doit savoir que l'action agglutinative de ce sérum n'est pas rigoureusement limitée au microbe infectant, qu'elle peut s'exercer, mais à des degrés différents, sur les espèces voisines. Le rôle Re Soi hits Pa SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 993 de l’expérimentateur n’est donc pas de rechercher seulement les con- ditions dans lesquelles un même sérum agglutine d’un facon à peu près identique deux microbes d’espèce voisine, mais son rôle est sur- tout de rechercher les conditions dans lesquelles l’agglutination diffère et peut fournir un procédé de diagnostic différentiel. Max Gruber (1) a rencontré, par exception, un échantillon du Bacillus enterisidis de Gartner qui, faisant fermenter la lactose, était cependant agglutiné par un sérum typhique concentré. Mais Max Gruber, s'empresse d'ajouter qu'en solution diluée, le même sérum avait une différence d’action marquée sur lés deux microbes. MM. Gilbert et Fournier ont eu le mérite de montrer que le sérum typhique agglutinait différemment le bacille de la psittacose. Nous n'avons fait qu'essayer de fixer les règles de technique pour les dif- férencier par l’action d’un sérum typhique. MM. Achard et Bensaude ont encore appelé l'attention sur une autre cause d'incertitude, intéressant cette fois la pratique du sérodiagnostic. Il disent que lorsque la propriété agglutinante s’est atténuée pendant la convalescence, le sérum peut se montrer actif pour certain échantillons et inactif d’autres. Après bien des recherches, nous avons constaté que si certains échantillons semblaient avoir parfois une aclion agglutinative un peu plus intense sur divers sérums, cette supériorité d'action d'un échan- tillon donné n’est pas constante ; on peut la voir souvent fléchir suivant le sérum éprouvé. Dans plusieurs cas, pour tenter de saisir la réaction au début de la maladie, nous avons essayé l’action du sérum de malade sur plusieurs échantillons de bacilles typhiques, et jusqu'ici nous n'avons jamais pu trouver d'échantillon nous permettant de déceler le phéno- mène agglutinatif d’une façon plus précoce. D'autre part, le même échantillon, suivant sa virulence, suivant ses transplantations, suivant le milieu où on vient de le recueillir, suivant le moment où on l’emploie, suivant la qualité du bouillon en usage, présente souvent des variations très légères dans son mode d'action. Ce sont là des nuances qui n'inté- ressent pas la pratique, ce sont de petites curiosités qui doivent rester danslelaboratoire,sous peine de porter l'incertitude, làoüellen'existe pas. La pratique du sérodiagnostic de la fièvre typhoïde subsiste donc dans toute sa simplicité et reste basée sur la simple mise en présence d'un sérum suspect et d’une culture vivace d’un échantillon authentique du bacille d'Eberth. (1) Eine neue Methode zur raschen Erkamung Choleralibrio und des Typhus bacillus. Munchener medicinische Wochenschrift. Le Gérant : G. MASSON. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Marerueux, directeur, 1, rue Cassette, 4) Et sie BR nn Qc DAS EE ADS DS LT LE PAU OR TRE "ARR D: [ Se + : FAO 0 v: { 1 £ 1 Gt il QUE] AAALR NE ET: LAN V AE LAN ARS ee de de FT | DATE GE sb es aès al ‘FERA qi nt A Vrnbe À » th rss ; e mr SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1896 M. Rapaez Dusors : Nouvelles recherches sur la production de la lumière par les êtres vivants. — MM. J. Braurr et J. Roucer : Note clinique et bactériologique sur une « pseudo-mycese » observée en Algérie. — M. R. Lépine : Sur la résorp- tion éventuelle de la bile par le réseau veineux sus-hépatique. — M. Josera Perraun : Sur le développement du Rot blanc. M. le Dr Luys : Faisceaux de fibres cérébrales descendantes allant se perdre dans les corps olivaires. — M. Léon Courrier : Contribution à l'étude du pied-bot congénital. — M. Bozescas Morz : Note sur l'anatomie pathologique de l'hypertrophie prostatique. — MM. les Dr Quénu et Loxcuer : Note sur quelques recherches expérimentales concernant la chirurgie thoracique. — M. Pauz Carnot : Sur les injections de pigments. — M. O. Funruanw, de l'Université de Genève : Note faunique sur les Turbellariés rhabdocæles de la baie de Concarneau. — M. E. LecLaincue : Sur la virulence des muscles chez l'homme tuberculeux.—MM. E. Tmrerceu et E. LENOgLE : Rechute de fièvre typhoïde chez une malade dont le sérum avait conservé, pendant la conva- lescence, la propriété agglutinante. — MM. CarrioN et HALLIoN : Sur le lavage du sang. — M. CuaRLEs-AMÉDÉE PuGnar : Note sur la structure histologique du pancréas des Oiseaux. — MM. D. Courtane et J.-F. Guxon : Action du grand sympathique sur l'intestin grèle. — MM. Pauc CLaisse et Orro Josué : Etat du sang dans les pneumokonioses. — M. GELLÉ : De l'audition, l'étrier soudé. — M. Mayer (de Lyon) : De quelques points relatifs aux injections intraveineuses. — M. Josepx Nicoras : Atténuation du bacille de Lôffler ayant subi la réaction agglutinante par l’action du sérum antidiphtérique. — M. A. Caarrin : Remarques sur le phénomène d’agglutination, à propos de la communication de M. J. Nicolas. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE M. Le Roy pes BARRES fait déposer sur le bureau un pli cacheté. M. GiaRD fait hommage à la Société, au nom de l’auteur, M. Joseph Perraud, d'un Mémoire imprimé ayant pour titre : Principales affections de la Vigne. NOUVELLES RECHERCHES SUR LA PRODUCTION DE LA LUMIÈRE PAR LES ÊTRES VIVANTS, par M. RAPaaEz Dupors. (Communication faite dans la séance précédente.) Les nouvelles recherches que je viens de faire au laboratoire de biologie de l'Université de Lyon, à Tamaris-sur-Mer, dans des con- ditions beaucoup plus favorables que celles qui m'avaient été offertes antérieurement, démontrent de la manière la plus nette l'exactitude des résultats et des conclusions que j'avais publiées primitivement à propos des Elatérides lumineux et des Pholades. La lumière physiologique est BioLocie. ComPpres RENDUS, — 102 SémE, v. IL. 16 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bien le résultat du conflit de deux substances, dont l’une présente les caractères d'une zymase : je leur conserve les noms de « luciférase » et « luciférine ». Ultérieurement à mes premières recherches, j'avais été conduit à admettre l'existence d’une seule substance, qui, en se trans- formant spontanément, donnait la lumière. Cette modification à mes conclusions premières tenait à ce que j'avais fait des expériences de contrôle dans des conditions défavorables, avec des Pholades transpor- tées à Lyon. Aujourd'hui, le doute n’est plus permis. La démonstration expérimentale de l'exactitude de mes conclusions premières et dernières est facile ; voici comment j'opère : 1° Je racle, avec un couteau, la paroi interne du siphon de grosses Pholades dactyles bien vivantes : la pulpe qui en résulte est aussitôt broyée avec du sable et de l'alcool à 90 degrés. Je laisse macérer pen- dant douze heures en vase clos. Au bout de ce temps, je filtre et j'obtiens un premier liquide non lumineux, même après une forte agi- tation avec l'air. 2° Le résidu épuisé par l'alcool est pressé et ensuite broyé avec de l’eau chloroformée : je laisse macérer quelques heures en vase clos, je filtre et j'obtiens un second liquide non photogène. Le mélange d’un quart du premier liquide avec trois quarts du second développe à la température ordinaire une belle phosphorescence. Cette réaction, pour être bien visible, doit être faite la nuit. Le liquide n° 2 porté à l’ébullition donne un précipité floconneux et le mélange des deux liquides ne produit plus de lumière; l’addition d’une forte proportion d’alcool fort fournit le même résultat que l’ébul- lition. Les agents réducteurs éteignent la lumière rapidement ou l'empêchent de se produire. Mais la luciférase ne donne pas les réactions de la laccase. (Laboratoire de biologie de l'Université de Lyon.) NOTE CLINIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE SUR UNE « PSEUDO-MYCOSE » OBSERVÉE EN ALGÉRIE, par MM. J. BrauzT et J. RouGer. (Communication faite à la séance précédente.) L’affection qui fait le sujet de cette communication est une « pseudo-nycose » qui attaque le membre inférieur chez les ruraux et se localise de préférence au segment jambier (1). (1) Deux malades ont été observés : un religieux, cloîtré dans un couvent à quelques lieues d'Alger, et une jeune fille habitant Bouira, en Kabylie. : « SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 997 L'invasion parasitaire, tout en restant locale, entraine sur place les plus graves désordres, creusant de vastes ulcérations et des clapiers sous-cutanés multiples, pénétrant au plus profond des museles ; elle peut compromettre un membre en l’espace de quelques mois. L’affection débute par une collection sous-cutanée arrondie, que le malade compare volontiers à une /oupe; au bout de deux ou trois semaines, la tumeur pointe, crève, et donne issue à une matière concrète gris jaunâtre, encéphaloïde, ressemblant à de la cervelle cuite (A). L'abcès une fois vidé, d’autres se forment alentour, les téguments se sphacèlent et l'on assiste à la formation d’un vaste ulcère à fond rouge vif, recouvert d’un enduit très adhérent. Cette ulcéralion curieuse dans sa marche gagne par endroits et excave ses berges festonnées; par d’autres, elle semble perdre du terrain et présente un faible liséré cicatriciel. Cependant le processus très tenace envahit de proche en proche les parties voisines où l’on rencontre des lésions à des stades divers. Ici, ce sont des collections déjà ouvertes; là, des points ramollis, fluctuants, qui mènent, après ouverture, dans des galeries inter et intra-muscu- laires de dimensions insoupçonnées. En effet, l'affection présente à un très haut degré le caractère « térébrant ». Il faut plusieurs mois pour réparer les dommages déjà causés (2). Les lésions observées s'écartent notablement des processus banals : tuberculose, syphilis, néoplasies diverses. On peut éliminer également la pourriture d'hôpital (3) et le classique ulcère phagédénique des pays chauds. Resteraient les différentes mycoses, vraies ou fausses, déjà étudiées; mais. l'examen bactériologique lève tous les doutes : En effet, dans le pus examiné à l'état frais, ou après coloration, on aperçoit : 1° des globules de pus ; 2° des parcelles de muscles dont les stries sont encore apparentes; 3° des fibres élastiques isolées ou enche- vêtrées par paquets ; 4 un bacille grêle et long, souvent filamenteux (4), et rappelant morphologiquement l'aspect du vibrion septique dans les préparations faites avec l'exsudat péritonéal des cobayes qui ont suc- combé à l'infection. Inoculé sous la peau ou dans les muscles des cobayes, ce bacille reproduit des lésions analogues à celles présentées par les malades. L'affection reste localisée et l’on n'observe pas de septicémie. Les ani- maux maigrissent, mais ne succombent généralement pas. (1) I n'y a pas de granulations, rappelant les grains de l’actinomycose ou du pied de Madura. (2) Le traitement à consisté surtout dans des curettages et des cautéri- sations très énergiques; l’iodure de potassium n'a rien donné. (3) Avant nous, on y avait pensé pour notre premier malade. (4) I n'est ni touffu, ni rameux comme celui décrit par M. Poncet, de Lyon. 998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les caractères des cultures différencient cet organisme des bactéries actuellement connues. Il trouble uniformément le bouillon et forme un léger dépôt. En piqûre dans un tube de gélatine, il produit, après 24 heures, une mince bande blanchàâtre d’où partent, les jours suivants, de nombreux petits filaments, donnanl à la culture un aspect duveteux qui rappelle celui de la bactéridie charbonneuse, du rouget du pore, etc. En même temps, la gélatine se ramollit à la partie supérieure, formant une cupule de liquéfaction qui atteint rapidement les bords du tube; après quelques jours, la gélatine se liquétie par tranches. Sur gélose et sur pomme de terre, la culture ne reste pas nr à la strie d’ensemencement: elle s'étale sur toute la surface, formant une nappe inégale, vernissée. C'est un organisme surtout aérobie; sa morphologie varie avec les milieux. Er bouillon, sur gélose, c’est un petit bacille, court, isolé ou en diplobacille; en gélatine et sur pomme de terre, il est beaucoup plus long et affecte souvent la forme filamenteuse. Il est très mobile, et présente des oscillations comme le bacille d'Eberth. Les cultures, de même que le pus des malades et des ani- maux, dégagent une odeur nauséabonde. SUR LA RÉSORPTION ÉVENTUELLE DE LA BILE PAR LE RÉSEAU VEINEUX SUS-HÉPATIQUE, par M. R. LÉPINE. A l’occasion de la communication de MM. Wertheimer et Lepage (C. R. de la Société, 1896, p. 950), je me permets de rappeler que j'ai publié dans les Comptes rendus de la Société (1885, p. 767) une note sur le même sujet, en collaboration avec M. Aubert. Dans cette note, dont les résultats fort nets sont fondés sur trois expériences concordantes, nous montrons qu'aussitôt après avoir établi une forte pression dans les voies biliaires, le sang des veines sus-hépa- tiques renferme une forte proportion d'acides biliaires. Comme ce sang est recueilli immédiatement après l'établissement de la pression susdite, il est évident que la bile n’a pu prendre la voie détournée des lympha- tiques. Je me hâte d'ajouter qu'en rappelant ces expériences je n'ai pas l'intention de diminuer le mérite de celles de MM. Wertheimer et Lepage, qui ont été faites d’après une autre méthode. PT IT C4 SÉANCE DU à DÉCEMBRE 999 SUR LE DÉVELOPPEMENT DU ROT BLANC par M. JosEPH PERRAUD, Note présentée par M. A. Grarp. Sous le nom de Rot blanc (Charrinia diplodiella), on désigne une maladie de la vigne qui altère plus spécialement les raisins, grains et rafles; on l’observe rarement sur les rameaux; elle n’a jamais été trouvée sur les feuilles. Bien que les dégâts causés par le Rot blanc ne puissent être com- parés à ceux du Mildiou ou du Black Rot, ils n’en deviennent pas moins graves dans cerlaines circonstances. C'est ainsi que j'ai pu noter, en 1896, dans quelques vignobles du Beaujolais, des dégâts importants dus à cette affection, jusqu'alors inconnue dans cette région. L'action parasitaire du Charrinia diplodiella, champignon considéré surtout comme saprophyte, ne peut être mise en doute. Fréquemment elle s'exerce parallèlement avec celle du Black Rot et, là où existent les deux maladies, il n’est pas rare de trouver sur la même grappe des grains atteints séparément par chacune d'elles. Parfois même, les deux champignons se rencontrent sur le même grain; dans ce dernier cas, mes observations me permettent d'affirmer que la première attaque peut être causée par le Rot blanc aussi bien que par le Black Rot. Jusqu'à ce jour, les pycnides étaient les seuls organes de reproduc- tion du Rot blanc observés à l’état naturel. Dans des conditions spéciales de culture artificielle, MM. Viala et Ravaz ont obtenu la formation de périthèces sur les rafles, pédoncules et rameaux, jamais sur les grains. Les pycnides multiplient et disséminent le parasite. Quand elles se trouvent dans un milieu sec, elles restent intactes. Les stylospores qu'elles renferment conservent leur faculté germinative jusqu'à l’été suivant ; leur enveloppe brunit seulement. Dans un milieu légèrement humide, comme la terre, les pycnides se dissocient en poussière. Les stylospores, qui prennent une membrane très épaisse et noire, se dispersent dans le sol, où elles passent l'hiver, et germent au printemps suivant en émettant un ou deux tubes mycé- liens, comme dans le cas précédent. Une invasion de Rot blanc, particulièrement meurtrière en quelques points du Beaujolais, en 1896, m'a permis d'observer des conidiophores comme mode différent de reproduction du Charrinia diplodiella. Ges conidiophores se développent aux dépens du mycélium interne des grains ou des pycnides qui ont laissé échapper leurs stylospores ; ils sont abondants sur les baies qui portent de nombreuses pustules de Rot blanc et jouent un rôle important comme organe de reproduction 1000 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE rapide et à distance du parasite. Ils augmentent aussi l'intensité de la maladie dans les conditions d'humidité et de chaleur les plus favorables au champignon. Quand, par un temps propice, la végétation du Rot blanc semble avoir atteint son maximum d'activité, certaines masses mycéliennes sous-épidermiques, absolument semblables à celles qui donnent nais- sance aux pycnides, produisent à la surface du grain envahi des houppes blanches qui sont des conidiophores. Parfois, sur les mêmes grains, les pycnides vides laissent passer par leur ostiole, largement ouverte, des bouquets serrés de conidiophores formés par des basides prolongés. Les conidiophores mesurent de 140 à 170 x de hauteur quand ils proviennent de l’intérieur de pycnides vidées et de 80 à 110 y quand ils ont pris naissance directement sur les nodules de pseudoparenchyme formés par le mycélium. Ils sont cylindriques, eloisonnés ei légèrement renflés à leur base; ils se divisent en deux ou trois branches également renflées à leur insertion. Les conidies sont incolores, hyalines, généralement pyriformes, quelquefois ovoïdes où sub-naviculaires ; leurs dimensions varient de 8 à 9 y de longueur sur 4 à 4,5 de largeur. On peut suivre le développement des conidiophores du Rot blanc en culture artificielle. En inoculant les conidies sur des grains sains, dans une atmosphère humide, j'ai reproduit tous les caractères d’altération du Rot blanc. Je me suis assuré, d'autre part, que les conidies ger- maient plus facilement et plus rapidement que les stylospores. L'observation des conidiophores et la constatation des propriétés spéciales de leurs spores expliquent les invasions brusques et inatten- dues de Rot blanc qui ont sévi, cette année, dans quelques vignobles du Beaujolais. FAISCEAUX DE FIBRES CÉRÉBRALES DESCENDANTES ALLANT SE PERDRE DANS LES CORPS OLIVAIRES (Faisceaux cérébraux olivaires), par M. le D' Luys. Au moment où je communiquais, l'an dernier, à la Société de Bio- logie (1), les pièces naturelles dont je lui présentais la démonstration, ces pièces n'avaient pas encore pu ètre reproduites par la photogra- vure.—Actuellement, je puis combler cette lacune et compléter ma com- munication. L'épreuve ci-jointe représente la véritable reproduction des fibres descendantes cérébro-bulbaires, au moment où elles entrent (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1895, 8 juillet, p. 543. SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1001 en conflit avec le corps olivaire. Cette épreuve donne une idée exacte de la réalité des choses dont j'ai pu, sur différents sujets, vérifier la similitude. Sur cette coupe transparente antéro-postérieure de la région de la protubérance, on voit, en effet : En «, divers fascicules, légèrement incurvés, qui émergent des régions supérieures, eten partie de ce groupe complexe de fibres qu'on désigne sous le nom de pédoncule cérébral, et qui descendent sur le corps olivaire que l’on voit en b. Son extrémité supérieure est un continuité avec cet ordre de fibres descendantes, et son extrémité inférieure effilée, est comme enclavée entre deux paquets d'éléments nerveux dissociés, dont un groupe est en avant et l’autre en arrière de ce corps olivaire interposé. La portion médiane, la panse du corps olivaire est gonflée et l’on constate que les fibres descendantes des régions supérieures viennent se perdre en se disséminant à sa surface, sous forme de filaments spi- roïdes. — Des démonstrations ultérieures, dont je possède actuellement les éléments, me permettront de préciser le mode de pénétration et de répartition de ces fibres cérébro-descendantes au milieu des plis et replis des circonvolutions olivaires. J'appelle encore l'attention des anatomistes sur un paquet de fibres ascendantes (c) et venant de la moelle épinière qui pénètrent par l'extrémité inférieure du corps olivaire et viennent se mettre aussi en conflit avec les plis ou replis de cette substance grise olivaire. Sur une série de préparations, j'ai pu reconnaître, avec un certain nombre d'anatomistes, que les corps olivaires recevaient pareillement un certain nombre de fibrilles des pédoncules cérébelleux inférieurs. qui venaient pareillement $e perdre au milieu des réseaux gris de l'écorce olivaire. D'après ces données, les réseaux gris des corps olivaires seraient, comme un véritable ganglion nerveux intra-encéphalique, le rendez- vous d'un certain nombre de fibres afférentes, soit d’origine cérébrale, soit d’origine cérébelleuse, soit d'origine spinale, ainsi que je me propose d'ici à quelque temps d’en faire la démonstration. Ce serait une friplice anatomique. Je rappelerai encore ce fait anatomique que j'ai déjà établi, il y a près de quarante ans (1), que les corps olivaires sont rudimentaires chez les grands animaux : le bœuf, le cheval; ils ne font pas de saillie à la région bulbaire, et se présentent à la coupe sous forme de sinuosités grisätres, à peine teintées, et perdues au milieu de la substance blanche. (4) Note relative à l'existence des corps olivaires dans le bulbe rachidier des Vertébrés supérieurs. Comptes rendus de la Société de Biolugie, 4859. 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — Ils sont au maximum de développement dans l'espèce humaine; et, en cela, leur développement est proportionnel aux replis de l'écorce cérébrale. Dans l’ensemble de la contexture du système nerveux cérébro-spinal, on peut les considérer comme un appareil cérébral associé au développement de la corticalité cérébrale, au même titre que les corps striés. Au point de vue des idées du jour, on pourrait SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1003 ms considérer la corticalité cérébrale et la corticalité des corps olivaires comme conslituant un véritable neurone. Cette conception générale des corps olivaires permet d'émettre quel- ques aperçus au sujet des connexions et de ia signification anatomique, d’un autre noyau spécial intra-encéphalique, le noyau rouge de Stelling qui, suivant quelques données, encore incomplètes, parait devoir aussi être considéré comme un ganglion central supérieur, avec ses fibres cérébrales descendantes, nettement démontables, ses fibres cérébelleuses (pédoncuies eérébelleux supérieurs) et des fibres spinales, encore mal déterminées. — Ce corps rouge spécial de Stilling, avec ses fibres affé- rentes, d'origines variées, représenterait donc, lui aussi, dans les régions supérieures de l'axe central, un véritable ganglion nerveux, homologue au corps olivaire par la partie inférieure, à triple action. C'est dans cette direction qu’il me parait nécessaire de porter l’atten- tion des neurologistes, préoccupés surtout de la texture générale et du groupement des appareils nerveux. l CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU PIED-BOT CONGÉNITAL, par M. LÉON COURTILLIER. Les recherches que nous avons poursuivies dans le but d’élucider la pathogénie du pied-bot congénital seront exposées ailleurs avec plus de détails (1). Dans un double pied-bot varus équin très accusé, dû à M. Roux, la moelle, examinée par M. G. Durante, présentait le maxi- mum de ses lésions à l'union des régions dorsale et lombaire; il existait à gauche, dans la substance grise, une raréfaction du chevelu, une diminution des cellules de la corne antérieure et de la colonne de Clarke ; dans la substance blanche, une diminution de tubes nerveux, plutôt atrophiés que dégénérés, du faisceau pyramidal; des deux côtés, les faisceaux cérébelleux présentaient également une raréfaction consi- dérable de leurs fibres. Dans la région lombaire, la substance grise est normale et l’on n’observe qu’une atrophie avec raréfaction de tubes dans le faisceau pyramidal gauche et le faisceau cérébelleux droit. — Dans deux autres cas, dus à nos collègues Carnot et Salmon, et que M. Achard a bien voulu examiner, existait : dans l’un, une petite plaque scléreuse dépourvue de myéline occupant environ le siège du faisceau virgule de Schültze dans le cordon postérieur gauche et ne se retrouvant que sur (1) L. Courtillier. Contribution à l'étude du pied-bot congénital. Mémoire présenté pour le concours de médaille d’or de chirurgie, 15 octobre 1896, Archives générales de médecine, 1897. 1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une petite longueur; dans l’autre, une sclérose assez prononcée des faisceaux pyramidaux dans la région lombaire. Quatre théories ont été proposées pour expliquer cette affection : 41° la Théorie de l'attitude vicieuse ; les faits ayant cette origine portent leur signature anatomique ; 2° la théorie par malformalion osseuse pri- mitive relève du développement incomplet de quelques pièces du sque- lette qui doit être probablement d’originé nerveuse; 3° la théorie par arrêt de développement peut également être rapportée à cette même origine ; 4° la théorie nerveuse enfin ou musculo-nerveuse est confirmée, non seulement par ce qui précède, mais aussi par l'examen clinique, ainsi que nous avons pu nous en assurer, gräce à l'obligeance de MM. Lannelongue et Broca. Dans le pied-bot congénital, paralytique, le tableau clinique est très variable au point de vue de l'intensité, de l'étendue et de la durée de la paralysie; toutefois on n’observe jamais de contractures etles altérations musculaires, lorsqu'elles existent, sont peu comparables. Dans un cas, M. Robin a constaté la diminution de volume des éléments musculaires du côté malade (atrophie ou arrêt du développement), mais cette altéra- tion n’a pas été retrouvée depuis. Tout ce qui précède prouve que ces faits relèvent de lésions nerveuses centrales. Michaud a le premier signalé une lésion médullaire qui n’avait pas été retrouvée. Nos recherches nous ont permis de constater, dans un certain nombre de cas, l'existence d'altérations médullaires : atrophie et diminution du nombre de cellules nerveuses dans les cornes antérieures et dans la colonne de Clarke au niveau de l’union des régions dorsale et lombaire, sans aucun foyer limité dans la substance blanche, soit une sclérose des cordons posté- rieurs (faisceau de Schultze) très limitée en hauteur (Michaud, Achard), soit une sclérose, ou mieux une atrophie, une diminution notable de tubes nerveux dans les faisceaux pyramidaux, cérébelleux directs, et dans les racines antérieures du côté malade (Durante). Ces lésions ne sont cependant pas constantes; aussi Lannelongue et Adams ont-ils admis l'existence d’altérations légères, temporaires, dont les effets auraient persisté par suite du développement des os et des muscles dans leur position vicieuse. Les lésions cérébrales, citées par divers auteurs, semblent parfois pouvoir être le point de départ de certains pieds-bots congénitaux. L’hérédité nerveuse est fréquemment relevée; mais elle ne peut agir que comme cause prédisposante, par moindre résistance du tissu ner- veux aux différentes causes pathologiques.Aïinsi comprise, elle explique les faits observés de véritable hérédité similaire de pied-bot congénital. A cette cause prédisposante doit s'ajouter une cause déterminante que l’on ne saurait rechercher que chez les ascendants. Nos observations nous ont fréquemment montré, chez ceux-ci, soit la syphilis, la tuber- culose, l'alcoolisme, soit le surmenage, ou une maladie infectieuse au LA SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1005 moment présumé de la conception. Il faut également tenir compte, chez la mère, d’affections antérieures ou précédant immédiatement l’état gravide, de maladies dans le cours de la grossesse ou de grossesses. pathologiques qui peuvent également être la cause délerminante des lésions nerveuses fœtales. Tous ces cas ont ceci de commun que le fœtus se trouve soumis à l'action de toxines. Celles-ci doivent porter leur action sur les cellules nerveuses si sensibles à cette cause d’altération. Nous rapprochons de ces faits les malformations congénitales observées par Gley et Charrin avec la toxine pyocyanique. Nous pouvons résumer ce qui précède en disant que nous croyons avoir établi que le pied-bot congénital est généralement sous la dépen- dance de lésions nerveuses centrales parfois très légères et qui pourront passer inapercues. Ces lésions, qui ne sont pas en foyer, mais diffuses {ce qui les distingue de la paralysie infantile), doivent porter d’abord sur la substance grise dans les cellules de la corne antérieure et dans la colonne de Clarke qui sont diminuées de nombre. Secondairement il peut se montrer une diminution, une atrophie des tubes nerveux dans le faisceau virgule, ou, plus souvent dans les faisceaux pyramidaux, cérébelleux et dans les racines antérieures. La cause primordiale de ces lésions doit être recherchée chez les parents, avant ou au cours de la grossesse, dans une maladie infectieuse, une intoxication, ayant exposé le fœtus à l’action de toxines venant agir sur un système nerveux déjà prédisposé par l’hérédité. NOTE SUR L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE DE L'HYPERTROPHIE PROSTATIQUE, par M. BozresLas Morz. Nos connaissances sur la structure histologique de la prostate hyper- trophiée sont encore incertaines. Pour la plupart des auteurs, la lésion essentielle de lhypertrophie prostatique est la formation dans le parenchyme glandulaire de tumeurs distinctes, myomes pour Virchow, fibromes pour Nélaton, Voillemier et Le Dentu. Velpeau, Thompson et Launois, après eux, regardent ces tumeurs comme des fibromes glandulaires. Launois admet en outre que ces fibromes glandulaires se développent sous l'influence de l'artério- sclérose. En présence de ces descriptions contradictoires, on peut se demander où est la vérité La structure de la prostate hypertrophiée est-elle toujours identique? L'étude histologique d’un grand nombre de pros- 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tates hypertrophiées peut seule éclairer la question. Nous apportons ici les résultats de l'examen microscopique de 30 prostates hypertro- phiées que nous avons fait à la clinique de M. le professeur Guyon. 1° Sur 30 prostates, il y en a 19, soit 63 p. 100, où le tissu glandulaire est abondant; 10 prostates, soit 33 p. 100, où il y a très peu de ce tissu, et 1 prostate, soit 3.5 p. 100, où le tissu glandulaire n'existe plus. 2° Sur 14 grosses prostates, il v en a un peu plus de la moitié (8) dont le tissu glandulaire est abondant; sur 9 cas d'hypertrophie moyenne, le plus grand nombre, soit 7, montrent un tissu glandulaire très abondant. 3° Une grande partie de tissu glandulaire est bien disposée sous la forme de corps sphéroïdes, de petites tumeurs sphériques; mais outre ces corps sphéroïdes, la plupart des prostates contiennentune proportion au moins égale de tissu glandulaire disséminé. 4° Les corps sphéroïdes sont presque toujours formés de nombreux culs-de-sac glandulaires et du stroma composé de tissu conjonctif et musculaire; les corps sphéroïdes fibreux, semblent apparaitre par atrophie de tissu glandulaire sous l'influence d’inflammation prolongée. 5° Dans la plupart des prostates hypertrophiées, le revêtement épi- thélial n’est pas normal : la lésion consiste en prolifération plus ou moins abondante de cellules épithéliales et apparition de plusieurs couches de petites cellules polygonales. 6° Dans la grande majorité de prostates examinées, le stroma est composé de tissu musculaire et de tissu conjonctif jeune en quantité à peu près égale. T° Très souvent il existe une infiltration embryonnaire du stroma périvaseulaire ou périglandulaire. 8° Sur 30 prostates examinées, nous avons trouvé : a) Dans 16 cas, les vaisseaux complètement normaux; b) Dans 5 cas, les capillaires très nombreux et dilatés, mais à parois normales (congestion simple); c) Dans 9 cas seulement, les vaisseaux étaient très nombreux et leurs parois étaient atteintes d’endo-périartérite. 9 On ne trouve jamais d’artério-sclérose dans les prostates dont le tissu glandulaire occupe les deux tiers ou plus de la coupe; cette sclérose est très rare dans les prostates avec le tissu glandulaire et le stroma en quantité égale. De tous ces résultats, nous pouvons, il nous semble, tirer les deux conclusions suivantes : a) Les opérations chirurgicales sur l'appareil testiculaire dirigées contre l’hypertrophie prostatique sont justifiées en principe. En effet, elles agissent surtout en provoquant l’atrophie du tissu glandulaire de la prostate; or nos recherches démontrent que le tissu glandulaire est prépondérant dans la majorité des cas. b) Les prostates riches en tissu glandulaire et sans artério-scelérose SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1007 constituent 60 p. 100 des cas étudiés : on ne peut pas admettre, par conséquent, une grande influence pathogénique de l’artério-sclérose sur le développement de l'hypertrophie prostalique. NOTE SUR QUELQUES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES CONCERNANT LA CHIRURGIE THORACIQUE, par MM. les D'° Quénu et LONGUET. Plusieurs faits opératoires personnels, joints à d’autres dont nous avons connaissance, nous ayant amenés à cette conviction que le pueu- mothorax est une complication grave, quelquefois mortelle, dans bon nombre d'interventions intra-thoraciques, nous avons institué, depuis le mois de mai 1896, toute une série d'expériences, afin de rechercher s'il nous était possible de pratiquer l'ouverture de la cage thoracique sans être arrêtés ou gênés par la pénétration de l'air dans la cavité pleu- rale. Nos expériences ont été faites sur le chien, à l’amphithéâtre des Hôpi- taux ; elles sont au nombre de 60. Dans une première série, nous avons tenté, par tous les moyens possibles, d'établir des adhérences entre une surface du poumon et une surface déterminée de la plèvre pariétale. Nous sommes arrivés à cette conclusion que seule l'infection atténuée de la plèvre est capable de provoquer une symphyse pleurale,et nous avons l'intention d'étendre cette conclusion à toutes les symphyses séreuses en général. Désespérant d'obtenir un résultat par cette voie des adhérences provoquées, nous avons réfléchi que la condition essen- tielle pour réussir l'opération pulmonaire ou intra-pleurale (étant don- née l’absence supposée d'adhérences préalables), était de maintenir une différence de pression entre l'air intra-alvéolaire et l'air ambiant, le pneumothorax ayant précisément pour effet d'uniformiser la tension intra et extra-thoracique. Deux moyens se présentaient à l'esprit : diminuer la pression extra- thoracique, la tension intra-pulmonaire restantla même, il eût fallu que le chirurgien opéràt dans un vide relatif, ou augmenter la pression intra-bronchique. C’est à ce dernier terme que nous nous sommes arrè- tés, précisément au moment même où MM. Tuffier et Hallion faisaient leur communication à cette même Société. Notre préoccupation à été un peu autre que celle de MM. Tuffier et Hallion, désirant obtenir non la respiralion artificielle, c’est-à-dire celle qu'on obtient sur les animaux en expérience par une trachéotomie ordinaire ou le tubage, mais une augmentation de pression intra-bronchique qui applique constamment, pendant l'acte opératoire, la séreuse du poumon contre la fenêtre pra- LO08 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tiquée à la cage thoracique. Nos tentatives sont trop récentes pour nous permettre de nous arrêter à un dispositif définitif. Nous avons songé à deux moyens : un premier serait de ligaturer, après trachéotomie préalable, la trachée sur un tube en communication avec un réservoir d'air comprimé. L'ouverture trachéale ne serait maintenue que pendant l'acte opératoire. Un deuxième, qui est celui que nous avons expérimenté, consiste à faire respirer à l’animal un milieu d’air comprimé, en emprisonnant la partie supérieure du corps dans un appareil analogue à celui des scaphandriers, mais laissant un côté du thorax à découvert. Voici le procédé très provisoire et très primitif auquel nous avons eu recours : Narcose au chloroforme, dénudation thoracique, hémostase, etc. Puis la tête de l'animal est introduite dans un grand réservoir en caout- chouc (nous nous sommes servis du vulgaire ballon d'oxygène que l’on emploie pour les malades). Dans ce sac, renforcé par une serviette cou- sue, l'air fut comprimé progressivement, dès que l'adaptation à la tête de l'animal fut assurée aussi hermétiquement que possible : vaseline, ligature de l’orifice du sac sur la tête (rasée préalablement), avec des drains énergiquement serrés. De la lessive de potasse est mise préalablement dans le ballon pour recueillir l'acide carbonique exhalé; un autre récipient, contenant une éponge fortement imprégnée de chloroforme, y est également placée pour la continuation de la narcose. Par un embranchement, le tube adducteur du ballon communiquait avec un manomètre à mercure, indiquant la pression. Dès que celle-ci s'élève simplement à quelques centimètres, 5 ou 6, par exemple, on ouvre un large volet thoracique qui est rabattu suivant un de ses côtés comme charnière. Le poumon tend à se hernier et s'offre à l'opérateur convexe, lisse, rosé et respi- rant. La palpation entre le pouce et l’index, ce dernier insinué dans une scissure interlobaire, ou même la palpation avec toute la main, donne une facilité vraiment remarquable d'explorer l'organe. Un point sur lequel nous voulons attirer l'attention, c’est que si on incise le paren- chyme, il ne saigne presque pas, le poumon parait s’hémostasier Tui- même dans sa portion herniée. Il faut seulement être prévenu que la moindre incision prend des dimensions étendues. Quant à la respira- tion, elle conserve un rythme parfaitement normal, pas d’asphyxie, pas de syncope. Malgré ses imperfections, ce procédé suffit à nous montrer quel immense avantage on peut avoir à maintenir la surface pulmonaire contre la paroi thoracique. Nous aurions attendu d’avoir encore perfectionné notre technique avant de faire cette présentation si la communication de MM. Tuffier et Hallion ne nous avait engagés à faire connaître dès à présent nos pre- mières recherches. SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1009 SUR LES INJECTIONS DE PIGMENTS, par M. Pauz CARNOT. Au cours des recherches sur la pigmentation, nous avons étudié ce que devient le pigment introduit artificiellement dans l'organisme. Nous ne nous occuperons aujourd'hui que des granulations pigmen- taires. | On peut employer trois sortes d'extraits mélaniques : 1° le pigment choroïdien recueilli par raclage de l'œil, et dilution dans l'humeur aqueuse; 2° le pigment provenant de tumeurs mélaniques (mélanose du cheval), soit à l’état frais, soit après stérilisation à l’autoclave pour éliminer tout parasitisme possible; 3° le noir de seiche en suspension dans l'eau salée. Nous avons employé les trois voies : intraveineuse, péritonéale, sous- cutanée. L'injection intraveineuse agit, d'une part, comme toute injection de particules fines : elle permet de comparer la localisation de corps inertes à celle de microorganismes introduits par la même voie; d’autre part, la nature propre du granule pigmenté agit peut-être par un facteur mal défini (affinités cellulaires spéciales, etc.). Macroscopiquement, on observe la fixation prédominante, au niveau du foie, de la rate, des poumons, l'élimination par les reins (urines noires) et par l'intestin (contenu brun). Microscopiquement, le foie présente une injection des capillaires du lobule, égale au centre et à la périphérie ; les granules s’y présentent en amas, dépassant souvent la taille d’une cellule. Cette agglomération est due soit à une coagulalion intravasculaire, soit à une propriété spéciale des organes. De même des poumons et de la rate. Cellules hépatiques, pulmonaires, etc., s'infiltrent aussi de gra- nules et dégénèrent; la bile ne contient aucun granule. Par contre, au niveau des organes d'élimination (reins, intestin), les granules sont libres et isolés. Les glomérules sont noirs de pigment; les granules passent dans la lumière de la capsule et des tubes; ils s'éli- minent par l’épithélium intestinal. Les injections intrapérilonéales el sous-culanées nous ont montré les mêmes voies d'élimination. Elles nous ont présenté, de plus, certains faits intéressants : telles les localisations au niveau des capsules surré- nales et du grand épiploon. Un jeune chien (trois mois), ayant reçu une injection de 40 centi- mètres cubes d'extrait de mélanose de cheval et sacrifié quatre jours après, présentait une capsule complètement noire, l’autre à peine malade. Cette capsule présentait, sur les coupes, plusieurs zones de moins en 1010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moins malades. Dans une zone supérieure, il n'y avait plus trace d'élé- ments cellulaires : on n’observait que quelques fibres conjonctives et une inültration de pigment en grains isolés. Une zone mixte, moins malade, présentait des cellules surrénales très malades, surchargées de pigment, ne se colorant qu'à peine, à pro- toplasma vacuolé et tendant à desquamer. D'autres éléments, contenant moins de granules, paraissaient moins malades. Enfin, des cellules jeunes, à gros noyau bien coloré, sans pigment, paraissaient former des bourgeons de reconstitution. Des zones, moins malades encore, montraient les cellules surrénales se chargeant de grains pigmentaires: ceux-ci paraissaient se décoloreret disparaître à l’intérieur des cellules. Tel est, probablement, le phéno- mène normal qui n’est rendu visible que par une surcharge brusque de pigment, et peut-être par une altération concomitante de la glande. Aucun autre cas ne nous à paru aussi net, et nous ne connaissons pas entièrement le déterminisme de cette expérience. Pourtant nous avons retrouvé, sur des capsules beaucoup moins malades, un englobement par les cellules du pigment injecté, suivi d’une décoloration, et proba- blement d'une destruction intracellulaire. Ces faits sont d'accord avec le rôle antitoxique attribué à la glande, et avec la pigmentation capsulaire observée par Pilliet, à la suite d’injections de poisons du sang. Un autre fait intéressant, qui, lui non plus, n’est pas constant, à trait à la fixation par le grand épiploon du pigment injecté par voie sous- cutanée. Nous avons observé le fait deux fois : un chien ayant reçu 30 centimètres cubes d'extrait mélanique sous la peau du ventre et - sacrifié quatre jours après, présentait un enkystement local sous-cutané d’une partie de l'injection, des muscles abdominaux intacts : un péri- toine pariétal, un mésentère sain et un épiploon complètement noir, avec des réseaux noirs paraissant dessiner des lymphatiques. De même d'un cobaye présentant, à la suite d'injections sous-cuta- nées, une localisation du pigment au bord libre de l’épiploon. Il y avait done eu absorption de l'injection sous-cutanée à travers le péritoine, résorption et fixation par le tablier épiploïque (organe lym- phoïde étalé). Nos différentes injections n’ont jamais déterminé de localisation épidermique du pigment. Aucun de nos animaux n'a changé de colora- tion. En résumé, l'injection intraveineuse détermine une fixation, proba- blement d'ordre mécanique, au niveau du foie, de la rate, du poumon. L’élimination se fait par le rein (glomérules) et l'intestin. Enfin les capsules surrénales et probablement les organes lymphoïdes paraissent fixer, et même décolorer et détruire les granules pigmen- taires. LC SÉANCE DU à DÉCEMBRE AOL NOTE FAUNIQUE SUR LES TURBELLARIÉS RHABDOC@ŒLES DE LA BAIE DE CONCARNEAU, par M. O. Funrmanw, de l’Université de Genève. Pendant mon séjour au laboratoire de Concarneau, j'ai été particu- lièrement frappé de la grande richesse de cette localité en Turbellariés rhabdocæles, richesse qui dépasse notablement celle des endroits les mieux connus à ce point de vue, tels que Naples, Millport, Trieste, etc. Le nombre des espèces recueillies par moi dans le courant d'août 1896 est supérieur à celui des espèces signalées sur la côte de Boulogne, explorée depuis tant d'années par M. P. Hallez. Je me borne à en donner ici une simple liste, me réservant de décrire, dans une publication ulté- rieure, les espèces nouvelles qui ne sont que mentionnées dans celte énumération. J'ai recueilli, pendant les trois dernières semaines de mon séjour à Concarneau, vingt-neuf formes, dont cinq sont nouvelles; le nombre des espèces y est certainement plus considérable; c’est ainsi que, outre celles mentionnées dans la liste ci-dessous, j'en ai trouvé sept autres que je n’ai pu déterminer, n'en possédant qu'un seul exemplaire. Je n'ai pu, par contre, retrouverle Macrostomide Omalostoma Claparedii, signalé à Concarneau par Ed. van Beneden (Etude zoologique et anatomique du genre Macrostoma et description de deux espèces nouvelles. Bull. Acad. roy. de Belgique, t. XXX, 1870). J'espère avoir plus tard l'occasion de compléter cette première étude. 1. Proporus venosus O. Sch. Près du laboratoire et baie de la Forest, où il est peu abondant. 2. Convolula flavibacillum Jens. Espèce plutôt rare, rencontrée une seule fois parmi les Zostères dragués dans la baie. 3. Convoluta paradoxa OE. Fréquente parmi les algues à marée basse, près du laboratoire et au fond de la baie. 4. Macrostoma hystrix OË. Espèce intéressante par le fait qu'elle se rencontre aussi bien dans l’eau douce que dans l’eau saumâtre. Rivière Saint-Jean, Port de Concarneau, îles Glenan (Penfret). 5. Microstoma rubromaculatum Graff. Signalée seulement à Naples, où von Graff en a trouvé deux exemplaires. Cette jolie espèce est assez com- mune près du laboratoire. 6. MicrosroMA LUCIDUM (1), N. sp. Deux exemplaires au fond de la baie de la Forest. 7. Stenostoma Sieboldii Graff. Trouvée à Trieste pour la première fois (4) Les noms des espèces nouvelles mentionnées dans celte énumération sont imprimés en petites capitales. BioLOGiE. COMPTES RENDUS. — 10€ SÉRIE, 7. HIT. ral ? 1012 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par von Graff. Est plutôt rare à Concarneau, marée basse, près du labo- ratoire. 8. Promesostoma marmoratuin Graff. Très commune partout. 9. Promesostoma ovoideum Graff. Cette forme, citée partout comme rare, se trouve en grande abondance près du laboratoire et dans la baie de la Forest. 10. Proxencetes flabellifer Jens. Très répandue près du laboratoire. 11. Proxeneles gracilis. Iles Glenan (Penfret), baie de la Forest et parmi les Zostères recueillis en draguant par 13 mètres. 12. Acrorhynchus caledonicus Graf. Commune dans les fucus et les. laminaires, près du laboratoire. 2 43. Macrorhynchus helgolandicus Graff. Recueilli près du laboratoire. 14. Macrorhynchus Nügeli Graff. Rare, près du laboratoire. 45. MACRORHYNCHUS COŒRULEUS, NOV. SP. Se rencontre en grand nombre: dans les algues rouges du laboratoire et à l’huitrière de la Forest. 16. ÆHyporhyncus setigerus Graff. Draguée dans la baie, mais se trouve: aussi devant la station. 17. Hyporhyncus penicillatus Graff. Très commun. A8. Provortex balticus Graff. Devant le laboratoire et dans le port. 19. PLaciosroma FaBreï (1), Nov. sp. Le plus grand des représentants marins du genre Plagiostoma. Iles Glenan (Penfret). 20. PLAGIOSTOMA VIOLACEUM, NOV. sp. Parmi les algues devant la station. 21. Plagivstoma dioicum Graf. Rare, peu d'exemplaires devant le laboratoire. 22. Plagiostoma Girardi Graff, var. major Bohmig. Très répandue partout. 23. Plagiostoma vittatum Jens. Se montre sous différentes variétés, mais est plutôt rare. 2%. Ænterostoma flavibacillum Graf. N'a été signalée qu'à Bergen et à Egedesminde ; rare dans les eaux de Concarneau. 23. ALLOSTOMA DURUM, NOV. sp. En petit nombre à marée basse devant le laboratoire. 26. Cylindrostoma Klostermanni Jens. Quelques exemplaires dragués dans la baie de la Forest. 27. Monotus lineatus Graff. Très répandue. 28. Monotus fuscus Graff. Assez commune. 29. Monotus bipunctatus Graff. Rare. Trouvé deux exemplaires. Si nous comparons la faune de la côte boulonaise (2) avec celle de (1) Je suis heureux de dédier cette belle espèce à M. Fabre-Domergue, directeur adjoint du laboratoire, à qui j'adresse ici tous mes remerciements pour son aimable accueil. (2) Hallez (P.). Catalogue des Rhabdocælides, Triclades et Polyclades du nord de lu France, 2° éd. Mém. de la Soc. des sc. de Lille, 1894. SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1013 Concarneau, nous voyons que des 22 espèces de Turbellariés de la pre- mière, 9 seulement se rencontrent également dans les eaux de Con- carneau. SUR LA VIRULENCE DES MUSCLES CHEZ L'HOMME TUBERCULEUX, par M. É. LECLAINCHE, Professeur à l'École vétérinaire de Toulouse. Il résulte de nombreuses expériences que la virulence des muscles est très rarement constatée chez les bovidés tuberculeux. De même, chez les autres espèces animales, le bacille paraît n'être présent dans les museles que tout à fait exceptionnellement, même lors de tubercu- lose généralisée. D'après les quelques faits publiés, les muscles de l'homme tubercu- leux seraient, au contraire, constamment virulents : Gratia et Liénaux dans deux expériences, Steinheil dans huit tentatives, ont eu constam- ment des résultats positifs. Les expériences que j'ai entreprises ont eu pour objet la recherche de la virulence dans les muscles de l’homme tuberculeux. L'épreuve a porté dans tous Les cas sur les muscles du mollet, recueillis chez des individus morts de tuberculose pulmonaire subaiguë ou chronique, sur des cadavres frais, en évitant soigneusement toute souillure extérieure. Les muscles recueillis étaient divisés en petits fragments soumis à l’ac- tion de la presse à viande. Le jus était inoculé dans la cavité périto- néale du cobaye; dans quelques expériences, les muscles pressés ont été ingérés par le cobaye. Les résultats de ces épreuves sont résumés dans le tableau suivant : QUANTITÉ NOMBRE RÉSULTATS RÉSULTATS N°° de jus de cobayes positifs. négatifs. inoculée, en c.c. inoculés. 1. Femme, 26 ans. 2 5 0 3 2. Homme, 38 ans - . :. 3 6 il où JAH0ume, 0 ANS, : . + 1 3 3 0 4. Homme, 60 ans . . . , 6] 7 0 Fi ATH CANTE 2 ALT) SON. RTE 2 4 0 4 6. Homme 40'ans 700, 4 4 (0) 4 71H06, 236 ANS 2 3 5 0 ) A 6) 8: Femme; 26'ans 2% 177 , : à j Sur un total de 37 cobayes, inoculés en huit séries, on obtient 5 résul- 1014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tats positifs et 32 négatifs. Dans une seule expérience, tous les animaux ont été trouvés infectés (1); dans six, tous sont restés indemnes. Dans les épreuves 1, 2 et 5, les muscles pressés ont été ingérés par 15 cobayes, qui ont recu chacun 20 grammes de hachis. Tous les ani- maux, sacrifiés après cinq à six mois, ont été trouvés entièrement sains. Ces résultats montrent que chez l'homme, comme chez les diverses espèces animales, la virulence des muscles des tuberculeux est tout exceptionnelle. Les résultats positifs peuvent toujours laisser soup- conner une souillure accidentelle; cette chance d'erreur apparaît évi- dente dans les recherches de Steinheil qui opère avec les muscles psoas, presque inévitablement contaminés. RECHUTE DE FIÈVRE TYPHOÏDE CHEZ UNE MALADE DONT LE SÉRUM AVAIT CONSERVÉ, PENDANT LA CONVALESCENCE, LA PROPRIÉTÉ AGGLUTINANTE, par MM. E. TaieRcELIN et E. LENOBLE. Une jeune fille de dix-huit ans, entrée le 18 septembre à l'hôpital Saint-Antoine,dans le service du P' Hayem, présentait tous les symptômes d'une fièvre typhoïde classique : la réaction de Widal était des plus nettes. La période fébrile dura jusqu’au 20 octobre; à cette date la température redevint normale, et du 20 au 29 octobre, l’apyrexie fut complète. Dans le cours de cette convalescence, le 24 octobre, nous recherchâmes la réaction de Widal, elle était toujours très manifeste, le phénomène de l’agglutination des bacilles se produisait en trois minutes avec À goutte de sérum pour 10 gouttes de culture. Or, exactement cinq jours après la constatation de cette réaction, la malade fit une rechute pendant laquelle la température s'éleva jusqu'à 39°,2 et qui dura jusqu'au 8 novembre, c'est-à-dire exactement dix jours. Pendant cette rechute la réaction de Widal était aussi manifeste. Recherchée de nouveau le 28 novembre, celle-ci n'existait plus même après deux heures. Ce fait prouve donc qu'un malade, à la période de convalescence de fièvre typhoïde, peut présenter une rechute alors que son sérum a con- servé la propriété agglutinante. Celle-ci est donc bien, comme l’a dit M. Widal, une réaction d'infection et non une réaction d'immumilé, comme l'ont soutenu particulièrement certains auteurs allemands. (1) Je dois ajouter que cette épreuve est la seule qui ait été pratiquée avec des muscles que je n'avais pas moi-même recueillis. LU SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1015 SUR LE LAVAGE DU SANG, par MM. Carton et HALLION. (Travail du laboratoire de M. Francois-Franck |1!.) Dans une note précédente (Soc. de Biologie, 25 juillet), nous avons étudié l'influence des injections intra-vasculaires de solutions de NaCl sur la constitution moléculaire de l’urine. Au cours de nos expériences. que nous avons continué à poursuivre, nous avons recueilli des docu- ments intéressants relativement à la question du « lavage du sang » qui à été abordée par M. Roger dans la dernière séance. Nous ne nous sommes pas contentés d'étudier les modifications de l'urine pendant la durée des injections ; les chiens sur lesquels nous avons expérimenté étaient maintenus en cage pendant plusieurs jours, quelquefois pendant plusieurs semaines, et leur urine recueillie et analysée pendant tout ce temps. Nous croyons avoir été les premiers à prolonger ainsi les expériences. Cette manière de faire nous a démontré, point qu'il était important de mettre en lumière, une sensible constance dans l’excrétion urinaire des animaux, soumis à un régime uniforme. Nous avons injecté des solutions de concentrations diverses; nous nous en tiendrons aujourd'hui à celles qui se maintenaient dans les limites du titre dit physiologique et qui variaient de 6 à 9 p. 1000. La vitesse d'injection était toujours inférieure ou au plus égale à la vitesse considérée comme toxique par MM. Dastre et Loye. On laissait écouler l'urine par une sonde urétrale laissée à demeure et reliée à un tuyau de caoutchouc qui faisait siphon, et on notait à mesure les volumes recueillis. Des prélèvements successifs étaient soumis à l'analyse : on déterminait pour chacun d'eux la teneur molé- culaire (par la cryoscopie), la quantité de chlorures, le résidu et la den- sité. Il était facile d'évaluer la vitesse d'élimination de ces différents éléments pendant la période correspondante à chaque prélèvement. Laissant de ‘côté aujourd'hui certaines des valeurs déterminées, ainsi que les documents relatifs aux ascensions de température obser- vées, nous nous contenterons d'indiquer, sans entrer dans les menus détails, la marche que suivent les vitesses d'élimination de l'urine, du résidu et du chlore. Sur les graphiques par lesquels nous avons représenté chacune de nos expériences, on constate neltement l'existence, pendant la durée de l’ingection, de trois phases distinctes : 1° Pendant un temps assez long (une heure environ), les trois valeurs considérées s'écartent peu de la normale; elles subiraient plutôt une diminution légère. (1) Les analyses chimiques ont été faites dans le laboratoire particulier de M. Winter. 1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 Ensuite, très rapidement, l'émission de l'urine s'accélère énormé- ment; les deux autres valeurs s'accroissent aussi, mais proportionnelle- ment beaucoup moins. 3° Tandis que la vitesse de l’urine garde une valeur considérable, les vitesses du résidu et du chlore, tout en restant au-dessus de la normale, sont beaucoup moins moindres que dans la phase précédente, Après l'injection, toutes ces vitesses diminuent graduellement. Le lendemain, celle de l'urine est encore supérieure à la normale; celles du résidu et du chlore dépassent la normale. A partir du surlendemain, l’état physiologique est rétabli. Mais il est une valeur qui se déduit des précédentes et qu'il est inté- ressant de suivre dans son évolution : c’est la différence entre le résidu et le NaCI, c’est-à-dire ce qui, dans les matériaux dissous, repré- sente les éléments non chlorés, et principalement la matière organique. La vitesse d'élimination de cette valeur doit être en rapport direct avec l'intensité du « lavage du sang et des tissus ». Dans toutes nos expériences, son évolution générale est constante. Pendant l'injection, aux trois phases indiquées ci-dessus elle se com- porte comme il suit : 1° état normal ou plutôt diminution légère; 2% ascension faible très courte répondant au début de l'accélération de l'urine; 3° alors que la sécrétion urinaire bat son plein, cetle valeur est très inférieure à la normale. Après l'injection, on la voit. le lendemain, dépasser légèrement la nor- male pour y revenir le jour suivant et s’y fixer. Si on totalise cette valeur pour la période de deux jours, pendant laquelle l'injection l’a modifiée, on reste plutôt au-dessous de la nor- male, mais on s’en rapproche, comme si, un certain temps après l'injec- tion, l'organisme se débarrassait d’un excédent de matières exerémenti- tielles dont l'injection et la diurèse consécutive ont retardé l'élimination, loin de la favoriser. Le chlorure de sodium s’est substitué, dans l’urine, aux autres matérieux (1), il ne les a pas entrainés. Nos expériences établissent ce fail paradoxal que l'abondance de la sécrétion urinaire est bien loin d’être en rapport avec l'intensité de l'élimination des déchels organiques par l'urine. Ce serait même, dans une certaine mesure, le contraire qui serait vrai. Ces constatations expliquent peut-être que, dans certaines. intoxica- tions, les injections intensives aient provoqué des effets nuisibles, comme l'ont vu MM. Dastre et Loye et comme l’un de nous l’a constaté avec Enriquez dans l’intoxication Reanre Sspénmen te (Soc. de Biologie, 11 juillet 1896). (4) La proportion de NaCl représentait sensiblement, au maximum, les deux tiers des molécules dissoutes. Cela est conforme aux lois générales for- mulées par notre ami M. Winter, et que nous ne pouvons que rappeler. « SÉANCE DU à DÉCEMBRE 1017 Nous employons à dessein le terme d’injections intensives : dans les expériences que nous avons considérées aujourd'hui, la quantité injectée était à peu près égale à la masse du sang. D'autres expériences semblent nous indiquer qu'il en va autrement des injections moins abondantes. NOTE SUR LA STRUCTURE HISTOLOGIQUE DU PANCRÉAS DES ÜISEAUX, par M. CHARLES-AMÉDÉE PUGNAT, Assistant aux Laboratoires d'histologie et d'embryologie de l'Université de Genève. Des recherches, entreprises sur le pancréas en général et sur le pan- créas des Oiseaux en particulier, nous ont conduit aux conclusions suivantes : 1° Le pancréas des Mammifères et des Oiseaux est une formation complexe composée de deux glandes différentes : l’une pancréatique proprement dite, l’autre vasculaire sanguine, de nature lymphoïde. Cette dernière, représentée par l’ensemble des îlots de Langerhans, est incluse, pour ainsi dire, dans la masse épithéliale pancréatique. Le pancréas, à plus d'un titre, mérite le nom d’organe lympho-glandulaire que lui avait donné le professeur Renaut. Précisant ce terme, nous pro- posons de le remplacer par celui de spléno-pancréas. 2% La portion pancréatique du pancréas des Oiseaux possède la struc- ture d'une glande tubuleuse ramifiée et réticulée. Elle est formée de véritables cordons cellulaires, amastomosés entre eux, et dont l’extré- mité est très légèrement renflée. L'ensemble des cordons cellulaires est plongé dans un réseau très serré de fines fibrilles de tissu adénoïde. Ces fibrilles naissent de l’adventice des vaisseaux de la glande; elles enserrent les travées épithéliales, les pénètrent et divisent le cordon cellulaire pancréatique en une série de petites logettes superposées les unes aux autres. Ce réseau conjonctif est de tous points semblable à la trame de support d’un ganglion lymphatique. La cellule centro-acineuse n'existe pas dans le pancréas des Oiseaux. ACTION DU GRAND SYMPATHIQUE SUR L'INTESTIN GRÈLE, par MM. D. Cocurrape et J.-F. Guyon. L'action suspensive du grand sympathique sur les mouvements de l'intestin, action établie par Pflüger, il y a quarante ans, et contestée au début par nombre de physiologistes, est aujourd'hui universelle- ment admise. Parmi les auteurs qui ont abordé expérimentalement la question, les 1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE uns se sont contentés d'examiner l'intestin de visu, les autres ont eu recours à la méthode graphique ; mais, en général, ni les uns ni les autres n'ont recherché si l'action suspensive du grand sympathique s'exerce également sur chacune des deux couches, longitudinale et cir- culaire, dont se compose la musculaturc de l'intestin, ou si, au con- traire, elle s'exerce seulement sur l’une d'elles. Cette recherche nous semble présenter cependant un réel intérêt, aussi bien au point de vue particulier des fonctions de l'intestin qu'au point de vue général de la physiologie du grand sympathique. En effet, les expériences que nous avons faites antérieurement sur l'innervation de la vessie (1), en nous montrant que chacune des couches museulaires de cet organe se contracte séparément, nous engageaient à examiner si le sympathique n’agit pas sur les fibres circulaires de l'intestin comme il agit sur les fibres circulaires de la vessie. Voici le procédé que nous avons employé à cet effet : sur un chien curarisé on isole un segment d’intestin grêle de 8 ou 10 centimètres de long, au moyen de deux doubles ligatures placées à égale distance de la branche artérielle qui l'irrigue ; on le sépare du reste de l'intestin, en le seclionnantàses deux bouts, et on le plonge dans une petite cuvette à fond plat, contenant de l’eau salée à 35 ou 37 degrés. De cette facon, l'in- testin conserve sa tonicité et sa coloration normales, si l’on a soin de ne pas exercer de traction sur le pédicule vasculo-nerveux qui lerelie seul à l'animal. Une des extrémités du segment est attachée à un point fixe, tandis que l’autre est réunie par un fil à un levier amplificateur chargé de communiquer à un tambour inseripteur les mouvements d’allonge- ment et de raccourcissement des fibres longitudinales. A l’autre bout du segment, c’est-à-dire près de l'extrémité fixe, on introduit dans l’intérieur de l'intestin une ampoule très souple gonflée d’air, laquelle transmet à un second tambour inscripteur les mouvements de dilata- tion ou de resserrement des fibres circulaires. Les mouvements des deux couches musculaires s'inscrivent donc séparément sur le cylindre enregistreur, et sans l'influencer réciproquement, comme nous nous en sommes assurés. Dans ces conditions, lorsqu'on excite le bout périphérique du sym- pathique thoracique ou du grand splanchnique, on observe les phéno- mènes suivants : arrêt des mouvements péristaltiques des deux cou- ches de fibres musculaires, relâchement des fibres longitudinales, con- traction tonique des fibres circulaires. Au bout d’un temps variable, atteignant souvent près d'une minute, les mouvements péristaltiques reparaissent progressivement, et les deux couches musculaires repren- nent peu à peu leur tonicité antérieure. Les mêmes phénomènes se reproduisent, en général à un moindre (1) Société de Biologie, 27 juillet 1895. SÉANCE DU D DÉCEMBRE 4019 degré, lorsqu'on excite le bout central des mêmes nerfs; dans ce cas, le relâchement des fibres longitudinales est presque aussi accentué que précédemment; mais la contraction des fibres circulaires est moins pro- noncée et peut même faire défaut. D'ailleurs, même par excitation du bout périphérique, il faut un courant électrique notablement plus intense pour provoquer la contraction des fibres circulaires que pour produire le relâchement des fibres longitudinales. Ces expériences montrent nettement que le sympathique thoracique et spécialement les splanchniques, outre leur influence suspensive sur les mouvements péristalliques, ont une action différente sur chacune des couches musculaires de l'intestin. Diminuant la tonicité de la couche longitudinale, ils augmentent celle de la couche circulaire, g'où opposition des courbes sur les tracés qui correspondent à chacune d'elles. Parfois, il est vrai, comme l’a vu FEhrmann, l’un des rares auteurs qui aient cherché à dissocier l’action des deux couches musculaires (Wiener med. Jahrb., 1885, p. 111), on peut observer une réaction exac- tement inverse de celle que nous venons de décrire. Mais l'examen des conditions dans lesquelles elle se produit nous conduit à consi- dérer cette réaction comme anormale. On ne l’obtient, en effet, qu’à l’aide de courants beaucoup plus forts que les précédents, le plus sou- vent vers la fin de l'expérience, lorsque l'intestin, mal irrigué, a perdu une partie de sa tonicité primitive. Plus d'une fois même, nous ne l'avons observée qu'après la mort de l’animal. Néanmoins, si excep- tionnelle qu'elle soit, elle nous parait intéressante à signaler, car elle nous montre que le même nerf contient, à la fois, des fibres paralysantes et des fibres motrices pour les mêmes muscles, l'excitation électrique mettant en jeu les unes ou les autres, suivant l’état de l'intestin. Sur un intestin normal, l'excitation du sympathique thoracique, et spécialement du splanchnique, provoque le relâchement des fibres mus- culaires longitudinales et la contraction tonique des fibres circulaires. Elle agit donc, au moins pour ces dernières, comme l'excitation du sympathique abdominal, et spécialement de l'hypogastrique, agit sur la vessie. Cette identité d'action semble indiquer qu'il y à là un fait d'ordre général, au point de vue dn grand sympathique. (Travail du laboratoire de M. Francçois-Franck.) 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉTAT DU SANG DANS LES PNEUMOKONIOSES, par MM. PauL CLaIsse et Orro Josué. En poursuivant nos recherches sur l’anthracose pulmonaire, dont une partie a déjà été communiquée ici, nous avons constaté que nos ani- maux d'expérience supportent l'accumulation de poussières dans le pou- mon sans modification apparente de la respiration. Un cobaye, que nous avons en expérience depuis le 26 mars 1896 et qui a fait 260 séances d'une heure dans une cage remplie de noir de fumée, a actuellement une respiration absolument normale. Or, d’après les examens histolo- giques d’autres animaux placés dans des conditions analogues, nous savons que les poumons de cet animal sont en ce moment surchargés de charbon. Ces poussières qui pénètrent la paroi des alvéoles pulmo- _naires et encombrent leur cavité doivent pourtant rétrécir le champ de l’'hématose et entraver ainsi la respiration. On peut, dès lors, se deman- der s’il ne se produit pas de modifications du sang, capables de parer à ce danger, comme cela à été constaté dans certaines affections qui troublent l’hématose, par exemple, la cyanose chronique liée à une mal- formation cardiaque. M. Marie, étudiant le sang d'un malade atteint de cyanose chronique, a trouvé chez lui une augmentation du nombre des globules et du taux de l'hémoglobine. Il considère ces modifications comme un procédé qu’emploie l'organisme pour suppléer à l’insuffisante circulation du poumon en multipliant les surfaces de contact et d’absorption. M. Hayem a défendu la même théorie. M. Variot a signalé des faits analogues. Vaquez, qui avait déjà constaté l’hyperglobulie chez des cyanotiques, signale en outre l'augmentation de diamètre des globules rouges, phénomène qui peut être évalué très exactement, grâce à la règle globulimétrique de M. Malassez. En somme, ces diverses recherches ont montré que l'insuffisance pulmonaire consécutive à un ralenlisse- ment circulaloire à pour résultat une augmentation du nombre des globules, de leur diamètre et de leur teneur en hémoglobine. Nous nous sommes proposé d'étudier le sang de nos animaux anthra- cosiques pour savoir s’il existait chez eux des modifications analogues. La numération des globules a été faite avec l’hématimètre Hayem ; pour la mensuration nous avons eu recours au procédé si exact, décrit ici même par M. Malassez (dessin à la chambre claire d’un grand nom- bre de globules, mensuration de ces figures par la règle globulimétri- que). La richesse en hémoglobine a été évaluée aussi exactement que possible au moyen de l’hémomètre Fleischl. Nous avons d'abord déterminé la dimension, le nombre moyen des globules et la richesse en hémoglobine chez deux cobayes sains. Trois prises de sang nous donnent, sur 10 carrés dénombrés, un nombre SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1021 moyen de 6,293,000 globules. La dimension moyenne est de 7u,061 avee une proportion moyenne de gros globules (8 & et au-dessus) de 3/100. La richesse en hémoglobine correspond à peu près à la division 57 de l'hémomètre Fleischl. Chez un premier cobaye anthracosique (93 séances dans la fumée), nous obtenons les moyennes suivantes : Nonihre Me less Roues Eu ts 1 6:234.000 Dimension. . . . A te D90) Proportion de gros dhrise. DR A tee Lab 00 LL AN D ALL LOS A Chez un deuxième cobaye anthracosique (250 séances), les moyennes sont : Nombretpet pi ihithoss allons sine 1682001000 Dimension . : GLTAE 7.u 052 Proportion de gros rois. A Lu RARES She De HO Une seconde mensuration chez le même animal, 10 jours plus tard (260 séances), nous donne une dimension moyenne de 6,954 avec une proportion de gros globules de 1/100. Hémoglobine = 55. Chez un troisième cobaye anthracosique (93 séances), tuberculisé un mois avant l'examen actuel, déjà très malade et fortement dyspnéique (resp. — 120), nous obtenons les moyennes: NORD EE RU ec rl cd de 2 AD: 01 0.000 Pinrension 26 EVE Dame ADI LOU Proportion de gros bles “pres dl arret Se 6 Chez un cobaye tuberculeux non anthracosique inoculé en même temps que le précédent, lui servant de témoin (animal déjà amaigri, mais moins dyspnéique), nous avons les moyennes : PT ETES RAR APR CN PAPER OM 4.714.000 DUHEHSIO. 0 7. af he me QU AS Proportion de gros Slobules 7 p. 100 Envisageons maintenant l'ensemble des résultats. On peut faire les constatalions suivantes : Chez un cobaye à la fois anthracosique et tuberculeux, qui a une forte dyspnée, il existe des modifications du sang, hypoglobulie, augmentation de diamètre, proportion exagérée de gros globules. Chez les animaux purement anthracosiques et en bonne santé, le sang est à peine différent de la normale, comme nombre, diamètre de globules, richesse en hémoglobine. Des pneumokonioses peuvent donc atteindre un degré très élevé sans déterminer de troubles fonctionnels, ni de modification correspondant à 1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — une réaction défensive de l'organisme contre l’anhématose. On peut, par conséquent, considérer la présence de poussières inertes dans le poumon comme peu nuisible aux échanges respiratoires. DE L'AUDITION, L'ÉTRIER SOUDÉ, par M. GELtÉ. La physiologie nous enseigne que la platine de l’étrier est l'organe qui transmet au liquide intra-labyrinthique les vibrations de l'appareil conducteur. La propagation des sons, des plaques et des membranes aux liquides et aux solides, est démontrée : cette propagation est intégrale. Pourvu que la plaquette soit mince, le son solidien la traverse ; et les fluides, à son contact, sont envahis par le courant vibratoire, le rôle de ia platine de l’étrier est, à cet égard, passif, et en tout semblable à celui de la plaque des expériences de laboratoire. Mais l’étrier est mobile par glissement dans la fenêtre ovale, et non fixe. Ses déplacements en dedans et en dehors sont associés aux mouve- ments imprimés à tout l'appareil de conduction, qui les communique à la tête de l’étrier. Grâce à ces dispositions, la tension de l’ensemble des parties conduc- trices est opérée par la contraction réflexe du muscle tenseur tympa- nique, sous l'influence de l'excitation sonore d'éveil; ainsi se produit l’adaptation de l'organe auditif, soit sa défense. J’ai fait voir expérimentalement, au moyen des pressions centripètes qu'on refoule en dedans avec le tympan et les osselets, la platine de l’étrier, et par suite que l’on tend la fenêtre ronde. Ce mouvement général met l’étrier dans l'immobilité, et la fenêtre ronde en tension anormale; l’effetrimmédiat est un affaiblissement du courant sonore, arrêté en partie au passage; c'est la reproduction arti- ficielle de ce qui se passe dans l'acte de défense de l'oreille, en pré- sence d'un bruit irritant ou dangereux. Mais on remarquera qu'il y a seulement une forte atténuation du son, et non extinction de la sensation; celle-ci persiste par les deux voies de pénétration aérienne et solidienne. | L’étrier immobilisé, fixé transitoirement, il est vrai, peut donc encore permettre le passage des vibrations, et les conduire au labyrinthe; il est alors totalement comparable à la plaquette des physiciens. On sait que l’on obtient les mêmes effets par la déglutition, le nez pincé, et par le Valsalva ou par le Politzer, chez l'individu sain. Cette mobilité de l’étrier joue donc également, au point de vue audi- SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1093 tif, un rôle d’une grande valeur ; une plaque libre vibre avec des ampli- tudes plus grandes qu'une plaque encadrée, comme l’est la base de l'étrier quand une lésion scléreuse l’a fixée. Au point de vue de l'acuilé auditive, la mobilité de l'étrier est une condition de premier ordre, mais non pas sine quà non. La perte de cette mobilité dans les affections otiques a pour résultat d’abaisser la portée de l'ouie dans une proportion sérieuse: mais l'observation des cas où les deux étriers étaient ankylosés, l'oreille n’offrant d'ail- leurs aucune autre lésion appréciable, montre que la fixité de la base de l'osselet dans la fenêtre ovale n’amène pas une surdité complète ; elle démontre que l'audition de la parole reste possible, d'une facon très suffisante. C’est dans certaines ankyloses bilatérales, héréditaires, goutteuses, que j'ai surtout observé ces faits. Ainsi une première conclusion de cette analyse, c'est que l'audition de la parole est conservée, et suffisante malgré l’ankylose de l’étrier, quand cette altération otique est isolée : on sait, du reste, que la fenêtre ronde subit toute tension supportée par l’étrier. Comme déduction, les conclusions suivantes me paraissent pouvoir être posées. A. Au point de vue de la théorie physiologique de l'audition qui, depuis Helmholtz, comprend la transmission du courant vibratoire, vu la peti- tesse des parties en jeu, par un mouvement en totalité, oscillation totale, de l'appareil de conduction et de la base de l’étrier par suite: et l’exci- tation labyrinthique par le choc vibratoire, et non par propagation de l’'ébranlement vibratoire moléculaire ; la persistance de l’audition de la parole, alors que le jeu de la platine est nul, enlève toute valeur, à mon sens, à cette théorie; en définitive, la soudure affaiblit, mais n'abolit pas l'audition. B. Au point de vue de l'otiatrique, cette constatation a de même une importance sérieuse ; en effet, si le sourd, qui vient consulter, a perdu la plus grande partie de l’ouïe, et cela depuis longtemps, et qu’à l’exa- men on lui trouve une ankylose de l'étrier, le médecin auriste, qui se déciderait à mobiliser ou à extraire cet osselet fixé, dans l'espoir de rétablir la fonction, aurait devant lui autre chose qu'une lésion de l'étrier ; il se trouvera en face d'un labyrinthe devenu incapable par sé- nilité, paralysie ou atrophie ; car une lésion labyrinthique ou cérébrale doit'être ajoutée à lalésion stapédienne, insuffisante à causer seule une surdité aussi forte. La notion nouvelle de la persistance de l'audition de la parole, l'étrier soudé, basée sur les études expérimentales et cliniques, conduit à une toute autre interprétation des fails; el servira de base à une sélection plus parfaile des cas amendables par une opération. 1024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE QUELQUES POINTS RELATIFS AUX INJECTIONS INTRAVEINEUSES, par M. Mayer (de Lyon). Parmi les indications que ce moyen peut remplir, une des principales et du plus grand avenir est le lavage antitoxique du sang dû à M. Dastre. Son action est très différente suivant la quantité, la rapidité, la fréquence du renouvellement de l'injection et la nature des solutions employées. Il faut déterminer : 1° la proportion dans laquelle la rapidité de la circulation permet de supposer que la solution de mélange avec le sang dans la veine injectée, les veines plus grosses, le cœur droit etla masse totale du sang ; 2° l’action du liquide sur les globules dans la veine, soit au premier moment, soit pendant le mélange graduel au sang; 3° la rapidité de l'élimination urinaire suivant la quantité injectée dans un temps donné; 4° les modifications de la mécanique circulatoire suivant la quantité introduite. Ces études devront être faites : 1° dans un organisme normal; 2° après déperdition variable par saignée, hémorragie ou spoliation séreuse (choléra); 3° dans les conditions anormales de la circulation dues à l’état infectieux ou toxique. Ces questions n’ont élé encore qu'imparfaitement résolues. J’ai cher- ché en 1891 (1), après le travail de M. Dastre, à en examiner quelques- unes, et insisté sur l'importance du relèvement de la tension, mais antérieurement (2) aux recherches de cet observateur, j'avais étudié la question à un autre point de vue, en observant, dans un très grand nombre de préparations, l’action de onze sels sur les hématies, à des degrés différents de concentration et dans des proportions diverses de mélange. M. Malassez (3) a repris la question de l’action du chlorure de sodium, et comme il me semble ne pas connaître mon travail, je lui signale les faits que j'ai observés. Suivant pendant plusieurs heures les transformations des hématies au contact des solutions, je les ai comparées à celles que présentent spon- tanément les éléments dans le sérum, que j'avais étudiées dans un tra- vail antérieur (4). Je ne puis admettre avec M. Malassez que l’action de la solution, dite physiologique de chlorure de sodium, soit plus altérante que la solution à 1 p. 100. Sans doute les hématies s’altèrent au contact de la première, mais tardivement et comme dans le sérum normal ou à peu près. Or, (1) Des injections intraveineuses. Lyon médical, t. LXVII, p. 37, 77, 118, 184. (2) Association pour l'avancement des sciences, Session de Limoges, 1890, p- 123: (3) Société de Biologie, 16 mai 1896. (4) Archives de physiologie normale et pathologique, 2e série, t. IX, p. 237. SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1025 ce qui importe, c'est l’action immédiate sur les éléments qui reçoivent le choc de la solution injectée. À mesure que le liquide est brassé par la cireulation, la combinaison du sel avec la sérine est plus complète, et c'est avec du plasma de moins en moins dilué et finalement à peine augmenté de titre salin que sont mélangés les éléments. Je n'ai pas constaté la diminution de diamètre et l'augmentation d'épaisseur indiquées par M. Malassez à son contact, fait que j'ai observé avec.d’autres solutions. J'ai vu ce liquide les maintenir dans leur dimen- sion et leur forme normales pendunt un temps égal à celui où ils restent inaltérés dans le sérum. On doit se souvenir, en outre, que l'intégrité du stroma n'est pas prouvée par la seule forme, mais encore par son état d’élasticité ou de rigidité démontré en faisant circuler les globules dans la préparation par pression sur la Jamelle. Or si le contact de toutes les solutions salines faibles, même de la solution physiologique, produit, au premier moment, un peu de rigidité de ces éléments, cette action est plus passagère et moins marquée pour celle-ci que par l’effet de la solution à 1 p. 100. Je ne veux pas insister dans cette note sur tous les points de la ques- tion, que j'ai traités ailleurs, mais prier les observateurs qui s’en occu- pent de vouloir bien tenir compte de ce qui a été fait avant eux sur ce sujet. Depuis qu'elle à été rédigée en juillet 1896, trop tardivement pour paraitre avant les vacances de la Société, MM. Tuffier et Dujarrier ont publié un travail important sur le lavage du sang dans les infec- tions (1). Je ne puis discuter toutes leurs propositions. Qu'il me suffise d'indiquer : 1° que l'introduction du sulfate de soude dans le liquide à injecter est inutile et peut être nuisible aux hématies ; 2° qu'ils admettent qu'on peut employer le chlorure de sodium à S p. 1000 et au-dessus, or la seule solution qui ménage les hématies est celle à 7 p. 1000 au maximum; 3° l'incision de la peau et la dénuda- tion de la veine qu'ils préconisent est dangereuse et il suffit, après liga- ture du membre, pour faire gonfler le vaisseau, d'y introduire une aiguille creuse de petit calibre. ATTÉNUATION DU BACILLE DE LÔÜFFLER AYANT SUBI LA RÉACTION AGGLUTINANTE PAR L'ACTION DU SÉRUM ANTIDIPHTIÉRIQUE, par M. Josepn Nicoras. Dans diverses publications antérieures nous avons déjà établi le pouvoir bactéricide dont se montre doué le sérum antidiphtérique à 1) Gazette hebdomadaire, 22 novembre 1896, 1026 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'égard des bacilles de Lüffler que l’on y fait végéter, pouvoir bactéri- cide se traduisant par l'atténuation puis la disparition de la virulence et de la végétabilité de cet agent pathogène (1). Nous avons ensuite montré que ce même sérum produit d’une façon extrêmement nette le phéno- mène de l'agglutination, lorsqu'on le fait agir sur des cultures en bouillon de bacilles de Lôffler déjà développées ou en voie de dévelop- pement (2). Nous apporterons aujourd'hui une nouvelle contribution à cette étude des effets de ce sérum sur le bacille avec la recherche des modifications éprouvées dans leur virulence par les bacilles agglutinés dans l’expé- rience précédente. Vingt-quatre heures à {rois jours après le début de la réaction, alors que la précipitation des grumeaux et l’éclaircissement de la culture étaient parfaits, nous avons inoculé des cobayes : 1° Les uns (lot A), avec I goutte de la culture additionnée de sérum normal et non agglutinée; 2 D'autres (lot B), avec I goutte de la précédente culture et avec I goutte d’une dilution en bouillon de sérum antidiphtérique au même titre que dans la culture agglutinée, pour éliminer ce qui tient unique- ment à l’immunisation due au sérum antidiphtérique dans la survie possible des animaux du lot suivant ; 3° D’autres enfin (lot C), avec I goutte de la culture agglutinée par le sérum antidiphtérique. Nous résumons dans le tableau ci-contre les résultats bios le nombre d'heures ou de jours au bout desquels est survenue la mort de chaque animal comparativement dans chaque lot, et la durée de la survie des animaux du lot C, sur ceux du lot B. Ce tableau nous paraît suffisamment explicite et n’a besoin d'aucun commentaire pour démontrer l'existence d’une atténuation manifeste et souvent lrès marquée des bacilles de Lôffler ayant subi le phénomène de l’agglutination. En effet, tous les cobayes du lot C, sauf deux excep- tions, non contradictoires cependant, présentent dans leur ensemble une survie plus ou moins longue sur ceux du lot B, ayant recu la même dose de sérum antidiphtérique que les premiers, mais inoculés avec des bacilles soumis seulement à l’action du sérum normal et n’ayant pas été agglutinés. On pourrait s'étonner que les animaux de ce lot B, ayant reçu une certaine dose de sérum immunisant, ne résistent pas mieux aux inocu- lations virulentes. On le comprendra facilement si l’on se rend compte (4) J. Nicolas. Pouvoir bactéricide du sérum antidiphtérique. Soc. Biol. 23 nov. 1895, et Thèse de Lyon, 1895. (2) J. Nicolas. Production de la réaction de Grüber-Durham, par l’action du sérum antidiphtérique sur le bacille de Lüffler. Soc. Biol., 25 juillet 1896. SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 4027" que la dose de sérum antidiphtérique qu'ont reçue ces cobayes ne représente guère, calculs faits, que le 1/200000° de leur poids,et que le pouvoir immunisant du sérum dépasse rarement 1/100000%. L'action du sérum n'a cependant pas été nulle et tout à fait négligeable, puisque les cobayes du lot B ont une mort très notablement retardée sur celle des cobayes du lot À inoculés avec les mêmes bacilles, mais sans injection simultanée de sérum. à Ë DURÉE LOT LOT à de la survie Cult. sér. Cult. sér. Et c des EXPÉRIENCES normal normal sen ne animaux non + Dil. sér. ue FR CUUIOE 0 agglutinée. antid. RGBAUUMCE: sur ceux du lot B. Exp. I. 19 36 2. 19 43 h. 49 144 h. 101 heures. Inoculation, 3 jours après réaction. 2° 36 h. 20/SUrVvIe. 20) survie. ? Exp. IL. 1° 24&à 36h. 1° 24à 36h. 4° survie. indéfinie. Inoculation, k 29 heures après. 2° 24à 36h. 2° 12 jours. 2° survie. Indéfinie. Exp. IL 1° 38 h. a 62e 100 62 0h; nulle. Inoculation, : 24 heures après. 2° 38 h.. 29 45h. 20 458 h.' 115 heures. Exp. IV. tone 1° 60 b. 19 18 jours. 16 jours. Inoculation, 24 heures après. 20 69h. 20 60 h. 2° 149 jours. 17 jours. Conclusions. — La production de la réaction agglutinante par l’addi- tion de sérum antidiphtérique en très faibles quantités à des cultures en pleine végétation de bacilles de Lüffler s'accompagne d'une atténua- tion incontestable de la virulence de cet agent pathogène. C’est encore là un nouvel appoint à la théorie de l’action bactéricide et atténuante du sérum des sujets vaccinés à l'égard des agents patho- gènes contre lesquels on les a immunisés el d’une intervention probable de ce pouvoir bactéricide dans la production de cet état d’'immunité. La part qui revient au phénomène de l’agglutination en lui-même, dans celte atténualtion, nous né saurions actuellement la déterminer. (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) BioLoGiEe. Comptes RENDUS. — 10° SÉRIE, TT, IT. 18 1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— ————— © ————_—_—_— ——————— —— —— ———_—_—_ ——_——— REMARQUES SUR LE PHÉNOMÈNE D'AGGLUTINATION, A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. J. Nicoas, par M. À. CHARRIN. Quand j'ai décrit, avec M. Roger, en novembre 1889, à la Société de Biologie, la manière dont se comportent des bacilles, suivant qu'on les place dans du sérum normal ou dans celui d’un sujet vacciné contre ces bacilles, j'ai invoqué l'intervention des processus d’immunité. — Plus tard, sous le nom de réaction agglutinante, M. Widal a faitune ingén'euse application de ces données que Gruber, que Pfeifer ont si nettement enregistrées; il à vu que ces modifications surviennent dès la période d'état du mal; il a affirmé que c'était là une réaction de l'infection. Je ferai observer que notre théorie subsiste entière, soit parce que ces modifications humorales se rencontrent chez des sujets qui n’ont jamais élé sous l'influence d'un virus actif, chez des sujets qui sont uniquement des êtres rendus réfractaires par des injections de toxines, soit parce que les travaux que Nicolas publie aujourd'hui relient une fois de plus ces modifications aux actes de la défense. Au surplus, j'admets parfaitement la possibilité d’une seconde expli- cation, comme, du reste, de bien d'autres; les faits seuls importent: un même changement est susceptible d’avoir des origines multiples. — Toutefois, de ce qu'un phénomène se passe pendant l'infection, pendant la phase active du mal, est-on en droit absolu d'affirmer quil est Ia conséquence de cette infection même, de ces processus d'attaque? On se rapproche du raisonnement « Post hoc, ergo propter hoc », qu'on transforme en « Per hoc,.. ». Formuler une telle affirmation serait oublier les nombreux travaux qui établissent que, dès les premiers jours, à côté de cette attaque du virus se dessinent les procédés mis en Jeu par là défense. — Tout être infecté est un être qui lutte ; suivant les conditions, suivantles résultats, cette lutte aboutit à la mort ou à la guérison, à l’immunité. — Parfois, une rechute a lieu : on est en droit de suspecter le degré de l’accroisse- ment de résistance ; on ne saurait, en raison de cette insuffisance, soutenir l’absence totale de tout effort de protection. F À coup sûr, je ne nie pas la possibilité de cette seconde interpré- talion ; je dis simplement qu’elle laisse intacte la première ; je dis, en outre, qu'elle a besoin de quelques nouvelles preuves. — Du reste, jeme plais à reconnaître que ces questions de théorie ne diminuent en rien l'intérêt de la découverte, plus encore celle de son application. nee _ SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1029 En s: ————————_—_—_——_—__ —— ——_—… …——…—…———_—L ; ; 1 1 ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE ‘$ Suffrages exprimés : 57. MA GRabnié Ste duel: cie 0DUCNIL. 39 VOIX. 34 = ,. Re: MPierre Bonnier = zu. téciçe _ 20. — TE = MM. Bordas, Charcotet Rémy Saint- Loup. . ............. chacun io = | + Bulletin blane . A En conséquence, M. CnaBRié ayant obtenu laimajorité absolue des suffrages exprimés, est élu membre titulaire de la Société de Biologie. * 1 | P l À h. e. " % ‘ 4 à 0 Le Gérant : G. MASSON. 111000 Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Mareru&ux, directeur, 1, rue Cassette. Lit Fo , i | 1 13 PE CLS : di f 0 “ ra N pe png re po ph mi ts A Û LÀ . LAPS FSU TUER 1031 SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1896 MM. A. Cnarri et E. GLey : Les squelettes de deux lapins congénitalement malformés. — M. Cu. Conreseax : Extirpation de deux cristallins sur le chien, avec conserva- tion dans une certaine mesure de l’accommodation. — M. A.-M. Bcocu : Etude de la marche normale et pathologique, au moyen d'empreintes moulées. — M. Cu. FÉRÉ : Note sur un cas d’épilepsie affectant principalement le système nerveux de la vie organique. — M. Cu. FÉRÉ : Note sur des sensations subjectives de l’odorat chez un épileptique. — MM. E. TarerceuiN et E. LENOBLE : Absence de la réaction de Widal dans la sueur d’une typhique. — MM. Rocer et Josué : Recherches expéri- mentales sur les modifications de la moelle osseuse dans les suppurations. — M. A. Caarrix : La moelle osseuse et l'infection. — MM. LaBante-LaGRAvE, E. Boix et Noé : De la toxicité urinaire dans la grossesse. — MM. H. BEauREeGaRD et E. Dupuy : Sur un courant d'action déterminé dans le nerf acoustique sous l'in- fluence des sons. — MM. Quénu et LaAnpez : Evolution pathologique du mucus dans un cancer du rectum. — MM. Turrier et HazcioN : Etude expérimentale sur la chirurgie du poumon. Sur les elfets circulatoires de la respiration artificielle par insufflation et de l’insufflation maintenue du poumon. — M. Ca. CONTEJEAN : Inner- vation de l'estomac chez les Batraciens. — M. CH. ConreJeaN : La contraction cardiaque est-elle un tétanos? — M. E. Gex : De l’action anticoagulante et lym- phagogue des injections intra-veineuses de propeptone après l’extirpation des intestins. — MM. F. Tourneux et P. VERrDuN : Sur les premiers développements des dérivés branchiaux chez l'homme. — M. E. Viva : Variations de la toxicité urinaire sous l'influence des inhalations chloroformiques. — M. le Dr CH. Morin : A propos d'une déclaration de M. Pitres sur le fonctionnement du système ner- veux. — M. P.-L. Simon : Note sur le dimorphisme évolutif de la Coccidie appelée Karyophagus Salamandræ Steinhaus. — M. le D' Garnauzt : Mobilité de l'étrier. Résultats de sa mobilisation et valeur des épreuves de l’ouie chez les sourds. Présidence de M. Giard. LES SQUELETTES DE DEUX LAPINS CONGÉNITALEMENT MALFORMÉS, par MM. A. CHaARRIN et E. GLEY. (Communication faite dans la séance du 28 novembre.) Nous désirons présenter à la Société les squelettes préparés des deux lapins que nous avons montrés au mois de novembre dernier (voy. Comptes rendus de la Soc. de Biol., séance du 2 novembre 1895, p. 105) (1). — Ces deux animaux sont morts accidentellement pendant les vacances. Nous rappellerons que ces deux lapins, issus d’un mâle fortement vacciné contre la maladie pyocyanique, présentaient, entre autres diffor- mités, un raccourcissement du membre postérieur droit pour l’un et, pour l’autre, du membre postérieur gauche et que, chez tous les deux, le pied et l’avant-pied faisaient défaut. (4) Voy. aussi A. Charrin et E. Gley. Sur l’action héréditaire et l'influence tératogène des produits microbiens (Arch. de Physiol., 5° série, VIII, p, 225 ; 1896). Biozocre. Comrres RENDUS. — 102 S£RIE. 7. LIT. 19 1032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On voit sur les squelettes que l'avant-pied manquait totalement; le calcanéum reste soudé à une petite masse osseuse indistincte qui ter- mine la patte en avant; le tibia, incurvé, est notablement plus grêle que le tibia du côté normal; il en est de mème des fémurs correspondants. On ne peut atlribuer ces arrêts de développement osseux à une atro- phie résultant de ce que les animaux en question, durant leur vie, n'auraient pu se servir ou se seraient peu servis de leur membre rac- courci; ils s’en servaient au contraire parfaitement et, dans la marche, s’appuyaient sur les quatre pattes. La signification de ces faits par rapport à la question de l'influence tératogène des produits microbiens, même quand le père seul a été infecté (la clinique met souvent en lumière cette influence isolée), est encore plus claire, si l’on veut bien se souvenir que ces animaux étaient aussi porteurs d’autres malformations, des organes génitaux externes en particulier. — D'autre part, cet état des os reproduit par- tiellement ce que l’on voit dans l'hémiplégie infantile. EXTIRPATION DES DEUX CRISTALLINS SUR LE CHIEN, AVEC CONSERVATION DANS UNE CERTAINE MESURE DE L’ACCOMMODATION, par M. Cu. CONTEJEAN. (Communication faite dans la séance du 5 décembre.) Le sujet que j'ai l'honneur de présenter à la Société est une chienne assez âgée {elle ne marque plus), qui a subi, le 10 août 1896, l’extirpa- tion des deux cristallins. L'opération à été faite avec une asepsie rigou- reuse, après injection dans la chambre antérieure, à l’aide d’une fine aiguille de Pravaz traversant la sclérotique dans le voisinage de la cornée, de dix gouttes d’une solution stérilisée renfermant, pour 100 grammes d’eau : 0 gr. à de sulfate d'atropine et 2 grammes de chlorhydrate de cocaïne. On a retiré le cristallin avec une curette, après avoir incisé la cristalloïde antérieure, sans léser l'iris et sans causer de souffrances à l'animal. Les paupières ont été suturées. Quelques jours après, la cicatrisation était totale, et il restait à la parlie supérieure des deux cornées, deux néphélions causés par la plaie opératoire et qui per- sistent encore aujourd'hui. Pendant les mois d’août et de septembre, l'animal paraissait presque complètement aveugle; il se heurtail aux obstacles, ne saisissait Les aliments qu'on lui présentait qu'en se guidant par l’odorat, et prouvait ainsi qu'il ne voyait pas ou qu'il voyait très imparfaitement les objets rapprochés. En revanche, les objets éloignés étaient aperçus, et si une personne appelait l'animal en se trouvant à une dizaine de mètres de SÉANCE DU Â2 DÉCEMBRE 1033 lui, le chien allait immédiatement vers elle. Il n'était pas guidé unique- ment par la direction du son, car lorsqu'il s'était approché de l'obser- vateur, il ne le voyait plus et le cherchait en tournant autour de lui, quand même on continuait à l'exciter de la voix. Dans les premiers jours de novembre, on à remarqué que la vision s'améliorait. Aujour- d’hui elle est presque redevenue normale. Vous pouvez constater aisé- ment que cette chienne voit maintenant les objets rapprochés. Elle saisit fort bien les petits morceaux de sucre qu'on lui présente à 1 ou 2 décimètres. Ce n'est pas l'odorat qui la guide, puisque, si on lui montre le sucre dans la direction où les néphélions l’empêéchent de voir, elle ne le cherche nullement. Ce sujet jouit donc actuellement d’une vision satisfaisante et peut assez bien accommoder. Je ne crois pas que les cristallins soient régéné- rés, car je ne puis apercevoir les deux petites images de Purkinje. Il est donc probable que l’accommodation se fait chez cet animal sans le secours d'un cristallin, ce qui est contraire à l'opinion courante. Je ferai remarquer, en outre, que le muscle de Müller peut fort bien, en se contractant, diminuer l'équateur de l'œil, et cet organe étant rempli de corps liquides ou demi-liquides incompressibles, il faut nécessairement que, alors, la cornée et la rétine s’éloignent l’une de l’autre, ce qui faci- literait la vision des objets rapprochés. Je crois qu’il en est ainsi, mais je n'ai pu me faire de conviction à ce sujet. Au point de vue pratique, il m'a semblé utile de signaler ce fait, car l'opacité du cristallin est très fréquente chez le chien et le cheval. On n'opère généralement pas ces animaux, Car on suppose que l'opération ne doit produire aucune amélioration de la vue, puisqu'on ne peut leur faire porter de lunettes. On voit qu'il n'en est pas ainsi, et qu'on peut espérer d'excellents résultats. [612.766] ÉTune DE LA MARCHE NORMALE ET PATHOLOGIQUE, AU MOYEN D'EMPREINTES MOULÉES, par M. A.-M. Bcocx. J'ai l'honneur de présenter à la Société un certain nombre de mou- lages obtenus en coulant du plâtre dans les empreintes laissées par des malades que je faisais marcher sur une piste de sable fin. Ces moulages sont instructifs. Ils montrent de quelle façon le pied se pose, quelles sont les parties qui appuient, quelles particularités offrent les diffé- rentes régions de la face plantaire, dans les affections qui provoquent des désordres de la marche, fractures, arthriles, paralysies, maladies des centres nerveux, etc. J'espère pouvoir faire servir mon procédé au diagnostic hâtif de certaines lésions douteuses, comme est le début de © 1034 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la coxalgie chez les enfants et différencier les divers genres de boite- ries, qu'elles viennent de la hanche, du genou, du pied ou d’ailleurs. Les exemples que je vais montrer sont typiques et l’analÿyse de chacun d'eux serait longue. Elle trouvera sa place dans des communi- cations ultérieures, lorsque mes expériences seront assez nombreuses pour permettre de poser des conclusions. Voici deux coxalgies : une assez récente, sans abcès, une très ancienne, avec déformation consi- dérable et claudication profonde. Voici les pas d’un homme qui boite par ankylose incomplète du genou. Un troisième moulage est relatif à un hémiplégique, un autre a été pris sur les empreintes d'un hemme: chez qui un écrasement à produit une fracture du bassin. Je procède de la façon suivante : une piste de sable fin, humide et tamisé, est sertie par une bande de bois d'environ 5 centimètres de haut, très bien dressée sur le plat. La piste a 5 mètres de long, 1 mètre de large. Quand on à mis le sable dans ce long rectangle de bois, on l’égalise en passant la tranche d'une planchette le long des grands côtés du rectangle, en appuyant sur les bords et en sciant doucement, de facon à avoir un niveau complètement plane. Puis on fait marcher le sujet et on choisit deux empreintes du même pas, une droite, une gauche pour y couler le plâtre. Ici est la difficulté. Les bords des empreintes sont toujours légèrement effondrés et il s'agira, quand le plâtre sera sec, de retrouver le niveau exact qu'avait la piste avant le passage; c'est le seul moyen d'apprécier la profondeur des empreintes. On arrive au résultat de la manière suivante. Avant de couler le plâtre, je tends, d'un bord à l’autre, irrégulièrement, à différentes places, dans toute l'étendue des deux empreintes choisies, une ficelle fine qui est main- tenue par de petits clous fixés le long des deux grands côtés du rec- tangle de bois qui fait le cadre de la piste. Ces clous sont enfoncés, non sur le plat du bois, mais sur la face extérieure du cadre. Il en résulte que les ficelles sont bien tangentes à la piste et marquent exactement son niveau. Quand le plâtre est coulé, débordant, puis durci, puis retiré, on l’ébarbe et on le racle doucement jusqu’à faire apparaitre les ficelles de niveau, et l'opération est terminée : on a les empreintes, de la face plantaire et la profondeur exacte des foulées. NOTE SUR UN CAS D'ÉPILEPSIE AFFECTANT PRINCIPALEMENT LE SYSTÈME NERVEUX DE LA VIE ORGANIQUE,, par M. Cu. FÉRÉ. On connaît depuis longtemps les rapports qui existent entre l'asthme et l’épilepsie (1). Les deux ordres de manifestations peuvent se ren- (4) Ch. Féré. Les Épilepsies et les Épilepliques, 1890, p. 124, 125, 194. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 4035 contrer chez le même individu, soit en même temp soit successivement ; elles se rencontrent souvent dans la même famille: ils ont une forme paroxystique commune. J'observe un malade qui présente ces deux formes d'accidents avec d’autres troubles qui constituent un complexus qui paraït particulière- ment digne d'attention en ce qu'il établit un état pathologique intéres- sant avec une prédominance marquée des fonctions des organes innervés par le sympathique. M. V.., âgé de quarante-huit ans, est né d’une mère qui a succombé à un cancer d'estomac et dont la famille était exempte de troubles nerveux, et d’un père apparienant à une famille arthritique et affecté lui-même d'asthme pré- sentant quelques particularités intéressantes. Il avait commencé à avoir, vers l'âge de trente ans, des accès nocturnes d'asthme classique se reproduisant strictement à la même heure; et peu à peu, aux accès dyspnéiques, s'étaient joints des accès nocturnes d’anxiété et d'angoisse : il se réveillait au milieu de la nuit sous l'impression qu'il allait se passer quelque chose de terrible. Il ne savait définir si c'est de la terreur, de la colère, ou de l'étonnement, il se sen- tait oppressé, et au bout de peu de temps perdait connaissance. Il était pris de délire plus ou moins violent qui pouvait durer plusieurs heures. Au réveil, il se trouvait dans son lit et ne se souvenait de rien. Son esprit restait dans la torpeur pour un temps, pendant lequel il se plaignait d'un sentiment de courbature. Plus tard, ces crises se sont manifestées dans le jour à propos d'émotions des plus légères : il se sentait pris d'angoisse, puis s’exaltait dans un accès de colère violente qui se terminait par une perte de connaissance suivie de sommolence et de .courbature. Il a succombé à la suite d’une de ces colères. M. V... a un frère qui est sujet à des réveils délirants. Il sort brusquement de son sommeil au milieu de la nuit, presque toujours de une heure à deux heures du matin, en proie à une violente colère, invectivant des personnages imaginaires; quand il en arrive aux menaces, il perd connaissance et s’affaisse. A son réveil il a un souvenir imparfait de la scène. M. V... a été lui-même dès son enfance sujet à des troubles nerveux divers. Bien que né à terme il est resté longtemps chétif, a été sujet à des convulsions à plusieurs reprises à propos de l'éruption des premières dents. Dès l’âge de quatre ans il avait des migraines, suivies de vomissements et quelquefois accompagnées de convulsions. Ces migraines sont devenues régulièrement mensuelles à partir de huit ans et elles persistent encore. A neuf ans, il a commencé à avoir des accès d'asthme nocturne, se produi- sant toujours à la même heure, précédés d'oppression et d’une sensation de refroidissement, suivies d’expectoration et d’un sommeil profond laissant de la courbature au réveil. Vers l’âge de dix-sept ans, il à eu un matin, en faisant sa toilette, un accès convulsif avec cri, chute subite, perte de connaissance, morsure de la langue, miction involontaire, et suivi d'une prostration profonde qui a duré plusieurs heures. C’est le seul accès de ce genre qu'il ait jamais eu, mais depuis celte époque, les crises d'asthme alternent avec des réveils angoissants. Il sort du sommeil brusquement avec une sensation très pénible 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de constriction thoracique des battements de cœur douloureux, il sent qu'il va mourir; tout à coup il voit des flammes qui l'entourent, entend des explosions formidables et perd connaissance. Il est pâle, a les extrémités froides et la chair de poule sur tout le corps. Il est sujet en outre à d'autres paroxysmes diurnes qui ont apparu vers la même époque. Il éprouve des obnubilations de la conscience, dont la durée varie de quelques minutes à plusieurs heures; il lâche les objets qu'il tient à la main et reste immobile, il est pâle, a les yeux égarés; il s’asseoit ou se couche si on l'y pousse, mais on n'obtient de lui aucune réponse. Ses extré- mités sont froides, la paume des mains et la plante des pieds sont couvertes d’une sueur visqueuse; tout son corps présente à un haut degré l'aspect de la chair de poule, et pour peu que la crise dure plus de quelques minutes, on voit se produire un tremblement général qui dure jusqu’à la fin de la crise. Tout à coup les inégalités de la peau s’affaissent, les extrémités se réchauffent et se gonflent, la conscience revient. Dans certains accès sans perte de connais- sance, il pâlit, se sent pris de froid, tremble, il a la chair de poule, ses extré- mités sont glacées, la paume des mains et la plante des pieds tout humides de sueur, et en même temps il éprouve un sentiment de terreur indicible, sans aucune représentation de nature à la motiver. Cet état extrêmement pénible dure quelquefois plusieurs heures et peut se renouveler plusieurs fois dans la même journée, constituant une sorte d'état de mal. De temps en temps, ces diverses manifestations s’accompagnent de miction involontaire, et il lui arrive quelquefois, lorsqu'il a été longtemps sans uriner, d’expulser tout à coup un jet d'urine, sans que sa vessie se vide. Cet accident peut se produire en pleine veille, sans que le malade éprouve aucune autre sensation. Des phénomènes analogues peuvent se rencontrer dans l’hystérie. J'ai observé dans mon service un hystérique dont l’histoire à été résumée récemment par M. Manheiïmer (1)et qui présentait des crises de frisson avec chair de poule et de l’hyperhydrose palmaire sous forme de crises très courtes mais se répétant fréquemment pendant un certain nombre de jours consécutifs pour disparaître ensuite. NOTE SUR DES SENSATIONS SUBJECTIVES DE L'ODORAT CHEZ UN ÉPILEPTIQUE, par M. Cu. FÉRÉ. Les anciens avaient saisi une analogie entre le spasme cynique et l’accès d’épilepsie; le fait est que cette analogie peut se vérifier par l’analogie de certains phénomènes moteurs (2). Des associations senso- (1) Manheiïmer. Deux obs. de troubles vaso-moteurs d'origine hystérique Arch. de Neurologie, 1896, t. II, p. 194. (2) Ch. Féré. Contrib. à la phys. du sphincter de l'anus. C. R. Soc. de Biol., 4885, p. 437. — Les Épilepsies et les Épileptiques, 1890, p. 283. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1037 rielles peuvent rendre les rapports plus frappants. J'ai déjà signalé le cas d’un épileptique dont l'aura était constitué par des phénomènes d'érythropsie qui se reproduisaient au moment du spasme cynique (1). J'ai observé récemment un malade qui présente des phénomènes du même genre, mais les sensations associées sont des sensations olfactives. Chez le premier malade, les sensations visuelles ne s'étaient associées à l’acte génital qu'après s'être manifestées dans l’aura épileptique, et elles ont disparu avec les attaques épileptiques. Chez le malade actuel, les sensations olfactives ont présenté une marche différente et qui n’est pas sans intérêt. [l s’agit d'un homme de trente-quatre ans dans la famille duquel on ne découvre pas d’antécédents névropathiques. Son père et sa mère se portent bien, il est fils unique. Son enfance s’est passée sans aucun trouble convulsif, son développement à été normal, il n’a souffert que d'une rougeole et d'une scarlatine jusqu’à l’âge de vingt-huit ans. Il était marié depuis un an. Sa femme était accouchée depuis deux mois; quand il reprit les rapports sexuels, il fut surpris d'éprouver, au mo- ment du paroxysme, la sensation d’une odeur infecte qu'il compare à celle d'un fromage pourri. Il chercha naturellement, en dehors de lui, la cause de cette émotion qui se renouvelait à chaque rapprochement. Il s'en était suivi un dégoût profond et une répugnance presque invincible. Il n'avait pas eu de rapports depuis près d’un moislorsqu’une après-midi, à son bureau, il sentit tout à coup l’odeur infecte bien reconnaissable. Cette sensation ne s'accompagnant d'aucune sensation génitale et, en apparence au moins, d'aucun autre symptôme. Il y avait environ six mois que la sensation associée s'était manifestée pour la première fois. À partir de ce moment, qu’il eut des rapports sexuels ou non, les hallucinations olfactives isolées se reproduisaient tous les dix ou douze jours sans cesser de se reproduire à titre d’associa- tion. Pendant plus d’un an, les mêmes accidents se reproduisirent sans modification. Un soir, en rentrant d'une course un peu longue, mais qui n’avait pourtant pas provoqué une grande fatigue, la sensation olfactive se produisit tout à coup et s'accompagna bientôt d’une obnubilation de la vue presque aussitôt suivie d’une perte de connaissance. Le malade se mordit la langue, urina dans ses vêtements : les convulsions très vio- lentes ne durèrent que peu de temps, mais elles furent suivies d’une période de sommeil bruyant avec état asphyxique, qui se prolongea plus de deux heures. Le malade ne sortit que peu de temps de ce som- meil, fit quelques questions et se rendormit sitôt qu'on l’eut débarrassé de ses vêtements et placé sur son lit. Ces attaques se sont renouvelées (4) Les Épilepsies, p. 284. 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE depuis, avec la même aura, environ toutes les six semaines ou tous les deux mois, en laissant persister les anciens accidents. Divers traitements bromurés, à doses insuffisantes, sont restés sans: résultat pendant près de trois ans. Sous l'influence de doses quoti- diennes et graduellement croissantes, les troubles se sont éloignés et atténués. Depuis dix-huit mois que le malade a atteint et dépassé la dose de 12 grammes de bromure de potassium par jour, il ne s’est produit que deux crises convulsives, la dernière remonte à dix mois; les hallucinations olfactives isolées ont disparu, mais ces halluci- nations ne manquent jamais d'accompagner le spasme cynique qui, d’ailleurs, en aucune occasion, ne s’est accompagné de spasme. Ce fait peut servir à l'étude des rapports si fréquents qui existent entre l’odorat et le sens génital (4). ABSENCE DE LA RÉACTION DE WIDAL DANS LA SUEUR D'UNE TYPHIQUE, par MM. E. TuierceLIN et E. LENOBLE. Chez une malade atteinte de fièvre typhoïde dont le sang et le lait (2) présentaient à un haut degré la propriété agglutinante, nous avons pu rechercher si cette propriété existait dans la sueur. Cette malade pré- sentait en effet une sudation extrêmement abondante, et nous pûmes facilement recueillir chez elle une vingtaine de gouttes de sueur. Le mélange de sueur et de culture typhique, même à parties égales, ne donna lieu à aucune agglutination. Nous ferons remarquer que la pro- duction de cette sueur était spontanée et non provoquée par l'emploi d’un sudorifique. On sait en effet que MM. Widal et Sicard ont montré que les larmes produiles artificiellement ne possèdent pas la propriété agglutinante, alors que celle-ci existe dans les larmes sécrélées natu- rellement. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES MODIFICATIONS DE LA MOELLE OSSEUSE DANS LES SUPPURATIONS, par MM. Rocer et Josué. Les cellules du pus ont, comme on sait, une double origine : les unes prennent naissance localement, au point enflammé ; les autres provien- nent du sang qui renferme en effet, au début de toute suppuration, un (1) Ch. Féré. La Pathologie des émotions, 1892, p. 438. (2) Presse médicale, 5 août 1896. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1039 excès de globules blancs. Reste à savoir par quel mécanisme se produit la leucocytose. Supposant que les leucocyles augmentaient de nombre par suite d’une suractivité des organes hématopoïétiques, nous avons été conduits à étudier l’état de ces derniers dans les suppurations. Notre attention s’est d'abord portée sur la moelle des os. Nous avons expérimenté sur des lapins et, en leur inoculant sous la peau du staphylocoque doré, mi- crobe pyogène qui détermine les leucocytoses les plus énergiques, nous avons obtenu de profondes modifications du tissu médullaire. C’est un nouvel exemple des conséquences lointaines d’une lésion en apparence locale et de la solidarité des différentes parties de l'organisme. I. — Avant de décrire l’état de la moelle chez les animaux suppurants, il est indispensable de préciser l'histologie topographique du tissu mé- dullaire normal. La technique que nous avons employée a été très simple. L'animal étant tué par section du bulbe, on enlève le fémur et le tibia; on fend ces os suivant leur longueur; puis on prélève, à la partie moyenne de la moelle, un petit cylindre qu'on plonge aussitôt dans la liqueur de Flemming. Les coupes faites perpendiculairement au grand axe de la moelle sont colorées par les procédés classiques; c’est la safranine qui donne les meilleurs résultats. Sur une coupe ainsi préparée, et comprenant toute la largeur de la moelle, on distingue trois zones : une zone centrale, représentée par l'artère principale, engainée dans les trois quarts de sa circonférence par un large sinus sanguin; une zone corticale, formée par un tissu de fibres serrées, au milieu desquelles sont disséminées de nombreuses cellules; une zone moyenne qui représente, à proprement parler, le tissu médullaire. Cette zone moyenne est constituée par un réseau de fibrilles, fort minces, qui s’anastomosent de façon à circonscrire de larges aréoles arrondies ou polygonales; les espaces ainsi délimités sont remplis par de la graisse. Aux points où s’entrecroisentlesfibrilles, on trouve un amas de quatre à cinq médullocèles, plus rarement un myéloplaxe; en certains endroits, surtout vers les parties corticales, on peut voir une trentaine de médullocèles se grouper de facon à former une bande qui s'étend entre deux points nodaux.Quelles que soient leur forme et leur situation,des cellules médullaires sont toujours enserrées par les fibrilles qui les séparent, par conséquent, du tissu graisseux. Il est facile de distinguer sur les coupes trois ordres de cellules mé- dullaires : de petits médullocèles arrondis et colorés uniformément; de grands médullocèles arrondis ou ovalaires, à protoplasma granuleux; des myéloplaxes, d'ailleurs peu nombreux, el reconnaissables à leur grand volume et à leur noyau bourgeonnant; ajoutons cependant qu'il existe, entre ces trois variétés de cellules, de nombreuses formes de transition. 1040 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Dans l'épaisseur des fibrilles, à côté des cellules, on trouve encore des capillaires sanguins dont le volume est parfois considérable et qui, sur certains points, forment des gaines incomplètes autour des arté- rioles secondaires. Celles-ci sont au nombre de six à sept ; elles chemi- nent parallèlement au grand axe de la moelle ou prennent une direction légèrement oblique. IT. — Les modifications, que l’inoculation sous-cutanée du staphylo- coque détermine au niveau de la moelle osseuse, diffèrent suivant la virulence du microbe et le temps écoulé depuis son introduction. Dans une première série d'expériences, nous injectons sous la peau d’un lapin 2 centimètres cubes d’une culture très virulente ; le lendemain, l'animal est mourant; on le sacrifie; il ne s’est encore produit aucune lésion locale ; les accidents semblent relever d’une toxhémie, car les microbes n'ont pas envahi l'organisme; les divers milieux de culture, ensemencés avec le sang et les tissus, restent stériles. L'examen microscopique montre que la moelle osseuse est rouge et diffluente ; l'examen histologique révèle les particularités suivantes : Le sinus central est resté normal; mais les capillaires de la zone moyenne sont considérablement dilatés et gorgés de sang. Les aréoles sont diminuées de volume et, sur cerlains points, elles sont à peine visibles : la plupart d’entre elles présentent, à leur centre, un gros mé- dullocèle. Les fibrilles sont épaissies et noyées au milieu d’innombra- bles cellules qui appartiennent aux deux variétés de médullocèles et forment de larges bandes anastomosées, ou de vastes îlots. Quant aux myéloplaxes, ils ne semblent pas plus nombreux que normalement. Si l’on se sert d’une culture moins active, on observe des modifica- tions moins marquées, mais on peut suivre plus facilement la marche du processus. Quarante-huit heures après l’inoculation de 1 centimètre cube d’une culture de virulence moyenne, la lésion locale, c’est-à-dire la suppura- tion, commence. À ce moment, la leucocytose est à son maximum; on trouve,en effet, que les leucocytes se sont élevés de 12 ou 15,000 à 30 et 40,000 par millimètre cube. Si on sacrifie l'animal, on constate que la moelle est rouge et un peu diffluente. Sur les coupes histologiques, on distingue facilement le sinus central et le tissu aréolaire ; mais les capilllaires de la zone moyenne sont dilatés et pleins de sang; les cellules médul- laires sont plus nombreuses que normalement, surtout vers la péri- phérie. | Au troisième jour, bien que la leucocyiose ait légèrement diminué, les modifications sont beaucoup plus accentuées et plus étendues : le grand sinus n’est plus reconnaissable, il est masqué par les nombreux médullocèles qui l'ont pénétré. L'aspect aréolaire, nettement dessiné à la périphérie, est à peine marqué dans les parties centrales de la zone SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1041 — moyenne; les cellules ont tout envahi: elles forment une large nappe dans laquelle on ne distingue, qu’en certains points, quelques aréoles, extrèmement petites, qui rappellent encore la disposition normale. Pour étudier l’évolution ultérieure du processus, nous avons sacrifié deux lapins plus tardivement, l’un au sixième jour, l’autre au treizième jour après l’inoculation. Chez le premier, la moelle était simplement constituée par des cel- lules, entremèélées à des fibrilles épaissies et par des capillaires dilatés et gorgés de sang; il n’y avait plus trace de la disposition aréolaire; le sinus central n’était plus visible. Chez le second, on voyait, en quelque sorte, la régression du pro- cessus ; on retrouvait le sinus central; les cellules médullaires com- mençaient à diminuer de nombre; par places, les aréoles avaient reparu. La congestion des capillaires avait cessé; mais les fibrilles étaient tou- jours épaissies. Ainsi, la production d’un foyer purulent provoque, dans la moelle osseuse, de profondes modifications ; la graisse, élément inerte qui forme, à l’étal normal, ou plutôt à l’état de repos, la plus grande partie du tissu, se résorbe, tandis que les cellules se multiplient et finissent par constituer presque tout l'organe. Cette prolifération cellulaire si active porte sur les médullocèles, dans les cas suraigus qui évoluent en vingt-quatre heures; si le processus est plus lent, les myéloplaxes y prennent part. Contrairement à ce qu'on aurait pu supposer, on ne trouve pas ou presque pas de figures caryocinétiques dans les médullocèles. Quant aux myéloplaxes, comme on les rencontre disséminés dans toutes les parties de la moelle, on ne peut guère admettre qu'ils proviennent des éléments préexistants : il est plus probable que, de même que les cel- lules géantes des tissus pathologiques, ils se produisent par une hyper- trophie des cellules rondes; ce qui confirme cette hypothèse, c'est qu'on trouve de nombreuses formes de transition entre les divers ordres de cellules. L’hypergénèse des médullocèles explique la leucocytose qui précède el accompagne la formation des foyers purulents. Mais il n’est pas pro- bable que ce soit seulement dans les processus suppuratifs que les modi- fications de la moelle jouent un rôle; elles doivent sans doute intervenir dans toutes les infections, et, en assurant la phagocytose, servir à la protection de l'organisme. 1042 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————————————— LA MOELLE OSSEUSE ET L'INFECTION, par M. A. CuaARRIN. Les intéressantes recherches, que viennent de publier MM. Roger et Josué (1) sur les modifications de la moelle osseuse dans l'infection, nous conduisent à dire quelques mots de travaux que je poursuis en collaboration avec MM. Chassevant et Desgrez. La richesse cellulaire de ce tissu, son abondance, sa diffusion dans l’économie, ses relations avec la composition du sang. relations mises en évidence par la physiologie, plus encore par la pathologie, ses altérations si manifestes dans la plupart des affections bactériennes, etc., nous ont amené à étudier son rôle au cours de certains processus parasitaires. Nous avons abordé la question à un point de vue différent de celui que l’on vient d'exposer si clairement, différent du moins de ce qui a été communiqué aujourd'hui : nous nous sommes surtout attachés, tout d'abord, à l'étude des changements survenus chez les sujets rendus réfractaires. Des lapins ont été immunisés contre le bacille pyocyanique, soit à l’aide des cultures atténuées, soit à l’aide des toxines. — Quinze jours après la dernière vaccination, nous avons ensemencé des bacilles dans le canal central du fémur de sujets sains et parallèlement dans celui de sujets normaux; puis nous avons reporté ces bacilles pyocyaniques sur gélose, après des séjours d’une durée variable dans ce canal osseux. Dans deux cas sur quatre, nous avons enregistré des résultats se traduisant par une diminution du pouvoir chromogène des agents placés dans le tissu des réfractaires. — Dans un troisième cas, ce pouvoir, détail inexpliqué, a plutôt augmenté; pourtant la richesse de végétation était moindre, et on sait, d’ailleurs, qu'il n’y a pas accord absolu entre les propriétés pigmentaire et pathogène; d'autre part, les modifications du fonctionnement bacillaire n’en existent pas moins. — Dans un quatrième cas, ces différences étaient sensiblement nulles. — À dire vrai, l'inéga- lité d'intensité de ces vaccinations, en dehors des particularités dérivant de la diversité des germes ou des animaux, suffit à expliquer ces divergences. Du reste, un nombre par trop restreint de tentatives ne nous permet pas encore de préciser le sens plus ou moins constant de ce phénomène. Jusqu'à ce jour, nous nous sommes bornés, faute de quantité, à presser de la moelle dans un nouet très dense, stérilisé, afin de voir si, à l'exclusion de tout élément figuré, les principes solubles étaient capables d’influencer les microbes, comme nous l’avons une fois (1) Même séance du 12 décembre. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1043 constaté. — Il y a lieu de procéder par véritable filtration ou par dissolution. Il semble donc se produire dans la partie médullaire des os des réactions de défense. — D'un autre côté, en 1892, au cours de recherches poursuivies avec Duclert sur la comparaison des solides ou des liquides de l'organisme envisagés comme milieux de culture, j'ai vu avec quelle facilité les germes pullulent dans cette moelle : la clinique l'enseigne depuis longtemps. — Les processus de l'attaque peuvent aussi se déve- lopper à ce niveau avec intensité. De toutes facons, ces expériences encore inachevées, incomplètes, dont je parle à titre préliminaire, par occasion, pour appuyer, à des points de vue distincts, certaines propositions que l’on vient d'avancer, ces expériences sont bien faites pour permettre de concevoir tout le rôle, invoqué par ces auteurs, joué par la moelle osseuse dans les phases d'attaque ou de réaction protectrice de l’économie aux prises avec les bactéries (1). J'ajoute que les résultats obtenus par plusieurs médecins, par nous dans un cas, en utilisant ce produit à titre de médicament, dans les anémies, dans les hémorragies, résultats que nous étudions expéri- mentalement, sont de nature à appuyer cette manière de voir, quand on sait l'importance de la composition du sang au point de vue de l'évolution des pyrexies. J'ajoute encore que chimiquement, dans un cas de tétanos aigu, cette moelle, en dehors des altérations histologiques (congestion intense, abondance cellulaire), a présenté, au point de vue des graisses, de l’albu- mine, elc., des modifications que nous préciserons. (1) On sait la part que prennent les leucocytes aux actes physiques ou chimiques de la défense de l’écouomie en présence des virus. — Tel ou tel organe joue-t-il un rôle dans la genèse de ces fonctions, de ces produits défen- seurs ? — D'ou viennent ces cellules protectrices? — Ainsi qu'en témoigne un travail publié il y a trois ans dans les Archives de Physiologie, je me suis efforcé d’élucider ces questions. — J'ai pu immuniser des animaux privés de l’un des reins, d’une capsule surrénale, d’une partie du corps thyroïde, de la rate entière, etc.; je n’ai pu réussir quand j’altérais le foie d’une façon intense; le territoire entéro-hépatique m'a paru à cet égard plus important que la zone rénale, capsulaire, thyroïdienne, splénique, etc, sans qu'il soit permis d’al- ler plus loin. — J'ai dû réserver la moelle osseuse, qui, en raison de sa diffu- sion, ne peut être supprimée; on doit étudier son action en l’examinant direc- tement, en constatant, comme on vient de le faire, ses modifications suivant les cas : ses relations avec les leucocytes imposent cette étude. 1044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE LA TOXICITÉ URINAIRE DANS LA GROSSESSE, par MM. LABaADiE-LAGRAVE, E. Boix et J. Noé. En 1892, MM. Chambrelent et Demont communiquaient à la Société leurs recherches sur la toxicité de l’urine dans les derniers mois de la grossesse et la trouvaient manifestement au-dessous de la normale. Les résultats que nous avons obtenus avec l'urine de vingt-trois femmes enceintes confirment leurs conclusions, tout en y ajoutant quelques points nouveaux. Les recherches de ces auteurs n'ont porté que sur les 3 derniers mois, nos résultats s'élendent à toute la période de la grossesse. 1° Dès le 2 mois, le coefficient diminue ; notre moyenne est de 0,338. 9 Au cours du 3° mois, il tombe encore et se maintient à peu près égal jusqu’au terme avec une moyenne de 0,217. 3° Après l'accouchement, la toxicité reste diminuée et remonte pro- gressivement à la normale qu'elle n'atteint qu'au bout de 2 mois environ. . D’après ces données, la recherche de la toxicité urinaire peut être un élément précieux de diagnostic de la grossesse même au début. Mais l'intérêt principal est dans l'interprétation à donner de ces phénomènes : On avait déjà soupçonné la suractivité fonctionnelle du foie pendant la grossesse. C’est à elle que nous attribuons la destruction plus grande des poisons autochtones, qui pourraient nuire au développement de l'embryon. Cet équilibre est rompu dès que la cellule hépatique est au-dessous de sa tâche pour une cause quelconque, et dans ces cas l’urine est hypertoxique. Nous avons rencontré trois exemples de cette hyper- toxicité dans la grossesse chez des femmes qui présentaient des signes d'insuffisance hépatique (urobilinurie, glycosurie alimentaire). Ces expériences éclairent, semble-t-il, la pathogénie de l’éclampsie : D'une part, le rein peut être malade ; si le foie est suffisant, l’auto- intoxication éclamptique est conjurée. | D'autre part, le foie peut être insuffisant, l’éclampsie a peu de chance de se produire si le rein garde sa perméabilité. Vienne maintenant, l'un ou l’autre organe étant déjà malade, l’insuf- isance de l’autre, l’auto-intoxication éclamptique se réalise. À plus forte raison si tous les deux sont malades en même temps et sous la même influence. Conclusion : Pour faire de l’éclampsie, il faut non seulement un rein altéré, mais encore et surtout un foie fonctionnellement insuffisant, car, le plus souvent, l’altération rénale sera la conséquence-du passage anormal des toxines que le foie ne détruit plus. C9 SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1045 Nos observations de coefficient urotoxique diminué même après la grossesse font comprendre pourquoi l'éclampsie peut survenir aussi après la délivrance. [612.819.8] SUR UN COURANT D'ACTION DÉTERMINÉ DANS LE NERF ACOUSTIQUE SOUS L'INFLUENCE DES SONS, par MM. H. BEAuREGaARD et E. Duruy. Dans une note communiquée à la Société de Biologie au mois de juillet dernier, nous avons fait connaître les résultats de nos recherches sur la grenouille et sur le cobaye. Nous avons exposé que, dans nos expériences, nous avions obtenu un courant d'action très net dans le nerf acoustique sous l'influence des sons. Nous avons continué ces expériences sur le lapin, et nous venons aujourd'hui en donner les résultats. Sur un lapin curarisé, l’une des électrodes du galvanomètre apério- dique universel de d’Arsonval étant placée sur le nerf acoustique à son origine apparente et l’autre électrode sur le nerf à son entrée dans le rocher (distance des 2 électrodes, environ 2 millimètres), nous avons obtenu, au moyen de sifflets employés comme appareils producteurs des sons, un courant d’action très net, de sens inverse par rapport au courant ordinaire du nerf. Chez ce lapin, les sons très aigus d’un sifflet métallique nous ont donné un courant d'action peu intense, soit une oscillation de 1°,5 à 2 degrés; avec un sifflet en bois produisant des sons plus graves, nous avons obtenu une oscillation de 3 à 4 degrés. Un dia- pason donnant le /a normal n’a pas produit de courant d'action, mais nous devons dire que l’animal élait fort épuisé à ce moment, et nous n’en tirons aucune conclusion. Sur un second lapin également curarisé, mais qui vint à mourir alors que nous venions de charger le nerf sur les deux électrodes, comme il vient d’être dit, nous n’avons obtenu aucun résultat, ni courant ordi- naire, ni courant d’action. Cette deuxième expérience, pour négative qu'elle paraisse, nous semble très intéressante, puisqu'elle démontre que les courants que nous obtenons sont liés intimement à la vie de l’animal en expérience. ÉVOLUTION PATHOLOGIQUE DU MUCUS DANS UN CANCER BU RECTUM, par MM. Quénu et LANDEL. Nous nous proposons de démontrer, dans ce travail, que la substance muqueuse élaborée dans les cellules de certains cancers (1) se forme, (1) Nous entendons seulement par cancers les tumeurs d’origine épithéliale, 1046 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE non par une sécrétion ou par une altération du protoplasme cellulaire, mais par une lransformation des éléments chromatiques du noyau en une substance ayant tous les caractères histo-chimiques du muceus. Nos recherches portent sur un cancer de la région ano-rectale, cons- titué par de grosses cellules remplies de mucus, rappelant par leur aspect les cellules des glandes salivaires de l’homme. Dance ce cancer, nous avons pu suivre à partir de la couche épider- mique où ils prenaient naissance, l’évolution complète de ces élé- ments. Nos matériaux d'étude ont été fixés par la liqueur de Flemming et inclus dans la paraffine. Les teintures que nous avons employées avaient pour but : les unes, de déceler la véritable nature du produit cellulaire; les autres, de différencier, par une triple coloration, le mucus, la chro- matine du noyau, et le corps protoplasmique de la cellule. Les détails de notre technique ne peuvent trouver place dans ce mémoire. Les premières modifications ont lieu dans les éléments de la couche de Malpighi. Le stade initial consiste dans la destruction des ponts intercellulaires qui deviennent moins nombreux, se soudent les uns aux autres, se rétractent et disparaissent. Les cellules perdent ainsi les connexions qu'elles avaient entre elles. A ce moment, il se produit une multiplication active par division indirecte. Les cellules filles sont plus ou moins arrondies et possèdent un ou plusieurs noyaux contenant beaucoup de chromatine. Les modifications vont alors porler sur le noyau. Son volume augmente d’une facon considérable ; les nœuds du réseau chromatique se gonflent, se déforment, et se colorent très intensive- ment par la safranine. Le protoplasme est refoulé et diminue propor- tionnellement à l'accroissement du noyau, qui peut occuper, à lui seul, toute la cellule. Le corps nucléaire commence à présenter des anfractuosités et des. étranglements qui s’accentuent de plus en plus et aboutissent à une fragmentation. Les noyaux secondaires sont de forme et d'importance inégales. Dans un ou plusieurs d’entre eux, les grains chromatiques, gardant le plus souvent leurs rapports et leur aspect général, chan- gent de constitution chimique et présentent toutes les réactions colo- rantes du mucus. Cette transformation débute dans une région queiconque du noyau; le nucléole, qui normalement possède une constitution chimique dis- tincte, se comporte ici comme les grains chromatiques. Le réseau tout entier paraît subir aussi la même transformation. Bientôt les corps figurés du noyau, transformés en mucus, se désa- grègent et se résolvent en une substance granuleuse ; le mucus, défini- tivement constitué, s'échappe au dehors du noyau, dont l'enveloppe a elle-même disparu. SÉANCE DU Â12 DÉCEMBRE 1047 Le plus souvent, il reste dans la cellule un ou plusieurs noyaux non transformés. Ceux-ci ont ordinairement la forme d'un croissant, et sont refoulés à la périphérie de la cellule, qui ressemble alors d'une facon frappante aux cellules muqueuses des glandes salivaires. Elle continue à vivre et à se multiplier par division indirecte, comme la cellule cancéreuse la plus typique. L'évolution muqueuse que nous venons de décrire est exceptionnelle- ment soumise à des variations; la plus fréquente consiste dans la transformation prématurée de la chromatine en mucus, alors que la cellule de Malpighi possède encore tous ses caractères, et que son noyau est encore contenu dans une alvéole régulière qui l’isole à un certain degré du protoplasme environnant. Ce fait contribue à démon- trer que le protoplasme ne joue pas un rôle essentiel dans la forma- tion du mucus (1). Ces résultats confirment,en anatomie pathologique, ceux auxquels ont abouti en histologie normale, les recherches de Lukjanow (2) sur la production du mucus dans les cellules caliciformes de l'intestin de la Salamandre. [612.216.3] ÉTUDE EXPÉRIMENTALE SUR LA CHIRURGIE DU POUMON. SUR LES EFFETS CIRCULATOIRES DE LA RESPIRATION ARTIFICIELLE PAR INSUFFLATION ET DE L'INSUFFLATION MAINTENUE DU POUMON, par MM. TuFFIER et HALLION. (Travail du laboratoire de M. François-Franck.) Nous avons rapporté, dans une communication précédente, des expé- riences exécutées sur des chiens: entretenant chez ces animaux la res- piration artificielie par insufflation, nous avons pu pratiquer des opéra- tions diverses nécessitant l’ouverture large du thorax et la mise à nu des poumons; l'opération terminée, on distendait le poumon de manière à expulser l'air de la plèvre, on refermait le thorax, el pourvu que l'asepsie eût été rigoureuse, l'animal survivait indéfiniment, sans aucun désordre respiratoire ou circulatoire consécutif. Nous avons liré de ces faits des déductions relatives à la chirurgie humaine : on pourrait, disions-nous, grâce à l’insufflation laryngotrachéale réalisée par une canule spéciale, que l’un de nous à fait construire, rendre accessibles les organes intrathoraciques profonds, et prévenir ou supprimer les pneumo- thorax opératoires ou accidentels déterminés par une plaie extérieure. (1) Les figures qui viennent à l'appui de cette description seront repro- duites dans un travail plus complet, qui paraîtra dans les Annales de micro- graphie. , (2) Lukjanow. Eléments de pathologie cellulaire générale, traduction fran- caise, 1895. BioLocre. Coupres RENDUS, — 102 SÉRIE, 7. HI. 80 1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE Er ER Ayant en vue cette application pratique, nous avons été conduits à étudier expérimentalement les modifications circulatoires réalisées par l'insufflation intermittente ou respiration artificielle, et par l’insuffla- tion maintenue. Nous avons répété, en les faisant varier conformément au but spécial de nos recherches, les expériences dues à divers physio- logistes, Gréhant, Ducrocq, François-Franck, etc. Chez un chien, nous. faisions la trachéotomie, ou bien, pour nous rapprocher des conditions. que la canule laryngée rendra praticables chez l’homme, nous introdui- sions par la cavité buccale une canule qui pénétrait dans le larynx et. la trachée. La respiration artificielle était installée en temps voulu. Le thorax ouvert, nous mettions en rapport, avec des manomètres char- gés d’une solution d’oxalate de soude, l’artère pulmonaire, l'oreillette: gauche et le bout central d'une veine jugulaire; ces manomètres trans- mettaient leurs indications à des tambours de Marey. Un manomètre à mercure de Francois-Franck inserivait la pression de l’artère fémorale ou de la carotide. Un dernier manomètre enregistreur communiquait avec la cavité plurale. Enfin, un pneumographe de Marey était fixé sur le: thorax. Ces dispositifs étant pris, nous pouvions, en usant d'artifices qu'il serait trop long de décrire, suspendre et rétablir tour à tour la res- piration artificielle, fermer et ouvrir la cage thoracique, pratiquer des insufflations trachéales avec plus ou moins de force ; nous pouvions aussi, la poitrine étant close, modifier la quantité d’air contenue dans les plèvres. Pendant la respiration artificielle, la pression intrabronchique est. (par rapport à la pression atmosphérique) augmentée dans l'expiration, et augmentée plus encore dans l'inspiration; pendant la respiration naturelle, au contraire, la pression intrabronchique est augmentée dans l'expiration, mais diminuée dans l'inspiration. De là, dans la respiration artificielle, une compression permanente du réseau circulatoire pulmo- naire, et, comme conséquence, un accroissement de la pression san- guine en amont de ce réseau, dans l’action pulmonaire tout d’abord. Nous n'avons pas à insister sur ces faits, que d’autres ont bien étudiés et interprétés. Mais le point qui nous intéresse, et sur lequel nos expé- riences nous ont nettement fixés, est celui-ci : les modifications intro- duites dans le niveau général de la pression sanguine, en deçà et au delà du réseau pulmonaire, sont peu importantes lorsqu'on substitue la respiration artificielle à la respiration spontanée, dans les diverses con- ditions que nous avons indiquées tout à l'heure, et qui se peuvent ren- contrer dans la pratique. Reste à savoir si l’on peut, sans danger, par une insufflatior suffi- samment forte et maintenue, réalisant une pression intrabronchique assez élevée, restituer au poumon son volume lorsqu'il est plus ou moins affaissé, expulser l'air qui le sépare de la paroi thoracique, sup- primer le pneumothorax. Pour élucider cette question, nous avons varié les expériences. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1049 Lorsque, la cavité thoracique élant close, on insuffle avec force de l'air dans la trachée, la pression artérielle générale s’abaisse fortement. Le mécanisme de ce phénomène est connu : stase en amont des vais- seaux intrathoraciques comprimés par l'air insufflé, anémie en aval. Il est évident que cette manœuvre, surchargeant le cœur droit, puis les veines extrathoraciques et, suspendant la circulation artérielle géné- rale, comporte des dangers, pour peu qu'elle se prolonge. On peut tou- tefois faire durer dix secondes et plus, sans que la mort s’ensuive, une très forte pression intrabronchique. Si l'on pratique l'insufflation des poumons, le thorax étant largement ouvert ces organes atteignent leur volume physiologique, lorsque la pression de leur contenu gazeux devient égale à leur force élastique normale, qui est de 2,2 à 3,3 centimètres cubes de mercure chez le chien (Ducrocq). Dans ces conditions, pour que la circulation pulmonaire se continue, il faut que le ventricule droit entretienne dans l'artère pulmo- naire une pression supérieure à ce chiffre ; or il y suffit aisément et il ne pourrait subir, de ce fait, une fatigue appréciable que si l'épreuve se prolongeait longtemps. Un troisième cas est à considérer : la paroi tho- racique, au lieu d’être ouverte très largement, présente un orifice de dimensions plus restreintes. Lorsque l'insufflation à atteint le degré que nous venons d'indiquer, la surface extérieure du poumon vient au contact de l’orifice, el on se trouve dans les conditions que nous venons d'envisager il y a un instant. Mais le pneumothorax est-il alors complè- tement supprimé? Il Le serait, si le poumon insufflé prenait exactement sa forme physiologique; il faudrait pour cela que le poumon offrit, suivant toutes ses dimensions, une résistance égale à la distension, autrement dit, il faudrait que les forces élastiques de l'organe fussent parfaitement égales dans tous les sens. En réalité, ces forces élastiques sont relativement plus développées, suivant la ligne qui joint le hile au sinus costo-diaphragmatique. Cela ressort du fait suivant : le 3° espace intercostal étant ouvert, on insuffle le poumon : celui-ci remplit le cul- de-sac supérieur de la plèvre et affleure à la plaie, alors que son bord inférieur n'a pas encore rempli le sinus costo-diaphragmatique. Dans cette dernière région, si l'air demeure emprisonné, vainement, pour l’expulser, on augmenterait le degré de l’insufflation pulmonaire; on ne réussirait ainsi qu'à la comprimer, tout en créant une pression intra- bronchique non exempte de dangers. Si l'on tient à débarrasser la plèvre de ce résidu gazeux, il faut faire communiquer l’espace qui le renferme avec l'atmosphère, soit à l’aide d’un drain passant par la plaie, soit à l’aide d’une canule enfoncée par un des derniers espaces inter- costaux. Des recherches récentes sur le cadavre de deux sujets, un homme et une femme, nous ont fourni, à cet égard, semblables résul- tats. Les expériences que nous venons {d'indiquer achèvent, pensons- 1050 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous, de justifier l'application à l’homme des procédés qui nous ont réussi chez le chien ; elles contribuent à démontrer l’innocuité de la respiration artificielle sous pression, et précisent les conditions qu'on doit réaliser pour rendre efficace et inoffensive l’insufflation destinée à supprimer un pneumothorax accidentel ou opératoire. [612.327] INNERVATION DE L’ESTOMAC CHEZ LES BATRACIENS, par M. Cu. CONTEJEAN. Au sujet de la très intéressante communication que MM. D. Courtade et J.-F. Guyon ont faite dans la dernière séance sur l’action du grand sympathique sur l'intestin grêle, je rappellerai que j'ai observé des faits très semblables en étudiant l’innervalion de l'estomac des Batraciens, faits que j'ai publiés en 1892 dans les Archives de Physiologie, dans le Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, et dans ma thèse. Il est curieux de constater la grande analogie qui existe entre les résultats obtenus par MM. Courtade et Guyon opérant avec l'intestin du chien, et ceux que m'a fournis l’estomac des Batraciens. À la page 55 de ma thèse, je m'exprime ainsi : « L’excitation électrique du sympathique derrière l'aorte gauche ou au niveau du rein, ou plus particulièrement du plexus cœliaque, déter- mine toujours une crampe tétanique de tous les muscles de l’esiomac, mais tandis que le pneumogastrique commande surtout aux fibres lon- gitudinales, le sympathique exerce une action prédominante sur les fibres circulaires. La contraction débute au pylore, puis elle se propage jusqu'au cardia, où elle s'arrête ; l'œsophage ne prend aucune part à ce mouvement. L’estomac reste ainsi énergiquement contracturé si l’on prolonge l'excitation; il n’exécute aucun mouvement péristaltique, c’est un véritable tétanos. On voit souvent la séreuse se froncer longitudina- lement. » Donc, arrêt des mouvements péristaltiques, et action sur les fibres circulaires, tout comme dans les expériences de MM. Courtade et Guyon sur l'intestin. Mais il existe une petite différence au sujet des fibres longitudinales ; dans mes expériences, l'excitation du sympathique n'en provoquait pas le relâchement, mais bien la contraction, quoique à un degré moins énergique que ne le faisait l'excitation du vague. Ce dernier nerf agit spécialement sur les fibres longitudinales, peu sur les fibres circulaires, à l'exception toutefois des sphincters cardiaque et pylorique, qu'il fait contracter énergiquement. C’est avec le tronc du vague, el non avec le sympathique que j'ai pu provoquer des phénomènes d'arrêt dans les mouvements péristaltiques de l'estomac chez les Batra- ciens. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1051 J'ai cru intéressant de rappeler ces faits, afin que MM. Courtade et Guyon puissent les rapprocher de ceux qu'ils ont observés sur l'intestin et la vessie. Il est certain que leur opinion au sujet de l’innervation diffé- rente des couches musculaires successives des organes splanchniques est bien fondée et appuyée sur des faits nombreux; et si l’on n'obtient pas toujours des résultats absolument rigoureux, il n’est pas impossible que les perturbations ne soient dues à l'excitation directe d’un plan mus- culaire par la contraction de la couche voisine. Dans mes expériences, en tétanisant par l'excitation du sympathique les fibres circulaires de l'estomac, ce viscère, en se raccourcissant un peu, démontrait nettement la contraction simultanée des fibres longitudinales. Mais ce phénomène n était peut-être pas dû à la galvanisation du sympathique. Les muscles longitudinaux pouvaient être directement excités par la contraction énergique des fibres circulaires. Quant à l’action du vague sur les sphincters cardiaque et pylorique, je crois qu’elle est bien réelle; c’est un fait absolument constant. Si même l'excitation est très faible, le résultat obtenu peut s’en tenir là. Du reste, j'ai provoqué aussi très régulièrement chez le chien la contraction du pylore par l'électrisation du vague (1). Je crois donc que pour l’estomac il y a une petite excep- tion à la règle, et que les fibres circulaires ne sont pas absolument sous la dépendance du sympathique. [612.172] LA CONTRACTION CARDIAQUE EST-ELLE UN TÉTANOS ? par M. Cu. CONTEJEAN. La plupart des physiologistes s'accordent à regarder le bruit rotatoire accompagnant toute contraction musculaire soutenue comme engendré par les secousses simples, véritables vibrations, dont la fusion produit le tétanos musculaire. Helmholtz a donné une excellente démonstra- tion de ce fait en montrant que la hauteur du bruit rotatoire augmente en même temps que croit la fréquence des excitations tétanisant le muscle en expérience. Cependant quelques physiologistes croient que la secousse unique peut produire un bruit rotatoire. Mais ce bruit est essentiellement solidien; il est beaucoup trop faible pour que ses vibra- tions se communiquent à l'air ambiant; on ne le perçoit pas à la plus faible distance. L'air environnant le muscle produisant une secousse simple n'est donc pour ainsi dire pas ébranlé, et une secousse unique, une seule vibration d'un corps solide est incapable de produire un son que notre oreille puisse percevoir. Si cette vibration unique pouvait (4) Et j'ai obtenu la perte de la tonicité, presque la béance continuelle du pylore après la double vagotomie. 1052 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE faire vibrer l’air environnant, et si par la durée de ses vibrations le mou- vement vibratoire produit ou un de ses harmoniques suffisamment intense rentrait dans le cadre des sons perceptibles, une secousse unique pouvait alors faire naître un bruit; c'est par exemple, ce qui probable- ment a lieu avec une étincelle électrique. L'air voisin du point où s'est produite l’étincelle vibre énergiquement, et peut-être aussi les corps solides entre lesquels elle jaillit. Mais cela n'existe certainement pas avec la secousse musculaire simple : l'air ambiant est si peu agité que ses vibralions ne peuvent être entendues; et comme une vibration unique d’un corps solide est incapable d'émettre un son perceptible, on peut dire qu'une secousse musculaire simple est aphone. Lorsqu'il se produit, pendant la contraction d’un muscle, un bruit rotatoire, ce muscle est certainement en tétanos, et le nombre des secousses muscu- laires élémentaires dont la fusion produit le tétanos en- question, doit être tel qu’au moins l’un des harmoniques du son produit par la vibra- tion du muscle rentre dans la limite inférieure de l'échelle des sons perceptibles. C’est du reste ainsi, nous le croyons du moins, que la majorité des physiologistes interprètent ce phénomène du bruit rotatoire. La plupart aussi des physiologistes, depuis les recherches de Ludwig et de Dogiel considèrent le premier bruit du cœur comme dû à un bruit rotatoire auquel se surajoute un bruit valvulaire. Les valvules jouent un rôle très important dans la production du premier bruit cardiaque; ce fait est bien démontré par les modifications imprimées à ce bruit par les lésions pathologiques des valvules auriculo-ventriculaires. On peut donc se demander à juste titre si le premier bruit ne serait pas exclusivement valvulaire, comme le pensent certains auteurs. Si même la contraction cardiaque n’est qu'une secousse simple, il doit en être ainsi. Pour supprimer les bruits valvulaires, il faut ausculter le cœur extrait de la poitrine pendant les quelques minutes de vie et de mouve- ment qui lui restent. L'organe battant à vide, les bruits volontaires disparaissent totalement, le deuxième bruit du cœur est complètement supprimé; mais on perçoit un son pendant toute la durée de la systole ventriculaire. On rencontre de prime abord de grandes difficultés si l’on veut étudier ce bruit pur de tout bruit de frottement. La plupart des stéthoscopes doivent être rejetés, car pour les employer, il faut placer le cœur sur un support quelconque, et appuyer l'instrument soit sur le cœur lui-même, soit sur le support, et on perçoit alors d’intenses bruits de frottement. Ces bruits semblent même dominer. On ne peut pas les éliminer en plaçant le cœur sur le pavillon d’un stéthoscope renversé, que ce pavillon soit ou non recouvert d'une membrane de caoutchouc. La meilleure manière d'éviter cette cause d’erreur consiste à recourir à l'emploi du stéthoscope à ventouse de Constantin Paul. On fixe le cœur à l'instrument par la ventouse. Il ne se produit plus de glissements ni de frottements, le cœur étant soulevé par l'appareil comme une pierre SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1053 par un fire-pavé, et ne reposant sur aucun support et les deux cercles limitant la ventouse annulaire ayant un contact invariable avec l'organe sur la paroi duquel ils laissent d’ailleurs des impressions nettes et étroites, indices de l'absence de tout déplacement des contacts existants entre le cœur et l'instrument. On entend alors un son musculaire que nous croyons pur de tout bruit de frottement, son extrêmement sourd et bas, même lorsqu'on a recours pour l’altérer le moins possible, au dispositif de M. Chauveau, qui consiste à supprimer la résonance propre des tubes d’auscultation en les mettant en rapport avec l’air extérieur par un petit tube de caoutchouc. Ce son très bas rappelle fort bien le bruit rotatoire; il disparait totalement dans les dernières systoles du cœur mourant, systoles que M. Frédéricq a reconnues être des secousses simples. Il nous semble donc que la systole des ventricules est norma- lement accompagnée d'un bruit rotatoire musculaire, et que la consta- tation de ce fait impose nécessairement l'opinion que cette systole est un véritable tétanos, manière de voir défendue par MM. Chauveau et Frédéricq, et que nous avons aussi récemment soutenue devant cette Société. [612.115.3] DE L'ACTION ANTICOAGULANTE ET LYMPHAGOGUE DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE PROPEPTONE APRÈS L'EXTIRPATION DES INTESTINS, par M. E. Gzey. Au moyen d'expériences variées, dont la plupart ont été faites en collaboration avec M. V. Pachon (1), j'ai démontré le rôle prépondérant, sinon exclusif, que joue le foie dans l’action anticoagulante des injec- tions intra-veineuses de propeptone. Les expériences dont je présente aujourd’hui les résultats confirment encore cette manière de voir. Sur des chiens anesthésiés, je pratique l’extirpation complète des intestins. C’est une opération facile à réaliser en posant une série de fortes ligatures exactement au ras des intestins, depuis et y compris l'estomac jusqu’au rec- tum ; j'enlève aussi la rate et le pancréas. Après m'être assuré que cette muti- lation n’entrave en rien l'action de la peptone, j’ai simplifié un peu l'opération de la facon suivante : on pose une ligature solide au-dessus du pylore sur l'estomac et une autre autour du duodénum et du pancréas, au-dessous de l'embouchure du canal de Wirsung; une autre ligature étant encore posée sur le duodénum, un peu plus bas que la précédente, on sectionne entre les deux fils cette première portion de l'intestin, et alors on peut enlever très (4) E. Gley et V. Pachon. Comptes rendus Acad. des sc., CXXI, p. 363; 26 août 1895 et CXXITI, p. 12295 26 mai 1896; Comptes rendus Soc. de Biol., 23 no- vembre 1895, p. 741 et 23 mai 1896, p. 523; Arch. de Physiol., 5° série, VIT, p. 741, 1895 et VIIL, p. 745, 4896. 1054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rapidement tous les intestins situés inférieurement, un aide les dévidant en quelque sorte au fur et à mesure qu’on enserre dans des ligatures des por- tions successives de mésentère, au ras de l'intestin; ce que l'on peut appeler le moignon duodénal est laissé dans la cavité abdominale. On coupe aussi le rectum à son extrémité inférieure entre deux ligatures. On revient alors à l'estomac que l’on enlève à son tour. Suivant la taille des chiens et la longueur du tube intestinal, tout cela est fait en 20 à 30 minutes. On pratique alors aussi rapidement que possible, dans une veine préalable- ment préparée à cet effet, une injection d’une solution de peptone de Witte à 4 p. 10 d’eau salée, à la dose de 0 gr. 30 par kilograinme d'animal; et, que cette injection soit faite très peu de temps après l’extirpation des intestins ou une heure après, le sang devient complètement incoagulable, comme sur un animal normal. — Cette expérience a été réalisée sur dix chiens avec le même résultat. Il est clair, étant donné la disposition et Le trajet des vaisseaux lym- phatiques qui sortent du foie, que l’extirpation des intestins, pratiquée comme il vient d’être dit, ne peut entraver le cours de la Ilymphe dans ces vaisseaux. Cette remarque cependant n’est peut-être pas inutile, puisque, à la suite de la séance du 11 juillet dernier de la Société, où j'avais eu l’occasion d'annoncer incidemment que l'éviscération ne sup- prime pas l’action anticoagulante de la peptone (Comptes rendus Soc. de Biol., 11 juillet 1896, p. 742), M. Contejean {voy. /bid., 18 juillet 1896, p. 782), rappelant l'effet que nous avons décrit, M. Pachon et moi, de la ligature des Iymphatiques du foie sur l'action de la peptone et qui est d'empêcher cette action, crut pouvoir dire : « Je demanderai à M. Gley comment il enlève l'intestin sans lier les lymphatiques du foie. » Mais 1l y a mieux, et l’on peut aisément donner la preuve physiolo- gique que l'éviscération n'empêche pas la sortie de la lymphe du foie. Starling {1) a démontré que l’afflux de lymphe que l'on observe à la suite de l'injection intra-veineuse de peptone provient en grande par- tie du foie. Or, voici l'expérience que j'ai été amené à faire : une canule ayant été introduite dans le canal thoracique au cou, on évalue la quantité de lymphe qui s'écoule en un temps donné, 5 ou 10 minu- tes ; puis l’éviscération est pratiquée; après cette opération, en général, l'écoulement de la lymphe devient nul ou insignifiant. On injecte la peptone; presque tout de suite, la lymphe se remet à couler; les quanti- tés que l’on recueille sont pourtant inférieures à celle que l’on obtient sur un animal normal. De plus, cette lymphe a tous les caractères de la lymphe de peptone; elle est d’un rose vif, à cause de la présence de nombreux globules rouges, et elle reste incoagulable. Enfin, cette lymphe, injectée dans les veines d’un lapin (à la dose de 20 centimètres cubes au moins, pour un lapin de 1,600 à 2,000 gram- (4) E.-H. Starling. Jouwrn. of Physiol., XVII, p. 30, 1894. SÉANCE DU Â2 DÉCEMBRE 1055 mes), rend le sang de cet animal incoagulable ou tout au moins dininue fortement sa coagulabilité. On s'assure, d'autre part, que du sang du même chien, injecté à un lapin, rend aussi le sang de celui-ci incoagu- lable. Chez les animaux éviscérés, le sang et la lymphe acquièrent donc, tout comme chez les chiens normaux, la propriété, découverte par Fano (1) sur ces derniers, de rendre incoagulable le sang du lapin, réfractaire cependant à l'action directe de la peptone. Ainsi, ces expériences prouvent, de nouveau, l'influence prépondé- rante du foie sur l’action anticoagulante de la peptone, et que la lymphe venue de cet organe seul a tous les caractères de la lymphe de peptone; au contraire, l'influence des intestins, si elle existe, doit être très faible, puisque, alors que toutes les atteintes, même assez légères, apportées au fonctionnement du foie, entravent plus ou moins cette action de la peptone, l’extirpation complète des intestins ne la diminue en rien. SUR LES PREMIERS DÉVELOPPEMENTS DES DÉRIVÉS BRANCHIAUX CHEZ L'HOMME, par MM. F. TourNEUx et P. VERDUN. Sans rappeler l'historique de la question, dont on trouvera un exposé détaillé dans les publications récentes, notamment dans la thèse de Simon (Nancy, 1896), nous rechercherons comment se développent, chez l'embryon humain, les dérivés branchiaux suivants : thyroïde médiane, thyroïdes latérales, thymus et glandules parathyroïdiennes comprenant les glandules thyroïdiennes et les glandules thymiques. Nous envisagerons successivement des stades de plus en plus avancés. EMBRYON G MILLIMÈTRES a. — La thyroïde médiane est représentée par un amas épithélial plein, de forme bilobée, situé sur la ligne médiane, en regard des 2 poches endodermiques. Cet amas épithélial déjà indé- pendant et occupant une hauteur de 90 x sur une largeur de 150 u, répond manifestement à la ligne de soudure des trois rudiments de la langue, ainsi que l’a indiqué His. EMBRYON 8 MILLIMÈTRES c. 1° Thyroïde médiane. — Comprise dans l'angle de bifurcation du bulbe aortique qu’elle déborde légèrement en avant et en bas, la thyroïde médiane formée de deux lobes distincts et à surface irrégulière, n'a pas sensiblement augmenté de hauteur; sa largeur mesure 350 y, son épaisseur 80 y. 3° T'hyroides latérales. — Les thyroïdes latérales sont reconnaissables sous la forme de deux tubes épithéliaux qui prolongent inférieurement (1) G. Fano. Arch. ital. de Biol., TI, p. 146, 1882. 1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la 4 poche endodermique sur une longueur de 200 y à droite, et de 140% à gauche. Les parois de ces tubes sont épaissies, mais on ne distingue pas encore les rudiments des glandules thyroïdiennes. 3° Thymus. — Le thymus est indiqué de chaque côté par un tube lon- gitudinal étendu depuis la troisième poche dont il tire son origine, jus- qu'à l'angle de bifurcation du bulbe aortique (130 y). Les glandules thymiques ne sont pas visibles. EmBryon 14 MILLIMÈTRES c. 1° J'hyroïde médiane. — Massive jusqu’à ce stade, la thyroïde médiane s’est transformée en un réseau de cordons pleins occupant une largeur de 150 y, sur une hauteur de 250 y, au niveau des origines des thyroïdes latérales; l'épaisseur des cordons varie de 30 à 40 pe. . | 2° Thyroides latérales. — Les deux tubes légèrement bosselés qui figurent les thyroïdes latérales, communiquent encore avec le pharynx par une portion rétrécie (canal thyréo-pharyngien). Leur longueur est de 270 y, leur largeur de 200 w, et leur épaisseur de 100 u. 3° Thymus. — Les deux canaux thymiques, détachés du pharynx, s'étendent sur une longueur de 340 y, avec une largeur moyenne de 200 &; leur extrémité inférieure pleine se termine un peu au-dessous et en avant du canal thyréo-pharyngien. Leur paroi dorsale présente, vers le milieu de sa longueur, un épaississement longitudinal qui fait saillie dans la lumière des canaux, de sorte que celle-ci prend sur la coupe transversale la forme d’un croissant. 4° Glandules parathyroïdiennes. — On distingue quatre glandules parathyroïdiennes, dont deux thyroïdiennes et deux thymiques, d’un volume sensiblement égal (100 à 120 w), et de structure identique. Les glandules thyroïdiennes se montrent comme des épaississements des parois dorsale et externe des thyroïdes latérales, au niveau de leur ori- gine; les glandules thymiques occupent les extrémités céphaliques des canaux thymiques, dont elles constituent les parois antérieure el supé- rieure, notablement épaissies : toutes ces glandules sont formées par - des cellules épithéliales d'apparence étoilée. 5° Sinus précervical. — Le fond du sinus, isolé de la surface, persiste seul, en rapport avec l'extrémité céphalique du thymus et avec la glandule thymique. EMBRYON 19 MILLIMÈTRES a. 1° Thyroïde. — Les thyroïdes latérales séparées des quatrièmes poches, ont perdu leur lumière centrale, et se sont intimement fusionnées avec la th yroïde médiane. À ce stade, la thyroïde définitive affecte déjà la forrne d’un croissant ouvert en haut. 2° Thymus. — Les parois des canaux thymiques se sont épaissies et ont comblé la lumière centrale qui r’est plus apparente que vers le milieu de la longueur, dessinant enccwe sur la coupe la forme d’un croissant. En même temps, les cordons thymiques se sont prolongés en bas, et leurs extrémités inférieures fusionnées en arrière de l’anastomose SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1057 transversale qui réunit les deux veines caves supérieures (tronc veineux brachio-céphalique gauche), et en avant du tronc brachio-céphalique artériel et de la carotide primitive gauche, se terminent contre le péri- carde. A la surface des cordons thymiques, se trouvent greffées, à des hauteurs variables, trois petites vésicules à épithélium cylindrique. | Glandules parathyroïdiennes. — Désormais indépendantes, Tes glandules thyroïdiennes sensiblement sphériques (140 uw), sont situées contre la face postérieure des lobes latéraux de la thyroïde (cornes du croissant), au voisinage de leur extrémité inférieure qu'elles débordent légèrement en bas; l'aspect étoilé des éléments qui les composent tend à s'effacer. Il n'existe sur ce sujet qu'une seule glandule (hymique droite placée un peu au-dessus de la glandule thyroïdienne correspondante. Le fundus præcervicalis a entièrement disparu. EMBRYON 24 MILLIMÈTRES d. 1° Thyroïde. — Nous rencontrons sur cet embryon un canal thyréo-glosse médian s'ouvrant supérieurement à la surface de la langue, et se prolongeant inférieurement par une portion pleine qui se termine en regard de la partie moyenne des lobes latéraux de la thyroïde. 2 Thymus. — Les extrémités inférieures fusionnées des cordons thymiques sont toujours sitnées en arrière de l’anastomose veineuse. Vers la partie moyenne des cordons, on retrouve encore la cavité cen- trale incurvée sur la coupe, mais très atténuée. 3° Glandules parathyroïdiennes. — Les glandules sphériques et de même diamètre (150 à 200 y) sont au nombre de quatre, dont deux supérieures thymiques et deux inférieures thyroïdiennes, appliquées contre la face postérieure des lobes latéraux de la thyroïde; elles se composent de petites cellules polyédriques, claires, entre lesquelles on remarque quelques rares vaisseaux sanguins. Forus 32/40 miccimÈTRESs a. 1° Thyroïde. — Le croissant thyroïdien supporte dans sa concavité, à l’union de l’isthme avec le lobe latéral gauche, un petit bourgeon qui se prolonge en haut sur une longueur de 1 millimètre (pyramide de Lalouëtte). Les extrémités des cordons pleins anastomosés sont creusés de petites vésicules. 2° Thymus. — Les extrémités inférieures des deux cordons Miriques passent en avant de l’anastomose des deux veines caves supérieures, contrairement à la disposition qu’on observe aux stades antérieurs. FoœŒrus 37 MILLIMÈTRES 4. — La pyramide de Lalouëtte mesure une hauteur de 1 millimètre, et les deux cordons thymiques descendent en avant de l’anastomose veineuse. Nos recherches s'arrêtent à ce stade. Nous ajouterons que, sur aucun des fœtus envisagés, nous n'avons rencontré de grains thymiques ana- logues à ceux qu'on trouve accolés aux glandules parathyroïdiennes chez certains mammifères, comme le chat. 1058 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [612.462] VARIATIONS DE LA TOXICITÉ URINAIRE SOUS L'INFLUENCE DES INHALATIONS CHLOROFORMIQUES, par M. E. Vipai. Au cours de recherches relatives à l’action de l’anesthésie chloro- formique sur la nutrition, nous avons examiné les variations de toxicité présentées par l’urine après les inhalations. L'animal réactif a été le lapin; le liquide injecté résultait du mélange des urines des 24 heures ayant précédé ou suivi l’anesthésie, filtrées et neutralisées. L'injection était faite dans la veine marginale de l'oreille, avec un appareil très analogue à celui qu'ont décrit recemment MM. Hallion et Comte, sous pression constante, à la vitesse de 6 centi- mètres cubes par minute. Les résultats obtenus se sont montrés concordants chez l'homme et les animaux. Voici quelques résultats : À. — 2 lapins. Inanition, 4° jour. Ont de l’eau à leur disposition. Poids moyen : 3,815 grammes. Urine émise : 79 centimètres cubes. Réaction : acide. Azote total : 1 gr. 20. Albumine : 0 gr. 09. Neutralisation au carbonate de soude. 31 centimètres cubes tuent, en 5 minutes, un lapin de 1,600 grammes. Mort dans des convulsions tétaniques. 4 kilogramme de lapin-sujet tuait donc, en 24 heures, avant l’anesthésie, À kil. 089 d'animal vivant. Après élimination de l’albumine par un chauffage rapide (1), 1 kilogramme tuait, en 24 heures, 1 kil. 080 d'animal vivant. L'influence de l’albumine est donc nulle. . B. — Mêmes animaux. Inanition, 5° jour. Poids moyen : 3,650 grammes. Ont de l’eau. Recoivent 10 grammes CHCE en 15 minutes, sous une cloche. Urine émise : 211 centimètres cubes. Réaction : acide. Az total : 6 gr. 3. Albumine : 0 gr. 37. Pas de trace de CHC, Neutralisation au carbonate de soude. 28 centimètres cubes tuent, en 4 m. 35 s., un lapin de 2,160 grammes. Mort dans le tétanos. 1 kilogramme de lapin-sujet tuait donc, après l’anesthésie, 1 kil. 409 d'anima vivant et, après élimination de l’albumine, 1 kil. 401. L'albumine ne peut donc être incriminée. (1) On sait que la présence de l’albumine est très fréquente chez les lapins eninanition, et constante chez eux après les inhalations chloroformiques. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1059 Deux autres expériences analogues ont fourni des résultats iden- tiques: l'augmentation de toxicité la plus faible s’est montrée dans celle qui vient d'être rapportée. C. — Homme, vingt-huit ans. Fracture de jambe, datant de huit jours; doit être anesthésié le lendemain pour le remplacement d’un appareil mal fait. Az ingéré : 8 gr. 5 environ. Az éliminé : 7 gr. 1. Urine en 24 heures, avant CHCE : Volume : 1,725 centimètres cubes. Réaction : acide. Pas d’albumine. Neutralisation. 90 centimètres cubes sont injectés à un lapin de 2 kil. 005 en 15 minutes. Injection interrompue à ce moment. L'animal n’est pas mort. Parésie du train postérieur. Myosis punctiforme. Trouvé mort dans la soirée. LL Le malade tuait donc, avant CHCE, environ 39 kil. 200 d'animal vivant en 24 heures. D. — Méme sujet. Anesthésie de 30 minutes avec 25 grammes CHCX à la compresse. Même régime alimentaire. Az ingéré : 8 gr. 5 environ. Az éliminé : 12 gr. 1. . Urine en 24 heures, après CHCE : Volume : 830 centimètres cubes. Réaction : acide. Pas d’albumine. Pas de traces de CHCK. Neutralisation. 28 centimètres cubes tuent, en 4 m. 40 s., un lapin de 2 kil. 400. Mort dans le tétanos. Le malade tuait donc en 24 heures, après l’anesthésie, T1 kil. 551 d'ani- mal vivant. C’est la plus forte augmentation que nous ayons observée. E. — 2 femmes. Epithéliomes du col utérin. Doivent être partiellement cau- térisés le lendemain. Mélange de leurs urines de 24 heures, avant CHCE : Volume : 1,639 centimètres cubes. Réaction : acide. Pas d’albumine. Az ingéré :? Az éliminé : 16 gr. 2. Neutralisation. 286 centimètres cubes tuent, en #7 minutes, un lapin de 4 kil. 975. Mort dans le tétanos. Chacune des malades tuait donc, en 24 heures, 5 kil. 600 d'animal vivant (4). F. — Mêmes malades. Anesthésie au CHCÏ', 15 minutes environ. Mélange de leurs urines de 24 heures après CHCE : Volume : 424 centimètres cubes. Réaction : acide. Pas d’albumine. Pas de CHCF. (4) C’est la plus faible toxicité que nous ayons rencontrée pour les urines du cancer, en général très peu actives. 1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Az ingéré :? Az éliminé : 21 gr. 4. Neutralisation. 79 centimètres cubes tuent, en 143 minutes, un lapin de 2 kil. 440. Violent tétanos. Chaque malade tuait donc, en 24 heures, 6 kil. 050 d'animal vivant. C'est la plus faible des augmentations constatées. De ces expériences et d’autres analogues (4 chez les animaux, 7 chez l’homme, toutes comparatives), nous croyons pouvoir conclure que chez l’homme comme chez le lapin, les inhalations chloroformiques augmentent sensiblement, dans les conditions de nos expériences, la toxicité des urines; deux fois, nous avons trouvé l’augmentation la plus forte deux jours après l'ânesthésie; l’asphyxie possible des pre- miers instants ne semble pas devoir être incriminée car nous avons pu constater, d'autre part, qu'une asphyxie de quelques minutes n’a pas d'influence sensible sur les urines. À PROPOS D'UNE DÉCLARATION DE M. PITRES SUR LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME NERVEUX, par M. le D' Cu. Morin. Au Congrès français de médecine tenu à Nancy le 6 août dernier, le président de ce Congrès, M. le professeur Pitres, un de nos neurolo- gistes les plus autorisés, a déclaré comme généralement admis que : 1° L’influx nerveux, qui commence à une extrémité d'un neurone, tra- verse ce neurone dans toute sa lonçueur sans être modifié; 2° Comme corollaire à cette proposition, l’influx nerveux n’est imodi- fié qu'au niveau des points de contact des prolongements protoplas- miques des neurones. Ce corollaire est exact si les anastomoses cellulaires n'existent pas, comme quelques-uns s’empressent de le soutenir, sur la foi de prépa- rations « émondées » (d’après l'expression de Renaut), mais les anasto- moses cellulaires ne sont pas hypothétiques; elles ont été vues et peuvent être vues dans tous les tissus animaux et végétaux. Seulement, pour les voir, il ne faut pas employer des procédés qui les brisent toutes à coup sûr en rétractant et déformant les prolongements proto- plasmiques. Si donc les anastomoses cellulaires sont vraies, l'influx nerveux, qui n'est pas modifié dans les corps cellulaires, passe de cellule en cellule sans être modifié. Telle est l'idée que j'ai émise dans ma thèse de doctorat de 1892. Et je suis heureux de constater, si la déclaration de mon savant et honoré maître est juste, que ma théorie sur la structure et la nature des indi- SÉANCE DU 42 DÉCEMBRE 1061 vidualités du système nerveux (1) commence à se faire jour dans la science. Je rappelle cette théorie : Les individualités du système nerveux sont, anatomiquement (struc- ture), des anses réflexes dont les extrémités sont les épithéliums et dont les centres sont les muscles. Objectivement et subjectivement, c'est-à-dire physiologiquement et psychiquement (nature), elles sont des mouvements extérieurs enregistrés et associés dans toute la lon- gueur du canal vertébral, par des mouvements secondaires induits. NOTE SUR LE DIMORPHISME ÉVOLUTIF DE LA COCCIDIE APPELÉE Æaryophagus Salamandræ STEINHAUS, par M. le D" P.-L. Srmonr. Travail présenté par M. METCHNIKOFF. On connait jusqu’à présent, chez les Coccidies, deux types de déve- loppement fort différents, l'un exogène, l'autre endogène, que Labbé distingue sous les dénominations de développement digénique et déve- loppement monogénique. Dans le premier cas, il se forme, à l’intérieur d'un kyste à paroi résistante, un certain nombre de sporoblasles (archéspores de Labbé) qui ultérieurement deviennent des spores, et chaque spore donne les sporozoïtes. Toute cette évolution du kyste a lieu généralement en dehors des tissus de l'hôte. Dans le développement monogénique, le parasite accomplit dans la cellule toute son évolution, y compris la production des sporozoiles, sans intermédiaire de spores et sans transformation de son enveloppe en un kyste résistant. Il a été admis que ces deux types évolutifs caractérisaient des Cocci- dies différentes jusqu'à ce que R. Pfeiffer, en 1891, ayant vu chez le lapin des formes monogéniques concurremment avec les kystes du Coccidium oviforme, émit l'opinion que l'un et l’autre cycle apparte- naient au même parasite. Cette théorie a été adoptée par divers savants. Aimé Schneider et Labbé se sont élevés contre l'opinion de R. Pfeiffer et se sont efforcés de montrer qu'elle n'était pas toujours conforme aux faits. [ls n'admettent pour chaque Coccidie qu'un seul cycle évo- lutif, qui est digénique chez les Ælossia, Coccidium, Cyclospora, Isospora, et monogénique chezles £imeria, Pfeifferia, ainsi que chez les deux genres Æaryophaqus et Cylophaqus Steinhaus, réunis en un seul par Labbé sous le nom d’Acystis. Les Hémosporidies et les Gymnosporidies, groupes voisins des Coccidies vraies, présentent également ce seul mode d'évolution. Au cours des recherches faites dans le laboratoire de M. Metchnikoff (1) Chez F. Alcan. 1062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur diverses Coccidies et en particulier sur le Æaryophaqus Salamandre Steinhaus, j'ai reconnu que ce parasite subit un dimorphisme évolutif qui réalise entièrement la conception de R. Pfeiffer. Heidenhain et Steinhaus ont fait connaître le développement endo- gène de ce curieux parasite. À côté des formes décrites par eux qui évo- luent complètement dans le noyau des cellules, il y en à d’autres qui aboutissent à la formation des sporozoïtes dans des spores développées après enkystement du parasite. Celui-ci donc, tantôt accomplit au sein de la cellule hôte une transformation directe de son contenu en corps falciformes par division karyokinétique précoce du noyau, tantôt arrive au terme de son accroissement intracellulaire sans que la division du noyau ait commencé; il devient alors un kyste à paroi résistante, puis est mis en liberté dans la cavité intestinale et va achever à l’extérieur son évolution. Le kyste que j'ai observé chez le Xaryophagus constitue une petite sphère à enveloppe chitineuse dont la surface est un peu rugueuse. Son diamètre varie entre 18 et 25 u et l'épaisseur de la paroi kystique peut être évaluée à 1 u ou 1 & 1/2. Il est rempli par un contenu formé de granules plastiques, de granules chromatiques et de granules graisseux en abondance. Au centre, on peut voir le noyau dont la constitution est la même qu'avant l'enkystement. Arrivé à ce stade, le Xaryophagus à acquis un volume plus considérable que celui du noyau qui le renfer- mait et dont il persiste seulement la membrane distendue. Celle-ci éclate et le parasite tombé dans la cavité intestinale est évacué avec les déjections de la Salamandre. La sporulation du kyste ne peut avoir lieu que hors de l’hôte emmilieu humide et oxygéné. Plongé dans l’eau à une certaine profondeur, ce kyste ne se développe pas; il en est de même s'il est soumis à la des- siccation. Balbiani a fait il y a longtemps les mêmes remarques pour celui du Coccidium oviforme. Dans des conditions favorables, l’évo- lution est achevée en une douzaine de jours. À son dernier terme, le kyste représente une vésicule contenant un liquide transparent dans lequel on distingue quatre spores sphériques sans reliquat de segmen- tation. Chaque spore constitue elle-même une petite vésicule renfer- mant deux corps falciformes avec un volumineux reliquat de différen- ciation. Arrivé à parfaite maturité, le kyste se rompt de lui-même et laisse échapper les spores. Le ÆXaryophagus Salamandræ présente donc un rite évolutif comparable à celui que R. Pfeiffer a déduit pour le Coccidium oviforme de sa découverte chez le lapin d'une forme monogénique. Labbé a émis l'opinion qu'il s'agissait là de deux espèces distinctes, qu'il y avait coexistence de deux parasites et non dimorphisme d’un seul; il a créé pour cette Coccidie du lapin à cycle monogénique et pour d’autres ana- logues qu’il a rencontrées, le genre Pfeifferia. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1063 . Les objections de ce savant contre le dimorphisme ne me paraissent pas soutenables dans le cas du Æaryophagus. La simultanéité des deux formes évolutives chez toutes les Salamandres porteurs de parasites que j'ai examinées me permet de supposer que l’une de ces formes ne se rencontre jamais sans l'autre. D'autre part, le X aryophagus offre cette particularitéremarquable d’être laseule Coccidie connue dont l'évolution ait lieu à l'intérieur du noyau des cellules: pour nier le dimorphisme que je viens d'exposer, il faudrait admettre qu'il existe chez la Sala- mandre deux espèces différentes de parasites possédant chacune le mème caractère si exceptionnel dans le groupe, d'envahir le noyau - des cellules. La connaissance d’une forme de résistance enkvstée à sporulation exogène chez un des genres les mieux caraclérisés de Coccidies à cycle monogénique, me parait entrainer les conclusions suivantes, que je développe plus longuement dans un mémoire sur cette question : 1° Le Karyophaqus Salamandræ est une Coccidie tétrasporée dont le développement est absolument homologue de celui du Coccidium oviforme tel que l'ont établi les travaux de Leuckart, Balbiani. R. Pfeiffer et Podwyssozki. Si l'on ne tient pas compte de l'habitat nucléaire, qui ne saurait d’ailleurs être considéré comme un carac- tère générique, ce parasite doit rentrer dans le genre Coccidium. 2° Les genres voisins du Æaryophagus, dont Labbé fait, sous le nom d'Acystidées, un sous-groupe des Gyÿmnosporidies, doivent être consi- dérés comme possédant un stade sporulé exogène. Il en est de même probablement pour les Gymnosporidies et les Hémosporidies, dont Labbé a montré les relations étroites avec les Acystidées. 3° Il y a lieu de définir Les Coccidium des sporozoaires parasites intra- cellulaires à évolution dimorphe aboutissant, d’une part à un stade de reproduction endogène destiné à produire la pullulation du parasite dans les tissus de l'hôte, d'autre part à un stade sporulé à développe- ment exogène qui est la forme de résistance chargée d'assurer la per- pétuation et la dissémination de l'espèce. | MOBILITÉ DE L'ÉTRIER. RÉSULTATS DE SA MOBILISATION ET VALEUR DES ÉPREUVES DE L'OUÏE CHEZ LES SOURDS, par M. le D' GARNAULT. Indépendamment de la possibilité d'obtenir une amélioration très importante de la surdité par la mobilisation de l’étrier après extraction du tympan et des gros osselelts par voie mastoïdienne, ce procédé constitue une vérilable autopsie sur le vivant. On peut ainsi se rendre compte de la valeur des épreuves de l'audition et établir, d’une façon précise, le lien existant entre les symptômes et les lésions. BioLOGiE. ComPTES RENDUS. — 10€ séRiE, 7. IT. 81 1064 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chez tous les sourds que j'ai opérés jusqu'ici et qui sont au nombre de cinquante-trois, on observait une perception cranienne très supérieure à la perception aérienne, c’est-à-dire que l'épreuve de Rinne était néga- tive. Parmi ces opérés, les uns présentaient après l'opération un étrier ankylosé à des degrés divers, les autres un étrier mobile. L'amélioration produite par l'opération ne coïncidait nullement avec le degré de mobilité de l'étrier. Il faut donc en conclure que l'appareil percepteur présentait des altérations que l'épreuve de Rinne est impuissante à déceler. L'épreuve de Gellé m'a toujours donné des résultats négatifs, même dans les cas où l’étrier s’est montré mobile après l'opération et où la sonde à ressort de Lucaes permettait de constater, avant toute opération, la mobilité de la chaine ; mais cela n’a pas grand inconvénient, puisqu'il ressort de ces recherches que l'amélioration de l'audition ne corres- pond pas exactement au degré de mobilité de l’étrier. Quant aux résultats, ma pratique de plus en plus étendue permet de les préciser. Je ne cherche nullement à nier que l'opération n'ait fourni entre mes mains des résultats médiocres ou même nuls, cela résulte d’ailleurs de ce que je viens de dire à propos des épreuves de l’ouïe, et il reste toujours une part importante d’aléa dont le patient doit être prévenu. Mais c’est surtout chez les sourds par suite d’otite purulente, guérie où non, que l’on peut obtenir des résultats équivalents, pratique- ment au moins, à une restauration de l’ouïe. Je puis présenter deux cas de ce genre presque parfaits. M. Malaret, opéré depuis un an et que J'ai déjà présenté à la Société; son audition n’a nullement diminué depuis cette époque et à des distances de 15 à 20 mètres, il entend la voix parlée, dans des conditions sensiblement égales à celles d’une personne normale. Il en est de même pour M'®° Argenti, artiste lyrique italienne qui devint, il y a plusieurs années, complètement sourde de l'oreille - gauche à la suite d’une otite purulente. ; Les oreilles de M. Malaret coulaient abondamment lorsque je l'ai opéré; celle de M'° Argenti était sèche et l’étrier fortement ankylosé. Comme dans ce dernier cas, la trompe était libre et la membrane du tympan perforée, on ne peut douter que le résultat soit dû à l’ablation des gros osselets et à la mobilisation méthodique de l’étrier qui, entre- prise sans grand espoir de succès, en raison de la rigidité de l’étrier, a cependant donné des résultats surprenants. Dans les surdités dues à des otites sèches, les résultats sont en même temps moins brillants et moins sûrs; mais on peut encore en obtenir de très nets. Je citerai en particulier ceux de M'° de la H..., opérée des deux côtés, il‘y a un an; celui de M. A°:*, opéré il y a six mois;"ces malades ont obtenu une amélioration très notable de leur état, qui s'est maintenue. L'âge du patient et l’ancienneté de l'affection ne constituent SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1065 nullement une contre-indication : chez un sourd de plus de soixante ans et dont la surdité était très ancienne, M. Rondeau, l'opération a amené une amélioration très notable de l’audition. Il n’est pas douteux que, dans tous ces cas, nous ne possédions en dehors de l'opération, aucun autre procédé capable d'arrêter l’évolution de la surdité. La douche d'air est la panacée que l’on oppose, sans conviction d’ailleurs, à cette affection. Il semble que l’on ait oublié les critiques si justes qui lui furent adressées, surtout par les auteurs anglais. Il est bien certain aujourd’hui que la douche d'air, dans toutes les affections de l'oreille à tendance sclérosante, joue un rôle plutôt néfaste. Il est possible que l'ouverture large et définitive de la caisse empêche l’évolution du mal, en particulier dans les cas où une affection de la gorge et du nez retentit sur la caisse par l'intermédiaire de la trompe. Si cette manière de voir est juste, l'opération donnerait des résultats d'autant plus brillants qu’elle serait plus précoce, aussi bien au point de vue curatif immédiat, qu'au point de vue prophylactique. Cette opinion est confirmée par le fait suivant. J'ai opéré, il y a près de trois mois, une jeune fille dont l’étrier était à peu près ankylosé; pendant les efforts de mobilisation, les branches furent brisées. Les effets immédiats de l'opération furent plutôt mauvais, mais au bout d'un mois, l’ouïe s’améliora au point que l'oreille opérée, primitivement inférieure à l’autre, lui est devenue très supérieure. Cette amélioration est en voie de progression continue. Pour ce qui concerne la comparaison de l'extraction et: de la mobili- sation profonde de l’étrier, je dois dire que. mes observations, d’ailleurs peu nombreuses, sont plutôt défavorables à l'extraction, mais il serait puéril de conclure d’un si petit nombre de cas. Le professeur Kessel, dont l'autorité est très grande, a obtenu des faits positifs très nets, et un seul fait positif prévaudra toujours contre un grand nombre de faits négatifs. Lorsque les résultats sont mauvais, cela tient probablement à l’état de l'appareil percepteur. Moi-même ai vu chez M! F.. une amélioration très nette et même très "notable de l'audition se produire, après l'extraction d'un étrier complètement soudé; mais l’étrier fut enlevé avec un excavateur de dentiste, et cette opération fut accompagnée d’un grattage, qu'il faut, je crois, éviter. Je pense, en effet, qu'il fut la cause d’une abondante pro- lifération de bourgeons charnus qui comblèrent la niche de la fenêtre ovale. C’est au développement de ces bourgeons, incapables de trans- mettre les vibrations, que j'attribue le fait du peu de durée de l'amélio- ration de l’ouïe observée à la suite de l'extraction. Cependant je citerai le cas de M. Nabarraa, pharmacien à Toulouse, opéré il y a plus de six mois ; l’extraclion par arrachement de l’étrier a donné, chez lui, une amélioration qui, pour n'être pas complète, n’en est pas moins très nette. discutée en comité secret. 1067 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1896 MM. F. Bonpas et Si. DE Raczkowski : Nouveau procédé de dosage de la glycérine. — M. Marrani : Recherches sur les inhalations d'oxygène. — MM. Marrer et VirEes (de Montpellier) : Toxicité du foie. Son degré et ses caractères. — MM. Winaz et Sicarp : La réaction agglutinante comparée chez les typhiques pendant l’infec- tion et pendant l'immunité.— M. E. GLey : Défaut de rétractilité du caillot sanguin dans quelques conditions expérimentales. — MM. E. WeRTHEIMER et L. LEPAGE : Sur la résorption par les voies, biliaires. — MM. A. Gicsert et A. GReNET : Cirrhose alcoolique hypertrophique pigmentaire. — MM. A. Gizsert et P. Carnor : Action des extraits hépatiques sur la glycosurie occasionnée par l'injection intra-veineuse de glycose. — MM. AnDRé Broca et Caarces Ricuer : Période réfractaire dans les centres nerveux. — M. Her: Lamy : Lésions de la moelle consécutives aux embolies expérimentales aseptiques. — MM. Turrier et HaALLion : Sur la régu- lation de la pression intra-bronchique et de la narcose dans la respiration artifi- cielle par insufflation. — MM. le Dr Trouessart et DuPLouicx : Sur la combinaison optique de M. Gavino et son adaptation à tous les microscopes. — M. J. Caoquer : Présentation d'un microtome.— MM. ReGaup et BarsoN (de Lyon): Vaisseaux lym- phatiques des tumeurs épithéliales malignes. — M. CL. Recauo (de Lyon) : Note sur un flacon compte-gouttes filtreur. — MM. J. Aruanasiu et J. CaARvALLO : De la suppléance des tissus dans le phénomène de la coagulation sanguine. — M. A. D'Harprvizcer : Développement de la ramification bronchique et bronches éparté- rielles chez les mammifères. — M. Marassez : Sur l’altérabilité des globules rouges. — MM. A. Gisert et L. Fournier : Le bacille de la psittacose. Présidence de M. Charrin. CORRESPONDANCE IMPRIMÉE M. Joserx PERRAUD dépose sur le Bureau, à l’appui de sa candidature de membre correspondant, plusieurs brochures, parmi lesquelles il convient de signaler : 1° un mémoire Sur les modifications apportées dans les vins par les levures cullivées ; 2% un mémoire Sur la sélection en viticulture. NOUVEAU PROCÉDÉ DE DOSAGE DE LA GLYCÉRINE, par MM. F. Borpas et SIG. DE RACZKOWSKI. Lorsqu'on traite la glycérine par le bichromate de potasse en pré- sence d'acide sulfurique, celle-ci se décompose par l’action de l'acide chromique, en donnant de l'acide formique, de l’acide carbonique et de l’eau. L'acide chromique passant à l’état de sesquioxyde de chrome donne, en présence d’un excès d'acide sulfurique, du sulfate de ses- quioxyde de chrome. La réaction peut se formuler ainsi : 8S04H2 + 3K2Cr207--(CH2.0H)2CH.OH—H.Co.0H +- 200? + 11H20 +-2.Cr?(S04)3+- K?So+ + K?Cr?07 + 2K2So4 Nous avons pensé qu'on pourrait doser la glycérine par ce procédé. En comparant les poids atomiques de la glycérine et du bichromate de potasse, 92 et 295, on voit qu'à une partie de glycérine en cor- respondent 9.62 de bichromate. Biococre. Courtes RENDUS, — 10€ série. 7. IT, 82 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————— © Si on suppose qu'une solution de glycérine soit à 1 gramme p. 1000, 5 centimètres cubes d'une telle solution contiendront 0.005 de glycé- rine qui correspondent à 0.048 de bichromate de potasse. Dès lors, une solution de bichromate à 48 grammes par litre se trouvera titrée de telle manière que, opérant sur 5 centimètres cubes de solution glycé- rinée, 1 centimètre cube correspondra à 1 p. 1000 de glycérine. Les essais que nous avons faits sur des solutions titrées de glycérine ont pleinement confirmé notre hypothèse, pour des teneurs comprises entre 0.1 et 2 p. 100 de glycérine. Au delà de ces limites, il est néces- saire de concentrer ou de diluer la liqueur par suite de la trop faible ou trop forte intensité des teintes. L'addition d’une quantité insuffisante de bichromate donne une liqueur bleue, couleur du sulfate de sesquioxyde de chrome étendu; tandis qu'un excès produit une liqueur jaune. Le nombre de centi- mètres cubes nécessaires pour obtenir une teinte verte, intermédiaire entre le bleu et le jaune, représente la quantité de glycérine exprimée en grammes par litre de solution glycérinée. Un dixième de centimètres cubes en plus ou en moins de bichromate de potasse suffit pour pro- duire la teinte jaune et vert bleuâtre; la teinte verte limite est donc très facile à apprécier. Ceci étant posé, voici comment nous opérons : Nous versons dans un tube à essai 5 centimètres cubes de solution à essayer, 2 centimètres cubes d'acide sulfurique concentré, puis, à l’aide d'une burette, 1 centimètre cube de solution de bichromate de potasse cristallisé pur à 48 grammes par litre. Nous faisons bouillir rapidement et nous abandonnons un instant au repos. 1° La solution est jaune. Il y a un excès de bichromate et, par suite, moins de À gramme par litre de glycérine. On recommence l'essai avec 0 c.c. 5 de bichromate: si la liqueur est encore jaune, il y a moins de 0.5 de glycérine; si elle est vert bleuâtre, le titre est compris entre 0.5 et 1 p. 1000. _ 2° La solution est jaune verdätre. Il y a environ 1 p. 4000 de glycérine. On fait alors deux essais avec 0 c. e. 5 et 1 c. c.5 de bichromate. Sui- vant les couleurs obtenues, on verra si le titre est compris entre 0.5 et 1 ou 1 et 1.5 p. 1000. 3° La solution est vert bleuätre. La quantité de bichromate employée est insuffisante, il y a donc plus de 1 p. 1000 de glycérine : on essaye alors 2 centimètres cubes, et si cette portion ne suffit pas, on répète les essais précédents après avoir convenablement dilué l'échantillon. On voit donc que l’on arrivera rapidement à obtenir l'intervalle dans lequel se trouve compris le titre de la solution essayée. On fractionne alors cet intervalle par quatre nouveaux essais ; c'est-à- dire que si, par exemple, 1 c. c. 5 et 2 centimètres cubes ont donné res- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1069 pectivement des liqueurs vert bleuâtre et jaune, on essaye avec 1 c. e. 6 —14c.c.7—1c.c.8—1 c.c.9. On choisit parmi les tubes celui pré- sentant la teinte verte. La quantité de bichromate employée pour obte- nir cette teinte verte représente le titre de la solution essayée, exprimée en grammes par litre. RECHERCHES SUR LES INHALATIONS D'OXYGÈNE, par M. Marrantr. Les recherches faites, jusqu’à ce jour, sur l'élimination de l’urée et de l'azote total à la suite des inhalations d'oxygène, sont peu nom- breuses. Personne, d’ailleurs, n’a fait de recherches sur la toxicité des urines et l'alcalinité du sang. Paul Bert, il est vrai, a bien étudié l’action de l'air comprimé sur l'élimination de l’urée; mais les chiffres qu'il a obtenus ne peuvent servir, Car ils ne se rapportent aucunement à la quantité d'azote total; et l'auteur attribue l’élimination d’une plus grande quantité d’urée à la plus grande pression d'air, sans se préoccuper de la quantité supérieure d'oxygène respiré. Hadra a également observé une augmentation de la quantité d'urée après quelques heures de respiration d’air comprimé. Cette augmen- tation se manifesta trois heures après l'expérience et cessa vingt heures après. Fränkel nie toute influence de la respiration d'air comprimé sur la sécrétion de l’urée et attribue les résultats accusés aux mauvaises con- ditions dans lesquelles les expériences ont été réalisées. Il était nécessaire donc, à cause de leur grande importance, de reprendre et de poursuivre ces recherches, ce que j'ai fait à la cli- nique de M. le professeur Maragliano. Pour dissiper les doutes élevés par les auteurs précédents qui, nous l'avons dit, attribuaient les résul- tats obtenus à l'air comprimé, sans considérer que l’augmentation de la pression atmosphérique augmentait la quantité d'oxygène respiré, j'ai éludié, non sur des animaux mais de préférence sur des malades, l’action de l'oxygène sur les différentes formes morbides. J'ai mis en observation des malades atteints de tuberculose, cancer, néphrite, syphilis à la troisième période, cirrhose hépatique, polysarcie, typhus de l'abdomen, endocardite chronique, pneumonie, etc., dont j'avais dosé l’urée et l'azote total pendant trois jours avant l'expérience, de facon à obtenir des moyennes exactes. Après évacuation d'urine, ces malades furent soumis, pendant deux heures et demie, à des inhalations de 2,000 litres d'oxygène. Le dosage des urines obtenues pendant les premières vingt-quatre heures accusa une augmentation d'urée et d'azote total. Il en fut de même des jours suivants. Mes malades étaient soumis à un régime invariable et uni- 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE forme afin d'obtenir, dans la mesure du possible, des moyennes exactes. 1° Après l’inhalation de l'oxygène comprimé, on constate l’augmen- tation de l'azote et de l’urée éliminés; 2° L’azote total augmente, mais cette augmentation n’est pas pro- portionnelle à l'azote contenu dans la plus grandé quantité d’urée éliminée. On voit donc que pendant que le rapport entre TRUE et celui de l’urée augmente, la différence diminue. Durant les inhalations, la cyanose des muqueuses se changeait légèrement en couleur rosée sans phénomène d'irritation des voies res- piratoires. La différence des échanges intéressait surtout la première quantité d'urine éliminée à la suite des inhalations. Après 48 ou 12 heures, les conditions des échanges redevenaient ce qu'elles étaient antérieurement. On avait déjà observé que les ouvriers travaillant dans les cloches à plongeur diminuaient de poids s’ils n’augmentaient la quantité ordi- naire de leur nourriture, et, par suite, il était prouvé que l’activité de l'échange matériel est doublée par la respiration de l’air comprimé, c'est-à-dire par l'inhalation d’une plus grande quantité d'oxygène. Siminoff, Sandhal, Katskenowsky, Lange, Lewinstein, Vivenot étu- dièrent le poids des corps après la respiration de l’air comprimé, mais végligèrent l'action de l'oxygène et les expériences relatives à l'échange matériel. J'ai dit que j'avais examiné la toxicité des urines, avant, pendant et après les inhalations d'oxygène. Dans ce dernier cas, la toxicité est à ce point diminuée que 500 centimètres cubes d'urine injectés à un lapin n’ont pas amené la mort. En admettant la perméabilité de l’épithélium rénal que j'ai toujours reconnue chez mes malades, à l'exception de ceux atteints de néphrite chronique, les résultats obtenus établissent : 1° Après l’action de l'oxygène sur l’économie, dans laquelle il forme des combinaisons encore mal définies, l'azote passe à l’état plus avancé d’urée. Cet azotecombiné joue un rôle important dans la toxicité des urines. L’urée n’est pas toxique; cette observation confirme l'opinion émise par M. Devoto. Les urines chargées d’urée sont moins toxiques que celles qui en contiennent une moindre quantité. La toxicité est due à des substances incomplètement brûlées éliminées en quantité considé- rable pendant que l'élimination de l’urée diminue. Les résultats des observations sur l’alcalinité du sang n’ont pas moins d'importance. | Sur des malades atteints d'érysipèle, nègre 10°, de pneumonie, fièvre 40°,2, de broncho-pneumonie tuberculeuse avec des phénomènes destructifs à forme apyrétique, j'ai pratiqué une saignée de 30 centi- mètres cubes et centrifugé le sang de façon à obtenir un plasma fluide. L’alcalinité fut établie par une solution titrée égale à une solution de SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1071 a —————…—…—— —…—…—…—…—….—…—"— soude à 1/25. Quelques heures plus tard je répétai la saignée par la même blessure. En examinant de nouveau le plasma, j'ai constaté à LT de l’alcalinité du sang. En résumé : Les inhalations d'oxygène activent les échanges orga- niques et Sharvrers la toxicité des urines pendant qu'elles augmentent l’alcalinité du sang. Elles doivent être largement pratiquées en théra- peutique dans toutes les circonstances où la régularité des échanges peut être menacée. Une seule cause peut détourner de leurs voies phy- siologiques les processus de l'échange. Dans certains cas, les lésions des globules rouges font ressentir leur influence sur les processus biochi- miques; en d’autres cas, ces causes peuvent être attribuées à des ano- malies constitutionnelles du sérum du sang. Souvent aussi on doit les attribuer au manque d'activité des émonc- toires naturels. Les inhalations d'oxygène combattront donc avec succès les dérangements de l’économie en augmentant l’alcalinité du sang, en brûlant et détruisant des principes acides semblables etappar- tenant peut-être à la série des acides gras. ToxICITÉ DU FOIE. — SON DEGRÉ ET SES CARACTÈRES, par MM. Mamer et Vires (de Montpellier). Des recherches thérapeutiques entreprises par nous, dans notre ser- vice, nous ont conduit à étudier la toxicité du foie chez les animaux. C’est Le résultat de ces recherches que nous résumons dans la présente note, résultat qui, en certains points, est confirmatif des données actuellement admises depuis les travaux de Bouchard, de Roger, de Rouqués, de Foa et Pellacani, qui, en d'autres, s’en éloigne d'une manière assez sensible. MANUEL OPÉRATOIRE ET MODE DE PRÉPARATION de l'extrait de foie. — Nous avons pris comme sujet d'expérience le lapin et comme voie d'in- troduction le système veineux (veines auriculaires). Le manuel opératoire qui a été suivi ne diffère en rien de celui que nous avous adopté dans nos recherches sur la toxicité de l’urine normale et pathologique, et sur la toxicité du sang. L'appareil est le même; son débit est lent, régulier. Voici comment nous obtenons notre extrait : Un lapin est tué par section de la carotide. Le foie est immédiatement enlevé, haché menu, et mis à macérer dans deux fois son poids d’eau. Il est repris au bout de deux heures, soumis à la presse. Les liquides obtenus, réunis et filtrés après trois jours (minimum de décantation naturelle), donnent un extrait aqueux clair, rouge, que nous injectons sans le chauffer. D: 1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Toutes les manipulations sont faites dans la glacière et suivant les règles d'asepsie. Dans la présente note, nous étudions le degré de toxicité et les qualités toxiques de l’extrait aqueux de foie. Nos expériences sont au nombre de dix. DEGRÉ DE ToxiCiTÉ. — Ce degré varie entre 8 gr. 19, chiffre minimum, et 60 grammes par kilogramme du poids du corps, chiffre maximum (AO: AS Sr 19/07. 14% 20/25/67. 60/2195 0r:21Èr) À 60 grammes le lapin est tué immédiatement; aux doses inférieurés, la mort varie de vingt minutes à une heure après l'injection. QuaLirÉs TOXIQUES. — Myosis. — La pupille est constamment myo- tique, et même punctiforme pendant l'injection et post mortem. Exophtalmie. — Elle est constante el débute vers le 20° centimètre cube. Respiration. — Le rythme respiratoire devient de plus en plus lent et difficile. Circulation. —- Elle est irrégulière. Système nerveux. — Nous obtenons de la somnolence pendant nos expériences; et, tantôt à la fin de celles-ci, ou pendant leur seconde moitié, un affaiblissement progressif de l’animal atteignant l’anéantis- sement complet. Puis à l'anéantissement succède une période de procursion avec attaques partielles ou généralisées. Tube digestif. — Le ballonnement du ventre est considérable: les lapins semblent porteurs d’une besace bilatérale. Il y a généralement de la diarrhée et chez le chien de la diarrhée et des vomissements. Miction. — Elle est augmentée ou reste normale, quelquefois héma- turique. Température. — L'hypothermie précédée d'une hyperthermie passa- sère est la règle et varie de quelques dixièmes de degré à 5 degrés. Autopsie. — Le cœur droit et les gros vaisseaux de la grande et de Ja petite circulation contiennent des coagulations sanguines. Les poumons sont congestionnés avec des ecchymoses. Le foie est lie de vin, augmenté de volume. Les reins sont gros et congestionnés. Tout le tractus gastro-intestinal présente des lésions constantes et remarquables. Les intestins sont distendus, remplis de matières diar- rhéiques. Ils sont, comme l'estomac, richement irrigués par des vais- seaux remplis de sang. La vessie est vide ou remplie d'urine crémeuse. Les méninges de l’axe cérébro-spinal sont hyperémiées. ConcLzusIons. — Cette première série de recherches nous amène aux conclusions suivantes : L dé di nr LE ce Me Dee TS de à in GE a A ed A Ste nl din PSE > CET 07 ot : ii ee ee TS US NU DS ES NT PR ET RE SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1073 1° L’extrait aqueux de foie de lapin, injecté dans le système veineux du lapin, produit la mort. 2 Le degré de toxicité immédiate est environ de 60 grammes par kilogramme du poids du corps. Le lapin succombe généralement à des doses beaucoup moindres, peu de temps après l'injection. 3° Pendant la vie, les principaux symptômes observés sont les sui- vants : Exophtalmie, ralentissement de la respiration, perturbation du système cardiaque, diarrhée, hypothermie, somnolence, anéantis- sement et enfin procursion et attaques. 4° À l'autopsie, on constate : a) Des congestions du côté des différents organes et, en particulier, du côté du tube digestif; b) Des coagulations dans le cœur et les vaisseaux veineux. LA RÉACTION AGGLUTINANTE COMPARÉE CHEZ LES TYPHIQUES PENDANT L'INFECTION ET PENDANT L IMMUNITÉ, par MM. WipaL et SICARD. Nous avons montré que la réaction agglutinante ne s’observait pas seulement avec le sérum des animaux immunisés contre l'infection typhique, mais pouvait s'’observer avec le sérum des hommes atteints de fièvre typhoïde, dès les premiers jours de la maladie, qu’elle était donc déjà une réaction de la période d'infection. Cette proposition ne comporte pas de théorie, elle implique une simple constatation de fait. En 1889, MM. Charrin et Roger (1) ont les premiers constaté l’action agglomérante du sérum des immunisés. Ils ont nettement montré le développement en amas du bacille pyocyanique dans le sérum des animaux vaccinés contre l'infection due à ce microbe. En 1891, M. Metchnikoff reprit la question et fit des constatations analogues pour le Vibrio Metchnikovi et le pneumocoque. Jusqu'en 1895 on n'avait essayé in vitro que l’action des sérums purs des vaccinés. La voie élait bonne, mais le procédé pouvait présenter des incerti- tudes pour la pratique. Les sérums normaux humains employés à l’état pur agglutinent parfois les microbes ensemencés et inversement ces sérums normaux, comme ceux d’ailleurs de certains typhiques, sont tel- lement bactéricides, qu'employés à l’état pur ils ne permettent pas parfois le développement du bacille d'Eberth. M. Bordet (2) a montré qu'il suffisait pour parer à cette cause d'erreur de diluer les sérums dans une solution salée. Grüber et Durham, dans des travaux publiés depuis le 3 janvier 1896, puis Pfeiffer et Koll, ont montré tout le parti (1) Charrin et Roger. Soc. de Biologie, 1889, p. 667. (2) Bordet. Annales de l'Institut Pasteur, 1895, p. #1. 1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à tirer du sérum dilué des animaux immunisés pour la différenciatiom des microbes d'espèces voisines, et ont fixé les règles à suivre. Dans toute cette suite de travaux, il n’est jamais question que de la recherche d'une réaction d'immunité. L'idée que le sérum des typhoï-- diques au cours et même au début de la maladie, possède déjà des. propriétés spécifiques, celle par exemple d’agglutiner in vitro les bacilles. d'Eberth, est absolument personnelle à l’un de nous (1). L'étude comparative de la réaction agglutinante pendant l'infection et pendant l’immunité ne pouvait guère se faire avec les maladies. aiguës expérimentales. La fièvre typhoïde humaine, en raison de sa longue durée, de son cycle précis se prête mieux que toute autre: maladie à cette étude comparative. e La réaction agglutinante peut s’observer chez les typhiques, en. général, dès les premiers jours de l'infection; voilà un premier fait solidement établi. La réaction agglutinante s’atténue chez certains. sujets pendant les premières semaines de la convalescence, à une période- où l’immunité est la plus solide. Chez deux malades, nous avons même assisté complètement à la disparition du phénomène 18 jours et 24 jours après la défervescence. Nous avons trouvé nettement la réaction agglu- tinante pendant la période apyrétique séparant la première attaque de la rechute chez plusieurs malades qui n'étaient pas immunisés, puisqu'ils étaient à la veille d’une rechute. La réaction agglulinante manque le: plus souvent chez les anciens typhiques guéris de leur maladie depuis. plus d’un an, c’est-à-dire chez des individus immunisés, puisque la récidive pour eux est une exception. Chez 6 personnes seulement sur 22. guéries de la fièvre typhoïde, depuis un temps variant de un à vingt-six ans, nous avons trouvé la réaction agglutinante. Trois la présentaient très marquée à 1 goutte de sérum pour 10 de culture. L'une était guérie depuis 3 ans, l’autre depuis 7 ans, l’autre enfin depuis 9 ans de fièvres typhoïdes graves et prolongées. Chez trois personnes guéries. depuis 18 mois, 2 ans, et 3 ans dans deux cas, d’une fièvre typhoïde moyenne d'intensité et dans un cas d’une fièvre grave et prolongée, la réaction était très légère et appréciable seulement à 1 goutte pour 5. (1) Dans un travail récent où il rapporte 16 cas de fièvre typhoïde ayant donné la réaction du sérodiagnostic, R. Stern (Centralblatt für innere Medicin., . 1896, n° 49) dit à tort que Grüber, au dernier Congrès de Wiesbaden, avait prévu la possibilité de trouver la réaction agglutinante dans le sang des. hommes pendant et après l'infection. Max Grüber, au Congrès de Wiesbaden (Verhandlungen des Congresses für innere Medicin., 14° Congress, 8-11 avril 1896, . p. 214), ne s’occupant que du sérum des animaux immunisés, a conseillé simplement aux cliniciens de rechercher si l’action agglutinante existe dans le sang des anciens typhiques ou des anciens cholériques et, en ce cas,. d'étudier combien de temps elle peut persister après la fin de l’une ou l’autre maladie, SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1075 La propriété agglutinative est loin d’être nécessairement liée aux autres qualités acquises par un sérum, au cours de l'infection ou de limmunité. Ainsi, un séru” typhique qui agglutine le bacille d’'Eberth ne parait pas exercer sur lui d’action bactéricide. Nous avons con- servé pendant deux mois et demi à la température du laboratoire des sérums typhiques purs ensemencés avec des bacilles d'Eberth dont la culture avait d’abord été mise en train à l’étuve et dont les amas n'avaient pas perdu leur végétabilité après ce long séjour. Dans un même sérum, la propriété agglutinante peut être dissociée de la propriété atténuante. M. Nicolas a rapporté récemment des expé- riences montrant que des cultures de bacilles de Lüffler en bouillon, agglomérés après addition d’une petite quantité de sérum antidiphté- rique perdaient de leur virulence et subissaient en un mot l’atténuation en même temps que l’agglutination. Le fait ne saurait être généralisé. Les expériences de M. Mosny et de M. Issäef ont montré en effet qu’il n’en était pas de même pour le pneumocoque dont l’atténuation était au contraire retardée dans les sérums antipneumococciques qui l'agglu- tinaient. La réaction agglutinante, comme toutes les modifications subies par les humeurs, est probablement un procédé de protection pour l’orga- nisme. S'il en est ainsi, les faits exposés plus haut nous montrent qu'elle doit être une réaction de défense, surtout pendant la période d'infection. [642.145] DÉFAUT DE RÉTRACTILITÉ DU CAILLOT SANGUIN DANS QUELQUES CONDITIONS EXPÉRIMENTALES, par M. E. GzeEy. Dans une note présentée récemment à l'Académie des sciences, M. Hayem à signalé ce fait intéressant, à savoir que dans divers états pathologiques, le purpura hemorragica, 'anémie pernicieuse progressive protopathique, la cachexie paludéenne, etc., le caillot qui se forme, quand on recueille du sang hors des vaisseaux, ne se rétracte pas, et, par suite, n’abandonne point de sérum (1). Au cours de mes recherches sur l’action des injections intra-vei- neuses de peptone, j'ai eu l’occasion d’observer assez souvent et dans des conditions diverses le même phénomène : 1° Dans des cas où sur le chien l’action anticoagulante de la peptone s'est montrée faible et incomplèle ; le lendemain de l'injection, dans les tubes où il s’est formé un caillot, on constate que ce caillot reste adhé- (1) G. Hayem. Du caillot non rétractile : suppression de la formation du sérum sanguin dans quelques états pathologiques. (Comptes rendus de l'Acad. des sc., CXXII, p. 894 ; 23 novembre 1896.) 1076 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rent aux parois du tube, et n’a point donné de sérum. — D'autres fois, dans des cas analogues, le caillot qui s'était formé plus ou moins rapi- dement est trouvé dissous le lendemain ; il y a eu fibrinolyse complète. — Le sang du lapin, à la suite d’injections intra-veineuses de propeptone ne produisant pas l’incoagulabilité, peut se comporter de semblable façon ; je l’ai souvent remarqué. 2° Dans des cas où un lapin à reçu une injection intra-veineuse de sang de chien, le sang de ce lapin reste parfaitement coagulable: mais le lendemain on peut voir que le caillot des différentes prises ne s’est point rétracté et n’a pas laissé transsuder son sérum. 3° Dans le cas où, un chien ayant reçu dans une veine quelques centi- mètres cubes de toxine diphtérique et étant devenu très malade deux ou trois jours après, le sang de cet animal se coagule lentement et in- complètement; le lendemain du jour où on a fait les prises de sang, cependant, on peut constater que tous les échantillons sont coagulés, mais les caillots n’ont subi aucun retrait. — Ce dernier cas est tout à fait analogue à ceux qu'a signalés Hayem, concernant le défaut de rétraction du caillot dans divers états infectieux. Ainsi, dans toutes ces conditions, les propriétés de la fibrine parais- sent modifiées. M. Hayem a supposé (loc. cit.) que « le sang est adultéré par la présence de substances chimiques pouvant exercer une certaine influence sur les qualités de la fibrine ». Cette donnée n’est peut-être pas sans intérêt au point de vue du mécanisme de l’action anticoagu- lante même de la propeptone. En raison de l'apparition du phénomène dont il s'agit consécutivement à l'action très atténuée, et même parfois nulle en apparence, de la propeptone, et par conséquent néanmoins de son rapport très probable avec cette action, n’est-on pas porté à se de- mander si la substance, produite dans l'organisme sous l'influence de la propeptone, n'aurait pas simplement pour effet d'empêcher la forma- tion du coagulum ? Suivant qu’elle se trouverait dans le sang en plus ou moins grande quantité, cette substance entraverait plus où moins com- plètement la formation du précipité qui résulte normalement de lPac- tion de la plasmase sur le fibrinogène, ou elle diminuerait seulement les qualités de ce précipité. C’est à une hypothèse analogue que j'ai déjà été conduit par mes expériences relatives à l’action de la peptone sur le phénomène de la coagulation du lait par la présure (1). (1) E. Gley. Action de la peptone sur la coagulation du lait par la présure. Comparaison avec l’action anticoagulante de la peptone sur le sang. (Bull. du Muséum d’hist. natur., 1896, n° 6, p. 275.) SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1077 [612.357] SUR LA RÉSORPTION PAR LES VOIES BILIAIRES, par MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE. Heidenhain a montré que, si on fait pénétrer sous une certaine pres- sion du sulfo-indigotate de soude dans les voies biliaires, il se produit, par un mécanisme semblable à celui de l'ictère, une coloration bleue des téguments en même temps que la matière colorante apparaît dans l'urine. Après avoir constaté que les vaisseaux prennent une part active à la résorption des pigments biliaires (1), nous avons pensé qu'il y avait quelque intérêt à rechercher s’il en était de même pour le pigment bleu. L'expérience est faite sur un chien modérément morphiné et main- tenu de plus sous l’action du chloroforme. On met en communication une solution d'indigo avec le canal cholédoque sous une pression de 30 centimètres : on recueille l’urine de l’un des uretères et la lymphe du canal thoracique. On constate que l'urine se colore en bleu 40 à 15 minutes environ avant que la lymphe ait changé de teinte. Le pig- ment a donc passé dans le sang et a élé éliminé par le rein à un moment où la lymphe n’en renfermait pas encore de trace appréciable. Lorsque la résorption de la matière colorante est très active (et la vitesse avec laquelle elle s'opère varie notablement chez les différents animaux pour une même pression), son apparition dans la lymphe peut suivre d'assez près son apparition dans l'urine, mais dans tous les cas le premier de ces deux liquides en est toujours beaucoup pluschargé quele second. Pour bien s’en assurer il est bon de mettre fin à la résorption au moment où l'urine commence à se colorer en bleu. Chez des animaux chez lesquels il n’a encore passé, à ce moment, qu'une faible quantité d'indigo dans les voies biliaires, il devient parfois difficile et même impossible de saisir un changement de teinte dans la lymphe à un instant quelconque, tandis que l'urine est, pendant toute la durée de l'expérience, d’un beau bleu. Le rôle principal dans la résorption du sulfo-indigotate de soude revient donc incontestablement aux vaisseaux sanguins (2). On remarquera que, dans les expériences précédentes, l’indigo péné- trait dans le canal cholédoque sous une pression de 30 centimètres. Nous nous permettrons de noter ici que dans celles où nous nous occupions de la résorption de la bile, la pression variait entre 95 et 35 centimètres. M. Lépine (3) a, en effet, rappelé à propos de notre communication que, dans des recherches faites avec M. Aubert, il avait déjà observé la (4) Soc. de Biol., 21 novembre 1896. (2) Comparer Tobias : Sur l'absorption par les voies biliaires. Arch. de Biologie, 1895, p. 285. (3) Soc. de Biol., 5 décembre 1896. 1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE résorption directe des acides biliaires par les vaisseaux sanguins. Nous n'avions pas connaissance de ce travail. Nous ne pourrions que nous féliciter de ce que nos expériences se soient trouvées d’accord avec celles de MM. Lépine et Aubert, si les conditions expérimentales étaient les mêmes de part et d'autre. Mais M. Lépine a bien fait ressortir dans ses deux notes qu'il avait soumis le contenu des voies biliaires à une forte pression (2 mètres d’eau). Nous n'avons pas indiqué suffisam- ment, dans la nôtre, que nous n’avions pas dépassé les limites physio- logiques. Si nous avons adopté, en effet, comme chiffre habituel 25 à 30, plus souvent 35 centimètres de pression, c’est en nous basant sur une observation d'Afanasiew (citée par Landois), d’après laquelle la pres- sion de la bile atteint un maximum de 27 centimètres, en cas d’oblité- ration du canal cholédoque. CIRRHOSE ALCOOLIQUE HYPERTROPHIQUE PIGMENTAIRE, par MM. A. GILBERT et À. GRENET. Dans la cirrhose alcoolique hypertrophique, outre les lésions inters- titielles fondamentales, on peut noter l’infiltration pigmentaire du tissu scléreux et des éléments parenchymateux. Une observation inédite recueillie il y à six ans par l’un de nous, l'observation récemment publiée par M. Letulle, en témoignent, ainsi que l’observation suivante : Le nommé G..., cocher, âgé de quarante-neuf ans, est entré le 10 mars 1896 à l'hôpital Broussais. Il a eu il y a deux ans une pneumonie suivie de pleu- résie et a été atteint, à trois reprises différentes, depuis l'âge de vingt ans, d’érysipèle de la face. Depuis l’âge de dix-sept ans qu'il exerce la profession de charretier, le malade a commencé à boire : il prend 2 litres de vin au moins par jour, deux verres d’eau-de-vie le matin à jeun, un verre d’eau-de- vie à midi dans le café, jamais d’absinthe. A la fin de septembre dernier, se sentant fatigué, il est entré à l'hôpital Cochin où l'on porta le diagnostic de cirrhose du foie. Le malade sort de l’hôpital à la fin de janvier 1896 et rentre à l'hôpital Broussais au mois de mars, parce que la région du cou-de-pied des deux côtés est enflée et dou- loureuse. C’est un homme robuste au facies rouge violacé, présentant des veinosités. sur les pommettes et une teinte jaunätre des conjonctives avec coloration terreuse de la peau. Sur les cuisses et les jambes on voit des taches purpu- riques. Epistaxis fréquentes depuis huit ans, ni hématémèse ni mélæna. L'abdomen est augmenté de volume: léger épanchement ascitique; circula- tion veineuse faiblement développée dans les hypochondres droit et gauche. Le foie dépasse manifestement le rebord des fausses côtes, son bord n'est. pas tranchant, mais un peu irrégulier, La palpation de cet organe n'est pas douloureuse. La matité sur la ligne mammaire est de 15 centimètres, elle est de 12 centimètres 1/2 sur la ligne médio-sternale. | La rate est hypertrophiée, sa matité se perçoit sur une ligne verticale de 11 centimètres. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1079 Les selles sont normales comme couleur et comme fréquence. Diminution de l’appétit depuis deux ans, dégoût pour les graisses ; pituites matinales. Rien au cœur, artères radiales un peu dures, mais non sinueuses. Les urines atteignent 1 litre 1/2 dans les vingt-quatre heures, et ne con- tiennent ni albumine, ni sucre. On y constate la présence de pigment rouge brun et d’urobiline. L'épreuve de la glycosurie alimentaire, faite le 12 mars, a donné les résultats suivants : à sept heures administration de 200 grammes de sirop de sucre, à huit heures les urines réduisent la liqueur de Fehling, il en est de même à 9 heures, à 10 heures, à 11 heures. La réduction ne se produit plus à midi. En présence des signes physiques et des symptômes fonctionnels que pré- sente le malade le diagnostic de cirrhose hypertrophique alcoolique est porté. A partir du 17 mars le ventre augmenta de volume, de nouvelles taches purpuriques se montrèrent sur les jambes. Le dosage de l’urée fait le 6 avril indique 15 gr. 50 dans les 24 heures. L'albuminurie est constatée pour la première fois à cette époque. Pas de sucre. A partir du 18 avril, le malade tombe dans un état semi-comateux : des taches de purpura se manifestent sur les membres supérieurs : la langue est lardacée, les pupilles en état de dilatation moyenne. L’œdème des membres inférieurs s’accentue. Apparition d’une escarre au niveau du trochanter droit. On entend à la base des deux poumons des frottements pleuraux. La tempé- rature oscille entre 35 et 37 degrés. Le dosage de l’urée pratiqué le 18 avril indique 9 grammes dans les 24 heures. Par la ponction abdominale, on retire le 25 avril 12 litres de liquide séreux. La palpation fait constater que le foie est toujours gros (14 centimètres de hauteur de matité sur la ligne mammaire droite, 12 centimètres sur la ligne médio-sternale). Le malade va s’affaiblissant de plus en plus : l’état comateux s’accentue, les pupilles sont rétrécies, les extrémités refroidies, la mort survient le 3 mai. Autopsie pratiquée le k mai. A l'ouverture de la cavité abdominale, issue d’une assez grande quantité de liquide séreux. Foie caché sous d’épaisses adhérences pleurales unissant sa face supérieure au diaphragme. Il est très notablement augmenté de volume et pèse 2,900 grammes, sa sur- face n’est que faiblement granuleuse : elle est plus granuleuse au niveau du lobe gauche qu'au niveau du lobe droit. Le lobe gauche est d’ailleurs compa- rativement plus hypertrophié que le lobe droit. La forme du foie est du reste modifiée : l'organe paraît être partagé en deux parties égales par l'insertion du ligament suspenseur du foie ; le lobe droit a conservé à peu près sa forme habituelle, le lobe gauche ne se termine pas en s’effilant et en s’aplatissant comme à l’état normal; ses dimensions antéro-postérieures sont augmentées, son bord antérieur est fortement con- vexe, son extrémité est arrondie et mousse. Le bord antérieur du foie est très mousse, la consistance de l'organe est faible, sa couleur est jaune roux. 1080 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A la coupe, on voit des anneaux fibreux partageant le parenchyme de l’or- gane en uue série d'ilots de coloration variable, jaune, jaune-rouge, un cer- tain nombre de ces îlots présentent par place une teinte verdâtre. Cette disposition est surtout évidente au niveau du lobe gauche ; au niveau du lobe droit, elleest beaucoup moins générale, et sur un certain nombre de points, le tissu fibreux forme non des anneaux, mais des ilots. La capsule de Glisson est très adhérente au tissu du foie dont on peut la détacher. La teinture d’iode ne donne pas la réaction amyloïde. La vésicule biliaire renferme une bile abondante verte. Les gros vaisseaux du foie au niveau du hile ne présentent rien d’anormal. Rate grosse, 760 grammes; une petite rate supplémentaire; plaques de périsplénite. Reins. — Poids total, 470 grammes; ils sont congestionnés, d'une teinte lilas el se décortiquent facilement. Symphyse pleurale droite. Cœur normal. Aorte remarquablement saine. Intestin normal, teinte bleu verdâtre due à la putréfaction. Cerveau normal. Examen histologique. Foie. — Lobe gauche, coupes n° 1. — Cirrhose multilobulaire et en quelques points monolobulaire ; les travées fibreuses partent des espaces portes et enserrent un ou plusieurs lobules hépatiques. Au centre du territoire hépa- tique ainsi limité par le tissu conjonctif, on voit la veine sus-hépatique parais- sant un peu plus large qu'à l’état normal; autour de cette veine existe un très léger anneau de tissu conjonctif. Les travées hépatiques sont plus minces qu’à l'état normal et séparées les unes des autres par des intervalles plus grands. On voit, cheminant au milieu du tissu conjonctif péri-portal, de nombreux néo-canalicules biliaires; on y trouve également de gros grains de pigment situés au milieu du tissu cirrhotique ; ces amas de pigment siègent surtout au voisinage de la veine porte; certains se trouvent dans l’épaisseur des parois veineuses; ils existent aussi autour des veines sus-hépatiques ; quelques amas se voient en plein parenchyme; on n'en trouve pas dans l'intérieur des vaisseaux artériels ou veineux. La veine porte à ses parois épaissies et autour d’elle s’est produite une proliféralion embryonnaire considérable. Quelques artères seulement sont atteintes de périartérite. Les cellules hépatiques situées près des veines centrales se colorent bien, mais près des espaces portes les cellules ont un protoplasma se colorant beaucoup moins bien : quelques-unes, extrêmement rares, sont atteintes de dégénérescence graisseuse. Lobe gauche, coupes n° 2. — Même aspect général. La cirrhose sus-hépatique est moins accentuée que sur les coupes n° 1. Dans certains îlots, les noyaux ont cessé complètement de se colorer. Lobe droit, coupes n° 1 et2. — Les travées conjonctives sont plus fines, le tissu est moins serré que dans les coupes du lobe gauche. Le pigment paraît un peu plus abondant que dans les coupes du lobe gauche. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE , 4081 Le pigment a présenté les réactions chimiques du fer : sous l'influence du sulfhydrate d'ammoniaque les amas pigmentaires sont devenus noirs après avoir passé par des teintes verdâtres. Sous l’action du ferrocyanure de potas- sium et de l’HCI ils prennent une coloration bleu de Prusse. Il s'agissait donc du pigment ferrugineux. j Reins. — Les reins sont congestionnés mais ne contiennent pas de pigment. ACTION DES EXTRAITS HÉPATIQUES SUR LA GLYCOSURIE OCCASIONNÉE PAR L'INJECTION INTRA-VEINEUSE DE GLYCOSE, par MM. A. GILBERT et P. CARNOT. Chez le lapin, nous avons provoqué la glycémie et la glycosurie par l'injection intra-veineuse d'une solution de glycose. Nos expériences, faites avec des glycoses de différentes provenances, ont toujours été poursuivies à la fois chez deux animaux de même poids soumis au même régime. Un de ces lapins servait de témoin, l’autre recevait, par voie intra-veineuse également, une quantité variable d'extrait aqueux de foie. Les urines de ces deux lapins étaient recueillies pendant vingt-quatre heures et la quantité tolale de glycose mesurée au polarimètre. On s'assurait qu'après ce temps aucune quantité de sucre n'était éliminée. Voici les résultats obtenus : Exp. [. — Lapin A, pesant 2 kil. 550. Le 3 décembre, il reçoit dans la veine de l'oreille une injection de : 1° 18 centimètres cubes d'extrait aqueux de foie; 2° 36 centimètres cubes d'une solution de glycose à 25/100. Un lapin B, pesant 2 kil. 540, sert de témoin et reçoit une même dose de la même solution de glycose. En 24 h., le lapin A élimine 71 c. c. d'urine et 0 gr. 854 de glycose. Le lapin témoin B élimine 149 c. c. d'urine et 1 gr. 95 de glycose. Exp. Il. — Le 10 décembre, les deux mêmes lapins sont soumis à la même expérience, mais dans un ordre inverse: le lapin A, qui avait reçu de l'extrait hépatique le 3 décembre, sert de témoin et recoit 36 centimètres cubes d’une solution de glycose à 25/100 (glycose d'une provenance différente). Le lapin B, qui avait servi de témoin, reçoit la même quantité de la même solution : il recoit en outre 18 cent. cubes d'extrait hépatique. En 24 h.,le lapin B élimine 180 c. c. d'urine et 3 gr. 29 de glycose. Le lapin À témoin élimine 200 c. c! d'urine et 3 gr. 42 de glycose. La différence est de même sens, mais faible, soit à cause de la per- sistance d'action de l'extrait hépatique sur l’animal témoin, soit en rai- son de l'addition, à intervalles trop rapprochés, des deux solutions de glycose. A A 0 | 7 ‘AA e È Te de 1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exr. III. — Le 15 décembre, on prend deux lapins neufs : Un lapin CG pesant 2 kil. 140 recoit 10 centimètres cubes d'extrait hépatique, puis 36 centimètres cubes d’une solution de glycose à 25/100, Un lapin D, pesant 2 kil. 180, sert de témoin et reçoit 36 centimètres cubes de la même solution de glycose. Dans les 24 h. le lapin C élimine 93 c. c. d'urine et 0 gr. 92 de glycose. Le lapin témoin D élimine 405 c. c. d'urine et 2 gr. 56 de glycose. Exp. IV. — Au lieu de croiser les conditions d'expériences comme dans les expériences 1 et 2, nous les additionnons. Le 17 décembre, le lapin C reçoit encore 12 centimètres cubes d’extrait hépatique et 12 centimètres cubes de la même solution de glycose. Le lapin D sert encore de témoin et recoit 12 centimètres cubes ne la solution de glycose. En 24 D. le lapin C élimine 155 c. c. d'urine et 0 gr. 37 de glycose. En 24 h. le lapin D élimine 150 c. c. d'urine et 1 gr. 46 de glycose. Le lapin témoin élimine plus du quadruple de l’autre, traité deux fois par l'extrait hépatique. Si nous comparons les chiffres, nous voyons que dans les expériences I et IV faites sur des lapins neufs, le lapin traité par l'extrait hépatique élimine une quantité de glycose inférieure à la moitié de celle éliminée par le témoin. Dans l’expérience II, la différence est minime, chaque lapin ayant à son tour recu de l'extrait hépatique. Dans l'expérience IV, le lapin qui, deux fois, a recu l’extrait hépatique, n'élimine pas le quart du glycose éliminé par l'animal deux fois témoin. Ces conclusions cadrent très bien, d’une part, avec les chiffres que nousavonsrapportés pour la glycosurie alimentaire chez l’homme; d’autre part, avec l’action que nous avons notée chez quelques diabétiques trai- tés par l’opothérapie hépatique. Entre les hypothèses qui pourraient être invoquées pour expliquer les faits que nous avons observés, nous nous rallions à celle qui suppose une action excitatrice exercée sur la fonction glycogénique du foie par les sucs organiques employés. Nous fondons notre manière de voir sur des expériences actuellement en cours et aussi sur cette constatation que l’opothérapie hépatique paraît amener une excitation des diverses fonctions du foie, et en particulier produit une élévation du taux de l’urée urinaire. Ajoutons encore que des recherches poursuivies par MM. Gilbert et Grenet semblent d'ores et déjà établir que le bicarbonate de soude et l’eau de Vichy, l’antipyrine et d’autres substances sont capables, à la facon des extraits de foie, de provoquer une hyperglycogénie plus ou moins marquée dont la réalité se traduit par une diminution ou une suppression de la glycosurie alimentaire. 2104 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1083 EE [612.822] PÉRIODE RÉFRACTAIRE DANS LES CENTRES NERVEUX, par MM. ANDRÉ BrocA et CHARLES RIcuer. I. — En analysant les phénomènes produits par l'excitation électrique des régions motrices de l’encéphale, nous avons été amenés à opérer sur plusieurs chiens choréiques, et nous avons pu, sur ces chiens, dé- montrer l'existence d'une phase réfractaire tout à fait analogue à celle que M. Marey a décrite pour le cœur de la grenouille, à cela près qu'elle est beaucoup plus prolongée. Dans ces expériences, l'excitation de l’encéphale était produite en des points absolument fixes, afin d’avoir des résultats comparables. Ceci est réalisé au moyen de boutons d'ivoire filetés, que nous vissons en deux points du cràne préalablement forés avec un petit trépan, et filetés avec un taraud. Ces boutons sont eux-mêmes traversés par un trou central où s'engage une aiguille d'ivoire de 1"%,5 de diamètre, percée en son centre d’un trou qui contient un fil métallique. Celui-ci n’affleure qu'à l'extrémité ; on peut donc, en fixant l'aiguille d'ivoire avec une vis de pression, exciter un point de l’encéphale déterminé et invariable. Dans nos expériences, ces électrodes étaient placées en deux points du gyrus sigmoïde, à quelques millimètres au-dessous de l’écorce. Soit une période choréique de une seconde, c’est-à-dire un intervalle de une seconde entre deux contractions choréiques successives; cet intervalle peut être divisé, au point de vue de l’excitabilité des centres nerveux qui commandent le mouvement musculaire, en deux périodes égales. La première, de une demi-seconde, est la période réfractaire proprement dite, c'est-à-dire que, pendant cette demi-seconde, les exci- tations électriques du cerveau sont absolument inefficaces. La seconde période se divise elle-même en deux parties : la première, de 0”25 environ, est caractérisée par une excitabilité croissante de zéro à sa valeur normale. Nous l’appellerons la période de restilution. Quand tombe pendant cette période une excitation cérébrale électrique, la réponse n'est pas nulle, mais la contraction ainsi provoquée est plus faible qu’à l’état normal. Elle ne produit cependant aucun changement manifeste dans la grandeur de la contraction choréique consécutive. Tout au plus celle-ci est-elle légèrement retardée. La deuxième partie de la seconde période, de 0”25 aussi environ, est caractérisée par ce fait que la secousse est plus forte, comme si elle élait due à la fusion de la secousse choréique et de la secousse électri- que. Dans ces condilions, par conséquent, le rythme choréique est resserré, en même temps que la secousse est augmentée. Sur trois chiens choréiques, deux ont présenté très exactement les périodes que nous venons de décrire. Un troisième chien, atteint d’une chorée arythmique, a présenté aussi cette période réfractaire, mais B:ozocre, ComPres RENDuSs, — 10 SémE, T, HI. 83 1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ©2000 beaucoup plus courte et par conséquent moins nette, quoique indiscu- table encore. La période réfractaire du cœur ne s'observe qu'avec des excitations relativement faibles. Au contraire, la période réfractaire nerveuse nous a paru aussi manifeste avec l’induit maximum et quatre volts en cir- cuit primaire, qu'avec une excitation faible. IT. — Ces faits permeltaient de prévoir que le rythme choréique se- rait modifié par le rythme électrique. L'expérience nous a montré qu'il en élait ainsi. Nous venons de voir que l'excitation électrique tombant 075 après la secousse choréique provoque une secousse musculaire qui se confond avec la secousse choréique suivante. Or ce qui est vrai pour une seule secousse est vrai pour toute une série, et alors, avec une série rythmée à 075 par exemple, le rythme des réponses se confondra avec le rythme électrique. b € d e Î J h 6 ’ à Période réfractaire dans la chorée. | cl (CE Ke Clôture. Rupture. Vitesse — 02,02 par seconde. Les contractions choréiques simples (a, b, €, d, h, i) ont une période moyeune de 1”. Les excilations « et 6 tombent dans la période réfractaire absolue, y, dans la période de restitution; c'est-à-dire 0765 après la secousse choréique. Il y a alors une secousse e, qui est faible. L'excitation à provoque une secousse forte et rapprochée de la précédente, par suite de la fusion. Il n’y à réponse qu à la rupture. IT. — On peut pousser plus loin l'analyse, en augmentant encore la fréquence des excitations électriques. Dans ce cas, la période réfrac- taire se manifeste par l'absence de réponse à certaines excitations. Ainsi, pour prendre un exemple entre les nombreux graphiques que nous avons recueillis, l'excitation étant rythmée à 4 par seconde, les secousses prennent alors un rythme de 2 par seconde. Il y a donc une excitation sur deux qui est inefficace, ce qui démontre rigoureusement l'existence d'une période réfractaire. Il est inutile d'ajouter que sur les chiens normaux, non choréiques, avec un rythme électrique de 4 par SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE ; 1085 seconde, on obtient un rythme de réponse absolument correspondant à toutes les excitations électriques. Ainsi, de ces expériences, il résulte ceci, qu'il existe chez le chien choréique une période réfractaire très caractérisée et très longue, beau- coup plus caractérisée et beaucoup plus longue que celle du cœur. La cause de cette période réfractaire réside dans les centres nerveux, car elle ne se montre jamais quand on excite directement le muscle. Nous avons vu, chez les chiens normaux, des phénomènes du même erdre ; nous nous réservons d’y revenir prochainement. LÉSIONS DE LA MOELLE CONSÉCUTIVES AUX EMBOLIES EXPÉRIMENTALES ASEPTIQUES, par M. HENRI Lamy. En poursuivant mes expériences sur les embolies capillaires expéri- mentales de la moelle, j'ai obtenu des lésions en foyer dans les faisceaux de la substance blanche. Ces lésions peuvent être considérées en toute certitude comme des foyers de nécrose, car elles sont aseptiques et l'on retrouve sur les coupes de la moelle à leur niveau le corps du délit, c'est-à-dire les granulations embolisées dans l’artériole nourricière cor- respondante. Ces foyers de nécrose se présentent sur des coupes transversales sous forme de territoires plus ou moins réguliers, mais assez généralement oblongs et orientés dans le sens des tractus conjonctivo-vasculaires. Les fibres nerveuses dégénèrent très rapidement du fait de l’anémie et, au bout de quatre à six jours, le ramollissement est complet. Le maximum des lésions nécrobiotiques m'a toujours paru siéger, dans les conditions expérimentales où je me suis placé, au contact de la subs- tance grise. Lorsque les artérioles embolisées sont très nombreuses à un niveau donné, les foyers en question cessent d’être distincts, et se confondent en une large zone de dégénérescence qui entoure la substance grise centrale plus ou moins complètement. il n’est pas sans intérêt de comparer la lésion, en pareil cas, à la dégé- nérescence des faisceaux qui se produit à la suite de la ligature tem- poraire de l'aorte abdominale dans la région inférieure de la moelle. On peut voir, d’après les deux figures schématiques que je vous pré- sente, que la topographie des faisceaux dégénérés est analogue dans les deux cas; sauf que, dans le second, les cordons postérieurs et une partie des cordons antéro-latéraux répondant à peu près aux faisceaux pyramidaux et cérébelleux directs sont respectés, tandis qu'aucune région des cordons médullaires n'est à l'abri des lésions d'origine embolique. 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —. Depuis les premières recherches d’Ehrlich et Brieger, on admel que la ligature temporaire de l'aorte produit la nécrose de la substance: grise et que les fibres blanches sont atteintes de dégénérescence secon— daire par suite de la destruction de leurs centres trophiques. L’intégrité des fibres respectées s’expliquerait par la situation de leurs centres trophiques, en dehors de la moelle pour les cordons postérieurs, au-- dessus des régions intéressées par l’anémie, pour les faisceaux pyra- midal et cérébelleux direct. On peut se demander si cette interprétation est conforme à la réalité: et si l’'anémie ne produit pas tout simplement la nécrose directe des cordons nerveux, comme cela a lieu avec les embolies capillaires. L’ana- logie des lésions produites dans les deux cas est un premier argument à l'appui. D'autre part, à la suite de la ligature temporaire de l’aorte, la dégénérescence marche beaucoup plus vite que cela n’a lieu d’ordi- naire dans les dégénérescences secondaires : au bout de quatre jours, la destruction des fibres est ici complète (Spronck), tandis que dans le cas de section complète de la moelle, la dégénérescence secondaire débute à peine au bout du même temps. Cette évolution rapide plaide encore dans le même sens. Enfin la topographie singulière de la lésion à la suite de la ligature aortique ne pourrait-elle pas s'expliquer par la distribution vasculaire de la moelle. Il est à remarquer que, dans ces conditions, c'est la région postéro-latérale qui demeure intacte: d'une facon constante. Or celle-ci est pourvue de quatre artères large-- ment anastomosées qui cheminent en avant et en arrière des racines. postérieures de chaque côté, tandis qu'une seule artère est destinée à la substance grise et à la région antérieure. Il est donc vraisemblable que l’ischémie résultant de la suspension du cours du sang dans l'aorte: sera plus complète dans le second territoire que dans le premier. (612.216.3] SUR LA RÉGULATION DE LA PRESSION INTRA-BRONCHIQUE ET DE LA NARCOSE. DANS LA RESPIRATION ARTIFICIELLE PAR INSUFFLATION, par MM. Turrier et HALLION. (Travail du laboratoire de M. François-Franck.) À la suite de notre communication relative à la technique des opéra- tions intra-thoraciques, MM. Quénu et Longuet ont à leur tour indiqué à la Société quelques recherches expérimentales qu'ils avaient entreprises. Désireux de pratiquer l'ouverture de la [cage thoracique sans être sênés par la pénétration de l'air dans la cavité/pleurale, et désespérant, après de nombreux essais, d'obtenir un résultat par la voie des adhé-. P P rences pleurales provoquées au préalable, ils ont songé, à éviter le pneumothorax en maintenant une différence de pression entre l’air- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1087 “intra-alvéolaire et l’air ambiant. Ils indiquent les procédés qui leur paraissent théoriquement applicables pour obtenir ce résultat, et arré- tent leur préférence à celui-ci : on fait respirer à l'animal un milieu d'air comprimé, en emprisonnant la partie supérieure du corps dans un appareil analogue à celui des scaphandriers. Ce procédé, « très provisoire et très primitif » encore, ne nous parait pas appelé à devenir très pratique. Assurer commodément et sûrement l'herméticité d’un appareil de ce genre ne sera pas chose facile. Au sur- plus, on ne pourrait guère l'utiliser que pour des opérations de très courte durée; autrement il faudrait lui adjoindre (complication notable) un réservoir d'air où la pression pourrait être réglée et maintenue constante, et dont la capacité serait assez grande pour rendre négli- -geable la raréfaction progressive de l'oxygène. De plus, en mettant simplement à l’intérieur de l'appareil une éponge imbibée de chloro- -forme, on s'interdit de régler l’anesthésie suivant les éventualités, et c’est là, semble-t-il, un inconvénient grave. Le procédé que nous préconisons est à l'abri de ces objections; nous -nous proposons de montrer aujourd’hui comment il permet de faire “varier à volonté le volume du poumon, et de régler la narcose. Le plus souvent, dans les opérations intra-thoraciques, il est avanta- -geux de se donner du jour et de l’espace dans la cavité pleurale; il im- porte alors que le poumon, loin de remplir toute cette cavité, occupe le plus petit volume possible, dans la mesure compatible avec l'intégrité de l'hématose. En pareil cas, on laisse l'expiration se produire à l’air libre : à la fin de l'acte expiratoire, la pression intra-bronchique est égale à la pression atmosphérique; survient alors l’insufflation ou ins- piration artificielle, le clapet de la canule de François-Franck obture l'orifice de communication avec l'atmosphère ambiante, et la pression intra-bronchique s'élève jusqu’à la fin de l’insufflation, d'une quantité -qui est en raison directe du volume d'air insufflé. Dans ces conditions, la pression intra-bronchique moyenne, et partant le volume moyen du poumon, sont faibles. Réglons maintenant le rythme respiratoire, de telle sorte que l’insuf- flation survienne avant que la phase expiratoire soit complètement achevée : le poumon n’a pas encore évacué complètement l’air que lui a fourni l'insufflation précédente, lorsqu'il reçoit le contingent que lui apporte l'insufflation nouvelle. Son volume, ainsi que la pression intra- bronchique, augmenteront à chaque insufflation jusqu'à ce que la résistance croissante, due à l’élasticité pulmonaire, ait établi un certain équilibre. Un autre procédé qui rappelle comme dispositif les soupapes à eau utilisées par M. Gréhant, permet de régler et de modifier le volume du poumon, quel que soit le rythme de la respiration artificielle : au lieu -de laisser l’orifice extérieur de la canule de François-Franck ouvert à 1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'air libre, on le relie, au moyen d'un tuyau de caoutchouc, à un tube de verre qui plonge verticalement dans l’eau. Soit le cas où le tube est immergé de 10 centimètres : pour s'échapper du poumon, pendant l'expiration, l'air intra-bronchique doit vaincre une résistance : il ces- sera de s'échapper dès que sa tension sera inférieure ou au plus égale à 10 centimètres d’eau. Dès lors, à la fin de l'expiration la plus complète possible, la pression intra-bronchique reste égale à cette valeur; le volume minimum du poumon est celui qui répond à une pression inté- rieure de 10 centimètres d’eau, et les oscillations de ce volume, dont l'amplitude est d'ailleurs subordonnée au volume d'air apporté par l'insufflation, s'opéreront au-dessus de ce minimum. On fait varier à son gré l'immersion du tube d'échappement de l'air; on règle donc à volonté les limites et la valeur moyenne de la tension intra-bronchique et du volume du poumon. D'un autre côté, notre procédé permet de graduer la narcose, et de doser même la quantité de vapeurs anesthésiantes qui pénètre dans le poumon, soit qu'on injecte, au fur et à mesure des besoins, le liquide anesthésiant dans le tube adducteur de l’air, soit qu’on adopte le dispo- sitif suivant, dont nous avons eu à nous louer. Le tube adducteur de l'air est dédoublé, sur une partie de son trajet, en deux tubes distincts. L'un de ces tubes de dédoublement traverse un flacon à fond large, contenant du chloroforme ou de l’éther : l’air insufflé agite la surface du liquide, sans toutefois y barboter, et se charge fortement de vapeurs anesthésiantes. Si les deux voies résultant de la bifurcation du tube adducteur sont également ouvertes, le sujet respire des proportions sen- siblement égales d'air pur et d'air narcotisant ; on peut, par un simple jeu de pinces à vis ou de robinets, modifier la perméabilité respective des deux voies, et par suite la quantité de narcotique inhalée. Comme il est d'ailleurs facile d’évaluer le contenu du flacon aux divers moments, le procédé que nous préconisons réalise les meilleures condi- tions possibles pour régler l'anesthésie suivant les besoins. SUR LA COMBINAISON OPTIQUE DÉ M. (GAVINO ET SON ADAPTATION A TOUS LES MICROSCOPES, par MM. le D' TrouEssART et DuPLouUIcH. Dans la séance du 9 décembre 1893 (Bulletin, p. 989), M. le D° A. Gavino a présenté à la Société de Biologie un nouveau procédé pour obtenir de forts grossissements, Lout en se servant d'objectifs et surtout d’oculaires d’une force moyenne. On obtient ce résultat en interposant une lentille plano-concave entre l’oculaire et l’objectif. M. Gavino s'étant contenté de formuler le principe de sa combinaison optique sans indiquer le moyen pratique de l’adapter à tous les micros- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1089. copes, les personnes qui ont voulu s'en servir se sont heurtées à certaines difficultés qui, dans la plupart des cas, les ont fait y renoncer. Le résultat obtenu ne valait pas la peine que l'on s'était donné. - Nous avons cherché à aplanir ces difficultés, et voici la disposition à laquelle nous nous sommes arrêtés : on peut l’adapter à tous les micros- copes. La lentille plano-concave, fortement diaphragmée (aux 2/5 de son diamètre) comme l'indique M. Gavino et munie d’une monture appro- priée, est fixée à l’extrémilé supérieure d’un tube qui glisse à frottement dur dans un second tube de même diamètre que l'oculaire et vissé à l'extrémité de celui-ci. Comme l'indique la théorie, la lentille interposée doit avoir sa face plane tournée vers l’oculaire. Les deux tubes, de longueur sensiblement égale, ont environ 3 centi- mètres de long. En faisant glisser le tube intérieur dans le tube extérieur, on peut rapprocher ou éloigner la lentille plano-concave de l’oculaire et la placer à la distance voulue pour obtenir une image nette, quel que soit l’oculaire ou l'objectif dont on se sert. Pour plus de précision, le tube intérieur porte une échelle graduée en millimètres, et qui sert à régler le tirage chaque fois que l’on change d'objectif ou d’oculaire. Pour adapter ce petit appareil à tous les microscopes, il suffit de faire ajouter à l'extrémité des oculaires dont on désire se servir avec la nouvelle combinaison, un pas de vis qui s'adapte au tube accessoire. Celui-ci s'ajoute ou s’enlève avec la plus grande facilité, et ce change- ment, ainsi que la mise au point, peut se faire en quelques secondes. Si l’on a pris soin de noter par écrit, et une fois pour toutes, les degrés de l'échelle graduée qui correspondent à la mise au point exacte pour chaque objectif et chaque oculaire, on arrive rapidement à une précision parfaite. Il va sans dire que les chiffres indiquant cette mise au point sont variables suivant la nature de la vue de chaque observateur. La monture de la lentille étant mobile, comme un diaphragme, sur l'extrémité supérieure du tube intérieur, on peut avoir deux ou plusieurs lentilles de force graduée donnant des grossissements différents. Toute- fois, il y a peu d'avantages à dépasser les courbures de lentilles indi- quées par M. Gavino (24 à 26 dioptries) : on peut, au contraire, préférer des courbures moins fortes qui donnent des images plus nettes et une mise au point plus facile. Même avec celles-ci, on obtient encore des grossissements très notables atteignant 5 à 6 dixièmes du grossissement primitif; de telle sorte que, si le grossissement primitif était de 500 diamètres, par exemple, en adaptant la combinaison Gavino, on obtiendra un grossis- sement de 750 diamètres sans changer d'objectif. Pour compenser la perte de lumière qui résulte de l'interposition d'une nouvelle lentille fortement divergente, il est indispensable de se servir en même temps du condensateur d'Abbe. 41090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE S Dans ces conditions, la combinaison optique de M. Gavino devient un accessoire très utile et très pratique, s’adaptant facilement et très simplement à tous les microscopes. Les circonstances dans lesquelles elle rendra des services sont nom- breuses; je me contenterai d’en citer deux exemples : 1° Elle dispense d’avoir recours aux forts oculaires (tels que le n°5 de Zeiss), qui enlèvent tant d'éclairage qu'il est à peu près impossible de s’en servir à la lumière diffuse du soleil, et qu'on ne peut les utiliser qu'à la lumière artificielle ; 2° Elle permet d'examiner, avec un fort grossissement, certaines préparations qui ont été faites avec un couvre-objet trop épais, de telle sorte que la mise au point est impossible, faute de distance frontale, par exemple, avec l'objectif F de Zeiss. On se sert alors des objectifs D ou E dont la distance frontale est plus grande, et de la combinaison Gavino, qui donne un grossissement presque égal à celui que l’on aurait obtenu par le premier procédé. | En résumé, cette combinaison nouvelle constitue un progrès réel dans le manuel assez peu varié des combinaisons que permet le micros- cope. L'essentiel est de ne pas lui demander plus qu’elle ne peut donner. PRÉSENTATION D'UN MICROTOME, par M. J. CHoquer. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie le premier modèle d’un nouveau microtome pour inclusions à la paraffine. Cet instrument donne, à volonté, des coupes variant comme épaisseur du 1/80° de milli- mètre jusqu’au 1/400°. | Il diffère du Minot en ce que la préparation ne s’avance pas, comme dans ce dernier, vers le rasoir. Elle ne subit que le mouvement d’élèvement et d’abaissement que lui imprime la roue à grand diamètre. Par contre, le rasoir est mobile et se déplace à chaque tour de roue d'une longueur plus ou moins grande, suivant le réglage de l'instrument. Ce microtome a été calculé de telle sorte qu'une fois la marche en avant du rasoir pour une distance donnée terminée, celui-ci reste immo- bile et la préparation vient effleurer le tranchant de la lame. La partie essentielle de cet instrument se compose d’une vis en acier de 4 millimètre de pas, mais taraudée à l'envers. À une des extrémités de celle-ci est montée une roue dentée suppor- tant l’échelle sur laquelle on se base pour l’épaisseur des coupes. Cette échelle est munie à la partie “mienne d’un cliquet qui prend sur la roue dentée un nombre de dents égal à 5 pour le 1/80°, % pour le 1/100, 2 pour le 1/200 et 1 pour le 1/400. SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1091 Elle est reliée à l’arbre que fait manœuvrer la main et qui fait monter et descendre la préparation au moyen d’une bande de métal se termi- nant par un excentrique. La partie inférieure de cette bande de métal glisse à frottements doux, dans l’échelle indiquée tout à l'heure. On peut l'arrêter au niveau des chiffres indiqués au moyen d’une vis. La partie du microtome supportant la préparation est munie d'un assemblage de pièces permettant d'avancer celle-ci, etde la faire pivoter sur son axe soit dans le sens de la hauteur, soit horizontalement. La platine supportant le rasoir peut se serrer ou se desserrer à volonté au moyen d’un écrou, lorsque l’on veut agir rapidement pour + Hd Bee Ati à N'ES JEBNE Injections intraveineuses, par M. Mayet . . . . . . . . . . . . . . . . . . Institut antirabique de Marseille, par M. Livon. . . . . . . . . . . . . . Intoxication saturnine. — Cause nouvelle, par M. Charcot. . . . . . . . . Iodieme. — Influence de l’antisepsie de la peau sur les manifestations cuta- nées de liodisme, par M. Féré. .,- . . ..: ...,. «pale: 4. na J-K Jacinthe. — Maladies circulaires, par M. Mangin . . . . . . . . . . . Le Karyophagus Salamandræ. — Dimorphisme évolutif, par M. Simond. . . . Kyste séreux de l'abdomen chez une poule. — Rétrocession du kyste sous l'influence de la suppression des boissons, par M. Mongie . . . . . . . . SAR Ladrerie chez les bovins francais, par M. Morot. PRE Lait stérilisé. — Sa valeur nutritive, par M. Rodet . . . . . . . . IR Lait. — Influence de la peptone par la coagulation du lait par la ue , par M. Gley soie te Tale tiet a Malle elle le lee Ne CN RER eee Lavage du sang dans les one Da don ele par M. Tuffier. Lavage du sans par MM. Carrionet Hallion’:”/: "4 CEE NE Leucoplasies et cancroïdes dans l'appareil urinaire, par M. Hallé .:. . . . Leucocytose dans les infections, modifiée par les injections salines mas- HIVER DAPAM ACIRISS EN EME ME PEL ENT RC RONA AC NE NC CASE Leucocytes et noyaux de la névroglie. — Leur rôle due 1 de on de la cellule nerveuse; par M. Valenza . . . . . . . Ce A Levure, — Son action sur le chimisme stomacal, par M. Haëu 4 0e : Liquides physiologiques. — Leur action sur la solubilité des toxines néople- siques, par M. Morau..: : .. : D SE AO RE EESr se Liquide prostatique et contenu des SéStOUIES Meminaleds Leo Coagu- lante du premier sur le second, par MM. Camus et er Peptone.— Augmentation du nombre des globules rouges du sang, à lésuité des injections intra-veineuses de peptone, par MM. Camus et Gley. Lithiase intestinale, par M. Mongour. Lumière produite par les êtres vivants, par M. Raphaël Dubois, 921 976 1024 311 639 10 106 1061 608 802 299 )91 500 1015 D43 806 1135 854 660 187 186 203 995 1148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Lymphe. — Effets primitifs des saignées sur la circulation de la lymphe, pan M-#Hoche et site ue M HO I NERO CORRE 152 Lymphatiques des tumeurs épithéliales malignes, par MM. Regaud et DSL M NO D MEL O 0 co ln fe pie 9 cv 1091 M Mal de Pottraspergillaire par MARER ON 2 AMEN EE ON EEE 91 Maladie d'Addison expérimentale chez le rat d'égout, par M. Boinet . . . . 164% Maladie de Landry due à l'infection par le streptocoque, par M. Remlinger. . 376 Maladie pyocyauique et pathologie humaine, par M. Charrin . . . . . . . . 142 Main. — Empreintes digitales dans l'étude des fonctions de la main, par M. Féré. 1114 Malformations congénitales des squelettes de deux lapins, par MM. Charrin et IGIEMATNRIO RER, ONE CEM PATES PS AIME ENRE SANTE RS SNS 1031 Malléine injectée dans la veine porte. — Effets, par MM. Teissier et Guinard. 335 Marche normale et pathologique étudiée au moyen d'empreintes moulées, par iMMBLO CRIE MEME NN ST RM ENTER ER R NET . . 1033 Matières extractives réductrices dans les muséles. — Dosage, par M. Abelous. 518 Méningite tuberculeuse. — Lésions des méninges et des racines rachi- diennes, "par M Ettlinger. 25.12 1204006 41e EM EN NME 23 Méthode de Nissl modifiée et remarques sur une méthode de coloration de MWeisertmpar MISado skis UE ANNEE PACE 553 Métrite parenchymateuse hémorragique, par MM. Pilliet et Baraduc . . . . 338 Microscope. — Combinaison optique de M. Gavino et son adaptation à tous les MMICrOSCOpPES spa MENITOURSSALE EE CIC NI ICE RCE 1088 Microsporum Audouini. — Inoculabilité à l'animal, par M. Courmont. . .- 601 Microtome automatique nouveau, par M. Minot. . . . - . . . . . . . . . 611 Microtome nouveau, parnM Choquete CR NE NE RE RT 1090 Miellée produite par les feuilles, comparée à la miellée des Aphidiens, par MAGaston Bonnie Mere ns ER SP AN NE EMEA ES 82 Milieu d'Elsner. — Préparation, par M. Grimbert. - -. - . 122 Milieu d'Elsnerarbficiel par M \Grimbert eue CNE 815 Modalité du frottement dans la projection acoustique, par M. Bianchi . . - 701 — Réponse à cette note de M.! Bianchi, par MM. Capitan et Verdin. . . . . . 701 Moelle épinière. — Lésions consécutives à la culture de l'aorte abdominale, par-M:Marinesco hs eee NE RER EN SEE 230 Moelle. — Structure des cordons postérieurs, par M. Dufour . . . . . . . . 449 Moelle. — Lésions médullaires provoquées par latoxine tétanique, par M. Ma- FINÉSCO MEN ES EE EN EAN PAM MR D Eu 126 Moelle épinière. — Lésions produites expérimentalement par embolies asep- tiques, par, M: Lamy 42222204 De VO TE RNEREREE 832 Moelle. — Lésions consécutives aux embolies expérimentales aseptiques, DarM Lamy EN nent NP re Te SIT U AIOUNE 1085 Moelle osseuse. — Ses modifications dans les suppurations, par MM. Roger et JOSUÉDOLE een et TS EU ETS PART TANT rE FRERE 1038 Moelle osseuse etlinfection, par M Chatrin en "O0 TIC CREER 1042 _ Mouvements des membres. — Énergie et vitesse, par M. Féré. . . . . . . 313 Mucor et Trichoderma’ pan M Julien Roy EE NN NE 20 Mucus. — Son évolution pathologique dans le cancer du rectum, par MMS Quénutet Lande ER ENS CRIE 1045 Muscle. — Réparation de la fatigue musculaire par la respiration élémen- taire du muscle, par MM. Richet et Joteyko . . . . . . . . . . . - . - 146 TABLE DES MATIÈRES 1149 Page Muscles. — Contraction aérobie et anaérobie, par MM. Broca et Richet. . . 843 Muscle trachéal et muscles de Reissessen, par M. Guieysse . . . . . . . . 897 Mycose sous-cutanée innomée du cheval, par MM. Drouin et Rénon.. . . . 425 Myélites aiguës par toxines strepto-staphylococciques, par M. Claude. . 547 N Néphrite expérimentale. — Symptômes consécutifs, par MM. Abelous et B'ORdIERS AMENER DONS. SURESNES PETER ORPI ET NE RENE 93 Nerfs radiculaires. — Lésions, par M. Nageotte. . . . . . . . . . . . . . . 3) Nerîs vaso-moteurs mésentériques, effets de leur excitation étudiés avec un nouvel appareil, par MM. Hallion et Francois-Franck. . . . . . . . . . . 147 Nerf optique. — Fibres centrifuges, par M. Elinson. . . . . . . . . . . . . 192 —— HéMATQUES, PALM MIS ANS KT N NP RERO EN RENE SENTE NE AERRe 194 Nerîfs chromatomoteurs de la grenouille, par M. Carnot. . . . . . . . . . . 927 Neurasthénie.— Abolition du réflexe crémastérien et bulbo-caverneux, par MCE ANA RE RENE UE ETES EE CS A EST ETS M EEERES . 846 Neurofibromatose intestinale, par M. Branca. . . . . . . . . . . . . . . 1124 Névrite expérimentale par compression et lésions consécutives des centres MÉEMENSS DA NS AleVS Rte se NN IS NU ON AN CNe EN Te 399 Névrites périphériques chez le lapin, par intoxication cholérique, par MMACouemrontMDoyONn eNP AN OL EMERERENETENR EN EE ITENR ST 603 Névropathie et malformations fraternelles, par M. Féré . . . . . . . . . . 815 Nicouline. — Actions physiologiques, par M. Boinet. . . . . . . . ALSACE A0S Notion de position et expériences, par M: Féré 2.02 Jun 21, 0 61 Notion de postion) par MNBlocR CU EME MEN AU LUE 1, 81 Nutrition. — Caisse d'expérience pour établir le bilan nutritif des petits animaus par M-/Sanson (André): 7MENUS CAEN EAN ENS . 635 O Occurrence (prétendue) de l'Ankylostome de l'Homme dans l'intestin du Cheval pare Me Raillietne. 1.0. 24 RS ER ERA A cle 1132 Œuîf. — Rapports du poids de l'œuf et de la durée de l'incubation chez le poulet et chez le cauard, par M. Féré . . . . . . . . . . . . . . . . .. 811 Oïdium albicans, agent pathogène général, par MM. Charrin et Ostrowsky. . 745 Œil — Anomalie musculaire, par M. Blanc, ne 418 Opotaéraphie hépatique, par MM. Gilbert et Carnot. . . . . . . . . . . . 934 Opothérapie hépatique, par M. Jousset . . . . . . . . . . . . . . . . . . 961 Organes abdominaux. — Changement de position, par MM. Picou et Ramond. 146 Orientation et allure du développement de l'embryon du canard, par MARÉES PR MR RS RS TN TEEN el a es ren à 909 Oreille. — Pavillon de l'oreille, — Importance physiologique de ses variétés morphologiques, par M.Féré . . . . . . . . . nets silthas a, CC SU à 513 Oreilles (Etat des) chez les jeunes animaux qui naissent les yeux fermés, par MMS Rod at e af nn ct Ne sleus Minbecs . 954 Ossements fossiles étudiés au moyen des rayons Rôntgen, par M. Lemoine. 878 Ostéomalacie. — Elimination des sels alcalins-terreux, par M. Fonzes- DROIT ee en did (dre e ‘lle je Lois sh Sr 528 Oxydations organiques, par MM. Abelous et Biarnès.. . . . . . . . . . . 94 Oxyde de carbone. — Empoisonnement. — Traitement, par M. Gréhant. . . 177 1150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. P Pancréas de bœuf, chien, mouton et porc. — Activité comparative de leurs PrOpRiÉtÉSzyMOTIQUeS MHArMEMRIOrES CO NN NE NET TRES 71 Pancréas. — Innervation vaso-motrice, par MM. Francois-Franck et Hallion. 561 Pancréas de bœuf, chien, mouton et porc. — Leurs pouvoirs comparatifs pañnrapporttadarsélatine par MMAIOreS CO NO CN 890 Pancréas des oiseaux. — Structure histologique, par M. Pugnat . . . . . . 1017 Paralysie et atrophie musculaire consécutives à des injections de cultures stérilisées du pneumocoque, par M. Remlinger. . . . . . . . LAINE CRM D Parasitisme normal, par M. Galippe.. . . . .. re FT 0 AR HENE TEMPS 87 Parasitisme chez le cheval, par M Bernard. a) Parasites du dromadaire, par M. Railliet. . . . . . ETUI METTRE 489 Peur instinctivechez les poussins par M'FÉTE COM NN ERP 190 Phénomène d'agglutination. — Remarques à propos de la communication de M: Nicolas par2MACha tri RIDER MC MUIDZS Pentastomum constrictum Siebold. — Parasite du foie des nègres, par M "Gard ST CE ITR EME MOT UT ANR CERN 469 Peptone. — Son action sur les RD ue blancs ax sang, par MM. Athana- Si et CAT Y Allo Tr ANNE ES RTS EEE ER EU TNT RE 328 Peptone injectée dans l'albumen de l'œuf de poule. — Influence sur l'évolu- tontieillemhE VON par MIRÉTÉ NN EE EN RE PE 424 Peptone. — Action anticoagulante sur le sang in vitro et in vivo, par MM GCanius etGley ST REA RCIP MEET ET RO SAP RENRNEREEE 621 Peptone. — Action anticoagulante sur le lait, par 1 Le Gley DRAM ESS à 626 Peptone. — Injections intraveineuses après extirpation du foie combinée à la fistule d’Eck, par MM. Hédon et Delezenne. . . .,. PT D do 633 Peptone.— Effets des injections de peptone sur la Sas ua morphologique delalymphe, par MM°"Athanasiu et Carvallo M NME 169 Pentone, — Rôle du foie dans l’action anticoagulante de la peptone, par MCE y PS EN MANU (D A ne AE AU ET Re lo 0e 111) Peptone et incoagulabilité du sang, par M. Conicons A oo Vo 0 181 Peptone. — De la imort consécutive aux injections intraveineuses de peptone chezdleichienparMACIe RER RER AA RS NES PE ARENIPSRS 184 Phonendoscopie du Dr Bianchi, par M. Comte. . . . . . 222 Pied-botcongénital par MACourtillieres M M ENNNEON LE 1003 Pièces anatomiques. — Conservation. — Nouveau mode de conservation, en MEMelMiko fe RazvedenkO NAME SÉASRET ARENA NE RSS : 580 Pigments = Injections par MA Carnot M NAME OP EREEREES a LATE) Plasmodium et cristaux dans les Poe, leur origine, par M. Léger. . . 881 Plasma pur et stable préparé par centrifugation du sang d'oiseau, par M. De- lezenne iii, HAE PSE OU MSN, RES PRE MMESE ON MNON EU ONE ANSE 182 Pigmentation persistante iris 1e soso emiques. par MM.Carnot et Deéflandre,? 10 RACE SRE MANS RO UPRENRERS PE RREE 178 Da CC NI de Brice des isolés des eaux (diverses variétés), par MSGID ERT NAN EME LMRRELR à DEVENANT RE ATP POBs AR CS 260 Pneumobacille de Friedlænder. — Son action sur la xylose et l’arabinose, par iM:'Grimih'ertess eme RIRE EEE AEAER DR SEINS AR MROSESESSS 191 Pneumocoque. — Infection pneumococcique, par M. Carrière . . . . - . . 442 Pneumocoque, seul existant, dans la pneumonie tubaire suppurée, par M. Griffon’ au RON RENE ON RAR RUE ROSE EE 891 TABLE DES MATIÈRES Pneumoscope par M. Bloch Re en de oies a ele) à à Poids. — Diminution du GE pendant l'inanition comparée chez les ani- maux normaux et ceux devenus diabétiques par l’extirpation du pancréas, Pas M=Kaufmann - « : 1: 1-00: SE NG ee do cio None NOR TE Polynévrite motrice à marche lente. — Paralysie spinale antérieure sub- aiguë, avec lésions médullaires consécutives, par MM. Dejerine et Sottas. . Polynévrite avec lésions de réaction à distance dans la moelle épinière, par MÉMATINES CO St. 2e NE en RS TS dd Poumon. — Chirurgie 5 poumon. — Etude Ho nenie par MM. Tuffier CHATONS LL er SO UT NS le mnt i MU e te Au Le Pouls capillaire. — Snheation Fe ses diverses formes chez l’homme adulte, par MM. Binet et Courtier.. . . . - . Pouvoir oxydant des organes, par MM. Loan et Poe Pression négative dans l' Semen. par M. Contejean. Pression artérielle, nee par MM. Hallion et CHE Pression. — Note relative à cette communication, par M. Bloch. Pression artérielle pendant l'effort, par MM. Hallion et Comte. Prostate. — Hypertrophie, anatomie pathologique, par M. Motz. Propeptone.— Prétendue résistance de me chiens à l’action snemre lnfedelapepione, pan MA Glenn Ai 2 Ne ES Aer ll 0 de 0 Propeptone, agent anticoagulant du sang, dE MM. Athanasiu et Carvallo. Propeptone. —Son action sur la coagulabilité dusang de lapin, par M. Gley. Propeptone. — Effet de la ligature des lymphatiques du foie sur l’action anticoagulante de la propeptone, par M. Gley.. PRE Propeptone. — Action anticoagulante et lymphagogue Fe. tectore are veineuses du propeptone après l'extirpation des intestins, par M. Gley.. Propriétés oxydantes, peut-être dues à des actions diastasiques de quelques tumeurs malignes, par MM. Hugounenq et Paviot.. ë Pseudo-mycose observée en Algérie, par MM. Brault et Rover Psittacose. — Son bacille, par MM. Gilbert et Fournier. R Rachitisme expérimental, par MM. Charrin et Gley . . Rachitisme. — Élimination de la chaux chez les rachitiques, par MAL. ere MEDAL CT ONIEC RARE CAL DONC RES UN PESTE EC EE Rachitisme expérimental du Pate d'u un ae Sax MM. Gley et Dean Racines postérieures de la moelle épinière. — Leur trajet intramédullaire, PaiMM Dejerine 6H homa Ne LE RS EC ce RSS Radiographie, après la mort, du corps ses d'un nouveau-né, par MM. fée bert, Bertin-Sans et Gagnière . . . . . IN 5 Rayons de Rœntgen. — Expériences, par MM. et à ane Sans. Rayons de Rœntgen, par M. Bordas... ..,.,. :. …. Rayons X et êtres vivants, par M. Dubois . . . Rayons X et microbes lumineux, par M. Dubois. z Rayons Rœntgen. — Etude du squelette des animaux de ane ac té 1 AM eMOIT EC CR al ile el: DÉS Réaction de Gruber et Durham pLOdLitE: par l'action du sérum Autidiphté - rique sur le bacille de Lœffler, par M. Nicolas. ET Réaction de Widal. — Son FPE dans la sueur AU D NEOUE par MM. Thiercelin et Lenoble. . . . 1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : Pages. Réaction agglutinante comparée chez les typhiques, pendant l'infection et pendant l'immunité, par MM. Widal et Sicard. 2.4 21. ONU 1073 Réaction agglutinante dans le placenta d’un embryon expulsé par une typhoi- dique panMANEICbanrierne Aer tENCNETE NE EP ERE NN NNEER ‘ 01408 Réflexes patellaires dans le cours des affections hépatiques, par M. LEGDHIdE LEVL SSP NEO PPS ETES AMAR RUE PME MENU RSE RENE SEAE ER AIR NES il Réflexe cutané plantaire dans les affections organiques du système nerveux central. Remarques, parMe Babinski MM EE NON PR NENRe 207 Réîfrigérations de très longue durée. — Résistance de l'organisme humain, par MriLEtevren de Lame ON NE PTE R OT 564 Régulation de la pression intra-bronchique et de la narcose dans la respi- ration artificielle par insufflation, par MM. Tuffier et Hallion. . . . . . . 1086 Rein. — Circulation artérielle du rein étudiée d’après des radiographies, par MM-.'Destot et. Bérard, 10e. PA RER EAN 957 Réparation des centres nerveux après la section des nerfs périphériques, par M:Marinesco. Re MEME NME Ne EEE 930 Respiraticn artificielle dans les opérations intrathoraciques, par MM. Tuf- fervet, Hallion: 300 PURE ANRT ANSE SEMAINE ARRETE 951 Resorption par les voies biliaires, par MM. Wertheimer et Lepage. . . . . 1077 Rétine. — Ses oscillations propres, par M. Charpentier. . . . . . . . . . 249 Rétine. — Différentes manifestations des oscillations rétiniennes, par MANCRATPENDIE DEN NERO IEEE 297 Rotrblanc-—=Développementepar M Per aude REC RERCCER 999 Rubigine (Fréquence relative de la) en pathologie humaine, par MM. Guille- monat et Hapiéque.12 IS ANNNIPRTAUR SAERMIRSRR EEE RENNES 65% S Sang. — Globules sanguins, aorte et endocarde; leur origine chez les embryons deSélaciens par MAN ANIEeR IS ITICOt EM EN PE NC RENE 287 Sang. — Lavage du sang dans les infections, par M. Lejars. . . . . . : . . 261 Remarques SuMee sU]e ep arMNCRAanEIN EEE EE CNE 465 Sang. — Prétendus liquides conservateurs des globules rouges, par M. Ma- EVA GS Le Ne PE A RE RS on o © o on © o11 Sang. — Remarques sur la coagulation du sang, par M. Malassez. . . . . . 597 Sang. — Action anticoagulante du sang de lapin sur le sang de chien, par MG Eee A ME RP PE 159 Sang humain. — Action de l’eau distillée, par M. Maurel. . . . : . . - . 967 Sang dans les pneumokonioses, par MM. Claisse et Josué. . . . . . . - . | 1020 Sang. — Coagulation sanguine. Suppléance des tissus dans ce phénomene, par MM: "Afthamasin et Carvallo eee ERP PER 1093 Sang. — Globules rouges. Altérabilité, par M. Malassez. . . . . . . . . . 1097 Sang-peptone. — Sa coagulabilité, par M. Dastre. . . . . . . . . . . . . 569 Salive. — Acide urique dans la salive des uricémiques, par M. Boucheron. . 454 Sarcoptides pilicoles. — Nouveau type, par M. Trouessart. . . . . . . . . 109 Sarcoptides Psoriques. — Espèces et genres nouveaux, par M. Trouessart. 741 Sardine. — OEufs et Alevins dans les eaux de Concarneau, par MM. Fabre- Domercue le téBié LR EEE tERESE RE UN "NI SN ARR Do1 Saturnisme. — Elimination du plomb chez les saturnins traités par le monosulfuretde sodium par MPEVTON EME NN PRET NE RENENE 672 Sel marin comme condiment. — Explication physiologique, par M. Lapicque. 532 Sens latéral, par M:tPierreBonnier ee UC ON RON ER 917 l'en] : “4 ut 24 me TABLE DES MATIÈRES 1153 Pages. Sensations tactiles. — Localisation. Etude de l'illusion d’Aristote, par NP HET RDV RRQ É NEELE CREME De ME TN RER 1108 Sérodiagnostic de la fièvre typhoïde, par M. Courmont . . . . . . . . . . 819 Sérothérapie du Proteus vulgaris, par M. de Nittis . . . . . . . . . . . . 600 Sérothérapie. — Tuberculose pulmonaire traitée par la sérothérapie, par MD ER Pa Are ES 2er SRE 21 Ain ETES ds es 668 Sérothérapie antistreptococcique oculaire, par M. Boucheron . . . . . . . 932 Sérum des sujets vaccinés contre la clavelée. — Son action préventive et CHDALLVE Dal aM- DUCIER EEE RTE SRE OR EE ER 330 Sérum antialcoolique, par M. Toulouse. . FE PAS PA PA SAULT IE ONES 363 Sérum modifié chez les animaux vaccinés contre l'oïdium albicans, par MEBOSErE NE 2 07 APRES RE RASE NE RO VAE RER DE SE ON PRE A PME RE DEV 128 Sérum de moutons immunisés contre le bacille d'Eberth et le colibacille, par MER OUR. 2 PC ES CEE Lt CU IR D RO IC DIR RTE 835 Signe de Romberg. — Remarques spéciales sur un cas exceptionnel, par ME CR ALCO SR RP Ce ee De Mb ele re rdc Re Ve dore Pen TE VA 531 Silicofluorure de mercure. — Sa supériorité sur le sublimé corrosif comme antiseptique, par MM. Hallion, Lefranc et Poupinel . . . . . . . . . . . 208 Solutions salées dites physiologiques, par M. Malassez. . . . - . . . . . . 504 Solutions minéralisées. — Leur action sur l'organisme, par MM. Charrin et DESSTE ZT) ca MON ER NOT MEN Fed ES PS TRES CN re 805 Spasme du cou, coïncidant avec des hallucinations visuelles unilatérales, par MAR LG re CHE AE- JENE Ees se nr Lrae NL NES Le 25 Ru te TLatretey 208 Sphygmométrographe nouveau, par MM. re et a sn re di Splanchnomètre, par MM. Capitan et Verdin. . . . . . . . . . . . . . . 644 Sphygmomètre de Bloch perfectionnné, par M. Bloch. . . . . . . MA QUE Stérilité due à l'épididymite unilatérale, par M. Sinéty. . . . . . . . . . . 129 Stéthoscope nouveau à transmission aérienne, par M. Chauveau. , . . . . 410 Stéthoscope perfectionné de Boudet de Paris, par MM. Capitan et Verdin. . 494 Stéthographe bilatéral, par MM. Gilbert et Roger. . . . . . . . . . . . . 979 Streptocoque réfractaire à l’action du sérum de Marmorek, par M. Méry. . 398 Streptocoque et ses toxines. — Action sur les nerfs, les ganglions spinaux et la moelle épinière, par M. Homen. . . . . . . . . . . D'RBTN QUE 0 1 518 Streptocoque et ecthyma. — Rôle pathogénique du streptocoque, par MMAThibrerseet Besancon et trente Mo ect PU: 112 Strongles de l'appareil digestif, variations morphologiques. — Nouveau strongle du dromadaire, par M. Railliet. . . . . . . . . . . . . . . . . 540 Strychnine. — Intoxication, par M. Sadoveanu . . . . . . . . . . . . . . 267 Strychnine. — Injections intraveineuses d’eau salée dans l’empoisonnement par la strychnine, par MM. Chassevant et Got . . . . . . . . . . . . . 987 Substance anticoagulante. — Rôle du foie dans sa production, par M. Con- LE ee EN CC I PR MIO D Oro RL de OO VON CEE 2 1117 Sucgastrique. — Variation d'acidité lorsqu'il est conservé à l'air, par M. Haan. 43 Sucre. — Formation et destruction du sucre chez les animaux normaux et dépancréatés, par M:Kaufmonn.1.2# memes. ensteilie à AE ui Surdité. — Traitement chirurgical de certaines formes, par M. Garni UE ï Système nerveux. — Fibres pyramidales homolatérales, par MM. Dejerine GE EMPIRE sn RUE Abe nat is Loris rlfsits m3 157 Système nerveux. — Modification de la méthode de Nissl. Méthode de colo- ration de Weigert, par M. Sadovski. ... . ...,. . . , . . 353 Système nerveux central (Lésions des cellules du) dans l'intoxication addi- sonienne expérimentale, par MM. Ettlinger et Nageotte. . . . . . . . . . 966 1154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Système nerveux. — Fonctionnement, par M::Morini.! 4/0 ANNE Syphilis des centres nerveux. — Lésions des vaisseaux, par M. Lamy. . . . 1h Tabes. — Ophtalmologie totale et paralysie laryngée relevant d'une névrite périphérique, par MM. Dejerine et Petreen . . . . . . . . . . . . . Tendance à la variation sous l'influence de changements de milieu, par IN Re SR RÉ BE SUD DRM PTS LS SEAL ee d RAC Dioia co Tératomes expérimentaux, par M. Féré 040 à ETATS Testicule sarcomateux. — Etat histologique du tube séminifère, par M. Ma- LH EM CE A En AE OO SE ET Se nes toc do D c É0 Thermogénèse et uutrilion pendant le jeûne chez les animaux normaux et diabétiques, par MKaufmanne "2° LCI NEC CNE Thermogénèse. — Globules blancs sécréteurs de substances thermogènes, DALIM A PAIION EP ER EEE EME SES RS Re © Thermogénèse. — Globules blancs sécreteurs de substances thermogènes, par MO Pillon NE SE RENE NE EN AR NE EN EE SENCS EEE Thermogénèse. — Résistance thermogénétique chez l’homme, par M. Le- LÉVESQUE CRE MEN PRE RENE APRES MER ere ET Thrombose géntralisée à la suite d'injections intraveineuses de chlorure de sodium, par MM. Dastre et Floresco . . . . - . 7 A RNA - Thymus. — Hémorragies et sclérose chez les nouveau-nés, par M. D Thymus. — Fonctions, par MM. Abelous et Billard. . . . . . . . . . . . . Thyroïde du chat. — Ses glandules satellites et kystes qui en dérivent, par MAAVerdune re nCnre ANSE AS REZ MACOUETES SEENEET MEANS PO OS : Tissus conjonctifs muqueux et réticulés, par M, Retterer. . . . . . . . . . Topographie calorifique chez les animaux fébricitants, par MM. d’Arsonval eLICHAT INSEE AE RTE RSA EP RES ER R CT e RSR ER LUE Torticolis chez un coq avec accès épileptiformes, par M. Féré. . . . . . . Toxicité du sang de Cobra Capello, par MM. Phisalix et Bertrand. . . . . . Toxicité du foie. — Son degré, ses caractères, par MM. Mairet et Vires. . . Toxicité de laisueur, (par Arloine NN EN ONE CNE NP NEC ; Toxicité de la sueur, par MM. Capitan et Gley. TS RETENIR, AS + CRISE Toxicité urinaire dans l’adénie tuberculeuse et dans la nanas leucé- mique, splénique et ganglionnaire, par MM. Auché et Carrière. . . . . . Toxicité urinaire dans la grossesse, par MM. Labadie-Lagrave, Boix et Noé. Toxicité urinaire. — Variation sous l'influence des inhalations de chloro- formes parM Vidal en RE EN TP RON ER ARE EE Toxicité de l’eau distillée en injection intraveineuse, par MM. Bosc et Vedel. Toxicité et effets des solutions fortes de chlorure de sodium en injections intraveineuses, par. MM. Bosciet Vedel 20 EN NE EPP Toxicité des alcools, par MM. Charrin et Viala. . . . . LME Een ANPRTRE TE Toxicité des sérums établie par l'injection sous-cutanée, par M. Leclainche. Toxines microbiennes. — Hémorragie de la vésicule biliaire, par M. Claude . Toxines injectées dans la veine porte, accidents consécutifs, par MM. Teis- Sier eHOUIMARAe Ent ER ESS EIRE SEM SENS HENAERNEErS Toxine diphtérique ebfoie par M Hapicque AN NE Toxines bactériennes (Action des diverses modalités aus sur les), parMM: d'Arsonvaliet Charrint 4 CNRC CCE PERTE ER Toxines pyocyaniques. — Leur action lymphagique, par MM. Athanasiu, Carvallo et: Charcin 2eme EEE RER EM EMENR EN CPR RER d14 858 1074 1107 1140 670 104% 1058 612 136 821 831 169 333 331 TABLE DES MATIÈRES Hoxinenescemne, par M: Chain ES. 70 po EL si inanidas Toxines microbiennes. — Leur influence sur la contraction musculaire, par MM Eharnntet Pompilian Neue. nee oibiien «215 à Transformations chroniques intraorganiques et origine immédiate de Ja chaleur dégagée par l'homme ou l'animal. — Méthode pour servir à cette : CRUE SHARE ER AUTNANN 4 ER re PR Es Transformations chimiques intraorganiques, par M. Kaufmann Tuberculose des perroquets, par MM. Cadiot, Gilbert et Roger. . . . . . . Tuberculose. — Toxicité des crachats. — Fièvre hectique tuhercnleuse, par MÉCHANTS LE PANE SR AR AUN EE NETRNES EAST PAT Tuberculose des sallinacés inoculée aux mammifères, par MM. Canet ÉLIRE GUALONNS PSS MN EN Er 4 EME SEE ane ee Tuberculose. — Unicité des tnberciloses humaine et aviaire, par MM. Gi- EU TES DAERTRE (SENTE E Ne PATTES CAMES AIR COLE 2e Tuberculose humaine déterminée par un oiseau, xer MDUranEe ME Tuberculose. — Immunisation et sérumthérapie, par M. Bernheim. . . . . Tuberculose expérimentale du foie par l'artère hépatique, par MM. Gilbert RIELU E TS RO NME un ET OO En ES APR EEE OS Ce HS UE Er RP ES Panne ce à Turbellariés rhabdocæles de la baie de Concarneau, par M. Fuhrmann. . ete relier en. U Ulcérations de la langue chez les tuberculeux, par M. Claude . . . . . SRE Urines des rachitiques. — Analyses, par M. OEchsner de Coninck. . . . 46, Urines. — Toxicité des urines des épileptiques, par MM. Mairet et Bose . . . Urine normale du cobaye. — Note, par M. Alezais . . . . . . . . . . .. Urine chez le vieillard valide, par MM. Monnier et Rouxeau Vaccin. — Exanthème vaccinal atypique, généralisé expérimental sur le poulan-par ME "ARLON NE EN NI RE TER CU A UE CR Vaisseaux sanguins. — Origine roue De M. Rd SCAN SR Variation électrique déterminée dans le nerf acoustique par le son, par MM” Beauresard'et Dupuy CÆenR 7 Variole ovine. — Immunité nee ale par M. Ductert LT Variole ovine. Vaccination tpar M Duclert "CRM Veaurddeux tétesswivant par MAMÉCOIR EE EN ER ERN Végétation. — RE avec l'aération du sol. Plantations de Paris, Dan MAMANSIR 2. NS TNT CARE at ere. Venin de vipère atténué par les courants à haute fréquence. — Nouvelle méthode de vaccination contre ce venin, par M. Phisalix . . . . . . . . Venin de vipère. — Existence de substances antivenimeuses dans le sang de quelques mammifères sensibles an venin de vipère, par MM. Phi- salix et Bertrand . . . . . ee PU et te RoL Fait rene lite dre UE Van Venin de vipére. — Sédaration Mu etances Fe % 4 Sn dtEne vaccinantes par le filtre de porcelaine, par M. Phisalix. . . . . . . . . . Venin et sang de la vipère aspic. — Action sur la pression artérielle, par MA KAUSMANN EP PU A le Mn ete die BIOLOGIE. — TABLES. 89 68 116 161 213 369 Vie aseptique, par M. de Varigny . . .. ....... . . . . ... 4. Virnlence des muscles chez l'homme tuberculeux, per W. Leclaine} 1e. Dr one dnRele pee MM. Dore et Charrin . # soul Virus claveleux atténué par la chaleur, par M: Duclert. . . TABLE DES:MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS A Pages. ABELOUS. . . .« . Dosage des matières extractives réductrices dans les muscles. 518 AgeLous et Barnier. Symptômes consécutifs à une néphrite expérimentale. . 93 ABELOUS et BraRxÈs. Mécanisme des oxydations organiques. . . . . . A EN 94 — Hiérarchie des organes au point de vue du pouvoir oxydant. 262 ABELOuS et BrézARD. Fonctions du! thymus . . 4 : 4, 0 02. - 5 Éneroer GI AëHARD et BENSAUDE. Sur l’agglutination des divers échantillons d’Eberth et des bacilesbparatyphiques se on RTE pere ve 940 ATEZAISU seliele 1e Note sur l'urine normale du cobaye . . . . . . ATEN MEN 213 ARÉOING - 20 21 ete Forme atypique de l'exanthème vaccinal généralisé expé- rimental sur le pPOoUlAIN- PME TO" Me 25 — Toxieitéidedt sueur. FROID TRUE MERE a CO na LA) T ARSONVAL (D) . . Dispositifs pour la mesure des courants alternatifs de toutes iréquences MEANS PORTER PAP PEREIPANS PRET TE ENS 450 — Atténuation des toxines par la haute fréquence . . . . . . 764 — Action thérapeutique des courants à haute fréquence . . . 766 ARSONVAL (D’) et Cuarrix. Action des diverses modalités électriques sur les toxines /pacténiennes LM ONMRPNE SNA IE TRE CRT 96 _— Action de l'électricité sur les toxines bactériennes . . . .. 121 — Action de l'électricité sur les toxines et les virus . . . . . 153 — Topographie calorifique chez les animaux fébricitants. . . 277 — Courants à haute fréquence. — Leurs actions sur l'orga- MISME A Sn de fe Pete oies Me ERP UEMUES EN TUE Le UE, ATHANASIU et Carvaro. Action de la peptone sur les globules blancs dusang. 328 — Propeptone comme agent anticoagulant du sang. . . . . . d26 — Effets des injections de peptone sur la constitution morpho- logiquerde"la IÿMphete em REMOTE 169 _- Suppléance des tissus dans le phénomène de la coagulation BARGUITON SEC NUS ANS TONER MER ETES re 109% ATHANASIU, CARvALLO et Cuarnw. Action lymphagogue des toxines pyocya- DÉUÉS OPA PRIME RE ARE EE Er 860 ATHIAS. : . , .« . Origine et évolution des petites cellules étoilées de la couche moléculaire du cervelet chez le chat et le-lapin. . 585 Aucué et Carrière. Toxicité urinaire dans l'adénie tuberculeuse et dans la lymphadénie leocémique splénique et ganglionnaire. . . 610 1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages, B BABINSKI. . . . . Réflexe cutané plantaire dans certaines affections organiques du système nerveux central. — Remarques . . . . . . 207 — Relâchement des muscles dans l'hémiplégie organique. . . 471 BATAILLON . . . . Evolution de la fonction respiratoire chez les embryons d'Amphibiens et de Téléostéens . . . . . . He ve NE 130 BEAurEGARD et BouLarr. Note sur la circulation du cœur chez les Balœnides. . 4125 BeaureGaRD et Dupuy. Variation électrique déterminée dans le nerf acoustique Dar le iSOn EME Ne INCARNE A DCR CURE 690 — Courant d'action déterminé dans le nerf acoustique sous l'influence des SNS ANNEE EN EN EN EP 1045 ali do o oc Appareil urticant des chenilles processionnaires. . . . . NZD BERGER 0. Emploi del Eucaine en ophtalmologie "MSN NN 539 BerGonié et SécaLas. Action des courants de haute tension et de grande fré- QquenCe MN RUE ER NE NE NENENEQEEr RE 99 — Appareil pour l'étude des combustions respiratoires chez homme ie; PAL OUR EE Ne EN RRRE 906 BERNARD. . . . . ParasitismemchezAleNcheval PRENONS 459 BERNHEIM. . . . . Immunisation tuberculeuse et sérumthérapie . . . . AR BANC REC Etudes sur la projection phonique des organes avec D cultation des vibrations provoquées. . . . . . . . . . . 442 — Modalité de frottement dans la projection acoustique . . . 701 Bineriet BEAUNIS année pSyCLolOSIqUe PROC NE EOC RE TC R PRCRE LA Biver et Courrier. Signification des diverses formes du pouls capillaire étudié chez ilhommetadul ie Me NE PP RENE PRE 219 BEANCAME RARE Anomalie nouvelle des muscles de l'œil . . . . . . . . . . 418 BEOCHE TOME Notionmde position PRE Or ENT ENTIER NES 81 — Perfectionnement apporté à mon sphygmomètre. . . . . . 745 — Pneu OSCOpE M EN ONCE NE CCE TRE 813 — Note relative à la communication de MM. Hallion et Comte sur la pression artérielle pendant l'effort... . . 905 —. Marche normale et pathologique étudiée au moyen d'em- preintesimoulées E-PF AN LIN EEE EDR 1033 BODIN Re Favus à lésions one eitee, CR FE PEN Oo à à 711 BONEN CRE . Maladie d'Addison expérimentale chez le rat d'égout. . . . 16% — Action antitoxique des capsules surrénales sur la LOT. 364 — Action physiologique de la nicouline . . . . . . . . . : 403 Bonxier (Gaston). Miellée produite par les feuilles, comparée à la miellée és ADhIAeNR Sie ANNE IUT EE RE 82 Bonxir (Pierre). . Variations du réflexe patellaire dans certaines affections labyrinthiqnestetfig tea anne A CAT OR PRES Er 119 — Crampe professionnelle symptomatique de la maladie de Bright parer Rte LR de a: à 184 — Critique des théories classiques de l'audition. . . . . . . . 704 — Sur.le Sens Tatéral sin NA NE DEP Qt ES EEE 917 BORDAS REC RENONS Cats OÙ DUO SO OM Nb ON DD oi os D oo à à 311 Borvas et de Raczxowskr, Dosage des petites quantités COCOON 6 4 36 072 — Nouveau procédé de dosage de la glycérine . . . . . . . . 1067 BORDIER EU Variation de la sensibilité galvano-cutanée avec la densité électrique}. strate mt es MON A EE NCIS 324 Bosc et Venez. Toxicité de l'eau distillée en injection intraveineuse . TOME TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Bosc et Venez . . Recherches expérimentales sur l’action de l’eau ordinaire en injections intra-vasculaires (doses mortelles, doses non mortelles) RSR GARE SE 4 AUS Ne — Toxicité et eflets des solutions fortes de chlorure de sodium — Injections massives de la solution salée simple et de ia solution saline composée . . . . . . S Vroe où POP TOUT BOuCcHERON. . . . Sérum antistreptococcique préventivement à l'opération de la cataracte chez les diabétiques. . . . . . . . . . . . . — Sérothérapie antistreptococcique dans la dacryocystite purulente rebelle et dans les streptococcies oculaires . . — Acide urique dans la salive des uricémiques. . . . . . . BourxEvILLE . . . Action de la glande thyroïde sur la croissance. . . . . . . — Action de la glande thyroïde sur l'obésité. . . . . . . . . — Idiotie avec cachexie pachydermique; avant le traitement par l’ingestion stomacale de glandes thyroïdes. . . . — Idiotie avec cachexie pachydermique . . . . . . . . . . . BourQueLotT . . . Hydrolyse du raffinose par l'Aspergillus niger. . . . . . . — Actions successives d'un ferment soluble hydratant et d’un fecmentisolublesoxy dan er ete EE RES — Les ferments oxydants dans les champignons . . . . . . . — Influence de la réaction du milieu sur l’activité du ferment oxydant des champignons. . . . . . . . . . RARE EEE — Propriétés des solutions aqueuses chloroformées de ferment oxydant des champignons, et sur la durée de l’activité de cesrsolutions 4 TAN Ent peurs LU LUTTE — Emploi du gaïacol comme réactif des ferments oxydants. . BRANGA = 225 -0. -NNeurofibromatosemintestinale na AE Le Er Broca et Ricuet. Effets thermiques de la contraction musculaire, étudiés par lesimesuresthermo-électriques 00. ON 406 — Contraction aérobie et contraction anaérobie des muscles . — Période réfractaire dans les centres nerveux. . . . . . . . BROIDHEN. V-0.4 Appareil pour l'application du chlorure d’éthyle en chirurgie. Braur et Roucer. Note clinique et bactériologique sur une « pseudo-mycose » observéeren AlSÉrIe MERE ARE PER EN DENT BUT . Présence de la glucose dans le sang et le tissu musculaire, après injection intra-veineuse de cette substance. . . . . C Capior, Gigernr et RoGer. Tuberculose des perroquets. . . . . . . . . . . . — Inoculation de la tuberculose des gallinacés aux mammi- ÉÉTES SON M MN EME EMAN DRE RSR EM UE VER NS Cauus et GLey . Rapport des injections intra-veineuses de peptone sous la PLESSION FRS UNIES NS IS LOMME MAINS — Action anticoagulante ‘de la peptone sur le sang in vitro et in TIUONN ES IN PUS AU AT: CET ANS AE ENTER ERA PRE UE — Augmentation du nombre des globules rouges du sang, à la suite des injections intra-veineuses de peptone. . . . . — Action coagulante du liquide prostatique sur le contenu des vésiculos!séminalest het MOINS ENTRER CAPrTAN let Gaex' Toxicitéidétlarsueurer nee MITA ARE OURS 467 698 205 314 811 De 4.8 "an : * NV TSS 1160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Cariran et Vernix. L'auscultation et la percussion au moyen du -stéthoscope de Boudet de Parisperfectionné-#"1Mm "mn 494 — Je splanchnomeétre en NEN N N EE E . 644 — Réponse à-la:note de M Bianchils 41. ons, . . "0. 101 CARNOT- IN MN Propriétés hémostatiques de la gélatine . . . . . . . . . . 158 — Ferment oxydant de la salive et de quelques autres sécré- LION SAP EN ETES HUE ANS, eee 06 SRE 992 — - - Nerfs chromatomoteurs de la grenouille. . . . . . . . . . 927 — Injectionside#picments AMEN ROSE 1009 CarNor et DerLAnDrE Persistance de la pigmentation dans les greffes épidémi- QUES CM CERN SUR MINES 178 — Grettetetipigmentation Me MEME OMR EEE 430 CARRIÈRE. 0. + [Injection pneUMOCOCCIQUE NME MEME EEE 442 Carrion et HaALLioN. Influence des injections intravasculaires de chlorure de sodium sur la constitution moléculaire de l'urine. . . . . 863 — Lavage: disang it tite SUNTU NE SSI ER 1045 CaussAne, , . . Effets de l'injection sous-cutanée d'extrait de capsules sur- rénalesichez iles animaux ee EME RE EE 67 CHABRIÉ. . . . Contribution à d'étude della (cystine MANN EN RTE 72 — HléCHON TUE ER UE SANTA ON RER NES MORE EEE 1029 CHANSON : - . . Accidents produits parles ascarides: 1... NN 38 CHANTEMESSE . . Diagnostic précoce de la fièvre typhoïde par l'examen bacté- riolosiquerdes sarde-robesR PEN ER NE RERERCRE 215 CHARCOT . . . . Signe de Romberg survenant subitement chez un tabétique CRE amaurotique depuis neuf ans et disparaissant progressi- Veénrents ist ME SEEN APE ES NAME RE TERRE 531 — Intoxication saturnine; cause nouvelle. . . . .:. . TR ONEMI689 CHARPENTIER. 12 NOSCillationseproprestdetlarétine RENE EEE RER 249 — Différentes manifestations des oscillations rétiniennes. . . 297 Carrier et Arerr. Recherche de là réaction agglutinante dans les humeurs d'un embryon expulsé par une typnoïdique . . . . . . . 1103 CHARRIN. . . .« « Fonctions hémorragipares des bactéries. . . . .-. . . . 66 — Remarques sur les injections dites de sérum. . . . . . . . 465 = Animaux etvégétaux ; procédés de défense. . . . . . . . . 481 — Maladie pyocyanique en pathologie humaine. . . . . . . . 142 — TeshoximestetleicŒur MIRE EIRE 867 — Accidents épileptiformes expérimentaux. . . . . . . . . . 937 — Remarques sur le phénomène d’agglutination à propos de la communication de M. Nicolas . . . . . . . . . . . . 1028 — Pamoelle osseuse etMAn eCHONn ER 1042 CaarRiN et DESGREZ. Action des solutions minéralisées sur l'organisme . . . 805 CHaArriNtet(iGLEX. Héréditétexpérimentale Meet ED CPR RANCE EE 16 — Déformations rappelant celles du rachitisme reproduites expérimentalement (2e NONEU PMP AC MIN IT UE 220 — ‘nflrence héréditaire de linfecHon EEE A EE 682 — Squelettes de deux lapins congénitalement malformés. . . 1031 CHarRIN et Osrrowsky. L’oïdium albicans, agent pathogène général . . . . . 143 CHaRRIN et Pompicran. Influence des toxines microbiennes sur la contraction musculaires fiat mi RENE fe TERRES 962 Cuve et Vita. Toxicitérdes tal coule MP ER NE ENEREREEMEROIRS EER 821 CHARRIN, GUILLEMONT et Lapicoue. Variations quantitatives du fer organique sous l'influence des toxines microbiennes . . .:. , . .. 682 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Pages Caassevanr. . . Injections de sérum artificiel dans l'empoisonnement strych- niques $s- 2 MR Les et 4 Ab: Soitiiin ÉRÉRRAEE 499 Caassevant et Gor. Valeur antiseptique .du benzène . . . . . . . . . . . . . 413 — Injections intra-veineuses d'eau salée dans l'empoisonne- Ë menttpar la SÉENGHRIMERN M CN cie 987 CHauveau. . . . Nouveau stéthoscope à transmission aérienne. . . . . . . 410 _ Décès de M. N. Gallois. — Allocution du Président. . . . . 531 CHEMIN . . . . . Recherches sur les gaines synoviales tendineuses du pied. 236 CHOQUET . . . . Présentation d'un microtome . . . . . . . HSE TRES 1090 CHRÉTIEN. . . . Toxicité des crachats tuberculeux ; son rôle dans la patho- génie de lasfevrehectique 2-0 NC CRE CU 138 CAISSE ee Bronchite membraneuse chronique . . . . . . . . . . . . 318 — Leucocytose modifiée dans les infections par les injections SAUT ES MASSIVES EE Re ce D 806 CLa1sse et Josué. Recherches expérimentales sur l’anthracose pulmonaire . 849 — Etat du sang dans les pneumokonioses. . . . . . . . . . 1020 CLAUDE. . . . .« Ulcération de la langue chez les tuberculeux. . . . . . . . 68 -- Hémorragie de la vésicule biliaire au cours d'intoxication par les toxines microbiennes. . . . . . . . . A0) — Myélites aiguës par toxines streplo- LTtramenons. 547 CoLemax et Powpirax. Influence de la température sur la contraction muscu- Jaire*desfanimauxcta Sans irOIdE EL 696 Pure. 2 MPhonendoscopie du/DeBianchi.. Mi et een 292 CHNTEANt St MPlection ess ARS TS A sa at 197 — Pression négative dans l'abdomen. . . . . . . . . . . . . 235 — Excrétion azotée dans le diabète de la phloridzine . . . . . 344 —- Sur la coagulation du sang de peptone. . . .… . . . NE OT — Rôie du foie dans l'action anticoagulante des injections intra-vasculaires de peptone chez le chien. . . . . . .. 717 — Action anticoagulante des extraits d'organes . . . . . . . 152 _ Rôle du foie et de la masse intestinale sur l’action anticoa- gulante des injections intravasculaires de peptone. . . . 753 — La peptone et l’incoagulabilité du sang . . . . . . . . . . 7181 — Rôle du foie dans la production de la substance anticoagu- lanterne sé dsl) 2e QAR ME RAS Dao a be 1117 — Extirpation des cristallins chez le chien avec conservation de llaccommodation. #2" 0e SAP HAN GE Ave 1032 — Innervation de l'estomac chez les batraciens. . . . . . . . 1050 — La contraction cardiaque estelle un tétanos? . . . . . . . 1051 CosrenTiN et Marrucuor. Production du mycélium des champignons supé-. NN ET OST TPE M MAO OO Mon © OT DCE CMONEO 16 Courmoxr. . . . Inoculabilité à l'animal du Microsporum Audouini. . . . . 601 Coursoxr (de Lyon). Recherche du bacille d’'Eberth dans les selles par le procédédElsne eee ne 0 ee LOB CouRMONT. . . . . Sérodiagnostic de la fièvre typhoïde. . . . . . . . « + .« 819 Couruoxr, Doyox et Pavior. Névrites périphériques chez le lapin par intoxi- CAOnAChole QUE EPL 0 EU ei OU Courmoxtr et Durrau. Marche des infections expérimentales chez le lapin aplénectomisé 454 2,0..42. 101 2 00 ls Latine CAS RT . 604 CourtTADE. , , .« Etude sur quelques points de l'excitabilité périvdique du CHU Tara lee, douane, ve SANT Te NEC 0 92 CourraDe et Guvox. Action du grand sympathique sur l'intestin grêle . . . . 1017 1162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CourTILLIER. . - Etude du pied-bot congénital. . . . . . . . . .. AMEN CRiTzMAN . . . . Âbolition du réflexe crémastérien et bulbo-caverneux dans la nmeurasthénie Me MERE NEMERE NL RER RER ME) DASTRE Se FR ACoaculatIOn AUSANS-DEDIONEN EN EN NN NC ENTRE : Dasrre et FLoresco. Action coagulante de la gélatine sur le sang. Antago- ‘ nisme dé la gélatine et des propeptones. . . . . . . . . — Action coagulante de la gélatine sur le sang. . . . . . . . — * Intoagulabilité du sang produite par l'injection des pro- AE MPeED ONE TR NT re Re De CCE EE — ironie généralisée à e suite d’injections de chlorure 114 SOI" ME M NE TEE ANNEE AIT SEE D'EBRAMAMENCEN Bactériestderlarcanne a SUCTE NN NP RER DESERINE EC Mortidusprofesseur Le PLOITEREN EP RRNPEE DEJERINE et PETREEN.' Ophthalmoplégie externe totale et paralysie laryngée, relevant d'une névrite périphérique à marche rapide AChez Un Ttabé tique AUIÉDULE NE ER NP EEE DESERINE et Sortas. Polynévrite motrice à marche lente; paralysie spinale antérieure subaiguë, avec lésions médullaires consécu- DEJERINE et THomAs. Fibres pyramidales ndaérales Mn Re à — Terminaison inférieure du faisceau pyramidal . . . . +. . . — ‘ Trajèt intermédullaire des racines postérieures dans les régions cervicale et dorsale supérieure de la moelle MÉPINTETE M EME E IERr PTE eds Aer ON ME a DELBET. . . . . . Recherches expérimentales sur l'hématocatharsise . . . . . DELEZENNE. . . . Préparation d'un plasma pur et stable par simple centrifu- SATONNAUSaN CS OISC AU NES NE EN SE CPR Desror et Bérarp. Circulation artérielle du rein, étudiée d'après des radio- GTADHIES 0 US PME EN AT MN BAPE ER NE s Doxox et Durotrr.’ Fistule biliaire chez le chien. Influence des repas sur la sécrétion de Tables .M EME EN ENE EERe —' ‘ : : Recherches sur la teneur de la: bile en cholestérine . . DrouIx et Rénon. Mycose sous-cutanée innommée du cheval . . . . .. . . . Dusois (de Lyon):"Lesrrayons X'et les étres vivants MM NES — Les rayons X et les microbes lumineux . . . . . . . . Dugois (de Lyon). Production de la lumière par les êtres vivants. . . . . . . Dugors (de Nancy). Action des extraits de capsules surrénales . . . . . . . . ES Nouveau mode de culture des bacilles de Koch . . . . . . Dusoïis (de Châtel). Bactériologie des fièvres gastriques. . . . . . . . YA DUCLERDEMENEE Immunité congénitale dans la variole ovine . . . . . . . . —* * : : Sérum: des sujets vaccinés contre la clavelée est préventif SC ÉÉÉCUT ADI PARU TE ANA PNAP RSR Ant ER = Atténuation du virus claveleux par la chaleur . . . . . . . 1 0 NVartole ovine s—MNaCCNAalIon ENCEINTE DUROURENME PAIE Structure des cordons postérieurs de la moelle . . . . . . DuranTe:. : :. : . flémorragïes et sclérose du thymus chez les enfants nou- MESURÉ SEEN CC ON ES EE EE On #2 VE —° * : : Tuberculose humaine occasionrmée par un oiseau. . . . . - Dumas. : : : . . Circulation du sang dans l'excitation mentale . . . . . - . 822 193 157 159 675 581 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS E. ELixsox . . . . . Fibres centrifuges du nerf optique. DATE oo ON MONET EnriQuez et Pare Injections intravasculaires d’eau salée dans l’intoxication diphiérique expérimentale NES NN ONE — Injections intraveineuses d'eau salée dans l’intoxication — diphtérique expérimentale . . . . . . . . . . SSL ETTLINGER . . . . Lésions des méninges rachidiennes et des racines rachi- diennes dans la méningite tuberculeuse. . . . . . . . . ETruixcer et Nacrorte. Lésions des cellules du système nerveux central dans l’intoxication addisonienne expérimentale . . , . . . . F FABrE-DOMERGUE et Brérrix. OEufs et alevins de la sardine dans les eaux de CONCARNEAU EME EN NE RÉRÉR AE Evolution de l'embryon de poule. Influence de l'introduction du venin dans l’albumen de l’œuf de poule . . . . . . . — Influence de l’antisepsie de la peau sur les manifestations cutanées de ltO dise NOMME CNP EME NE NC — Expériences relatives à la notion de position . . . . . . . — Spasme du cou coïncidant avec des hallucinations visuelles URL ET ATE SPAM NE SR RE NOEL — Alcools naturels; leur puissance tératogène . . . . . . . . _— Epilepsie procursiverdui chien tn NN OT Pie — Influence de l'exposition préalable aux émanations du musc sur l’incubation de l’œuf ou du poulet. . . . . . . . . . — Influence de l'exposition aux vapeurs d'essences sur l’incu- bationïde l'œuf defpoule Re MN EN US — Injections de peptone dans l’albumen de l'œuf de poule; influence sur l’évolution de l'embryon. . . . . . . . . . — Epilepsie spontanée chez le lapin : =... 41: .. . . . . — Torticolis permanent chez-un coq avec recrudescence abou- tissant à des accès épileptiformes. , . . . . . . . . . . — TératomestexpérIMentaAUR SEEN IE ENT — Importance physiologique des variétés morphologiques du pavillontderl'oreille ins SAME MER RUE, — Bptlepsielchez Un COTES ER EEE EN ET — Attaques paralytiques chez un épileptique . . . .. . . . . — Agalactie familiale et cancer du sein. . . . . . . . — Greffes de blastodermes d'oiseaux sur des oiseaux Ne d'autreg CSTéc ESPN ATP NON NA IENS CORRE ST — Peur instinctive.chez les)poussins rte" "t 00 7 * à 0 — Tendance à la variation sous l'influence de changements du HULL Le ee eo a Re ete SCIE ee ei cie — Névropathie et malformations fraternelles. . . . . — Rapport du poids de l'œuf et de la durée de l'incutétion chez le poulet et chez le canard. : . . . . . . . — Influence des injections de la solution Lu dù sd dans l’albumen de l'œuf de poule sur le produit de l'in- cubation ; apparence de neutralisation des effets de l'orage ns ‘“Dysgraphis émotionnelle UMA MN RRNN 1121 23 966 991 938 1164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. FÉRÉ. . . . . Orientation et allure du développement de l'embryon du CANAL NE CT EU RM LD nie oui 909 FLORESCO. +, . Empreintes digitales dans l'étude des fonctions de la main. 1144 Epilepsie affectant principalement le système nerveux de la vie ‘organique +. - INTIMES HEIN ONCE 1034 Sensations subjectives de l'odorat chez un épileptique . . . 1036 . . Pancréas du bœuf, chien, mouton et porc. Activité compa- rative quant à leurs propriétés zymotiques . . . . . . . 71 - Pouvoirs zymotiques comparatifs du pancréas de bœuf, chien, mouton et porc, par rapport à la gélatine. . . . . 890 Fonzes-Dracon . . Elimination des sels alcalino-terreux dans un cas d’ostéo- malaciés: hisser NET RER 20 Ce RENE ERER RENE 528 Françcors-Fraxcx. Communication artério-veineuse expérimentale . . . . . . 150 Franxçois-FrANck et HaLLiox. Innervation vaso-motrice du pancréas . . . . . 561 Furamanx . . . .« Note faunique sur les Turbellariés rhabdocœæles de la baie GALIPPE + .+ . . GARNAULT. . GELLÉ SES 9 4 de CONCARNEAU EE ET NP ne eo € 1044 G HParasitiSMEMONMal MCE NE A OT EN REE oo 87 Recherche de l'acide urique dans le tartre salivaire au cours detlafpyorrhée alvÉClaire RME EE EH REA TS - Recherches sur la non-existence de l'acide urique dans le tartre salivaire et dans l'extrémité des racines de dents envahiesipar, leftartre: RPM EEE NE Er .881 . Traitement chirurgical de certaines formes de surdité . . . 434 Mobilité de l’étrier. Résultats de sa mobilisation et valeur destépreuves de llouiencheztles sourds MIE 1063 “Aura duwvertide auriculaire ee MERE EEE 88 Présentation de deux volumes du Dr Pierre Bonnier {sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie de l'oreille . . 959 — Detlaudition, létriensouTÉ MMM MEN NERR 1022 GÉRARD . . . . .« Dédoublement de l'amygdaline dans l'économie . . . . . . 44 — Fermentation de l'acide urique par les microorganismes. . 516 — Fermentation de l'acide urique par les microorganismes. . 828 GARDE NEN EAN Y a-t-il antagonisme entre la greffe et la régénération? . .. 180 = Sur le Pentastomum constrictum Siebold, parasite du foie TESMNÉCTES EM NE OI SN SATA TEEN SP ‘060 _— Ferment bleuissant la teinture alcoolique de gayac. Exis- tence de ce ferment chez certains animaux. . . . . . . . 483 —= Observation à propos de la note de M. Bataillon . . . . . . 133 — Retard dans l’évolution. déterminé par anhydrobiose chez un Ahyménoprerenchalciien te MEN PRE . - NO GILBERT . . . . .« Remarques au sujet des cultures microbiennes dans le sang DÉRDTINEN ATEN Le ne ee CRE PANNES TE PRE A 0.0 1 — La culture du pneumocoque dans le sang défibriné. . . . . 2 GILBERT et CARNOT. Opothérapie hépatique: :.: 0.02 MON NN 934 Action des extraits hépatiques sur la glycosurie occasionnée par l'injection intraveineuse de glycose . . . . . . . « . 1081 Action des extraits hépatiques sur {la glycosurie alimentaire 1112 Action des extraits hépatiques sur la glycosurie toxique et la glycosurie nerveuse expérimentales. . . . : . . . à UE TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1165 Pages. Gizsert et CLaupe. Tuberculose expérimentale du foie par l'artère hépatique. 483 Gizsert et Fournier. Rôle des microbes dans la genèse des calculs biliaires. 155 — BacilleTderlalpSittacose AMENER CSC NNSEMENN es FR. 1099 GizserTt et GRENET. Cystite primitive à coli-bacille. . . . . . . . . . . . . . 980 — Cirrhose alcoolique hypertrophique pigmentaire . . . . . . 1078 GizBerT et Rocer. Unicité des tuberculoses humaine et aviaire. . . . . . . . 144 — Stéthographe bilatéral 00: à 33 + IN = 5 79 GREY US 2308 Prétendue résistance db quelques chiens à l’action bu purAnteqde Ie PFOPeHIURE 2 NU MANIERE RCE" 245 — Influence de la peptone sur la coagulation du laït par la PTÉSUTE NN MP Pt ee DRE ETES LE Tee 591 — Peptone. Action anticoagulante sur le lait. . . . . . . . . 626 — - - Action de la propeptone sur la coagulabilité du sang de lapin. 658 — Ligature des lymphatiques du foie. Son effet sur l’action anticoagulante dela propeptone: . . . . . . . . . . . . 663 — Influence du foie sur l’action anticoagulante de la peptone. 739 — Action anticoagulante du sang de lapin sur le sang de Chien APOMNRIEN ES RUENASNRRNETEAMR ES SI tre ME ESTS — Rôle du foie dans l’action anticoagulante.de la peptone . . 719 — De la mort consécutive aux injections intraveineuses de pepitoneichezMelchiene RER ES RENEUT ACER RE 184 — Action anticoagulante et lymphagogue des injections intra- veineuses de propeptone après l’extirpation des intestins. 1053 — Défaut de rétractilité du caillot sanguin dans quelques con- ditions expérimentales MMM MEMREMEAEN LUE ENTRE 1075 Grey et CHarrix. Squelette d’un lapin présentant l’aspectl du rachitisme. . . 409 GLey et Pacxon . Influence du foie sur l’action anticoagulante de la peptone. 523 GRÉHANT . . . + . Traitement de l’empoisonnement par l’oxyde de carbone. . 171 — Dosage de l'alcool dans le sang recueilli d'heure en heure. 839 GRIFFON . .. . . Présence du seul pneumocoque dans la pneumonie lobaire SUPDUTÉE PA PR NRA EME TERRE ARERTEeE 851 ÉRimnenrs cc ce Léchonteige ASC LPOMNLD UE GérARAU TS L SES 8 — Action du pneumobacille de Friedlænder sur la xylose et l'arabiIn ASE RENTREE DEN RTE" RME ER ne 191 — Colibacille produisant de l'acide succinique avec la lactose. 192 -— Diverses variétés de pneumobacilles de Friedlænder isolés TES CARRE SNA EURE SN PA AT AN ET SM RTS 260 — Colibacille. Son action sur la lactose et la saccharose . . . 68% Sur la préparation du milieu d’Elsner . . . . . . . . . . . 122 — Surunmmileutd'Elsner artifictrel. 220000 MONT TURN 815 GUIEYESSE . .« . |. Muscle trachéal et muscles de Reissessen . . . . . . . . . 897 Guizemoxar. . . Variations de la glycosurie chez les diabétiques soumis au TécnmeJacié, MMA PME est es 5 SN ME ( Guizzemonar et Lapicque. Dosage du fer dans les tissus. . . . . . . . . . . . 641 — Teneur en fer du foie et de Ja rate chez l'homme. Varia- tions pathologiques: che ae0 ef re 651 — Fréquence relative de la rubigine en pathologie humaine . 654 — Le fer dans le foie et dans la rate, Comparaison de l’homme avec diverses espèces animales. .. . . . . . : … . . . . 160 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. H FRANCE Variation de l'acidité totale du suc gastrique retiré par aspi- ration et conservé àll'air + : Lu. 1 ARE ET CA 0 à 43 — Action de la levure sur le chimisme stomacal. . . . . . . 854 HALDÉ= UC . Leucoplasies et cancroïdes dans l'appareil urinaire. . : . . 543 HADDIONT- MEN Élection sue à 4e here SAR ETES 567 HaLzion et Cour. Pression artérielle pendant l'effort . . . . . . . . . . 903,916 HaLL1oN et Francors-Francx. Effet de l'excitation directe, réflexe et centrale des nerfs vaso-moteurs mésentériques étudiés avec un . nouveliappareil"olumeétrique VUE RME CCR 147 HaALLION, LErRANC et PourineL. Supériorité antiseptique du crane de mercurelsur-lesublimÉIcConrosit APCE OCR 208 HANOTAEMENRER Diminution des acides biliaires dans la bile incolore. . . . 248 HANRIOT. . - . . Élection . RE EE CA LOT Ou ue à 958 — SUrUnInouveau fermenttdursanc M ANCIEN NC 925 HARDIVILLER (n'). Développement de la ramification bronchique et bronches épartérielles chez les mammifères. . 0... 1095 Hépox et DELEGEuNE. Injections intraveineuses des peptones après extirpation dufoiecombinéela dla tistule d'Eck EC EEE 633 Henry (Charles). Énergie musculaire et sensibilité. . . . . . . . . . . . . . 194 HENur Ve) Localisation desvsensationsitactilesties PONS 1105 HÉRISSEY . . . . Émulsion des amandes et émulsion de l’Aspergillus niger (Étude comparée) 141 fe TO DER EE 640 = Action du chloroforme sur la maltase de l’Aspergillus niger. 915 Heymaxs et Mason. Action antitoxique de l'hyposulfite de soude vis-à-vis du nitrite-:malonique, 14 Sue MA RMI PRESS 189 HOCHE EEE . Effets primitifs des saignées sur la circulation de la lymphe. 152 HOMEN. . . . . . Action du streptocoque et de ses toxines sur les nerfs, les ganglions spinaux et la moelle épinière . . . . . . . . . 518 HuGouxexQ et Pavior. Propriétés oxydantes, peut-être dues à des actions dias- tasiques de quelques tumeurs malignes . . . . . . . . . 392 HuGouxexo et Doxon. Culture du bacille de Lœffler en milieu chimique défini. 401 = Altérations microbiennes de la biliverdine. . . . . . . . . 429 = Procédé nouveau de préparation de la biliverdine . . . . . 430 Al IusenT et BErTIN-Sans. Expériences sur les rayons de Rôntgen. . . . . . . . 167 IuBERT, BeRTIN-SANS et GAGNIèRE. Radiographie, après la mort, du GOÈRS entier d'üuninouveatnné EMMA TE ERA ER EEE 0 OUT J DE LA JARRIGE . . Tuberculose pulmonaire traitée par la sérothérapie . . . . 668 JoussET Fe V0 pothérapie hépatique. PME TAN ATEN ER 961 K KaAUFMANN . . . . Méthode pour servir à l'étude des transformations chimi- ques intra-organiques et de l’origine immédiate de la cha- leur dégagée par l’homme ou l'animal. . . . . . . . . . 201 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1167 Pages Kaursaxx. . . . Diminution de poids pendant l'inanition, comparée chez les animaux normaux et ceux devenus te par l'ex- bixpation dujpansrÉa Sens eals ee Leon — Excrétion sucrée pendant le jeûne de les animaux “eadhe diabétiques, par extirpation du pancréas . . . DD 0 eo Me CP _ Nutrition et thermogénèse comparée pendant le jeûne, chez les animaux normaux et diabétiques . . . . . . . . 236 — Formation et destruction du sucre chez les animaux nor- mauxset(dépancréatés Me EN TE NMANN ACEDS — Transformations chimiques intraorganiques. . . . . . . . 381 —- Origine et mode de formation de la graisse dans Menernante CINE OR CARE MEME EN ELLE TETE 7 0 : 414 — Influence de !a fièvre sur les actions chimiques irons HIqQUeSs Mel ANeNMOTÉNESE EN RENE SPAS one TT) — Action du venin et du sang de la vipère-aspic sur ne pres- SIONVARLÉPICllE RE APE NAME CE: 00: 0 000 L LaBapre-LAGRAvE, Boix et Noé. Toxicité urinaire dans la grossesse . Dai (127 LABORDE. . . . . Action préventive et curalive du curare vrai dans le tétanos etrychnique ou toxique (vaccination thérapeutique) . . . 85 — Traitement du hoquet par tractions linguales continues ...: 137 — Déviations conjuguées des yeux. : . . : . . . . . do gr reel Lagorpe et CHarrix. Virus de la maladie pyocyanique. Signes none de lésions encéphaliques avec localisations déterminées, CHEZAlC ATARI COUPE Jon re 32 Lamy . . . . . . Lésions des vaisseaux dans la anni de re nerveux. 84 — Lésions de la moelle épinière produites en à PademhOliEsNaseptiques EMEA SENIOR UN io 6 — Lésions de la moelle consécutives aux embolies expérimen- LAlESNESE DITES MONPANPNENEREETRE CROSS . 1085 LanGLois. . . . . Action différente de l'extrait de capsule UE. sur he pression sanguine suivant l’état d’altération morbide de CES OTLanes NN NU : dite a ant} LaxGLois et Cuarrix. Hypertrophie annee des noie non ee ar Ale Ul — Rôle des capsules surrénales dans la résistance à certaines infections. . . . : RTAREe HIS Lapicoue. . . . . Toxine diphtérique 4 De 252 — Toxine diphtérique et foie. pes ; pol — Explication physiologique äe l’usage du el comme € cnéutu 532 LArASTE . . . . . Fécondité de la femelle du homard américain en fonction de sa taille . . RE ME Al ho dune Mere tn 810 LAULANIÉ. . . . . Calorimétrie ane Calorimètre anémothermique. é 5 LéCAILLON . . . . Coque excrémentitielle des œufs et des larves de certains INSECLES AE RE PP RE EL TS 06 LECLAINCHE. . . . Epreuve de la toxicité des sérums par l'injec fon sous- CUTADÉENE DT MT tr SELS RES 831 —_ Virulence des Aubin Me Hour ASE UÉUT EL ; 1013 LEFÈVRE , . . , . Résistance thermogénétique chez l'homme . ; 492 — Résistance de l'organisme humain aux réfripérations ‘46 longüe-durée. 101,000 Meme Ce ul PES ions ET DT Ÿ MT PES SE OU VER Yu * Fe en : 1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. LÉGER eue 14 50 Origine du plasmodium et des cristaux dans les lithocystis. 887 LEsars. . . . . . Le lavage du sang dans les injections. . . « . . . . . . . 461 LEMOINE . . . . . Application des rayons Rôntgen à l'étude des ossements fossiles des environs de Reims. . . . . . . . . . . . . 8718 — . Rayons Rüntgen. Etude du squelette des animaux de Fépoquetac{ineler. MINIME NORMES 974 Le Noim. . . . . Infection urinaire mixte. Bacille pyocyanique dans l’urine Humaines Aa: , MANN LEUR NIMES 71 LÉPINE . . . . Traitement du hoquet par la traction de la langue. . . . . 135 — Résorption éventuelle de la bile par le réseau veineux sus- hépatiques ri 19 ROME PEUR ANNEE CRPESIERE 998 LÉPINOIS. . . . . R'erTTÉUENaAIECS NN CN EEE SE D2 Léorozp-Lévi . . Etat des réflexes patellaires au cours des affections hépa- tiques xd RM Ut LASER ER CRE 11 É LESBRE-# 0e 00e Vestige de clavicule chez les pachydermes, les ruminants et les solipèdes domestiques . . . . . . . . . . . . . . 471 Licarwirz.. . . .« Eschares (par électrothermie) des amygdales avec bacilles de Lœæffler. Innocuitétde ces bacilles. 7... 307 Linosster et Lannois. Absorption du salicylate de méthyle par la peau saine . 318 Pivone 0-0 institut antirabiqueide Marseille ARC ER 311 LORRAIN . . . . . Mécanisme du pneumothorax à soupape . . . . . . . . . 386 Lours-DuBois. . . Pathogénie de l’albuminurie prétuberculeuse . . . . . . . 1120 Luys . . . . . . Faisceaux des fibres cérébrales descendantes allant se perdre dans les corps olivaires . . . . . DONNE = 60 AU M Marrer et Bosc . Toxicité des urines des épileptiques.. . . . . . . . . . . . 161 — Effets de la glande pituitaire administrée aux animaux, à l’homme sain et à l’épileptique . . . . . . . . . . . . . 348 — Action de l'extrait rénal dans l’épilepsie. . . . . . . . . . 350 Marer et Vires . Toxicité du foie; son degré, ses caractères. . . . . . . . . 1071 — Propriétés coagulatrices et toxiques du foie . . . . . . . . 1112 — Recherches des causes de la toxicitéet des propriétés coagu- latricestdusfoie: MMEMENE EEE IEC IEEE 1112 MaLassez . . . . Solutions salées dites physiologiques... . . . . . . . . . . 504 — Remarques sur les prétendus liquides conservateurs des globules rouges M ER RARE ENS R ERER 511 — Remarques sur la coagulation du sang. . . . . . . . . . . 597 — Altérabilité des globules rouges. . . . . . . . . . . . . | 1097 MANGIN. ….. Méthode d'analyse des tissus envahis par les champignons PATASLLES SN RENE MT NON ER LS RENE RE RENE EE NE 174 = Végétation. Ses rapports avec l'aération du sol. Plantation desipromenadeside Paris NES PE RENE RC RC 309 — . Influence del’accumulation d’acide carbonique etde l'appau- vrissement d'oxygène dans l’air sur la germination.. . . 322 = Les maladies circulaires de la jacinthe. . . . . . . . . . . 706 Marian . . . . . Recherches sur les inhalations d’oxygène.. . . . . . . .. 1069 MaRiNESCO . . . . Lésions primitives et secondaires de la cellule nerveuse. , . 106 — Lésions de la moelle épinière consécutive à la ligature de “Paorte"ahdominale 00e RENE PE 230 TABLE PAR NOMS D AUTEURS MariNEscO. . . . Polynévrite avec lésions de réaction à distance dans la moelle épinière. . . . LME JE GENE _— . Acromégalie étudiée au His 1x ee Fériernn AN E — Lésions médullaires provoquées par la toxine tétanique.. . — Phénomènes de réparation dans les centres nerveux après la/sectiontdesnerfs-périphériquest. HW 4h. à LOSC — Lésions des centres nerveux produites par la toxine du bacillus botulinus.. . . . NSP RENAN METRE Mavareu. . . - . Mesure de la nor de Nistonre si transit des liquides dans sa cavité.. .. . . . te ONE — Motricité red et nr de onde ne l'estomac à l’état physiologique. . . . . PEN AE OUE 6 — Motricité stomacale et transit de oies dans l'estomac à l’état pathologique . . . . . DANONE EN ete Maruieu (de Nancy). Etat histologique du tube manie dans un testicule sarcomateux.. . . . nr è à © D LE MON EEN ee MAUREL.. . . . . Persistance et a. de een non dans les griftes decmo-epidermiques Co C2 Go Q & (phare) — 30 — 612.849.3 CLASSIFICATION DÉCIMALE. 612.899 .849.3 Chez les Protozoaires, etc. (Comme plus haut). .85 Audition. .851 Oreille externe (fonctions). .804 Oreille moyenne. .-855 Membrane du tympan. .856 Trompe d’Eustache. .857 Osselets et mouvements des osselets. .-858 Oreille interne. .858.1 Conduction des sons dans l’oreille interne. .858.2 Utricule et saccule. .858.3 Canaux semi-circulaires (v. aussi 612. 819.82). Vertige. .858.4- Limacon. Organe de Corti. .858.7 Conduction des excitations acoustiques dans l’encéphale et perceptions acoustiques. .858.71 Acuité auditive. .858.72 Rôle des circonvolutions. 858.73 Sensations subjectives. .858.74 Sensations musicales et distinc- tions des sons et des timbres. .858.75 Audition binauriculaire. , .858.76 Sensibilité générale des êtres aux sons (v. aussi 612.014.45). 858.9 Audition dans la série animale. .858.99 Chez les Protozoaires, etc. .86 Olfaction. .87 Gustation. .88 Toucher. Sensibilité tactile. Équilibre. .881 Notion de l’espace. .882 Sens de la température. -883 Sens de la pression. .884 Sensibilité à la douleur. -885 Sens musculaire. .-886 Sens de l'équilibre (v. aussi .819.82). .887 Anesthésies, hyperesthésies, synesthésies. .889 Sensibilité tactile dans la série animale. .89 Système du grand sympathique. .891 Ganglions cervicaux. .892 Ganglions thoraciques. -893 Ganglions abdominaux. .-896 Action sur l'iris. .897 Action sur le cœur. .-898 Action sur l'intestin. .899 Système sympathique dans la série animale. CARTE PHYSIOLOGIE ANIMALE. INDEX SOMMAIRE (PHys1OLOGIE ANIMALE) Absorption, .38. Accommodation, .842.1. Air résidual, .24. Albumines, .398. Albuminurie, .464.2; 466.22. Alcool, .393. Aliments, .39. Amidon, .396. Anesthésiques, .821.42. Artères, .133. Apnée, 285. Asphyxie, .232. Association des idées, .821.2. Astigmatisme, .845.3. Attention, .821.2. Atrophies médullaires, .832. Atrophies musculaires, .148.5. Audition, .85. Audition colorée, .843.72. Azote (excrétion), .461.23. Barométrique (pression), .27. Beurre, .664.3. Bile, .351. Bouillon, .392.81. Brülures, .59.9, Bulbe, .827. Cœcum, .363. Café, .393.2. Calorimetrie, .511. Canaux semi-circulaires, .819.82. Carbonique (acide), .234, Caséine, .664.4. Cellule, .014. Cerveau, .822. Chaleur, .5. Chimie physiologique, .015. Cholestérine, .123. Choroïde, .8#2. Chronophotographie, .761 Chylifères, .333.73. Cicatrisation, .603. Cils vibratiles, ,72 Circulation, .1. Circonvolutions, .825. Coagulation, .115. Cœur, .17. Condiments, ,393. Corde du tympan, .213.87. Cornée, .841. Cristallin, .844. Curare, .817,1. Daltonisme, .843.33. Décapitation, .822.1. Défécation, .365. Dégénérescences cérébrales, 825.6. Dégénérescences médullaires, .832. Dégénérescences nerveuses, .818.8 Déglutition, .312. Dextrines, .396.12. Diabète, .352.3; 352.6. Dialyse, .382. Diapédèse, .112.3. Diaphragme, .217. Diastases, .396.3. Difiusion, .383. Digestion, .3. Diurétiques, .464.1. Douleur, .884. Effort, .219.1. Élasticité (muscul), .741.4. Electricité muscul., .743.1. Électriques (animaux), .771. Électrophysiologie, .914.42. Embryon, .64. Entoptiques (perceptions), .843.4. Épilepsie corticale, .824,3. Équilibre, .886. Érection, .612. Ergographe, .144.21. Estomac, .32. Facial, .819.7. Faim, .391. Fécondation, .614. Fécondité, .663. Fer, .392.4. CLASSIFICATION DÉCIMALE. Ferments, .015.1. Fibrine, 115.1. Fièvre, .51. Fistules biliaires, .351.11. Fistules gastriques, .321.1; 326.1. Fistules intestinales, .331.1 ; 331.6. Fistules pancréatiques, .341.1. Fœtus, .179.92 et .647. Foie, .32. Ganglions du sympathique, .89. Gélatine, .398.4. Glandes, .4. Glossopharyng. N. .819.9. Glotte, .182.4. Glycogénèse, .352. Glycolyse, .396.2. Glycose du sang, .122. Glycosurie pancréatique, .349. Glycosurie, .466.21. Graisses, .397.2. Greffe, .602. Grossesse, .63. Gustation, .814. Hématies, .111. Hématopoièse, .119. Hémoglobine, . 114.1. Hémorrhagie, .116.2. Hibernants, 58. Historique, .09. Ictère, .351.65. Illusions optiques, .843.74. Imprégnation, .63. Inanition, .391. Inhibition, .801.1. Instinct, .821.3. Intestin, .33. Iris, .842. Jrradiation, .843.2. Isotonie, .111.17. Laboratoires, .071. Lacrymal (appareil), .847. Lait, .664. Langage, .189. Larynx, .18. Léoumine, .398.15. Leucocytes, .112. Limacon, .858.4. Liquide céph. rach., .824.1. Locomotion, .16. Lyÿmphe, .42. Mal des montagnes, .275.1. Mastication, .311. Menstruation, .662. Mérycisme, .321. Méthode expérimentale, .011. Méthode graphique, .072. Moelle, .83. Muscles, .13; 74. Myographie, .741.1. Myosine, .144.14. Nerfs .81. Nerveux (système), .8. Nœud vital, .282. Nouveau-né, .648. Nucléines, .398.14. Œdème, .381. Olfactif (nerf), .819.1. Olfaction, .864. Ongles, .199. Optique (lobes), .826. 5. Optique (nerf), .819.3. Optique physiolog., .84. Osmose, .382. Ovulation, .62. Oxyde de carbone, 111.14. Pain, .392.74. Pancréas, .34. Parole, .18. Peau, .19. Pédoncules, .825.3. Pepsine, .321.5. Peptones, .398.17. Péritoine, .339. Phagocytose, .112.3. Phloridzine, .464.4. Phrénique, .819.9%1. Phosphore, .392.4. Phosphorescence, .772. Pneumogastrique, .819.91. Poils, .199. Poisons, .014.46. Pouls, .16. roue PHYSIOLOGIE ANIMALE. Protéolyse, .398.3. Protubérance, .825.3. Psychologie, .821. Psycho-physique, .821.8, Puberté, .661. Purgatifs, .334. Rate, .41. Ration, .394. Réflexes, .833. Réf. psychiques, .821.6. Rein, .46. Respiration, .2. Rétine, .843. Rigidité cadavérique, .742. Rumination, .321.5. Salive, .313. Sang, .1. Sens en général, .821.8. Sens musculaire, .885. Sensations, .821.8. Sensibilité, .811.4. Sérothérapie, .118.5. Soif, .391. Sommeil, .821.7. Soufre, .392.4. Sperme, .61. Sphygmosraphie, .161. Spinal, .819.93. Stéréoscopie, .846.1. Strabisme, .816.8. Sucres, .396. Sueur, .792, Surrénales (glandes), .4 Sympathique (N.) .89. Syncope, .118.6. Testicule, .616. Thermométrie, .561. Thymus, .43. Thyroïde, .44. Tonicité musculaire, .748.2. Toucher, .884. Transfusion, .116.3. Transsudation, .381. Trijumeau, .819.5. Trompe d'Eustache, .856. Trophiques (nerfs), .818 : Tympan, .855. Urée, .461.2. Urémie, .466.23. Urine, .46. Urique (acide), 461.25. Utérus, .62. Vaso-moteurs, .18. Végétarisme, .392.71. Veines, .134. Venins, .314. Vessie, .461. Vessie natatoire, .761. Vie, .013. Vivisection, .012. Vol des oiseaux, .768. Vomissement, .321.1. Paris. — Typ. Chamerot et Renouard, 19, rue dés Saints-Pères. — 92546 4 Sn VS LENS (a 69 rl nat AM ONE 102 Lu EN 4 ULCENTPNNN és CPR EE: LANTERNE) D Mt nb op 200 2 CORRE LL « ps VALLE “. be ds 05 VLL UE] ss LONDON Pere: COPAIN EPA LC LIE NS ne ue. Le M s COPINE DO EE v + ds ms Ts F MAY ess . neo pps x ÿ … ' y ’ LENS er K < * 24 Dray D. 0 108 Bd. . L : ke N £ AB, +. 100.2, à 9.8 LQULILEZ l OS ROC dur Tee ere rs cp 105 a nr triés DV Pa 4 ennibnn pures x OLELUrES ne Dercauees RE ne RÉ DE # ai = _ SR: ni pad) ra DO Cr de Liens LE LI . 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