Om OT € y RARE" ACTUS DES COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOL OGIE te 0 ER PAR Sun 4 IS cs: Î n V4 Vi RU L. MARETHEUX, IMPRIMEU 1, rue Cassette, 1 2 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIETÉ DE BIOLOGIE ANNEE 1900 CINQUANTE-DEUXIÈME DE LA COLLECTION Avec figures PARIS MASSON ET C:, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1900 AA (1 ATALIOEE st j 56 MERE RO A TATES Fe A PAU AN MOREL l'O) LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU 31 DÉCEMBRE 1900 ABRÉVIATIONS A À M, associé de l’Académie de médecine. AEP, agrégé à l’École de pharmacie. A F M, agrégé à la Faculté de médecine, A #H, accoucheur des Hôpitaux. A M, assistant au Muséum. & A s, correspondant de l’Académie des sciences. c A M, correspondant de l’Académie de médecine. c H, chirurgien des Hôpitaux. M À M, membre de l’Académie de médecine. 1, membre de l'Institut. | MA s, membre de l’Académie des sciences. .MmMcrs, maître de conférences à la Faculté des sciences. M #, médecin des Hôpitaux. P c Fr, professeur au Collège de France. PE, professeur à l'École de médecine. P EP, professeur à l'École de pharmacie. PE MM, professeur à l’ École de médecine militaire. PEV, professeur à à l'École vétérinaire. P F M, professeur à la Faculté de médecine. PF s, professeur à la Faculté des sciences. P H, pharmacien des Hôpitaux. PH F M, professeur honoraire à la Faculté de médecine. P M, professeur au Muséum. P u, professeur à l'Université. ne “a à — VI] — ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). COMPOSITION DU BUREAU (1901) RRÉSMenE ee eee M. Bouchard. ” Vice-présidents..... .......... ( M. Netter. { M. Railliet. Secrétaire général.:.......... M. Gley. Pb M: L'Camus-: Secrétaires ordinaires. ....... ) M. Capitan. M. P. Carnot. M. L..Martin. Présorier anti ee PER eue M. G. Weiss. Archiviste 62 us Un EURE M. Retterer. MEMBRES HONORAIRES MM. MM. Albert (S. A. S.), Prince de Monaco. Beneden (Ed. van), ru, à Liège. Brouardel, MAS, MAM, PFM, MH, doyen de la Faculté de médecine. Burdon-Sanderson, pu, à Oxford. Chauveau, MAS, MAM, PM, 10, ave- nue Jules-Janin (16°). Engelmann (W.), pu, à Berlin. Foster (Michael), pu, à Cambridge. Haeckel (Ernst), pu, à léna. Külliker (von), pu, à Würzburg. Kovalevski, mas, à St-Pétersbourg. . Pflüger, pu, à Bonn. Potain, MAS, MAM, PHFM, MH, à Paris. Ray-Lankester, directeur du Bri- tish Museum, à Londres. Strasburger, pu, à Bonn. Virchow, pu, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Arsonval (A. d’); MAS, MAM, PCF, 28, avenue de l'Observatoire (44°). Babinski, mx, 170 bis, boulevard Haussmann (8°). Balzer, mx, 8, rue de l’Arcade (8°). Berthelot (M.-P.-E.), MAS, MAM, PCF, MM. sénateur, au palais de l'Insti- tut (6°). Blanchard (Raphaël), MAM, PFM, 226, boulevard Saint-Germain (7°). Bloch (A. M.), 41, rue Laffitte (9°}. Bonnier (Gaston), mas, Prs, 15, rue de l’Estrapade (5°). — VI — Rs SAME AE DE 75 A nn Se 3" 2 MM. Bouchard, MAS, MAM, PFM, MH, 174, rue de Rivoli (1°). Bourneville, Ma, 14, rue des Car- mes (5°). Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue de Sèvres (7°). Brissaud, PFM, Mu, 5, rue Bona- parte (6°). Budin, MaM, PFM, AH, 51, rue de la Faisanderie (16°). Capitan, professeur à l'Ecole d’an- thropologie, 5, rue des Ursu- lines (5°). Chamberland, directeur de labo- ratoire, à l'Institut Pasteur, rue Dutot (15°). Charrin, AFM, M4, 11, avenue de l'Opéra (1°). Chatin (G.-A.), Mas, mam, 149, rue de Rennes (6°). Chalin (Joannès), MAS, MAM, PrFs, 174, boul. Saint-Germain (6°). Cornil (V.), MAM, PFM, Mu, sénateur, = 19, rue Saint-Guillaume (1°). Dastre, PFs, 1, rue Victor-Cou-: sin (5°). Dejerine, arm, Ma, 179, boulevard Saint-Germain (7°). Duclaux, MAS, MAM, PFs, directeur de l’Institut Pasteur, 35 bis, rue de Fleurus (6°). Duguet, MAM, AFM, MH, 60, rue de Londres (8°). Dupuy (E.), 53, avenue Montai- gne (8°). Duval (Mathias), MAM, PrM, 11, cité Malesherbes (9°). Fabre-Domergue, chef de labora’ toire, FM, 208, boulevard Ras- pail (14°). Féré (Ch.), uu,37, boulevard Saint- Michel (5°). MM. François-Franck, mMam, professeur suppléant au Collège de France, 5, rue Saint-Philippe-du- Roule (8°). Galippe (V.), chef de laboratoire, FM, 12, place. Vendôme (1°). Gellé, 4, rue Sainte-Anne (1°). Giard (Alfred), mas, prs, 14, rue Stanislas (6°). Gilbert, AFM, Rome (8°). Gley, ArM, AM, 14, rue Monsieur-le- Drince (6°). Grancher, MAM, PFM, MH, 30, rue Beaujon (8°). Gréhant (N.), pm, 90, cours de Vin- cennes (12°). rue de M4, 27, Guignard, MAS, MAM, PEP, 1, rue des Feuillantines (5°). Hallopeau, MaM, AFM, mx, 91, bou- levard Malesherbes (8°). Hamy, mi, PM, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, 36 (5°). Hayem (G.), Mam, PFM, Mu, 97, bou- levard Malesherbes (8°). Henneguy, PCF, 9, rue Thénard (5°). Hénocque, directeur du laboratoire de physique biologique au Col- lège de France, avenue Mati- gnon, 11 (8°). Javal, man, directeur du labora- toire d’ophtalmologie à la Sor- bonne, 5, boulevard de Latour- Maubourg (8°). Joffroy, PFM, Mu, 195, boulevard Saint-Germain (7°). | Kaufmann, PEv, à Alfort. Künckel d'Herculais (Jules), AM, 5», rue de Buffon (5°. Laborde (J.-V.), Mau, chef des tra- vaux physiologiques à la Faculté QUE AN OLIS # SOIR MA — VII — MM. de médecine, 15, rue de l'École- de-Médecine (5°). Lancereaux (E.), MAM, AFM, Mu, 44, rue de la Bienfaisance (8°). Landouzy, MAM, PFM, MH, 4, rue Chauveau-Lagarde (8°). Langlois (J.-P.), arm, 12, l'Odéon (6°). Larcher, 97, Passy (16°). Laveran, mam, 25, rue du Mont- parnasse (14°). Leblanc, mam, 88, avenue Mala- koff (16°). Leven, 26, avenue des Champs- Élysées (8°). Magnan, MAM, Mu, nis (14°). Malassez, mam, 168, boulevard Saint-Germain (6°). Marey, mas, MAM, Pcr, 11, boule- vard Delessert (16°). Mégnin (Pierre), MAM, rédacteur en chef du journal / Éleveur, avenue Aubert, 6, à Vincennes. rue de Grande-Rue de 1, rue Caba- -Michon (Joseph), 33, rue de Baby-. lone (7°). . Netter, ArM, mx, 129, boulevard Saint-Germain (6°). Nocard, MAM, PEV, à Alfort. MM. Perrier (Edmond), MAS, MAM, PM, 57, rue Cuvier (5°). Phisalix, Am, 26, boulevard Saint- Germain (5°). - Railliet, ma, PEv, à Alfort. Ranvier, MAS, MAM, PCF, 28, ave- nue de l'Observatoire (14°). Raymond (F.), MaM, PFM, Mn, 156, boulevard Haussmann (8°). Regnard (Paul), mam, directeur de l’Institut agronomique, 224, boulevard Saint-Germain (1°). Rémy, ArM, 31, rue de Londres (9°). | Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- Marcel (13°). Richet (Ch.), mam, PrM, 15, rue de l'Université (1°). Robin (Albert), MAM, AFM, MH, 53, boulevard de Courcelles (8°). Roger,AFM, Mu, 4, rue Perrault (1°). Rouget (Charles), AAM, Pam, à Saint-Jean-de-Villefranche. Sinety (de), 14, place Vendôme (1%). Trasbot, MA, PEv, à Alfort. . Troisier, AFM, Ma, 25, rue de La Boétie (8°). Vaillant (L.), PM, 2, rue de Buf- fon (5°). Varigny (Henri Lalo (16°). Wurtz, AFM, Mu, 67, rue des Saints- Pères (6°). de),- 18,:rue MEMBRES TITULAIRES Onimus, 118, boulevard Hauss- mann (8°). MM. Barrier, PEvV, à Alfort (21 octobre 1899). Binet, directeur du laboratoire de psychologie physiologique à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Départ, à Meudon (21 dé- cembre 1895). | MM. Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- bourg-St-Honoré (8°) (3 avril 1897). Borrel, chef de laboratoire à l'Ins- titut Pasteur, 60, rue Mathu- rin-Régnier (15°) (17 novembre : 1900). MM. Boulart, préparateur au Muséum, 55, rue de Buffon (5°) (8 juillet 1897). Bouvier, pm, 39, rue Claude-Ber- nard (5°) (28 avril 1894). _ Camus (Lucien), chef adjoint des travaux physiologiques, FM, 60, rue St-Placide (6°) (2 avril 1898). Carnot (Paul), 40, rue du Luxem- bourg (6°) (5 mat 1900). Chabrié, chef de laboratoire, Fs, 3, rue Michelet (6°) (5 décembre 1896). Chantemesse, PFM, MH, 30, rue Boissy-d’Anglas (8°) (13mai1899). Darier, Mu, 8, rue de Rome (8°) (44 janvier 1893). Desgrez, AFM, 240, rue St-Jacques (5°) (29 avril 1899). Grimbert, AEP, Pu,47, rue du Fau- bourg-St-Jacques (14°) (21 mars 1896). Guyon, préparateur au Collège de France, 22, rue de Madrid (8°) (7 janvier 1899). Hallion, chef des travaux de phy- siologie pathologique à l'École des Hautes-Études, 54, rue du Faubourg St-Honoré (8°) (30 mai 1896). Hanriot, MAM,AFM, #4, rue Monsieur- le-Prince (6°) (21 novembre 1896). Héricourt, 12, rue de Douai (9°) (5 mars 1898). Lapicque, Mers, 15, rue de l'Odéon (6°) (15 décembre 1894). Letulle, AFM, mu, 7, rue de Magde- bourg (16°) (26 novembre 1898). MM. Linossier, 51, rue Lille (1°) (15 dé- cembre 1900). Mangin, professeur au Lycée Louis- le-Grand, 2, rue de la Sorbonne (5°) (25 mai 1895). Marchal, 126, rue Boucicaut, à Fon- tenay-aux-Roses (Seine) (19 juin 1897). Marie (Pierre), AFM, M4, 3, rue: Cambacérès (8°) (29 juillet 1899). Martin (Louis), chef de service à l’Institut Pasteur, 205, rue de Vaugirard (15°)(7 décembre 1898). Mesnil, chef de laboratoire à l'Insti- tut Pasteur, 227, rue de Vaugi- rard (15°) (28 mai 1898). Pettit (Aug.), 60, rue Saint-André- des-Arts (6°) (2 juillet 1898). Rénon, Mu, 51, avenue Montaigne (8°) (27 juin 1896). Richer (Paul), 11, rue Garancière (6°) (8 juillet 1893). Suchard, professeur suppléant au Collège de France, 75, rue Notre- Dame-des-Champs (6°) (30 no- vembre 1895). Thomas, 64, rue de la Chaussée- d'Antin (9°) (18 février 1899). Trouessart, 145, rue de la Pompe (16°) (28 juillet 1895). Vaquez, 4FM, Mu, 82, boulevard Haussmann (8°) (11 décembre 1897). Weiss (G.), AFM, 20, avenue Jules Janin (16°) (18 juillet 1896). Widal, AFM, mu, 155, boulevard Hausmann (8°) (17 juillet 1897). Yvon, 26, avenue de l'Observatoire (14°) (13 novembre 1897). X MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arloing, CAS, PFM, PEV, à Lyon. Beaïe, Lionel $S., à Londres. Beaunis, PHFM, villa Ste-Gene- viève, promenade de la Croi- sette, à Cannes. Carus (J.-V.), pu, à Leipzig. Dugès (Alfred), consul de France à Guanajuato (Mexique). Frédericeq, pu, à Liège. Gegenbaur, pu, à Heidelberg. His, pu, à Leipzig. Laulanié, PEv, à Toulouse. Le Roy de Méricourt, AAM, 5, rue Cambacérès, à Paris (8°). Lépine, cAS, AAM, PFM, à Lyon. | | | MM. Lortet, PFM, à Lyon. Metchnikoff, chef de service à l'Institut Pasteur, rue Dutot(15°). Pitres, cAM, PFM, à Bordeaux. Plateau, PU, à Gand. Recklinghausen (von), pu, à Stras- bourg. Renaut (J.), AAM, PFM, à Lyon. Roux, MAS, MAM, sous-directeur de l'Institut Pasteur, rue Dutot(15°). Sanson, ancien profess. à l’Insti- tut agronomique, 11, rue Bois- sonade, Paris (14°). Waldeyer (W.), pu, Lütherstr., 35: à Berlin. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. Abelous, PFM,à Toulouse. Arthus, chef de service à l’Institut Pasteur de Lille. Baréty, à Nice. Bergonié, cAM, PFM, à Bordeaux. Brasse, 25, rue Chasselièvre, à . Rouen. Calmette, PFrM, directeur de l’Ins- titut Pasteur de Lille. Caullery, PES, à Marseille. Cazeneuve (Paul), PFM, à Lyon. Charpentier, PrM, à Nancy. Coÿne, PrM, à Bordeaux. Courmont (Jules), PFM, à Lyon. Debierre (Ch.), PFu, à Lille. Delore, à Lyon. Doyon (Maurice), arm, à Lyon. Dubois (Raphaël), prs, à Lyon. Duret, professeur à l’Université libre, à Lille. Gilis, PrM, à Montpellier. Gimbert, à Cannes. Herrmann (G.\, prm, à Toulouse. | MM. Imbert, PFM, à Montpellier. Jobert (CL.), Prs, à Dijon. Jolyet, PFM, à Bordeaux. Jourdan, PFS, PEM, à Marseille. Jourdain, ancien PFs, à Portbail. Laguesse, PFrM, à Lille. Lambling, PFM, à Lille. Lataste, à Cadillac (Gironde). Lennier (G.), directeur du Muséum, au Havre. Livon, PE, à Marseille. Maupas, bibliothécaire, à Alger. Maurel, Ar“, médecin principal de la marine, à Toulouse. Morat, PFM, à Lyon. Moynierde Villepoix,PEM,à Amiens. Nepveu, PEM, à Marseille. Nicolas, pr, à Nancy. OEchsner de Coninck, Prs, à Mont- pellier. Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). MM. Pierret, PFM, à Lyon. Prenant, PFM, à Nancv. Rietsch, PEM, à Marseille. Rodet, Pru, à Montpellier. Testut (Léo), PFM, à Lyon. XI MM. Thierry (E.), directeur de l'École d'agriculture, à Beaune (Côte- d'Or). Tourneux (Fréd.), PrM, à Toulouse. Wertheimer, PFM, à Lille. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS MM. Allemagne. Ehrlich, P, K. Institut f. experi- mentelle Therapie, Sandhofstr., 44, Frankfurt-a-M. Hertwig (0.), pu, à Berlin. Weigert, P. Dr. Senckenbergisches pathologisch.-anatomisches Ins- titut, Frankfurt-a-M. Australie. Haswell, PU, à Sidney. Autriche-flongrie. Adamkiewicz (Albert), pu, à Cra- covie. | Belgique. Heger (P.), pu, à Bruxelles. Espagne. Ramon y Cajal, pu, Madrid. États-Unis. Bowditch, P, Harvard University, Boston. Stiles,directeur du Bureau ofanimal industrie, Department ofAgricul- ture, Washington (États-Unis). Minot (S.), P, Harvard University, Boston. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, Street, à Londres, W. Harley MM. Ferrier (David), F.R.s., p., King's College, 34, Cavendish square, à Londres, W. Horsley (Victor), F.R.s., 80, Park Street, Grosvenor Square, à Londres, W. Langley, F.R.S., P, Trinity College, à Cambridge. Simon (John), à Londres. Waller (Aug.), P, St Marys Hos- pital, à Londres Havane. Sanchez Toledo, à Paris. Hollande. De Vries, pu, à Amsterdam. Italie. Golgi, pu, à Pavie. Mosso (Angelo), pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), pu, à Tu- rin. Portugal. Mello (Cabral da), à Lisbonne. Roumanie. Vitzou, Pu, à Bucharest. Russie. Cyon (E. de), villa Mont-Riant, à Territet (Suisse) et 4, rue de Thann, Paris (17°). MN. | Dogiel, pu, à Kazan. Gamaleïa, à Kichineff. DETTAGS une An. Le ET Mendelssohn (Maurice), à SEE Wedensky,pu sSaint-Pét e tersbourg. Mierzejewsky, 26, rue Se | kaja, à Saint-Pétersbourg. Kronecker, PU, à Berne Tarchanoff (de), ancien professeur . Prevost, PU, à Genève. " ST, Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Marermeux, directeur, 1, rue. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉANCE DU 6 JANVIER 1900 MM. E. WeERTHEIMER et C. DELEZENNE : De l'influence des affusions froides sur la cire culation de la peau. — M. Henr: MEUNIER (de Pau) : Trois cas de localisation extra- pulmonaire du bacille de Pfeiffer, pleurésie, ménipgite, ostéopériostite grippaies. — M. Louis ManTIN : Discussion. — M. Cu. PÉREZ : Sur l'histolyse musculaire chez les insectes. — MM. Maurice CauLrery et Fécix MEswir : Sur le rôle des pha- gocites dans la dégénérescence des muscles chez les Crustacés. — MM. CHanxix, Guiccemonar et Levanirr : Mécanisme des insuffisances de développement des enfants issus de mères malades. — M. Dommict : Considérations générales sur la structure des appareils hématopoiétiques du lapin. Présidence de M. Troisier, vice-président. DE L'INFLUENCE DES AFFUSIONS FROIDES SUR LA CIRCULATION DE LA PEAU, par MM. E. WERTHEIMER et C. DELEZENNE. Les travaux de M. Lefèvre, la récente communication de MM. Hallion et Comte, suivie elle-même d’une note de M. Bloch, ont appelé l’atten- tion sur les variations de la circulation culanée dues au froid. Il n’est donc pas sans intérêt d'apporter à l’appoint de cette étude quelques documents expérimentaux que nous avons recueillis il y a quelques années déjà et qui n’ont pas encore été publiés. L'un de nous a constaté que chez le chien curarisé une affusion froide sur la peau a pour effet : 1° de resserrer les vaisseaux du rein (1); 2° de congestionner les membres (2). Il a donc pu dire qu'on arrive ainsi « à (4) Arch. de Physiol., 1894, p. 308. (2) Ibid., p. 724. BioLoote. Compres RENDUS. — 1900, T, LIL, 1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LO une inversion complète de la formule classique » ; que sous l'influence du froid « ce sont les vaisseaux abdominaux qui se rétrécissent, ce sont ceux de la périphérie qui se dilatent ». Mais dans le travail qui énonçait cette proposition, la question des changements de la circulation cutanée était laissée en suspens, parce qu'aucune expérience directe:n’avait été faite pour la résoudre. Peu après, nous avons comblé cette lacune et noùs nous sommes assurés que le tégument participait à la congestion périphérique. C’est ce que nous a démontré l'examen des variations de température de la peau pendant l'affusion. | | | Un thermomètre gradué au vingtième était introduit dans un espace interdigital d’une des pattes postérieures et maintenu en place par une bande. Souvent un autre thermomètre semblable était plongé en même temps dans l'épaisseur du triceps sural de la patte opposée : le muscle était mis à nu dans une cerlaine étendue pour lui permettre de se refroidir. En effet, comme l'ont fait remarquer Grützner et Heidenhain’ dans des expériences analogues (1), la température du muscle, protégé par le tégument, diffère si peu de celle du sang que les variations de la circulation musculaire n'auront pas sur elle d'influence sensible, si on ne prend cette précaulion. Un troisième thermomètre donnait habituel- lement la température du rectum, parfois celle de la veine cave infé- rieure ; enfin on notait la pression artérielle. L'affusion était faite sur la peau du thorax rasée et sur le museau, au maximum pendant 5 minutes : la température de l’eau dans la plupart de ces expériences variait entre 10 et 12 degrés. ; Il suffira de reproduire deux exemples de ce genre. Les lectures sont faites de 30 en 30 secondes. TEMP. PEAU TEMP. MUSCLE PRESSION ARTÉRIELLE I. Avaut l’affusion : 29820 34,18/20 » 29,8 34,18 42,5 29,7 34 17 » 29,7 34,16 » Il. Affusion sur le thorax et sur le museau pendant quatre minutes : 29,5/20 34,15/20 18,2 29,16 35,3 20,5 30,11 35,13 21,2 31,5 36,4 19,5 32 36,9 20,7 31,16 36,5 20,7 31,11 36,1 19,5 31,6 Mol H2020 (1) Arch. de Pfüger, 1878, XVI, 1. * E. 1 L d # 2 À i | SÉANCE DU 6 JANVIER 3 TEMP. PEAU TEMP. MUSCLE PRESSION ARTÉRIELLE III. Après l’affusion : 31 33,12/20 17 30,12 5,3 15,2 30,3 34,16 14 Dans l'expérience suivante, on a noté la température de l’espace interdi- gital et en même temps celle du rectum. TEMP, PEAU TEMP. RECTUM PRESSION ARTÉRIELLE I. Avant l’affusion : 26,3/20 35,4/20 1457 . 26,2 39,4 IT 26 35,4 11,2 II. Affusion sur le thorax et sur le museau pendant trois minutes : R 26,2/20 35,3/20 LES Re 26,15 35,1 19,7 212 34,18 1974 28,4 34,16 Caillot 28,1 34,13 » 21,15 34,10 » III, Après l’affusion : 27,9/20 34,8/20 » 26,17 34,6 » 26,6 34,3 » 26,1 34,1 » La température de l’espace interdigital s’est donc élevée dans la première expérience de 2°75, dans la seconde de 2°1, la température du muscle dans le deuxième cas de 1°65. Chez un autre chien, où celle-ci avait été prise seule, elle a augmenté de 399. Ce sont toutefois là les chiffres les plus forts qui aient été inscrits. Ordinairement l'ascension thermique ne dépasse pas, pour la peau, 0°5 à 0°7 et pour le muscle 008 à 1°2; d'autre part, après avoir atteint son maximum vers la deuxième ou la troisième minute, elle ne s'y maintient pas pendant le reste de l’aspersion. L'augmentation de température peut manquer, et cependant l'effet de la réfrigération se faire sentir encore en ce que, pendant sa durée, la colonne thermométrique, au lieu de baisser progressivement, reste stationnaire : exceptionnellement, elle continue son mouvement de descente. Enfin, en règle générale, l'abaissement de la température centrale (rectum ou veine cave inférieure) s'accélère notablement, ce qui est une conséquence même de l'afflux plus abondant du sang vers la périphérie. On voit, en définitive, qu'une affusion froide active la cireulation de 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la peau et que nos observations sont en désaccord avec ce que nous enseigne la doctrine classique sur les effets réflexes de la réfrigération du tégument. On objectera peut-être que nous expérimentons sur des animaux Curarisés ; mais si la curarisation modifie la thermogénèse en réduisant à l’inaction les masses musculaires striées, elle n’influe nul- lement sur la répartition de la chaleur ; les réactions vasculaires qui règlent cette dernière restent les mêmes, que l’animal soit ou non curarisé. Nous n'entendons pas outrepasser la portée de nos expériences qui ne visent que l’action à distance de la réfrigération sur la circulation cutanée. Il est permis cependant d’en tirer quelques renseignements sur ce qui se passe, du moins chez le chien,au niveau même des points où le froid est appliqué, et dans les cas où il agit sur toute la surface du tégument (1). Les phénomènes deviennent alors plus complexes. Il faut considérer que la réfrigération a deux actions non seulement distinctes, mais opposées : 1° une action directe, qui tend à rétrécir les vaisseaux de la peau; 2° une action indirecte ou réflexe qui tend habituellement à les dilater, sans compter qu'au même moment, la constriction, réflexe également, des vaisseaux de l’abdomen refoule le sang vers la périphérie. | | Il n’est pas inutile de rappeler, à propos de ces réactions vasculaires de la peau, certaines expériences de Lépine (2) et de Bernstein (3) : quand on soumet une patte postérieure à la réfrigération, l'excitation en masse des vaso-moteurs contenus dans le sciatique a toujours comme résultat une vaso-dilatation. Cette action élective produite ici par l'excitation directe des nerfs vasculaires, pourquoi l'excitation réflexe provoquée par le froid lui-même ne la produirait-elle pas? Cependant, des deux influences antagonistes du froid sur le tégu- ment, c’est tantôt l’une, tantôt l’autre qui l'emporte, suivant l'intensité de l’excitant et suivant les individus : aussi les partisans des deux opi- nions peuvent-ils invoquer des arguments également probants. Mais quelies que soient les modifications vasculaires de la peau, les museles sous-jacents et sans doute aussi le tissu cellulaire sous-cutané seraient, à notre avis, toujours hyperhémiés. (4) Dans le travail cité plus haut, l’un de nous a continué à admettre, sur la foi de l'opinion classique, que, dans ces derniers cas, la peau ne prend point part à la congestion des tissus sous-jacents. Les faits réunis par M. Lefèvre, joints à nos observations personnelles, nous ont amenés à apporter à cette opinion les restrictions qui suivent. Les expériences déjà anciennes de M. Bloch, dont nous venons seulement de prendre connaissance, comman- dent également ces restrictions. (2) Mém. de la Soc. de Biol., 1876. (3) Arch. de Pflüger, XV, 1897. SÉANCE DU 6 JANVIER 5 TROIS CAS DE LOCALISATION EXTRA-PULMONAIRE DU BACILLE DE PFEIFFER; PLEURÉSIE, MÉNINGITE, OSTÉOPÉRIOSTITE GRIPPALES, par M. Henri Meunier (de Pau). En 1897, je communiquais à la Société le résultat de mes recherches sur Dix cas de broncho-pneumonie infantile due au bacille de Pfeiffer ; depuis cette époque, je me suis attaché à la recherche de cette bactérie et, de plus en plus familiarisé avec la technique spéciale de son identi- fication, j'ai pu me convaincre de la fréquence de ses manifestations et de l'importance de son rôle en pathologie pulmonaire, aussi bien chez l'adulte que chez l’enfant. La pratique inoffensive de la ponction pul- monaire m'a permis de déceler le bacille grippal dans plusieurs nou- veaux cas de broncho -pneumonie infantile, en particulier dans un cas très remarquable de catarrhe suffocant chez un enfant de sept ans (observation publiée dans la thèse de Veillon André, 1897). Chez l'adulte, il m'a été donné de l’observer maintes fois dans les crachats de grippés et plusieurs fois à l’état de pureté chez des individus atteints de bron- chite purulente, qui avaient été pris d'abord pour des tuberculeux. Sans m'arrêter pour l'inslant à ces différents cas, qui feront l’objet d’une étude ultérieure, je veux aujourd’hui rapporter trois cas de loca- lisation extra-pulmonaire de la grippe, estimant que ces cas méritent d’être enregistrés à cause du contrôle bactériologique auquel ils ont été soumis. Ces trois observations concernent : une pleurésie purulente, une méningite el une ostéopériostite du fémur. 1° Pleurésie purulente. — Enfant de vingt mois (service du professeur Hutinel), atteint de rougeole, puis de broncho-pneumonie. Une ponction pul- monaire et une prise de sang dans la veine fournissent, à l’ensemencement, des cultures pures, extrêmement abondantes et rigoureusement vérifiées du bacille grippal de Pfeiffer; la broncho-pneumonie devient bilatérale et l'enfant succombe. A l’autopsie, je trouve une pleurésie séropurulente à fausses mem- branes, présentant tous les caractères de la pleurésie pneumococcique, mais qui, à l'examen microscopique direct, montre un nombre considérable de coccobacilles, à l’exclusion de toute autre bactérie, et fournit, à l’ensemence- ment, des cultures pures du bacille de Pfeiffer. 20 Méningite. (Cette observation a élé recueillie en collaboration avec M. Nobécourt.) — Enfant de seize mois, qui, au dixième jour d’une broncho- pneumonie grave, est pris de convulsions, d’abord localisées au côté droit de la face et des membres, puis généralisées dès le lendemain; l'enfant meurt. L'autopsie, faite deux heures après, permet de constater une méningite diffuse, étendue à toute la surface du cerveau, qui baigne dans un liquide louche et est plaqué de fausses membranes verdâtres, fibrineuses, fortement adhérentes (aspect de méningite pneumococcique). L'examen direct sur lames, les cultures et l’inoculation montrent que le pneumocoque est totale- ment absent, qu'une seule espèce bactérienne est en cause et que cette 6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE espèce, dont l'abondance est extraordinaire dans le liquide et les membranes, présente toutes les réactions biologiques du bacille grippal de Pfeiffer. 30 Ostéopériostite du fémur. (Cette observation est due à l’obligeance de M. Jalaguier,qui m'a chargé de l'examen bactériologique.) — Enfant de six ans, qui, après une grippe vulgaire, est atteint d’angine aiguë très fébrile; l’angine cède au bout de quelques jours, mais la fièvre reste élevée (40 degrés), tandis qu'apparaît une tuméfaction douloureuse du genou. Le vinglième jour, l'enfant est amené à M. Jalaguier qui l’opère : le chirurgien trouve une vaste collection purulente extra-articulaire s'étendant à la région péricondylienne jusque dans le creux poplité ; un point osseux dénudé est découvert : la tré- panation donne issue à du pus. Suites opératoires excellentes, guérison. Le pus m'a montré, sur lames préparées en frottis, une quantité considé- rable de coccobacilles ressemblant au bacille de Pfeiffer ; les cultures sur milieux ordinaires sont restées stériles, tandis que les ensemencements sur milieux ensanglantés ont été extrèmement riches et monomierobiens;le sur- piquage par le staphylocoque, en déterminant le phénomène de satellitisme que nous avons décrit autre part (1), a contrôlé définitivement l'identification du bacille grippal. Telles sont les trois observations brièvement résumées : la pleurésie grippale est cliniquement connue, surtout comme complication des manifestations pulmonaires de l’influenza; mais son contrôle bactério- logique n’a généralement pas été fait. Pour la méningite, il existe déjà, en vérité, un certain nombre d'observations intéressantes, parmi lesquelles je rappellerai celles de Pfühl, de Walter et de Hœdke. Quant à l’ostéopériostite grippale, je pense que le cas rapporté ci-dessus est le premier du genre, qui ait reçu la consécration bactériologique. Louis MARTIN. — Je suis très heureux de profiter de la communication de M. Meunier pour dire que par l’expérimentation on arrive à montrer l’action du bacille de Pfeiffer sur les centres nerveux. Lorsqu'on inocule ce microbe sous la peau des lapins, on ne les tue pas, en général; mais si on injecte le même microbe dans le liquide céphalo-rachidien, on tue les lapins en quarante-huit heures ou trois jours et on retrouve le microbe dans le liquide céphalo-rachidien et aussi dans les ventricules. Si on chauffe à 70 une culture, on tue le bacille; si on inocule la surface d’un tube de gélose de ces microbes morts, dans le liquide céphalo-rachidien, les lapins meurent en trois ou quatre jours. Ces expériences ont été faites en collaboration avec M. Dujardin- Beaumetz ; elles nous montrent que ces inoculations agissent et par la présence du bacille qui vit et se reproduit dans les méninges et aussi par les toxines contenues dans le corps des microbes, toxines agissant sur le système nerveux lorsqu'on les injecte dans son voisinage. (4) C, R. Soc. Biol., 11 juin 1898, e SÉANCE DU 6 JANVIER 7l SUR L'HISTOLYSE MUSCULAIRE CHEZ LES INSECTES, par M. Cu. PÉREZ. Les travaux concordants de Kowalewsky et de van Rees ont depuis longtemps établi que chez les Muscidés l’histolyse musculaire est pro- duite par une intervention active des leucocytes, qui dissocient par leurs pseudopodes le myoplasme en fragments de plus en plus petits, finalement englobés et digérés à l’intérieur de ces phagocytes. Un certain nombre d'auteurs ont décrit plus récemment chez d’autres insectes, des processus tout différents. Dans la métamorphose des Fourmis, d'après les travaux de Karawaiew, les muscles seraient uni- quement le siège d’une prolifération de myoblastes imaginaux, préexis- tant dans le muscle larvaire et destinés à donner les cellules musculaires de l'adulte; en même temps, le myoplasme larvaire s’émietterait et se dissoudrait, fournissant les éléments solubles utilisés sur place pour la nutrition des myoblastes imaginaux. F J'ai repris l'étude de la métamorphose des Fourmis el suis arrivé à des résultats tout opposés. Les muscles sont soumis à une intervention active des leucocytes, qui s'appliquent contre le sarcolemme, puis pénètrent à l'intérieur du muscle. Cette pénétration paraît se faire de préférence au niveau de l’amas de sarcoplasme qui entoure les gros _ noyaux musculaires. Aussitôt les leucocytes s’allongent et s’étirent, se succédant en files entre le sarcolemme et le myoplasme, à partir des gros noyaux, puis entre les fibrilles, profitant ainsi des points de moindre résistance. | Ultérieurement ils s’insinuent transversalement dans les fibrilles, les émietlent et en digèrent les débris. Il y a donc comme chez les Muscides phagocytose leucocytaire. Si cette conclusion est contraire au texte de Karawaiew, je dois faire remarquer que les planches accompagnant le mémoire de ce dernier, montrent justement à l’évidence qu'il a eu dans ses préparations tous les documents pour conclure à une phago- cytose leucocytaire et qu'il les a mal interprétés. Il ne semble, il est vrai, avoir pratiqué que des coupes transversales, qui se prêtent assez mal à l'étude de l’histolyse musculaire. Comme nous l’avons vu, les leucocytes s’allongent dans le sens des fibrilles ; aussi sont-ils repré- sentés sur les coupes transversales par un tout petit point chromatique, bien inférieur de faille à un noyau de leucocyte, et ce peut être là une cause d'erreur. Dans les coupes longitudinales au contraire, il est facile de comparer les noyaux ovalaires très alongés insinués dans les muscles, avec les noyaux arrondis des leucocytes extérieurs ou commencant à pénétrer et cette compa- raison ne permet pas de doute sur l'identité de ces éléments. Une autre cause d'erreur peut provenir de la difficulté à apercevoir le pro- toplasme des leucocytes infiltrés. Un leucocyte à jeûn ne présente autour de 8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE son noyau qu'une frès fine couche de protoplasme peu colorable. Une fois qu'il s’est étiré à la surface d’une fibrille, le protoplasme échappe presque toujours à l'examen; mais dans certains cas, on peut voir dans une vacuole du muscle, un leucocyte étendant ses pseudopodes d’une manière tont à fait typique. A mesure d’ailleurs que la digestion du muscle progresse, après la pénétration transversale dans les fibrilles, les phagocytes s’arrondissent de nouveau, et leur couche de protoplasme, plus vacuolaire et plus éosino- phile, devient beaucoup plus reconnaissable: Les coupes longitudinales se prêtent en outre très bien à l'étude des modifi- cations du myoplasme. Une même fibrille intéressée suivant sa longueur, montre une de ses extrémités parfaitement intacte, tandis que l'autre est déjà complètement émiettée par les phagocytes : la striation normale s’élend jusqu’au point atteint par les leucocytes; il y a donc intervention active de ceux-ci préalablement à toute altération visible du tissu. Il n’y a pas chez les Fourmis de Kürnchenkugeln; c'est-à-dire que l’on ne trouve pas, circulant dans la cavité du corps, de phagocytes bourrés de fragments encore reconnaissables de myoplasme. Les phagocytes digèrent en effet le muscle sur place, et ne se remettent en circulation que cette digestion terminée. Mais dans les nymphes assez âgées, on trouve en abondance, libres dans la cavité du corps, de grosses cellules à protoplasme très uniformément éosinophile, et à gros noyau excentrique. Ces cellules sont, par rapport aux leucocytes, aussi grosses que les Kürnchenkugeln des Muscides, et tous les intermédiaires m'ont paru les rattacher aux phagocytes quittant les muscles après leur complète digestion. J'ajouterai que j'ai observé la pénétration de leucocytes dans les cellules du corps gras; ces cellules doivent donc subir — très partiellement d’ailleurs — une phagocytose leucocytaire. Les cellules accolées à la surface des cellules grasses et décrites par Karawaiew sous le nom de grands phagocytes, ne peuvent mériter ce nom, puisque de son aveu même elles n’englobent jamais rien. Je crois reconnaître dans sa description des cellules à granulations très chromatophiles qui n'ont rien de commun avec des phagocytes. Les résultats que j'ai obtenus pour les Fourmis m'ont engagé à reprendre la même étude chez les différents insectes qui ont fait l'objet de travaux antérieurs. Je me suis adressé d’abord aux Tinéides pour lesquels Korotneff avait donné une interprétation des phénomènes d’histolyse assez analogue à celle de Karawaiew pour les Fourmis. J’ai trouvé dans mes préparations la preuve que chez ces insectes (/ypono- meuta evonymella, T'ineola biseliella), il y a également phagocytose leu- cocytaire. Mais elle paraît circonscrite à quelques muscles de la région antérieure ; les museles abdominaux passeraient de la larve à l'adulte sans autre modification qu'une prolifération nucléaire, ce qui explique- rait sans doute la mobilité persistante de l’abdomen chez la chrysalide. Ces résultats concordent avec ceux apportés récemment par Anglas, contrairement aux observations de Terre, pour les Abeilles et les Guêpes. a dal dttd cé À + li nf et 2 | à Lo dis ail di di SÉANCE DU 6 JANVIER 9 SUR LE RÔLE DES PHAGOCYTES DANS LA DÉGÉNÉRESCENCE DES MUSCLES CHEZ LES CRUSTACÉS. Note de MM. Maurice CAuULLERY et FÉzIX MEsnir. Le rôle des phagocytes dans la dégénérescence des muscles chez les animaux en voie de métamorphose, a été établi jusqu'ici pour les têtards de Batraciens (Metchnikoff) et de Tuniciers (Kovalevsky) d'une part, pour les Insectes de l’autre (Kovalevsky, van Rees, de Bruyne, Anglas, Ch. Pérez) (1). Nous avons eu l’occasion, au cours d’études sur l’évolution d'un Crustacé épicaride, parasite des balanes (Æemioniscus balani Buchh.), d'en observer un nouvel exemple. Tous les individus passent par un stade mâle, avec tous les appendices thoraciques et abdominaux et le facies de l’isopode libre typique. Puis le mâle se transforme progressivement en femelle, et les appendices des trois derniers segments thoraciques et de tous les segments abdo- minaux disparaissent à la suile d'une mue. Ces appendices et aussi l’abdomen du crustacé sont mis en mouve- ment par des muscles puissants situés dans la cavité du corps. Or, on constate, après la mue, la disparition complète de ces muscles. Quel en est le mécanisme? : Dans le muscle normal, le myoplasme strié est entouré d’un sarco- plasme assez abondant avec nombreux noyaux relativement petits. Un peu avant la chute des appendices, on observe que les muscles de l'abdomen et de la fin du thorax sont, dans des vacuoles, à l’intérieur de cellules dont le noyau gros, peu chromophile, ressemble beaucoup à un noyau d'amæbocyte ; la striation du myoplasme est alors peu nette ou a disparu ; du sarcoplasme, on ne distingue que des noyaux en chro- maiolyse. À un stade plus avancé, on aperçoit des restes informes des muscles primitifs dans les mailles d’un réseau protoplasmique pré- sentant des noyaux semblables encore à ceux des amæbocytes. Puis, toute trace de muscle disparait. De cet ensemble de faits, nous croyons pouvoir conclure que les muscles des appendices, qui disparaissent avec la mue, dégénèrent à l'intérieur des phagocyles jusqu’à digestion complète et que ces phago- cytes sont probablement des amæbocyles, c’est-à-dire des cellules d’ori- (1) MM. Anglas et Pérez ont bien voulu nous montrer, à l'Institut Pasteur, les séries très complètes de leurs préparations. Nous avons pu, M. Metchnikoff et moi, nous convaincre du rôle capital des leucocytes dans la dégénéres- cence des muscles des Insectes étudiés par ces auteurs, et confirmer par con- séquent leurs assertions qui sont en contradiction formelle avec la manière de voir de Korotneff, Karavaiew et Terre. — r. M. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gine extérieure au muscle (Cf. les cas observés chez les Insectes et chez les têtards d’Ascidies). Le nombre des Crustacés dont les appendices disparaissent dans le cours de l’évolution est assez grand pour qu'on puisse espérer confir- mation des faits que nous avancons ici, et sur des types plus favorables à cette étude que l’Aemioniscus balani, MÉCANISME DES INSUFFISANCES DE DÉVELOPPEMENT DES ENFANTS ISSUS DE MÈRES MALADES. Par MM, CHARRIN, GUILLEMONAT et LEvapirtI (1). Les nouveau-nés issus de mères malades, soumises en particulier à des processus infectieux ou toxiques, tels que la tuberculose, la syphilis, la fièvré typhoïde, l'alcoolisme, etc., offrent parfois, au point de vue du développement, en dehors des stigmates spécifiques, une série d'anomalies en elles:mêmes souvent assez banales : rappelons l'insuffisance de la croissance, l’infériorité du poids, de la tempéra- ture, du volume des urines, la fréquence des entérites, des broncho- pneumonies, etc. — Ces rejetons peuvent vivre plus ou moins longtemps, porteurs de ces anomalies ou de difformités variées plus rares GES la descendance des femmes saines (2). | Comment expliquer ces troubles morbides (3)? On a accusé l'infection. — Cet élément paraît, en réalité, jouer un rôle, mais le plus fréquem- ment à titre secondaire. — En premier lieu, la présence des germes dans les tissus profonds de ces débiles n’est pas constante; ceux de leurs milieux ouverts, surtout au début, habituellement sont privés de virulence; de plus, in utero, tous les organes, même l'intestin, sont ordinairement stériles, et pourtant, quand une de ces mères mälades acccouche avant terme, parfois le développement est déjà insuffisant: — En second lieu, les infections pulmonaires, intestinales, etc., bien souvent ne datent que des derniers jours. — En troisième lieu, les bactéries décelées, sauf exception, sont disparates, dépourvues de spécificité (pneumocoques, bacilles du colon, streptocoques, ete.). (1) Travail du laboratoire de médecine expérimentale des Hautes-Etudes, Collège de France. (2) Ces enfants peuvent porter 1 peine de l’état pathologique de pères qui, dans nos conditions d'observation, échappent trop à LOS investigations tions pour que nous en tenions un Gone rigoureux. (3) Nous ne visons évidemment qu'un petit nombre des désordres observés dans ces insuffisances de développement. — Un mémoire développé fournira les indications bibliographiques : rappelons simplement les travaux de Parrot, Robin, Baginski, Camerer, Czerny, Heubner, Rubner, Michel, Marfan, de Rothschild, etc. dr ne TE Le 7 | | SÉANCE DU 6 JANVIER 4 Une deuxième théorie, localisatrice, anatomo-pathologique, rattache ces phénomènes aux lésions d’un appareil déterminé.—Il serait, en effet, possible de constater, dans un viscère spécial, des altérations congéni- tales, toujours semblables à elles-mêmes. Mais ici, nos examens, bien que découvrant certaines modifications, n’ont pas mis en lumière une lësion invariable. D'ailleurs, en admettant son existence, on recule simplement la difficulté, attendu qu'on est conduit à se demander pourquoi cette anomalie s’est manifestée : une altération structurale suppose l’action d’une cause préalable. Cette impossibilité de trouver le point de départ de ces insuffisances de développement en s'adressant tant à la bactériologie qu'à l'anatomie pathologique porte à diriger les investigations dans un autre sens. Ces rejetons anomaux absorbent fréquemment, par jour, 50 à 200 grammes de lait de moins que les nouveau-nés sains; ils laissent, en outre, échapper par l'intestin, 60 à 425 milligrammes d'azote par kilogramme, alors que ces nouveau-nés sains perdent seulement 0,027 ou 0,048 ; l'absorption, chez les premiers, est doné plus faible, tandis que leur désassimilation, comme en témoignent les dosages de l’urée, est plus active. D’autre part, chez ces enfants Te “> qui normalement à cet âge (2 à 3 semaines) oscille aux environs de 0,86, de 0,84, tombe à 0,77, à 0,68; inversement, leur chétifs, le rapport quotient _ est plus voisin de l’unité. Chacun de ces descendants débiles recoit, dans un milieu atmosphé- rique commun, le lait d’une nourrice, qui parallèlement allaite son propre fils, véritable témoin expérimental; le combustible, au point de vue qualitatif, est denc, chez tous, initialement identique; par contre, les analyses établissent que les nourrisons affaiblis utilisent de plus minimes quantités de ce combustible et surtout l'utilisent moins bien. Dès lors, en présence de ces métamorphoses thermogènes aussi imparfaites, il n’est pas surprenant de voir la température rectale, en dehors de la fièvre, osciller aux environs de 36, de 35 degrés ou le rayonnement calorimétrique fournir, par heure, 5 à 7 calories, tandis que les témoins donnent jusqu’à 8 ou 9 /recherches de M. Bonniot à l’aide d’un appareil d’Arsonval). En matière de thermogénèse, il faut rappeler que; sous peine d’une déchéance mortelle, tout organisme doit se maintenir à un niveau déterminé. Or, ici, le rapport des poids et des surfaces indique que le kilogramme correspond, chez les nouveau-nés fils de malades, à 7 décimètres carrés, parfois à 9 et, chez les autres, à 5,72, à 6; par suite, les premiers se refroidis- sent plus vite, d'autant qu'ils n’ont plus de graisse (1). Leurs cellules sont donc condamnées, pour obtenir un même degré thermique, à produire, dans un temps donné, plus de calorique. (1) Les variations cutanées vaso-motrices, sécrétoires, etc., existent chez tous, 42 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comme elles n’ont à leur disposition que des quantités relativement faibles de combustible qu'elles n’emploient, du reste, qu'incomplète- ment, elles aboutissent forcément au surmenage; les conséquences classiques de ce surmenage se traduisent par des variations de l’alcali- nité ou de la toxicité des humeurs. * C'est, en effet, ce qu'on observe; cette alcalinité, appréciée, à l’aide de SO‘H?, dans le sérum sanguin de ces sujets en souffrance, apparaît diminuée d’un quart; leur acidité urinaire correspond à 0,65, à 1,32 d'acide oxalique, pendant que celle des petits êlres en santé se limite à 0,17, à 0,44. D'un autre côté, les accidents dus à la sécrétion rénale, à cet âge, demandent de grosses doses; il faut introduire dans le sang 120 à 205 centimètres cubes pour tuer 1.000 grammes de matière vivante; chez les descendants des mères malades cette sécrétion amène la mort de ces 1.000 gr. dès qu'on a injecté 72 à 110; chez ces descendants les déchets de la désassimilation, les pigments, les produits des fermentations intestinales, autrement dit les principales sources des poisons urinaires, souvent sont en plus grande abondance. La chimie, la calorimétrie révèlent donc l’infériorité des cellules envisagées dans leur ensemble : des conclusions analogues s'imposent, quand on examine tel ou tel groupe de ces cellules, tel ou tel viscère. Plus d’une fois le corps thyroîde de ces débiles se montre riche en tissu fibreux, pendant que la matière colloide, en relation avec la substance activé iodé, diminue; d’autre part, l’extrait de ce corps ne provoque pas toujours, avec l'énergie voulue, l’amaigrissement bien connu. — Plus d'une fois égale- ment les capsules surrénales, dépourvues de leurs éléments de sécrétion, sont incapables par leur contenu d'élever normalement la pression. Or, lorsque de tels organes sont absents ou détériorés, en dehors d'un acroissement des qualités toxiques des humeurs, on enregistre des lésions du foie, du névraxe, des globules, de l’asthénie, etc. : ces troubles se rencontrent précisément plus ou moins nombreux dans l’économie de ces sujets anor- maux (1). — Ajoutons que d’autre appareils, le pancréas, par exemple, peuvent aussi être modifiés. On est ainsi amené à reconnaître l'existence d'une foule de tares anatomiques, physiologiques ou chimiques des cellules de l'organisme: ces lares déterminent naturellement des anomalies de structure, de fonctionnement ou de sécrétion (2), origines, en partie, des accidents observés. Cette conception explique la genèse des anomalies étudiées et dégage, par surcroît, la fraction de vérité renfermée dans les théories infectieuse ou anatomique. (1) Il est clair que chacun des signes de ce développement en souffrance n'est pas constant; le fils d'une malade peut être normal ou n’offrir que de légers troubles. — Nous devons les dosages d’acidité à M. Feuillet. (2) M. le professeur Gaulier a bien voulu autoriser son préparateur, M. Bourcet, à doser, avec nous, l’iode des thyroïdes de nos rejetons. Dane der au nn jh à D én dé D: dé SÉANCE DU 6 JANVIER 43 Il ne suffit pas, en général, de retirer d’un intestin malade soit un microbe virulent associé ou isolé, soit une toxine active, pour posséder sûrement l'unique agent de l'entérite examinée; souvent, en effet, en raison des défenses de l'organisme, une inoculation intra-digestive, dans un milieu sain, échoue. Toutefois, l'hypothermie, le surmenage, l’auto-intoxication acide font fléchir ces défenses; les détériorations du foie, du pancréas, etc., abaissent les protections locales (atténuation des toxines par les sucs glandulaires). D'autre part, refroidies, sur- menées, placées au contact de poisons variés, nature!lement les cellules s’altèrent : ces processus infectieux ou anatomopathologiques se déve- loppent donc, mais ordinairement à titre secondaire. Où se trouve l’origine première des tares constatées? — Du fait de la maladie, les cellules de la mère pouvant être lésées, les ovules sont atteints aussi bien que les autres; par suite, leurs granulations fré- quemment sont anomales, et, comme ces granulations servent à former les tissus fœtaux, ces tissus doivent évoluer défectueusement. — On peut encore remarquer qu'au travers du placenta des poisons solubles (toxines, alcool, etc.) passent dans l’économie du rejeton, qui se trouve dans la situation d’un animal recevant ces poisons par la voie sanguine, porte d'entrée la plus favorable à la genèse des lésions. En définitive, on constate que ces insuffisances de développement dérivent, au moins partiellement, des tares cellulaires fœtales nées sous l'influence des processus morbides de la mère CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA STRUCTURE DES APPAREILS HÉMATOPOIÉTIQUES DU LAPIN, par M. Dominic. A. — De mes recherches sur la structure des appareils hématopoié- tiques chez le lapin, je tire les conclusions suivantes : Les appareils hématopoiétiques sont constitués au point de vue histo- logique par deux variétés de tissus : | Le tissu myéloïde, le tissu lymphoïde. Le tissu myéloïde est caractérisé par la présence des cellules généra- trices des éléments figurés du sang, abstraction faite des divers types de lymphocytes, et des hématoblastes de M. Hayem, des grands mono- nucléaires à protoplasma nu. Le tissu lymphoïde est caractérisé par la présence des cellules généra- trices des lymphocytes, des grands mononucléaires à protoplasma nu, des hématoblastes de M. Hayem, éléments qui font partie de la lymphe avant de se mêler au sang. 14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Des éléments spéciaux se surajoutent aux cellules génératrices propres des deux variétés de tissu. Tissu myéloide. — Les cellules génératrices appartenant au tissu myéloïde sont : Les myélocytes de la série éosinophile et leurs dérivés; Les myélocytes basophiles, souche des myélocytes neutrophiles ; Les myélocytes neutrophiles et leurs dérivés ; Les cellules hémoglobinifères de types divers, souche d’hématies ; Les éléments surajoutés spéciaux sont les mégacaryocytes. Tissu lymphoïde. — Les cellules génératrices appartenant au tissu lymphoïde sont : Les mononucléaires à protoplasma indifférent, souche des lympho- cytes à protoplasma indifférent. Les mononucléaires basophiles, souche des lymphocytes à proto- plasma basophile homogène. Des lymphocytes à protoplasma bourgeonnant, souche des hémato- blastes de M. Hayem. Les éléments spéciaux surajoutés sont représentés par tout un groupe de cellules conjonctives et de macrophages sur lesquels je donnerai bientôt des renseignements détaillés. B. — Le tissu myéloïde prédomine essentiellement dans la moelle osseuse. Le tissu lymphoïde prédomine essentiellement dans les ganglions. Quelle est la structure de la rate? Par ses follicules de Malpighi elle appartient au tissu Iymphoïde. Par sa pulpe elle appartient virtuellement au tissu myéloïde, dont la structure est comme voilée par la prédominance des hématies ordi- naires et de gigantophagocytes. Cette structure à type myéloïde, latente à l’état normal, peut devenir évidente dans les conditions suivantes : 1° Aux poussées d'éosinophiles, apparaissant en quantité exagérée dans le sang des vaisseaux périphériques, que l’éosinophilie soit spon- tanée ou provoquée, correspond dans la pulpe splénique l'apparition de myélocytes éosinophiles. 2° Au cours des infections aiguës ou chroniques, au début de la phase d'immunisation active provoquée par injections successives de bouillon de culture de bacille d'Eberth, le tissu de la pulpe splénique est infiltré de cellules hémoglobinifères y figurant en très grand nombre, et identiques à celles de la moelle osseuse en état de suractivité con- cordante. 3° En cas de gestation, la transformation myéloïde des zones périfolli- culaires devient évidente dès les premiers jours qui suivent la con- ception, et la moelle osseuse est elle-même en état de réaction. = 4 É À É SÉANCE DU 6 JANVIER 15 4 La transformation myéloïde de la pulpe splénique peut être pro- voquée par des saignées répétées. Si par ce procédé on détermine en dix ou douze jours une diminution des taux hématimétrique et hémochromométrique tels qu'ils tombent au-dessous de la moitié du chiffre normal, la réaction myéloïde de la pulpe de la rate peut être intense. Alors apparaissent : myélocytes neu- trophiles en groupes serrés, karyokinèses nombreuses de myélocytes éosinophiles, augmentation de nombre des hématies avec expulsion abondante des noyaux de celles-ci, mégacaryocytes, etc. Inversement le nombre des grands phagocytes de la rate est propor- tionnellement diminué (1). C. — Les modifications histologiques de la rate contribuent à démon- trer l'existence d’un plan de structure fondamental des appareils hématopoiétiques. Celle-ci est caractérisée par l’intrication de deux variétés de tissus : tissu lymphoïde, tissu myéloïde. A l’état normal, le tissu myéloïde prédomine dans [a moelle osseuse. Le tissu lymphoïde prédomine dans les ganglions. A l'état normal, la rate semble essentiellement formée par des follicules lymphatiques entourés par des lacunes sanguines, où sont nettement apparentes des hématies et des gigantophagocytes, où existe en réalité une structure myéloïde latente. Celle-ci se révèle d’une facon manifeste, sous l'influence de la gesta- tion et des causes provocatrices d'infection et d'anémie. A ce point de vue, la pulpe splénique peut être homologuée à la moelle osseuse diaphysaire des os longs dont certaines zones peuvent se transformer de tissu adipeux indifférent en tissu hématopoiétique à l'état d'activité. L'étude des leucémies confirme l'opinion que nous venons d'exposer. (4) Je n'insiste pas actuellement sur le rôle antagoniste des macrophages et des éléments du tissu myéloïde, les premiers détruisant ce que le second édifie, L'histoire des macrophages doit à tous les points de vue être mise à part dans l'exposé de la structure des appareils hématopoiétiques, Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rne Cassette. CRT PL. * DORE PT nee MERE ne RAT Au Fix Fu Aer Su sr BE QUE Apraeu or Hi L'-HHRE his À ÿ | han: n A Nage AO * UT FE Ait QELR PAUL Qt. f [ILE if {F5 CNT ON qu at S - ListLatof APE BL SOUPE ANS ENT) 110 ee LE on du bu. fu à TO HEIN, D'OR BEA QUTE 21 ne (1152 ALICE be | at ot la des NE QU Ho HOT A RUE af EU 1e aient nn 20 COÉTRRULTONE BEA E he DL PRun fatale 9481 dial & AU TU nou af NAS A at ti A Je ER nl FHROUES OLTAEU IE SUITE OL MATE ET alfa AU À 19rd ps | | ARTE RBEEE ail anO MDN HOT d COTES ATP AE 9 | dune lot EC ete AMEN: da DATA RS STE DTLIU NE HIT GIE h AM J PRANER CN DES Rubiateole AOAS TIRE CAES VEYE ee Hi} Le. A | DIR TA trad | HE trEtenls Eur the M 1 44 A FAURE a 01000 be } 0 VE de 62 [M f #5 fill il ir sjoULES HE 2806 9 Ras etat As topEs AE dr fs ere OP T Get ire atdrre É L SRE EOMFEU 6 (3 DNEUNR ETES FETE Hé 26e. FEU z EVA he ÿ PR TE EU CLR Ce CAO ii tee ha STONE L nid # LL 4 v La Ce k Æ DR TE & RS ONE MOCHE PERUTER NRA AIRIS, EAU FALEERRE ER AE Eee è PE TE TNA à es à Ü : 4 3 PHP TER PAT OE nr Ru & art | È . 11 SÉANCE DU 13 JANVIER 1900 MM. P. et M. Bouix : A propos du follicule de de Graaf des Mammifères. Foili- cules polyovulaires. Mitoses de maturation prématurées. — M. Laveran : Au sujet de l'hématozoaire endoglobulaire de Padda oryzivord. — M. J.-V. LABORDE : Première note sur la détermination expérimentale et pratique de la survie inté- rieure ou latente des propriétés fonctionnelles de l'organisme dans la mort appa- rente; procédé technique de recherche et de détermination. — MM. P. Bou et CHARLES GARNIER : Altérations du tube séminifère au cours de l'alcoolisme expéri- mental chez le rat blanc. — M. CL. ReGauo (de Lyon) : Note sur le tissn conjonctif du testicule, chez le rat. — M. Erienxe RaBauo : Premier développewent de l'encés= phale et de l'œil des cyclopes. — M. E. Hépox : Sur la résorption intestinale et l'action purgative des sucres en solutions hyperisotoniques. — MM. FERNAND Bezaxcox et M. Laggé : Du rôle de l’'accoutumance dans le déterminisme des locali- sations microbiennes. — M. J. LerèvrEe : Action hyperhémiante cutanée du froid; insuffisance des procédés pléthysmographiques (Réponse à MM. Hallion et Comte). — M. J. Lerèvre : A propos de l'influence du froid sur la circulation cutanée (Ré- ponse à une réclamation de priorité de M. A.-M. Bloch). Présidence de M. Troisier, vice-président. A PROPOS DU FOLLICULE DE DE GRAAF DES MAMMIFÈRES. — FOLLICULES POLYOVULAIRES. — MITOSES DE MATURATION PRÉMATURÉES, par MM. P. et M. Bouin. Un ovaire de chienne adulte nous a présenté une grande majorité de follicules de de Graaf renfermant plusieurs ovules. La plupart en ren- ferment deux, un certain nombre en renferment trois; dans un seul fol- licule, très volumineux et compris dans plusieurs coupes en séries, on peut compter un grand nombre de cellules sexuelles femelles. Celles-ci, au nombre d'une dizaine environ (nous n’avons pu les compter exacte ment parce qu'une des coupes de la série n'était pas conservée), ont les apparences d'éléments normaux. Le vitellus n'offre pas de signe de dégénérescence, pas plus que les vésicules germinatives. Les vésicules germinalives sont constituées par une membrane nucléaire, nette et sphérique, qui renferme un fin réti- culum chromatique et un volumineux nucléole chromatophile ou tache germinative de Wagner. Les cellules folliculeuses de la granulosa présentent des caractères parfaitement normaux; les noyaux n'offrent aucun signe de chromatolyse, de caryolyse ou de condensation chro- malique (pycnose), indice pathognomonique, pour ainsi dire, de l’atrésie Biozocie, CompTEes REeNDuSs. — 1900, T, LIT, 2 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE folliculaire qui accompagne toujours et précède même la dégénéres- cence de différentes parties constitutives de l’ovule (Flemming, Schott- laender, Janosik, Henneguy, H. Rabl, etc.). Les cellules de la granulosa s'insinuent entre les ovules en minces traînées régulières qui les entou- rent complètement et les isolent les uns des autres. La granulosa et les ovules remplissent toute la cavité folliculaire qui n'offre pas de cavité centrale et ne renferme pas de liquor folliculi. Nous avons recherché si ces nombreux ovules élaient produits par la multiplication ami- tosique d’ovules-mères uniques, suivant l'interprétation que donne W. Stæckel d’un fait analogue observé par lui dans l'ovaire d’une femme adulte. Nous n’avons observé aucun signe certain de semblables processus dans l’organe que nous avons étudié. Nous sommes conduits à penser que ces follicules polyovulaires ont été produits par l’emprisonnement, dans la thèque conjonctive, d’un certain nombre d'ovogonies lors du cloi- sonnement des tubes de Pflüger au début de la période de préovogénèse. Des ovaires de rats blancs adultes nous ont montré en assez grande quantité des figures caryocinétiques rudimentaires semblables à celles qui ont été représeutées par Flemming, Schottlaender, Henneguy, H. Rabl. Nous avons constaté, en outre, dans un follicule non encore parvenu à son complet développement et dont la granulosa se trouve en pleine dégénérescence, une figure de division mitosique multipolaire de signification atrésique. Cette mitose possède de 12 à 15 pôles; les fibres fusoriales très développées et très volumineuses convergent en nombre variable vers Les pôles d’où se détachent un certain nombre de fibres astériennes qui se perdent dans le cytoplasme ovulaire. Au niveau de ces pôles, on rencontre, la plupart du temps, une ou plus rarement deux granulations chromatiques, au sujet desquelles il ne nous a pas été possible de décider s’il s’agit de corpuscules centraux ou de chro- mosomes qui se seraient localisés, après le stade de l’ascension polaire, au sommet des fuseaux achromatiques. D'ailleurs, on ne rencontre pas de chromosomes sur les fibres fusoriales. Enfin, dans des ovaires de rats blancs âgés de vingt-quatre jours, nous avons observé des mitoses de maturation typiques qui se réalisent dans des follicules très peu avancés dans leur évolution. Les celluies folliculeuses de la granulosa de ces follicules présentent des signes de dégénérescence. Ces mitoses, qui paraissent normales, ont pu se suivre deux fois de suite et donner naissance à deux globules polaires. Nous assistons ici à un phénomène de maturation de l’ovule dans un organe qui est bien loin d’être parvenu à la maturité sexuelle. Il ne s'agit pas là de « mitoses parthénogénésiques », dans le sens de Hen- neguy, mais de « mitoses de maturation prématurées » de signification atrésique. SÉANCE DU 13 JANVIER 19 AU SUJET DE L’HÉMATOZOAIRE ENDOGLOBULAIRE DE ladda oryzivora, par M. LAVERAN. En 1898, j'ai signalé l'existence chez Padda oryzivora d'un hémato- zoaire endoglobulaire semblable, sinon identique, à l’hématozoaire qui a été décrit par Danilewsky et qui se rencontre chez bon nombre d'es- : pèces d'oiseaux (Hæmamæba Danilewskyi, Halteridium de À. Labbé) (1), Je ne reviendrai pas sur la description des formes de l'hématozoaire endoglobulaire de Padda oryzivora qui existent dans le sang de la grande circulation, je dirai seulement que les caractères différentiels des éléments mâles et des éléments femelles sont les mêmes pour cet hématozoaire que pour l'hématozoaire similaire de Columba livia (2); je me propose dans cette note de décrire des éléments parasitaires que j'ai trouvés dans la rate et dans la moelle des os des paddas infectés de Hæmamæba Danilewskyi, éléments qui, jusqu'ici, avaient échappé à mon observation. i Ces petits éléments ne sont pas visibles quand on examine la pulpe splénique à l’état frais, ou des frottis de la rate colorés par les procédés ordinaires ; je n'ai réussi à les mettre en évidence qu’en employant la technique suivante : des frottis frais de la rate sont fixés dans une solu- lion aqueuse concentrée d'acide picrique, on lave et l’on met ensuite les frottis, dans le mélange d’éosine et de bleu Borrel (3) (solution aqueuse d’éosine à 1 p. 1000, 4 centimètres cubes; eau distillée, 6 centi- mètres cubes; bleu Borrel, 19 gouttes); au bout de quinze à dix-huit heures, on lave à l’eau distillée, on traite par la solution de tannin à 5 p. 100 (quelques minutes), puis on déshydrate et on monte dans le baume. Dans les préparations colorées par ce procédé, on constate que les hématozoaires endoglobulaires pigmentés ne sont pas plus nombreux dans la rate que dans le sang recueilli à la périphérie, mais qu'il existe de petits éléments, nombreux en général, non pigmentés, qui diffèrent notablement des formes que l’on est habitué à rencontrer dans le sang recueilli par piqûre d'une des veines des ailes. Ces petits éléments ont une forme sphérique ou, plus souvent, allongée, ovalaire; ils mesurent 2 à 3 w dans le plus grand diamètre; ils paraissent libres ou bien ils sont inclus dans des cellules de la rate; souvent accolés aux noyaux de ces cellules, ils se trouvent quelquefois à l'intérieur des noyaux. (41) Laveran. Société de Biologie, 30 avril 1898, et classification des Hæmo- cylozoa dans l’ouvrage publié en 1899 à l'occasion du Cinquantenaire de la Société de Biologie. (2) Laveran. Soc. de Biologie, 8 juillet 4899. (3) Laveran. Soc. de Biologie, 15 avril 1899. 20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Led tes, à, © Ti ee sucre. en c. cubes. (1) (s’) | | —— —— | 1 Raffinose. o1 8,8 0,512 25241002 2 Saccharose. 68 6,23 0,764 3,40 | 0,152 3 Maltose. 63 6,89 0,660 3158107182 4 Lactose. 63 20 0,590 3,15 | 0,118 5 Glycose. 91 4,1 1,270 4,55 | 0,254 6 Lévulose. 90 4,4 1,040 4,50 | 0,208 : 7 Galactose. 98 SNA 1,365 4,90 | 0,273 , 8 Mannite. 89 4,38 1,100 4,45 | 0,220 9 Arabinose. 120 3,0 1,400 6,00 | 0,280 | Pour ce qui concerne la transsudation de l’eau, c’est-à-dire l’action purgalive, on voit que les quantités de liquide attirées dans l'intestin, ! et par conséquent le quotient L' augmentent graduellement depuis le trihexose, raffinose (coeff. 2,5) jusqu'au pentose, arabinose {coeff. 6), en passant par les bihexoses (coeff. 3) et les hexoses (coeff. 4,5); en d’autres termes, que le pouvoir d'attraction pour l’eau, ou l'énergie de l'action purgative, croit en raison inverse du poids moléculaire et en raison directe de la pression osmotique de ces sucres, de même que leur pouvoir diurétique, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment. Conformément à cela, le pourcentage de sucre du liquide retrouvé dans 2 SOCIETE DE BIOLOGIE l'intestin varie selon les sucres et va en augmentant de l’arabinose au raffinose, étant donné d’ailleurs d’une part que les solutions enfermées dans une anse intestinale tendent à se mettre en équilibre isotonique avec le sang, et, d'autre part, que chaque sorle de sucre possède un coefficient isotonique propre dont la valeur augmente avec le poids moléculaire (pour les valeurs de ces coefficients, voir notre note du 11 novembre 1899). D'après ces résultats, on était, semble-t-il, en droit de s'attendre à ce que ‘érythrite, dont l’action diurétique est si énergique, comme l’a montré M. Arrous, aurait attiré l’eau dans l'intestin avec une force encore plus grande que l’arabinose. Mais il n’en fut rien, et dans deux expériences, le coefficient de transsudation se frouva pour ce sucre # et 4,5, le même par conséquent que pour le glycose. Pour la glycérine, il fut dans un cas 4,1. Nous ne saurions pour le moment donner l’explicalion de ces faits. Il faut remarquer en outre que pour les bihexoses qui se dédoublent dans l'intestin sous l’action des ferments sécréiés, le coeflicient doit atteindre une valeur un peu plus forte que celle qu'il aurait si le sucre restait inaltéré. Tel élait plus particulièrement le cas pour le sucre de canne, car le liquide intestinal au bout de deux heures renfermait toujours à côté du sucre non dédoublé (et qui assurément comptait pour la plus grande part) une proportion plus ou moins grande de sucre interverli, dont la présence venait hausser la pression osmotique pendant le cours de l'expérience. Pour ce qui a trait à l'intensité de la résorption, les chiffres du tableau montrent également qu'elle croit en raison inverse du poids moléculaire; elle est plus faible avec le raffinose, plus élevée avec les bihexoses, plus forte encore avec les hexoses et au plus haut point avec l’arabinose. Albertoni (Académie des sciences de Bologne, 1888 et 1891) semble accorder au lactose une action purgative spéciale. Mais ses propres expériences mon- trent que les solutions de glycose à 22 p. 100 amenaient, elles aussi, uné forte exhalation d’eau dans le tube digestif, et que dans un cas où, avec le lactose, cette exhalation fut particulièrement considérable, il s'agissait d'une solution à 50 p. 100. En fait, le lactose est et doit être, de par des lois physiques, moins purgatif que le glycose, de même aussi qu’il est moins diurétique que ce dernier, en injection intraveineuse. De plus, Albertoni avance que la résorption du mallose et du saccharose est beaucoup plus intense que celle du glycose; mais on s’apercoit, par ses tableaux d'expériences, qu'il a donné les deux premiers sucres en concentrations plus fortes que pour le glycose. (Labcratoire de physiologie de Ir l'acu'lé de médecine de Wonty ellier.) An im nr AT SÉANCE DU 20 JANVIER 43 NOYAUX EXCITABLES ET MILIEUX EXCITANTS, par M. FéLix Le Danrec. Dans un nouvel article des Archives de Zoologie (1), M. Delage tire de ses expériences de mérogonie une conclusion définitive. Il s'appuie en même temps sur les expériences de Loeb, dont il convient de conclure, dit-il : | Que l'œuf vierge, bien qu'il contienne tout ce qui est morphologiquement nécessaire au développemeut, est trop peu excitable pour entrer sponta- nément en développement, mais qu'en l’excitant plus énergiquement, soit par des actions mécaniques ou chimiques brutales, soit plutôt en le plaçant dans un milieu particulièrement excitant, on peut le faire développer sans le secours de la fécondation. De celte constatation et des résultats de ses propres expériences, M. Delage tire ce qui suit: l'œuf ne se développe pas sans fécondation, parce qu’une de ses parties, le noyau, est formée d’une substance trop inerte pour déterminer le développe- ment. Le spermatozoïde isolé ne se développe pas, bien que son noyau soit suffi- samment excitable, parce qu'il lui manque des substances nécessaires au déve- loppement, le cytoplasme dont il n'a qu'une parcelle insignifiante et les réserves nutr.tives dont il est absolument privé. La fécondation a pour but de réunir un cytoplasme suffisamment abondant et suffisamment pourvu de réserves, donc tel qu'il est dans l’ovule, à un noyau suffisamment excitable, comme est celui du spermatozoïde. Rigoureusement, elle peut être définie : la substitution, drins le cytoplasme ovulaire, d'un noyau mile suffisamment eæcilable au noyau femelle inerte. » A ceci, je répondrai seulement par les propres paroles de M. Delage : « Cette conclusion, à notre avis, dépasse la portée de l'expérience » (p. 525). Les mots excilable et excitant sont des mots tellement vagues, telle- ment peu scientifiques, qu'aucune objection ne semble pouvoir êlre faite à l'interprétation précédente de la fécondation. En voici cependant une qui me parait meltre en défaut, même lélas- ticité de ces expressions non définies. Dans le rajeunissement karroga- mique, deux infusoires se conjuguent. À possède les éléments micronu- cléaires, a, et a,; B possède b, et b,. Aucun de ces deux infusoires n'est assez eæcilable; ils échangent a, contre b,, et ces éléments qui, chacun (4) Sur l'interprétation de la fécondation mérogonique et sur une théorie nouvelle de la fécondation normale, Arch. de Zool. exp. et gén., 3° série, t: VII, 1899, 4 SOCIÉTÉ DE BIULOGIE dans son hôte primitif, étaient insuffisamment excitables, deviennent, dans l’hôle nouveau, capables de mettre en branle l'assimilation. Ne serait-ce pas que cette prétendue excitabilité n’était pas inhérente à leur nature propre? Dans ce même mémoire, M. Delage attaque une interprétation que j'ai récemment donnée de la fécondation et que je compte développer ultérieurement dans un article trop long pour être inséré ici. LES IDÉES DE HANS DRIESCH SUR LES. GLOBULES POLAIRES, par M. ALFRED GiARD. « Il est des morts qu'il faut qu'on tue! » Telle est la défunte théorie de H. Fol relative aux globules polaires, théorie qui consistait à consi- dérer ces éléments comme des excrélions de la cellule-œuf. Bien que cette manière de voir ait été maintes fois réfutée depuis près d’un quart de siècle et que la valeur cellulaire des Aichtungskürper soit aujourd'hui reconnue par les embryologistes les plus éminents (Bütschli, E. L. Mark, Boveri, O. Hertwig, E. Van Beneden, etc.), on voit encore la vieille erreur réapparaître de temps en {emps avec une prétention à la nouveauté. S'il n'y a pas lieu de s'inquiéter de ces récidives lors- qu'elles se produisent cà et là dans des mémoires spéciaux, il importe au contraire de les combattre énergiquement quand on les rencontre dans des publications très estimables et destinées à un large publie, dans des œuvres de vulgarisation au meilleur sens du mot. C'est pourquoi je crois nécessaire de protester ici contre un passage de la savante Aevue des problèmes de physiologie embryogénique, récemment publiée par Hans Driesch dans les £'rgebnisse de Merkel et Bonnet (1). Driesch affirme qu'on ne sait rien de certain sur la signification des globules polaires, que ces éléments ne sont que des excreta de l'œuf (Sie sind gleichsam nur ein Excret der Eixselle) et que leur lieu de for- mation est souvent tout à fait indéterminé. Il ajoute que le protoplasme de ces éléments n'est pas de même nature que celui de l'œuf, et il en donne comme preuve, outre leur différence de taille, le fait qu'ils ne sont jamais fécondés, tandis que de petits fragments de la cellule-œuf sont susceptibles de fécondation (2). (Sie, meines Wissens, nie befruchtet (1) Driesch (Hans). Resultate und Probleme der Entwickelungsphysiologie der Tiere, Ergebnisse der Anatomie und Entwickelungsgeschichte, Band VIF, 1898, Wiesbaden, 1899, p. 750, note 1. (2) Driesch emploie ici le mot fécondation dans le sens abusif qu'on lui a parfois donné lorsqu'il s’agit des phénomènes de mérogonie; mais cela a peu d'importance pour la question actuelle. | ds: UT SÉANCE DU 20 JANVIER x Q4 werden, waehrend solches bei sehr kleinen Eifragmenten noch geschieht.) En ce qui concerne la nature des globules polaires, leur mode de formation et leur signification morphologique, il me suffira de renvoyer Driesch aux mémoires des embryogénistes dont j'ai parlé ci-dessus et à mes propres recherches résumées à plusieurs reprises dans les Comptes rendus de la Société de Biologie (1) ou dans le Bulletin scienti- fique de la France et de la Belgique (2). Pour ce qui est de la nature différente du cytoplasme des globules et de celui de l'œuf, il me semble difficile d'en trouver des preuves soit morphologiques, soit physiologiques. Les globules polaires sont sou- vent animés, comme l’ovule jeune, de mouvements amæboïdes. Ils se comportent à l'égard des colorants comme les cellules ovulaires (gyno- celle ou gynogamète). Leur taille n'est pas toujours si remarqua- blement inférieure à celle de l’œuf. Chez certains Nudibranches, chez la Limace, chez l’Hemioniscus balani (Mesnil et Caullery), les Richtungs- kürper sont remarquablement gros. Enfin chez la Planaire marine Prostheceraeus vittatus, P, Francotte a vu que le premier globule polaire peut atteindre le quart, le tiers et .même presque le volume de l'œuf et qu'il est susceptible d'être fécondé et de produire des gastrula dont la taille varie naturellement avec celle de l’élément qui leur a donné naissance. Le superbe mémoire de Francotte fournit donc la démonstration la plus évidente de l'opinion que j'ai le premier défendue (3) et qui con- siste à considérer les globules polaires comme des cellules sœurs de la gynocelle et de la gynogamète et le plus souvent rudimentaires. Les résultats de Francotte et leurs conséquences ont été contrôlés par E. van Beneden (4). Que des recherches aussi importantes accompagnées d'excellentes photographies aient échappé à l'érudition de H. Driesch, cela ne peut être dû qu'au mépris exagéré que cet embryologiste distingué professe pour ce quil appelle les œuvres descriplives et aussi sans doute à la (1) Giard (Alfred). Sur un point de l’histoire des globules polaires, Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 juin 1897, p. 349-331. &5#49- #57 (2) Giard (Alfred). Sur les globules polaires et les homologues de ces élé- ments chez les Infusoires ciliés, Bulletin scientifique de a France et de la Bel- gique, t. XXII, 1890, p. 202-221. (3) Francotte (P.). Recherches sur la maturation, la fécondation et la seg- mentation chez les Polyclades. Rapport de M. le professeur Ed. van Beneden dans Bull. Acad. Belgique, 67° année, XXXIII, 1897, p. 278-283. — Lire sur- tout : Francotte (P.). Recherches sur la maturation, la fécondation et la segmentation chez les Polyclades, Mém. cour. et mém. des savants étrangers, Acad. roy. de Belgique, t. LV, p. 73, photo 84, 3 pl., 1897. (4) Van Beneden (Edouard). Sur deux points de l'histoire des globules polaires, Bull. Acad. Belgique, 67° année, XXXIV, 1897, p. 21-24. 40 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laçon à mon avis lrop étroite dont, à l'exemple de nombreux physio- logistes, il comprend la méthode expérimentale. Les recherches de Francotte sont, il me semble, beaucoup plus expérimentales que bien des publications de l’école néovitaliste de Naples. Hans Driesch me pardonnera, je l'espère, ces critiques, puisqu'il déclare lui-même (loc. cit., p. T16, ligne 27) qu'en exposant dans des Berichte ses propres idées, il a surtout pour but de provoquer la contradiction. ( Weil es zum Widerspruch reizt.) SUR L'ADAPTATION BRUSQUE DE L'ÉPINOCHE Grasterosteus lrachurus Cuv. et Val.) AUX EAUX ALTERNATIVEMENT DOUCES ET MARINES, par M. ALFRED GiaRp. On sait depuis longtemps que l'Epinoche ordinaire Gasterosteus acu- leatus L. et surtout quelques-unes de ses nombreuses variétés se ren- contrent dans des eaux saumâtres et même dans des eaux d'une salure très élevée. De plus, divers expérimentateurs ont montré que ces petits poissons peuvent subir impunément le passage brusque de l’eau douce dans l’eau salée. P. Bert rapporte que des Epinoches de la variété (x. leiurus d'eau douce, plongés directement dans l’eau salée, résistent de deux heures à un mois et même plus (1). A Milne-Edwards a fait vivre pendant deux mois des Epinoches dans l’eau de mer. C. Semper, après avoir rappe:é que G.aculealus vit parfois très bien dans la baie de Kiel et aussi dans la mer du Nord, dit que des exemplaires recueillis en mai près de Würzbourg ont pu sans dommage être placés brusquement dans l’eau de mer (2). Dans un travail fort intéressant qu'il a récemment publié sur la faune des mares salées de Lorraine, R. Florentin raconte à son tour qu'il à transpoité brusquement dans de l’eau de mer des Epinoches (fr. leiurus) provenant d'un ruisseau d’eau douce (Amezule) des environs de Nancy, et qu'il a constaté que ces petits animaux n'y vivaient pas plus de six heures. Il en conclut que les Epinoches, tout en étant plus résistants que les autres poissons, ne supportent pas impunément le changement de milieu. « Je ne m'explique pas, ajoute-t-il, comment P. Bert à pu les faire vivre plus longtemps » (3). (1) Bert (Paul). Sur les phénomènes et les causes de la mort des animaux d'eau douce que l’on plonge dans la mer, C. R. Acad. d. sc. Paris, t. LXXIIT, 1871, p. 382. (2) Semper (Carl). Die natürlichen Existenzbedingungen der Thiere, X, 1880, p. 180. (3) Florentin (R.). Etudes sur la faune des mares salées de Lorraine, Ann. sc. naturelles, « Zoologie », 8° série. t. X, 1899, p. 282-283. — SÉANCE DU 20 JANVIER 47 Cette observation m'engage à publier une expérience que jai faite il y à quelques années à Wimereux et qui vient apporter une donnée nou- , velle dans la question, sans expliquer toutefois la différence des résul- tats obtenus par P. Bert et par Florentin. L'Epinoche est très commun dans les eaux saumâtres à salure fort variable de l'estuaire du Wimereux. C'est presque exclusivement la varisté {rachurus qu’on rencontre et il n’est pas rare d’en trouver quel- ques individus en pleine mer lorsqu'on pêche avec le filet à crevettes grises (Crangon vulgaris). Un exemplaire capturé dans ces conditions en août 1891 et rapporté vivant au laboratoire fut plongé brusquement dès le lendemain dans l’eau douce, puis replacé le surlendemain dans l’eau de mer et ainsi de suite pendant plus de cinquante jours; le poisson supporta parfaile- ment et sans en paraitre incommodé ces alternatives de régime. L'expé- rience prit fin par la nécessité où ie me trouvai de retourner à Paris pour les examens d'octobre et l'Epinoche fut jeté loujours très bien portant dans le Wimereux où il put continuer en liberté le cours de son existence. La seule précaulion prise était d'assurer l'égalité de tempéralure de l'eau d'où on tirait le petit poisson et de celle où on le replacait. Deux vastes récipients, l’un d’eau douce, l’autre d’eau de mer, placés côte à côte dans le laboratoire et remplis chaque soir fournissaient le lende- main et alternativement l’eau nécessaire à l'expérience. J'avais soin également de nourrir abondamment l'Epinoche, qui est très vorace, en Jetant des mouches décapitées à la surface de l’eau. Peut-être une nour- rilure insuffisante où mal appropriée était-elle la cause de la mort des Epinoches dans les expériences de Bert, où la survie très inégale a été parfois de plusieurs semaines dans l'eau de mer et où la mort est arrivée sans cause apparente. Quant à la contradiction qui semble exister entre mon expérience et celles de Florentin, elle peut s'expliquer, je pense, par une adaptation naturelle plus parfaite de la variété trachurus à des eaux de salure variable; cette variété est devenue un type euryhalin (Môbius) comme la variété leiurus trouvée par Florentin dans les eaux salées de Vic et sur laquelle on pourrait répéter sans doute l'expérience que j'ai faite à Wimereux. Certains poissons marins (Cottus scorpius L., Cottus bubalis Euphr.) peuvent vivre pendant plusieurs jours dans des mélanges d’eau de mer et d'eau douce, dans lesquels l'eau douce entre progressivement pour É un quart, un demi, trois quarts, etc., ainsi que de Varigny l'a observé pour d'autres animaux littoraux (1). | Mais chez ces poissons, on voit bientôt se produire des exuviations 1) Varigny (H. de). Experimental evoluticn, London, 1892, p. 189. 48 SUCIÉTÉ DE BIOLOGIE de parties plus ou moins étendues de l’épiderme dont les cellules sont évidemment tuées par les modifications trop rapides des échanges osnotiques et la mort arrive plus ou moins rapidement. Il serait néan- moins fort intéressant de reprendre ces expériences en opérant plus graduellement que je ne l'ai fait et en choisissant de préférence des Cottus de la zone littorale. AU SUJET DE LA DESTRUCTION DES LARVES DE MOUSTIQUES PAR L'HUILE ET LE PÉTROLE, par M. LAVERAN. On sait aujourd’hui que les moustiques jouent un rôle important dans l'infection palustre, aussi se préoccupe-t-on des moyens à employer pour les détruire, lorsqu'ils sont arrivés à l’état d'insectes parfaits ou lorsqu'ils sont encore à l’état de larves. La destruction des larves est beaucoup plus facile que celle des insectes parfaits, vivant dans l’air. Parmi les moyens qui ont été préconisés pour détruire les larves de moustiques, un des plus pratiques et des plus connus consiste à verser, dans l’eau qui contient les larves, de l'huile ordinaire ou de l'huile de pétrole. L'emploi de l'huile pour la destruction des larves de moustiques est recommandé, dès 1847, dans le Magasin pittoresque. En Amérique, M*° Aaron, Howard, et après eux bon nombre d’obser- vateurs ont préconisé, dans le même but, l'huile de pétrole. Je n'ai pas l'intention de faire ici l'historique de la question, mais seulement derésumerles résultats de quelques expériences personnelles; ces expériences ont porté sur des larves de Culex pipiens. J'ai comparé l’action de l'huile à brûler à celle de l'huile de pétrole et j'ai constaté que, à quantité égale, l'huile de pétrole détruisait les larves de moustiques plus rapidement que le pétrole. En employant 15 centimètres cubes de pétrole par mètre carré (1), j'ai vu que les larves de moustiques étaient détruites au bout de vingt- quatre heures; avec l'huile ordinaire, employée dans les mêmes proportions, on trouvait encore après quarante-huit heures des larves vivantes. : J'ai recherché comment les larves de moustiques sont luées quand on ajoute à l’eau dans laquelle elles vivent un peu d'huile ordinaire ou de pétrole. (4) Un des avantages de ce procédé est qu'il n'est pas nécessaire de tenir compte du cube, mais seulement de la superficie de la pièce d’eau ou du récipient dans lequel vivent les larves. SÉANCE DU 20 JANVIER 49 On a dit que les larves sont tuées parce que la couche d'huile qui se trouve à la surface de l’eau agglomère les soies de l'appareil respira- toire, j'ai moi-même reproduit cette explication (1). Les poils ou soies qui se trouvent à l'orifice terminal des troncs trachéens sont rares et très courts et, a priori, il est difficile de comprendre que leur agglomération par l'huile puisse produire l'asphyxie des larves. J'ai recueilli des larves de moustiques mortes ou mourantes dans un cristallisoir dont l’eau avait été recouverte d'une très légère couche d'huile ; ces larves ont été fixées dans le liquide de Flemming, déshy- dratées, puis montées dans le baume. L'acide osmique colore en noir les gouttelettes d'huile et l’on constate facilement que ces gouttelettes pénètrent dans les troncs trachéens, ce qui explique la mort par asphyxie des larves beaucoup mieux que ïa prétendue agglomération des soies. Le pétrole n'étant pas noirci par l'acide osmique, je n’ai pas pu m'assurer qu'il tuait les larves par le même mécanisme que l'huile; il me parait très problable qn'il en est ainsi et que si le pétrole est plus actif que l'huile, c’est parce que sa plus grande fluidité lui permet de pénétrer plus rapidement dans les trachées. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA DIAZORÉACTION D EHRLICH, par M. J.-H. GuIcLEMIN. Des réactions quotidiennes, faites sur les urines de dix malades alteints de fièvre typhoïde, l’auteur croit pouvoir tirer les enseigne- ments suivants : La formule du réactif sulfanilique à saturation pour 1000 centimètres cubes d’eau distillée additionnés de 50 centimètres cubes d'acide chlor- hydrique pur et du réactif de nitrite de soude à 0 gr. 50 pour 100 cen- timètres cubes d’eau distillée, est en effet celle qui donne les meilleurs résultats, mais que, pour ne pas s’exposer à des résullats erronés, il est utile de ne pas mélanger préalablement les deux réactifs indiqués ; il vaut mieux utiliser le procédé suivant : prendre 2 c. c. 1/2 d'urine, ajouter 2 c. c. 1/2 de réactif sulfanilique, puis IT gouttes de solution de nitrile de soude, agiter, puis alcaliniser fortement avec VIT à X gouttes d'ammoniaque. L'agitation donnera toujours ainsi le maximum de coloration par agitation en cas de réaclion positive. (4) Laveran. Journal des pralicions, 29 avril 1899, p. 299. 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si l’on peut mélanger les réactifs et l'urine, dans n'importe quel ordre, l'ammoniaque seule doit n'être mise qu'en dernier, faute de quoi la réaction serait négative. La couleur communiquée à l’urine et au dépôt après vingt-quatre heures ne doit pas étre pris en considération, seule l'écume plus ou moins rouge doit servir de base à une affirmalion de la réaction. En graduant les teintes obtenues sous les indices.Ru, R1, R9, R3, suivant les indications d'Ehrlich, l’auteur a constilué des graphiques, avec courbes, analogues aux courbes des températures. Ces courbes d'intensité de réaction semblent suivre exactement la quantité de toxines éliminées par l'économie, et si le rein fonctionne normalement, elles reflètent fidèlement l’état général du malade, s’éle- vant au moment de l'aggravation de la maladie, malgré une baisse de température, s'abaissant au contraire au moment où le processus perd de sa gravité, alors que la température subit encore quelques élévations inexpliquées. La disparition de la réaction, malgré une élévation de température persistante, altire l'attention sur le mauvais fonctionnement du rein et devient d’un mauvais présage pour l'issue de la maladie. D'après M. Guillemin, le parallélisme que les auteurs ont signalé entre la température et la diazoréaclion est loin d'exister, il est au contraire assez rare, d'après ses observations. Quelquefois, la réaction rouge ou rose fait place, dans le cours d'une fièvre typhoïde, à une réaction jaune quil gradue en Ju, JA, J2, J3, par analogie avec la réae- tion rouge, et dont il tient compte tant qu'une explication chimique ne pourra élre donnée au phénomène constalé. Dans un cas d'infection puerpérale, l’auteur signale la diazoréaction positive sans fièvre. L’intensité de la réaction suivaitexactement l’état général de la malade, augmentant les jours où la malade paraissait s’affaiblir, diminuant quand la nouvelle accouchée semblait reprendre ses forces et revenir à la santé. La diazoréaction suit fidèlement les rechutes et les récidives de la fièvre typhoïde. Au point de vue diagnostie de la fièvre typhoïde, la valeur de la réac- tion diazoïque est loin de pouvoir être mise en balance avec le séro- diagnostic de Widai, puisque celui-ci est positif en cas de réaction positive, tandis que la réaction d'Ebrlich ne bénéficie pas du même avantage; elle à cependant sur celui-ci, après diagnostic affirmatif, la supériorité de permettre de suivre, pour ainsi dire à toute heure, l'évo- lution de l'intensité de la maladie et d'être d'une simplicité pratique, absolument remarquable. SÉANCE DU 20 JANVIER 51 INFLUENCE DES VARIATIONS DE TEMPÉRATURE SUR LES PÉRIODES LATENTES DU MUSCLE, DU NERF ET DE LA MOELLE, par M. G. Weiss. L'activilé des phénomènes chimiques des lissus vivants subit des modifications considérables aussitôt que l'on fait varier dans des limites même restreintes la température de ces tissus. Ce fait est absolument général, les exemples en sont trop connus pour qu'il y ait lieu d'y insister. En particulier, si l'on abaisse ou si l’on élève la température d’un muscle, on sait que la courbe de la secousse change; en même temps, on voit la période latente s'allonger pour les températures basses, se rac- courcir pour les Lempératures élevées. La durée de cette période latente est liée à la rapidité avec laquelle se passent les actions chimiques, et elle peut en quelque sorte servir à la mesurer. J'ai cherché à appliquer ce principe à la détermination de l'intensité des phénomènes chimiques qui accompagnent la mise en activité du tissu nerveux et en particulier du nerf. J’examine d’abord ce dernier phénomène. Si la propagation d’une excitation le long d'un nerf est étroitement liée à une action chimique, il faut nous attendre à voir la vitesse de cette propagation subir, lors des variations de température, des changements comparables à ceux de la période latente du muscle. Divers auteurs se sont occupés de la vitesse de l’influx nerveux, ils ont tous signalé un ralentissement considérable avec l’abaissement de température; c'est ainsi que Helmholtz dit qu'en passant de la tempé- rature du laboratoire à 0 degré, la vitesse de l'influx nerveux tombe au dixième de sa valeur. D'autres expérimentaieurs parmi les plus habiles expliquent les écarts entre les résultats des divers auteurs par les diffé- rences de température du laboratoire où s’est faite l'expérience. J'ai cru devoir reprendre cetle question, convaincu que les expé- riences précédentes étaient entachées d'erreur. Les seules méthodes de mesure qui soient à notre disposition portent en effet en elles-mêmes une grande cause d'inexactitude sur laquelle je ne puis insister ici, l’erreur la plus petite sur une expérience entraine des différences énormes sur le résultat final. Il me suffira de dire qu’une erreur de 1 degré sur la température du muscle cause une erreur de 100 p. 100 sur la mesure de la vitesse de propagation de linflux nerveux. Il faut donc, pour arriver à des conclusions acceptables, une technique pour ainsi dire parfaite dans tous ses détails. Afin de me contrôler moi-même, j'ai employé deux dispositifs expé- rimentaux différents. Au cours de mes recherches, je les ai à plusieurs reprises perfectionnés, et à mesure de ces perfectionnements j'ai eu des résultats de plus en plus nets et de plus en plus concordants. 52 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE ——————————————————_——— ———————_—————————. L'une de mes méthodes était un dispositif d'enregistrement gra- phique, le moment de l'excitation et celui de la réponse étant donnés par des signaux électro-magnétiques de Marcel Desprez. L'autre était la méthode de Pouillet, montée avec un soin extrême et avec quelques modifications que je crois importantes. Je donnerai du reste ailleurs le détail de ces recherches et je passe maintenant aux résultats que j'ai obtenus. Quand on abaisse la température d’un muscle de grenouille de 20 de- grés ou 25 degrés jusqu à 0 degré, on trouve que la période latente varie dans le rapport de 1 à 4 environ, c'est-à-dire qu’elle augmente de 300 p. 100 de sa valeur. “Pour la vitesse de l'influx nerveux, j'ai trouvé que la variation était : Dans une trisérie d'eXperIenCeS RO J'ai à ce moment remarqué certaines causes d'erreur, je les ai suppri- mées et j'ai eu : AENSÉTEATEXPÉTIENCCS NS PR RE CREER Nouveau perfectionnement : MIS MSÉTIENdIexPÉTIENCES NME OU ND MEN Nouveau perfectionnement : kesérie d'expériences 1.24 ODA À ce moment, j'ai complètement démonté mon appareil, je l'ai remonté avec le plus grand soin, et j'ai fait deux séries qui par leur régularité devaient être très bonnes. Après calcul, j'ai obtenu : H'hsérie d'expériences PCR 6e p-100 Grasériendiexpériences ee as -S ND Un Le résultat paradoxal auquel je suis arrivé dans ce dernier cas prouve évidemment que je suis dans les limites des erreurs d'expérience qu'il devient impossible d'éviter. Quand on compare ces résultats à ceux obtenus sur le muscle, on est en droit de dire que les variations de température n ont aucune action sur la vitesse de propagation d’une excitation le long d'un nerf, ou plus exactement on peut dire : Pour le muscle, les variations de lempérature produisent des diffé- rences d'ordre chimique; pour Le nerf, elles ne produisent que des dif- férances d'ordre physique. La propagation de l'influx nerveux n’est pas liée à une action chi- mique, comme l’est la contraction musculaire. Je ferai remarquer que ces faits concordent avec l'hypothèse de l'infatigabilité des nerfs émise dans ces derniers temps. J'ai voulu ensuite rechercher quelle pouvait être l'influence des varia- 7 ue SÉANCE DU 20 JANVIER 5e tions de température sur la moelle épinière. Pour cela, j'ai mesuré la période latente d'un réflexe, cette mesure est très facile, et en opérant successivement à 20 degrés et à 0 degré, j'ai trouvé qu'elle doublait, c’est-à-dire que la variation était de 100 p. 100. Enfin, j'ai fait la même expérience en refroidissant la moelle et les nerfs lombaires et excitant la partie supéricure de cette moelle. À cet effet, je coupais la tête de la grenouille, l’incision portant exactement aux coins de la bouche, puis j'introduisais deux électrodes à 1 milli- mètre environ dans la section de la moelle. Dans ces conditions, con- trairement à ce que j'aurais cru, je n'ai pu trouver dans la période latente que des changements de même ordre que ceux observés sur le nerf. La moelle s'est comportée exactement comme si des tubes nerveux venant des racines antérieures se prolongeaient jusqu’à la partie supé- rieure de cette moelle sans passer par aucune cellule ni articuiation de neurones. L'expérience du réflexe montre en effet que les variations de tempé- rature influent sur ces passages. (Laboratoire des Travaux Pratiques de Physique biologique de la Faculté de Médecine de Paris.) NOTES SUR LE TISSU CONJONCTIF DU TESTICULE DU RAT. (Deuxième note) Note de M. CI. ReGaup (de Lyon), présentée par M. Év. RETTERER. Il ressort d'une note précédente (1) que les « cellules interstitielles » du testicule du rat subissent une évolution continue depuis leur différen- ciation (type jeune) jusqu’à leur mort (type décrépit). Aux renseigne- ments morphologiques déjà communiqués, je vais ajouter quelques données sur leur reproduction, leur origine, leurs fonctions et leur signi- fication histologique. REPRODUCTION. — Malgré une observation longuement et minutieuse- ment poursuivie, je n’ai jamais observé de karyokinèses sur aucune des formes cellulaires du tissu conjonctif intertubulaire. Les éléments en mitose qu'on y rencontre sont manifestement des cellules séminales (spermatogonies et spermatocytes) transportées hors de leur place par le couteau du microtome à paraffine. Par contre, la division directe du noyau des cellules interstitielles adultes est tellement fréquente que je la considère comme un épisode constant de l’évolution de ces cellules. La division directe m'a toujours (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 13 janvier 1900. Biozocie, ComPres nENDuSs. — 1900. T. LII. ù EST DA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE parue limilée an noyau. Elle s'effectue de la manière suivante. Un sillon à peu près rectiligne apparaît d'un pôle à l’autre de l’ellipsoïde nucléaire aplati, sur le milieu de l’une des deux faces. Le sillon est produit par l'invagination de la membrane nucléaire qui entraîne avec elle les grains de chromatine accolés à sa surface interne. Lorsque ce sillon, devenant de plus en plus profond, atteint la face opposée, le noyau est divisé en deux parts sensiblement égales. Ce processus est très facile à suivre après coloration par l'hématéine qui teint légèrement la membrane nucléaire. Il est bon de comparer des noyaux vus à plat à d'autres coupés en travers. Cette amitose aboutit à la formation de cellules à noyaux doubles. Je ne crois pas qu'elle soit une véritable multiplication cellulaire. Aussi je considère, provisoirement du moins, les cellules interstitielles comme stériles. Elles seraient un bourgeon latéral et terminal de l’arbre généalo- gique cellulaire. ORIGINE. — Les cellules interstitielles paraissent bien résulter de l'évolution et de la métamorphose des cellules jeunes indifférenciées conliguës aux vaisseaux. Mais d’où viennent ces dernières cellules? Ne les ayant pas vu pro- venir par division des cellules conjonctives préexistantes, j'incline à les considérer (non sans de formelles réserves) comme ayant une origine leucocytaire. Foxcrions. — Il est hors de doute que les cellules interstitielles ont une fonclion sécrétoire. Chez le rat, on sait qu'elles ne fabriquent que peu de graisse, pas de cristalloïdes, presque point de pigment. Par contre, elles élaborent une substance granuleuse, que je n’ai pas réussi à colorer spécifiquement avec intensité, mais qui fixe cependant les couleurs dites acides telles que l'éosine, l’érythrosine, la fuchsine acide. Cette substance est excrétée dans lalymphe conjonctive qui baigne les cellules interstitielles. On l'y retrouve, extrêmement abondante, et coagulée par les fixateurs. Elle est très vraisemblablement reprise par l’épithélium séminal (plus précisément par le syncytium sertolien) qui la transforme, au moins en partie, en graisse décelable par l'acide osmique. Les cellules interstitielles se détruiraient en fonctionnant, ce qui est très compatible avec l'hypothèse de leur origine leucocytaire. Bardeleben (1897) admet chez l'homme que les cellules interstitielles traversent la paroi des tubes séminifères par leurs mouvements amiboïdes propres, qu'elles apportent elles-mêmes leurs matériaux nutritifs à l’épithélium séminal, qu'elles s'y fixent temporairement à l’état de cellules de Sertoli, pour, finalement, se désintégrer. Or, chez le ral, rien de tout cela ne peut être vérifié. — Je n’ai jamais observé les canaux trouvés par Plato (1896) dans la paroi propre des tubes, chez le chat, et je ne crois pas à leur existence. SÉANCE DU 20 JANVIER 55 SIGNIFICATION HISTOLOGIQUE. — D’après les résultats fournis par l'étude du rat adulte, il est inadmissible que les cellules interstitielles aient une origine et une signification épithéliales. Ce sont des éléments mésodermiques, faisant partie intégrante du tissu conjonctif lâche intertubulaire : cellules fixes, ou plus probablement leu- cocytes (est-il bien sûr que les unes ne dérivent pas toujours des autres?) chez lesquels la fonction glanüulaire s'est extraordinairement développée. Je les comparerai volontiers aux clasmatocyles de Ranvier. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) DURÉE DE LA GESTATION DANS LES COCHONS D'INDE, par M. Én. RETTERER. Malgré les nombreux auteurs qui ont écrit sur la gestation du cobaye, on n’est guère fixé sur la durée de cette gestation : les uns la réduisent à une trentaine de jours et les autres la portent au delà de 60 jours. Buffon (1) est le premier, que je sache, qui ait avancé que les femelles de cochon d'Inde ne portent que trois semaines. Lesallois (2). après avoir séparé les femelles d'avec les mâles, aussitôt qu'il s’apercevait du décollement (de l’orifice extérieur du vagin) produit par l'in- troduction du pénis, reconnut que la durée de la gestation est de 65 jours. P. Gervais (3) est également arrivé, par ses propres observations, au chiffre de 65 jours environ. En 1885, j'ai noté (4), d’après des observalions personnelles, que la durée de la gestation est, chez le cobaye, de 60 jours environ, et j'ai ajouté que la longueur des fœtus à terme est de 8 à 9 centimètres. M. F. Lataste (5) avoue qu'il n’a pas fait d'observations suffisantes pour déter- miner la durée de la gestation : tout ce qu'il peut personnellement affirmer, à ce sujet, c’est ce que celte durée dépasse 45 et même 57 jours. M. Mathias Duval (6), après avoir dit que le placenta du cobaye acquiert sa constitution définitive à partir du 30° jour environ, ajoute : « Il continue à fonctionner pendant un mois sans présenter de modifications. » (1) Histoire naturelle, etc.,t. VII, p. 3, édition 1760. (2) Œuvres, t. I, 1830, p. 287. (3) Mammifères, 1. I, 1854, p. 324, et article « Cobaye », Dict. des Sciences médicales, p. 160. J (4) Développement du squelette des extrémités, etc. Thèse du doctorat ès- sciences, p. 14. Paris, 1885. (5) Recherches de Zooëthique, p. 487. Bordeaux, 1887. (6) Le ptacenta des Rongeurs, 1892, p. 525. 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Trouessart (1) écrit également : « La gestation du cobaye est de 66 jours environ. » Malgré des constatations si précises, l'opinion de Buffon continue a compter des partisans. D'après H. Milne-Edwards (2), la durée de la gestation ne serait que d 3 semaines pour le cochon d'Inde (1870). Ch. Livon (3) affirme dans deux passages différents et en 1898 que, d’après ses observations personnelles, la durée de la gestation est de 30 à 35 jours. I. Munk (#4) continue, en 1899, à écrire que le cobaye porte 4 à 5 semaines, comme le lièvre et le lapin. On sait, d'autre part, qu'il existe, dans une seule et même espèce domestique, des variations dans la durée de la gestation. M. A. Sanson (5) tire de ses propres observations et de celles de Tessier (1817), les conclusions suivantes : « La durée de la gestation varie, chez la vache, entre des limites très éloignées, tout en restant normale. La parturition se produit entre le 9e et le 11° mois de la gestation. » M. Sanson est porté à rattacher ces variations à l’individualité seule. D'après d’autres observateurs, ce serait là une affaire de race. Ellenber- ger (6), par exemple, cite les faits suivants à l'appui de cette manière de voir : la jument de race anglaise porte 15 jours de plus que le percheron; les vaches SAorthorns et hollandaises vèlent 7 à 12 jours plus tôt que la vache Kärnthner; les brebis de Southdown mettent bas 6 jours plus tôt que les méri- nos, etc. : S'agit-il pour le cobaye de différences de climat ou de race? Ou bien les chiffres, si discordants qu'on donne, sont-ils dus à des limites indi- viduelles variant, dans le cas particulier, du simple au double, ou bien encore tiennent-ils tout uniquement à un défaut d’observalion ? Voici la série des précautions que j'ai prises pour arriver à quelques résultats précis. Dès qu'ure femelle a accouché, elle est mise à part avec un mäle pendant un ou deux jours. Au bout de ce temps, on enlève le mâle et o isole la femelle dans une cage séparée pour la sacrifier à une date déterminée. Les embryons sont mesurés à l’état frais et leur état de développement est soumis à un examen soigné. Comme j'ai déjà eu l’occasion de le décrire (7), les embryons de (1) Article « Cobaye » de la Grande Encyclopédie. (2) Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée, t. IX, p. 445. 3) Article « Cobaye », p. 904 et 930 du Dictionnaire de physiologie, de Ch. Richet. ; (4) Physiologie des Menschen und der Süugethiere, 5° édition, 1899, p. 615. (5) Traité de Zootechnie, t. IV, p. 258. (6) Vergleichende Physiologie der Haussäugethiere, 1892, p. 564. (7) Bibliographie anatomique, 1893, p. 184. Ve ve AT US SEANCE DU 20 JANVIER 51 cobaye sont fortement courbés. Pour prendre les mensurations, je débarrasse les embryons de leurs enveloppes. et, à l’aide d'un compas d'épaisseur, je prends leur plus grande longueur du vertex à la racine de la queue. Exposé des faits : Les embryons de 16 jours ont une longueur de 5 millimètres environ. = ASE ue 8 dE 2 de 22 — EN ED ue Fe he JEU # 12 # Æ me DURE 1 15 L° 4 1e Ds 2e 17 = Le La SSL 2 35 di ie = ss 60 à 65 L | = 2 La parturition à lieu du 60° au 66° jour et les nouveau-nés ont une longreur de 9 à 11 centimèlres. On pourrait m'objecter que les embryons et les fœtus du même âge présentent, d'un sujet à l’autre, des différences notables au point de vue de la taille. Mais il en va tout autrement si l’on étudie el consi- dère l'état de développement qu'atteignent les organes. Qu'il me suffise de décrire l'évolution de la peau et du tube digestif. On sait que les cochons d'Inde naissent si robustes qu'ils peuvent tout de suite courir pour chercher leur nourriture. D'autre part, ils sont couverts d’un poil long et abondant. Ces deux circonstances permeltent d’expliquer la résistance que présentent les petits cobayes au refroidissement Er En serait-il de même d’un embryon de qualre ou cinq semaines? Les quelques détails anatomiques que je vais donner prouveront le con- traire. a) Poils. — Vers le 30° jour seulement apparaissent les ébauches des follicules pileux et c’est du 40° au 60° jour que se développent les poils, qui sont longs et soyeux chez le nouveau-né. Si l’on compare à cet égard le cobaye à l'espèce humaine, l'embryon de cobaye de 30 jours se trouve à un stade de développement correspondant à celui d'un embryon humain du quatrième mois. b) Intestin. — Quant au tube digestif, voici son état de développement à trois âges différents : CALIBRE de l'intestin grêle 1° Embryons longs de # centimètres. . . 0 millim. 6 2° Fœtus longs de 8 centimètres, , , . . 1 millimètre JNOUVEAU-RÉ A LA On. : . MPStou:2#millimetres (4) Voir W, Edwards. De l'influence des agents physiques sur la vie, p. 136 et 625. 53 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces chiffres parlent d'eux-mêmes : un embryon de 4 à 5 semaines ne serait nullement en élat ni de résister au refroidissement, ni de se mouvoir ni même de prendre de la nourriture. Je n'ai jamais vu, ni à 50 ni à 40 jours, un embryon de cobaye, au moment où on l'extrait du s°in maternel, exécuter le plus léger mou- vement respiratoire. Ce n’est que sur les fœtus longs de 7 à 8 centi- mètres et couverts de poils qu'on observe des inspirations après qu'on les a sortis de la matrice. Tous ces faits concordent pour démontrer qu’un embryon de cobaye de 30 à 40 jours, mis au monde, n’est pas viable. Ses organes sont dans un stade de développement analogue à celui d'un embryon humain de quatre mois. Il faut à cet embryon de cobaye une prolonga- tion de vie intra-utérine de 20 ou 30 jours pour que ses organes par- viennent à la phase évolutive de ceux qu’on trouve sur un fœtus à terme. Conclusion. — L'observation de la mère et l’élude bien suivie des organes de l'embryon conduisent au même résultat : la durée de la gestation est de 60 à 66 jours dans les cochons d'Inde. M. Weiss. — Au cours d'un travail fait en collaboration avec M. Car- vallo, nous avons employé beaucoup d'embryons de cobaye. La durée de la gestation semble pouvoir être fixée à 60-65 jours, comme vient de le dire M. Retterer. IL est impossible de se fixer sur le poids ou sur la taille d'un embryon pour déterminer son âge, car non seulement il y a . de grandes variations d’une mère à l’autre, mais dans une même portée . on trouve des fœtus de grandeur très variable. Nous avons constaté une fois, dans le cas d’une grossesse double, un embryon de 75 grammes et un autre de 130 grammes. Il nous à aussi semblé qu'aux environs de la 5° et de la 6° semaine, il y avait un accroissement particulièrement rapide du fœtus, au point qu'à diverses reprises, au début de nos déterminations, nous avons cru à des erreurs. En ouvrant une femelle pleine d’un mois, on ne peut croire quelle soit à moitié de son terme; à un mois et demi, l'embryon a Loutes les apparences d’un fœtus à terme. SUR UN CAS DE MALADIE DE MAURICE RAYNAUD OBTENU EXPÉRIMENTALEMENT CHEZ LE COBAYE, par M. C. Puisazix. Le syndrome clinique découvert chez l’homme par Maurice Raynaud, et désigné, suivant la phase du développement, sous le nom d’asphyxie locale ou de gangrène symétrique des extrémités, n’a jamais été cons- SÉANCE DU 20 JANVIER 59 taté ou reproduit expérimentalement chez les animaux. C'est pourquoi il m'a paru intéressant de relater l’histoire du cobaye que je vous pré- sente et chez lequel on observe aux quatre membres des escarres symé- triques avec gonflement œdémateux et teinte violacée consécutifs à la slase veineuse. Cet animal a reçu sous la peau, du 30 novembre 1898 au 9 novembre 1899, huit inoculations du microbe de la septicémie des cobayes que j'ai décrit antérieurement (1). Il a suffi de deux injections, à dose crois- sante, d'une culture atténuée, pour Le vacciner, en deux mois, contre une dose rapidement mortelle. Toutefois, des accidents locaux se sont ma- nifestés par un petit abcès guéri en quinze jours. À chaque nouvelle épreuve, avec une culture très virulente, les accidents généraux, appréciés par Ja marche de la température, étaient de moins en moins prononcés, mais on à toujours constaté les mêmes accidents locaux. Le degré de vaccination, mesuré par le pouvoir agglulinant, s'est accru progressivement.'Le 28 avril, plus d'un mois et demi après la 4° inocu- lation, ce pouvoir était de 1 p. 50, tandis que le %5 juillet, huit jours après la 7° inoculation, ce pouvoir agglutinant, très accentué à 1 p. 240, était encore manifesle à { p. 400. Le 9 novembre, un mois après la 8° el dernière inoculation, ce cobaye est en très bon état; il pèse 770 (le poids, au début, était de 590). On l’éprouve de nouveau, mais cetle fois, par l'introduction, dans le péritoine, d'une culture virulente en sxc de collodion (2). Tandis que tous les animaux neufs succombent dans ces condilions, notre cobaye vacciné résiste, mais il maigrit; le 25 no- vembre, il ne pèse plus que 625 grammes. L'état se maintient stalion- naire jusqu'au 45 décembre. Poids : 620 grammes. Vers cetle époque, on voit survenir des accidents caractérisés par du frissonnement intermittent qui s'observe surtout le matin. L'animal mange bien, mais il a le poil hérissé et il maigrit. Au commencement de janvier, le frisson devient plus fréquent. Le 20 janvier au matin, je le trouve grelottant, refroidi et marchant difficilement, le train de derrière presque paralysé. Les pattes sont froides, tuméfiées, violacées ; la pression est douloureuse ; à la face palmaire des pattes antérieures, on voit une petite escarre noirätre située symétriquement à droite et à gauche; aux pattes postérieures, on trouve de petites escharres en voie d'ulcération à l'extrémité unguéale de tous les doigts, et une escarre noirâtre plus accentuée sur la face plantaire du métatarse. En outre, l'orifice préputial est rétréci par suite d’un gonflement œdé- mateux-et de petites escarres de la peau, en voie d’ulcération. La peau (1) Sociélé de Biologie, 1898 et 1899. (2) Le sac de collodion coiffe une ampoule de verre perforée de trous et terminée par un tube étroit qu'on ferme à la lampe. Ce procédé m'a paru le meilleur à plusieurs points de vue. 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l'extrémité du museau est un peu épaisse et violacée, mais sans mortification. Les troubles précédents élant sans aucun doute consécutifs à une intoxication par les produits solubles sécrétés par la culture en sac de collodion, on pouvait espérer en enrayer la marche par la suppression de la cause. L'animal étant anesthésié par le chloroforme, on ouvre la cavité abdominale et on retire l’ampoule collodionnée qui était enkvystée dans l'épiploon et le mésentère. L'ouverture du kyste a donné issue à une masse caséeuse épaisse qu'on à pu faire sortir par pression. On lave à plusieurs reprises, avec un tampon d’ouate imbibé d’eau boratée et on termine l'opération en suturant la paroi abdominale. Le cobaye dort encore profondément, la respiration est calme et lente. Mais il reste dans cet état pendant une heure, puis il cherche à se relever sans réussir : les paltes se meuvent d'une manière désordonnée etil y a un peu d’opisthotonos. La respiration est pénible et lente; le refroidissement s’accentue; la mort arrive cinq heures après la fin de l'opération. Autopsie. — Les viscères abdominaux ne paraissent pas malades: le kyste mésentérique forme une tumeur grosse comme une noix flot- tant librement avec l'intestin. Les poumons sont très congestionnés. Les cultures du sang et de l'abcès péritonéal sont fertiles et la mort est évidemment due à une infection tardive qui mérite une étude spéciale. Les méninges, surtout à la base du cerveau, sont fortement injectées. Une coupe transversale au niveau des corps opto-striés montre la subs- tance cérébrale teintée en rose vif. Il est donc probable que c’est dans une lésion du système nerveux central qu'il faut chercher la cause des troubles trophiques qui ont amené chez ce cobaye la gangrène symétrique de la peau aux extré- mités des membres; une étude histologique permettra peut-être de reconnaitre la nature de ces lésions dont. la genèse peut être attribuée à une intoxication lente par les toxines diffusant à travers la paroi du sac de collodion. UTILITÉ DES TRACÉS PNEUMOGRAPHIQUES COMME MOYEN DE DIAGNOSTIC AU DÉBUT ET AU COURS DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE CHRONIQUE, par MM. E. Hirtz et GEORGES BROUARDEL. En 1878, l’un de nous (1) publia des tracés de la respiration pulmo- naire des tuberculeux emphysémateux. Depuis le début de l’année 1896, nous avons repris des études ana- logues, en augmentant le cadre de nos recherches. En effet, nous avons pris systématiquement les tracés de la plupart des malades présentant (1) E. Hirtz. De l'emphysème pulmonaire chez les tuberculeux, 1878. SÉANCE DU 20 JANVIER GI ou non des déterminations morbides pulmonaires qui sont entrés dans le service de M. Hirtz: parmi eux, un nombre considérable étaient atteints de tuberculose chronique à toutes les périodes: ce sont les tracés de ces malades que nous présentons aujourd'hui, remettant à une date ulté- rieure l'étude d'ensemble que nous avons entreprise sur la pneumo- graphie clinique. Ces tracés sont assez délicats à prendre, car les causes d'erreur sont nombreuses : pour chaque malade, il faut prendre une série de tracés; ils peuvent être, en effet, modifiés dans la qualité et dans la quantité des respirations qu'ils représentent par l'émotion, l'attention forcée, etc. De plus, on ne saurait tirer une conclusion formelle des tracés pris chez un seul malade présentant des lésions nettement déterminées par les méthodes cliniques habituelles ; il faut examiner comparativement le plus grand nombre possible de tracés pris chez d'autres malades pré- sentant des lésions analogues, chez des individus normaux, chez des individus atteints d’autres lésions pulmonaires. Pour faire ces études, nous avons appliqué la plaque du pneumo- graphe sur la partie supérieure du sternum, en faisant passer le fil qui joint les deux tambours de cette plaque suivant une ligne passant immédiatement sous le sommet de l’aisselle. Nous avons cherché à rendre plus nets les tracés, en en augmentant l'amplitude ; nous avons constaté à ce sujet que chez un même malade on obtient des tracés absolument comparables entre eux, mais plus étendus en comprimant la ceinture et surlout en comprimant la partie inférieure du thorax par un bandage serré. | Sans insister, dans cette brève communication, sur les tracés que nous avons obtenus chez les individus normaux, voici ce qui nous a frappé dans les tracés pris chez des malades atteints de tuberculose pulmo- naire chronique aux diverses périodes. A la période du début, les tracés sont déjà caractéristiques avant que l'examen physique ait révélé des signes nettement affirmatifs et peuvent ainsi servir au diagnostic précoce de l'affection. Les modifications du tracé par rapport à celui de la respiration nor- male portent sur la ligne d'expiration et sur la ligne de vacuité qui dans la respiration normale, sont nettement séparées par un angle arrondi; ici, elles se confondent : la ligne commune qui résulte de leur fusion suit d'abord l'ascension ordinaire, pendant la moitié de sa durée environ, puis elle s’incurve doucement pendant la deuxième moitié, pour cesser brusquement et se continuer avec la ligne d'inspiration par un angle généralement très net. La durée totale de la ligne ainsi formée est de trois à quatre secondes, plus longue par conséquent que la somme des lignes d'expiration et de vide de la respiration normale. À la période d'infiltration manifeste, confirmée, on observe les mêmes tracés, plus accentués encore. Enfin à la période de ramollissement, | 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tracés revétent encore le mème type ; d'une facon générale, pourtant, nous avons constaté une prolongation de chaque respiration, prolonga- tion qui se fait surtout aux dépens de la ligne résultant de la fusion des lignes d'expiration et de vacuité, car la ligne inspiraloire à toujours à peu près la même durée. Enfin, dans aucune autre affection (bronchite aiguë, pneumonie, emphysème, bronchite chronique, etc.), nous n'avons observé de tracé semblable. En résumé : 1° Nous avons entrepris une série d'études pneumographiques, en prenant systématiquement depuis 1896, le tracé de la respiration pul- monaire d'un très grand nombre de malades entrés dans le service de M. Hirtz et présentant des poumons sains ou atleints de divers processus morbides. Il faut opérer, en effet, sur la plus grande quantité possible de tracés. car On ne saurait considérer comme définitif le tracé pneumographique d'une affection pulmonaire pris dans un seul cas, ou les tracés pris dans plusieurs cas semblables. Chez chaque individu, nous avons eu soin de prendre une série de tracés, car une foule de facteurs tels que l'émotion, l'attention, modi- fient le caractère des tracés. 2° Au cours de ces études pneumographiques, nous avons remarqué que les tracés des malades atteints de tuberculose pulmonaire chro- nique, se présentent avec des caractères spéciaux, quelle que soit la période de l'affection. 3° Les tracés sont comparables entre eux à loutes les périodes de la maladie, ne présentant que des différences d'amplitude. Ils peuvent être très utiles au diagnostic précoce de la tuberculose, car aucune autre affection ne nous en a présenté de semblables. Ils diffèrent des tracés normaux par la fusion des lignes d'expiration et de vacuité; la résultante suit d'abord l'ascension ordinaire pendant la première moitié de sa durée environ, puis s'incurve doucement pen- dant la deuxième moitié pour cesser brusquement et se contiuuer avec la ligne d'inspiration par un angle généralement très net. La durée totale de la ligne ainsi formée est de trois à quatre secondes, plus longue par conséquent que la somme des lignes d'expiration et de vide dans la res- piration normale. A la période d’excavation, on a encore le même tracé mais avec accroissement de la ligne de fusion de l'expiration et de la vacuité. | 4° À côté de ces tracés, nous étudions des tracés de respiration nor- male pris dans les mêmes conditions. 5° Dans l'étude de ces tracés, nous avons pris la respiration costale supérieure avec l'appareil de M. Marey. On ohtient des tracés plus amples et plus nets en comprimant la taille et surtout la partie infé- rieure du thorax. SÉANCE DU 20 JANVIER 63 MICROBES DANS LA MOELLE OSSEUSE AU COURS DES INFECTIONS ET INTOXICATIONS CHEZ LES ENFANTS ET CHEZ LES JEUNES ANIMAUX, par MM. P. HAUSHALTER et LOUIS SPILLMANN. L'importance des réactions de la moelle osseuse au cours des infec- tions n'est plus à démontrer après les importantes recherches de Roger et Josué. Ces réactions de la moelle sont probablement le fait de l’action de poisons microbiers, comme le prouvent les effets obtenus par l'inoculation de toxines microbiennes et de poisons divers (1). D'ail- leurs la présence des microbes dans la moelle au cours des infections dans lesquelles elle est profondément modifiée est loïn d’être la règle. Nous avons pratiqué des ensemencements avec la moelle osseuse (diaphyse du tibia) chez 49 enfants âgés de quelques mois à 2 ans (37 cas de broncho-pnéumonie, 5 cas de gastro-entérite, 1 cas d’érysipèle, 2 cas de tuberculose miliaire et 4 cas de cachexie infantile). Dans la plupart des cas, des cultures ont été faites simultanément avec la rate. L'ensemencement avec la moelle osseuse à été positif dans 12 cas et négalif dans 37 cas. Le bacterium coli fut trouvé dans 4 cas de broncho- pneumonie, le streptocoque, le staphylocoque, le pneumocoque dans 3 cas de broncho-pneumonie. Enfin dans 3 cas (2 broncho-pneumonies et 1 gastro-entérite) des ensemencements faits avec la moelle osseuse donnèrent des espèces microbiennes de nature indéterminée (entéro- coque?). Sur-ces 12 cas, des ensemencements furent faits 9 fois avec la pulpe splénique et 2 fois seulement furent positifs (coli). Les ensemencements avec la moelle osseuse furent stériles dans 31 cas (26 cas de broncho-pneumonie, 1 cas d’érysipèle, 4 cas de gastro- entérite, 2 cas de tuberculose miliaire, 4 cas de cachexie infantile). Sur ces 37 cas, des ensemencements furent faits 23 fois avec la pulpe splé- nique; une seule fois on obtint une culture de coli. Des ensemencements furent pratiqués avec la moelle osseuse de jeunes animaux dans #4 cas. Les résultats furent négatifs dans 27 cas : chez 12 jeunes animaux (3 lapins, 1 agneau, 1 renard, 6 poulets, 4 cobaye), devenus cachecti- ques à la suite d'alimentation défectueuse et dont la moelle présentait des lésions profondes; chez 9 lapins soumis à des intoxications par ino- culations sous-cutanées ou intra-veineuses de toxines coli-bacillaires, staphylococciques, d'extraits de matières fécales, d'acide lactique ou. par ingestion de phosphate de potasse; chez 4 lapins qui avaient recu (4) Roger et Josué. La moelle osseuse à l’état normal et dans les infections, Monographies cliniques, n° 21, 1899. — P. Haushalter et Louis Spillmann. Altérations de la moelle osseuse au cours des infections et intoxications chez l'enfant et chez les jeunes animaux, Soc. de Biologie, 22 juillet 1899. 64 SOCIÈTE DE BIOLOGIE pendant plusieurs semaines des cultures de coli dans leur alimentation (l'expérience fut continuée jusqu'à la mort de l'animal); chez 2 lapins qui avaient reçu l’un plusieurs injections intra-veineuses de culture de coli (la moelle fut examinée un mois après la dernière injection), l’autre des injections de l’une des cultures indéterminées dont il a été question à propos des os d'enfants (la moelle fut examinée deux jours après la dernière injection). Les ensemencements avec la moelle osseuse furent positifs dans 17 cas; chez 2 jeunes poulets morts de diarrhée (coli dans un cas et bacillus subtilis dans l’autre); chez 1 jeune canard et chez un jeune poulet sacrifiés au cours d’une cachexie gastro-intestinale; chez 1 jeune lapin nourri pendant plusieurs mois avec de la viande (micro- coque indéterminé); chez 1 lapin nourri avec du sucre (coli); chez 7 animaux (4 lapins, 2 chats, 1 agneau), intoxiqués avec de la toxine coli-bacillaire, ou avec des extraits de matières fécales (4 fois le coli, 1 fois le streptocoque, 1 fois le staphylocoque, 1 fois le pneumocoque); chez 1 lapin inoculé dans la veine avec de la culture de staphy;locoque (staphylocoque); chez un lapin inoculé dans la veine avec de la culture de coli {coli); chez 2 lapins inoculés avec un microbe isolé d'un eas de diarrhée de gastro-entérite aiguë (microbe coliforme liquéfiant la géla- tine). En résumé, dans les cas que nous avons observés, les ensemence- ment faits avec la moelle ont donné des résultats positifs ou négatifs sans que rien n'ait pu les faire préjuger d'avance. Rien ne prouve que des microbes existent simultanément dans la moelle osseuse des différents os chez un même individu (notre examen a porté sur un seul os dans chaque cas), et qu'au cours des maladies infectieuses, les microbes ne puissent se rencontrer dans la moelle osseuse d'une façon transi- toire et répétée. Dans les cas que nous avons examinés, les microbes ont été proportionnellement trouvés plus souvent dans la moelle osseuse que dans la rate. Ils ont été rencontrés dans la moelle osseuse dans des infections qui sont réputées habituellement locales, en particulier dans la broncho-pneumonie (11 fois sur 37 cas). Il ne semble pas qu'il y ait de rapports entre la présence des microbes dans la moelle osseuse et la nature ou l'intensité des lésions médullaires. Les lésions de la moelle ne furent pas différentes dans des cas où les microbes étaient absents et dans ceux où les intoxications expérimentales ont été réalisées avec des toxines microbiennes ou des poisons divers. Des intoxications microbiennes ou autres peuventelles-mèmes devenir le point de départ d’auto-infections au cours desquelles des microbes peuvent secondairement envahir la moelle osseuse préalablement modi- fiée du fait de l'intoxication. | le SÉANCE DU 20 JANVIER 65 DES LÉSIONS DE LA GLANDE THYROÏDE DANS L'INTOXICATION PHOSPHORÉE, par MM. H. Rocer et M. GARNIER. , Le phosphore détermine dans l'organisme des altérations multiples. Si les lésions sont surtout manifestes dans les grands viscères, comme le foie et les reins, les autres parties, glandes ou tissus, ne sont pas épargnées : c’est ainsi que la moelle osseuse subit des modifications pro- fondes (1), et que la glande thyroïde elle-même est grandement inté- ressée. Les altérations de cette glande sont encore peu connues. Guerrieri (2) les a étudiées chez le chien, mais il rapporte seulement les lésions déterminées par l'intoxication chronique; après 48, 52, 67 jours, les vésicules étaient étoilées et rétractées; elles ne contenaient plus de matière colloïde et se trouvaient séparées les unes des autres par de larges bandes de tissu conjonctif. Nous avons repris l’étude de cette question, et nous avons examiné l’état de l'apppreil thyroïdien dans l'intoxication phosphorée expérimen- tale. Sept lapins ont recu, sous la peau, des doses massives ou fraction- nées d'huile phosphorée au centième. Les lésions que nous avons rencontrées varient suivant la survie de l'animal; à ce point de vue, nos cas peuvent être divisés en suraigus, aigus et chroniques, sans qu'il y ait de rapport constant entre la quan- tité introduite et la rapidité des accidents. Deux fois l’évolution a été suraiguë. Un lapin de 1.980 grammes ne survécut que 7 heures à une injection sous-cutanée de 3/4 de centimètre cube d'huile phosphorée à 4 p. 100. Un autre, pesant 1.770 grammes, résista 13 heures à une dose double. Ce fut chez le premier de ces animaux que nous trouvàämes les lésions les plus intenses. | L'examen des coupes, à un faible grossissement, montre déjà des modifications profondes. Les vésicules sont pour la plupart vides de matière colloïde; celle-ci se trouve réunie sous forme de grandes trainées entre les lobules, remplissant et dilatant les espaces lympha- tiques de la glande. Parmi les vésicules ainsi vidées, les unes ont con- servé des dimensions assez considérables, d’autres ont diminué de volume ; les premières sont bordées par des cellules minces et aplaties, les secondes par des cellules bien développées et pourvues d'un proto- plasma en général granuleux. L'intervalle qui sépare les vésicules est rempli par un tissu intermédiaire, qui à un plus fort grossissement se 1) Roger et Josué. Des lésions de la moelle osseuse dans l’intoxication phosphorée, Société de biologie, 27 mai 1899. (2) Guerrieri. Action du phosphore sur la glande thyroïde. Hivista sperimen- tale di frenatria e medicina legale, vol. XXII, 1896, p. 642. 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE montre formé de nombreuses cellules, dont le noyau se colore vivement, tandis que le proloplasma reste transparent et ne prend pas la matière colorante. Les cellules sont souvent réunies par petits groupes, entre lesquels on reconnait la présence d'une faible quantité de matière gra- nuleuse prenant bien l’éosine. C’est de la matière colloïde jeune, en voie de formation, comme nous avons pu nous en assurer en étudiant l'action d'autres substances, notamment de la pilocarpine. Le proto- plasma des cellules intermédiaires est parfois très étendu et teinté seu- lement sur ses bords. Dans quelques-unes, le noyau est altéré; il est gros, boursouflé, de forme irrégulière; l’hématéine le colore à peine; elle indique seulement son contour et met en évidence quelques grains nucléaires. | À ces lésions si accentuées, il faut opposer l’état, à peu près normal, de la thyroïde chez notre deuxième lapin, mort en 13 heures. Si, par endroits, les espaces lymphatiques interlobulaires sont remplis de matière colloïde, les vésicules en contiennent également; le travail sécrétoire conlinue. Contrairement aux thyroïdes, les parathyroïdes, dans ces deux cas suraigus, nous ont semblé intactes. Les cas aigus sont plus nombreux. Un lapin de 1.750 grammes a sur- vécu 30 heures à l’injection de 12 gouttes d'huile phosphorée; un autre de 1.920 grammes est mort 48 heures après avoir reçu 1 centimètre cube; deux enfin, pesant respectivement 2.270 grammes et 2.130 grammes, sont morts trois jours après l'injection de À centimètre cube, chez le premier, de 5 à 6 gouttes seulement chez le second. C’est chez l'animal qui mourut en 30 heures, que nous avons constaté Les lésions les plus intenses. Elles étaient analogues à celles que nous avons décrites chez notre premier lapin, mais atleignaient un degré plus avancé. Comme dans le cas précédent, les vésicules étaient vides, la matière colloïde les avait quittées; mais dans les espaces interlobu- laires, les trainées colloïdes étaient rares; il semble que la glande, après avoir déversé son contenu colloiïde dans la circulation, s’est trouvée incapable de fournir une nouvelle sécrétion. Les vésicules sont en général petites, leur lumière est vide, leur paroi est tapissée d'une rangée de grandes cellules claires, dont le protoplasma est seu- lement teinté sur les bords, tandis que le noyau, boursouflé et irré- gulier, prend mal l'hématéine. Entre les vésicules, se voient de nom- breuses cellules, disposées sans ordre, pourvues d’un protoplasma très étendu, complètement transparent. L'état du noyau est variable; quel- quefois il est bien coloré, violet foncé; mais souvent il est en voie de dégénérescence, gonflé, pàle, irrégulier. Sur un point de la coupe, les lésions ont pris un caractère tout à fait spécial; tout un lobule à base triangulaire, adossée à la périphérie de la glande, ne présente plus trace de formations vésiculaires; les cellules sont réunies en petits groupes, #4 SÉANCE DU 20 JANVIER 67 rétractées dans un coin des loges conjonctives qui semblent ainsi à moilié vides ; dans ces groupes, les cellules sont petites, lassées les unes contre les autres; elles sont formées d'un gros noyau päle, entouré d'une mince zone de protoplasma foncé, ou au contraire d’un proto- plasma étendu, clair, à peine coloré. En aucun point, il n’y a plus trace de matière colloïde, et on peut se demander si on a affaire à un lobule thyroïdien profondément modifié ou à une parathyroïde interne qui serait également très lésée. Contre cette dernière opinion, on peut invoquer la forme et la situation de ce lobule ainsi que l'extension de la lésion aux parties contiguës des lobules voisins. La parathyroïde externe à gardé son aspect habituel; les cellules sont pourtant légèrement altérées: elles sont plus petites et moins bien colorées qu'à l'état normal; quelques-unes enfin sont en voie de dégénérescence, le noyau est gros et pâle, le protoplasma étalé et transparent. Dans le cas où la survie a été plus longue, 48 ou 72 heures, l'appareil thyroïdien est resté presque intact. Dans la thyroïde, les vésicules con- tiennent de la matière colloïde ; le travail sécrétoire continue et il n’y a pas de nécrose cellulaire. Parfois pourtant on rencontre quelques lésions parcellaires : un lobule est entouré de trainées colloïdes et, entre les vésicules saines, d'autres apparaissent vides et bordées de cellules en voie de dégénérescence. Quant aux parathyroïdes externes, la structure n’en est pas changée ; Les celiules paraissent un peu plus pâles que nor- malement. Enfin, nous avons examiné la glande d’un lapin, soumis à l'intoxi- cation chronique par le phosphore et qui mourut en 2 mois, après avoir recu en 14 injections, 64 gouttes d'huile phosphorée au cenlième. Dans ce cas encore, les lésions étaient peu marquées : la plupart des lobules étaient sains, et fonctionnaient régulièrement; en quelques points seulement on constatait des amas de cellules en voie de dégé- nérescence. Dans la parathyroïde externe, les cellules semblaient un peu moins colorées que de coutume. En résumé, les lésions provoquées par le phosphore dans l'appareil thyroïdien sont variables; elles sont fréquentes puisque nous les avons rencontrées, plus ou moins marquées, dans nos 7 cas; mais deux fois seulement elles atteignaient un degré avancé. Elles consistent tout d'abord en troubles sécrétoires; la matière colloïde est excrétée en grande abondance, et il ne s’en forme plus de nouvelle : le travail glandulaire s'arrête. Au lieu de se charger de granulations pour devenir cellule colloïde de Langendorff, la cellule thyroïdienne reste claire; c'est une cellule indifférente qui a perdu toute activité fonction- nelle; elle ne tarde pas à mourir; noyau et protoplasma se nécro- sent et tout disparait. Dans les cas aigus, ce processus peut être généralisé à toute la glande: dans les cas subaigus ou chroniques, il 68 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE n'intéresse qu'un petit nombre de vésicules à la fois. Nous n'avons pas rencontré de sclérose thyroïdienne: on conçoit pourtant qu'elle puisse se produire, comme Guerrieri l'a observé chez le chien, quand un nombre suffisant de vésicules ont été intéressées. VARIATIONS DE DURÉE DE LA PÉRIODE D INCUBATION DES MALADIES, par MM. Cuarrin et Paris. La durée de la période d'incubation de certaines maladies plus parti- culièrement de nature infectieuse n’est pas toujours nettement déli- mitée; elle commence avec l'entrée en jeu de l'agent pathogène pour prendre fin sitôt que des symptômes deviennent saisissables. Or, le nombre des bactéries est encore au début relativement restreint; par suite leurs sécrétions morbifiques ou les réactions organiques man- quent fréquemment de quantité ou d'intensité. Dans ces conditions, il n’est pas rare de constater que les modifications pathologiques sont peu marquées; on comprend par suite aisément que la délicatesse plus ou moins grande des procédés d'examen puisse hâter l'instant où il devient possible d'enregistrer les troubles initiaux. Récemment, nous avons observé, chez des femmes enceintes, une grave épidémie de fièvre typhoïde. Les unes ont accouché à terme, peu de jours avant l’apparition indiscutable du mal, à un moment où, en dépit d’un interrogatoire minutieux, on ne découvrait aucun processus dothiénentérique ; les autres, au contraire, ont donné naissance à leurs rejetons alors que l’affection était nettement déclarée. La plupart des nourrissons venus après l’éclosion de cette infection ont présenté des accidents, tels que diminution de poids, hypothermie, insuffisance des sécrétions glandulaires rénales ou cutanées, entérite, broncho-pneumonie, diverses modifications de la nutrition révélées par l'analyse des fèces ou des urines, etc.; ces accidents, qui n'ont rien eu de spécifique, le plus ordinairement sont allés s’aggravant jusqu'à la mort; mais il est à noter que pas un de ces enfants n’a offert de signes d'infection éberthienne, séro-réaction ou autre. — Les faits n’ont, par eux-mêmes, rien de bien surprenant; on concoit qu'au travers du placenta des produits nuisibles soient allés altérer les tissus en for- mation. Toutefois, phénomène plus étonnant au premier abord, nous avons observé des troubles analogues, bien qu’à la vérité habituelle- ment moins profonds, chez les enfants nés, suivant les cas, de trois à six jours avant le commencement appréciable de cette pyrexie. Il faut remarquer que ces enfants n'ont emprunté au milieu extérieur Mot. td SÉANCE DU 2 JANVIER 09 que du lait ou de l'air, deux éléments qui ne passent pas, à l'état de pureté, pour être générateurs de désordres anatomiques ou fonctionnels, comme du reste le prouve la parfaite santé des rejetons de nos nour- rices, rejetons qui, prenant le même lait, respirant le même air, servent pour ainsi dire de sujets témoins; de plus, une enquête soigneuse ne parvient pas à déceler une autre influence que l'influence maternelle. Il est vrai qu'on peut objecter qu'il s'est agi de coïncidence, que l’ori- sine de ces troubles a pu échapper, d’autant plus qu'il paraît inadmis- sible que la mère puisse exercer une action nuisible, quand chez elle aueun signe morbide n’est visible. — La multiplicité des cas observés rend suspecte cetle hypothèse de pure coïncidence ; d'autre part, on est en droit de se demander si des principes toxiques, encore insuffisants pour impressionner une économie adulte, ne sont pas capables, dans certaines conditions, de modifier des organes en formation loujours plus délicats, car il importe de ne pas oublier qu'entre la naissance de ces enfants et le début indiscutable de l'affection maternelle, l'espace écoulé est plus minime : il semble bien que le processus morbide, grâce aux toxines ou à d’autres corps prédisposants, a manifesté son action, a cessé d'être latent, à un instant où nous n'apercevions aucun signe (1. L’expérimentation, avec la netteté de ses résultats, vient éclairer ces problèmes d’ure lumière nouvelle, en montrant que le mal peut com- mencer, traduire son existence, c’est-à-dire n’êlre plus en incubation, sans que nos sens ou nos méthodes habituelles d'exploration soient aptes à saisir ces commencements. On place successivement plusieurs lapins dans le calorimètre com- pensateur de d’Arsonval; pendant une ou deux journées on prend, d’une facon ininterrompue, leur courbe de rayonnement thermique, puis on leur injecte sous la peau un quart de centimètre cube d’une toxine létanique active, et on les replace de suite dans le calorimètre. Or, landis que les premiers phénomènes apparents, les contractures, ne débutent que vers la 26° heure, déjà, dès la 11°, la courbe offre des irrégularités, des saillies jusque-là inconnues. IL est donc manifeste que cette toxine commence, au moins dès ce moment, à provoquer une série de métamorphoses; pourtant si un instrument spécial ne nous renseignait pas, impuissants à dégager le plus petil phénomène, nous considérerions que la phase d'incubation (1) Peut-être faut-il invoquer la gravité du mal mise ici en évidence, en dehors de cette action, par l'intensité des accidents, le pouvoir inusité de la contagion (5 cas sur 16 fièvres observées), etc.; si parfois la dothiénenterie au cours de la grossesse n'était pas bénigne, on pourrait invoquer l'hyper- glycémie, la déminéralisation, la diminution du fer splénique, etc., sans parler de l'abaissement de l’alcälinité des humeurs, tous faits constatés par nous, en dehors du shock, des hémorragies, des émotions, etc. Biozocire. Comrvres HENDUS, — 1900, T, LIT, ü 70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'étend jusqu'à cette 26° heure, alors que sa durée, qui comprend toute la période absolument silencieuse du processus pathologique, est au plus de 11 heures. Il est à cet égard permis de rappeler que Ferré, à l’aide de la mé- thode graphique, met en évidence des désordres cireulatoires ou respi- ratoires d'origine bulbaire, chez des animaux qui ont reçu le virus rabique, à un instant où aucun symptôme ne permet de soupçonner le mal. Il serait aisé d'allonger cette liste de démonstrations. C’est ainsi, par exemple, que, dans l'infection paludéenne, l’exagération des combus- tions organiques révélée par une augmentation de l’urée, est appréciable deux heures, parfois dix-huit heures avant l'accès; de même l'examen du sang, en décelant l’arrivée de l’hématozoaire dans la circulation géné- rale, permet de prévoir l'approche de cet accès, alors même que le thermomètre ne fournit aucun renseignement. Il semble donc que plus on perfectionne les méthodes, les instru- ments, plus il est facile de saisir des phénomènes initiaux de plus en plus réduits, par suite de diminuer la période d’incubation. Théori- quement, on doit aboutir à sa suppression ; il suffit d'imaginer des appareils assez sensibles pour déceler les modifications les plus insigni- fiantes. Toutefois, en pratique, il ne paraît pas possible d'atteindre ce but; pour engendrer des symptômes, si minimes soient-ils, il faut une cerlaine proportion, autrement dit une certaine accumulation de toxine; par conséquent, un temps plus ou moins long est indispensable aux microbes qui doivent effectuer cette élaboration. : PARASITES ENDOGLOBULAIRES DU CHIEN. NATURE DE LICTÈRE INFECTIEUX DU CHIEN, par M. P. LeBLanc (de Lyon). La constatation du symptôme ictère sur des moutons porteurs d'héma- tozoaires permettait de songer à ceux-ci pour expliquer la nature de l’ictère infectieux du chien. En effet, celte maladie a tous les caractères d’une fièvre de marais. Elle atteint surtout le chien de chasse et jusqu'ici il n’a été émis sur sa nature aucune hypothèse plausible. J'ai examiné le sang d’un chien atteint d’ictère infectieux très grave et j'y ai trouvé en quantité considérable des hématozoaires assez ana- logues à ceux que l’on trouve chez le bœuf et le mouton atteints d’hémo- globinémie. Léa à e ' y L. SÉANCE DU 20 JANVIER 71 L'examen du sang frais m'a donné les meilleurs résultats. Les para- sites sont fixés sur les hématies, mais ils existent en grand nombre dans le plasma. Je n'affirme pas que la maladie est le fait des hématozoaires, car je n'ai encore pu faire qu'une observation, mais tout me porte à penser qu'ils jouent le rôle important, sinon unique. C'est là un fait qui m'a paru intéressant et que personne n'a encore signalé en France. Du cHOIX D'UN SPHYGMOMÈTRE, DES CAUSES D'ERREUR DANS LA MESURE DE LA PRESSION SANGUINE, par MM. G. GuicLain et N. VASCHIDE. Depuis plusieurs années, on à beaucoup étudié les modifications physiologiques et pathologiques de la pression artérielle chez l'homme. Mais les expériences étant faites avec des appareils différents, les résul- tats obtenus ne sont pas comparables. D'ailleurs, l’élude de la pression artérielle chez l'homme ne peut être faite avec la précision que l’on peut avoir chez les animaux. Chez l'homme, on ne peut mettre une canule dans l'intérieur d’une artère; les connexions de l'instrument avec les vaisseaux sont des connexions médiates. Tous les sphygmomètres ont des causes d'erreur tenant à l'emploi du tube ou des ampoules de caoutchouc, à la profondeur des vaisseaux, à la quantité plus ou moins grande de tissu adipeux, au système des leviers employés, à l'absence d'une graduation facile à être contrôlée et surtout au rôle considérable que joue le coefficient personnel dans l'appréciation des résultats. De plus, les divers sphygmomètres en usage, tant en France qu'à l'étranger, ne sont pas comparables entre eux. M. Marey a insisté particulièrement sur la nécessité de l'adoption de mesures comparables dans les phénomènes de la physiologie. Il nous a paru nécessaire de rechercher la valeur de divers appareils, partant de déterminer leur utilité pratique. Le sphygmomanomètre de Potain nous a paru offrir le grand avantage d’un contrôle possible et facile. L'appareil de M. Marey ne peut indiquer que l'équilibre entre la pression du sang et la pression intérieure de l’eau; le maximum de la pression est presque impossible à être mesuré. L'appareil de Mosso est plutôt un appareil de laboratoire, précieux, il est vrai, pour l'étude de la pression des petits vaisseaux des doigts, mais sujet, à son tour, à des causes d'erreur sous la dépendance des caouchoucs des doigtiers ou de la manière de graduer la pression. L'un de nous (Vaschide), en col- 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laboration avec M. Binet, à insisté sur les critiques que l’on peut faire à l'appareil de Mosso. L'appareil de Bloch est basé sur un principe qui n'est pas rigoureusement exact (force de pression et surface); nous avons pu constater sur le chien que sa gradualion ne concorde pas avec les données exactes d'un manomètre. Les appareils de Waldenburg et de Philadelphien et Verdin ne donnent que des mesures très approxi- matives; le système de levier de l’angiomètre de Waldenburg est criti- quable à de multiples points de vue. Pour le sphygmomanomètre de Von Basch, en dehors des critiques formulées, il y a longtemps, par Walden- burg, son principe a trouvé une heureuse application dans l'appareil de Potain, qui le modifia dans deux parties principales : le corps de trans- mission et l’ampoule. Quant aux appareils de Hill et de Hürthle, on peut leur objecter les critiques adressées à tous les sphygmomètres et, parti- eulièrement en ce qui concerne le procédé d’exploration, les critiques adressées à Mosso; celui de Hürthle est d’ailleurs difficilement mania- ble, malgré l'heureuse idée de l'application de la bande d'Esmarch au bras. L'appareil de Potain nous à paru présenter une réelle supériorité au point de vue clinique et scientifique, sur les autres sphygmomanomètres. Nous avons fait, au laboratoire de M. François-Franck, au Collège de France, l'examen simultané de la pression artérielle obtenue avec un sphygmomanomètre de Potain sur la fémorale d’un chien, avec la pression obtenue dans l’autre fémorale avec un sphymoscope. Le sphymoseope et le sphygmomanomètre étaient réunis à un tambour inseripteur et l’on avait ainsi des graphiques pouvant être comparés. Sur trois appa- reils contrôlés, un premier coïncidait avec une différence moyenne de 5 centimètres sur 24 déterminations, un second de 1 centimètre sur 30 déterminations et un troisième de 3 cent. 8 sur 15 déterminations. Pour avoir une pression plus grande chezles chiens, nous avons injecté de la caféine. Les appareils n'ont donc pas tous la même précision. Le sphygmomanomètre de Potain est supérieur à tous les sphygmo- mètres. C'est un instrument pratique et surtout commode en clinique; mais il y à une nécessité absolue à n’employer qu’un instrument con- trôlé par l’expérimentateur sur le chien. On évite ainsi des causes d'erreurs, et non la moins importante, dans l'interprétation des résul- tats. Ce contrôle des instruments doit être fait plusieurs fois chaque année. Il est aussi nécessaire de contrôler le sphygmomanomètre que de contrôler un hématimèêtre ou l'objectif d’un microscope. Pour ce qui concerne la technique, il est désirable que la lecture soit faite par une autre personne et qu'on ne se contente jamais d’un seul chiffre. On pourrait prendre, en moyenne, cinq mesures et chacune après une application différente. L’autosuggestion inconsciente, con- sidérable dans l'appréciation des faibles mouvements serait ainsi écartée et les variations provoquées par les déplacements de l’appareil sont Le. SÉANCE DU 20 JANVIER 19 insignifiantes, quand il s’agit d’avoir une moyenne de cinq mesures. Dans ces conditions seulement, on a le droit, croyons-nous, de tirer des conclusions chez l’homme des modifications de la pression arté- rielle. Le sphygmomanomètre alors peut être utilisé dans les expé- riences de laboratoire, étant capable mème de servir à l'exploration de la pression dans des modifications provoquées par des phénomènes psychiques (1). (Travail du Laboratoire de M. Francois-Franck, au Collège de France.) EOSINOPHILIE. RÉACTION DE LA MOELLE OSSEUSE, par M. Domiict (2). J'ai examiné la moelle osseuse de six lapins dont le sang était en élat d’éosinophilie. Ces six cas d’éosinophilie se divisent de la facon suivante quant à l’étiologie : Intoxication prolongée par le chlorate de potasse (adulte) . 1 cas. Convalescence de septicémie éberthienne (adulte). , . . . 1 — Suppuration oculaire prolongée (adulte) . . . . . . . . . 1 — Tuberculose hépatique familiale chronique chez des lape- Feauc de trois mois de méme portée... 5... . 1 9.Cas. Dans ces six cas, la moelle osseuse présentait une multiplication anormale des leucocytes de la série éosinophile. (1) Marey. Recherches sur la tension artérielle, Trav. du Laborat., 1878-1879. — Marey. Nouvelles recherches sur la mesure manométrique de la pression du sang chez l’homme, 1bid. — Mosso. Arch. ital. de Biologie, 1895, p. 177. — Binet et Vaschide, Année psychologique, 1. II, p. 127. — Waldenburg. Die Messung des Pulses und des Blutdrucks am Menschen, 1880. — Waldenburg. Leils:h. f. klin. Méd., 1882, t. V. — Waldenburg. Arch. f. Physiol., 1880. — Philadelphien. Quelques observations sur les sphygmométrographes, Soc. Biol., 1897, t. IV, p. 537. — V. Basch. Der sphygmomanometer, Bert. kl. Wochsch., 1887. — Arch, f. Physiol., 1880. — Uceber die Messung des Blut- drucks am Menschen, Zeitsch. [. klin. Med., 1880, t. II. — Enige Ergebnisse Blutdrackermessung, Zeitch. f. klin. Med., 1881, t. IT. — Danthony. Détermi- nalion de la tension vasculaire chez l'homme au moyen de l'appareil de Basch, Thèse de Lyon, 1883. — Potain. Archiv.'de physiol., 1889. — Leçons cliniques de la Charité, 1895. — Huchard. Traité clinique des maladies du cœur et de l'aorte. Doin, vol. [, 1899. — Appareil de Hill. Interméd.. des biol., 1898, p. 396. — Tixier, Thése de Paris, 1899. 2) Dominici. Société de Biologie, 10 mars 1899. 74 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette éosinophilie médullaire se caractérisait par les modificatison suivantes : Augmentation considérable du nombre des myélocytes éosinophiles de 1° et de 2° génération; Augmentation considérable du processus karyokinétique dans le groupe des myélocytes éosinophiles ; Augmentation considérable du nombre des types de transition et des polynucléaires éosinophiles dérivés. A l'examen des autres organes, on constate le faits suivant : Dans l'intestin, l’épiploon, la rate, les ganglions, les éosinophiles à noyau polymorphe apparaissent en plus grand nombre qu'à l’état normal. Forme adulte de l'éosinophile, le leucocyte polynucléaire à granula- tions peut se présenter en quantité surabondante dans un organe sans que sa présence ait une autre signification que celle d’un phénomène d'apport. Toute autre est la signification de la multiplication des myélocytes éosinophiles, qui représentent la souche des leucocytes à granulations. Or, dans les ganglions et la rate des lapins en puissance d’éosinophilie sanguine, peuvent apparaître, à côté des polynucléaires éosinophiles, des myélocytes de même nature. La réaction productrice d'éosinophilie se manifeste donc aussi dans ces organes, mais la disproportion est considérable entre la réaction de la moelle osseuse et celle de la rate et des ganglions. L'hypergénèse des éléments du groupe éosinophile est infiniment plus marquée au sein de la moelle osseuse que dans la rate, elle est plus notable dans la pulpe splénique que dans les ganglions. CONSIDÉRATIONS SUR LES LEUCÉMIES, par M. Dominrcr. Il existe, suivant les recherches de M. Ehrlich, deux variétés de leu- cémie. L'une est caractérisée par l’augmentalion progressive des lympho-. cytes dans le sang circulant. C’est la leucémie ganglionnaire. Au cours de l’autre variété, se produit dans les vaisseaux périphé- riques un exode croissant d'éléments identiques à ceux qui caracté- risent le tissu myéloïde, le tissu de la moelle osseuse active. C'est pourquoi cette forme de leucémie a été dénommée leucémie myélogène. Dans le premier cas, la moelle osseuse peut subir une transformation SÉANCE DU 20 JANVIER 75 telle qu’au tissu myéloïde se substitue graduellement le tissu lym- phoïde. | Inversement, dans le deuxième cas, la rate, les ganglions acquièrent à une certaine période, une structure myéloïde capable de restreindre le champ occupé par le tissu lymphoïde. D'après M. Ehrlich, ces trans- formations sont dues à des métastases émanant, tantôt de la moelle osseuse, tanlôt des zones à tissu lymphoïde (ganglion, intestin), suivant la nature de la leucémie en évolution. En réalité, tout en conservant la remarquable division de M. Ehrlich, on doit rejeter la conception d'états leucémiques cantonnés initiale- ment dans une des variétés de territoires hématopoïétiques (moelle ou ganglion) et se généralisant par métastases provenant de ces organes. Les leucémies né sont pas des maladies d'organes, mais des maladies intéressant certaines variétés de tissus, dont elles provoquent l'hyper- génèse avec mise en circulation anormale des éléments constituant ces tissus. IL y a deux états leucémiques provoquant la réaction soit du tissu myéloïde, soit du tissu lymphoïde. Ces états leucémiques sont caractérisés : 1° L'un par l'hypergénèse du tissu myéloïde, l’autre par l’hyperplasie du tissu lymphoïde, là où ces tissus sont en état d'activité normale (ganglion, rate, intestin, moelle osseuse). 2° Par une sorte de réviviscence de l’une ou l’autre variété de ces tissus, là où après avoir évolué, ils sont entrés dans une phase de régression totale en apparence, larvée en réalité, c’est-à-dire latente pour nos moyens d'investigation (peau, foie, rein, etc.). La répartition en foyers très disséminés des lymphômes ou des myélômes au cours des états leucémiques n’est, en aucune façon, contradictoire avec la théorie que nous soutenons. Toute personne ayant un tant soit peu étudié l’histogénèse des appa- reils hématopoïétiques chez l'embryon et le fœtus a pu constater la multiplicité des foyers de répartition primitifs des zones hématopoïé- tiques qui sont initialement disséminées dans tout l’organisme. Le Gérant : G. Masson. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rne Cassette. CPE arret) EX, ie TE 1 he 3 1170 2 HPIPILE hl 2001 PAAANTE fl ep true ire susof bite as RH 1 Lu LUE Sp oo tore sd MUeT DOTE 4 us ROUTE Peu A #4 (is Fe fl ADrotté bn ver TéqY Hilsonr Rle aér: ME. OT NE CA DELA Le 1 14 EE dl, uit 146 jy ERe LS 0 pis CPUET Let stérrttnibett ff reves nette mt HOUR “8 | ter Moore it ten ta TA RMI + #1) CR pit PAU 2Üp net etat HÙ ao) ee sie Joie fait Fe fl DEL) EURE va fasnorotd dre EEE id Re gai sn fit Nb SAR iii ET ASE fi MERE ENT AAUE “HE RATER AS EH PO ENS RACRUSLRAN AN ACIER PAU Brant IE mort AS FO E est EE Tr S ÿ mdr mb HR RAR ËME Hp GREEN sr 0 % ‘6 ce + Ne MENT TEE ne ah Ateeñe GS DL RES + 3 ee æ Dit } “e | +: HHAMEAM p CCE à nt VF ri FARINE E MN TNNA NT 5 DR an TN à AFÉATON orhe UE tac M He EAST co. 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Hébox : Sur la résorption intestinale des sucres en solutions isotoniques. — M. Gusrave Loisez : Le noyau dans la division directe des spermatogonies. — M. Roserr Lowy : Greffes péritonéales. — M. L. TErnE : Sur l'histolyse muscu- laire des Hyménoptères. — M. Azrreo GrarD : Sur un cas de Palistrophie chez la Loche d'étang (Cobitis fossilis L.). — M. J. AxGras : Note préliminaire sur les méta- morphoses internes de la Guêpe et de l’Abeille. La lyocytose. — M. le Dr, E. Marcaoux : Piroplasma canis (Lav.), chez les chiens du Sénégal. M. E. KALT : Formation de tissu conjonctif à la surface de la cornée aux dépens de l’épithélium antérieur. — M. J. LerÈvre : Influence hyperhémiante locale et directe de l’eau froide sur la peau. (A propos de la communication de MM. Wertheimer et Dele- zenne). — M. P. Norécourr : La glycosurie alimentaire chez les rachitiques. ! Présidence de M. Kauffmann, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. RÉNON fait hommage à la Société d’un travail de MM. Lucet et Costantin sur une nouvelle Mucorinée pathogène. Il s’agit d'une pseudo- tuberculose pulmonaire humaine due à une mucorinée, le Rhizomucor parasiticus. C’est un fait d'une importance capitale dans l'histoire des mycoses pulmonaires, dont le nombre tend à s’accroitre de jour en jour. LE RÉFLEXE RESPIRATOIRE, SON MÉCANISME ET SA PREMIÈRE APPARITION REPRODUITS ET RÉALISÉS PAR LE PROCÉDÉ DES TRACTIONS RYTHMÉES DE LA LANGUE (Deuxième Note), par M. J.-V. LABoRDe. (Communicalion faite dans la séance précédente.) Faisant application des résultats exposés dans ma première note (1) aux éléments organiques et fonctionnels du réflexe respiratoire, qui (4) Voir Comptes rendus de la Soc. de Bioloyie, 1900, n° 2, p. 21 et suiv. BiozocrEe. ComPpTEes RENDUS, — 1900, T, LII, 1 SA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est particulièrement en vue dans cette étude, j'ai fait pressentir que le procédé véritablement approprié, dont l’action à distance et indirecte n'exerçait sur les éléments organiques et leur fonctionnement aucune influence perturbatrice, et permettant, conséquemment, la détermina- tion la plus exacte, en fonction de temps, de la survie latente, dans la mort extérieure ou objective des propriétés fonctionnelles en question, c'était le procédé des {ractions rythmées de la langue. C'est à la démonstration à la fois expérimentale et pratique de ce fait que je vais m'attacher, après avoir jeté un coup d’œil préalable et nécessaire sur le « réflexe respiratoire lui-même », considéré dans son mécanisme intime et sa première apparition dans le fonctionnement naissant. L'idée la meilleure, la plus exacte, parce qu’elle est la plus conforme à la réalité, que l’on puisse se faire du réflexe respiratcire, c’est de l’observer au moment même où il se manifeste, pour la première fois, chez l'être naissant, notamment chez l'enfant qui vient au monde; on en saisit alors le mécanisme sur le fait même, en quelque sorte. Tout étant prêt dans l'organisme en formation pour la mise en jeu et l’accomplissement d’une fonction, restée jusqu'alors et forcément silen- cieuse, dans les conditions de la vie et de l’évolution intra-utérines, à peine cet organisme arrive-t-il au contact du milieu nouveau, où il est appelé à fonctionner et à vivre, que se montre pour la première fois, et s'établit un acte fonctionnel caractérisé essentiellement par un mouve- ment d'appel dans la cavité thoracique : c’est le mouvement ou l’acte primordial d'inspiration, bientôl suivi du mouvement ou de l'acte con- traire, l'expiration. Sitôt réalisés, ces deux mouvements se continuent avec une alternance régulière et rythmée; et ainsi s’est établi le fonction- nement respiratoire constitué par un acte fondamental du type réflexe, inconscient et automatique, dont le mécanisme, considéré dans son aspect Je plus général et en quelque sorte superficiel, est le suivant : Une excitation sensitive de départ se transformant, se réfléchissant, pour parler le langage physiologique, en effet moteur, spécialisé du côté des éléments organiques respirateurs. Remarquons — ce fait est ici capital — qu’au moment même où s’accomplit dans l'organisme naissant, l’acte primordial de la respi- ration, l'observateur qui est, d'habitude, en ce cas, l’accoucheur, aper- çoit au niveau du creux épigastrique — région diaphragmatique — des mouvements ondulatoires particuliers, mouvements communiqués de la profondeur qui ne sont pas autre chose que les premières con- tractions du muscle diaphragme, organe moteur essentiel de l'inspira- tion. Or, nous allons voir que ces mêmes contractions qui marquent la SÉANCE DU 27 JANVIER 79 mise en jeu fonctionnelle du premier acte respiratoire dans l’état normal, se manifestent et s'établissent les premières, lorsque dans l’état d'asphyæie et de mort apparente, ou de cessation respiratoire momen- tanée — qui représente l’état fœtal de tantôt — l'on parvient à réaliser le rappel, véritable résurrection de ce fonctionnement réflexe, par l'emploi du procédé des fractions rythmées de la langue. J'ai pu démontrer clairement, en effet, grâce à un dispositif expéri- mental des plus simples, réalisant l’asphyxie classique par privation d'air, que le mécanisme réflexe respiratoire proprement dit s'établissait et fonctionnait, en dehors de toute intervention de milieu et de l'air extérieurs; qu'il le précédait, conséquemment, pour y présider par un appel actif, en quelque sorte préjudiciel, de l'aliment respiratoire, dans la cavité thoracique, constituant ainsi le substratum primordial de la fonction hématosique. J'ai déjà fait part à la Société de ce résultat expérimental — d’une haute et double importance, en physiologie générale, et en application pratique au fraitement de la mort apparente, — en l'appuyant sur l'observation objective par la radioscopie. Je lui en apporte, aujourd'hui, le complément et la confirmation par la méthode graphique, dans des tracés qui ne laissent aucun doute sur la réalité démonstrative dont il s’agit, et qu'un simple coup d'œil suffit à faire constater. Revenons, maintenant, en quelques mots, et pour les besoins de notre étude actuelle, à l'analyse du phénomène, considéré dans ses éléments essentiels, les plus prochains. À) Les nerfs de sensibilité, organes et siège de l'excitation d’origine et de départ du réflexe; B) Les centres spéciaux de réflexion ; centres respiratoires ; C) Les nerfs moteurs de retour. I. Les nerfs sensitifs se résument, d’après la notion classique actuelle, en un nerf de haute et première importance, le pneumogastrique en sa partie sensitive, et plus prochainement dans son filet sensitif essentiel : le nerf laryngé Supérieur. Toutefois, — grâce à un des résultats nouveaux de mes recherches person- nelles, — ce nerf n’est pas le seul qui puisse intervenir efficacement dans la réalisation fonctionnelle dont il s’agit; le nerf glosso-pharyngien considéré jusqu’à présent, dans sa fonction essentielle, comme un agent de sensibilité spéciale (sensibilité gustative), prend aussi une part réelle et active, à titre de perf sensitif de départ réflexe, au fonctionnement respiratoire. — Si, sur l'animal vivant — chien ou lapin — modérément anesthésié, de préférence par une injection mixte intrapéritonéale de morphine et de chloral, nous mettons à nu, à leur émergence laryngée, les troncs des nerfs laryngés supérieurs, etsi nous les excitons, directement, à l’aide d'un courant de pile 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE suffisant pour produire un effet objectif saisissable, cet effet est le sui- vant : Une agitation plus ou moins vive de l'animal, avec efforts respiratoires plus ou moins incohérents, aboutissant — sous l'excitation continue — à un arrêt des mouvements respiratoires, et à des phénomènes asphyxiques. Ce résultat expérimental est, d’ailleurs, exactement celui que l’on provoque et que l’on obtient, à la suite de pareille excitation électrique du bout central du pneumogastrique sectionné, c'est-à-dire de ses fibres sensitives. Dans ces conditions, l'effet objectif de la provocation est, à la fois, un effet d'excitation fonctionnelle et de suspension ou d'arrét, avec prédominance de ce dernier auquel aboutit définitivement l'excitation primitive : c’est pourquoi l’on a coutume, depuis les mémorables expériences de Rosenthal, de consi- dérer comme effet ou résultats exclusifs de cette provocation expérimentale, l’action suspensive ou d’arrét; ce qui n’est, en réalité, ainsi que nous allons le voir et le démontrer, qu'un côté, une partie de cette réalité. Si, en effet, au lieu de la situation primitive et normale d'activité fonction- nelle, nous placons l'animal dans les conditions de suspension ou d’arrêt fonc- tionnels respiratoires, en réalisant l’asphyæie expérimentale et la mort appa- rente, qui en est la suite (soit par privation d'air respirable, soit par la submersion, soit par l'administration forcée, excessive de chloroforme); et si. nous faisons, alors, agir directement le courant électrique, d'intensité suffisante, sur les nerfs laryngés supérieurs, ou ce qui est la même chose, sur le bout central des pneumogastriques, nous voyons aussitôt s’opérer le retour des mouvements respiratoires, en commençant par l’acte de l'inspiration; en sorte que, dans cette condition nouvelle, l'intervention de l’excitant pro- voque et ramène l’activité fonctionnelle, au lieu de produire la suspension ou l’arrét. Le phénomène présente donc une double modalité, selon la condition de déterminisme dans laquelle il est réalisé : — La suspension ou l’arrêt dans le cas d'activité fonctionnelle; — Le rappel de cette activité, si elle vient à être suspendue ou arrétlée. J'ai puisé, précisément, dans celte notion tirée de l’observalion de l'effet différent ou contraire, selon la persistance continue de l’excitant ou selon son intermillence, une double variété importante d'application du procédé mécanique de ia traction linguale, savoir : La (raction intermitiente où rythmée (le rythme respiratoire normal intervenant aussi, pour sa part, dans cette indication) quand il s’agit du réveil et de l'entretien de l'acte fonctionnel représenté ici par le réflexe respiratoire suspendu ; Ou bien au contraire, la traction linguale continue et maintenue, lorsqu'il s’agit d'obtenir un arrêt fonctionnel ou, ce qui est tout un, un arrêt d'hyperactivité fonctionnelle anormale ou morbide, par exemple, le spasme diaphragmatique qui constitue le koquet. Voilà donc bien et clairement établies, si je ne m’abuse, les conditions dans lesquelles l'excitation appropriée du nerf sensitif qui préside RO SÉANCE DU 27 JANVIER 81 spécialement à la mise en jeu fonctionnelle du réflexe respiratoire, et partant de la fonction qu'il constitue, provoque et ramène le réveil de cet acte fonctionnel fondamental, lorsqu'il vient d’être momentanément suspendu. Et l’on saisit clairement ainsi, à la suite de cette démonstration, la déduction qui,au point de vue pratique, en résulte immédiatement, et qui a été l’origine de la découverte et de la systématisation du procédé des tractions rythmées de la langue. Nous pouvons aborder, maintenant, le point de cetle étude, que nous avons particulièrement en vue : celui de la durée réelle de l'exci- labilité fonctionnelle du nerf sensitif en question, dans l’état de mort apparente ; et subsidiairement des autres éléments ou facteurs du réflexe respiratoire (centre respiratoire et nerfs moteurs). Ce sera l'objet de ma prochaine communication. NOTE SUR UN APPAREIL DE PHOTOMICROGRAPHIE PERMETTANT LE CHARGEMENT DES CHASSIS ET LE DÉVELOPPEMENT DES PLAQUES EN PLEINE LUMIÈRE, par M. A. Cocrr. Cet appareil se compose (fig. 1) d’une chambre en bois léger, ayant la forme d’une pyramide tronquée se fixant facilement à l’aide d’une pince spéciale sur n'importe quel microscope. Re 3 DER FIGURE 1. A la base de cette chambre, immédiatement derrière l’oculaire est disposé un prisme à réflexion totale qui, commandé par une tige 82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE extérieure, peut renvoyer les rayons venant du microscope dans une petite lunette horizontale à tirage ou, au contraire, en se dérobant sur le côté, leur laisser libre passage. Gràce à ce dispositif, on règle la lunette, une fois pour toutes, à sa vue, de façon que lorsque la préparation à photographier est au point sur la plaque sensible, on la voit également au point dans la lunette, c’est donc par cette dernière que se fera la mise au point. FIGURE 2. Pour charger le châssis en pleine lumière, on se sert d'un magasin (fig. 2, B) contenant les plaques photographiques que l’on a eu soin de superposer toutes les faces sensibles en bas. A l’aide d’un dispositif très simple, que la seule inspection de la figure indique, on fait passer par un mouvement de va-et-vient les plaques dans le chässis T au fur et à mesure des besoins. | FIGURE 3. La photographie ayant été prise, on emploie un dispositif analogue (fig. 3) pour la développer et la fixer; on la fait tomber dans le com- partiment D d’une boîte contenant d’un côlé le développateur et quand le temps présumé pour ce développement est jugé suffisänt, on la sort en pleine lumière et on la met dans l’autre compartiment F contenant le fixateur. Il n’y à pas à craindre de voiler le cliché. Comme source lumineuse, on utilise pour la mise au point une lampe à pétrole ordinaire placée devant un condensateur. … Lorsque cette mise au point est exacte, on fait faire un demi-tour à la SÉANCE DU 27 JANVIER 83 lampe, et on impressionne en brûlant un ou plusieurs fils de magné- sium entre des repères qui sont venus occuper juste la place de la flamme de la lampe au foyer du condensateur (aa! fig. 1). Les avantages de cet appareil sont donc les suivants : 1° Son faible volume, la facilité de le placer sur le microscope à la moindre occasion ; 2° Sa stabilité; car, faisant corps avec le microscope, les trépidations extérieures n’ont aucun effet fâcheux ; 3° La mise au point extrêmement simplifiée et pouvant se faire direc- tement sur la plaque sensible, le châssis ouvert, évitant ainsi tout mouvement brusque pouvant lui nuire ; 4° Le chargement du châssis et le développement du cliché en pleine lumière, lorsque l’on ne possède pas de cabinet noir à proximité; 5° L'emploi excessivement facile du magnésium, donnant ainsi une source lumineuse d’un pouvoir photogénique énorme et d’un prix très modique. DÉFENSE DE L'ORGANISME CONTRE LES PROPRIÉTÉS MORBIFIQUES DES SÉCRÉTIONS GLANDULAIRES, par MM. CHaRRIN et LEVADITI. La plupart des sécrétions glandulaires, des sucs digestifs, en parti- culier les produits du pancréas, engendrent, quand on les introduit dans les tissus, une série de lésions (1); le système nerveux plus spécialement, d’après nos recherches, subit cette influence morbifique ; à la suite des injections de trypsine, on observe, dans le névraxe, des hémorragies, des gonflements variqueux des prolongements cellu- laires, des phénomènes de chromatolyse, etc. Or, ces principes pancréatiques sont quotidiennement déversés dans l'intestin, sans provoquer, à l’état normal, le moindre accident : il nous a dès lors paru intéressant d'examiner les moyens dont dispose l’orga- nisme pour se défendre contre un pareil voisinage, d'autant plus que cet organisme est pourvu de divers modes de protection à l'égard de différents microbes ou toxines placés dans des conditions analogues et que certaines de ces sécrétions glandulaires sont plus nuisibles que quelques-unes de ces toxines. Dans une anse de l'iléon choisie près du duodénum et fermée, après évacuation du contenu, à chaque extrémité, on enferme 5 à 8 centimètres cubes (4) Voir : Pavlow (Arch. für die gesum. Physiolog., Band XVI) ; Kühne (Vers. des natur., med. Ver. Heidelberg, , p. 6); Hildebrandt (Virch. Arch., CXXT); Langerhans (Festsch. f. Virchow, 1891); Hlava (Congr. Moscou, 1896); Dettmar, Lev, etc. 84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'une solution aqueuse trypsique (1). On suture l'abdomen, puis, au bout de dix à vingt-quatre heures, soit avant, soit après la mort de l'animal qui souvent succombe promptement, on constate que cette anse renferme trois ou quatre fois plus de liquide qu’au moment de l'injection. Ce liquide contient sensiblement les quantités de diastase active déposées ; cependant mis sous la peau, à doses égales, il détermine une lésion locale un peu moins rapide qu'auparavant, différence qui, à la vérité, peut tenir à la dilution enregistrée. Cette expérience tend donc à prouver que ce suc glandulaire, en dehors des proportions qui sont peut-être fixées par les aliments, de- meure dans la lumière de la partie supérieure de l'intestin, là où il doit remplir son rôle physiologique. Dans une deuxième série de recherches, on répète cette expérience, mais après avoir plus ou moins complètement détruit, par traumatisme, la couche muqueuse. Dans ces conditions, malgré le sang qui parfois s’'épanche ulté- rieurement à l'évacuation et à la fermeture, le volume retrouvé, après le même temps, est en général inférieur à celui qu'on observe au cours des premiers essais. D'un autre côté, si par la chaleur on altère les cellules de cette couche interne laissée en place, on constate encore une plus faible augmentation : or, ces deux résultais mettent clairement en évidence l’inter- vention active de l'épithélium. L'eau naturellement déversée par les canaux excréteurs des annexes n'entre pas ici en ligne de compte; tantôt, en effet, nous avons au préalable lié ces canaux, tantôt nous avons choisi un: anse siluée au- dessous de leur embouchure. Il est donc par suite indiscutable qu'à ce niveau l’inteslin sécrète une grande quantité d'eau, dont l'utilité est manifeste dans une zone où s’opèrent une foule d'opérations chi- miques ou de processus d’hydratation. Lorsqu'on emprisonne cette pancréatine dans une anse supérieure privée de sa muqueuse, fréquemment on découvre dans les viscères, de préférence dans le foie, des altérations qui n'existent pas, du moins au même degré, si cette muqueuse est intacte. On est par conséquent en droit de penser que cette paroi s'oppose au passage de ce suc du pancréas, comme d’ailleurs l'établissent les premières recherches, ou que, si une minime quantité s'échappe, elle perd ses propriétés morbifiques en traversant l'intestin, peut- être en arrivant dans le sang; le résultat des injections intra-portales prouve, en tout cas, que le parenchyme hépatique est sans action importante. (1) Nous avons utilisé des produits pancréatiques d'origines multiples, fabriqués par Merck, par Poulenc, comme aussi des principes retirés du pancréas frais en suivant la méthode indiquée par Kühne pour obtenir la trypsine ; ces produits ont, du reste, donné les principales réactions carac- téristiques. — Ajoutons que pour engendrer, chez la souris, une lésion cutanée digestive, amenant la mort en huit ou douze heures, il fallait injecter 1/2 à 1 centimètre cube de notre solution aqueuse à 5 p. 100. SÉANCE DU 27 JANVIER 85 Des expériences comparables, faites au niveau de l’extrémilé infé- rieure de cet intestin grêle, conduisent à d’autres constatations. Dans une anse placée près de la valvule de Bauhin et liée à chaque extré- mité, on dépose, après évacuation du contenu, 5 à 8 centimètres cubes de la solution aqueuse de trypsine à 5 p. 100; au bout d’un nombre d'heures égal à celui de la première série d’essais, on reconnait que le liquide introduit a plus ou moins diminué ; :l est parfois réduit à des résidus solides. Or, en injectant la partie conservée ou ces résidus repris par 5 à 8 d’eau, on s'aper- coit que l’activité de la sécrétion a sensiblement fléchi : plus la résorplion est considérable. plus cette disparition d’activité est prononcée. Il est intéressant de remarquer que dans le bas de l'iléon, à un niveau où les métamorphoses chimiques sont terminées, l’eau et la diastase trypsique deviennent relativement inutiles; aussi à ce niveau la mu- queuse absorbe tout de même cette eau, car, pour être rapide, cette absorption exige le moins de liquide possible. Il est, d’ailleurs, vraisemblable que ce processus, qui permet d’absorber les aliments transformés, est bien l’œuvre de cette muqueuse, puisque, si on la détruit ou si on l’altère, la diminution du contenu est restreinte (1). Lorsque celte couche interne fait défaut ou est détériorée, en bas comme en haut on décèle assez ordinairement dans le foie des modifi. cations qui le plus souvent sont absentes dans les cas où elle est intacte. Or, tout en admettant qu'une partie de celte trypsine (bien qu'en général la démonstration de ce fait soit difficile), s’élimine par les fèces, on est conduit à reconnaître qu’une autre partie s'échappe par résorption réalisée vers la fin de l’iléon; mais, d'un autre côté, comme à l’état normal, cette résorption n’est pas suivie de lésions bien mani- festes, il faut supposer qu'en passant dans la circulation, ce produit si éminemment morbifique subit des atténualions. L'expérience prouve que ces atténuations ne se font d’une manière marquée ni dans le foie, ni au contact des ganglions mésentériques; elle établit égale- ment que, dans ja lumière du conduit alimentaire, ces changements attri- buables tout au moins partiellement, d'après des essais poursuivis in vitro, à l'influence des parasites, sont, au bout d'une demi-journée, lents et peu pro- noncés. Il suffit, en liant les vaisseaux qui desservent l’anse fermée, d'obliger le liquide à séjourner pour pouvoir apprécier la marche de ces modifications. Dès lors, on est amené par exclusion à penser, sans cependant donner dès à 1) Les hémorragies tardives, en bas aussi bien que près du duodénum, peuvent faire varier le volume du contenu et causer des erreurs. D'autre part, en se substituant au liquide inclus, le sang ou les principes exsudés sont capables de faire croire à l’'abaissement de l'activité de la trypsine ; inverse- ment, des thromboses, conséquences du traumatisme expérimental, en obstruant les voies d'absorption, sont aptes à conserver cette même activité. 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présent une démonstration directe, que cette transformation a lieu dans l'épaisseur de la paroi intestinale. Peut-être aussi convient-il (phénomène qui sera jugé ultérieurement) d'admettre, dans une faible mesure, le rôle du sang? On constate, en effet, que du sérum normal réduit l’action classique de dissolution exercée par la trypsine à l'égard des hématies ou des blocs d’albumine; le chauffage à 60 degrés fait disparaître cette propriété inhibitrice (1). Toutefois, les doses nécessaires, plus encore les lésions hépatiques constatées dans les cas d’abla- tion de la muqueuse indiquent que, si elle existe, cette protection sanguine, dès que la proportion de diastase s'élève, devient insuffisante. En définitive, ces recherches montrent que l'organisme est protégé contre les attributs nuisibles de certaines sécrétions digestives, surtout pancréatiques, déversées chaque jour dans le tube gastro-intestinal. Ces modes de protection, suivant qu'il s’agit de la partie supérieure ou inférieure de l’iléon, offrent des analogies comme aussi des différences. En haut, les moyens de défense consistent surtout dans la rétention, au sein du canal, des sucs glandulaires, rétention qui, en dehors du rôle du mucus, semble être l’œuvre de l’épithélium. Vers la fin de cet iléon, ces moyens de défense se réduisent essentiellement à l’atténuation des propriétés morbifiques. Dans l’une et l’autre de ces zones interviennent, dans une proportion plus ou moins marquée, les ferments figurés et peut-être, hors du conduit, certaines actions du sang. Il n’est que trop aisé de concevoir une infinité de conditions, telles que le botulisme, les processus générateurs d’entérites, etc., capables, en altérant l'intestin, de supprimer la plus efficace des protections en jeu, puisque cette défense s'effectue avant tout grâce à la muqueuse de cet intestin, muqueuse qui assure la rétention ou la modification des diastases nuisibles. Il est donc nécessaire, quand en pathologie on parle des éléments toxiques d’origine digestive, de placer ces sues glandulaires, en dehors des acides, des composés aromatiques ou bacté- riens, au nombre des principes aptes à provoquer des seen d’auto- intoxication. (Travail du Laboratoire de Médecine expérimentale des Hautes-Etudes, Collège de France.) LONGUE PERSISTANCE DU POUVOIR AGGLUTINANT DANS LE SÉRUM TYPHIQUE. CONSERVÉ A L'ÉTAT LIQUIDE, par MM. C. Nicoze et A. HALtPRÉ (de Rouen). Nous avons étudié le pouvoir agglutinant de trois échantillons de sérum typhique conservés par nous depuis trois ans. Ce sérum avait été (4) Nous poursuivons une étude détaillée de ce phénomène. SÉANCE DU 27 JANVIER 87 ———————…—…————_—…—…““—“—“—“—ê— distribué dans des pipettes fermées à la lampe et contenant toutes une certaine quantité d’air; puis abandonné ainsi dans une armoire. Nous n'avions malheureusement pas fait de mensuration du pouvoir agglutinant à l'origine. Une première mensuration a été faite au bout de quatorze à seize mois, la seconde au bout de trois ans. Voici le résultat de nos recherches : Premier échantillon, recueilli le 1% novembre 1896; il provenait d'un convalescent de fièvre typhoïde. Pouvoir agglutinant au 1° mars 1898 (au bout de quinze mois) : 4/10 : au 14 novembre 1899 (après trois ans) : 1/10. Deuxième échantillon, recueilli le 14 novembre 1896, provenant d'un typhique à la période d'état. Pouvoir agglutinant au 1° mars 1898 : 1/50 ; au 14 novembre 1899 (après trois ans) : 1/50. Troisième échantillon, provenant du mélange d'un certain nombre d'échantillons de sérum typhique recueillis en janvier 1897. Pouvoir agglutinant au 1* mars 1898 : 1/60 ; au 10 janvier 1900 (après trois ans) : 1/40. Cet échantillon exhale une odeur infecte et à été par consé- quent souillé par un développement microbien. Ces résultats montrent la longue persistance de la propriété aggluti- nante dans le sérum typhique conservé à l’état liquide. : SUR LA RÉSORPTION INTESTINALE DES SUCRES EN SOLUTIONS ISOTONIQUES, par M. E. HÉpon. J'ai montré, dans ma précédente note, qu’en présentant à l'intestin les différents sucres en solutions hyperisotoniques, et à la même concentra- tion, l'intensité de la résorption croît en raison inverse du poids molé- culaire de ces substances. Ce phénomène est évidemment en rapport avec la tension osmotique, celle-ci possédant pour les diverses espèces de sucres, à la même concentration, une valeur d'autant plus élevée que le poids moléculaire est plus faible. Mais maintenant, pour faire abstrac- tion de ce dernier facteur, et rechercher quelle influence les autres propriétés des sucres (grandeur et structure de leur molécule par exemple) auraient sur l'intensilé de la résorption, j'ai introduit dans l’anse intestinale différents sucres en solutions isotoniques entre elles. De plus, pour supprimer complètement le courant endosmotique, j'ai employé des concentrations telles que la pression osmotique des solu- lions fût égale à celle du sérum sanguin, ou du moins s’en approchât de très près. Mais ici se présenta une difficulté que je ne ferai que signaler pour Île moment. En se basant d’une part sur les valeurs limites isotoniques des diffé- 88 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rents sucres que j'ai déterminees précédemment à l’aide de la méthode de Hamburger, avec les globules rouges du lapin, et en s'appuyant d'autre part sur les chiffres de Hamburger pour la valeur limite isotonique du sérum de lapin étendu d’eau, le calcul donne pour les solutions de sucre isotoniques au sérum des valeurs plus fortes que celles qui ont été admises jusqu'ici. Ceci tient à ce que pour cette estimation, on s’est appuyé sur une donnée de de Vries, savoir que trois molécules de sucre possèdent la même force attrac- tive pour l’eau que deux molécules de NaCI, et dans ce cas, en effet, le calcul indique pour les sucres des valeurs isotoniques plus faibles que celles que l’on obtient en se basant sur les coefficients isotomiques que j'ai déterminés, pour chaque sucre, à l’aide de la méthode des globules rouges. Pour ce motif, j'ai introduit dans l'intestin les solutions de sucres à deux concentra- tions différentes : l’une calculée d'après mes coefficients, l’autre d’après le coefficient de de Vires. Les premières étaient peut-être un peu hyperto- niques, les secondes, à mon sens, légèrement hypotoniques. J'ai comparé entre eux pour leur résorption des sucres à poids molé- culaires très différents. Parmi les sucres à poids moléculaire élevé, j'ai choisi le raffinose (504), non seulement en raison de la grandeur de sa molécule, mais encore parce que j'ai pu constater que ce sucre demeu- rait inaltéré dans l'intestin, ce qui n’était pas le cas avec les bihexoses, même avec le lactose: parmi les hexoses, le glycose et le galactose (poids moléculaire, 180) : parmi les pentoses, l’arabinose (poids molécu- laire, 150). D'après mes coefficients, les solulions isotoniques au sérum du lapin pour ces sucres étaient: 44,2 p. 100 pour le raffinose ; 4,9 p. 100 pour le glycose; 4,18 p. 100 pour l’arabinose. Calculés à l’aide du coef- ficient de de Vries, ces titres devaient être abaissés à 12 p. 100 pour le raffinose ; 4,4 p. 100 pour le glycose ; 3,6 p. 100 pour l'arabinose. Quantité de solution introduite = 50 c. c. Anse de À mètre. Durée de l'expérience : 2 heures. TITRE SUCRE RETROUVÉ Z NATURE HONOR ANA SUCRE = de la |introduit Ye f ; s! E du “e Quantité | Sucre nn = : solution ais s. < sucre. SF 8: | de liquide p. 100. : p. 100. (s) en c. cubes. (s') 1 | Raffinose. | 142 | 7,1 63 10,3 0,611 0,08 2 Id. 120 | 6,0 58 0,5 0,49 0,08 3 Id. GORE 26 ON CES 0,07 4 | Giycose. Lo | 92,45 53 216 | 0,988 0,40 5 Id. LB | 29 39 ENT der 0,43 6 | Galactose. | 429 | 245 48 341 | O.814 0,33 7 | Arabinose. | 4,18 | 2,09 60 2,64 | 0,506 0,24 8 Id. 36 | 1.8 48 237 | 0,663 0,36 SÉANCE DU 27 JANVIER 89 On voit, d'après cela, qu’en variant les solutions de différents sucres de manière que chacune d'elles fût à peu près à la même concentration moléculaire que le sérum sanguin, l'intensité de la résorption se montra la plus élevée pour les deux hexoses étudiés, glycose et galactose, moindre pour l’arabinose el comparativement beaucoup plus faible pour le raffinose, tant en valeur absolue (s') qu'en valeur relative (s' :s). Pour ce qui est du volume de liquide retrouvé dans l'intestin, il était un peu supérieur au volume introduit, lorsque les concentrations étaient calcu- lées à l'aide de mes coefficients; on pourrait en déduire que les solutions étaient dans ce cas hypertoniques, mais il faut compter aussi avec la sécré- tion des glandes intestinales. Lorsque les concentrations étaient calculées à l’aide du coefficient de de Vries, le volume du liquide retrouvé était notable- ment diminué avec le glycose, mais peu modifié avec l’arabinose et augmenté avec le raffinose; pour ce dernier sucre, on n'obtint une diminution légère du volume du liquide qu’en abaissant la concentration notablement au- dessous de la valeur isotonique. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine de Montpellier.) LE NOYAU DANS LA DIVISION DIRECTE DES SPERMATOGONIES, par M. GusTavE LoiseL. Depuis quelques années, les observations de divisions directes de la cellule se sont multipliées en même temps que précisées. Malheureu- sement, quand on considère l’ensemble de ces travaux, on ne trouve encore rien de bien particulier à ce mode de division. Certains auteurs, comme Carnoy, dans les Arthropodes, n’ont remarqué aucune modifica- tion structurale du noyau pendant sa division directe. D'autres, comme Sabatier, dans le testicule des Crustacés décapodes, décrivent, au con- traire, des phénomènes assez compliqués : condensation, pulvérisation, séparation et reconstitution des masses chromatiques du noyau. Enfin, tout dernièrement, Bouin, dans le testicule du cobaye, voit une conden- sation, puis une division de l'appareil nucléolaire, précéder le clivage de la membrane nucléaire. Quant à la division même du noyau, les uns y voient un bourgeonne- ment, d’autres un clivage, d'autres enfin un allongement du noyau en forme de boudin et son étranglement dans sa région moyenne. De tous ces différents aspects, aucun ne parait devoir étre considéré comme constant et caractéristique de la division directe, On ne peut donc encore qu'enregistrer les faits sans en tirer de conclusion géné- rale. C'est à ce titre seul que je publie aujourd'hui ies observations que 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai faites dans la division directe des spermatogonies du moineau, pen- dant la période de préspermatogénèse. Cette division porte en même temps sur les spermatogonies de pre- mier et de second ordre; elle se fait par étranglement et disposition en bissac de la membrane nucléaire, sans disparition de cette membrane, comme je l’ai décrit et figuré dans une précédente communication (1). A l’état de repos, le noyau des gonies de premier ordre renferme une masse irrégulière et diffuse de linine contenant plusieurs gros nucléoles nucléiniens disposés souvent en chapelet. Dans le noyau des gonies de transition, qui sont des gonies de premier ordre, au début de leur divi- sion directe ou bien des noyaux filles provenant de ces divisions, les nucléoles sont plus petits et plus nombreux. Quand ces noyaux s’allon- gent et prennent la forme en bissac, on lrouve parfois encore des nucléoles, mais ces nucléoles sont allongés et étirés dans le sens du noyau. Le plus souvent, cependant, on ne trouve plus, dans ce noyau en division que de petites granulations disséminées et en partie cachées dans une substance chromatique amorphe qui remplit (out le noyau. Les mêmes phénomènes se voient dans le cours de la division directe des gonies de second ordre avec celte différence que la substance chromatique amorphe diffuse non seulement dans le noyau, mais encore no. la zone protoplasmique périnucléaire. Dans les deux cas, les noyaux filles renferment peu de substance chromatique relativement au noyau mère. Il semble y avoir réduction réelle dans la quantité totale de chromatine. Cela se voit bien surtout dans les cas où les gonies de 2° ordre se divisent coup sur coup sans présenter de phase de repos; alors, les noyaux petit-fils ne contiennent plus qu’une ou deux granulations chromatiques (2). En résumé, la division directe des spermatogonies du moineau pendant la présermatogénèse est accompagnée d’un remaniement de la substance chromatique du noyau, remaniement, pendant lequel il semble y avoir réduction dans la quantité totale de chromatine. Une partie de cette chromatine serait liquéfiée et rejetée par le noyau dans le protoplasma périnucléaire (3). (Travail du laboratoire du professeur Mathias Duval.) (1) La préspermatogénèse chez le Moineau, Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 9 décembre 1899, p. 961. (2) Ceci est à rapprocher de ce fait, observé chez tous les animaux, que le noyau des spermatides renferme toujours une très faible quantité de sub- stance chromatique. (3) Ces observations viennent s'ajouter aux mêmes faits de dissolution de chromatine vus par Henneguy, Van Beneden et Brass. Etzold dans son mé- moire sur la spermatogénèse du Moineau (Zeits. f. wiss. Zool., 189, t. LIL, p. 62), signale le même aspect sombre du noyau, mais il considère ce phé- nomène comme devant être préparatoire à une division cinétique. SÉANCE DU 27 JANVIER 91 GREFFES PÉRITONÉALES. M. Robert Lœwy a fait des expériences de greffes péritonéales sur les animaux, le lapin en particulier. Il pratique des résections intes- tinales et rétablit la circulation du tube digestif de la façon suivante : suture muco-muqueuse, puis manchon de péritoine prélevé en une por- tion quelconque de l'abdomen du même animal, ou sur un autre, et maintenu par quelques points de suture. Des animaux ainsi opérés, les uns vivent, les autres meurent d'oc- clusion intestinale, M. Robert LæœwYy reviendra ultérieurement sur la cause de ces différents résultats et sur le manuel opératoire. Ces recherches ont pour but d'étudier le rôle de l'épiploon et, d’une façon générale du péritoine dans la réparation des plaies de l'abdomen et le mode de réparation de ces dernières. Les expériences faites dans le cas de plaies du foie, des parois laté- rales de l'intestin, de la veine cave, semblent conduire à diverses appli- cations chez l'homme, telles que procédés de sûreté pour l'étanchéité des sutures du tube digestif, du foie, des gros vaisseaux et d’autres organes. Au cours de ce lravail, on étudie les réactions histologiques consé- culives aux greffes aseptiques du péritoine (1). SUR L'HISTOLYSE MUSCULAIRE DES HYMÉNOPTÈRES. Note de M. L. TERRE, présentée par M. A. GI4RD Les notes de MM. Anglas et Pérez (2) relatives à l’histolyse muscu- laire chez les Hyménoptères (Apiens, Vespiens, Formiciens, etc.), contre- disent d'une facon formelle la manière de voir de Korotneff, Karawaiew, et la nôtre (3). Cette contradiction est peut-être plus apparente que (1) Ces recherches ont été faites au laboratoire du professeur Lannelongue. Elles ont été exécutées dans un grand nombre de cas avec le concours gra- cieux de M, P. Cailleux. (2) J. Anglas, Sur l'histolyse et l’histogénèse des muscles des Hyménoptères pendant la métamorphose, Comptes rendus de la Soc. de biol., 25 novembre 1899. — Bulletin de la Soc. ent. de France, 22 novembre 1899. — C. Pérez. Sur l’his- tolyse musculaire chez les Insectes, Comptes rendus de la Soc. de biol., 6 jan- vier 1900. (3) L. Terre. Contribution à l'étude de l'histolyse et de l’histogénèse du tissu musculaire chez l'Abeïlle, Comptes rendus de la Soc. de biol., 19 novem- bre 1899. — Bulletin de lu Soc. ent. de France, 22 novembre 1899. 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE réelle. En effet, quiconque abordera, sans parti pris, l'étude de la méla- morphose chez les Hyménoptères, reconnaîtra que les phénomènes de la dégénérescence musculaire sont absolument différents de ceux décrits par Kowalewsky et Van Rees chez les Muscides. Aussi, MM. Anglas ét Pérez sont-ils d'accord avec nous sur plus d’un point. M. Anglas à constaté, comme nous, que les muscles larvaires pos- sèdent deux sortes de noyaux : les uns plus volumineux, presque sphé- riques, les autres plus petits, ovoïdes, allongés, aplatis le long de la fibre. Un autre point sur lequel les résultats de MM. Anglas et Pérez contir- ment les nôtres, c’est que, ni chez les Fourmis, ni chez les Abeilles, iln’y a de Xærnchenkugeln. Ces formations occupent une assez large place dans la phagocytose des Muscides pour que leur absence chez les Hymé- noptères soit digne d'attirer l'attention. M. Pérez reconnaît que les phagocytes digèrent le muscle sur place; aux termes près, c'est exactement ce que nous disons : « à leur contact — des myoblastes imaginaux jouant le rôle de phagocytes — la sub- stance contractile semble disparaître comme par digestion et absorp- tion. » | « Karawaiew, écrit M. Pérez, semble, il est vrai, n'avoir pratiqué que des coupes transversales qui se prêtent assez mal à l'étude de l’histo- lyse musculaire. Comme nous l'avons vu, les leucocytes s’allongent dans le sens des fibrilles; aussi sont-ils représentés sur les coupes transversales par un tout petit point chromatique bien inférieur de taille à un noyau de leucocyte, et ce peut être là une cause d'erreur ». C'est entendu; mais nous avons pratiqué des coupes longitudinales sériées qui, en effet, sont beaucoup plus instructives que les transversales et néanmoins il nous a paru impossible de faire intervenir les leucocytes dans la dégénérescence musculaire. Les éléments auxquels revient ce rôle diffèrent tant par la taille de leucocytes même allongés et sont telle- ment semblables aux petits noyaux du muscle larvaire, à ce que Karawaiew appelle des myoblastes imaginaux, que nous avons cru devoir les identifier à ces formations. M. Pérez insiste sur la difficulté d'apercevoir le protoplasme des leu- cocytes infiltrés : « Un leucocyte à jeun ne présente autour de son noyau qu’une très fine couche de protoplasma peu colorable. Une fois qu'il s'est étiré à la surface d’une fibrille, le protoplasma échappe presque toujours à l'examen. » Nous n'oublions pas qu'il s'agit de Fourmis et la description de M. Pérez doit sûrement être exacte, mais dans nos recher- ches sur les Abeilles, nous avons toujours vu les leucocytes entourés d'une couche de protoplasma nettement apparente; d'autre part, il nous a été impossible de décider au début si les myoblastes imaginaux super- ficiellement placés et allongés parallèlement au faisceau musculaire sont entourés d'une couche protoplasmique propre; il faut avouer qu'il SÉANCE DU 27 JANVIER 93 y à une similitude assez frappante entre les phagocytes de M. Pérez et les éléments qui en joueraient le rôle, selon nous, chez l'Abeille. Reste donc la question d'origine. La méthode employée jusqu'ici pour l'élucider a été la même, celle des coupes. Malgré l'habileté des opéra- teurs, cette méthode laissera toujours une large place à l'interprétation. Nos recherches avaient été entreprises pour élucider l'influence des variations des conditions physiologiques et de la durée de la métamor- phose sur la nature des phénomènes de dégénérescence. Nous espérions en particulier trouver chez l'Abeille une histolyse avec phagocytose leu- cocytaire rappelant celle des Muscides. C’est assez dire que nos résultats sont dégagés de toute idée a priori. La discussion nécessilerait l'apport d'arguments nouveaux; nous nous proposons, cette saison, d’essayer d’une méthode expérimentale qui nous permettra peut-être de fournir des résultats plus positifs. Provi- soirement, et malgré l'interprétation contraire de MM. Metschnikoff et Mesnil (1), nous conservons, comme Karawaiew lui-même, notre opinion première. (Travail du Laboraloire de Biologie générale de l’Université de Dijon.) SUR UN CAS DE PALISTROPUIE CHEZ LA LOoCnE D'ÉTANG (Cobilis fossilis L.), par M. ALFRED GrARD, Le professeur Felice Massa (de Cagliari) a donné le nom de Palistro- phue (de räliv, à nouveau et oroézw, je tourne) à une monstruosité de la colonne vertébrale qui résulte de courbures successives du rachis, tordu sur lui-même en une sorte d’hélice irrégulière. La Palistrophie est en somme la combinaison de cyphoses, lordoses et scolioses multiples. Massa a signalé et décrit des cas de cette anomalie chez quatre Poissons :. le premier chez un Squale, Acanthias vulgaris Bp.; les trois autres chez des Téléostéens : Sarqus annularis Lin., Mullus barbatus Lin., et Zrigla hirundo BI. (2). J'ai eu l’occasion d'observer récemment un bel exemple de Palis- trophie chez un Poisson d’eau douce, une Loche d’étang (3) (Cobitis 4) MM. Caullery et J. Mesnil. Sur le rôle des phagocytes dans la dégéné- rescence des muscles chez les Crustacés, Comptes rendus de la Suc. de biol., 6 janvier 4900. (2) Massa (Felice). Eteromorfie di alcuni pesci marini, Afti della Societa, Ligustica di scienze nat, e geograf., vol. IV, 4893, p. 428-432, pl. XVI et XVII. (3) Lunel a signalé un cas de déviation de la colonne vertébrale chez un Véron (Phoxinus lævis L.) dans : Poissons du bassin du Léman, travail cité par Massa d’après Fatio : « Faune des vertébrés de la Suisse », vol. IV, Histoire naturelle des Poissons, 1*° partie, Genève et Bàle, 1882, p. 189. B10LOG1E. Comptes RENDUS. — 1900, T, LII, à) 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fossilis L.)qui a vécu longtemps dans un aquarium de mon laboratoire et a succombé comme ses congénères non monstrueux aux attaques d'innombrables Gyrodactyles. L'exemplaire lératologique mesure dans l'alcool 13 centimètres de longueur, 2 cent. 5 de hauteur maxima, 1 cent. 5 de largeur maxima. Vu de profil, il présente quatre bosses dorsales (cyphoses) dont la plus forte (la deuxième) précède immédiatement la nageoire dorsale. Ces cyphoses alternent avec des lordoses dont les plus accusées sont la pre- mière et la deuxième. Examiné du côté dorsal, le Poisson présente quatre bosses du côté droit et trois du côté gauche : la première de ces scolioses est à droite. D'excellentes radiographies, faites sous ma direction par M. Radiguet, permettent une étude très complète du squelette. Les résultats de cette étude seront publiés ultérieurement avec les figures nécessaires. Un certain nombre de vertèbres de la région antérieure et moyenne de la colonne vertébrale, c'est-à-dire dans la partie du rachis comprise entre les pectorales et les ventrales, semblent affectées d’altérations osseuses comme dans les cas observés par F. Massa. Mais la partie pos- térieure qui paraît absolument saine présente néanmoins des courbures latérales et surtout dorso-ventrales. La Palistrophie se rencontre assez fréquemment sur les jeunes alevins de divers Poissons élevés en captivité. Je suis porté à croire que cette anomalie est le plus souvent congénitale, mais qu'elle a une tendance à s'aggraver pendant la croissance du Poisson grâce au jeu des muscles métamériques qui tendent à ramener le corps en ligne droite, détermi- nant de nouvelles courbures de l’axe squelettique. NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES MÉTAMORPHOSES INTERNES DE LA GUËPE ET DE L'ABEILLE. — LA LYOCYTOSE, par M. J. ANGLas. L'étude des métamorphoses internes chez la Guêpe et chez l’Abeiïlle, nous a donné les principaux résultats qui suivent : 1° L’épithélium de l'intestin moyen subit une rénovation complète ; l’histolyse en est produite par l'intervention de petits éléments em- bryonnaires qui viennent, par rapport à l’épithélium, de l'extérieur, et constituent les cellules de remplacement (1). Leur invasion est précoce, toutefois le remplacement ne se fait qu'au moment où l’épithélium lar- vaire rentre en inactivité fonctionelle par suite de la nymphose. (1) Anglas. Comptes rendus de la Soc. de biologie, 17 décembre 1898. NOTE NE latente. rm: SÉANCE DU 27 JANVIER 95 2 Les muscles larvaires sont envahis par les leucocytes lorsque, pour la même cause, diminue l’activité contractile. Si l’arrivée des leuco- cytes se produit parfois un peu plus tôt (Abeille), ce n'est qu'en nombre restreint, et, de plus, l'action phagocytaire due surtout aux nouveaux arrivants, ne commence qu'avec la régression fonctionnelle et chimique du muscle. Cette dégénérescence peut ne s’accuser encore par aucun signe histologique et la fibre envahie par les leucocytes peut paraitre en parfait état. Son inertie permet d'affirmer qu'elle est déjà modifiée chimiquement (1). F 3° Les cellules des glandes de la soie rentrent en régression après que leur fonction sécrétrice est achevée, mais sans intervention de leuco- cyles, au moins au début. Ceux-ci n'arrivent que tardivement, et achèvent alors rapidement la dissolution de ces organes. 4 Les tubes de Malpighi larvaires dégénèrent, protoplasme et noyau, lorsque se développent les organes correspondants de l'adulte. Encore ici, les leucocytes n’interviennent pas d’une façon primitive, mais plus tar- divement encore que pour les glandes de la soie. Il semble que les tubes urinaires n’exercent vis-à-vis des leucocytes qu’un chimiotaxisme positif faible, ou même négatif au début : c'est aussi, nous le savons, le cas des muscles en activité physiologique. 5° Les cellules du corps adipeux rentrent assez tard en régression chez la nymphe, après avoir présenté pendant longtemps des divisions directes du noyau. Le protoplasme se résout en granules, le noyau se dissout peu à peu, la membrane s2 déchire, et le tout se transforme en une sorte d’émulsion, de chyle nutritif, baignant les organes déjà formés de l'adulte. L'intervention des leucocytes ne semble donc pas indispensable à la destruction des anciens tissus. Le moment de leur arrivée et l'intensité de leur action varient, suivant les organes d'un même type et doivent, par suite, ne pas être forcément identiques chez les différents Insectes. Je n'ai vu que érès exceptionnellement la pénétration des leucocytes dans les cellules adipeuses. Ce que j'ai observé d’une façon constante, c’est que des cellules spéciales du corps gras, peu abondantes du reste, celles que Karawaiew appelle les grands phagocytes, ont une action dissolvante sur les cellules adipeuses qui les entourent, creusant leur protoplasme de vacuoles, et dissolvant leur noyau. Le nom de phago- cyte leur est mal donné, car elles n’englobent rien, comme le fait jus- tement observer Pérez (2). Je préfère les appeler cellules excrélo-sécrétrices du corps adipeux, ce qui rappelle leur pouvoir digestif par sécrétion, et leur rôle de rein d’accumulation au moment de la nymphose ; elles semblent aussi servir (4) 14, 25 novembre et 2 décembre 1899. (2) Comptes rendus de la Soc. de biol., 6 janvier 1900. 96 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — de cellules de réserve. De plus, lorsque ces cellules sont par hasard sen- siblement plus petites que celles du corps adipeux, elles y pénètrent pour les digérer. Remarquons au reste que le nombre des cellules adipeuses ainsi détruites est très restreint, et que dans l’ensemble on peut dire que leur histolyse, ou mieux leur cylolyse, puisqu'il s’agit de cellules et non de tissu en général, se fait sans ‘intervention d'éléments étrangers figurés. Comment nommer cette action digestive de cellule à cellule, soit par contact, soit par pénétration? Ce n'est pas la phagocytose, telle que Metschnikoff l’a définie, car elle s'applique au cas où le phagocyte englobe la particule ingérée. Nous proposons le terme de /yocylose, qui ne sous-entend rien sur ce mode mécanique d'action du lyocyte; celui-ci pourra être juxtaposé, pénétrant, ou embrassant, ce dernier cas étant celui de la phagocytose. Le terme de lyocytose nous parait plus com- préhensif, et nous disons cela sans préjuger de celui de ses modes qui est le plus répandu, ou le plus primitif phylogénétiquement. La lyocytose est l’action digestive d'un lyocyle sur un élément cellu- laire, qui par suile rentre en cytolyse et devient un cytolyte. La lyocylose pourra s'exercer à distance par l'influence des sécrétions cellulaires sur des éléments hors d'usage et affaiblis ; ainsi s'expliquent les régressions sans intervention d'éléments figurés des glandes de la soie, des tubes de Malpighi et de la plupart des cellules adipeuses. On peut dire qu'il n'y a métamorphose que s'il existe une action lyocytaire exercée sur un tissu par des éléments d’un tissu différent. Tous les organes énumérés plus haut subissent donc une métamorphose. En revanche, l’hypoderme, l'intestin antérieur et l'intestin postérieur ne subissent qu'une rénovalion par prolifération ; même en voyant dans le remplacement de cellules mortifiées par des cellules plus actives une action lyocytaire, tout se passe dans le même lissu, ce n’est pas une métamorphose, mais un complément de développement. Les faits sont très analogues pour le système trachéen de nos Hymé- noptères. Enfin, le système nerveux et l'appareil génital poursuivent leur déve- loppement, avec une activité grande à certains stades, mais ils ne subis- sent pas non plus de métamorphoses. . Je publierai prochainement les résultats de mon travail sur l’hystolyse et l'histogénèse en y joignant une analyse historique et critique de ces questions, ainsi qu'un essai d'interprétation du phénomène de la mé- lamorphose. _ SÉANCE DU 27 JANVIER 97 Piroplasma canis (Lav.), CHEZ LES CHIENS DU SÉNÉGAL, par le D' E. Marcaoux. En 1895, Piana et Galli-Valerio ont signalé chez le chien, en Italie, la présence d’un hématozoaire endoglobulaire, qui, par sa forme, rappelait le Pirosoma bigeminum de Th. Smith et Kilborne et qu'ils ont appelé Pirosoma bigeminum var. canis. R. Koch (Reiseberichte) l'a vu dans l'Afrique Orientale. Nous avons constaté nous-même, au Sénégal, dans le sang de onze chiens, la présence du même hématozoaire que, adoptant la déno- mination proposée par M. Laveran, nous appellerons Piroplasma canis, Les chiens qui ont été le sujet de notre observation n’ont mani- festé d'autre trouble de la santé qu'une légère élévation de tempéra- ture correspondant à la période où les hématozoaires étaient en grand nombre dans le réseau circulatoire. Aucun d’entre eux n’a présenté d'ictère. D'autre part, si chez des chiens préalablement infectés, mais chez les- quels les examens microscopiques les plus minutieux ne permettaient pas de trouver des parasites dans la circulation, on provoquait la fièvre par un moyen quelconque, on faisait réapparaître les parasites endoglo- bulaires. Il se passait chez nos chiens le phénomène déjà signalé par Nicolle chez les bœufs parasités, où toute infection nouvelle correspond à une nouvelle éclosion de Piroplasma. Les hémalozoaires du chien ressemblent presque trait pour trait à ceux du bœuf. Ils s’en distinguent cependant par trois caractères. Ils sont plus gros. La bigémination est moins constante; on trouve plus souvent que chez le bœuf des globules qui ne contiennent qu'un seul élément; on en rencontre d’autres qui en renferment jusqu’à 10 et 12. Enfin on les observe fréquemment en dehors des globules, soit par paires, soit par groupes de 8 à 10. Le parasite que nous avons observé a de 2 à 4 y sur son plus grand diamètre. Les exemplaires isolés dans les globules sont arrondis ou plus ou moins ovalaires ; ceux qui sont disposés par paires ont le plus souvent un aspect nettement piriforme. En colorant les préparations par le procédé indiqué par M. Laveran, dans le numéro du 45 avril 1899 de ces Comptes rendus, on teint en violet rouge un karyosome arrondiou un peu allongé, situé le long de la paroi, mais n'occupant point, comme dans le Piroplasma bovis, une place fixe. On observe en outre une ligne colorée en bleu, concentrique à la mem- brane d’enveloppe et placée en dedans du karyosome. Cette ligne limite une zone centrale qui reste toujours incolore, qu'on trouve aussi dans 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’'hématozoaire humain des pays chauds et qui est formée par des maté- tériaux dont nous ignorons la nature et qui sont peut-être des matériaux de réserve. Les parasites extra-globulaires affectent presque toujours la forme en poire. Ils sont quelquefois réunis en groupes de 10 à 12 au milieu d'une aire qui est légèrement plus teintée que le fond et qui est limitée par des globules rouges amassés tout autour. Gette aire pourrait être le reste d'un kyste ou mieux les débris d’un de ces globules qui renfer- ment jusqu'à 5 et 6 paires de parasites. 1, Parasite endoglobulaire; 2-3-4-5, Piroplasma en voie de division: 6-7-8, Division multiple dans un même globule; 9, Groupe de 8 parasites extraglobulaires dans une aire limitée par 10 globules rouges plus ou moins déformés. On peut, en effet, concevoir que le Piroplasma, après s'être divisé dans une même hématie, suivant le modé décrit par MM. Laveran et Nicolle, en 2, puis en 4 et ainsi de suite, arrive à former un nombre d'éléments trop considérable pour le globule qui les contient. Celui-ci éclate et les parasites se séparent pour aller infecter chacun un nouveau globule. Dans la dernière séance de la Société, M. P. Leblanc a signalé l’exis- tence chez le chien de France d’un hématozoaire endoglobulaire dont il est regrettable qu'il n’ait pas donné une description. Il serait, en effet très intéressant de savoir si le Piroplasma canis, qui jusqu'ici n'avait été vu que dans des régions chaudes, peut aussi se montrer sous nos climats et si sa forme s’y trouve modifiée. SÉANCE DU 27 JANVIER 99 FORMATION DE TISSU CONJONCTIF A LA SURFACE DE LA CORNÉE AUX DÉPENS DE L'ÉPITHÉLIUM ANTÉRIEUR, par M. E. Karr. J'ai eu l'occasion très rare d'examiner deux tumeurs épithéliales symétriques développées sur des cornées saines à peu de distance du limbe. Le début remontait à deux ans et l’état était stationnaire depuis plusieurs mois. Ces tumeurs avaient l'aspect de petites taches grisâtres, d'aspect lobulé, larges de 1 millimètre et demi, longues de 3 millimè- tres, saillantes à peine de 1/3 de millimètre. Il n’y avait aucune réac- tion irritative du côté du parenchyme cornéen. À ces tumeurs se ren- daient de très fins vaisseaux visibles à la loupe et venant du bord conjonctival. Après fixation au formol à 1/4, inclusion à la paraffine, coloration à l’'hématoxyline-éosine, on constate l'existence de trois couches : une profonde constituée par les lamelles superficielles de la cornée, nor- males, non infiltrées d'éléments cellulaires; — une couche intermé- diaire, constituée par une masse de fines fibrilles conjonctives; des éléments cellulaires fusiformes et arrondis à noyau unique y sont dis- séminés; — une couche superficielle constituée par de nombreuses assises d’épithélium cornéen hypertrophié. On y distingue la couche des cellules à pied, une forte épaisseur de cellules malpighiennes den- telées; enfin des cellules kératinisées. Tous ces éléments ne diffèrent pas des éléments normaux. Il est à remarquer que la membrane basale ou membrane de Bowman a disparu. Les cellules à pied reposent directement sur la couche fibril- laire intermédiaire. Ces cellules présentent un protoplasma filamenteux se teignant fortement par l’éosine. Mais au lieu de se terminer par un contour net, comme cela se voit quand la membrane basale est intacte, le fond des cellules à pied est hérissé de filaments qui se perdent dans la couche fibrillaire intermédiaire. Entre ces filaments on voit les élé- ments cellulaires dont j'ai parlé. Ces filaments n’ont rien de commun avec les lames de la cornée sous-jacente. Ils ne sont pas dus à la prolifération d'éléments conjonc- tifs amenés par les vaisseaux de la conjonctive, car sur les coupes ces vaisseaux se réduisent à de très rares capillaires, et l’ablation des tumeurs s’est faite sans écoulement de sang. Ce tissu conjonctif ne peut donc venir que de l’épithélium et j'ai dit plus haut que le fond des cellules basales émettait dans la couche conjonctive un véritable chevelu fibrillaire. Cette formation de tissu conjonctif par des cellules épithéliales n’est pas un fait isolé, 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Retterer (1) a constaté et décrit une genèse semblable pour le tissu réticulé des papilles dermiques. L’ébauche de ces papilles résulte de la modification et de l'accroissement d’un ilot de cellules épithéliales et les cellules de la charpente à gros noyau montrent à leur périphérie des lames chromophiles qui ne sont qu'une irradiation de la zone péri- nucléaire. Ce sont les lames chromophiles de Retterer qui correspon- draient au chevelu que nous avons constaté à la base des cellules à pied. INFLUENCE HYPERHÉMIANTÉ LOCALE ET DIRECTE DE L'EAU FROIDE SUR LA PEAU (À propos de la communication de MM. WERTHEIMER et DELEZENNE), par M. J. LEFÈVRE. La récente communication de MM. Wertheimer et Delezenne relative à « l'influence des affusions froides sur la circulation de la peau », sem- ble confirmer, au moins partiellement, les conclusions que je soutiens à ce sujet depuis plusieurs années. L'ancienne formule des auteurs, si. affirmative en faveur de la päleur et de la vaso-constriction cutanées par le froid, n’était guère qu'un schéma à peu près gratuit, en tous cas imprudent, qu'on aurait tort de reproduire sans y apporter la plus grande réserve. MM. Wertheimer et Delezenne résument ainsi l'exposé de leurs expé- riences (page 3) : « En définitive, l'affusion froide active la circulation de la peau. » Mais le commentaire qui termine la note de ces auteurs com- plique singulièrement les choses. Il y aurait lieu de distinguer : 1° Une action directe, QUI TEND A RÉTRÉCIR LES VAISSEAUX DE LA PEAU; 2 une action indirecte ou réflexe qui tend habituellement à les dilater; 3° une vaso-constriction également réflexe des vaisseaux de l’abdomen, qui refoule le sang vers la périphérie. Des deux influences contraires du froid sur les téguments, ce serait, suivant l'intensité de l’excitant et sui- vant les individus, tantôt l’une tantôt l’autre qui l'emporte. MM. Wer- theimer et Delezenne pensent donc que les partisans des deux opinions ont des arguments également probants; toutefois, ils sont d’avis que les muscles sous-jacents et le tissu cellulaire sous-cutané sont {oujours hyperhémiés. Je crois que la concession faite par MM. Wertheimer et Delezenne à la théorie ancienne de vaso-constriction, ou, si l’on préfére, de rétrécis- sement des vaisseaux cutanés n’est pas heureuse. (1) Retterer, Sur la structure et l’origine épithéliale des papilles dermiques, Comptes rendus de la Sseiété de biologie, 17 décembre 1898. sat tutine in opte hit eride d nute sd à bi * SÉANCE BU 27 JANVIER 401 Il faut bien le dire, ces deux causes : le balancement circulatoire entre le noyau central et la périphérie, et la réaction vaso-motrice réflexe elle-même, ne suffisent pas à expliquer les faits; et je n'hésite pas à déclarer que l’action directe du froid ne peut en aucun cas avoir pour effet de rétrécir l'ensemble des vaisseaux de la région cutanée. Que l'on veuille bien suivre avec moi toutes les conséquences de cette doc- trine du conflit entre les causes eclasiantes et anectasiantes pour la région cutanée. L'action réflexe et le phénomène de balancement ont un cffet général qui atteint toute l'étendue de l'enveloppe cutanée; au contraire, la prétendue vaso-constriction directe n'atteindrait que les parties immergées ou arrosées. De là résulte que, sur le corps partiel- lement plongé, la partie immergée serait plus pâle que la partie non trempée. Il est impossible d'échapper à cette conséquence; et si elle est fausse, elle entraîne fatalement dans sa chute les principes dont elle est logiquement dédüite. Eh bien, elle est tellement fausse, qu’elle exprime l'inverse des phénomènes réellement observés. J'ai constaté, mille fois et plus, que la région immergée est admirablement rouge et ver- meille ; plusieurs fois j'ai cherché à rendre l'effet d'intensité du phé- nomène, en disant qu'il semble que le sujet sort d’une cuve de peinture au minium. Au contraire, la surface restée hors de l'eau paraît (peut- ètre par contraste) extrémement pâle. Sur l’homme, la femme, l'enfant, sur les animaux à fourrure rare, sur les surfaces dénudées des animaux à fourrure épaisse, sur de jeunes animaux (portées de lapins, couvées de poulets, etc.), sur un nombre indéfini de sujets observés pendant le demi-bain ou les affusions par- tielles, sans percussion de Vværishofen (méthode hydrothérapique de Kneipp), le même résultat s'est invariablement reproduit, le rouge tran- chant nettement et fortement sur le blanc par une ligne droite corres- pondant à la surface du liquide. Si je fais quelques réserves, elles ne concernent que de rares malades ultra-neurasthéniques anémiques, ou quelques convalescents, c’est-à-dire des sujets qui ae reconnaissent plus les lois physiologiques strictes; et encore la belle réaction hyperhé- miante ne se fait-elle attendre que quelques jours, au début du traite- ment. Au total, je suis obligé de nier formellement la réalité d’un rétrécisse- ment des vaisseaux cutanés par aclion directe et locale du froid. En terminant ceite note, je crois devoir rappeler les résultats fournis par mes recherches de topographie thermique (1). Les données thermo- métriques de MM. Wertheimer et Delezenne expriment une action réchauffante à distance. Mes études indiquent une action réchauffante locale et intense produite par le sang à la face profonde de la peau sou- mise extérieurement au froid. Dans le bain à 5 degrés, la région sous- (1) Archives de Physiologie, 1898. 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cutanée à moins de 2 millimètres de la surface, reste comprise entre 22 et 27 degrés; la surface cutanée elle-même marque encore 15 ou 20 degrés! Cette réaction réchauffante 2mmédiale et locale, si bien faite pour la lutte propre de l'enveloppe culanée contre le danger des violentes atteintes du froid auxquelles elle est la première exposée, cette réaction, dis-je, n'est-elle pas digne de remarque? En tout cas, j'ai la conviction que, à force de se pénétrer de ces faits, on en arrivera à comprendre et à reconnaître combien l’ancienne for- mule de résistance générale et locale est éloignée de la réalité. LA GLYCOSURIE ALIMENTAIRE CHEZ LES RACHITIQUES, par M. P. NoBÉcOURT. D'après l'opinion la plus généralement admise, le rachitisme résulte d'une toxi-infection d'origine digestive. Une alimentation défectueuse détermine un état de dyspepsie gastro-intestinale chronique, qui favorise la pullulation dans l'intestin d'espèces microbiennes variées, d’où forma- tion de produits de fermentations anormale et de toxines: les uns et les autres résorbés provoquent les troubles de la nutrition générale et de l’ostéogénèse caractérisant le rachitisme. Mais, avant de se diffuser dans l’organisme, ces produits anormaux rencontrent le foie, qui vraisemblablement doit être lésé ou modifié dans son activité fonctionnelle. Et de fait, chez les rachitiques, il est souvent hypertrophié ; fréquemment, il y a de la constipation, Les selles sont blanches, fermes, fétides, comme on l’observe toutes les fois que la fonction bilégénique de la cellule hépatique est amoindrie. En est-il de même pour les autres fonctions hépatiques? Nous avons recherché si l’action de la cellule hépatique sur le glucose était modifiée chez les rachitiques, en leur faisant ingérer à jeun une solution de glucose dans l’eau distillée à 32 p. 100. Le glucose brut employé contenait exactement 93 gr. 46 de glucose chimiquement pur pour 100 grammes. La glycosurie a été recherchée à l’aidedés réactifs de Fehling et de Nylander et dans les cas douteux vérifiée par la fermen- tation avec la levure de bière ou un colibacille agissant sur le glucose. Nos recherches ont porté sur vingt enfants âgés de trois à vingt- quatre mois : six étaient normaux, deux présentaient des stigmates de syphilis héréditaire. douze étaient des rachitiques. Nous diviserons nos observations en deux groupes, suivant que la quantité maxima de glu- cose ingérée a été de 32 grammes, dose qu'il est souvent impossible de dépasser, ou a été supérieure à ce chiffre. males an dci ont 6 SR QÉR L é n, A ET Ne on R - SÉANCE DU 27 JANVIER 103 Dix enfants rentrent dans la première catégorie. Parmi eux, six n'ont pas eu de glycosurie avec 32 grammes, deux en ont présenté avec cette dose, un avec 25 grammes, un avec 19 grammes. Les non-glycosuriques étaient des enfants normaux de trois, sept, huit, vingt et un, trente mois et un syphili- tique héréditaire de quatorze mois. Parmi les glycosuriques, était un enfant normal de quatre mois, qui fut glycosurique avec 32 grammes; les trois autres étaient des rachitiques de quatorze et dix-huit mois dont un avait des déformations très marquées, Dix enfants n’ont pas eu de glycosurie avec 32 grammes de glucose, et ont ingéré des doses supérieures. Avec 40 grammes, un syphilitique héréditaire de dix mois et un rachitique avéré de vingt-cinq mois n’ont pas eu de glyco- surie. — Avec 48 grammes, pas de glycosurie chez deux enfants de dix-sept mois et un enfant de vingt mois atteints de rachitisme léger; glycosurie chez trois enfants de douze, dix-huit, vingt-deux mois, rachitiques avérés. — Avec 64 grammes, pas de glycosurie chez un rachitique avéré de vingt-quatre mois, glycosurie chez un rachitique peu marqué de dix-huit mois. En résumé, nous avons constaté l'existence de la glycosurie alimen- taire huit fois sur vingt : une fois avec 64 grammes de glucose; trois fois avec 48 grammes; deux fois avec 32 grammes; une fois avec 25 grammes ; une fois avec 19 grammes. Or, d’une part, sauf dans un cas (enfant normal de quatre mois, glycosurique avec 32 grammes), ces glycosuriques étaient des enfants porteurs de déformations rachiti- ques plus ou moins marquées, et, d'autre part, sur les douze rachitiques observés par nous sept ont présenté de la glycosurie. Il y a donc une relation évidente entre la glycosurie alimentaire et le rachitisme. C’est chez les rachitiques avérés qu’elle est la plus fréquente, sans que cependant elle soit constante chez eux : parmi les rachitiques glycosuriques ; en effet, quatre étaient atteints de rachitisme marqué et trois de rachitisme léger ; parmi les non-glycosuriques, deux avaient un rachitisme accentué, trois un rachitisme léger. La même relation existe si on considère non plus seulement la glyco- surie alimentaire dans ses rapports avec la dose totale de glucose ingérée, mais dans ses rapports avec l’âge de l'enfant (comme on peut s'en convaincre d'après notre exposé), et avec le poids de son corps. Relativement à l’âge : des enfants de trois, sept, huit, quatorze, vingt et un, trente mois ont ingéré 32 grammes de glucose, des enfants de dix et vingt-cinq mois ont ingéré 40 grammes, d’autres de dix-sept et vingt mois, 48 grammes, un de vingt-quatre mois, 64 grammes sans devenir glycosuriques. Or, nos rachitiques glycosuriques avaient douze, qua- torze, dix-huit, vingt-deux mois. Relativement au poids du corps: les enfants qui ont ingéré 32 grammes sans glycosurie prenaient par kilogramme de leurs poids une dose de 3 à 6 grammes; ceux qui ont eu de la glycosurie ont pris par kilogramme 2 gr. 4,3 gr. 3, 4 gr, 5, 5 grammes. — Avec 48 grammes, les enfants 104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE non glycosuriques ont pris 5 à 7 grammes par kilogramme, les glyco- suriques #4, 5 et 6 grammes. Notons que dans les cas de rachitisme léger avec glycosurie alimen- taire, les enfants avaient eu peu de temps auparavant une poussée d'infection gastro-intestinale subaiguë. Dans ces cas, la glycosurie peut avoir élé la conséquence de cette infection. Cette constatation éclaire la pathogénie de la glycosurie alimentaire des rachitiques. D'abord passa- gère et attribuable à une poussée d'infection intestinale, elle peut devenir ensuite indépendante de l’état de l'intestin : les rachitiques avérés glyco- suriques que nous avons observés présentaient au moment de notre étude un intestin sensiblement normal. De fait, on peut la voir dispa- raitre au bout d'un certain temps, comme nous l’avons constaté dans un cas. Nos recherches ne nous permettent pas encore de conclure si cette insuffisance de la cellule hépatique est accompagnée d’une diminution du pouvoir glycolitique des tissus. Chez cinq enfants atteints de rachi- tisme plus ou moins accentué, nous avons injecté sous la peau 3 gr. 6, > gr. 4, 6 gr. (deux cas), 6 gr. 6 de glucose chimiquement pur en solu- tion dans l’eau physiologique sans obtenir de glycosurie. Quant à l'état de l’épithélium intestinal, l'épreuve de la saccha- rosurie alimentaire ne nous a pas fourni de données importantes, car sur huit enfants normaux ou atteints de rachitisme léger, nous avons vu la saccharosurie apparaître avec 12 grammes de saccharose (une fois), 19 grammes (cinq fois), 25 grammes (deux fois). (Travail du service du professeur Hutinel et du laboratoire de l'Hospice des Enfants Assistés.) Le Gérant : G. MASssoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rne Cassette. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1900 MM. L. Cauus et E. GLe* : Afpropos de l'action empêchante du sérum sanguin sur la tryp- sine. — MM. A. Brucker et E. TrouEssarr : Seconde note sur un Acarien marin (Ha- lacaridé), parasite de l'Acanthochiton porosus. — M. LAvErAN : Sur un Anopheles provenant de Madagascar. — MM. Tourocse et Vascnne : Mesure de l’odorat dans la paraiysie générale. — M. V. IlArLAY : Sur une réaction particulière des produits de digestion papaïque et sur l’action de la chaleur sur la papaïne. — MM. Em. BouRQUE- LOT et Hérissey : Sur l'individualité de la « séminase », ferment soluble sécrété par les graines de légumineuses à albumen corné en germination. — MM. G. Rey- xAuD ef A. Corre (de Marseille) : La tension artérielle dans la variole. — M. G. Weiss : Sur la propagation d'une excitation depuis le haut de la moelle jusqu'au muscle. — M. V. GacrTier : Le lait tuberculeux cesse-t-il d'être dangereux après un court chauffage à 10-75 degrés? — M. V. Gaurier : La consommalion de viande ou d'organes tuberculeux, préalablement stérilisés par la chaleur, peut-elle s’accom- pagner d'empoisonnements? — M. E. Maurez : [nfluence d’une alimentation azotée insuffisante sur l'excrétion de l'azote urinaire. — M. J.-V. Laporne : 1° Durée maxima de survie post-mortale des éléments fonctionnels du réflexe respiratoire. 20 Déduction d'application pratique relative au signe automatique de la mort réelle constituant ep même temps un moyen le plus puissant de résurrection. Instru- ment mécanique adapté à ce double but (tracteur lingual). Présidence de M. Kaufmann, vice-président. OUVRAGES OFFERTS M. BourQuUELOT. — J'ai l'honneur de déposer, de la part de l’auteur, sur le bureau de la Société, une brochure intitulée : Ætude historique, chi- mique et pharmacologique des principales préparations CrpanoiRéra pt ques, par M. Ernest Lépinois. La partie historique de ce travail est fort curieuse; peut-être sera-t-on surpris d'y apprendre que les organes des animaux tenaient une grande place dans la thérapeutique il y a quelque deux mille ans, et que les idées que l’on professait alors sur ce sujet ont beaucoup de ressem- blance avec celles qui règnent aujourd’hui. Les organes d'animaux divers étaient employés au traitement des maladies des organes corres- pondants chez l'homme, et ils étaient administrés à l’état cru ou desséchés à l'air simplement. Ce n’est que beaucoup plus lard, et à une époque relativement rapprochée de la nôtre, que dans le but de rendre ces pro- duits plus faciles à prendre, on s'est mis à les faire cuire et à les mélanger à toutes sortes d'ingrédients. On en a fait ainsi, la plupart du BIOLOGIE. ComPTEs REeNDUS. — 1900, T, LIL, 9 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps, des médicaments inertes, el {ous ces produits sont tombés succes- sivement dans l'oubli. Un chapitre est consacré à l'étude des matières oxydantes que renfer- ment les glandes thyroïdes, les capsules surrénales, Ia rate, le foie, le pancréas, les reins et les ovaires. Il intéresse, par conséquent, Les bio- logistes. Dans les autres chapitres, l’auteur s'occupe de la composition chimique de ces organes et de la forme sous laquelle ils peuvent être employés en médecine. M. CarirAN offre : 4° De la part du professeur KOELLIKER, un mémoire inti- tulé : Veue Beobachtungen zur Anatomie des Chiasma opticum, tirage à part du Festschrift de la Société physique el médicale de Würzburg (41899). 2° De la part du D' Moynter (de Villepoix), directeur du laboratoire de bactériologie du département de la Somme, le rapport annuel pour l’année 1898. Dans ce travail, l’auteur fait l'historique de la fondation de ce service et de son installation dans un immeuble construit par le comité des médecins de la Somme avec le produit d'une souscription publique. Il expose ensuite les résultats obtenus par ce service chargé des distribu- tions pour tout le département des sérums et du vaccin ainsi que des analyses bactériologiques les plus variées qui sont demandées par les médecins de la région. À PROPOS DE L'ACTION EMPÉCHANTE DU SÉRUM SANGUIN SUR LA TRYPSINE. Remarque au sujet d'une communication de MM. CuarRiN et LEVADIM, par MM. L. Camus et E. GLEY. À propos de la communication faite dans la dernière séance par MM. Charrin et Levaditi, nous désirons rappeler que nous avons déjà attiré l'attention sur un des faits mentionnés dans cette communication (voy. p. 86), l'atténuation par le sérum sanguin de l’action protéolytique de la trypsine (1). D’autres expérimentateurs, d’ailleurs, s'en sont égale- ment occupés et ont montré en particulier que le sérum chauffé à 65 degrés ne possède plus cette action empêchante. On a montré aussi (Claudio Fermi, 1897) que différents organes exercent sur la trypsine la même influence que le sang ou le sérum sanguin. Nous nous proposons de revenir sur cette question, que les expériences de MM. Charrin et Levaditi posent à nouveau. (4) Voy. L. Camus et Gley. Action du sérum sanguin sur quelques ferments digestifs (Comptes rendus de la Soc. de Biol., 31 juillet 1897, p. 825). — Action du sérum sanguin et des solutions de propeptone sur quelques fer- ments digestifs (Arch. de physiol., 5e série, t. IX, p. 764, 1897). LÉ. nd - à SÉANCE DU 3 FÉVRIER 107 SECONDE NOTE SUR UN ACARIEN MARIN (HALACARIDÉ), PARASITE DE L'ACANTHOCHITON POROSUS, par MM. A. Brucrer et E. TROUESSART. L'un de nous (1) a décrit, en 1897, sous le nom d’Agaue chitonis, une espèce nouvelle d'Æalacaridæ parasite sur les branchies d'Acanthochiton porosus de la Nouvelle-Zélande. Tout en rapportant l'espèce au genre Agaue Lohmann, l'auteur faisait observer qu’elle « présente des caractères très spéciaux par sa forme, ses téguments, ses pattes et ses pièces buccales ». L'étude de nouveaux spécimens, dus à l'obligeance de M. Pelseneer, vient confirmer ces réserves et démontre la nécessité de faire de cette espèce aberrante un genre nouveau, voisin d'Agaue, mais lrès spécialisé par le parasitisme et que nous proposons d'appeler Harixopes. Ce nom indique à la fois la place que ce type doit garder parmi les Halacariens, et les rapports, tout d'adaptation, que son rostre présente avec celui des [xodes. L'examen de ce rostre permet de se rendre compte de la manière dont l’'Acarien se fixe sur son hôte. Les chélicères à crochet droit, mince et allongé, constituent un double harpon dont la pointe très aiguë perce facilement la branchie et reste fixée, comme un hamecon, grâce au lalon à dent pointue et rétrograde que porte celte pointe. La première piqûre faite, l'Acarien doit rétracter ses chélicères pour les mettre au même niveau que la pointe de son hypostome. Cet organe est la partie la plus modifiée du rostre : il est court, mais exceptionnellement étroit et rigide, effilé à son extrémilé qui porte en outre, de chaque côté, une dent assez large, à pointe dirigée en dessous, en dehors et en arrière, de manière à constituer une ancre ou grappin à deux branches, qui pénètre facilement dans l'ouverture faile par les chélicères. Une fois solidement fixé par son hypostome, l'Acarien n’a plus qu'à faire manœuvrer ses chélicères dont le mouvement de va-et-vient paral- lèle entretient l'irritation de la piqûre et fait affluer le liquide sanguin dont le parasite se nourrit par simple succion. Ce mode de fixation est tout à fait semblable à celui des Ixodes, et, comme chez ceux-ci, le rostre reste souvent accroché dans la plaie lorsqu'on cherche à détacher le parasite. Les individus ainsi fixés que nous avons examinés sont des larves hexapodes, de jeunes nymphes octopodes et des deuxièmes nymphes de grande taille munies déjà d'un rudiment d’organe génital. L'espèce atteint 1°%7, ce qui est considérable pour un Halacaridé. On ne connait encore ni le mâle ni la femelle adultes; mais, comme c'est la règle dans (1) A. Brucker. Note sur un nouvel Acarien marin, Comptes rendus des séances de la Sociélé de biologie, 1897, p. 642, 408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE celle famille, on peut affirmer que, chez eux, la forme du rostre est La même. Reste à savoir s'ils sont également parasiles, au moins pendant une certaine période de leur vie. On sail que les Ixodes ne sont que des parasiles temporaires, exception faite pour les femelles fécondées jus- qu'au moment de la ponte. Les rapports que ce nouveau genre présente avec les types déjà con- nus de la même famille sont multiples et très probablement modifiés par le parasitisme. Par la brièveté des palpes, Æalixodes se rapproche d'Aqgaue; mais par ses chélicères droits, allongés et parallèles, il rap- pelle aussi Zeptospathis (Trt, 189%) et Coloboceras (Trt, 1889), tandis que tous les autres genres connus, y compris Aguue, ont des chélicères à tige arquée, à crochet court et recourbé. Cette différence d'organisation, qui modifie la forme du rostre, doit être sous la dépendance du genre de nourriture. De plus, elle montre la nécessité de considérer Leplos- pathis comme un véritable genre et non plus comme un simple sous- genre, ainsi que son auteur l'avait d’abord proposé, encore moins comme un simple groupe d’'Æalacarus (groupe « Chevreuxi »), suivant l'opinion de Lohmann. On peut même aller plus loin, et dire que, par la forme du rostre (surtout des palpes et de l’hypostome), les autres carac- tères étant mis à part, Leplospathis se rapproche plus d’Agaue que d'Aalacarus. — Par suite, on peut placer, au moins provisoirement, Halixodes entre Leptospathis et Agaue. — Noici les caractères du nou- veau genre : HazixoDEs, gen. nov. — Rostre conique, fortement piriforme, allongé et. comprimé : chélicères à tige courte, renflée et tronquée dans sa portion ter- minale sur laquelle s'insère, en dedans, un crochet droit, parallèle, adossé à son congénère, long et grêle, en forme de harpon, à pointe très aiguë munie d’un talon pointu formant hamecon, à lame dentelée en scie jusqu'à sa jonc- tion à la tige. Hypostome plus court que les chélicères, très comprimé, for- tement chitinisé, muni à son extrémité, de chaque côté, d’une forte dent diri- gée en dehors, en dessous et en arrière. Palpes de #4 articles, insérés laté- ralement, très courts, dépassant à peine l’hypostome, à 1°" article court, le 2° long, échancré à sa base interne qui se moule sur la saillie terminale de la tige des chélicères; le 3° très court, le 4° deux ou trois fois plus long et ter- miné par une pointe grêle. Yeux disposés comme d'ordinaire. Plaques de la cuirasse minces et peu développées. Pattes courtes, portant des soies peu nombreuses et grèles. — Type : Agaue chitonis, Brucker, L. c., 1897. HALIXODES cHironis (Brucker). — Corps ovale avec l'anus infère; échancrure d'insertion des pattes peu marquée et disparaissant, chez l’animal gonflé de nourriture, si bien que les deux paires postérieures sont infères. Plaque de l'épistome pelite, quadrangulaire, allongée, arrondie en avant et en arrière, ne dépassant pas les côtés du camérostome et portant l’œil impair. Plaques oculaires petites, ovales, portant chacune un œil à deux cornées, une anté- rieure et une postérieure. Plaque nologastrique nulle. Plaque sternale grande, trapézoïdale, s'étendant en arrière jusqu’au niveau des plaques oculaires, for- i ne ot En SÉANCE DU 3 FÉVRIER 109 tement échancrée en avant par le camérostome. Plaques coxales assez grandes, ovales. Plaque anale petite, en ovale transversal, un peu carrée en arrière. — Rostre petit, piriforme, à pointe des chélicères très saillante; l’hypostome très comprimé, d’un tiers plus court, montrant latéralement la saillie de la dent terminale. Palpes latéraux, échancrés en dedans à leur base par la saillie de la tige des chélicères qui dépasse le camérostome, à 2° article renflé après cette échancrure, à dernier article trois fois plus long que le pénultième, cylindrique dans sa moitié basilaire, puis se terminant brusquement par un batonnet styliforme très grêle dont la pointe arrive à peine au niveau du talon de la pointe des chélicères. — Pattes toutes subégales, assez courtes, compri- mées, à dernier article muni d'une gouttière unguéale très développée per- metlant aux griffes de s’y loger complètement; griffes recourbées à angle droit après la dent accessoire qui est droite, faiblement pectinées et sans sriffe à l’article médian (deuxième nymphe). Mâle et femelle inconnus. Dimensions. — 2° nymphe: 1 millimètre à 1""7 de longueur (totale; 1 nymphe : 0270 à 0°"m80; larves : 0235 à 0®"65 (suivant l’état de replétion de l'abdomen). Hagrrar. — Sur les branchies de l’Acanthochiton porosus, fixé par le rostre (Nouve:le-Zélande). SUR UN Anopheles PROVENANT DE MADAGASCAR, par M. LAVERAN. M. le D° Coustan (de Montpellier) m'a envoyé récemment des moustiques recueillis par M. le D' Rasamimanana, à Madagascar, dans des localités palusires. Les moustiques avaient été mis dans l'alcool absolu, ce qui est, je crois, le meilleur procédé de conservation de ces insectes. En examinant ces moustiques j'ai trouvé, au milieu de Culex appar- tenant à plusieurs espèces, un Anopheles qui, à ma connaissance, n'a pas encore été décrit et qu’il me paraît intéressant de signaler. Les recherches faites dans ces dernières années en montrant que l'évolution des hématozoaires du paludisme se faisait, pour une part, dans les Anopheles ont donné à l'étude de ces Culicides un grand intérêt. Je décrirai cette espèce nouvelle sous le nom d’Anopheles Coustani ; tous les spécimens qu'il m'a été donné d’examiner étaient des femelles, ma description ne sera donc pas complète, mais les observations faites sur les femelles de cet Anopheles suffisent pour caractériser l'espèce. A. Couslani a dans son ensemble une couleur noirâtre caractéristique ; grâce à cette couleur les Anopheles se reconnaissaient très facilement au milieu des différentes espèces de Culex que contenait le tube de verre qui m'a été envoyé. La couleur de À. Coustani est beaucoup plus sombre que celle de A. claviger. La femelle mesure (proboscide compris) 10 millimètres de long. TL AA PORTA ? LT ee "» { F. [10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———— aa Le proboscide, d'un brun noir, est garni de squamettes nombreuses, surtout à la base. Les palpes, de même longueur à peu près que le proboscide, chez la femelle, sont d'un brun noir, couverts de squamettes assez longues à la base; les squamettes étant plus rares et plus courtes à l'extrémité distale qu'à l'extrémité proximale, l'extrémité distale est plus claire que la proximale. Les palpes ne sont ni renflés, ni annelés de blanc. Antennes d'un brun foncé, l'article basal de chaque antenne est arrondi. | Nuque noiràätre, sans taches. Le thorax est noiràtre, sans taches ni raies; les balanciers sont courts, d'un brun foncé. On distingue à l’œil nu sur les ailes deux taches noirâtres, allongées, qui occupent presque tout le bord antérieur des ailes ; ces taches sont produites par l'accumulation de squammettes. Au microscope, on constate que les squamettes noirâtres sont nombreuses le long de toutes les nervures des ailes. Les hanches sont brunäâtres, ainsi que les fémurs et les tibias. Les fémurs ne présentent pas de renflements notables. Les 1°, 2° et 3° pièces des tarses sont nettement annelées de blanc; les anneaux blancs visibles à l'œil nu sont constitués par des bandes blanches qui se trouvent à l'extrémité distale des 1°, 2 et 3° pièces des larses. La cinquième pièce des tarses est garnie d'une paire de crochets simples. L'abdomen a une coloration noirâtre uniforme, on ne distingue pas de bandes claires alternant avec des bandes sombres. Au microscope, on constate que l’abdomen est couvert de poils noirâtres. Je dois ajouter que j'ai coupé cinq de ces Anopheles, et que sur les coupes, colorées à l’aide de différents procédés, je n'ai trouvé d'éléments parasitaires ni dans la paroi du tube digestif, ni dans la cavité générale, ni dans les glandes venimo-salivaires. MESURE DE L'ODORAT DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE, par MM. TouLousEe et VASCHIDE. Nous avons mesuré l'odorat des paralytiques généraux avec la méthode de l’eau camphrée dont nous ayons communiqué ici le prin- cipe et diverses applications (1). (1) Toulouse et Vaschide, Société de Biologie, 13 mai, 10 juin, 45 Juillet, 4 août, 14 octobre, 18 novembre, 9 décembre 1899; Revue de médecine, 10 nov. 1899, et Revue philosophique, 1° février 1900. Le SÉANCE DU 3 FÉVRIER alt Le nombre des sujets examinés a été de vingt femmes appartenant aux trois périodes de la paralysie générale (période de début, période d'état avec démence confirmée et période de gâtisme). Nous avons éprouvé de grandes difficultés pour examiner ces malades. La plupart ayant une grande diminution de l’atteation, leurs réponses n'avaient souvent aucun rapport avec les questions posées. Il nous a été néces- saire de répéter un grand nombre de fois nos expériences pour avoir des réponses interprélables. Dans les expériences portant sar le minimum de la sensation, la plu- part des malades ne distinguaient pas nettement l’eau camphrée de l’eau distillée. Il à fallu, pour déterminer le minimum de la sensation, employer le procédé de la comparaison (1). Lorsque les malades altri- buaient à une solution d'eau-camphrée une odeur plus forte qu'à l’eau distillée, la première correspondait au minimum sensible. Cela explique qu on ait pu déterminer ce dernier, bien que le nombre de cas sur dix où l’eau était reconnue restät inférieur à la moitié des cas. Le minimum de la perception a pu être déterminé par le procédé ordinaire. Voici les résultats généraux de nos expériences que nous comparons à ceux fournis par l'examen des adultes normaux. Les minima de la sensation et de la perception sont représentés par les titres des solu- tions camphrées. S MINIMUM NOMBRE de DE CAS SUR 10 SENSATION où l'eau MINIMUM a été ——— —— — | reconnue, TS E 1 nl 1 de NOMBR D'ODEURS RECONNUES SUJETS HORS SÉRIE Nombre OR ANR, de sujets s PERCEPTION déterminés Minima. Procédé| Par par ordi- | compa- comparaison. naire.| raison. HORS MOYENNES 1 SUJETS ANOSMIQUI NOMBRE DE SUJI lrepériode. 5 4 P: 100.000 6,33 2e période. € 2 p. 10.000 | 7,5 3e période. 5 5 1 P:. 10.000 Totaux et moyennes.| 2 5 à p.10.000 | 6,8 | 3,3: p. 10 Femmes normales. | 1 p. 100.000! 9,40 5 p. 100.000 | (1) Toulouse, Mesure de l’odorat par l’eau camphrée, Revue de médecine, nov. 1899, 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le nombre des anosmiques (ne reconnaissant aucune odeur) est chez les paralytiques générales de huit sur vingt, soit plus du tiers du nombre total, tandis qu'il n’est que le lreizième chez les adultes nor- males. [l est à remarquer qu'aucune des cinq malades au début n'est anosmique, contrairement à l'opinion émise par À. Voisin. Mais elle est un symptôme fréquent au cours et à la fin de cette affection. On peut l'expliquer par les lésions du nerf olfactif (A. Voisin). Mais celte altéra- tion de la fonction sensorielle peut encore tenir à des lésions corticales localisées qui sont si nombreuses dans la paralysie générale. Les sujets hors série, c'est-à-dire percevant le camphre à l’état pur ou dans des solutions saturées à 4 p. 100 ou à 4 p.10, ont été très nom- breux chez les paralytiques générales. La sensation est plus faible chez ces dernières et d’ autant plus que la maladie est plus ancienne. Il est à remarquer que dans la première période elle est sensiblement égale à celle des sujets normaux, alors que la perceplion est déjà fortement diminuée. Une fois de plus nous cons- tatons que la perception et la sensation sont jusqu'à un certain point indépendantes. Elles ne sont pas frappées dans les maladies également. La reconnaissance de l’eau est faible, surtout aux deux dernières périodes. Il en est de même de la reconnaissance des odeurs différentes. La paralysie générale est Le type de la démence, c’est-à-dire de l’affai- blissement intellectuel. On voit combien l'odorat est altéré dans cette maladie. Il est intéressant de remarquer que celte fonction s’abolit en même temps que l'intelligence générale et tout d’abord dans son mode d'activité le plus délicat, la perception. À (Travail du service de M. Toulouse, à l'asile de Villepuf.) SUR UNE RÉACTION PARTICULIÈRE DES PRODUITS DE DIGESTION PAPAÏQUE ET SUR L'ACTION DE LA CHALEUR SUR LA PAPAÏNE, par M. V. HarLay. Dans une communication antérieure (1), j'ai indiqué comment, par l’action du ferment oxydant du Æussula delica, on peut différencier les produits des digestions trypsique et pepsique de la fibrine : dans le. premier cas, il se fait une coloration rouge, puis noire: dans le second cas, une coloration rouge, puis verte. J’ai constaté depuis que cette cou- leur verte vire au rouge par les alcalis, et qu'on peut également l’ob- tenir avec les produits de digestion pepsique de l’albumine (2). (1) Comptes rendus Soc. biol. [10], t. VI, p. 70 (1899). (2) Journ. de pharmacie et de chimie [6], t. IX, p. 225, 424, 468 (1899). ee PT EL MT ATEN pee PRE MS UN PURE TT EE TR D ET - era” lt et EC : : ? * s SÉANCE DU 3 FÉVRIER 143 Etant ainsi amené à éludier l’action de la tyrosinase snr les produits de digestion papaïque, j'ai fait des essais, dans ce sens, avec un suc de Carica authentique, que j'ai recueilli moi-même sur une espèce parti- culière, le €. hastifolia, dans les serres de l'Ecole de pharmacie. Ce suc, qui se coagule spontanément à l'air, fut agité avec de l’eau et du chloro- forme, et dilué au 1/30. Avec ce suc dilué, de réaction très faiblement acide, je fis plusieurs séries d'essais, dont voici les principaux résul- tats : — 1° Le suc de C. hastifolia désagrège et dissout rapidement la fibrine. — 2° En milieu alcalin (0,2 p. 100 de bicarbonate de soude), l'action est moins rapide. — 3° En milieu acide (0,17 p. 100 HCI), l'action est également ralentie. — 4° En milieu plus acide (0,34 p. 100 HCI), l’ac- tion est nulle, il y a simplement gonflement de la fibrine. — 5° Quelle que soit leur réaction, les liquides de digestion, neutralisés exactement, additionnés de quelques gouttes de suc de Russula, se colorent rapide- ment en rouge, et, en quelques heures, la teinte devient vert d'eau foncé. Par contre, le suc dilué de Carica, par le même réactif, ne prend qu une teinte rouge pâle, puis brunâtre. Quoique le vert papaïque ainsi obtenu diffère du vert des digestions pepsiques par une plus grande pureté, et par sa nuance tirant plus sur le bleu, il vire, comme lui, au rouge par les alcalis, au vert par les acides. Ses solutions sont douées d’une fluorescence rouge très mar- quée ; au spectroscope, elles donnent dans l’orangé une bande d’ab- sorption plus ou moins large, suivant l'intensité de coloration de la solution. Avec les liquides très colorés, celte bande s'étend jusque dans le vert, où elle s'estompe, mais reste nettement limitée du côté du rouge. L'aclion des alcalis et des acides sur le vert pepsique, le dichroïsme rouge moins manifeste, cependant, de ses solutions, me conduisirent à rechercher une analogie entre les verts pepsique et papaïque. Et en effet, une solution de vert pepsique, traitée par le zinc et l'acide chlor- hydrique, se décolore progressivement; mais en même temps la nuance du vert change, el devient très semblable à celle du vert papaïque. Ce vert pepsique, qui ne donnait aucun spectre d'absorption, possède, après réduclion par Zn + HCI, exactement le même spectre qu'une solulion de vert papaïque diluée jusqu'à égalité de teinte. Ceci tendrait à faire admettre que les deux verts sont identiques, mais que dans le cas des digestions pepsiques, il y a mélange avec une matière colorante différente, plus facilement réductible. Les digestions papaïques d'albumine m'ont donné des résultats iden- tiques. On trouve donc dans la production de cette matière colorante verte un critérium permetlant de s'assurer que les papaïnes du com- merce pe sont pas mélangées frauduleusement de pancréaline. J'ai recherché de plus si Faction de la chaleur sur la papaïne se tra- duit par une modification du processus digestif telle qu'elle empêche la formation du chromogène verdissant, et voici les résultats obtenus : Une 414 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE papaïne du commerce, reconnue authentique grâce à la réaction ci-dessus, soigneusement desséchée dans le vide sulfurique, put être chauffée trois heures à 100 degrés sans que son action digestive subit aucune modifi- cation : même quantité de substances dissoutes, même pouvoir rota- toire des substances mises en solution par la digestion, et aussi même intensité dans la coloration verte obtenue par la tyrosinase. Si on chauffe la même papaïne, en solution, une demi-heure seulement, à 80 degrés, elle peut produire encore en vingt-quatre heures, à 40 degrés, une faible désagrégation de la fibrine. Chauffée à 8195, elle peut la ramollir légè- rement. À 82°%5, son action est nulle. Ces résultats étaient contrôlés par l'évaluation de la quantité de substance dissoute (p) et de son pou- voir rotatoire (x). Les essais types me donnaient comme moyenne p = 0 gr. 160 pour 5 c. c., an — — 40 degrés. Avec la papaïne chauffée Jusque 75°, p ne change pas sensiblement, 4» = — 43 degrés; pour la température de 80 degrés p = 0,120, «y = — 47 degrés; pour 8225 p = 0,06, & — — 50 degrés. D'où l’on peut conclure que la tempéra- ture de destruction de la papaïne‘est très élevée et voisine de 82 degrés. En tous cas, même avec les liquides de digestion de ces dermers essais, on obtenait par la tyrosinase une teinte rouge, puis d’un vert très net, quoique très peu intense. La chaleur ne modifie donc que quantitati- vement et non qualitativement l’action digestive de la papaïne. Done, si une papaïne commerciale donne la réaction rouge et noire trypsique, on ne peut attribuer ce fait à l’action de la chaleur employée à des- sécher le produit, mais à un mélange de pancréatine. (Travail fait dans le laboratoire de M. le professeur Bourquelot.) ” SUR L'INDIVIDUALITÉ DE LA € SÉMINASE », FERMENT SOLUBLE, SÉCRÉTÉ PAR LES GRAINES DE LÉGUMINEUSES A ALBUMEN CORNÉ EN GERMINATION, par MM. Em. BourqueLot et H. HÉRISSEY. Nous avons montré, par nos dernières recherches (1), que les graines de légumineuses à albumen corné, sécrètent, en germant, des ferments solubles, susceptibles d’hydrolyser les hydrates de carbone qui cons- tituent la majeure partie des albumens cornés des graines de Caroubier et de Casse, et cela en donnant du mannose et du galactose. Ces points établis, nous nous sommes demandé si ces graines de légu- mineuses étaient seules à jouir de cette propriété, et si on ne la retrou- verait pas chez les graines à albumen amylacé, par exemple. (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 1899, p. 783, et Comptes rendus Aca- démie des sciences, 2 janvier 1900. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 115 L'Orge étant un Lype de ces dernières, nous avons essayé sur l'albumen de Caroubier une macération d'orge germé, ainsi qu'une solution du produit commercial, désigné sous le nom de diastase, produit qui repré- sente l’ensemble des ferments solubles élaborés par l'orge durant la germinalion, ou du moins, de ceux qui sont précipitables par l'alcool. L'albumen ayant été, dans les deux cas, fluidifié lentement et partiel- lement saccharifié, nous nous sommes trouvés ramenés à la question de savoir si la diastase proprement dite (ferment ou ensemble de ferments saccharifiant l’amidon) et le ferment sécrété par les légumineuses à albumen corné (ferment ou ensemble de ferments saccharifiant l’albu- men de la graine de Caroubier) sont identiques. Déjà, nous avions traité l’albumen de Caroubier par la salive, qui est une solution de diastase, et nous n'avions constaté aucune action : ce qui était un argument en faveur de la non-identité. Par la suite, nous avons essayé, sur le même albumen, l’action des ferments de l'Aspergillus niger, parmi lesquels se trouve aussi de la diastase et nous avons observé une certaine saccharificalion, ce qui est en faveur de l'opinion contraire. Mais ce nouveau fait pouvait encore être interprété en admettant l'existence, à côté de la diastase, d’une petite quantité d’un ferment soluble spécial, hydrolysant les hydrates de carbone des albumens cornés des légumineuses. Pour essayer de résoudre définitivement cette question, nous avons étudié comparativement l’action des ferments solubles sécrétés par le Fenugrec et la Luzerne en germination, el l’action de ceux que ren- ferme l'Orge germé : d’une part sur l'empois d’ amidon, et, d'autre part, sur l’'empois d’albumen de Caroubier. I. Fenugrec et orge germés. — Dans ces essais, on s’est servi, pour le Fenugrec, du produit précipité par l’alcool d’une macération aqueuse de graines germées, et, pour l'orge, de diastase commerciale. Dans une première série d'essais on a fait agir à 48-50 degrés, un même poids de chacun de ces produits sur une même quantité d'empois de fécule de pomme de terre à 6 p. 100. Au bout de une heure et demie, l’action à été arrêtée en portant à l'ébullition. Avec la diastase, le liquide obtenu était limpide; il n’était plus coloré par l’ivde et filtrait facilement : il contenait 2 gr. 08 de matières réduc- trices exprimées en dextrose pour 100 centimètres cubes. Avecle produit provenant du Fenugrec, l'empois ne s’était pas fluidifié complètement, et était toujours coloré en bleu par liode; il renfermait 1 gr. 61 de matières réductrices seulement. Dans une autre série, on a faitagir Les mêmes produits à 30-35 degrés, sur un empois d'albumen de Caroubier à 5 p. 100. L'opération n'a été arrêlée qu'au bout de huit jours (les liquides étaient additionnés de thymol). Avec la diastase, la fluidification n'était pas complète et le mélange 116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE élait resté très visqueux : il renfermait 0 gr. 71 de malières réductrices exprimées en dextrose pour 100 centimètres cubes. Avec le produit tiré du Fenugree, la liqueur était tout à fait fluide; elle renfermait 1 gr. 72 de matières réductrices pour 100 centimètres cubes. Il ressort de là, évidemment, que, tandis que les produits provenant de l'orge germé, qui agissent énergiquement sur l’amidon, agissent beaucoup plus faiblement sur l’albumen de Caroubier, c’est le contraire qui a lieu pour les produits du Fenugrec. Ces résultats sont beaucoup plus nets encore si l’on opère, comme nous l'avons fait pour la graine de Luzerne, avec une macéralion de graines et si on attend moins longtemps pour arrêter l’action. Il. Graine de Luzerne el orge germés. — Dans ces essais, les fer- ments n'ont pas été précipités préalablement: on s’est servi de macé- rations aqueuses fluorées et filtrées claires. La macération de Luzerne a été faite avec des graines arrivées à la 48° heure de germination à l'obscurité et à la température de 25-30 degrés. La macération d'orge a été préparée avec du malt non touraillé, desséché. Les proportions de graines de Luzerne et de malt à ajouter à une quantité d’eau donnée, ont été calculées de facon à représenter le même poids de matières sèches. Dans la première série d'essais, on a fait agir à 48-50 degrés un égal volume de chacune des macérations sur une même quantité d'empois de fécule à 6 p. 400. Au bout de 30 minutes, on a arrêté l’action. | Avec la macération de malt, le liquide était limpide et n’était plus coloré par l’iode; il s'était formé 2 gr. 38 de malières réductrices, cal- culées en dextrose pour 100 centimètres cubes. Avec la macération de Luzerne, l’'empois ne s'était pas encore liquéfié complètement; le produit ne filtrait pas et était coloré en bleu par l'iode, il s'était formé 0 gr. 17 seulement de matières réductrices pour 100 cen- timètres cubes. Dans la seconde série d’essais on a opéré sur de l’empois d’albumen à > p. 100 et on a arrêté l’action au bout de 27 heures. Avec la macération de malt, le liquide obtenu était encore visqueux; il ne s'était formé que 0 gr. 43 de matières réductrices ; tandis qu'avec la macéralion de Luzerne, le liquide était tout à fait fluide et filtrail rapidement; il s'était formé 1 gr. 20 de matières réductrices pour 100 centimètres cubes. II Conclusions. — La meilleure interprétation de ces faits consiste à admettre que les graines germées de Fenugrec et de Luzerne contiennent, outre une petite quantité de diastase, une proportion beaucoup plus grande d’un ferment particulier agissant sur les hydrates de carbone de l’albumen corné des légumineuses. Ce dernier ferment serait donc une espèce, au même titre que la dias- SÉANCE DU 3 FÉVRIER 117 tase elle-même, et avec les restrictions que l’on doit toujours faire dans un tel sujet. Comme il parait se rencontrer dans beaucoup de semences et que, de plus, les hydrates de carbone des albumens cornés ont été quelquefois désignés sous le nom de séminine, nous proposons d'appeler ce ferment: séminase. Ajoulons que la production, pendant la germination, d'une pelite quan- tité de diastase dans les graines de Fenugrec et de Luzerne,n'arien qui doive étonner. Les cotylédons de ces graines renferment, en effet, de l’amidon (1), dont la quantité s'accroit pendant les premiers temps de la germination, mais qui disparait à la fin de celle-ci. LA TENSION ARTÉRIELLE DANS LA VARIOLE, par MM. G. Reynaup et À. Corte (de Marseille). Nous poursuivons depuis quelque temps, dans le service de M. le D' Bidon, des recherches sur les variations de la tension artérielle au cours de la variole. Les soixante-seize observations que nous avons recueillies aux différentes périodes de la maladie, peuvent se diviser en cinq groupes : 1° Dans les formes bénignes (varioloïde, variole discrète; vingt-sept cas), la tension artérielle a présenté les caractères suivants: dès le 2° jour, légère hypotension (15 1/2 environ) qui tend à s’accentuer dès le lendemain (autour de 14) et se maintient à ce niveau durant la fin du premier septénaire. C’est du 7° au 11e jour que l’abaissement est le plus marqué (13 1/2 environ), correspondant à la période de suppuration, lorsque celle-ei se produit. Les jours suivants, jusqu’à la fin du troi- sième seplénaire, la courbe oscille en général autour de 15 pour rega- gner la normale au cours de la quatrième semaine. 2° Dans treize cas de moyenne intensité, la tension est descendue dès le 5° jour aux environs de 13 et s'est maintenue à ce chiffre, avec quelques écarts, jusqu à la fin de la troisième semaine. À partir de ce moment, elle s’est relevée tant soit peu, demeurant autour de 14 Jusque vers le 40° jour. Elle est remontée ensuite lentement, mais gra- duellement, au chiffre normal. 3° Dans les formes graves confluentes (vingt-trois cas) la courbe pré- sente dans son ensemble des caractères analogues aux formes précé- dentes, toutefois avec une hypotension plus marquée. Le début de la suppuration coïncide le plus souvent avec une diminution d'autant plus grande que l'éruption est plus confluente (entre 13 et 12 dans neuf cas). Bien que le commencement de la dessiccation s'accompagne parfois (dans (1) Nadelmann (H). Ueber die Schleimendosperme der Leguminosen, Jahrb. fiur wissensch. Botanik., XXI, p. 609, 1890. ORNE A 3 F pr ’ 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cinq cas) d’une très légère ascension, l’hypotension persiste aux environs de 12 1/2 jusqu'au cinquième septénaire, Pendant la desquamation, la courbe offre un plateau presque continu autour de 14; ce n’est qu'à partir du 60° jour que s'effectue insensiblement le retour à la normale. Chez certains malades, ce tracé d'ensemble à été modifié plus ou moins soit par des complications locales sans gravité (abcès), soit par des complications viscérales sérieuses, qui ont provoqué des abaissements de deux degrés et plus au-dessous de la moyenne générale. Dans quatre cas à issue fatale, du 9 au 16° jour, après avoir été voisine de 13 dès le début, la tension est descendue à 11 et 10 bien avant la mort. 4° Chez huit malades atteints de variole hémorragique, même allure générale de la courbe, avec des degrés plus bas que dans les formes simplement conflnentes. Dès le premier septénaire, descente rapide jus- qu'à 10 cent., mais de courte durée. La tension s’installe bientôt entre 12 et 13 et y demeure jusqu à la fin du quatrième septénaire, après quoi elle tend à regagner la normale, suivant le même mode que dans les varioles confluentes non hémorragiques. Cinq fois la mort est survenue du 5° au 9° jour avec une tension de 11, 10 et au-dessous. 5° Dans cinq cas graves, chez des enfants de quatre à huit ans, la courbe a atteint les environs de 10 dès les premiers jours de l’éruption; 9 et au-dessous vers la fin de la suppuration. Ce n’est qu au cinquième septénaire que la courbe tend à se relever. L'un d’eux, qui a succombé le 25° jour avec des complications broncho-pulmonaires, avait 7 1/2 le soir de sa mort. En résumé, quelle que soit sa forme clinique, la variole s'accompagne d'une hypolension précoce dont le degré et la durée sont proportionnés à la gravité de la maladie. L'hypotension maxima coïncide avec la période de suppuration. La courbe présente ensuite un véritable plateau, puis une ligne ascensionnelle vers la normale, chacune de ces étapes étant d'autant plus longue que l'infection a été plus intense. Il résulte donc de nos recherches que la tension peut fournir des indi- cations précieuses pour le pronostic. Le pouls, sur les caractères duquel nous insisterons ultérieurement, n'a pas de rapport constant avec la tension et suit une marche trop irrégulière pour fournir des données cer- taines sur l'issue de la maladie. SUR LA PROPAGATION D'UNE EXCITATION DEPUIS LE HAUT DE LA MOELLE JUSQU'AU MUSCLE, par M. G. Weiss. Si l’on étudie la vitesse de propagation d’une excitation depuis le haut de la moelle jusqu'au muscle, on constate immédiatement que cette vitesse est très différente dans la moelle elle-même et dans le nerf. Il ya if SÉANCE DU 3 FÉVRIER 119 lieu de se demander si dans chacun de ces organes la vitesse est uni- forme. Déjà Munk et Rosenthal avaient conclu de leurs recherches que dans le nerf, cette vitesse va en diminuant à mesure que l'onde se pro- page. René Du Bois Raymond, au contraire, à récemment démontré qu'il n'en était rien, et moi-même, dans les recherches que je poursuis en ce moment, j ai trouvé que sur tout le trajet accessible du nerf, la vitesse de propagation d'une excitation est absolument constante. Je me suis demandé ce qui se passait dans la moelle et dans le trajet intra-musculaire du nerf. Pour la moelle, on voit immédiatement qu à la partie supérieure, il y a un ralentissement considérable. Si, en effet, on décapite une gre- nouille et que l’on excite électriquement le sommet de la moelle, on trouve une période latente déterminée. En faisant la même opération pour l’origine du sciatique, on a une autre période, leur différence donne la vitesse moyenne de propagation de l'influx nerveux de la moelle. Cette vitesse sera, par exemple, 2"30 par seconde. Si maintenant on fait la même détermination en supprimant un fragment à la partie supérieure de la moelle, on trouve une vitesse moyenne toute différente. Par sous- traction, on peut avoir la vitesse dans la partie retranchée. Comme le montre l'exemple que je donne plus loin, il y a un écart considérable entre la vitesse de propagation dans la partie supérieure et dans la partie inférieure de la moelle. Voyons maintenant ce qui se passe à l’autre extrémité du conducteur nerveux. Excitons le nerf moteur en un quelconque de ses points et mesurons la période latente, puis faisons la même opération en excitant directe- ment le muscle et prenons la différence. Cette différence représentera le temps nécessaire à l’influx nerveux pour se propager jusqu'aux ter- minaisons du nerf, plus le temps employé à mettre en jeu les terminai- sons motrices. Nous pouvons, en admettant que la vitesse de l’influx nerveux soit constante dans le nerf, calculer la limite supérieure appartenant au premier de ces deux éléments et voir ce qui nous reste pour le second. J'ai trouvé ainsi que l’on pouvait mettre en évidence une période latente des terminaisons nerveuses. LONGUEUR TEMPS des trajets. employé. VITESSE Partie supérieure de la moelle, . . . 6 millimètres 0"0079 0m,76 Reste. de 4 moelle eme ARE Iee SZ 3 0"0009 15m 35 Nerf . AP Me RP NS 5 4 PCA. AR PO 51 Lib 00023 27m 30 Terminaisons motrices . . . . . ., 4 0"0015 à Mnadcle:YaP MP AUDE EN OMIS FES 5 . 0"0100 Total, . . 0"0226 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le tableau ci-dessus correspond à une de mes expériences, il n'est destiné qu à donner une idée de l’ensemble du phénomène. La période latente que j'attribue aux terminaisons motrices pourrait provenir d’un ralentissement de l'influx nerveux dans les branches in- tra-musculaires de ce nerf. Des expériencesen cours me permettront, je l'espère, de trancher la question, mais déjà en présence de la variabi- lité considérable de cetle période latente avec la grandeur de l’exei- tation et la température, je crois pouvoir allribuer le phénomène avec une grande probabilité, aux terminaisons. La vitesse de propagation d'une excitation dans un nerf ne varie, en effet, dans les proportions que j'observe, ni avec la grandeur de l'excitation, ni, comme je l’ai montré récemment, avec la température. (Travail du Laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de Médecine de Paris.) LE LAIT TUBERCULEUX CESSE-T-IL D ÊTRE DANGEREUX APRÈS UN COURT CHAUFFAGE A 10-75 DEGRÉS ? par M. V. GALTIER. De très nombreuses recherches ont été faites sur la résistance du virus tuberculeux à l’action de la chaleur. Les résultats obtenus n'ont pas été toujours semblables ; des différences, plus ou moins notables, ont été observées, tenant au mode de chauffage el:à sa durée, à la richesse, à la qualité et à l’état de la matière virulente, à la réaction et à la compo- sition du milieu, dans lequel se trouvaient les germes tuberculeux. Les matières virulentes organiques (crachats, jetage, produit des lésions tuberculeuses, lait, sang, etc.), non desséchées, sont sûrement slérilisées par la cuisson et l’ébullilion, qui rendent inoffensifs les laits et les viandes; elles peuvent l'être d'ailleurs à 95, 90, 85, 80, #5, 10 degrés., si l’action de la chaleur est continuée assez longtemps. Toutefois, en ce qui concerne le lait, un chauffage de 5 à 6 minutes à 10 degrés et même à 75, à 80, à 85 degrés, peut être insuffisant pour produire une stérilisation complète, quand ce produit est riche en bacilles tuberculeux. Voici, à l'appui de cette assertion, les résultats de quelques-unes de mes expériences : Expérience du 9 février 1898. — Une émulsion préparée avec deux rates et deux poumons très tuberculeux de lapins, qui venaient d’être sacrifiés, est mélangée avec un litre de lait de vache. Ce mélange est filtré sur batiste et divisé en quatre parts égales. Une part est employée sans chauffage: les trois autres sont inoculées après avoir été chauffées pendant 6 minutes à 70, à 80, SÉANCE DU 3 FÉVRIER 194 à 90 degrés. Le chauffage a eu lieu en récipient ouvert; et les inoculations sont faites à des séries de cobayes par injection intra-péritonéale, avec le lait des couches inférieures, prélevé au moyen d’une pipette après refroidis- sement et décantalion. Les 4 cobayes inoculés avec le lait non chauffé sont tous morts tuberculeux du 38° au 52° jour, avec des lésions généralisées. Parmi les # cobayes ino- culés avec le lait chauffé à 70 degrés, trois seulement ont quelques lésions tuberculeuses lorsqu'on les sacrifie le 52° jour; à la même date, un seul des 4 cobayes inoculés avec le lait chauffé à 80 degrés présente quelques lésions tuberculeuses, et les 4 cobayes inoculés avec le lait chauffé à 90 degrés sont tous indemnes. Expérience du 11 février 1898. — Même manière de procéder. Inoculation intra-péritonéale de lait tuberculisé non chauffé et de lait tuberculisé, chauffé 6 minutes à 75, à 85, à 90 degrés, à 4 séries de 4 cobayes. Mêmes résultats : les 4 cobayes inoculés avec le lait non chauffé meurent tuberculeux ; parmi les 4 cobayes inoculés avec le lait chauffé à T5 degrés, trois ont une tuberculose discrète, à évolution lente, le quatrième reste indemne; des 4 cobayes ino- culés avec le lait chauffé à 85 degrés deux sont restés indemnes et deux ont une fuberculose discrète et lente; les 4 cobayes inoculés avec le lait chauffé à 90 degrés restent tous indemnes. Expérience du 12 février 1898. — Même manière de procéder. — Inoculation intra-péritonéale de lait tuberculisé non chauffé et de lait tuberculisé, chauffé 6 minutes à 75, à 80, à 85, à 90 degrés, à 5 séries de 4 cobayes. Mêmes résultats : mort par tuberculose des 4 cobayes inoëulés avec le lait non chauffé; cobayes inoculés avec le lait chauffé à 75 degrés devenus tuberculeux daus la proportion de 3 sur 4; deux cas de tuberculose dans-les séries inocu- lées avec le lait chauffé à 80, à 85 degrés; un cas de tuberculose parmi les 4 cobayes inoculés avec le lait chauffé à 90 degrés. Expérience des 4-24-28 mai, 20 juin et 20 juillet 1898. — Deux jeunes porcs âgés de 2 à 3 mois ont recu les 4-24-28 mai, 20 juin et 20 juillet cinq repas, com- posés chacun de 4 litres de lait et d’un hächis préparé avec des lésions tuber- culeuses. Dans le premier repas sont entrés 400 grammes de lésions de vache; daus le second, 4 rates et 4 foies tuberculeux de lapins; dans le troisième, 3 poumons, 3 foies et 3 rates de cobayes tuberculeux; dans le quatrième et le cinquième, 2 rates, 2 foies et 2 poumons de lapins tuberculeux. Chaque fois, le lait additionné du hâchis tuberculeux a été chauffé pendant 20 minutes à T5 degrés, il a été ensuite, après refroidissement et sans filtration, donné aux sujets d'expérience. L'un des porcs est tué le 7 septembre; il est en excellent état d'embonpoint, mais il est atteint de tuberculose; les ganglions de la gorge sont les organes les plus malades; on trouve d’ailleurs des tubercules dans les ganglions mésen- tériques, un tubercule dans la rate, quelques granulations dans le foie, et de nombreux tubercules jeunes dans les deux poumons, Le second porc est tué le 28 septembre; il est lui aussi en excellent état d’embonpoint et ilest tuber- culeux comme le premier. I1 découle donc de mes recherches : que le lait, abondamment souillé par l'addition de matière tuberculeuse, n’est pas sûrement stérilisé par Brococte, Comptes RENDUS, — 1900, T, LII. 10 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un chauffage de 6 minutes à 70, 75, 80, 85 degrés; qu'à ces tempéra- tures, agissant seulement pendant 6 minutes, sa virulence peut n'avoir subi qu'une destruction partielle ou qu'un affaiblissement plus ou moins accusé; que son introduction, même à des doses non massives, dans le péritoine des cobayes peut déterminer, chez un nombre plus ou moins élevé de sujets, une tuberculose plus ou moins diserète et à évolution plus ou moins lente; que l'ingestion, répétée, de lait abondamment souillé, peut faire développer la tuberculose, bien qu'on l'ait préalablement chauffé de 5 à 20 minutes à la température de 75 degrés. Dans la pratique, pour obvier plus sûrement à tout danger, il con- viendra de soumettre à l’ébullition le lait des animaux suspects ou tuberculeux avant de le livrer à la consommation des personnes ou des animaux. LA CONSOMMATION DE VIANDES OU D'ORGANES TUBERCULEUX, PRÉALABLEMENT STÉRILISÉS PAR LA CHALEUR, PEUT-ELLE S'ACCOMPAGNER D'EMPOISONNE- MENTS ? par M. V. GALTIER. On s’est demandé si la consommation de viandes ou d'organes tuber- culeux, préalablement stérilisés par la chaleur, ne pourrait pas déter- miner quelquefois des empoisonnements chez les personnes et les ani- maux. La chaleur ne détruit pas le poison tuberculeux, et l'ingestion de celui qui peut imprégner les viandes ou les lésions cuites offre-t-elle quelque danger? En ce qui concerne les viandes d'animaux tuberculeux, on peut être absolument sans crainte : la cuisson convenablement opérée détruit la virulence, qui peut leur être parfois inhérente; et la toxine, qu'elles peuvent contenir, ne saurait être qu'en quantité si minime que son action est négligeable. En effet, la chair musculaire est rarement envahie par les lésions tuberculeuses, et aucune toxicité dangereuse ne lui semble inhérente, si on en juge d’après les faits. Jadis, avant l’organisation des inspections, on consommait la presque totalité des bêtes tuberculeuses ; et, de nos Jours, on en consomme encore un nombre considérable. Jamais on n'a encore signalé un cas d’intoxi- cation chez les personnes, qui ont consommé des viandes tuberculeuses cuites; le suc et le bouillon provenant de ces viandes ne sont pas toxiques d’une façon appréciable ; enfin, l’utilisation des viandes tuber- culeuses stérilisées, dans l’alimentation de l’homme, pratiquée dans. divers pays, a démontré que leur consommation était exempte de tout danger. Partout on s'applique à éloigner de la consommation les organes SÉANCE DU 3 FÉVRIER 193 manifestement tubereuleux, pour les détruire, les dénaturer ou les transformer en engrais. Toutefois, il arrive très souvent que des viscères, plus ou moins riches en lésions tuberculeuses, sont utilisés, après cuis- son, dans l'alimentation des animaux; et il est à présumer que l’homme lui-mème est exposé de lemps en temps à recevoir, au restaurant ou ailleurs, des comestibles (bouillons, rôtis, ragoûts, préparations de charcuterie) dans lesquels se rencontrent des lésions tuberculeuses en plus ou moins grande quantité. Il faut reconnaitre que, même en pareils cas, aucun empoisonnement n'est à redouter. Voici une GREEN qui en témoigne suffisamment : Expérience du 26 mai 1899. — Deux jeunes porcs absolument sains, pesant l’un 39 kilogrammes (n° 1), l’autre 37 kilogrammes (n° 2), sont logés séparé- ment, mais placés dans des conditions identiques d'hygiène; ils recoivent les mêmes soins ef la même alimentation. Le porc n° 2 ne rent à aucun repas, de la matière tuberculeuse; tandis que le porc u° 1 recoit, du 26 mai au 11 novembre, 10 repas additionnés de matières tuberculeuses stérilisées dans l’autoclave à 110 degrés (1% repas : le 30 mai, le porc n° 1 recoit, dans un bar- botage à la farine, 500 grammes de lésions de vache, 1 poumon, 1 foie, 1 rate et 1 épiploon de cobaye tuberculeux, 1 foie de lapin tuberculeux, le tout ayant été stérilisé par un chauffage d’une heure à 110 degrés; il prend tout, les lésions et le bouillon. — 2° repas : le 7 juin, l'animal prend un second repas préparé comme le premier avec { kilogramme de lésions tuber- culeuses de vache hachées en petits fragments. — 3° repas, le 30 juiu, préparé avec 2 kilogrammes de lésions tuberculeuses de vache. — 4° repas, le 7 juillet, préparé avec 500 grammes de lésions tuberculeuses de vache. — 5° repas, le 8 juillet, préparé avec 1.200 grammes de lésions tuberculeuses de vache. — 6° repas, le 10 septembre, préparé avec 1.100 grammes de lésions de vache. — 7° repas, le 16 septembre, avec 1.800 grammes de lésions de vache. — 8° repas, le 27 octobre, avec 2 kilogrammes de lésions de vache. — 9° repas, le 10 novembre, préparé avec 150 centimètres cubes de tuberculine. — 10° repas, le 11 novembre, préparé avec 2 kilogrammes de lésions de vache). — Le porc n° }, malgré ce régime, s’est aussi bien développé que le témoin et n'a jamais paru malade ou indisposé; à la date du 11 janvier 1900, il est en parfait état de santé et en plein engraissement. Il est donc établi : que la consommation accidentelle d'organes tuber- culeux stérilisés ne peut pas provoquer un empoisonnement; que même des repas répétés dans lesquels entrent des quantités relative- ment élevées de lésions tuberculeuses stérilisées, ne provoquent aucune indisposition ; que l’ingestion des lésions cuites el du bouillon de cuis- son est sans danger; qu'il n y a à redouter aucun accident à la suite de la consommation des viandes et des organes d'animaux tuberculeux convenablement cuits, alors même qu'ils auraient quelques lésions. w j- 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE D’UNE ALIMENTATION AZOTÉE INSUFFISANTE SUR L'EXCRÉTION DE L'AZOTE URINAIRE, par M. le professeur E. MAUREL. L'organisme perd de l'azote par les divers mucus, par la desquamation intestinale et cutanée et par la voie rénale. C’est ce dernier que, dans cette note, j'ai désigné sous le nom d'azote urinaire. Dans ces recherches, j'ai voulu savoir quelle est la quantilé minima de cet azote que l’homme peut éliminer. Pour connaître cetle quantité, je me suis soumis à un régime conte- nant assez peu d'azote pour que sûrement la quantité éliminée par les urines fut supérieure à celle ingérée. Dans ces conditions, en effet, l'azote éliminé par les reins ne doit correspondre qu'à celui des sub- stances albuminoïdes désassimilées, ou, qu’on me permette l'expression, usées par le fonctionnement régulier des éléments histologiques; et, dès lors, il me parait difficile que cette quantilé puisse descendre plus bas. Cette quantité d'azote correspond exclusivement à l’usure inévitable des albuminoïdes. Ce n’est pas là, bien entendu, la perte minima totale d'azote, faite par l'organisme, puisque, je l’ai dit, une partie de cet azote est perdue par l'organisme dans les mucus et dans les cellules épithéliales; mais cet azote urinaire minima représente bien, aussi approximativement que possible, la totalité de celui des substances albu- minoides désassimilées. C’est l'azote total de désassimilalion. Sous l'influence de l'alimentation azotée insuffisante, cet azote se retrouve dans l'urine en presque totalité sous forme d’urée. L'’acide urique, en effel, dans mes expériences est tombé à une moyenne de 0 gr. 07 pour un poids de 59 kilogrammes, soit guère plus de 0 gr. 001 par kilogramme. Dans ces conditions, on peut donc considérer que les autres produits azotés de l'urine sont encore en moindre quantité; et, dès lors, tout l'azote étant contenu dans l’urée, on peut donner égale- ment à cette dernière, d'une manière assez exacte, le nom d'urée de désassimilation. En 1878, P. Bert, étudiant les variations de l’urée sous l'influence des modifications du régime, après avoir dosé l’urée d’abord avec son ali- mentation azotée normale, et ensuite avec une alimentation azotée exagérée, se soumit enfin à une alimentation azotée insuffisante. Or, l'urée qui était de 0 gr. 27 par kilogramme avec l'alimentation azotée ordinaire, s’éleva à 0 gr. 36, quand il exagéra les azotés, et tomba, au contraire, à 0 gr. 18, quand il les rendit insuffisants (1). Après P. Bert, je me suis soumis cinq fois à une alimentation azotée insuffisante : (1) Variations de l'urée en rapport avec la nourriture, Société de biologie, 1878, p. 255. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 495 4° En mars 1885, étant en Cochinchine ; 2° En août 1886, à Cherbourg : 3° En novembre 1886, également à Cherbourg; 4° En février 1890, à Toulouse ; 5° Tout récemment encore à Toulouse, en novembre 1899 (1). Mais sur ces 5 expériences, 3 fois seulement j'ai pu continuer l’ali- mentation insuffisante pendant 3 jours, c’est-à-dire pendant un temps assez long pour voir l'urée descendre sensiblement à sa quantité minima. Pour les deux autres expériences, la durée n’a été que d’un jour pour la deuxième et de deux jours, pour la quatrième. Pour chacune de ces expériences : A. — Pendant les quelques jours qui ont précédé et aussi pendant les quelques jours qui ont suivi la période d'alimentation insuffisante, j'ai dosé les aliments azotés et l’urée. B. — Pendant l'alimentation insuffisante : 1° J'a continué mes occupations habituelles; 2 J'ai pris une quantité d'aliments azotés qui a pu descendre à 0 gr. 04 par kilogramme de poids, et qui n'a pas dépassé 0 gr. 50, soit 0 gr. 08 d'azote, quantité encore insuffisante relativement aux dépenses to- tales de l'organisme, puisque l'azote urinaire seul était déjà de 0 gr. 08; 3° L'alimentation a été également insuffisante pour les aliments ter- naires (graisses et amylacés). La quantités de calories qui leur corres- pondait, a élé au maximum de 1.500, et plusieurs fois elle est restée au-dessous de 1.000. Les résultats de ces expériences sont résumés dans le tableau suivant: QUANTITÉ QUANTITE | QUANTITÉ D'AZOTE URINAIRE D'AZOTE INGÉRÉE D'AZOTR INGÉRÉE | ——_.û avant et après pendant AVANT | PENDANT | APRÈS TT l'expérience l'expérience l'expérience par kilogramme de poids. DE L'EXPÉRIENCE par kilog. par kilog, = (23) rt — A (== © | æ 24 == Lea) = Fi æ) Z Expériences ayant duré trois jours. Mars 1885. | 3 jours. 0,19 0,012 0512 Nov. 1886. | 3 jours. 0,27 0,012 0 15 Nov. 1889. | 3 jours. 0,19 0,08 0 11 Expériences n'ayant duré qu'un ou deux jours Août 1886. 0,006 0,14 | 0542 Fév. 1890. 2 0,08 | 0 13 (4) Archives de médecine expérimentale, janvier 1900. 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les principaux faits qui se dégagent de ces expériences, sont les sui- vants : 1° Pour obtenir la dépense minima d'azote urinaire, il faut plusieurs jours d'alimentation azotée insuffisante ; 2° Dans les expériences qui ont été prolongées pendant trois jours, j'ai même remarqué qu'en général l'azote urinaire va en diminuant; 3° Toutefois, on peut s’en tenir à la moyenne des trois jours comme représentant approximativement cet azote minima. Dans mes trois expériences, j'ai toujours trouvé 0 gr. 08 d'azote, soit 0 gr. 18 d’urée par kilogramme. C'est aussi à cette même quantité, je l'ai dit, qu'était arrivé P. Bert en 1878. Mes conclusions seront donc les suivantes : 1° Une alimentation très faiblement azotée fait baisser, d'une manière sensible et rapide, l'azote urinaire ; 2° Toutefois, même avec une alimentation azotée presque nulle, l'azote urinaire ne descend quère au-dessous de 0 gr. 08 par kilogramme de poids. Cetle quantité passe dans les urines, même quand l'azote contenu dans les aliments est de beaucoup inférieur ; 3° Cet azote urinaire minima ne provenant pas des aliments, il faut donc conclure qu'il provient des substances albuminoïdes désassimilées ; 4° Cette quantité d'azote provenant de la désassimilation des albumi- noides, semble assez peu variable, puisqu'elle est reslée la même dans mes trois expériences et dans celle de P. Bert ; 5° Dans les conditions où ces expériences ont été faites, la réparation des albuminoides désassimilés exige donc par kilogramme de poids, une quan- tité d'aliments azotés contenant environ 0 gr. 08 d'azote, soit sensiblement 0 gr. 50. Il est à peine besoin de faire remarquer que ce n’est là qu’une partie de la dépense en albuminoïdes, puisque, je l'ai dit en commençant, l'organisme perd également de ces substances par les mucus et par les produits épithéliaux. I. DURÉE MAXIMA DE SURVIE POST-MORTALE DES ÉLÉMENTS FONCTIONNELS DU RÉFLEXE RESPIRATOIRE. IT. DÉDUCTION D'APPLICATION PRATIQUE RELATIVE AU SIGNE AUTOMATIQUE DE LA MORT RÉELLE CONSTITUANT EN MÊME TEMPS UN MOYEN LE PLUS PUISSANT DE RÉSURRECTION. INSTRUMENT MÉCANIQUE ADAPTÉ A CE DOUBLE BUT (TRACTEUR LINGUAL) (Troisième note), par M. J.-V. LABORDE. Après avoir démontré, dans deux communications précédentes (1), comment, par le procédé des traclions rythmées de la langue, il était per- (1) Soc. de biol., 19 janvier et 2 février 1900. SÉANCE DU 3 FÉVRIER 4927 mis d'arriver à la détermination, aussi exacle que possible, de la aurée post-mortale de la survie fonctionnelle de l'organisme en état de mort apparente, il me reste à faire l'application de cette donnée à la durée du réflexe respiratoire, dans ses divers éléments fonctionnels; Et à tirer de cette détermination la déduction qui en découle relative- ment au signe certain, automatique de la mort réelle; et simultanément au moyen le plus puissant de ranimer, dans les conditions de possibi- lité, le cadavre apparent. I. Sur le premier point, la recherche a été faite d’abord sur le terrain expérimental, et ses résultats se sont réalisés, ensuite, avec un accord parfait, dans la pratique. A. Fixation de la durée post-mortale du réflexe respiratoire par l'expé- rimentation. IDÉE ET CRÉATION D'UN TRACTEUR AUTOMATIQUE DE LA LANGUE. Le procédé, une fois trouvé et systématisé, — ainsi que je me suis appliqué à le montrer précédemment — rien n’était plus facile que d'en faire l'application à la recherche en question, en produisant, à la volonté, les conditions les plus extrêmes de l’asphyxie et de la mort apparente qui s'ensuit, et en cherchant à ranimer le cadavre objectif, à l’aide du procédé des tractions linquales, mis en pratique et continué le plus long- temps possible, de facon à apprécier, par le résultat positif obtenu, la véritable durée, après la mort, de la survie latente des éléments fonc- tionnels du réflexe respiratoire. Mais ici se présentait, à propos de cette durée, de cette persistance jusqu'alors imprévues, une difficulté matérielle, à laquelle il était, comme on va le voir, d’une haute importance de remédier : Opérer les fractions linquales, soit avec la main seule, soit avec la main aidée des pinces à traction durant plusieurs longues heures, qui dans les circonstances dont il s’agit, en présence d’un cadavre immobile et silencieux, sont des siècles, n’est pas chose impossible, puisqu'elle a été réalisée, comme on va bientôt s’en convaincre; mais il y faut un courage, une patience, une foi indomptables. C'est ce qui m'inspira la pensée de substiluer à la main humaine une machine à traction automalique; l'idée, parfaitement et d'avance justi- fiée, et en apparence des plus simples, mais qui a présenté, dans l’exé- cution capable de répondre aux véritables desiderata, des difficultés telles que ce n’est qu'après trois années de tâätonnements, de péripéties et d'essais, que nous sommes parvenu, enfin, à un résultat satisfaisant, se prétant à l'application visée dont le postulatum était le suivant : Concilier, dans son mécanisme approprié, la force et la longueur de la traction linquale, avec la vitesse et la durée, tout en lui donnant le carac- tère rythmique. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je me contenterai de dire ici, à ce propos, que le principe mécanique, en horlogerie, en a été trouvé par un simple amateur, témoin et confi- dent de mes premières expériences. Voici cet appareil, le premier en date, construit de ses propres mains, par M. Auguste Mouchel (de Valognes, Manche), avec un barillet de tournebroche comme pivot, et remplissant les conditions essentielles. Seule, la durée du fonctionnement laissait à désirer, exigeant le remon- tage fréquent de l'appareil. Tel quel, cependant, et avec l’adjonction d’une de nos pinces à traction lin- guale, cet appareil a pu servir à nos premières expériences de durée d’appli- cation pour la recherche de la limite extrême de survie fonctionnelle latente, dans la mort apparente, tant sur les petits animaux (cobayes) que sur le chien, même du poids moyen de 12 à 15 kilogrammes; expériences dans les- quelles il nous à été possible, moyennant le remontage patiemment réitéré de l'instrument, toutes les cinq ou six minutes, de prolonger l'essai jusqu’à la durée maxima de deux à trois heures, et d'obtenir, ainsi, le rappel, la véri- table résurrection, comme nous l’appelons, du réflexe respiratoire, et de la vie, dans l’état confirmé de mort apparente par chloroformation extrême. Dans une de ces expériences typiques, dont je regrette de ne pouvoir relater les curieux détails, nous avons réalisé, mon garcon de laboratoire et moi, à deux reprises successives et immédiates, cette résurrection dans les mêmes conditions d’asphyxie confirmée et de mort apparente, sur le même animal : un chien, que nous avons ensuite conservé, au laboratoire, sous la ue tion range de « Lazare ». Ainsi se trouvait expérimentaiement démontrée la durée réelle de survie post-mortale : TROIS HEURES. Cette démonstration était bientôt confirmée, sur le terrain pratique, par les résurrections opérées par les douaniers sur des noyés en état complet de mort apparente, notamment dans le cas-type ci-après, après trois heures de tractions linquales : Rappel à la vie après trois heures de tractions rythmées de la langue d'un noyé ayant séjourné dix minutes sous l’eau. (D'après Le rapport offi- ciel de l'Administration des douanes.) « Le 7 juin, vers neuf heures trois quarts du matin, le brigadier Agnel (Alexandre), de l’'Huveaune, était en service sur le point de la côte dit l’anse du « Prophète », lorsqu'il entendit les cris de détresse du mousse Igardens, âgé de seize ans, qui, se baignant à une distance de 30 mètres environ du bord de la mer, disparaissait sous l’eau, où il avait commis l’imprudence d'entrer peu après avoir absorbé des aliments. « Le sieur Ricard, patron de Igardens, et qui se trouvait le plus à portée du lieu de l'accident, s'était élancé à son secours, mais, défaillant lui-même, il courait grand risque de couler à son tour, lorsque le brigadier Agnel se jeta à l’eau sans prendre le temps d’ôter sa tunique, parvint à atteindre le sieur Ricard et le maintint sur l’eau jusqu'à ce qu’il eût pu le remettre à une SÉANCE DU 3 FÉVRIER 129 autre personne qui, survenue à la nage, aida le sauveté à regagner le rivage. « Ainsi rassuré sur le sort de celui-ci, le brigadier plongea pour rechercher la première victime et, après plusieurs tentatives, il fut assez heureux pour ramener à terre, absolument inerte, le jeune homme qui avait séjourné environ dix minutes sous l’eau. « Tout espoir de le ranimer paraissait même perdu, mais, utilisant alors les indications contenues dans la circulaire n° 2.463, du 2 novembre 1894, notre agent se mit en devoir d'appliquer au noyé le procédé des fractions rythmées de lu langue recommandées par le D' Laborde. « Il ne se laissa pas décourager par l’inutilité apparente de ses efforts, ET IL PROLONGEA L'OPÉRATION PENDANT {rois heures. « Sa persévérance fut couronnée par le succès, car, au bout de ce temps, et l’on dira presque contre toute espérance, la respiration se rétablit chez le jeune Igardens. Celui-ci était déjà hors de danger lorsque arriva un médecin à la recherche duquel l’on s'était mis aussitôt, mais qu'on n'avait pu immé- diatement trouver. « Je vous prie, etc. « Le Directeur, « Signé : VAUTIER. » Sans insister sur la persistance et le dévouement incomparables déployés en pareil cas, ce qu'il nous importe de retenir, c’est le résultat positif obtenu au bout de {rois heures de mise en œuvre du procédé. C’est précisément dans cette limite de trois heures que nous allons trouver et puiser la détermination du signe certain automatique de la mort réelle, deuxième partie de notre thèse. Un mot auparavant sur les perfectionnements désirables de l'appareil, qui ont dû consister essentiellement, d’une part, dans une augmentation de la durée du fonctionnement, permettant d'atteindre, tout au moins, la limite extrême ci-dessus, de trois heures, et même de la dépasser, en la doublant, au besoin, pour affirmer et assurer la certitude que l'on cherche à établir; el, d'autre part, dans la réalisation d’un appareil por- tatif, le plus pratique possible. Ce double résultat, qui nous parait d'ores et déjà satisfaisant, a été obtenu à l’aide de deux mécanismes : 1° Un mécanisme d’horlogerie du type que je montre ici, que je fais fonc- tionner et avec lequel il est facile d'opérer les remontages nécessaires pour obtenir la durée de fonctionnement voulue ; 2° Un mécanisme à base de moteur électrique, pouvant fonctionnner de deux facons : Sur place, moyennant la communication avec une source d'électricité voi- sine (par exemple le branchement sur un secteur); Ou — ce qui répond mieux au desideratum véritablement pratique — pou- vant être transporté à volonté, avec ses accumulateurs de très petites dimen- sions, et, cependant, capables d’engendrer une force et une durée suffisantes (cinq à six heures au moins). En même temps que je mets en fonction les deux types d'appareils, je fais 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE passer sous les yeux de mes collègues des représentations photographiques instantanées, d’après nature, et qui donnent l’idée exacte de l’application et du fonctionnement des appareils sur le cadavre humain, dans les conditions où ils sont appelés à intervenir, pour réaliser le signe véritablement automa- tique, on le voit, de la mort réelle; et en même temps, solidairement, de pro- voquer, dans le cas de possibilité, le rappel de la respiration et de la vie. II. LA CERTITUDE OU LE SIGNE CERTAIN, AUTOMATIQUE, DE LA MORT RÉELLE, TIRÉ DE L'ACTION NÉGATIVE DU PROCÉDÉ DES TRACTIONS RYTHMÉES DE LA LANGUE. S'il est vrai, en effet, — et cette vérité vient d’être établie sur une démons- tration à la fois expérimentale et pratique incontestable, — s'il est vrai que l’espace de temps de trois heures qui s'écoule après la mort extérieure ou objective, et conséquemment pendant la mort apparente, constitue la limite extrême de survie latente des propriétés fonctionnelles, qui président au rappel effectif par le moyen le plus rationnel et le plus puissant, les &ractions rythmées de la langue, du fonctionnement respiratoire, et par lui du fonctionnement total de l’organisme; il est évident que lorsque le rappel n’aura pas été réalisé et obtenu, après l’application bien faite du procédé, durant rrois heures de survie en question, l’on aura acquis l'assurance que la mort a cessé d’être apparente, qu’elle est devenue réelle et définitive : en sorte que l’action négu- tive du procédé mécanique des fractions linguales est bien un signe certain de la mort réelle; et que, dans les conditions dont il s’agit, ce signe est.bien, ainsi que nous l’appelons, un signe automatique. Mais comme, en pareil cas, la certitude doit être aussi complète, aussi abso- lue que possible, et ne laisser subsister aucun doute, il est facile de continuer, à volonté, la manœuvre quatre heures, cing heures, six heures et plus; de facon à conférer à la preuve sa signification, pour ainsi dire extrême, et dès lors, à l’abri de toute incertitude. Mais, de plus, — et c’est ce qui n'avait jamais été cherché ni résolu jusqu'à présent — le procédé qui contient en lui et apporte la cerlilutle capable d’ob- vier aux terribles et angoissantes préoccupations de l'inhumation vivante, peut en même temps, et solidairement, ranimer la respiration et la vie, dans les cas, qui ne sont malheureusement pas rares, où celte ranimation, cette révi- viscence, provoquées, sont possibles — selon la cause de la mort — et grâce à la puissance et à l'efficacité, hors de pair, du procédé mis en œuvre. Ainsi se trouve résolu, dans son poslulaltum essentiel d'application et de vulgarisation pratiques, avec la base scientifique, le problème trou- blant de la certitude de la mort, et solidairement du fraîitement rationnel de la mort apparente. Le Gérant : G. Masson. ee Patis. — Imprimérie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. CU" Co ttes. 131 SÉANCE DU 1O FÉVRIER 1900 M. Azrreo GrarD : Sur le déterminisme de la métamorphose. — M. le Dr Piexre Boxxier : L'espace idéal et la théorie de M. de Cyon. — M. le D' CHAPELLE : Sur le dosage du sucre réducteur du sang. — MM. E. LecLaINCHE et H. VaLLée : Recher- ches expérimentales sur le charbon symptomatique. — M. A. RaBreAUx : Sur une septicémie hémorragique du canard et de la poule. — MM. P. Carnor et L. Four- NiER : Lésions cardiaques et musculaires provoquées par la toxine pneumo- coccique. Présidence de M. Kaufmann, vice-président. SUR LE DÉTERMINISME DE LA MÉTAMORPHOSE, par M. ALFRED GARD. Les diverses opinions émises depuis quelques années sur les pro- cessus intimes de la métamorphose peuvent êlre résumées à peu près de la manière suivante pour ce qui a trait surtout à l'histolyse musculaire : A. — L’histolyse est le résultat d’une nécrobiose purement chimique, suivie ou non de phénomènes phagocylaires selon la durée de la métamorphose (Kara- waiew, Rengel, Korotneff, etc., chez les Insectes). B. — L'histolyse est le résultat d'une nécrobiose chimique. Secondairement et accessoirement il intervient dans une mesure variable (5 p. 100 Loos, 95 p.100 Bataillon) une phagocytose leucocytaire (A. Loos, E. Bataillon, chez les Batraciens). Bataillon apporte en outre cette donnée nouvelle et très impor- tante que chez les Batraciens et les Insectes (Ver à soie) les troubles respira- toires (asphyxie de certains éléments) sont le point de départ du processus histolytique. C. — L'histolyse est le résultat d’une nécrobiose chimique due aux mau- vaises conditions physiologiques (inanition, asphyxie, etc.). {Le processus est complété sans doute par une phagocytose dont les agents sont les myoblastes (L. Terre, chez les Abeilles). D. — L'histolyse est accomplie par des phagocytes myoblastiques dérivés des noyaux musculaires et du sarcoplasma sans désintégration préalal le des faisceaux musculaires (S. Mayer, E. Metchnikoff, chez les Batraciens). E. — L'histolyse est accomplie par une phagocytose leucocylaire saus alté- ration préalable perceptible du muscle. Les leucocytes entrent en jeu stimulés Biozocie. Comreres RENDUS. — 1900, T. LI, ( 192 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par les sécrétions internes qui accompagnent la prolifération des gonades. (Ch. Perez, chez les Fourmis et les Tineites). IL n’est pas facile, à l’heure actuelle, de se prononcer d'une facon absolue en faveur d’une de ces opinions à l'exclusion de toutes les autres. Il est fort possible que chacune d'elles renferme une part de vérilé et que les processus ne soient pas identiques pour les divers animaux à métamorphoses, voire même pour les divers organes d’un même animal. Pour nous en tenir à un point de détail qui a cependant une certaine importance, ne voyons-nous pas Metchnikoff, qui a tant contribué à faire accepter la phagocytose myoblastique chez les larves de Batraäciens, se prononcer absolument pour la phagocytose leucocytaire chez les Insectes (1)? Il est possible d’ailleurs que les dernières recherches d’An- glas jettent un jour nouveau sur ce point en nous montrant que tous les plastides histolysés des Insectes ne sont pas phagocytés et que cerlains phénomènes d'histogénèse ont pu être pris pour des phénomènes d'his- tolyse. À diverses reprises j'ai exposé la facon générale dont je comprends la métamorphose: (2). Je voudrais seulement aujourd’hui insister sur cer- tains faits qui me portent à croire avec Bataillon et Terre que les phéno- mènes phagocytaires de l'histolyse, quel que soit l'agent qui en est chargé, sont précédés par un état semi-pathologique des éléments his- tolysés, état résultant de l’asphyxie, de l’inanition, du non-fonctionne- ment, aussi bien que des sécrétions internes de l'organisme métabole. L:—De ce que les muscles examinés avant la phagocytose ne présentent pas d’altérations de structure appréciables, on ne peut inférer qu'ils ne sont pas déjà touchés. En effet si l’on place dans un récipient de faible capacité un grand nombre d'animaux appartenant à des espèces pélagi- ques aux muscles transparents mais bien développés (Mysis, Sagilta, larves de Corethra, etc.), on ne tarde pas à voir, dès que l'oxygène fait défaut, ces animaux perdre leur transparence, devenir opalescents, puis opaques. Leurs mouvements se ralentissent peu à peu : cependant ils nagent encore et leurs fibres musculaires fixées et colorées ne présen- tent sur les coupes aucune modification apparente. Il est manifeste néan- moins au seul examen macroscopique que les échanges chimiques sont troublés. La mort survient en quelques heures si l’on prolonge l'expé- rience ; au contraire, les muscles reprennent leur complète activité si les animaux sont placés à temps dans de l’eau plus aérée. (4) Voir : M. Caullery et F. Mesnil. Sur le rôle des phagocytes dans la dégé- nérescence des muscles chez les Crustacés, Comptes rendus Soc. de biol., 6 jan- vier 1900, p. 9, note 1. (2) Voir notamment : A. Giard. Transformation et Métamorphose. Comptes rendus Soc. de biol., 22 octobre 1898, p. 956-958. Pet jus RL PET D TUE SÉANCE DU 10 FÉVRIER 133 II.— Tandis qu'en les maintenant dans une eau renouvelée, Les tétards d'Ascidies urodèles à structure élevée (Astellium, Botrylles) vivent plu- sieurs jours d'une vie active, ces embryons se mélamorphosent rapide- ment dès qu'on les place dans les conditions de l'expérience précédente. On peut les faire se fixer et obtenir l’histolyse de la queue en quelques heures par ce procédé. Le métabolisme peut être activé de la même facon chez les larves de beaucoup d'animaux à métamorphose (Bryo- zoaires, etc.). ‘ III. — On ne peut objecter avec Ch. Perez (1) que l’asphyxie devrait ètre générale dans l'organisme d'un animal métabole et non limitée à cerlains organes; car nombreux sont les faits qui démontrent que le besoin d'oxygène varie avec les divers tissus et avec le degré d’évolulion des plastides. Les œufs d’Ascarides et de beaucoup d'animaux parasites peuvent se développer avec des quantités infinitésimales d'oxygène et dans des conditions qui seraient absolument asphyxiques pour d’autres issus. IV. — Pendant la Oh o les éléments qui doivent être histo- lysés se trouvent à la condition numéro 2 de F. Le Dantec. Les muscles en particulier ne fonctionnant plus dégagent beaucoup moins d'acide carbonique; leur chimiotactisme négatif est par suile presque aboli. Ea outre, chez les Insectes où le tissu musculaire est riche en phosphore, ce corps est éliminé en partie tout au moins sous forme de phosphates dont le chimiotactisme est positif; la créatine et autres produits azotés du muscle ont aussi un chimiotactisme positif. Tout cela suffit pour expliquer la phagocytose leucocytaire là où elle existe. V. — Bien que la digestion intra-cellulaire ait précédé phylogénéti- quement la digestion extra-cellulaire, la phagocylose apparait nelte- ment dans la métamorphose comme un processus cœænogénétique (2). Elle atteint son maximum chez les Diptères cycloraphes, chez certains Crustacés parasites, chez les larves urodèles d’Ascidies, partout où le métabolisme est intense. Son rôle est bien plus limité dans les cas de métamorphose partielle (Hyménoptères). On peut supposer quoique cela ne soit pas encore absolument démontré, que chez les Insectes hémimé- taboles, la phagocytose est remplacée, comme dans les cas de transfor- (1) Perez (Ch.). Sur la métamorphose des Insectes, Bulletin Soc. entomoloy. de France, 27 décembre 1899, p. 398-402. (2) Nous nous trouvons ici dans un cas comparable à ceux où la division directe, manifestement antérieure à la caryokinèse, réapparait par cœnogénèse lorsqu'il doit se former rapidement un grand nombre de cellules dans un tissu déjà âgé. D'ailleurs, l’'embryogénie des Éponges siliceuses comparée à celle des Eponges calcaires et d’une manière générale tous les développements condensés comparés aux développements explicites prouvent surabondamment la signification cœnogénélique de la phagocytose dans de nombreux processus évolutifs. 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE malion simple, par les actions cytolytiques à distance qui existent plus ou moins dans les divers Lissus des animaux sous l’action des liquides qui les baignent et pour lesquelles Anglas à récemment proposé le nom de lyocylose (1). VI. — Refuser d'admettre que le point de départ de l'histolyse existe dans les altérations préalables des tissus qui doivent être remplacés et prétendre que les phagocytes surexcités par des stimulines vont attaquer précisément les éléments condamnés à disparaitre, c’est il me semble revenir sous une forme nouvelle à la théorie de la prédesti- nation, aux propriétés prépotentielles des plastides, en un mot aux idées vitalistes et téléologiques si contraires aux progrès de la science. L'ESPACE IDÉAL ET LA THÉORIE DE M. DE CyYoN, par M. le D' PIERRE BonNNIER. D'après la théorie sur laquelle est revenu à plusieurs reprises M. E. de Cyon, depuis l’année 1887 jusqu'à la dernière séance de l'Académie des Sciences (2), il existerait un « organe spécial destiné à nous procurer des sensations de direction et d’étendue, à l’aide desquelles se formerait la notion d'un espace extérieur à trois dimensions. Sur cet espace idéal, d’après l’auteur de cette théorie, nous projetons toutes les sensations provenant des autres sens (vue, toucher, etc.) qui forment les espaces visuel el tactile. C’est à l’aide de ce sens que les animaux parviennent à s'orienter dans les trois directions de l’espace. Les qualités de ces sen- sations (de direction et d'espace), ainsi que les plans dans lesquels s'opère l'orientation, dépendent de la position anatomique des canaux semi-circulaires en état de fonctionner normalement ». | Remarquons tout d’abord que, tout en restant idéal, cet espace est forcément objectif, puisque c'est l'espace extérieur dans lequel nous nous orientons et dans lequel s’exécutent nos mouvements. Sur ce point M. de Cyon s'écarte radicalement de la théorie de Breuer, de Mach et de la plupart des auteurs, pour lesquels les sensations fournies par cet appareil sont des notions de mouvements de notre tête, c'est-à-dire des sensations purement subjectives, sans rapport direct avec l’espace exté- rieur. C’est cette notion de mouvement que j'ai encore réduite en rap- (4) Anglas (J.) Note préliminaire sur les métamorphoses internes-de la Guêpe et de l’Abeille. La lyocytose, Comptes rendus Soc. de biol., 27 janvier 1900, pp. 94-96. (2) « Les organes périphériques du sens de l’espace », 5 février 1900, | | SÉANCE DU 10 FÉVRIER HAS portant ces notions au sens des attitudes, le mouvement organique n'étant qu'une variation d'attitude, phénomène et sensation d'ordre purement subjectif. Cette représentation objective d'un espace qui reste idéal bien que formé par des sensations d'étendue et de direction, a quelque chose qui contrarie péniblement nos habitudes de représentalion intellectuelle. Si cet espace idéal n'est qu'une sorte de canevas transparent et sans con- sistance objective sur lequel se projettent et se superposent les sensa- tions qui forment un espace visuel ou tactile, on se demande à quoi ce canevas peut bien servir. Si les sensations qui forment un espace visuel et celles qui forment l’espace tactile sont superposables respectivement à cet espace idéal, elles sont forcément aussi superposables entre elles. Or nous savons qu'elles le sont en réalité tout directement et n'ont aucun besoin, pour se superposer et concorder, de cette sorte d'action de présence attribuée à l'espace idéal. En effet, les images sensorielles de toute provenance, si elles sont irréductibles entre elles, quant à leur modalité, sont au contraire parfaitement réductibles et superposables dans l'exercice de la localisation et dela définition topographique. Je puis superposer Ja notion de lumière el de sonorité en les rapportant à un même point de l’espace, mais je ne puis réduire la modalité sensorielle de l’une à celle de l’autre, ni l’une et l’autre à une troisième modalité. La chaleur, la lumière et la sonorité d’une flamme de gaz sont trois qualités irréductibles entre elles sensoriellement parlant; mais si je ne puis super- poser ces qualités sur le terrain de la modalité sensorielie, je les super- pose forcément sur le terrain de la définition topographique, de la locali- sation. Ces trois qualités de chaleur, delumière et de sonorité ont le même quelque part, c'est donc un même objet sous trois aspects sensoriels. C'est, comme je l’ai déjà montré ailleurs, l'identité de localisation sous les divers aspects sensoriels qui nous fournit la notion d'objectivité et d'unité des choses de notre milieu. Il n’y a rien d'idéal là-dedans, au contraire, c'est tout ce qu'il y a de plus directement sensoriel. L'espace tactile et l’espace visuel se superposent pour nous fournir la notion d'un espace à la fois tactile et visuel, tangible et visible, mais nullement la notion d’un espace qui ne serait plus ni tactile ni visuel. Faire concorder plusieurs notions n'est pas les abstraire, et il faut pour réaliser psychiquement cette abstraction, nous donner des choses une définition intellectuelle dans laquelle l’origine sensorielle dépasse tou- jours par quelque bout Cette notion d’un espace extérieur purement idéal ayant des dimen- sions qui permeltent de lui superposer les notions d'espace fournies par les opéralions sensorielles, est donc inutile et incompréhensible. J'ajouterai que la morphologie, qui a donné naissance à celle hypo- thèse, cadre néanmoins fort mal avec elle. Trois canaux perpendicu- laires entre eux, trois dimensions de l’espace, cela semble sans doute bits. he 136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'accorder tout d'abord si l’on ne s’attarde pas à remarquer que de l’une à l’autre oreille les canaux de même sens ne sont même pas dans des plans parallèles, ce qui nous fait déjà six dimensions de l'espace; si l'on oublie encore que les canaux eux-mêmes ne sont jamais inserils dans des plans, mais qu'ils présentent toujours plusieurs incurvations et que chez cerlains oiseaux, on en trouve qui sont contournés presque en forme de 8, ce qui rend lesdites dimensions singulièrement tortillées pour une géométrie descriptive qui gagnerail à être plus simple. Admellons cependant que chaque canal soit inscrit rigoureusement dans un plan, ce qui n’est pas; que les trois plans soient perpendieu- laires entre eux, ce qui est l'exception ; que les deux systèmes gauche et droit soient symétriques, ce qui n'existe jamais, nous pourrons suivre M. de Cyon dans son hypothèse et admettre que si les animaux pourvus de trois canaux connaissent trois dimensions à l’espace extérieur et orientent leurs mouvements dans trois directions, la Lamproie, qui n'a que deux canaux, ne connaît et n'utilise dans ses mouvements que deux directions ; la Myxine et les souris dansantes du Japon n'utilisent et ne connaissent qu'une direction. Mais le Céphalopode, dont le remarquable otocyste n’a que de vagues sillons, des rudiments de canaux, n'aura donc que des notions et des orientations motrices bien rudimentaires. En revanche, les plus humbles Mollusques, dontles otocystes sont parfai- tement sphériques, connaïitront autant de dimensions à leur espace idéal que l’on peut faire passer de plans par le centre d’une sphère et ce n’est pas peu dire. C'est bien l’espace à n dimensions qu'on nous a laissé entrevoir. Et il se trouve que ce sont les moins mobiles de tous les animaux ayant cet appareil à faire des notions d'espace idéal, qui- pour- ront orienter leurs mouvements dans un nombre infini de directions. Si l’on passe à des formations plus primitives, telles que les organes latéraux des Amphibiens et des Poissons, les organes centraux des Tur- bellariés et des Cténophores, les organes marginaux des Méduses et le balancier des Diptères, il faudra admirer avec quelle prodigalité la nature à pourvu à ce besoin d'un espace idéal qui semble caractériser toute la série des êtres organisés, et dont l’homme seul, si j’en juge par moi-même et par l’'obscure définition de M. de Cyon, n’a jamais pu se faire une idée bien positive. Combien il est plus simple d'attribuer à ces appareils la propriété de renseigner l'individu sur son attitude et ses variations d’attitude, c'est- à-dire ses mouvements, par un mécanisme d’une grande simplicité qui n'exploite qu'une propriété fondamentale &e la matière, l’inerlie. On s'explique pourquoi la morphologie accumule les variations organiques _en rapportavec les habitudes de station, de progression, d'équilibra- tion de chaque espèce ; pourquoi la représentation sensorielle des atui- tudes est la base de toute la motricité consciente et volontaire, qui n’a d'autre office que de maintenir ou de faire varier des attitudes segmen- SÉANCE DU 10 FÉVRIER - 137 taires ou totales. On conçoit donc immédiatement que l’action de l’appa- reil ampullaire de l'oreille sur les centres corticaux, cérébelleux et médullaires dela motricité n’est ni modératrice ni excitalrice exclusive- ment, mais qu'elle est le grand moyen d'information sensorielle par lequel se constituent les images d’attitudes d'où dépend directement l'exercice de la motricité volontaire. ; Le vertige visuel s'explique aisément par les rapports bien connus entre l'appareil labyrinthique et les noyaux oculomoteurs, et il est natu- rel qu'il manque chez les sourds-muets dont les centre labyrinthiques ne sont pas développés. Il est également naturel que les souris dansantes aient un mode de progression dont l'étrangeté s'explique par l'usage exclusif d'un canal semi-cireulaire ne leur fournissant l’image de leurs attitudes que quand elles varient dans une seule direction. Ceci se com- prend mieux si l’on considère la notion d'attitude que sil’on se rapporte à la définilion d'un espace idéal (1). SUR LE DOSAGE DU SUCRE RÉDUCTEUR DU SANC, par M. le D' CHAPELLE. Le procédé comporte l'emploi de Ja centrifugeuse et cet appareil sert à deux points de vue: 1° pour essorer le coagulum provenant du sang; 2° pour recueillir l’oxyde cuivreux provenant de la liqueur de Fehling. Ce deuxième temps est effectué suivant la technique que nous avons préconisée antérieurement (2). Pour épuiser commodément le coagulum du sang, nous employons un système de deux tubes concentriques d'inégale longueur. Le tube externe n’a rien de particulier; c’est une sorte de gros tube à essais court et tel que la centrifugeuse en comporte habituellement. Le lube in- (4) Dans son récent travail « Ohrlabyrinth, Raumsinn und Orientirung, (Arch. f. ges. Physiol., Bd. LXXIX), M. de Cyon, p. 246, me prête sur le sens de l'orientation lointaine des pigeons voyageurs une opinion qui n'est pas la mienne, avec, eutre guillemets, une citation qui ne m'appartient pas, D'ail- leurs, l'indication bibliographique la rapporte à mon travail sur l'Oreille, vol. IT et IT, où je ne traite pas cette question ; par contre, son index biblio- graphique omet les deux notes que j'ai faites sur ce sujet : « Sens de l’Orien- tation », Soc. de Biologie, 11 décembre 1897, et le « Sixième Sens », Revue Scientifique, 1 mai 1898, où j'ai développé ma théorie personnelle sur l’orien- tation lointaine. (2) Thèse de Paris, 1899 ; Journal de Pharmacie et de Chrimie, 1°" novembre 1899. 433 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de Le me cms ee me ne — = a terne est percé d'un petit orifice à son extrémité inférieure; il repose sur le tube externe, par son bord un peu évasé et par l'intermédiaire d'une bague de caoutchouc, il fonctionne ainsi comme essoreuse. A cet effet, il reçoit à sa partie inférieure un tampon de coton hydrophile qui se prolonge sous forme de mèche jusqu’à la partie su- périeure du tube. C'est sur ce tampon que l'on verse le coagulum à essorer puis les eaux de lavage successives du vase contenant Le sang ; la petite mèche y détermine une voie d'eau facilitant singulièrement l'opération ; en quelques instants tout le liquide est passé dans le tube externe. Le caillot, ainsi épuisé à deux ou trois reprises, est encore lavé avec une petite quantité d’eau. Le traitement à la liqueur de Fehling a lieu sur l’ensemble du liquide obtenu. Si pour cela on suit la technique que nous avons indiquée (loc. cit.), la relation exprimée en milligrammes entre le poids æ de glucose et le poids y d'oxyde cuivreux est donnée par les formules y == — 0,0025 22 — 2,35 x + 3,5 æ — 40 (47 — V/ 2223 — 4y Si la prise d’essai de sang contient seulement 10 milligrammes de glucose, on obtient 27 milligrammes de Gu‘O, quantité sur laquelle une erreur de pesée de 1/2 milligramme n'occasionne pas une erreur su- périeure à 2 p. 400. | C'est de cet ordre que sont les différences maxima obtenues dans un certain nombre d'essais que nous avons effectués dans le service de M. Achard. La centrifugeuse portant quatre tubes, nous faisons simultanément, en général deux dosages parallèles qui se contrôlent. Pour se procurer le sang nécessaire, on peut employer simplement une ventouse scarifiée dans laquelie on recueille de 5 à 10 grammes de sang. La ventouse dans laquelle on place au préalable 4 ou 5 grammes de sulfate de soude est pesée avant et après l'admission du sang; le dosage est ainsi rapporté au kilogramme. Le sang est transvasé de la ventouse dans un tube mince, plus facile à chauffer, et on y ajoute une goutte d'acide acétique. Pour la coagula- tion, le tube est plongé, soit dans l’eau bouillante, soit, ce qui vaut mieux, pendant quelques minutes dans une solution saline (CaCl) bouillant vers 110 degrés, où son contenu ne tarde pas à entrer en ébullition. La ventouse peut être remplacée directement par le tube mince qui, pour plus de commodité, a été coupé obliquement. Ce tube, appliqué contre une paroi verticale, prend une position inclinée, favorable à l'écoulement du sang. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 139 Ce tube mince, pouvant être chauffé, on a l'avantage d'éviter un trans- vasement d'ailleurs peu gênant. On peut évidemment, comme M. le professeur Lépine, ajouter au sang ou au liquide qui en provient une quantité déterminée de glucose qu'on déduit ensuite du résultat trouvé; mais cette précaution n’est pas indispensable. (Travail fait au Laboratoire de M. Meillère.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE CHARBON SYMPTOMATIQUE, par MM. E. Lecrarncue et H. VALLÉE. Il est difficile d'entretenir la bactérie du charbon symptomatique en cultures virulentes ; cette particularité, déjà signalée par Kitasato etpar Duenschmann, constitue le principal obstacle à l’étude expérimentale de Ja maladie. Les cultures en bouillons peptonisés ordinaires sont assez pauvres: elles perdent rapidement leur virulence et elles se montrent très peu toxiques. Après chauffage ou filtration, une dose de 40 centimètres cubes ne tue pas un cobaye de poids moyen. Nous oblenons, au contraire, des cultures abondantes, très virulentes et riches en toxine dans le bouillon Martin, ensemencé avec un virus de passage chez le cobaye. Le cobaye est tué avec 2-5 gouttes d’une culture âgée de 2 à 3 jours. La virulence se conserve beaucoup plus long- temps que dans le bouillon ordinaire. La toxine est isolée par filtration. Le bouillon filtré, injecté dans le péritoine du cobaye tue, en 7-10 heures, à la dose de 5 centimètres cubes; la température s’abaisse progressivement jusqu'à 28-25 degrés. — Chez le lapin, l'inoculation intra-veineuse de 2-3 centimètres cubes, tue en quelques minutes avec des convulsions, des spasmes et de la paralysie. — Chez le cheval, l'injection dans la jugulaire, de 20 centimètres cubes provoque des accidents immédiats très graves ou tue en quelques instants. Le chauffage à 115 degrés destitue la toxine de la plupart de ses pro- priétés; chauffée pendant 2 heures à 80 degrés, la toxine perd ses propriétés chimiotactiques négatives. La présence de la toxine est indispensable pour la manifestation de la virulence. On peut introduire, dans les organismes les plus sensibles, des millions de spores, débarrassées de loxine, sans provoquer le moindre accident. Dans diverses séries d'expériences, plus de trente cobayes ont reçu, dans les muscles, 1 centimètre cube du dépôt prele vé dans le fond 140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des tubes de culture — liquide extrêmement riche en spores — après chauffage à 80 degrés pendant 2 heures; tous restent indemnes; on ne constale qu'un léger œdème local, avec afflux leucocytaire abondant et phagocytose très intense. Les spores possèdent cependant toute leur virulence; réensemencées, elles donnent des cultures virulentes. D'autre part, il suffit de restituer au produit chauffé une quantité suffisante de loxine pour qu'il récupère ses propriétés pathogènes. L'addition aux spores sans toxine d’une trace d'acide lactique, l’asso- ciation de certaines espèces microbiennes (streptocoques ou staphy- locoques) peut assurer également l’évolution virulente. Enfin, si l'on empêche mécaniquement la phogacytose, en enfermant les spores dans des sacs de papier, les animaux succombent encore. L’altération et la disparition progressive de la toxine dans les vieilles cultures expliquent la perte de leur virulence. Les sujets qui ont reçu impunément les spores sans toxine ne possèdent aucune immunité. Les animaux préalablement immunisés qui recoivent, sous la peau ou dans les veines, des liquides organiques virulents (sérosité et macéra- tion de muscles envahis) donnent un sérum immunisant. Une chèvre qui recoit, du 25 juillet 1896 au 5 mars 1897, 165 centimètres cubes de matière virulente, donne un sérum qui immunise préventivement le cobaye, à la dose de 2 centimètres cubes, contre une sérosité virulente, qui tue les témoins en 24-36 heures. Mélangé au virus, le sérum protège à la dose de 1 centimètre cube. Le cheval fournit, dans les mêmes conditions, un sérum immuni- sant. Il est possible de préparer ainsi des séro-vacecins et nous avons montré, en 1898, que les mêmes méthodes étaient applicables au vibrion septique. Cependant l'expérience indique que ce procédé est infidèle dans ses résultats, en raison des souillures constantes des ma- lières recueillies dans les lésions organiques et nous avons été amenés ainsi à rechercher un procédé de culture qui nous assurât une source pure de virus et de toxine. Les inoculations répétées au cheval, dans les veines, de cultures pures toxiques donnent un sérum immunisant. Le cobaye peut être immunisé préventivement contre l’inoculation, ulté- rieure ou simultanée, d’une culture virulente qui tue les témoins en 24-36 heures. L’inoculation d’un mélange sérum-virus ne produit point d'évolution virulente. La séro-vaccination préventive apparaît, dès maintenant, comme pratiquement réalisable. SÉANCE DU 10 FÉVRIER LA SUR UNE SEPTICÉMIE HÉMORRAGIQUE DU CANARD ET DE £A POULE, par M. A. RABIEAUX. En novembre dernier, 3 canards et 2 poules furent apportés morts, au service de M. le professeur Blanc, pour être autopsiés et pour rechercher la nature de la maladie qui décimait les volailles de quatre propriétaires voisins. L'autopsie faite par mon collègue M. Ball a constamment révélé les lésions suivantes : peu ou pas d'exsudat dans la péricarde, taches ecchy- motiques nombreuses et confluentes sur l'épicarde, notamment au niveau des oreillettes, arborisations vasculaires très marquées sur les deux feuillets du péritoine. La muqueuse intestinale, surtout au niveau de l'intestin grêle, est épaissie, violemment congestionnée, hémorra- gique ; dans la plus grande partie de son étendue ou par plaques, plus moins rapprochées, elle revêt une teinte rouge violacé. Le contenu intestinal est diarrhéique, sanguinolent. Le foie, la rate, les reins sont congestionnés, hémorragiques, friables. La crête et les chairs ont conservé une apparence à peu près nor- male. L'examen bactériologique du sang a montré à M. Ball la présence dans ce liquide d’un microbe qu'il considéra comme celui du choléra des poules. Grâce à l’obligeance de mon collègue, j'ai pu faire l'étude bactériologique de cette maladie, isoler et cultiver une bactérie et reproduire expérimentalement la maladie naturelle chez le canard et la poule. D'après les renseignements que j’ai recueillis (confirmés par l’expé- rience), la maladie évoluait rapidement sans signes apparents; des animaux paraissant bien portants étaient trouvés morts deux à trois heures plus tard. En quinze jours, sur un effectif de 36 sujets (18 canards et 18 poules, seules espèces possédées et cela depuis le mois de mai dernier), 16 ca- nards et 14 poules sont morts, 2 canards ont été sacrifiés, 4 poules ont survécu. Bactériologie. — L'agent pathogène de cette aftection est une bactérie ovoide, semblable par sa forme à celle du choléra des poules, de dimensions un peu plus fortes. Cette bactérie existe en abondance dans le sang, le foie, la rate, la moelle des os, les exsudats et le contenu intestinal. Examinée sans coloration dans le sang ou dans les cultures récentes, elle apparait sous forme de coccus ou de diplococcus animés de mouvemen's browniens. Elle se colore bien par les différentes couleurs d'aniline, notamment avec le bleu de Kühne et la thionine phéniquée, mais elle ne prend ni le Gram ni le Weiggert. Après coloration, le microbe pathogène se montre nettement sous la forme 142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bacillaire, plus ou moins accusée, arrondie à ses extrémités. Tantôt il est uniformément coloré dans toute son étendue, tantôt et le plus souvent, notamment dans les préparations faites avec le sang, il présente un espace clair central, ses deux pôles étant seuls colorés. Daus une culture faite avec du sang de pigeon, nous avons obtenu une variation spontanée dans la morphologie du microbe sans modification de virulence. Beaucoup d'individus atteignaient les dimensions de la bactéridie charbonneuse tout en conservant leur aspect habituel (pôles fortement colorés, espace clair central). Culture. — Cette bactérie est aérobie, elle se cultive bien dans les différents milieux couramment usités, sauf sur pomme de terre, à la température de 39-38 dégrés. En bouillon peptonisé, apparaît en 12-18 heures un trouble uniforme qui s'épaissit durant quelques jours; puis, peu à peu, le bouillon recouvre plus ou moins complètement sa transparence par suite du dépôt des microbes dans le fond du vase de culture. Dans le /ait, la culture se fait abondamment et rapidement, sans change- ment de réaction, sans coagulation du milieu. C’est le milieu de choix pour conserver quelque temps la virulence du microbe dans les milieux artifi- ciels. Sur gélose, le développement est rapide; en strie il se forme en 24 heures, une pellicule opalescente, molle, homogène, s’étalant partout où le liquide existant à la surface de la gélose a entrainé la semence. Sur gélatine, la culture, toujours peu abondante, se fait lentement. En strie on observe des colonies punctiformes, opalines, plus ou moins confluentes suivant la richesse de l’ensemencement, sans tendance à s'étendre. En piqüre, il se développe seulement quelques colonies finement lenticulaires dans le voisinage de la surface de la gélatine. Sur sérum coagulé, il se forme tout le long de la strie d’ensemencement une tache de même couleur que le sérum. Les cultures en bouillon, tentées dans le vide à peu près ahsolu, ne se développent pas, même après un séjour prolongé à l’étuve à 37 degrés; sion laisse pénétrer l’air, le développement s'effectue alors rapidement. En milieux artificiels, le vieillissement amène rapidement la disparition de la virulence, celle-ci se conserve beaucoup plus longtemps dans le lait (plus de deux mois). Ce microbe ne résiste pas à la dessiccation, aux antiseptiques (acide phéni- que et crésyl, à 3 p. 100, sublimé à 1 p. 1000); la chaleur (55-56 degrés pendant 10 minutes) le stérilise rapidement. Les cultures en bouillons chauffées à 60 degrés ou filtrées sur Chamberland perdent toute activité. Inoculées à la dose de 2 à 3 ceutimètres cubes dans la veine du lapin ou sous la peau du cobaye elles provoquent une hyperthermie passagère et confèrent une certaine résistance. Inoculées dans la jugulaire chez le chien à la dose de 8 à 15 centimètres cubes, elles déterminent plus ou moins rapidement suivant le poids de l’animal des phénomènes très marqués : agitation suivie de prostration intense, hyperthermie, vomissements répétés, apparaissant parfois 15-20 minutes, d'autrefois { heure à 1 h. 1/2 après l'in- jection, épreintes et lénesme, diarrhée profuse parfois sanguinolente, acte soc south one nt AC ne don die Éd nf D nd É SÉANCE DU A0 FÉVRIER 143 polyurie. L'animal se rétablit assez rapidement. Les mêmes phénomènes sont obtenus par l'inoculation intraveineuse de pulpe de foie de cobaye ou de lapin mort de la maladie. Action pathogène. — Les recherches sur la réceptivité des diverses espèces feront l'objet d’une note spéciale, mais déjà nos expériences ont établi que l’on peut reproduire la maladie naturelle chez la poule et le canard, qu’en outre l'affection peut être transmise expérimentalement au pigeon, au lapin, au cobaye, au rat blanc, au chien, et par certains artifices (chauffage à 25- 28 degrés) à la grenouille, {Travail du laboratoire de M. le Professeur Galtier.) LÉSIONS CARDIAQUES ET MUSCULAIRES PROVOQUÉES PAR LA TOXINE PNEUMOCOCCIQUE, par MM. P. Carnot et L. FouRNIER. Au cours de recherches sur la toxine pneumococcique, nous avons été frappés de la régularité et de l'intensité des lésiors musculaires, provoquées par elle au niveau du cœur et des vaisseaux, de l'intestin et des muscles locomoteurs. Ces lésions semblent constituer la caractéris- tique anatomique de l’intoxication pneumococcique, du moins pour le lapin et pour la toxine, très hémorragipare, dont nous nous sommes servis. En règle générale, les désordres produits ne sont nullement pro- portionnels aux doses : avec deux gouttes de toxine, nous avons obtenu, chez certains animaux, des myosites allant jusqu'à la rupture spon- tanée, et des myocardites intenses, alors que chez d’autres, plusieurs centimètres cubes de la même toxine provoquaient des lésions bien moindres. Les myocardites pneumococciques surviennent très rapidement : dès le deuxième jour, les animaux présentent de la tachycardie et bientôt un affaiblissement des bruits du cœur. Ils ont généralement une dyspnée d'effort, au moindre mouvement; mais au repos, nous avons été frappés du peu de troubles occasionné par des lésions extrêmement considé- rables. Le cœur est toujours très volumineux : ses parois sont très flasques, s'aplatissant comme un linge mouillé; la couleur en est altérée, feuille morte; parfois, surtout à la pointe, on note de petites suffusions hémorragiques. L'examen histologique de la cellule musculaire montre quelquefois une discordance des striations transversales (élat moiré de Renaut); beaucoup plus souvent, nous avons noté un écartement el une raréfaction des cylindres contrac- + Ltée 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tiles, qui se dissocient, puis se groupent en faisceaux, séparés par de larges plages de substance protoplasmique non différenciée. Un état plus avancé des lésions semble caractérisé par la vacuolisation très intense du protoplasme. La zone sous-endocardique, notamment, est parfois ajourée comme une véritable dentelle. Cette lésion, assez banale, prend, dans nos cas, un cachet spécial par son exagération même. Elle est, en par- ticulier, beaucoup plus intense sur nos préparations que dans les dessins relatifs à la toxine diphtérique qui accompagnent le beau travail de Mollard et Regaud. Les vacuoles, d’abord petites et discrètes, situées principalement autour du noyau qu'elles isolent, deviennent de plus en plus confluentes : elles forment des chapelets longitudivaux, puis s'ouvrent les unes dans les autres, séparées par des travées incomplètes et des éperons protoplasmiques : à un degré plus intense, le protoplasme cellulaire est presque entièrement remplacé par ces vacuoles, à contour polycyclique, et ne constitue plus que quelques travées au niveau desquelles les cylindres ont presque tous disparu. Il paraît difficile d’atiribuer un processus aussi intense à la simple coagu- lation du protoplasme par les réactifs : il est probable que les vacuoles sont constituées par un liquide d’exsudation, qui, non coagulable, disparait lors de la fixation de la pièce. On trouve, fréquemment aussi, une autre lésion élémentaire, qui coexiste, du reste, assez rarement avec la précédente et qui, plus parcellaire, occupe un siège d'élection plus profond : c’est la dissociation segmentaire, connue depuis Landouzy et Renaut : Les cellules sont disjointes au niveau des traits scalariformes d’Eberth, où le ciment s’est probablement résorbé. Cette lésion n'occupe que quelques segments du cœur et n’est jamais étendue à toute la périphérie. Dans deux cas, nous avons observé une lésion plus grave mais d’une inter- prétation plus délicate; elle consiste en larges failles de fragmentalion qui se continuent linéairement à travers plusieurs cellules et indiquent surtout. une grande friabilité de la cellule cardiaque. Le plus souvent, alors, le proto- plasma devient homogène, ne décelant plus aucun détail de structure, se. colorant uniformément. Enfin on observe, parfois, les dégénérescences extrêmes de la cellule, la dégénérescence vilreuse et, rarement, la dégénérescence de Zenker. Nous n'avons jamais observé de dégénérescence graisseuse ni pigmentaire. Dans deux cas, la fibre musculaire paraissait beaucoup moins touchée que le tissu interstitiel : les fibres de celui-ci, très gonflées, prenaient uniformé- ment et assez faiblement les couleurs basiques; il y avait là tous les intermé- diaires entre la dégénérescence hyaline, et une dégénéresccence mucoïde spéciale qui nécessite de nouvelles études. Les myosites pneumococciques étaient, pour ainsi dire, de règle dans nos expériences. Dans cinq cas, nous avons observé des ruptures complètes au niveau du psoas et de la masse sacro-lombaire, parfois, avec hémorragie péritonéale; dans un cas, une rupture au niveau de la cuisse droite. Les muscles étaient alors extrêmement friables et trans- lucides : ils avaient souvent, au-dessus et au-dessous de la rupture, un piqueté hémorragique plus ou moins abondant. —. SÉANCE DU 10 FÉVRIER 4145 Dans d'autres cas, il n'y avait pas eu rupture; mais on voyait des muscles translucides, à piqueté hémorragique et si friables qu'ils se cassaient dès qu'on exerçait sur eux la moindre traction. Parfois muscles et tissu cellulaire présentaient une viscosité particulière très remar- quable : les extraits de muscles possédaient cette mème propriété. Au microscope, on peut déceler la plupart des lésions que nous avons déjà signalées au niveau du cœur (disparition des cylindres, vacuolisation, elc.). On observe très fréquemment de graves lésions caractérisées par la dégéné- rescence massive de la fibre. Nous avons obtenu notamment de très belles figures où l’on voit, sur une coupe transversale, le protoplasma rétracté au centre, l'enveloppe restée en places, et, entre les deux, une série de gouttes sarcodiques exsudées reliant, parfois, par des rayons moniliformes, le centre à la périphérie. Nous avons observé enfin assez souvent la dégénérescence de Zenker. Enfin souvent on observait des figures très nombreuses de phagocvtose musculaire. Du côté de l'intestin, surtout au niveau du rectum, on constatait une friabilité très considérable ; les hémorragies multiples démontraient la friabilité des parois vasculaires. Le Gérant : G. MAsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. #4 Te tar: mer Lotus attire Tnt d 1 Ye AN RUE NE 60 Ve tn 2 10 ie 4 vi ARE Pt ons 27 oh FLAN a VE ap Ve (LAS vé HER pâ' à sn fur inérar ar. ei pete à 4 « FAN Frove RPeRe à PÉNRERE HL HET Ho ‘à 2 AOTÉ EXT tr } #3 à LE S Hit fret Et AT à ee ur pe Ci *Y "St mo RUE qu FPE au LE is ne Pro ES SAUT ET TUE) CE NN Qi msi a HE is B&E D LR ARC AAC 1 °C MEET EI A 147 SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1900 M. F. Meswir : Quelques remarques au sujet du « déterminisme de la métamor- phose ». — M. E. GELLÉ : Des mouvements de l'air intra-buccal pendant l'émission des voyelles. — MM. Baup et STANCULEANU : Le colibacille dans les suppurations auriculaires et leurs complications. — M. Axpré Mayer : Variations de la tension osmotique du sang chez les animaux privés de liquides. — M. A. RABrEAUx : Sur la réceptivité de quelques espèces vis-à-vis du microbe de la septicémie hémor- ragique du canard et de la poule. — M. L. Terre : Métamorphose et phagocytose. — M. L. Terre : Sur l'histolyse du corps adipeux chez l’Abeïlle. — M. G. Pécor : Sur un cas d'infection parasitaire chez la grenouille rousse et ses conséquences biologiques. — M. E. GezLé : Du mouvement de l'air expiré pendant la forma- tion des sons du langage. — MM. LABapie-LAGRAVE, E. Box et J. Noé : Toxicité urinaire et albuminurie. — M. Louis RÉNON : Echinocoques multiloculaires (alvéo- laires) observés chez un Français. — M. P. Lescanc (de Lyon) : Piroplasma canis. Ictère infectieux du chien. — M. ÉTIENNE Jourpan : Notice sur le professeur Marion (Mémoires). Présidence de M. Kaufmann, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. RETTERER offre à la Société de Biologie un travail de M. Mason (de Louvain). Ce travail est intitulé : Æxpériences et Remarques sur l'usage et l'abus du Tabac (Bruxelles 1899). Dans ce mémoire, M. M4son confirme les résultats que MM. Gilbert Ballet et Maurice Faure ont obtenus dans leurs expériences (1) et dénonce les dangers du tabac. QUELQUES REMARQUES AU SUJET DU € DÉTERMINISME DE LA MÉTAMORPHOSE », par M. F. MEsnic. » (Communication faite à propos du procès-verbal de la dernière séance). Je demande la permission à la Société de présenter, au nom de M. Metchnikoff, qui ne peut assister à cette séance, et au mien, quel- ques observations au sujet de l’intéressante note que M. Giard à envoyée à la dernière séance « sur le déterminisme de la métamorphose (2) ». (A4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 11 février 1899. 1 (2) Giard. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 10 février 1900, p. 77-80. BioLocie. ComPres RENDUS. — 1900, T, LIT. 12 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'abord, au point de vue des /aits d'histolyse musculaire dans les métamorphoses, il y a lieu de distinguer entre ceux qui considèrent {a phagocytose comme intervenant dès le début de l'histolyse, avant toute altération du muscle constatable au microscope, et ceux qui croient qu’il y a d’abord nécrobiose chimique, suivie ou non d’englobement phagocytaire. Les préparations de Muscides de M. Kovalevsky, que M. Metchnikoff a pu examiner, celles d'Hyménoptères, que MM. Anglas et Ch. Pérez ont bien voulu nous montrer à l’Institut Pasteur, celles de têtards de Batra- ciens de M. Metchnikoff, ces dernières comparées à celles qui lui ont été communiquées par M. Bataillon, prouvent à l’évidence que la pre- mière manière de voir est la seule qui soit exacte. On connait trop bien maintenant la diversité des phagocytes et des processus de digestion intracellulaire pour s'étonner que, dans tel cas, les myophages soient d'origine musculaire, et dans tel autre d’origine leucocytaire ; que, chez les Muscides, il y ait des AXürnchenkugeln et qu'ils manquent chez les Hyménoptères. Ce qui, pour nous, est général et vraiment de première importance, c'est l’intervention précoce de la phagocytose. Nous pensons volontiers, avec M. Giard (c'est d’ailleurs le point capital dans son argumentation), que, dans un grand nombre de cas, « le point de départ de l’histolyse existe dans une altération préalable des tissus ». C’est là une hypothèse (puisque cette altération ne peut être décelée au microscope) parfaitement plausible, qui rend compte d’un certain nombre de faits, que M. Metchnikoff a admise dans plusieurs de ses mémoires anciens et récents et qu'il a cherché à préciser dernière- ment (1) en supposant que le tissu qui va entrer en histolyse, a cessé de sécréter une substance protectrice vis-à-vis des phagocytes. Mais on ne peut rejeter « priori cette autre hypothèse, également plausible, que l’action phagocytaire s'exerce, dans certains cas, à la suite d’une modi- fication des propriétés du phagocyte. Dans l’une comme dans l'autre hypothèse, on a affaire à des incidents de la lutte pour l'existence entre les divers éléments d'un même organisme. Mais, quel est le déterminisme de l’altération préalable des lissus? M. Giard regarde favorablement la théorie de la métamorphose par l’asphyxie de Bataillon, dont Ch. Pérez a présenté récemment une réfu- tation (2). A l'objection de Pérez que l’asphyxie devrait être générale dans l'organisme et non limitée à certains organes, M. Giard répond qu'il est possible que certains tissus d’un organisme métabole puissent (4) Metchnikoff. Année biologique pour 1897, parue en octobre 4899, p. 254-255. (2) Ch. Pérez. Bulletin de la Société entomologique de France, séance du 27 décembre 1899, p. 398. DENT PiyrS Een SÉANCE DU 17 FÉVRIER 149 continuer à vivre et à proliférer avec une atmosphère d'oxygène réduite, alors que d’autres se trouvent dans des conditions asphyxiques et entrent en histolyse. Mais il est difficile de concevoir que certains élé- ments d'un même tissu dégénèrent, alors que d’autres, du même âge et au même degré d'évolution, continuent à vivre et à fonctionner; c'est pourtant le cas qui se présente pour les muscles des têtards de Batra- ciens, des Tinéides, de Crustacés parasites (Æemioniscus balani), ete. Il y à là des faits qui nous paraissent inconciliables avec la théorie de Bataillon. D'autre part, les résultats de M'° Chauvin sur la transformation des Axolotls en Amblystomes, qui auraient pu peut-être être interprétés favorablement à la thèse de Bataillon, n'ont pu être reproduits par M. Metchnikoff qui, au contraire, a vu que la métamorphose du Siredon a lieu dans les cas de retard de développement des produits géni- taux (1). M. Giard pense que, chez un muscle ne fonctionnant plus, le dégage- ment moindre de CO?, abolit le chimiotactisme négatif de ce gaz. C’est là une hypothèse qui aurait besoin d’être appuyée par des faits, car M. Besredka a établi que, chez les Mammifères, l'acide carbonique, mème à fortes doses, a un chimiotactisme positif, et M. Metchnikotf l’a utilisé dans ses expériences sur la résorption des cellules (2). Enfin, il ne nous semble pas évident que « la phagocytose apparaît nettement dans la métamorphose comme un processus cæœnogénétique ». Elle existe chez les Echinodermes, qui sont des types relativement primitifs. Dans le groupe des Arthropodes, nous l’avons constatée, Caullery et moi, chez les Crustacés, relativement plus primitifs que les Insectes. Enfin, dans le cas des Hyménoptères, dont M. Giard tire argu- ment, elle existe au moins pour les muscles (Anglas et Ch. Pérez), et il n'est nullement démontré que, pour les autres tissus, elle soit rem- placée par la lyocytose d’Anglas (3). Examinons en effet les faits. Pour le corps adipeux de la Guëpe et de l’Abeille, Anglas (/. c., p. 95), parle d’une dégénérescence chez la nymphe avec transformation granu- leuse du protoplasme, dissolution du noyau, déchirure de la membrane et transformation du tout « en une sorte d’émulsion, de chyle nutritif, baignant les organes déjà formés de l'adulte ». Or, sur les préparations de Vespa germanica que l’auteur a bien voulu me montrer, nous avons constaté ensemble, que jusqu'à la fin de la nymphose (M. Anglas n'avait pas de préparations d'imago), on à un tissu de réserve dont l'immense majorité des cellules, pour ne pas dire la totalilé, ne présentent aucun 4) Metchnikoff, Société des Naturalistes d'Odessa, 1876 (en russe). (2) Metchnikoff. Annales de l'Institut Pasteur, 25 octobre 1899, p. 758. (3) Anglas. Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, séance du 27 janvier 1900, 9 p. 94-96. 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE signe certain de dégénérescence. [en est vraisemblablement de même chez les Abeilles. M. Anglas croit aussi que les cellules qu'il appelle « cellules excréto- sécrétrices » du corps gras « ont une action dissolvante sur les cellules adipeuses qui les entourent, creusant leur protoplasme de vacuoles, et dissolvant leur noyau ». Un rapide examen d’une préparation, choisie par M. Anglas comme particulièrement probante, a prouvé à M. Metch- nikoff que cette manière de voir n’est nullement fondée. Il est presque inutile d'ajouter que, « priori, une semblable dissolution extracellulaire des noyaux, sur laquelle M. Anglas a surtout attiré notre attention, est invraisemblable. Les toxines cellulaires que l’on sait préparer main- tenant, depuis les travaux de J. Bordet sur les sérums hémolytiques, dissolventles corps protoplasmiques sans attaquer les noyaux (hématies, spermatozoïdes, etc.). La lyocytose de M. Anglas reste donc à démontrer. DES MOUVEMENTS DE L'AIR INTRA-BUCCAL PENDANT L'ÉMISSION DES VOYELLES, par M. E. Gecté. (Communication faite dans la séance précédente.) Les expériences que j'ai faites sur l'air expiré à sa sortie de la bouche pendant l'émission des voyelles et consonnes, m'ont conduit à recher- cher ce qui se passe dans l’air inclus dans la cavité buccale dans le même cas, afin d'éclairer la théorie de la genèse de ces sons vocaux. A.— J'ai ajouté 10 centimètres de tube de caoutchouc ferme et bien calibré à la branche du manomètre à eau qui m'a déjà servi. La bouche grande ouverte pour prononcer À, je porte cette extrémilé profondément au-dessus de la base de la langue ; et, aussitôt, À est dit énergiquement. À mon grand étonnement, le niveau du manomètre reste fixe, immobile! L'intensité du son n'y fait rien. Mêmes résultats négatifs avec les autres voyelles; le dispositif est un peu modifié pour o, u, ou. Dès que le bout du tube est porté dans le tiers antérieur de la bouche, l'air expiré pro- voque l’ascension du niveau. Au moment de l'émission de À, il existe donc dans l'air intra-buccal, au niveau de la base de la langue, une zone profonde qui n'offre par de courant sortant, qui ne se porte pas vers l’extérieur : c’est un phéno- mène curieux, non signalé jusqu ici. On ne peut en conclure que cet air soit immobile cependant; l'expérience indique seulement l’absence de mouvement vers l’orifice buccal en ce point. B. — Il s'agissail de savoir si cet air n’éprouvait pas de mouvements autres quelconques. J'ai changé de dispositif dans cette recherche, le voici : une rondelle de papier mince, bien sec, rigide, de 1 centimètre de diamètre au plus, 4 | | ; 4 + $ F “4 # r - _ set Late SÉANCE DU 17 FÉVRIER 151 est transfixée à son centre par une tige d'acier poli, telle une aiguille à tricoter, sur laquelle on s’est assuré d'avance qu'elle glisse au plus léger souffle : voilà l'appareil. La bouche est alors ouverte comme pour dire A, éclairée jusqu'au fond, et inspectée au moyen du miroir quand on opère sur soi-même. Puis, la rondelle de papier est placée à 1 centimètre au plus de la pointe de la tige d'acier et portée vivement, avec adresse, jusqu’au niveau de la base de la langue, à l'entrée de l’ishme; enfin, on dit À énergique, sans respirer; à ce moment, une sensation de corps étranger dans la gorge provoque des efforts d'expulsion : c’est la rondelle de papier qui a brusquement quitté la tige et, lancée en arrière, s'est jetée sur le voile du palais, dans la gorge, poussée par un courant d’air rentrant ins- tantané. La rondelle bien placée, tout contact évité, plus on dit À violemment, plus la propulsion vers le fond réussit. La rondelle, portée dans les deux tiers antérieurs de la cavilé, est vivement refoulée dehors; au centre, elle est à peine ébranlée. C'est donc près de l'isthme, au niveau de la base de la langue, en avant du rétrécissement du canal buccal qui donne naissance à À, que la rondelle doit être portée; et e’est en ce point, où déjà nous avons constaté une immobilité relative de l’air inclus, que nous obser- vons aussi un mouvement rentrant, une impulsion rétrograde très active : ce curieux fait est signalé pour la première fois. Il en résulte qu'au moment précis où l’on dit A, il se forme dans l’air inclus deux courants de sens opposés, l’un dirigé vers les lèvres, l’autre rentrant vers l'isttme de la gorge. Le courant sortant est plus super- ficiel, plus évident; le rentrant est profond, limité, et manifesté seule- ment par les artifices expérimentaux au niveau de la base de la langue. Ces courants antagonistes se joignent sans doute, entrent en lutte, auprès de la stricture du canal buccal, de là des alternatives de conden sation et de dilatation de l’air, qui produisent le son-voyelle avec le son laryngé. Cette expérience montre qu’au moment du son-voyelle l'air expiré est animé de mouvements en tourbillons, que de vrais cyclones intra-buc- caux l'agitent, et sont l’origine véritable des sons-voyelles. La théorie de la résonance céderail la place à la théorie aérodynamique, si on se base sur ces constatations expérimentales nouvelles. 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE COLIBACILLE DANS LES SUPPURATIONS AURICULAIRES ET LEURS COMPLICATIONS, par MM. Baup et STANCULEANU. (Communication faite dans la séance précédente.) L'étude des suppurations auriculaires et de leurs complications immédiates ou éloignées est de date relativement récente et subit sans cesse des remaniements. Nous avons eu l’occasion d'étudier récemment un cas de septicémie. d'origine auriculaire qui nous a paru présenter des particularités inté- ressantes au triple point de vue clinique, anatomique et bactériolo- gique. Il s’agit d’un malade âgé de dix-neuf ans, atteint d’une suppuralion de l'oreille depuis l’âge de six ans, qui présentait au moment où nous le vimes pour la première fois, tous les symptômes caractéristiques d'une mastoïdite compliquée de thrombo-phlébite du sinus latéral et d'infection purulente. Malgré l'intervention pratiquée par nous et qui confirma notre diagnostic, le malade ne tarda pas à succomber. L'évolution clinique avait présenté ceci de caractéristique : 4° la chute brusque de la température qui s’est maintenue jusqu’à la mort aux environs de 36 degrés; 2° l’état de stupeur profonde et d’asthénie plus marquée que dans les formes même typhoïdes de la septicémie ; 3° un état gastrique très mauvais avec diarrhée intermittente et profuse. À l’autopsie, outre les lésions auriculaires on trouva : des lésions hémorragiques de la rate, de la dégénérescence graisseuse du foie et la tuméfaction de l’épithélium rénal. L'examen bactériologique nous donna la clef de l’évolution un peu particulière de cette septicémie auriculaire. Du pus prélevé dans la mastoïde et le sinus au moment de l'opération; du sang prélevé à l’autopsie dans le foie, reins, rate par ponction capil- laire nous ont donné les résultats suivants : Nous avons pu isoler deux variétés microbiennes : la première, c'était un petit bacille de 2 à 3 u, à extrémité arrondie, décoloré par le Gram, troublant fortement le bouillon, formant sur agar une large trajnée blanc jaunâtre; sur pomme de terre un enduit blanc grisàtre; coogulant rapidement le lait et dont toutes les cultures exhalaient une odeur fécaloïde caractéristique ; nous l'avons donc facilement identifié au bacterium coli commune. La deuxième, c'était un gros et long bâton, à extrémités carrées, forte- ment coloré — gardant le Gram et strictement anaérobie. Dans la gélose sucrée en profondeur suivant la méthode de Veillon donne rapidement des colonies lenticulaires ou papillonacées d'un blanc jaunâtre — don- 4 SÉANCE DU 17 FÉVRIER 153 nant des gaz félides fendant fortement la gélose ; dans l'épaisseur de la gélatine sucrée, petites colonies brunätres, opaques fendant la gélatine. Nous l'avons identifié au bacillus perfringens, décrit pour la première fois par Veillon et Zuber. Deux centimètres cubes de culture de coli dans du bouillon injecté dans le péritoine d’un lapin et d’un cobaye n'ont provoqué chez ces ani- maux qu'un amaigrissement passager; le perfringens inoculé en culture solide suivant la méthode de Hallé, à la dose de 2 centimètres cubes sous la peau d'un cobaye, a provoqué un vaste abcès gangreneux, mais l'animal ne meurt pas: enfin par l'injection solide des deux centimètres cubes de gélose sucrée contenant une quantité égale de culture de coli et de perfringens dans la veine marginale d’un lapin, on a provoqué une septicémie mortelle au bout de vingt-quatre heures. Dans le sang de l'animal on a trouvé les deux microbes caractéristiques. Ici la découverte du bacterium coli explique les particularités cliniques dans l'évolution de notre septicémie; les recherches sur le coli, expérimentales et cliniques de Gilbert et Dominici, Boix, Vautrin et Spillmann confirment notre manière de voir et expliquent l’hypothermie, la diarrhée et l’asthénie. Le bacterium coli a été trouvé à part notre cas deux fois seulement dans les suppuralions auriculaires mais non compliquées par Ménière (1) et Stern (2). Sans doute il provient de la cavité buccale où il a été rencontré fré- quemment par Grimbert et Choquet (3). Il nous a paru intéressant de relater cette septicémie provoquée par l'association du coli et du bacillus perfringens, qui isolément nous ont paru peu virulents ; réunis, au contraire, ont provoqué une septicémie grave, ainsi que le confirment nos expériences sur les animaux. VARIATIONS DE LA TENSION OSMOTIQUE DU SANG CHEZ LES ANIMAUX PRIVÉS DE LIQUIDES, par M. ANDRÉ MAYER. Communication faite dans la séance précédente.) J'ai étudié les variations de la tension osmotique du sérum sanguin chez les animaux soumis à l’alimentalion sèche, et absolument privés de liquides. Mes expériences ont d’abord porté sur une série de huit chiens. L'alimentation se composait de biscuits secs et de viande de cheval légèrement bouillie, puis desséchée au four à flamber. — Le sang était (1) Ménière, Trailé d'otologie, 1894. (2) Stern. Archiv of otology, avril 1896, (3) Grimbert et Choquet, Journal des connaissances médicales, 1895. 154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE recueilli d'une façon parfaitement aseptique. J'ai toujours employé du sang artériel, provenant des fémorales, des humérales ou des carotides. — La prise de sang, au début de l'expérience, étant susceptible de modifier la valeur de la tension, les animaux étaient laissés deux jours au régime ordinaire, avant d’être soumis au régime sec. La tension osmotique était déterminée par la cryoscopie. Dans tous les cas, j'ai trouvé une augmentation constante et très sen- sible de cetle tension. J'ai cherché à déterminer quelle part revient dans cette augmenta- tion aux sels, et quelle aux albuminoïdes. Pour obtenir la valeur de la pression des sels, une certaine quantité de sérum était calcinée, et les cendres ainsi obtenues reprises par une quantité d’eau égale à celle du sérum primitivement employée. Cette dernière solution était examinée par la cryoscopie. Ce procédé ne néglige que les phosphates insolubles. J'ai trouvé que la tension des sels varie moins que celle des albumi- noïdes et que l’augmentation totale est donc principalement due à la présence d’un excès de ces derniers, ou à la fragmentation de leurs molécules. Voir le tableau ci-après des chiffres obtenus. ŒLE JOURS POIDS À DU SÉRUM 5 Res A DES ALBUMINOIDES Il » 11 kilog. — 0,60 » » 5° jour. 9 kil. 500 — 0,70 » » TE » — 0,72 » » Il » 15 kilog. — 0,57 ») » CNE ous QD — — 0,66 » » NN FA, » 25 kilog. — 0,61 — 0,45 — 0,16 4e jour. 22 — — 0,69 — 0,47 — 0,18 IV » 18 kilog. — 0,61 — 0,49 — 0,12 9e jour. 13 — — 0,675 — 0,46 — 0,215 V » 21 kilog. — 0,60 1) 7 — 0,15 Te jour. 13 kil. 600 — 0,70 — 0,49 01 VI ») 412 kilog. = 0,60 » » 7e jour. 8 kil.. 500 — 0,68 » » VII » 19 kilog. — 0,60 — 0,45 075 Pour ei — 10,68 —10;47 — 0,21 VIII » 24 kilog. — 0,60 — 0,47 — 0,13 Te jour. 16 — — (A — 0,505 — 0,203 On pouvait se demander si cette augmentation de tension n’est pas simplement le résultat de l’inanition. Mais, d’une part, Fano et Botazzi ont trouvé quelquefois dans l’inanition simple, une augmentation ana- logue, mais beaucoup plus faible. Nos propres résultats concordent avec les leurs : Chez un chien soumis d’ailleurs aux mêmes conditions que les précé- = SÉANCE BU 17 FÉVRIER 455 dents, mais totalement privé de liquides et de solides, l’augmenta- tion n'a été que : L LD BE QT GET AN A A ET) 1) — A ET CR — 0/02 D'autre part, les chiens soumis à l’abstinence de liquides refusent de manger vers le sixième ou septième Jour. Si on les laisse dans cet état, leur tension continue à augmenter. Sérum. Sels. X. Chien au régime ordinaire. . . A—— 0,60 — 0,47 — au régime sec, 4° jour. . A——0,71 — 0,505 — à l’inanition, 14° jour. . A——0,80 — 0,555 Si, au contraire on leur donne à boire, tout en leur refusant à manger, la tension s'abaisse, puis reste presque stationnaire. MEMORIENMMAU FéSIMe DEN NATe NEO EE 0:60 —' au régime sec, 7 jour. . . . . . . A—— 0,68 — à la privation de solides, 14° jour. . A = — 0,63 Le retour à la tension normale, chez des animaux dont le sang est ainsi hypertonique, se fait très rapidement. À un chien soumis au régime sec, et ayant maigri de 4 kilogrammes pendant que sa tension a passé de 0,60 à 0,68, on donne à boire. Il absorbe environ 2 litres de lait et 1 litre 1/2 d’eau. Une heure après, on a : XII. Chien au régime ordinaire . . . . . . . A——0,60 AA AUTEÉCINTENSE CE EU MERE NES AE REA 068 1 heure après avoir bu . +. .1: . : . . A——0,63 L'injection de caféine à des chiens soumis au régime sec, à raison de 0 gr. 05 par kilogramme d'animal et par jour, ne produit pas chez eux une augmentation de tension plus sensible que celle des autres chiens, mais seulement une perte de poids un peu plus accentnée les premiers jours. — L'administration de purgatifs salins n’a pas non plus d'effets bien appréciables. De tous ces faits on peut conclure que la privation de liquides entraine une augmentation de tension osmotique du sang. Il semble rationnel d'établir une relation — relation que je me pro- pose d'étudier — entre cette augmentation et le phénomène de la soif. Les expériences précédentes tendent à démontrer que la soif est liée à l'état hypertonique du milieu intérieur. (Travail fait au laboratoire du professeur Chantemesse.) 156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA RÉCEPTIVITÉ DE QUELQUES ESPÈCES VIS-A-VIS DU MICROBE DE LA SEPTICÉMIE HÉMORRAGIQUE DU CANARD ET DE LA POULE, par M. A. RABIEAUX. À diverses reprises on a décrit, sous des noms différents, chez les mammifères et les oiseaux de basse-cour, des affections contagieuses, fonction d’une « bactérie ovoïde ». Dans une précédente note, nous avons relaté l'étude d’une « septicémie hémorragique » observée chez le canard et la poule, se rapprochant des affections similaires déjà décrites par les caractères généraux du microbe pathogène (bactérie ovoïde), mais s'en distinguant cependant par la variété des espèces expérimentales douées de réceptivité. Cette réceptivité ne saurait être un caractère suffisant de spécificité ; l’on sait, en effet, que dans ses réactions sur les animaux, comme dans sa forme et ses conditions de culture en milieux artificiels, une même bactérie ovoïde présente des variations étendues suivant son origine. La « septicémie hémorragique » que nous avons observée chez le canard et la poule est transmissible expérimentalement soit avec les cultures pures de la bactérie isolée, soit avec les produits virulents recueillis sur le cadavre, non seulement au canard et à la poule, mais aussi au pigeon, au lapin, au cobaye, au rat blanc, au chien et, à l’aide de certains artifices, à la grenouille. Chez le canard et la poule, la maladie est facilement reproduite par l'ingestion de culture ou de produits virulents mélangés aux aliments. En 50-48 heures, la mort survient sans symptômes apparents autres qu'une diarrhée abondante dans les derniers moments. A l’autopsie, on retrouve absolument les lésions relevées sur les animaux morts natu- rellement. L'inoculation intra-musculaire de 1/4 de centimètre cube de culture, de sang ou de pulpe de foie provenant d’un animal ayant suc- combé à la maladie, provoque la mort en 16-24 heures. Les lésions intestinales sont moins marquées. Au point d’inoculation, les muscles ont une teinte lavée, sont friables, comme cuits, très riches en microbes spécifiques. Chez le pigeon, l'ingestion de produits virulents amène la mort en 30-48 heures. Les lésions relevées sont identiques # celles trouvées chez le canard, moins la présence des tachés hémorragiques de l’épi- carde. L'inoculation intra-musculaire de 1/4 de centimètre cube de cul- ture ou de sang tue ces animaux en 9-18 heures avec lésions au point d’inoculation. Le lapin est, de tous les animaux d'expérience, le plus sensible. TI peut contracter la maladie par ingestion, par inhalation (avec lésions de pneumonie lobaire), par inoculation sous la peau. Lans la veine, SÉANCE DU 17 FÉVRIER 157 l'inoculation de 1/5 de centimètre cube de culture provoque la mort, à coup sûr, en 6 à 8 heures avec lésions congestives sur l'intestin ; la mort, précédée de quelques convulsions, survient en opistholtonos. Chez le cobaye, la maladie peut être transmise par ingestion et inha- lation. Par inoculation sous-cutanée de 1/4 de centimètre cube de cul- ture ou de pulpe virulente provenant du canard, de la poule, du pigeon ou du cobaye, on obtient la mort en 12-30 heures avec lésions très mar- quées d’entérite, accompagnées parfois de péritonite exsudative et de pleurésie. L’inoculation sous-cutanée de culture ou de pulpe virulente provenant du lapin ne tue pas sûrement le cobaye; quelquefois il se forme seulement au point d’inoculation un noyau induré de volume variable qui se ramollit et s’ouvre à l'extérieur (le pus est très riche en microbes spécifiques), se terminant par la guérison. Quand la mort survient, elle est beaucoup moins rapide; il faut, le plus souvent, de 3 à 7 Jours. Le ral blanc est tué en 24-30 heures par l’inoculation de 1/4 de centi- mètre cube de culture ou de produit virulent. A l’autopsie, on retrouve les lésions observées chez le cobaye. Chez le chien, les résultats de l'inoculation sont moins constants, il faut de plus fortes doses pour amener la mort. Chez un chien de petite taille, la mort estsurvenue en 30 heures après l’inoculation sous la peau de la cuisse de 5 centimètres cubes de pulpe de foie provenant d'un pigeon ayant succombé à la maladie. Au point d'inoculation, on trouve une large infiltration sanguinolente du tissu conjonctif avec tuméfac- tion de l'extrémité supérieure du membre. Les organes digestifs sont très congestionnés. Les cultures faites avec son sang ont permis de reproduire la maladie chez d’autres espèces. L'inoculation intra-veineuse d’une forte dose de culture (10-15 centi- mètres cubes) amène sûrement la mort. Des symptômes très marqués dont la production est due aux toxines sécrétées sont observés (cf. note précédente : vomissement, épreintes, diarrhée, etc.). La mort survient en 30-72 heures avec lésions septicémiques. La grenouille, maintenue à la température de 25-28 degrés, est tuée rapidement par l’inoculation sous-cutanée ou mieux intra-péritonéale. A la température ordinaire, l’inoculation à ces animaux reste sans effet. MODIFICATIONS DE LA VIRULENCE. — Des passages successifs exallent la virulence du microbe; chez le lapin, on observe que les passages suc- cessifs exaltent la virulence pour le lapin, ne l'influencent pas notable- ment dans ce sens pour le pigeon, tandis qu'ils produisent une alténua- tion accusée de la virulence pour le cobaye. Après 3 à 4 passages de lapin à lapin, le microbe ne tue que rarement le cobaye et à longue échéance (3 à 7 jours). Le plus souvent, il ne se produit qu'un accident local plus ou moins développé qui, dans quel- « 158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ques cas, se ramollit et s'ouvre à l'extérieur. Le pus qui s'écoule est très riche en microbes. IMMUNISATION. — L'inoculation de doses répétées de cultures stérili- sées permet au lapin et au cobaye de résister à l’inoculation sous-cuta- née de produits virulents. (Travail du laboratoire de M. le professeur Galtier.) MÉTAMORPHOSE ET PHAGOCYTOSE, Note de M. L. TERRE, présentée par M. A. Gran». Dans notre note relative à l’histolyse du corps adipeux chez l’Abeille, nous arrivons à cette conclusion que le processus est indépendant de la phagocytose leucocytaire. Nous sommes, d'autre part, arrivé à une con- clusion analogue en ce qui concerne l’histolyse musculaire. Les recherches poursuivies sur des Insectes très divers (— Lépidop- tères, Coléoptères, Hyménoptères —) par de nombreux auteurs (— Korot- neff, Karawaiew, de Bruyne, Anglas et nous-même —) concordent donc pour établir que l’histolyse des divers organes frappés de régression (— muscles, glandes séricigènes, tubes de Malpighi, corps adipeux, intestin —) et par suite la métamorphose, peut s'effectuer sans phago- cytose. M. Pérez (1) interprète les faits d’une autre façon, et même chez les Ténéides interviendrait une phagocytose leucocytaire restreinte. Malgré ses affirmations, M. Pérez n’est peut-être en contradiction qu'avec lui seul. En effet, pour M. Pérez des cellules qui n’englobent jamais rien ne peuvent mériter le nom de phagocytes. M. Anglas (2) abonde dans ce sens et selon lui, il n’y a phagocytose que si «le phagocyte englobe la particule ingérée ». L'idée de phagocytose implique donc l’englobement de fragments cellulaires ou tissulaires par une cellule. Que MM. Anglas et Pérez nous permettent de leur faire remarquer qu'ils ne sont pas d'accord avec les principes qu'ils ont posés. Car, dans l’histolyse musculaire quia été plus particulièrement étudiée, ils constatent, comme nous, que cer- tains éléments, dont la nature importe peu d’ailleurs, digèrent et absor- bent le muscle sur place. Or, malgré leur définition, MM. Anglas et Pérez voient là un phénomène de phagocytose. Où est l’englobement? C'est (1) Ch. Pérez. Sur l'histolyse musculaire chez les Insectes, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 janvier 1900. (2) J. Anglas. Note préliminaire sur les métamorphoses internes de la Guêpe et de l’Abeille. La lyocytose, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 27 janvier 1900. SÉANCE DU 17 FÉVRIER 159 pousser l'inconséquence trop loin. M. Anglas s’en est bien aperçu. Aussi s’est-il servi d'un néologisme. Lyocytose au lieu de phagocytose, soit. Les termes ne nous appren- nent rien. Il importe plus de préciser les mécanismes. Et on ne le fait pas en déclarant, comme M. Pérez (1), que, chez des insectes tels que la Fourmi et l’Abeille, la métamorphose est une crise de maturité génitale Nous sommes ici sur le terrain des hypothèses et la controverse risque de demeurer stérile tant que la méthode expérimentale n'aura pas apporté de nouveaux éléments de discussion. Ces réserves faites, nous concevons difficilement que la prolifération des gonades, puis celle des disques imaginaux causent d'abord la dégénérescence d’un appareil musculaire que l'organisme devra réédifier plutôt que celle d’un tissu de réserves « exclusivement nourricier », comme le corps gras qui n’est attaqué qu’en second. N'’est-il pas admis que chez la Grenouille le déve- loppement des éléments sexuels et la résorption des appendices épiploï- ques sont en corrélation. Comment expliquer par une crise de maturité génitale les curieux phénomènes de l’évolution de certaines Cécidomyes? La théorie de M. Pérez n'entraine pas la conviction. Puisque chez certains Insectes, la métamorphose est indépendante de la phagocytose, d’autres facteurs interviennent dans la destruction des tissus. Que les agents histolysants soient des diastases, cela paraît certain dans l'état actuel de nos connaissances; on peut donner à ces diastases le nom de stimulines ou de toxines, cela est indifférent. Mais la production de ces stimulines et de ces toxines a elle-même un déter- minisme que nous devons pouvoir atteindre. Ce déterminisme ne rési- derait-il pas dans l’état d’anaérobiose relative qui accompagne la nym- phose? N’est-il pas démontré que chez divers Champignons l’anaérobiose est la condition déterminante de la sécrétion de certains ferments? Ce ne sont là que des vues, et elles ne pourront être prises en considéra- tion que le jour où elles auront recu la consécration de l'expérience. Il sera toujours facile d'ergoter sur la signification ou la valeur de tel ou tel trouble physiologique; mais il nous semble impossible, dans un essai d'interprétation des métamorphoses, de ne pas teuir compte de troubles fonctionnels aussi évidents et aussi importants que les trou- bles circulatoires et respiratoires. (Université de Dijon. Laboratoire de Biologie générale.) (4) Ch. Pérez. Sur la métamorphose des Insectes, Bulletin de lu Soc. entomo- logique de France, 27 décembre 1899, 160 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE SUR L'HISTOLYSE DU CORPS ADIPEUX CHEZ L'ABEILLE, Note de M. L. TERRE, présentée par M. A. Grarp. La régression du corps adipeux chez les Muscides a lieu par phago- cytose leucocytaire (Kowalewsky, van Rees). M. de Bruyne (1) ne peut se ranger à la manière de voir de Kowalewsky, ni à celle de van Rees et il reconnait que même chez les Muscides, les phagocytes ne jouent qu'un rôle très secondaire dans la lipolyse. Dans sa dernière note, M. Anglas (2) a exposé que chez la Guêpe et l’Abeille, les cellules du corps adipeux régressent « sans intervention d'éléments étrangers figurés ». Mais la dégénérescence du tissu grais- seux s'accompagne de phénomènes de karyolvse que M. Anglas laisse dans l'ombre, et sur lesquels nous croyons bon d'appeler l'attention. Chez des larves très jeunes, le corps adipeux consiste dans une asso- ciation de cellules plus ou moins arrondies, renfermant de très volu- mineuses vacuoles claires. Les dimensions de ces vacuoles sont très inégales. Le noyau est bien apparent et limité. Outre ces cellules, le tissu adipeux renferme encore des éléments plus gros dont le proto- plasme homogène se teinte énergiquement. Ils contiennent un noyau arrondi, pourvu d'un filament chromatique très apparent. Ce sont là, sans doute, les cellules glandulaires décrites par Karawaiew chez les Fourmis, les « cellules excréto-secrétrices » d’Anglas (3). Chez l'Abeille, ces éléments ne semblent jouer aucun rôle dans la lipolyse. Sur des larves approchant de la période du filage, on constate que le corps adi- peux est formé de cellules polyédriques à membrane nette, limitant un cytoplasme alvéolaire parsemé de rares vacuoles. Les volumineuses inclusions graisseuses du début ont disparu pour se répartir d’une façon uniforme dans le cytoplasme. Les contours du noyau sont main- tenant estompés. Chez une larve ayant filé, le tissu graisseux se dis- socie, ses cellules s’isolent, s’individualisent et dans les espaces inter- cellulaires, nagent des leucocytes. IL est fréquent de trouver des leucocyles accolés aux parois des éléments gras. Jouent-ils un rôle dans (1) C. de Bruyne. Sur l'intervention de la phagocytose dans le développe- ment des Invertébrés, Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, publiés par l’Acad. royale de Belgique, 1897, p. 34-41. (2) F. Anglas. Note préliminaire sur les métamorphoses internes de la Guêpe et de l’Abeille. La lyocytose, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 27 jauvier 1900). (3) D’après la description de M. Terre, ces cellules semblent être, non les cellules excrétrices d'Anglas, mais les œnocytes si constants dansles corps adi- peux des insectes en métamorphose où on les voit persister pendant l’histo- lyse à laquelle ils semblent en effet ne prendre aucune part (note de A. Giard). SÉANCE DU 17 FÉVRIER 161 la dissociation du tissu? Jamais nous n'avons observé la pénétration d’un leucocyte dans une cellule adipeuse. M. Anglas ne l’a vue que très exceptionnellement. Mais chez la fourmi, M. Pérez a été témoin de cette pénétration de leucocytes dans les cellules du corps adipeux. « Ces cellules, ajoute-t-il, doivent donc subir, très partiellement d’ailleurs, une phagocytose leucocytaire. » La désagrégation du tissu s'accompagne d’une résolution du plasma cellulaire en un liquide au sein duquel nagent de nombreuses goutte- lettes graisseuses de dimensions variables. Le noyau présente d’abord d'abondantes figures de division directe, puis tous les signes caractéris- tiques de la chromatolyse. À un stade plus avancé, la membrane cellu- laire disparait par dissolution, la cellule s'émiette en un amas de gra- nules graisseux et le noyau, réduit à un boyau chromatique dense, baigne dans cette bouillie qui va servir d’aliment aux organes en voie d'édification. Chez les nymphes sur le point d’éclore, ni cette bouillie, ni ces résidus nucléaires ne sont encore complètement résorbés. Les cellules glandulaires ont traversé toute cette période de métamorphose sans paraitre subir de modifications importantes. Chez la jeune Abeille . récemment éclose, on trouve d'abondantes granulations pigmentaires. N'y aurait-il pas un lien entre la régression de la chromatine et la for- mation du pigment? IL est à noter que la lipolyse débute bien après la myolyse, qu'elle dure pendant toute la vie nymphale et qu’elle marche très lentement. Il est curieux enfin d'enregistrer que sa phase la plus active coïncide avec une période de glycémie intense. La transformation de la graisse en glycogène ou en sucre a lieu chez les Vertébrés (1). Chez le Bombyx, M. Couvreur (2) a établi la formation du glycogène aux dépens de la graisse. Pendant la mélamorphose, le quotient respiratoire est constam- ment inférieur et de beaucoup à l'unité. Qu'une certaine quantité d'oxy- gène reste dans l'organisme sous forme d'acide carbonique accumulé dans les tissus, cela a été démontré (3); qu’une autre fraclion soit éli- minée à l’état de vapeur d’eau, il est possible; que le reliquat enfin se fixe sur la graisse pour la transformer directement ou indirectement en sucre, cela nous paraît certain. En résumé, l'histolyse du corps adipeux, chez l’Abeille, se présente donc comme une sorte de digestion, une dégénérescence ‘himique, un (4) Ch. Bouchard. Augmentation de poids du corps et transformation de la graisse en glycogène, Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 30 octobre 1898. M. Berthelot. Observations sur la transformation supposée de la graisse en glycogène, Comptes rendus de l’Acud. des sciences, 10 octobre 1898. (2) E. Couvreur. Sur la transformation de la graisse en glycogène chez le ver à soie pendant la métamorphose, Sociélé linnéenne de Lyon. (3) E. Bataillon. La métamorphose du ver à soie et le déterminisme évo- lutif, Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, publié par A. Giard, 1893, L 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE processus indépendant de la phagocytose leucocytaire, comme l'histolyse musculaire elle-même. Et comme pour le muscle, la régression s'accom- pagne de karyolyse. (Université de Dijon. Laboratoire de biologie générale.) SUR UN CAS D'INFECTION PARASITAIRE CHEZ LA GRENOUILLE ROUSSE ET SES CONSÉQUENGES BIOLOGIQUES, par M. G. Pécor. J'ai eu l’occasion d'observer au Laboratoire de Zoologie du P. C. N. un fait intéressant de parasitisme, que je crois devoir signaler à cause des relations que l’on peut établir avec des faits de même ordre signalés en pathologie humaine. Le parasite était le Polystomum intergerrinum qui vit dans la vessie de la grenouille ; on le classe parmi les Trématodes parasites externes. Il était en si grande abondance dans la vessie que celle-ci en paraissait noire. Plusieurs individus se rencontraient dans l’utérus de et en d’autres points que j'indiquerai tout à l’heure. La grenouille présentait en outre des particularités propres : 1° La paroi abdominale antérieure gauche était percée d'un orifice assez régulier de 3 millimètres de diamètre, par lequel passait un des lobes du corps graisseux, sans adhérences avec les bords, qui allait ensuite se loger entre la paroi abdominale et la peau. Deux autres orifices plus petits se trouvaient à côté du grand. 2° L’oviducte gauche était atrophié (l'animal était une femelle), sauf sur une portion d'un centimètre environ qui faisait suite au pavillon gauche. De loin en loin des tronçons de l’oviducte très déformés exis- taient encore et il fallait une dissection minutieuse pour les relier entre eux par des tractus fibreux, seuls restes des autres parties de l’oviducte. Près de l'ovaire, la continuité était impossible à suivre. 3° L’ovaire gauche avait un volume à peine égal au cinquième du volume de l'ovaire droit el cependant il possédait des ovules aussi développés. 4° Il paraissait y avoir deux reins à gauche, l’an en avant l’autre en arrière, séparés par un espace de un millimètre environ et leur ensemble avait une longueur à peu près double de celui de droite. Un seul canal de Wolf était néanmoins visible. En examinant au microscope, à un faible grossissement, j'ai pu voir aisément qu'il s'agissait d’un rein hypertrophié et étranglé par un gros tractus fibreux de part et d'autre duquel le tissu du rein s'était rétracté. 1e, a es JAN EEE ft PRET RON S. ES : SÉANCE DU 17 FÉVRIER 163 5° Les organes génito-urinaires gauches étaient réunis entre eux et à la paroi abdominale dorsale par des brides conjonctives nombreuses, d'origine cicatricielle. L'ovaire, l’oviducte et le rein droit étaient normaux. En résumé, atrophie considérable de l'ovaire et de l'oviducte, perfo- ‘0 ration de la paroi abdominale, hypertrophie du rein et son étrangle- menl, présence entre tous ces organes de tractus fibreux cicatriciels qui n'existaient pas à droite, telles étaient les particularités présentées par | cette grenouille. En pathologie humaine, un pareil tableau eût immédiatement fait songer à nne inflammation de l'appareil génital femelle, due à une infec- 4 tion parasitaire. 4 Je crois qu'il en est ainsi pour la grenouille et que le Polystome en est la cause. Je l'ai trouvé en effet dans plusieurs tronçons de l'ovi- ducte. Dans l’un, deux individus vivants se voyaient encore, c'était dans la région de l'ovaire. J'en ai retrouvé d’autres dans la cavité abdominale, ceux-là morts, reconnaissables au microscope à leurs crochets seule- ment. Ces animaux avaient donc pullulé dans la vessie, étaient remontés dans l’utérus par le cloaque, et de là, passant par l’oviducte étaient tombés dans la cavité abdominale, soit en passant par le pavillon soit en perforant l’oviducte. Le résultat a été une inflammation des organes génito urinaires à gauche. De plus les organes génitaux étant atrophiés en partie, il semble que l’on se trouve en présence d'un cas de rastralion parasitaire par- tielle, cas particulier d’une théorie générale de M. le professeur Giard. Mais est-ce à la présence mécanique du parasite lui-même ou bien à ses toxines que sont dues l’inflammmation et la castration? Je crois que les deux causes ont agi simullanément et qu’au parasite lui-même il faut attribuer les perforations de la paroi abdominale et au moins en partie l'atrophie de l'ovaire, tandis qu'à ses toxines on peut rattacher l'inflammation de la région et les brides cicatricielles consécu- tives. La grenouille, bien protégée par ses leucocyles se défendail éner- giquement. Fait curieux, les corps graisseux gauches élaient aussi déve- loppés que les corps graisseux droits. Des phénomènes comparables pour l'inflammation ont été signalés en pathologie humaine au sujet de l’Ascaris lumbricoides de l'homme qui, on le sait, peut provoquer des péritonites. On admet aujourd'hui que Celles-ci sont dues bien plus aux toxines qu'il sécrèle qu'aux phéno- mènes qu'il produit mécaniquement. Je signalerais en terminant celte particularité, que seules les parties des conduits génitaux pourvues de glandes albumineuses avaient été alleintes. L'utérus et la portion voisine du pavillon étaient indemnes malgré la BioLocte. Compres Renbus. — 1500. T. Li. 13 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présence du parasite. Cela tient sans doute à une différence histo- logique. Ainsi donc, castration, parasitaire partielle 2t inflammation des organes génito-urinaires produites par un Trématode, qui de parasile externe est devenu interne, à la faveur de l'agrandissement des con- duits femelles pendant la ponte sans doute; telles sont les observations que je tenais à présenter au sujet de cette grenouille. DU MOUVEMENT DE L'AIR EXPIRÉ PENDANT LA FORMATION DES SONS DU LANGAGE, par M. M.-E. GELLÉ On sait avec quel art le chanteur gradue sa respiration et modère les efforts de ses expirations, de façon à obtenir le moins de dépense de souffle possible dans les sons continus ou filés, sans rien perdre de leur intensité. Dans la phonation et l'articulation, quelle est cette dépense? Les expériences suivantes montrent qu'elles sont bien plus impor- tantes et non réglées. L'auteur se sert d’un tube en V, contenant une colonne liquide dont le niveau oscille sous l'influence des expirations vocales, qui frappent l'orifice d’une des branches du V. A. — a) Si l’orifice est proche des lèvres, dans la respiration calme, le niveau s’élève à chaque expiration. b) Si l'on émet A, E’, I, O, U, OÙ, E, brusquement, d’un coup de glotte, le niveau s'élève à peine avec A, et de plus en plus jusqu'à OU, et E. c) Si les voyelles sont répétées successivement : À, À, À, etc., la pre- mière seule agite le liquide; les autres, non. d) Quand le son voyelle est soutenu, le niveau est à peu près immo- bile : la dépense d’air est aussi réduite que possible; fait connu des chanteurs. B. — a) Au lieu de parler en face du tube, introduisons celui-ci dans la cavité buccale, au niveau de la base de la langue vers l’isthme. Fait curieux, rien ne bouge, quelle que soit l'intensité des sons des voyelles émises; il n’existe là aucun courant d’air sortant. L’air au centre de la cavité buccale est donc sans mouvement ou animé d’un mouvement qui n’a point d’action sur le niveau du mano- mètre. - C. — Voyons les effets des consonnes,dans la syllabation; ils sont très 77 SÉANCE DU 17 FÉVRIER 165 remarquables par leur intensité, c’est-à-dire par l'ascension forte du du niveau du liquide. a) Les consonnes explosives P, T, K donnent une montée brusque: et vive, graduellement plus forte de À à OU. b) Les consonnes douces, 1, m, n, b, d,g dur, modifient à peine le niveau. c) r, la vibrante si énergique, cause la discontinuité du courant sonore, et cependant produit un ébranlement à peine visible du liquide. d) f,v, j, z, x, S, provoquent des ascensions extrêmes du niveau (plusieurs centimètres); et par suite une dépense d'air très importante. e) Les consonnes associées, modifient les résultats ; ainsi Pla est bien plus actif que la et que a; fla par l'arrêt, dû à 1, du souffle de F, cause une détente brusque et une explosion de a supérieure à la, etc. /) Les consonnes successives se font valoir mutuellement; dans des- criptif = scri amène une explosion avec cri ; pt, très actif par la même cause et, avec une grande dépense de souffle (ippe; tiffe); (dans sputa- tion, esprit, etc., id.) Conclusions : Les sons les plus intenses ne dépensent pas néces- sairement plus d’air, exigent souvent moins de souffle. Les voyelles et consonnes, dites sourdes, fermées, en dépensent bien davantage dans la syllabation; il y a une grande différence entre le langage articulé et le chant à ce point de vue. / TOXICITÉ URINAIRE ET ALBUMINURIE, par MM. LABaADiIE-LAGRAVE, E. Boix et J. Noé. Nos études sur la toxicité urinaire dans divers états normaux ou pathologiques ont porté, entre autres, sur bon nombre de brightiques présentant ou non de l’albumine dans les urines. Au cours de ces obser- valtions, nous avons été frappés de la discordance entre le coefficient uro- toxique d’une urine et la présence, l'absence ou la quantité d'albumine qu'elle contenait. C'est sur cette notion que nous voulons insister aujour- d'hui. Depuis 1886 déjà, le professeur Dieulafoy avait battu en brèche la valeur séméiologique de l’albuminurie et déclaré que la quantité d'albumine à, en général, aussi peu d'importance au point de vue du pronostic que sa présence ou son absence au point de vue du diagnostic. D'autre part, en 1888, dans une note à l’Académie des Sciences dont le compte rendu des journaux ne laissait pas soupconner l'importance, 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — ce qui fait qu'aujourd'hui seulement nous en avons connu l’exacte valeur, — MM. Teissier et Roques avançaient que seule la recherche de la toxicité de l'urine est un signe de première valeur pour le pronostic d'une albuminurie, le seul même qui puisse renseigner sur la nature du mal et sur son évolution future. Ils concluaient que, dans les mala- dies des reins, l’albuminurie devient un symptôme de second ordre et qu'elle n'a d'autre valeur que celle d'un signe indicateur d’une lésion organique possible, dont la recherche et la toxicité des urines peuvent seules démontrer l'existence. Depuis 1895, nous avons examiné au point de vue du rapport de la toxicité urinaire au coefficient urotoxæique plus de cent vingt échantillons d'urines de brightiques (quantité des vingt-quatre heures). Nos examens ont porté sur quatre-vingts malades différents, les uns ne nous ayant fourni qu'une seule occasion d'analyse, d’autres, au contraire, ayant été l’objet d'analyses multiples et ayant pu être suivis pendant plus de deux ans. Les uns et les autres nous ont amené à la même conclusion, de quel- que façon que nous ayons envisagé les chiffres obtenus. Nous avons d'abord établi une courbe générale comprenant indistine- tement tous nos examens, dans laquelle la ligne représentant la toxicité urinaire va progressivement en décroissant de l'urine la plus toxique à l’urine la moins toxique. En regard de cette courbe descendante, nous avons construit la courbe des quantités d'albumine correspondantes. Celle-ci, loin d’être parallèle ou de sens inverse à la première, zig- zague pour ainsi dire au hasard, laissant l'impression évidente qu'il n'existe aucun rapport entre ces deux données : toxicité et albumi- nurie. Cette même constalation ressort aussi clairement des courbes établies avec les analyses consécutives d’un même malade, que ces courbes aient été construites sur le plan de la courbe générale précédente, en partant de la toxicité la plus élevée, ou qu’elles aient été dressées en suivant l’ordre chronologique des analyses. Nous sommes donc autorisés à donner raison à M. Dieulafoy et à con- firmer pleinement les conclusions de MM. Teissier et Roques en disant que : ; 4° Il n'existe aucun rapport entre la présence ou la quantité d'albu- mine constatée dans une urine et le coefficient de la toxicité de cette wrine, tant dans le mal de Bright que dans d’autres affeclions, tant chez un même malade que chez des malades différents. 2 La gravité du pronostic d'un mal de Bright ou l’état actuel d'un brightique doivent être jugés, tant d’une façon absolue que relativement à son passé ou à son avenir, non sur la présence, l'absence ou la quantité d’albumine, mais sur le coefficient de sa toxicité urinaire. Nos graphiques comprennent aussi la courbe de la quantité des SÉANCE DU 17 FÉVRIER 167 urines. À ce point de vue encore, aucune relation avec les courbes de l’albumine ou de la toxicité. Ces documents seront incessamment publiés dans les Archives géné- rales de Médecine. ECHINOCOQUES MULTILOCULAIRES (ALVÉOLAIRES) OBSERVÉS CHEZ UN FRANÇAIS, par M. Louis RÉNON. Je viens d'observer chez un homme de trente-six ans des kystes hydatiques multiloculaires (alvéolaires) de la plèvre et du poumon droits. Le diagnostic n'a pas été fait pendant la vie. Il s'agissait d'un pneu- mothorax, datant de près de deux ans, récemment transformé en pyo- pneumolhorax putride, avec vomiques infectes pour lequel je réclamai de suite le traitement chirurgical. Le malade succomba au moment où l’on allait l’opérer, asphyxié dans une nouvelle vomique putride. Les crachats, horriblement fétides, n’ont pas été examinés au point de vue bactériologique; je dois dire que je n'y ai pas constaté de membranes apparentes. A l'autopsie, j'ai trouvé un énorme emphysème supplémentaire du poumon gauche. La plèvre droite étaitremplie d’un litre de pus, d’odeur infecte, de couleur légèrement brunâtre, au milieu duquel nageaient des membranes d’hydatides fertiles avec quelques crochets et scolex. Le poumon droit, rétracté le long de la colonne vertébrale et atélectasié, comprenait dans son épaisseur une tumeur dure, cartilagineuse, bos- selée et inégale, composée de masses agglomérées, qui, pour la plupart, ont donné issue à du liquide clair comme de l’eau de roche quand on les a coupées ; on put alors voir qu'il existait dans leur intérieur des lo- gettes, séparées par un tissu fibreux, très dur. On retrouvait deux masses semblables, toutes deux dans la cavité pleurale droite, l’une dans la plèvre diaphragmatique et dans le diaphragme, formant une tumeur polykys- tique, dont l'empreinte élait dessinée en creux surla face convexe du foie, l’autre dans la plèvre médiastine, et faisant un relief bosselé sur la cavité péricardique. Toutes ces masses étaient composées de kystes d'inégale grosseur ; les plus volumineux, situés au centre, d’une dimension variant d’une petite noix à une petite mandarine, étaient entourés de petits kystes de grosseur décroissante, dont les plus petits passaient des dimensions d’une alvéole de ruche d'abeille à celles d'un grain de millet; plusieurs d’entre eux étaient réunis les uns aux autres. Les kystes les plus volumineux conte- naient du liquide transparent et une hydatide normale, les plus petits 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE renfermaient des hydatides, repliées sur elles-mêmes, en forme de corps gélatineux, gluants et transparents comme du blanc d'œuf; il fut possible de retrouver des crochets après centrifugation du liquide de deux prin- cipaux kystes. Le liquide purulent de la grande cavité pleurale renfermait presque à l’état de pureté des amas de très nombreux et très petits bacilles dont les caractères et les cultures sur gélose ressemblaient à ceux du proteus vulgaris. Cette observalion, curieuse en raison de la rareté des kystes hyda- tiques multiloculaires (alvéolaires) du poumon et de la plèvre, présente un autre intérêt; ce serait le premier fait d’échinocoque alvéo- laire, observé chez un Français habitant la France, car mon malade, garcon boucher, né à Chambly, dans l'Oise, demeurait depuis plus de quinze ans à Paris, et n'avait jamais quitté la France. L'observation de Carrière (1) concernait un Bavarois, et l’on sait que la variété alvévlaire d’échinocoque est très fréquente dans l'Allemagne du Sud, la Suisse et depuis peu dans le Tyrol. En France, la maladie n’a été décrite la pre- mière fois chez les animaux qu’en 1898 par MM. Railliet et Morot (2). PIROPLASMA CANIS. ICTÈRE INFECTIEUX DU CHIEN, par M. P. LeBranc (de Lyon). J'ai eu l'honneur de présenter à la Société de biologie, dans une des dernières séances, une note dans laquelle je disais avoir trouvé dans le sang d’un chien atteint d’ictère infectieux des hématozoaires. J'apporte à la Société quatre nouvelles observations qui permettent de penser que dans tous les cas d’ictère infectieux du chien on rencontre ces parasites, puisque je les ai moi-même à nouveau rencontrés quatre fois. Il est donc logique d'admettre qu'il y a là plus qu'une coïncidence et de croire, quoique cela ne soit pas encore démontré, que les héma- tozoaires ont un rôle actif important, sinon exclusif, dans la pathogénie de la maladie. J’ai tenté des inocuiations au chien, qui m'’éclaireront peut-être sur ce point. - Dans ma première note, je n'avais en vue que d'attirer l'attention sur la présence des parasites dans le sang des chiens ictériques. Depuis, et (1) Carrière. De la tumeur hydatique alvéolaire (tumeur à échinocoques mul- tiloculaires). Thèse de Paris, 1868. (2) Raiïllet et Morot. L’échinocoque multiloculaire observé en France chez les aninraux. Bulletin de l’Académie de médecine, 19 avril 1898, t. XXXXIX, p. #28. SÉANCE DU 17 FÉVRIER 169: x à la suite de la note de M. Marchoux, je me suis attaché à étudier la forme de ces hématozoaires. Ils me paraissent être absolument ana- logues à ceux que le D° Marchoux a vus sur les chiens du Sénégal. Ils sont en effet beaucoup plus gros que ceux du bœuf et du mouton, leur volume varie de 2 à 4 u. Ils sont rares dans le plasma, on peut en trouver 1, 2 ou 3 dans le même globule, leur noyau a la forme d’une tache ou d’une ligne occupant toujours la périphérie du parasite. Sur beaucoup d’entre eux on peut surprendre la division intra-globulaire. Ils sont sphériques ou ovoïdes, rarement piriformes, ils dessinent quelquefois deux masses ovoïdes réunies par un étranglement. La méthode de coloration employée est celle que recommande le professeur Laveran; elle m’a donné les meilleurs résultats. Le Gérant : G. Masson. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. = 4 Re" L Eu Ne mr D de ee SE “rater 160 does. ri ; (M ï | 0 * chiretrée NU LE ERP" 5 DANSE D *4 2 qus CS | é TUE EN ht Ain Gr M(IGEL GPTRT* RME LE 1 (CANNES DL. NTI TRE EU Ai 748 Seti DANSE S 171 SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1900 M. Troisier : Décès de M. Bouchereau. — M. E. GLey : Discours prononcé aux obsè- ques de M. Bouchereau, le 24 février 1900. — M. GELLÉ : Mouvements de l'air intra- buccal pendant l'émission des voyelles. — M. E. ne Cox : Sur le sens de l’espace. (A propos de la note de M. Bonnier). — M. P. Boxnrr : Remarques au sujet de la note précédente. — MM. H. Rocer et M. GARNIER : Passage du bacille de Koch dans le lait d’une femme tuberculeuse. — Mme C. Parsaurx : Sur les clasmatocytes de la peau de la salamandre terrestre et de sa larve. — MM. R. OPPEnHeIM et A. LIPPMANN : Contribution à l'étude bactériologique du rhumatisme articulaire aigu. — M. P.-A. ZACHRARIADÈS : Recherches sur la structure du tissu conjonctif, sensibilité du tendon aux acides. — M. Pomprrrax : Un nouveau pneumographe. — M. Poupirrax : Cellules nerveuses du cœur de l’escargot. — M. E. Castex (de Rennes) : Note sur le méca- nisme de l'équilibre du corps soulevé sur la pointe des pieds. — M. E. Brumrr: De la fécondation par voie hypodermique chez les Hirudinées. Présidence de M. Troisier, vice-président. DÉcÈs DE M. BoUCHEREAU. M. TROISIER annonce la mort du D' Bouchereau, membre titulaire hono- raire et ancien vice-président de la Société, et donne la parole à M. Gley, pour la lecture du discours que celui-ci a prononcé, au nom de la Société, aux obsèques qui ont eu lieu ce matin. DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES DE M. BOUCHEREAU, LE 24 FÉVRIER 1900, par M. E. Gzey. MESSIEURS, La Société de biologie n’a jamais négligé de s'occuper des phénomènes morbides qu'étudient les médecins aliénistes, pour autant que ces phé- nomènes, dépassant la pure séméiologie, présentent un caractère marqué de généralité, tel qu’il en puisse sortir des notions positives sur le fonc- tionnement du cerveau troublé. Aussi a-t-elle toujours tenu à compter parmi ses membres quelques représentants de la psychiatrie. — Depuis l’année 1874, le très regretté Bouchereau, ancien interne des hôpitaux, médecin en chef de l'asile Sainte-Anne, était un de ces rares représentants. Ce n’esk pas pour nous, Messieurs, une vaine épithète que ces mots de « très regretté ». La grande bonté de notre collègue, sensible à ceux-là même qui avaient peu de relations avec lui, la franchise et la sûreté de son commerce lui avaient valu toutes les sympathies. Et son assiduité pendant très longtemps à nos séances — ce n’est que depuis quelques années qu'il y venait moins régulièrement —, son intervention BioLoG1e. COMPTES RENDU<. — 1900, T, Lil. 1% 479 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE peu fréquente, mais toujours justifiée et par cela même heureuse, dans les discussions auxquelles il croyait que ses connaissances spéciales lui permeltaient de prendre part, lui avaient gagné l'estime générale. C’est l'estime que mérite et retient toute compétence qui ne se manifeste qu'à bon escient et avec la discrétion que l’on goûte dans tous les milieux, y compris les sociétés scientifiques. La meilleure preuve que l’on puisse donner et de cette sympathie et de cette considération qui entouraient notre collègue, c’est qu'il fut élu à deux reprises vice-prési- dent de la Société, en 1881 et en 1886. Nos Comptes rendus gardent quelques traces de ses travaux. Deux observations qu'il y donna, en 1867 et 1869, en collaboration avec son intime ami, notre excellent et éminent collègue Magnan, sont d'une réelle importance au point de vue de la pathogénie des lésions céré- brales. En 1884, sur la question délicate du régime alimentaire des alié- nés, il nous présenta des remarques judicieuses, accompagnées de plu- sieurs observations conduites d'une façon rigoureusement scientifique. Les confrères de M. Bouchereau savent qu'il fut avant tout un clinicien très instruit, très habile, d’une sagacité reconnue. L'exercice aiguisé de ces facultés, dans son service hospitalier, satisfaisait sans doute en grande partie son esprit. Pour nous, qui avons beaucoup apprécié tout ce qu'il nous a donné, nous devons regretter que les preuves écrites de son activité médicale ne soient pas plus nombreuses. Et c’est, Mes- sieurs, un regret de plus à ajouter, pour la Société de biologie, à ceux que lui cause la disparition prématurée de l'esprit juste, de l'intelligence bien faite, du spécialiste exercé et de l’homme de bien qu'était notre honoré collègue. MOUVEMENTS DE L'AIR INTRA-BUCCAL PENDANT L'ÉMISSION DES VOYELLES, . par M. GELLé. À propos de mes expériences sur les mouvements de l’air intra-buccal, M. le D' Weiss me demande si, dans les épreuves au moyen du mano- mètre, je n'avais pas constaté qu'il se forme une dépression du niveau, au moment de la production du son-voyelle. À son avis, cette dépres- sion devrait avoir lieu, à priori, si la rondelle de papier de la deuxième expérience en entraine en dedans par un courant rétrograde. Je dois dire que lorsque j'eus obtenu ces résultats expérimentaux, je me hâtai de les faire connaître dans toute leur étendue et leur interpré- tation à M. le professeur À. Guillemin, de l’école d'Alger, dont les travaux récents et le livre si complet sur le sujet indiquent assez la compétence. M. Guillemin m'a fait l'honneur de me répondre et sa première ques- tion a été également celle de M. Weiss: aussi ai-je repris les épreuves SÉANCE PU 24 FÉVRIER 173 au manomètre à eau, et j'ai, en effet, observé qu'au moment de À une dépression du niveau se montre, suivie de reflux léger du liquide; le phénomène est certain. Il est synergique et corrélatif du mouve- ment de la colonne d'air intra-buccal décelé par l'expérience de la rondelle de papier; on peut dire que les deux phénomènes sont confir- matifs l’un de l’autre. L'existence d’un courant d'air rentrant, dans la profondeur de la cavité buccale lors de l'émission des sons-voyelles est donc ainsi parfaitement démontrée La formation des cyclones de Lootens, et la valeur de la théorie aéro- dynamique dans la phonation, semblent rendues inattaquables. SUR LE SENS DE L'ESPACE (A PROPOS DE LA NOTE DE M. BoNNiER), par M. E. pe Cyon. Dans la séance du 9 février, M. Bonnier a communiqué une note contre ma théorie du sens de l’espace. Cette théorie est la-conclusion des recherches expérimentales que j'avais poursuivies depuis près de trente ans, seul ou en collaboration avec mes élèves: elle ne peut, par conséquent, être discutée sérieusement que si on lui oppose des don- nées expérimentales nouvelles ou des recherches personnelles dont les résultats seraient en contradiction apparente ou réelle avec les miens. J'ai vainement cherché dans la note de M. Bonnier, ainsi que dans ses communications précédentes sur le même sujet, de pareilles don- nées, basées sur des expériences personnelles. Une discussion plutôt philologique sur les mérites comparés des termes, « espace idéal et espace visuel el tactile », et « espace objectif et subjectif » serait au moins oiseuse. D'ailleurs, au commencement du siècle déjà, Purkinje, dans ses classiques expériences sur le vertige, a définitivement précisé les rapports entre l’espace objectif et l’espace subjectif. Dans mon étude de 1897 sur le labyrinthe et le sens de l’espace (#), j'avais montré que sur les points principaux ma théorie est entièrement d'accord avec celle de Purkinje et depuis lors je me sers dans mes écrits indifférem- ment des uns ou des autres termes. L'insistance de M. Bonnier sur ce point n’a donc point de raison d’être. Je dois cependant relever un grief personnel que m'adresse M. Bon- nier : Je lui aurais prêté sur le sens de l'orientation une opinion qui n'était pas la sienne et une citation entre guillemels qui ne lai appar- tenait pas. (1) Bogengävge und Raumsinn. Arch. de du Bois-Reymond, 1897, p. 92 et suivantes. 4174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je réponds : Jamais je n'ai cilé M. Bonnier et jamais je n'ai exposé ou discuté son hypothèse sur l'orientation proche ou lointaine. Cette hypo- thèse, vaguement exposée par lui dans une note adressée à la Société de Biologie Le 1 1 décembre 1 897, dans la Revue scientifique (1 mai 1898), repose sur un prétendu enregistrement de nos « attitudes et variations d'attitude » par les canaux semi-cireulaires. Sous une forme presque identique, mais bien plus précise, cette hypothèse fut déjà réfutée par les expériences directes du professeur Exner en 1895 (1). L'unique observation sur laquelle M. Bonnier appuie sa reprise de cette hypothèse, — l'exemple « du vieux savetier Baba Mustapha, qui, les yeux bandés, conduisit l’un des quarante voleurs devant la maison d'Ali Baba, où il avait été lui-même mené la veille (2), — n'était pas suffisante pour rendre viable une hypothèse mort-née. Je n'avais donc pas à exposer l'opinion de M. Bonnier dans ma récente étude sur l'orientation. La seule et unique phrase, consacrée à M. Bonnier, à la page incriminée (240) (3) est ainsi conçue : « Le D' Bonnier, autant que je Lio son hypothèse, paraît égale- ment accepter un pareil fonctionnement. » Ceci vient après l'exposé des une négatifs des rechere Bee du professeur Exner. J'ai préféré renvoyer le lecteur pour les détails à l’ouvrage de M. Bonnier (L'Oreille, vol. II et IIT), me conformant en ceci aux paroles par lesquelles cel auteur lui-même conclut l'exposé de son hypothèse dans la Revue scientifique : « Ge fonctionnement pour le détail duquel je dois renvoyer à mon travail sur l’Oreille (Collect. Léauté, vol. IT et IL), etc. » C'est donc encore à tort que M. Bonnier récrimine contre mon renvoi. REMARQUES AU SUJET DE LA NOTE PRÉCÉDENTE, par M. le D' PIERRE BONNIER. M. de Cyon semble confondre les faits expérimentaux, qui, comme faits, n’ont aucune empreinte personnelle et n’en valent que mieux, avec les produits d'interprétation qui seront toujours exclusivement per- sonnels, et vaudront plus ou moins selon l’auteur. N'ayant pas derrière moi — ni devant — les trente années de recher- ches expérimentales personnelles qui me permettraient enfin de dis- cuter sérieusement son hypothèse, je me bornerai à remarquer que Jamais nous ne saurons — sous forme de fait expérimental — si tel (1) Sitzungsberichte der K. K. Academie d. Wissenschaften. (2) Revue scientifique, 1 mai 1898, p. 593. (3) Ohrlabyrinth, Raumsinn und Orientirung. Arch. de Pfrüger, vol. LXXIX. SÉANCE DU 24 FÉVRIER 475 animal possède la notion d’un espace idéal à une, deux, trois ou n dimensions. Les recherches de M. de Cyon, que j'admire sincèrement dans les faits qu’elles apportent et dans la facon dont ils sont établis, pourront avoir des résultats variables avec l'interprétation personnelle que chacun est en droit d’en donner. Je me sers de ces faits pour mon interprétation à moi. Quant au fait personnel que je tiens à établir, on avouera que rien ne ressemble plus à une citation que le passage suivant, que je copie intégralement dans un chapitre où il est exactement question de l’orien- tation proche ou lointaine (p. 246). D° Bonnier {17), soweit ich seine Hypothese verstehe, scheint eine ähnliche Functionsweise anzunehmen. ,, Die Bogengänge besässen also ein automatisches, kartographisches Institut, ‘‘ in welchem die Aufzeich- nungen durch die Drehungen des Kopfes geschehen sollen. PASSAGE DU BACILLE DE KOGH DANS LE LAIT D'UNE FEMME TUBERCULEUSE, par MM. H. Rocer et M. GARNIER. La transmission de la tuberculose par le lait a été surtout étudiée dans l’espèce bovine; l'importance du lait de vache dans l’alimentation a porté les auteurs à rechercher si cette sécrétion peut contenir des bacilles de Koch. On a bientôt reconnu que le passage du bacille s’ef- fectue assez souvent, même en l'absence de tubercules mammaires. Il suffit qu'une vache soit phtisique pour que son lait doive être considéré comme suspect. On admet généralement que ces résultats ne s’appliquent pas à l'espèce humaine et que le lait des femmes tuberculeuses ne contient jamais de bacilles. Escherich, dans des recherches déjà anciennes, avait examiné le lait de femmes atteintes de tuberculose pulmonaire sans y rencontrer de microorganisnies; mais il semble qu'il n’a point fait d'inoculations. Fede (1;, en 1892, a étudié la question d’une facon plus complète; il a injecté du lait de femmes tuberculeuses à des lapins et à des cobayes dans le tissu cellulaire sous-cutané, le péritoine ou Ja chambre anté- rieure de l'œil : jamais il n’a observé le développement de tubercules. Ces résultats ont été confirmés par de Bonis. Bang n’a pas obtenu non plus d'inoculations positives. Nous avons observé un fait qui vient à l'encontre de l'opinion classique et établit que le lait d’une phtisique peut parfois se montrer virulent. Il s’agit d'une femme de 34 ans, entrée à l'hôpital le 16 février 1899, (4) Congrès italien de pédiatrie, tenu à Naples, du 20 au 23 octobre 1892, in \ ) D ? [ Riforma medica, 1892, vol. IV, p. 236. 176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pour une tuberculose pharyngée; l’état général de la malade était à ce moment assez satisfaisant; mais, outre la lésion pharyngée, on consta- tait de l’albuminurie, et l’auscultation révélait de l’induration au sommet du poumon gauche. La malade était enceinte et près du terme; l'accouchement se fit en de bonnes conditions, le 7 mars suivant. A partir de ce moment, les symptômes s’aggravèrent,; les lésions pulmo- naires augmentèrent rapidement et, dix jours après l'accouchement, on constalait au sommet du poumon gauche l'existence d'une caverne. Puis, l’état général devint de plus en plus mauvais, la fièvre s’éleva, et la malade mourut le 24 mars, dix-sept jours après son accouchement. À l’autopsie, on trouva aux deux sommets des lésions tuberculeuses avancées; le sommet gauche était creusé d’une vaste caverne ; tout le reste du parenchyme pulmonaire était semé de granulations grises, ainsi que le foie, les reins, la glande thyroïde. L'enfant né à terme pesait 2,685 grammes. Deux jours après sa nais- sance, il présenta de l’ictère, puis de la diarrhée verte, enfin un œdème, dur, surtout prononcé aux pieds et aux mains, qui envahit bientôt les jambes et les cuisses. L'enfant avait tout d'abord été nourri au biberon; mais, en le voyant dépérir, sa mère voulut l’allaiter; elle lui donna le sein du 10 au 12 mars : l’aggravation de son état ne lui permit pas de continuer l'allaitement. Remis au biberon, l'enfant vécut six semaines. Son poids, pris régulièrement tous les trois jours, subit des oscillations remarquables; il atteignit 2.950 grammes le 9 avril, mais redescendit bientôt pour tomber à 2.620, puis remonter à 2.900, et enfin s’abaisser à 2.330 le 25 avril, la veille de sa mort. A l’autopsie, on constata des granulations nombreuses dans le foie, la rate, les reins, les ganglions mésentériques. L'examen microscopique permit de voir sur les coupes du foie des granulations tuberculeuses typiques, au milieu desquelles on put colorer des bacilles de Koch. Le 11 mars, quatre jours après l'accouchement, deux cobayes avaient été inoculés avec du lait recueilli aseptiquement au sein de la mère. Un premier cobaye du poids de 440 grammes recut 4 centimètres cubes de lait sous la peau; on injecta seulement 2 centimètres cubes dans le péri- toine d’un deuxième qui pesait 525 grammes. Le premier mourut très amaigri le 14 avril; il présentait des lésions typiques de tuberculose généralisée; le foie, la rate étaient remplis de tubercules; les poumons présentaient un semis de granulations grises. L'autre cobaye survécut; le 2 avril, il pesait 565 grammes; le 14 juin, son poids atteignait 650 grammes, mais On trouvait des ganglions hypertrophiés dans les aines; il fut sacrifié le 28 janvier dernier, il pesait alors 630 grammes et son état paraissait excellent. A l’autopsie, on trouva une péritonite fibreuse correspondant au point d’inoculation; les anses intestinales étaient adhérentes entre elles et à la paroi latérale de l'abdomen ; la paroi pos- \érieure était libre; l'épiploon était gros et rétracté, sans tubercules 2 4 % ÿ ». CL v SÉANCE DU 24 FÉVRIER AT visibles. Le reste du ventre ne présentait pas de lésions. La surface du foie était parsemée de points déprimés ressemblant à des cicatrices; la rate paraissait saine: les capsules surrénales étaient augmentées de volume. L'examen microscopique du foie, de la rate, de la glande thy- roïde et d'un ganglion hypertrophié trouvé dans l’aine du côté opposé à la péritonite ne montra ni granulations tuberculeuses ni lésions seléreuses ; enfin la recherche du bacille, sur les coupes et dans le suc du ganglion recueilli à l’autopsie, fut également négative. De nos deux cobayes, un seul était donc devenu tuberculeux, celui qui avait reçu la plus grande dose de lait; chez lui la tuberculose avait évolué suivant son mode habituel, et déterminé la mort en trente-trois jours. L'autre, qui avait reçu une quantité moitié moindre, survécut et paraissait en excellent état quand on le sacrifia plus de dix mois après l'inoculation; pourtant, il n’était pas complètement indemne: le lait injecté ne s'était pas comporté comme un liquide indifférent et la péri- tonite fibreuse développée au niveau de l’inoculation attestait un tra- vail pathologique qui s'était opéré en ce point. Le processus ne s'était pas localisé au péritoine; un ganglion hypertrophié dans l’aine, des traces de cicatrices à la surface du foie montrèrent qu'il y avait eu un début de généralisation. L'histoire du premier cobaye permet d'expli- quer les lésions trouvées chez le second; dans le premier cas, en effet, la quantité de bacilles injectés a été assez grande pour vaincre la résis- tance de l'organisme et la tuberculose s’est généralisée; dans le second, au contraire, la dose injectée ayant été moindre, le cobaye a triomphé de l'infection; il a guéri de ses lésions et nous n’avons trouvé que des cicatrices banales sans aucun élément caractéristique. Le lait que nous avions injecté était done bacillifère et capable de transmettre la tuberculose; l'enfant ayant tété pendant deux jours le lait de sa mère a pu être contagionné de ce seul fait; remarquons qu’il est mort douze jours seulement après le premier cobaye qui avait élé injecté quatre jours après la naissance de l'enfant. Il est certain qu'en dehors de l’allaitement, l'enfant était soumis à d’autres causes de conta- mination; sans parler de la contagion intra-utérine possible, il convient de rappeler que la mère présentait une lésion pharyngée ulcéreuse, et que les bacilles pullulaient ainsi dans sa bouche. Cependant, comme, à l’autopsie de l'enfant, les lésions prédominaient dans les ganglions mésentériques, le foie et la rate, il est probable que le tube digestif à été la principale voie d'apport, sinon la seule. Le lait d’une femme tuberculeuse peut donc servir de véhicule au bacille de Koch, même en l'absence de toute lésion tuberculeuse clini- quement appréciable de la glande mammaire. 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES CLASMATOCYTES DE LA PEAU DE LA SALAMANDRE TERRESTRE ET DE SA LARVE, par M"° C. PunisaLix. En 1890, le professeur Ranvier a découvert dans les membranes con- jonctives minces des Vertébrés (grand épiploon des Mammifères, mésen- tère des Batraciens adultes) de grandes cellules spéciales qui s’effritent en granulations très fines. Il les a appelées à cause de cette propriété dominante Clasmatocytes. On sait de plus qu'il en a suivi l’évolution en conservant de la lymphe péritonéale de grenouille dans une cellule de verre fermée. Il a pu voir tous les intermédiaires entre les leucocytes et les clasmatocytes constitués. Il considère donc ceux-ci comme des leu- cocytes issus des vaisseaux par diapédèse, qui s'arrêtent dans le tissu conjonctif, y perdent leur pouvoir amiboïde, s’y engraissent pour se résoudre en granulations, probablement utilisées par l'organisme. Ce serait une évolution particulière de certains globules blancs, une sorte de sécrétion par effritement que le professeur Ranvier désigne sous le nom de clasmatose. S'il en est réellement ainsi, on doit trouver ces éléments en plus grande abondance dans les tissus en voie de proliféra- tion active. C’est pourquoi je les ai recherchés dans la peau de la Sala- mandre terrestre et de sa larve, tissu où la division cellulaire est si nette qu'il constitue un excellent objet d'étude pour les recherches de cytologie animale : ils y existent à profusion. Ces cellules ont un gros noyau clair entouré d'un protoplasme gra- nuleux. Leurs formes sont des plus capricieuses : les moins différenciées ressemblent à d'énormes leucocytes parfois bourgeonnants; d'autres s’allongent en fuseaux; les plus nombreuses ont une forme arborisée dont les prolongements irès inégaux, simples ou ramifiés, s'étendent dans toules les directions sans s’anastomoser entre eux ni avec les voisins. Ces prolongements proloplasmiques, granuleux, sont monili- formes, fragmentés en boules, en bâtonnets, et se terminent générale- ment par un renflement ovoïde ou sphérique. À un stade plus avancé de leur évolution, le noyau disparaît, envahi par les granulations, et toute la cellule se résout ainsi en une masse granuleuse qui conserve d'abord la forme du clasmatocyte, puis s’effrite définitivement. On trouve ainsi, sur certaines régions du derme, des constellations variées, formées de fragments isolés ou de granulalions extrêmement fines, des nébuleuses qui n'ont conservé de leur élat cellulaire antérieur que leur élection pour certains colorants. Ces clasmatocytes fixent en effet avec une grande intensité le violet 5 B, le bleu de Unna et la thionine. Sous l’ac- tion de ces colorants, le protoplasma et les prolongements granuleux se colorent en un violet vif tirant sur le rouge, tandis que le noyau reste teinté en violet bleuâtre. Ce caractère, ainsi que leurs dimensions SÉANCE DU 24% FÉVRIER 479 _ énormes qui atteignent 4 millimètre, les distinguent à première vue des nombreuses cellules pigmentaires de la région. Leur nombre, qui se compte par plusieurs milliers au millimètre carré, leurs énormes prolongements, font que la couche profonde et vasculaire du derme en est sillonnée et feutrée. On les rencontre dans ce tissu à toutes les phases de la vie de l’animal : chez l'embryon pourvu encore de son vitellus, chez le têtard pendant toute la vie lar- vaire ; on les retrouve encore chez les jeunes nouvellement transformées ainsi que chez l'adulte, où, du fait des mues répétées, la peau conserve une grande activité vitale. Leurs dimensions énormes, leur élection pour certains colorants, permettent de les déceler non seulement dans le derme, vu à plat, mais encore sur des coupes en série. C’est ainsi que nous avons pu les aper- cevoir autour des glandes à venin, infiltrant le réseau vasculo-pigmen- taire qui entoure la membrane propre. Pour les mettre en évidence, il suffit d’étaler la peau d’une larve sur une lame de verre, la face dermique tournée vers le haut, de la fixer et de la colorer par la méthode de Ranvier (acide osmique à 1 p. 100 et violet 5 B). Mais plusieurs autres méthodes, permettent d'obtenir de bonnes prépara- tions que l’on peut monter au baume et conserver. Parmi les méthodes que j'ai employées, la suivante m'a donné d'excellents résultats. On fixe la peau d’une larve par l'acide picro-nitrique pendant quatre à cinq minutes; puis on enlève le réactif par l'alcool à 70 degrés, plusieurs fois renouvelé, jusqu’à ce qu'il ne se colore plus en jaune. On surcolore par le bleu de Unna non étendu. Lorsque la peau est bleu opaque, on déshydrate, et on décolore partiellement par l’alcool absolu. C’est la phase délicate du pro- cédé, il faut arrêter la décoloration lorsque le fond général de la peau devient bleu clair et les clasmatocytes d’un rouge violacé. On éclaircit par l'essence de girofle, on lave rapidement au xylol et on monte au baume. Ce procédé a l'avantage de rendre très nets les clasmatocytes et d'éviter le montage à la glycérine dans laquelle les colorants de choix diffusent toujours. Nous avons obtenu la même élection pour le bleu de Unna avec d’autres réac- tifs fixateurs comme l'acide azotique à 4 p. 100, l’acide picrosulfurique, l’alcool à 95 degrés et les liquides chromo-acéto-osmiques de Flemmiug et de Lindsay. Si l’on emploie comme fixateur l'acide osmique à 1 p.100, il faut pour l’ob- tenir la métachromasie des clasmotocytes substituer la thionine au violet 5 B ou au bleu de Unna. La grande extension des clasmatocytes (1), leur abondance dans un tissu comme le derme, en voie de prolifération active, montrent leur importance. Il est permis de penser que les granulations en lesquelles ils se résolvent, et qui marquent la terme ullime d’une évolution spé- ciale des globules blancs, sont de nature diastasique, et qu'à ce titre, (1) M. C. Phisalix les a trouvés dans le tissu conjonctif sous-cutané des Céphalopodes. 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la clasmatose peut jouer un rôle important dans les phénomènes mul- tiples dont la peau est le siège, (Travail du laboratoire de M. le professeur Chauveau, au Muséum.) CONTRIBUTION A L'ÉTUNE BACTÉRIOLOGIQUE DU RAUMATISME ARTICULAIRE AIGU, par MM. R. OPpENHEIM et A. LIPPMANN, Nos recherches portent sur dix malades atteints de rhumatisme arti- culaire aigu. Nous avons ensemencé neuf fois le sang de nos malades, une fois la sérosité plearale d'un sujet présentant une pleurésie double, Dans quatre cas nos résultats ont été négatifs; il s'agissait, pour les deux premiers, de rhumatisants légèrement alteints, qui, depuis plu- sieurs jours, suivaient le traitement salicylé; pour le troisième, d'un sujet présentant une poussée subaiguë au cours d’un rhumatisme chro- nique; le dernier cas enfin avait trait à un rhumatisme grave avec tem- pérature élevée (39°2). Dans les six autres cas, qui tous ont porté sur des malades gravement atteints avec température élevée, multiplicité des articulations tou- chées, et pour plusieurs, complications viscérales, nous avons obtenu un résultat positif. Notre technique a été la suivante : mise à nu aseptique d'une veine du pli du coude, dans laquelle nous prélevions ensuite par ponction à l’aide de la seringue de Roux, 20 centimètres cubes de sang; ensemen- cement de tubes de bouillon et de lait, à raison de 4 à 5 centimètres cubes de sang par tube. Pour un certain nombre de ces tubes, nous pra- tiquions le vide par la trompe à eau et l’ébullition à 20 degrés. Les tubes aérobies et les tubes de bouillon anaérobies sont toujours restés stériles. Au contraire, les tubes de lait anaérobies, après un séjour de trente-six à quarante-huit heures à l’étuve à 37 degrés, ont présenté l'aspect suivant : coagulation en masse, rétraction d’un caillot Spongieux et parsemé de bulles d'air, sérosité surnageant; à l’ouver- ture des tubes, dégagement bruyant de gaz, allant parfois jusqu'à la projection d’une partie du contenu, odeur acide et butyrique. Par l'examen sur lamelles, nous avons trouvé un diplocoque à éléments très légèrement allongés, sans capsule, très mobile en goutte libre, prenant les réactifs et gardant le Gram. Ce microbe nous a paru présen- ter beaucoup de points communs avec celui qu'ont décrit MM. Triboulet et Coyon (1), se différenciant donc du bacille trouvé par Achalme (2). (1) Triboulet et Coyon. Bulletin de la Société de Biologie, 29 PAS 1898. (2) Achalme. Société de Biologie. SÉANCE DU 24 FÉVRIER 182 Repiqué sur bouillon anaérobie et aérobie, il produit un trouble léger, toujours plus marqué pour le bouillon anaérobie. Sur gélose, il donne en dix-huit ou vingt-quatre heures de petites colonies presque translucides, très légèrement saillantes, assez confluentes parfois, pour former un voile extrêmement mince; sur gélatine, il développe en vingt-quatre heures quelques rares et fines colonies le long de la strie d'ensemencement; il n’y a pas de liquéfaction. Le lait est coagulé en dix-huit heures, reproduisant l'aspect déjà décrit. La culture en bouillon glucosé est plus riche qu’en bouillon simple; par contre, la glycérine entrave son développement. Il n’est doué d'aucun pouvoir chromogène. Chez un de nos malades nous avons obtenu par l’ensemencement de sérosité pleurale des cultures sur lait en tous points identiques; et, fait important, l'examen direct sur lamelles de ee pleural nous a per- mis de retrouver le même diplocoque. L'inoculation de culture sur bouillon aux souris (1 centimètre cube), amena la mort en trente-six heures dans deux cas. Le sang du cœur et la rate contenaient le diplocoque. L’injection de 3 centimètres cubes de culture dans la veine marginale de l'oreille du lapin a amené une élévation de température dépassant 40 degrés pour trois de ces animaux, trois heures après l'injection. Chez le cobaye, par inoculation intrapéritonéale, la température n'a pas dépassé 38°8. L’injection directe du sang des rhumatisants aux animaux est tou- jours restée sans résultat, au contraire, le liquide pleural, inoculé directement à la souris, a déterminé la mort de l’animal en quarante- huit heures avec présence du diplocoque dans le sang du cœur. A côté du diplocoque que nous venons de décrire, nous avons, dans nos deux premières observations, décelé à l'examen des tubes pères, un bacille court et trapu, non mobile en goutte libre, prenant facilement les colorants et gardant le Gram. Ce bacille déjà décrit par MM. Tri- boulet et Coyon qui l'avaient trouvé dans les eas particulièrement graves, donne, isolé sur bouillon, une culture extrêmement riche avec production à la surface d’une épaisse pellicule. Ses caractères de culture (1), sa présence constatée dans nos premiers tubes de lait non ensemencés, malgré une soigneuse stérilisation, enfin et surtout sa disparition brusque dans tous les tubes suivants, nous permettent de l'identifier au bacille lactique. L'existence de spores explique sans doute son développement dans nos premiers tubes. Par la suile, grâce à une stérilisation plus parfaite (autoclave à 140 degrés plus trois fois et tyndallisation), les tubes témoins aérobies et anaérobies que nous avions toujours le soin de mettre à l’étuve avec les tubes ense- (1) Wurtz et Leudet. Identité du bacille lactique de Pasteur avec le bacillus lactis aerogenes, Archives de médecine expérimentale, 1891. 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mencés, n'ont jamais plus ni les uns ni les autres représenté ce bacille. En résumé, le point sur lequel nous désirons insister, c'est l'existence sinon constante du moins très fréquente et cela à l'exclusion de tout autre microorganisme du diplocoque dans le sang des rhumatisants gravement atteints, diplocoque que nous avons retrouvé à l'examen direct de la sérosité pleurale. (Travail des laboratoires de MM. Menetrier et Dujfocq.) RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DU TISSU CONJONCTIF, SENSIBILITÉ DU TENDON AUX ACIDES, par M. P. A. ZACHARIADES. Dans des communications antérieures (1), j'ai fait connaître le mode de développement du tissu conjonctif dans deux objets d'étude qu'ilm'a été donné de trouver chez la grenouille. Qu'il me soit permis de rap- peler en quelques mots ce mode de développement, qui fera mieux comprendre les faits nouveaux que je traiterai par la suite. Les branches terminales des cellules inoplastiques (2) deviei.nent rec- tilignes, changent de réfringence, ne se colorent plus que par places; les parties incolores augmentent d’étendue, tandis que les parties colorées, de plus en plus réduites, ne sont représentées que par de simples grains intercalés dans le filament incolore et finissent par ne plus être visibles. Les parties colorées intercalées dans la fibrille corres- pondent à des fragments protoplasmiques que la fibrille s’est incorpo- rés ; ces fragments proviennent d’autres cellules inoplastiques qu’elle rencontre sur son chemin. Ce serait là une sorte d'allélophagie dans le but d'arriver à édifier des fibrilles conjonctives de toute longueur. Les faits qui vont suivre apporteront, je pense, un appui à cette manière devoir. La communication d'aujourd'hui a principalement pour but d'attirer Jattention sur l'extrême sensibilité aux acides que présente le tendon du rat. Sur un des petits tendons fins de la queue d’un rat adulte, frais ou desséché, que je porte sur une lame de verre, je laisse tomber une goutte d'une solution d’acide formique à 1 p. 100; le tendon augmente de volume, devient transparent, se raccourcit ; si on le recouvre d’une (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 7 février 1898, et Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 19 février 1898. (2) J'ai proposé de désigner ainsi les cellules qui donnent naissance aux fibrilles conjonctives. SÉANCE DU 24 FÉVRIER 183 lamelle il s’aplatit et, au microscope, on voit des cellules, mais on n'y voit pas trace de fibrilles ; à leur place, on distingue à peine une substance homogène. Que sont devenues les fibrilles et par quel pro- cessus se sont-elles transformées en masse homogène ? Pour étudier ce processus (1), pour eu saisir tous les détails, je me suis appliqué à le rendre plus lent. Nous avons vu que la solution d'acide formique à 1 p. 100, telle qu’on l’emploie couramment dans les labora- loires, devait être trop forte. En-effet, l'acide formique au 1.000° continue à gonfler le tendon de la même facon; au 10.000°, même résultat; au 50.000°, au bout de dix minutes, le gonflement est le même. Le gonfle- ment continue à se produire, mais devient de plus en plus lent. Sars vou- loir prétendre que les chiffres que je vais donner soient d’une précision rigoureuse, je puis dire que dans toutes mes expériencesils ont été concor- dants. Ces chiffres se rapportent à des fragments de tendon de la queue d’un rat adulte, ayant séjourné vingt-quatre heures dans les solutions d'acide formique de plus en plus diluées, l'extrême dilution arrivant au 1.000.000; dans ces conditions, le gonflement est déjà sensible entre 1-800.000; dans les dilutions au 400.000, il est très prononcé; au 200.000”, il est considérable ; dans les dilutions suivantes, plus fortes, le tendon s’est tellement gonflé qu’il est à peine visible. Ces chiffres, les mêmes à peu près, peuvent s'appliquer aussi à l'acide acétique cris- tallisable; je crois cependant que le pouvoir œdématiant de ce dernier est inférieur à celui de l’acide formique. Je ne puis pas être plus précis, car ici les instruments de précision ne suffiraient pas, je crois ; il faut, en effet, tenir compte aussi de l'épaisseur du tendon, de la gaine qui l'entoure, de l’âge de l’animal, de la température, etc.; mais le fait de l'extrême sensibilité du tendon du rat pour les acides est exact et peut être facilement contrôlé. Le tendon serait par conséquent un réactif de premier ordre pour l'acidité formique et acétique du moins, car je ne suis pas en droit de généraliser encore. La gaine qui enveloppe le tendon oppose une certaine résistance au gonflement et si l’on veut augmenter sa sensibilité pour ces acides, on doit l'en débarrasser ou du moins la fendre selon sa longueur; j'ai remarqué, en effet, que les parties du tendon comprimées avec les doigts pendant l'extension se gonflent davantage. Cette excessive sensibilité d’un tissu si peu fragile cependant, el pour des doses, pour ainsi dire, homæopathiques, est vraiment étonnante et nous fait entrevoir celle que doivent posséder les éléments cellulaires. Mais, en plus de ces considérations générales, il y a le côté pratique qui a trait à la technique histologique. Nous verrons, en effet, dans une (1) Je me suis déjà occupé de l’ædème, l'année dernière. Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séances des 14 et 25 février 1899. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 184 prochaine communication, ces solutions très diluées nous permettre d'analyser le phénomène du gonflement, et d'approfondir certains détails de structure du tissu conjonctif. C'est là, par conséquent, une bonne technique. Qu'il me soit permis de la généraliser pour le moment à titre d'hypothèse seulement : il est probable que la plupart des réactifs sont employés à des solutions trop fortes qui, agissant bruta- lement, modifient les éléments. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) ÜN NOUVEAU PNEUMOGRAPHE, par M. PoMmpILIAN. Cet appareil se compose d’une petite plaque rigide sur laquelle se trouve fixé un levier (bd). De l'extrémité d’un des bras du levier (b) part un cordon qui passe au-dessus d’une petite poulie (c), fait le tour du X SR SS Nan = SS SSSSSSS NS SR S SS SS AN H= ( | PTE nn À ES NN s _—. : / I) KR NS SN NS = 5 NN ] NT NS Ie SANS N NN NX ANS NS N NT NINS K AD XX Ss LA à thorax et va s'attacher à un crochet (a) fixé à la plaque. L’extrémité de l’autre bras du levier (d) se trouve en relation, par l'intermédiaire d’une articulation mobile, avec la membrane d’un tambour à air de Marey. Ce tambour étant mobile sur la plaque, on peut faire varier SÉANCE DU 2% FÉVRIER 185 l'amplitude des mouvements communiqués à la membrane. Au bras du levier (d) qui est en relation avec le tambour se trouve fixé un petit ressort à boudin (e) dont on peut varier la tension à l’aide d’une vis (f). L'appareil peut être suspendu au cou à l’aide d’un cordon qui s'attache à deux anneaux fixés à la plaque. Le fonctionnement de ce pneumographe est facile à comprendre. L’inspiration augmentant le diamètre du thorax déplace les extrémités du levier. L'une des extrémités (d) va enfoncer la membrane du tam- bour. Donc, au lieu d’avoir une traction comme dans les autres pneumo- graphes, nous avons un enfoncement de la membrane du tambour à chaque inspiration. Aussi les tracés recueillis avec cet appareil sont l’in- verse des tracés donnés par les autres pneumographes. La ligne ascen- dante correspond à l'inspiration, la ligne de descente à l'expiration. Ce pneumographe a été construit par M. Ch. Verdin. CELLULES NERVEUSES DU COEUR DE L’ESCARGOT, par M. PompiLiaAn. La question relative à la présence de cellules nerveuses dans le cœur des mollusques, étant rattachée au grand problème de l'origine de l’automatisme du cœur, présente un certain intérêt. Aussi il est bon Fr. 4. d’être fixé une fois pour toutes sur ce point soit dans le sens affirmatif, soit dans le sens négatif. Certes, les recherches ne manquent pas, elles sont aussi contradictoires qu'affirmatives dans un sens ou dans l’autre. On connait, d'une part, les travaux de Foster et Dew Smith et les recher- 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ches histologiques de Francis Darwin qui refusent au cœur des mollus- ques tout mécanisme nerveux; ils affirment que le cœur du limaçon ne contient ni cellules ni fibres nerveuses; d'autre part, Dogiel affirme l'existence de cellules nerveuses apolaires dans le ventricule et l'oreillette des mollusques (1). Nous avons repris cette question. Nos recherches ont porté sur le ventricule de l’escargot. Nous avons trouvé des cellules et des fibres nerveuses. -_ Voici brièvement la méthode employée pour mettre en évidence ces éléments : dissociation de l'organe frais; coloration par le bleu poly- chrome d’'Unna, décoloration pur le glycéro-éther-mischung d’'Unna, lavage à l’eau, déshydratation à l'alcool absolu, éclaircissement par e 2 = —— RE 2 l'essence de bergamote, bain de xylol, montage dans le baume de Canada. Les figures ci-jointes nous dispensent d’une longue description. Sur la figure 1 on voit : en a, des cellules apolaires, analogues à celles décrites par Dogiel, à noyaux granuleux, fortement colorés, à proto- plasma granuleux légèrement teinté : en b, des cellules à noyau plus foncé et à protoplama moins abondant, plus granuleux et plus coloré ; en c, des éléments très foncés sans protoplasma apparent; en d, des éléments analogues aux précédents, mais possédant un prolongement très fin et coloré. Cette dernière forme est plus rare que les précédentes. Sur la figure 2, on voit aussi des terminaisons nerveuses. — Gross. : 1.5000 diam. Im. Ce qui nous fait affirmer la nature nerveuse de ces éléments, c'est (1) Voir l’article « Cœur », du Diction. de Phys., de Ch. Richet, t. IV. | | | | À tentes th this à fer db ns te ds ph Léo D er. | SÉANCE DU 24 FÉVRIER 187 leur ressemblance avec certains éléments qui existent dans les ganglions cérébroiïdes et viscéraux-pédieux. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Paris.) NOTE SUR LE MÉCANISME DE L'ÉQUILIBRE DU CORPS SOULEVÉ SUR LA POINTE DES PIEDS, par M. E. Castex (de Rennes). Divers auteurs (1) se sont occupés du mécanisme du soulèvement du corps sur la pointe des pieds et sont arrivés à des conclusions absolu- ment contradictoires. Sans nier que ce problème soit très complexe si l’on veut l’approfondir aux points de vue mécanique et biologique, il me semble qu’on peut donner de l’action de la jambe et du pied dans cet équilibre une théorie relativement simple. Un appareil schématique du corps montrera l'exactitude des résultats auxquels cette théorie conduit. C Fig. 1. BiG:02; Théorie. — Considérons le corps en équilibre sur la pointe des pieds, en condensant, comme on le fait d'habitude, les deux jambes en une seule, et en admettant que toutes les forces soient dans un même plan, celui de la figure 1. Le pied peut être représenté par la barre rigide AB, et la base de sus- tentation, en réalité assez grande, réduite au point B. A la jambe correspond la barre CD, articulée en D avec AB. Enfin, AE représentera d’abord unilien inextensible, ensuite le muscle triceps sural. En C s'exerce le poids P du corps, en [admettant pour simplifier que le poids de la jambe et du pied soit nul. Ce poids P est une force verticale de (1) Bibliographie dans Imbert, « Mécanisme, etc, », Journal de Physiologie et de Pathologie générale, janv. 1900. Biozocre. Compres RENDUS. — 4900, T, LILI. , 45 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE haut en bas. Pour que le système articulé ABCD reste, après être devenu indé- formable, en équilibre sur le sol, il faut que la force P soit sur la verticale du point d'appui B.La mécanique nous dit que dans ce cas, le système exerce en B sur le sol une pression, qui détermine de la part du sol une réaction P égale à P, verticale et dirigée de bas en haut. Après avoir introduit la force P' de réaction de l'appui, nous pouvons, d’après les lois de la mécanique, étudier les conditions d'équilibre du système comme s’il était libre. Nous avons alors un système de deux barres AB, CD articulées en D, sou- mises à deux forces P et P' égales, opposées suivant la même droite. Ces forces tendent à faire tourner les barres autour de D et à fermer l’angle CDB. S'il existe en AE un lien inextensible, il s'oppose à ce mouvement en exerçant en E et À deux forces T et T' égales et opposées. Toutes les forces se détrui- sant deux à deux, le système est en équilibre. La face T agissant sur la barre CD en sens inverse de P,la maintient en équilibre sur AB, de même que la force T' agit sur la barre AB en sens inverse de P' et la maintient en équi- libre sur CD. Cette remarque permet de trouver immédiatement la relation qui donne T, la {ension du lien, en fonction de P et des autres éléments du système. Appelons a la longueur DB; b la longueur DE; 6 l'angle AED et « l'angle de AB avec le sol. En prenant les moments de T et P par rapport au point D,ona: SCD PSQD? Dose Pa cos as L'équilibre ainsi réalisable avec un lien inextensible, est-il compa- tible avec les propriétés du muscle ? Un muscle est un lien qui peut don- ner à sa longueur et à sa tension, indépendamment l’une de l’autre, toutes les valeurs comprises entre certaines limites. Si un muscle, ici le triceps sural, est capable de porter et maintenir sa longueur à AE, en même temps que sa tension à T, les conditions de l'équilibre sont rem- plies. Nous arrivons donc à cette conclusion : sous les réserves indiquées le triceps sural est capable de maintenir à lui seul l'équilibre du corps soulevé sur la pointe des pieds. Il reste à savoir si le triceps sural dans l’organisme, peut réaliser effectivement la tension et la distance de $ses points d'attache exigées pour assurer l'équilibre. Des mesures déjà faites, on est autorisé à répondre affirmativement sur ce point. De ces mêmes mesures, on peut aussi déduire que la tension du triceps est supérieure au poids du corps, contrairement à la théorie des Weber. _Appareil. — L'appareil schématique qui permet de vérifier cette théorie consiste en uue barre AB (fig. 2) avec laquelle s'articule en D une autre barre CD. En Cest le point de suspension d’un poids P. En A et E se trouvent deux points de fixation pour un dynamomètre de traction R. Cet appareil se tient parfaitement en équilibre sur un sol horizontal comme l'indique la figure, avec une base de sustentation B relativement petite. Le dynamomètre donne direc- tement la tension suivant.AE. Un même appareil peut prendre une infinité de figures d'équilibre; mais SÉANCE DU 24 FÉVRIER 189 pour chacune d'elles, il est nécessaire de faire une sorte de réglage, parce que dans un dynamomètre la tension n’est pas indépendante de la distance des extrémités du ressort. Cet appareil prouve d’abord la possibilité de l'équilibre du système étudié; il permet aussi de vérifier l'exactitude de la formule indiquée. Ainsi pour l'appareil que j'ai construit, voici le résultat d’une des expé- riences : Donne MP 16 ml Me PME "12220 T observée — 7 kil. 75 T calculée = 7 kil. 84. La concordance est bonne, étant donné qu’on a négligé le poids du système, les frottements, etc. DE LA FÉCONDATION PAR VOIE HYPODERMIQUE CHEZ LES HIRUDINÉES, par M. E. Brumpr. J’ai exposé dans une note récemment parue (1), l'étude de la fécon- dation par injection hypodermique chez les Hirudinées. Les curieux phénomènes qui se produisent avaient été laissés sans solution par Whitman, qui, en 1890, avait bien observé l'injection du sperme, mais avouait ne pas connaître sa destinée. N'ayant rien trouvé de publié depuis cette époque sur ce sujet, je me mis à cette étude en 1897, mais, n'ayant obtenu encore que des résultats contradictoires, je pensais que la question ne pourrait être résolue que par la voie expérimentale, qui, seule pouvait permettre d'éviter les causes d’erreur et cela en isolant soigneusement les animaux. Tout récemment, en 1899, le professeur Kovalevsky ayant éludié une espèce de Glossosiphonide, la Placobdella catenigera (Moquin-Tandon), a donné une solution éclatante au pro- blème posé par Whitman, à savoir la destinée des spermatozoïdes injectés sous les téguments. A l’aide de coupes transversales et sagittales faites quelque temps après l’accouplement, il a démontré que les sperma- tozoïdes suivent deux voies : d’une part, ils sont absorbés par les néphri- dies où ils se macèrent, d'autre part, ils s’insinuent entre les parois de l'ovaire et arrivent au contact des œufs. Kovalevsky remarque néan- moins que cette pénétration est rarement suivie de la fécondation des œufs et que les ovaires de la majorité des individus entrent en régres- sion. J'avais fait des observations analogues en 1897 et constaté que six animaux isolés après le dépôt des spermatophores étaient restés stériles, tandis que ceux qui vivaient dans l'aquarium, avaient tous (1) De l’accouplement chez les Hirudinées, Bulletin de la Sociéte zoologique de France, p. 221-238, 1899, 190 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE pondu. Ces faits m'avaient laissé très sceptique sur le rôle de l'injection hypodermique et dans ma note précédemment citée, je conclus que de nouveaux résultats pourront seuls nous dire si ces phénomènes doivent ètre considérés comme normaux ou anormaux. C'est pour cette raison que j'ai organisé des expériences qui me permettent aujourd'hui de donner la preuve expérimentale de la fécondation par voie hypoder- mique. L'injection hypodermique est nécessaire à la fécondation et de plus, elle est suffisante. Elle est nécessaire parce que les observations répé- tées de Whitman, celles de Kovalevsky et les miennes ont démontré que l'accouplement ne se produit jamais autrement, et je dis qu’elle est suffisante parce que, ayant fait accoupler un individu isolé depuis trois semaines, ce dernier qui reçut un spermatophore au-dessous de la région clitellienne, pondit une capsule le deuxième jour après sa fécon- dation, une seconde avec huit œufs, le cinquième, et une ltroisième le huitième; j'attends encore de nouvelles pontes de cet animal qui est toujours en observalion. J'ai fait chez Glossosiphonia complanata des coupes qui m'ont démontré le passage des spermatozoïdes à travers les parois des sacs ovariens, mais je considère les résultats de mes expé- riences d'isolement comme infiniment plus démonsiratives. Une seule objection sérieuse ‘peut m'être faite. L'Æerpobdella isolée depuis trois semaines n’avail-elle pas pu être fécondée quelques jours avant son isolement ? A cette objection, je répondrai en citant les obser- vations de Johnson et de Moquin-Tandon. La première ponte se pro- duit toujours trois ou quatre jours après l’accouplement et la dernière peut avoir lieu quelquefois dans un cas cité par Moquin-Tandon d’après Johnson, le vingt-cinquième jour après l’accouplement. Or, notre animal au moment de son isolement, ne présentait aucune trace d’un accouple- ment antérieur. On sait, en effet, que les spermatophores après leur chute, laissent sur la peau une cicatrice qui dure plusieurs jours, souvent même au delà d’une semaine. Il n'avait par conséquent, certainement pas été fécondé et d’ailleurs, il serait tout à fait inadmissible qu'il ait pondu son premier cocon plus d’un mois après son accouplement et son second, trente-quatre ou trente-cinq jours après. J'ai tenu à signaler cette objection pour démontrer qu’elle ne peut pas m'être faite et pour pouvoir affirmer l'existence normale de la fécondation par injection hypodermique chez les Hirudinées dépourvues de pénis. Le Gérant : G. MAsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAREFHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Rene enr © ès 4 194 SÉANCE DU 3 MARS 1900 M. A. CHarriN : Sur la nature du rhumatisme articulaire (à propos de la note de MM. Oppenheim et Lippmann déposée dans la séance précédente). — MM. E. Bar- DIER et H. FRENKEL : Débit comparé des deux reins. — MM. Baroter et H. FRENKEL : A propos de l'alternance physiologique des reins. — M. A. CHarRRin : À propos des notes de MM. Bardier et Frenkel, sur le fonctionnement rénal. — M. RAPHAEL Dusots : Sur la spermase et l’ovulose. — M. Éwize BerGer : Appareil transformant la loupe simple en instrument binoculaire et stéréoscopique. — M. le D' H. Mo- REIGNE : Action du salicylate de soude sur la nutrition et, en particulier, sur la sécrétion biliaire. — M. Lesace : Note sur la rougeole. — MM. G. Lion et A. THÉo- HARI : Modifications histologiques de la muqueuse gastrique, à la suite de la section des pneumogastriques. — M. R. Lépine : Hyperglycémie consécutive à l'injection intra-veineuse d’une culture de staphylocoques. — M. le Dr PIERRE BONNIER : La formation des voyelles et la théorie aérodynamique. — MM. L. Camus et J.-P. LaxcLois : Sécrétion surrénale et pression sanguine. — MM. A. CHARRIN et A. GuILLEMONAT : Le glycogène hépatique pendant la grossesse. — M. G. SrTan- CULEANU : Le développement des voies lacrymales chez l'homme et chez les ani- maux. — M. le Dr L. Butte : Un cas de transparence ‘photographique du corps humain. — MM. Maurez et Lacrirre : Détermination et action des plus hautes températures compatibles avec la vie de la grenouille. — M. J. AnGzas : Sur la signification des termes « phagocytose » et «lyocytose », — M. MEsxiz : Discussion. Présidence de M. Troisier, vice-président. SUR LA NATURE DU RHUMATISME ARTICULAIRE (A PROPOS DE LA NOTE DE MM. OPPENREIM ET LIPPMANN DÉPOSÉE DANS LA SÉANCE PRÉCÉDENTE), par M. A. CHARRIN. Je me permettrai de faire remarquer que, depuis quelque temps, on signale dans le rhumatisme articulaire une série de germes variés. Or, il en est un, assez banal en lui-même, le staphylocoque, qui est de beau- coup celui qu'on a rencontré le plus souvent, surtout dans les formes subaiguës. Entrevu dans un cas unique par Guttmann en 1886, puis par Birsch- Hirschfeld en 1888, la fréquence de sa présence a été établie en 1891 par le professeur Bouchard qui l’a décelé dans environ les trois quarts des cas, soit seul, soit associé au doré ou au streptocoque. Cette bactérie, à partir de ce travail, est à chaque instant retrouvée, en particulier par Charrin, au Congrès de Caen, par Triboulet, par de Saint-Germain en 1892, par Sahli en 1893, par Sacaze en 1894, par Biozocie, Comptes REeNDUs. — 1600, T, LI, 16 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Singer en 1895, par Carrière en 1897, par Mircoli, Giuzetti, Pianese, Chvostek, en 1898-1899, etc. Avec ce parasite reparaissent assez ordinairement le streptocoque, plus rarement le bacille du côlon; en outre, dans des formes graves, compliquées, on découvre des microbes anaérobies (Achalme, Thiro- loix, etc.) À Il est malaisé d'accorder sans réserve un rôle pathogène primitif à l’un de ces éléments, puisque aucun n'est constant, puisque, d'autre part, on reproduit des lésions des articulations ou des séreuses avec plusieurs agents, parfois purement chimiques. Du reste, il existe peut- être, au point de vue microbien, plusieurs types derhumatisme, comme il existe plusieurs pleurésies, plusieurs angines, plusieurs périto- nites, etc. Ge sont, d’ailleurs, les infiniment pelits habituellement isolés au cours de ces affections qu'on retrouve dans ces rhumatismes; ce sont des espèces qui normalement habitent nos surfaces. D'un autre côté, il suffit d'introduire de minimes proportions d’acide, spécialement d’acide lactique, propres à affaiblir l’état bactéricide, pour voir ces germes même atténués évoluer plus aisément. Or, nul n’ignore que depuis longtemps les processus rhumatismaux sont classés au nombre des dyserasies acides. L'hérédité pathologique, en viciant la nutrition, une hygiène défec- tueuse, le froid, l'humidité, en restreignant l'élimination des acides par la peau, le système nerveux, en perlurbant les sécrétions, celle de la sueur ou encore les échanges par une action trophique anor- male, etc., une foule de causes peuvent, suivant les cas, faire fléchir l’alcalinité des plasmas; dès lors, que secondairement les bactéries viennent ou non surajouter leur influence, le mal est en voie d’évolu- tion. Ces acides ont un point commun, celui qui consiste à altérer les extrémités osseuses; en dehors de ce lien leurs origines sont multiples (foyer de fermentation figurée dans une bronche, un estomac, un intestin dilaté, tare générale portant sur les échanges, etc.); on conçoit même l'absence possible des parasites, c’est-à-dire la formation de ces principes morbifiques par les cellules. Quoi qu'il en soit, ces données permettent de mettre en lumière que chacune des principales théories formulées à propos de la nature du rhumatisme (théories chimique ou humorale, infectieuse, nerveuse ou trophique) contient une part de vérité. SÉANCE DU 3 MARS 193 DÉBIT COMPARÉ DES DEUX REINS, par MM. E. BaRDiER et H. FRENKEL. (Communication faite dans la séance précédente.) Déjà Herrmann (1) avait remarqué que la quantité de liquide qui s'écoule en un temps donné des deux uretères n’est pas égale pour les deux reins et aussi pour le même rein à divers moments de l'expérience. C'est là un fait hors conteste. Nous avons repris cette étude en observant l'écoulement urinaire goutte par goulte et minute par minute pendant plusieurs heures, au lieu de mesurer la quantité d’urine toutes Les cinq ou dix minutes comme le faisait Herrmann. Voici les résultats qui se dégagent d’un assez grand nombre d’expé- riences. A. — Ecoulement urinaire à l’état normal. 1° Différences de l'écoulement urinaire pour le même rein. — En règle générale, l'écoulement de l'urine se fait d’une facon remarquablement uniforme et continue. Si Herrmann et d’autres ont noté des variations, celles-ci étaient sans doute dues à des influences extérieures qu'il n’est pas toujours facile d'éviter, telles que le refroidissement de l'animal, la narcose prolongée, mais surtout et avant tout, les obstacles mécaniques du côté de l’uretère. fi 2 Différences de l'écoulement urinaire dans les deux reins. — Tei encore en règle générale, on observe un débit sensiblement égal, pourvu qu'on ait réussi à se mettre à l’abri des causes d’erreur (inégalité du diamètre des canules, obstacles mécaniques, etc.) Il est bon de faire observer qu'il est malaisé d'obtenir un débit urinaire qui soit l’exacte expression de la capacité sécrétoire du rein, et qu'on ne peut considérer comme démonstratifs, à notre point de vue, que les cas où chaque rein donne au moins deux à trois gouttes d'urine par minute. B. — Æ£coulement urinaire à l'état de pléthore. C'est pour éviter ces causes d'erreur que nous avons exagéré la sécré- tion rénale par des injections intra-veineuses d’eau salée. Dans ces con- ditions, on observe un certain nombre de faits qu'il était difficile de cons- tater lorsque l'écoulement urinaire n’était pas renforcé. En effet, tous les phénomènes physiologiques s’exagèrent, et les différences qui peuvent exister entre l’activité des deux reins deviennent ainsi plus ma- nifesles. 1° Différences de l'écoulement urinaire pour le même rein. — Ces diffé- rences concernent surtout le rythme de l’écoulement urinaire que nous examinerons à part; nous n'insistons pas aujourd'hui sur ce point. (4) M. Herrmann. Sifzungsber. der k. Akad. der Wissensch. zu Wien, 1. XXXVI, p. 357, 1859. 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'une façon à peu près constante, l'écoulement de l'urine s’exagère pro- gressivement jusqu’à une certaine limite, ainsi que l'ont déjà bien étudié MM. Dastre et Loye (1). 2 Différences de l'écoulement urinaire dans les deux reins. — On peut observer sous ce rapport divers types qui deviennent très nets si l’on dresse des courbes correspondant à la quantité d’urine émise. Lorsque l'injection d’eau salée n’est ni trop abondante, ni trop rapide, la vitesse d'écoulement s'accélère également dans les deux uretères d’une facon continue. Dans d'autres cas il peut arriver qu'après une accélération d’une certaine intensité, un rein continue à sécréter très abondamment, tandis que l’autre manifeste une certaine infériorité sous ce rapport vis-à-vis du premier. Mais quels que soient les types artificiels qu’on puisse construire, un fait se dégage de toutes les expériences, c’est que le débit urinaire à l’état normal paraït sensiblement égal dans la majorité des cas pour les deux reins, tandis qu'il suffit d'injecter dans les veines une certaine quantité de liquide pour voir l'inégalité du débit appa- raître, ou s'accentuer si elle existait avant l'injection. Tantôt c’est le rein gauche, tantôt le rein droit qui présente une plus grande activité fonc- tionnelle. MM. Dastre et Loye ont montré que dès qu’on dépasse une cer- taine limite dans les injections de solution physiologique, le rein se comporte pour ainsi dire comme un simple filtre chargé, avec les autres voies d’excrétion, de débarrasser le système vasculaire de son trop- plein. Sans discuter ici jusqu'à quel point les reins ont fonctionné dàäns nos expériences comme glandes ou comme filtres, nous pouvons dire qu'au point de vue de la sécrétion d'eau, l'aptitude du rein à déverser le trop-plein n'est pas toujours la même des deux côtés. Il y aurait donc infériorité d’un rein par rapport à l’autre à ce point de vue. Déjà à l’état normal, il peut exister une légère différence dans l’apti- tude fonctionnelle des deux reins, différence qui a été remarquée par Herrmann, Cohnheim, etc. Or, dans les cas de pléthore artificielle, ces différences, lorsqu'elles surviennent, sont plus marquées et pourraient faire penser à une inégalité fonctionnelle des reins. Mais parmi les ani- maux de laboratoire, il en est qui présentent des lésions rénales susceptibles d'expliquer cette insuffisance relative d’un rein. Reste à savoir si en dehors de telles lésions, il y a place pour une inégalité fonctionnelle de ces deux organes en rapport avec des différences morphologiques. (Travail du laborat. de physiol. de la Faculté de méd. de Toulouse.) (1) Dastre et Loye. Arch. de Physiol., p. 283- 284, 1889. SÉANCE DU 3 MARS 195 A PROPOS DE L'ALTERNANCE PHYSIOLOGIQUE DES REINS, par MM. E. Barpier et H. FRENKEL. (Communication faite dans la séance précédente.) Au cours de nos recherches sur la sécrélion urinaire, nous avons été amenés à nous demander si la notion signalée dans certains classiques au sujet de l'alternance physiologique était un fait constant ou tout au moins très fréquent. Voici comment s'exprime Ludwig (1) : « Si on met à nu simulta- nément les deux uretères, et si on recueille l’urine de chaque rein séparément, on voit tantôt à droite et tantôt à gauche s’écouler plus de liquide ; cependant, le sang qui passe par les deux glandes à ici la même composition, etc. » Goll, Herrmann, Grutzner ont rapporté des faits de ce genre qui justi- fieraient l'affirmation que nous trouvons, par exemple, dans Landois (2), à savoir « que la sécrétion des deux reins n’est jamais symétrique et qu'il y a alternance dans l'hyperhémie et dans l'activité de ces deux organes », ou dans Frédéricq (3) que « les périodes d'activité d’un rein coïncideraient avec le repos relatif de l’autre rein, et vice versa ». On peut étudier cette question en comparant les tracés oncographiques des deux reins, ou bien en comparant l'écoulement urinaire des deux uretères. Nous n'avons pas, il esl vrai, comparé le volume des deux reins, mais nous avons, en revanche, pris un grand nombre de tracés oncographiques d’un seul rein, pendant une à deux heures environ. Jamais nous n'avons vu dans le volume de ce rein d’oscillation sponta- née qui aurait pu faire croire à une alternance vaso-motrice. Les expé- riences de Cohnheim et Roy (4) tendant à montrer la possibilité d’une indépendance fonctionnelle des deux reins sont complètement muettes en ce qui concerne une véritable alternance. Nous nous sommes attachés tout particulièrement à comparer le débit des deux reins après avoir placé des canules dans les uretères. Nous avons opéré sur des chiens chloralosés, et pour éviter toute cause d'erreur dans l'observation, on enregistrait les gouttes d’urine qui s’écoulaient des conduits uretéraux. Sur un grand nombre d’expériences faites à ce point de vue, nous n'avons pu retenir qu'un seul cas qui aurait pu faire croire non pas à une alternance vraie, mais à un écoulement inégal d'urine d’un côté, le C. Ludwig. Lehrbuch der Physiologie, p. 411, 1861, Landois. Traité de Physiologie, p. 504. L. Fredericq et J.-P. Nuel. Éléments de Physiologie, 2° édit., p 273, 1888; t., 1899. J. Cohnheim et Ch.-S. Roy. Virchow's Archiv, t. XCIT, p. 446, 1883, 3) 3° édi (4) 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE débit de l’autre rein restant sensiblement égal. Nous croyons pouvoir expliquer ce cas par l'existence au niveau d’un uretère d’un obstacle mécanique qui à eu pour résultat un écoulement irrégulier et par à- coups. Dans les expériences de Herrmann et de Grutzner où l'écoulement d'urine était plus considérable tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il devait s'agir également d'obstacles mécaniques de cette nature, bien que ces auteurs, qui ont perfectionné la technique de la récolte de l'urine dans les uretères, aient pris. toutes les précautions possibles pour éviter de tels accidents. Pour l'instant, nous nous bornons à constater : 1° Qu'en fait, l'écoulement d’une plus grande quantité d'urine, tan- tôt d’un côté, tantôt de l’autre est d’observation rare, et est loin d’être constant. 2° Que l'interprétation des faits consisnés par Herrmann, Grutzner, etc. doit être cherchée du côté des uretères :t de la technique opératoire. 3° Qu'en ce qui concerne les phases de vaso-dilatation et de vaso- constriction qui donneraient corps à la théorie de l’alternance physio- logique des reins, nos observations faites sur un rein ne nous autorisent pas à en accepter la réalité. 4° Nous concluons donc qu'il n'existe pas d'alternance physiologique des reins, ni au point de vue des phénomènes vaso-moteurs, ni au point de vue de l’écoulement urinaire. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Faculté de Médecine de Toulouse.) À PROPOS DES NOTES DE MM. BARDIER ET FRENKEL SUR LE FONCTIONNEMENT RÉNAL, par M. A. CHARRIN. (Communication faite dans la séance précédente.) Les notes de MM. Bardier et Frenkel m'amènent à rappeler qu'au point de vue pathologique certains phénomènes, considérés comme étant d’origine rénale, subissent, plu: fréquemment qu’on ne le pense, une série d’oscillatiqns. C’est ainsi qu'en dehors de celles qui sont dites intermittentes, telles albuminuries, nettement granuleuses ou rétractiles, accompagnées de cylindres, d'autre part assez abondantes, offrent, aux différentes périodes des vingt-quatre heures, des augmentations et des dimi- [Ages [LE - SÉANCE DU 3 MARS 197 nutions plus marquées peut-être qu'on ne l’a pensé jusqu'à ce jour (1). J'ai en particulier trouvé par litre, dans un cas de néphrite chronique -avérée, 0,40 centigrammes au réveil, tandis que cette proporlion s’éle- vait le soir à 1,24; chez une seconde brightique, cet écart était encore plus prononcé, 0,63 el 2,5. — Au cours d'une grossesse, surtout vers la fin, j'ai également constaté ces écarts; mais ils se sont, en général, montrés beaucoup plus légers, se réduisant souvent à quelques centi- grammes. Dans d'autres circonstances, ces proportions ont paru ren- versées ou sans aucune modification. L'épreuve du bleu de méthylène ne m'a pas fourni de renseigne- ments satisfaisants; d’ailleurs, en dépit de l'intérêt qu'offre ce réactif, il est difficile de ne pas songer que divers tissus, parmi eux, comme je l’ai constaté, avec Cavazzani et Mavrojanis, au point de vue expéri- mental, le foie, ont action sur cette substance. Supposons deux de ces foies agissant inégalement par suite de lésions distinctes : comment conclure à des différences dans les fonctions des reins? Les remarques que m'ont suggérées des recherches relatives aux conditions physiques de la circulation, à la vitesse, plus encore à la pression, me portent à supposer que ces variations, en dehors des fluctuations humorales, dépendent, du moins pour une part, des chan- gements survenus dans ces conditions physiques. J'ai retrouvé ces influences chez une fillette de dix ans dont j'urine, suivant les heures, était plus ou moins riche en sérine : 0 au réveil, 0,96 à 11 heures, 2,80 à 2 heures (repas à midi), 0,32 à 6 heures, 0,37 après le diner. De plus, la densité s'abaissait de 1024 (après le déjeuner) à 1005 (avant le diner). Il est clair que dans ce cas le passage de la station horizontale à l'état vertical, que l'exercice ou la fatigue ne suffisaient pas à expliquer ce phénomène, puisqu'à la fin de la journée la dose diminuait; cette diminution, en atténuant le rôle de l'alimentation prise le soir, rendait douteuse l'intervention des repas, lout au moins en tant qu'élé- ment engendrant à lui seul ces troubles, car, en raison de l’accrois- sement de deux heures, cette intervention ne semblait pas négligeable. SUR LA SPERMASE ET L'OVULOSE, par M. RapnaEL Dupois. À Roscoff, au mois d'août dernier, je disais à MM. Delage et Boutan que des expériences faites au laboratoire de Tamaris-sur-Mer m'avaient conduit à penser que la fécondation était le résultat de l’activité d’une (4) Le fait est en lui-même bien entendu signalé..— Voir en particulier les rapports d’Arnozan et de Talamon au Congrès de Nancy, 1896, 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE zymase fécondante. Or, je viens de lire dans les Archives de zoologie expérimentale et générale (4) une note de M. J.-B. Pièri inlitulée : Un nouveau ferment soluble : l’ovulase. La découverte de ce prétendu fer- ment soluble aurait été faite à Roscoff. M. Pièri agite les spermatozoïdes d'oursin avec de l’eau distillée, met le liquide en contact avec des ovules et observe un commencement de développement. L'expérience n’est pas compliquée. Mais d’abord elle ne prouve en aucune façon l'existence d’un ferment soluble dans le spermatozoïde, l’auteur ayant négligé toutes les précautions indispensables pour être en droit de formuler une semblable conclusion. Tous ceux qui ont l'habitude des recherches sur les zymases seront de mon avis. Ensuite les zymases n'étant pas diffusibles ne peuvent pénétrer par osmose dans l’ovule. Les résultats obtenus par M. Pièri sont identiques à ceux qui ont été publiés par Loeb et Morgan, dont il ne parle point. Mais le titre, non justifié, à mon sens, de la note de M. Pièri m’oblige à publier plus tôt que je ne l'aurais voulu, une partie de mes recherches sur la question de savoir s'il existe dans le spermatozoïde une substance présentant les caractères d’un ferment soluble capable d'agir sur l'œuf ou sur les substances qu'il renferme. I. — 1° Les œufs non fécondés d’Æchinus esculentus à maturité, sont immergés dans l'alcool à 90 degrés. Après quatre heures de macé- ration et d’agitation, on jette sur un filtre. Le liquide filtré est évaporé au bain-marie et repris par une petite quantité d’eau : filtré de nouveau, il constitue le liquide A. 2° La substance non dissoute par l'alcool est séchée à une basse température, puis triturée avec de l’eau : on filtre et on obtient le liquide B. 3° Les spermatozoïdes sont également jetés dans l’alcool à 90 degrés et agités, puis séchés à une basse température et broyés avec de l’eau distillée : on filtre et on obtient le liquide C. En employant la méthode générale que j'ai décrite pour la recherche de l’activité des zymases par les effets électro-moteurs qu'elles pro- duisent (2), on constate les faits suivants : a) C non cuit agit sur A et B non cuits; b) C cuit n’agit plus sur A et B; c) A et B ne réagissent pas l’un sur l’autre ; d) C non cuit n’agit plus sur A et B cuits. On peut conclure : 1° que le spermatozoïde et l’ovule müri contien- nent deux substances non destructibles par l'alcool, mais altérables (4) Arch. de zool. exp. et gén., n° 2, 3° série, t. VII, 1899. (2) C. R. Soc. de biol., 2 série, I, p. 923 et Journ. de phys. et path. génér., t. IT, 1er janvier 1900. SÉANCE DU 3 MARS 199 par la cuisson; 2° que l’une d'elles se comporte comme une zymase. La courbe de la variation de potentiel provoquée par cette dernière se rapprochant de celle des oxydases, j'ai essayé, mais en vain, d'oble- nir la réaction de la laccase par la teinture de gaïac et par le gaïacol. II. — Les spermatozoïdes sont laissés en contact avec de l’eau dis- tillée et agités pendant quelques heures de temps en temps : on obtient ainsi un liquide A, que l’on filtre ; 2° Les ovules mûrs sont traités de même : liquide B. L'eau oxygénée est rapidement décomposée par le liquide A : il ne se produit rien avec le liquide B. Après ébullition et refroidissement, aucun des deux liquides ne décompose l’eau oxygénée, Ces résultats et d’autres que je publierai ultérieurement, m'auto- risent à admettre dans le spermatozoïde l'existence d'une zymase que j'appelle « spermase » et dans l’œuf celle d’une substance, au moins, modifiable par la spermase et que j'appelle « ovulose » provisoirement. J'ajouterai que la spermase ne peul pénétrer dans l'œuf par diffusion ou osmose, mais seulement par un moyen mécanique et que c’est justement la raison d’être du spermatozoïde. (Laboratoire de biologie marine de Tamaris-sur-Mer.) APPAREIL TRANSFORMANT LA LOUPE SIMPLE EN INSTRUMENT BINOCULAIRE ET STÉRÉOSCOPIQUE, par M. EmizE BERGER. Divers instruments d'optique d’un usage journalier (télescopes, lor- gnons de théâtre, loupe composée) ont subi deux perfectionnements successifs. On les a transformés d’abord en instruments binoculaires, ensuile en appareils stéréoscopiques. Cependant la loupe simple, outil de travail dans certaines sciences (médecine, sciences naturelles), dans certains arts, dans quelques industries, auxiliaire indispensable de lecture pour les amblyopes, est demeurée ce qu'elle était, il y a des siècles. Nous renvoyons pour la théorie de notre nouvelle loupe à une note que nous avons publiée dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris (1899, 20 novembre). Grâce à une action prismatique très forte, deux lentilles convexes, décentrées, inclinées l’une par rapport à l’autre, donnent d'un objet rapproché deux images, l’une pour l'œil droit, l’autre pour l'œil gauche. Ces deux images viennent se dessiner sur deux points identiques des deux rétines, el, par suite, le cerveau les perçoit comme émanant d’un seul objet. Par leur inclinaison, les lentilles produisent un astigmatisme contre D, JEU ti V 200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la règle, égal au 1/13 de la force réfringente des dites lentilles. Cet astigmatisme peut donc corriger l’astigmatisme selon la règle ou physio- logique des yeux humains, dans une proportion de 90 à 94 p. 100. Dans le cas d’une hypercorrection de l’astigmatisme de l'observateur par celui de la loupe, il suffit d'une deuxième inclinaison de cette loupe à la verti- cale pour le diminuer dans la mesure nécessaire. Généralement, il est préférable de corriger par cette inclinaison à la verticale l’astigmatisme de l’œil directeur; mais on peut donner des inclinaisons différentes aux deux lentilles dans les cas où l’astigmatisme des deux yeux est différent, soit surajouter des verres cylindriques, dans le cas où l'observateur a un astigmatisme contre la règle ou à axes obliques. En examinant un objet à l’aide de ma loupe,on constate qu’elle produit des images très différentes pour les deux yeux ; les images sont d'autant plus déplacées vers le côté temporal que les foyers des lentilles sont plus courts. Le premier phénomène nous explique l'effet stéréoscopique très marqué de notre loupe. En effet, par l’action prismatique des lentilles, les images des deux yeux sont aussi différentes qu'elles seraientsi notre écartement pupillaire était élargi. Cependant l'impression stéréos- copique ne se produit que par un certain entraînement, plus facilement, en général, chez les jeunes gens que chez les vieillards; elle se manifeste dès le début chez des gens qui se servent de longues-stéréoscopiques, dont le principe revientà Helmholtz. Nous sommes frappés du fait qu'un certain nombre de savants auxquels nous avons présenté notre loupe ne jugent le relief que par la superposition des contours et l’ombre des objets, et nullement par la différence des deux images rétiniennes. Notre loupe n’est pour eux que binoculaire et nullement stéréoscopique. Cet effet stéréoscopique de notre loupe n'existait pas chez plusieurs hystériques et dans les cas de paralysie générale commencante; très rarement nous avons constaté que l'appréciation du relief par la diffé- rence des deux images rétiniennes n’existait pas chez des gens ayant une bonne acuité visuelle des deux yeux, nullement atteints d'une maladie nerveuse et n'ayant pas une profession nécessitant un travail mono- culaire prolongé. L’appréciation du relief par la différence des deux images rétiniennes est donc une fonction cérébrale qui peut être déve- loppée par entraînement, perdue par une maladie nerveuse, ou par un travail monoculaire prolongé, et qui rarement, malgré une bonne acuité visuelle des deux yeux, ne se développe pas. Le deuxième phénomène nous explique qu’on peut observer, à l’aide de la loupe, sans avoir la fatigue de la convergence. Il est aisé de con- cevoir que notre système est aussi applicable aux verres concaves, en donnant à l'observateur les avantages d’une diminution de la conver- gence et d’un effet stéréoscopique marqué. SÉANCE DU 3 MARS 204 ACTION DU SALICYLATE DE SOUDE SUR LA NUTRITION ET, EN PARTICULIER, SUR LA SÉCRÉTION BILIAIRE, par M. le D' H. MorEIGne. Les queiques recherches qui ont été entreprises dans le but de déterminer l’action du salicylate de soude sur la nutrition dans l'état normal ne portent que sur un nombre restreint de matériaux de désassimilation et n’ont pas été faites, pour la plupart, avec toutes les garanties désirables. Parmi les objections auxquelles elles donnent lieu, l'irrégqularité dans le régime alimentaire est incontestablement la plus importante et celle qui mérite le plus de fixer l'attention. Il n'est pas douteux que les divergences et les contradictions que l’on constate dans les résultats obtenus par divers auteurs doivent être attribuées à ce que l’on n’a pas pris toutes les précautions nécessaires dans les expériences. Dans le but de nous mettre à l’abri des causes d’erreurs, nous avons cru devoir expérimenter sur nous-même. C’est, en définitive, le seul mode d'expérimentation sur lequel on soit réellement en droit de compter. Le régime alimentaire que nous avons suivi était simple et permettait de s’y astreindre assez facilement. Nous sommes resté dans les mêmes conditions pendant toute la durée de nos expériences, qui sont au nombre de deux; chacune d'elles exige environ une semaine d'un régime rigoureusement uniforme. Nous avons analysé les urines de vingt-quatre heures avant el pendant l'action du salicylate de soude, et nous avons eu soin de ne commencer à les recueillir que lorsque l'équilibre nutritif élail établi. Nous ne pouvons entrer ici, faute de place, dans le détail de nos expériences, ni apprécier et discuter les résultats de nos analyses; nous nous bornerons simplement à exposer, sous forme de conclusions, les principaux faits qui découlent de notre travail (1). Sous l'influence du salicylate de soude sur l'organisme dans l’état normal, on observe : 1° Une légère diminution (environ de 7 p. 100) de la diurèse; 2° Une augmentation de la matière colorante des urines; 3° Une augmentalion notable de l'acide urique (plus de 50 p. 400). L'acidité urinaire est également augmentée ; 4 Les oxydalions intraorganiques, contrairement au dire de la plupart des auteurs, ne subissent pas d'action retardante ; c'est une conséquence de l’invariabilité du soufre complèlement oxydé (acide sulfurique des sulfates et phénols-sulfates); (4) Le travail complet paraîtra dans le prochain numéro des Archives de médecine expérimentale. 202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° L'intensité, on pourrait dire le degré de perfection, des phénomènes de régression (d'hydrolyse) des matières protéiques, mesurée tout par- ticulièrement par l'azote de l’urée et aussi, dans une certaine mesure, par le rapport azoturique, n’est pas diminuée, contrairement encore à ce qu'ont annoncé la plupart des auteurs, car les faibles variations constatées dans nos résullats (voir le mémoire complet) tiennent à des actions dont les causes n’ont aucun lien direct avec les phénomènes d’hydrolyse qui conduisent à l’urée ; 6° L'augmentation du soufre Lotal urinaire est due exclusivement à l'augmentation du soufre incomplètement oxydé d'origine biliaire ; 7° La sécrétion biliaire est augmentée : non seulement la partie aqueuse augmente, mais aussi les matériaux solides; ce dernier point était contesté par un certain nombre de physiologistes. Cette propriété importante du salicylate de soude, la chimie urinaire nous a permis de l'établir, et cela, sans opération et, par conséquent, sans faire intervenir des conditions physiologiques plus ou moins anormales chez l'animal en expérience; 8° L'’acide phosphorique urinaire est augmenté en valeur absolue et aussi par rapport à l'azote total. Il y a bien des raisons d'attribuer cet accroissement à la suractivité de la fonction biliaire; 9 Les matières fixes de l’urine augmentent d’une façon notable et cette augmentation porte principalement sur les matières organiques; mais il y a lieu de remarquer — chose que l’on a toujours négligé de faire — que le salicylate de soude lui-même participe dans une large mesure à cette augmentation ; 10° Le rapport de l’urée aux matières fixes est nettement diminué; c'est une conséquence de l’augmentation des matières fixes, car l’urée n’a pas sensiblement varié; 11° Un certain nombre d'éléments (soufre total, acide urique, acide phosphorique, etc.), en dehors du salicylate de soude, contribuent à augmenter les matières fixes de l’urine et justifient la propriété de « désassimilateur » qu'on à attribuée à ce médicament; mais l’accrois- sement relativement faible de ces quelques éléments ne permet pas d’en faire le désassimilateur puissant que l’on {croyait ; 12° On peut ajouter que cette désassimilation a son origine, en grande partie tout au moins, dans l’action du salicylate de soude sur la fonction biliaire ; 13° Les nombreuses et importantes indications thérapeutiques con- cernant le salicylate de soude dérivent des différentes propriétés physio- logiques connues de ce corps et, tout particulièrement, des faits qui sont exposés dans ce travail sur la suractivité de la fonction biliaire, ainsi que sur la non- diminution des phénomènes d’oxydation et d’hy- drolyse intraorganiques; 14° La propriété qu'a le salicylate de soude de suractiver la fonction SÉANCE DU 3 MARS 203 biliaire, jointe à la solidarité qui doit exister entre les diverses fonctions du foie et particulièrement celle concernant l’action destructive des poisons, trouve en pathologie des applications d’un grand intérêt. NOTE SUR LA ROUGEOLE, par M. LESAGE. On peut rencontrer, dans la rougeole, un microbe particulier qui a les caractères suivants : microcoque extrêmement fin, aggloméré en zooglée, décoloré par la méthode de Gram. La culture ne se fait bien que sur gelose simple, sous la forme d'un petit sablé très fin, transparent, ana- logue aux cultures fines de streptocoque ou de bacille de Pfeiffer. Il pro- voque chez le lapin, soit en injection sous-cutanée, soit en injection intra-veineuse, une septicémie du type hémorragique, dont la durée oscille entre deux et vingt jours. On retrouve le microbe au point d'inoculation et dans tous les viscères. Cette septicémie présente une localisation évidente sur le poumon (congestion, taches congestives, taches hémorragiques). On peut le trouver, pendant la période éruptive de la rougeole, dans le mucus nasal et guttural. On l’isole par la culture et par l’inoculation au lapin : dans ce cas, l'animal sépare ce microbe des autres bactéries contenues dans le mucus. Le microcoque pénètre dans le sang et pro- duit la septicémie décrite plus haut. On peut obtenir le même fait, en plaçant dans les fosses nasales du lapin du mucus morbilleux. En sept à neuf jours, le microcoque prend Je dessus sur les autres microbes, envahit tout l'arbre bronchique et pro- duit la septicémie. Si on prend du sang à un enfant en pleine éruption et si on l’inocule à un lapin, on peut obtenir également une septicémie identique avec le même microcoque. Ce microbe peut donc se trouver dans le mucus nasal et guttural et dans le sang de la rougeole à la période d’éruption. On le trouve en ce cas à l’autopsie, dans les organes. On ne peut le confondre ni avec le bacille de Pfeiffer ni avec le bacille de Wilks. MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DE LA MUQUEUSE GASTRIQUE, A LA SUITE DE LA SECTION DES PNEUMOGASTRIQUES, par MM. G. Lion et À. TuÉOnaARI. La section des pneumogastriques a donné, relativement à la sécrétion gastrique, des résultats très contradictoires aux différents observateurs 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui l'ont pratiquée. Les modilications du suc gastrique sont nulles d’après Schiff (1); pour Contejean (2) au contraire, le pouvoir digestif du suc gastrique est très diminué. Pavlov et son école ont mis hors de doute l'influence prépondérante du nerf vague sur la sécrétion gastrique; Jürgens (3), entre autres, affirme qu'à la suite de la section sous-dia- phragmatique des filets des nerfs vagues, le suc gastrique ne contient que très peu de pepsine. D'après tous les auteurs, la section des pneumogastriques n’amènerait aucun changement dans la structure de la muqueuse stomacale; Con- tejean, qui a pratiqué de nombreux examens histologiques dans ces con- ditions, n’a jamais trouvé aucune modification. En appliquant à l’élude de la muqueuse gastrique des chiens ayant subi la vagotomie, la tech- nique minutieuse usitée en histologie fine, nous pensons avoir mis en évidence des modifications cellulaires nettes, surtout en ce qui concerne les cellules principales. Nous avons pratiqué la section des pneumogastriques au cou sur plusieurs chiens; deux seulement ont survécu et ont été sacrifiés au bout de 9 et 23 jours. Tous les chiens sur lesquels nous avons pratiqué la section sous- diaphragmatique (5 chiens) des filets du vague, ont parfaitement guéri. Trois de ces derniers animaux ont élé sacrifiés au bout de 9, 35 et 46 jours. Les morceaux de muqueuse ont toujours été recueillis entre la 5e et la 8 heure de la digestion. L'examen de la muqueuse gastrique pratiqué sur les deux animaux de la première série (section au cou) et sur trois de là seconde (section sous-dia- phragmatique), nous a montré les particularités suivantes : les cellules prin- cipales volumineuses, présentent un aspect absolument clair. Le réticulum cytoplasmique est parfaitement net dans toute l'étendue de la cellule. L'hématéine ne montre pas de portion basale différenciée; le violet de gen- . tiane, le mélange de bleu de méthylène et d'éosine, ne montrent aucune grosse granulation, dans les mailles de la portion interne de la cellule. Dans un seul cas (section au cou), nous avons pu déceler des granulations à contour mal délimité, en voie de disparition. Les cellules de bordure présentent un aspect clair autour du noyau, avec tassement des granulations à la périphérie. Les cellules pyloriques ne présentent pas de modification appréciable. Bensley (4) a montré que, pendant la digestion, la portion externe des cellules principales est sombre, présente de l’affinité pour les couleurs nucléaires et offre toutes les réactions du prozymogène (recher- (1) Schiff. Lecons sur la physiol. de la digestion, 1867. (2) Contejean. Journal de l’anat. et de la physiologie, 1893, p. 95. (3) Jürgens. Archives des Sciences biologiques de Saint-Pétersbourg, 1892, 23. (4) Bensley. Quarterly journal of microscop. sc., t. XLI, p. 361. ee P: SÉANCE DU 3 MARS 205 ches de Macallum (1) sur le pancréas). Par suite de l'expulsion d'une partie de son contenu, cette portion externe de la cellule prend un aspect fibrillaire. La portion interne de la cellule présente des granu- lations de zymogène (colorables par le violet de gentiane). — L'un de nous (2) a montré que les filaments basaux des cellules principales sont une différenciation du réticulum avec lequel ils se continuent manifes- tement; qu'ils se transforment ensuite sur place en chaïnettes de granu- lations acidophiles; ces dernières deviennent libres dans les mailles de la portion interne, présentent une réaction neutrophile ; elles constituent les grains de ferment. L’analogie morphologique est absolue avec la cellule pancréatique. Nos expériences montrent qu'après la section des pneumogastriques, les cellules principales ne présentent plus entre la cinquième et la hui- tième heure de la digestion, ni filaments basaux (prozymogène), ni gra- nulations neutrophiles (ferment). Nous nous réservons de revenir plus tard sur les modifications chimiques du suc gastrique. (Travail du laboratoire de M. le professeur Hayem.) Lu HYPERGLYCÉMIE CONSÉCUTIVE A L'INJECTION INTRA-VEINEUSE D'UNE CULTURE DE STAPHYLOCOQUES, par M. R. LÉPINE. On sait qu’une glycosurie passagère a été parfois constatée chez des sujets atteints de furonculose. Pour l'expliquer, on admet généralement qu'il s’agit, dans ces cas, d’un diabète latent, qui se révèle par la glyco- surie. Mais on peut se demander si cette dernière n’est pas favorisée par l'infection staphylococcique; car certaines infections produisent de l'hyperglycémie, par exemple l'infection charbonneuse (Bouchard et Roger). D'autre part, MM. Charrin et Kaufmann (3) ont observé de l'hy- poglycémie dans l'infection pyocyanique; mais il n'ont dosé le sucre du sang que plusieurs jours après l'injection de culture pyocyanique. Or, il se pourrait que l'hypoglycémie ait été précédée d’une période d’hyper- glycémie. Quoi qu'il en soit, voici le résultat de mes expériences : Exp. L — Chienne grasse, de 22 kilogrammes. Sucre du sang artériel : 1,15. Injection de culture de staphylocoque doré, dans la veine jugulaire. (4) Macallum. Journal of physiol., 1897. (2) Théohari. Archives d'anatomie microscopique, septembre 1899. (3) Charrin et Kaufmann, Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, juillet 1893, p. 684. 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Une ‘demi-heure après :äsucere dufsang.t 4. EMONCO ONE . 16548 Une heure, après l'injection sisucre:t... 2! 216 MENONEtERRERRE Deux heures — LSUCTEe 2 : nt RAC MO NI RER A ce moment, l'animal meurt. La température s'était élevée d’un degré. Exp. IL. — Chien de 11 kilogrammes. Sucre du sang : 1,18. Injection d’une petite quantité de culture de staphylocoque dans la jugu- laire. Une demi-heure après : sucre du sang.. . . . . SA ll) Trois quarts d'heure après l'injection. Cr Une heure et demie — TR AE ae | ci Exp. II. — Chienne vieille, de 18 kilogrammes. Sucre du sang artériel : 1,20. Injection d’une petite quantité de culture de staphylocoque dans la jugu- laire. Vingt minutessapres linjection "WC CR EN ER E D Trois quarts d'heure — OR MR ! +) Une heure et demie == SOUS Re le be Ce UD Deux heures et demie — RSS LES CR JL (ÿ0) Ces expériences montrent qu'il se produit une hyperglycémie plus ou moins considérable après l'injection intra-veineuse de staphylocoque; mais que lorsque la culture est en petite quantité, l'hyperglycémie ne dure que fort peu de temps, de telle sorte que, dans l’espace d'une heure et demie, le sucre du sang peut même tomber au-dessous de la normale. Comme suite à la communication que j'ai eu l'honneur de faire à la Société il y a quelques mois (1), je ferai remarquer que dans les deux premières expériences, conséculivement à l'injection de staphylocoque et corrélativement à l’'hyperqlycémre, la température du foie a notable- ment dépassé celle du rectum; puis, qu’à la fin de ces deux expérience, et corrélativement sans doute à l'hynoglycémie, la température du pan- créas s'est aussi élevée au-dessus de celle du rectum. Dans une pro- chaine communicalion, je montrerai l'importance de la température com- parée de ces deux glandes, comme manifestation objective de leur activité fonctionnelle. (1) Lépine, Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, mai 1899, p. 835. SÉANCE DU 3 MARS 207 LA FORMATION DES VOYELLES ET LA THÉORIE AÉRODYNAMIQUE, par M. le D' PIERRE BONNIER. Dans de toutes récentes communications, M. Gellé a cru pouvoir affirmer, à la suite d'expériences, l'existence d'un courant rétrograde dans les parties postérieures de la cavité gutturo-buecale pendant l'émission de la voyelle À, et conclure que les cyclones intrabuccaux sont l’origine véritable des voyelles ; M. Gellé admet donc que ses expé- riences confirment la théorie de M. Guillemin. Ces communications soulèvent, à mon avis, plusieurs questions. 4° Les deux expériences de M. Gellé prouvent-elles l'existence du cou- rant rétrograde dans lesc onditions indiquées ? Je ne le pense pas, et voici pourquoi. Indépendamment des tourbil- lons aériens, évidents a priori, puisque la phonation s'accompagne de la circulation d'un milieu fluide dans un canal dont les dimensions varient à chaque pas du parcours et à chaque instant, et que dans ces conditions le déplacement de la masse fluide ne peut être homogène ni dans sa vitesse ni dans sa direction, — indépendamment donc de ces tourbillons, on doit admettre que le déplacement général de l’air allant de la glotte vers l’orifice buccal affecte trois directions principales. D'abord ascendant et sensiblement vertical au-dessus de la glotte, il devient oblique sous le voile du palais, et horizontal dans la cavité buc- cale antérieure. Si, comme le fait M. Gellé, on enfonce plus ou moins profondément dans la bouche un tube en rapport avec un manomètre, il est évident que dans la partie antérieure de la bouche le tube manométrique ren- contrera le courant aérien parallèlement à son axe el subira sa poussée, d'où variation positive. Dans la partie moyenne, où le tube coupe obli- quement le courant, il y aura indécision, instabilité, ou indifférence manométrique. Dans la partie postérieure, où la poussée aérienne tend à devenir perpendiculaire au tube, celte poussée, comme dans les vapo- risateurs, exercera une action épuisante sur le contenu du tube, et on trouvera une variation négative. Cette variation négative ne prouve nul- lement l'existence d’un courant rétrograde; elle indique simplement que, le tube restant toujours forcément horizontal, la poussée aérienne est, au fond de la bouche, devenue verticale, ce que l'anatomie faisait prévoir, et aussi l’aérodynamique, puisque nous savons que les indica- tions manométriques prises au sein d’un courant varient selon la direc- lion du courant par rapport au tube manométrique. L'autre expérience n’est pas plus démonstrative. La petite rondelle de papier mobile sur l’aiguille horizontale ne pourra, quelle que soit la direction de la poussée aérienne, se déplacer que selon la direction BioLocie. Comeres RENDUS. — 1900. T. LII. 17 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee de cette aiguille, comme le bateau auquel sa barre impose une direc- tion. Mais cette condition force l'action aérienne à se décomposer, et de même que le bateau, par le jeu de la barre et l’action décomposante due à l'orientation de sa voile, pourra monter contre le vent, de même la petite rondelle pourra courir vers la paroi pharyngée sans qu'on puisse en conclure qu’elle va vent arrière, et qu'il y a là un courant rétrograde. Cette seconde expérience prouve simplement que la rondelle, forcée de se déplacer selon un axe horizontal, et recevant obliquement le courant ascendant sus-glottique, traduit par une projection en arrière l’impul- sion qu'elle décompose. Ces deux expériences ne prouvent donc pas, à mon avis, l'existence d'un courant rentrant; elles peuvent au contraire servir à prouver que les choses se passent comme on devait le supposer. 2% Les tourbillons aériens qui, comme je l'ai dit, ne peuvent pas ne pas eæister, sont-ils l'origine véritable des sons voyelles ? Quand une masse aérienne devient sonore par son déplacement dans un milieu et dans des conditions déterminées, on peut constater qu'il y a également production des cyclones de Lootens; mais la coexistence de deux phénomènes, la production de tourbillons et la production d'ébranlement sonore, prouve seulement une parenté entre les deux phénomènes, puisqu'ils semblent dus à une même cause; elle ne prouve nullement que l’un engendre l’autre. Quand une combinaison chimique produit simultanément chaleur, lumière, bruit, électricité, ete., on peut dire que ces phénomènes ont une origine commune, mais rien n’aulo- rise à affirmer qu'ils se produisent l’un l’autre. Nous savons que les variations rapides et péricdiques de pression en un point d’une masse aérienne rendent sonore cette masse aérienne ; mais rien n’a établi jusqu'ici que le tourbillon signalé au voisinage de ce point soit la source réelle de la sonorité. 3° Les sons vocaliques produils au niveau de la cavilé buccale indépen- damment du son laryngien, peuvent-ils, en s'ajoutant à ce dernier, lui donnner le timbre vocalique si éclatant que nous lui connaissons ? Quand, par suite d’étranglements sur le parcours gutturo-buccal de l'air expiré, cet air devient sonore, cette sonorité n’est perceptible à distance qu'au prix d’une dépense de souffle bien supérieure à celle que fournit la phonation ordinaire ; si on cherche à ne pas donner plus de souffle que dans la phonation, ces sonorités buccales sonlextrêèmement faibles. Elles ont toujours un timbre vocalique, puisque toute sonorité à forcément un timbre et qu'on nomme vocaliques les timbres des sono- rités buccales. Mais elles ont, dans la phonation et en dehors du son laryngien, si peu de sonorité à elles, qu'il semble que le son laryngien, loin de s’en parer ostensiblement, les doit au contraire complètement étouffer. Et dans ce cas, si le timbre est réellement dû à la superposi- tion des sonorités buccales à la sonorité laryngée, plus celle-ci sera puissante, moins la voix sera timbrée. Or, c’est le contraire qui a lieu. SÉANCE DU 3 MARS 209 ‘Si l’on prononce à voix haute successivement plusieurs voyelles, le son Jaryngien gardant la même intensité, il est difficile d'admettre que les différences si sensibles de timbre soient uniquement dues à l’adjonction des petites sonorités buccales, si faibles que nous ne pouvons les perce- “voir isolément que dans le silence absolu de la glotte. Il s’est fait dans toutes ces questions de timbre une singulière confu- sion entre la notion de forme et celle de composition. Dans les traités d'acoustique on lit, aux premières pages, que le son a trois qualités : l'intensité qui dépend de l'amplitude de l’ébranlement; la hauteur, qui dépend de sa vitesse ; et le timbre, qui dépend de sa forme. Plus loin, avec l'exposé des travaux de Helmholtz, on démontre que le timbre résulte de la superposition de plusieurs sons de forces et de hauteurs définies. Il résulte de cette seconde définition que le son peut avoir trois qualités, celle d’être fort, celle d’être aigu, celle d'être... plusieurs; ce qui est au moins surprenant comme définition pour une unité consi- dérée. La notion de forme de l’ébranlement est sacrifiée à celle de com- position, et pourtant l’ébranlement le plus simple a toujours forcément une forme, c'est-à-dire qu'il laissera toujours une empreinte définie dans un appareil enregistreur. Et cette notion de forme est d'autant plus importante à garder que notre oreille, pas plus que nos autres organes des sens, n’est pas capable d'analyser par décomposition. La théorie de Helmholtz, si désastreuse dans la physiologie de l’audi- tion. n'aura pas été moins funeste dans celle de la phonation vocalique, car elle a poussé beaucoup d'auteurs à supposer que le timbre des voyelles était dû à la superposition de divers sons, nés en divers points, de facon indépendante et isolée, alors qu'il est si simple d'admettre au contraire que, quand une masse d'air enfermée dans un récipient de forme définie devient sonore en l’un de ses points, la sonorité produite affecte forcément une certaine intensité, une certaine hauteur et un cer- tain timbre, et que la forme de l’ébranlement qui anime la masse aérienne dépend directement de la réaction du contenu sur le contenant et inversement. C’est une grande erreur que de supposer que les pro- duits analytiques dus à la réaction propre à tel procédé, à tel appareil ou à tel ou tel produit employé à l'analyse d’un phénomène, existent dans ce phénomène dans l’état où les montre l'analyse faite. Le sol que, le résonateur extrait d’un complexe sonore n'existe pas plus forcément en tant que le sol, dans ce complexe, que le quartier de pomme séparé par le couteau n'existait sous forme de quartier dans la pomme ; et cela n'empêche pas que l’on pourra reconstituer un timbre par synthèse ou une pomme en en rapprochant les quartiers. Le son du résonateur est l'empreinte que laisse tel phénomène extérieur dans cet appareil, qui n’a qu'une réaction propre pour des influences souvent diverses. On à souvent pris l'empreinte pour l’objet let l'ombre pour la proie. Notre oreille ne décompose pas le timbre, elle en est aussi incapable que l'œil " gést. *Lts cel @ a Caen EDS 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de décomposer la lumière blanche ; il nous a fallu les résonateurs et le prisme pour tirer de ces appareils des déformations analytiques dont nos sens sont incapables. Pourquoi supposer que dans la phonation nous réalisions par synthèse des formations sonores en combinant des sonorités simples dont notre oreille, le seul guide utilisé cependant par nous, n’est pas capable d'apprécier le rôle propre dans la synthèse de ce timbre, qu’elle analyse à la façon des enregistreurs et non à celle des résonateurs, dans sa forme mais non dans sa composilion ? SÉCRÉTION SURRÉNALE ET PRESSION SANGUINE, par MM. L. Camus et J.-P. LANGLoIs. La présence dans le sang de la veine capsulaire d’une substance capable d'élever la pression artérielle,démontrée par Cybulski, Langlois, Biedl, etc., a conduit assez généralement à admettre l'hypothèse que les capsules surrénales déversent dans le sang un produit qui contribue au maintien du tonus des vaisseaux. | Récemment cependant, Lewandowski (1), ayant observé qu'un lapin acapsulé avait encore une pression normale, trois quarts d'heure après l'opération, a soutenu que les capsules ne déversent pas de substance active dans le sang et qu'on ne saurait conclure de l’action d'un extrait d’organe injecté dans le sang à l’action de cet organe dans l'organisme. Nous avons repris l'étude de cette question et nous avons constaté : 1° que sur un chien monocapsulé, l'arrêt de la circulation dans la veine de la capsule laissée en place ne modifie pas la pression ; et par suite et naturellement que le rétablissement de la circulation dans cette veine reste sans effet ; 2° que la destruction des deux capsules ne détermine pas une chute immédiate et progressive de la pression. Six heures après la capsulectomie double, un de nos chiens avait une pression caroti- dienne de 13 centimètres de mercure, c’est-à-dire une pression sensi- blement normale si l’on tient compte de l’action du traumatisme opé- ratoire. Ces expériences complètent l'observation de Lewandowski relative au maintien normal de la pression sanguine après la capsulectomie ; mais d’autres expériences ne nous permettent pas d'accepter son inter- prétation de la fonction capsulaire. En effet, l’action du sang de la veine capsulaire sur la pression artérielle est pour nous indiscutable et dans nos nouvelles recherches, nous avons pu vérifier encore cet effel déjà étudié par l'un de nous. Il importe toutefois de faire remarquer que (1) Lewandowski. Zeitschr. f. kl. Med., XXX VII, 535-546, 1899. SÉANCE DU 3 MARS 211 celte élévation de pression ne s’observe que si l'on injecte une certaine quantité de sang et que si l'injection est faite avec une vitesse suffisante. Ainsi dans une expérience sur un chien de 9 kilogrammes, nous vimes que 5 centimètres cubes de sang capsulaire, légèrement oxalaté, prove- nant d'un chien de 29 kilogrammes, provoquaient une forte élévation de pression, s'ils étaient injectés en 5 secondes; une élévation faible si l'injection durait 15 secondes et enfin ne modifiaient pas la pression si l'injection était faite en 60 secondes. Si donc d'une part, dans les condi- tions normales, le débit des veines capsulaires pour un chien de 10 kilogrammes (1), ne dépasse pas 15 centimètres cubes par minute et si d'autre part, comme cela est démontré, la destruction rapide dans l'organisme de la substance surrénale empêche tout effet accumulatif, on conçoit que la sécrétion interne des capsules n'exerce aucune action sur la tonicité artérielle. Il est probable cependant que, dans des conditions encore indétermi- nées, la circulation capsulaire peut augmenter, que la sécrétion du pro- duit actif peut également s’exagérer (il est même probable que les deux effets ont lieu simultanément) et qu'ainsi cette sécrétion peut être appelée à exercer une influence importante sur la pression. L'action des capsules surrénales sur la pression sanguine, au lieu d’être continue, serait seulement éventuelle; ce sont les conditions dans lesquelles cette action s'exerce que nous étudions actuellement. LE GLYCOGÈNE HÉPATIQUE PENDANT LA GROSSESSE, par MM. A. CHARRIN et A. GUILLEMONAT. L'élaboration des hydrates de carbone, au cours de la grossesse, offre une série d'anomalies; on sait, en particulier, depuis longtemps, avec quelle fréquence on observe la glycosurie; nous avons même récem- ment montré quel est le mécanisme qui préside à la genèse de cet accident; nous avons prouvé qu'en dehors de l’action possible du foie, on devait, tout au moins pour une part, incriminer l'insuffisance de consommation du glycose. ; L'analyse de ces processus nous a amenés à examiner la teneur du foie en glycogène, substance dont l'importance, au point de vue du (1) Le débit des deux veines capsulaires est très difficile à déterminer, mais, dans des recherches antérieures de l’un de nous, ce débit n'a jamais dépassé 16 centimètre cubes par minute pour un chien de 16 kilogrammes, et 20 centimètre cubes, pour un chien de 42 kilogrammes. 219 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——————_—— développement plus encore que du fonctionnement des tissus, apparaît de jour en jour plus considérable. Les dosages ont porlé, en premier lieu, sur six séries comprenant S cobayes pleines et 7 non pleines, soumises les unes et les autres, dans le but d’atténuer les variations attribuables aux aliments, à un jeûne de vingt-quatre à quarante-huit-heures. — Dans ces séries, cinq fois le glycogène, pour 100 du foie, a été plus abondant chez les femelles gra- vides; trois fois, nous avons constaté le contraire. Ces analyses ont, en outre, porté sur six autres séries formées de 9 cobayes grosses et 6 normales, recevant chaque jour les mêmes ali- ments et, de plus, 1 à 3 grammes de glycose en injections sous-cutanées. — Dans ces cas, on a constamment trouvé plus de glycogène chez les pleines, avec des écarts atteignant parfois plus du quadruple des quantités décelées chez les saines. La glycosurie présente également d'intéressantes oscillations. Dans quatre séries sur six, on a rencontré dans les urines plus de sucre, par litre, chez les gravides; une fois, il y a eu égalité; dans une seule de ces séries, ce sucre prédominait chez les cobayes normales. Les tableaux indiquent les détails des résultats obtenus. Glycogène des cobayes soumises au jeûne (1). PLEINES NON PLEINES RAPPORT SÉRIES | a a Glye PT io du glycogène total. p. 100. total. p. 100. p. 100. 1 05617 JE UD 050345 0517 18 2 0 0455 O 25 0 100 0 38 0,65 0 0421 0 19 : ; 0,30 3 0 0975 0 48 0 050 0 29 1,65 4 O0 0075 0 038 O0 O15 0 11 0,34 0 OI6G 0 096 0 013% 0 07 1591 b 0: OSS7 0 39 0 0802 0 38 1,02 6 0 0534 0 32 0 0245 0 16 2 _(1) Le jeûne a agi dans le même sens chez tous les animaux; de plus, sa durée a été trop courte pour détruire de grandes quantités de glycogène. Dans la dernière colonne du tableau, les chiffres supérieurs à 1 sont en faveur des pleines. Dans les dosages après dissolution du foie dans l’eau bouillante additionnée d’un peu de soude, on a précipité les albumines par l'acide trichloracétique;, le précipité alcoolique a été lavé à l'alcool et à l’éther, etc. > 3 SÉANCE DU 3 MARS 213 Glycogène des cobayes recevant des injections de glucose. PLEINES NON PLEINES RAPPORT SÉRIES Cheese rene Se Térdène du glycogène total. p- 100. total. p. 100. p. 100. 1 050109 0£05 050066 0€ 04 4,25 P 0 568 3 28 0 1045 0 72 4,55 0 4167 L 46 » » 2,02 3 0 0338 0 19 0 0328 0 16 1,18 0 1134 0 44 » » 2,15 4 1 6906 4 22 0 3234 1-02 4,13 Hi] 0 084 0 61 0 0657 0 33 1,84 6 0 262 1 55 0 0350 0 17 9,11 0 1019 0 39 » » 2,29 Nos recherches établissent donc que le glycogène augmente pendant la grossesse ; en second lieu, cette augmentation suit jusqu'au terme une marche sensiblement croissante; en troisième lieu, si on fournit à l'organisme des générateurs de ce glycogène, en particulier du sucre, ces accroissements sont encore plus marqués, c'est-à-dire que les diffé- rences entre la teneur du foie des femelles pleines et celle de l'organe des non pleines s’accentuent rapidement; en quatrième lieu, les propor- tions de glycose éliminé par les urines sont plus considérables chez les cobayes gravides. Il semble donc que l'organisme consomme le glycose avec une acti- vité inférieure à ce qu elle doit être; les tissus ne paraissent demander au parenchyme hépatique que de bien minimes quantités de glyco- gène destiné à être utilisé à l’état de sucre : la nutrition se ralentit. Toutefois, il est probable que cet organisme, à l'heure de la lactation, saura détruire ces substances accumulées. Il n’en résulte pas moins un certain degré d'hyperglycémie et, pour le foie, un fonctionnement quelque peu anormal. Or, en dehors de l'intérêt de telles considérations au point de vue de la physiologie patho- logique générale, ces tares permettent de comprendre en partie comment l'économie, du fait de cette grossesse, se trouve exposée à une série de maladies de différents ordres, les unes humorales, de nature chimique (diabète, lithiase, obésité, etc.), les autres infectieuses, quelques-unes nerveuses. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale des Hautes Etudes.) 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE DÉVELOPPEMENT DES VOIES LACRYMALES CHEZ L'HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX, par M. G. STANCULEANU. Les voies lacrymales de l’homme présentent dans leur origine les plus grandes ressemblances avec celles des animaux. Tout au début : une large gouttière, la goutlière lacrymale, située entre les bourgeons maxillaire supérieur et nasal externe, s’étendant du grand angle de l’œil aux fosses nasales. Plus tard, les parois de la gouttière se rapprochent, et Le fond de la gruttière prolifère; à la place de la seule assise cellulaire qui tapissait la gouttière, l’on voit un cordon arrondi, formé de cellules polyédri- ques, päles au centre, foncées à la périphérie, toutes pourvues d'un gros noyau. Ce cordon est réuni à l’épithélium superficiel par un mince pédicule chez les animaux, pédicule qui manque chez l’homme comme Ewetzky et nous-même l'avons constaté. Ce cordon fournit chez l'homme et un certain nombre d'animaux : porc, lapin (Cosmettatos), mouton (Stanculeanu), le canal nasal et le canalicule inférieur; chez le poulet, le canal nasal et le canalicule supé- rieur. L'autre canalicule naît toujours par bourgeonnement secondaire. À partir de ce moment, les voies lacrymales de l’homme présentent les particularités suivantes : le canal nasal arrive à toucher les fosses nasales quand l'embryon a atteint 25 millimètres; il s’épaissit beaucoup surtout à la partie supérieure qui forme le sac lacrymal, mais reste tou- jours plein; les canalicules ont chacun en particulier la forme d’un haricot, mais déjà on aperçoit des différences entre leur forme, le supé- rieur pouvant être divisé en une portion verticale là où il aboutit à La paupière et une portion oblique du côté du sac; le canalicule inférieur ne présente presque pas de portion verticale, il est beaucoup plus allongé. Plus tard, les cellules centrales subissent une fonte, et ainsi se forme la lumière dans les voies lacrymales : premièrement dans le sac, puis dans les canalicules, et enfin, en dernier lieu, dans le canal nasal; et alors, à la place de l’épithélium pavimenteux stratifié se substitue un épithélium cylindrique à cils vibratiles; par places quelques cellules caliciformes. À ce moment (fœtus 13 centimètres) nous avons trouvé certaines par- ticularités qui n’ont pas été signalées par les auteurs : tout d’abord la forme très dissemblable entre les deux canalicules : le supérieur pré- sente une portion verticale à forme d’entonnoir, puis l’entonnoir se rétrécit, et alors commence la seconde portion classique, portion hori- zontalement inclinée qui débute par une dilatation!circulaire; puis le canalicule se prolonge du côté du canal d'union; le canalicule inférieur SÉANCE DU 3 MARS 215 est beaucoup plus allongé et plus large, sa portion verticale est beau- coup plus courte et beaucoup moins tranchée. Quant au canal nasal, il exécute en tout une grande courbe à concavité interne; en dedans, il a des rapports avec la capsule certilagineuse et en dehors avec le maxil- laire supérieur. Enfin c’est peu après (vers fœtus 15 centimètres) que les canalicules s'ouvrent à la paupière correspondante : le supérieur avant l'inférieur. Dans la suite du développement, c'est surtout le canal nasal qui pré- sente des particularités intéressantes : ainsi, comme forme extérieure à mesure que le fœtus avance en âge, le canal nasal se redresse, ce que Duvigneau attribue au développement du maxillaire supérieur. Dans l'intérieur du canal, on remarque — et à ce point de vue, il semble y avoir des différences suivant les fœtus — très souvent une forme ondulée des parois avec saïllies et dépressions, formant quelquefois comme des promontoires, ou d'autrefois comme des plis de la muqueuse adossée à elle-même. Le canal nasal ne s'ouvre dans les fosses nasales que très tard, à la fin du huitième mois ou même après la naissance, comme nous avons pu nous en assurer d’après l'examen d’une vingtaine de fœtus de cet âge et des nouveau-nés, par les coupes en série. Le mécanisme de l'ouverture du canal nasal dans les fosses nasales serait la distension de son extrémité inférieure par le contenu gélati- neux du canal. Il nous a paru que le point qui cède le plus souvent serait à la partie externe du diaphragme qui ferme en bas le canal, de telle sorte que le reste du diaphragme constitue presque une valvule insérée en dedans, se dirigeant de haut en bas et de dedans en dehors; ce serait ce que l’on a appelé la valvule de Cruveilhier, qui ne manque jamais sur les nouveau-nés et les adultes. On sait que la doctrine classique explique la production de la dacryo- cystite congénitale par un retard d’ouverture du canal nasal dans les fosses nasales, — pourtant nous avons trouvé deux fois la dacryocystite congénitale chez des fœtus entre six et sept mois, quand normalement le canal nasal est toujours fermé à sa partie inférieure. Nous avons alors pensé que l’on pouvait expliquer la dacryocystite congénitale comme celle de l’adulte par l'infection, et nous avons recherché les microbes sur un grand nombre de coupes sériées de quatre dacryocystites con- génitales trouvées sur un total de vingt fœtus des derniers mois et nouveau-nés. Jamais nous n'avons pu en découvrir, ce qui tient peut-être à ce que nos pièces n'étaient pas très propres à ce genre de recherches. Nous avons cherché aussi quels rapports les voies lacrymales pou- vaient affecter chez le fœtus et le nouveau-né avec les sinus de la face ; c'est-à-dire le maxillaire et l’ethmoïdal, car les autres se développent bien plus tard. 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——— © —— ———— Les sinus maxillaire et ethmoïdal se trouvent sur un plan bien posté- rieur par rappork au canal nasal; mais on peut quelquefois avoir sur une coupe la section du canal nasal dans son plan le plus profond et en même temps voir apparaîlre les cellules ethmoïdales antérieures et l'invagination de la muqueuse nasale qui va former le sinus maxil- laire. UN CAS DE TRANSPARENCE PHOTOGRAPHIQUE DU CORPS HUMAIN, par M. le D' L. BuTre. Il y a deux ans, à la fin des vacances, j'ai, à l’aide d’un appareil ins- tantané ordinaire avec boîte contenant douze plaques, pris la photo- graphie d’un jeune garçon de douze ans qui était adossé à un arbre et à un treillage. La plaque est restée dans l'appareil pendant tout l'hiver. Au prin- temps je l’ai développée et j'ai constaté avec un grand étonnement que l'arbre et le treillage apparaissaient avec une grande netteté derrière le corps de l’enfant. C’est ainsi que la face, ou mieux la partie médiane de la face directement en rapport avec le tronc de l'arbre, paraissait des- sinée sur ce tronc qui était lui-même très visible, en même temps que les parties latérales de la face qui n'avaient aucun objet opaque der- rière elles étaient également visibles. On voyait aussi très nettement apparaître derrière les membres infé- rieurs et Le tronc les lattes du treillage. Un fait intéressant à signaler, c’est que le jeune garçon portait un grand col blanc et que ce col blanc n’a pas été transparent comme les vêtements de couleur sombre recouvrant le reste du corps. En exami- nant attentivement la photographie, on voit en effet que le col blanc a joué le rôle d’un écran opaque, tandis que toutes les parlies du corps recouvertes de tissus sombres ont laissé passer les rayons, J'ai hésité longtemps à publier ce fait. Pour moi, qui ne suis qu'un photographe amateur, ce que je jugeais nouveau n'avait peut-être rien d’extraordinaire; aussi ce n’est qu'après avoir montré la photographie à plusieurs physiciens sans pouvoir obtenir d'explications que je me suis décidé à le faire. Il est certain que j'ignore absolument la cause du phénomène, je n'en connais pas le déterminisme. Mais il n’en est pas moins vrai qu'il y a là un fait nouveau et j'ai cru qu'il était bon de le publier pour que des savants s'occupant spécialement de celte question puissent, s'ils le jugent à propos, s'y intéresser et essayer d'en faire connaître la cause. De" SÉANCE DU 3 MARS DAT. DÉTERMINATION ET ACTION DES PLUS HAUTES TEMPÉRATURES COMPATIBLES AVEC LA VIE DE LA GRENOUILLE, par MM. MAUREL ET LAGRIFFE. Plusieurs fois, et notamment en 1875, dans ses Lecons sur l’anes- thésie, CL. Bernard avait signalé la possibililé d’anesthésier les gre- nouilles en élevant leur température ; et il est probable que depuis le fait avait été reproduit par de nombreux expérimentateurs. Mais ce n’est qu'en août 1890 que l’un de nous, poursuivant ses recherches sur les leucocytes, en vint à constater ce phénomène et suivit ses diverses phases (1). Depuis cette époque, il a repris ses expériences en 1893 et en 1895 (2): et toujours avec le même résultat. Enfin, en 1899, nous les avons répé- tées ensemble une dizaine de fois pendant le semestre d'été. Le dispositif pour ces expérience a été exactement le même que celui utilisé pour les poissons (3). Le temps employé pour conduire l’animal aux températures incompa- tibles avec la vie a été intentionnellement varié. Il à été de moins de dix minutes dans certaines expériences et a dépassé quarante-cinq minutes dans d'autres. Les phénomènes observés sont restés les mêmes, et se sont succédé dens le même ordre. D'une manière générale les animaux déjà affaiblis, ceux qui, par exemple, avaient été blessés en les prenant, ont offert moins de résis- tance. Les divers phénomènes et notamment le coma se sont montrés plus tôt. Ces divers phénomènes et les températures auxquelles ils se montrent, sont les suivants : 4° Jusqu'à 25 degrés, il n’y a pas de manifestation bien marquée; 20 De 26 à 30 degrés, il y a de l’agilation, plus de rapidité de la respiration el plus d’excitabilité; 3° De 31 à 33 degrés, cette agitation se calme, la respiration devient moins fréquente et l’excitabilité diminue. On sent cependant chez l'animal un véri- table malaise ; 4° De 34 à 36 degrés, l'animal se livre aux mouvements les plus désor- donnés et sûrement inconscients, pendant lesquels il se projette soit contre les parois du vase soit contre la grille qui le ferme. C’est un véritable délire. (4) Maurel. Rôle des leucocytes dans la mort par la chaleur et par le froid, 3e fascicule des Recherches sur les leucocytes, page 9 et suivantes. Doin, Paris. (2) Maurel, Coup de chaleur, Académie des Sciences de Toulouse, séance du 22 mai 1895. (3) Maurel et Lagriffe. Comptes rendus de la Société de biologie, 21 octobre 1899 et Sociélé d'histoire naturelle, 4° fascicule de 1899. #? 218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° De 37 à 39 degrés, le délire est remplacé par le coma. La. respiration con- tinue, mais rare et faible. La résolution musculaire est complète, et il en est de même de l’insensibilité. A cette période, le sens de l'équilibre est perdu. L'animal tombe comme un corps inerte sur le plan dorsal. Parfois il remonte verticalement jusqu’au niveau supérieur du bain, mais toujours en vertu seulement des lois de la pesanteur. Pendant que l'animal est dans cet état, on peut observer des tremblements ou même de véritables convulsions. Ces troubles musculaires parfois précèdent le coma; 6° Au dela de 89 et 40 degrés, la respiration s'arrête et l'animal tombe en état de mort apparente. Quelques secousses musculaires peuvent encore se présenter en ce moment; 1° Si ces températures sont maintenues et surtout si elles sont dépassées ne serait-ce que d’un degré, l'animal succombe. Si, au contraire, il reste peu de temps à ces températures, il peut reprendre ses mouvements el même assez rapidement. 8° Ce retour des mouvements est encore plus rapide si l’on s'arrête aux températures suffisantes pour produire le coma. Dans ce cas, quinze minutes peuvent suflire pour lui voir reprendre toute sa vivacité. On peut alors le replonger dans le coma une seconde fois, en observant la même série de phénomènes, et le ranimer de nouveau ensuite. 9° Jusqu'aux températures qui sont suffisantes pour produire le coma et même la mort apparente, la résolution musculaire est complète, mais les muscles restent très sensibles à l’électricité. 10° Le cœur continue également à battre; mais la circulation, surtout celle des capillaires, est arrêtée. Comme on le voit, les phénomènes observés chez la grenouille sous l'influence de la chaleur sont exactement les mêmes que ceux que nous avons déjà décrits chez les poissons; et ils se suivent dans le même ordre. La seule différence c’est que chez la grenouille ces phénomènes ne se présentent qu’à des températures un peu plus élevées. Nos conclusions seront donc les suivantes: À. — Relativement à la détermination et à l’action des plus hautes températures compatibles avec la vie de cet animal: 1° La grenouille, au moins celle de nos climats, ne saurait vivre dans une eau dépassant 36 à 38 degrés. 2° Dans les conditions où ces expériences ont été faites, on doit admettre que la température de l'animal n’est inférieure à celle du bain que d'un à deux degrés. 3° Les phénomènes que présente cet animal sous l'influence de l'éléva- tion de leur température (délire de 33 à 36 degrés, coma de 36 à 39 degrés, mort apparente vers 40 degrés) sont les mêmes que ceux observés chez les poissons; el ils se suivent dans le même ordre. 4 SE SÉANCE DU 3 MARS 219 4 Ces phénomènes ne diffèrent de ceux cbservés chez les poissons qu'en ce qu'ils apparaissent à une température un peu plus élevée. 5° Chez la grenouille, comme chez les poissons, ces phénomènes et leur ordre de succession rappellent ceux qui apparaissent sous l’influence des anesthésiques généraux : excitation, pnis anesthésie et enfin résolution mus- culaire. B. — Relativement à l'explication de ces phénomènes : 4° La rapidité avec laquelle on peut chez ces animaux produire ces phénomènes ou les faire cesser, ne permet pas de les expliquer par une auto-intoxication. 29 La persistance des battements du cœur et la résolution musculaire ne . permettent pas non plus d'invoquer la rigidité musculaire. Ces animaux, en effet, meurent bien avant que cette rigidité apparaisse. 3°. La concordance constante entre l’apparilion de ces phénomènes et certaines températures indique nettement que ces dernières exercent une influence sur la production des premiers. 4° La cause de ces phénomènes nous paraît donc devoir être cherchée dans les modifications que ces températures impriment aux divers éléments histologiques et notamment dans ceux qui sont le plus sensibles à la cha- leur. (Travail du laboratoire de pathologie interne de M. le professeur André, à Toulouse.) SUR LA SIGNIFICATION DES TERMES & PHAGOCYTOSE » ET « LYOGYTOSE », par M. J. AnGras. Le terme de lyocylose ayant soulevé quelques discussions, je demande à la Société la permission de répondre à une précédente note de M. Mesnil (1), non pour défendre un mot, mais pour préciser la signifi- cation d’un terme qui groupe un ensemble de faits connus depuis longtemps, et que personne, je pense, ne cherche à contester. Le fait fort remarquable mis depuis longtemps en évidence par M. Metchnikoff, c’est que le mode de digestion le plus primitif est la digestion intracellulaire, qu'il a nommée phagocytose. Ce terme exprime l'acte d'une cellule qui digère un aliment en l’englobant. Or, il ne fait doute pour personne queles cellules se nourrissent, assi- milent et s’accroissent sans être forcément des phagacytes. C'est alors (1) F. Mesnil. Comptes rendus de la Société de Biologie, 17 février 1900. ‘290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par digestion extracellulaire que leurs diastases agissent en pathologie: Nous nommons cet action Iyocytose. Pourquoi recourir à un terme nouveau pour des faits déjà classés? C'est qu’à la suite des travaux de Kowalewsky et de van Rees, on a tendance à croire que la phagocytose est un critérium général de Ia métamorphose, que les organes larvaires ne disparaissent que sous l'action de phagocytes; enfin, que ces phagocytes s'attaquent, de par leur destination, à des organes larvaires en parfait état physiologique. Nos recherches sur les Hyménoptères nous ont montré que :1°ilya bien phagocytose, lorsque disparaissent rapidement des organes spé- ciaux à la larve : tels, certains muscles; 2 d’autres fois, les leucocytes interviennent, mais plus tardivement, après dégénérescence manifeste de l'organe (glandes salivaires, lubes de Malpighi), ils ne phagocytent ni cellules, ni fragments de cellules ; toutefois la résorption et la dispa- rition totale de l'organe où ils ont pénétré s'achève rapidement après leur arrivée. Cela se passe grâce à une action digestive extracellulaire, exercée par les leucocytes et aussi par d’autres tissus, puisque la dégé- nérescence précède l'intervention leucocytaire, souvent restreinte. C’est un processus intermédiaire entre la dégénérescence chimique (Korotneff, Terre), et la phagocytose : à tout prendre, la dégénérescence chimique suivie de la disparition de l’organe n’est qu'une lyocytose exercée par des tissus voisins. Pour préciser les faits et pour bien marquer que dans tous ces cas il y avait des cellules (leucocytes ou autres) qui se nourrissaient de ces organes en dissolution, et cela sans phagocylose, j'ai proposé le mot de lyocytose ; par ce terme, on peut abréger le langage et éviter, soit une extension fàcheuse du mot phagocytose, qui lui enlèverait toute signification, soit une véritable erreur si l'on conserve au mot son sens précis. La lyocytose, dans le cas des Hyménoptères notamment, peut être exercée par d'autres cellules que les leucocytes : c’est le cas des cellules embryonnaires qui envahissent, pour les remplacer, les cellules de ’intestin moyen; elles s’approprient toute la partie basilaire de leur rriloire, l’assimilent et édifient à sa place même l'épithélium définitif. Venons au corps adipeux, qui à servi d'occasion à cette discussion. Voici des faits qui nous semblent bien acquis, et facilement vérifiables : 1° Après que, chez la nymphe, les réserves ont élé mises sous forme de granules, un bon nombre de cellules adipeuses disparaissent comme telles. Nous confirmons en cela les observations de Terre (1); 2° Tout le tissu adipeux ne disparait pas : un grand nombre de cel- lules subsistent, formant un plasmode où l’on ne voit plus de membranes, mais des noyaux larvaires subissant une intéressante transformation. (1).Terre. Comptes rendus de la Société de Biologie, fév. 1900, p. 160 et 161. SÉANCE DU 3 MARS 291 3° Que les cellules aient ou non disparu comme telles, leurs réserves sont digérées chez l'adulte, où l’on ne retrouve plus aucun granule. Si cette digestion se faisait avec englobement par leucocytes, on dirait qu'il y a phagocylose; mais comme elle se produit par une action digestive extracellulaire, nous disons qu'il y a lyocytose. Quels sont les agents de cette action, autrement dit les lyocytes ? Cela est moins aisé à déterminer que s’il s'agissait de phagocytes. Peut-être les leucocytes jouent-ils un rôle? — D'autre part, Karawaïew ayant signalé une action digestive des cellules excrétrices (qu'il nomme à tort grands phagocytes), sur les cellules adipeuses, nous avons, par l’étude de coupes en série, constaté qu'en effet les cellules adipeuses, au contact des excrétrices, étaient généralement sans noyau, avec un pro- toplasme réduit, et l’on peut conclure que, déjà chez la larve, les rares cellules exerétrices ont une action digestive sur les cellules adipeuses voisines. Cela étant, on peut leur supposer un rôle ultérieur dans la digestion ou lyocytose des réserves : c'est là un point secondaire, et la discussion ne porte pas sur le fait même de celte lyocytose. Ce n’est pas un examen rapide d'un coin d'une coupe unique qui permet de trancher, avec cette question de détail, toutes celles exposées plus haut; vu la ressemblance entre les cellules adipeuses, les excrétrices et les œno- cytes, des confusions sont possibles, faute d’attention suffisante (1). En résumé, dans les métamorphoses des Hyménoptères { Vespa, Apis), la disparition des organes ou des réserves larvaires ne se fait pas uni- quement par phagocytose, restreinte à certains muscles. Le plus souvent il y a dégénérescence chimique et dissolution, causée par des actions digestives extracellulaires, de leucocytes ou d’autres cellules : c'est ce que nous nommons lyocytose. M. MEsniz. — J'ai déclaré, dans une précédente séance et je main- tiens, que, contrairement aux faits publiés par M. Anglas, les prépara- tions de cet auteur ne montrent aucune histolyse tant soit peu générale du tissu adipeux de la guêpe, jusqu’à la fin de la nymphose (je n'ai examiné l'évolution ni des glandes salivaires ni des tubes de Malpighi). Aujourd'hui, M. Anglas reconnait, devant la Société, le bien fondé de ma manière de voir. Je suis heureux de le constater. ien entendu, nous maintenons aussi que les « cellules excréto- sécrétrices » n'ont aucune action digestive (commencant par la dissolu- Lion du noyau) sur les cellules adipeuses voisines. (4) Terre. Loc. cit., p. 160. (Note de M. A. Giard.) Le (Gérant : G. MAsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. AE ou! AA RAS RE de rt SAR Hy ML RE de do HUE D SONT RENAN TANT Mix D. CNRS DT. RL. FUIT UT AA bon én MO ei TAN PAM: EUR | F4 CRE A ARC | MS RE ANT AURS LÉ. 3 PIS FISEANT PTIT AQU Lr KIA | DAT PAUSE me ETES: $ Are Ni EN YEARS is. 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Aueusro Rocxa, CHARLES LEPIERRE et ANGELO FONSECA : Un cas de fièvre infec- tieuse, simulant la peste pneumonique, produite par un bacille fluorescent nouveau. — M. M.-G. GELLÉ : A propos des critiques sur les expériences démon- trant l'existence d'un courant intra-buccal rétrograde au moment de l’émis- sion des voyelles. — M. de Sinéry : Glycogène hépatique pendant la grossesse. — M. A. CHarrin : Nature du rhumatisme. — M. Cu. FÉRÉ : Canitie précoce et longé- vité héréditaires. — M. CH. FÉRÉ : Note à propos d’une objection à l'incubation artificielle dans les expériences de tératogénie. — M. Maurice LETULLE : Pancréas surnuméraires. — M. G. Moussu : Du rôle de la pression sanguine dans l’élabora- tion de la lymphe et la circulation lymphatique périphérique. — MM. Ew. Bour- queLor et H. Hérissey : Les hydrates de carbone de réserve des graines de Luzerne et de Fenugrec. — M. A. Raizzier : Trématodes hépatiques des oiseaux. Présidence de M. Bouchard, puis de M. Troisier, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. Ricaer fait hommage à la Société du fascicule 1 du t. IV, du Dic- tionnaire de Physiologie, qu'il publie. NÉVRITE PÉRIPHÉRIQUE EXPÉRIMENTALE PRODUITE PAR LA TOXINE TYPHIQUE, par M. H. VINCENT. (Communication faite dans la séance précédente.) La fréquence des complications nerveuses périphériques, dans le décours ou pendant la convalescence de la fièvre typhoïde, a suscité de nombreux travaux dus à Nothnagel, Eisenlohr, Leyden, Rosenthal, Bern- hardt, Landouzy, Pitres et Vaillard, etc... Les lésions histologiques des nerfs dont elles se réclament ont été, de la part de ces derniers auteurs, l’objet d'une description aujourd'hui classique (1). (4) Pitres et Vaillard. Revue de médecine, 1885, et Archives de physiologie, février 1887. Biozoo1e. ComprTEes RENDUs. — 1900. T, LIN. 18 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La réalisation expérimentale des mêmes lésions des nerfs périphé- riques n’a pu être obtenue jusqu'ici parce que les animaux sont assez réfractaires à l'infection par le bacille d’Eberth. J'ai cependant réussi à provoquer chez le lapin une paralysie généralisée à marche rapide, simulant le syndrome de Landry, et dans laquelle il existait des alté- rations très prononcées de la moelle et des nerfs périphériques des quatre membres : l'animal avait reçu une culture du bacille typhique associée à un bacille saprophyte isolé dans l'intestin de l’homme (1). Pour obtenir des lésions des nerfs, d'Abundo à injecté, dans le tronc même de ceux-ci, une culture du pneumocoque et du bacille d’Eberth. Mais le traumatisme provoqué par la piqûre du nerf enlevait toute importance au résultat obtenu. D'ailleurs l'injection interstitielle de culture typique filtrée est restée sans effet. (La Psychiatria, t. NIIL.) J'ai essayé de reproduire les symptômes et les lésions de la névrite péri- phérique en portant, au contact des nerfs, quelques gouttes de toxine typhique très active dont le mode de préparation et l’origine seront indiqués ultérieu- rement. L'injection de la toxine typhique a été faite à la partie postérieure de la cuisse du cobaye, et au voisinage du nerf sciatique. Cette injection est indolore. A faible dose, elle ne détermine aucune gêne dans la marche, aucun trouble trophique. Lorsque la quantité de toxine est plus élevée, la pression du membre éveille, le lendemain, une légère douleur. Le membre maigrit plus ou moins rapidement et, parfois, on assiste à une véritable fonte des muscles de la cuisse : l’atrophie se produit alors en quelques jours. Par suite de la paralysie des muscles extenseurs, le membre est immobile et légère- ment rétracté en flexion. Les orteils sont recourbés en griffe, la patte est manifestement refroidie. La sensibilité à la piqûre est fortement diminuée. Ces divers troubles moteurs, sensitifs et trophiques commencent à se mani- fester dès le sixième jour. Chez un cobaye, mort au treizième jour, l’amyo- trophie était telle que le membre paraissait réduit à son squelette. L'examen microscopique révèle des lésions, parfois considérables, des nerfs et des muscles. Après trente-six heures, la lésion initiale délerminée par la toxine typhique porte principalement sur la myéline. Elle siège au niveau des étranglements interannulaires. Ceux-ci sont plus visibles, plus nets qu’à l’état normal. La myéline, à cet endroit, est raréfiée, et commence à se frag- menter en boules inégales, tantôt réfringentes, tantôt grenues, au nombre d'une, deux ou davantage, isolées, et se suivant en chapelet. L’altération du nerf, localisée primitivement au voisinage de l’étranglement interannulaire, s'explique parce qu'en ce point la dialyse de la toxine typhique à travers la membrane de Schwann est rendue plus facile par l'absence de myéline. Pendant cette première période, le cylindre-axe a paru sain. La lésion initiale décrite ci-dessus a été observée principalement dans les fibres nerveuses grêles et moyennes. Les grosses fibres ont paru plus épar-. gnées. Néanmoins, certaines d’entre elles sont atteintes : la myéline a un aspect strié ou cassé, non homogène. Dans les nerfs colorés par l’hématéine, (4) H. Vincent. Archives de médecine expérimentale, 1893, no 3. SÉANCE DU 10 mars LO € (er on constate une multiplication très nette des noyaux de la gaine des fibres grêles et moyennes. Certaines cellules paraissent émigrées du dehors et acco- lées à la face externe de la gaine de Schwann. Cette multiplication des noyaux n'a pas été trouvée constante. Elle se produit lorsque la dose de toxine est faible. Lorsque l’intoxication du nerf a été prolongée pendant quatre à six jours, l'altération est encore plus prononcée. La myéline est divisée en boules volu- mineuses et irrégulières dans toute l'étendue du nerf. On ne constate pas de segments indemnes, comme dans la forme névritique de Gombault. Le cylindre-axe est variqueux, bosselé, comme entamé en certains endroits; il prend mal le carmin ou l’hématéine. Examiné au-dessus du siège de l’injec- tion le nerf présente une dégénérescence moins manifeste de la myéline. Dans un cas, l'animal a succombé au treizième jour avec une atrophie mus- culaire considérable. De nombreux tubes paraissaient vidés de leur myéline et n'étaient plus représentés, en certains points, que par une gaine vide appliquée sur un cylindre-axe à peine visible. Ces lésions sont semblables à celles qui ont été signalées chez l'homme par MM. Pitres et Vaillard. Dans les nerfs fixés par le bichromate de potasse, la coloration des nerfs montre un cylindre-axe irrégulier, moniliforme ou presque filiforme. Dans quelques tubes, la lésion du cylindre-axe est moins avancée, mais on observe cependant, çà et là, quelques renflements irréguliers. En certains points, le névraxe est comme érodé sur son parcours. Lorsque l’atrophie musculaire est avancée, on constate au microscope une dégénérescence considérable des muscles de la cuisse. Un grand nombre de fibres musculaires ont perdu leur striation longitudinale et transversale. Le myoplasme est tantôt fortement teinté par le carmin, tantôt formé d’un pro- toplasme incolore, vaguement sinueux ou granuleux, dans lequel on distingue cà et là une ébauche de striation transversale. Dans les fibres élémentaires les plus dégénérées, la coloration est presque nulle. L'aspect général de la fibre est rose grisâtre, amorphe, parfois transparent et presque vitreux, rap- pelant ainsi les altérations constatées par Zenker dans l'infection typhoïdique. Ailleurs, le protoplasme vitreux est parsemé d’un semis de grains très fins, colorés en rouge pâle. Dans les fibres musculaires les plus atrophiées, la gaine sarcolemmatique est en partie vidée de son contenu. On peut saisir sur le fait, dans quelques fibres, la disparition du myoplasme : celui-ci n’est plus représenté que par de petits blocs homogènes, d'un gris rosé, enfermés dans la gaine affaissée et vidée. Il y a lieu de noter que les noyaux du sarcolemne sont conservés; quel- ques-uns sont en voie de multiplication. Mais la prolifération cellulaire a paru beaucoup plus abondante dans le tissu conjonctif interfasciculaire et périvasculaire. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE UX CAS DE FIÈVRE INFECTIEUSE, SIMULANT LA PESTE PNEUMONIQUE, PRODUITE PAR UN BACILLE FLUORESCENT NOUVEAU, par MM. le professeur AUGusTo RocHA, CHARLES LEPIERRE et ANGELO FONSECA. (Communication faite dans la séance précédente.) A. OBSERVATION. — F., âgé de vingt et un ans, soldat en service à la gare de Coimbra, rentre à l'hôpital, dans le service du professeur A. Rocha, le 10 oc- tobre. Antécédents insignifiants. L'histoire actuelle se résume en quelques mots : le 8 octobre, il tombe malade avec des frissons intenses, courbature générale, douleurs rachialgiques et céphaliques, inquiétude générale, inap- pétence, fièvre. Il fut observé le 11 : face contractée, décubitus dorsal, immo- bile; yeux fixes, brillants; langue humide, rouge; incohérence dans les réponses, délire; température, 39 degrés; expectoration muqueuse, abon- dante, légèrement rayée de sang; le pouls contrastait avec cet état : 120 pul- sations régulières, égales, molles, dépressibles ; la tension artérielle était de 10 au sphygmomanomètre Potain; pulsations cardiaques systoliquement isochrones avec le pouls; sous-cardiaques faibles, tendance à l’embryocardie. Urines limpides, rouge intense, renfermant de l’urobiline fébrile et de l’uroérythrine. Malgré l’abondance de l’expectoration, l'examen des organes respiratoires ne révéla rien d’anormal. On établit le diagnostic provisoire de grippe. Les jours suivants, mêmes symptômes avec tendance à s’aggraver (temp. : 395 à 40 degrés). Le 19, on observe quelques crépitations sèches au sommet du poumon gauche. ‘ L'examen microscopique des crachats, répété pendant plusieurs jours, dans toutes les conditions d’asepsie, démontra l'existence d'un bâtonnet, légèrement ovoïde, de 14 sur Ou5, se colorant surtout aux extrémités et qui paraissait s’y trouver en culture pure. Ce bacille présentait la plus grande analogie avec le bacille de Yersin (isolé des pus pesteux). Le malade fut isolé le 21; deux jours après, l’état général s’améliora; puis les troubles cérébraux disparurent; le pouls et la température redevinrent normaux. Traitement : antipyrine, quinine, purgatifs. B. Æ'tude bactériologique. — Les crachats recueillis aseptiquement donnèrent sur les milieux solides des cultures pures qui, au début, rap- pelaient encore le bacille de la peste. Toutefois, le trouble uniforme des bouillons suffisait à le distinguer du bacille d’Yersin (1). Après plu- sieurs jours, une fluorescence légère, mais très nette, se manifestait dans les différents milieux. L'étude de colonies isolées démontra la (1) Nous possédons un grand nombre de cultures typiques du B. de Yersin provenant de cas autopsiés à Porto, lors de l'épidémie, ainsi que le virus de Djeddah que nous devons à l’amabilité de MM. Calmette et Salimbeni. SÉANCE DU 40 MARS 9297 pureté de l'espèce. Le bacille produit des gaz dans les milieux azotés, non sucrés; la gélatine n’est pas liquéfiée; manifeste une tendance à donner des colonies isolées; il fait fermenter les sucres en C$ et C!? et produit de l'indol. Après plusieurs générations, la fluorescence dis- parut et le bacille rappelle alors le colibacille. Ce bacille est pathogène pour les divers animaux de laboratoire : Les cobayes inoculés dans la cavité pleurale (1r° culture en bouillon) mou- rurent en quinze à vingt heures : le sang renfermait le microbe; poumons congestionnés. Injecté dans le péritoine, donnait la mort en douze heures. Les lapins injectés sous la peau avec une culture provenant d’une souris moururent en quinze à quarante-huit heures; le sang renfermait le bacille. Injecté dans les veines, amenait la mort en sept heures. Les souris sont beaucoup moins sensibles : une souris (la 1° inoculée) mourut en quinze jours; le sang du cœur renfermait le germe; une autre, sacrifiée après huit jours, présentait un abcès verdâtre au point d’inoculation, où pullulait le bacille. C. Conclusions. — La forme insolite de ce cas pouvait conduire au diagnostic de peste pneumonique au début, étant donné les occupations du malade et le voisinage d’un foyer épidémique. Bien que la forme pneumonique ait été assez rare à Porto, la peste étant protéiforme, il y avait lieu de taire des réserves. La présence dans les crachats d’un bacille morphologiquement semblable à celui de Yersin augmentait les doutes. Mais l'examen bactériologique subséquent, tout en démon- trant qu'il ne s’agissait pas de la peste, a fourni l’occasion d’appeler une fois de plus l'attention sur certains bacilles fluorescents qui, de simples saprophytes inoffensifs, peuvent devenir pathogènes. Ducamp et Planchon (1), Lepierre (2) ont déjà décrit des bacilles fluorescents d'origine hydrique, pathogènes pour les animaux. Le bacille que nous signalons est la première espèce, extraite de l’homme, dont le pouvoir pathogène très marqué pour les animaux ait été constaté. (Université de Coimbra. — Faculté de médecine.) (1) Nouveau Montpellier médical, 1894. (2) Annales de l’Institut Pasteur, 1895. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À PROPOS DES CRITIQUES SUR LES EXPÉRIENCES DÉMONTRANT L'EXISTENCE D'UN COURANT INTRA-BUCCAL RÉTROGRADE AU MOMENT DE L'ÉMISSION DES VOYELLES, par M. M.-G. GELré. Mon honorable collègue se demande si mes expériences, soit au moyen du manomètre, soit au moyen de la rondelle de papier, prouvent l'existence d’un courant rétrograde intra-buccal, et il le nie. Pour lui, il se produit sur l'extrémité du manomètre profondément entré dans la cavité buccale, au niveau de la base de la langue, une aspiration du contenu du tube, qu’il explique en somme par la théorie connue de Giffard. Cette aspiration a été signalée dans ma communication ; c’est ce que M. Bonnier appelle « l’action épuisante » sur le contenu du tube manométrique. Le phénomène est admis; la coïncidence de l’aspiration signalée; le mouvement rentrant est démontré : pourquoi nier l'existence d’un courant rétrograde, quelle qu’en soit la cause ? Quant à l'expérience de « la rondelle de papier », M. Bonnier en donne une interprétation discutable. J'ai dit que, à la vue du transport brusque de cette rondelle de papier au fond de la gorge, je pe qu'elle était jetée là par un courant rétrograde. Or, mon collègue n’admet pas cela : il croit que le courant d’air ascen- dant frappant obliquement la surface de la rondelle de papier, celle-ci glisse suivant la direction de la tige-support vers l’isthme. Mais, lisons bien. Ce courant oblique qui finalement cause le dépla- cement de la rondelle indiqué, ne ressemble-t-il pas beaucoup à un courant rétrograde, plus ou moins dissimulé? Ne sait-on pas qu'à quelque distance de là cette action rentrante est nulle; et, qu'après une zone de calme, le courant aérien chasse la ron - delle au dehors? Ces mouvements de sens opposés ne s'expliquent pas dans l’hypothèse de mon contradicteur. M. Bonnier discute ensuite l'opinion de ceux qui regardent les mou- vements en tourbillons comme l’origine des sons-voyelles; ceci est en dehors de ma communication; et d’autres très compétents sont là pour lui répondre. GLYCOGÈNE HÉPATIQUE PENDANT LA GROSSESSE (A propos de la communication de MM. Charrin et Guillemonat), par M. DE SINÉTY. Dans la dernière séance de la Société de Biologie, MM. Charrin et SÉANCE DU 10 MARS 229 SR ——————————————— ———_—_—_—_—_—_—_—_— a ——— Guillemonat ont communiqué le résultat de leurs recherches sur l’aug- mentalion du glycogène hépatique pendant la grossesse. Ces auteurs ont constaté une quantité plus considérable de glycogène dans le foie des femelles pendant la gestation, augmentation qui s'accentue de plus en plus à mesure que la grossesse approche de son terme. Cette teneur plus considérable du foie en matière glycogène, attribuée par MM. Charrin et Guillemonat à un ralentissement de la nutrition, me parait être plus probablement en rapport avec l'imminence de la fone- tion mammaire. En effet, chez la femme, après les accouchements pré- maturés et même les avortements de deux à trois mois, on peut observer une sécrétion lactée aussi abondante que chez les femmes arrivées au terme de la gestation (1). On connaît depuis longtemps les rapports qui existent entre les fonc- tions hépatiques et mammaires, chez les femelles en lactation. J'ai montré autrefois que dans le foie des femelles en lactation la graisse occupe le centre du lobule hépatique, contrairement à ce qu’on observe dans les autres états graisseux de cet organe, ingestions de substances grasses, dégénérescence phosphorée, etc. (2). En est-il de même pour la distribution de la matière glycogène, signalée par MM. Charrin et Guillemonat pendant la gestation ? NATURE DU RHUMATISME, par M. A. CHARRIN. Une toute récente discussion vient de me prouver que la note que j'ai déposée, il y a peu de jours, relativement à la nature du rhumatisme, a été mal comprise. Rien dans cette note n'autorise à penser que je nie la spécificité du rhumatisme articulaire aigu. — Sans vouloir user de ce terme de spéci- fique qui, suivant les auteurs, n’est pas toujours entendu d’une facon absolument univoque, tout au moins au point de vue des détails, je déclare que, pour moi, ce rhumatisme articulaire aigu, cette polyarthrite mobile, fébrile, non déformante, est bien une maladie spéciale, toujours semblable à elle-même; son évolution, son cycle, sa physionomie géné- rale, ses déterminations viscérales, ses complications, son retour à l’in- tégrité, en un mot, tous les éléments de ce processus, qu'il y ait ou non un microbe particulier ou, comme dans la pneumonie, un agent plus banal, tous ces éléments concourent à faire de cette affection une pyrexie demandant à être classée à part. (1) V. Traité de gynécologie, 2 édition. p. 920. (2) Société de biologie, 1873. 230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai simplement voulu dire que, sous cette étiquette de rhumatisme, on englobe des types distincts, n’ayant de commun que la localisation articulaire. Ce sont ces processus subaigus ou chroniques, souvent déformants, qui correspondent à des germes multiples; on trouve même ordinairement, dans les antécédents des personnes atteintes de pareilles manifestations, des relations arthritiques qui généralement font défaut dans l’histoire des rhumatisants aigus. Il me semble que, dans ces affections, on doit opérer des distinctions plus ou moins analogues à celles qu’on a formulées dans le domaine des pleurésies, des angines, etc. Peut-être aussi est-il permis de supposer, à titre d’hypothèse, que la dyscrasie acide, si souvent accusée en pareils cas et si universellement reconnue à titre d’élément favorable à l'infection, intervient, avec le système nerveux, pour faciliter la pullu- lation des staphylocoques, des streptocoques, des germes vulgaires ou, dans ces circonstances particulières, lorsqu'il se produit des complica- tions, des parasites plus spéciaux (anaérobies d’Achalme, de Tribou- let, etc.), développés primitivement ou secondairement ? CANITIE PRÉCOCE ET LONGÉVITÉ HÉRÉDITAIRES, par M. Cu. FÉRÉ. On sait depuis longtemps que la canitie précoce peut être transmise par hérédité (1); il est fréquent aussi que la longévité soit une parti- cularité familiale. La canitie précoce n’est pas du tout un caractère de sénilité précoce, elle est souvent provoquée par des émotions qui peuvent ne pas laisser d’autres traces (2) et elle est si peu liée à la déchéance sénile qu’elle peut coïncider avec une longévité remar- quable. On peut même observer dans une même famille la coïnci- dence habituelle de la canitie précoce et de la longévité. J'ai eu occasion d'obtenir des renseignements sur une famille de ce genre à propos d’un garçon de quatorze ans atteint de chorée et chez lequel j'avais remarqué un grand nombre de cheveux blancs. Son père qui l’accompagnait était pourvu d’une abondante chevelure tout à fait blanche comme sa barbe; ses sourcils et ses cils étaient restés presque complètement noirs. Cet homme, qui n’a que quarante-deux ans, avait aussi des cheveux blancs dès son enfance et il n'en a plus de noirs depuis l’âge de vingt-six ans: il a un autre fils de douze ans qui a déjà quantité de cheveux blancs. C'est une particularité commune (1) J. Frank, Traité de pathologie interne, trad. Bayle, t. IL, p. 261. (2) Ch. Féré, La pathologie des émotions, 1892, p. 250. — Note sur un cas de canitie rapide. Le Progrès médical, 1897, 5° série, t. V, p. 49. SÉANCE DU 10 MARS 231 dans sa famille et elle n'empêche pas de vivre vieux. Il a des rensei- gnements précis sur la troisième génération de ses ascendants et il a connu personnellement ceux de la seconde : il connaît aussi person- nellement ses collatéraux. Du reste, le tableau suivant rendra suffi- samment compte de la coïncidence de la longévité et de la canitie précoce. C. H. Mort à 85 ans. Canitie précoce. 2 — | 19 Fils 20 Fils B. H. Mort à 88 ans. C. H. Canitie précoce. Mort Canitie {o Fils 20 Fille H. H. 30 Fils C. H. précoce. BB. H. Morte en couches à 28 ans. 18 ans. Céliba- Mort Normale. Canitie précoce. taire. à 82 ans. | LE A précoce. 10 Fille 20 Fil B. C. 40 Fils C. H. 20 Fils Céliba- Hi Ce 50 ans. 42 ans. B. H. taire. 52 ans. Canitie précoce. Canitie précoce. 40 ans. Normale. | Canitie | éc Fille 10 Fille 20 Fils lo Fils 20 Fils Céliba- {6e AC C. H. H. B. B H A. H. taire. 28 ans. 18 ans. 17 ans. 14 ans. 12 ans. Mariée Normale. (Canitie Cauitie Canitie sans précoce. précoce. précoce. enfants. Normale. Les filles échappent à l'hérédité de la canitie précoce, mais on ne peut pas affirmer qu'elles fassent exception à la règle familiale de la longévité, faute d'observations suffisantes. Les premières traces de la canitie paraissent se montrer dès cinq ou six ans, mais ce n’est qu'après la puberté que les cheveux blanchissent assez pour frapper l'attention de ceux qui ne sont pas prévenus. C'est de vingt-cinq à trente ans que la canitie se généralise, en respectant cependant presque complètement les sourcils et les cils. Les quatre octogénaires qui figurent dans le tableau paraissent avoir succombé par le cœur. Pas d'arthritisme ni de nervosité parmi les autres membres de la famille. NOTE A PROPOS D'UNE OBJECTION A L'INCUBATION ARTIFICIELLE DANS LES EXPÉRIENCES DE TÉRATOGÉNIE, par M. Cu. FéRé. Les conditions les plus favorables à la production des monstruosités sont les variations de température. Dareste l’a bien vu. Pour éliminer le facteur température, il est nécessaire de faire l’incubation dans des 232 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étuves réglées, et de mettre les œufs témoins et les œufs soumis à une influence quelconque au même étage de l’étuve; c'est une précaution que j'ai eu soin d'indiquer depuis longtemps. On sait que, dans l'incubation naturelle, la poule remue les œufs, les abandonne momentanément, les couvre inégalement, sans qu’on puisse contrôler ces irrégularités. L'incubation naturelle ne paraît done pas propre à l’expérimentation. M. Mirto cependant lui donne la préfé- rence et attribue à l'incubation artificielle les monstruosités obtenues par les autres expérimentateurs. Les résultats qu'il a oblenus sont d'autant plus intéressants qu'il a répété mes expériences sur l’action tératogène comparée de l’acétone, de l'alcool éthylique et de l'eau (4). Dans trois expériences comprenant 18 œufs pour chaque substance, il a obtenu dans les œufs qui ont reçu l'alcool, 10 embryons normaux, soit 55,55 p. 100, et il en a été de même dans les œufs qui ont reçu l’eau, tandis que dans les œufs qui ont recu l’acétone, il n’y a que 7 embryons normaux, Soit 38,88 p. 100. Dans mes expériences (2) où 156 œufs (72 + 8%) ont recu la même quantité d’acétone, il y avait 98 embryons normaux (45 + 53), soit 62,88 p. 100. Dans 72 œufs ayant reçu la même quantité d'eau, il y avait 58 embryons normaux, soit 80,55 p. 100. Dans 8% œufs ayant reçu la même quantité d’alcool éthylique il y avait 55 embryons normaux, soit 65,47 p. 100. On voit par ce rapprochement que la poule couveuse de M. Mirto s'est montrée bien inférieure à l’étuve de M. Roux, à laquelle je conti- nuerai à donner la préférence. M. Mirto na pas mieux compris ses propres expériences que celles qu'il critique : on est étonné de le voir considérer comme inoffensives, avec l’incubation naturelle, ses injections de un cinquième de centi- mètre cube de neurine au centième, quand elles ne donnent que 6 déve- loppements normaux sur 18 œufs (3), soit 33,33 p. 100. Ces contradic- tions nous autorisent à ne pas discuter d’autres affirmations tout aussi peu justifiées, de l’auteur, qui n’a réussi qu à fournir un bon argument en faveur de l’incubation artificielle bien réglée. Si on peut trouver avec l’incubation naturelle un grand nombre de monstruosités dans des œufs injectés de liquides inoffensifs, c’est que la poule ne traite pas les œufs manipulés comme des œufs intacts; et il n’est pas possible de déterminer les différences qu’elle fait. (1) Gerolamo Mirto. Sul potere teratogeno o degenerativo della neurina, dell’alcool etilico a dell’acetone sul sistema nervoso embrionale. (Annali di neurologia, 1899, XXVII, p. 272.) (2) Ch. Féré. Recherches sur la puissance tératogène et sur la puissance toxique de l’acétone. (Arch. de phys. norm. et path., 1896, 6° série, t. VIII, p. 239, 240, 341.) (3) Loc. cit., p. 268, 269. La SÉANCE DU 10 MARS DES) PANCRÉAS SURNUMÉRAIRES, par M. MAURICE LETULLE. De toutes les malformations effectuées au niveau du duodénum, l'existence d'un pancréas surnuméraire est assurément la plus commune. J'ai pu, pour ma part, en recueillir six cas, sur un total de mes deux cents dernières autopsies. A l'inverse des rates et surrénales surnuméraires souvent multiples, le pancréas surnuméraire est toujours solitaire. Dans la plupart des faits, à un premier examen, il est pris soit pour une tumeur, soit même pour un abcès tuberculeux du duodénum, affection assez fréquerte au cours de la phthisie pulmonaire. Quatre de mes cas furent trouvés sur des tuberculeux. La masse glandulaire aberrante présente des caractères parfois si précis que l'erreur est facilement évitable. D’ordinaire alors, il s’agit d’une masse aplatie, peu saillante, logée sur la face antérieure du duodénum, plus ou moins loin de la région pylorique et recouverte par le péritoine viscéral; au-dessous de ce dernier, les lobules glandulaires dessinent autant de petites saillies, blanches et fermes, en tout comparables, déjà à l’œil nu, aux grains glandulaires du pancréas. La petile tumeur ainsi constituée est arrondie d’une manière assez régulière, de la largeur d’une pièce de 1, 2ou 5 francs, légèrement bombée, sorte de disque d’une consistance homogène, beaucoup plus grande que celle des autres parties du duodénnm. Sur une coupe perpendiculaire à cette masse et traversant toute son épaisseur, on reconnait sans peine, même avant tout examen microscopique l’envahissement total des couches constitutives de l'intestin par le tissu glandulaire ; la surface de la muqueuse duodénale a une apparence normale. L'orifice du canal excréteur de la glande est d'ordinaire invisible à l'œil nu. Trois de mes six observations correspondaient à ce type, pour ainsi dire interstitiel, du pancréas surmuméraire. D'autres fois, la glande accessoire est, à l’intar du vrai pancréas, en entier extra-duodénale et ne tient que par une de ses extrémités à la surface de l'intestin qu’elle ne pénètre que par un fin canal excréteur, décelable seulement sur les coupes microscopiques. Je n'ai recueilli qu’un cas de cette variété extra-intestinale, Deux fois, j'ai rencontré une variété sous-muqueuse, fort intéressante, parce qu'elle est presque inévitablement considérée comme un adénome de la muqueuse duodénale, sinon même comme un cancer au début. Mes deux faits, trouvés chacun sur un phtisique, avaient cependant un siège bien précis : exactement au-dessous de l’ampoule de Vater, à5 ou 6 cen- timètres de cet orifice, et sur une ligne verticale prolongeant l'axe de l'intestin. L'un et l’autre formaient une petite tumeur sessile, de la grosseur d’un petit noyau de cerise, recouverte d’une muqueuse, et mobile, avec cette muqueuse, 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur les autres couches du canal intestinal non pénétrées par les grains glan- dulaires, ainsi que le démontrent mes coupes et les dessins que je présente. Les pancréas surnuméraires peuvent siéger ailleurs qu’au duodénum, en. des régions du tractus gastro-intestinal fort éloignées (Friedreich, Zenker, Klebs, Wagner, Gegenbauer). Les auteurs sont d'accord pour établir que la caroncula minor et le conduit de Santorini qui lui fait suite, ne sont jamais le point de départ d’un pancréas surnuméraire, les lobules pancréatiques de ce bourgeon dorsal se confondant, au cours du développement embryogé- nique de la glande, avec le bourgeon pancréatique ventral droit, genérateur du canal de Wirsung. Il arrive néanmoins, comme dans ma sixième observation, que le canal de Santorini demeure entouré d’une série considérable de lobules volumineux constituant, en quelque sorte, un véritable pancréas surnuméraire (bourgeon pancréatique dorsal), parfaitement isolé du reste de la glande pancréatique tributaire du seul canal de Wirsung. Dans mon fait, la caroncule minor faisait à la surface de l'intestin une saillie notable surlevée elle-même par une masse glandulaire verticale, longue de 2 centimètres et demi, et large de 1 centimètre à peine; les coupes en série montraient ses lobules absolument distincts des lobules de la tête du pancréas. Nos connaissances modernes concernant le développement du pan- créas, fournissent une explication plausible de ces diverses malforma- tions. Pour mes cinq premiers faits, il semble que la persistance du bourgeon pancréatique ventral gauche doive être en cause; toujours la glande aberrante se trouvait, en effet, à gauche, du côté concave du duodénum, tantôt à la surface, tantôt dans la profondeur de l'intestin. Pour ma dernière observation, il suffirait d'accepter un développement demeuré autochtone du bourgeon pancréatique dorsal pour expliquer cette glande, surnuméraire mais non aberrante. La structure microscopique de ces glandes surnuméraires offre quelque intérêt. D'une facon générale, les lobules sont entourés d'une coque conjonctive plus épaisse et plus dense qu’au niveau du pancréas dorsal. Les îlots adipeux interstitiels y sont, de même, beaucoup plus rares. Les deux points les plus caractéristiques sont les suivants : les canaux excréteurs intra-lobulaires sont fort irréguliers, malformés, proportionnellement beaucoup plus larges et plus nombreux que leurs homonymes du pancréas normal. Enfin, si les acini ressemblent bien à leurs congénères normaux, il faut noter l'absence, constante dans mes observations, des ilots de Lan- gerhans, dont le réseau vasculaire et les cellules épithélioïdes claires, insérées sur les parois des capillaires sanguins, sont peut-être l'élément le plus caractéristique du pancréas. Aucun lobule, sur aucune de mes nombreuses coupes, ne contenait trace d’un îlot de Langerhans. Le canal collecteur commun débouchant dans l'intestin, n’est pas pourvu de glandes muqueuses pariétales. SÉANCE DU 10 MARS 9235 Les dimensions des épithéliums méritent d’être notées, comme terme de comparaison. Les cellules cylindriques qui tapissent les canaux excréteurs ont une longueur variant entre 12 et 19 &; les épithéliums des acini ont des dimensions à peu près constantes oscillant autour de 9 et 10 a. Du RÔLE DE LA PRESSION SANGUINE DANS L'ÉLABORATION DE LA LYMPHE ET LA CIRCULATION LYMPHATIQUE PÉRIPHÉRIQUE, Par M. G. Moussu. D'une façon générale, on peut dire que les anciens physiologistes ont considéré la production de la lymphe comme un simple phénomène de filtration, lié intimement aux variations de la pression sanguine. — La lymphe ne serait dans ces conditions qu’un excès de plasma trans- sudé et non utilisé pour la nutrition des tissus. Mais en 1890 et 1891, Heidenhain, dans son grand travail sur la lymphe et les lymphagogues, émit l'hypothèse d'une origine toute différente de ce liquide, par sécrétion de l’endothélium capillaire. Ses opinions et ses expériences, vivement critiquées par Starling, trou- vèrent un nouvel appui dans les recherches de Hamburger; de telle sorte qu’il est définitivement acquis que la pression sanguine ne fait pas tout dans l'élaboration de la lymphe. Quel est le rôle de cetle pression? quelle est l'influence sécrétoire possible de l’endothélium capillaire ? Y a-t-il réellement sécrétion de la part de cet endothélium? Y a-t-il enfin quelque chose de plus? Tels sont les problèmes que je me suis proposé de résoudre successivement. Pour établir l'influence de la pression, j'ai commencé par étudier l'état de la circulation lymphatique périphérique au repos physiologique. J'ai expérimenté à cet effet sur la circulation lymphatique de la tête chez le cheval, qui, en raison de dispositions anatomiques toutes spéciales très favorables, m'a paru l’animal de choix. Une fistule lymphatique faite sur la région moyenne de l’encolure permet en effet de recueillir toute la lymphe de la moitié correspondante de la tête. En opérant sur un certain nombre de sujets, j'ai pu apprécier l’im- portance de l'écoulement au repos et chiffrer ce repère initial de la quantité de Iymphe écoulée durant un temps déterminé. a) Sur des sujets m'ayant fourni ces repères, j'ai ensuite sectionné le cordon cervical du sympathique. If se produit aussitôt les phénomènes connus de vaso-dilatalion, de sudation, etc..., en même temps qu'un abaissement de pression dans le bout terminal de la carotide corres- pondante. Si on recueille la quantité de lymphe qui s'écoule durant l'unité de temps choisie primitivement, lorsque la vaso-dilatation est 236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très nettement établie, et que l’on compare le chiffre obtenu au repère initial, on trouve toujours une diminution de la quantilé; diminution faible, mais très réelle. b) Inversement, si au lieu de faire de la vaso-dilatation, on établit de la vaso-constriction, par excilation prolongée du segment supérieur du cordon cervical du sympathique, excitation faible avec l'appareil : de Du Bois-Reymond, et que l’on recueille la quantité de lymphe écoulée durant l'unité de temps pour comparer cette quantité au repère initial, on enregistre une légère augmentalion du courant lymphatique. Toutefois, si au lieu d'imprimer une excitation faible au sympathique cervical, on lance une excitation forte (maximum de l'appareil de Du Bois-Reymond), au lieu d'accélération du courant lymphatique, il y a ralentissement, comme dans le cas de section simple du sympathique s'accompagnant de vaso-dilatation. Je pense que dans ces conditions le résultat est dû à une vaso-constriction intense amenant de l’anémie périphérique, ou à une fatigue précoce avec surdilatation déterminée par l'excitation forte. En conséquence, il me semble que ces faits démontrent d’une facon péremptoire : 1° Que la pression joue un rôle dans l'élaboration de la lymphe; 2° Que l’abaissement local de la pression sanguine et la vaso-dila- tation légère ralentissent cette élaboration et aussi le cours lymphatique. 3° Que l’augmentation locale de la pression sanguine et la vaso- constriction augmentent la qnantité de lymphe et le cours lymphatique. Ces données se trouvent d’ailleurs corroborées par les faits suivants : Si sur un cheval ayant fourni un repère initial au repos, on augmente la tension intra-vasculaire par injection massive intra-veineuse de solution saline physiologique, l’écoulement de la lymphe se trouve augmenté notablement. Il est vrai d'ajouter toutefois que l’on peut invoquer ici une action lymphagogue du chlorure de sodium utilisé? Par contre, si on diminue notablement la tension intra-vasculaire, en pratiquant une saignée abondante sur un cheval ayant fourni lui aussi un repère initial, la quantité de lymphe écoulée diminue nota- blement. Ces actions ne sont que passagères, et dès que la pression est revenue à la normale, le cours lymphatique lui aussi redevient normal. L'influence de la pression sanguine sur la circulation lymphatique, quoique faible, est donc indéniable. SÉANCE DU 10 MARS 237 LES HYDRATES DE CARBONE DE RÉSERVE DES GRAINES DE LUZERNE ET DE FENUGREC, par MM. Em. BourqQuELoT et H. HÉRISSEY. S'il est facile de séparer à la main l’albumen des graines de Caroubier et de Canéficier (1), il n'en va pas de même pour les graines de Luzerne et de Fenugrec. Ces dernières graines sont trop petites et, de plus, leur albumen, différant en celà de celui des premières, se transforme rapidement en mucilage dès qu'on les met à tremper dans l’eau. Il fallait donc, pour étudier les hydrates de carbone contenus dans ces albumens, recourir à un procédé de dissolution permettant de les isoler. Ce procédé, nous l'avons emprunté à M. Müntz qui, dès 1882, l'a imaginé pour retirer des graines de Luzerne, l'hydrate de carbone qu il a appelé galactine (2). C’est d'ailleurs cette galactine qui constitue, en réalité, l'hydrate de carbone de réserve des graines de Luzerne. M. Müntz a établi, en effet, que, traité par l'acide sulfurique étendu, elle donne du galactose — sucre que l’on obtenait pour la première fois avec un principe immédiat autre que le lactose —- et un second sucre qu'il n a pu faire cristalliser. On verra plus loin que ce dernier sucre est du mannose, absolument inconnu à l’époque des intéressantes recherches que nous venons de signaler. Le procédé de M. Müntz se résume dans les opérations suivantes : faire macérer la graine pulvérisée dans une solution d’acétate neutre de plomb, séparer le liquide éclairei par le repos, l’additionner d'acide oxalique de facon à précipiter l'excès de plomb, filtrer et précipiter l'hydrate de carbone par addition d'une quantité suffisante d'alcool. Voici d’ailleurs quelques détails sur la façon dont nous l'avons appliqué et sur les résultats qu'il nous a fournis. IL. — Graine de Luzerne. Graine de Luzerne moulue . . . . . . . . 400 grammes Acétate de plomb cristallisé . . . . . . . 40 — LAN NEO LÉGER ER On fait macérer la poudre de graine de Luzerne dans la solution d’acétate de plomb, pendant deux jours, en ayant soin d’agiter de temps en temps. On jette sur un linge grossier et quand le liquide visqueux s'est égoutté, on le porte à la cave et on le laisse reposer pendant deux ou trois jours. On filtre et, au liquide limpide obtenu, on ajoute, pour 1000 centimètres cubes, 2 grammes d’acide oxalique préalablement dissous dans une petite (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1899, p. 688 et Volume jubilaire de la Sociélé de Biologie, 1899, p. 388. (2) Sur la galactine, Ann. de chim. et de phys., [5], xxvr, p. 121, 1882. 238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quantité d'eau. On laisse reposer vingt-quatre heures, on filtre et, au liquide filtré, on ajoute 1 volume 1/2 d'alcool à 90 degrés. L'hydrate de carbone se précipite sous forme de flocons blancs, un peu filamenteux, qui se rassem- blent au fond dn vase. On recueille le précipité sur un filtre, on le lave à l'alcool à 90 degrés, puis on le délaie dans de l'alcool à 95 degrés qu'on porte à l’ébullition. Finale- ment, après l'avoir séparé de nouveau, on l’exprime entre des feuilles de papier à filtrer et on le fait sécher dans le vide sulfurique. Le produit ainsi obtenu est presque pulvérulent, très léger et tout à fait blanc. Pour l’avoir complètement sec, il faut le porter à l’étuve à 100 degrés pendant quelque temps. Lorsqu'on le met dans l’eau, il se gonfle d'abord; ilse dissout ensuite lentement en donnant une solution incolore, très légèrement opalescente. La solution dévie à droite le plan de la lumière polarisée; le pouvoir rota- toire « D a été trouvé égal à + 849,26 (M. Müntz a trouvé pour la galactine : a D — + 840,6. Pour effectuer l’hydrolyse, on a opéré avec le mélange suivant : HydraterdelcarhonelsecAe 2 PER 2 gr., 416 Acide SUIfUrIQUE 22000 DS, PTRLN RST 2 gr., 50 Eau distillée, q. s. pour faire : à + + «+ : . 400 centimbtres CAMES On a chauffé à l’autoclave à 110 degrés pendant deux heures. L’analyse du liquide refroidi a accusé la formation de 2 gr., 38 de sucre réducteur (exprimé en dextrose). Le dosage du mannose, effectué à la phénylhydrazine, a donné, pour le tout, A gr., 223 de ce sucre, dont la plus grande partie a été régénérée Fons cris- tallisé. Le dosage du galaciose a été fait par la méthode de Tollens (transformation en acide mucique); il a conduit à 1 gr., 178 de ce sucre. Des cristaux micro- scopiques de galactose ont aussi été obtenus d’une petite quantité du liquide sucré primitif. On voit donc que l’hydrate de carbone de réserve de la graine de Luzerne estune mannogalactane qui nous a fourni à l'hydrolyse des poids sensiblement égaux de mannose et de galactose. II. Graines de Fenugrec. — Ces graines, soumises au traitement que nous venons d'exposer, ont donné aussi un produit blanc, mais bien moins faci- lement soluble dans l’eau que le produit analogue retiré de la graine de Luzerne. La solution, assez fortement opalescente paraît n'être pas parfaite, de sorte que si on la jette sur un filtre, la portion qui passe d’abord est bien plus fluide que celle qui reste sur le filtre. On a pu néanmoins constater que cette solution est dextrogyre. 2 gr., 51 de produitsec, hydrolysés à l’autoclave, ont donné en ac heures 2 gr., 50 de sucres réducteurs qui, d’après l'analyse, renfermaient : mannose, À gr., 249, el galactose, 0 gr., 978. Ce produit est donc encore une mannogalactane, un peu différente toutefois de celle de la graine de Luzerne. SÉANCE DU 10 MARS 923 © III. Action de la séminase (1). — Ces mannogalactanes ont été soumises à l'action de la séminase (t'° 35-40 degrés): celle-ci étant sous forme d’une solution préparée par macération, dans de l’eau additionnée de fluorure de sodium, de graines de Luzerne germées. L'hydrolyse a commencé aussitôt, se manifestant par la disparition complète de la viscosité des solutions et par la formation de sucres réducteurs, parmi lesquels le mannose a pu être décelé à l’aide de la phénylhydrazine. IV. Conclusions. — En résumé, 1° les hydrates de carbone de réserve des deux graines de Luzerne et de Fenugrec sont, comme ceux des graines de Caroubier et de Canéficier, des mannogalactanes. 2° Les mannogalactanes diffèrent les unes des autres par leurs pro- priétés et par leur composition. 3° Enfin, la séminase, ferment soluble sécrété par toutes ces graines au cours de leur germination, hydrolyse ces mannogalactanes. TRÉMATODES HÉPATIQUES DES OISEAUX, par M. A. RAILLIET. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les voies biliaires de nos Oiseaux indigènes n ont encore été que très incomplètement explorées au point de vue de la recherche des parasites. Or, depuis quelque temps, j'ai pu faire dans ce sens un certain nombre d'observations qui m'ont permis d'étudier diverses formes de Trématodes en partie nou- velles ou peu connues. Je me bornerai, dans cette note, à les signaler sommairement. 4° Dicrocælium clathratum (Deslongchamps, non Olsson) (Distomum refertum Mühling). — Ce parasite du Martinet (Apus apus) a été décrit par Deslong- champs d’une façon suffisamment claire pour qu’on puisse affirmer son identité avec le Distomum refertum Mühling, 1898. Je l’ai retrouvé à Alfort, au mois d’août dernier, dans la vésicule biliaire de trois Martinets, mais je crois inutile, quant à présent, d’en reprendre la description. 20 Dicrocælium Olssoni (Distomum clathraium Olsson et Mühling, non Des- longch.). — La vésicule biliaire d’un autre Martinet, tué également à Alfort au mois d'août, m'a offert une douzaine d'exemplaires de ce Trématode, pour la description duquel je renvoie également à Mühling. Je note seulement que le « prolongement céphalique » ou « cou » est ici bien moins marqué que dans la forme précédente; mais, pendant la vie, on le voit souvent s’étirer sous la forme d’un cône très allongé, aussi étendu que le reste du corps. (41) Em. Bourquelot et H. Hérissey. Sur l’individualité de la séminase, fer- ment soluble sécrété par les graines de Légumineuses à albumen corné en ger- mination. C. R. Soc. Biol. LIL, p. 114, 1900, B1oLOG1E, Comptes RENDUS. — 1900, T, LII, 19 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIF 3° Dricocælium longicauda (Rud.) (Distoma macrourum Rud.). — Ce parasite a été découvert par Jurine dans le foie et la vésicule biliaire d’un Corvus corniæ. Bien décrit par Rudolphi, il a été signalé par d’autres observateurs chez divers oiseaux : Paca pica, Anthus arboreus, Lanius collurio. De plus, quelques helminthologistes ont cru devoir assimiler à cette espèce le Distoma albicolle Rud., d'Aqguila pennata, et le Distoma attenuatum Duj., de Turdus merula. Pour ces deux derniers types, la séparation spécifique me paraît devoir être rétablie ; mais, d'autre part, on rencontre, dans les voies biliaires des Corvidés mêmes, des Trématodes offrant des variations assez étendues, de telle sorte que certaines d’entre elles tout au moins méritent d’être consi- dérées comme espèces. Le type de Dicrocælium longicauda Rud. me paraît être fourni par une forme que j'ai recueillie dans la vésicule biliaire d’un Corvus cornix provenant de Seine-et-Marne. — Longueur 11 à 12 millimètres; largeur maxima 0mm,9 à Aum16. Corps déprimé, fusiforme, très allongé, présentant sa plus grande largeur au niveau de la ventouse ventrale, et s’atténuant ensuite jusqu’à l'extrémité postérieure, qui est obtuse. En avant de la ventouse ventrale, un cou subcylindrique. Ventouse buccale subterminale, infère, large de 400 à 450 p. Ventouse ventrale très saillante, large de 850 à 950 y, à ouverture le plus souvent longitudinale. Testicules placés obliquement l’un devant l’autre, en arrière de la ventouse ventrale. Ovaire plus petit, situé un peu en arrière des testicules. Vitellogènes formant de chaque côté une bande mince de petits follicules séparés, commencant en arrière du testicule antérieur et se termi- nant vers le tiers postérieur du corps. Pore génital en arrière du pharynx. OEufs bruns, longs de 30 à 32 p, larges de 20 à 22 y. J'ai recueilli aussi ce même type chez un Corvus corone trouvé mort, avec la vésicule biliaire très dilatée, dans l’Aube. Une forme voisine m'a été fournie par un Corvus cornix tué à Alfort en 1884, et par un Corvus frugilegus récemment abattu dans les environs de Bat, Elle est de taille un peu plus courte (longueur 6 à 8 millimètres; largeur 4 millimètre à 1"n5) et n’atteint sa plus grande largeur que vers le milieu; les vitellogènes forment une bande plus large et continue; les œufs mesurent 31 à 36 vu sur 21 à 24. ù 4° Dicrocælium panduriforme n. sp. — Dans la vésicule biliaire d’une Pie (Pica pica) tuée dans l'Aisne en octobre dernier, j'ai recueilli deux exem- plaires d’un Dicrocælium présentant un aspect assez curieux. Longueur 326, largeur 1 millimètre. Corps en forme de violon, offrant un étranglement très prononcé au niveau du tiers postérieur, et prolongé en avant par un cou cylindro-conique se recourbant volontiers en dessous et en arrière ; extrémité postérieure très obtuse. Ventouse buccale sublerminale, infère, large de 320 y. Ventouse ventrale très saïllante, large de 500 y, à ouverture circulaire. Testi- cules situés presque côte à côte en arrière de la ventouse ventrale. Ovaire aussi volumineux que les testicules, situé à peu de distance en arrière du testicule droit. Vitellogènes en bandes continues, d’abord assez larges, puis s’atténuant pour se terminer vers le milieu du renflement postérieur. Pore génital en arrière du pharyux. Cirre long de 140 y, large de 70. OEufs longs de 42 à 45 y, larges de 22 à 25 p. Deux'autres Pies tuées en Seine-et-Marne m'ont donné chacune un seul SÉANCE DU 10 Mars 241 — ———————— ————————————_—_—__—___]_]____]____—_ — —_———]—— —…—…—…—…—…—….…—….….…"—.— —_——_———……—…—….…— +, exemplaire de Trématodes un peu différents, mais malheureusement en mau- vais état, de sorte que je n’ai pu en faire une étude assez précise. L'un provenait directement de la vésicule biliaire; il mesurait 6 millimètres de long sur 02750 de large, et rappelait par sa forme la variété courte de D. longicauda, mais portait des œufs longs de 42 à 44:u, larges de 25 à 27 à. L'autre, recueilli dans un vase où je lavais un foie de Pie, mesurait seule- ment 398 sur 022740; il était de forme oblongue, atténué aux deux extré- mités, surtout en avant, mais sans présenter de cou comme les types précé- dents; il avait sa largeur maxima vers le milieu. Ventouse antérieure subterminale, infère, large de 250 u. Ventouse ventrale rendue invisible par un énorme amas d'œufs. Trois grosses glandes génitales ayant leur point de contact à 1"m2 de l’extrémité antérieure : deux situées côte à côte et la troi- sième en avant. Vitellogènes en deux bandes latérales continues, commencant au niveau des deux glandes postérieures et s'étendant sur une longueur de 12250 à 12550. OEufs longs de 40 à 41 u, larges de 22 à 23 p. 5° Dicrocælium petiolatum n. sp. — Basé sur quelques exemplaires recueillis dans le foie et la vésicule biliaire de deux Geais ((Garrulus glandarius) pro- venant de Seine-et-Marne. Longueur 6 millimètres à 7°" 5; largeur On 700 à Oum 840. Corps fusiforme, atteignant sa plus grande largeur au niveau de la ventouse ventrale, décroissant ensuite progressivement jusqu’à l'extrémité postérieure. Un cou cylindro-conique. Ventouse antérieure subterminale, infère, large de 300 . Ventouse ventrale très saillante, souvent elliptique, longue de 800 y, large de 600 y, à ouverture longitudinale, oblongue. Testi- cules situés côte à côte en arrière de la ventouse ventrale. Ovaire un peu plus petit et situé à une certaine distance en arrière des testicules. Vitellogènes à follicules assez volumineux, surtout en avant, commencant au niveau des testicules et s'étendant sur une longueur de 2 millimètres à 25, soit un peu au delà des deux tiers postérieurs du corps. Pore génital un peu en arrière du pharynx. Cirre long de 340 y, large de 110. OEufs de 45 à 50 y sur 27 à 29. 6° Dicrocælium attenuatum Duj. — J'en ai trouvé un seul exemplaire, un peu altéré, dans la vésicule biliaire d’un Merle (Turdus merula) provenant de Seine-et-Marne. Contrairement à ce que croyait Dujardin, il s’agit bien d'une espèce autonome. Longueur 3" 5, largeur 0"® 220. Corps sublinéaire. Testi- cules situés directement l’un devant l’autre. Ovaire les suivant de même à quelque distance et notablement plus petit. Vitellogènes naissant en arrière de l'ovaire et paraissant occuper à peine une longueur de 500 &. OEufs longs de 36 à 39 y, larges de 20 à 22. 7° Dicrocælium lobatum n.sp. — Du foie d’un Épervier (Accipiter nisus) tué en Seine-et-Marne. Longueur 705 à 9mmÿ ; largeur Omm380 à Omm400, Corps linéaire, très allongé, avec un prolongement céphalique relativement épais ; extrémité postérieure obtuse. Ventouse buccale subterminale, infère. Ventouse ventrale saillante, à peu près du même diamètre que l'antérieure, et montrant de chaque côté une petite saillie auriculiforme. Testicules placés en arrière de la ventouse ventrale, directement l'un devant l’autre, ellipsoïdes, el assez volumineux pour que le corps se dilate au niveau de chacun d'eux. Ovaire globuleux, notablement plus petit el situé à une très faible distance du testicule postérieur. Vitellogènes constitués par un petit nombre de gros follicules occupant en arrière de l'ovaire un champ de 1 millimètre à 1"%4, 2492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pore génital à peu près au milieu de l’espace qui sépare les ventouses. Cirre long de 160 p, large de 60. OŒufs longs de 47 à 50 p sur une largeur de 28 à 30 p. J'avais du reste déjà recueilli en 1888, dans la vésicule biliaire d’une Corneille mantelée (Corvus cornix) tuée à Alfort, une forme tout à fait ana- logue. Les exemplaires mesuraient 5 à 7 millimètres de long et ‘Oum à Oum de large. Les vitellogènes occupaient un champ de 700 à 800 p. Les œufs mesuraient 46 à 55 & sur 27 à 30 p.. Il s’agit sans doute de la même espèce. Il est assez curieux de noter que tous ces parasites appartiennent au genre Dicrocælium (Duj.), tel que l’a récemment limité Looss, alors que bon nombre des Trématodes hépatiques des Oiseaux observés jusqu’à présent se rattachent à des genres différents : Opisthorchis, Metorchis, Holometra, Echinostoma, etc. La convergence des caractères est même poussée plus loin, puisque la plupart ont la même apparence générale, une extrémité antérieure pâle, un cou distinct, une ventouse ventrale grande et saillante, de petits œufs bruns à coque épaisse, etc. L'étude anatomique révélera sans doute encore d’autres analogies. Le Gérant : G. Masson. ei PO NP VE ' æ Paris. — Imprimerie de la Cour d’appel, L. MAREPHEUX, directeur, 1, rue Cassette, SÉANCE DU 17 MARS 1900 M. G. Weiss : À prospos de la communication faite par M. Bonnier dans la séance du 3 mars. — M.E. BaTAILLon : Le problème des métamorphoses. — M. A. Mrcnec : Sur le mécanisme du soulèvement du corps sur la pointe des pieds. — MM. Crar- RIN et GUuILLEMONAT : Sur le mécanisme de l'augmentation du glycogène au cours de la grossesse (Remarque à propos d’une note de M. de Sinéty). — M. L. Mann : Sur la maladie des OEillets à Antibes. — M. P.-A. ZacHarrAnËs : Sensibilité du tendon aux acides. — MM. Jaroer et Nivière : Note sur les chargements de cou- leur du sang de la veine porte. dans les glycosuries expérimentales d'origine ner- veuse. — M. le D' A. Marrau : Le voile du palais, organe de gustation. — MM. M. Cauzzery et F. MEsnis : Sur une nouvelle espèce de Balanoglossus(B. Kæh- leri) habitant les côtes de la Manche. — M. le D' Huco Scawarz (de Budapest) : Contributions à la pathologie des vaisseaux de l’utérus. — M. Lours Lécer : Sur un organisme parasite de l'intestin d'Olocrates Gibbus Fab. — M. Louis Lécer : Sur l'évolution de Raphidospora Le Danteci Léger. — MM. A. Taéonari et E. Vayas : Note sur les modifications histo-chimiques de la muqueuse gastrique du chien sous l'influence de quelques substances médicamenteuses. — M. Aumépée Pucxar : Note sur la régénération expérimentale de l'ovaire. — M. GrorGes ROSEN-THAL Sur le coccobacille hémophile (coccobabille de Pfeiffer). — M. CL. Recaup (de Lyon) : Dégénérescence des cellules séminales chez les mammifères, en l’absence de tout état pathologique. — M. BoucaeroN : Sérothérapie dans les rhu- matismes à streptocoques. — M. Boucuerox : Hypothermie chez certains arthri- tiques. Présidence de M. Troisier, vice-président. À PROPOS DE LA COMMUNICATION FAITE PAR M. BONNIER DANS LA SÉANCE DU 3 MARS, Par M. G. Werss. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans la dernière séance, je n'ai pu entendre qu'une partie de la communication de M. Bonnier; aussi n'ai-je, à ce moment, fait aucune réflexion. Après avoir consulté le compte rendu, je ne puis m'empêcher d'exprimer mon étonnement, en particulier au sujet de ce que j'ai lu dans les deux derniers paragraphes de cette communication. D'après M. Bonnier, il y aurait dans les traités de physique une confusion entre deux définitions du timbre des sons. Si j'ai bien compris, cette confusion serait d'autant plus lamentable que la deuxième serait contraire à la réalité des faits. Voici, d’après M. Bonnier, les deux définitions : a) Le timbre d'un son dépend de la forme de la vibration. b) Le limbre d’un son dépend de la composition du son, c’est-à-dire des harmoniques qui viennent se superposer au son fondamental. Biococie. ComprEs RENDU. — 19500. T, LI, 20 244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je ne puis suivre M. Bonnier dans tous ses raisonnements pour les réfuter; en réalité, voici comment les choses se présentent. Deux sons diffèrent, par leur intensité, leur hauteur et leur timbre. L'intensité dépend de l'amplitude des vibrations, la hauteur du nombre de vibrations à la seconde. Quant au timbre, il est lié à la forme de la vibration; ce n’est pas une définition, c’est un fait. Or, on sait, depuis Fourier, que la forme d’une vibration périodique quelconque dépend de la superposition à une vibration simple fonda- mentale d'un certain nombre d’autres vibrations qui sont des harmo- niques de la première. Par conséquent, le timbre d'un son résulte des harmoniques qui se superposent au son fondamental. Il n’y à pas dans tout cela de défini- tions contradictoires, il n'y a qu'un enchaïînement de raisonnements et de résultats expérimentaux. M. Bonnier propose de conserver la première définition et de rejeter la seconde. Ceci serait la plus mauvaise solution. S'il fallait absolument choisir, c'est l'inverse qu'il faudrait faire, mais la place me manque pour en développer ici les raisons. Je dirai encore que je regrette l'expression dont M. Bonnier a cru devoir se servir pour qualifier l’œuvre de Helmholtz, que je n'ai pas à défendre, car je ne crois pas sa gloire en péril. J'ai la convic- tion que l'expression de M. Bonnier a dépassé sa pensée; si cer- taines idées émises par Helmholtz sont dis cutables, il n’en est. pas moins vrai que tout ce que nous savons aujourd’hui sur le timbre des sons résulte directement ou indirectement de ses travaux. Puisse-t-il arriver à chacun d’entre nous, dans la branche qu'il cultive plus spécia- lement, d’avoir pour la science de l’avenir une influence aussi désas- treuse, comme dit M. Bonnier! Helmbholtz fut un des génies scientifiques des plus élevés de ce siècle, son œuvre eut une portée exceptionnelle el il eût été regrettable qu'une expression aussi dure ait échappé à un membre de notre Société sans qu'il ne se soit élevé une voix pour la réfuter. Les excellentes relations que j'ai avec M. Bonnier ne peuvent faire attribuer à mon intervention qu'un caractère exclusivement scientifique. LE PROBLÈME DES MÉTAMORPHOSES, par M. E. BATAILLON. (Communication faite dans la séance précédente.) MM. Metschnikoff et Mesnil reprennent pour leur compte, devant la Société de Biologie (1), la critique de ma Théorie des métamorphoses, (1) F. Mesnil. Quelques remarques au sujet du « Déterminisme de la méta- morphose », Comptes rendus de la Société de Biologie, 17 février 1900. ! dé l'ait Les, SÉANCE DU 17 MARS 245 critique entreprise ailleurs (1, par Ch. Pérez. On peut s'étonner que ces biologisles éminents témoignent d’une indulgence sans réserves pour une argumentation aussi faible : car ce n’est pas avec des dissertations a priori qu'on ébranle les faits. Ma réponse vient de paraitre dans le recueil qui a enregistré la critique (2). Ces quelques lignes s'adressent spécialement à MM. Metschnikoff et Mesnil. I. Je cherche dans leur communication les découvertes capitales et récentes qui m'ont valu l'honneur de cette grande querelle. Je trouve d'abord : l'intervention précoce de la phagocytose dans l'histo- lyse, sans nécrobiose préalable. Il paraît qu’en certain milieu scientifique, la question est tranchée. La réalité, en ce qui touche les insectes, est que cette question est plus discutée que jamais. On tire parti des recherches d’Anglas sur l'histo- lyse musculaire et on combat énergiquement sa lyocytose du corps adipeux. Il y a aussi les résultats contradictoires de Terre; et puis Korotneff, Rengel et Karavaiew auraient peut-être à intervenir dans le débat. Pour les Amphibiens, on pourrait croire la question au même point qu'en 1892, à la fin de ma controverse avec Metschnikoff. Mais il est, paraît-il, prouvé à l'évidence que, seule, la manière de voir de mon ancien contradicteur est exacte. Je me suis bien apercu que dans certaines bibliographies et dans certaines revues, on présentait ainsi les choses : telle une revue de la phagocytose parue dans l'Année biologique de 1896 et signée J. Cantacuzène. On lit dans cette revue : : « Bataillon, de son côté, déclarait que les sarcolytes se rencontrent dans la proportion de 95 p. 100 à l’intérieur des cellules... mais que leur dissolution est extracellulaire et S'opère dans les humeurs. Voici les faits d’une précision indis- cutable établis par Metschnikoff.. etc. ». Il faut n'avoir pas lu mon mémoire de 1891 (3), pour me prêter pareille opinion. Ce n’est pas tout. Dans ces revues, des mémoires importants sont négligés : tel celui de Schaffer (4) qui, en 1893, à la suite de notre discussion, se pro- nonçait dans mon sens et traduisait presque toutes mes conclusions. 1) Ch. Pérez. Sur la métamorphose des insectes, Bulletin de la Sociélé ento- mologique de France, 25 décembre 1899. (2) E. Bataillon. La théorie des métamorphoses de M. Ch. Pérez, Ibid., 14 février 1900, pp. 58-62. 3) E. Bataillon. Recherches anatomiques et expérimentales sur la méta- morphose des Amphibiens anoures, Ann. Univ. Lyonn., 1891, 4) J. Schaffer. Beitraege zur Histologie und Histogenese der quergestreiften Muskelfasern, etc., Sitzungsb. der Kais. Akad. der Wiss. in Wien, 1893 (p. 59, 61, 104, 106, 109, 125, 127). CN IN A a VERRE 246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il est évident qu'ici encore la question n’est point tranchée, et les biologistes indépendants trouveront l'accord un peu trop... unilatéral. IT. Metschnikoff et Mesnil concèdent pourtant à Giard (1) une altéra- tion préalable des tissus, à la condition que le microscope ne puisse la décéler. La sécrétion protectrice qui garantit les cellules contre les pha- gocytes venant à cesser, ces cellules sont attaquées. Il faut bien remarquer que cette sécrétion hypothélique ne me gêne aucunement; et je me serais bien gardé de chercher querelle aux savants qui y tiennent, si ceux-ci n'avaient commencé par critiquer 4 priori et sans indications personnelles, mes propres expériences. « Mais quel est le déterminisme de ces altérations primitives? ». Giard a eu tort de « regarder favorablement la théorie des métamorphoses par l'asphyxie ». Ici, on invoque la réfutation de Ch. Pérez, et on réédite son unique argument : « Certains éléments d'un même tissu dégénèrent, alors que d’au- tres, etc... ». Laissons la discussion sur son terrain, sans insister sur : les résultats confirmatifs enregistrés antérieurement, soit pour les Amphibiens, soit pour les Insectes. Chez le têtard, de la base à l’extré- mité de la queue, la pression artérielle et le courant capillaire sont de plus en plus faibles. La slagnalion qui prélude à l’histolyse devient compréhensible avec le ralentissement du rythme et les conditions adjuvantes que J'ai indiquées. L’histolyse, complète ou incomplète, est générale comme elle doit l'être. Mais si, pour la queue, on exclut les données significatives de la mécanique circulatoire et de la nutrition, comment la seule physiologie élémentaire nous expliquera-t-elle la régression complète et sa marche progressive de la pointe à la base? Est-ce le déterminisme de Ch. Pérez qui va intervenir? Alors la situation serait nette. De même qu'au point de vue spécial de l'histolyse, nous avons les partisans et les adversaires de l'intervention précoce des phagocytes, de même, au point de vue du problème physiologique général, il y aurait deux camps opposés : D'une part, les partisans de la continuité physiologique dans l’ontogénèse, pour lesquels les troubles morphologiques sont solidaires des troubles fonc- tionnels concomitants; D'autre part, les partisans de la discontinuité, qui distinguent des indivi- dualités successives... et rapportent tout changement morphologique à des réactions élémentaires, à l'intervention exclusive et isolée de stimulines, de toxines, etc... L'origine de ces produits trouvera peut-être son déterminisme : mais l’école en question le déclare, a priori, inconciliable avec le mien. Entre ces deux conceptions, il y a un abîme profond qui préserve les adversaires de tout contact sérieux. (1) A. Giard. Sur le déterminisme de la métamorphose, Comptes rendus de la Société de biologie, 10 février 1900. sé D y s SÉANCE DU 17 MARS 247 Il importait seulement de bien établir les positions respectives. Et je garderai silencieusement la mienne jusqu'au jour où quelque fait nou- veau et un peu substantiel viendra alimenter cette maigre discussion. SUR LE MÉCANISME DU SOULÈVEMENT DU CORPS SUR LA POINTE DES PIEDS, par M. À. MICHEL. Dans la séance du 24 février de la Société de Biologie, M. Castex a présenté une note sur le mécanisme de l'équilibre du corps soulevé sur la pointe des pieds, dans laquelle, indépendamment d'une réalisation expérimentale, cet auteur développe une théorie simple qu'il semble croire nouvelle. Mais en somme, elle n'est qu’une réédition d’un exposé, que J'ai donné dès 1883 dans la #evue scientifique du 11 août, et que, en réponse à une communicalion sur ce sujet, j'ai reproduit dans les Comptes rendus de la Société de Biologie (séance du 15 mai 1897). Il ne sera peut-être pas inutile de rappeler les points principaux de cette der- nière note. D'abord, en réponse à une question soulevée, je montrais, relativement à la détermination trop souvent discutée du genre de levier, que c'était plutôt là question de mots et que d’ailleurs le cas actuel ne répondait véritablement à aucun des cas typiques de leviers. Puis je donnais une. analyse des forces, à laquelle celle de M. Castex ressemble essentielle- ment avec un peu moins de simplicité : car l'introduction de l’incli- naison au moyen de données trigonomélriques, pour avoir une appa- rence de plus grande précision, n’apprend ici rien de nouveau. Enfin je concluais : « La force musculaire à déployer (de la part du triceps sural) est bien plus grande (approximativement dans le rapport des segments séparés sur le pied par le point d’articulation) que le poids du corps à soulever, tandis que la contraction des muscles est bien plus petile que l'effet de soulèvement à produire. Ici, comme presque partout dans l'organisme, pour la commodité des mouvements, la caractéristique est : économie de contraction, prodigalité de force. » SUR LE MÉCANISME DE L'AUGMENTATION DU GLYCOGÈNE AU COURS DE LA GROSSESSE. Remarque à propos d’une note de M. DE SINÉTY, par MM. CHaRRIN et GUILLEMONAT. Nous avons constaté que le glycogène augmente dans le foie des femelles pleines (1) ; nous avons pensé que cette augmentation était due (4) Voir séance du 3 mars. 218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à ce que la nutrition, dont une série d'arguments permettent d'établir le ralentissement pendant la période de la geslation, demande à l'appareil hépatique des quantités desucre inférieures à celles que l’acti- vité organique exige normalement. Il est d’ailleurs bien entendu que, quelque solides et multiples que soient les preuves sur lesquelles s'appuie notre théorie, nous accordons la première importance aux faits eux-mêmes. M. de Sinéty (1), dont chacun connaît les intéressants travaux sur les modifications que subit le foie au point de vue de sa teneur en graisse durant la grossesse, estime que ces phénomènes sont susceptibles d'une autre interprétation; il croit que celte accumulation du glyco- gène s'effectue en vue de l’allaitement qui, suite naturelle de cette gros- sesse, doit forcément exiger des quantités considérables de sucre. Il ne nous semble pas possible d'opposer cette conception à notre manière de voir ; il s’agit de deux modes de raisonnement absolument différents. — M. de Sinéty, pour expliquer cetemmagasinement du glyco- gène, invoque un but; le mécanisme! par lui mis en cause appar- tient en quelque sorte à l’avenir. Pour nous, au contraire, la raison de ce changement relève de conditions présentes au moment même où il se réalise; notre conception n'atteint nullement la manière de voir de M. de Sinéty, comme celle de cet auteur ne contredit en rien la nôtre. Au demeurant, la question est plus haute et plus générale. — Les argu- ments de M. de Sinéty relèvent du finalisme:; or, ils’agit de savoir si celte doctrine, qui peut offrir à l'esprit d’agréables et utiles satisfactions. doit intervenir quand il s’agit de résoudre les problèmes de la biologie : on comprend que nous ne puissions pas nous permettre de traiter acci- dentellement un aussi grave sujet. SUR LA MALADIE DES OFILLETS A ANTIBES, par M. L. ManGin. J'ai fait connaître au mois de novembre dernier une mucédinée para- site qui cause dans les plantations d’OEillets, a Antibes et à Nice, des ravages considérables. Cette espèce, nouvelle, est remarquable à divers titres : c'est un parasite facultatif qui se cultive facilement sur les mi- lieux les plus variés, solides ou liquides ; elle sécrèle un pigment rouge qui se présente en écailles ou en aiguilles fasciculées et flexueuses inso- lubles dans l’eau, diffusant rapidement dans la gélose nutritive, soluble dans l'alcool, virant au rose sous l'influence des acides, av violet sous l'influence des bases. Ce pigment, toujours extérieur aux filaments mycéliens, peut parfois se localiser dans la membrane qu'il colore alors en rouge ou en violet. Enfin, le parasite des OEillets présente un poly- (1) Voir séance du 10 mars. SÉANCE DU 17 MARS 249 morphisme intéressant ; aux formes conidiennes que j'ai déjà signalées, il convient d'ajouter l'existence de spores capables de passer à l’état de vie ralentie dans des cultures mortes ; ces spores. formées soit sur le trajet des filaments, soit à l'extrémité de ramifications latérales, ne sont pas, comme un examen superficiel pourrait le faire croire, des chlamy- dospores, car la membrane extérieure, souvent colorée en brun pâle et ornée de tubérosités arrondies, est constituée par la paroi même des filaments mycéliens renflée. J'ai réservé la diagnose de cette espèce et le nom qu'elle devra porter jusqu'au moment où son histoire sera complète, il m'a paru inutile d'encombrer les descriptions d'un nom provisoire. Propagation de la maladie. — La maladie des OEillets peut se pro- pager : 1° Par les boutures en apparence saines et qui renferment déjà, comme je l'ai indiqué dans ma note du 6 novembre, les filaments my- céliens du parasite. 2 Par inoculation au moyen de blessures faites à des OEillets sains ; J'ai injecté ainsi, au mois de novembre, des pousses d’une variété d'OEil- lets, la variété « Chair », assez résistante à la maladie. 3° Enfin, dans des plants languissants, les spores du parasite germent dans l’eau retenue à la base des feuilles et les filaments germinatifs peuvent pénétrer dans les tissus sans blessure préalable. L'inoculation par blessures a lieu dans les plantations dévastées par un mécanisme particulier que l'expérience suivante met en relief. J'avais signalé dans les produits de la décomposition des OEillets attaqués de la pourriture du collet, la présence d'anguillules : Rhabditis et T'ylenehus et d’un acarien le Cæpophagus echinopus. J'ai recueilli les tissus décomposés renfermant ces animaux et je les ai déposés au pied d’un OEillet sain (n° 1), dont la terre était maintenue hu- mide. D'autre part, j'ai exposé des tiges en voie de décomposition pen- dant dix-sept heures aux vapeurs de sulfure de carbone et, au bout de ce temps, j'ai constaté que les anguillules et les acariens étaient morts; j'ai alors déposé les tissus décomposés ainsi traités à la base d’un second pied d'OEillet sain (n° 2); enfin, j'ai entaillé la base de la tige d'un troi- sième pied d'OEillet (n° 3) et placé dans l’entaille des débris de la tige traités par le sulfure de carbone. Un quatrième pied (n°4) servait de témoin. Au bout d'un mois, le 25 novembre, les pieds 1 et 3 étaient conta- minés ; les pieds 2 et 4 étaient sains. La comparaison des pieds 1 et 2 montre que ce sont les acariens qui, en blessant la base de la tige, ont introduit le parasite. On s'explique ainsi pourquoi la maladie débute si fréquemment au collet et amène la pourriture. La comparaison des pieds 2 et 3 nous montre que la dose de sulfure de carbone suffisante pour tuer les anguillules et les acariens n'a pas 250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE altéré le parasite, ce fait suffit à montrer que l'emploi du sulfure de carbone, pour combattre la maladie, est illusoire. Action des substances toxiques sur le développement du parasite et traite- ment.— En poursuivant mes études sur la biologie de ce parasite, je n'ai pas négligé de rechercher les moyens pratiques d’enrayer son exten- sion, dans ce but, j'ai additionné les liquides de cultures de diverses substances toxiques. La résistance qu'offrent les spores du parasite des OEillets à l’action du sulfure de carbone m'a paru élrange et de nouveaux essais ont mon- tré que l’on peut tuer les spores en dix heures, à la condition de les placer dans une atmosphère rigoureusement saturée; mais si l'on opère dans des récipients où la vapeur puisse diffuser dans l'air, le parasite peut supporter sans périr un séjour beaucoup plus long dans les vapeurs toxiques, non saturées. Cette constatation a son importance au point de vue pratique, puisque les sols meubles dans lesquels se pratique la culture des OEillets, favo- risent une diffusion rapide du sulfure de carbone et par suite rendent très aléatoire son action destructive. Je me suis adressé ensuite à des substances solubles dans l’eau et j'en donne la liste, en indiquant la dose au-dessous de laquelle la substance employée n’entrave pas le développement du parasite. SLA NTERTEUSS IR NN ANR EEE ERA) 0 SULA le Te ARCS NE DURE ER ERP RES RS ADO sulfate detCuiVre SAME NA TEEN ET ENNEMI MD DD Bichlorure de mercure! ! + + 10 00 06 201200 2,5/1100000 Naphtol! Bat const et dede. memes FOUR On voit que la toxicité des sels de cuivre n’est pas très grande, elle est à peine plus faible que celle du sulfate de fer et du sulfate de zinc. Les substances les plus actives sont le naphtol B, toxique à À gr. 5 pour 10 litres et le sublimé corrosif, toxique à 2 gr. 5 pour 100 litres. Examinons maintenant quelles sont, parmi les substances précédentes, celles qui pourraient être pratiquement employées pour enrayer la ma- ladie. Nous ne pouvons pas songer à employer en arrosages dans le sol contenant les OEillets, le sulfate de cuivre, car à 3 ou 4 p. 1000 il exerce une action toxique très puissante sur les racines. Le sulfate de fer, quoique moins actif, présente l’avantage précieux de se peroxyder et par suite de devenir inoffensif au bout d’un certain temps. Mais cette peroxydation même est un obstacle à son emploi, car elle est accomplie avant que le sel ferreux ait eu le temps d'exercer son action. L'expérience suivante montre la rapidité de la transformation du sulfate ferreux. 10 centimètres cubes d’une solution à 30 p. 100 ont servi à humecter un lot de terre formée de craie et de sable siliceux. Au bout de #'ois heures, ce sol ne renfermait plus trace de sel ferreux. L’em- SÉANCE DU 17 MARS 251 ploi du sulfate de fer cristallisé en arrosages à la surface du sol con- taminé, me paraît donc aussi incertain que celui du sulfure de carbone. Le bichlorure de mercure est très toxique et s'il devait exercer son action sur les organes aériens, je n'hésiterais pas à le recommander, mais, dans le sol, son action serait très nuisible aux organismes qui pré- parent les aliments les plus assimilables pour la plante, et je n'en puis conseiller l'emploi qu'à titre d'essai et à la dose de 5/100.000 (5 gram- mes dans 100 litres). L'élimination successive des diverses substances employées ne nous laisse plus que le choix du naphtol 8. Ce composé pourrait être employé à la dose de 0 gr. 5 par litre, soit en arrosages, soit en pulvérisations : il ne nuit pas aux plantes, car j'ai pu arroser sans inconvénient, des cultures de blé, dès le début de la germination, avec une solution ren- fermant environ À gramme de naphtol 8 par litre. Le lysol, qui a été préconisé contre les affections cryptogamiques, s’est montré dans mes expériences un peu moins actif, car il estsans influence nuisible à la dose de 6/10.000. On pourrait donc l’employer très avan- tageusement, en même temps que le naphtol $, pour enrayer l'extension de la maladie des OEïllets. SENSIBILITÉ DU TENDON AUX ACIDES, par M. P.-A. ZACHARIADÈS. Dans une communication antérieure (1), j'ai fait connaître un tissu animal possédant la propriété de révéler des traces de l'acidité due aux acides formique et acétique. Cette sensibilité du tendon de la queue du rat aux acides est supérieure, je crois de beaucoup, à celle que pos- sèdent des réactifs spéciaux de l'acidité : papier de tournesol, phtha- léine du phénol, etc. J'ai étendu mes recherches à d’autres réactifs employés en histologie et celte communication a pour but d'en donner les résultats. La sensibilité du tendon à l'acide lactique n’est pas très grande. Nous avons vu qu’une solution au 7-800,000° d'acide formique produisait au bout de 24 heures un gonflement assez sensible du tendon; l'acide lactique ne gonfle plus au delà du 50,000°. Ce gonflement est assez rapide et en rapport direct avec la quantité d’acide contenue dans la solution : il est très considérable et instantané dans les solutions fortes, telles que 4 p. 50, 1 p, 100, 4 p. 200, elc., moyen et plus lent dans les solutions faibles, telles que 1 p. 25,000 et 1 p. 50,000; mais déjà au bout de 3/4 d'heure, il est reconnaissable partout; 24 heures après, il peut (1) Voy. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 24 février 1900, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'accentuer d'avantage dans les solutions les plus faibles, mais il ne dépasse pas la solution au 50,000°. Ces chiffres, ainsi que les suivants, se rapportent au poids et non pas au volume. L'acide azolique pur fumant gonfle instantanément, pour ainsi dire jusqu’au 25,000°; ce gonflement se poursuit, et au bout de 3 heures, il est déjà manifeste au 125,000°, etc. Je vais surtout attirer l'attention sur deux particularités remarquables que présente le gonflement de l'acide azotique : 1° Le maximum du gonflement est au 4-5,000° ; son intensité diminue . dans les solutions plus fortes ou plus faibles; c’est là un phénomène bien curieux et paradoxal, mais de constatation facile ; le tendon mis dans une solution d'acide azotique au 10° ne gonfle pas, au 20°, le gon- flement est à peine sensible, il va en augmentant d’intensilé dans des solutions de plus en plus faibles, atteint son maximum au 4-5,000° et finit en mourant dans les solutions plus faibles; le gonflement ici par conséquent est en rapport indirect avec la quantité d'acide contenu dans la solution, du moins dans les solutions qui ne dépassent pas le 5,000, au delà le rapport devient normal ; 2° Le gonflement des solutions fortes au 10°, 50°, 100° et jusqu'au 500 n’est pas comparable au gonflement des autres acides que nous avons étudiés, ni à celui que produit l'acide azotique pour ses solutions plus fables; c’est un gonflement modéré, qui rend le tendon hyalin, dur, ne s'écrasant pas par la lamelle de verre; j'ajouterai que ce gonflement se rapproche de celui que produisent les alcalis : au microscope, en effet, on aperçoit les fibrilles conjonctives conservées et non modifiées par le réactif. C'est là une nouvelle preuve de l'existence de deux substances (4 qui entrent dans la constitution du faisceau conjonctif. Pour expliquer, en effet, ce gonflement, qui se fait sans participation des fibrilles con- jonctives, j'ai été conduit à admettre dans la structure du tissu conjonctif une aulre substance qui serait différente de celle qui constitue le cen- tenu des fibrilies et que j'avais désignée sous nom de substance basophale. L'étude du pouvoir œdématiant de l'acide chlorhydrique, qui à un grand intérêt aussi bien théorique que pratique, m'a donné des résul- tals analogues à ceux fournis par l'acide azotique. A part le fait que ce pouvoir est inférieur à celui de l’acide nitrique (il ne gonfle pas au delà du 50,000:), tout ce que je viens de dire sur l'acide azotique peut s'appliquer à l'acide chlorhydrique; ce dernier présente également les deux particularités remarquables de l'acide azotique. Il ne faudrait pas croire que le tendon ait une sorte de prédilection pour les acides; d’autres réactifs peuvent l'influencer à des doses aussi (4) Voy. Comptes rendus de la Société de Biologie, séances du il et du 25 février 1899. SÉANCE DU 17 MARS 253 intinitésimales, leur action peut même se faire sentir à des doses plus faibles; je citerai notamment l'acide osmique qui exerce sur le tendon une action très manifeste de fixation au 1,500,000°. Je crois même que cette snsibilité extrême n'est pas l'apanage du tendon seul, mais qu'il s’agit là d’une propriété générale de tous les tissus; cette généralisation ne peut être faite pour le moment qu'à titre d'hypothèse. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France.) NOTE SUR LES CHANGEMENTS DE COULEUR DU SANG DE LA VEINE PORTE, DANS LES GLYCOSURIES EXPÉRIMENTALES D'ORIGINE NERVEUSE (1), par MM. Jarper et NIviÈRE. La plupart des physiologistes qui ont étudié les glycosuries par trau- matismes nerveux, en ont cherché l'explication dans un acte réflexe des nerfs sur les cellules hépatiques ou sur les vaisseaux sanguins qui se rendent au foie. Ceux d’entre eux, qui attribuent la glycémie et la glyco- surie à un trouble vaso-moteur, ont surtout considéré les modifications de pression et de calibre et ont négligé les changements de la colo- ration même du sang. Si ce changement avait pour eux de l'importance, il leur paraissait tellement évident qu'il ne l’ont pas mentionné. Claude Bernard (2), dans ses études sur le sang veineux rouge, signale que la section de la moelle, au niveau de la première vertèbre dorsale, rend rulilant le sang veineux et que celui de la veine porte est le premier à présenter ce caractère, mais semble ne voir là aucune cor- rélation avec l'apparition de la glycosurie. Pavy (3) paraît avoir attaché une importance plus grande au carac- tère qui nous occupe. Il dit expressément que la glycosurie par piqûre du quatrième ventricule ou par arrachement des ganglions cervicaux est due à ce que le sang passe à travers le foie sans avoir été désarté- rialisé. Il s'agirait donc, pour lui, du sang sus-hépatique. Nous avons cherché si les traumatismes nerveux suivis de glycosuries avaient toujours pour effet d'entraîner la rutilance du sang porte. Nous avons praliqué chez le lapin la piqûre du quatrième ventricule (6 fois), la section de la moelle au niveau de la première vertèbre dorsale (2 fois), l'excitation électrique du pneumogastrique (1 fois) et celle du sciatique (2 fois) et, dans tous ces cas, nous avons vu le sang des grosses veines (1) Suite aux recherches communiquées les 26 février, 5 et 26 mars 1898, Comptes rendus de la Société de Biologie, p. 233, 277 et 349. (2) CL Bernard. Leçons sur les liquides de l'organisme, t. T, p. 266 et sui- vantes. (3) Pavy. Proceedings of the Royal Society of London, 17 juin 1875. 954 SOCIÉTÉ DE BIULOGIE mésaraiïques devenir rutilant en quelques minutes (moins de quinze minutes). La rulilance était pour nous un indice si sûr de la glycosurie pro- chaine qu’elle nous permettait d'annoncer la réussite de l’expérience. Elle nous indiquait, par exemple, que nous avions bien piqué le qua- trième ventricule au lieu d'élection et nous ne nous sommes jamais trompés dans nos prévisions. Dans une seconde série d'expériences, nous avons fait les mêmes traumatismes nerveux après nous être mis dans des conditions expéri- mentales qui évitent la glycosurie : ainsi, nous avons sectionné les splanchniques avant de piquer (2 fois) le quatrième ventricule ou de couper (1 fois) la moelle au niveau de la première vertèbre dorsale, nous avons aussi sectionné la moelle au niveau de la cinquième cervi- cale avant de piquer le quatrième ventricule. Dans tous ces cas, nous n'avons pas eu de sucre comme il est de règle et le sang porte est resté noir. Nous n'avons pas toujours pu, il est vrai, analyser les urines, les lapins n’en ayant pas sécrété avant leur mort. Sur un chien curarisé pour d’autres expériences qu'il venait de subir, la section de la moelle à la première dorsale, pratiquée devant nous par M. Hallion ne produisit pas la rutilance du sang porte et ne fut suivie d'aucune glycosurie. Bien mieux, des traces de sucre qui existaient avant la lésion médullaire disparurent après. Enfin, nous avons vu que le sang veineux de la grande circulation, des saphènes et des veines de l'oreille, ne devenait pas rutilant après piqûre du quatrième ventricule, bien que nous ayons observé les ani- maux pendant plus de deux heures et qu'ils eussent rendu depuis longtemps des urines sucrées. Claude Bernard (1) signale pourtant l'apparition de sang noir dans les artères carotides après quelques piqûres du quatrième ventricule. Dans toutes nos expériences, nous nous sommes assurés que les urines ne renfermaient pas de sucre avant l'opération, nous avons examiné ensuite les veines d’une anse intestinale, constaté que le sang porte était nettement noir, et réduit l’inteslin pour éviter le refroïdis- sement pendant que nous produisions la lésion nerveuse. Nous tenons à remercier, en terminant, MM. Gley, Laborde et Hallion, qui ont bien voulu nous initier à plusieurs des expériences que nous citons dans cette note. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) (4) CI. Bernard. Loc. cit., p. 277. SÉANCE DU 17 MARS 19 ©6 OC LE VOILE DU PALAIS, ORGANE DE GUSTATION, par M. le D° A. MarIau. La fonction gustative, selon les données de la physiologie classique, _ a pour siège exclusif la base et les bords de la langue. On sait le soin qu'ont pris les physiologistes de détruire les préjugés vulgaires qui rapportent au palais le point de départ des sensations gustatives. Le palais et le voile n’entreraient pour rien dans la perception des saveurs et leur rôle serait purement mécanique. L’expérimentation nous a pourtant conduit à constater que le palais a sa part dans l'acte de la gustation. Il suffit de porter au contact de la face inférieure du voile des substances sapides en dissolution, pour que la sensation se produise. Mais celte expérience, en apparence si simple, ne va pas sans soulever des difficultés et des objections. Une première cause d'erreur ou d'incertitude tient à l’imprécision du concept saveur. Ce mot doit être entendu dans un senstrès étroit. Il y a des fausses saveurs qui ne sont que des variétés de contact (saveurs pul- vérulente, gommeuse, äcre, fraîche), des demi-saveurs, si l’on peut dire, sensations mitoyennes entre le simple contact et la saveur vraie (saveurs alcaline, acide); il y a enfin des saveurs vraies et il n'y en a que deux : la saveur sucrée et la saveur amère. C'est sur ces dernières seulement qu'il convient d’expérimenter. Seconde cause d'erreur : la langue, toujours aux aguets, est là pour porter sa pointe au point impressionné et percevoir pour son comple la sensation. Une goutte de liquide peut couler jusqu'à son contact. Pour exclure la langue de l'expérience, il faut procéder de la facon suivante : Le sujet étant assis bien au jour, la bouche grande ouverte, la langue abaissée comme pour l'examen de la gorge, le palais est badigeonné . avec un tampon imbibé d'une solution sapide et égoutté. La solution est, ou sucrée ou amère, mais le sujet, qu'il ne faut pas suggestionner, n'en sait rien à l'avance. Il ne doit répondre, et répondre par une mimique convenue, que s'il perçoit une sensation : en levant la main droite si le goût est sucré, en levant la main gauche si le goût est amer. La langue, prisonnière sous l’abaisse-langue jusqu'à ce que la réponse soit donnée, reste entièrement étrangère à l'expérience. Douze sujets, soumis à cette expérience, ont perçu de la façon la plus netle des impressions gustatives. Ce pouvoir s'exerce au niveau de la face inférieure du voile, dans ses deux tiers postérieurs environ. Les sensations sont un peu moins intenses que celles qui sont procurées par la langue. Toutefois la sensation d’amertume présente un caractère de ténacité remarquable et un réflexe nauséeux intense l'accompagne habi- “tuellement,. Dans les condilions ordinaires, le pouvoir gustatif du voile s'exerce 256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE en même temps que celui de la langue, et la simultanéité des deux impressions, d'où procède une sensation unique, fait qu'elles échappent à toute analyse. Quelles sont les voies de conduction des impressions sensorielles parties du voile du palais? Tout nous porte à croire que c’est Le glosso- pharyngien, qui précisément envoie aux deux tiers postérieurs de la face inférieure du voile des filets émanés du plexus tonsillaire d'Andersch.° Cette opinion est confirmée par la ténacité des impressions d’amertume et par le réflexe nauséeux partis du voile : on sait en effet que le glosso- pharyngien est, par excellence, le nerf nauséeux. Nous n'avons pas eu l’occasion de rechercher les corpuscules du goût dans la muqueuse du voile. Conclusions. : - Le voile du palais est un organe accessoire de gusta- tion ; les impressions dont il est le siège partent» des deux tiers posté- rieurs de la face inférieure, et sont vraisemblablement transmises par le glosso-pharyngien. ee ae ne dns SUR UNE NOUVELLE BSPÈCE DE Palanoglossus (B. Kæhleri) HABITANT LES CÔTES DE LA MANCHE. Note de MM. M. Caurcery et F. MeEsnir. Les Entéropneustes ou Palanoglossus sont, parmi les diverses formes du règne animal, une de celles qui ont le plus excité la sagacité des zoologistes dans les quarante dernières années. Leur organisation si spéciale en fait un type isolé, dont les affinités ont été longtemps obscures, et sont encore ardemment discutées. Leur parenté avec les Echinodermes a apparu nettement à Metchnikoff quand il a découvert que la 7ornaria, si voisine des larves d’Astérides, conduit à un PBalano- glossus. Bateson a cherché à mettre en évidence leurs caractères com- muns avec les Chordés et l’idée qu'ils sont peut-être voisins de la souche des Vertébrés a rendu encore plus vif l’intérêt de leur étude. Toute donnée nouvelle sur ces animaux n'est donc pas négligeable. Nous voulons signaler ici une espèce nouvelle trouvée par nous dans l’anse Saint-Martin, près du cap de la Hague (1), et que nous décrirons plus complètement, avec figures, quand nous aurons pu examiner des matériaux plus abondants. Nous l’appellerons 2. Kæhleri. Elle rentre dans le genre Balanoglossus s. str. Spengel — Balanocephalus Har- (1) On ne connait jusqu'ici, sur Les côtes océaniques de France, que deux Balanoglossides, de grande taille, appartenant au genre très spécialisé Ptycho= dera. L’une d'elles a été trouvée par Kæhler dans les îles anglo-no rmandes. LI Le 5 SÉANCE DU 17 MARS 957 mer (1) et se rapproche surtout de 8. Auppferi Will.-Suhm, mais s’en distingue par des caractères indiscutables que nous nolerons à mesure. Nous n’en avons obtenu jusqu'ici, malgré des recherches longues et attentives (en septembre 1898, août et septembre 1899), que huit exem- plaires ; ils ont été trouvés dans de petits amas de graviers caillouteux et grossiers qui s'accumulent entre les rochers, au centre de l’anse, dans la zone des marées. Il est possible que cette station ne soit pas l'habitat normal de l'espèce et qu'il ne s’y rencontre que quelques indi- vidus égarés. Balanocephalus Kœhleri est une des plus petites espèces connues, sinon la plus petite. Il mesure 5-6 centimètres de longueur sur 1 milli- mètre à 4 mill. 5 de largeur maximum. Les individus de 4 centimètres ont déjà des glandes génitales très volumineuses et presque mûres. La couleur générale est jaune miel dans la partie antérieure et va en pälis- sant vers l'extrémité postérieure. Les testicules, chez le mâle, tranchent en blarc; les ovaires, chez les femelles, en rose. 4° Graxn. — Il est légèrement spatuliforme, un peu aplati dorso- ventralement, et se creuse souvent en une concavité ventrale. Sa lon- gueur est nettement double de sa largeur (différence avec 2. Xuppferi). Il est réuni au collier par un pédicule très mince. Sa paroi musculaire laisse au centre une cavité vaste, complètement dépourvue d'éléments cellulaires (contra, B. Kuppferi). Cette cavité cœlomique s'ouvre au dehors par un seul pore (il y en a deux chez B. Kuppferi) placé sur le côté gauche du pédicule du gland, à l'extrémité d’un canal, à paroi épi- théliale très nette, qui conduit dans la moitié gauche du cœlome. A hau- teur du groupe d'organes occupant la base du gland, un septum ventral va de ces organes à la paroi. La pièce squelettique occupe la position habituelle. Elle se prolonge dans le collier, comme chez les diverses espèces du genre Pulanoce- phalus en deux longues ailes ou crura. Dans sa portion médiane et prin- cipale, elle est en continuité avec un lissu dit chondroïde qui empâte souvent le col du diverticule pharyngien du gland. Ce diverticule (homologué souvent à la notocorde des vertébrés) a un col extrêmement étroit, souvent empâté par du tissu squelettique et dont la lumière presque virtuelle n’est jamais subdivisée en cavités secondaires. Au-dessus de la pièce squelettique, le diverticule pharyn- gien se dilate en une extrémité régulièrement cylindrique, assez courte, et dont l’épithélium rappelle absolument celui du pharynx. Il n’envoie pas, comme chez la plupart des autres espèces, un cæcum ventral, Il 4) S.-F, Harmer (Proc. Phil. Soc. Cambridge, X, 1899) démontre que le mot Balanoglossus doit disparaître comme nom générique et propose d'appeler Balanocephalus le genre particulier auquel Spengel avait conservé le nom de Balanoglossus. LISE 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne se prolonge pas non plus vers l'extrémité antérieure en un appen- dice vermiforme. La vésicule cardiaque, le sinus sanguin et le glomérule ne nous ont rien paru offrir de particulier. 2° CoLcLiER. — Sa longueur est environ le tiers de celle du gland. Nous noterons, dans cette région, comme particularités de l'espèce étu- diée : que le cœlome est presque libre, les éléments conjonctifs y sont très rares; que les deux septa dorsal et ventral sont intégralement con- servés (ces deux caractères ne se retrouvent pas chez 2. Kuppferi). Nous n’avons pas trouvé trace de ce que Spengel appelle les espaces périhé- maux et péripharyngiens. S'ils exislent, ils ne sont représentés que d'une facon rudimentaire. Les deux pores collaires sont bien développés et s'ouvrent dans la première fente branchiale. Dans le cordon nerveux du collier (Aragenmark de Spengel), rous remarquerons que la substance ponctuée n’entoure pas la partie cellu- laire, que les grandes cellules ganglionnaires sont peu nombreuses, enfin que l’on observe une série de petites cavités discontinues dispo- sées suivant l'axe, dans le prolongement des deux poches ectodermiques situées aux extrémités du cordon (1). 3° TRONC. — La cavilé générale n'est pas subdivisée par des sepla latéraux. La région branchiale a la structure particulière au genre Palanoce- phalus. Dans les plus gros exemplaires, elle offrait environ vingt cinq paires de fentes branchiales en c:, dont le squelette est peu développé et dépourvu de synapticules. Chez les individus jeunes, ces fentes s'ouvrent directement au dehors. Plus tard, l’ectoderme se soulève autour de cha- cune d'elles de facon à délimiter autant de pores branchiaux. La paroi de ces fentes est formée par un épithélium dont les noyaux sont placés sur plusieurs rangées, disposition jusqu'ici spéciale à 2. Auppferi. Il n’y a pas de diverticules hépatiques. Nous n'avons pas constaté de diverticule dorsal de l'intestin (Vebendarm de Spengel), ni de pores intestinaux post-branchiaux. Mais, pour l'étude des parties postérieures de l’animal, nous souhaiterions examiner encore quelques matériaux. Chez aucun des individus étudiés, il n’y avait de glandes génitales dans la région branchiale (différence avec Z. Auppferi). La région géni- tale fait donc suite à celle-ci. Il n’y à qu'une seule rangée de gonades de chaque côté du corps. Les ovules étaient peu nombreux dans chaque ovaire et volumineux. Ils atteignaient en effet 300 y et n'étaient proba- blement pas à leur complet développement. À cet égard, BP. AXæhleri se rapproche de P. Xuppferi. Nous ne savons rien sur le développement. (1) La disposition générale du système nerveux est naturellement la même que dans les autres espèces. Nous n'y insistons pas. SÉANCE DU 17 MARS 259 Nous n'avons relaté, dans la description précédente, que les points d'organisation qui pouvaient avoir un intérêt pour établir l'autonomie spécifique du Balanoglossus de la Hague. Il n’y a, suivant nous, aucun doute, que ce soit une espèce distincte de celles qui ont été signalées antérieurement. £{le participe des caractères de B. Kuppferi et de B. Kovalevskyi. Nous ne pouvons insister 1ci sur le détail de la comparaison. Nota. — En étudiant, à titre comparatif, des Ptychodera minuta de Naples, nous avons eu l'occasion d'examiner les productions mûri- formes que Kovalevsky et Spengel ont signalées dans la cavité générale et que le dernier de ces auteurs tend à considérer comme de nature parasi- taire. C'est également notre avis et nous rapprocherions volontiers cet organisme des Aplosporidies que nous avons définies il y a quelques mois (1). | CONTRIBUTIONS À LA PATHOLOGIE DES VAISSEAUX DE L'UTÉRUS, par M. le D' Huco Scawarz (de Budapest). Au cours des recherches que je fais actuellement au laboratoire d’his- tologie du Collège de France, sur le tissu élastique de l'utérus, j'ai observé des altérations particulières des vaisseaux dansles utérus séniles ressortissant pour part à l’angiosclérose, mais qui dans leur ensemble ont été mal interprétées dans leur nature. Davs un certain nombre de vaisseaux, tant artériels que veineux, l’in- tima est très considérablement hypertrophiée en même temps que l’on y rencontre différentes espèces des métamorphoses régressives, des nécroses, des calcifications, de la dégénérescence hyaline de la couche moyenne ainsi que de la néoformation conjonctive. L'intima hyper- trophiée est constituée surtout par des lamelles élastiques néoformées. Dans la couche moyenne se forment très souvent deux, trois lamelles semblables à la membrane limitante interne. Ce tissu élastique résiste pendant longtemps aux processus destructifs, mais à la fin il se frag- mente et disparait. Tout d'abord, ce sont les fibres élastiques les plus fines de la couche moyenne qui disparaissent. Ainsi ne voit-on pas de fibres dans les plaques hyalines de la couche moyenne; là où la couche moyenne est dégénérée dans toute son étendue, le tissu élastique fait complèlement défaut. Il se peut même que la lamelle limitante interne se fragmente et disparaisse partiellement ou entièrement. — Dans la couche interne, il en est tout autrement : alors que la couche moyenne est déjà complètement détruite, les lamelles élastiques de l'inlima sclérotique sont encore intactes, se colorent nettement et ne montrent aucune altération morphologique. L'’endothélium est intact et (4) Caullery et Mesnil. Comptes rendus de la Soc. de biologie, 14 octobre 1899, Biococie. Compres RENDUS. — 1900, T. LII. 21 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans la lumière du vaissau il y a du sang. Ainsi c'est l’intima hypertro- phique munie de lamelles élastiques abondantes qui prend le rôle de la couche moyenne détruite. À un stade encore plus avancé le tissu de l'in- tima subit lui aussi des métamorphoses régressives. En regard des lésions précédentes, lesquelles appartiennent à l'an- giosclérose, j'en ai observé d’autres qui ont été souvent vues mais toujours mal interprétées. Dans certains vaisseaux en effet, l’épaissis- sement de l’intima est insignifiant. Tandis que dansles vaisseaux dont je viens de parler ci-dessus, les trois couches de la paroi peuvent être distinguées l’une de l’autre, ici l’intima est entourée d'un anneau homo- gène dont l'épaisseur n’est pas en proportion avec la lumière du vaisseau et dans lequel il est impossible de distinguer les trois couches primi- tives de la paroi. | En colorant les coupes par du picro-carminate, ou par la solutiun de Van Gieson — on peut voir que l'intima sclérotique teintée en rouge est entourée d’une large masse homogène de coloration jaune; on ne remarque dans celte masse que de minces faisceaux conjonctifs rouges, quelques cellules conjonetives et par-ci par-là, on voit se grouper quelques cellules musculaires. Ces vaisseaux ne présentent ni calcification, ni nécrose, ni aucune autre espèce de métamorphoses régressives. Il y a des vaisseaux où une lumière de la grandeur d'une pointe d'épingle est entourée d’un anneau de 2-3 millimètres d'épaisseur. L'absence d’un apaississement appréciable de l’intima, ainsi que celle des variétés des métamorphoses régressives que j'ai mentionnées plus haut, témoigne que ce processus est absolument différent de celui de l’an- giosclérose. S'il subsistait le moindre doute, il serait levé par l'examen de coupes colorées par l’orcéine acide, soit par le nouveau liquide de Weigert (1). Les masses en question se colorent alors comme le tissu élastique ; elles n'apparaissent plus homogènes dans toule leur étendue, mais constituées par des conglomérats de blocs homogènes plus ou moins grands. La plupart de ces vaissaux sont des veines, les autres sont des artères, ce dont on peut se convaincre en examinant des stades moins avancés. On voit alors la membrane limitante interne considé- rablement gonflée; en dehors de celle-ci se trouve la tunique muscu- laire ; tout à fait extérieurement un anneau fort épais. Cet anneau est formé de grosses fibres élastiques gonflées, dont quelques-unes sont fragmentées. Dans des stades de plus en plus avancés, la membrane limitante et l'anneau externe se rapprochent jusqu’à ce que le tout se confonde en une seule masse de conglomérats élastiques. Plus tard la lumière se rétrécit au minima et on trouve même des endroits où au milieu d'une masse cylindrique épaisse, rien n'indique plus qu'il y ait eu la lumière d’un vaisseau si ce n'est la persistance de quelques cellules (4) Centralblatt für allg. Pathologie, 1898, Bd IX, n° 8/9. LR SÉANCE DU 17 MARS 261 endothéliales contiguës entre elles. Il me paraît très vraisemblable que par suite d’une compression concentrique de longue durée, produite par la masse homogène, le calibre a diminué et la membrane endothéliale s'est accommodée au fur et à mesure à la lumière qui se rétrécissait en éliminant les cellules superflues. J'ai observé aussi cette altération dans l'utérus de femmes jeunes. Il se peut qu’elle soit en rapport avec l'invo- lution que subit l’ulérus dans le puerpérium. Je continue mes recherches en ce concernant. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) SUR UN ORGANISME PARASITE DE L'INTESTIN D'OLOCRATES GIBBUS FAB. Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. À. Gran». J'ai rencontré dans le tube digestif de l’'Olocrates gibbus, Ténébrionide commun dans les dunes aux alentours du nouveau laboratoire de Wime- reux-Ambleleuse, un parasite que je crois nouveau et dont je signalerai seulement ici les principales particularités, ses affinités me paraissant encore indécises. Les individus infestés sont dans la proportion de 1 pour 4 ou 5. Chez ceux-ci, l'intestin moyen est rempli de petits corps en forme de bâtonnets effilés aux deux extrémités, les uns libres, les autres disposés côte à côte, réunis par petits paquets enveloppés d’une mince mem- brane et comprenant un nombre variable (souvent 5 à 20) de ces élé- ments. On dirait tout à fait des paquets de raphides que l’on rencontre dans certains tissus végétaux, d’où le nom de Æaphidospora que j'ai donné à ce parasite. Ces petits corps effilés mesurent environ 14 &: de long sur 1 u 5 de large. Ils sont limités par une mince paroi épaissie aux deux extrémités et mon- trent à leur intérieur des éléments ou germes filiformes ou mieux en forme de fuseau très allongé et disposés suivant des spires entrecroisées, ce qui permet difficilement de les compter à l’état frais. Mais si l’on fait des prépa- rations intensément colorées à la safranine puis fortement décolorées, on voit qu'il reste à l’intérieur des corps effilés quatre petits grains sphériques vive- ment colorés et toujours régulièrement disposés, deux vers le tiers supérieur, deux vers le tiers inférieur. Ceci me porte à admettre que le nombre normal de germes filiformes renfermés dans chaque corps effilé est de quatre, chaque grain chromatique représentant le noyau d'un germe. Dans les colorations à l’hématoxyline, il faut pousser très loin la décolora- tion pour mettre en évidence les quatre points nucléaires, car la portion des germes qui regarde le centre du corps effilé retient longtemps la couleur et apparaît alors sous forme de deux bandes entrecroisées, simulant deux noyaux allongés et se terminant exactement au niveau des grains chroma- tiques. Des coupes de l'intestin moyen montrent le parasite à ses états végé- tatifs ainsi que l'origine des corps effilés renfermant les germes fili- 262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE formes. L'évolution du parasite parait s'effectuer tout entière à l'inté- rieur des cellules épithéliales. Au début de l'infection, les parasites sont seulement répandus par plages dans la portion antérieure de l'intestin moyen, mais le plus sou- vent l'intensité de l'infection est telle, que sur la plus grande partie de l'intestin moyen, il n’y à pas une seule cellule épithéliale indemne. ‘évolution du parasite me parait être la suivante : Les corps effilés, qu'on peut considérer comme des asques ou des sporo- cytes renfermant les spores filiformes, représentent la forme destinée à pro- pager le parasite en dehors de l'hôte. Ils sont introduits dans l'intestin de l’insecte avec les aliments, et là, livrent passage à des germes filiformes qui gagnent les cellules épithéliales à l’intérieur desquelles ils prennent une forme plus massive et se multiplient rapidement par divisions successives. Les éléments parasitaires issus de cette multiplica- tion endogène restent dans la même cellule ou gagnent les cellules voisines qui sont ainsi envahies de proche en proche. Au terme de son évolution le parasite se transforme en un corps effilé pourvu d’une paroi (asque ou spo- rocyte) à l’intérieur duquel se forment les quatre spores filiformes par deux divisions successives du noyau. Finalement, les corps effilés sont expulsés de l’épithélium, gagnent la lumière intestinale, puis sont entrainés à l'extérieur avec les excréments. Je reviendrai d’ailleurs prochainement, dans une étude plus détaillée, sur cette interprétation qui demande à être précisée davantage, j'es- saierai en même temps de discuter les affinités de cet organisme qui tout en présentant de nombreux rapports avec certaines formes de Blas- tomycètes telles que Monospora Metchnikoff et Lecaniascus Moniez, n’est pas non plus sans analogie avec certains Sporozoaires (1). J'appellerai ce parasite Raphidospora Le Danteci, le dédiant à Félix Le Dantec à qui nous devons de précieuses études biologiques sur les Protozoaires. SUR L'ÉVOLUTION DE RAPHIDOSPORA LE DAnTECI LÉGER, Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. A. Grarp. Les cellules du tube digestif d’Olocrates gibbus fab., envahies par Raphidos- pora Le Danteci, sont facilement reconnaissables. Elles sont creusées d’une vacuole où sont logés les parasites et qui s'étend, le plus souvent entre le plateau et le noyau; ce dernier étant souvent refoulé, impressionné par la vacuole parasitaire. Une même cellule peut montrer plusieurs vacuoles parasitaires de taille variable, et il n’est pas rare d'observer des communications entre ces vacuoles d’une même cellule ou celles des cellules voisines, de sorte que l’épithélium est creusé de cavernes communiquant entre elles. (1) Le genre Raphidospora Léger me paraît présenter aussi des affinités bien nettes avec le parasite récemment décrit par V. Peglion sous le nom de Nematospora coryli. Voir V. Peglion, Sopra un nuovo blastomicete, parassita del frutto del Noccinola. Reale Acad. dei Lincei, vol. VI, série 5, fasc. 9, 7 nov. 1897 [Note de M. Alfred Giard|. SÉANCE DU 17 MARS 263 Dans ces vacuoles intra-cellulaires, non limitées par une paroi propre, se voient les divers stades du parasite : Ce sont d’abord les corps effilés décrits plus haut et parallèlement disposés comme des raphides, orientés suivant le grand axe de la cellule. On les dis- tingue immédiatement à cause de la coloration intense de leur contenu; leur nombre est variable dans chaque cellule et ordinairement en rapport avec la taille de la vacuole qui les contient. Puis, des corps allongés de même forme que les précédents, mais à paroi non différenciée, à protoplasma finement granuleux avec un noyau formé de quelques grains chromatiques réunis dans la partie médiane. Ces corps représentent sans doute le stade qui précède immédiatement celui de corps effilé. En outre, d’autres corps de forme et de taille variées se voient dans ces mêmes vacuoles. Les plus petits mesurent à peine 2 à 3 & el sont ovoïdes; d’autres sont un peu plus grands et de forme plus allongée, 7 à8 u, mais de cons- titution identique, protoplasma clair ou très finement granuleux, sans paroi visiblement différenciée avec un noyau représenté par un petit corps chroma- tique entouré d'une zone claire. Quelques-uns montrent une vacuole. Souvent ces corps sont placés bout à bout comme s'ils provenaient d’une division transversale ; il y en a qui possèdent d'ailleurs deux noyaux, ce qui me fait adopter volontiers cette hypothèse. D'autres corps parasitaires enfin, présentent toutes les tailles intermé- diaires entre les précédents et les formes plus allongées qui donnent nais- sance aux corps effilés. Ils sont souvent fusiformes ou renflés en massue à une extrémité, l’autre élant pointue; la structure est toujours la même et il n'y a ordinairement qu’un seul noyau. Rarement, j'ai observé des formes massives avec Cinq ou six gros drains chromatiques. Tous ces corps ne m'ont pas paru doués de mouvements actifs, mais ce point demande de nouvelles observations. Une même vacuole peut renfermer tous ces divers élats du parasite, ce qui me porte à admettre que chaque corps effilé évolue séparément et représente avec ses germes filiformes, le terme de l’évolution de l'être. Certaines cel- lules, en ‘effet, ne montrent encore qu’un petit corps parasitaire en massue, logé dans leur protoplasma et entouré d’une zone claire. C'est le début d’une vacuole parasitaire qui me paraît résulter de la diges- tion du plasma cellulaire par le parasite. D’autres renferment déjà plusieurs parasites ovoides ou fusiformes de tailles variées et pressés les uns contre les autres dans une vacuole plus spa- cieuse. Enfin, apparaissent les corps effilés, tandis que les états végétatifs continuent à se multiplier dans la cellule sous les formes indiquées plus haut. La cellule infestée ne paraît pas tout d’abord souffrir de cet hôte encom- brant. Son noyau ne m'a jamais paru altéré, si ce n’est dans sa forme. Quant au cystoplasma, il est peu à peu digéré par le parasite qui creuse ainsi sa vacuole située ordinairement entre le noyau et le plateau. Finalement, cette portion de la cellule transformée en une vésicule bourrée de corps effilés, se détache et tombe dans la lumière intestinale avec ses parasiles auxquels elle constitue une mince enveloppe protectrice, tandis que le pied de la cellule et le noyau dégénèrent et restent longtemps visibles dans l’épithélium, sous forme d'une traînée vivement colorée. 264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — NOTE SUR LES MODIFICATIONS HISTO-CHIMIQUES DE LA MUQUEUSE GASTRIQUE DU CHIEN SOUS L'INFLUENCE DE QUELQUES SUBSTANCES MÉDICAMENTEUSES, par MM. A. Taé£onart et E. Vayas. Il est de notion courante que les substances toxiques produisent à haute dose, des lésions gastro-intestinales intenses, des destructions de la muqueuse avec ulcérations. L'action des substances médicamen- à teuses administrées aux animaux à dose usitée en thérapeutique est bien moins connue. Dans le but d'arriver à préciser davantage les troubles histo-chimiques survenant à la suite de l’ingestion de quel- ques médicaments usuels, nous avons fait ingérer de l’iodure de potas- « . sium à cinq chiens, de l’arsénite de potasse à deux et du salicylate de soude à deux autres animaux. Nous avons préalablement pratiqué l'analyse du suc gastrique après repas d’épreuve (avant et après l'expérience); cette analyse a consisté dans le dosage du chlore par la méthode Hayem-Winter et en outre dans l'examen du pouvoir digestif (par son action sur la fibrine en liquide chlorhydrique). De plus, nous avons recherché le pouvoir digestif de la muqueuse, l'animal en expérience une fois sacrifié. Iodure de potassium. — Cinq chiens ont recu par la sonde œsophagienne en moyenne 40 grammes d'iodure pendant six semaines; ils ont été sacrifiés entre la 5°et la 7° heure de la digestion. Les cellules principales présentent un réticulum cytoplasmique très apparent dans toute leur étendue. Leur portion basale, ne présente aucune trace de différenciation en filaments basaux mi en granulations acidophiles; les colorants neutrophiles, le violet de gentiane, ne montrent aucune grosse granulation dans les mailles du réseau. La conclu- sion histologique, c’est que les cellules principales ne fabriquent plus de grains de ferment. Au point de vue chimique, l'analyse faite dans deux cas, montre. une aug- mentation du chlore total, du chlore fixe, tandis que le chlore organique est diminué dans de très fortes proportions (0,122 avant l'expérience, 0,0#après; dans le deuxième cas, 0,224 avant et 0,031 après l’iodure). La muqueuse mise à digérer en entier (débarrassée du pylore), n’a montré aucun pouvoir digestif sur la fibrine. S L'arsénite de potasse, administré à dose progressive jusqu’à 8 centigrammes par jour (durée totale 42 jours), n’a donné aucune modification des cellules principales ; les animaux ayant été sacrifiés toujours entre la 5° et la 7° heure, ces cellules présentent des filaments basaux, des granulations acidophiles et de grosses granulations de ferment, absolument comme à l’état normal. Les cellules de bordure sont normales. L'analyse chimique montre une légère diminution du chlore sous toutes ses formes et la muqueuse a un pouvoir digestif net. ; Le salicylate de soude, administré à la dose de 10 grammes par jour, n’a donné aucune modification des cellules principales qui se montrent bourrées de grains de zymogène. Le chlore, sous toutes ses formes, est légèrement diminué. La muqueuse a un grand pouvoir digestif. En somme, les recherches histo-chimiques que nous avons faites à propos de l'effet de l’arsénite de potasse et du salicylate de soude, ont donné des résultats négatifs au point de vue des altérations cellulaires; (er: SÉANCE DU 17 MARS 26 mais ces recherches montrent que lorsque les cellules principales présentent des filaments basaux, des fines trainées de granulations acidophiles et de grosses granulations neutrophiles dans les mailles, la muqueuse gastrique offre un pouvoir digestif intense. L'iodure de potassium au contraire, amène la disparition de ces for- mations cellulaires, la cellule est réduite à son réticulum; ce fait histo- logique se traduit par la suppression du pouvoir digestif de la muqueuse. En outre, la diminution considérable du chlore organique que nous avons notée chez nos chiens, a été constatée par M. le professeur Hayem chez les malades traités par les iodures. Nos recherches histo-chimiques justifient l'importance que MM. Hayem et Winter accordent au chlore organique pour l'appréciation du travail digestif. Ainsi donc, l’iodure de potassium amène des modifications intéres- santes pour la physiologie des cellules glandulaires; on peut les résumer dun mot, en disant que les cellules principales de l'estomac ne fabriquent plus de pepsine. (Travail des laboratoires de MM. les professeurs Gautier et Hayem.) NOTE SUR LA RÉGÉNÉRATION EXPÉRIMENTALE DE L'OVAIRE, par M. AMÉDÉE PüGNAT. Dans le but d'étudier la régénération expérimentale de l'ovaire, nous avons, chez des lapines jeunes et adultes, extirpé la moitié de cet organe en le sectionnant dans le sens de son plus grand diamètre ; les animaux ainsi opérés ont été sacrifiés au bout de laps de temps variables. Les coupes en série d’un certain nombre d'ovaires nous ont permis de constater les faits suivants : il se produit rapidement après l'opération une très forte hyperhémie de tout l'organe, qui dure de trois à cinq jours ; les capillaires extrêmement dilatés dessinent par place un réseau à mailles serrées et le stroma ovarien est tout entier infiltré de globules rouges. - En même temps que se produit cette hyperhémie, l'épithélium germi- nalif prolifère ; on constate déjà au troisième jour qui suit l'opération que les cellules épithéliales dans la région moyenne de l'ovaire, située à égale distance de ses deux extrémités, commencent à recouvrir les bords de la surface cruentée et qu’au cinquième jour elles forment sur elle une couche ininterrompue. Dans de nombreux cas, nous avons observé que la surface mise à nu par l'hémisection était rapidement recouverte par du tissu conjonctif ambiant : l'épithélium germinatif se glisse alors entre cette couche pro- tectrice et la surface de l'ovaire et parfois même recouvre ce tissu con- jonctif, qui devient alors partie intégrante de la portion régénérée. La prolifération conjonctive semble être plus tardive que celle de 266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’épithélium ; on voit cependant, cinq jours après l'opération, apparaître au sein du stroma des nids de grosses cellules polynucléaires, qui pren- nent peu à peu l’aspect de cellules conjonctives. Au bout de quinze jours environ, la région moyenne de l'ovaire est complètement régénérée et en quarante Jours l'organe tou entier récu- père sa forme et sa structure normales. 11 ressort des faits par nous observés que l’épithélium germinatif se reproduit par voie de continuité, que sa régénération est isogène ; l'exa- men des coupes en série nous a en effet montré que les cellules nouvel- lement formées de cet épithélium sont en continuité avec celles qui revêtent la moitié de l'ovaire respectée par l'opération ; dans les endroits mêmes où il semble que l’épithélium se constitue sur place, l'étude des coupes permet de constater qu'il est en relation directe avec le reste de l’épithélium germinatif. Au cours de la régénération, la production des ovules continue et parait s’exagérer ; la couche nouvelle de l’épithélium CHRIS ne tarde pas du veste à en former abondamment. L'ovaire possède donc, au moins chez le lapin, le seul animal sur lequel nous avons expérimenté jusqu'ici, une puissance régénératrice considérable qui lui assure, en cas de mutilation, une rapide restitution de sa structure et de ses fonclions ; c’est cette propriété qu'il y a peut- être lieu d'utiliser en gynécologie dans les opérations qui portent sur lui. SUR LE COCCOBACILLE HÉMOPHILE (COCCOBACILLE DE PFEIFFER), par M. GEORGES ROSENTHAL. Nous avons pu réunir et étudier dix-neuf cas de bronchopneumonie infantile, dont quinze étaient dus au coccobacille de Pfeiffer, pur dans deux cas, un bénin, l’autre mortel, associé dans les treize autres cas avec le pneumocoque, le streptocoque, et un microbe présentant, comme l'entérocoque de Thiercelin, des caractères à la fois du pneumocoque et du streptocoque, le diplostreptocoque. Pfeiffer a fait du « coccobacille hémophile » [ainsi qu'il faut le dési- gner pour rappeler son principal caractère] le microbe de la grippe parce qu'il le trouvait dans tous les cas de grippe. Or, nous voulons insister sur les faits suivants : 4° M. Metchnikoff nous a déclaré que Pfeiffer ne retrouvait pas son microbe dans la grippe au cours de l’année 1899; 2° Nous avons trouvé le bacille de Pfeiffer dans des broncho-pneumo- nies, alors qu'il n’y avait aucun cas de grippe à Paris; 3° En pleine épidémie de grippe, en étudiant parallèlement deux cas absolument semblables, l’un nous a donné du streptocoque pur Der 1e SÉANCE DU 17 MARS 267 (obs. XIII), l'autre nous à donné du steptocoque associé au coccoba- cille hémophile; _ 4 Il n'existe aucun caractère clinique permettant de supposer la présence du coccobacille hémophile dans les cas étudiés ; 5° De nombreux auteurs ont trouvé le coccobacille hémophile dans la flore des cavernes pulmonaires l'expectoration bronchique des pneu- moniques (Elmassian). . Nous concluons donc que le coccobacille hémophile est un microbe ordinaire de la flore pathologique du poumon : il n’est pas le bacille de la grippe. Nous désirons, d'autre part, insister sur quelque points de son histoire biologique que nous croyons avoir éclaircis. On sait que Pfeiffer a séparé de son coccobacile le « pseudo-influenza bacillus » que Grassberger a dédoublé le microbe de Pfeiffer en espèces A et B, qu'Elmassian a décrit un organisme semblable au coccobacille hémo- phile mais poussant sur des milieux organiques additionnés d’agar, sans hémoglobine. Le pseudo-bacille de l’influenza de Pfeiffer a des formes plus longues, et une tendance particulière à donner des formes d’involulion. L'espèce A de Grassberger est identique au coccobacille de Pfeiffer, l'espèce B présente dès le début des cultures à la fois des formes courtes et des formes longues avec ou sans pôles renflés en massue. Or, il nous est arrivé que des ensemencements d'organes différents d’un même malade nous aient donné tantôt du coccobacille à formes courtes, tantôt du coccobacille à forme longues; bien plus, le même ensemencement nous a donné dans des tubes différents les formes courtes et longues, — et nous avons, dans des repiquages passé de l’une à l’autre forme. Donc le pseudo-bacille de l’influenza, les espèces A et B de Grassberger sont identiques au coccobacille de Pfeiffer. Le microbe d'Elmassian ne diffère du coccobacille de Pfeiffer que parce qu'il pousse sur agar ascile. Or, les échantillons de coccobacille de Meunier, de Dujardin-Baumetz poussent aussi sur agar ascite. Les nôtres, sur lesquels nous avons vérifié toutes les réactions et expériences de Pfeiffer et Grassberger ont poussé sur agar liquide d’hydrocèle. Aucun n’a poussé sur agar sérum de cheval. Or, c’est l'emploi de ce milieu qui a fait dire à Pfeiffer que le cocco- bacille hémophile ne poussait pas sur agar sérum; comme Meunier et nous- même l'avons dit dans une première communication. Donc, le microbe d’'El- massian doit être réuni au coccobacille hémophile. Dans les cultures et les examens du microbe, de plus, nous avons noté quelques faits intéressants : a) L'emploi des tubes de Zuber-Veillon, pour les cultures anaérobies nous a montré que le coccobacille hémophile était strictement aérobie. b) On peut obtenir des très belles cultures liquides, soit dans le liquide de condensation des tubes d’agar hémoglobine, soit en ensemençant le sérum de lapin laissé en contact du caillot sanguin et ayant redissous une forte propor- tion d'hémoglobine. c) Le coccobacille hémophile peut décolorer rapidement la gélose teintée d'hémoglobine, au point de nécessiter, pour éviter toute erreur, l'examen de l'étiquette du tube. d) Dans les cultures mixtes, nous avons noté que l’on obtenait des résultats beaucoup meilleurs en réensanglantant le milieu quelques heures après l’en- 268 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_———ZEEZ semencement, et surtout en ne surpiquant le staphylocoque doré, microbe de choix, que vingt-quatre ou quarante-huit heures après. Dans ce cas, la surface entière du tube se recouvre de colonies visibles à l'œil nu, légèrement bleu- tées, ayant environ de 1 à 3 millimètres de diamètre. Les plus belles colonies ne sont pas toujours les plus rapprochées du microbe fertilisant, e) Le coccobacille hémophile est auto-inoculable, c’est-à dire qu'en étalant sur la gélose une colonie bleutée, on obtient une colonie en nappe, arrivant à avoir l'apparence des cultures jeunes du bacille d'Eberth. f) L'action fertilisante des microbes pour le coccobacille hémophile est quelquefois double et se complique d’une action inverse sur le microbe favo- risant, car dans des cultures mixtes de streptocoque et de coccobacille hémo- phile, nous avons trois fois obtenu des cultures de streptocoque ayant l'aspect staphylococcien. Les repiquages redonnaient les aspects normaux. Les cultures mixtes de pneumocoque et de coccobacilie hémophile permettent de garder deux et trois mois le pneumocoque vivant en culture. Enfin, nous avons expérimenté le coccobacille associé avec des microbes de virulence variable : a) La souris inoculée avec un mélange de pneumocoque et de cocco- bacille hémophile meurt de septicémie à pneumocoques purs. b) Le coccobacille de Pfeiffer, associé au méningocoque que nous avons étudié avec Thiercelin, ne lui rend pas sa virulence. c) Le lapin inoculé dans le poumon avec un mélange de coccobacille de Pfeiffer et d'une culture très ancienne de staphylocoque doré non virulent meurt de congestion pulmonaire en quelques jours. Ce résultat est à rapprocher de l’innocuité ordinaire des injections de coccobacille pur et de la gravité des injections intra-craniennes. Il pourra devenir le point de départ de nos recherches d’immunisation. | En terminant, nous désirons répéter après Meunier combien cette re- cherche du coccobacille est délicate. Difficile à colorer, difficile à cultiver, le coccobacille est passé longtemps inapercu. Nous espérons avoir contri- bué à montrer qu'il est un microbe ordinaire des voies respiratoires (1). (Laboratoire de M. le professeur Grancher.) DÉGÉNÉRESCENCE DES CELLULES SÉMINALES CHEZ LES MAMMIFÈRES, EN L'ABSENCE DE TOUT ÉTAT PATHOLOGIQUE, par M. CL. Recaup (de Lyon). I. — On sait depuis longtemps, que les follicules ovariens subissent en irès grand nombre et à toutes les époques de la vie génitale, une régression s’exécutant d'après des modes divers. Ce phénomène est connu sous le nom d'atrésie des follicules (Henneguy (2) (1893). Il en résulle que l'immense majorité des ovules formés n'atteignent pas le (4) Voir Société de biologie, 29 avril 1899, et Rosenthal, Thèse de Paris, 1900. (2) Henneguy (L.-F.), 1893, C. R. Acad. Sc. de Paris. — 1894, Journ. de l’Anat. et de la Phys., etc. Recherches sur l’atrésie des follicules de De Graaf. SÉANCE DU 17 MARS 269 terme normal de leur évolution, et qu'un petit nombre seulement sont mis en liberté, capables d’être fécondés. En ce qui concerne le testicule, la dégénérescence des cellules séminales a été plusieurs fois signalée au cours d'états pathologiques. Je citerai particu- lièrement les travaux de Mathieu () (1897) et de P. Bouin (2) (1896-1897). Prenant (3) (1887) a montré qu'un grand nombres de cellules séminales dégé- nèrent, chez des animaux sains, pendaut la période préspermatogénétique. P. Bouin a étudié les phénomènes cytologiques anormaux observables dans les cellules séminales, soit pendant la préspermatogénèse, soit chez des animaux adultes après interruption dans la continuité des voies spermatiques. Récemment j'ai montré (4) que la dégénérescence des cellules séminales s'observe même à l’état normal sur des sujets adultes. Elle se présente sous deux formes principales : 1° la desquamation massive de l’épithélium séminal sur une étendue plus ou moins grande (tubes séminifères à épithélium disloqué et caduc), déterminant la formation de bouchons cellulaires qui s’éliminent à travers les portions de tubes restées saines; 2° la dégénérescence isolée des cellules séminales. Dans le même travail, j'ai décrit les formes diverses que revêtent chez le rat les noyaux des spermatides évoluant en spermatozoïdes abortifs. II. — Depuis quelques mois, j'ai observé de nouveaux faits qui permettent de considérer la dégénérescence des cellules séminales comme un phénomène absolument constant chez les mammifères adultes et sains. J'ai rencontré des cellules séminales dégénérant isolément, aussi bien que des bouchons de cellules séminales prématurément déta- chées de l’épithélium, dans tous les testicules que j'ai eu l’occasion d'examiner. Mes recherches ont porté sur une trentaine d'individus appartenant aux dix espèces suivantes : rat, cobaye, lapin, marmotte, hérisson, chat, chien, porc, cheval, homme. Les teslicules étaient, dans la grande majorité des cas, absolument normaux, mais se trouvaient dans des conditions d'activité spermatogénétique très variées. J'en con- clus que la dégénérescence d’un certain nombre de cellules séminales est un phénomène constant dans le testicule normal. III. — Le nombre des cellules séminales dégénérées est très variable. (4) Mathieu (Ch.), 1897, Bibliographie anatomique, t. V, État du tube sémi- nifère dans un testicule sarcomateux. (2) Bouin (P.), 1895, Bibliogr. anat., De quelques phénomènes de dégénéres- cence cellulaire dans le testicule jeune des mammifères, — 1896, Bibliogr. anat., À propos de quelques phénomènes de dégénérescence dans les cellules en activité karyokynétique du testicule jeune des mammifères. — 1897, Bibliogr. anat. Involution expérimentale du tube séminifère des mammifères. — 1897, Bibliogr. anat., Mitoses et amitoses de nature dégénérative, etc. — 1897, Arch. d'anat. microsc., t. 1, et Th. de Nancy, Phénomènes cytologiques anormaux dans l'histogénèse el l’atrophie expérimentale du tube séminifère. (3) Prenant, Th. de Nancy, 1887. Etude sur la structure du tube séminifère des mammifères. (4) Regaud, 1899, Bibliogr. anat., t. VII. Notes sur la spermatogénèse des mammifères, etc. On à cd 270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans les testicules qui fonctionnent avec une activité normale, il est généralement faible. Chez les mâles (cobayes, lapins) isolés pendant longtemps loin des femelles, le nombre des cellules séminales dégénérées est considérable. Après le coït, surtout quand il dure longtemps (chiens), ou quand il a été plusieurs fois répété (un verrat ayant couvert plusieurs truies en quelques heures), l'épithélium séminal subit des modifications remarquables. Dans les nouvelles générations de cellules séminales, le nombré des cellules dégénérées ou monstrueuses est considérable. J'ai fait une constatation analogue dans les testicules de deux suppliciés qui se livraient à une masturbation excessive. Chez les mammifères hibernants, le ralentissement qui précède l'arrêt hibernal de la spermatogénèse s'accompagne de la production de nom- breux éléments séminaux abortifs. Je ne sais pas encore ce qui se passe au moment du retour printanier de la fonction. La vieillesse (chat, cheval) fait aussi apparaître de nombreuses cellules séminales dégénératives. Enfin, il y a des variations évidentes suivant les espèces. IV. — La dégénérescence peut atteindre toutes les formes cellulaires présentes dans l’épithélium séminal (noyaux de Sertoli, spermatogonies, spermatocytes et spermatides), à un moment quelconque de leur évolu- tion. Mathieu, puis Bouin ont remarqué, à propos de testicules patho- logiques, que la dégénérescence frappe les cellules d'autant plus facile- ment qu'elles sont plus voisines du terme de la spermatogénèse (sper- matozoïde). La karyokinèse est également un moment critique; elle est souvent suivie de la dégénérescence immédiate des cellules filles. Je donnerai dans un travail ultérieur quelques renseignements sur la manière dont se comportent les diverses parties constituantes des cel- lules, pendant la dégénérescence. | V. — Les causes de la dégénérescence sont complexes. Je mets au premier rang la perturbation dans le contact entre les cellules sémi- nales proprement dites et le syncytium nourricier (cellules de Sertoli) dans lequel elles sont plongées. Les anomalies dans la karyokinèse, qui sont souvent la cause immédiate de la dégénérescence, sont, sans doute, subordonnées à la cause générale précédente. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) SÉROTHÉRAPIE DANS LES RHUMATISMES A STREPTOCOQUES, par M. BoucaERoN. La notion moderne des rhumatismes microbiens, comme l’a si bien dit M. Charrin, ne détruit aucune des acquisitions anciennes sur le rhumatisme, en particulier sur l’état acide des sujets, sur l'influence des SÉANCE DU 17 MARS 271 perturbations du système nerveux, de l’hérédité, du froid humide, de la suralimentation azotée, de l’oxygénation insuffisante, du défaut d'exercice, du surmenage intellectuel, sensuel et musculaire, etc. Les données thérapeutiques correspondantes restent toujours indi- quées. Mais maintenant qu'il est établi que nôs parasites habituels et leurs toxines, staphylocoques, streptocoques, colibacilles, etc., pour les rhuma- tismes subaigus; et les anaérobies pour les rhumatismes aigus, et peut-être aussi pour les rhumatismes subaigus et chroniques, font partie des agents de la maladie. Des indications nouvelles ont surgi. Si nous possédions les sérums de tous ces microbes, nous serions peut-être embarrassés pour déterminer celui qui convient dans chaque cas, quoique les rhumatismes paraissent être ordinairement des affections polymicrobiennes, avec prédominance de l’un des microbes dans l’associalion. Aujourd'hui, nous ne sommes en possession que du sérum antistrep- tococcique. C’est donc le seul auquel on puisse avoir recours. Dans les rhumatismes subaigus où le streptocoque est prépondérant, le sérum de Marmorek, adjoint à la thérapeutique traditionnelle des rhumatismes, donne des résultats supérieurs, à ceux que donne la thé- rapeutique traditionnelle seule. Je m'en suis assuré, depuis 1897 (1), surtout dans les rhumatismes oculaires, dans l’iritis en particulier, où j'ai quelque compétence. — Dans l'iritis, il y a une évolution cyclique, de deux, quatre el même six poussées successives et subintrantes. — Avec la sérothérapie antistrep- tococcique, adjointe à la thérapeutique traditionnelle, on oblient, pour ainsi dire, préventivement, la suppression des poussées, ultérieures à l'emploi du sérum. Chez les rhumatisants qui ont eu des affections streptococciques, antérieurement aux rhumatismes, érysipèle, angine, rhinite, bronchite à streptocoques; ou bien des lymphangites, urétrites, vaginites, salpin- gites, métrite à slreptocoques; le nombre de ces malades est déjà grand — le sérum antistreptococcique, toujours adjoint à la thérapeu- tique traditionnelle, donne des résultats brillants. C’est d’ailleurs, chez une malade atteinte de rhinite à streptocoques et soumise au sérum de (1) Boucheron. Sérothérapis antistreptococcique dans la sinusite maxillaire et dans le phlegmon aigu à streptocoques du sac lacrymal. Soc. de biol., 271 février 1897; — Sérothérapie dans certains rhumatismes à streptocoques, et dans certaines iritis rnumatismales. Soc. de biol., 3 avril 1897; — Sérothé- rapie dans le phlegmon du sac lacrymal. Soc. d'ophtal, de Paris, 6 juillet 1897; — Sérothérapie antistreptococcique dans certains rhumatismes à streptocoques, 2° note. Soc. de biol., 23 octobre 1897. Boucheron. Sérothérapie dans certaines iritis rhumatismales. Soc, française d'ophtalm., 5 mai 1898. 272 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Marmorek que j'observai pour la première fois, et sans le chercher, la disparition d'un rhumatisme subaigu de l'épaule. — Ce fut là le point de départ de mes recherches sur la sérothérapie dans le rhumatisme à streptocoques. J'ai, d'autre part, déjà signalé (Société de Biologie) (1) que l'asthme, qui fait partie des affections arthritiques, a, dans quelques cas, remar- quablement bénéficié du sérum de Marmorek. Il s'agissait d'asthme, dit nasal, par rhinite et angine à slreptocoques. Certaines névralgies de la face, liées à la streptococcie du sinus, des cavités du nez et de la gorge, — comme les névralgies liées à la strep- tococcie des cavités utéro-salpingo-vaginales, — trouvent dans le sérum antistreptococcique un agent thérapeutique efficace. D'ailleurs, M. Pinard, suivant un autre ordre d'idées, concernant tou- tefois les streptococcies de l'appareil génital de la femme, emploie maintenant le sérum antistreptococcique préventivement à tout accou- chement. (Société d'hygiène et de médecine publique, séance de fé- vrier 1900.) En un mot, la streptococcie à manifestations rhumatismales, névral- giques, arthritiques, quoique souvent associée à d’autres coccies, trouve dans le sérum antistreptococeique, associé à la thérapeutique, à l'hygiène et au régime traditionnels, un agent thérapeutique incontestable. Par l’atténuation de la virulence des streptocoques, obtenue grâce au sérum, l'organisme, débarrassé d’un important ennemi, lutte plus efficacement contre les autres parasites dont nous n'avons pas le sérum. Dose du sérum antistreptococcique : Pour des affections subaiguës, il convient d'employer les doses faibles et répélées, et non les doses mas- sives, utiles dans les infections suraiguës. Un quart de centimètre cube, chaque jour, ou tous les deux jours selon l’urgence du cas, est injecté sous la peau. Quand il à été constaté que le sujet accepte sans inconvénient cette dose, on peut employer un demi-centimètre cube de la même manière. Ultérieurement, un centimètre cube, rarement davantage. Même à ces faibles doses, on observe fréquemment des réactions locales et parfois générales (mouvement fébrile). C’est le plus souvent après la troisième ou quatrième dose qu'apparaissent Les réactions cutanées, même sur les anciennes piqüres. Ces réactions, de peu d’impor- tance, cessent bientôt, par l'effet d'une vaccination qui ne laisse plus que l’action utile du sérum. Cette action spécifique contre le strepto- coque s'accompagne d’une remarquable stimulation de tout l'organisme. (1) A.et F. Boucheron. Sérothérapie antistreptococcique dans l’asthme. Soc. de biol., 30 avril 1898. SÉANCE DU 17 MARS 21 HYPOTHERMIE CHEZ CERTAINS ARTHRITIQUES, par M. BoucHERoN. L'importante note de M. Charrin, sur la nature du rhumatisme, venant après l'intéressante communication de MM. Oppenheim et Lippmann, sur les microbes anaérobies qu'il ont retrouvés dans le sang et dans la sérosité pleurale de rhumatisants aigus, microbes analogues à ceux de Triboulet et Coyon, et à celui d’Achalme et Thiroloix, m'incite à vous apporter une contribution à la question du rhumatisme. Je rappellerai d’abord que j'ai constaté autrefois (Soc. de Biologie) la présence de l'acide urique dans la salive, souvent en proportion à peu près égale à l'acide urique de l'urine, autant qu’on en puisse juger pro- visoirement par la réaction de la muréxide, qui a servi à le caractériser chez certains sujets. L'acide urique est excrété par la salive dans l'intervalle des repas. Il disparaît instantanément de la salive aussitôt qu'un corps sapide, en contact avec la langue, vient exciter la sécrétion ptyalinique. J'ajoute que l'acide urique de la salive se montre même chez des rhumatisants microbiens, selon la nouvelle doctrine du rhumatisme, ce qui me parait fournir une indication du régime peu axoté, chez ces rhumatisants. Un autre point sur lequel je désire attirer votre attention, c'est l'Aypothermie fréquente chez les arthritiques adultes dans l'intervalle des poussées rhumatismales. La température axilluire descend à 36°6, 36°4, 36°2, et même chez quelques sujets plus âgés ou plus atteints à 36 degrés et 35°9. La température rectale ou vaginale est supérieure à la température axil- laire de 3, 4 à 5 dixièmes de degré, et même 6 à 8 dixièmes quelquefois. C'est la traduction de leur tendance au refroidissement, de la sensa- tion au froid qu'ils éprouvent et de leur besoin de se couvrir de vête- ments épais. (Il y a toutefois des arthritiques qui sont plutôt en hyperthermie et per- çcoivent généralement une sensation de chaud. C’est une autre catégorie). Wunderlich (Température dans les maladies, trad. Labadie-Lagrave) dit « qu'une température sous-normale chez des individus, sains en apparence, et ne se trouvant pas dans des conditions anomales, indique que l'organisme ne possède pas sa complète intégrité ». - L'hypothermie se rencontrant ainsi au nombre des symptômes de cet état morbide, insuffisamment défini encore, que nous appelons arthri- tisme, il y a lieu de s'inléresser à ce signe qui est physique, mesurable, et, par là, fort important. Comme la précision absolue est difficile à obtenir en thermométrie, je soulignerai que l’'hypothermie des arthriliques est toute relative, qu'elle est analogue à l'hypothermie, observée communément après la défer- L'on à 2 T4 274 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vescence de la fièvre typhoïde et admise par tous les cliniciens. On la constale dans les mêmes conditions cliniques, en prenant la tempéra- ture matin et soir au lit. Je ne développerai pas le sujet aujourd’hui, je me contenterai de signaler une de ses conséquences diagnostiques. Ainsi, un sujet en état d'hypothermie habituelle, vient-il à être atteint d'une fièvre légère, il est facile de reconnaitre les signes apparents de cette fébricule ; mais, applique-t-on à l’aisselle le thermomètre, il marque 37%, 37°4 ; on est porté à conclure à l'absence de fièvre. Et cependant, il y a un degré de fièvre, aussi légilimement qu’à 38°2, chez un sujet dont la température habituelle est 37°2. Cette erreur de diagnostic porte assurément préjudice au patient. C'est, d’ailleurs, en observant les fébricilants à température basse, que, frappé de la discordance du thermomètre avec les signes évidents de Ja fièvre, j'ai fini par trouver le pourquoi de ce désaccord SPDREAS c'est-à-dire l’hypothermie habituelle des sujets. Ces sujets étaient des arthritiques, à nutrition retardante, selon la dénomination du professeur Bouchard. L’hypothermie mesure, en quelque sorte, le déficit de leur nutrition. Mais les travaux modernes, surtout ceux de Bouchard, Charrin et leur école, ont montré que, dans les rhumatismes, il y a des facteurs microbiens qui concourent à l’ensemble de l’état morbide. L’hypo- thermie est-elle due aussi, en partie, à l’action microbienne ? L'hypo- thermie est-elle aussi fonction de l'infection chronique ? C’est probable. Car l'hypothermie existe aussi dans l'infection tuberculeuse et la tem- pérature de 37 degrés est une température fébrile chez les tuberculeux (Sabourin de Durtol). L'hypothermie qui persiste plus ou moins longtemps après l'infection typhoïdique et après l'infection grippale, semble confirmer l'influence de l'infection prolongée sur l'abaissement de la température chez l'homme. Nous dirons donc qu’il y a une hypothermie des arthritiques, et, plus généralement, une hypothermie des infectés chroniques, à côté de l’hypo- thermie des tarés (Charrin), etc. Quant au mécanisme de cette hypothermie, M. Raphaël Dubois, qui a fait de si ingénieux travaux sur l'hypothermie de la marmotte, m'a suggéré une explication. C’est que le foie, ce grand foyer calorigène, serait en insuffisance, influencé qu'il est par la quantité des toxines dont il assume la destruction. Cette explication concorde avec la conception de Glénard qui admet un état d'hépatisme, comme phase de lar- thrilisme. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. } SÉANCE DU 24 MARS (1900 MM. J. Héricourr et Caarces Ricer : De l'effet des médications diverses dans le traitement de la tuberculose expérimentale. Métatrophisme et thérapeutique. — M. Jeax-Cu. Roux : Les elfets de la demi-inanition chlorurée dans le traitement de l'épilepsie. — M. np. Rerrerer : Note technique sur les ganglions lymphatiques embryonnaires. — M. En. Retterer : Sur les premiers développements des gan- glions lymphatiques. — M. G. Weiss : L’excitabilité du nerf, sa conductibilité et la structure du cylindre-axe. — M. G. Moussu : Influence du travail physiologique des tissus sur la production de la lymphe et la circulation lymphatique périphé- rique. — M. G. LINOSSIER : Sur un procédé de recherche et de dosage de la trypsine et généralement des ferments capables de dissoudre la gélatine. — M. FERNAND ARLOING : Influence de l'oxygène sous pression sur le bacille de Koch en cultures liquides. — M. CL. RecauD (de Lyon) : Evolution tératologique des cellules sémi- nales chez les mammifères. Cellules géantes, naïnes -et à noyaux multiples. M. Gasrox Pécor : Observations sur la présence d’un triple appareil copulateur chez un Helix pomatia. —M. Macrice Nicroux : Dosage comparatil de l'alcool dans le sang et dans le lait, après ingestion dons l'estomac. — M. Maurice NicLoux : Remarques sur le dosage de l'alcool dans le sang et dans le lait. — M. Enouaro DE RIBAUCOURT : Sur quelques détails de l'anatomie comparée des lombricides. — M. le D" Pierre Boxnier : La définition du timbre. — M. le Dr Pierre BONNIER : A propos de la théorie de Helmholtz. Présidence de M. Troisier, vice-président. DE L'EFFET DES MÉDICATIONS DIVERSES DANS LE TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE. MÉTATROPHISME ET THÉRAPEUTIQUE. Note de MM. J. Héricourt et CHarLes RIcHEr. Communication faile dans la séance précédente.) Depuis plusieurs années, nous cherchons à traiter la tuberculose expérimentale chez le chien par les procédés thérapeutiques les plus divers; et les expériences très nombreuses, dont on trouvera le détail plus loin, nous ont donné ce résultat inattendu, c'est que toutes les thé- rapeutiques, ou, pour mieux dire, toutes les ingestions de substances thérapeutiques, ralentissent l’évolution de la tuberculose. Autrement dit, sous une forme quelque peu paradoxale, nous n'avons pu trouver une seule médication qui fût inefficace. Même les plus inoffen- sives substances, comme le chlorure de sodium, ou l’ammoniaque, ont exercé une faible action sur l’évolution tuberculeuse. Pour bien apprécier ces résultats, voici comment nous procédons-dans l'appréciation des résultats du traitement. Nous comptons la durée des jours de survie pour les différents chiens mis en expérience, et nous rapportons à 100 ces durées diverses, pour les chiens témoins. Soit par exemple, une expérience dans laquelle 3 (émoins ont vécu, 31, 8% et 117 jours. La moyenne est de 77 jours; landis que pour 4 traités, la durée a été de 28, 130, 146 et 146 jours; la moyenne esl Biozocie. Cowrres RENDUS. — 1600, T, LIT, 22 N f 5 à & pi VAT et 276 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE donc de 112 jours. Par conséquent, en supposant égale à 100 la durée de survie pour les 3 témoins, la durée de survie des 4 traités sera de 146. Voici le résumé de ces expériences : à MOYENNE | SUBSTENCE de la survie PROPORTIDNS thérapeutique. de jours. centésimales. NaCI. (3 expériences). Témoins (VII). . . 62 100 Dates (Xl) 48 470 92 148 Urate de Na (2 expériences). Témoins (VII). . . 30 100 Traitést(EV)r ae 39 156 Lactate d'AzH* (1 expérience). Témoins (I) 00e 23 100 TES AGO pesé: ec 30 120 Cacodylate de Na (1 expérience). DÉMOS) Re 25 100 rate SL) ER 65 225 Solution polymétallique. (1 expérience). Témoins{il}.# > 82 100 Draites QE) Fe 122 148 Aristol. (1 expérience). < Témoins) PERS 100 100 raté SIDE 68 68 Créosote. (1 expérience). Témoins (IV) . . . 100 100 rues (lie ae 122 122 Camphre. (1 expérience). Témoins (IN) 100 100 Traités (HI). . . . 154 154 Extrait de Liebig. i expérience). BémoinsA(lil)}r #0 25 100 Iratés (ll) tee 47 186 HgCE expérience). Hémoinsi(lN) 0e 101 100 Lens (il) rs 5 92 128 lode expériences). Témoins (XVI). . . 06 100 Traités (XXIII). . . (7 114 Térébenthine (5 expériences). Témoins (XXV) . . 42 100 Traités {(XXX VII). . 62 149 Plomb (4 expériences). É Témoins (XV). . . 40 100 Traités (XVIII). . . Thil 178 Thalliurm (4 expériences). Témoins(XV) . . . 40 100 PriLESXN) 2e" 54 135 SÉANCE DU 24% MARS Ari Ainsi dans lous ces cas, malgré notre témérité (très légitime) dans le maniement des doses, malgré notre ignorance absolue des doses inac- lives et des doses nocives, nous avons toujours obtenu par tous ces traitements une survie plus longue que chez les témoins. Si nous récapitulons l'ensemble de ces données, nous trouvons, en faisant le compte total, les chiffres suivants, dans le tableau ci-dessous : La première colonne indique le nombre des animaux, lraités ou témoins, à la fois, mis en expérience ; La seconde colonne donne la proportion centésimale des jours de survie (les animaux témoins ayant une durée de survie égale à 100) La troisième colonne indique le genre de traitement subi : La quatrième colonne est la multiplication de la proportion centési- male par le nombre des animaux expérimentés, dans tel ou tel cas: ce qui permet de donner à chaque expérience son coefficient; ce coefficient étant évidemment fonction de la quantité des animaux expérimentés, une expérience portant sur 35 chiens est sept fois plus importante qu'une expérience portant sur sept. . 1 1 D) 3 4 de centésimale SUBSTANCE tr Ds chiens. de la survie. RADARS l'expérience. 33 178 Plomb. 5.874 30 135 Thallium. 4.050 19 148 NaCI. 3.812 I! 156 Urate de Na. APYHIG k 120 AzH:CI. 80 39 114 I 4.446 63 149 Térébenthine. 9.387 4 225 Cacodyle. 920 % 148 Sol. polymétallique. 592 5 128 HgCl. 640 G 68 Aristol. 476 7 154 Camphre. 1.078 ñ 122 Créosote. 864 # 188 Extr. deiLiebig. 152 237 35.087 La moyenne est évidemment, en lenant compte du coefficient de 395.087 soit : 148.1, ou en chiffres ronds : 150. 237 H s'ensuit que les chiens traités par une substance quelconque ont, quelle que soit la nature de cette substance, une survie de un tiers, très exactement. Au lieu de vivre deux mois, ils vivent trois mois, par le seul fait du traitement. VPN Un NES SU ITS PO, + LS 278 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La conséquence semble assez importante : c’est que les substances élrangères à l'organisme, pénétrant dans l'intimité des cellules, et spécialement, à ce qu'il semble, des cellules nerveuses, modifient l’affi- nité de ces cellules pour la tuberculine ; autrement dit, toute substance étrangère diminue l’intoæicabilité, si on peut employer ce néologisme, des cellules à la tuberculine. Qu'il y ait des différences, et des différences considérables, entre les substances à ce point de vue, ce n’est pas douteux; nous en avons donné un exemple saisissant avec le jus de viande (zômothérapie), qui agit comme une opothérapie musculaire et dont l'efficacité est si puissante. Mais ici notre intention a été simplement d'établir que toute substance toxique (à dose non toxique, bien entendu) diminue la réceptivité aux tubereulines. De là peut-être cette conclusion, à laquelle les médecins étaient prooablement arrivés, c’est qu'il faut incessamment, dans le traitement de ia tuberculose, changer la nature du traitement, chaque traitement nouveau apportant sa petite efficacité particulière. De là aussi une conclusion qui a de l’importance dans la pathologie générale : c'est que les poisons microbiens agissent d'autant plus activement sur les cellules qu'elles ne sont pas chargées de substances thérapeutiques, plus ou moins homologues avec ces poisons. C'est ce qu'on peut appeler la thérapeutique métatrophique, car on agit sur l'organisme en modifiant la nutrition intime de l’organisme. LES EFFETS DE LA DEMI-INANITION CHLORURÉE DANS LE TRAITEMENT DE L'ÉPILEPSIE, Par M. Jeax-Cna. Roux. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai appliqué à quatre épileptiques, dans le service de mon maître, M. le D' Dejerine, le traitement qui a été proposé, il y a quelques mois, par MM. Richet et Toulouse (4). Ce traitement consiste, on le sait, à sup- primer aulant que possible le chlorure de sodium dans l'alimentation des malades et à leur donner en même temps de faibles doses de bro- mure de sodium. Par cette demi-inanition chlorurée, on rend les cellules nerveuses beaucoup plus aptes à assimiler le bromure de sodium. A l'hôpital, il n’y a guère qu'un procédé pour supprimer le chlorure de sodium de l'alimentation des malades, c’est de les mettre au régime (4) Richet et Toulouse. Acad. des sciences, 20 novembre 1899. « Effets d'une ali mentation pauvre en chlorure, sur le traitement de l’épilepsie par le bromure de sodium. » MS SÉANCE DU 24 MARS 279 lacté absolu. On obtient, d’ailleurs, ainsi une diminution considérable de la quantité de chlore ingéré. Avec l'alimentation habituelle, un adulte consomme chaque jour environ 15 grammes de chlorure de sodium, soit 9 grammes de chlore. Avec le lait, les quantités sont bien diminuées. D’après les moyennes établies par Küônig, 1.000 grammes de lait ren- ferment environ 7 grammes de cendres et ces 7 grammes de cendres contiennent 0 gr. 95 de chlore. Avec les quatre litres de lait qu'on lui donne, le malade ne reçoit donc que 3 gr. 80 de chlore environ. Or, comme l'expérience nous l’a montré, cette proportion de chlore n'empêche nullement l’efficacité du traitement proposé par MM. Richet et Toulouse. En effet, j'ai soumis à ce traitement quatre malades présentant des accès d'épilepsie typique; il n’y avait aucun doute sur le diagnostic, il était impossible de songer àl'hystérie; les accès présentaient les caractères très nets et indiscutables des attaques épileptiques. Ces quatre malades furent mis au régime lacté absolu, surveillées avec soin, et on leur donna, en outre, {rois ou quatre grammes de bromure de sodium par jour. Le résultat fut des plus probants; en quelques jours, les accès dimi nuèrent d'intensilé, devinrent moins fréquents, puis disparurent com- plètement. Il s'agissait pourtant de malades gravement atteintes; chez l’une d’entre elles, les crises revenaient régulièrement au moment des règles depuis cinq ans; depuis qu'elle est soumise au traitement, cette malade à eu trois fois ses règles; la première fois, elle a éprouvé quelques vertiges: pendant ses deux autres périodes menstruelles elle n'a présenté aucun accident. Chez une autre malade, les accès épilep- tiques survenaient par crises de dix ou douze, crises qui allaient se rap- prochant tous les deux mois, tous les mois, tous les huil jours. Quand j'ai commencé à la soigner, depuis un mois, la malade avait des crises tous les huit jours. Actuellement, je la suis depuis deux mois et ses accès paraissent avoir définitivement cessé. Chez les deux autres malades, les accès, qui revenaient tous les jours, ont aussi disparu rapidement. Une de ces deux dernières malades a une histoire particulièrement inté- ressante. Agée actuellement de quinze ans, elle présentait, depuis l’âge de trois à quatre ans, des erises convulsives survenant tous les quatre à cinq jours. Il y a un an et demi environ, un chirurgien, pour suivre la mode, lui fit l'ablation du ganglion cervical supérieur du côté droit; cette inter- vention n'eut aucune influence favorable; au contraire, en dehors de l'hémiatrophie de la face, qui ne tarda pas à se manifester, les accès devinrent plus fréquents, la malade avait plusieurs accès, jusqu’à quinze par jour, et ces accès revenaient quotidiennement; c'est à peine si elle se rappelait être restée deux à trois fois pendant des périodes de cinq à six jours sans présenter d'accès. On lui avait déjà donné du bromure de polassium, mais sans aucun résultat. Cette pelite malade mise en traite- 280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIK ment (quatre litres de lait et 3 grammes de bromure de sodium) n’a plus présenté aucun accident depuis trois mois, sauf une crise que j'ai provoquée volontairement. J'étais amené, en effet, à me demander si le lait n’agissait pas d'une facon plus complexe ; si l'antisepsie intestinale que réalise le lait, en dimi- nuant la formation de toxines microbiennes dans le tube digestif, n'était pas pour beaucoup dans ce résullat. Pour trancher la question, j'ai donné à notre petite malade une certaine quantité de chlorure de sodium en paquets, en plus de son régime lacté absolu et du bromure de sodium. Elle prit du sel ainsi pendant trois jours consécutifs : le premier jour, 6 grammes; le second, 8 grammes; le troisième, 10 grammes de sel; ce troisième jour, la malade eut une cerise épileptique très violente. Je Supprimai aussitôt le chlorure de sodium et, depuis, elle n’a plus eu de crise; dans ce cas, l'action du régime lacté devait être attribuée bien certainement à la diminution du chlorure de sodium. NOTE TECHNIQUE SUR LES GANGLIONS LYMPHATIQUES EMBRYONNAIRES, par M. ÉD. RETTERER. L’élude des premiers stades des ganglions lymphatiques est hérissée de difficultés très grandes. Pour éliminer toute confusion avec les ébauches d’autres formations, il est préférable de laisser de côté cer- taines régions, telles que le cou et le mésentère, et de s'adresser au pli inguinal aù les ganglions lymphatiques sont bien isolés. Le choix de l'espèce animale n’est pas indifférent non plus; il faut avoir les animaux sous la main et en abondance; de plus, il est avantageux d'étudier une région où les ganglions se développent d’une facon constante. Le pli inguinal du cobaye remplit ces conditions; en effet, j'y ai trouvé cons- tamment, chez tous les cobayes que j'ai disséqués, cinq à six ganglions disposés en chapelet. Noyés dans le tissu -adipeux sur l'adulte, ces organes sont faciles à découvrir sur les fœtus et les jeunes animaux où ils apparaissent comme des points rouge vif, appendus, pour ainsi dire, à l'artère ihaque superficielle dont ils suivent la distribution. Avant le trente-cinquième jour de la gestation, il n’y a pas trace de ganglion dans le pli inguinal. Les premiers développements de ces organes s’observent du trente-cinquième au quarantième jour, c'est-à- dire sur des fœtus dont la longueur est de 35 à 60 millimètres du vertex au COCCyx. Voici les précautions que j'ai prises pour assurer une bonne fixation des pièces. Dès que j'ai extrait les embryons de l'utérus, je pratique, au SÉANCE PU 24 MARS 281 rasoir, à quelques millimètres au-dessus et au-dessous du pli inguinal, des incisions profondes pour permettre la pénétration des liquides fixa- teurs. Les pièces ainsi préparées, je les plonge soit dars le liquide de Flemming, soit dans la solution de Zenker (trois heures) suivie par un séjour de douze heures environ dans ia solution aqueuse de bichlorure de mercure, le tout maintenu à une température de 40 degrés environ. La fixation à chaud a pour effet de rendre les colorations plus difficiles, mais les vaisseaux et les éléments du sang sont bien mieux conservés que si l’on opère à froid. Le durcissement dans l'alcool est suivi par l'inclusion à la paraffine; ensuite je débite toute la région inguinale en séries non interrompues de coupes que je colore de façon à pouvoir étudier aussi bien les mitoses que les transformations du protoplasma cellulaire. C'est dire que je combine de diverses facons les teintes que donnent la safranine, l’'hématoxyline, la fuchsine acide, la thionine, l’éosine et l’orange SUR LES PREMIERS DÉVELOPPEMENTS DES GANGLIONS LYMPHATIQUES, par M. Éo. ReTrerER. En appliquant aux fœtus de cobaye la méthode que j'ai exposée dans la note précédente, je suis arrivé aux résultats dont voici le résumé : a, Etat antérieur ou tissu précurseur. — Le pli inguinal des fœtus de cobaye longs de 30 à 35 millimètres est déjà pourvu des vaisseaux qu'on y observe chez l'adulte, savoir : l'artère inguinale superficielle et les veines qui l’accompagnent, ainsi que les vaisseaux lymphatiques dont la paroi est alors uniquement constituée par des cellules nuceléées à protoplasma chromophile. Le tissu qui entoure et soutient ces vaisseaux est composé d'éléments anastomosés et de cellules libres. 1° Æléments anastomosés. — Ce sont des cellules étoilées, ramifiées et anastomosées; chacune offre un noyau et un corps cellulaire. On distingue dans ce dernier la substance chromophile et l'hyalo- plasma : la première se présente sous la forme de filaments granuleux et très colorables qui se ramifient et s’anastomosent avec les prolon- gements analogues des cellules voisines. Ces filaments déterminent ainsi un réliculum dont les mailles sont remplies d'un protoplasma transparent et peu colorable. Dès 1896 (1), j'ai décrit ce lissu sur les embryons, sous le nom de tissu rétliculé à mailles pleines. En 1898, j'ai (4) Société de biologie, A1 janvier 1896, p. 47, et Journal de l'Analomie et de la Physiologie, 1896, p. 265, pl. V, fig. 1, 2, 3 et 4. pla À 282 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE désigné (1) pour plus de brièveté, la substance granuleuse et colorable du réseau sous le nom de réliculum chromophile, réservant le terme d'hyaloplasma à la portion transparente, peu ou point colorable du protoplasma compris dans les mailles du réliculum chromophile. Je signale en passant la production de globules rouges non nucléés dans le lissu réticulé; ici, comme dans le derme et le cartilage (2), c'est aux dépens de l'hyaloplasma que s'élaborent les globules rouges. 20 Æléments libres ou globules blancs. — Au milieu du tissu réticulé, on voit, de distance en distance, des petites cellules qui, de prime abord, semblent de nature et d'espèce différentes de celles de la trame réticulée. Mais une étude attentive m'a convaincu que ces petils élé- ments sont des descendants des cellules de la trame. En effet, on trouve tous les intermédiaires entre ces deux sortes d'éléments. On voit des cellules étoilées et anastomosées dont le protoplasma se teint en rose vif par l’éosine, de même que les pelites cellules. Plus loin, il y en a dont le corps cellulaire offre les mêmes réaclions, bien qu'il ait perdu toute connexion avec le réticulum. Ici, comme je l'ai observé ailleurs, l'élément libre ou globule blanc est une cellule de la trame ayant subi des transformations chimiques et morphologiques. Fait à noter : la masse, coagulée par les réactifs et remplissant partiellement les vaisseaux lymphatiques, prend avec l’éosine la même teinte que le protoplasma äes éléments libres. Ce fait me semble indiquer que le plasma de la lymphe provient, en partie du moins, de ia fonte du pro- toplasma modifié du tissu conjonctif. b) Plerus hjmphatiques. — Sur les fœtus longs de 35 à 40 milli- mètres, il existe, à l'endroit du futur ganglion, un plexus de vaisseaux Iymphatiques. En suivant l'évolution du tissu réticulé au voisinage des vaisseaux iliaqués superficiels, on assiste sur les fœtus de cet âge au développement de ces plexus. À partir des vaisseaux lympha- tiques préexistants,l'hyaloplasma, compris dans les mailles du réticulum chromophile, se fluidifie et disparaît, de sorte qu'il apparaît de larges aréoles, vides, bien que traversées de distance en distance par les lames chromophiles du réliculum. Ce processus de fluidification est analogue à celui qui préside au développement des bourses séreuses et il conduit au même résultat : élablissement dé cavités qui correspondent à la lumière de vaisseaux lympathiques, et qui, dès l'origine, représentent des espaces intra-cellulaires et uon point inter-cellulaires, comme le prétendent les auteurs qui assimilent le vaisseau lymphatique embryon- naire à un bourgeon glandulaire (voir plus loin). ©) Æbauche janglionnaire. — C’est dans les lames chromophiles qui continuent à eloisonner les espaces caverneux des plexus lymphatiques (1) Société de biologie, 28 mai 1898, p. 582. (2) Voir le Cinquantenaire de la Socièté de biologie, p. 418. SÉANCE DU 24 MARS 283 et dans celles du tissu réticulé avoisinant ces plexus que se produisent les phénomènes qui transforment les plexus lymphatiques en ébauche ganglionnaire. Pour suivre ce développement, il faut s'adresser à des embryons longs de 40 à 45 millimètres, et, comme ni à l'œil nu, ni à la loupe, il n’est possible d'apercevoir la moindre trace de ces organes, il est nécessaire de pratiquer des coupes rigoureusement sériées sur des pièces convenablement fixées. C’est à ce prix seulement qu'on peut observer le mode de formation de l'ébauche du ganglion. Le premier fait qui l'annonce est la division mitosique des noyaux et de la portion chromophile des trabécules des plexus lymphatiques et du tissu réti- culé qui entoure ces derniers. Ces divisions aboutissent à la produc- tion d'amas de cellules à protoplasma opaque, colorable et formant une masse continue ou fusionnée. J'ai signalé (1), dans l’amygdale et les plaques de Peyer, l'existence d'un tissu analogue, formé de cellules fusionnées et à protoplasma homogène et finement granuleux. Mais ici il procède directement des éléments épithéliaux de l’épiderme et des invaginations épithéliales qui donnent naissance aux follicules clos. Telles sont les transformations que subit le tissu réticulé, quand il s'y produit des plexus lymphatiques d'une part, des amas cellulaires pleins de l’autre. Les espaces ou sinus lymphatiques résultent de la disparilion par fonte de l'hyaloplasma; les amas pleins, qui sont les ébauches du tissu folliculaire, sont le fait de la croissance et de la mulliplication des noyaux et du protoplasma du réticulum chromophile. Lauth (1824), Breschet (1836), Engel (1850), Sertoli (1866), Chievitz (1881), Bonnet (1890), Gulland (1894), Saxer (1896), Ranvier (1897), ont tous vu que les vaisseaux lymphatiques préexistent aux ganglions. Mais il est inexact de dire, avec Lauth, Breschet, Engel et Ranvier, que les lymphatiques, qui apparaissent au lieu d'élection du futur ganglion, sont dus au bouryeonne- ment, à l'allongement ou au reploiement du lymphatique préexistant. En réalité, les plexus lymphatiques sont dus à la fonte de l’hyoplasma qui remplit les mailles de tout un territoire de tissu réticulé. Sertoli et Bonnet sont dans le vrai, quand ils affirment que le tissu propre du ganglion provient (out entier de la prolifération du tissu conjonctif qui entoure les vaisseaux sanguins et lymphatiques. Mais ces auteurs n’ont donné qu'une descriplion incomplète et défectueuse de ce tissu, de sorte qu'il s'agissait de déterminer la nature de la trame et l’origine des petites cel- lules rondes. Admettre avec Chievitz, Conil (1890), Gullaud et Saxer que la trame où prend naissance l’ébauche ganglionnaire est du tissu fibreux, c’est confondre deux tissus de caractères bien différents. Les cellules du tissu pré- curseur ou réliculé constituent le point de départ et des cellules rondes et des amas de cellules fusionnées. Les cellules rondes ou Iymphatiques ne sont donc pas de provenance vasculaire, comme le veulent les auteurs cités; elles ne descendent pas davantage de « cellules migratrices primaires », comme le soutient Saxer. (4) Comparer Journal de l’analomie et de la physiologie, 1897, p. 469. 284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En ce qui concerne les masses cellulaires à protoplasma fusionné, elles ne sont signalées que par Saxer; mais, cel observateur n'ayant pas suivi leur genèse aux dépens des noyaux et des lames chromophiles les considère comme des éléments spécifiques qu'il désigne sous le nom de cellules géantes. Conclusions. Au lieu d'élection du futur ganglionet au voisinage des vaisseaux sanguins et lymphatiques, l'hyaloplasma du tissu réticulé à mailles pleines se fluidifie et disparaît; ce tissu réliculé se transforme ainsi en un plexus de vaisseaux lymphatiques. Le réticulum chromo- phile qui persiste continue à cloisonner les espaces caverneux, qui s'étaient formés auparavant. Ensuite, par divisions successives, Les élé- ments chromophiles se transforment en cellules à protoplasma dense et fusionné qui constituent des trainées anastomosées, ébauches du tissu ganglionnaire. L’EXCITABILITÉ DU NERF, SA CONDUCTIBILITÉ ET LA STRUCTURE DU CYLINDRE AXE, par M. G. WErss. J'ai montré dans une communication précédente que la vitesse de propagation de l'influx nerveux n’était pas modifiée par les variations de température. On sait d'autre part que ces mêmes variations ont une grande action sur l’excitabilité des nerfs. Ces deux phénomènes ne sont nullement en contradiction entre eux; de nombreux faits nous montrent que le nerf a deux propriétés différentes que l’on peut dis- socier, son exeitabilité el sa conductibilité. En effet : 1° Un nerf a sur tout son trajet la même conductibilité, ainsi que cela résulte des expériences de R. du Bois-Reymond et des miennes. Cependant son excitabilité n’est pas partout la même. Toutefois ce dernier point est contesté par certains auteurs et par suite reste douteux. 2° Deux nerfs homologues ont la même conductibilité; leur excita- bilité varie beaucoup. Ainsi dans le sciatique de la grenouille, la vitesse de l'onde nerveuse est toujours de 27 mètres par seconde, mais l’exei- tabilité varie en passant d’un animal à l’autre. 3° La section d’un nerf fait varier son excitabilité; il conserve cepen- dant la même conductibilité pendant un certain temps après l'opération. 4° Divers produits chimiques, entre autres C0”, agissent d’une façon très différente sur la conductibilité et sur l’excitabilité. On peut, par exemple, en faisant agir localement CO”, abaisser l’excitabilité en une région d’un nerf sans influencer l'excitabilité des points situés plus haut. Par suite la conductibilité n’a pas été touchée par CO”. 5° Les variations générales ou locales de température donnent des résultats analogues à ceux de CO*. QC SÉANCE DU 24 MARS 28 6° Dans certaines paralysies toxiques, on voit au moment de la guérison l’excitabilité électrique du nerf et la conductibilité permettant à la volonté d’agir sur les muscles paralysés reparaitre dans un ordre variable. 1° Phénomène de Erb. Quand on écrase un nerf de facon à faire dégénérer le bout périphérique, au moment de la régénération les mouvements sont rétablis alors que la région du nerf au-dessous du point comprimé n’est pas encore excitable. 8° Phénomène de Duchenne. Quand un nerf a subi une compression de longue durée sans écrasement, il peut ne pas dégénérer dans son bout périphérique, qui reste excitable, quoique toute excitation au dessus du point comprimé soit sans effet et que les muscles innervés par ce nerf soient soustraits à l'influence de la volonté. Ce phénomène est très important, surtout quand on le compare aux effets obtenus par section; malheureusement il n’a jamais pu être reproduit expérimen- talement sur les animaux, malgré les nombreuses tentatives de Vulpian et Dejerine. Les recherches que je fais en ce moment sur la propagation de l'influx nerveux m ont conduit à reprendre la plupart de ces expériences; j'en donnerai plus tard les résultats ; mais il m’a semblé indispensable, pour chercher à interpréter les causes de dissociation, de joindre les obser- vations histologiques à l’expérimentation physiologique, et de recher- cher si les altérations observées dans certains cas pour l’exeitabilité ou la conductibilité ne correspondaient pas à quelque modification de structure. Il serait en parliculier à désirer que nous soyons éclairés sur l'anatomie pathologique du phénomène de Duchenne. Nous pouvons faire deux hypothèses. Ou bien l’excitabilité et la conduclibilité sont deux propriétés différentes du même élément. Ou bien elles appartiennent à deux éléments différents. Cette dernière hypothèse conduit à des interprétations beaucoup plus simples que la première. J'ai recherché si dans la structure du nerf on pouvait trouver un appui à cette manière de voir. Après divers essais, la technique suivante m'a donné des résultats remarquablement beaux, ainsi que l’on peut en juger par la préparation placée sous ce microscope. On attache le nerf le long d’une allumette, suivant le procédé recom- mandé par M. Ranvier, et on le fixe en le plaçant pendant deux ou trois heures dans des vapeurs d'acide osmique. On lave, et, après inclusion à la paraffine on débite en coupes transversales et longitudinales de 1/400 de millimètre d'épaisseur. On colore à la (hionine, au bleu de toluidine ou mieux au bleu de Unna, et on monte au baume. Avec un bon objectif à immersion, sur une coupe en travers le cylindre axe apparait comme composé d'une masse absolument homogène, trans- parente et achromatique, parsemée d'un certain nombre de points bleus 286 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE variables par leur dimension et leur situation. Ces points bleus pro- viennent de la section de fibrilles que l’on voit admirablement sur une coupe en 1ong. Il est difficile de dire si ces fibrilles qui ont un trajet très flexueux constituent de simples filaments longitudinaux. Il me semble plutôt qu'elles forment un réseau. On aperçoit des extrémités libres; sont-elles naturelles ou sont-elles produites par le passage du rasoir ? Ces fibrilles qui sont d'une netteté admirable constituent certaine- ment la partie conductrice du cylindre axe, car au voisinage des étran- glements annulaires on les voit se grouper pour franchir ces étran- glements, tandis que la substance achromatique se réduit au point de disparaître presque totalement. Sur le reste du trajet la substance achromatique prend au contraire une importance prépondérante. H y a lieu de se demander si elle n’est pas en relation avec l’excitabilité du nerf. Peut-être les expériences que j'ai en cours pourront-elles éclairer ce point. La technique que j'emploie est extrêmement simple; les résultats qu’elle donne sont si supérieurs à ceux des autres méthodes qu'elle doit occuper la première place dans tous les examens anatomo-patho- logiques des nerfs. Au moment de publier cette note, j'ai connaissance, par le numéro du Centralblatt für Physiologie qui m'arrive, d’un mémoire de Müncke- berg et Bethe où ces auteurs obtiennent par une technique très sembla- ble des résullats analogues aux miens. Toutefois il ne me semble pas comme à eux que la partie fibrillaire soit constituée par une série de filaments juxtaposés, mais par un réseau. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de médecine de Paris). INFLUENCE DU TRAVAIL PHYSIOLOGIQUE DES TISSUS SUR LA PRODUCTION DE LA LYMPHE ET LA CIRCULATION LYMPHATIQUE PÉRIPHÉRIQUE, par M. G. Moussu. Pour établir le rôle du travail physiologique des tissus dans l’élabo- ration de la lymphe et la circulation lymphatique périphérique, j'ai pro- cédé exactement comme pour établir le rôle de la pression; c'est-à-dire que j'ai d’abord chiffré le débit de la circulation lymphatique au repos, pour avoir dans chaque cas un repère initial, puis j ai provoqué le tra- vail physiologique total des lissus de la région choisie comme champ d'expérience, et J'ai chiffré ensuite les quantités obtenues dans ces con- SÉANCE DU 24 MARS 287 ditions. Par comparaison, il était facile d'établir l'influence du travail. Pour les raisons indiquées dans ma communication précédente, j'ai cpéré sur le cheval, parce qu'il est facile de provoquer isolément le travail physiologique soutenu de la seule région céphalique (repas d’ali- mentation provoquant le travail de l'appareil de mastication, insaliva- tion, déglutition, etc.) et que la grande veine lymphatique du cou permet de recueillir la presque totalité de la lymphe produite. Dans ces conditions. l'accélération de l'écoulement lymphatique est pour ainsi dire instantanée, el la quantité de lymphe recueillie pendant l'unité de temps choisie (10 minutes) devient cinq, dix ou quinze fois plus grande que durant le repos. Les variations assez notables que l’on enregistre avec les chiffres, peuvent s'expliquer par l'individualité et par l'intensité du travail déployé; car j'ai remarqué que sur un même sujet, avec un repas d'avoine, un repas de foin ou un repas de paille, les chiffres variaient légèrement; de même encore lorsque la mastication se fait du côté opposé à la fistule. | Or, il est démontré que si pendant la mastication la pression sanguine s'élève légèrement dans la carotide primitive, pour subvenir à un débit plus grand, cette pression s'abaisse dans les petites artères des muscles (maxillo-musculaire, massétérine, etc.); ce n'est donc pas le facteur pression sanguine, qui est en jeu ici pour l’augmentation de la lymphe, mais bien le travail des tissus. J'ai montré précédemment quel était à mon avis le rôle de la pression sanguine; je considère que l'irrigation et une certaine pression physio- logiques sont les conditions indispensables à l'élaboration de la lymphe, jai fait voir dans quelles faibles limiles cette pression pouvait faire varier les courants lymphatiques, et je montrerai que ces actions de pression sont les moins importantes de loutes celles que l’on peut mettre en relief. Je pense pouvoir montrer aussi qu'il ne s’agit pas d’une sécrétion de l'endothélium vasculaire quand il y a accélération des courants Iym- phatiques, mais bien d’une résultante du travail vital de tous les tissus. Le fait qui ressort nettement des données ci-dessus, c’est que le tra- vail physiologique total d’une région de l'organisme suraclive considé- rablement la circulation lymphatique de la région en question. Je me suis proposé de déterminer, dans mes résultats, quelle pouvait être la part des actions musculaires et la part des actions salivaires, en d'autres termes quelle était l'influence des muscles et l'influence des sécrélions. Influence des sécrétions salivaires dans l'élaboration de la lymphe — Pour chercher à élablir l'influence des sécrétions, connaissant le repère initial fourni au repos et le résultat du travail physiologique total, j'ai mis toutes les glandes salivaires en activité par l’action de la pilocar- 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pine, laissant par contre tout le système musculaire au repos physiolo- gique. Dans trois expériences, j'ai oblenu, comme quantité, environ le double des quantités recueillies au repos. Le travail des glandes sali- vaires semble donc influencer la production de la lymphe, mais dans des limites relativement faibles, et le principal rôle reste aux actions musculaires. On pourrait reprocher à ces expériences une influence possible de la pilocarpine, reproche qui peut d’ailleurs s'adresser à toutes les actions thérapeutiques ou médicamenteuses; aussi ai-je cherché à réaliser la dissociation des actions sécrétoires et musculaires d’une autre façon. J'ai dans ce but, chez des bœufs, mis à profit la découverte que j'ai faite autrefois du nerf excito-sécrétoire de la parotide, et j'ai pu ainsi, isolément, mettre en activité, par excitation électrique de ce nerf, la seule glande parotide du côté correspondant à la fistule lymphatique. Dans deux expériences, malgré un fonctionnement intense de la paro- tide, je n’ai pas eu de variation marquée du cours lymphatique établi préalablement au repos. J'ai même eu un très léger ralentissement de ce cours lymphalique; mais comme il n'y avait qu'une seule glande en activité, la différence est peut-être négligeable. Quoi qu’il en soit, il semble que tous les tissus ne concourent pas pour une part proporlionnelle égale à la production de la lymphe pen- dant leur travail physiologique, et que dans les expériences ci-dessus, ce soit le travail musculaire qui ait une influence prédominante. En résumé, connaissant l'état de la circulation lymphatique de la région céphalique au repos, il me semble démontré : 1° Que le travail physiologique de cette région suractive énormément cette circulation; 2° Que les actions musculaires semblent avoir une influence notable- ment prépondérante sur les influences sécrétoires. SUR UN PROCÉDÉ DE RECHERCHE ET DE DOSAGE DE LA TRYPSINE ET GÉNÉRALEMENT DES FERMENTS CAPABLES DE DISSOUDRE LA GÉLATINE, par M. G. LiNossiEr. J'ai étudié l’année dernière (1) un procédé de dosage de la pepsine, imaginé en 1889 par Mette pour l'étude de la sécrélion pancréatique. Il est curieux de constater que ce procédé, excellent pour l'étude des diges- tions pepsiques, se prête très mal au but auquel le deslinait son auteur. L'attaque de l’albumine cuite, dans les petits tubes de verre où on l'en- (1) G. Linossier. Recherche et dosage de la pepsine dans le contenu gastri- que des dyspeptiques, Journal de physiol. et de pathol. génér., mars 1899. SÉANCE DU 24 MARS 289 ferme, est très lente, et la portion non dissoute est limitée par une sur- face conique ce qui rend difficile l'appréciation de la longueur dissoute. J'ai pensé obtenir de meilleurs résultats en substituant la gélatine à l’albumine. Celle-ci a déjà été employée pour le dosage de divers fer- ments par Fermi (1), mais dans des conditions mauvaises qui rendent son procédé très critiquable. Voici comment j'opère : Une solution aqueuse de gélaline à 10 ou 20 p. 100, colorée avec une trace de violet de méthyle, et maintenue liquide au bain-marie, est aspirée dans des tubes en verre mince de 1 à 2 millimètres de diamètre intérieur (tubes à vaccin). Après solidification de la gelée, ces tubes sont coupés, avec un bon couteau à verre, en fragments de 2 centimètres environ de longueur et les fragments jetés dans la solution de trypsine préalablement additionnée de son volume d’une solution aqueuse ren- fermant 2 p. 100 de fluorure de sodium et 4 p. 1000 de carbonate de sodium sec. On abandonne le tout à la température ordinaire, ou mieux dans une étuve réglée à une température de 20 à 25 degrés. Il se dis- sout, dans chaque tube, une longueur de gélatine d'autant plus grande que la quantité de trypsine est plus élevée. Rien de plus simple que de mesurer cette longueur en portant le petit tube sur une réglette de buis, divisée en demi-millimètres, sous un microscope. à très faible grossissement. La gélatine non attaquée est très nettement limitée par une surface plane exactement normale à l'axe du tube. L’œil apprécie très facile- ment des différences de longueur d’un dixième de millimètre, Avec un tube d'un millimètre de diamètre intérieur, et une gelée à 10 p. 100 de gélatine, cette différence correspond à moins de un centième de mill:- gramme de gélaline dissoute. La sensibilité du procédé ne laisse donc rien à désirer, et la dose de gélatine qui entre en dissolution est assez faible pour ne pas modifier sensiblement la composition du liquide ambiant, celui-ci fût-il réduit à quelques centimètres cubes. On entrevoit ainsi la possibilité d'effectuer des recherches sur des quantités minimes de ferment, qu'aucun autre procédé ne permettrait de doser. Je me suis assuré qu'une dissolution de carbonate de soude à 2 p. 1000 est sans action dissolvante sur la gélatine dans les conditions ‘ de l'expérience. Toute dissolution doit donc être attribuée à une diastase, el le procédé que j'indique peut ainsi servir à la recherche comme au dosage de la trypsine, À ce double point de vue, la gélatine constitue un réactif bien plus sensible de la trypsine que l’albumine cuite et même que la fibrine. Certaines solulions, trop diluées pour exercer sur l’albumine une action appréciable, attaquent encore très nettement la gélatine. (4) Fermi. [ Fermenti peptici, Giornale d, R. Acad, de Torino, 1890. 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'attaque est d'autant plus facile que la concentration de la gelée est moindre. Une gelée à 10 p. 100 subit dans le même liquide et dans le même temps, une diminution de longueur presque double de celle qu'on observe avec une gelée à 20 p. 100 (exactement : : 1,7 : À dans une expérience comparative). Plus la solution de trypsine à étudier sera pauvre, plus on aura intérêt à prendre de la gelée diluée. Le violet de méthyle retarde légèrement l'attaque. Reste à connaître la loi qui lie les variations des longueurs de gélatine dissoute aux quantités de trypsine contenues dans un liquide donné. Je rappelle que, quand on dose la pepsine par le procédé de Mette, les lon- gueurs dissoutes sont très exactement proportionnelles aux temps, et, dans certaines limites de concentration, exactement proportionnelles aux racines carrées des quantités de pepsine. Ces relations ne se retrouvent pas avec la même netteté quand on fail des dosages de trypsine, Les rapports entre les longueurs dissoutes et les quantités de ferment varient dans les diverses expériences, et, dans la même expérience, sui- vant la durée. Néanmoins, il semble bien que la loi est la même. Avec des solutions de pancréatine relativement concentrées. et en solution fortement alcaline, j'ai obtenu les nombres suivants : RAPPORTS DES QUANTITÉS RAPPORTS DES LONGUEURS RACINES CARRÉES de pancréaline. de gélatine dissoute. des 4 premiers nombres. 1 1006) 1808) 2 1,40 1,22 3 4,72 1,73 4 1,90 205) La concordance est presque parfaite. Je m'occupe à déterminer actuellement les conditions dans lesquelles on pourra compter sur la constance des rapports. J'ai étudié ce procédé pour le dosage de la trypsine. On pourra l’appli- quer à tous ies ferments capables de dissoudre la gélatine en milieu neutre alcalin ou peu acide (La gélatine ne se prête pas au dosage de la pepsine). Je crois qu'il peut être plus utile pour l'étude des gélati- nases microbiennes que celui de Fermi, comme permettant plus de pré- cision dans la mesure. Au point de vue du dosage de la trypsine, on peut: faire des réserves sur ce point que le ferment dissolvant la gélatine n’est peut-être pas le ferment peptonisant. Peu importe, si leur sécrélion est parallèle. En tous cas, ces réserves, si l'avenir les justifie, précisent la signification des résullats du dosage, mais n'en détruisent pas l'intérêt. SÉANCE DU 24 MARS 291 ———………—…—…………—… "—…"…… —… —……—…—……—……………—…—……—…—…—.——…————.——_—.——.———.—.—_.———— INFLUENCE DE L'OXYGÈNE SOUS PRESSION SUR LE BACILLE DE KOCH EN CULTURES LIQUIDES, par M. FERNAND ARLOING. I. — L'influence de l’air ou de l'oxygène comprimé sur la végétabilité et la virulence de quelques microbes a été étudiée par divers expéri- mentateurs, parmi lesquels P. Bert, Pasteur et Joubert, Chauveau, Wossnessenski, Neumann. Nous nous sommes demandé quelles modifications subirait le bacille de Koch, cultivé en présence d’une atmosphère d’air libre ou d'oxygène pur sous tension. Nous avons utilisé dans ces expériences un bacille de Koch d'origine humaine (habitué progressivement à pousser en cultures homogènes dans du bouillon peptoné et glycériné) décrit dernièrement par MM.S. Arloing et P. Courmont, nous réservant de poursuivre plus tard des recherches analogues sur le bacille ordinaire, végétant à la surface des supports nutritifs solides. II. — Les ballons de culture étaient déposés dans un récipient métal- lique ad hoc, où l'oxygène, préalablement desséché, était comprimé au degré voulu. Le récipient était lui-même placé dans une étuve à 38 de- grés; on le visitait tous les deux ou trois jours. Nos expériences ont commencé le 26 décembre 1899. A cette date, la culture-mère fut essayée sur deux lapins. L'un reçut 1 centimètre cube dans la veine auriculaire, l’autre 1 centimètre cube dans le péritoine. Tous deux se comportèrent d’abord assez bien ; mais au boul de trois semaines, ils dépérirent rapidement, surtout le premier, et finirent par succomber. À l’autopsie, on trouva seulement la rale un peu gonflée chez l'animal inoculé dans le sang; des lésions tuberculeuses épi- ploïques chez l'animal injecté dans le périloine, consistant en petits tu- bercules disséminés, accompagnés d'une altération spécifique des gan- glions locaux. Des frottis de rate et de ganglions montrèrent le bacille de Koch typique, avec ses réactions colorantes caractéristiques. Ajoutons que, chez certains sujets, les bacilles peuvent manquer dans la rate. Renseigné sur les qualités pathogènes de cette culture, nous pouvions donc poursuivre nos expériences. La cullure est propagée à la fois à l'air libre et à la pression de deux atmosphères et demie d'oxygène pur, correspondant à la tension de l'oxygène dans Pair pur comprimé à douze atmosphères et demie. Dès le troisième jour, tandis que les cultures à l'air libre sont assez abondantes, les ballons exposés à l'oxygène comprimé sont pauvres, à peine troublés. La richesse de la culture est environ triple de l’autre, dans les ballons cultivés à l'air. B10LOG1E, ComPTES RENDUS. — 1900, T, LII. 23 ur PET TN PS PE TR ae. 299 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE De plus, la pullulation semble se faire au fond du matras, dans les cultures comprimées, au lieu d'être répandue uniformément dans toute la masse du milieu liquide comme à l'air libre. Ce rapport dans l’inten- sité respective du développement des bacilles de Koch se maintint inva- rlable jusqu'au 11 janvier 1900. On recherche à ce moment l’état de la virulence des bacilles soumis à l'oxygène sous tension en s'adressant à des lapins qu'on inocule res- pectivement dans la veine auriculaire et dans le péritoine avec 1 centi- mètre cube de culture. Ces sujels furent, ainsi qu’on l'avait fait pour les lapins témoins, observés pendant deux mois, puis sacrifiés. Depuis l’inoculation, leur état général est resté bon : pas d’amaigris- sement, le poids a même légèrement augmenté. L'autopsie ne permet pas de découvrir la moindre lésion viscérale. Dans les conditions préci- tées, la végétabilité des bacilles avait donc subsisté à l'extinction de la virulence. III. — Alors nous cherchâmes l'influence d’une tension gazeuse plus faible; nous nous nous sommes arrêté à 1 atm. 1/2 d'O. Nous avons donc repris nos cultures en série à l’air et à l'oxygène, à dater du 1 janvier. Les résultats obtenus jusqu'au 22 février se montrèrent identiques à ceux de la première expérience. IV. — Nous avons observé encore un fait intéressant. Reportés à l'air libre, des ballons restés trois semaines sous 2 atm. 1/2 de pression ne manifestèrent aucun retour du pouvoir végétatif. En outre, des ballons ensemencés avec une goutte de ces cultures restèrent stériles. V. — Enfin, dans un dernier groupe d'expériences du 22 février au Li 1hars, nous avons fait agir l'oxygène comprimé sur des cultures de Koch en bouillon non glycériné. Soumises à deux conditions dysgéné- siques, celles-ci furent arrêtées dès le premier jour. Conclusions : 1° L’oxygène sous pression {de 1 atm. 1/2 à 2 atm. 1/2) exerce sur les cultures homogènes du bacille tuberculeux en milieu liquide une action dysgénésique très marquée. 2° La durée paraît avoir plus d'importance que l'intensité de la com- pression, dans les limites où nous nous sommes enfermé. 3° L'influence dysgénésique de l'oxygène comprimé fait même dispa- raitre la virulence de ces cultures qui deviennent incapables d’infecter le lapin. (Travail du Laborat. de mélecine expérimentale de l'Université de Lyon.) SÉANCE DU 24 MARS 293 ÉVOLUTION TÉRATOLOGIQUE DES CELLULES SÉMINALES CHEZ LES MAMMIFÈRES. CELLULES GÉANTES, NAINES ET A NOYAUX MULTIPLES, par M. Cc. Reçaup (de Lyon). Sous l'influence de causes pathologiques, et même au moment de cer- tains états physiologiques passagers, on voit apparaître dans l'épithé- lium séminl, chez les mammifères, des cellules anormales, malformées, de véritables téraltocytes. Ces cellules peuvent être saisies par la dégé- nérescence bientôt après leur naissance : elles rentrent alors dans la catégorie des cellules séminales dégénératives ou abortives dont il a été question dans ma dernière communication (1). Mais un grand nombre d’entre elles, et ce sont les plus intéressantes, peuvent, quoique atteintes de malformation congénitale, continuer à vivre, à évoluer, et même dans certains cas, à proliférer. Les tératocytes séminaux que j'ai pu observer jusqu'à présent, sont : 1° des cellules géantes et des cellules naines, mononucléées; 2 des cellules à noyaux multiples. Ces cellules se rencontrent en très petit nombre dans les testicules d'animaux sains, en état d'activité spermatogénétique normale. Mais je les ai trouvées très abondantes dans les cas suivants : un hérisson, à la période de ralentissement préhibernal de la spermatogénèse, un chien quelquesiheures après le coït, un second chien, dont un testicule était atrophié (probablement à la suite d’une ancienne orchite) et dont l’autre présentait aussi de minimes lésions, un verrat, après trois coïts en quel- ques heures, deux suppliciés ayant l’un et l’autre des lésions anciennes très marquées d’un testicule. Ces observations sont insuffisantes pour déméler., dans l’étiologie du phénomène, ce qui est pathologique et ce qui ne l'est pas (2). Les cellules malformées peuvent être des spermatocytes, mais sont dans l'immense majorité des cas des spermatides. Les cellules géantes et naines, à noyau unique, proviennent de karyo- kinèses dans lesquelles la chromatine et le cytoplasme, ont été iné- galement répartis entre les cellules filles. Dans les cas précités, j'ai vu, en effet, plusieurs fois des mitoses à répartition inégale. L'origine des cellules à noyaux multiples peut être a priori rapportée à une ou plusieurs des trois causes suivantes : le fusionnement secon- daire de cellules primitivement uninucléées, la division directe (amito- tique) des noyaux sans division du cytoplasme, enfin l'absence de (4) Société de biologie, séance du 17 mars 1900. (2) Les cas dont il s’agit ici sont les mêmes que ceux que j'ai cités dans la communication que j'ai faite sur la « dégénérescence des cellules séminales » (Séance du 17 mars). Les cellules séminales dégénératives et les cellules à évolu- tion tératologique résultent donc des mêmes causes perturbatrices. 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE division du eyloptasme à la suite de karyokinèses bi-ou pluripolaires. Or, tandis que je n'ai pu faire aucune observation en faveur des deux premières hypothèses, je me suis, au contraire, assuré facilement du bien fondé de la dernière. Sauf chez le verrat cité plus haut, chez lequel j'ai trouvé un nombre de tératocytes véritablement colossal, les spermatocytes à plusieurs noyaux sont rares, beaucoup moins communs que les spermatides mul- tinucléées. Ordinairement, ces spermatocytes contiennent deux ou trois noyaux, cinq au plus; ils proviennent de mitoses bi-ou pluripolaires de spermatogonies. Au moment des deux mitoses spermatocytaires, ces térato-spermatocytes peuvent donner naissance, par des mitoses bi-ou pluripolaires de chacun de leurs noyaux, à des térato-spermatides énormes, contenant un grand nombre de noyaux de volume normal, égaux ou inégaux. J’ai observé effectivement des mitoses tri- et tétrapo- laires de spermatocytes, chez le premier des deux chiens cités et chez le verral. Les spermalides à deux, trois et quatre noyaux étaient extrèmement abondantes, chez tous les animaux et chez les suppliciés cités. Les sper- matides contenant de cinq à trente noyaux et plus étaient communes chez le hérisson et le verrat. Dans beaucoup d’entre elles, à côté de noyaux de taille normale, on trouve des-:noyaux très petits, parfois en grand nombre. En cherchant à me rendre compte de l’origine de ces noyaux nains, j'ai découvert l'existence de Æaryokinèses à chromosomes dispersés, dans lesquelles chaque chromosome, isolé des autres, ou bien groupé avec un ou deux chromosomes voisins, devient un petit noyau. Beaucoup de ces spermatides dégénèrent, mais un grand nombre évo- luent en spermatozoïdes monstrueux. Quelques-uns de ces sperma- tozoïdes contiennent, à côté de noyaux non transformés, un nombre variable de têtes rudimentaires (1). (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon). ORSERVATIONS SUR LA PRÉSENCE D'UN TRIPLE APPAREIL COPULATEUR CHEZ UN Helix pomatia, par M. Gaston PÉG6or. Les anomalies de la coquille des Mollusques ont été très bien décrites, mais celles des organes internes ne sont presque pas connues. J'ai pu en observer une que je vais signaler chez l’Æelix pomatia. L'anomalie portait sur la présence de trois gaines du pénis munies chacune de leur pénis, comme dans l'observation du D' Giuseppe Para- (1) Pour plus de détails, je renvoie à un travail qui paraîtra dans la Biblio- graphie anatomique, t. VII, fasc. 1. fe 9 de) (7: SÉANCE DU 24 MARS vicini (1), mais leurs rapports étaient différents. Il existait une gaine normale à sa place habituelle communiquant avec le cloaque génital par un gros canal. Les deux autres aboutissaient dans le vagin sépa- rément; elles étaient semblables et de taille moilié moindre que la première. Le canal déférent, d’abord unique, se bifurquait, et chaque division allait se rendre à un des pénis supplémentaires. Le pénis normal n avait pas de canal déférent. À la place même où il eùt dû aboutir se trouvait un bourgeon plein. Chacun de ces organes copulateurs possédait un flagellum et un muscle rétracteur. Le vagin était grand et communiquait avec le cloaque génilal par un canal de 1 centimètre extrêmement fin, contrairement à sa forme ordinaire. Il parait très difficile d'admettre que les gros œufs de l’escargot puissent passer par là. Quelle est l’origine de cette multiplication d'organes? L'hypothèse la plus simple consiste à admettre que le bourgeon provenant de la gaine du pénis normal s’est lrouvé arrêlé dans son développement par une cause inconnue et n'a pu établir la communication avec le canal déférent. Les spermatozoïdes n ont pu sortir par leur voie habituelle. Pour rélablir la fonclion perdue, le vagin aurait bourgeonné deux pénis plus petits avec leur gaine, lesquelles se seraient mises en communication avec le canal déférent. Désormais les spermatozoïdes pouvaient sortir. Toutes les autres parties de l'appareil génital étaient normales. DOSAGE COMPARATIF DE L'ALCOOL, DANS LE SANG ET DANS LE LAIT, APRÈS INGESTION DANS L'ESTOMAC, par M. Maurice NIcLoUx. Dans mes dernières communications faites à la Société de Biologie (2), Q) Jai démontré le passage de l'alcool de la mère au fœtus et de l'alcool dans le lait. C'est cette seconde partie que je complète aujourd'hui, en donnant les quantités d'alcool contenues dans le sang et dans le lait au même instant, après ingestion d'alcool dans l'estomac. La technique est la même que celle décrite précédemment. A l'animal en expérience (chienne ou brebis), on introduit dans l’estomac, au moyen d'une sonde œsophagienne de l'alcool à 10 p. 100, et successivement, d'heure en heure, on fait au même instant des prises de sang et de lait, On distille dans le vide à 50 degrés, au moyen de l'appareil de M. Gré- hant. L'alcool contenu dans le distillatum est alors dosé par mon pro- cédé. (1) Boll. Scient., Pavia, 1898. (2) Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 16 décembre 1899, p.980 et 983. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le ———————————————————— Je n’entrerai pas dans le protocole détaillé de toutes mes expériences, me contentant de renvoyer au mémoire complet actuellement sur le point de paraître (1). Voici les résultats (l'expérience I a déjà été publiée, je lui ai néanmoins laissé une place dans le tableau). NUMÉROS QUANTITÉ D'ALCOOL TEMPS COMPTÉ ALCOOL ABSOLU ALCOOL ABSOLU 1 heure. 0,25 non déterminé. I (Chienne). 3 CIC: 4 h. 50 m. 0,24 id. Lin 0 tie 0,11 id. 30 m. 0,26 0,37 | 1 heure. 0,36 0,46 Il (Chienne). 4 C. C 2 heures. 0,39 0,45 | 3 heures, 0,30 0,45 6 heures. 0,20 0,31 30 m. 0,24 0,38 10h26 0m 0,33 0,48 ITI (Chienne) (2) 5 c. c. 2\he 30m. 00 0,39 0,54 3 h. 30 m. 0 0,54 4 h. 30 m. 0,34 0,54 l 30 m. 0,16 non déterminé. . 1 heure. 0,19 0,24 | 1 h. 30 m. 0,21 0,23 2 h. 30 m. 0,21 0,23 “œ ; ; 3 h. 30 m. 0,20 0,21 D RURURE PAnee 4 h. 30 m. 0,18 0,19 SH 30m 0,17 non déterminé. 6 h. 30 m. 0,15 non déterminé. 1 h. 30 m. 0,13 0,14 23 heures. néant. non déterminé. L'examen de ce tableau montre combien les teneurs en alcool du sang et du lait sont voisines; l'expérience IV, sur la brebis, est à ce point de vue très intéressante. L'expérience IIT présente des écarts plus grands, mais il faut dire que la chienne en expérience n’était pas en pleine lactation, elle n'avait pas encore mis bas. Les quantités d'alcool contenues dans le lait sont faibles, voisines de 0,25 p. 100 d’alcool absolu à l’état d'ivresse assez accentuée, n’allant pas jusqu’à la perte de l'intelligence (expérience 1). Nul doute cependant qu'on ne puisse ainsi expliquer certaines convul- (1) L'Obstétrique, mars 1900. (2) Cette chienne n'était pas en pleine lactation (expérience faite avant la mise bas). SÉANCE DU 24 MARS 9297 sions de nouveau-nés, tirant leur origine de l'alcoolisme des nourrices, comme le rapportent un certain nombre d'observations cliniques. Travail des Laboratoires de Physiologie générale du Muséum et de la Clinique d'accouchement Tarnier.) REMARQUES SUR LE DOSAGE DE L'ALCOOL DANS LE SANG ET DANS LE LAIT, par M. Maurice NicLoux. Je rappelle en quelques mots, le mode opératoire : Le liquide, sang ou lait, dans lequel on veut doser l’alcool, est distillé dans le vide à 60 degrés, au moyen de la pompe à mercure, d'après les indications de M. le professeur Gréhant. Le distillatum, d’une limpidité absolue, renferme tout l'alcool. Celui-ci est alors dosé par mon pro- cédé. C'est à propos de ce dosage, que je désire présenter quelques remarques. Le principe en est le suivant : Si dans une solution très diluée d’alcool, de teneur inférieure à 2 centimètres cubes p. 1000, on verse du bichromate de potasse en solution étendue (19 grammes par litre), et de l'acide sulfurique, l'alcool est oxydé, le bichromate est réduit et passe à l’état de sulfate de sesquioxyde de chrome, cela proportionnellement à la quantité d'alcool contenu dans la solution. Si la quantité de bichromate est insuffisante ou, ce qui revient au même, si l'alcool est en excès, la teinte est vert bleu, couleur du sulfate de sesquioxyde de chrome étendu. Si, au con- traire, ce même bichromate est en très petit excès (une ou deux gouttes) la teinte passe au vert jaune. D'où la possibilité du dosage, grâce au virage du vert bleu au vert jaune. Or, un grand nombre de substances volatiles organiques étant sus- ceptibles de réduire le bichromate dans ces conditions, il nous fallait démontrer que nos dosages n'étaient entachés d'aucune erreur, hormis celles inhérentes au procédé lui-même (1). Guidé par cette idée théorique que, à l'inverse du plus grand nombre 1) C'est pourquoi, dans un autre ordre d'idées, nous avons examiné les liquides distillés provenant du sang, du lait, des urines et des tissus à l’état normal. Nous sommes arrivés aux résultats suivants : Lait de femme : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. Néant. Lait de femme (autre échantillon) : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool, Proportion inférieure à 1/500,000. Lait de vache : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. — 1/400.000. Lait de vache (autre échantillon) : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. — 1/70.000. Sang fœtal : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. — 1/100,000. 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des composés organiques attaqués, et par conséquent, oxydés par le bichromate de potasse et l'acide sulfurique, l'alcool éthylique donne par son oxydalion acide acélique et eau sans acide carbonique, j'ai ima- giné un dispositif expérimental très simple, permettant d'effectuer avec les liquides alcoolisés retirés par distillation du sang et du lait (4), la réaction d'oxydation par le bichromate, en recueillant les gaz qui pou- vaient se dégager. La présence ou l'absence d'acide carbonique devait me permeltre, du moins théoriquement, de résoudre la question. Je dis théoriquement, car l'alcool éthylique, même celui obtenu par la décomposition acide d’un sulfovinate et distillation avec un grand excès d’eau, donne, dans des conditions d'expériences bien spécifiées (voir L'Obstétrique, mars 1900), un peu d’acide carbonique. Voici quelques chiffres : Pour 0 c. c. 03 d'alcool àbsolu, CO* : 0 c. c. 4; pour 0 cc 032 00% G c. c. 5; pour 0 c. c. 08, CO? : 1 centimètre cube. : Les liquides distillés du sang et du lait donnent des quantités d’acide carbonique de très peu supérieures aux précédentes. C'est ainsi que l'on à : Pour 0c:c. 033 d'alcool, C0?:0'c:c/75; pour Drcic 05 C0 pour 0, c:c:10427C0° :"0 cc: 65; pour 0 c.1c038; C0 07 20mMEr Le calcul montre que l'alcool dosé existe réellement dans le liquide, dans la proportion d'environ 98 p. 100, soit une erreur par défaut d’en- viron 2 p. 100. Or, ma méthode de dosage étant susceptible d’une erreur relative un peu supérieure, on peut négliger la précédente et finalement on est en droit de compter comme alcool et comme alcool seul, aux erreurs d'expérience près, le chiffre obtenu par le dosage direct de l'alcool dans les liquides distillés. Ceci justifie tous mes résultats (2). (Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum et de la Clinique d'accouchement Tarnier.) Urine humaine (régime lacté) : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. Proportion inférieure à 1/800.000. Urine humaire (régime lacté, autre échantillon) : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. — 1/560.000. Foie de bœuf (animal tué la veille) : Substances réductrices, alcool ou autres, comptées en alcool. — 1/150.000. On est loin des proportions considérables de cet alcool normal signalé par A. Béchamp et J. Béchamp, dans le lait, le foie et les urines, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. LXXV, p. 1830, 1872; t. LXXVI, p. 836, 1873; t. LXXXIX, p. 573, 1879 et Annales de chimie et de physique, 5° série, t. XIX, p. 400, 1880. (1) Ces liquides ne renferment pas d’aldéhyde. (2) Voir tous les détails de cette discussion dans mon mémoire complet, L'Otstétrique, mars 1900. SÉANCE DU 24 MARS 299 SUR QUELQUES DÉTAILS DE L'ANATOMIE COMPARÉE DES LOMBRICIDES, par M. EDouARD DE RIBAUCOURT. Les Lombricides d'Europe présentent de notables différenciations anatomiques. L'aspect de la cuticule, de la couche épidermique, le groupement des fibrilles des muscles circulaires et longitudinaux sont très différents suivant les espèces. Le musele pharyngien peut ne former qu'une seule masse musculaire (Lumbricus) ou plusieurs masses musculaires dans autant de segments (Allurus). L'anatomie générale de l'æœsophage peut présenter divers aspects. Chez Allolobophora Hermanni(Michaelsen), l'æsophage n’est pas différencié ; chez À. turgida var. minima (Ribaucourt), la partie antérieure est plus considérable que la partie postérieure ; chez Allurus, la partie antérieure accentue sa différenciation ; enfin, chez A. pulris il y a des diverticules pairs sur toute la longueur de l’œsophage. La couche musculaire longtitudinale du jabot se transforme parfois en couche fibrillaire lâche, à faisceaux séparés et multiples pour certaines espèces (A. frapèzoïdes), unique pour d’autres espèces (Allurus,. Le gésier a des muscles circulaires slriés. Il est très développé chez Notogama rosea, peu développé chez A{lurus. — En coupe transversale, l'intestin caudal d'Allurus est en forme de croix de Saint-André. Chez À. chlorotica, il est en forme d'’ovale. Entre ces deux dispositions il y a une série d'intermédiaires. Le typhlosolis peut être absent (Criodrilus) ou représenté par une simple lame (Urochaela), par un feuillet bilobé (Notogama fœtida), trilobé (A. chloroltica), multilobé (Hormogaster). Le nombre des cœurs latéraux est variable suivant les espèces (quatre à neuf). Le vaisseau dorsal médian peut être nettement segmenté à l'arrière du gésier en loges cardiaques possédant des valvules (Zumbricus festivus); chez A. turgida var. minima, ces chambres cardiaques ne correspondent pas à la segmentation externe; dans d’autres cas, elles n'existent pas. La vascularisation des glandes de Morren (1) varie sui- vant l’anatomie de ces organes. Le sang fixé est toujours composé : 4) de plasma brun ; b) de plasma jaune, et avec répartition variable sui- vant les espèces; c) de plasma granuleux; d) de cellules amiboïdes sans noyaux ; e) de cellules amiboïdes avec noyaux; /) de vacuoles. Chose curieuse, À. lurgida var. minima possède deux grosses paires d’épididymes au sortir des pavillons vibratiles; cette disposition se retrouve, moins marquée, chez Allurus. Les soies se transforment en charpente de soutien des testicules et des pavillons vibratiles (A. Lurgida var. minima). (1) Communication à l'Académie des scienees, 19 juin 1899. 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les glandes « dites » chloragogènes varient de dimensions et de structure histologique non seulement sur des espèces différentes mais aussi sur un même individu. Cette différenciation cellulaire peut être si considérable que sur un même anneau, postérieur au clitellum, les chloragogènes (?) des organes segmentaires, des dissépiments, du Due digestif, de la paroi du corps diffèrent entièrement. | Nous montrerons plus tard que le processus de formation des éléments figurés du liquide périviscéral varie aussi beaucoup suivant les espèces. Les spermatophores se forment sur l'anneau qui les porte et non dans les spermathèques. Les Nématodes enkystés à la partie caudale des Lombricides peuvent procéder à une mue de leur cuticule à la suite d’une période de vie ralentie. LA DÉFINITION DU TIMBRE, par M. le D' P1ERRE BONNIER. À propos des expériences et des conclusions de M. Gellé, vis-à-vis desquelles je ne puis que maintenir toutes mes critiques, j’ai été amené à émettre au sujet de la définition classique du timbre et de la théorie de Helmholtz des opinions que mon collègue et ami Weiss semble trouver fortement hérétiques et blasphématoires. N'assistant pas à la séance où furent formulées ses objections et ne les ayant pas retrouvées dans le dernier Bullelin, j'ai dû attendre que le texte en füt publié pour y répondre. Voici ce que dit M. Weiss : « Je ne puis suivre M. Bonnier dans tous ses raisonnements pour les is ter; en réalité, voici comment les choses se présentent. « Deux sons diffèrent, par leur intensité, leur hauteur et leur timbre. L'in- tensité dépend de l'amplitude des vibrations, la hauteur du nombre de vibra- tions à la seconde. Quant au timbre, il est lié à la forme de la vibration; ce n’est pas une définilion, c'est un fait. « Or, on sait depuis Fourier que la forme d’une vibralion périodique quel- conque dépend de la superposition à une vibration simple fondamentale d’un certain nombre d’autres vibrations qui sont des harmoniques de la première. « Par conséquent, le timbre d’un son résulte des harmoniques qui se super- posent au son fondamental. Il n’y a pas dans tout cela de définitions contra- dictoires, il n’y a qu'un enchaïînement de raisonnements et de résultals expé- rimentaux. « M. Bonnier propose de conserver la première définition (définir le timbre par la forme) et de rejeter la seconde (définir par la composition). Ceci serait la plus mauvaise solution. S'il fallait absolument choisir, c’est l'inverse quil faudrait faire, mais la place me manque pour en développer ici les raisons. » SÉANCE DU 24 MARS 301 Ces quelques phrases fourniront toute mon argumentation et je ne pouvais les souhaiter plus décisives. Puisque la phrase de M. Weiss s'applique à une vibration périodique quelconque, je prendrai, sans chercher plus loin, celles dont il est ques- tion dans cette même phrase, c'est-à-dire la vibration fondamentale et les vibrations harmoniques. Elles sont périodiques; la fondamentale, dans la phrase, est dite simple, et je pense que les harmoniques le sont aussi. Voiei donc des vibrations périodiques. Étant simples, elles ne sont pas composées, et n'étant pas composées, comment leur forme peut-elle dépendre de leur composition? Ou bien ces vibralions périodiques, n'ayant pas de composition, n’auraient-elles non plus ni forme, ni timbre? Ou encore ne vaut-il pas mieux reconnaitre que sous le terme de vibration périodique quelconque il n’est question que d’un système spécial, d'un groupement particulier, d’une combinaison synthétique de vibrations périodiques? Quand M. Weiss dit que le timbre d’un son résulte des sons harmo- niques qui se superposent au son fondamental, cela revient à dire : Le timbre d'un son résulte de la combinaison de plusieurs sons. Il faudrait pourtant décider une fois pour toutes si la qualité d’une chose consi- dérée en elle-même peut n'être réalisée que par le concours de plusieurs choses de même ordre. Une chose, je le répète, ne peut avoir pour qua- lité d’être plusieurs. Si les sons doivent se mettre à plusieurs pour faire un timbre, le timbre n’est plus une qualité de chacun d’eux. Sans doute les choses sont rarement isolées dans la nature et on les trouve presque toujours à l’état de combinaison; mais quand on définit une chose, c'est de cette chose qu'il s'agit et non de la combinaison de plusieurs choses. C’est le son simple qui est l'unité à définir et non les mille com- binaisons des sons simples. Et puis, on ne peut pas non plus changer l’objet de la définition au cours de cette définition. Quand M. Weiss dit que deux sons diffèrent par leur intensité, leur hauteur et leur timbre, parle-t-il de deux sons simples ou de deux groupements de sons simples? Peut-on ainsi confondre l'unité et la pluralité de l’objet à définir? S'il s'agit de sons simples, l'intensité dépend bien de l'amplitude de la vibration; s'il s’agit de sons composés, l'intensité résulte du concours de plusieurs intensités, chaque vibration composante ayant son ampli- tude propre. S'il s'agit de sons simples, la hauteur dépend bien de la rapidité de la vibration; s'il s'agit de sons composés, la hauteur considérée n’est plus que celle du son fondamental, celles des harmoniques ne comptent pas. S'il s'agit de sons simples, le timbre ne doit pas exister si l'on aban- 302 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE donne la définilion par la forme pour tout rapporter à la composition, car les sons simples n'ont pas de composition, ils composent les autres. S'il s'agit de sons composés, la définition de M. Weiss peut paraître exacte. Malheureusement, il ne s’agit que de sons simples; car quand on parle du son, il ne s’agit pas de telle combinaison de sons associés. C'est un fait, dit M. Weiss, que le timbre est lié à la forme de la vibration. Or, toutes les vibralions ont une forme, mais toutes ne sont pas composées; si donc le timbre est une qualité du son, il ne peut être déterminé que par la forme, qui est une propriété générale et constante, et non par la composition, qui n'est pas une propriété du son, mais n'existe que par le concours de plusieurs sons et doit rester tout à fait hors de cause quand on définit le son en lui-même. Sans doute aussi, la forme d’une vibration périodique, non pas quel- conque, mais composée, dépend de sa composition; mais cet énoncé même manque de rigueur. La forme d’une vibration périodique com- posée dépend de la composition des formes des vibrations simples qui la composent. Ce n'est pas parce qu'on groupe en un même système sonore une fondamentale et plusieurs harmoniques qu’on donne une forme à ce système sonore, c’est avant tout parce que ces vibrations simples élé- mentaires ont déjà chacune une forme définie que leur agencement peut réaliser une forme synthétique. La forme d’une construction résulte non de l'accumulation des pièces qui la composent, mais de la combinaison des formes respectives de toutes les pièces. Je dirai donc : La forme d’une vibration périodique composée dépend de l’agence- ment des formes respectives de plusieurs vibrations périodiques simples, dont l’une est fondamentale et les autres harmoniques. Le timbre d’un son composé résulte de la combinaison des timbres respectifs des sons, — fondamental et harmoniques, — qui le composent. Le timbre d’un son simple est l'impression sensorielle que laisse dans notre oreille la forme de l'ébranlement périodique, comme la hauteur est celle que laisse sa périodicité, l'intensité celle que laisse son ampli- tude. C'est l'oreille qui définit le timbre, et elle ne le définit que par la forme, que le son soit simple ou complexe, car elle est incapable de décomposer. À PROPOS DE LA THÉORIE DE HELMHOLTZ, par M. le D° PIERRE BonniEr. Je passe maintenant à l’épithète « désastreuse », dont j'ai qua- lifié, non l’œuvre de Helmholtz que je n'ai pas un instant songé à attaquer, mais sa théorie de l’audition, pour laquelle mon expression à SÉANCE DU 24 MARS 303 été d'autant plus dure qu'elle s'adressait à une autorité plus incon- testée. Cette épithète ne m'a pas échappé et m'a plusieurs fois servi à caractériser une conception physiologique aujourd'hui abandonnée de toutes parts et qui ne survit malheureusement que dans l'enseignement classique. Je me bornerai donc à chercher à la justifier une fois de plus. Il y avait pour les physiciens deux sortes d'appareils de laboratoire auxquels on pût tenter d'assimiler l'oreille. Une première hypothèse l'eût comparée aux enregistreurs, qui reçoivent l'empreinte sonore dans son amplitude, sa périodicité et sa forme, mais ne décomposent pas plus que nos organes des sens. Cette conception ne retranchait pas l'oreille de la règle commune et ne sacrifiait pas la physiologie à la physique de laboratoire. Il n'y à pas dans l’œil des appareils élémentaires destinés respectivement à la perception des diverses nuances colorées, el chaque point de la rétine est apte à enregistrer toutes les tonalités ; de même, dans la peau nous n'avons pas un organile tactile pour chaque degré de température, chaque point de nos téguments les perçoit tous. On pou- vait donc tout d’abord supposer qu'il n’y avait pas davantage dans le limaçon de l'oreille autant de segments distincts qu'il y a de sons diffé- rents et que chaque point de la papille limacéenne était apte à enre- gistrer toutes les tonalités sonores et réagissait à toutes les périodi- cités. Cette voie si simple et si libre n’a jamais été suivie ; je l'ai ouverte ici-même il y à cinq ans. La seconde hypothèse faisait de l'oreille un appareil résonateur et lui attribuait l'aptitude à la décomposition, à la déformation analytique, refusée à tous les autres sens. Elle avait contre elletoute vraisemblance, d'après les données générales de la physiologie, mais elle était si sédui- sante et eut des défenseurs si illustres qu'on oublie encore aujourd'hui que pendant plus de deux siècles on torlura pour elle l’anatomie, la physique, l’expérimentation et la clinique. Depuis Helmholtz surtout, l’enseignement classique s’est immobilisé complètement, et tout en reconnaissant l'insuffisance el l’invraisemblance flagrantes de ce trans- port complec de la physique des appareils de laboratoire dans la phy- siologie des organes, personre n'a pu se reprendre assez pour en revenir à l’autre hypothèse. On a cherché le résonateur dans toutes les parties de l'oreille; toutes y ont passé, et l'on pourrait presque établir une série d'hypothèses brillantes dont chacune démolit la précédente et se trouve à son tour démolie par la suivante. Les sons différents élaient accueillis par les différents segments de la lame spirale osseuse, les aigus en haut, les graves en bas, d'après du Verney et Le Cat; dans les diverses sections du limaçon osseux, d'après Carus; dans les divers segments de la mem- brane de Corti, d’après Hasse; dans les divers piliers de Corti, d’après une première théorie de Helmholtz, si rigoureusement établie qu'elle vivrait encore si Hasse n'avait observé que les piliers en question man- Ra no 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quaient aux oiseaux; dans les cordes de la membrane basilaire, d’après une deuxième théorie de Helmholtz, tout aussi rigoureusement établie, et dans laquelle les appareils vibrants de la première hypothèse deviennent de simples étouffoirs, tandis que ce qui était étouffoir dans la première devient l'appareil vibrant par excellence. Et cette fois les sons aigus sont perçus en bas, les graves en haut. En vain fit-on observer que les cordes basilaires n'occupent que le cinquième de l'épaisseur de la membrane, qu’elles n’ont pas sa largeur et que ces sin- gulières cordes vibrantes ne tiennent réellement que par un bout; qu'elles sont fortement surchargées par un épithélium surélevé et compliqué, et que le tout est à peine plus dense que le liquide qui le baigne ; que tous ces éléments sont bien petits pour vibrer à l'influence de certains sons que nous percevons ; que fussent-ils doués de merveil- leuses aptitudes vibratoires, on s’expliquerait mal comment leurs longueurs, qui varient au plus de 1 à 12, vont convenir à des périodicités qui varient de 1 à plus de 2.000, etc. La chose était si séduisante que Waldeyer et P. Meyer, qui détruisirent la théorie de Helmholtz, s'adres- sèrent dans le même esprit aux cils qui terminent les plateaux cellu- aires; Hurst, après une si excellente critique de la même théorie et avec une vue plus saine des phénomènes du fond de l'oreille, se remit aussi à supposer que les sons différents étaient perçus en des points différents de la papille, el je vois que dans de toutes récentes théories, ni Ewald, ni Ter Kuiïle n’ont échappé à cette fatalité. Et on épuisera ainsi tout ce que les recherches anatomiques offriront à l'imagination des auteurs. Et depuis un demi-siècle, la grande autorité de Helmholtz dans le domaine physique a troublé la physiologie, faussé la symptomatologie et stérilisé la clinique pour tout ce qui concernait le fond de l’oreille, et tout cela par le parti pris de demander à un organe sensoriel une puissance de décomposition analytique que nous ne connaissons que par les appareils de laboratoire et que nos sens ne peuvent même soupconner. Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, SÉANCE DU 31 MARS 1900 M. E. Gex : Discours pronuncé aux obsèques de M. Beauregard. — M. CuarLes Rou- GET : La phagocytose et les leucocytes hématophages. — M. Ca. FÉRÉ : Note sur les plis de flexion de la paume de la main. — M. ErTieNnE Raëaun : Du rôle de l’am- nios dans le déplacement des yeux. — M. J. Czuzer : Action de la strophantine sur les réactions électriques des muscles et des nerfs de la grenouille. —M. G. Weiss : Sur la structure du cylindre-axe des nerfs à myéline. — M. G. Marcaxo : De la sédimentation spontanée du sang par le formol. — M. A. Branca : Note sur le noyau de l'endothélium péritonéal. — MM. Sagxazës et MuraTer (de Bordeaux) : [lémato- zoaires endoglobulaires de l'Hippocampe. — M. Gasrox PéGor : Sur quelques ano- malies présentées par l’écrevisse, la sangsue, la roussette et le mouton. — MM. MErr- LÈRE et LOgpEr : Recherche et dosage du glycogène dans les tumeurs. — M. MEeILLÈRE : Indices et rapports analytiques permettant de suivre les oxydations organiques ét d'évaluer les déchets urinaires. — M. CL. Recaup (de Lyon) : La prétendue division directe des spermatides chez les mammifères. — M. Cuoquer : Reproduction expé- rimentale de la carie dentaire. — M. A. Borrez : Sur une évolution spéciale de la sphère attractive dans la cellule cancéreuse. — M. En. RETTERER : Structure et évo- lution des ganglions lymphatiques du cobaye. — MM. L. p’Asrros et M. Rrerscu : Essais d'extraction de l'antitoxine diphthéritique. — MM. Carr et Bourcer : Va- riations de l'iode du corps thyroïde sous des influences pathologiques. — M. AuGus- Tus D. Waucer mo. FRS (de Londres) : Action électromotrice de la substance végé- tale consécutive à l'excitation lumineuse. à Présidence de M. Troisier, vice-président. Mort DE M. BEAUREGARD. -M. TRoIsiER exprime tous les regrets qu'éprouve la Société de la mort de son dévoué trésorier, M. le professeur Beauregard, et donne la parole à M. Gley, pour la lecture du discours que celui-ci a prononcé, au nom de la Société, aux obsèques qui ont eu lieu le vendredi 30 mars. Discours DE M. GLEy. Messieurs, Henri Beauregard faisait partie de ïa Société de biologie depuis l'année 1884 et, depuis lors et déjà dès les années immédiatement pré- cédentes, il n'a pas manqué à nous apporter les principaux résultats de son incessant travail. Et ainsi nos Comptes rendus contiennent beaucoup des faits nouveaux ou presque toutes les notions générales qui sont sortis, d'une part, de ses patientes observations sur la morphologie, le parasitisme, le développement et les mœurs des Insectes vésicants ; et, d'autre part, des longues recherches qu'il a poursuivies avec tant de persévérance, soit seul, soit en collaboration avec son maitre Georges Pouchet, sur la morphologie des Célacés; et enfin de ses observations, dans un domaine plus limité, mais dont l'exploration à toujours passé pour difficile, sur les systèmes dentaires. Ce sont là les œuvres qui ont assuré à notre regretté collègue, parmi les naturalistes, la place qu'il Biococre. Comptes RENDUS. — 1900. T. LII. 24 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE méritait. — Dans d'autres recherches, —et je ne parle que de celles dont la Société a eu connaissance —, Beauregard à fourntr de bons exemples de l’aide que peut procurer à la solution des problèmes physiologiques l'intelligente application de données anatomiques précises : c'est ce que lou voit dans ses remarques sur la physiologie de l'oreille, sur le rôle de la fenêtre ronde et sur celui de l'appareil de Corti, fondées sur des observations histologiques comparalives chez des animaux dont l’ouïe présente des différences considérables. — Tout récemment, il s'était orienté vers l'étude des organismes inférieurs. Le point de départ de ces nouvelles recherches mérite d'être relevé, car il témoigne de l'esprit d'observation de notre collègue. Dans un travail fait avec G. Pouchet sur l’ambre gris, on trouve la remarque que sur certains échantillons existent des efflorescences au milieu desquelles se distinguent des fila- ments mycéliens, « que l’un de nous étudie », ajoutent les auteurs. C'est cette observation de 1892 que Beauregard reprit et développa avec succès en 4897 et 98 et qui le conduisit à la détermination de crypto- games nouveaux qu'il fit connaître sous le nom de cryplogames de l’ambre gris. E Quelque estime, Messieurs, que nous eussions tous pour nolre labo- rieux collègue, elle était encore augmentée par ce que nous savions de sa vie extra-scientifique. Son activité, en effet, ne se bornait pas à ses travaux de laboratoire. Disciple des Paul Bert et des G. Pouchet, il aurait volontiers, lui aussi, considéré comme juste cette loi de Solon qui nolait d'infamie quiconque ne prenait pas part dans les discussions publiques. Convaincu que son office spécial, si consciencieusement qu'il fût accompli au mieux des intérêts du haut enseignement en France et de la recherche scientifique, n’épuisait pas tout son devoir social, il s’occupa très activement d'œuvres d'utilité publique; pendant longtemps il assuma la lourde charge de secrélaire général de l’une de nos plus importantes sociétés d’enseignement populaire, l'Association philo- technique. Et c’est la même conviction, d’ailleurs, qui, chaque fois que l’occasion se présenta, même dans les temps les plus troublés, de mani- fester en faveur de ce qu'il croyait œuvre de justice et de vérité, le fit agir Simplement, mais nettement. N'est-ce pas aussi, nous pouvons le penser, celte noble tendance à s'occuper d'autres intérêts que de ceux liés à sa fonction propre, et, pour tout dire, cet esprit de dévouement qui l’engagèrent à accepter, dans notre Société, et lui permirent de remplir avec un soin inlassable la charge difficile, toujours délicate, même dans une société scientifique, et, il faut bien l'avouer, quelque peu ingrate, mais si utile, de trésorier? C’est le privilège des associations vivantes et bien agissantes de trouver toujours les dévouements qui sont nécessaires à leur existence et qui assurent la fécondité de leur œuvre. Davaine, puis Joannès Chatin sont restés l’un et l’autre douze ans trésoriers de la Société; dans l'intervalle, SÉANCE DU 931 MARS 307 ‘Gallois le fut pendant neuf années consécutives. Beauregard à rempli ces fonctions depuis 1886 jusqu'à ce jour, c'est-à-dire durant treize ans, et s’en est constamment acquitté à la satisfaction de tous, Et jusqu’au terme même de celte pénible maladie contre laquelle il se défendait si courageusement, il n’a cessé de s'occuper des intérêts qui lui étaient confiés. Il nous sera donc permis d'ajouter à tous les regrets qui sont dus à la disparition du travailleur et du savant qu'était Beauregard, ceux que nous cause la perte de l’un de nos collègues les plus dévoués. À ce titre aussi, la Société de biologie honorera longtemps sa mémoire. M. TRoisiER annonce ensuite la mort de deux membres correspon- dants, le D' Peyraud (de Libourne), et Marcet (de Londres). LA PHAGOCYTOSE ET LES LEUCOCYTES HÉMATOPHAGES, par M. CuARLES ROUGET. Dans une récente communication de M. Anglas, on lit : « Le fait si remarquable, mis depuis longtemps en évidence par M. Metchnikoff, c'est que le mode de digestion le plus primitif est la digestion intra- cellulaire qu'il a nommée : phagocytose. Ce terme exprime l'acte d'une cellule qui digère un aliment en l’englobant. Si l’on veut bien reconnaître que les re amibes, rhyzopodes et même infusoires ciliés sont des organismes unicellulaires, vivant à l'état de liberté, et présentant les plus étroites analogies de structure et de propriétés avec les leucocytes, on ne peut contester que la phago- cytose ne soit connue depuis bien longtemps (Aülliker, 1848). Vers la même époque, on trouve décrits et figurés (Carpentier) l'englobement et la digestion, avec expulsion des résidus, d'organismes vivants, végétaux, algues et diatomées, ou animaux, larves de crustacés (Nauplius), roti- fères, par des amibes, des rhizopodes, des infusoires ciliés. Lorsque dans un but spécial d'expérimentation, je nourrissais (1873) des para- mécies, des kolpodes, des bursaires avec des fragments de rétine et d’épithélium choroïdien et que je constatais la digestion, la dissolution et l'absorption de tout ce qui était assimilable, le pigment seul restant comme résidu, c'était bien l'acte d’une cellule qui digère un aliment en l'englobant; c'était bien, d’° Hi la définition ci-dessus, une phagocytose, et je savais fort bien qu'il n’y avait là rien d’ Den nouveau. En 1874, dans les Archives de physiologie, je publiai un travail intitulé « Migrations et métamorphoses des globules blancs », au cours duquel je fis connaître un fail, que je crus nouveau, et qui parut tel à mon très regretté collègue et ami Balbiani, par qui j'eus la bonne fortune de faire contrôler mes observations sur l’englobement et la digestion de glo- 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bules rouges du sang par des globules blancs sortis des mêmes vais- seaux, à la suite d’hémorragies, soit accidentelles soit expérimentales. Balbiani m'a souvent répété que ces observations incontestables de phagocytose étaient de beaucoup antérieures à celles de M. Metschni- koff, dont je suis loin de contester la valeur. La question de priorité est pour moi tout à fait secondaire. Ce que je veux faire ressorlir ici, c'est que mes observations sur les leucocytes hématophages, terme par lequel je les désignais il y a vingt- sept ans, mettent en lumière des particularités propres à élucider cer- tains points encore sujets à litiges, dans les communications de MM. Giard, Bataillon, Mesnil et Metchnikoff, Perez, Anglas, etc., rela- lives à la phagocytose pendant les métamorphoses. « Les travaux concordants de Kowalewsky et van Rees ont depuis longtemps établi que chez les muscides, l’histolyse musculaire est pro- duite par une intervention active des leucocytes qui dissocient le myo- plasme en fragments de plus en plus petits, finitivement englobés et digérés à l’intérieur de ces phagocytes. Les choses se passent de même chez les fourmis (Ch. Perez). » On peut facilement constater à première vue, sur la planche de mon mémoire de 1874, que les hématies englobées par les leucocytes finis- sent par être dissociées, en fins granules colorés en rouge, avant d'être complètement digérées dans l'intérieur des leucocytes et de ne laisser qu'un résidu de pigment noir (fig. 2 et 3). Même processus de désinté- gration précédant et préparant la dissolution digestive et l'absorption par le protoplasma leucocytaire pour les muscles des muscides et pour les hématies des larves d'amphibiens, Une des questions les plus controversées entre les observateurs, dont les noms sont cités plus haut, est celle des conditions biologiques pré- cises dans lesquelles se trouvent, à l'époque des métamorphoses, les ndividualités cellulaires auxquelles s’attaquent les phagocytes. Or, voici ce que j'ai vu sur des larves de batraciens, vivantes dans leur pleine activité de leurs fonctions (sans intervention d'aucun réactif, simplement immobilisées par l’éther ou le curare), soit à la suite de lésions accidentelles des vaisseaux, soit à la suite de lésions expérimen- tales par pression et surtout par cautérisations très limitées : Abondante diapadèse de globules rouges au niveau de la lésion, dans les vaisseaux capillaires contigus; le lendemain, les globules blancs commencent à s’accumuler autour des noyaux hémorragiques, on les voit traverser la paroi des vaisseaux où la circulation est rétablie et s’accoler à leur sur- face, puis émigrant et s’accumulant autour des amas de globules rouges enlravasés. Jusqu'au deuxième ou troisième jour, aucun changement dans l’élat des parties; les caillots et les hématies isolées restant intacts, Les glo- bules blancs sont encore vides et incolores, c'est seulement du troisième PU FAN TU SP NU ne e 2 SÉANCE DU 31 MARS 309 au quatrième jour que quelques rares globules blanes ont étalé leurs pseudopodes sur les hématies et les ont englobés (fig. 4, A et B). A partir de ce moment, le nombre des hématies englobées par les leucocytes augmente jusqu'au dixième jour et même au delà, jusqu’au moment où toute trace des produits hémorragiques a disparu. En résumé : les globules blancs ne s’attaquent aux globules rouges que lorsque ceux-ci, sortis de leur milieu normal, commencent à s'altérer. Il semble bien qu'il y ait là la solution de la question controversée depuis près de trois mois entre les nombreux observateurs qui ont enrichi de leurs communications les Comptes rendus de la Société; sans qu'il soit nécessaire d’avoir recours aux hypothèses de la suppression d'une sécrétion protectrice, ni à une modification du chimiotactisme ou à une modification des propriétés du phagocyte lui-même. Les phago- eytes préfèrent, parce qu'ils les digèrent plus facilement, les aliments cellulaires un peu mortifiés. Dans les larves de guêpes et d’abeilles, les leucocytes se groupent en grand nombre autour de muscles encore intacts. La fibre envahie par les leucocytes peut paraître en parfait état (Anglas). NOTE SUR LES PLIS DE FLEXION DE LA PAUME DE LA MAIN, par M. CH. FÉRÉ. Chez les singes supérieurs, les plis de flexion de la paume de la main affectent une direction transversale, mais sont en nombre différent sui- vant les espèces. Hepburn (1) a trouvé chez le gibbon trois plis trans- versaux, chez l’orang il y en a aussi {rois dont un très élevé; iln’yena que deux chez l’orang. Chez l'homme, il existe quelquefois un seul pli transversal. Le plus souvent il existe deux plis; un pli inférieur en rapport avec la flexion des trois derniers doigts et se dirigeant du bord cubital de la main vers le deuxième espace interdigital ; un pli supé- rieur lié à la flexion commune des quatres doigts se dirigeant du bord radial de la paume vers l’éminence thénar. Il arrive que ces deux plis soient réunis par un trait d'union dans la paume de la main qui se trouve traversée par un plitransversal mais non pas unique. Carrara (2) qui à étudié ces plis sur plusieurs catégories d'individus, a observé les plis transversaux uniques sur 10 individus parmi 162 soldats, tantôt à droite seulement (3 fois), tantôt à gauche (2 fois), tantôt des deux côtés, (4) D. Hepburn. The integumentary grooves in the palm of the hand and sole of the foot in man and the anthropoïd apes. Rep. of the british ass. for advancement of science. Edinburgh, 14892, p. 909. (2) Carrara. Anomali dei solchi palmari nei normali e nei criminali. Archivio di psichiatria, 1896, p. 38. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE é’est-à-dire 6,17 p. 100, tandis que sur 1,505 criminels, il l'a trouvé dans la proportion de 10,6 p. 100. Sur 17 idiots il l’a retrouvé 5 fois ou 29,41 p. 100. Il ne les a pas rencontrés sur 300 prostituées et sur 200 aliénés. Il n'est pas sans inlérêt que les chiromanciens ont remarqué la rareté des plis de la main, chez les assassins où on ne voil souvent que deux plis, dit Desbarrolles (1), qui figure des plis transversaux chez plusieurs criminels; il est vrai qu'on les retrouve au moins 15 fois p. 100 chez les autres clients dont il figure la paume. Giuffrida-Ruggieri a donné de bonnes figures de ces plis transversaux des dégénérés (2). J'ai essayé d'éclairer par des recherches nouvelles la valeur des plis horizontaux allant transversalement d’un bord de la main à l'autre, au niveau des articulations métacarpo-phalangiennes. M. le D’ Bonnamy a bien voulu examiner pour moi 100 soldats, pris au hasard de la consultation. L'examen de ses croquis donne deux cas pour la main droite exclusivemeni, 4 pour la main gauche et 1 seul pour les deux mains. Cette proportion de 7 p. 100 est très proche de celle de: Carrara sur les soldats italiens. On admet en général que les nouveau-nés ne meuvent pas leurs doigts isolément: un observateur soigneux a relevé au trente-sixième jour une attitude particulière en crochet de l'index, mais seulement à la trente-quatrième semaine un véritable usage isolé de l'index (3). On pouvait supposer que le pli de flexion des lrois derniers doigts manquait chez les nouveau-nés. Il n’en est rien. J’ai observé 119 nou- veau-nés de 1 à 12 jours dans le service d'accouchement de mon ami M. Maygrier. En général, le pli de flexion inférieur est bien formé, il est seulement fréquemment un peu plus court que chez l’adulte, le pli de flexion supérieur est généralement plus long et plus horizontal que: chez l’adulte, mais le pli transversal unique est rare Sur 65 filles, on le trouve 8 fois, 4 fois à droite, seulement 3 fois à gauche et 1 fois des deux côtés, soit 12,30 p. 100. Sur 54 garçons, on le trouve 6 fois, 4 fois à droite seulement, 2 fois à gauche et 3 fois des deux côtés, soit 11,11 p. 100. Voici les empreintes d'un enfant mort-né à terme où on voit bien les deux plis de flexion, l'inférieur commençant au bord cubital, l'autre au bord radial, et, s’inclinant en sens inverse sans atteindre l’autre bord. J'ai retrouvé les deux plis sur un fœtus de six mois. On observe assez souvent sur les nouveau-nés un pli transversal sur l’éminence hypo- thénar qui le continue, quelquefois, par le pli d'opposition du pouce. (1) A. Desbarrolles. Mystères de la main, 3° éd., 1899, p. 811. (2) V. Giuffrida-Ruggieri. Sulla dignita morfologica dei segni detli « dege- nerativi », Atti della societa Romana di antropologia, 1896-97. (3) Kathleen Carter Moore. The development of a child, Monograph. sup- plement of The psychological review, 1896, p. 15, 18. dè es ms dd SÉANCE -DU 31 MARS 311 Parmi 217 aliénés, 26 présentent le pli de flexion transversal hori- zontal. Sur 55 imbéciles, il y a 9 qui l'ont, 4 des deux côtés, 4 à droite seulement, 1 à gauche seulement: sur les 162 autres malades appar- tenant à des catégories variées, 17 ont ce même pli, 10 des deux côtés, 4 à droite seulement, 3 à gauche seulement. Chez les imbéciles, il existe dans la proportion de 16,30 p. 100, tandis que chez les autres aliénés réunis il n'existe que dans la proportion de 10,48 p. 100. Ces chiffres rapprochés de ceux qui ont été rappelés précédemment semblent indiquer que le pli de flexion transversal horizontal allant du bord eubital au bord radial de la main est plus fréquent chez les dégé- nérés et plus fréquent chez ceux qui sont au bas de l'échelle. Cette disposition coïncide quelquefois avec l’oligodactylie cubitale qui elle ne rappelle nullement une forme simienne. On voit sur les empreintes que le pli horizontal unique coïncide dans les trois quarts des cas avec un défaut d'opposition du pouce qui pose à plat sur un plan presque comme les autres doigts (1). C'est exceptionnellement que l’on peut constater que le pli horizontal coïncide avec une infériorité fonctionnelle de la main qui la porte. Dans un cas de ce genre concernant un pianiste qui avait grand intérêt à égaliser ses deux mains, nous avons vu des exercices de dis- sociation des mouvements des doigts développer un pli accessoire, for- mant une courbe à concavité tournée vers l'extrémité des doigts et se dirigeant de l’interstice de l'index et du médius vers l'interstice de Fannulaire et de l’auriculaire. Un pli du même genre peut être déve- loppé expérimentalement par la flexion passive prolongée et répétée de l’annulaire et du médius, l'index et le petit doigt restant dans l’ex- tension. On a vu que bien que les mouvements n'aient été exécutés qu'à la main droite, le même pli a commencé à s'ébaucher à la main gauche. C'est un enregistrement intéressant d’un fait bien étudié dans ces der- nières années : on a vu que l'exercice d'une main profite à l’autre (2). La possibilité de la détermination expérimentale de ce pli accessoire (anneau de Vénus des chiromanciens, lascivité, luxure) est bien propre à montrer que les plis palmaires ne sont que des traces d'atlitudes fré- quentes. On observe souvent d’autres plis accessoires qui se forment par là flexion isolce de l’un des doigts, au-dessous des plis de flexion communs. (4) Ch. Féré. Des empreintes digitales dans l'étude des aptitudes fonclion- nelles de la main. Comptes Rendus, Société de Biologie, 1898, p. 827. (2) W. W. Davis. Researches in Cross-education, Studies fromthe Yale psycho- logital laboratory, 1898, vol. VI, p. 6.) — R. S. Wooworth, The accuracy of volontary movement, The psychological review, 1899, Monograph Supplement, p. 105). E d2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DU ROLE DE L'AMNIOS DANS LE DÉPLACEMENT DES YEUX, par M. ÉTIENNE RABaAUD. Dans une précédente communication (1), j'ai indiqué que le processus initial de la cyclopie ne résidait pas dans un arrêt de croissance de la vésicule cérébrale antérieure, mais bien dans une différenciation diffuse de la masse encéphalique. Celle-ci, au lieu de se constituer par végéta- tion embolique aux dépens d’une surface limitée de l'ectoderme, se pro- duit par transformation totale de l’ectoderme dorsal. De la sorte, l’en- céphale n’esl pas une vésicule close, mais une lame très large, à peu près plane et assez épaisse. La rétine naît de cette lame et se dirige perpendiculairement de haut en bas vers l’ectoderme ventral. Il n’est pas possible d'attribuer à l’amnios un rôle quelconque dans la. genèse de ce processus. L’amuios des cyclopes, en effet, est toujours lâche et flottant. Son existence même n'est pas constante ; dans tous les cas la croissance de ses capuchons est parfois très retardée. Jamais je n’ai vu cette membrane en état d'apporter la moindre gêne à l’évolu- tion du système nerveux. L'’amnios est cependant capable de provoquer le déplacement des formations oculaires. En voici un exemple. Il s’agit d'un embryon de poulet ayant subi quatre jours d’incubation, qui, examiné par transparence, avait l'aspect d'un cyclope. Il semblait être couché sur le flanc gauche : l’anse car. diaque, de forme normale, battait sur le côlé, la tête déformée donnait l'impression d'une tête vue de profil, portant à son extrémité antérieure un seul œil très développé presque visible à la vue simple. L'amnios ne se distinguait pas nettement. L'examen des coupes sériées, pratiquées transversalement d’avant en arrière, ma montré que ces apparences ne correspondaient pas à la réalité. La tête repose sur le blastoderme par sa face ventrale; elle est de toutes parts enveloppée d’ectoderme. L’amnios se moule très exacte- ment sur cette tête, il est presque accolé à l’ectoderme, formant en un. mot une gaine extrémement étroite. L’encéphale se trouve à l’état de vésicule close entièrement séparée du feuillet d’origine; elle est aplatie, contournée, plissée en divers sens comme si elle s'était développée dans une enceinte inextensible trop petite pour la contenir. Cette vésicule présente deux expansions en cul- de-sac qui ont respectivement la valeur d’une rétine. Chacune d'elles vien (1) Premier développement de l'encéphale et de l'œil des cyclopes, Société de Biologie, séance du 13 janvier 1900. SÉANCE DU 31 MARS 313 au contact d'un cristallin et le coiffe non pas en s'invaginant suivant le mode ordinaire, mais par un simple mouvement de flexion gràce auquel l'une des parois devient externe, l’autre interne (1). Ces formations réti- niennes semblent n'être qu'un repli de l’encéphale. Ainsi se constituent deux yeux; l'un, situé sur la face dorsale est externe, l’autre, sur la face ventrale est médian. Le premier, dorso- externe, élait seul visible sur la pièce fraiche, le second était indiscer- nable. Cet embryon n’a de commun avec la cyclopie que la situation ven- trale et médiane de l’un des yeux; il en diffère par tout le reste de son organisation. Il ne saurait être rapproché des cébocéphales, car les deux yeux sont très éloignés l'un de l’autre, ils ne sont pas tous deux ventraux. De plus, le tissu encéphalique n’a pas la disposilion caracté- ristique du type cyelocéphalien ; c'est une vésicule close et non une lame diffuse vccupant toute la face dorsale et tenant lieu d’ectoderme. Enfin, l’origine des yeux sur cet encéphale ne rappelle en rien celle des cyclopes; chez ces derniers, les rétines se forment aux dépens d’une invagination spéciale et coiffent le cristallin suivant le mode normal. Cette monstruosité ne présente en somme, aucun rapport réel avec la cyclopie; elle n’est point provoquée par une cause profonde modifiant l’activité des tissus, mais bien par une cause mécanique, superficielle, produisant par la force des dispositions vicieuses. L'état de l'amnios, complètement fermé, très étroit, contigu à l’ectoderme céphalique, impose à l'esprit l'idée que cette enveloppe est l’agent direct d’une compression provoquant un déplacement. La ressemblance extérieure de cet embryon avec un cyclope n’est probablement pas un fait isolé. Et sans doute, ce sont des cas du même genre qui ont conduit mon regrettable et vénéré maitre Dareste à penser que l'amnios pouvait jouer parfois un rôle actif dans la formation de la cyclopie. ACTION DE LA STROPHANTINE SUR LES RÉACTIONS ÉLECTRIQUES DES MUSCLES ET DES NERFS DE LA GRENOUILLE, par M. J. CLuzer. Les expériences ont été faites sur quatre groupes de grenouilles dont le poids moyen était de 20 grammes avec des doses variant de 0 milligr. 1 (4) Je signale en passant, me proposant d'y revenir, le curieux phénomène de corrélation qui fait que le cristallin naît en des points variables de l’ecto- derme céphalique suivant la situation qui vient occuper la rétine par rapport à cet ectoderme et cela aussi bien chez les cyclopes que chez le monstre qui nous occupe : la rétine semble attirer le cristallin. PF, vie 7 St4 ennitees à near nt et OR EE se Le F3 =eis se térer LS Pr 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à 2 milligrammes de strophantine en injectant sous la peau une solu- lion composée de : SIOPhANTNE "SE res MORE AA Eau distillée”. UM. . 1. 20 S0-centimeétrestoubes: Pour faire un examen électrique, la grenouille injeclée était fixée de: manière à laisser libres les contractions du gastrocnémien d'un côté, chacune de ces contractions était enregistrée au moyen d'un myographe direct. Le courant faradique était donné par un chariot de Tripier avec bobine induite à fil moyen, le courant galvanique par 12 éléments Leclanché et un rhéostat à liquide permettait de faire varier l'intensité de celui-ci. L’électrode indifférente était un anneau métallique placé dans la bouche de l'animal. l’électrode active une tige métallique recourbée placée sous la peau au milieu du gastrocnémien pour l’exci- tation directe du muscle el sur le trajet du sciatique à la cuisse pour l’excitation du nerf. Voici les principaux résultats des expériences faites dans ces condi- tions sur les quatre groupes de grenouilles : Groure I. — Injection de 1/2 centimètre cube de la solution, c’est-à-dire de: 0 milligr. 2 de strophantine. Les réactions électriques se maintiennent nor- males pendant quatre heures environ. À partir de ce moment, on constate à l'excitation directe du muscle et à l'excitation du nerf que la secousse appa- raît plus tôt à la PFe qu'à la NFe pour des intensités croissantes (inversion de la formule). Deux jours après l'injection, les réactions électriques sont retrouvées nor- males. : Les grenouilles de ce groupe n’ont jamais été paralysées, cependant les. mouvements étaient un peu difficiles àun moment ; mais, avant même que les réactions électriques redeviennent normales, les grenouilles avaient recouvré leur vivacité première. GroueE IT. — Injection de 1 centimètre cube de la solution, c’est-à-dire de 0 milligr. 2 de strophantine. Réactions électriques normales pendant trois heures environ ; puis la PFe apparaît plus tôt que la NFe à l'excitation directe du muscle ; six heures après l'injection on constate, dès que les contractions sont appréciables (à 0 milliamp. 4), que le muscle est tétanisé par le passage du courant continu, mais à l'ouverture du courant, la tétanisation cesse et il se produit une secousse d'ouverture au P et au N; sept heures après l'injection, les tracés sont les mêmes que précédemment, sauf que les contractions aux ouvertures n'existent plus et que l’excitabilité faradique a beaucoup diminué; huit heures après l'injection, l’excitabilité faradique tend à redevenir nor- male et les contractions aux ouvertures réapparaissent, mais le muscle est encore tétanisé par le passage du courant; enfin, neuf heures après l'injec- tion, le muscle n’est plus tétanisé par le galvanique, mais il y a encore inver- sion de la formule aux fermetures. A l'excitation du tronc nerveux, on n’a observé comme modificalion qu'une- ie VTT on L 3 = SÉANCE DU 31 MARS 315 inversion de la formule commencant avec la période de tétanisation galva- nique du muscle. Trois jours après, les réactions électriques sont redevenues nurmales. Les grenouilles de ce groupe étaient complètement paralysées pendani la période du tétanos galvanique, puis elles ont recouvré.leurs mouvements. GROUPE III. — Injection de 2 centimètres cubes, c’est-à-dire de O0 milligr. 4 de strophantine. Un examen fait trois heures après l'injection montre dès que les contrac- tions sont appréciables (0 milliamp. 3), que le muscle est tétanisé par le pas- sage du courant continu et qu'iln'y a plus de secousse aux ouvertures du cou- rant, l’excitabilité faradique est très diminuée d’ailleurs; à ce moment, on constate, en outre en excitant le tronc nerveux une grande diminution d'exci- tabilité faradique, l'inversion de la formule pour les fermetures du courant continu et la tétanisation de muscle pendant le passage du courant. Huitheures après l'injection, l’excitabilité faradique du muscle est abolie et il faut arriver à une intensité de 1 milliamp. pour avoir des tétanisations appréciables au galvanique, à ce moment le nerf est inexcitable ; trente heures après l’injec- tion, toute excitabilité musculaire avait à son tour disparu. La paralysie était complète depuis l'apparition du tétanos galvanique. Groupe IV. — Injections d'une dose de strophantine variant de 0 milligr. 5 à 2 milligrammes. Toutes les grenouilles de ce groupe sont mortes dans les deux heures suivant l'injection, après avoir présenté successivement toutes les phases décrites précédemment : inversion de la formule, tétanos galvaniqu®? avee secousses aux ouvertures, inexcitabilité faradique et tétanos galvaniqus sans secousse d'ouverture, inexcitabilité du nerf et inexcitabilité du muscle. Il est à remarquer qu'une grenouille ayant recu une injection de 2 centimètres cubes d’eau distillée a toujours eu ses réactions électri- ques normales. En résumé on peut réaliser par des injections convenables de strophan- tine des modifications remarquables dans les réactions électriques des muscles et des nerfs et arriver ainsi à un ensemble de phénomènes ayant plus d’un point commun avec la DR que l’on observe en clinique; je poursuis en ce moment l'étude d'autres réactions de dégénérescence expérimentale du même genre. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Universilé de Toulouse.) SUR LA STRUCTURE DU CYLINDRE AXE DES NERFS A MYÉLINE, par M. G. WEiss. A la suile de ma communication sur la structure du cylindre axe, il m'a été fait, soit en séance, soit en dehors de la séance, quelques objec- tions auxquelles je désire répondre aujourd'hui. 316 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE En premier lieu, je crois que ma technique ne peut être mise en parallèle avec les imprégnations au chlorure d’or; elle leur est en effet infiniment supérieure pour les nerfs à myéline, et la question est discu- table pour les cylindres axes nus. Or il s’agit pour moi d’avoir une mé- thode permettant de suivre les modifications des nerfs après leur section, compression, régénération, etc.; pour cela, je déclare que la mélhode de l'or est sans valeur. Jamais elle ne permet de voir dans le cylindre axe des nerfs à myvéline les détails que j'y montre et de plus elle est trop infidèle dans ce cas pour qu'on risque d'y confier les résultats d’une expérience délicate ou des pièces parfois uniques. La technique que j'emploie est absolument sûre, elle réussit à tout coup et donne des préparations remarquablement belles. Quant à la constitution fibrillaire du cylindre axe, elle a évidemment été signalée, elle est décrite dans les auteurs classiques, mais précisé- ment ces descriptions ne concordent nullement avec l’idée que je me fais de cette structure. Il résulte clairement du texte et des figures des traités de Ranvier et de Renaut que le cylindre axe serait un paquet de fibrilles, comme la fibre musculaire est un paquet de fibrilles museu- laires, la partie interfibrillaire n'’existant tout au plus qu'à l’état de vestige. Pour moi au contraire, le cylindre axe se compose d’une partie fondamentale homogène, transparente, ne prenant aucune des matières colorantes nombreuses que j'ai essayées, carmin, hématoxyline, cou- leurs d’aniline acides ou basiques, et dans laquelle se trouverait un réseau fibrillaire très fin, qui après fixation par l’acide osmique prend les couleurs d’aniline acides ou basiques. Pour donner une idée de la place minime occupée par ce réseau, je dirai qu'on pourrait, il me sem- ble, le supprimer sans réduire d’une facon appréciable la section du ey- lindre axe. Voici du reste où apparaît plus nettement encore la différence entre ces deux conceptions. Après action des bichromates et coloration au picro- carmin, on aperçoit sur la section transversale des nerfs une étoile rouge occupant le centre des tubes nerveux. Pour M. Ranvier, cette étoile représente la totalité du cylindre axe déformé par la coagulation de la myéline. Je crois au contraire que l’on se trouve en présence du réseau chromophile mal fixé au milieu du cylindre achromatique. On voit en effet très souvent sur une coupe transversale après fixation à l'acide osmique et coloration aux couleurs d’aniline cette même forme résulter du groupement des fibrilles. Les fibrilles chromophiles forment-elles réellement un réseau ou sont-elles indépendantes les unes des autres dans leur parcours ? Dans ma précédente communication, j'ai émis la première hypothèse, j'ai fait pour la vérifier de nouvelles préparations et je suis de plus en plus con- vaincu de ce que j'ai dit. Comme il s’agit d’un point très délicat, et qu'en somme il n’y a que la vérité qui importe, je mets à la disposition de la SÉANCE DU 31 MARS Sul Société une boîte de préparations sur lesquelles je prierai mes collègues de vouloir bien contrôler ce que j'ai vu. On aperçoit parmi les fibrilles des extrémités libres, il serait très important de savoir si ces terminai- sons sont naturelles ou artificielles, car suivant le cas on pourrait tirer de cette connaissance des conclusions intéressantes sur le rôle du réseau chromophile. Malheureusement cette détermination me parait difficile, car il faudrait s'abstenir de la coupe au rasoir, et dans ces conditions la couche de myéline empêche de bien voir le réseau. (Travail du Laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de Médecine de Paris). DE LA SÉDIMENTATION SPONTANÉE DU SANG PAR LE FORMOL, par M. G. Marcano. La sédimentation sanguine peut être obtenue ou mécaniquement par centrifugation ou spontanément en laissant déposer les globules ; soit que daus l’un ou l’autre cas on ait au préalable défibriné le sang, soit qu'on l'ait mélangé avec des substances anticoagulantes et conserva- trices des globules. La valeur respective des deux procédés a été, dans ces dix dernières années, l'objet de nombreuses discussions, surtout en Allemagne. Il en résulte que la sédimentation spontanée mérite la préférence, parce qu'elle produit le minimum d’altération des globules, elle donne des résultats constants, et elle est d'une exécution plus facile. La mensuration du sédiment sanguin, c'est-à-dire du volume globu- laire, que nous proposons d'appeler s{éréomélrie est une méthode d'exploration clinique dont la valeur ne peut être mise en doute, depuis les travaux de Biernacki (de Varsovie) et d'Otlfried Müller (de Berlin). Elle serait d'un usage courant, comme l'hématimétrie et l'hémo- chromométrie, si elle ne nécessitait l'emploi d'une quantité de sang relativement grande (1 centimètre cube au moins). C'est à cet inconvénient que nous avons cherché à obvier, au moyen d'un appareil qui nous permet de faire sédimenter une goutte de sang de vingt-cinq millimètres cubes, et d'un liquide sédimentateur plus avan- tageux que ceux qu'on a employés jusqu'ici, le formol, dont M. J. Darier a reconnu le premier la propriété anticoagulante. M. J. Darier avait remarqué au laboratoire d'histologie du Collège de France que, lorsqu'on mélange du sang avec une solution isotonique de chlorure de sodium formolée, les globules tombent au fond du vase. Cette première observalion qu'il eut la gracieuseté de nous communiquer, à été le point de départ des recherches qui sont l’objet de cette note. 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le formol en poudre, en solution aqueuse et en solution alcoolique (telle qu'on la trouve dans le commerce) empêche la coagulation. Sous ces lrois formes, il provoque la formation d’un dépôt granuleux et irré- gulier, et d’un sérum laqué. L'addition d’eau rend la couleur du liquide plus claire, en même temps que la hauteur des parties solides diminue, mais on ne peut parvenir à obtenir un sédiment net ni un sérum inco- lore et diaphane. La sédimentation devient très régulière quand on transporte le formaldéhyde dans une solution de chlorure de sodium, quoique cependant, de temps en temps, la couche de liquide qui avoi- sine les globules se teinte légèrement en rose, quelles que soient les proportions du sel dissous. Dans le sérum Malassez (solution aqueuse de sulfate de soude. D. 1020) cet inconvénient disparait. La sédimentation se fait dans ce mélange à partir de 1 p. 100, et on peut ajouter du formol jusqu'à 25 p. 100 sans que le moindre trouble apparaisse. Dans ces diverses proportions, le sédiment présente le même volume, et si on le sépare du liquide, et qu'on le délaye dans l’eau distillée, il tombe de nouveau au fond du vase. Pour obtenir un liquide sédimentateur irréprochable, nous stérilisons le sérum Malassez à l'autoclave et nous ajouütons après le formol, dans les proportions de 10 à 15 p. 100. La chute des globules débule quelques minutes après que le sang a été mélangé avec le liquide ainsi préparé, et la sédimentation est com- plète au bout de vingt-quatre heures. Le liquide commence à se laquer vers le quatrième ou cinquième jour, mais le niveau du sédiment ne change plus. En mettant en regard les sédiments formés dans le sulfate de magnésie, dans l’oxalate de potasse et dans le formol, on trouve quelques différences dans les conditions où nous nous sommes placé. Dans la solution de sulfate de magnésie, on observe souvent des fragments du sédiment qui surnagent et qui échappent à la mensu- ration ; de plus, les globules sont déformés. L’oxalate produit aussi des déformations, mais beaucoup moins accenluées. Le volume et la couleur du dépôt ne sont pas les mêmes. L'oxalate produit le plus petit volume de sédiment: celui du sulfate de magnésie est de 5 p. 100 plus abondant ; celui du formol l’est encore plus d’une _quantilé égale. Les sédiments que forment le sulfate de magnésie et l'oxalate de potasse ont une même coloralion rouge carmin; celui du formol est rouge brun. Les résultats fournis par ces trois liquides ne sont donc pas compa- rables entre eux, quoiqu'’ils soient constants pour chacun. (Travail du laboratoire d’histologie du Collège de France.) SÉANCE DU 31 MARS 319 NOTE SUR LE NOYAU DE L'ENDOTHÉLIUM PÉRITONÉAL, par M. ALBERT BRANCA. Le noyau de l’endothélium péritonéal occupe cette zone de proto- plasma réticulé que revêt la cuticule ou plaque recouvrante. Ce noyau, unique d'ordinaire, est très aplati. Lorsqu'on l'observe sur des coupes, il se montre comme un bâtonnet très chromophile, assez peu différent des noyaux de la trame sous-jacente. Vient-on, au contraire, à l’examiner en surface, on le cn au premier coup d'œil, à trois caractères : son contour est assez régulière- ment arrondi, sa taille est relativement volumineuse (1), son aspect est remarquablement clair. . Le mésentère du cobaye, fixé dans le liquide de Zenker tiède, coloré dans l'hématéine-éosine et régulièrement étalé sur une lame de verre permet l'examen du noyau dans de bonnes conditions. Les objectifs à immersion y font voir que le champ nucléaire est occupé par un réseau irrégulièrement polygonal. Ce réseau, dont les mailles sont de diamètre à peu près uniforme, est teint en rose par l'éosine. En un ou deux points, le réseau fait défaut : une tache claire en résulte. Elle semble une maille RARE rad où vient PAPAS se loger un corpuscule chromatique. La chromatine, aisément reconnaissable à son affinité pour l'héma- téine, se montre répartie de deux façons : 1° Elle occupe la périphérie du noyau. Là, elle affecte l'aspect de grains arrondis, ovalaire ou hémisphériques. Plus souvent encore, elle revêt l'apparence de lamelles biconvexes. Ces lamelles, par leur succession presque continue, forment une sorte de eroûte très mince, qui accuse le contour du noyau et le délimite avec une netteté parfaite. 2 La chromatine s’obsérve encore dans l'aire du noyau. Elle prend l'apparence de grains arrondis ou piriformes, de triangles très allongés, de bâtonnets droits ou curvilignes. Elle semble se localiser parfois dans une des larges mailles que limite le réseau acidophile du karyo- plasma. Outre le A que je me borne à signaler ici, on constate souvent dans le noyau la présence d'incisures. Ces incisures sont de laille variable, et l’on trouve tous les intermé- diaires entre l'encoche qui entame à peine le contour nucléaire et la fissure qui découpe profondément le noyau. D’autres fois, la face super- ficielle du noyau est seule parcourue par une bande claire, parfois longue et toujours étroite, Cette bande est limitée par deux lignes parallèles et (1) Le champ nucléaire de l’endothélium est trois ou quatre fois plus étendu que le champ occupé par les noyaux de la trame sous-jacente, 320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE colorées ; ces lignes peuvent se montrer semées de granules chroma- tiques. Pareil aspect du noyau a été décrit dans certaines glandes, et dans le testicule en particulier (1). Il a été rapporté à des phénomènes de division directe. C'est Là, je crois, une interprétation, plus qu'une démonstration. Autant il est facile, en effet, de conclure en présence de figures karyo- kinétiques, autant on doit se montrer réservé pour affirmer qu’un noyau qui présente des fissures appartient à une cellule en voie d'amitose : nous ne connaissons pas encore de caractère qui nous permette de con- clure en toute certitude à la division directe. HÉMATOZOAIRES ENDOGLOBULAIRES DE L’HIPPOCAMPE, par MM. J. Saprazës et L. MuraATET (de Bordeaux). Le 9 mars 1900, une dizaine d’hippocampes nous étaient adressés de la station zoologique d'Arcachon. Ces animaux étaient tous vivants, mais un peu moins agiles qu'à l’élat libre. En examinant le sang du cœur de ces hippocampes, nous avons vu, à l'in- térieur d’un grand nombre de globules rouges (un sur cinq à dix environ), des corpuscules ronds, réfringents, animés chacun, dans le protoplasma de l'hé- matie, d’un mouvement propre de trémulation à la faveur duquel leur dépla- cement s'opère dans divers sens, ce qui contribue à imprimer aux globules rouges qui les contiennent des oscillations irrégulières. Ces corpuscules mobi- les siègent dans l'intimité du protoplasma hémoglobinifère, en dehors du noyau. Leur nombre est variable : quelques hématies en contiennent une tren- taine et plus, d’autres vingt, quinze, dix, deux, même un seul. Les différences de mise au point du bord et du centre de ces corpuscules témoignent de leur forme sphérulaire. Parfois, deux sphérules sont couplées. On rencontre exceptionnellement des formes un peu allongées. Les globules rouges les plus envahis ont conservé leur volume, leur forme ovale ou sont devenus plus globuleux par suite de leur réplétion; ils manifestent, par leur teinte à peine verdâtre, voire même par leur décoloration, leur appauvrissement en hémo- globire ; ils ne contiennent pas de pigment mélanique soit épars, soit intra- corpusculaire. Dans le-plasma, on trouve de rares corpuscules libres, ana- logues aux précédents; on n’en constate qn'exceptionnellement dans les leucocytes mononucléés. (1) Avec M. Félizet (Soc. de Biologie, 22 octobre 1898), j'ai signalé cet aspect du noyau dans les cellules de Sertoli du testicule ectopique, et je l'ai vu par- fois avec une fréquence extraordinaire sur le tégument normal de l’axolotl. La plupart des noyaux d’un pareil tégument sont porteurs d’une ou de plu- sieurs incisures; ces incisures sont droites ou courbes, courtes ou longues, mais toujours étroites et de direction quelconque, et rien n'autorise à regar- der les cellules qui portent ces incisures comme des éléments en voie d'amitose. SÉANCE DU 931 MARS 321 Ces corpuscules endoglobulaires mesurent de 0 4 80 à 1 uw 80 environ. Quand on laisse en chambre humide, à la température ambiante, une goutte de sang frais encellulée, les corpuscules endoglobulaires restent mobiles, tant qu'une dessiccation exagérée n'intervient pas; beaucoup se libèrent des globules rouges qui les contenaient; quelques-uns sont englobés par les leu- cocytes. Puis, au bout de quatre à cinq jours, les formes suivantes apparaissent dans les préparations : a) Formations ovalaires, légèrement mobiles, isolées, exceptionnellement par deux, trois ou quatre, mesurant au plus 5 u sur 6 x 1/2, avec ou sans vacuoles. b) Formations semblables, mais plus rares, munies de deux appen- dices flagellés, mobiles. c) Nombreux filaments flagellés libres avec ou sans renflement piriforme ou globuleux d’une extrémité ; ces flagella sont animés de mouvements d’ondulation plus ou moins rapides. “+ PAT CES Ÿ \ É a, & A) Ve (| \s0) 1 2 3 33 ss 9 9 (= :) } Ch. ..68 06 } { \ FE AD y } ÿ 45 6 d 9 10 Lf 12 13 (G — 600 D) Corpuscules à l'intérieur des hématies : 1-2, Sang frais. — 3, Fixation par le sublimé. — Préparation encellulée. — 4-5-6, Corps ovalaires. — 7, Corps flagellé. — 8-9-10, Fla- gella. — 11-12, Corps arrondis. — 13, Corps globuleux rempli de corpuscules mobiles. d) Cellules rondes très transparentes, immobiles, mesurant 8 à 9 &, ayant un noyau excentrique, irrégulier, dépourvu de membrane nucléaire. e) Cellules de plus grand diamètre que les précédentes, moins transpa- rentes, parfois vacuolaires. f) Corps régulièrement ronds (19 & de diamètre), limités à La périphérie par une membrane extrêmement mince, ayant à un pôle un noyau clair et au pôle opposé une à deux grosses vacuoles très réfrin- gentes ; ce qui frappe surtout, c’est l'existence à l'intérieur de ces productions d’un nombre extraordinairement considérable de petits corpuscules arrondis, très mobiles et comme vibrants, imprimant à la masse une sorte de trémula- tion. Ces corpuscules mobiles s'échappent à l'extérieur. Ces dernières formes, volumineuses, dont nous n'avons jamais trouvé l'équi- valent dans le sang frais au moment où on l’extrait des cavités du cœur, sont d'autant plus nombreuses qu’on prolonge l'examen. Nous ne saurions encore nous prononcer sur l'origine et la signification de ces corps remplis d’un nom. bre si considérable de corpuscules mobiles. Les examens ultérieurs nous montreront s’il s'agit d’une multiplication rapide du parasite à l'intérieur des Biozocie. Comptes ReNDUS. — 1600. T, LIT. 25 à | < Re 322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éléments histologiques du sang (leucocyte, hématie) ou de véritables kystes. Les corpuscules de nouvelle formation ressemblent aux corpuscules intra- globulaires tels qu’ils existent dans le sang de l'hippocampe vivant. Nous nous sommes assurés, en transformant ultérieurement les préparations encellulées en préparations sèches, fixées par le sublimé et colorées par divers réactifs, que ni des microbes ni des champignons inférieurs ne s’y étaient développés. Dans les préparations envahies par des impuretés bactériennes (bacilles, sar- cines) nous n'avons pas pu faire les mêmes constatations. Sur les bords des préparations se précipilent des cristaux quadrangulaires ou losangiques, de teinte jaunâtre, dont on peut observer la formation au seit des hématies. Sur les préparations non colorées, quelques corpuscules ont un éclat rou- geâtre dû à un phénomène d'optique; de même après fixation et essais de coloration : ils ont, au centre, une sorte d'éclat rouge feu quand on fait varier la vis micrométrique ; presque tous sont ronds, punctiformes, rarementgroupés. par deux ou en biscuit à la cuiller ou en bâtonnet; autour d’eux existe une capsule incolore. Les corpuscules rencontrés dans le plasma sont absolument: du même ordre. Des ensemencements sur milieux à l’eau de mer du sang du cœur des hippocampes sont restés stériles. Le 22 mars, un nouveau lot d’hippocampes nous a permis de contrôler l'exactitude de ces constatations que nous avons vérifiées également sur les hippocampes de la station zoologique d'Arcachon. Cette note se borne à une constatation de faits. Nous avons dores et déjà des raisons de penser que ces corpuscules mobiles sont des héma--- tozoaires, fait d'autant plus intéressant qu’on ne connaissait pas, jusqu à présent, d'hématozoaire endoglobulaire des poissons. Nous réservons la diagnose plus précise de ces microparasites agresseurs et envahisseurs. des hématies. (Travail de la station zoologique d'Arcachon.) SUR QUELQUES ANOMALIES PRÉSENTÉES PAR L'ÉCREVISSE, LA SANGSUE, LA ROUSSETTE ET LE MOUTON. Note de M. GASTON PÉGor. I. Anomalies du système génital de l'écrevisse. — Les observations que- j'ai faites chez l’écrevisse peuvent être réparties en deux groupes. Dans le premier, il s'agit de la présence chez la femelle de deux ori- fices génitaux supplémentaires silués sur la quatrième paire de pattes locomotrices. Quelquefois un seul de ces derniers existe. J'ai retrouvé assez souvent deux oviductes supplémentaires se réunissant aux oviductes- normaux. : | 2 | à “ 3 à 1] À 9 « SÉANCE DU 31 MARS 323 Bateson cité par M. le professeur Yves Delage dans son ouvrage sur l'Hérédité avait déjà signalé ces faits. J’ai pu de plus constater sur deux échantillons de M. de Ribaucourt et sur les miens, que lorsqu'il n’exis- tait qu'un seul orifice supplémentaire avec ou sans oviducte correspon- dant, toujours l'ovaire élait plus développé de ce côté. La cause de l'anomalie doit étre recherchée de ce côté. Les glandes génitales femelles de certains embryons s'étant développées plus que d'habitude, un ou deux oviductes supplémentaires et autant d'orifices génitaux se différencient. Les choses se passent ainsi chez l'embryon très jeune. Mais si l'accroissement des glandes génitales se fait un peu plus tard, la spécialisation plus avancée des tissus ne permet que la formation de conduits nouveaux tardifs incapables de fonctionner, d’où résulte la pré- sence d’oviductes sans orifices externes ou d’orifices sans conduits. Dans le deuxième groupe d'anomalies s'en trouvent deux très inté- ressantes car les animaux sont à différents degrés hermäphrodites. Le premier exemple se rapporte à une écrevisse femelle qui possé- dait un orifice génital supplémentaire sans oviducte correspondant, placé sur la cinquième paire de pattes locomotrices à droite. Or, c'est exactement en ce point que s'ouvre le canal déférent du mâle. Ce serait donc un orifice supplémentaire de mâle apparu chez une femelle qui serait dès lors hermaphrodite. L’ovaire droit est plus développé que le gauche. Cette variation apparue sans doute chez un embryon plus âgé que ceux du premier groupe, en rapport avec le développement plus accen- tué de l'ovaire du même côté, est inutile au point de vue fonctionnel; il n’y à là qu'une indication. Elle est encore moins utile dans le deuxième et dernier exemple que je citerai. Une écrevisse femelle dont l'ovaire droit était à peine plus gros que le gauche présentait sur le pre- mier anneau de l'abdomen, à droite, une patte en forme de gouttière analogue à une patte copulatrice du mâle. Il y a là un exemple d'écre- visse hermaphrodite externe. I. Anomalies de la sangsue. — La sangsue m’a présenté deux anoma- lies. La première tient à la présence de testicules supplémentaires. La deuxième consiste en l’abouchement du dernier cæcum gastrique de droite dans l’ampoule qui termine le rectum, de sorte que ce cæcum jouait le rôle d’intestin terminal concurremment avec le rectum. HI. Prolapsus du rectum chez la roussette. — La roussette ou chien de mer m'a montré un véritable prolapsus, la partie supérieure du rectum s'étant invaginée dans la partie inférieure jusqu’à l’orifice eloacal qu'elle dépassait de 1 centimètre. Le prolapsus à pu être réduit, mais le calibre du rectum était devenu très étroit par suile de l’épaississement très grand de la paroi. Chez ün autre animal j'ai observé une adhérence très marquée de l'estomac et de la rale avec la paroi abdominale antérieure; à ce niveau NE NES VEN st" 17 à PERS Ém D ya F4 ta re ds. 4 ve 1 Na tk mA y es où. ECM ONE ” Vs. 324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——————_—_—_—— la couche musculaire était interrompue et la soudure se faisait avec le derme. IV. Anomalies dans le nombre des lames des valvules auriculo-ven- triculaires chez le mouton. — Je signalerai en terminant la présence fréquente dans le cœur du mouton : soit de trois lames dans la valvule mitrale par dédoublement de la plus grande et division correspondante de son pilier, soit la réduction à deux lames de la valvule tricuspide. Ces anomalies ont été très souvent observées au laboratoire de zoologie duP: G.N. RECHERCHE ET DOSAGE DU GLYCOGÈNE DANS LES TUMEURS, par MM. MEILLÈRE et LOPER. Dans une série de publications, M. Brault à montré que la glycogé- nèse pouvait êlre considérée comme « une fonction cellulaire constante dans toute tumeur dont l'accroissement est rapide, la prolifération intense, les causes d’altération et de destruction réduites au minimum ». En d'autres termes : le coefficient glycogénique d’une tumeur indique son degré de malignité. La glycogénèse dans les tumeurs devient un cas par- ticulier d’une loi générale que Brault formule en ces termes : « La glycogénèse est une fonction inhérente à toute cellule qui se nourrit et se développe d’une facon exagérée, de même qu'à toute cellule qui prolifère et se multiplie démesurément. » Nous nous sommes proposé de voir si le dosage du glycogène dans Les tumeurs donnerait des résultats comparables à ceux que fournit l'examen histologique. Avant d'entreprendre nos recherches sur les néoplasmes, nous avons cru nécessaire de fixer les détails de la technique en opérant la recherche microchimique et le dosage du glycogène sur divers organes d'animaux examinés immédiatement après la mort. - La détermination histologique du glycogène ne présente aucune diffi- culté: il suffit de fixer la coupe par l'alcool absolu, et de la recouvrir de gomme iodée. L'on peut juger très exactement par ce procédé de la richesse des cellules en glycogène. Le dosage chimique a été effectué par la méthode de Brücke. Les organes réduils en pulpe au mortier de fer ont été épuisés par l’eau à 105 degrés, à l’autoclave, sans addition d’alcali. Le liquide dégraissé a été centrifugé pour séparer les parties insolubles. Les substances albu- minoïdes ont été ensuite précipitées par la liqueur de Brücke. Une addition ultérieure de deux parties d'alcool précipite du glycogène rete- nant environ À p. 100 de sels. Cette petite quantité de matière minérale assure la précipitation rapide du glycogène et ne modifie pas d’une façon sensible l'interprétation des résultats. SÉANCE DU 31 MARS 325 Dans tous ces essais, l'emploi de la centrifugeuse dispense de l'usage des filtres, ce qui simplifie beaucoup la technique. Nous nous sommes assurés, par des essais parallèles, que la méthode de Lambling, au perchlorure de fer, donne des résullats très voisins de ceux que fournit la méthode de Brücke. Il résulte de l'examen des tumeurs par les deux méthodes histolo- gique et clinique, que le parallélisme est complet entre les deux modes d'investigation. Nous retiendrons de nos examens un cas particulièrement intéressant, en ce sens qu’il nous a permis de vérifier, par la méthode chimique, une des propositions établies par Brault dans ses recherches histologiques. Brault a montré que, dans le cancer, les ganglions envahis conte- naient souvent une plus grande quantité de glycogène que la tumeur elle-même. Le dosage nous a permis de constater que les ganglions pouvaient contenir, en effet, quatre fois plus de glycogène que la tumeur elle-même. La méthode de recherche du glycogène par la gomme iodée fournit donc des indications dont la rigueur ne peut être contestée. La possibilité qu'elle donne d'établir le caractère envahissant d’une tumeur par l'examen d’un très petit fragment, en fait un excellent moyen de diagnostic. Nous nous proposons, M. Lœper et moi, de conti- nuer ce lravail, et de l'étendre à la recherche du glycogène dans certains tissus normaux ou pathologiques. INDICES ET RAPPORTS ANALYTIQUES PERMETTANT DE SUIVRE LES OXYDATIONS ORGANIQUES ET D'ÉVALUER LES DÉCHETS URINAIRES, par M. G. MEILLÈRE. On peut suivre les troubles de la nutrition au cours de l’évolution normale ou pathologique d’un sujet, en déterminant les variations que subissent les éliminations urinaires. L'analyse élémentaire ayant le grave inconvénient de ne pas être interprétée d'une manière uniforme par les urologistes, on a cherché à rendre comparables les déterminations urinaires en établissant des indices el des rapports urinaires. Nous proposons d’appeler indice urinaire la quantité de réactif consommée par un volume connu d'urine, par analogie avec les indices déterminés sur les principes immédiats complexes au moyen de réactifs s'adressant, soit à une fonction chimique, soit à un groupe de fonctions. Ces indices peuvent être rapportés à 1.000 centimètres cubes si on veut 326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les employer au calcul des rapports urinaires ; ils sont calculés pour la quantité émise en vingt-quatre heures, si l’on désire connaître la dose de réactif consommée par les éliminations de vingt-quatre heures. La plupart des rapports urinaires s'établissant par comparaison avec l’urée, nous croyons ulile de dire quelques mots du dosage de cet élément. Sans nier l'importance qu'il y aurait à déterminer rigoureu- sement l urée seule, nous pensons que le dosage par l'hypobromite doit êlre maintenu sans modification pour permettre d'établir, sur des bases comparables, les travaux d'urologie clinique. Ce dosage fournit ce que nous appelons l'indice uréo-hypobromique auquel on comparera les divers dosages urinaires pour obtenir des rapports ou coefficients (coefficient des oxydalions azotées par exemple). Nous conseillons de déterminer cet indice urinaire, en faisant agir sur 10-20 centimètres cubes d'urine au 10°, additionnés de 1-2 centimètres cubes de lessive des savonniers et de 1-2 centimètres cubes de sirop de sucre, un excès de réactif préparé en dissolvant 10 grammes de bromure de potassium dans 100 centimètres cubes d’eau de javel concentrée (à 30 volumes de chlore actif). Les lectures obtenues par cette méthode sont rigoureusement comparables entre elles à 1/10° de centimètre cube près, si l’on a soin d’immerger le flacon laboratoire dans l’eau avant de mêler les liqueurs réagissantes, et de répéter cette immersion avant la lecture des résultats. Il est bon, pour obtenir des lectures rapides, d'interposer, entre le flacon et les tubes gradués, un petit serpentin métallique refroidi par l’eau, ou simplement par l'air ambiant. Pour évaluer les déchets urinaires, on ne peut songer à un dosage par différence, sur lequel retentiraient toutes les erreurs commises dans l'interprétation des dosages directs. On est donc réduit à faire agir sur l’urine- des réactifs qui atteignent ces éléments, tout en respectant l'urée. C’est guidé par cette idée que Byasson a le premier employé le permanganate pour le dosage direct de la créatine, de l'acide urique et de diverses autres substances (1875). Ne connaissant pas ce travail, nous proposämes l'emploi du permanganate, en 1895, pour doser en bloc les substances agissant sur ce réactif. MM. Richet et Etard se sont adressés au brome qui respecte l’urée et la créatine, mais oxyde l'acide urique et la plupart des autres déchets urinaires (1882). On pourrait, évidemment, employer la plupart des réactifs oxydants : ferricyanure, chlore, iode, eau oxygénée, acide iodique, acide chromique, etc. Nous allons indiquer dans quelles conditions expérimentales il con- vient de se placer pour obtenir des dosages comparables entre eux, en mettant à profit l’action du permanganate et celle du brome. Détermination de l'indice permanganique. — On peut partir de la dilu- SÉANCE DU 31 MARS 327 tion d'urine au 10°, employée au dosage de l’urée. 10 à 40 centimètres cubes de cette dilution, suivant la richesse apparente de l'urine en malières extractives, sont introduits dans un flacon avec 20 centimètres cubes d’acide sulfurique au 1/2, et quantité suffisante d’eau pour com- pléter 100 centimètres cubes environ. On ajoute ensuite 20 centimètres cubes de permanganate au 200°. Après une heure de réaction à la tem- pérature ordinaire, on introduit dans le flacon la quantité de sulfate ferreux qui serait susceptible de décolorer exactement 20 centimètres cubes de permanganate (20 centimètres cubes de solution de sulfate ferroso-ammonique à 62 gr. 02 p. 1.000 dans l’acide sulfurique au 10°). I] suffit de verser ensuite du permanganate dans l’eau jusqu'à coloration rose : 1 centimètre cube de permanganate au 200° représente 0 gr. 005 de permanganate. Il convient de faire un essai à blanc pour obtenir la cor- rection de lecture nécessitée par tout essai volumétrique. Détermination de l'indice de brome. — On verse successivement dans un flacon 50 centimètres cubes d'urine, 10 centimètres cubes d'acide sulfurique au 1/2 et 50 centimètres cubes de solution de brome au 100". On ajoute, au bout de dix minutes, une goutte de solution d'iodure de potassium et un peu d'empois d'amidor. On verse ensuite, au moyen d'une burette graduée, une solution de sulfite de soude au 50° dont le titre exact a été déterminé au moyen d’une solution d’iode au 100°. Le litre iode X 80 : 127 donne le litre brome. Le terme de la réaction est nettement indiqué par la décoloration de l’iodure d'amidon. Ces deux réactifs, permanganate et brome, permettent d'établir l'indice de permanganate et l'indice de brome. Ces indices rapportés à 100 d’urée (calculé d’après l'indice uréo-hypobromique) fournissent les rapports uréopermanganique et uréobromique. Ces deux rapports per- mettent de suivre la marche des éliminations urinaires. L'indice permanganique présente des variations plus considérables que l'indice de brome, mais il a le grave inconvénient de ne fournir des indications comparables que dans des conditions opératoires bien déter- minées. Toute modification apportée à la dilution des liqueurs ou à la durée de l'expérience fait varier le résultat. L'indice de brome ne pré- sente pas ces inconvénients. L'indice permanganique, que nous avons plus particulièrement étudié, augmente dans la grossesse normale. Il fournit d’utiles indications dans la grossesse pathologique (vomissements incoercibles, menace d'éclampsie et autres formes de l'intoxication gravidique). Il augmente au moment des crises urinaires dans les maladies qui présentent ce phénomène, !l est constamment élevé chez les tubercuieux fébricilants et chez les cancéreux. Toule varialion brusque dans un sens ou dans un autre, au cours d'une maladie, doit mettre en éveil l’altention du clinicien. 328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA PRÉTENDUE DIVISION DIRECTE DES SPERMATIDES CHEZ LES MAMMIFÈRES, par M. Cc. Recaup (de Lyon). Chacun sait que les spermatides constituent la dernière génération des cellules séminales au cours de la spermatogénèse. Elles proviennent de la karyokinèse des spermatocytes de deuxième ordre. Elles ne se divisent pas et chacune d'elles se transforme en un spermatozoïde. Ces faits fondamentaux, reconnus exacts par un grand nombre d'auteurs chez les animaux les plus divers, sont tout à faits certains en ce qui concerne le rat, qui est, de tous les mammifères, celui dont la sperma- togénèse a été le plus souvent et le plus minutieusement étudiée. Une opinion différente a été cependant récemment exprimée par Moore (1) (pour le chien) et par Sappin-Trouffy (2) (pour l’homme): D’après ces auteurs, les spermatides, dans ces deux espèces, se multi- plieraient par division directe. Cette conclusion est fondée sur la consta- tation de spermatides contenant deux ou un plus grand nombre de noyaux. Le travail de Moore, dans lequel le fait de la division directe des spermatides ne tient d’ailleurs qu’une place très accessoire, est conscien- cieux. On ne peut malheureusement avoir grande confiance dans les publications de Sappin-Trouffy. Les observations de ce dernier auteur ont porté, en effet, sur un seul testicule humain, atteint de tuberculose et fixé par l'alcool. On est frappé de l'extrème pénurie des matériaux, des procédés techniques et des renseignements bibliographiques, aussi bien que de l'insuffisance des notions cytologiques, sur lesquels s'appuie l’auteur pour édifier une conception nouvelle et subversive de la sper- matogénèse chez l'homme. Je me bornerai à résumer brièvement des observations que chacun peut aisément contrôler, et qui réduisent, à mon avis du moins, les faits avancés par Moore et par SAPHER Trouffy à de simples erreurs d'interprétation. I. — Aussi bien chez le chien que chez l’homme (suppliciés), il est. très facile de s'assurer, sur de bonnes préparations, que les spermato- cytes, par deux karyokinèses successives, donnent naissance à des sper- matides quisonten majorité mononucléées.Ensuivant sur différentstubes séminifères l’évolution de ces spermatides, on voit aisément que chacune: d'elles se transforme en un spermatozoïde grâce à une série de méta- (1) Moore (J.-E.-S.). Some points in the Spermatogenesis of mammalia, Journal internat. d'Anatomie et de Physiologie, t. XI, 1894 (voyez texte page 151 et suiv., et figures 30, 31, 33 de la planche VIII). (2) Sappin-Trouffy (Stéph.). Division du noyau dans la spermatogénèse, chez l'homme, Comptes Rendus de l’Acad. des Sciences, séance du 17 juillet 1899, — et Thèse méd. Paris. De la spermatogénèse dans un testicule tuberculeux, chez l’homme. SÉANCE DU 31 MARS 329 morphoses bien connues, qu'il n’y a pas lieu de décrire ici. La topogra- phie des images de la spermatogénèse, chez le chien et surtout chez l’homme, est d’ailleurs généralement plus confuse que chez le rat, ce qui rend les stades successifs du processus moins faciles à suivre. II. — A côté des spermatides mononucléées, qui sont, je le répète, en immense majorité, on en voit d'autres qui renferment de 2 à 15 noyaux et plus. Le nombre de ces spermatides plurinucléées varie suivant les cas. Ces cellules sont plurinucléées dès leur naissance ; on les rencontre tout à fait à côté de spermatides à un noyau qui viennent de naître. Au début de leur existence, les spermalides multinucléées ont leurs noyaux sphériques et indépendants l’un de l’autre. Au contraire, dans Re celles de ces cellules qui, n'ayant pas dégénéré, commencent à évoluer ‘4 en spermatozoïdes, on voit les noyaux rapprochés deux à deux ou trois à trois, aplatis l’un contre l’autre et même légèrement excavés sur les faces de contact. Certaines de ces figures rappellent des fentes amitoti- ques et ont été considérées comme des figures d'amitose par Moore, puis par Sappin-Trouffy. Cet aspect se produit secondairement, au cours de l’évolution des spermatides plurinucléées. Je pense qu'il est dû à la vésiculation d’une « sphère archoplasmique » commune à deux ou plusieurs noyaux : on s'en rend compte en étudiant les transformations que subissent les spermatides mononucléées voisines et contemporaines des multinucléées. Ces spermatides à plusieurs noyaux sont des tératocytes. Elles ren- trent dans la catégorie des cellules séminales tératologiques dont il a été question dans ma dernière communication. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai déjà dit au sujet de leur origine (1). Les spermatides à plusieurs noyaux peuvent évoluer en sperma- tozoïdes monstrueux, ou bien elles dégénèrent. La plupart de ces sper- malozoïdes monstrueux, surtout ceux qui sont énormes et contiennent de nombreux noyaux transformés en têtes, sont détruits dans les voies spermatiques. Mais j'ai rencontré récemment des spermatozoïdes à deux têtes et une queue dans le sperme d’un homme d'ailleurs absolument normal. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) REPRODUCTION EXPÉRIMENTALE DE LA CARIE DENTAIRE, par M. J. Caoquer. L'origine microbienne de la carie dentaire a été mise hors de doute par les travaux de Galippe et Vignal, Miller, Underwood et (1) CI. Regaud, Soc. de Biol., séance du 24 mars 1900. 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Goadby, mais la reproduction expérimentale n'avait pas encore été ob- tenue, les auleurs s'étant occupés de ces recherches ayant simplement opéré sur des dents ou des coupes de dents, décalcifiées ou non. C’est dans le but de combler cette lacune que j'ai entrepris les expériences suivantes : De trois dents obturées avec tout Le soin désirable depuis un temps variant de quatre à sept ans, et dont l’obturation était restée intacte, j'ai réussi à isoler cinq espèces microbiennes que j'ai cultivées à l’état de pureté. Je les désignerai par les chiffres I, IT, IT, IV, V. Je ne présenterai que les résuttats obtenus avec le n° 1, l'étude des carac- tères des autres espèces devant faire l’objet d’une note ultérieure. Ce n° I est, comme toutes les espèces étudiées, un anaérobie facultatif, pré- sentant une tendance marquée à se développer plus rapidement à vide qu’à l'air. C'est sur gélatine un petit bacille présentant la particularité de prendre des formes ramifiées lorsqu'on l’ensemence en milieu liquide et de reprendre sa forme primitive, lorsqu'il est reporté sur gélatine. Il ne pousse ni sur gélose, ni sur pomme de terre, mais se développe en bouillon aussi rapidement à la température ordinaire qu’à celle de l’étuve. Son milieu de prédilection est la gélatine B (glycérophosphatée) : Bouton CENT RPM EME NS DOME MES GÉLATINE SPENCER Pt ER RUE Peptone peer PERTE RARE A) = bec eme de che TT ù De puis ensuite, la gélatine D, dont la composition est la suivante : Bouillon simple . . . . Lars MP ETAMINICSE Poudre de dent diosan aan DÉMARRER À) — Ensuite la gélatine spéciale C : BOUTLON LA TEE RE EEE ET RENE D'OR RTNNE SE PEPTORENMPEORE MRUE T M E PETR TETO ) = Gélatine ee PERS ARE PROS TEE HEAR) — Phosphate de dom Te eee Paie te a — Carbonate deNChanxe 07 TU — BhosphateleMMABNESIe PAC RENTE 6) —= En tout dernier lieu, il pousse sur gélatine-peptone ordinaire, sur laquelle il demande environ cinq à six semaines pour se développer. Ensemencé en piqûre, ce microbe présente la forme d’un clou avec une tête très nette, à reflets métalliques blanc bleuté. Le trajet de la piqûre est granu- leux. Il se forme un nuage dans l'épaisseur de la gélatine vers le huitième ou le dixième jour. Celle-ci n’est pas liquéfiée. En boîte de Petri, les colonies apparaissent vers le cinquième ou sixième jour, sous forme de petites taches blanchâtres ovalaires. Ensemencé en bouillon, il se produit un nuage soyeux, en règle générale, SÉANCE DU 31 MARS 331 au bout de quatre à cinq heures. Au bout de huit à dix jours, le liquide s’éclaircit. La réaction devient légèrement acide vers le cinquième ou le sixième mois. Comme il a été dit plus haut, l'espèce microbienne prend la forme ramifiée. Celle-ci, examinée en goutte pendante, présente pendant environ six heures un mouvement très net d’oscillation, de rotation, et quelquefois de pirouette. Ce microbe se colore bien par tous les Rem colorants usilés en pareil cas, mais il ne prend pas le Gram. Ô Son action sur les hydrates de carbone et les matières azotées est laïsui- vante : Fermentation très énergique dans le saccharose, nette dans l'inuline et le galaclose, très légère sur la glycérine, la mannite, le maltose, le lactose, la dextrine. Aucune action sur la dulcite, l’érythrite, l’arabinose, le glucose, la senlene, l’albumine, le lait, l’urée et les nitrates. L'animal qui a servi à la production expérimentale de la carie den- taire est le mouton. Sur la face labiale de la première incisive latérale droite, j'ai créé une légère cavité d'environ 3 millimètres de diamètre et de 2 millimètres de profondeur, en ayant soin de ne pas atteindre la chambre pulpaire, puis j'ai déposé, avec toutes les précautions requises en pareil cas, une] par- celle de culture sur gélatine D dans une petite coiffe en platine, flambée au préalable. Le toul a été placé dans la dent, la culture en contact avec la couche de dentine. Il a été fait par-dessus une obturation au ciment, et l'animal n'a été rendu à la liberté que lorsque l’obturation absolu- ment dure à été recouverte d’une goutte de cire chaude, de facon à empêcher la pénétration de la salive. Neuf mois plus tard, l’animal a été abattu, l'obturation enlevée, et j'ai pu constater en enlevant la coiffe de platine, que la dentine qui, normalement, est blanche, était devenue légèrement jaunâtre. De plus, elle était très légèrement ramollie. Une parcelle de cette dentine ramollie prélevée et ensemencée dans le vide, a permis de reconnaître l'espèce ayant servi à faire l’inoculation. SUR UNE ÉVOLUTION SPÉCIALE DE LA SPHÈRE ATTRACTIVE DANS LA CELLULE CANCÉREUSE, par M. A. Borret. Dans la question si compliquée de la recherche des parasites du cancer, le travail de Sawtchenko de 1895 (1) marque une étape très (1) Sawtchenko. Bibl. medica, Abth. D, Heft IV, 1895. 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE importante. Les corps bien vus et dessinés par lui représentent incon- testablement des éléments en voie d'évolution et non des produits de dégénérescence ou d'’atrophie. Il les a interprétés d’abord comme des sporozoaires, puis comme des levures (1). Nous pensons qu'il est possi- ble de rattacher leur évolution à celle d'un élément constituant d'un orand nombre de cellules, l’archoplasme ou mieux l’idiosome. Lorsqu'on étudie la formation du spermatozoïde chez le cobaye, on cons- tate dans les spermatocytes de première ordre, à côté du noyau, une sphère individualisée dans laquelle se trouvent un ou deux centrosomes en diplo- coque. Par la fixation au Flemming, coloration au rouge de Magenta suivi de picro- iñdigocarmin, le protoplasma de la sphère est coloré en bleu foncé et les centrosomes gardent une coloration rouge intense. Dans les spermatocyles de deuxième ordre, apparaissent dans la sphère une grande quantité de petits corpuscules chromatiques qui ont les réactions colo- rantes des centrosomes initiaux. Plus tard, dans les spermatides, ces corpuscules, toujours inclus dans l’idio- some, grossissent et leur nombre diminue; il se fait comme une fusion qui aboutit à un gros corps chromatique entouré par une partie de l’archoplasme de l’idiosome; c’est l'origine de la coiffe du spermatozcide. Il y a donc là toute une évolution de la sphère ou idiosome et nos recher- ches, faites par une méthode de coloration différente de celle de Meves (2), confirment absolument celles de ce dernier. Broman (3), tout récemment, a signalé la mulliplication des centrosomes dans l’idiosome des grandes cellules spermatiques de Bombinator. Dans les ovules de jeune cobaye, le corps vitellin représente aussi ce même idiosome et j'ai pu y mettre en évidence les centrosomes. Heidenhain (4), dans les grandes cellules de la moelle osseuse, a signalé le développement considérable de groupes centrosomiques; il constate jusqu'à 90 et 100 grains centrosomiques. Ces faits, tirés de l'évolution normale, nous montrent que, dans la c2l- lule, certaines portions peuvent subir une évolution sur laquelle l'attention des cytologistes commence à être appelée (voir à ce sujet la revue très complète de Prenant, Journal de l'anatomie, vol. 34 et 35). Nous allons trouver des faits de même ordre et plus compliqués dans l’évolution de certaines cellules cancéreuses. Les formations dont il va être question correspondent incontestable- ment aux parasites de Sawtchenko. Ces figures n’ont pas encore été discutées. | (4) Id. Archives russes de pathologie, 1898. (2) Archiv f. microscop. Anatomie, Bd LIV, 1899. (3) (4) Anatom. anzeig., 1900. 4) Arch. f. micr. Anatomie, Bd XUIIT, 1894. SÉANCE DU 31 MARS 333 Par la fixalion au Flemming et la coloration au rouge de Magenta, suivi de picro-indigo-carmin, comme pour les spermatides, souvent dans la cellule cancé- reuse, on peut mettre en évidence la sphère attractive, colorée en bleu dans le protoplasma clair, et contenant un plus ou moins grand nombre de corps centraux, depuis 4 ou 2 jusqu'à 20 ou 30, disposés soit en chaïînette, soit en amas. Ici, il ne peut étre question de parasites, et c'est là le point de départ non vu par Sawtchenko. Le processus qui conduit aux pseudo-parasites est toujours le même; c’est un processus de vacuolisation. Tantôt, c'est la sphère tout entière qui s’isole dans le protoplasma de la cel- lule; on a alors, suivant la dimension de la sphère, suivant le nombre des cen- trosomes, une pseudo-amibe dans une vacuole plus ou moins grande, conte- nant soit un noyau unique, soit un noyau fragmenté (premier stade de multiplication de Sawtchenko). Il peut se faire une individualisation de l’archoplasme autour de chaque grain chromatique; dans une même vacuole, se trouvent ainsi plusieurs pseudo-amibes (germes de Sawtchenko). Tantôt la vacuolisation de l’archoplasme est partielle et ce sont là les cas les plus intéressants. On voit dans l'archoplasma coloré en bleu une vacuole incluse. Dans la vacuole, il y a une pseudo-amibe qui représente une partie de l'arcoplasma individualisé autour d'un grain chromatiqne ou de plusieurs grains chromatiques; dans l’archopiasma périvacuolaire, on constate les corps centraux non encore individualisés, disposés en chaînettes ou en amas. Il peut se produire 2, 4, 6 ou 8 vacuoles idiosomiques, contenant toutes des pseudo-amibes avec des granules chromatiques plus ou moins gros, ou même plusieurs petits granules non encore condensés. Tantôt les vacuoles sont égales et jumelles, tantôt de dimensions très variables; toujours, entre les vacuoles, on peut déceler des corps centraux. Ou bien encore, on constate, surtout dans les grandes cellules à noyaux hypertrophiés, contenant 50 ou 60 granulations centrosomiques, que chaque granule s’entoure d’une vacuole, et l’on a ainsi l’apparence d’une cellule infectée par une quantité énorme de tout petils parasites. De cette descriplion, il résulte que l’archoplasme ou idiosome peut subir, dans certaines cellules cancéreuses, une évolution très compli- quée, qu'on peut mettre en évidence par une technique appropriée. Les réactions colorantes identiques employées soit dans l'étude de la cellule cancéreuse, soit dans l’étude des cellules spermatiques, per- mettent d'interpréter d’une façon qui nous paraît satisfaisante les figures pseudo-parasitaires si remarquables décrites par Sawtchenko. Entre l'idiosome du spermatocyte, entre le corps vitellin de l’ovule du cobaye et l'archoplasme de la cellule cancéreuse, il y a des rapports évi- dents. Dans le testicule, l’évolution aboutit à une formation normale; dans la cellule cancéreuse, nous ne connaissons encore ri la cause, ni la fin de cette évolution, qui aboutit souvent à des corps chromatiques énormes, donnant l'impression de substances en dégénérescence. 334 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE STRUCTURE ET ÉVOLUTION DES GANGLIONS LYMPHATIQUES DU COBAYE, par M. Én. RETTERER. Après l'étude des ébauches ganglionnaires (1), j'ai suivi l’évolution des ganglions lymphatiques sur les fœtus de cobaye et sur les animaux après la naissance jusqu'à l’âge de trois ans et demi. Voici les faits prin- cipaux que j'ai observés en ce qui concerne la conformation et la struc- ture de ces organes durant leur évolulion. A. Fœtus de 6 et T7 cent. de long. — Les ganglions sont visibles à l'œil nu. Un ganglion de 1 millimètre environ se compose d’une portion centrale, pleine, et d’une zone périphérique large de 0®®05 et formé d'espaces lympha- tiques. La portion centrale est à l’état de tissu conjonctif aux premiers studes de développement. Il est analogue à celui que j'ai décrit et figuré dans les mem- bres (2), les tendons et les organes élastiques (3) des embryons. La portion centrale présente des îlots de cellules dont le protoplasma dense et homogène est fusionné; il n'existe ni ciment ni substance fondamentale. Ces ilots sont entourés d'un tissu réticulé à mailles pleines qui constitue, à cette époque, la masse principale du ganglion. Ce tissu réticulé affecte la disposition de traînées chromophiles qui s’anastomosent entre elles et dont les mailles renferment de l’hyaloplasma. Sur divers points et surtout au voisinage des espaces lymphatiques, l'hyaloplasma tend à se fluidifer, c'est- à-dire que les mailles pleines du tissu se convertissent en mailles vides et étendent d'autant le champ des espaces lymphatiques. La genèse des globules rouges se poursuit dans ce tissu, comme elle avait débuté dans le tissu précurseur. J'ajoute qu'après la naissance et chez l'adulte, le développement du sang et des parois vasculaires continue à s’y faire selon un processus de tous points analogue à celui des taches laiteuses (4). B. Fœtus à terme et cobayes à la naissance. — Les dimensions des ganglions ont doublé; de plus, la répartition et l'étendue du tissu réticulé plein d’une part, de celui des espaces lymphatiques, de l’autre, ont changé. Le tissu réticulé plein est confiné à-l’une des extrémités ou sur l’une des faces et il n’occupe plus que la moitié de l’épaisseur de l’organe. L’étendue du tissu réticulé à mailles vides a ainsi augmenté ; de plus, les mailles vides se sont élargies, de sorte qu’on peut désigner maintenant ce dernier tissu sous le nom de éissu caverneut. L'accroissement du tissu réticulé plein est dû à la multiplication des cellules de la trame ; témoin les karyokinèses multiples qu’on y aperçoit. Mais cette multiplication n’est pas suffisante pour maintenir la prédominance du tissu plein. La cavernisalion, par fonte de l’hyaloplasma et la mise en liberté de nombreuses cellules, se fait, dès cet âge, sur une échelle si grande que le (1) Société de Biologie, 24 mars 1900, p. 281. (2) Journal de l'anatomie et de la physiol., 1896, p. 265. PI. V, fig. 4 à 4. (3) Société de Biologie, 28 mai 1898, p. 581 et lbid., 9 juillet 1898, p. 744. (4) Voir le Cinquantenaire de la Société de Biologie, p. 457 et suivantes. SÉANCE DU 31 MARS 333 tissu caverneux l'emporte en masse sur le tissu plein. Cette transformation s'effectue non seulement à la limite des deux zones, mais encore sous la forme de tractus qui se prolongent dans la masse pleine et en séparent des îlots ou nodules pleins de 02*01 environ (premiers follicules). C. Cobayes de six mois environ. — Le tissu réticulé plein est segmenté en lobules de Ovni à O®®8, que séparent des tractus de tissu à mailles vides et contenant un lacis serré de vaisseaux sanguins. Le tissu réticulé à mailles pleines est réduit à une bordure périphérique de 0®"2 qui occupe la face convexe de l'organe. La plus grande partie du ganglion, sur une épaisseur de Oux6, est constituée par du tissu caverneux. Ce dernier n’est pas uniquement formé de tissu réticulé à mailles vides; il est, en effet, traversé en tous sens par des trainées à lrajet irrégulier, d’un diamètre de 0®"03 el distantes les unes des autres de 0""03 à 0204. Ces trainées logent des artérioles; elles sont formées de tissu réticulé à mailles pleines et correspondent à ce qu'on appelle classiquement cordons folliculaires. D. Sur le cobaye âgé de trois ans et demi, les masses de tissu réticulé à mailles pleines sont plus segmentées encore. Ce sont de véritables follicules ou nodules périphériques, s'étendant sur une longueur de 0,6 et figurant une bordure en forme de croissant, de Omm{ à Omm2; le reste du ganglion, épais de Om6 et large de 1®22 est constitué de tissu caverneux avec cordons médullaires. La succession des faits évolutifs que je viens d'exposer me semble comporter les conclusions suivantes : 1° Sur les fœtus, le tissu réticulé à mailles pleines concourtseul à l'accroissement de l’ébauche ganglionnaire; 2° plus l’animal est jeune, plus le tissu réticulé à mailles pleines l’em- porte en masse sur le tissu réticulé à mailles vides (sinus lymphatiques el tissu caverneux). Après la naissance, la transformation du tissu plein en tissu caverneux ne se fait plus uniformément : autour des vaisseaux sanguins d'un certain calibre, il persiste une zone de tissu plein sous la forme de cordons folliculaires. Le développement morphologique et l'histogénèse parlent donc dans le même sens : le lissu caverneux dérive du tissu réticulé à mailles pleines. Chez les embryons comme chez l'adulte, le tissu plein précède les espaces lymphatiques. Nature du tissu des ganglions lymphaliques. — Depuis les travaux de Bill roth’et de His (1860), les histologistes sont à peu près unanimes à considérer le tissu des ganglions comme un réticulum dont les mailles sont remplies de leucocytes libres. Pour démontrer cette structure, ils ont recours aux solutions d'acide chromique, de bichromate, d'alcool dilué, d'acide picrique, etc.; après macération dans ces réactifs, ils traitent les pièces ou les coupes par le pinceau ou bien ils débarrassent, par agitation, le réticulum des cellules qui l’encombrent. Je procède tout différemment à l'étude d'organes si délicats et à protoplasma si vulnérable, Je plonge les pièces fraîches et coupées en petits morceaux dans les réactifs (liquides de Flemming, de Zenker, sublimé) qui conservent et fixent toutes les substances tant amorphes que figurées. Ensuite, après durcissement, je pratique des coupes entières et sériées de 336 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3 à 5 p d'épaisseur et je colore les éléments par les teintures appropriées à la phase évolutive des tissus. ; En appliquant l’une et l’autre méthode aux mêmes organes et en comparant les résullats, je me suis assuré que les procédés classiques ont pour résullat de vider certaines parties du tissu réticulé qui, en réalité, sont pleines d'hyaloplasma. Ch. Robin est le seul histologiste qui ait toujours affirmé la présence d'une substance unissant les noyaux qu'on frouve dans les follicules lymphatiques. Elle correspond au pro- toplasma des cellules fusionnées; mais, en l'appelant substance fonda- mentale et en la supposant préexislante aux noyaux, mon regretté maitre a mal interprété un fait bien observé. Evolulion et valeur protoplasmique du réticulum. — Pour les uns, le réticulum des ganglions est constitué par des prolongements cellulaires, anastomosés, dont ils ne spécifient guère, il est vrai, la nature; pour les autres, ce sont des travées et des filaments conjonch}fs, indépendants des cellules. Le bons fixaleurs et les colorants conve- nables prouvent que, pendant les phases embryonnaires et fœlales, le réticulum est une formation intra-protoplasmique et de nature chro- mophile. Il en va de même, la vie durant, dans les portions où le tissu réticulé est jeune. Mais déjà à la naissance, on voit la périphérie du tissu réticulé à mailles pleines et les filaments chromophiles du tissu caverneux présenter les caractères de fibres élastiques. Les procédés d'Unna (orcéine) et de Weigert (fuchsine ou magenta avec résoreine et perchlorure de fer) ne laissent aucun doute sur ce point. Les préparations que j'ai l'honneur de vous soumettre vous montreront que le réticulum chromophile du tissu ganglionnaire se transforme, à partir de la naissance, en réticulum élastique Pendant le cours de cette métamor- phose, l'hyaloplasma se fluidifie et les noyaux deviennent libres, de sorte que le tissu caverneux finit par posséder un réseau élastique indé- pendant des cellules qui semblent appliquées à sa surface. Ici, comme dans le ligament cervical (1), les fibres élastiques sont une élaboration de la substance chromophile; autrement dit, le réseau élastique représente le dernier stade évolutif du réticulum chromophile. Conclusions générales. — La trame des ganglions lymphatiques ne doit aucunement être considérée comme un filet ou une poche qui sert de refuge aux leucocytes et leur permet de s’y multiplier à loisir. La por- tion essentielle du ganglion est un amas persistant de tissu conjonctif (stades primordial et réticulé à mailles pleines). Le tissu réticulé à mailles pleines se transforme en tissu caverneux, grâce à la fonte de l'hyalo- plasma et d'une portion du corps cellulaire. Ces éléments perdent ainsi toute connexion avec le réseau et se convertissent en leucocyles. Puisque (1) Société de bialogie, 9 juillet 1898, p. 747. SÉANCE DU 931 MARS 331 cette évolution se continue pendant foule la vie du mammifère, le gan- gkon donne constamment naissance, par divisions et élaborations cellu- laires, à du plasma et à des leucocytes qui sont emportés par le courant lymphatique. D'autre part, le tissu plein est un centre de formation con- tinuelle de jlobules rouges et de nouveaux capillaires sanguins. Le ganglion lymphatique concourl, par conséquent, à l'élaboration de tous les éléments du sang et de la lymphe (plasma, leucocytes et globules rouges). Essais D'EXTRACTION DE L'ANTITOXINE DIPHTÉRITIQUE, par MM. L. d’Asiros et M. Rierscu. Brieger et Boer ont indiqué (Zeitschr. f. Hyg., vol. XXI) pour la pré- cipation de l’antitoxine diphthéritique du sérum plusieurs méthodes qu'ils appellent quantitatives. L'une consiste à diluer le sérum dans son volume d’eau, puis à ajouter à ce mélange 20 p. 100 de chlorure de potassium et autant de chlorure de sodium, après dissolution et agita- tion, on expose 18 à 20 heures à une température de 30 à 37 degrés. D'après un autre procédé, 1 volume de sérum étendu de 5 volumes d'eau est additionné de 2 volumes d’une solution à 1 p. 100 soit de sul- fale, soit de chlorure de zinc. En suivant ces deux méthodes, nous n'avons pas réussi à précipiter complètement l'antitoxine. Le liquide filtré possédait toujours encore des propriétés anlitoxiques très marquées, il retenait dans les divers essais depuis près de 1/20 jusqu'à plus de 1/10 du pouvoir antitoxique. En ajoutant au sérum dilué 6,33 à 0,50 p. 100 du mélange de phénol avant les chlorures alcalins ou avant le sel de zine, le précipité devenait plus volumineux, mais il enlraïnait aussi une plus grande fraction de l’antitoxine. La précipitation la moins imparfaite a été obtenue en dé- layant le sérum de 5 foisson volume d’eau distillée, et en ajoutant à ce mélange 0,5 p. 100 de phénol, puis 20 p. 100 de chacun des deux chlo- rures alcalins (22 heures à 33-34 degrés). Le sérum primitif contenait >30 et 40 uaités antitoxiques, le liquide filtré retenait moins du cen- tième de l’antitoxine ; on s’est assuré qu’en ajoutant au même mélange de sérum et d’eau 6,5 p. 100 de phénol seul, le liquide filtré possède un pouvoir antitoxique sensiblement équivalent à celui du sérum employé. Ces essais avaient pour but de nous orienter sur le traitement à faire subir aux organes d’un animal immunisé pour se rendre compte ulté- rieurement de leur valeur antitoxique au moyen de macérations ou de précipités conservés; il n’est pas aisé en effet de faire immédiatement et simultanément sur un certain nombre d'organes frais des détermina- tions de ce genre. Un cheval immunisé, sacrifié Le 20 juillet 1898, a fourni le même jour Biococie. Comptes RENDUS. — 1900. T, LIT. 26 TA ST SAT EIRE 338 SOCIÊTÉ DE: BIOLOGIE un sérum dont 1 centimètre éuberenfermait =>30 et. <40 unités anti. , toxiques. L'un de nous, M. d’Artros, a publié (Soc. de Biol., 28 jan: . vier 1899) les résultats immédiats fournis par divers organes de cet | animal, triturés et mis à macérer dans de l'eau distillée, légèrement | alcalinisée. Nous rappelons ces résultats : Foie pour 1 gramme d’organe. . .-., , :, > 3 unités 51! Rate”. +4: bep, CU LEE J,49 EÉSAVuntés Rein non lavé: NI UN ALL CONS > UNE —, TAvÉ (A) us re nee ul Nerf sciatique ee A M CIE SUIS Capsulersurrénalet arte eo A0 A D'autres fragments des divers organes ont été, après division, traités par l’eau phéniquée à 0,5 p. 100 dont on a employé 4 fois le poids de l'organe ; après 24 heures, le liquide filtré sur toile a été additionné de 20 p. 100 de chacun des deux chlorures alcalins; après 22 heures d’étuve à 340, le précipité est recueilli sur filtre, lavé avec un peu d’eau phéniquée chlorurée, exprimé dans le papier à filtrer et séché au dessus de l'acide sulfurique et à l’abri de la lumière. Les liquides filtrés provenant de foie, rein, capsules surrénales, ne contenaient pas une unité d’antitoxine pour la quantité de liquide correspondant à À gramme d'organe. | Les précipités n’ont été essayés qu'en septembre, environ deux mois après leur préparation; ils ont donné : Foie pour 1 gramme d'organe. . . .. . 1 et <2 unités. Rates re F0 DE AR Pl ER ES Ganglion nina id Dies ere 200 et << 250 unités, les organes ont été broyés avec le! double de leur poids d’eau stérilisée, placés aussi dans la glacière vingt heures; le liquide, alors filtré, a élé additionné de 0,5 p. 100 de phénol et 20 p. 100 de chacun des deux chlorures alcalins ; les : précipités ont élé essayés dans 1e mois suivant l’abatage du cheval. (1) C'est-à-dire lavé et débarrassé de son sang par un courant d’eau injecté} par l'artère rénale. SÉANCE DU 31 MARS 339 Les extraits correspondants à 1 gramme de foie, rein, rate ont donné > 4 et 10 unités, celui de 1 gramme de cerveau << 1. Les résultats “avaient été les mêmes pour les macérations fraiches correspondantes (Société de Biologie, 28 janvier 1899). Le mode de précipitation par chlorures alcalins de Brieger et Boer, modifié par addition de phénol et dilution plus grande, sans réaliser encore une extraction rigoureuse de l’antitoxine, semble cependant conduire à des résultats méritant une certaine confiance, surtout si l’on ne conserve pas trop longtemps les précipités. Nous avons cru que ces renseignements pouvaient être de quelque utilité à ceux qui auraient à entreprendre des recherches analogues. VARIATIONS DE L’IODE DU CORPS THYROÏDE SOUS DES INFLUENCES PATHOLOGIQUES, par MM. CuaRrRiN et BOURCET. Depuis quelques années le rôle du corps thyroïde en physiologie, plus encore en physiologie pathologique, va sans cesse grandissant et les importantes découvertes que vient de réaliser Le professeur Gautier sont de nature à étendre encore la portée des fonctions de cet organe. Aussi est-il légitime et même nécessaire, quand on se trouve en présence de désordres morbides, surtout de tares relatives au développement de l'économie, de s'enquérir de l’état de cette glande. Déjà nous avons vu (1) que, chez desnouveau-nésissus de mères malades et eux-mêmes cachectisés par divers processus, assez souvent ce viscère offre des modifications de structure; d’autre part, si normalement, l'extrait thyroïdien injecté sous la peau provoque en général un amai- grissement marqué, il n’est pas exceptionnel, dans ées conditions patho- logiques, de reconnaître que ces injections entraînent des variations de poids nulles ou moins prononcées. IL était dès lors indiqué de s’enquérir des changements qui, dans ces mêmes conditions, sont capables d'intéresser la constitution chimique de ce tissu; il pouvait être en particulier utile, en raison de la part réservée à l'iode(2), d'examiner si cette substance subit des modifications. C'est ce que nous avons pu tenter dans le laboratoire du professeur Gautier, grâce à l'obligeance de notre Maître que nous sommes heureux de remercier. Nos recherches ont porté sur des corps thyroïdes de nouveau-nés, depuis l’âge d’un jour jusqu'à trois mois; la plupart avaient quatre à six semaines. — Nous avons divisé, suivant le caractère positif ou négatif des résultats, nos analyses en deux catégories; chacune de ces 1) Voir Charrin, Soc. de Biol., 14899. (2) Notre Maître, le professeur Gautier, étudie la question de l'arsenic. PAR RU RER 0 PT DR Es PTIT), POSER a VO AFS ce "rat AUS j SAT RS AL. PEAU ASS LA 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE catégories nous à permis de constituer un tableau comportant les princi- pales indications relatives à l’histoire des mères, des enfants, comme aux poids des glandes, à leur teneur en iode. — Il est, du reste, aisé de voir, en examinant nos expériences, que l'absence de ce produit s’observe de préférence dans les cas où ces mères et ces enfants offrent des antécé- dents pathologiques (1). MALADIE GAUSES IODE P. 100 de DE LA MORT DE GLANDE LA MÈRE de l'enfant. sèche. CORPS THYROIDE HUMIDE CORPS THYROIDE a Circulaire du cordon.| Indéterm. 0850039 Mort en naissant. Idem. 2,2985 LL 0,0020 Compression du cor-| 2,5009 0,000% don; a vécu 2 h. Néà6mois:mort1h.| 0,3864 0,005% après la naissance. . .|Hémorragie pen-| Mort en naissant. 3,3109 0,0013 dant le travail; a SurvéCcu. MOercre Syphilis. Syphilis; a vécu 3se-| 0,9112 |0,1998 0,0066 maines. . Korins. Syphilis. Syphilis; a vécu Tse-| 6,9539 [10,1313| 0,0150 maines. . SAUT. . Circulaire du cordon.| 3,4662 1|0,6168| 0,0011 Hémorragie.Mort en| 1,9157 |0,4043 0,0052 naissant. Idem. 2.,8163 |0,6274| 0,0013 .|Pleurésie guérie. Entérite. 0,6530 |0,1526 0 ,0046 () Asphyxie pendant le| 1,4165 |0,2873| 0,0028 travail. Morten nais- sant. Tuberculose Gastro-entérite. 2, 5123101559 0,0052 fibreuse. nique probable- .[Laryngite chro-|Broncho-pneumonie.| (0,8969 1|0,1998 0,0017 ment bacillaire. | (1) Le procédé suivi a consisté à dissoudre l'iode, à l’aide de la potasse, à reprendre par l’eau, l'acide sulfurique, puis par le nitrite de soude et à dis- soudre dans le sulfure de carbone. On compare ensuite à des liquides dont la teneur est connue. SÉANCE DU 931 MARS 341 MALADIE MALADIE POIDS DU CORPS IODE = de . 100 de ruyroine [ravromme| P LA MÈRE L'ENFANT frais. sec. DE SEC Indéterm .| 25718 2. Rio.. .| Alcoolisme. Entérite. Indéterm . 3. Sird. .| Paludisme. Entérite. 0,5082 . Lœven.| Tuberculose. |Broncho-pneumonie.| (0,6227 5. Sant. .|Lithiase biliaire. Ictère. 0,5163 | 0,1231 . Cach. .| Tuberculose. Gastro-entérite. 0,8401 0,2010 . Plas. .| Tuberculose. Ictère. 0,8809 0,1660 . Leblon.|Placenta prœvia. Né au 5e mois. 0,1978 0,0234 4 ll 19: FAMAl 2: Tuberculose 2ju- Broncho-pneumonie.| (0,7008 0,1423 . Mar . .) Meaux, 8° MOIS. Broncho-pneumonie.| 1,1197 | 0,2084 TISATSIS Anémie. Insuffisance hépa-| 0,4538 0,0968 tique. 2. Ad. . .| Fièvre typhoïde.| Maladie bronzée. 0,5199 0,1274 . Her . .| Pneumonie. FEntérite. 1,4333 0,3082 . Chari. . (] Méningite suppurée.| 1,2667 0,2634 Tuberculose. Gastro-entérite; 0,8534 0,1732 ictère. Réteution d'urine 0,8515 (malformation). Chloro-anémie. |Congestion pulmo- maire. .| Tuberculose ul-| Entérite-athrepsie. céreuse. L'examen de ces deux tableaux nous dispense de longs commentaires. — Il est, en effet, certain que la teneur du corps thyroïde en iode varie assez fréquemment, au point que ce produit peut même faire complète- ment défaut. Or, parmi les causes multiples propres, en dehors de l’ali- mentation, de l'âge, des espèces, etc., à modifier les proportions de cette substance (1), les maladies de la mère et de l'enfant semblent tenir une place incontestable ; quand le rejeton est fils d’une alcoolique, d’une typhique, d’une paludéenne, d’une pneumonique, d’une tuberculeuse, etc., d’une femme morte en pleine infection ou intoxication vers la fin de la grossesse, quand lui-même a été cachectisé par différents processus (4) Voy. à ce sujet les travaux de Baumann, de Blum, d'Oswald, etc. (Zeit. f. phys. Chem., 1899, et Bd XXI; XXII). seit, ME Lt a à 2 342 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE (gastro-entérites, broncho-pneumonies, etc.), il n'est pas rare de cons- tater la diminution ou l'absence de cet élément iôdé. -— Inversement, lorsqu'il n'existe aucune lare maternelle, lorsque le nouveau-né, d’ail- leurs bien constitué, a succombé en quelques instants, pendant l’ac- couchement, à un accident du travail (hémorragie, asphyxie, etc.), on rencontre habituellement des quantités variables de ce principe. . On comprend, du reste, relativement à cette présence ou à celte absence de l’iode, qu'il soit délicat de fixer des proportions absolument définies (2/3, 3/4?), que des recherches très longtemps poursuivies sont capables de changer. Ces changements sont d'autant plus probables qu'il n’est pas toujours facile de savoir d’une façon exacte, chez le nour- risson, où commence la maladie, où prend fin l’état physiologique (4). Quoi qu'il en soit, d'un côté, ces influences pathologiques, sans être constantes, paraissent incontestables; d'un autre eôté, comme cette glande exerce, en partie gräce à l’iode, une action manifeste sur le déve- loppement de l'organisme, de telles variations revêtent une importance facile à saisir, surtout chez des sujets dont l’évolution laisse déjà à désirer. Peut-on aller plus loin et se demander, en dehors de l'alimentation réduite ici au régime lacté, les motifs de ces fluctuations dans la teneur en iode? La réponse ést difficile. — Peut-être faut-il invoquer l'infério- rité des cellules du rejéton, soit une infériorité native tenant à ce que ces cellules issues de la prolifération d'éléments maternels tarés ne sau- M raient fonctionner intégralement, soit une insuffisance dépendant des M propriétés toxiques de certains poisons pathologiques qui, circulant dans l'organisme malade de la mère, sont allés, en traversant le pla- à centa, détériorer les tissus en voie de formatio n ? A î ACTION ÉLECTROMOTRICE DE LA SUBSTANCE VÉGÉTALE CONSÉCUTIVE A L'EXCITATION LUMINEUSE, par M. AuGusrus D. WaLLer mp. Frs. (de Londres). A la fin d’une série d'expériences sur les courants dela rétine excitée - par la lumière, j'ai été conduit à rechercher sur d’autres substances exeitables par la lumière les réactions électromotrices qui pourraiènt sy produire. La matière végétale verte s'offre tout naturellement à l'expé- rimentation, el je dirai dès l’abord que l'expérience capitale m'a pleine- ment réussi, et que ;’envisage ce fait terminal de mes recherches sur la rétine comme fait initial devant servir d'introduction à une investiga- | tion prolongée. ‘4 (1) Parmi les rejetons, dont le corps thyroïde contenait de l’iode, figurent Y deux syphilitiques; ce résultat tient à ce que les mères prenaient KL SÉANCE DU 31: MARS 943. Permettez-moi de résumer en une seule phrase le principal résultat de mes recherches antérieures, en affirmant que la rétine d’un œil tourné vers le galvanomètre et relié à celui-ci par ses surfaces postérieure et antérieure, répondra à toute excitation, — lumineuse, mécanique, kélec- trique — par un courant posilif, c'est-à- te dans la direction traver- sant l'œil d’arrière en avant. () ! 9 min. Tracé galvanographique de l'effet électrique de l'éclairage solaire d’une feuille d'iris. L'expérience analogue sur une matière végétale donne un résultat ana- logue, et se réalise de la manière suivante : — Une feuille, préférable- ment jeune et vivace, de lis ou d'iris, disposée sur une plaque de verre, est reliée au galvanomètre par des électrodes impolarisables en contact avec deux bandelettes étroites de papier à filtrer et imbibées de solution saline et croisant la feuille. Une moitié de celle-ci est recouverte par un morceau de papier noir, l’autre moitié est à découvert. Le tout est dis- posé dans une boîte noire munie d’un volet permettant d'exposer la feuille à la lumière solaire au moment voulu. Le résultat de chaque exposition provoque une déviation du galvanomètre qui indique que la partie découverte devient électropositive (polairement négative selon le langage usuel en physiologie) par rapport à la partie protégée. Il y a courant d'action dans la feuille elle-même dirigé de la partie qui est excitée par la lumière vers la partie qui ne l’est pas. Je crois que cette expérience devra prendre place comme une des expériences capitales du cours de physiologie végétale, et que l'étude approfondie du phénomène sous diverses modifications expérimentales apportera un secours précieux à nos moyens de mesurer l'activité (sur- tout synthétique) du protoplasma végétal sous l'influence de circons- tances diverses. 341 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LISTE DES OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LES MOIS DE JANVIER, FÉVRIER ET MARS 1900, A. von KüLzuiker : Neue Beobachtungen zur Anatomie des Chiasma opticum, aus der Fetschrift der phys.-med. Gesells., Würzburg, 1899. Lépinois : Étude historique, chimique et pharmaceutique des principales préparations organothérapiques. Paris, 4899. E. Mason : Expériences et remarques sur l'usage et l'abus du tabac, extrait du Bull. de l’Académie royale de médecine de Belgique. Bruxelles, 1899. Moyxier DE ViLcepoix : Laboratoire de bactériologie du département de la Somme, Rapport pour l’année 1898. Amiens, 1899. Le : = Rëciquer : Recherches sur l’étiologie de l'hypertrophie sénile de la pros- tate. Vigot frères, Paris, 1900. : “. Cu. Rice : 3% fascicule du t. IV du Dictionnaire de physiologie. # ; Fifteenth Animal Report of the Bureau of animal industry fur the year 1898. Washington, 1899 (publication de l’U. S. Department of agriculture). Le Gérant : G. Masson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 7 AVRIL 1900 M. Joanxes Caanin : Karyokinèses anomales. — M. JoAnnes Car : Altérations nu- cléaires dans les cellules coccidiées. — M. Én. ReTTERER : À propos des follicules clos de l'amygdale. — M. Év. RetTeREr : Histogénèse et structure comparées des amygdales et des ganglions lymphatiques. — M.E. Hépox : Sur les conditions de destruction des globules rouges par certains agents chimiques. — M. LAVERAN : Dégénérescence granuleuse des hématies de l'hippocampe. — M. J. NAGEOTTE : Note sur la lésion primitive du tabes. — M. J. NaGeorTe : Note sur la théorie du tabes. — M. SucaarD : Observations sur la note de M. Weiss, présentée à la Société de Biologie, à la séance du 31 mars 1900. — M. A. Borne : Aclion de la tubercu- line et de certains poisons bactériens sur le cobaye sain ou tuberculeux par ino- culation sous-cutanée ou intra-cérébrale. — MM. SrancuLeanu et Baup : Bactério- logie des empyèmes des sinus de la face. — MM. A. BrissemoRET et A. JOANIX : Propriétés pharmacodynamiques de quelques dérivés de l'acide carbonique et d'une carbérine. — M. G. Moussu : De l'influence de certaines toxines sur la production de la lymphe et la circulation lymphatique périphérique. Présidence de M. Troisier, vice-président. L | BRARY\=æ]} 8 + OA J'ai précédemment signalé l’active prolifération du tissu conjonctif chez les Paludines envahies par les Cercaires; la multiplication cellu- laire se trouve assurée par les deux voies de la division directe et de la division indirecte. Celle-ci présente des anomalies qui peuvent se grouper sous deux titres principaux : 1° Anomalies se traduisant par de simples abrévia- tions dans le cycle de la karyokinèse ‘spécialement durant la prophase) et déterminant ainsi des brachymitoses ; 2 karyokinèses franchement irrégulières et généralement du type tripolaire. En corrélation avec l’état de l'organisme parasité, l’ensemble de ces faits de pæcilomitose est d'autant plus intéressant qu’il présente des formes de cylodiérèse tendant à rapprocher la division mitotique de la division amitotique. Z KARYOKINÈSES ANOMALES, par M. JoanNES CHATIN. ALTÉRATIONS NUCLÉAIRES DANS LES CELLULES COCCIDIÉES, par M. JOANNES CHATIN Lorsqu'on examine, au point de vue cytologique, les effets de la coccidiose hépatique chez le lapin, on constate que les cellules coc- BioLocie. ComPeTres RENDUS. — 1900, T, LII. 27 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cidiées peuvent être atteintes non seulement dans leur protoplasma somatique, mais dans leur noyau. Certains auteurs ont admis une symbiose entre la cellule et Le para- site qu'elle héberge, les présentant comme fraternellement associés et se prêtant un tte concours. Il suffit de multiplier les observations pour apprécier une semblable thèse. Elle devient surtout indéfendable quand on examine les poches ou tumeurs caractéristiques de la coccidiose intensive. Ces poches sont farcies de cellules parasitées et souvent biparasitées, c'est-à-dire contenant deux coccidies. Dans de telles conditions, le noyau est presque toujours gravement altéré. Les réactifs nucléaires ne teintent plus que faiblement la formation nucléinienne. Celle-ci prend l’aspect d'un peloton lâchement enroulé, puis ce filament se brise et ses fragments ne se colorent que diffiei- lement ou même ne semblent plus offrir de chromatine. Entre ces états, se placent des stades intermédiaires : on voit parfois le ruban nucléinien se teinter par anneaux ou par articles, rappelant ce qui s’observe dans les cellules des tubes de Malpighi chez divers insectes et myriapodes. Ailleurs, la chromatine persiste, mais sous forme de grues épars, simulant de petits nucléoies. Refoulé vers la périphérie de la cellule, le noyau devient souvent impossible à découvrir, surtout dans les cas de coccidiose généralisée, tels qu’on a trop souvent l’occasion de les observer dans les clapiers de la banlieue parisienne. ? (e) ES F C S I AMYGDALE À PROPOS DES FOLLICULES CLOS DE L'AMYGDALE, par M. Éo. RETTERER. Si je reviens sur ce sujet, c’est pour vous entretenir de deux points : i° Les follicules clos de l’amygdale n’ont ni une origine ni une évolution identiques à celles des ganglions lymphaliques, comme le veut l’ensei- gnement classique; 2° la trame réticulée des follicules elos de l’amygdale finit par se transformer, en partie du moins, en réseau élastique. I. Les follicules clos de l’amygdale sont d’origine épithéliale. — J'ai l'honneur de vous soumettre des préparalions sur lesquelles vous pourrez contrôler mes assertions. Elles proviennent de la région amygdalienne d’un fœtus de cheval à terme, fixée au liquide de Kleinenberg ; elles ont été coupées en série et colorées d’une facon intense par l'hématoxyline et un mélange de fuchsine acide et d'orange G. Les ébauches des follicules existent à l’état d’invaginations épithéliales creuses, dont chacune a produit trois ou quatre bourgeons épithéliaux L SÉANCE DU 7 AVRIL 341 pleins. Les images qui représentent ces coupes sont identiques à celles que j'ai fait figurer et décrites (1) antérieurement (7% mémoire, pl. I, IL et XIT, et 2° mémoire, pl. XIT) sur le cheval, divers autres quadrupèdes et l'homme. Le fond de ces bourgeons pleins est constitué par un amas de petites cellules dont les noyaux arrondis et très chromatiques atteignent 3 à 4 y et dont le corps cellulaire fusionné avec celui des éléments voi- sins est transparent, homogène, peu et point coloré. L'intervalle occupé par ce protoplasma internucléaire n’est que de 1 à 2 u. Aux grossisse- ments très forts, on aperçoit quelques filaments chromophiles dans ce protoplasma homogène. En remontant du fond vers le pédicule du bour- geon (point où il s'implante sur l’invagination primitive), la ceinture de petites cellules diminue autour de l’axe épithélial. Le bourgeon épithé- lial est composé lui-même de cellules malpighiennes énergiquement colorées par la fuchsine et contenant un noyau clair et volumineux (6à Tu). L'examen attentif des bourgeons épithéliaux montre les faits suivants : les cellules épithéliales se divisent par karyokinèse et, à la suite de la division, le protoplasma reste transparent et peu colorable comme il l'était pendant la mitose. Les noyaux-fils gardent les dimensions qu'ils possédaient au moment de la division, mais ils conlinuent à être très chromatiques. Telles sont les modifications morphologiques et chimiques qui pré- sident à la transformation du tissu épithélial en un tissu nouveau que j'ai comparé à la couche basilaire des épithéliums et que j'ai décrit et figuré (2° mémoire, p. 485, fig. ILT, IV, V, VI et VIT). Je l'ai vu également dans les membres embryonnaires (2) et dans les follicules elos de la muqueuse glando-préputiale du chien (3). Tous les histologistes qui ont étudié les premiers développements des amygdales ont vu ces amas de petites cellules; mais ayant mal fixé et mal coloré les tissus, ils n’ont observé ni les divisions des cellules épithéliales, ni le protoplasma homogène et continu qui relie les noyaux chromatiques. Ces derniers, entourés d’une mince zone protoplasmique, représenteraient, à leurs yeux, des cellules libres qu'ils assimilent aux globules blancs, et, pour expliquer le mode de formation de ce tissu nouveau, ils invoquent la migra- lion des leucocytes vasculaires ou mésodermiques. Il en est même pour sou- tenir que ces leucocytes pénètrent entre les cellules épithéliales des bour- geons où ils joueraient le rôle de phagocytes. L'hypothèse du leucocyte migrateur et phagocyte est très séduisante et fort commode, parce qu'elle dispense d'observer; aussi a-t-elle été adoptée par l'unanimité des auteurs (4). (1) Origine et évolution des amygdales, Journal de l’Analomie et de la Phy- siologie, 1888 (1° mémoire) et Epithélium et tissu réticulé, 1bid, 1897 (2° mé- moire). (2) Journal de l'Analomie et de la Physiologie, 1896, p. 264. (3) Sociélé de Biologie, 1°* octobre 1898. (4) Voir 1°" mémoire, p. 350, et 2° mémoire, p. 511 et suivantes. 7 d 348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je ne m'y arrêlerais plus, si des hommes considérables ne venaient de la rééditer dans des ouvrages classiques. O. Hertwig (1) ne fait qu'une mention superlicielle et erronée de mon premier mémoire ; toutes mes recherches, postérieures à 1888, lui sont incon- nues. Sedgwick Minot (2) se complait à citer les démentis que m'ont donnés Stühr et Gulland. V. v. Ebner (3) estime ma conception erronée, parce qu’elle n’a pas l'assen- timent unanime. Au lieu de se ranger, sous le couvert de pareils motifs, du côté de la tradition, V. v. Ebner eût fait œuvre plus utile et plus scientifique en se livrant à un travail de contrôle. J'ai recommeucé nombre de fois, depuis seize ans, l'étude de ces organes; j'ai varié les méthodes; j’observe chaque fois des phénomènes nouveaux qui modifient ma manière de voir sur divers points secondaires; mais le fait essentiel reste et se confirme constamment : les follieules cios amygdaliens sont d'origine épithéliale. Il. Zransformation du tissu conjonctif primordial en trame réticulée, puis élastique. — Dans le tissu conjonctif primordial, le protoplasma se différencie en réticulum chromophile et en hyaloplasma (4). Cette trans- formation se fait de la périphérie du follicule vers le centre, en même temps qu'apparaissent les vaisseaux sanguins et lymphatiques (5). Sur les fœtus de cheval à terme, une partie du réticulum chromophile a déjà subi la métamorphose élastique; mais sur le chien, celle-ci se fait bien plus lentement. En effet, sur l'amygdale d'un chien de douze ans, le réseau élastique, bien développé à la périphérie des follicules, ne pénètre dans leur portion centrale que sur les follicules situés du côté de l'axe de l’organe. Dans les follicules les plus anciens, les mailles du tissu réticulé se remplissent, chez les vieux animaux, de faisceaux conjonctifs, parce que l’'hyaloplasma s’y est transformé en fibres conjonctives. Celle évolution est accompagnée d’un grand développement de vais- seaux sanguins, qui donnent au tissu une apparence érectile (7° mé- moire, p. 327, fig. XIL, XX VII et XXXII). Cest là le stade fibreux des follicules clos. (1) Traité d'embryologie, 2° édit. francaise, p. 379. (2) Lehrbuch der Entwickelungsgeschichle. trad. allemande, 1894, p. 774. (3) Kælliker’s Handbuch der Gewebelehre, t. NX, 1899, p. 73. (4) Les éléments de l’amygdale passent par une série de stades évolutifs analogues à ceux du ganglion lymphatique. A chacun de ces stades Le tissu acquiert et possède, temporairement comme tout organisme vivant, une nature chimique et une structure différentes. La connaissance de ces phénomènes nous rend compte du fait suivant, rapporté sommairement par Billroth, dès 1861 : cet histologiste n'a pu mettre en évidence un « beau réticulum » au centre de l’alvéole (follicule) du ganglion jeune (enfants de six à huit ans) et, en observateur consciencieux, Billroth s’est abstenu de représenter, dans le dessin qui accompagne son mémoire, ce qu'il n'avait pas réussi à voir. (5) 1° mémoire, p. 334, fig. XXV et XXXVI, et 2° mémoire, p. 484, fig. V, VI et M SÉANCE DU 71 AVRIL 349 Si tous les auteurs sont très affirmatifs sur le rôle des globules blancs dans le développement des follicules elos, aucun ne mentionne les éléments qui donnent naissance à la trame et ne dit la facon dont celle-ci produit soit le réticulum chromophile ou élastique soit les faisceaux conjonctifs. En résumé, les follicules clos de l'amygdale dérivent de bourgeons épithéliaux. Ceux-ci donnent naissance, par divisions et transforma- tions cellulaires, à du tissu conJoncelif primordial ou masse cellulaire fusionnée. Les éléments de cette dernière se différencient en vaisseaux sanguins et lymphatiques et en tissu réticulé. Le réticulum, d’abord chromophile, devient élastique, quant à l'hyaloplasma, une partie se flui- difie, tandis que le reste se transforme en fibres conjonctives qui finis- sent par se condenser en tissu fibreux. HISTOGÉNÈSE ET STRUCTURE COMPARÉES DES AMYGDALES ET DES GANGLIONS LYMPHATIQUES, par M. ÉD. RETTERER. Après l'étude longuement poursuivie des amygdales et des ganglions lymphatiques, je voudrais résumer les analogies et les différences de développement et de structure de ces organes (1). I. Les ébauches des follicules clos amygdaliens dérivent de cellules épi- théliales, tandis que les nodules des ganglions lymphatiques proviennent de la division et de l'accroissement d'un tissu conjonctif parvenu au stade réliculé. Malgré ces origines si différentes, les ébauches de l’amygdale et du ganglion lymphatique possèdent un tissu de structure analogue. C’est un complexus cellulaire où le protoplasma forme une masse continue et qui renferme autant d'individualités cellulaires que de noyaux. Ce lissu présente les caractères de la couche basilaire des cellules épithéliales ou bien ceux du tissu conjonctif primordial qu'on observe dans les membres naissants. Le protoplasma homogène ne larde pas à se différencier en filaments chromophiles, anastomosés, disposés en réticulum et en hyaloplasma compris dans les mailles de ce dernier. Celte différenciation procède sous la forme de cercles concentriques et aboutit à la formation d'ilots connus sous le nom de /ollicules où nodules d'une étendue de 0""3 à Omrm6G. A mesure que s’accroil le réticulum chromophile, l’évolution se pour- suit dans un sens différent dans les amygdales d’une part, etles gan- glions lymphatiques de l'autre. Dans les follicules clos de l'amygdale, une partie de l'hyaloplasma se fluidifie sur une étendue très restreinte et les lames chromophiles qui (4) En ce qui concerne l'historique, voir la note qui précède, 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— ————————…—…"—"_"—"_ —_—_——_—…—…—"—— — — limitent ces espaces persistent à l'état de revêtement endothélial (capil- laires lymphatiques). Le reste de l'hyaloplasma présente une évolution tout autre ; il élabore des faisceaux conjonctifs ou collagènes qui prennent, chez l'adulte et l'animal vieux, un grand développement, de sorte que le follicule clos finit par se transformer en un organe fibreux. Pour ce qui est du ganglion lymphatique, il faut distinguer les petits animaux des grands mammifères. Chez les petits animaux, tels que le cobaye, l'hyaloplasma du tissu rélieulé plein subit une foute totale sur de larges espaces, en même temps que de nombreuses cellules sont mises en liberté. Il en résulte de vastes cavernes qui sont cloisonnées par les parties chromophiles des cellules persistantes. Le plasma flui- dilié et les éléments libres sont emportés par le courant lymphatique qui traverse le système caverneux. Chez les grands mammifères, tels que le chien, les phénomènes de cavernisation sont les mêmes, mais le ganglion présente plusieurs départements secondaires séparés les uns des autres par des cloisons conjonctives ou collagènes qui partent de la capsule périphérique et subdivisent l'organe en autant de territoires correspondants. Les vaisseaux de gros calibre sont également accom- pagnés de faisceaux conjonctifs. Le réticulum qui se développe dans le tissu conjonctif primordial est, à l'origine, composé de filaments chromophiles. Ce réticulum chromo- phile subit, de bonne heure, dans les ganglions lymphatiques, la trans- formation élastique qui, dans les follicules clos de l’amygdale, est plus ente à se faire et reste toujours plus discrète que dans les ganglions. Les vaisseaux sanguins se développent dans le tissu conjonctif pri- mordial d'une facon identique. Quant aux vaisseaux lymphatiques, ils possèdent dans les amygdales la constitution de ceux du tissu con- jonctif : ils sont toujours limités par un revêtement endothélial, facile à mettre en évidence par la nitratation. Il n'en va pas de mème dans les ganglions lymphatiques. Par une injection interstilielle de nitrate d'argent ou du liquide pie’o- osmio-argentique de Renaut, il est aisé de faire apparaitre les traits bien connus de la structure endothéliale sur la face interne de la cap- sule périphérique et à la surface des cloisons fibreuses quand celles-ci existent. Mais, au niveau du réticulum chromophile ou élastique, on ne détermine que la production d'un dépôt irrégulier qui, comparé aux réparations faites par d’autres colorants, permet d'affirmer l'absence de tout endothelium sur les filaments chromophiles ou élastiques. Depuis les recherches de Donders, Kælliker, Brücke, Billroth et His, on s’est contenté de signaler les filaments du réliculum et les cellules libres incluses dans les mailles de ce dernier. Les discussions ont porté uniformé- ment sur la nature du réticulum (1). Enfin, Mall et Hæhl ont montré que les (4) Voir l'historique daus le Journal de l'anatomie, 1896, p. 288 et 1897, p. 337 et suivantes. SÉANCE DU 7 AVRIL 351 fibrilles du réticulum se comportent sous l'influence des agents chimiques et des ferments digestifs autrement que les fibrilles conjonctives ou collagènes. Cependant on a continué à considérer la trame comme une masse inerte, dont les caractères seraient toujours nettement définis et toujours d’une fixité absolue à l'inverse de ceux des leucocytes. Quant au tissu qui précède le stade réticulé, on l’a ignoré et personne n'a senti le besoin de faire l'étude des cellules à protoplasma fusionné (tissu conjonctif primordial). Il est juste de remarquer que ce stade du tissu conjonctif primordial a été entrevu : pour Ch. Robiu, une substance fonda- mentale, semée de noyaux, représentait ce tissu; Toldt (1) parle également d'une substance intermédiaire, amorphe, qui est plus abondante Gans le centre du follicule et donne à cette partie une apparence plus claire. Brücke, il y a longtemps, avait signalé cette tache centrale blanc grisâtre, que His nommait vacuole, et à laquelle Flemming a imposé le nom de nodule secon- daire. En raison des nombreuses mitoses qu'on y observe, Flemming (2) l'appelle encore centre germinatif, mais ni dans ses descriptions ni dans ses figures, il ne mentionne la structure de ce tissu ; il dit même expressément (loc. cit., p. 98) qu'il n’a figuré que les noyaux et laissé de côté les détails qui concernent la constitution du protoplasma. Pour les histologistes contemporains, le tissu réticulé passe de la sorte pour une entité anatomique où les uns ne trouvent qu'une trame conjonctive, développée dans une substance intercellulaire et revêtue de cellules plates, tandis que les autres uient l'existence de toute substance intercellulaire et n'y voient que des cellules anastomosées. Dans une revue générale, J. Disse (3) a essayé de débrouiller cette question si controversée ; mais, en l'absence de recherches personnelles, et ne disposant que de documents épars et tronqués, il n’a pu se faire une opinion motivée. En fin de compte, pour se tirer d'affaire, iln'a eu qu'une ressource : faire appel aux globules blancs de provenance vasculaire ou mésodermique. Conclusions. — Bien que d'origine blastodermique différente, les fol- licules clos de l’amygdale et les ganglions lymphatiques présentent à un moment donné un tissu analogue. C’est un complexus de cellules à pro- toplasma fusionné. Ce protoplasma se différencie en hyaloplasma et en réticulum chromophile ou élastique. Dans les amygdales, une partie de l’hyaloplasma se fluidifie, l’autre portion se transforme en fibres con- jonctives ou collagènes. Dans les ganglions lymphatiques, la presque tota- lité de l'hyaloplasma subit la fonte pour être emportée, avec les élé- ments devenus libres, par le courant Iymphatique. SUR LES CONDITIONS DE DESTRUCTION DES GLOBULES ROUGES PAR CERTAINS AGENTS CHIMIQUES, par M. E. Hépon. On connaît « l'action protectrice » qu'exerce le chlorure de sodium sur les globules rouges vis-à-vis de certaines substances qui,en solution (4) Lehrbuch der Gewebelehre, 2° édit., 1884. (2) Archiv. f. mik. Anat., vol. XXIV, p. 50. (3) Das retikuläre Bindegewebe. Zrgebnisse der Anatomie u. Entwickelungs- geschichte, vol, VII, 1898, p. 9. Li Co OZ bo SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aqueuse, sont fortement globulicides à n'importe quelle concentration. Gryns (Pflüg. Arch., 1896) interprète ce fait par la perméabilité des glo- bules pour ces substances; en effet, une substance pénétrant facilement dans le stroma globulaire ne saurait fournir une solution isotonique, c'est-à-dire une solution dont la pression osmotique fasse équilibre à la pression osmotique intérieure du globule. Mais une telle substance est-elle dissoute dans une solution isotonique d’un autre corps, pour lequel les globules sont imperméables, l’action globulicide disparait; et il en résulte que ce qui détruit les globules dans les solutions aqueuses de ces prétendus agents hémolytiques, ce n’est pas le corps incriminé, mais bien uniquement l’eau. Tet est le cas de l'urée notamment. J'ai eu l’occasion de vérifier ces faits non plus seulement in vitro, mais aussi in vivo, dans des expériences où j'étudiais l’action diurétique de certains agents chimiques qui en solutions aqueuses produisent une destruction globulaire et une hémoglobinurie intenses, Ainsi on peut injecter dans les veines une solu- tion d'urée à 10 et 15 p. 100 dans l’eau salée à 0,95 p. 100, sans déterminer le moindre passage de l’'hémoglobine dans le sérum. De même pour la glycérine, dont le coefficient diurétique dans ces conditions est égal à 2 environ, pour une dose de 5 grammes par kilogramme d'animal etune concentration de 25 p. 100. Cependant le fait que l'urée en solution saline isotonique ne détermine plus la sortie de l'hémoglobine, de la manière dont il est présenté par Gryns, semblerait indiquer que cette substance est inoffensive pour les globules. Mais tel n'est point le cas. Car il y a une concentralion limite, très élevée il est vrai, à laquelle les globules sont détruits, même en solutions salines isotoniques au sérum. /n vitro, la sortie de l’hémoglo- bine commence avec l'urée vers 20 p. 100 en solution NaCI à 0,95 p. 100 (globules de bœuf). On ne saurait d’ailleurs fixer une limite précise, le temps intervenant comme facteur essentiel dans le phénomène. Ainsi à 20 p. 100 d'urée, après dépôt des globules, le liquide surnageant est dépourvu d’hémoglobine, mais il se teinte si l’on retourne le tube. À 45 p.100 il ne se colore pas. À 25 p. 100 laquage immédiat. En augmen- tant la teneur de NaCI, on élève un peu la limite de destruction; par contre, on l’abaisse fortement en diminuant la concentration saline. Pour la glycérine, la limite est bien plus élevée. À 40 p. 100 le liquide est encore peu teinté après trente heures. En solution dans le sérum sanguin, la concentration limitée est pour l’urée à peu près la même que dans les solutions NaCI à 0,95 p. 400. IL n’en est pas de même pour toutes les substances globulicides. Ainsi le taurocholate de soude en solution de NaCI à 0,95 p. 100 commence déjà à dissoudre les globules à la dilution de 1/600°. Il faut une dose quatre fois plus forte pour avoir le même effet dans le sérum. Si par addition d’eau au sérum on abaisse la pression osmotique au voisinage de la valeur limite isotonique, il suffit de 4 p.100 d'urée pour amener la dissolution d’un grand nombre de globules. SÉANCE DU 7 AVRIL 353 Il est un autre groupe de substances qui en solutions aqueuses détrui- sent les globules à toutes les concentrations, mais qui en solutions salines isotoniques n’exercent plus cette action, même aux doses les plus élevées. Ainsi parmi les hydrates de carbone, la dextrine, le glyco- gène, etc., parmi les albuminoïdes, la gélatine, passent pour être glo- bulicides. Cependant dissoutes dans l’eau salée (et aux concentrations les plus fortes qu'il soit possible de réaliser avec ces corps colloïdes), ces substances ne détruisent plus les globules. Ceux-ci se déforment (aspect allongé en bâtonnet dans la gélatine), mais ne sont pas dissous, comme il est facile de s’en assurer au microscope, ou par centrifuga- tion (et dans ce cas pour des solutions concentrées de dextrine, les glo- bules gagnent la partie supérieure du tube), ou encore en transportant quelques gouttes du mélange dans une solution isotonique de NaCl où les globules puissent se déposer. Pour les solutions aqueuses de ces substances, on peut donc dire que c'est l’eau qui détruit les globules et non le corps dissous. Le mécanisme de cette action doit être différent de celui qui a été invoqué pour les corps du groupe précédent. [ci nous avons à faire à des substances à poids moléculaire très élevé dont la pression osmotique est très faible. Leurs molécules ne donnent pas de véritables solutions; on peut se Les représenter comme entourées complètement d’une enveloppe de molécules d'eau. Dans ces conditions, les globules n'arrivent pas à leur contact et sont détruits par l'eau. Ce doit être un fait général pour toutes les substances colloïdes à molécules polymères, pour beaucoup d'albuminoïdes. Par contre, les peptones fournissent dans l’eau des solutions isotoniques; mais comme elles ne sont jamais complètement dépourvues de sels, je n'ai pu faire la part de ce qui leur revient en propre dans cette action. Une peptone débarrassée le plus pos- sible de ses cendres donnait une solution isotonique pour les globules de bœuf à la concentration de 10 p. 100. (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) DÉGÉNÉRESCENCE GRANULEUSE DES HÉMATIES DE L'HIPPOCANPE, par M. Lavera. Dans la précédente séance, MM. Sabrazès et Muratet ont présenté une note sur des hématozoaires endoglobulaires de l'hippocampe. J'étais très désireux de vérifier les faits observés par MM. Sabrazès et Muratet et je me suis fait envoyer de la station zoologique d'Arcachon des hippo- campes qui sont arrivés vivants à Paris. L'examen du sang de ces hippocampes fait pendant la vie, ou aussitôt après la mort, m'a montré, six fois sur six, des altérations des globules rouges qui sont évidemment identiques à celles qui ont été décrites par MM. Sabrazès et Muratet sur des hippocampes de même provenance. L'altération des hématies présente trois degrés : 354 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Premier degré. — Sur un ou plusieurs points de l'hémalie, qui a con- servé sa forme et sa couleur, on distingue des granulations réfrin- gentes, isolées ou agglomérées. Les granulations ne sont pas mobiles en général. Deuxième degré. — On distingue dans l'hématie altérée, un espace clair, de forme et de dimensions variables; dans cet espace clair, des granulations arrondies, réfringentes, de grosseur variable, sont ani- mées d'un mouvement brownien. Les plus grosses granulations me- surent À y 1/2 à 2 x de diamètre. L'hématie altérée a conservé sa forme, on distingue le noyau; en dehors de l’espace clair, le globule rouge à sa coloration normale. Troisième degré. — L'hématie altérée dans sa totalité prend une forme sphérique et perd dans toute son étendue sa teinte normale ; des granu- lations de forme et de dimensions variables, réfringentes, s’agitent à l’intérieur de l’hématie. Le noyau refoulé à la périphérie est pâle, sou- vent peu visible. Ces altérations ont été bien décrites par MM. Sabrazès et Muratet; en ce qui regarde les altérations observées dans des préparations de sang conservées pendant plusieurs jours dans la chambre humide, je pense qu'il n'y a pas lieu d’en tenir compte, la désagrégalion des hématies donne naissance à des éléments ovalaires ou allongés qui ressemblent aux éléments qui ont été figurés par les auteurs (fig. 7 à 10). Si je suis d'accord avec MM. Sabrazès el Muratet sur l'existence d’une altération des hématies des hippocampes provenant actuellemeut de la stalion zoologique d'Arcachon, il ne m'est pas possible d'accepter l'in- terprétation qui a été adoptée par ces observateurs. Les allérations des hémalies de l’hippocampe ne rappellent en rien celles qui sont produites par les hématozoaires endoglobulaires connus; j'ai essayé, à l’aide de différents procédés, de colorer les prétendus hématozoaires du sang de l'hippocampe, et les résultats ont loujours été négatifs. Je crois qu'il faut écarter aussi l'idée de bactéries, de microcoques, qui envahiraient les hématies. Les granulations qui se meuvent à l'intérieur des hématies altérées ont des formes et des dimensions variables et je n'ai pas réussi à les colorer par les méthodes générales de coloration des bactéries. 1 me paraît très probable qu’il s’agit d'une altération, d'une dégéné- rescence granuleuse des hématies; sous quelle influence se produit cette altération? c’est là ce que je ne saurais dire. NOTE SUR LA LÉSION PRIMITIVE DU TABES, par M. J. NAGEOTTE. Je viens d'étudier la lésion primitive du tabes dans un cas que l’acuité du processus et l'époque rapprochée du début rendaient exceptionnelle- SÉANCE DU 7 AVRIL 359 ment favorable. Ce cas provient du service de M. le D'Babinski, qui m'a permis de l'utiliser : je lui en suis extrêmement reconnaissant. Avant d'aborder la description des lésions que j'ai trouvées dans ce cas, je résumerai en quelques mots la théorie de la névrite radiculaire transverse du tabes que j'ai proposée ici même (10 nov. 1894). Le cas actuel me permettra de substituer des faits tangibles à quelques-unes des hypothèses que j'avais faites à ce moment et de compléter ainsi ma démonstration sur quelques points restés incertains. J'ai déjà montré que le tabes, si jeune qu'ilsoit, est toujours accompagné d’une ménin- gite diffuse qui ne peut être distinguée anatomiquement de la ménin- gite syphilitique, dont elle a tous les caractères ; que ce processus inflam- matoire se retrouve avec une intensilé très considérable dans une région localisée des racines dont j'ai signalé les aptitudes pathologiques spé- ciales, le nerf radiculaire ; enfin j'ai attribué la dégénérescence tabétique à l’altération des racines postérieures dans leur passage à travers cette névrite radiculaire interstitielle transverse, que je l’ai comparée à la myélite transverse, et j'ai cherché expliquer l’absence de lésion paren- chymateuse dans la racine antérieure par une résistance spéciale du neurone moteur. Depuis (Soc. de Biol., 29 juillet 1899) j'ai pu montrer qu'en réalité les lésions parenchymateuses des racines antérieures sont loin d’être rares dans le tabes, mais qu'elles présentent une tendance très remarquable à la réparation; un détail pourtant pouvait prêter à discussion : la lésion parenchymateuse remonte bien au-dessus de la lésion interslitielle transverse, dans les cas anciens: ceci s'explique faci- lement par {a connaissance de la dégénérescence rétrograde des tubes nerveux, mais on pouvait objecter que cette explication comporte une part d’hypothèse ; dans l'observation que j'apporte aujourd’hui, la courte durée de la maladie va me permettre de montrer la superposition exacte des lésions parenchymaleuse et interstilielle, et par conséquent de sup- primer complètement la part de l'hypothèse. Tous les cas de tabes ne sont pas également propres à la démonstra- tion ; ce qu'il faut pour localiser d'une façon bien évidente le point de départ de la sclérose tabétique, c'est un cas à marche très rapide, pré- sentant une lésion massive et étudié par la méthode de Marchi très peu de temps après Le début. Toutes ces conditions sont réunies dans l’obser- vation que voici : Une femme de trente-deux ans meurt avec tous les signes d’une tumeur cérébrale, plus le signe de Westphal. A l'autopsie on trouve un gliome du corps calleux et un tabes visible par la seule méthode de Marchi, très aigu et très récent par conséquent, étendu à toute la hauteur de la moelle, mais pré- dominant à la région cervicale. Il ne peut être question d'une lésion radicu- laire consécutive à l'augmentation de la pression du liquide céphalo-rachidien, d’ailleurs l'examen histologique a montré que cette dégénérescence est sous la dépendance d'une lésion initiale inflammatoire, comme dans le tabes légi- time, Pourtant j'admets fort bien que la tumeur cérébrale a joué un rôle impor- 356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tant, comme cause adjuvante, et que c’est à sa présence que nous devons l'évolution spéciale de ce tabes. La méningite légère du tabes, telle du moins que je l’ai décrite (Arch. de neurol., 1895, n° 104), existe ici parfaitement caractérisée. Il aurait été intéres- sant de savoir d'une facon positive si cette femme avait eu la syphilis, mais sur ce point les investigations ont été infructueuses; on n’a trouvé dans ses antécédents qu'une fausse couche remontant à quelques années. Dans la moelle, la lésion est très nettement radiculaire; je n’insiste pas ici sur les détails de sa localisation. Toutes les collatérales qui pénètrent dans la substance grise, et en particulier les collatérales-réflexes, se dessinent par de superbes rangées de perles noires, qui vont s’arboriser jusque dans les cornes antérieures. Hors de la moelle on est surpris de trouver les racines postérieures presque absolument saines jusqu'au niveau de la pie-mère. Cet état d'intégrité se continue vers la périphérie jusque dans le nerf radiculaire ; mais les coupes eu série pratiquées sur le nerf radiculaire montrent une lésion causale située au voisinage du ganglion. Je rappelle que le nerf radiculaire est constitué par l'accolement des racines antérieure et postérieure depuis le point où ces deux racines s'engagent dans la dure-mère jusqu'au point où la racine postérieure pénètre dans le ganglion. Je prendrai comme type de ma des- cription le cinquième nerf radiculaire lombaire, dont la longueur est de 8 millimètres 1/2. Sur un espace de 2 millimètres 1/2, à partir de l'entrée des racines dans la gaine durale, on n’observe aucune lésion, soit dans la gaine soit dans la racine antérieure; il en est de même pour la racine pos- térieure, sauf dans un territoire peu étendu qui présente des boules éparses par la méthode de Marchi. Dans les 3 millimètres qui suivent apparaît la lésion de la racine antérieure dont les fascicules se dissocient et s’entourent de volumineux anneaux constitués par une néoplasie conjonctive très riche en cellules et d'aspect nettement inflammatoire; ces anneaux sont situés entre les fascicules et la gaine durale qui est elle-même épaissie; dans la gaine durale on aperçoit des veines qui contiennent dans leurs parois des nodules de cellules à noyaux arrondis tassées les unes contre les autres. Dans ce point les tubes nerveux sont manifestement altérés; leur gaine de myéline est boursouflée et leur cylindre-axe est déformé mais non détruit; par la méthode de Marchi, on décèle des boules noires nombreuses, mais pour la plupart très fines; il s'agit en somme d'une altération localisée des tubes nerveux qui est très spéciale et qui diffère notablement par tous ses caractères de la dégénérescence wallérienne; d’ailleurs cette lésion n'amène pas l'interruption de l’influx nerveux puisqu'au-dessous, à mesure que la lésion conjonctive disparaît, on voit les tubes reprendre leur aspect normal, sans dégénérescence descendante. À peine la racine antérieure a-t-elle repris sa forme qu'il apparaît une lésion absolument identique sur la racine pos- térieure; cette lésion s’élend sur un espace de 2 millimètres 1/2 et cesse à 1/2 millimètre au-dessus du ganglion; la lésion parenchymateuse remonte jusque dans le ganglion, mais en s’atténuant notablement. (Travail du laboratoire de M. le D' Babinski à la Pitié.) SÉANCE DU 7 AVRIL 3517 NOtïE SUR LA THÉORIE DU TABES, par M. J. NAGEOTTE. Dans l'observation qui précède, j'ai montré que les cylindres-axes qui passent au travers de la névrite transverse présentent une lésion localisée de leur myéline au point précis où ils sont en contact avec la néoplasie conjonctive inflammatoire; cette coïncidence prouve absolument que c'est bien là que les racines sont attaquées par un agent morbide capable de produire une lésion inflammatoire avec tout le cortège des réactions du tissu conjonctif qui caractérise une telle lésion. Les conséquences sont différentes pour les deux racines : l’antérieure subit cette atteinte locale sans en souffrir, sauf quelques boules noires dans les nerfs intra-musculaires ; sa résistance plus grande n est plus une hypothèse, c'est une constatation. La racine postérieure au con- traire dégénère par ses extrémités et ses collatérales; attaquée par sa base, comme la racine antérieure, elle conserve assez de vitalité pour maintenir l'intégrité de ses premiers segmenis, mais pas assez pour nourrir ses extrémités plus délicates et plus éloignées du centre trophique. Cette constatation me paraît éclairer singulièrement la cause de ce que M. Marie a appelé l’incongruence des lésions radiculaires dans le tabes. La seule objection que l'on pourrait faire, à priori, serait que la méningite signalée plus haut est la vraie cause de celte dégénéres- cence de la portion médullaire des racines; mais il suffit d'examiner les coupes pour voir que cette méningite minuscule est incapable de jouer ce rôle; d’ailleurs j'ai souvent vu la même méningite beaucoup plus accentuée dans des cas de paralysie générale sans tabes, ne pro- duire aucune lésion des racines postérieures. Cette observation démontre qu'une lésion inflammatoire, que je considère comme le résultat d’une infection spécifique, localisée dans le nerf radiculaire et réalisant une véritable névrile transverse, est capable de produire une dégénérescence des éléments nerveux qui est superposable à la dégénérescence tabétique dans ses moindres détails (destruction du cylindre-axe central des neurones sensitifs avec inté- grité de la cellule et du cylindre axe périphérique, — incongruence des lésions radiculaires, — lésions spéciales des racines antérieures). Comme d'autre part j'ai toujours trouvé, dans les tabes les plus légi- times, une lésion conjonctive d'aspect semblable, ou au moins une cicatrice, siégeant exactement au même point, avec ce détail que la racine antérieure est, comme dans le cas actuel, toujours prise un peu plus haut que la postérieure, je crois pouvoir conclure de tous ces faits que la lésion que j'ai décrite est bien la lésion primitive du tabes. La localisation sur le nerf radiculaire se comprend d’ailleurs fort bien; la gaine lymphatique de ce nerf se continue directement avec 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’espace sous-arachnoïdien ; il y a là une sorte de puits lymphatique qui est évidemment en rapport avec les voies lymphatiques efférentes du système nerveux et je ne saurais mieux comparer la lésion de cette gaine qu'aux allérations des trones et des ganglions lymphatiques à la suite d’une infection locale. Ici l'infection locale, c'est la méningite spéciale sur laquelle je me suis déjà expliqué; cette méningite produit le tabes par l'intermédiaire de la lésion du nerf radiculaire; lorsque le retentissement de cette même méningite sur le nerf radiculaire manque, le tabes ne se produit pas. En résumé, j'arrive aux conclusions suivantes : La systématisation du tabes résulte de deux facteurs absolument distincts : 1° de la disposition de l’appareil lymphalique, qui permet à l'agent morbide d'attaquer efficacement les racines en un point déter- miné; 2° des aptitudes pathologiques spéciales aux neurones, qui font que la racine postérieure se détruit progressivement sous l'influence de cette attaque localisée, tandis que la racine antérieure résiste ou, après avoir cédé, se répare ou tend à se réparer, malgré les progrès ultérieurs de la maladie. OBSERVATIONS SUR LA NOTE DE M. WEïiss, PRÉSENTÉE A LA SOCIËTÉ DE BIOLOGIE, A LA SÉANCE DU 31 MARS 1900, par M. Sucnarp. Ayant été chargé par M. le Président d'examiner les préparations de M. Weiss, j'ai fait cet examen et je crois qu'on en peut tirer les conclu- sions suivantes : On observe dans les préparations obtenues par la méthode indiquée par M. Weiss, son auteur, dans les tubes nerveux à myéline, à la place occupée par le cylindre axe, un plexus composé de fibrilles excessi- vement ténues. Ce plexus parait appartenir au cylindre axe et en consti- tuer une portion. Les fibres qui le composent sont trop ténues pour qu'il soit possible de dire si, aux points nodaux, il y a accolement ou soudure. De plus, ces fibrilles sont beaucoup plus ténues que celles que l'on obtient par d’autres procédés dans les éléments semblables. ACTION DE LA TUBERCULINE ET DE CERTAINS POISONS BACTÉRIENS SUR LE. COBAYE SAIN OU TUBERCULEUX PAR INOCULATION SOUS-CUTANÉE OU INTRA- CÉRÉBRALE, par M. À. Borrez. Nous avons montré, en collaboration avec M. Roux, que l’inoculation intracérébrale de certains poisons : toxine diphtérique chez le rat, SÉANCE DU 1 AVRIL 39 morphine chez le lapin, était un excellent moyen pour vaincre l’appa- rente immunité de ces animaux vis-à-vis de l'inoculation sous-cutanée L'inoculation intracérébrale nous semble donc toute indiquée pour mettre en évidence la toxicité de certaines substances bactériennes qui, inoculées sous la peau, paraissent inoffensives. La tuberculine rentre dans ce groupe de toxines bactériennes. On peut, chez le cobaye, inoculer sous la peau ou dans le péritoine, des quantités énormes de tuberculine sans amener aucun effet toxique. On a souvent inoculé à des cobayes de 500 grammes, 1 gramme de tuber- culine précipitée par l'alcool sans obtenir la mort de l'animal. Cette insensibilité du cobaye tient certainement à une protection très efficace de l'organisme par quelque système cellulaire, de on inocule le poison sous la peau. Par la voie cérébrale, le cobaye meurt avec des doses très faibles comme l’a déjà montré Lingelsheim ; il suffit de 3 à 4 milligrammes. On a critiqué ces résultats de Lingelsheim et Neufeld à voulu montrer que des doses faibles de peptone ou d'extrait de bouillon de culture glycériné donnaient les mêmes résultats. En réalité, lorsqu'on emploie la peptone, il faut des doses plus fortes; il faut inocuier jusqu’à 20 milli- grammes et les symptômes sont tout à fait différents. De plus, pour obtenir l'effet spécifique de la tuberculine dans le cerveau, on peut se servir, au lieu de tuberculine soluble, d’une suspension de corps micro- biens lavés ; ces corps microbiens simplement chauffés à 100 degrés, constituent la meilleure des tuberculines et tuent le cobaye dans le cerveau à la dose de 1/2 milligramme avec tous les symptômes de l'in- toxication spécifique. Chez l'animal tuberculeux, l’action de la tuberculine est toute diffé- rente. Sous la peau, le cobaye tuberculeux, nous le savons depuis les expériences de Koch, devient de plus en plus sensible à l’action dela tuberculine et si l'on étudie les étapes de cette sensibilisation, on voit que, déjà au bout de trois jours de tuberculose, le cobaye qui était tout à fait réfractaire auparavant, réagit par une température élevée à l’inoculation d’une dose moyenne de tuberculine : 50 milligrammes. Cette dose elle-même devient de plus en plus offensive et, au vingtième jour, elle est devenue dose mortelle. Après vingt-cinq, trente jours de tuberculose, il suffit de doses plus petites (10 milligrammes, 5 milligrammes) et plus tard, après deux mois de tubercu- lose, souvent { milligramme de tuberculine suffit pour amener la mort. Le cobaye tuberculeux se comporte comme s’il perdait son immunité vis-à-vis de la tuberculine. Cette sensibilisation n'existe pas pour Eeaucoup d’autres toxines micro- biennes et en particulier pour la toxine tétanique; il en est de même vis-à-vis de la malléine par inoculation sous-cutanée. Les expériences de Gamaleia, de Metchnikoff montrent que le cobaye tuber- culeux est plus sensible que le cobaye sain au poison du vib. avicide, mais il y à loin de cette action à l’action spécifique de la tuberculine. NT PATATE 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Cette sensibilisation du cobaye tuberculeux peut être étudiée aussi par l'inoculation cérébrale et les résullats sont intéressants, Chez le cobaye sain, pour amener la mort, il faut 3 à 4 milligrammes de tuberculine par inoculation intra-cérébrale; mais rapidement avec les progrès du processus tuberculeux, la dose mortelle baisse ; au douzième jour, il suffit de 1/10 de milligramme pour tuer par voie cérébrale, et plus tard 50; 1/100 de milligramme vers le trentième jour. Après quarante jours de tuberculose, il suffit ordinairement de 14/1000 de milligramme pour tuer l’ani- mal, toujours avec les mêmes symptômes, hoquet, convulsions, secousses, etc. Il y à, dans ce cas du cobaye tuberculeux, une effroyable activité du poison tuberculeux mis au contact direct des cellules nerveuses et ces expériences permettent de bien comprendre les accidents si caractéris- liques de la méningite tuberculeuse qui semble bien être la seule forme de la tuberculose où l’action du poison sur la cellule nerveuse soit mise en évidence. Elles nous montrent aussi que, chez le cobaye sain, la tuberculine ne possède pas, même par inoculation cérébrale, le maximum ne son pou- voir toxique sur les centres nerveux. Pourtant le cobaye tuberculeux n'est pas plus sensible à l'action d’autres toxines par inoculation intra-cérébrale et la toxine tétanique, la toxine pesteuse, etc., etc. (1), ne sont pas plus offensives. Seule la malléine fait exception et c’est là le fait important sur lequel je tiens à insister dans cette communication. Sous la peau, chez le cobaye tuberculeux, la malléine ne manifeste aucune propriété toxique même à doses massives (3 et 4 centimètres cubes de liquide de culture non concentré). Au contraire, dans le cerveau du cobaye tuberculeux, cette malléine se montre au moins aussi toxique, sinon plus, que la tuberculine elle- même, el il suffit de 1/1000, 1/10000 de centimètre cube pour amener la mort avec des symptômes assez semblables à ceux de l’intoxication tuberculineuse. Il y a là un fait assez paradoxal, une sensibilité de la cellule nerveuse qui n’est pas mise en évidence par l'inoculation sous-cutanée et qui mérite d’être signalée. Ces faits trouveront peut-être plus tard leur explication, et nous aideront à pénétrer plus avant dans la connaissance de la maladie tuberculeuse. BACTÉRIOLOGIE DES EMPYÈMES DES SINUS DE LA FACE, par MM. STANCULEANU et Baup. Il nous a paru intéressant d'entreprendre l’étude de ces suppurations encore assez mal connues bactériologiquement. (1) Les produits solubles du bacille tuberculeux pisciaire, des différentes streptotricées, se comportent de même. SÉANCE DU 7 AVRIL 361 Ce n’est qu'accidentellement que des auteurs français ou allemands ont examiné du pus de sinusite sans en tirer de conclusions bien nettes. Ce qui nous a surtout frappé, c’est la fétidité de certaines suppurations sinusiennes et nous en avons cherché l'explication. Nousavons examiné bactériologiquement Le pus de dix-sept empyèmes chroniques : maxillaires, frontaux et maxillo-frontaux. Le pus était recueilli dans les meilleures conditions dans des sinus fermés, par ponction directe ou au moment de l'opération. Voilà les conclusions auxquelles nous sommes arrivés : 4° On peut cliniquement et bactériologiquement distinguer deux variétés d'empyème des sinus de la face : a) l’une à pus fétide, polymi- crobien renfermant surtout des espèces anaérobies et consécutive à des infections d'origine dentaire. C'est ainsi que nous avons retrouvé la plupart des espèces anaérobies décrites par Veillon et Zuber, comme étant la cause des processus félides et gangréneux (bacillus ramosus, serpens, perfringens, thétoïde, fragilis et le staphylococcus parvulus ; b) l’autre variété d’'empyème d’origine nasale, présente plutôt du mucopus non fétide ne renfermant que des espèces aérobies banales : pneumo- coque, slaphylocoque, pneumobacille, streptocoque; hôtes habituels de la cavilé nasale. Nous devons pourtant ajouter qu'exceptionnellement nous avons trouvé dans un seul cas de sinusite frontale pure une petite quantité de bacillus perfringens. 2° L'examen des cavités buccale et nasale confirme entièrement cette façon de voir : tandis que dans la bouche les anaérobies pullulent, dans le nez au contraire nous ne les avons rencontrés qu'exceptionnellement. 3° Injectés aux animaux : les aérobies dans les sinusites d’origine nasale, les anaérobies dans les sinusiles d’origine dentaire se sont tou- jours montrés virulents; ils nous paraissent donc, chacun pour leur compte, la cause efficiente de la suppuration sinusale, donnant à ces suppurations des caractères variables : pus crémeux, fétide d’une part ; mucopus, filant de l’autre. PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES DE QUELQUES DÉRIVÉS DE L’'ACIDE CARBO=- NIQUE ET D'UNE CARBÉRINE, par MM. A. BRISSEMORET et A. JOoANIN. On à attribué des propriétés anesthésiques à l’anhydride carbo- nique O—C—0, Théoriquement, ce corps peut être considéré comme le deuxième terme de déshydratation du composé hypothétique G(OH)*. Cette subslance n’est pas isolable, mais son premier produit de déshy- dratation, l'hydrate d'acide carbonique O—C (OH)* semble pouvoir exister à basse température. Quoi qu'il en soit, si l'existence de ces deux Biococire. Comptes RENDUSs. — 1900, T,. LII. 28 362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE acides n’est pas démontrée, celle de leurs éthers est certaine. Nous avons donc pensé qu'il v aurait intérêt à rechercher si ces éthers pro- voqueraient des phénomènes pharmacodynamiques analogues à ceux reconnus généralement à l'acide carbonique, la fonction éther exaltant toujours une des propriétés physiologiques des corps générateurs. Nos essais ont porté sur deux éthers de l'acide O—C (0H})* : le carbonate neutre de méthyle O—C (OCH*}, et le carbonate neutre d'éthyle O—C (OCH°); sur un éther de l’hydrate C (OH})‘, l’ortho= carbonate d'éthyle GC (OCH°)". L’expérimentation physiologique faite sur des animaux à sang froid . et sur des animaux à sang chaud a donné les résultats qui suivent (1). Les grenouilles, sous l'influence des vapeurs de carbonate de méthyle ou de carbonate d'éthyle, après avoir présenté tout d'abord des phé- nomènes d’excitation très marqués, entrent en état d'hypnose. Cet élat est en tout point comparable à celui que l’on obtient sous l'influence des vapeurs des anesthésiques vrais (éther, chloroforme) et d’égale durée. Les expériences que nous avons faites sur les animaux à sang chaud (cobayes, lapins), soit par inhalation, soit par injection, ne nous ont pas permis de reconnaitre à ces corps des propriétés hypnotiques. Les phé- nomènes observés sont des phénomènes d’ébriété, et l’action prolongée des vapeurs, ou l'augmentation de la dose ne les modifie pas. Dans ces derniers cas, la mort survient presque toujours, mais lardi- vement. Le carbonate d’éthyle s’est constamment montré plus toxique que le carbonate de méthyle. Quant à l’orthocarbonate d’éthyle, ce produit ne détermine chez les animaux à sang chaud aucun phénomène bien appréciable; l’exagéra- tion de la dose donne lieu à des phénomènes asphyxiques et l'animal meurt dans un temps relativement court. Chez la grenouille, les phéno- mènes d'hypnose ne se produisent que sous l'influence de doses presque toujours mortelles, et sont accompagnés de phénomènes secondaires sur la nature desquels nous reviendrons plus tard. Lorsqu'on examine la formule développée des hypno-anesthésiques, on est frappé de la fréquence de la fonction acétal dans cette classe de corps (paraldéhyde, chloralose, méthylal, etc.) L'importance qu’exerce . dans ces composés cette fonction d’éther d'hydrate d’aldéhyde, nous à amenés naturellement à rechercher quelle influence présentaient au point de vue physiologique les éthers oxydes de carbérine. Nos expériences ont porté sur l'éther éthylique de la carbérine formique H—C (OCH*). Chez les animaux à sang froid et ceux à sang chaud, ce dérivé s'est (4) Nous publierons dans un mémoire d'ensemble le détail de nos expé- riences; les résultats préliminaires que nous RÉSE ions aujourd hui sont appuyés sur quarante expériences. SÉANCE DU 7 AVRIL 363 toujours comporté comme un hypnotique vrai. La période d’anesthésie chez la grenouille, nous a paru toujours plus prononcée qu'avec des doses égales d'éther ou de chloroforme; à dose moitié moindre on obtient encore une anesthésie plus accentuée qu'avec une dose corres- pondante d’éther. Cet éther de carbérine est en outre de beaucoup moins toxique que les éthers que nous avons étudiés plus haut. Dans une prochaine note, nous communiquerons les résultats de nos expériences sur quelques dérivés d'hydrates d’aldéhyde ; nous inter- préterons les faits que nous venons de signaler et l'influence que pos- sède la fonction chimique du corps employé dans la production des phénomènes d'hypno-anesthésie. (Travail du Laboratoire de Pharmacologie et de Matière médicale de la Faculté de médecine de Paris.) DE L'INFLUENCE DE CERTAINES TOXINES SUR LA PRODUCTION DE LA LYMPHE ET LA CIRCULATION LYMPIHATIQUE PÉRIPHÉRIQUE, par M. G. Moussu. En poursuivant mes recherches sur la production de la Iymphe péri- phérique chez le cheval et chez le bœuf, j'ai été amené à rechercher quelle pouvait être l'influence des toxines microbiennes sur l’élabo- ration de cette lymphe. Charrin a déjà indiqué que l'influence de cer- taines toxines augmente l'écoulement par le canal thoracique, mais comme dans ses expériences, le foie, dont le rèle antitoxique a tant d'importance, pouvait être mis en jeu, on était en droit de se demander si l'effet serait encore sensible lorsqu'il s'agirait des lymphatiques périphériques. Je choisis pour mes recherches deux toxines à effets vasculaires opposés. La tuberculine qui augmente la tension vasculaire, momen- tanément tout au moins; et la toxine diphtérique dont l'action est hypotensive. Les résultats oblenus furent bien nets : A un premier cheval, porteur d’une fistule lymphatique, je fis une injection intra-veineuse de 8 centimètres cubes de toxine diphtérique. Deux heures après l’injection, l'écoulement lymphatique avait doublé, trois heures après il avait triplé, puis quadruplé, pour redescendre ensuite progressivement et lentement au cours régulier primitif. Sur un autre cheval au repos, porteur d’une fistule lymphatique, j'injecte 6 centimètres cubes de tuberculine à 1/10, dans les veines. Une heure après, le débit lymphatique dans l'unité de temps a plus que doublé par rapport à ce qu'il était primitivement. Sur une vache reconnue tuberculeuse, el par conséquent très sensible 364 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à l’action de la tuberculine, j'injecte dans les veines 10 centimètres cubes de tuberculine à 1/10. Une heure après l'injection, le débit lymphatique a doublé; six heures après, il est quintuplé et, vingt-quatre heures après, il est revenu au cours normal. Les deux toxines étudiées, quoique déterminant des actions vascu- laires inverses, ont donc sur le système lymphatique une action cer- laine, comparable dans une certaine mesure à l’action des lymphagogues d'Heidenhain. — Reste à établir l'interprétation de ces résultats qui évidemment sont indépendants des phénomènes de pression. Comme il est acquis que la majorité des toxines microbiennes provoquent des troubles de la circulation capillaire, on pourrait mettre le résultat sur le compte de ces troubles, et supposer l'existence d’une filtration exagérée du plasma sanguin. Je ne crois pas que ce soit là l’interpré- tation exacte du mode d'action de ces toxines, car je me suis astreint à n'employer que des doses relativement peu actives et incapables de déterminer dés accidents toxiques marqués chez les sujets d'expériences. D'ailleurs la quantité de globules rouges passant dans la lymphe n’a pas paru augmenter à la suite de ces injections. Je ne crois pas non plus à une action lymphagogue, s'il faut accorder à ces mots la signitication d’action sécrétoire de l'appareil lymphatique. Je pense que ces toxines provoquent une intoxication dont l’action peut être plus sensible sur certains éléments anatomiques, mais dont les effets généraux sont ressentis par tous les tissus sans exception, et j'estime que c'est sous l'influence du travail statique, du travail chimique de désintoxication de tous ces tissus ou éléments anato- miques, que l’augmentalion de production de la lymphe se trouve établie. Le phénomène envisagé sous cet aspect peut être considéré comme absolument identique à celui résultant du travail physiologique des tissus. Il s’agit alors d'un travail chimique de défense que l’on peut, si l’on veut, qualifier de travail statique pathologique. Vacances de la Société. La prochaine séance de la Société, en raison des vacances de Pâques, n aura lieu que le 28 avril. Le Gérant : G. Masson. = Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rne Cassette. 365 SÉANCE DU 28 AVRIL (1900 MM. SagrazÈs et Murarer (de Bordeaux) : Corpuscules mobiles endoglobulaires de l'hippocampe. — M. Laveran (Discussion). — M. Cn. Féré : Note sur la mobilité du métacarpe. — M. Cu. FéRé : Les plis d'opposition de la paume de la main. — M. E. pe Cyox. — La résurrection de certaines fonctions cérébrales à l’aide d'une circulation artificielle du sang à travers les vaisseaux intracraniens. — M. A. Conte : De l'influence du milieu nutritif sur le développement des Nématodes libres. — M. A. Core : Sur les conditions de ponte des Nématodes. — M. ALFRED Grar» : Sur un protozoaire nouveau des Gromidæ (Amæbogromia cinnabarina Gd). — M. Laveran : Au sujet des altérations cellulaires produites par les Coccidies. — MM. Laverax et F. MEsniz : Sur une myxosporidie des voies biliaires de l'hip- pocampe. — MM. J.-P. Laxccors et K. Racni : Cacodylate de soude et capacité respiratoire du sang. — MM. TniERCELIN, BENSAUDE et HerscHER : Absence de la réaction agglutinaute dans le liquide d'un kyste hydatique du poumon chez une typhique. — M. Jean LÉéPine : Sur l'accoutumance des animaux dans la commotion médullaire expérimentale. — M. Gusravr Loisez : Le fonctionnement des testicules chez les oiseaux. — M. Anxpré Maver : Régulation de la tension osmotique du sang par actions vaso-motrices. — M. Toucue : Cécité corticale. Hallucinations de la vue. Perte de la mémoire topographique. — M. Rapuaez Dugotis : Sur le cuivre nor- mal dans la série animale. — M. E. Couvreur : Notes sur le sang de l’escargot. — MM. Cnaxoz et Doxox : La coagulation du sang s’accompagne-t-elle d'un phénoméne électrique? — M. Caaxoz : Contribution à l'étude de la triacétyl-morphine. — M. HExr: Srassano : Appareils pour la préparation aseptique du sérum et du plasma sanguins. — M. L. Camus : Procédé pour obtenir le sérum sanguin. A propos de la note de M. Stassano, Présidence de M. Troisier, vice-président. DÉCÈS DE M. A. MILNE-EDWARDS. M. TRoisiER annonce la mort de M. Alphonse Milne-Edwards, qui fai- sait partie de la Société depuis l’année 1861. Comme toutes les Sociétés savantes auxquelles appartenait l'éminent naturaliste, la Société de Bio- logie déplore vivement cette perte. CORPUSCULES MOBILES ENDOGLOBULAIRES DE L'HIPPOCAMPE, (Seconde note) par MM. SaBrazës et MuRATET (de Bordeaux). Nous avons signalé, dans une note préliminaire, la présence dans les globules rouges d'un poisson osseux, l'hippocampe, de corpuscules mobiles sur la nature desquels il nous élait impossible de nous pro- noncer définilivement à défaut d'une plus longue observation. S'agit-il, en effet, d'un microparasite endoglobulaire ou d'une particularité mor- phologique des hématies? Nous avons poursuivi cette élude, envisageant successivement ces deux hypothèses. Brococie. CouPres RENDUS. — 1900. T,. LIT. 29 366 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En faveur de la première (nature parasitaire), on peut faire valoir l’inégale répartition des corpuscules dans les hématies (une sur cinq à dix en contiennent et en quantité variable), leur disposition parfois couplée, leur augmentation de nombre en cellule humide, leur pré- sence dans le plasma, leur mobilité spéciale, leur existence chez l'hippo- campe adulte alors que nous ne les avons pas rencontrés, dans les mêmes conditions, dans le sang d’un certain nombre d’autres espèces animales examinées à ce point de vue. En faveur de la seconde opinion (particularité morphologique des hématies), plaident l'incolorabilité de ces corpuscules, l'impossibilité de déceler un noyau dans leur substance, leur très grande inégalité de volume, leur forme sphérulaire rappelant les gouttelettes émulsionnées, l’absence de cils susceptibles d'expliquer leur déplacement. Mais la plupart des présomptions en faveur de l'hypothèse parasitaire s'appliquent tout aussi bien à la seconde opinion. Soit, par exemple, l’inégale répartition des corpuscules : ne voit-on pas, dans une glande mammaire en lactation des différences considérables dans la répartition intra-cellulaire des corpuscules du lait? L'aspect couplé et l'augmentation du nombre des corpuscules dans le microscope, n'est pas non plus contradictoire avec l'idée de gouttelettes en suspension susceptibles de se fusionner ou inversement de se diviser. Quant à la présence de corpuscules semblables dans le plasma, elle peut résulter de leur extériorisation par rupture des hématies. La mobilité spéciale de ces corpuscules rappelle tout d’abord celle des bactéries et des infusoires ciliés ; mais on ne réussit pas à voir de cils; de plus, on éprouve souvent de très grandes difficultés à différencier un mouvement propre des mouvements. browniens surtout lorsque — ce qui est le cas ici — l'amplitude des oscillations et le déplacement des corpuscules varient dans de grandes proportions. En somme, la discussion des faits que nous avons constatés nous conduit à infirmer l'hypothèse parasitaire que nous avions provisoire- ment émise et à nous rattacher à l’idée d’une disposition morpholo- gique des globules rouges dont nous ne connaissons pas la signification. Pour ce qui est des formations notées en chambre humide, elles sont d'ordre dégénératif on relèvent de la coagulation. Cette disposition est-elle spéciale au sang de l’hippocampe? Nous ne le pensons pas. Les corpuscules des hémalies de l’hippocampe adulte doivent, en effet, être rapprochés des granulations signalées par Ranvier dans les globules rouges des tétards de la grenouille rousse du septième au quinzième jour après la fécondation, par Cuénot dans les érystroblastes des embryons ou larves d’un certain nombre de vertébrés et par Giglio-Tos dans les hématies des lamproies adultes. (Note envoyée le 8 avril 1900). SÉANCE DU 28 AVRIL 367 M. LavERAN. — Au sujet de la nouvelie communication de MM. Sabrazès et Muratet, je tiens à dire que j'ai reçu, dès le 8 avril, une lettre dans laquelle M. Sabrazès m'écrivait que de nouvelles observations sur les hématies de l'hippocampe lui avaient montré que sa première note était trop en faveur de l'hypothèse parasitaire. Dans un travail présenté à la Société linnéenne de Bordeaux, MM. Sabrazès et Muratet abandonnent définitivement l'idée émise par eux, dans leur première note à la Société de biologie, d'un hématozoaire endoglobulaire de l'hin? >campe. NOTE SUR LA MOBILITÉ DU MÉTACARPE, par M. Cu. FÉRé. La mobilité des métacarpiens est loin d'être uniforme. Tandis que les deuxième et troisième métacarpiens sont fixés par des articulations qui ont l'immobilité des symphyses, le quatrième métacarpien jouit d'une mobilité limitée et le cinquième et le premier surtout jouissent de mou- vements beaucoup plus étendus. Le premier métacarpien exécute des mouvements de flexion, d'extension, d’adduction, d’abduction, et par conséquent de circumduction; sa flexion concourt à l'opposition, se fait obliquement en dedans et en avant; l'extension est très variable, elle peut être portée au point que le pouce fasse un angle droit avec le radius. Quant au cinquième métacarpien, il présente le vestige des mou- vements du premier, suivant l'expression de Cruveilhier (1) et Morris admet qu'il peut être aussi mobile que le premier dans le sens antéro- postérieur (2). C'est l'étendue du mouvement en avant qui détermine la capacité de la cavité palmaire, de la coupe de Diogène, comme l’appelle Morris. Les variétés individuelles de la mobilité des métacarpiens n’ont guère été éludiées. Cependant, leur mesure peut fournir quelques renseigne- ments intéressants. J'ai mesuré ces variétés en me servant du compas à glissière de Broca. 1° Je prends d’abord la distance qui sépare le bord cubital du bord radial du métacarpe, immédiatement au-dessus des articulations métacarpo-phalangiennes, quand la main est ouverte et étendue, la paume en haut. L'écartement des doigts ne produit aucune modification de cette distance. 2° Je mesure la même distance après avoir réduit mécaniquement la largeur de la main par une pression transversale qui s'arrête à la douleur. 3° Je répète la même mesure quand le sujet a réduit volontairement la largeur de sa main en cher- chant à réaliser le mieux possible la coupe de Diogène. (1) J. Cruveilhier, Traité d'anatomie descriptive, 5° é6d., 1871, €, I, p. 382. 2) H. Morris. The anatomy of the jonits of man, 1879, p. 300. 368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai examiné 240 manœuvres n’exercant pas de profession exigeant un entrainement spécial de la main, 220 hommes et 20 femmes. Chez ces sujets la réduction mécanique varie de 4 à 20 pour 100. Les sujets mas- culins appartiennent à des catégories diverses : sujets normaux, 20; épileptiques, 25; paralyliques généraux à la première période, 35; imbéciles, 68; 82 aliénés appartenant à différents groupes. Pour toutes ces catégories, les moyennes de la réduction mécanique sont comprises entre 12 et 13 pour 100. La moyenne pour les femmes est de 14. Elle varie de 4 à 21 pour 100. La réduclion mécanique est rarement égale des deux côtés : je n’ai trouvé cette égalité que 5 fois, soit dans la proportion de 2,08 pour 100. Elle prédomine du côté droit 136 fois (56,66 pour 100) et du côté gauche 99 fois (41,25 pour 100). Non seulement la réduction prédominante est plus fréquente à la main droite, mais la prédominance est un peu plus marquée à droite ; la différence moyenne calculée dans chaque caté- gorie de sujels ne dépasse pourtant 1 pour 100 dans aucune. Chez ces 240 sujets la réduction volontaire varie de 0 à 8 pour 100. Elle est égale des deux côtés chez 22 individus (9,16 pour 100); 176 fois elle prédomine à droite (76,25 pour 100) et 42 fois elle prédomine à gauche (47,50 pour 100). La réduction volontaire est aussi plus mar- quée à droite de 1 pour 100 en moyenne. : Sur 22 hommes dont les occupations exigent un entrainement spécial, peintres, dessinateurs, pianistes, violonistes, organistes, la réduction mécanique varie de 12 à 24 pour 100, les moyennes des différents groupes sont comprises entre 16 et 18. Chez les peintres et les dessina- teurs (15) la prédominance de la réduction est constamment à droite; elle n'existe que 3 fois sur 5 chez les pianistes et organistes ; la prédo- minance à gauche existe chez deux pianistes et chez deux violonistes. Chez ces 22 sujets, la réduction volontaire varie de 3 à 10 pour 100; elle est aussi plus marquée à droite chez les mêmes sujets. Sur 28 femmes, pianistes, la réduction mécanique varie de 6 à 27 pour 100. La moyenne générale de la largeur réduite mécaniquement est de 82,74 pour 100 pour la main droite et de 82,42 pour la main gauche. Il semble y avoir une prédominance quantitative légère de la réduction pour la main droite ; mais celte prédominance de la réduction s'est présentée seulement 12 fois à droite (42,85 pour 100) et 14 fois à gauche (50 pour 100) et il y a deux fois égalité (7,14 pour 100). Chez ces 28 sujets, la réduction volontaire varie de 4 à 13 pour 100. La moyenne générale de la largeur réduite volontairement est de 93,74 pour 100 pour la main droite et de 93,10 pour la main gauche; la différence générale est légère au profit de la main gauche ; mais cette prédominance se pré- sente 9 fois seulement à droite (32,14 pour 100) et 18 fois à gauche (64,32 pour 100), et 1 fois il y a égalité (3,67 pour 100). Sur 6 femmes violonistes, la réduction mécanique du métacarpe varie SÉANCE DU 28 AVRIL 369 de 10 à 20 pour 100. La moyenne générale de la largeur réduite mécani- quement est de 84,44 à droite et de 83,46 à gauche. La prédominance existe chez 3 sujets à droite (60 pour 100) et 2 fois à gauche (40 pour 100). Chez ces deux sujets la réduction volontaire varie de 3 à 16 pour 100. La moyenne de la largeur réduite volontairement est de 95,34 pour 100 pour la main droite et de 89,6 pour la main gauche et la prédominance de la réduction à gauche est constante chez les six. Bien que ces expériences soient encore peu nombreuses, on peut en tirer une indication générale. La main gauche présente en général une mobilité passive du métacarpe plus grande, peut-être en raison d’une moindre solidité des ligaments; est moins habile aux mouvements adaptés, a besoin de plus d'application, de plus d'efforts pour remplir son rôle dans les exercices où elle doit rendre des services équivalents à ceux de la main droite; ces efforts tendent à augmenter la mobilité volontaire du métacarpe qui paraît prédominer du côté gauche chez les pianistes qui ont besoin de leurs deux mains. Quand la main gauche joue un rôle décidément prédominant comme chez les violonistes, la mobilité volontaire du métacarpe prédomine à gauche. On comprend bien, à première vue, que les exercices de la main gauche du violoniste sont de nature à perfectionner les mouvements d'opposition et la réduction volontaire du métacarpe; mais des exer- cices qui paraissent tout à fait étrangers à la fonction d'opposition, comme ceux du pianiste, la perfectionnent aussi. C’est que tout exer- cice d'un muscle tend à augmenter son activité dans toutes ses fonc- tions. C'est un fait que j'ai déjà mis en lumière en ce qui concerne les muscles de la langue (1). Si les exercices des mouvements de flexion et de latéralité des doigts peuvent agir sur la fonclion d'opposition, les exercices systématiques des mouvements d'opposition peuvent agir sur les autres mouvements de la main. On peut constater par exemple que chez un individu qui s’est exercé pendant quelques semaines aux mou- vements d'opposition des doigts le temps de réaction étudié avec la flexion des doigts a diminué et qu'il existe un perfectionnement corré- latif de la sensibilité tactile de la pulpe des doigts. C'est encore un fait qui confirme les résultats d'expériences antérieures (2) qui montrent bien l'influence de l'éducation des mouvements les plus délicats sur le développement intellectuel. Les mouvements habituels du métacarpe laissent des traces perma- nentes sur la peau de la paume de la main. L'étude de ces traces peut fournir quelques renseignements sur les habitudes de la main. (4) Note sur l'influence de l'exercice musculaire sur l'énergie, la rapidité et l'habileté des mouvements volontaires de la langue chez un bègue. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1890, p. 676. (2) Ch. Féré. Influence de l'éducation de la mobilité volontaire sur la sensi- bililé. Revue physiologique, 1897, t. XLIV, p. 591. 370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LES PLIS D'OPPOSITION DE LA PAUME DE LA MAIN, par M. Cu. FÉRé. Aux mouvements de flexion des quatre derniers doigts correspondent des sillons de la paume de la main qui ont une direclion transversale. A la flexion du pouce, au contraire, correspond un pli vertical sur le prolongement du bord radial de l'index. Tous les autres plis qui se diri- gent du poignet vers la base des doigts sont liés aux mouvements d’op- position dont les plus étendus se passent dans le pouce, mais dont les autres sont liés à la mobilité du métacarpe. Le pli d'opposition du pouce (ligne de vie des chiromanciens) parait être le premier à se former; il est très marqué chez un fœtus de trois mois, pourvu aussi d'un pli de flexion commun des doigts, mais auquel manque encore le pli de flexion isolée des trois derniers doigts. Chez les nouveau-nés, ce pli est très distinct, continu dans toute son étendue : il conserve la même simplicité et la même continuité chez les individus qui n’exécutent que des travaux grossiers; chez ceux qui dif- férencient leurs mouvements d'opposition dans des travaux délicats ou dans l’expression de leur pensée, en général, le pli se brise, s’inter- rompt, se complique, se dédouble même. Le pli est moins profond à mesure qu'il devient plus complexe en raison de la complexité des adaptations motrices. Sur les empreintes des mains d’un idiot, on voit qu’il n’exisle qu'un seul pli à direction longitudinale, le pli d'opposition du pouce. Cette disposition coïncide avec l'absence de toute réduction volontaire du métacarpe. Plus la réduction volontaire du métacarpe est étendue, plus il existe de plis longitudinaux de la paume de la main. Les plis longitudinaux les plus communs se dirigent de la région moyenne du carpe vers la base des doigts. L'un (ligne saturnienne des chiromanciens) se dirige vers la base du médius, le second (ligne du soleil) se dirige vers la base de l’annulaire; le troisième (ligne hépa- tique) vers la base du petit doigt. C'est le pli carpo-auriculaire qui apparaît le premier; il existe très. nettement sur les empreintes de deux fœtus de six mois. On le trouve très fréquemment chez les nouveau-nés : sur 65 filles, il existe 62 fois. (95,38 p. 100): il manque un peu plus souvent chez les garçons, où on le trouve 47 fois sur 54 (87,03 p. 100). On voit sur ma collection d’'em- preintes et de croquis qu'il manque chez les trois quarts des imbéciles qui ne se servent pas de leurs mains pour des travaux réguliers et sou- vent aussi chez les individus qui n’exercent leurs mains qu’à des tra- vaux grossiers. Il est possible de produire ce pli expérimentalement. en faisant répéter des mouvements d’opposition et de flexion combinés du petit doigt et de flexion et d’adduction de la main. À mesure que SÉANCE DU 28 AVRIL 371 l'opposition du petit doigt se perfectionne, le pli carpo-médian s’allonge et s'accentue, et plus tard on voit se former un pli carpo-annulaire. Le pli carpo-médian apparaît chez le fœtus après le pii carpo-auri- culaire, mais il existe aussi fréquemment chez le nouveau-né; et chez les individus dont la motilité n’est pas exercée ou n'est exercée qu'à des travaux grossiers il manque moins souvent que le pli carpo-auri- culaire. Il est surtout marqué dans l'opposition de l’auriculaire et de l'annulaire. Le pli carpo-annulaire, souvent anastomosé avec le pli carpo-médian, n'existe que quand le pli carpo-médian et le pli carpo-auriculaire sont bien marqués. Il manque bien plus souvent que les deux autres, c'est un pli de perfectionnement. Lorsque la mobilité volontaire du métacarpe est très grande, les sillons carpo-médian et carpo-auriculaire forment au-devant des arti- culations métacarpo-phalangiennes des vallons profonds séparant trois éminences situées sur le prolongement des espaces interdigitaux. Sur les empreintes, ces éminences laissent des traces qui rappellent celles des mammifères penta-dactyliens formant une surface tri- foliée. Le rapprochement est d'autant plus légitime que sur l’homme aussi bien que chez les singes (1) on peut observer au niveau de ces saillies des séries de lignes papillaires disposées en anses ou en tour- billons, comme on en voit aussi chez les singes sur les régions pal- maires ou plantaires qui supportent les pressions. Sur plusieurs de mes empreintes d'hommes, ces anses sont bien marquées au niveau des trois saillies. Les quatre saillies ou « monts » qui existent sur le prolongement de l'axe des doigts chez les sujets qui se livrent à de rudes travaux tiennent au frottement et à l'épaississement de l’épiderme. Chez les sujets dont les mouvements sont les plus différenciés, les divers plis offrent des anastomoses variées qui sont les traces de ces mouvements. La complexité des plis longitudinaux de la main est liée, disons-nous, à la mobilité du métacarpe. Cependant il y a des individus chez les- quels il n'existe dans la paume de la main que les plis primordiaux, les deux plis de flexion et le pli d'opposition du pouce par exemple, et qui cependant ont un métacarpe très réductible. Chez nombre d'idiots et dans de nombreux cas d’impotence datant de l'enfance, on observe cette contradicti3n apparente. C’est qu'il faut distinguer la réductibilité mécanique passive de la réductibilité volontaire qui seule peut déter- miner des attitudes spécifiques. C’est cette dernière qui laisse des traces caractéristiques dans la physionomie de la main. (4) Wilder. On the disposition of the epidermic folds upon the palms and soles of primates. (Anatomische Anzeiger, 1897, p. 250.) 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'autre part, on peut avoir des sujets dont la paume est sillonnée de plis nombreux et qui n’ont aucun pouvoir volontaire sur la mobilité d’une métacarpe; c'est ce qui arrive par exemple chez des choréiques chroniques, chez des malades atteints d'affections convulsives de la main. Les plis de la paume de la main sont déterminés par des mouve- ments habituels : des mouvements spasmodiques peuvent les réaliser aussi bien que des mouvements volontaires. LA RÉSURRECTION DE CERTAINES FONCTIONS CÉRÉBRALES A L'AIDE D'UNE CIRCU- LATION ARTIFICIELLE DU SANG À TRAVERS LES VAISSEAUX INTRACRANIENS, par M. E. DE Cyon. Depuis qu’en 1866 (1), j'ai réussi pour la première fois à maintenir le cœur d'une grenouille pendant quarante-huit heures en état de fonc- tionnement régulier, et cela à l’aide d’une circulation artificielle du sérum, les méthodes pour faire survivre les organes séparés du cœur à l’aide d'une infusion de sang ont acquis en physiologie une très grande importance. Cette méthode, je l’avais appliquée moi-même en 1870 pour démontrer que le foie séparé du corps, mais maintenu à la température normale et traversé par un sang défibriné, continue de for- mer de l'urée, et en 1873, afin d'entretenir d’une manière continue la circulation artificielle dans le cerveau des chiens scus une pression et à une température voulues. C'est à l’application de cette dernière méthode que j'ai eu recours récemment afin d'étudier d’une manière directe l’action de certains produits des glandes vasculaires, l’iodothyrine, l’épinéphrine et l’hypo- physine (produits que je désigne sous le nom générique de poisons physiologiques du cœur) sur les terminaisons périphériques et cen- trales des nerfs vasomoteurs et cardiaques. Les recherches expérimen- tales entreprises dans cette intention exigeaient l'indépendance de la cireulalion cardiaque, ainsi que l'isolement de cette dernière circulation de celle du reste du corps. La circulation intracranienne était entretenue à travers les deux caro- tides et les jugulaires à l'aide d'appareils ad hoc; les autres vaisseaux craniens étaient ligaturés. Afin d'isoler la circulation cardiaque et pulmonaire j'ai en outre plu- sieurs fois réuni l’aorte thoracique à la veine cave inférieure au moyen de tubes en verre et en caoutchouc, reliés eux-mêmes, d'autre part, avec un manomètre à mercure (2). Les expériences furent exécutées sur des (1) Verhandlungen d. k. Sächsichchen Gesellschaft d. Wiss., 1866. (2) Voir les détails de ces méthodes dans « Die physiologischen Herz- gifle », 4° partie. Archiv für die ges. Physiol. de Pflüger, vol. LXX VII. SÉANCE DU 28 AVRIL 313 chiens et des lapins. Pour la circulation, j'employais le sang défibriné de veau mélangé en proportions aiverses avec la solution saline physio- logique. La pression sanguine ainsi que les battements du cœur furent enregistrés pendant toute la durée de du né sur un papier sans fin d'un kymographion. Dans le courant de ces recherches j'ai pu étudier directement le degré de résistance que plusieurs centres nerveux opposent à l'interruption de la circulation sanguine, et déterminer d’une manière précise la lon- gueur de l'intervalle après lequel une circulation artificielle est encore susceptible de rétablir les fonctions éteintes de ces centres. Les centres choisis pour ces observations étaient : 1° ceux de la respiration; 2° ceux qui produisent le réflexe cornéen; 3° les centres vasomoteurs; 4° les centres des nerfs cardiaques. Les effets de l'interruption et du rétablissement de la circulation sur ces centres se manifestent dans un sens identique. Par contre, ils diffèrent notablement au point de vue de la durée selon le choix des animaux (chien ou lapin), leur âge et leur taille. 1° Les centres de la respiration sont les moins résistants à l’interrup- tion de la circulation. Les mouvements respiratoires se modifient au point de vue de la profondeur et de la fréquence, aussitôt après la liga- ture des artères carotides et des vertébrales. Ils cessent cinq, dix, et même jusqu'à vingt minutes après ; les mouvements respiratoires du thorax persistent souvent plus longtemps que ceux de la tête. La respi- ration recommence instantanémemt après l'établissement de la circula- tion artificielle intra-cranienne. 2° Les centres du réflexe cornéen se maintiennent très longtemps après l’arrêt de la circulation cérébrale : souvent jusqu'à vingt, vingt- cinq minules. [ls reviennent également après l'établissement de la circulation artificielle, mais plus lentement et persistent longtemps après la cessation de cette dernière circulation. 3° L'arrêt de la circulation cérébrale se manifeste instantanément par une augmentation de la pression sanguine due à l'excitation des centres vaso-constricteurs. Cette augmentation persiste avec des oscil- lations périodiques souvent pendant plus de trente minutes. L'effet du rétablissement de la circulation artérielle est également immédiat et consiste presque toujours en un abaissement de la pression sanguine de courte durée. 4° Enfin, les centres cérébraux des nerfs cardiaques conservent sou- vent leur vitalité pendant une demi-heure environ ; l'établissement de la circulation artificielle augmente considérablement la force des batte- ments du cœur en les ralentissant légèrement ; une fois même, chez un lapin, la circulation artificielle a pu rétablir les contractions du cœur com- plètement arrélées, et cela après que la respiration artificielle seule s'élail montrée impuissante à le faire. Dans ce cas, le mécanisme auloma- CS 3 14 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE tique du cœur fut donc mis en mouvement par la seule excitation des centres cérébraux des nerfs du cœur, fait qui est en contradiction absolue avec la théorie de l’origine myogène de l'automatisme du cœur. J'ai désigné ce rétablissement des fonctions des centres cérébraux par le mot résurrection, afin de rendre hommage à Legallois qui par une intuilion vraiment géniale a prévu et prédit la possibilité de résurrec- tions partielles des fonctions propres au cerveau, « si on pouvait sup- pléer au cœur par une sorte d'injection, et si en même temps on avait pour fournir à l'injection d’une manière continue une provision de sang artériel (4) ». DE L'INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF SUR LE DÉVELOPPEMENT DES NÉMATODES LIBRES. Note de M. A. Core, présentée par M. A. Grarp. Je me suis proposé de rechercher si les conditions de milieu nutritif n'élaient pas susceptibles d’influer sur le développement et les carac- tères employés dans la taxonomie des Nématodes libres. J'ai expéri- menté sur une espèce très abondante dans la terre humide, le Rhabditis monohystera Btsli. Comme milieux nutritifs, j'ai employé la colle de pâte très épaisse, les solutions de peptone et les tranches de pomme de terre. Ces cultures étaient faites dans des assiettes couvertes et, d'autre part, sur porte-objets en isolant une femelle fécondée dont j'étudiais en- suite la descendance (2). J'ai suivi ces cultures pendant six mois. 1° Sur colle de pâte, le Xhabditis monohystera s'est maintenu cons- tamment vivipare; les œufs se développent dans l'utérus, y éclosent et les embryons sont ensuite expulsés à l'extérieur. Je n'ai pu que très exceptionellement, dans les débuts de culture sur lames, obtenir des pontes d'œufs non éclos, mais qui d’ailleurs étaient tous à des stades très avancés. L'activité reproductrice et la taille des individus adultes, dans nos cultures, varient dans le même sens que la richesse nutritive de ce milieu. C'est ainsi qu'au début des cultures, j'ai pu obtenir des individus renfermant simultanément, outre un grand nombre d'œufs, plus de vingt larves libres dans l'utérus; au contraire, à partir du qua- trième mois, le milieu étant appauvri, mes individus, dont la taille était réduite de plus de moitié, ne renfermaient que deux ou trois œufs au maximum ; ils étaient d’ailleurs toujours vivipares. Au cours de ces cul- (1) Legallois. Œuvres. Paris, 1830. « Expériences sur le principe de Ja vie, » etc., IT. (2) Il y a lieu de remarquer que dans ces différents milieux se développent de nombreux champignons et bactéries et que les résultats obtenus dé- pendent de l’ensemble du milieu choisi proprement dit et de cette végétation. SÉANCE DU 28 AVRIL 315 tures, on voit se former, dans le corps du Nématode, d'abondantes gra- nulations de réserves. Ces granulations envahissent d’abord l’épithé- lium intestinal, puis tout l'hypoderme et peuvent arriver à rendre l'animal absolument opaque. Elles sont toujours plus nombreuses chez la femelle que chez le mâle. Dans un milieu nutritif épuisé, elles sont peu abondantes, mais alors elles se localisent souvent dans l’utérus, où elles servent à la nourriture des quelques embryons qui s’y tronvent ; leur accumulation, en cette région, coïncide souvent avec une véritable stérilité temporaire, par atrophie de l'ovaire. 2° Sur pommes de terre, les résultats sont analogues, mais la réduc- tion de taille est presque immédiate. 3° Dans les cultures sur peptone les résultats sont tout différents. Là, immédiatement, l'oviparité devient la règle et l'on rencontre dans les cultures de nombreux œufs dont beaucoup n'ont pas encore atteint le stade de deux blastomères. Cette oviparité ne résulte point simple- ment d'une accumulation excessive des œufs dans l'utérus, car j'ai pu avoir, sur colle de pâte, des individus renfermant Jusqu'à cent cinq œufs et vingt larves : ils ne pondaient que des embryons éclos, tandis que, sur peptone, j'ai vu des femelles, ne renfermant que six à huit œufs, les pondre au milieu de leur développement. Une femelle ovipare transportée sur colle de pâte redevient rapidement vivipare. En résumé, le Rhabditis monohystera, vivipare sur colle de pâte, est ovi- pare sur peptone. Cultivé sur colle de pâte pendant un temps assez long, ses dimensions se modifient avec la valeur nutritive du milieu, sa taille varie du simple au double (de 1°"2 par exemple à 2235). Il est donc établi, par ces méthodes de culture, que les conditions de développement (oviparité, viviparité) et la taille ne sont pas des don- nées fixes caractérisant des espèces, mais varient avec les conditions du milieu nutritif. Ces variations se rattachent à la catégorie de phéno- mènes que À. Giard a désignés sous le nom de pæcilogonie. (Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Lyon.) SUR LES CONDITIONS DE PONTE DES NÉMATODES, Note de M. A. Conte, présentée par M. A. GraRp. Les auteurs qui ont cultivé des Rhabdilis ont toujours constaté qu'au bout d'un temps souvent très court, les embryons éclosent dans l'utérus maternel, en perforent les parois et dévorent leur mère. Il ÿ a là un véritable parasitisme des embryons aux dépens de la mère. Ce fait, constaté par Pérez chez Rhabditis teres, a été revu par Maupas qui, dans 376 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE son tout récent mémoire sur les mues el l’enkystement des Néma- todes (1), déclare qu'il est très difficile de conduire des cultures, pen- dant quelque temps, sans que ce phénomène se produise. Maupas en rattache l'apparition à deux causes distinctes : l’inanilion ou la sénilité. J'ai observé le même phénomène dans des cultures de Æhabditis monohystera Btsli., sur colle de pâte, que j'ai suivies pendant six mois; mais là, j'en rapporte surtout l'existence à une cause différente : la putréfaction. Il m'a, en effet, toujours été facile de les observer, lorsque le milieu élait dans un état de putréfaction très avancée et dégageait une odeur putride (ce qui arrive généralement lorsqu'il est trop humide); au contraire, il était extrèmement rare, quand on conduisait la culture de façon à ralentir la putréfaction. Dans les cultures sur peptone, ce parasilisme embryonnaire se produit également, mais avec un déter- minisme moins net. Sur une autre espèce, le Diplogaster longicauda CI., j'ai pu expéri- mentalement en provoquer l'apparition, en faisant, sur lames, des cul- tures, dans la colle de pâte. Cette espèce est au début ovipare, puis le milieu s’épuisant, les larves arrivent à se développer dans le corps de la mère et à s’y enkyster. Les choses se passent, pour cette espèce, comme Maupas l’a constaté pour différents Æhabditis. Toul en admettant avec lui que, dans certaines espèces, l’inanition et la sénilité amènent le parasitisme embryonnaire, je crois que ce phénomène peut être provoqué par d’autres causes et notamment, chez Rhabditis monohystera , par la putréfaction du milieu. D’une facon géné- rale, je pense qu'il est en relation avec un état morbide de la mère. On distinguera dans les conditions de ponte des Nématodes, les cas suivants, que j’ai constaté être liés étroitement à la nutrition. Oviparité absolue : ponte d'œufs non segmentés. — relative : ponte d'œufs en voie de segmentation. Ovoviviparité : ponte d'œufs renfermant un embryon mobile dans leur intérieur. Viviparité : ponte d’embryons éclos dans l'utérus. Parasitisme embryonnaire : La mère dans un état morbide est dévorée par sa progéniture. (Laboratoire de zoologie de la Faculté des sciences de Lyon.) (1) Archives de zoologie expérimentale, 3° série, t. VII, année 1899, n° 4. Je n'ai eu connaissance de ce mémoire que ces derniers jours. Les présentes recherches ont été effectuées dans les six derniers mois. SÉANCE DU 28 AVRIL 371 SUR UN PROTOZOAIRE NOUVEAU DE LA FAMILLE DES GROMID# (Amæbogromia cinnabarina Gd), par M. ALFRED GIaRb. Ces jours derniers, en brisant pour y chercher des larves de Clunio, les aggrégats de Balanus balanoides qui recouvrent les ruines de la tour de Croy, à Wimereux, j'ai rencontré fréquemment dans les anfractuo- sités entre les tests de ces Cirripèdes de petits corps d’un beau rouge que je pris d'abord pour des individus de Dinoplibus caudatus, l’'Archian- nélide si commune au printemps dans cette localité. Toutefois la couleur d'un rouge plus sombre,différent du rouge orangé vif du Dinophilus et l'immobilité apparente de ces petits êtres quand on les plaçait dans l’eau de mer, m'incitèrent à un examen plus attentif et je reconnus aussitôt qu'il s'agissait d’un magnifique Protozoaire de la famille des Gromidæ et d’un genre nouveau, pour lequel je proposerai le nom d’Amæbogromia cinnabarina. L'Amæbogromi: présente une forme en général irrégulièrement ovoïde à l’état de repos, mais d’une variabilité extrême selon les mouve- mentsde l'animal. Sa longueur peut atteindre et même dépasser 2 milli- mètres; la largeur est en moyenne de 0"*8. Le corps est revêtu d'une cuticule hyaline intimement appliquée contre le protoplasme dont elle épouse tous les mouvements grâce à sa parfaite élasticité. Cette cuticule d’une épaisseur variable entre 70 et 130 w semble formée de couches concentriques. Elle est très extensible et n'est interrompue qu'en un seul point pour le passage des pseudopodes. Le corps est constitué par un protoplasme homogène, très finement granuleux d’une belle couleur variant du rouge tomate au rouge cinabre. Grâce à la souplesse de la cuticule, lAmæbogromic peut prendre des formes multiples et son contour varie étonnamment. Il présente des expansions irrégulièrement lobées et, comme parfois ces expansions ne son! plus réunies à la masse principale que par un isthme plus ou moins étroit, il semble que l’animal soit sur le point de se reproduire par une sorte de scissiparilé. Je n’ai pas observé toutefois de division complète et comme le noyau n'entre pas en jeu dans ce phénomène, je crois qu'il faut le considérer comme un simple mouvement. Le noyau parfaitement sphérique occupe une position généralement excentrique et apparaît à un faible grossissement comme une tache claire à contour circulaire. Il est très volumineux et mesure par- fois 160 y de diamètre. Il peut renfermer un ou plusieurs corps nucléolaires. Les pseudopodes sortent en divergeant en tous sens d'un point 318 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE formant hile, à travers un canal perforant le cuticule. Ils sont rectilignes et présentent des anastomoses plutôt rares. L'animal se nourrit de Diatomées et de fragments des Cyanophycées qui recouvrent le test des Balanes. On trouve des débris de ces algues en écrasant le corps du Protozoaire. L'Amæbogromia se trouve parfois en petites colonies de dix à douze individus, parfois isolément. Il était assez commun aux dernières marées pour qu'on pût facilement en recueillir en une heure une cinquantaine d'individus. Il faut le chercher entre les Balanes qui sont le moins longtemps à découvert et ne dessèchent pas complètement. Par sa grande taille et la facilité avec laquelle on peut le conserver en chambre humide ce Protozoaire se prête bien aux expériences de mérotomie et l'on pourra sans doute sans trop de peine étudier plus complètement son évolution. AU SUJET DES ALTÉRATIONS CELLULAIRES PRODUITES PAR LES COCCIDIES, par M. LAVERAN. Dans la séance du 7 avril courant, M. J. Chatin a appelé l'attention sur les altérations nucléaires des cellules envahies par les coccidies. Notre collègue a constaté, en éludiant la coccidiose hépatique du lapin que les noyaux des cellules hépatiques contenant des coccidies sont presque toujours gravement altérés ; le noyau se déforme, la chromatine se fragmente et se colore plus difficilement qu’à l’état normal, il y a en un mot une altération dégénérative avec atrophie finale du noyau. Ces altérations dégénératives du noyau dans les cellules envahies par les coccidies ne sont pas douteuses, elles ont été décrites notamment par M. le D' Simond, qui comme M. J. Chatin s’est élevé, avec raison, contre la théorie de la cytosymbiose des coccidies. « Quelle que soit la coccidie envisagée, on constate, écrit Simond, que sa présence dans une cellule amène progressivement et fatalement la désorganisation et la mort de celle-ci. La vie intra-cellulaire d’un sporozoaire constitue un exemple typique de parasitisme » (1). En ce qui regarde les altérations des noyaux, les choses ne se passent pas toujours aussi simplement que dans les cellules envahies par les coccidies étudiées par MM. Simond et J. Chatin. Certaines coccidies donnent lieu d’abord à lhypertrophie des noyaux des cellules envahies. Tous les auteurs qui ont étudié Alossia helicina constatent que les (1) Simond. Annales de l’Institut Pasteur, 1897, p. 558. L FE SÉANCE DU 28 AVRIL 319 noyaux des cellules épithéliales du rein de Æelix hortensis envahies par cette coccidie présentent souvent une hypertrophie considérable; le volume de certains noyaux hypertrophiés atteint cinquante ou soixante fois le volume normal. La chromatine du noyau hypertrophié se colore fortement à l’aide des colorants ordinaires, plus fortement que celle des noyaux normaux. C’est seulement lorsque la coccidie est devenue volu- mineuse que le noyau dégénère et s’atrophie. | Dans son excellent travail sur la coccidie de la seiche, Siedlecki note aussi que la présence du parasite excite d’abord la cellule hôte, le noyau grossit et se colore d'une facon plus intense qu'à l’état normal, plus tard le noyau s’atrophie et dégénère (1). Les hématozoaires endoglobulaires, si voisins des coccidies, se com- porlent de manières assez différentes par rapport aux hématies qu'ils envahissent. L'hématozoaire du paludisme détruit très rapidement les globules rouges, comme on sait; il en est de même, chez les oiseaux, de Hæmu- mæba relicta; Hæmamæba Danilewskyi altère moins vite les hématies, c'est le noyau de l’hématie qui résiste le plus longtemps. Les hématozoaires endoglobulaires de la tortue d’eau, du lézard et des ophidiens peuvent vivre longtemps dans les hématies sans les altérer profondément. En général les noyaux des hématies envahies par des hématozoaires résistent longtemps et gardent leurs caractères normaux. On les retrouve souvent à côté des hématozoaires lorsque ces derniers deviennent libres après destruction complète du protoplasma de l'hématie. En étudiant récemment un hématozoaire endoglobulaire de Crolalus confluentus, sur des préparations que M. le D' G. Langmann a bien voulu m'envoyer d'Amérique, j'ai constaté que les noyaux des hématies envahies par des hémogrégarines étaient presque toujours hypertro- phiés, ces noyaux avaient parfois une longueur double de celle des noyaux normaux et ils fixaient plus fortement les réactifs colorants que les noyaux normaux. Les hémogrégarines d’autres ophidiens ne pro- -duisent pas cette hypertrophie du noyau comparable à celle que déter- mine Xlossia helicina dans les cellules du rein de l’escargot. Dans les organes envahis par les.coccidies, les altérations ne sont pas limitées aux cellules qui servent d'hôtes aux parasites. On trouve au voisinage de ces cellules des altérations qui peuvent se rapporter aux Lypes suivants : 1° Karyokinèse des cellules épithéliales de l’organe malade. 2° Prolifération des cellules du tissu conjonctif. (4) Annales de l'Institut Pasteur, 1898, p. 833. Une grégarine que nous étu- dions en ce moment, M. Mesnil et moi, donne lieu aussi assez souvent à l'hypertrophie du noyau de la cellule hôte. 380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3° Formation de tissu fibreux qui englobe les amas de coccidies et qui : constitue un mode de guérison de la maladie. La karyokinèse des cellules épithéliales est commune notamment dans l'intestin du triton (Molge vulgaris) au voisinage des cellules envahies par Coccidium proprium et dans le rein de l’escargot (#elix hortensis) au voisinage des cellules envahies par Âlossia helicina. Les autres processus inflammatoires consécutifs à l'envahissement des organes par les coccidies sont trop connus pour que j'y insiste. SUR UNE MYXOSPORIDIE DES VOIES BILIAIRES DE L'HIPPOCAMPE, par MM. Laveraw et F. MESsnir. Au mois de décembre dernier M. le D' Brengue nous a apporté des préparations histologiques du foie de l’hippocampe et a appelé notre attention sur l'existence d'éléments parasitaires dans les coupes de la vésicule biliaire. L'examen de ces préparations ne nous a pas permis de reconnaître quelle était la nature de ce parasite. Récemment, nous avons eu l’occasion d'étudier ce parasite à l’état frais et nous avons constaté que les éléments vus sur les préparations de M. Brengue étaient les spores d’une myxosporidie qui est très com- mune dans les voies biliaires de l'hippocampe. Sur six hippocampes (/. brevirostris) venant de la station zoologique d'Arcachon, nous avons constaté six fois la présence de ces myxospo- ridies. Le procédé le plus simple pour étudier ces myxosporidies consiste à retirer le foie d’un hippocampe avec la vésicule biliaire; la vésicule biliaire est mise en contact avec une lame porte-objet, on l’ouvre alors et on presse un peu d'arrière en avant de manière à faire sortir tout son contenu, on couvre avec une lamelle et souvent on peut observer ainsi des myxosporidies entières. Nous avons fait aussi des frottis du contenu de la vésicule biliaire qui étaient fixés avant dessiccation et colorés ensuite, et enfin des coupes du foie et de la vésicule biliaire. Sur ces coupes, nous avons constaté que les myxosporidies envahissaient non seulement la vésicule biliaire mais aussi, chez certains hippocampes, la plupart des canaux biliaires à l'exception des canalicules d'un très pelit diamètre. Les myxosporidies entières extraites de la vésicule biliaire ont une forme discoïde, le diamètre peut atteindre 2 millimètres, l'épaisseur est variable ; la coloration est blanchätre. L'examen microscopique à l’état frais, montre un ectoplasme trans- parent, mince, de structure homogène et un endoplasme qui renferme DT IS PS NT PRES ie OT 0 EL SÉANCE DU 28 AVRIL 381 des granulations plus ou moins réfringentes et des spores en nombre variable. Sur les frotlis et sur les coupes (après fixation par le Flemming et coloration par la safranine et le picro-indigo-carmin), on distingue, dans l’endoplaäsme, un réseau aréolaire très délicat, des noyaux de chromatine, simples ou en division sans karyokinèse apparente, des spores à différents états de développement et des granulations grais- seuses petites mais assez nombreuses. Spores. — A l’état de développement complet et dans les préparations fraiches, les spores se présentent sous l'aspect d’éléments allongés, cylindriques, incurvés en arc; les extrémités ne sont pas effilées, elles sont seulement un peu amincies par rapport à la partie moyenne. À chaque extrémité, on voit une capsule polaire, sous l'aspect d’un _ corps cylindrique, assez réfringent; vers la parlie moyenne, un espace clair, souvent difficile à Feat à l’état frais, SEE le noyau ‘fig. 1). Les dimensions des spores sont les suivantes : longueur (mesurée sur la corde de l'arc), 28 uv; largeur, 4 w 3; éloignement des capsules polaires, 8 &; longueur de chaque capsule polaire, 9 à10 &; largeur, 3 u. Les spores incomplètement développées ont un aspect un peu diffé- rent; les extrémités sont plus effilées, si bien qu'elles ressemblent aux spores de Myxidium. Les spores sont isolées ou plus souvent réunies par deux. { 1 Fic. 1. Spore vue à l'état frais. — Fi. 2. Spore traitée par l'acide azotique, le fila- ment d’une des capsules polaires est sorti. — Fic. 3. Spore traitée par l'acide azotique, les deux filaments sont sortis. — Fic. 4. Spore colorée; on voit dans la partie centrale deux noyaux; on distingue aussi les noyaux des capsules polaires ‘grt 1000 diamètres). Lorsqu'on fait agir pendant quelques minutes l'acide azotique sur les spores, on constale souvent que, des capsules polaires, sortent des fila- ments qui sont courts, coniques et creux (fig. 2 et 3), la longueur des lilaments est égale à peu près à celle des capsules polaires. L'eau iodée ne fait pas sortir les filaments des capsules polaires et ne colore pas de vacuoles dans l’intérieur de la spore. Pour la coloration dans les frottis ou sur les coupes, après fixation BIOLOGIE. ComPpres RENDUS, — 1900. T, LII, 30 382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ee par le Flemming, c'est le rouge de magenta qui nous a donné les. meilleurs résultats. Les capsules polaires se colorent en rouge avec, à l'extrémité interne de chaque capsule, un noyau de chromatine qui se colore plus fortement que les capsules polaires ; la partie centrale de la spore, toujours bien limitée, est colorée en rose et à l'intérieur se détachent en rouge foncé deux noyaux (fig. 4). L'aspect des spores de cette myxosporidie de l'hippocampe, [a dispo- sition des capsules polaires et surtout la forme des filaments qui en sortent sous l’action de l’acide azotique, ne laissent aucun doute sur la place qu'il convient de lui assigner; il s’agit évidemment d'une Sphaero- myæa. Le genre Sphaeromyxa créé par Thélohan ne comprenait jusqu'ici que deux espèces certaines : Sph. Balbianiü Thélohan, et Sph. incurvata Doflein. La myxosporidie de l’hippocampe a une grande ressemblance avec Sph. incurvata qui a été observée à Naples chez Blennius ocellatus ; nous pensons toutefois qu'il s’agit de deux espèces distinctes. Les dimensions des spores de Sph. incurvatla sont notablement plus grandes que celles de la myxosporidie de l’hippocampe. Doflein indique comme dimensions des spores de Sph. incurvata 30 à 35 1 de long et 8 y de large (1); d'autre part, l’ectoplasme de la myxosporidie de l’hippocampe est plus mince que celui de Sph. incurvala. M. Sabrazès ayant indiqué le premier qu’on trouvait des sporozoaires. chez l’hippocampe (2), nous lui avons dédié cette nouvelle espèce de myxosporidie, Sphaeromyxa Sabrazesi. On trouve souvent dans le foie de l’hippocampe des productions para- sitaires qui n’ont rien à voir avec la myxosporidie que nous venons de décrire; nous ne sommes pas encore entièrement fixés sur la nature de ces productions parasitaires. CACODYLATE DE SOUDE ET CAPACITÉ RESPIRATOIRE DU SANG. Note par MM. J.-P. LanGLors et K. Racin. La médication cacodylique, toute nouvelle, a donné lieu déjà à de nombreuses publications. La plus grande partie des observations sont favorables, et leurs auteurs signalent souvent l'augmentation du nombre des globules du sang. Il nous a paru intéressant de rechercher quelles étaient les modifications apportées dans la capacité respiratoire du sang, sous l'influence des injections de cacodylate de soude. (1) Doflein. Zoologische Jahrbücher (Anatomie), 1898, t. XI, p. 286. (2) Sabrazès et Colombot. Ann. de l’Inst. Pasteur, 1894, p. 696 (en note). C’est d’après les conseils de M. Sabrazès que M. le D' Brengue avait commencé l'étude de ces parasites. SÉANCE DU 28 AVRIL 383 Toutes nos expériences ont porté sur des lapins. Un premier fait curieux doit être signalé. Dans une première série d'expériences, nous avons injecté la solution de cacodylate à 5 p. 100, soit sous la peau, soit dans la veine de l'oreille. Les deux animaux qui recurent le cacodylate sous la peau à la dose quotidienne de 75 milligrammes par kilogramme ont rapidement dépéri et sont morts cachectiques le 25° et le 35° jours. La même dose injectée dans la veine à quatre lapins n’a provoqué aucun trouble morbide. Les lapins qui étaient en voie d’accroissement ont continué à augmenter de poids, les lapins qui étaient en équilibre de poids se sont maintenus à leurs poids primitifs, ou avec des oscillations négligeables. La dose de 100 milligrammes a été également bien sup- portée par un animal. La capacité respiratoire du sang a été déterminée sur 30 à 40 grammes de sang carotidien défibriné agité dans une atmosphère d'oxygène ren- fermant encore 7 p. 400 d’azote. Les dosages ont été faits, après extrac- tion à la pompe à mercure, avec potasse et acide pyrogallique. Nous ne pouvons pas donner malheureusement les chiffres des deux premières séries, le cahier d'observations ayant été perdu ; mais nous pouvons affirmer que la capacité moyenne constatée dans six prises était de 16 à 17 centimètres cubes d'oxygène pour 100 de sang, alors que les animaux témoins donnaient 21. La troisième série donne les chiffres suivants : Co* (® Lapins, 22 jours, avec 75 millig. de cacodylate : 30 16 — 23 — — 29 16,3 — 24 — — 14,8 (?) 16,7 — témoin — — 24 20 (Pour 100 centimètres cubes de sang.) Nous ne voulons pas tirer de conclusions hâtives de ces faits et nous poursuivons actuellement l'étude des modifications apportées dans le sang par l'injection de cacodylate. (J'ravail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine.) ABSENCE DE LA RÉACTION AGGLUTINANTE DANS LE LIQUIDE D'UN KYSTE HYDATIQUE DU POUMON CHEZ UNE TYPHIQUE, par MM. TuiercELIN, BENSAUDE et HEerscnERr. Nous avons eu récemment l'occasion de pratiquer l’autopsie d'une malade ayant succombé à une fièvre typhoïde et présentant, dans le lobe inférieur du poumon gauche, un volumineux kyste hydatique. L'examen du sérum sanguin permit de constater, huit à dix jours après le début de la maladie, l'existence d'une agglutination caracté- OS ON ET EL EE CR Æ Le ARRET TT Trait DE En APE dl, sl RS A RU — PSN 384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ristique dans la proportion de cinquante gouttes de bouillon pour une de sérum au bout de quelques minutes. À l’autopsie, le diagnostic fut confirmé ; la terminaison de l'intestin grèle présentait de nombreuses plaques de Peyer ulcérées. Le liquide du. kyste hydatique élait limpide, clair comme de l’eau de roche; il n'était coagulable ni par la chaleur, ni par les acides, et ne renfermait donc pas d’albumine ordinaire. La réaction agglutinante faisait défaut dans ce liquide, même lorsqu'on poussait.le mélange à 1 goutte pour 5 de culture de bazille d'Eberth et qu’on laissait la préparation periens une heure sous le microscope. On pourrait être tenté d'établir une relation entre l’absence dela réaction agglutinante et l'absence d'albumine dans le liquide du kyste hydatique, surtout depuis que MM. Widal et Sicard (1) ont montré que les substances agglutinantes sont retenues par diverses albumines du plasma et des humeurs (fibrinogène, globuline, caséine). Mais MM. Widal et Sicard eux-mêmes ont observé la réaction dans une urine non albumineuse, et MM. Achard et Bensaude (2) l’ont vue dans un liquide clair et limpide de kyste hydatique chez un lapin infeclé par le bacille d’Eberth. Les travaux de M. Achard (3) sur le passage de la propriété agglu- tinante à travers le placenta permettent peut-être mieux de comprendre ces résultats différents. La membrane du kyste hydatique, comme le placenta, serait suscep- lible d'agir d’une manière comparable à celle du filtre de porcelaine et, suivant l'intensité plus ou moins grande de la propriété aggluti- nante dans le sérnm sanguin, la paroi kystique se laisserait forcer comme dans le cas de MM. Achard et Bensaude, ou bien au contraire opposerait un obstacle infranchissable au passage des substances agglu- tinantes, comme dans celui que nous présentons à la Société. Ainsi que l’ont montré MM. Chauffard et Widal, les produits solubles d'origine microbienne peuvent traverser, in vitro, la paroi des kystes hydatiques. Nous nous proposons de vérifier ultérieurement si, dans les mêmes condilions, les substances agglutinantes se comportent d’une manière analogue. (Travail du laboratoire de M. le professeur Hayem.) (1) Widal et Sicard. Recherches sur la nature de he substance agglutinante et sa fixation sur les albuminoïdes du sang et des humeurs des typhiques. Académie de médecine, 29 septembre 1896; Presse médicale, 30 septembre 1896. (2) Bensaude. Le Peer de l’agglutination des microbes, Thèse de Paris, 1897 (Carré et Naud), p. 235. (3) Achard. Sur le passage de la propriété agglutinante à travers le placenta. Bulletin de la Société de biologie, 6 mars 1897. SÉANCE DU 28 AVRIL 38) SUR L'ACCOUTUMANCE DES ANIMAUX DANS LA COMMOTION MÉDULLAIRE EXPÉRIMENTALE, par M. JEAN LÉPINE. Au cours de recherches sur la pathogénie des hématomyélies, quel- ques faits expérimentaux m'ont frappé. L'un de ces faits est le suivant : Si, à l'exemple de divers auteurs, l’on percute à travers les téguments la région lombaire de lapins et de cobayes avec un maillet, entouré de caoutchouc pour éviter les lésions de contusion, et si les chocs sont assez forts, on produit une paraplégie immédiate. Cette paraplégie se dissipe spontanément, au bout d’un temps qui varie de quelques secondes à plusieurs heures, suivant l'intensité du coup porté. Lorsqu'elle a disparu, on peut la reproduire dans les mêmes condi- tions. Mais lorsqu'on poursuit pendantplusieurs jours ou plusieurs semaines ces expériences, en frappant toujours au même niveau, on ne tarde pas à voir que la résistance des animaux aux chocs s'accroît très rapide- ment, et que des excitations qui, sur des animaux neufs produisent des paraplégies de plusieurs heures de durée, restent sans effet sur d’autres qui sont depuis plusieurs jours en expérience. En multipliant les animaux, il est facile de se rendre compte que cette résistance n'est pas due au développement physique normal de l'animal observé, et qu'il s’agit d’une véritable accoutumance de la région de la moelle soumise à la commotion. Cette accoutumance semble limitée à cette région, car si en pareil cas on porte plus haut l'excitation, frappant sur la colonne dorsale supé- rieure au lieu de la colonne lombaire, on reproduit aussitôt une para- plégie de tous points comparable à celles que présentent les animaux neufs. Puis cette région s'accoutume à son tour, et l’on arrive, au bout de quinze jours d'expériences à peu près quotidiennes, à obtenir une accoutumance telle, chez le cobaye, qu'il devient impossible de provo- quer chez lui des accidents durant plus de quelques secondes, même avec des coups assez violents pour créer des hématomes étendus des muscles sacro-lombaires. Nous n'avons pas rencontré de mention antérieure de cette accoutu- mance, qu'il nous a paru intéressant de signaler. Il reste à en déterminer la cause; une communication ultérieure sera consacrée à des recherches actuellement poursuivies dans ce sens. Pour l'instant, il nous suffira de dire que celte accoutumance semble QU 7 P PRE PUR PER E D x ro me c[fe x fs a po ne ie 2 a Sr nn Due PR ES AD T° ERP SR RE à, ae Re +. À ee: 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE correspondre à une susceplibilité moins grande des cellules des cornes antérieures, qui paraissent touchées seulement chez les animaux qui ont servi à un pelit nombre d’expériences, et normales chez ceux qui en ont subi un grand nombre. LE FONCTIONNEMENT DES TESTICULES CHEZ LES OISEAUX, par M. GuSTAvE LoisEL. L'étude que j'ai faite, à différentes époques des années précédentes, des testicules de plusieurs oiseaux adultes: Moineau (Passer domesticus, Briss.), Friquet (Passer montanus, Briss.), Pinson (#ringilla cœælebs, Lin.), Bruant jaune (Æmberisa citrinella, Lin.), Etourneau (Sturnus vul- garis, Lin.), Pigeon ramier (Columba palumbus, Lin.), Sarcelle d'hiver (Anas crecca, Lin.), m'a montré que le fonctionnement de ces organes présente à considérer, chaque année, trois périodes distinctes: 1° Une période d'activité fonctionnelle, la SPERMATOGÉNÈSE, qui a lieu seulement pendant les mois les plus chauds de l’année ; 2° Une période d'activité régressive que j'appellerai MÉTASPERMATO- GÉNÈSE, parce qu'elle suit immédiatement la spermatogénèse; cette période commence après le temps des amours pour durer pendant toute la saison froide ; 3° Une période d'activité progressive qui accompagne le retour des premiers beaux jours de l’année et à laquelle on peut appliquer le nom de PRÉSPERMATOGÉNÈSE, que le professeur Prenant a créé pour une période physiologiquement comparable chez les mammifères. Ces trois phases de la vie sexuelle chez les oiseaux mâles corres- pondent à trois états différents de l’épithélium du canalicule séminifère, états qui ont été peu ou pas étudiés par les auteurs. La spermatogénèse est le moment où l’épithélium séminal présente son maximum de complication. On y trouve, comme chez les reptiles et les mammifères, de la périphérie au centre du canalicule : des sperma- togonies, des spermatocytes, des spermatides et des spermatosomes qui se transforment continuellement en spermatozoïdes. La métaspermatogénèse est caractérisée par l'absence de formation des spermatozoïdes et par la régression de la zone la plus centrale de l’épithélium séminal. Cet épithélium ne parait bientôt plus formé que d'une ou deux couches de cellules viables en dedans desquelles on voit de nombreuses cellules en dégénérescence. Les cellules viables consli- tuent une sorte d’épithélium germinatif qui servira l’année suivante ; ce sont des spermatogonies dont quelques-unes (spermatogonies de deuxième ordre), continuant à assimiler sans se diviser, atteignent un SÉANCE DU ŸS AVRIL | 387 volume considérable et un aspect hypertrophique tout particulier. La préspermatogénèse est le réveil de l’épithélium séminal; c'est le passage du repos hivernal à la période active du printemps. Ce réveil n'arrive pas à reformer tout d'un coup la lignée cellulaire d’où vont dériver de nouveaux spermatozoïdes. Il procède par poussées qui for- _ment petit à petit d’abord les spermatogonies de la spermatogénèse caractérisées par leur petitesse et leur nombre plus considérable, puis les spermatocytes, les spermatides, les spermatosomes, et enfin les spermatozoïdes. Chacun de ces groupes d'éléments me semble toujours débuter, à cette époque, par des formes non viables, à caractères un peu particuliers ; ces premières cellules dégénèrent en effet pour laisser place aux éléments viables, qui persisteront et continueront l’évolution séminale, d'où sortira la spermatogénèse. Tous ces changements dans l’état de l’épithélium séminal ne vont pas Prespermalogenese Spermatogenese M étasperm atogenese 1a5em 6410771017" will. Aout Sept. Oct. Nov De. ‘Graphique montrant les différentes longueurs que présentent les testicules du Moineau adulte dans le courant d’une année. sans amener des variations considérables dans le volume des testicules. Chez le moineau, par exemple, ces organes ont, au plus, deux millimè- tres de long pendant l'hiver, alors qu'ils atteignent quinze millimètres et même davantage pendant l'été. Le graphique ci-dessus montre mieux que toute description la marche générale que suivent ces changements dans le volume des Lesticules du moineau. Chez les oiseaux, toute la vie sexuelle du mäle est donc représentée pas autant de courbes semblables, se succédant sans interruption, que l'oiseau vit d'années. Aux deux extrémités de la courbe totale, se trou- vent une préspermatogénèse et une métaspermatogénèse qui se pré- sentent avec des caractères particuliers ; celle-ci se termine en effet par la mort de l'individu; celle-là, au contraire, remonte la vie du jeune oiseau pour se continuer insensiblement avec l'état fœtal. Pour nous, cette première préspermatogénèse commence, chez l'embryon, dans l'épithélium germinatif même au moment où apparaissent ce que Robin et ses élèves ont appelé des ovules males (1). (1) Voir : G. Loisel., Etudes sur la spermatogénèse chez le moineau domes- tique. Journ. d'Anat. et de Phys., t. XXXVI, n° d'avril-mai, avec 8 figures dans le texte et 4 planches hors texte en couleurs. + SR? 0 TR re’, dre re PRDTETS CNE TRI 388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Elle se continue, avec des alternatives de prolifération et de dégéné- rescences cellulaires, pendant l'état fœtal et pendant toute la première année, chez le moineau, du moins. Un jeune moineau, né en mars, entre seulement en spermatogénèse au printemps suivant. ({ravail du laboratoire du professeur Mathias Duval.) RÉGULATION DE LA TENSION OSMOTIQUE DU SANG PAR ACTIONS VASO-MOTRICES (1). par M. Anpré Mayer. Pour étudier les actions vaso-motrices que produisent les variations de la tension osmotique du sang, j'ai employé sur les conseils et avec l'aide bienveillante de M. Lamy, chef du laboratoire, les procédés opé- ratoires suivants. | Sur un chien curarisé, l'artère principale d'un membre est décou- verte et coupée entre deux ligatures. Dans chacun des bouts on introduit l'extrémité de la branche horizontale d'une canule en forme de T : la branche verticale étant fermée, la circulation dans le membre continue comme avant l’interposition de l'appareil. D'autre part, on dispose des vases de Mariotte spéciaux, qui permettent de faire arriver jusquà la branche verticale, dans des conditions identiques de température, de pres- sion, et avec une vitesse réglable à volonté, des solutions préparées à l'avance, à des tensions osmotiques différentes. En ouvrant Les robinets qui en commandent l’arrivée, on peut, par leur mélange avec le sang artériel, faire varier, de la façon et dans l'ordre qu’on voudra, la ten- sion osmotiquede celui-ci. Puis les variations vasculaires produites s'inscrivent à l’aide d’un sphygmo-manomètre de François-Franck et d'appareils pléthysmogra- phiques de Franck-Hallion. Dans nos expériences, les solutions employées [chlorure de sodium; chlorure de sodium et glucose; azolate de potasse dans l’eau distillée — dontA=— — 2,40 à — 3 (S. hypertoniques) ou A = —0,10 à — 0,20 (S. hypotoniques)| étaient maintenues à 39 degrés, introduites en petites quantités (de 60 à 120 centimètres cubes) durant un temps court (1 mi- nute en moyenne), la vitesse élant variable. — Voici quels ont été les phénomènes observés. Introduction de la solution hyperlonique. I. Pression arttrielle : Elévation considérable : 18, 23, 26, 42 mm. au-dessus du tracé normal, ce quicorrespond à 36, 46, 52, 84 mm. de SÉANCE DU 28 AVRIL 389 mercure, commençant 3 à 5 secondes après le début de l'injection, attei- gnant son maximum en 15 à 30 secondes, suivant la vitesse d'écoulement, puis disparaissant lentement après la fin de l'injection, en 2'à6/. Nombre de pulsations : Augmentation — de 115, 120 à 170, 180... IT. Volume de la patte dans laquelle on fait passer la solution, et de la palte homonyme : Augmentation très sensible. Elévation du tracé dé- butanten même temps que celle de la pression, atteignant son maximum 4 ou 5 secondes après elle, diminuant peu à peu après la fin de l'injec- tion, et ayant complètement cessé en 3 ou 4 minutes. IT. Volume du rein : Très forte augmentation, et grande augmenta- tion de l'amplitude des battements, commençant en même temps que l'élévation de la pression, et se maintenant jusqu’à 10 minutes après la fin de l'injection. IV. Volume de l'intestin : Augmentation, et plus grande amplitude des pulsations, action parallèle à celle du rein. Introduction de la solution hypotonique. Pression : Pas de variation ou un très léger abaissement (2 ou 3 mm.). Volume de la patte : pas de variation appréciable. — Volume du rein: augmentation sensible commencant 4 ou à secondes après le début de l'injection, atteignant son maximum en 15 secondes environ et se main- tenant après la fin du passage 6 à 7 minutes. Variations du volume de la langue : injections prolongées, ou à un degré d’isotonie très différent de celui du sang ; 4 ou 5 minutes après le début: $S. hypertonique. — Augmentation avec amples battements. S. hypd tonique. — Légère diminution. Ces actions sont bien plus marquées, et immédiates, par introduction directe dans la carotide. Mais il faut aiors lier préalablement la carotide interne, pour éviter l’action direcle sur les centres nerveux, cause de variations dont je poursuis l'étude. — Toules ces actions vaso-motrices de sens contraire peuvent être pro- duites alternativement, par quelque solution qu'on commence l’expé- rience. Il semble bien qu'on peut interpréter ces phénomènes, de façon à voir en eux une sorte de mécanisme de régulation de la tension osmotique du sang. Par exemple, si le sang, dans les capillaires d’une région (patte) devient hypertonique, la série des moyens employés par l'orga- nisme pour rélablir la tension normale paraît être la suivante : 1° Vaso- dilatation locale, élévation de la pression artérielle, augmentation de vitesse du sang et, en quelque sorte, lavage des capillaires par du sang de tension moindre : premier moyen; 2° vaso-dilatation du rein et de l'intestin. Je me propose de rechercher dans quelle mesure ces actions correspondent à une élimination de molécules solides trop abondantes dans le sang, et à une absorption de molécules liquides libres dans 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'intestin : deuxième moyen. Enfin, si ses propres ressources sont insuf- fisantes, l'organisme doit avoir recours aux éléments extérieurs à lui. J'ai précédemment montré que la soif est liée à l'hypertonie du milieu intérieur. On sait, d’ailleurs, que cette sensation s'accompagne constam- ment d’une vaso-dilatation de la langue. La dilatation linguale constatée au cours de ces expériences serait de nature analogue, et le moyen der- nier qu'aurait l'organisme de rétablir la pression osmotique normale serait de créer la sensation de soif, et de rendre conscient le besoin de boire. Toutes ces actions paraissent être la conséquence d’une excitation réflexe à point de départ endothélial transmise par les nerfs vaso-sen- sibles à un centre bulbaire. (Travail du laboratoire du professeur Chantemesse.) CÉCITÉ CORTICALE. HALLUCINATIONS DE LA VUE. PERTE DE LA MÉMOIRE TOPOGRAPHIQUE, par M. Toucxe. S..., âgé de soixante ans, est depuis 1896 atteint d'hémiplégie gauche avec contracture extrême empêchant la marche. | Le 8 octobre 1899, le malade fut frappé brusquement de cécité absolue. Il ne pouvait même plus distinguer le jour de la nuit. Les yeux, exami- nés le lendemain même, présentaient l’état suivant : Myosis moyen. Transparence absolue des milieux de l'œil. Plus de réaction des pupilles à la lumière. Déviation conjuguée de la tête et des yeux vers la gauche. Les yeux peuvent être, sous l'influence de la volonté, ramenés jusqu’à la ligne médiane, mais ne peuvent se porter plus loin vers la droite. Dès que la volonté cesse d'agir, les yeux se reportent à gauche. Sur chaque œil pris isolément, le mouvement d’élé- vation et d’abaissement est conservé, les mouvements de latéralité sont diminués, surtout le mouvement vers l'angle interne. Les troubles de la motilité oculaire ne se sont pas modifiés depuis le mois d'octobre. Dès le début de la cécité, le malade attira l'attention sur certains troubles cérébraux qu'il présenta. Il était en proie à des cauchemars: extrêmement pénibles. C’étaient des animaux dépouillés, comme on en voit aux portes des bouchers, qui se balancçaient continuellement devant ses yeux. Le nom d’hallucination ne conviendrait pas à ces sensations éprouvées par le malade, car jamais il n’a reconnu à ces visions un caractère de réalité. « Je sais bien que cela n’est pas vrai, mais cela me fait plus peur que si c'était vrai. » Le malade, interrogé sur les couleurs: SRE SET SE ba a NE A ES A Be SÉANCE DU 28 AVRIL 391 qui revenaient dans ces cauchemars du début, dit que c'était une cou- leur d’un blanc rosé et le noir. Il n’y eut jamais de couleur vive; jamais il n’y eut de rouge; jamais le malade n'eut de visions de massacre ni d'incendie. Plus tard, les cauchemars perdirent leur caractère effrayant: le malade voyait des groupes de personnages de teintes atténuées, gris ou jaune pàle, se mouvant et s’entrelaçant comme dans un ballet. En dernier lieu, c'étaient des vols d’hirondelles qui passaient devant les yeux, d'abord en troupes, puis isolées. Au commencement d'avril 1900, le malade recouvra en partie la vision, et dès ce moment, les visions cessèrent immédiatement. Le malade affirme que les premières sensa- tions visuelles correspondant à un objet réel qu'il éprouva, furent par- faitement distinguées par lui des apparitions toute subjectives de sa période de cécité. Au commencement d'avril, le malade recommencça à voir. Depuis la moitié de mars environ, il pouvait distinguer le jour de la nuit. Nous avons tenté (25 avril) de prendre le champ visuel, la déviation des yeux et les mouvements nystagniformes qui accompagnent les efforts d’accommodations ne nous l'ont pas permis. Le malade ne commence à avoir un peu de netteté de la vue qu'à environ trois mêtres de l'œil; de ce point jusqu à l'infini la vision est très bonne et le malade peut lire à de grandes distances. La vision n'existe que sur la moitié gauche du champ visuel des deux yeux. Dans le sens vertical, le malade ne voit que sur une hauteur d'environ 0"50 au-dessus du plan de visée. Tous ces résultats, déduits de l’interrogatoire dn malade, ne sont qu’approxi- matifs, mais, dans l'impossibilité d'employer le campimètre, nous avons cru pouvoir les donner. Pendant la cécité du malade, nous avons axaminé l’état de ses diffé- rentes mémoires visuelles. a). La mémoire des couleurs était admirablement conservée. Le malade nous a cité, sans se tromper, les quatre couleurs qui entraient dans les rayures de son mouchoir. Il nous cite à près de quarante ans de distance les couleurs de tous les uniformes du corps expédition- naire du Mexique, les robes des divers chevaux qu'il a montés à cette époque, etc. Pourtant rien dans les travaux du malade ne lui permet- tait de cultiver cette mémoire; il était terrassier. b). La mémoire des formes était très diminuée. Ce n’est que très péni- blement qu'il parvient à se rappeler le profil de Napoléon II qu'il avait vu bien souvent sur les pièces de monnaie. c). La mémoire topographique était complètement abolie. Le malade, qui à toujours vécu à Paris, ne peut préciser la situation des Tuileries ou de l'Hôtel de Ville. Il se rappelle bien chaque monument : il sait dire que le dôme des Invalides est doré, par exemple, mais il ne peut situer les monuments par rapport au reste de la ville. Il ne peut donner les itinéraires les plus simples, familiers à tout Parisien. 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons réétudié les diverses mémoires visuelles, depuis la gué- rison de la cécité. 1° La mémoire des couleurs est restée ce qu'elle était, c’est-à-dire excellente ; 2° La mémoire des formes s’est sensiblement améliorée. Le malade se rappelle bien maintenant les profils des monnaies; il a retrouvé l’image de sa fille morte, qui ne lui était plus qu'une tache rose avec des che- veux blonds. Le malade dessine du doigt une tête de cheval sur son lit, et les contours sont exacts ; 3 3° La mémoire topographique reste aussi complètement absente que pendant la période de cécité. | Tel est le cas que nous avons observé. Il rentre dans le cadre de ceux qui ont été décrits autrefois dans un travail de M. Lamy. Il montre bien que ia mémoire visuelle est com- posée de plusieurs éléments qui peuvent être lésés isolément. SUR LE CUIVRE NORMAL DANS LA SÉRIE ANIMALE, par M. RaPyaAEL DuBors. Malgré les recherches de Lehmann et de Guinti, on ne possède que _ peu de renseignements sur le cuivre normal chez les animaux terres- tres. Quant aux animaux marins, nous n'avons trouvé aucun document relatif à la détermination quantitative de ce métal : il a seulement été signalé dans le sang de certains invertébrés marins et on lui a parfois attribué des empoisonnements par des moules dans lesquelles on avait décelé sa présence. Pour la détermination quantitative du cuivre normal, nous avons employé la méthode suivante. La matière animale est desséchée, puis traitée successivement par l'acide nitrique pur en présence du bisulfate de potasse pur, à la cha- leur du bain de sable, puis par l'acide sulfurique pur en présence du nitrate de potasse pur. Le cuivre se trouve dans la liqueur à l’état de sulfate : on évapore à siccité et on traite par l'acide nitrique : on éva- pore de nouveau au bain-marie et on reprend par l’eau distillée. Le cuivre est précipité de la liqueur par l'acide sulfhydrique et le précipité est lavé avec le sulfhydrate d'ammoniaque, étendu, puis dissous dans l'acide nitrique pur. On évapore au bain-marie et un traitement par l'acide sulfurique pur suivi d’une évaporation à feu nu donne un dépôt de sulfate de cuivre parfaitement pur. On reprend par 15 centimètres cubes d’eau distillée qu’on acidule légèrement et dans une capsule de platine tarée, on opère l’électrolyse avec deux piles de Poggendorf. Elle dure douze à dix-huit heures et on SÉANCE DU 28 AVRIL 393 Résultats obtenus avec divers animaux terrestres et marins. Cælentérés. Echino- dermes. Mollusques. Tuniciers. Vertébrés. Actinie. Anthea cereus. Corps entier.| 2 millig. 350 5 milligr. Sangsue. Hirudo officinalis. Id. Traces. Traces. Oursin: | Echinus esculentus Id. Traces. Traces. Holothurie. | Stichopus regalis. Id. 2 millig. 830 | 4 millig. 590 Astérie. Asterias rubens. Id. 2 millig. 450 | 7 millig. 140 Langouste. | Palinurus vulgaris. Sang. 22 millig. 9710/1414 millig. 660 L Muscle. 4.470 11 millig. 64 OEufs. Pas de cuivre.|Pas de cuivre. Crevettes. | Palæmon serratus. |Corps entier.| 2 millig. 5 10 millig. Bernard- |Clibanarius barbatus. Id. 6 millig. |18 millig. 750 l'hermite. Ecrevisse. | Astacus fluviatilis. Id. 3 millig. 070 | 11 millig. 160 Huîtres de Ostrea edulis. » 9 millig. 650 | 45 millig. 830 Marennes blanches. Marennes Ostrea edulis: » 13 millig. 190! 72 millig. 720 vertes. Haliotides. Haliotis striata. » 4 millig. |16 millig. 660 Moules. Mytilus edulis. » 3 millig. 240 | 16 millig. 666 Unios. Unio margaritifera. » Traces. Traces. Coquilles Pecten jacobæus. » 4 millig. 110 20.210 St-Jacques. Escargotsen Helix pomatia. Corps. 6 millig. 110 | 7 millig. 640 |'bivernation. Sang. 24 millig. 390 Ascidies. » » Traces. Traces. Harengs. Clupea harengus. » Traces. Traces. Sardines. Clupea sardina. » 1 millig. 820 | 5 millig. 350 Tanche. Tinca vulgaris. » Traces. Traces. Carpe. Cyprinus carpio. ” Traces. Traces. Crustacés. | ESPÈCES ORGANES TENEUR EN CUIVRE POUR 100 GRAMMES 5 | à de matière sèche. de matière fraiche. 394 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE reconnait la fin lorsqu'une petile quantité d’eau distillée ajoutée dans la capsule de platine ne donne plus après deux heures d’électrolyse un nouveau dépôt de cuivre. Le lavage du dépôt doit être fait à l'eau tiède et pendant que le cou- rant passe encore. Les résultats obtenus par l'électrolyse ont été vérifiés par compa- raison de la coloration que donnait ce cuivre déposé après dissolution dans l'acide nitrique et addition de quelques gouttes de ferrocyanure de potassium au 1/10° avec des solutions types obtenues de la même facon : les résultats ont toujours été concordants. De ces recherches, qui sont à compléter, on peut cependant déjà tirer quelques conclusions : 4° Le cuivre peut être considéré comme un élément normal dans la série animale de même que chez les végétaux; 2° On le rencontre aussi bien chez les animaux terrestres que chez ceux qui vivent dans l’eau douce ou dans l’eau de mer; 3° La proportion peut varier considérablement d’une espèce à une autre très voisine et même d’une variété à une autre : c’est ainsi que les huitres vertes de Marennes contiennent près de 15 centigrammes de cuivre par kilogramme d'animal frais, tandis que les blanches n’en pos- sèdent que 10 centigrammes environ. 4° La proportion de cuivre normal n’est pas caractéristique de la place occupée par un animal dans la série; cependant, d'une manière générale, les poissons en contiennent moins que les invertébrés. Il en est de même pour les ascidies examinées; 5° Dans un même organisme, la proportion de cuivre peut être très variable, puisque le muscle de langouste n’en contient que 4 milli- grammes et demi environ pour 100, alors que le sang en renferme jusqu’à 23 milligrammes, tandis que les œufs n’en possèdent aucune {race. 6° L'absence de cuivre dans les œufs de la langouste parait indiquer : que ce métal n’est pas indispensable à la vie et au développement de ce crustacé, comme pourrait le faire supposer son abondance dans le sang de l'adulte. (Travail du laboratoire maritime de biologie de Tamaris-sur-Mer et dw laboratoire de physiologie générale de l'Université de Lyon.) MP s SÉANCE DU 28. AVRIL 395 NOTES SUR LE SANG DE L'ESCARGOT, par M. E. CouvrEur. Les recherches ont été faites sur des animaux en pleine période d’hibernation ou venant de se réveiller mais n'ayant pas encore mangé. I. — Le sang de l’escargot est incoagulable ; il ne doit pas cette pro- priété à une substance anticoagulante, car, mêlé à des sangs coagulant spontanément, il n’entrave en rien le phénomène de la coagulation. La cause réside dans l'absence de fibrinogène (aucun précipité par le chlorure de sodium à 15 p. 100, pas de coagulation aux températures 56-64 degrés). II. — Le liquide renferme de l'urée ou des composés de l’urée dans des proportions très considérables (3 gr. 20 p. 1000 en hibernation, 1 gr. 872 au réveil). III. — Il ne renferme pas de sucre, comme d'ailleurs le fait a été établi chez les mammifères hibernants par M. Raphaël Dubois (1). IV. — Les albuminoïdes consistent en une sérumglobuline (2) préci- pitable par le sulfate de magnésie à saturation à froid et une sérum- albumine bien moins abondante, décelable par la chaleur après préci- pitation de la sérumglobuline et filtration. V. — La matière colorante bleue qu'il renferme et qu’on a homologuée à l'hémocyanine trouvée par Fredericq dans le poulpe et le homard (3) doit être considérée comme une substance albuminoïde cuprifère, con- trairement à l'opinion émise par Heim que ce n'est qu'un simple pigment (4) et cela pour plusieurs raisons. 1° Quand on précipite par Le sulfate de magnésie, le précipité est bleu et le liquide qui filtre incolore; quand on redissout le précipité, le liquide est à nouveau bleu (on ne peut done pas séparer le pigment de l’albuminoïde). 2° Après précipitation, le liquide filtré ne renferme pas de cuivre; c'est le précipité qui contient ce métal. 3° Quant on coagule par la chaleur ou par l'alcool, on décolore le liquide qui ne peut plus bleuir par agitation. On produit donc un phé- nomène de décomposition qu'on peut homologuer à l'effet produit par les mêmes agents sur l'hémoglobine. VI. — Le sang abandonné à lui-même dans un tube se décolore spon- (4) R. Dubois. Physiologie comparée de la marmotte, Ann. de l'Unir. de Lyon. (2) Celle-ci complexe et n'étant autre que l’hémocyanine. (3) Fredericq. Physiologie du poulpe commun. Arch. zo0l. exp., 1878, et Note sur le sang du homard, Ac. R. de Belgique, 1878-79. (4) Heim. Etude sur le sang des crustacés décapodes. Thèse, Paris, 1892. 396 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tanément. Il suffit d’ailleurs de l’agiter pour lui rendre sa couleur. Au fur et à mesure quil veillit, cette couleur devient de moins en moins fran- chement bleue sans d’ailleurs qu'il y ait production d'une mélamine, comme c’est le cas des crustacés d’après Heim. {Laboratoire de Physiologie générale et comparée de l'Université de Lyon.) LA COAGULATION DU SANG S'ACCOMPAGNE-T-ELLE D'UN PHÉNOMÈNE ÉLECTRIQUE ? par MM. Cnanoz et DoYon. I. — Un liquide se coagule; sa constitution physico-chimique est changée, Du fait de cette modification pourrait résulter une perturbation électrique entre le caillot apparu et le fluide restant. Y a-t-il production d'un phénomène électrique (variation de potentiel, création d’une force électro-motrice) pendant la coagulation du sang? Telle est la question que nous avons voulu étudier. Une pareille recherche est difficile; elle exige une instrumentation délicate, nécessite une détermination préalable des causes d'erreur nombreuses rencontrées dans ces sortes d'expériences et demande enfin une critique serrée des résultats obte- nus. Nous résumons brièvement ici les lignes principales de notre. travail. Il. Principe de la méthode employée. — Deux électrodes convenables réunies à un appareil de mesure approprié plongent dans du sang frais oxalaté. On provoque la coagulation autour de l’une des électrodes. Des indications dans le temps de l’appareil de mesure, on peut déduire l'intensité du phénomène cherché. Dispositif expérimental. — a) Vase contenant ie sang. Le système pré- féré consiste en un vase en verre mince, cylindrique, d’une contenance de 400 centimètres cubes environ. Une cloison verticale en liège paraffiné divise le vaisseau en deux parties égales que l’on remplit de sang. Au moment voulu on fait communiquer les deux liquides en enlevant l’opercule obturateur d’une ouverture circulaire creusée dans la paroi verticale. Chaque comparti- ment recoit une électrode complètement immergée dans le liquide sanguin. b). Electrodes. Nous avons employé deux sortes d’électrodes : 4° une paire d'électrodes impolarisables au Zn + SO‘ Zn de Paalzow-Bouty modifiées; 20 de grandes électrodes en platine roulées en spirale. Chaque électrode a deux faces actives ; la surface de chacune de ces faces est de 95 centimètres carrés. c). Appareils de mesure — 1° (Galvanomètre. À cause des déplacements du zéro, nous avons renoncé au galvanomètre Thomson-Carpentier. Nous avons fait usage finalement d’un galvanomètre balistique d’Arsonval-Nalder’s. Les dévia- . tions étaient connues en observant directement sur une échelle translucide bel à. à: nb SÉANCE DU 28 AVRIL 397 placée à 1 mètre environ de l'appareil, les déplacements du spot réfléchi par le miroir concave du circuit mobile. Dans ces conditions le O ne s’est pas déplacé de plus de deux divisions en quelques heures. Un courant de un micro-ampère produit une déviation permanente de 93 divisions de l'échelle. La résistance du galvanomètre est de 750 ohms. La résistance des : électrodes en platine + sang mesurée par la méthode de Kohlrausch est de 300 à 400 ohms. La résistance totale du circuit pendant nos expériences est de l’ordre de : 1 millier d'ohms. Par suite, une différence de potentiel de 1/1000° de volt dans ce circuit donne un déplacement du spot de 90 divisions environ. 2 Electrométre capillaire. Le tube était poli par déplacement du mercure sous une différence de potentiel de 1/2 volt. Pour une différence de 1/1000° de volt le ménisque se déplaçait de 4 divisions du micromètre de la lunette. Dans nos expériences, tous les fils de communication étaient parfaitement isolés. III. Résultats. — Dans une première série d'expériences nous consta- tions des phénomènes électriques notables. L'étude des conditions nous a démontré que ces phénomènes étaient dus à d’autres causes que la coagulation. Les principales causes d'erreur se rattachent :a) aux varia- tions accidentelles de l’état électrique des électrodes en usage; b) à l'agitation du liquide, au déplacement des électrodes (phénomène de Krouchkoll); c) à l'addition du sel de calcium qui provoque la coagu- lation ; à la diffusion (pile de concentration); d) aux varialions thermiques inégales. — En rendant minima ces causes d’erreur et en négligeant les perturbations de la moitié de la première minute qui suit l'introduction de la substance coagulante, nous n'avons jamais observé (même pendant plus d’une heure d'observation) de déplacement supérieur à 17 di- visions pour le galvanomètre, à 1 division pour l’électromètre capillaire. Conclusion. — Si dans les conditions où nous nous placons, la coagu- lation du sang est accompagnée d'un phénomène électrique, ce phéno- mène est inférieur à 1/4000° de volt. (Travail des laboratoires des professeurs Morat et Gouy.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA TRIACÉTYL-MORPHINE, par M. Cuanoz. Cette note résume les recherches physiologiques préliminaires faites sur le dérivé triacétylé de la morphine découvert par M. Causse. CONDITIONS EXPÉRIMENTALES. — On employait des dissolutions au 4/10, 1/20, 1/30, 1/100 fraîchement préparées en dissolvant la tria- cétyl-morphine dans de l'eau pure (ou du sel marin à 8 p. 1000) addi- a Biozoare. Compres RENDUS. — 1900. T. LII. 31 Ci 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tionnée d'une suffisante quantilé d'acide acétique pur (formation d'acétate). La dissolution était injectée dans le sac lymphatique, ou labdomen de la grenouille; dans le tissu cellulaire des flancs, ou dans une veine des : cobaye, lapin, chien. L'animal ensuite était observé dans une salle peu éclairée, loin du bruit, la température ambiante étant 18 degrés environ. MANIFESTATIONS APPARENTES. — Grenouille. — Une dose faible (1 à 4 milligrammes) provoque un état de torpeur très net. Une dose supérieure produit des effets convulsivants : cloniques et surtout toniques. La mort arrive avec une dose de 20 milligrammes. Cobaye, Lapin, Chien. —T. -— Une dose inférieure à 0 gr. 02 par kilo- gramme d'animal produit de la torpeur, un sommeil profond, calme qui dure plusieurs heures parfois. L'animal réagit difficilement quand on le touche. Pendant le sommeil, la température anale s’abaisse. IT. — Une dose supérieure à 0 gr. 02 par kilogramme amène d'abord une période d’hyperexcitabililé qui augmente avec la dose. L'animal a des mouvements de mächonnement; il y a salivation abon- dante, sécrétions : lacrymale, nasale, parfois défécations. Le sujet parait influencé par le bruit, surtout par les sons graves. Pour des doses convenables, l'hyperexcitabilité est telle qu'un simple choc amène une attaque épileptiforme, avec prédominance des contractions toniques ; les membres et la tête étant placés dans l'extension forcée. On observe, surtout chez le chien, de la parésie du train postérieur, on a l’attitude hyénoïde. Pendant les crises convulsives, la température anale s'élève. Ensuite arrive la deuxième période : sommeil d’abord agité, puis profond, calme avec abaissement de la température. ITT. — Avec des doses supérieures à 0 gr. 20 par kilogramme pour les lapin et cobaye, à 0 gr. 30 pour Le chien, la mort arrive rapidement avec un cortège effrayant d'attaques épilepliformes sub-intrantes. Les secousses tétaniques violentes arrêtent la respiration. IV. — L'autopsie faite peu de temps après la mort présente les parti- cularités suivantes : a) Rigidité cadavérique précoce ; après 26-25 minutes. b) Les organes : reins, cerveau, moelle sont hyperhémiés. c) Les ventricules du cœur sont souvent vides de sang. d) Le sang des artères est noir, veineux. De ces essais préliminaires il résulte que le dérivé triacétylé de la morphine a les propriétés générales de cet alcaloïde, on note cependant quelques différences qualitatives et quantitatives sur lesquelles nous reviendrons. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) SÉANCE DU 28 AVRIL 399 APPAREILS POUR LA PRÉPARATION ASEPTIQUE DU SÉRUM ET DU PLASMA SANGUINS (1). NoTE DE M. HENRI STASSANO. L'appareil représenté par le dessin ci-joint sert à recueillir le sang aseptiquement. Il se compose d’un vase cylindrique fermé par un bouchon à l'émeri identique à ceux des matras Pasteur. Le récipient porte à sa parlie supérieure une courte tubulure latérale, rodée à l'inté- rieur, el destinée à recevoir un tube de verre, également rodé, que l’on y introduit et qui la ferme herméliquement. Pour empêcher que ce tube ne sorte de l’ajutage, on le fixe extérieurement par un tube en caout- chouc. C'est par ce tube mobile que l’on fait la prise de sang. On étire l'extrémité libre de celui-ci plus ou moins, suivant la grosseur du vais- seau dans lequel on veut pénétrer. Pour les prises de sang chez l’homme, on soude à ce tube un bout d’aiguille en platine iridié. Chaque tube mobile peut servir plusieurs fois, et c'est la seule partie de l'appareil que l’on ait à remplacer. Quand on stérilise l'appareil à l’autoclave, la pointe effilée du tube en question est fermée ; au moment de la saignée, elle est brisée, flambée, avant d'être introduite dans le vaisseau. La sai- gnée terminée, on la referme à la lampe. Le récipient est gradué, ce qui permet d'apprécier la quantité de sang que l'on doit recueillir. Pour obtenir la plus grande quantité possible de sérum, il convient d'aider la rétraction du caillot et de faciliter l'expulsion du sérum. On réalise cette condition en tenant le vase incliné, en détachant le caillot des parois et en le fractionnant au moyen d'une baguette en verre. On peut encore obtenir cette division du caiïllot au moyen d’une ou plusieurs baguettes de verre laissées en demeure dans l'appareil. En étirant sur ces baguettes des arêtes, on réussit facilement à retenir le caillot au moment de la décantation. Les baguettes creuses et percées de trous, proposés par M. Latapie, offrent l'avantage de soustraire moins de place au sang que l'on doit recueillir. On retire le sérum soit à l'aide d’une pipette, soit en le faisant couler par la tubulure latérale, qui est coudée de façon à permettre l’écou- lement du sérum dans les vases récepteurs, à l’abri des germes de l'air (fig. 2). L'appareil peut aussi servir pour la défibrination aseptique du sang. Pour les petites quantités de sang, la défibrinalion s’y pratique par le procédé ordinaire, aussitôt l'écoulement arrêté, au moyen de perles de verre ou d’ébanite. Pour les saignées plus abondantes, et partant, de (4) Leune, fabricant à Paris. 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus longue durée, on y opère le battage dès le début, au moyen d’une baguette de verre. L'appareil est préparé de la facon suivante : l'ouver- ture est fermée par une feuille de papier ou une membrane mince de caoutchouc que l’on recouvre par le bouchon et on stérilise, Au moment de pratiquer la prise de sang, on relire le bouchon et on perfore la feuille de papier avec une baguette de verre stérilisée, laquelle porte fixée à son extrémité supérieure une feuille de papier ou de caoutchouc destinée à envelopper le haut de l'appareil, ainsi qne le montre la figure 3. Pour obtenir du plasma par centrifugation, on fait couler le sang défibriné, ou rendu incoagulable par tout autre’moyen, dans les tubes stérilisés de la Frc. 4” nes 2 turbine. Les ouvertures de ces tubes sont bouchées par une double couver- ture en papier, que l’on soulève d'un côté pour l'introduction du liquide. Après la centrifugation, on décante le plasma sous la protection d'une feuille de papier, pliée en entonnoir, fixée au siphon qui sert à la décantation. Pour introduire celui-ci dans le tube de la centrifuge, on retire la première feuille qui en couvre la bouche et on perfore la seconde avec le même bout du siphon. Cette extrémité de l'appareil se termine en pointe effilée et recourbée.; vers le haut, pour diminuer l'intensité de l’aspiration et éviter l’entraînement des nes figurés du sang sous-jacents au plasma. L'autre extrémité ui Stars est reliée à une pipette Chamberland. Pour les prises de sang aux petits animaux, on se sert de récipients de 50 centimètres cubes et de 100 c.c. gradués de 25 c.c. en 25 c. c.; les réci- SÉANCE DU 28 AVRIL 401 > —_—_—_—_—_— —_—_——____] —— —_——_————…—…—…"—…"…"…"…"—…—…"…—…"—…"…"…"…—_.————————— pients de 200 à 500 c.c. servent pour les saignées des chiens, chèvres, etc.; et les capacités de 1 litre et plus pour les gros animaux. L'appareil dont il s’agit peut être utilisé comme aspirateur, en le reliant à une poire d'aspiration par la tubulure du bouchon; il peut être employé aussi comme injecteur, au moyen du dispositif suivant : on introduit dans le réci- IE 47 pient un tube coudé à angle droit, dont l’une des extrémités plonge jusqu’au fond, et l’autre pénètre et sort par la tubulure latérale, sur laquelle on la fixe par un tube en caoutchouc. Pour faciliter la jonction, cette extrémité se termine en forme de double olive dans le trait qui dépasse la tubulure. Par l’orifice du bouchon, on exerce une pression sur le liquide à injecter par une double poire. (Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) PROCÉDÉ POUR OBTENIR LE SÉRUM SANGUIN. À propos de la note de M. Stassano, par M. L. Camus. J’emploie habituellement et j'enseigne aux travaux pratiques de physiologie, pour obtenir le sérum, une technique qui joint à sa simpli- cité insirumentale l'avantage de donner dans le minimum de temps le 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rendement maximum. Le sang est recueilli aseptiquement dans les tubes du centrifugeur et soumis à la force centrifuge avant que le caillot se soit formé. En peu de temps tout le sérum est rassemblé à la partie supérieure du tube et le caillot en occupe le fond. Ce caillot est d'aspect couenneux au voisinage du sérum, les globules rouges étant en partie arrivés rapidement au fond du tube. Ce procédé est particulièrement avantageux dans les cas où le caillot se rétracte mal et dans ceux où les globules facilement altérables laissent diffuser l’hémoglobine dans le sérum. Le sérum que l’on obtient ainsi est toujours clair et transpa- rent, si l'animal est à jeun; blanchâtre et légèrement opaque, s’il est en digestion. Le Gérant : G. MAssoN. SR SO ee AR LUE SE Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 5 MAI 1900 M. Josern Nicocas : Toxicité du persulfate de soude ou persodine. — M. Joserx Nicozas : Influence du persulfate de soude ou persodine sur les digestions artifi- cielles. — M. E. Maurez : Influence des saisons sur les dépenses de l'organisme dans les pays tempérés. — M. CLuzert : Contribution à l'étude de la forme et de la signification histologique de la réaction de dégénérescence. — M. Yvox : Glycosi- mètre. — MM. J. Sasrazës et MurarTer (de Bordeaux) : Granulations mobiles dans les globules rouges de certains poissons. — M. A. RicHaup : Sur quelques points relatifs à l'histoire physiologique de l’inuline chez les animaux. — MM. Rocer et Josué : Des modifications histologiques de la moelle osseuse dans l’inanition. — MM. Rocer et Josué : Des modifications chimiques de la moelle osseuse dans l'inanition. — M. Jures Corter : Note sur un microcoque strictement anaérobie trouvé dans les suppurations de l'appareil urinaire. — MM. Brent et Porrter : Recher- ches sur la digestion de l'inuline. — M. Gurart : Nouvelle classification des Opis- thobranches. — M. Gurart : Les centres nerveux viscéraux de l'Aplasie. — MM. Cunéo et GagriEz DELAMARE : Note sur l'histologie des lymphatiques de l’es- tomac. Présidence de M. Troisier, vice-président, puis de M. Bouchard Mort DE M. GRIMAUX, ALLOCUTION DE M. TROISIER. Messieurs, Depuis la dernière séance, la Société de Biologie a eu la douleur de perdre un de ses membres les plus éminents : Édouard Grimaux a suc- combé à la maladie qui Le tenait éloigné de nous depuis plusieurs mois. Il laisse une œuvre considérable et tous ses travaux portent la trace d’une maitrise incontestable. Sa mort est une grande perte pour la science. Mais ce deuil nous frappe plus particulièrement; Grimaux n'avait ici que des amis, et c’est l’homme même que nous regreltons, c’est le collègue à qui nous avons adressé, dans des circonstances inoubliables, un juste témoignage de sympathie. Cette sympathie, je tiens à l'affirmer de nouveau, nous la lui conservons au fond de nos cœurs, avec toute l'admiration que nous avions pour son caractère. C'était un grand savant et un grand honuëte homme. M. Gzey présente, de la part de M. Denis COURTADE, une intéressante monographie intitulée : L'irrilabilité dans la série animale. BioLogie. Comptes RENDUS. — 1900. T. LI], 32 104 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE ———— — — — — — — — — — — — — — —— — 2û—— TOXICITÉ DU PERSULFATE DE SOUDE OU PERSODINE, par M. Josepx NicoLas. (Communication faite dans la séance précédente.) Le persulfate de soude est, au point de vue chimique, un corps extré- mement oxydant, beaucoup plus oxydant que les sels d’arsenic ou de vanadium qui ont donné en thérapeutique des résultats indiscutés, mais dont la toxicité se trouve assez élevée. La persodine, en sa qualité d'oxydant énergique, peut-elle être appelée à rendre aussi quelques services, surtout si sa toxicité est moindre? C’est ce que nous avons cherché à élucider. Les recherches que nous avons entreprises ont été faites avec des échantillons de persulfate de soude, qui nous ont été remis par MM. Lumière, de Lyon. Ce sel a déjà été étudié en Allemagne par Richard Friedländer (1) en 1899. Ses expériences ont porté sur son pouvoir antiseptique ên vitro à l’égard de divers microorganismes, sur sa toxicité chez les animaux (grenouille et cobaye), enfin sur la valeur antiseptique de ses solutions en thérapeutique humaine. Nous avons repris cette étude dans le but d’élucider quelques points encore indéterminés. Dans cette première note, nous exposerons simplement les résultats obtenus en ce qui concerne la toxicité de ce sel administré par diverses voies : intraveineuse, sous-cutanée et gastrique chez le lapin, le cobaye ou le chien. I. Voie intraveineuse. — Exr. I. — Lapin de 2 kil. 500. Solution à 4 p. 100 de persodine acide injectée dans la veine marginale de l'oreille au moyen d’une burette de Mohr et à la vitesse moyenne de 2 centimètres cubes par minute. L'animal meurt en ## minutes après avoir recu 88 centimètres cubes de la solution, soit 3 gr. 52 de persulfate ou 1 gr. 40 par kilogramme. L'injection ayant été suspendue quelques minutes avant la mort, ce chiffre peut être considéré comme un peu faible. La température de 39°1 au début s’est abaissée progressivement à 38 degrés (après 12 minutes), 36°4 (21 minutes) et enfin 34°5 après 36 minutes et peu avant la mort. Exe. I. — Lapin de 2 kil. 340; meurt en 11 minutes après avoir recu 23 cen- timètres cubes de la solution à 4 p. 100 de persulfate, soit 0 gr. 393 par kilogramme. Temp. 38°2 au début, 3804 à la fin. Exp. III. — Lapin de 2 kil. 600; meurt en 12 minutes après avoir reçu dans les mêmes conditions 0 gr. 40 par kilogramme. Temp. 38 degrés — 3707. Exp. IV. — Lapin de 2 kil. 650; meurt en 13 minutes après avoir absorbé 0 gr. 43 par kilogramme de persodine neutre pure. Temp. 3893 — 3702. (1) Richard Friedländer. Therapeutische Monatsefte, février 1899. L9 SÉANCE DU D MAI 405 Exe. V (1). — Chien de 11 kilogrammes; meurt en 1 h. 5’ après avoir recu 4 gramme par kilogramme de persulfate de soude en solution à 4 p. 100. Temp. 38°9 — 37 degrés. Exr. VI (1). — Chien de 11 kilogrammes; meurt en 3 h. 6' après avoir reçu seulement 0 gr. 749 de sel par kilogramme mais par injections espacées. En somme, sauf dans un cas où la toxicité s’est montrée très faible (Exp. I), le persulfate de soude paraît toxique, injecté dans les veines, à la dose de 0 gr. 40 environ par kilogramme chez le lapin, et chez le chien à celle de 0 gr. 75 à 1 gramme. IT. Voie sous-cutanée. — La détermination de la toxicité du sel intro- duit directement dans le tissu cellulaire sous-cutané a été faite sur le cobaye. Quinze cobayes de 520 à 800 grammes ont recu des doses de persul- fate de soude variant de 1 gr. 50 à O0 gr. 05 par kilogramme de poids vif. Tous les animaux ayant recu de 1 gr. 50 jusqu’à 0 gr. 25 par kilo- gramme inclusivement sont morts plus ou moins rapidement dans un temps variant de 1 h. 14, à 130 heures. Tous ceux ayant reçu de 0 gr. 20 à 0 gr. 05 de sel par kilogramme ont survécu, même en répétant ces doses à quelques jours d'intervalle. Ils ont été suivis pendant quatre mois et se sont toujours bien portés. On a constaté chez tous un abaissement de la température qui même chez les animaux qui ont survécu a atteint de 1 degré à 1°9. III. Voie gastrique. — C’est également le cobaye qui a servi à ces recherches : a. Cobaye de 500 grammes. 1 gr. par kil. Mort en # h. 45 3795 au début. 32°2 à la fin. b. Cobaye de 470 grammes. 0 gr. 50 par kil. Mort en 7 h. 10 3701 — 33° — s. Cobaye de 540 grammes. 0 gr. 35 par kil. Mort en 12-24 h. 376 — GOT ALT d. Cobaye de 425 grammes. 0 gr. 25 par kil. Survie 3702 — Abaissement de 43 — La dose toxique par voie gastriqne oscille donc chez le cobaye entre 0 gr. 25 et O gr, 35. Conclusions. — Le persulfate de soude ou persodine paraît avoir une toxicité correspondant aux doses suivantes capables de déterminer la mort : AT ' 0540 ar kilogr. chez le lapin. a. Voie intraveineuse. : P 6 P 0 75 à 1 gr. — chez le chien. b. Voie sous-cutanée. 0 25 ni chez le cobaye. c. Voie gastrique. , . 0 35 — chez le cobaye. (4) Ces chiens ont servi à prendre des graphiques que nous étudierons ultérieurement. 406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette toxicité relativement faible laisse entrevoir la possibilité d'uti- liser ce sel en thérapeutique au même titre que les autres agents chi- miques oxydants si ses autres propriétés pharmacodynamiques le per- mettent. Signalons dès maintenant une action hypothermisante manifeste, pou- vant déterminer jusqu'à 4°,3 d'abaissement avec survie de l'animal dans un cas d'introduction par voie gastrique, INFLUENCE DU PERSULFATE DE SOUDE OU PERSODINE SUR LES DIGESTIONS ARTIFICIELLES, par M. Josepx NicoLas. (Communication faite dans la séance précédente.) I. Digestion diastasique. — Nous avons constamment employé des doses très faibles de diastase et les digestions ont été opérées à la tem- pérature de 40 degrés. Nous avons étudié comparativement l'action du persulfate de soude neutre et du persulfate acide, d’abord parce que leur action peut ne pas être identique et aussi parce que le persulfate neutre peut se décomposer partiellement à 40 degrés, ce que fait moins le persulfate acide. La solution de diastase employée était une solution aqueuse, préparée à froid, filtrée, el au titre de 0 gr. 05 pour 20 centimètres cubes d’eau. L’empois d’amidon préparé au bain-marie était titré à 5 p. 100. Nous avons fait deux séries parallèles de digestions. Dans la première, la persodine était ajoutée d’abord à la solution diastasique, puis mise en contact avec l’empois d'amidon; dans la seconde, le persulfate était ajouté d’abord à l'empois, et c’est dans ce mélange qu'on versail la solution de diastase. Des ballons recevant la même quantité d'empois et de solution diasta- sique que les précédents mais sans persulfate servaient de témoins. Le dosage du glucose présentait quelque difficulté, par ce fait que le persulfate réduit partiellement la liqueur de Fehling. Nous l'avons tournée en ramenant avant l'analyse le persulfate à l'état de sulfate, qui lui ne réduit pas la liqueur cupro-potassique. Voici comment nous avons opéré : À chaque ballon, on ajoute une Chante de sulfite de soude (0 gr. 50 pour 1 gramme de persulfate) suffisante pour que, à l’ébullition et en présence de la soude caustique, tout le persulfate soit ramené à l’état de sulfate. S'il y a du sulfite en excès, c’est sans inconvénient, car ce sel ne réduit pas la liqueur de Febhling. L’ébullition arrêtant en même temps la saccharification, les dosages peuvent être effectués à volonté. La diastase réduit aussi la liqueur de Fehling, mais comme ses quan- - SÉANCE DU D MAI 2407 tités sont très faibles dans le cas particulier et ne peuvent déterminer qu'une réduction à peine appréciable, nous n’avons pas tenu compte de ce facteur. Les résultats obtenus ont été les suivants : À. — Persulfate ajouté à la diastase. D'EMPOIS SOL. DIASTASE DE GLUCOSE ARÉEMOI. 2-40 30 c.c. + 20c.c. + 10 c.c. d’eau — 05980 2HHÉROIN Le. .) : — E — — (1) 710) 3 persulf. acide. . — + — +005 dans 40 c.c. — 0 710 4 _— = + — +010 — — 0 700 5 _ —— + — + 0 50 — — 0 450 6 persulf. neutre... — + — + 0 05 — — 0 780 % = = MAT SO MO 2 = 0 715 8 = _ Ne NN 0150 = — 0 462 B — Persulfate ajouté à l'empois. iféémoinsks:0% :0140;c. 0; + 20 c.c. + 10 c.c. d’eau — 08978 2 persulf. acide. . — + — _—+ 0 05 dans 10 c.c. — 0 800 3 — — _ — +010 — 10120 4 — — + — + 0 50 — — 0 460 3 2, E nes Re ces Le — 0 240 6 _ — — — + 5 — — 0 080 7 persulf. neutre... — +- —— + 0 05 — — 0 820 8 = =. SE OO — 0 760 9 = = se NAME D) 50 _ — 0 500 10 = = se PPT EE à 2 — 0 230 On voit par cé qui précède que, aux titres de 1/1200 et même de 1/600 le persulfate diminue l’activité digestive de la diastase, mais d'une ma- nière peu intense; au contraire à 1/120 l’activité digestive est très affaiblie, plus encore à 1/60. Enfin à 1/6, elle est à peu près abolie. Il. Digestion pancréatique. — En nous plaçant dans les mêmes condi- tions que pour les digestions diastasiques, nous avons obtenu des ré- sultats analogues. IT. Digestion peplique. — Nous avons étudié les effets de la perso- dine sur la digestion peptique en procédant de la façon suivante : à 50 centimètres cubes d’un liquide acidulé à 2/500 avec de l'acide chlorhydrique, nous avons ajouté 0 gr. 10 de pepsine et 2 grammes de poudre de viande Rousseau. Un ballon servait de témoin, les autres recevant des quantités de persulfate variant de 0 gr. 05 à 5 grammes. Les digestions étaient faites à l’étuve pendant 24 heures à 40 degrés. L'activité digestive devait être mesurée par le poids de la peptone formée dans chaque ballon, Mais la précipitation des peptones ne pou- vait être faite comme dans le procédé classique par l'addition d'alcool, car ce dernier précipite également le persulfate de ses solutions 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aqueuses. Aussi nous sommes-nous adressé au tannin qui précipite les peptones en présence d’un acide, et reste sans influence sur le persul- fate. On ajoute à chaque ballon une quantité suffisante de solution con- centrée de tanin pour obtenir une précipitation complète, on filtre sur un filtre taré, on lave à l'alcool pour enlever le tanin entraîné; puis le filtre est séché à l’étuve à huile et enfin pesé. La différence de poids du filtre avant et après ces opérations donne le poids des peptones formées. 4 ballon témoin — 08560 de peptone. 2 — contenant 005 de persulfate neutre — 0 510 = 3 — — 0 10 — — 0 465 — 4 — —— 0 50 — — 1101825 = D. — = Il — 4 (0) EN) = 6 — — 2 — — 0101090 — 1 — H) — — Miraces == Conclusions. — Le persulfate de soude à très faibles doses n’entrave que faiblement les digestions artificielles. Aux doses un peu élevées, il | les gêne de plus en plus, et les quantités de glucose ou de pepitse formées sont très diminuées. INFLUENCE DES SAISONS SUR LES DÉPENSES DE L'ORGANISME DANS LES PAYS TEMPÉRÉS (1), par M. le D' E. Maurez. (Communication faite dans la séance précédente.) De même que je l’avais fait pour le cobaye (2), j'ai tenu à répéter les expériences que j'ai déjà publiées sur le hérisson (3). Ges expériences ont porté sur deux de ces animaux, l’un de 600 gram- mes environ, et l’autre de 250 grammes seulement (4). Troisième expérience sur le hérisson. — Cette expérience s'étend du 4° juin au 20 septembre 1899. L'animal, qui pesait seulement 615 gram- mes au début, était arrivé à 728 grammes quand l'expérience a élé sus- pendue. (4) Quatrième et dernière série d'expériences sur les animaux à tempéra- ture constante (Expériences faites sur le hérisson). (2) Société de biologie, 25 février et 23 décembre 1899. (3) Sociélé de biologie, 25 mars 1899. (4) Les conditions de ces expériences ont été les mêmes que celles des expériences publiées le 25 mars 1899. Il est donc inutile de les reproduire. SÉANCE DU D MAI ni à Cette expérience est résumée dans le tableau suivant : 409 ANNÉES TEMPÉRATURE POIDS MOYENS DÉPENSES QUOTIDIENNES Re mois, décades. moyenne. en viande. en calories par kil. de poids. CR. OS me, mm CT Décades. Mois. Décades. Mois. Décades. Mois. Décades. Mois. que 22,9 610 60 108 1899. Juin; à 2e 21,6 21,6 621 617 56 55 1923 116 Ù 3e 20.2 | 620 50 117 {re A 650 50 90 ) — Juill. à 2e DE NO BTS 643 654 50 49 4116 96 3e 931 À 619 46 si ) à 2 1(ite SENTE 668 vi. 50 à 109 — Sept. 38 20,7 20,1 128 128 10 10 105 105 Quatrième expérience. — Cette quatrième expérience commencée le 11 juillet n’a été prolongée que jusqu'au 14 septembre. Le poids de l’animal, qui était de 245 grammes au début, était arrivé à 316 grammes à la fin. Les détails de cette expérience sont contenus dans le tableau sui- vant : ANNÉES TEMPÉRATURE POIDS MOYENS DÉPENSES QUOTIDIENNES TE mois, décades. moyenne. en viande. en calories par kil. de poids. a Te Le Re. CS RS CR. OS Décades. Mois. Décades. Mois. Décades. Mois. Décades. Mois. : 2e 22,4 245 va 40 218 nee 1899. Juill. æ 24 | 23,7 Hu KE Fe ‘ LAS Si 9 Are 25,6 S 282 ÉPNREE 200 moi ou À 25 300} 291 18 SES 209 À 204 — Sept. 1" 23,8 23,8 315 319 50 50 215 215 Outre l'influence des saisons nous allons retrouver ici l'influence con- sidérable qu'exerce le rapport du poids à la surface, sur les dépenses de l'organisme. Pour des températures peu différentes, mais pour des volu- mes variant environ de 600 grammes à 300 grammes, les dépenses ont été doublées pour ces derniers. Après avoir résumé ces expériences, et pour terminer cette longue série de recherches sur l'influence des saisons sur les dépenses de l’or- ganisme, je demande à comparer dans le tableau suivant les dépenses en calories faites par des cobayes et des hérissons sensiblement de même poids et placés dans les mêmes températures ambiantes. 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Comparaison des dépenses du cobaye et du hérisson de même poids et aux mêmes températures. NOMBRE DE CALORIES POIDS: TT RS ESPÈCES TEMP. MOYEN ANIMALES DU MOIS. du mois. de chaque DE L'EXPÉRIENCE EXPÉRIENCE COBAYES HÉRISSONS De 16 à 17 degrés. 16,7 |715 714 TT CAE octobre. 1508 00 avril. 1899) Ve : I | COBAYE . ; Hénisson (1828 |) mai. NES Ana ÉRISSON .5 4899 loctobre.| IL | 16,6 |683 QUE De 20 à 22 degrés. ) 1898| juin. I 20,5 16841... CO 11800 juin. | Il | 21,6 or 705 Hérisson .|1898| juin. I 2025 MS TEE) De 25 à 26 degrés. 1898 MNT) Dr CoBAYE . J1s00 : | nn 252 [8130770 (1898 bn. 858 | tin 1899 Mr |" 25,7 630 SIÉRESON : 1899 on 678 725 Comme on le voit, ces nouvelles expériences sont toul à fait confir- matives des précédentes, et par conséquent elles me semblent ne laisser désormais aucun doute sur les points suivants : À. — Relativement à l'influence des saisons sur les dépenses de l’or- ganisme : 1° Que les variations de température dues aux saisons exercent une grande influence sur les dépenses de l'organisme, puisque sous cette influence les dépenses peuvent être doublées; 2° Que l'organisme est même très sensible à ces variations de tem- pérature, puisqu'il suffit d’une différence de quelques degrés dans les températures mensuelles moyennes pour faire varier ces dépenses; 3° Que par conséquent il est impossible désormais de ne pas en tenir compte au point de vue de la fixation de la ration d'entretien. SÉANCE DU D MAI AAA B. — Relativement à l'influence du volume : 4° Ces expériences confirment d'une manière pratique celles faites par la calorimétrie directe qui ont établi que, toutes conditions égales d'ailleurs et pour la même espèce animale, ce sont les animaux les plus petits dont les dépenses sont les plus élevées. Ces dépenses sont proportionnelles sensiblement à leur surface. 20 L'organisme esttrès sensible à cette influence, puisque, aux mêmes températures, elle peul doubler ces dépenses. C'est ce que l’on a pu voir dans ces dernières expériences sur le hérisson, comme on l'avait déjà vu pour le cobaye (1). C. — Enfin relativement au genre d'alimentation : 1° Quel que soit le genre d’alimentation, que celle-ci soit exclusive- ment animale comme pour le hérisson, ou bien exclusivement végétale comme pour le cobaye, la quantité d'aliments nécessaires à leur entre- tien dépend du nombre de calories que donnent ces aliments. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FORME ET DE LA SIGNIFICATION HISTOLOGIQUE DE LA RÉACTION DE DÉGÉNÉRESCENCE, par M. J. CLuzer. La DR décrite par Erb a fait depuis l’objet de nombreuses recherches donnant des résultats contradictoires et l’inversion de la formule notamment a perdu beaucoup de la valeur que lui donnait cet auteur: aussi il semble utile de faire encore de nouvelles recherches en enregis- trant les contractions par la méthode graphique et en notant avec soin la grandeur de l’excitalion galvanique faisant apparaître chaque secousse, cette dernière précaution résultant de ce fait que ce n’est pas la grandeur relative des quatre secousses (NFe, PFe, PO, NO) qui peut être caractéristique mais bien leur ordre d'apparition. De plus, on ne sait pas quelle est exactement en clinique la signification histologique des diverses périodes que présente la DR des muscles; or, c’est là un point capital pour l’électrodiagnostic. La marche à suivre qui me paraît la plus commode pour chercher à élucider ces queslions consistera à examiner électriquement et dans les mêmes condilions qu'en clinique des animaux chez lesquels on aura produit au préalable des névrites ou des lésions médullaires entraînant la dégénérescence des muscles, puis à rechercher aux diverses phases de la dégénérescence quelles sont les modifications histologiques et électri- ques correspondantes. (1) Société de biologie, 23 décembre 1899. 412 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici le résultat des premières recherches que nous avons tentées. Première experience. —- Le 1°' février 1900, section du nerf sciatique poplité externe gauche sur un chien qui fut sacrifié le 5 avril suivant, c’est-à-dire environ deux mois après la section. Dans cet intervalle de temps les examens électriques du jambier antérieur énervé sont faits tous les jours au début, puis tous les deux jours; l'animal étant convenablement fixé on enregistrait au moyen d’un tambour de Marey, soit les mouvements d'extension du pied, soit l'augmentation de volume du jambier se produisant à chaque contraction de celui-ci. L’électrode indiffé- rente (plaque de 6 centimètres sur 4) était placée sous le ventre, l’électrode active (tampon en olive) était placée au point d'élection du jambier. Les cou- rants faradique et galvanique étaient obtenus avec l'installation que j'ai décrite dans ma note du 31 mars dernier; pour compléter cette description j'ajouterai que je me servais d'un galvanomètre Deprez-d’Arsonval et d’une clef de Courtade. ï Les tracés obtenus montrent qne l'excitabilité faradique du muscle décroit à partir de deux ou trois jours après la section du nerf pour disparaître com- plètement environ quarante jours après. Au galvanique on constate pendant le premier mois de l’hyperexcitabilité sans inversion bien nette de la formule; la seule anomalie qualitative constante est l’apparition de la contraction galva- notonique à des intensités faibles (1 milliampère); c’est là peut-être le phéno- mène qui, en clinique, produit la lenteur de la contraction. Pendant le deuxième mois l'inexcitabilité faradique est complète et au galvanique on constate une diminution de l’excitabilité avec disparition des contractions gal- vanotoniques prématurées; vers la fin du deuxième mois l’inversion de la formule est constante et très nette surtout aux ouvertures (à 1 milliamp. 2 la NO est déjà très forte et la PO n’a pas encore paru). C'est à cette dernière période (le 5 avril) que l’animal est sacrifié par piqûre du bulbe ; un examen électrique est aussitôt pratiqué en attachant le tendon du jambier au myographe; les tracés obtenus ainsi sont identiques à ceux obtenus avant la mort par le procédé clinique décrit plus haut. Des fragments musculaires ont été prélevés à ce moment en différents points du jambier et fixés par la liqueur de Flemming; après inclusion dans la paraffine des coupes ont élé pratiquées et colorées à la safranine. L'examen histolo- gique (1) montre une augmentation du tissu conjonctif et du tissu graisseux interstitiel, les fibres musculaires ont conservé pour la plupart leur volume normal; quelques-unes cependant semblent légèrement diminuées dans leur diamètre transversal et en certains endroits des cellules rondes environnent ces fibres musculaires en voie de régression, jouant peut-être un rôle phago- cytaire vis-à-vis de celles-ci. Ce qui attire surtout l'attention, c'est l’'augmenta- tion considérable du nombre des noyaux du sarcoplasma. Pas la moindre trace de dégénérescence granuleuse, cireuse ou graisseuse de la substance muscu- laire dont la striation longitudinale et transversale est d’ailleurs conservée. Deuxième expérience. — Nerf sciatique droit sectionné le 8 mars dernier sur la patte saine du chien qui servait déjà de sujet à la première expérience et qui fut. (1) Les examens histologiques ont été faits par M. le professeur agrégé Rispal. SÉANCE DU D MAI A3 sacrifié, comme on l'a déjà vu, le à avril suivant. Ici encore les tracés, obtenus dans les mêmes conditions que précédemment, montrent que l’excitabilité faradique du jambier antérieur décroit constamment pendant cette période d’un mois environ; au galvanique on voit encore la contraction galvanotonique prématurée sans inversion bien nette de la formule. Immédiatement après la mort je procède à un examen électrique en reliant directement, comme pour l’autre patte, le tendon du jambier au myographe; les tracés obtenus ainsi montrent que la bobine iuduite à fil moyen doit être approchée à 10 centimètres (au lieu de 16 pour un muscle normal) pour pro- voquer les première secousses; il y avait donc bien diminution d’excitabilité faradique; avec le galvanique il n’y a pas inversion de la formule et la con- traction galvanotonique est très prématurée. L'examen histologique montra dans ce cas les mêmes modifications que dans l'autre patte, quoique bien moins avancées, en particulier la destruction des fibres musculaires constatée à gauche n'avait pas encore commencé 11. — En résumé, à la fin de la première expérience, deux mois après la section du nerf, on a à l'examen électrique l'inexcitabilité faradique et l’inversion de la formule au galvanique; on a au même moment à l'examen histologique augmentation du tissu interstitiel, prolifération des noyaux du sarcoplasma et la présence de fibres musculaires en voie de destruction; à la fin de la deuxième expérience, un mois après la section du nerf, on a à l'examen électrique diminution de l’excitabilité faradique et contraction galvanotonique prématurée correspondant à une augmentation du tissu interstitiel et à la prolifération des noyaux du sarcoplasma. (Travail du Laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) GLYCOSIMÈTRE, par M. Yvon. Le diabétomètre à pénombres que j’ai fait construire en 1880 pré- sente encore, malgré les perfectionnements dont il a été l’objet, quelques inconvénients et entre autres celui d'exiger l'emploi de la lumière monochromatique produite par la volatilisation du chlorure de sodium dans un brûleur spécial. Je viens, avec le concours de M. Pellin, de modifier la partie optique de l'instrument primitif, dont la forme extérieure a été conservée. Le nouvel appareil, auquel nous avons donné le nom de glycosimètre, ne nécessite plus l'emploi d'une lumière monochromatique ; on peut indif- féremment se servir de toutes les sources de lumière blanche, pétrole, A4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gaz, bec Auer, etc. Il se compose d’un polariseur P, d'un analyseur À, et d'un support S, destiné à recevoir le tube contenant le liquide sucré. Le polariseur est constilué par un nicol et une lame demi-onde qui occupe une des moitiés du champ. Les rayons lumineux émis par la source, sont concentrés par une lentille L, qui donne une image de cette source sur une lame de bichromate de potasse, placée elle-même au foyer d’une petite lentille. Cette dernière fournit un faisceau de rayons parallèles qui traversent le nicol et la lame demi-onde qui occupe la moitié du champ. Après son passage à travers le liquide contenu dans le tube, le faisceau lumineux traverse un compensateur C, à lames prismatiques en quartz, et est analysé par un nicol contenu dans la lunette d’observa- tion O. Une des lames prismatiques de quartz est mobile et rendue solidaire du tambour T, au moyen d’une crémaillère et d’un pignon. Ce tambour porte deux graduations donnant en grammes la quantité de matière sucrée contenue dans un litre de liquide. L’une de ces gradua- tions se rapporte au sucre diabétique, l'autre au sucre cristallisable. Le glycosimètre permet d'observer directement des solutions renfermant soit 170 grammes de sucre diabétique par litre, soit 123 grammes de sucre cristallisable. On peut également évaluer le sucre de lait en se servant de l’une ou de l’autre graduation; mais dans ce cas il faut multiplier chaque divi- sion de l'échelle diabétique par le coefficient 0,1824, et chaque division de l’échelle du sucre eristallisable par 0,252. Réglage. — Le réglage de l'instrument est très simple. Le nicol ana- lyseur est fixe dans la lunette d'observation; le nicol polariseur est mobile dans sa monture ; le mouvement est limité par une goupille g; on peut, en le déplaçant, douner plus ou moins de lumière selon que le liquide est plus ou moins coloré. Avec la lunette O on vise et on met au point le champ formé par le disque dont la lame demi-onde occupe une des moitiés, on cherche l'égalité de pénombres en faisant mouvoir le bouton T du compensa- teur, et lorsque cette égalilé est obtenue, on amène, au moyen du bouton B, l'index mobile en coïncidence avec les zéros des deux gra- duations. 708 SÉANCE DU 5 MAI A5 GRANULATIONS MOBILES DANS LES GLOBULES ROUGES DE CERTAINS POISSONS, par MM. J. SaBrazës ET L. MuRATET (de Bordeaux). Torpille {Zorpedo oculata) (Bélon) Raja Torpedo (Linné). — Le 29 avril 1900, nous avons examiné à la station zoologique d'Arcachon une torpille adulte, de petites dimensions mais très vivace. A l’état frais, les globules rouges sont régulièrement ovales, centrés par le noyau. Ces globules sont inégaux. Les plus gros, colorés en vert par l'hémoglobine, mesurent 18 4 sur 29 y. Les plus petits, légèrement verdâtres ou presque incolores, 12 y sur 15 w. Tous ces globules rouges, sans exception, con- tiennent des granulations en nombre variable, mais généralement très élevé (quarante et plus dans le protoplasma d'une seule hématie). Les globules rouges ne contenant que quelques granulations, trois, quatre, cinq, sont rares. Ces granulations, animées d’un mouvement brownien, sont d’autant plus apparentes que le sang est plus frais. Elles ne se différencient pas, dans ces conditions d'examen, de celles que nous avons décrites dans les hématies de l'hippocampe : même aspect micros- copique, inégalité de volume, coloration rouge feu due à un phénomène d'optique quand on fait varier la vis micrométrique, dimensions variables 0u60, 0u90, exceptionnellement 1474, forme sphérulaire, disposition parfois couplée, allongée ou étranglée. Quand on mélange une goutte de sang frais à une goutte de neutral- roth dissout dans la solution physiologique de chlorure de sodium, les granulations endoglobulaires se colorent en brun rouille clair qui tranche sur la coloration verte du protoplasma des hématies. Terre adulte (Aaia pastinaca).— À la mème date nous avons examiné à la station zoologique d'Arcachon un de ces poissons de forte taille, extrêmement vivace. Les globules rouges sont ovalaires, mesurent en moyenne 14 4 sur 21 y; il en est de plus petits (10444 sur 12 w). Parmi ces hématies beaucoup ne contiennent pas de granulations, quelques unes en renferment, mais en petit nombre (une à quinze). Ces granu- lations mobiles ont les mêmes attributs que celles des hématies de l’hip- pocampe et de la torpille. Aiguille adulte (Syngnathus typhle). — Les globules rouges de ce poisson (aquarium d'Arcachon, Le 29 avril 1900) sont petits, ronds, à noyau peu apparent, colorés en vert par l'hémoglobine; ils mesurent 12 & de diamètre et ne contiennent pas de granulations. Lamproie (Petromizon marinus) (animal adulte pris dans la Garonne, 31 avril 1900). — Les globules rouges sont ronds, bien colorés en vert par l’'hémoglobine, inégaux (12 y à 14 4 de diamètre). Le noyau devient excentrique, marginal dans les préparations encellulées, et on trouve même de rares hématies ne contenant pas de noyau. Les granulations 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mobiles, peu nombreuses, ne s'observent que dans un petit nombre de globules rouges (1). Feinte adulte (A/osa finta) (animal pris dans la Garonne, avril 4900). — Les hématies montrant des granulalions sont peu nombreuses. Anguille adulte {Anguilla vulgaris) (animaux pris dans la Garonne, avril 1900). — Quelles que soient les conditions dans lesquelles on les examine (vivaces, malades par suite de l'insuffisance d'air et d’eau, mortes), les anguilles ont des hématies dépourvues de granulations mobiles. SUR QUELQUES POINTS RELATIFS A L'HISTOIRE PHYSIOLOGIQUE DE L'INULINE CHEZ LES ANIMAUX, par M. A. Ricuaup. L'inuline est une matière de réserve qui se rencontre, non pas seule- ment chez les synanthérées, comme on l’a cru pendant longtemps, mais encore dans beaucoup d’autres familles végétales. Cet hydrate de carbone diffère essentiellement de l’amidon par ce fait que, sous l'influence des agents d’ hydratation il donne du lévulose au lieu de glucose. L'inuline, comme l’amidon, n’est pas directement assimilable par les végétaux, et Green, en 1888, a découvert dans les topinambours en germination la diastase hydrolysante de cet hydrate de carbone. Il à donné à cette diastase le nom d'inulase. M. Bourquelot, un peu plus tard, a montré que l’inulase faisait partie du mélange diastasique com- plexe sécrété par l’aspergillus niger. Il était intéressant de rechercher si l'inuline, qui peut également servir d’aliment hydrocarboné à l’homme ou aux animaux est utilisée par eux en vertu d’un processus physiologique eau à celui que les végé- taux mettent en œuvre. La destinée de l'inuline dans l’organisme animal soulevait en outre plusieurs problèmes d'ordre plus général, notamment celui de savoir dans quelle mesure la nature chimique du glycogène du foie est liée à la nature de l'aliment. | J'ai entrepris sur ces différents points tout un ensemble de recherches dans le détail desquelles je ne peux pas entrer ici, mais dont je désire toutefois faire connaître les grandes lignes et indiquer les conclusions. À l’époque où j'ai commencé ces recherches, l’histoire de l'inulase proprement dite n’était pas encore complète; j'ai donc tout d’abord (1) Giglio-Tos a signalé avant nous l'existence de granulations mobiles dans les hématies de la lamproie. SÉANCE DU D MAI 417 repris l'étude systématique de ce ferment et montré qu’on avait bien à faire à une diastase vraiment spécifique. L’inuline étant en somme un hydrate de carbone soluble et dialy- sable, rien n’empêchait, à priori, d'admettre qu'elle pût être direc- tement assimilable par l'organisme. Or, lorsqu'on injecte de l'inuline dans le sang, on en retrouve la plus grande partie, inaltérée, dans les urines. L'inuline n’est donc pas directement assimilable et elle doit subir dans l'appareil digestif un dédoublement analogue à celui qu’elle subit dans la plante qui germe. Quel est l’agent de ce dédoublement? Cet agent n’est pas une diastase, car on ne rencontre à aucun moment, dans une partie quelconque du tube digestif, de ferment capable de saccharifier l’inuline. On devait se demander si, à l'exemple de certains organismes infé- rieurs, les animaux étaient capables, sous l'influence de l'aliment, de modifier essentiellement la nature de leurs sécrétions diastasiques. Or, même chez des animaux soumis pendant un temps relativement long à un régime hydrocarboné à base d’inuline, on ne retrouve pas davan- tage d'inulase dans l'appareil digestif. D'autre part, l'étude de l’action d’un certain nombre d'acides étendus, minéraux ou organiques, sur l’inuline montre que cet hydrate de car- bone est saccharifié avec la plus grande facilité par ces acides et cela, dans des conditions de dilution et de température aussi voisines que possible de celles qui se trouvent réalisées dans l'organisme. C’est ainsi que, à la température de 36 degrés, l'acide chlorhydrique à 0,10 p. 100 saccharifie en vingt-quatre heures jusqu'à 86 p. 100 de l’inuline mise en expérience. Le suc gastrique lui-même saccharifie d'ailleurs très facilement l’inuline. C’est donc le suc gastrique qui, chez les animaux, est l’agent normal de la digestion de l’inuline. D’autres expériences, notamment l'analyse du contenu gastrique après un repas inulacé, plaident encore en faveur de cette conclusion. J’ajouterai que le régime inulacé ne parait pas amener chez les animaux de variations qualitatives ou quantatives sensibles soit dans le sucre du sang, soit dans le glycogène du foie. Le glycogène extrait du foie d’enimaux soumis pendant plus d’un mois à un régime exclu- sivement inulacé donne par hydrolyse un glucose dextrogyre, abso- lument comme si ces animaux avaient été laissés à un régime herbacé ou amylacé. DES MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DE LA MOELLE OSSEUSE DANS L'INANITION. par MM. Rocer et Josué. L'inanition détermine dans la moelle des os des modifications pro- fondes, dont quelques-unes ont été signalées par Bizzozzero et Torre, 418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Goyer, Neumann, Soltz. Ces auteurs décrivent l'élat Iymphoïde du tissu, la dégénérescence muqueuse des cellules et des vaisseaux, la dispari- tion de la graisse. Reprenant cette étude, nous avons soumis des lapins adultes, pesant plus de 2.000 grammes, à un jeûne absolu, qui a duré de cinq à sept jours. Au bout de ce temps, certains animaux ont été sacrifiés et leur moelle osseuse a été examinée au double point de vue des modifications histologiques et chimiques qu’elle avait pu subir. Les autres ont reçu de nouveau dela nourriture et n’ont été tués que de sept à {rente-cinq jours après la reprise de l'alimentation. Si on examine la moelle osseuse d'animaux sacrifiés en plein jeûne, on constate immédiatement que les cellules médullaires ont abondam- ment proliféré. La plupart sont groupées sous forme de boyaux séparés par des capillaires pleins de sang. Quelques-unes sont plon- gées dans une substance amorphe beaucoup plus abondante que nor- malement. Les cellules géantes sont nombreuses, pourvues, pour la plupart, d’un noyau contourné. Les fibrilles sont très élargies, comme œdémateuses. Les espaces vides, qui représentent, dans les moelles normales, les cellules graisseuses dont la graisse a été enlevée par les réactifs, sont comblés par une substance qui se colore en rose sous l’in- fluence de l’éosine et contient un noyau pâle. | À un fort grossissement, on voit que la graisse est remplacée par une substance grenue, probablement une matière albuminoïde, ne présentant pas les réactions de la mucine. Cette masse est parcourue par une sorte de fin réseau qui va s’insérer sur les parois de l’aréole graisseuse. Le noyau, qui à l’état normal occupe la périphérie de la vésicule à la sur- face de laquelle il est appliqué, formant une mince tache, presque linéaire, entourée d’une lunule de protoplasma, est devenu central. En même temps son aspect s’est modifié : il est volumineux, comme gonflé de suc, parsemé de quelques grains chromatiques qui prennent forte- ment les colorants nucléaires; sa forme est ovalaire, avec un contour net; il présente parfois une petite encoche sur un de ses bords. Dans quelques cellules, persiste encore une goutte de graisse au milieu de la masse grenue ; dans ce cas, le noyau est moins gonflé, plus allongé, il n'est pas au centre de l'élément. On trouve donc des intermédiaires entre les cellules graisseuses normales et celles qui sont modifiées par l’inanition. Par endroits, on voit, appliquées sur les travées, des cellules conjonctives fusiformes, plus volumineuses, et à noyau plus net que nor- malement. Les fibrilles de la moelle osseuse sont épaissies, gonflées, œdé- mateuses, plongées au milieu de vraies traînées de substance amorphe. Les cellules géantes sont nombreuses; quelques-unes sont remar- quables par une sorte de fente qui sépare le protoplasma du noyau; d’autres, surtout les plus petites, présentent, mais à un faible degré, une diffusion de la nucléine. SÉANCE DU D MAI 419 Sur des préparations colorées au triacide d’Ehrlich, on voit que les myélocytes à granulations neutrophiles prédominent, ils sont très volumineux. Il existe un grand nombre de leucocytes polynucléaires. Les cellules à grains éosinophiles sont, par contre, assez rares. Les cellules de la moelle osseuse ne semblent pas allérées : dans certains éléments le noyau en karyokinèse témoigne de l’active proli- fération du tissu. On trouve enfin des amas de pigment ocre assez abondants. Pour saisir comment disparaissent les profondes modifications que l'inanition a provoquées et comment se fait le retour à l’état normal, il faut soumettre des animaux au jeûne, puis les remettre au régime ordinaire pendant un temps plus ou moins long avant de les sacrifier. On constate ainsi que les cellules graisseuses et conjonctives et Les fibrilles, après être repassées par la série des transformations que nous avons décrites, sont les premières à reprendre leur aspect primitif. Par contre, la prolifération cellulaire persiste; mais, ce qui est curieux, c’est qu'elle ne porte pas sur les mêmes variétés que pendant l’inanition. Si les myélocytes neutrophiles sont encore nombreux, les éosinophiles sont bien moins abondants. Enfin on trouve un très grand nombre de globules rouges nucléés contenant un ou deux noyaux. Ces éléments hémoglobinifères forment de véritables amas qui donnent aux coupes un cachet très spécial. Ajoutons qu'on constate de fort belles cellules géantes, très volumineuses et très nombreuses. On trouve aussi par places des éléments dont le noyau est fragmenté en une fine poussière chromatique. À un stade plus avancé, toute prolifération disparait et le tissu reprend son aspect normal. Il est impossible de fixer le temps nécessaire à ces transformations : le plus souvent il n'y à plus trace de modification vingt-quatre jours après la reprise de l'alimentation, dans un cas cependant, trente-cinq jours n'avaient pas suffi à la moelle osseuse pour récupérer son inté- grité. En général la moelle semble normale chez les animaux qui sont revenus à leurs poids primitif ou l'ont dépassé ; cette règle est d’ailleurs loin d’être absolue. DES MODIFICATIONS CHIMIQUES DE LA MOELLE OSSEUSE DANS L'INANITION, par MM. Rocer et Josué. L'étude des modifications que subit la structure de la moelle des os sous l'influence de l’inanition doit être complétée par l'analyse chi- mique. Nous avons dosé l’eau, la graisse, les albumines solubles dans l'eau salée, les matières insolubles qui restent après épuisement du Biococie. ComprEes RENDUS. — 1900. T. LII. 33 420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tissu par l'eau salée et l’éther. Nous avons constaté ainsi que l'eau augmente dans des proportions considérables. Tandis que chez un lapin normal de 2,300 grammes elle oscille autour de 32 p. 100, chez les ani- maux inanitiés elle peut dépasser 80 p. 100; chez un lapin pesant 2.830 grammes, elle atteignait, après sept jours de jeûne, 86,63 p. 100. En même temps la graisse se résorbe. De 50 p. 100, elle tombe parfois au-dessous de 1 p.100. Les albumines solubles montent de 0,77 à 3 ou 4, les matières insolubles de 2,7 à 3,5 ou 4. Le tableau suivant qui résume quelques-unes de nos analyses rendra compte des profondes modifications qui surviennent sous l'influence du jeûne. Animaux soumis au jeûne et sacrifiés pendant l’inanition. Durée duijetner/% 290072 Lapin normal. 3 jours. 5 jours. 71 jours. 1 jours. Poids des animaux avant Kexperience MEME 2900 1815 2210 2830 2200 Poids après le jeûne. . . . . » 1470 1645 2135 1550 Analyse chimique. JEUNE NUE Rs EE As 31,9 85,54 15 16 82,24 GLASS ER ANRT Re A 50,76 0,80 8,26 4,02 3,44 ADS SOIR DIE NME SR Ur 0,77 4,06 4,32 3,56 329 Matières insolubles . . . . . 2,76 1 4,91 6e U) . 8,48 TOME 86.19 95,37 95,59 94,60 99,39 Chez les animaux qui ont repris l'alimentation nous avons constaté un parallélisme remarquable entre la structure histologique et la com- position chimique du tissu. C’est dire que nous trouvons les mêmes irrégularités et les mêmes variations individuelles. Cependant, même quand la moelle semble revenue à l’état de repos et quand elle contient des quantités à peu près normales de graisse et d'eau, la proportion d’albumine et de substances insolubles reste assez élevée. Ces faits semblent indiquer que la moelle osseuse, qui a subi de si profondes modifications sous l'influence du jeûne, ne revient pas à son état primitif, même après une période prolongée d'alimentation. Une modification s’est produite dans la nutrition intime des tissus, et cette modification, l’analyse chimique nous permet de la saisir. (Voir tableau ci-contre.) Les changements survenus dans la nutrition de la moelle osseuse pendant l’inanition sont encore plus profonds qu’on ne l'aurait cru au premier abord. Chez un animal soumis au jeûne, chez lequel on s’atten- drait à trouver une insuffisance fonctionnelle des organes et des tissus, la moelle osseuse présente des indices certains de suractivité. Les cel- lules prolifèrent, et, pour leur édification, d’abondants matériaux sont nécessaires, de l’eau et des matières albuminoïdes sont indispensables. SEANCE DU D MAI 421 Animaux soumis au jeûne puis sacrifiés après avoir repris l’alimentalion normale, Durée du jeûne : Tjours. jours. 6jours. 4jours. 7jours. jours. 6jours. 4jours. Temps écoulé entre la fin du jeûne et la mort : 1jours. 16jours. 16jours. 11jours. 24jours. 26 jours. 31jours. 35 jours. Poids primitif : 2440 2190 2275 2060 2340 2305 2410 2300 Poids après le jeûne : 1900 1700 1450 1730 1730 2070 1710 1990 Poids au moment de la mort : 2545 » 2100 1950 2050 2700 2720 2065 Analyse chimique. pau smile 62,98 66,01 10,94 81,15 51,56 33,16 31,49 19,09 Graisse . . . 22,96 18,41 14,16 2,20 36,58 52,48 50,11 6,71 Alb. soluble. 2,49 3,50 1,27 2,38 2,58 1,83 1,16 DD Mat. insolub. 4,602 6,93 4,43 3,41 GA » 4,22 51 Total. 653,032. 94,85 91,40 935,80 95,83 » 93,58 9% Or, cette augmentation de l’eau et des albumines, comment l'expliquer. quand tout apport de l’extérieur est supprimé. Il n’est guère admissible que la moelle osseuse fasse des emprunts aux autres tissus. Il nous parait donc probable qu’elle édifie ses nouvelles cellules aux dépens des substances qu’elle renferme. Or l'analyse chimique démontre la diminution et parfois la disparition presque complète de la graisse. Est-ce donc aux dépens de la graisse que se forme l’eau et ce corps joue-t-il un rôle dans l'édification de la molécule albuminoïde? Tel est le problème que soulève l’étude des modifications histologiques et chi- miques de la moelle des os chez les animaux soumis au jeûne. NOTE SUR UN MICROCOQUE STRICTEMENT ANAÉROBIE, TROUVÉ DANS LES SUPPURATIONS DE L'APPAREIL URINAIRE, par M. Jues Correr. Nous avons isolé dans plusieurs cas de suppurations urinaires un microbe strictement anaérobie, qui n'appartient à aucune espèce anté- rieurement décrite, et dont nous nous proposons d'indiquer les prin- cipaux caractères. Il s'agit d'un coccus, qui se présente ordinairement en diplocoque. Ce diplocoque est constitué par deux éléments en grain de café, opposés par leurs faces planes et séparés par un intervalle très étroit. Son volume est à peu près celui du gonocoque, auquel il ressemble morpho- CROP TRE ER 199 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE logiquement. En raison de son aspect, nous lui avons donné le nom de diplococcus reniformis. Ce diplocoque se colore bien, dans le pus et dans les cultures, par les couleurs d’aniline. Traité par la méthode de Gram, il ne se colore pas; mais, pour s'en assurer, il faut avoir soin de pousser très loin la déco- loration par l'alcool; car il à une tendance à rester légèrement teinté. Ce microbe, que ses caractères morphologiques et ses réactions histo- chimiques rapprochent du gonocoque, en diffère absolument par sa fonction biologique. Il est, en effet, strictement anaérobie : pour l'isoler et le culliver, nous avons employé les cultures en tubes de Liborius, suivant la technique de Veillon et Zuber (1). Voici ses caractères de culture en profondeur et en surface : semé dans la gélose sucrée en couche profonde, ce microbe pousse bien à la température de 37 degrés. Au bout de trente-six à quarante-huit heures, on commence à voir, dans la zone privée d'air, de fines colonies, qui apparaissent comme des points blanchâtres. Vues à un faible grossisse- ment (Leitz., obj. 2, oc. 3), ces colonies se présentent comme de petites masses arrondies, de couleur jaunâtre, demi-transparente, avec le centre légèrement opaque et des bords nets, quoique finement dentelés. Même très espacées, ces colonies grossissent peu; en vieillissant, elles pren- nent un aspect müriforme. La culture ne s'accompagne jamais d’un dégagement de gaz assez abondant pour former des bulles ou fragmenter la gélose; elle dégage une odeur désagréable de beurre rance. Les colonies restent longtemps vivantes : nous avons pu les repiquer avec succès au bout de cinq à six semaines. Le diplococcus reniformis ne pousse pas à la température ordinaire, ni en gélatine, ni en gélose sucrée. Sa culture anaérobie dans le bouillon trouble le liquide au bout de vingt-quatre heures; il se forme un dépôt floconneux et le liquide s'éclaircit, comme cela se passe pour la culture en bouillon du strepto- coque. Semé sur la surface de la gélose d'après la méthode de Roux, il donne au bout de quarante-huit heures des colonies arrondies, fines, blan- châtres, avec un reflet légèrement bleuté, qui rappellent aussi celles du streptocoque. Inoculé sous la peau d'un cobaye, ce microbe détermine la formation d’un abcès, bien limité et sans décollement périphérique. Dans le pus, épais et grumeleux, on retrouve par l'examen microscopique le diplo- coque, le plus souvent libre, parfois intra-cellulaire. Les préparations du pus rappellent donc celles d'un pus blennorragique. (1) Veillon et Zuber. Recherches sur quelques microbes strictement anaé- robies et sur leur rôle en pathologie, Arch. de médecine expérimentale et d'ana- tomie pathol., juillet 1898. LR 2x f SÉANCE DU 5 MAI 423 Nous avions déjà signalé ce microbe, sous le nom d’espèce À, dans notre thèse (1) sur les suppurations péri-urétrales. Nous l'avons trouvé, associé à d’autres microbes, dans quatre cas d'abcès urineux ou infil- tration d'urine, dans une pyonéphrose, et enfin, tout récemment, presque à l’état de pureté dans l'urine d’une cystite. Veillon et J. Hallé (communi- cation orale) l’ont dernièrement rencontré avec d’autres microbes dans un cas de phlegmon gangreneux à point de départ vulvaire chez une petite fille. Nous pensons également qu'il s'agissait probablement du même microbe dans un cas d'urine fétide, étudié avec notre maitre, M. Albarran, et publié au Congrès d’urologie de 1898 (2). Ce microbe est donc fréquent dans les infections urinaires, où il nous parait avoir un rôle pathogène important. Nous n’avons pas besoin d’in- sister sur l'intérêt clinique que présente sa ressemblance avec le gono- coque, au point de vue de son aspect morphologique et de ses réactions histo-chimiques. Comme nous le disions dans notre thèse, il y a là, dans le diagnostic bactériologique, une cause d’erreur d'autant plus difficile à éviter que l’un et l’autre de ces microbes, gonocoque et diplo- coccus reniformis, exigent pour leur culture des milieux spéciaux. RECHERCHES SUR LA DIGESTION DE L'INULINE, par MM. Brert et PorTIER. L'inuline employée a été extraite des tubercules du topinambour et préparée suivant la méthode indiquée par C. Tanret (3). Les animaux sur lesquels ont porté les recherches sont le chien, le lapin et le phoque (Phoca barbata). Les organes (pancréas, intestin grêle et gros intestin) dans lesquels on recherchaïit la présence de l’inulase étaient finement hachés et mis à macérer dans une solution de fluorure de sodium à 2 p. 100. Certaines de ces macérations étaient faites en milieu neutre, d’autres en milieu légèrement acide. Au bout de quelques heures de contact à la tempéra- ture du laboratoire ou à 40 degrés, la macération était filtrée sur coton de verre; on l’additionnait alors d’une solution d'inuline dissoute au bain-marie dans l’eau distillée. Le mélange ainsi constitué possédait un titre en inuline variant de 0,50 à 1 p. 100. A chaque flacon était joint un témoin pour lequel la macération avait (1) J. Cottet. Recherches bactériologiques sur les suppurations péri-uré- trales, Thèse, Paris, 1899. (2) Albarran et Cottet. Rôlz des microbes anaëérobies dans des infections urinaires, Congrès d’urologie, 1898. (3) Compt. rend. Acad. Sciences, 1893, CXVI, p 514. 12.4 SOCIETE DE BIOLOGIE été bouillie avant l'addition d’inuline. On laissait les flacons à l'étuve à 40 degrés de vingt-quatre heures à quatre jours. On procédait alors à la recherche du lévulose qui devait s'y trouver dans le cas où la macéra- tion aurait contenu de l’inulase. Pour se débarrasser des albuminoïdes, étant donné la facilité avec laquelle l’inuline s’hydrolyse à l’ébullition, on ne chauffait jamais les liquides à feu nu, mais toujours au bain-marie à 70 degrés. Les der- nières traces d’albuminoïde étaient enlevées en additionnant le liquide d’acétate de soude, perchlorure de fer, neutralisant et portant au baiïin- marie à 70 degrés. Les liquides clairs et filtrés étaient alors examinés au polarimètre et à la liqueur de Fehling. Résultats. — Dans ces conditions, il a toujours été impossible de constater la moindre transformation de l’inuline; les flacons ne conte- naient aucun sucre réducteur et on retrouvait intégralement la quantité d'inuline ajoutée à la macération. Cette macération était d'ailleurs très riche en amylase et maltase; il semble donc bien que l’inulase soit diffé- rente de ces deux ferments ainsi qu'il ressortait déjà des recherches de Bourquelot (1). Des animaux (chiens, lapins) furent alors nourris avec des topinam- bours (régime mixte de topinambours et de viande pour les chiens, régime exclusif de topinambours pour les lapins). Les résultats furent les mêmes que précédemment. Même au bout de trois mois de ce régime, il fut impossible de déceler l'inulase dans le pancréas ou les différentes parties de l’intestin des animaux soumis aux expériences. Komanos (2) pense que l’inuline est absorbée en nature par la veine porte; nous avons alors cherché par un procédé spécial, qui sera ulté- rieurement décrit, si le foie des animaux d'expérience ne contiendrait pas d’inulase; nos recherches ont encore été négatives. Nous essayâmes alors l’action du suc gastrique sur l’inuline. Le suc gastrique employé provenait de chiens auxquels M. Frouin a pratiqué une exclusion de l’estomac. Cette fois le résultat fut. positif; en une heure et demie, à 38 degrés, avec un suc gastrique d’acidité de 4 gr. 19 en Na OH par litre, la moitié de l’inuline employée (1 gramme p. 100 de suc gastrique) fut transformée en lévulose. Cette transformation n’est pas due à un ferment soluble, mais à l’acide du suc gastrique. L'historique de la question et la discussion des résultats seront expo- sés dans un mémoire qui paraîtra ultérieurement. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) (4) La digestion chez les Céphalopodes. (Thèse, Paris, 1885, p. 46). (2) Dissert. inaug., Strasbourg, 13875. SÉANCE DU D MAI x 19 ©6 NOUVELLE CLASSIFICATION DES OPISTHOBRANCHES, par M. le D'J. Gurarr. Dans la plupart des traités de Zoologie, on a coutume de diviser les Opisthobranches en : Tectibranches, Ptéropodes et Nudibranches. Les Tectibranches se divisent à leur tour en Céphalaspides ou Bulléens, Anaspides ou Aplysiens, et Notaspides ou Pleurobranchéens; les Ptéro- podes comprennent les Thécosomes et les Gymnosomes. Cephalaspides ou Bulléens. Tectibranches «< Anaspides ou Aplysiens. Notaspides ou Pleurobranchéens. OPISTHOBRANCHES Thécosomes. Ptéropodes Gymnosomes. Nudibranches. Nous allons montrer qu'une telle classification n’est pas d'accord avec la classification naturelle. Souleyet fut le premier qui montra que les Pleurobranchéens, que Cuvier place parmi les Tectibranches, se rappro- chent davantage des Nudibranches. Depuis cette époque, M. de Lacaze- Duthiers a montré que le système nerveux des uns et des autres était construit sur un même plan, répondant à son type notoneuré. J'estime aussi que l’on doit retrancher les Pleurobranchéens de l’ordre des Tec- tibranches pour les placer parmi les Nudibranches, et cela pour les caractères communs suivants : système nerveux identique, énormité des cellules ganglionnaires, absence d’osphradion, otocystes appliqués contre les ganglions cérébroïdes, spicules dans les téguments, part importante des téguments dorsaux dans la respiralion ; glandes géni- lales à acini mâles et femelles séparés ; orifices mâle et femelle réunis; ponte en ruban enroulé. Ce qui n'empêche pas que les Pleurobranchéens ne puissent dériver de formes voisines des Bulléens. Quant aux Ptéropodes, de Blainville et Souleyet sont les premiers à avoir montré leurs affinités pour les Tectibranches. Puis vint Boas qui le premier formula l'opinion d’une origine séparée des Thécosomes et des Gymnosomes, et montra que les premiers se rapprochent surtout des Bulléens. Mais c’est à Pelseneer que revient le mérite d’avoir bien débrouillé ces affinités et d’avoir montré que les Thécosomes n'étaient que des Bulléens modifiés par la vie pélagique et les Gymnosomes des Aplysiens modifiés par le même genre de vie. Pelseneer supprime donc l'ordre des Ptéropodes pour faire rentrer les Thécosomes parmi les Bulléens et les Gymnosomes parmi les Aplysiens. Nous acceplons sa manière de voir. Enfin si nous étudions chacun des types du groupe des Tectibranches, ES LO en SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous constatons que tous les Bulléens sont carnivores sauf Acera et que tous les Aplysiens sont herbivores. Or A cera est précisément considérée comme une forme de passage entre les Bulléens et les Aplysiens. Sa ressemblance avec la Bulle l’a fait ranger parmi les premiers ; nous croyons au contraire qu'on doit la placer parmi les seconds et cela pour les raisons suivantes : pas de disque céphalique, coquille d'apparence cornée et fragile, yeux superficiels, parapodies très développées, nom- breuses dents radulaires, jabot volumineux, glandes salivaires ruba- nées, dents stomacales en crochets et nombreuses, branchie et cœur disposés transversalement, crête aortique intrapéricardique, accolement des ganglions cérébroïdes, épipodoneurie, aorte passant entre la com- missure pédieuse et la commissure parapédieuse, présence d’une glande génitale annexe et d’une glande nidamentaire de nouvelle formation, pénis sans prostate, qui sont tous des caractères d’Aplysiens. Nous plaçons donc le genre Acera parmi les Aplysiens, mais en tête de la famille, pour bien montrer que c’est là une forme de passage dérivée d'ancêtres Bulléens par adaptalion à un nouveau genre de vie. Dès lors les Bulléens peuvent être considérés comme des formes ram- pantes et fouisseuses, vivant dans le sable ou la vase, où ils se nourris- sent des animaux qu'ils rencontrent sur leur passage et en particulier d'animaux vivant dans des coquilles, d’où la puissance de leur arma- ture stomacale. Les Aplysiens au contraire sont également des formes rampantes, mais vivant au grand jour dans les prairies de zostères ou d'algues aux dépens desquelles ils se nourrissent, d'où la structure spéciale des dents radulaires et de l'armature stomacale disposée cette fois pour déchirer et non plus pour broyer. La classification des Opisthobranches se trouve donc simplifiée et devient la suivante : Bulléens (— Acera). Thécosomes. Aplysiens (+ Acera). Gymnosomes. © Cephalaspides Tectibranches Anaspides OPISTHOBRANCHES Pleurobranches. Nudibranches Dermatobranches. LES CENTRES NERVEUX VISCÉRAUX DE L'APLYSIE, par M. le D° J. Gurarrt. De tous les Mollusques Tectibranches, l’Aplysie est certainement le genre qui a été le plus étudié. Dès 1887, M. de Lacaze-Duthiers établissait le type du système nerveux de cet animal et cherchait par la loi des SEANCE DU 5 MAI 497 connexions à établir les homologies de chacun des ganglions. Je ne reviendrai pas sur la structure des centres nerveux céphaliques qui ont été bien observés par M. de Lacaze-Duthiers et bien étudiés par les différents auteurs qui s'en sont occupé depuis. Mais il n’en est pas de même des ganglions viscéraux. On sait que des ganglions pleuraux part, chez les Gastéropodes, une longue commissure qui à reçu le nom de commissure viscérale. Cette commissure s'étend en général jusqu'à l’extrémité postérieure de la cavité céphalique, formant sur son trajet trois ganglions viscéraux. Le ganglion impair a reçu le nom de ganglion viscéral proprement dit; le ganglion de droite qui, chez les Streptoneures, est situé dorsalement par rapport au tube digestif, a recu le nom de ganglion sus-intestinal; celui de gauche, situé ventralement, a reçu le nom de ganglion sous-in- testinal. Or, chez l’Aplysie, il n'en est plus de même. La commissure viscérale se trouve fortement déviée sur Le côté droit et constitue le type pleuroneuré de M. de Lacaze-Duthiers. À son extrémité postérieure, on observe une masse ganglionnaire située immédiatement en avant de la cavité pal- léale. Les premiers observateurs, comme Cuvier, avaient cru qu'elle était unique, mais il suffit d’un examen un peu attentif pour constater qu’elle est double. Ne pouvant homologuer ces deux ganglions pairs avec les ganglions viscéraux impairs des autres Gasléropodes, les auteurs ad- meltent donc généralement que ce sont des ganglions accessoires développés secondairement sur la commissure viscérale; c’est entre autres la conclusion de Mazzarelli qui s’est le plus occupé de la question en ces dernières années. . Or, il suffit d'enlever cette masse ganglionnaire viscérale et de la monter sur lame après l'avoir traitée par les fixateurs, colorants et réactifs pour constater facilement au microscope qu'elle se compose en réalité de trois ganglions. La ganglion de droite, qui fournit le nerf de l’osphradion, est incontestablement le représentant du ganglion sus-inteslinal qui innerve toujours cet organe. Il est du reste placé dorsalement par rapport aux deux autres et c'est là la trace évidente d’un reste de streptoneurie. Quant à la masse ganglionnaire située à gauche et ventralement, on distingue nettement au microscope qu'elle est formée de deux ganglions : l’un postérieur, plus volumineux, uni par un connectif très court avec le ganglion sus-intestinal et fournis- sant le gros nerf génital, c’est donc le ganglion viscéral; l’autre anté- rieur, plus petit, accolé au précédent et d'où part la branche gauche de la commissure viscérale est certainement le ganglion sous-intestinal. Ainsi se trouve ramené au type normal le système nerveux de l’Aplysie. 4928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L'HISTOLOGIE DES LYMPHATIQUES DE L'ESTOMAC, par MM. Cuxéo et GABRIEL DELAMARE. Parmi les travaux récents qui traitent de cet objet, les uns repro- duisent les figures de Lovèn, les autres ne donnent aucun dessin. Or, Lovèn, dont le mémoire remonte à l'année 1875 el repose sur l'emploi des seules injections colorées, conclut à l'ouverture large des vaisseaux blancs dans les mailles du tissu périglandulaire. On sait que, plus récemment, et par l'injection interstlitielle de liquide picro-osmio-argen- tique, le professeur Renaut a toujours vu chez les chiens des ampoules terminales absolument closes. Nous avons poursuivi cette élude sur l’estomac de l’homme, du cheval, du chien, du lapin et du cobaye : 1° La méthode des injections colorées interstitielles (bleu de Gérota) nous à donné de mauvais résultats : maintes fois, nous avons vu l'injec- tion briser la frêle barrière de l’endothélium lymphatique et pénétrer dans les mailles du tissu conjonctif où elle dessinait des réseaux pure- ment artificiels ; 2° Les graisses ne s’absorbent pas par la muqueuse gastrique. L’acide osmique ne nous a pas permis de déceler leur passage à travers les vaisseaux lymphatiques de l'estomac et, par suite, de caractériser ces. derniers; 3° Le sulfate de fer en solution concentrée s'absorbe très vite, mais lorsqu'on traite la paroi gastrique par le ferrocyanure de potassium et la glycérine chlorhydrique, on obtient une coloration bleue diffuse qui s'étend également à tous les éléments de l’estomac; 4° La méthode des colorations vitales au bleu de méthylène, pré- conisée pour l’imprégnation des ciments endothéliaux par Dogiel, Apathy et Mayer, ne nous a fourni que des résultats négatifs. Et cepen- dant, nous avons employé le bleu d’Ehrlich, de Grübler, qui, chaque fois, nous à donné, suivant la technique employée, des colorations cylin- draxiles ou cellulaires (cellules nerveuses) très nettes et très belles ; 5° Par contre, la méthode d’Altmann pure ou modifiée, nous a fourni d’intéressants résultats : elle nous a permis de voir et de figurer quel- ques troncs lymphatiques de la sous-muqueuse du cobaye et surtout d'observer chez le même animal le passage des lymphatiques sous- séreux à travers les fentes de la muqueuse ; 6° Chez l’homme, le cheval et le cobaye, l'injection interstitielle de liquide picro-osmio-argentique ne nous a fourni que d'assez médiocres résultats : les troncs imprégnés étaient très courts et toujours sec- tionnés avant leur terminaison, quelle que fût l'étendue des coupes. L'injection interstitielle de nitrate d'argent (1/300), nous a permis SÉANCE DU D MAI 429 d'injecter quelques troncs sous-séreux de l'estomac humain (pièce opératoire); 1° Sur la muqueuse très mince du cobaye nouveau-né, la dialyse de deux solutions de nitrate d'argent, nous à donné une image très nette du réseau lymphatique superficiel ; 8° Enfin, l'injection pendant la vie, et après saignée préalable, d'une solution de nitrate d'argent à 1/500 dans la coronaire stomachique du lapin nous a permis d'étudier et de reproduire le plexus sous-muqueux de cet animal dans lequel il est possible de voir quelques ampoules ter- minales closes. (Travail du laboratoire de M. le professeur Mathias Duval). ÉLECTIONS Nomination d'un trésorier, en remplacement de M. BEAUREGARD, décédé. Nombre de votants : M. MENU ETS Sn POUR, FAUNE QUE Ce RL RE CSV OI ELU Bulletin blanc : 1 Nomination d'un membre titulaire. Nombre de votants : 45. MM CAEDOL SP A Pa 90 voix Élu: ROLE ME EN TER re TMS ARE OISE LP RET ERA Re AE PR RE A ER AA GX ù CADRE TN EE PE-PRAr e P = ERRATUM No 45, séance du 28 avril, p. 375, 20e ligne : Av lieu de : les pondre au milieu de leur développement, lire : les pondre au début de leur développement. Le Gérant : G. MAsson. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. nier . ap enmmmentent ends ue 2 de ee calme me à ne feet - s" SA au | AENRER NEA 230id) is anal onto 5, HS je 2 1 1e ASTON \ Dies F : s x gi 86 tHMD"#l 4-40 de is ikéx., 4 "suce HCTUA | At Non 204 grd AMOR 2 so, Rare Pat AMTUE “ Éa diet) aa fE SA sl Hi HUMEUR op RIFETRE) Austen RTAE CEA LBREIX 4 RATE CARE pts # |: 9 nb Rp DT LA QU Tv rs ( \L At 4,14 A 0 RAARDEN-RALON PPT al urtufie QE à J4 ter Dulà 11 pe Pt: LALQUUS AA HA ah aldtau ta Hi larg ÿ \ 4 \ 1 Fa W | 4 ÿ ALES US SRE \ u RATE sat 5 " A NOM PCR RAIN TEEN ONCE RERO EME OT RE APR EN TON CAE tros ee Het te Fi uk EE TR AU EURE METRE ES st à st fete aa tri LAS IAE AAA AU ANR .M'abraneall RE A NLE ERA EE RL ee % L'ANPE OPUS AUTOUR ETROT ER E RU 14 CA À j: Tr à “ \ F MEN RUN ET RNA NE D TS EU ITU fa) Ne ë USD AUX SAN TEEN t = {6 L 7 - . « . L LE “ ; a d NL wi nu. Pa RTC RE EUER PNEE 4. Art É gt { { “ At JTLOTS AP EN EEE AUS EAU EST TT der qua à ’ ( à K : A" 54 £ ik L | à k HORS AN ES [AE À EL} L nc Sea ACTE NE ÉPÉEN Er mn Lime ne dé : RENTE Pen Ne er SÉANCE DU 12 MAI 1900 MM. Maure et Lacrirre : Détermination et action des plus basses températures compatibles avec la vie de la grenouille. Comparaison de l'action de la chaleur et du froid sur cet animal. — M. E. BarTarzLon : La résistance des œufs d'Ascaris et la pression osmotique. — M. E. BAraïzzon : La pression osmotique et l’anhy- drobiose. — M. Louis Roure : Remarques sur la métamorphose de la larve acti- notroque des phoronidiens. — M. Louis Roue : Considérations générales sur l'histolyse phagocytaire de l'actinotroque. — M. Arrrep Grarp : Développement des œufs d'Echinodermes sous l'influence d'actions kinétiques anormales (solutions salines et hybridation). — M. G. Weiss : Influence paradoxale de l'acide carbo- nique sur le nerf moteur de la grenouille. — M. P. Vrcrer : Note sur le rôle du nucléole dans la sécrétion. — M. Josepx Nicoras : Influence du persulfate de soude ou persodine sur la nutrition. — MM. Cnaxoz et M. Doyon : Phénomène ther- mique pendant la coagulation du lait. — MM. Cuaxoz et M. Doxon : Action des basses températures sur la coagulabilité du sang et du lait et sur le pouvoir coa- gulant de la présure. — MM. CavaLIE et Paris : Les branches hépatiques de l'artère cystique chez l'homme. — M. Cnarces DRÉRÉ : Dosage du cuivre dans les recher- ches biologiques. — M. CnarLes Duéré : Le cuivre hématique des invertébrés et la capacité respiratoire de l’hémocyanine. — MM. L. Lapicoue et H. GiLarpont Sur la teneur en fer de l'hémoglobine de cheval. — MM. Grigerr et ALLYRE CHASSE- VANT : Sur une nouvelle classification chimique des dyspepsies. — MM. A. GILBERT, J. CasTuGxE et P. LereBouLLET : Du diabète par hyperhépatie dans les cirrhoses pigmentaires. — MM: A. Gizgerr et P. LeresouLrer : Cirrhoses alcooliques hyper- trophiques avec diabète. Présidence de M. Bouchard, puis de M. Troisier, vice-président. M. Macassez. — Lorsque notre superbe volume du cinquantenaire a paru, j'ai proposé à la Société d'adresser nos félicitalions et nos remer- ciements à tous ceux d’entre nous qui avaient pris part à sa confection : à nos collègues de France et d’étranger, auteurs des notes ou mémoires qui le composent, à notre très dévoué secrétaire annuel, M. Capilan, qui, remplissant provisoirement les fonctions de secrétaire général, a eu la peine de réunir et de faire imprimer tous ces travaux, enfin et surtout à notre président qui, après en avoir eu l’idée, a tant fait et de toutes manières pour que cette publication arrivât au jour, si bien que c'est surtout à lui que nous la devons, et c'était une récidive! Aujourd'hui, je viens vous faire une proposition analogue. Nous avons recu cette semaine le bulletin de notre séance générale du 27 décembre 1899, de notre séance du cinquantenaire tenue à la Sorbonne sous la présidence du ministre de l’Instruction publique, où nous entendimes, après un magistral discours de notre président, M. Bouchard, l'histoire Biocoatïe. CouPrés RENDuS. — 1900, T, LIT, 34 432 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de ce premier demi-siècle de notre Société par notre secrétaire général, M. Gley. ° Tous, le ministre le premier, m'a-t-on dit, nous avons admiré l'or- donnance, le souffle élevé, la forme châliée de cette œuvre; et les plus anciens d’entre nous, les plus au courant de notre passé, furent plus émerveillés encore de l'abondance, de la précision des faits rapportés. EL cependant M. Gley ne s’est pas contenté de ce travail ; il y a ajouté tout ce qui était encore important à rappeler et qui eût élé trop long à dire dans une séance publique ; il l'a classé en même temps sous quel- ques idées générales et en a montré l’évolution ; en sorte que nous avons maintenant en notre possession, dans nos bulletins, un historique vraiment complet de notre Société, on pourrait presque dire l'historique de la Biologie. Nous y gagnons encore ceci, que cette revue minutieuse du passé a donné d'emblée à notre nouveau et encore jeune secrétaire général toute l'expérience d’un vieux collègue qui aurait assidüment suivi toutes nos séances et en aurait conservé le souvenir précis. Pour tout cela, pour tout ce que nous lui devons déjà et lui devrons certai- nement encore, je vous propose de lui adresser à son tour toutes nos félicitalions et tous nos remerciements (1). DETERMINATION ET ACTION BES PLUS BASSES TEMPÉRATURES COMPATIBLES AVEC LA VIE DE LA GRENOUILLE. COMPARAISON DE L'ACTION DE LA CHALEUR ET DU FROID SUR CET ANIMAL, par MM. MaurEL et LAGRIFFE. Comme les expériences sur la chaleur, celles-ci ont été faites une pre- mière fois par un de nous dès 1890, reprises par lui en 1893 et 1895, et enfin refaites en commun pendant la fin de 1899. Ces expériences, depuis 1890, ont été ainsi répétées plus de trente fois, et toujours par le même procédé. Pour refroidir le bain au-dessous de + 4, nous avons dù avoir recours aux mélanges réfrigérants. C’est celui de glace pilée et de chlorure de sodium que nous avons employé. Bien entendu, l'animal n’a pas été mis en contact avec le mélange réfrigérant, mais placé dans un bocal qui lui-même était plongé dans ce mélange. Grâce à ce procédé nous avons pu faire descendre la tempé- (1) La proposition de M. Malassez avait été faite de vive voix à la dernière séance; plusieurs membres ont pensé qu'il y avait lieu de la développer et de la faire paraitre dans les Bulletins. : _. hpÉetroititése Le SE St Si dés ÉRSÉ de GERS SÉANCZ DU 12 MAI 433 rature du bocal contenant la grenouille jusqu'à —8 degrés. La durée de ces expériences a varié de 45 minutes à 1 heure. L'observation de l'animal, pendant que l’on abaissait la température du bain, nous a fait constater les faits suivants : 1° De 25 à 15 degrés, la grenouille se trouve à une température qui lui convient; et, en outre, elle se met facilement en équilibre de température. 20 Entre 15 et 11 degrés, 1l y a souvent un peu d’agitalion et sa température, au moins dans nos expériences, est restée plus élevée que celle du bain de 2 à 3 degrés. 3° Entre 10 et 7 degrés, l'animal commence à être engourdi, et sa tempé- rature reste au-dessus de celle du bain de 3 à 4 degrés. 4 Le bain élant descendu entre 6 et 4 degrés, la température buccale de l'animal tombe entre 9 et 8 degrés, soit une différence de # à 5 degrés. A cette température, il n’a plus le sens de l'équilibre; placé sur le dos, il y reste, et ses réflexes peuvent être considérés comme supprimés. 5° En placant le bocal contenant la grenouille dans un mélange réfrigérant, la température du bocal descend facilement à + 3 et + 1 degrés. Dans ce milieu, la température buccale de la grenouille arrive à + 7, 4-4 de- grés; les réflexes sont tout à fait supprimés et la résolution musculaire est complète. Il est fréquent, à cette période, d'observer des tremblements. 6° Le bain étant entre 0 et — 4 degrés, l'animal est pris dans la glace et ne forme qu'un bloc avec elle. Il est véritablement congelé. Les membres deviennent durs et rigides; sa peau est également dure, et au choc elle sonne comme du cuir. Dans ces conditions, il est impossible de prendre la température de l'animal, mais son état de congélation fait supposer qu'il doit être à 0 degré, même au-dessous. T° Si, après avoir soumis la grenouille à ces températures, on la met dans une eau à 15 degrés, elle reprend d’abord sa souplesse, et dans quelques instants ses mouvements. La grenouille peut donc résister, au moins pendant quelques instants, à une température propre de 0 degré. 8° Lorsque le bain descend à — 5, l'animal étant alors probablement dans les environs de — 2 degrés ou même — 3, il peut encore revenir, mais sou- vent aussi il succombe. Mis dans l’eau à 15 degrés, il reprend sa souplesse, mais non ses mou- vements. Dans ces derniers cas, le cœur continue à se contracter, et les mus- cles se contractent sous l'influence de l'électricité. 99 Lorsque la température du bain descend entre — 5 et — 10 degrés, pour peu que cette température se prolonge, il est rare de pouvoir rappeler l'animal à la vie. Toutefois comme précédemment, les muscles reprennent leur souplesse. Telle est la série des phénomènes observés. Comme on le voit, quoique moins bien dessinés, nous retrouvons ici ceux que nous avons signalés en étudiant l'action du froid sur les poissons, et aussi avec les mêmes différences ceux que nous avons relevés en décrivant l’action de la chaleur, soit sur les poissons, soit 434 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE a sur la grenouille. Ce sont : parfois un peu d’excitation, l’engourdis- dissement, la perte du sens de l'équilibre, quelques tremblements; enfin le coma et la mort apparente. Le lableau suivant va faire ressortir la ressemblance des phénomènes observés sous l'influence de la chaleur et du froid. Action comparée de la chaleur et du froid sur la grenouille. CHALEUR FROID ER EP ee RE Température Phénomènes Température Phénomènes du bain. observés. du bain. observés. degrés. degrés. État normal. 5 État normal. 21 gitation.Respiration plus 15 Aeitaton lee tee 20 cl ‘rapide. Hyperexcitabi- 1 Re YP 29 lité. 11 30 10 Engourdissement. Respi- 31 Respiration moins rapide. 9 ration plus rare. Hypo- 32 Hypoexcitabilité. 8 excitabilité. 29 34 Mouvements désordon - 7 po désordonnés 35 | nés, délire. Perte du 6 Lo (rares), perte du sens de 36 sens de l'équilibre. l'équilibre. 31 Résolution. ÉSna 5 Anesthésie. Résolution 38 Anesthésie. $ : k musculaire.Coma. Trem- 39 Convulsions. blements. 40 \ Suppression de la respi- | 3 { Plus de respiration. Mort 41 ÿ ration. Mort apparente. —À $ apparente. Dans ce tableau nous avons donné les températures du bain. Ce sont les seules dont nous soyons sûrs. Toutefois, relativement à la température réelle de l’animal, en procédant comme nous l'avons fait, c’est-à-dire en mettant environ 30 minutes pour les expériences par la chaleur et de 45 minutes à 1 heure pour celles par le froid, les observations fréquentes que nous avons faites sur la température de l’animal comparativement à celle du bain nous permettent de considérer les différences suivantes comme suffisamment exactes. Sous l’intiuence de la chaleur, la différence de température entre le bain et l'animal est d'autant plus marquée que la Met s'élève davantage. Mais, arrivé à 40 degrés, la différence ne dépasse pas 2 à 3 degrés. Sone l'influence du froid, la différence augmente au fur et à mesure que la température s’abaisse. On peut s'en rendre compte en suivant les indi- cations que nous venons de donner. Conclusions. -— De ces nouvelles expériences et de leur comparaison (1) avec les précédentes, nous pouvons donc conclure. À. — Relativement à la détermination des plus basses températures compatibles avec la vie de la grenouille : 1° Que cet animal ne saurait vwre dans une eau à —5 degrés, mais M cs + SÉANCE DU 12 Mal 435 qu'il peut résisler au moins un certain temps dans une eau entre 0 et — 3 degrés. 2° Qu'en ce qui concerne sa température propre, il est probable qu'il doil pouvoir résister à une température de O et peut-être de À à 2 degrés au-dessous. B. Relativement à la succession des divers phénomènes observés : 1° Que les principaux phénomènes observés : perte de l'équilibre, coma, tremblements et mort apparente se succèdent dans le même ordre que pour les poissons sous l'influence du froid. 2° Que ces phénomènes et leur ordre de succession sont également les mêmes, sauf pour le délire, que ceux présentés par le même animal sous l'influence de la chaleur. C. — Enfin, relativement à l’expliealion de ces phénomènes : 1° Que de même que pour les poissons, l'identité des phénomènes observés chez la grenouille sous l'influence du froil avec ceux observés sous l'in- fluence de la chaleur LS que les uns el les autres dépendent de la même cause. 2° Que la rapidité avec laquelle on peut produire ces divers phénomènes et les faire cesser ne permet pas de les expliquer par une auto-intoxication ; Qu'on ne saurait non plus les expliquer par la rigidité soit des muscles de relation, soit du cœur. Ce dernier, en.effet, continue à battre, même chez les animaux ayant succombé à une température de —5 et — 6 degrés. Quant aux muscles, ils reprennent leur souplesse et se con- tractent encore sous l'influence de l'électricité. | (Université de Toulouse. — Laboratoire du professeur André, parhologie interne.) LA RÉSISTANCE DES ŒUFS D'ASCARIS ET LA PRESSION OSMOTIQUE, par M. E. BATAILLON. Mes recherches ont porté sur l'œuf d'Ascaris meqgalocephala. La résis- lance de ce matériel, maintes fois signalée par Davaine, Van Beneden, Hallez, ete., était notée récemment encore par Jammes, qui concluait « à l'imperméabilité presque complète du chorion ».Je ne tirerai de mes propres observations que ce qui est nécessaire pour mettre en relief les facteurs de cetle résistance. Des œufs embryonnés, évolués dans la liqueur de Flemming, sont élalés sur des lames de verre et exposés pendant vingt-quatre heures à l'étuve sèche à 35 degrés. Si on les monte au baume, on constate qu'ils n'ont pas perdu d’eau en quantité appréciable : les embryons 1306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s’agitent dans leur milieu non modifié. Des lames intactes gardées à la température ordinaire pendant plusieurs mois permettent d'observer à volonté les mêmes faits. Par conséquent, ces œufs paraissent présenter à l'élimination d’eau la même résistance qu'à la pénétration des liquides. On va voir que celle imperméabililé a une limite assez précise. Un matériel qui se développe dans l'acide sulfurique à 1/5, dans l'acide acétique à 1/3, dans le nitrate d'argent à 2 p. 100, dans l'alcool à 50 p. 100, etc., ne se laisse évidemment pas pénétrer par ces liquides : au reste, dans ces conditions les embryons sortis de leur coque sont immédiatement altérés. Mais employons des solutions salines représentant des pressions osmotiques croissantes : CaCl?, NaCI, par exemple. Lorsqu'on arrivera pour le sel marin à 15 p. 100 environ, on consta- tera lune véritable plasmolyse portant sur le milieu intérieur où nage l'ébauche. De la coque chitineuse on verra se détacher un chorion mem- braneux limitant un ménisque dont la taille répond à un certain volume de liquide extrait. L'équilibre étant établi, c’est-à-dire, la pression osmotique intérieure élant devenue égale à celle du milieu extérieur, le ménisque ne s'accroît plus et l'évolution continue. Pour l'arrêter, il faut arriver à des concen- trations de 28 ou 30 p. 100 (à la température de 58 degrés), avec une plasmolyse portant sur 1/3 ou 1/2 du volume total, Avec CaCP, la limite sus-indiquée et correspondant à 45 p. 400 de NaCI se trouve reportée vers 28 p. 100. En prenant pour base les chiffres donnés par De Vries el Hamburger pour des concentrations beaucoup plus faibles, on verra que les solutions sont approximativement isotoniques. Les pressions osmotiques fournies par le sucre de canne étant à celles données par NaCI comme 0,59 est 5,96, on peut prévoir que le sucre ne donnera pas de résultat : et, en effet, les solutions les plus concentrées ne déterminent pas trace de plasmolyse. 15 p. 100 de NaCI répondant à une pression osmotique considérable (plus de 100 atmosphères), le con- tenu fluide d’un œuf d’Ascaris doit être extrêmement riche en matériaux dissous. Il est bon de noter que, suivant les indications d'Hallez, le dévelop- pement ne se fait pas sans oxygène. Des œufs dans l’eau se sont arrêtés définitivement au stade à deux ou quatre éléments par suite de la pullulalion des bactéries aérobies dans le milieu extérieur, tandis que d’autres évoluaient parfaitement dans l’eau alcoolisée. La méthode des solutions barytiques faibles colorées à la phtaléine atteste également un dégagement net d'acide carbonique. Le mécanisme des échanges gazeux à travers de pareilles enveloppes est un problème physique complexe que je n'aborderai pas, me contentant de résumer en quel- ques mots les observations ci-dessus. (HFRE La résistance des œufs d'Ascaris à la dessiccation comme à la pénétration SÉANCE DU 12 MaI 437 des divers liquides plus ou moins toxiques paraît relever de deux facteurs essentiels : 1° Existence à l'intérieur de la coque d'un chorion membraneux qui réalise une paroi semi-perméable des plus parfaites; 2 Concentration extrême du fluide intérieur qui représente une pression osmolique énorme. LA PRESSION OSMOTIQUE ET L'ANHYDROPRIOSE, par M. E. BaTaïzLOon. En 189%, Giard (1) ramenait l'attention des physiologistes sur les faits d'anhydrobiose. I réunissait sous cette rubrique les cas classiques de vie latente, avec des observations nouvelles fort nombreuses relevant uniformément du même principe : le ralentissement des phénomènes vitaux sous l'influence de la déshydratation progressive. Je ire de mes études sur l'œuf d’Ascaris des documents à l'appui de cette manière de voir. L'évolution des œufs séchés sur une lame à la température ordinaire n’est pas enrayée. La perte d’eau n’est pas sensible; et pourtant elle suffit à déterminer dans le développement un retard de plusieurs jours. Mais si l'on augmente la tension de vapeur avec une température de 38 degrés, l'élimination se manifeste, et, au bout de deux jours, suflit à entrainer la mort de l’ébauche ou de l'embryon (2). Exposons des œufs à l’étuve sèche à 38 degrés pendant quinze heures seulement. Le chorion membraneux se détachant de la coque en divers points accuse une perte d'eau sensible. La segmentation s'est arrêtée au (4) A. Giard. L’anhydrobiose ou ralentissement des phénomènes vilaux sous l'influence de la déshydratation progressive. Comptes rendus Société de Biologie, 16 juin 1894. (2) Remarquons bien que ce n’est pas la température qui les tue. Le facteur temps a ici une grande importance, importance que j'ai relevée dans des expériences parallèles sur les Rotifères et les Tardigrades. Et alors se pose la question des exemples dits de vie latente. N'y a-t-il pas, dans tous les cas, une limite de déshydratation, plus où moins difficile à atteindre, mais qu'on ne saurait franchir impunément? La seule concentration ne suffirait-elle pas à expliquer la résistance lemporaire de certains plasmas aux températures extrêmes, alors qu'un séjour prolongé à des températures sèches intermédiaires (40 à 60 degrés) les tue infaillible- ment? Il est permis de pencher vers cette opinion en faisant remarquer qu'elle se dégage des recherches les plus précises faites sur les graines et les mousses, en particulier par Van Tieghem et Ewart, 438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stade à 2 ou 4 blastomères, alors que les témoins dans l'eau alcoolisée mon- trent une belle morula. Réhydratons, et l'évolution reprend son cours. Le ralentissement de l’évolution embryonnaire sous l'influence de la perte d’eau doit émerger aussi nettement de l'emploi des solutions salines avec les principes physiques posés ailleurs. Des œufs soumis à des solutions de NaCI graduées entre 15 p. 100 et 35 p. 100 à la température de 38 degrés, ont montré un relard progressif dans l’évolution, particulièrement accusé entre 21 p. 100 et 30 p. 100. À 30 p. 100, on a constalé un arrêt au stade morulaire. Inutile d'ajouter que la plasmolyse était en rapport avec la teneur en sel. Les mêmes résultats ont élé obtenus avec CaCF. Des œufs évoluant à une température de 30 degrés dans une solution à 30 p. 100 deman- daient six jours pour arriver au type embryonnaire incurvé formant le cercle complet, alors qu’à 20 p. 100 le même stade était obtenu en quatre jours. Du reste, dans celte direclion, tous les faits sont concordants. A la température ordinaire, les différences de pression osmotique sont plus faibles et l'équilibre beaucoup plus lent à s'élablir. Aussi pourra-t-on obtenir à 30 p. 100 de NaCl le développement complet auquel on n'arrive pas à 38 degrés. , Tels sont les faits. Mais, qu’il s'agisse de dessiccation simple, qu'il s'agisse de plasmolyse, les conséquences physiques sont les mêmes. Le facteur pression osmotique du milieu intérieur est modifié dans le même sens. Aussi pensons-nous que le cadre des phénomènes d’anhydrobiose doit s'élargir considérablement, surtout dans le domaine expérimental. Les malformations spéciales enregistrées soit pour les larves au sel, soit pour les larves au lithium (prolapsus du vitellus par un large blastopore, spina bifida, etc...), relèvent-elles, comme on l’a pensé, d’une action chimique spécifique ? Il est difficile de combattre actuellement cette interprétation. En tout cas, des recherches faites systématiquement sur une autre évolution avec des solutions isotoniques variées révèlent, nous le montrerons pro- chainement, des troubles identiques, indépendants de la nature chi- mique du milieu, et imputables à la seule condition physique : déshy- dratation. audi sr ds, 1e sie le trs a RNRES SÉANCE DU 12 MAI 439 REMARQUES SUR LA MÉTAMORPHOSE DE LA LARVE ACTINOTROQUE DES PIHORONIDIENS, par M. Louis ROULE. Le récent débat sur l'histolyse dans les métamorphoses larvaires, soulevé devant la Société de Biologie (1), m'engage à exposer plusieurs observations relatives à l'Actinotroque, et à les faire suivre de quelques remarques. L'Aclinotroque subit une métamorphose des plus curieuses, dont Metch- nikoff a signalé depuis longtemps les principales phases. Cette larve nage à la surface de la mer; elle s'y soutient grâce à de longs tentacules, groupés en une couronne transversale. Son extrémité antérieure est coiffée d'un lobe préoral volumineux semblable à un capuchon. Son extrémité postérieure porte, sur un bourrelet annulaire et saillant, une épaisse bande de cils vibratiles très actifs. Son corps contient, outre le canal digestif, une poche longue et large, plissée sur elle-même, qui s'ouvre au dehors sur la face ventrale. Le moment arrivé de la métamorphose, le lobe préoral et les tentacules se ratatinent, puis se séparent et tombent. La poche se dévagine, s'étale à l'extérieur; elle recoit daus sa cavité le tube digestif, qui s'y glisse et s’y établit à demeure. L'extrémité postérieure dégénère. Ea somme, la paroi du corps de la larve disparaît arec ses appendices spé- ciaux, dont les dimensions relatives sont considérables. La poche évaginée constitue une nouvelle paroi du corps, d’allure différente, simple et cylin- drique, qui s'attache à un support. L'Actinotroque est transformée en Phoronis. L'opposition entre la larve et l'individu parfait est encore plus grande que celle de la chenille et de l’imago, ou du tétard et de la grenouille. Non seulement certains appareils se détruisent, mais l'organisme entier s'établit suivant une nouvelle orientation. Cette métamorphose s'accompagne des phénomènes d’histolyse. Le lobe préoral contient des fibres confractiles ; notamment vers sa base, aux environs de la bouche: il en est de même pour le corps, sur tout vers son extrémité postérieure. Ces fibres sont détruites par pha- gocytose. Les phagocytes ont deux provenances. Les uns consistent seulement en globules du plasma cœlomique; ils ont toute l'allure de leucocytes. Les autres provieunent de la somalopleure de la paroi du corps larvaice. Les cellules de cette dernière cessent de s’accoler à l’ectoderme ; elles se détachent de lui, se séparent les unes des autres, tombent dans le plasma cœlomique, (4) Voir notamment les séances des 27 décembre 1899, 6 janvier, 10 el 17 février, 17 mars 1900; communications de MM, Giard, Bataillon, Caullery, Mesnil, Pérez, PA CTRNE 440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE y deviennent semblables aux précédents globules, et s'y comportent comme eux. Du reste, ces deux sortes d'éléments s’équivalent. Tout au début de la formation de la larve, un choix se fait parmi les cellules mésodermiques. Les unes demeurent dans la cavité cœlomique, soit qu’elles deviennent des globules, soit qu’elles se changent en fibres contractiles. Les autres s’ap- pliquent contre l'ectoderme et contre l’endoderme; elles forment par leur juxtaposition sur une seule rangée, la somatopleure et la splauchnopleure de la larve. Toutes, par suite, ont même origine. Semblables, dès l’abord, elles redeviennent semblables au moment de la métamorphose. Elles pro- duiront plus tard les tissus mésodermiques de l'individu parfait. Mais, au préalable, elles s'attaquent aux régions larvaires destinées à disparaître et agissent en phagocytes. Beaucoup d’entre elles deviendront des myoblastes, c'est-à-dire se changeront de nouveau, dans l’organisme achevé, en fibres musculaires. Actuellement elles n’ont pas encore une telle valeur. Elles ne sont que des cellules mésodermiques, privées de toute différenciation spé- ciale et libres dans le plasma cœæœlomique. Certaines circonstances hàtent la mélamorphose. Des Actinotroques, placées dans une faible quantité d’eau, ainsi confinées en un espace resserré, se modifient plus Lôt que d'autres larves, du même âge et de la même prise, conservées dans de grands cristallisoirs pleins d’eau de mer. J'ajoutais souvent, pour examiner les Actinotroques vivantes et pour rendre leurs organes plus apparents, quelques gouttes d’une faible solution de bleu de méthylène à l’eau où elles vivaient. Ces larves ne paraissaient point souffrir d’une telle modification à leur milieu. Elles continuaient à se déplacer. Pourtant, leurs mouvements deve- naient moins actifs, et la métamorphose se produisait d'une facon plus précoce. Une diminution dans la vitalité, causée par l'habitat dans un espace restreint ou par une intoxication légère, occasionne, par conséquent, une venue plus rapide de la métamorphose et des phéno- mèênes d'histolyse qui l’accompagnent. Celte diminution de vitalité existe également à l’état normal, dans certaines des parties du corps qui doivent disparaître. Les fibres con- tractiles ne semblent pas subir de modifications appréciables à nos sens. Mais il n’en est point de même pour la paroi du corps larvaire. Les cellules de l’ectoderme diminuent en épaisseur. Les cellules de la somatopleure se détachent les unes des autres et tombent dans le plasma cœlomique. La métamorphose est préparée avant qu’elle ne s'ac- complisse. Les éléments de la somatopleure, devenus libres, et mé- langés aux globules habituels du cœlome, s’attaquent aux fibres con- tractiles. S'il existe alors une slimuline destinée à les rendre aptes à la fonction phagocylaire, cette sécrétion interne ne peut provenir des éléments sexuels, qui n’ont pas encore pris naissance. SÉANCE DU 12 Mat AA CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'HISTOLYSE PHAGOCYTAIRE DE L'ACTINOTROQUE, par M. Louis ROULE. Plusieurs conclusions découlent des observations que nous venons de résumer et quelques-unes sont déjà signalées dans la note qui précède. Les phagocytes équivalent à des leucocytes. Beaucoup sont destinés, par la suite, à devenir des fibres musculaires; mais rien ne revèle encore leur fin au moment même de leur action phagocytaire ; du reste, ils ne diffèrent point de ceux qui se changeront plus tard en éléments endothéliaux ou en globules sanguins. Les fibres contractiles de la larve paraissent, au début de leur destruction phagocytaire, avoir encore leur structure normale. Cependant, elles ne se défendent plus contre les phagocytes, alors qu'elles n'étaient point touchées auparavant par les globules du plasma cœlomique. Cette absence de réaclion concorde si bien avec la dégénérescence de la paroi du corps larvaire, qu'il est permis d’y voir une relation de cause à effet. La diminution de vitalité des parties vouées à la disparition entraine sûrement une répereussion sur les autres éléments de l'organisme. La seconde paroi du corps lui échappe en se dévaginant au dehors. Il en est de même pour le tube digestif qui pénètre dans celle-ci. Mais les fibres contractiles, ne pouvant quitter l’économie larvaire, perdent de leur capacité vitale, et ne peuvent plus se préserver de l’action phagocylaire. Cette absence de protection n’est point primitive ni essentielle. Elle résulte d’un affaiblissement général de la vitalité. Le fait est d'autant plus net que les causes capables de produire une telle diminution (existence dans un espace restreint ou intoxication légère) hâtent la venue de la métamorphose et de ces phénomènes. Je termine par une dernière remarque. Quelle que soit la cause iminédiale de l'histolyse phagocytaire (défaut de réaction protectrice des Lissus détruits), ou sa cause un peu plus lointaine (dégénérescence de la paroi du corps larvaire), ces actions ont elles-mêmes une ceuse iniliale qu'il s'agit de trouver, car elle est la vraie raison d’être de la métamorphose. Les observations acquises se bornent à déplacer les termes du problème, mais elles le laissent entier et sans solution. Dans le cas de l’Actinotroque, la métamorphose comporte un certain nombre de phénomènes qui se déterminent les uns les autres à partir du premier: la dégénérescence de la paroi da corps larvaire et la chute de sa somato- pleure, Quelle est, à son tour, la cause de cette dernière modification, 449 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui survient en pleine vie active de la larve, alors que rien ne la fait prévoir ? Nous ne la connaissons pas encore. On est obligé pour se l'expliquer, de recourir aux hypothèses sur lhérédité. Mais les faits acquis ne donnent sur elle aucune certitude matérielle. Cette remarque ne s'applique pas seulement à l'Actinotroque. Elle subsiste dans tous les cas de métamorphoses embryonnaires. Les actions invoquées, asphyxie, inanition, sécrétions internes excitant la phago- cytose, défaut de réaction des tissus phagocytés, ne sont que des moyens. Il est possible de discuter à leur égard, sur leur présence, leur absence, ou l'importance de leur rôle. Mais il est nécessaire de les prendre pour ce qu’elles sont vraiment : les procédés par lesquels la métamorphose s'exerce, et atteint son but. Elles n’ont pas d'autre valeur, et ne sont elles-mêmes que des effets, dont la cause initiale échappe encore à la constalation directe. DÉVELOPPEMENT DES OŒUFS D'EÉGHINODERMES SOUS L'INFLUENCE D'ACTIONS KINÉTIQUES ANORMALES (SOLUTIONS SALINES ET HYBRIDATION), par M. AcrFRED Gran. Au mois d'avril dernier j'ai essayé de répéter à Wimereux sur l'Etoile de mer commune (Aslerius rubens L.), les curieuses expériences de Morgan (1) et de Loeb (2), et de provoquer par l’action de solutions salines le développement parthénogénétique de ces Echinodermes. En raison sans doute des froids tardifs du printemps peu d’Astéries contenaient des produits génitaux parfaitement mürs. Aussi mes résultats ont-ils été moins complets que ceux de Loeb et je n’ai pu obtenir que des slades morulaires; mais je ne doute pas qu'en opérant à une saison plus avancée et en variant les conditions de l'expérience, on puisse voir se former la larve Prachiolaria. J'ai employé surtout le chlorure de magnésium MgCl?6H°0. Une solution de 203 grammes de ce sel dans un litre d’eau distillée fut (1) Morgan (T.-H.). The action of salt-solutions on the unfertilized and fertilized eggs of Arbacia and of other animals, Archiv f. Entiwmech, Bd VII, 1899, p. 448-539, Taf 7-10. (2) Loeb (J.). On the nature of the process of fertilization and the artificial production of normal larvae (Plutei) from the unfertilized eggs of the Sea. Urchin. American journal of Physiology, vol. II, octob. 1899, n° 3, et Loeb (l.). Ueber den Einfluss von Alkalien und Saeuren auf die embryonale Erntwicke- lung und das Wacksthum, Arch. f. Entiwmech, Bd VIT, 1898, p. 631-641, Haf#io SÉANCE DU 12 Mail 413 mélangée en proportions diverses avec de l’eau de mer pure et filtrée. Le mélange à parties égales m'a donné les meilleurs résultats; les œufs d'Astérie placés dans ce mélange y étaient maintenus un temps variable, de trois quarts d'heure à une heure. On les retransportait ensuite dans de l’eau de mer pure. Un petit nombre des œufs ainsi traités me donnèrent des stades de segmentation 2, 4, 8, 16 ne différant des stades correspondants des œufs témoins fécondés que par la lenteur du processus évolutif. Tandis qu'au bout de douze heures les œufs témoins venant de la même Astérie atteignaient pour la plupart le stade blastula, les œufs soumis à l'action de Mg C12 arrivaient à peine au stade 16 qu'ils ne devaient pas dépasser. Je n'ai pas observé que dans ces œufs à segmentation parthénogéné- tique le sillon de division fût plus accentué d’un côté comme cela a lieu chez les blastomères normaux des Cténophores et des Hydroïdes et comme Morgan l'a signalé chez les œufs d’'Arbacia à développement provoqué par les solutions salines. Mais les œufs parthénogénétiques à segmentation régulière étaient très rares. La plupart d'entre eux présentaient dès les premiers stades des arrêts de développement d’un ou plusieurs blastomères, Les autres blas- tomères seuls continuant à évoluer. Ces œufs donnaient ainsi l'illusion d'un développement épibolique plus ou moins régulier à blastomères de dimensions inégales. D'autre part, chez certains œufs, la division des chromosomes s’ar- rêlait sans que la segmentation du cytoplasme s’arrêtât cependant, de sorte qu il se produisait ainsi des masses pseudo-morulaires présentant un nombre de noyaux inférieur au nombre des sphères de segmenta- tion, mais contenant des astrosphères artificielles multiples. Le développement parthénogénétique ne commence que lorsque les œufs ont été retirés de la dissolution saline et replacés dans l’eau de mer. Un troisième lot d'œufs de la même Astérie non soumis à l'action du chlorure de magnésium et non fécondés ne montraient aucune morula régulière ou irrégulière, aucune segmentation nucléaire ou cytoplas- mique. Dans une autre série d'expériences, j'ai essayé de féconder les œufs de Psammechinus miliaris Muell. par les spermatozoïdes d’Asterias rubens L. Bien que les Oursins comme les Astéries fussent à peine arrivés à maturité à Wimereux au milieu d'avril, j'ai obtenu cependant certains résultats dans ces tentatives d'hybridation. Quelques œufs sont arrivés au stade blastula (à 32 cellules) mais la plupart des œufs fécondés n’ont donné que des stades 2, 4, 8, 16 avec les mêmes caractères que nous venons de signaler chez les œufs parthé- nogénétiques d'Asterias traités par les solutions salines : développe- 444 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment beaucoup plus lent que dans les œufs fécondés par les sperma- tozoïdes d'Oursin; arrêt fréquent de segmentation d'un des blastomères au stade 2, de deux ou trois blastomères au stade 4, etc.; formalion de sphères de segmentalion sans noyaux. On voit très souvent, surlout dans les divisions cytoplasmiques sans chromosomes, des astrosphères multiples. On pourrait être tenté d’attri- buer la production de ces astrosphères à des cas de poiyspermie; mais comme ces astrosphères apparaissent également dans les œufs parthé- nogénétiques traités par la solution de Far de magnésium on doit, je pense, les considérer plutôt comme des productions artificielles indé- pendantes des spermatozoïdes. Bien que Ziegler (1) ait montré que, dans certains cas, la segmentation est commandée par les astrosphères sans division des chromosomes, il m'a semblé que, dans les œufs d'Oursin hybridés par As{erias et dans les œufs d’Asferias traités par les solutions salines, les astrosphères artificielles n’exercent pas une action directrice sur la formation des blastomères cytoplasmiques, et mes observations sur ce point con- firment plutôt l'opinion de Morgan. En résumé, que l’action cinétique déterminant la segmentation d’un œuf d'Echinoderme soit due à une solution saline ou à un spermato- zoïde étranger, les résultats obtenus sont tout à fait comparables, et les phénomènes de développement incomplet qu’on observe dans les deux cas présentent entre eux une grande analogie. INFLUENCE PARADOXALE DE L'ACIDE CARBONIQUE SUR LE NERF MOTEUR DE LA GRENOUILLE, par M. G. Weiss. L'action de CO* sur le nerf moteur met en évidence d’une façon indis- cutable la distinction qu'il y a lieu de faire entre la conductibilité d’un nerf et son excitabilité. Divers auteurs ont étudié ces phénomènes, mais si l'accord existe sur certains points, il y en a d’autres qui sont très controversés. L'expérience cruciale destinée à démontrer la dissocia- tion entre la conductibilité et l’excitabilité se fait de la façon suivante. On prépare une patte de grenouille en la séparant du corps de l’animal, mais en n’altérant pas le nerf sciatique isolé sur une grande longueur. Ce nerf est placé sur deux paires d’électrodes dont l’une est à la partie inférieure du nerf, au voisinage du muscle, l’autre à la partie (4) Ziegler (H.-E.). Furchung ohne Chromosomen, Archiv f. Entwmech, Bd VI, 1898, p. 249-293 et Zool. Centralbl., V, 1898, p. 790. LL L (214 SÉANCE DU 12 Mar supérieure. À l'aide d’un dispositif facile à imaginer, on baigne la partie inférieure du nerf seulement dans une atmosphère de C0”, le haut res- tant dans l'air. On constate que cette opération abaisse l'excitabilité de celte partie inférieure et ne produit aucune modification pour la partie supérieure. CO* agit donc sur l’excitabilité du nerf, mais non sur la conductibilité ; tous les auteurs sont d'accord sur ce point, mais, d'après un certain nombre d’entre eux, il y aurait une seconde phase où le phé- nomène s'inverserait. Ce résultat a été contesté, entre autres par Pio- trowsky qui s’est occupé longuement de l'action de CO sur le nerf. Il pense que ses contradicteurs ont été induits en erreur par des impuretés de CO”, principalement par HCI entrainé au moment de la préparation du gaz, et il fait remarquer que quand on obtient la seconde phase, le nerf est définitivement altéré et ne recouvre plus ses propriétés primi- tives au contact de l'air. J'ai repris cette étude avec le plus grand soin ; CO” dont je me servais élait parfaitement purifié par des barbottages dans une solution de bicarbonate de soude, et voici ce que j'ai observé en disposant l’expé- rience comme il a été dit plus haut. Première phase. — Aussitôt que CO” commence à passer, on a, presque instantanément, une chute légère de l’excitabilité dans la partie du nerf baignée par C0”; les autres points ne subissent aucune modification. Deuxième phase. — Cet état se maintient sans changement un temps plus ou moins long, sur lequel je reviendrai. Troisième phase. — L'excitabilité restant toujours la même aux élec- trodes inférieures baignées par CO”, il y a une chute rapide allant jus- qu’à la perte complète de l’excitabilité aux électrodes supérieures. Quatrième phase. — Un courant d'air remplaçant CO rend au nerf ses propriétés primitives; cependant il y a généralement une très légère baisse permanente de l’excitabilité. On peut recommencer l'expérience plusieurs fois sur le même nerf, mais la troisième phase se produit d’une facon de plus en plus précoce. Il semble, comme l'ont déjà fait remarquer divers auteurs, que la troisième phase soit due à une diminution considérable de la conducti- bilité du nerf sous l’action de CO”. Pour élucider ce point, j'ai fait les mêmes expériences en plongeant le nerf tout entier dans CO* et en l’ex- plorant en deux, trois, ou même quatre points. Dans ces conditions, on retrouve la première phase; il y a une chute rapide mais faible sur toute la longueur du nerf, puis une période constante. Dans la troisième phase, on doit s'attendre à voir l’excitabilité disparaitre de plus en plus rapidement à mesure que l’on s'éloigne davantage du musele, or, la chute se produit le plus souvent presque simultanément partout, sauf aux électrodes voisines du muscle; quand la disparition se produit dans l'ordre prévu par la théorie énoncée plus haut, le phénomène est si fugitif qu'il faut la plus grande attention pour le saisir. Mais il y a un 446 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE autre phénomène des plus curieux qui se présente. Contrairement à ce que l'on pouvait croire, la troisième phase apparaît beaucoup plus tar- divement quand le nerf tout entier est plongé dans CO* que lorsque la partie supérieure reste dans l'air. Ceci est tellement net que les écarts individuels qui cependant sont grands ne suffisent pas à masquer le phénomène. Pour lever à cet égard toute objection, voici l'expérience que j'ai faite. Je dispose une patte avec son nerf pour une première expérience, les électrodes inférieures seules baignant dans C0”; la troisième phase étant obtenue, je fais passer de l'air et je ramène le nerf à son état primitif. Puis, sur ce même nerf, je fais la seconde expérience en le baignant tout entier dans CO’. Toutes choses égales d'ailleurs, la troisième phase devrait se produire plus rapidement que la première fois, comme je l'ai dit plus haut ; or il n'en est rien, il me suflira de citer une des nom- breuses expériences que J'ai faites pour ie démontrer. Expérience. — Bain partiel de CO* à 2h. 52. A 3 h. 10 on n’a plus de réponse aux électrodes supérieures, la bobine étant complètement fermée. On fait passer de l'air, le nerf reprend presque parfaitement ses propriétés primitives. À 3 h. 21, le nerf est plongé tout entier dans CO*. À 5 h. 10, l’excitabilité a baissé partout, mais a encore une valeur très élevée. Ainsi, dans le premier cas, la chute totale s’est produite en dix- huit minutes; dans le second cas, elle n’a pas eu lieu au bout de près de deux heures. Ce résultat est absolument constant; j'ai vu souvent à une première expérience, le nerf tout entier étant dans C0”, la troisième phase n’apparaître qu'au bout de plus de trois heures ; il m'est même arrivé de ne pouvoir l'obtenir faute de temps. Avec un bain local infé- rieur, cette phase ne s'est que très rarement fait attendre plus d’une demi-heure. (Travail du laboratowre des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de médecine de Paris.) a —— — — NOTE SUR LE RÔLE DU NUCLÉOLE DANS LA SÉCRÉTION, par M. P. Vicier. Contrairement à l'opinion classique qui considère le cytoplasma comme l’agent exclusif de la sécrétion, différentes observations tendent à démontrer que le plasma nucléaire est aussi capable d'élaborer des produits de sécrétion. S'appuyant sur les réactions colorantes et sur les caractères de la substance nucléolaire dans diverses cellules et particulièrement dans l'œuf, Häcker, Rhumbler, Vom Rath, Humphrey, Wilson, Künstler et Gruvel, Wheeler, etc., FAR TS SÉANCE DU A2 MAI 447 considèrent cette substance comme une substance de réserve qui, d'après quelques-uns, provient d’une excrétion de la chromatine. Certains auteurs pensent, avec Flemming et R. Hertwig, que cetle substance, au moment de la karyokinèse, est reprise par les chromosomes; d’autres, avec Strasburger, en font l'origine des fibres du fuseau, d’autres enfin recon- naissent qu'elle ne joue aucun rôle dans la mitose. Divers observateurs (Renaut, Klaatsch...) ont vu, sans les expliquer, des modifications se produire dans la forme générale et le volume du noyau ren- dant l’activité sécrétoire. D'autre part, Mertens, Crety, Van Bambeke, ont vu la vésicule germinative de certains œufs éliminer des éléments nigurés, qu'ils appellent vitellogènes et qu'ils considèrent comme provenant des chromosomes, alors que Leydig avait considéré des formations analogues comme provenant des nucléoles. Carnoy et Lebrun n'ont jamais constaté sur les œufs des batraciens la sortie hors du noyau d'un corps figuré quelconque. Pour ces auteurs, les plaques vitellines seraient le résultat de la combinaison de globulines avec l’acide paranucléique provenant de la dissolution de nucléoles nucléiniens et ayant passé par osmose à travers la membrane nucléaire. Ch. Garnier pense que les filaments basaux d’un grand nombre de cellules glandulaires sont formés par une différenciation du reticulum cytoplasmique et qu'ils se chargent de substances basophiles probablement d’origine nucléaire. Enfin, pour Giglio-Tos, les granulations des érythrocytes ont une origine nucléaire; pour Sacharov, l'hémoglobine et les granulations éosinophiles se forment aux dépens des nucléoles des hématoblastes émigrés du noyau dans le protoplasma; pour Dominici, dans les leucocytes éosinophiles du lapin, le noyau présente des orifices à travers lesquels on peut voir des granulations. Les glandes culanées de la queue du triton sont particulièrement favorables à l'étude de la sécrétion, en raison de la dimension de leurs éléments et de la nature de leur sécrétion. En effet, on constate, après fixation par le liquide de Zenker, que ces glandes acineuses simples, serrés les unes contre les autres sous l’épiderme dont elles sont sépa- rées par une couche de chromoblastes insinuant leurs prolongements entre les cellules épidermiques, sont formées de grandes cellules dont les dimensions varient, avec les phases de la sécrétion, de 20 à 250 y. Dans les glandes qui n’ont pas expulsé leur produit de sécrétion, celui-ci apparaît sous la forme de goutteleltes ou de globules d'autant plus volumineux qu’ils sont plus rapprochés de l'orifice glandulaire. Ces globules mesurent de 4 à 7 y de diamètre. Ils sont mous et se déforment facilement; ordinairement sphériques, ils deviennent elliptiques lors- qu'ils sont comprimés. Le protoplasma qui les sépare a sur la coupe un aspect réticulé ; il est constitué par des trabécules très grêles. Ce produit de sécrétion, lorsqu'il est abondant, refoule vers la péri- phérie de la glande une zone de protoplasma qui contient un petit nombre de globules et le noyau. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1900, T, LIT. 35 418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Celui-ci, quelquefois double, mesure de 10 à 40 x, en moyenne de 25 à 28 u. Il renferme des grains de chromatine peu volumineux et un ou plusieurs gros nucléoles plasmatiques. Il est facile de constater que ces nucléoles se colorent par les mêmes réactifs que les globules de sécrélion. Comme ceux-ci, ils sont érythro- philes, alors que la chromatine du noyau est cyanophile. De cette iden- tité de coloration, vérifiée avec un grand nombre de colorants, on peut conclure à une identité d’affinités chimiques. Vom Rath a d'ailleurs constaté une réaction colorante analogue des nucléoles et du produit de sécrétion dans les glandes unicellulaires de la tête d’Anilocra mediter- ranea. Ce premier point établi, nous avons cherché à reconnaître quels rap- ports unissent les globules de sécrétion aux nucléoles. Colorant d’une façon intense et élective ces globules et les éléments du noyau, notam- ment en colorant fortement par la safranine et rapidement par l’héma- toxyline au fer, nous avons vu que, dans le noyau des cellules en acti- vité sécrétoire, à côté des grains de chromatine, noirs, irréguliers, épineux, il existe des nucléoles en nombre variable, de un à quatre, sphériques, volumineux, colorés en rouge violet. Outre ces nucléoles, dans l’intérieur même du noyau, il existe souvent des grains également sphériques, colorés comme les gros nucléoles, et, d’autre part, abso- lument semblables aux globules de sécrétion qu’on trouve dans le proto- plasma. Sur quelques noyaux nous avons cru voir ces petits grains se détacher par bourgeonnement des gros nucléoles. Dans deux cas, nous avons trouvé les nucléoles étirés en biscuits et paraissant se diviser. La membrane nucléaire présente, assez fréquemment, des replis, et sur certains noyaux, des orifices de forme variable, quelquefois multi- ples. plus souvent uniques et alors situés de préférence à l’un des pôles du noyau déformé par la pression du produit de sécrétion qui s’accumule vers le centre de la glande. Tantôt ces orifices sont de simples trous circulaires, tantôt la membrane se déprime légèrement ou même s’inva- gine en ce point, plus rarement elle fait une légère saillie au dehors. Presque toujours on trouve un ou plusieurs grains engagés dans ces orifices ou mis en liberté dans le protoplasma voisin qu'ils refoulent devant eux. Ces grains se disposent souvent dans le protoplasma en série linéaire ou en chapelet plus ou moins contourné, dont l'extrémité la plus rapprochée du noyau n’en est séparée par aucune travée protoplasmique. Ces faits ne sont pas encore suffisants pour préciser le rôle du noyau dans la sécrétion; mais ils nous paraissent montrer que, pendant la sécrétion, le noyau se modifie et élabore des éléments de forme et de réaction analogues aux produits de sécrétion du cyltoplasme. SÉANCE DU 42 MAI 449 INFLUENCE DU PERSULFATE DE SOUDE OU PERSODINE SUR LA NUTRITION, par M. Josepx Nicoras. L'influence de la persodine sur la nutrition a été essayée expérimen- talement sur des cobayes, des lapins, des chiens, et au point de vue thé- rapeutique chez l'homme. I. CoBayes. — Le sel a été administré en solution par voie sous- cutanée et par voie gastrique. Les doses ont été variables et répétées. A. Voie sous-cutanée. — ExP. I. — Quatre cobayes ont recu du 1°" décembre au 31 janvier quatre injections sous-cutanées espacées, l’un de 0 gr. 20, un autre de 0 gr. 15, un troisième de 0 gr. 10, et enfin un quatrième de 0 gr. 05 de persodine. Celui recevant la dose un peu élevée de 0 gr. 20 par injection est resté à peu près stationnaire comme poids, la dose de sel étant vraisem- blablerment déjà un peu forte. Les trois autres ont engraissé notablement et cette modification s'est traduite par les augmentations de poids suivantes : —- 290 grammes (cobaye à 0 gr. 15); L 460 grammes (cobaye à 0 gr. 10), et — 192 grammes (cobaye à 0 gr. 05). Exp. II. — Six cobayes sont placés dans une même cage et soumis aux mêmes conditions de vie et d'alimentation. Sur ces six cobayes, deux servent de témoins, deux recoivent en un mois quatre injections de 0 gr. 05 de per- sodine, et les deux derniers recoivent de même quatre injections sous-cutanées de 0 g. 10 de persodine. Les variations de poids ont été les suivantes dans l’espace de deux mois environ, du 12 janvier au 9 mars, en prenant les poids les plus élevés aux- quels aient atteint ces cobayes. Témoins a) + 170 grammes. b) + 230 grammes, 0 gr. 05 persodine a) + 210 -— b) + 50 — Ogr. 10 — éd MOT nee EAU Il ne semble pas qu'il y ait eu dans ce cas une influence favorable de la persodine, car les témoins ont en moyenne augmenté de poids plus que les sujets traités. B. Voie gastrique. — Exe. IN. — Neuf cobayes sont divisés en trois lots de trois sujets. Un lot sert de témoin. Au second on fait ingérer à quatre reprises au moyen d'une sonde 0 gr. 05 de persulfate de soude neutre, le troisième lot ingère de même Ogr. 05 de persulfate acide à 10 p. 100 de son poids. L'expérience commencée le 29 janvier a pris fin le 10 avril. Le tableau suivant donne les augmentations de poids maxima de ces animaux : Témoins a) + 70 gr. b) + 160 gr. c) + 10 gr. 0 gr. 05 de pers. N. a) + 110 gr. b) + 170 gr. c) + 290 gr. 0 gr. 05 de pers. Ac. a) + 60 gr. b) + 140 gr. c) + 150 gr. + 450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ici, l'influence du persulfate et surtout du persulfate neutre semble avoir été nettement favorable. IL. Lapixs. — Exp. 1. — Un lapin a reçu une première injection sous-cutanée de 0 gr. 25 de persodine, puis des injections répétées de 0 gr. 10 du même sel neutre ou acide. Son poids, de 2.400 grammes le 26 novembre, au début de l'expérience, s'est élevé progressivement jusqu'à atteindre 3.650 grammes, le 9 mars, trois mois et demi plus tard,] ayant augmenté ainsi de 1.250 grammes. Exp. II. — Un deuxième lapin suivi du 18 décembre au 8 mars a recu par intervalles des injections répétées de 0 gr. 05 de persodine neutre ou acide. Son poids s’est élevé de 2.670 grammes jusqu’à 3.080 grammes, accusant 410 grammes d'augmentation. Ces résultats sont encore assez favorables. LIT. Ciens. — À. Voie sous-cutanée. — Nous prenons comme type un des cinq chiens sur lesquels nous avons expérimenté et dont nous rap- porterons l’histoire détaillée dans une publication ultérieure. Exe. I. — Chienne de 6 kil. 500 recoit 16 injections sous-cutanées de 0 gr. 10 de persodine, quotidiennement ou à intervalles plus éloignés. Son poids varie de 6 kil. 500 au début de l'expérience le 26 novembre, à 6 kilo- grammes le 6 décembre, 6 kil. 700 le 12 et 7 kil. 200 le 25 décembre. Les urines, examinées tous les jours pendant ce mois, ont présenté une légère élévation du taux de l’urée, sans variations notables des chlorures et des phosphates. La quantité des urines a varié de 500 à 1.350 centimètres cubes, sans relations apparentes avec les injections. Cette chienne a ingéré par jour des quantités de soupe variant de 700 à 2.050 grammes, mais sans que ces variations soient en rapport avec les injec- tions de persodine. Les mêmes phénomènes se sont renouvelés pour tous nos autres chiens ; sauf que chez eux, l’urée n’a pas présenté de variations nota- bles. Le coefficient d'utilisation azolée ou rapport azoturique calculé chez l’un d'eux n’a subi qu'une légère élévation sous l'influence du persulfate. De 0,53 et 0,50 avant une injection de 0 gr. 25 de persulfate, il s’est élevé seulement à 0,56 après pour retomber rapidement à 0,52. B. Voie gastrique. — Un chien de 21 kilogrammes ingère par la sonde à plusieurs jours d'intervalle, du 1° février au 16 mars, sept doses de 0 gr. 10 de persulfate acide à 10 p. 100. Son poids était de 22 kil. 500 le 27 mars, après s'être élevé à 23 kilogrammes le 27 février, accusant ainsi une augmentation sensible. IV. Homme. — Les résultats qui précèdent nous ont encouragé à tenter quelques essais sur l’homme. dt.” SÉANCE DU Â12 MAI ; 451 Nous avons recueilli jusqu'à ce jour seize observations (1) de malades auxquels le médicament a été administré à la dose de 0 gr. 15 à 0 gr. 30 par jour, le matin à jeun ou assez longtemps avant les repas. Ces malades étaient, quelques-uns, des convalescents de maladies aiguës, mais, pour la plupart, des sujets atteints de tuberculose chirurgicale ou médicale. Chez tous, la persodine semble avoir augmenté l'appétit, faci- lité Les digestions et amené une augmentation de poids qui à pu attein- dre jusqu'à 7 et 9 kilogrammes en quelques semaines. Un malade atleint d'une poussée grippale au cours du traitement n’a augmenté que de 300 grammes en un mois et demi. Deux autres, atteints de tubercu- lose pulmonaire fébrile en voie de ramollissement et cavitaire, ont maigri l'un de 700 grammes, l’autre de 5 kilogrammes. Cependant, les résultats sont assez satisfaisants pour encourager à l'essai de la persodine employée à petites doses, 0 gr. 15 à 0 gr. 30, à jeun, comme apéritif, eupeptique, et dans le but d'améliorer l’état général et la nutrition des malades. Mais les faits sont trop peu nom- breux encore pour que nous osions formuler des conclusions fermes et précises sur la valeur thérapeutique de ce médicament. PHÉNOMÈNE THERMIQUE PENDANT LA COAGULATION DU LAIT, par MM. Caanoz et M. Doyon. [. BUT pu TRAVAIL. — Nous nous sommes proposés 1° de rechercher si la coagulation du lait est accompagnée d’un phénomène thermique notable ; 2° de fixer la limite supérieure du phénomène. IL. PRINCIPE DE LA MÉTHODE — Dans le lait plonge un thermomètre sensible; on provoque la coagulation et on déduit le phénomène ther- mique des indications du thermomètre. Si l’on admet que la quantité de chaleur mise en jeu dépend seulement des états initial et final, l’éléva- tion de température sera d'autant plus grande que la coagulation sera plus rapide. La coagulation était provoquée par de la présure. Pour hâter le phénomène, nous avons toujours opéré au-dessus de 30 degrés; de plus le lait était additionné au préalable d’un peu de chlorure de calcium. IT. DISPOSITIF EXPÉRIMENTAL. — Nos expériences ont été exécutées dans une grande chambre étuve. L'appareil contenant le lait était placé au milieu de la pièce. On ne pénétrait dans l'étuve qu’au moment propice. Nous n'avons jamais observé au milieu de la chambre de variations de latempérature de l'étuve supérieures à 0°50 pendant plusieurs heures. (4) Seront publiées in exlenso dans un travail futur qui doit paraitre dans le Bulletin médical. 452 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Vase à coagulation el enceinte iso/ante. Un vase en cristal mince de 10 centimètres de haut et 7 centimètres de diamètre est rempli de lait frais de vache additionné de quelques goultes d’une solution de chlo- rure de calcium. Ce vase est fermé par un bouchon de liège paraffiné de 4 centimètre d'épaisseur environ. Trois ouvertures sont ménagées. Dans l'une passe un thermomètre gradué en 1/10 de degré qui descend au centre de la masse liquide. Un petit entonnoir à robinet contenant une quantité connue de présure s'engage dans la deuxième ouverture. La troisième livre passage à la tige d'un agitateur formé d’une couronne circulaire en toile métallique. — Ce système est abandonné à l’étuve pendant deux heures environ. Des agitations fréquemment renouvelées favorisent l'équilibre thermique entre le lait et l’étuve. Après ce laps de temps, le vase à coagulation est introduit dans une enceinte isolante. Celle-ci est constituée par une caisse en bois de dix litres environ qui renferme côle à côte deux vases cylindriques en grès; l'intervalle est rempli de sciure de bois. Chaque vase en grès reçoit deux vases concen- triques en verre, séparés du grès et entre eux par du coton. Le dernier vase constitue l'enceinte immédiate où l’on introduit le récipient conte- nant le lait. L'enceinte isolante est maintenue constamment dans l’étuve et recouverte avec du coton et du carton. Lecture des thermomèlres. — Une lampe électrique constamment allumée est installée dans l’étuve. Une lunette viseur placée hors de l'étuve, à 1220 environ du dispositif, est braquée à travers une petite ouverture pratiquée dans la fenêtre de la chambre. Les thermomètres sont gradués en 1/10 de degré. Pour certaines positions du ménisque on peut apprécier le 1/50 de degré ; toujours on apprécie très sûrement le 1/30 de degré. IV. RÉSULTATS ET CONCLUSION. — L'agitation du liquide amène une élévation rapide, persistante, d’une fraction de 1/10 de degré. Après une agitation prolongée, une nouvelle agitation est sans action. A partir de ce point la température se maintient constante sans agitation pendant aumoins quinze minutes. A ce moment le robinet de l’entonnoircontenant la présure est ouvert ; le mélange est opéré et l’expérimentateur sort de l’étuve. Pendant cette opéralion, d’une durée de dix à quinze secondes, on observait une élévation de 2 à 6 centièmes de degré ; puis on pointait toutes les minutes pendant dix à vingt minutes suivant le cas. On vérifiait ensuite que le lait était parfaitement caïllé. Nous avons constalé, dans ces conditions, que la coagulation du lait s'opérant vers 32 degrés sous l’action combinée de la présure et d’une petite quantité de chlorure de calcium ne s'accompagne pas d'un phéno- mène thermique appréciable. Le phénomène, s’il existe, est inférieur à 1/30 de degré centigrade. Remarque. — Nos expériences ont été faites comparativement avec de la présure bouillie et de la présure fraîche. Il faut être prévenu que SÉANCE DU 12 Mai 153 la présure en solution aqueuse même neutre s'altère très rapidement déjà à la température de 30 degrés. Ce fait avait déjà été mis en évidence par Camus et Gley {Arch. de Phys., 1897). (Travail du laboratoire du proresseur Morat), ACTION DES BASSES TEMPÉRATURES SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG ET DU LAIT ET SUR LE POUVOIR COAGULANT DE LA PRÉSURE, par MM, Cuaxoz et M. Doyon. I. BUT DU TRAVAIL. — Un abaissement de température de 180 degrés environ modifie-t-il la coagulabilité du sang et du lait et le pouvoir coagulant de la présure? Tel est le problème que nous avons étudié. Nous en donnons les conclusions. II. MopE OPÉRATOIRE. — Pour obtenir ces basses températures, nous avons employé l'air liquide. Un tube à essai étroit, en verre mince, contenant les liquides étudiés, était introduit dans l'air liquide placé dans une éprouvetle spéciale. On comptait le temps d'exposition à partir de la cessation de l’ébullition tumultueuse. Ce temps variait dans les diverses expériences. Le tube était ensuite retiré du liquide, puis laissé quelques heures dans le laboratoire pour permettre l'équilibre des températures. La substance était alors soumise aux influences coagulantes en même temps qu'un échantillon témoin non refroidi. On comparait les durées de coagulation et les caillots obtenus. III. RésuLratTs. — A. Sang. — Du sang frais de chien, oxalaté à 1,5 p. 1000, a présenté Les particularités suivantes : 1. À — 180 degrés ce sang constilue une masse opaque paraissant non homogène, d'aspect granilé (grains blancs et rouges); + 2. Quand après treize minutes le tube est sorti de l'enceinte conte- nant l'air liquide, la couleur de la masse sanguine s’avive. Après quel- ques instants on voit sourdre un liquide d’un beau rouge rubis. 3. Le sang revenu à la température ordinaire est parfaitement fluide. À l'examen microscopique, les globules rouges sont déchiquetés et complètement altérés; l'hemoglobine a diffusé. 4. Additionné de chlorure de calcium, ce sang se coagule dans les mêmes condilions qu'un échantillon témoin non refroidi. Le sérum exsudé est rouge. B. Lail, — Du lait frais, bien homogène, est maintenu pendant quinze minutes à — 180 degrés. Après réchauffement on constate la formation d'une couche épaisse de crème à la surface; ce lait chauffé à l'étuve à 35 degrés caille sous l'influence de la présure avec la même 454 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————— mms vitesse que du lait non refroidi. Les caillots paraissent identiques. CG. Présure, — Des échantillons de présure commerciale liquide ont été maintenus à — 180 degrés pendant une, cinq, dix et trente minutes. Des prises d'essai de ces liquides portées dans du lait chauffé à 35 degrés produisent la coagulation avec la même vitesse que la présure non refroidie. Les caillots paraissent identiques. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) LES BRANCHES HÉPATIQUES DE L’ARTÈRE CYSTIQUE, CHEZ L'HOMME, par MM. Cavanié et Paris. Le territoire de distribution de l'artère cystique n’est pas limité à la | vésicule Biliaire ; indépendamment des rameaux destinés au canal cys- Ÿ tique et au canal cholédoque, nous savons que cette artère se divise en deux branches, aux environs du col, et que chacune de ces branches suit une des faces latérales de la vésicule en fournissant des rameaux, à celle-ci d'un côté et au foie de l’autre (M. Calot, 7h. Paris, 1890; M. Siraud, Lyon médical, 1895). | D'après Sappey, des deux branches de l'artère cystique, l’une se dis- tribue à la face supérieure ou adhérente de la vésicule et envoie quel- ques ramuscules dans la substance hépatique de la fosselte biliaire. Pour quelques auteurs (M. Siraud), ces ramuscules sont de fines ramifications de l’artère hépatique passant du foie à la vésicule. Nous avons étudié, sur quinze sujets, les branches hépatiques de l'artère cyslique, à l’aide d’injections variées, suivies d'examens radio- graphiques et de dissections à la loupe. 4° Injections mercurielles, épreuves radiographiques, examen stéréoscopique. — Nous pratiquons des injections de mercure, soit dans l’artére cystique après isolement ou ligature des autres divisions de l'artère hépatique, soit dans l'artère hépatique après section et ligature de l’artère cystique. Nous nous servons d'un simple appareil composé d’une canule en verre, unie à un entonnoir par l'intermédiaire d’un tube de caoutchouc à vide; nous modifions la pression en faisant varier la hauteur de l’entonnoir. Résultats. — Une injection mercurielle, faite par l'artère cystique après section des autres branches de l'artère hépatique, remplit rapidement les réseaux de la vésicule; le mercure fuit par les ramuscules que fournit l’artère cystique au canal cystique, aux divisions voisines de la veine porte et aux ganglions du hile; et il revient, peu après, par. les orifices de section de quelques brauches de l'artère hépatique (artères du lobe droit et du lobe carré). S br OC SÉANCE DU Â2 MAI Si les branches de l'artère hépatique ont été liées, au niveau du hile, tout le système artériel hépatique, dans la même expérience, est peu à peu injecté, y compris les réseaux sous-capsulaires, et en plus les artères rénales et dia- phragmatiques inférieures. En placant la canule à injection dans l'artère hépatique, après section et ligature de l'artère cystique, nous obtenons l'injection artérielle du foie, et, moins aisément, plus lentement, celle de la vésicule biliaire. En examinant au stéréoscope les épreuves radiographiques de ces pièces, on peut constater l'existence d’anastomoses nombreuses et variables entre les rameaux de l'artère cystique et ceux de l’artère hépatique. Ces rameaux anas- tomotiques se dirigent, obliquement en bas, des faces latérales de la vésicule au tissu hépatique (lobe droit, lobe carré). Deux d’entre eux paraissent plus constants et plus volumineux : ils sont symétriques et se détachent l’un de la branche droite, l’autre de la branche gauche de division de l'artère cys- tique, au niveau de l’union des 2/3 supérieurs et du 1/3 inférieur de la vési- cule biliaire. Chaque rameau se subdivise et les subdivisions s’anastomosent généra- lement, dans les espaces de Kiernan marginaux avec les ramifications de l’artère hépatique. 20 Jnjections à la cire, à la paraffine ou à la gélatine colorée. Dissections. — Sur les pièces injectées, puis disséquées à la loupe, nous observons que les rameaux hépatiques partent des faces latérales de la vésicule (voir plus haut) ou bien de la face adhérente ou supérieure de cet organe (fossette biliaire). Les premiers sont de trois ordres, sous-péritonéaux, sous-capsulaires, paren- chymateux. Les rameaux sous-péritonéaux, et sous-capsulaires s’anastomosent quelquefois avec le système artériel hépatique. Les rameaux parenchymateux ont uue longueur qui varie de 2 à 8 centimètres, et paraissent être nettement des branches de division de l'artère cystique. En passant latéralement de la vésicule au foie, il soulèvent parfois en un petit repli, la séreuse péritonéale. Ils abandonnent des ramuscules au tissu hépatique marginal et vont géné- ralement se terminer par deux ou trois artérioles, dans autant d'espaces de Kiernan voisins, en s’anastomosant, par inosculation ou non, avec les ramifi- cations artérielles hépatiques. Quant aux ramuscules qui traversent la fossette biliaire, il ne nous est pas possible encore d'affirmer s'ils appartiennent au système hépatique ou au système cystique, bien que dans quelques-unes de nos pièces, ils nous aient semblé dépendre de ce dernier. Dans ce cas, ces ramuscles se détachent des ramifications de la branche droite de l'artère cystique, au niveau de la face supérieure, adhérente de la vésicule biliaire ; ils ne s’enfoncent pas au delà de 3 à 4 millimètres dans le tissu hépatique marginal de la fossette biliaire et ne s’anastomosent pas avec les artérioles hépatiques. 1° Les deux branches de division de l'artère cystique envoient des rameaux au foie (artères cystico-hépatiques); ces rameaux peuvent être groupés en trois ordres: Sous-périltonéaux, sous-capsulaires, paren- chymateux ; Ces derniers s'anastomosent plus particulièrement que les autres avec les ramifications de l'artère hépatique ; 156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° La branche droite de division de l'artère cystique, qui irrigue la face adhérente de la vésicule, envoie, en outre, quelques filets au tissu hépatique de la fossette biliaire; 3° ILest possible, par l'injection de l'artère cystique, ou inversement par celle de l'artère hépatique après ligature de l'artère cystique, de remplir à la fois les deux systèmes artériels du foie et de la vésicule biliaire. % Les portions marginales du lobe droit et du lobe carré limitant latéralement la vésicule biliaire, ainsi que la substance hépatique mar- ginale de la fossette biliaire font partie du territoire de distribution de l'artère cystique. DOSAGE DU CUIVRE DANS LES RECHERCHES BIOLOGIQUES, par M. CHARLES DHÉRÉ. Une communication toute récente de M. Raphaël Dubois sur « le cuivre normal dans la série animale (1) » me décide à publier sous une forme fragmentaire des recherches analogues commencées depuis plus d'un an et qui sont encore actuellement en cours. Sur les conseils et sous la direction de M. Dastre, j'ai abordé, notamment, l'étude des questions suivantes : 1° Généralité de l'existence du cuivre dans les divers sangs d'invertébrés qui offrent une cérulescence rattachée à la présence de l’hémocyanine et relation approximative entre l'intensité de leur coloration azurée et leur teneur en cuivre ; 2 rapport entre la richesse en cuivre et la capacité respiratoire du sang. Ces détermina- tions exigeaient qu'on possédàt une méthode de dosage du cuivre à la fors simple, commode, précise et exacte. La technique que je vais décrire, dont le principe m'a été suggéré par M. Lapicque, remplit ces conditions d’une façon vraiment satisfaisante. La destruction de la matière organique s'effectue à chaud, dans un ballon, au sein de l'acide sulfurique ; pour accélérer et parfaire la com- bustion, on recourt à des additions successives d'acide azotique ; bientôt on obtient une liqueur sensiblement incolore qui contient tout le cuivre à l’état de sulfate. Le manuel opératoire est, de tout point, identique à celui employé par M. Lapicque (2) en vue du dosage du fer; je renvoie à son travail pour le détail des précautions à observer. Dans un second temps, on sépare le cuivre en électrolysant la solution précédente étendue d’eau distillée et additionnée d’une petite quantité d'acide azotique : cette introduction d'acide azotique dans la liqueur favorise, ainsi que l’a montré Lukow, le dépôt exclusif du cuivre. On utilise un courant d'une force électromotrice de 2, 3 à 5 volts qu'on laisse passer dix à quinze heures; le terme de la précipitation est reconnu à ce qu'une par- (4) Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1900, p. 392. (2) Thèse, Faculté des sciences, 1897. SÉANCE DU 12 MAI 457 tie de l’électrode — nouvellement immergée — ne se recouvre plus de cuivre ; le dépôt est lavé sans interrompre le courant. La détermination de la quantité de cuivre déposée peut être faile par pesée; mais plus avantageusement, quand il s’agit des petites quantités habituellement rencontrées en physiologie, par colorimétrie, en profitant de la réaction du ferrocyanure de potassium sur les sels de cuivre. On atteint ainsi très facilement une précision plus grande, et on a des résultats exacts, mème si le dépôt est souillé d'oxydule. A cette fin, le cuivre déposé est dissous au moyen de l'acide nitri- que; mais, J'insiste sur ce point, la liqueur d’azotate de cuivre traitée directement par le ferrocyanure de potassium ne saurait permettre une chromométrie rigoureuse. En effet, elle contient forcément un excès d'acide nitrique ; or, il suffit de la présence d’une trace d’acide libre pour altérer et affaiblir la coloration dont l'intensité baisse,fd’ailleurs, rapide- ment par suite de la précipitation progressive du ferrocyanure de cuivre. A ce point de vue, des liqueurs fortement, mais inégalement acides, ne sont pas comparables. Il est donc indispensable d'éliminer l'acide azotique libre. On ne peut y réussir convenablement par la chaleur, car l'azotate de cuivre est décomposé; d’autre part, la neutralisation, en introduisant un sel étran- ger dans la liqueur, faverise la coalescence du ferrocyanure colloïdal et laisse, par conséquent, subsister la cause d'erreur. Il y a cependant un moyen de tourner la difficulté; c'est d’évaporer la liqueur dans le vide, au dessus de plaques de potasse caustique, à la température du laboratoire. Dans ces conditions, on obtient, au bout de douze heures environ, l’azotate de cuivre à l’état cristallin et absolument exempt d'acide libre. Il suffit de le dissoudre dans l’eau distillée, d'ajouter quelques gouttes de ferrocyanure de potassium au 1/10 pour avoir une liqueur propre à la colorimétrie et à teinte tout à fait stable. En opérant ainsi on peut apprécier le cinquantième de milligramme, mais, dans la pratique cou- ranle, on s’en tiendra à la précision du 20° de milligramme, largement suffisante. De nombreuses expériences de contrôle m'ont permis d’éprouver la valeur de la technique que je viens d'exposer; j'en citerai une, comme exemple : A 3 centimètres cubes de blanc d'œuf, on ajoute 1 milligramme de cuivre sous forme d’azotate. On combure avec 5 centimètres cubes d'acide sulfurique, on électrolyse et on retrouve 0 milligr. 95 de cuivre au dosage colorimétrique, soit la quantité introduite (au 20° de milli- gramme près). Il n’y a donc dans la série des manipulations qu’une perte extrèmement légère. ; (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne). 458 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE CUIVRE HÉMATIQUE DES INVERTÉBRÉS ET LA CAPACITÉ RESPIRATOIRE DE L'HÉMOCYANINE, par M. CHARLES DHÉRÉ. On sait que M. Léon Fredericq a supposé que la combinaison de l’'hémocyanine avec l'oxygène est liée à la présence du cuivre dans la molécule de cette substance. Cette hypothèse, légitimée par les analyses de Harless et von Bibra, de Witting, de Genth, etc., qui avaient révélé l'existence du cuivre dans le sang de divers mollusques et crustacés, semblait affermie encore par les travaux subséquents de Krukenberg et de Griffith. Cependant, M. Heim, reprenant plus récemment l'étude de l’'hémocyanine chez les crustacés décapodes, arriva à cette conclusion que le cuivre ne saurait entrer dans la composition du pigment, car ce métal manque constamment dans le sang — pourtant d’un bleu vio- lacé quand il est oxygéné — de la langouste, du tourteau et de l’écre- visse. Cet auteur insistait, avec raison, sur les causes multiples, et, en quelque sorte, enveloppantes, d'introduction accidentelle du cuivre, qui avaient pu induire en erreur plusieurs chimistes. On pouvait encore opposer à la théorie de l'hémocyanine cuprique la prodigieuse dissémi- nalion, l’ubiquité, pour ainsi dire, du cuivre, aussi bien chez les ani- maux que chez les végétaux. Un travail de revision, qui apportâl en même temps des données quantitatives, s’imposait donc. Ce sont les premiers résultats de ce travail que l’on trouvera ci-dessous. Les dosages ont été effectués d’après une méthode précédemment décrite; les analyses ont toujours porté sur 10 centimètres cubes de sang. TENEUR EN CUIVRE DU SANG. (exprimée en milligrammes). ESPÈCES CS REMARQUES 100 c. c. 100 gr. | sang frais. sang sec. ÿ : D se Escargots en hibernation, 1 ; Escargot 5 : L à 3 (décembre), 4et5, (Helix pomatia). 19 5 animaux d'un même lot re F (mai) ; 5, sang filtré. à 5 11,5 » à Ÿ 1 18 » 1 Poulpe À 2 20 153 | Sang recueilli sur les ani- î (Octopus vulgaris). l 3 18 » \ maux vivants (à Paimpol). k 4 23 5 » EL 4 | » î Tourteau À ; 7 Sang filtré, animaux ache- (Cancer pagurus). à ja à : tés aux halles. À Langouste ; ‘5 Ë : Animaux achetés aux hal- (Palinurus vulgaris). ) , de L les. ï L} « à Éd Animaux envoyés de Paim- M A nn ; ne à pol. Sang défibriné et Fe ‘ ) filtré. Ÿ Ecrevisse 1 4 » { Animaux achetés aux ha (Astacus fluviatilis). / 2 8 » Ÿ les;2,sangfluoréetfiltré SÉANCE DU 12 MAI 459 L'examen de ce tableau montre que le cuivre est un constituant nor- mal de l'hémo-lymphe de l’escargot, du poulpe, du tourteau, du homard, de la langouste et de l’écrevisse, mais que sa proportion est assez va- riable d’une espèce à une autre et d’un individu à un autre de la même espèce. Ces variations semblent parallèles aux variations d'intensité de la couleur bleue du sang, du moins dans une espèce donnée. Je me propose de préciser cette relation par des déterminations spectrophoto- métriques. Une autre vérification qu'appelle la théorie de l’hémocyanine est celle de la proportionnalité de la teneur en cuivre du sang à son pouvoir absorbant pour l'oxygène. Malgré son grand intérêt, cette recherche n’a encore été entreprise, que je sache, par aucun physiologiste. Je n'ai pu faire, jusqu'à présent, qu'un petit nombre de ces dosages compara- tifs; néanmoins je n'hésite pas à les publier, car ils paraissent assez expressifs. L'oxygène était dosé dans 20 centimètres cubes de sang par le pro- cédé à l'hydrosulfite de soude au moyen de l'appareil perfectionné par M. Lambling et par M. Lapicque. Le sang était saturé d'oxygène à la pression de 1/5 d’atmosphère par agitation à l'air; sa température était prise immédiatement avant l'analyse. 100 €. &. DE SANG CONTIENNENT ESPÈCES TEMPÉRATURE “ue —— REMARQUES Oxygène. Cuivre. Escargot. 170 1ec45 Gusrs Sang filtré (décembre). id. 19 ù H: 5 id. (mai). Homard. 17 3 0 STE) Sang défibriné et filtré. id. 18 5 del A0BRS id. Ecrevisse. 22 2 4 8 Sang fluoré et filtré. Ces résultats demanderaient à être interprétés; il y aurait lieu, notamment, de distinguer dans les chiffres précités, ce qui se rapporte à l'oxygène dissous et à l'oxygène combiné. Je me réserve de revenir sur ce point lorsque je posséderai des documents plus nombreux. (Travail du laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) SUR LA TENEUR EN FER DE L'HÉMOGLOBINE DE CHEVAL, par MM. L. Lapicque et H. Gizarpont (1). La proportion de fer dans l’hémoglobine de cheval semblait connue et fixée à 0,45 ou 0,47 p. 100, lorsque Bunge, avec son élève Zinofiski, (1) Les auteurs ont demandé l'ouverture d'un pli cacheté déposé par eux le 40 février 1900. Voici la teneur de ce pli : 1° L'hémoglobine du sang de cheval, préparée rapidement, c’est-à-dire 160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans une étude soigneuse qui n’a pas été contestée, affirma que cette hémoglobine ne contient que 0,335 de fer p. 100. Il y a entre ces deux chiffres un écart énorme (ils sont presque dans le rapport de deux à trois). De nouvelles recherches faites par Bunge avec Jacquet sur l’hémoglo- bine du chien et des oiseaux donnent des différences du même genre. Les travaux récents tendent donc à faire considérer les chiffres de Hoppe-Seyler et tous les chiffres classiques comme beaucoup trop élevés. L'erreur en plus attribuable aux anciens dosages de fer, signalée par l'un de nous, parait insuffisante pour expliquer l'écart. Nous avons voulu rechercher si cet écart ne tiendrait pas à ce que les analyses ont porté sur des produits différents, fournis par des méthodes de preparation différentes : les méthodes anciennes comportlaient des manipulations très lentes; l'introduction des appareils centrifugeurs à permis de réduire considérablement le temps de la préparation. Il est concevable qu'on arrive dans l’un et l’autre cas à des produits sem- blables par leurs propriétés cristallines, optiques, et même respira- toires, mais différant d'un cas à l’autre par un dédoublement de la molécule laissant intact le groupement ferrugineux caractéristique auquel sont attachées les propriélés ci-dessus. Nous avons préparé de l'hémoglobine de cheval par les deux pro- cédés suivants : l'un est à peu près celui de Jacquet, l’autre, celui de Hoppe-Seyler. Il a été fait quatre préparations par la méthode rapide, sur quatre sangs différents. Les résultats ont été parfaitement concordants, dans les limites mêmes de l’approximation du dosage. L'hémoglobine ainsi obtenue contient de 0,29 à 0,30 de fer p. 100. Il a été fait trois préparations par la méthode lente, sur deux sangs différents, dont un est commun à la série précédente; les teneurs en fer, pour cent, ont été : 0,34, 0,29, 0,33. C'est-à-dire que nous retrouvons le chiffre de Zinoffski deux fois sur trois par la méthode lente, nullement des chiffres plus élevés se rappro- chant des chiffres anciens. La méthode rapide donne régulièrement un chiffre de fer encore plus bas, encore plus éloigné de ces chiffres anciens que nous devons pour le moment renoncer à expliquer. Le chiffre 0,29-0,30 nous paraît être celui qui correspond au produit le plus voisin de l’hémoglobine telle qu'elle existe dans le sang; le mise à cristalliser dans l’eau alcoolisée froide quelques heures après la mort de l'animal, les stroma ayant élé écartés par la centrifugation, se présente toujours avec une teneur en fer de 0,30 p. 100. 2° Une préparation lente, telle que celle d'Hoppe-Seyler, donne une hémo- globine contenant 0,33 ou 34 de fer p. 100. SÉANCE DU 1Â2 Mar 461 chiffre 33-34 correspondrait à un produit déjà altéré dans le sens de notre hypothèse préalable; voici nos raisons : 1° Du sang de cheval, défibriné; est filtré sur étamine, centrifugé, le sérum est décanté de facon à enlever la couche des globules blancs; les globules agités avec une solution de NaCI à 3 p. 100 sont de nouveau centrifugés, le liquide de lavage est décanté ; les globules repris par environ deux volumes d’eau distillée se dissolvent, on centrifuge pour séparer les stroma ; la solu- tion limpide est additionnée d’alcool de facon à atteindre 25 degrés, et on met à la glacière. Toutes ces opérations peuvent être exécutées dans la même journée, de sorte que la préparation est mise à cristalliser quelques heures après que le sang esl sorti des vaisseaux de l’animal. La première cristallisation, examinée au miroscope, nous a toujours donné des cristaux bien nets et bien propres; ces cristaux, séparés des eaux mères par centrifugalion, lavés avec l’alcool froid à 25 degrés, redissous dans l’eau, sont remis à cristalliser comme la première fois. La recristallisation est opérée encore une fois de la même manière. Les cristaux sont alors recueillis sur un filtre S., S, essorés à la trompe, lavés à l’éther, finalement étendus sur une plaque de porcelaine dégourdie, recueillis avec un couteau en platine, et mis à sécher jusqu’à poids constant dans le vide froid et sec. 2° Le sang défibriné est abandonné au repos pendant vingt-quatre heures ; le sérum est décanté, les globules sont agités avec dix volumes de solution de NaCI à 3 p. 100, puis abandonnés de nouveau au repos; le dépôt s'effectue tres lentement et exige deux ou trois jours ; la purée de globules est alors agitée avec trois volumes d’eau et un volume d’éther; séparation de l’éther par décautation; filtration de la solution aqueuse sur papier; enfin addition d'alcool et tout le reste comme ci-dessus. Le dosage du fer à été fait par le procédé colorimétrique. Ce procédé nous donne la seconde décimale à une unité près, chaque échantillon a été soumis à trois analyses au moins. L'hémoglobine à 0,29-0,30 de fer se présente avec tous les caractères d'un produit pur; en opérant suivant la technique que nous avons indiquée, on arrive à un résultat constant (à nos quatre opérations, il faut en joindre une exécutée par M. Dhéré en vue d'autres recherches, et dont le produit, analysé par nous, a donné une proportion de fer de 0,29 p. 100). L'hémoglobine à 0,33-0,34 est obtenue dans des conditions qui mani- festement laissent plus de place à une altération ; un des deux sangs soumis à la préparation lente a subi un commencement de putréfaction ; l'autre a donné, pour une portion, de l’'hémoglobine à 0,34, pour une deuxième portion, de l’hémoglobine à 0,29 ; ce qui montre que le pas- sage de l’une à l’autre est pour ainsi dire accidentel ; nous n’en pou- vons encore fixer le déterminisme. D'autre part, Zinoffski a obtenu son hémoglobine à 0,335 de fer par une technique qui diffère de la nôtre; 462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE notamment, pour se débarrasser des stroma, il employait une série de réactions chimiques très capables d'altérer une substance délicate. Nous nous proposons de déterminer ultérieurement ce qui fait la différence entre les deux produits ; mais nous pouvons affirmer que ce n'est pas de l’eau de cristallisation ; en effet, l'hémoglobine à 0,29-0,30 de fer ne change pas sensiblement de poids après avoir été chauffée pendant huit jours à 110 degrés dans une étuve à toluol. Enfin, il n'existe pas das le sang plusieurs hémoglobines différant par leur proportion de fer, et possibles à séparer par une cristallisation fractionnée. L'expérience suivante en fait foi, en même temps qu'elle montre un nouveau cas de transformation d’une hémoglobine dans l'autre ; les eaux mères de notre quatrième préparation (ayant donné à 0 degré une abondante cristallisation d'hémoglobine à 0,30 de fer), après avoir séjourné environ dix heures dans le laboratoire à la tempé- rature ordinaire, furent remises à la glacière ; au bout de quarante- huit heures, elles fournirent une nouvelle cristallisation peu abondante ; ces cristaux ayant été retirés, les eaux mères furent placées dans un mélange réfrigérant à 15 degrés. Les deux produits ainsi obtenus, puri- fiés par deux cristallisations successives, donnèrent une | POPUEES de fer identique, à savoir 0,33-0,34. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) À SUR UNE NOUVELLE CLASSIFICATION CHIMIQUE DES DYSPEPSIES, par MM. GILBERT et ALLYRE CHASSEVANT. Il est actuellement universellement reconnu que l'examen chimique du suc gastrique conduit à des déductions importantes pour le diagnostic et le traitement des gastropathies. Jusqu'à présent les auteurs se sont surtout préoccupés d'évaluer qualitativement et quantitativement l'acidité du suc gastrique. C’est ce qui a permis de créer les deux grands types chimiques de dyspepsie: l'hyperacidité etl'anacidité en Allemagne, l’hyperchlorhydrieiet l’anachlorhydrie en France. Les variations quantitatives de la sécrétion pepsique et celles de la sécrétion de la caséase (lab des Allemands) ont été beaucoup moins étudiées. Ewald croyait qu'il y avait parallélisme entre l'acidité du suc gas- trique et son pouvoir digestif. Les expériences d'Oppeler et celles d'Ham- merschlag semblaient vérifier cette hypothèse, si bien que la plupart des auteurs l'acceptèrent. En France, Hayem, qui a imaginé une méthode d'analyse permettant SÉANCE DU 12 MAI 463 d'évaluer qualitativement et quantitativement les variations de la sécrétion des éléments chlorés, parait aussi admettre ce parallélisme, puisque dans sa classification des dyspepsies, il appelle hyperpepsie l'exagération de la sécrétion chlorhydrique, et kypopepsie la diminution de celte sécrétion. En étudiant comparativement et simultanément les variations de la sécrétion chlorhydrique et de la sécrétion pepsique, nous avons cons- taté que contrairement à l'affirmation d'Ewald il n’y avait aucun rap- port entre elles; Roth, qui a poursuivi les mêmes recherches, relève les mèmes discordances, sans toutefois tirer les conclusions qu’elles com- portent. On doit donc tenir compte dans la classification des dyspepsies des variations de ces deux sécrétions fondamentales. L'étude des variations de la sécrélion de la caséase devrait entrer aussi en ligne de compte dans la classification, car il existe également des discordances entre cette sécrétion et celle des autres éléments du suc gastrique. Toutefois, pour ne pas multiplier à l'infini les types chimiques des dyspepsies, et tout en faisant observer que la caséase doit être dosée dans certains cas, nous proposons une classification fondée sur les diverses proportions des deux principes fondamentaux du suc gastrique : la pepsine et le chlore. Il convient de réserver le vocable pepsie pour désigner la sécrétion de la pepsine et le vocable chlorhydrie pour les composés chlorés. Le tableau suivant comprend les divers cas qui peuvent se rencontrer : 1° Æyperchlorhydrie (1) avec hyperpepsie; 2° Hyperchlorhydrie (4) avec pepsie normale; 3° Hyperchlorhydrie (1) avec hypopepsie (2); 4° Chlorhydrie normale avec hyperpepsie. Chlorhydrie normale avec pepsie normale ; 6° Chlorhydrie normale avec hypopepsie; 1° Hypochlorhydrie (3) avec hyperpepsie; 8° Hypochlorhydrie avec pepsie normale ; : 9° Æypochlorhydrie avec hypopepsie. Nous avons rencontré en pratique des cas qui rentrent dans les divers groupes que nous venons d'énumérer, sauf un. Nos expériences nous ont montré, que : l’hyperchlorhydrie avec hyper- pepsie est relativement rare (2 cas); l’hyperchlorhydrie avec pepsie nor- (4) Chacun de ces groupes peut comporter les trois subdivisions adoptées pa: Hayem : hyperchlorhydrie générale, na ul pi chloroorganique, hyperchlor- hydrie chlorhydrique. (2) L'hypopepsie peut devenir de l'apepsie, (3) L'hypochlorhydrie peut devenir de l’achlorhydrie, Biocooir., ComprEs RENDUS, — 1900, T, LIT. 36 ere ce + 464 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— male est assez fréquente; mais on observe surtout l’'hyperchlorhydrie avec kypopepsie. La chlorhydrie normale avec hyperpepsie est rare; la chlorhydrie nor- male avec pepsie normale représente l’état idéal; nous n'avons pas encore observé de cas de chlorhydrie normale avec hypopepsie. -L’hypochlorhydrie avec hyperpepsie existe, nous en avons observé trois cas; l’hypochlorhydrie avec pepsie normale est relativement très fréquente ; l’hypochlorhydrie avec hypopepsie semble être beaucoup moins commune, qu'on ne le suppose a priori; nous n'en avons pas encore observé, mais Roth en a signalé quelques cas. Nous nous proposons de faire suivre cette courte note préliminaire d'un travail où nous exposerons en détail les résultats de nos analyses et les déductions thérapeutiques qu’elles comportent. Du DIABÈTE PAR HYPERHÉPATIE DANS LES CIRRHOSES PIGMENTAIRES, par MM. À. GILBERT, J. CASTAIGNE et P. LEREBOULLET. Dans la cirrhose pigmentaire diabétique (diabète bronzé), depuis le mémoire initial de Hanot et Chauffard, c’est surtout le mécanisme de la pigmentation qui a été l’objet de discussions nombreuses; quant au diabète, d'abord considéré comme primitif et tenant sous sa dépendance les autres phénomènes, il est actuellement plutôt regardé comme dis- tinct du diabète ordinaire, faisant partie de l’ensemble symptomatique, sans en constituer l'élément principal. Cette conception tend surtout à s'établir depuis qu’il est prouvé que la cirrhose hypertrophique pigmen- taire peut s’observer sans que le diabète l'accompagne forcément (Le- tulle, Gilbert et Grenet). Maïs ceux qui font ainsi du diabète bronzé une maladie spéciale (Marie, Janselme, etc.) tendent à rapporter le diabèle à une lésion pancréatique, sans faire intervenir la lésion hépatique. Pour nous, au contraire, le diabète, conséquence et non cause de la cirrhose, est dû à l’hyperfonctionnement de la cellule hépatique, à l'hyperhépatie; les deux faits que nous publions ci-dessous apportent quelques arguments à l'appui de cette interprétation. “Os. I. — Edouard X..., âgé dé trente-cinq ans, obése, alcoolique, a remar- qué-que, depuis sept à huit ans, la peau de la face et des mains a une teinte bronzée qui s’exagère dans l’été, et s'est surtout accentuée depuis trois à quatre ans. PSM En 4897, amaigrissement progressif sans motif apparent. Pas d’autres troubles jusqu'en mai 1899. À ce moment, soif assez vive, surtout nocturne, avec poly- urie sans polyphagie. En juin 1899, première constatation du sucre dans les urines (80 grammes envirow par vingt-quatre heures). 1 à FA Ÿ F =. O4 SÉANCE DU 12 Mar En juillet, affection intercurrente (scarlatine ?), dont le sujet guérit bien. En octobre, l’un de nous constate l’hypertrophie du foie et de la rate, et du subictère des téguments, greffé sur la pigmentation légère de la face et des mains. À ce moment, 50 grammes environ de sucre | par vingt-quatre heures. O Peu de jours après, une affection pulmonaire grave tient le malade alité plusieurs mois; lorsqu'il en guérit, en février (après avoir, au cours de sa convalescence, fait une courte cure d'extrait hépatique), t/ n'a plus de sucre -et l'urine contient des traces d'albumine. Le sucre réapparaît ensuite, atteignant en mars de 70 à 80 grammés par vingt-quatre heures. Lorsque nous l’examinons complètement, à la fin de mars, le malade, quoique amaigri, est encore robuste et plutôt obèse. Aspect bronzé des téguments de la face et des mains, avec subictère sura- Jouté, sans imprégnation notable des muqueuses; large tache pigmentaire dans la moitié sous-ombilicale de l'abdomen. A l'examen de l’abdomen, hypertrophie marquée du foie, surtout du lobe gauche. Consistance ferme, indolente, avec bord libre émoussé. Sa hauteur mesure 16 centimètres sur la ligne médiane, 14 centimètres 5 sur la ligne mammaire droite, 13 centimètres sur la ligne axillaire antérieure. La rate, volumineuse, ferme, indolente, mesure 16 centimètres dans son grand axe. Pas d’ascite, ni de circulation nn meule e Pas de troubles digestifs. Selles normalement colorées. Le pouls est régulier, en hypertension (19 au sphygmomanomètre de Potain). Au cœur, bruit de galop très net. Réflexes rotuliens conservés. Aucun trouble du système nerveux. L'état général est d’ailleurs assez satisfaisant et le malade peut FÉSNIÈREE ment se livrer à ses occupations assez actives. Les urines abondantes (2 litres à 2 litres 1/2), contiennent 84 grammes de sucre par 24 heures et 26 gr. 484 d’urée, Pas d’albumine. Traces à peine appréciables de pigments biliaires. Pas d’urobiline. Pas d’indicanurie. L'examen du sang fournit les résultats suivants : 1e G. R. — 3.333.600; G. B. — 12.710; R. G. — 2.868.728; V. G. — 0,86; La numération des diverses variétés de leucocytes donne : | Polynucléaires — 76 0/0; Mononucléaires — 21,5 0/0; Eosinophiles — 2,5 De - Le sérum est très riche en pigments biliaires vrais. En recueillant par fractions les urines des 24 heures, nous avons pu cons- - tater l'influence de l'alimentation sur la quantité de sucre éliminée. Mais cette influence, moins complète que dans les cas de diabète par anhépatie, se poursuit de manière continue entre les deux repas, et se prolonge longtemps après le repas du soir. Le maximum de l'élimination du sucre par heure s’observe entre 5 et. 7 heures du soir, À une période déjà éloignée du premier - jeun à la période la plus éloignée des Re (plus de 12-heures:après le repas du soir); l’élimination du sucré reste à un taux élevé toute la nuiti ::::. : L'opothérapie hépatique à eu chez ce malade des résultats inverses de ceux que l’on observe lors de diabète par anhépatie; après 7 prises d'extrait hépa- tique, le sucre est monté à 112 gr. 42; après 12 prises, à 131 gr. 88 ; après 466 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 19 prises, à 447 gr. 175. Simultanément, l’urée a augmenté progréssivement jusqu'aux environs de 34 grammes (1). Nous avons étudié parallèlement l'absorption de 200 grammes de glucose pur à jeun chez un sujet atteint de diabète par anhépalie et chez celui-ci. Chez le premier, qui n'avait plus de sucre au moment de l’épreuve, le sucre éliminé a atteint 15 gr. 2 au bout d’une heure, 29 gr. 03 la 2° heure, 22 gr. 5 la 3° heure, pour cesser ensuite totalement; chez notre malade la quantité de sucre éliminé par heure, après avoir atteint 14 gr. 63 la 1"° heure, est restée aux environs de 9 grammes les 2 heures suivantes, est montée à 11 grammes - la 4 et la 5° heure, à 14 grammes la 6°, s’est maintenue à 13 grammes les 6 heures suivantes. En résumé, élimination rapide, considérable et passagère chez notre diabétique par anhépatie, élimination lente, relativement ere et longtemps prolongée chez notre diabétique pigmentaire. OBs. II. — M. X.., âgé de cinquante ans, a un diabète reconnu deptis le milieu de l’année 1896. Le 1°" décembre 1896, le malade émet 2 litres d'urine qui contiennent 19 gr. 50 de glucose et 37 gr. 50 d’urée. Le foie déborde le rebord des fausses côtes de 2 travers de doigt. Son bord est mousse et dur. La rate a 15 centimètres de hauteur. Sa consistance est ferme. Le tégument externe, surtout à la face, présente la pigmentation du diabète bronzé, cette teinte s’est accentuée depuis quelque temps. M. X.,. s’est soumis à un régime sévère, presque exclusivement lacté. Le 8 février 1897, le sucre a sure, le taux de l’urée est tombé à 28 Ft Depuis cette époque, nous n'avons pas eu l’occasion de l'examiner à nou- veau, mais il vit, et sa santé paraît assez satisfaisante. Avant d'entrer dans la discussion de ces faits au point de vue du mécanisme du diabète, nous devons faire remarquer l’évolution relative- ment bénigne de l'affection. Nos sujets tolèrent assez bien leur maladie, qui leur permet de continuer leurs occupations, et rien ne fait GGSSENUT chez eux une issue fatale prochaine. Le diabète doit dans ces deux cas être mis sur le compte de l’hyperac- hoité de la cellule hépatique, être considéré comme secondaire à la lésion hépatique, effet et non cause de la cirrhose pigmentaire. . C’est à tort, croyons-nous, qu'on admet la déchance de la cote hépatique infiltrée de pigment. Sans insister sur ce point, sur lequel -nous reviendrons prochainement, les divers faits que nous avons observés nous permettent d'affirmer que, dans la règle, la cellule hépa- tique n’est pas frappée d'insuffisance au cours des cirrhoses pigmen- taires. Son hyperactivité paraît, au contraire, prouvée, dans la plupart des observations publiées, par le taux considérable de l’azoturie lorsqu'on l’a recherchée (60 grammes d'urée dans le cas de Gonzalez Hernandez, (1) Dans un cas de diabète pigmentaire ailleurs publié par lun de nous (GILBERT et Carnot. De l'opothérapie hépatique dans le diabète, Semaine médicale, 1897), le traitement opothérapique a échoué également; au con- -traire, une infection bénigne amena ultérieurement en quelques jours la baisse du sucre, qui remonta ensuite, ke "PPAAOUE on | SÉANCE DU 12 MAI 46 10 grammes dans celui de Massary et Potier, 50 à 70 grammes dans le cas de Rendu et de Massary, plus de 30 grammes dans la plupart des autres, etc.) et par l’évolution parallèle de la glycosurie et de l’azoturie. Les effets du trauement opothérapique (qui a augmenté le taux de la glycosurie dans notre premier cas), les résultats de la glycosurie alimen- taire, le foie semblant avoir arrêté le sucre pour ne le restituer que gra- duellement, sont de nouveaux arguments en faveur de l’hyperhépatie, puisque outre l’hypertrophe de l'organe on note l’exagération des diverses fonctions du foie. ; Pour nous, l’objection que l'on pourrait tirer de l’état histologique de la cellule hépatique dans les examens anatomo-pathologiques qui ont été pratiqués n'est pas valable et l'hypergénèse pigmentaire n'exclut pas l'hyperactivité de la cellule. Mais l'excès même de cette activité peut amener à la fin l'épuisement de la cellule; de même que souvent le coma fait suite au délire, le relâchement musculaire aux convulsions, de même l'hyperhépatie peut ne pas subsister jusqu’à la fin. Cet épui- sement de la cellule explique la disparition du sucre et la baisse du taux de l’urée à la période terminale des cirrhoses pigmentaires. Ainsi, le diabète dans les cirrhoses pigmentaires. nous parait dû à l'hyperhépatie; il en est de même dans d’autres variétés de cirrhoses hypertrophiques et dans un grand nombre de cas de diabète sucré. CIRRHOSES ALCOOLIQUES HYPERTROPHIQUES AVEC DIABÈTE, par MM. A. GILBERT et P. LEREBOULLET. En dehors de la cirrhose hypertrophique pigmentaire, la possibilité de cirrhoses hypertrophiques du foie s’accompagnant de diabète n’est guère mentionnée. Si la cirrhose hypertrophique est exceptionnellement signalée, elle ne l’est qu'à litre de coïncidence ou de complication sans commentaires sur son rôle diabétigène. M. Glénard, qui a si judicieu- sement insisté sur le rôle de l'alcoolisme dans la production du diabète et noté la fréquence de l’hypertrophie indurée et indolente du foie chez les alcooliques atteints de diabète, ne semble pas admettre pourtant que la cirrhose alcoolique hypertrophique puisse engendrer la glycémie avec ses conséquences (1). Les faits qu’il rapporte semblent cependant par (4) Pour lui, les alcooliques qui deviennent diabétiques sont atteints d'une hépatite précirrhotique mais non de cirrhose réalisée et complète. La meil- ‘leure preuve qu'il en puisse fournir se trouve, dit-il, dans ces observations « où le malade, après être resté vrai diabétique avec foie hypertrophié pen- dänt-quelques années, voit tout à coup le processus cirrholique se déclarer ou se rallumer en même temps que la glycosurie, la soif, la polyurie disparaissent pour faire place à l’ascite et à l'atrophie hépatique .». 468 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les antécédents et les caractères objectifs rentrer pour la plupart dans la catégorie des cirrhoses hypertrophiques alcooliques anascitiques, dans laquelle rentrent aussi les observations que nous allons rapporter. OBsERVATION I. — M. X..., âgé de quarante-deux ans, est atteint de cirrhose hypertrophique alcoolique auascitique avec diabète. Son père, obèse, gros mangeur, grand buveur, est mort à cinquante-quatre ans d’une phlébite de la jambe gauche consécutive à un anthrax (?). Bien portant jusqu'en 1898. À dix-huit ans, syphilis traitée dès le début et sans accidents ultérieurs. Grand buveur depuis le même âge. Au mois d'octobre 1898, perte des forces, en même temps polyurie sans poly- dipsie ni polyphagie ; l'analyse des urines révèle la présence de 50 grammes de sucre par litre, soit 150 à 200 grammes de sucre par vingt-quatre heures. Vers la même époque, douleurs légères daus la région hépatique sans subictère, ni troubles gastriques appréciables. Le malade continue ses occupations tout en suivant un régime spécial et note des oscillations assez grandes dans la quan- tité du sucre, qui, à certaines époques, disparaît complètement. En août 1899, saison à Vichy, sans conseils du médecin. Là, un médecin constate l’hypertrophie hépatique et diagnostique cirrhose hypertrophique. Rentré à Paris en septembre, il va de plus en plus mal et lorsque l’un de nous le voit au début d'octobre, il a le facies terreux, subictérique; très amaigri, il se plaint de douleurs vives dans la région hépatique et l’on constate un foie gros, dur, à bord épaissi et mousse. L'ensemble des symptômes d’une cirrhose hypertrophique anascitique avec poussée aiguë congestive, prime alors les symptômes diabétiques. Sous l'influence du régime lacté, du calomel, du repos au lit, le malade se remet lentement ; il peut, tout en suivant un régime sévère, reprendre ses occupations à la fin de novembre ; après avoir maigri de près de 30 kilos, il regagne du poids et son état général est actuellement satisfaisant, quoiqu'il soit encore amaigri et ait un teint nettement subicté- rique. Le foie est encore gros, débordant de trois travers de doigt les fausses côtes, de consistance uniformément dure et indolente. La rate, hypertrophiée, a environ 12 centimètres dans son grand axe. Pas d’ascite. Pas de circulation collatérale. Pas de troubles digestifs. Pouls régulier, avec hypertension artérielle (21 au sphygmomanomètre ). Léger bruit de galop. L'analyse des urines donne 29 grammes d’urée par vingt-quatre heures; iln'y a plus actuellement de sucre, maïs seulement des traces non dosables apparaissant dans les urines digestives. Pas de pigments biliaires vrais, traces d’urobiline, pas d’indicanurie. Oss. II. — M. X.., marchand de vins, soixante-cinq ans, est atteint d'un diabète reconnu en 1896 (60 grammes de sucre). À ce moment le foie est nota- blement augmenté de volume, indolore à la palpation et d’une dureté ligneuse -(sa hauteur sur la ligne mammaire est accrue de 7 centimètres). Son bord antérieur est un peu mousse. La rate déborde le rebord costal de 5 centimètres; elle est indolente et dure. Il n’y a pas d'’ascite. Le diagnostic porté est celui de cirrhose hypertrophique alcoolique anascitique avec diabète. En 1898 et 1899, M. X... se rend de lui-même à Vichy. Ces deux cures lui L 1 | 4 L 4 SÉANCE DU 12 Mai A69 sont défavorables, la seconde surtout. A son retour de Vichy, fin septembre 1899, il maigrit, perd ses forces, son teint devient jaune terreux; des épistaxis et des stomatorragies se produisent, le foie cependant reste gros, dur, indolent et les fonctions digestives s’exercent assez bien. Le malade refuse de se soi- gner et l’état s'aggrave progressivement. Pourtant le taux de l’urée reste remarquablement élevé. Le 7 novembre, les urines contiennent en vingt-qua- tre heures 30 grammes d’urée, et 25 grammes de sucre. Le 26 novembre, elles renferment 39 grammes d’urée, mais le sucre a disparu momentanément. En février 1900, M. X... est obligé de s’aliter, l’ascite vient d’apparaître et augmente graduellement. Les veines sous-cutanées abdominales se sont développées légèrement. Le foie et la rate sont refoulés, mais toujours pareil- lement hypertrophiés. L’œdème des membres inférieurs se montre à son tour. L'état général devient de plus en plus mauvais. Les hémorragies continuent. La température oscille entre 36 et 38 degrés. Des troubles digestifs, vomis- sements et diarrhée se montrent tardivement. Le 26 mars, les urines contiennent encore par vingt-quatre heures 29, gr. 44 durée et 1 gr. 57 de sucre. Puis, à partir du milieu d'avril, M. X... tombe dans une demi-somnolence et sa température est communément abaissée. Il ne se nourrit plus. Maigreur et faiblesse extrêmes. L'état de l'abdomen et des organes abdominaux demeure stationnaire. La mort a lieu dans le coma le 25 avril. Huit jours avant la mort, les urines, très peu abondantes (400 grammes) ne contiennent que 8 gr. 78 d’urée en vingt-quatre heures; elles renferment des matières réductrices en abon- dance et des traces de sucre, non dosables. En résumé, ces deux faits peuvent être considérés comme des cas typiques de cirrhose hypertrophique alcoolique. Mais l’évolution des deux cas a été différente. L'un de ces sujets (obs. Il) ne suivait aucun traitement régulier, continuait ses habitudes d’intempérance, et sa cirrhose a évolué progressivement, entrainant finalement la mort dans le coma hypothermique, sans que le sucre disparaisse jamais entièrement des urines; l’autre (obs. I), en suivant un régime sévère dirigé moins contre sa glycosurie que contre sa cirrhose, a vu la glyco- surie disparaître en même temps que s’amendaient les symptômes hépa- tiques. Cette évolution montre donc que dans les deux cas la cirrhose hypertrophique tenait sous sa dépendance le diabète. Ce diabète nous semble ici, comme dans les cirrhoses pigmentaires, dû à l’hyperfonctionnement de la cellule hépatique. Cette interprétation se base sur l’hypertrophie de l'organe, l’évolution parallèle de la glyco- surie et de l'affection hépatique, l'absence de signes d'insuffisance hépa- tique, le taux élevé de l’urée, les analogies entre ces faits et nos obser- vations de cirrhose pigmentaire. L'hyperhépatie nous paraît d’ailleurs jouer un rôle important dans nombre de cas de diabète sucré. Outre les faits où l’hypertrophie hépa- tique s'accompagne de cirrhose, il est des cas où l’hypertrophie ne s’ac- compagne pas de lésions histologiques. Tel un fait que nous avons observé récemment : il s'agissait d'un grand diabétique devenu tuber- 470 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE culeux, chez lequel l’ensemble des caractères urologiques, joints à l'hypertrophie du foie avaient fait présumer l'hyperhépatie; l’autopsie, en montrant un gros foie (2.510 grammes) sans traces de dégénéres- cence graisseuse et sans lésions cellulaires appréciables, ne s'accom- pagnant pas de lésions pancréatiques, a justifié cette hypothèse. Les faits relativement nombreux d’acromégalie avec diabète nous paraissent aussi rentrer dans la même classe : cliniquement, glycosurie et azoturie énormes ; anatomiquement, hypertrophie considérable des -viscères, véritable gigantisme viscéral (Chauffard) et surtout hyper- trophie du foie, qui pèse plus de 3 kilos (Norman Dalton, Dallemagne, Chauffard et Ravaut) sans qu'il y ait de lésions histologiques. À côté de l’anhépatie, l'hyperhépalie peut donc être invoquée dans la pathogénie de certaines formes de diabète, qu'il s'agisse d’hyper- hépatie organique avec lésions de l’organe hypertrophié ou d'hyperhé- pathie fonctionnelle, avec ou sans hypertrophie de l'organe. Le rôle de l’hyperhépatie n'exclut pas d’ailleurs le rôle d’un trouble du sys- tème nerveux (dans l’acromégalie par exemple) ou d'une lésion pan- créatique ; ces causes peuvent agir pour amener l'hyperactivité fonc- tionnelle de la cellule hépatique et nous n’en nions nullement l'influence. Nous comptons étudier plus au long les divers types de diabète par hyperhépatie aigu ou chronique, passager ou permanent, avec ou sans lésions hépatiques. Mais dès maintenant, il nous a paru utile d'attirer l'attention sur la possibilité de l'association des cirrhoses alcooliques hypertrophiques et du diabète et sur la subordination directe du diabète à la cirrhose dans cet ordre de faits. Loin de faire disparaître le sucre, comme dans la cirrhose atrophique, la maladie du foie commande le diabète et en dirige l’évolution; c'est de cette notion que découlent les indications thérapeutiques (1). (1) Signalons seulement dès maintenant l'influence désastreuse de la cure de Vichy chez nos malades. Le lait, au contraire, en facilitant le repos du foie, en calmant son hyperactivité, semble exercer ici une influence favorable. Le Gérant : G. Masson. CRUOMRR IR SE-GREFER D PRE ER ER RER ROSES ER RE RER EL à à j Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, ES —\ > SÉANCE DU 19 MAI 1900 M. Cu. Féré : Note sur l'influence des injections préalables de solutions de caféine dans l’albumen de l'œuf sur l’évolution de l'embryon de poulet. — M. Ca. FéRé : Note sur une hypertrophie provoquée de l'ergot du coq. — M. le D' Hexrr Mo- REIGNE : Action des purgatifs sur la nutrition. — MM. Ex. BourqueLor et J. Lau- RENT : Sur la composition des albumens de la Fève de Saint-Ignace et de la Noix vomique. — Mme C. Prsazix : Origine et développement des glandes à venin de la salamandre terrestre. — Mme C. Puisazix : Travail sécrétoire du noyau dans les glandes granuleuses de la salamandre terrestre.— MM. GILBERT, CASTAIGNE et LERE- BouLLET : Fonctionnement des cellules hépatiques infiltrées de rubigine, au cours des cirrhoses pigmentaires. — M. En. RETTERER : Note technique sur les follicules clos de l’amygdale. — M. Év. Rerrerer : L'épithélium qu'on prétend infiltré de leucocytes est du tissu épithélial hyperplasié. — MM. L. Griusert et G. Lecros : Identité du bacille lactique aérogène et du pneumobacille de Friedlænder. — M. Vayas : Le cacodylate de mercure et son degré de toxicité. — M. L. Cauus : Le sang d’escargot et la coagulation. — MM. M. Cnaxoz et M. Dovon : La coagu- lation du lait sous l'influence de la présure s’accompagne-t-elle d'un phénomène électrique? — MM. Aucusre et Louis Lumière : Nouvel enregistreur pour les ins- criptions continues. — M. Pauz Carragrt : Recherches concernant la valeur anti- septique de quelques substances sur le parasite du muguet (Endomyces albicans, Vuillemin). Présidence de M. Troisier, vice-président. NOTE SUR L'INFLUENCE DES INJECTIONS PRÉALABLES DE SOLUTIONS DE CAFÉINE DANS L'ALBUMEN DE L'OŒUF SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON DE POULET, par M. Cu. FÉRÉ. Dans des expériences antérieures j'ai remarqué que certaines subs- tances injectées dans l’albumen de l'œuf de poule paraissent avoir une action favorable sur l’évolution de l'embryon (1). Cette action favorable peut se manifester à propos de doses faibles, tandis que des doses plus fortes de la même substance ont une action dystrophique (2). La caféine fournit à cet égard quelques faits intéressants. 1° Dans une série de quatre expériences, on a injecté dans chacun des 48 œufs trois quarts de centimètre cube d'une solution de caféine à 4 pour 250, soit 12 milligrammes de caféine par œuf, tandis que 48 œufs témoins du même âge ont recu la même quantité d’eau distillée. Tous les œufs ont été ouverts après 72 heures d'incubation. a) Dans les œufs qui ont recu l’eau distillée, on a trouvé 28 embryons normaux (58,31 pour 100) de 45 h.9 minutes en moyenne, dont un dévié (1) Comptes rendus de la Soc. de biologie, 1896, p. 424; 1898, p. 499, 711. (2) Ibid., 1895, p. 673. Brococie. CompTEes RENDUS, — 1900, T, LIT. 97 472 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————————— —…—… —… … ….…—….——…—— —————————————————.—_—_—_—————— de 45 degrés et l'autre de 90 à gauche (7,14 pour 100 de déviations), 6 absences de développement (12,50 pour 100), un monstre double qui n’a rien à faire avec l'expérience et 13 monstres (27,08 pour 100). 6) Dans les œufs qui ont reçu la solution de caféine, on a trouvé seu- lement 4 embryons normaux (8,31 pour 100) d'un développement uni- forme de 48 heures et sans déviation, 6 absences de développement (12,50) comme dans les témoins, et 38 monstres, soit 79,16 pour 100. L'effet nuisible de la caféine à cette dose est des plus manifestes. 90 Dans une série de six expériences, on a injecté dans chacun des 72 œufs un demi-centimètre cube de la même solution de caféine, soit 8 milligrammes de caféine par œuf, tandis que 72 témoins du même âge ont recu la même quantité d'eau distillée. Tous les œufs ont été ouverts après 72 heures d'incubation. a) Dans les œufs qui ont reçu l’eau distillée, on a trouvé 55 embryons normaux (76,38 pour 100) de 47 h. 8 minutes en moyenne dont 5 déviés à droite, 4 à 45 degrés et un à 155, et deux déviés à gauche, de 45 et 90 degrés (14,54 pour 100 de déviations), 7 absences de développement (9,72 pour 400) et 10 monstres (13,88 pour 100). b) Dans les œufs qui ont reçu la solution de caféine, il n’y à que 45 embryons normaux (62,50 pour 100) de 45 h. 20 minutes en moyenne, dont 3 en hétérotaxie (6,66 pour 100), 4 déviés à droite, 3 à 45 degrés, et un à 135, 13 déviés à gauche, 10 à 45 degrés et 3 à 90 (17 déviations, soit 37,71 pour 100); il y a six absences de développement (8,33 pour 100) et 21 monstres (29,16 pour 100). L'effet nuisible de la caféine est encore évident dans celte série d’ex- périences, puisque les œufs qui en ont recu contiennent encore moins d’embryons normaux et que ces embryons normaux sont moins avancés en âge. 3° Dans une série de six expériences, on a injecté dans chacun des 72 œufs un quart de centimètre cube de la même solution de caféine, soit 4 milligrammes par œuf, tandis que 12 témoins du même âge ont reçu la même quantité d’eau distillée. Tous les œufs ont été ouverts après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont reçu l’eau distillée, on a trouvé 52 embryons normaux (12,22 p. 100) de 46 h. 27 minutes en moyenne, dont 7 en hété- rotaxie (13,06 pour 100), 4 déviés à droite, 2 à 45 degrés et 2 à 90,7 déviés à gauche, 5 à 45 degrés et 2 à 90 (11 déviations, soit 21,15 pour 100). Il y à un monstre double qui n’a rien à faire avec la cause troublante et une absence de développement (1,38 pour 100) et 18 monstres (25 pour 100). b) Dans les œufs qui ont recu la solution de caféine, il y a 51 embryons normaux (70,83 pour 100) de 47 h. 27 minutes en moyenne, dont un en hétérotaxie (1,96 pour 100), six déviés à droite, 5 à 45 degrés et un à 90, 8 déviés à gauche, 5 à 45 degrés et 29 à 90 (14 déviations ou 27,45 SÉANCE DU 19 MAI 413 pour 100). Il y a 5 absences de développement (6,94 pour 100) et 16 monstres, soit 22,22 pour 100. Dans cette série d'expériences, les effets nuisibles de la caféine ne se manifestent plus : dans les œufs qui en ont recu les embryons normaux sont en général plus avancés, et, s’il y en a un de moins, cette diffé- rence n'a guère de valeur, car il y a plus d'absences de développement que dans les œufs témoins et ces absences de développement ne sont pas nécessairement attribuables à l'intervention expérimentale. 4° Dans une série de six expériences, on a injecté dans chacun des 72 œufs quatre vingtièmes de centimètre cube d’une solution de caféine à 1 pour 100, soit 2 milligrammes par œuf, tandis que 72 témoins du même àge ont recu la même quantité d’eau distillée. Tous les œufs ont été ouverts après 72 heures d'incubation. a) Dans les œufs qui ont recu l’eau distiilée, il y a 49 embry ons nor- maux (98,05 pour 100) de 49 h. 41 minutes en moyenne, dont 2 en hété- rotaxie (4,08 Le 100), 7 déviés à droite de 45 degrés,8 déviés à gauche 6 à 45 degrés et 2 à 90, et 1 transposé complètement (soit 16 dévialions ou 32,65 pour 100). Il y a 3 absences de développement (4,16 pour 100) et 23 monstres, ou 31,94 pour 100. b) Dans les œufs qui ont recu la solution de caféine, il y a 48 embryons normaux (66,63 pour 100) de 51 h. 41 minutes en moyenne, dont 5 en hétérotaxie, 12 déviés à droite, 5 à 45 degrés et 7 à 90, et 2 déviés à gauche de 135 degrés. Il y a 5 absences de développement (6,94 pour 100) et 24 monstres ou 33,33 pour 100. Dans cette série d'expériences, nous retrouvons encore une différence insignifiante du nombre des embryons normaux dans les deux groupes d'œufs et une différence plus marquée du développement au profit des œufs qui ont recu la caféine. Si ces résultats ne sont pas suffisants pour mettre hors de doute la réalité d’une action excitante, ils sont au moins de nature à encourager les recherches. J'ai pris soin de noter dans ces expériences les déviations de l’em- bryon, dont l'orientation varie, comme je l’ai montré ailleurs; dans des conditions très diverses (1). Dans les œufs qui ont reçu l’eau distillée, il y avait 184 embryons normaux, dont 36 étaient déviés, 1 transposé, 16 déviés à droite et 19 déviés à gauche, soit 19,56 pour 100 de dévia- tions. Dans les œufs qui ont recu les solutions de caféine, il y a, sur 148 embryons normaux, 45 déviations, 22 à droite et 23 à gauche, soit 30,40 pour 100 de dévialions. L'hétérotaxie s’est rencontrée dix fois (5,43 pour 100), parmi les em- bryons normaux provenant des œufs ayant recu l’eau: deux fois elle (1) Note sur la multiplicité des causes des variations de l'orientation de l'embryon de poulet (Journ. de l'anat. et de la plys.…, 1900, p. 210). 474 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coïncidait avec des déviations à 90 degrés à droite, et une fois avec ure déviation à 45 degrés aussi à droite. Dans les œufs qui avaient recu les solutions de caféine, elle s’est rencontrée 9 fois (6,08 pour 100); deux fois elle coïncidait avec des déviations à 45 degrés à gauche. NOTE SUR UNE HYPERTROPHIE PROVOQUÉE DE L'ERGOT DU coQ, par M. Cu. FÉRé. Il était d'habitude, paraît-il, autrefois, dans les pays où on chaponnait les coqs, de leur sectionner un ergot ou les deux en même temps qu'on excisait la crête. À ces marques de distinction, on ajoutait quelquefois la greffe de l’ergot dans le moignon de la crête; quand la greffe réussis- sait, l'ergot pouvait continuer à se développer et on lui a vu, parait-il, acquérir des dimensions énormes, de 3 à 4 pouces et même jusqu’à 9 pouces (1). Il est curieux que l’on rencontre si peu de représentations de ces greffes : je n'ai pu trouver que celle qu'a donnée M. Gadeau de Kerville (2) concernant deux greffes symétriques ayant donné lieu à deux cornes symétriquement courbées en spirale. En réalité, ces greffes donnent rarement des résultats aussi remarquables. Les essais que j'ai faits ne m'ont donné le plus souvent que des insuccès; au bout de quelques semaines on trouve l’ergot résorbé, ou bien il forme une petite tumeur qui reste mobile; rarement on voit se développer une petite tubérosité qui passerait facilement inaperçue. Dans les dix expé- riences que j'ai faites, je n’ai pas encore vu, au bout de cinq ans, l’ergot greffé faire saillie notable à première vue. Mais j'ai observé une autre conséquence de la section de l’ergot qui ne me parait pas sans intérêt. Quand l’ergot est complètement enlevé, il ne repousse pas du tout, mais si on a laissé une portion de sa base, il repousse, et il repousse en acquérant des dimensions exagérées. Voici les deux pattes d'un coq que je viens de perdre le 9 mai. Il est né dans mon laboratoire le 26 mai 1897, il avait par conséquent un peu moins de trois ans. On avait sectionné les deux boutons représentant les ergots le 30 août 1897 et on les avait greffés de chaque côté de la crête; il s'était produit de chaque côté une petite éminence qui avait disparu au bout de quelques mois. Mais tandis qu’à la patte gauche il n'yavait aucune trace d'ergot, à la droite il se développait un ergot qui avait des dimensions considérables pa” rapport à ceux des coqs du même âge. Au mois de décembre 1899, cet ergot avait 9 centimètres de long ; l'animal en était gèné dans sa marche, son autre patte s’accro- (1) H. Bouley. Art. « Castration », Nouv. Dict. vétérinaire, t. IT, p. 295. (2) H. Gadeau de Kerville. Note sur les têtes de coq pourvues d’ergots greffés, | Bull. de la Soc. d'études des Sciences naturelles d'Elbeuf, année 1895, p. 94. SÉANCE DU 19 MAI 475 chait et il était obligé de la lever au-dessus de l’ergot. L’ergot est aujourd'hui fendu en long à son extrémité qui est très émoussée; il n’a plus guère que 8 centimètres de long. Mais si on examine les chiffres de Cornevin et Lesbre relatifs aux dimensions de l'ergot de coq suivant les âges, on voit qu à trois ans il n'atteint pas 4 centimètres, à quatre ans, » centimètres el demi, et à cinq ans, 6 centimètres et demi (1). On pouvait se demander si celte croissance inusitée n’était pas due à une sorte de compensation due à l’excision complète de l’autre ergot. Mais sur un jeune coq, né le 16 août 1899, on a enlevé incomplète- ment, le 8 février 1900, le seul ergot droit en laissant le gauche intact. L'ergot partiellement sectionné est aujourd’hui notablement plus volu- mineux que l’autre ; l'ergot droit a 11 millimètres de long tandis que le gauche n’en a que 8. L’irritation produite par la section suffit à provo- quer une hypertrophie. ACTION DES PURGATIFS SUR LA NUTRITION, par M. le D' HENRI MOREIGNE. L'emploi fréquent et les nombreuses indications thérapeuliques des purgatifs montrent tout l'intérêt qui s'attache à une élude de leur action sur la nutrition. Comme les effets que ces agents produisent sur l'inteslin varient avec les doses et surtout suivant le groupe auquel ils appartiennent, il était nécessaire, pour faire ressortir les différences d'action sur la nutrition qui peuvent exister et les mettre en relief, de procéder à une étude méthodique et complète. Nos premières recherches ont porté sur un groupe de purgatifs très fréquemment employés (tant comme purgatifs que comme simples laxalifs), que l’on désigne ordinairement sous le nom de purgatifs déri- valifs ou drastiques et que certains thérapeutes ont divisés en cholagogues (aloès, podophyllin, etc.) et drastiques proprement dits (jalap, scam- monée, etc.). Nos expériences ont été faites sur nous-même, après avoir mis préa- lablement l'organisme en état d'équilibre nutritif. Gette façon d'opérer permet de se porter garant des résultats obtenus et, par conséquent, des conclusions qui en dérivent. — Nous avons suivi, en ce qui concerne le régime alimentaire et l'expérience elle-même, une marche analogue à celle que nous avons indiquée dans un autre travail paru récem- men. , Le purgalif que nous avons pris se composait d'aloès (0 gr. 25) associé (1) Ch. Correvin et X. Lesbre. Traité de l’âge des animaux domestiques d'après les dents el les productions épidermiques, 1894, p. 445, 476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à une petite quantité de podophyllin (0 gr. 02). La dose, bien que faible, a cependant été suffisante pour produire un effet purgatif appréciable. Comme il arrive pour ce genre de purgatifs, l’action ne s’est manifestée que plusieurs heures après l’ingestion. — Nous avons examiné les urines de vingt-quatre heures : celles du jour qui a précédé la purgation et celles du jour de la purgation. Voici ce que nous pouvons déduire de nos recherches : 1° Tout d’abord, si nous examinons les résultats dans leur ensemble, nous constatons qu'ils marchent tous dans le même sens et que l’action produite sur l'organisme se traduit très nettement par une suraclivité générale dans les phénomènes de désassimilation et par l'augmentation des oxydations. — Cette suractivité dans les échanges intraorganiques est justifiée par l'accroissement subi par les divers éléments urinaires (azote total, azote de l’urée, soufre total, soufre complètement oxydé, malières fixes, acide phosphorique, etc.), que nous allons successive- ment passer en revue : 2° L’azote total, qui représente l’ensemble de la désassimilation des matières azotées — et l’azote de l’urée, qui est le terme azoté le plus parfait de cetie régression et qui doit être considéré plus particulière- ment comme la résultante des phénomènes d’hydrolyse intraorganiques, ont augmenté l’un et l’autre d’une facon appréciable et à peu près parallèlement. — Les modifications dont sont l’objet ces deux éléments, établissent que ia désassimilation azotée a subi une « poussée » ou, si l'on veut, une « accélération dans la vitesse », el que les phénomènes d'hydrolyse n'ont pas été modifiés sensiblement dans leur « qualité ». 3° Les matières organiques urinaires augmentent en valeur absolue, mais leurs variations restent parallèles à celles de l'urée (leur rapport à l'urée n'étant pas modifié). Ce résultat cadre bien avec ce que nous venons de dire. 4° Les matières minérales éliminées par l'urine subissent une diminu- lion assez prononcée, que l’on doit attribuer à l’hypersécrétion intesti- nale qui donne lieu du côté de l'intestin à une élimination plus active des matières minérales. 5° Les oxydations intraorganiques augmentent : La triple augmentation du soufre complètement oxydé, tant en valeur absolue que par rapport au soufre total et à l’azote total, en est la preuve certaine. 6° L’acide phosphorique augmente notablement en valeur absolue et aussi par rapport à l'azote total. é 1° L’acide urique augmente également en valeur absolue de 10 p. 100 environ. 8° L'examen des caractères physiques des urines nous montre que l'acidité des urines augmente et que la diurèse subit une diminution (de 8 p. 100 dans notre expérience), effet que l’on doit encore mettre sur le a | —! SÉANCE DU 19 MAI À, compte de l'hypersécrétion de l'intestin et des glandes annexes et de l'expulsion rapide des matières. 9° Les conclusions qui se dégagent de ce travail relativement à l’action des purgatifs (du groupe étudié) sur la nutrition, jointes à la propriété qu'ils ont d'accélérer les mouvements péristaltiques, de produire de l'hypersécrétion intestinale et, pour quelques-uns, d'augmenter la sécré- tion biliaire, nous permettent de donner une explication scientifique, raisonnée, des diverses et nombreuses applications thérapeutiques de ces agents médicamenteux. Nous ferons connaitre prochainement, dans une étude plus complète, les détails de nos recherches ainsi que les principales déductions. SUR LA COMPOSITION DES ALBUMENS DE LA FÈVE DE SAINT-IGNACE ET DE LA NOIX VOMIQUE, par MM, Em. BourQuELoT et J. LAURENT. Les graines des plantes de la famille des strychnées possèdent un albumen volumineux, dont la consistance rappelle celle de l’albumen des graines de légumineuses qui a été étudié par l’un de nous, en col- laboration avec M. Hérissey (1). Les graines de Strychnos Ignatu Ber- gius (fève de Saint-Ignace) et de Strychnos Nux vomica L. (noix vomi- que), en particulier, qui sont d'un usage fréquent en médecine, sont presque entièrement constituées par cet albumen. Elles sont extrêmement dures à l’état sec; mais lorqu'on les muin- tient dans l’eau pendant quelques jours, elles se ramollissent suffisam- ment pour qu'on puisse les fendre au couteau et en extraire l'embryon qui, très petit par rapport à la totalité de la graine, est formé d'une radicule cylindrique et de deux cotylédons foliacés. L'importance phy- siologique de l’albumen de ces graines, son apparence, la facilité avec laquelle on peut l'isoler, nous ont engagé à étudier l'hydrate de carbone qui en conslilue la majeure partie. lève de Saint-Ignace. — 11 à fallu d’abord éliminer les matières qui accompagnent l'hydrate de carbone. Pour cela, les graines ramollies dans l’eau ont été débarrassées de leur embryon, puis passées au moulin; on obtient ainsi un produit qui, après dessiccalion, ressemble à ce qui, dans la droguerie, porte le nom de fève de Saint-[gnace ràpée. On a épuisé ensuite complètement ce produit à l'aide de l'alcool à 87 degrés et on l'a fait sécher à l’étuve à 40-45 degrés. Pour l'hydrolyser, on a fait le mélange suivant : (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 1899, p. 688 et 1900, p. 237. 478 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Albumen épuisé et sec . . 10 grammes. Acide sulfurique . = 6 — Eau — DRE de Q. S. pour faire 200 cent. cubes. On a chauffé ce mélange à l’autoclave à 110 degrés, d'abord pendant quarante-cinq minutes; on a laissé refroidir, ouvert l'autoclave, agité et chauffé de nouveau à 110 degrés pendant quarante-cinq minutes. L'analyse du liquide à la liqueur de Fehling a montré qu'il s'était formé 5 gr. 96 de sucres réducteurs (exprimés en dextrose). Quelques essais ayant révélé la présence de mannose et de galactose parmi ces sucres, on en a fait le dosage par les méthodes déjà décrites dans les travaux rappelés plus haut. On a trouvé ainsi, pour la lolalité de la matière hydrolysée, 2 gr. 705 de mannose et 3 gr. 105 de galactose. Par conséquent, si l’on rapporte ces résultats à 100 grammes d’albu- men, on voit que celui-ci, dans les conditions de l'expérience ci-dessus, fournit 59,6 p. 100 de sucres réducteurs renfermant 27,05 p. 100 de mannose et 31,05 p. 100 de galactose. Afin de nous assurer que le sucre dosé comme galactose était bien du galactose, nous avons effectué une autre hydrolyse portant sur 50 grammes d'albumen qui ont été traités par dix fois leur poids d'acide sulfurique dilué à 3 p. 100, en opérant comme il est dit ci-dessus. Le liquide obtenu, séparé de la partie qui avait résisté à l'hydrolyse, a été neutralisé avec quantité suffisante de carbonate de chaux; après quoi on a filtré, évaporé le liquide filtré à un demi volume, et précité par addition d'alcool à 95 degrés. Le précipité ayant été séparé par filtration, on a évaporé le liquide jusqu'à consistance sirupeuse et abandonné le sirop à la cristallisation, après avoir amorcé avec une trace de galactose crislallisé. La ceristal- lisation s'est opérée rapidement. Les cristaux ont été essorés et purifiés par nouvelle cristallisation dans l'alcool à 80 degrés bouillant. Cette fois, les cristaux obtenus étaient parfaitement blanes et présentaient tous les caractères du galactose. En particulier, leur pouvoir rotatoire a été trouvé égal à + 79°86 à la température de 20 degrés. Noix vomique. — On a opéré comme pour la fève de Saint-Ignace. On a fait ramollir les graines dans l’eau, on les a grattées à la surface pour enlever les poils qui les recouvrent; on les a coupées pour extraire les embryons, après quoi on les a passées au moulin. La poudre grossière obtenue a été desséchée, puis épuisée par l'alcool à 85 degrés et desséchée de nouveau. L'hydrolyse a été effectuée sur 50 grammes de cette poudre sèche : Abumen épuisé et sec. . . 50 grammes. Acide sulfurique. "### 15 — Eau distillée . CN MONS pouraire bD0CeNLACnbeES SÉANCE DU 19 Ma 4719 L'opération a été conduite comme celle que nous avons décrite plus haut. Le liquide obtenu renfermait une proportion de sucres réducteurs ‘exprimés en dextrose) représentant 58,8 p. 100 de l’albumen traité. On a dosé le mannose et le galactose qui entraient dans la composition de ces sucres et on a trouvé, toujours en rapportant les résultats à 100 d’albumen, 11,3 de mannose et 41,6 de galactose. Ici encore, il a été facile d'obtenir le galactose à l’état cristallisé et pur. En résumé : Nous retrouvons dans les albumens de la fève de Saint-Ignace et de la noix vomique les mêmes hydrates de carbone que dans les albumens des légumineuses étudiées antérieurement, c’est-à-dire une manno- galactane, ou plutôt un mélange de mannane et de galactane. Mais ici la proportion de galaclane, indiquée par la quantité de galac- tose trouvée dans les liquides d'hydrolyse, est plus élevée. Cela est sur- tout remarquable pour la noix vomique. Ajoutons qu il est extrèmement facile d'obtenir avec ces deux graines du galactose cristallisé. Elles en fournissent plus que le sucre de lait lui-même, qui a servi jusqu'ici à le préparer. ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT DES GLANDES A VENIN DE LA SALAMANDRE TERRESTRE, par M C. PxisaLix. On rencontre dans la peau de la salamandre terrestre deux espèces de glandes à venin. Les unes, qui apparaissent de bonne heure, alors que l'embryon est encore pourvu de son vitellus, ce sont les glandes granu- leuses ; elles ont une topographie déterminée, affectant certains rapports avec les organes de la ligne latérale, et occupent surtout la face dorsale de tout l'animal. Les autres n'apparaissent qu'à la fin de la vie lar- vaire; elles achèvent, comme les premières, leur complet développe- ment après transformation de la larve âgée en jeune salamandre;: ce sont les glandes muqueuses. Ces deux espèces de glandes venimeuses ont une même origine méso- dermique et suivent pendant quelque temps un développement paral- lèle. Leur bourgeon glandulaire se forme par la division mitosique d'une cellule située dans la moitié supérieure du derme, immédia- tement au-dessous du réseau vasculaire supérieur. Il ne se fait pas de cloisonnement intercellulaire, et les noyaux de ce bourgeon sont plongés dans un protoplasma commun. Quand les cellules du bourgeon se différencient, la division indirecte cesse, et les multiplications cel- lulaires qui surviennent se font par division directe. La partie périphé- rique du bourgeon glandulaire s'organise en membrane propre, dont 480 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les cellules deviendront des fibres musculaires lisses. Cette membrane est épaissie, au niveau du futur canal excréteur, en une sorte de calotte ou muscle orbiculaire, que le venin devra franchir pour s'échapper de la glande. Tout autour de ce bourgeon, se trouve un réseau vasculo- pigmentaire serré, provenant de la réunion des deux réseaux vasculaires qui limitent le derme. Enfin, le derme lui-même, refoulé par l’expan- sion croissante du bourgeon, forme à celui-ci une enveloppe primitive. L’acinus achève son développement morphologique complet, dans le derme, avant la formation du canal excréteur. Au fur et à mesure que l’acinus se développe, son pôle externe se rapproche de plus en plus de la face inférieure de l’épiderme, jusqu’à lui devenir tangent. On voit alors les fibres centrales du muscle orbicu- laire de la calotte s’écarter, et ménager un orifice par lequel s’insinue le contenu glandulaire, qui arrive ainsi en contact direct avec la face interne de l’épiderme. Dans celui-ci, il apparait, suivant un trajet perpen- diculaire à sa surface, un mince cylindre de gélification qui intéresse seulement la partie moyenne des cloisons intercellulaires; puis ce cylindre s'entr'ouve sur sa face profonde sous la pression croissante du contenu, qui agit comme un coin, et fait céder peu à peu l’épiderme gélifié jus- qu'à la cuticule qui se rompt la dernière. Lorsque le canal excréteur est ouvert au dehors, et que sous l'influence des premières contractions de la membrane propre, la glande a expulsé son trop-plein, le canal excréteur devient complètement cylindrique, et sur ses parois se déve- loppe une cuticule. En outre, il se trouve fermé inférieurement par le muscle orbiculaire qui se comporte comme un véritable sphincter. Ainsi, glandes gränuleuses et glandes muqueuses ont en commun leur origine mésodermique, et par conséquent, les mêmes tissus périglandu- laires. Les seules différences que nous puissions noter jusqu'à présent tiennent à l'apparition précoce des premières, à leur développement lent, à leur répartition fixe dans la région dorsale, et à leurs dimensions énormes, comparés à l'apparition tardive, au développement rapide, à la dissémination sur tout le corps et à la grandeur uniforme et limitée des secondes. Les différences qui surviennent portent sur l’évolution des cellules centrales du bourgeon glandulaire qui donneront l’épithélium typique et régulier chez les glandes muqueuses, irrégulier et atypique pour les glandes granuleuses. Dans les glandes muqueuses, le protoplasme, d’abord diffus, se con- dense et se limite, par une membrane, autour de chaque noyau, et constitue un épithélium qui recouvre toute la moitié profonde du cul-de- sac glandulaire. Cet épithélium est formé de grandes cellules cylindri- ques, à noyaux petits, à protoplasme clair et homogène qui se distingue à peine du contenu excrété dans la lumière de la glande. Ces noyaux sont toujours semblables à eux-mêmes et à leurs voisins, ils ont la forme SÉANCE DU 19 MAI 481 à de pyramides triangulaires à base périphérique en rapport avec la membrane propre, et à sommet effilé comprimé par la confluence du sommet libre des cellules. La glande conserve un tel aspect pendant toute son existence, et la sécrétion nuageuse que le protoplasme épithé- lial élabore acquiert d'emblée ses propriétés toxiques. Les glandes granuleuses ne possèdent pas de revêtement épithélial continu. Les noyaux provenant de la division directe des cellules internes du bourgeon sont aussi appliqués directement sur la mem- brane musculaire, mais ils se distinguent nettement de ceux des glandes muqueuses par leur forme sphérique, leurs dimensions très inégales et leur dissémination. En outre, le protoplasme reste diffus dans toute la cavité de la glande, de telle sorte que les noyaux sont libres à la péri- phérie d’une masse protoplasmique commune. À l'inverse de ce qui se produit dans la glande muqueuse, c’est le noyau qui évolue pour fournir le produit de sécrétion. TRAVAIL SÉCRÉTOIRE DU NOYAU DANS LES GLANDES GRANULEUSES DE LA SALAMANDRE TERRESTRE, par M C. PaisaLix. En suivant le développement embryogénique des glandes à venin de la salamandre terrestre, j'ai pu, entre autres choses, saisir l’origine et la formation des granulations réfringentes qui constituent la partie active du venin. D'après l'opinion de Drasch, ces granulations du venin seraient formées par le protoplasme général de la glande, le syncytium dans lequel plongent les cellules géantes de Leydig. Les granulations qu'on rencontre dans ces dernières n'auraient aucune importance, et différe- raient totalement par leur diamètre, leur pouvoir fixateur des colorants, leur inactivité sur la lumière polarisée, des grosses granulalions venimeuses, fortement colorables et biréfringentes. Mes recherches sur ce sujet ne me permettent pas d'accepter cette manière de voir. J'ai pu suivre tous les stades de l’évolution des grains de venin sur des coupes en série faites après fixation au Pérenyi, puis colorées à l'hématoxyline alunée et à l’éosine. Comme je l'ai indiqué dans la précédente note, l’épithélium discon- tinu des glandes granuleuses est représenté au début par des noyaux égaux, intimement appliqués sur la membrane musculaire, et plongés dans un proltoplasme commun, Quelques-uns de ces noyaux, au voisinage de l'équateur de l’acinus, ne tardent pas à entrer en activité; ils gros- sissent de manière à acquérir cinq ou six fois le volume des noyaux inactifs, fixent plus fortement les colorants : l’hématoxyline alunée les colore en bleu sombre tandis que le protoplasme environnant et la 482 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — membrane propre se colorent en rose par l’éosine. À leur intérieur, on aperçoit de gros tubes nucléiniens à paroi bleu sombre, à contenu irrégulier et moniliforme qui transparait en ton violet rosé. Ges tubes nucléiniens, disposés parallèlement entre eux et à la surface, sont réunis par de fins tractus qui se colorent également en bleu. C’est dans l’intérieur de ces tubes nucléiniens qu'on voit tout d’abord se différencier les premiers grains de venin sous forme de petites sphères homogènes, légèrement colorées en rose par l'éosine. Ces granulations deviennent de plus en plus distinctes; elles s'accumulent . dans les mailles du réseau, et suivant leur place se groupent au centre du noyau ou tendent à se rapprocher de la périphérie. Puis il apparaît de ces granulations à la surface du noyau, formant de petits chapelets à quatre ou cinq grains qui semblent émis par le même orifice de la membrane réticulée. Ces granulations sont émises par toute la surface externe du noyau; elles refoulent peu à peu le protoplasme général qui se condense autour d'elles et leur forme une sorte de paroi adven- tice. On a ainsi autour de chaque noyau en travail un amas de granula- tions nettement limité par une membrane réticulée sur laquelle s'insèrent les fibrilles du réseau protoplasmique. On ne peut conserver à ces formations secondaires le nom de cellules géantes que leur donnait Leydig, pas plus que celui de cellules venimeuses comme les désigne Drasch. Ce sont des sacs à venin formés directement par le noyau en aclivité. Ces sacs à venin qui commencent à se former chez la larve, et qui sont déjà assez nombreux dans les glandes de la toute jeune salamandre, ne diffèrent pas, à première vue, par les réactions histologiques, des sacs à venin des salamandes adultes. Et cependant ces jeunes granula- tions ne possèdent pas encore la propriété convulsivante caractéristique du venin de l'adulte : à ce moment le noyau na pas achevé son évolu- tion. Les grains de venin continuent à se former et en s'accumulant à l’intérieur ils refoulent le réticulum nucléaire. Celui-ei pressé à la base du noyau, contre la paroi musculaire de la glande, s’amineit de plus en plus, et finit par disparaitre, de sorte que le noyau prend la forme d’une cupule, ou d'un parachute fixé par ses cordages à la membrane propre. Au fur et à mesure que le noyau émet des granulations, il devient plus clair, les tubes nucléiniens disparaissent: il ne reste plus que les fins tractus du réseau nucléaire qui se modifient et se colorent en rose comme le protoplasme environnant. C’est le terme ultime de tous les noyaux. Quelques noyaux, au lieu d'accomplir sur place leur évolution, tombent avec leur sac à venin dans la cavité glandulaire; ils conservent leur forme sphérique primitive, peuvent se diviser et finissent par se résoudre en granulations. SÉANCE DU 19 MAI 483 Le grain de venin est donc une formation nucléaire ; mais il ne possède pas d'emblée toutes ses propriétés; il semble n'arriver à maturité complète que dans le sac à venin ou dans le protoplasme où il grossit et acquiert ses caractères définitifs (1). Un mémoire avec planches, où les faits seront exposés en détail, paraitra prochainement. FONCTIONNEMENT DES CELLULES HÉPATIQUES INFILTRÉES DE RUBIGINE, g AU COURS DES CIRRHOSES PIGMENTAIRES, par MM. GILBERT, CASTAIGNE et LEREBOULLET. Dans les traités classiques, l'infiltration du foie par le pigment ocre est étudiée sous le nom de dégénérescence pigmentaire, en même temps que Les dégénérescences graisseuse et amyloïde. Il semble donc admis, d'une facon implicite tout au moins, que le fonctionnement de la cel- lule bourrée de rubigine est insuffisant, et si cette opinion était basée sur des faits probants, il paraïîtrait bien illogique de prétendre, comme nous l'avons fait dans la séance précédente, que le diabète des cirrhoses pigmentaires est dû à l’hyperhépatie. Maïs, en réalité, si la dénomina- tion de dégénérescence pigmentaire, basée sur l'examen histologique des cellules hépatiques, a été accueillie avec faveur, aucun auteur — à notre connaissance — n’a cherché à se rendre compte, pendant l’exis- tence des malades, de l’état fonctionnel de la cellule hépatique. Nous avons cherché à combler cette lacune, et, d’une part, l'étude du chimisme hépatique faite chez des malades dont le foie fut trouvé pigmenté après la mort; d'autre part, certaines constatations anatomo-pathologiques que nous allons résumer, nous ont permis d'affirmer que les cellules hépatiques infiltrées de rubigine ont un fonctionnement normal, et même exagéré, dans certains cas. 1° Le chimisme hépatique fut étudié cliniquement chez des malades dont l’autopsie prouva, par la suite, que le foie était infiltré de rubi- gine ; expérimentalement, chez des lapins dont le foie élait pigmenté par suite d’une injection intra-péritonéale de sang. À. — Notre étude clinique a toujours été conduite de la même façon, c'est-à-dire que chez tous les malades soupçonnés cliniquement d'infil- tration pigmentaire, nous interrogions les fonctions de la cellule hépa- tique par tous les procédés que nous fournit la clinique usuelle : (1) Dans la séance précédente, M. Vigier a présenté une note sur « le rôle du nucléole dans la sécrétion ». D'après cet auteur, dans les glandes cutanées de la queue du triton, le noyau se modifie et élabore des éléments de forme et de réaction analogues aux produits de sécrétion du cytoplasme; mais les faits qu'il a observés ne sont pas encore suffisants, dit-il, pour préciser le rôle du noyau dans la sécrétion. 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE recherche des pigments biliaires dans les urines et dans le sérum — glycosurie alimentaire — dosage de l’urée — recherche de l’urobiline, de l'indican, de l'élimination du bleu de méthylène. Ces recherches ont été faites sur de très nombreux malades chez lesquels on supposait l'existence d'une infiltration pigmentaire, mais nous ne tenons compte ici, que des résultats obtenus chez des malades dont l’autopsie a, par la suite, prouvé l'exactitude de nos suppositions cliniques. Nous avons pu, ainsi, étudier le chimisme hépatique dans deux cas d'anémie perni- cieuse, trois cas de purpuras infectieux, deux cirrhoses alcooliques pig- mentaires, et dans ces sept observations, nous n'avons jamais noté un seul signe d'insuffisance hépatique; au contraire, même, certaines d'entre elles, concernent des types d’hyperhépatie. On sait, d’ailleurs, d'après les travaux de l’un de nous, que l’hyperhépatie est habituelle, sinon constante, dans l’anémie pernicieuse. Or, ces cellules dont le fonction nement est exagéré sont infillrées de rubigine. B. — L'expérimentation est venue confirmer nos résultats cliniques. Nous savions, grâce aux intéressantes expériences de Auscher et Lapicque, que le meilleur procédé de produire de l'infiltration pigmen- taire chez les animaux était de leur injecter dans le péritoine du sang d’un animal de même espèce. Après nous être assurés que chez le lapin, la production de l'infiltration pigmentaire était possible par le procédé de la transfusion péritonéale, nous avons employé le manuel opératoire suivant : avant de produire chez nos lapins l’infiltration pigmentaire, nous recherchions, par le procédé de Roger et Garnier, combien leur foie était capable de neutraliser d'hydrogène sulfuré, ce qui nous ren- seignait sur le fonctionnement de la cellule hépatique, avant toute expé- rimentation. Nous faisions ensuite l'injection intra-péritonéale de sang, et deux jours après, alors que la foie était infiltré de pigments, nous cherthions, de nouveau, quelle quantité d'hydrogène sulfuréles cellules hépatiques étaient capables de neutraliser : sur six lapins ainsi expéri- menlés, nous avons constaté que le foie infiltré retenait des quantités de gaz égales et la plupart du temps supérieures à celles qu'il neutralisait avant toute infiltration. On peut donc dire, puisque Roger et Garnier ont contrôlé à bien des reprises la valeur de leur procédé, que la cellule hépatique infiltrée de rubigine, fonctionne aussi bien et souvent même mieux qu'une cellule normale. | 2° L'étude histologique des infiltrations pigmentaires nous a permis de mettre en relief certains détails qui montrent bien que pour s’infiltrer de pigment ocre, les cellules hépatiques doivent avoir un fonctionne- ment au moins normal. Il est une constatation qui a été faite avant nous, par de nombreux auteurs, à savoir que, dans un foie atteint de cirrhose pigmentaire, les cellules altérées ou dégénérées ne présentent pas de pigments dans leur parenchyme. C’est ainsi que nous relevons quatre observations (Gilbert, Letulle, Kretz, Castaigne) dans lesquelles SÉANCE DU 49 Mai 48 O6 la pigmentation n'existait pas au niveau de zones d’hyperplasie nodu- laire; cinq cas (Letulle, Buss, Kretz, Jeanselme, Castaigne) dans les- quels certaines cellules en état de dégénérescence graisseuse ne s'étaient pas infiltrées, alors que les cellules voisines étaient très pigmentées; un cas de Mossé où les seules cellules atteintes d'infiltration glycogénique ne présentaient pas la réaction du pigment ocre. Il nous semble que l'interprétalion de ces délails histologiques est facile, étant donné les constatations cliniques que nous avions faites, et nous pensons que si certaines cellules ne s'infiltrent pas, c'est parce que leur fonctionne- ment est insuffisant. Nous avons cherché à vérifier par l’expérimenta- tion cette déduction tirée de l'étude anatomo-pathologique, et, dans ce but, nous avons chez une série de chiens, produit des altérations hépa- tiques en injectant de l'acide acétique dilué dans le canal cholédoque. La plupart de nos chiens en expérience ont survécu cinq ou six jours à leur lésion hépatique; nous leur aviors fait à tous, aussitôt après leur opération, une injection intra-péritonéale de sang de chien, et aucun ne présentait à l’autopsie d'infiltration pigmentaire des cellules hépatiques, alors que les chiens dont le foie est normal accumulent rapidement et sûrement de la rubigine dans leur foie, à la suite des transfusions intra-péritonéales. De l’ensemble de nos observations cliniques, anatomiques et expéri- mentales, il nous semble que nous sommes en droit de tirer plusieurs conclusions : tout d’abord, nous croyons avoir mis en évidence ce fait primordial dans la pathogénie des cirrhoses pigmentaires, à savoir qu'un foie dont les cellules sont insuffisantes, ne peut pas s’infiltrer de pigment ocre. De plus, nous avons montré que, dans les cas où la rubi- gine s'accumule dans les cellules hépatiques, elle n’entraine pas, par le seul fait de sa présence, leur insuffisance fonclionnelle; souvent même, le foie infiltré de pigments ocres est en état d'hyperhépatie manifeste. Ces notions que nous venons d'établir nous semblent appelées à éclairer la pathogénie des infiltralions pigmentaires du foie qui peuvent, à notre avis, reconnaitre deux ordres de causes : ou bien il s’agit d'une cellule hépatique normale qui emmagasine du pigment ocre, formé aux dépens du sang extravasé ou alléré par un poison minéral ou microbien, ou bien, c'est un foie en état d'hyperhépatie qui produit de la rubigine, aux dépens du sang non alléré. Dans les cas où seront associées chez le même malade l'hyperhépalie et une lésion du sang, la pigmentalion sera maxima; c'est sans doute ce qui se passe au cours des cirrhoses pigmentaires, dans lesquelles l'abondance de la rubigine a frappé tous les observateurs. 486 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE NOTE TECHNIQUE SUR LES FOLLICULES CLOS DE L'AMYGDALE, par M. Ép. RETTERER. Au dire des classiques, les follicules clos de l’amygdale seraient constitués par une trame réticulée dont les mailles seraient remplies de cellules libres ou leucocytes. La trame serait d'origine mésodermique et pénétrée secondairement par les leucocytes de provenance également mésodermique ou vasculaire. De longues recherches (1) m'ont conduit à des résultats bien diffé- rents : 1° Le follicule clos est d’origine épithéliale; 2° le protoplasma de ce tissu, d’abord plein, évolue, par la suite, de façon à donner naissance soit à une trame conjonctive et élastique, soit à des éléments libres (glo- bules rouges et blancs) qui sont emportés par les vaisseaux sanguins et lymphatiques. Pour répondre aux objections et aux démentis qui affluent, j'ai repris cette étude de la facon suivante : E Afin d'obtenir des images capables de servir de termes de comparaison, voici comment j ai procédé : je me suis astreint à traiter des fragments d'amygdales (palatines) du même animal (chien de deux ans) par les divers fixateurs et colorants employés par les auteurs et par moi-même. Voici le résumé de mes nouvelles observations qui, je le dis à l'avance, prouvent le bien fondé de mes assertions et démontrent que la plupart des histologistes prennent pour normale une structure modi- fiée par les liquides ou par la mort. A. Follicules clos, fixés frais : 19 Liquide de Fl:mming. Coupes colorées avec le Kernschwartz et la safranine anilinée. — Le centre du follicule est constitué par des cellules dont la plupart possèdent un noyau petit et très chromatique, tandis que le noyau d'un cer- tain nombre d’entre elles a un volume donble et ne montre que quelques grains chromatiques dans un nucléoplasma abondant. Le protoplasma des cellules est plein, de nuance gris rose. L'examen fait avec l'objectif à immer- sion permet de distinguer un réticulum gris (chromophile) dont les mailles renferment une substance hyaline (hyaloplasma). La safranine et le lichtgrün donnent une image analogue : le réticulum est vert et l'hyaloplasma est à peu près incolore. A mesure qu'on se rapproche de la périphérie du follicule, le réticulum est remplacé par un réseau de trabécules et de travées limitant des fentes étroites qui semblent vides. Ce réseau se teint comme le réticulum central, mais plus énergiquement. (4) Voir : 1° le Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, 1897, p. 481 et sui- vantes; 2° les Comptes rendus de la Société de Biologie, 1898, p. 901, et 14900, p- 346. 4 er das RE ne ri à © seneS hand cédé SÉANCE DU 19 Maï 48 = { 2 Sublimé corrosif ou liquide de Zenker. Colorants : Grenacher, hématoxyline, fuchsine acide et solution aqueuse d'acide picrique. — Le réticulum central est rosé ; l'hyaloplasma est transparent, quoique parsemé de grains rosés. Vers la périphérie du follicule, les trabécules et les travées sont franchement rouges; elles ont la même teinte que les faisceaux conjonctifs du chorion. Hématozyline au fer et fuchsine acide. — Le réticulum central est coloré en violet ou en noir; le réseau périphérique du follicule est rouge, c’est-à-dire que ses trabécules ont fixé la fuchsine acide. 3° Liquide de Branca (mélange d'acide picrique, de sublimé, de formol et d'acide acétique; voir les proportions dans le Journal de l’Anatomie et de la physiologie, 1899, p.767). Colorants : Hématoxyline, fuchsine acide et eau picri- quée. Dans la portion centrale du follicule, les noyaux sont entourés d’un proto- plasma périnucléaire très chromophile; en s'éloignant des noyaux, le proto- plasma chromophile forme des trainées réticulées séparées par de l'hyalo- plasma. Dans les portions périphériques du follicule, la trame est constituée par des trainées rouges, anastomosées, possédant tous les caractères des faisceaux conjonctifs. 4° Alcool au tiers pendant vingt-quatre heures ; durcissement dans l'alcool et colo- ralion des coupes par l'hématoxyline, la fuchsine acide et l’eau picriquée. — La portion centrale présente des cellules formées chacune par un noyau chro- matique et une mince zone protoplasmique; elles paraissent libres ou plon- gées dans une substance qui ne se colore plus ni par la fuchsine acide ni par l'acide picrique. Sur le pourtour des noyaux, on apercoit un ou deux filaments colorés par l’hématoxyline, qui se perdent dans la masse hyaline, mais on ne les voit plus s'anastomoser avec les filaments voisins. 5° Le liquid: de Muller (séjour de huit jours) donne pour la portion centrale du follicule des résultats analogues à ceux de l'alcool au tiers, mais il conserve mieux les filaments chromophiles. Ces deux fixateurs montrent, par contre, admirablementje réseau conjonctif périphérique du follicule. B. Follicules clos firés douze à vingt-quatre heures après la mort. — Quel que soit le fixateur employé, on obtient, dans ces conditions, des images analogues à celles que donnent les liquides tels que l’alcool au tiers et la liqueur de Muller agissant sur les tissus frais : la portion centrale du follicule semble cons- tituée par des cellules libres et des filaments chromophiles clairsemés. C. Fixation soit par l'alcool, soit par le liquide de Muller, soit par le sublime. Coloration des coupes par le carmin de Grenacher, la fuchsine acide et le réactif de Weigert pour les fibres élastiques. — Dans le 1/5 périphérique du follicule, là précisément où existent des travées conjonctives, le réticulum élastique est aussi abondant et à mailles aussi serrées que dansles ganglions lymphatiques du cobaye vieux. Les fibrilles élastiques manquent dans la portion centrale, si ce n'est dans la paroi des vaisseaux et leur voisinage immédiat. Résultats. — Après l'emploi des fixateurs (1, 2, 3) et des colorants appropriés, on observe un protoplasma plein et continu là même où l’on ne trouve que des petites cellules libres après l’action des liquides BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1900, T, LI, 38 3 DL D 488 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (4 et 5). L'altération cadavérique produit les mêmes effets que ces der- niers. Critique. — Les histologistes conseillent de faire séjourner le follicule clos dans l’alcool dilué, les solutions d'acide chromique, de bichromate, etc.; de durcir ensuite dans l'alcool, de faire des coupes qu’on touche avec un pinceau. Les images ainsi obtenues seraient l'expression de la structure normale. Il me semble que pareille conclusion est bien hasardée, surtout si l’on veut bien se rappeler l’aveu de Th. Schmidt (Zeitschrift f. wissensch. Zoologie, vol. XIIT, p. 275), qui n'a jamais pu mettre en évidence le réticulum de la portion centrale. Billroth et Henle sont d’un avis analogue : l’action d'une solution de potasse, par exemple, a pour effet de montrer le réseau périphérique, et de dissoudre tous les éléments de la portion centrale. Si Stübr (voir mon Mémoire de 1897, p. 513) n'a décrit et figuré rien que des cellules libres dans les mailles du réticulum central, c'est qu'il a détruit auparavant une partie du protoplasma par l'alcool au tiers, le liquide de Muller, etc. | Suchannek, Killian, Schwabach et Disse (voir l'historique dans la note sui- vante) soutiennent les mêmes idées erronées, parce qu'ils ont borné leur examen aux organes malades, modifiés par la mort ou les réactifs altérants. L. Gulland (voir mon Mémoire de 1897, p. 499) a employé le sublimé corrosif et le liquide de Flemming, mais les colorants dont il a fait usage sont insuffi- sants pour étudier la structure et l’évolution du cytoplasma. Get auteur l'avoue lui-même en disant qu'il n’a eu en vue que la coloration des leuco- cytes. J'en dirai autant d’un travail tout récent paru dans le Bulletin de la Sociélé anatomique (juillet 1899); les procédés de fixation et de coloration employés par MM. Marcel Labbé et Lévi-Sirugue eussent amplement sufli pour bien observer. Malheureusement, dans cet essai de jeunesse, ces travail- leurs, se laissant aller au courant acluel, ont suivi l'exemple de ces savants qui étalent une érudition étrangère ou de seconde main, et qui encombrent nos connaissances plutôt qu'ils ne contribuent à leur progrès. Ils ont, de plus, commis la grosse faute d'adopter, avant de contrôler, certaines données sujettes à caution, quoiqu'elles soient soutenues par de grands noms. Pour faire œuvre scientifique, il ne s'agit pas de broder; il faut prouver par des faits. Conclusion. — La portion centrale d'un follicule clos (amygdale adulte) est constituée par une masse protoplasmique pleine. On distingue dans ce protoplasma un réticulum chromophile et un hyaloplasma. La por- tion périphérique du follicule possède une trame conjonctivo-élastique, élaborée par une partie du protoplasma de Ia portion centrale. Le reste du protoplasma de la portion centrale a subi une évolution tout autre ; il a servi à donner naissance aux vaisseaux et aux éléments libres qu'ils renferment [globules blanes et rouges). s TE sg SÉANCE DU 19 Mar 489 _—_—__ "CU" " Î Î Î Î — — — L'ÉPITHÉLIUM QU ON PRÉTEND INFILTRÉ DE LEUCOCYTES EST DU TISSU ÉPITHÉLIAL HYPERPLASIÉ, par M. ÉD. RETTERER. Si l’on fixe convenablement soit les amygdales (palalines), soit la mu- queuse glando-préputiale d'un chien de n'importe quel àge, mais bien portant, et qu'on étudie les tissus sur les coupes, on est frappé par l’aspect différent que présente la muqueuse d’une région à l’autre. Sur sa plus grande étendue, elle possède un chorion bien distinct de l’épithé- lium sus-jacent. Ce dernier est pavimenteux siratifié et épais de 0210 à 0®215. Par contre, en regard des follicules de la muqueuse glando- préputiale, en de nombreux points de la surface des amygdales et des cryptes amygdaliens, l'épithélium est aminei et ses limites se con- fondent avec le tissu sous-jacent. L'épithélium est réduit, en effet, à quel- ques rares assises de cellules aplaties dont l'épaisseur ne dépasse pas, en ces points, 0201 à 0®°02, Si l’on étudie ces régions amincies sur des tissus bien fixés et bien colorés (voir la Vote précédente), voici ce qu'on observe. Les cellules qui composent tout Le revêtement épithélial ont la constitution des éléments de la couche superficielle des épithéliums pavimenteux stratifiés; le protoplasma est dense et très colorable, tandis que le noyau, volumi- mineux (6 y en moyenne), est clair, avec quelques grains chromatiques espacés et reliés par un réticulum. Au-dessous de cette couche épithéliale se trouve un tissu de constitution complexe : 1° des lrainées de cel- lules épithéliales dont le protoplasma et le noyau sont identiques à ce que nous venons de voir dans la couche superficielle ; 2° dans l’inter- valle de ces trainées, des îlots de petites cellules. Ces petites cellules. présentent des noyaux très chromatiques, de 4 y, en moyenne, un pro- toplasma clair, hyalin, parsemé de rares granules colorables. Tandis que des lignes intercellulaires existent entre les cellules épithéliales, les petites cellules n'ont pas de limites visibles; leur protoplasma forme une masse cCoMmune. En examinant ces préparations à un fort grossissement, on voit que les ilots constituent un tissu plein sans vides ni lacunes d'aucune sorte. De plus, on aperçoit de nombreuses images karyokinétiques dans les cel- lules épithéliales qui entourent ces ilots. La cellule épithéliale qui est en voie de division se modifie; son noyau se condense et se charge de chromatine, tandis que la portion périnucléaire du protoplasma de- vient claire et hyaline. Il est aisé d'observer toutes les transitions entre les cellules épithéliales et les éléments qui constituent les ilots clairs. En d'autres termes, ces derniers sont des descendants des cellules épithéliales lesquelles subissent, pour leur donner naissance, les trans- formations morphologiques et chimiques que je viens de décrire. Vous pouvez suivre ces phases évolutives sur les préparations faites 490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avec le liquide de Branca, et colorées par l'hématoxyline et la fuchsine acide; elles sont identiques à ce que j'ai décrit (1) dans les amygdales du bœuf et du cheval après fixation par le liquide de Zenker et colora- tion par l'hématoxyline et l’éosine. J'ai retrouvé ensuile sur la muqueuse glando-préputiale du chien (2) des phénomènes de tous points sem- blables. Pour caractériser l’origine et la nature de ces ilots de petites cellules, je les ai désignés sous le nom de {issu éputhélial hyperplasié. Si l'on examine les mêmes amygdales fixées par l'alcool au tiers, les solutions d'acide chromique, de liquide de Muller, ou lorsqu'elles ont subi un commencement d’altération cadavérique, l'aspect et la structure sont tout autres. Les noyaux du tissu hyperplasié sont entourés d'une mince zone de protoplasma et les éléments paraissent libres. Les cel- lules épithéliales ne présentent pas de trace de division karyokiné- tique. On semble être en présence de globules blancs logés dans des excavations creusées dans l’épithélium (3). Ilistorique et crilique. — On observa de bonne heure (voir mon Mémoire de 1897, p. 512) les points de la muqueuse à épithélium aminci. On les prenait d’abord pour des plaies produites par la déhiscence des follicules qui se seraient vidés et auraient versé leur contenu dans les cryptes ou le pharynx. Plus tard, Stühr (cité dans la première Note), ayant étudié des tissus mal fixés, considéra les pelites cellules comme des globules blancs d’origine vasculaire et ayant immigré dans l'épithélium qu'ils détruisaient au fur et à mesure de leur arrivée. Cette hypothèse, toute gratuite, puisqu'elle est édifiée sur les altéra- tions produites par les réactifs, a fait fortune; elle a élé adoptée par tous ceux qui se sont occupés de l'histologie des amygdales humaines tant pala- tines que linguales et pharyngiennes. La présence de cellules libres est un phénomène qui n’étonne guère ceux qui savent que les modifications cada- vériques conduisent aux mêmes résultats que les altérations chimiques. Suchannek (4), Killian (5), Schwabach (6), Sokolowski et Dmochowski (7), (1) Mémoire de 1897, p. 508, fig. 11 et 13. (2) Comptes rendus de la Société de biologie, 1898, p. 901. (3) La fixation de l’'amygdale par l’un ou l’autre des réactifs que nous avons cités donne aux tissus une consistance et une pénétrabilité bien différentes. Traité par les bons fixateurs (liquides de Flemming, de Zenker, de Branca ou sublimé), le tissu amygdalien se laisse difficilement pénétrer par la paraffine et les coupes se cassent ou présentent des lacunes. Il en va tout autrement quand l’amygdale a subi l’action de l’alcool au tiers, du liquide de Muller ou un commencement d’altération cadavérique. Dans ce dernier cas, les tissus se laissent inclure et couper comme un bloc de paraffine. Je ne puis m'expliquer ces résultats qu’en admettant que les derniers réac- tifs cités dissolvent ou détruisent certaines substances protoplasmiques que nous ne retrouvons plus dans les préparations, alors qu’elles persistent dans les pièces qui ont été mises toutes fraîches dans de bons fixateurs. (4) Beiträge zur normalen., Ziegler's Beiträge, IT, 1888. (5) Ueber... Tonsilla pharyngea, Morph. Jahrbuch, 1888. (6) Z. Entw. der Rachentonsille, Archiv. für mik. Anatom., t. XXXII, 1888. (7) Ein Beitrag zur Pathol., Deutsches Archiv für Klinische medicin, t. XLIX, 1892. SÉANCE DU 19 MAI 491 Disse (1) et la plupart des pathologistes concluent néanmoius dans le même sens que Stühr. Dès que la maladie et l’altération cadavérique ont transformé le tissu hyperplasié en amas de cellules libres, les meilleurs fixateurs el colorants sont impuissants à réparer les injures de la macération ou de la mort. Et c'est sur ces apparences trompeuses qu'on à établi les fonctions des amygdales, la théorie de la migration et de la défense de l'organisme contre les microbes! En résumé, dans les régions où il se développe des follicules clos (pénis, amygdales), l’'épithélium superficiel continue, de la profondeur vers la surface, à se transformer en éléments épithéliaux hyperplasiés. Ce dernier tissu représente du tissu conjonctif primordial dont les cellules évolueront plus tard comme celles de la portion centrale d’un follicule elos (2). IDENTITÉ DU BACILLE LACTIQUE AÉROGÈNE ET DU PNEUMOBACILLE DE FRIEDLÆNDER, par MM. L. GrimserT et G. LEGROS. Le bacille lactique aérogène (Escherich), agent essentiel de la fermer- tation spontanée du lait (Flügge), mis en cause dans certaines affections urinaires (Morelle, Worburg, Heyse), péritonéales (Frænkel) et ménin- gées (Scheib), doit-il être considéré comme une espèce distincte du pneumobacille de Friedlænder ? Nous avons pensé qu'il était utile de reprendre cette question non (1) Anatomie des Rachens, Heymann's Handbuch, t. Il, p. 21. (2) Pendant que je corrigeais ces épreuves, j'ai recu du professeur J. Koll- mann (de Bäle) un mémoire sur les follicules clos de l'intestin et de l'amyg- dale (Die Entwikelung der Lymphknütchen..… Archiv für Anatomie und Phy- siologie, 1900). M. Kollmann a étudié les amygdales humaines sur le nou- veau-né, sur les enfants de trois ou quatre ans, et sur l'adulte. Il se range à l’opinion de M. Stühr et trouve que je suis seul de mon avis. La discordance est tout aussi accusée au point de vue doctrinal : pour M. Kollmann, l’ectoderme et l’endoderme restent distincts du mésoderme à partir de l’âge embryonnaire, comme le veut l’enseignement classique depuis de Baer. Pour moi, au contraire, l’ectoderme et l’endoderme fournissent, la vie durant, des éléments qui se transforment en mésoderme vasculaire. En un mot, l'autonomie et l'indépendance des feuillets blastodermiques ne sont qu'une vue de l'esprit. Je suis bien fäché d'être en désaccord, sur ce point, avec ce Maître vénéré; mais, à mon grand regret, je me vois forcé d'appliquer aux objets d’études de M. Kollmann le jugement que j'ai porté plus haut sur les matériaux empruntés à l'espèce humaine. Mes nouvelles observations, loin d'ébranler mes convic- tions, les fortifient, de sorte que je continuerai à soutenir de plus belle les faits que j'ai vérifiés maintes fois, bien qu'ils soient contraires à la théorie régnante. L 1 US Ti f ai 492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE encore résolue en complétant l'étude morphologique du bacille lactique aérogène par celle de ses propriétés biochimiques. Nos recherches ont porté sur quatre échantillons d'origine distincte. L'un d'eux, dû à l’obligeance de M. Kayser, est le ferment / de ses tra- vaux sur la fermentalion lactique et provenait du laboratoire de Nencki; les trois autres avaient été isolés de fermentations spontanées du lait. Nous avons suivi dans cette étude la marche systématique proposée par l'un de nous dans les Archives de Parasitologie (1) et qui lui avait déjà servi dans ses travaux sur le pneumobacille de Friedlænder. Nos quatre bacilles nous ayant donné pour chaque épreuve les mêmes résultats, les observations suivantes s'appliquent à chacun d'eux en particulier. A. BIOLOGIE GÉNÉRALE ET MORPHOLOGIE. — Bacilles immobiles de 4,5 à 2 à de long et un peu plus longs que larges. Souvent groupés par deux, parfois polymorphes. Pas de spores. Encapsulés surtout dans le sang des animaux inoculés. Ne se colorent pas par la méthode de Gram. Périssent quand on les maintient pendant un quart d'heure à 60 degrés. Anaérobies facultatifs. Sur bouillon peptonisé, à 37°5, trouble uniforme au bout de deux à quatre heures, puis voile muqueux ne se renouvelant pas quand il se détache. Le bouillon s’acidifie. Pas d’odeur. Sur gélatine, — 1° en plaques : colonies arrondies blanches opaques et saillantes à reflets de porcelaine; 2° en piqûre: cullure en forme de clou à tête large souvent aplatie. Production de bulles de gaz suivant la : teneur en glucose du milieu. La gélatine n’est pas liquéfiée. Sur gélose. — Strie opaque glaireuse, fluente et visqueuse. Sur pommes de terre. — Enduit grisätre ou café au lait clair, se fon- cant de plus en plus en se mammelonnant et donnant enfin de très nombreuses et très volumineuses bulles de gaz. Sur peptone : pas d’indol. — L'albumine cuite n'est pas attaquée. — Le lait (2) est coagulé au bout de 2 à 5 jours. Le nitrate de potasse est décomposé en nitrite et donne lieu à un déga- sement d’Azetde CO* quand le milieu nutritif est constilué par du bouil- lon (ferment dénitrifiant indirect) et qu'on opère en culture anaérobie. B. ACTION SUR LES HYDRATES DE CARBONE. — Nos bacilles aérogènes font (1) L. Grimbert. De l'unification des méthodes de culture en Bactériologie, Archives de Parasitologie, t. I. p. 191, 1898. (2) Certains auteurs donnent comme unique différence entre le bacille lac- tique aérogène et le pneumobacille de Friedlænder la propriété que possède ce dernier de ne pas coaguler le lait, tout en possédant la faculté de faire fer- menter le lactose, ce qui est contradictoire; car du moment qu’un microbe attaque le sucre de lait pour donner des acides, il doit nécessairement coa- suler le lait par acidification du milieu. D'ailleurs, Denys et Martin (La Cel- lule, 1893) ont montré que les bacilles de Friedlænder qui ne coagulent pas le lait acquièrent cette propriété par des passages successifs dans ce milieu. L'e SÉANCE DU 19 Maï 493 fermenter le glucose, le lactose, le saccharose, la dextrine, la mannite et la glycérine, mais sont sans action sur la dulcite. Ils donnent avec ces hydrates de carbone de l'alcool éthylique, de l'acide acétique, de l'acide succinique et de l'acide lactique gauche. Mais de même que le pneumo- bacille de Friedlænder, ils semblent faire un choix entre les divers sucres offerts à leur activité. C'est ainsi que le glucose, la mannite et la glycérine ne donnent pas ou ne donnent que des traces d’acide succi- nique avec des quantités notables d’acide lactique gauche, tandis que la dexlrine, au contraire, ne donne que de l’acide succinique à l'exclusion de l'acide lactique et que le saccharose et Le lactose donnent à la fois de l'acide succinique et de l'acide lactique. L'acide acétique se rencontre dans loutes les fermentations ainsi que l’alcool éthylique, mais pour ce dernier les quantités formées varient avec la nature du corps fermen- tescible. Toutes ces déterminations ont été faites comparalivement avec le bacille de Friedlænder, étudié autrefois par l’un de nous (1), et en sui- vant la méthode alors décrite. Or, nous voyons que toutes les fonctions biologiques manifestées par nos bacilles aérogènes sont identiques à celles du pneumobacille de Friedlænder ; il n'y a donc aucune raison pour faire du bacille lactique aérogène une espèce distincte de ce dernier, et tous deux ont droit à un nom unique. Bien entendu, l'espèce Friedlænder peut comporter un certain nombre de variétés, l'absence d'action sur la dulcite (2) des bacilles que nous avons étudiés en est une preuve, mais ces variétés, dues en grande partie à l'éducation de la semence, présentent un ensemble de propriélés suffisamment nettes pour permettre de les réunir en un groupe unique dont les caractères essentiels sont : 1° L'immobilité ; 2° la présence de capsules dans le sang des animaux inoculés; 3° la non-liquéfaction de la gélatine; 4° la non-production d'indol ; 5° l’action énergique sur les hydrates de carbone donnant naissance à des produits variables avec la nature du sucre employé. LE CACODYLATE DE MERCURE ET SON DEGRÉ DE TOXICITÉ, par M. Vayas. Depuis les mémorables recherches de M. le professeur À. Gautier, qui à découvert que l’arsenic existe normalement dans certains organes (4) L. Grimbert. Recherches sur le Pneumobacille de Friedlænder (1° mé- moire). Annales de l'Institut Pasteur, t. IX, p. 840, 1895. 2) Sur la non-fermentation de la dulcite par certaine variété de bacille de Friedlænder, voir: L. Grimbert, Recherches sur le Pneumobacille de Friedlæn- der, (2*mémoire), Ann. de l'Inst. Pasteur, t. X,1896, et Ch. Nicolle etH, Hébert, Les angines à bacille de Friedlænder, 14., t. XI, p. 67 et 80, 1897. Long DU sp US vf dt, CORTE TNT d'OS PPT PE TT 0 né oué he it Sr 494 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l’économie animale, tels que la glande thyroïde, la peau et les che- veux, l'emploi de la médication arsenicale se trouve justifié, de même que ses bons effets thérapeutiques. Mais s’il est prouvé que l’arsenic rend de grands services dans certaines affections morbides, il n’en est pas moins vrai que la forme chimique, sous laquelle on introduit dans l’économie l’arsenic, fait varier beaucoup les résultats thérapeutiques. Les bienfaits qu'on a obtenus par l'emploi du cacodylate de soude en injection hypodermique ou intramusculaire, où l’arsenic se trouve sous une forme parfaitement organique et directement assimilable, nous démontrent qu'il y a tout intérêt à administrer certains médicaments à l’état de molécule organique. C'est ce qui nous à fait rechercher si le mercure, administré dans la syphilis sous forme de cacodylate, présenterait moins d'inconvénients que les autres composés mercuriels connus jusqu'à présent. Dans ce but, après avoir examiné d’abord les propriétés physiques et chimiques de ce corps, nous avons voulu nous assurer de son degré de toxicité. Le cacodylate de mercure que nous avons analysé est un sel blanc, cristallisé, hygrométrique, soluble dans l’eau et l'alcool; insoluble dans l’éther. Il contient 16 p. 100 de mercure. Cette observation démontre qu'il est dissocié en partie. Il est acide au papier de tournesol. Les alcalis donnent un louche avec une solution de ce sel; l’iodure de K donne un précipité jaune de bioxyde de Hg qui se redissout dans un excès de réactif; une lame de cuivre plongée dans sa solution s’'amalgame. Quant au degré de toxicité de ce produit, voici les expériences que nous avons instituées sur six lapins dont le poids était en moyenne de 2 kilogrammes. Ces animaux ont reçu des injections de cacodylate de Hg les uns sous la peau, les autres dans les veines. a) Anjections hypodermiques. — Deux japins ont reçu quotidienne- ment et à dose progressive de 2 à 6 centigrammes de cacodylate de Hg. Ces deux lapins ont supporté ces injections sans aucun phénomène d'intolérance ou de réaclion locale et au bout de quinze jours leur poids se trouvait augmenté. Il a fallu 16 centigrammes injectés à la fois sous la peau pour tuer un lapin de 1.900 grammes au bout de quarante heures. b) Injections intraveineuses. — Trois lapins ont reçu : le premier, 2 centigrammes de cacodylate de Hg dans la veine marginale de l'oreille; le deuxième 5 centigrammes; le troisième 10 centigrammes, Ce dernier seul à succombé au bout de trente heures. Les deux premiers sont à l'heure actuelle, quinze jours après l'injection, dans un état de santé satisfaisant. Ces résultats positifs nous ont décidé à employer cet agent thérapeu- tique à l'hôpital Broca, où, avec l'autorisation de notre excellent maitre, SÉANCE DU 19 MAI 49 OC M. le D' Brocq, nous avons pu commencer des injections intramuscu- laires chez les syphilitiques à la dose de 5 centigrammes par jour. Nous publierons plus tard les résultats obtenus. (Travail fait au Laboratoire de M. le professeur Gautier.) LE SANG D'ESCARGOT ET LA COAGULATION, par M. L. Canmvs. À propos d'une note récente de M. Couvreur (1) sur le sang de l’escargot où se trouve étudiée l'incoagulabilité de ce liquide, je désire rappeler ici quelques-unes des expériences (2) qui m'avaient amené déjà à con- clure que le sang de l’escargot, incoagulable spontanément, ne renferme pas de substances anticoagulantes, mais rend indirectement le sang du chien incoagulable. Aclion in vitro. — a) On mélange {1 centimètre cube de sang d'escargot avec 4 centimètres cubes de sang artériel de chien : coagu- lalion en 6 minutes. Dans un tube témoin, le sang coagule en 6 minutes. b) On mélange 1 centimètre cube de sang d’escargot avec 4 centi- mètres cubes de sang artériel de lapin : coagulation en 8 minutes. Tube témoin; on mélange 1 centimètre cube d’eau salée à 8 p. 1000 avec 4 centimètres cubes de sang : coagulation en 8 minutes. Aclion in vivo. — a) À un chien roquet du poids de 9 kil. 500, on injecte dans la veine fémorale gauche 10 centimètres cubes de sang d’escargot ; peu après, nausées, mouvements intestinaux, narcose. {re prise de sang. , 3 minutes après l'injection, pression basse, sang incoagulable. De LA — 4 — == — en e — 15 — — = — € ” 30 — — 2e RE & 1 Avant l'injection, le sang coagulait en 6 minutes. b) À un lapin mâle du poids de 2 kil. 420, on fait une injection de > centimètres cubes de sang d’escargot dans la veine jugulaire gauche. 1re prise de sang avant l'injection . . . . . . Coagulation en 8 minutes. 2 — 3 minutes après l'injection. — T — 30 — 15 — — — 10 — Ayant par ailleurs conslalé que le fibrinferment ne détermine pas la coagulation du sang d'escargot, j'ai élé amené à penser que probablement ce sang ne renferme pas de fibrinogène ou que son fibrinogène est (4) Couvreur, Notes sur le sang de l'escargot.Comples rendus de la Société ce Biologie, LII, 395 ; 28 avril 1900. (2) Contribution à l'étude de la coagulation du sang et de la fonction anticoagulante du foie, Cinquantenaire de la Société de Biologie, p. 385, 1899. 2496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE différent de celui des mammifères. Cette queslion, que je n'ai pas poursuivie, vient d'être résolue par M. Couvreur et après lui j'ai constaté que l'on ne retrouve pas dans le sang d’escargot les réactions habi- tuelles du fibrinogène. Le sang obtenu par ponction d’un vaisseau est franchement alcalin au tournesol; porté à 56-60 degrés il ne coagule pas ; ilne coagulepas non plus à celte température s’il a élé préalablement neutralisé ou faiblement acidifié par l'acide acélique (fortement acidifié, il coagule à cette température). Le chlorure de sodium à 15 p. 100 ne précipite pas ce sang à la tempé- rature du laboratoire; au contraire, le chlorure de sodium à saturation donne un léger précipité à cette température et le sulfate de magnésie dans les mêmes conditions donne un abondant précipité. LA COAGULATION DU LAIT SOUS L'INFLUENCE DE LA PRÉSURE S'ACCOMPAGNE-T-ELLE D'UN PHÉNOMÈNE ÉLECTRIQUE ? Par MM. M. Cuaxoz et M. Doyon. I. Bul du travail. — Nous avons montré (1) que la coagulation du sang ne s'accompagne pas d'un phénomène électrique supérieur à 1/4000° de volt. Nos recherches ont également porté sur la coagula- tion du lait par la présure; nous exposons ici nos résultats. IT. Conditions expérimentales. — Elles sont à peu près les mêmes que dans nos expériences sur la coagulation du sang. A. Dans de pareilles recherches, les chances d'erreur augmentent avec la durée de l'expérience. Il y a donc intérêt à provoquer une coagulation rapide du lait. Vers 15 degrés, le lait n’estcoagulé que lente- ment et très irrégulièrement par la présure (1 heure et plus). Au-dessus de 30 degrés, la coagulation a lieu en quelques minutes. Nous avons opéré vers 35 degrés environ. B. Dans ces conditions se présente une difficulté qui nécessite des précautions spéciales. Supposons le lait contenu dans notre vase à deux compartiments, placé dans une enceinte à température différente. Un rayonnement s'établit entre le liquide et l'enceinte; si les autres conditions sont les mêmes, ce rayonnement ne dépend que de la nature physique du lait. Quand le lait se coagule dans un compartiment, sa nature physique change. De ce fait résulte une dissymétrie dans le rayonnement des deux compartiments : la marche des thermomètres dans chaque case différera (2). Les deux masses seront à des températures différentes; au (1) Société de Biologie, mai 1900. (2) Daus une expérience, nous avons constaté une différence de température de 1 degré en faveur de la case où se formait le caiïllot. SÉANCE DU 19 MaI 197 niveau des électrodes plongées dans ces masses pourront prendre naïis- sance des phénomènes thermo-électriques notables : d’où cause d'erreur. L'emploi d'une enceinte isolante contenant le vase à lait nous a permis de rendre négligeable cette perturbation. C. Un vase en grès placé dans une caisse en bois spacieuse est entouré d’une couche épaisse de sciure de bois. Un couvercle formé de ouate et de carton ferme l'ouverture du vase. Ce dispositif est maintenu constamment dans une grande chambre-étuve à température constante. III. Marche de l'expérience. — Le vase à deux compartiments rempli de lait frais préalablement chauffé vers 38-40 est placé au milieu de la chambre-étuve. On agite le liquide de temps en temps. Quand la tem- pérature est très voisine de la température de l'enceinte isolante, on place le vase à lait dans cette enceinte. On étudie la marche du thermo- mètre sensible placé dans le lait de chaque case. Quand la température est constante au 1/10 de degré près, les électrodes sont immergées dans le lait et réunies aux äppareils de mesure installés hors de l’étuve. On conduit ensuite l'expérience comme dans le cas du sang, ajoutant la présure lorsque l'équilibre est établi. La durée de la coagulation (en général 8 à 20 minutes) est donnée par une expérience témoin. IV. Résultats. — Nous avons multiplié les expériences (15 environ) soit à 18 degrés, soit à 35 degrés, avec des doses diverses de présure (0,5 à 2 p. 100). Dans quelques cas, nous avons noté des variations élec- triques de l'ordre de 1/800 de volt environ. L'étude des conditions nous a prouvé que ces variations étaient liées à d’autres causes que la coagu- lation. Après élimination des principales causes d'erreur, nous n'avons jamais observé {soit avec l’électromètre, soit avec le galvanomètre) de phénomène supérieur à 41/3000 de volt. V. Conclusion. — Étant donné les causes d'erreur rencontrées dans ces sortes de recherches, nous estimons, contrairement à M. Raphaël Dubois (1), qu’il est actuellement impossible d'affirmer que la coagula- tion du lait est accompagnée d’un phénomène électrique attribuable à l'action du lab-ferment. {Travail des laboratoires des professeurs Morat et Gouy.) NOUVEL ENREGISTREUR POUR LES INSCRIPTIONS CONTINUES, par MM. AuGusre et Lours LUMIÈRE. Les appareils inscripteurs utilisés jusqu'ici, dans l'expérimentalion physiologique, n’ont pas pratiquement réalisé, d’une facon complète, (4) Société de Biologie et Journal de Physiologie et de Pathologie générale, janvier 1900. LL à RÉ) D de OT Gé EAN UN, + à a. À \ d'dbin di Cd 1498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’un des désiderata de la méthode graphique. Nous voulons parler de la continuité de l'inscription. Il arrive alors fréquemment que des phénomènes importants peuvent échapper à l'enregistrement ou ne se trouvent pas liés d'une façon suf- fisante à ceux qui les précèdent ou les suivent. Une solution de ce problème vient bien d'être donnée par M. Roussy (1), mais son enregistreur polygraphique ne peut sans doute pas être à la portée de tous les laboratoires : la grande précision, la multiplicité des usages auxquels l’auteur s’est attaché ont nécessairement eu comme conséquence la complication de l’appareil et l'élévation de son prix. De plus, il nous semble présenter un inconvénient d’une certaine importance; l'inscription s’effectuant à l’aide de plumes, les phéno- mènes capillaires qui résultent du dépôt de l'encre sur le papier para- lysent certains mouvements délicats des leviers. Dans la construction de notre appareil, nous sommes partis de ce prin- cipe que l'inscription devait s'effectuer sur papier enduit de noir de fumée; nous avons done cherché à réaliser l’enfumage, l'inseription et le vernissage continus. Notre enregistreur est d’ailleurs un instrument sans prétention, établi pour les usages courants. Il ne saurait être comparé aux inseripteurs de (4) Roussy. Travaux de laboratoire. Nouveau matériel de laboratoire et de cli- nique, Paris, 1899. O. Doin., 2e flo 6 tÉl SÉANCE DU 19 MAI 499 grande précision, principalement à l'appareil si complet et si précis de M. Chauveau, et ne peut êlre utilisé pour l'inscription des phénomènes qui exigent une grande vilesse de translation du papier. Nous avons voulu simplement établir un appareil pratique, peu coù- teux, susceplible d’être mis en marche en quelques minutes. Il se compose d'un bâti en fonte A B C, portant vers sa partie centrale un cylindre R, autour duquel on a enroulé la bande de papier qui doit porter les inscriptions; cette bande de papier peut avoir une très grande longueur et permettre l'obtention de tracés continus pendant plusieurs heures. En se déroulant, elle passe sous un cuve D, dont le fond est légèrement cintré, et dans laquelle on fait passer un courant d’eau; à défaut d’eau courante, il suffit de maintenir la température au-dessous de 50 degrés, soit en renouve- lant le liquide, soit en y ajoutant de temps en temps quelques morceaux de glace. L’enfumage du papier s'effectue en f, sous cette cuve, au moyen d'une rampe f dans laquelle on fait arriver du gaz d'éclairage carburé par son pas- sage dans un flacon rempli de pierre-ponce imbibée de benzine; cette rampe est animée d'un mouvement alternatif à l'aide du petit moteur électrique M.. L'arbre de ce moteur porte une vis tangente V,, qui actionne la roue K, sur l’axe de laquelle est montée une manivelle F rattachée à la rampe par une pièce E. Cette dernière est guidée par des glissières et peut être montée sur galets pour diminuer les frottements. Ces conditions : mouvement de va-et-vient de la rampe, contact intime du papier avec la surface refroidie de la cuve, permettent un noircissage régulier, continu, sans avoir à redouter l’inflammation. Après son noircissage, la bande de papier passe sur un cylindre de renvoi R., puis arrive au cylindre R,, dans le voisinage duquel les tambours, mano- mètres et appareils enregistreurs se trouvent disposés; l'inscription a lieu suivant une génératrice de ce cylindre, et le papier, continuant sa marche, passe sur le cylindre R, disposé au-dessus d’une cuvette U servant au vernissage. Cette cuvette contient une solution de 5 p. 100 de mastic en larmes dans le chloroforme, dont le niveau constant est maintenu au moyen d'un flacon de Mariotte. L'entrainement du tracé est réalisé par les cylindres R, et R', entre lesquels la bande de papier est laminée ; le cylindre inférieur R, recoit son mouvement du petit moteur électrique M, dont on réduit la vitesse à l'aide de la vis tan- gente V,; le cylindre supérieur R’,, qui est caoutchouté, est sollicité par des ressorts qui lui font exercer sur le papier une pression suffisante pour assurer l'entrainement de la bande. Une distance d'environ 60 centimètres entre R, et R, est suffisante pour per- mettre au vernis de sécher. Le tracé lerminé peut être enroulé enfin sur uue bobine R,, que l’on peut actionner de temps à autre à la main. On peut faire varier dans des limites assez élendues, à l’aide de rhéostats _ convenables, la vitesse de déroulement du papier. Un dispositif de même genre permet aussi de régler la marche de la rampe à gaz et d’avoir un noircissage plus ou moins intense. Les tracés obtenus sous forme de bandes ne peuvent pas ètre con- \ SON PE RE US Nes TO LU CU ONU PPS M TN ET ES RES ep hide A De) ne gt NC TPS, PES { 4 PR OR PES TR RO 500 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sultés avec facilité. Nous préférons les découper en feuilles qui sont numérotées et rassemblées sous forme de livre, renfermant ainsi, sans qu'il en manque une seule seconde, l'inscription des phénomènes qui se sont déroulés au cours d'une expérience, quelle qu’en soit la durée. RECHERCHES CONCERNANT LA VALEUR ANTISEPTIQUE DE QUELQUES SUBTANCES SUR LE PARASITE DU MUGUET (Ændomyces albicans Vuillemin), par M. Paur CATTAERT, pharmacien de 1" classe à Lille. Les affections parasitaires déterminées par les levures sont relati- vement peu nombreuses, et de toutes nous ne connaissons guère bien que la plus commune, le muguet, dont l’agent infectieux n’est autre qu’un ascomycète découvert par Ch. Robin, et que l’on désigne actuel- lement sous le nom d'£ndomyces albicans Vuillemin. Cette maladie, des plus fréquentes, surtout chez les nourrissons, se trouve être aussi l’une des plus mal soignées que l’on connaisse, et les divers traitements préconisés, surtout par la médecine populaire, ne sont souvent rien moins qu'irrationnels. Il est vrai que l’on considère géné- ralement cette affection comme tout à fait bénigne. C’est peut-être exact quand il n’y a que dela stomatile; mais où cela ne l’est plus, c'est quand le parasite vient à envahir le tube digestif. On voit alors survenir de la gastro-entérite à formes aiguës ou chroniques, souvent grave et pouvant parfois déterminer la mort. Ces formes de gastro-entérite sont, à notre avis, plus fréquentes qu'on le pense, et l'examen microscopique des selles pourrait ici rendre de grands services, non seulement au point de vue scientifique mais encore au point de vue pralique, car il permeltrait d'’instituer d'emblée le traitement convenable. Cet examen est du reste des plus faciles, étant donné la grande taille et l’aspect caractéristique du champignon. Ces réflexions, qui nous ont d’ailleurs été suggérées par des observations personnelles, concordent bien avec la façon de penser de beaucoup de ceux qui ont étudié la question. Nous nous sommes trouvé récemment, en effet, en présence d'un cas typique de muguet, survenu chez une personne adulte; nous avons pu de cette facon faire quelques observations intéressantes et quelques recherches sur le parasite qu’il nous a été facile d'isoler. Les cultures ne nous ont guère appris quelque chose de nouveau, et nos constatations n’ont fait que vérifier l'existence des formes parti- culières affectées par le champignon suivant les différents milieux employés. Nous ne nous y attarderons pas. Les affinités de l’£Zndomyces albicans avec les levures sont du reste des plus saillantes ; comme elles, le champignon du muguet croît abondamment sur les milieux sucrés, sur la carotte, sur la betterave, etc., ete. Ce qui nous fait bien voir le SÉANCE DU 19 MAI SOL non-sens de l'emploi comme remède, de cette préparation encore si en vogue dans la médecine populaire, le miel rosat. Cette drogue jouit en effet, particulièrement dans la classe pauvre, d'une renommée d'efficacité qu'il est difficile de s'expliquer si l’on con- sidère la composition de ce mellite qui, par sa richesse en sucre, semble devoir constituer un milieu de prédilection pour l'£ndomyces. Par contre, beaucoup de médecins l’ont abandonné et avec raison, ne lui réservant plus que l'emploi d’édulcorant dans la confection des col- lutoires et gargarismes. L'expérience justifie d'ailleurs pleinement cette manière de voir. Des tubes de miel rosat dilué et stérilisé nous ont donné des cultures remarquablement belles d'£ndomyces albicans. Le tanin qui existe dans la drogue en question et qui en constitue le seul principe capable d’être antiseptique, n'empêche nullement le développe- ment du champignon, même à des doses relativement considérables surajoutées intentionnellement. Cette observation nous mit sur la voie de nos recherches, et pour nous placer dans les conditions les plus voisines de celles qui résultent de l'emploi d’un collutoire édulcoré au miel rosat, c’est cette dernière substance que nousavons choisie de préférencecommemilieu de culture. Des tubes de miel rosat dilué au quart et contenant respectivement 10 centimètres cubes de dilution ont été additionnés de doses crois- santes des substances étudiées. Quelles sont ces substances? Nous avons choisi simplement celles que la médecine emploie le plus couramment dans le traitement des affec- tions de la bouche et de la gorge, en y joignant loutefois l’étude de l'an- liseptique intestinal le plus employé actuellement, le benzonaphtol ; ou plutôt ses deux composants, le benzonaphtol n'étant pas soluble. Les doses employées variaient entre 1 centigramme et 10 cenli- grammes pour 10 centimètres cubes de dilution; elles croissaient pro- gressivement dans les proportions suivantes : 1 centigramme, 2 cenli- grammes et demi, 5 centigrammes et 10 centigrammes. Nous notons seulement les tubes où les cultures ne se font pas, en contrôlant toutefois l'arrêt de la végétation par un re-ensemencement sur moût de bière. Nous avons pu ainsi déterminer une classe de corps qui sans tuer le parasite, l’empêchent néanmoins de se développer. Voici les résultats obtenus. A. — Corps qui amènent un arrêt définitif de la culture avec mort du champignon : 4° Le naphtol. . . . . , à la dose de: 14 centig. pour 10 c.c. de dilution. 2° L'acide benzoïque. . . — 25 milligr. — 3° L'acide phénique. . . — 25 — — 4 L'acide salicylique . . — 25 — — 5° Le salicylate de soude. — 20 — == 6° Le benzoate de soude, — 50 _— —- 1° L’acide borique. . . . — 50 — _ 502 : SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE B. — Corps qui amènent un arrèt de la culture sans détruire le champi- gnOn : 4° Le borax. . . . . . . . à la dose de : 100 millig. pour 10 c. c. de dilution. 29 Le tamn RP — 100 — — 30 LATÉSOLCILE A ENEREE — 100 — — 4° Le bicarbonate de soude. — 200 — — C. — Corps qui n'amènent pas l'arrêt des cultures aux doses examinées : L'alun, et le chlorate de potasse (végétation très belle). Bien que ces résultats ne soient que fort incomplets, il n’en présentent pas moins quelque intérêt au point de vue du traitement; la considé- ration des résultats signalés ci-dessus peut permettre au médecin de composer une formule de collutoire efficace, même en employant comme édulcorant le miel rosat. Toutefois il nous semble préférable de remplacer ce corps par la gly- cérine, dans laquelle l’£ndomyces ne pousse pas et qui, à ce point de vue, peut rendre quelques services. Enfin, l'utilité de la médication alcaline ressort clairement de nos expériences, car bien que le bicarbonate de soude ne détruise pas le champignon, il n’en empêche pas moins la végétation, et joue ainsi le rôle d’un adjuvant d’äutant plus précieux qu'il n’est pas loxique. Enfin, dernière réflexion, le naphtol semble être l’anliseptique le plus efficace, il est facile de voir le parti que l’on peut en lirer dans les gastro-entérites à £ndomyces. 11 semble devoir en être de même du benzo-naphtol, puisque l’on admet sa décomposition dans l'intestin en naphtol et en acide benzoïque, deux antiseptiques excellents. Nous ajouterons que nos observations personnelles semblent devoir con- firmer la chose. ERRATA Dans la note sur le-« Dosage du cuivre dans les recherches biologiques », par M. Ch. Dhéré, lire : P. 456, ligne 26 : Une force électromotrice de 2,5 à 3 volts, au lieu de « une force électromotrice de 2, 3 à 5 volts. » P. 457, ligne 1 : L’électrode — nouvellement immergée ne se recouvre plus, au lieu de « l’électrode — nouvellement immergée — ne se recouvre plus ». Le Gérant : G. MAssoN. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette, SÉANCE DU 26 MAI 1900 MM. D. CazuGareanu et Vicror HENRI : Expériences sur la suture croisée des nerfs de différentes sortes, nerf lingual avec le nerf hypoglosse, nerf hypoglosse avec le nerf pneumogastrique. — M. le D' KeirrerR (de Bruxelles) : Le système ner- veux intra-utérin. — M. E. Hépox : Action globulicide des silicates alcalins. — M. Azezais : L’articulation du coude et la prono-supination de l’avant-bras. — M. Acezars : Le quadriceps fémoral des Sauteurs. — MM. Brczarp et CAVALIÉ : Les branches hépatiques de l'artère cystique chez le chien. — M. Éb. RETTERER: Évolution morphologique de l'amygdale du chien.— M. Yvor : Influence de l’élec- tricité statique sur l'organisme à l’état normal. Présidence de M. Troisier, vice-président. EXPÉRIENCES SUR LA SUTURE CROISÉE DES NERFS DE DIFFÉRENTES SORTES. NERF LINGUAL AVEC LE NERF HYPOGLOSSE, NERF HYPOGLOSSE AVEC LE NERF PNEUMOGASTRIQUE, par MM. D. CALUGAREANU et Vicror HENRI. (Communication faite dans la séance précédente.) Première expérience, — Suture du bout central du nerf hypoglosse avec le bout périphérique du nerf lingual, y compris la corde du tympan et du bout central du lingual avec le bout périphérique de l’hypoglosse. Chien 20 kilo- grammes; opération faite aseptiquement,; le nerf lingual sectionné aussi bas que possible, environ 5 millimètres du point où la corde du tympan se sépare du lingual; les deux nerfs suturés en croix par deux points faits avec la soie 000; guérison par première intention; après l'opération (faite du côté gauche) la langue est deviée à droite, l’animal ne peut pas lécher. 40 jours après l'opération, nous observons des mouvements de la langue. 61 jours après l'opération, nous faisons les expériences suivantes : | 1° Ayant introduit une canule dans le canal de Warthon du côté gauche, nous excitons par un courant induit (2 piles Leclanché, distance des bo- bines 5 centimètres) le bout central du nerf hypoglosse qui avait été suturé avec le bout périphérique du lingual et de la corde du tympan; nous obser- vons au bout de une minute un écoulement de salive qui augmente avec la force de l'excitation. 2° Nous excitons la corde du tympan, laquelle, dans le cas où on suppose- rait l’existence d’une régénérescence, serait régénérée aux dépens des fibres du nerf hypoglosse, cette excitation donne lieu à une salivation abondante. 3° L'excitation du bout central du lingual suturé avec le bout périphérique BioLocie, Comptes RENDUS, — 1900. T. LIT. 39 504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l'hypoglosse ne donne pas de contractions des muscles de la langue, mais nous observons une légère vasoconstriction de la moitié correspondante de la Courbe de pression sanguine. lu nerf pneumogastrique gauche qui avait été suturé avec le Effet de l'excitation du bout périphérique € bout central du nerf hypoglosse. langue. 4 L’excitation du bout central du nerf hypoglosse (comme dans le premier cas) produit une vaso- consiriclion très nette de la moitié de la langue. Ces phénomènes ont été obser- vés avec nous par trois personnes travaillant au laboratoire, dont MM. Lapicque et Frouin. Deuxième expérience. — Suture du bout central du nerf hypoglosse avec le bout périphérique du pneu- mogastrique et vice versa. Chien 19 ki- logrammes; opération aseptique; le nerf pneumogastrique est sectionné environ à 5 millimètres périphéri- quement du ganglion plexiforme, le nerf hypoglosse environ à 2 centi- mètres du trou jugulaire; suture en croix des deux nerfs par deux points à la soie 000; guérison de la plaie par première intention. 99 jours après l'opération, nous faisons les expériences suivantes : 1° L’excitation du bout périphé- rique du nerf hypoglosse suturé avec le bout central du pneumogastrique, provoque des contractions très vives des muscles de la langue, semblables de tout points à celles que l’on ob- tient en excitant le nerf hypoglosse de l’autre côté. 20 Nous introduisons une canule dans la carotide et prenons le gra- phique de la pression sanguine. Nous seclionnons le nerf pneumo- gastrique normal (côté droit); puis le nerf pneumogastrique gauche près de sa suture avec le bout central de l’hypoglosse et nous excitons le boutipériphérique de ce pneumogastrique.On voit sur le tracé : 1° un ralentissement du rythme cordiaque ; 2° une augmen- tation de l'amplitude des pulsations'; ces phénomènes ne s’accompagnent pas de modification notable de la pression’sanguine. Nous donnons un exemple des tracés'obtenus par nous. SÉANCE DU 26 MAI 505 Troisième expérience. — Suture croisée du nerf hypoglosse et du nerf pneu- mogastrique chez le lapin. 75 jours après l'opération, nous excitons le bout périphérique de l'hypoglosse, — pas de contraction de la langue. L’excitation du bout périphérique du pneumogastrique suturé avec le bout central du nerf hypoglosse ne donne pas de modification nette de la courbe de pression san- guine ; il semble quelquefois y avoir une légère baisse de pression. Nous nous contentons de signaler ces premiers résultats, dans lesquels certaines fonctions ont été rétablies à la suite de la suture des nerfs de différentes sortes; l'examen histologique a montré l'existence de fibres régénérées dans ces différentes expériences; nous reviendrons sur la discussion théorique de ces résultats, qui nous paraissent pré- senter un certain intérêt pour la question de l'énergie spécifique des nerfs ainsi que pour l'étude du phénomène de l’inhibition, lorsque nous aurons terminé les expériences déjà en cours. | (Travail du laboratoire de physiologie générale de la Sorbonne.) LE SYSTÈME NERVEUX INTRA-UTÉRIN, par M. le D° Keïrrer (de Bruxelles). (Communication faite dans la séance précédente.) On sait par les expériences de Goltz (1874) et de Rein (1882) que la fécondation et la parturition peuvent se passer normalement après la destruction de la moelle dorsale (Goltz) et de la moelle lombaire et même après la section de tous les filets sympathiques qui se rendent des plexus hypogastriques à l’utérus (Rein). Il résulte de ces constatations l’idée d'une autonomie fonctionnelle appartenant en propre, soit au tissu musculaire de l'utérus, soit puisée dans l’activité d’un système nerveux ganglionnaire intra-utérin. En 1861, Frankenhaüser a décrit des /ibres nerveuses pénétrant dans l'utérus et se prolongeant jusque dans le noyau des fibres musculaires. En 1894, Gawronsky a montré, par la méthode de Golgi, l'existence d'un plexus nerveux et d'éléments cellulaires qui en imposent pour des cellules multipolaires. En 4895, dans la communication préliminaire d’un travail fait en même temps que celui de Gawronski, j'ai décrit des cellules multipo- laires dans l'utérus du chien et du cobaye, mais je n'ai pu connaître exactement la situation ni la valeur morphologique des éléments cellu- laires nerveux. Par mes recherches actuelles pratiquées au moyen de la méthode de 506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Niessel et de Golgi, sur l'utérus de chienne, de guenon et de femme adulte, je puis confirmer les constatations déjà faites par Gawronsky et ajouter : 1° Grâce à la méthode de Niessel, les détails histologiques, la forme, Je volume, la transparence protoplasmique du corps cellulaire, la forme du noyau, les nombreuses granulations chromophyles observées dans les éléments cellulaires nerveux sont bien caractéristiques des cellules ganglionnaires. Ces caractères ne sont pas identiques dans les utérus des différents mammifères examinés, surtout en ce qui concerne les éléments nucléi- niens qui sont très riches (chienne, guenon), ou rares (femme). 9° Gràce à la méthode de Golgi, on constate que les éléments cellu- laires nerveux peuvent se rapporter à un même type, celui de la cellule nerveuse sympathique à un ou plusieurs prolongements protoplas- miques et à un cylindraxile. 3° La formation de plexus entre les prolongements protoplasmiques des cellules ganglionnaires. 4° IL semble exister des cellules nerveuses dans le ne conjonctif interfasciculaire des faisceaux musculaires; leurs prolongements sem- blent destinés à ces faisceaux musculaires. 5° En réalité, la très grande majorité des cellules nerveuses se trouvent adaptées à la surface ou dans le voisinage des vaisseaux utérins de tous calibres. Elles existent dans la paroi même des vaisseaux où elles se moulent entre les fibres musculaires lisses. 6° A la surface de tousles capillaires utérins, elles étalent leurs corps et prolongements qui se trouvent immédiatement en contact avec les cel- lules endothéliales vasculaires. 7° Dans la muqueuse elles existent partout, mais spécialement le long des vaisseaux et sous les épithéliums glandulaires. 8° Les extrémités terminales des prolongements sont, comme Gawronsky l’a déjà constaté, des pointes libres ou des renflements en boutons. 9 Le système des parois vasculaires se réduisant très vite dans le corps de l'organe à un simple endothélium immédiatement en contact - avec le tissu musculaire, on peut considérer idéalement l'utérus entier comme une sorte d'expansion musculaire des parois vasculaires; il s’en- suit que l'innervation vasomotrice sert en fait d'innervation musculaire et que les excitations dans le domaine des vasomoteurs se traduisent par des réactions de l'utérus tout entier dans le sens de la constric- tion ou du relâchement. 10° Il existe dans le voisinage des vaisseaux, spécialement à leur bifurcation, des nids de cellules ganglionnaires qui jouent vraisembla- blement le rôle de ganglions intra-utérins; on peut leur attribuer une partie de l’activité automotrice de l’organe en cas de destruction des SÉANCE DU 26 MAI 507 centres lombaires, ou des plexus sympathiques pelviens, ou des voies de conduction de ces centres. (Myélites, suppurations pelviennes.) 11° Les cellules ganglionnaires de l'utérus subissent toutes les varié- tés d’altération connues sous le nom de chromatolyse des cellules ner- veuses de l'arbre cérébro-spinal. Il n’est pas encore possible d'établir de classification de ces altérations comme si elles étaient caractéris- tiques de la fatigue, de l'intoxication, de l’inflammation ou d’un état fonctionnel particulier de l'utérus. 12 Les cellules nerveuses décrites sont décelables au moyen de la méthode de Niessel chez l'embryon humain à partir du septième mois et demi et huitième mois. 13° Il semble n'exister aucune cellule nerveuse dans les diverses variétés de fibromyomes utérins. (Travail fait à l'Institut universitaire de Physiologie de Bruxelles.) ACTION GLOBULICIDE DES SILICATES ALCALINS, par M. E. HÉpon. Dans leurs recherches sur les propriétés antifermentescibles et l’ac- tion physiologique du silicate de soude (1), Rabuteau et Papillon ont signalé le pouvoir destructeur de ce sel sur les globules rouges et les globules blancs in vitro, et dans un travail sur le même sujet paru à la même époque (2), Picot conclut que la tendance à l’asphyxie présentée par les lapins intoxiqués par le silicate de soude reconnaît pour cause la destruction des globules rouges. Cette action globulicide des silicates alcalins, analysée à l’aide des méthodes actuelles, et en tenant compte des lois de l’isotonie, présente les particularités suivantes : En solutions aqueuses les silicates de soude et de potasse détruisent les globules rouges à toutes les concentrations, mais avec un retard, un temps perdu très considérable à partir d’un certain titre. Si dans une série de tubes contenant des solutions de silicate de potasse depuis 0,5 p. 100 jusqu’à 2 p. 100 et au-dessus, on dépose quelques gouttes de sang défibriné de lapin, on constate que le laquage est immédiat pour toutes les solutions inférieures à 1,5 p. 100. A partir de ce litre, les globules ne sont pas détruits instantanément et on croirait avoir atteint la limite isotonique. Mais au bout de quinze à vingt minutes, le (1) Comptes rendus de l'Ac. des Sciences, 1873. (2) Ibid. 508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sang se laque dans tous les tubes. Cette « résistance au laquage » est plus considérable pour les globules du bœuf qui ne sont dissous qu'après trois quarts d'heure, si bien qu'ils ont le temps de se déposer en partie dans la couche supérieure du tube; de même pour les glo- bules d'oiseau (canard) qui, en se déposant, laissent incolore le tiers supérieur du tube. En solutions isotoniques de chlorure de sodium, les silicates dé- truisent encore les globules, et la résistance de ceux-ci n’est que faible- ment accrue. Cette méthode permet en outre de déterminer la dose minimum de silicate nocive pour les globules. Dissous dans une solu- tion de NaCI à 0,95 p. 100, c’est-à-dire isotonique au sérum, le silicate de potasse est encore actif à la dilution de O0 gr. 015 p. 100. Dans une série de tubes contenant les solutions de silicate depuis 0,7 jusqu’à 0,015 p. 100 avec des intervalles de 0,05 entre chaque tube, on ajoute cinq gouttes de sang de lapin défibriné. Au bout de quatre heures, les globules se sont déposés en partie, mais le laquage commence à apparaître dans les solutions les plus fortes par la dissolution de la couche de globules intermédiaire. Peu à peu le phénomène s’accuse, gagne les autres tubes, et après vingt heures, la dissolution est com- plète, sauf pour les solutions les plus faibles où quelques globules se sont tassés au fond des tubes. Ainsi en solution isotonique de NaCI, le silicate de potasse exerce encore une action nocive sur les globules à la dose infime de 1/6000. Le silicate de soude a à peu près la même toxicité. Les silicates alcalins doivent donc être comptés parmi les substances globulicides les plus énergiques, bien que leur action demande un temps assez long pour le manifester, ce qui doit tenir à la lenteur avec laquelle ils pénètrent dans le stroma globulaire. ; L’ARTICULATION DU COUDE ET LA PRONO-SUPINATION DE L'AVANT-BRAS. Note de M. le D' Arezais, présentée par M. A. Gran. Les mouvements de prono-supination de l’avant-bras ne sont pos- sibles qu'avec une certaine conformation des surfaces articulaires en contact au niveau du coude. Il est intéressant de suivre, sur une série d'animaux doués de fonctions différentes, les modifications morpholo- giques que subissent ces surfaces pour se prêter à la rotation du radius. Chez les Rongeurs à avant-bras immobile (type ZLepus cuniculus, Lepus timidus), la trochlée humérale est anguleuse, profonde, limitée par deux lèvres tranchantes. En dehors de la lèvre externe, la moitié antérieure de l'extrémité osseuse présente une surface déprimée et SÉANCE DU 26 Mar 509 convexe, formant comme une trochlée accessoire qui ne s’élend pas sur la face postérieure et dont le rebord interne est peu saillant. Sur le cu- bitus, on constate l'absence de l'apophyse coronoïde qui est comme abrasée dans sa totalité et remplacée par une surface articulaire trans- versale occupant toute l'étendue de la face antérieure de l'os. C’est la petite cavité sigmoïde. Quant au radius, sa surface articulaire humérale est divisée par une rainure antéro-postérieure assez profonde dans laquelle s’encastre la lèvre interne de la trochlée : le pourlour posté- rieur de sa tête qui s'applique sur le cubitus est plat. Chez l'Ecureuil, la rotation du radius autour du ceubitus atteint 40 degrés, chez la Marmotte 50 degrés. Dans ces types à avant-bras mo- bile, on trouve en dehors de la trochlée de l’humérus, à la place de la trochlée accessoire, un condyle bien conformé. Comme elle, il occupe seulement la partie antérieure de la surface articulaire. Quoique plus étendu transversalement, sa convexité est aussi régulière dans ce sens que d’avant en arrière. Sur le cubitus, la saillie de l’apophyse coronoïde existe, prolongeant la lèvre interne de la grande cavité sigmoïde. Seule la partie externe de l'apophyse est échancrée par la petite cavité sigmoïde, qui, au lieu d’être transversale comme chez ZLepus, se dirige obliquement en avant et en dedans. Du côté du radius, le pourtour articulaire de la tête est plus ou moins arrondi et la cupule destinée à l’'humérus est régulière- ment déprimée, quoique allongée transversalement. Entre ces types extrêmes, à caractères bien tranchés, on en trouve une série d'intermédiaires dans lesquels la mobilité du radius s’accentue de plus en plus, et qui permettent d’assister au développement graduel des modifications morphologiques à mesure que la pronalion augmente. Celle-ci, très faible chez le Cobaye, est plus nette chez Mus, et surtout manifeste chez la Gerboise, dont le membre thoracique, quoique très réduit, est adapté à la préhension. Chez le Cobaye, la lèvre externe de la trochlée humérale se borne à perdre son tranchant et forme une saillie verticale et oblongue, en dehors de laquelle continue à s'étendre la surface déprimée en gorge de poulie. Chez le Rat, cette surface se soulève et tend à se fusionner avec le condyle, fusion qui est encore plus accentuée chez la Gerboise, au point que son humérus présente un condyle, dont la partie externe est légère- ment déprimée par un sillon vertical. Par une évolution similaire, la rainure antéro-postérieure du radius s’efface de plus en plus, et la saillie de l'apophyse coronoïde s’accentue. Peu profonde et arrondie chez Cavia, la rainure du radius n’est plus qu'une faible ondulation chez Mus, et a presque disparu chez la Ger- boise. À ne considérer que les surfaces osseuses qui constituent l'articulation Ke 510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du coude, on peut donc dire que la présence en dehors de la trochlée humérale d'une saillie condylienne, que le développement de l’'apophyse coronoïde du cubitus et la disposition en cupule régulière de la tête du radius sont en rapport dans les lypes examinés avec la pronation de l’avant-bras et que le degré de cette pronation a pour mesure le degré de leur formation. Condyle huméral, apophyse coronoïde du cubitus et cu- pule du radius sont fonction de la prono-supination de l’avant-bras. LE QUADRICEPS FÉMORAL DES SAUTEURS. Note de M. LE D' ALezais, présentée par M. A. Grarp. Si on compare le quadriceps fémoral des Sauteurs avec celui d’autres animaux, On est frappé d’un fait anatomique qui leur semble spécial, c'est la petite étendue des insertions fémorales des vastes et leur concentration autour de l’extrémilé supérieure de l'os. Ainsi chez Cavia cobaya, l'insertion du vaste externe occupe la moitié supérieure du bord externe du fémur. Elle commence sur le grand trochanter au- dessus du petit fessier, passe en dedans du tubercule du scansorius et s'étend jusqu'au troisième trochanter qui siège à peu près à mi- hauteur de l'os. L'insertion du vaste interne occupe toute la longueur du bord interne du fémur depuis le petit trochanter jusqu’à l'extrémité condylienne. Chez Mus decumanus, le vaste externe se ramasse au- dessous du grand trochanter, mais le vaste interne occupe encore la moitié supérieure du bord interne. Chez Arctomys marmotta, les deux vastes couvrent de leurs insertions le tiers supérieur au moins de la diaphyse et de plus le vaste externe conserve des connexions par une lamelle fibreuse avec le bord externe du fémur sur sa plus grande étendue. Chez le chien (1), les insertions se relèvent : le vaste externe naît sur la ligne transverse du fémur et sur les rugosités de la face externe de la portion proximale du fémur, le vaste interne tout près de la tête de cet os. L'un et l’autre conservent toutefois des connexions avec la ligne âpre. Mais chez l'Ecureuil, la Gerboise,le Lapin, le Lièvre, la surface occupée par ces insertions se restreint beaucoup et se limite à la partie la plus élevée de l’os grand trochanter et au sommet de la diaphyse. Sur leur trajet, les corps charnus restent indépendants du fémur. Le quadriceps est, de plus, remarquable chez les Sauteurs par son développement. Plusieurs de ces animaux ontun vaste externe dédoublé. (1) Ellenberger et Baum. Anatomie descriptive et topographique du chien, Traduction de Deniker, 1894, p. 251. er dd dés % " ES Fe 2 | ! SÉANCE DU 26 MAI 511 Cette portion du quadriceps l'emporte toujours, il est vrai, sur les autres, mais chez eux elle est susceptible d’une augmentation consi- dérable de volume. Chez le Lapin et chez le Lièvre, elle est formée de deux masses charnues, l'antérieure plus grosse que la postérieure, qui naissent l’une au-dessus de l’autre sur la face antérieure du grand trochanter. Ce grand développement du quadriceps et en particulier du vaste externe, n’est cependant pas spécial aux Sauteurs. On le constate par exemple chez la Marmotte dont j'ai parlé : son vaste externe est très épais et présente un dédoublement incomplet. Mais ce qui est très instructif au point de vue que je cherche à mettre en relief, c’est que les insertions fémorales de son quadriceps, comme on l’a vu, sont beaucoup plus étendues que chez le Lièvre, l'Ecureuil ou la Gerboise. Elles occupent le tiers supérieur de l'os et descendent sur le bord interne jusqu’au condyle. La réduction des surfaces d'insertion n’est donc pas liée au dévelop- pement du muscle. On peut dire plutôt que le quadriceps fémoral présente deux ordres de modifications morphologiques, l’une portant sur sa masse, l’autre sur l'étendue et le siège des insertions fémorales des vastes. La première semble en rapport seulement avec l'énergie du mouve- ment que l’animal est appelé à produire. La seconde, qui donne aux fibres charnues une longueur plus grande, semble dépendre d’un genre plus spécialisé de mouvements. Elle s’observe surtout chez les Sauteurs et peut être donnée comme un exemple de l'influence que la fonction exerce sur la morphologie des muscles. LES BRANCHES HÉPATIQUES DE L'ARTÈRE CYSTIQUE CHEZ LE CHIEN, par MM. les D'° Brrrarp et CavaLié. L'un de nous a exposé ici (1) les résultals de ses recherches sur les branches hépatiques de l'artère cystique chez l’homme. Ces branches irriguent une portion de la zone marginale voisine du foie et s'anas- tomosent finalement avec les ramifications de l'artère hépatique. Nous avons poursuivi cette étude chez le chien en utilisant la même technique que chez l'homme. Injections mercurielles. — Epreuves radiographiques. — En pratiquant une injeclion mercurielle par le tronc de l'artère hépatique, après section (4) Voir Comptes rendus de la Société de biologie, 18 mai 1900. 512 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et ligature de l'artère cystique et même de tout le pédicule cystique, les réseaux artériels de la vésicule biliaire sont presque aussitôt remplis que ceux des lobes hépatiques. Nous vous présentons deux épreuves radiographiques prises sur un foie injecté dans ces conditions. L'injection de l'artère cystique, après section et ligature des autres divisions de l’arlère hépatique, met en évidence les réseaux de la vési- cule; et le mercure ne tarde pas à passer dans les ramifications arté- rielles hépatiques des lobules voisins, comme le montrent les épreuves radiographiques que nous vous soumettons. Injections colorantes. Dissections. — Nous avons étudié, à l’aide d’in- jections colorantes, suivies de dissections, les branches hépatiques de l'artère cystique. | Le foie du chien est multilobé; et la vésicule biliaire est intimement accolée à deux lobules inférieurs, situés l’un à droite, l’autre à gauche d'elle. Les branches artérielles, destinées à ces deux lobules et à la vésicule, proviennent souvent d’un même tronc qui se détache de l’artère hépa- tique ou d’une de ses branches de division (branche droite). La vésicule biliaire recoit une artère principale, venue de ce tronc commun et qui chemine sur la face libre ou sur la face latérale gauche. Elle reçoit, en outre, une artère accessoire émanée de la branche arté- rielle du lobule inférieur droit et qui longe la face latérale droite du réservoir biliaire. a L'artère cyslique principale et son accessoire envoient des branches qui forment de riches réseaux dans les parois de la vésicule; elles four- nissent, d'autre part, de nombreux rameaux (artères cystico-hépatiques) à la substance hépatique marginale de deux lobules inférieurs; ces rameaux s’anastomosent avec quelques-unes des ramifications arté- rielles de ces deux lobules. D’autres ramifications artérielles hépatiques de ces deux lobules passent, à leur tour, du foie sur la vésicule (artères hépato-cystiques). Il s'établit ainsi un échange de rameaux artériels entre les deux lobules inférieurs et le réservoir biliaire. Il est à remarquer que cette union est complétée par des anastomoses veineuses et par des canaux biliaires spéciaux dits hépato-cystiques. Comme pour les artères, 1l existe des veines cystico-hépatiques et hépato-cystiques. Le canal biliaire excréteur principal du lobule inférieur droit vient s'ouvrir dans le col de la vésicule (cinq fois sur sept observations) ou dans le canal cystique (deux fois). Un canal biliaire accessoire, parti du canal principal, vient souvent déboucher dans la vésicule elle-même. Il semble donc, par là, que, chez le chien, la vésicule et les deux SÉANCE DU 26 MAI 513 lobules inférieurs voisins soient liés au double point de vue vasculaire et biliaire. Ces lobules peuvent être nommés lobules cystiques, et sont à rap- procher du petit territoire hépatique de l'artère cystique chez l'homme. Nous poursuivons actuellement nos recherches chez quelques mam- mifères, dans le laboratoire de M. le professeur Mathias Duval, et nous avons déjà pu observer l'existence de branches hépatiques de l'artère cystique chez le lapin et chez le cobaye. ÉvoLUTION MORPHOLOGIQUE DE L'AMYGDALE DU CHIEN, par M. Én. RETTERER. J'ai appliqué à l’amygdale du chien, aux divers âges, la méthode que j'ai décrite dans les Comptes Rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 486. Voici le résumé des faits que j'ai observés (1). 41° Fœtus de chien. — L’ébauche de l’amygdale est une lame aplatie dont la coupe transversale rappelle celle d’une papille (fig. 28 de mon Mémoire de 1888). C’est une masse de tissu conjonctif dont les deux faces et Le bord libre sont revêtus d’épithélium pavimenteux stratifié. 29 Chien à la naissance. — La muqueuse de la face antéro-externe est peu modifiée; elle est contiguë à un groupe de glandes acineuses qui occupe la base de l’axe conjonctif. Sur la face postéro-interne, le chorion est repré- senté par une couche épaisse de tissu peu distinct de l’épithélium sus-jacent : (1) À qui veut saisir aisément cet exposé sans figure, je conseille de se reporter aux dessins que j'ai déjà publiés sur ce sujet. (Mon Mémoire de 1897.) La figure 6, par exemple, donne une bonne idée de l'aspect et des parties qui composent un follicule clos complètement développé. On y distingue : 4° le centre (cc), d'aspect clair, qui a été appelé centre germinatif par FLEMMING, en raison de nombreuses mitoses qu'on y rencontre. Ce centre est formé de cellules dont le protoplasma est fusionné et dans lequel on distingue un réticulum chromophile et hyaloplasma abondant (Voir la note sus-indiquée p. 486 et suivantes); 20 la coque (cb), sombre, composée d’un tissu cellulaire analogue à la couche basilaire des épithéliums, c’est-à-dire des noyaux très chromatiques (ici ils sont petits, 3 à 4 p), avec un cytoplasma internucléaire réduit (1 a); 3° une cloison interfolhculuire (ag), à fibres conjonctives et élastiques. J'ajoute que le tissu du’centre clair est analogue au tissu épithélial hyper- plasié ou conjonctif primordial qui, pour moi, résulte de la transformation directe des cellules épithéliales. 514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE c'est du tissu hyperplasié à réticulum chromophile très accentué. De l'épi- thélium partent plusieurs bourgeons ou prolongements épithéliaux. 3° Chien de neuf jours. — Le tissu hyperplasié dépasse le bord libre et s'étend, sur la face antéro-externe, jusqu’à la limite des glandes en grappe. On remarque de plus deux invaginations épithéliales, dont l’une, creuse, arrive à l'axe conjonctif et l’autre, pleine, figure un bourgeon haut de 0m®5 et large de O0"m1. (Comparer à la fig. 29, loc. cit.) 4° Chien de soixante el onze jours. — Nombreux follicules clos (10 à 45 sur une coupe transversale). Leur fond touche à l’axe médian. Sur chaque face, une ou deux profondes invaginations épithéliales ou cryptes; leur fond, ramifié, confine à l'axe conjonctif. Le centre clair du follicule a une longueur de 1 millimètre et une largeur moitié moindre; la coque sombre ne dépasse pas 003 vers le fond et sur les côtés, mais elle est épaisse de 0"3 sur l'extrémité tournée vers la surface ou vers les invaginations épithéliales. Les cloisons interfolliculaires, conjonctives, sont à peine ébauchées. 5° Chien de un à deux ans. — Les invaginations épithéliales sont de plus en plus marquées. Les follicules clos occupent non seulement les deux faces de la portion saillante de l’amygdale, mais à partir de cet âge jusqu'à l’exirême vieillesse, le tissu folliculaire se prolonge vers la base du bord adhérent et sur la face postéro-interne ; il fait le tour de la fossette interne et arrive jusqu'au repli ou valvule palatin. Le centre clair et la coque sombre sont dans un stade de développement qui correspond au chien de soixante et onze jours, mais les travées conjonctivo-élastiques ou interfoliculaires sont plus épaisses; elles atteignent un diamètre de Omm,07. 6° Chien de trois à quatre ans. — La lumière des invaginations épithéliales est plus étroite ; sur bien des points, les surfaces épithéliales en regard sont accolées et les couches épithéliales sont amincies, de sorte que, sur les coupes, on croirait voir des amas épithéliaux fragmentés dans la masse de l'organe. La coque sombre des follicules est plus large; elle a de 0"",03 à Omm,06 et présente des épaississements qui pénètrent en forme de coins dans le centre clair. Les travées interfolliculaires atteignent dès maintenant une épaisseur de 0,3. 79 Chien de cinq à six ans. — Tandis que sur les jeunes animaux, les amyg- dales apparaissent sous l'aspect d'organes mous, spongieux et turgescents, elles commencent à présenter une surface unie et semblent plus consistantes. La structure explique ces différences : les cryptes sont réduits à des tubes épi- théliaux clairsemés. Quant aux follicules, le centre clair de la plupart d’entre eux ne dépasse guère 0mm,15 d'étendue. La coque sombre qui les entoure atteint, au contraire, 0nm,05 à Omm,10. Le tissu conjonctivo-élastique a pris un tel accroissement, une telle extension qu'entre deux follicules il atteint une épaisseur de Omm,3 à Omm, 4: les vaisseaux qui le parcourent sont volu- mineux et abondants. 8° Chien de neuf à douze ans. — Le centre clair a disparu de beaucoup de SÉANCE DU 26 MAI 51 O6 follicules; à sa place, on trouve le tissu qui constitue les coques sombres. Le tissu conjonctivo-élastique et vasculaire forme la plus grande masse de l'organe. Il convient de signaler les couches de tissu hyperplasié qui entou- rent de cercles sombres les restes d'invaginations épithéliales; on croirait être en présence d’un follicule clos dont le centre est formé d’épithélium pavimenteux stratifié et la périphérie d’une épaisse coque sombre. 99 Chien de quatorze ans. — A la place des follicules clos, on ne rencontre plus que quelques amas de petites cellules qui sont épars au milieu de la masse uniforme conjonctivo-élastique et des vaisseaux énormement déve- loppés. Il persiste des traces de cryptes. Résultats. — Pendant la vie fœtale et les premiers temps après la naissance, le tissu folliculaire est diffus (tissu hyperplasié). Les folli- cules clos apparaissent, dès que le tissu hyperplasié se transforme, de distance en distance, en trainées d'éléments basilaires. Ils se délimitent mieux encore, quand le protoplasma de la coque sombre élabore des faisceaux conjonctifs et des fibres élastiques. Avec les progrès de l’âge, cette modification gagne le centre du follicule, l'étendue du tissu . hyperplasié diminue, de sorte que l'organe tout entier reprend une apparence uniforme, mais sa constitution est tout autre que celle du jeune chien : l'amygdale a fini par être une masse fibreuse et très vas- culaire. Quelque profonds que soient ces changements, ils sont la conséquence du seul et même phénomène qu'on observe constamment sur l’'amygdale à tout âge: c’est la transformation constante de l'épithélium (de la muqueuse superficielle et des cryptes) en îlots de cellules épithéliales hyperplasiées ou tissu conjonctif primordial (1). Apercu historique. — Pendant longtemps, les cryptes passaient pour des réservoirs de mucus. Plus récemment, on n’y voyait qu'un refuge et une porte d'entrée pour les microbes. Sous ces diverses influences (concrétions et présence de microbes), il se produirait des processus inflammatoires qui dila- teraient les cryptes, d’où la compression des follicules clos et leur atrophie consécutive. Les fonctions de l’épithélium et des cryptes sont autrement expliquées par ceux qui regardent l’amincissement et la raréfaction des surfaces épithéliales comme un phénomène physiologique. Stühr attribue le fait aux globules blancs venus du chorion ou des follicules clos et dévorant les cellules épithé- liales pour aller de 1à tomber dans le pharynx. Pour Gulland, « the active rôle » des invaginations épithéliales consisterait à provoquer, par voie réflexe, la sortie des leucocytes hors des veines pour élire domicile dans le tissu con- jonctif et former ainsi le tissu adénoïde ou folliculaire. (4) Voir pour les détails les Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 486. 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce n'est point le lieu de m'étendre sur diverses autres hypothèses aussi gratuites. Que je mentionne brièvement les expériences de E. Hodenpyl (1) et de Goodale (2): après avoir pratiqué des injections dans les cryptes, ils con- cluent, le premier, qu'il n'y a point d'absorption et le second que les subs- tances injectées pénètrent dans les travées interfolliculaires. En tout cas, ces auteurs ignorent la structure des amygdales où ils décrivent un réticulum, des cellules endothéliales et des cellules lymphoïdes ou libres. Hodenpyl ajoute néanmoins (loc. cit., p. 268) que la raréfaction de l’épithélium et la constitution des nodules lymphatiques n’ont aucune relation entre elles, Pour d’autres, les amygdales serviraient à la digestion: Rossbach (3), par exemple, a trouvé au tissu des amygdales un certain pouvoir saccharifiant, en sorte que l’émigration des leucocytes grossirait la somme des ferments digestifs. Selon MM. Labbé et Lévi-Sirugue, enfin, l’épithélium n'aurait au niveau des amygdales que le rôle protecteur qu’il possède dans le reste de la muqueuse buccale. Les cryptes ne feraient qu'augmenter son étendue. Il suffit de lire la revue critique très soignée que nous devons à F. Plu- der (4) sur La signification des amygdales, pour se convaincre que les diverses hypothèses émises jusqu’aujourd’hui sont peu vraisemblables. Elles manquent de fondement physiologique. J'ajoute que, pour les édifier, leurs auteurs ont bâti sur une base anatomique et histologique, qui est de pure imagination. Conclusion générale. — Sur le chien, dans les amygdales comme sur la muqueuse glando-préputiale, l’épithélium continue toute la vie à se transformer, sur une grande échelle, en tissu conjonctivo-vasculaire. INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE SUR L'ORGANISME A L'ÉTAT NORMAL, par M. Yvon. J'ai entrepris deux séries d'expériences dans le but d'apporter ma contribution à l'étude de l’action de l'électricité statique sur l’orga- nisme à l’état normal. La première remonte à l’année 1898, alors que je n'avais pas eu connaissance d’un travail de M. Truchot (5) sur le même (4) The anatomy and physiol. of the faucial Tonsils.. American Journal of the medical Sciences, t. CL, 1891, p. 257. (2) The absorption of foreign substances by the faucials Tonsils, Journal of the Boston Society of medical Sciences, vol. I, 1897, et À contribution of the pathological histology of acute tonsillitis, Ibid., vol. III, 1899, p. 64. (3) Verhandlurgen des Congresses der inneren Medicin, 1887, p. 209. (4) Monatschrift für Ohrenheilkunde, année 32, n° 4, avril 1898. (5) Thèse de doctorat. Bordeaux, 1893-94). SÉANCE DU 26 MAI 5117 sujet. J’ai dû, dès lors en 1899, me livrer à de nouvelles recherches afin de contrôler les résultats obtenus l’année précédente. J'ai pu mener à bonne fin mes expériences gràce à l’amabilité de M. le D' Weiss, professeur agrégé à la faculté de médecine, et je tiens à le remercier tout d’abord de l’obligeance avec laquelle il a bien voulu m'aider de ses conseils et mettre à ma disposition les apareils néces- saires à mes recherches. Je m'étais proposé d'étudier l'influence du bain statique sur l'élimina- tion de l’urée et de l'acide phosphorique et son action sur la respiration, la circulation et la température du corps. J'ai expérimenté avec le bain statique simple, un des pôles de la machine étant en communication avec la terre et l’autre relié au tabouret isolé sur lequel j'étais assis. Je n'ai pas fait usage du souffle, de la friction ni de l’étincelle. La durée de chaque bain a été de deux heures. La source électrique était une machine de Wimshurst, sans secteurs, actionnée par un moteur élec- trique et pouvant donner entre les deux boules qui terminent les con- ducteurs des étincelles d'environ 9 centimètres, c’est-à-dire fonctionnant sous un potentiel d'environ 115.800 volts d’après le tableau dressé par M. Mascart. Toutes les conditions favorables à l’action de l'électricité, durée très grande du bain, puissance de la machine, étaient donc réu- nies. Première série. — J'ai commencé par déterminer la composition moyenne de mon urine pendant dix jours, du 1°" au 13 juin 1898; puis du 14 au 19, je me suis soumis à l’action du baïn électrique. L'action sur l'organisme est forcément complexe ; outre l'influence du fluide électrique, il faut tenir compte de celle qui peut provenir de l'ozone qui se produit pendant le fonctionne- ment de la machine, et que l’on respire pendant deux heures consécutives. Il ne faut pas, en outre, négliger l'influence considérable que doit exercer un repos prolongé et une immobilité presque complète succédant à une certaine fatigue corporelle provenant du transport au laboratoire, et enfin le séjour dans une enceinte dont la température, à cette période de l’année, était nota- blement inférieure à celle du dehors. Pour apprécier, autant que possible, ces diverses causes d'erreur, j'ai fait une séance, assis sur le tabouret isolant, la machine fonctionnant très bien, mais n'étant pas en communication avec le tabouret; j'ai donc supprimé l’action du fluide électrique en conservant celle de l'ozone. Ensuite j'ai sup- primé l’action de l'ozone en ne faisant plus fonctionner la machine ; dans ces conditions, l'influence du repos et du séjour prolongé dans le laboratoire subsistait seule. Je déterminais au commencement de chaque bain, les chiffres relatifs à la température, au pouls et à la respiration; ces déterminalions étaient repétées toutes les demi-heures; j'ai comparé les chiffres initiaux avec ceux obtenus à la fin de l'expérience, de manière à déterminer quelle avait été l'influence du bain sur ces diverses fonctions. Voici, réuuis en tableaux, les résultats obtenus : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Composition de l'urine émise en vingt-quatre heures. 19 Influence des bains, de l'ozone et du repos. A RAPPORT VOLUME DENSITÉ URÉE nt PE ee Moy.normale (10 jours). 1280 c. c. 1025 26830 28 723 1/9e,5 — pendant les bains. 1165 1026,5 25 55 2 46% 1/10,5 Différence. . . —113c.c. L405 —0675 —_ 08259 de) 20 Influence de l'ozone et du repos. Moyenne normale . 1280 c. c. 1025 266 30 28723 1/9e,5 Ozone 1130 1027 2% 29 2 686 1/9 Différence... —4150c.c: + 2 — 2801 — 08037 — 0,5 3° Influence du repos. Moyenne normale. . . 1280 c. c. 1025 266 30 28 123 1/9e,5 REPOS AE EDEN 815 1030 24 94 2 411 1/10 — 405 c. ce + à —1836 — 08312 + 0,5 Résumé. 19 Bain. Ozone. Repos. . —115c.c. + 1,5 — 0875 _—0 259 — À 20 Ozone. Repos . . — 150 + 2 — 2 01 — 0 037 — 0,5 JOMREDOSP PRE — 405 En) — 11 60 —0 312 + 0,5 1° Influence du bain. Ozone. Repos. TEMPÉRATURE POULS | RESPIRATION ne CR. LR Initiale. Finale. Initiale. Finale. Initiale. Finale. Juin 14. . 31045 31025 75 64 22 17 — 15... 31 45 31 30 69 Gil 20 19 —, 19. : 31 45 31 30 76 66 19,5 17 AS TUE 37 55 31 25 78 63 1600 16 — 49. . . 31 45 Su 210) 84 68 18 19 Moyennes. . 310 47 SHOP 4 76 64,5 195 17 EN TT À TT 7 Différences. — 0035 — 44,5 — 2,5 20 Influence de l'ozone. Repos. Juin 20. . . 370 60 31025 SON 20 16 cr ne 2] nn. Différence . — 0035 — 15 — 4 3° Influence du repos. Juin 21. . 31050 31045 89 13 19 16 DR. INT a Différences . — 0035 — 16 — 3 es : DONS D QE . . SÉANCE DU 26 MAI 519 Les chiffres relatifs à ces diverses fonctions se sont tous abaissés dans les proportions ci-dessous. TEMPÉRATURE POULS RESPIRATION 1o Bains. Ozone. Repos . . — 0020 — 1105 — 2,5 20 Ozone. Repos... . . . . — 0 35 — 15 — 4 AU REPOS ONE EE — 0 35 — 16 — 3 L'action des bains électriques sur le pouls, la température et la respiration est à peu près nulle : les modifications observées me paraissent devoir être uniquement attribuées au repos et à l'immobilité dans les conditions précitées : ces modifications ont du reste disparu dans les expériences de la deuxième série. PE PNR L'action des bains sur la composition de l’urine me paraît également nulle; le volume s’est abaissé et la densité s’est proportionnellement élevée, mais il faut tenir compte de ce fait que la température de l’air s’est progressivement élevée pendant la durée des expériences du 14 au 21 juin. Les variations de l’urée et de l’acide phosphorique ne sont pas assez mar- quées pour autoriser à en tirer une conclusion quelconque. Deuxième série. — Pour éliminer les causes d'erreur provenant de l’accélé- ration des mouvements respiratoires et cardiaques et par suite de l'élévation de température consécutive à la marche, je n'ai, dans la seconde série d'expériences pris le bain qu'après un certain temps de repos (une demi- heure à une heure) dans le laboratoire. Je faisais du reste le trajet en voiture, afin d'éliminer autant que possible toutes les causes d'erreur : celles qui proviennent des variations de la tem- pérature extérieure n’ont pu être évitées. Dans la première série d'expériences, j'avais seulement notéles variations de la température, du pouls et de la respiration pendant les bains et comparé les chiffres du début avec ceux de la fin; dans la seconde série, j'ai déterminé la moyenne des nombres relatifs à ces fonctions, avant l'expérimentation. J'ai également noté les variations de la température de l’air qui s’est élevée de — 10 à + 27 degrés du 23 mai au 6 juin 1899. L'ordre des expériences a été le même que celui de la première série, Voici les résultats réunis en tableaux : Composition moyenne de l'urine émise en vingt-quatre heures. à RAPPORT VOLUME DENSITÉ URÉE ZODE de PhO® phosphorique. à Pirée. Moyenne normale , . . . . 1306 1023 24611 26 556 10.50 — pendant les bains. A11Tc.c. 1023,5 23 65 2 358 10,07 Action des bains, . . . . . —189c.c. + 0,5 — 0646 — 08198 — 0643 Moyenne normale . . . . . 1306 c.c. 1023 24811 2 556 10,50 Après les bains. . . . . . . 4041 1026,5 23 90 2 298 10,50 Différences. .,.. . . .. ...... —295c.c+ 1 +.3,5 — DE 21 — 08258 0 Brozocire. CoumPTESs RENDUS, — 1900. T. LII. 40 520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pas plus que dans les expériences de la série précédente la composition de l'urine n'a été influencée par les bains électriques : La diminution très marquée du volume émis en vingt-quatre heures, qui s'est abaissé de 1306 à 4011 centimètres cubes me paraît dépendre de l'élévation de la température, laquelle s’est accrue ainsi que je l'ai dit de + 10 à Æ 26 pendant la durée des expériences. Influence des bains sur la température, le pouls et la respiration * TEMPÉRATURE POULS RESPIRATION Différence, Différence. Différence, Avant les bains . , 36090 » 61 ” 16 » Pendant. e 0e ee ee o 36 95 + 0005 65 + + 45,5 es 0,5 APrèS. » + » se ja 31 10 + 0 20 67 + 6 15,5 — 0,5 L'action des bains électriques est donc à peu près nulle d’après les résultats de cette seconde série d'expériences dans laquelle j'ai éliminé les causes d'erreur qui existaient dans la première, ainsi qu’on peut le voir en exami- nant le tableau comparatif suivant. PREMIÈRE SÉRIE DEUXIÈME SÉRIE Dempérature EP — 0020 à — 00 35 — 0005 à — 0020 POUIS: eee A RTS Ale — 11 à — 16 + 4 à + 6 RESDRATION EE RE 2,5 à — 4 — 0,5 Conclusions. — De toutes ces longues recherches, effectuées en évitant autant que possible les causes d'erreur que j'ai signalées, je crois pouvoir con- clure que dans les conditions où je me suis placé, l’action physiologique de l'électri- cité statique sur l’organisme à l'état normal est fort peu accentuée, si toutefois elle existe. L'opinion de Duchenne, de Boulogne, qui écrivait en 1855 que l’action physiologique de l'électricité statique était nulle, se trouve confirmée par les expériences que je viens de faire. Le Gérant : G. MAsson. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Len ani nel) © “ir Et ire de PO ONE SV? APS CORAIPRE 7 à 4 L'RAURS Es. 1308 MP # pet RE ED Re pa © 19 rs SÉANCE DU 2 JUIN 1900 0 M. Axpré Mayer : Centres régulateurs de la pression osmotique du sang. — M. AxbRé Mayer : Note sur la soif d'origine gastrique. — MM. H. CLAuDE et BaL- THAZARD : Toxicité urinaire et isotonie; considérations critiques. — M. HaALLroN : Discussion. — MM. Héricourt et CuarLes Ricaer : Traitement de la tuberculose expé- rimentale par la viande crue et le jus de viande, ou zomothérapie. — M. MaLaAssez : Discussion. — MM. D. Courranes et J. F. Guxox : Excitabilité comparée du pneumo- gastrique et du sympathique thoraciques. — M. RapHAEL Dugois : À propos de deux communications sur les phénomènes électriques accompagnant la coagulation du sang et celle du lait, présentées par MM. Chanoz et Doyon. — MM. G. CARRIÈRE et VanverTs : Étude expérimentale sur l’action de la Lhyroïdine dans la consolida- tion des fractures. Présidence de M. Kaufmann, vice-président. CENTRES RÉGULATEURS DÉ LA PRESSION OSMOTIQUE DU SANG; par M. ANDRÉ MAYER. Dans une précédente communication, j'ai montré quelles modifica- tions de la pression artérielle et du calibre des petits vaisseaux se pro- duisent lorsque l'organisme doit ramener à la normale la pression osmotique du sang, qui en a été expérimentalement écartée dans une région quelconque. — J'ai cherché comment se transmet aux centres nerveux l'excitation produite par les variations de concentration molé- eulaire, et auquel de ces centres elle aboutit. Pour le trajet de l'excitation, deux supposilions sont possibles. Est- elle transmise aux centres directement, par voie sanguine, et agit-elle par le contact du sang de concentration moléculaire anormal avec les centres, lorsque le torrent circulatoire l'y a amené? Ou bien l'excitation arrive-t-elle indirectement, par voie nerveuse? Deux ordres de faits semblent indiquer que cette seconde hypothèse est seule plausible : le premier est que les variations de pression et de calibre se produisent instantanément, dans la région considérée, au moment même du chan- gement de pression osmotique, avant que ce changement ait pu se pro- pager, et alors que le sang n’a pas eu le temps matériel d'atteindre les centres. Le second résulte des expériences suivantes : Si, chez un chien curarisé, au moyen du dispositif déjà décrit, on rend hypertonique le sang de la carotide, on constate immédiatement : Brozocir. Comptes RENDUS, =— 1900, T, LIT, 41 522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° Pression artérielle : une élévation considérable (28,41 millimètres de Hg). — 2° dans le rein, l'intestin, la patte, la langue : une vaso-cons- triction énorme. Le résullat est donc un graphique tout différent de celui que nous avons signalé — où une élévation de pression artérielle coexistait avec une vaso-dilatalion des organes. Par contre, c’est un tracé tout à fait sem- blable à celui que donne l'épilepsie viscérale, produite, par exemple, par excitation électrique de l'écorce. — On peut, du reste, observer, chez le chien non curarisé, que le passage du sang hypertonique dans le cerveau produit une véritable crise d’épilepsie. — Ces faits — sur lesquels je me propose de revenir — montrent en toul cas que le contact du sang hypertonique avec les centres n’est pas la cause des phéno- mèênes que j'ai signalés, puisqu'il en produit au contraire de tout diffé- rents. Et ils paraissent donner raison à l'hypothèse de la transmission par les nerfs vaso-sensibles. Pour éclairer la seconde question : à quel centre est transmise l’exci- tation périphérique? j'ai disposé l'expérience précédemment décrite, j'ai fait varier la tension osmotique du sang de la patte, et provoqué les réactions habituelles, puis j'ai pratiqué les opérations ci-dessous indi- quées : sections, cocaïnisation ; j'ai attendu que leurs effets immédiats et bien connus eussent cessé, et de nouveau j'ai fait varier la pression osmotique du sang. Dans ces conditions j'ai obtenu les résultats suivants : Passage des solutions dans la fémorale : Solution à À — 2,30 à — 3. I. — Section de la moelle cervicale au-dessous du bulbe : passage de la solution hypertonique : action nulle sur la pression, la patte, le rein. ÎT. — Section du buibe au niveau de son union avec la protubérance: passage de la solution hypertonique : effets habituels. Élévation de pression. Vaso-dilatation. IT. — Cocaïnisation du bulbe. Immédiatement après la cocaïnisation : passage de solution hypertonique — action nulle. — 1 h. 10, À h. 25, 1 h. 45 après, suivant les cas. Passage de la solution hypertonique — effets habituels : élévation de pression. — Vaso-dilatation. Il semble résulter nettement de ces expériences que l'excitation pro- duite par le sang de concentration moléculaire anormale est transmise — par les nerfs vasosensibles — à un centre présidant aux mouvements vasculaires régulateurs de la pression osmotique du sang, centre situé dans le bulbe. (Travail du laboratoire du professeur Chantemesse.) SEANCE DU © JUIN 3923 NOTE SUR LA SOIF D'ORIGINE GASTRIQUE, par M. ANDRÉ MAYER. J'ai montré précédemment que, d’une manière générale, la soif est produite par l’état hypertonique du sang, comme réaction dernière de l'organisme cherchant à rétablir la tension osmotique normale. A côté de la soif générale, les auteurs ont généralement placé la soif dite alimen- taire ou gastrique, produite par l'introduction dans l'estomac des subs- tances sèches ou fortement chargées d’un sel quelconque. C'est la soif qui se produit, par exemple, au cours des repas. — Or, le résultat de l'introduction de pareilles substances est de créer à l’intérieur de la cavité gastrique un état fortement hypertonique : c’est une considéra- tion qui n’a pas échappé à l'attention des auteurs récents, notamment de Winter qui en a tiré des conséquences importantes pour la connais- sance du chimisme stomacal. — J'ai cherché, dans les expériences sui- vantes, par quel mécanisme l’état hypertonique du contenu gastrique aboutit à la sensation de soif. Sur un chien curarisé, on met l'artère principale d’un membre en communication avec un sphygmomanomètre inscripteur, puis on dispose sur le rein, l'intestin et la langue des appareils pléthysmographiques. On met alors l’estomac à nu; on l’isole de l'œsophage et du duodénum par deux ligatures ; puis on sectioune le pylore et on vide l'estomac de son contenu. Si alors on introduit dans la cavité gastrique une solution très hypertonique, on peut noter immédiatement : 1° Une élévation très nette de la pression artérielle (24, 36 milligrammes de Hg); 9° une vasodilatation considérable du rein; 3° une vasodilatation de la langue. En même temps, la paroi stomacale prend une teinte très rouge. Si alors on vide de nouveau l'estomac, et qu'on en lave la cavité par un rapide courant d’eau bouillie, on voit tous ces phénomènes cesser : la pression artérielle, le volume du rein et de la langue, la couleur de la muqueuse redeviennent normaux. Une nouvelle introduction de liquide hypertonique fait d’ailleurs réapparaître les mêmes réactions vasculaires. Si on ne vide pas l'estomac, ces phénomènes cessent au bout d’un temps plus ou moins long. Ces actions sont si semblables à celles que produit l’augmentation de tension osmotique du sang dans une région localisée qu'il convenait de rechercher s’il ne se produit pas dans les vaisseaux de l'estomac une augmentalion de concentration moléculaire du sang au moment de l'in- troduction dans la cavité de solutions de forte lension osmotique. Cette supposition était rendue vraisemblable par la constatation de l'énorme sécrétion aqueuse que provoque sur la muqueuse le contact de l’élément 024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hypertonique. Pour la vérifier, sur un chien disposé comme dans l’expé- rience précédente, j'ai recueilli le sang d'une veine efférente de l’es- tomac, avant et après l'introduction de la solution hypertonique, et j'ai comparé les points de congélation des sérums recueillis après coagula- tion. Voici quels ont été les résultats obtenus : Sérum du sang veineux recueilli | Sérum du sang veineux recueilli avant l'introduction de la solution : après A A Chien ENT AU QMEE DIN Chien LI, . 1 MERES Ghién AL ALIEN MEnO0 6 Chien IL... 44, 000,66 Le sang a donc vraiment, à ce moment, dans les capillaires de l'estomac, un degré plus élevé de tension osmotique. Dès lors, il appa- rait que les phénomènes vasculaires signalés plus haut sont le résultat de cette hvpertonie. Que celle-ci soit produite dans les vaisseaux de l'estomac par le jeu des fonctions digestives, ou dans ceux de toute autre région par l'introduction expérimentale de solutions appropriées, la conséquence est la mème : c’est la mise en œuvre du mécanisme vascu- laire de régulation de la tension osmotique. C’est par l'intermédiaire du sang des capillaires de l'estomac qu’il est ici sollicité et il semble démontré que le mécanisme de la soif GRIS n’est pas différent de celui de la soif générale, (Travail du laboratoire du professeur Chantemesse.) ToxICITÉ URINAIRE ËT ISOTONIE; CONSIDÉRATIONS CRITIQUES 3 par MM. H. Craune et BaLTHAZARD. Nous demandons la permission de rappeler les conclusions des expériences que nous avons entreprises sur les rapports de la toxi- cité urinaire et de l’isotonie et de répondre aux critiques récentes qui leur ont été adressées, engageant nos contradicteurs à faire de même. S'il est vrai que le défaut d'isotonie de l'urine par rapport au sang du lapin exerce sur les globules et les cellules de cet animal une action nocive d'ordre physique, cette action doit s'ajouter à la toxicité chimique de l'urine, pour amener la mort du lapin par l'injection d’une dose moindre que si la toxicité chimique agissait seule. Que l'urine soit hyperisotonique ou hypoisotonique par rapport au sang du lapin, le résultat sera le méme, et c’est seulement lorsque l'urine ou sa dilution seront isotoniques que l’action nocive physique s’annulera. SÉANCE DU Ÿ JUIN 5925 Prenons une urine hyperisotonique, ce qui est le cas de beaucoup le plus fréquent, ajoutons-y de l’eau, la dilution aura un défaut d'isotonie moindre que l'urine primitive par rapport au sang du lapin; continuant la dilution nous atteindrons l’isotonie; diluant encore, la dilution deviendra hypoisotonique, Injectons l'urine en nature au lapin, et ses dilutions successives ; l'expérience nous montre que le volume de l'urine primitive contenu dans la dose mortelle va d’abord en augmentant, puis diminue ensuite. Par suite la nocivité contenue dans un volume déterminé de l'urine va d’abord en décroissant pour croître ensuite ; or, cette nocivité physique varie, s’annulant à l'isotonie. Par conséquent, 1l y aura isotonie pour la dilution qui correspond au point où la nocivité totale cessera de décroître pour croître ensuite. En représentant ces variations par une courbe, l'isolonie correspondra au point le plus bas de la courbe. La courbe est déterminée expérimentalement par un grand nombre de points obtenus en cherchant la toxicité de diverses dilutions de l'urine; le point le plus bas, qu'on ne peut déterminer par l'expérience, est facilement et avec précision obtenu par le calcul. On connaît donc par ces expériences directes la valeur de la dilution de l’urine pour laquelle il y a isotonie ; quatre urines étudiées ainsi nous ont démontré que le point de congélation de cette dilution était de 056 ou 055. Nous nous sommes cru en droit de généraliser ces résultats et de dire : Pour rendre une urine isotonique au sang du lapin, c'est-à-dire pour supprimer la nocivité physique qu'exerce cette urine en injection intra-veineuse, il fuut lu diluer de telle facon que la dilution congèle à 0°56. Ce n’est donc pas parce que nous pensons que le sang du lapin con- gèle à 0°56 que nous diluons nos urines jusqu’à re qu’elles congèlent à 0°36, c'est parce que nous avons vu expérimentalement que cette valeur était la plus convenable. Si le sang du lapin congelait à 0°56, nous aurions une nouvelle confirmation expérimentale de la loi de Van t’ Hoff sur l'égalité du point de congélation des solutions isotoniques qui s'ajouterait à celles de De Vries, de Massart, d'Hamburger. MM. Lesné et Bousquet adoptent 0°59 pour la valeur de ce point de congélation, et pour cela ils font la moyenne des valeurs données par Winter, Koranyi, Fisch et Moricz, valeurs oscillant de 0,54 à 0,67, sans se douter qu’un certain nombre de ces déterminations s'appliquent à des lapins placés dans des conditions de vie absolument anormales (certains étaient placés dans des étuves à air chaud). Si nous ne sommes pas partis de la loi de Van L’ Hoff, c'est que nous en connaissons les nombreuses ancmalies et que nous voulions en avoir auparavant une vérification expérimentale pour le cas particulier qui nous occupait. Ayant obtenu pour un certain nombre d’urines la correction que l'on doit faire subir à la toxicité mesurée directement pour avoir la toxicité chimique, nous l'avons représentée par une formule empirique ; à l'aide de celle-ci, on peut calculer la correction d'osmonocivité si l'on connait le point de congélation de l'urine et sa toxicité, mesurée par injection de l'urine en nature. Cette formule empirique n'a rien d’absolu, elle donne 5926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la correction avec une erreur qui nous semble suffisamment petite, et qui n’a jamais dépassé dans nos expériences 1/7 de la toxicité vraie. Nous l'avons vérifiée à l’aide d’une douzaine d’expériences ; nous en avons journellement de nouvelles vérifications très satisfaisantes. MM. Lesné et Bousquet contestent la valeur de cette table, et citent deux de leurs expériences. Il s’agit de deux urines ayant même point de congé- lation, 0°98, à peu près même toxicité, il faut 46 centimètres cubes- par kilogr. dans le premier cas, 54 c. c. dans le second. MM. Lesné et Bousquet ont recherché directement la correction d'osmonccivité en injectant ces urines rendues isotoniques, puis ils ont calculé à l’aide de notre table la valeur de cette correction. Dans la première expérience, l'erreur commise en employant notre table est 1/15 environ de la toxicité vraie, résultat vrai- ment satisfaisant; dans la deuxième, l'erreur est considérable, plus du tiers de la toxicité vraie. Nous ferons seulement remarquer que voilà deux urines ayant même point de congélation et par suite même défaut d’isotonie par rapport au sang du lapin, à peu près même toxicité, et pourtant dans la première, l'osmonocivité intervient pour 1/7 environ dans la toxicité totale, tandis qu’elle intervient dans le second cas pour plus du tiers. Si nous nous reportons à la thèse de M. Lesné, nous trouvons des expériences plus invrai- semblables encore, comme le montre l’examen des résultats suivants. DOSE MORTELLE TOXICITÉ DOSE MORTELLE de nes de l'urine. de l’urine en nature. dilution isotonique. 1968 AIG CS: 39 CAC 1 68 35 T2 1 79 63 1: 81100 x « Pour ces trois urines ayant à peu près même point de congélation, dans le premier cas, l’osmonocivité est nulle; dans le second, elle intervient pour un liers environ dans la toxicité totale; dans le troisième, {’urine rendue iso- ionique est plus toxique que l'urine qui congèle à — 1°79; l’osmonocivité est négative. Cinq fois sur onze expériences, M. Lesné a retrouvé ce dernier résultat qui, peut-être paradoæal (Lesné), nous paraît inacceptable. En résumé, nous ne pensons pas que la table de correction que nous avons donnée soit indispensable à toute recherche de toxicité urinaire; on pourra mesurer la toxicité de l'urine diluée de façon à congeier à 0°56 ou 0°59, peu nous importe, la différence étant minime. Mais lors- qu'à la suite de cette dilution, la quantité d’urine à injecter sera telle que la pléthore joue un rôle prédominant dans la mort du lapin, nous conseillons d’injecter l'urine en nature et de faire la correction d’iso- tonie à l’aide de notre table. La toxicité vraie, obtenue grâce à la correction d'isotonie, n’est bien entendu, pas immuablement vraie; elle est plus rapprochée de la vérité que celle que l’on considérait avant nous. Nous sommes prêts à faire une nouvelle correction lorsque la nécessité en aura été démontrée. 1 SÉANCE DU © JUIN D | M. Harrciox. — Nous avons entrepris, M. Carrion et moi, il y a trois * ans environ, des expériences relatives à la toxicité urinaire : nous : recherchions précisément la part que peut prendre, aux accidents | observés, la différence de tension osmotique entre l'urine injectée et le sang du lapin qui la recoit. Parmi d’autres résultats un peu para- doxaux, dont l'interprétation nous parut nécessiter un complément d'enquête et nous conduisit à étudier d’'abcrd les effets de solutions salines simples à divers degrés de concentration, nous avions précisé- ment noté celui-ci: une urine étant ramenée sensiblement, par addi- tion d’une quantité d’eau qu'indiquait un calcul préalable, à la tension osmotique du sang, cette urine se montrait parfois plus toxique que si on l’injectait pure. M . A la vérité, si la quantité d'urine injectée dans le premier cas était | moindre, la quantité totale de liquide était, par contre, plus considé- \) rable. Là nous avait paru être une des raisons du paradoxe. # Nous en avions conçu également une autre, qui intervenait lorsqu’au 53 lieu de faire varier la vitesse d'injection en raison inverse du degré de dilution, on pratiquait, avec une vitesse sensiblement pareille, l’in- % jection de urine pure et celle de l’urine diluée. Dans ce dernier cas, | on donnait peut-être le temps d’agir à des poisons plus lents dans leurs effets, et ceux-ci pouvaient dès lors ajouter leur action à celle des poi- É sons plus rapides. L'urine, en effet, renferme des substances toxiques 3 diverses qui sont, à coup sûr, diversement promptes à entrer en jeu. : TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE PAR LA VIANDE CRUE ET LE JUS DE VIANDE, OU ZOMOTHÉRAPIE. Note de MM. J. HéricourT et CHARLES RICHET. Depuis que nos premières observations sur le traitement de la tuber- culose expérimentale par la viande crue et le jus de viande ont été publiées (1), nous avons mulliplié nos expériences, et maintenant nous sommes en mesure de les confirmer par des statistiques nouvelles et plus étendues. Avant d'entrer dans le détail de quelques faits, donnons d’abord la à statistique globale, d’après laquelle sont enregistrés uniquement les $ jours de survie des animaux tuberculeux, traités ou témoins. Sur 30 chiens témoins, la totalité des jours de survie a été de 1.587 jours (au 8 juin), scit une vie moyenne de 53 jours. Sur 27 chiens traités, la totalité des jours de survie a été de (5.706), soit une vie moyenne de 212 jours. ve 4. 3 (1) Bulletin de l’Académie de médecine de Paris, novembre 1899. 328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . . , a A ‘ . . Mais ce chiffre sera rapidement dépassé; car des 30 chiens témoins, il n’en survit actuellement que 3 : tandis que des 27 chiens traités, il en survit 19, de sorte que chaque jour (après le 8 juin) augmente de fi FA). 8 RAR) 110 100 El 88 92 8 80 BASS EAU nu = ; » QUE TS | ji se. È À 1 ; SRE 8 | EU | 5 kr 8 | 1 | l ie 3 | mn Actuellement, les deux animaux nourris avec de la viande crue, du 27 février jusqu’à ce jour, sont Les animaux recevaient 1 kilog. de viande cuite ou crue par jour, pour un poids moyen de 10 kilog. De deux chiens alimentés exclusivement avec de la viande cuite, le premier meurt le 23e jour, et le en parfait état, avec un poids bien supérieur à celui qu'ils avaient avant leur infection. FiG. 1 — Action comparée de la viande cuite et de la viande crue dans l'alimentation des KH LI ° un [=] D +— un de 4 IE ti 2e = na 2 D TON © 2 L D LE o = T La 2 A | S 2 .— | HE EERSE La] (=) — re 5 a MM EME Me Mere MONNIER NS PR UT TRS 0,10 la durée de vie des témoins, alors qu’elle augmente de 0,7 la durée de vie des chiens traités. De fait nous avons actuellement, dans notre laboratoire, un chien qui a survécu deux ans et demi ; deux autres qui ont survécu plus d'un an, et enfin trois autres ayant survécu sept-mois. Jamais, chez un chien tuberculisé, on n'observe de pareilles survies. Nous avons le droit de 19 (de SÉANCE DU © JUIN , 5 dire jamas, car depuis une dizaine d'années nos expériences ont porté sur plus de 500 chiens. | Les graphiques que nous donnons ici établissent d'une manière indis- cutable les deux faits suivants. 1° La viande cuite n’a aucun effet thérapeutique. Au contraire, il semble que les chiens tuberculisés nourris avec la viande cuite meurent plus vite que s'ils sont simplement nourris à l'alimentation ordinaire. 1 Légende cssss.. Wan0e CTUe(/]) ] =———V0n0ecuite(ll) 15 Novembre 1899 . Ci Jours 10 20 30 #0 50 60 Z70 80 90 100 110 120 130 10 150 160 170 180 190 Bic u2 Dans cette expérience, on voit qu'en somme, la viande cuite, non seulement est inutile dans le traitement des animaux tuberculisés, et n’agit pas comme facteur de suralimentation, mais qu'elle est plutôt nuisible; car les animaux qui ont été ali- mentés seulement avec de la viande cuite meurent plus vite que les témoins qui ont été soumis à l'alimentation banale, avec une soupe faite de pain, d'eau et de viande cuite. 2° Le jus de viande a les mêmes effets que la viande crue. L’expé- rience du 26 décembre portant sur 14 chiens le prouve nettement. Les dix chiens témoins sont morts, tandis que les quatre chiens alimentés au jus de viande sont vivants et parfaitement bien portants. La nettelé des résultats nous à permis de faire en quelque sorte Ja détermination quantitative de la dose thérapeutique efficace. (Exp. du 6 mars.) TR PR deb MR ÉSN x - dE ru : d ETES RÉEL ECTS a Es SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 230 ‘(007 *d 0€ 2p) amargque xne} np anatiodns uorq xne7 un % Juouuarjurem os ‘jrepied ques ep JeJ9 un suep quos ‘sourewos 9 sindop aturiddns JS juewua}rex 09 sjonbsoy zey9 39 ‘aurepuosnu euwuserd ej ed sojreaz xnewuiue sor ‘oouorodxe | ep 3nqep 21 soide sinol 097 ‘JuowroponJoy “InOT 587 9[ JIOUI J18J9 UIOW9F ATUIP-JUEAR/T ‘NSUO, Juoruarpouuordeoxe sano[re, p 2910p AUN,p a1AINS un sgide ‘UIOL97 IOIUWI2P Of FIBAMOU AnO[ 2001 NY ‘218707 AN 9pUEIA 8] 9p 9/[09 nb ae eJ 759 U01J98 27709 onb Jro4 uQ “opuerA op snf np uOoy — ‘€ ‘M OMS AS PROTECTION QI CI ROT TO OO EG GE GC CEE ON OO NT RON ES DIN OGC ENT MOT CE CGT TT NN NOTES ET 8 zsmof E 1 Pl Le + RE EL a — : Fén E c ——| OT —— LS à Le DE : SE re r T + 1 Î un | È IE ral 107 | EX = te | | à! | | (be |- : = — 06 | | | Gegr212u908( 97 l'ISS | | A7 PUPAD Se = ] EEE ame 09 | | | FR (X) SULIOLLI] me ae 2 En =) EE — 07 | opuobart | \ + —— = + ES Eee 08 1e , = 06 6 + 0 == £ ——— : a nt 007 ne + L cé 1 — o7t 1 = Ld 021 -- _ | | …. h EE |: ——|0ST ENS | eh en La SÉANCE DU © JUIN 531 Quatre chiens recoivent le 12 mars, c’est-à-dire au septième jour après l'inoculation, des quantités de jus répondant : 7 grammes de viande par kilogramme de poids vif. à 12 — — Di. 6 cs te 24 2 he es Ÿ 2 Some pt & Le chien A est mort le 23 mai, très tuberculeux. Les chiens B, C, D, sont aujourd’hui en parfait état de santé; leurs poids respectifs, en supposant leur poids initial égal à 100, étant de 195, 116 et 115, soit 119 en moyenne. ” Par conséquent il faut donner, pour atteindre la dose thérapeutique eficace, une quantité de jus répondant à un poids de viande crue égal à 12 grammes par kilogramme (en chiffres ronds). Il est donc bien évident qu'il ne s’agit pas là de suralimentation, puisque cette quantité de jus de viande est tout à fait insuffisante à la nutrition d’un chien. D'ailleurs, les expériences de zomothérapie préventive, prophylactique, en cours d'exécution, montrent que le jus de viande est efficace encore. quand il est administré avant l'infection tuberculeuse. Ce sont là des faits indiscutables, tant qu'il s’agit de thérapeutique expérimentale, d'une tuberculose injectée dans les veines, et chez des chiens. Dans quelle mesure ces résultats s’appliquent-ils à la théra- peutique de la tuberculose humaine, c’est ce qu’il ne nous appartient pas de décider: car nous sommes résolus à ne pas subordonner la précision el la rigueur d’une expérience scientifique aux incertitudes et aux vicissitudes d'applications cliniques toujours contestables et par- fois imparfaites (1). M. MaALAssEz. — J'avais autrefois, et dans le même but que M. Richet, essayé le suc musculaire; mais l’idée directrice et la façon d'opérer étaient très différentes. Frappé de ce fait que les tubercules étaient très rares dans les mus- cles, même dans des cas où il en existait partout et en très grande abondance, j'avais pensé, entre autres hypothèses, qu'il y avait peut-être dans le tissu musculaire des substances nuisibles au développement des bacilles, qu'on pourrait peut-être extraire ces substances, les injecter (1) I est probable que l’action zomothérapique n’est pas anti-bacillaire, mais anti-toxique, de sorte que le jus de viande agira, selon toute vraisemblance, plutôt sur les phénomènes infectieux (comme, par exemple, dans la méningite tuberculeuse et la phtisie miliaire aiguë) que sur les altérations multiples, avec associations microbiennes, qui caractérisent la période cavitaire de la tuberculose. 532 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et, les répandant ainsi dans tout l'organisme, rendre celui-ci complète- ment réfractaire à la tuberculose. Et alors j'avais fait hacher fin de la viande de bœuf, y avais ajouté une petite quantité d'eau, avais malaxé, broyé le tout un certain temps dans un mortier, avais passé au nouet et c’est la partie liquide filtrée sur papier double qui avait été injectée sous la peau de l'abdomen et du dos. Les animaux injectés étaient, d'une part, une partie d’un lot de cochons d'Inde tuberculisés; d'autre part, tout un lot de cochons d'Inde sains dont une partie devait être inoculée plus tard; de cette façon j'aurais vu l'action de ces injections sur les animaux sains, ainsi que leur action tant au point de vue thérapeutique qu'au point de vue prophylactique. Bien entendu ces injections devaient être renouvelées. Je n'ai pas eu cette peine; tous mes animaux, les sains comme les tuberculisés, mouraient rapidement. Pensant que ce déplorable résultat devait être le fait d'un accident, je devais reprendre ces expériences avec mon ami Vignal en les modifiant; nous devions par exemple com- mencer par remplacer la viande de bœuf par celle d’un animal de même espèce que ceux sur lesquels nous devions opérer et tout fraiche- _ment tué, etc. Mais ces projets, comme bien d’autres, en sont restés là. Et si j'en parle, c'est que les très beaux succès obtenus par M. Richet me portent à penser qu'il y aurait intérêt à altaquer le problème par ce côté. ; EXCITABILITÉ COMPARÉE DU PNEUMOGASTRIQUE ET DU SYMPATHIQUE THORACIQUES, par MM. D. Courrane et J.-F. Guxon. Les recherches que nous avons faites sur l’innervation du tube digestif nous ont montré qu'il existe, entre le pneumogastrique et le grand sympathique thoraciques, une notable différence d'’excitabilité, sur laquelle, croyons-nous, on a peu insisté jusqu'ici. À égalité d’excitation, que celle-ci soit mécanique ou électrique, les réactions sont, en effet, beaucoup plus accentuées dans le domaine du sympathique que dans celui du pneumogastrique. Chez un chien curarisé à la limite, le simple fait de poser une ligature _sur le grand splanchnique suffit, le plus souvent, à produire les modi- fications que nous avons décrites antérieurement, au niveau de l'estomac et de l’inteslin : arrêt des mouvements péristaltiques, allongement de la couche musculaire longitudinale, contraction tonique de la couche cir- culaire. De plus, la sensibilité proprement dite du nerf est également mise en jeu, comme le montrent l'élévation de la pression artérielle et surtout les mouvements de défense de l'animal, lorsqu'il n’est pas suffi- samment curarisé. \ sin bauegée L De dd les 0 DEGD RSR à CE Du a Ein UE RE ÿ MER ES Lee « ErE CE * L y P Lo SÉANCE DU 2? JUIN 533 A La mème opération pratiquée sur le pneumogastrique thoracique ne détermine, au contraire, aucun effet appréciable, ni sur les mouvements gastro-intestinaux, ni sur la pression sanguine; une traction, même ‘4 assez forte, exercée sur le nerf semble laisser l'animal parfaitement im- ÿ passible. 4 Nous avons cherché à déterminer, d'une facon plus précise, la diffé- ii rence d'excitabilité qui existe entre les deux nerfs, en mesurant l'inten- 4 sité minima de l'excitation électrique nécessaire à la mise en jeu de leur À action sensitivo-motrice. Nous avons employé, à cet effet, le courant 4 induit fourni par une bobine de Gaiffe, munie de l'interrupteur de Marey à et actionnée par deux éléments de pile Leclanché. 1 Voici les résultats auxquels nous sommes arrivés. L'excitation du ÿ grand sympathique thoracique se montre efficace, c'est-à-dire agit sur les mouvements du tube digestif et sur la pression artérielle, avec un ÿ courant très faible ( — 50 de la bobine). Il en est de même lorsqu'on 4 excite, au lieu du nerf intact, l'un de ses deux segments central ou péri- phérique. La seule différence est que l'élévation de la pression artérielle se maintient plus longtemps après l'excitation du segment périphérique 1 (effet vaso-moteur direct) qu'après celle du segment central (effet vaso- N moteur réflexe). Si dans certains cas, pour obtenir les mêmes réactions 2 : il faut un courant un peu plus intense ( =— 40 ou — 30), dans d’autres È cas au contraire, il suffit d'un courant encore plus faible (— 70 etmême - — 100). Ces derniers chiffres montrent en ce qui concerne le segment EX central, que la sensibilité du grand sympathique est plus développée qu'on ne l’admet d'ordinaire, et qu’elle est parfois presque aussi grande que celle d'un nerf musculo-cutané, tel que le crural. Au reste, les chiffres que nous indiquons n'ont évidemment pas une valeur absolue, mais ils sont instructifs lorsqu'on les compare à ceux qui mesurent, chez le mème animal, l’excitabilité du pneumogastrique #4 ; 4 Se £ È : 1 thoracique. C'est ainsi qu'il est nécessaire d'employer un courant dont Ë l'intensité corresponde environ au 0 de la bobine pour que l'excitation de ce dernier nerf provoque ses effets habituels sur le tube digestif : contraction primitive puis relâchement de la couche longitudinale, contractions secondaires et réitérées de la couche circulaire. Encore \ ces effets sont-ils souvent peu apparents si l'on n’emploie pas un cou- s rant plus fort. Il en est de même lorsqu'on excite isolément le bout ë périphérique du nerf, après section. Par contre, l'excitation du bout | central ne se lraduit en général, pour un même degré d’excitalion, que par un abaissement de la pression artérielle, toute réaction gastro- intestinale faisant absolument défaut. En résumé, entre l’excitabilité du grand sympathique et celle du pneumogastrique thoraciques, il y uue différence correspondant, en moyenne, à 50 millimètres de la graduation de la bobine, L'inexcitabilité relative du pneumogastrique n’est pas restée, cela va ; 5934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sans dire, inaperçue des physiologistes, du moins quant aux réactions d'ordre sensitif. Claude Bernard à noté, l’un des premiers, que, lorsque ce nerf est sensible, il n’a le plus souvent qu'une sensibilité obtuse. Il pense même que le pneumogastrique n’a peut-être pas les propriétés d'un nerf de sensibilité générale et qu'il est seulement doué d'une sensibilité spéciale en rapport avec les fonctions des organes auxquels ils se distribue (1). Les faits que nous apportons dans la présente note viennent, dans une certaine mesure, à l'appui de cette manière de voir. Ils montrent, en effet, que cette sensibilité générale, si peu développée dans le pneumogastrique, apparait au contraire à un haut degré dans le sympathique et que, par conséquent, conformément à une opinion déjà émise par certains auteurs, c’est ce dernier nerf qui, normalement, doit être chargé de transmettre aux centres nerveux les impressions douloureuses venues de l'estomac et de l'intestin. {Travail du laboratoire de M. François-Franck.) À PROPOS DE DEUX COMMUNICATIONS SUR LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES ACCOMPAGNANT LA COAGULATION DU SANG ET CELLE DU LAIT, PRÉSENTÉES PAR MM. CnaAnoz ET Doyon. Réponse de M RaAPaaAEL DuBois. Dans ces deux communications (2), MM. Chanoz et Doyon, après avoir expliqué qu'ils s'étaient appliqués à donner à leurs expériences toute la rigueur expérimentale, toute la correction scientifique possibles, déclarent qu'ils ont trouvé que la coagulation du sang était accompagnée d'un déplacement de 17 divisions pour le galvanomètre, de 1 division pour l’électromètre capillaire, soit environ 1/4000 de volt ; pour la coa- gulation du lait, ils ont noté 1/3000 de volt environ. D’après ces expérimentateurs, il se serait même produit, pendant la coagulation du lait, sous l'influence de la présure, des variations de 1/800 de volt. Mais dans ce dernier cas, elles ont été attribuées par MM. Chanoz et Doyon à d’autres causes que la coagulation. En somme, MM. Chanoz et Doyon, en se placant dans des conditions très rigoureuses d'expérimentation, ont obtenu les mêmes résultats que M. Raphaël Dubois. Voilà ce qui ressortira très nettement, pour tout lecteur impartial, des notes précitées. On est donc à bon droit surpris que MM. Chanoz et Doyon concluent (1) Lecons sur le système nerveux, t. Il, p. 345-347. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, séances des 28 avril et 19 mai 1900. SÉANCE DU 2 JUIN 539 à la Gin de leur seconde communication que, contrairement à M. Raphaël Dubois, il est impossible d'affirmer actuellement que la coagulation du lait soit accompagnée d'un phénomène électrique attribuable à l’action du labferment. Cette conclusion est d'autant plus inattendue que la variation notée dans le cas de la coagulation du lait est plus forte que celle de la coagulation du sang, pour laquelle MM. Chanoz et Doyon ne nient pas l'existence d’un phénomène électrique. Ces variations sont petites, il est vrai, mais leur faiblesse me parait surtout attribuable aux influences d'ordre inverse qui accompagnent ordinairement ces réactions complexes. Quant à leur existence constante, elle est évidente, d’après les recherches mêmes de MM. Chanoz et Doyon, et je suis heureux que ces expérimentateurs aient bien voulu, même involontairement, fournir une confirmation des faits que j'ai annoncés. Je ne veux de leurs commu- nications retenir que les faits. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE SUR L'ACTION DE LA THYROIDINE DANS LA CONSOLIDATION DES FRACTURES, par MM. G. CARRIÈRE et J. Vanverts (de Lille). Hanau et Steinlein, en 189%, ayant constaté la difficulté avec laquelle se consolidaient les fractures chez les animaux éthyroïdés, proposèrent l'ingestion de la glande thyroïde comme moyen de favoriser la formation du cal. Gauthier (de Charolles), le premier, mit cette idée en pratique et obtint deux succès dans deux cas de retard de consolidation. Après lui, d’autres chirurgiens ont employé ce mode de traitement et en ont retiré des résultats variables : Quénu, Reclus, Tronchet, Potherat, Poirier, Pascal, Folet, Lambret, Ferria obtinrent des succès, dont quel- ques-uns étaient très remarquables; mais c'est en vain qu'on essaya la thyroïdine chez les fracturés de Reclus, de Gérard Marchant, de Gui- nard, de Rochard, de Poirier. Les faits publiés par les auteurs précédents présentent un intérêt très inégal et quelques-uns d’entre eux sont loin d’être concluants. Il n'en reste pas moins acquis que l’action de la thyroïdine ingérée en cas de fracture récente ou de retard de consolidation est, dans certains cas, nettement favorable à la consolidation, et que dans d’autres elle reste absolument nulle, sans qu'on puisse actuellement se prononcer sur la raison de ces différences. Comme contribution à l'étude de cette question encore obscure, il nous a semblé intéressant de rechercher l’action de la thyroïdine sur la conso- lidation de fractures faites expérimentalement chez les animaux. Lite PT AN MER ET. 2 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons institué deux séries d'expériences: 1° Dans la première, nous avons pris quatre lapins d’âges différents et nous leur avons fracturé à chacun le fémur. Ceci fait, nous leur avons appliqué un appareil contentif à l’aide de bandes de tarlatane impré- gnées de plâtre et maintenant la patte, enveloppée d’ouate, entre deux attelles de bois. Un de ces animaux fut conservé comme témoin. Les trois autres reçurent chaque jour, sous la peau, une injection d’une solution de suc thyroïdien, représentant 1/12 de corps tyroïde. La plupart ayant eu de la diarrhée après les premières injections, nous diminuâmes la dose, et. nos injections quotidiennes ne correspondirent plus qu'à 1/20 de corps tyroïde. Résultats. — Au bout du vingtième jour, la fracture du témoin était consolidée, celle des autres ne l'était pas. 2° Une seconde série fut mise en expérience; mais les lapins qui la composaient ne recurent que 1/30 de corps tyroïde par Jour. De plus, au lieu d'introduire le suc thyroïdien sous la peau, nous le leur fimes ingérer par la voie gastrique. Résultats. — Le vingt et unième jour, is lapin témoin avait sa fracture à peu près complètement consolidée ; un des animaux qui avait absorbé de la thyroïdine avait aussi un cal volumineux et une consolidation presque totale ; les autres étaient moins avancés que le témoin. Conclusions. — De ces deux séries d'expériences, on peut conclure catégoriquement que chez le lapin l'administration de la thyroïdine ne hâte en aucune facon la consolidation des fractures. Nous ne croyons pas qu'il soit permis d'appliquer d'emblée ces con= clusions à la thérapeutique humaine. Il nous semble cependant qu’à ce point de vue les résultats que nous avons obtenus expérimentalement ne sont pas sans présenter quelque intérêt. (Travail du Laboraloire des Cliniques de l'Université de Lille.) Le Gérant : G. Masson. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. . * Le MR CE PRE RS GA fe ou ON os D ii SAT RSS 4 2h ad à + G > DE SÉANCE DU 9 JUIN 1900 MM. Hazcion, BoucHarp, LAPICQUE, CHANTEMESSE, Ricuer et LABORDE : Observations à propos du procès-verbal. Nomination d’une commission. — M. G. Moussu : Influence du travail statique des tissus sur l'élaboration de la lymphe. — MM. J.-E. AgeLous et H. Kisaur : Sur l'existence d’un ferment soluble opérant la synthèse de l'acide hip- purique aux dépens du glycocolle et de l'acide benzoïque. — MM. J.-E. Agecocs et J. CLuzer : Sur quelques conditions déterminant des modifications qualitatives dans les réactions électriques du’ nerf sciatique de la grenouille. — M. A. BILLET : Sur un hématozoaire endoglobulaire du platydactylus. — M. Laveran : Sur une méthode de coloration des noyaux applicable en particulier à l'étude des héma- tozoaires endoglobulaires. — M. le Dr Arrauzr pe VEVEY : Existe-t-il un ferment lipogène? — M. S. ArTauzt DE Vevey : Formation du noyau cellulaire. — M. J. LESAGE : Sur la résorption du sang injecté dans la cavité péritonéale. — MM. Lave- RAN et F. MESNIz : Sur quelques particularités de l'évolution d’une grégarine et la réaction de la cellule hôte. — M. J.-V. Lagonoe : Contribution à la prophylaxie de la tuberculose par le régime alimentaire. La viande crue : sa digestibilité relative et son assimilation. Démonstration expérimentale. — MM. J. Héricourt et CHARLES Ricer : De la préparation et de la composition du plasma musculaire. — M. R. Quinton. — Toxicité urinaire et isotonie; facteur de l’urée. — M. BALTHAZARD : Étude de la diurèse produite par les injections intra-veineuses de solutions hyper- toniques. — M. Hazcion : (Discussion). — M. E. Casrtex (de Rennes) : Représen- tation du travail statique et du travail dynamique du muscle. Présidence de M. Troisier, vice-président. A PROPOS DU PROCÈS-VERBAL MM. Hazcion, BoucHARD, LAPICQUE et CHANTEMESSE rappellent les obser- vations qu'ils ont faites à la suite de la communication présentée à la dernière séance par MM. BazrHAzARD et CLAUDE, sur la T'oxicilé urinaire el l'isotonie. Ces observations ne figurant qu’au procès-verbal ont été ainsi rédigées par leurs auteurs : M. Hazuion. — Nous avons entrepris, M. Carrion et moi, il y a trois ans environ, des expériences relatives à la toxicité urinaire : nous recherchions précisément la part que peut prendre, aux accidents observés, la différence de tension osmotique entre l'urine injectée et le sang du lapin qui la reçoit. Parmi d’autres résultats un peu para- doxaux, dont l'interprétation nous parut nécessiter un complément Biozocre. Comptes RENDUS. — 1900, T, LII, 42 538 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'enquêle et nous conduisit à étudier d’abord les effets de solutions salines simples à divers degrés de concentration, nous avions précisé- ment noté celui-ci: une urine étant ramenée sensiblement, par addi- tion d'une quantité d’eau qu'indiquait un calcul préalable, à la tension osmolique du sang, cette urine se montrait parfois plus toxique que si on l’injectait pure. À la vérité, si la quantité d'urine injectée dans le premier cas était moindre, la quantité lotale de liquide était, par contre, plus considé- rable. Là nous avait paru être une des raisons du paradoxe. Nous en avions conçu également une autre, qui intervenait lorsqu'au lieu de faire varier la vitesse d'injection en raison inverse du degré de dilution, on pratiquait, avec une vitesse sensiblement pareille, l'in- jection de t'urine pure et celle de l'urine diluée. Dans ce dernier cas, on donnait peut-être le temps d’agir à des poisons plus lents dans leurs effets, et ceux-ci pouvaient dès lors ajouter leur action à celle des poi- sons plus rapides. L’urine, en effet, renferme des substances. toxiques x diverses qui sont, à coup sûr, diversement promptes à entrer en jeu. M. Boucaarn. — Il faut tenir compte de la vitesse de l'injection et du degré cryoscopique de l'urine qu'on injecte. Il faut aussi bien savoir qu'une même dose du même poison n'’agit pas de la même façon, injec- tée dans des temps différents, si elle est diluée dans des quantités varia- bles de liquide même isotonique. Plus on augmente la masse du sang, plus on augmente la surface par laquelle les capillaires mettent le poison en rapport avec les cellules nerveuses. Mais cette augmentation de sur- face n’est pas proportionnelle à l’augmentation de la masse du sang. Elle varie comme le carré de la racine cubique. C’est en tout cas une augmentation. Mais la quantité de poison contenu dans le liquide qui arrive au contact des cellules diminue proportionnellement au degré de la dilution. Les deux influences contraires ne se compensent pas, la résultante est une diminution d'action d’une quantité donnée de poison, à mesure que l’on augmente la masse du sang. M. LAPiCQuE. — J'ai quelques questions à poser à M. Balthazard, caf je voudrais savoir comment il à tenu compte d’un certain nombre de conditions qui doivent influencer grandement des résultats aussi précis. D'abord, comment M. Balthazard calcule-t-il la vitesse d'injection en passant d’une dilution à une autre? M. Bacrnazarp. — Nous injectons d’abord très vite et nous voyons ensuite au bout de combien de temps les accidents apparaissent; puis nous refaisons l'injection à un autre animal de facon à arriver à la dose toxique toujours en dix minutes environ. dE Le SATA Lg 8 am ME CE CO EE Ve PATATE “ts SÉANCE DU 9 JUIN 539 M. Laprcoue. — Les urines sont diurétiques, mais très diversement diurétiques. Je crois avoir constaté qu'il y a une relation entre la toxicité et la puissance diurétique; les urines très diurétiques sont généralement les moins toxiques, tandis que celles qui tuent à petite dose sont souvent très peu diurétiques, même en tenant compte du temps laissé à la diurèse pour s'établir. Si bien que l'animal peut éliminer des quantités très diverses de poisons injectés, et ces quantités sont peut-être très consi- dérables. Ensuite, pour transporter les résultats de la cryoscopie des urines à l’action physiologique de la tension osmotique, il y a une correction à faire. La cryoscopie compte ensemble toutes les molécules, sels miné- raux ou urée. Or, on sait que l’urée ne se comporte pas du tout vis-à-vis des cellules comme les sels minéraux. Comment M. Balthazard compte- t-il cette différence? M. Hazuon. — L’injection intra-veineuse d'urine détermine, comme le fait observer M. Lapicque, une diurèse notable. Nous avons, M. Carrion et moi, noté à ce sujet une particularité qui me parait intéressante, c’est que, toutes choses égales d’ailleurs, l'intensité de cette diurèse est en rapport direct avec la tension osmotique de l'urine injectée; les autres solutions que l'urine se comportent d’ailleurs en cela de la même manière. Avec certaines urines dont le point de congélation est particu- lièrement bas, la sécrétion rénale est des plus actives et comme sa vitesse excède celle de l'injection, le lapin au total perd de son poids. Cependant il ne faudrait pas croire que l'élimination des substances toxiques par le rein soit forcément très importante dans ces conditions. Autant qu'il m'en souvient, l'urine émise par l'animal est pâle, et semble peu riche en matériaux organiques dissous. M. Boucuarp. — Il y a plus de quatorze ans que j'ai constaté en effet que les urines sont diurétiques à cause de l’urée qu'elles contiennent, comme l'avait vu M. Charies Richet. Mais le sucre est aussi diurétique. Cependant je crois qu'en agissant vite, en huit à dix minutes par exemple, on peut empêcher l'élimination des substances toxiques par l'urine de lapin et obtenir ainsi, au moins de facon approchée, la toxicité réelle. En tout cas, il est vrai qu'il y a de grandes causes d'erreur, mais il faut se contenter des données générales fournies par les expériences. Incontestablement, lorsqu'une urine tue à 6 ou 7 centimètres cubes, c'estqu'elle est grandement toxique et totalement différente d’une urine qui tue à 125 centimètres cubes. D'ailleurs à partir de ce point, il est impossible d'établir valablement la valeur de la toxicité urinaire. M. CuanreMEesse. — M. Bouchard vient de parler de l'importance qu'il 540 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE attache à la mensuration, calculée aussi exactement que possible, de la surface des capillaires qui irriguent le système nerveux. A la suite d'une injection un peu copieuse, la surface capillaire filtrante doit augmenter d'étendue et par conséquent faciliter l’exsudation du plasma chargé de toxique. Telle est l’idée de M. Bouchard qui envisage le moyen de calculer les variations des résultats attribuables à ces changements de volume des vaisseaux capillaires. Je crois pour ma part qu'un tel caleul est fort difficile, parce qu'il doit tenir compte de facteurs qui ne sont pas tous en notre possession. La distension des capillaires n’est pas exactement proportionnelle à la quantité de liquide introduite dans les veines. Les communications faites à la Société par M. Mayer montrent bien l'influence de la tension osmo- tique hyper ou hypotonique du liquide injecté sur la dilatation des capillaires. La tension hypertonique du sang dans un département vas- culaire s'accompagne toujours de la dilatation des vaisseaux capillaires et d’une circulation plus active. M. Hazcion. — À ces diverses remarques, dont le but n'est pas de révoquer en doute l’action toxique de l’urine, mais de montrer combien complexe est le problème relatif au mécanisme des effets observés dans les expériences qui s’y rapportent, j'en ajouterai une encore. Elle con- corde, au point de vue qui nous occupe, avec celle que vient de press M. Chantemesse. Lorsqu'on injecte une solution hypertonique dans le sang, l’é quilibré de concentration moléculaire, rompu de ce fait, tend à se rétablir; très rapidement de l’eau passe des tissus vers le sang, la masse du sang augmente, comme en témoigne la diminution constatée par Carrion et moi, de son pouvoir colorant, et partant, comme M. Mayer et nous-même l'avons constaté par l'exploration pIGRySmOeES pue les vaisseaux se dilatent. La dilution du sang contribue sans doute à modifier l’évolution de l’empoisonnement par l'urine, et doit sans doute intervenir dans l’in- terprétation des phénomènes observés. M. Boucuaro. — Nos collègues nous disent: « Prenez garde: dans certains cas, vous concluez à la toxicité, et pourtant il y a des causes d'erreur nombreuses. » Or, si ces objections ne portent que sur des détails expérimentaux, la notion générale de l’exactitude de la toxicité urinaire n’est pas mise en doute par nos collègues. Il n’en est pas de même dans d’autres pays où on nie l'exactitude même de la toxicité urinaire. Certes, sur ce sujet, il faut faire entrer en ligne de compte nombre de détails. Mais la température, les variations d’acidité ou d’alcalinité, la pression, etc., ne signifient rien. SÉANCE DU 9 JUIN ; 5Al En somme, il faut faire l'injection de l'urine en nature, dans un temps déterminé, et ensuite rectifier par le calcul, si besoin est, les résultats obtenus. Je crois donc qu'il pourrait y avoir intérêt à nommer une commission qui répéterait les expériences touchant l'étude expérimentale de la toxi- cité urinaire et, après de nombreuses expériences, résumerait dans un rapport général les résultats obtenus. C’est ce qui a été fait plusieurs fois jadis à la Société de Biologie pour des questions neuves qui étaient contestées. M. Ricuer. — Je ne crois pas que d’une façon générale il puisse être utile de charger une commission de vérifier des expériences. Celles-ci, lorsqu'elles sont probantes, ont leur valeur propre et n’ont pas besoin d’être défendues par la Société de biologie. M. LABORDE. — Il me parait, au contraire, fort utile de charger une commission d'étudier ce sujet, ainsi que la Société l'a fait jadis à di- verses reprises, pour de très importantes questions; d'autant mieux que Re la demande en est faite par le promoteur lui-même des expériences dont il s’agit, M. Bouchard, et qu'il semble exister encore certains doutes dans l'esprit des physiologistes, à propos de la Z'oxicité urinaire. M. KAUFMANN, vice-président, consulte la Société sur l’opportunité de nommer une commission, qui serait chargée de répéter ces expériences (Adopté). La commission est ainsi composée : MM. Chantemesse, Charrin, Hallion, Kaufmann, Laborde, Lapicque, Malassez, Richet, Roger. INFLUENCE DU TRAVAIL STATIQUE DES TISSUS SUR L’ÉLABORATION DE LA LYMPHE, par G. Moussu. (Communication faite dans la séance précédente.) L'une des expériences les plus démonstratives qui aient été exécutées en vue de prouver que les anciennes opinions sur le rôle de la pression sanguine dans l'élaboration de la lymphe n'étaient pas exactes, est celle de Hamburger. C'est aussi l'expérience qui, sans contredit, plaide le plus en faveur des idées de Heidenhain. Hamburger opérant sur le che- val, fait une fistule Iymphatique à l’encolure, puis la tête étant mainte- nue au repos, il fait travailler le corps et les membres. Sous l'influence de - ce travail du corps et des membres, la pression diminue dans la caro- tide et la jugulaire, et cependant on voit l'écoulement lymphatique aug- menter, doubler ou tripler. Il n’y a dans cette expérience aucune action 549 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE étrangère Iymphagogue ou chimique, et il semble bien en effet que le résultat ne puisse s'expliquer que par l'hypothèse d'Heidenhain sur une sécrétion de l’endothélium capillaire. J'ai repris cette expérience, et connaissant les résultats que j'ai déjà rapportés sur le rôle du travail organique dans l'élaboration de la lymphe, je pense que l'interprétation en est facile à donner. Sur un cheval, je commence par pratiquer une fistule lymphatique au cou; j'établis ensuite le repère du cours normal de la lymphe au repos, et en second lieu le repère du cours de la lymphe pendant le travail phy- siologique (repas d'avoine) des tissus. Je place ensuite mon sujet dans l'appareil que les agriculteurs dési- gnent sous le nom de Piétineuse, j’immobilise la tête en la fixant à deux longes, et je mets ensuite le plancher incliné en mouvement. Pour ne pas être entraîné en descente d’arrière sur le plan fuyant qui se dérobe sous ses pieds, le cheval se met en marche, mais reste sur place bien entendu, et il peut ainsi actionner d’une facon continue la transmission de l'appareil. L'encolure et la tête restent immobiles, le corps et les membres seuls semblent travailler. Si dans ces conditions on recueille la Iymphe écoulée, on voit que conformément aux données de Hamburger la quantité de lymphe devient double ou triple et plus, de ce qu’elle était au repos durant le même temps. Pourquoi? Serait-ce parce qu'il y aurait sécrétion de l’endothélium vas- culaire ? Le fait serait difficile à expliquer et on ne voit pas bien sous quelle influence cette sécrétion s’établirait pour une région qui est appa- remment au repos; ou bien si le fait de la mise en activité physiolo- gique d’une région influençait par action excito-sécrétoire la production de la Iymphe dans tout Le reste de l'organisme, la seule mise en activité de la tête devrait alors, elle aussi, influencer la production de la lymphe dans les tissus du corps et des membres, et augmenter par conséquent l'écoulement par le canal thoracique, ce qui n’est pas. L’explication du phénomène se trouve dans les raisons suivantes : Dans la piétineuse en mouvement, le cheval marche sur place, son corps et ses membres sont en état de travail apparent, mais l’encolure et la tête, tout en paraissant immobiles et par conséquent au repos, sont elles aussi en état de travail, travail statique moins intense que le précédent, mais très réel; et c’est dans ce travail des tissus qu'il faut chercher la cause de l'augmentation de la lymphe, malgré l’abaissement de pression. ni Pour que le corps et les membres puissent fournir un travail appa- rent, il faut en effet que les muscles de l’encolure donnent de la rigidité et de la fixité à La tige cervicale, et à la tête. Les muscles mastoïdo- huméral, splénius, grand et petit complexus, long du cou, et les crota- philes et les masséters se mettent en état de contraction modérée, c'est- à-dire en travail pour l’immobilisation des régions, et comme les lympha- SÉANCE DU 9 JUIN 543 tiques de la région de la nuque, de la région parotidienne, et en un mot de toute l'extrémité supérieure de l’encolure viennent se déverser dans le collecteur du cou, on a ainsi l'explication du phénomène. Ici encore, c'est donc le travail organique qui FÉRRÉSGETE la principale source de la lymphe élaborée. Si l’on arrête le mouvement, l'animal en expérience se met au repos, s'immobilise, et presque aussitôt le cours lymphatique se ralentit pour redescendre progressivement au chiffre primitif (repère initial au repos). Avec la reprise d'activité, le cours lymphatique s'accélère pour remonter au chiffre obtenu précédemment, tant que la vitesse d’action reste la même ; et si enfin, toutés conditions restant les mêmes, on augmente le travail produit par l'extrémité céphalique en déterminant un travail apparent (préhension et mastication de quelques aliments), immédiate- ment la quantité de lymphe produite augmente aussi. Je crois donc que l'influence du travail organique ou mieux peut-être du fonctionnement physiologique des tissus, sous quelque forme qu'il se manifeste, travail statique et travail dynamique, ne saurait être mis plus nettement en évidence. SUR L'EXISTENCE D'UN FERMENT SOLUBLE OPÉRANT LA SYNTHÈSE DE L’ACIDE HIPPURIQUE AUX DÉPENS DU GLYCOCOLLE ET DE L’ACIDE BENZOIQUE (1), par MM. J.-E. ABerous et H. RIBaur. (Communication faite dans la séance précédente.) À la suite de leurs expériences bien connues sur le siège et le méca- nisme de la formation de l'acide hippurique,, Bunge et Schmiedeberg conclurent que cette synthèse est inséparable de la vie des éléments anatomiques et même de la présence de sang oxygéné. Ces conclusions étaient donc contraires à l'existence d’une diastase sécrétée par les cel- lules et pouvant opérer la synthèse de l’acide hippurique. Or nous savons que la plupart des réactions chimiques que produisent les cellules se font par l'intermédiaire des ferments solubles. Il était donc permis de se demander si en se plaçant dans des conditions expé- rimentales différentes de celles où s'étaient placés Bunge et Schmie- deberg, on ne pourrait pas démontrer l'existence d’une diastase de syn- thèse. Une première remarque s'impose. Les synthèses par déshydratation sont des réactions endothermiques. S'il existe une diaslase de syn- (1) Le plan de ces recherches avait été établi avec le concours de notre très regretlé collègue et ami G. Biarnès, x re 544 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE thèse, ne pourrait-on pas, in vilro, déceler son existence en lui four- nissant la force vive nécessaire pour l’accomplissement de sa réaction endothermique, force vive qu’elle emprunterait dans l'organisme vivant aux réactions exothermiques concomitantes ? Telle est l’idée directrice de nos recherches. Au lieu de mettre en présence l'organe producteur de la diastase hypo- thétique simplement du glycocolle et de l'acide benzoïque, nous lui avons fourni du glycocolle et de l'alcool benzylique. Ce dernier, en s’oxydant pour donner de l'acide benzoïque, devait, pensions-nous, dégager une certaine quantité d'énergie qui pourrait être utilisée pour la synthèse. L'expérience a confirmé nos prévisions. Nous avons opéré avec des reins pulpés et, pour supprimer la vie cel- lulaire, les macérations étaient faites dans une solution de fluorure de sodium à 2 p. 100. Nous avons utilisé le rein de cheval et le rein de porc. ExpÉRIENCES. — 1° On fait macérer pendant dix-huit heures deux lots de LS grammes de reins de cheval pulpés dans 1 litre d’une solution de Nafl à 2 p. 100. Dans l’un des deux lots, À, on ajoute 1 gr. 50 de glycocolle et 3 centimètres cubes d’alcool benzylique, plus 3 grammes de CofNa*. A l’autre lot, B, on se contente d'ajouter 3 grammes de Co’Na®. Les deux lots sont laissés à l’étuve à 42 degrés pendant 24 heures et tra- versés par un courant d'air. L’extraction de l'acide hippurique et son dosage par le procédé de Bunge- Schmiedeberg ont donné les résultats suivants : A (avec glycocolle et alcool benzylique) : 0 gr. 083 d'acide hippurique. B (sans glycocolle ni alcool benzylique) : 0 gr. 050. Il y a donc eu dans A : 33 müilligrammes d'acide hippurique formé en plus. 2° Même expérience avec deux lots de 425 grammes chacun de pulpe rénale, mais additionnés de 500 centimètres cubes de sang de cheval fluoré à 2 p. 100. Un lot À avec glycocolle et alcool benzylique, l’autre lot B simple- ment additionné de Co’Na?. Résultats : A (avec glycocolle et alcool benzylique) : 0 gr. 109 d’acide hippurique. B (sans glycocolle ni alcool benzylique) : 0 gr. 068 = : Différence en plus pour A : 41 milligrammes d'acide hippurique. 3° Reins de porc : deux lots. À 572 grammes de pulpe macérée dans un litre de Nafl à 2 p. 100. On ajoute : Giÿco coller PS RE A or) Alcool benzylique . . . . . . . . . 3 centimètres cubes. Co Na SE RE NOTA MES B. 572 grammes de pulpe macérée dans 1 litre de Nafl à 2 p. 100. La macération est bouillie. On ajoute après refroidissement les mêmes quantités de glycocolle, d'alcool benzylique et de CoSNa° que dans A. fe R h SÉANCE DU 9 JUIN 245 rl ————————p— ro OO Lt Résultats : À A 55 milligrammes d'acide hippurique. ‘5 B (bouillie) pas d'acide hippurique. a à Conclusions. — Dans ces expériences, l'intégrité et la vie des cellules ta du rein n’ont pas été indispensables pour la synthèse de l'acide hippu- rl rique. Cette synthèse peut donc être attribuée à l'intervention d'un ‘2 : à H ferment soluble, d’une diastase. | à (Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) i SUR QUELQUES CONDITIONS DÉTERMINANT DES MODIFICATIONS QUALITATIVES DANS LES RÉACTIONS ÉLECTRIQUES DU NERF SCIATIQUE DE LA GRENOUILLE, TR. D Er nee TS ie EST par MM. J.-E. ABELous et J. CLUZET. (Communication faite dans la séance précédente.) Si on explore à travers la peau l’excitabilité galvanique d’un nerf sciatique de grenouille en employant la méthode unipolaire (l’électrode indifférente dans la bouche et l’électrode active sur le trajet du nerf), on constate que les réactions au courant continu interrompu sont nor- males : on provoque toujours l'apparition de la NFeS avant la PFes et après celle-ci apparaissent successivement la POS, puis enfin la NOS pour des intensités croissantes. Mais nous avons obtenu dans certaines conditions une inversion dans l’ordre d'apparition des quatre secousses ; parmi ces conditions nous citerons la section du nerf, la section de la moelle, la destruction totale ou partielle de la moelle par dilacération, la cocaïnisation du nerf, la fatigue par tétanisation faradique et la curarisation de la grenouille. Nous nous sommes servis, dans ces expériences, de l'installation déjà décrite par l’un de nous (1), avec cette différence qu’une boussole de Wiedemann remplaçait le galvanomètre. Section du nerf. — Si on sectionne les filets lombaires de façon à paralyser complètement un des membres postérieurs, on constate l'in-. version de la formule, immédiatement après la section, en appliquant l’électrode active sur le trajet du sciatique : la PFes et la NOS appa- raissent les premières, bien avant la NFeS et la POS. Avec cette inver- sion typique on constate une hyperexcitabilité manifeste. Les mêmes modifications apparaissent au-dessous de la section, quand au lieu de sectionner les filets lombaires on sectionne le sciatique tout en haut de la cuisse. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 avril et 11 mai 1900. 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ajoutons qu'au niveau de la section les réactions électriques restent normales et que l'inversion dure plusieurs jours dans les parties du nerf où elle est apparue. L’excilation directe du gastrocnémien donne des réactions normales. La distension et le tiraillement des nerfs ne donnent pas ces modifi- cations qualitatives, Section et destruction de la moelle, — $i on sectionne la moelle, on constate la même inversion complète de la formule coïncidant avec de l'hyperexcitabilité en plaçant l’électrode active sur le trajet du scia- tique ou sur la moelle au-dessous de la section. Quand la section porte au-dessus de la région dorsale il n’y a pas inversion. Après destruction complète de la moelle l’inversion apparait au scia- tique; après destruction de la moitié supérieure, elle apparaît au scia- tique et aussi à la partie inférieure de la moelle. L'excitation directe du gastrocnémien donne dans tous les cas: des réactions normales et l’inversion constatée dure plusieurs jours. Cocaïnisation du nerf. — Si on badigeonne la partie supérieure du sciatique avec du chlorhydrate de cocaïne jusqu’à paralysie complète du membre correspondant, on détermine aussi l’inversion à la partie inférieure du tronc du sciatique. | Fatigue et curarisation. — La fatigue par tétanisation faradique pro- longée jusqu à l'abolition des contractions musculaires et de même des injections de un demi-milligramme de curare, déterminent une inver- sion de la formule des fermetures avec diminution manifeste de l’exci- tabilité. D'ailleurs, en examinant directement le gastrocnémien, on constate toujours des réactions normales. Ces modifications qualitatives et quantitatives dans les réactions de sciatique durent quelques heures; le retour à l’état normal leur succède dans le cas de la fatigue, une inexcitabilité de plusieurs jours leur suc- cède dans le cas de la curarisalion. En résumé, la section du nerf, la section ou la destruction de la moelle, déterminent une inversion complète de la formule avec hyper- excitabilité pour le tronc du sciatique; la fatigue et la curarisation de la grenouille déterminent une inversion de la formule des fermetures avec hypoexcitabilité. L'inversion avec hyperexcitabilité ou hypoexci- tabilité est-elle liée à la variation de la conductihilité et de la résistance du nerf étudiée par M. Charpentier ? C'est ce que nous nous proposons de rechercher. | (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) SÉANCE DU 9 JUIN 541 SUR UN HÉMATOZOAIRE ENDOGLOBULAIRE DES PLATYDACTYLUS, par M. À. BILLer. On rencontre fréquemment chez un saurien crassilingue voisin des Geckos, Platydactylus mauritanicus, commun dans les gorges du Rum- mel, à Constantine, un hémalozoaire endoglobulaire. Le parasite se présente dans le sang sous deux aspects bien distincts; et, dans les deux cas, il existe à la fois une forme libre dans le sérum, et une forme endoglobulaire. La forme libre de la première variété (fig. 1) se présente sous l’aspect de vermicules, un peu plus longs que les globules rouges; l'extrémité antérieure, renflée en marteau, est séparée du reste du corps par un léger étranglement, l'extrémité opposée est sensiblement effilée. Le protoplasme se colore vivement par les couleurs d’aniline, en particulier à l'extrémité antérieure. Au niveau du tiers antérieur se trouve un noyau ovalaire, uniformément et fortement coloré par le bleu de méthy- lène. La forme libre de la seconde variété (fig. 1”) a l'aspect d’un vermicule un peu moins long que le précédent, à extrémité antérieure plus renflée, en forme de massue ou de poire s’effilant brusquement vers l'extrémité postérieure sans étranglement intermédiaire. Le noyau, généralement médian, à l'aspect d’une plaque rectangulaire parsemée de grains chro- matiques avec un espace central plus clair. Le corps entier se colore peu et inégalement par les couleurs d’aniline. Les différences dans les deux formes s’accentuent dans la phase endo- globulaire. Tout d’abord, chaque variété se présente sous forme de vermicules dont les deux extrémités sont repliées. Le noyau du globule refoulé à la périphérie s’allonge, puis tout autour du vermicule se dessine un espace clair ; mais le globule semble conserver ses dimensions et sa forme nor- males. Les caractères distinctifs des deux variétés se retrouvent : corps plus trapu, plus réfringent, se colorant plus difficilement dans la seconde variété que dans la première, avec un noyau rectangulaire dans l’une, ovalaire dans l'autre (fig. 2 et 2’). Peu à peu, chaque variété de parasite prend un aspect réniforme. Cette disposition est surtout accusée dans la première variété, où le parasite a la forme d’un croissant à extrémités arrondies, allongé et mince, dont les dimensions sont un peu plus grandes que celles du globule. Aussi ce dernier est-il hypertrophié et déformé (fig. 3). Tout le corps est coloré d’une façon intense et presque autant que le noyau par les couleurs d’aniline. La deuxième variété trapue, épaisse, ne dépasse pas les dimensions du globule sanguin, lequel reste à peu près normal. Le protoplasma se colore de moins en moins, sauf le noyau (fig. 3). 548 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans l'un et l'autre cas, il s'opère une désagrégation lente du globule, et de son noyau. La cavité qui s’est formée autour du parasite augmente peu à peu (fig. 4 et 4’) et en dernière analyse le parasite se trouve libre entouré seulement d'une sorte de capsule (fig. 5 et 5). Le noyau du globule rouge s’allonge, s’étire en fuseau, et finit même par se diviser complètement en deux (fig. 4'). Nous n'avons pas observé la phase de reproduction du parasite, bien que nous ayons examiné à cette intention la rate, le foie et la moelle osseuse. Nous pensons que les deux formes décrites ci-dessus correspondent à la forme mâle et à la forme femelle de l’'hématozoaire. Ce parasite doit certainement être classé dans le genre Ææmogrega- Hæmogregarina platydactyli (grossissement : 1200 D). rina entre 1. Stepanowi Danil., dont il se rapproche par sa forme libre grégarinienne et 7. lacertarum Danil. (Karyolysus Labbé) dont il pré- sente certains caractères, et en particulier l’action si curieuse de désin- tégration du globule et de son noyau. Nous le désignerons sous le nom de Hæmogregarina platydactyli. Il est probable que les Platydactylus s'infectent en mangeant des mouches, des moustiques et autres diptères. M. Laveran. — M. le D" Billet a bien voulu m'envoyer des prépara- tions de sang de Platydactylus renfermant des hématozoaires. J'ai pu constater sur ces préparations l'exactitude des renseignements fournis par M. Billet dans sa note, particulièrement en ce qui concerne l’exis- tence de deux formes parasitaires distinctes. M. Billet pense qu'il s’agit de formes mâles et femelles du même parasite; cette opinion est admis- sible, mais je crois qu'on ne peut la considérer pour le moment que Sie LEE dr oéhe à Hd dE LU Sn ARE i CT. f : és : SÉANCE DU 9 JUIN 549 comme une hypothèse. On n’a pas réussi jusqu'ici à distinguer des formes mâles et femelles chez les hémogrégarines et, d'autre part, les faits observés par M. Billet peuvent être interprétés autrement que ne le fait notre confrère. On peut se demander si les deux formes observées ne correspondent pas à deux phases de l’évolution du parasite ou bien s’il n'existait pas chez les Platydactylus de Constantine une infection mixte, par deux espèces d'hémogrégarines. Ces remarques, bien entendu, ne diminuent en rien le grand intérêt que présente le travail de M. le D’ Billet. SUR UNE MÉTHODE DE COLORATION DES NOYAUX APPLICABLE EN PARTICULIER A L'ÉTUDE DES HÉMATOZOAIRES ENDOGLOBULAIRES, par M. LAvERAN. + Dans la séance du 15 avril 1899, j'ai exposé à la Société de biologie les résultats que j'avais obtenus en employant pour la coloration des noyaux des hématozoaires endoglobulaires des oiseaux, une méthode nouvelle de coloralion. Depuis lors, j'ai appliqué cette méthode dans un grand nombre de cas, et l'expérience que j'ai acquise me permet de dire qu'il s’agit d’une méthode générale qui donne, notamment pour l’étude des hématozoairese ndoglobulaires, d'excellents résultats. Grâce à la méthode de coloration que je préconise, j'ai pu faire une étude très complète des noyaux des hématozoaires du paludisme, comme des noyaux des hématozoaires endoglobulaires des oiseaux, j'ai pu suivre la segmentation des noyaux et la formation des flagelles; j'ai obtenu de très bonnes préparations des noyaux de Piroplasma bigeminum, Piro- plasma ovis, Piroplasma canis, des noyaux des Hæmogregarina de la grenouille et de leurs formes de reproduction endogène, des æmogre- garina du lézard et des ophidiens, des noyaux des Trypanosomes et des spores de Sarcosporidies. Comme la description que j'ai donnée précédemment de la technique à suivre pour l'application de cette méthode présentait quelques lacunes, j'ai cru utile de fournir des indications plus complètes. J’emploie les réactifs suivants, qui doivent être préparés à l'avance. 1° Bleu de méthylène à l'oxyde d’argent ou bleu Borrel. Dans une fiole de 150 centimètres cubes environ on met quelques cristaux d’azotate d'argent et 50 à 60 centimètres cubes d’eau distillée; quand les cristaux sont dissous, on remplit la fiole avec une solution de soude et on agite; il se forme un précipité noir d'oxyde d'argent qui est lavé à plusieurs reprises à l’eau distillée, de manière à enlever l’azotate de soude et l'excès de soude, On verse alors sur l'oxyde d'argent une solution aqueuse saturée de bleu de méthylène préparée avec du bleu de méthy- lène médicinal de Hôüchst; on laisse en contact pendant sept à huit jours en agitant à plusieurs reprises. 550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Solution aqueuse d'éosine à 4 p. 1000 (éosine soluble daus l'eau de Hüchst). 3° Solution de tannin à 5 p. 100. Il est bon de mettre dans les fioles qui contiennent les solutions d’éosine et de tannin de petits morceaux de camphre, afin d'empêcher la production des moisissures. Pour colorer une préparation de sang on procède comme il suit : Le sang desséché en couche mince à la surface d’une lamelle couvre- objet est fixé par l'alcool absolu (20 minutes environ). On prépare, au moment de s’en servir, le mélange colorant d’après la formule suivante : Solution d’éosine à 4 p. 1000. . . . . # centimètres cubes. EAU AIS TIILE CMS RP EE ARE NT ET —— BleuaBorre tite es ASE RORRRR Et — On se sert pour préparer ce mélange d’une petite éprouvette graduée; les solutions d’éosine et de bleu de méthylène sont filtrées séparément au moment où l’on fait le mélange; on agite avec une baguette de verre et l’on verse le liquide colorant dans un godet de porcelaine. La lamelle sur laquelle le sang a été desséché est placée à la surface du liquide de manière à ce qu elle surnage pendant que la coloration s'opère. Si le sang a été desséché sur une lame porte-objet, on colore dans une boîte de Pétri, par exemple, en ayant soin de placer la surface recou- verte de sang de manière à ce qu'elle baigne dans la partie supérieure du liquide sans que le précipité qui se forme toujours plus ou moins rapidement vienne s’accumuler à sa surface. Sile sang a été recueilli récemment, il suffit pour la coloration de la chromatine de la plupart des hématozoaires et notamment de l’héma- tozoaire du paludisme, de laisser la préparation pendant cinq à dix minutes dans le liquide colorant. Pour la coloration de la chromatine des hématozoaires endoglobulaires des oiseaux et des flagelles, il est nécessaire de laisser les préparations pendant plusieurs heures et quelquefois pendant douze heures dans le bain colorant. Lorsque le sang est desséché depuis longtemps, la coloration se fait plus lentement que lorsque la dessiccation est récente; j'ai réussi cepen- dant à obtenir de bonnes colorations de la chromatine des hématozoaires du paludisme dans des préparations de sang qui dataient de plusieurs années. Pour la durée de la coloration, quelques tätonnements sont inévitables, car cette durée varie avec la nature des hématozoaires, avec le temps qui s’est écoulé depuis que le sang a été recueilli et desséché, et aussi avec les solutions d’éosine et de bleu de méthylène dont le pouvoir colorant n’est pas toujours le même. Lorsqu'on suppose que la coloration est suffisante, la préparation est lavée à grande eau, puis soumise à l’action de la solution de tannin pen- RES A, HR < = SÉANCE DU 9 JUIN 551 dant une minute environ, on lave de nouveau à l’eau distillée et on sèche. Avant de monter dans le baume on examine la préparation à sec, si la coloration est trop intense ou s’ilexiste un dépôt granuleux abondant, on lave à l’alcool absolu. Les hématies doivent être colorées en rose et les noyaux des leuco- cytes en violet foncé. Le protoplasma des hématozoaires se colore en bleu päle, la chromatine en violet ou en rouge violacé. La solution de bleu Borrel doit être renouvelée lorsqu'elle donne rapi- dement un abondant précipité après son mélange à la solution d’éosine. EXISTE-T-IL UN FERMENT LIPOGÈNE ? par M. le D' ARTAULT DE VEYEY. (Communication préalable.) Je ne puis aujourd'hui répondre à cette question d'une façon caté- gorique, mais certains faits permettraient de supposer que dans cer- taines conditions la graisse pourrait se former sous l'influence d’une fermentation. 4° Le marron d’Inde à l’état frais ne renferme pas de matières grasses ; si on le laisse fermenter, il suffit pour cela de l’abandonner en tas dans des sacs, il donne quelquefois jusqu’à 10 p. 100 de son poids d'huile. Cette fermentation est très active et se fait avec une élévation de température considérable, atteignant parfois 60 degrés. 2° L'huile d'olive se forme dans le péricarpe de l’olive par dégéné- rescence graisseuse du proloplasma des cellules, sous l'influence exclusive, je dirais presque nécessaire, d'une bactérie mobile, qui semble appartenir au genre baclerium. Cette dégénérescence se produit dans les coupes, sous les yeux mêmes de l'observateur, en une heure environ par cellule. La bactérie pénètre par des solutions de continuité de l'épiderme et envahit le péricarpe de la périphérie au centre. Peu à peu, à la faveur de cette dégénérescence absolument pathologique mais constante du péricarpe, des champignons saprophytes nombreux l’envahissent, vivant aux dépens de l'huile et des parois cellulosiques compromises, et donnent à l’olive müûüre sa couleur noire et à l'huile sa teinte jaune, car l'huile récente est d’un beau vert, par dissolution de la chlorophylle, dont les grains ont subi; comme le noyau et le plasma cellulaire, la dégénérescence graisseuse. Je ne puis entrer, dans celte note préliminaire, dans les détails du phénomène, mais trois années de suite je l’ai observé dans les mêmes conditions, en me faisant adresser, de huit jours en huit jours, des olives d'un même arbre, depuis la floraison jusqu’à maturité complète. Les résultats furent constants et confirmèrent trois fois mon hypothèse Ar à CLS EIRE POP LT EN 110 — r#” Li = = CORTE ES RC SR eÙ NE ET RS 7 Ne CRETE “7 71 552 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de formation de l'huile dans l’olive, par dégénérescence pathologique, sous l'influence d’un élément figuré. Comment agit cette bactérie? Est-ce par sécrétion d’un ferment ou par action directe? La culture en est difficile, je n'ai réussi qu’une fois à isoler, en 1897, sur bouillon de décoction d'olives, une bactérie lui ressemblant, mais dont je n'ai rien obtenu sur des masses de péricarpe stérilisé, qui avaient d’ailleurs perdu toutes leurs propriétés. D'autre part, j'ai retiré des marrons en fermentation une dizaine de saprophytes, sans pouvoir encore déterminer lequel peut y produire l'huile. Il est en tout cas probable, vu la petite quantité de cette huile, qu'elle ne se produit pas aux dépens de l’amidon, mais aussi aux dépens du protoplasma des cellules vivantes de l'embryon. Mais les conditions exclusives où elle se produit permettent de penser qu'il y a là aussi une action spéciale d’élément figuré ou sécré- tion d’un ferment lipogène. Je soumets ces observations à ceux qu’elles pourraient intéresser, tout en poursuivant moi-même mes recherches sur ce point, et en souhaitant une prompte réponse à la question, la présente note n'ayant d'autre prétention que de prendre date dans le débat. FORMATION DU NOYAU CELLULAIRE, par M. $. ARTAULT DE VEVEY. (Communication préalable.) Je donne ici les conclusions d’une partie d’un travail sur la forma- tion de la cellule que je me propose de publier bientôt : Le noyau cellulaire ne semble être qu'un vestige des enkystements répétés que subirent les plasmodes ancestraux de la cellule, dans des conditions d'existence défavorables. Les kystes formés par condensation des chromosomes, sous ihene de la sécheresse, par exemple, étaient de véritables appareils de sauve- tage, où une partie de la chromatine, seule portion active du proto- plasma, s’accumulait et pouvait braver, sous une enveloppe protectrice, les dangers et perpétuer le plasmode primitif. Ils furent d'abord pério- diques et occasionnels; mais cette division des chromosomes en une portion active pourvoyant à l’entretien du plasmode et à sa nutrition, et une portion de réserve, prête à parer à tout moment aux dangers éventuels, devint chez certains d’entre eux une habitude par la répéti- tion fréquente des mauvaises conditions d'existence. D’autre part, cette division présentant les garanties les plus nombreuses pour la protection et la perpétuation de l'espèce, ceux-là seuls qui la présentèrent offri- rent une résistance suffisante et survécurent à des causes multiples de destruction. SÉANCE DU 9 JUIN 553 Ces kystes formés d'éléments de chromatine, toujours jeunes, non compromis ou épuisés dans le travail de la nutrition, devinrent l’élé- ment normal de la reproduction du plasmode primitif, dont ils avaient hérité et conservé les traditions. Primitivement multiples dans un même plasmode, ils se séparèrent, la multiplicité et l'isolement des individus augmentant les chances de survie de l'espèce chez les êtres inférieurs, pour vivre chacun isolément avec le minimum de volume du plasmode ambiant, et chacun pour leur compte. La cellule était formée, indivi- dualisée. Ce nouveau genre d'existence entraîna comme conséquence, à cause de la réduction même du volume, et sans doute aussi par la persistance de conditions de milieu plus favorables, la réduction du nombre des éléments issus de chaque kyste, éléments primitivement fort nom- breux, véritables spores. Ce nombre tomba de quelques centaines à quelques unités, pour les individus isolés, et au minimum, à l’unité, pour les individus associés, dont les conditions de survie étaient assu- rées, tant par le choix d'un milieu définitif que par la formation d'un véritable milieu intérieur, et le kyste central primitif était devenu le noyau cellulaire tel que nous le voyons aujourd’hui, n'ayant gardé de ses états antérieurs que la fonction conservatrice et reproductrice de la cellule. | SUR LA RÉSORPTION DU SANG INJECTÉ DANS LA CAVITÉ PÉRITONÉALE, par M. J. Lesace. On sait depuis les expériences de Hayem (1) que le sang injecté dans la cavité péritonéale est absorbé en nature et qu’il arrive dans la circula- tion générale avec ses éléments propres. Dans une de leurs expériences, Hayem et Barrier opèrent la transfu- sion du sang de chien dans le péritoine du chevreau. Ce dernier ani- mal est sacrifié trente heures après l'opération. A l’autopsie, on trouve dans son canal thoracique un certain nombre de globules rouges du. chien. Les auteurs concluent de ce fait que le passage des hématies du péritoine dans le canal thoracique peut se faire librement. Nous avons repris l'étude de cette question en précisant davantage ce passage par l'établissement d’une fistule dans le canal thoracique. Sur un chien de forte taille, anesthésié, nous pratiquons une fistule du canal thoracique, puis l'isolement d’une carotide, et nous transfusons exactement 200 centimètres cubes de sang carotidien dans le péritoine du même animal. (4) Hayem. De la transfusion péritonéale. Compte rendu de l'Académie des sciences, 1884. B1oLoG1E. Compres RENDU+. — 1900, T, LI. 43 À ed nr es De Lee 7. 3 1 ire W Ed = ps Ten KE DRE, LS a scen 0 De FE, DD4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pendant trois quarts d’heure, la lymphe qui s'écoule de la fistule est incolore, légèrement opalescente ; mais au bout de ce temps, elle devient faiblement rosée. La coloration s’accentue de plus en plus et une heure après l'opération, elle présente une coloration rouge très prononcée. L'examen microscopique révèle la présence de très nombreuses hé- maties libres, d'aspect absolument normal. On ne trouve pas d’hématies phagocytées. Au contraire, la iymphe du canal thoracique, prélevée à l’autopsie d'animaux ayant subi cette même opération de la transfusion de trente- six à quarante-huit heures auparavant, peut renfermer un certain nombre de leucocytes emprisonnant dans leur protoplasma un ou plusieurs globules rouges. Certains d'entre eux paraissent même littéralement bourrés d'hématies. Les mononucléaires et aussi les polynucléaires par- ticipent à cette phagocytose. En résumé, une heure après l'hémorragie abondante, ainsi provoquée expérimentalement dans le péritoine du chien, les hématies commencent à passer librement, sans altération et en très grand nombre dans le canal thoracique. Puis, par une diapédèse active au niveau du péritoine les leucocytes viennent englober les globules retardataires, rentrent avec eux dans le système lymphatique, de façon à ce que la séreuse ait repris complètement son aspect normal quelques jours après la transfusion. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Ecole d’Alfort.) SUR QUELQUES PARTICULARITÉS DE L'ÉVOLUTION D'UNE GRÉGARINE ET LA RÉACTION DE LA CELLULE-HOTE. Note de MM. LaveraAn et F. MESNIL. Nous avons eu l'occasion, en avril dernier, d'examiner un certain nombre de larves d’un petit coléoptère de la famille des Dermestides, l’Attagenus pellio (provenance, Paris) et nous avons presque toujours ‘rencontré, dans son intestin, une grégarine tricystidée, que nous croyons inédite. Elle manquait chez les individus adultes. L'étude à l'état frais, l'examen des frottis fixés et colorés et des coupes transversales nous ont donné un certain nombre de renseignements qui nous paraissent intéressants à résumer ici. I. Stades intracellularres. — On trouve, dans l’épithélium intestinal, de petites sphères de 4 à 5 & de diamètre, avec un corpuscule chroma- tique central de 4 u environ de diamètre. Ces sphères sont généralement situées vers le milieu de la cellule intestinale, tantôt entre le noyau et le plateau cellulaire, éantôt de l'autre coté du noyau; souvent elles dé- priment la surface du noyau, qui devient concave à leur voisinage. BE (4 (YA SÉANCE DU 9 JUIN 55 D'autres états sont légèrement ovoïdes et divisés, par une ligne trans- versale, en deux portions, une petite et une grande contenant le grain nucléaire. Tous ces faits sont en parfaite concordance avec ceux observés depuis longtemps par A. Schneider. Il. Céphalins. — La jeune grégarine fait ensuite hernie sur le plateau de la cellule-hôte, avec laquelle elle n’est bientôt plus en contact que par une partie mince et effilée. La grégarine a, dès lors, sa forme carac- téristique, ses trois parties, épimérite, protomérite et deutomérite. Elle va désormais grossir sans changer de forme; sa longueur ira de 6à 8 w jusqu’à 150 & ; sa largeur de 4 u à 40 u. La longueur du protomérite ne dépasse généralement pas la moitié de celle du deutomérite. Le noyau, devenu vésiculeux, renferme un gros nucléole. La forme de l’épimérite doit être notée. Dans les coupes, sur les grégarines fixées en place aux cellules épithéliales, il apparaît nelte- ment et constamment comme formé de deux parties : l’une distale, en pointe, qui pénètre seule dans la cellule épithéliale, l’autre proximale cylindrique, un peu plus courte et un peu plus large que celle qui lui fait suite (voir fig. 5 et 6) et qui montre souvent de très fines striations longitudinales. A l’état frais, sur les grégarines détachées des cellules épithéliales, on constate une extrême variabilité dans la forme de l'épi- mérite : les figures 1 à 4 en donnent une idée. Ces variations tiennent à ce que l’épimérite se rétracte ou s’allonge facilement. Partant de la forme normale des figures 5 et 6, on a successivement les figures 2, où la partie distale n'apparait plus que comme un faible mucron, et 3, où les deux parties sont confondues en une seule, à la surface de laquelle s'observe assez souvent une striation transversale. La figure 1 représente un état à épimérite plus allongé que dans les figures 5 et 6. L'épimérite ne participe guère à la croissance de la grégarine. Il persiste un certain temps après que la grégarine a abandonné la cellule-hôte et paraît sou- vent en voie d’atrophie (fig. 4). Il. Sporadins. — Enkystement. — L'épimérite disparaît enfin et alors le protomérite est limité en avant par une surface plane d’où partent un certain nombre de stries rayonnantes (ces stries sont déjà représentées dans la figure 4). Les granulations entoplasmiques sont toujours très fines. Les sporadins peuvent atteindre jusqu'à 200 & de longueur. Jamais nous n’avons observé de chaînes de grégarines. L'enkystement des grégarines se fait tantôt par deux (fig. 7), {antôt (et avec le même degré de fréquence) par trois (fig. 8). Il y a, dans un cas comme dans l’autre, accolement des grégarines par le pôle antérieur. Les cas de réunion de plus de deux grégarines dans un même kyste, signalés jusqu'ici, sont peu nombreux et généralement paraissent être la conséquence d'associations précédant longtemps l'enkystement (Zygo- cyshis cometa de Stein, g. Aggrequta de J. Frenzel). Siedlecki vient de Z. Es FR PRE SAT TA, PÉTER RCE Pr DV. TN PIS TES PT CANS- EE PE LES Pl RTE CE RS 7 OO PE ge PA RE PRE EEE Lt 7 — 556 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE signaler, mais comme tout à fait exceptionnelle, l'union de trois Wono- cystis ascidiæ pour former un kyste. Nous n'avons pu suivre l'évolution complète des kystes; nous avons vu seulement la fusion du protomérite et du deutomérite (fig. 9). IV. Action sur la cellule-hôte. — À notre avis, le phénomène le plus intéressant de l’histoire de notre grégarine est son action sur la cellule épithéliale. Elle ne se manifeste ni aux stades complètement intracellu- À à 4, différents aspects de l’'épimérite de la grégarine de À. pellio, (ep. épimérite, pr. protomérite) ; 5, grégarine fixée dans une cellule épithéliale de l'intestin qui est hypertrophiée; 6, deux grégarines fixées dans des cellules épithéliales altérées, 7, deux grégarines enkystées (on voit encore les protomérites); 8, trois grégarines enkystées (on voit encore les protomérites); 9, trois grégarines enkystées, on ne voit plus les protomérites. Les figures 1 à 6 ont été dessinées à un grossissement de 500 d.. les figures 1, 8,9 à un grossissement de 250 d. environ. laires, n1 au début du stade du céphalin. C'est seulement quand les céphalins ont déjà 20 à 30 & de long qu’on constate, avec la plus grande netteté, une hypertrophie notable de la cellule-hôte et de son noyau (fig. 5). Les dimensions transversales de cette cellule doublent et quelquefois triplent; en revanche, son protoplasme paraît moins dense et est sou- vent vacuolaire; la cellule tranche (sur les préparations fixées au Flem- ming) au milieu des cellules voisines par un aspect plus clair; le noyau a également fortement augmenté de volume; mais il n’a varié ni dans sa teneur en chromatine, ni dans la distribution de cette chromatine (karyosome très net au centre d'un réseau très lâche): elle est simple- ment diluée dans un volume plus grand de suc nucléaire. A l'hypertrophie, fait suite l’atrophie. Elle commence d’abord du côté SÉANCE DU 9 JUIN 557 du plateau cellulaire; cette partie paraît se vider, se ratatiner (fig. 6); il en résulte une incurvation des cellules épithéliales voisines et une légère excavation se trouve ainsi dessinée. L’atrophie de la cellule para- sitée continuant du plateau vers la base, la dépression s’accentue de plus en plus, et on constate que la plupart des plus grosses grégarines fixées sont au centre de cryptes dans l’épithélium intestinal. Tout se termine vraisemblablement par la disparition de la cellule parasitée. Les documents relatifs à l’état de l’'épithélium intestinal parasité par une grégarine sont extrêmement rares, et nous n'en connaissons pas signalant une hypertrophie nette de la cellule parasitée (1). Ce dernier fait, sur lequel nous appelons l'attention, est tout à fait comparable à ceux signalés depuis longtemps à propos des coccidies et plus récem- ment en ce qui regarde les hémocytozoaires. Mais, dans notre cas, il y a lieu de remarquer le volume extrêmement minime de la partie antra- cellulaire de la grégarine. V. Position systématique. — Nous n'avons pas observé la sporulation de notre grégarine. Par son épimérite, elle rappelle beaucoup la Pyxinia crystalligera de J. Frenzel (2); comme elle, elle habite le tube digestif d'un dermestide. Enfin, nous avons rencontré, dans la cavité digestive des larves d’Aftagenus, quelques sporocystes ovoïdes de 14 & sur 6 u, ressemblant beaucoup à ceux des Pyxima; ils appartenaient vraisem- blablement à notre grégarine. Nous croyons donc pouvoir, provisoirement tout au moins, classer notre grégarine dans le genre Pyxinia Hamm. C'en est une espèce nou- velle, caractérisée par sa petite taille (3) et par les particularités de son épimérite. Nous l’appellerons ?. Frenzeli. CONTRIBUTION A LA PROPHYLAXIE DE LA TUBERCULOSE PAB LE RÉGIME ALIMENTAIRE. LA VIANDE CRUE : SA DIGESTIBILITÉ RELATIVE ET SON ASSIMILATION. DÉMONSTRATION EXPÉRIMENTALE, par M. J.-V. LABORDE. I Ce n’est que par la sanction pratique ou de l'application que les résultats expérimentaux de laboratoire sont et deviennent réellement utiles. Et cette sanction qui-ressortit à la clinique, c’est-à-dire à l’appli- (1) L. Pfeiffer (Die Protozæn als krankheiterreger, 2° Aufl., Tena, 1891, p. 28- 29) parle bien d'une telle hypertrophie; mais ses figures sont loin d’entrainer la conviction. (2) Frenzel. Lena. Zeitschr. naturw., vol. XX VIT, p. 314, table 8, fig. 34-50, (3) Les kystes ont 50 y de diamètre environ. { | b % 3 Er LR. T'ES TA 558 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ” cation au malade, est particulièrement désirable pour la tuberculose, qui, avec l’alcoolisme et solidairement avec lui, constitue le fléau des- tructeur de notre race et de notre pays. Je me suis permis de trouver et de dire à la Société que mon savant collègue et ami le professeur Richet, dont les recherches persévérantes avec son collaborateur, également notre collègue, le D' Héricourt, offrent un si puissant intérêt au point de vue expérimental, se désin- téressait trop — par ses propres déclarations — du côté pratiqueou d'application; et c’est pour montrer combien je suis, au contraire, et pour mon compte personnel, pénétré de l'importance et de la nécessité de cette sanction véritablement utilitaire des résultats expérimentaux, que j'apporte à la question la petite contribution suivante. EX Le problème thérapeutique complet et intégral que soulève la {uber- culose, problème à la fois social et médical, tant dans les indications multiples et variées du traitement que dans la réalisation de celui-ci, est d’une telle complexité que très loin de moi est l'intention, et je dirai la témérité, de l'entreprendre ici : je me bornerai au côté prophylactique et spécialement à celui qui se trouve visé dans les recherches expé- rimentales du professeur Richet : le régime alimentaire le mieux approprié et le mieux adapté à l'individu en imminence de tuberculose: de facon à le mettre en état de résistance organique de nature à modi- fier, favorablement, le terrain de culture bacillaire. . Ce régime alimentaire, de choix, est celui dont les éléments consti- tutifs ou la base de composition amènent et engendrent, par leur assi- milation, le plus de force dans l’organisme : le régime à base albu- minoïde ou d'azote, dont le type fondamental est la viande. Il y a longtemps que cette notion était entrée — avec une certaine logique, ce que nous appellerions volontiers, un empirisme rationnel — dans la thérapeutique de la tuberculose, où la pratique la réalisait même au maximum, par la suralimentation; et les avantages de la viande crue étaient déjà reconnus et appréciés dans la clinique courante. Mais ces avantages n'avaient pas été systématisés et expliqués, en leur raison d'être, c’est-à-dire dans le mécanisme de l’action théra- peutique des éléments de la substance alimentaire, tant que la recherche expérimentale n'avait pas apporté son contingent, lequel est de deux sortes : 1° Celui que les résultats expérimentaux de MM. Richet et Héricourt réalisent dans la notion du mécanisme en question, savoir : l’action quasi-spécifique, vaccinatrice par l'élément musculaire fondamental, : contre la culture et le développement organique du bacille tuberculeux; 2° La démonstration de la digestibilité et de l'assimilation, plus faciles et plus rapides de la viande à l'état cru, et par suite, des avan- SÉANCE DU 9 JUIN 559 tages de son emploi dans les conditions plus ou moins accentuées de dyspepsie chez le tuberculeux; dyspepsie habituelle et des plus défa- vorables à la réalisation du moyen prophylactique le plus puissant, celui qui est destiné à engendrer ou à régénérer la force et la résistance. C'est sur le dernier point que je désire, surtout, et que je me propose d'insister, comme étant, en l'espèce, le point véritablement d'impor- tance pratique. III Pour étudier et déterminer expérimentalement la digestibilité relative, et l'assimilation de la viande à l'état cru, j'ai utilisé la fistule gastrique chez le chien, permettant d'apprécier, d’une facon en quelque sorte mathématique, en fonction de temps, l’accomplissement de la digestion gastrique, avec les aliments divers que l’on peut introduire à volonté, et sous les formes les plus variées dans l'estomac, de l’animal; c’est, sans contredit, le dispositif le plus simple, le plus commode, et, en même temps, le plus clairement démonstratif. A un chien, porteur d’une fistule gastrique, depuis un temps plus ou moins long, six mois, un an, deux ans et plus, comme j’en ai possédé au laboratoire, que j'ai montrés à la Société, à l’époque de mes recherches sur le suc gastrique, et dans le meilleur état de santé possible, grâce à cette longue accoutumance de la fistule, on fait faire, en premier lieu, un repas avec une pâtée habituelle de viande cuite, bœuf bouilli ou complètement rôti (de 300 à 500 grammes, en moyenne, selon le poids du sujet : 300 grammes pour un chien du poids de 8 à 10 kilogrammes; 500 grammes, pour un chien de 10 à 12 kilogrammes); et l’on note, d’après l'inspection directe par la fistule, dans combien de temps l'estomac s’est débarrassé de ce contenu alimentaire, et a, -conséquemment, accompli sa fonction digestive. Il est permis d'établir — d’après un nombre suffisant d'essais ayant réalisé très approximativement le même résultat — que le chiffre moyen et concordant du temps en question, dans les conditions dont il s’agit, est de deux (2) heures : c’est, d’ailleurs, le chiffre moyen ordinaire du travail de l'estomac normal du chien qui est doué, on le sait, d’une remarquable activi- té fonctionnelle (double, environ, de celle de l’estomac humain, dont la durée du travail digestif, évaluée comme ci-dessus par le débarras complet du con- tenu chymifié, est en moyenne de #4 à 5 heures) (1). Cette première épreuve étant ainsi réalisée, le lendemain ou deux jours après, on fait faire au même chien un repas de même quantité de viande crue hachée; et l’on observe, de la même manière, le temps au bout duquel s’est effectuée l'évacuation du contenu alimentaire. Or, ce temps est, en moyenne et constamment, la moilié de celui qui a été nécessité pour le même travail de l'estomac dans la première épreuve. Ce qui prouve, avec une incontestable clarté, que par le fait seul de l’inter- vention de la viande à l’état cru ethachée, c’est-à-dire, réduite en petites par- ticules, ce travail se trouve réduit, au moins, de la moitié. (1) Cette évaluation, chez le chien, ne s'applique pas au repas dans lequel in- terviennent des os ou même des tendons, qui exigent un travail sensiblement plus long, quoique d'une remarquable puissance chez cet animal, 560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je dis : la viande crue hachée et morcelée; car, il y a là une condition adju- vante qui est loin d’être indifférente. Sans entrer, en effet, à ce sujet, dans des détails expérimentaux que nous négligeons ici, pour ne pas allonger indé- finiment cette note, il nous est permis d'affirmer que plus ce morcellement, eette division de la viande crue sont complets, et plus sont obtenues et se réalisent la rapidité et la réduction du travail stomacal. C'est pour cela que, préoccupé de la meilleure application pratique de ré- sultats expérimentaux, dont on ne saurait, en principe, méconnaitre l’impor- tance, j'ai imaginé, depuis longtemps, un procédé de préparation de la viande crue, qui sous le nom de potage de viande, réalise, à tous égards, les condi- tions les plus favorables de cette application. J'ai déjà donné, dans la Tribune médicale, il y a longtemps... cette formule de thérapeutique alimentaire qui, bien que connue beaucoup de nos confrères n'est pas assez répandue et vulgarisée; ce pourquoi, nous la reproduisons en cette occasion opportune (Cette reproduction sera donnée, dans lous ses dé- tails, dans le prochain Bulletin). IV Il résulte de ce qui précède que l'alimentation par la viande crue, préparée et réalisée d’après notre précédé de bouillon de viande, à la fois le plus simple, le plus favorable au goût et à l'acceptation des malades, et répondant aux véritables indications dont il s’agit, cons- titue surtout pour le candidat déjà avéré à la tuberculose, un moyen prophylactique de choix, en vue de la préparation à la résistance du terrain de culture; et que, pour le malade déjà en puissance de la maladie confirmée, le même moyen, grâce à la vertu qu'il possède de ménager, considérablement, un travail fonctionnel, dont l’estomac du tuberculeux n’est plus capable, constitue aussi un adjuvant précieux du traitement médical, qu'il est d’une indispensable nécessité de faire intervenir, pour réaliser la solution intégrale du problème thérapeu- tique ; traitement sur lequel je me propose de dire quelques mots com- plémentaires de l'exposé qui précède, avec des exemples et des résultats à la fois expérimentaux et cliniques, de nature à justifier cette inter- vention inévitable. DE LA PRÉPARATION ET DE LA COMPOSITION DU PLASMA MUSCULAIRE. Note de MM. J. HÉRICOURT et CHARLES RICHET. Un des points essentiels dans le traitement de la tuberculose expé- rimentale par le suc de viande (zomothérapie), c’est la préparation de ce liquide. Il est évident, en effet, que tout le succès du traitement dépend du mode de préparation. Dans notre communication du 26 février 1900 à l’Académie des SÉANCE DU 9 JUIN 561 sciences, nous avons indiqué un procédé qui consiste à faire macérer 4 kilogramme de viande bien hachée dans 500 grammes d'eau, et à comprimer la masse de manière à en extraire le suc mêlé à l’eau. En procédant ainsi, on extrait environ 750 centimètres cubes de liquide, et ce liquide, ainsi que nous l'avons établi, contient les parties actives de la viande, au point de vue thérapeutique. Mais, si l’on songe aux applications à l'homme de ce traitement, il y à quelque inconvénient à diluer la partie active de la viande dans une aussi grande masse liquide, car dans certains cas le jus de 2 kilo- grammes de viande peut être nécessaire, Ce qui suppose alors 1.500 centimètres cubes de liquide, quantité dont l’ingestion, quelque peu désagréable, n’est pas sans inconvénient. Or il n’est pas besoin d'ajouter de l’eau à la viande pour en extraire le suc ; il suffit de comprimer la viande avec une très forte presse. Avec l’aide de M. Perret, nous avons réalisé cette extraction du jus de viande, en comprimant à 20 kilogrammes par centimètre carré, de la viande coupée en morceaux (la viande hachée ne donne que des quantités beaucoup plus faibles), et nous avons obtenu les quantités suivantes de jus (rapportées à 1 kilogramme de viande) : AUS CN TG AR CRUE) 2: 353 centimètres cubes. ART MM TPE ci Do à RAP à Te € 341 == CEST RER PNR SERRE en À — Soit en moyenne 35 p. 109 de jus (1). Avec des presses plus faibles, la quantité de jus obtenu a été de 20 p. 100 environ. Il semble donc que le meilleur procédé consiste à prendre de la viande coupée en assez gros morceaux et de la soumettre à une forte presse; ou bien de prendre une quantité à peu près double (pour obtenir le même rendement) et de la soumettre à l’action d’une presse à main ordinaire. Ce plasma musculaire ainsi obtenu est un liquide rouge, contenant environ 2 p. 100 de matière colorante rouge, évaluée en hémoglobine. La quantité d'azote total est (par litre) de 16 gr. 8. Sur ces 16 gr. 8 il y à 4 gr. 38 d'azote soluble dans l'alcool chaud, et 12 gr. 20 d'azote insoluble (soit constituant les matières albuminoïdes). On sait que 12 gr. 2 représentent à peu près 73 gr. 20 d’albumine. Il est intéressant de rapprocher ce chiffre de 73 grammes du chiffre de 80 grammes d’albuminoïdes qui se trouvent dans le sérum. Le (4) Si, au lieu de viande ordinaire, on emploie la viande congelée, la quan- tité de jus obtenue par expression s'élève à 47 et quelquefois 50 p. 100. Mais la proportion d'azote est plus faible, soit de 12 gr. 10 au lieu de 16 gr. 80 (par litre), de sorte qu'il ne semble pas y avoir d'intérêt à compliquer la préparation de la viande par une congélation préalable, puisque 12,1 >< 50 égale sensiblement 16,8 X 35 (60,5 dans un cas et 58,8 dans l’autre). 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plasma musculaire a donc sensiblement la même teneur en albumi- noïdes que le plasma sanguin. Un procédé très simple pour obtenir ce plasma musculaire consiste à congeler de la viande, et à recueillir, pendant le dégel, et sans pression, le liquide qui s'écoule; ce liquide représente alors très bien le plasma musculaire. Voici, d’après M. Perret, la composition de ce jus de viande obtenu par dégel : | 4 2 3 4 5 6 Azote total. . . . .. 12,04 19,6 16,7 16,173 14,98 15,40 Azote soluble. . . . . 3,12 4,18 3,18 3,95 4,48 3,96 Azote albuminoïde.. . 8,71 15,26 12,51 12,52 9,59 11,48 Valeur de cet azote en albumine. . . . . . 51,48 100,71 84,06 82,63 63,29 75,16 Ce qui donne la moyenne suivante : AZ TE RTOLa EME RENE 15,19 (en chiffres ronds) : 16 Azote soluble . . . . . 3,91 — 4 Azote albuminoïde. . . 11,85 — nl ANDURUIN EME ANNE 12.20 — 75 Dans le suc additionné d’eau, tel que nous le préparions dans nos premiers essais, la composition était la suivante : 4 2 MOYENNE Azote total CPR Ur 6,44 5,30 5,81 AZ0tESOlUbIe PAU 2,43 1,32 1,88 Azote albuminoïde. . . . 4,01 3,98 4,00 Or 1 kilogramme de viande fournit les quantités suivantes : QUANTITÉ TENEUR EN AZOTE VALEUR TOTALE de liquide. albuminoïde. d'azote insoluble. A. Dégel simple sans pression. 110 12 1,32 B. Forte pression..." 350 4? 4,20 C. Pression faible et addition d'eau #60 pUIDDE EEE 600 4 2,40 Donc le procédé qui convient le mieux pour extraire les albuminoïdes solubles du muscle, c’est de comprimer fortement la viande sans addi- tion d’eau, et sans hacher la viande. Il est presque inutile de faire remarquer que cette faible proportion d'azote (4 gr. par litre) est tout à fait impuissante à élever notablement l'alimentation de viande de l'animal. Puisque 10 grammes par kilo- gramme de poids vif suffisent, ainsi que nous l'avons démontré précé- demment, pour préserver un chien de la tuberculose, cela ne représente, pour un chien de 10 kilogrammes, que le poids de 0 gr. 4 d’azote. Est-ce qu’on peut raisonnablement soutenir que 4 décigrammes d'azote cons- tituent une suralimentation ? SÉANCE DU 9 JUIN DD Et pourtant, jusqu'à présent, l'idée de l'alimentation par la viande crue ne s'est jamais séparée, dans l'opinion des praticiens, de l'idée de la suralimentation. Aussi l'ont-ils employée dans la dyspepsie, les convalescences lentes, l’anémie, etc., bien plus que dans la tubercu- lose, comme en font foi tous les ouvrages classiques, et cela se com- prend sans peine, car jamais un malade n’a pu ingérer 500 grammes de viande crue, chiffre minimum au-dessous duquel la viande crue est inefficace. Si la zomothérapie agit, ce n'est pas par suralimentation ; c’est peut- être en stimulant la nutrition (ce qui n’est pas du tout identique à la stimulation de l'alimentation). C'est plutôt encore, à notre sens, parce qu'elle imprègne les cellules nerveuses, qu’elle préserve d’une intoxi- cation due aux matières toxiques que sécrète le bacille tuberculeux. TOXICITÉ URINAIRE ET ISOTONIE; FACTEUR DE L'URÉE, par M. R. QUINTON. La discussion qui s’est ouverte devant la Société de Biologie, dans sa dernière séance, sur la toxicité urinaire, m'engage à présenter cette Note, qui est une suite directe de celle présentée sous mon nom, ici même, le 11 mars 1899. I — Dans ses travaux classiques, M. Bouchard cherche à déterminer la toxicité urinaire en injectant l'urine brute de l'homme à un animal d'expérience. La notion d’isotonie survient. On se dit : « L’urine et le sérum ne sont pas équimoléculaires. L’injection intra-veineuse d'urine brute détermine donc en premier lieu, dans l'organisme, des accidents d'ordre osmotique. Pour exclure les accidents de cet ordre et rester en présence des seuls accidents d'ordre chimique, il faut ramener l'urine au degré isotonique de l'animal d'expérience ». Les auteurs additionnent alors l’urine d’eau distillée, jusqu'à ce que le mélange congèle au point dé congélation du sérum. Is pensent obtenir ainsi un liquide réellement iso- tonique, et avoir écarté par conséquent les troubles d'ordre osmotique. IL. — Or, l'élément principal de l'urine est l’urée, et l’urée fait excep- tion aux lois physiologiques de l’osmose. Dès 1889 (Botanis. Zeit., n°° 19 et 20), Vries signale la perméabilité de la cellule végétale pour l’urée. La même année, Massart (Arch. de Biol., 1889, t. IX, p. 515), dans ses recherches sur le tonotactisme, où il établit pour un grand nombre de corps en solution que la répulsion qu'ils exercent sur les bactéries est fonction du nombre des molécules dissoutes, constate encore qu'une solution d’urée ne repousse pas au degré de concentration indiqué par le calcul. Grijns (1896, Arch. gesam. Physiol., t. LXIIT, p. 86) va plus loin : + Pc 1e AREVIES 564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE il montre, pour le globule rouge, que dans une solution, il n’y a pas, au point de vue osmotique, à tenir compte de l’urée. 4° Toute solution d’'urée, quelle que soit sa concentration, se comporte vis-à-vis du globule rouge comme l’eau distillée : le globule rouge s’y gonfle, puis s’hématolyse. 2° Si, dans une solution isotonique de chlorure de sodium où sont plongés des globules rouges, on ajoute 10, 11 ou 12 pour 1000 d'urée, l'élévation du nombre des molécules dissoutes reste sans action sur le volume des globules, qui ne subissent pas d’altération. 3° Deux séries de solutions de chlorure de sodium, à divers titres, étant effectuées, l’une dans l’eau distillée, l’autre dans une solution d’urée, l'hématolyse se produit dans les deux séries, pour le même titre de chlorure. Grijns attribue ces résultats au fait que l’urée pénètre libre- ment la cellule, pénétration qu'il démontre. Hedin (1897, Arch. gesam. Physiol., t. LXVIIT, p. 229), dans une étude très étendue, confirme, d’une façon presque complète, le travail de Grijns. Ainsi, l’'urée, dans une solution, se comporte vis-à-vis du globule rouge, au point de vue osmotique, comme si elle n’y existait pas. Mais sa présence dans une solution augmente notablement le point de congé- lation de celle-ci; la solution d’'urée à 10 p. 1000 congèle au chiffre élevé de — 0°286 (Raoult, Comptes rendus, 1882, t. XIVC, p. 1517). Soit donc, par exemple, une urine d'homme, congelant à 1018, et renfer- mant 20 grammes d’urée par litre. Pour la ramener au point de congélation du sérum du lapin, c'est-à-dire à ce que les auteurs pensent être l’isotonie, il faut l’additionner à peu près d’une fois son poids d’eau. Le mélange con- gèle alors à 0059. Mais il contient environ 10 grammes d’urée par litre, c’est- à-dire une quantité d’urée qui, à elle seule, compte pour 0°28 dans l’abaisse- ment du point de congélation. Au point de vue de l’hématolyse, le chiffre cryoscopique qui mesure réellement la tension osmotique du mélange, n'est donc pas 0059, mais 0°59 diminué de 0°28, c’est-à-dire 0°31. Le mélange qu'on injecterait dans ces conditions, après avoir ramené l'urine au point de con- gélation du sérum, serait donc hématolysant, loin d’être isotonique. Ainsi, premier point : en ramenant leur urine d'injection au point de congélation du sérum, les auteurs croyaient éliminer de leurs expé- riences les troubles d'ordre osmotique. Ces troubles subsistent. Bien mieux, ils peuvent être aggravés. L'urine précédente, par exemple, prise comme type, et que les auteurs diluaient à égalité, devait être injectée presque brute, au contraire, pour être injeclée isotonique- ment à l'hématie. Sa teneur supposée de 20 grammes en urée contri- buait en effet à abaisser son point de congélation de 0°57 (0°286 X 2 — 0°572). Le chiffre cryoscopique qui mesurait sa tension osmotique vis-à-vis du globule rouge, était donc au plus de O°61 (1218 — 0°57 — 0°61), c'est-à-dire le point de congélation même du sérum du lapin, à 2 centièmes près. Ainsi, second point : non seulement le fait de ramener l'urine au point de congélation du sérüum, n'élimine pas de l'expérience les SÉANCE DU 9 JUIN 565 troubles d'ordre osmotique, il peut les aggraver. — Dans les nom- breuses injections intra-veineuses d’urines ramenées à l'isotonie, que j'ai personnellement pratiquées (1897-1898), sans tenir compte de ce facteur de l'urée (on trouvera la relation de ces expériences dans un ouvrage prochain : l'Eau de mer, milieu organique), j'ai fréquemment observé l'hématurie. IT. — Cette aggravation possible de l'injection, après réduction à l'isotonie, explique peut-être les résultats quelque peu surprenants des auteurs. MM. Lesné (1899, Z'hèse, Paris), Bernard (1900, Revue de méde- cine, p. 176), Hallion et Carrion (1900, Société de Biologie, p. 521), observent tous, pour l'urine ramenée à ce qu’ils pensaient être l’iso- tonie, une toxicité souvent plus forte que pour l’urine brute. Cet excès de toxicité, contraire à toute prévision, ne proviendrait-il pas juste- ment d'une toxicité osmotique, hématolysante, ajoutée à la toxicité primordiale de l'urine, dans l'opération: même qui avait pour but d'éli- miner la toxicité osmotique ? IV. — On voit l'importance que peut avoir ce facteur de l’urée, au point de vue de l’osmose, dans le problème de la toxicité urinaire. Le rôle qu’il joue dans certains plasmas normaux ou pathologiques (plasma normal du Sélacien, plasma de l’urémique) n’est pas moindre. Nous l’in- diquions déjà le 414 mars 1899 (Soc. de Biol., p.199). Nous y reviendrons. ÉTUDE DE LA DIURÈSE PRODUITE PAR LES INJECTIONS INTRAVEINEUSES DE SOLUTIONS HYPERTONIQUES, par M. BALTHAZARD. MM. Hédon et Arrous ont accompagné les très intéressantes recherches sur le pouvoir diurétique des sucres, qu'ils ont communiquées à la Société le 11 novembre 1899, des réflexions suivantes : « L'absence certaine de tout accident après injection intraveineuse de doses modérées (5-10 grammes par kilogramme) de glycose, saccharose, lac- tose, en solution à 25 p. 100, nous a enhardis à pratiquer de telles injections chez l'homme, dans le but de provoquer une diurèse intense et immédiate. Les résultats en ont été entièrement satisfaisants, et il n’est pas douteux pour nous que:ces injections intravasculaires de sucres ne soient appelées à rendre de grands services dans certains cas. » C’est pour préciser les indications de ces injections que j'ai entrepris les expériences que je rapporte aujourd'hui. Dès 1896, MM. Charrin et Desgrez ont étudié les effets des injections sous- cutanées ou intraveineuses de doses faibles d’un sérum artificiel hypertonique. Ils ont trouvé que l'injection de doses très faibles, 1/5 de centimètre cube par 566 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE kilogr., amène une légère élévation du taux de l’urée avec une augmentation du poids des animaux; au contraire, en injectant des doses plus fortes, 8 à 12 centimètres cubes par kilogr. le taux de l’urée est souvent abaiïssé. J'ai repris la même étude en utilisant les solutions et les doses qui d'après MM. Hédon et Arrous fournissent la diurèse maxima, à savoir, pour le glucose, l'injection intra-veineuse de 40 centimètres cubes par kilogramme de la solution à 25 p. 100. La cryoscopie permet d'apprécier rapidement la concentration molé- culaire de l'urine sécrétée, et le nombre de molécules que renferme cette urine. À, point de congélation de l'urine est proportionnel au nombre de molécules, autres que l’eau, contenues dans un volume déter- miné d'urine, et on admet que A exprimé en centièmes de degré repré- sente le nombre de molécules dissoutes dans un c. c. d'urine. V étant le volume d'urine émise dans un temps donné, AV représentera le nombre de molécules sécrétées par le rein pendant ce temps. La diurèse provoquée par l'injection intraveineuse chez le lapin de 40 centimètres cubes par kilogramme de la solution de glucose à 25 p. 100, dure environ deux heures. L'urine émise pendant ce temps est pâle et sa concentration moléculaire est faible. L’urine du lapin con- gèle habituellement de 4°50 à 2°50, l’urine émise après les injeclions hypertoniques de glucose a un point de congélation voisin de 0°80. Le tableau suivant donne les valeurs de À, de V et de AV, le jour de l'injection et les jours voisins, pour deux expériences : Ù NaCl VOLUME D'URINE DA des 24 heures. À AV 2% DER 8 fév. MM A55 1,30 20000 0843 Lapin de 2k040. | 9 fév. jour de l'injection. 230 1,06 24800 0 64 10 fév. 110 1,76 19400 0 30 1 fév. jour de l'injection. 240 0,835 20000 0 75 8 fév. 125 1,13 14100 0 14 : =. ; apple PNA di 0 fans 145 41,49 11300 | 0 23 10 fév. 120 1,21 14500 0 34 La valeur de AV, diurèse moléculaire, a augmenté chez ces deux lapins le jour de l'injection. Mais si l’on envisage la diurèse utile pour l'organisme, il faut déduire de AV les molécules de glucose excrétées par le rein. Or, le premier lapin a excrété le jour de l’injection 7 gr. 78 de glucose, qui, d’après la convention donnée ci-dessus, comptent dans AV pour 7.250 molécules. Le second lapin a éliminé 7 gr. 11 de glucose qui comptent pour 6.630 molécules. Pour ces deux lapins les valeurs de AV rectifiées deviennent le jour de l'injec- tion 17.550 et 13.400 au lieu de 24.800 et 20.000, et ces nombres montrent que la diurèse moléculaire utile a été moindre le jour de l'injection que les jours voisins. Expériences en injectant le même volume par kilog. de la solution de chlo- SÉANCE DU 9 JUIN 567 rure de sodium à 5 p. 100 (cette solution est isotonique à la solution de glucose à 25 p. 100 et a sensiblement le même pouvoir diurétique) : VOLUME NaCl URÉE AZOTE DATE d'urine À AV des des des des 24 h. 24 h. 2%h. 24 h. L 42 février, injection. 195 1,34 26100 2886 » » Lapin de 1k560 . : LAS à 5 1 50 2,44 42200 0 29 s 5 3 avril, injection. SO2S A SON ADD 00 ONE SE 091: Lapin de 2k080. à 4 — 120 1,86 22300 063 318 167 goes 230 1,10. 23300 064 311 ; 16 avril, injection. 130 0.66 48200 489 298 1 49 k ? n Lapin de 3*050. . in Bt OT 21800%0.0 88 34, de Les valeurs de AV sont beaucoup plus grandes le jour de l'injection que les jours suivants. Mais si l’on déduit de ces nombres les molécules de chlorure de sodium, les différences sont en général en sens inverse : pour le premier lapin on trouve 8.650 molécules achlorées le jour de l'injection, 10.400 le len- demain; le second 11.000 le jour de l'injection, 18.500, 21.400 les jours sui- vants; le troisième 18.300 le jour de l'injection, 16.000 le lendemain. Les quan- tités d’urée et d’Az total excrétés dans les vingt-quatre heures ont été moindres le jour de l'injection que les jours suivants. _En résumé, les injections intravasculaires des solutions de glucose à 25 p. 100 et de sel marin à 5 p. 100 à la dose de 40 centimètres cubes par kilog. ont pour effet de soustraire à l'organisme un volume d’eau consi- dérable. Sans parler de l’action nuisible que de semblables injections exercent sur les globules rouges, elles ont sur la dépuration urinaire une action défavorable, et il ne semble pas que leur emploi en thérapeu- tique soit jusqu à présent justifié. En injectant les mêmes solutions dans le tissu cellulaire sous-cutané, j'ai déterminé des diurèses plus durables, aussi intenses, sans exercer d'action nocive sur les globules rouges et sans entraver la dépuration urinaire. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard). M. Hazuion. — Les faits que vient de signaler M. Balthazard ne sont pas spéciaux aux injections des liquides hypertoniques. Si l’on injecte dans le sang des solutions de NaCI dont le titre varie entre 6 à 9 pour 1.000, on constate, comme nous l'avons montré il y a trois ans (Soc. de Biologie, 5 décembre 1896), que tandis que la diurèse bat son plein, la vitesse d'élimination des substances dissoutes de l'urine, abstraction faite du NaCI, subit une diminution globale des plus nettes. Le lende- main de l'injection, cette vitesse dépasse légèrement la normale, comme si, un certain temps après l'injection, l'organisme se débarras- sait d’un excédent de matières excrémentitielles dont l'injection et la diurèse consécutive ont retardé l'élimination loin de la favoriser. « Le 568 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chlorure de sodium, disions-nous, s’est substilué dans l'urine aux autres matériaux, il ne les a pas entraînés. » Les solutions hypertoniques, c’est-à-dire plus riches en NaCl, pro- duisent le même phénomène, à un degré encore plus marqué, comme nous l’ont montré des expériences inédites dont nous avons, je crois, fait une simple mention. Ce sont ces expériences qui nous portent à penser que la diurèse constatée chez le lapin soumis aux injections d'urine ne comporte pas probablement une élimination importante des poisons introduits, et ne doit guère entrer en ligne de compte dans l'appréciation de la toxicité urinaire. REPRÉSENTATION DU TRAVAIL STATIQUE ET DU TRAVAIL DYNAMIQUE DU MUSCLE. (Expérience de cours). par M. E. Casrex (de Rennes). Quoique la notion de travail statique et de travail dynamique du muscle soit facile à saisir, il peut paraître bon de la rendre plus acces- sible par une expérience. En voici une, facile à monter. Sur l’axe d’une petite dynamo on fixe une poulie en bois, en forme de spirale (fig. 4). Au point de la gorge de la poulie le plus rapproché de l’axe est fixée une cordelette qui soutient un poids. Si on lance dans la dynamo un courant d’une intensité convenable, fai- lette s’enroule sur la poulie : le moteur soulève le poids et produit du travail dynamique positif. Mais le bras de levier du poids augmente jusqu’à l'instant où le moment du poids par rapport à l’axe est égal au moment de l’induit : le mo- teur s'arrête alors, maintient le poids à une hauteur fixe et produit du travail statique, toute l'énergie électrique se transformant en chaleur. Enfin si on diminue l'intensité du courant, le poids redescend, le mo- teur produit du travail dynamique négatif. Le Gérant : OcTAvE PoRÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. sant tourner la poulie dans le sens de la flèche, la corde- nt ST L 569 SÉANCE DU 16 JUIN 1900 Rapnarz Dupotrs : Sur le mécanisme de la biophotogénèse.— M.J.-V. Laporne : For- mule du potage de viande crue. — M. J.-V. LABORDE : Le traitement médical de choix de la tuberculose combiné avec le régime carné. — M. Louis LÉGER : Sur le genre Eimeria. — M. Louis LéGer : Le genre Eimeria et la classification des Coccidies. — M. G. Weiss : Le cylindre-axe, pendant la dégénération des nerfs sec- tionnés. — M. G. Weiss : Sur la régénération des nerfs écrasés en un point. — M. Gustave Loisez : Incubation d'œufs de poule retirés de leur coquille. — MM. Jures Couruont et V. Monxracarp : La leucocytose dans la variole. — MM. Cearrix et GUILLEMONAT : Influence des extraits d'ovaires sur les modifications de la nutrition engendrées par la grossesse. — M. A. CHARRIN : Réalité de la toxi- cite urinaire et de l’auto-intoxication. — M. H. Porrevix : Sur la présence des dias- tases digestives dans le méconium. — M. Nesror Gréanr : Nouvelles recherches physiologiques sur les mélanges explosifs de grisou et de formène. — MM. BicLarp et CavaLté : Sur l'influence de la densité de la bile vésiculaire sur l’excrétion par le canal cholédoque. — M. CuarLes DHÉéRé : Sur l'élimination du fer par Le suc gas- trique. — MM. J.-E. Agecocs et J. CLuzEr : Sur quelques conditions pouvant modi- fier les réactions électriques des nerfs de la grenouille. Présidence de M. Troisier, vice-président. SUR LE MÉCANISME DE LA BIOPHOTOGÉNÈSE, par M. RapHaEz DuBois. (Communication faite dans la séance précédente.) Dans un très intéressant et très savant article de M. Henri de Varigny, paru récemment, je relève le passage suivant relatif à la production de la lumière par les êtres vivants : « Nous en sommes encore aux hypo- thèses. Celle de M. Raphaël Dubois, c'est que, de façon générale, il y a réaction entre deux substances : la luciférase qui serait un ferment soluble ou du moins posséderait bon nombre des propriétés des zymases et la luciférine. Cette dernière serait une substance chimique; la pre- mière serait une substance vivante, une malière protéique instable. La réaction, toutefois, ne se ferait que dans certaines condilions : la pré- sence de l’eau et de l'oxygène notammentserait indispensable. « Mais, je le répète, ce mécanisme peut encore se discuter... » Je suis, à mon grand regret, obligé de protester contre le mot « hy- pothèse » dont s’est servi M. Henri de Varigny, car je n’ai apporté dans B1oLocre, COMPTES RENDUS, — 1900, T, LIT, 44 570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'explication que j'ai donnée du mécanisme de la production de la lumière par les êtres vivants que des faits précis, d'ordre expéri- mental, que tout le monde pourra reproduire en se conformant exac- tement au déterminisme indiqué (1). J'extrais des appareils photogènes d'animaux lumineux deux subs- tances : l’une s’appelle luciférase et l’autre luciférine : mises isolément en contact avec de l’eau et de l'oxygène, ces substances ne brillent pas, mais vient-on à mélanger les deux solutions dans de l’eau aérée, la lumière naît aussitôt. Je tire de nombreuses expériences et observations indiquées dans mes lecons sur la photogénèse (/oc. cit.) la conclusion suivante : En dernière analyse, nous établissons expérimentalement que la lumière des êtres vivants est produite par le conflit d’une substance protéique, instable, possédant en grande partie les propriétés géné- rales des zymases, la luciférase, avec un produit chimique, la lucifé- rine, de l'oxygène et de l’eau. Il n'y à là aucune « hypothèse », mais simplement la constatation de faits expérimentaux. L'expérience, qui consiste à produire de la lumière en mélangeant deux substances extraites d'animaux lumineux, à été répétée devant de nombreux témoins, et en particulier devant M. le professeur Delage, au labora- toire maritime de Roscoff, et je suis surpris qu'un savant, comme est M. Henri de Varigny, se soit servi, en cette circonstance, d’une expression dont il connaît la valeur et qui ne saurait s'appliquer aux expériences précises dont j'ai donné la description, elle est de nature à diminuer la portée de résultats qui m'ont coûté beaucoup d'efforts et je ne saurais accepter d’avoir abouti à une simple « hypo- thèse ». FORMULE DU POTAGE DE VIANDE CRUE (2), par M. J.-V. LABORDE. Prenez une tranche, suffisamment épaisse, de forme oblongue, de viande. bœuf ou mouton; le romsteack constitue, en ce cas, le morceau de choix); la tranche reposant sur le bord d’un plat, d’une assiette, d’une table ou du billot de cuisine à dépecer, et tenue, par un bout, de la main garnie d’un linge, dans une direction légèrement oblique, racler, à l’aide d’un couteau bien affilé, la surface du morceau, de facon à en détacher des particules très ténues, dont on forme, au fur et à mesure du raclage, un tas au fond d’une assiette creuse, où mieux (1) Voir XXII lecon, in Lecons de physiologie générale et compurée, 1898, chez Carré et Naud, éditeurs, Paris. (2) Voir le précédent Compte rendu (n° 21), p. 557. SÉANCE DU 16 JUIN DUAL . d’un bol, en quautité voulue, de 60 à 120, ou 150 grammes au plus, pour un. potage. Cela fait, délayer peu à peu la viande dans un bouillon ordinaire préparé: d'avance, et le meilleur possible ; mais — c’est ici la précaution capitale, et comme on dit vulgairement, le {rue du procédé — le bouillon servant à mouiller et à délayer la viande crue raclée (1) doit être From ; l’on obtient, de la sorte, une véritable purée de viande, absolument homogène, sans coagulum et sans gru- meaux (surtout si on a eu le soin, auquel il ne faut pas manquer, au cours du raclage, d’élaguer les fibres et les lambeaux tendineux ou nerveux); condition excellente et nécessaire d’abord pour conserver à la viande sa crudité complète, et ensuile pour ne pas dégoüter le malade. Enfin, — dernier temps de la préparation — sur cette purée, cette crème de viande, verser peu à peu, et en tournant avec la cuiller (précisément comme pour la confection d’une véritable crème) du bouillon, suffisamment chaud cette fois, pour réchauffer le contenu de l'assiette ou du bol, mais non pour le cuire, füt-ce au moindre degré. On peut remplacer, dans le but de corser un peu plus la préparation, le bouil- lou simple additionnel, par du potage très léger au tapioca; et l’on peut aussi, dans le but d'augmenter, au besoin, la ration alimentaire, ajouter à la viande raclée un, ou, au besoin, deux jaunes d'œuf, lesquels ont, de plus, la propriété et l'avantage d'opérer une liaison, une cohésion plus complètes du magma. Il est facile enfin, de relever, par un supplément d’assaisonnement (sel, poivré, épices) ajouté à la viande raclée, le goût de la préparation. Ainsi confectionné, avec la fidèle observance des détails qui viennent d’être soigneusement indiqués, le potage de viande crue est d’un goût très agréable; il ne provoque aucune répugnance, notamment celle qui s'attache, préventi- vement, à l'usage de la viande à l’état cru; et nous l’avons vu obtenir, dans des repas servis dans un tout autre but qu'un but thérapeutique, à titre d'essai accidentel, sans avertissement préalable, un succès et une préférence des mieux accusés. . : Ce succès, non seulement au point de vue organoleptique, lequel est loin d'être indifférent dans le cas dont il s’agit, mais aussi et surtout relativement aux résultats les plus favorables d’une alimentation appropriée, ce succès s’est affirmé — il m'est permis d'en témoigner personnellement — de la facon la plus remarquable dans les conditions pathologiques les plus extrêmes, res- sortissant au fonctionnement des organes digestifs : états fonctionnels et orga- niques de l’estomac, de l'intestin... et de leurs annexes ; maladies consomp- tives de la nutrition, etc. À ce dernier titre, la {uberculose se réclame impérieusement de ce moyen, surtout en qualité de prophylactique ou de générateur préjudiciel de la force et de la résistance organiques; et aussi comme adjuvant précieux du traitement hygiénique et médical, ce dont je pourrais citer d'éclatants exemples, que j'ai 1. Le raclage a l'avantage de ne rien perdre de la viande, tont en obtenant sa division la plus intime, alors que la râpe ou la hachette lui enlèvent une partie de son jus, l'élément essentiel. nn Me 572 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE actuellernent sous les yeux, depuis plusieurs années, et qui sont vraiment de nature à inspirer une confiance presque inespérée dans le traitement bien entendu, c'est-à-dire rationnalisé, de la bacillose. LE TRAITEMENT MÉDICAL DE CHOIX DE LA TUBERCULOSE COMBINÉ AVEC LE RÉGIME CARNÉ, par M. J.-V. LABORDE. Je viens compléter, selon ma promesse, ma première communication (Comptes rendus, n° 21, p. 557), à propos du traitement médical propre- ment dit de la tuberculose. Je me bornerai, à cet égard, et pour rester dans la limite restreinte et bien définie des cas cliniques dont il s’agit; je me bornerai, dis-je, à la démonstration suivante : Quelle que soit, en principe, l'efficacité du traitement prophylactique de la maladie bacillaire, notamment et en particulier du traitement par la viande crue, il ne saurait suffire — chez l’homme (1) — dans les con- ditions d’entrée, plus ou moins avancée de la maladie, dans la période d'état; c'est-à-dire de développement et d’envahissement caractérisés du bacille pathogène; et des lésions localisées qu'il détermine, en particu- lier du côté des organes respiratoires. Il est nécessaire, alors, il est indispensable, pour opposer, à ce déve- loppement et à cet envahissement, une barrière qui sauve l'organisme atteint, des conséquences plus ou moins prochaines d’un progrès fatal, ou qui, tout au moins, en retarde la marche; il est nécessaire, dis-je, d’adjoindre au traitement hygiénique et alimentaire, le traitement médical proprement dit, le mieux approprié par l’activité de la substance médicamenteuse et par le procédé d'administration du médicament. Ainsi posée, la question comporte, en conséquence, les deux points essentiels suivants : 4° Le choix du médicament; 2 La forme et le procédé de son administration les meilleurs; c’est- à-dire les succès appropriés à son activité et à son efficacité. (4) Je dis : « chez l’homme », parce qu’il semble, d’après les résultats expé- rimentaux observés, notamment par MM. Richet et Héricourt, que les choses, à cet égard, ne se passent pas exactement de même chez le chien, en puissance de tuberculose inoculée : celui-ci, en effet, paraît être justiciable de l’applica- tion exclusive du régime carné; ce qui tient très probablement aux différences de capacité et d'activité digestives que ne possède plus — au contraire — le tuberculeux humain, surtout à la période à laquelle nous le considérons ici. SÉANCE DU 16 JUIN 513 I. — Le choix rationnel du médicament est subordonné à son action plus ou moins destructive du bacille pathogène ; autrement dit à son action micro- bicide. Sans entrer, à ce sujet, dans des détails historiques, et d'examen comparatif, que ne saurait comporter cette communication sommaire, je dirai, m'y croyant pleinement aulorisé par nos connaissances actuelles puisées {tant dans l’étude expérimentale que clinique. que les préparations à base de créosote, et plus particulièrement, et de préférence, à base de gaïacol — chimiquement pur — répondent le mieux, d'après mon expérience personnelle, aux indications dont il s’agit; à la condition de les employer et de les manier sous une forme, et avec un procédé que je considère comme étant, à tous égards, les mieux appropriés à la situation du malade, et les plus favorables à un résultat rapide et positif. En principe, l'administration médicamenteuse par la voie stomacale aux phtisiques, surtout à ceux qui sont déjà parvenus à la période d'état et plus ou moins avancée de la maladie, est mal tolérée, étant formellement contre- indiquée par l’état dyspeptique constant, inséparable de cette période : il convient, alors, et il importe de réserver, pour ainsi dire, ce qui reste d’acti- vité digestive pour le régime à la fois alimentaire et médicamenteux, sur lequel j'ai précédemment insisté, le régime systématisé de viande crue, auquel il pourra être bon d'associer le régime lacté. IT. — Le procédé d'administration de choix, dans ces conditions bien déter- minées, c'est l'injection hypodermique : elle réalise le moyen, à la fois le plus rapide et le plus efficace, lorsque la substance médicamenteuse qui en fait la base s'adresse directement au germe pathogène; et elle a de plus l'avantage de ne pas faire intervenir et mettre en jeu le travail fonctionnel, déjà si com- promis, de l’estomac. La formule, à laquelle j'ai cru devoir donner la préférence, d'après les résultats acquis et pleinement justificatifs, et pour la constitution mixte de laquelle j'ai suivi les errements posés par un de mes anciens élèves du labo- ratoire, le Dr Pignol, et par mon collègue et ami, le Dr Capitan, qui possède en cette matière, une compétence et une expérience des plus complètes, cette formule mixte est la suivante : ÉOTACOIETENENLE Di TE ENT OP STAAMESE PCA PAPA TEE, PAU REA NER" EEE) = SUITE dÉSDUTIPUMEMP AN VEELIEMEE Q au Huile d'amandes douces. . . . . . . . Q. S. p. 200 cc. (1). Il est inutile, croyons-nous, d'expliquer et d'interpréter — après les prolé- gomènes qui précèdent — le choix et l'admission rationalisés des diverses substances qui interviennent dans cette formule mixte ; je me contenterai de remarquer, à ce propos, que l'addition de la spartéine qui, au premier abord, pourrait paraître disparate, y joue un rôle important, que les résultats pra- (4) L'huile n’a pas besoin d’être stérilisée, étant données les substances actives qui entrent dans la formule; et il est bon, d'ailleurs, d'éviter cette opé- ration, à cause de la saponification qu'elle peut entrainer, DIAR SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tiques justifient, comme soutien du cœur, dans les effets immédiats de tolé- rance de l'injection. Celle-ci, pratiquée selon les meilleures règles techniques el d’asepsie locale (asepsie pour laquelle nous conseillons expressément la friction cutanée avec l’éther, avant et après l'injection), devra, dès le début, et pour préparer la tolérance, être faite à la dose modérée de un demi-centi- mètre cube, soit une demi-seriogue de Pravaz ordinaire, le malade élant couché. L'on augmentera ensuite, progressivement, jusqu'aux doses maxima de cing à sept centimètres cubes, sauf à diminuer au moindre signe d’intolé- rance. En général, je puis l’affirmer, cette injection est parfaitement sup- portée ; le malade s'y habitue rapidement, et elle peut, après les premières réalisations par le médecin, être pratiquée par une personne de l'entourage du malade, mise au courant de la technique. Comme cette injection est, d'ordinaire, en ces cas, destinée à être souvent et plus ou moins longtemps renouvelée, il importe de bien choisir, en les ménageant le plus possible, dans le renouvellement des piqüres, les lieux d'élection : régions scapulaire, deltoïdienne, fessière, etc. La rapidité des effets physiologiques de l'injection est remarquable, et curieuse à constater : ils se révèlent, en quelque minutes, deux, trois cinq au plus, immédiatement à la suite de la poussée du liquide sous la peau, par le goùt et l'odeur caracté- ristiques des substances absorbées, particulièrement de l’eucalyptol. Cette rapidité d'absorption, et par suite, de passage dans les régions organiques qui sont le siège privilégié du bacille tuberculeux et des lésions qu’il engendre, notamment et principalement les organes respiratoires, fait pressentir facile- ment les effets de ce contact intime, et souvent répété, avec la cause patho- gène, et l’action atténuatrice ou destructive plus ou moins immédiate qui en résulte. Et ainsi s'expliquent les résultats, j'ose dire des plus remarquables, que l’on obtient, à l’aide de ce traitement rationalisé, dans les cas même les plus désespérés par les apparences symptomatiques. Dans l’un de ces cas, que je tiens à signaler, particulièrement. parce qu'il est plus remarquable encore que les autres, et qu'il a nécessité une addition occasionnelle au traitement fondamental, la situation de la malade (il s’agit d'une femme occupée aux travaux des champs et du fermage) tirait une gravité exceptionnelle de l'existence d’une DEMPNSE “oHdroyente qui mettait le sujet en imminence de mort. | Le danger immédiat fut conjuré par deux injections successives, à deux heures environ d'intervalle, de ua centimètre cube d’ergotine (Yvon), alter- nées avec une injection d’éther (1). Puis fut institué, chez cette malade, le traitement par les injections réali- sées par la formule mixte précédente, et combinées avec le régime carné et lacté : les résultats en sont tels, que cette malade a repris et continue, depuis tantôt quatre années, ses occupations habituelles, avec des imprudences dont nos recommandations constantes ne peuvent arriver à triompher, en raison surtout de sa conviction que le traitement, dont elle a éprouvé les effets, (1) J'ai même introduit, selon les indications, à titre préventif, l'ergotine dans la formule des injections. OC SÉANCE DU 16 JUIN 57 et qu'elle n’a jamais complètement interrompu, est pour elle, un préservatif assuré, même contre les imprudences. — Je u'insiste pas : ce que je viens de dire et d'exposer suffira, je l'espère, pour montrer — ce que j'ai voulu faire ici uniquement — en apportant mon humble contribution personnelle à l’obsédante question de la tuberculose ; pour montrer, dis-je, que, grâce à la solidarisation des résultats expérimentaux et cliniques, qui constituent le véritable objec- üf, c'est-à-dire l'objectif utilitaire, de la recherche scientifique et de ses applications, nous sommes loin d’être désarmés: et qu'il suffit, pour lutter efficacement contre la maladie confirmée, d'une systématisation appropriée au traitement médical, à laquelle doivent s’adonner tous les efforts compétents et toutes les bonnes volontés. SUR LE GENRE EIMERIA, par M. Louis LÉGER. La démonstration de l'hypothèse de Pfeiffer concernant le cycle évo- lutif des Coccidies, faite par un ensemble d’observations précises dans ces dernières années, a amené la plupart des auteurs à considérer le genre £imeria comme représentant seulement une phase évolutive (phase de multiplication endogène), commune à presque toutes les Coccidies actuellement connues. En raison de ce fait, dans la classification des Coccidies que j'ai pro- posée et qui a été adoptée par les auteurs récents, j'ai cru devoir supprimer le genre £'imeria et les genres similaires (Pfeifferia, ete.,) qui ont été reconnus comme représentant le cycle endogène de Coccidies à kyste durable vivant concurremment dans le même hôte. Cependant, parmi les nombreuses formesévolutives de Coccidies quiont étéautrefoisrangées dans le genre Zimeria, il en estune sur laquelle j'avais d’ailleurs, dès 1898, attiré l'attention en raison de ce qu’elle se montre parfois sous forme de kystes, pourvus d’une paroi épaisse et résistante, contrairement à ce qui s'observe chez toutes les autres formes eimé- riennes connues. Il s'agit de l’£imeria nova Schn. découverte par A. Schneider dans les tubes de Malpighi des Glomeris, et qui a été observée par cet auteur sous forme de kystes sphériques protégés par une double enveloppe. En même temps, Schneider décrivait dans l'intestin du même hôte, une autre Coccidie à kyste durable disporocysté, le Cyclospora qlomericola, (4) L. Léger. Essai sur la classification des Coccidies, Bull. du Muséum de Marseille ; janvier 1898, 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Schn. ce qui m'avait fait admettre l'hypothèse que l£imeria nova pouvait être la forme endogène de Cyclospora. Or, l'observation de formes coccidiennes habitant les tubes de Mal- pighi de Glomeris quitatus Risso, de Provence, ne me permet plus d'adopter cette manière de voir. Je n'ai jamais observé, en effet, de Cyclospora dans l'intestin de ces Myriapodes, tandis que les tubes de Malpighi se montrent au contraire constamment infestés par des Zimeria. Parmi celles-ci, les unes sont petites, sphériques et sans paroi distincte à tous les états de leur développement; les aulres plus grosses, également sphériques présentent une double paroi etont toute l'apparence de kystes durables. Dans le but de vérifier l'hypothèse d’après laquelle ces der- nières formes seraient les ookystes terminant l’évolution du parasite, j'ai conservé en captivité des Glomeris en examinant les excréments de temps en temps. Je n’ai pas tardé à y découvrir ces kystes résistants en parfait état de maturité. Ils renferment alors à leur intérieur une trentaine de gros sporozoïtes nus, disposés en gerbe autour d'un reliquat minime. L'examen de ces kystes à l'intérieur des tubes malpighiens m'a, en outre, montré qu'ils diffèrent, dès le début, des formes eimériennes en- dogènes qui se multiplient dans l’épithélium et qu'ils résultent d’un processus sexué. Recueillis directement dans les tubes de Malpighi après la fécondation, c'est-à-dire lorsque la double paroi est formée et mis en culture en chambre humide, ils achèvent leur développement etmontrent au bout d'une quinzaine de jours, les sporozoïtes nus nombreux, à leur intérieur. Les recherches faites dans mon laboratoire, feront connaître très pro- chainement l’évolution de cette Coccidie; mais, dès maintenant, nous sommes en droit d'admettre l'existence de Coccidies à ookystes poly- zoïques asporocystés, représentées actuellement par une seule espèce, l’£'imeria nova Schneider. LE GENRE ÉIMERIA ET LA CLASSIFICATION DES COCCIDIES, par M. Louis LÉGER. L'existence de l’£imeria nova Schn., en tant que Coccidie autonome, caractérisée par un ookyste à l’intérieur duquel les sporozoïtes nombreux sont nus, au lieu d’être renfermés dans des sporocystes comme chez toutes les autres Coccidies nécessite une modification dans la classifi- cation de ces Sporozoaires. On ne peut évidemment considérer l'£imeria comme une Coccidie monosporocystée. Ses ookystes mûrs montrent une double paroi et renferment des sporczoïtes comme ceux de toute Coccidie, mais SÉANCE DU 16 JUIN 511 l'élément qui fait défaut est le sporocyste. C’est donc une Coccidie asporocystée ; c’est une forme voisine des Barroussia et des Adelea, dont les sporozoïtes sont nus au lieu d’être protégés par des sporocystes. Le fait que les sporocystes peuvent manquer chez certaines espèces et représentent seulement un appareil protecteur secondaire pour les sporozoïtes, montre qu'il n’est pas rationnel de baser une classification des Coccidies sur leur nombre, car on est ainsi amené à séparer complè- tement les Æimeria des Barroussia et des Adelea, genres à ookystes polyzoïques que je considère comme très voisins. Au contraire, les sporozoites représentent l'élément essentiel &e l’ookyste, et leur nombre est constant lorsqu'il ne dépasse pas huit. Cette particularité me semble devoir être justement invoquée comme base de la classification, et je propose de diviser les Coccidies en trois tribus : À. Les Coccidies à ookyste polyzoïque; 2. Les Coccidies à ookyste octozoïque; C. Les Coccidies à ookyste tétrazoïque; d'après le nombre total des sporo- zoïtes qui se forment dans l’ookyste, abstraction faite de leur répartition en sporocysles. Les caractères de ces derniers seront alors utilisés pour établir les subdivisions. Ainsi, A. Les Coccidies à ookyste polyzoïque (n sporocystes) se subdivisent en Asporocystées (genre unique Æimeria), et Polysporo- cystées, ces derniers comprenant des formes à sporocystes monozoïques (Barroussia), dizoïques (Adelea), trizoïques (Benedenia), tétrazoïques (Ælossia). B. Les Coccidies à ookyste octozoïque se subdivisent en Disporocystées chez lesquelles les 8 sporozoïtes de l’ookyste sont répartis en deux sporocystes tétrazoïques (Diplospora) et en Tétrasporocystées, où les 8 sporozoïtes sont répartis en 4 sporocystes dizoïques (Coccidium). C. Enfin les Coccidies à ookyste tétrazoïque ne comprennent actuel- lement que le seul genre Cyclospora, Coccidie disporocystée puisque les 4 sporozoïtes de l’ookyste ‘sont répartis en deux sporocystes dizoïques. Un semblable système pourrait également servir de base à une classification générale de Grégarines chez lesquelles on observe des formes à spores polyzoïques (Porospora), octozoïques (la plupart des Grégarines) et tétrazoïques (Selenidium), d'après Caullery et Mesnil. LE CYLINDRE-AXE, PENDANT LA DÉGÉNÉRATION DES NERFS SECTIONNÉS, par M. G. Werss. J'ai dit, dans une précédente communication, que le cylindre-axe était composé d'une parlie homogène transparente ne prenant pas les couleurs, et d'une partie chromophile se colorant en particulier admira- ru ns ROSES PTE OTT., Me s = 3 : « "aa a VERS CR Th = A re É n ss" Er nee Al. ri re: à 7 ER LE PR PT One OST AE En mr VA Eee et ls NE OR NET 4/2 578 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE blement par le bleu de Unna après action de l'acide osmique. Cette partie chromophile forme un réseau très ténu n'occupant qu'un volume minime du cylindre-axe. Sur mes premières préparations, ce réseau était si délicat, aussi bien sur des coupes en long que sur des coupes en travers, que son existence était discutable, et qu'il y avait lieu de se demander si l’on avait réellement affaire à un réseau ou à des fibres flexueuses entrecroisées. De nouvelles recherches m'ont permis de faire des préparations dont voici les dessins et qui me semblent absolument démonstratives : Ces préparations proviennent d'un sciatique de cobaye que j'avais écrasé sur un point et sur lequel j'ai pratiqué des coupes en travers, au-dessus du point d’écrasement, trente-neuf jours après l'opération, alors que la régénération avait déjà commencé à se produire et était suffisante pour permettre la propagation d’une excitation jusqu'au muscle. Dans ces conditions, on voit sur la coupe de chaque tube ner- veux que le cylindre-axe a augmenté de diamètre et qu'il est formé de la substance achromatique avec un réseau fibrillaire remarquablement développé. Ge réseau n'apparaît pas toujours aussi riche en répétant l'expérience dans les mêmes conditions; peut-être faut-il un certain degré d'irritation ou d'inflammation consécutif à une opération non rigoureusement aseptique. En tout cas, pour ce que je me propose de démontrer, ces préparations sont plus que suffisantes. Elles présentent, ai-je dit, un réseau très développé et très net, et alors se pose la question suivante : Ce réseau existait-il sur le nerf normal et a-t-il simplement augmenté d'étendue ? ou n'y avait-il pri- milivement que des fibrilles flexueuses qui se sont anastomosées ? Cette dernière manière de voir me semble devoir être absolument rejetée, surtout si après avoir regardé ces préparations on revient aux prépara- tions normales. Ce premier point étant acquis, je me suis demandé comment se com- portait le cylindre-axe pendant la dégénération du nerf. Mes expériences ont porté sur la grenouille verte, il est plus facile ainsi d’avoir un grand nombre d'animaux en expérience et les phénomènes de la dégénération se produisant plus lentement sont plus faciles à suivre. J'ai coupé le sciatiqne droit de ces grenouilles à la partie supérieure de la cuisse. L’excitabilité s’est maintenue jusque vers le quatorzième jour en baissant peu à peu; au quatorzième jour, aucune excitation ne produit plus de réponse. Si, à ce moment, on fait des coupes en travers et en long, voici ce que l’on observe : La gaine de myéline n’a subi aucun changement notable. La substance achromatique se présente sous le mème aspect qu'avant la section et sur un grand nombre de tubes nerveux; il faut y regarder de très près pour voir que le réseau chromophile s’est altéré. Il a perdu sa netteté, on dirait qu'il est en train de se dissoudre dans la substance achromatique. C’est ce qu’il fait, SÉANCE DU 16 JUIN 5179 en effet, en se fragmentant de facon à donner une émulsion très fine. À un moment donné le cylindre-axe est constitué tout entier par cette émulsion, dans laquelle il se forme ensuite une séparation de la sub- stance chromophile par grumeaux de plus en plus gros. À partir de ce moment, les altérations de la myéline deviennent de plus en plus impor- tantes, et au dix-huitième jour on ne trouve plus que des tubes nerveux fragmentés mais contenant toujours une substance achromatique avec des grumeaux chromophiles. Il est bien entendu que les dates que je donne ici ne s'appliquent qu'aux conditions de mes expériences, c'est-à- dire aux grenouilles d'été; peut-être varient-elles avec la température; pour le moment, je n'ai pas cru utile d'élucider ce point, qui aurait ce- pendant son intérêt. Dans le nerf du quatorzième jour, on trouve des tubes nerveux à divers degrés de cette dégénérescence, toutefois il y en a fort peu qui dépassent le stade de l’'émulsion fine. Avant le quatorzième jour, on voit déjà apparaître le début de ces transformations, mais, jusqu à nouvel ordre, il me parait très difficile d'établir un parallèle entre les modifications anatomiques du cylindre- axe et les changements dans les propriétés fonctionnelles du nerf, et cela pour deux raisons : En premier lieu, tous les tubes nerveux ne dégénèrent pas avec la même rapidité; il y a à cel égard des différences telles qu’au début de mes expériences je me demandais s’il n’y avait pas eu section incomplète ou quelque autre faute opératoire. En second lieu, il faut se demander si la disparition de l’excitabilité tient à ce qui se passe dans le cylindre-axe sur le parcours du nerf ou à l'altération de la plaque terminale. Beaucoup d’auteurs, en particulier tous les auteurs antérieurs aux travaux de Ranvier, admettent que le nerf dégénère de la section vers la périphérie; dans ces conditions, la comparaison entre les modifica- tions anatomiques du nerf et ses propriétés fonctionnelles serait possible. Mais M. Ranvier a montré qu'après section du sciatique les dernières ramifications intramusculaires dégénèrent plus vite que les tubes ner- veux du tronc, et que la plaque terminale motrice s’altère très rapide- ment. Les expériences de M. Ranvier étant très sommaires, je les ai reprises, il y a quelques années déjà, en collaboration avec mon ami M. Dutil. Nous avons constaté que chez le cobaye il y avait, vers la cinquantième heure après la section, simultanément disparition de l’exci- tabilité et rupture de la communication entre les ramifications extrêmes des cylindres-axes et les plaques terminales motrices; à ce même moment le nerf paraissait encore presque normal. Ce seraient donc les altérations de la périphérie qui détermineraient la perte de l'excitabilité, Youtefois je dois faire remarquer qu’à l’époque EDR pe ne Lt NN pr LE & raies he us, 2 580 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE où nous avons fait ces recherches, nous avons employé l’imprégnation au chlorure d'or, qui ne nous renseignait nullement sur la partie chro- mophile du cylindre-axe alors inconnue. Cette question serait done à reprendre. J'ai cherché si sur le parcours même du nerf on voyait, comme le disent divers auteurs, la dégénérescence marcher de la sec- tion vers la périphérie, mais jusqu'ici je n'ai pu mettre ce phénomène en évidence. Sur les nombreuses préparations que je possède je ne puis distinguer une préparation faite au voisinage de la section d’une prépa- ration plus périphérique. (Travail du Laboratoire des travaux pratiques de Physique biologique de la Facullé de médecine de Paris.) SUR LA RÉGÉNÉRATION DES NERFS ÉCRASÉS EN UN POINT, par M. G. Weiss. On sait depuis les recherches mémorables de Erb (1), que le nerf écrasé en un de ses points présente pendant sa régénération des particu- larités remarquables de son excitabilité. J'ai repris ces expériences afin de rechercher s’il n'y aurait pas moyen d'établir une relation entre les résultats ainsi obtenus et la structure du cylindre-axe. J'ai cpéré sur le cobaye et sur la grenouille verte. À quelques légers détails près, tels que des différences de dates dans l'apparition de cer- tains phénomènes, différences pouvant s'expliquer aisément, j'ai cons- taté les mêmes faits que Erb. Au moment où la régénération du nerf est suffisante pour que les animaux puissent mouvoir volontairement les membres paralysés, le nerf recommence à être excitable électrique- ment. Si l’on fait croître peu à peu une excitation d’abord insuffisante pour provoquer une réponse, cette excitation sera déjà efficace à la condition d’être portée au-dessus du point écrasé, tandis que pour obtenir le même effet il faudra en augmenter encore plus ou moins l'intensité lorsqu'elle sera faite entre le point écrasé et le muscle. C'est ce que l’on exprime en disant que le nerf recouvre sa conductibilité avant son excilabilité. Je citerai seulement deux exemples pour donner une idée des écarts que l’on peut trouver entre l’excitabilité du nerf au-dessus et au-dessous du point comprimé. (1) Erb. Zur Pathologie und pathologische Anatomie peripherischer Para- lysen, Deutsches Archiv für klinische Medicin, Bd V, 1869, p. 42. SÉANCE DU 16 JUIN ° 581 Cobaye. — Nerf sciatique écrasé le 13 avril, réunion de la plaie par pre- mière intention sans aucune suppuration. Légère gangrène des orteils guérie. Essai fait le 2 juin, c’est-à-dire cinquante jours après l'opération, l’animal ayant recouvré le plein usage de sa patte. Du côté normal le nerf est excité quand la bobine mobile du chariot de du Bois-Reymond est à la division 18. Du côté opéré la réponse est obtenue au-dessus du point comprimé à la divi- sion 16, au-dessous seulement à la division 8. On voit qu'au-dessus du point comprimé l'excitabilité est à peu près normale, il doit donc en être de même pour la conductibilité sur tout le trajet jusqu'au muscle et pourtant l’excitabilité est encore très faible dans la région régénérée. Grenouille verte. — Même opération que pour le cobaye le 3 mai. Essai fait le 11 juin, 39 jours. boré sain réponse ll "division MM LME" 0 021670 Côté écrasé — au-dessus du point comprimé . . 15,50 — — au-dessous — RAR Mêmes remarques que pour le cobaye. : Erb a accompagné ses expériences d'examens histologiques et en constatant que pendant la régénération le cylindre-axe est d’abord nu, et ne se recouvre que plus tardivement de sa gaine de myéline, il attribue au cylindre-axe la propriété conductrice, l'excitation électrique se faisant par l'intermédiaire de la myéline. Mais les choses ne se présentent pas d’une façon aussi simple. En effet, le phénomène de Erb existe sur des nerfs dont les cylindres- axes sont déjà recouverts de leur gaine de myéline, d’ailleurs il faut aussi tenir compte des deux éléments du cylindre-axe qui ne me sem- blent pas se développer simultanément. Voici ce que l’on observe quand on fait des coupes en série d’un nerf en voie de régénération après écrasement, et je prends pour exemple le cas de la grenouille citée plus haut. Au-dessus du point écrasé on voit les tubes nerveux normaux ou ayant un réseau fibrillaire plus développé que d'habitude. Au niveau de l’écrasement il n’y a que des cylindres-axes nus avec leur substance achromatique et chromophile. L'ancienne myéline à disparu, il n'y er à pas encore autour des jeunes cylindres-axes qui cheminent soit entre les anciennes gaines, soit par groupes de deux, trois ou quatre dans l'intérieur de ces gaines. Chez le cobaye la myéline apparait plus rapidement et suit de fort près la régénération des cylindres-axes. À mesure que l’on fait des coupes plus périphériques, on voit le calibre de ces cylindres-axes se réduire de plus en plus au point de ne plus être visibles, mais dans les plus petits d’entre eux on voit toujours le réseau. Or, lorsque ces cylindres-axes ont disparu en LS - <= _s MES LS 7 n Ÿ ets . NE Khan À, 582 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE apparence, comme certainement la communication avec la périphérie existe déjà puisque le musele est excitable par le nerf, il y a lieu de se demander si le réseau chromatique est alors nu et par cela même invi- sible étant noyé dans une substance de même couleur que lui ou s'il conserve toujours une mince couche de substance achromatique se développant en même temps que lui. Je n'ai pu résoudre ce problème qui me parait fort difficile, mais comme on ne voit jamais de substance achromatique sans réseau chromophile on peut dire : dans la régénéra- tion du cylindre-axe après écrasement du nerf, le réseau chromatophile se développe probablement le premier ou du moins n’est recouvert au début que par une couche minime de substance achromatique et n'est pas produit par elle. 5 (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physique biologique de la Faculté de médecine de Paris). INCUBATION D'OŒUFS DE POULE RÉTIRÉS DE LEUR "COQUILLE, par M. Gusrave LoiseL. La coquille et la membrane coquillière de l’œuf des oiseaux parais- sent avoir surtout pour rôle de maintenir en place l’albumen autour du jaune. En effet ces parties sont perméables aux gaz (Schwann, Bau- drimont et Martin Saint-Ange, Giacomini, Féré, etc.), à certains mi- croorganismes (Panceri) et enfin aux liquides, comme il est facile de s’en rendre compte par des pesées comparatives. Par contre, l’albumen aurait un rôle protecteur en même temps que nutritif; i maintiendrait, autour de l’ovule, l'humidité nécessaire à son développement et arrêterait les microbes qui auraient pu traverser la coquille. Sous l'influence de ces idées (1), j'ai commencé quelques expériences qui ne sont pas encore terminées et dont j espère pouvoir communiquer bientôt les résultats à la Société de Biologie. Une de ces expériences, cependant, m'a déjà donné des résultats si intéressants que je crois utile de la faire connaître dès maintenant. Cette expérience consiste à casser un œuf en deux et à verser avec précaution le contenu dans un petit cristallisoir d'une contenance de cinquante à soixante centimètres cubes, puis à placer le tout dans une couveuse chauffée à 40 degrés. Sur six œufs traités ainsi, quatre n étaient pas fécondés et n'ont rien (1) Et aussi après avoir lu un mémoire de Béguelin- (1751), précepteur de Frédéric-Guillaume, le neveu du grand Frédéric. Pour amuser son élève, ce physicien suisse avait eu l’idée de faire une petite ouverture au gros bout d'œufs de poule, mis en incubation depuis deux ou trois jours, et de voir ainsi ce qui se passait dans l'œuf. SÉANCE DU 16 JU:N 583 présenté; les deux autres, placés en incubation dans une chambre humide, se sont très bien développés et ont donné naissance à deux embryons qui étaient parfaitement normaux et vivants le matin du qua- trième jour; mais alors des moisissures ont envahi l’albumen, et, le soir, les embryons étaient morts. Pendant ces quatre jours, l’albumen était resté liquide et n'avait présenté aucune modification physique. Le jaune venant à la surface avait une tendance à se dessécher du côté libre; aussi avais-je eu soin de tourner le germe vers le fond du vase et à verser de temps en temps, dans les cristallisoirs contenant les œufs, un peu d'albumine provenant d’un autre œuf. J'ai recommencé cette expérience avec d'autres œufs placés à l'air libre dans la couveuse, et aujourd’hui, deuxième jour après le début de l'expérience, j'ai des embryons bien vivants et normaux. J'espère pouvoir tirer parti de cette nouvelle méthode d’incubation pour rechercher le mode d'absorption de l’albumine par l'embryon et pour étudier l'influence des réserves nutritives de l’œuf sur la formation de l'embryon. Il sera facile, en effet, de faire incuber un ovule de poule d’une race donnée dans de l’albumine de l'œuf d’une autre race, et même de remplacer l’albumine d’une espèce d'oiseau par l'albumine d'une autre espèce. LA LEUCOCYTOSE DANS LA VARIOLE, par MM. Jures Courmonr et V. MonraGaro. La leucocytose de la variole est peu connue. Verstraeten (1875), R. Pick (1893) ont étudié la leucocytose totale. La conclusion de R. Pick est que la variole ne produit pas de leucocytose; celle-ei ne surviendrait qu'avec la pustulation, considérée comme une infection secondaire de la vésicule par les pyogènes. Personne, à notre connaissance, ne s’est préoc- cupé des variétés de leucocytes. L'épidémie de Lyon nous a fourni d'abondants matériaux. Vingt-neuf observations ont été suivies au point de vue de la leucocytose. Nous avons recherché la leucocytose totale et la proportion des différentes variétés de leucocytes. Chez plusieurs varioleux, ces numérations ont été faites deux fois par jour. Trois méthodes de coloration ont été parallèle- ment employées : l’éosine et hématéine alunée, la thionine phéniquée et la solution triacide d'Ehrlich (après fixation à Æ 110 degrés sur la pla- tine à toluène). Les protocoles de nos recherches seront intégralement publiés (1). Voici le résumé de nos résultats. (4) JS, Courmont et Montagard. La leucocytose dans Ja variole, Journal de Physiologie et de pathologie générale, juillet 1900, 584 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ont élé étudiés 8 cas de variole simple, guéris sans complications; 9 cas de variole hémorragique mortelle, sans complications (même à l’au- topsie) ; 3 cas de varioleconîluente mortelle, sans complications (même à l’autopsie); 4 cas de variole pustuleuse généralisée, guéris après complications suppu- rées de la convalescence (abcès, furoncles, otites, etc.); cas de variole mortelle avec hépatisation pulmonaire ; cas de variole associée à la tuberculose; cas de variole douteuse. D] D Le liquide des pustules est des vésicules a, en outre, été examiné quant à sa teneur en leucocytes eten microbes. ; Nos conclusions sont les suivantes. A. — La variole s'accompagne toujours d’hyperleucocytose. Celle-ci peut exister dès la période du rash et peut-être avant; elle précède, en tout cas, les pustules, toujours très nette pendant la vésiculation. Elle s'observe dans les formes hémorragiques, même lorsque éruption vésiculeuse ou pustuleuse fait défaut. Cette hyperleucocytose, d’abord moyenne (10.000 à 20.000, exception- nellement 30.000), augmente toujours au début de la pustulation (45.000 à 40.000), pour baisser progressivement ensuite. Elle retombe assez lente- ment à la normale, après la chute des croûtes. Elle remonte, plus ou moins haut, pendant la convalescence, s il ya des complications suppurées (furonceles, abcès secondaires, se) Sauf rares exceptions, la leucocytose, dans la période terminale des formes mortelles, tout en s’abaissant, ne retëmbe pas à la normale; son étude ne peut servir au pronostic. B. — L'’hyperleucocytose de la variole est toujours une mononucléose. Dès le début, pendant la vésiculation, pendant la pustulation, aussi bien que pendant la dessiccation et le début de la convalescence, les polynu- cléaires sont notablement moins nombreux que normalement (jusqu’à 50, 40 et même 35 p. 100, au lieu de 66 p. 100;. L'augmentation des leucocytes s'opère surtout aux dépens des grands et moyens mononucléaires, soit à noyau très coloré, soit à noyau päle. Les éosinophiles sont très rares. Au contraire, l'hyperleucocytose des complications suppurées secon- daires (autres que la pustulation) est une polynucléose des plus nettes (10 à 86 p. 100). Dans les cas d'association morbide, par Den TIe avec la tuberculose, on peut avoir de la polynucléose. L'examen du sang peut donc servir au diagnostic de la variole. Dans les cas douteux, la mononucléose sera en faveur de la variole. Dans les cas non douteux, la polynucléose indiquera une complication ou une association morbide. QC SÉANCE DU Â6 JUIN 58 Les vésicules contiennent environ 90 p.100 de polynucléaires. Peut-on expliquer ainsi la mononucléose du sang? Non, car la mononucléose existe dans les varioles hémorragiques, sans vésicules, et la polynucléose accompagne les grands abcès, qui font une plus grande consommation de polynucléaires que les vésicules. C. — Il ressort des conclusions précédentes que la pustulation n’est pas, comme on pouvait le croire, une infection secondaire des vésicules par les pyogènes de la peau, mais bien un processus d'essence uniquement variolique. La pustule s'accompagne de mononucléose et contient relati- vement peu de microbes pyogènes vulgaires. (Laboratoire d'hygiène de Lyon.) INFLUENCE DES EXTRAITS D OVAIRES SUR LES MODIFICATIONS DE LA NUTRITION ENGENDRÉES PAR LA GROSSESSE, par MM. CHaRRIN et GUILLEMONAT. On sait que, sous l'influence de la grossesse, le type nutritif subit assez souvent des modifications plus ou moins prononcées et plus ou moins durables. C’est ainsi que, d’après Andral et Gavarret, l’oxygène est consommé en moindre quantilé et l'acide carbonique produit en plus faible proportion; de même il n’est pas inouï de voir se développer la glycosurie ou l'obésité, en partie, en dehors des troubles hépatiques, parce que cette paresse dans les échanges organiques, décelée par ces abaissements des gaz absorbés ou rejetés, porte sur l'utilisation du sucre ou de la graisse; de même encore l’alcalinité humorale, grâce à cette atonie de la nutrition, tend à fléchir, et les acides n’arrivant plus à leurs termes ultimes (H°O ou CO?) deviennent assez abondants pour solu- biliser certains principes minéraux ou déformer, détériorer le tissu osseux (phosphaturie, altérations dentaires, dépôts au niveau de la table interne des os du crâne, parfois ostéomalacie, affection de la femme enceinte). Cet apercu, pourtant incomplet, suffit à montrer l'intérêt qui s'attache : à la recherche des procédés propres à faire apparaître ces modifications ou mieux à les supprimer; aussi avons-nous tenté de relever, par une foule de moyens, l’activité nutritive des femelles pleines. Après nous être assuré des quantités d'urée fabriquées, dans les vingt-quatre heures, par des cobayes gravides soumises à une alimen- tation invariable, maintenant les poids sans oscillations appréciables, nous avons pratiqué différentes injections; nous avons surtout utilisé des extrails d'organes obtenus dans de l’eau salée et glycérinée (chlo- rure de sodium 7 p. 1000 et glycérine 10 p. 100). PS LE Bioocie. Courres RENDU-. — 1900, T, LIL. LE À te ml 5-7 TOR a ESS 2 x ES LErhnR ar Er # PR: A, 586 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans ces conditions, nous n'avons pas vu varier sensiblement l’urée, soit quand nous avons introduit l’excipient seul, soit lorsque nous avons fait pénétrer des principes empruntés au foie, au rein, au muscle, etc. Par contre, nous avons enregistré de notables oscillations, dans le sens de l’accroissement, des augmentations d’un quart, d'un tiers, de moitié, parfois des fluctuations du simple au double, en injectant des extraits d'ovaires. Voici, d’ailleurs, quelques indications précises. URÉE PAR COBAYE QUANTITÉ D'EXTRAIT URÉE PAR COBAYE et par 24 h. avant l'injection. ovarien injecté par cobaye. et par 24 h. après l'injection. 0536 DIGG 0,83 0 60 » 4,24 0 52 DÉMOIMAUIC He: 0,42 0 35 SIG 6: 0,98 — 0,67 (2° jour). 0 79 4 C. c. 0,70 — 0,62 (2° jour). Dans le dernier cas, l'augmentation fait défaut. L'injection de l’excipient a fourni: 1,14 avant et 0,95 après —. L’extrait utérin à donné 0,60 avant et 0,61 après; l'extrait hépatique, 0,59 et 0,58; l'extrait de muscle 0,62 ou 0,49 et 0,37 ou 0,56.-—"ÆEn somme, avec ces derniers extraits, on peut voir l’urée s'élever, mais aussi souvent s’abaisser et surtout demeurer stationnaire. | Il convient d'ajouter que la dose introduite en une fois ne doit pas dépasser 12 à 16 centimètres cubes, attendu que de tels volumes sem- blent provoquer des avortements rapides; les proportions les plus favo- rables correspondent à un ou deux ovaires ayant cédé tout ce qui est soluble à 4 ou 6 centimètres cubes de cette eau salée glycérinée. A la vérité, il est nécessaire de répéter ces injections quotidiennement ou au moins tous les trois jours, si on désire maintenir le résultat obtenu. Ce résultat, pour être durable, demanderait sans doute plutôt la greffe de l'ovaire, qui permettrait une incessante production, que ces pénétra- tions discontinues. Evidemment, l'intensité des variations est plus ou moins prononcée, suivant les quantités employées comme suivant les qualités des glandes: dans nos recherches, nous avons choisi ces glandes chez des brebis en pleine activité génitale, plus d’une fois au moment du rut. Il est clair également que cette intensité d'action dépend, pour une part, de l’âge, des espèces, de l’état des sujets mis en expérience; c'est ainsi que chez les femelles non pleines, plus encore chez les mâles, cette influence est moins constante ou moins marquée, etc. Quoi qu'il en soit, l'extrait d'ovaires, dans des conditions spéciales, paraît capable de modifier la nutrition troublée, ralentie par la grossesse, en donnant à cette nutrition un retour d'activité. Il semble, par suite, RE AT TRS PM Le rs cel oO je DA LC SL cr À | SÉANCE DU 16 JUIN 587 tout naturel de supposer que cette atonie des mutations nutritives tient en partie à ce que, pendant cette grossesse, ces ovaires, en tant que fonctionnement, sont pour ainsi dire en sommeil. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale ; Hautes-Etudes. — Collège de France.) RÉALITÉ DE LA TOXICITÉ URINAIRE ET DE L'AUTO-INTOXICATION , par M. A. CHARRIN. Des recherches antérieures m'ont permis d'établir qu'assez souvent les nouveau-nés issus de parents malades présentent une série de tares (croissance insuffisante; thermogenèse faible; absorption intestinale DT EVA AZ amoindrie; rapport — A C re abaissé; — acc inité S imi- TT baissé; Az accru, alcalinité du sang dimi nuée; acidité urinaire augmentée, etc.); ces tares, le plus souvent, ne tardent pas à entrainer le dépérissement et à appeler l'infection. J'ai poursuivi l'étude de ces modifications; j'ai comparé l’action de l'urine de ces rejetons malades, cachectiques, à celle des sujets sains; la première, quand on l’injecte dans les vaisseaux, se montre plus toxique (70 à 115 par kilogramme); la seconde est sensiblement dépourvue d'effets offensifs (130 à 220 pour 1000). Toutefois, en usant de cette porte d’entrée, on n'échappe pas aux objections qui veulent que, dans ces conditions, on agisse physique- ment, en troublant l'hydraulique, par manque d'isotonicité, plutôt que chimiquement. Au lieu de recourir aux corrections encore incomplètement formulées, je me suis servi de la voie sous-cutanée, qui permet d'écarter ces causes d'erreur. J'ai injecté en m'entourant de toutes les précautions (urine aseptique, lavages des instruments, de la peau, etc.), tous les deux ou trois jours, 6 à 45 centimètres cubes pendant deux ou trois ou sept semaines. A la vérité les résultats sont variables, la sécrétion rénale des rejetons cachectiques est plus ou moins offensive ; néanmoins on peut dire, d'une façon générale, que l'urine des nourrissons normaux a peu d'influence, tandis que celle des autres, plus facilement et plus fréquemment, fait maigrir les animaux, qui succombent en présentant des lésions variées (hémorragies, détériorations du foie, des reins, etc.), dont la dégéné- rescence hépatique est la plus commune. Pendant que le contenu vésical (4) Malgré les précautions prises, l'infection oblige fréquemment à annuler une expérience, les toxines entrant alors en jeu. DS8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des sujets bien portants injecté à 12 cobayes semblait amener la mort de deux d’entre eux, ce même contenu recueilli chez des fils de malades, eux-mêmes malades (1), tuait 7 de cés cobayes appartenant à une égale série de 12 (2). Ilest clair que du moment où les émonctoires conduisent au dehors des principes toxiques, c'est que ces principes existent dans l'intimité des organismes qui les fournissent; d'autre part, puisque ces poisons introduits dans des économies nouvelles font apparaitre des lésions, il y à lieu de penser que les divers appareils de ces nouveau-nés tarés, placés au contact de pareils ASene, subissent de leur côté leur influence détériorante. On peut aller plus loin et rechercher l’origine de ces poisons, qui, du reste, ne peuvent provenir que de l'extérieur, de la mère ou de l'enfant. Comme ces rejetons n’absorbent que du lait ou de l’air, substances inoffensives, la première hypothèse ne saurait être admise, d'autant plus que les fils des nourrices sont parfaitement sains, bien qu'ils respi- rent dans le même milieu et prennent le même aliment partagé par leurs mères entre eux et ces débiles (3). Il est possible que des composés nuisibles aient passé des plasmas maternels à ceux du fœtus, puisque ces plasmas sont ceux de femmes malades et que le placenta ne retient pas les matériaux solubles. Toute- fois, s’il en était ainsi, comme ces composés nuisibles s’éliminent et qu'à partir de la naissance l’enfant n'est plus en communication avec cette source, on devrait voir ces poisons diminuer et disparaitre prom- ptement. Or, il n’en est rien et cette constatation ruine cette deuxième hypothèse. « On en est donc obligé d'admettre que ces poisons procèdent avant tout des cellules de ces nouveau-nés. Du reste, cette donnée n’est nulle- ment surprenante, puisque J'ai établi qu'au point du vue physique ou chimique, anatomique ou physiologique (4), ces cellules fonctionnent anomalement, élaborent imparfaitement la matière; les oxydations flé- chissent et, par suite (5), les déchets de la désassimilation sont plus toxiques : ainsi l'existence d’une véritable auto-intoxication est mise hors de doute. Il est même possible, poussant toujours plus avant, de rechercher (1) J'ai analysé ces troubles qui souvent aboutissent à l'infection. (2) Les proportions de la mortalité sont rarement aussi fortes. (3) On observe avec plus de sécurité qu’au laboratoire, car l’animal peut avoir subi des influences ignorées. (4) Absorption intestinale amoindrie ; rapport 2 abaissé ; _ augmenté ; tendance à l'hypothermie ; sang moins alcalin; urine plus acide; croissance défectueuse, etc. (5) Voir les expériences du professeur Bouchard. . SÉANCE DU 16 JUIN 589 pourquoi ces cellules offrent de telles défectuosités statiques ou dyna- miques. | Si la mère, bacillaire, alcoolique, etc., est déjà malade à l'heure de la fécondation, ses ovules ont dû être altérés par les composés microbiens ou éthyliques; dès lors, leurs granulations, c’est-à-dire les points de départ des formations anatomiques de l’embryon, sont détériorées ; comme conséquence, les tissus qui en dérivent le sont fatalement. — Dans le cas où le mal éclate au cours de la grossesse, les divers poisons bactériens ou cellulaires engendrés par la maladie vont, au travers du placenta, imprégner les organes si délicats du fœtus (1). Nous pouvons donc conclure que l'urine de certains nouveau-nés est toxique, que, pour une part, les poisons qu’elle renferme proviennent de la vie défectueuse des cellules (2) de ces nouveau-nés (3). (Travail du laboratoire de médecine expérimentale ; Hautes-Etudes ; Collège de France.) SUR LA PRÉSENCE DES DIASTASES DIGESTIVES DANS LE MÉCONIUM, par M. H. PoTTEvIN. Nuttal et Thierfelder, d'une part, Schotellius, d’une autre, ont montré que, chez les animaux supérieurs, les phénomènes digestifs pouvaient s'effectuer sans l'intervention des infiniment petits; mais, dans toutes leurs expériences, les animaux élevés aseptiquement sont restés, quant à l'augmentation du poids, fort en retard sur les animaux témoins. Faut-il voir là simplement l'effet des conditions un peu artificielles dans lesquelles, asepsie mise à part, les animaux d'expérience étaient élevés? ou bien y aurait-il, au début de la vie, comme une hésitation des glandes, dont le jeu ne s’établirait qu'au bout de quelque temps, les microbes étant chargés de pourvoir, en attendant, à l'insuffisance des diastases physiologiques? On se trouve en présence d’une question sem- blable si on considère ce qui se passe chez l’enfant nouveau-né. Dans les premiers jours de la vie, l'enfant perd de son poids; le moment où l’augmentalion commence à se produire est toujours en (1) Ce fœtus est dans la situation d'un animal qui recoit des poisons dans les vaisseaux, c’est-à-dire par la voie la plus dangereuse. (2) Par une sorte de choc en retour, une fois fabriqués par ces cellules ces produits toxiques contribuent à accroître leurs tares. (3) J'ai cherché, avec des résultats encore insuffisants, à voir si l'urine des descendants de tuberculeux crée, en poursuivant longtemps les injections, un milieu favorable à l’évolution de la bacillose. — Il y a là une méthode qui peut permettre de faire naître des prédispositions. DEAN EE TR PONT PE À “ ME PMR Pas. M ÉTR FE Trpes LEP dre RE 7 PE PET NE PR EE. ere AS PTE Re ch rt à 590 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE retard sur les premières tétées et, au point de vue de ce retard, on observe d'un enfant à l'autre des différences considérables. Il m'a semblé logique de chercher la cause de ces retards normaux ou anor- maux dans un fonctionnement défectueux, à l’origine, des glandes digestives; j'ai entrepris, à cet effet, un travail dont le premier résultat me paraît intéressant. Le meilleur moyen de se renseigner sur l’état des sécrétions diges- tives, dans les premières heures de la vie, est, à coup sûr, d’étudier, au point de vue des diastases qu'il peut contenir, le premier méconium rendu par l'enfant. Ce méconium est stérile ; il a été rendu à une époque où le canal intestinal cst encore vierge de bactéries (dans toutes mes expériences, je me suis assuré qu'il en était réellement ainsi); si doncil contient des ferments solubles, c’est que les glandes en ont produit et excrété dès la fin de la vie fœtale, ou, en tout cas, aussitôt après la naissance. J'ai examiné un certain nombre d'enfants venus à terme, sans tares apparentes, et dont le développement s’est effectué par la suite d’une facon normale ; dans tous les cas, le résultat a été le même; je ne citerai donc qu'un exemple : Un enfant venu à terme naît à midi; à trois heures du soir, il a déjà rendu une certaine quantité de méconium; 10 grammes de celui-ci sont délayés dans l’eau thymolée à 2 p. 1000 de facon à faire 50 centimètres cubes; 23 centimètres cubes de la dilution sont maintenus à l’ébullition pendant quelques minutes, puis ramenés au volume initial. | 19 Deux flacons contenant chacun 100 centimètres cubes de lait frais addi- tionné d'acide thymique à la dose de 2 p. 1000 sont maintenus à 100 degrés pendant une demi-heure; ils sont ensuite refroidis et recoivent : Le flacon A, 20 centimètres cubes de la dilution de méconium — BB, — — — — bouillie. Les deux flacons sont mis à l’étuve à 35 degrés; au bout de six heures, le lait du flacon A est déjà partiellement coagulé; au bout de douze heures, la coagulation est complète ; B s’est conservé inaltéré. 20 Deux tubes contenant chacun 10 centimètres cubes d’une solution de gélatine à 12 p. 100 faite dans l’eau thymolée à 2 p. 1000 reçoivent : L'un, c«, 3 centimètres cubes de la dilution de méconium; L'autre, f, — — — bouillie. Les dilutions de méconium sont, dans les deux cas, ajoutées dans la gélatine fondue, bien réparties par agitation dans toute la masse; puis les tubes sont mis à l’étuve à 25 degrés. Au bout de douze heures, le contenu de «& ne faisait plus prise après refroidissement; celui de £ reste solide et s’est conservé par la suite inaltéré. ; 3° Deux tubes ont recu chacun 20 centimètres cubes d’un empois fait avec de l’eau thymolée à 2 grammes par litre et 3 p. 100 de fécule; j'ai ajouté Dans le tube I, 3 centimètres cubes de la dilution de méconium — Il — — — bouillie. SÉANCE DU 16 JUIN 591 Les deux tubes ont été mis côte à côte dans un bain-marie réglé à 65 degrés et repris au bout de douze heures. Le tube II ne présente pas trace de liqué- faction ; le tube I est partiellement liquéfié. J'ai repris par l’eau le contenu de chacun des tubes et recherché le sucre par la liqueur de Febling : I contient du sucre tandis que II n’en contient pas. Dans tous les essais de cette nature, la présence de l'acide thymique à la dose de 2 p. 1000 est en général suffisante pour empêcher l'intervention des infiniment petits; toutefois la sécurité qu'elle donne n'est pas absolue surtout quand on opère à la température de l’étuve à 35 degrés; il m'est arrivé quel- quefois de voir mes expériences troublées par les microbes. Pour m'assurer qu'ils n'intervenaient pas, j'avais toujours soin, le résultat une fois acquis (lait coagulé ou gélatine liquéfiée), si l'examen microscopique ne révélait pas la présence de microorganismes, d'ensemencer le flacon témoin (celui qui ayant recu le méconium bouilli était resté inaltéré) avec une petite quantité, pré- levée à l'extrémité d'un fil de platine, du contenu du flacon où s'était mon- trée l’action diastasique. Lorsque cel ensemencement restait sans effet, j’en concluais qu'il n’y avait pas eu de culture dans le premier flacon et que l'expérience était valable. L'’essai n° 1 prouve que le méconium contient de la présure, l'essai n° 3 prouve qu'il contient de l’amylase, l'essai n° 2 prouve qu'il con- tient une diastase capable de liquéfier la gélatine. Les travaux de Bou- langer, de Fermi, etc., ont prouvé que, chez les microbes, la propriété de liquéfier la gélatine allait de pair avec celle de liquéfier la caséine coagulée ; il y a donc lieu d'admettre que la diastase qui liquéfie la géla- tine est identique à la caséase dont la présence est nécessaire à la digestion du lait. Ainsi donc, dès les premières heures de la vie, le canal digestif de l'enfant semble pourvu de tout son arsenal de diastases ; non seulement les organes glandulaires en produisent, mais encore ils les excrètent; l'appareil fonctionne à blanc en attendant qu'arrive le premier lait. NOUVELLES RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES SUR LES MÉLANGES EXPLOSIFS DE GRISOU ET DE FORMÈNE, par M. NESTOR GRÉHANT. M. le D' Haldane, professeur de physiologie à l'Université d'Oxford, a reconnu, à l’aide d’une méthode colorimétrique sensible et délicate, que, sur cinquante-sept victimes d'une terrible explosion de grisou survenue dans le charbonnage de Tylorstown, cinquante-deux ont succombé à l’'empoisonnement par l’oxyde de carbone, gaz contenu dans les produits des explosions qui sont désignés en Angleterre sous le nom d’after- damp. Depuis que j'ai eu connaissance de ce fait important, je me suis pro- P'TIT EN ER Te | 592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————— posé de chercher s’il est possible de le démontrer dans une expérience de laboratoire. En partant des données établies par le regretté inspecteur général des mines Mallard et par M. l'ingénieur en chef Le Châtelier, que les seuls mélanges inflammables de grisou et d'air ou de formène et d'air sont ceux dans lesquels la proportion de gaz inflammable est comprise entre 6 p. 100 et 16 p. 100, j'ai composé dans une jauge de verre de 5 litres un mélange à 6 p. 100 de formène pur et d'air. J'ai injecté à l'aide d’un récipient à eau uni à la jauge le mélange rendu bien homogène par l'agitation sous une éprouvette à gaz d’un volume de 200 centimètres cubes dont l'extrémité fermée était recou- verte d'un chapeau cylindrique de laiton, cloche parfaitement main- tenue à l’aide d’un support spécial dans un bocal plein d’eau fermé par une planche et un poids de 10 kilogrammes. Dars la cloche pénètrent un inflammateur à fil de platine et deux tubes de verre, l’un amenant au bas de la cloche le gaz détonant et l’autre pénétrant jusqu’au sommet de cette cloche et réuni à un aspira- teur gradué rempli d’eau. Par des manœuvres de robinet, on injecte dans l’éprouvette le mé- lange homogène de formène et d’air, environ 100 centimètres cubes chaque fois ; on fait passer le courant de quelques accumulateurs ; le fil chauffé au rouge n’enflamme pas le mélange, mais une détonation a lieu au rouge blanc, à une température très élevée qui se rapproche de celle de la fusion du platine. La détonation est violente, une portion du gaz s'échappe au-dessous de la cloche, et on recueille les bulles dans un entonnoir plein d'eau placé au-dessus et choisi de manière que son ouverture circulaire ait à peu près les mêmes dimensions que le cercle de base du bocal cylindrique. Il faut avoir bien soin d'éviter la propa- gation de la flamme dans le récipient qui déterminerait une explosion très dangereuse. Première expérience. — J'ai introduit dans le gazomètre à rainure, modèle du D' de Saint-Martin, 396 centimètres cubes de grisou capté à Saint-Étienne en 23° couche, contenant 75,6 p. 100 de formène et de l'air pour faire 40 litres ; on fait respirer ce mélange à un petit chien du poids de 4 kil. 500 pendant dix-sept minutes, et on aspire dans l'artère carotide 20 centimètres cubes de sang, qui sont injectés dans le ballon récipient de ma pompe à mercure; les gaz sont extraits en présence d'acide acétique à 8 degrés ; après avoir absorbé l’acide carbonique, on n’a trouvé dans la cloche que 2 cc. 2 de gaz qui a été additionné d'air et qui a été conduit à travers l’acide iodique sec chauffé à 150 degrés (procédé de dosage de l’oxyde de carbone modifié par M. Nicloux). 100 cent. cubes de sang renfermaient 0 cc. 3 d’oxyde de carbone. En second lieu, on a fait passer dans le gazomètre 3 L. 230 de gaz résultant de la combustion de 5 litres d’air et de 396 centimètres cubes , È =! 2 D re] 3 > D 2 | e = = ! de l'esu a . | = DRE ER ET R Eer Vc-2e Ei : Hs = : _ ns = a d 6 GET : : A œ Si : : ) A + 5 Eu ù 4 = SI E SNS : : m2 aores S SL: = ® A se © - RE, FES Zi E] À Ê ÉMERNe = À : S NE £ S à 5 + 2 À A TD eo S à 2 S À i = ‘ = NL : FRS, LA = nl TT = .- - L, _ - et € ES sù : De es : TANT EAIIRTEAIAT NERF) f RS : ubè dé rap plein DEN RET/E Æ Bouchon de lé À til (} gutchouc ant à poule 4 | ; réhant, 3 Figure empruntée au Bullelin de la Sociélé d'Encouragement (avril 1898). Grisoumètre du professeur { î Li 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D 7 2 ST 2 NO en A te JON SN de grisou, mélange à 6 p. 100, puis on a introduit de l'air : le volume total du mélange était égal à 44 litres ; après dix-sept minutes de respi- ration, on a extrait les gaz de 20 centimèlres cubes de sang, et on a obtenu cette fois des vapeurs violettes d’iode dans l’ampoule de l’appa- reil à acide iodique et un volume d'oxyde de carbone, correspondant à 0 ce. 68 pour 100 centimètres cubes de sang : la différence 0,68 — 0,3 — 0,38, indique que la détonation du grisou mélangé avec l'air a produit de l’oxyde de carbone dont la proportion dans les 3 1. 230 de gaz était égale 1/615. Deuxième expérience. — Pour confirmer ce résultat d'une manière absolument certaine, j'ai réalisé une expérience laborieuse, car il a fallu faire détoner 45 litres d'air contenant 6 p. 100 de formène qui ont produit 37 litres d’after-damp; ce gaz a été additionné de 5 litres d'oxygène et d'air pour faire 109 litres d’un mélange qui renfermait 20,8 p. 100 d'oxygène. Chez un petit chien du poids de 6 kil. 5, on a pris dans l'artère caro- tide 40 centimètres cubes de sang qui a été injecté dans le ballon réci- pient vide et qui a donné des gaz que j'ai analysés au grisoumètre (Gri- soumèêtre du professeur Gréhant, figure empruntée au Bulletin de la Société d'Encouragement, avril 1898); la réduction trouvée était égale à 1,5 (gaz combustible du sang normal). On a fait respirer à l'animal le mélange dont le volume était de 100 litres et on obtint de 40 centimètres cubes de sang artériel au bout d'une demi-heure un gaz qui donna une réduction grisoumétrique égale à 7,6; retranchons 1,5, il reste 6,1, divisions dues à l’oxyde de carbone; en appliquant ma loi d'absorption de l’oxyde de carbone par le sang d’un carnassier, on trouve dans le gaz résultant de la combus- tion de l’air renfermant 6 p. 100 de formène, une proportion d'oxyde de carbone égale à 1/740. Ce résultat qui confirme celui qui a été signalé par M. le professeur Haldane, démontre que dans les explosions de grisou qui sont si meur- trières par suite de brülures, d’asphyxie par disparition plus ou moins complète de l'oxygène, d’éboulements qui peuvent écraser les ouvriers, s'ajoute encore l’empoisonnement par l’oxyde de carbone, contre lequel il est bien difficile de lutter. C’est une raison de plus pour prescrire dans les houillères des analyses de l’air qui pourraient être faites tous les jours et d'heure en heure, afin de régler la ventilation de telle sorte que la proportion de grisou dans les galeries de mine soit toujours beaucoup inférieure à 6 p. 100. De là l'utilité des grisoumètres et de mon grisoumètre à eau en parti- culier, qui dans des mélanges de formène à 1 p. 1000, 4 p. 500, 1 p. 100, donne des réductions égales à une, deux et dix divisions. (Travail du Laboratoire de physiol. gén. du Muséum d'histoüre naturelle.) F7 SÉANCE DU 16 JUIN 595 SUR L'INFLUENCE DE LA DENSITÉ DE LA BILE VÉSICULAIRE SUR L'EXCRÉTION PAR LE CANAL CHOLÉDOQUE, par MM. les D'S BILLARD et CAvaALIÉ. La bile de la vésicule et la bile de fistule, directement venue du foie par les canaux biliaires, présentent des différences de densité très grandes (1010 pour la bile des canaux biliaires de l’homme ; 1026-1032 pour celle de la vésicule) (1). Il doit se produire, à l'union du canal hépatique et du canal cystique, par le contact de ces deux liquides, des courants de diffusion, et par leur mélange, des modifications de viscosité ou d’une autre nature, capables d'influer sur leur écoulement à travers le canal cholédoque. Il est certain que cette influence doit être considérablement troublée par les propriétés contractiles et élastiques des parois des canaux excré- teurs, mais elle n’en existe pas moins. Nous avons essayé de la déterminer, d’abord, sur l'écoulement de divers liquides dans un système de conduits à parois rigides et dis- posés d’une facon comparable à l'appareil d’excrétion du foie. Nos expé- riences ont été faites au laboratoire de physiologie de l’École de méde- cine de Clermont-Ferrand, et il nous à été permis de les répéter tout récemment au laboratoire des travaux pratiques de physique de la Faculté de médecine de Paris. Nous nous sommes assurés par des mensurations sur le foie du chien, des rapports qui existent entre les diamètres des conduits biliaires ; nous avons vu que la somme des diamètres des canaux hépatiques (10 mil- limètres), cystique (4 millimètres), hépato-cystiques (4 millimètres) est dans le rapport de 18/5 avec le diamètre du canal cholédoque. Nous avons choisi alors des tubes ayant des diamètres de même rap- port et disposés de la façon suivante : A La branche horizontale représente les canaux hépatiques (H) et le canal cholédoque (Ch); la branche oblique figure le canal cystique (Gy); elle est munie d'un robinet et communique avec un vase clos figurant la vésicule biliaire et contenant une solution saline d’une densité de 1020 à 1030. Il est facile, par le robinet, d'établir ou de supprimer la commu- nication de ce vase avec la branche horizontale. (4) Dastre. Article « Bile », Dict, de Physiologie de Ch. Richet. hole is VAS UL EEE em 2 ES ge LÀ NA dues LS A te EE ONE es EE, 596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous faisons couler de l’eau, sous pression, goutte à goutte, par cette branche horizontale, du canal hépatique H vers le canal cholédoque (Ch); nous inscrivons, sur un cylindre enregistreur, les variations de vitesse. Nous avons toujours observé qu'en ouvrant la communication entre le vase clos et la branche horizontale, l'écoulement est ralenti de 1/3 environ: il reprend sa vitesse première, peu après la fermeture du robinet. — Nous avons remplacé l'eau et la solution saline par de la bile de bœuf plus ou moins diluée ; et les résultats ont été identiques. Le ralentissement ne se produit pas si le liquide contenu dans le vase clos. est de même densilé que celui qui coule par la branche horizontale. A quoi est dû ce ralentissement de l'écoulement? Faut-il penser à une résistance créée par la rencontre de deux liquides. x de densité différente? Faut-il penser à une modification de la viscosité ou aux deux à la fois? La résistance est certaine; car, en mettant du noir animal en sus- pension dans la solution saline du vase clos, ou bien en colorant celle-ci, nous avons vu divers courants se produire au niveau de l’abouchement, de la branche oblique sur la branche horizontale (embouchure cystique) : un courant se dirige vers le cholédoque, un deuxième pénètre dans la vésicule ; eten même temps un autre en sort; enfin, la solution saline tend à remonter dans le canal hépatique. Ces courants de diffusion bent la vitesse de l'écoulement. Nous avons pu nous rendre compte aussi, au moyen du compte-gouttes de Duclaux, que le liquide du cholédoque, lorsque le robinet de commu- nication avec le vase clos est ouvert, présente alors une constante capil- laire plus élevée et coule plus lentement dans les tubes capillaires; cependant, pour un même volume, les gouttes sont plus nombreuses. Il est vrai de dire que les canaux biliaires ne sont pas comparables à des tubes capillaires; mais nous avons pensé qu'il n’était pas inutile de signaler ces faits. Dans une deuxième série d'expériences, à la place du vase clos est un manchon de baudruche rempli d’une solution saline et enfermé dans un cylindre de verre communiquant avec un manomètre à eau. En ouvrant le robinet de communication de cette nouvelle vésicule avec la branche horizontale de notre petit appareil, on voit l'écoulement se ralentir et le niveau s'élever dans le manomètre, indiquant que le man- chon de baudruche se dilate, se remplit encore. Il est bien certain que, dans toutes nos expériences, nous avons dû nous assurer, au préalable, qu'aucune condition de pression ne modifiait par elle-même l’écoulement. Conclusion. — Dans un appareil artificiel des voies biliaires, la bile de la vésicule, par ses qualités physiques, ralentit l'écoulement par le RS Éhr. :-- 0e SÉANCE DU 16 JUIN 597 cholédoque et favorise la fonction régulatrice des canaux exeréteurs du foie. Nous exposerons ultérieurement les résultats des recherches que nous poursuivons « in vivo ». (Travail du Laboratoire de physiologie de l'École de médecine de Clermont-Ferrand.) SUR L'ÉLIMINATION DU FER PAR LE SUC GASTRIQUE, par M. CHARLES DHÉRÉ. Je dois à l’habileté et à l'obligeance de M. A. Frouin d'avoir pu élu- dier l’excrétion du fer par la muqueuse gastrique chez des chiens dont l'estomac avait été séquestré. La sécrétion stomacale était recueillie, toutes les vingt-quatre heures, dans un flacon bouché à l’émeri, et placée aussitôt à la glacière où elle restait jusqu'au moment de l’analyse. Là, le dépôt du mucus et des débris épithéliaux s’effectuait si parfaitement que, par simple décanta- tion, on pouvait obtenir, ensuite, le liquide absolument limpide et pré- sentant seulement une légère opalescence que ne modifiait plus la filtra- lion. J'ai constamment utilisé un suc rigoureusement incolore, sauf dans un cas qui sera signalé. Le mucus ne présentait pas non plus, généra- lement, de coloration appréciable ; dans quelques échantillons, cepen- dant, il fut jaune grisâtre. Mes analyses ont porté sur le suc décanté et, accessoirement, dans trois cas, j'ai dosé le fer du mucus. L’évaporation du liquide avait lieu au bain-marie, sous une pression inférieure à la normale, dans un appareil analogue à celui imaginé par M. Armand Gautier pour la distillation des liqueurs mousseuses dans le vide. Deux indications se trouvaient ainsi réalisées : l'opération se fai- sait à l'abri de toute poussière ferrugineuse, et l’on ne pouvait volati- liser le fer dans le cas où il préexisterait ou serait amené à l’état de chlorure. Pour le dosage du fer, j'ai employé le procédé décolorimétrique de M. Lapicque. | Le résidu solide était comburé au moyen des acides sulfurique et azotique dans le ballon même où s’était faite l’évaporation. Au début, j'ai dosé le fer directement dans la liqueur sulfurique; puis, pour me débarrasser de l'acide phosphorique, j'ai séparé le fer à l’état de phos- . phate. Le fer précipité était dosé colorimétriquement. Chien I. — Opéré le 20 décembre 1899; pèse 12 kil. 500. Le 9 janvier 1900, pèse 16 kil. 200. L'animal est alors complètement rétabli et a l'alimentation commune. 598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Analyses du suc décanté. SÉCRÉTION SUC KER ? gastrique gastrique contenu : DATES 8 an 8 ra y e REMARQUES 24 heures. en œuvre. milligrammes. Ci cc: 9 Janvier $ 3175 250 1 ©: SÉANCE DU 7 JUILLET cubes de bleu de méthylène en solution saturée, est ensemencée avec 10 gouttes de chaque culture microbienne. Déjà, après vingt-quatre heures, rien ne pousse. Seul encore le B. sublilis montre sa résistance, et, repiqué sur gélose, après quatre jours de contact avec le bleu, il est encore capable de pro- liférer, mais d’une manière très discrète. Conclusions. — Le bleu de méthylène, en solution saturée et même en solution étendue (10 gouttes pour 10 centimètres cubes de bouillon), arrète le développement des microbes ordinaires du conduit utéro- vaginal. La prolifération du B. subtilis démontre, une fois de plus, l’extrème résistance de ce microbe, hôte banal saprophyte, puisque, après quatre jours, il est encore susceptible de pousser, alors même qu'il a été en contact avec la solution concentrée de bleu. Nous nous réservons de publier bientôt nos résultats relatifs au bleu de méthylène en contact avec le gonocoque. CONTRIBUTION A L’'ÉTUDE DES OREILLONS DU CHIEN, par MM. Busquer et BoupEaup. Les oreillons, c'est-à-dire la tuméfaction spécifique des glandes sali- vaires, et, en particulier, des parotides, constituent, chez le chien, une entité morbide très rare. La littérature médicale semble se réduire aux cas observés par Schüssele (1842), Whittaker, Hertwig, et l’un de nous (Busquet). I nous a été permis récemment de constater : 1° que le chien est susceptible de présenter les oreillons ; 2° que cette maladie est trans- missible du chien au chien; 3° qu’on rencontre chez l'animal malade un microcoque qui évolue dans la salive sous la forme d’un diplostrep- tocoque (analogue ou identique à celui trouvé dans les oreillons de l'homme par Féré et Busquet, en 1895), et dans le sang sous forme d'un diplocoque (analogue ou identique à celui décrit par Laveran et Catrin dans les oreïllons de l’homme, 1893). Le 8 décembre 1897, M. X.. (de Bordeaux) constata dans les habitudes de son chien un changement très manifeste ; l'animal était triste, délaissant sa nourriture. Le soir, frissons répétés. Le lendemain, l'animal resta couché, mangeant toujours très peu et présentant de l'enchifrènement; fréquents éternuements. Le 12 décembre, la région parotidienne droite du chien était tuméfiée et empätée. La Parotide élait volumineuse, avait les dimensions d’un petit œuf de poule ; les lobules étaient saillants. Dans l'angle sous-maxillaire droit, les 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ganglions lymphatiques étaient volumineux et tuméfiés ; la peau était nette- ment œdématiée à ce niveau. Toute la région correspondante était légère- ment douloureuse et la pression à son niveau déterminait des plaintes de l'animal. La muqueuse buccale était sèche ; la salive rare. Diagnostic : oreil- lons. Le 14 décembre, amélioration très sensible ; l'animal mange, est plus gai. Ce même jour, la tuméfaction de la glande persiste encore. Nous prélevons alors, après une désinfection soignée de la muqueuse buccale, de la salive dans le canal de Sténon, à l’aide de laquelle nous pratiquons des ensemen- cements sur différents milieux (gélatine, gélose, pomme de terre, bouillon). Dans toutes ces cultures nous avons trouvé un diplostreptocoque à l’état de pureté absolue dans deux tubes de gélose sur six, associé à un diplocoque et au staphylocoque dans quatre autres tubes. Ce diplostreptocoque inoculé au cobaye et au lapin n'était pas pathogène pour ces animaux ; nous ne pûmes malheureusement l’inoculer au chien pour des raisons diverses. Le chien précédent avait été mis en liberté dans un atelier de forge où il avait joué chaque fois avec un jeune fox-terrier de dix mois. Le 14 décembre, ce dernier est surpris par les ouvriers jouant avec les tampons de coton qui avaient servi à désinfecter la muqueuse buccale du chien précédent. Le 16 dé- cembre, il éternue fréquemment ; toux rauque; cependant il reste gai et mange bien. Le 17 décembre au matin, on constate dans la région parotidienne droite une tuméfaction du volume d’une orange qui donne à la tête un aspect asy- métrique. Cette tuméfaction part de la base de l'oreille, descend en arrière du bord postérieur droit du maxillaire inférieur et va en pointe jusque vers la commissure droite des lèvres. La részion sublinguale correspondante est ædématiée. La parotide est très tuméfiée, nettement augmentée de volume; le canal de Sténon est saillant comme une corde et d’une dureté ligneuse. Peu de douleur spontanée, mais la pression exercée sur la glande est dou- loureuse. La peau des régions parotidienne et sous-maxillaire droite est légèrement œdémaliée. Muqueuse buccale sèche, un peu décolorée ; salive rare. L'état général parait peu troublé; l'appétit est à peu près conservé. Le 19 décembre, le museau s’effile ; l’œdème se résorbe d’une facon sen- sible. Jusqu'au 24 décembre, la tuméfaction de la glande dimiaue progressi- vement. Des ensemencements avaient été pratiqués, le 18 décembre : 1° avec du sang veineux ; 2 avec la salive recueillie dans le canal de Sténon. L'examen des différentes cultures permit de retrouver les mêmes orga- nismes que chez le premier chien : diplostreptocoque, diplocoque et staphylocoque dans la salive, diplocoque dans le sang. En résumé, chez les deux animaux, même début, même évolution clinique de l'affection. Après trois à quatre jours d’incubation, tristesse, fatigue générale, inappétence, frissons fréquemment répétés, enchifrè- nement, nombreux éternuements. Bientôt apparaît de la toux, en même temps que se développe rapidement la tuméfaction des glandes sali- SÉANCE DU Î JUILLET 677 vaires, en particulier de la parot'de et de la sous-maxillaire. On peut délimiter nettement les masses principales des lobules. La peau de la région correspondant à la glande envahie s'œdématie et devient légère- ment douloureuse. Le canal de Sténon lui-même est tuméfié, dur, sail- lant. Les ganglions correspondants sont envahis de bonne heure, du 3° au 4° jour. La muqueuse buccale est sèche, légèrement décolorée ; la salive est rare. La mastication des corps durs est un peu pénible. L'état général, en dehors d'une fatigue manifeste, semble peu intéressé. L'évolution totale de l'affection se produit en un temps moyen de douze jours. Conclusions. — Il existe chez le chien une maladie infectieuse loca- lisée aux glandes salivaires et susceptible de se transmettre d'animal à animal, maladie qui répond manifestement à ce qu'on appelle les oreil- lons. Nous examinerons dans une note ultérieure la nature des micro- organismes qu’on y peut rencontrer, ainsi que la queslion d'identité ou d’analogie avec les oreillons de l'homme. INFLUENCE DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE SUR L'ORGANISME A L'ÉTAT NORMAL, par M. R. Vicouroux. Je regrette d’avoir eu tardivement connaissance du travail de M. Yvon, portant le titre ci-dessus (1), et de n’avoir pu rédiger plus tôt la pré- sente note. Les observations qui suivent n’en sont pas moins oppor- tunes. Elles ont pour but d'établir que les expériences de M. Yvon n'ont été ni assez nombreuses ni assez méthodiques pour autoriser la con- clusion qu'il en a tirée. M. Yvon s'était proposé d'étudier l'influence du bain statique sur l'élimination de l’urée et de l’acide phosphorique et son action sur la respiration, la circulation et la température du corps. Voici comment il a rempli son programme : 1° Il a pris comme source électrique une machine de Wimshurst sans secteurs. Il ne dit pas ce qui a déterminé sa préférence pour le type le plus ancien de cette machine à laquelle l'addition de secteurs, faite par l'inventeur même, a loujours été considérée comme un grand per- fectionnement. Je n'insiste pas sur ce point d'importance secondaire. M. Yvon ne donne d’ailleurs aucune indication sur les dimensions de sa machine, son installation, les condilions d'isolement du tabouret, etc. Nous savons seulement que la machine actionnée par un moteur élec- trique pouvait donner des étincelles d'environ 9 centimètres, c'est-à-dire (1) Comptes rendus de La Soriété de biologie, du 1°" juin, 678 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fonctionnait sous un potentiel d'environ 115.800 volts. D'autre part la durée des bains élant de deux heures, toutes les conditions favorables à l'action de l'électricité, dit M. Yvon, étaient réunies. C’est ce qui paraît fort contestable si on se reporte à quelques lignes plus haut : «J'aiexpé- rimenté, dit-il, avec le bain stalique simple, un des pôles de la machine étant à terre et l'autre relié au tabouret isolé sur lequel j'étais assis. ». Or, celte mise à terre d’un des:pôles de la machine, usuelle et ration- nelle pour la plupart des machines à influence, ne l’est pas pour la Wimshurst, où elle réduit de moitié le potentiel disponible. C'est là un fait dont il est facile de se rendre compte en examinant comparativement la répartition du potentiel dans la machine Wimshurst et dans les autres. De là résulte que la source électrique de M. Yvon lui fournissait 57.000 volts et non 115.000. Au surplus nous sommes dans l'impossibilité de nous faire une idée même approxinative des conditions électriques dans lesquelles M. Yvon a fait ses expériences, attendu qu'il ne précise aucun détail technique. Il donne, comme on l’a vu, le potentiel théorique de la machine, mais ne fait pas la moindre mention de son débit; omission capitale dans une question où la quantité d'électricité joue un si grand rôle. Rien n’est dit non plus sur le signe des bains. On peut s'étonner aussi de ce que l’auteur, tout en se préoccupant de l'ozone, n'ait fait aucun emploi de papiers ozonométriques. 2° Au point de vue de la chimie biologique, les indications que donne M. Yvon sur sa manière de procéder ne sont pas plus satisfaisantes. Il s'est pris lui-même pour sujet d'expérience. Un sujet plus jeune eût évidemment été préférable pour des recherches de ce genre. Il a choisi comme critérium l'élimination de l’urée et de l’acide phos- phorique, dont le taux dépend principalement de l’alimentation et du genre de vie. Or, sur ces deux points nous n’avons absolument aucune donnée; M. Yvon dit seulement qu'il prenait la précaution de se rendre au laboratoire en voiture. Il est clair que dans ces conditions l’analyse urinaire ne pouvait absolument pas fournir de résultats utilisables. Inutile aussi d’insister sur le peu de consistance des données relatives. à la circulation et à la respiration recueillies dans de telles conditions. par l’expérimentateur sur lui-même. “Le seul résultat à retenir est celui relatif à la température. Nous y reviendrons plus loin. Quant au nombre des expériences il paraît avoir été des plus limités. Une première série a élé exécutée entre le 14 et le 19 juin 1898 et n’a pu comprendre que cinq bains au maximum si les séances ont été quoti- diennes, ce qui n’est pas spécifié. La seconde série nécessitée par quel- ques causes d’erreur reconnues dans la première a pris place à une date qui n’esl pas indiquée. Le nombre des expériences de cette seconde série n’est pas indiqué non plus. SÉANCE DU 7 JUILLET 679 Il est très probable qu'il n’a pas dépassé celui de la première série. C'est donc sur cinq expériences (ou moins) faites sur un seul sujet et dans les conditions indéterminées que l’on vient de voir, que M. Yvon a fondé ses conclusions. 3° J'ai dit plus haut que les données relatives à la température étaient les seules peut-être utilisables, parmi toutes celles de M. Yvon. Or, dans la deuxième série d'expériences, celle où, dit M. Yvon, ont été éliminées les causes d'erreur qui existaient dans la première, nous trouvons les chiffres suivants : TEMPÉRATURE CRE. NE NES IAVAE TES DANS ete PA PES 6090 Différence. RORCAR ES FE Se RE RATIO CARRE SPAS GNOS + 0°05 apres! 16emrmnion 29 25H pAr0 la 040 — 0020 soit une élévation de deux dixièmes de degré. M. Yvon considère ce résultat comme négligeable et passe outre. Je ne saurais être de son avis. Le résultat me paraît au contraire important. Existe-t-il beaucoup d'agents, pharmaceutiques ou autres, dépourvus d'action nocive et capables d'élever de deux dixièmes de degré la tem- pérature d'un sujet normal mais àgé? La seule conclusion à tirer du travail de M. Yvon est donc celle-ci : le bain électrique élève la température (ce qui a été constaté par de nom- breux auteurs et par moi-même depuis longtemps), d'où il semble pro- bable qu'il accélère les échanges. Mais c'est précisément le contraire de ce que prétend l’auteur, qui déclare l’action de l'électricité sur l'organisme peu marquée et même douteuse en se fondant sur les recherches dont il vient d’être rendu compte. SUR UNE CAUSE D'ERREUR DANS L'EXAMEN DU SANG CONTENANT DES MICROBES ET DES HÉMATOZOAIRES ENDOGLOBULAIRES EN PARTICULIER, par M. LAVERAN. Lorsqu'on veut examiner du sang desséché, on procède souvent de la manière suivante : une goutte de sang est déposée sur une lame porte- objet et à l'aide d’une lamelle couvre-objet, maintenue à peu près ver- ticalement, par rapport à la lame porte-objet ou mieux à l’aide d’une carte de visite, on étale le sang dans le sens de la longueur de la lame porte-objet; le sang est desséché rapidement, fixé et coloré. Ce procédé d'examen donne de bons résultats; il faut bien savoir cependant qu'il existe une cause d'erreur lorsqu'on se propose de rechercher dans le sang des microbes et des hématozoaires endoglobu- laires en particulier. 680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai pu apprécier dernièrement l'importance de celte cause d'erreur dans les circonstances suivantes. J'examinais du sang desséché d’un bovidé atteint de fièvre du Texas; j'avais constaté sur plusieurs points de la préparation que les globules rouges parasités par Piroplasma bigeminum élaient rares (un ou deux par champ tout au plus), lorsque je tombai sur un point où les parasites élaient au contraire très nombreux, on en comptait jusqu'à vingt ou même trente dans un même champ (oculaire 2, 0bj.1/16 à immersion de Verick). Il me fut facile de reconnaître que les points de la préparation riches en ?. bigeminum correspondaient à la partie terminale du frottis qui avait été fait avec le sang du bovidé. Sur d’autres préparalions de sang contenant soit P. bigeminum, soit d'autres hémalozoaires endoglobulaires et notamment l’hématozoaire du paludisme, je pus constater qu'il en était de même : les héma- tozoaires se trouvaient en plus grand nombre dans la partie terminale du frottis que dans le reste de la préparation. Hier encore, j'ai examiné des préparations de sang palustre très démonstratives à cet égard, les hématies parasitées et les corps en croissant rares dans la partie supé- rieure et moyenne du froltis étaient nombreux dans la partie terminale. À vrai dire, la couche de sang est presque toujours plus épaisse à la partie terminale du frotlis, ce qui pourrait expliquer l'abondance des parasites; je me suis mis à l'abri de cette cause d'erreur en comparant des points des préparalions où la couche de sang avait à très peu près la même épaisseur. Il me parait très probable que si les hématies parasitées et aussi des parasites libres (corps en croissant) sont entraînés facilement quand on fait un froitis de sang et viennent s’accumuler à la partie terminale du frottis, c’est que ces hématies et ces parasites adhèrent moins facile- ment à la lame de verre sur laquelle on fait le frottis que les hématies normales. Le fait que les hématies parasitées et les parasites libres sont entraînés facilement au moment où l’on fait le frottis constitue une cause d'erreur qu'il m'a paru intéressant de signaler. Dans la même préparation de sang on peut trouver des points très pauvres et d'autres très riches en hématozoaires; d'autre part, si l’on a mis beaucoup de sang sur la lame porte-objet et si, comme il arrive souvent, on enlève l'excès de sang qui s'est accumulé à la partie inférieure de la lame, il peutse faire qu'on fasse disparaître ainsi la plupart des parasites. MM. Borrel et Marchoux, avec lesquels j'ai eu l’occasion de m'’entre- tenir de cette question, m'ont dit avoir fait des observations identiques aux miennes. M. Marchoux a vu que dans les froltis de sang palustre les hématies parasitées se trouvaient en beaucoup plus grand nombre dans la partie terminale que dans les autres parties. SÉANCE DU 7 JUILLET 681 M. Borrel a fait la même remarque pour d'autres microbes, et dans les leçons de technique qu'il fait à l’Instilut Pasteur, il recommande, pour l'examen du sang, de mettre sur la lame porte-objet une goutte de sang assez petite pour qu'on puisse l'élaler en entier, sans qu'il soit néces- saire par conséquent d'enlever un excès de sang accumulé à la partie inférieure, cet excès de sang renfermant souvent les éléments les plus intéressants. Cette recommandation me paraît excellente, elle met à l'abri de la cause d'erreur que je signale; l'examen portera principale- ment, bien entendu, sur la partie terminale du froltis. Si je n'ai pas reconnu plus tôt la cause d’erreur que je signale, c'est que jusque dans ces derniers temps, je me suis servi d’un procédé de préparation du sang autre que celui en question dans cette note. NOTE SUR L'INFLUENCE D INJECTIONS PRÉALABLES DE SOLUTIONS DE CANTHARIDINE DANS L'ALBUMEN DE L'ŒUF SUR L'ÉVOLUTION DE L'EMBRYON DE POULET, par M. Cu. FÉRÉ. Poursuivant mes recherches de substances capables de provoquer une suractivité du développement de l'embryon, je me suis adressé à la cantharidine que M. P. Carnot a déjà mise à contribution dans son étude sur les régénérations d'organes (1). Je me suis servi de solutions potas- siques décroissantes. Exp. [. — Injection dans 12 œufs au 6° jour de la ponte d'un demi-centi- mètre cube d'une solution à 2 p. 100 de cantharidate de potasse. Injection dans 12 œufs de même date de la même quantité d'une solution de potasse caustique nécessaire à dissoudre la cantharidine. Ouverture des œufs après 72 heures d'incubation à 38 degrés. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 11 absences de déve- loppement et 1 blastoderme sans embryon. b) Dans les œufs qui ont reçu la solution de potasse, il y a 5 absences de développement, 6 blastodermes sans embryon et 14 cyclope. Exe. II. — Injection dans 12 œufs au 7° jour de la ponte de 8 vingtièmes de centimètre cube de la solution à 2 p. 100. Injection dans 12 témoins de la même quantité de la solution de potasse caustique. Ouverture des œufs après 72 heures d'incubalion, a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 10 absences de déve- lopçement et 2 blastodermes sans embryon. b) Dans les œufs qui ont reçu la solution de potasse, il y a 6 absences de (1) P. Carnot. Le problème thérapeutique des régénérations d'organes (/a Presse médicale, 1900, t. T, p. 9). 682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE développement, # blastodermes sans embryon et 2 embryons hydropiques. Exe. III. — Répétition de l'expérience précédente, avec 7 vingtièmes de centimètre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 7 absences de déve- loppement, 4 blastodermes sans embryon et 1 embryon normal de 48 heures dévié de 45 degrés à droite (8,33 p. 100). b) Dans les œufs qui ont reçu la solution de potasse, 1l y a 5 absences de développement, 4 blastodermes sans embryon, 2 céphalites et À embryon normal de 48 heures en hélérotaxie. Exp. IV. — Répétition de la précédente avec 6 vingtièmes de centimètre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 5 absences de dévelop- pement, 3 blastodermes sans embryon, 1 céphalite et 3 embryons normaux (25 p. 100) de 52 heures, dont 2 déviés à 45 degrés, 1 à droite et 1 à gauche). b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 2 absences de développe- ment, 4 blastodermes sans embryon, 3 cyclopes et 3 embryons normaux de 47 h. 20 en moyenne dont 1 dévié à droite de 45 degrés. ExP. V. —- Répétilion de la précédente avec 5 vingtièmes de cenlimèlre cube. a) Dans les œufs qui ont reçu la cantharidine, il y a 3 absences de déve- loppement, 1 blastoderme sans embryon, 2 céphalites et 6 embryons normaux de 50 h. 40 en moyenne dont 2 déviés à 45 degrés à gauche et 4 à 180. b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 5 absences de développe- ment, 4 blastodermes sans embryon et 3 embryons normaux de 49 h. 20 en moyenne dont 1 en hétérotaxie et 1 dévié à 45 degrés. Exp. VI. — Répétition de l'expérience précédente avec # vingtièmes de cen- timèlre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 6 absences de déve- loppement, 3 blastodermes sans embryon, et 3 embryons normaux de 49 h. 20 en moyenne (25 p. 100). b) Dans les œufs qui ont reçu la potasse, il n’y a qu’une absence de déve- loppement, 4 blastodermes sans embryon, 1 atrophie de la tête et 6 embryons normaux de 49 h. 40 (50 p. 100). Dans ces expériences avec la solution à 2 p. 100, il y a exactement le même nombre d'embryons dans les deux catégories (13 sur 72, soit 18,05 p. 100); mais les embryons contenus dans les œufs qui ont recu la can- tharide en ont en moyenne 51 h. 13, les autres n’ont en moyenne que 48 h. 55. Des 13 embryons des œufs qui ont recu la cantharidine, 1 est transposé, 2 sont déviés à droite à 45 degrés, 3 à gauche à 45 dns Des 13 embryons des œufs qui ont reçu la potasse, 3 sont en hétérotaxie, 2 sont déviés à 45 degrés, 1 à droite et 1 à gauche. Exp. VIT. — Injection dans 12 œufs au 5° jour de la ponte de 8 vingtièmes. de centimètre cube d'une solution à 1 p. 100 de cantharidate de potasse, Injection dans 12 témoins de la même quantité d’une solution de potasse nécessaire à dissoudre la cantharidine. Ouverture des œufs iprée 72 heures d’ an on à 38 degrés. SÉANCE DU 7 JUILLET 683 a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 3 absences de dévelop- pement, 1 blastoderme sans embryon, 3 cyclopes et 5 embryons normaux (41,66 p. 100) de 48 heures en moyenne, dont 1 dévié de 135 degrés à droite, 1 de 135 degrés à gauche et 2 de 45 degrés à gauche. b) Dans les œufs qui ont reçu la potasse, il y a 2 absences de développe- ment, 3 blastodermes sans embryon, 2 cyclopes et 5 embryons normaux de 46 heures en moyenne sans déviation. Exp. VII. — Même expérience avec 6 vingtièmes de centimètre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 2 absences de déve- loppement, 3 blastodermes sans embryon, 1 cyclope, 1 pseudencéphale, et 5 embryons normaux (41,66 p. 100) de 48 heures en moyenne dont 1 en hété- rotaxie et 2 déviés à 45 degrés, 1 à droite et 1 à gauche. b\ Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 4 absences de développe- ment, 3 blastodermes sans embryon, 2 céphalites et 3 embryons normaux (25 p. 100), de 49 h. 20, dont 1 en hétérotaxie. Exp. IX. — Répétition des précédentes avec 5 vingtièmes de centimètre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 2 blastodermes sans embryon, 2 céphalites, 1 cyclope et 7 embryons normaux (58,33 p. 100) de 38 h. 17 en moyenne, dont 2 en hétérotaxie, 2 déviés à droite de 135 degrés et 1 dévié à gauche de 45 degrés. b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 2 absences de développe- ment, 2 blastodermes sans embryon, 1 embryon hydropique, et 7 embryons normaux, dont 2 en hétérolaxie et 1 dévié à droite de 135 degrés, et dont l'âge moyen est de 53 h. 8. Exp. X.— Répétition de la précédente avec 3 vingtièmes de centimètre cube. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 1 absence de dévelop- pement, 1 blastoderme sans embryon, { céphalite, 2 omphalocéphales, 1 embryon hydropique et 6 embryons normaux de 52 h. 40 en moyenne, dont 1 en hétérotaxie, À transposé, 1 dévié à 135 degrés à droite et 2 déviés à 45 degrés à gauche. b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y à 1 absence de développe- ment, 2 cyclopes et 9 embryons normaux dont 3 déviés à 45 degrés à gauche et 2 à 90 degrés à gauche. Exp. XI et XII. — Répétition des précédentes avec 2 vingtièmes de cenli- mètre cube. æ) Dans les œuis qui ont reçu la cantharidine, il y a 4 absences de déve- loppement, 5 blastodermes sans embryon, 1 céphalite, 3 cyclopes, À ompha- locéphale et 10 embryons normaux (41,66 p. 100), de 53 h. 24 en moyenne, dont 2 en hétérotaxie, 2 déviés à 45 degrés à droite et 1 dévié à 45 degrés à gauche. b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 2 absences de dévelop- pement, 1 embryon kystique, 1 céphalite, 3 cyclopes, 1 embryon hydropique et 14 embryons normaux (58,33 p. 100) de 51 h. 25 en moyenne, dont 1 en hétérotaxie, 1 transposé, 1 dévié à 90 degrés à gauche, 2 déviés à 90 degrés à droite, 2 déviés à 45 degrés, 1 à droite et 4 à gauche. Exe. XIII et XIV. — Répétition des précédentes avec 1 vinglième de centi- mètre cube. 684 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE a) Dans les œufs qui ont reçu la cantharidine, il y a 3 absences de déve- loppement, 2 blastodermes sans embryon, 1 embryon kystique, 2 céphalites, 4 cyclope et 15 embryons normaux (62,50 p. 100), de 55 h. 28, dont 1 en hété- rotaxie et dévié de 45 degrés à droite, 1 transposé, 1 dévié à 90 degrés à gauche et 4 déviés à 4ù degrés à gauche. b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 3 absences de développement, 1 blastoderme sans embryon, 1 céphalite, 2 atrophies de la tête, 1 cyclope, 4 omphalocéphale et 15 embryons normaux de 50 h. 24 en moyenne, dont 2 déviés à 45 degrés à gauche. Dans ces expériences avec la solution à 4 p. 100, il y a moins d'em- bryons normaux dans les œufs qui ont recu la eantharidine (48 au lieu de 55 sur 92, soit 52,17 p. 100 au lieu de 59,78), mais ils sont plus âgés, 53 h. 40 en moyenne, au lieu de 49 h. 23. Dans les embryons des œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 6 hétérotaxies, 2 transposilions, 5 dévialions à 135 degrés, 4 à droite et 1 à gauche, 1 déviation à 90 degrés à gauche, 15 à 45 degrés, 1 à gauche et 4 à droite. Dans les embryons des œufs qui ont reçu la potasse, il y a 3 hétérotaxies, 1 transposition, 1 déviation à 135 degrés à droite, 5 à 90 degrés, 1 à droite et 4 à gauche, 7 déviations à 45 degrés, 6 à gauche et 1 à droile. ExpP. XV, XVI et XVII. — Douze œufs recoivent 2 vinglièmes de centimètre cube d’une solution à 4 p. 200 de cantharidate de potasse; 12 œufs du même jour recoivent la même quantité de la solution de potasse nécessaire à dis- soudre la cantharidine. Ouverture des œufs après 72 heures d’incubation. a) Dans les œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 2 absences de déve- loppement, 9 blastodermes sans embryon, 1 céphalite, 1 atrophie de la tête, 4 omphalocéphales, 3 cyclopes, 3 embryons hydropiques et 13 embryons nor- maux (13 sur 36 — 36,11 p. 100) de 52 h. 9, en moyenne, dont 1 dévié à 135 de- grés à droite, 1 à 90 degrés à droite et 3 à 45 degrés à gauche: b) Dans les œufs qui ont recu la potasse, il y a 7 absences de développe- ment, 6 blastodermes sans embryon, 1 céphalite, 4 atrophie de la tête, 4 cyclopes, 1 embryon hydropique et 16 embryons normaux (44,44 p. 100), de 49 h. 37 en moyenne, dont 3 en hétérotaxie (1 dévié à droite à 45 degrés), 1 transposition, { déviation à gauche à 45 degrés. Exp. XVIII, XIX, XX, XXI, XXII, XXIII et XXIV. — Douze œufs reçoivent . 1 vingtième de centimètre cube d’une solution à { p. 1000 de cantharidate de potasse,; 12 œufs du même jour recoivent la même quantité de la solution de potasse nécessaire à dissoudre la cantharidine. Ouverture des œufs après 72 heures d’incubalion. a) Dans les 84 œufs qui ont recu la cantharidine, il y a 8 absences de développement, 1 monstre double, 8 blastodermes sans embryon, 5 céphalites, 9 cyclopes, # omphalocéphales, 2 embryons hydropiques, 1 duplicité du cœur et #7 embryons normaux (55,95 p. 400) de 57 h. 26 en moyenne, dont 7 déviés à droite (2 à 135 degrés, 3 à 90 degrés, 2 à 45 degrés) et 3 déviés à gauche (4 à 125 degrés et 2 à 45 degrés), et 3 hétérolaxies. SÉANCE DU 7 JU:LLET 685 b) Dans les 84 œufs qui ont recu la potisse, il y a 4 absences de dévelop- pement, 9 blastodermes sans embryon, 2 céphalites, 7 cyclopes, 1 omphalocé- phale, 1 kyste rachidien, 5 embryons hydropiques et 55 embryons normaux (65,45 p. 100), de 50 h. 25 en moyenne, dont 1 transposé, 7 déviés à droite (3 à 90 degrés et 4 à 45 degrés) et 6 déviés à gauche (5 à 45 degrés et 1 à 90 degrés) et 5 hétérotaxies, dont 1 avec déviation à 45 degrés à gauche. Ces expériences montrent en somme que la cantharidine exalte la tendance à la variation; en même temps qu'elle provoque des monstruo- sités, elle provoque une accélération de l'évolution qui se montre surtout avec les doses faibles. Cette accélération se montre particulièrement dans le dernier groupe d'expériences où l’âge des embryons, par rap- port au temps de l’incubation, a une avance absolue (1). DE L'INDICANURIE PHYSIOLOGIQUE ET EXPÉRIMEMTALE CHEZ L'HOMME SAIN, par MM. A. Gicgert et EmILe WEix. Depuis l’époque .-où notre attention fut attirée sur l'existence de l’indicanurie dans le syndrome du diabète anhépatique et sur l'action des extraits de foie pour en provoquer la disparition, nous n’avons cessé d'étudier chez tous nos malades la fréquence et la valeur de ce symptôme. Nous l’avons pour ainsi dire {trouvé constamment, aussi bien chez les malades atteints d'affection du foie que dans le cours des maladies généraies qui peuvent léser la cellule hépatique. Nons croyons donc bien qu'à côté des cas où l’indicanurie est liée à la surproduction d’indol dans la cavité intestinale, il en est d'autres où l'indol, formé en proportion normale, n’est pas arrêté par le foie, dont le fonctionnement cellulaire est défectueux. Mais l'étude des cas pathologiques laisse Loujours dans l'obscurité le rôle exact qui revient au foie d'une part, à l'intestin de l’autre; ces viscères participant cons- tamment aux processus pathologiques qui s’attaquent à l’un des deux. Aussi avons-nous tenté d'éclairer la question en l'étudiant expérimen- talement. Nous avons produit artificiellement des indicanuries chez l'homme sain; mais auparavant, nous avons été obligés de nous faire une opinion sur l'indicanurie physiologique décrite par certains auteurs. (1) Nous rappellerons que nous donnons l'appréciation de l'âge d’après les figures de l'atlas de Duval; or, ses figures des embryons de 48 et de 52 heures répondent à ce que nous trouvons après 12 heures d'incubation dans les con- ditions normales dans nos étuves. 686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons commencé par fixer la technique à suivre pour la recherche de l’indican. Bien des procédés sont en effet sujets à erreur; et dans telle urine, renfermant une quantité notable d’indoxylosulfale de potasse, on peut n’en point obtenir la réaction, par défaut de manipulation, Nous avons adopté parmi les diverses méthodes essayées, celle d'Obermayer, comme la plus sensible et la plus sûre. Elle consiste à prendre dans un tube parties égales. d'urine et d'acide chlorhydrique pur (5 centimètres cubes par exemple), on ajoute 1-2 gouttes de perchlorure de fer, 2 centimètres cubes de chloroforme. Après agitalion à froid, le soluté chloroformique d'indigo est lavé à l’eau et se montre d'un beau bleu, foncé ou clair, suivant la quantité qu'en contient l'urine. Pour doser quantitativement l'indigo éliminé par l'urine dans un temps donné, les auteurs n'indiquent guère de procédés chimiques. Le seul dont l'emploi soit aisé, consiste à oxyder l'indigo bleu en indigo blanc par une solution d'hypochlorite de chaux (Keilmann) (1). Le nombre variable de gouttes nécessaires à celte transformation, permet d'apprécier approxi- mativement la quautité réelle du produit. Il nous a paru plus simple d’em- ployer une solution fraîchement préparée d'hypobromite de soude (brome 1 centimètre cube, lessive de soude 10 centimètres cubes, eau distillée, quantité suffisante pour 250 centimètres cukes), et de calculer le nombre de gouttes suffisantes pour donner au chloroforme une coloration jaune clair. Cette méthode ne permet d’ailleurs pas de calculer en chiffres la quantité réelle d'indigo : car, si l’on fait une solution d'indigo bleu commercial, chi- miquement pur, dans du chloroforme, il faut un nombre très considérable de goultes d’hypobromite pour le décolorer, taudis que six à dix gouttes réduisent facilement une solution très foncée d'indigo urinaire. Les produits ne sont probablement pas identiques, ou bien, il faut admettre que l'indigo naissant se laisse réduire plus aisément. Cette deuxième hypothèse est vraisemblable, car les solutions d’indigo retirées de l’urine depuis 24 heures sont beaucoup plus difficiles à décolorer que les mêmes solutions fraiches. Toutes les solutions doivent donc être faites extemporanément. 1° Zndicanurie physiologique. — L'excrétion de l’indol est considérée comme normale par nombre de physiologistes. D'après Jaffé, l'urine totale des vingt-quatre heures renfermerait de 4 milligr. 5 à 19 milligr. 5 d'indoxylsulfate de potasse. Mais cette quantité très minime n’esl pas perceptible cliniquement. Nous avons éludié non pas l'urine totale, mais l'urine recueillie toutes les deux heures dans le cours de la journée chez dix sujets sains âgés de vingt à trente ans, ne présentant aucun trouble digestif ni hépatique. Quatre sujets en ont été indemnes, les six autres avaient des traces imperceptibles d'indican, soit seulement dans les urines diges- tives, soit dans les divers échantillons d'urine avec augmentation de (1) Le procédé de Keilmann offre un grave inconvénient. La solution d’in- digo étant impure, on n'arrive pas à une décoloration parfaite. Il est d’ailleurs plus facile d'apprécier l'apparition d’une couleur qu'une décoloration. DL 4 { L Cal”. “Dé à fée “pres buts Mit ss ibn it SR bi SÉANCE DU 7 JUILLET 687 la réaction plusieurs heures après le repas. Le maximum de l’élimi- nation de l’indol semble en rapport avec la digestion; quelquefois un autre maximum pouvait être noté dans les urines de la fin de la nuit. Mais la quantité d’indoxylsulfate urinaire était très minime : car jamais le chloroforme ne fut teinté en bleu, mais en gris de lin. N’eût été la sensibilité de la méthode, on eût affirmé son absence dans ces urines. Le fait qu'on trouve des traces d’indican dans l’urine de l'homme sain, ne peut enlever son importance pathologique à la présence notable de l’indican en certains cas. N’a-t-on pas lrouvé normalement aussi des traces de glycose dans l'urine? Toutefois le moindre trouble du fonctionnement intestinal, la plus légère diarrhée suffisent pour amener dans l’urine une réaction mar- quée. Nous avons voulu fixer quelle quantité d’indol était nécessaire pour produire chez l’homme sain l’indicanurie. 2° Indicanurie expérimentale. — En employant l'indol cristallisé de Merk ou de Poulenc nous avons, avec 5 milligrammes, administrés soit en pilules fraiches, soit cn supposiloires, déterminé de facon constante l’indicanurie. Celle-ci se montre au bout d’une heure, a son maximum de deux à quatre heures après l’ingestion, et disparait pelit à petit, au bout de six à dix heures généralement. Avec 5 milligrammes, l'indi- canurie est aussi forte que dans les cas pathologiques, où elle est le plus marquée : 10 gouttes de la solution d'hypobromite sont nécessaires pour réduire l'indigo à l’aemé de son élimination. Après l’adminis- tration de 2 milligrammes, l'indicanurie est encore nette, mais elle devient presque imperceptible après une dose de 1 milligramme. Nous sommes Jà très loin des chiffres de Petitpas, qui fit jadis quelques expériences sur l'indicanurie. Cet auteur l'aurait produite avec des doses variant de 0 gr. 50 à 1 gr. 25 d’indol et ne l’aurait obtenue avec 0 gr. 10 que chez un sujet atteint de cirrhose hépatique. Pour étudier de façon plus proche le rôle du foie, nous avons admi- nistré en même temps à des adultes sains 5 milligrammes d'indol et 12 grammes d'extrait sec de foie de porc. Après cette ingestion simul- tanée de foie et d’indol, l'élimination d'indican ne différa ni quantita- tivement ni qualitativement de ce qu'elle était chez le même individu après la seule absorption de la même dose d’indol. Il n’y eut non plus pas de différence chez deux sujets sains, après administration d’une pilule de 5 milligrammes d’indol et de 150 grammes de sirop de sucre, et après la prise isolée de la même quantité d'indol. La clinique nous avait pourtant montré que les extraits de foie amènent la disparition de l’indicanurie chez les diabétiques ou dans les états anhépatiques, et nous avons vu parfois à la suite des glyco- suries alimentaires apparaître l’indicanurie. Nous n'avons donc pas reproduit l’action très nette que les extraits 688 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE de foie nous ont paru avoir sur l'indicanurie de l'insuffisance hépa- tique. Il est vrai que nous n'avons expérimenté que chez l'homme bien portant et qu'un organe sain ne réagit pas comme un organe malade sous la même excilation physiologique ou médicamenteuse. Nos expériences nous ont surtout montré l'importance du rôle de l'intestin dans Ja production de l'indicanurie, mais elles n'infirment à aucun degré les autres fails que nous avons constatés cliniquement : la constance de l’indicanurie au cours de l'insuffisance hépalique et, dans les maladies du foie, l’action manifeste que les extraits hépa- tiques possèdent dans ces cas pour la faire disparaitre. Comment peut-on concilier les données pathologiques avec les notions fournies par l'étude de l'indicanurie expérimentale ou physiologique, c'est ce que nous nous proposons d'exposer prochainement. ÉVOLUTION DE LA NÉVROGLIE A L'ÉTAT NORMAL ET PATHOLOGIQUE. Note de M. G. MaRINESCO, présentée par M. Én. RETTERER. La névroglie est composée chez l'adulte, ainsi que la nouvelle méthode de Weigert le montre, d’un grand nombre de fibrilles qui constituent. une espèce de feutrage dense dans la substance grise antérieure. Dans la substance blanche, ces fibrilles forment un réseau assez régulier dans les mailles duquel logent les fibres nerveuses. Dans les deux sub- stances, on voit en outre des noyaux de volume variable; ils se pré- sentent habituellement sous deux aspects : noyaux clairs, contenant beaucoup de granulalions ineluses dans un réseau, et noyaux foncés, qui contiennent en outre une substance amorphe colorable. Comme les noyaux sont souvent silués au niveau de l’entrecroisement des fibrilles, on serait tenté de considérer ces dernières comme de vrais prolonge- ments cellulaires. Cependant, il n’en est rien, et il est facile de s’en convaincre par l'emploi de la méthode de Weigert. Du reste, ainsi que l'ont montré Ranvier et Weigerl, il ne s’agit là que d’une simple apparence et les fibrilles ne font que traverser le caryoplasma sans affecter avec ce der- nier des rapports de continuilé. Il existe à l’état normal entre les tissus nerveux et névroglique une harmonie préétablie, en vertu de laquelle ces deux tissus se développent parallèlement sans que l’un des deux empiète sur l’autre. Chez le fœtus âgé de sept mois, où le faisceau pyra- midal n’est pas encore développé, on constate que dans l'aire de ce faisceau il y a très peu de cellules névrogliques; elles sont nombreuses dans le reste de la substance grise et blanche. Les cellules névrogliques embryonnaires sont constituées à cet âge par un noyau volumineux, granuleux, ayant un nucléole apparent, et entouré d'une couche mince mél hd SDS Scie SÉANCE DU 7 JUILLET 689 de protoplasma, invisible ou presque dans les préparations traitées par la méthode nouvelle de Weigert. Chez le fœtus de cinq mois, ces cel- lules sont plus petites, plus variables de forme, mais la substance fibril- laire intercellulaire est aussi moins abondante que chez le fœtus de sept mois. Après avoir produit de la substance fibrillaire, les cellules embryonnaires changent de forme et diminuent de volume : elles entrent dans une période de repos, de synthèse plastique. Il suffit d’une cause anormale dérangeant l'équilibre nutritif des tissus nerveux et névro- glique, diminuant ainsi la vitalité du premier, pour que les cellules névrogliques sortent de leur état de torpeur formative. Que ce soit l'oblitération des vaisseaux du centre nerveux ou l'arra- chement d'un nerf périphérique, la compression des centres nerveux, l'inflammation ou la dégénérescence primitive du tissu nerveux, le résultat est toujours le même. Les soi-disant cellules névrogliques endormies se réveillent; leur protoplasma, peu apparent à l’état normal, augmente, le volume du nucléole s’accuse, de sorte que la cellule névroglique, qui en était réduite presque à son noyau, se développe, se mulliplie et peut même atteindre des proportions considérables dans les dégénérescences rapides et progressives des centres nerveux. C’est aux dépens de ce protoplasma cellulaire ainsi modifié que se forme la sub- stance fibrillaire, et il est facile de voir dans le protoplasma cellulaire, sur des préparations convenables, un grand nombre de points qui ne sont autre chose que la coupe transversale des fibrilles névrogliques de nouvelle formation. À mesure que ces fibrilles se développent, elles s'émancipent du corps cellulaire et deviennent indépendantes. Une fois que le protoplasma cellulaire à rempli sa tâche de producteur en sub- stance fibrillogène, il se réduit en grande partie, la cellule diminue de . volume, le noyau se rétracte, devient plus foncé, et la cellule reprend en général l'aspect qu’on lui voit sur les préparations normales traitées par la méthode de Weïgert, pour la névroglie. Au point de vue de l’évolution de la névroglie dans les processus patho- logiques, il y a lieu de distinguer deux phases : 1° une phase de dégé- nérescence des cellules et des fibres nerveuses pendant laquelle il se produit la réaction des cellules névrogliques dont nous venons de parler plus haut (tuméfaction du corps cellulaire, augmentation du proto- plasma et multiplication des cellules) et 2° une phase de sclérose coïn- cidant avec la formation des fibrilles névrogliques, lesquelles sont excessivement nombreuses et très denses dans les vieilles scléroses et où les cellules névrogliques font presque complètement défaut; car, d'après la loi que nous avons formulée, les cellules névrogliques, après avoir produit de la substance fibrillaire, finissent par se rétracter et entrent alors dans une période de repos plastique. Toutes les considé- rations que je viens d'exprimer s'appliquent aussi bien aux dégéné- rescences primitives du tissu nerveux, comme c'est le cas pour le Bi0LOG1E. COMPTES RENDUS. — 1900, T. LI], 53 690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tabes, qu'aux dégénérescences secondaires de la moelle, et également aux glioses dont le type principal est la gliose périépendymaire ou syringomyélie. Dans les inflammations aiguës et chroniques du système nerveux, il ya lieu de distinguer un double processus cellulaire : 1° ane réaction primitive due au processus inflammatoire lui-même et 2 une réaction secondaire due à l’altération des éléments nerveux. ACTION DE L'EXTRAIT AQUEUX DE VER DE TERRE SUR LA COAGULATION DU SANG, par MM. L. Camus et P. LEQuEux. Nous nous sommes proposés de rechercher si, pour les extraits aqueux des organes du ver de terre, ne se vérifierait pas l'hypothèse émise par l’un de nous que, dans toute la série animale, les extraits aqueux d'organes ou de cellules ont une action anticoagulante indirecte. Les quelques expériences rapportées ci-dessous montrent que l'extrait aqueux de ver de terre possède, en effet, comme les extraits étudiés par Heidenhain (1), Contejean (2), Abelous et Billard (3) et l'un de nous (4), la propriété de suspendre la coagulation du sang chez le chien par injection intra-veineuse. | Nos extraits ont été ainsi préparés : les vers lués par une immersion de quelques minutes dans l’eau bouillante sont coupés en très petits morceaux et mis à dessécher dans un exsiccateur à acide sulfurique, puis ensuite réduits en poudre fine; cette poudre, enfin, est épuisée. par dix fois son poids d'eau distillée. a) Expérience faite avec l'extrait aqueux d’une poudre de vers dont les organes digestifs ont été enlevés : A un chien roquet jeune, du poids de 8 kilogrammes, on fait une injection brusque, dans la veine fémorale droite, de 10 centimètres cubes d’extrait. Aussitôt après l'injection, l'animal a des nausées, pousse quelques gémis- sements et présente bientôt des symptômes de narcose. Les prises de sang faites par l'artère fémorale trois minutes, huit minutes, (4) Arch. de Pfiüger, XLIX, Bd, 1891. (2) Action anticoagulante des extraits d'organes, Comptes rendus de la Société de biologie, IT, 10° série, 752, 1896. (3) De l’action anticoagulante du foie des crustacés, Comptes rendus de la Société de biologie, 10° série, IV, 991, 1897. (4) L. Camus. Contribution à l'étude de la coagulation du sang et de la fonction anticoagulante du foie, Cinquantenaire de la Société de biologie, p. 378-387, 14899. oh dede 5 ER édit. ti! tt. HÉÉÉÉ . d S, EM. ss ct nd SÉANCE DU 7 JUILLET 691 — quinze minutes, vingt-trois minutes, trente-deux minutes, quarante-six minutes, une heure après l'injection, montrent que le sang est incoagulable, et cette incoagulabilité persiste pour toutes ces prises de sang encore après vingt- quatre heures. Le plasma s'est séparé rapidement dans tous les tubes. La pression sanguine, très notablement abaissée au moment de la première prise, commence à se relever quinze minules après l'injection. Avant l'injec- tion, le sang de ce chien coagulait en quatre minutes. b) Expérience faite avec l'extrait provenant de la poudre des organes digestifs : : A un chien jeune adulte du poids de 6 kil. 500, on injecte # c. c. 5 de la solution. À peine l'injection terminée, l'animal a des nausées, il pousse quelques cris et entre en état de narcose; un quart d'heure après, flux diarrhéique. Le sang recueilli par l'artère fémorale deux minutes, six minutes, quinze minutes après l'injection est complètement incoagulable, même après vingt- quatre heures. Avant l'injection, le sang coagulait en sept minutes. La pres- sion sanguine était abaissée dès la première prise de sang. Il nous à paru intéressant de chercher si ces extraits, très actifs en injection intraveineuse, ne possédaient pas une action anticoagulante directe. Cette propriété, mise d’abord en évidence dans l'extrait de sangsue par Haycraft, ne se rencontre qu'assez rarement dans les extraits d'organes. Les recherches d’Abelous et Billard (1), de A. Dastre et Floresco (2) et celles de l’un de nous (3) montrent que cette propriété se trouve surtout localisée dans les extraits de foie ou d’hépato- pancréas. Les séparations d'organes que nous avons opérées chez le ver de terre ne nous ont pas permis jusqu'ici de constater, dans les tissus de cet animal, la présence de substances anticoagulantes directes. Voici les résultats négatifs de deux expériences in vitro faites avec les extraits aqueux employés dans les expériences in vivo ci-dessus rapportées. FILAMENTS COAGULATION de fibrine après complète. a) 2 cent. cubes de sang artériel (tube témoin). 3 minutes. 4 miuutes. 1 cent. cube de sang artériel L 1 cent. cube ÉRREAE à ee A RU Ne a te IL le HE b} 2 cent. cubes de sang artériel (tube témoin). 2 22 T — 3 cent. cubes de sang artériel Æ1 cent. cube ONE PR US AT le. “OUT 5 — (14) Loc. cit. (2) Méthode de la digestion papainique pour l'épuisement des tissus en général et l'isolement de quelques ferments et agents zymo-excitateurs ou frénateurs en particulier, Comptes rendus de la Société de biologie, 10° série, V. 20, 8 janvier 1898. (3) Loc. cit. + NL oops ie Da ex ME 692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE PR UE ER RS Conclusions. — Les extraits aqueux de ver de terre renferment des substances anticoagulantes indirectes très énergiques qui déterminent probablement une réaction du foie analogue à celle démontrée par Gley et Pachon (1) dans le cas d'injection de peptone, puis confirmée par Delezenne et plusieurs autres expérimentateurs avec d’autres substances. L'action anticoagulante directe ne semble pas exister dans les extraits de ver de terre. LES FORMATIONS HYPOPHYSAIRES CHEZ LES CYCLOPES, par M. ETIENNE RaABauD. On admettait anciennement que l'hypophyse était le résultat de l'union d'un bourgeon du cerveau intermédiaire et d’un bourgeon de la partie antérieure de l'intestin céphalique (poche de Seessel). Gôtte, en 1875, montra, chez le crapaud, que l'intestin ne prenait aucune part à la for- malion de l’hypophyse. Cet organe, d’après ses observations, avait pour origine première une ébauche cérébrale et une ébauche ectodermique, celle-ci dépendant d’une invagination située immédiatement en avant de la membrane pharyngienne, la poche de Rathke. Diverstravaux, ceux de Külliker, de Mihalcowiz entre autres, vinrent confirmer la décou- verte de Gütte, non seulement pour ce qui concerne les Batraciens, mais aussi pour l'ensemble des Vertébrés. La question semblait tranchée lorsque, en 1894, Kuppfer 2 ) signala chez les Batraciens et les Amniotes trois ébauches hypophysaires : le processus infundibulaire issu du cerveau intermédiaire — un bourgeon ectodermique issu de la poche de Rathke — un bourgeon endodermique issu de la poche de Seessel; des faits analogues ont été observés par Valenti{3) chez les Batraciens. Saint-Remy(4), au contraire, chez l'oiseau, n’a pu constater l'intervention de la poche de Seessel; celle-ci reste à distance de la poche de Rathke, elle contracte des relations avec l’extré- mité antérieure de la corde dorsale. Les formations hypophysaires existent presque constamment chez les poulets cyclopes ; chacune d'elles apparaît très distinctement grâce à ce fait que l'inflexion céphalique n'est pas encore commencée au troi- (1) Académie des sciences, CXXI, 383, 26 août 1895, et Société de biologre, 10° série, II, 741, 23 novembre 1895. (2) Die Deutuog des Hirnanhanges. Sitz. d. Ges. für Morph. und Phys. in Miünchen, 1894. (3) Sullo Sviluppo dell Ipofisi. Acad. med. chir. di Perugia, 1894. (4) Sur la signification morphologique de la poche pharyn%ienne de Seessel, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1895. R tt di, = SÉANCE DU 1 JUILLET 693 sième jour de l’incubation. L'infundibulum est assez variable quant à sa f°rme et à ses dimensions; néanmoins 1l vient toujours se mettre en contact intime, sans interposilion d'aucun élément mésodermique, avec le fond de la poche de Rathke. Celle-ei est une simple invagination de l'ectoderme ventral située un peu en arrière des organes visuels; la fossette buccale, beaucoup moins profonde qu’elle, lui fait immédiate- ment suite. La poche de Seessel se trouve en arrière de la poche de Rathke, au-dessus de la fossette buccale, dont elle reste séparée par une mince membrane. La poche de Seessel est tenue assez éloignée du système nerveux sus-jacent par l'interposition d’une certaine épaisseur de mésoderme; du reste ce n’est pas la région de l’infundibulum qui surplombe l'intestin céphalique, l’ébauche cérébrale de l'hypophyse ne se prolonge pas en arrière Jusqu à ce niveau. L'indépendance des tissus nerveux et endodermique est donc complète de toutes facons. Je n'ai pu constater l'existence passagère d'une communication entre les deux poches, communication signalée par Saint-Remy, et qui repré- senterait à ses veux le palæostome hypophysaire de Kuppfer. Il ne convient pas de s'arrêter à ce résultat négatif, car cette communication élant extrèmement fugace, il est possible qu'elle s'était déjà produite où qu'elle allait se produire chez les individus que j'ai examinés. Par contre, j'ai observé avec toute l'évidence désirable des relations de continuilé entre la voûte de la poche de Seessel et la corde dorsale (Selenka et Saint-Remy). Cette dernière apparait sur les coupes en même temps que la poche pharyngienne, et si elle la dépasse, ce n'est que de fort peu. Dans tous les cas, elle reste toujours éloignée de la poche de Rathke, contrairement à ce qu'ont avancé divers auteurs, Romiti en particulier, qui admet même une soudure entre la corde et la: poche ectodermique. La disposition rectiligne des embryons ceyclopes permet de se rendre compte de la valeur des théories proposées pour expliquer la formation de la poche hypophysaire. On ne peut évidemment pas s'arrêter à la manière de voir de Romiti, qui admet que la corde, adhérente à l'ectoderme, exerce une traction sous l'effort de laquelle le feuillet externe se soulève et s’allonge progressivement; cette adhé- rence n'a jamais élé vérifiée. On a tendance actuellement à penser que la production de la poche de Rathke est due à l'inflexion céphalique. « Le cerveau en s'infléchis- sant et en s'abaissant sur la fossette buccale en rétrécit la région postéro-dorsale et en fait de la sorte un anneau diverticulaire de la portion principale (1). » Or, la poche hypophysaire se formant chez les cyclopes nonobstant l'absence de flexion céphalique, il faut abandon- ner cetle explication purement mécanique. Nous devons admettre que (4) À. Prenant. Eléments d'Embryologie, t. I, p. 79. 694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la poche de Rathke est une invagination active de l’ectoderme dont nous ne saurions actuellement pressenlir la cause. Nous pouvons dire seule- ment qu'il parait exister une certaine corrélation entre l’ecloderme pré- buccal et le plancher du cerveau intermédiaire. En effet, à côté des cas (les plus nombreux) qui présentent un infundibulum et une poche hypophysaire marchant à la rencontre l’un de l'autre, j'en ai observé d’autres qui se rangent en deux calégories : Ou bien, l'infundibulum n'existe pas ou est peu marqué. Dans ces conditions l'invaginalion ectodermique, extrêmement profonde, se pro- longe de bas en haut pour entrer au contact du plancher cérébral. : Ou bien la poche de Rathke se trouve réduite à une légère dépression ventrale, parfois si peu marquée qu'elle peut être considérée comme nulle. C'est alors l’infundibulum qui traverse de haut en bas toute l'épaisseur de l'embryon pour venir se mettre au contact de l’ectoderme. INFLUENCE DES DIALYSES OU FILTRATIONS INTRA-ORGANIQUES SUR LES PRINCIPES TOXIQUES, par MM. Cuarrin et Moussu. On sait qu'on modifie, en général, qu'on atténue certains poisons (toxines du tétanos, de la diphtérie, elc.), en les filtrant au travers de différentes parois organiques ou non. Or, dans l’économie, les liquides normaux ou pathologiques sont à chaque instant obligés de franchir une série de membranes séreuses, muqueuses, endothéliales ; à tout moment, pour entrer dans une cellule ou en sortir, un élément soluble passe fatalement d'un côté à l’autre d’une enveloppe véritable, tout au moins d’une couche de protoplasma épaissi. L’expérimentation en pareille matière est ou très simple ou très difficile, plus encore, très longue, très complexe. On conçoit, en effet, qu'il soit aisé de placer une toxine dans un segment d’œsophage ou d'intestin, de déposer ce segment fermé aux deux bouts dans un récipient renfermant du sérum artificiel et de voir si cette toxine dialyse. Mais, d'autre part, il est des membranes trop délicates pour être maniées; en outre, les résultats sont influencés par un nombre infini de facteurs (choix de la toxine, son activité, sa dilution; durée de l'expérience ; nature de la membrane, son degré de conservation, sa tension, sa vitalité, sa structure en rapport avec l’animal fournisseur, la température, la pression, la densité, la minéralisation, quelquefois la vitesse du liquide enveloppant, etc.) ; on aperçoit bien vite les propor- tions considérables que doit prendre une de ces recherches pour se rapprocher de ce qui se passe en réalité, et pourtant nos essais suffisent à donner quelques indications. ©% SÉANCE DU 7 JUILLET 69 Dans des fragments d'œsophages, mesurant en moyenne 10 à 15 cen- timètres de long et fermés à une extrémité, on introduit de la toxine tétanique ou diphtérique (1 ou 2 c. c. dilués dans 5 ou 10 d’eau); puis, on obstrue la seconde extrémité. On place alors chacun de ces sortes de sacs dans un vase contenant, suivant les dimensions de ce segment, 8 à 12 centimètres cubes de sérum artificiel à 10 de chlorure de sodium pour 1000, et on maintient ces appareils à l'étuve à 37 degrés. Après un séjour de deux à quatre heures, qu'on ne prolonge pas trop par crainte des microbes, en dépit des précautions prises (stérilisation des liquides, des récipients, lavages à l’eau bouillie des deux faces des membranes recueillies au moment de la mort, etc.), on éprouve la toxicité et de ce contenu et de ce contenant. Dans quatre essais ce contenu seul a paru actif; dans une expérience la toxine s'est montrée légèrement atténuée, attendu que l'animal a survécu cent vingt heures, le double des témoins. — En général, le gros intestin retient comme cet œsophage; par contre l'iléon, tout en agissant, se laisse fréquemment traverser, moins régulièrement cepen- dant que le péritoine et surtout le mésentère, d’ailleurs fenestré. La toxine déposée dans un sac péricardique conserve son pouvoir pathogène ; toutefois, dans une tentative sur trois, elle a tué en cinq jours, au lieu de deux; elle a donc semblé altérée par les sucs ou les cellules de ce péricarde. — La vessie demeure imperméable, tandis que la capsule péri-rénale, dans deux cas, à opposé une barrière insuffisante, probablement en raison de déchirures fimperceptibles à l'œil. La lymphe mélangée aux poisons microbiens ne les a pas sensible- ment modifiés ; de même l'injection inlra-ganglionnaire, qui une fois - pourtant a faiblement agi. La paroi qui peut-être appelle le plus de recherches est celle des vaisseaux, que nous avons expérimentée chez le cheval ou la vache, alors que les autres tissus ont été empruntés au mouton, au bouc, prin- cipalement à de gros chiens. Daris un segment de jugulaire, vide de sang, fermé aux deux bouts, on injecte de la toxine diluée, puis on referme la plaie. — Après dix-huit à vingt-deux heures, si on a introduit de grosses quantités (5 à 10 centi- mètres cubes de cette toxine dans une partie mesurant 10 à 15 de long), on n'observe aucun changement, bien entendu en tenant compte de ces dilutions; avec de faibles doses (2 à 3 centimètres cubes), par deux fois nous avons enregistré des survies de dix à douze jours, au lieu de quatre à cinq pour les témoins. De ces essais nous ne retenons que les perméabilités et les imper- méabilités nettement établies, comme aussi la simple possibilité des modifications. Chaque expérience comporte trop de variétés pour nous permettre autre chose, loin de trancher cette série de problèmes juxta- 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE posés, que de poser la question générale de cette influence des dialyses ou filtrations intra-organiques sur les principes toxiques. INFLUENCE DE L'INANITION SUR LA RÉSISTANCE A L'INFECTION COLIBACILLAIRE, par MM. RoGER et Josué. L'inanition, qui modifie si profondément l’état anatomique de certains organes dont le rôle dans la défense de l’organisme commence à être bien connu, détermine-t-elle des changements dans la résistance des animaux contre l'infection? Telle est la question que nos recherches antérieures sur les modifications de la moelle osseuse dans l’inanitiom (Société de Biologie, 5 mai 1900) nous ont amenés à reprendre. Ayant constaté, en effet, que le tissu médullaire prolifère abondamment sous l'influence du jeûne, il nous semblait que l'animal ainsi préparé devait être plus apte à lutter avec avantage contre l’action nocive des microbes. Or, tous les auteurs qui ont étudié l'influence de l’inanition sur l’évolu- tion des infections sont arrivés à des conclusions contraires à ce que l& théorie nous faisait prévoir. Canalis et Morpurgo ont démontré que les. animaux privés d'aliments résistent, moins bien que les témoins, aux inoculations microbiennes. | Les résultats sont tout à fait différents si l’on opère sur des animaux qui, après avoir subi une assez longue inanition, ont été remis, pendant quelques jours, au régime ordinaire. Dans ces conditions, la résistance est augmentée d'une facon notable, au, moins vis-à-vis du colibacille. Car il ne serait pas juste de généraliser les résultats que nous avons obtenus avec ce microbe, le seul que nous ayons expérimenté jusqu'ici. Les lapins qui ont servi à nos expériences avaient un poids supé- rieur à 2,000 grammes. Ils ont été soumis à un jeûne absolu pendant cinq ou sept jours. Après cette période d’inanition, nous leur rendons des aliments ; trois à onze jours plus tard, nous pratiquons une inoculation intra-veineuse d’une culture de B. coli, ainsi qu à des témoins de poids égal ou supérieur. À ce moment, les animaux qui ont été soumis à l'ina- nition ont engraissé légèrement, mais ne sont pas encore revenus à leur poids primitif: l’un d'eux, malgré la reprise de l'alimentation, avait continué à maigrir. Le tableau suivant permettra, mieux que toute description, de saisir les résultats que nous avons obtenus dans ces conditions. Sur les cinq animaux qui ont été soumis au jeûne, un seul a suc- combé; il est mort cinq jours après l’inoculation, alors que le témoin, qui pesait 325 grammes de plus, a succombé en trente-huit heures. Sur les cinq animaux témoins, un seul a survécu; encore est-il qu'il à SÉANCE DU 7 JUILLET 697 maigri de 615 grammes et qu'il a été extrèmement malade, alors que l'animal qui avait jeùné est resté bien portant et n'a perdu que 150 grammes. Les auires expériences sont encore plus nettes, puisque les témoins sont morts et que les animaux inanitiés ont survécu. Les détails varient un peu, suivant la virulence des échantillons dont nous disposions, mais, dans leur ensemble, les résultats ont une constance remarquable. ; a | TEMPS DS J porps |PUREE ERA ÉCOULÉ OR QUANTITÉ INITIAT du | F9 entre la fin | Ù MONT | DE cucrure | RÉSULTATS M ÿ du jeûne et inoculée. pk c ï lation. Panier l'inoculation jeune. VAE | | cent.cubes. I 2885 ÿ jours.| 2430 3 jours. 202: 5 Survie. ‘) Témoin. | » » 2545 5 Mort en 48 heures. I { 2165 1|Tj S.| 1640 1 jours. ë Mort en 5 jours. ‘j Témoin. » 2315 ù Mort en 38 heures. » 2465 [6jours.| 1950 | jours. | 2010 | 0, Survie. ‘| Témoin. » 315 d Mort en 10 jours. A2 05] : Hours 3 en deux fois. | Survie. 1V LEA J C 1 ‘{ Témoin. » 22 id. Mort en 19 jours. J Y 2250 jours. Tjours. | È 0,4 en deux os. | Survie (1). ‘l Témoin. » | 205 id. Survie (2). (1) Après avoir maigri de 150 grammes. (2) Après avoir maigri de 615 grammes. Ces faits comportent une application en pathologie expérimentale. Pour obtenir des résultats comparables, il ne suffit pas de choisir des animaux de même poids : il est également essentiel de tenir compte de leurs antécédents, de savoir s’ils n’ont pas souffert de privations quelque temps avant d'être mis en expérience, par exemple chez les fournisseurs ou pendant le transport. On peut se demander encore si l’usage du jeûne, tel qu'il est prescrit par certains rites religieux, n’a pas une importance hygiénique plus grande qu’on ne l'avait supposé et si les modifications qu'il provoque ne renforcent pas, pour un temps, les moyens de défense de l'organisme. 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE. SUR CERTAINES DIFFÉRENCIATIONS CHROMATIQUES OBSERVÉES DANS LE NOYAU DES SPERMATOCYTES DU RAT (1), par M. Cc. REGaup. Les spermatocytes de premier ordre (dont il est seulement question dans cette note) prennent naissance par la division karyokinétique des spermatogonies et disparaissent en produisant, également à la suite d’une karyokinèse, les spermatocytes de deuxième ordre. Depuis leur naissance jusqu'à leur disparition, les spermatocytes de premier ordre subissent une évolution longue, lente et continue. Au point de vue des phénomènes nucléaires, cette évolution peut être par- tagée en quatre périodes. Première période. — Les spermatocytes jeunes, nés de la mitose d'une spermatogonie croûtelleuse, ressemblent d'abord beaucoup à leur cellule-mère (même taille peu de temps après la division, zone proto- plasmique étroite autour du noyau, croûtelles chromatiques violettes accolées à la membrane nucléaire). Aussi les a-t-on généralement con- fondus avec les spermatogonies; mais ce sont là deux générations, et même deux espèces cellulaires distinctes. En raison de cette ressemblance morphologique, on peut appeler gonocytles les jeunes spermatocytes.: Deuxième période. — La première période prend fin et la seconde commence au moment où les gonocytes quittent le type morphologique maternel. Les croûtelles se résolvent en grains, après avoir montré par- fois une safranophilie passagère. Les grains, d’abord fins, augmentent peu à peu de volume. Bientôt on les voit nettement disposés en un fila- ment grenu pelotonné d'une manière serrée dans le noyau (spirème serré, growing cells de Brown, Uebergangspermalogonien de Lenhossék). La quantité de chromatine et le volume du noyau augmentent peu à peu. La cellule quitte la couche génératrice et s'avance un peu vers la lumière du canal. Il n’y a encore aucune différenciation chromatique dans la chromatine uniformément bleu-violette. Troisième période. — L'apparition des premières différenciations dans (1) Les principaux faits contenus dans la présente note.ont été communiqués verbalement le 20 avril dernier, à la réunion de l’Anatomische Gesellschaft, à Pavie, avec dessins et préparations à l'appui. — Les renseignements biblio- graphiques se rapportant à cette note, ne pouvant trouver place ici, seront publiés ultérieurement. Technique. — Les différenciations chromatiques dont il s’agit ici peuvent être obtenues par plusieurs procédés. Le meilleur consiste à colorer successi- vement par l’hématéine et par la safranine des coupes fines de testicule de rat fixé par un mélange de bichromate de potasse à 3 p. 100 dans l’eau (100 vol.) et d'acide acétique pur (5 vol.) (mélange de Tellyesniczky). SÉANCE DU 7 JUILLET 699 la répartition et dans les affinités chromatiques de la chromatine marque le début d'une nouvelle étape. Les modifications dans la chromaticité apparaissent généralement en premier lieu. On voit un ou plusieurs points du filament chromatique, aux coudures du filament, sous la membrane nucléaire, trancher sur le reste par leur couleur rouge vif. En même temps et peu à peu, le volume du noyau et la quantité de suc nucléaire augmentent. Le filament chromatique, dont les anses sont moins serrées, est épineux; il paraît constitué par une trame de fila- ments pâles (linine) supportant des grains de chromatine. A ce moment, un segment du filament chromatique s’isole du reste, en un point de la surface du noyau; une zone de suc nucléaire incolore entoure cetle portion isolée, comme si la reste du peloton chromatique était refoulé au pôle opposé du noyau. Au début du phénomène, la porlion isolée est parfois violette, comme le reste du filament, mais elle ne tarde pas à devenir intensément et purement safranophile : c’est le corps lenticulaire découvert par Lenhossék (1898). Ce corps est aplati contre la membrane du noyau; sa forme est très variable : lentille, ruban avec des parties rélrécies et des pointes effilées, etc. Ses bords sont lisses et non épineux. Très fréquemment, surtout au début, il est relié au reste du peloton par des filaments rouges ou violets; plus tard, son isolement est complet. À son niveau, le noyau bombe en une saillie arrondie, comparable à la saillie cornéenne du globe de l'œil. Outre ce corps, 2! existe toujours dans le noyau deux ou trois autres portions safranophiles du filament chromatique, ne différant du corps de Lenhossék que par l'absence d'une zone incolore aussi prononcée. Quatrième période. — La fissuration du filament, qui a pris une couleur lie de vin, et là formation des chromosomes en cerceaux, caractérisent la quatrième période. Ce sont des phénomènes parfaitement décrits par Lenhossék. Les corps safranophiles entrent en régression. Aux dépens de l'un d'entre eux se forme un nucléole, unique ordinairement, volumineux, bientôt sphérique, purement safranophile, augmentant de volume à mesure que le corps de Lenhossék décroît. Ce nucléole, resté seul, gagne l'intérieur du noyau. Il diminue à son tour quand la membrane nucléaire s’efface; devenu punctiforme et pâle, il disparait enfin peu avant la constitution du fuseau achromatique. Peu de temps après le début de la différenciation chromatique, on voit apparaître dans le protoplasma du spermatocyte un, puis ordinai- rement deux corps safranophiles, d'abord punctiformes, qui croissent un peu et persistent intacts pendant la karyokinèse spermatocytaire : ce sont les corps chromatoïides extra-nucléaires Les faits précédents s'observent chez d'autres mammifères avec des variations de détails importantes. RTE, nn 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il paraït exisler une relation entre les corps safranophiles intra- nucléaires, les corps chromatoïdes extranucléaires et des échanges de matériel chromalique s’effectuant à travers la membrane du noyau. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) MODIFICATIONS DE LA MUQUEUSE GASTRIQUE AU VOISINAGE DU NOUVEAU PYLORE, DANS LA GASTRO-ENTÉRO-ANASTOMOSE EXPÉRIMENTALE par M. À. Cape (de Lyon). Nos observalions histologiques ont porlé sur deux animaux : 1° Un chien, auquel nous avons fail une simple anastomose entre la région du grand cul-de-sac de l'estomac et une des premières anses du jéjunum ; 2° Un chat, auquel nous avons fait ï même opéralion, précédée d’une section totale de l'estomac par sa partie moyenne, pour exclure de la circuiation alimentaire la moitié pylorique de l'organe et obliger tous les aliments à passer par le nouvel orifice. Ces deux animaux ont été sacrifiés chacun environ sept mois après l’opéralicn. Les modificalions histologiques one chez ces deux animaux sont à peu près semblables et peuvent être résumées ainsi : 1° Les entonnoirs glandulaires, qui dans les glandes du fond sont courts et à direction rectiligne perpendiculaire à la surface, sont devenus profonds, larges et sinueux, autant et même plus que ceux des glandes pyloriques normales. Les cellules caliciformes qui revêtent ces enton- noirs glandulaires ainsi que la surface libre de la muqueuse n'ont pas changé. 2° Les glandes sont très modifiées. De rectilignes qu'elles sont dans la muqueuse normale du fond, elles sont devenues sinueuses, à trajet irrégulier. Leur lumière est devenue large avec des renflements monili- formes sur leur trajet. Au niveau du nouveau pylore, elles ne contiennent plus qu'une seule espèce de cellules. Ce sont des cellules cylindriques ou cubiques, claires, dont le noyau chiffonné occupe la région basale ; la région supranucléaire du protoplasma a une structure alvéolaire. Il n’y a pas d'ergastoplasme. À mesure qu'on s'éloigne du néopylore, on passe par transilions gra- : duelles des glandes très modifiées que nous venons de décrire aux glandes ordinaires du fond. Les cellules bordantes reparaissent peu à peu. Au sein des cellules claires apparaissent des différenciations qui les ramènent progressivement au type ordinaire des cellules principales. CV RE SÉANCE DU 7 JUILLET 701 3° Le tissu conjonctif interglandulaire, dans la région du nouveau pylore, montre une infiltration leucocytaire marquée. 4° Outre les glandes modifiées dont nous venons de parler, on observe un certain nombre de culs-de-sac glandulaires en voie de disparition. Les leucocytes semblent jouer un rôle important dans ces phénomènes de régression glandulaire, car on trouve de nombreux amas épithéliaux envahis par eux. Nous sommes tenus à une certaine réserve au sujet de lareconstitution du processus qui a abouti, après sept mois, aux modifications profondes décrites ci-dessus. Nous pensons toutefois pouvoir affirmer que {es glandes spéciales qui existent au pourtour du néopylore sont des glandes du fond modifiées. La modification s'est faite de telle façon quele nouveau type glandulaire ressemble étrangement au type pylorique normal. Les cellules, toutes semblables, qui constituent ces nouvelles glandes, pro- viennent très vraisemblablement des anciennes cellules principales, les cellules bordantes ayant disparu. L'étude cytologique, que nous poursuivons actuellement, nous per- mettra sans doute de préciser les détails de l’évolution remarquable qui a conduit les cellules glandulaires à un type morphologique et à des fonctions si différents du type et des fonctions originels. {Travail du Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon. QUELQUES ADAPTATIONS FONCTIONNELLES DU GRAND PECTORAL ET DU GRAND DORSAL, par M. le D' ALezais. Les adaptations fonctionnelles des muscles ont été jusqu'ici peu étudiées. Cependant, comme le disaient il y a déjà longtemps Gratiolet et Alix (1), les muscles nous révèlent le sens dans lequel se développent les mouvements de l'animal, et, considérés comme instruments de ses volontés, ils nous racontent en quelques sorte sa nature et ses instincts. Le pectoral et le grand dorsal, étudiés chez quelques rongeurs de fonctions différentes, peuvent fournir quelques exemples intéressants d’adaptations suivant une évolution similaire. Ces deux muscles comprennent deux ordres principaux de fibres, les unes antérieures ou transversales destinées à produire l’adduction du membre, les autres postérieures, se rapprochant plus ou moins de la direction sagittale et ramenant le membre en arrière par un mouvement que l’on peut appeler mouvement de flexion. (1) Gratiolet et Alix. Troglodytes Aubryi, Nouvelles Archives du Muséum d'hist. nalur. de Paris, 1866, p. 118. 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La gerboise, dont le membre thoracique est remarquable par ses petites dimensions, quoique mobile et destiné à la préhension, offre un pectoral et un grand dorsal, uniformément réduits. Le dorsal forme une bande musculaire mince et étroite dont l’origine sur le fascia dorso-lombaire ne dépasse pas les dernières côtes et dont le tendon terminal, très grêle, sans rapports avec le dorso-olécranien, s’unit. au milieu de la facc interne du tendon du grand rond. Le pectoral n'a mi fibres claviculaires ni faisceau abdominal; il est mince et provient seulement de la moitié antérieure du sternum. Chez le coureur et le sauteur (lapin, jièvre), le grand dorsal est surtout d’origine lombaire. Chez le premier son insertion rachidienne s’avance jusqu'à la9° ou 10° vertèbre dorsale, mais chez le second il reste absolument limité aux apophyses épineuses lombaires. De même c'est la partie postérieure du pectoral qui chez ces animaux l’em- porte en développement sur la partie antérieure. La longueur des fibres et l'épaisseur du muscle au niveau du bord postérieur contras- tent singulièrement avec les faisceaux antérieurs qui sont grêles et minces. - Le faisceau brachio-abdominal du pectoral manque, il est vrai, chez ces deux rongeurs. Mais sa présence semble plutôt liée à des influences génériques qu'à des influences fonctionnelles. On le trouve chez le cobaye, la marmotte, le rat, l'écureuil, tandis qu'il fait défaut chez la gerboise, le lapin et le lièvre. La disposition qui dépend de la fonction est plutôt le développement des fibres postérieures ou sagittales du pectoral, car, parmi ces trois derniers animaux, on ne Île constate que sur les deux derniers qui sont des coureurs, quoique la gerboise soit également privée de fibres abdominales. Si on compare au coureur un grimpeur ou un fouisseur, on est frappé de la différence morphologique que présentent le pectoral et le grand dorsal. Chez le grimpeur, tout en restant étendus vers la région lombaire, ces deux muscles ont des fibres antérieures ou d’adductior bien plus développées. Chez l’écureuil, le bord postérieur du pectoral est épais, mais sa couche antérieure superficielle est dédoublée et chacune de ses portions dont les fibres sont transversales ou obliques en dedans et en arrière est relativement épaisse. De même le grand dorsal, tout en continuant à occuper la région lombaire et atteignant même parfois le bassin, s'étend jusqu'à la 2° vertèbre dorsale. Son bord antérieur, qui est charnu jusqu'aux vertèbres, représente le maximum d'épaisseur du muscle et se continue avec un dorso-olécranien particu- lièrement puissant. Chez le fouisseur, le pectoral et le grand dorsal sont également bien développés, mais ils le sont surtout dans leur partie antérieure ou adductrice. Chez la marmotte, le grand dorsal arrive comme chez l’écureuil jusqu’à la 2° vertèbre dorsale. Chez l'oryctère des Dunes, le SÉANCE DU 7 JUILLET 703 pecloral forme une grosse masse dont les couches sternales et clavicu- laires sont fusionnées. Il semble donc qu'on puisse conclure : que chez le coureur ce sont les fibres postérieures du pectoral et du grand dorsal qui sont déve- loppées, tandis que chez le grimpeur et le fouisseur les fibres antérieures ou d'adduction le sont aussi et ces deux muscles sont plus puissants. DE L’ENTRECROISEMENT DES PYRAMIDES CHEZ LE RAT; LEUR PASSAGE DANS LE FAISCEAU DE BuRDACH. — NOTE PRÉLIMINAIRE, Par MM. Porter et G. GÉRARD (de Lille). L'un de nous, poursuivant des recherches sur l'olive bulbaire chez l'homme et les mammifères, a trouvé chez le rat une disposition très particulière des faisceaux pyramidaux qui se dirigeaient de la pyramide antérieure à travers le bulbe, s'entre-croisaient sur le raphé médian et passaient dans le faisceau de Burdach de l'autre côté en décapitant à la fois les cornes antérieures et postérieures. Ce trajet paradoxal du faisceau moteur est en opposition avec les faits; mais certaines observations antérieures montrent les rapports des faisceaux moteurs, — en partie ou en totalité — avec les cordons postérieurs : Continualion des faisceaux pyramidaux avec les cordons de Burdach chez les marsupiaux et les monotrèmes (Külliker). Pas- sage d'une partie du pyramidal dans les cordons postérieurs chez le chien (Marchi et Algeri). Rapports des pyramidaux avec les cordons latéraux et postérieurs chez le rat et la souris (Zacharzewsky). Con- nexions exclusives avec la partie antérieure des cordons postérieurs chez le cobaye et le rat (Bechterew). Ces quelques opinions nous semblaient utiles pour appuyer les faits d'observation que nous allons avancer et qui font l’objet de cette note. Chez le rat, en suivant les coupes en série du bulbe, voici ce que nous avons observé : 1° A la partie loute supérieure de la moelle cervicale, au-dessous du collet du bulbe, les cordons antérieurs et postérieurs sont bien déve- loppés; la substance grise est étalée dans les cordons latéraux qui semblent réduits aux fibres de Gowers et cérébelleux direct. 2° Vers le collet du bulbe la substance grise, est bien distincte, non dissociée; le cordon antérieur est intact; le cordon latéral présente nettement les fibres du Gowers et du cérébelleux direct; le cordon pos- térieur est divisé en un faisceau de Burdach très développé et en un faisceau de Goll, ; 3° Un peu plus haut, au niveau où commence la décussation des AR 704 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE voies motrices, on voit des fibres partir nettement du faisceau de Bur- dach, se diriger en avant et en dedans, s'entre-croiser avec des fibres du côté opposé au-devant du canal central en coupant non seulement les cornes postérieures mais encore les cornes antérieures et se rendre à la partie antérieure (apparition des pyramides). Ces fibres sont divisibles en deux groupes principaux. 4% Dans des coupes passant de plus en plus haut, on retrouve la même disposition : passage ininlerrompu du contingent du cordon de Burdach dans la pyramide. 5° Arrivé au niveau de l'olive inférieure, le passage des faisceaux continue ; les extrémités du faisceau embrassent le cordon de Burdach, enfin on arrive à la fin de la décussation. 6° Plus haut les coupes faites en plein bulbe montrent : olives, fibres arciformes, hypoglosse, vague, noyaux gris des cordons postérieurs. Un fait est important à constater : le cordon de Burdach diminue de volume à mesure qu'on s'élève et que la pyramide s'accroît. La question se pose de savoir si le Burdach conlient à la fois des voies motrices et des voies sensitives. Elle ne peut être résolue que par les dégénérescences qui nous montreront : 1° si les voies motrices pas- sent comme nous le pensons dans le cordon postérieur; 2° si elles existent seules ou mêlées à des fibres sensitives; 3° s’il existe un faisceau pyramidal direct. Nous enlreprenons une série de recherches anatomiques et anatomo- pathologiques qui nous permettront sans doute de confirmer les fails que nous avancons dans cette note. ERRATA Dans le dernier numéro (séance du 30 juin), communication de M. Retterer : page 659, deuxième ligne, au lieu « de la spécificité du manque de transformations cellulaires », il faut lire : « de la spécificité et du manque de transformations cellu- laires ». Dans la communication de MM. Widal et Ravaut, publiée dans le dernier numéro, la ligne 3 de la page 655 contient un chiffre erroné. Lire : « et le sang n’en renfer- mait que 2,5 sur 100 », au lieu de : « et le sang n’en renfermait que 9 sur 100 ». Le Gérant : OCTAVE PORÉE. «Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Nés. | he * SÉANCE DU 21 JUILLET 1900 M. Desevre : Bourgeons pancréatiques multiples sur le conduit hépatique primitif. — M.E. LaGuesse : Sur les variations de la graisse dans les cellules sécrétantes séreuses (pancréas). — M. J. CLuzer : Syndrome électrique de dégénérescence dû à l’anémie expérimentale de la moelle. — M. J. Jorry : Karyokinèse des globules blancs dans la lymphe péritonéale du rat. — M.J.-F. Guyon : Rôle du nerf érecteur sacré dans la miction normale. — M. Pozersxt : Action de quelques ferments so- lubles après refroidissement vers — 191 degrés au moyen de l'air liquide. — M. Cuaxoz et M. Dovon : Contribution à l'étude physiologique de l’éther amyl- salicylique. — M. Cxanoz et M. Doxon : Action saponifiante du foie sur l'éther amyl-salicylique. Présidence de M. Troisier, vice-président. BOURGEONS PANCRÉATIQUES MULTIPLES SUR LE CONDUIT HÉPATIQUE PRIMITIF, par M. DEBEYRE. D'une facon générale, on admet aujourd’hui que le pancréas des Ver- tébrés dérive de deux bourgeons primitifs : l’un dorsal, c’est le plus important ; l’autre ventral, double souvent, né de l’épithélium même du conduit hépatique primitif; c’est l’accessoire. Devons-nous en conclure qu'il n’y a jamais d’autres ébauches pan- créatiques? Non, car Kupffer, par exemple, chez l'Esturgeon, signale plusieurs bourgeons dorsaux ; car, d'autre part, on trouve souvent de petits pancréas accessoires supplémentaires et tout à fait indépendants des deux canaux normaux. Pour nous en tenir à une catégorie de ces organes supplémentaires, rappelons que Claude Bernard, dans ses Leçons, signale, d’après Poinsot, la présence chez le Bœuf de petits canaux pancréatiques accessoires venant se jeter dans le canal cholé- doque, vers son point d'union avec le cystique. M. Laguesse a suivi, chez le Mouton, le développement de toute une série de diverticules naissant tardivement sur le canal cholédoque et formant autant de glandules pancréatiques accessoires (1). M. Ranvier, dans ses Lecons faites au Collège de France, sur les membranes muqueuses et le système glandulaire, signale, chez le Rat, toute une suite de canaux pancréatiques venant déboucher dans le canal hépatique. Partant de cette observation faite chez l'adulte, nous avons, (4) Société de Biologie, 1895. Biozocte. Comptes RENDUS. — 1900. T, LIT. . 54 706 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur le conseil de M. Laguesse, cherché l'origine de ces canaux chez l'embryon. Chez un embryon de seize jours et de 16 millimètres, sur des coupes sériées, nous avons vu de la portion duodénale de l'intestin se détacher deux canaux : l’un, très court, déjà assez ramifié, porteur de tubes pan- créaliques primitifs; l’autre, beaucoup plus important, se rendant au foie : c'est Je cholédoque. La paroi épithéliale de ce dernier envoie, de place en place, des divercules creux, tubuleux et ramifiés pour la plu- part. Nous avons pu en compter huit. Chez un Bat nouveau-né, nous avons d’autre part fixé l’anse duodé- nale au liquide D, coloré ensuite par l'hématoxyline au fer et coupé en série. Du canal hépatique, transversalement sectionné, on voit, en plu- sieurs points, partir de petits canaux qui se rendent dans un lobule glandulaire voisin et s’épanouissent en un bouquet d’acini. La présence de grains de zymogène et de cellules centro-acineuses montre la nature pancréatique de ces lobules. En un point, nous avons vu deux de ces émissaires déboucher l’un en face de l’autre. Nous nous proposons de suivre leur évolution complète. Mais, dès à présent, nous croyons pou- voir dire que ces petits organes dérivent des diverticules décrits dans la première observation et deviennent les pancréas multiples observés par Ranvier chez l'adulte et dont nous avons vérifié l'existence. Par conséquent, ici aussi les bourgeons pancréatiques, nés du cholédoque, seraient multiples, mais tandis que la plupart semblent s'atrophier chez le Mouton, ils arriveraient, chez le Rat, à un complet développement. (Travail du laboratoire d'histologie et d'embryologie de la Faculté de médecine de Lille.) SUR LES VARIAÏIONS DE LA GRAÏSSE DANS LES CELLULES SÉCRÉTANTÉS SÉREUSES (PANCRÉAS), par M. E. LaGuesse. Depuis longtemps divers auteurs, Nussbaum notamment (glandes gastriques, 1882), Ranvier (glandes salivaires, cours de 1887), Nicolas (rein primitif, 1891), ont signalé la présence fréquente d’un certain nombre de granulations graisseuses dans les cellules glandulaires séreuses. Dans le pancréas, on sait que toutes les granulations réfrin- gentes furent d'abord prises pour telles. Heidenhain montra (1875- 1883) que la plupart d’entre elles sont de nature différente, et formées par la substance mère du ferment, ou zymogène, mais que pourtant un certain nombre, éparses surtout dans la zone basale, résistent à la SÉANCE DU 21 JUILLET 107 potasse et à l'acide acétique et doivent être bien véritablement grais- seuses. L’acide osmique leur donne, à la longue, une teinte complète- ment noire. La plupart des auteurs ont confirmé depuis. Récemment, cette question de la présence de la graisse dans les cellules glandulaires séreuses a de nouveau attiré l'attention de Garnier et Bouin (pour les glandes salivaires, 1897), de Garnier (1899), de Bensley (glandes gas- triques, 1898), etc. J'ai pu vérifier souvent moi-mème la présence normale d'un peu de graisse, non seulement dans la cellule du pancréas (1894), mais dans celle des glandes salivaires (homme), dans celle du corps de Wolf (vipère), de l'estomac (batraciens), etc. Mais je ne crois pas qu'on ait suivi les variations de cette graisse aux divers stades fonctionnels (1). Elles ont quelque intérêt, car elles peuvent être très marquées. En me bornant au pancréas, je puis dire de suite que, chez les diverses espèces examinées (grenouille, triton, salamandre, orvet, couleuvre, vipère), la graisse s’est montrée d’autant plus abondante qu'on s’éloignait de la période de sécrétion active. Mais c’est surtout chez la salamandre que j'ai pu suivre ces varia- tions. 29 individus ont été examinés, à des dates diverses, entre.le 1* et le 36° jour après la digestion. On sait que, chez cet animal, les diges- tions sont généralement assez espacées et lentes, l'estomac ne se vidant complètement que le 3° jour. Or, le 1° et le 2° jour après le repas, la graisse est très rare dans les cellules. C’est à peine, en général, si dans quelques-unes, on en trouve, vers la base, une à cinq très petites goutte- lettes éparses. Au 3° jour, quand l'estomac commence à être vide, on en trouve souvent un peu plus, et d’un peu plus grosses. Du 4° au 8° jour du jeûne, un petit amas tend à se constituer à la base de la plupart des cellules, tantôt serré, tantôt lâche et s'égrénant sur toute la largeur de l'élément. Chez la plupart des animaux sacrifiés, entre le 10° et le 36° jour, il existe dans presque toute la largeur de la cellule, immédiate- ment ou presque immédiatement contre la membrane basale, une large cupule granuleuse sombre (par l'acide osmique) où repose le noyau. Elle apparait sur la coupe comme un croissant. Les gouttelettes consti- tuantes sont de taille variable, parfois aussi volumineuses que les grains de zymogène. La cellule a deux amas, deux pôles, un pôle à ferment, un pôle graisseux, séparés par le noyau; on trouve pourtant maintenant quelques gouttelettes de graisse disséminées jusqu'en-la zone apricale. Dans quelques cas, des leucocytes ont été trouvés le long des vais- seaux, bourrés de graisse, qu'ils étaient vraisemblablement venus pui- ser dans ces réserves. Après l’action de l'acide osmique le contour des (1) Nussbaum, pourtant, fait déjà remarquer pour les glandes gastriques de la salamandre que les granules graisseux abondent surtout soixante-douze heures après le repas. 708 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cavités sécrétantes est merveilleusement mis en relief par la file dés croissants noirs. À partir du 2° jour, le zymogène n’a cessé de s’ac- croître, mais vers le 40°, si le jeûne continue, il tend à diminuer de nou- veau, surtout chez la larve. Quand survient une nouvelle digestion, la graisse disparait assez rapi- dement, à moins que l’amas ne soit très volumineux. Si l’on gave l’ani- mal tous les jours sans laisser l'estomac se vider, la graisse n'apparaît pas ou reste limitée à quelques gouttelettes. Si on interrompt le gavage, laissant la poche gastrique distendue par plusieurs rations journalières de nourriture superposées, point de graisse ou traces infimes jusqu’au 7° jour du jeûne, époque à laquelle l'estomac est trouvé vide pour la première fois. Chez une vipère à jeun depuis six à huit semaines au moins, et très affaiblie de cette inanition prolongée, la graisse avait de nouveau presque disparu (1). Il semble donc bien qu'il s'agit uniquement ici d’une réserve, d’une enclave provisoire, destinée à être transformée et utilisée lors d’une nouvelle sécrétion. Après épuisement, la cellule emploierait d’abord les matériaux assimilés à fabriquer du zymogène, puis, sa provision à peu près complète, elle commencerait, avec ces mêmes matériaux, à se créer des réserves sous forme de gouttelettes graisseuses. Si le jeûne se prolonge, une partie du zymogène semble même être résorbée pour y contribuer. C'est au contraire la graisse qui est reprise par le cyto- plasme lors d'une nouvelle périoted’activité.Chez le nouveau-né (vipère) on trouve aussi une certaine quantité de graisse, réserve accumulée par la cellule après la formation de ses premiers grains de préferment. Les premières gouttelettes de graisse apparaissent tout à la base de la cellule (salamandre adulte), loin du zymogène, en plein cytoplasme basal, sous forme de granulations très ténues, qui vont s’accroissant. On en trouve parfois en files de deux, trois, réunies par une traînée sombre. Cela semble indiquer que, comme les grains de zymogène (2), elles naissent dans la substance même de filaments basaux. (Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lille.) (4) Dans les cellules d’ilot, chez la salamandre, on trouve en outre, indé- pendamment des stades de la digestion, un petit nombre de gouttelettes de graisse, de taille très inégale, souvent très volumineuses. (2) La granulation zymogène réfringente, safranophile, apparaît en effet au centre d'une granulation mate, hématéinophile, déjà isolée, ou formant une varicosité d’un filament basal. Le noyau s’est étranglé, l’une des parties s’est rétractée, a fait corps avec un nucléole central englobé, différencié lui-même au sein d'une masse de chromatine, et s’est séparé pour former un paranu- cleus. Mür celui-ci était un corps solide décomposable en lamelles concen- triques à la facon d'un bulbe d’oignon. Les lamelles se sont exfoliées, disso- ciées en filaments basaux, ou vermicules, souvent très courts. SÉANCE DU 21 JUILLET 709 SYNDROME ÉLECTRIQUE DE DÉGÉNÉRESCENCE DU A L’ANÉMIE EXPÉRIMENTALE DE LA MOELLE, par M. J. CLUzET. Aidé par M. Oulié, j'ai refait sur trois chiens l'expérience de l'anémie de la moelle lombaire par embolie des artères spinales avec la poudre de lycopode et suivant le procédé classique modifié par M. Lamy. Le train postérieur était paralysé aussitôt après l'injection, et un premier examen électrique fait à ce moment par la méthode unipolaire a toujours donné des réactions normales, soit en excitant le tronc du sciatique, soit en excitant le jamnbier antérieur. Les réactions électriques se sont maintenues normales pendant plusieurs jours chez les trois chiens opérés. L'un de ces animaux a eu une survie assez longue pour me permetlre d'observer le syndrome électrique que je vais décrire et qui a com- mencé à se produire quatre jours après l'opération. Le tronc du sciatique a commencé à présenter le quatrième jour une diminution d'excitabilité faradique et galvanique, tandis que le jambier antérieur donnait encore des réactions normales. Le cinquième jour après l’opé- ration, le tronc nerveux est inexcitable au faradique et au galvanique, - le jambier présente une grande diminution d’excitabilité faradique (la distance de la bobine induite à l’inductrice est de 6 centimètres au lieu de 15), et une inversion très netle au galvanique avec une excitabilité à peu près normale à ce dernier courant (à 1 milliampère la PFeS apparaît seule, la NFeS n'apparait qu'à 1 milliamp. 5). En comparant les tracés ohtenus dans !es premiers jours qui sui- virent l'opération et ceux obtenus le cinquième jour, on voit, en plus de l’inversion des fermetures que je viens de signaler, que la secousse est rapide dans les premiers jours et lente au cinquième. J'ai tenu à vérifier ces résultats en ratlachant directement le tendon du jambier au myographe; pour cela le chien est sacrifié le sixième jour par piqüre du bulbe, et les tracés obtenus alors en enregistrant directement les raccourcissements du muscle sont identiques aux tracés obtenus le cinquième jour en enregistrant les mouvements d'extension de la patte. L'examen histologique de la moelle a montré les lésions déjà décrites par M. Lamy et qui consistent surtout dans la destruction des cellules nerveuses qui sont dans les foyers hémorragiques et dans l'altération considérable des fibres de la substance blanche; en outre, on voit des grains de lycopode dans les vaisseaux embolisés, les sillons médians ‘antérieur et postérieur déformés et interrompus sont devenus asymé- triques et la substance médullaire est déformée. 110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusion. — L'anémie de la moelle a provoqué l’apparilion d'un syndrome électrique de dégénérescence constitué par l’inexeitabilité du tronc nerveux et, à l'excitation directe du muscle, par une grande diminution d’excitabilité faradique avec une inversion de la formule des fermetures au galvanique, les secousses étant lentes. Il était naturel de penser, si l’on admet avec P. Marie que la polio- myélite antérieure n'est qu'une lésion secondaire à l’oblitération des artérioles qui aboutissent aux cornes antérieures, que l’on arriverait par l'ischémie expérimentale de la moelle à un syndrome analogue à celui observé en clinique dans la paralysie infantile. L'expérience que je viens de citer montre le bien fondé de cette manière de voir. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Toulouse.) KARYOKINÈSE DES GLOBULES BLANCS DANS LA LYMPBE PÉRITONÉALE DU RAT, DAME MINT La question du mode de multiplication des globules blancs des ver- tébrés n’est pas encore absolument résolue. On sait parfaitement maintenant que les leucocytes peuvent se multiplier par division directe dans le sang et la lymphe (Ranvier), et que d'autre part, dans les gan- glions Ilymphatiques, dans la rate, et dans la moelle osseuse, les cellules lymphatiques que contiennent ces organes présentent, en grand nombre, des phénomènes de division indirecte. Les globules blancs qui existent en dehors de ces foyers de formation sont-ils capables de subir la division indirecte? Les observations de Flemming et d’autres auteurs semblent bien montrer l'existence de la mitose des leucocytes dans le tissu con- jonctif. On a objecté que l’homologation de ces cellules n’était pas absolument certaine, et on a cherché la karyokinèse des leucocytes libres dans le sang et la Ilymphe. Dans le sang, beaucoup d’'observateurs ont retrouvé, après Flemming, qui les a le premier découverts, des globules blancs en mitose chez les malades atteints de leucémie; ils sont du reste exceptionnels, et tout porte à penser que ce sont là des cellules entraiînées avant leur évolution complète hors de leurs foyers de formation ; car à l’état physiologique, et même pendant la leucocytose, malgré certaines observations isolées et non vérifiées du reste, on ne les trouve pas. On a recherché ces leuco- cytes libres en mitose dans la lymphe. Lüwit en a trouvé dans la lymphe du canal thoracique chez le lapin, mais justement, pour cet auteur, ce sont là des « érythroblastes » et non des leucocytes. Marchand, appliquant à cette recherche les expériences de Ranvier, et introduisant de petits corps poreux dans la cavité péritonéale du lapin et du cobaye, a observé SÉANCE DU 21 JUILLET 1e 711 au bout de quelques jours, dans l'intérieur de ces corps étrangers, des cellules en division indirecte qu'il a considérées comme des leucocytes; mais les conditions particulières dans lesquelles ont été faites ces obser- vations expliquent que les conclusions n’en ont pas été toujours acceptées. En réalité, on n’a pas encore mis en évidence la division indirecte des cellules lymphatiques libres de la lymphe péritonéale. J'ai choisi comme objet d'étude le rat blanc adulte. Si on examine la lymphe péritonéale de cet animal recueillie avec une pipette, et convena- blement fixée par le Flemming, l'acide picrique, les mélanges picro- osmiques, les mélanges de bichromates alcalins et de sublimé, etc., on peut y trouver, presque constamment, des cellules dont le noyau pré- sente les différentes phases de la karyokinèse. Ces cellules sont des cellules arrondies, absolument semblables aux cellules lymphatiques qui existent nombreuses à côté d’elles et dont le noyau est au repos. Elles sont moins volumineuses que là plupart des mastzellen et le plus souvent un peu plus grandes que les leucocytes à noyau polymorphe. Leur protoplasma ne contient pas de granulations. Ce ne sont pas des cellules hémoglobiques. Quant à les considérer comme des « érythro- blastes » suivant la manière de voir générale de Lüwit, celà semble bien difficile, d'autant plus que, si la lymphe péritonéale, malgré les précau- tions employées pour la recueillir, contient toujours des globules rouges, je n’y ai jamais vu, et je ne crois pas qu’on y ait jamais signalé, de glo- bules rouges nucléés. Enfin, il ne semble pas non plus que ce soient là des cellules endothéliales desquamées ; de pareilles cellules existent toujours, en petit nombre, dans la lymphe péritonéale du rat adulte, mais elles se reconnaissent bien; quant à l'origine endothéliale des glo- bules blancs, manière de voir qui a été déjà soutenue, c’est là une question dans laquelle nous ne voulons pas entrer ici. Ainsi il existe, à l’état physiologique, dans la Iymphe péritonéale du rat adulte, des cellules libres, arrondies, en mitose, cellules qu’à l’heure actuelle il est absolument impossible d'appeler autrement que cellules lymphatiques ou globules blancs. Ces cellules ne sont pas exception- nelles, maïs elles sont toujours peu nombreuses, moins nombreuses que Les figures analogues qu’on peut voir dans les organes hématopoiétiques, dans la moelle osseuse du même animal, en particulier. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) 712 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ROLE DU NERF ÉRECTEUR SACRÉ DANS LA MICTION NORMALE, par M. J.-F. Guyon. Nous avons montré dans un autre travail, M. Courtade et moi (1), que la contraction des muscles longiludinaux de la vessie est exclusi- vement mise en jeu par l'excitation centrifuge du nerf érecteur sacré ; et, de l'action prépondérante de ces muscles dans l'évacuation du contenu vésical, nous avons conclu au rôle prépondérant de ce nerf dans l'acte de la miction. Les recherches qui font le sujet de la présente note nous conduisent à préciser et à compléter cette conclusion. Elles établissent, en effet, que le nerf érecteur sacré intervient dans la miction normale, non seulement comme nerf moteur, mais encore comme nerf sensitif (sensibilité fonc- tionnelle). Il représente donc à la fois, ainsi qu'on va le voir, la voie centripète et la voie centrifuge de l'excitation qui, déterminée par la tension vésicale, aboutit à la contraction réflexe de la vessie sur son contenu. Chez un chien curarisé, on injecle progressivement de l’eau tiède dans la vessie, jusqu’à ce que celle-ci, parvenue à un certain degré de distension, variable avec chaque animal, réagisse en expulsant tout ou partie du liquide injecté. Cette réaction est identique à celle qui se produit dans la miction normale. Pour déterminer la part qu’y prennent les différents nerfs de la vessie, il suffit de les sectionner successivement et de voir si la réaction est moditiée, lorsqu'on injecte une nouvelle quantité de liquide. Voici les résultats observés. Après la section des deux nerfs hypogas- triques (branches descendantes du ganglion mésentérique inférieure), la contraction réflexe de la vessie sur son contenu n’est ni retardée ni diminuée. La même quantité de liquide qu'avant la section suffit à la provoquer, et l'évacuation est aussi rapide et aussi complète que précé- demment. On peut en conclure que Ja section des deux hypogastriques n’atténue en rien la sensibilité fonctionnelle de la vessie et que ces nerfs, issus du sympathique, ne jouent, par conséquent, aucun rôle appré- ciable dans la miction normale, ni au point de vue moteur, ni au point de vue sensitif. Outre les hypogastriques, nous avons sectionné successivement : d'une part, les autres filets nerveux émanés du ganglion mésentérique inférieur et qui accompagnent l’artère mésentérique inférieure; d'autre part, le nerf honteux interne qui contient des filets sensitifs venus de l’urètre. Or, ces différentes sections n’ont aucunement modifié la réaction vési- cale provoquée par la mise en tension. Cetle réaction, toujours la même, (1) Innervation des muscles de la vessie, Société de Biologie, 1895, p. 618. SÉANCE DU 21 JUILLET 713 dépend donc exclusivement des nerfs érecteurs sacrés, puisque ceux-ci sont les seuls troncs nerveux qui soient demeurés intacts. L'expérience suivante, qui est la contre-partie des précédentes, achève la démonstration. Si, en effet, tous les nerfs vésicaux restant intacts, on sectionne les deux nerfs érecteurs sacrés, on peut injecter une quan- tité quelconque de liquide dans la vessie, sans que cette dernière réagisse. Au lieu de se contracter et d’évacuer son contenu, comme tout à l'heure, elle se laisse distendre, au contraire, jusqu'aux dernières limites de son élasticité (1). Cette constatation nous semble présenter un double intérêt. Elle montre non seulement que l'intégrité des nerfs érecteurs sacrés est la condition nécessaire et suffisante de la miction normale, mais encore que celle-ci a son centre réflexe dans la moelle et non dans les ganglions placés sur le trajet des nerfs vésicaux. La section des nerfs érecteurs sacrés n'interrompt pas, en effet, les communications du plexus hypo- gastrique avec la vessie. De même, elle laisse absolument intactes les voies nerveuses (nerfs hypogastriques) qui réunissent la vessie au ganglion mésentérique inférieur. Aucun de ces divers ganglions n'inter- vient donc comme centre réflexe de la miction, au moins dans les con- ditions normales. Il n’y a d'ailleurs, dans ces faits, rien qui contredise la réalité du pou- voir réflexe attribué par Sokowin au ganglion mésentérique inférieur. Mais ce pouvoir ne s'exerce, comme nous l’avons établi en étudiant les mouvements du rectum (2), que dans les limites assignées à l'action des hypogastriques (contraction tonique des fibres circulaires, relàächement des fibres longitudinales) ; par conséquent, loin de concourir à la miction, il tend à arrêter, au contraire, l'effort expulseur de la vessie. En résumé, tout le mécanisme nerveux qui préside à la miction est constitué par les seuls nerfs érecteurs sacrés et les centres encéphalo- médullaires avec lesquels ils sont en relation. Les nerfs issus du grand sympathique n’y prennent normalement aucune part, ni au point de vue moteur ainsi que le montrent nos recherches antérieures, ni au point de vue sensilif (sensibilité fonctionnelle) ainsi que l'indiquent nos recher- ches actuelles. On peut donc dire que le nerf érecteur sacré est, à la fois, le nerf sensitif et le nerf moteur de la miction. (Travail du laboratoire de M. François-Franck). (1) La rétention d’urine, après section des nerfs érecteurs sacrés a déjà été constatée par Lannegrace. Cependant, d'après cet auteur, la miction pourrait se rélablir au bout de quelques jours, bien que d’une facon incomplète (Acad. des Sc., 1892, 1. CXIV, p. 789). (2) Courtade et Guyon. Fonction réflexe du ganglion mésentérique infé- rieur, Société de Biologie, 1897, p. 792. 714 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA ACTION DE QUELQUES FERMENTS SOLUBLES APRÈS REFROIDISSEMENT VERS — 191 DEGRÉS AU MOYEN DE L'AIR LIQUIDE, par M. PozEerski. Les ferments étudiés sont : la présure, la diastase salivaire, la sucrase ou invertine, l’amylase, l’inulase, la trypsine, la pepsine. L'air liquide a été mis très gracieusement à notre disposition par M. Desvignes, représentant de M. Linde à l'Exposition. Nous lui adres- sons tous nos remerciements. | Les expériences ont été faites de la façon suivante : les solutions de ferments solubles étaient divisées en trois parties dans des tubes à essai. i La première À de ces parties était plongée complètement dans l'air liquide pendant quarante-cinq minutes. La seconde B ces parties était laissée à la température ambiante. La troisième partie G était bouillie afin de servir à faire des flacons témoins. On mélangeait partics égales de À, B, G avec des quantités égales de substance à transformer. On laissait ces trois flacons à l’étuve à 40 degrés pendant des temps égaux. On faisait bouillir les contenus de ces trois flacons et on faisait le dosage des substances provenant de l’action des ferments sur les corps à transformer. | Chacune de ces expériences a été répétée plusieurs fois, avec de nou- velles quantités de ferments refroidis de nouveau pendant le même temps. Nous n’indiquerons dans cette note qu'une seule de chacune de ces expériences. 1° Présure. — Nos expériences sur la présure offrent peu d'intérêt, attendu qu'une note de M. Doyon, communiquée dernièrement à la Société de Biologie, donnait les mêmes résultats que ceux de nos expé- riences; c’est-à-dire qu'une solution de présure portée pendant plus d'une heure à la température d’ébullition de l'air liquide, conserve tout son pouvoir Caséifiant. 2° Diastase salivaire. — Nous avons pris de la he mixte humaine filtrée. On en a refroidi une dans l'air liquide pendant quarante-cinq minutes et on a fait les flacons suivants : JAURINUE B : k G Salive refroidie. . . . 2 c.c. Salive non refroidie . 2 c.c. Salive bouillie . . . . 2 cc. Empois d'amidon à 50/0 50c.c. Empois d'amidon. . . 50 c.c. Empois d'amidon. . . 50 cc. Les mélanges sont faits avec des liquides à 40 degrés. On lisez trente minutes à l’étuve à 40 degrés. On fait bouillir les trois flacons. On dose le sucre avec la liqueur de Fehling titrée. DRE RUE nr De TS SÉANCE DU 21 JUILLET 715 10 centimètres cubes de liqueur de Fehling titrée sont réduits par 14 c. c. 9 de A. 10 centimètres cubes de liqueur de Fehling titrée sont réduits par 15 cen- timètres cubes de B. C ne réduit pas la liqueur de Fehling. On peut en conclure que la salive portée vers — 191 degrés pendant quarante-cinq minutes, conserve tout son pouvoir saccharifiant. 3° Sucrase ou invertine. — La solution de sucrase est obtenue de deux facons : 1° En partant de la levure de bière; 2° En partant de l’aspergillus niger d’après la méthode de M. Bourquelot. En faisant agir cette invertine sur la saccharose, on voit qu'après refroidis- sement à — 191°, ce ferment conserve tout son pouvoir inversif. 4 Amylase. — On se sert d’une solution d’amylase provenant de l'aspergillus niger. On en refroidit une partie vers — 191 degrés pendant quarante- cinq minutes. Le ferment refroidi agit sur l’empois d’amidon avec une intensité égale à celle du ferment non refroidi. 5° Znulase. — On se sert de l’inulase de l’aspergillus niger. On en refroidit une partie vers — 191° pendant 45 minutes. Le ferment refroidi agit sur l’anuline avec une intensité égale à celle du fer- ment non refroidi. 6° Zrypsine. — On part de la pancréatine de Grübler. On fait les opé- rations avec des tubes de Mette de 4 centimètres de longueur. A B CG C.c. CATCA GC: Pancréatine refroidie.,. . 4 Pancréatine non refroidie. 4 Pancréatine bouillie. . . 4 Eau distillée. . . . . . . 50 Haudistillée ER 50 Basé eee 50 Réaction légèrement alcaline. On met dans A, B, C des tubes de Mette et on laisse ces flacons vingt- quatre heures à l’étuve à 40 degrés. Dans A l’albumine est digérée sur une longueur de 37m, Dans B l’albumine est digérée sur une longueur de 375. Dans C l’albumine n'est pas digérée. On peut en conclure que la trypsine portée vers — 191 degrés pendant quarante-cinq minutes conserve tout son pouvoir digestif. 1° Pepsine. — On se sert de la solution glycérinée de pepsine. A B G Pepsine refroidie., , 4c.c. Pepsinenonrefroidie. 4 c.c. Pepsine bouillie, . . 4 c.c. Eau distillée, , . . . 50 c.c. Eau distiliée. . . , . 50 c.c. * Eau distillée. . . . , 0 ç.c. 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On acidifie à 20 p. 100 par l'acide chlorhydrique. On met des tubes de Mette dans A, B, C. On les laisse vingt-quatre heures à l'étuve à 40 degrés. Dans A l’albumine est digérée sur une longueur de 3 millimètres. Dans B l’albumine est digérée sur une longueur de 3mm2ï, Dans C l’albumine n’est pas digérée. Il existe une très petite différence entre les quantités d’albumine digérée aans À et B. Malgré cela on peut conclure que la pepsine refroidie vers — 191 degrés pendant quarante-cin minutes, conserve son pouvoir digestif, En somme, on voit que tous ces ferments ont la même action après le refroidissement vers — 191 degrés pendant quarante-cinq minutes, qu'avant d’avoir été portés à cette basse température. (Travail du Laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DE L'ÉTHER AMYL-SALICYLIQUE (L), par M. Cuanoz et M. Doxon. I. Caractères physiques et chimiques de l'éther amyl-salicylique. — L’éther amyl-salicylique est un liquide huileux plus dense que l’eau 11043 à 31 degrés}, incolore, très réfringent [nd — 1,520 à 31 degrés|, bouillant vers 250 degrés, d'une odeur aromatique faible rappelant celle du salol et de la mandarine. Il est peu soluble dans l’eau, soluble dans l'alcool, l’éther, le chloroforme... À chaud il est saponifié par les alcalis. En solution alcoolique, il donne avec le perchlorure de fer dilué une coloration violette. Si l’on agite l’éther amyl-salicylique pur avec de l’eau distillée, cette eau ne dissout pas l’éther et par suite ne donne pas fre Dune ne de réaction avec le perchlorure de fer. Il. Absorption. — Nous avons administré l’éther amyl-salicylique sous la peau, dans les séreuses, dans les veines, et enfin par la voie gastrique. Nos expériences ont été faites sur le chien, le lapin, le cobaye et la poule. Sous la peau, les animaux résistent à des doses de 10 grammes par kilogramme ; 0,50 à 0,80 par kilogramme tuent le lapin et le chien fatalement en aloues minutes, si le produit a été injecté dans les veines; plus lentement si l’inject'on a été poussée dans les séreuses. Donné par la voie gastrique, l’éther amyl-salicylique provoque des vomissements et de la diarrhée; jamais nous n’avons observé dans ces (4) Nous devons ce produit à l’obligeance de M. Carra. SÉANCE DU 21 JUILLET 741 conditions d'intoxication mortelle, même en employant des doses très élevées. [Dans un cas 20 grammes chez un chien de taille moyenne|. L'absorption a lieu néanmoins dans le tube digestif, principalement dans la première portion de l'intestin grêle. Nous avons pu nous en assurer en déposant le produit dans des anses intestinales isolées entre deux ligatures et en recherchant l’éther ou ses produits de dédoublement dans l'urine. L'éther amyl-salicylique est déjà modifié dans l'intestin. L'agent le plus actif paraît être la bile qui émulsionne ce produit. Le suc pancréa- tique nous à paru sans action [exp. in vitro avec du suc recueilli sur le chien |. IL. 7ransformation dans l'organisme et élimination. — Dans l’orga- nisme, l'éther amyl-salicylique semble être dédoublé en alcool amylique et en acide salicylique. L'agent principal sinon exclusif de cette trans- formation est le foie. L'acide salicylique passe dans les sécrétions, notamment dans la bile etles urines. Nous n’avons pas réussi à carac- tériser dans l'air expiré l’éther amyl-salicylique ou l'alcool amylique. IV. Phénomènes toxiques. — À la suite de l'injection d'une dose élevée d’éther amyl-salicylique dans le péritoine ou dans les veines, on observe chez l'animal intoxiqué des convulsions, de l'&œdème pulmonaire. Dans quelques cas, le liquide qui sortait des poumons présentait l'appa- rence du sang laqué et se coagulait spontanément. La mort arrive par arrêt de la respiration. V. Conclusion. — Les propriétés de l’éther amyl-salicylique se rap- prochent beaucoup de celles des autres éthers alcooliques de l'acide salicylique. Son avantage sur le salicylate de méthyle, par exemple, est dû à sa toxicité moindre, son odeur moins pénétrante et moins désa- gréable. (Travail du laboratoire du professeur Morat.) ACTION SAPONIFIANTE DU FOIE SUR L'ÉTRER AMYL-SALICYLIQUE, par M. Cuanoz et M. Doyon. L'éther amyl-salicylique est décomposé dans l'organisme principale- ment sinon exclusivement par le foie. A l'appui de cette assertion nous citerons deux ordres d'expériences : À. Expériences in vivo. — On injecte dans une branche de la veine porte une dose mortelle d'étheramyl-salic;ylique [2 à 3 centimètres cubes pour un lapin]. L’autopsie étant pratiquée au bout de quinze à vingt minutes on perçoit très nettement au niveau du foie l'odeur carac- téristique de l'alcool amylique. L’odeur devient encore plus nette si l'on Es Æ RO RES PR PTE M AS CIE LE AE UTP, Te 1-0. 202 PR EN NRA ee A Re dd Mon € NN E 718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sectionne l'organe. De plus, si l’on traite le foie par l’eau froide on obtient une solution qui donne nettement la réaction de l'acide salicylique avec le perchlorure de fer. B. Expériences in vilro. — I. On recueille sur un animal le sang et les principaux organes : foie, rate, pancréas, poumons, reins, cerveau; on broie ces organes au mortier avec du sable lavé et de l’éther amyl-sali- cylique, puis on porte ces divers échantillons à l’étuve. Le sang est de même additionné de l’éther. a) Après quelques heures on percoit très nettement l'odeur de l'alcool amylique dans le tube contenant le foie. Les autres tubes ne présentent pas cette odeur à un degré caractéristique. b) On épuise par l’eau froide les échantillons restés à l'étuve. Les liqueurs filtrées sont additionnées de Fe’Clf. La réaction de l’acide sali- cylique est très caractéristique avec le foie. Il. Le foie lavé avec soin au moyen d'une solution physiologique de chlorure de sodium introduite par la veine porte et l'artère hépatique produit les mêmes effets que le foie non lavé. III. Le foie bouilli ne saponifie pas l’éther amyl-salicylique. Conclusion. — Le foie exerce donc une action saponifiante propre sur l’éther amyl-salicylique. Rappelons à ce propos que Æanriot (1) à signalé l'existence d’une lipase dans le foie et le sérum. Mais ce physiologiste n’avait pas institué « d'expérience directe pour savoir si la lipase du sérum provenait du foie ». Étant donné que le sang et le sérum sont sans action saponifiante nette sur l’éther amyl-salicylique, nous nous demandons si la saponifica- tion de cet éther est bien due à la lipase isolée par Æanriot ou s'il ne s’agit pas d’un phénomène distinct. (Travail du Laboratoire du professeur Morat). A M. CHaNTEMESSE dépose un pli cacheté. (1) Archives de physiologie, 1898, p. 804. Le Gérant : OcTAvE PORÉE. Patis: — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 719 SÉANCE DU 28 JUILLET 1900 M. J. LesAGe (d’Alfort) : De l'influence de quelques conditions physiologiques sur la résistance globulaire. — M. Louis Lapicoue : Sur la courbe hématolytique. — MM. Léeine et Bouzup : Influence favorisante de la lymphe du canal thoracique, après l'excitation des nerfs du pancréas, sur la fermentation alcoolique d’une solu- tion sucrée. — M. Marassez : Nouveaux modèles d'oculaire micrométrique. — M. Mazassez : Nouveaux modèles de porte-loupes. — M. L. GuinaRp : La morphine chez la marmotte à l’état de veille. — M. C. Puisauix : Observations sur le sang de l’escargot (Helix pomatia). Réduction de l'hémocyanine. — M. ANGEL GALLARDO : A propos des figures karyokinétiques. — M. ANGEL GaLLARDO : Interprétation dynamique de la karyokinèse. — M. le Dr JEan-CnarLes Roux : Note sur l’origine et la terminaison des grosses fibres à myéline du grand sympathique. — M. Cu. FÉRÉ : Deuxième note sur l'influence de l'incubation sur la croissance des téra- tomes expérimentaux chez une poule. — M. Cu. FÉRE : Note sur la valeur méca- nique de la représentation mentale du mouvement. — M. Cu. FÉRÉ : Note sur l'ivresse motrice. — M. E. Trouessart : Faux parasitisme d’une espèce de Sarcoptide détriticole (Histiogaster spermaticus, n. sp.), dans un kyste du testicule chez l'homme. — M. le Dr Le Gorr : Réactions chromatiques de l’hémoglobine. — MM. les D's BrLarp et CavaLté : Sur quelques troubles consécutifs à la résection des deux phréniques, chez le jeune chien. — M. Azsert FrouIN : Auto-digestion expérimentale de l'estomac. — M. Argent FROUN : Des causes de la résistance de l'estomac à l’auto-digestion. — M. P. Nosécourr : Action in vitro des levures sur les microbes. — M. P. Nosécourr : Action des levures sur la virulence du bacille de Lœæffler et sur la toxine diphtérique. — M. Josepx No : La réparation compen- satrice après le jeûne. — M. Gusrave Loisez : Développement d'ovules de poule incubés dans de l’albumen de canard. — M. le D' Wragrr : Levures pures dans un sarcome d'utérus chez une femme. Présidence de M. Bouchard. DE L'INFLUENCE DE QUELQUES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES SUR LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE, par M. J. Lesace (d’Alfort) (1). J'ai entrepris, sous la direction de M. Lapicque, d'étudier l'évolution du sang passé des vaisseaux dans les cavilés séreuses, et notamment dans le péritoine. Les globules séjournent un temps assez long dans la séreuse avant que d’être résorbés par les voies lymphatiques, comme je l'ai vérifié (2); pour reconnaitre si ces globules sont altérés pendant ce séjour, j'ai recherché si leur résistance au laquage subissait des variations. J'ai employé dans ce but la méthode colorimétrique de MM. Lapicque et Vast (3). Mais pour pouvoir interpréter sûrement les (4) Communicalion faite à la séance du 8 juillet. (2) Lesage. Soc. de biologie, 6 juin 1900. (3) Lapicque et Vast. Soc. de biologie, 13 mai 1899. Biozoeie. ComPres RENDUS. — 1900, T, LIL. 55 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE résultats, il m'a paru nécessaire de reprendre, par la même méthode, l'étude de diverses coudilions physiologiques dans la résistance des globules Ce sont les premiers de ces résullats que je désire publier aujourd'hui. La technique que j'ai employée consiste à ajouter de petites quantités de sang à une série de solutions de concentration moléculaire éche- lonnées, si on les exprime en NaCl, entre 2 gr. 6 et 6 gr. 2 par litre, avec une différence de 4 centigrammes entre 2 solutions voisines. Dans ces solutions, la moitié du NaCI a été remplacée par un poids isotonique d'oxalate de polassium pour empêcher la coagulation. On agite et on centrifuge aussitôt. Dans chacune de ces solutions, on détermine exac- tement par la colorimétrie combien de centièmes de l’hémoglobine du 42 CORRE RSC 36. 50 sang ajouté ont diffusé dans la liqueur. Si on porte en ordonnée le chiffre ainsi obtenu et en abcisse les titres de solutions, on pote Ja courbe de la destruction des hématies. 1° J’ai fait de cette facon d’abord la comparaison entre le sang caro- tidien et le sang jugulaire d'un même animal, le sujet étant le chien. Une première expérience m'avait donné une différence sensible entre les deux sangs, à savoir une résistance moindre pour le sang veineux ; mais cinq expériences nouvelles m'ont donné, au contraire, toutes les cinq une superposition presque parfaite des deux courbes dans toute leur étendue avec seulement des écarts si légers, qu’ils rentrent tout à fait dans l’ordre de grandeur des erreurs de lecture. Je donne, à titre d'exemple, les courbes de deux de ces expériences : l’une presque sans écart, la seconde, avec les écarts maxima obtenus dans cette série (la première expérience exceptée). Je n'avais pas tenu note de l’état digestif de mes sujets; j'ai refait une septième expérience en opérant ma prise de sang en pleine période de digestion, c’est-à-dire cinq heures après un repas copieux, pour 19 x SÉANCE DU 28 JUILLET 7 reconnaitre si la différence constatée dans la première expérience ne serait pas sous la dépendance de cet état physiologique. Mais cette expérience n° 7 m'a fourni deux courbes presque exactement super- posées. Je laisse donc de côté l’expérience n° 1 comme aberrante, et, d’après les six autres qui sont concordantes, je conclus qu’il n’y à aucune différence dans la résistance globulaire, ainsi déterminée, entre le sang artériel et le sang veineux pris dans la jugulaire. 2° Sur ces six expériences, la forme et la position de la courbe ne #2 46 30 34 38 472 46 50 varient que très peu en passant d'un sujet à un autre. Un seul animal différait de ses congénères, ses globules se sont montrés beaucoup plus résistants ; c'était un jeune chien de dix à douze mois. J'ai repris syslé- matiquement l'étude de cette condition physiologique sur des chiens âgés seulement de quelques jours. J'ai trouvé constamment que les globules sont plus résistants. Le point limite où commence la destruction des hématies n’est pas déplacé par rapport aux animaux précédents, mais la courbe est beaucoup plus inclinée, de sorte que sa partie supérieure me manque, une partie notable de l’hémoglobine, quelquefois la moitié, échappant encore à la diffusion pour ma solution la plus concentrée. La figure 2 montre la différence de la courbe hématolytique entre le chien adulte (partie gauche) et le chien jeune (partie droite). (Travail du laboratoire de physiologie d'Alfort). SUR LA COURBE HÉMATOLYTIQUE, par M. Louis LAPiCQuE. En présentant les faits obtenus par M. Lesage au moyen de la méthode que je lui ai indiquée, je désire présenter quelques observa 29 SOCIÈTÉE DE BIOLOGIE tions générales sur cette méthode et les résultats qu'elle peut fournir. Dans la note que j'ai publiée ici même il y a un an en collaboration avec M. Vast, nous n'avions obtenu avec netteté que la partie moyenne de la courbe hématolytique; les extrémités m’avaient bien paru pré- senler des incurvations de sens contraire qui me semblaient inléres- santes, mais les difficultés d’observalion, résolues peu à peu par des tours de main, avaient d'abord masqué le phénomène; les données sûres obtenues finalement étaient en trop petit nombre pour que j'aie osé affirmer le fait. Aujourd'hui, entre les mains de M. Lesage, les résultats sont d’une belle régularité et je voudrais montrer que la courbe de l'hématolyse par les solutions salines gradées parail répondre à des réalités physio- logiques. | _ Dans la première série, l'étude comparée du sang carotidien et du sang jugulaire fournit, indépendamment du fait étudié, un contrôle pour la méthode elle-même et la concordance des deux courbes montre quelle est la précision que l’on peut obtenir; la ressemblance des courbes fournies par les divers sujets complète ce contrôle. D'autre part, avec ces résultats constants pour des conditions cons- tantes, la différence remarquable entre les sujets adultes et les sujets jeunes, telle qu’elle apparaît par la comparaison des deux graphiques de la figure 2, fait voir que les variations physiologiques du sang se traduisent avec une grande sensibilité. L’incurvation en S des résultats de la première série me semble également correspondre à des condi- tions globulaires et ne pas pouvoir s'expliquer par les lois de la tension osmotique s’exerçcant sur des globules tous identiques; sans faire de théorie sur l’action globulicide des solutions hypotoniques, on est con- duit à admettre que la grande masse des globules (en chiffres ronds, 80 p. 100 dans le sang de nos chiens adultes) fournit la partie de la courbe qui forme une droite presque verticale, comprise entre Les solu- tions 30 ou 34 d’une part et 42 ou 46 de l’autre; mais un certain nombre de globules sont moins résistants, un certain nombre d’autres plus résistants. Cette dernière portion est peu importante dans les expé- riences ci-dessus; parfois même son existence est douteuse avec notre échelle des solutions; mais elle est nette dans d’autres cas; elle peut devenir considérable lorsqu'on s'adresse à des animaux âgés, comme nous l’ont montré quelques expériences d'une nouvelle série en cours. Il y a là une série de recherches qui s’indiquent et que je me propose d'effectuer. Il s’agit de phénomènes qui échappent complètement lorsqu'on étudie la résistance globulaire par la méthode de Hamburger; on n’a par elle que le point de départ inférieur de la courbe, la résistance minima. Avec cette méthode, la différence entre le sang des jeunes et celui des adultes échapperait complètement, puisque cette résistance es + a SÉANCE DU 28 JUILLET A2 minima est la même dans les deux cas. L'étude de la résistance mazima, telle que l'a établie Mosso, permet de montrer une telle différence, et elle l’a effectivement révélée pour le cas des jeunes animaux. Mais la partie intermédiaire, la grande masse des globules et les rapports de cette partie avec les extrémités, avec les globules fragiles et les globules rebelles, c’est-à-dire peut-être les globules vieillis et les globules jeunes est restée inconnue, sauf quelques données sur la résistance moyenne fournies à Gallerani par une méthode colori- métrique insuffisante. Ge sont ces rapports pourtant qui doivent nous renseigner sur la vie du sang; on ne peut les étudier que sur la courbe hématolylique dans sa totalité. Je ne connais que M. Vaquez qui, développant les idées de Malassez, ait commencé l'étude d’une telle courbe, relative au nombre de glo- bules résistant à l'action de solutions graduellement concentrées (1). C'est là un point de vue complémentaire du point de vue colorimé- trique, et il sera sans doute nécessaire d'associer les deux méthodes pour élucider le mécanisme physiologique de l’hématolyse. INFLUENCE FAVORISANTE DE LA LYMPHE DU CANAL THORACIQUE, APRÈS L'EXCI- TATION DES NERFS DU PANCRÉAS, SUR LA FERMENTATION ALCOOLIQUE D'UNE SOLUTION SUCRÉE, par MM. R. Lépine et BouLup. Nous faisons fermenter avec un peu de levure de bière un litre d’une solution de glucose pur à 2 p. 100 environ. — Quand la fermentation est. en train, nous filtrons à travers un linge, pour avoir un liquide bien homogène, nous dosons le sucre, nous versons dans plusieurs éprou- vettes semblables 100 centimètres cubes de liqueur en fermentation, et nous ajoutons à chacune d'elles (sauf à une qui servira de témoin) le même nombre de centimètres cubes de plusieurs échantillons de lymphe fraiche qui s’est écoulé, d’une fistule au cou du canal thoracique d’un gros chien, soit avant, soit après la faradisation des nerfs du pan- créas (2). Au bout de deux heures, nous dosonsle sucre dans les difré- rentes éprouvettes. Nous n’avons pas besoin de dire que nous avons eu soin que les conditions de température, d'oxygénation, d’acidité, etc., fussent identiquement les mêmes dans toutes les éprouvettes, qui ne différent entre elles que par les différences éventuelles des divers échan- tillons de Iymphe. Or, voici les résultats constants que nous avons observés dans un grand nombre d'expériences : (4) Société de Biologie, 5 février 1898. (2) Voir : Lépine, Sur la faradisation des nerfs du pancréas, Volume jubilaire de la Société de Biologie, p. 352. 124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1° C’est l’éprouvette témoin qui a perdu le moins de sucre. Donc la lymphe exerce une action favorisante sur la fermentation alcoolique. 2° C'est l’éprouvette ayant reçu la lymphe recueillie après la faradisa- tion des nerfs du pancréas qui a perdu le plus de sucre. Donc c'est celte lymphe qui possède au plus haut degré l’action favorisante. NOUVEAUX MODÈLES D'OCULAIRE MICROMÉTRIQUE, par M. MaLassez. Dans une séance précédente (1) j'ai indiqué brièvement les inconvé- nients assez sérieux que présentent nos oculaires à glace micrométrique et j'ai présenté l’un des divers systèmes que j'avais fimaginés pour échapper à ces inconvénients. Il appartenait à cette série de diaphragmes oculaires mobiles si commodes que je montrai dans cette séance. Je voudrais aujourd'hui en faire connaître deux autres qui évitent égale- ment bien les inconvénients signalés; ils sont de construction tout autre et plairont peut-être mieux à quelques observateurs. I. — Le premier est un oculaire qui se compose : 1° d’un tube aux deux extrémités duquel sont vissées les deux lentilles, c’est l’oculaire propre- ment dit; mais ce tube présente sur le côté une très large fenêtre; puis de chaque côté de celle-ci et en haut, près de la lentille supérieure, deux autres fenêtres relativement petites, nee verticalement, et se faisant vis-à-vis. 2 A l’intérieur de ce tube oculaire en est un second moins long, glissant à frottement doux et pouvant par conséquent monter ou des- cendre à l’intérieur du premier. Il est également muni d’une large fenêtre qui dans les mouvements de montée ou de descente se trouve toujours correspondre à celle du tube oculaire. À son extrémité inférieure est un diaphragme sur lequel on peut placer une glace micrométrique, en passant celle-ci à travers les fenêtres des deux tubes et en la placant sous deux ressorts qui servent à la fixer. Enfin en haut de ce tube sont deux petites saillies molletées qui cor- respondent aux deux petites fenêtres du tube oculaire; on peut les tenir à travers ces fenêtres, l’une avec le pouce, l’autre avec l'index, et faire alors monter ou descendre le tube intérieur et la glace micrométrique, par conséquent mettre celle-ci au point. Comme l’un des bords verticaux de l’une des fenêtres porte une échelle millimétrique et la saillie corres- pondante un trait index, il est possible de déterminer très exactement (1) Séance du 23 juin 1900, p. 632. 1 bo Or SÉANCE DU 28 JUILLET la hauteur de la mise au point, donc de la retrouver d'emblée si on a pris soin de la noter. 3° En dehors du tube oculaire et glissant encore à frottement doux sur lui, est un troisième tube qui, lui, est destiné à fermer les fenêtres du tube oculaire. De plus, quand on le met en place, il appuie sur un ressort fixé au lube oculaire; ce ressort vient presser le tube intérieur et le maintient ainsi à la hauteur à laquelle il a été mis. Le tube extérieur étant en place, on peut dévisser et revisser à volonté les deux lentilles de l’oculaire, sans risquer de déranger quoi que ce soit. Si l’on veut mettre au point, on baisse le tube extérieur jusqu’à ce que les deux petites fenêtres et le ressort de fixation soient dégagés ; si on veut mettre la glace micrométrique en place ou la retirer, on l’abaisse davantage, jusqu'au niveau du diaphragme intérieur. II. — L'autre oculaire micrométrique n'a qu’un seul tube aux deux extrémités duquel sont les deux lentilles, comme cela a lieu dans les oculaires ordinaires et il peut d’ailleursêtre construit avec le premier venu de ces oculaires. A la face inférieure de la lentille supérieure, près de son pas de vis, sont implantées deux tiges verticales le long desquelles peut monter ou descendre un diaphragme porte-glace. Ces mouvements d'ascension ou de descente sont déterminés du dehors par une vis sans fin qui traverse le diaphragme, traverse la monture de la lentiile supé- rieure et se termine à la face supérieure de celle-ci par un bouton aplati. La périphérie de ce bouton dépassant un peu la bordure de cette monture, il est très facile de le faire tourner avec le doigt, soit dans un sens, soit dans l’autre, et par conséquent de mettre au point. | Une échelle millimétrique placée contre l’une des tiges verticales directrices, ainsi qu'une graduation de la périphérie du bouton de la vis sans fin, permettent de déterminer très exactement la hauteur de la mise au point. En dévissant la lentille supérieure, tout le système vient avec elle et il est facile de mettre en place ou de retirer la glace micro- métrique, de voir quelle est la hauteur de la mise au point, ou de la retrouver si elle a été déjà déterminée, très facile enfin de nettoyer la lentille (1). (4) Ces deux nouveaux oculaires micrométriques, ainsi que la série des diaphragmes oculaires mobiles présentés le 23 juin (j'ai oublié de le dire alors), se peuvent voir à l'Exposition dans la vitrine du laboratoire d’histologie du Collège de France, à l'Enseignement supérieur (Classe 11). Ils ont été cons- truits l’un et l’autre par MM. Duvollet. 726 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOUVEAUX MODÈLES DE PORTE-LOUPES, par M. MALASSEZ. J'ai présenté autrefois (1) à la Société un porte-loupe qui a, ce me semble, de grands avantages ; mais ilest peu portatif, c’est un instrument de laboratoire; de plus, en raison de sa construction soignée, il revient assez cher. J'ai cherché depuis à en faire faire qui d’une part soient plus simples, meilleur marché, et d'autre part assez légers, assez peu encombrants pour être facilement emportés en voyage. Cela m'a conduit aux modèles suivants : | 1° Le premier est tout simplement un porte-loupe ordinaire à bras oblique dont le pied lourd a été enlevé et remplacé par une pince qui permet de le fixer sur le premier microscope venu; c’est donc le micros- cope qui sert de pied, c’est sa crémaillère, et, si besoin est, sa vis micro- métrique que l’on utilise pour la mise au point. Il est très commode. 2 Le deuxième modèle est un perfectionnement du précédent. Le bras est formé de deux tiges au lieu d’une seule, et les deux tiges sont disposées en parallélogramme. Il en résulte que dans les grands mou- vements qu’on doit faire subir au bras quand on commence à mettre au point avec la main, la DURE reste toujours horizontale, quelle que soit l'obliquité du bras. (de n'a donc pas à rectifier sa position à chaque chan- gement de hauteur. Toutes les articulations, au lieu d’être à frottement plus ou moins dur, sont à frottement doux, et l’une d'elles (j'ai choisi l’une de celles voisines de la loupe) est munie d’une forte vis de serrage; en sorte qu’en des- serrant cette vis, les changements de position se font avec la plus grande douceur ; tandis que si on la serre, tout le système se trouve solidement maintenu en place et peut alors Supporter, sans céder, des loupes relati- vement lourdes. La pince qui fixe ce bras au microscope possède une vis de serrage, dont la tige est assez longue et dont le bouton, assez lourd, peut glisser sur cette tige, et par conséquent être éloigné et rapproché; cela fait un contrepoids de force variable qui permet d'employer des bras relati- vement longs et des loupes relativement lourdes sur des microscopes relativement légers. Enfin la pince qui sert à saisir les loupes est disposée de façon à main- tenir celle-ci en avant du bras, à une distance telle de celui-ci que le nez de l'observateur ne risque pas de buter contre lui. Cetle pince est en plus disposée pour saisir les loupes de diamètres très différents. Celle que j'avais adoptée pour mon premier modèle de porte-loupe, l’ancien, (1) Séance du 4 mai 1889. Archives de médecine expèrimentale, 1889, p. 455. PL és nn SÉANCE DU 28 JUILLET 727 avait déjà tous ces avantages, mais sa construction était moins simple. 3° Le troisième modèle est encore à bras oblique en parallélogramme, dispositif si commode; mais il est indépendant de tout microscope, il a son pied à part. Il est destiné à être emporté en voyage, ce peut être une simple planchette ou une boîte en bois, que l’on charge à l’arrivée d'objets assez lourds pour obtenir le contre-poids voulu. S'il est destiné à rester au laboratoire, il est préférable que le pied soit suffisamment lourd par lui-même; j'en ai fait faire un très commode qui est tout en fonte, a la forme d'une boîte dans laquelle on peut ranger les diverses loupes dont on a à se servir. Pour remplacer la crémaillère et la vis micrométrique du microscope servant de pied, j'ai choisi le mécanisme suivant : l’une des tiges du parallélogramme a été prolongée au delà de son axe de mouvement par un segment de roue dentée qui s'engrène avec une vis sans fin; il suffit donc de faire tourner cette vis dans un sens ou dans l’autre pour faire monter ou descendre le bras avec toute la rapidité et la précision désirables (1). LA MORPHINE CHEZ LA MARMOTTE A L'ÉTAT DE VEILLE, par M. L. Guinaro. Valentin a étudié l’action du curare, de la strychnine et de la vératrine chez la marmotte. Au cours de ses très intéressantes et très minutieuses recherches sur la physiologie du même animal, le professeur Dubois a constaté que l’atropine produit, pendant le sommeil hivernal, des effets analogues à ceux de la vagotomie, que la pilocarpine n’a pas d'influence marquée sur le réchauffement, que la curarisation empêche le réchauf- fement de la marmotte endormie et provoque l'hypothermie de la marmotte éveillée. Enfin, le même auteur a vu que le chloroforme arrêle la respiration de la marmotte en état de sommeil hivernal, tandis qu'il est bien toléré chez le sujet éveillé. Nous n'avons rien trouvé de publié sur l'action des hypnotiques proprement dits; aussi, ayant pu disposer de cinq marmottes, grâce à l'obligeance de notre collègue le D' Regaud, nous avons étudié sur elles les effets de la morphine. Des premiers essais que nous avons faits et que nous nous proposons de compléter, deux particularités essentielles ressortent nettement et peuvent être signalées tout de suite, c'est : 1° l'absence d'action narcotique (1) Ces nouveaux porte-loupes ont été construits par MM. Duvollet et peuvent se voir à l'Exposition dans la vitrine du Laboratoire d'Histologie du Collège de France, Enseignement supérieur, classe II. 128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vraie chez la marmotte morphinisée; 2° la grande sensibilité de ces rongeurs aux suites de la morphinisation. Après une injection hypodermique de 0,002 milligrammes à 0,005 milligrammes de morphine, à des marmottes pesant 740 à 750 grammes, on voit ces animaux présenter, au bout de cinq minutes environ, les premiers signes d’une vive excitation ; l'animal se met à courir dans sa cage, sursaute au moindre bruit, cherche à grimper, mord les barreaux et ne reste pas un seul instant en repos. — Cet état persiste une heure et demie ou deux heures; après quoi, l'animal comme épuisé par les grands efforts qu'il a faits, s’affaiblit progressivement du train postérieur, puis, perdant peu à peu ses forces, finit par être dans l'incapacité absolue de se tenir sur ses pattes et d'exécuter le moindre mouvement. La marmotte est alors étendue sur le ventre, les membres fortement en abduction, présentant dans les premières heures des spasmes convulsifs d'intensité variable avec atténuation de la sensibilité. C’est une sorte de paralysie qui ne ressemble en rien à une action narcotique. Cet état persiste sans grande modification, les spasmes convulsifs seuls disparaissent et l'animal reste dans un état de demi-torpeur pendant lequel ila perdu toute tonicité musculaire : on ne peut pas le faire tenir debout, il répond aux excitations par des mouvements d’une très grande lenteur, parfois même ne réagit pas. La respiration est très ralentie ; chez deux sujets, nous avons compté seulement 3 à 4 mouvements par minute avec 48 à 50 pulsations cardiaques. Les marmottes que nous avons morphinisées, et qui ont présenté ces manifestations, sont restées pendant trois jours dans cet état de demi torpéur et sont mortes sans présenter d’autres modifications. Nous n'avons pas étudié les effets des doses inférieures à 0,002 milli- grammes, mais nous avons constaté que la dose de 0,03 centigrammes produit très rapidement la phase d’excitation primitive, des accès convulsifs d’une grande violence, rapidement suivis de la phase dépressive que nous venons de décrire et de la mort. Nous dirons que les marmottes sont très sensibles à l’action de la morphine, par comparaison avec ce que nous avons vu chez les autres rongeurs, le lapin et le cobaye notamment, qui supportent : le premier 0,50 centigrammes ; le second 0,20 centigrammes par kilogramme; tandis que la marmotte en état de veille est tuée .par une dose de morphine certainement inférieure à 0,002 milligrammes par kilo- gramme. : En résumé, chez la marmotte, animal rongeur et hibernant, la morphine n'est pas un hypnotique et se comporte comme un poison dangereux. (Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine de Lyon). a roc. 3-5 SEANCE DU 28 JUILLET 729 OBSERVATIONS SUR LE SANG DE L’ESCARGOT (/elix pomatia) RÉDUCTION DE L'HÉMOCYANINE, par M. C. Paisarnx. L. Fredericq (1), à qui l’on doit la découverte de l'hémocyanine dans le sang de poulpe, a constaté que cette substance, de même que l’hémo- globine, forme avec l'oxygène une combinaison instable : « le vide, le contact avec les tissus vivants ou la conservation en vase clos suffisent pour la dissocier et en chasser l'oxygène » ; mais il n’a pas poussé plus loin l'analyse du phénomène. J'ai repris l'étude de cette question avec le sang de l’escargot. Le sang est recueilli à l’état pur et aseptiquement en ouvrant l'oreil- lette au-dessus de tubes à essai munis d’un entonnoir et stérilisés à la chaleur sèche. Le liquide qui tombe goutte à goutte a une couleur opaline qui devient plus foncée au contact de l'air. On obtient ainsi avec des escargots vigoureux, en été, de deux à quatre centimètres cubes d’un sang bleu foncé, très alcalin. Par le repos, cette couleur pâlit peu à peu, et au bout de quatre à cinq heures, à la température de 20 à 25 degrés, la déco- loration est très accentuée. Le liquide vu par la lumière réfléchie est d’un gris légèrement opalin, excepté toutefois à la partie supérieure en con- tact avec l’air où il forme un anneau d’un bleu intense. Si on agite légè- rement le tube, cet anneau bleu se dissocie en petits nuages qui s’en- foncent dans le liquide. Cela rappelle un peu ce qui se passe, dans les mêmes conditions, avec les cultures du B. pyocyanique. Si on secoue fortement le tube, tout le liquide devient bleu, puis la réduction s'opère de nouveau, après un certain temps. Quelle est la cause de cette réduction de l'hémocyanine? J’ai essayé de la déterminer en recherchant les diverses influences qui empêchent ou favorisent le phénomène. On peut empêcher la réduction de l° Heibeydnine en ajoutant au liquide une petite quantité de substances antiseptiques, telles que du chloro- forme, de l'éther, du formol à 10 p. 100, du fluorure de sodium en poudre. A la surface du chloroforme, il se produit un léger voile granu- leux grisâätre, et le liquide devient bleu foncé, conserve cette teinte sans modifications. On peut expliquer ce fait de plusieurs manières : ou bien le chlorolorme précipite les substances réductrices, ou bien il agil comme antiseptique, en tuant des éléments figurés ou en empé- chant le développement de microbes qui seraient les véritables agents réducteurs de l’hémocyanine. (4) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. LXXXVII, 1878, p. 996. se" À 7130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces deux dernières hypothèses doivent être rejetées pour les raisons suivantes : 1° Si on chauffe du sang d’ escargot recueilli aseptiquement à 60° pendant vingt minutes, à deux reprises successives, avec un intervalle de vingt-quatre heures entre les deux chauffages, on détruit presque à coup sûr les éléments figurés; du reste, le liquide reste clair, aucun microbe ne se développe. Cependant, la réduclion]de l’'hémocyanine se fait comme dans les tubes lémoins. 2° Si on soumet du sang d'escargot recueilli sans précautions à une dialyse énergique, on constate, comme Fredericq l’a déjà vu pour le sang de poulpe, que l’hémocyanine reste oxygénée, et cependant les éléments figurés n’ont pas été détruits, les microbes pullulent librement. On peut donc admettre que la réduction de l’hémocyanine est un phé- nomène chimique; elle est due à la présence dans le sang de substances albuminoïdes spéciales, dont l’action est entravée ou arrètée, non seu- lement par les antiseptiques énumérés, mais encore par les moyens suivants : 1° Par le froid. Si on met dans de la glace pilée un Vie à essai con- tenant du sang d’escargot fraichement recueilli et rendu bleu par agi- tation, il reste sans changement de coloration pendant vingt-quatre à trente-six heures, puis la réduction commence à se faire par le fond du tube ; elle n’est complète qu'au bout de trois ou quatre jours. 2° Par la chaleur. En chauffant plusieurs fois du sang d’escargot à 65°, on peut détruire les substances réductrices tout en laissant intacte l’hémocyanine, mais on ne réussit pas à coup sûr, car on est sur la limite du point de coagulation du sang, et les résultats varient avec des conditions encore mal déterminées. 3° Par les acides. Si on ajoute goutte à goutte de l'acide acétique glacial à du sang d’escargot jusqu’à réaction légèrement acide, on abolit la propriété des substances réductrices et le liquide reste bleu dans toute Ja hauteur du tube à essai. , 4° Par l'addition de sels neutres. Si l’on ajoute au sang d’escargot du sulfate de magnésie ou du chlorure de sodium t‘inement pulvérisés, en quantité suffisante, sans cependant arriver à la saturation, il se forme un léger précipité floconneux et le liquide reste complètement bleu. Après filtration, on obtient un sang débarrassé des substances réduc- trices et qui conserve longtemps la teinte bleu foncé de l'hémocyanine oxygénée. D’autres sels, comme l’oxalate de soude, favorisent, au contraire, l'action des substances réductrices. Si, à 10 centimètres cubes de sang d’escargot, on ajoute 1/2 centimètre cube d’une solution d’oxalate de soude à 1 p.100, il se produit un précipité et un léger trouble, le liquide d’abord bleu se décolore péu à peu et au bout d'une heure la réduction est complète. Le lendemain, au fond du liquide décoloré et trouble, on RS SÉANCE DU 28 JUILLET 131 constate un dépôt de précipité; à la surface il v a des stries bleuâtres. Par l'agitation, toute la masse devient bleue, mais elle se décolore de nouveau très rapidement, en 1/2 heure environ. Les jours suivants, le même phénomène se reproduit chaque fois qu'on agite le flacon. L'activité plus ou moins grande de ces substances réductrices dépend vraisemblablement de la proportion des sels dissous. Nous avons vu que par une dialyse prolongée on diminue progressivement la réduction de l’'hémocyanine. On pouvait donc croire qu’en rendant au sang ce que la dialyse lui avail enlevé, on ferait réapparaitre ses propriétés réductrices. L'expé- rience n'a pas réussi. Cela peut tenir à ce qu'elle n’a pas été faite dans des conditions convenables et que l'équilibre salin n’a pas été exacte- ment réalisé, ou bien à ce que les substances réductrices avaient été modifiées ou détruites. Cette dernière alternative s'accorde mieux avec les faits que je vais exposer. Si on filtre, à la trompe, sur une bougie Chamberland, du sang d'escargot, le filtratum est complètement incolore, l’hémocyanine reste dans la bougie, et si on recueille le liquide épais qui n’a pas filtré dans un tube à essai, on constate qu'il bleuit fortement par l'agitation, mais aussi qu'il se décolore beaucoup plus vite (en cinq à dix minutes) que du sang normal. Les substances réductrices sont donc restées sur le filtre et elles agissent parfaitement malgré la différence de concentration saline. Il en est de même si on sature le sang d’escargot par le sulfate de magnésie en poudre. L’hémocyanine est précipitée et reste sur le filtre, comme l’a vu Couvreur, mais les substances réductrices sont précipitées en même temps, et si on reprend le magmas qui reste sur le filtre par l'eau distiilée, on obtient une belle solution bleue d’hémocyanine qui se réduit peu à peu. En dialysant cette solution dans un courant d’eau distillée, on diminue jusqu’à la rendre nulle l’activité des substances réductrices et l’hémocya- nine oxygénée conserve sa couleur bleue pendant très longtemps, si l’on a opéré à l'abri des microbes. Voici un tube qui depuis un an est resté bleu; la teinte commence seulement à pälir; le sang recueilli asepti- quement avait élé agité avec de l’éther. Il n’en est pas de même pour ces autres tubes dont le sang a été recueilli sans grandes précautions : la couleur à viré au brun au bout de quelques mois. Le sang d’escargot reste liquide après l'addition des réactifs et se prête beaucoup mieux à l'étude que celui des céphalopodes. Le sang de poulpe et de seiche renferme des substances albuminoïdes qui se coa- gulent sous l'influence du chloroforme et qui englobent l'hémocyanine dans leur masse. Voici des flacons renfermant du sang de poulpe recueilli au mois d'août dernier à Arcachon. Sous l'influence du chloro- forme, il s'est pris en une masse d'un coagulum légèrement bleu, tandis MOTTE mi LAS ut A POELE; fps SE © 1 Co [9 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE que la partie liquide est peu abondante et incolore. Le sang de seiche s’est aussi coagulé, mais le liquide renferme encore un peu d’hémocya- nine dissoute. Cela m'a empêché d'étudier les propriétés physiologiques du sang des céphalopodes comparativement à celles du sang des gasté- ropodes. Je reviendrai sur ces propriétés physiologiques; pour le moment, je me contenterai de signaler les effets toxiques du sang d’escargot, injecté dans la veine jugulaire, chez {e lapin. A la dose de 5 centimètres cubes, il détermine des symptômes de paralysie, surtout du train postérieur, symptômes qui vont en s’atté- nuant el finissent par disparaitre en trois ou quatre heures; si l’on injecte 10 centimètres cubes dans la veine de l'oreille, rapidement, on provoque des troubles foudroyants : l'animal se sauve en titubant, puis au bout de dix à quinze secondes il tombe sur le flanc, complètement inerte; il y a de l’exophtalmie, un peu d’opisthotonos, la respiration se ralentit et fait place à un hoquet agonique, le réflexe cornéen est aboli. La mort arrive en une minute environ. Les ventricules sont arrêtés; les oreillettes sont agitées de trémulations. Le cœur ouvert laisse couler abondamment le sang qui se coagule en moins de cinq minutes. En résumé, le sang d’escargot renferme des substances réductrices de l’hémocyanine, substances dont l’action est entravée par la dialyse, par le chloroforme, l’éther, le formol, le fluorure de sodium, le sulfate de magnésie, le chlorure de sodium, favorisée au contraire par l’oxalate de soude, qui ne traversent pas le filtre de porcelaine, résistent à la tem- pérature de 60-65 degrés pendant quinze minutes et dont la nature et le mode d'action sont encore à déterminer. À PROPOS DES FIGURES KARYOKINÉTIQUES, Note de M. ANGEL GALLARDO, présentée par M. A. GraRp. Frappé de la ressemblance de la forme des figures karyokinétiques avec celle des spectres magnétiques et électriques, et après une étude mathématique des champs de force produits par les forces centrales newtoniennes, j'ai proposé en 1896 une hypothèse dynamique pour l'interprétation de la division cellulire indirecte, hypothèse que j'ai formulée dans les termes suivants. À un moment donné de la vie de la cellule, une force que j'appelle karyokinétique, pour ne pas préjuger de son essence, acquiert une certaine tension en se polarisant autour de deux points. Sous l'influence de la polarité générale, les centrosomes pourvus d'un aster se séparent suivant une courbe de force du champ général et se dirigent vers les pôles où ils atteignent leur énergie maximum. À ce moment SÉANCE DU 98 JUILLET 133 tous les microsomes du protoplasma ambiant sont définitivement orientés sous l'influence des forces attractives cancentrées aux centro- somes et dessinent la figure achromatique ou spectre karyokinétique. Cette énergie maximum détermine la séparation des anses jumelles et leur marche vers les pôles suivant les lignes de force du fuseau. Quand les groupes de segments arrivent près des centrosomes, les forces attrac- tives sont neutralisées par celles développées dans les chromosomes ; en conséquence, la polarité disparaît, toutes les forces s'étant recom- binées ; le champ de force s'évanouit en même temps que sa manifes- tation extérieure (spectre karyokinétique). Pour démontrer la possibilité d'obtenir une figure très semblable à la figure de division par l'emploi d’une force centrale newtonienne, douée de deux polarités, j'ai reproduit une expérience de Faraday, le célèbre auteur de la belle théorie des lignes de force, que j'ai taché d'adapter à l'interprétation des figures karyokinétiques. On introduit, pour faire l'expérience, deux fils conducteurs isolés et terminés chacun par une boule métallique dans une cuve étroite en cristal, remplie d'essence de térébenthine, liquide mauvais conducteur de l'électricité, et dans lequel se trouvent.en suspension de très fins cris- _ taux de sulfate de quinine, substance semi-conductrice. En reliant les fils conducteurs aux pôles d’une machine électrostatique et chargeant le plateau, les cristaux de sulfate s’orientent selon les lignes de force du champ électrique et dessinent très nettement une radiation autour de chaque boule et un fuseau qui les unit. La figure ainsi obtenue offre une extraordinaire ressemblance avec la figure achromatique de division. Je n’ai pas ici la prétention de discuter ce qu’il y a de vrai dans la théorie dynamique dont les partisans augmentent chaque jour et entre lesquels on peut citer les noms bien connus de Bütschli, Eismond, Erlanger, L. Errera, Fol, Giard (1), Häcker, Henneguy, F. Le Dantec (2), Prenant, Ziegler, ete. Mon but était seulement de montrer que la réponse à l’objection de Wilson, que je vais tenter dans la note subséquente, était donnée à l'avance par les faits que je viens de rappeler. (1) A. Giard. L’œuf et les débuts de l’évolution, Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, t. VIT, 1876, p. 257-258. Dans cet article, datant déjà de vingt-cinq ans, le professeur A. Giard prévoyait déjà la possibilité d'expériences du genre de celle que nous rappelons dans la présente note. (2) Revue générale des sciences pures et appliquées, XI° année, n° 12, p. 798- 806, 30 juin 1900. 734 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'INTEKPRÉTATION DYNAMIQUE DF LA KARYOKINÈSE. Réponse à M. le professeur E.-B. Wizson, par M. ANGEL GALLARDO. Dans la deuxième édilion qui vient de paraitre, de son excellent livre The Cell in Development and Inheritance, le distingué profes- seur de l'Université Columbia, de New-York, M. E.-B. Wilson, s'élève contre mon interprétation dynamique de la karyokinèse et contre l'hypo- thèse analogue de Ziegler, en disant (p. 409) : ‘‘ It is impossible to regard this analogy as exact; first, because it is inconsistent with the occurrence of tripolar astral figures; second, as Meves has recently urged, the course of the astral fibres does not really coincide with the lines of force, the most imporlant deviation beeing the crossing of the rays opposite the equatorial region of the spindle, wichs is impos- sible in the magnetic or electric field. ” L'objection de Meves a été atténuée par le savant professeur de l’Uni- versité de Nancy, M. À. Prenant, dans sa bienveillante analyse de mes articles (1), en rappelant l'influence déforrante possible des prépara- tions microscopiques. Dans une œuvre récente (2), M. le professeur Valentin Hæcker n’attribue non plus une très grande importance à cette objection de Meves, et fait remarquer que ces croisements (qu'on peut aussi rencontrer dans les images photographiques des figures magnéti- ques de Ziegler) peuvent être produits par la superposition optique des radiations. Wilson lui-même croit d’ailleurs que ‘‘ the crossing of rays is therefore not necessarily fatal to the assumption of dynamic centres. ” Quant à la première objection de Wilson tirée de l’impossibilité d'expliquer la formation des triasters, elle n’est pas absolument fondée, puisque dans tous mes mémoires sur le sujet (3) j'ai dit que j'ai réussi à reproduire artificiellement un triaster en introduisant dans la cuve un conducteur qui communique avec la terre. On obtient ainsi, en effet, trois fuseaux très nets. D'autre part, on peut voir dans les traités de physique industrielle que la disposition des lignes de force dans les champs multipolaires des machines dynamo-électriques correspond parfaitement avec la Pme des polyasters les plus compliqués. (1) L'Année biologique, Ie année, 1897, p. 41, 1869. (2) V. Häcker, Praxis und Theorie der Zellen, und Befruchtungslehre, 1899, p. 78. (3) A. Gallardo. Essai d'interprétation des figures karyokinétiques, Anales del Museo Nacional de Buenos Aires, t. V, p. 11-22, 1896, p. 21. — La cario- quinesis, Anales de la Sociedid Cientifica Argentina, t. XLII, p. 5-33, 1896, p. 32. — Significado dinamico de las figuras cariocinéticas y celulares. Ibidem, t. XLIV, p. 124-140, 1897, pp. 136 et 139. SÉANCE DU 28 JUILLET 735 L'erreur de Wilson s'explique parce que quelques-uns de ceux qui ont eu la bonté d'analyser ou de citer mes travaux (1), n’ont pas cité la reproduction artificielle des triasters, mais la plupart de ces savants l'ont très clairement mentionnée. NOTE SUR L'ORIGINE ET LA TERMINAISON DES GROSSES FIBRES A MYÉLINE DU GRAND SYMPATHIQUE, par M. le D' JEAN-Cuarres Roux. Dans les troncs du grand sympathique on trouve deux variétés de fibres munies d'une gaine de myéline, provenant toutes du système nerveux central : 1° De très nombreuses petites fibres à myéline, mesurant de 4 à 5 mil- lièmes de millimètre de diamètre ; 2 Un nombre beaucoup moins considérable de grosses fibres à myé- line, dont le diamètre atteint environ 15 millièmes de millimètre. Ces petites fibres à myéline proviennent de la moelle, en partie par les racines antérieures, en partie aussi par les racines postérieures, comme jai eu l'occasion de le démontrer (2). Quant à l’origine des grosses fibres à myéline, elle n 'était pas jus- qu'aujourd'hui établie d’une façon précise : Külliker pensait qu'elles proviennent des ganglions rachidiens latéraux; mais Edgeworth (3), élève de Gaskell, ayant constaté que leur nombre dans les rameaux commu- nicants est proportionnel au développement de la colonne de Clarke, pensait, au contraire, qu'elles prenaient naissance dans ce groupement cellulaire; mais aucune de ces deux opinions n’était appuyée sur des arguments indiscutables. (1) R. v. Erlanger. Zoologisches Centralblatt, IV, n° 4, p. 124. — Beiträge zur Kenntniss des Structur des Protoplasmas, des karyokinetischen Spindel und des Centrosomas, Archiv für mikroskopische Anatomie und Entwickelungs- yeschichte, XXXIX, 1897, p. 404. — V. Häcker. Praxis und Theorie der Zellen und Befruchtungslehre, 1899, p. 76-78. — Knoblauch. Botanisches Centralblatt, LXXII, n° 12, 1897, p. 400. — A. Labbé. La cytologie expérimentale, 1898, pp. #4, # et 12; L'Année biologique, II année, 1898, p. 8. — P. Mayer. Zoologischer Jahresbericht für 1897. Allgemeine Biologie, etc., 1898, p. 9-10. — Fr. Meves. Ergebnisse der Anatomie und Entwickelung geschichte, Merkel et Bonnet. Anat. Heft VI, 1896. Wiesbaden, 1897, p. 366-371. — A. Prenant. L'Année biologique, IX° année, 1899, p. 45-49. (2) Thèse de Paris, 1900. Les lésions du système grand sympathique dans le tabes et leur rapport avec les troubles de la sensibilité viscérale. (3) Edgeworth. Journal of the physiology, tome XI. BioLocie. Comptes RENDUS. — 1900, T. LIL. 56 736 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nos expériences sur le chat nous ont permis de trancher ce débat : supposons que les grosses fibres à myéline du sympathique proviennent de la moelle, des cellules de la colonne de Clarke ou d’ailleurs. Il suflira de sectionner les racines rachidiennes antérieures et posté- rieures pour amener leur dégénérescence dans les troncs sympa- thiques. Or, l'expérience faite sur le chat montre que cette section provoque dans le sympathique thoracique la dégénérescence d’un nombre consi- dérable de petites fibres à myéline, mais que toutes les grosses fibres restent intactes. Si, au contraire, au même niveau, on enlève les ganglions rachidiens, on observe la dégénérescence d’un grand nombre de grosses fibres à myéline dans les troncs sympathiques. Il faut donc accepter l’hypo- thèse de Külliker : les grosses fibres à myéline du sympathique pro- viennent bien des cellules des ganglions rachidiens. Il est d’ailleurs une maladie qui réalise, sur l’homme, l'expérience que nous avions faite sur l’animal. Dans le tabes, l’atrophie des racines postérieures provoque la disparition d’un grand nombre - de petites fibres à myéline dans les troncs sympathiques; mais les grosses fibres à myéline restent toujours très abondantes, les cellules des ganglions rachidiens étant intactes. Cette constatation suffirait à prouver que la lésion du tabes commence bien par les racines postérieures, comme l’a toujours soutenu notre maître M. le D' Dejerine. Quant à la terminaison de ces grosses fibres à myéline, on savait que bon nombre d’entre elles ne s'arrêtent pas dans les ganglions sympa- thiques, mais qu'elles vont sans interruption jusqu'aux organes qu'elles innervent : Külliker (1) les a vues se terminer dans les corpuscules de Pacini du mésentère du chat. Nous avons pu constater sur l’homme, en comptant les grosses fibres à myéline dans le sympathique cervical, au-dessous et au-dessus d’un ganglion, qu'il s’en arrête aussi un certain nombre autour des cellules ganglionnaires. Ce nombre peut même être très considérable; ainsi, lorsqu'il existe un renflement ganglionnaire moyen sur le sympa- thique cervical, on y voit disparaître la presque totalité des grosses fibres à myéline, soit environ une soixantaine sur les 70 que contient en moyenne ce tronc nerveux. (Travail du laboratoire du D° Dejerine à la Salpétrière). (1) Wiener klinische Wochenschrift, 1894, p. 50. SÉANCE DU 28 JUILLET ; 7131 DEUXIÈME NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'INCUBATION SUR LA CROISSANCE DES TÉRATOMES EXPÉRIMENTAUX CHEZ UNE POULE, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà présenté, l’année dernière (1), une poule chez laquelle trois tumeurs provenant de greffes d'embryon, avaient pris un développe- ment considérable pendant l'incubation. Elle vient de présenter un phénomène semblable cette année : une tumeur de l’appendice sous- maxillaire et une tumeur de la région sacrée ont pris un volume consi- dérable pendant l4 dernière incubation. La dernière tumeur, qui avait le volume d'une noisette avant l’incubation, a maintenant 48 millimè- tres dans son grand diamètre et 33 dans l’autre. C’est une tumeur kystique. NOTE SUR LA VALEUR MÉCANIQUE DE LA REPRÉSENTATION MENTALE DU MOUVEMENT, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai communiqué à la Société de Biologie, il y a une quinzaine d'années (1), des expériences faites avec le dynamomètre de Regnier et montrant que la représentation préalable d’un mouvement volontaire est capable d’exalter l’énergie de ce mouvement. Cette exaltation de l'énergie du mouvement est une preuve expérimentale de la valeur mécanique de la représentation; la représentation” du mouvement, c’est le mouvement qui commence (2). La pensée est un acte. L’effort préparé donne une pression plus énergique au dynamomètre que l'effort fait au commandement. L'ergographe de Mosso peul servir à mettre en évidence d’autres faits non moins intéressants. Je ne ferai que résumer ici les expériences qui mériteront peut-être d’être rapportées en détail : Le sujet a déjà travaillé à l’ergographe avec son médius gauche. Il a soulevé 3 kilos à chaque seconde. Après une première épreuve, il en fait une seconde après une, deux ou trois minutes de repos; il a refait la même double reprise après un repos de dix minutes, etc. Le métronome bat deux fois par seconde pour scander le tirer et le lächer. Vingt secondes avant l'heure de la reprise, le sujet se met à exécuter mentale- ment, sans aucun mouvement apparent, les tractions du médius. Au (4) Comptes rendus, p. 824. (2) Contribution à la physiologie des mouvements volontaires (Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1885, p. 223, etc.). — Sensation et mouvement, études expérimentales de psycho-mécanique, 2° édition, 1900. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 1 C2 QO signal, il se met à tirer effectivement en suivant les battements du métronome. S'il s'agit de la reprise après dix minutes de repos, et si ce repos est effectif, il se peut que les premiers soulèvements affectent leur hauteur ordinaire, mais, généralement, les soulèvements sont moins élevés et surtout moins nombreux. S'il s’agit de la reprise après deux minutes de repos seulement, reprise qui, ordinairement, présente les caractères graphiques de la fatigue : élévation graduelle des sou- lèvements, diminution de [eur hauteur en général et de leur nombre; on voit que la représentation préalable provoque une modification no- table de la forme de l’ergogramme. Le premier ou le second soulève- ment est le plus élevé, la hauteur générale des soulèvements est très diminuée et leur nombre est diminué. La représentation préalable ab- sorbe une certaine quantité d'énergie ; mais elle a agi en supprimant la période d'entrainement, l'ascension graduelle des premières courbes des tracés ordinaires après deux minutes de repos seulement. Si la période préparatoire de représentations est plus courte, l'effet devient moins évident; si au contraire elle s’allonge, on peut observer d’autres phénomènes, qui se manifestent surtout après le travail précédé du court repos. Ilarrive que l’ergogramme prend une forme périodique, c’est-à-dire qu'après un abaïissement de la courbe on voit se produire un ou plusieurs relèvements successifs. OS Warren Lombard à déjà bien vu que c'est après un travail répété à l’ergographe qu’on observe ces courbes périodiques. Lorsque la période préparatoire de représentation du mouvement se prolonge une minute ou plus, on voit quelquefois, surtout chez les sujets excitables, un phénomène qui paraît étrange au premier abord mais qui s’expliquera par la suite. Après quelques premiers soulèvements élevés, il se fait un abaïsse- ment, puis une reprise, puis les soulèvements s’affaiblissent mais res- tent possibles pendant un temps plus long qu'ils ne le sont ordinaire- ment après le repos total. Il se produit une sorte d'ivresse mécanique que l’on peut ecmme nous le verrons observer au cours de l’accumula- tion de la fatigue. En somme, ces représentations préalables du mouvement influencent la forme du tracé ergographique comme des mouvements réels. On ne peut pas s'attendre à une équivalence de la perte produite par un même nombre de mouvements et de représentations des mêmes mouvements; ces derniers ne sont en réalité que des miniatures de mouvements. Cependant on peut se rendre compte approximativement de la valeur relalive de la perte produite par la représentation si impon- dérable qu’elle soit elle-même. Chez ua même sujet on a pris 17 ergogrammes au repos, c’est-à-dire après au moins un quart d'heure d'inaction (3 kil., un soulèvement par seconde). SÉANCE DU 28 JUILLET 139 Ces 17 ergogrammes donnent en moyenne : nombre des soulève- ments, 110; travail, 5,88; coefficient de fatigue, 1,78. Chez le même individu, dans les mêmes conditions de repos 8 ergogrammes pris après une période de mouvements imaginaires donnent en moyenne : nom- bre de soulèvements, 87; travail, 5,95; coefficient de fatigue, 2,02. Onze ergogrammes pris après trois minutes de repos seulement donnent en moyenne : nombre des soulèvements, 74; travail, 4,01 : coefficient de fatigue, 1,81: dans les mêmes conditions de repos, 10 ergogrammes ont été pris après une période de mouvements imaginaires (cette période est toujours prise sur le temps de repos) et donnent : nombre de soulè- vements, 63; travail, 2,97; coefficient de fatigue, 1,69. Dans un autre cas, 6 ergogrammes après repos complet donnent en moyenne : soulèvements, 97; travail, 3,62; coefficient, 1,23. Après le même repos comprenant une période de représentaiions : soulève- ments, 71; travail, 2,10; coefficient, 1,10. Après un repos incomplet, 6 ergogrammes donnent en moyenne : soulèvements, 69; travail, 2,67; coefficient, 1,28. Après le même repos comprenant une période de re- présentations, les ergogrammes donnent en moyenne : soulève- ments, 57; travail, 1,72; coefficient, 1,005. La valeur mécanique des représentations se manifeste plus facilement donc le cas où la fatigue est bien marquée; les effels des excitations sont aussi plus marqués dans la fatigue. NOTE SUR L'IVRESSE MOTRICE, par M. Ch. FÉRÉ. On sait qu'une aclivité modérée d'un membre est capable de détermi- ner une excitation générale se manifestant par des signes physiques indiscutables. Chez certains individus particulièrement excitables, les phénomènes s’exagèrent et on peut observer une véritable ivresse motrice (1). û Il n'est pas rare d'observer des sujets chez lesquels, à la suite d’un exercice modéré d’un membre supérieur, il se produit une augmenta- tion de la pression dynamométrique de l’autre membre. Ces faits, que j'ai signalés depuis longtemps, ont été retrouvés par d'autres auxquels ils ont paru négligeables (2), parce qu'ils semblaient exceptionnels. En (1) Sensation el mouvement, passim. — La pathologie des émotions. 1899 . 1892, p. 101. — Note sur l'ivresse du mouvement chez les paralytiques généraux, Comptes rendus de la Société deBiologie, 1892, p. 779. (2) J. Joteyko. L'effort nerveux et la fatigue, Arch. de Biologie, 1899, €. XVI, p. 493. 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oo réalité, ils ne sont pas exceptionnels, et le travail ergographique est très propre à les mettre en lumière. Si, au lieu de se contenter de faire exécuter deux ou trois reprises de travail, comme on le fait ordinairement, avec des repos assez longs, de cinq à dix minutes, on multiplie les épreuves en abrégeant les repos, les phénomènes d’excilation, au lieu de paraître des exceptions deviennent la règle. Mes expériences ont été faites de la manière suivante : 1° On prend d'abord le temps de réaction (les yeux fermés) des deux index et du médius gauche qui va travailler; 2° On fait deux épreuves pour chaque main avec le dynamomètre de Régnier; 3° On place l’avant-bras gauche dans l'appareil de contention de l’ergographe de Mosso. Le poids est de 3 kilograinmes en général. Le métronome bat 120 fois par minute; un temps commande le soulèvement, l’autre le relâchement; le poids est soulevé une fois par seconde; 4° Les repos sont incomplets, ils varient de 1 à 3 minutes. Pendant chaque repos on fait l'épreuve dynamométri- que des deux mains. La durée de l'expérience n'a de limite que la pa- tience du sujet; le nombre des reprises a varié de 7 à 60; 5° A la fin de l'expérience on refait les épreuves dynamométriques et on reprend les temps de réaction des mêmes doigts. Les expériences ont été faites chez 7 hommes et chez 2 femmes. Elles ont mis en lumière des faits communs : 1° La fatigue offre des oscilla- tions qui portent sur le nombre et la hauteur des soulèvements, sur le travail et sur le coefficient de la fatigue (la somme en centimètres des hauteurs des soulèvements divisée par leur nombre). On peut observer des recrudescences portant à la fois sur le nombre et sur la hauteur des soulèvements. Chez tous les sujets nous avons vu se produire plus ou moins tard une recrudescence portant sur le nombre au moins et four- nissant un travail plus considérable que celui de la première épreuve. Ces recrudescences varient d'intensité, mais chez un sujet chez lequel ïl s'en est produit une à la 42° épreuve (avec une minute de repos), de 1.185 soulèvements, donnant un travail de 13,53 kilogrammètres, alors que la première épreuve n'avait donné que 7,11. Quand ces recrudes- cences monstrueuses se produisent, le sujet éprouve souvent un senti- ment d’euphorie qui contraste avec l'ennui que provoquaient les reprises précédentes. Ces recrudescences se caractérisent souvent par un abais- sement considérable du coefficient (0,38 au lieu de 1,83 dans l'expérience précédente). Ces recrudescences peuvent se répéter plusieurs fois one séculivement. On peut les voir se manifester dès la quatrième reprise, mais ordinairement elles apparaissent beaucoup plus tard. Ces faits, qui se montrent nettement sur mes ergogrammes, Sont déjà propres à ca- ractériser une sorte d'ivresse; mais le dynamomètre et le chronomètre nous fournissent d’autres caractères. Les explorations dynamométriques faites pendant les périodes de dci le TORRES PA: SÉANCE DU 28 JUILLET 741 repos montrent que si la diminution de la pression est déjà marquée après la première épreuve à la main gauche, dont le médius travaille, et si cette diminution s’accentue et persiste jusqu'à la fin de l'expérience, il n’en va pas de même pour la main droite, qui ne travaille pas. Chez tous les sujets observés après la 4° ou la 5° reprise au plus tard, souvent avant, la main droite donne des pressions plus fortes qu’au début, et cette augmentation de l'énergie de la main qui ne travaille pas peut persister jusqu'à la fin de l'expérience, quelle que soit la durée. C'est bien le travail ergographique de la main gauche qui produit cette exci- tation; si on répète ces mèmes explorations dynamométriques sur la main droite du même sujet un autre jour, mais avec les mêmes inter- valles, c’est une diminution graduelle qu’on observe. Quant à l'exploration chronométrique, elle ne donne pas constam- ment un allongement du temps pour le médius gauche qui à travaillé; mais elle donne constamment une diminution pour les deux index et surtout pour le droit. En somme, l'exercice ergographique du médius dans les conditions désignées produit immédiatement des phénomènes d’excitation générale. La fatigue, qui se traduit souvent par une courbature, n'apparait que plus tard. L'expérience faite sur un surveillant de quarante-huit ans, bien por- tant (3 kil.,3 minutes de repos) peut se résumer facilement. Avant l’ex- périence : 1° Épreuve dynamométrique : main droite 43 et 47; main gauche 44 el 43; 2 Épreuve chronométrique (chronomètre de d'Arsonval; moyenne de 20 épreuves pour chaque doigt) : index droit; 0,1335: ; index gauche 1,147, médius gauche, 15,16. EXVLORATION ÉPREUVES NE RER COEFFICIENTS Mu ergographiques. ulévements. xilogrammètres. AG OS EN main malin droite. gauche. i 10 3,75 1,78 48 28 2 48 2,37 1,64 16 30 3 41 2,01 1,44 18 28 4 61 2,19 1,19 18 26 ÿ 104 2,97 0,95 17 24 6 164 3.09 0,81 43 17 7 174 3,39 0,64 12 19 8 204 4,65 0,75 46 17 9 156 2,94 0,62 18 14 10 512 12,69 0,82 42 15 11 833 14,40 0,57 45 16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | re bO L'exploration chronométrique donne, après l'expérience : index droit 0,122, index gauche 0,145, médius gauche 0,158. Dans d’autres cas dont le tableau serait trop long à donner ici en raison du nombre des reprises, on observe à la main droite des augmen- tations de pression de un quart et plus. L'ivresse motrice n’est pas seulement provoquée par la répétition jusqu’à la fatigue d'un même mouvement; elle peut encore l'être, comme nous l'avons vu, par la représentation prolongée du même mouvement; c'est dans une ivresse de cette origine que j'ai observé le travail le plus considérable : c'était la neuvième reprise faite alterna- tivement avec 3 minutes et 15 minutes de repos. Après une minute de mouvements imaginaires, il a eu 1.055 soulèvements de 3 kilogrammes ayant donné un travail de 28,08 kilogrammètres (coefficient de fati- gue, 0,88). La première épreuve avait donné 102 soulèvements, et un travail de 5,94; coefficient, 1,95. Des sation analogues de la puissance du travail ergographique ont été provoquées par des mouvements préalables du médius du côté opposé ou du membre inférieur du même côté; par le seul fait de compter les temps à haute voix, par certaines excitations sensorielles, notamment celle de l’odorat, comme on peut le voir sur les en qui seront publiés. FAUX PARASITISME D'UNE ESPÈCE DE SARCOPTIDE DÈTRITICOLE (/Æistiogaster spermaticus, Nn. Sp.), DANS UN KYSTE DU TESTICULE CHEZ L'HOMME, par M. E. TROUESSART. Un homme, âgé de trente-quatre ans, entrait le 30 juillet 1899, dans le service du D' Gye Smith, à l'hôpital de Sheffield (Angleterre), pour se faire opérer d’un kyste du pli de l’aine. Ce kyste s’est montré, il ya six ans, sous forme d'une petite loupe dont le volume s’est accru peu à peu, plus rapidement dans les dernières années, sans provoquer de douleur ni d’autres symptômes appréciables. Actuellement, il a l’appa- rence d'un sac translucide adhérent au sommet du testicule droit. Ponctionne avec un trocart, il en sort 2 onces 1/2 (environ 71 grammes), d'un liquide presque aussi clair que l’eau (pesanteur spécifique = 1008), faiblement opalescent, à réaction neutre, avec des traces d’albumine, beaucoup de chlorures et pas de sucre. Un échantillon de 15 centimètres cubes de ce liquide fut soumis à l'examen du D'C. M. Hector, attaché au laboratoire de pathologie de l’University College, de Sheffield. Au microscope, le liquide montre de nombreux spermatozoïdes encore actifs, mais peu vigoureux et, de plus, de nombreux Acariens vivants ayant de 015 à 0% 30 de long ME PEL LR Da! CNE ARE Je SÉANCE DU 28 JUILLET 143 sur 0®® 10 environ de large. Une seule goutte étalée sur une lame de verre montre en moyenne 10 Acariens dans le champ du microscope grossissement de 100 diamètres), ce qui suppose plus de 200 individus dans l'échantillon examiné, et plus de 900 pour le contenu entier du kyste. On remarque en outre, des peaux de mues et des corps arrondis (œufs ou spores). Le kyste s'étant reproduit, a été ponctionné de nouveau cette année (1900); mais le liquide, opalescent, à réaction faiblement alcaline, contenant de nombreux spermatozoïdes, ne présentait plus trace d’aca- riens. M. C. M. Hector ayant bien voulu m'envoyer ses préparations de 1899, afin de déterminer la nature de l'Acarien trouvé lors de la première ponction, j ai pu m'assurer qu'ils'agit d'un Sarcoptide de la sous-famille des Tyroglyphinæ (ou Sarcoptides détrilicoles), voisin d’Aistiogaster carpio Kramer, mais bien distinct spécifiquement, constituant une espèce nouvelle pour laquelle je proposerai le nom d’HISTIOGASTER SPER- MATICUS, n. sp., qui rappelle les circonstances dans lesquelles elle à été découverte, et bien que sa présence dans le liquide spermatique doive être considérée comme tout à fait accidentelle. Dans la petite colonie dont il s’agit, on trouve des individus de tout âge et de tout sexe et des peaux de mues, indice du long séjour des acariens dans le kyste. je n’ai pas vu les « spores » ou œufs signalés par M. Hector. Dans tous les cas, la présence des spermatozoïdes prouve que les acariens ont pénétré, non par la peau, puisque le kyste n'avait pas encore été ouvert, mais par le canal de l’urètre. Le D' Gye Smith affirme que le bassin dans lequel fut reçu le liquide du kyste avait été lavé et essuyé avec soin avant de s’en servir. Comment s’est faite l'infestation? N'ayant aucun renseignement sur les antécédents du malade et ne pouvant nous éclairer par l’autopsie, puisque le sujet est encore vivant, nous en sommes réduits aux hypo- thèses. Une seule femelle fécondée peut avoir donné naissance à cette nombreuse colonie, et cette femelle peut avoir été introduite par une sonde malpropre, ou par une tige de bois cylindrique et creuse, proba- blement pourrie, servant à des pratiques d’onanisme. On sait que les Tyroglyphes se nourrissent de champignons microscopiques : l’ÆAistio- gaster carpio en particulier, a été trouvé dans des tiges de roseau (Arundo phragmilis) attaquées par l'humidité et les moisissures. Nous savons d’ailleurs, par ce qui se passe chez les Sarcoptides plu- micoles, que les acariens pénètrent facilement par les canaux les plus étroits. Quant au séjour prolongé de cette colonie dans un milieu liquide et dans un kysle sans communication directe avec l'air libre, je rappel- lerai que les Tyroglyphes sont de véritables amphibies (Mégnin), vivant ordinairement dans les liquides en décomposition, en société avec des CE) Anguillules. Récemment (1897), j'ai montré qu'une espèce du même \ # 744 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE groupe (Carpoglyphus passularum, Robin) pullule dans les liquides alcooliques (vins sucrés du midi), et même dans des bouteilles parfaite- ment bouchées, c’est-à-dire dans un milieu saturé d'acide carbonique. Enfin, je rappelle que l’on a déjà signalé la présence d'un entozoaire (Filaria medinensis) dans des kystes du testicule, chez l'homme. Les caractères de la nouvelle espèce sont les suivants : HISTIOGASTER SPERMATIGUS, nova species. — Voisin d'Æ. carpio, mais en différant à tous les âges par son rostre plus grand et plus large, plus d'à moitié recouvert par l’épistome; par ses griffes presque entiè- rement cachées dans une échancrure du tarse, de telle sorte que les pattes semblent terminées par un simple poil tactile; par ses pattes des deux paires postérieures fortement sous-abdominales. — Mile, plus court que la femelle, à organe génital grand, quadrangulaire avec les angles antérieurs arrondis, figurant un casque surbaissé dont le pénis gros et court représente le cimier rabattu en avant ; en outre, cet organe est soutenu par un grand cadre sub-ovalaire, saïllant, qui se relie aux épimères des pattes postérieures. Pattes de la 4° paire plus fortes que celles de la 3°, accolées par leur base interne à l'organe génital, de telle sorte que les ventouses génitales sont repoussées en avant de cet organe. Lobe abdominal court et large, quatre fois plus large que long, non rétréci à sa base et portant deux paires de poils grêles sur des lobules gaufrés mal définis. — Femelle à abdomen arrondi, non lobé, semblable à celle d’Æ. carpio, mais les pattes postérieures sous-abdominales, plus rapprochées de la vulve de ponte, surtout la 4° paire. — Longueur totale : mâle 0""95; femelle, 0""39; nymphes, 0""95 à 30; larves, 0"® 10 à 15. RÉACTIONS CHROMATIQUES DE L'HÉMOGLOBINE, par M. le D' LE Gorr. À la séance du 26 mars 1898 j'ai fail connaître à la Société de Biologie un procédé permettant de rechercher les réactions chromatiques des diverses substances chimiques extraites des cellules vivantes. J'ai appliqué cette méthode à un grand nombre de substances; je présente aujourd’hui les résultats que m'a donnés l’hémoglobine. J'ai employé pour mes expériences, soit l’hémoglobine de cheval pré- parée par le procédé Arthus (1), soit l’oxyhémoglobine de cheval, soit enfin l’oxybémoglobine commerciale, en solution aqueuse et saturée. J'ai étendu 20 millimètres cubes de cette solution sur des lames, puis (1) Je dois cette hémoglobine à l’obligeance de mon maître M. le professeur Armand Gautier, à qui j'adresse tous mes remerciements. + Li Sd ut SÉANCE DU 28 JUILLET 745 fixé à 120-130 degrés et coloré cinq minutes: de cette façon, l’hémoglo- bine et l’oxyhémoglobine se sont colorées énergiquement par l’éosine soluble, le rouge congo, le bleu méthyle en solution aqueuse. Une lame plongée cinq minutes dans une dissolution de la combi- naison éosine-bleu-méthylène, réactif du sang diabétique, prend toujours l’éosine. J'ai recherché dans quel sens les réactions précédentes se trouvaient modifiées par l'addition de certaines substances à la solution d’hémo- globine ; j'ai choisi de préférence les substances qui entrent dans la composition du sang. Aux 20 millimètres cubes de la solution d'oxyhémoglobine j'ai ajouté une goutte d’une solution aqueuse de glucose à 1 p. 100; j'ai fixé et coloré. Dans ces conditions la lame ne se colore plus par l’éosine ni par le rouge congo, ni par le bleu méthyle; plongée dans le réactif du sang diabétique (Thèse du D' Le Goff, Paris 1897, page 32) elle devient verte, c'est-à-dire qu’elle se colore par le bleu méthylène. La réaction est identique si l’on emploie une solution de lévulose, de xylose au lieu d'une solution de glucose. Le lactose, le saccharose, au contraire, n'influent nullement sur la colo- ration de l'oxyhémoglobine. Ainsi, une lame additionnée d’une goutte d’une solution de saccharose ou de lactose à 1 p. 100 se colore par le rouge congo, l’éosine, le bleu méthyle, et en rose par le réactif éosine-bleu-méthylène. L’urée en solu- tion aqueuse à 2 p. 100 empêche l’oxyhémoglobine de fixer les couleurs acides et favorise la fixation des couleurs basiques. SUR QUELQUES TROUBLES CONSÉCUTIFS À LA RÉSECTION DES DEUX PHRÉNIQUES, CHEZ LE JEUNE CHIEN, par MM. les D'° BrzLarp et CAVALIÉ. Dans des recherches antérieures, communiquées à la Société (1), nous avions rappelé, après Hénocque et Eloy (2), qu’à la suite de la suppression des deux phréniques, chez le jeune chien, on observait des troubles graves de la nutrition se manifestant par un amaigrissement considérable de l'animal. Nous avions attiré l'attention sur une localisa- tion spéciale de ces troubles dans le train postérieur. Les observations fournies par de nouvelles expériences, nous ont encore confirmé le fait et permis d’en concevoir une interprétation. (1) Billard et Cavalié. Comptes rendus de la Société de Biologie, mars 1898. (2) Hénocque et Eloy. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1882. 746 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE O8s. I. — Chien, âgé de deux mois; poids, 1 kil. 110. Anesthésie au cnlo- roforme. Résection des deux phréniques, au niveau de la 4re côte, le 23 avril 1900. Aussitôt après l'opération, l'animal présente le type respiratoire inverse, qui s’est maintenu les jours suivants. Nous observons peu à peu l’hypertro- phie du train antérieur et l’atrophie du train postérieur. En même temps le poids de l’animal s’est abaissé chaque jour, jusqu’à la mort qui est survenue le 4 mai. Ce poids était de 1 kil. 410 le jour de l'opération, 23 avril ; il est descendu à 910 grammes le 3 mai, veille de la mort. Oes. IL. — Chien, âgé de deux mois huit jours. Mêmes procédés opératoires le 30 avril 1900, Nous notons les mêmes phénomènes que ci-dessus. Il y à eu augmentation. de poids; mais cette augmentation est bien moindre que celle d’un autre chien de la même portée. L'animal opéré meurt par accident, le 3 juin. Voici les variations du poids de l’animal et d’un témoin de la même portée : CHIEN OPÉRÉ TÉMOIN CHIEN OPÉRÉ TÉMOIN SONO VIII ENTRE 1x 645 1K570 | 12 mai 2 285 2 590 Aimataee DANEEUN 4 510 1 590 | 14 mai. 21330 2) 47 2 D ATEN FR EUE 4 540 1595049 ma, 2 540 2 980: hrniair dns gel at 4 690 1 603 | 22 mai. 2 730 3 425 MNT LE Pen 1 945 2 110 | 23 mai. 3 080 3 515 OMAN AE LS 2 055 DAS) D NTNENLE MO 3 210 15160) LOTO 2 415 2 410 | 26 mai. . 3 274 3 843 RENE NENGINE 2 480 2 490 | 2 juin . 3 955 4 4925 Dans les deux observations, le diaphragme était paralysé; et la mort est survenue trop tôt pour pouvoir observer la réapparition des contrac- tions de ce muscle, par suppléance nerveuse. Le tableau comparatif des variations de poids, dans la deuxième observation, montre que les jeunes chiens, dont les phréniques sont supprimés, se développent moins rapidement que les animaux nor- maux. Comme les adultes, les jeunes chiens maigrissent; maïs cet amaigris- sement se localise dans le train postérieur qui reste peu développé. L'animal marche peu, reste le plus souvent assis, les jambes anté- rieures très écartées; et lorsqu'il marche, ses jambes postérieures se touchent à la partie moyenne, les pattes étant écartées; parfois même il y a titubation. Ces phénomènes sont très marqués chez Le jeune chien. Les muscles du train postérieur, devenus mous, flasques, rappelient les muscles atrophiés à la suite de la section des nerfs moteurs. À quoi sont dus ces troubles? Nous les interprétons par une pertur- bation fonctionnelle de la mécanique respiratoire. Le diaphragme normal, pendant sa contraction, prend un point dé ee SÉANCE DU 28 JUILLET 747 d'appui fixe sur la colonne vertébrale immobilisée par les muscles des pattes appuyées sur le sol. Comme la direction de la force se fait d’arrière en avant (piliers du diaphragme), une force égale, en sens inverse, dans le train postérieur, est nécessaire pour maintenir la fixité du point d'appui ; et dès lors, les muscles du train postérieur jouent un grand rôle. Ces muscles se con- tractent, faiblement sans doute, à chaque mouvement d'inspiration. Mais le nombre des mouvements respiratoires est considérable et inces- sant; d'où un travail musculaire constant. Lorsque le diaphragme est paralysé, l'inspiration se fait par les muscles costaux et du train antérieur; le point d'appui est surtout réalisé par les palites antérieures; il y a hypertrophie de tout le train antérieur. Et par contre, tout le train postérieur s’atrophie par diminu- tion de fonctionnement. Il est à remarquer que les animaux opérés sont enfermés au chenil et ne font pas beaucoup d'exercices pouvant suppléer à cette diminution de fonctionnement des muscles du train postérieur. D'où leur développement peu marqué. Conclusions. — 1° Les contractions des muscles du train postérieur contrebalancent normalement celles du diaphragme, en maintenant fixe le point d’appui (moitié postérieure de la colonne vertébrale). 2° Dans le cas de paralysie du diaphragme, il y a diminution de fonc- tionnement et alrophie des muscles du train postérieur, et par contre: 3° Développement considérable du train antérieur pour assurer les mouvements respiratoires. AUTODIGESTION EXPÉRIMENTALE DE L'ESTOMAC, par M. ALBERT FROUIN. Les cas d’autodigestion de l'estomac publiés en pathologie sont assez nombreux, mais on.fait en général de prudentes réserves à leur égard; parce que les organes ne sont examinés qu’au bout d’un temps assez long après la mort du sujet, et que l’altération post-mortelle peut être plus ou moins rapide. Nous #ons obtenu l’auto-digestion expérimentale chez un chien à estomac séquestré. Nous devons ajouter que ce fait résulte d'un accident post-opératoire particulier. OBsERvATION. — L'opération est faite le 22 avril. Pendant les jours suivants, le liquide sécrété par l'estomac est peu abondant, visqueux, peu acide. Le 30 avril, le suc gastrique n’est pas clair; il semble contenir des débris “ t 748 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE alimentaires : il est peu abondant. En faisant ingérer du lait à l'animal, nous avons constaté l'apparition de ce liquide dans l’estomac, nous avons pu nous convaincre ainsi que cet organe n’était pas complètement séquestré. En réalité, il s'était établi une communication nouvelle entre l’estomac et le tube æsophago-duodénal. Tranquillisé sur l'évacuation de sa sécrétion gastrique, nous avons laissé ce chien livré à lui-même. Vingt jours après l'opération, le 12 mai, on recueille 300 centimètres cubes de suc gastrique ayant une acidité de 3 gr. 49 d'HCI libre par litre, mais renfermant des débris alimentaires. Le 22 mai, on fait une nouvelle exploration et l’on recueille 220 centimè- tres cubes de liquide clair sans mélange, ayant une acidité de 3 gr. 650 d’HCI libre par litre. à Nous donnons du lait à l'animal qui l’absorbe gloutonnement; pendant les efforts de vomissement qui suivent cette ingestion trop rapide, nous consta- tons le passage du lait dans l’estomac. Cet organe communique donc encore avec le reste du tube digestif. A partir du 25 mai, on peut remarquer que l'animal prend moins de nour- riture, qu'il est moins vif; il vomit avec plus de fréquence quand il prend ses repas, et reste presque toujours couché. Il meurt le 29, à une heure de l'après-midi. L’autopsie est faite à trois heures. Aulopsie. — On ne trouve pas de liquide ni de sérosité dans la cavité abdo- minale. L’intestin est distendu, ballonné, rempli de gaz : les veines mésen- tériques contiennent du sang noir non coagulé. L'estomac renferme 180 centimètres cubes de Haute ES acide, contenant des débris de muqueuse. La muqueuse stomacale est en partie digérée, il n’en reste que quelques fragments intacts dans une partie du cardia. Les parties saillantes de la musculo-muqueuse sont devenues transpa- rentes, on peut y voir et y suivre à l’œil Le trajet des vaisseaux. On observe une adhérence entre le cardia et le tube œsophago-duodénal et une communication à ce niveau qui présente, au moment de l’äutopsie, un diamètre de 1 à 2 millimètres, Il est probable qu'elle s’est formée par lun des fils de la suture qui s’est enkysté pendant la cicatrisation. Cette dernière observation a un certain intérêt, si l’on tient compte : 1° que dans l’espace de trente jours, on a vidé l'estomac deux fois seulement; 2° que l’animal était nourri avec une alimentation riche en chlorures, ce qui pro- voque une sécrétion abondante et très acide (1); 3° de la faible quantité de liquide retiré à chaque exploration, on peut conclure que cet organe déver- sait sa sécrétion dans l'intestin par l'orifice de communication établi au niveau du cardia. Cette constatation montre que, dans les opérations chirurgicales, dans le gastro-entérostome par exemple, avec une ouverture assez grande, quel que soit le lieu où l’anastomose ait été faite, l'estomac se débar- (1) Ce fait résulte d’une étude que M. Dastre communiquera prochainement à la Société. SÉANCE DU 28 JUILLET 149 rassera toujours de son contenu grâce à ses mouvements péristalti- ques ; elle élargit ainsi le champ opératoire. (Travail fait au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne). DES CAUSES DE LA RÉSISTANCE DE L'ESTOMAC A L'AUTO-DIGESTION, par M. ALBERT FROUIN. Dans une précédente communication, nous avons rapporté un cas d’auto-digestion de l’estomac. Voici des faits que nous avons pu observer au cours de nos recherches sur le suc gastrique, qui sont de nature à éclairer un peu la question. On admet plusieurs interprétations au sujet de la résistance de l'estomac à l'auto-digestion. On peut les résumer de la facon suivante : 4° L'estomac se vide et la sécrétion est intermittente; 2° Le mucus et l'épithélium protègent la muqueuse et les autres tuniques contre l'action du suc gastrique; 3° Le sang neutraliserait l'acide du suc gastrique absorbé par la muqueuse. En expérimentant sur des animaux à estomac isolé que l’on vide seu- lement toutes les vingt-quatre heures, auxquels on donne un repas immédiatement après cette opération, et qui, par conséquent, sécrètent aussitôt du suc gastrique actif par action réflexe; on peut admettre avec certitude que leur estomac n'est jamais complètement vide. En temps ordinaire, si l’on ne cherche pas à obtenir une sécrétion très abondante ou très acide (ce que l’on peut graduer à volonté en faisant varier les chlorures de l'alimentation) (1), il n'y a pas d’altéra- tion de la muqueuse stomacale, même après dix mois d'expérience, ainsi qu'en a témoigné un examen histologique. Dans une expérience sur un chien jeune dont la sécrétion moyenne était de 300 centimètres cubes par vingt-quatre heures, avec une acidité de 1 gr. 31 HCI par litre, on a laissé l’animal pendant huit jours sans retirer son suc gastrique. L'animal n’en paraît pas incommodé. Au bout de ce temps, on a recueilli seulement 1.050 centimètres cubes de liquide de même composition que la sécrétion journalière. Nous n'avons ici qu'une faible acidité, et la quantité de liquide s’accumulant dans l'estomac semble diminuer l’activité sécrétoire. Dans une autre expérience, en privant les animaux de chlorure de sodium, on n'obtient qu'une sécrétion faible ou même nulle. Nous avons pu laisser les animaux pendant dix jours sans faire la récolte. On a recueilli ainsi (1) Expérience en commun avec M. Dastre. 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 560 centimètres cubes de suc gastrique. Les animaux semblent plutôt incommodés de la suppression du sel que de la quantité de liquide qui séjourne dans leur estomac. Il résulte de ces faits que la présence constante du suc gastrique dans l'estomac n’a aucune action nocive sur la muqueuse. Mais ce sont là les conditions d’une sécrétion normale ou d’une sécré- tion faible avec hypoacidité. Que se passe-t-il dans les cas d’hypersécrétion avec hyperacidité ? En faisant ingérer 16 gr. 60 en moyenne de NaCl par vingt-quatre heures à un animal de 12 kil. 500, on obtient une sécrétion de 600 centimètres cubes de suc gastrique par jour, ayant une acidité de 4 gr. 22 d'HCI libre par litre. Au bout de cinq à six jours, on peut observer que le mucus du suc gastrique est coloré en brun par de l’hématine. Avec une alimentation chlorurée à 10 grammes par jour, en ne vidant l’es- tomac qu'au bout de quarante-huit heures, le suc gastrique contient une grande quantité de sang. N'est-ce pas la preuve d'un état congeslif et d’une ulcération de la muqueuse, et que l'acidité a une influence considérable sur le phéno- mène ? | Il est cependant légitime d'admettre que la circulation sanguine doit être plus active dans le cas d’hypersécrétion, et que la décomposition du chlorure de sodium augmente l’alcalinité du sang. Cette circulation plus active et surtout cette alcalinité plus intense devraient donc s'opposer à l’action totale du suc gastrique et surtout à l’action particulière de d'HCtlibre. En injectant 1 gramme de peptone de Witte dans l'estomac séquestré, on obtient une sécrétion plus abondante d'un suc gastrique normal, mais sou- vent plus acide, si la récolte est faite au bout de douze heures. Une injection de 2 grammes de cette même substance, chez un animal dont la sécrétion moyenne était de 300 centimètres cubes par vingt-quatre heures, laissée trente-six heures dans l'estomac, a provoqué la sécrétion de 1.700 cen- timètres cubes de liquide fortement coloré en noir, lesquels contenaient 2 gr. 17 de mucus de matières albuminoïdes et d’hématine insolubles. L'acidité n’était que de 0 gr. 984 HCI par litre; il est probable qu’elle avait été neutralisée en partie par le sang déversé dans l'estomac. Les produits de la digestion de l'albumine introduite dans l’estomac ont une actiou analogue si on les laisse pendant quarante-huit heures. La stagnation des produits de la digestion des albuminoïdes est donc capable de produire une hypersécrétion, une érosion de la muqueuse. Il est probable que si l’on continuait ces expériences d'hypersécrétion ou d'injection de produits de la digestion des albuminoïdes, on obtien- drait une ulcération, même une auto-digestion de la muqueuse. ss PM ONE PER SÉANCE DU 28 JUILLET T5A En résumé : 1° L’estomac peut contenir du suc gastrique d’une façon permanente et résister à l’auto-digestion; 2° Une hypersécrélion avec hyperacidité produit une congestion et une érosion de la muqueuse, ainsi qu'en témoigne la présence de l’hé- matine dans le suc gastrique; 3° L'activité de la circulation et l’alcalinité du sang ne suffisent pas à protéger la muqueuse contre l’action du suc gastrique; 4° Les produits de la digestion des albuminoïdes par leur stagnation dans l’estomac provoquent une irritalion qui se traduit par une hémor- ragie intra-stomacale ; 5° L'évacuation du contenu stomacal protège l'organe contre l'action nocive de la sécrétion. (Travail fait au laboratoire de physiologie de la Sorbonne). ACTION 22 VilrO DES LEVURES SUR LES MICROBES, par M. P. NoBécourt. Dans ces derniers temps, après un assez long oubli, l'attention a été de nou- veau appelée sur l'emploi des levures en thérapeutique. Mais jusqu’à présent on ne s'est guère attaché à élucider par quel mécanisme pathogénique ces végétaux peuvent avoir une influence favorable sur les maladies au cours des- quelles on les prescrit. Le problème est éyidemment complexe. Mais tout d’abord il importe de savoir si les levures ont une action sur les microbes et sur leurs toxines. Nous avons étudié à ce point de vue différents microbes et trois échantillons de levures, un Saccharomyces Cerevisiæ, une levure haute, fournis par l'Institut Pasteur, et une levure ne produisant pas d’ascospores, isolée par nous d’un pain de levure de boulanger. I. — Dans une première série d'expériences nous avons ensemencé simultanément dans du bouillon glucosé à 5 p. 100 ces levures et ces microbes; les cultures étaient faites à l’étuve à 37°. Dans ces conditions le colibacille, le streptocoque, le Proteus, le B. pyocyanique, toutes bactéries isolées par nous de l'intestin de jeunes enfants, le staphylo- coque doré, le B. typhique, le vibrion cholérique (vibrion de Paris 1884, vibrion de Dantzig), se développent normalement; par contre le B. de Lœffler pousse généralement plus mal que sur les tubes témoins, surtout en présence de notre échantillon de levure de boulanger, l'influence du S. Cerevisiæ et de la levure haute étant moins marquée. De leur côté, les différentes levures croissent généralement d'une façon normale; nrais cependant il y a des exceptions ; c'est ainsi qu'en pré- BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1900. T, LIL 57 a SALE: ‘ 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sence du Proteus, du B. pyocyanique, du staphylocoque doré, les levures, ou certaines d’entre elles, subissent un retard plus ou moins marqué dans leur développement. Quant à leur action fermentative, elle s'exerce d'une façon variable, tout au moins si on se borne, comme nous l'avons fait, à l'apprécier d'après le dégagement des bulles de CO? : le streptocoque, le B. de Lœæffler ne paraissent pas influencer la fermen- tation ; le colibacille, le B. typhique n’influencent pas celle produite par notre levure de boulanger, et peut-être même l’accélèrent, tandis qu'ils gènent plus ou moins celle produite par le S. Cerevisiæ et par la levure haute ; le staphylocoque doré, le proteus, le B. pyocyanique paraissent l'empêcher, comme d’ailleurs MM. d'Arsonval et Charrin (4) l’ont déjà constaté pour ce dernier. II. —Nous avons ensuite ensemencé les mêmes microbes sur des cul- tures déjà développées des levures en bouillon glucosé. Sur les cultures récentes datant de 2 à 6 jours, ils ne poussent pas ou poussent mal, sauf le staphylocoque doré, qui se développe assez bien. Sur des cultu- res plus vieilles, datant de 15 à 20 jours, le développement se fait mieux: cependant on note des différences : c'est ainsi que le Proteus ense- menvcé sur des cultures de levures au 14° jour poussait assez bien sur la levure de boulanger et sur le S. Cerevisiæ, mais ne poussait pas sur la levure haute. Enfin, sur des cultures de 30 à 60 jours, les microbes se développent généralement bien ; cependant, par exemple, le B. typhique pousse mieux sur une culture de levure de boulanger de deux mois que sur une culture de S. Cérevisiæ de même date. Si, au lieu d’ensemencer les microbes sur les cultures de levures vivantes, on les ensemence sur celles-ci après filtration sur bougie on constate que les microbes qui se développaient mal sur les premières, poussent mieux sur les secondes, sans atteindre cependant le même développement que sur les milieux neufs. Il semble donc que l’action nuisible des levures résulte principalement d’une action vitale de la part du végétal; mais à côté de celle-ci, il existe une action chimique. Des expériences actuellement en cours ont pour but de pré- ciser le mode d'action des levures; nous croyons cependant dès à présent que le rôle de l'alcool produit par la fermentation, et de l’acidification du milieu est minime. De plus, nous n’avons pas constaté l’englobement des microbes par les levures signalé par certains auteurs. III. — Si dans les conditions qui viennent d’être précisées, Les microbe: poussent malsur les cultures de levures, la réciproque n'est pas exacte: les diverses levures, en effet, poussent bien sur les cultures récentes 0 anciennes des microbes expérimentés. La fermentation se produit dan: (1) D’Arsonval et Charrin. Soc. de Biol., 14 janvier, 4 février, 25 févalen, 25 mars 1893. SÉANCE DU 28 JUILLET 7153 les conditions normales, sauf dans les cas où le microbe a lui-même attaqué antérieurement le glucose ; dans certains cas même le symbiose semble la favoriser (à en juger seulement, répétons-le, par le dégage- ment des bulles de CO*). _ IV. — Reste à déterminer si la vitalité des microbes est modifiée quant à sa durée, du fait de leur symbiose avec les levures. Sous ce rapport, les résultats varient suivant les levures et les microbes mis en présence. En repiquant en bouillon les cultures mixtes nous avons constaté les faits qui suivent. Avec les trois levures, la vitalité du B. de Læffler et du vibrion cholérique n’est pas modifiée dans des proportions sen- : sibles ; il en est de même avec le S. Cerevisiæ et la levure haute pour le Proteus etle streptocoque, avec la levure de boulanger pourle B. typhique, avec le S. Cerevisiæ pour le colibacille, le B. pyocyanique et le staphy- locoque doré. Avec le S. Cerevisiæ et la levure haute, la vitalité du B. typhique semble diminuée; de même, avec la levure haute, celle du colibacille. Par contre, la présence de la levure haute semble accroître la vitalité du staphylocoque et du B. pyocyanique; enfin la levure de boulanger prolcnge dans des proportions très appréciables la vitalité du colibacille, du staphylocoque, du streptocoque, du B. pyocyanique, du Proteus : par exemple, le streptocoque mort au 14° jour dans le bouillon glucosé était encore repiquable au 30° jour cultivé en présence de cette levure. Ces recherches, brièvement exposées, montrent que souvent les levures ont une influence marquée sur les microbes, mais que cette influence est singu- lièrement variable avec les espèces mises en présence, et que des faits observés il ne faut pas se hâter de tirer des conclusions trop générales. D’au- tant plus que les résultats sont bien différents si, au lieu d'employer un milieu sucré favorable à la levure, on se sert de bouillon simple, de lait, etc. (Travail du laboratoire de l'hospice des Enfants-Assistés.) ACTION DES LEVURES SUR LA VIRULENCE DU BACILLE DE LOFFLER ET SUR LA TOXINE DIPHTÉRIQUE, par M. P. NogÉcourr. Pour rechercher l’action des levures sur la virulence des microbes et sur leurs toxines, nous avons pris, comme objet d'étude, le bacille de’ Lœffler et la toxine diphtérique. [. — L'action des levures sur la virulence du B. de Lœæffler est difficile à mettre en évidence. Cetle bactérie, en effet, n’acquiert pas de pro- priélés pathogènes quand on la cultive en bouillon sucré, seul milieu 7154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui permette le développement des levures, et d’ailleurs, comme nous l'avons montré, se développe mal en présence de ces dernières. Aussi nous n'avons pas pu étudier l'influence du S. Cerevisiæ et de la levure haute, et avons-nous dû nous borner à rechercher celle de notre levure de boulanger qui pousse, dans une certaine mesure, en bouillon ordinaire. Nous avons donc ensemencé le B. de Læffler en bouillon ordinaire dans lequel nous faisions à plusieurs reprises de larges ensemencements avec des cultures de levure sur gélose glucosée; des cultures témoins étaient faites où le bacille restait seul. Les inoculations pratiquées dans un temps ‘qui a varié du 9° au 19° jour, suivant la série d'expériences, ont montré que les cullures pures ne tuaient pas le cobaye, en inoculation sous- cutanée, aux doses de 0,2 ou 0,3 centimètres cubes, tandis que les cul- tures mixtes déterminaient, aux mêmes doses, la mort de l'animal en quarante-huit heures, avec des lésions hémorragiques des capsules surrénales. Par cette symbiose, l’activité du B. de Lœffler est donc aug- mentée ; il n'a cependant pas acquis de ce fait une virulence spériale, car isolé en culture pure, ce bacille ne tuait pas aux mêmes doses. La constatation des lésions capsulaires caractéristiques de l’intoxication diphtérique permet d'attribuer la mort à cette dernière et non pas aux levures ; le sang du cœur était stérile et l'examen de la sérosité au point d’inoculation ne recélait que peu de levures. Les faits observés par nous diffèrent donc, dans une certaine mesure, de ceux constatés par M. H. de Stæcklin (1) avec le parasite du muguet (S. albicans) ; pour lui, en effet, la mort des animaux inoculés avec des cultures mixtes de B. de Læffler et de S. albicans est due à l’action de ce dernier. La levure de boulanger a done une action favorisante pour le B. de Lœffler in vivo. IT. — Quelle est l'action des levures sur la toxine diphtérique? — Tout d’abord, dans les conditions qui viennent d’être précisées, cette action ne semble pas être marquée. En inoculant à des cobayes les cultures filtrées, nous n'avons obtenu que des résultats contradictoires. Mais il n’en est plus ainsi quand on recherche l'action des levures (Saccharomyces Cerevisiæ, levure haute, levure de boulanger) sur la toxine déjà développée. Pour étudier celte action, nous les ensemen- cons sur un mélange de toxine (2) et de bouillon glucosé, que nous inoculons à diverses reprises à des cobayes, comparalivement à un même mélange, non ensemencé, servant de témoin, et laissé dans les mêmes conditions à l’étuve à 37 degrés. La toxine témoin tuait sûre- (1) H. de Stæœcklin. Recherches cliniques et expérimentales sur le rôle des levures trouvées dans les angines suspectes de diphtérie. Arch. de méd. expér. et d'anat. path., X, p. 1-41, janvier 1898. (2) Cette toxine très active nous avait été obligeamment fournie par M. Louis. Martin, de l'Institut Pasteur. =] Oct O4 SÉANCE DU 28 JUILLET ment le cobaye de 400 à 500 granimes en quarante-huit heures, à la dose de 0,02 centimètres eubes, même après un séjour de 25 jours à l’étuve. La toxine sur laquelle avaient végété les levures pendant un certain temps était dépourvue d'activité à cette dose et même à des doses deux et trois fois supérieures (0,04, 0,05, 0,06 centimètres cubes). Il est difficile de préciser la limite minima du temps où commence cette atténuation, car on ne peut procéder que par tàtonnements dans la recherche de cette toxicité. Cependant, nous avons pu constater que l’atténuation ne se produit guère avant le 4° ou le 5° jour, et que du 10° au 15° jour elle a déjà atteint le degré que nous avons indiqué; nous n'avons pas prolongé l'expérience au delà du 25° jour. Les résultats de ces expériences paraissent nets, puisque sur dix expériences ils ont été huit fois positifs, et cela avec les trois levures; cependant, deux fois, sans que nous ayons pu en trouver la raison, la toxicité persistait au même degré, une fois au 23° jour avec la levure de boulanger, une fois au 9° jour avec la levure haute. Nous ne chercherons pas, pour le moment, à élucider le pourquoi de ces phénomènes, à rechercher si la toxine diphtérique est détruite par la levure ou fixée par elle, ou neutralisée par les modificalions chi- miques du milieu, etc. Ce sera là le sujet de recherches ultérieures. (Travail du laboratoire de l'hospice des Enfants-Assistés.) LA RÉPARATION COMPENSATRICE APRÈS LE JEUNE, per M. Josepx Noé. Le fail de déranger l'organisme de son état d'équilibre normal pro- voque chez lui une réaction qui a pour effet de réparer la perte. Les lois de cette réparalion sont du plus haut intérêt, car, en montrant la valeur de l'effort, elles permettent de juger le degré de résistance. Aussi, ai-je eu depuis longtemps l'idée d'entreprendre leur étude, et me suis-je tout d'abord adressé au jeûne, qui est la cause moditicatrice permettant le plus facilement d'apprécier les relations qui existent entre les processus destructeur et réparateur. On peut ainsi, après avoir exagéré les phénomènes de désassimila- tion, suivre consécutivement la marche des phénomènes d’assimi- lation. J'ai donc soumis systématiquement au jeûne des animaux de diverses espèces : lapins, cobayes, rats, souris. Le jeûne durait deux, trois ou quatre jours, puis les animaux étaient soumis à un régime invariable, soit comme quantité, soit comme qualilé (pain et son mouillés). 756 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après de très nombreuses expériences, voici les faits que je puis, des maintenant, mettre le plus nettement en relief. Le lapin arrive à regagner son poids primitif au bout d’un temps va- riable qui ne dépasse généralement pas treize jours. Mais presque toujours j'ai pu constater qu'il le dépasse d’une quantité également variable, pouvant aller jusqu’à 150 à 200 grammes. C’est ce phénomène que j'ai désigné sous le nom de réparation compen- satrice. Le cobaye répare sa perte au bout de cinq à six jours en moyenne, mais la compensation est beaucoup plus faible (40 grammes au maxi- mum). Il existe donc une sorte de dissociation entre la vitesse de la répara- tion et la valeur de la compensation, qui est plus nette encore chez le rat et surtout chez la souris. Cette dernière, en effet, répare son poids au bout de quatre jours au plus tard, mais ne ie dépasse pas ou ne le dépasse que très peu be à 2:grammes). il semble que le potentiel énergétique ne peut se dépenser en inten- sité lorsqu'il est employé en vitesse. Le ralentissement de la réparation compensatrice entraine l'augmentation de sa valeur. On voit aussi que plus l’animal est de petite taille, c’est-à-dire a des combustions plus actives, plus la réparation est rapide, mais moins la compensation est intense. Le ralentissement du mouvement nutritif doit donc entraîner une suractivité de la réparation compensatrice, et, par suite, une grande accumulation de réserves. Cet effort réparateur de l’organisme lui est salutaire, pourvu qu'on l’oblige à s'exercer après qu'il a produit son effet, c'est-à-dire après que la réparation s’est faite. Il se traduit alors par une augmentation progressive du poids de l’animal. Ainsi, un lapin qui, le 22 décembre, pesait 1.975 grammes, pesait le 30 juillet 2.450 grammes. Il avait été soumis à 22 périodes de jeûne de deux jours chacune. Un autre lapin qui, le 24 avril, pesait 2.250 grammes, pesait le 13 juillet 2.565. Il avait été soumis à sept jeûnes de deux jours chacun. Un troisième qui pesait 2.130 le 8 juin 1899, pesait 2.640 Le 30 mars 1900. Dans cet intervalle de temps, il était descendu le 1° juillet 14899 au poids minimum de 1.485 et était remonté, Le 25 janvier 1900, à celui de 2.920 (maximum). Du 8 juin 1899 au 1° juillet, ce lapin avait donc diminué de poids, puis avait augmenté, avait regagné son poids primitif (2.130) du 6 au 1 septembre, et enfin, à partir de ce moment, avait continué à aug- menter. La diminution progressive de poids que j'ai constaté dans une pre- SÉANCE DU 28 JUILLET 157 mière période résulte de ce fait que j'avais mis l'animal au jeûne, avant qu'il n’ait réparé le poids qu’il avait avant. Au contraire, dans une seconde période, le jeûne n'ayant été établi qu'après la production de la réparation compensatrice, l'animal avait progressivement augmenté de poids. Si cette augmentation s'était produite d’une façon continue chez les deux premiers lapins que j'ai choisis comme exemple, c'est que, chez eux, cette précaution avait intentionnellement été observée. Au contraire, tous les lapins que nous avons soumis à des jeûnes répétés, sans observer cette précaution, sont tous morts rapidement. Je suis donc autorisé à conclure que le jeûne a une action stimulante sur les phénomènes d’assimilation et que l'effort réparateur est, dans une certaine mesure, salutaire à l’organisme. Les mêmes faits se constatent nettement pour le cobaye. Ces résultats, en dehors de l'intérêt qu'ils présentent pour la question de l’équilibre biologique, donnent droit de se défier de beaucoup d’aug- mentations de poids qui ont été constatées dans un grand nombre d’ex- périences de thérapeutique expérimentale. S'il est vrai aussi, comme j'ai l'intention de le vérifier, que l’augmen- tation de la puissance assimilatrice implique une augmentation de la résistance, ces mêmes résultats expliquent celle que MM. Roger et Josué (1) ontsignalée après le jeûne, vis-à-vis de l'infection colibacillaire. Jé pense, d'ailleurs, que la réparation compensatrice est fatalement consécutive à l’action de toules causes, capables de modifier l'équilibre biologique. Cette loi générale pourrait être confirmée par les notions expérimentales acquises dans les domaines biologiques les plus divers. Je m'occupe de la dégager pour quelques phénomènes bien précis : température, pression, nutrition, etc. (Laboratoire de la clinique chirurgicale de l'hépital de la Charité.) DÉVELOPPEMENT D'OVULES DE POULE INCUBÉS DANS DE L'ALBUMEN DE CANARD, par M. GusrTave LoIsEL. Les expériences de Béguelin sur l’incubation des œufs de poule ouverts, celles de Preyer, de Féré et de nous-même sur les œufs sortis de leur coquille (2) ont un autre intérêt que celui de la simple curiosité. Elles permettent, en effet, d'agir directement sur l'embryon et de subs-- (1) Société de Biologie, 7 juillet 1900. (2) Quand nous avons publié nos expériences à la Société de biologie (séance du 16 juin 1900) nous n'avions pas connaissance, alors, des expériences antérieures de Preyer et de Féré. EMA 2 758 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tituer aux procédés téralologiques actuels une méthode autrement . scientifique. Nous donnons ici les premiers résultats d'expériences que nous avons commencées par essayer de déterminer l'influence des réserves accessoi- res de l'œuf des oiseaux, c’est-à-dire de l’albumen, sur la constitution de l'embryon. Des œufs de poule (race Faverolles) ont été ouverts et l’albumen retiré aussi complètement qu'il est possible de le faire sans léser le jaune. Nous avons remplacé le blanc absent par de l’albumen d’un œuf de canard {race de Rouen) el nous avons mis à incuber ces œufs, ainsi préparés, dans une chambre humide, formée simplement d'une sou- coupe contenant de l’eau et recouverte d’un large entonnoir; de cette façon on peut obvier à l’asphyxie de l'embryon, au moins pendant les premiers jours du développement. Dans ces conditions, six œufs, examinés le troisième jour de l’incuba:- tion, nous ont montré les développements suivants : Œuf n° 1. — Le blastoderme couvre à peu près l'hémisphère supé- rieur du jaune ; il ne porte pas trace d’embryon ni d’aire vasculaire. Œuf n° 2. — Le blastoderme couvre également l'hémisphère supé- rieur ; petite aire vasculaire à son centre; pas d’embryon, mais déchi- rure à la place qu'il occuperait. | Œuf n° 3. — Le blastoderme s'étend sur les trois quarts du jaune: petite aire vasculaire; région embryonnaire accolée à la coquille et détruite en voulant l’enlever. Œuf n° 4. —- Le blastoderme s'étend encore sur les trois quarts du jaune ; il présente une petite aire vasculaire excentrique et tangente au noyau de Pauder; au milieu de cette aire vasculaire se trouve une aire transparente contenant elle-même une masse embryonnaire informe. Œuf n° 5. — Le développement est encore plus excentrique que dans le cas précédent, car le blastoderme ne s’est formé que d'un seul côté du noyau de Pauder. Dans ce blastoderme on trouve encore une aire vasculaire et une petite masse embryonnaire informe. Œuf n° 6. — Cet œuf n'avait été ouvert et son albumen remplacé par de l’albumen de canard qu'après douze heures d’incubation normale. Le deuxième jour, le développement paraissait se faire normalement, l'aire vasculaire était très nette, l'embryon bien distinct. Le troisième Jour, l'aire vasculaire s'était étendue autour du jaune, mais les vaisseaux ‘s'étaient en partie vidés de sang car une hémorragie considérable s'était formée dans l’amnios. L'embryon, retiré à ce moment, était parfaite- ment vivant mais il présentait de curieuses anomalies que nous décri- rons plus tard. Comme on le voit, les résultats obtenus ici sont assez discordants ; ils ne peuvent encore se prêter à des conclusions générales parce qne nous CEE SÉANCE DU 28 JUILLET 159 n'avons pas tenu compte, dans ces expériences préliminaires, des autres facteurs qui peuvent intervenir également dans les conditions où nous nous sommes placés. Ils nous montrent seulement ce fait, déjà si intéressant par lui-même, de la possibilité de faire développer un ovule dans un milieu spécifique- ment différent. (Laboratoire d'histoloqie de la Faculté de médecine.) LEVURES PURES DANS UN SARCOME D'UTÉRUS CHEZ UNE FEMME, par M. le D' WLAErF. Les levures comme agents vivants ont altiré depuis longtemps l’attention des savants. L. Popoff en 1872 a fait des expériences sur les chiens et il s’est aperçu que les levures peuvent donner la fièvre et le collapsus. Claude Bernard étudiant la fermentation des levures de bière, a injecté aux lapins ces levures ordinaires avec de la glucose et a cons- taté que ces animaux meurent au bout d'un mois. Reumayer, étudiant l'action du suc digestif sur les levures, a remarqué que ces dernières passent dans l’estomac et l'intestin, en restant vivantes, et produisent de la gastro-entérite. Les levures ont attiré surtout l’altention des savants et des cliniciens quand on les a constatées el isolées en culture pure dans les différents processus pathologiques chez l'homme, chez les animaux et dans les fruits. San-Felice les a isolées dans des prunes et des tumeurs malignes et chez les animaux. Bussé les a isolées en culture pure (chez une femme) des sucs d’abcès multiples et de tumeurs qui ressemblaient par place à un granulome ou à un sarcome. Cet auteur les a isolées aussi d’un sarcome de l'homme, une fois dans un cancer de la lèvre et dans la rhinite chronique. Curtis les a isolées chez une femme dans des tumeurs myxomateuses multiples de la peau. Plimmer les a obtenues en culture pure dans le cancer du sein d’une femme. Roncali les a constatées dans trois cas de sarcome et dans un cas de carcinome de l'ovaire. Roswell les a isolées dans un cas d’adéno-sarcome. Frisco les à isolées dans un sarcome d’épiploon. Ludvig Kektæn les a isolées chez l'homme dans un papillome de la peau. Casper Gilchrigt et W. E. Stokes les ont isolées chez un malade qui a souffert pendant onze ans d’un pseudo-lupus vulgaris. 2. qe (1 7160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sattchenko les a isolées chez une femme souffrant d'abcès multiples; Colpe dans le vagin de la fille d’un brasseur affectée de flueurs blanches. M. Binot les a trouvées dans un cas de pneumonie chronique. Ces derniers temps, dans le service de M.le professeur Reynier (Lariboisière) je les ai trouvées en culture pure dans le suc d'un sarcome d'utérus: je les ai constatées dans la préparation histologique colorée par le Gram. Ces levures ne poussent que dans la gélose (sucrée, acide) avec le suc de la tumeur et donnent des colonies très fines. Presque toutes les cultures de levures isolées de différents processus pathologiques sont pathogènes pour certaines espèces. Ces blastomycètes augmentent de virulence dans l'organisme des animaux réfractaires et peuvent produire différents processus pathologiques comme chez l’homme. Voilà pour- quoi je veux attirer l'attention sur la question du traitement des malades avec les levures vivantes, comme quelques auteurs le recom- mandent contre les furoncles et la vaginite. Dans ces casles cellules vivantes quelquefois peuvent être dangereuses pour l’organisme malade. La Société tiendra séance le samedi 4 août, à l’occasion du XIII° Con- grès intèrnational de médecine; elle entrera ensuite en vacances jusqu'au samedi 6 octobre. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. ee PU EE RE PR AR PE PU ME TE Ne RSR RER Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. REP 761 SÉANCE DU 4 AOUT 1900 M. AzrreD Grarp : À propos de la parthénogénèse artificielle des œufs d’Echino- dermes. — MM. Cuanoz, Pauz Couruonr et M. Dovox : Action du refroidissement par l'air liquide sur les sérums agglutinants et les cultures agglutinantes. — MM. Pauz Couruonr et Barparoux : Leucocytose et polynucléaires dans la fièvre typhoïde. — M. A. Ropert : Sur l’agglutination du B. coli et du bacille d'Eberth par le sérum des animaux immunisés. Action du sérum-coli sur le bacille d’Eberth et réciproquement. — M. E. Hépon : Sur l’action globulicide des glycosides et les conditions de milieu qui la favorisent ou l’empêchent. —M. C. Pursarix : Sur une variété de Bacille charbonneux à forme courte et asporogène Bacillus anthracis brevigemmans. — M. C. Pnaisauix : Résistance du hérisson à la tuberculose humaine. — M. Pauz Decger : Examen du liquide d’une péritonite généralisée. Considérations sur le traitement des péritonites, en particulier des péritonites appendiculaires. — MM. Birzcarp ef Cavarré : L’absorption par la vésicule biliaire. — M. CHARLES GARNIER : Lésions du pancréas dans un cas d’urémie. — M. Marassez : Perfectionnements apportés à la seringue à piston en verre de la maison Wulfing-Luër. — M. L. Camus : Action des injections intra-veineuses de lait. — M. P. Teissrer : Recherches sur l'action bactéricide « in vitro » du glyco- gène hépatique. — M. E. Lasorpe : De l’alimentation sous-cutanée par les matières albuminoïdes. — MM. A. DEsGrez et ALy Zaky : De l'influence des lécithines sur les échanges nutritifs. — M. CH. FÉRÉ : Note sur l'influence de l’'échauffement préalable sur l’incubation de l'œuf de poule. — M. Marcez Lapsé : Action chi- mique des microbes sur le sang. — M. E. LaGuesse : Sur la répartition du tissu endocrine dans le pancréas des Ophidiens. — M. TRIBONDEAU : À propos de la communication de M. Laguesse. — M. G. Permier : Sur l'alimentation par voie sous-cutanée. — M. le Dr J. Bayzac (de Toulouse) : Toxicité des extraits de tissus normaux et pathologiques. — M. E. BÉneca : De la toxicité des urines. — MM. Henri SrassaNo et G. Euie Hass : Contribution à la physiologie des clasmatocytes. Présidence de M. Bouchard. M. CuarRin présente le premier volume des travaux de son labora- toire, 1898-1900. À PROPOS DE LA PARTHÉNOGÉNÈSE ARTIFICIELLE DES OŒUFS D ÉCHINODERMES, par M. ALFRED GiaARp. (Communication faite à la séance du 28 juillet). Comme il fallait s'y attendre, les curieux résullats obtenus par J. Loeb en faisant agir des solutions salines diversement Uitrées sur les œufs d'Échinodermes, résultats que j'ai en partie confirmés dans une note récente (1), ont provoqué de nouvelles recherches et soulevé cer- (1) A. Giard. Développement des œufs d'Echinodermes sous l'influence d'actions kinétiques anormales (solutions salines et hybridation), Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 12 mai 1900, p. 442-444. Biozocie. ComPres RENDUS. — 1900, T,. LIL. 58 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE taines critiques, les unes, très justes, les autres, à mon avis, très peu fondées. I. — Il est évident que, pour être en droit d'affirmer l'existence de la parthénogénèse artificielle sous l'influence d’un sel en solution dans l’eau, il faut s'assurer Lout d'abord que l'espèce considérée non seulement ne possède pas à la fois chez le même individu des glandes mâles et des glandes femelles bien différenciées, comme c’est le cas pour les Synaptes et pour diverses Ophiures des genres Amphiura, Ophiolepis, elc., mais aussi qu'elle n’est pas sujette à un hermaphrodisme protandrique ana- logue à celui que Cuénot a révélé chez Asterina gibbosa (1). C'est ainsi que j'ai dû renoncer à répéter Les expériences de Loeb sur l’£chinocar- dium cordalum, parce que des recherches que j'ai poursuivies à Wime- reux, soit seul, soit en collaboration avec M. A. Michel, il résulte que cet Oursin présente une sexualité successive avec protandrie, les œufs commençant à paraître vers la mi-juillet dans des glandes génitales Jusque-là manifestement mâles et bourrées de spermatozoïdes. IT. — Il est prudent d’ailleurs de ne pas employer pour des expé- riences de ce genre les espèces grégaires telles que l'oxopneustes lividus, Ophiothrix fragilis, etc., parce que dans ces formes où les individus différemment sexués vivent en grand nombre dans le voisinage les uns des autres, il est très difficile d'affirmer que les œufs n’ont pas été d’une façon ou d'une autre alteints par les spermatozoïdes. Chez les Oursins, la maturation de l’œuf et la sortie des globules polaires ont lieu dans l’organisme maternel et la fécondation peut être déjà opérée au moment de la ponte. Peut-être Viguier n’a-t-il pas tenu assez compte de cette cause d'erreur dans les notes qu'il vient de publier en réponse à Loeb (2). TT. — Il ne faut pas oublier d’autre part, comme l'ont fait plusieurs embryologistes, que la parthénogénèse accidentelle a été signalée d’une façon très précise chez les Echinodermes en dehors du cas douteux d’Asterina gibbosa. Viguier aurait dû rappeler les belles observations de R. Greeff qui, dès 1876, a fait connaître le développement parthéno- génétique d’Asterias rubens qu'il avait étudié à Helgoland (3). Après avoir indiqué les précautions prises pour éviter l'accès des spermatozoïdes, Greeff donne comme argument principal en faveur de la parthénogénèse le fait qu’à l’époque où il expérimentait (commence- (1) Cuénot. L’hermaphrodisme protandrique d’Asterina gibbosa et ses variations suivant les localités, Zoolog. Anzeiger, 1898. (2) G. Viguier. L'hermaphrodisme et la parthénogénèse chez les Echino- dermes, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 2 juillet 1900, p. 63. — C. Viguier. La théorie de la fertilisation chimique des œufs de M. Loeb, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 9 juillet 1900, p. 118. (3) R. Greeff. Ueber den Bau und die Entwickelung der Echinodermen. (Mittheilung V). Parthenogenesis bei Sessternen, Sitzungsberichte d. Gesellsch. zur Befürderung d. gesammt Naturwiss. zu Marburg, n° 5, mai 1876, p. 83. — SÉANCE DU 4 AOÛT 163 ment de mai) les produits mâles d'Asterias n'étaient pas encore mûrs (Hitth. N, p.84). D'autre part, il affirme qu'à Helgoland, l'Étoile de mer ne se reproduit que depuis la fin de mars jusque vers le milieu de mai (Witth. IV, p. 37). Il en est à peu près de même à Wimereux. Mais j'ai constaté que le sexe mâle mürit le premier. Greeff a done pris sans doute pour un début la fin de l’activité génitale mâle ; il aurait dû dire qu'en mai 4 n'y avait plus de mâles en activité. Il serait imprudent toutefois d'être trop affirmatif sur cette généralisation, et à mon avis, le meilleur criterium qu'on puisse donner pour distinguer le développe ment parthénogénétique, c'est la lenteur des processus évolutifs. Greeff a d’ailleurs insisté sur cette lenteur. Loeb et moi-même nous l'avons observée également et il semble bien aussi qu'elle ait été très fréquente dans les expériences de Viguier. IV. — Viguier me paraît avoir conclu trop rapidement à l'inefficacité des solutions salines pour déterminer la parthénogénèse quand celle-ci n'a pas une tendance à se produire naturellement chez la race d’Echino- dermes étudiée. Les expériences de Loeb et les miennes ont été faites en prenant chaque fois des témoins et nous avons vu le développement se produire uniquement dans les lots excités par le séjour momentané dans une solution saline, les œufs témoins demeurant stériles. Ev outre, Viguier a eu le tort de ne pas lire le travail étendu publié par Loeb en avril 1900, travail comprenant le détail des recherches du savant américain (1). Mais même dans sa communication préliminaire : On the nature of the process of fertilisation, etc., Loeb dit nettement (p. 135, note 1) qu'il indique la teneur de ses solutions, non par le pour- centage de sel dissous, mais par une fraction de la solution normale. I ne peut donc être question de solution de Loeb à l’eau douce et de solu- tion de Loeb à l’eau de mer, et la plupart des expériences de Viguier ne sont pas faites dans des conditions qui les rendent comparables avec celles qu'il critique. V. — Dans ma note précédente (Société de Biologie, Comptes rendus du 12 mai), je m'étais abstenu de toute interprétation théorique du phéno- mène de Loeb, ne jugeant pas mes expériences assez nombreuses et assez variées pour en déduire des conclusions rigoureuses. Mais comm e R. Greeff. Ueber den Bau une die Entwickelung der Echinodermen (Mitthei- Inng VI). Entwickelung von Asterias rubens, Sitzungsber. d. Gesell z. Befürd. d. gesammt Naturiwiss. zu Marburg, n° 4, mai 1879, p. 47-50. — R. Greeff. Ueber den Bau der Echinodermen (Mittheilung IV). Ueber die Entwickelung des Asterecauthion rubens u. sw., Silzungsber. d. Gesell. z. Befôrder. d. yesammt Naturwiss zu Marburg, n° 1, janv. 1876, p. 34. (4) J, Loeb. On the artificial production of normal larvae from the unfersilized eggs of the sea urchin (Arbacia), American Journal of Physiology, vol. H, avril 4900, n° IX, p, 434-471. 164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans un travail récent, E. Bataillon (1) a critiqué la théorie proposée par Loeb, je dois dire que moi aussi je suis porté à ne pas accepter complètement l'interprétation donnée par le savant physiologiste de Chicago. Je pense que l’excilation déterminée par les solutions salines est due non à une action spécifique des ions, mais à l’action déshydra- tante des sels sur les plasmas ovulaires et à l’hydratation subséquente lorsque l’œuf est remis dans l’eau de mer pure. En d’autres termes, le phénomène de Loeb me paraît se rattacher directement aux processus évolutifs qui, soit chez les nymphes, soit chez les œufs, résultent d'une déshydratation momentanée (Voir ma note du 16 juin 1894 sur l'anhy- drobiose). L'action chimique n’est pas primitive : elle est la conséquence de l’'anhydrobiose suivie de réhydratation et consiste dans l'apparition de diastases qui rendent possible l'évolution cellulaire. Dans la fécondation vraie, Loeb a raison de distinguer la fonction excitante du spermato- zoïde de son rôle comme support de l’hérédité paternelle. Il reste à chercher si l’action excitante est due à une zymase transportée par le spermatozoïde ou à une action déterminant comme les solutions salines la production des zymases ovulaires. ACTION DU REFROIDISSEMENT PAR L'AIR LIQUIDE SUR LES SÉRUMS AGGLUTINANTS ET LES CULTURES AGGLUTINABLES , par MM. Cuanoz, PAUL Courmonr et M. Doxon. (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) On sait que la propriété agglutinante d'un sérum pour le bacille spécifique homologue est détruite par le chauffage pendant quelques minutes à + 70 degrés environ (2), et qu’elle commence à s’atténuer par un chauffage à + 66 degrés (Widal et Sicard) et même + 65 degrés (Pechère). En est-il de même avec les températures inférieures à 0°? Nous ne connaissons sur ce point que l'expérience de Gengou (3). (1) E. Bataillon. La segmentation parthénogénétique expérimentale chez les Amphibiens et les Poissons, Comptes rendus ;de l’Académie des sciences, 9 juillet 1900, p. 115. (2) Voir : Achard et Bensaude, Fièvre typhoïde chez une nourrice, Soc. méd. des Hôpit., 3 juillet 1896; Widal et Sicard, Soc. médic. des Hôpit., 15 jan- vier 1897; Pechère, Le séro-diagnostic de la fièvre typhoïide, Bruxelles, 1897, p. 106. (3) Gengou. Agglutination et propriétés du sérum dans le charbon.*Archiv. de Pharmacodynamie, vol. VI, fasc. v. et vi, p. 315. PR D D ET TOR Le UE UT : = hs c CEE, Ÿ ‘ 5 ’ (a+ SÉANCE DU 4 AOUT 716 Un sérum agglutinant le bacille charbonneux fut congelé par cet auteur « par la vaporisation de l’éther sulfurique, deux fois à un jour d'intervalle, chaque fois pendant trois à quatre minutes. Examiné après que le sérum avait repris le niveau de la température ambiante, le pouvoir agglutinant était resté le même. » Il était intéressant de rechercher l'action de températures bien plus basses; nous nous sommes adressés pour cela à l'action de l'air liquide. Nous avons employé le sérum d’un mouton inoculé sous la peau avec des cultures de B. d'Eberth, sérum qui agglutinait en vingt minutes, à 1 p. 200, uue culture de vingt-quatre heures de B. d’Eberth. Le sérum et la culture, contenus chacun dans un tube à essai, furent plongés dans l'air liquide et maintenus à la température de ce dernier pendant vingt minutes. Deux heures après, une fois ces liquides ramenés à la température ambiante, neus avons fait agir le sérum refroidi : 1° sur une culture normale de B. d'Eberth, en bouillon ordinaire, âgée de vingt-quatre heures; 2° sur une portion de la même culture soumise à la température de l’air liquide. Parallèlement nous fimes agir un échantillon du même sérum non refroidi : 4° sur la culture non refroidie ; 2° sur la culture soumise au refroidissement par l’air liquide. Toutes ces opérations furent faites en même temps, dans les mêmes conditions, par le même expérimentateur. Il fut impossible de constater, au point de vue de l'agglutination macroscopique ou microscopique, une différence entre les échantillons de sérum ou de culture normaux ou refroidis. Les bacilles étaient dans tous les cas agglutinés au même taux (1 p. 200) et dans le même temps. Conclusions. — Dans les conditions où nous nous sommes placés, une température de — 80° n'a paru détruire ni diminuer : ni l'aggluti- nabilité d’une culture liquide de B. d’'Eberth, ni le pouvoir agglutinant du sérum employé. | La conservation de l’agglutinabilité des cultures refroidies n'a rien qui doive nous étonner, puisque même des cultures tuées par une température élevée sont encore agglutinables (Widal) (4). Mais, pour le sérum, il est intéressant de voir que la substance agglutinante résiste à des températures très basses alors qu'elle est détruite à + 70°. (1) Or, Charrin et d’Arsonval ont constaté que la vitalité des microbes n’est pas sensiblement modifiée après une exposilion à 180° environ (Bio- logie, 1898). AA 7 766 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LEUCOCYTOSE ET POLYNUCLÉAIRES DANS LA FIÈVRE TYPHOIDE, par MM. Paurz CourMonT et BARBAROUX. (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) De nombreux auteurs ont étudié la leucocytose totale dans la fièvre typhoïde, mais avec des résultats souvent très divergents; bien peu d'ailleurs se sont occupés des différentes espèces de leucocytes. Nous avons repris la question en étudiant parallèlement dans dix-huit cas de fièvre typhoïde : la courbe de leucocytose lotale, celle du chiffre relatif (pourcentage) ou absolu des polynucléaires, et enfin la courbe d'aggluti- nation. Voici les principaux résultats auxquels nous sommes arrivés (1). 1° La formule hémo-leucocytaire de la fièvre typhoïde n'est pas fixe et constante pour tous les cas; elle peut, dans certaines formes, être dia- métralement opposée à celle de certaines autres. Cela est vrai, non seu- lement pour les formes irrégulières ou à rechute, mais aussi pour certaines formes moyennes guérissant avec une régularité parfaite. Nous avons vu des cas mortels non compliqués présenter de l’hyperleu- cocytose comme certaines formes bénignes; et certains cas moyens montrer une hypoleucocytose constante comine certaines formes graves. Il faut donc être très réservé dans l'application au diagnostic ou au pronostic de la fièvre typhoïde de l'étude des courbes leucocytaires; 2° Il est cependant une formule moyenne, de beaucoup la plus fré- quente, qu’on rencontre surtout dans les fièvres typhoïdes bénignes et moyennes, et dont voici les principaux caractères : a) À la période férbile de la dothiénentérie, c’est l'hypoleucocytose temporaire ou permanente qui s’observe le plus souvent. Mais très fréquemment, à la fin de cette période, on observe un relè- vement de la courbe leucocytaire, soit au-dessus de la normale, soit simplement à son niveau. Nous n'avons eu que trois fois sur dix-huit observations, une hyper- leucocytose constante de la période fébrile. Pendant tout ce temps le pourcentage des polynucléaires reste le plus souvent bien au-dessus de la normale (jusqu'à 80 p. 100 et plus); mais comme le nombre total des leucocytes est en général très diminué, le chiffre absolu des polynucléaires est aussi au-dessous de la normale. (1) On trouvera les détails et tracés explicatifs dans notre mémoire du Journal de physiologie et pathologie générale (juillet 1900) sur le même sujet, ainsi que les indications bibliographiques que nous ne pouvons donner ici faute de place. vs SÉANCE DU 4 AOUT 167 Nous voyons cependant qu’à la période de fièvre, la diminution des leu- cocytes porte davantage sur les autres éléments (lymphocytes surtout) que sur les polynucléaires. b) Ce que nous avons observé de plus constant (13 fois sur 15, si nous élimirons les formes compliquées), c’est l’abaissement très considérable des leucocytes et surtout des polynucléaires vers les derniers jours de la défervescence thermique et les premiers jours de la convalescence. Dans presque tous nos tracés, c’est avec une constance et une régularité remarquables qu'on voit s'abaisser parallèlement le nombre total des leucocytes et des polynucléaires et l'échelle de pourcentage de ces derniers. C'est à ce moment de la maladie qu’on observe en général le chiffre le plus bas de leucocytose et surtout de polynucléose; cet abais- sement se fait d'une facon régulière et progressive; il est parfois plus marqué pour les polynucléaires que pour la leucocytose totale, qui peut rester stationnaire ou même s'élever, alors que le chiffre absolu et relatif des polynucléaires s’abaisse énormément selon la règle et que celui des lymphocytes augmente. Par conséquent, pendant les premiers jours d’apyrexie, la formule leucocytaire devient inverse de celle de la période fébrile : si la totalité des leucocytes diminue, c’est surtout par abaissement rapide et consi- dérable du nombre des polynucléaires, alors que le nombre relatif ou même absolu des lymphocytes s’élève. C'est là un phénomène critique, à peu près constant, comparable à celui que MM. Chantemesse et Rey ont constaté à la convalescence de l'érysipèle, et auquel nous serions tentés d’attribuer une signification pronostique heureuse; il se retrouve cependant dans les formes à rechutes et ne peut faire prévoir celles-ci. c\ Au bout de quelques jours d’apyrexie, la leucocytose revient vers la normale, assez lentement dans certains cas, ou la dépasse; mais le pourcentage des polynucléaires reste souvent longtemps abaissé et ce sont surtout les lymphocytes qui se multiplient à ce moment. 3° Ce que nous venons de dire s’applique surtout aux formes bénignes et moyennes. Dans les formes prolongées, ou à rechute, ou irrégulières en clinique, la formule leucocytaire est fort variable, souvent avec de grandes oscilla- tions. Dans des cas mortels non compliqués, nous avons vu une hyper- leucocytose et hyperpolynucléose élevée pendant toute la dernière période. | Dans les formes compliquées (broncho-pneumonie, etc.), nous avons observé une hyperleucocytose extrême avec pourcentage très élevé (95 p. 100) des polynucléaires; cette ascension rapide et extrême des courbes leucocytaires peut servir au diagnostic de la complication. 4 Tous ces faits montrent une fois de plus que les différentes infec- tions n'ont pas la même action sur la leucocytose, même lorsque la | “ per J 768 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE guérison survient; et que l'absence d'hyperpolynucléose, qui est consi- dérée dans certaines infections comme d'un mauvais pronostic, n'a pas la même signification dans la fièvre typhoïde. Celle-ci peut guérir, selon les cas, avec augmentation ou diminution constante des leuco- cytes et des polynucléaires. 5° La comparaison des courbes de leucocytose el d'agglutination (4) faite dans dix-huit cas de fièvre typhoïde montre que, très souvent, à la période de défervescence ou d’apyrexie, les deux courbes marchent en sens inverse, la courbe agglutinante s’élevant en clocher au moment où s'abaissent au maximum les leucocytes et surtout les polynucléaires. On serait tenté d’en conclure que la substance agglutinante se forme aux dépens des polynucléaires. Mais le fait n’est pas constant; il y a des cas qui plaident en sens inverse. De plus, la courbe agglutinante redescend à l’apyrexie, alors que les polynucléaires sont toujours très diminués. Cette disparition ou destruction des polynucléaires, prolongée souvent pendant une longue période d’apyrexie, correspondrait plutôt à la formation des substances immunisantes. SUR L'AGGLUTINATION DU B. COLI ET DU BACILLE D'ÉBERTH PAR LE SÉRUM DES ANIMAUX IMMUNISÉS. ACTION DU SÉRUM-COLI SUR LE BACILLE D EBERTH, ET RÉCIPROQUEMENT, par M. A. Roper. (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) Dès mes premières observations, j'étais amené à contester la valeur du phénomène de l’agglutination comme caractère distinctif absolu entre le bacille d'Eberth et le B. coli. Depuis lors, j'ai réuni sur ce sujet un grand nombre d’observations. J'ai consacré des notes anté- rieures à l’action des sérums sur les bacilles homologues; la présente note a pour objet ce que j'appelle, pour abréger le langage, l’ « action croisée », c'est-à-dire l’action du sérum-coh sur le bacille d'Eberth, ei l’action du sérum-éberth sur le coli. Je ne m'occuperai ici que de l’action croisée de trois sérums que j'ai plus particulièrement étudiés, un sérum- coli de mouton, un sérum-éberth de mouton, et un sérum-coli de jument. Le détail de mes observations est donné dans deux mémoires . qui viennent de paraître dans le Journal de Physiologie et de Pathologie générale (n° de juillet). Les propositions qui suivent sont le résumé de ces mémoires. (4) Voir à ce sujet : Signification des courbes leucocytaires dans la fièvre typhoïde ; rapports avec le pouvoir agglutinant. P. Courmont. Journal de physiologie et pathologie générale, juillet 1900. SÉANCE DU 4 AOUT 769 Le sérum d’un mouton immunisé contre le bacille d'Eberth, celui d’un mouton et celui d'une jument immunisés contre le coli ont manifesté une propriété agglutinative croisée très évidente, variable suivant les races bacillaires mises à l'épreuve. C'est à l'égard des bacilles les plus agglutinables par les sérums homologues, que l’action croisée a été le plus intense ; d’une façon générale, plus un bacille est sensible au sérum homologue, plus il est sensible à l’autre. Toutefois, à l'égard des races bacillaires très agglu- tinables, le pouvoir agglulinatif, apprécié par la dose minima active, était beaucoup plus élevé dans le sérum homologue que dans l’autre. C’est ainsi que le sérum-éberth a donné de l'agglutination microsco- pique du bacille d'Eberth jusqu'à 1/15.000, du bacille-coli jusqu'à 1/1.000. Le sérum-coli du mouton a été actif pour le B. coli jusqu'à 1.100.000, pour le bacille d’Eberth jusqu'à 1/10.000; pour un autre échantillon du même sérum, les chiffres respectifs ont été 1/20.000 et 1/2.000, inférieurs aux précédents exactement dans le même rapport. Le pouvoir agglutinatif du sérum-coli de la jument a été de 1/20.000 pour le B. coli, de 1/200 à 1/500 pour le bacille d'Eberth; ce sérum était, à l'égard du bacille d'Eberth, moins actif que le précédent, à la fois d’une facon absolue et relativement à son activité pour le coli. » IL y a donc, lorsqu'il s’agit de races bacillaires agglutinables au mazimum, un grand écart entre le pouvoir agglutinatif homologue et le pouvoir agglutinatif croisé. Néanmoins, considéré d'une facon absolue, le pouvoir agglutinatif croisé, pour ces races à sensibilité maxima, était encore, on le voit, assez considérable, surtout pour le sérum-coli, qui s'est montré (du moins celui du mouton) plus actif pour le bacille d'Eberth que le sérum-éberth n'a été pour le B. coli. En comparant l’action des sérums, non plus seulement sur quelques bacilles choisis, agglutinables au maximum par les sérums homologues, mais sur une foule de races bacillaires, la question se complique. Par rapport au sérum-coli, le bacille d'Eberth, moins agglutinable que cer- aines races de B. coli, l'est plus que beaucoup d'autres, sans parler de celles qui ne sont nullement agglutinables. L'ensemble des bacilles caractérisés, soit comme B. coli, soit comme bacilles d'Eberth, ne forme pas, par rapport à un même sérum-coli, deux groupes bien dis- tincts, celui des agglutinables et celui des non agglutinables qui com- prendrait le bacille d'Eberth, mais bien une échelle, une gamme, et, dans cette gamme, le bacille d'Ebefth est loin d'occuper le dernier rang: il occupait un rang assez élevé à l'égard du sérum-coli de mouton, un rang moins élevé à l'égard du sérum-coli de la jument. Sur l’ensemble des races de B. coli, le sérum-éberth a manifesté toute espèce de degrés d'activité, depuis l’activité très notable jusqu'à l'absence d'action, les divers échantillons de B. coli se présentant avec >: D'ÉRS AER + ir e RE TS 770 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une foule de degrés dans leur aptitude agglutinative, non seulement à l'égard du sérum-coli, mais aussi à l'égard du sérum-éberth. Pour une race bacillaire donnée, c'est presque toujours le sérum homologue dont le pouvoir agglutinatif (mesuré par la dose minima active) a été trouvé le plus considérable. Mais l'écart entre le chiffre mesurant le pouvoir agglutinatif du sérum homologue et celui de l'autre était très variable suivant les échantillons bacillaires. C’est pour les races les plus sensibles au sérum homologue que l'écart a été trouvé le plus grand ; mais, pour d’autres, cet écart, c'est-à-dire la différence entre l’agglutinabilité par le sérum homologue et par l’autre, a été très souvent faible, surtout pour les races peu sensibles, parfois cependant aussi pour des bacilles assez fortement agglutinables ; pour certaines races de coli, la différence était nulle; parfois même, l’ordre d’activité était renversé. En faisant agir les sérums à des doses notablement supérieures à la dose minima active, sur des races bacillaires très agglutinables par le sérum homologue, par conséquent pour lesquelles l'écart est grand entre la dose minima active de l’un et l’autre sérum, on peut voir le sérum non homologue donner une réaction très belle, aussi belle que le sérum homologue, d’après l'abondance et la qualité du précipité et la perfection de la clarification. Non seulement à des doses forles de 1/40 et 1/20, mais aux titres de 1/40, 1/100, ou même 1/200, la réaction peut être aussi belle, de la part du sérum-coli par exemple avec le bacille d’Eberth très authentique, qu'avec le B. coli, aussi belle, plus belle même que ce que donne à la même dose sur le même bacille d'Eberth le sérum-éberth. La différence d'activité des deux sérums s’efface, dans le cas de doses, non seulement fortes, mais moyennes et même assez faibles. Evidemment, il ne s’agit pas d’une action banale. mais véritablement d’une action spécifique. Soit que je considère les propriétés agglutinatives de ces sérums pour les races bacillaires les plus agglutinables, soit que j'envisage l’ensem- ble des résultats fournis par une série très variée de races bacillaires, je conclus que le sérum de ces sujets immunisés contre le B. coli mani- festait, à des degrés inégaux, des propriétés spécifiques à l'égard du bacille d’'Eberth, et que le sérum du sujet immunisé contre le bacille d’Eberth était doué de propriétés spécifiques à l'égard du B. coli. Les résultats que m'ont donnés des sérums d’autres sujets d'espèces diverses feront l’objet d’une note ultérieure. (Laboratoire de microbiologie de l'Université de Montpellier.) SÉANCE DU 4 AOUT 7171 SUR L'ACTION GLOBULICIDE DES GLYCOSIDES ET LES CONDITIONS DE MILIEU QUI LA FAVORISENT OU L'EMPÉCHENT, par E. HÉDoN. (Communication faite dans la séance du ?$ juillet.) Un certain nombre de corps du groupe des glycosides (comme solanine, saponine, digitaline, cyclamine), jouissent, comme l’on sait, de la propriété de dissoudre, à de très faibles doses, les globules rouges du sang. Leur action, extrêmement rapide à la température ordinaire, s’observe avec la plus grande simplicité lorsqu'on laisse tomber quelques gouttes de sang dans un tube à essai contenant le poison dissous dans de l’eau salée ; pour une certaine dose le sang se laque en quelques secondes. Or, lorsqu'on étudie par ce procédé la toxicité de ces divers agents hémolytiques, comparativement dans le sérum sanguin et dans une solution isotonique de chlorure de sodium, on constate qu'ils sont tous beaucoup moins toxiques dans le sérum. Si l’on prend comme unité de mesure toxique la dose nécessaire pour laquer quelques gouttes de sang dans la solution saline, on peut dire que le sérum protège contre n fois la dose toxique; ou bien on peut renverser la proposition et dire, en prenant pour unité de mesure la toxicité dans le sérum, que le poison est n fois: plus toxique dans la solution saline. Quoi qu'il en soit de la facon de s'exprimer, il n'en reste pas moins vrai qu'il existe dans le sérum quelque chose qui empêche le poison d'agir sur le globule à des doses bien supérieures à celles quilaquent le sang instantanément dans les solutions salines. À quoi doit-on rapporter cette action protectrice du sérum ? Dans un récent travail (1) J. Pohl a signalé ce fait très intéressant que le phosphate acide de soude (et aussi le sulfate acide de sodium) protège très efficacement les globules contre la solanine. Mais il n’a pas poussé plus loin l'analyse du mécanisme de cette action antitoxique. Or, il est facile de démontrer que non seulement les sels acides, mais aussi Îles acides libres à très faibles doses, protègent les globules contre la solanine (les acides libres, il est vrai, moins fortement que les sels), que de plus les amines acides telles que glycocolle, asparagine, tyrosine ont la même aclion. De telle sorte que c'est l'acidité qui apparait ici comme le facteur essentiel du phénomène. Inversement, les alcalis à très faibles doses et les sels alcalins ont une aclion favorisante très marquée; et des doses de solanine insuffisantes pour détruire les globules en milieu salin neutre, acquièrent un pouvoir hémolytique énergique par l'addition d'une trace de soude ou d'une certaine quantité d’un sel alcalin, comme phosphate disodique. Enfin l’action antitoxique de l'acide provient d'une modification de la substance globulaire; en effet, des glo- bules mis en contact avec un acide ou un sel acide, comme phosphate (1) Ueber Blutimmunität, Archives intern. de Pharmacodynamie, VIX, 1900. 4 ‘ Th ads 2 Pa ÉC LE be at a EPS TER ET cNE coll. : 1 2, re SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de sodium monobasique, puis centrifugés et lavés plusieurs fois à l’eau salée, gardent la propriété de résister en milieu salin neutre à des doses toxiques de solanine; ils ont été impressionnés par l'acide et ont gagné une certaine immunité (quoique, à la vérilé, leur résistance soit moins grande qu'en milieu acide). Or, dans le sérum, les globules résistent à deux ou trois fois la dose de solanine qui les dissout instantanément dans l’eau salée. Faut-il attribuer cette action protectrice du sérum à sa teneur en substances acides? C'est ce qui est douteux, à mon avis. Car, d’une part, ni les acides, ni les alcalins, ni les divers sels n’exercent aucune action protectrice contre les autres glycosides, tels que saponine, digitaline,ete.,etcependant le sérum possède cette action et bien plus efficace encore que pour la solanine. Par exemple, dans le sérum il faut pour laquer les globules 25 à 30 fois plus de saponine ou de cyclamine que dans l’eau salée (l’activité du sérum est d’ailleurs variable suivant l'espèce animale). | D'autre part, le sérum débarrassé de ses sels par dialyse, puis rendu | isotonique par addition de sel ou de sucre, protège encore de la même | facon les globules contre la solanine, la saponine, etc. Ce ne sont donc pas les sels spéciaux du sang qui ont ce pouvoir, et d’ailleurs ces sels recueillis par évaporation de l’eau de dialyse sont absolument sans 1 action. Par conséquent ce pouvoir antitoxique du sérum paraît se 1 rapporter à la présence des albuminoïdes. Mais une albumine quelconque 1 n’a point la même propriété, car dans une solution saline d’albumine d'œuf, par exemple, la saponine détruit les globules à la même dose que dans une solution saline pure. En outre, cette action protectrice des albu- minoïdes du sérum paraît être d'ordre purement physique; en effet, si l’on dissout directement de la saponine dans du sérum, le mélange aban- donné à lui-même pendant plusieurs heures ne perd rien de sa toxicité lorsqu'on l’éprouve sur des globules dans l’eau salée; de plus un sérum chauffé à 60-65 degrés. pendant une heure et davantage, ne perd rien de son pouvoir et peut, dans ces conditions, protéger contre les divers glycosides les globules d’autres espèces animales que celle d’où provient le sérum. En résumé, l'immunité relative des globules dans le sérum, vis-à-vis des glycosides hémolytiques, est un exemple très frappant de : l'importance que possède la constitution physico-chimique d’un milieu pour la résistance des éléments anatomiques aux poisons. Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Montpellier.) jets D dd aie Re Ur à SÉANCE DU 4 AOUT 773 LUN fx L! à SUR UNE VARIÉTÉ DE BACILLE CHARBONNEUX A FORME COURTE ET ASPOROGÈNE : ‘4 Bacillus anthracis brevigemmans, a ;.. par M. C. Puisaux. ci : (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) Dans ses remarquables études sur la variabilité du B. anthracis, M. Chauveau a vu que, dans les cultures atténuées, on trouve fréquem- ment, a côté des formes mycéliennes typiques, des formes anormales, soit par la brièveté des éléments, soit par la minceur des bacilles et la disposition caractéristique des spores à l'extrémité du bätonnet, dispo- sition qui donne à ce bätonnet la fornre d’un clou. Ces formes sont-elles de simples anomalies accidentelles et passagères ou bien l'indice d'une variation qui pourrait s'accentuer sous l'influence de circonstances favorables et acquérir une stabilité plus grande? Cette dernière hypo- thèse a été démontrée, pour la forme en clou, par une série d’expé- riences auxquelles j'ai eu l'honneur de collaborer. Si on inocule un cobaye avec un des vaccins atténués de M. Chauveau, et qu’au bout d'un certain temps on enlève les ganglions voisins du point inoculé, pour les ensemencer dans du bouillon, on obtient, le ; plus souvent, des cultures pures de la nouvelle race que nous avons : désignée sous le nom de 2. anthracis claviformis. IL arrive qu'à côté : de cette forme bacillaire et sporulée, on rencontre des granulations * arrondies, isolées ou associées en forme de diplocoques, de slrepto- : 4 coques. Ces dernières ont-elles un lien de parenté avec le bacille char- bonneux ou bien, au contraire, sont-elles dues à une souillure acciden- telle? C’est pour résoudre cette question que, sur les conseils de mon | 53 maitre, j'ai entrepris ces nouvelles recherches. ‘4 Parmi les caractères morphologiques de la bactéridie, 1l y en a deux qui varient d’une manière très brusque, suivant qu’elle cultive dans les 4 milieux artificiels ou dans l’organisme, c'est la sporulation et l’allonge- 4 ment plus ou moins grand du bourgeon végétatif. On sait que, dans les tissus vivants, le bacille de Davaine ne forme jamais de spores, el qu’en er général il ne prend pas l'aspect filamenteux. Dans le sang, les articles sont souvent si courts qu'on pourrait douter de leur nature charbon- neuse n'étaient les formes de transition et la colorabilité par la méthode de Gram. Mais ces variations morphologiques ne sont ni profondes ni durables, et dès que le bacille est réensemencé dans du bouillon ordinaire, il reprend ses caractères spécifiques. Peut-être en serait-il autrement si les influences modificatrices avaient agi plus longuement et avec plus d'intensité. Ces deux conditions sont faciles à réaliser avec un animal possédant, comme le chien, une grande immunité vis-à-vis de la bactéridie char- bonneuse, 774 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si on inocule sous la peau de la cuisse d’un chien une culture jeune, non sporulée, de charbon virulent, et qu'au bout de 5 à 18 jours on sacrifie l'animal pour ensemencer les ganglions de l’aine découpés en morceaux dans un certain nombre de matras, on observe dans la grande majorité des cultures un trouble épais dû à la prolifération d’un micro- coque à articles isolés ou réunis en chaïinettes de deux ou plusieurs articles, qui est dénué de toute virulence, qui se colore par la méthode de Gram et qui ne forme pas de spores. N'ayant pas réussi, d’une manière sûre et constante, à rendre à ces microcoques les propriétés spécifiques de la bactéridie, ce qui aurait fourni la preuve de leur filiation généalogique, j'ai cherché à repro- duire des transformations analogues par d’autres procédés. J'y suis arrivé de deux manières, par la méthode des cultures successives en sérum de chien, in vitro, d’une part, et par la méthode des cultures en sacs de collodion ou de roseau, in vivo, d'autre part. C’est cette dernière méthode qui m'a donné les résultats les plus démonstratifs. Si l'on introduit dans le péritoine d’un chien adulte un sac de col- lodion rempli de bouillon ensemencé avec du charbon virulent et qu'au bout d’un temps minimum de trois mois on le retire, on constate que le liquide est d’un trouble laiteux. Examiné au microscope, il offre un aspect complètement différent de celui d'une culture charbonneuse : il n’y a plus ni bacilles ni spores, mais des microcoques, isolés ou réunis pour former des chaïinettes ou des amas. Ces éléments sont dénués de toute virulence; ils se colorent par la méthode de Gram et sont aspo- rogènes. Réensemencés dans du bouillon, ils prolifèrent en conservant leur.forme et leurs propriétés. Cette méthode des cultures en sacs, que J'ai simplifiée et perfectionnée de manière à éviter les causes d'erreur, m'a donné des résultats assez constants pour me permettre d'affirmer que, dans l'organisme du chien, la bactéridie charbonneuse s’atténue et se transforme et que ces modifications ont lieu sous l'influence de substances solubles dialy- sables. Mais pourquoi ces substances agissent-elles si lentement à l’intérieur du sac de collodion, alors que, dans l'organisme même, elles sont si actives, soit dans le sang, soit dans les ganglions? Si on compare le grand pouvoir bactéricide du sang in vivo à la faible activité du sérum in vitro, on est amené à se demander si l'influence antimicrobienne du sang en circulation ne serait pas accrue et renouvelée par l'apport continu de principes favorisants. Pour vérifier l'exactitude de cette hypothèse, j'ai eu l’idée d'employer du sérum de chien comme milieu de culture dans les sacs dialysables introduits dans le péritoine. Dans ces conditions, la bactéridie s’atténue et se transforme plus rapidement que dans les sacs de bouillon. Î 4 L - | j "jai Vie L'ÉCRAN ER TREC C n SÉANCE DU #4 AOUT 115 ExPpÉRIENCE. — On introduit dans la cavité péritonéale d’un chien deux sacs ensemencés ayec une culture jeune de charbon virulent; mais l’un de ces sacs contient du bouillon ordinaire, tandis que l’autre contient du sérum de chien. Au bout de 20 jours, on retire ces deux tubes et on en fait l’examen comparatif. Le sac de sérum contient un liquide gris, épais, très louche, tandis que dans le sac de bouillon, la culture est beaucoup plus claire, avec de tout petits flocons en suspension. L'examen microscopique montre des différences énormes entre les deux cultures. Dans le sac de bouillon, on trouve des bacilles et des filaments avec microspores, qui sont encore viru- lents pour le cobaye. Dars le sac de sérum, au contraire, il n'y a ni bacilles ni filaments, mais des microcoques libres ou en amas, dénués de toute virulence. Ils prolifèrent dans le bouillon en conservant leur forme de microcoques et leur degré d'atténuation. Ils se colorent par la méthode de Gram, ils liquéfient la gélatine. D'après ces faits, il est permis de penser que, chez l'animal vivant, le sang doit une partie de ses propriétés bactéricides aux produits solubles qui lui sont fournis par les tissus et les organes. Les ganglions lymphatiques et les globules blancs jouent un rôle important dans cette élaboration. Déjà nous avons constaté l'influence modificatrice des ganglions sur la bactéridie; celle des globules blancs isolés n’est pas moins intense. Quand, par suite d’un orifice accidentel à la paroi du sac, les ieuco- cyies ont pu pénétrer dans l'intérieur, le bacille charbonneux ne tarde pas à perdre ses caractères essentiels. Dans deux expériences où le sac, retiré au bout d'un mois, présentait une perforation, on a trouvé à l'intérieur une bouillie d’un gris jaunâtre, formée de globules blancs mono et polynucléaires, et une véritable culture de microcoques iden- tiques à ceux des sacs intacts. En résumé, dans l'organisme du chien, la bactéridie subit des modifi- cations importantes. Elles débutent par des troubles dans les fonctions du microbe qui perd sa virulence. Puis la forme varie à son tour et s'adapte à la fonction; ce qui la caractérise, c'est le raccourcissement considérable du bourgeon végétatif marchant de pair avec une segmen- tation rapide et complète pour donner des articles isolés semblables à des microcoques, d'où le nom de 2. anthracis brevigemmans. Comment doit-on considérer cette nouvelle forme au point de vue des théories transformistes? Est-ce une variété ou une espèce? Pour répondre à cette question, il faut attendre le résultat de nouvelles expériences qui nous renseigneront tant sur les propriétés physiologiques que sur le degré de fixité des caractères acquis. n'es à GE PTE) hd > > = NÉE .à à TETE T ORALE END SNS <= el A . = UE M vs" 0 4 M DÉS nl nue 0 nets "A æ x LS a — y ÿ 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÉSISTANCE DU HÉRISSON A LA TUBERCULOSE HUMAINE, par M. C. Pursaix. (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) En raison de l’immunité relative considérable du hérisson pour un grand nombre de poisons et de venins, on pouvait penser que cet ani- mal possédait aussi une certaine résistance aux infections micro- biennes... Or, quand on entretient en captivité ces insectivores, il est rare qu'au bout d’un temps plus ou moins long on n’en voie pas succom: ber aux atteintes d’une maladie infectieuse. Il y en a une qui est assez fréquente : elle débute par les membres; elle occasionne des œdèmes, avec mortification des tissus, qui envahissent le périoste et les os au niveau des arliculations. Les séreuses, la plèvre en particulier, est le siège d'épanchements séro-purulents. Ces accidents sont provoqués par l'invasion d'un bacille pathogène dont je n’ai pas terminé l'étude. Je me borne à le signaler pour montrer la nécessité de surveiller ces animaux, de les entretenir dans de bonnes conditions d'hygiène et de ne com- mencer des observations de longue durée que sur des individus parfai- tement acclimatés au régime auquel on les soumet. Les hérissons qui ont servi à mes expériences étaient nourris avec de la viande de cheval cuite mélangée avec des carottes également cuites dont ils sont très friands. On les pesait tous les deux ou trois jours. Quand ils s’accoutument à ce régime, ils augmentent de poids et sont dans d'excellentes conditions expérimentales. C’est sur des animaux ainsi acclimatés que j'ai étudié la résistance aux microbes, particulièrement au charbon et à la tuberculose. Or tandis que le hérisson meurt du charbon avec les mêmes lésions et aussi rapi- dement que le cobaye, il résiste, au contraire, au bacille de la tubercu- lose, qui détermine seulement des lésions locales, sans tendance à la généralisation. : Les expériences ont été exécutées avec des cultures de tuberculose humaine. Avec une spatule en platine, on prélevait une certaine quan- tité, à peu près toujours la même, du voile d'une culture en bouillon, et on la broyait dans l’eau stérilisée. La bouillie ainsi obtenue était inoculée sous la peau de la cuisse des hérissons. Des cobayes témoins recevaient la même dose de la même préparation. Les cobayes mouraient en 40 ou 50 jours avec les lésions caractéris- tiques. Dans une expérience, un cobaye témoin qui avait reçu une dose moitié moindre que celle des hérissons (1/2 centimètre cube) a survécu pendant 5 mois et 20 jours. La tuberculose est restée tout d’abord loca- lisée au point d’inoculation. L'animal a augmenté de poids (de SÉANCE DU À AOUT 171 440 grammes à 720) pendant les 3 premiers mois, puis il a maigri et son poids est descendu jusqu'à 500 grammes au moment de sa mort. L'autopsie a montré des lésions de tuberculose généralisée. Quant aux hérissons, ils ont survécu sans présenter d'accidents graves. Voici en général comment les choses se passent. Au point d’inocula- tion il se produit un noyau induré qui s’abcède et donne issue à du pus caséeux. Dans les cas les plus favorables, la tumeur est très limitée; l'animal réagit et se défend si bien que son état général, apprécié par le poids, n’en souffre pas ; dans d’autres cas, l’abcès local est plus volu- mineux, plus étendu, l'animal maigrit pendant un certain temps, puis les symptômes s’améliorent et, la guérison locale une fois obtenue, il reprend l'appétit et engraisse de nouveau. Sur 8 hérissons inoculés avec 1 centimètre cube d’émulsion tubercu- leuse, 6 ont parfaitement résisté. Les deux autres sont morts d'une infection accidentelle, l’un en 5 jours, l’autre en 42 jours. Chez ce der- nier, les viscères étaient sains, sans traces de tubercules. Sur des frottis de différents organes colorés par la méthode de Ziehl, on ne trouvait aucun bacille de Koch. : Sur les 6 hérissons qui ont résisté à la tuberculose, un est mort d’in- fection au bout de 6 mois, sans trace de tuberculose; un autre, tué par la salamandrine au bout de 6 mois, était également indemne ; un 3° vit encore. Enfin les 3 derniers ont été inoculés avec une dose double (2 centimètres cubes) d'émulsion tuberculeuse. De ces 3 derniers, 2 sont morts d'infection phlegmoneuse 5 semaines après ; l'examen des vis- cères n'a montré aucun signe de tuberculose en voie d'évolution ou guérie. Le 3° n'a eu qu'un accident local très léger; il s’est parfaitement guéri; 6 mois après je lui introduis par la veine jugulaire 1 centimètre cube de culture virulente ; mais malgré les précautions aseptiques qu'il est très difficile de réaliser chez le hérisson, il a succombé à un phleg- mon diffus. Or l'examen des viscères a également démontré qu'il n'avait eu aucune atteinte de tuberculose viscérale. Dans deux autres tentatives pour déterminer la résistance du héris- son à la tuberculose inoculée par les veines, j'ai de nouveau échoué, une première fois parce que la culture employée, agitée pendant plusieurs mois pour la rendre homogène, avait perdu toute virulence, et, une deuxième fois, par suite d’une infection phlegmoneuse de la plaie du cou. Quant à l’inoculation intra-péritonéale, le hérisson la supporte aussi beaucoup mieux que le cobaye. Trois hérissons reçurent dans le péritoine de 4 centimètre cube à 1 c.c. 1/2 d'émulsion tuberculeuse, et un cobaye témoin 1/2 centimètre cube seulement. Le cobaye mourut en 19 jours ; on trouva des granula- tions tuberculeuses sur la rate qui est diffluente ; sur le foie, sur les pou- mons. Les hérissons sont morts au bout de 48 et 20 jours; l’un à une BIOLOGIE, COMPTES RENDUS, — 1900, T, I, 59 718 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ostéo-périostite tibio-tarsienne, un épanchement dans la plèvre, des débris d'embryons macérés dans l'utérus (piquants et côtes); l’autre a un phlegmon diffus du pied et un épanchement dans les plèvres ; enfin le 3° a le membre antérieur gauche mortifié avec ostéo-périostile, un épanchement avec fausses membranes dans les plèvres et le péricarde, des noyaux d’hépatisation dans les poumons. Cependant ces hérissons n’ont pas succombé à la tuberculose; un examen attentif de plusieurs préparations faites avec les tissus de la plèvre et du poumon malade, avec la pulpe du foie et de la rate n’a pas décelé de bacilles de Koch. Ceux-ci élaient enkystés dans une tumeur épiploïque bosselée, caséeuse; ces bacilles étaienit encore vivants, mais avaient perdu une parlie de leur virulence. Un centimètre cube de pus de l’épiploon inoculé à un cobaye ne l’a fait mourir qu'au bout de 4 mois. L'immunité du hérisson n’est cependant pas absolue; un hérisson ex captivité depuis plus de 8 mois et inoculé sous la peau avec une culture très virulente a succombé en 2 mois à une tuberculose pulmonaire net- tement caractérisée. En résumé, malgré les conditions défectueuses dans lesquelles se trouvaient ces animaux dont les mœurs et les habitudes ne s’accommo- dent guère avec l’espace exigu d’une cage de laboratoire, ils ont pré- senté une grande résistance à la tuberculose humaine inoculée sous la peau, et il est permis de penser que le hérisson en ïiberté se nour- rissant de proies vivantes est encore plus résistant que les individus en captivité et qu'il possède vis-à-vis du bacille de la tuberculose une véritable immunité naturelle. 11 serait intéressant de comparer l’immunité de cet insectivore à celle que les travaux de M. Metschnikoff ont mise en évidence sur la gerbille, rongeur d'Algérie qui résiste pendant de longs mois à l'infection tuber- culeuse. EXAMEN DU LIQUIDE D'UNE PÉRITONITE SEPTIQUE GÉNÉRALISÉE. CONSIDÉRA- TIONS SUR LE TRAITEMENT DES PÉRITONITES, EN PARTICULIER DES PÉRITO- NITES APPENDICULAIRES, par M. PauLz DELBET (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) J'ai opéré un assez grand nombre de péritonites généralisées ou parlielles. J'ai fait deux fois, au début, Ie lavage du ventre à l’eau bori- quée chaude et j'ai perdu mes malades. Je ne fais plus maintenant de lavage. Depuis cette époque, je n’ai plus perdu un seul malade d’appen- dicite, et j'ai guéri des contusions abdominales peu avancées. i 1 SÉANCE DU 4 AOUT 7 1 © Le lavage altère les éléments épithéliaux. Mais il y a plus, on sait que le pus est la réaction de l'organisme contre l'infection et un moyen de défense : je me demande donc si, en évacuant le pus péritonéal, on ne commet pas une faute, si on ne prive pas le malade d’un moyen de défense. Partant de ce principe, dans les appendicites, je ne touche plus aux abcès, mais j'enlève toujours l’appendice et je n’ai pas eu à regretter cette conduite. Récemment ; j'ai opéré une péritonite appendiculaire sep- tique diffuse généralisée ; j'ai soigneusement évité d'évacuer le pus : Le malade a guéri contre toute attente. Chez un deuxième malade où j'avais porté le diagnostic de péritonite généralisée appendiculaire, je me suis contenté d'ouvrir le côté : je ne pus trouver l'appendice, je n'ai pas évacué le pus. Le malade, opéré in exlremis, était admirablement bien le lendemain. Il succomba le troi- sième jour; à l’autopsie, je constatai que le péritoine avait repris un aspect normal; le malade avait dans la fosse iliaque droite un volvulus auquel il avait succombé. Autour de cette lésion, il existait une cer- taine quantité de pus fétide; j'ai recueilli ce pus avec toutes les précau- tions antiseptiques. Ce pus a été filtré sur une bougie Chamberlain pour le débarrasser des leucocytes et des cadavres microbiens ; et j'ai, avec le concours de M. Borel, fait les expériences suivantes, dont je présente les résultats. ExPÉRIENCE 1. — Le 20 juillet, à 41 heures, je mets dans une éprouvette sté- rilisée quelques centimètres cubes de sérosité péritonéale. Dans un autre tube je mets une quantité égale de bouillon stérilisé. Nous ensemencçons, M. Borel et moi, deux tubes avec du staphylocoque virulent. Le lendemain, le staphylocoque a donné das le bouillon une culture nette. Il n’a donné aucune colonie dans le liquide péritonéal. Exp. II. — Le 20 juillet, deux tubes sont ensemencés de même avec du colibacille. Le coli ne pousse ni sur le bouillon, ni sur le sérum. Exp. III. - Le 23 juillet, même expérience avec du streptocoque virulent. Le 24, le streptocoque a poussé abondamment dans le bouillon et n’a donné aucune colonie dans le liquide péritonéal. Exp. IV. — Le 24 juillet, même expérience avec le bacterium coli. Le coli pousse énergiquement dans le bouillon; il pousse faiblement dans la sérosité péritonéale pendant vingt-quatre héures, puis toute végétation s'arrête. De ces expériences, je conclus que le liquide péritonéal infect de mon malade jouait un rôle de protection, puisqu'il est bactéricide pour les espèces pathogènes, et que son ablation était inutile. Ce liquide n’est pas toxique, en voici la preuve : Exe. V.— A un cobaye du poids de 150 grammes, l'injection dans la cavité péritonéale de 2 centimètres cubes du liquide filtré ne produit aucun trouble 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (proportionnellement au poids de l'animal, deux centimètres cubes représen- tent un litre chez l’homme). Exr. VI. — L’injection de 1 centimètre cube de ce liquide sous la peau de la cuisse d’une souris blanche ne produit aucune réactiun. Si le liquide péritonéal n’est ni toxique, ni septique, on pourrait dire qu'il est bien inutile d'intervenir. Ce serait une conclusion fausse. Le malade atteint de péritonite appendiculaire, par exemple, se trouve dans les conditions d’un homme dont l’estomac absorberait instantané- ment et auquel on ferait prendre d’heure en heure 1 centigramme de strychnine : la strychnine est mortelle à la dose de 10 centigrammes. Un médecin est appelé à la cinquième heure : peu importe que l'estomac renferme de la strychnine ; puisque le malade vit encore, c'est que la dose ingérée n’est pas toxique ; le médecin n’a qu'un devoir à remplir, empêcher l’ingestion de doses nouvelles du toxique. De même, dans l'appendicite, il faut de toute nécessité supprimer l’appendice, il est le laboratoire où s’élaborent les poisons et les microbes. Les liquides péri-appendiculaires sont négligeables. Ma conviction personnelle se fonde sur l'observation de nombreux faits cliniques. Scientifiquement, le fait que j'apporte est un commen- cement de démonstration. Je me garderai bien cependant d’en tirer dès maintenant des conclusions, car une question de cette importance ne se juge pas sur un Cas. J'apporte un fait : je pose les données d'un problème, je ne vais pas au delà. Mon intention est de poursuivre ces recherches et d'en donner les résultats. On trouvera d'ailleurs in extlenso dans la Gazette des Hôpitaux, 1900, les faits que je résume dans cette communication. (Travaux de la clinique chirurgicale de l'hôpital Necker.) L’ABSORPTION PAR LA VÉSICULE BILIAIRE, par MM. les D'° Brrcarp et CAVALIÉ. (Communication faite dans la séance du 28 juillet.) Nous avons signalé (1) l'importance de la concentration de la bile vési- culaire sur la régulation de l'écoulement par le canal cholédoque. La concentration de la bile, dans la vésicule, est évidemment due à une résorption par le foie; et ie riche système vasculaire qui relie les cireu- lations cystique et hépatique permet de concevoir, dès l’abord, cette résorption. (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 22 et 29 juin 1900. SÉANCE DU 4 AOUT 781 Nous avons étudié, sur le chien, la vitesse d'absorption de l’eau et de solutions salines par la vésicule, la vitesse de concentration dans cette dernière et la vitesse de résorption par le foie. Le dispositif employé par M. Doyon (1) nous a servi dans nos expériences; il consiste en un tube de verre horizontal, rempli du liquide dont on étudie l'absorption, et mis en communication avec la vésicule biliaire préalablement liée au niveau du col. Un robinet permet d'établir ou de supprimer la commu- nicalion du tube avec la vésicule. On augmente ou on diminue la pression en faisant varier la hauteur de ce tube de verre fixé sur un support. On inscrit la vitesse d'absorption, par la vésicule, du liquide contenu dans le tube, en lisant toutes les minutes, sur une règle graduée, la vitesse de déplacement du ménisque formé par la colonne liquide. Après avoir fixé le dispositif que nous venons de décrire, la vésicule est vidée, puis lavée par un tube à deux courants avec la solution à étudier, L'un des courants est ensuite fermé et on établit la communication avec le tube horizontal. Nous laissons la vésicule se remplir à une pres- sion de 25 centimètres, puis nous lisons la vitesse d'absorption. Chien, 12 kilogrammes, anesthésie par injection de chloral et de morphine dans la cavité péritonéale. 1° Vitesse, par minute, de l'absorption de l’eau distillée (2). 4re minute. O°c 480mmc | {4e minute. OC {20mmc | 21e minute, Occ 120mme DE — 0 180 12e — O0 120 22e — 0 060 3e — O0 120 18€ — O0 060 29€ — 0 4120 4e —- 0 120 14e —— O0 120 24e — 0 060 AL — 0 180 15° — 0 060 PS — OM 6° — 0 180 16€ — 0 120 26° — 0 060 76 — O 120 Av7e — 0 120 2e — 0 060 8° — 0 180 18° = 0 060 28e — O0: 120 96 — 0 060 AO — 0 120 29e — 0 060 10° — 0 180 20° — 0 060 30€ — O 120 Acc 500mme Occ g60mme ce 900mmc Le total de l’absorption en 30 minutes est : 3 centimètres cubes 360 milli- mètres cubes. (1) M. Doyon. Contribution à l'étude de la contractilité des voies biliaires : application de la méthode graphique à cette étude {Archives de physiologie, octobre 1893). (2) Nous avons toujours laissé écouler cinq minutes après le début de l'ex- périence. 782 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Vitesse, par minute, de l'absorption d’une solution de ferrocyanure de potassium (densité de la solution — 1010). 1re minute. O0 240mmc | 44e minute. O0 180mmc | 21e minute. Oct 120mme 2 _ O0 180 12° — 0 180 22e — 0 120 b) — 0 180 15° — 0 120 AE — O0 120 4e — O 240 14° — Où 120 24e —- 0 180 6] — 0 180 15° — 0120 25° — 0 120 6° — O 180 16° — 0: 180 26° — 0 120 He — O 180 TE — ON120 IE —- 02420 3e -— O0 120 18° — O 120 28e — (ME 1210) 9e — O0 180 19e = 0: 420 29e — 0 180 40e — 0 ::120 20€ —- O0 180 30° — 0 120 {ec SOOmme 1cc 44Q0mme Acc 320mme Le total de l'absorption en 30 minutes est : 4 centimètres cubes 560 milli- mètres cubes. 3° Vitesse, par minute, de l'absorption d’une solution de ferrocyanure de potassium (densité de la solution — 1045). 4e minute. Oce 48Omme | 41e minute. Oc° 120mmc | 24e minute. Occ 420mme 2e — OMM20 12€ — 020 22e — 0 120 3e = O0 060 43° — 0 150 22 — 0 060 4e = O 240 14e — 0120 2e — O 120 ÿe -— 0.120 de — 0 C60 20° — 0 060 6° — O 120 16° — 0 160 26e — O0 120 TÉ — O 180 17° — 0.120 21e = O0 120 8° — 0 120 18° — 0 060 28e — O0 120 JE — 0 120 19e — 0 120 29e — :0 420 10° _ 0 060 , 20° —- 0 120 30° —= 0 060 Acc 300mmc Acc 140mmec Acc (O2022c Le total de l'absorption en 30 minutes est : 8 centimètres cubes 460 milli- mètres cubes. Nous devons signaler que la vitesse d'absorption atteint de suite son maximum au début de chaque expérience, se maintient dans les dix pre- mières minutes, puis va en décroissant. Sur un deuxième chien, nous avons obtenu des résultats identiques. Nous n’avons pas observé, sous l'influence de cette absorption, de modi- fications bien nettes de la vitesse d'écoulement par le cholédoque, peut- être un léger ralentissement vers la fin de chacune de nos expériences (45 gouttes par minute, au lieu de 17 au début). Et le ralentissement s’est surtout manifesté avec la solution de ferro- cyanure de potassium d’une densité de 1045. Nous avons toujours vu ce sel s’éliminer par la bile du cholédoque, sans qu'il soit possible de déceler sa présence dans la circulation générale, pas plus dans le sang artériel ou veineux que dans la iymphe. SÉANCE DU 4 AOUT 183 Par contre, extirpant très rapidement le foie, dans une de nos expé- riences, et broyant 10 grammes de chacun des lobes dans l’eau distillée, nous avons pu retrouver le ferrocyanure dans les deux lobes qui, chez le chien, sont attenants à la vésicule biliaire, et que nous avons proposé d'appeler lobes cystiques. Il n'y avait pas trace de ferrocyanure dans les autres lobes du foie. Le lendemain, nous n’observions plus la réaction avec l'extrait aqueux de ces lobes eystiques. Le ferrocyanure avait donc été modifié, détruit par le faie. Il n'a pas été transformé par oxydation en ferricyanure, car nous n'avons pas obtenu la réaction de ce sel. Conclusions. — 1° Il se produit, dans la vésicule biliaire, une résorp- tion de l’eau et de quelques sels (circulation biliaire cystico-hépatique) ; 2° L'eau distillée est absorbée lentement par les parois de la vésicule. L'absorption est plus rapide si le titre de la solution est de 1010; elle devient plus lente lorsque le titre atteint 1045. 3° Le ferrocyanure de potassium est éliminé par la bile et aussi détruit par le foie. LÉSIONS DU PANCRÉAS DANS UN CAS D'URÉMIE, par M. CHARLES GARNIER. Des altérations du pancréas ont été signalées ces temps derniers au cours des néphrites chroniques, et plus particulièrement lorsque celles-ci se terminent par des accidents urémiques. Lefas, qui le premier les a décrites, a montré que ces lésions intéressaient aussi bien les éléments sécréteurs constituant les acini que les vaisseaux et le tissu conjonctif intestinal de la glande. Nous avons eu l’occasion d'étudier de plus près ces modifications pathologiques, dans le pancréas d’un malade mort d'accidents urémiques à forme comateuse, au service de M. le professeur Bernheim (de Nancy). Il s'agissait d’un homme de cinquante-deux ans, artérioscléreux et albuminurique, chez lequel les manifestations urémiques avaient éclaté depuis quelques jours seulement et d’une façon assez brusque. Les symptômes de début : céphalée, vertige, œdème périphérique et pul- monaire, avaient rapidement élé suivis de l'apparition de coma avec respiration de Cheyne-Slokes et hypothermie. La mort était survenue une douzaine de jours environ après le début des accidents pour les- quels le malade était entré à l'hôpital. L'autopsie confirma le diagnostic. Les reins présentaient de nombreux petits kystes corticaux avec lésions de néphrite interstitielle diffuse vérifiées par le microscope. En outre, l’un des reins portait plusieurs infarctus récents. C'est vraisemblable- ment leur formation qui, rétrécissant le champ urinaire déjà com- 784 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE promis par la sclérose, avait provoqué l'apparition brusque des symp- tômes de grande urémie, à la suite desquels le malade succomba. Comme nous nous proposions de faire un examen complet du pan- créas, tant au point de vue histologique qu'au point de vue cytologique, l'organe avait été extirpé 3 heures 1/2 seulement après la mort, afin d'éviter autant que possible les altérations d'ordre cadavérique qui, on le sait, apparaissent rapidement dans le tissu pancréatique. La fixation, faite à l’aide du liquide de Flemming et du formol picro- acétique, permit de réaliser des colorations à la safranine, violet et orange, au bleu de toluidine et à la laque ferrique d'Heidenhain. La glande qui, macroscopiquement, ne semblait pas différer de l'état normal, présentait des lésions élémentaires portant principalement sur les cellules sécrétrices. Le tissu conjonctif périacineux et périca- naliculaire ne semblait pas augmenté outre mesure; tout au plus, en quelques endroits, était-il plus marqué que d'habitude, surtout au pourtour des vaisseaux. Ceux-ci, légèrement dilatés, offraient des lésions commencçantes de périvascularite. Le contenu hématique des veines était riche en leucocytes et particulièrement en polynucléaires. Dans les espaces lymphatiques et entre les fibrilles conjonctives périaci- neuses, il existait des cellules granuleuses en assez srRne nombre, du type Mastzellen d'Ehrlich. Quant aux cellules épithéliales, elles renfermaient presque toutes des granulations graisseuses en quantité variable suivant les régions con- sidérées. Ce processus dégénératif atteignait aussi bien les cellules glandulaires proprement dites que les éléments centro-acineux et ceux de la paroi des conduits excréteurs. Dans certains lobules, les éléments sécréteurs ne présentaient, à part leur contenu en graisse exagéré, aucune modification de structure. On y retrouvait, bien marquée, la charpente cytoplasmique avec sa différenciation filamenteuse chroma- tophile de la base (ergastoplasma); le noyau était net, mais nous n'avons jamais apercu de granulations de zymogène à l’intérieur des mailles du protoplasma cellulaire. En d’autres endroits les cellules élaient fortement augmentées de volume, et leur contenu, très altéré, présentait les caractères suivants : le cytoplasme se montrait la plupart du temps avec une structure alvéolaire très accusée, surtout à la région basale ; les travées constituant cette charpente, plus ou moins trapues, et plus ou moins espacées les unes des autres, possédaient une baso- philie très nette d'autant plus intense que cette modification architec- turale était plus marquée. Le processus débutait au niveau de la zone ergastoplasmique qui, normalement, présente cette hématoxylinophilie. Il gagnait de là la région centrale de l'élément, désorganisant les limites cellulaires de telle façon que, lorsque l’acinus était intéressé . Sur toute sa surface vue en coupe, il ne se présentait plus que comme un amas désordonné d’alvéoles plus ou moins cohérents à enveloppe SÉANCE DU À AOUT 785 plasmatique chromatophile, au milieu desquels étaient semés quelques noyaux d'apparence presque toujours normale. Les noyaux, en effet, étaient peu modifiés, très rarement en chromatolyse, et dégénérant plutôt par fragmentation granuleuse de leur chromatine. D'autres fois, la région ergastoplasmique basale subissait seule cette métamorphose alvéolaire, et les alvéoles ainsi constitués, se détachant de la basement-membrane, isolaient par suite le corps cellulaire de son pôle nutritif; ou bien cette même zone d’ergastoplasme devenu spongieux s'individualisait en perdant ses connexions avec le reste du cytoplasme et apparaissait alors comme une masse müriforme allongée ou arrondie, à éléments alvéolaires, située au milieu d’une énorme vacuole. À un autre stade, les travées basophiles limitant les alvéoles s’épaississaient notablement, effaçant peu à peu la cavité intérieure, et, réduisant leur volume en se contractant en quelque sorte sur elles- mêmes, elles donnaient alors l'apparence d'amas müriformes chroma- tiques situés au voisinage du noyau. Quelquefois ce processus était très limité : certaines cellules. semblaient alors renfermer de petits amas de staphylocoques vers la région basale; d’autres fois, cette condensation en petits grains se faisait seulement au niveau des trabé- cules sans effacer la cavité alvéolaire : l'aspect était alors celui de chaïi- nettes de streptocoques anastomosées en une sorte de vésicule. L’évo- lution ultérieure de ces produits de la métamorphose cytoplasmique et plus particulièrement ergastoplasmique (1) paraissait aboutir à la formalion des globules de graisse que nous avons signalés et dont parfois l’agglomération en masse müriforme correspondait à la des- cription qui précède. Ces globules graisseux abondaïient à l'intérieur des cellules des îlots de Langerhaus, qui présentaient aussi des modifications de même ordre. Dans ce cas, le processus dégénératif était cependant moins marqué; il se bornait à des modifications chromatiques du réticulum cytoplas- mique de la zone périnucléaire, qui à ce niveau devenait basophile. L'ergastoplasme semble donc extrêmement vulnérable aux agents toxiques qui peuvent imprégner les tissus. Réagissant dès le début en fabriquant des produits deutoplasmiques pathologiques, il finit par traduire morphologiquement l'atteinte qu'il subit par des formes de dégénérescence qui entraînent la suppression de la fonction spécifique de la cellule glandulaire. (1) De même que l’ergastoplasme, ces formations pathologiques se coloraient fortement par le bleu de toluidine. 7186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PERFECTIONNEMENTS APPORTÉS A LA SERINGUE A PISTON EN VERRE, DE LA MAISON WULFING-LUER, par M. MaALassez. J'ai présenté à la Société (1), il y a quelques années, une seringue en verre dont le piston était également en verre, seringue que j'avais demandée à plusieurs fabricants et que seul M. Wulfing-Luër était arrivé à faire construire. Ce n'avait pas élé sans peine, mais le résultat obtenu était excellent : étanchéité parfaite du piston, douceur extrême des frottements. On avait cru tout d’abord qu’une telle seringue ne pourrait supporter la stérilisation par la chaleur ; il m'avait même fallu dans une certaine circonstance donner au fabricant un certificat consta- tant qu'elle pouvait être stérilisée à l'eau bouillante et à l’autoclave à 130 degrés. On avait encore cru qu'elle serait trop fragile. En réalité, elle est plus facilement stérilisable et ni plus ni moins fragile que les autres seringues en verre. On le reconnaît maintenant peu à peu, on constate ses grands avantages; aussi se répand-elle de plus en plus et partout. Ce n’est pas à dire qu'elle soit parfaite en tous points ; elle pré- sente certains inconvénients auxquels je cherche à remédier; tels sont les deux suivants. Le premier inconvénient dont je parlerai est une conséquence de l’une de ses qualités, de l'extrême douceur des frottements du piston: il arrive en effet que celui-ci ne frotte pas suffisamment, si bien qu’en inclinant la seringue en bas il s'enfonce sous l'influence de son propre poids et que le liquide contenu dans la seringue s'échappe; tandis que si on l'incline en sens inverse, le piston tend à sortir et de l’air entre dans la seringue. Avec un peu de pratique, on arrive à prendre certains tours de mains qui permettent d'éviter ces inconvénients; mais 1l vaut - encore mieux en supprimer la cause et j'y suis arrivé à l’aide du petit appareil très simple que voici : deux bagues brisées formant ressort, reliées entre elles par un petit arc. L'une des bagues, la plus large, se place à l'extrémité supérieure du corps de la seringue, juste en-dessous du rebord de l'ouverture du pavillon; du même coup, l’autre se place au contraire Juste au-dessus de ce rebord en avant de l'ouverture, et, comme son diamètre est un peu plus pelit que celui du piston, elle le serre plus ou moins et lui constitue une sorte de frein. J'ajouterai qu'il est assez facile de se construire soi-même un appareil de ce genre avec un peu de fil de fer ; tel est celui que je vous présente et qui fonctionne très bien. L'autre inconvénient dont je parlerai ne se produit que dans certaines (4) Séance du 3 novembre 1894. SÉANCE DU À AOUT 1871 conditions, quand on veut injecter seulement une partie exactement mesurée du liquide contenu dans la seringue. En effet, la graduation élant gravée à la surface extérieure du corps de la seringue, il faut enfoncer le piston jusqu'à ce que son extrémité inférieure vienne corres- pondre à la division voulue. Or il n’est pas facile d'apprécier cette cor- respondance, parce que cette extrémité inférieure, étant légèrement arrondie, ne se présente pas sous la forme d'une ligne bien nette; parce que, d'autre part, la seringue, ayant été rodée intérieurement, n’est pas parfaitement transparente. De plus, quand on fait une injection, il est peu commode d'avoir à s'occuper de cette sorte de mise au point du piston, qui est, on le voit, assez délicate. On peut remédier à ce deuxième inconvénient, en même lemps qu'au premier, à l’aide d’un autre appareil. Celui-ci consiste en une tige aplatie dont une extrémité forme ressort et se fixe à l'anneau du piston. Étant ainsi fixée, elle se trouve placée en dehors et le long de la seringue, à peu de distance d'elle, et elle suit constamment le piston dans ses allées et venues. L'autre extrémité de cette tige se termine par une petite saillie qui vient frotter, presser le corps de la seringue et doit servir de frein au piston, comme le faisait la deuxième bague dans l'appareil précédent. Cette saillie a encore un autre effet : quand on tire par trop le piston, elle vient buter contre le rebord de l'ouverture de la seringue et empèche le piston de sortir, accident auquel on est exposé avec cette seringue. Cette règle enfin présente à sa face supérieure une graduation en centimètres et fractions de centimètres cubes, et elle porte un curseur que l’on peut placer à la hauteur que l’on veut, au niveau de la division correspondant à la quantité de liquide que l’on veut injecter. Le curseur étant ainsi disposé, il vient buter contre le bord de l'ouverture de la seringue au moment même où la quantité voulue de liquide se trouve injectée; on se trouve ainsi arrêté, sans avoir eu besoin de s'occuper de ce côté de l'opération (1). ACTION DES INJECTIONS INTRA-VEINEUSES DE LAIT, par M. L. Camus. Les expériences dont je donne ici un court résumé ont été entreprises dans le but de rechercher si les produits de sécrétion possèdent comme les extraits d'organes une action anticoagulante indirecte. Je me suis tout d’abord assuré par des expériences ?n vitro que le lait ne possède (41) Ces deux appareils ont été construits sur mes indications par M. Wulfing- Luër, On peut les voir à l'Exposition dans la vitrine du laboratoire d’histo- logie du Collège de France (Enseignement supérieur, classe I). 7188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE aucune action anticoagulante directe ; au cours de ces expériences j'ai constalé assez souvent que le lait active un peu la coagulation, et que quelquefois il est sans action; avec un seul échantillon j'ai observé une action coagulante très marquée..Le lait dont je me suis servi était du lait de vache frais, écrémé, et j'ai reconnu que la stérilisation à 110 ou 115 degrés ne modifie pas sensiblement ses propriétés. Les expériences in vivo ont été faites soit sur le chien soit sur le lapin, les injections ont été poussées brusquement et la dose employée a toujours été de 5 centimètres cubes par kilogramme d'animal. Le lait a toujours été écrémé et, dans un certain nombre d'expériences, il a aussi été stérilisé. De l’ensemble de mes recherches une première conclusion se dégage : le lait a une action anticoagulante indirecte; il peut, lorsqu'il est injecté à la dose de 5 centimètres cubes par kilogramme d’animal, déterminer une incoagulabilité complète du sang chez le chien. Mais il importe de faire remarquer que cette incoagulabilité absolue ne s'obtient pas sur tous les animaux; certains chiens sont complètement réfractaires ; d’autres, et c'est le plus grand nombre, sont faiblement sensibles. Avec le lait stérilisé à 110-115 degrés pendant 10 à 15 minutes, les résultats sont les mêmes. Je n’insisterai pas sur les phénomènes qui accompagnent les modi- cations de la coagulabilité du sang; après l'injection de lait comme après l'injection de certaines substances anticoagulantes indirectes, l'animal peut pousser quelques cris, avoir des nausées, des vomisse- ments, présenter une narcose légère, un abaiïssement de la pression sanguine et de la diarrhée. Tous ces phénomènes n'apparaissent pas falalement quand la coagulabilité du sang se trouve modifiée; en ce qui concerne en particulier les variations de la pression sanguine, j'ai pu constater sur mes tracés que parfois cette pression reste normale alors que la coagulabilité est sensiblement diminuée; d’autres fois c'est l'inverse, mais, dans les cas où J'ai observé une incoagulabilité complète, la baisse de la pression a toujours été assez importante. J’ai cherché encore quelle était l'influence d’une première injection de lait sur une deuxième injection et j'ai constaté qu'il était possible d'immuniser au moins partiellement un animal par une première injection faite 24 heures avant la seconde. J'ai vu aussi que cette immunité était assez fugace, qu'après 4 jours l'animal pouvait être revenu à son état normal; j'ai constaté aussi la persistance de l’immu- nité naturelle. Un chien immunisé par des injections intra-péritonéales de peptone s’est montré aussi en partie réfractaire à l’action d’une injection de lait. Enfin l'injection des substances du lait insolubles dans l'alcool et redissoutes dans l’eau salée à 8 p. 100 provoque l’incoagulabilité du sang. SÉANCE DU 4 AOUT 789 Jämais sur le lapin je n'ai obtenu d'incoagulabilité indirecte; cet animal n’est pas cependant insensible à l’action des injections intra- veineuses de lait; il présente parfois après cette injection une baisse très notable de la pression sanguine, et la toxicité du lait, que je n’ai pas étudiée systématiquement, m'a paru plus grande chez lui que chez le chien. Par quel mécanisme les injections intraveineuses de lait déterminent- elles l'incoagulabilité du lait? On a cherché dans ces derniers temps à ramener l’action anticoagu- lante indirecte à une destruction des globules du sang, suivie d’une intervention du foie qui retiendrait les substances coagulantes mises en liberté. D’après cette conception, les substances anticoagulantes indirectes seraient des lysines. Ce mécanisme n’est pas admissible dans le cas de l’incoagulabilité indirecte produite par les injections de lait stérilisé. Je ferai remarquer d'une part que, plusieurs fois dans mes expériences, un lait qui vrai- semblablement n'altérait pas les globules, puisqu'il ne modifiait pas in vitro le temps de coagulation du sang, a déterminé l'incoagulabilité par injection intra-vasculaire. D'autre part, on sait que l’un des carac- tères principaux des lysines est leur facile altérabilité par la chaleur (elles perdent leurs propriétés en général vers 55 degrés). Or, j'ai dans un certain nombre d'expériences obtenu l'incoagulabilité par des injections de lait stérilisé, chauffé pendant 10 à 45 minutes à 110 ou 115 degrés. Dans une expérience, j'ai observé un retard d'une heure dans la coagulation après une injection de lait chauffé 15 minutes à 115 degrés; dans une autre expérience, avec un lait semblablement traité, j'ai constaté un retard de deux heures; dans une troisième expérience, l'injection d’un lait chauffé 10 minutes à 110 degrés à déterminé une incoagulabilité qui a dû être complète, mais dont j'ai été obligé d'abandonner la constatation après 4 heures. On doit donc conclure que l’action anticoagulante indirecte du lait stérilisé ne correspond pas à l'injection d’une lysine dans le sang; on pourrait tout au plus, en suivant ce même ordre d'idées, admettre la présence dans le lait stérilisé d'une substance sensibilisatrice qui réagirait au contact d'une alexine de l’animal injecté. Mais tant que cette hypothèse ne sera pas confirmée, rien ne nous autorisera à rejeter l'hypothèse d’une action directe de la substance anticoagulante indi- recte sur la cellule hépatique. 790 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCUES SUR L'ACTION BACTÉRICIDE & IN VITRO » DU GLYCOGÈNE HÉPATIQUE, par M. P. TEISSIER. Au cours d'expériences. poursuivies dans le laboratoire de notre maitre le professeur Bouchard, nous avons recherché quelle pouvait ètre, in vitro, l'action du glycogène extrait du foie sur les microor- ganismes qui comme le St. doré, le B. coli, le B. d’'Eberth, le strepto- coque ont été le plus souvent incriminés dans les infections hépatiques, ou sur certains poisons. Nous relaterons aujourd’hui les résultats rela- üfs à l’action bactéricide. Le glycogène utilisé dans les expériences, extrait du foie de chien normal, élait pur. Des solutions de ce glycogène dans l'eau distillée étaient préparées à la dose de 0 gr. 50 à 4 gr. p. 100. Cette solution de réaction absolument neutre était répartie dans des tubes à essai et stéri- lisée à 115° pendant 25 minutes, puis conservée à la température ordi- naire à l’abri de la lumière. Trois séries d'expériences ont été instituées dans les conditions habi- tuelles à la recherche de l’action antiseptique d’un produit. 4) Dans une première série d'expériences, des tubes à essai contenant 5 cc. de bouillon peptoné étaient ensemencés de St. doré, de B. coli, de B. d'Eberth, de streptocoque, puis additionnés simultanément de pro- portions de glycogène en solution aqueuse, variant, selon la quantité ajoutée, de 0 gr. 005 à 0 gr. 10; le tout était mis à l’étuve à 40°. 6) Dans une deuxième série, des tubes à essai contenant 5 ce. de solu- tion de glycogène, à une dose variant de 0 gr. 025 à 0 gr. 20, étaient ensemencés des mêmes microbes et additionnés, au bout de 24, 48 heu- res ou plus, de bouillon peptoné. y) Dans la troisième et dernière série, des fils de soie stérilisés, trempés durant 24 ou 48 heures dans des cultures des mêmes microbes, puis séchés 24 heures à l’étuve, et mis ensuite à séjourner dans des solutions de glycogène renfermant 0 gr. 025, 0 gr. 05, 0 gr. 20 pour 5 ce. d’eau distillée, durant 3, 6, 24 heures ou plus, étaient à nouveau resemés dans du bouillon; le tout était mis à l’étuve à 40°. Voici brièvement résumés les faits observés : x) Dans la première série d'expériences, où le microorganisme se trouve dans les meilleures conditions de végétabilité, une dose corres- pondant à 0 gr. 005 de glycogène n'’exerce aucune action. Il faut une dose correspondant à 0 gr. 10 pour gêner le développement du staphy- locoque doré, du B. coli, et supprimer les cultures de streptocoque et du B. d'Eberth. 6) Dans la deuxième série d'expériences, une dose correspondant à de SÉANCE DU 4 AOUT 794 0 gr. 025 de glycogène tue le St. doré au bout de 7 jours seulement, le B. coli au bout de 48 heures, le B. d'Eberth et le streptocoque après 24 heures. Lorsque la quantité de l'ensemencement est plus forte (deux doses d'aiguille de platine très chargées de culture sur milieu solide), la même dose de glycogène tue le St doré au bout de 12 jours, le B. coli au bout de 16 jours. A la dose correspondant à 0 gr. 20 de gly- cogène, toute végétabilité fut empêchée, sauf pour le St. doré où il fallut plus de 24 heures. y) Dans la troisième série d’expériences avec les fils de soie, les résultats ont été les suivants. Après 3 heures de séjour dans la solution de glycogène à 0 gr. 025 pour 5 ce. d’eau, le St. doré, le B. coli, le streptocoque étaient vivants; le B. d’Eberth était tué. Après 6 heures dans la même solution, le St. doré et le streptocoque étaient vivants, le B. coli et la B. d'Eberth étaient tués. Après un séjour de 3 heures dans la solution de glycogène à 0 gr. 05 pour 5 cc. d’eau distillée, le St. doré et le streptocoque survivaient, le B. coli et le B. d'Eberth étaient tués ; après 6 heures, toute végétation était supprimée. Il en était de même après un séjour de 3 heures dans la solution de glycogène à 0 gr. 20 pour 5 cc. d’eau distillée. Vérification simultanée était faite, bien entendu, de la vitalité des microbes ensemencés sur le fil de soie témoin, après dessiccation ou après séjour dans l’eau distillée. Ces recherches, répétées à plusieurs reprises, nous ont paru suffisam- ment précises et constantes, pour démontrer à nos yeux l’action bactéri- cide, in vitro, du glycogène hépatique sur le St. doré, le B. coli, le B. d'Eberth et le streptocoque, à certaines doses et dans un certain délai. La réserve s'impose quand il s’agit d'appliquer à la physiologie les résultats obtenus par des procédés un peu simplistes où l’on est loin de reproduire, non seulement les conditions physiologiques, mais encore l'état de statique chimique du glycogène hépatique, que celui-ci soit ou non combiné avec les nucléo-albumines (Pflüger) ; mais il est permis de penser que, pour cette raison, les conditions réalisées dans nos expé- riences sont moins favorables que les conditions physiologiques nor- males, que le glycogène dans la cellule hépatique est plus actif qu'èn vitro en solution aqueuse, et que son activité s'exerce sur des microbes dont la germination est souvent atténuée par le milieu sanguin par exemple, moins active par conséquent que dans nos milieux de culture. Quoi qu'il en soit, quelles conclusions peut-on tirer de ces expériences? Il est établi qu'il y a une sorte de parallélisme entre le rôle bactéricide du foie el sa richesse en glycogène (Amato, Roger); le glycogène, comme le dit Roger, est le témoin de l’action du foie. Or, nous nous demandons si le glycogène n'exercerait pas une action bactéricide di- recte sur les microorganismes que Werigo a montrés englobés dans la cellule hépatique. 792 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les recherches bactériologiques ont abouti à ce résultat inattendu de la stérilité d'un grand nombre d’'abcès du foie d'origine intestinale. On a fait de nombreuses hypothèses pour expliquer cette stérilisation pro- gressive. Ne pourrait-on incriminer également encore ici l’action bac- téricide du glycogène ? DE L'ALIMENTATION SOUS-CUTANÉE PAR LES MATIÈRES ALBUMINOIDES, par M. E. LABORDE. Les premières recherches sur l'alimentation sous-cutanée datent de 1869. Parmi les auteurs qui se sont occupés de cette question, citons Mentzel et Perko, Karst, Kruegg et Withaker, Pick et surtout Leube. Ce dernier, passant en revue les travaux publiés jusqu’en 1895, conclut des recherches de ses prédécesseurs et de ses expériences personnelles que les peptones et albumines passent dans les urines sans aucun profit pour l'organisme, que les albuminates alcalins et les syntonines pas- sent dans le sang et ne se comportent pas comme corps étrangers, mais qu'on ne peut les stériliser sans les coaguler, inconvénient qui s’oppose à leur emploi; par contre, Leube admet que les matières grasses sont susceptibles d’être assimilées après avoir été injectées dans le tissu cel- lulaire sous-cutané. Un peu plus tard, en 1897, Leube reprend cette étude et maintient ses premières conclusions. À peu près à la même époque, dans une thèse de la Faculté de Paris, Mariani, élève du labora- toire du professeur Bouchard, rapporte les résultats produits chez le lapin par l'injection sous-cutanée de blanc et de jaune d’œuf, de sucre et d'huile d'olives. Mariani constate que les lapins injectés avec des matières albuminoïdes meurent avant les témoins et confirme l'opinion de Leube au sujet de l’assimilation des matières grasses. Au sujet de ce travail, on peut faire remarquer que Mariani n’appuie pas ses conclu- sions sur un nombre suffisant d'expériences et qu'il ne s’est servi comme matières albuminoïdes que des albumines du blanc et du jaune d'œuf. Essayant de combler cette lacune, j'ai étudié la valeur alimen- taire, par voie sous-cutanée, des albumoses du blanc d’œuf, de la caséine, de la globuline, des albumines et des peptones, c'est à dire de matières azotées sous différents états moléculaires. Avant de faire connaitre les résultats de cette étude, je dois dire quel- ques mots sur la technique opératoire que j'ai suivie. Dans une première série d'expériences, j'ai injecté à des lapins les matières albuminoïdes énumérées plus haut, à un même degré de dilu- tion, au dixième; dans une deuxième série d'expériences, j'ai essayé de déterminer si de petites quantités de ces mêmes matières pouvaient être SÉANCE DU 4 AOUT 7193 administrées par la voie sous-cutanée, sans léser le rein, et si le cours de l'inanition était modifié par ces injections. Dans chaque expérience de la première série, j'ai opéré sur trois lapins; deux d’entre eux recevaient quotidiennement deux injections hypodermiques, le troisième servait de témoin. Ces trois lapins n'avaient que de l’eau à leur disposition. Chaque jour, j'ai noté le poids de l'ani- mal, la quantité d’eau ingérée, le volume de l'urine émise; cette der- nière a été analysée au point de vue de l'azote uréique, de l’azote total et, chaque fois qu'il a été possible, au point de vue des sulfates et des phosphates. Après la mort de l'animal, l’autopsie à été faite et l'examen anatomo-pathologique du foie et du rein a été pratiqué. Voici le résumé de ces recherches. Avec les albumines du blanc d'œuf, l’un des deux lapins injectés est mort le troisième jour ; le deuxième est mort le onzième jour ; le témoin avait succombé le sixième jour. Avec la caséine, l’un des deux lapins injectés est mort le neuvième jour et le deuxième le onzième jour; mort du témoin le huitième jour. Les lapins injectés de globuline ont vécu, l’un cinq jours, le deuxième six jours, le lapin témoin neuf jours. Les albumoses n’ont pas donné de meilleurs résultats ; un des lapins est mort le quatrième jour, tandis que le témoin a vécu huit jours. Les injections de peptones ont paru moins toxiques; les lapins injec- tés sont morts, l’un le cinquième jour, l’autre le huitième jour, c’est-à- dire le même jour que le témoin. Dans ces cinq expériences, la présence de l’albumine a été constatée dans les urines le lendemain de l'injection, et les quantités d'azote; de soufre et de phosphore éliminés ont généralement augmenté depuis le premier jour jusqu au jour qui a précédé la mort du sujet; à ce moment il y a le plus souvent une diminution très marquée dans l'élimination de ces éléments de l'urine. Le rein a toujours été atteint de lésions graves, variables suivant la nature de l’albumine injectée. Le foie a constamment présenté une con- gestion intense et, quelquefois, des foyers microbiens entourés d’une zone de nécrose. Dans la deuxième série d'expériences, j'ai injecté à des lapins des matières albuminoïdes de même nature que celles qui ont servi aux premières recherches. La quantité injectée a été de 25 centigrammes. [ei l’albumine n'a apparu dans les urines que plus tard, au bout de cinq à six jours seulement. Mais, sous l'influence de ces injections, les phéno- nomènes de l’inanition n’ont pas paru modifiés. Ces expériences conduisent aux conclusions suivantes : 1° Les injections de matières albuminoïdes par la voie sous-cutanée sont toujours suivies de lésions du rein qui se traduisent par la pré- sence de l’albumine et souvent du sang dans l'urine. BioLOG1E, Coupres RENDUS,. — 1900, T, LII, 60 194 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Les albumines du blanc d'œuf et la caséine, administrés par cette voie, sont mieux tolérées par le lapin que les globulines, les albumoses et les peptones, ces dernières paraissant moins toxiques. 3° Injectées à faibles doses, les albumines du blanc d'œuf et la. caséine sont bien tolérées pendant un certain temps. %° L'élimination de l'azote urinaire, du phosphore et du soufre augmente à la suite des injections, puis décroit généralement et brus- quement, vingt-quatre heures environ avant la mort de l'animal. 5° Contrairement à l'opinion de plusieurs auteurs, qui estiment que l'augmentation dans la quantité d’urée éliminée est un signe de l’acti- vité des combustions organiques, il faut admettre, avec Desgrez, que ces injections produisent la destruction de l’albumine fixe et que c’est à cette dernière cause qu'il faut attribuer l’augmentation de l’azote éliminé. 6° Enfin, au point de vue du but principal de ces recherches, c'est à dire de l'alimentation sous-cutanée par les albuminoïdes, ces substances ne paraissent pas devoir réparer les pertes de l'organisme et, par suite, ne sont pas susceptibles d'applications thérapeutiques. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard.) DE L'INFLUENCE DES LÉCITHINES SUR LES ÉCHANGES NUTRITIFS, par MM: À. DESGREz et ALY ZaKky. | L'alimentation par voie sous-cutanée semble, depuis quelque temps, avoir fixé l'attention des chercheurs. Les travaux poursuivis sur ce sujet, au laboratoire de M. Bouchard, par MM. Mariani, Laborde, Perrier, éta- blissent que les matières albuminoïdes ou les corps gras, injectés sous la peau, sont difficilement utilisés par l'économie, qu'ils paraissent même, dans quelques cas, avancer la mort des animaux en état d’inani- tion auxquels sont injectées ces substances. Nous avons pensé qu'un certain nombre de composés organiques, azotés ou phosphorés, injec- tés également sous la peau, pourraient se comporter comme de vérita- tables ferments, et sinon suppléer ces derniers, du moins permettre à l'animal une utilisation plus complète de ses aliments ou de ses réserves. Nous présentons le résultat des expériences poursuivies depuis plusieurs mois sur des cobayes. Ces animaux, choisis adultes, sensiblement de même poids, étaient divisés en deux lots et soumis à un régime d’entre- tien pour lequel nous avons observé les indications fournies par M. A. Gautier. Ceux du premier lot jouaient le rôle de témoins, ceux du second recevaient, tous les huit ou dix Jours, une injection sous-cutanée de lécithine dissoute dans l’huile d'olives stérilisée. La lécithine était (14 SÉANCE DU # AOUT 19 extraite du jaune d'œuf par le procédé de Hoppe-Seyler et Diakonow: le jaune d'œuf, d'abord épuisé par l’éther, est traité par l’alcoo!l à la température de 50 à 60 degrés; cet alcool étant évaporé à basse tem- pérature, on épuise de nouveau le résidu par l’éther: on extrait enfin la lécithine par l'alcool absolu, d'où on la fait déposer par refroidisse- ment. Expériences. — Les cobayes témoins éliminent, en moyenne, par kilo- gramme et par vingt-quatre heures, 0 gr. 32 d'azote uréique, soit 0 gr. 68 d'urée, 0 gr. 38 d’azote total et 0 gr. 14 d’acide phosphorique. Le coefficient d'utilisation azotée est de 0,84. Chaque cobaye n’a augmenté que de 150 gram- mes en un mois. Les cobayes injectés, qui recoivent sous la peau de 0 gr. 04 à 0 gr. 06 de léci- thine tous les huit ou dix jours, éliminent, par kilogramme et par vingt- quatre heures, 0 gr. 56 d’azote de l’urée, soit 1 gr. 20 Foices 0 gr. 62 d’azote total et 0 gr.09 d'acide phosphorique. Leur coefficient d'utilisation azotée est de 0,90. Chaque animal a augmenté de 310 grammes en un mois. Conclusions. — Les lécithines, injectées par la voie sous-cutanée, exercent donc, sur les échanges nutritifs, une action favorable,.se mani- festant par une augmentation notable de l'élaboration azotée, une fixation plus grande du phosphore, un accroissement marqué du poids des animaux. Il est juste de dire que Danilewski a déjà reconnu à ces substances une influence analogue sur la multiplication cellulaire, déterminant, par exemple, une croissance rapide de la queue du tétard. C'est aussi une action de même ordre qui est attribuée aux leucomaïnes de l'extrait de viande et du bouillon par M. A. Gautier. MM. Lépine et Martz ont, d’ailleurs, établi que le suc pancréatique peut stimuler l’action de la levure de bière non par ses ferments, mais par les peptones qu'il ren- ferme.C’est une action analogue que les lécithines exercent, d’après nos expériences, sur les cellules des organismes supérieurs. Nous recher- chons actuellement leur influence sur Les animaux en état d’ Ina ntton ou ne recevant des aliments que par la voie sous-cutanée. (Travail du laboratoire de M. l2 professeur Bouchard.) Ÿ AN - 796 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR L'INFLUENCE DE L'ÉCHAUFFEMENT PRÉALABLE SUR L'INCUBATION DE L'ŒUF DE PCULE, par M. Cu. FÉRé. Prévost et Dumas et Dareste (1) ont vu que lorsque les œufs de poule sont exposés à une température de 28 à 29 degrés centigrades, le déve- loppement est défectueux et aboutit à la mort. La température torride du dernier mois de juillet m'a offert l'occasion de vérifier dans queile mesure l’échauffement préalable est nuisible. Averti par le résultat désastreux d’une expérience dans laquelle les témoins m'avaient donné un nombre infime d’embryons normaux, et ayant constaté que la température de mon laboratoire oscillait en général entre 24 et 34 degrés, je n'ai plus cherché à vérifier l’action toxique de la substance toxique que j'étudiais. J'ai mis à l’étuve à 38 degrés, sans aucune intervention, après quarante-huit heures de repos, les 100 œufs que je reçois chaque semaine. Ces œufs ont été mis à l’étuve au huitième jour de la ponte ; avant d'arriver au laboratoire, ils avaient déjà subi les oscillations d’une température qui a atteint et dépassé 36 degrés. Ils semblaient, par conséquent, dans les conditions défectueuses de développement qui aboutit à la mort. L'expérience a été répétée les trois dernières semaines de juillet; les œufs ont été ouverts comme d'ordinaire après soixante-douze heures d'incubation avec les résultats suivants : Exp. I. — Douze absences de développement : 66 monstres, dont 6 blasto- dermes sans embryon, et 22 embryons normaux. Parmi ces embryons nor- maux, il y en a 2 en hétérotaxie et déviés à 45 degrés à droite; il y a 2 dévia- tions à 180 degrés, 3 à 90 à gauche, 2 à 45 degrés à gauche et 2 à 45 degrés à droite, soit 41 déviations sur 20 ou 55 p. 100. Il y a 2 embryons de 46 heures, 1 de 48, 15 de 52 et 2 de 96 (2). Exp. Il. — Vingt-neuf absences de développement : 45 monstres, dont 6 blas- todermes sans embryon, et 26 embryons normaux. Parmi les monstres, il ya 2 cyclopes qui ont une allantoïde bien distincte et dont le développement général est de 96 heures ; 3 autres ont 52 heures. Parmi les embryons nor- maux, il y à 2 déviations à 180 degrés, 6 à 45 à gauche et 4 à 45 degrés à droite, soit 42 déviations sur 26 ou 46 p. 100. Il y a 1 embryon de 46 heures, 5 de 48, 11 de 52, 4 de 68, 3 de 72, 2 de 96. Exe. IT (incubation du 28 juillet, orage dans la nuit du 28 au 29). — Trente- (1) CG. Dareste. Recherches sur la production artificielle des monstruosités, etc., 2e édit., 1891, p. 116. ‘2) Nous rappelons que l'appréciation de l’âge est faite sur les figures de Duval, et ses figures de 48 et 52 heures répondent à ce que nous trouvons normalement après 72 heures d’incubation. SÉANCE DU 4 AOUT 797 trois absences de développement : 44 monstres dont 13 blastodermes sans embryon et 24 embryons normaux. Parmi les monstres, il n'y a qu’un cyclope qui soit d'un développement général normal (52 heures). Parmi les em- bryons normaux, il y a une hétérotaxie, une déviation à 180 degrés, 2 à 90 à gauche, 2 à 45 à droite, soit 7 déviations sur 23, soit 30 p. 100. Il y a un embryon de 42 heures, 6 de 48 heures, 11 de 52, 2 de 72 et 3 de 96. En somme, dans ces conditions défectueuses d’incubation, 71 em- bryons ont résisté, soit 23,66 p. 100; mais ces embryons ont, en moyenne, cinquante-sept heures dix-sept minutes, c'est-à-dire qu'ils ont une avance notable, puisqu'en général l’incubation dans les conditions normales donne en soixante-douze heures des embryons qui ont au mieux la figure de cinquante-deux heures donnée par M. Duval. L'échauffement préalable est nuisible à un grand nombre, mais il favorise ceux qui résistent. C’est un fait qu'on observe dans d’autres eas où on a mis en jeu d’autres influences troublantes; on en retrouve d'analogues dans la descendance des dégénérés ; il impose des réserves à la règlementation des fonctions de reproduction (1). C’est bien de laisser la nature pourvoir à la préservation et au progrès de la race par la sélection des plus aptes et par l'élimination des inca- pables; mais l'être qui n’est pas encore né, personne ne sait à quelle catégorie il appartiendra quelque défectueuses que soient les conditions d'hérédité et de milieu. ACTION CHIMIQUE DES MICROBES SUR LE SANG, par M. Marcez LABBé. Le sang constitue, in vitro comme in vivo, un excellent milieu pour la culture et la conservation des microbes. Un grand intérêt s'attache par suite à l'étude des modifications chimiques produites dans ce milieu par le développement des microbes. La plupart de ces modifications sont dues à des réductions et à des oxydations, et les principaux termes en sont connus (oxyhémoglobine, hémoglobine réduite, méthémoglo- bine, etc.). Comme ces substances possèdent les spectres d'absorption caractéristiques, il est facile de suivre les modifications qui se produi- sent à l’intérieur des tubes de culture, au moyen du spectroscope. C'est ce que j'ai pu faire avec l’aide et sous la direction de M. À. Hénocque, que je remercie de ses bons conseils. Les cultures microbiennes ont été faites dans le sang défibriné asepti- (1) Ch. Féré. L'instinct setuel, évolution et dissolution, 1899, p. 56. 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que. La plupart des microbes usuels y poussent facilement et j’ai vérifié d'ailleurs leur développement par l'examen microscopique et par l’en- semencement sur gélose après quelques jours. Recherchée après quinze jours de culture, la réaction du milieu san- guin s’est montrée très légèrement acide pour le sang stérile et pour la plupart des cultures, neutre pour les cultures de bacille pyocyanique et très légèrement alcaline pour les cultures de staphylocoque. Les cultures ont été faites soit à l’étuve à 37 degrés, soit à la chambre à 20 degrés. Certains microbes ont été cultivés comparativement en pré- sence de l'air, puis à l'abri de l’air, en tube scellé. Ces expériences m'ont montré que les microbes ne produisent pas tous les mêmes modifications du milieu sanguin et que le mode d’action de chacun d'eux est à peu près constant. On peut ainsi dites trois catégories principales. 1° Les microbes qui donnent constamment a rapidement de la méthé- moglobine. Le bacille diphtérique fait partie de ce groupe. Qu'il soil cultivé à l’étuve ou à la chambre, en présence ou en l'absence de l'air, il transforme très rapidement l'oxyhémoglobine du sang en méthémo- globine, après avoir donné seulement d’une facon passagère et en faible quantité de l'hémoglobine réduite. La méthémoglobine ainsi produite . persiste indéfiniment. Le sang aseptique, dans les mêmes conditions, subit, quoiqu'un peu plus lentement, les mêmes modifications; le plus souvent il n’y a pas production intermédiaire d’hémoglobine réduite. 2 Le deuxième groupe comprend les microbes fortement réducteurs, comme le bacterium coli, le pneumo-bacille de Friedlænder, le bacille de la psittacose, le bacille d'Eberth, le bacille pyocyanique, le vert de l’eau, le proteus vulgaris, le staphylocoque, le vibrion cholérique: Ces germes réduisent rapidement, et d'une facon complète, l’oxyhémo- globine, quelquefois après avoir donné naissance passagèrement à une certaine quantité de méthémoglobine. Après sa production, l’hémoglobine réduite persiste indéfiniment si la culture est faite en l'absence d'oxygène; dans le cas contraire, elle se réoxyde peu à peu, même sans qu'on agite le tube à l’air. Puis l'hémoglobine se transforme peu à peu en méthémoglobine, qui constitue le dernier terme de la transformation. Quand les cultures sont placées à l’étuve au lieu d'être gardées à la chambre, il ne se produit plus de méthémoglobine; c’est l’hématine qui apparaît et marque la fin des transformations. De petites différences existent entre les microbes de ce groupe. Ainsi, le bacille d'Eberth semble produire un peu plus facilement de la méthé- moglobine que le colibacille; le proteus donne plus rapidement de l’hématine ; le staphylocoque est moins fortement réducteur que les pré- cédents, etc. DEP EE CEE ET PE 7 DOCS DU CNP MENT | | ] 1 din Ge dE Dr d'au Eve gr de ER she ES CA À CR A ARE PERS SÉANCE DU # AOUT 799 Mais, dans son ensemble, la série des transformations est toujours la même : oxyhémoglobine, méthémoglobine quelquefois, hémoglobine réduite, réoxydation légère, puis méthémoglobine ou hématine. 3° Dans le troisième groupe, se classent la bactéridie charbonneuse, le micrococcus tetragenes, le bacillus subtilis, les accharomyces albicans. Les phénomènes sont très analogues à ceux qu'on voit avec les microbes du deuxième groupe et se produisent dans le même ordre; toutefois la réduction de l’oxyhémoglobine est souvent moins complète et l'apparition de la méthémoglobine plus précoce. Ces expériences mettent en lumière les propriétés réductrices des bactéries; la série oxyhémoglobine, méthémoglobine, hémoglobine réduite représente une série de corps qui sont de moins en moins oxygénés. Cette réduction du milieu de culture par les bactéries, pro- gressive dans les cultures anaérobies, est interrompue dans les cultures aérobies par une réoxydation passagère. Les processus de réduction dans les cultures, déjà soupçonnés par Nœægeli, ont été étudiés par Gayon et Dupetit à l'égard des nitrates, puis par Ehrlich, Fritz Cahen, Friedrich, Muller au moyen des milieux colorés. Ces auteurs ont obtenu, au sujet du pouvoir réducteur des microbes, des résultats analogues, mais non toujours concordants avec ceux que nous avons exposés. La réduction par les microbes est un phénomène biologique général, en rapport avec le besoin d'oxygène que présentent toutes les bactéries. Cependant il ne semble pas y avoir de rapport direct entre le pouvoir réducteur et l’anaérobiose. La réduction de l’oxyhémo- globine n'est pas plus rapide en milieu anaérobie qu’en milieu aérobie ; elle est seulement définitive. .Ces expériences qui se rapprochent beaucoup de l'observation natu- relle, puisque nous avons employé un milieu de culture physiologique, permettent de soupçonner la nature des altérations grossières qui ont été signalées par les anciens auteurs dans le sang des malades morts d'infections. De nouvelles expériences dont le résultat sera communiqué ultérieu- rement permettront d'établir si les modifications du milieu sanguin sont dues à l’action des substances solubles sécrétées par les microbes ou bien à des phénomènes d’oxydation et de réduction nécessaires à la vie du microbe lui-même. (Travail du laboratoire de physique biologique du Collège de France.) 800 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA RÉPARTITION DU TISSU ENDOCRINE DANS LE PANCRÉAS DES OPHIDIENS, par M. E. LAGUESSE. Chez la vipère, le pancréas est en forme de bouclier épais (ou de cœur) appliqué contre le pylore. Dans son bord antérieur excavé, la rate est comme sertie, petite, arrondie, à surface bosselée. Dans les deux tiers postérieurs de l'organe, les îlots de Langerhans sont de petite ou de moyenne taille, peu abondants, épars dans le tissu exo- crine. Plus on approche du bord antérieur, plus ils deviennent nombreux et gros, et souvent ils constituent la totalité de ce bord ou tout au moins de ses deux extrémités, de ses deux cornes. Parfois on voit la pointe d’une de ces cornes se détacher pour former un petit lobule aberrant, un petit pancréas accessoire. Parfois même ce pancréas accessoire, toujours relié au principal par son canal, est séparé de lui par toute l'épaisseur de la rate, étant rejeté jusqu'au bord antérieur de celle-ci, intimement accolé à elle, et formant un de ses mamelons superficiels, plus clair que les autres (vipère, couleuvre). Ces pancréas accessoires, où les acini ne sont jamais qu'en petite quantité, peuvent être exclusivement constitués de cordons pleins, et on assiste alors à une véritable dissociation à la fois morphologique et fonctionnelle de l'organe pancréatique en glande endocrine et glande exocrine (ou plutôt mixte à prédominance exocrine). Le développement donne la clef de cette disposition. La partie postérieure du pancréas dérive des bourgeons veniraux et ne fournit d'abord pas d'ilots de Langerhans. La partie antérieure dérive du bourgeon dorsal et l'extrémité de son canal (c. de Santorini) de son axe de végétation, qui se dirige en avant vers la rate, donne dès l’origine au contact de cet organe, non des rameaux creux, mais des formations pleines entourées et bientôt pénétrées de larges capillaires. Ge sont des îlots endocrines. Que le canal s’allonge, et l’une de ces masses termi- nales pourra être séparée et former un pancréas accessoire. Les rapports des ébauches et des tissus splénique et pancréatique endocrine sont des plus intimes en plusieurs points, ils se pénètrent l’un l’autre, et comme l’a signalé hier ailleurs M. Tribondeau (1), j'ai trouvé aussi de petites rates accessoires incluses dans le pancréas. Cela n’empèche pas les deux tissus de rester très différents. Le tissu endocrine chez ces animaux offre encore quelques particu- larités intéressantes. Les canaux excréteurs l’abordent. Vers le point de contact, on voit à leurs éléments, généralement encore prismatiques, (4) Pour toute la bibliographie je renvoie au mémoire complet actuellement sous presse. SÉANCE DU À AOÛT 801 se mêler des cellules endocrines éparses, souvent disposées en bor- dantes comme dans les glandes gastriques. (De même vers le point où les canaux excréteurs abordent les acini, on y trouve éparses des cellules exocrines à zymogène.) Si on suit le cordon plein qui continue ce canal, on voit souvent la lumière s'y prolonger à une certaine dis- tance, disparaitre, puis reparaitre par places, vestigiaire, atrophiée, sous forme souvent de dilatations kystiformes. Ce cordon peut même reprendre sur un certain trajet l'aspect de canal excréteur à éléments prismatiques, avec quelques cellules bordantes endocrines, puis rede- venir plus loin cordon normal. En un mot, partout, mais surtout dans ses portions endocrines, le pancréas ici conserve des caractères embryonnaires et reste formé en certains points de tubes pancréatiques primitifs peu modifiés. C’est surtout aux points de passage entre l'arbre excréteur et les parties sécrétantes exo ou endocrine. C’est là préci- sément aussi que Diamare trouve les éléments endocrines chez les Sélaciens, forme primitive (1). A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. LAGUESSE. Remarque de M. TRIBONDEAU. M. Laguesse vient de vous expliquer l’origine de ces petits pancréas accessoires qu'il n'est pas rare de rencontrer dans le voisinage immé- diat de la rate, souvent éloignés du pôle par lequel cet organe adhère intimement au pancréas principal. Je tiens à appeler votre attention sur une disposition inverse de la précédente, que j'ai observée chez la vipère: ce n'est plus le pancréas qui, dans le cas dont je veux parler, enveloppe la rate et échelonne autour d'elle de petits lobules erratiques, c'est la rate qui pousse dans l’intérieur même du pancréas des bourgeons plus ou moins volumineux. Il n’est pas rare d'observer la continuité, par un mince pédicule, de ces rates accessoires intra-pancréatiques avec la rate principale. Le plus souvent, le pédicule disparait. Les petites rates accessoires sont alors logées comme des grains de plomb en plein tissu pancréatique. On observe parfois dans ce cas l’inversion des cellules pancréatiques voisines par rapport à elles. Les granulations zymogènes des îlots endocrines regardent en d’autres termes le tissu lymphoïde ; (1) En ce qui concerne le développement phylogénétique du pancréas, les reptiles et particulièrement les ophidiens nous montrent donc une étape bien nelte et riche en renseignements. La différenciation y est poussée bien moins loin que chez les mammifères, et sous les moindres influences fonctionnelles, les différentes variétés cellulaires épithéliales peuvent s’y transformer l'une en l’autre. 802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la sécrétion interne des ilots de Langherans se ferait done non seule- ment par les vaisseaux sanguins, mais également par les voies lympha- tiques. C'est un fait sur lequel je n’insisterai pas, en ayant déjà parlé à la première séance de la section d’histologie du Congrès international de médecine. SUR L'ALIMENTATION PAR VOIE SOUS-CUTANÉE, par M. G. PERRIER. Mentzel et Perko étudièrent en 1869 un mode d’alimentation par voie sous-cutanée. Plus tard, Karst, Kruegg, Withaker et Pick expérimen- tèrent sur différents animaux (chats, lapins, chiens, etc.), et même sur l’homme, avec diverses substances (lait, huile d'olives, d'amandes, de foie de morue, sang défibriné, etc.). Les résultats qu'ils obtinrent furent plus ou moins heureux; aussi Leube en 1895 reprit-il la question. Après avoir passé en revue les recherches de ses prédécesseurs, il en fit de nouvelles et conclut de ses expériences que parmi les aliments introduits par voie hypodermique les substances grasses seules étaient assimilables. Blum, Voit, Koll et Mariani firent également de nouvelles expériences. Le sujet ne parut cependant pas épuisé à M. le professeur Bouchard, et c'est sur ses conseils que j'ai entrepris l’an dernier les recherches qui font l’objet de la présente communication. Je me suis borné à l'étude relative aux matières grasses et particulièrement à l'huile d'olives. Cette huile, préalablement stérilisée, était introduite sous la peau de lapins SOU à la diète hydrique. Les injections étaient praliquées chaque jour à la même heure et dans les meilleures condi- tions d’asepsie possibles. La quantité d'huile injectée (10 centimètres cubes), en supposant qu’elle fût assimilée, était suffisante pour fournir à l'animal le nombre de calories qu'il perdait en 24 heures. Le poids des lapins était noté chaque jour et l’urine des 24 heures, recueillie avec soin, était analysée. Je me bornerai dans cette note à donner les résultats généraux des expériences que J'ai effectuées jusqu'ici. Les lapins témoins ont vécu en moyenne 8 à 10 jours en perdant 13 à 80 grammes de leur poids par jour et éliminant 1 gr. 610 à 1 gr. 720 d’Az total. Des 4 lapins auxquels on injecta de l’ niet Le 1° vécut 4 jours, perdant en moyenne 132 grammes par jour et éliminant 1 gr. 460 Az total; Le 2° vécut 20 jours, perdant 58 grammes par jour et éliminant 1 gr. 167 Az total; Le 3° vécut 9 jours, perdant 105 grammes par pe et éliminant 1 gr. 571 Az total; PRE Se PERTE TT TT PC ot SÉANCE DU À AOÛT 803 L 4 Enfin le 4° vécut 12 jours, perdant 94 grammes par et éliminant 1 gr. 439 Az total. Si on compare les résultats donnés par les lapins en expérience à ceux fournis par les témoins, on constate que dans un cas (1°* lapin) la vie a été abrégée, mais il est peu probable que ce soit par les injections; dans un autre (3° lapin), la vie a présenté la même durée que celle des témoins; enfin dans les deux derniers cas (2° et 4° lapins) la survie a été de 10 et 2 jours. Mais ce qu'il y a de remarquable, c’est que la quantité d'Az éliminée en 24 heures par les sujets injectés a toujours été inférieure à celle éliminée dans le même temps par les fémoins. Il est donc permis de conclure que l'animal injecté a épargné l'albu- mine de ses tissus et a dû utiliser une partie de l'huile mise à sa disposition dans son tissu cellulaire sous-cutané. Néanmoins, la quantité d'huile ainsi assimilée est très faible car, à l’autopsie, on en retrouve la plus grande partie collectionnée dans la paroi abdominale, dans des poches qu’elle a formées en distendant le tissu cellulaire, et on peut affirmer que chez le lapin à l’inanition les in- jections d'huile d'olives ne peuvent servir comme mode d’alimentation. Les expériences que je poursuis actuellement sur le chien m'ont déjà montré que l'huile se dissémine beaucoup mieux dans ses tissus, et il est à présumer que son assimilation est plus parfaite que chez le lapin. (Travail fait au laboratoire du professeur Bouchard.) TOXICITÉ DES EXTRAITS DE TISSUS NORMAUX ET PATHOLOGIQUES, par M. le D' J. Bayrac (de Toulouse). Nos recherches sur la toxicité du sérum sanguin (1) dans l’urémie nous ayant fait constater qu'il n’existe pas de différence notable entre le coefficient séro-toxique normal et le coefficient séro-toxique patholo- gique et, d'autre part, les liquides d'œdèmes, si abondants dans cer- tains cas d’urémie, étant dénués de tout pouvoir toxique (2), nous avons été conduit à nous demander si les poisons urinaires ne sont pas fixés dans les divers lissus. Nous avons étudié la toxicité des extraits d'organes d'animaux privés de leurs reins par double néphrectomie, après avoir, au préalable, établi la toxicité des extraits d'organes normaux. Cette dernière toxicité avait (1) Baylac. Note sur la toxicité du sérum sanguin à l’état pathologique, Soc. de Biologie, 20 novembre 1897. (2) Baylac. De la toxicité des liquides d'œdèmes, Soc. de Biologie, no- vembre 1899. 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ER été, d'ailleurs, démontrée dès 1891, par les travaux de MM. Brown- Séquard et d'Arsonval (1), Bouchard (2) et Roger (3). Pour la préparation des extraits d'organes, nous avons suivi la méthode indiquée par MM. Brown-Séquard et d'Arsonval (4), en portant la durée de la macération dans la glycérine à vingt-quatre heures; nous avons obtenu ainsi des extraits organiques glycérinés au dixième. Nous avons déterminé leur toxicité par injection intra-veineuse au lapin, à la température de 40 degrés et à la vitesse de 1 centimètre cube par dix secondes, jusqu'à la mort de l’animal (toxicité immé- diate). ; I. Tissus normaux. — Les organes provenaient d'un chien robuste (22 kilogr.) sacrifié par section du bulbe. Nous avons obtenu les résul- tats suivants : ORGANE TUXICITÉ IMMÉDIATE DRE VAL ONE injecté par kil. de poids. MADAUS Ogs. I. Poumons. eee Convulsions. e Prostration, somnolence, ralentissement de Il Cerveau. 18 4 la respiration. AIT Foie. 3308 Convulsions. — IN. Muscles. 108 8 _Ralentissement de la respiration. Convul- sions. £ — NV, Reins. DIS L'animal ne succombe pas. Diurèse. — VI. Id. AM NT Ralentissement de la respiration. — VII. Rate. 118 9 Convulsions très légères. Les extraits organiques du poumon, du cerveau et du foie possèdent les propriétés toxiques les plus élevées. Les muscles, les reins, la rate fournissent des extraits à peu près inoffensifs; pour produire la mort des animaux, il faut en injecter des doses supérieures à 100 centimètres cubes par kilogramme de poids. La mort se produit dans des conditions presque semblables, quel que soit l'extrait injecté: prostration; somnolence ; myosis ; ralentissement de la respiration, avec accélération tardive ; convulsions inconstantes et d’une intensité très variable ; persistance des battements cardiaques. IT. Tissus pathologiques. — Nous avons étudié la toxicité des extraits des organes d’un chien auquel nous avions pratiqué la double néphrec- tomie par le procédé de la taille bilatérale en un temps; l'animal a sur- vécu quatre-vingt-dix-sept heures à la néphreëtomie double, sans avoir été traité par l’organothérapie rénale. (1) Brown-Séquard et d’Arsonval, Soc. de Biologie, 24 octobre 1891. (2) Bouchard. Lecons sur les Auto-Intoxications. (3) Roger. De la toxicité des tissus normaux, Soc. de Biologie, 31 octobre 1891. (4) Brown-Séquard et d’Arsonval. Archives de physiologie, juillet 1891, jan- vier 14892. SÉANCE DU 4 AOUT 805 Voici les résultats que nous avons obtenus : ORGANE TOXICITÉ IMMÉDIATE injecté par kil. de poids. ORSANEURS Ogs. É: Foie. Doce Convulsions violentes. — IL Poumons. 15 8 Convulsions. — IIL Cerveau. AH Prostration. Ralentissement de la respiration. — IV. Muscles. PRES Convulsions très légères, — V. Rate. 106 Frémissement, pas de convulsions. Si l’on compare ces résultats à ceux rapportés plus haut, on voit que les extraits de poumon, de cerveau, de muscle, de rate ont un pouvoir toxique identique, qu'il s'agisse d'un animal sain ou d’un animal néphrectomisé. En revanche, la toxicité de l'extrait hépatique augmente dans des proportions très sensibles dans l'insuffisance rénale, absolue, d’origine expérimentale; elle est d'un tiers supérieure à la toxicité hépatique normale. Cette augmentation de la toxicité se produit, d’ailleurs, paral- lèlement à l'augmentation de volume de cet organe (1/3). Nous sommes ainsi conduit à constater que, dans l'insuffisance rénale absolue, les poisons de l'organisme sont, en partie, arrêtés et accumulés dans la glande hépatique. C’est une démonstration nouvelle du rôle protecteur du foie, de son rôle d’arrêt des poisons, bien mis en lumière par les travaux de Schiff et de MM. Bouchard et Roger. DE LA TOXICITÉ DES URINES, par M. E. BÉNECH. Depuis les travaux de M. Bouchard, on admet que l'élément le plus: toxique d’une urine privée de ses matières colorantes, est la potasse; mais d’autres éléments peuvent faire varier la toxicité urinaire et, comme étude préliminaire, M. le professeur Bouchard nous a demandé d'examiner si la toxicité d’une urine décolorée par le noir animal est proportionnelle à la quantité de potasse qu’elle renferme. Nous avons fait de nombreuses expériences qui seront publiées ailleurs en détail. Voici la marche que nous avons suivie dans chaque cas et les résultats auxquels nous sommes arrivés. Et d’abord, les urines normales ne contenant des produits azotés toxiques, autres que les matières colorantes, qu’en minime quantité, et n'étant toxiques qu’à hautes doses après leur décoloration, nous avons dû prendre des urines pathologiques pour avoir dans les résultats des différences appréciables. Aucune expérience faite jusqu'à ce jour ne 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous prouve, en effet, que par exemple, tel produit azoté toxique d’une urine pathologique que ne retient pas le noir animal ne se trouve pas à l'état de traces dans une urine normale et ne vient pas modifier sa toxicité après décoloration par le noir animal. Cela posé, une urine pathologique étant choisie, on cherchait sa toxicité et on y dosait la potasse. Puis on la décolorait avec soin avec du noir animal, en chauffant légèrement au bain-marie sans dépasser 40 degrés ; on cherchait ensuite sa toxicité et on y dosait la potasse de nouveau. Ces expériences répétées une soixantaine de fois nous ont conduit aux conclusions suivantes : 1° Le noir animal est un très mauvais réactif qui fixe plus ou moins les matières toxiques de l'urine. En effet, la décoloration une fois obtenue, si on traite encore l'urine incolore par une nouvelle quantité de noir on voit sa toxicité diminuer. Le noir animal ne devra pas être employé pour apprécier les proportions relalives des prBepE toxiques de l’urine. 2° Dans nos expériences, la quantité de potasse contenue dans les urines décolorées a varié de O0 gr. 806 à 3 gr. 478 par litre bier en K°O). 3° Quand on décolore une urine avec du noir animal, ce dernier retient toujours une certaine quantité de potasse. Cette ER est variable suivant les prions 4 Il est certain qu'avec les urines pathologiques étudiées, ce n’est pas la potasse qui est l'élément toxique qui domine après ue décolo- ration car, dans presque toutes les expériences, le lapin meurt avec des convulsions et son cœur bat après la mort. Il y a donc dans ces urines décolorées, à côté de la potasse, qui est un élément toxique, d’autres éléments plus toxiques qui déterminent la mort de l’animal. 5° La toxicité de l’urine décolorée n'est pas proportionnelle à la quantité de potasse qu’elle renferme. Dans nos expériences, cette quan- tité, exprimée en K°0, a varié de 0 gr. 04 à 0 gr. 472 par kilogramme de lapin. 6° Pour expliquer cette différence dans les résultats, on ne peut pas faire intervenir une question de dilution de la substance toxique car, par exemple, tandis que, dans une expérience, 1 kilogramme de lapin a été tué par 0 gr. 120 de potasse en solution dans 48 centimètres cubes d'urine décolorée, dans une seconde expérience il a fallu O0 gr. 116 de potasse en solution dans 119 centimètres cubes d’une autre urine décolorée. 1° La toxicité de l'urine décolorée n'est pas non plus dans un oo défini avec son degré cryoscopique. (Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard.) bee NT ET Me CIS SLT TT ee SÉANCE DU 4 AOUT 807 CONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DES CLASMATOCYTES. Note de MM. HENRI SrTassano et G. Emie Haas. Dans la membrane périæsophagienne de la grenouille, nous avons observé l'hiver dernier que les clasmatocytes se montrent beaucoup plus nombreux et surtout beaucoup plus riches en granulations chez les animaux réchauffés à l’étuve à + 20° et nourris de vers de terre que chez les animaux venant de la campagne et à demi engourdis par le froid. Nous venons de répéter ces observations comparatives dans de meilleures conditions, sur des grenouilles en pleine activité, par le fait de la saison, et, parallèlement, sur d’autres maintenues depuis deux mois dans la glace. Les granulations des clasmatocytes, on le sait, prennent les couleurs basiques et se colorent par le vert de méthyle en violet tirant sur le rouge. Cette propriété porte à croire que ces granulations contiennent de la chromatine du noyau diffusée, et permet de les envisager comme d'origine nucléaire. Ehrlich le premier a considéré les mastzellen, cellules assez voisines des clasmatocytes pour qu'il ne soit pas possible de les distinguer de ces derniers chez les batraciens (J. Jolly), comme des éléments de ré- serve; car elles se trouvent très répandues autour des foyers inflamma- toires et de néoformation, très riches en substances nutritives. Plu- sieurs savants ont cherché à soumettre cette interprétation au contrôle de l'expérience : les résultats obtenus n’ont pas été concordants, et la question est en suspens. Korybutt-Daszkiewiez à vu augmenter le nombre de ces cellules gra- nuleuses dans les grenouilles nourries après un jeûne prolongé. L'obser- vation que nous venons de consigner plus haut confirme celle de cet auteur. Nous avons observé l'augmentation du nombre des clasmato- cytes et le développement de leurs granulations même en réchauffant simplement des grenouilles d'hiver. Cela, d’ailleurs, revient au même puisque, par le retour à l’activité fonctionnelle des grenouilles réchauf- fées, les matériaux nutritifs restés inutilisés dans le tube digestif, depuis l’arrivée du froid, parviennent dans la circulation. Dans les membranes péri-æsophagiennes des grenouilles tenues dans la glace pendant ces deux derniers mois, le nombre des clasmatocytes n'a pas beaucoup diminué, mais par contre, les granulations basophiles se montrent extrêmement réduites, au point que de beaucoup de clas- matocyles il ne reste plus que le noyau. Cet appauvrissement en granules après deux mois de jeûne et de refroidissement apporte, ce nous semble, une preuve décisive à l'appui de la théorie d'Ehrlich sur le caractère des cellules granuleuses en général. 808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'observation de Ranvier sur l’effritement des granulations fait con- naître le mécanisme de la résorption des matériaux nutritifs amassés par les clasmatocytes pendant leur existence libre de cellules migra- trices; c'est la dernière phase de cette résorption que nous venons de saisir dans l'observation précédente. Ranvier a suivi la transformation des leucocytes en clasmatocytes, et l'un de nous a eu [a fortune d'observer, dans une de ses belles prépa- rations d'épiploon de cobayes, de très grands clasmatocytes étoilés, comme des rhizopodes, parfaitement différenciables des cellules con- jonctives, et bourrés de grains de vermillon. C’est pendant leur existence libre, à l’état de cellules lymphatiques, dans le péritoine enflammé qu'ils avaient englobé les grains de vermillon avant de s’immobiliser. Ce fait expérimental reproduit, ce nous semble, l’évolution naturelle des clas- matocytes : lorsque la grenouille se nourrit, le leucocyte s'approvi- sionne de substances nutritives au lieu de grains de vermillon. Aïnsi, fonetionnellement, il y a à côté des leucocytes qui se chargent de substances nutritives pour les répandre dans l’économie, jusqu'aux parlies où n'arrivent plus les capillaires sanguins (dans la cornée par exemple), des leucocytes qui se gorgent de substances nutritives pour les emmagasiner dans les tissus où plus tard ils les abandonnent, selon les nécessités de la vie, par le procédé de la clasmatose. Nous devons ajouter que nous n’avons pu déceler de glycogène dans les clasmatocytes de la membrane péri-æsophagienne de la grenouille; cela concorde avec le résultat négatif analogue obtenu par M. Ranvier dans les cellules granuleuses de l’exsudat péritonéal du rat. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) Le Gérant : OcTAVE POoRÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. | | | | 2 de € 4 rat ll SE ur pet CRERUAS Cite SU RSTTTA EX - SÉANCE DU 6 OCTOBRE 1900 MM. M, Hexsevaz et G. Wauruy : Les produits volatils odorants et sapides du lait. — M. Cu. FÉRÉ : Périodicité sexuelle chez un paralytique général. — M. Cn. Féré : L'influence des excitations sensorielles sur le travail. — M. le Dr E. pe Barz : Note sur la vitalité de certains microbes. — MM. Lavera et MEsxiz : De la longue con- servation à la glacière dss trypanosomes du rat et de l’agglomération de ces para- sites. — M. le Dr Pauz SaLuon (de Cannes) : Traitement de la tuberculose par la viande crue. — M. le D° Maures : Influence de la température ambiante sur les défenses de l’organisme, chez les animaux à température variable, pendant le som- meil hibernal. Présidence de M. Bouchard. M. le D' E. MAUREL fait hommage à la Société de deux mémoires sur l’Influence des saisons sur les dépenses dé l'organisme. Le premier traite d'expériences faites sur le Cobaye ; le second d'expériences faites sur le Hérisson. LES PRODUITS VOLATILS ODORANTS ET SAPIDES DU LAIT. Note de MM. M. Hensevaz et G. WauTuy, présentée par M. CALMETTE. On sait que le lait frais possède une odeur et une saveur particulières qui sont modifiées par le chauffage; le lait chauffé prend le goût de cuit. Nous avons cherché à séparer par distillation les substances volatiles que renferme le lait frais. La distillation a été faite à l’aide d'un grand ballon de 2 litres et d'un réfrigérant de Liebig ordinaire. On ajoute une bonne pincée de pierre, ponce dans le ballon à distillation. Les appareils ont été montés sans l'intervention de caoutchouc. Pour éviter la formation de produits de décomposition par l'action directe de la flamme, on chauffe par l'intermédiaire d’un bain d'acide sulfurique ; on prend soin que la température du bain ne dépasse pas 110 degrés. Vers 90 à 96 degrés, il se forme à la surface une membrane BioLocre, ComPrEes RENDUS, — 1900. T, LIT, 61 810- SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE résistante. À ce moment, on agite le ballon pour la déchirer et l’im- merger dans le liquide. Les produits de la distillation sont recueillis de la façon suivante : 1. Les gaz du lait et la première goutte de liquide dans 10 centimètres cubes d’eau. 2. Le liquide de distillation dans les fioles jaugées de 10 centimètres cubes. On prend 300 centimètres cubes de lait dans le ballon à distiller et on distiile à sec. Il faut opérer très prudemment parce que le lait mousse facilement et il faut éviter de laisser envahir le réfrigérant par la mousse; lorsqu'elle devient menaçante, on interrompt le chauffage quelques instants. La première portion exhale avec exagération l'odeur du lait frais; elle a une saveur particulière qui rappelle celle du lait. On sent surtout bien cette odeur lorsqu'on porte le nez au-dessus du ballon où l’on recueille les gaz de la distillation. Il n’y aurait donc qu'une faible partie de la substance spéciale retenue par l’eau. Les portions suivantes, provenant du liquide de distillation, pré- sentent, au contraire, une forte odeur analogue à celle du lait cuit; il en est de même de la saveur. L'odeur ressemble un peu à celle que l’on perçoit lorsqu'on pénètre dans une étable. Dans les dernières portions, les substances qui présentent ces pro- priétés sont fortement diminuées sans avoir disparu entièrement; l'odeur est à peine perceptible. Nous avons conservé ces produits de distillation dns des flacons bien bouchés; après quelques jours, l’odeur et la saveur particulières avaient complètement disparu. Ces substances sont donc extrêmement volatiles et altérables. Les produits de disüllation ne présentent aucune réaction au papier de tournesol. La première et la deuxième portion sont absolument incolores. Les troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième portions sont colo- rées en jaune paille; la coloration est très prononcée dans les troisième, quatrième et cinquième ; elle diminue dans la sixième et elle est presque nulle dans la septième. Les portions suivantes sont absolument inco- lores. Il existe donc dans le lait, à côté des substances qui lui donnent son odeur et sa saveur, une autre substance volatile qui communique à l’eau et au lait une couleur jaune paille. SÉANCE DU 6 OCTOBRE 811 PÉRIODICITÉ SEXUELLE CHEZ UN PARALYTIQUE GÉNÉRAL, par M. Cu. FÉRé. Les faits relatifs à la périodicité dite sexuelle chez les hommes{(1) sont peu nombreux; les cas qui appartiennent à la pathologie peuvent aussi présenter quelque intérêt pour l'étude de cette question. M. M..., quarante-deux ans, est arrivé à la période de démence de la para- lysie générale. Il ne reconnait plus la plupart des personnes de son entou- rage, ses idées sont tout à fait incohérentes, le langage confus, bégayant, tremblant, est le plus souvent inintelligible. IL est confiné au lit, en raison d'une impotence complète des membres inférieurs qui ne lui permet plus de rester assis, 1l gâte d'une manière intermittente. Les pupilles sont poncti- formes et immobiles. La langue et les lèvres tremblent, les mains sont sans cesse agitées de mouvements incoordonnés et tremblent aussi, la sensibilité générale est irrégulièrement altérée, les réflexes patellaires sont abolis. Il est dans cet état depuis six mois, à la suite d’une série d'attaques apoplectiformes. IL y a un peu plus de trois ans que la maladie s’est manifestée pour la pre- mière fois par des lacunes de la mémoire. La monotonie de cet état de démence est rompue par des accès d’excita- lion remarquables, à la fois par leur périodicité et par l'aspect de leurs mani- festations. Vingt-huit jours après la fin du dernier accès, on commence à dis- tinguer dans son marmottement incohérent des mots lubriques, puis des gestes appropriés ; il cherche à atteindre les parties génitales des personnes des deux sexes qui l’abordent, il est constamment en érection et se masturbe si on ne recourt pas à une contention solide. Cette contention d’ailleurs pro- voque souvent des fureurs pendant lesquelles il retrouve la possibilité d’arti- culer très distinctement des mots grossiers relatifs à la fonction sexuelle. Ces accès durent généralement trois jours; ils se manifestent généralement le matin pour la première fois; pendant ce temps l'agitation est constante, et l'insomnie est complète. Dans les intervalles, le sommeil est au contraire excessif et on n’observe jamais d’excitation sexuelle. Ces accès n’ont pas attendu la période de démence pour se produire. Ils existent avec un caractère délirant depuis les premiers mois de la maladie, mais ils paraissent avoir existé pendant toute la vie, vraisemblablement même avant la puberté. M. M... n'a dans ses ascendants aucun antécédent vésanique ou névropa- thique catégorique, mais dans la famille paternelle il y a plusieurs origi- naux. Il a deux frères plus âgés qui se portent bien et ont des enfants nor- maux; mais lui-même a toujours été nerveux et on lui connait des phobies depuis son enfance. Il avait la peur des lieux élevés, ne se penchait pas à un balcon même d’un premier étage ; il montait avec soin les escaliers du côté mural; en outre, il avait la peur des pointes : il rangeait ses porte-plume et tous (1) F.-H. Perry-Coste. Sexual periodicity in men, in Studies in the psycho logy of sex, by Havelock Ellis, t. IN, 1900, p, 251. 812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les objets piquants dont il pensait avoir à se servir de facon à ce que la pointe fût bien en vue; dès ses plus jeunes années on a remarqué qu'il ne pou- vait pas toucher un artichaut; la mère pense qu'il n’avait pas plus de quatre ans quand ce fait l’a frappée pour la première fois. IL était trop bien élevé, affirme la mère, pour avoir de mauvaises habitudes. Dès l’âge de sept ou huit ans, au cours où il allait et plus tard au collège, il est avéré qu'il avait par mois une mauvaise semaine. Pendant plusieurs jours on n’obtenait rien de lui, il était indiscipliné et puni, ce qui ne lui arrivait pas le reste du temps. Rentré dans sa famille, il se montrait en général très indifférent, et à des époques dont on remarquait la périodicité mensuelle régulière, il se montrait agité, intolérant et disparaissait à des heures inaccoutumées : ses frères n’ont aucun doute sur la cause de ces absences. Il s’est marié à vingt-six ans : dès les premiers mois sa femme a remarqué la périodicité sexuelle qui se mani- festait suivant le type actuel. Il devenait pointilleux, exigeant pour des détails qui ne le préoccupaient pas d'ordinaire, puis l'excitation sexuelle se manifes- tait par des rapports de jour et de nuit. Ils ne dépassaient guère trois ou quatre chaque jour, pendant les trois jours que durait l'accès, mais le con- traste était remarquable avec le reste du mois, où ils ne se produisaient qu'exceptionnellement à propos de conditions spéciales d’excitation. Quelques années avant le début de sa paralysie générale, les accès mensuels avaient été marqués par des tendances plus évidentes aux querelles; des habitudes alcooliques se sont manifestées en même temps qui étaient peut-être les pre- miers symptômes de l’affection qui vient d’emporter le malade. En dehors de la tare nerveuse et des excès alcooliques, on ne trouve chez lui aucune des causes habituelles de la paralysie générale, pas de surmenage, pas de syphilis. On ne trouve chez lui aucun autre trouble périodique ou paroxystique, mais son unique fils, âgé de douze ans, est sujet à des chocs céphalalgiques diurnes et nocturnes, à type irrégulier, qui cèdent aux bromures alcalins. Dans ce cas, la périodicité sexuelle paraît avoir apparu de bonne heure et elle s’est maintenue à travers la paralysie générale jusque dans la démence. Il s’agit d’un individu qui a présenté, dès son enfance, des tares névropathiques ; doit-on considérer ces phénomènes de périodicité comme des symptômes ou comme le réveil d'un type physiologique disparu chez un dégénéré ? On peut voir une excitation génitale périodique s'éveiller tardive- ment et coïncider avec des hémorragies (1). (1) Apert. Purpura récidivant à poussées mensuelles, coïncidant avec des hémorragies anales périodiques chez l’homme, Bulletin médical, 1899, n°2, p. 9. ET SÉANCE DU 6 OCTOBRE S13 L'INFLUENCE DES EXCITATIONS SENSORIELLES SUR LE TRAVAIL, r par M. Cu. FÉRÉ. A. Mosso a dit quelque part que le témoignage de la conscience est moins sûr que celui du sphygmographe. Il existe dans nos laboratoires d’autres instruments tout aussi précieux au point de vue de l'introspec- tion scientifique, et l'ergographe de Mosso en est un. La confiance que mérite cet instrument m'a autorisé à faire sur moi- même une longue série d'expériences assez pénibles pour qu’on ne puisse guère les imposer à un aide aussi bénévole qu’on puisse le supposer. J'ai étudié les effets des excitations des divers sens avec des résultats confirmatifs de ceux que j'avais obtenus autrefois avec le dynamo- mètre (1); mais les tracés ergographiques objectivent les phénomènes d’une manière à la fois plus sûre et plus claire. L'influence des excitations sensorielles peut être assez évidente pour qu'elle apparaisse sur le premier ergogramme pris après un long repos. Il peut exprimer un travail manifestement supérieur à celui qu'on obtient en l’absence de toute excitation dans les conditions ordinaires Mais bien qu'en général un même sujet après le même repos donne un travail équivalent, on doit préférer, pour mettre en évidence l'influence des excitations sensorielles, les faire agir au cours de l'accumulation de la fatigue. La valeur des excitations sensorielles apparaît nettement sur les tracés que je fais passer; mais les chiffres sont aussi bien signi- ficatifs. Je ne citerai ici que quelques exemples. L Lumière. — Les yeux sont clos avec une bande. Un premier ergogramme (3 kilogrammes soulevés chaque seconde) après 10 minutes de repos donne une hauteur totale de 2221 pour 104 soulèvements, soit un travail de 6 kilogram- mètres 63, avec un quotient de fatigue de 2,12. Un deuxième ergogramme, après une minute de repos, donne une hauteur de 152 pour 82 soulèvements, soit un travail de 4 kil.56 avec un quotient de 1,85. Un troisième ergogramme pris encore après une minute de repos seulement, mais les yeux ouverts pen- dant le repos et pendant le travail, donne une hauteur totale de 1"88 pour 89 soulèvements, soit un travail de 5 kil. 64 avec un quotient de 2,11. L'éclairage a relevé la valeur du travail et diminué la fatigue. IT. Lumière colorée. — Les yeux sont ouverts, un premier ergogramme donre une hauteur totale de 3"33 pour 100 soulèvements, soit un travail de 9 kil. 99, avec un quotient de 3,33. Un second ergogramme après 2 minutes de repos donne une hauteur de 1"86 pour 72 soulèvements, soit un travail (4) Compes rendus de la Société de Biologie, 1885, p. 270, 285, 348, 363, 413, 416, 428, #37, etc. — Sensalion el mouvement, études expérimentales de psycho- mécanique, 2° édit., 1900, — La pathologie des émotions, 1892, p. 23, 56, etc. 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de 5 kil. 58 avec un quotient de 2,58. Un troisième ergogramme après 2 mi- nutes de repos donne 1"62 pour 79 soulèvements, soit un travail de 4 kil. 86 avec un quotient de 2,05. Pendant le repos suivant, de deux minutes aussi, la lumière est reçue à travers un verre rouge, et il en est de même pendant le travail ; le quatrième ergogramme donne une hauteur de 1"89 pour 93 soulè- vements, soit un travail de 5 kil. 67, avec un quotient de 2,03. La lumière colorée a relevé la valeur du travail en supprimant les effets de l’accumula- tion de la fatigue. D'autres expériences ontété faites avec d’autres verres monochromes verts, jaunes, bleus, violets ; la lumière colorée produit toujours une excitation dans les mêmes conditions. C’est le rouge dont l'influence est le plus évidente : il m'a procuré une ivresse motrice avec un travail de 20 kil. 85 pour 1.140 soulèvements. C'était un troisième ergogramme avec une minute de repos. | IIT. Sons. — Un ergogramme, après 10 minutes de repos, donne une hau- teur totale de 2°84 pour 134 soulèvements, soit un travail de 8 kil. 52, avec un quotient de 2,11. On fait successivement trois autres ergogrammes décrois- sants avec 2 minutes de repos. Puis, on prend un repos de 10 minutes; pen- dant les deux dernières, un harmonium fait entendre des accords qui con- tinuent pendant le travail. On obtient un ergogramme dont les premières excursions sont plus élevées que celles du premier, et qui donne une hauteur totale de 512 pour 424 soulèvements, soit un travail de 15 kil. 36 avec un coefficient de 1,20. AP, L’excitation auditive a presque doublé le travail. Dans une expérience où j'ai fait intervenir des instruments de cuivre, j'ai obtenu, après une longue série d'épreuves, un travail de 18 kil. 95; et dans une autre encore deux tam- bours en ont produit un de 23 kil. 82 après une autre série suivant immédia- tement la première. IV. Odeurs. — Un premier ergogramme pris après 10 minutes de repos, à la suite d’autres épreuves, donne une hauteur totale de 2"24 pour 95 sou- lèvements, soit un travail de 6 kil. 72 avec un quotient de 2,35. Après 2 minutes de repos, un second ergogramme donne 1,06 pour 51 soulèvements, soit un travail de 3 kil. 18, avec un quotient de 2,07. Pendant le repos suivant de 2 minutes, inhalations de vapeur de musc, qui continuent pendant le tra- vail; le troisième ergogramme donne une hauteur de 540 pour 156 soulève- ments, soit un travail de 10 kil. 20 avec un quotient de 214. V. Saveurs. — Un premier ergogramme, après 40 minutes de repos, donne un travail de 7 kil. 575, avec un quotient de 2,15. Trois autres ergogrammes sont pris avec 2 minutes de repos. Le dernier repos est employé à croquer un morceau de sucre de 6 grammes; le dernier ergogramme donne un travail de 9 kil. 195 avec un quotient de 1,71. L’acide acétique, le sel, et surtout le sulfate de quinine, provoquent une plus grande plus value du travail. VI. Excilations cutanées. — Un sinapisme (Rigollot) est placé sur le bras gauche qui ne travaille pas. Un premier ergogramme donne une hauteur totale de 297 pour 120 soulèvements, soit un travail de 891 avec un quotient de 2,47. L'action du sinapisme commence à donner une sensation de chaleur. SÉANCE DU 6 OCTOBRE 815 Après 2 minutes de repos, un second ergogramme donne une hauteur de 455 pour 358 soulèvements, soit un travail de 13 kil. 65, avec un quotient de 1,27. Le frottement, les applications chaudes produisent un effet analogue. VII. — Les excitations sensorielles complexes, comme celles qui résultent de l’action de fumer, ont des effets très intenses, comme on le voit dans la série d'expériences suivantes. Un premier ergogramme donne une hauteur totale de 3"03 pour 126 sou- lèvements, soit un travail de 9 kil. 09 avec un quotient de 2,42. Après 2 minutes de repos, un deuxième ergogramme donne une hauteur de 1"89 pour 64 soulèvements, soit un travail de 5 kil. 67, avec un quotient de 2,92. Pendant le repos suivant, aussi de 2 minutes, on fume une cigarette (caporal ordinaire de la régie) et on continue à fumer pendant le travail suivant; le troisième ergogramme donne une hauteur de 3"11 pour 192 soulèvements, soit un travail de 9 kil. 33 avec un quotient de 1,61. On continue à fumer pendant le repos suivant (de 2 minutes) et pendant le travail. Le quatrième ergogramme donne une hauteur de 209 pour 103 soulèvements, soit un tra- vail de 6,27 avec un quotient de 2,02. Dans une autre expérience, après un repos de 10 minutes dont les deux dernières sont employées à fumer, le travail pendant lequel on continue la cigarette donne une hauteur de 5"29 pour 267 soulèvements, soit un travail de 15 kil. 87 avec un quotient de 1,98. Je pourrais multiplier ces exemples qui suffisent à montrer l’influence des excitations sensorielles en général sur la mise en liberté de l'énergie. NOTE SUR LA VITALITÉ DE CERTAINS MICROBES, par M. le D' E. pe Barz. Nous avons ensemencé le 29 août dernier un certain nombre de cul- tures microbiennes conservées en tubes scellés. Ces cultures étaient des cultures en bouillon mises en pipette au mois de décembre 1897 à l’Institut Pasteur. Comme milieu de réensemencement, nous avons pris la gélose et le bouillon; nous avons obtenu des résultats positifs pour quatre espèces qui sont : La bactéridie charbonneuse, Le bacille de Friedländer, Le bacille de la tuberculose zoogléique, Le bacterium coli. En vingt-quatre heures ces quatre microbes ont donné lieu à des cul- tures très abondantes. Par des examens microscopiques et par des cultures successives, 1: PORN 816 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous nous sommes assuré qu'il s'agissait bien là des microbes sus nommés et non d’impuretés provenant du réensemensement. Nous avons obtenu des résultats négatifs pour Les espèces suivantes : Bacille typhique, | Pyocyanique, | Staphylocoque, | Bacille du choléra des poules, Bacille du rouget du porc, Pneumocoque (2 échantillons), Bacille du Hog-choléra. Ainsi donc, à part la bactéridie charbonneuse dont la sporulation explique la vitalité, trois autres espèces microbiennes ont pu donner des cultures vivaces après une durée de trois ans à peu près. Nul doute qu'en variant les milieux de culture conservateurs on ne puisse voir cette vitalité persister plus longtemps. DE LA LONGUE CONSERVATION A LA GLACIÈRE DES TRYPANOSOMES DU RAT ET DE L'AGGLOMÉRATION DE CES PARASITES, par MM. LAvERAN ET MESNix. Au cours de recherches sur le trypanosome du rat (Herpelomonas Lewisi Kent), nous avons constaté que cet hématozoaire reste beaucoup plus longtemps en vie dans le sang qui est conservé à la glacière qué dans le sang qui est conservé à la température ordinaire du laboratoire. Les résultats auxquels nous sommes arrivés nous paraissent devoir intéresser tous les observateurs qui étudient les trypanosomes; le trypanosome du rat est très voisin des trypanosomes du Surra, du Nagana et de la Dourire; il s’agit done d'hématozoaires pathogènes très répandus et d’un grand intérêt, principalement pour les vétérinaires. Danilewsky a observé des trypanosomes vivants dans du sang de rat recueilli depuis 8 à9 jours dans une pipette et conservé à la température du laboratoire. Les jeunes trypanosomes peuvent résister, dit-il, un peu plus longtemps que les trypanosomes arrivés à leur développement complet, soil 10 à 12 jours (1). D’après Kanthack, Durham et Blandford, les trypanosomes du Nagana ne résistent pas au delà de 3 à 4 jours dans le sang recueilli aseptiquement (2). (1) Parasitologie comparée du sang, Kharkoff, 1889, fasc. I, p. 74. (2) Procedings of the Royal Society, t. LXIV (1898). L SÉANCE DU 6 OCTOBRE 817 Nous avons constaté de notre côté que, dans le sang défibriné pur ou mélangé d’eau physiologique (parties égales), et conservé à la tempé- rature du laboratoire, les trypanosomes du rat disparaissaient au bout de 4 à 5 jours, et qu'au contraire, dans le sang mis à la glacière (c'est-à- dire à une température de +5 à 7 degrés C.), on pouvait trouver encore des trypanosomes vivants au bout de un mois ou un mois et demi, comme dans l'observation qui suit. Uu rat blanc fortement infecté de trypanosomes est saigné le 2 août 1900. Le sang, recueilli avec pureté dans la carotide, est mélangé d'eau physiologique à parties égales et défibriné. Un échantillon du sang est mis à la glacière le 2 août, un autre échantillon identique au premier est conservé à la température du laboratoire. A. — Sang conservé à la température du laboratoire (15 à 20 degrés). 5 août. — Les trypanosomes libres ou agglomérés ont des mouvements ralentis. 8 août. — On ne voit plus aucun trypanosome mobile. B. — Sang mis à la glacière. » août. — Les trypanosomes isolés ou agglomérés en rosaces sont animés de mouvements très vifs. 8 août. — Trypanosomes nombreux, {rès mobiles, formant souvent de grandes agglomérations. 15-24 août. — Trypanosomes isolés ou agglomérés moins nombreux que lors de l'examen fait le 8 août; les mouvements sont ralentis. 13 septembre. — On trouve encore des trypanosomes mobiles. 22 septembre. — On ne voit plus de trypanosomes mobiles. Dans ce cas, les trypanosomes n'ont donc vécu que quatre à cinq jours dans le sang conservé au laboratoire, tandis que dans le sang mis à la glacière ils vivaient encore au bout d'un mois et demi. On pourrait supposer que si les trypanosomes résistent mieux à la glacière qu'à la température du laboratoire, c’est parce que, à la gla- cière, les bactéries ne se développent pas et que le sang se conserve mieux ; cette hypothèse n'est pas admissible, attendu que nous avons opéré sur du sang recueilli avec pureté et que, dans les échantillons de sang conservés dans le laboratoire, nous avons constaté souvent la disparition des trypanosomes alors que les globules rouges étaient encore en bon état. Dans le sang mélangé d’eau physiologique mis à la glacière, les trypanosomes conservent d’abord leur aspect normal; ils sont très mobiles et ils se meuvent isolément au milieu des hématies, mais, au bout de trois jours, parfois plus tardivement, on constate des agglo- mérations de trypanosomes. L'agglomération des trypanosomes se fait toujours de la même manière : deux trypanosomes se réunissent par leurs extrémités pos- térieures (grosses extrémités), et d’autres trypanosomes viennent se 818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE réunir de la même façon aux premiers, de telle sorte qu'il se forme des espèces de rosaces qui comprennent un nombre très variable de trypa- nosomes. Les extrémités antérieures munies de flagelles restent libres et très mobiles. Tantôt les trypanosomes s’accolent directement les uns aux autres, tantôt on constate, au centre des agglomérations, des amas granuleux qui paraissent être formés ordinairement par des leucocytes altérés. Nous avons observé dans du sang mis à la glacière depuis six jours ou plus, des agglomérations de trypanosomes qui se compo- saient certainement de plusieurs centaines de parasites. A mesure que la durée du séjour du sang à la glacière augmente, le nombre des trypanosomes libres diminue; mais, à côté des parasites agglomérés, on trouve presque loujours quelques parasites libres, même après un mois et plus. Ce phénomène de l’agglomération des trypanosomes n'est pas spécial au sang refroidi, on l’'observe plus rapidement encore (au bout de vingt-quatre heures) dans le sang conservé en goutte pendante au laboratoire. L'agglomération des trypanosomes rappelle évidemment l'aggluti- nation des microbes dans des conditions données. Il sera intéressant de voir si l’agglomération des trypanosomes se fait plus rapidement dans le sang mélangé à du sérum de rat immunisé contre ces parasites que dans le sang mélangé à du sérum de rat normal. Nous avons entrepris à ce sujet des expériences; les faits que nous avons recueillis ne sont pas encore assez nombreux pour que nous puissions conclure ; nous nous proposons de continuer ces recherches. Les trypanosomes conservés à la glacière depuis plus de quinze jours sont en général granuleux; les granulations, visibles à l’état frais, sur les trypanosomes encore mobiles, deviennent surtout apparentes quand on colore des préparations à l’aide de la méthode qui a été indiquée par l'un de nous (bleu à l’oxyde d'argent, éosine, tannin); les granulations, en nombre variable, se colorent fortement en violet. Au bout d’un temps variable, les mouvements des trypanosomes se ralentissent ; le ralentissement est très marqué, en général, dans le sang qui est à la glacière depuis vingt à trente ‘ours, et il se prononce de plus en plus; lorsqu'on fait des préparations avec le sang ainsi conservé, on constate souvent que, sous l'influence du réchauffement produit natu- rellement, les mouvements des parasites qui étaient ralentis, s’accé- lèrent. Le sang mis à la glacière paraît conserver ses propriétés virulentes tant qu'il contient des trypanosomes mobiles. L’injection dans le péri- toine d’un rat neuf de un demi-centimètre cube environ d’un échan- tillon de sang conservé à la glacière depuis vingt-trois jours, a produit une infection typique, aussi intense et rapide que si l’inoculation avait été faite avec du sang frais. Par suite de circonstances indépendantes de SÉANCE DU 6 OCTOBRE 819 notre volonté, nous n'avons pas pu inoculer le sang conservé depuis un mois et demi et renfermant encore des trypanosomes mobiles: nous sommes persuadés que cette GE UE aurait donné également des résultats positifs. Les trypanosomes sont souvent si nombreux dans le sang mélangé d'eau physiologique conservé à la glacière que l’on est tenté de croire à une multiplication des trypanosomes ; sur les préparations colorées, nous n'avons pas vu de formes de reproduction. Les trypanosomes agglo- mérés, formant des rosaces, peuvent simuler certains aspects des formes de reproduction, il y a là une cause d’erreur dont il faut tenir grand compte. La longue conservation des trypanosomes à de basses températures donne de grandes facilités pour l'étude expérimentale de ces parasites. M. Lignières a pu inoculer, à Alfort, des bovidés avec du sang provenant de bovidés de la République Argentine infectés de Piroplasma bigeminum Smith et Kilborne. Le sang recueilli en Amérique avait été placé dans la glacière du paquebot qui ramenait M. Lignières en France. La même expérience pourrait réussir avec des trypanosomes. TRAITEMENT DE LA TUBERCULOSE PAR LA VIANDE CRUE, par le D' Pauz SALmon (de Cannes). L'expérience à été faite sur des chiens à trois périodes différentes : 1° préventivement, avant l'inoculation du bacille; 2 au cours de l'in- fection tuberculeuse ; 3° au moment de la cachexie. SÉRIE N° 1 Viande crue à litre préventif, puis thérapeutique. POIDS POIDS É POIDS Rat CE le 11° jour L'OTAN RÉSULTATS AUMONNE. . (inoculation). le /SE me PTE an hr 0, 67600 6K700 4K 800 Mort, le 59° jour, NE (8 7 7 OÙ 8 700 7 100 Amaigrissement. Me. Or 400 9 100 6 700 Amaigrissement (témoin). notable. Les chiens 4 el 2 ont reçu chaque jour une alimentation exclusive- ment carnée : 500 grammes de viande de bœuf. Le 11° jour de ce régime, inoculation intra-veineuse. On continue jusqu'à la fin à donner la viande crue. 820 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — Le témoin était nourri avec de la soupe (biscuit et viande de cheval ou bœuf cuite). SÉRIE n° 2. POIDS POIDS POIDS POIDS le jour de le 20° le 56e le 102° RÉSULTATS l'inoculation jour. jour. jour. NOM ENEMMSE SUD 17% 800 23K000 24Kk000 Survie et en- graissement,. Ne 0413/1000 12 900 45 500 15 200 Survie et en- graissement. NS Re UC OD 11 400 11 400 » Mort le 77° jour. (témoin. Tous trois ont été inoculés dans la veine. Le chien n° 1 prend chaque jour 2 kilogrammes et le chien n° 2, 4 kil. 500 de viande crue dès le 21° jour de la maladie. La courbe des poids reproduit exactement les tracés graphiques don- nés par Richet et Héricourt. Chez le chien n° 1, la courbe monte à 20 pour descendre à 17.800 sous l'influence de l'infection. L'animal maigrit visiblement. Le changement d’alimentation relève la courbe brusque- ment. Elle atteint 23 le 26° jour et passe bientôt par un maximum de 25.600. Chez le chien n° 2, la courbe passe par un minimum de 12.900 au cours de l'alimentation par la soupe, et un maximum de 16 pendant le traitement par la viande crue. Dans les deux cas, la courbe, influencée par la viande crue, remonte immédiatement, pour suivre ensuite une ascension régulière et progres- Sive. Dans la troisième série, sont inoculés, avec un même échantillon de bacilles, un chien dans le péritoine, deux chiens dans la veine de l'oreille. Tous trois maigrissent rapidement. Le 26° jour de l'infection, on donne à un chien de 3.600 grammes une dose de 70 grammes de chair musculaire crue (le double de la dose thérapeutique de Richet), puis, la maladie faisant des progrès, 600 gram- mes de viande crue. L'animal succombe après 9 jours de traitement, le 35° jour qui suit l’inoculation intra-veineuse. Un second chien, de 10 kilogrammes, succombe le 41° jour, ayant pris 1.000 grammes de viande crue, à la période de cachexie terminale. Chez le troisième animal, atteint de tuberculose péritonéale, la viande crue est donnée d'abord à dose thérapeutique (120 grammes pour un chien de 6 kilogrammes), le 26° jour de la maladie. L’amaigrissement persistant, on porte la ration carnée à 1 kilogramme par jour. Bien- tôt, la courbe des poids se relève, et, de 5.900, atteint un maximum de 1.700 le 89° jour après l’inoculation. SÉANCE DU 6 OCTOBRE 821 Nous pouvons conclure : la viande crue donnée à titre préventif, avant l’inoculation, n'empêche pas chez le chien l’évolution de la tuberculose. Cependant, seuls ont résisté les animaux traités par la viande crue. En dehors du cas de péritonite tuberculeuse améliorée (la péritonite est souvent curable chez le chien), nous avons chez deux chiens constaté l’action favorisante immédiate de la viande crue. Faut-il, comme le pensent Richet et Héricourt, admettre une action spécifique, antitoxique, de la viande crue, action due à la présence dans la chair musculaire d’un principe, d'une diastase détruite par la chaleur, et ajouter une page nouvelle à la thérapeutique par les organes crus ? On sacritie le 107° jour, à un moment où il parait guéri ou en voie de guérison, le chien inoculé dans le péritoine. Les tubercules dans les ganglions, le foie, la plèvre sont en voie de ramollissement et contiennent des bacilles. L'action curative, cicatrisante, n’était nulle- ment démontrée. Dans cetle autopsie, le tissu cellulaire sous-cutané, les épiploons présentaient une véritable surcharge graisseuse. L'augmentation de poids, conséquence évidente de l'alimentation par la viande crue, porte principalement sur l'accumulation de réserves graisseuses. Cet engraissement rapide du chien malade est très remarquable. Il ne s'explique pas seulement par le fait que, la viande crue étant con- sidérée comme l'aliment naturel du carnivore, le chien, présente une valeur avantageuse. L'expérience de Richet ne se réduit pas à un simple problème de nutrition. Chez des animaux non infectés, nourris avec de la soupe, puis exclusivement avec de la viande crue (50 grammes de viande p. 1000 de poids vif, puis 100 grammes pour 1000), la courbe de poids reste stationnaire ou même légèrement décroissante. En résumé, la chair musculaire crue favorise la formation et l’accu- mulation de la graisse, non pas chez l'animal sain, mais chez le chien tuberculisé. Cette cure d'engraissement semble corrélative de la résis- tance, de la survie du chien infecté par le bacille. Ces expériences, de résultat contraire, seront continuées. (Travail du laboratoire du professeur Metchnikoff.) 822 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE AMBIANTE SUR LES DÉPENSES DE L'ORGA- NISME, CHEZ LES ANIMAUX A TEMPÉRATURE VARIABLE, PENDANT LE SOMMEIL HIBERNAL (1), par M. le D' E. MAUREL. Les travaux de Regnault et Reiset, de Marchand et Moleschott, de Pflüger, de Schultz et de Vernon (de 1843 à 1897) ont démontré que les animaux à température variable, contrairement à ceux à température constante, dépensent d'autant plus que la température ambiante est plus élevée. Cependant, il m'a paru intéressant d'établir que cette loi se confirme même pendant le sommeil hibernal. C'est, du moins, ce qui me parait résulter des faits suivants. Conditions générales de ces expériences. — Mes observations ont été faites sur des tortues. Elles comprennent deux périodes d’hibernation, celle de 1898-1899, et celle de 1899-1900. Les premières recherches ont porté sur 11 tortues et les secondes sur 13. Les poids de ces animaux ont varié de 787 à 133 grammes. Ces tortues ont passé leur période d'activité en liberté dans un jardin, et leur période d’hibernation dans mon laboratoire. Elles ont été pesées au moins toutes les deux semaines et parfois plus souvent. Enfin, au moins pendant le sommeil hibernal, les températures minima et maxima, près d'elles, ont été recueillies tous les jours. Ces tempéralures ont été confondues en une seule tous les dix jours. Exp. I. — Elle a duré du 30 octobre 1898 au 21 mai 1899. Elle a porté, je l'ai dit, sur 11 tortues. Le 30 octobre, voyant que ces animaux, quoique en état de liberté, ne mangent plus, qu'ils perdent de leur poids et qu'ils se terrent, je les place dans mon laboratoire. Leur poids total en ce moment est de 5 kil. 568. Pesés fréquemment, ainsi que je l’ai dit, ils arrivent, le 19 février 1900, au poids total de 5 kil. 332, et le 21 mai à celui de 4 kil. 942. Du 30 octobre au 19 février, ils avaient donc perdu 236 grammes, c'est- à-dire, en 112 jours, 42 gr. 38 par kilogramme, soit 0 gr. 38 par kilogramme el par jour. Pendant cette période, les températures moyennes par décades ont varié de 7°4, à 17°17 et la moyenne générale a été de 11°55. Pendant la seconde période de l’hibernation, du 17 février au 21 mai, les lempératures'’moyennes par décades ont varié de 13°3 à 18°9 et la moyenne générale a été de 14°60. Or, le 21 mai, le poids était tombé à 4 kil. 942. Les tortues avaient donc perdu en 81 jours 390 grammes, c’est-à-dire 13 gr. 14 par kilogramme, soit 0 gr. 81 par kilogramme et par jour. (1) Voir les Comptes rendus de la Société de Biologie, 25 février, 25 mars, 23 décembre 1889 et 5 mai 1900. SEANCE DU 6 OCTOBRE 823 Pour une différence de 3 degrés seulement, les dépenses avaient été doublées. Cette expérience est résumée dans le tableau suivant : Nos POIDS TEMPÉRATURE POIDS TEMPÉRATURE POIDS Faite 30 octobre par décades 17 février par décades 21 mai EE 1898. du 30 oct. au 17 févr. 1899. | du 17 févr. au 21 mai, | 1899. PER PR CE PP A pe or PR 7 7 1 750 1898. 725 1899 699 2 785 |1° novembre. 1402 | 742 | 3 février. 4307 702 2 1e 1309 3 598 13 — 110471Pe 567 4e mars. 1202 540 2 — 1508 4 594 |1° décembre. 10°4 630 3 — 1402 494 2 — 20 5 500 3 — 704 451 2 avril. 1402 429 3 — 1620 6 355 1899. 330 4er mai. 1809 311 7 352 |1°° janvier. 11% 331 311 2 — 111107 8 309 3 — 108 287 267 9 464 |1er février . 1001 147 133 2 — Aoojt 10 599 580 551 | 11 562 542 505 | Totaux, 5.568 2390 4.942 | Moyenne de température. . 11°55 14°60 ed par kilog. et par jour . . . . 0,38 0,81 Exp. II. — Celle-ci, commencée le 1°" décembre 1899, s’est prolongée jus- qu'au 13 mai 1900. Elle a porté sur 13 animaux, comprenant les 11 qui ont servi à l'expérience précédente et qui ont conservé le même numéro d'ordre dans le tableau suivant, et deux autres, les numéros 12 et 13. J'ai divisé l'hibernation en deux périodes, l’une comprenant 80 jours, du 4e décembre au 18 février, et l’autre 84 jours, du 18 février au 13 mai. Or, comme on peut le voir par ce tableau, le poids total, qui était de 6.918 grammes le 4er décembre 1899, était tombé le 18 février à 6,748 grammes, soit une perte totale de 170 grammes, ce qui donne une dépense de 25 gr. 29 par kilo- gramme et O0 gr. 32 par kilogramme el par jour. Pendant celte période, la température la plus basse par décades avait été de 73, la plus élevée 12 degrés, et la température moyenne générale 10°31. Pendant la deuxième période, les températures ont varié de 10°15 à 17080 ; et la moyenne générale a élé de 13°52. Or, le 13 mai, le poids total n'était plus que de 6.433 grammes, soit une BU AL 1° 324 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ts ne MR te 3, Rate POUNEE perte de 315 grammes, ce qui donne une dépense de 52 gr. 22 par kile- gramme et de 0, 62 par kilogramme et par jour. Comme dans l'expérience précédente, une différence de 3 degrés avait suffi pour doubler les dépenses. 1 + Dm AO Nos POIDS TEMPÉRATURE POIDS TEMPÉRATURE POIDS d'ordre [LL dec par décades 18 février par décades 13 mai s 1899. du 1: déc. au 18 fév. 1900. du 18 fév. au 13 mai. 1900. | 1 770 1899 760 1900 707 2 787 |1°" décembre. 708 764 3 février. 1320 742 2 — 103 ( 3 582 3 — 410% 569 4er mars. 40015 542 2 — 14045 4 625 1900 602 3 — 10075 068 5 520 |1° janvier. 11075] 509 4er avril. 10283 492 2 — 9085 2 — 15075 6 347 3 — 11920 336 3 — 18045 313 7 359 |1° février. 1402 351 4er mai. 47280 340 2 — 1200 DIRUEE 17050 8 343 330 308 9 177 171 158 10 600 587 555 11 692 677 661 12 729 71 681 13 387 374 366 Totaux. 6.918 6.748 6.433 Moyenne de température. . 10°31 13.52 Perte par kilog. et par jour. . . . 0,32 0,62 En résumé, de ces deux expériences comprenant, la première 6 mois 20 jours, et la seconde 5 mois 12 jours, je crois pouvoir conclure : 4° Que pendant le sommeil hibernal, les dépenses de ces tortues ont augmenté au fur el à mesure que la température ambiante s’est élevée ; 2 Qu'il a suffi d'une différence de quelques degrés dans celle tempéra- ture pour que celle des dépenses fut très marquée. Une prochaine communication fera ressortir l'influence des surfaces sur les dépenses de ces mêmes animaux. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. me Paris. — Împrimerle de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. A dé TS both ae re 4 SÉANCE DU {13 OCTOBRE 1900 M. Cu. F£ÉRÉ : L'influence de l’alcool sur le travail. — M. Cu. FÉRé : L'influence du bouillon sur le travail. — M. C. BacazocGLu : Péricardite, myocardite et pleurésie typhoïdiques expérimentales. — MM. Tosrivinr et REMLINGER : Sur la situation favorisée de l'Algérie et privilégiée de la Tunisie vis-à-vis de la tuberculose. Fré- quence plus grande de la maladie chez les Arabes que chez les Européens et les Israélites. — MM. Léon Bérarp et Josepn Nicozas : Note sur la résistance des spores de l’actinomyces. — M. Joserx Nicozas : Note sur l'acquisition de l'agglu- tinabilité par un bacille de Lœæffler primitivement non agglutinable. — MM. Wipar, SIcaRD et Ravaur : Cytodiagnostie de la méningite tuberculeuse (Recherches cli- niques). — MM. Winaz, Sicarp et Ravaur : Cytodiagnostic de la méningite tuber- culeuse (Recherches expérimentales el conclusions générales). Présidence de M. Bouchard. L'INFLUENCE DE L'ALCOOL SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. Tout le monde s'accorde à admettre que les habitudes alcooliques ont un effet dépressif sur le travail. Quant à l'effet immédiat, les expé- riences ergographiques de M. Destrée (1) montrent que l'alcool a un effet favorable immédiat sur le rendement en travail, soit à l'état de repos, soit à l’état de fatigue ; celles de M. Frey (2) indiquaient que cet effet favorable n'existe que dans la fatigue. Le fait est qu'il peut arriver que chez un sujet en bonne disposition, une dose de 20 centimètres cubes d'alcool à 45 degrés ne provoque aucune augmentation de travail, tandis qu'elle en produit une manifeste sur le même individu après une série d'efforts. L'étude de la plupart des excitations sensorielles montre que le sujet fatigué est plus excitable. L'incestion de l'alcool produit une excitation momentanée qui ne compense pas l'effet paralysant consécutif et entraîne des risques d’in- toxication. Tel est le résultat général de l’expérimentation. Mais l'alcool n’agit pas seulement quand il est introduit dans l'esto- mac. C'est un excitant sensoriel qui manifeste son action à son passage dans la cavité buccale. Cette action paraît avoir échappé à l'étude jusqu’à présent, et cependant elle ne manque pas d'intérêt. Une dose d'alcool, lorsqu'elle est conservée dans la bouche pour être rejetée plus tard, est plus favorable au travail que lorsqu'elle est ingérée. (4) E. Destrée. Influence de l'alcool sur le travail musculaire, Journ. méd, de Bruxelles, 1897, p. 537, 573. (2) H. Frey. Ueber den Einfluss des Alkohols auf die Muskelermudung, Mittheilungen aus klinischen und medicinischen Instiluten der Schweiz, B.IV,H.1, Biozocre. Comptes RENDUS. — 1900, T, LIT. 62 826 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE A. — Un premier ergogramme, indépendamment de toule excitation, donne une hauteur de 3m12 pour 123 soulèvements, soit un travail de 9 kil. 36 avec un quotient de 2,53. Deux minutes avant la fin d’un repos de dix minutes, on introduit dans la bouche et on y conserve pendant le travail pour les rejeter ensuite, 20 centi- mètres cubes d’un mélange à parties égales d’eau et d'alcool absolu ; on obtient un ergogramme qui donne (3 kilogrammes soulevés chaque minute) une hauteur de 560 pour 469 soulèvements, soit un travail de 16 kil. 80 avec un quotient de 1,19. Deux minutes avant la fin d’un repos de dix minutes, on ingère la même quantité du même mélange; l'ergogramme suivant donne une hauteur de 2*16 pour 95 soulèvements, soit un travail de 6 kil. 48 avec un quotient de 2,21. ° Deux minutes avant la fin d’un nouveau repos de dix minutes, on introduit de nouveau dans la bouche, et on y conserve pendant le travail pour les rejeter encore, 20 centimètres cubes du même mélange; l’ergogramme donne une hauteur de 5"12 pour 579 soulèvements, soit un travail de 15,36 avec un quotient de 1,06. B. — «) Après dix minutes de repos, on prend 4 ergogrammes séparés par deux minutes de repos, sans aucune excitation préalable. b) Deux minutes avant la fin d’un autre repos de dix minutes, on ingère 20 centimètres cubes d’un mélange à parties égales d'alcool absolu et d'eau ; on prend une deuxième série de 4 ergogrammes séparés par des repos de dèux minutes. C. — Deux minutes avant la fin d’un autre repos de dix minutes, on intro- duit et on conserve dans la bouche, pendant le travail, 20 centimètres cubes du même mélange, qui reste pendant que l’on prend 4 ergogrammes séparés encore par des repos de deux minutes. Les trois séries d'épreuves ergographiques peuvent se résumer aiasi : NOMBRE TRAVAIL . HAUTEUR dec + QUOTIENT totales soulèvements. kilogrammètres. de fatigue. 1,83 108 5,49 1,69 re série Pr 45 3,81 2,82 (sans excitation). 1,20 45 3,60 2,66 1045 52 3,45 2,09 16,35 1,90 97 5,10 1,95 2e série 1,06 57 3,18 1,88 (alcool ingéré). 1,24 . #1 312 2,63 1,09 45 3,21 2,42 15,87 3,89 269 AA GTR 1,44 3e série 1,66 89 4,98 4,95 (alcool dégusté). 4,55 18 4,65 1,98 1,62 80 4,86 2 02 26,16 Lis 2 de ER de ne SÉANCE DU 13 OCTOBRE 821 Ces expériences ont été confirmées par plusieurs autres du même genre ; elles montrent bien que même chez un sujet qui a déjà tra- vaillé, l'alcool ingéré ne produit qu'une augmentation légère et momen- tanée de travail. La déglutition d'une seule gorgée produit une excita- tion sensorielle peu durable. La même quantité d'alcool maintenue dans la bouche pendant le travail produit au contraire une excitation évidente. Dans une expérience où j'ai introduit la même quantité d’alcool dans l'estomac par la sonde, les ergogrammes de la série suivante ont été tous plus faibles que les ergogrammes correspondants de la série d’essai. Il faut reconnaître que dans cette expérience le désagrément du passage de la sonde peut influencer le travail. Ces fails montrent que l'excitation immédiate produite par l’alcool est due à l'excitation sensorielle pour la plus grande part et peut-être exclusivement. Il ne faut pas confondre cette excitation avec celle de l'ivresse qui marque le début de l’intoxication. Ceux qui cherchent l'ivresse, l’oubli, l'inconscience, la paralysie et l'intoxication avec toutes ses conséquences personnelles et héréditaires doivent boire; mais ceux qui ne cherchent qu'une excitation passagère peuvent se contenter de déguster. Cette distinction n’est pas sans intérêt; mais je ne veux pas dire que l'alcool employé exclusivement comme excitant sensoriel! soit inoffensif, pas plus que tous les excitants sensoriels. Lorsque les agents physiques les plus favorables à la nutri- tion en arrivent à agir sur le système nerveux avec assez d'intensité pour provoquer des décharges en avalanches, ils ne produisent plus que des déperditions nuisibles : ils provoquent la mise en liberté d'energie mais ne produisent pas d'énergie. L’excitation sensorielle qui est le mode d’action immédiat le plus évident de l'alcool seul, se retrouve d’une manière plus flagrante encore dans les boissons alcooliques qui contiennent des éléments qui agissent non seulement sur le goût, mais encore sur l’odorat. Pour donner une idée du rôle de l’odorat dans l'excitation produite par quelques-unes de ces boissons, il me suffira de montrer des ergogrammes obtenus sous l'influence de simples inhalations d’essences ou d’éthers. A. — 1° Après un repos complet, on prend une série de À ergo- grammes séparés par 2 minutes de repos, et sans aucune excitation. 29 Deux minutes avant la fin d'un autre repos de 10 minutes, on fait des inhalations d'essence d’eau-de-vie de grains qui continuent pendant la série {de 4 ergogrammes et pendant les repos intercalaires. 3° Deux minutes avant la fin d'un troisième repos de 10 minutes, on fait des inhalations d'essence de badiane qui sont continuées pendant le travail. 4° Même repos, répétilion des séries précédentes avec l'éther œnan- thique. 5° Même repos, répétition des mêmes séries avec l'essence 825 d'absinthe. 6° Même repos de 10 minutes et répétition des mêmes séries avec l'essence d’anis. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les six séries d'épreuves peuvent se résumer ainsi : 169 9 1,71 1re série 65 4,7% 2,43 (sans Her 56 4,68 2,78 12 3,15 2,50 1,57 UE 201 12,87 PEU | 115 6,27 (essences, eau-de- 105; 6,33 vie de grains). 89 6 34,47 A 229 11,83 Pod 134 1,59 (essence _ 252 de badiane). _ Le) 4 Go ’ 28,77 2 251 19,24 4e série 124% 6.03 (éther œænan- 9% 5 9% thique). 7e 4.80 28,41 ALMA 387 12,90 )° série 124 5 99 CE LL , pd (essence 64 3.93 d’absinthe). SI 2 62 26,28 870 23,07 6e série D 2,54 (essence d’anis). 54 3,52 51 3,63 33,73 B. — Répétition de la même expérience après un repos complet; l’es- sence d’anis a été essayée quand le travail avait élé moins souvent NOMBRE des soulèvements. répété, après 10 minutes de repos. TRAVAIL en kilogrammètres. PSE LL rÉGRE: tre 2e ] | SEANCE DU 13 OCTOBRE 829 HAUTEUR Lt AU QUOTIENT “EEE soulèvements. kilogrammètres. HE LAURE SD 151 9,45 2,08 1re série 2,23 85 6,69 2,62 (sans excitation). 1,90 60 5,70 3,15 49 4,32 2,92 26,146 6,96 488 20,19 1,41 2e série 2,63 133 7,89 4,97 (essence d’anis). 3,23 -_ 188 9,69 AA 2,24 ‘94 6,72 2,38 45,09 La troisième série a été séparée de la précédente par un repos de 20 minutes. 6,16 625 18,48 0,98 3° série EPA | 233 9,63 43 (éther formique). 4,46 366 13,38 41,24 4,11 400 12,33 1,02 53,82 Ces faits relatifs à l'excitation de l’odorat viennent s'ajouter aux précédents relatifs à l'excitation du goût, pour bien mettre en évidence la valeur de l'excitation sensorielle dans l’action des boissons alcooliques. L'INFLUENCE DU BOUILLON SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. On reconnait que le bouillon n’a qu'une valeur nutritive insignifiante et qu'il agit comme un excitant, mais on ne donne de cette action excitante que des explications peu satisfaisantes (1). Chez les sujets fatigués, le bouillon produit une restauration immé- diate, à la manière des excitants sensoriels. Le fait est que l’expérience montre qu'il agit comme un excitant sensoriel. [. — Ona pris préalablement deux séries d'ergogrammes (3 kil. sou- levés chaque seconde), l’une après un repos total el sans aucune intervention, l’autre après un repos de 10 minutes et avec une appli- (4) J.-S. Abelous, art. « Bouillon », Dict. de physiologie de Ch. Richet, t. IT, p. 239. 830 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cation locale de glace sur la peau. Dans chaque série, les reprises ont été séparées par des repos de 2 minutes. Les résultats ont été les suivants : HAUTEUR pins © QUOTIENT totale. soulèvements. kilosrammètres. de fatigue. ( 3,33 92 9,99 3,61 1e série 1,58 43 4,74 3,67 sans excitation). | 1,17 50 9,b4 2,3% 0,76 37 2,28 2,05 20,52 3,85 120 11,55 3,20 2e série 1,90 67 9,70 2,83 (froid). 1,27 76 3,81 1,67 1,97 69 5,91 2,85 26,97 Après 10 minutes de repos, on fait une nouvelle série de 4 reprises séparées par des repos de 2 minutes aussi. Pendant les 2 dernières minutes du grand repos, on tient la bouche remplie de bouillon froid qui, après chaque travail, est rejeté et remplacé. Une 3° série a donné les résultats suivants : : NOMBRE TRAVAIL HAUTEUR se . QUOTIENT fotale- soulèvements. kiloszrammètres. dead 4,53 150 13,59 3,02 SSRSÉTIE 3,24 153 9,72 2,43 (bouillon dégusté). 2,61 106 7,83 2,46 2316 1414 6,48 1,94 37,62 II. — On est à jeun depuis 14 heures, on a déjà travaillé à l’ergo- graphe. On a pris un repos de 10 minutes, on a ingéré 100 centimètres cubes d’eau à 50 degrés 2 minutes avant le travail. L'ergogramme donne une hauteur de 2,37 pour 95 soulèvements, soit un travail de 7 kil. 11 avec un quotient de 2,49. On prend un nouveau repos de 10 minutes, et ? minutes avant le travail on ingère 100 centimètres cubes de bouillon à 50 degrés. L’ergogramme donre une hauteur de 3,24 pour 184 soulèvements, soit un travail de 9,72 avec un quotient de 1,76. Cette exaltation légère, sous l'influence de l’ingestion du bouillon, peut être atlribuée à l’excitation gustative, moins durable que dans le cas de dégustation prolongée pendant tout le travail. Mais, comme dans le cas de l'alcool, l'absence d’excitation à la suite de l'injection SÉANCE DU 13 OCTOBRE 831 ——————————————————_ de la mêrne quantité de bouillon par la sonde n'est pas indiscutable à cause des effets possibles de l'opération elle-même. La prévalence de l'excitation buccale est bien nette dans la série suivante où l'expérience de la dégustation n'a été faite qu'après celle de l'ingestion. Après une série d'essai de 4 épreuves séparées par des repos de 2 minutes, on fait après des repos de 10 minutes deux autres séries de 4 épreuves : 2 minutes avant la première, on a ingéré 100 centimètres cubes de bouillon à 45 degrés; 2 minutes avant la seconde, on introduit dans la bouche une gorgée de bouillon qui n’a été rejetée à la fin du premier ergogramme que pour être remplacée par une autre, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la série. Ces trois séries d’ergogrammes ont donné les résultats suivants : HAUTEUR Me Tone QUOTIENT nee soulèvements. kiloscrammètres. ie eme 3,03 144 9,24 2,13 re série 1,18 54 D,04 2,18 (sans excitation). 1,10 50 3,30 2,20 1 40 3 2,50 21,08 3,82 180 11,46 21e 20 série 1,9% 89 5,82 240 (bouillon ingéré). 1,63 7 4,89 2,20 1,28 56 3,84 2,28 26,01 4,40 234 43:99 1,87 3° série 2,38 117 7,14 1,90 (bouillon dégusté). 1,86 88 5,58 2,11 ; 1,45 69 4,35 2,10 30,29 Le rôle de l’excitation sensorielle dans le sentiment de restauration produit par le bouillon rend bien compte de la manifestation immédiate. Nous verrons que d’autres substances, qui entrent dans l’alimen- tation sans être de véritables aliments, les condiments aromatiques par exemple, agissent de la même manière. PÉRICARDITE, MYOCARDITE ET PLEURÉSIE TYPHOIDIQUES EXPÉRIMENTALES, par M. C. BAcALOGLU. Nous avons entrepris une série de recherches pour établir l’action du bacille typhique sur le cœur. Ces expériences, faites à l’Institut Pasteur, nous ont donné des résultats intéressants, L'injection de 832 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quelques centimètres cubes de bouillon typhique dans le périloine du cobaye provoque la mort de cet animal au bout de dix-huit à vingt- qualre heures, suivant la virulence du bacille employé. Au bout de quelques passages par le péritoine, la virulence du bacille d’Eberth est suffisante pour tuer en moins de vingt-quatre heures un animal (cobaye). Les cœurs de ces animaux tués rapidement présentent quel- ques lésions cellulaires : effacement de la striation, légère dégénéres- . cence granuleuse. Mais la plupart de nos expériences ont été faites en injectant directement dans la cavité péricardique le bacille typhique. Dans une première série nous avons inoculé le bacille vivant. Cette injection a été faite après une légère brèche thoracique, ce qui nous permettait d’être sûr de l'endroit où portait l'injection. Mais, souvent il nous est arrivé d'injecter quelques gouttes de culiure dans la plèvre gauche, la séreuse péricardique du cobaye étant très mince. Les cobayes inoculés ont tous présenté ou bout de trois à quinze jours (le maximum de survie étant quinze jours) une péricardite adhésive, æt souvent une pleurésie gauche séro-hémorragique à bacille d’Eberth. Le. myocarde était profondément touché. Nous nous étions demandé si le traumatisme opératoire n’intervenait pas dans la production de la péricardo-pleurite, bien que l’asepsie la plus rigoureuse eût été mise en vigueur. Alors, nous avons pratiqué une nouvelle série d’inoculations directes, avec une seringue de Pravaz, à travers un espace intercostal. Les résul- tats ont été identiques aux premiers. Dans une deuxième et troisième série d'expériences, au lieu d’em- . ployer les bacilles vivants, nous avons inoculé les corps microbiens tués par le chauffage à 58 degrés, et le bouillon typhique après filtra- tion sur la bougie de Chamberland. Nous avons chauffé à 58 degrés, pendant environ une heure, un tube contenant des colonies abondantes de bacilles typhiques. Pour cela, nous avions ensemencé sur de larges surfaces de gélose du bouillon typhique virulent; nous avons cueilli dans quelques centimètres cubes de bouillon typhique toutes ces colonies cultivées sur gélose, et nous avons finalement stérilisé notre bouillon en le chauffant à 58 degrés, pendant une heure. Après filtration sur la bougie Chamberland nous avions d'un côté les corps microbiens, de l’autre le bouillon débarrassé: de bacilles. Les lésions produites par les corps microbiens ont été superposables à celles obtenues avec le bacille vivant; les cobayes inoculés avec le vouillon filtré n’ont eu aucun accident, et en les sacrifiant nous avons bu qu'ils ne présentaient aucune lésion péricardique ou pleurale. Je crois donc que le poison typhique est contenu dans les corps microbiens, contrairement à la toxine He qui diffuse facile- ment dans le milieu de culture. SÉANCE DU 13 OCTOBRE 833 Histologiquement, la symphyse péricardique obtenue était formée de blocs fibrineux, avec des vaisseaux de nouvelle formation, des leucocytes et des globules rouges, disséminés dans les mailles de la fibrine. Les altérations myocardiques étaient profondes. Ces allérations ne siègent pas uniquement vers le péricarde viscéral, au niveau des couches superficielles. Elles s'étendent très loin, jusque sous l’endocarde. Les coupes les plus intéressantes sont celles qui ont été fixées dans le liquide de Flemming; on voit que par places les lésions myocar- diques sont poussées à l'extrême, et l’acide osmique colore avec de fines granulations noires quelques-unes des fibres musculaires. La lésion que nous retrouverons surtout, c'est la dégénérescence granu- leuse ; la plupart des fibres sont composées d’une poussière de granu- lations, et il y a peu de fibres qui ont nettement gardé leur striation longitudinale et transversale. En échange, nons avons rarement rencontré l’état grillagé et l’état vacuolaire. Les globules blancs sont nombreux sous le péricarde viscéral; ce qui frappe encore, c'est la distension des capillaires intra- musculaires : on voit des globules rouges en séries linéaires séparant deux fibres musculaires. En résumé, nous avons réalisé expérimentalement la péricardite, la myocardite el la pleurésie typhique par inoculation directe des bacilles vivants ou par les corps microbiens tués par la chaleur. Les altérations du myocarde étaient profondes : il s'agissait d’une dégénérescence granuleuse et granulo-graisseuse, qui contribuait certainement à pro- duire la mort des cobayes inoculés. SUR LA SITUATION FAVORISÉE DE L'ALGÉRIE ET PRIVILIGIÉE DE LA TUNISIE VIS-A-VIS DE LA TUBERCULOSE. FRÉQUENCE PLUS GRANDE DE LA MALADIE CHEZ LES ARABES QUE CHEZ LES EUROPÉENS ET LES ISRAÉLITES, par MM. Tosrivinr et REMLINGER. Si à l’aide des données fournies par la statistique médicale de l'armée, on compare la morbidité et la mortalité pour tuberculose pulmonaire des corps d'armée de France et du 19 corps d'armée caserné en Algérie et en Tunisie, on voit que cette affection est infiniment moins fréquente dans le nord de l'Afrique que dans la métropole. Il en est de même pour la pleurésie, presque toujours fonction de tuberculose comme on sait, et pour les autres formes de bacillose : tuberculose osseuse, articulaire, péritonéale, méningée, etc. La tuberculose est d'autant plus rare dans l'Afrique du Nord que de l'Ouest on s’avance vers l'Est; c’est ainsi qu'elle est moins fréquente dans la province 834 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'Alger que dans celle d'Oran, moins fréquente encore dans la province de Constantine que dans la province d'Alger. Elle acquiert enfin son niveau le plus bas en Tunisie, dont le climat parait, comme on l’a dit, « réfractaire » jusqu’à un certain point à cette affection. Si l'Algérie jouit vis-à-vis de la tuberculose d'une situation favorisée, la situation de la Tunisie doit être considérée comme tout à fait privilégiée. À quoi peut-on attribuer cette rareté de la tuberculose en Tunisie? Nous ne trouvons pas de meilleure explication que celle qui à été fournie par un de nos confrères, le D' Bertholon. M. Bertholon a fait remarquer que la Tunisie, comprise entre les zones relativement froides de l’Europe et les brülants déserts du Sahara était admirable- ment située pour subir une ventilation constante. Le Sahara joue le rôle d’une véritable cheminée d’appel, et l’air ainsi appelé est un air marin remarquablement pur. La Tunisie présente sur l'Agérie cette supériorité qu'il n'y existe pas — sauf toutefois en Kroumirie — de chaîne de montagnes parallèle à la côte et susceptible d'intercepter les courants... Ceci nous explique la plus grande rareté de la tuberculose dans la Régence. Les propriétés immunisantes du climat tunisien paraissent devoir se doubler de propriétés thérapeutiques et la Tunisie semble devoir être conseillée pour la construction des sanatoria. Cependant la Régence donne asile à différentes races, et toutes ne présentent pas vis-à-vis de la bacillose une immunité égale. Si la tuber- culose est très rare chez les Européens, elle est beaucoup plus fréquente dans la race arabe. Celle-ei paraît présenter vis-à-vis du bacille de Koch une prédisposition analogue à celle qu’elle présente vis-à-vis dn pneu- mocoque et qui à été de notre part l’objet d’une communication à l’Aca- démie de médecine. La comparaison de la morbidité et de la mortalité pour tubercuiose pulmonaire des régiments de zouaves et de chasseurs d'Afrique d’une part, de tirailleurs et de spahis d'autre part, prouve très nettement cette prédisposition. La pleurésie, par contre, la ménin- gite, la péritonite tuberculeuses ne paraissent pas plus fréquentes chez les troupes indigènes que chez les troupes françaises. Dans la race arabe, les séreuses présentent aux infections une résistance tout à ET spéciale et sur laquelle nous reviendrons. La statistique des décès de la ville de Tunis montre dans la population civile la même rareté de la tuberculose chez les Européens et la même fréquence chez les Arabes. Elle révèle, en outre, chez les Israélites une rareté de la bacillose beaucoup plus considérable encore que chez les Européens. Nous ne croyons pas quil s'agisse là d'une immunité ethnique. Cette rareté de la tuberculose paraît être la conséquence d'une excellente habitude hygiénique : le balayage à sec est inconnu des Israélites tunisiens, qui ont exclusivement recours au nettoyage humide. SÉANCE DU 13 OCTOBRE 835 NOTE SUR LA RÉSISTANCE DES SPORES DE L'ACTINOMYCES, par MM. LÉON BérarD et Josepx Nicozas. La résistance des spores de l’actinomyces a fait l'objet des études de divers auteurs. Mais les résultats obtenus présentent de notables différences et ne concernent guère d’ailleurs que la résistance de ces spores à l’action de la chaleur. 5 Liebmann (1) aurait vu des spores produites dans les cultures en milieux liquides résister pendant 14 minutes à l’ébullition et supporter une température sèche de 145 degrés pendant trois heures. Domec (2) a constaté que « la spore est un peu plus résistante à la chaleur humide que le filament; celui-ci en effet est tué par un séjour de 5 minutes à la température de 60 degrés, tandis qu'elle résiste à un séjour de même durée dans une température supérieure à 60 degrés, mais inférieure à 75 degrés. » Etant donnée l’importance possible de cette forme du parasite dans la propagation de l’actinomycose, nous croyons intéressant de rap- porter quelques faits observés par nous touchant la résistance des spores au vieillissement, à la chaleur sèche et humide, et enfin à l’expo- sition aux rayons solaires, également soit à l'état humide, soit à l'état sec. I. RÉSISTANCE AU VIEILLISSEMENT. — Des grains d'avoine ensemencés le 5 juillet 1893 (3) n'ont pas tardé à se couvrir de spores. Ces spores conservées ont encore donné lieu à une végétation abondante au mois de novembre 1899, c'est-à-dire au bout de plus de six ans. Leur vitalité . doit d’ailleurs persister plus longtemps, mais la perte de notre provision de spores ne nous a pas permis de pousser plus loin l'expérience. IT. RÉSISTANCE A ZA CHALEUR. — a) Chaleur sèche. — Des grains d’avoine chargés des spores précédentes sont scellés dans des tubes de verre mince de très petit calibre, et, ainsi disposés, ils sont exposés pendant 45 minutes aux températures suivantes : + 50, + 75, + 80, + 100, + 115 degrés. A la suite de cette opération, les spores sont ensemencées en bouillon, et portées à l’étuve à 37 degrés. Des spores non chauffées sont ensemencées en même temps. Après trois jours d’étuve, les spores non chauffées et celles chauffées à + 50 degrés, ont donné lieu à une végétation très nette. Celle-ci ne commence que le 5° jour pour les spores chauffées à 75 degrés. Les (1) Liebmann. L'attinomice del’uomo. Arch. per le Scienze mediche, vol XIV, n° 18, 1890. (2) Domec. Contribution à l'étude de la morphologie de l'actinomyces. Archives de médecine expérimentale, 1892, p. 110. (3) La culture qui à servi à ces recherches provient de l'Institut Pasteur, 830 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a] —— —————— ———_ _—_ _——— —— autres n’ont pas végété. Les spores d’actinomyces paraissent donc tuées par une exposition de 15 minutes à une chaleur sèche de + 80. A 15 degrés, leur végétation est légèrement retardée sans être abolie. b) Chaleur humide. — Ces mêmes spores préalablement ensemencées dans du bouillon nutritif sont exposées pendant 15 minutes à + 50, + 60, + 75, + 80, + 100, + 115 degrés. Les spores exposées à + 50 degrés végèêtent au bout de trois jours comme les spores intactes. La végétation n'apparait que le 6° jour pour les spores chauffées à + 60 degrés, et seulement au bout de près d’un mois pour celles chauffées à + 75 degrés. A partir de + 80 degrés toutes les spores ont été tuées. IIT. RÉSISTANCE DES SPORES AUX RADIATIONS SOLAIRES. — à) À l’état humide. — Des spores mises en suspension dans du bouillon sont exposées directement aux radiations solaires très chaudes au mois de juin 1899 où ces expériences ont été entreprises. Après 6 heures et demie d'expo- sition, elles végétaient encore. Mais 14 heures et demie d’ensoleillement ont suffi pour les tuer. Toutefois il faut tenir compte de ce fait que dans ce cas les rayons lumineux et la chaleur solaire lors de la seconde exposition des spores au soleil n’ont probablement plus agi sur des spores intactes, mais sur des spores ayant commencé à germer et sur du mycélium naissant particulièrement sensible. b) À l’état sec. — Des spores sont étalées en couche très mince à sec au fond d’une boîte de Petri qu'on expose à de nombreuses reprises aux radiations solaires depuis le 3 juin 1899 jusqu’au 21 novembre de la même année. De temps en temps quelques spores prélevées sont ense- mencées en bouillon pour voir si leur végétabilité persiste. Au mois de novembre, après 225 heures d'ensoleillement, les spores sèches avaient conservé toute la végétabilité. L'expérience reprise cette année au mois de juin nous a permis de porter à 238 heures la durée d’expo- sition des spores aux rayons solaires sans altération de leur vitalité. Malheureusement, un accident nous obligea à interrompre à ce moment nos recherches. Comme un temps considérable est nécessaire pour les ramener au même point, nous avons tenu en attendant à donner tels qu'ils sont les résultats auxquels nous sommes arrivés jusqu à ce jour. (Travail des laboratoires des professeurs Arloing et Poncet.) SÉANCE DU 43 OCTOBRE 837 NOTE SUR L'ACQUISITION DE L'AGGLUTINABILITÉ PAR UN BACILLE DE LOEFFLER PRIMITIVEMENT NON AGGLUTINABLE, par M. Josepn NicoLas. Dans une note que j’eus l'honneur de présenter à la Société de Bio- logie le 4 juin 1898, je rapportais que j'avais essayé le pouvoir aggluti- nant du sérum antidiphtérique sur douze échantillons de bacilles de Lœæffler typiques. Or, sur ces douze échantillons, six étaient agglutinés par le sérum et six ne l’étaient pas. Je n'ai pu à l’époque me rendre compte de la raison de cette différence. Depuis, certains faits constatés par divers auteurs et pour des germes différents, montrent qu'il s’agit là d'un phénomène assez général pour les microbes agglutinables et nous donnent une cause de ces différences, sinon leur explication complète. M. le professeur Rodet a vu que « la sensibilité aux sérums aggluti- nants est plus ou moins marquée pour une même race suivant les con- ditions auxquelles elle a été précédemment soumise, et notamment on peut la voir s’accroitre, se spécialiser davantage par l'entretien pro- longé dans le laboratoire ». C'est ainsi que pour le B.. coli (1), M. Rodet a constaté « la variabilité d'une même race, l'absence fréquente, le degré généralement faible de cette faculté chez les bacilles récemment isolés et qui n’ont pas vieilli dans le laboratoire ». Pour le B. d'Eberth, les choses se passent de même : « Certains B. d’Eberth (2) peuvent être très peu sensibles au sortir de l'organisme au sérum des sujets immunisés contre le B. d'Eberth, et présenter ensuite un accroissement graduel de leur apti- tude agglutinative. » En ce qui concerne le B. de Koch, notre maitre, M. le professeur Arloing, et Paul Courmont, n'ont-ils pas vu qu'il fallait une longue accoutumance du germe pathogène aux milieux artificiels pour qu'il acquière la propriété agglutinative ? Un fait récent que je viens de constater m'a montré qu'il en était de même pour l'agglutinabilité du B. de Læffler, et ce fait indique peut-être la raison pour laquelle, dans mes anciennes recherches, une bonne partie (1) A. Rodet. Sur l'agglutination du B. d'Eberth et du B. coli par le sérum des animaux immunisés. — Sur les races de B. coli au point de vue de l'aptitude agglutinative. Variabilité de cette propriété. Journal de Physiologie el de Pathologie générale, 1899, pages 806-816. (2) A. Rodet. 2° mémoire. B. typhiques cadavériques. Variabilité de l’apti- tude agglutinative. Types de transition entre le B. d’Eberth et le B. coli. Journal de Physiologie et de Pathologie générale, janvier 1900. 838 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des échantillons du B. de Læœffler que j'avais en ma possession s'est montrée réfractaire à l’agglutination. Je possède actuellement un B. de Lœffler que j'ai en vain essayé d’agglutiner il y a plus d’un an, et en employant des sérums antidiph- tériques de diverses sources. Il s’agit d'un B. de Lœffler typique, jouissant de toutes les propriétés de culture, de morphologie, de colo- ration, toutes les propriétés virulentes et toxigènes caractéristiques, bacille contre lequel le sérum antidiphtérique protège d’une facon parfaite. Depuis un an, époque à laquelle il résistait à toute tentative d’agglutination, ce microbe a été simplement entretenu au laboratoire, en bouillon de bœuf ordinaire, et réensemencé fréquemment. Il donnait un voile épais typique. L’agitation régulière pratiquée depuis quelques générations m'a donné des cultures homogènes et uniformément trou- bles. Actuellement ce B. de Lœffler primitivement non agglutinable se laisse agglutiner d’une facon parfaite par les sérums antidiphtériques de diverses provenances. Additionné de sérum dans des proportions allant de 1/10 à 1/1000, il a présenté une agglutination complète”et très rapide. En quelques minutes les grumeaux formés, assez volumi- neux, très visibles à l'œil nu, commençaient à se REFCRÈS en lais- sant limpide la partie supérieure du liquide Ceci nous prouve que pour le B. de Lœffler, comme l'avait dit M. Rodet pour le B. coli et le B. d’Eberth, l'aptitude agglutinative est variable et contingente, ainsi que beaucoup d’autres propriétés des espèces microbiennes, et que cette aptitude, souvent absente ou faible pour les bacilles récemment isolés, semble se développer et s’accroitre par l'entretien pioiinee dans les milieux de culture artificiels des labo- ratoires. (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing.) CYTODIAGNOSTIC DE LA MÉNINGITE TUBERCULEUSE (Recherches cliniques), par MM. Wipaz, SicARD et RAVAUT. Nous avons montré ailleurs (1) que l'examen des diverses cellules éparses dans ie liquide des pleurésies séro-fibrineuses fournissait, sui- vant la nature de l’épanchement, une formule différente et donnait ainsi les éléments d’un véritable cytodiagnostic. Nous avons étendu les mêmes recherches à l'étude des épanchements (1) Widal et Ravaut. Bulletin de la Société de Biologie, 30 juin 4900, | | | | | | | | | | SÉANCE DU 13 OCTOBRE 839 pathologiques des diverses séreuses. Nous rapportons aujourd'hui celles que nous avons poursuivies sur le liquide céphalo-rachidien, en nous aidant des méthodes si précieuses d'Ehrlich. A l’état normal, le liquide céphalo-rachidien recueilli sur le vivant : par ponction lombaire ne contient pas d'éléments figurés. Dans diverses maladies aiguës ou chroniques (phtisie aiguë, fièvre typhoïde avec méningisme, mal de Bright, cardiopathie avec anasarque), de même que dans diverses maladies du système nerveux (paralysie générale progressive, sclérose en plaques, hémiplégies de causes diver- ses, chorée chronique, mal de Pott sous-occipital), le liquide céphalo- rachidien s’est montré libre de tout élément cellulaire. Lorsque les méninges sont frappées d'inflammation aiguë, on voit apparaitre dans le liquide cérébro-spinal des éléments figurés varia- bles suivant la nature de l’agent infectieux. La technique que nous avons suivie est des plus simples. Après avoir recueilli le liquide par ponction lombaire, nous l’avons centrifugé dans un tube effilé à son extrémité inférieure (1). Le très léger culot ainsi obtenu était étendu sur lame avec un fil de platine, puis séché, et fixé soit à l’alcool-éther, soit à la plaque de toluène; on colorait ensuite à la thionine, à l’'éosine-hématéine et au triacide. L’éosine-héma- téine est la coloration de choix. Toutes nos recherches ont été faites sur le vivant et il est bon d’ajou- ter qu'après la mort la formule cellulaire du liquide céphalo-rachidien semble se modifier. | Nous avons étudié le liquide céphalo-rachidien provenant de douze cas de méningites tuberculeuses, contrôlées à l’autopsie (2). Trois de nos malades étaient des adultes, un autre était un adolescent de seize ans et les huit autres étaient des enfants dont l’âge variait de deux à onze ans. Le liquide retiré par ponction était parfois légèrement louche, par- fois sanguinolent, mais souvent présentait une limpidité telle qu’on l'aurait difficilement distingué d’un liquide normal. Dans tous ces cas, un simple coup d’æil jeté au microscope sur une préparation colorée comme nous venons de l'indiquer décelait une pré- dominance remarquable des lymphocytes. Chez certains sujets, ces élé- ments existaient à l’état exclusif. Dans deux cas où le liquide était hémorragique à l'œil nu, on n’ob- servait que des lymphocytes au milieu de très nombreux globules (4) Dans certains cas, il peut suffire de laisser simplement déposer le liquide, pendant quelques heures, sans avoir besoin de centrifuger. (2) Nous ne saurions trop remercier de leur complaisance MM. Vaquez, Mosny, Nobécourt, chef de laboratoire de M. Hutinel, MM, Delille et Roy, inter- nes de MM. Grancher et Variot,. 840 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— rouges. Cette constatation histologique prouvait bien qu'il ne pouvait s'agir d’une rupture vasculaire accidentelle. Dans quatre cas, on apercevait de loin en loin de rares polynu- cléaires. Dans un autre cas, le liquide recueilli une demi-heure après la mort contenait 38 polynucléaires POS 62 lymphocytes. L’ensemencement du liquide n’a jamais mie au développement de germes d'infection secondaire. Dans les cas où l’on voit se surajouter des polynucléaires, la prédo- minance des lymphocy tes, établie par la numération, reste etouous telle qu'elle suffit à assurer le diagnostic. Nous avons examiné le liquide céphaio-rachidien provenant de deux cas de méningite cérébro-spinale. Leur formule histologique était inverse, on n'observait que des polynucléaires et de loin en loin de | rares lymphocytes. Nous avons enfin étudié le liquide d’une pachyméningite hémorra- | gique : au milieu des globules rouges, on observait de nombreux polynucléaires et de rares cellules uninucléées (1). C’est donc la lymphocytose qui caractérise la are histologique de la méningite tuberculeuse. CYTODIAGNOSTIC DE LA MÉNINGITE TUBERCULEUSE (Recherches expérimentales et conclusions générales), par MM. Wipaz, Sicarp et Ravaup. L'expérimentation nous à donné des résultats qui méritent d’être rapportés. Des chiens ont été inoculés sous les méninges, avec du bacille tuberculeux, du staphylocoque, du pneumocoque et du bacille typhique. Trois de ces animaux ont reçu sous la méninge médullaire, et un autre sous la méninge cérébrale, des fragments de voile d'une culture tuberculeuse humaine, émulsionnée dans du sérum physiologique. Des trois chiens inoculés sous la méninge médullaire, l’un mourut au 14° jour. Le liquide céphalo-rachidien, retiré par ponction lombaire le 8° jour, contenait un assez grand nombre de globules rouges et de cellules endothéliales ; on comptait 40 polynucléaires pour 60 cellules uninucléées. Une nouvelle ponction, faite le 12° jour, ramena un liquide contenant 28 polynucléaires pour 72 cellules uninucléées. Un second chien mourut treize jours après l’inoculation. La ponction lombaire, pratiquée le 8° jour, ramena un liquide contenant 20 polynu- cléaires pour 80 cellules uninucléées. (4) Il serait intéressant d'étudier le liquide de malades atteints de myélite aiguë, d’hématomyélite et de syringomyélie. SÉANCE DU 13 OCTOBRE S41 Enfin, une ponction lombaire, pratiquée au troisième chien 12 jours après l’inoculation, ramena un liquide contenant 29 polynucléaires pour 71 cellules uninucléees. L'animal mourut le 18° jour et le liquide céphalo- rachidien, recueilli après la mort, contenait 62 polynucléaires pour 28 cellules uninucléées. Chez le chien inoculé sous la méninge cérébrale, la ponction lombaire a été pratiquée le 12° jour. Le liquide céphalo-rachidien contenait de rares polynucléaires et de très nombreux lymphocytes. Deux chiens ont été inoculés sous les méninges avec une culture de pneumocoques; un autre a été inoculé avec une culture de staphylo- coques. Les trois animaux sont morts après quarante-huit heures; l’un fut ponctionné vingt-quatre heures et les deux autres douze heures après l'inoculation. Le liquide céphalo-rachidien, dans l’un et l’autre cas, ne contenait que des polynucléaires en très grande quantité; on ne trouvait pas de lymphocytes. On voyait, par contre, beaucoup de pneumocoques, dont un certain nombre en train de subir la phagocytose; les staphylocoques étaient beaucoup plus rares. Deux chiens, enfin, ont été inoculés sous les méninges avec une émulsion de bacilles typhiques. Le liquide recueilli par ponction lom- baire au bout de deux jours était beaucoup moins riche que les précé- dents en leucocytes ; il contenait surtout beaucoup de globules rouges, quelques rares cellules endothéliales et un certain nombre de leuco- cytes composés presque uniquement de polynucléaires. On ne constatait qu’un nombre restreint de lymphocytes. Nos recherches expérimentales montrent donc que par inoculation de bacilles tuberculeux sous les méninges, on provoque un exsudat beaucoup plus riche en lymphocytes que par inoculation de pneumo- coques ou de staphylocoques. La formule n’est pourtant pas aussi pure que celle fournie par le liquide céphalo-rachidien puisé au cours de la méningite tuberculeuse humaine. L’inoculation brutale d’une émulsion bacillaire dans la cavité arachnoïdo-piemérienne est capable, on le conçoit, de provoquer des réactions quelque peu différentes de celles occasionnées par l’évolution d'une tuberculose spontanée de la méninge. Depuis la découverte de Quincke, une très riche littérature a été con- sacrée à la ponction lombaire et à son application au diagnostic. Aussi, en fouillant attentivement la bibliographie, avons-nous été surpris de ne trouver que les quelques documents suivants sur la formule histologique du liquide céphalo-rachidien. Wentworth (1), au cours d’un travail sur la ponction lombaire publié (4) Wentworth. Some experimental work on lumbar puncture of the sub- arachnoïd space, Archives of Pediatrics, 1896, p. 567. Brozocte. Comptes ReNDU<. — 1900, T, LII. 63 VA RATS 842 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE il y a quatre ans, rapporte qu'il a trouvé beaucoup de lymphocytes et quelques polynucléaires dans le liquide céphalo-rachidien de malades atteints de méningite tuberculeuse. Beraheim et Moser (1) discutent le fait dans une revue sur la ponction lombaire. Ils disent que, comme Wentworth, ils ont surtout trouvé des mononucléaires dans les ménin- gites tuberculeuses; mais ils ajoutent que, dans certains cas, ils ont trouvé cependant beaucoup de polynucléaires, comme dans les ménin- gites cérébro-spinales. Ils insistent également sur la présence fréquente de nombreuses cellules endothéliales et soutiennent que parfois la formule peut se trouver en défaut. Nos observations démontrent que la présence des cellules endothé- liales n’est jamais gênante au point de vue de l'interprétation de la for- mule ; elles démontrent encore que lorsque les polynucléaires existent, ils sont toujours en nombre inférieur aux lymphocytes, et que dans les cas douteux, en apparence, il faut savoir comment on peut trancher immédiatement la question par la méthode des mensurations. En nous conformant à cette règle pour l'étude de nos douze cas de méningite tuberculeuse, l'examen histologique nous a toujours permis d'affirmer le diagnostic. Dans la grande majorité des cas, les symptômes cliniques suffisent assurément au médecin pour diagnostiquer la nature de la méningite tuberculeuse, mais chacun sait les difficultés que l’on éprouve en cer- taines circonstances à reconnaître la maladie avec certitude, surtout lorsque la méningite évolue chez l'adulte sous forme de plaques bien décrites par M. Chantemesse. C’est pour éclairer le diagnostic dans ces cas difficiles que l’on s'était efforcé de demander à la ponction lombaire des renseignements sur la pression du liquide, sur sa teneur en albu- mine ou en fibrine, sur la présence du bacille de la tuberculose (2). Or, larecherche du bacille de la tuberculose dansle dépôt après centri- fugation est souvent négative ct lorsque les bacilles existent on éprouve en général les plus grandes difficultés à les dépister. L’inoculation du liquide suspect au cobaye fournit plus souvent des résultats positifs, mais cette méthode elle-même est parfois en défaut, comme l’a montré Marfan (3), et elle ne fournit jamais de renseignements qu'après plu- sieurs semaines d'attente, c'est-à-dire toujours trop tard pour être uti- lisables en clinique. Le cytodiagnostic, au contraire, fournit un ren- seignement immédiat, des plus simples à déchiffrer, et qui aidera, comme (1) Bernheim et Moser. Ueber die diagnostische Bedeutung der Lumbar- punction. Wiener klinisches Wochenschrift, 1897, p. 468. (2) Rappelons que l’ensemencement sur sang gélosé par la méthode de Bezancon et Griffon peut fournir également des renseignements intéressonts. (3) Marfan. La ponction lombaire dans la méningite tuberculeuse, Presse médicale, 8 septembre 1897, p. 1#1. SÉANCE DU 13 OCTOBRE 843 le montrent les exemples suivants, à distinguer la méningite tubercu- leuse des affections qui peuvent la simuler. C'est ainsi que chez un tuberculeux du service de M. Brissaud, l craie rition de symptômes nerveux et de phénomènes convulsifs avait fait penser à la possibilité d’une méningite tuberculeuse. Comme le liquide céphalo-rachidien ne contenait aucun élément figuré, nous avons cru pouvoir écarter l'hypothèse d’une méningite. Le malade s’est rapidement rétabli; il s'agissait sans doute de troubles nerveux de nature hysté- rique. M. Nobécourt nous a confié d'autre part le liquide céphalo-rachidien d’un malade du service de M. Hutinel, malade que l’on soupconnait atteint de tubercule cérébral; ce liquide ne contenait pas d'éléments figurés et l’évolution de la maladie a montré qu'il s'agissait bien de tubercule cérébral et non de méningite. L'un de nous a soigné l’an passé dans son service de la Maison muni- cipale de Santé un jeune homme atteint de phénomènes convulsifs et paralytiques. On hésitait entre une méningite tuberculeuse et une tumeur cérébrale. Après consultation avec plusieurs confrères, on se décida pour la trépanation; or, il s'agissait d’une méningite tuberculeuse. Le simple examen histologique du liquide céphalo-rachidien retiré par ponction lombaire aurait permis d'éviter une telle opération. Le médecin ne doit donc pas ignorer que la formule histologique du liquide céphalo-rachidien peut lui livrer un renseignement des plus précieux pour éclairer son diagnostic parfois hésitant. Cette formule, en fournissant un symptôme basé sur la pathogénie, nous montre une fois de plus comment les réactions pathologiques opposées par un tissu peuvent varier avec les agents qui l'ont irrité. C’est une nouvelle application des théories si fécondes de M. Metch- nikoff. Le Gérant : OCTAVE PORÉE — a — — ES Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. CCR dre 1, rue Cassette. Rip fa NON EPS 2 HE M. 4 M LATE | à | RU 16 M des CPANE TRS #auré ST AAA 6) AA KR | 4f Li RALTME TON CBENAE tie x vafidie - 49, NM Li M BOUANNT Mur re ion En si : peu HUE ES A pub dt DtA2 En 0 CR CO dot iso UE CTI Arbo eur, ti mére rune CORIDRENCE RE F HITS Ait von Da AY *: oh mA Me AURAS eus + RES T DAT 14 EXPO Eat ACHETE “Hakidn SÉANCE DU 20 OCTOBRE 1900 M. Cu. FÉRÉ : Note sur la rapidité des.etfets des excitations sensorielles sur le tra- vail. — M. Azeertr Poricaro : Note sur les effets de l’ablation et de la greffe de l'’or- gane de Bidder du crapaud. — M. GELLé : Les graphiques des sons-voyelles ; leur complexité. — M. Mayer (de Lyon) : Note relative à l’action préservatrice du plasma pour les hématies contre l'influence dissolvante de certains glucosides ou sels d’alcaloïdes. — M. H. Doumicr : Tuberculose expérimentale. Transformation myéloïde de la rate. — MM. F. Ramoxp et J. Huzor : Action de la tuberculine vraie sur le rein. — MM. Tosrivinr et REMLINGER : Sur la résistance des séreuses à l'infection dans la race arabe. — MM. Tosrivintr et REMLINGER : Rareté des maladies du tube digestif et fréquence des affections des voies respiratoires dans la race arabe. — M. Sanson : (Discussion). — MM. JEAN Camus et Pacniez : Action globulicide de certaines urines et de quelques liquides de l'organisme. — MM. Wipar, Srcarp et Ravaur : Cryoscopie du liquide céphalo-rachidien (Application à l'étude des ménin- gites). — MM. Wipar, SicarD et RAvaur : Cryoscopie du liquide céphalo-rachidien (Considérations générales). Présidence de M. Bouchard. NOTE SUR LA RAPIDITÉ DES EFFETS DES EXCITATIONS SENSORIELLES f SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. Les effets des excitations sur le travail mesuré avec l'ergographe de Mosso peuvent être étudiés : 1° soil en faisant agir l’excitant avant et pendant une série de reprises et en comparant le travail total de cette série avec celui d’une série d'essai exécutée dans les mêmes conditions, sauf l'excitation en question; 2° soit en ne faisant intervenir l’excitant qu'après une série de reprises réalisant une accumulation de la fatigue, el en comparant la reprise suivante à la reprise correspon- dante d'une série d'essai ; 3° soit, enfin, en faisant intervenir l’excitant au cours du travail quand la fatigue commence à se manifester par l’abaissement des soulèvements. Ce dernier procédé permet de constater la rapidité de l'effet de l'excitation. On travaille, les yeux bandés, avec le médius droit qui soulève le poids de 3 kilos chaque seconde ; la fatigue commence à se manifester, les courbes sont diminuées de la moitié de leur hauteur; sur la face antérieure de l'avant-bras gauche, munie d’un petit tambour enre- gistreur, on pose une vessie remplie d'eau chauffée à 70 degrés; les 3 } Biozocie. Comptes RENDUS, — 1900. T. LI, 64 846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE soulèvements se relèvent brusquement. En prenant le repère du moment de l'application de la vessie chaude, on constate que c’est la première courbe qui suit l'excitation qui présente le relèvement. Quelquefois l’excitation ne s’est produite que quand l'ascension de la courbe qui remonte était au tiers ou au milieu de la hauteur de la courbe précédente. Comme l'ascension et la descente se font en une seconde et que le temps du « lâcher » correspond à peu près à celui du « lirer », on peut en conclure que l'effet de l'excitation peut ne tarder à se produire que d’un quart ou d’un sixième de seconde. Lorsqu'au lieu de faire intervenir une excitation sensorielle au cours de la fatigue, on exécute un mouvement énergique de flexion des flé- chisseurs des doigts de l’autre membre supérieur, comme pour serrer le dynamomètre, mouvement qui peut facilement s'inscrire, on constate que le relèvement des courbes ergographiques se fait aussi rapidement. L'effet rapide d’excitation produit par un simple contact et par un mouvement actif peut expliquer la persistance d’une habitude à laquelle on pourrait être tenté de n’accorder qu'une valeur symbolique quand, en réalité, elle a la valeur réelle d’un excitant qui éveille dans la conscience un sentiment d'énergie croissante. Une poignée de main au cours de la fatigue relève immédiatement la courbe ergographique fournie par l’autre main. | NOTE SUR LES EFFETS DE L'ABLATION ET DE LA GREFFE. DE L'ORGANE DE BIDDER DU CRAPAUD, par M. ALBERT POLICARD. L'organe de Bidder, situé entre le testicule ou l'ovaire et les corps jaunes. parait jouer ur rôle important dans l'équilibre physiologique du crapaud. C’est du moins ce qu’il est permis de conclure des effets de son ablation partielle ou totale et de sa greffe sur d’autres animaux. 1° Effets de son ablation partielle. — L'organe de Bidder du côté gauche a été retiré à six crapauds (quatre mäles et deux femelles) ; l'opération a été faite sous le chloroforme suivant les règles de l'antiseptie ; la plaie a été suturée à la soie. Cinq jours après l’opération les troubles ont débuté par une grande agitation ; puis le coma est venu et la mort est arrivée : Lie; SMOour Pour CMPMPREN PAR. 1 CPE UE Le 9° jour, pour 1." PANSUNEL Le”10F OUT, POUPEE . 3 sujets. L'’autopsie n'a révélé absolument rien ; peut-être une légère conges- / =: D SÉANCE DU 20 OCTOBRE 847 tion des organes. L'autre organe de Bidder n'avait pas subi de modifi- cations. 2 Effets de l’ablation totale. — À deux crapauds, nous avons retité les deux organes de Bidder. La mort est arrivée dix à quinze heures après, précédée comme ci-dessus d’une période d'excitation suivie d’une période de coma. L'autopsie n’a rien révélé. 3° Æffets de la greffe. — Sur deux grenouilles, nous avons opéré des greffes d'organe de Bidder. Dans une cavité faite par incision longitu- nale des muscles de la cuisse d’une grenouille nous avons fixé par suture un organe de Bidder venant d’être extrait d'un crapaud. Les deux grenouilles sont mortes dans le coma. La première au bout de quatre jours, la seconde au bout de cinq jours, en ne présentant aucune lésion à l’autopsie. Remarque. — Dans ces diverses expériences, l'opération en elle-même ne doit pas être incriminée. L’incision de la paroi abdominale et sa suture sans extraction de l'organe de Bidder est supportée parfaite- ment par un crapaud témoin el n'amène aucun trouble. D'autre part, un fragment de muscle de crapaud, greffé dans la cuisse d'une grenouille, n’avait amené aucun irouble au bout de quinze jours. On peut donc affirmer que la mort si rapide est due à l'absence de l'organe de Bidder dans le cas d’ablation et à sa présence dans le cas de greffe. Des expériences que nous poursuivons actuellement semblent nous montrer que l'organe de Bidder n’est pas sans rapport avec le pouvoir venimeux du crapaud. LES GRAPHIQUES DES SONS-VOYELLES ; LEUR COMPLEXITÉ, par M. GELLÉ. Je désire montrer par des graphiques la complexité et la diversité des vibrations sonores des sons-voyelles et les rendre sensibles aux regards. Les excellents tracés d'Hermann, exéculés d’après les empreintes du phonographe, comme les miens, et que Marey vient de rappeler avec éloges dans son étude sur l'inscription des phénomènes phonétiques (1) n'offrent qu'une seule et même courbe, que j'ai bien retrouvée dans mes « profils »; el l'on pourrait croire qu'il n'existe qu'une forme vibratoire, type caractéristique pour chaque son-voyelle. Au moyen des (4) Revue générale des sciences pures, p. 48). 848 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dessins que je place sous vos yeux, on peut se rendre compte que les sons-voyelles sont complexes, que leur constitution intime est variable, et variée tellement, qu'il est difficile d'obtenir deux tracés semblables d’un même son dit par la même personne. À l'inspection de mes graphiques qui contiennent toutes les vibra- tions successivement inscrites dans le sillon du phonographe, on saisit aussitôt des différences saillantes parmi les éléments périodiques en série qui représentent un simple À, par exemple. Voici À, dans « Ane », dit sans force. Dès la première période, on à le tracé typique Caractéristique de cette voyelle : il est uniforme, régu- lier, ses éléments sont égaux à peu près, et semblables d'aspect. Cependant, au milieu de la série, les périodes sont plus courtes et moins ondulées; ceci a rapport avec la tonalité plus élevée du son. Cet À est donc d’une hauteur plus grande au milieu de l'émission; il n'est pas égal de tonalité dans toute sa durée. Vers la fin du tracé, de plus, les éléments sont plus creux, plus volu- mineux; les sons plus marqués et la deuxième phase absente. Ces empreintes vigoureuses trahissent une intensité accrue. Il y a donc un crescendo, dans ce son instantané, sans qu'on en ait conscience. Le phonogramme de À permet ainsi de reconnaitre des variations insen- sibles du mouvement vibratoire moléculaire, dans sa vitesse et dans son intensité, malgré la rapidité de son émission et sa douceur. Voici, par contraste le phonogramme complet, c'est-à-dire, toutes les périodes contenues dans le tracé de À, dans « Ane » dit très for- tement. Le disparate est saisissant; le graphique est tellement mobibe qu'il est méconnaissable Cependant, malgré ces altérations profondes du tracé, ses irrégularités, la déformation des périodes et leur disconti- nuité, le phonographe répète toujours A. Ce tracé mouvementé montre que À, en forte, ne s'inscrit pas sur la cire du rouleau, comme À modéré; où est la différence ? Au début de A fort, on trouve plusieurs périodes types, de A grave et intense, creuses, longues, sans deuxième phase, contiguës et à peu près semblables. Mais rapidement, cet À explosif trouble, décompose les périodes, qui sont déformées, séparées, segmentées. Le tracé est discontinu, inégal; les éléments se suivent à distance, la forme des périodes est à peu près méconnaissable. Au milieu de ces courbes multiples, il est difficile d'admettre la persistance de la période carac- térislique. La discontinuité et la segmentation des éléments dominent au contraire ici, et pourtant le phonographe dit un A. Mais après cet éclat, cette perturbation due à la détente brusque qui formé le son intense, peu à peu on voit les parties séparées, isolées se grouper 2 à 2, 3 à 3, et la période avec son type reparaître sur une certaine longueur du sillon. LIL T Ver. 1 L SÉANCE DU 20 OCTOBRE 849 Puis, les tracés se creusent à nouveau, se forment en série volumi- neuse et continue, indice d'une intensité accrue, mais moins que tout Fa, de fable. Voix de basse taille explosif (declamation). *p pe | a : à a ——, a D \ ÉLEDT D Fa D ou O0 OD O0 CA 6 = some En CSC ÿ) NZ WT St lp NS rit RS JAUS ARLES RES KT + y S s AP ùt- DES 100008 ET Ag P 2 ED ©: we FEU ns ÿ a TR D. ù hs SA 3? Er, Fa AUTO TOP NET Ent AE ss 5 g MS iN. ER PNA CE GER AY vi AC ai S = À > Nue ES (RE, y 7% = = 4 ten En SET % SR ae Le SA Mie : D 2 nn. / EE: Fe 2 So RS RS EC ZX Æ M EC JCIC TS EE 2 © SE0600088 1 Gellé Lecit. | d | Îin à l'heure; enfin, brusquement, le sillon reste vide; le tracé finit, c'est la consonne N qui coupe le courant sonore pour former ne, de « Ane ». En parcourant le sillon du commencement à la fin du tracé, on cons- 850 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RUE VD ne DER NN tate que rien n'est plus varié, complexe, multiple que ce chapelet d'éléments périodiques, décomposés par la puissance et l'amplitude des vibrations sonores. L'intensité, de même que la hauteur du son, ; Fable de ( fa-bele-de) (Voixde Basse.-Déclamation)) a F "a LINE TNT 4 ci VA 7 #1 es (3 NN Lan a Se Ho Gellé Pecit modifie donc grandement les graphiques, normaux caractéristiques, mais c'est temporairement. On retrouve toujours les formes connues des périodes types, au milieu des variations les plus déconcertantes. Je passe sous vos yeux deux autres tracés de À, pris dans le mot « Fable » avec des intensités différentes aussi. PP QT — + L SÉANCE DU 20 OCTOBRE 851 On y observe les mêmes variétés de dessin des vibrations, plus accen- tuées encore, par une voix grave et très puissante : aussi cet A diffère- t-il beaucoup des graphiques précédents de À dans « Ane ». En terminant, je signale la répétition de la série des périodes d'in- tensité croissante, comme si deux ondes se succédaient dans l’émission du son intense. NOTE RELATIVE A L'ACTION PRÉSERVATRICE DU PLASMA POUR LES HÉMATIES CONTRE L'INFLUENCE DISSOLVANTE DE CERTAINS GLUCOSIDES OU SELS D'ALCALOÏDES, par M. Mayer (de Lyon). A propos des intéressantes observations de M. Hédon sur le rôle des albuminoïdes du plasma comme s’opposant à l’action dissolvante des glucosides et alcaloïdes sur les hématies (1), je me permets de rappeler à l’auteur que j'ai étudié le premier, je crois, l’action dissolvante exercée sur les globules rouges par la digitaline et les sels d’atropine, de pilocarpine de quinine (2), el que dans un autre travail ultérieur (3), j'ai invoqué le rôle préservateur contre cette action qu'ont les albu- minoïdes du plasma dans les vaisseaux tant que les hématies y sont plongées. Je me hâte de reconnaitre que les conditions de ce phénomène ont été étudiées avec plus de rigueur par M. Hédon que par moi. TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE. TRANSFORMATION MYÉLOIDE DE LA RATE, par M. H. Dominrcr. I.— J'ai examiné au point de vue histologique la rate de trois cobayes tués dix-huit semaines environ après inoculation sous-cutanée du ba- cille de Koch. Dans les trois cas, ce viscère était le siège du processus anatomo- pathologique auquel j'ai donné le nom de transformation myéloïde, processus caractérisé par la néoformation d’un tissu identique au tissu (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, # août 1900. (2) Étude sur l’action de quelques substances toxiques et médicamenteuses. sur les globules rouges du sang, Archives de physiologie normale et patholo- gique, 1883, 3° série, t, I, p. 374. (3) Des injections intraveineuses médicamenteuses, Lyon médical, 1891, t. LXVII, pages 37, 71, 158, 184, 852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE propre de la moelle osseuse active. De plus la transformation myéloïde était ici, totale, massive et complète. Elle était totale, car le tissu myé- loïde apparaissait dans toute l'étendue de la rate en prédominant dans la pulpe suivant la règle. Elle était massive, car les éléments de nou- velle formation s'y montraient en quantité considérable. Elle était com- plète, car toutesles cellules caractéristiques du tissu myéloïde figuraient au tableau (hématies nucléées, myélocytes basophiles, neutrophiles, éosinophiles, megacaryocytes). Notons toutefois la prédominance marquée des hématies nucléées, des myélocytes basophiles et neutro- philes. IT. — $i j'attire l’attention sur ces faits, ce n'est pas pour étudier d'une façon spéciale l’anatomie.pathologique de la tuberculose splé- nique. Ce n’est pas non plus pour établir un parallèle histologique entre les rates en élat de transformation myéloïde des cobayes tuberculeux et les rates humaines hypertrophiées au cours de la septicémie tubercu- leuse accompagnée d’hyperglobulie, puisque les recherches n’ont pas encore été pratiquées dans ce sens chez l’homme. Je me place en ce moment à un autre point de vue. Au cours de la gestation, de l’anémie provoquée par hémorragie ré- pétée, de la septicémie eberthierne,on peut constater, comme je l’ai dit à maintes reprises, la transformation myéloïde de la rate du lapin adulte. En un mot, dans la rate du lapin soumis à l’une de ces condilions expérimentales, dans la rate du cobaye tuberculisé suivant le procédé indiqué, se produit l’éclosion d'éléments particuliers caractérisant la structure d’un organe différent : la moelle osseuse. Or, en pareil cas, le tissu myéloïde de cet appareil entre en hypergenèse. Il existe donc dans ces circonstances variées une véritable solidarité réactionnelle de la rate et de la moelle osseuse caractérisée par la mise en activité des éléments d’un même tissu, le tissu myéloïde, au sein de ces organes différents. | Chez les lapins et les cobayes adultes, ce tissu reste sormalement en activité dans la moelle osseuse, tandis que dans la rate il a subi une régression presque complète depuis la fin de la vie intra-utérine. Sous l'influence de la gestation et des états morbides généralisés dont nous avons parlé, il entrera en hypergenèse dans le territoire médullaire: il reparaîtra dans le territoire splénique, recouvrant des caractères histo- logiques qui paraissaient à jamais effacés, des propriétés physiologiques qui semblaient périmées. | IIT. — Que se passe-t-il dans les conditions précitées au sein de la rate si ce n'est une sorte de réviviscence locale d’un tissu, ayant subi, à une date plus ou moins éloignée, une transformation le rendant mécon- naissable pour nos moyens d'investigation ? En réalité, cette réaction histogénétique locale est fonction d'un pro- SÉANCE DU 20 OCTOBRE 853 cessus généralisé consistant dans la mise en activité d'un tissu particu- lier, le tissu myéloïde, là où il est normalement représenté, c'est-à-dire dans la moelle osseuse, là où il persisté à l’état rudimentaire ou latent, dans la rate par exemple. Mais la réapparition des cellules du type myé- logène ne me parait pas être exclusivement limitée à la rate, et je con- tinue à l’étudier actuellement dans le foie, l’'épiploon et autres territoires organiques. Bien plus, ce processus de «reviviscence » ne me semble pas être l’apanage d’un seul complexus histologique à type myéloïde, il appartient aussi au tissu lymphoïde. Présenter les faits de telle façon, c'est reconnaitre au point de vue des réactions anatomo-pathologiques la prééminence du tissu sur l'organe. Pour démontrer une telle conception, les preuves doivent être non seulement décisives, mais nombreuses. Elles seront succassivement présentées dans une série de mémoires en voie de publication pro- chaine. ACTION DE LA TUBERCULINE VRAIE SUR LE REIN, par MM. F. Ramonp et J. HuLor. La fréquence de la néphrite chez les tubereuleux a amené beaucoup d'auteurs à étudier expérimentalement l’action de la tuberculine sur le Rein. Koch, Dujardin-Beaumetz et Dubief, Daunic, Arloing, G. Roux et J. Courmont, Carrière ont en effet observé des lésions diverses à la suite d'injection massive ou discrète de tuberculine brute chez divers animaux de laboratoire. Mais ces expériences s’éloignent plus ou moins de la réalité, car la tuberculine employée, de par son mode de préparation, est un produit qui ne rappelle que de loin la vraie toxine tuberculeuse. Les résultats obtenus ne peuvent donc pas être mis absolument sur le compte de l’action toxique du bacille de Koch. Aussi, dans nos expériences, nous sommes-nous placés à un point de vue un peu différent. Des cultures virulentes de bacilles de Koch.ont été enfermées dans des sacs de collodion, enfouies dans le péritoine de lapins et de cobayes, et laissées en place un temps variable. On se rap- proche ainsi des conditions pathologiques habituelles. En effet les bacilles inclus dans les sacs de collodion prolifèrent activement et sécrètent un produit toxique, qui traverse seul, par osmose, les parois du sac, et impressionne ainsi les divers tissus de l'organisme. De plus la production du poison tuberculeux se poursuit d'une facon lente et continue. L'’ex- périence, ainsi praliquée, rappelle exactement ce qui se passe en patho- logie, toutes les fois que chez un individu, atteint de tuberculose locale, il se produit, à distance, des lésions rénales d'ordre toxique. Nos recherches ont porté sur cinq cobayes et deux lapins; les résul- 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a tats obtenus ont été les mêmes, sauf que les lésions furent d'ordinaire moins prononcées chez le lapin. La durée des expériences a varié de trois semaines à quatre mois; à ce moment, en effet, les cobayes suc- combent spontanément, avec des lésions viscérales multiples; les lapins résistent beaucoup mieux; aussi est-il nécessaire de les sacrifier en cours d'expérience. Dès le 21° jour, chez le cobaye, les reins sont très hypertrophiés ; le foie est congestionné; la rate dépasse deux à trois fois son volume normal, et les corpuscules de Malpighi atteignent les dimensions d’une tête d’épingle. Les lésions microscopiques du rein portent presque uni- quement sur les tubuli contorti; leur paroi anhiste est épaissie; l’épi- thélium est profondément altéré; tantôt simplement abrasé ou en des- quamation, encombrant ainsi la lumière des analicules, il est le plus souvent déchiqueté, représenté en certains points par une très mince bande de substance; en d’autres points au contraire, boursouflé et vacuo- laire; il est d'aspect granuleux, sans vésicules graisseuses dans son épaisseur. Le noyau se colore mal et se trouve souvent en état de désin- tégration avancée. Les glomérules sont encore intacts; il n’y a pas d'infiltration interstitielle; les artérioles présentent seules, en quelques rares points, un début d’endartérite. Au 3° mois, chez un cobaye, mort spontanément par exemple, les lésions épithéliales sont plus avancées ; il est impossible de rencontrer un seul tube contourné normal. En outre il existe une légère glomérulite, caractérisée par une desquamation endothéliale discrète, rarement par une prolifération néo-conjonctive. Par places, s’observent de petits amas embryonnaires, aux points où les tubuli sont le plus malades. Les lésions des artérioles sont toujours peu accentuées. En somme les lésions épithéliales des tubes glandu- laires dominent le processus pathologique. Les modifications du foie. sont celles déjà décrites par Carrière ; on observe en outre, surtout chez le lapin, une légère infiltration embryon- naire péri-portale, la formation de nodules également embryonnaires dans l'épaisseur du lobule. Quelques rares cellules du foie soit en voie de dégénérescence graisseuse. L'examen histologique de la rate offre des particularités intéressantes ; les corpuscules présentent dans leur épaisseur un centre germinatif très développé, et qui peut envahir toute l'étendue du corpuscule; le réticulum des sinus est épaissi et infiltré d’un grand nombre de cel- lules embryonnaires, formant une nappe continue. Dans un cas, chez un cobaye, les cellules épithélioïdes du centre germinatif étaient en état de nécrose de coagulation dès le 2° mois. Le cœur nous a paru à peu près sain, de même que les capsules surrénaies. (Travail du laboratoire de Pathologie expérimentale). séisme. ©Q€t SEANCE DU 20 OCTOBRE 85 SUR LA RÉSISTANCE DES SÉREUSES A L'INFECTION DANS LA RACE ARABE, par MM. TosTivinrt et REMLINGER. L'étude comparée de la pathologie de la race Arabe et des races européennes révèle des particularités fort curieuses. Un des points les plus intéressants est chez les Arabes la résistance très grande des séreuses à l'infection. Cette résistance se manifeste vis-à-vis des infections d'origine traumatique, vis-à-vis des infections primitives des séreuses et des déterminations secondaires des maladies infectieuses sur le système séreux. Les Arabes présentent la plus grande résistance aux plaies péné- trantes du thorax, des articulations, de l'abdomen, que l'intestin ait été ou non perforé. Les interventions chirurgicales sur le péritoine ou la plèvre sont loin d'avoir chez eux la gravité qu'elles acquièrent chez les Européens. La littérature médicale abonde de faits qui prouvent cette bénignité opératoire. Nous retrouvons cette immunité sur le terrain médical. Le rhumatisme est beaucoup plus rare chez les Arabes que chez les Européens. De même, l’endocardite, la péricardite rhumatismales ou non sont chez eux exceptionnelles. Il est très rare que la blennorragie, la dysenterie, la scarlatine, la fièvre typhoïde s’accompagnent dans la race arabe de manifestations articulaires. Les synoviales tendineuses jouissent d’une immunité analogue à celle des synoviales articulaires. Cette résistance des séreuses souffre toutefois deux exceptions. La race arabe présente une susceptibilité très marquée vis-à-vis du bacille de Koch et du pneumocoque. Aussi les infections des séreuses causées par ces deux microorganismes ont chez les Européens et les Arabes une fréquence sensiblement égale. La méningite cérébro-spinale dont on connait les étroits rapports avec le pneumocoque serait même plus fré- quente chez ces derniers. Peut-être les infections des séreuses à bacille de Koch et à pueumocoque sont-elles plus bénignes dans la race arabe; si nous en croyons une de nos observations, la méningite tuberculeuse serait chez eux susceptible de guérison. A quoi est due cette résistance particulière des séreuses? Elle ne parait pas en rapport avec leur origine méso-dermique, car le système osseux, les organes génito-urinaires, sont loin de présenter la même immunité. Peut-être chez les races primitives, les séreuses jouissent- elles d'une résistance comparable à celle qu’elles présentent chez les animaux et qui est bien connue en médecine expérimentale. 856 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RARETÉ DES MALADIES DU TUBE DIGESTIF ET FRÉQUENCE DES AFFECTIONS DES VOIES RESPIRATOIRES DANS LA RACE ARABE, par MM. TosriviNr et REMLINGER. L'immunité relative de la race arabe vis-à-vis de la fièvre typhoïde est bien connue, et nous avons, dans de précédentes communications, attiré l'attention sur la prédisposition de cette même race à la pneu- monie et à la tuberculose. Ces faits ne sont que des points particuliers d'une loi plus générale : la prédisposition de la race arabe aux affections des voies respiratoires et son immunité vis-à-vis des maladies du tube digestif. La comparaison de la morbidité des troupes européennes et des troupes indigènes casernées en Algérie et en Tunisie pendant la période décennale comprise entre 1888 et 1897 nous montre en effet que les affections des voies digestives sont moitié moins fréquentes chez les Arabes que chez les Européens. En effet, 68.014 malades européens (143,49 p. 100) ont été pendant ce laps de temps soignés soit à l'infir- merie, soit à l'hôpital pour affections des voies digestives, tandis qu'il n'a été soigné pour ces mêmes affections que 11.419 Arabes (soit 65,66 p. 100). Le privilège de la race arabe se retrouve quel que soit le seg- ment du tube digestif considéré : pharynx, œsophage, estomac, intes- tin. Les angines, l'embarras gastrique simple ou fébrile, les diverses formes de dyspepsies et de gastrites, l’ulcère et le cancer de l'estomac, la diarrhée, la dysenterie, etc., sont beaucoup plus rares chez les Arabes. Il importe de signaler tout spécialement chez eux le peu de fréquence de l’appendieite. Le foie jouit de la même immunité que le reste du tube digestif; l'ictère catarrhal et les autres affections de la glande hépatique sont exceptionnels chez les Arabes. Cette immunité s'explique par lab- sence d’alcoolisme, par la nourriture spéciale dans laquelle la produc- tion d’alcaloïdes toxiques est réduite au minimum; mais elle parait surtout due à ce fait que les Arabes s'immunisent dès l'enfance, vis-à- vis de toutes les infections des voies digestives, en consommant des eaux malpropres, extrèmement riches en germes. Cette immunité se trouve encore renforcée par une hérédité plusieurs fois séculaire. Les maladies des voies respiratoires sont un cinquième de fois plus fréquentes chez les Arabes que chez les Européens. De 1889 à 1897, 21.399 (41,25 p. 100) soldats européens sont entrés à l’infirmerie ou à l'hôpital pour maladies des voies respiratoires. Pendant le même laps de temps, il a élé hospitalisé 10.076 soldats indigènes (54, 55 p. 100). Cette prédisposition des Arabes s'acceuse vis-à-vis de toutes les affections des poumons et des bronches. Elle est moins nette pour la plèvre car, dans la race arabe, cette membrane présente, comme toutes les séreuses, en 49 Lee, RS LES Pre F. h, SÉANCE DU 20 OCTOBRE 857 une résistance à l'infection sur laquelle nous avons précédemment attiré l'attention. Cette prédisposition aux affections des voies respiratoires parait trou- ver son explication dans ce fait qu’habitués à respirer l’air extrème- ment pur des grandes solitudes, les Arabes des campagnes, qui consti- tuent la grande majorité de nos soldats indigènes, possèdent des poumons nullement mithridatisés par des infections antérieures et en même temps absolument inhabiles à la lutte contre les germes de l'air des villes. Alors que, chez un Européen, la lutte contre les microorga- nismes passerait inaperçue, elle se traduit chez l’Arabe par une bron- chite, une laryngite, etc... ; en un mot, elle constitue une maladie. M. Sanson. — C'est par un fächeux abus de langage qu'on qualifie d'arabes, et surtout de race arabe, les populations indigènes du nord de l'Afrique, de l'Algérie et de la Tunisie. Hamy, dont la compétence anthropologique est universellement reconnue, a établi que dans ces populations l'élément arabe ne forme qu’une très petite minorité. La grande masse est composée d'éléments berbères, qui se distinguent facilement par leur type naturel des arabes véritables. J'ai pu moi- même le constater lors d’un séjour que j'ai fait ily a quelques années en Tunisie et en Algérie pour étudier spécialement les populations ani- males. Les observations de M. Remlinger se rapportent principalement aux troupes indigènes comparées à celles d'origine européenne. Or, on sait bien que les tirailleurs, qui forment de beaucoup la plus grande partie de ces troupes indigènes, ne se recrutent point parmi les Arabes. L’Arabe n'est pas volontiers fantassin ; il est, quand il le peut, de préférence cavalier ; c'est pourquoi il s'engage plutôt dans les spahis. Les immu- nités pathologiques dont il s'agit ne paraissent donc pas être une ques- tion de race, et en tout cas elles ne seraient point particulières à la race dite arabe. La race berbère, beaucoup plus nombreuse en Algérie et en Tunisie, la montrerait également. Du reste, ce n’est pas seulement sur les populations humaines qu'elle se constate ; on l’observe de même sur les populations animales, en particulier sur les chevaux, et non pas seulement en Afrique. Dans le midi de la France, on en est frappé quand on compare la facon dont se comportent ceux de même origine avec ceux provenant de nos régions du nord. M. Laulanié, ici présent, qui est au courant de ce qui se passe à la clinique de l'École vétérinaire de Toulouse, me rectifiera si je me trompe. Ils réagissent tout autre- ment. 11 y a donc là plutôt une question de tempérament due au climat qu'une question de race, puisque la même propriété se constate sur des races différentes habitant le même milieu depuis longtemps. En somme, ce qu'il importe de retenir, ce que j'ai voulu surtout faire remarquer, c'est qu'on à tort de qualifier en bloc d'arabes les popula- 858 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tions indigènes du nord de l'Afrique, l'élément ethnique arabe n'y étant qu'en faible minorité, représenté presque exclusivement par les familles dites de grande tente, par les chefs. ACTION GLOBULICIDE DE CERTAINES URINES ET DE QUELQUES LIQUIDES . DE L'ORGANISME, par MM. JEAN Camus et PAGNIEz. On sait que le sérum d’une espèce peut être globulicide in vitro pour | les hématies d’une autre espèce. | Toutes nos expériences ont été faites in vitro avec une solution de chlorure de sodium légèrement hypotonique et cependant ne laissant pas diffuser l’hémoglobine ; nous nous en sommes assurés à l’aide de nombreux tubes témoins. C'est sur le sang du lapin qu'ont porté toules nos séché ele Nous avons pu nous convaincre que le sérum humain est toujours globulicide pour le sang de cet animal. Nous avons observé à l’état pathologique quelques variations de cette propriété du sérum sans jamais en constater la disparition. Les urines normales ne nous ont jamais paru posséder d’action globulicide. Il n’en est pas de même à l'état pathologique. Certaines urines patho- logiques donnent une diffusion nette entre trois et dix gouttes d'urine ajoutées à 5 centimètres cubes de la solution de chlorure de sodium et une goutte de sang de lapin. 1 Les urines qui nous ont donné ces résultats et qui provenaient des malades les plus divers étaient presque toutes albumineuses, mais nous n'avons pas observé de relation directe entre la quantité d’albu- mine et l’intensité du pouvoir globulicide; de plus, toutes les urines albumineuses ne sont pas globulicides et certaines contenant beaucoup d'albumine ne déterminent aucune diffusion. Le chauffage pendant dix minutes à 58 degrés du sérum humain lui fait perdre sa propriété globulicide vis-à-vis du sang de lapin. Dans ces mêmes conditions, le pouvoir globulicide des urines diminue d’une facon constante mais légère. Le chauffage à 100 degrés ne fait pas disparaitre non plus ce pouvoir globulicide des urines. Il est important de noter que quelques-uns de nos malades, en raison de leur état de santé, étaient au régime lacté et ne prenaient aucun médicament. Nous avons donc dans quelques cas évité d’une manière certaine l’action possible de médicaments s’éliminant par les urines. Nous avons cherché d'autre part si le pouvoir globulicide existe dans SÉANCE DU 20 OCTOBRE } 399 les exsudats pathologiques : nous l'avons trouvé dans quelques liquides de pleurésie et d’ascite, que nous avons examinés; nous avons cru constater des variations avec la nature et l’âge de ces épanchements ; dans certains cas même la substance globulicide semblait complète- ment absente de ces exsudats. Mais ces recherches ont porté jusqu'à présent sur trop peu de cas pour qu'il nous soit possible de conclure. Nous avons simplement voulu indiquer aujourd'hui que certaines urines pathologiques sont globulicides pour les hématies du lapin, alors que les urines normales ne le sont pas. CRYOSCOPIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN (APPLICATION A L'ÉTUDE DES MÉNINGITES), par MM. Wipar, SicaRD et RAvVAUT. La tension osmotique du liquide céphalo-rachidien a été, jusqu'ici, fort peu étudiée. Nous savons seulement que Zanier (1), employant la méthode des globules rouges d'Hamburger, à constaté que le liquide céphalo- rachidien du bœuf recueilli immédiatement après la mort était hyper- tonique par rapport au sérum sanguin. Au cours de nos recherches sur le cytodiagnostic de la méningite tuberculeuse, ayant eu à notre disposition de nombreux liquides céphalo-rachidiens de diverses provenances, nous avons cru intéres- sant d'en étudier le point cryoscopique. L'étude comparative des résultats obtenus nous a montré des diffé- rences remarquables suivant que les liquides provenaient de sujets atteints ou non de méningite tuberculeuse. Le point cryoscopique, examiné chez 15 sujets indemnes de lésions méningées aiguës, mais atteints d’affections les plus diverses, oscillait entre — 0°56 et — 0°75. Ce point était compris, le plus souvent, entre — 0°60 et — 0°65. Une seule fois, le point cryoscopique n'’atteignit que — 0956; notons qu'il s'agissait d’un cas d'hydrocéphalie. Un seule fois, également, ce point n'atteignit que — 0°57; il s'agissait d’un cardiaque souffrant d'ædèmes généralisés. Une seule fois, enfin, il atteignit — 0959 ; il s'agissait d'un paraplégique. Quelques-uns de nos malades étaient alteints de lésions organiques du système nerveux central (tubercule cérébral avec épilepsie jakson- nienne, hémiplégie, sclérose en plaques). Chez un sujet atteint de mal 1) Zanier. Centralblatt für Physiologie, 1896, p. 353. 860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de Pott sous-occipital, dont les douleurs avaient été calmées par trois ponctions lombaires, on utilisa le liquide céphalo-rachidien ainsi puisé dans un but thérapeutique pour en faire l'examen cryoscopique. Ge liquide présenta chaque fois un point de congélation différent, comme le prouvent les chiffres suivants, successivement obtenus : —0°60 — 058, — 0°65. Le liquide céphalo-rachidien a donc tendance à se montrer hyperto- nique par rapport au sérum sanguin, dont le point cryoscopique oscille, comme on le sait, à l’état normal, autour de — 0°56. Au cours de la méningite tuberculeuse, au contraire, le point de con- gélation du liquide céphalo-rachidien s’abaisse, en général, au-dessous de la normale, comme le démontrent les faits suivants : Chez un enfant de deux ans, au dix-septième jour de la maladie, (deux jours avant la mort), le point eryoscopique du liquide céphalo- rachidien était — 0°48. Chez un enfant de six ans, le huitième jour de la maladie, le point était — 0°48 et, le douzième jour, il était — 0°55. La mort survint le dix-septième jour. Chez un enfant de onze ans, au quatorzième jour de la maladie, cinq jours avant la mort, le point était — 0°50. Le point était également de — 0°50 chez un adulte de trente-cinq ans. Chez un enfant de deux ans, au seizième jour de la maladie, deux jours avant la mort, le point était — 0°54. Le point était également de — 0°5%4 chez un homme de trente-cinq ans, quatre jours avant la mort. .. Chez un enfant de quatre ans, au neuvième jour de la maladie, le point était de — 0°54. Le jour de la mort, c’est-à-dire trois jours plus tard, le point était — 0°49. Chez un adolescent de seize ans, au dix-septième jour de la maladie (un jour avant la mort), le point était — 0°56. | Chez un enfant de quatre ans, au treizième jour de la maladie (quatre jours avant la mort), le point était — 0°62. Enfin, chez un enfant de deux ans, au dixième jour de la maladie, le point élait — 0°64; le quatorzième jour de la maladie, trois jours avant la mort, ce point était abaissé à — 0°58. Ajoutons que dans un cas de pachyméningite hémorragique, le point du liquide céphalo-rachidien était — 0°50. Dens cette statistique, huit fois sur dix, au cours de la méningite tuberculeuse, la tension osmotique du liquide céphalo-rachidien évaluée par la méthode cryoscopique élait inférieure à la tension du sérum normal ; et dans deux cas seulement, cette tension était supérieure. On peut se demander si ces deux cas d’exceplion ne peuvent pas s'expliquer par une augmentation parallèle de la tension osmotique du sérum sanguin et s’il n'y avait pas quand même inversion du rap- DRE ET AT OP SÉANCE DU 20 OCTOBRE 861 port qui existe normalement entre les points cryoscopiques du sang et du liquide céphalo-rachidien. Le fait suivant plaide en faveur de cette hypothèse. Chez une malade atteinte de méningite cérébro-spinale à pneumocoques, avec albumi- nurie, le point de congélation du liquide céphalo-rachidien était — 0°59. Des ventouses scarifiées ayant été appliquées sur la région rachidienne pour calmer les douleurs violentes accusées par la malade, on put faire l'examen cryoscopique du sérum sanguin, dont le point de congélation était —0°71. Malgré les apparences, le liquide céphalo-rachidien était donc hypotonique par rapport au sérum sanguin. En résumé, dans notre première série de recherches portant sur le liquide céphalo-rachidien de 15 sujets indemnes de méningite, nous avons vu que le point de congélation oscillait entre —0°56 et —0°75; nous venons de voir par contre que 8 fois sur 10, chez des sujets atteints de méningite tuberculeuse, le point de congélation avait oscillé entre —0°48 et — 0°55. La comparaison des résultats obtenus dans ces deux statistiques nous montre donc que, 4 fois sur 5, la cryoscopie du liquide céphalo-rachidien fournit un signe de probabilité pour le diagnostic hésitant de la méningite tuberculeuse. C'est un symptôme de plus à l'actif de la ponction lombaire (1). CRYOSCOPIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN (CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES), par MM. Wipar, SicarD et RAvAUT. Les recherches cyroscopiques que nous venons d'exposer fournissent des renseignements qui intéressent la physiologie du liquide céphalo- rachidien. L'espace arachnoïdo-pie-mérien n’est en somme qu'un matelas d’eau dont le rôle est de protéger l’axe cérébro-spinal en l’enveloppant de toutes parts; grâce à la souplesse de ce sac et grâce à la mobilité du liquide qu'il contient, l’encéphale, quoique renfermé dans une boite osseuse inextensible, peut être soumis impunément aux mouvements incessants d'extension et de rétraction qui correspondent à chaque contraction cardiaque et à chaque mouvement respiratoire. Une grande fluidité et une grande mobilité moléculaire sont donc, on le concoit, les qualités nécessaires aux fonctions du liquide céphalo- (1) Dans un cas récent de méningite tuberculeuse, la ponction lombaire n'a pu donner issue au liquide céphalo-rachidien ; des flocons fibrineux venaient oblitérer l'aiguille, L'examen histologique de ces flocons décela quelques cellules endothéliales dont la présence prouvait que l’on avait pénétré dans l’espace sous-arachnoïdien. B10LOG1E. Compres RENDUS. — 1900. T. Il 65 862 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rachidien; aussi ce liquide ne contient-il ni fibrine ni albumine, corps à grosses molécules, ou du moins l’albumine n'existe-t-elle qu'à l’état de traces. Le liquide céphalo-rachidien était destiné à contenir des substances salines en dissolution. Nos connaissances récentes sur l’osmonocivité nous ont appris que nos éléments cellulaires ne sauraient, en effet, exister au contact de l’eau pure. On avait noté depuis longtemps l'abondance des sels et surtout des chlorures (1) au sein du liquide cérébro-spinal. Nous comprenons maintenant une des raisons de leur. présence. Ce liquide, tout en contenant moins de matières solides que le sérum sanguin, possède, grâce au CE de sodium, sel à petites molécules, une tension osmotique propre à assurer l'intégrité des élé- ments qu'il baigne. Le liquide céphalo-rachidien, nous l'avons vu, est en général en état d'hyperosmose. Cette hyperosmose est variable d'un sujet à l’autre, variable même d’un jour à l’autre chez le même sujet. Le liquide appa- rait donc, tantôt en état de tension osmotique très élevée, et tantôt presque en état d'équilibre osmotique avec le sérum sanguin. Ces varia- tions s'expliquent peut-être par des changements de pression pouvant aller, on le sait, du simple au triple, peut-être même par des change- ments de volume. Cette hyperosmose variable semble surtout avoir pour but de préserver à tout moment le liquide céphalo-rachidien contre l’état d’hypotonie qui pourrait nuire aux cellules avec lesquelles il entre en contact. On sait qu'Hamburger à constaté que les liquides hypo ou hyperto- niques, injectés dans les cavités séreuses, se mettent rapidement à l'isotonie. L'état d'hyperosmose est donc un caractère de plus qui sépare le liquide céphalo-rachidien des sérosités de l'organisme. Rappelons que des expériences récentes ont montré une perméabi- lité spéciale de la membrane arachnoïdo-pie-mérienne vis-à-vis de cer- taines substances. C'est ainsi qu’elle ne se laisse pénétrer de dehors en dedans ni par l’agglutinine (2) ni par l’iodure de potassium (3). Chez un typhique dont le pouvoir agglutinatif du sérum sanguin atteignait la proportion énorme de 1 pour 12.000, nous n'avons pu déceler la moindre trace d’agglutinine dans la cavité sous-arachnoïdienne, alors que l’on retrouvait cette substance en très grande quantité dans les diverses sérosités. D'autre part, l’expérimentation apprend qu'après (4) D’après M. Richet, le liquide céphalo-rachidien contient, en moyenne, six grammes de chlorures par litre. (2) Widal et Sicard. Étude sur le séro-diagnostic, Annales de l'Institut Pasteur, 1897. — Sicard. Les injections sous-arachnoïdiennes et le liquide céphalo-rachidien, Thèse, Paris, 1899. (3) Sicard. Thèse, Paris, 1899. <° SÉANCE DU 20 OCTOBRE 863 injections massives d'iodure de potassium sous la peau des chiens, on ne peut retrouver traces de ce sel dans le liquide céphalo-rachidien. Si M. Nicloux (1), dans ce même liquide, a pu retrouver des quantités appréciables d'alcool après ingestion de cette substance par des chiens, c'est sans doute parce que la molécule d’alcool est plus petite que la molécule d’iodure de potassium. Le sac arachnoïdo-pie-mérien semble au contraire plus perméable de dedans en dehors. On sait que certains chirurgiens, comme M. Tuffier, réalisent l’analgésie par l'injection lombaire de cocaïne. Certaines subs- tances encore, telles que l'iodure de potassium ou le bleu de méthylène, mélangées à doses suffisantes au liquide céphalo-rachidien, se retrouvent dans l'urine des animaux. Il est vrai que l’on peut se demander si, dans ces conditions, l'absorption de ces corps n’est pas favorisée par la des- quamation de l’endothélium pie-mérien. L'état d'hypertension du liquide céphalo-rachidien règle peut-être en partie la nature des échanges qui se font à travers la membrane arach- noïdo-pie-mérienne. Mais les conditions de perméabilité varient tellement avec la nature des diverses membranes semi-perméables que l’on ne peut se livrer sur ce sujet qu'à de pures hypothèses. C’est un point qui appelle de nouvelles expériences. L'étude cryoscopique du liquide céphalo-rachidien soulève donc quelques problèmes intéressants pour le physiologiste, en même temps qu'elle apporte un signe de plus à la séméiologie de la méningite tuber- culeuse. (1) Nicloux. Recherches expérimentales sur l'élimination de l'alcool dans l'organisme, Thèse, Paris. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. a : | CCNSPRNUTE di TOR Hal 1e ETACN TLC " sut n 40 FF RE Ab, LENS CMMTAIUER Li le ni: FHRRLRUL * GT UN F 1 G. "2 TAC TRIO tr AQUt LA vf. We. AIG, 2e CURS th HP \ # CA TL LE PLU TT UN Res Bhlar ALL Op LU Oo “ si D 5V 2 i 20 Peu nt 1e een) Lie DÉS Pur? NA TE 10 ai ta : Ex H L A TON ut ACT TT NT fee. ALT and LAN DATE PORT ATP CRT DEEE 2 € 7 aug il bte DEL | "THSNE HAT YTTON MEN À LEE MATOS EN Le \ S SAR ' RTE 1} 14 ke 21727 tou an ft Av b uthetd ELU (te f EDEN TUE PRINT UT tai it AMIS TIEE ATALITER 1 N MES FAT RENEINNT { tit br! dat DU SOON RARES Jeu 11 LUE po 2 ; { #1 LA : L " dprt ph road AA AN A AP NAT aa DUT FAEMTT EG AO ATITUNE | És : | er SUP ANT SEE é AURA PME NE tan &) ROLE Ar CAE ‘ 2 L \ L ve" ER [| ti br: f û 29. F2 ET E SEX Y D Te PU 1) NPA EUL FETE CTLES Aie . +0 a ; 2 | , 4 he AT Ç À >»! La s C2 ca = WE _ : Het A ALP HE S Fe PA FR \i ai ; CARE ÉMERT ETS ANTEN Nr LS : | : ONE ÿ A j À fi, _ 4 $ _Réranie »ù' 2) us ro si Tee SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1900 M. le Dr Onxmmus : Ossature du littoral méditerranéen. — M. Louis Lécer : Sur un nouveau sporozoaire des larves de diptères. — M. L. Cuéxor : La distribution des sexes dans les pontes de Pigeons. — M. E. GELLÉ: Plessimètre différentiel. — M. JEAN Lépine : Sur les lésions médullaires de la décompression atmosphérique brusque. — M. E.-L. Bouvier : Le retour au nid chez les Hyménoptères préda- teurs du genre Bembex. — M. A. Nrcozas : Note sur la présence de fibres muscu- laires striées dans la glande pinale de quelques mammifères. — MM. A. GILBERT et J. CasraIGxE : Le liquide céphalo-rachidien dans la cholémie. — M. Loutrs LAPICQUE : (Discussion). — MM. A. Grreert et J. CASTAIGNE : La somnolence des ictériques. — MM. Josepn Nicocas et Beau : Influence de la splénectomie sur l’évolution de l'intoxication par divers alcaloïdes chez le cobaye. — M. L. NATTAN-LARRIER : Note sur la structure du foie du cobaye nouveau-né. — M. le Dr P. Jousser : Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse sur le bacille de Koch contenu dans les crachats tuberculeux. — M. Pauz FERRIER : Ostéocie et odontocie. Présidence de M. Troisier, vice-président. OUVRAGE OFFERT M. Rarccier offre à la Société, au nom de M. Thierry, membre corres- pondant, les deux ouvrages suivants: /e Bœuf et le Porc, monographies très claires et précises, publiées par la Librairie agricole de la Maison rustique, Paris, 1900. OSSATURE DU LITTORAL MÉDITERRANÉEN, par M. le D' Oximus. (Communication faite dans la séance précédente.) Les conditions météorologiques dépendent principalement de la hauteur et de la direction des montagnes, et, pour avoir une idée bien nelte de ces conditions sur le littoral méditerranéen, nous avons établi des schémas dans lesquels, après avoir supprimé l'accumulation des chainons et des vallées secondaires, qui rendent la lecture des cartes si difficile, il reste une ossature, et comme une espèce de squelette de la région. BioLOG1E. ComrTrEes HENDUS. — 1900, T, LIL. 66 866 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'examen de ce squelette, à première vue, nous montre une division très nette, celle qui s'étend à l’ouest du Var et celle qui s'étend à l’est. A l’ouest du Var, le terrain est constilué par des chaînes sans liaison entre elles, d'orientation générale est-ouest, mais coupées dans tous les sens par les larges couloirs des vallées. Elles ne forment un massif compact que dans l’Esterel et les Maures. Sauf dans la chaîne de Saint-Beaume où quelques sommets s'élèvent à 1.100 mètres, elles sont au-dessous de 1.000 mètres et surtout elles n’ont pas le formidable rempart des Grandes Alpes. L'air froid venant du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse peut donc passer sans peine et arriver jusqu'à la côte. A l’est du Var, deux parties également : 1° Entre le Var et Arrosia. 2° Entre Arrosia et Gênes. Du Var à Arrosia, la côte est abritée presque partout par trois lignes successives de hauteurs : 1° Une ligne côtière, plus ou moins élevée, plus ou moins coupée de cols et de vallées, et c’est ce qui constitue les différences climatériques de points voisins, très voisins quelquefois ; 2° Une deuxième chaîne plus élevée, plus épaisse; c’est le massif de l’Aution dans les Alpes-Maritimes, c’est la Morta, au nord de Vintimille et à San-Remo ; 3° L'arête dorsale des Alpes. Celle-ci ne doit être considérée que comme un abris des vents venant du nord de l’Europe, car par elle-même elle est tellement élevée qu’elle est couverte de ueige et qu’elle cons- titue presque un centre de froid. De San-Remo, ou mieux d’Albenga à Gênes, la chaîne des Alpes- Maritimes, c'est-à-dire le deuxième contrefort, s’est abaissé à 700 mètres, etmême à 500 mètres, ce qui n’est plus suffisant pour abriter des vents froids du nord et, de plus, l’orientation change. Donc, a priori, nous pouvons être certains que d’Albanga à Gênes, la température est plus froide que de Nice à San-Remo. En résumé, ces schémas nous amènent aux conclusions suivantes : Il fait froid, car les vents du nord y ont.accès, entre Marseille et Saint-Raphaël. Quelques points, derrière l'Esterel et les Maures, sont plus abrités, mais ces points ne peuvent être, très nombreux, et les vents froids de la vallée du Rhône doivent encore s’y faire sentir. La région comprise entre le Var et l’Arrosia, c’est-à-dire entre Nice et OÜneglia, est, de toute cette côte, la plus abritée. La partie entre Oneglia et Gênes redevient mal orientée et présente des inconvénients analogues à ceux de la côte provencale. Cette étude générale peut être appliquée en détails d’après les mêmes principes pour les différentes localités. Pour celles-ci, il faut alors tenir compte des chaïnons et des petites vallées. A r Gi 14e abs DT ET SÉANCE DU 27 OCTOBRE 867 C'est ainsi que les schémas de Cannes, de Nice, de Monaco, de Menton nous expliquent aussitôt les différences de climats d’un quartier à l’autre. Sur les schémas représentant l’ossature qui environne Nice, on voit des chaïinons qui viennent entourer la ville et ses environs; seulement ces chainons sont perpendiculaires à la mer, ce qui constitue des cou- loirs dans lesquels l’air peut descendre et, de fait, descend des hauteurs tous les soirs. Aussi, si le mistral s’y fait peu sentir, la brise du soir y est toujours très sensible. Cannes s'étend au fond d’une baie largement ouverte dans la direc- tion du Sud. Elle est bâtie à la base d’un triangle dont la tête du Guillet est le sommet et dont les deux côtés sont formés, l’un par la chaine de direction générale Nord-Ouest-Sud-Est qui se termine à la pointe Fourcade et l’autre par l’arête Nord-Est-Sud-Ouest qui finit à la croix des Gardes. C'est dans cet amphithéâtre que se trouvent les pointes les plus abrités. La plaine n’est pas fermée du côté de l'Ouest, du côté d’où vient le mistral, mais, par contre, les protections contre le vent d’Est y sont très importantes. Par contre Antibes est exposé à tous les vents, à l'exception de quelques points. De Nice à Monaco, la ligne côtière court parallèle à la mer à partir du mont Gros jusqu’au mont Agel avec des hauteurs allant en augmen- tant de 350 mètres environ à 1.150; et de ces chaïnons se détachent des collines qui viennent former Villefranche, Beaulieu, Eze, la Turbie-sur- Mer, Monaco, Roquebrune et le Cap Martin. La direction, la hauteur de ces chaïnons établissent d'assez grandes différences, et, à la simple inspection de ce schéma, on peut trouver le point peut-être le mieux protégé de toute la côte, car de la Turbie du haut il se détache entre Eze et Monaco une masse rocheuse de près de 600 mètres qui avance vers la mer, en formant une sorte d’arc de cercle. C'est évidemment au fond de cet amphithéâtre qu'est le point le plus abrité des vents du Nord et du mistral. Menton offre, dans une partie de son terriloire, quelques-uns des inconvénients de Nice, c'est-à-dire que les chaînons qui se détachent du massif des Alpes sont perpendiculaires à la mer et que les vallées deviennent des tirants d'air de la montagne. Cela esi surtout manifeste dn côté du cap Martin. Cependant quand le fond de la vallée est fermé par une forte barrière, comme par exemple les collines de Gorbio et de Saint-Agnès, le tirant d'air disparait en grande partie. En réalité, et cela se voit très bien sur l’ossature de Menton, c'est à Garavan que le climat est le meilleur, car il y à là un amphithéâtre qui est analogue à celui qui existe entre Eze et Monaco. Ces simples schémas en disent plus, pour l'étude de ces régions, que 808 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bien des observations, car elles remplacent les excursions dans un pays si accidenté, qu'a priori il est presque impossible de croire aux diffé- rences de climat d'un point à un autre. Et cependant ces différences sont tellement grandes qu'on dirait presque les différences qui existent dans le Nord entre l’intérieur et l'extérieur des habitations. SUR UN NOUVEAU SPOROZOAIRE DES LARVES DE DIPTÈRES, par M. Louis LÉGER. Au cours de recherches zoologiques effectuées dans les lacs élevés des Aiïpes, j'ai découvert dans l'intestin des larves de Ceralopogon sp. du lac Luitel, un Sporozoaire qui, tout en présentant les caractères. généraux des Grégarines, montre en même temps une reproduction schizogonique à l’intérieur de l'hôte. Pour cette raison, je l’appellerai Schizocystis gregarinoides. A l’état végétatif, le parasite se présente sous deux formes distinctes que l'on pourrait prendre tout d'abord pour deux espèces différentes. Les unes, peu nombreuses, sont de grande taille, cylindriques, très allongées, avec une portion antérieure hyaline mais sans trace de septum. Elles montrent un protoplasma jaunâtre avec quelques grains réfrigérents et de nombreux petits corps en bâtonnets. Il n'y a pas d’ectoplasme distinct et la cuticule mince offre des stries longitudinales espacées. Ces parasites peuvent dépasser une longueur de 150 nu. Ils sont fixés, comme par une ventouse, dans les dépressions de la paroi intestinale et ne montrent pas autrement d'appareil de fixation différencié. Ils présentent des mouvements de translation totale et de flexion localisée et ressemblent tout à fait à des Monocystis; mais si l’on fait des préparations colorées, on voit que chaque individu possède un nombre de noyaux augmentant avec la taille; jusqu’à 60 environ. J'ai observé les différents stades qui conduisent à ces formes énormes plurinucléées. Le nombre des noyaux croît avec la taille de l’animal, et on peul voir ces mêmes parasites, au début de leur évolution, sous forme de sporo- zoites hyalins uninucléés, agiles, avec un prolongement digitiforme antérieur très mobile, au moyen duquelils vont sans doute, comme les Pixinia, se fixer à l'épithélium. | A côté de ces formes allongées, multinucléées, se voit la seconde forme du parasite. Elle est représentée par des individus beaucoup plus petits, parfois en quantité prodigieuse, et caractérisés par leur forme en massue droite ou incurvée, arrondie à l'extrémité antérieure dépourvue de granulations, ter- minée en pointe à l’autre extrémité. Leur longueur est de 20 à 25 w. Ils ont une paroi mince, lisse, et leurs mouvements sont très restreints. IL ne montrent jamais qu'un seul noyau. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 869 L'hypothèse qui se présente naturellement à l'esprit est que ces petites formes mononuceléées en massue proviennent des gros individus vermi- formes plurinucléés qui seraient ainsi des schizsontes. J'ai eu la chance de la vérifier sur le vivant. Ces parasites vivent très bien plusieurs heures dans la solution physiologique légèrement albuminée. Observant quelques individus plurinucléés dans ce liquide depuis quelques heures, je vis l'un des plus gros, chez lequel les noyaux faisaient déjà saillie à la surface comme de petites éminences claires, se segmenter en autant de petits parasites mononucléés en massue, qu'il renfermait de noyaux. Cette schizogonie débute par l'extrémité postérieure et gagne pro- gressivement la partie antérieure, s’effectuant en quatre ou cinq heures environ. Ce mode de multiplication rappelle celui observé par Caullery et Mesnil chez Siedleckia, mais il s'effectue beaucoup plus lentement. La destinée des mérozoïtes claviformes est facile à suivre chez les larves infestées depuis un certain temps. Ils grossissent quelque peu sans modifier leur forme, puis s’accolent deux à deux par leur extré- mité antérieure renflée et se renferment dans un même kyste sphérique à paroi très mince. Alors commence la sporogonie, qui s'effectue comme chez les Grégarines, suivant le mode décrit par Siedlecki chez Mono- cystis ascidiæ Ray-Lank. Dans chaque individu accolé se forment, aux dépens de la chromatine issue du noyau primitif dont le karyosome se dissout, un certain nombre de sporoblastes qui se conjuguent deux à deux pour donner un nombre moitié moindre de sporocystes. Les sporocystes sont biconiques et renferment à leur maturité huit sporo- zoïtes, autant qu'il m'a été possible de l'apprécier, car ils sont très difficiles à compter. Leur maturation s'effectue alors que le kyste est encore dans l'intestin de l'hôte, de sorte que la rupture du kyste mûr peut occasionner sur place de nouvelles infections. L'analogie de cette évolution avec celle des Ophryocystis est frap- pante. Chez ces derniers, en effet, il y a également une schizogonie s'effectuant d'une facon analogue, les schizontes seuls différant par leur forme à cause de leur habitat différent, et une sporogonie compa- rable, avec cette seule différence qu'elle aboutit à un seul sporocyste chez Ophryocyslis et à n sporocystes chez Schizocystis. Une communauté de caractères aussi importants ne permet pas de classer ces deux êtres dans deux groupes différents et de conserver le nom d’'Amæbosporidies, car les Ophryocystis ne sont pas amiboïdes et leur corps, comme celui des Schizocyslis, présente une orientalion aussi nettement définie que celui des Grégarines (1). D'autre part, deux caractères essentiels rapprochent ces deux Sporozoaires des Grégarines (1) Léger et Hagenmuller. Sur la morphologie et l’évolution de lOphryo- cystis Schneider n. sp., Arch. Zool. Exp., t. VIX, 1900. Notes et Revue n° 3. 870 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et les éloignent des Coccidies : siège extra-cellulaire au moins pendant la plus grande partie de la vie, sinon toujours, sporogonie résultant d'une conjugaison isogamique des sporoblastes, tandis que chez les Coccidies on a : siège intra-cellulaire pendant toute la période d’accrois- sement et conjugaison hétérogamique. Pour ces raisons, je propose de faire rentrer dans le groupe général Grégarines caractérisé comme il a été dit plus haut, les deux genres Ophryocystis et Schizocystis (1), en créant pour eux un sous-groupe des Schizogrégarines (Grégarines présentant une schizogonie), opposé aux Eugrégarines, qui comprendront les Grégarines que l’on connaissait jusqu'ici, et qui sont dépourvues de phase de multiplication endogène. LA DISTRIBUTION DES SEXES DANS LES PONTES DE PIGEONS, par M. L. CUÉNOT. On sait qu’à chaque ponte les Pigeons domestiques et les Colombiens exotiques donnent toujours deux œufs, qui éclosent en même temps; une tradition très ancienne, qui remonte au moins à Aristote, veut que ces deux œufs fournissent ordinairement l’un un mâle, l’autre une femelle ; c’est l'opinion courante parmi les éleveurs de Pigeons, et Dar- win, Flourens, Reynaud, Fabre-Domergue, etc., l’acceptent comme démontrée. Il est certain d’autre part que ce n’est pas une régle absolue, car on a signalé souvent des couvées qui comprenaient deux petits de même sexe (Harrison Weir, cité par Darwin; Bailly-Maître et de Brisay, cités par Giard ; Remy Saint-Loup, Guyer). Un seul éleveur, prenant le contre-pied de l'opinion reçue, prétend même qu'il est « assez rare » que les deux jeunes soient de sexe différent (Thauziès, cité par H. de Varigny). Mais en somme, les uns et les autres admettent que le sexe des deux Pigeons d’une couvée n’est pas distribué au hasard, qu'il suit une certaine règle, phénomène dont on ne connaît pas d’autre exemple chez les Verlébrés. Pour élucider la question, j'ai examiné 65 pontes de Pigeons voyageurs (Coumba livia Briss.), en m’assurant avec grand soin que les deux œufs (1) C’est aussi dans ce sous-groupe que doit rentrer le Gonospora longissima de Caullery et Mesnil, s’il est démontré que la schizogonie intracellulaire signalée par ces auteurs dans cette espèce n'appartient pas à une Coccidie, et peut-être aussi le curieux Siedleckia nematoides des mêmes auteurs, dont on ne connaît pas encore la sporogonie. 2 = ur) < ha À. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 871 Sh) pondus provenaient bien de la même mère : j'ai trouvé 17 fois deux males, 14 fois deux femelles et 34 fois les deux sexes. Or, le calcul des probabilités nous apprend que si on jette 64 fois en l'air deux pièces de monnaie, il est probable que l'on aura 16 fois deux faces, 16 fois deux piles et 32 fois une face et une pile, chiffres à peu près identiques à ceux que j'ai trouvés pour mes Pigeons (1). Il n'y a donc aucune loi de dis- tribution des sexes dans les pontes de Pigeons, pas plus que dans les familles humaines ou les portées d'animaux domestiques, et il faut abandonner définitivement le préjugé de la bisexualité des pontes. Une autre tradition attribue aux pontes bisexuées une particula- rité des plus curieuses : Aristote avait remarqué que c'était « le plus souvent le premier œuf pondu qui donne le mâle », et Flourens, en 1864, a confirmé le fait pour 11 pontes étudiées par lui; 41 fois de suite, le premier œuf donna un mâle et le second une femelle. Jusqu'ici. personne, que je sache, n’a mis en doute l’assertion d’Aristote. À mon tour, j'ai étudié 30 pontes bisexuées, dans les conditions suivantes : les deux œufs, qui sont pondus à un ou deux jours d'intervalle, étaient marqués dès leur apparition d’un numéro sur la coquille; pour recon- naïitre le sexe, je disséquais les jeunes un ou deux jours avant qu'ils .n’éclosent; j'étais donc bien sûr de ne pas me tromper ni sur le sexe facile à reconnaître par dissection, ni sur le numéro d’apparilion de l'œuf. Or, sur ces 30 pontes, le premier œuf dans 15 cas renfermait un mâle, et dans 15 autres renfermait une femelle : il y a donc autant de chances pour un sexe que pour l’autre, exactement comme dans les familles humaines qui ont deux enfants, fille et garcon; et ce second préjugé du premier œuf mâle doit être abandonné comme celui de la bisexualité ordinaire des pontes. Comme il est extrêmement peu probable que Flourens soit tombé sur une série de 11 pontes toutes bisexuées, et toutes à premier œuf mâle, on peut croire qu'il n’a pas fait l'expérience lui-même, et qu'il a été trompé par quelque subalterne. Enfin, j'ai profité de mon matériel pour déterminer la proportion nor- male des sexes chez le Pigeon voyageur; j'ai disséqué en tout 136 Pi- geons nouveau-nés, qui m'ont fourni 73 mâles et 63 femelles, soit une proportion de 115, 87 mâles pour 100 femelles; les naissances présen- tent donc une notable hyperandrie qui avait été également notée par Darvin chez les Pigeons adultes. On sait du reste que l'hyperandrie est (4) La comparaison avec les pièces de monnaie n'est pas tout à fait exacte; en effet, ces dernières ont autant de côtés pile que de côtés face, tandis que les Pigeons présentent normalement un excès de ngissances masculines; ainsi les 65 pontes de Pigeons dont il a été question renferment 68 mâles et 62 femelles; en calculant sur ces bases, on trouve qu'il y a probabilité pour avoir 17,7 fois deux mâles, 14,7 fois deux femelles, et 32,4 fois un mâle et une femelle. L'identité avec les chiffres expérimentaux est encore plus frap- pante. + L'PRISNEES FAN 872 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très fréquente chez les oiseaux sauvages ou domestiques (Faisans, Din- dons, Canards, Passereaux, etc.) ; les Pigeons, malgré leur stricte mono- gamie, ne font pas exception à la règle (1). PLESSIMÈTRE DIFFÉRENTIEL, par M. E. GELLÉ Larésonance desrégions s'étudie en médecine aumoyen duplessimètre ; et c'est l’air qui apporte le son produit à l'oreille de l'observateur. Je présente un plessimètre très simple relié à l'oreille par un tube de caoutchouc. L’auscultation du bruit de percussion transmis ainsi est accrue de telle sorte que l'exploration des petites cavités ou sinus de la face est rendue fructueuse pour les oreilles lés moins bien douées. C'est, comme on voit, un plessimètre de métal (aluminium) à aileltes; l’une de celles-ci en bouton reçoit l'insertion du tube de caoutchoue, dont un embout terminal s'adapte à l'oreille de l'observateur ; chaque ailette pourrait en recevoir un au besoin. La plaque bien couchée sur la région examinée, on percute comme. sur tout autre plessimètre, suivant que l'exploration est superficielle ou profonde. L'adaptation d’un tube au plessimètre constitue une cavité réso- nante dont la percussion fait rendre le son propre; aussi il en résulte que la fonction de l'instrument est totalement modifiée ; en effet, ce sont les changements imposés à ce son par les corps explorés que le médecin perçoit avec le tube. C’est pourquoi je l’appelle plessimètre différentiel. L'observateur peut à chaque instant opposer le son fondamental, ample et grave, rendu par l'appareil libre de tout contact, à celui qui se produit dès qu'il touche la surface du corps percuté ; la différenciation est donc facile pour les plus mauvaises oreilles, et aussi pour l'examen des cavités aériennes les plus petites (sinus de la face), vu l'amplification des bruits percus. On peut aussi, sans percuter, écouter les bruits de grattage des régions voisines de la plaque, comme cela se fait avec le stéthoscope de Bianchi et de Capitan, et avec d'excellents résultats. Les sensations tactiles, celles de vibrations, de résistance à la pres- sion des parties, sont conservées comme dans tout plessimètre. (1) On trouvera les indications libliographiques relatives aux auteurs cités plus haut dans mon mémoire : «Sur la détermination du sexe chez les ani- maux », Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, t. XXXII, 1899, p. 462. — Le travail de Guyer, plus récent, se trouve dans le Zoological Bulletin, t. IX, n° 5, 1899, p. 211 (Ovarianstructure in an abnormal Pigeon). SÉANCE DU 271 OCTOBRE 873 SUR LES LÉSIONS MÉDULLAIRES DE LA DÉCOMPRESSION ATMOSPHÉRIQUE BRUSQUE, par M, JEAN LÉPINE. J'ai étudié expérimentalement les lésions de la décompression atmo- sphérique brusque, dans le but de déterminer si les foyers lacunaires et hémorragiques de la moelle, que divers auteurs ont constatés, corres- pondent à des hémorragies primitives, par ruptures vasculaires, sous l'influence du dégagement brusque des gaz du sang, ou, au contraire, à des ramollissements consécutifs à des infarctus emboliques. Les animaux en expérience (lapins et cobayes) ont été soumis à des décompressions assez brusques et assez violentes (en quelques secondes après des compressions allant jusqu’à 10 atmosphères) pour que la mort puisse survenir en quelques instants. Dans ces conditions, on pouvait savoir si les hémorragies produites étaient primitives, car des infarctus n'auraient pas eu le temps de devenir hémorragiques. | J'ai étudié, d'autre part, les lésions dans des cas qui ont présenté une survie de quelques heures ou quelques jours. Il résulte de ces recherches que la décompression brusque produit dans la moelle à la fois des hémorragies primitives et des infarctus par embolies gazeuses. Une condition importante de ces lésions est le reflux du sang abdominal, chassé par la distension gazeuse extrême de l'intestin. Il en résulte une congestion brusque de la moelle, qui se traduit au microscope par une disposition sinueuse et presque hélicine des vais- seaux. Cette constatation confirme l'hypothèse, émise autrefois par M. Bou- chard, de la participation des phénomènes vasculaires abdominaux, dans les accidents médullaires de la décompression brusque. Le parenchyme médullaire présente encore d'autres lésions acces- soires, dues au dégagement des bulles gazeuses dans le canal central et les interstices du tissu. 874 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE RETOUR AU NiD CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES PRÉDATEURS DU GENRE BEMBEX, par M. E.-L. Bouvier. Les Bembex sont des Hyménoptères prédateurs qui entassent dans un terrier peu profond les Diptères variés servis comme nourriture à leurs larves. Ils nidifient dans les talus sablonneux et, quand ils quittent leur galerie pour repartir en chasse, ont l'habitude constante d’en fermer l’orifice et d’en bien râtisser la surface. Rien ne parait plus ‘indiquer l'endroit précis où se trouve l’entrée du terrier, et pourtant, au retour de son expédition, l’Insecte n’éprouve pas la moindre hésita- tion pour retrouver son gîte; après quelques repos dans le voisinage, il s'abat et se met à fouir juste au bon endroit. M. Fabre, qui a fait de curieuses observations sur les PBembex, essaya en vain de dépister l’'Hyménoptères en recouvrant l’orifice du terrier de substances diverses et, à la suite de ces tentatives inutiles, crut pouvoir conclure que ni la mémoire des lieux, ni la vue, ni l’odorat ne servent de guide à l’Insecte dans cette occurrence. Ayant eu l’occasion d'observer en grand nombre des Zembez labiatus Fabr. qui nidifiaient dans les dunes de Colleville, près de Lion-sur-Mer, j'ai multiplié observations et expériences pour éclaircir ce curieux problème et je crois utile de relever ici les résultats auxquels je suis arrivé. Comme M. Fabre, j'ai constaté d’abord que le Bembex revient tou- jours à peu près à l'entrée de son nid, quelles que soient les substances avec lesquelles on a masqué cette dernière (mousse, pierres, petit tas de sable, amas de brindilles), à la condition, toutefois, que ces objets sura- joutés n’occupent pas une trop grande étendue. Quand cette dernière précaution n'a pas été prise, l'Insecte est complètement dépisté et reste quelquefois des heures entières à fouir çà et là au hasard, avant de retrouver l'entrée de son terrier. Le monticule sablonneux où j'ai réalisé la plupart de mes expériences étaitrecouvert de courtes mousses sèches et de maigres Graminées, entre lesquelles se trouvaient des espaces sableux dénudés où s’effectuaient les travaux du Bembex. Pour dépister l'Insecte, il me suffisait de raser les plantes tout autour du nid dans un espace de 7 à 8 décimètres carrés et, sur toute cette surface, de répandre uniformément du sable. En revenant chargé d’une proie, le Bembex allait bien s’abattre sur l'aire sablonneuse ainsi faite, mais il y errait dans tous les sens, s’envolait dans le voisinage comme pour s'orienter, puis revenait fouir çà et là dans l’aire et, toujours, mettait un très long temps avant de retrouver l'endroit précis où était dissimulée l’entrée de son terrier. Il semble bien, dans ce cas, que la topographie des lieux avait été trop modifiée et que, les points de repère ayant disparu, rien n indiquait plus à l’Insecte la porte de sa demeure. DRM ne, 0 REUUT sd -* » « L ve « SÉANCE DU 27 OCTOBRE 875 Une expérience d’un autre ordre est venue confirmer cette manière de voir. Je recouvris d’une pierre plate et blanche, large d’un décimètre environ, le terrier en voie d’approvisionnement d'un Bembex. Au retour, l'Insecte vint se poser sur la pierre, la gratta vainement de ses pattes pour s'y faire une entrée, puis se mit à la contourner, à fouir par-dessous et, après de longs efforts, finit par s'ouvrir un chemin jusqu'à sa galerie. Je laissai la pierre en place et je vis, le lendemain, que l’orifice du nid avait été ramené sur le bord libre de l'obstacle ; là se trouvait le nouvel orifice, que l’Insecte ouvrait et fermait dans chacun de ses voyages. Le surlendemain, par une belle journée de chasse, je revins au même endroit et, profitant de la sortie du Bembex, je déplacai la pierre et la mis à deux décimètres au delà, en un point qui ressem- blait beaucoup à celui où elle était restée les deux jours précédents. L'Insecte revint bientôt chargé d’une Mouche et, sans hésitation appré- ciable, alla s’abattre sur le bord de la pierre, c’est-à-dire à deux déci- mètres de l'entrée de son terrier, puis se mit à fouir comme s'il se fût trouvé à la bonne place. Je le chassai deux fois de la pierre, deux fois il y revint et se livra au même manège. Enfin, je remis la pierre au lieu où elle était d’abord, et aussitôt, l’Insecte retrouva l’entrée de son logis. lei encore, le Bembex avait été frappé par une modification frappante dans la topographie des lieux; la pierre plate lui servait de point de repère et il s'orientait sur elle pour retrouver l’orifice de son nid. Je tentai des expériences semblables sur un autre nid avec une pierre plate plus petite, mais mon insuccès fut complet, le Bembex ne se trompait pas. L’Insecte, sans doute, savait se repérer au moyen d’autres accidents locaux et la pierre ne lui suffisait plus. M. Fabre a observé que les Bembex, dont on a complètement ouvert le terrier, ne se rendent nullement à leur cellule mise à découvert, mais s'obstinent à fouir au point où se trouvait l'entrée avant l'opération. Afin de moins dépayser l’Insecte, j'ai repris cette expérience sous une autre forme, me contentant d'ouvrir, à intervalles d'une demi-heure, cinq à six centimètres de la galerie, en commençant par l'entrée. Après les deux premières opérations, le Bembex retrouva son terrier, non sans avoir un peu foui en tous sens dans le canal que j'avais creusé ; plus tard, il se trouva dépaysé par les travaux de terrassement que j'avais effectués et je dus lever la séance avant que l’Insecte eût retrouvé son gite. Mais les Bembex dont on a détruit le nid s'obstinent parfois vingt- quatre heures à le chercher ; le mien ne perdit pas courage et, le lendemain, un petit monticule sablonneux me montrait que l’'Insecte , S'élait engagé de nouveau dans son terrier. De ce qui précède, il est possible de conclure, semble-t-il, que la mémoire des lieux et la vue jouent un rôle essentiel, sinon exclusif, dans l'habileté vraiment admirable avec laquelle le Bembex labiatus retrouve l'entrée de son nid. Cette conclusion parait contraire à celle 876 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qu'avait formulée M. Fabre, mais je me garderai de la mettre en oppo- sition avec elle. Les Hyménoptères sont des êtres fort complexes dont les habitudes, comme je le montrerai pour les Philanthes, paraissent extrèmement variées ; 11 y a loin de la Normandie à la Provence, et il peut se faire que tel Insecte, fort habile dans un lieu, présente ailleurs des facultés psychiques moins développées. NOTE SUR LA PRÉSENCE DE FIBRES MUSCULAIRES STRIÉES DANS LA GLANDE PINÉALE DE QUELQUES, MAMMIFÈRES, par M. A. Nicozras. D'après des recherches entreprises dans mon laboratoire et qui doivent faire prochainement le sujet de la thèse d’une de mes élèves, la glande pinéale des mammifères est essentiellement constituée par de la névroglie à laquelle s'associe du tissu conjonctif en faible quan- tité. J’y ai trouvé en outre des éléments que je ne m'attendais certai- nement pas à y rencontrer. Ce sont des fibres musculaires striées tout à fait typiques. Jusqu'à présent je ne les ai vues que chez le veau et chez le bœuf, dans des coupes de pièces fixées et colorées de diverses manières. Ces fibres se remarquent de préférence dans la partie distale de : l'organe. Elles sont tantôt superficielles, tantôt profondes. Il en est qui occupent l'épaisseur d’une travée conjonctive. D'autres, et c’est le plus grand nombre, sont isolées au milieu des éléments de la glande, accom- pagnées seulement de fibres névrogliques, peut-être aussi d’un peu de substance conjonctive. Leur nombre est très minime. On les trouve facilement quand elles sont grosses. Dans le cas contraire, il faut parfois chercher longtemps, surtout si elles ne sont pas sectionnées dans un sens favorable, avant d'en découvrir une. Les dimensions de ces fibres sont variables. Ainsi les dessins que je soumets à la Société en montrent une qui a une longueur de 66 u sur une largeur de 6 x, tandis que l’autre atteint 100 x de long sur une épaisseur moyenne de 4u seulement. Elles ont la forme de fuseaux ou de longs cylindres à extrémités coniques plus ou moins effilées. Leur structure est particulièrement nette dans les coupes colorées par l’'hématoxyline ferrique. Chaque fibre comprend une zone protoplas- mique, d'apparence grenue, renfermant un ou deux noyaux, et une partie différenciée, caractéristique. Celle-ci est formée de fibrilles parallèles, juxtaposées, montrant les zones alternativement sombres et claires (disques épais et disques clairs) bien connues. Les disques épais sont allongés et renflés en olives. Dans les coupes bien diffé- SÉANCE DU 27 OCTOBRE 871 renciées par le sel ferrique, ces fibrilles sont parfaitement distinctes, dans les autres, les séries transversales de disques épais sont plus ou moins empâtées et paraissent alors sous l’aspect de bandes continues. Dans la plupart des fibres que j'ai examinées, les disques minces n'étaient pas visibles. Pourtant, sur l’une d'elles, j'ai pu m assurer de leur existence avec une entière certitude. On sait qu'ils ne sont pas toujours apparents. Les fibrilles m'ont paru le plus souvent disposées autour de la zone protoplasmique qui renferme le ou les noyaux, réalisant ainsi une disposition semblable à celle des fibres striées embryonnaires, à celle aussi des fibres du myocarde. Quelquefois, au contraire, le protoplasma non différencié, au lieu d’être axial, était rejeté latéralement, sur le côlé du faisceau fibrillaire. Des fibres névrogliques en plus ou moins grande abondance croisent : et accompagnent ces éléments. Par places, on dirait qu'une substance granuleuse (conjonctive?) leur forme comme une sorte de gaine, du reste incomplète. Jamais je n'ai vu ces fibres contracter de rapports avec des vaisseaux. Dès le début de cette note, j'ai qualifié ces éléments de fibres mus- culaires. C'est qu’en effet il me parait impossible de leur attribuer une autre signification. Leur présence dans la glande pinéale est aussi élonnante qu'incompréhensible. Le point de départ et la raison d’être de cette différenciation m'échappent complètement. Une description plus détaillée accompagnée de figures sera publiée dans la thèse que .. j'ai annoncée plus haut. LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LA CHOLÉMIE, par MM. A. GILBERT et J. CASTAIGNE Les théories qui cherchent à expliquer les accidents nerveux de la cholémie par l’action toxique que produisent sur le névraxe les éléments constituants de la bile manquent toutes d’une base clinique. Par injection intra-veineuse et surtout par injection sous dure- mérienne de sels biliaires, on a pu produire chez les animaux des acei- dents nerveux, mais aucun auteur, à notre connaissance, n’a recherché la présence de pigments ou de sels biliaires dans le liquide céphalo- rachidien de malades atteints d'ictère. Nous avons pratiqué la ponction lombaire chez 18 ictériques qui pré- sentaient des accidents nerveux plus ou moins prononcés : 15 d’entre eux, malgré que leur sérum contint des pigments biliairés en grande quantité, avaient un liquide rachidien absolument normal. Dans trois cas seulement, nous pûmes retirer par la ponction, un liquide jaunâtre 878 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans lequel il fut facile de déceler les réactions de Gmelin et de Petten- kofer. Ajoutons, d’ailleurs, que dans ces trois cas il n’y eut pas mélange de sang et de liquide céphalo-rachidien, ce qui pourrait constituer une cause fondamentale d'erreur. Ces trois malades dont le liquide céphalo-rachidien contenait des pigments et des sels biliaires eurent des accidents nerveux graves; ils guérirent cependant et nous pümes constater après cessation com- plète des accidents qu'il n’y avait plus d'éléments biliaires, dans le liquide retiré par la ponction lombaire. Il semble donc qu'on ne puisse nier un rapport de cause à effet entre l'apparition de certains symptômes nerveux graves et le passage des pigments et sels biliaires dans le liquide céphalo-rachidien (4). Cela confirme les expériences de Biedl et Kraus : on sait, en effet, que, d’après ces auteurs, l'injection de sels biliaires sous la dure-mère d'un animal produit constamment des accidents nerveux. Reste un point très délicat à élucider : comment se fait-il que les pigments et sels biliaires en circulation dans le sang puissent passer dans le liquide céphalo-rachidien ? On sait, en effet, depuis les intéres- sants travaux d'A. Sicard, que la membrane arachnoïdo-pie-mérienne, très perméable de dedans en dehors, ne l’est pas de dehors en dedans. Nos constatations personnelles ne viennent infirmer en rien cette loi physiologique qui nous semble absolument vraie, dans les conditions normales tout au moins. as Mais il ny a rien d'étonnant à ce que, dans certaines conditions pathologiques, la perméabilité arachnoïdo-pie-mérienne puisse être modifiée : l’un de nous a déjà rapporté un cas d'urémie convulsive dans lequel le liquide céphalo-rachidien était très toxique, ce qui ne pouvait s'expliquer qu’en admettant que la membrane qui enveloppe le névrax était devenue perméable aux poisons urémiques. Dans nos cas de cholémie, il ne semble pas que ce soit la grande quantité de bile contenue dans le sang qui explique le passage des pig- ments et des sels dans le liquide céphalo-rachidien, car dans plusieurs autres cas observés par nous, le sang était extrèmement riche en bile et cependant le liquide du névraxe était normal. L’insuffisance rénale ne saurait être non plus une explication suffisante, car, autant qu'on en peut juger par les moyens cliniques usuels, elle était peu marquée. Peut-être faut-il, plutôt, faire intervenir une modification dans l’équi- (4) Nous ne prétendons nullement que le passage des éléments de la bile dans le liquide céphalo-rachidien soit une condition indispensable à la pro- duction des troubles nerveux de l'ictère. La pénétration de la bile dans l'intimité de la substance nerveuse par la voie vasculaire est sans doute capable à elle seule de les faire naïitre. Mais l’on conçoit aisément que le système nerveux soit impressionné plus profondément, si à la cholémie s'ajoute la présence des éléments de la bile dans le liquide céphalo-rachidien. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 819 — libre osmotique des humeurs. Nous avons pu constater, en effet, que ‘dans les trois cas où le liquide eéphalo-rachidien contenait des pigments et des sels biliaires, son point de congélation était légèrement supérieur à celui du sérum, c’est-à-dire que dans les trois cas le liquide céphalo- rachidien était hypo-tonique par rapport au sérum. Ces conditions, jointes à la cholémie et au léger degré d'insuffisance rénale, sont-elles suffisantes pour expliquer le passage des pigments biliaires dans le liquide céphalo-rachidien ? Nous ne pouvons pas l’affir- mer d'une facon absolue, mais ce qui nous semble hors de doute, c'est que dans certains cas pathologiques, la membrane arachnoïdo-pie-mé- rienne imperméable à l’état normal de dehors en dedans, peut devenir perméable, et que le passage des pigments et des sels biliaires dans le liquide céphalo-rachidien suffit pour expliquer un certain groupe d’ac- cidents nerveux graves de la cholémie. M. Louis LaPpicQuE. — À propos de cette communication, j'ai à pré- senter une observation qui s'adresse au moins autant à diverses communications antérieures. Je demande la permission de protester contre l'habitude qui semble s'établir de vouloir interpréter tous les échanges interstitiels par les lois de l’osmose, et ramener toute la physiologie de la nutrition à la cryoscopie. Maïs la physiologie tout entière proteste contre une telle méthode. Si l’on a vu que l’iodure de potassium ne passe pas dans le liquide céphalo-rachidien, je ne vois pas qu'il en résulte aucune difficulté pour admettre le passage des sels biliaires. Constamment nous avons des faits de ce genre; le rein, par exemple, va prendre dans le plasma sanguin pour l’éliminer une molé- cule de chlorure de potassium à côté de nombreuses molécules de chlorure de sodium qu'il laissera dans la circulation. C'est propre- ment la fonction sécrétoire, au sens étymologique du mot, qui implique un choix et qui a raison. À mesure que la science progresse, nous voyons de plus en plus qu'on n’a pas le droit d’assimiler un épithélium ou un endothélium, avec sa structure compliquée, ses réactions chi- miques propres, et ses cellules vivantes à un précipité colloïdal obtenu au sein d'une paroi poreuse. Sans doute la ténsion osmotique intervient nécessairement, comme toutes les lois physiques, dans ces phénomènes physiologiques. Mais ce n’est pas elle, elle seule, qui règle les échanges; on n'a pas le droit, en partant de ces lois, de déduire tout le phéno- mène, ni même le sens du phénomène, qui peut être inversé par l'intervention d’autres lois, dans un complexus actuellement inextri- cable pour nous. S'il est très intéressant d'accumuler des documents cryoscopiques, il est tout à fait illusoire de raisonner sur ces consla- tations, pour affirmer que telle chose aura lieu ou même pour s'étonner qu'elle n'ait pas lieu. Ü 880 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA SOMNOLENCE DES ICTÉRIQUES, par MM. À. GILBERT et J. CASTAIGNE. En étudiant les complications nerveuses de la cholémie, nous avons été frappés par la fréquence de la somnolence chez les ictériques. Les auteurs, comme Murchison, Léopold Lévi, qui avaient signalé la possi- bilité d'une somnolence spéciale « ab hepate læso », la considéraient comme un symptôme rare, et ne prenant de l'intérêt que dans les cas où elle devenait extrême (narcolepsie ou coma hépatique). D'après ce que nous avons observé, il ressort, au contraire, que la somnolence simple constitue un des symptômes les plus habituels de certaines formes de cholémie et, en particulier, des angiocholites et de la cirrhose hypertrophique biliaire. Il s'agit de malades qui dorment bien la nuit et restent couchés dix à onze heures. Au réveil, ils parais- sent dispos, mais aussitôt leur repas de midi, ils sont pris d’une ten- dance invincible au sommeil et ils s’'endorment dès qu'ils sont assis. Les plus énergiques ne peuvent résister que grâce à de grands efforts, et ils restent somnolents, incapables de travail intellectuel jusqu’à ce qu'enfin ils aient cédé au sommeil. Ces caractères de la somnolence ictérique la appel beaucoup de celle que l’on observe chez certains dyspeptiques : l'examen physique et fonctionnel de l'estomac de nos malades nous a permis de rejeter cette pathogénie. Le fait que les malades atteints d'angiocholite ou de cirrhose biliaire sont plus sujets que les autres hépatiques, à cette somnolence, nous avait fait supposer que, peut-être, il fallait tenir compte de l’interven- tion de la toxine coli-bacillaire dont la puissance somnigène n’est pas douteuse : or, le fait que des ictériques chez lesquels on peut éliminer toute idée d'infection présentent cette somnolenee, suffit à nous éloi- gner de cette hypothèse. C'est par l'insuffisance hépatique que l’on a coutume d'expliquer la somnolence et la narcolepsie hépatique, aussi avons-nous examiné avec soin le chimisme hépatique de nos malades. Or, de nos observa- tions, il résulte que les malades qui présentent les symptômes de la petite somnolence hépatique — toutes réserves faites pour la narco- lepsie et le coma — n’ont aucun signe d'insuffisance hépatique. Nous croyons donc que c'est la cholémie, c’est-à-dire la présence des éléments de la bile dans le sang, qui explique la production de la somnolence. La quantité de pigments en circulation ne semble pas jouer le rôle primordial, car certains de nos somnolents présentaient un ictère minimum acholurique. Que si l’on nous objecte que tous les ictériques ne sont pas somnolents, nous pourrons répondre que tous SÉANCE DU 27 OCTOBRE 881 n'ont pas de prurit, et l’on ne nie pas cependant le rôle des pigments et sels biliaires dans la production du prurit: cholémie d'une part, prédis- position nerveuse d'autre part, expliquent à notre avis la pathogénie de la somnolence des ictériques. INFLUENCE DE LA SPLÉNECTOMIE SUR L'ÉVOLUTION DE L'INTOXICATION PAR DIVERS ALCALOÏDES CHEZ LE COBAYE, par MM. Josepa Nicozas et M. BEAU. L'étude expérimentale du rôle de la rate dans la protection de l'or- ganisme contre les infections a déjà fait l’objet de nombreux travaux. Plus restreints sont ceux concernant son influence sur les intoxications. Et encore, jusqu'à présent, croyons-nous, les seuls auteurs qui s’en soient occupés n'ont-ils eu en vue que les intoxications microbiennes. Pour MM. Jules Courmont et Duffau (1), « le lapin splénectomisé a presque toujours paru sensiblement plus résistant aux toxines micro- biennes » (culture chauffée ou filtrée de staphylocoque pyogène, culture filtrée de bacille de Lœæffler). MM. Blumreich et Jacoby (2), expérimentant sur le cobaye avec les toxines diphtérique, pyocyanique et charbon- neuse, n’ont pas vu, comme les auteurs précédents, une résistance plus marquée des animaux splénectomisés, mais ils ont constaté que les opérés ne succombaient pas plus vite que les témoins. Enfin MM. Lépine et Lyonnet (3) ont observé que l’ablation de la rate ne diminue pas sensiblement la résistance des chiens à l’action de la toxine typhique. Ces résultats rendaient intéressante l'étude de l’influence de la rate sur les intoxications d’autre origine. Nous avons utilisé dans ces recherches le cobaye comme animal d'expérience, et nous nous sommes adressés comme toxiques aux alcaloïdes et à certains poisons minéraux. Ces poisons étaient inoculés comparativement à des cobayes normaux et à des cobayes splénectomisés dont l'opération remontait, soit à ure date récente (24 heures à 3 jours), soit à une date relative- ment ancienne (13 à 28 jours). (1) Courmont et Duffau. Du rôle de la rate dans les infections. Etude expé- rimentale des effets de la splénectomie au point de vue de la lutte de l’orga- nisme contre diverses maladies infectieuses. Archives de médecine expérimen- tale, mai 1898. (2) Ueber die Bedeutung der Milz bei künstlichen und naturlichen Infec- tionen. Zeitsch. für Hyg., XXIX, pages 419-453. Décembre 1898. (3) Lépine et Lyonnet. Sur les effets de la toxine typhique chez le chien. Revue de médecine, 1898, p. 870. Biococre. COMPTES RENDUS, — 1900, T. If. 67 (L) UT 882. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous rapportons, dans la présente note, les résullats obtenus avec divers alcaloïdes au nombre de neuf (1). Mais nous ferons remarquer tout d’abord que la splénectomie ne paraît pas être, chez le cobaye, aussi inoffensive que le disent MM. Blumreich et Jacoby dans leur travail précité. En effet, nous n'avons pu conserver aucun cobaye splénectomisé plus de deux mois. Tous sont morts, dans un temps variable, dans un état de cachexie et d'amaigrissement extrêmes. Nous n’avons, chez la plupart de ces ani- maux, trouvé aucune cause de cette mort : pas d'infection apparente locale, ni générale. Aussi avons-nous entrepris des expériences, non encore achevées, pour chercher à élucider ce point. En ce qui concerne l’évolution de l’intoxication par les alcaloïdes avec lesquels nous avons expérimenté chez les cobayes splénectomisés an- ciennement, récemment ou intacts, voici les résultats auxquels nous sommes arrivés : 1° Les cobayes splénectomisés depuis peu se comportent en général vis-à-vis de l’intoxication à peu près comme les témoins, et la splénec- tomie ne semble avoir d'influence que lorsqu'elle remonte à un certain temps (13 à 28 jours dans nos expériences). Ce fait est des plus impor- tants et se rapproche de ce qui a été vu par Moutuori, Courmont et Duffau pour les infections. De plus, il semble montrer que la suppression de la rate n’agit qu’en modifiant à la longue les conditions normales de l'organisme. Aussi les conclusions suivantes ne s’appliquent-elles qu'à la splénectomie an- cienne. 2% La splénectomie ancienne semble favoriser, chez le cobaye, l'in- toxication par le sulfate de strychnine, la strophantine, le sulfate neutre d’atropine, l’aconitine, le chlorhydrate de morphine et la digitaline. 3° La splénectomie ne semble pas avoir d'influence sur l’évolution de l’intoxication par le chlorhydrate de cocaïne et le sulfate de spar- téine. 4° La splénectomie ancienne semble au contraire rendre le cobaye plus résistant à l’intoxication par le sulfate d’ésérine. La rate, dans ces différentes circonstances, a-t-elle un rôle direct? N’agit-elle au contraire qu’en modifiant à la longue la nutrition, le chi- misme général de l’organisme ? La rate influe-t-elle sur la production dans l’organisme d’une substance antitoxique vis-à-vis de certains alca- loïdes, d'une substance neutre ou favorisante à l'égard de certains autres? Ce ne sont là que des hypothèses que l’on peut soulever sans être encore, à l'heure actuelle, à même d’en juger la valeur. (Travail du Laboratoire de M. le professeur Arloing.) (1) Ces expériences seront relatées in extenso dans un article du Journal de Physiologie et de Pathologie générale. SÉANCE DU 27 OCTOBRE 883 NOTE SUR LA STRUCTURE DU FOIE DU COBAYE NOUVEAU-NÉ, par M. L. NATTAN-LARRIER. Nous avons étudié la structure du foie du cobaye, envisagé comme organe hématopoiétique. La technique suivante a été constamment suivie : l'organe recueilli aussitôt après la naissance était fixé par le réactif de Dominici; les colorations étaient faites à l'éosine orange et au bleu de toluidine. Nous avons ainsi pu constater que le foie du jeune cobaye contenait trois éléments caractéristiques : l’hématie nucléée, le mégakaryocyte (cellule à noyau posent, cellule géante) et le myélocyte basophile. Les amas de globules rouges nucléés sont irrégulièrement répartis dans le parenchyme hépatique ; ils sont situés dans de fines fentes capillaires où se rencontrent également des hématies ordinaires. Le mégakaryocyte n’est pas dans un capillaire, il est isolé au milieu des cellules hépatiques qui l'entourent de tous côtés. Les myélocytes basophiles forment de petits îlots distribués d'une facon irrégulière dans le parenchyme, mais ces îlots sont toujours indépendants des ilots d’hématies nucléées. Les trois éléments, hématie nucléée, méga- karyocyte et myélocyte basophile ont donc leur topographie spéciale. Le mégakaryocyle a un volume égal ou un peu supérieur à celui de la cellule hépatique, ses contours sont arrondis ou légèrement poly- gonaux, son protoplasme, très dense, se colore en rose par l’éosire orange, mais contient quelques grains basophiles. Le noyau est clair et vésiculeux, il possède trois à quatre nucléoles et pHéSente un réti- culum à Lars épaisses. Les myélocytes basophiles se montrent par groupes de trois ou quatre éléments ; ils présentent tous les caractères des myélocytes basophiles typiques. Leur taille varie de celle des mono-nucléaires à celle des mégaloblastes. Ils sont irrégulièrement arrondis ou plus souvent poly- gonaux, et se terminent fréquemment par une fine pointe; leur proto- plasme homogène forme une fine sertissure au noyau, qui est très grand, vésiculeux, avec un ou deux grains de chromatine centraux d'où part un réseau chromatinien qui va s'appuyer sur la membrane nucléaire. Les hémalies nucléées sont libres dans les fentes capillaires et se présentent sous la forme du normoblaste et du mégaloblaste, la pro- portion entre ces deux types étant variable. Au moment de la naissance, ces divers éléments sont le plus souvent à l’état de repos; on peut pourtant rencontrer quelques hématies nucléées et quelques basophiles en karyokinèse. Ces trois éléments : hématies nucléées, mégakaryocyles et myélo- + 884 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cytes basophiles, forment dans le foie du cobaye nouveau-né un véri- table tissu myéloïde qui est susceptible d’avoir réagi sous l'influence des infections maternelles. ACTION DE LA LUMIÈRE SOLAIRE ET DE LA LUMIÈRE DIFFUSE SUR LE BACILLE DE KOCH CONTENU DANS LES CRACHATS TUBERCULEUX, par M. le D' P. Jousser. Nous avons voulu, à propos de l’arrêté de la préfecture de police, défendant de cracher dans les rues, étudier l'action de la lumière sur les bacilles tuberculeux contenus dans les crachats. Cette question avait déjà préoccupé Koch et d'autres bactériologistes, et des expériences répétées avaient démontré que le bacille tuberculeux était tué ou atténué dans les cultures après leur exposition pendant un temps indéterminé, aux rayons solaires directs ou à la lumière diffuse. Nous avons pensé que pour répondre au cas visé par la préfec- ture de police, l’expérimentation devait porter, non sur des cultures, mais sur des crachats. L SÉRIE À. — Cinq cobayes inoculés sous la peau avec un crachat con- tenant le bacille de Koch. Le témoin est mort le 28° jour. Il a perdu 160 grammes. La raté est petite; de nombreux bacilles de Koch existent dans l'abcès d’inocu- lation. Mouvement fébrile, 40 degrés et 40°,5. Cobaye n° 1. — Injection d’un crachat exposé une heure à la lumière solaire et incomplètement desséché; sacrifié le 60° jour. Augmentation de poids, 55 grammes. Persistance de l’ulcère d’inoculation où on trouve le bacille de Koch. Cobaye n° 2. — Inoculation d’un crachat exposé à la lumière solaire pendant cinq heures et entièrement desséché; sacrifié le 63° jour. Ce cobaye avait augmenté de 160 grammes et ne présentait pas de bacilles de Koch. à Cobaye n° 3. — Inoculé avec un crachat exposé à la lumière diffuse pendant sept heures. Mort après avoir mis bas 24 jours après l’inocula- tion ; augmentation de 100 grammes. La rate pesait 0 gr. 60; il n'y avait pas de bacilles de Koch. Cobaye n° 4. — Inoculé avec un crachat exposé pendant quatre heures à la lumière diffuse et entièrement desséché. Mort d'accident trauma- tique le 30° jour ; avait augmenté de 60 grammes. La rate pesait 1 gramme; il n’y avait pas de bacilles de Koch. Dans cette première série le crachat a été stérilisé toutes les fois qu'il a été exposé au moins quatre heures à la lumière solaire ou diffuse. Si le cobaye n° 1 à présenté le bacille de Koch dans l’ulcère d’inoculation, SÉANCE DU 27 OCTOBRE 885 c'est que le crachat n'avait été exposé qu'une heure à la lumière solaire. SÉRIE B. — Inoculation de 5 cobayes. Le témoin est mort le 19° jour. Nombreux bacilles de Koch dans la plaie d’inoculation et dans la rate. Cobaye n° 1. — Inoculé avec un crachat exposé quatre heures à la lu- mière diffuse et entièrement desséché, sacrifié le 77° jour après l’inocu- lation. Poids augmenté de 70 grammes. La rate pèse 1 gr. 90; bacilles de Koch dans l’abcès d’inoculation. Cobaye n° 2. — Inoculé avec un crachat exposé sept heures à la lumière diffuse, sacrifié le 77° jour. Avait augmenté de 60 grammes. La rate pesait 1 gr. 15; quelques bacilles de Koch dans la plaie d’inoculation. Cobaye n° 3. — Inoculé avec un crachat exposé à la lumière solaire pendant une heure et demie, sacrifié le 63° jour. Avait augmenté de 65 grammes. Bacilles de Koch dans la plaie d'inoculation. La rate pesait 2 gr. 90 et présentait de petits abcès sans bacilles de Koch. Cobaye n° 4. — Inoculé avec un crachat exposé à la lumière solaire pendant une heure; sacrifié le 56° jour après l’inoculation. Rate pesant 1 gr. 15. Pas de bacilles de Koch. Dans cette série, à l'exception du cobaye n° 4, tous les autres ont présenté le bacille de Koch dans la plaie d’inoculation, quoique les crachats aient été exposés à la lumière diffuse pendant quatre et sept heures. Seulement ils avaient engraissé, n’avaient point de fièvre et présentaient tous les signes de la santé. SÉRIE C. — 3 cobayes inoculés. Le témoin est mort le 39° jour après l'inoculation. La rate pesait 3 gr. 95. Il avait eu la fièvre et présentait de nombreux bacilles de Koch. Les cobayes n° 1 et 2 inoculés avec des crachats exposés pendant une heure et demie à la lumière solaire et complètement desséchés. De ces cobayes, le n° 1 avait une rate pesant 2 gr. 90. Il avait perdu 40 grammes de poids et présentait de nombreux bacilles de Koch. Le n° 2 avait perdu aussi 65 grammes. Sa rate pesait 1 gr. 10 et Les bacilles de Koch n'existaient pas dans la plaie d’inoculation. Ces cobayes ont élé sacrifiés quarante-deux jours après l’inoculation. Conclusions. — Dans un certain nombre de cas, le crachat tuber- culeux est complètement stérilisé par l’action de la lumière; toujours il est fort atténué, puisque la santé apparente est conservée, le poids habituellement augmenté et la survie considérable et qu'on ne ren- contre le bacille de Koch que dans la plaie d'inoculation. La durée de l'exposition à la lumière semble avoir une grande influence sur l’action bactéricide de cet agent. Les expériences que je continue en ce moment me permettront peut-être de fixer la durée nécessaire à l'action de la lumière pour la stérilisation complète des crachats. (Travail du laboratoire de l'hôpital Saint-Jacques.) 886 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OSTÉOCIE ET ODONTOCIE, par M. PAUL FERRIER. Il existe un grand nombre d’états dans lesquels on a constaté la raré- faction osseuse : rachitisme, ostéomalacie, ostéomyélite, ataxie, et dans un nombre non moins grand de circonstances on a pu l'invoquer avec une très grande vraisemblance; mais dans ce dernier cas les moyens de diagnostic manquaient. Ce sont eux que je désire faire connaître, considérant les dents comme des phanères qui servent à indiquer l’état du système osseux. Voici sur quoi.je me base : il est tout d’abord rationnel de regarder les dentset les os comme participant dans une large mesure des conditions bonnes ou mauvaises qui influent sur l’état des unes ou des autres. Or, lorsque le squelette est presque complètement privé de sels de chaux, il est d'une légèreté spécifique presque incroyable. On comprend qu'il en soit de même des dents lorsqu'elles se trouvent, elles aussi, pri- vées de leur substance inorganique par un processus indépendant de. celui de la carie. S'il existe des observations montrant séparément la légèreté spéci- fique due à la décalcification osseuse (observation de Saillant, citée par Poncet) (1) et la légèreté spécifique dentaire, dont nous devons la preuve aux pesées et analyses de M. Galippe, il en est également qui montrent les deux phénomènes réunis chez le même individu : c’est un Jeune homme de trente ans environ qui fait la planche dans l’eau douce, sans mouvement, une grande partie de la tête et des pieds hors de l’eau; c’est un jeune homme de vingt ans qui reste pour ainsi dire assis dans l’eau de mer, les mains croisées devant ses jambes repliées. Il flotte, selon son expression. Tous les deux sont grands, maigres, et ont, pourrait-on dire, de l’odontomalacie. Le cadre de ce travail ne me permet pas de citer d’autres cas, mais ils sont assez nombreux. Voici cependant une observation rapportée par le D'J.-E. Ferrier au récent Congrès de stomaïologie : « Une jeune fille de vingt-cinq ans, soignée d’une part pour une forme grave d’hystérie, d'autre part pour ses dents, a vu, presque dès le débui, il y a cinq ou six ans, ses dents fondre pour ainsi dire dans sa bouche. Cette jeune fille a constaté que le moindre mouvement lui fait quitter le fond de la baignoire, sans se J'Rgoues plus que la courbure de ses jambes, qu’elle remarque lors- qu'on la lève quelque temps et qu’elle se rend à son lit. DePIS PIÈS de deux ans, on ne la lève plus que pour les soins dentaires. Les ane, dit-on, sont rarement atteintes dans l'ostéor ME Elles (1) In Traité de chirurgie, art. « Ostéomalacie ». SÉANCE DU 27 OCTOBRE 887 le sont, d’une facon patente ou latente dans le rachitisme, manifeste dans ce cas d’ostéomalacie, et il est à croire que les auteurs n'ont pas accordé à l'examen des dents une importance autre que celle d’un détail curieux. Mais ce n’est pas ainsi qu'il faut regarder cet examen, et l’on peut poser en principe qu à &e mauvaises dents correspond un mauvais sque- lette, un squelette léger, pour rappeler la raison qui doit le faire consi- dérer comme raréfié. Cette raison même m'amène à proposer une déno- mination pour toute cette catégorie d'individus, décalcifiés plus ou moins, mais dont on ignore l'état faute de renseignements. Je donnerais à cet état le nom d'ostéocie (ooxeov os, xus, léger).et à celui de leurs dents le nom d’odontocie. Les deux sont corrélatifs et peuvent aboutir au ramollissement total. Il resterait à montrer que le processus de raréfaction osseuse est semblable dans tous les cas connus, en s’en rapportant aux descriptions autorisées, et qu'il peut se résumer en : agrandissement des canaux de Havers, du canal médullaire, des espaces interlamellaires du tissu spon- gieux, avec diminution correspondante des trabécules. Il en est ainsi notamment dans le rachitisme (description de J. Guérin, Follin et Duplay), dans l’ostéomalacie (Poncet, etc.); dans l'ostéoporose, dans l’'ostéomyélite (Lannelongue, Poncet) dans l’ataxie locomotrice (Blan- chard). Il y a peu de raisons pour invoquer un autre processus dans les cas dont on n’a pas encore fail l'examen anatomique, et en particulier ceux qui répondent à l’ostéopsathyrose. La fragilité ne se reconnaissant qu'après fracture, j'ai préféré le mot plus court d’ostéocie. La pathogénie se trouve déjà en partie indiquée dans le Traité des Maladies par ralentissement de la nutrition. Il serait trop long, pour le moment, de chercher l'application, dans les divers cas, des principes qui y sont exposés. Le diagnostic de l’ostéocie doit être fait par l’'odon- tocie, et il y a pour cela plusieurs moyens que j'indiquerai dans un travail ultérieur. Le pronostic est très sérieux, en particulier, pour la tuberculose. Tous les tuberculeux guéris que je connais ont de bonnes dents. à e. æ à + - : Fv Es “ Le ET SE M Pre br Me EDS SE sn Ye Se dote re LE 888 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LISTE DES OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DEPUIS LE MOIS D'AVRIL 4900 Guépin..— L'hypertrophie rénale de la prostate, Paris, Vigot frères, 1900. Darier. — Anatomie, physiologie et pathologie générale de la peau (extrait de la Pratique dermatologique, Paris, Masson et Cie, 1900). S. Gache. — Les logements ouvriers à Buenos-Ayres, Paris, Steinheil, 4900. Hallopeau et Leredde. — Trailé de dermatologie, Paris, J.-B. Baïllière, 1900. P. Bonnier. — L'orientation, Paris, Carré et Naud, 1900. Le Gérant : OcTAvE PORéE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. RD 889 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 1900 M. Cu. FéRÉ : L'influence de quelques condiments sur le travail. — M. E. TROUESSART : Deuxième note sur l’Histiogaster spermalicus et sa présence dans un kyste du testi- cule chez l'homme. — M. Nestor GRÉsANT : Nouvelles recherches sur l'alcoolisme aigu. — MM. Turrter et HALLION : Expériences sur l'injection sous-arachnoïdienne de cocaïne. — MM. Turrier et Hazzrow : Effets circulatoires des injections sous- arachnoïdiennes de cocaïne dans la région lombaire. — M. G. Lecros : Action des pigments microbiens. — M. le Dr Caprrax : À propos du procès-verbal. Un appareil pour la percussion auscultée. — MM. Winar, Sicarp et Moon : Perméabilité méningée à l'iodure de potassium au cours de la méningite tuberculeuse. — MM. E. Exriquez et Sicarn : Sérums névrotoxiques. — M. J. Casraiene : La perméabilité méningée dans l’urémie nerveuse. — M. J. CasrTaine : Toxicité du liquide céphalo-rachidien dans l’urémie nerveuse. — MM. H. Rocer et Emize WEIL: Note sur les réactions des organes hématopoétiques au cours de l'infection variole. — MM. H. Rocer et Emice Weic : Notes sur les nodules infectieux du foie dans la variole. — M. CL. ReGaup : La sécrétion liquide de l'épithélium séminal; son processus histologique. — M. L. Narran-Larrier : Réactions du foie du cobaye nouveau-né sous l'influence des infections maternelles. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. GLEY fait hommage à la Société du livre qu'il vient de publier, intitulé : Essais de philosophie et d'histoire de la biologie (1). L'INFLUENCE DE QUELQUES CONDIMENTS SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRé. Dans mes notes antérieures sur le travail, j'ai déjà relevé l’action excitante de plusieurs condiments, comme le sel et le sucre. Les con- diments aromatiques présentent un intérêt particulier en raison de leur action complexe sur le goût et sur l’odorat. J'ai étudié un certain nombre d’'essences, essences de citron, d'orange, de cannelle, de girofle, de poivre, etc., tantôt en agissant sur l’odorat par des inhalations, (4) Paris, Masson et Cie, 1900. Biozocre. ComPres RENDUS. — 1900, T,. LII. 68 890 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tantôt en agissant sur le goût avec une goutte d'essence sur un mor- ceau de pain azyme ou de papier à filtre que l’on place sur la langue. En général, l'expérience est ainsi conduite : on prend au repos une série de 4 ergogrammes séparés par des repos d'une minute (3 kilogr. chaque seconde). Puis on fait d'autres séries analogues séparées de la première et l'une de l’autre par des repos de cinq ou dix minutes: deux minules avant le commencement d'une nouvelle série on commence les inhalations, qui continuent pendant la série, ou on place sur la langue la goutte préparée, ou on fait les deux excitations simul- tanément. On termine par une dernière série d’ergogrammes sans aucune excilation préalable, comme la première. Dans l'expérience suivante que je citerai comme exemple, les grands repos étaient de 19 minutes, et c'était de l'essence de citron qu'il s'agissait. NOMBRE TRAVAIL HAUTEUR de a. QUOTIENT totale: soulèvements. kilogrammètres. de fatigue. 3,26 98 9,78 3,32 jre série 1,51 57 4,53 9 67 (sans excitation). 1,25 43 3,15 2,90 1,35 LOIRE 2,05 3:37 22,11 De SES 4,25 178 1215 2,38 : Tone 3,12 143 9,36 2,18 © + a 2,32 88 6,96 2,63 nn} 1,40 76 4,20 1,83 33,27 RE 3,37 256 16,41 2,09 ue 3,25 141 9,75 2,23 A 2.00 lo 12,00 2 03 é Geo 2,75 121 8,25 2,21 46,11 Ze Série Le 419 23,19 1,61 (odeur et saveur 4,28 230 12,8% 1,86 d'essence de 5,34 296 16,02 1,80 citron). 28,37 2.059 85,11 RAT 137,16 1,56 75 2,68 2,21 5° série 0,82 35 2,46 2,05 (sans excitation). 0,62 31 1,86 2,00 0,52 26 1,56 2,00 SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 891 Les mêmes expériences répétées avec les autres essences ont donné des résultats analogues; dans les conditions indiquées, la saveur a tou- jours procuré une excitation plus forte que l'odeur, et l'addition des deux excitations sensorielles a toujours donné lieu à ces décharges qui paraissent colossales, donnant une hauteur totale de plusieurs dizaines de mètres, et méritent bien le nom d'ivresse sensorielle. Ces graphi- ques prolongés se ressemblent: on y voit souvent le travail remonter par flots. Je ne ferai que citer quelques ergogrammes. L'’essence d'oranges (mandarines) agissant à la fois sur l’odorat et le goût, a donné un ergogramme d'une hauteur totale de 32,22 pour 2.232 soulèvements, soit un travail de 96 kil. 66 avec un quotient de 1,44; l'essence de girofle, un ergogramme de 27*,30 pour 3.182 soulèvements, soit un travail de 81 kil. 90 avec un quotient de 0,85; l'essence de cannelle de Ceylan, un ergogramme de 49,46 pour 3.505 soulèvements, soit un travail de 148 kil. 38 avec un quotient de 1,41. L'effet de ces excitations du goût et de l’odorat ne se montre pas seu- lement sur la motilité, il se montre encore sur la sensibilité, sur l’exci- tabilité en général. Tant qu'elles durent, on peut constater à l’aide de l'échelle optométrique de Parinaud qu'il existe une augmentation de. l’acuité visuelle. Du reste, de nombreux faits montrent que l'excitation d'un organe sensoriel augmente l’excitabilité des autres (1). Cette modification de l’excitabilité s’objective par l’augmentation de l’exci- tabilité électrique neuromusculaire qu'on retrouve dans tous les cas où l'excitation sensorielle agit favorablement sur le travail. Je dois faire remarquer que cette augmentation de l’excitabilité élec- trique a été observée par M. Sanson sur le cheval auquel on vient de donner de l'avoine. Cette excitation, qu'il n’a pas retrouvée après l’inges- tion d’autres céréales, il l’attribue à une substance soluble dans l’alcool contenue dans le péricarpe du fruit d'avoine (2) et qui lui appartient en propre. J'ai pensé que l'avénine, cet excitant qui agit comme un excitant sensoriel, pouvait bien être un excitant sensoriel. L'expérience le prouve en effet. Si après avoir comme précédemment pris une série d’ergogrammes d'essai, on commence deux minutes avant les séries suivantes à mâcher, sans les avaler, 5 grammes de grains de blé, de seigle, d'orge, d'avoine, on constate un fait caractéristique. (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1886, p. 389. — Progrès médical, 1886, n° 35, p. 717. — Sensation et mouvement, 2° édit., 1900, pages 81, 126. — La pathologie des émotions, 1892, p. 26. (2) A. Sanson. Recherches expérimentales sur la propriété excitante de l’avoine. Journal de l'anatomie et de la physiologie, 1885, t. XIX, p. 113. 892 SOCIÉTÉ DE B!OLOGIE NM NOMBRE TRAVAIL boot F d : totale. évemontal kilos St en de fatigue. 3,17 116 9,54 2,73 dre série 1,16 4 3,48 2,63 (sans excitation). 1,09 54 321 2,01 0,98 62 2,94 1,58 19,20 AT 3,10 177 11,28 2,12 FE ape AE 1,81 81 5,43 2,33 Le is de blé) 1,47 57 5,11 2,40 PP | 1,09 57 3,27 1,94 25.09 3e série 3,51 _ 149 10,53 2,35 (mastication de 4,25 12 3,75 1,72 5 grammes de 1,03 DE 3,09 2,01 seigle). 0,98 50 2,9% 1,96 20,32 Le série 3,40 168 10,20 2,02 (mastication de 1,08 ” 50 3,24 2,16 5 grammes 1,25 63 3,15 1,98 d'orge). 4,25 264 42,55 1,60 29,95 | 5e série { 14,66 12185 43,98 1,29 (mastication de 1,10 72 3,30 1,94 5 grammes 0,60 34 1,80 1,76. d'avoine). 0,38 39 1,14 0,97 20,22 On peut attribuer en partie au mouvement l'excitation qui s’est pro- duite par la mastication des trois premières graines. Il faut noter que pendant le premier ergogramme de la quatrième série on a introduit à trois reprises dans la bouche quelques grains d’orge qui ont provoqué des flots caractéristiques. Le premier ergogramme obtenu avec Fane est tout à fait caracté- ristique par son importance. Ce grain, d’ailleurs, a une saveur intense, sinon agréable, qui manque aux autres, et en outre les enveloppes dont on ne peut complètement le dépouiller provoquent une irritation méca- nique qui n’est pas négligeable. L'effet produit dans l’expérience pré- cédente s’est retrouvé dans une autre expérience faite après trente-cinq sé SIMS SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 893 minutes de repos : l’ergogramme que je vous présente donne une hauteur totale de 26,85 pour 2.050 soulèvements, soit un travail de 80 kil. 25 avec un quotient de 1,30. L’avénine agit à la manière des essences comme un excitant senso- riel, et son action ne s'exerce pas exclusivement sur le cheval. DEUXIÈME NOTE SUR l’AHisfiogaster spermaticus ET SA PRÉSENCE DANS UN KYSTE DU TESTICULE CHEZ L'HOMME, par M. E. TROUESSART. Depuis ma première note sur ce sujet (1), j'ai reçu de nouveaux renseignements qui me permettent de compléter et de rectifier sur cer- tains points ma communication précédente. Ce n’est pas, comme j'avais cru le comprendre, à l'hôpital de Sheffield, mais bien dans sa clientèle particulière, que le D’ Pye Smith a eu l’occa- sion d'observer ce cas singulier de faux parasitisme. Le sujet opéré par lui appartient même à la profession médicale. Par conséquent, c’est un homme intelligent et instruit dont mon corres- pondant, le D° C.-M. Hector, a pu obtenir les renseignements suivants : Ce jeune médecin a séjourné plusieurs années dans l'Inde, et il ya été sondé une seule fois, pendant une attaque de fièvre pernicieuse. Ma première supposition sur le mode d'introduction de l’Acarien se trouve donc confirmée, et l’on doit écarter la seconde, qui, dans mon esprit, ne pouvait s'appliquer qu'à un malade d'hôpital. En même temps, nous savons pourquoi l’Aistiogaster spermaticus représente une espèce entiè- rement nouvelle pour la science. C’est qu'il appartient à la faune de l'Inde, dont les Acariens ne sont que peu ou point connus. De ce que l’Acarien a été introduit par la sonde, il ne s'ensuit pas que cet instrument fût nécessairement « malpropre ». Le cathéter, par sa forme creuse, ses deux yeux, et surtout le cul-de-sac qui se trouve dans le bec à la suite de ces ouvertures latérales, offre aux Acariens une retraite obscure qui les attire, et où ils se logent volontiers. Je rappelerai, à ce sujet, qu'il y a quelques années, j'ai trouvé une petite colonie de Glyciphaqus domesticus (De Geer) installée sur la lame d’un rasoir resté plusieurs mois sans usage, au fond du tiroir d'une table de toilette. Ce n’était pas, évidemment, l'acier de la lame qui avait attiré les Acariens, mais bien le savon à la glycérine dont on se servait habi- tuellement pour se raser, et qui avait été incomplètement essuyé. Dans le cas actuel, il suffit donc que la sonde dont le praticien s'est servi [l 42, (1) Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 3 août 1900, p. 894 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans l'Inde eût été précédemment huilée avec de la glycérine. Ce liquide pénétrant forcément par les yeux à l’intérieur du cathéter n'avait pu être enlevé par un nettoyage superficiel et avait bientôt atliré les Acariens. J'ai dit que le kyste s'était reproduit et qu'à la seconde ponction le liquide ne contenait plus d’Acariens. J'ai dit également que cette tumeur était indolore. Ce n'est pas tout à fait exact. Encore à présent, le patient se plaint quelquefois d’une douleur vague, provoquée par le mouvement de se lever après être resté longtemps assis, et dont le siège est à la région lombaire. D'après la localisation de cette douleur, le D' Pye Smith est porté à supposer qu'il pourrait bien exister un second foyer, siégeant plus profondément que le premier, et qui, dans un avenir plus ou moins lointain, pourrait nécessiter une nouvelle inter- vention chirurgicale. NOUVELLES RECHERCHES SUR L’ALCOOLISME AIGU, par M. NESTOR GRÉHANT. Dans un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société de Biologie en décembre 1899, j'ai indiqué la construction de courbes qui montrent les proportions d’alcool que renferme le sang après l'injection dans l’estomac de volumes déterminés d'alcool éthylique. Pour des proportions d’alcool absolu comprises entre 1 et 10 centi- mètres cubes par kilogramme du poids de l’animal (chien), on remarque. qu'il se produit dans les courbes un long plateau horizontal qui dure plusieurs heures ; il était du plus grand intérêt de rechercher ce que deviennent les courbes dans les heures suivantes ; en un mot, je me suis proposé de rechercher au bout de quel nombre d'heures l’aleool a complètement disparu du sang. Je me contenterai de communiquer aujourd'hui le tableau des résul- tais très nets de trois séries d'expériences faites chez des animaux qui avaient recu dans l'estomac 1, 2, 5 centimètres cubes d’alcool absolu par kilogramme. J'emploie toujours de l'alcool à 10 p. 100 qui ne produit point de vomissements ; je fais les prises de sang égales à 10 centimètres cubes. dans la veine jugulaire à l’aide d’une sonde de Nélaton introduite du côté du cœur et de la seringue de physiologie ; je produis ainsi chez l’animal une lésion aussi petite que possible. Le sang est complètement desséché dans le vide de ma pompe à mercure ; le dosage de l’alcool dans le produit de la distillation qui est 0 we SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 895 toujours très clair se fait par l’ingénieux procédé de mon élève et pré- parateur le D' Nicloux (1). 1 p. 100 d'alcool absolu par kilogramme. Temps : 1 h. 2 41/2 51/2 61/2 715 Alcool absolu dans 100 c.c. & Oc.c. 09 0.09 0,057 0,027 0,007 0 après l'injection. de sang. 2 p. 100 d'alcool absolu par kilogramme. Temps : APR: 2 6 l 8 9 Alcool absolu dans 100 c.c. ? Oc.c.2% 0,21 0,12 0,07 0,04 0,02 après l'injection. de sang. 5 p. 100 d’alcool absolu par kilogramme. Temps : AR: DOTE 2 OMIS 16 ANNEE 1928820 Alcool absolu dans 100 c.c. © Oc.c.3 0,5 0,068 0,047 0,031 0,023 0,018 0,01 O0 ap. l’injec. de sang. F Ces données numériques nouvelles démontrent que sept heures après l'injection dans l'estomac de 1 p. 100 d’alcool absolu par kilo- gramme, on ne trouve plus dans le sang la moindre trace d'alcool, tandis que si l’on introduit dans l'estomac cinq fois plus d'alcool, il faut attendre vingt heures pour que ce liquide ait complètement disparu du sang. Pour éviter l'accumulation dans le liquide nourricier de l’alcool ingéré à chaque repas, je suis donc conduit à renouveler le conseil que j'ai donné aux hommes de ne pas dépasser la dose d’un centimètre cube d'alcool par kilogramme, qui maintient dans le sang pendant quelques heures un peu moins d'un millième d'alcool. (Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum.) EXPÉRIENCES SUR L'INJECTION SOUS-ARACHNOIDIENNE DE COCAÏNE TECHNIQUE, par MM. TuFriER et HALLION. Depuis longtemps les physiologistes ont étudié avec détail les effets paralysants locaux que la cocaïne et ses sels déterminent sur les divers (4) Recherches expérimentales sur l'élimination de l'alcool dans l'orga- nisme. Détermination d'un « alcoolisme congénital »., Thèse, Paris 1900. 0. Doin, éditeur. 896 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tissus qu'ils imprègnent, el spécialement sur le tissu nerveux ; Mosso, l'un des premiers, s’est livré à cette recherche, et François-Franck a souvent utilisé la paralysie cocaïnique passagère pour pratiquer une « section physiologique » des conducteurs nerveux ou une suspen- sion transitoire des fonctions bulbaires. L’excellent article de M. Das- tre (1) a résumé les travaux relatifs à cette question. L'action locale de la cocaïne sur la portion céphalorachidienne du système nerveux a pris, en dehors de son intérêt expérimental, une grande importance, depuis que l’un de nous a pratiqué plus de 200 opé- rations et a érigé en pratique courante la méthode déjà signalée de l’anesthésie chirurgicale par injection sous-arachnoïdienne de chlorhy- drate de cocaïne dans la région lombaire. Il devenait utile de préciser, par l’expérimentation physiologique, l'évolution et le mécanisme des phénomènes ainsi produits : 1° phénomènes d'ordre nerveux, et 2 modifi- cations de diverses fonctions. En effet, la nature et la cause de ces diffé- rents effets étant une fois déterminées, nous pourrons peut-être les renforcer dans ce qu’ils ont d'utile, et atténuer ce qu'ils ont de fâcheux. Nous avons fait dans ce but une vingtaine d'expériences; c'est une série que nous compléterons. On peut pratiquer ces injections par la voie dor- sale, au-dessus ou au-dessous de la dernière vertèbre lombaire, à con- “dition de fléchir fortement le rachis. Nous avons même pu procéder ainsi chez un chien docile, non anesthésié; cet animal a présenté une para- lysie sensitive complète et motrice incomplète de tout le train postérieur; nous ne citerons que pour mémoire cette expérience, qui n’est pas plus instructive que nos observations sur l’homme. Mais c’est par la voie ven- trale que nous avons procédé dans les expériences dont il sera question, et qui ont eu lieu sur des chiens curarisés. Le mode opératoire est le suivant. Nous ne sachons pas qu'il ait été employé avant nous; aussi le décrirons-nous, persuadés qu'il peut rendre aussi des services pour des expériences d’un aulre genre. L’abdomen élant ouvert par une large incision médiane on met à nu le rachis lombaire sur sa face ventrale au niveau des deux dernières vertèbres lombaires, en réclinant les gros vaisseaux qui les recouvrent. On enfonce alors un fin trocart dans l’espace qui sépare ces deux vertè- bres, à travers le disque intervertébral, en maintenant l'axe du trocart Juste dans le plan sagittal du corps. On doit employer un trocart, non une aiguille : celle-ci serait obstruée chemin faisant par la pulpe inter- vertébrale. On éprouve successivement, au cours de cette transfixion, une résis- tance inégale ; le disque intervertébral est en effet constitué en avant et en arrière par un tissu fibro-cartilagineux dur, tandis que son centre contient une pulpe molle; dès lors, la résistance éprouvée est successi- (1) In Dictionnaire de Physiologie, de Ch. Richet. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 897 vement forte, faible, et de nouveau forte. À ce moment, il faut pousser le trocart avec précaution; à tout instant, on suspend la poussée et l'on retire le mandrin du trocart; quand on voit sourdre par la canule le liquide céphalorachidien limpide et exempt de sang, on relie la canule à une seringue contenant la solution de cocaïne, soit directement, soit mieux par l'intermédiaire d’un petit tube de caoutchouc solidement ligaturé. On recoud alors l’incision abdominale, tout en laissant la seringue abordable pour permettre l'injection en temps utile. Ajoutons que, pour nous faciliter la comparaison avec nos recherches pratiquées chez l'homme, nous avons précisément employé la solution que l’un de nous utilise pour les injections chirurgicales, c’est-à-dire une solution de chlorhydrate de cocaïne à 2 p. 100, stérilisée en ampoules par M. Carrion au moyen de chauffages successifs à 60 degrés. EFFETS CIRCULATOIRES DES INJECTIONS SOUS-ARACHNOÏDIENNES DE COCAÏNE DANS LA RÉGION LOMBAIRE, par MM. TurrFier et HALLION. Parmi les résultats de nos expériences, nous indiquerons surtout les modifications observées dans les fonclions circulatoires. Nous opérions sur les chiens curarisés, couchés sur le dos, soumis à la respiration artificielle : on inscrivait les variations de la pression arté- rielle, les contractions de la vessie, le volume du rein, et souvent, en outre, les volumes de la rate et de la muqueuse nasale, par des procédés que l’un de nous a imaginés avec MM. François-Franck et Comte; par- fois, chez des chiens assez peu curarisés pour conserver de légères réactions motrices, on enregistrail les mouvements d'une patte. Pour éprouver le degré d’anesthésie réalisé dans le domaine des membres postérieurs, nous interrogions les réactions produites par l'excitation des nerfs crural ou sciatique, et nous les comparions à celles que produisait l'excitation d’un nerf éloigné de la région injectée : le lingual, par exemple, ou un filet sensible du plexus brachial. Nos explorations pléthysmographiques nous renseignaient, d'autre part, sur l’état du système vaso-moteur correspondant aux organes explorés. Voici, à titre d'exemple, le résumé d’une expérience : Un chien de 12 kilogrammes est curarisé à la limite. On prépare, pour des excitations ultérieures, le filet crural et une des branches du plexus brachial. L'artère fémorale est reliée à un manomètre inscripteur de François-Franck; le rein gauche est muni d’un pléthysmographe Franck-Halliou-Comte ; la vessie est reliée à un manomètre à eau, dont les variations de niveau sont 898 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE enregistrées. On met en place la canule destinée à l'injection sous-arach- noïdienne. Avant et après cette mise en place, on a interrogé les réactions du crural et du plexus brachial. On injecte alors, dans l’espace sous-arachnoïdien, 0,5 centimètres cubes de solution de cocaïne à 2 p. 100; puis, on pratique, de moment en moment, des excitations du crural dont on inscrit les effets. Pendant la 1° minute, les réactions sont normales; 2° minute : les effets sont moins marqués, et le rein, au lieu de diminuer de volume, trace une ligne horizontale pendant que la pression s'élève. À ce moment, par conséquent, il existe une parésie des vaso-constricteurs rénaux, assez marquée pour empêcher le rein de se contracter, mais pas assez pour l'amener à se dilater sous la poussée de la pression artérielle accrue ; 4° minute : les réactions vésicale et mano- métrique artérielle sont encore plus affaiblies; quant au rein, son système vaso-constricteur est complètement paralysé; le volume de l'organe obéit passivement aux oscillations de la pression artérielle ; 6° minute : excitation du plexus brachial; la vessie se contracte mieux, la pression artérielle s'élève davantage, le rein est passif ; 8° minute : on excite le crural; le seul effet obtenu est une ascension insignifiante de la pression artérielle ; 99 minute : excitation au plexus brachial; même effet qu'à la 6° minute; 10° minute : les excitations du crural sont saus aucun effet; c’est en vain qu'on les renforce, l'effet reste nul; 12° minute : le plexus brachial garde ses réactions anté- rieures. $ L'évolution ultérieure de l'expérience montre les faits suivants : la vaso-constriction rénale réflexe commence de réapparaitre (par exci- lation du plexus brachial) vers la 35° minute; en même temps, la contractilité réflexe de la vessie se restaure. La sensibilité du nerf crural commence à se manifester vers la 50° minute, par une réaction motrice vésicale légère, puis, vers la 60° minute, par une réaction vésicale intense et par des réactions circulatoires notables. Cette expérience et d’autres dont nous ne saurions ici rapporter le détail nous ont montré les fails suivants : I. L’anesthésie du nerf crural ou du sciatique devient manifeste après deux minutes environ; elle devient absolue vers la 10° minute et persiste environ une heure. IT. On note une paralysie rapide et complète du système vaso-con- stricteur du rein et de la rate et une paralysie incomplète des muscles de la vessie. III. La pression artérielle générale s’abaisse. Ce phénomène est causé par une paralysie vaso-motrice des organes sous-diaphragmatiques; les faits suivants le démontrent : ; a) L'abaissement de la pression artérielle va de pair avec la sup- pression de la contractilité vaso-motrice réflexe du rein et de la rate, directement explorés. b) Les réactions produites par le sang asphyxique sur les centres SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 899 sont profondément modifiées : normalement, l’asphyxie entraîne une forte élévation de la pression artérielle, liée à une vaso-constriction énergique des viscères; chez nos animaux, au contraire, la pression artérielle s'élevait faiblement et les viscères sous-diaphragmatiques explorés montraient une dilatation vasculaire passive. Les effets circulatoires de l'injection de cocaïne sont donc diamé- tralement opposés, suivant que celle-ci a lieu dans une veine ou le tissu cellulaire d'une part, dans l'espace sous-arachnoïdien lombaire d'autre part. IV. Cette action vaso-motrice de la cocaïne porte sur les éléments nerveux intrarachidiens, car l'excitation d'un nerf splanchnique déter- mine encore une vaso-constriction énergique des viscères abdominaux et une très forte élévation de la pression artérielle, ce qui prouve l’inté- grité de tout le système vaso-moteur extrarachidien. La compression de l'abdomen produit le même effet. V. Au cours des opérations chirurgicales, celte paralysie vaso- motrice ne se traduit pas par une abondance plus notable des hémor- ragies dans la zone intéressée : c'est assurément parce que l’abais- sement de la pression artérielle se produit parallèlement à la paralysie vasculaire, et en compense, à ce point de vue, les effets. D’autres questions sont à examiner. Nous les aborderons prochai- nement. Nous aurons à nous demander si la cocaïne ainsi injectée paralyse les éléments médullaires ainsi qu’on semble incomplétement l'admettre, ou si elle porte son action, de façon très prépondérante, sinon exclusive {1), sur les racines rachidiennes; c’est à cette dernière vpinion que nous ont conduits nos expériences; la cocaïne agirait comme une section radiculaire transitoire. Nous montrerons que notre manière de voir comporte certaines conséque:ces pratiques relati- vement aux effets compensateurs qu'on peut attendre des antagonistes de la cocaïne. Nous verrons aussi suivant quel mode la cocaïne se répand dans le liquide céphalo-rachidien, et nous préciserons l'influence, à ce point de vue, de l'attitude du sujet et de la densité des solutions injectées. Ajoutons que les variations de la pression intrarachidienne produites mécaniquement par l'injection de cocaïne ne sont pour rien dans les phénomènes d’anesthésie que celle-ci engendre, nous nous en sommes assurés. (Travail du laboratoire de M. Françcois-Franck). (1) Tout en admettant, bien entendu, que la cocaïne atteint aussi la couche superficielle de la moelle, couche assez mince pour que l'atteinte qu'elle subit soit absolument négligeable. 900 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTION DES PIGMENTS MICROBIENS, par M. G. LEGROS. L'étude des pigments microbiens, surtout au point de vue physiolo- gique, est loin d’être complète; on {possède cependant quelques notes relatives à l’action de la pyocyanine; on sait en particulier que Gessard a injecté sans résultats une faible dose à un oiseau. D'autre part, MM. Bouchard et Charrin ont établi que des cultures privées de toute matière colorante, grâce à la présence d’une minime quantité de sulfure de mercure, peuvent faire apparaître et des accidents morbides et l'immunité. Nous avons tenté d'ajouter à ces faits quelques données nouvelles ; dans ce but, nous avons fait pénétrer des produits pigmentaires de ce germe du pus bleu à l’aide d'’injections sous-cutanées, intrapéritonéales et intraveineuses. La pyocyanine employée pour ces recherches a été fournie par un bacille virulent isolé en juin dernier des selles d'une malade atteinte d’entérite verte au cours d’une septicémie streptococ- cique (1). Purifiée par plusieurs passages dans l’eau acidulée et le chloro- forme, cette substance était administrée en solutions alcalines. L'injection, intrapéritonéale et sous-cutanée au cobaye, intraveineuse chez le lapin, de doses de 5 milligrammes de cette pyocyanine cristal- lisée, la répétition successive de cinq ou six de ces injections à un jour d'intervalle, n'ont déterminé ni diarrhée, ni amaigrissement, ni aucun trouble appréciable. Il n’a pas été non plus possible, même en répétant ces injections, de constater chez les animaux en expérience d’immunité spéciale ou de propriétés agglutinantes du sérum vis-à-vis du bacille pyocyanique générateur du pigment. Ces résultats établis, si tenant compte des doses (2) on compare ces pigments aux toxines de ce bacille pyocyanique, on voit que l’action sur l'animal, tant au point de vue morbifique qu'au point de vue de la vaccination, est sensiblement nulle. Il est vrai que nous avons disposé de trop faibles proportions pour mettre en parallèle cette action et celle de certains pigments d’origine animale, par exemple celle de la bilirubine, qui tue aux doses de 0,05 à 0,1, 1 kilogramme (Bouchard, Tapret, Bruin). Toutefois, il n’était pas sans intérêt de constater l’inefficacité de ces matières colorantes sur la résistance des animaux, attendu que la bile (Frazer, Frantzius, Phisalix) jouit dans certaines conditions de propriétés antitoxiques ou bactéricides. (Travail du laboratoire de M. Charrin, à la Maternité.) (1) Charrin et Legros. Comptes-rendus, juin 1900. (2) Arnaud et Charrin. Comptes-rendus, Académie des Sciences, t. 112, 1891. SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 901 À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL, UN APPAREIL POUR LA PERCUSSION AUSCULTÉE, par M. le D' CapiraN. À propos de la communication faite dans la dernière séance par M. Gellé, M. Capitan rappelle qu’il a présenté, il y a plusieurs années déjà, à la Société, le petit appareil pour la percussion auscultée combiné avec Verdin en perfectionnant un ancien appareil de Boudet, de Paris, et construit par Verdin. Cet appareil, auquel ils avaient donné alors le nom de splanchno- mètre, permet au moyen de la percussion auscultée, et suivant la méthode fort intéressante de Bianchi, de limiter très facilement les viscères qui sont en contact avec les parois (foie, estomac, rate, intes- tins, reins et cœur); pour ce dernier, on peut même aisément limiter les cavités. M. Capitan rappelle aussi à ce propos la thèse de son élève, M'!° Pokrychkine, sur les variations du volume du cœur, qu'il est très facile de noter au moyen de cet appareil. PERMÉABILITÉ MÉNINGÉE A L'IODURE DE POTASSIUM AU COURS DE LA MÉNINGITE TUBERCULEUSE, par MM. Wipar, SicarD et Moon. L'étude des troubles de la perméabilité intéresse le médecin autant que le physiologiste. Mieux que tout, autre, la membrane arachnoïdo-pie-mérienne se prête à cette étude. Les diverses membranes séreuses de l'organisme sont en effet, à l’état normal, très perméables de dehors en dedans, et l’on conçoit que les modifications en plus ou moins de cette perméabilité à l’état pathologique soient en général difficiles à mesurer. La membrane arachnoïdo-pie-mérienne, au contraire, a comme attribut physiologique d’opposer une barrière solide aux diverses subs- tances qui pourraient la pénétrer de dehors en dedans. Nous avons montré en outre, il y a longtemps déjà, que l’agglutinine (4) n'apparait pas pendant la vie dans le liquide céphalo-rachidien, alors même que le sang possède un pouvoir agglutinant très élevé, et l’un (2) (4) Widal et Sicard. Etude sur le séro-diagnostic de la fièvre typhoide, Annales de l'Institut Pasteur, 1897, et Sicard. Thèse, Paris, 1899. (2) A. Sicard. Les injections sous-arachnoïdiennes et le liquide céphalo- rachidien, Thèse, Paris, 4899. 902 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — de nous a établi qu'un corps diffusible comme l'iodure de potassium n'apparait pas à l’état normal dans le liquide céphalo-rachidien, alors même qu'il a été absorbé à dose élevée. Il était donc naturel de rechercher si, au cours des lésions méningées, la recherche du passage de ce sel dans le liquide céphalo-rachidien ne pourrait servir à révéler aisément les troubles de la perméabilité pie- mérienne et ne pourrait être ainsi utilisable en clinique. L'occasion de cette recherche s'offrait tout naturellement à nous pour la méningite tuberculeuse, maladie dont le traitement, d’ailleurs impuis- sant, comporte cependant l'usage courant de l'iodure de potassium. La réponse, on va le voir, est catégorique. Dans deux cas de méningite tuberculeuse, nous avons pu, en effet, nous convaincre que l'iodure de potassium diffusait dans le liquide céphalo-rachidien. L'un de ces cas a été observé en ville. L'autre a pu être suivi très attentivement dans le service de M. le professeur Brissaud, à l’Hôtel- Dieu. | Il s agissait d'un jeune homme de vingt ans, venu à pied à l'hôpital, demander son admission, pour des maux de tête et des vomissements qui l'avaient pris subitement l’avant-veille. Le lendemain de son entrée, au troisième ou au quatrième jour du début des phénomènes doulou- reux, et devant un diagnostic très hésitant, on pratiqua la ponction lombaire. Le cyto-diagnostic se montre nettement positif et révèle la présence exclusive de très nombreux lymphocytes. Le point cryosco- pique du liquide céphalo-rachidien est de —0,50. On prescrit alors au malade le médicament d'usage dans ces cas, l'iodure de potassium, à la dose de 5 grammes. Le lendemain matin, le liquide céphalo-rachidien est soumis à l'épreuve de l’empois d’amidon et de l’acide nitrique : la réaction iodurée se montre nettement positive, mains intense seulement que celle de l'urine. On suspend le traitement.par l'iodure de potassium, et, trois jours après, il est encore aisé de déceler dans le liquide céphalo-rachidien la présence du sel. | Durant les jours suivants le point cryoscopique du liquide céphalo- - rachidien à oscillé de —0,50 à —0,47, accusant peut-être un peu plus d'hypotonie au fur et à mesure de la disparition progressive de l'iodure de potassium contenu dans le liquide. L'application des ventouses scarifiées pour combattre des phénomènes de congestion pulmonaire a permis de constater que le point cryoscopique du sérum sanguin était abaissé et marquait —0,51. La recherche des chlorures a donné un chiffre inférieur à la normale, 4 gr. 70 par litre au lieu de 7 grammes, qui est la moyenne physiologique ordinaire. Ajoutons encore que le liquide céphalo-rachidien s’est montré dépourvu de toute toxicité après inoculalion intra-cérébrale au cobaye. F mer a} y 4 * SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 903 Nous avions déjà vu avec M. Lesné ce défaut de toxicité pour le liquide céphalo-rachidien normal. La maladie suivit son évolution fatalement progressive, et l’autopsie permit de vérifier le diagnostic porté durant la vie. Des granulations tuberculeuses étaient disséminées au niveau de la pie-mère ; un exsudat léger s'étendait au niveau du chiasma optique et de la protubérance annulaire. Une poussée granulique s'était faite, de plus, au niveau des séreuses pleurale, péricardique et péritonéale. Le liquide céphalo-rachidien retiré vingt-quatre heures après la mort et centrifugé contenait, à côté de lymphocytes en assez grand nombre, de très nombreuses cellules endothéliales desquamées, et quelques polynucléaires. La formule histologique du liquide céphalo-rachidien puisé après la mort est donc différente de celle pratiquée durant la vie. Dans l'observation dont nous venons de rapporter les détails, nous insistons sur ce fait que le malade était au troisième ou au quatrième jour du début des phénomènes morbides lorsque la première ponction fut pratiquée. Dès cette époque le eyto-diagnostic, la recherche du point cryoscopique, la réaction à l'iodure donnèrent des résultats parallèles et confirmatifs, tous trois d'un trouble accusé de perméabilité. Voilà donc, en ce qui concerne l'iodure de potassium, une réaction élégante qui permet de déceler immédiatement en clinique les troubles grossiers de perméabilité au niveau de la pie-mère malade. On pourrait multiplier ces réactions suivant les substances ingérées (bleu de méthy- lène, salicylate de soude, etc.), et il serait intéressant d'étudier les degrés de perméabilité que pourraient présenter entre elles ces diverses substances. Les résullats de cette épreuve de perméabilité provoquée étaient d’ailleurs à prévoir. Nous savons, en effet, depuis longtemps que l'albumine, corps à grosses molécules, n’existant qu'à l’état de traces dans le liquide céphalo-rachidien normal, augmente en proportion notable au cours de la méningite tuberculeuse. Nous savons également que le liquide céphalo-rachidien pur à l’état normal de tout élément cellulaire, se peuple de leucocytes au cours des méningites. Nous avons insisté (1) sur l'exode si remarquable de globules blancs s’opérant à travers la membrane pie-mérieune, qui laisse surtout trans- suder des polynucléaires au cours de méningites cérébro-spinales et qui ne laisse guère passer que des lymphocytes au cours de la méningite tuberculeuse. (4) Widal, Sicard et Ravaut. Cyto-diagnostic de la méningite tuberculeuse. Sociélé de Biologie, 1900, 13 octobre. Apres nt PTS Eddie er se ee RS ELA SEE SE RTS ut D PACATURT. D 904 SOCIÉTÉ DE BIOLOG{E Nous avons montré (1) enfin que la tension osmotique du liquide céphalo-rachidien, supérieure normalement à celle du sérum sanguin, lui devenait inférieure à l’état pathologique. Ce fait si spécial n'inté- resse pas seulement la clinique, mais soulève des problèmes qui méritent d'attirer l'attention des physiologistes. Le passage normal de l’albumine, de la fibrine et des éléments figurés, l'inversion du rapport de la tension osmotique, sont autant de témoins de la perversion de la perméabilité pie-mérienne au cours des méningites. L'épreuve de l’iodure de potassium que nous proposons aujourd'hui permettra de déceler les troubles de la perméabilité méningée par une réaction simple. * L'inversion du rapport entre la tension osmotique du liquide céphalo- rachidien et celle du sérum sanguin est un fait que nous avons rapporté en nous gardant de toute théorie. Nous n'avons fait qu'indiquer les problèmes qu'il semble soulever et qui attendent leur solution. Autant que tout autre, nous pensons que la tension osmotique ne règle pas à elle seule tous les échanges qui se font à travers les mem- branes de l’économie. Si elle joue son rôle, il faut compter aussi avec l’action des éléments histologiques vivants qui entrent dans la struc- ture des tissus. Quel exemple plus frappant que celui fourni par la membrane arachnoïdo-pie-mérienne ! Le fait suivant est instructif à ce sujet. Chez un homme atteint d’ictère, nous avons pu récemment son ee avec M. Ravaut l'absence de matières colorantes dans le liquide puisé pendant la vie, par ponctions lombaires, au cours de l’ictère; les ma- tières colorantes de la bile obéissent le plus souvent en effet à la loi générale, et ne passent pas dans le liquide céphalo-rachidien (2). Or, chez le sujet dont nous venons de parler, deux heures après la mort, le liquide céphalo-rachidien était déjà fortement teinté par les matières colorantes de la bile et la réaction de Gmelin se montra nettement positive. Immédiatement après la mort, la membrane arachnoïdo -pie-mérienne devenue inerte n’oppose donc plus aux substances qui pourraient la traverser de dehors en dedans la barrière solide qu'elle leur oppose lorsqu'elle remplit son rôle physiologique à l’aide des éléments histo= logiques encore vivants qui entrent dans sa structure. (4) Widal, Sicard et Ravaut. Cryoscopie du liquide céphalo-rachidien. Appli- cation à l’étude des méningites. Société de Biologie, 1900, 20 octobre. (2) Gilbert et Castaigne. Le liquide céphalo-rachidien dans la cholémie. Société de Biologie, 1900, 27 octobre. … à AE ER NOUT RE: D SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 905 SÉRUMS NÉVROTOXIQUES, par MM. E. EnriQuez et A. SIcaRD. Les travaux de Metchnikoff et de Bordet (1) ont montré qu'il était possible d'obtenir des sérums toxiques vis-à-vis d'éléments cellulaires variés. Récemment M. Delezenne a mentionné les résultats qu'il a obtenus dans la préparation d’un sérum toxique pour les cellules hépa- tiques du chien; plus récemment encore, il vient de publier ses recher- ches posilives sur les sérums névrotoxiques (2). Ce sont des expériences de même ordre que nous avons poursuivies dans le laboratoire de M. le professeur Brissaud. Nous avons essaré de provoquer l'apparition de névrotoxine dans le sérum de lapins soumis à l'injection intra-péritonéale de substance nerveuse cérébrale du chien. Vingt-deux lapins ont reçu en injection intra-péritonéale une émulsion de substance cérébrale de chien à des doses variant de 1 gramme à 4 grammes de parenchyme nerveux. Chaque émulsion était faite dans 4 à 6 centimètres cubes de sérum artificiel. Ces chiens étaient tués par saignée et le cerveau de ces animaux rapidement lavé avant d’être soumis à la trituration. Sur ces vingt-deux lapins, quinze sont morts dans les jours qui ont suivi la première inoculation. Les sept survivants, dont deux ayant résisté à la dose de 4 grammes de substance active, sont inoculés deux semaines après à la dose uni- forme de 1 gr. 50 de substance cérébrale de chien. Quatre animaux survivent seuls à cette deuxième inoculation. Sur ces quatre lapins, deux autres succombent encore à une troisième inocula- tion faite dans les mêmes conditions. C'est le sérum de ces deux lapins, recueilli par saignée huit jours après la dernière injection de substance cérébrale, qui a servi à nos À expériences. : | Quatre chiens adultes d’un poids moyen de quatre kilogrammes ont été inoculés. Deux de ces animaux ont reçu l’un par injection sous-cutanée, treize centimètres cubes; l’autre par injection intra-cérébrale, suivant la mé- thode de Roux et Borrel, deux centimètres cubes du sérum d'un des lapins. Le sérum du second lapin a servi à inocuker les deux autres chiens à des doses un peu plus faibles, onze centimètres cubes par ino- PT SPP ÉTS TS ER RENTE ET Te Sy AU PNEUS RAS EC Ne SU PE ES OR RTE NE MAR) ST OU 5 D Fee x. ve R « 7 nr de 4) Metchnikoff et Bordet. Annales de l'Institut Pasteur, 1898-1900. (2) Delezenne. Comples rendus de l’Académie des sciences, 9 avril 4900, — Annales de l'Instilut Pasteur, 25 octobre 1900. Biococre. Comptes RENDUs. — 1900. T, IL, 69 f 906 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A ———————_—_—_—…—"—"…"—"—"—"—"—…— "—"—— —…—…—"’"——— — — “—— — 2 culation sous-cutanée, un centimètre cube et demi par inoculalion intra-cérébrale. Or, les chiens soumis à l'injection sous-cutanée n’ont présenté aucun phénomène morbide : pas de variation thermique, aucun phénomène d'excilation ou de dépression nerveuse. Ceux, au contraire, soumis à l'injection intra-cérébrale, ont présenté des accidents nerveux divers. Quelques minutes après l'injection, les animaux ont été atteints de secousses convulsives d’une intensité marquée, avec véritable crise épileptiforme, écume sanguinolente aux lèvres, mâchonnement, miction et défécation involontaires, hallucinations. Ces accidents nerveux ont persisté durant une demi-heure à trois quarts d'heure environ et ont été suivis de phénomènes de dépression très marquée. Puis progressi- vement les animaux se sont rétablis, et la guérison était complète deux jours après. Ces troubles nerveux doivent être rapportés à l’action nocive du sérum expérimenté, puisqu'on sait que le sérum du lapin ou de l’homme (1) n’est pas toxique, même à dose élevée de plus d’un centimètre cube, par kilogramme d'animal, pour le cerveau du chien. Les injections intra-cérébrales furent faites un peu en avant de la région motrice, suivant la recommandation de MM. Roux et Borrel. Les résultats ainsi obtenus prouvent qu'il est possible de provoquer dans le sérum du lapin l'apparition d’une névrotoxine par l'injection de substance cérébrale de chien; mais ils mettent aussi en lumière deux points spéciaux sur lesquels nous voulons insister. C’est d'une part la facilité extrême avec laquelle meurent nos lapins après une première inoculation, ou après des inoculations successi- ves de quantités relativement minimes de substance cérébrale de chien. Tous nos lapins ont fini par succomber, aucun d’eux n’a pu résister à une quatrième inoculation. C'est, d'autre part, le coefficient faible de toxicité du sérum obtenu même après la troisième injection de substance active et à la fin du deuxième mois de l’immunisation. Il est probable que ces résultats imparfaits doivent tenir au choix des animaux mis en expérience. | M. Delezenne vient en effet de montrer qu'il fallait surtout s'adresser pour la préparation de la névrotoxine à deux espèces animales plus éloignées l’une de l’autre, le canard et le chien par exemple, le rat et le pigeon (Metchnikoff), et non, comme nous l'avons fait, au lapin et au chien, ou au cobaye et au lapin (Delezenne). (Travail du laboratoire de M. le Professeur Brissaud à l'Hôtel-Dieu.) (1) Widal, Sicard et Lesné. Toxicité de quelques humeurs de l'organisme inoculées dans la substance cérébrale. Societé de Biologie, 23 juillet 1898. SEANCE DU 3 NOVEMBRE 907 LA PERMÉABILITÉ MÉNINGÉE DANS L'URÉMIE NERVEUSE, par M. J. CASTAIGNE. Quand nous eûmes constaté que le liquide céphalo-rachidien pouvait être toxique au cours de l’urémie nerveuse, nous nous sommes demandé si les conditions normales de la perméabilité arachnoïdo-pie-mérienne étaient modifiées. On sait, en effet, que normalement cette membrane est très peu perméable de dehors en dedans : l’iodure de potassium, le bleu de méthylène et le salicylate inj2ctés sous la peau ne sont pas retrouvés dans le liquide céphalo-rachidien. Dans les quatre observations d'urémie nerveuse au cours desquelles le liquide céphalo-rachidien s’est montré toxique, nous pouvions sup- poser a priori que la perméabilité de la membrane était modifiée, puisque les poisons contenus dans le sang avaient pu la traverser. Nous avons alors cherché à savoir si les substances solubles qui, à l'état normal, ne passent pas dans le liquide céphalo-rachidien après injec- tion sous-cutanée, pourraient dans ces cas y être retrouvées. C'est ainsi que nous avons pu constater chez deux de nos malades que le bleu de méthylène injecté sous la peau avait passé dans le liquide céphalo-rachidien, sous forme de chromogène. Chez les deux autres, ce liquide donna, avec l'amidon, la réaction bleue caractéristique, après une injection sous-cutanée de 2 grammes seulement d'iodure de potas- sium. La perméabilité normale de l'enveloppe arachnoïdo-pie-mérienne est donc sensiblement modifiée dans ces cas d’urémie. Nous devons ajouter également que, dans ces cas, la cryoscopie montra que le liquide céphalo-rachidien était très nettement hypo- tonique par rapport au sérum, et que les signes cliniques d’imperméa- bilité rénale étaient tous au grand complet. Il semble donc que, dans ces cas spéciaux, la rétention dans le sang d'une grande quantité de substances toxiques que le rein est incapable d'éliminer, peut expliquer le passage dans le liquide céphalo-rachi- dien de ces substauces qui ne peuvent y arriver à l’état normal, quand le rein les élimine au fur et à mesure de leur passage dans la circula- tion sanguine. Mais nous ne croyons pas que, dans ce cas particulier, on soit en droit de négliger la notion si nette de l'hypotonicité du liquide céphalo- rachidien par rapport au sérum sanguin. Nous n'avons Jamais prétendu que ce soit la cause primordiale des échanges humoraux ; nous pensons même que, dans le cas particulier, cette hypolonie est une conséquence de l'insuffisance rénale qui domine toute la scène morbide; mais puisque les lois des échanges entre le liquide céphalo-rachidien et les autres 2 RTL Tee ST, 3 PRE re CN PES A TER L'ENPEN UUTR 908 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE humeurs sont encore si mal connues, nous ne pouvons pas ne pas être frappés par celte constatation que, dans l’urémie comme dans la cho- lémie avec liquide céphalo-rachidien toxique, ce liquide est hypoto- nique par rapport au sérum, tandis qu'il est hypertonique dans les cas normaux, alors que les substances solubles injectées sous la peau ne peuvent franchir la membrane arachnoïdo-pie-mérienne. TOXICITÉ DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS L'URÉMIE NERVEUSE, par M. J. CASTAIGNE. Nous avons été conduit à étudier le liquide céphalo-rachidien au cours de l’'urémie nerveuse dans un double but pathogénique et thérapeutique; en effet, s’il est possible de démontrer que certains accidents nerveux de l’urémie sont dus au passage d’une substance toxique dans le liquide céphalo-rachidien, l'espoir peut être permis au médecin de trouver une substance antitoxique pouvant être injectée dans le canal rachidien, et capable de neutraliser sur place le poison. Nous croyons être arrivé dès maintenant à la solution de la première partie du problème, à savoir que le liquide céphalo-rachidien, dans certains cas d’urémie nerveuse, contient des éléments ALLIE pour les cellules du névraxe. : On sait, depuis les recherches de MM. Widal, Sicard et Lesné, que le liquide céphalo-rachidien normal injecté dans le cerveau d’un cobaye ne produit pas d'accidents mortels, même à la dose de 1 gramme et plus. Nous avons eu recours à cette même méthode d'injection intra- cérébrale, pour rechercher la toxicité des liquides recueillis par ponction lombaire dans douze cas d’urémie nerveuse. Les résullats que nous avons obtenus ont été variables : dans huit observations, le liquide céphalo-rachidien n'était pas toxique pour le cerveau du cobaye, même à la dose de 1 gramme injecté dans chaque hémisphère. À la suite de l'injection, les animaux restaient quelques heures très abattus, puis tout rentrait dans l’ordre; jamais nous n’avons constaté la moindre convulsion ou paralysie. Dans les quatre autres cas, au contraire, les cobayes qui n'avaient recu que 1/4 de centimètre cube de liquide dans chaque hémisphère, présentèrent au bout d’une heure en moyenne, des convulsions qui rapidement se généralisèrent et entrainèrent la mort de l'animal, dans un cas en vingt heures et dans les trois autres en moins de dix heures. Les quatre malades atteints d’urémie nerveuse, et dont le liquide SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 909 céphalo-rachidien était toxique pour le cerveau du cobaye, eurent tous une évolution rapidement fatale. Les convulsions diminuèrent sensi- blement à la suite de la ponction lombaire, cessèrent même dans un cas pendant plusieurs heures. Mais, dans tous les cas, elles reparurent, devinrent rapidement subintrantes, et les malades moururent. Cette évolution est à opposer à celle des huit cas dans lesquels le liquide céphalo-rachidien n'était pas toxique : il s'agissait alors de formes convulsives, comateuses ou délirantes; deux fois seulement la mort rapide fut la suite de ces crises d'urémie. Les moyens médicaux habi- tuellement employés, et en particulier la saignée abondante suivie d'injections de sérum, qui n'avaient produit aucun résultat dans les quatre observations précédentes, eurent, au contraire, dans ces cas, une influence très évidente et très rapide. Cette notion de la toxicité du liquide céphalo-rachidien dans cer- taines formes d’urémie nerveuse, nous semble donc intéressante au triple point de vue de la pathogénie, du pronostic et du traitement. Il semble en effet qu'on puisse expliquer la production de certains acci- dents nerveux par le passage de substances toxiques dans le liquide céphalo-rachidien; les formes cliniques ainsi produites paraissent toujours se terminer par la mort, sans que la thérapeutique actuelle- ment employée soit capable de modifier le pronostic. Si nos recherches sont confirmées, nous croyons donc, en raison de la facilité de l’évo- lution, que l’on pourra être autorisé, lorsqu'on trouvera le liquide céphalo-rachidien toxique, au cours de l’urémie nerveuse, à faire sous la dure-mère une injection de liquide destinée à neutraliser ou à détruire le poison qui y est contenu. Nous croyons avoir, dès mainte- nant, trouvé par l’expérimentation le liquide inoffensif pour les cel- lules nerveuses et capable de neutraliser le poison urémique. Nous communiquerons nos résultats à la Société quand nous aurons eu l’occasion d’en faire l'application à la clinique. NOTE SUR LES RÉACTIONS DES ORGANES HÉMATOPOÉTIQUES AU COURS DE L'INFECTION VARIOLIQUE, par MM. H. Rocer et Emile WEir. On connaît bien actuellement, à la suite de nos recherches et de celles de MM. Courmont et Montagard, la formule leucocytaire de la variole. La leucocytose, au cours de cette infection, dans les formes légères comme dans les cas graves, est une mononucléose d'un type spécial, rappelant qualitativement celle de la leucémie myélogène : c'est une myélocytose. 910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons trouvé comme types cellulaires dans le sang, outre ies diverses variétés de mononucléaires non granuleux (grands et moyens mononucléaires, cellules de Turck, Plasmazellen), des mononucléaires granuleux (éosinophiles, basophiles, neutrophiles) et des polynucléaires (éosinophiles, basophiles, neutrophiles). La moelle osseuse des varioleux renferme toutes les variétés de mono- nucléaires, tandis que les formes polynucléées y sont exceptionnelles, même quand la maladie s’est compliquée d'infections secondaires, telles que pneumonie, angines, phlegmons. Continuant l'étude des organes hématopoétiques, nous avons examiné le thymus, la rate, les ganglions, et nous y avons constaté, aussi bien dans les varioles suppurées que dans les varioles hémorra- giques, les mêmes variétés de leucocytes que dans le sang et la moelle des os. Les cellules myélocytaires du sang, les globules rouges à noyau, les mégacariocytes se voient dans ces organes lymphatiques, à côté des globulins et des mononucléaires habituels. Les formes adultes polynu- cléées n’y sont pas plus fréquentes que dans la moelle osseuse. La réaction myélogène est plus ou moins complète, suivant les cas: c'est ainsi que chez l'adulte, la rate et les ganglions ne renferment de mononucléaires éosinophiles et de globules rouges nucléés que dans les formes hémorragiques; chez l'enfant, au contraire, ils en montrent toujours, quel que soit le type de l'infection. Les tissus, qui chez l’adulte semblent avoir perdu tout souvenir des fonctions hématopoétiques qu'ils ont pu remplir à un moment donné de leur évolution, sont également le siège de modifications analogues. Nous avons vu l'atmosphère graisseuse périganglionnaire, parfois de façon intense, le foie, l’épiploon, participer aux réactions leucocytaires. Dans ces diverses parties, la transformation myéloïde est incons- tante et seulement ébauchée: le tissu graisseux qui entoure les gan- glions disparaît et fait place à des travées cellulaires constiluées par des globulins, des mononucléaires à noyau clair, ou à noyau foncé et protoplasma peu abondant, des polynucléaires et des mononucléaires basophiles; enfin, plus souvent, à des polynucléaires éosinophiles et des lasmazellen. On observe la même variabilité de formes cellulaires dans les nodules infectieux du foie, et c’est à tort, au moins pour ja variole, qu’on les a considérés comme formés simplement par des amas de cellules rondes, indifférentes. Enfin, dans l’épiploon, autour des vaisseaux, se montrent des mono- nucléaires parfois abondants, mais les formes granuleuses sont excep- tionnelles. En somme, tous les organes hématopoétiques réagissent de même façon dans l'infection variolique. L’effort qu'ils font pour résister à l'agent SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 911 pathogène peut être décelé, pendant la vie, d'une part, par l'examen clinique, qui révèle l'hypertrophie de certains d’entre eux et montre notamment que l'augmentation de volume des ganglions et de la rate représente une réaction d’un bon pronostic, d'autre part, par l'examen du sang, qui fait constater une leucocytose, d’un type cellulaire spécial, myéloïde. Ces modifications des organes hématopoétiques représentent une réaction défensive qui fait revivre un état cellulaire antérieur, en pro- voquant une sorte de rajeunissement de l'organisme. Mais, à côté de ces réactions, il faut tenir compte des lésions, que nous décrirons plus tard, et qui se traduisent par des destructions nucléaires, des dégénéres- cences ou des nécroses cellulaires, des hémorragies. - Pour nous borner aux conclusions que comporte l'étude de la cyto- logie du sang et des organes hématopoétiques, nous voyons que les cellules d'apparence myéloïde ne proviennent pas exclusivement de la moelle des os. Tous les organes hématopoétiques peuvent à l’état patho- logique donner naissance aux mêmes éléments. Ce résultat peut s’expli- quer par l'hypothèse de M. Dominici, qui pense que tous les organes lymphoïdes renferment à l’état latent du tissu myéloïde, tandis que du tissu lymphatique persiste virtuel dans la moelle des os. Si la transformation myéloïde a été observée chez le lapin sous l'in- fluence des infections et des intoxications (Dominici), si elle a été vue à l’état débauche dans la rate de l’homme au cours de certaines infec- tions (Bezançon, Dominici), la variole est la seule maladie qui, en dehors de la leucémie, ait le pouvoir de provoquer des changements aussi profonds dans les organes hématopoétiques. NOTE SUR LES NODULES INFECTIEUX DU FOIE DANS LA VARIOLE, par MM. H. Rocer et EMILE WEIL. Les nodules infectieux du foie, dont nous devons la connaissance à Friedreich et à E. Wagner, ont été décrits dans la variole par MM. Brouardel, Weigert, Desnos et Huchard. Ces auteurs les ont considérés comme formés par des cellules rondes, nées sur place ou sorties des vaisseaux par diapédèse. Ces nodulés, qui siègent généra- lement autour des organes de l’espace porte, exceptionnellement autour des veines sus-hépatiques, disparaissent après la maladie, ou subissent, dans la suite, l'organisation conjonctive : ils contribueraient ainsi au développement des cirhoses post-infectieuses. Les histologistes ne se sont guère occupés jusqu'ici de faire l'étude 912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cytologique de ces nodules, et se sont simplement contentés de dire qu'ils étaient formés de cellules rondes ou embryonnaires. Or, si on applique à l'étude des nodules hépatiques les procédés d'examen utilisés pour la différenciation des leucocytes, on constate qu'ils sont essentiellement constitués par des globulins et des mononucléaires plus volumineux ; les uns ont un noyau clair entouré d’un protoplasma peu colorable, les autres ont un noyau foncé et un protoplasma indif- férent, d'abondance variable. Ces cellules sont mêlées à des cellules conjonctives. Les cellules granuleuses, inconstantes, sont, dans certains cas, assez nombreuses : ce sont des éosinophiles polynucléées, des mononucléair2s neutrophiles et quelques polynucléaires neutrophiles. On trouve donc en partie, dans les nodules varioliques, les mêmes éléments que dans les organes hématopoétiques ; et l’on est conduit à se demander si ces nodules ne représentent pas une réaction défen- tive, tendant à faire réapparaître une fonction cytopoétique, qui semblait éteinte. M. Luzet avait déjà indiqué que les anémies de la première enfance rendaient à l'organe ses qualités ontogéniques, mais, il n'envisageait que la formation des globules rouges nucléés. Si les diverses variétés de leucocytes peuvent également prendre naissance dans le foie, il serait nécessaire d’étudier les nodules infectieux dans les maladies les plus diverses. Peut-être pourrait-on leur donner des formules cytologiques particulières, superposables à celles du sang ? LA SÉCRÉTION LIQUIDE DE L'EPITHÉLIUM SÉMINAL : SON PROCESSUS HISTOLOGIQUE, ‘par M. CL. REGAuD. Il est de notion courante que l’épithélium séminal sécrète un liquide qui remplit la lumière des tubes séminifères, servant ainsi de « milieu » aux spermatozoïdes mis en liberté. Jusqu'à présent on manquait de données précises sur le processus de sécrétion de ce liquide. J'avais remarqué et signalé incidemment à plusieurs reprises des vacuoles incolores, visibles quel que soit le mode de fixation employé, dans le protoplasma du syncytium fondamental (cellules de Sertoli). J'ai réussi récemment à les colorer avec une électivité parfaite, ce qui m'a permis d'étudier avec certitude et précision le processus de sécrétion dont elles sont l'expression. Technique. — Fixation des pièces par le mélange de Tellyesniczky (190 vol. d’une solut. aq. de bichromate de potasse à 3 p. 400, 5 vol. d'acide acétique pur). Coloration des coupes par la première méthode de : à MARS RU 2 D . - SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 913 Weigert pour la myéline (mordançage à l’acétate de cuivre, coloration à l'hématoxyline, différenciation dans une solution aqueuse étendue de borax et de ferrocyanure de potassium). — Conservation des prépara- tions dans la glycérine). Par cette méthode, les vésicules de sécrétion sont colorées en noir- bleu et translucides. Les têtes des spermatozoïdes (à partir d’un certain stade) et les corps résiduels chromatoïdes sont colorés en noir opaque. Les autres éléments sont incolores ou teintés en jaune très clair. J'ai aussi réussi à colorer ces vacuoles par une modification de la méthode de M. Heidenhain à l'hématoxyline ferrique. La description suivante se rapporte au rat, choisi comme exemple. Siège des vacuoles. — Elles se rencontrent : 1° dans le protoplasma du syncylium fondamental (cellules de Sertoli), principalement dans la couche génératrice (au voisinage de la membrane du tube), et aussi dans les travées protoplasmiques qui séparent les cellules séminales (spermatocytes et spermies) les unes des autres; — 2° dans le proto- plasma des spermies, pendant leur métamorphose. On n’en trouve jamais dans les spermatocytes et dans les spermatogonies. Le produit de sécrétion {erminé qui remplit la lumière du tube sémi- nifère ne se colore pas par cette méthode. | Aspect des vacuoles. — La coloration n'intéresse pas tout le contenu des vacuoles, mais seulement une couche périphérique mince en contact avec le protoplasma ambiant, ou peut-être en continuité de substance avec lui. La colorabilité est donc une propriété non pas du produit défi- niif de la sécrétion (centre des vacuoles, — contenu de la lumière du tube), mais bien d'un état chimique initial, d'un préproduil. Ce fait est d’ailleurs commun à beaucoup de cellules glandulaires. Dans le protoplasma des spermies, les vacuoles possèdent générale- ment une capsule colorée continue. Dans la couche génératrice du syncylium, au contraire, les grosses vacuoles ont souvent une capsule colorée discontinue, ayant l'aspect d’un grillage. Les vacuoles ont généralement une forme sphérique irrégulière. On les voit souvent confluer les unes dans les autres. Elles ont parfois l'aspect de larmes. Quant à leur nombre, leur taille, et surtout leur répartition entre le protoplasma syncytial et les spermatides, les vacuoles subissent des varialions périodiques remarquables, superposables aux städes de la spermatogénèse, et que je décrirai ultérieurement. Nature spéciale des vacuoles. — On trouve dans l’épithélium séminal diverses formations déjà connues : boules graisseuses abondantes (chez le rat) à un certain stade de la spermatogénèse, — granulations grais- seuses ct granulations safranophiles du lobe protoplasmique des sper- mies en voie de métamorphose, — corps résiduels chromatoïdes résorbés après l'élimination des spermatozoïdes. Les vacuoles dont je m'occupe he NES Re En à. 914 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sont absolument différentes de ces formations, à côté desquelles elles coexistent. Existence des vacuoles hors de l'épithélium séminal. — Des vésicules de sécrélions analogues à celles que je viens de décrire existent dans les cellules interstitielles du testicule. — On en rencontre, ainsi que des grains ayant la même colorabilité, dans les cellules épithéliales des canaux excréteurs (vasa efferentia, canal épididymaire). Variations spécifiques. — Par la même méthode, j'ai mis en évidence des vésicules de sécrétion chez le rat, le chien, Le chat, le porc, ete... Il m'a été impossible de les colorer chez le cobaye. (Travail du Laboratoire d’'Histologie de la Faculté de médecine de Lyon). RÉACTIONS DU FOIE DU COBAYE NOUVEAU-NÉ SOUS L'INFLUENCE DES INFECTIONS MATERNELLES, par M. L. NATTAN-LARRIER. L'étude que nous avons faite de la structure du foie du cobaye nou- veau-né nous à amené à nous demander comment pouvait réagir le tissu myéloïde de cet organe sous l'influence des infections maternelles. Les réactions les plus complètes nous ont été fournies par le bacille d’'Eberth. Nous avons toujours procédé de la façon suivante : vingt- quatre heures avant la naissance des petits, on inoculait, à la mère, dans le tissu cellulaire sous-cutané, 1 centimètre cube d’une ancienne culture de bacille d'Eberth. Aussitôt après la naissance des petits, le foie était fixé par le procédé de Dominici, les colorations étaient faites à l’éosine orange et au bleu de toluidine. L'examen des coupes a montré une multiplication considérable des hématies nucléées et des myélocytes basophiles. a) Hématies nucléées. — Le nombre de ces éléments n’est augmenté ni dans la veine porte ni dans l'artère hépatique, Ils sont en proportion minime dans la veine sus-hépatique. Mais ils sont accumulés en nombre considérable dans les fentes capillaires. La proportion entre les normoblastes et les mégaloblastes varie suivant les points que l’on con- (1) On peut rapprocher cette description des constatations faites par M. Dominici sur plusieurs fœtus humains nés de mères infectées par le strep- tocoque. Dans l’épiploon de ces fœtus au terme de sept à huit mois, on {rou- vait de vastes îlots périvasculaires constitués par des globules rouges nucléés, alors que normalement les hématies nucléées sont très rares à ce niveau. C’est là du reste une des modalités de la réaction dénommée par cet auteur : réac- tion normoblastique latente. : \ SÉANCE DU 3 NOVEMBRE 915 sidère, mais, ce qui est frappant, c’est le nombre des karyokinèses. Sur certains points un tiers des éléments sont en karyokinèse. Notons que l’on peut rencontrer des hématies nucléées dont le noyau est en voie d'expulsion, et des normoblastes dont le noyau, au lieu d’être coloré en violet foncé, se teinte par le bleu de toluidine en bleu clair, aspect qui rappelle celui qui caractérise la dissolution du noyau dans les hématies géantes (Engel). b) Les myélocytes basophiles se rencontrent en quantité très faible dans la veine porte et l'artère hépatique, quelques-uns se montrent dans la veine sus-hépatique, on en trouve également dans les grandes fentes capillaires bourrées de globules rouges nucléés, mais ils for- ment surtout de très nombreux ilots entre les cellules hépatiques. Enfin, contrairement à ce qui existe d'habitude, bon nombre de ces myélocytes basophiles étaient en karyokinèse. Jamais nous n’avons trouvé de bacille d'Eberth dans le sang ni le foie du cobaye nouveau-né. Nous considérons que dans les cas que nous avons analysés, il existait une réaction du tissu myéloïde du foie du jeune cobaye et que cette réaction s'était produite sous l'influence de l'infection maternelle. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. Le AT Re NU on D AtUb 210 ANTON qu sit SNA L. F0) ANA Ale «ad J'élenles Pen FRPAÈD FRET fr NDS GITE G 0, 0 1 Denst RTE Que 4 nat MATE cf PARLE RIDE ñ Pot RD THIN hf dt EE: HÉN EALE DIT} MUR [ts fl TT PAR UV LTINEES 7 au F a rat TER S x 24 f nr PEUt («2 917 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1900 M. Vicror Hexei : Inversion par les acides du saccharose dissous dans la glycérine. — MM. Bou et Limox : Fonction sécrétoire de l'épithélium tubaire chez le cobaye. — M. P. Garxauzr : La théorie palæo-égyptienne de la circulation dans ses rapports avec la théorie du pneuma. — M. P. GarnauLr : La théorie palæo-égyptienne de la ‘ respiration et de la phonation, dans ses rapports avec la théorie du pneuma. — M. P. Ganwaczr : L'otologie, l’otiàtrie et la théorie palæo-égyptienne de l'audition dans ses rapports avec la théorie du pneuma.— M. Louis LÉGER : La reproduction sexuée chez les Ophryocystis. — (Discussion : M. Mesniz). — M. C. Puaisauix : Observations sur la note précédente. — MM. E. WERTHEIMER et L. LEPAGE : Sur la résistance des réflexes pancréaliques et des réflexes ganglionnaires en général à l’anesthésie. — MM. G. HErRMANN et P. Verbun : Note sur les corps post-bran- chiaux des caméliens. — MM. G. HERRMANN et P. VERDUN : Les corps post- branchiaux et la thyroïde; vestiges kystiques. — M. RApnazz Dugors : Infuence de la température ambiante sur les dépenses de l'organisme chez les animaux à température variable pendant le sommeil hivernal. — MM. LAvERAN et MESxir. — Sur l’agglutination des trypanosomes du rat par divers sérums. — MM. H. RoGEr et Euize Wei : Inoculabilité de la variole humaine au lapin. — MM. H. Rocer et Eure WEiz : Inoculabilité de la vaccine au lapin. — M. G. Leven : Variations dans le taux de l’urée chez des sujets dout le régime alimentaire reste le même. — M. Hexrr Dowmxicr : Sur la transformation myéloïde. — MM. Josepx Nicozas, PauL Courxmoxt et R. Prar : La leucocytose totale et polynucléaire dans l’immunisation expérimentale par la toxine diphtérique. — M. le Dr Parcrppe Cazn4s : Du coli- bacille du rat et du bacille Kitasato-Yersin. Contribution à l'étude de l’étiologie et de la prophylaxie de la peste. — M. GELLé : Les voyelles nasales, leurs graphiques, d'après les phonogrammes. Présidence de M. Bouchard. INVERSION PAR LES ACIDES DU SACCHAROSE DISSOUS DANS LA GLYCÉRINE, par M. Vicror HENRI. (Communication faite dans la séance précédente.) L’inversion du saccharose étant une hydrolyse, lorsque l’on étudie cette réaction en solution aqueuse, l’eau entre d’une part comme solvant et d'autre part comme un des corps réagissants. Il est intéressant au point de vue théorique de pouvoir isoler chacune de ces deux fonctions de l’eau et d'étudier par conséquent l'inversion du saccharose dans un autre solvant; c'est donc dans le but d’étudier l’action des diastases dans des solvants autres que l'eau que j'ai commencé par déterminer l'inversion du saccharose dissous dans la glycérine produile par diffé- rents acides. Je poursuivais au polarimètre la vitesse d'inversion de solutions con- tenant 14/8 de molécule de saccharose par litre, c'est-à-dire 42 gr. 75 Biococre. Comptes RENDUS, — 1900, T. If, 10 PP à 918 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par litre, dissous soit dans la glycérine aussi pure que possible (bidis- tillée, purissime, densité 1,26), soit dans Peau, soit dans des mélanges d'eau et de glycérine. Trois acides différents ont été étudiés : HCI, H?SO* et HCOOH. Je donne dans le tableau suivant les valeurs des vitesses d’inversion pour les séries étudiées, ainsi que les rapports des vitesses d’inversion dans l’eau et dans la glycérine : HCI. 0,8 norm. |0,4 norm.|0,16 norm.|0,12 norm.[0,06 norm. | Dans la glycérine 0,00359 | 0.001034 | 0,00101 |0,000443 Dans 80 0/0 glycér.+ 20 0 à » D 0,06066 » Dans 20 0/0 glycér. + 80 0 0,00051 5 » » » Dans l'eau Û 0,001%0 | 0,000494| 0,00038 |0,00018% glycérine Rapport an H°S0:. 0,4 norm:|0,33 norm. Dans la glycérine 0,06152 | 0,00122 Dans 80 0/0 glycér. + 20 0/0 eau. |. » 0,00102 Dans l’eau 0,000894| 0,000738 glycérine Rapport ZE HCOOH. 0.83 norm. Dans la glycérine . . . . . . .10,00000894 Dans l’eau 0,00004970 glycérine eau Rapport En examinant ce tableau, on remarque que dans la glycérine la vitesse d’inversion du saccharose est pour l'acide chlorhydrique plus de deux fois plus rapide que dans l’eau; pour l'acide sulfurique elle est 4, 7 fois plus rapide que dans l’eau; et enfin pour l’acide formique elle est plus de cinq fois plus lente que dans l’eau. En cherchant à analyser ce résultat, j'ai été conduit à déterminer le degré de dissociation électrolytique de ces différents acides dans la glycérine; j'ai donc mesuré la conductibilité électrique des solutions des SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 919 acides précédents dans l'eau et dans la glycérine, et j'ai trouvé que pour HCI la conductibilité dans la glycérine est 60 à 80 fois plus petite que dans l’eau ; pour H°S0* elle est dans la glycérine 165 fois plus petite, et enfin pour l'acide formique elle est 859 fois plus petite dans la glycé- rine que dans l'eau. Si on rapproche ces résultats de conductibilité électrique de ceux que donne l'inversion du saccharose, on obtient le tableau suivant : RAPPORT RAPPORT PRODUIT des des vitesses de réaction|conduct. spécifiques des glycérine eau | eau elycérine deux rapports. | HCI, 0,8 norm. . . | SEE 2:44 62,8 150 MACON OTME 220007 > 2.56 86,0 220 | H2S0!, 0,4 norm . 1,10 165,0 280 | HCOOH, 0,83 norm. 0,18 859,0 155 Nous voyons que les nombres de la troisième colonne sont du même ordre de grandeur. Donc la glycérine modifie : 4° la vitesse de la réac- tion ; 2° elle modifie la conductibilité électrique des acides; mais le rap- port de ces deux modifications reste environ constant. Par conséquent, le rôle de la glycérine est double : d’une part, elle accélère la vitesse d’inversion du saccharose ; cette accélération peut être due soit à une action sur les molécules de sucre, d’eau ou d'acide, soit à une modification de leur facilité de combinaison; on pourra faire l'analyse de cette question en remplaçant l'acide par la diastase. D'autre. part la glycérine diminue le degré de dissociation électrolytique des acides, et cette diminution est beaucoup plus forte pour l'acide formique (acide faible) que pour les acides chlorhydrique et sulfurique (acides forts). Comme la vitesse d’inversion est parallèle au degré de dissociation élec- trolytique, on comprend facilement que pour certains acides (acides faibles) la vitesse d'inversion sera dans la glycérine plus lente que dans l'eau. Telle est l'hypothèse que j’émets pour expliquer les faits exposés plus haut. Une petite expérience bien simple permet de vérifier ou de confirmer l'action de la glycérine sur la dissociation électrolytique de l'acide for- mique : un papier tournesol bleu ne rougit pas, ou presque pas, lors- qu'on le plonge dans une solution glycérinée d'acide formique, et il rougit très nettement lorsqu'on dilue cette solution avec de l’eau. (Travail du laboratoire de Chimie physique de M. Ostwald, à Leipzig.) 920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FONCTION SÉGRÉTOIRE DE L'ÉPITHÉLIUM TUBAIRE CHEZ LE COBAYE, par. M. P. Bouin et M. Limox… (Communication faite dans la séance précédente.) D'après la description des auteurs, l'épithélium tubaire, chez l’homme et chez les autres mammifères, est formé par une seule assise de cellules cylindriques dont l'immense majorité est pourvue de cils vibra- tiles. Dans l'étude que nous avons entreprise chez le cobaye, sur l’épi- thélium de cet organe dans différentes phases de la vie génitale, nous sommes arrivés à des résultats essentiellement différents. À l’état de repos comme à l’état de gravidité, cet épithélium, uniformément com- posé de cellules cylindriques ciliées très régulières au niveau du pavillon, en présente un nombre de moins en moins grand au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'embouchure de la trompe dans la corne utérine. La moilié ou les deux tiers internes sont presque excelu- sivement revêtus par des cellules épithéliales non ciliées. Ces éléments non ciliés présentent tous les signes d’une activité sécréloire très intense; leur protoplasme est bourré d'une quantité de petits grains qui se colorent électivement par les colorants basiques; ils présentent tous les caractères des cellules glandulaires typiques. Ces grains existent constamment chez les animaux à l’état de repos et à l’état de gestation; nous les avons également constatés après la partu- rition. L'épithélium tubaire du cobaye, au moins dans sa partie interne, doit donc être considéré non plus comme un simple épithélium de revêlement, mais comme un épithélium sécréloire, glandulaire, dont l'activité doit avoir des rapports avec le passage des éléments sexuels au moment de la fécondation, et dont nous nous proposons d’ Snèses les caractères dans un travail ultérieur. (Laboratoire d'histologie de la Facullé de médecine de Nancy.) LA THÉORIE PALÆO-ÉGYPTIENNE DE LA CIRCULATION, DANS SES RAPPORTS AVEC LA THÉORIE DU PNEUMA (1) (Communication faite dans la séance précédente), par M. P. GARNAULT. Voici près de cinq ans que Je poursuis, à travers l’antiquité, des recherches historiques et critiques sur les origines de la laryngologie et de l’otiàtrie, aussi bien que sur la série des conceptions physiolo- (1) Je me sers de cette expression grecque, familière à tout le monde, plutôt que du terme égyptien correspondant. SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 924 giques par lesquelles les hommes ont essayé de s'expliquer les phéno- mènes de l'audition et de la phonation. A l'heure actuelle, ce sont les Égyptiens qui nous fournissent, avec les papyrus médicaux copiés entre le xxn° et le xiv° siècle, les docu- ments les plus anciens. Ces papyrus nous exposent un ensemble de doctrines auxquelles les Grecs ont certainement emprunté les germes de leurs théories scientifiques. L'analyse grammaticale de la langue des papyrus montre qu'ils sont bien, ainsi que d’ailleurs ils le prétendent, des copies de documents infiniment plus anciens, dont la date est difficile à préciser. Aucun de ces papyrus ne constitue, à proprement parler, un traité d'anatomie; si les Égyptiens ont possédé quelque ouvrage de ce genre, il n’est pas arrivé jusqu à nous. Il est assez probable que les notions anatomiques, d'ailleurs assez superficielles, renfermées dans les papyrus, remontent à une très haute antiquité. En effet, nous savons par les découvertes modernes que la période de l'embaumement a été précédée par une période de dissection rituelle du cadavre, pratique plus favorable à l’'acquisilion de notions anatomiques précises. De plus, contrairement à ce que l'on aurait pu croire, la science égyptienne n’a pas été en se perfectionnant avec le temps; eile a subi, vraisemblablement à partir du xvin° siècle, une régression marquée, comparable à la régression médiévale, sous l'influence du mysticisme. Voici, sur le cœur et la circulation, les idées des anciens Égyptiens, dont la connaissance est nécessaire à la compréhension de leurs théories de la phonation et de l'audition. Le cœur a été connu de très bonne heure et les termes par lesquels on le désigne expriment son mouvement, facilement perceptible à travers les parois du thorax. Le pouls est également connu des Égyp- tiens et le médecin doit le trouver sur toutes les parties du corps. Le signe hiéroglyphique représentant le cœur est un récipient à deux anses, ® et les deux expressions phonétiques par lesquelles on dé- signe cet organe, aussi bien que la conscience, sont Ÿ, | | << ab (suivi du Up 4 qui indique le rythme) et qui se lit le danseur, ou À hat, hali, le marcheur. Le mot xxcètx des Grecs, qui se rattache aux termes x5x240 et xpuddivw, a le même sens. Dans l'opération de la momificalion, le paraschiste extrayait le cœur, le lavait avec du vin aromatique afin qu'il fût en état convenable pour être pesé à part devant Osiris. Cela n'empêcha pas les Égyptiens de confondre, au moins primitivement, l'estomac et le cœur. Dans Ja médecine chinoise, les deux organes communiquent encore. Thucy- dide, chez les Grecs, nous parle de vomissements qui viennent du 24004, 1, 49; et nous appelons encore cardia une parlie de l'estomac. Les Coptes n'ont qu’un seul mot zxy emprunté au second terme égyp- F4 ATOME SPP PET ce PPS UT ED TIOS NTI TRS, AL had 9922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tien (le premier étant tombé en désuétude) pour désigner les deux or- ganes. D'ailleurs, la théorie du pneuma qui domine les idées égyptiennes sur la circulation, exigeait la-communication du cœur et de l’estomac. Le cœur était le centre de nombreux metu ou canaux, en nombre variable suivant les théories. L'air, le principe essentiel de la wie, le pneuma des Grecs, était puisé par divers metu à travers le nez et les oreilles et conduit au cœur. De cet organe, partaient également les nom- breux metu chargés de conduire l'air et le liquide aux diverses parties du corps. Les metu conduisaient également l'urine. En somme, ce terme si confus, si indéterminé dans sa conception anatomique êt physiolo- gique, correspond absolument aux Trésor des vieux physiologues grecs, et désigne, comme ce mot, aussi bien les veines et les artères, que les tendons et les nerfs. Le pneuma nécessaire à la vie, après avoir été introduit, dans l’inspi- ration, à travers les fosses nasales et les oreilles, était expulsé sous la forme expiratoire, ou sous forme de verbe ou parole par la bouche. Mais le pneuma usé, corrompu, devenu nuisible à la vie, le mauvais pneuma, dont la fétidité indique bien les propriétés nocives, est heu- reusement expulsé par les deux extrémités du tube digestif sous forme d’éructations et de vents. Les peuples traditionnalistes (Arabes, Espa- gnols) saluent ces phénomènes heureux et favorables, ainsi que nous le faisons d’ailleurs, pour la même raison traditionnelle, à l'égard de l’'éternuement. L’estomac prenait directement dans le cœur, centre de tout pneuma, le mauvais pneuma pour le rejeter par la bouche. En rai- son sans doute de l'éloignement du rectum, le mauvais pneuma y était conduit par des metu spéciaux. Dans les textes exprimant l’action du cœur, nous trouvons le déter- minatif de parole ni : le cœur parle dans les metu; dans certaines ma- ladies, le cœur reste silencieux. M. Schäffer, qui a observé le premier le fait, ne comprend pas cette expression. Nous ne croyons pas qu'elle soit en rapport avec le bruit qui résulte de l’action du cœur; elle s'explique, à notre avis, d'elle-même, dans la théorie égyptienne de la phonation, car c'est le cœur qui est le centre d’où émane le verbe, qui n'est qu'une condensation du pneuma, et toute parole sort de lui. LA THÉORIE PALÆO-ÉGYPTIENNE DE LA RESPIRATION ET DE LA PHONATION, DANS SES RAPPORTS AVEC LA THÉORIE DU PNEUMA, par M. P. GARNAULT. C’est du cœur, avons-nous dit, que les anciens Égyptiens faisaient sortir la parole; le cœur parle aussi chez nous, mais, pour les antiques, cette expression n'avait pas le sens symbolique qu’elle a pris et conservé. D'ailleurs, toute conception symbolique religieuse, transcendante ou métaphysique a été pré- SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 993 cédée d'une représentation matérielle lui servant de base et d’armature, qui s’est peu à peu idéalisée et sans laquelle elle n'aurait pas pu se développer. Les théories égyptiennes de la phonation, que nous avons à considérer, appar- tiennent à un stade évolutif intermédiaire entre les formes archaïques de représentation du double et le spiritualisme ou mieux pneumatisme transcen- dant de Platon. Les étapes d'évolution des théories de la phonation ont suivi une évolution parallèle à celles des théories sur l'âme, avec lesquelles elles se trouvent en connexion intime. Lorsqu'un homme vit, il aspire de l’air et en rejette, et il meurt dès que s'arrête cet échange, cette communion de son pneuma individuel, renfermé dans son cœur, avec le pneuma atmosphérique. L’air est donc le principe de la vie; et l'âme individuelle s’approvisionne dans l’air atmosphérique, entre- tient son existence par des échanges avec le grand réservoir des âmes ou l'âme du monde. L'absorption du pneuma se fait par les narines et les oreilles, c'est-à-dire par les orifices du corps largement ouverts, ou considérés comme tels. La bouche ne servant à l'absorption du pneuma que chez les individus atteints d'obstruction nasale ou de végétations adénoïdes, probablement rares chez les populations égyptiennes, n’entrait pas en ligne de compte. Sur le cadavre, les cavités du cœur droit sont remplies de sang caillé, inerte; les cavités du cœur gauche, les artères, sont vides, c'est-à-dire remplies de pneuma. Lorsqu'on égorge un animal, le sang s'écoule sous forme de jets impétueux. Donc, le pneuma mélangé au sang lui donne la vie, en même temps qu'il détermine les mouvements du cœur. Il transforme le caillot inerte en un fluide vivant et vivifiant, mélange de sang et de pneuma, qui se répand dans tous les organes à travers les metu. Le pneuma devient pour ces antiques, l'âme, le movens, le ressort qui donne l'impulsion à la machine humaine et mondiale. Cette explication naïve suffit à l'ancêtre pneumatique, comme à son descendant, le spiritualiste moderne, et, ni l’un ni l’autre ne songe à se demander qui a mû leurs movens, qui a créé leur Dieu créateur. C'est seulement à une époque relativement tardive que se dégagea cette théorie du pneuma. La conception du double égyptien, des rephaïms hébreux, des mânes grecs sous leur forme primitive (représentation corporelle ou ombre de l'individu, formée de substance plus subtile, mais non pneumatique), l'avait précédée. La théorie de l'âme pneumatique ou aérienne se forma par la suite, . se greffa sur la première sans la faire disparaître ; et ainsi se développa la conception vulgaire de l'esprit qui, à peine modifiée, règne encore aujourd'hui. La théorie du verbe et des mots a subi une évolution parallèle à celle des âmes, car les mots sont les âmes des choses. L'identité entre l’objet et le mot qui l’exprime, la visibilité du mot, admise au moins dans certaines conditions, nous montrent que la théorie du mot a dû, elle aussi, passer par la forme du double; mais c’est la théorie du pneuma qui domine la conception du verbe, dans tous les textes égyptiens où nous la trouvons exprimée. Cette théorie pneumatique du verbe était encore populaire et généralement admise à l'époque socratique, ainsi que nous le montre, par de nombreux traits, le dialogue platonicien de Cratylle. Lorsque l’on y dit, lorsque les traditionna- listes de notre siècle, avec de Bonald et de Maistre, prétendent que les mots 924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ont été révélés par Dieu ou les Dieux, il ne faut voir là qu'une expression symbolique, ou plutôt une interprétation philosophico-religieuse de la théo- rie antique absolument déformée; le nom ou âme des objets, en tant que preuma, était primitivement une portion du pneuma divin. Le mot était divin par essence, car il représentait l'âme des animaux, des objets, conçue sur le modèle de l’âme humaine, qui est, elle-même, constituée par une accu- mulation du pneuma, présentant une forme vaguement humaine dans le cœur. L'homme est créé, dans la Bible, comme dans l'épopée pré-chaldéenne de Gilgamesh, lorsque la Divinité, ayant pétri une figurine d'argile, lui insuffla son pueuma à travers le nez. Le souffle ou le verbe de Jehovah est si bien son moyen de création, qu’on en a fait, par la suite, un principe femelle émané de lui, qu'il féconde pour créer. Cet éon femelle est devenu mâle sous la main des chrétiens qui ont changé son sexe pour en faire le saint-esprit. Le souffle ou rouach des Hébreux, combiné avec le verbe ou À6yos des Stoïciens, a servi à Philon pour la constitution de son démiurge À6yos, destiné à faciliter la compréhension des rapports, en effet inintelligibles, entre le matériel et l’imma- tériel; et enfin l’auteur gnostique du IVe évangile, dit de Jean, applique la théorie du À6yos, de Philon, au Christ, pour indiquer son émanation de la divi- nité, sans songer encore à une filiation charnelle, œuvre d’une superstition plus tardive.” Les âmes des objets, qui constituent à la fois le double formel de l'objet et son expression pneumatique, peuvent s'en dégager par le choc, sous forme de son, qui est la parole des objets; telle fut la conception initiale, qui servit de base à la théorie physique de l'émission, dont le règne a duré si longtemps. Le feu, la combustion, comparés, pour beau- coup de raisons, à la chaleur animale, expulsaient, libéraient l'âme de l'objet, sous une forme comparable à l'expulsion respiratoire; et lorsque, la combustion cessant, l’objet avait disparu, il avait rendu son me au pneuma atmosphérique, comme l'homme lorsque sa chaleur a cessé. Le choc, qui prendra plus tard, chez les physiologues grecs, un rôle plus important dans la théorie physique du son, semble avoir simple- ment servi, chez les Égyptiens, à faire sortir de l'objet une émanation pneumatique de son âme, concrétée en une forme ou image sonore, esw)ov, comparable à tous égards à l'âme humaine et à son verbe, et de nature pneumatique comme eux. Ces images pénétraient à travers les metu largement ouverts des oreilles, et étaient collectionnées dans le pneuma du cœur, dans l’âme, avec laquelle elles fusionnaient, et d’où elles étaient expulsées à travers la bouche, en même temps que le pneuma expiratoire, dans l'acte de la phonation. Les images sonores voyageaient sur les ailes du pneuma, dont elles représentaient une simple conden- sation formelle, comme les cloches s’en vont à Rome pendant la semaine sainte sur les ailes de l'air. La facilité avec laquelle cette légende est acceptée par les enfants, montre combien la confusion entre l’image sonore d'un objet très sonore, et cet objet lui-même, se produit facile- ment dans un cerveau de primitif. Les physiologues grecs attribuaient EE " ANT Er # n SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 995 la cause du son vocal au choc de l'air expiratoire sur les organes durs qui composent le larynx. Il y a tout lieu de supposer que les Égyptiens attribuaient également à ce choc la restitution de la qualité bruyante aux sdwx sonores, emmagasinées dans le cœur, où elles restaient silencieuses, et qui redevenaient bruyantes au moment de leur expul- sion. Mais l'interprétation du phénomène était certainement beaucoup plus magique que physique, au moins dans la haute antiquité. On comprendra qu'avec une pareille théorie, il ne soit pas question, chez les Égyptiens, de maladies de la voix. L'OTOLOGIE, L'OTIATRIE ET LA THÉORIE PALÆO-ÉGYPTIENNE DE L'AUDITION DANS SES RAPPORTS AVEC LA THÉORIE DU PNEUMA, par M. P. GARNAULT. La quasi-identité, l'identité même entre le verbe et la chose, l’objet et son nom, est un dogme essentiel de la haute antiquité; la parole jouit encore, en Orient, par suite de la conservation de ces traditions, de propriétés magiques difficiles à concevoir pour nos cerveaux. Les Dieux antiques : Thot, Jehovah, etc., font naître les choses par leur souffle créateur ou par leur voix, parce que le souffle ou la voix représentent les âmes ou parties essentielles des objets créés : Les Dieux parlent les choses, dit très bien M. Maspéro. Les choses exis- tent à partir du moment où elles ont reçu un nom. Chaque fois qu'elles veulent parler, les pelites filles ensorcelées, que nous montrent les contes de Perrault, écho des vieilles traditions, voient sortir de leur bouche des ser- pents ou des crapauds. Les Spirites recueillent, sous forme d’un masque tour- menté, le moulage en plâtre de la voix matérialisée d'Eusapia Paladino, car le fantôme matériel provenant de la transformation de la voix du célèbre médium consent à impressionner la paraffine molle. L'homme de voix juste {Maspéro), c'est-à-dire qui avait acquis, probablement à la suite d’initiations ventriloquisies, dans les mystères égyptiens transportés plus tard en Grèce (à Eleusis), les qualités d’intonation de la voix des Dieux, possède une voix magique et créatrice comme celle des Dieux. Il lui suffit de se faire entendre, pour que les portes de l’Amentit tournent d’elles-mêmes sur leurs gonds. En prononçant avec l'intonation juste les noms divins : Thot, Jehovah Scebaoth, Jésus, on soumet ces puissances divines à sa volonté, parce qu'on les à fait partie de soi. La prononciation correcte de ces noms divins prouve que le nom des Dieux, c'est à-dire une portion du pneuma divin, a bien été ainsi incorporé au pneuma humain. C’est là une forme de la communion pneu- matique, qui peut se produire par l'oreille de double façon : acceptation du pneuma humain par le Dieu, dans la prière, et acceptation par l'homme de la parole divine, qui se produisait très facilement, par suite de l'illusion ven- triloquiste fréquemment employée. Le mort ayant, plus encore que le vivant besoin de sa voix, on lui en four- nissait les éléments, sous forme de pneuma associé au sang, dans les céré- 926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ———… monies symboliques des funérailles. On lui frottait les lèvres avec un morceau de viande saignante, les briquettes d'hématite (pierre de sang), un sac rempli de cornaline rouge (sang d’Isis). Le mort reprenait la vie et sa personnalité en regardant son nom écrit sous une petite statue. Il réabsorbait ainsi son pneuma, son âme, contenus dans son nom. L'association de l’idée du feu à l’idée du pneuma vocal, légitimée par beau- coup d'apparences, permit de rendre visible la voix, matérielle en théorie. Les Védas parlent de voix lumineuses, et Moïse demande aux Hébreux s'ils ont vu les voix qui lui ont parlé dans la montagne au milieu du tonnerre et des éclairs. Ou plutôt le tonnerre et l'éclair sont la voix lumineuse du pneuma atmosphérique du grand pneuma divin. L'adjonction du buisson (Genèse) à l’idée du feu et du pneuma, indique la syncrèse de la voix des morts, rendue apparente par le feu, et dont nous trouvons une indication dans les fresques du tombeau de Montouhikopshouf (Maspéro), chez les Egyptiens. La crémation des Hindous, des Grecs, etc., le culte d’Agni et l'institution du foyer, sont dus en grande partie à l’asso- ciation des idées pneumatiques à l’idée du feu et à la tradition ventrilo- quiste de la voix des morts. Tous les auteurs, depuis Mondini (xiv° siècle), se sont lourdement trompés en attribuant aux Grecs la connaissance de la membrane du tympan et l'ignorance de la trompe d'Eustache. Les anciens Égyptiens ignoraient anatomiquement l’une et l’autre. Du tympan, qu'ils n'ont certainement jamais vu anatomiquement, 1l ne saurait être question. Les souffles de la vie entraient par les deux metu de l'oreille droite € Ÿ. les souffles de la mort entraient par les deux metu de l’oreille gauche Fi as A & : et sur ces souffles étaient portées les images sonores. Un seul texte fait intervenir, de chaque côté, un troi- sième metu, pour l’audition. Cette rêverie physiologique ne change nul- lement le sens de la théorie de l'absorption auriculaire de l'air et des images sonores par les oreilles béantes ; elle indique seulement l'intui- tion d’une nécessité de la différenciation anatomique, en rapport avee la division du travail physiologique supposée. La trompe d’Eustache était certainement connue d’Aristote, qui s’en servit pour établir une théorie de la circulation de l’air sonore vers le cœur, semblable à celle des Égyptiens. Il est plus vraisemblable de croire, pour la trompe, que la théorie égyptienne reposait sur des conceptions a priori, plutôt que sur l'obser- vation anatomique. La théorie grecque de l'audition, malgré des appa- rences faussement interprétées par des critiques superficiels aussi péné- trés des idées modernes qu'ignorants des idées antiques, ne diffère de la théorie égyptienne que par l'importance plus grande attribuée aux phénomènes du choc et de la résonance, considérés comme physiques. Les Grecs, aussi bien que les Égyptiens, ignorent lamembrane dutympan, " | Liiéésés Sr a YEAR EE ds De RE, AR PA rer L 22 2% : 1 . cs À / SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 927 qui eût été considérée comme un obstacle absolument inintelligible et pathologique à l'absorption du pneuma et des images sonores. Le texte de Théophraste, visant les théories de Démocrite, et que M. Soury a introduit récemment au débat, pour montrer que Démocrite et les Grecs connaissaient la membrane du tympan, constitue le plus fort argument à l'encontre de cette thèse. L'auriste égyptien différait assez peu d’un auriste européen, exerçant il y a une quarantaine d'années. Ebers croit qu'il se contentait de soi- gner la dureté de l’ouïe et avait renoncé à traiter la surdité. L’auriste égyptien appliquait les cataplasmes, connaissait l’action utile, dans cer- tains cas, du froid, les instillations, les fumigations d’encens. Les fumiga- tionsreprésentaient l'absorption d’un bon pneuma, avaient primitivement un caractère religieux et magique et devinrent plus tard thérapeutiques. L'auriste égyptien avait recours aux incisions dans le traitement des abcès auriculaires. Enfin il avait reconnu que, dans certains cas de surdité, le sourd entend mieux par la bouche ouverte. Les vaporisations, pratiquées au moyen d'un appareil semblable aux retortes des alchi- mistes, ne semblent pas avoir été employées par la bouche, comme on l'a cru, mais bien par le vagin, afin d'agir, au moyen de pheuma suave ou fétide, sur les déplacements de la matrice, considérée comme un ani- mal fugace ou capricieux, que l’on alléchait ou repoussait. Enfin, on ne négligeait pas les incantations magiques, de caractère pneumatique, à Shu, dieu de l’air. Cette suggestion pneumatique peut être comparée aux insufflations modernes d'air par la trompe, parfaitement inutiles dans tant de cas ; au moins les premières n'’étaient-elles jamais nui- sibles. | Les stèles à oreille ne sont pas, comme on l’a cru, des ex-votos de malades guéris et reconnaissants ; ce sont des plaques symboliques, offertes à la Divinité par des vivants, ou des amulettes funéraires, des- tinées à améliorer l'audition des morts, durs d'oreille pendant leur vie, et à qui il importait infiniment d'entendre distinctement les interroga- tions des juges divins, dans l’Amentit. LA REPRODUCTION SEXUÉE CHEZ LES OPHRYOCYSTIS. Note de M. Louis LÉGER, présentée par M. A. Gran. J'ai montré dans une note précédente les affinités étroites qui relient le Schizocystis aux Ophryocystis et les caractères communs qui permet- tent de rattacher ces deux genres aux Grégarines. L'étude de la repro- duction sexuée chez Ophryocystis affirme encore ces relations, en même temps qu'elle met en lumière un des plus beaux exemple d'isogamie qu'on puisse rencontrer dans la série zoologique. de RTE RO re NP 998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ai suivi ce processus sur plusieurs espèces nouvelles d'Ophryocystis que je vais seulement signaler 1ci, réservant leur description pour ‘un prochain mémoire : O0. Hagenmulleri n. sp. de l'Olocrates gibbus Fabr., O. Mesnili n.'sp. du Tenebrio molitor Lin., O. Caulleryin. sp. du Scaurus tristis OI. ainsi que sur O. Schneideri Lég. et Hagen., du Blaps magica Erichs. Chez toutes ces espèces, il présente une assez grande uniformité et concorde avec les faits observés par A. Schneider chez 0. Butschlii Schn., c'est-à-dire, multiplication des noyaux dans chaque gamète et conjugaison de deux d’entre eux pour donner le noyau du sporocyste. J'ajouterai quelques détails à ces premières observations, en prenant comme type 0. Mesnili et O. Hagenmulleri, chez lesquels j'ai observé fréquemment la sporogonie. Les individus qui vont se conjuguer sont faciles à distinguer des schizontes par leur forme arrondie et les caractères de leur cytoplasma et de leur noyau. Leur cystoplasma aréolaire montre une grande affinité pour l'orange, tandis que celui des schizontes retient fortement l'hématoxyline. (La même particu- larité existe chez Schizocystis.) Ils s’accolent étroitement deux à deux pour former un kyste ovoide avec une cloison équatoriale constituée par le plan d'accolement. Dans chaque gamète, le noyau primitivement sphérique avec sa chromatine, condensée en un gros grain central, perd sa paroi et devient rameux. Sa chromatine se montre alors sous forme d'un peloton irrégulier qui se divise en plusieurs petits corps chromatiques secondaires visibles dans le suc nucléaire fortement coloré. Puis le noyau se divise, mais sans qu'on puisse reconnaitre nettement une mitose typique. Les corps chromaliques se partagent en deux groupes aplatis qui s'écartent l’un de l’autre, en suivant ordinairement une direction perpendiculaire au grand axe du kyste. D'abord reliés par le suc nucléaire, ils s’éloignent de plus en plus jusqu’à se séparer complètement, pour former deux noyaux filles qui se portent latéralement sur le côté de chaque gamète. L’un de ces noyaux est appelé à dégénérer. Sa chromatine se rassemble en un amas autour duquel le protoplasma se creuse d’une vacuole. Dans cette vaccuole on voit fréquemment l’amas chromatique se diviser de nouveau en deux petits groupes dont la disposition affecte l’appa- rence de mitoses; mais cette évolution n’est jamais poussée plus loin, car cette disposition persiste dans le reliquat kystal, longtemps même après la forma- tion du sporocyste. Quant à l’autre noyau, il subit une nouvelle division ayant pour résultat d'éliminer encore une certaine quantité de chromatine, bientôt englobée dans une vacuole au sein de laquelle elle reste longtemps visible sous forme d’un amas granuleux. La réduction terminée, le pronucléus restant, dans lequel on peut compter difficilement quatre petils corps chromatiques au milieu d'un suc nucléaire vivement coloré, gagne à peu près le centre du gamète. Autour de lui se condense un amas sphérique de protoplasma formatif qui se distingue du protoplasma résiduel cantonné au pôle, par son affinité plus grande pour les colorants basiques. Ainsi se forme un sporoblaste. Les mêmes phénomènes se déroulent à peu près simultanément dans l’autre gamète, et les deux sporchlastes marchent l’un vers l’autre, leur noyau placé superficiellement et tourné vers la cloison du kyste avec laquelle ils arrivent bientôt en contact. A ce moment, celle-ci se résorbe, et les deux sporoblastes SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 9929 fusionnent intimement leur noyau et leur protoplasme, pour former un spo- rocyste unique ovoide. | Dans celui-ci, se voit le noyau de conjugaison dont les corps chroma- tiques ne tardent pas à s’agglomérer en un gros corps central. Enfin, une paroi apparait quiisole définitivement le sporocyste du protoplasma résiduel, visible dans chaque gamète sous la forme d’une calotte polaire, dans laquelle on distingue longtemps encore les grains chromatiques de réduction. Le développement ultérieur du sporocyste est absolument identique à celui des Grégarines, et aboutit, après trois divisions successives du noyau de con- jugaison, à la formation de huit sporozoïtes. Parfois, il arrive, comme chez O. Butschlii, que la cloison du kyste ne se résorbe pas. Chaque sporoblaste donne alors une sporocyste parthénogénétique et le kyste mür renferme ainsi deux sporocystes. Mais ceux-ci sont toujours plus petits que le sporocyste unique résultant du processus sexué. Plus rarement, un seul sporocyste se forme dans l'un des gamètes, l’autre restant stérile sans doute à cause du retard apporté dans les phénomènes 1e réduction de son noyau. Le fait que chaque gamète peut, sans fécondation, donner néan- moins naissance à un microsporocyste parthénogénétique montre que, suivant l'expression de Giard, les deux gamètes ont potentiellèément la même valeur et qu'il y a isogamie parfaite. Il porte en outre à penser que, chez les Grégarines qui montrent des micro et des macrosporocystes, ces derniers résultent d’une conjugaison des sporo- blastes, tandis que les premiers sont parthénogénétiques et pro- viennent directement de la transformation de sporoblastes qui ne se sont pas conjugués. En dehors de l'intérêt qui s'attache à la connaissance de cette con- jugaison isogamique typique, on voit, par ces observations, que l'Ophryocyslis présente une sporogonie tout à fait comparable à celle des Grégarines, puisque son sporocyste unique résulle de la conju- gaison de deux sporoblastes, dont le noyau a préalablement subi une division réductrice. IL est donc permis de considérer l'Ophryocystis comme une Schizo- grégarine caractérisée par sa taille exiguë et sa forme spéciale dues à son habital particulier, et par son kyste monosporocysté. La connaissance de l’évolution de l'Ophryocystis me paraît en outre jeter quelque lumière sur la phylogénie des Sporozoaires eclosporés (Metchnikoff) ou Zélosporidies de Schaudinn. Mesnil (4) pense que ces Sporozoaires Lirent leur origine d'une Grégarine monocystidée intesti- nale primitive, qui aurait donné, d'une part, les Grégarines polyeysti- aées et cœlomiques actuelles, et, d'autre part, les Coccidies, par exagé- ralion du parasitisme intracellulaire, multiplication des germes asexués, 4) F. Mesnil. Essai sur la classification et l’origine des Sporozaires, Cinquan- tenaire de la Sociélé de Biologie, Décembre 1899. 930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE diminution du nombre des sporocystes et passage de l’isogamie à l'hélérogamie. Une telle manière de voir me parait bien plus solidement assise et simplifiée si l’on considère l'Ophryocyslis ou une forme schizogonique analogue comme l’ancètre des Ectosporés : de cette forme schizogo- nique simple sont dérivés, d'une part, Schizocystis et les Eugrégarines par une condensation ontogénique progressive (la schizogonie n'étant plus représentée chez ces dernières que par la formation de sporo- blastes nombreux dans chaque Grégarine conjuguée), et, d'autre part, les Coccidies, par adaptation complète au parasitisme intracellulaire, ayant pour conséquences directes la schizogonie intracellulaire (stade eimerien) et l'apparition d'une différenciation sexuelle pour assurer la fécondation. M. Mesniz. — La conception de la phylogénie des Sporozoaires ecto- sporés, que M. Léger déduit de ses belles recherches sur l’évolulion des Ophryocystis, ne diffère de celle que j'ai exposée il y a un an qu'en ce que M. Léger « considère l'Ophryocystis où une forme schizogonique analogue comme l’ancêtre des Eclosporés », tandis que je rapprochais cette forme primitive d’une Grégarine monocystidée intestinale. Or, il me semble que les observations de Schneider et Léger, prouvent que, dans chaque individu des Ophryoeystis qui se conjugue, plusieurs spo- roblastes avortent et qu'il n’en subsiste finalement qu'un; on a donc le droit de supposer que les Ophryocystis dérivent de formes où chaque copulant donnait plusieurs sporoblastes ne dégénérant pas, c'est-à-dire de véritables Grégarines monocystidées. | OBSERVATIONS SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE, par M. C. Puisazix. Les faits que M. P. Arcel a consignés dans la note ci-dessus l’amènent à des conclusions contradictoires avec celles de M Phisalix. Get auteur pense que les glandes cutanées de la salamandre terrestre ont une origine ectodermique, et voici les arguments qu'il apporte à l'appui de son opinion. Il décrit 6 stades de développement en commençant par le 6°, c’est-à-dire par le plus avancé, celui où l’ébauche glandulaire est pourvue d’une vaste lumière. Dans ce stade, il constate que le derme est insinué entre l’épiderme déprimé et la glande, sauf au niveau du pôle supérieur. Au 5° stade, qui ne diffère du précédent que par ses dimensions plus faibles et par l'absence de lumière glandulaire, les cellules de la glande sont encore en continuité avec les cellules épider- miques au niveau du pôle supérieur; cependant l’auteur est moins SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 931 affirmatif que pour le 6° stade, et il semble qu'il ait constaté quelquefois une ligne de démarcation; en tout cas, dans la zone qui entoure ce pôle supérieur, il a vu que les limites entre la glande et l’épiderme sont nettes; seulement le derme et le pigment ne pénètrent pas. Cette netteté de délimitation que l’auteur a observée entre les cellules glandulaires et les cellules épidermiques suffirait à elle seule pour inspirer des doutes sur leurs relations génétiques; mais je puis affirmer, pour l'avoir vu sur de très nombreuses préparations, qu'entre l’ébauche glandulaire et les cellules de la couche de Malpighi, il existe constamment une lame dermique, le plus souvent accompagnée de cellules pigmentaires. M’appuyant sur ces faits contrôlés par diverses méthodes, je ne puis que maintenir, au nom de M*° Phisalix, les conclusions de son travail rela- livement à l'origine mésodermique des glandes. SUR LA RÉSISTANCE DES RÉFLEXES PANCRÉATIQUES ET DES RÉFLEXES GANGLIONNAIRES EN GÉNÉRAL A L'ANESTHÉSIE, par MM. E. WERTUEIMER et L. LEPAGE. En raison de la subordination des réflexes pancréatiques à des cen- tres abdominaux, il y avait lieu de rechercher ce qu'ils deviennent lorsque l’activité réflexe du système nerveux central est complètement abolie par les anesthésiques. L'expérience montre qu'ils opposent à ces agents une résistance vraiment remarquable. On chloralise un chien assez profondément pour que la pression arté- rielle tombe à 3 ou 4 centimètres Hg, et que d'autre part la paralysie des centres respiraloires nécessite l’insufflation pulmonaire. On peut amener l'animal à un état d'anesthésie tel que l'excitation la plus forte du sciatique, prolongée pendant 30 secondes, n’a aucun retentissement sur la pression sanguine et ne ramène pas le retour des mouvements respiratoires. Si, à ce moment, on injecte une solution excitante dans l'intestin grêle, on détermine une accélération de la sécrétion pan- créalique, habituellement aussi marquée que celle qu’on obtient chez l'animal non anesthésié : l'effet se fait attendre quelquefois un peu plus longtemps que chez ce dernier : encore ce retard n'est-il pas constant. Comme trritant de la muqueuse intestinale, nous avons souvent employé le chloral dont nous avons précédemment indiqué le mode d'action (1). Dans ce cas, on a ce résullat, en apparence paradoxal, que la même substance qui vient de supprimer toute réaction réflexe des centres cérébro-spinaux, stimule, par voie réflexe, l’activité du pancréas lorsqu'elle est injectée dans l'intestin. (1) Société de Biologie, 30 juin 1900. 22 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La chloroformisation la plus profonde respecte également les réflexes pancréaliques. Par conséquent, les anesthésiques n'ont pour ainsi dire pas prise sur les centres ganglionnaires aux doses où ils annihilent les fonctions de l’axe nerveux central. Cette résistance à l’anesthésie est sans doute une propriété générale des ganglions sympathiques. C'est ainsi que dans ses expériences sur les actions vaso-motrices périphériques, Gley a vu chez des animaux « chloralisés aussi profon- dément que possible », l'anagyrine produire encore une faible augmen- tation de pression, qu'il a attribuée à un « reste d'activité » des gan- glions vasculaires (1). Gley admet toufefois que le chloral paralyse à peu près complètement les ganglions nerveux. Il est possible qu'il existe entre les divers centres périphériques, comme entre ceux de l'axe gris, une sorte de hiérarchie telle que les uns subissent plus facilement l'influence des anesthésiques que les autres. Mais ce qui est certain, c’est que les centres du pancréas y sont réfractaires à un haut degré. Ce fait a son intérêt non seulement pour la physiologie de la glande abdominale, mais aussi au point de vue du mécanisme général de l’anesthésie. On distingue d'ordinaire, dans la marche progressive de l'intoxication, différentes périodes, entre autres la période d’anesthésie sans réflexes (2). On voit qu'il est plus exact de dire anesthésie avec perte des réflexes cérébro-spinaux, mais conservation des réflexes gan- glionnaires. Quant à ceux-ci, ils persistent, on peut dire, indéfiniment, tant que la circulation continue, ou du moins tant que son activité reste compatible, dans le cas particulier qui nous occupe, avec le fonctionne- ment de la cellule glandulaire. Nous avons vu, par exemple, le pan- créas répondre encore, par les manifestations habituelles, aux irrita- tions de l'intestin chez des animaux chloralisés dont la pression ne dépassait pas 1,8 à 2 centimètres Hg. Enfin, si les réflexes pancréatiques survivent ainsi à la paralysie des centres bulbo-médullaires, intoxiqués par les anesthésiques, c'est une nouvelle preuve de leur indépendance à l'égard de ces centres. Le réflexe sous-maxillaire se comporte comme les réflexes pancréati- ques, c'est-à-dire que, si l’on sectionne le nerf lingual au-dessus el au- dessous du ganglion sous-maxillaire, l'excitation du bout infra-gan- glionnaire de ce tronçon continue à provoquer chez l’animal profondé- ment anesthésié la sécrétion salivaire (3). Il faut reconnaître cependant que cet exemple, s’il était isolé, serait peu démonstratif. Les physiolo- gistes qui, avec Schiff, expliquent l'expérience de Claude Bernard par la (1) Archives de Physiologie, 1894, p. 714. (2) Richet, Art. « Anesthésie », du Dictionnaire de Physiologie. (3) Ces expériences sur le réflexe sous-maxillaire ont été faites par Le D' Dubois (Thèse, Lille, 1900). Son travail renferme aussi quelques-unes de nos expériences sur les réflexes pancréatiques. per = tt] nt. dt. le rh itéae: à ED 2 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 933 présence de fibres récurrentes sécrétoires dans la partie périphérique du lingual, pourraient plutôt trouver, dans la résistance du phénomène aux anesthésiques, un appui à leur manière de voir, puisque les fibres récur- rentes centrifuges ne doivent pas être paralysées par ces agents. Mais la persistance de la réaction salivaire, rapprochée de celle de la réaction pancréalique, peut être interprétée dans le même sens que cette der- nière, dont la signification n'est pas douteuse. NOTE SUR LES CORPS POST-BRANCHIAUX DES CAMÉLIENS, par MM. G. HERRMANN et P. VERDUN. L'examen d'un fœtus de dromadaire de 45 centimètres nous avait mis à même de constater le développement notable que {prennent chez les côte LA * pe OZ auche côle droit Schéma de la région thyroïdienne (Chamelon, 2/3 grandeur naturelle.) c.L., cornes inférieures du cartilage thyroïde; c.c., cartilage cricoïde ; #r., trachée : À, 2,3, 4, 5, 6, premiers anneaux de la trachée : , æsophage ; T., lobes thyroïdiens ; 1.a., thyroïdes accessoires ; GL, glandules branchiales IV; L., hile du côté droit ; £./., corps post-branchial (thyroïde latérale) du côté gauche ; g., ganglions lymphatiques. caméliens, les corps post-branchiaux (thyroïdes latérales) inclus dans là thyroïde (1). Nous avons pu étudier ces organes après la naissance, (4) G. Herrmann et P. Verdun. Miscellanées biologiques. Travaux de la station -de Wimereux, VII, p. 250, 1899. BIOLOGIE, COMPTES RENDUS, —= 1900, T,. LIT, 11 934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gràce à l'obligeance de M. le D' Mahaut, qui a bien voulu nous faire par- venir une série de pièces récoltées par lui aux abattoirs de Touggourt (conservation dans l’alcool à 70° après fixation préalable par le liquide de Müller). Les recherches ont porté sur deux chamelons d’un an et sur un certain nombre d'adultes âgés de huit à dix ans et plus. Dans les coupes sériées pratiquées sur le liers supérieur du lobe thyroïdien d'un chamelon, les formations post-branchiales figurent une sorte d'ilot de forme: plus ou moins étoilée, situé dans le nodule con- jonctif du hile, où il tranche vivement sur les parties ambiantes par sa texture plus dense et sa coloration plus foncée. Mesurant à peu près 6 millimètres sur 3, cet ilot ne représente que la portion centrale de l'organe; il émet, en effet, des prolongements qui s'engagent dans les cloisons conjonctives rayonnant autour du hile et qui-s’étendent souvent à une distance de plusieurs millimètres au sein du parenchyme thyroï- dien. Dans quelques cas, ces vestiges glandulaires sont accompagnés d'une sorte de fente ou de kyste central pouvant atteindre un centimètre de longueur. Une anomalie offerte par l’un des chamelons et représentée dans Le schéma ci-dessus nous à permis d'observer le corps post-branchial dans des condi- tions particulièrement favorables. Chez ce sujet le lobe droit de la thyroïde, long de 45 millimètres et pesant 4,05 grammes, est normalement constitué et possède un corps post-branchial inclus dans son hile. Le lobe gauche, long de 33 millimètres seulement et ne pesant que 0,9 gramme, est à l’état d’aplasie partielle, et c'est précisément la région du hile qui fait défaut. Décomposé en coupes sériées, ce lobe incomplet ne renferme aucun vestige post-branchial. Mais un peu au-dessus de lui, et au voisinage d’un ganglion lymphatique assez volumineux, sont placés deux corpuscules ovoïdes dont le supérieur, plus petit, répond à la glandule branchiale IV et l'inférieur aw corps post-branchial développé librement et sans aucune connexion avec la thyroïde. Celui-ci mesure 9 millimètres en longueur, sur 7 en largeur et 3 en épaisseur. Cette disposition exceptionnelle réalise l'isolement du corps post- branchial tel qu'il existe à l’état normal dans les autres classes de vertébrés et, parmi les mammifères, chez les monotrèmes (Maurer). L'organe débité en coupes, peut ainsi être étudié dans toutes ses parties, tout risque de confu- sion avec un tissu étranger se trouvant écarté. La composition histologique est assez compliquée et nous ne pourrons qu’en indiquer sommairement les traits les plus saillants. Le parenchyme est essen- tiellement formé de canalicules ramifiés se terminant par des groupes de culs-de-sac comme dans les glandes acineuses. Il est subdivisé en lobules arrondis par des.cloisons conjonctives qui partent de la capsule d’enveloppe et finalement se résolvent en un système de trabécules intra-lobulaires pourvues d’un réseau capillaire assez riche. Les conduits décrivent quelques sinuosités et se bifurquent fréquemment: il en est qu’on peut suivre sur une longueur d’un quart de millimètre. Ils sont tapissés d’une couche de cellules cylin- SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 935 driques dont la hauteur ne dépasse pas 20 #; leur lumière est habituellement étroite, souvent linéaire ou même nulle. Suivant les points examinés, l'épi- thélium conserve le type prismatique jusque dans les acini terminaux, ou bien il s’abaisse peu à peu et prend une forme cubique ou pavimenteuse. Le volume des culs-de-sac est très variable : généralement petits, à cavité à peine visible, ou même représentés par des bourgeons pleins, ils s’élargissent par endroits pour constituer des ampoules spacieuses pouvant atteindre jusqu'à un dixième de millimètre et renfermant une masse tantôt grenue, tantôt homogène et d'aspect colloïde. On trouve également des vésicules et des sphérules pleines complètement isolées des canaux glandulaires. Il n’existe pas de conduit principal auquel pourraient se relier ces derniers. Mais, sur le côté de la glande, et compris dans un dédoublement de la capsule conjonctive, on apercoit une sorte de kyste allongé, mesurant un tiers de millimètre de diamètre; sa paroi est garnie de nombreux diverticules et bourgeons glan- dulaires et sa cavité est en grande partie comblée par une saillie arrondie renfermant également un certain nombre d’acini de petit volume. Cette disposition, qui ressemble à celle qu’on observe sur le canal central de la thyroïde chez le mouton (Prenant), peut faire supposer qu'il s'agit d’un vestige de la cavité primitive de l’ébauche post-branchiale. Dans toutes ces parties, les épithéliums ont un protoplasma finement granuleux, plus ou moins opaque, et, sur les coupes traitées par l’hématéine-éosine, leurs noyaux sont fortement colorés en violet. Contrairement à ce qui se voit dans la géné- ralité des glandes, il est rare que ces éléments soient directement en contact avec le stroma conjonctif. En effet, dans la plupart des acini, la rangée épithéliale limitant les cavités est doublée à sa face profonde de plusieurs assises de cellules polygonales, uniformément teintées en rose par l’éosine, et dont les noyaux, bien distincts cependant, ne prennent pas l’hématéine. Il en résulte que cette rangée interne se détache vivement au sein d'une masse serrée d'éléments n'ayant pris que l’éosine, et qui s’interpose comme une sorte de manchon épais entre les tubes ou les culs-de-sac et la charpente conjonc- tive. Cette couche enveloppante se comporte d’une manière analogue vis-à-vis du colorant de Van Gieson qui lui communique une teinte d'un gris rosé. Enfin, par endroits, et en particulier dans les parties centrales de l'organe, son affinité pour les réactifs est encore plus faible : les corps cellulaires demeurent incolores et transparents et seuls les noyaux sont un peu teintés. Du reste, la limite n’est pas partout aussi nette entre les deux couches épithé- liales; en certains points, on voit des cellules rosées s’intercaler dans la bordure limitant les cavités glandulaires et des cellules à noyau fortement coloré se mêler aux éléments clairs sous-jacents. Ailleurs encore, de larges tractus, et même de petits acini, sont exclusivement constitués par ces derniers. Les deux sortes de cellules répondent donc simplement à des phases évolutives d’une même formation épithéliale, mais nous ne saurions risquer aucune interprétation à ce sujet. Il est difficile, en effet, de faire la part qui peut revenir au mode de fixation des pièces dans la production de ces différences de coloration; il ne faut pas oublier non plus qu'il s’agit d'une glande que nous ne connaissons pas à l’état de plein développement, A la vérité, la composition générale rappelle celle d'une glande en grappe, mais un examen un peu attentif montre dans le détail des variations notables 936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'un acinus à l’autre. Ici ce sont les canalicules flexueux qui prédominent, Jà les formations pleines, tractus et sphérules; ailleurs et plus rarement les vésicules colloïides. Ces irrégularités impriment aux préparations un cachet particulier; on a l'impression d'une glande inachevée, arrêtée dans son évo- ution, impression que vient confirmer encore la présence d'un tissu conjonctif très riche en fibroblastes dans plusieurs régions. L'ensemble n’est pas sans quelque analogie avec certains adénomes du sein, par exemple, et tout semble dénoter que l'organe se trouve à un état plus ou moins rudi- mentaire. Les corps post-branchiaux qui occupent leur situation habituelle dans le hile de la thyroïde chez les chamelons, offrent les mêmes parti- cularités de structure que ce corps libre; mais leur analyse histolo- gique présente de sérieuses difficultés. C’est chez les sujets jeunes que l’organe, qui est soumis du reste à de notables variations individuelles, atteint le point culminant de sa carrière. Plus tard, il s’étire et se déforme de plus en plus sous, la poussée des lobules thyroïdiens qui lemprisonnent et, sur les animaux adultes, il est manifestement atro- phié et sclérosé. En même temps se montre, en divers points, une transformation épidermoïde des plus nettes, avec production de perles épithéliales à couches concentriques; ce phénomène est donc ici bien plus tardif que chez le veau et le mouton. Cette descriplion sommaire du corps post-branchial des caméliens après la naissance se raltache d'une manière satisfaisante à celle que nous avions donnée chez le fœtus. L’organe est moins imparfait que chez les divers ruminants étudiés jusqu ici, et l’on peut affirmer que sa constitution histologique n’est celle d'aucune autre glande de l’économie. Comparé à ceux des autres classes de vertébrés, il offre des analogies indéniables avec celui des oiseaux, tandis que le corps post-branchial de l'échidné (Maurer) se rapprocherait plutôt du type plus simple des. reptiles. LES CORPS POST-BRANCHIAUX ET LA THYROÏDE; VESTIGES KYSTIQUES, par MM. G. HERRMANN et P. VERDUN. Les données concernant les caméliens paraissent difficiles à concilier avec l'hypothèse d'une transformation pure et simple des corps post- branchiaux en parenchyme thyroïdien, soit chez l'embryon, soit dans les stades ultérieurs. En effet, sur le corps isolé par suite d’une anomalie chez le chamelon, nous cherchons en vain des matériaux cellulaires qui normalement auraient été destinés à se fondre dans la thyroïde médiane et à s’assimiler à elle au cours de la vie embryon- SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 937 paire. Ce que nous voyons, c'est un organe plus ou moins rudimentaire avec des formations vésiculeuses sporadiques et en général peu développées. Si ces formations se trouvaient enchevètrées dans le tissu propre de la thyroïde, on ne pourrait guère les en distinguer, au moins avec le mode de préparation qui a été employé. Mais la présence d'un contenu d'aspect colloïde dans un certain nombre d’acini et dans quel- ques rares canalicules à l'intérieur des lobules post-branchiaux suffit- elle à prouver que ceux-ci sont réellement des lobules thyroïdiens? A notre avis, l’évolution histologique des deux parenchymes présente des différences trop tranchées pour qu'on soit autorisé à les identifier d'après ce seul caractère qui d’ailleurs se retrouve également, quoique moins prononcé, dans les glandules branchiales et dans la pituitaire. Vu l’aplasie notable du lobe thyroïdien correspondant, on aurait pu s'attendre par exemple à constater un fonctionnement plus énergique du corps post-branchial ; or, bien que celui-ci ait pris un accroissement notable, la sécrétion colloïde y reste médiocre et n’équivaudrait qu'à une fraction minime de celle de la thyroïde. Sans doute cette activité sécrétoire ne peut être appréciée exactement d'après ce cas unique, et il faudrait pouvoir examiner une série de corps isolés plus âgés jusqu'au moment où l'involulion devient manifeste. Car on pourrait encore supposer que dans certaines espèces (ruminants, hérisson) les éléments glandulaires post-branchiaux n’entrent en jeu que les uns après les autres et que leur maturation successive se répar- tit sur une longue période. Les animaux possédant, comme le droma- daire, un organe bien distinct jusqu'après la naissance, seraient alors ceux chez lesquels l’évolution serait particulièrement lente et tardive. Le champ reste donc ouvert à des interprétations variées. Mais nous savons, dès à présent, que nombre d'acini s'atrophient chez l'adulte sans avoir produit de substance colloïde. L'ensemble des faits plaide bien plutôt en faveur d'un état vesligiaire de ces organes énigmatiques, qu ils soient isolés ou inclus. Tout semble indiquer qu'au fur et à mesure que se multiplient les observations portant sur des corps post-branchiaux bien individualisés, la théorie attribuant aux thyroïdes latérales la même signification qu'à l'ébauche médiane soit destinée à perdre du terrain. Quant à la question des affinités physiolo- giques pouvant exister entre les deux glandes et motiver peut-être les rapports si inlimes qu’elles contractent, l'anatomie ne saurait la résoudre sans l'adjonction des données chimiques et expérimentales. Vestiges kystiques. — Séparée de bonne heure du diverticule post-branchial, chez les sauropsidés et chez les monotrèmes (1), la IV poche branchiale lui demeure soudée chez la plupart des mammifères, La cavité commune de (4) F, Maurer, Zoologische Forschungsreisen in Australien von Richard Semon, Bd I, p. 405, 1899. 938 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'ébauche latérale comprend donc, chez ceux-ci, un segment branchial où pren- nent naissance la glandule IV et le thyraus IV, et un segment post-branchial qui bourgeonne pour former la glande du même nom. Quand la cavité du pre- mier persiste, elle peut rester en connexion immédiate avec le branthiomère correspondant, comme il arrive fréquemment aussi pour la III° poche; La cavité du second segment se reconnait aisément aux bourgeons épithéliaux dont se garnit sa paroi au début de la période organogénique (Simon). C’est en raison de ce dernier caractère que nous avons admis, par exemple, la présence d’un vestige post-branchial sur l’ébauche latérale d’un embryon humain de 95/138 millimètres (1), bien que celle-ci fût d'autre part en conti- nuité directe avec le pédicule épithélial d’un thymus IV. Mais lorsque les formations glandulaires post-branchiales sont avortées ou qu'elles ont disparu par atrophie il est souvent impossible de déterminer la provenance exacte des vestiges kystiques laissés par l’ébauche latérale. La forme du revêtement épithélial ne donne aucune indication certaine, attendu que l’évolution épidermoïde se voit sur des parties dont l’origine post-bran- chiale est indubitable aussi bien que sur la IVe poche ; le cas de Maresch semble même prouver que l'existence de quelques rudiments glandulaires ne serait pas un critérium absolu en cas de doute. Nous n’avons pu jusqu à ce jour établir une délimitation précise entre les deux segments de l’ébauche aux divers âges, et les observations sur les caméliens n’ont fourni aucun élé- ment nouveau à cet égard. C’est ce qui nous oblige à conserver jusqu'à nou- vel ordre la désignation globale et imprécise d'ébauche latérale. Nous avons maintes fois signalé ce désideratum que mentionne également une note récente de Groschuff (2) annonçant une prochaine publication de cet auteur sur la question. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE AMBIANTE SUR LES DÉPENSES DE L'ORGA- NISME, CHEZ LES ANIMAUX A TEMPÉRATURE VARIABLE, PENDANT LE SOMMEIL HIVERNAL, par M. RAPHAEL DuBois. Dans la séance du 6 novembre dernier de la Société de Biologie, M. E. Maurel a publié les résultats de ses expériences sur les tortues, qui montrent : 1° Que pendant le sommeil hivernal les dépenses des tortues augmentent au fur et à mesure que la température ambiante élève ; 2 Qu'il a suffi d'une différence de quelques degrés dans cette température pour que celle des dépenses soit plus marquée. (1) G. Herrmann et F. Verdun. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1899, p. 853. | | (2) Groschuff. Thymussegment d. IV Kiementasche bei Menschen. Anat. Anz., XVIL p. 161, 1900. nf à : dau mt otoi A de à As Rs ss à SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 939 Il y a quelques années déjà, j'ai étudié (1) l'influence de l'élévation de la température ambiante sur des animaux hivernants, que l’on doit considérer comme des animaux à température variable pendant l'hivernation, mais qui sont des mammifères; ce sont les marmottes. J'ai rapporté (loc. cit., p. 139 et suiv.) des expériences qui montrent que l'élévation progressive de la température ambiante augmente la fréquence des réveils, diminue la profondeur des chutes de la tempé- rature pendant le sommeil et élève la température moyenne de Ja marmotte en hivernation. Ces phénomènes étant en rapport direct avec l'élévation des dépenses de l'organisme, il y a lieu d'étendre aux mammifères hivernants les conciusions que M. E. Maurel à tirées de son intéressant travail sur les tortues. D'ailleurs, dans l’état de veille, la température de la marmotte est toujours un peu plus élevée l'été que l'hiver. Dans une prochaine communication, j'apporterai des résultats plus concluants encore que ceux que je viens de citer. SUR L'AGGLUTINATION DES TRYPANOSOMES DU RAT PAR DIVERS SÉRUMS, par MM. Laveran et MEsnrr. Dans une précédente communication (séance du 6 octobre 1900), nous avons montré que les trypanosomes du rat se conservaient très longtemps à la glacière (2) et qu’ils finissaient par y former des amas en rosaces. Nous avons rapproché ce phénomène de celui de l'agglutina- tion. Il était tout indiqué de rechercher si les sérums des animaux neufs ou immunisés contre les trypanosomes possèdent des propriétés agglu- tinantes. 1° Sérums d'animaux neufs. — Nous avons expérimenté les sérums de chien, de lapin, de mouton, de cheval, de poule, de pigeon et de rat. Tous, sauf les deux derniers, agglutinent en rosaces les trypanosomes (4) Etude sur le mécanisme de la thermogénèse et du sommeil chez les mammifères, Annales de l'Université de Lyon, 1896. (2) Nous avons reconnu depuis qu’un sang conservé depuis quarante-sept jours à la glacière et ne renfermant plus que de très rares trypanosomes fai- blement mobiles, développait encore, par inoculation intrapéritonéale, des parasites dans le sang d’un rat après une incubation de six à sept jours ; un autre rat, inoculé dans les mêmes conditions, restait indemne, et n’acqué- rait aucune immunité. — Le même sang, conservé depuis cinquante et un Jours, et ne montrant plus de parasites à l'examen microscopique, a encore amené l'apparition de trypanosomes dans le sang d’un rat après sept jours d’incubation. 940 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE —— dans la première heure de leur mélange avec un volume égal de sang défibriné contenant des parasites. L’intensité de leur action estvariable; les sérums de poule et de cheval sont particulièrement agglutinants ; leur titre peut atteindre 4 ou 5, c'est-à-dire qu'une goutte de sérum agglutine plus ou moins complètement les trypanosomes de quatre à cinq gouttes de sang. Le sérum de chien (1) et surtout de mouton et de lapin sont moins actifs. Il semble qu'il existe un certain parallélisme entre la faculté aggluti- nante des divers sérums vis-à-vis des hématies de rat et vis-à-vis des trypanosomes. Ainsi le sérum de poule, qui est très agglutinant pour les hématies de rat, l’est aussi pour les trypanosomes; le sérum de pigeon n'agglutine niles trypanosomes ni les hématies de rat. Mais l'agglu- tination des trypanosomes est presque toujours moins intense que celle des hématies et le titre agglutinant est moins élevé ; cette agglutination des trypanosomes n’est pas suivie d’une dissolution, comme c’est sou- vent le cas pour les hématies. Le sérum de poule chauffé 1/2 heure à 55-58 degrés reste agglutinant; mais la température de 64 degrés lui fait perdre cette propriété. IL con- tient donc une véritable agglutinine. 2° Sérum des rats immunisés. — Rabinowitsch et Kempner (2) ont fait connaitre qu'un rat blanc, qui a présenté des trypanosomes dans son sang après une première inoculation de sang contenant des parasites, n en montre jamais après les inoculations suivantes. Ils ont vu de plus que le sérum des rats qui ont recu plusieurs injections, est devenu pré- ventif : il empêche l’apparition des parasites dans le sang d'un rat neuf injecté de sang à trypanosomes. Nous avons confirmé ces faits et nous examinerons dans une note ultérieure le mécanisme de cette immunité. Nous ne voulons parler aujourd'hui que des propriétés agglutinantes acquises au cours de l'immunisation et qui se manifestent in vitro. Ces propriétés, qui apparaissent dans les premières minutes qui sui- vent le mélange de sang àtrypanosomes et de sérum, sont généralement très énergiques et dépassent celles des sérums de poule et de cheval. Le titre agglutinant peut dépasser 20. Les rosaces qui se forment com- prennent jusqu’à 50 trypanosomes et plus. Il y a même formation de très gros amas secondaires, résultant de l’accolement d’un certain nombre de rosaces (3). [1 n’y a généralement aucune agglutination des hématies. (1) Cette agglutinalion paraît avoir été vue par Chalachnikow dès 1888; ses figures en rosace, qu'il considère comme des formes de culture du trypano- some dans le sérum du chien, sont probablement dues à des agglutinations. (2) Zeitschrift für Hygiene, vol. XXX, 1899, p. 251-295. (3) Ce phénomène se produit aussi avec le sérum de cheval et quelquefois avec celui de poule. Dan RAT a Cat RE Li tt MP et RER. dt € 14 SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 941 Un chauffage d'une 1/2 heure à 55-58 degrés abaisse à peine le titre agglutinant du sérum ; mais l'agglomération se fait avec moins d’inten- sité.. À 64 degrés, tout pouvoir agglutinant disparaît. L'immunisation développe donc chez les rats une agglutinine spé- cifique. Mais leur sérum ne manifeste pas de propriétés lysantes spé- ciales. Nous avons seulement noté que les trypanosomes agglomérés mouraient plus vite que les autres, surtout ceux situés au centre des amas. | FORME DES AGGLUTINATS. — // n'y a pas d'immobilisation des trypano- somes préparatoire à l'agglutination. Les trypanosomes sont aussi mobiles dans les sérums agglutinants que dans les autres. Cette parli- cularité permet d'expliquer la forme en rosace des agglutinats. Si nous considérons, en effet, un certain nombre de trypanosomes réunis pour former un amas, chacun d’eux cherche à s'échapper avec son flagelle en avant. On conçoit donc que l'équilibre de l’amas est réalisé quand tous les trypanosomes sont unis par leur extrémité postérieure et que tous les flagelles sont à la périphérie. Cet équilibre est, d’ailleurs, plus ou moins stable. Les trypanosomes tués par les vapeurs de chloroforme, ou mieux par une trace de formol, sont encore réunis en amas par les sérums agglu- tinants. Mais les individus y sont disposés sans ordre. DÉSAGGLUTINATION. — On est. frappé vivement, quand on examine certaines gouttes pendantes qui avaient présenté une aggiutination bien nette peu après le mélange de sérum et de sang virulent, de constater, vingt-quatre ou même un petit nombre d'heures plus tard, que les gros amas secondaires, s'ils existaient, se sont disloqués, que le nombre de rosaces a beaucoup diminué, que chacune d'elles se compose de moins d'individus, et qu'enfin les trypanosomes isolés ont fortement aug- menté; il peut arriver même que certaines gouttes pendantes ne montrent plus d'agglutination du tout. Ces faits apparaissent surtout avec les sérums neufs ou bien avec les sérums immunisants employés à dose faible ou encore chauffés à 56 degrés, c’est-à-dire dans tous les cas où la force agglutinante est faible. Jamais les agglutinats de trypanosomes morts ne se désa- grègent. Pour expliquer ce phénomène si singulier de la « désagglutination », il faut sans doute encore invoquer la mobilité des trypanosomes agglu- tinés. Quand la force agglutinante qui relie les parasites entre eux n'atteint pas un certain degré, ils arrivent peu à peu à se dégager. Le fait que les trypanosomes agglutinés ne perdent pas leur mobilité constitue une exceplion à la règle observée dans lagglutination des éléments mobiles. Il permet de supposer que la substance paralysante de certains sérums est différente de l'agglutinine, Il permet de se F x rc À à LE I ET « ee A ee D me EE Le 942 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rendre compte et de la forme des amas, et de leur désagrégation. L'histoire des agglomérations de trypanosomes constitue, par suite, un chapitre intéressant dans la question de l’agglutination en général. INOCULABILITÉ DE LA VARIOLE UUMAINE AU LAPIN, par MM. H. Rocer et EmiLeE WE. Dans un travail, extrêmement remarquable pour l'époque où il parut, Coze et Feltz (1) rapportent des recherches qui semblent établir que le virus de la variole est pathogène pour le lapin. Si quelques-unes de leur expériences sont inattaquables, d’autres ne peuvent être acceptées, car les animaux ont succombé à des infections surajoutées el non à l'agent de la variole. La question méritait donc d’être reprise. Il était indispensable, en effet, si l’on voulait déceler le parasite de la variole, de trouver un animal susceptible de contracter la maladie. Nous avons profité de l’épidémie qui sévit actuellement pour étudier l'effet du virus varioleux sur des lapins. Nous avons utilisé, le plus souvent, le liquide des pustules; nous le soumettions au préalable à l'examen microscopique et ne le faisions servir que dans les cas où nous n'avions pu trouver de bactéries. Ce mode de recherches n’est pas toujours suffisant; il est arrivé que des streptocoques, trop peu nom- breux pour être décelés à l'examen microscopique se sont développés dans le corps de l'animal. Laissant ces faits de côté, il nous reste trente expériences dans lesquelles le pus variolique à entrainé la mort sans qu'on puisse invoquer une infection secondaire. Les inoculations ont été pratiquées dans diverses parties de l’orga- nisme. Un procédé excellent consiste à introduire une gouttelette de pus dans la chambre antérieure de l’œil. Le lendemain, on constate la présence d’un exsudat épais, formant une sorte de fausse membrane qui occupe le devant de l'iris, siégeant de préférence sur son pourtour et fermant parfois plus ou moins complètement la fente pupillaire. Cet exsudat augmente généralement le deuxième jour, puis il diminue rapidement. Vers le quatrième ou le cinquième jour, il a disparu; on ne voit plus qu'une petite cicatrice cornéenne résultant du po trau- matisé pour l'injection. L’inoculation dans la chambre antérieure permet ainsi de saisir un des modes de réaction de l'organisme contre le virus varioleux. Elle a encore l'avantage de nous renseigner sur la pureté du liquide utilisé. Si, en même temps que le virus, on à introduit un streptocoque, on voit (1) Coze et Feltz. Recherches cliniques et expérimentales sur les maladies ‘infec- lieuses, Paris, 1872. SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 943 se produire, au lieu d'un exsudat concret et passager, une infiltra- tion purulente. L’humeur aqueuse devient complètement trouble; une conjoncvite intense se développe et un hypopvon se produit qui aug- mente plus ou moins vite, s'ouvre à l'extérieur et entraine l'atrophie du globe oculaire. Il est facile de vérifier, par l'examen microscopique, si l’inoculation est réussie. Au moment où l’exsudat est bien développé, c’est-à-dire le surlendemain de l'inoculation, on peut, avec une pipette très fine, percer la cornée et entrer dans la chambre antérieure. On constate ainsi que l'humeur aqueuse est parfaitement claire; elle a conservé son aspect normal, mais elle a acquis la propriété de se coaguler assez rapi- dement. On peut ensuite détacher l’exsudat, qui s’enlève souvent d’une seule pièce, et le soumettre à l'examen microscopique. On constate qu'il est formé de fibrine et de cellules, pour la plupart mononucléaires, absolument comme le pus de la variole humaine. Voilà donc un procédé très simple pour déterminer si un liquide ren- ferme ou non le parasite de la variole. En vingt-quatre ou quarante-huit heures, on peut obtenir une réponse. Au bout de quatre jours, avons-nous dit, l’exsudat est résorbé et, comme l'animal paraît bien portant, on pourrait croire que l'infection est terminée. Cependant, en pesant les animaux, on s’apercoit qu'ils perdent leur poids. L’amaigrissement se fait d’une facon assez régu- lière, avec quelques petites oscillations. Au bout de dix jours, les ani- maux, qui pesaient pour la plupart 2 kilogrammes, peuvent avoir dimi- nué de 700 à 800 grammes ; ils s’affaiblissent peu à peu et, sans avoir présenté d’autres manifestations notables, ils succombent du dixième au vingt-deuxième ou vingt-cinquième jour après l'inoculation. Un lapin a été atteint, deux jours avant la mort, d'une paraplégie; chez trois autres nous avons observé un peu de corÿyza légèrement purulent. Quand le liquide employé est impur, au lieu de l’exsudat, on voit se produire un hypopyon, mais l'animal succombe au bout du même temps sans que le microbe adventice ait notablement modifié l'évo- lution. De même, on n'observe rien de bien spécial, en inoculant le virus varioleux dans un œil, le streptocoque dans l’autre. Les inoculations sous-cutanées et intra-veineuses du pus variolique provoquent une maladie qui suit une marche analogue à celle que détermine l’inoculation dans la chambre antérieure. La quantité injectée a été d'une ou deux gouttes : la survie a varié de douze à vingt et un jours. Un lapin, qui avail reçu deux gouttes dans les veines, n'a succombé qu'au bout de quarante et un jours. Un autre, qui avait reçu sous la peau la dose relativement élevée de quatre gouttes, est mort en cinq jours. Dans deux cas, l’inoculation sous-culanée a été suivie du développe- so LES TE pt ÉLRe né A RS D Me TUE SRE OC PM PE Ut Ms 7 Ve © Yo DUR RE 1 D DNS re) er A RUTE ROBES # à K 944 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment de pustules qui ont apparu une fois au bout de trois jours, une autre fois au bout de cinq. Ces pustuies extrêmement petites siégeaient dans la région où le virus avait été introduit. En quarante-huit heures elles étaient desséchées. Il existe enfin un procédé très simple de communiquer la variole au lapin, c'est l'inoculation intra-nasale. Quelques gouttes de pus sont déposées dans les narines, puis on introduit un petit tampon d'ouate. Cette méthode, calquée sur un des procédés de variolisation employés autrefois en Chine, provoque une maladie qui tue généralement du 12° au 20e jour. Un animal succomba rapidement en cinq jours et l’autopsie montra des lésions rappelant celles de la variole hémorra- gique. Mais, dans ce cas, comme dans les cas analogues étudiés chez l’homme, l'infection n'était pas restée pure ; on voyait dans le sang et les organes un gros bacille très abondant. Ce cas particulier mis à part, on ne trouve à l'autopsie, quelle qu'ait été la voie d'inoculation, que peu de lésions notables. La rate n’est pas augmentée de volume; elle est même, en général, fort petite. Les prin- cipaux viscères paraissent sains, au moins à l'œil nu, car le microscope y révèle des lésions. C'est ainsi que nous avons trouvé dans le myocarde des altérations identiques à celles que nous avons observées chez l'homme. La moelle osseuse est rouge, proliférée, et renferme des mononucléaires granuleux ou non granuleux; ces derniers sont les plus abondants. Parmi les mononucléaires granuleux, ce sont les ampho- philes et les basophiles qui prédominent. Les éosinophiles sont rares et d'ordinaire poiynuclés. Les mégacaryocytes sont nombreux et de dimensions moyennes. Les globules rouges à noyau sont très abondants et quelques-uns sont en caryocinèse. L'aspect du sang est variable; tantôt ce liquide a conservé ses caractères normaux, tantôt il est rose pâle, tantôt de coloration sépia. L'étude cytologique nous a montré des modifications cellulaires ana- logues à celles que nous avons décrites chez l’homme, mais moins intenses. Nous pouvons donner comme moyenne la numération sui- vante : globules blancs, 22.475, se décomposant ainsi : polynu- cléaires amphophiles, 27,59; mononucléaires 60,86; grands mononu- cléaires, 3,97; globulins, 2,93; mononucléaires basophiles, 0,69; poly- nucléaires basophiles, 1,72; éosinophiles, 0,69; formes de ee amphophiles, 0,69; cellules de Turck, 0,86. Nous avons vu, en plus, deux globules rouges à noyau. L'examen bactériologique révèle assez Smet, dans un tiers des cas environ, la présence de bactéries adventices, le plus souvent des gros bacilles. Mais les faits négatifs ont, dans le cas actuel, plus de valeur que les faits positifs; or, dans les deux tiers des cas, on ne voit aucune bactérie et les cultures faites dans les milieux habituels restent stériles. Cependant l'agent de la variole se trouve dars le corps SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 945 de ces animaux, car les exsudats de l'œil et le sang se montrent viru- lents : leur inoculation entraine la mort comme l'inoculation du pus variolique. Si nous considérons l’ensemble des résultats que nous avons obtenus, nous voyons que le virus de la variole détermine chez le lapin une sorte de septicémie à marche assez lente. L'élément qui semble caractéristique chez l'homme, la pustule, fait défaut ou est tout à fai exceptionnel. La différence de structure de la peau doit expliquer cette différence dans les manifestalions. D'un autre côté, l’analogie du processus se révèle par une identité de la formule leucocytaire et par des modifications semblables de la moelle osseuse. La pathologie expérimentale nous a habitués depuis longtemps aux différences qui séparent l’évolution des maladies humaines de l’évolution des maladies inoculées aux animaux. Aussi croyons-nous pouvoir conclure que la septicémie que nous venons de décrire relève du virus varioleux et que le lapin représente un excellent réactif pour l'étude expérimentale de la variole. | INOCULABILITÉ DE LA VACCINE AU LAPIN, par MM. H. Rocer et Émie Wei. Depuis les travaux de Guarnieri (1), de Salmon (2), on sait qu'en inoculant la lymphe vaccinale au niveau de la cornée transparente, on produit chez le lapin une lésion locale, vésiculeuse, puis ulcéreuse, inoculable en série. Ces auteurs en ont poursuivi l'étude histologique, mais il ne semble pas qu’ils aient prolongé l'observation de leurs ani- maux en expérience, car ils ne parlent pas de l’extrème sensibilité du lapin à l'infection vaccinale. Ayant vu succomber de façon constante les lapins que nous inocu- lions avec des produits varioliques, nous avons voulu, dans un but thérapeutique, inoculer la vaccine à cet animal. Utilisant la Ilymphe vaccinale Chambon-Ménard, nous avons pratiqué des inoculations dans la chambre antérieure de l'œil et sous la peau. Dans l'œil, l'introduction d’une demi-goutte de Iymphe produit au bout de vingt-quatre heures un exsudat épais, qui augmente pendant un jour ou deux, puis diminue pour disparaitre du 5° au 8° jour; jamais nous n'avons vu se faire d'hypopyon. Pendant l'évolution de cette lésion, le lapin maigrit, de façon plus ou moins considérable’: la ‘perte de poids (4) Guarnieri, Ricerche sulla pathogenesi ed-etiologia dell infezione vacci- nica, Archivio per le scienze mediche, 1892. (2) P. Salmon. Recherches sur l'infection dans la vaccine et la variole. Annales de l'Institut Pasteur, avril 1897. 946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE persiste, même après la disparition de l’exsudat, et va en augmentant de façon continue ou discontinue. La mort survient lorsque l’animal a perdu un quart ou même la moitié de son poids primitif, au plus tôt au 10° jour, au plus tard au 55° jour. Par voie sous-cutanée, l’inoculation d’une demi-goutte de lymphe détermine parfois, au bout de 3-4 jours l'apparition d’une dizaine de pustules mal caractérisées, qui se recouvrent rapidement d’une croûte et guérissent bientôt. L’amaigrissement est aussi notable qu'à la suite de l’inoculation intra-oculaire, et la mort survient en moyenne au bout de 15 à 20 jours. L'inoculation en série de l’exsudat oculaire est possible; et l’inocula- tion du sang transmet une maladie mortelle, revêtant l'aspect d’une sep- ticémie. Le sang des animaux, soit vers la fin de leur vie, soit à l’autopsie, semé dans les milieux de culture ordinaires, se montre stérile, environ dans la moitié des cas; dans l’autre moitié, il renferme, comme au cours de l'infection variolique, des bactéries banales qui ne semblent y péné- trer que tardivement. À l’autopsie, on constate la même absence de lésions macroscopiques que chez les lapins morts de variole. La rate est petite, la moelle des os seule est très rouge et semble proliférée. Les frottis nous montrent que la moelle, très congestionnée, ne contient guère, outre le sang, que des mononucléaires granuleux (basophiles, amphophiles) et des globules rouges à noyau; les cellules polynucléées sont exceptionnelles. Pendant la vie, l'étude du sang permet de déceler des modifications leucocytaires tout à fait semblables à celles que provoque la variole. La leucocytose apparaît du 2° au 3° jour après l’inoculation et s'élève petit à petit pour se maintenir jusqu’à la fin à des taux modérés. Cette leuco- cytose est due à une mononucléose produite surtout par des formes non granuleuses. Les polynucléaires qui, normalement, chez le lapin, forment au moins 5» p. 100 de la totalité des leucocytes, tombent à moins de 25 p. 100. Voici quelques pourcentages : LAPIN À : LAPIN B LAPIN C LEUCOCYTES 2e jour 7e jour 54° jour d'inoculation, d'inoculation. d'inoculation. Polynucléaires amphophiles. . 40,95 24,24 39,63 Mononucléaires. . . . . . . . Sul Ta 68,40 52,83 Grands mononucléaires. , . . 1542 4,23 4,90 HOSIMOPINIES RME PRERRS 0,86 0,61 0,75 Mononucléaires amphophiles . 3,45 1,82 1,54 Mononucléaires basophiles . . 0,43 0,61 0,38 Polynucléaires basophiles. . . 0,86 » » La vaccine détermine donc chez le lapin une mononucléose identique SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 947 ; Cd Et ES de ER AC UE nr ES à celle que la variole produit chez le même animal. Cette leucocytose s'accompagne également du passage de globules rouges nucléés dans le sang, d'ailleurs en petite quantité. Les leucocytes, qui forment avec la fibrine l’exsudat de la chambre antérieure de l’œil, sont aussi en majorité des mononucléaires. En somme, le lapin utilise les mêmes réactions biologiques défensives contre l'inoculation de la vaccine et de la variole et meurt avec les mêmes lésions, de ces deux infections. Pour l’étude expérimentale de la vaccine comme pour celle de la variole, le lapin constitue un réactif excellent, l'animal de choix. L'identité des réactions et des lésions que provoquent la vaccine et la variole chez le lapin fournit-elle un argument en faveur de l'identité de nature de leur agent pathogène? nous n'osons pas le penser. Nos recherches ont montré que, chez l’homme, l’évolution de la variole et de la varicelle s'accompagne d'une même leucocytose spéciale, à type myélocytaire. On ne saurait pourtant conclure à l'identité, mais seule- ment à la parenté des microorganismes qui causent ces maladies, puisque, cliniquement, elles diffèrent et peuvent succéder l’une à l’autre chez le même individu. Lors donc que nous constaterions, chez l’homme, dans le cours de la vaccine, les mêmes réactions hématiques qu’au cours de la variole, nous n’en pourrions tirer aucun argument. Mais il ne semble pas que les réactions soient semblables, au moins chez l'adulte. Nous avons examiné le sang d'individus vaccinés au cours de la convalescence des fièvres éruptives, pour lesquelles ils étaient en traitement à l'hôpital d'Aubervilliers : la leucocytose de la vaccine nous à paru être une polynucléose peu marquée(70 p. 100), avec persistance et même augmentation des éosinophiles. Dans un cas de vaccinelle généralisée, qui survint chez une femme vaccinée au cours d'une scarlatine, nous constatâmes au troisième jour, outre une poly- nucléose (78 p. 100), la présence de 4 p. 100 de formes myélocytaires (mononucléaires neutrophiles, éosinophiles, cellules de Turck). En somme, la formule leucocytaire de la vaccine humaine diffère des formules de la variole et de la varicelle. Toutefois nous devons faire quelques réserves : Nos cas concernent non des gens sains, mais des convalescents de maladies qui exercent une action profonde sur le sang; d'autre part, il | s'agissait de revaccinations ; enfin la vaccine demeure chez l'homme une 1 lésion locale, profondément distincte de l'éruption variolique. Dans le { seul cas où la vaccine se généralisa, l'apparition, dans le sang, de formes | myélocytaires démontra que son action sur les organes hématopoétiques à avait été plus profonde. Re Une première vaccination doit causer des changements leucocytaires plus intenses, analogues à ceux que la vaccine réalise chez le lapin, et se rapprochant de ceux de la variole et de la varicelle, Nous avons en effet CPS 948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chez un singe constaté au troisième jour d'une éruption vaccinale une mononucléose notable (mononucléaires, 57,08; grands mononu- cléaires, 6,07; éosinophiles, 1,57; polynucléaires, 35,28). VARIATIONS DANS LE TAUX DE L'URÉE CHEZ DES SUJETS DONT LE RÉGIME ALIMENTAIRE RESTE LE MÈME, par M. G. LEVEN. Au cours de recherches entreprises sur la nutrition des enfants dans le service de notre maître, M. le professeur Hutinel, nous avons observé des variations considérables dans le taux quotidien de l’urée chez des enfants dont le régime alimentaire restait le même. Il nous à paru intéressant de rapporter ce fait, que ne devront pas ignorer ceux qui étudient l'influence des aliments, des médicaments ou des médications sur la nutrition. L'existence de ces variations devrait faire renoncer aux expériences poursuivies pendant un trop petit nombre de jours. Les enfants observés étaient âgés de cinq ans, de six ans et de neuf ans. Les uns restèrent au lit pendant la période de temps où leurs urines furent analysées ; les autres se levaient, mais ils ne quittaient pas leur salle. | Deux furent alimentés avec deux litres de lait; deux autres avaient deux litres de lait et deux œufs; un cinquième recevait en plus une quantité constante de viande crue. Un sixième prenait deux litres de lait et trois œufs. Lel enfant qui éliminait en moyenne 11 grammes d’urée, exerète un jour 6 grammes. Le lendemain, il élimine 14 grammes, dépassant la moyenne, pour atteindre le taux normal le surlendemain de J’excrétion minima. Un deuxième élimine un jour 11 gr. 02 et le lendemain 9 gr. 94,1a quantité moyenne étant de 12 gr. 30. Il dépasse le taux moyen; puis il tombe au-dessous de lui avant d'atteindre ie taux normal. Un troisième élimine une fois 16 gr. 40 et le lendemain 23 gr. 09. Un quatrième excrète un jour 21 gr. 20 et le lendemain 13 gr. 64. Un cinquième élimine un jour 7 gr. 03 et le lendemain 14 gr. 56. Un sixième excrète un jour 45 gr. 32 et le surlendemain 19 gr. 32. Ajoutons que nous avons constaté des variations analogues chez une jeune fille de vingt-six ans. Ces variations se retrouvent aussi dans la quantité des urines émises, dans l’azote total, dans les chlorures urinaires. SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 949 Seul le coefficient azoturique paraît plus fixe. Il ne varie que de quelques centièmes. (Travail du Laboratoire du professeur Bouchard.) SUR LA TRANSFORMATION MYÉLOIDE, par M. HENRrt Dominic. Dans une série de communications faites à la Société de Biologie, j'ai attiré l'attention sur le processus histologique que j'ai dénommé : frans- formation myéloïde. Quelle est la signification de ce terme? Quels peuvent être le méca- nisme histogénétique, les causes provocatrices, l'intensité et l'extension du phénomène auquel il s'applique? J’appelle transformation myéloïde la néoformation du tissu myéloïde dans un territoire organique autre que la moelle des os. Quel est le tissu en question? Celui qui d’après les conceptions actuelles caractérise la moelle osseuse en état d'activité. Le mécanisme histologique de la transformation myéloide ressortit essentiellement à la modalité évolutive propre au tissu myéloïde. Celui-ci, dès le début de la vie embryonnaire est apparu successive- ment dans des zones différentes, puis y est entré en régression. En effet, au moment où s'allume un nouveau foyer d'activité hémato- poiétique, s'éteint peu à peu un foyer préexistant. Après avoir été ini- tialement disséminé dans tout l'organisme avec prédominance partielle dans le foie, la rate, les ganglions, le tissu en question, n’est plus repré- senté chez l'homme adulle que dans la moelle osseuse du sternum, des côtes, du rachis. Ainsi en est-il pour un grand nombre de mammifères ayant dépassé un certain âge. Survienne une condition physiologique ou pathologique suscitant la réaction de ce complexus histologique, il entrera non seulement en hypergénèse dans la moelle, mais encore en néoformation dans les or- ganes où il persistait à l’état latent pour nos moyens d'investigation, prêt à reparaitre le cas échéant. Quelles sont les causes provocatrices de celle réaction? Ce peut être une condition physiologique transitoire comme Ja gestation, fait entrevu en ce qui concerne la rate par Charrin et Levaditi. Ce peut être des états morbides différents parmi lesquels j'ai indiqué l'infection éber- thienne, l’anémie post-hémorragique, l'éclampsie et la septicémie maternelle retentissant sur le fœtus humain, la tuberculose expéri- mentale. Je signalerai en plus la sarcomatose généralisée de l’homme adulte (un cas étudié en collaboration avec M. Gouraud), le purpura avec tuber- Le 4 12 Biozoci£e. Coupres RENDuSs. — 1900, T, LIT. 4 ÿ à PRIT - _ BRUT L ee mer ER 950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE culose viscérale (un cas étudié chez une fillette de dix ans en collabora- tion avec M. Nattan-Larrier). Enfin une importante communication de MM. Roger et E. Weil permet d'attribuer à la variole une importance de premier ordre parmi ces causes efficientes dont la liste est loin d’être close. Quels sont les degrés d'intensité de la transformation myéloïide ? Elle peut être complète, partielle, larvée. Complète, elle sera caractérisée par la présence simultanée de méga- caryocytes, de myélocytes neutrophiles et éosinophiles, d'hématies nucléées. Partielle, elle comportera la néoformation d'une partie seulement des quatre variétés d'éléments précédentes. Elle pourra même être réduite à la néogénèse de cellules appartenant à un seul des types en question, l'hématie nucléée par exemple. Larvée, la transformation myéloide n’est plus représentée que par la mise en évidence ou la prédominance extrèmement marquée des formes larvaires de myélocytes. Que désigne ce terme ? Il définit le myélocite envisagé à ce stade où il n’a pas acquis ses caractères spécifiques. Ainsi, le myélocyte neutrophile, avant d'acquérir les granulations amphophiles ou neutrophiles est-il un myélocyte basophile, c’est-à-dire un mononucléaire à noyau clair, à protoplasma chromatophile homo- gène, dépourvu à ce moment des microsomes spécifiques. Le myélocyte basophile est donc la forme larvaire du neutrophile. Supposons que la transformation myéloïde soit uniquement ou presque exclusivement représentée par la poussée de ces éléments à cycle évolutif inachevé, la réaction myéloïde sera larvée. Envisagée sous cette forme, elle me parait avoir été constamment méconnue jusqu ici. L'extension de la transformation myéloïide est corrélative à la multi- plicité même des foyers de répartition primitifs (embryons, fœtus, Saxéer) des cellules de la série myélogène. Je l'ai étudiée dans la rate, je l'ai signalée dans l’épiploon des fœtus humains à une époque où la rate et le foie accaparent la fonction hématopoïétique. Je l’ai rencontrée dans le foie du cobaye tuberculeux, dans l’épiploon du lapin infecté par le bacille d’'Eberth. Elle peut se produire dans le milieu sanguin au niveau des vaisseaux périphériques (leucémie myélogène, Ehrlich). Bien plus, je l’ai constatée daus le territoire lymphatique lui-même et je terminerai cette communication par un fait auquel j'attache une im- portance fondamentale. Dans le canal thoracique d’un enfant de quinze jours (non leucé- mique : gl. bl. 14.200), mort de septicémie, j'ai trouvé simultanément les cellules et organites suivants : 1° macrophages, mononucléaires basophiles, plasmatzellen, hématoblastes de Hayem; % myélocytes basophiles, neutrophyles, éosinophiles, hématies nucléées. Lo 5ngee OAA à hf Vend 2 SE Me Eng EE A RS OS CE ae: ë 5 ES > 9 18 7 PET l ° VE & SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 951 Dans ce cas, étudié en collaboration avec M. Delestre, étaient réunis au cœur même du territoire lymphatique les cellules et organites caractérisant le tissu lymphoïde, les éléments figurés propres au tissu myéloïde, projetés des sinus des ganglions dans le canal thoracique. Ainsi l'étude de l'appareil lymphatique contribue-t-elle à démontrer la théorie que je soutiens concernant le plan de structure du système héma- topoiétique, structure représentée d'après mes conceptions par la com- binaison, à des phases d'évolution variable, des deux grandes variétés de tissus, le tissu lymphoïde, le tissu myéloïde, intriqués en un com- plexus histologique unique, le tissu hématopoiétique proprement dit. LA LEUCOCYTOSE TOTALE ET POLYNUCLÉAIRE DANS L'IMMUNISATION EXPÉRIMENTALE PAR LA TOXINE DIPHTÉRIQUE, par MM. Josepx Nicoras, Pauz CourMoNT et R. PRar. I. — En 1897, deux d'entre nous ont publié (1) les résultats de lon- gues recherches portant sur dix-neuf animaux (chevaux et lapins) et ayant pour but d'étudier des variations de la leucocytose totale dans l’in- toxication massive ou lente et l'immunisation expérimentale par latoxine diphlérique. Comme nous avions laissé de côté dans ce premier travail l'examen des polynucléaires, fait plus tard par M. Besredka (2) qui arrivait à des conclusions un peu différentes des nôtres, nous avons repris dans de nouvelles expériences la question des modifications de la leucocytose totale et des polynucléaires dans l'immunisation par la toxine diphtérique. II. — Notre méthode et notre technique ont été d'une facon générale les mêmes que dans notre première étude, sauf en ce qui concerne les polynucléaires. Ceux-ci ont été comptés sur lames sèches fixées par l’alcool-éther et colorées à l’éosiné et à lhématéine. Nous nous sommes adressés à trois animaux d'espèces différentes pour varier les condi- tions de l'expérience : chèvre, âne et cheval. Les injections de loxine diphtérique ont élé faites pendant 73 jours à peu près parallèlement chez tous les sujets, et dans le tissu cellulaire sous-cutané. Les doses de début ont toujours été extrêmement faibles, 1/500 centimètre cube pour la chèvre, 1/20 centimètre cube pour l'âne, 4/4 centimètre cube pour le cheval et encore la toxine élait-elle atténuée tout à fait au début par l'addition de solution iodo-iodurée de Lugol. Ce n'est que très progressivement que nous avons atteint des (4) J. Nicolas et Paul Courmont. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 29 mai 1897; Arrhives de Méd. expér., Juillet 1897. 2) Besredka. Annales de l'Institut Pasteur, 1898, 952 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE doses plus fortes, car c'est là une des conditions indispensables pous éviter les variations lencocytaires sensibles; les dernières injections faites comportaient 17 centimètres cubes de toxine pure. Celle-ci était moyennement active; elle tuail, en moins de 49 heures, à 1/20 centi- mètre cube le cobaye de 4 à 500 grammes. La température reclale des animaux à été prise matin et soir. La numération des leucocytes a été commencée avant les injections de: toxine, afin d'établir la formule leucocytaire normale, leucocytose totale et polynucléose, de nos sujets. Des numérations ont été répétées ensuite, autant que possible régu- lièrement après chaque injection, soit le même jour et quelques heures seulement après l’inoculation, soit le lendemain, soit le surlendemain, pour varier les conditions d'observation. Pour chaque animal, nous avons fait également des numérations répétées pendant plusieurs heures après l'injection (4) de toxine. III. — Dans les conclusions auxquelles nous amènent nos recher- ches, nous n’envisageons qu une question de faits. Est-il possible d’immuniser des animaux tels que la chèvre, le cheval et l’âne, contre d'assez fortes doses de toxine et de conférer ainsi à leur sérum un pouvoir antitoxique ou immunisant élevé, sans produire des variations importantes et notables de leur leucocytose (leucocytose totale, nombre absolu et relalif des polynucléaires)? Cela est possible et facile. Nos animaux ont reçu en 73 jours, 80 centimètres cubes environ de toxine sous la peau, et 17 centimètres cubes en une fois à la dernière injection, le tout sans incidents notables. Ils ont donc été progressi- vement immunisés contre d’assez fortes doses de toxine, et leur sérum, nos expériences sur le cobaye le démontrent, a acquis un pouvoir anti- toxique et immunisant déjà marqué (2). Cependant, aucun d’eux n’a présenté d’élévation sensible de la leuco- eytose au-dessus des limites normales, qu'il s'agisse du nombre total des leucocytes, du nombre absolu ou du pourcentage des polynucléaires. Au contraire, si l’on voulait tenir compte de tous les détails des courbes de la leucocytose, ce serait plutôt de l'hypoleucocytose tolale ou poly- nucléaire (absolue ou relative) que nous aurions à signaler. En tout cas si cette hypoleucocylose est discutable, l'absence d'hyper- leucocytose totale ou polynucléaire ne l’est pas. Il semble donc bien (1) Les détails de nos expériences avec tableaux et graphiques paraîtront dans un mémoire du Journul de Physiologie et de Pathologie générale, numéro de novembre 1900. (2) Pouvoir antitoxique supérieur à 20 unités pour la chèvre, 30 unités pour le cheval, 80 unités pour l’âne. Pouvoir immunisant de plus de 1/10000 pour la chèvre, 4/20000 pour le cheval, 1/50000 pour l'âne. donne het mt ee SERRE on EE ee a + Î SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 953 que l'immunisation ne soit pas liée d’une facon absolument nécessaire à une augmentation ‘du nombre des leucocytes totaux, ni des polynu- cléaires du sang. Aussi nous croyons pouvoir reproduire, en les complétant d'après ces nouveaux documents, les conclusions de notre premier mémoire : « L’immunisation peut s'effectuer en dehors de toute élévation notable du nombre des leucocytes du sang et notamment du nombre relatif ou absolu des polynucléaires. L'ensemble des variations leucocytaires au cours de l'immunisation obtenue en employant des doses de toxines suffi- samment faibles et progressives, donnerait plutôt de l'hypoleucocytose. « L'hyperleucocylose totale ou simplement polynucléaire, n'est pas nécessaire pour l’immunisation. » (Travail du laboratoire de M. le professeur Arloing). Du cOLI-BACILLE DU RAT ET DU BACILLE KITASATO-ŸERSIN. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ÉTIOLOGIE ET DE LA PROPHYLAXIE DE LA PESTE, par M. le D° Parmppe Carpas (de Rio Grande du Sud, Brésil). Dans mes recherches sur la fièvre jaune, j'ai vérifié expérimentale- ment que le bacille ictéroïde n'était autre qu'une des nombreuses variétés du coli-bacille qui, pour atteindre son maximum de virulence spécifique, a besoin d’un milieu contenant un microbe pyogène et la présence d'une moisissure (aspergillus niger). Encouragé par ces résultats nous avons entrepris, dans le même sens, des recherches sur le coccus-bacille de la peste. En effet, il est aujourd'hui de notion courante que la virulence du coli-bacille et les modalités morbides auxquelles il donne naissance varient, non seulement avec le milieu de culture, mais encore et sur- tout avec l'espèce animale d’où il procède, et pour la même espèce ani- male, avec l’âge du sujet. Les recherches expérimentales entreprises sur l’étiologie de la peste lui reconnaissent une seule et unique origine, le rat. Il nous a semblé intéressant d'étudier d’une façon spéciale le coli- bacille de ce rongeur. Dans ce but, nous avons provoqué l’occlusion intestinale chez un rat commun au moyen de la suture du rectum. Aussitôt après la mort de l'animal, survenue au bout de huit jours, nous avons soigneusement recueilli son exsudat péritonéal. L'examen bactériologique de cet exsudat nous a démontré qu'il était constitué par une culture pure de coli-bacille, reconnaissable par ses caractères morphologiques et biologiques. D bre à : 954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3 Le coli-bacille du rat diffère de ses congénères des autres espèces par ses dimensions; en effet, il est plus court que «les autres et mesure 4 1/2 à 2 y de longueur. Nous avons cultivé ce coli-bacille dans du bouillon pepto-glycériné, contenant une moisissure trouvée dans du riz de Rangoon (aspergillus oriz®æ ?). L'injection d'un centimètre cube de cette culture dans le péritoine d’un rat provoqua des phénomènes convulsifs et la mort au bout de quarante-deux heures. A l’autopsie, la rate, le foie, le sang et l’exsudat péritonéal ont été trouvés farcis du même bacille. Le bacille recueilli dans cette autopsie a été de nouveau cultivé dans les mêmes conditions que ci-dessus. Un demi-centimètre de cette dernière culture a tué un autre rat, avec les mêmes phénomènes, trente-huit heures après. Continuant à faire des passages successifs de rat à rat, en cultivant toujours ce bacille dans le même milieu, au sixième rat une seule goutte de culture injectée dans l’aine a suffi pour lui donner la mort cinquante- deux heures après. A l’autopsie de ce dernier rat, nous avons rencontré les ganglions de l'aine engorgés, la rate, l'estomac et les intestins très congestionnés, tous ces organes renfermant une grande quantité d’un bacille très court, se colorant avec les couleurs basiques d’aniline, ne prenant pas le Gram, et dont les extrémités se coloraient plus que le centre, ce qui faisait que le bacille présentait au milieu un espace clair, central, qui avait l’aspect d’une vacuole. Aérobie, il se cultive très bien à la tempéralure de 35 à 37 degrés dans le bouillon pepto-glycériné, dans la gélose et dans le sérum gélosé. Dans le bouillon, la culture prend l'aspect de streptocoque et contient des grumeaux qui adhèrent aux parois du ballon, et le liquide reste: clair. Dans la gélose, il donne des colonies blanches, transparentes, avec les bords irisés. La culture de ce bacille, ou mieux de ce coceus-bacille, injectée à des rats, a toujours causé la mort, avec les mêmes symptômes. Nous avons alors atténué ces cultures en y ajoutant 2 p. 100 de car- bonate de soude, pour dissoudre les nucléo-protéines et les conservant à l’étuve, pendant une heure, à la température de 58 degrés. Avec les cultures ainsi atténuées nous avons immunisé un cheval, en adoptant pour les injections la voie intra-veineuse. Nous avons débuté par une injection de 20 centimètres cubes, en augmentant les suivantes de 20 centimètres cubes jusqu’à atteindre la dose maxima de 160 centimètres cubes, Après cette dernière injection nous avons remplacé la culture atté- _ doi SE ES LES Pr. CN D: à se :%s PRE UANe LU fe oi but Pre Cm NV k 7 L TA 54 O O6 O6 SEANCE DU 10 NOVEMBRE nuée par des cultures très virulentes, en gardant la même proportion k Jusqu'à atteindre 200 centimètres cubes. i Les injections dans les deux séries n'étaient renouvelées qu'une fois le cheval rétabli des troubles causés par la dernière injection. Une fois l’immunisation établie, nous l'avons saigné trente-six jours après la dernière injection, pour en retirer le sérum. s Nous avons alors injecté 8 centimètres cubes de ce sérum à des rats qui, au préalable, avaient reçu des cultures virulentes du bacille de Yersin. Seuls les animaux injectés avant les douze heures ont survécu malgré les symptômes de peste qu'ils présentaient. D'après ces faits, nous concluons qu'il existe une véritable équivalence j biologique entre le bacille de Yersin et le coli-bacille du rat, et que la À peste bubonique, dans ses foyers d’origine, est une coli-bacillose du rat, ‘se provoquée par l’ingestion du riz contenant une moisissure (aspergillus orizæ) et que ce coli-bacille changeant ses propriétés par ses passages de rat à rat, devient un terrible agent infectieux, pathogène pour l'homme. LES VOYELLES NASALES, LEURS GRAPHIQUES, D'APRÈS LES PHONOGRAMMES, par M. GeLLé (M. E.). 3 LA res re, FT PUS EN ETS M TE © at J'ai montré à la Société et décrit les tracés, pris sur le phonographe, des sons-voyelles A, E, I, O, U. Les phonogrammes représentent le phénomène vibratoire dans tout son développement, avec une exacte fidélité ; car on possède dans le phonographe un instrument d’analyse à la fois et de synthèse, puisque l’on y peut lire les sons inscrits et à volonté les reproduire dans leur intégrité. On doit donc avoir en ces graphiques une entière confiance, et celui qui étudie la constitution des sons par ce moyen fait donc œuvre scientifique, qui porte en soi la démonstration nécessaire, la reproduction intégrale des phénomènes sonores inscrits et soumis à l'analyse. Les types moyens des sons-voyelles purs une fois connus, il était intéressant de reconnaître sur les graphiques les différences offertes par les voyelles dites nasales, an, in, un, en, on, qui sont dues au | retentissement dans les cavités nasales des sons formés au niveau des voies pharyngo-buccales. à Le son nasal est plus bas, plus ample et plus sourd; son phono- gramme montre bien son origine identique à celle de la voyelle pure; mais il présente une caractéristique bien évidente et un accident de la courbe du dessin, bien spécial, qui se retrouve sur toutes les nasales, dont le limbre est si particulier. PUS Aile 4 2 ASE RTC nn PARA pts M PPT PE sal Paris 956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'intensité plus grande se manifeste par le creux des tracés, la lar- geur et la profondeur des empreintes, qui rappellent les tonalités graves et les vibrations de grande amplitude. La période du type An, par exemple, est volumineuse, comparée à À simple. Les oves du début de la 4° phase sont très creux, très marqués, mais le trail caractéris- _ Voyelles nasales, (Schéma) Profils grave E MM MINE Rey ana 2 HN DS tique de la nasale siège au niveau de la 2° phase de la période. Celle-ci est en général effacée, plane ou à peu près dans la voyelle A; au con- traire, dans « An », on constate que la période se creuse à sa termi- naison et présente un ove très accentué, bien marqué, final; c'est le signe du renforcement ou retentissement nasal. Souvent un isthme ou partie étroite bien nette, comme un col, sépare cet ove terminal du corps de la période (V. Fig.). Le son An montre ces dispositions de la façon la plus claire; mais on retrouve les mêmes modifications des périodes typiques dans On, J | | L | | TS PTS, SE EE SÉANCE DU 10 NOVEMBRE dans In. La résonance des cavités nasales s'inscrit de la même manière par l'énergie du trait, sa profondeur, et par l'absence de la 2 phase effacée, remplacée par des empreintes terminales très creuses. Le timbre nasal si mordant de la voix de beaucoup d'individus accuse ce retentissement nasal énergique. Le mot « Cyrano », par exemple, peut être dit : Cy-ra-no; mais on l'entend souvent prononcer ainsi : « Cy-ran-n0 »; et les graphiques conservent ces nuances typiques. Fragments, Fantaisie, Appréhension, Antique, Allons! Transport offrent les graphiques nasaux que j'indique et dont je place les dessins SOUS VOS yeux. On remarque qu'il existe sur les tracés beaucoup d’autres formes dessinées, au milieu desquelles, comme pour les voyelles buccales, les périodes-types apparaissent par séries. C'est, je crois, la première fois qu'on différencie, au moyen de gra- phiques et de phonogrammes en particulier, les voyelies nasales des voyelles pures. Le Gérant : OGTAVE PoRéE. ——————————————————_——____ Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette, TIRER Au y teE ak indie 1 ti 4 NL CUP ADR RE ER ST MN 0 ue TOME Pre Jensen er 2 84 à pirate ti qe j SET Pure ÉTAIT DO 0H br 2H AT AM te à D LPALLEE | L'ÉCRAN) dote RE AUTRES Ésalsreif net AMONT CE MN LUE Haf o AH HOLUS De bus té rt ePatrA TA ÿ rte (LOHLIE M) #2 Es re 24 \ rés spé CH gen A «444 CHANT pan FE EONEE FA it ne à QUE Î L'an HOUR. EME ART lé LATE y EL AE TTS 0 TO Va EAST SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 1900 M. le Dr P. Axcez : Recherches sur le développement des glandes cutanées de la salamandre terrestre. — M. C. Parsazix : Observations sur la note précédente. — MM. A. Roper et Guécxorr : Essai d'application de la méthode des sacs de collo- dion à la connaïssance des produits toxiques des bacilles d'Eberth et coli. — MM. A. Roner et Guécaorr : Sur les propriétés des sacs de collodion et leur rôle en bactériologie. — M. le D' Crisrrant : Développement des greffes thyroïdiennes : analogie avec le développement embryonnaire du corps thyroïde et avec la for- mation du goître hyperplasique. — M. L. OuBRÉDANxE : Technique des injections sous-arachnoïdiennes craniennes chez le chien et chez l'homme. — MM. H. RoGer et Euize Weiz : Recherches microbiologiques sur la variole. — M. AiBerr BRANcCA : Cancer aigu du sein. — MM. JEAN Cauus et PaGmEz : Influence de l’alcalinité et de l'acidité sur le pouvoir globulicide des urines. — MM. Lavera et F. MEsniz : Sur le mode de HUNTU Ie nn du trypanosome du rat. — M. le professeur von Rarz (de Budapest) : Trois nouveaux cestodes de reptiles. — MM. le professeur MaIRET et le Dr ArpIN-DELTEIL : Toxicité de la sueur de l'homme normal. Présidence de M. Bouchard. RECHERCHES SUR LE DÉVELOPPEMENT DES GLANDES CUTANÉES DE LA SALAMANDRE TERRESTRE (Note préliminaire), par M. le D' P. Ancer. (Communication faite dans la séance précédente.) Parmi les nombreux auteurs qui ont étudié les glandes de la peau chez les Batraciens et principalement chez les Urodèles, beaucoup signalent le mécanisme de la formation de ces glandes. Ils se conten- tent de dire, assez brièvement, qu'ils admettent le développement de ces organes aux dépens des cellules de la couche de Malpighi. Tels sont entre autres Engelmann (1), Seeck (2), Maurer (3), Gegen- baur (4), etc. Nicoglu (5) conteste cette opinion et imagine que les (4) Engelmann. Die Hautdrüsen des Frosches. Pfliüger’s Archiv, Bd V, 1872. (2) Seeck. Ueber die Hautdrüsen einiger Amphibien, Inaug. Dissert., Dorpat, 1891. (3) Maurer. Die Epidermis und ihre Abkümmlinge, Leipzig, 1895. (4) Gegenbaur. Vergleich. Anat. der Wirbelthiere, Bd I, 1898, p. 114. (5) Nicoglu. Ueber die Hautdrüsen der Amphibien, Zeitschrift für wiss. Zool., vol. LVI, 1893, p. 433. Biocoaie. CoMPTES RENDUS, — 1900. T, LI. 73 = FE Q 2 x EP ET VE de 960: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE glandes se forment aux dépens des cellules supérieures du strate muqueux. La question en était là quand cette année même, dans une thèse inaugurale, M Phisalix-Picot (1) apporta sur ce sujet uneopinion toute nouvelle. Voici quelques-unes des conclusions de cet auteur : « 1° Les deux espèces de glandes à venin que l’on rencontre dans la peau de la salamandre terrestre ont même origine mésodermique. C’est par division mitosique d'une cellule du derme que se forme un bourgeon glandulaire homogène. Quand les cellules du bourgeon se différencient, la division indi- recte cesse, les multiplications ultérieures s'effectuent par division directe des noyaux. 2° L’acinus achève son complet développement dans le derme avant la formation du canal excréteur. » Et, page 39 : « On voit au fur et à mesure que l’acinus grandit et se distend par l'abondance de la sécrétion, son pôle supérieur se rapprocher de l’épiderme. Dans la compression qui en résulte, les éléments les moins résistants disparaissent ou s’écartent de la région la plus comprimée. » La contradiction qui existe entre les opinions des auteurs précédem- ment cités et l'intérêt que pourrait présenter la confirmation des recherches de M”° Phisalix nous ont incité à étudier le même sujet. Ayant l'intention de publier prochainement un travail avec planches sur cette question et quelques autres très voisines, nous ne ferons que consigner maintenant ici quelques faits chservés. Nos recherches ont été faites chez des larves de salamandre (S. macu- losa) de 2 centimètres à 5 c. 5, les plus âgées venant de perdre leurs branchies. Nous avons vu, chez les plus grandes, des ébauches glandulaires pourvues d'une vaste lumière, tapissées sur toute leur périphérie par des éléments apiatis et possédant, à la partie inférieure, un revêtement formé d’une couche de cellules glandulaires en plein travail sécrétoire, à. la partie supérieure, plusieurs assises composées d'éléments en général allongés, indifférents, en apparence du moins. On reconnaît facilement un pôle supérieur en contact avec l’épiderme ; à ce niveau il n’y a aucune délimitation nette entre les cellules épidermiques infé- rieures et les cellules supérieures de l’ébauche. L'épiderme apparaît déprimé, tout autour de ce point, par le globe glandulaire qui, par tout le reste de sa surface, fait saillie dans le derme. Les colorations électives du tissu conjonctif montrent que le derme est insinué entre l’épiderme déprimé et la glande, sauf au niveau du pôle supérieur. Une ébauche, non encore pourvue de lumière, mais possédant déjà des cellules dans lesquelles on trouve les premiers indices d’une trans- formation glandulaire, ne diffère de la précédente, au point de vue particulier qui nous occupe, que par ses dimensions, qui sont notable- (4) Mwe Phisalix-Picot. Recherches embryol., hist. et phys. sur les glandes à venin de la salamandre terrestre, Thèse, Paris, 1900. : - | L là SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 961 ment plus faibles. La saillie dans le derme est moins marquée ainsi que la dépression de l’épiderme; mais toujours il existe un point où il est souvent impossible de reconnaître une démarcation entre les cellules de la glande et les éléments épidermiques. En tous cas, jamais à ce niveau le derme ni le pigment qui l’accompagne ne s’interposent entre la glande et la couche de Malpighi. Bien plus, dans la zone qui entoure ce point et là même où les limites entre la glande et l'épiderme sont nettes, le derme et le pigment ne pénètrent pas. Une ébauche plus jeune constitue une masse pleine, arrondie, formée d'éléments à gros noyaux réunis en deux couches concentriques. Plus petite que la précédente, cette ébauche est tout entière comprise dans l’'épiderme. La ligne qui sépare le derme de l'épiderme fait à son niveau une légère ondulation pénétrant dans le derme qui, jamais, à ce stade, ne sépare en un point quelconque la future glande des cellules épider- miques voisines. Des ébauches plus jeunes encore se montrent constituées par une cellule ronde volumineuse entourée de toutes parts par une assise de cellules plus petites et plus ou moins allongées. La petite masse cellu- laire qui donnera, plus tard, naissance à une glande de la peau est donc, à cette époque, complètement épidermique. Elle est appuyée sur le derme comme toute la couche génératrice ; ce sont les seuls rapports qu'elle ait avec lui. L’ondulation elle-même a disparu. Si nous nous adressons à des stades moins avancés, nous voyons une cellule de la couche génératrice différente surtout des autres éléments de la même assise par sa forme arrondie, et sa grande taille le volume de son noyau. Elle est entourée sauf à la partie inférieure par une couche de cellules plus petites et allongées. C'est là un stade peu différent du précédent, mais pourtant très intéressant à connaitre parce qu'il montre par comparaison que c’est à la grosse cellule ronde qu'il faut reconnaître l'importance la plus grande dans le mécanisme de la formation de la glande. L'examen de larves plus petites ou de points différents de la peau des larves qui ont servi aux examens précédents fait retrouver de temps à autre dans la couche génératrice une cellule volumineuse arrondie et à gros noyau, sur les parties latérales et supérieures de laquelle sont appliquées quelquefois quatre, d’autres fois trois cellules allon- gées et ne différant pas sensiblement par leur aspect des cellules épidermiques voisines. Nous ne voulons, pour le moment, tirer de ces faits que la conclusion suivante : Les glandes de la peau de la salamandre terrestre se forment ‘aux dépens de l’assise cellulaire la plus profonde de l’épiderme, qui ne perd, à aucun moment, ses connexions avec l'ébauche glandulaire. (Travail du Laboratoire d'anat. de la Faculté de Médecine de Nancy.) + La £a CR TE À DE Que: AR TT PE = NP TNA Liahle DR PE RO PS PES ends. ne. on nt 1 TR don à eg" drame Di 962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OBSERVATIONS SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE, par M. C. Pnisarix (1). Les faits que M. P. Ancel a consignés dans la note ci-dessus l’amènent à des conclusions contradictoires avec celles de M"° Phisalix. Cet auteur pense que les glandes cutanées de la salamandre terrestre ont une origine ectodermique, et voici les arguments qu'il apporte à l'appui de son opinion. Il décrit 6 stades de développement en commençant par le 6°, c'est-à-dire par le plus avancé, celui où l’'ébauche glandulaire est pourvue d'une vaste lumière. Dans ce stade, il constate que le derme est insinué entre l’épiderme déprimé et la glande, sauf au niveau du pôle supérieur. Au 5° stade, qui ne diffère du précédent que par ses dimensions plus faibles et par l'absence de lumière glandulaire, les cellules de la glande sont encore en continuité avec les cellules épider- miques au niveau du pôle supérieur; cependant l’auteur est moins affirmatif que pour le 6° stade, et il semble qu'il ait constaté quelquefois une ligne de démarcation; en tout cas, dans la zone qui entoure ce pôle supérieur, il a vu que les limites entre la glande et l'épiderme sont nettes ; seulement le derme et le pigment ne pénètrent pas. Cette netteté de délimitation que l’auteur a observée entre les cellules glandulaires et les cellules épidermiques suffirait à elle seule pour inspirer des doutes sur leurs relations génétiques; mais je puis affirmer, pour l'avoir vu sur de très nombreuses préparations, qu'entre l’ébauche glandulaire et les cellules de la couche de Malpighi, il existe constamment une lame dermique, le plus souvent accompagnée de cellules pigmentaires. M'appuyant sur ces faits contrôlés par diverses méthodes, je ne puis que maintenir, au nom de M Phisalix, les conclusions de son travail rela- tivement à l'origine mésodermique des glandes. ESSAI D'APPLICATION DE LA MÉTHODE DES SACS DE COLLODION A LA CONNAISSANCE DES PRODUITS TOXIQUES DES BACILLES D EBERTH ET COLI, par MM. A. Roper et GuÉonorr. (Commnnication faite dans la séance précédente.) Amenés par différentes considérations (2) à supposer que, dans l'or- ganisme, les bacilles d'Eberth et coli élaborent des produits toxiques (1) Par suite d’une erreur commise à l'imprimerie, après la mise en pages du numéro précédent des Comptes rendus, la note de M. Ancel a été retirée de ce numéro et les remarques de M. Phisalix sont néanmoins restées en place. Il a paru nécessaire, pour la clarté du sujet, de les réimprimer ici. (2) Rodet. Recherche des conditions qui influent sur le pouvoir infectant et la toxicité des cultures des B. d’Eberth et coli (Vol. jub. de la Soc. de Biol., 1899). SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 963 plus actifs que dans les milieux de culture, nous nous sommes proposé d'appliquer à la solution de cette question la méthode des sacs. Nous avons expérimenté sur le lapin et sur le cobaye, avec deux races de bacilles d'Eberth et trois races de coli : trois de ces bacilles (un B. d'Eberth et deux coli) étaient isolés depuis peu et doués d’une assez grande virulence. Dans des sacs de collodion, nous déposons une certaine quantité (1 à 2 cen- timètres cubes pour les cobayes, 2 à 3 centimètres cubes pour les lapins), soif d’une culture en bouillon de 48 heures, soit de bouillon ensemencé extempe- ranément; après occlusion parfaite, ces sacs sont introduits dans la cavité péritonéale. Les résultats sont dans l’ensemble les mêmes, qu'il s'agisse de bacilles d'Eberth ou de coli; mais ils sont un peu différents suivant l'espèce animale (1). Parmi les cobayes, les uns, après une Courte période fébrile, se sont réta- blis et ont survécu; les autres, en plus grand nombre, sont morts dans des délais variables de 24 heures à 8 jours. Les ensemencements faits avec la sérosité péritonéale et le sang ont montré que, dans tous les cas, la mort s’'accompagnait d’une auto-infection par des bacilles intestinaux. Chez les lapins, après quelquesljours de fièvre et de diarrhée, nous avons vu, tantôt la santé se rétablir, tantôt la mort survenir plus ou moins tardive- ment (minimum 6-7 jours), sans grosses lésions; contrairement à ce qui se passe chez les cobayes, les humeurs peuvent être stériles, c’est-à-dire que la mort survient sans infection, sans doute par intoxication. Autour des sacs se produit une double enveloppe formée d'une couche profonde, de consistance caséeuse, exclusivement constituée par des leuco- cytes, et d'une couche extérieure fibrineuse, cette dernière fortement adhérente aux organes et, dans le cas de survie prolongée, en voie de vascularisation. Cette formation, très inégale suivant les sujets, a été trouvée beaucoup plus développée chez les lapins que chez les cobayes; chez ces derniers, elle a sou- vent totalement manqué. Le point remarquable est que nous n'avons vu aucun sujet mourir rapide- ment avec intégrité du sac et stérilité des humeurs. Dans tous les cas de mort rapide, il s'agissait, ou d’un sac fissuré, ou d’une auto-infection. En d’autres termes, les bacilles d'Eberth ou coli enfermés dans des sacs de collodion n'ont pas déterminé de phénomènes d'intoxication aiguë pure par les produits issus du sac, et cela qu'il se soit agi de sacs garnis de cultures faites ou d’ensemen- cement extemporané: le bouillon ensemencé extemporanément n’a pas été plus nocif que les cultures terminées. Les parois de collodion ont donc, dans nos expériences, exercé une protec- ton très efficace : non seulement les bacilles introduits dans ces sacs ne sont pas plus nocifs que lorsqu'ils sont mis directement au contact des tissus et des phagocytes; mais ils sont au contraire beaucoup mieux supportés à dose (1) Voir pour plus de détails la thèse inaugurale de l’un de nous: Guéchoff, « La méthode des sacs de collodion appliquée à l’étude du bacille d'Eberth et du bacille coli », Thèse de Montpellier, 1900. 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE égale. Il suffit, comme plusieurs faits nous l'ont montré, qu'une petite fissure: s'opère dans le sac (ce qui se reconnait avec la plus grande évidence à la pré- sence des leucocytes dans leur intérieur), pour que la mort soit hâtée. Suivant les idées généralement admises sur les propriétés des sacs de: collodion, ces résultats semblent tout d'abord infirmer l'hypothèse que dans l'organisme les bacilles en question fabriquent des produits plus actifs que dans les milieux de culture. Cependant, l'expérience nous a montré que dans les sacs s’élaborent des produits particulièrement actifs. En injectant à des cobayes, sous la peau, Le contenu de ces sacs, une fois après un séjour d’un mois, une autre fois après un séjour seu- lement de 24 heures dans le péritoine, nous avons vu que ce liquide, administré intégralement, y compris les bacilles vivants, était doué d’un: haut pouvoir infectant, beaucoup plus actif à dose égale qu'une culture: en bouillon. Cette activité ne tenait pas à un accroissement de virulence: des bacilles; car, transportés en bouillon, ils ont donné des cultures qui n’ont manifesté aucune exaltation, au contraire. Ce dernier résultat nous a d'autant plus frappés que nous avions espéré, par des passages en sac en série, accroître graduellement la virulence de nos races baeil- laires; or, de tels passages ne nous ont procuré aucune exaltation. Nous pouvons donc conclure que le pouvoir particulièrement infec- tant du contenu des sacs tenait à une activité spéciale des produits dissous, lesquels se révèlent ainsi tout au moins comme fortement favo- risants. Les expériences que nous avons entreprises pour démontrer directement la toxicité de ce liquide privé de bacilles vivants sont incom- plètes ; mais il nous paraît résulter de l’activité du contenu total que les. bacilles élaborent véritablement dans les sacs des matières particuhiè- | rement actives. D'ailleurs, si nous n'avons pas observé d'intoxication aiguë, cela ne | veut pas dire que l'organisme ne soit pas impressionné par les produits, diffusés hors des sacs. La mort plus ou moins tardive des lapins, sans infection, ne peut guère s'expliquer que par une lente intoxication. Dans la mort des cobayes avec auto-infection, une intoxication par les. produits du sac nous paraît également jouer un rôle, car des cobayes. | témoins, traités de même avec des sacs de bouillon pur ou d'eau stéri- ô lisée, ontsurvécu. De plus, chez certains sujets, porteurs de sacs intacts, | le sérum était doué de la propriété agglutinative ; remarquons en pas- sant que cela prouve une fois de plus que les produits solubles suffisent parfaitement à conférer cette propriété au sérum. Mais le pouvoir agglu- tinatif est faible dans ces conditions, et il ne s'observe pas chez tous les sujets. Il nous paraît résulter très nettement de là que l'organisme n'est impressionné par les produits solubles contenus dans le sac que d’une manière très imparfaite; et, comme conséquence, que les parois de. | | | | TS Te SNS DEP PS TS SP VE PSN PS SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 965 collodion offrent au passage des produits toxiques élaborés par les bacilles d'Eberth ou coli, tout au moins aux plus actifs de ces produits, une barrière très imparfaitement perméable. Et, ce qui corrobore cette interprétation, c'est que, lorsque les sacs sont fissurés, la mort est hâtée ; il y a de bonnes raisons de penser, quoiqu'il y ait alors, il est vrai, possibilité d'infection, que le principal rôle revient aux produits toxiques élaborés dans le sac, et dont l'issue est facilitée par l’ou- verture. Nous concluons, au point de vue spécial de cette note, que les bacilles d’Eberth et coli, enfermés dans des sacs de collodion, sont relativement bien tolérés par le péritoine des lapins et des cobayes, et que l'orga- nisme subit imparfaitement l’action des produits toxiques qui s’y éla- borent. À un point de vue général, nous avons été amenés par là, et c'est surtout sur ce point que nous voulons attirer l'attention, à douter du rôle et des propriétés attribués aux membranes de coilodion en technique bactériologique. Les premiers résultats des expériences que nous avons entreprises sur cette question générale, pleinement confir- matifs de cette interprétation, sont consignés dans notre prochaine note. SUR LES PROPRIÉTÉS DES SACS DE COLLODION ET LEUR RÔLE EN BACTÉRIOLOGIE, par MM. A. Roper et GuÉCHorr. (Communication faite dans la séance précédente.) D'après les résultats, consignés dans notre précédente note, de nos expériences sur les bacilles d’Eberth et coli enfermés dans des sacs de collodion, nous avons été amenés à douter des propriétés attribuées à ces sacs en bactériologie. On demande aux sacs de collodion ou de roseau, tantôt de faire agir sur l'organisme les produits solubles des microbes à l'exclusion des éléments virulents, tantôt de soumettre les microor- ganismes à l'influence des éléments dissous des humeurs, tout en les soustrayant à l'action des éléments cellulaires. Dans les deux cas, le but que l'on se propose implique l’imperméabilité de la membrane aux éléments figurés, mais aussi leur parfaite perméabilité dans l'un ‘et l’autre sens à tous les principes solubles. En d’autres termes, on admet que ces membranes se comportent comme des filtres parfaits. Or, on ne parait pas s’être suffisamment préoccupé d'établir tout d’abord ces pro- priélés, du moins en ce qui concerne les sacs de caodion, les seuls dont nous nous occupions ici. Pour être édifié sur la valeur des sacs de collodion dans les expé- riences de bactériologie, il est tout à fait nécessaire de savoir si la membrane de collodion constitue une paroi filtrante, ne reltenant que uns Cats Deer, oi, nc, Lee be À à 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les particules figurées et laissant passer indistinctement toutes les matières solubles, ou si, douée de propriétés intermédiaires entre celles d'une telle paroi filtrante et celles d'une membrane hémiper- méable, elle laisse passer plus ou moins et à des degrés divers les substances solubles suivant leur nature et la grandeur de leur molécule. Nous avons voulu voir d’abord par une expérience in vitro si le collodion élait parfaitement perméable à des corps de poids molécu- laire divers, comme le sucre, la peptone, l’albumine. Nous avons eu recours pour cette expérience à l’obligeante collaboration de M. Moi- tessier. Trois sacs semblables sont remplis d'eau distillée et plongés dans des verres à expériences renfermant quelques centimètres cubes, l’un d’une solution de glycose, l’autre d’une solution aqueuse de peptone à 2 p. 100, le troisième de sérum sanguin. Après vingt-quatre heures de séjour à la température du laboratoire, on recherche dans le contenu | des sacs les réactions spéciales. Le contenu du premier réduit abon- | damment la liqueur de Fehling : le sucre a bien traversé la paroi de collodion. Le troisième sac donne les réactions de l’albumine ; mais la | teneur en albumine est très faible, on l'estime approximativement . 500 fois moindre que celle du sérum, dans lequel est immergé le sac; 1 l’albumine n'a donc que faiblement traversé la paroi. Quant au contenu du deuxième sac, on n’y trouve pas les réactions de la peptone; il est | cependant bien vraisemblable qu’elle a passé, vu le passage de l’albu- mine, mais en quantité insuffisante pour être décelée par les réactifs. Cette expérience montre que le collodion ne se comporte pas comme | un filtre parfait. | Puis, nous avons fait deux expériences sur l’animal, l’une avec la. toxine diphtérique, l’autre avec un alcaloïde, qu'on peut présumer devoir traverser plus facilement la membrane, la strychnine. PRONNT. PS N ENNT Expérience avec la toxine diphtérique. — Un cobaye (600 grammes) reçoit dans le péritoine un sac de collodion {du commerce) garni de 2 centimètres cubes de bouillon contenant 0 gr. 50 d’une toxine diphtérique mortelle à 0 gr. 05 pour le cobaye de 250 grammes; il survit. Un autre (500 grammes) recoit une injection intra-péritonéale de 0 gr. 25 (dose moitié moindre que le précédent) de la même toxine ; il meurt en moins de 40 heures. Une dose de toxine diphtérique, très supérieure à la dose mortelle, est donc parfaitement tolérée dans un sac de collodion. Expérience avec la strychnine. — Un cobaye (540 grammes) reçoit, le 7 juillet, dans le péritoine, un sac de collodion (du commerce) avec O0 c.c. 75 d’une solution aqueuse contenant 3/4 de milligramme de sulfate de strychnine. Les jours suivants, il ne présente rien de particulier, pas de contractures. Il meurt le 14, mais la mort n’est pas due à la strychnine : la plaie opératoire s’est ouverte et a laissé sortir l'intestin, le cadavre est souple, et la veille, le 43, il n’yavait pas de contracture. Le contenu du sac retiré, injecté à un autre cobaye sous la peau, le laisse survivre. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 967 Par conséquent, le toxique a diffusé hors du sac, mais assez lente- ment pour être toléré. Il est clair que ces expériences ont besoin d’être multipliées et pré- cisées pour permettre d'apprécier exactement le degré de perméabilité des parois de collodion. Mais, telles qu’elles sont, elles nous paraissent suffire à justifier cette note préliminaire. Nous sommes convaincus que la paroi de collodion est loin d’être aussi perméable aux substances dissoutes que les bactériologistes l'ont admis jusqu'à ce jour; et, par suite, que diverses interprétations d'expériences faites sur ce principe méritent d'être mises en doute. Ce n’est pas parce qu'un microbe, enfermé dans un sac de collodion plongé dans les humeurs d’un animal, n'éprouve aucune modification, qu'on peut conclure, d’après cela seul, que ces humeurs ne sont pas bactéricides, car il est jusqu’à un certain point protégé contre l’action des parties liquides elles-mêmes de ces dernières par la membrane de collo- dion. Ce n’est pas non plus parce qu'un animal n’est pas intoxiqué par un sac contenant un microbe donné, qu'on peut en conclure que ce microbe ne fabrique pas de produits solubles toxiques. Vraisemblable- ment, suivant la nature chimique de ce produit toxique, il diffusera plus ou moins facilement; et les sacs de collodion, suivant qu'ils seront plus ou moins bien traversés dans un cas particulier, donneront peut-être précisément un moyen de s’édifier dans une certaine mesure sur la nature de la sécrétion toxique. DÉVELOPPEMENT DES GREFFES THYROÏDIENNES ; ANALOGIE AVEC LE DÉVELOP- PEMENT EMBRYONNAIRE DU CORPS THYROÏDE ET AVEC LA FORMATION DU GOITRE HYPERPLASIQUE, par M. le D' CRISTIANI. . (Communication faite dans la séance précédente.) Les résultats de mes premières recherches sur la greffe thyroïdienne m'avaient permis de conclure que, contrairement à l'opinion d’un très grand nombre d'auteurs, il était possible d'obtenir par cette méthode un nouvel organe thyroïdien, ayant la même structure que le corps thy- roïde normal et capable de fonctionner; cet organe n’avail aucune ten- dance à s’atrophier. La glande ainsi greffée subissait d’abord une certaine dégénérescence, mais reprenait vite sa structure normale, au fur et à mesure que des vaisseaux de nouvelle formation, venant de la périphérie, s’avançaient vers la partie centrale de l'organe. x Il suffisait, pour arriver à ce but, de pratiquer la greffe d'après cer- por nt nn di, Y ÉerE Re es pate nn té li À 968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE taines règles et choisir convenablement l'animal. Je reviendrai d’ailleurs. prochainement sur ces détails de technique. De nouvelles recherches, très nombreuses et variées, m'ont permis de pousser plus loin l'étude histologique des greffes thyroïdiennes. J'avais déjà précédemment élé frappé du fait que, chez des rats, cer- tains lobes du corps thyroïde, greffés en entier et extirpés après un temps très long (six mois à deux ans), surtout lorsque la greffe avait été pratiquée sur de très jeunes animaux, présentaient des dimensions beaucoup plus considérables qu'au moment de l'opération, et cela indé- pendamment des adhérences ou fausses membranes qui peuvent par- fois entourer l'organe; l'augmentation portait sur la substance thyroï- dienne. En étudiant de près le mécanisme de cet accroissement, je pus facile- ment me persuader qu'il était dû à la formation de bourgeons épithé- liaux qui partaient des alvéoles thyroïdiennes. Ces bourgeons, tantôt arrondis et de petites dimensions, s’allongeaient souvent en vrais cordons épithéliaux, qui se segmentaient et se creu- saient de manière à former de nouvelles alvéoles. | Ce processus de multiplication, rare dans certaines greffes peu vivaces, était par contre très abondant dans d’autres. La greffe thyroïdienne se comporte ainsi, au point de vue de son développement ultérieur, comme le corps thyroïde d’un jeune animal. En effet, l'étude du développement embryonnaire nous montre que la glande thyroïde se forme par bourgeonnement des ébauches thyroïdes; ce bourgeonnement aboutit à la formation de cordons épithéliaux ramifiés, s’étranglant par places et donnant ainsi naissance à des alvéoles qui se creusent plus ou moins précocement. Par un mécanisme identique, nous voyons se faire la régénérescence du corps thyroïde après extirpation. | La régénération du tissu glandulaire se fait aux dépens de parcelles de l'organe restées dans la plaie. Nous l'avons étudiée maintes fois peudant nos expériences de thyroï- dectomie, lorsque nous avons vu survivre les animaux (les rats notam- ment) gräce à la formation de nodules thyroïdiens se développant aux _ dépens de débris de la glande qui avaient échappé à l'extirpation. Après l’ablation du goitre, surtout lorsqu'on emploie la méthode de l’énucléation, qui consiste à laisser en place la capsule qui entoure la néoplasie, une sorte de coque thyroïdienne, contenant de nombreuses alvéoles, généralement peu développées, nous voyons aussi la régéné- ration de la glande thyroïde se faire par bourgeonnement de ces alvéoles. Une formation analogue d’abondants bourgeons épithéliaux aux dépens des alvéoles primitives, et donnant origine à des alvéoles nouvelles, s’observe encore dans des productions pathologiques du corps thyroïde, — notamment dans le goitre hypertrophique ou hyperplasique; notons SÉANCE DU Â7 NOVEMBRE 969 cependant, en passant, que la néoformation glandulaire n’est pas ici une altération pathologique proprement dite, mais une sorte d'hypertrophie résultant d’un excès de fonction thyroïdienne exigé par l'organisme. Nous observons donc cette tendance à la formation de nouveaux élé- ments glandulaires thyroïdiens toutes les fois qne la vie de la glande est exubérante. Il en résulte que les greffes thyroïdiennes peuvent non seulement vivre, fonctionner et persister sans aucune tendance à l'atrophie, mais peuvent s'accroître de la même manière que le corps thyroïde normal ; nous avons ainsi encore une preuve de la vitalité de ces nouveaux organes. TECHNIQUE DES INJECTIONS SOUS-ARACHNOÏDIENNES CRANIENNES | CHEZ LE CHIEN ET CHEZ L'HOMME, par M. L. OMBRÉDANNE. (Communication faite dans la séance précédente.) J'ai obtenu la diffusion du liquide injecté dans la méninge molle périencéphalique, diffusion de la boîte cranienne correspondante au côté opéré, gràce à l’artifice suivant : j emploie une canule à pincement laté- ral, qui prend la dure-mère comme un bouton à fistule gastrique prend la paroi stomacale et la peau. Un chien de taille moyenne recoit sans inconvénient 10 centimètres cubes de liquide. Ce calcul proportionnel des surfaces nous permet de penser que la dose équivalente comme action mécanique à 4 centimètres cubes chez le chien, serait chez un enfant de deux ans, de 16 centimètres cubes, de dix ans, 18 centimètres cubes, et chez un adulte, 23 centimètres cubes. Chez le chien, 5 centimètres cubes d’une solution d’encre de Chine dans l’eau salée, injectés par ce procédé, teignent instantanément la dure-mère de la moitié de la boîte crânienne; la diffusion ne s'étend au côté opposé à l'opération qu'au niveau de la base, et au niveau du canal rachidien, même après quinze jours. Nous avons obtenu par cette technique des méningites tuberculeuses expérimentales diffuses qui nous ont semblé identiques à celles de l'enfant. D an Er Cia a im ie Re Z te = Fe te TE A s£e NT 1 £ £, + À Sn me PRET LORS TRES 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES MICROBIOLOGIQUES SUR LA VARIOLE, par MM. H. RoGer et EMILE WEI. Lorsqu'on examine au microscope le liquide des pustules varioliques, on voit, au milieu des leucocytes, de petits éléments arrondis ou ova- laires, mesurant en moyenne 1475 (1). Sur les préparations traitées par le bleu de Lôüffler, ces corpuscules prennent une coloration intense, massive, brutale, beaucoup plus foncée que celle des noyaux cellulaires: La plupart d’entre eux sont libres; quelques-uns sont contenus dans l’intérieur des grands mononucléaires ; même englobés ils conservent leur aptitude à fixer énergiquement la matière bleue, et leur teinte foncée les différencie des päles noyaux auprès desquels ils se trouvent. Ces corpuscules se voient, dans les éléments éruptifs, dès leur appari- tion; ils existent déjà dans les papules. Ils se retrouvent, mais beau- coup plus clairsemés, dans le sang des malades, même dans ceux qui sont simplement atteints de varioloïde; plus nombreux dans les formes graves, ils sont surtout abondants dans les formes hémorragiques. Encore est-il que, même dans ce dernier cas, il faut souvent examiner longtemps la préparatioh et parcourir plusieurs champs du microscope avant de découvrir un seul élément. On pourrait, à la rigueur, si l’on ne faisait que l’examen des pustules, soutenir que ces corpuscules ne sont que des débris nucléaires, des noyaux provenant des globules rouges nucléés ou des amas de chro- matine. Nous croyons qu'il n’en est rien, car, parfois sur les pré- parations faites avec le contenu des pustules, presque toujours sur celles du sang on peut distinguer autour du noyau central, fortement coloré, une bordure protoplasmique bien nette, à peine colorable. On peut aussi la mettre en évidence en traitant les préparations, avant de les colorer, par l'acide acétique dilué; le protoplasma, gonflé par ce réactif, devient plus visible. Dans les cas de variole hémorragique, on retrouve les corpuscules dans les épanchements sanguins. Enfin, quand le malade a succombé, on les voit dans les divers organes et, spécialement, dans la rate et dans la moelle osseuse. Nous avons eu l’occasion, dès le début de nos recherches, de pratiquer deux autopsies qui nous ont semblé de nature à nous éclairer sur la signification de ces éléments. Deux femmes enceintes ayant succombé à des varioles confluentes, nous avons recueilli l’eau de l’amnios. Le liquide, clair et transparent, était dépourvu de leucocytes ; il renfermait des cellules épidermiques (1) Pour l'historique de la question, consulter : Salmon, Recherches sur l'infection dans la vaccine et la variole. Annales de l’Institut Pasteur, avril 1897. AE rl te a rie Un ide ont pied bé neo em PR rEt CRI SN A pay SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 971 desquamées, provenant du fœtus et contenait une quantité considérable de corpuscules; jamais nous n’en avions vu un aussi grand nombre. Comme il était impossible, dans ces cas, de penser à des débris leucocy- taires, nous fûmes conduits à admettre que nous étions en présence “. d’un parasite. Ce qui nous confirma dans cette idée, c'est qu'il nous fut { possible de constater la mobilité de ces éléments : dans le liquide fluide 7 de l’amnios, ils se déplacaient avec rapidité, tandis que dans le pus les mouvements étaient peu nets, peut-être par suite d’une action nocive * de l’exsudat, peut-être par suite de la viscosité ou par suite de la gène | apportée par le réticulum fibrineux qui ne tarde pas à se produire, ‘ Les constatations que nous avons faites sur l’homme ont été complé- là tées par des recherches expérimentales. Nous avons déjà dit (1) que l’inoculation du pus variolique provoque, chez les lapins, une maladie mortelle. Chez les animaux inoculés, on retrouve les mêmes corpuscules que chez l’homme : on les voit dans l’exsudat qui se développe au-devant de l'iris, consécutivement aux inoculations dans la chambre antérieure ; on les retrouve également dans le sang, dans les organes, dans les tissus, ! notamment dans la moelle des os. La présence de ces éléments particuliers établit une nouvelle analogie entre la variole du lapin et la variole de l’homme. Mais cette constata- tion n'est pas encore suffisante. On pourrait soutenir, à la rigueur, qu'il s’agit d’une altération spéciale provoquée, dans les cellules de l'orga- nisme, par le virus variolique. Il fallait donc rechercher si ces corpus- cules pouvaient se développer en dehors des êtres vivants. Nous prenons du sang dans la carotide d’un lapin inoculé depuis quelques jours et nous plaçons ce sang à l’étuve à 38 degrés pendant quarante-huit heures. Dans ces conditions, les éléments augmentent de nombre. Tandis que pour trouver un corpuscule dans le sang au mo- ment où on l’a recueilli, il fallait examiner différents points de la pré- paration, au bout de quarante-huit heures, on en voit un, parfois même plusieurs dans chaque champ du microscope. Cependant, le nombre des éléments est toujours restreint et il n'y a aucune comparaison à établir entre le développement limité des corpuscules, et la pullulation rapide et intense des bactéries. Cette première culture, obtenue dans le sang des lapins inoculés, pourra servir de point de départ à des réensemencements successifs. On peut utiliser le sang de lapin défibriné. Mais il est préférable d'employer le sang total rendu incoagulable par une injection préalable d'extrait de têtes de sangsue dans les veines. Ce milieu se prête assez bien au déve- loppement des corpuscules varioliques. En faisant des réensemence- ments tous les deux ou trois jours, nous avons obtenu déjà 18 cultures SE AS Pr RE El 5 Re à CES CREER NUIT TO -: ne ET PET TN cr LOT RETRO p SC EL ET RE CS LUE «LE or: pe ce er Le Li de (1) Roger et Emile Weil. Inoculabilité de la variole au lapin. Société de biologie, 10 novembre 1900. 972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE successives. Les corpuscules conservent leurs caractères primitifs, ils sont seulement un peu plus volumineux et sont doués d'une assez grande mobilité; leur coloration est moins intense et la couche de protoplasma qui entoure le noyau est plus manifeste. Ces résultats nous semblent de nature à établir qu'il s’agit bien d’un parasite, probablement d'un sporozoaire, car les éléments jeunes ne résistent pas comme les cellules végétales à l’action des alcalis dilués et les cellules vieilles se transforment en petits Fou brillants, inco- lores, analogues à des spores. Pour terminer la première partie de nos recherches, il fallait étudier la virulence de ces cultures. Nous avons fait, sur des lapins, les mêmes expériences qu'avec le pus variolique, c’est-à-dire que nous avons pratiqué des inoculations dans la chambre antérieure de l’œil, sous la peau et dans les veines. Les résultats ont été les mêmes que lorsqu'on utilise le pus; un exsudat intraoculaire se forme quand la culture est déposée dans la chambre antérieure, et, quelle que soit la voie d'introduction, les animaux mai- grissent et meurent du huitième au quinzième jour, exceptionnellement vers le vingtième ou le trentième. Ainsi, dans les deux cas, on provoque une septicémie et, dans les deux cas, on peut observer la production de quelques pustules. Nous en avions recueilli deux exemples chez les animaux inoculés avec le pus, nous en avons observé deux autres en utilisant nos cultures. | La virulence diminue légèrement dans les ensemencements succes- sifs. Cependant la mort a toujours été obtenue avec des doses relative- ment faibles : quatre gouttes d'une dixième culture injectées sous la peau suffisent à tuer un lapin de 2 kilogrammes. Il nous à semblé aussi que l’activité des cultures varie notablement suivant les échan- tillons. Certains pus fournissent des éléments plus virulents que d’autres. Quand les animaux ont succombé, l’autopsie donne les mêmes résul- tats qu'après l’inoculation du pus; la rate est petite, la moelle osseuse est rouge, le sang et les organes hématopoétiques renferment de nom- breuses cellules mononucléaires et des corpuscules varioliques qui pour- ront se développer dans des cultures nouvelles ou être inoculés avec succès chez les animaux. Enfin, dans un tiers des cas, on trouve à l’autopsie une infection secondaire par des bactéries. C’est encore un résultat comparable à celui que nous a fourni l’inoculation directe du pus. | Nous conclurons donc que dans l'organisme des varioleux, on voit constamment des corpuscules particuliers qu'on retrouve chez les ani- maux inoculés avec le liquide des pustules. Ces corpuscules ne peuvent être que des protozoaires, rentrant probablement dans la classe des, Sporozoaires; ils peuvent être cultivés dans le sang de lapin défibriné et Sen ES Cu dd Ds te dd SR dl So S dt - DR I ER TR RE NOT RO OS POI à ue Us (de) = (WE) SEANCE DU 17 NOVEMBRE dans le sang rendu incoagulable par l'extrait de têtes de sangsue. Ils conservent, dans ces milieux, leur action pathogène pour le lapin; ino- culés à cet animal, ils provoquent une septicémie identique à celle que produit l'inoculation du pus variolique. CANCER AIGU DU SEIN, par M. ALBERT BRANCA. Le cancer aigu du sein est d'observation assez fréquente, mais il est exceptionnel de pouvoir l’étudier histologiquement. Ce sont les résultats d'un examen de ce genre que j'ai l'honneur de rapporter ici. Observation clinique. — I] s’agit d'une femme de trente-huit ans, lingère, dont la grand'mère à succombé, semble-t-il, à une affection cancéreuse. Une enté- rite à six ans, une rougeole bénigne à huit ans, une angine couenneuse à neuf ans, tels sont les seuls antécédents pathologiques de la malade. Deux mois avant son entrée à l'hôpital, la malade fut prise d'une douleur lancinante «médiocrement vive et revenant par accès, au niveau du sein droit, avec irradiations vers l'aisselle ou le bras. Dès cette époque; palpant la région douloureuse, elle constata l'existence d’une petite tumeur mal circonscrite qui siégeait dans la moitié externe du sein droit et qui, continuant à s'accroitre, atteignit rapidement le voiume qu’elle présente aujourd'hui, Le sein droit est notablement plus volumineux que le gauche... Sa colora- tion est un peu rosée, surtout au voisinage du mamelon et dans la partie inféro-externe de la région mammaire... Le mamelon est rétracté.... On ne peut arriver à le rendre saillant. A la partie supérieure du mamelon, qui n’a jamais présenté d'écoulement séreux, sanguin ou purulent, on constate une plaque d’érythème. La peau et le tissu cellulaire sont œdématiés; l’æœdème est dur et rouge; ilest surtout marqué à la partie inféro-externe du sein et se prolonge vers l’aisselle; à son niveau on observe une légère augmentation de température. Le tégument externe est adhérent; il présente le phénomène de la peau d'orange. La moitié externe de la glande est « le siège d’une tuméfaction indurée du volume d’une pomme, surmontée d’une petite tumeur grosse comme une noix qui fait manifestement corps avec elle. Cette tuméfaction..…. présente en dedans des limites extrêmement vagues ». Sa consistance est uniforme sauf au niveau du noyau surajouté, « qui offre la sensation d’une dureté plus grande ». « Il n’existe pas d’adhérences entre la glande malade et les parties profondes. Les ganglions axillaires sont durs, douloureux, peu mobiles, et forment une « tumeur du volume d’une noix ». Ils sont reliés à la tumeur mammaire par une plaque d’œdème rouge et dur. Les ganglions sus-clavicu- laires ne semblent pas altérés. — Quant à l’état général, il était des plus satis- faisants. ‘4 | L # 974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces détails que j'emprunte à une leçon clinique de mon maître, M. le profes: seur Duplay, justifient assez le diagnostic qui fut porté. Cette « lymphangite cancéreuse » fut opérée largement, et je prélevai des fragments de la tumeur et des ganglions, qui furent fixés dans le liquide de Zenker et dans la liqueur de Flemming. Examen histologique : A) Mamelle. — À un faible grossissement, la mamelle apparaît formée d’ilots néoplasiques de taille et de forme irré- gulières, isolés ou fusionnés les uns avec les autres par leur périphérie. Ces îlots sont entourés par des bandes de tissu conjonctif, et dans cha- cun d'eux les cellules apparaissent tantôt isolées, tantôt réunies par groupes. Dans le premier cas, les cellules sont généralement volu- mineuses ; leur noyau est très chromatique ; leur protoplasma fixe énergiquement l'éosine et son pourtour se détache nettement du tissu conjonctif ambiant, plus faiblement coloré. Dans le second cas, les cellules sont tassées les unes contre les autres et leurs limites sont le plus souvent indistincles. Ces cellules se disposent sous la forme de cordons pleins, et plus rarement sous la forme de tubes creux. Une ou plusieurs assises cellulaires circonscrivent la lumière du tube. Nombre de cellules épithéliales sont en voie de mitose, mais il ne m'a pas semblé que le nombre des mitoses fût supérieur. à celui qu'on observe dans une tumeur à évolution lente. Le tissu conjonctif se présente sous divers aspects. Entre les ilots épi- théliomateux il revet le type fibreux ou le type adipeux. Là où le tissu conjonctif est fibreux, on voit sur de larges étendues les fibrilles dispa- raître, comme noyées, dans une masse homogène, transparente, unifor- mément colorée, qui semble résulter de la transformation des faisceaux conjonctifs: au niveau de ces nappes hyalines, les vaisseaux sanguins font défaut, les cellules conjonctives sont rares et le plus souvent on ne distingue nettement que leur noyau. Certains des lobules graisseux de la mamelle sont envahis par le néoplasme. Quant au tissu conjonctif des noyaux épithéliomateux, il se présente d'ordinaire sous l'aspect qu'il revêtira dans le ganglion lymphatique. Ajoutons que les vaisseaux lymphatiques de la mamelle sont Het par des amas de cellules épithéliomateuses. é B) Ganglions. — Deux ganglions ont été examinés; l'un d’eux était en voie d’envahissement. Sa capsule se montre ici et là infiltrée de cellules épithéliales. À sa surface externe, s'adosse une plaque com- pacte de tissu néoplasique. Les sinus sont envahis par les colonies néo- plasiques et toute trace detissu réticulé a complètement disparu. A la place des sinus on observe des cordons et surtout des tubes épithélio- mateux de forme, de taille, de distribution irrégulières. Les éléments de ces tubes sont limités souvent par un contour nettement polygonal ; nombre d’entre eux sont en voie de prolifération; ils contribuent pour ht ji Ad RFA FN Ne | A NL UT ee PA Ve NON NES PA ui © à P \ ‘ [1 En "+ SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 975 leur part à la diffusion du néoplasme. La gangue conjonctive interposée F. entre ces tubes rappelle en tout point le tissu de soutien qu'on trouve à dans l'intérieur des noyaux néoplasiques. Elle est formée de cellules ; allongées, munies de prolongements irréguliers. Ces cellules sont logées L. dans une masse transparente, qui se colore beaucoup plus faiblement eh que le corps cellulaire et qui parcourent des capillaires sanguins. Quant à l'appareil folliculaire, il est en voie de destruction. Les folli- cules qui n’ont pas disparu portent, en leur centre, des colonies denses de cellules néoplasiques. Ce qui fait l'intérêt de cette forme aiguë de cancer du sein, c'est sa | rareté. Ce qui la caractérise, c’est son évolution clinique, ce n'est ni la lésion mammaire, ni la lésion ganglionnaire. L'une comme l’autre sont banales. L'évolution aiguë de l’épithélioma n’a pas sa signature dans la structure du néoplasme. PR DER. NE TE Rest - INFLUENCE DE L’ALCALINITÉ ET DE L'ACIDITÉ SUR LE POUVOIR GLOBULICIDE 4 DES URINES, a par MM. JEAN Camus et PAGNIEZz. Dans une récente communication, nous avons apporté le résultat de quelques recherches relatives au pouvoir globulicide in vitro des À urines humaines sur le sang de lapin. Dans cette première série d'expériences, nous nous étions adressés à | des urines neutres ou très légèrement acides; nous avons étudié depuis “ méthodiquement quelle pouvait être l'influence de l'acidité et de | l’alcalinité des urines sur leur action globulicide. a Nous nous sommes servis uniquement du tournesol comme réactif indicateur. Nous n’ignorons pas cependant que les résultats peuvent être différents avec la phénolphtaléine. Nos recherches ont porté sur 145 échantillons d'urine, 32 d’urines “ normales et 113 d'urines pathologiques, provenant en tout de 80 sujets différents. Au point de vue de l'acidité, nous avons vu toutes les urines franche- ment acides présenter une action globulicide plus ou moins marquée, en général en rapport avec le degré d’acidité. Nous avons neutralisé ou alcalinisé légèrement ces urines acides; et dans ces conditions, aucune des urines normales que nous avons exa- minées ne conservait son pouvoir globulicide. L'action globulicide des urines normales, quand elle existe, semble donc être un phénomène en rapport avec l'acidité. « + = BioLocte. Compres mENDus. — 1900. T, II, 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Que deviennent les urines pathologiques traitées de la même manière ? Beaucoup ont perdu de même que les urines normales leur action globu- licide par la neutralisation. Ce qui nous à paru intéressant, c'est que certaines urines patholo- giques naturellement alcalines restaient globulicides, et que d’autres naturellement acides, alcalinisées très légèrement au tournesol, ont conservé leur propriété globulicide, cependant très sensiblement diminuée. SUR LE MODE DE MULTIPLICATION DU TRYPANOSOME DU RAT, par MM. Laveran et F. MESsnir. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la manière dont les trypanosomes (Herpetomonas Lewisi Kent) se multiplient dans le sang du rat; presque tous admettent plusieurs modes de division. D'après Danilewsky il faudrait distinguer : 1°la division longitudinale qui se fait tandis que le trypanosome est en mouvement; 2° la multi- plication par segmentation; dans ce dernier mode de division le flagelle et la membrane ondulante disparaïîtraient, le parasite prendrait une forme sphérique et le noyau en se divisant à plusieurs reprises, donne- rait naissance à un nombre variable de jeunes éléments (1). L. Rabinowitsch et Kempner admettent : 1° une division longitudinale; 2° une division transversale; 3° la segmentation; la membrane ondu- lante et le flagelle disparaîtraient complètement dans ce dernier cas (2). D'après Wasielewski et Senn, tout le processus de division des trypa- nosomes se réduit à une division longitudinale, comme chez les autres flagellés, avec cette exception que chez le trypanosome en voie de divi- sion, la cellule mère est toujours reconnaissable à ses dimensions qui dépassent celles de la cellule ou des cellules filles. La cellule mère et les cellules filles peuvent rester adhérentes pendant quelque temps de manière à constituer des espèces de rosaces. Wasielewski et Senn font des réserves au sujet de la segmentation primitive multiple (3). Avant d'exposer les résultats auxquels nous sommes arrivés de notre côté, il est nécessaire de dire dans quelles conditions il faut se placer pour observer la multiplication des trypanosomes et de rappeler brièvement la structure de H. Lenvisi. (1) Danilewsky. La parasitologie comparée du. sang, 1. Kharkov, 1889, p. 62. (2) L. Rabinowitsch et W. Kempner. Zeitshr. f. Hygiene u. Infectionskr., 1899, t. XXX, p. 266. (3) Wasielewski et G. Senn. Zeütschr. f. Hygiene u. Infectionskr., 1900, t. XXXIIL, p. 460. SÉANCE DU Â71 NOVEMBRE 971 Lorsqu'on examine le sang d’un rat infecté depuis quelque temps déjà, on ne trouve que des trypanosomes arrivés à leur développement complet, ayant , tous la même longueur; pour voir des trypanosomes en voie de développement, il faut injecter du sang avec trypanosomes à un rat d’égout ou à un rat blanc et examiner le sang du quatrième au huitième jour après l'inoculation. Ce sont les inoculations dans le péritoine qui donnent les résultats les plus sûrs, mais les inoculations dans le tissu conjonctif sous-cutané réussissent égale- ment presque toujours. Dans le sang frais, on peut observer quelques-uns des aspects des trypa- nosomes en voie de division, mais c’est seulement sur des préparations de sang desséché et coloré par la méthode de Romanowski ou par celle qui a été indiquée par l’un de nous qu’on peut suivre les différentes phases de la divi- sion. , Dans le sang frais, le trypanosome du rat se présente, comme on sait, sous l'aspect d’un vermicule très mobile garni d’une membrane ondulante qui se termine en flagelle à l'extrémité antérieure. Après coloration par une des méthodes dont il vient d'être question, on distingue dans le protoplasma un noyau allongé situé vers la partie antérieure (a, fig. 1), et, à la naissance du flagelle (d) qui borde la membrane ondulante {c), un corpuscule (b) ayant les réactions colorantes de la chromatine, que nous désignerons sous le nom de blépharoplaste employé par Webber pour désigner des corpuscules analogues dans des cellules végétales (1). Lorsque les trypanosomes vont se diviser, ils augmentent de volume; la longueur des parasites, qui est de 24 à 25 u à l'état normal (flagelle compris), atteint souvent 32 à 35 u ; la largeur est triplée ou quadruplée; en même temps le noyau augmente de volume et le blépharoplaste prend une forme allorgée et se rapproche du noyau (fig. 2). Le flagelle s’élargit au niveau de son insertion sur le blépharoplaste; cette disposition, qui est visible sur les éléments adultes, devient plus apparente sur les éléments qui vont se diviser; la partie élargie du flagelle se colore souvent mal à son insertion sur le blépharoplaste qui est entouré d’une zone claire (fig. 2). A une phase plus avancée, on observe une division du noyau et du blépharoplaste; comme L. Rabinowitsch, Kempner, Wasielewski et Senn le font remarquer, il n’y a pas de règle pour cette division; tantôt c’est le blépharoplaste qui se divise le premier, lantôt c'est le noyau. En même temps que le blépharoplaste, la base du flagelle se divise (fig. 3) et on observe alors, comme dans la figure 4, deux noyaux et deux 1) Nous avons eu l’occasion de comparer au trypanosome du rat, le trypa- nosome de la Dourine et celui du Nagana. Le trypanosome de la Dourine ressemble à ce point à H. Lewisi que, après avoir fait une étude prolongée des deux parasites, nous serions incapables de les distinguer l'un de l'autre dans une préparation microscopique. Les dimensions sont les mêmes. Le trypa- nosome du Nagana a la même structure que H. Lewisi, mais ses dimensions sont un peu plus grandes (30 à 34 à de long au lieu de 25 p). We 4 À Le ; dE ee ll dde te fi A à 3 Ÿ A | ‘#4 164 24 à | Et Te + re" Lt TR OR De 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE blépharoplastes, l’un de ces blépharoplastes ayant un flagelle plus court que l’autre. La division des noyaux peut continuer sans qu'il y ait division du protoplasma, ou bien le protoplasma se divise rapidement, d'où résultent des variétés très grandes dans les aspects du parasite à cette phase de son évolulion. Les figures 5, 6, 7, 8, 10 représentent quelques-uns des aspects des trypanosomes en voie de division; mais pour représenter tous ces aspects, il aurait fallu multiplier beaucoup ces figures. 4, Trypanosome adulte (a, noyau, b, blépharoplaste, c, membrane ondulante d, flagelle). — 2, Trypan. sur le point de se diviser. — 3, Trypan. en voie de divi- sion, il y a deux blépharoplastes. — 4, Trypan. en voie de division (2 noyaux, 2 b é- pharoplastes, 2, flagelles).— 5, Trypan. à un état de division plus avancé. — 6, 1, 8 Trypan. en voie de division par segmentation multiple. — 9, jeune trypanosome. — 40, division d’une forme jeune. (Gross. 1100 D. environ). Tantôt on voit, à côté d'un gros trypanosome, un jeune parasite qui y adhère encore plus ou moins fortement (fig. 5); tantôt le trypanosome a pris une forme ovalaire ou irrégulière, et dans le protoplasma on dis- tingue des noyaux au nombre de 4, 8,16, avec des blépharoplastes et des flagelles en nombre correspondant (1) (fig. 6, 7); tantôt les éléments se (1) On à vu plus haut que la division des noyaux peut se faire avant celle des blépharoplastes ou inversement; il en résulte que, pendant le processus de division, le nombre des noyaux est souvent différent de celui des blépha- roplastes, mais quand le processus est achevé les nombres des noyaux et des blépharoplastes sont les mêmes. Pour voir les flagelles il faut colorer fortement par la méthode de Romanowski, comme l’a fait Wasielewski ou par la méthode préconisée par l’un de nous; lorsque la coloration est insuffisante, on ne voit pas les flagelles dans les éléments en voie de segmentation multiple et l’on obtient des figures identiques à quelques-unes de celles de L. Rabinowitsch et Kempner dans lesquelles les flagelles semblent avoir disparu. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 979 groupent assez régulièrement en rosace (on ne voit plus l’élément mère) (fig. 7,8); tantôt ils sont disposés irrégulièrement et en nombre variable à côté de l'élément mère encore reconnaissable ; enfin les jeunes éléments provenant de la dissociation des rosaces (fig. 9) peuvent se diviser encore après être devenus libres (fig. 10). Lorsqu'on observe des éléments en voie de division dans le sang frais, on constate que les mouvements persistent; ils sont plus ou moins ralentis; cela est en rapport avec l'apparition rapide des flagelles dans les jeunes parasites. En somme, le mode de multiplication des trypanosomes du rat est toujours le même; il y a toujours division du noyau, du blépharoplaste et de la base du flagelle, mais les variétés d’aspects qui résultent de la division simple ou répétée de ces éléments et de la division précoce ou tardive du protoplasma sont nombreuses. - En terminant nous devons revenir sur le corpuscule placé à la nais- sance du flagelle que nous avons désigné sous le nom de blépharoplaste. L. Rabinowitsch et Kempner considèrent ce corpuseule comme un nucléole, Wasielewski et Senn comme un épaississement du périplaste auquel ils donnent le nom de Geisselwurzel (racine du flagelle). Dans certains infusoires et dans des cellules végétales (Colpidium colpoda, anthérozoïdes de certains cryptogames et des gymnospermes), on trouve à la base des cils des corpuscules colorables tout à fait compa- rables à ceux des trypanosomes. La question de savoir si ces corpuscules ou blépharoplastes (1) sont assimilables à des centrosomes est difficile à trancher. On peut opposer à cette interprétation que les blépharoplastes ne paraissent pas inter- venir directement dans la division du noyau. Deux de nos collègues des plus compétents dans ces questions, MM. Henneguy et Guignard, se sont prononcés récemment en faveur de la nature centrosomique des blépharoplastes. Les centrosomes, qui n'avaient été regardés jusqu'ici que comme des organes jouant le rôle de centres cinétiques tenant sous leur dépendance les mouvements qui se manifestent dans l’intérieur de la cellule pendant sa division, doivent être considérés également, écrit M. Henneguy, comme centres cinétiques pour les mouvements externes de la cellule (2). M. Guignard (3) arrive de son côté à cette conclusion que les centro- somes présentent des caractères très variables et que les blépharoplastes de Webber sont assimilables à des centrosomes. (1) Webber. Bot. Gazette, 1897, XXII, n° 6. (2) Henneguy. Rapports des cils vibratiles avec les centrosomes. Arch. d'anat. microse., 1897, p. #95. (3) Guignard. Les centres cinétiques chez les végétaux. Ann, des sc. nat. botan., 1897, t. VI, p. 177. 980 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On peut établir l'existence d’une série de formes de transition ertre les centrosomes vrais éloignés du noyau (spermatogonie de la sala- mandre et des insectes, Meves, Henneguy) et les blépharoplastes analogues à ceux des trypanosomes, qui sont des organes cinétiques externes plutôt que des organes cinétiques internes; nous croyons donc pouvoir conclure que les blépharoplastes des trypanosomes constituent une variété de centrosomes. TROIS NOUVEAUX CESTODES DE REPTILES, par M. ie professeur von RaTz, de Budapest. On sait aujourd'hui que les représentants du genre Zchthyolænia Lônnberg (ou Proteocephalus Weïnland) peuvent se rencontrer non seu- lement chez les Poissons, mais aussi chez les Amphibiens et les Reptiles. Le laborieux naturaliste hongrois Louis Biro a récemment recueilli en Nouvelle-Guinée, chez un Varanus Sp., deux nouvelles formes de ce genre, ainsi qu'un autre Cestode que je laisserai provi- soirement parmi les Zænia s. lat. 4. Ichthyotænia Birdi n. sp. Longueur 32-40 millimètres. Lé scolex est très petit (221 k de long sur 225 pm de large) et porte 4 ventouses hémisphériques un peu saillantes. La partie antérieure du scolex a l'aspect d’un rostre nettement limité, conique, un peu arrondi vers la pointe, et armé de crochets minuscules très serrés. Au sommet se trouve une dépression peu accusée. Le cou est long, d’abord assez épais, puis graduellement aminci. La partie antérieure du corps est filiforme, et la segmentation s’y montre peu distincte. Les anneaux jeunes sont plus larges que longs; les suivants s’allongent peu à peu et deviennent plus longs que larges dès qu'ils atteignent leur complet développement. Les pores génitaux se trouvent en avant du milieu du bord des anneaux, sous la forme d'une petite papille de laquelle émerge quelque peu la poche du cirre ou le cirre lui-même. Ils sont irrégulièrement alternes. La poche du cirre, qui débouche dans le milieu de la papille génitale, est assez grande, cylindrique, mais un peu renflée dans sa moitié interne; elle contient un cirre flexueux. Au milieu de l'extrémité de la poche aboutit le canal déférent, formant de nombreux lacets. Les testicules sont disposés en deux groupes irréguliers au voisinage du tronc longitudinal de l'appareil excréteur. Le vagin s'ouvre immédiatement en avant de la poche du cirre; il se dirige en dedans, puis en arrière, en présentant une dilatation fusiforme. L'ovaire, situé dans le tiers postérieur de l’anneau, est bilobé, à lobes ramifiés et réunis par une bande commune. L'espace interovarien contient le germiducte, la glande coquillière, une seconde dilatation du vagin (receptaculum seminis) et l’origine de l’utérus. Les vitellogènes occupent une large zone en dehors des zaisseaux excréteurs, sur toute la longueur de l'anneau; leurs follicules sont SÉANCE DU 47 NOVEMBRE 981 inégaux. L'utérus se compose d’un tronc médian et de nombreuses branches latérales. Les œufs sont globuleux, larges de 22 &. On voit qu'il s’agit d'un Ichthyotænia typique. Je le dédie à L. Bir6. 2. Ichthyotænia saccifera n. sp. Longueur 10-40 millimètres. Scolexz à 4 ventouses puissantes, hémisphé- riques et saillantes, avec un grand rostre conique armé de très petits crochets serrés. Cou très épais et court. Premiers anneaux plus larges que longs, les suivants s’allongeant peu à peu, de sorte qu’à maturité ils sont au moins une fois plus longs que larges. Anneaux mürs de forme irrégulière, échancrés sur les bords, et montrant sur la ligne médiane une dilatation vésiculaire brunâtre, devenant plus longue et plus foncée dans les derniers anneaux. Pores génitaux en avant du milieu du bord dans les anneaux jeunes, reportés un peu en arrière dans les anneaux ovifères. Poche du cirre courte, globuleuse. Testicules allongés, moins nombreux. Canal déférent à nombreux lacets, derrière la poche du cirre. Vagin débouchant tantôt en avant, tantôt en arrière de cette poche. Ovaire bilobé, non ramifié, à lobes presque fusion- nés en arrière. Utérus médian, très développé, surtout devant l'ovaire; dans les derniers anneaux, il est rempli d'œufs à coque brune, accolés en 2-5-11 amas sacciformes, de sorte que la face supérieure de l’anneau montre un épaississement brunâtre ou noirâtre ; la pression croissante de ces œufs sur les tissus produit une fente ventrale par laquelle ils s’'échappent. On trouve ainsi des anneaux vides et atrophiés (même devant d’autres encore pleins. Cette espèce montre diverses particularités non signalées jusqu'à présent dans le genre Ichthyotænia : rostre armé, segmentation nette, situation alter- nante du vagin, et surtout groupement sacciforme des œufs. D'autre part, elle offre divers caractères anatomiques qui la rattachent à ce genre. Les recherches ultérieures montreront si ce classement doit être conservé. 3. Tænia mychocephala n. sp. Je ne possède de cette espèce qu'un petit nombre d'exemplaires sans anneaux mûrs, et ne puis par conséquent décrire que la morphologie externe, qui témoigne d'une certaine ressemblance avec les Davainea. Longueur 8-9 millimètres. Scolex claviforme, anguleux (uvy6s, coin), large, mais court, et portant # grandes ventouses saillantes, arrondies, armées de très petits crochets disposés en cercles concentriques. Rostre conique, déprimé, avec de fins crochets. Cou épais et court, égalant presque et parfois dépassant en largeur le scolex. Anneaux jeunes plus larges que le cou, mais se rétrécissant ensuite peu à peu. Segmentation distincte : premiers anneaux très larges, mais courts, linéaires; les suivants s’allongeant graduellement, de sorte que dans la seconde moitié de la chaîne ils sont ellipsoïdes, et que les derniers sont presque deux fois aussi longs que larges. Pores génitaux irrégulièrement alternes. Je n'ai vu des organes internes que les larges troncs longitudinaux de l'appareil excréteur, apparents déjà dans la partie antérieure du corps, et les testicules, d'abord médians, puis disposés en deux groupes latéraux. re ’ Lt fnié : Te pu Tee à ELU LS Rs “x 982 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TOXICITÉ DE LA SUEUR DE L'HOMME NORMAL . (Première Note), par MM. le Professeur Marrer et le D' ARDIN-DELTEIL. Divers expérimentateurs se sont déjà occupés de la toxicité de la sueur. Parmi eux, nous citerons par ordre de date : Rührig, Queirolo, Capitan et Gley, Cabitto, Arloing, Charrin et Mavrojannis. Malheureuse- ment, les résultats sont loin d’être concordanls; pour ce qui concerne, en particulier, la sueur de l’homme sain, on voit les uns la trouver peu ou pas toxique (Queirolo, Capitan et Gley, Cabitto, Charrin et Mavro- jannis); les autres, au contraire, la regardent comme très nettement toxique (Rôührig, Arloing). Ayant besoin d'être fixés, pour des recherches pathologiques, sur la valeur exacte de la toxicité de la sueur de l'homme sain, et en présence des divergences entre les auteurs, nous avons entrepris des expériences personnelles. Pour recueillir la sueur, nous nous sommes servis d’une étuve em tôle galvanisée, à forme de sarcophage, dans laquelle le sujet était introduit, sa tête seule restant en dehors de l'appareil. Nous ne décri- rons pas ici ce dernier; nous dirons seulement que, muni à sa partie inférieure d’une gouttière longitudinale dans laquelle venait se collecter la sueur, et qui communiquait avec un robinet extérieur, il était her- métiquement clos et entouré d’une tente en toile dans laquelle cireu- lait l’air chaud fourni par une brasière. Avant chaque expérience, l'appareil était aseptisé, soit par un flam- bage à l'alcool), soit par un brossage énergique au savon antiseptique, suivi d'un lavage à l’eau bouillante. Le sujet en expérience, avant d’être placé dans l'appareil était, lui aussi, aseptisé par un bain suivi d’un savonnage antiseptique; les ongles des pieds et des mains étaient coupés, soigneusement nettoyés ; au sortir du bain, le sujet était « tubé » à l'eau bouillie et séché avec des linges stérilisés à l’étuve sèche. Par notre procédé, nous avons pu recueillir des quantités de sueur variant entre 80 centimètres cubes et 800 centimètres cubes. Cette sueur était recueillie dans des éprouvettes stérilisées, et filtrée jusqu’à limpi- dité parfaite. £Ile était injectée immédiatement, car nous avons remarqué que, quand on la laissait vieillir, elle acquérait des propriétés toxiques. Le lapin est l'animal que nous avons choisi pour nos expériences; l'injection était faite dans la veine marginale de l'oreille et la vitesse d'écoulement graduée à 5 centimètres cubes par minute. | Ce sont nos infirmiers, tous hommes sains et dans la force de l’âge, qui nous ont fourni la sueur. SÉANCE DU 17 NOVEMBRE 983 Nos expériences sont au nombre de 17. Nous les diviserons en deux groupes Dans un premier groupe, qui en contient 8, nous n'avons jamais obtenu la mort du lapin, ni immédiatement, ni ullérieurement ; el cepen- dant nous avons suivi les animaux pendant plusieurs mois. Ce résultat ne peut être attribué à ce que l’on à injecté de trop faibles doses; celles-ci n'ont en effet jamais été moindres de 116 centimètres cubes par kilogramme du poids de l'animal, et nous avons atteint le chiffre énorme de 361 centimètres cubes par kilogramme, en passant par les chiffres intermédiaires de 177, — 240, — 243, — 258, — 285, — 992, Les quantités totales injectées ont été respectivement de 166, — 200, — 220, — 308, — 325, — 380, — 380, — 390. Les symptômes observés ont été les suivants : a) Température. — Abaissement constant de la température, sauf dans un cas. Cet abaissement peut aller de 0°9 à 3°3. Dans un eas, il y a eu hypothermie ; la température est tombée à 33°3. Cet abaissement ther- mique commence à se produire dès les dix premières minutes de l’expé- rience; il s'accentue pendant la durée de l'injection et souvent pendant les cinq ou six heures qui suivent; puis, la température remonte quel- quefois au-dessus de la normale, au bout de vingt-quatre heures elle est redevenue normale. . b) Circulation. — Diminution constante, sauf dans un cas, du nombre des pulsations cardiaques. Cette diminution peut être de 15 à 80 batte- ments. Elle survient d'emblée el se continue pendant un temps plus ou moins long après l'injection; le cœur devient tantôt plus, tantôt moins énergique. c) Respiration. — Les mouvements respiratoires sont considérable- ment diminués de fréquence pendant l'injection; cette diminution est parfois précédée d’une accélération passagère; la respiratiôn peut tomber de 180 à 92, de 136 à 60, etc... . d) Z'ube digestif. — Parfois, pendant l'injection, selles diarrhéiques,; après l'injection, tous les lapins ont eu une diarrhée abondante. e) Peu ou pas de mictions pendant l'injection. Mais, dans les heures qui suivent, mictions nombreuses et abondantes, jamais hématuriques ni hémoglobinuriques. f) Pupille. — Les effets sur la pupille sont inconstants et peu accen- tués. Tantôt ils sont nuls, tantôt on observe une légère dilatation, ou, au contraire, un léger rétrécissement. g) Poids. — Dans les jours qui suivent l'injection, le poids diminue d'environ une centaine de grammes ; les lapins sont affaissés, engourdis, mais ils mangent, et, au bout de cinq à sept jours, le poids est revenu à la normale. h) Système nerveux. — À part quelques frissons et un peu d’assoupis- sement, rien de particulier. CO PORC RTE. à F2 Dar cr Le 2 SN RTS TIME hs. Fe és + = Di e = ANRT EN Co Len CURE RD Te RE 55 LT Nu 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Tous ces effets, nous les avons retrouvés en pratiquant, aux mêmes doses, et dans les mêmes conditions expérimentales, des injections d’eau salée à divers titres, et même au titre physiologique. Nous sommes donc amenés à conclure, pour ce premier groupe d'expériences : La sueur de l’homme physiologique n'est pas toxique; elle produit des effets que l’on peut rapprocher de ceux des solutions. salées et du sérum artificiel. ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE A four. Nombre de votants : 54 MM!LBORREL SOLMLOUX TROP OR EPA PO T7 TOI Jostr to an AU Se AQU LINOSSIERS OUT SES QU, AUTHORS LOIS SI ARE ES URSS MSN CTAUDE 2 6 SOMMAIRE PAR RIRES COURTADES FAST ANNE EMIRON RETENIR ANR ENRTQUEZ UE UN REIN EM HELENE PAR j'te MEILLERES I MINEURES RENE Bulletin blanc : 1 2 four. Nombre de votants : 35 MMS BorReL 220022 Les A0 oi BIT BINOSSIERAL SUNEELC L'ASATHEU REA INRA LOIS ET MUR NÉ EST LOTS ARE E JOUE om Ce TR MRRIOneNEE Bulletin blanc : 1 Le Gérant : OCTAYE PORÉE. Paris «+ Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1900 M. CarLos FRaxçA : Sur le diagnostic de la rage par l'examen histologique des cen- tres nerveux des animaux morts prématurément. — M. Lavera : Paludisme et moustiques; quelques faits recueillis dans le midi de la France et en Corse. — MM. F. LAGrance et V. Pacnon (de Bordeaux) : Des effets à longue échéance de la résection expérimentale du ganglion cervical supérieur sur la tension oculaire. — M. H. Rreaur : Le calcium et le magnésium dans la rate. — M. le Dr H. Crisrrant (de Genève): Histologie des greffes du corps thyroïde chez les reptiles. —MM. Mayer et BERTRAND : Formule leucocytaire du sang de la circulation générale et de celui de la veine splénique dans un cas de fièvre typhoïde anormale et mortelle. — M. le Dr Azezais : Note sur quelques adaptations fonctionnelles des muscles des mem- bres. — M. Pauz Couruonr (de Lyon) : L’agglutination du bacille de Koch par les sérosités tuberculeuses. — M. J. LErèÈvRE : Recherches expérimentales sur la conductibilité de la peau et ses variations avec la température. Présidence de M. Bouchard. SUR LE DIAGNOSTIC DE LA RAGE PAR L'EXAMEN HISTOLOGIQUE DES CENTRES NERVEUX DES ANIMAUX MORTS PRÉMATURÉMENT, par M. Carcos FRANÇA. (Communication faite dans la séance précédente.) Les récents travaux de Van Gehuchten et Nélis sur les lésions histolo- giques de la rage ont montré la possibilité d'en faire le diagnostic par l'examen des ganglions cérébro-spinaux des animaux morts de cette maladie. Tous ceux qui sont chargés d’un service de traitement anti- rabique comprennent quelle haute importance pratique peut avoir un tel procédé de diagnostic de la maladie ; en effet, le diagnostic par les inoculations, qui, souvent, ne réussissent pas, est loujours tardif, de sorte qu’on ne peüt pas compter sur lui pour soumettre ou non les indi- vidus mordus au traitement pasteurien. Les animaux dont les ganglions ont été étudiés par Van Gehuchten et Nélis sont morts par évolution naturelle de la maladie. Or dans la plupart des cas, du moins en Portugal, on envoie à l’Instilut bactériolo- gique des animaux qui sont sacrifiés dès qu'ils ont mordu quelqu'un et qui, par conséquent, sont morts prémalurément. Nous avons cherché si dans ces cas on peut établir, par le microscope, le diagnostic précoce de la rage. Biozocie. Comrrés RENbuS. — 1900. T. LIT, 5 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous nous servons de l'alcool ou du sublimé comme fixateurs et nos coupes sont colorées au bleu polychrome, par le mélange triacide d'Ehrlich-Biondi, ou par la méthode de Romanowsky. Nos observations ont porté sur 14 chiens et 2 chats, parmi lesquels un chat et un chien chez lesquels le diagnostic par les inoculalions a donné un résultat négatif. Dans le bulbe, on note une énorme quantité d'éléments arrondis qui s'accumulent surtout autour des cellules nerveuses, constiluant ce que Babes a décrit sous le nom de nodules rabiques. Ces éléments arrondis se trouvent logés soit à la surface des cellules dans de petites dépressions de celle-ci, soit dans l'épaisseur même du protoplasme cellulaire. Les cellules nerveuses sont toujours altérées dans les régions envahies par les éléments rondss les altérations sont variables, pykno- morphie intense ou achromatose. Quelques-unes se trouvent réduites à de simples débris de protoplasme envahis par les éléments ronds. Les lésions du noyau ne sont pas moins intenses et moins cons- tantes; c'est l’homogénéisalion avec atrophie qui prédomine. Il est fréquent de voir des noyaux dont la chromatine présente le phéno- mène décrit sous le nom de kariorexis, phénomène que Babes décrit comme figures de mitose (Ann. Jnstit. Pasteur, 1892). D'autres sont fragmentés et réduits à une fine poussière. | Les éléments arrondis qui envahissent les éléments nerveux et qui se voient en grand nombre épars dans le tissu nerveux offrent tous. les caractères des noyaux des leucocÿtes mononucléaires, se distinguant nettement et par leurs dimensions et par leur structure des noyaux des cellules névrogliques (1), que nous n'avons jamais vu pénétrer dans l'in- térieur des éléments nerveux. Quelques leucocytes ont un noyau polymorphe. Finalement on constate dans le bulbe des hémorragies, parfois intenses, et des lésions artérielles consistant en une périartérite. Dans les ganglions des animaux que nous avons étudiés, les lésions sont de même nature, variant uniquement selon l’époque à laquelle l’animal a été sacrifié. Nos cas nous ont montré toutes les phases par lesquelles passent ces lésions ganglionnaires, depuis les rares phago- cytes épars dans le tissu conjonctif jusqu'à la formation de véritables nodules qui remplacent les cellules (Van Gehuchten et Nélis). Il nous faut bien accentuer que dans certains cas, le nombre des éléments ronds est très petit, que les altérations cellulaires sont peu prononcées et n'offrent rien de caractéristique; il s’agit évidemment, dans ces cas, d'animaux morts à une période très voisine du début de l'infection rabique. (1) Voir C. Franca et M. Athias : Sur le rôle joué par les leucocytes dans la destruction de la cellule nerveuse. Comptes rendus de la Soc. de Biologie 1899nem/r SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 987 Nous avons observé certaines modifications des Wastzellen des gan- glions : accumulation des granulations autour du noyau, qui prend lui- même une teinte rouge (bleu polychrome), vacuoles du corps de la cel- lule, granulations éparses à distance des cellules. Ces modifications nous ont paru être en rapport avec le processus destructif. % Nos observations sur l'invasion du tissu bulbaire et ganglionnaire par les éléments arrondis, et sur leur nature leucocytaire, sont en parfait accord avec les opinions déjà un peu anciennes de Kolesnikoff (1876), de Coats (1877) et de Babes (1886-1887); ces auteurs ont, en effet, décrit des agglomérations de leucocytes autour des cellules nerveuses, dans le protoplasme desquelles ils pénètrent quelquefois. Conclusions. — 1° Chez les animaux rabiques morts prémalurément, on ne rencontre pas toujours les nodules rabiques ganglionnaires dé- crits par Van Gehuchten et Nélis. 2° Chez ces animaux, il est plus fréquent de ne voir que des éléments ronds extra-capsulaires en quantité plus ou moins grande. 3° Les lésions bulbaires nous ont semblé être plus intenses et plus précoces que les ganglionnaires. 4 On ne doit pas se baser sur les résultats négatifs que age donner l'examen histologique des centres nerveux des animaux morts prématurément pour exclure la nécessilé de soumettre les malades mordus au traitement antirabique (octobre.1900). (Travail du laboratoire d'histologie de l'Institut royal de Bactériologie de Lisbonne.) PALUDISME ET MOUSTIQUES; QUELQUES FAITS RECUEILLIS DANS LE MIDI DE LA FRANCE ET EN CORSE, par M. LAVERAN. Les Culicides du genre Anopheles paraissent seuls susceptibles de servir à la propagation du paludisme; des fails nombreux favorables à cette opinion ont été publiés déjà, mais il évident qu'avant de conclure il faudra s'assurer, par des recherches poursuivies dans un grand nombre de localités palustres situées sur des points variés du globe et à différentes latitudes, que les Anopheles se rencontrent toujours là où sévit le paludisme. Pendant l'été de 1899 j'ai étudié les moustiques aux environs de Montpellier et dans la région d’Aigues-Mortes. À Montpellier et dans les environs, qui sont salubres, j'ai recueilli des moustiques souvent en grand nombre, mais il s'agissait toujours de Culex. 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Au mois d'août, les moustiques étaient si nombreux dans le village de - Lattes, sur la petite ligne ferrée qui relie Montpellier à Palavas, qu'en plein jour les habitants étaient obligés d'allumer des feux dont la fumée éloignait les moustiques. J'ai recueilli à Lattes des moustiques en gr#nd nombre (adultes ou larves) et je n'ai pas trouvé un seul Anopheles. Dans la ville d’Aigues-Mortes, on ne contracte pas le paludisme; maïs l’'endémie palustre règne encore dans les campagnes voisines avec une assez grande intensité, bien qu’elle soit moins grave et moins étendue qu'autrefois. La grande extension prise par la culture de la vigne parait avoir joué un rôle important dans la décroissance de l’endémie. Beaucoup de marécages ont été desséchés et transformés en vignobles ; la culture de la vigne a très bien réussi dans le sol sablonneux de cette région, le bien-être des habitants a augmenté, ce qui est une bonne condition pour la prophylaxie du paludisme. Tous les moustiques recueillis dans la ville d’Aigues-Mortes que j'ai examinés appartenaient au genre Culex; PIÉSQUE toujours il s'agissait de C. pipiens. Aux environs d’Aigues-Mortes, j'ai recueilli des Culex en abondance et aussi, sur plusieurs points, des Anopheles, Les localités dans lesquelles J'ai noté la présence des Anopheles sont précisément celles qui m'avaient été signalées comme les plus insalubres. Dans tous les cas, il SAS de À. claviger. Les Culexz appartenaient à plusieurs espèces, mais l’une de ICEER espèces surtout abondait au mois d'août et J'ai eu beaucoup à en souf- frir au cours de mes excursions aux environs d’Aigues-Mortes. Il s'agit d'un Culex dont les tarses sont annelés de blanc et qu'il faut rapporter, je crois, à C. penicillaris. Au mois d'août 1899, j'ai visité aussi la Camargue, mais à cet époque les moustiques et les fièvres étaient très rares de cette région; je n'ai recueilli que des Culex en petit nombre. Cette année, à la suite des inondations du Rhône, il y a eu dans toute la région d'Avignon à la mer, et spécialement en Camargue, des nuées de moustiques qui ont constitué un véritable fléau. Les cultivateurs ne pouvaient vaquer à leurs travaux qu'après s'être recouvert la tête avec un voile de gaze et en protégeant leurs mains avec des gants. Sur beau- coup de points les vendangeurs se sont enfuis sans vouloir terminer la vendange tant ils avaient à souffrir des moustiques. D’après les renseignements que m'envoie M. le D' Troussaint, de Marseille, le paludisme aurait été commun en Camargue à la suite de cette invasion de moustiques. 21 J'ai reçu de Menton (Alpes-Maritimes) des Culicides en grand nombre ; Je n'ai trouvé dans ce lot de moustiques que des Culex pipiens; Menton et les régions voisines sont, comme on sait, indemnes de paludisme. LE eee 7 Vi 9 No mt 3 I CA ET SRE ASS SSS SR æ , rx Li SÉANCE DU 2% NOVEMBRE 989 _ — M. Ferton, capitaine d'artillerie et entomologiste distingué, a bien voulu m'envoyer, par l'entremise de M. le D' Troussaint, une série d'échantillons de moustiques recueillis pendant les mois de septembre et octobre de cette année à Bonifacio et aux environs de cette ville. La ville de Bonifacio est salubre, mais, à proximité, on trouve un grand nombre de localités dans lesquelles l’endémie palustre sévit avec force ; le camp de Monte-Leone et la batterie de Bocca-di-Valle sont de ce nombre. Les moustiques recueillis à Bonifacio appartenaient tous au genre Culex; au contraire, dans les échantillons de moustiques recueillis au mois de septembre au camp de Monte-Leone et à la batterie de Bocca- di-Valle, les Anopheles étaient nombreux; il s'agissait dans tous les cas de femelles de Anopheles claviger gorgées de sang. La récolte des mous- tiques ayant été faite dans les corps de garde, on s'explique facilement ce résultat. Les mâles, qui ne sucent pas le sang, pénètrent rarement dans ies habitations ; d'autre part, les femelles gorgées de sang se lais- sent prendre facilement. Au commencement d'octobre, des Anopheles claviger ont été trouvés encore en assez grand nombre au camp de Monte-Leone et à la batterie de Bocca-di-Valle ; à la fin d'octobre, les Anopheles sont devenus rares, on ne trouvait plus guère que des Culex; c'est aussi à cette époque qu’on voit disparaître les fièvres de première invasion. En résumé, les observations que j'ai faites sur les Culicides du midi de la France et de la Corse sont confirmatives de celles qui ont été faites en Italie et sur différents points des côtes d'Afrique ; elles mon- trent que dans les localités salubres on ne trouve que des Culex, tandis que dans les localités où règne l'endémie palustre on trouve, en outre des Culex, des Anopheles. Tous les Anopheles recueillis aux environs d’Aigues-Mortes ou de Bonifacio étaient des Anopheles claviger. Il serait intéressant de poursuivre cette étude des Culicides dans les autres régions de la France où règne encore le paludisme, notamment aux environs de Rochefort, à Marennes et en Vendée; il est bien pro- bable que là aussi on trouverait des Anopheles. Dans un récent travail, MM. Van der Scheer et Berdenis van Berlekom annoncent qu'ils ont trouvé aux environs de Middelbourg, en Zélande (région très palustre, comme on sait), des Anopheles, À. claviger notam- ment (1). La loi de coexistence des Anopheles et du paludisme sur les mêmes points du globe se confirme donc de plus en plus, et il était intéressant de constater qu'elle s'applique aux régions ltempérées comme aux régions chaudes. (1) Malaria en muskieten in Zeeland. Ned. Tijdschrift voor Geneeskunde, 1900. Deel IE, n° 14 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DES EFFETS A LONGUE ÉCHÉANCE DE LA RÉSECTION EXPÉRIMENTALE DU GANGLION CERVICAL SUPÉRIEUR SUR LA TENSION OCULAIRE, par MM. K. LaGranGe et V Pacuon (de Bordeaux). L'extirpation expérimentale du ganglion cervical supérieur chez le chien produit, entre autres phénomènes, tout un syndrome de troubles oculaires bien connus : enfoncement de l'œil, diminution de la fente palpébrale, rétrécissement de la pupille, etc. Parmi ces troubles prend rang une hypolonte marquée du globe oculaire du côté opéré. Cette hypotonie a été précisément ces dernières années l'objet d'essais d'application pratique à la thérapeutique chirurgicale du glaucome (Th. Jonnesco, Abadie). Or, parmi les troubles consécutifs, chez les animaux tels que le chien et Le lapin, soit à la section du sympathique cervical, soit à l’extirpation du ganglion cervical supérieur, il en est, on le sait, qui sont persistants et d'autres passagers. Dans un rapport présenté récemment à l’Académie de Médecine, Francois-Franck (1) à fait ressortir l'intérêt tout parti- culier que présentait, au point de vue de la physiologie et des appli- cations pratiques, la connaissance exacte des modifications nutritives tardives, résultat de la résection du sympathique. Dans ces conditions, il était intéressant de rechercher si l’hypotonie oculaire consécutive à l’extirpation du ganglion cervical supérieur entrait dans le groupe des phénomènes durables ou dans celui des phénomènes passagers produits par ce traumatisme. Le chien, sujet de ces recherches (chien des rues, poids de 15 kilogrammes, sexe féminin), à subi du côté gauche l’extirpation du ganglion cervical supé- rieur le 4 février 1898; les phénomènes immédiats et habituels furent exces- sivement nets. Aujourd'hui encore l’anima] présente des stigmates tout à fait spécifiques : enfoncement du globe de l'œil, rétrécissement de la fente palpébrale ainsi que du diamètre pupillaire. Négligeant ces faits et tous ceux encore d'ordre connu, voici quelle fut l’évolution des phénomènes relatifs à la tension oculaire. Immédiatement après l'intervention expérimentale le globe oculaire du côté opéré a présenté une hypotonie très nette, comparativement à la tension de l'œil du côté sain. Cette hypotonie a été très manifeste pendant un mois. La tension oculaire explorée au tonomètre Fick-Ostwalt, construit par Verdin, donnait des oscillations de l'aiguille inscriptrice variant pour l'œil droit (côté sain) de + 22 à 4 24, pour l'œil gauche (côté opéré) de + 16 à + 18. À la palpation digitale, différences de tension correspondantes, très bien ressenties. (1) Francois-Franck. Rapport sur un travail de Thomas Jonnesco et N. Floresco (de Bucarest) intitulé : Physiologie du nerf sympathique cervical chez ‘homme (Bull. Acad. Méd., 1900, p. 213-219). SÉANCÉ DÜ 24 NOVENBRE 991 Dès le 15 mars, soit Sif semaines après l'intervention expérimentale, l'hypotonie première est déjà considérablement compensée. L'aiguille du tonomètre donne pour l'œil droit (sain) + 24, pour l'œil gauche (opéré) + 20. La palpation digitale donne des renseignements de même sens. Le 29 mars, les chiffres tonométriques trouvés respectivement pour chacun ‘des deux globes oculaires sont les mêmes; les déviations de l'aiguille oscillent autour de + 24, pour l'œil droit comme pour l'œil gauche. A la palpation digitale on n’apprécie plus de différences de tension. Depuis lors, et à ce jour (24 novembre 1900), la tension du globe oculaire gauche (côté opéré) s’est maintenue relevée. | Dans la physiologie du sympathique cervical et dans l’histoire des faits relatifs au caractère durable ou passager des phénomènes consé- cutifs à l'extirpation expérimentale (chez le chien) du ganglion cervical supérieur, l'hypotonie oculaire doit donc être rangée parmi les troubles passagers consécutifs à ce traumatisme. C'est là la contribution d'étude apportée par cette observation de longue durée (4 février 1898-24 no- vembre 1900). Nous tenons à rester pour l'instant dans le domaine de la constatation simple du fait expérimental. La tension oculaire est essentiellement une manifestation phénoménale résultante, dans la détermination de laquelle entrent des facteurs multiples (valeur du tonus des petits vaisseaux, grandeur de la sécrétion et de l’excrétion des liquides intérieurs de l'œil, qualité propre élastique de la coque oculaire ...). Avant tout, une étude analytique de dissociation intime s'impose donc, qui permettra seule la compréhension synthétique des phénomènes réaclionnels et compensateurs successifs, qui aboutissent à la disparition progressive de l’hypotonie oculaire immédiatement consécutive à l'extirpation expérimentale du ganglion cervical supérieur. LE CALCIUM ET LE MAGNÉSIUM DANS LA RATE, par M. H. Risaur. L'étude de la répartition du calcium et du magnésium chez les êtres vivants, et en particulier chez les animaux, a permis à M. Aloy (1) d'arriver à des conclusions intéressantes au sujet des proportions relatives à ces deux métaux dans les différents organes animaux. Selon Ca bio 2 oo : cet auteur, le rapport Mg serait, d’une manière générale, plus petit que (4) Aloy (J.-F.). Recherches sur.la répartition et le rôle du calcium et du magnésium chez les êtres vivants, Thèse, Toulouse, 1897, 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'unité dans les organes à vie active, plus grand que l'unité dans les organes de soutien. Nous trouvons, en effet, d'après ces analyses, que ce rapport est : 1 dans le cerveau et le muscle. > 1 dans les os, le cartilage, le tissu conjonctif. Mais l'examen de ses chiffres nous montre une exception à cette loi dans le rein, la rate et le pancréas, qui sont cependant des organes à grande activité vilale. C’est ainsi que l’auteur cité trouve comme rap- Ça ; port Ne dans ces trois organes: O Rate : 6,79 (moyenne de deux analyses), Pancréas : 4,05 — Reins : 1,84 — Nous nous sommes demandé s’il ne s'agissait pas dans ces cas d’une exception apparente due à ce qu'aux tissus fonctionnels se trouve associée une certaine quantité de tissu de soutien dans lequel le rapport Ca Le ARRETE Me est supérieur à l’unité- g . Afin d’élucider cette question, nous nous sommes adressé à la rate, organe dans lequel il est extrêmement facile de séparer le tissu de sou- tien du tissu fonctionnel. Nos recherches ont porté sur des rates de bœuf préalablement débar- rassées du sang qu'elles contiennent par une circulation d'eau distillée sous pression de 2 à 3 mètres. Pour chacune d'elles, une certaine por- tion a été soumise directement à l'analyse ; dans l’autre, le tissu de sou- tien et la pulpe ont été séparés par expression et un dosage aété effectué sur chacune de ces deux parties. Après dessiccation et calcination des tissus, le calcium a été dosé sous forme de sulfate après précipitation à l’état d’oxalate ; le magnésium sous forme de pyrophosphate après précipitation à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien. | Voici les résultats de trois dosages : Quantilé de Ca et Mg p. 100 de tissus secs. I II III RATEMO Ale MEME) 0,129 0,153 0,141 Mg 0,054 0,058 0,055 Pulpe:.r 2 mea) 0,247 0,183 0,158 Mg 0,070 0,082 0,067 Tissu de soutien . . . Ca 0,046 0,108 0,098 Mg 0,026 0,025 0,023 SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 993 Ca Rapport Nc: Il Il IT RASOIR ARR. ER OUT EE 2,38 2,62 2,56 Pulpe SÉRIE SRE LR RENAN EE Dao 2,24 2,36 PIS O6 SOUTIEN Eee 1,76 4,3% 4,26 Ca SÉE < Comme on peut le constater, la loi du rapport Ms 2°5 applique pas à [e) la rate de bœuf et l'exception est bien réelle. On remarque cependant que la quantité de magnésium est constamment plus élevée dans la pulpe que dans le tissu de soutien. Les quantités relatives de ces deux parties constituantes de l'organe sont assez variables. C'est ainsi que nous trouvons dans les trois rates analysées, p. 100 de rate sèche : I IT IIT DER CURE ARS ASS 41,5 60,4 13,0 Tissu de ce He NT EAN D NIEES 8,5 39,6 27,0 (Travail du laboratoire de pharmacie de la Faculté de Toulouse.) HISTOLOGIE DES GREFFES DU CORPS THYROIDE CHEZ LES REPTILES, par M. le D' H. Crisrrant (de Genève). L'étude des greffes du corps thyroïde a été faite jusqu’à présent excelu- sivement chez des mammifères. J'ai institué une série de recherches sur l’évolution de ces greffes aussi chez les autres classes de vertébrés. Les reptiles se prêtent très bien à cette étude, d’abord parce qu'ils supportent parfaitement cette opération, après ablation partielle ou même totale du corps thyroïde, et ensuite parce que l'étude histolo- gique des greffes à des stades différents est ici relativement plus facile que chez les mammifères. En effet, l'étude histologique des différents tissus est généralement aisée chez les reptiles : les éléments cellulaires et les organes qu'ils composent présentent la plupart du temps une netteté très grande et se montrent sous un aspect pour ainsi dire schématisé, qui permet d'en déchiffrer les altérations avec plus de facilité. Mes expériences de greffe thyroïdienne chez les reptiles ont porté sur des couleuvres, des vipères, des lézards, des orvets et des tortues. 994 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE J'ai déjà exposé précédemment (1) la technique opératoire et les détails anatomiques regardant l'extirpation du corps thyroïde chez les différentes espèces de reptiles dont je me suis servi dans ce but. Je n'ai qu'à ajouter aujourd'hui que l'organe extirpé a été greffé tantôt en partie, lantôt en tola- lité, soit dans le péritoine, soit sous la peau des animaux. Il à élé parfois greffé au même animal auquel il avait été extirpé, d’autres fois à un animal de la même espèce (l'étude des greffes croisées avec des animaux d'espèce différente fera l’objet d'un travail ultérieur). Daws la règle, les greffes reprennent très bien dans leur nouvel emplace- ment : la réorganisation se fait par le même procédé aue nous avons décrit chez les différents mammifères, mais présente cependant quelques particu- larités. La régénération du tissu thyroïdien est ici généralement très rapide, mais on observe des différences assez remarquables selon qu’on opère les animaux au printemps ouen été, période où leur vie organique est très active, ou bien en automne ou en hiver, période pendant laquelle leur vie est ralentie et pour ainsi dire suspendue. Il existe même à cet égard un rapport direct entre la fréquence de la pulsalion cardiaque (réduite au minimum en hiver) et la rapi- dité d'organisation les greffes. En outre, les greffes chez les lézards et les orvets se réorganisent beaucoup plus rapidement que celles des couleuvres et des vipères, mais cela ne lient pas à des différences organiques, mais bien au fait que les premiers ont un corps thyroïde d’une extrême ténuité, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer dans mon étude sur la thyroïdectomie chez les lézards. J'ai en outre déjà insisté, en étudiant les grel'es thyroïdes chez les mammifères, sur l'impor- tance qu'avaient pour la rapidité et la sûreté de la réussite de celles-ci les dimensions de la glande ou de la fraction de glande greffée. Ce qui frappe encore en étudiant les premiers stades de l’évolution des greffes thyroïdiennes chez les lézards, c'est le fait que les altérations régres- sives et nécrotiques initiales sont moins marquées que chez les mammifères. Cela est dù à plusieurs causes. En premier lieu, l'organe thyroïdien chez ces animaux, n’a presque pas d'épaisseur et peut vivre par conséquent par osmose; en outre, les tissus des reptiles sont de par leur nature plus résistants et pos- sèdent une puissance de régénération beaucoup plus remarquable que chez les mammifères. En troisième lieu, cette diminution des altérations régres- sives observée chez les reptiles est plutôt apparente que réelle. En effet, les glandes thyroïdes des reptiles ont une structure un peu diffé- rente de celles des mammifères; elles présentent des alvéoles peu nombreuses, mais très grandes (je me propose d'exposer et de figurer ces différences en détail, dans un mémoire plus étendu sur ce sujet). Lorsqu'on examine des coupes d’une pareille glande thyroïde à un faible grossissement, on voit de grands espaces de forme plus ou moins arrondie, remplis par de la substance colloïde et limités par de minces cloisons; contre ces cloisons se trouvent appliquées en couche unique et régulière les cellules, épithéliales cubiques qui revêtent les alvéoles thyroïdiennes. Les espaces inter- (1) Cristiani. I fets de la thyroïdectomie chez les reptiles. Arch. de Physiol., 1895, SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 995 alvéolaires sont en général de dimensions minimes; il s'ensuit que la partie qui subit les altérations, soit les cellules épithéliales et le tissu conjonctif, ne constitue qu'une partie minime de la préparation, contrairement à ce que j'avais décrit chez les mammifères. % Il faut étudier à un fort grossissement ces travées séparant d'immenses blocs colloïdes pour apercevoir les lésions. On constate alors un gonflement des cellules cubiques des alvéoles qui deviennent troubles et dont les noyaux peuvent cesser d’être visibles ; le revêtement épithélial des alvéoles présente souvent une forte desquamation qui fait qu’un grand nombre de cellules plus ou moins altérées peuvent se trouver dans les cavités des alvéoles, mélangées à la substance colloïde. L'iofiltration du tissu conjonctif interstitiel est visible, mais relativement peu abondante. L Si, au lieu des greffes de lézard ou d'orvet, nous étudions les glandes thy- roides greffées de couleuvres ou de vipères, glandes qui ont une forme plus ou moins arrondie, nous voyons avec peu de différences se répéter tous les _ stades de régénération que nous avons décrits chez les mammifères. La coupe d’une greffe de quelques jours nous présente à considérer deux zones bien distinctes, une zone périphérique plus ou moins épaisse, nettement thyroïdienne, et une partie centrale présentant un aspect embryonnaire ou inflammatoire, où l’on reconnaît à un fort grossissement d'anciennes alvéoles dégénérées ou nécrosées et de nombreux vaisseaux s’avancant vers le centre et rampant entre des groupes de cellules d'infiltration. Les rapports entre l'étendue de la couche périphérique régénérée et la partie centrale en travail de régénération sont en raison directe de l’âge de la greffe, c'est-à-dire que plus la greffe est âgée, plus la partie nettement thyroïdienne est développée. Il faut cependant remarquer que cette régénéralion n’est pas indéfinie et qu'ici, comme chez les mammifères, la formation de nouvelles alvéoles dans la partie centrale peut s'arrêter : j'ai observé cela sur de grosses greffes arrondies de couleuvres et de vipères. L'organe thyroïdien ainsi greffé n’a aucune tendance à s’atrophier : il s'or- -ganise de mieux en mieux et les vaisseaux artériels de nouvelle formation dont il avait tiré sa première nutrilion sur son nouvel emplacement pren- nent de plus en plus les caractères des vaisseaux séreux, à parois suffisam- ment épaisses et munis de toutes les tuniques classiques. Des greffes pratiquées au commencement du printemps et extirpées fin automne, âgées donc de plus de six mois, et ayant fourni toute la période active de la vie annuelle d’un reptile, présentent une structure thyroïdienne parfaite ; il serait complètement impossible à une personne non prévenue de reconnaître qu'il s’agit bien d’une greffe et non d'un corps thyroïde normal, Nous pouvons donc conclure que le corps thyroïde des rerptiles est susceptible d’être greffé comme celui des mammifères et que ces greffes présentent, même longtemps après l'opération, {ous les caractères mor- phologiques du corps thyroïde normal, sans aucune tendance à l'atrophie. 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FORMULE LEUCOCYTAIRE DU SANG DE LA CIRCULATION GÉNÉRALE ET DE CELUI DE LA VEINE SPLÉNIQUE DANS UN CAS DE FIÈVRE TYPHOÏDE ANORMALE ET MORTELLE, j par MM, Mayer et BERTRAND. Les cas de fièvre typhoïde sans lésion des follicules lymphoïdes de ._l’iléon sont exceptionnels, M. Lesieur en a récemment réuni quelques cas (1). Une nouvelle observation semblable vient d’être recueillie par lui et il doit prochainement la publier. Le sujet avait une forme articulaire de l'infection éberthienne, sans lésion intestinale, avec endocardite. Le sang général fournit des cultures pures du bacille d'Éberth, la séro-réaction était positive, mais les ense- mencements du sang et du suc spléniques furent stériles. Ayant étudié pendant la vie, vers la fin du deuxième septennaire, le sang de la circulation générale et après la mort celui de la veine splé- nique, nous exposerons ici les résultats de cet examen et leur signifi- cation. Voici les chiffres fournis par la numération des leucocytes : 1° Sang de la circulation générale. Première numération, 19 octobre 1900 : Nombre total . . . 13.801 Polynucléaires . . 91 p. 100 Mononucléaires . . 9 — Deuxième numération, 21 octobre : Nombre total. . . 414.801 < Polynucléaires . . 93 p. 100, dont 62 petits, 30 moyens, 8 grands. Mononucléaires . . 7 — Troisième numération, 23 octobre : Nombre.total . . . 10.000 | Polynucléaires . . 91 p. 100, dont 75 petits, 20 moyens, 5 grands. Mononucléaires . . 9 — Quatrième numération, 27 octobre : Nombre”total . . . 18.904 Polynucléaires . . 94 p. 100, dont 60 petits, 40 moyens. Mononucléaires . . 6 — 20 Numération du sang de la veine splénique, 29 octobre : Nombre total . . . 22.400 Tous mononucléaires et de dimension moyenne. (1) Province médicale, 27 octobre 1900. TA Let. à el TP A Er DRE RS RE TT OS CP CLS nl CT ES RE CE FE Me , È ca £s : Nes , A" SEANCE DU 24 NOVEMBRE 997 A l’autopsie, outre l'intégrité de l'intestin et l'endocardite, on constata que la rate avait sa dimension, sa consistance, son aspect à la coupe absolument conformes à l’état normal. L'examen microscopique sera fait ultérieurement. Conformément aux travaux récents sur la form vu leucocytaire du sang des typhisants (1), ce sujet n’a pas présenté l’hypoleucocytose des cas réguliers tendant à la guérison, mais une hyperleucocytose notable, surtout polynucléaire. Il semble établi que la première de ces conditions et le cantonnement du bacille d’Eberth dans la rate comme foyer principal soient néces- saires pour la TETE régulière de la lutte de l’économie contre l'infection. : -Dans ce cas, la rate était restée indifférente au processus infectieux, L'hypoleucocytose des cas réguliers est justiciable de deux explica- tions. Elle peut résulter d'une leucolyse exagérée par les phagocytes de la rate, en état de suractivité fonctionnelle, d'où présence dans le sang, surtout celui de la rate, de produits solubles bactéricides. Elle peut tenir à un appel chimiotaxique des leucocytes dans la rate, où se ferait la phagocytose du bacille, attiré lui-même dans cet organe. Dans quelques cas mortels (non dans tous sans doute) dont le malade en question serait un exemple, en raison de conditions qui restent à déterminer, l’un ou l’autre de ces processus ou tous les deux manque- raient. Sans regarder cette théorie comme démontrée, nous croyons légitime de l’exposer comme indication pour des recherches ultérieures. Nous ferons remarquer en outre deux particularités intéressantes chez notre sujet : d'abord le contraste complet de la formule leucocytaire qu'il a présentée avec celle de la variole établie par M. J. Courmont (2), puisqu’au lieu de mononucléaires en grand nombre, c’étaient presque uniquement des polynucléaires qu'abandonnaient au sang les organes hématopoiétiques; en second lieu, le caractère exclusivement mononu- cléaire des leucocytes du sang de la veine splénique chez notre sujet, tandis que les polynucléaires nombreux du sang général étaient la plu- part de petit volume et comme avortés. C’est un argument valable en faveur de l’origine étrangère à la rate de ces éléments et de leur production exagérée et hâtive sous une forme imparfaite par suite d’une excitation morbide de la moelle des os, ce qui est conforme aux idées très vraisemblablement justes d'Ehrlich. (4) Martel. Leucocytose dans la fièvre typhoïde, Thèse de Lyon, 1898-1899, n° 460. — Courmont et Barbaroux. Leucocytose et polynucléaires dans la fièvre typhoïde, Journal de physiologie et de pathologie générale, 1900, p. 570. (2) J. Courmont et Montagard. La leucocytose dans la variole, Journ. de phy- siologie et de pathologie générale, 1900, p. 557. 998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On pourrait supposer aussi, d'après une idée émise par Dominici A), que les mononucléaires nombreux du sang splénique étaient des élé- ments non arrivés à la maturité et destinés à se transformer en polynu- cléaires, mais leur différence de volume avec les polynucléaires du sang rend celte hypothèse peu plausible. Elle a d’ailleurs contre elle la pro- babilité beaucoup plus grande de l’origine myélogène de ces éléments. (Travail du laboratoire de pathotogie générale de la Faculté de Lyon.) NOTE SUR QUELQUES ADAPTATIONS FONCTIONNELLES DES MUSCLES DES MEMBRES, par M. le D'° Azezaïs. Les données que j'ai pu recueillir sur un certain nombre de Rongeurs ayant des fonctions locomotrices variées (Sauteurs, Fouisseurs, Grim- peurs) me permettent de formuler les deux conclusions suivantes: 1° Chez le Fouisseur (Marmotte) et chez le Grimpeur (Écureuil), les muscles des segments terminaux des membres ont un développement relatif beaucoup plus grand que chez le Sauteur (Lièvre, Gerboise). 2° Chez le Sauteur (Lièvre, Gerboise), à un moindre degré chez le Grimpeur (Écureuil), les insertions musculaires tendent à se restreindre et à se concentrer près de l'extrémité proximale des os. La première conclusion s'appuie sur les faits suivants : L'avant-bras de l'Écureuil et de la Marmotte présente un modelé assez accentué dû au développement dès muscles. Tous les muscles prono- supinateurs existent et sont charnus. Le corps du long supinateur chez la Marmotte descend jusqu'au poignet et se termine par une double insertion sur l'extrémité inférieure du radius. L'existence de ces muscles se rattache à la prono-supination dont jouissent ces animaux. Le fléchisseur perforant des doigts est surtout d'origine antibrachiale. Ce sont les faisceaux antibrachiaux qui constituent la partie la plus puissante du muscle et donnent naissance au tendon commun sur lequel viennent s'insérer les faisceaux d'origine humérale. Les fléchisseurs des orteils prédominent sur l’extenseur du pied (jumeaux cruraux). Le poplité a une action rotative interne sur la jambe. Le tibial antérieur est volumineux et produit la rotation interne du pied. (4) Dominici. Sur l’histologie de la rate normale, Arch. de méd. expérim., 4900, p. 563. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE, 999 Les muscles de la main, surtout chez la Marmotte, sont volumi- neux. Les doigts et les orteils ont des mouvements de latéralité qui sont dus, pour les premiers, à la multiplicité des tendons extenseurs, au nombre de deux pour chaque doigt; pour les seconds, à l’action des interosseux. Chez le Sauteur, les segments distants des membres sont au contraire remarquables d'une façon générale par la longueur des tendons et la gracilité des corps charnus. Il faut en excepter les jumeaux cruraux (museles extenseurs du pied) qui sont volumineux et ont des caractères qui semblent spéciaux aux Sauteurs. Le chef supérieur du jumeau externe est en relation avec la rotule por un ou deux faisceaux charnus, et le tendon d'Achille est relié à certairs muscles de la cuisse par des brides tendineuses ou de vrais tendons (Lièvre). À côté de cette disposition spéciale aux jumeaux, on voit les prono- supinateurs grêles ou absents, parce que l’avant-bras est immobile; le fléchisseur perforant des doigts surtout d'origine humérale; ses faisceaux antibrachiaux sont grêles; le fléchisseur des orteils est bien moins déve- loppé que le fléchisseur du pied. Je signale en passant l’évolution intéressante que suit le fléchisseur perforant des doigts. Chez le Sauteur, où il est peu puissant, il vient surtout du bras; chez le Grimpeur et le Fouisseur, où il est mieux déve- loppé, il est surtout antibrachial. Chez l'homme qui présente ce muscle à un plus haut degré de perfectionnement, toute insertion humérale a disparu à l’état normal, et l’origine est uniquement antibrachiale. À l'appui de la seconde conclusion que j'ai formulée, je citerai les faits suivants : Chez le Sauteur (Lièvre), le grand rond s'insère au cinquième supé- rieur de l’humérus, tandis qu'il se fixe au quart ou au tiers de l’os chez Cavia, Dipus, Arctomys, Mus. Le demi-tendineux et le demi-membraneux s’insèrent chez le premier au cinquième supérieur de l'os, au tiers, au quart, ou à la moitié de l'os chez les autres types. Le tibial antérieur s'insère au sixième supérieur de tibia chez le Lièvre, au tiers ou au quart supérieur chez Laurios et Arctomys. Les vastes du quadriceps se fixent sur la face antérieure du grand trochanter, le col fémoral et l'extrémité supérieure de la diaphyse chez le Lièvre, tandis qu'ils descendent plus ou moins le long de ses bords et de ses faces chez les autres types. AJ SAC RAT D ES, sr, Né. a ir Tdi 7 7 DL ee Pete = DE 2 Etes pr Al QE r SES ef QE A EE pu tt en enter PUR RS CS DS Ep on NE Ge TS À ‘ent, RS D Du se dr Sr Dir LA ESRI Ce EE 4000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'AGGLUTINATION DU BACILLE DE KOCH PAR LES SÉROSITÉS TUBERCULEUSES, par M. Pauz Courmonr (de Lyon). Depuis 1898 (1) nous avons appliqué à l'étude des épanchements tuberculeux la méthode instituée par M. le professeur Arloing pour le séro-diagnostic de la tuberculose en général avec le sérum sanguin. Nous l’avons fait chez l'homme et l'animal en recherchant surtout le pouvoir agglutinant de la sérosité locale, et comparativement celui du sérum sanguin par la méthode indiquée @), qui est en principe celle de M. Widal pour la fièvre typhoïde. I. Cnez L'HOMME. — Nous avons étudié, principalement à la clinique du professeur Bondet, 135 épanchements des diverses séreuses, soit sûrement tuberculeux (d’après la clinique, la recherche du B. de Koch, l’inoculation), soit sûrement non tuberculeux (hydrothorax, ascites de he .), soit dou- teux. a) Pleurésies. — Sur 31 pleurésies tuberculeuses, 23 fois (soit 74 p. 100) la sérosité a aggluliné à des titres divers (de 1 p. 5 à 1 p. 20), et 8 fois n’a pas agglutiné à 1 p. 5. Nous insistons sur le fait que tous les cas bénins et guéris sont dans la 1° catégorie, et qu’au contraire, sur les 8 cas à séro-réaction DÉgUUME 7 concernent des cas mortels. La sérosité de deux pleurésies puru- lentes n’a pas agglutiné. Dans certains cas, réciproquement, le pouvoir agglu- tinant s'élève à mesure que la maladie guérit. Le pouvoir agglutinant du sérum sanguin peut être égal ou supérieur à celui de la sérosité pleurale; mais assez souvent c'est la sérosité pleurale qui . aggluline plus que le sérum sanguin. Sur 26 épanchements pleuraux strement non tuberculeux, la séro-réaction avec la sérosité a toujours été négative. Sur 16 pleurésies séro-fibrineuses suspectes de tuberculose, la séro-réaction pleurale a été positive 13 fois, gros argument nouveau en faveur de la nature tuberculeuse de la majorité des pleurésies a frigore. b) Péritonites. — Sur 13 péritonites tuberculeuses, le pad a agglutiné dans 11 cas et n’a pas agglutiné dans 2 cas très graves. Sur 20 épanchements sûrement non tuberculeux (ascites de cirrhose, etc.), aucun n'a donné la séro-agglutination. c) Méningites.— Dans trois cas de méningite tuberculeuse, deux fois (enfants) le liquide céphalo-rachidien n’a pas agglutiné; dans un cas (adulte), il n’a donné qu'une réaction faible à 4 p. 5. Avec le sang, sur 7 cas, 5 fois la réac- tion a été négative, et 2 fois positive (adultes). Les humeurs des sujets et spécialement des enfants atteints de grauulie méningée n agglutinent donc pas en général le B. de Koch. Ce fait est à rap- (4) P. Courmont. Séro-diagnostic des épanchements tuberculeux, Soc. de Biol., 1898 ; Presse méd. et Congrès de la tuberculose, Paris, 1898. (2 \ Tous les détails de cette étude paraïîtront dans les Archives de médecine expérimentale, numéro de novembre 1900. Te D) SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1001 procher des séro-réactions négatives presque constantes dans le cas de gra- nulie pleurale. Il faut l’attribuer principalement à la virulence et à la rapidité d'évolution de la tuberculose méningée chez l'enfant, qui ne laissent pas se développer, dans la séreuse surinfectée, la réaction locale qui aboutit à la for- mation de la substance agglutinante. On peut invoquer aussi le défaut de per- méabilité de la séreuse méningée démontrée dans d’autres cas par Sicard; cependant c'est précisément dans les méningites que cet auteur a montré que la séreuse devient pathologiquement perméable. D'autre part, le sérum sanguin élant dépourvu de pouvoir agglutinant dans nos observations, n'aurait pu communiquer au liquide céphalo-rachidien une propriété qu'il ne pos- sédait pas. C'est donc surtout la virulence et la rapidité des lésions méningées qu'il faut invoquer pour expliquer ces cas négatifs. d) Épanchements divers. — Dans vingt-cinq cas d’épanchements divers (hy- darthroses, hydrocèles, kystes séreux, etc.) la séro-réaclion s’est comportée comme pour les pleurésies : négative pour les cas sûrement non tuberculeux (hydrocèle, hydarthrose rhumatismale), positive dans la plupart des cas de tuberculose, et dans un grand nombre des cas suspects. IL. Cnez L'ANIMAL. — Les épanchements expérimentaux non tuberculeux (dipbtériques, septicémiques, etc.) n’agglutinent pas le bacille de Koch. Quant aux épanchements tuberculeux, il faut distinguer. Par inoculation pleurale d’une tuberculose très virulente tuant l'animal en trois ou quatre semaines, on ne détermine ordinairement pas la réaction agglutinante, soit du sang, soit du liquide pleural. Par inoculation d’une tuberculose très atténuée, on développe dans les humeurs (liquide pleural ou péritonéal no- tamment) un pouvoir agglutinant très net, variable avec les espèces animales. Celui-ci ne dépasse guère 1 p. 20 ou 1 p. 40 chez le cobaye; il peut dépasser 4 p. 600 chez le chien (1). Chez ces deux espèces animales, nous avons vu, comme chez l'homme, le pouvoir agglutinant de la sérosité locale étre parfois plus élevé que c:lui du sérum du sang de la circulation générale. Comme nous avons vu que les épanchements luberculeux humains n’agglu- tinent ordinairement pas au delà de 1 p. 20, nous voyons que l’homme se rapproche beaucoup du cobaye au point de vue de cette réaction des séreuses, comme il s’en rapproche au point de vuë de la réceptivité à la tuberculose. Conclusions. — De tous ces faits, on peut déduire quelques points. 1° Le diagnostic de la nature des épanchements des séreuses par la séro-agglutinalion du bacille de Koch par ces sérosités elles-mêmes, constitue le procédé le plus rapide de diagnostic expérimental. Une séro-réaclion positive est un signe de très grande valeur en faveur de la tuberculose. Une séro-réaclion négative ne constitue qu'une présomption en sens inverse, puisque certains épanchements tuberculeux ne donnent pas l’agglutination. (1) Ces résultats sont conformes à ce que nous avons déjà publié avec M. Arloing : S. Arloing et P. Courmont. Des causes qui modifient le pouvoir agglutinant dans le sang des sujets expérimentalement tuberculeux. Journal de physiologie et pathologie, 1900, n° 1. Biococie. ComeTes RENDuSs. — 1900. T, If, 76 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Comme pour le sérum sanguin, l'intensité du pouvoir agglutinant d'une sérosité tuberculeuse paraît le plus souvent pour une même espèce animale en raison inverse de la virulence des lésions. 3° Étant donnés les rapports entre le pouvoir agglutinant du sérum sanguin et celui des sérosilés tuberculeuses, étant donné surtout ce fait que celles-ci peuvent avoir un pouvoir agglutinant plus élevé que celui-là, nous croyons qu'il y a lieu d'attribuer, pour la formation ou l'accumulation dans le liquide des séreuses tuberculeuses, un rôle essentiel à la réaction fonctionnelle pathologique de la séreuse elle- même contre l'infection, à côté des autres conditions invoquées. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CONDUCTIBILITÉ DE LA PEAU ET SES VARIATIONS AVEC LA TEMPÉRATURE, par M. J. LEFÈVRE. La fonction protectrice et régulatrice de la peau dans la résistance au froid est mal connue. En dehors des hypothèses passées dans l’ensei- gnement, les travaux de Landoïs (1) et ceux de Greiss, qui concernent l’ensemble des tissus, ne donnent que des échelles de conductibilité. Les recherches de M. Bordier (2) ne font pas mention de la peau et ne . fournissent que des coefficients rapportés à l'air. En tout cas on ne s'est adressé qu’au cadavre, s’interdisant ainsi de découvrir la réelle fonction conductrice du tissu cutané vivant et les variations de son pouvoir protecteur chez l’homiotherme. Pour résoudre le problème, j'ai tenté la détermination de mur cutané sur une épaisseur de 2 millimètres. Il y a 3 coefficients de condustibilité : hk, coefficient extérieur ou d'émission vers le milieu enveloppant ; k, coefficient intérieur (proprement dit) ou de transmission à travers le Mur ; l, once profond ou de contact ou de réchauffement à la ne profonde par l'intérieur. En appelant Q la chaleur débitée par l’organisme pendant le temps f, S la surface du corps, À la température cutanée profonde, B superfi- cielle, G la température du milieu extérieur, 37 étant celle du milieu (1) Landois. Traité de physiologie kumaine de Landois; traduction française, Te édition, p. 384. (2) H. Bordier. Conductibilité des tissus. Arch. de physiol., janvier 1898. SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1003 intérieur chez l'homme vers la région sous-cutanée, e l'épaisseur de la peau, au moment du régime, les 3 coefficients sont donnés par les formules : HTINQE sa (B-C) Sé he (A-B)Sé (37-A) St Pour calculer ces 3 coefficients, il faut déterminer d’abord Q par la calorimétrie, À et B aux deux faces de la peau à 2 millimètres, enfin S. Ce travail expérimental a été fait sur l’homme ; le milieu extérieur est l’eau (1). 1° Détermination de Q à la minute. — La méthode employée est, à limmobilité près, exactement celle que j'ai décrite pour la calorimétrie par les bains (2). Les nombres sont déterminés à moins de 1/100. 20 Détermination thermo-électrique de À et B. — Elle se fait avec une pile de contact et une aiguille pénétrante, l’une et l’autre parfaitement isolées contre le froid de l’eau et la chaleur de la main de l'opérateur, et en évitant le réchauffement de la peau par les instruments. A-B et B-C étant d’abord déterminés, on détermine encore A-C. Il y à là un contrôle important, car cette dernière détermination doit fournir un chiffre égal à la somme des deux premières, A-B et B-C. Cette vérifi- cation constante prouve que A-B et B-C sont exacts. 3° Détermination de S. — La surface immergée à 5 degrés est admi- rablement hyperhémiée. On l'habille exactement. Le vêtement ainsi taillé sur le corps a la surface cherchée. On le pèse ainsi qu un morceau s de même étoffe, et l’on a: On trouve ainsi 42.000 centimètres carrés. Proportionnellement, pour le corps entier (moins la tête) on aurait 14.500 centimètres carrés. Justification. — Outre le contrôle expérimental, j'en ai fait un d'ordre mathématique : k, k, l, doivent obéir à la relation k k + kl + lhe— const. Convenablement transformée, cette relation permet de calculer le rapport ë de deux quantités de chaleur, à l’aide des seules données topo- graphiques. Si ces dernières sont bonnes, le rapport ainsi calculé est égal au rapport formé avec les nombres Q et Q' fournis par la calorimé- trie. Cette vérification est très exacte (13,8 au lieu de 13,5; 4,9 au lieu de ASK: etc): (1) On trouvera le détail des expériences et le calcul de justification dans un prochain numéro du Journal de physiologie et de pathologie générale. (2) Calorimétrie par les bains. Arch. de physiol., 1895, 96 et 97. 1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cela garantit l'exactitude des nombres du tableau suivant (c. g.s.). TEMP. DU RÉFRIGÉRANT. h k l Do 0,0016 0,00047 0,074 12° 0,0015 0,00058 0,042 480 0,0015 0,00066 0,027 240 0,0015 0,00075 0,019 300 0,0016 0,00083 0,013 Ce tableau montre que la conductibilité intérieure de la peau est en moyenne 0,0006. Elle est à peu près égale à celle du bois et du liège, à peine supérieure à celle de la laine cardée et de l’édredon (0,00011). La peau résiste à la {ransmission de chaleur 2.280 fois mieux que l'argent et 750 fois moins bien que l'air immobile (4). Le coefficient ne change pas avec la température. Au contraire # diminue beaucoup quand la température s’abaisse. De là cette loi : La peau est 2 fois moins conductrice, c'est-à-dire résiste 2 fois mieux à 5 degrés qu'à 30 degrés. Le coefficient / change rapidement et en raison inverse de la tempé- rature. On a donc cette nouvelle loi : Le coefficient du réchauffement profond est environ 6 fois plus grand à 5 degrés qu'à 30 degrés. Au total, si la peau exposée au froid se dispose pour économiser la chaleur qu'elle reçoit, elle se dispose aussi pour en recevoir le plus pos- sible par sa face profonde, de sorte que, finalement, la perle de chaleur à à degrés est encore deux ou trois fois plus grande que ne l'indique la loi de Newton. (1) M. Bordier, en rapportant les tissus à l’air, trouve des nombres compris entre 1,38 et 4,45. De mon côté je trouve pour la peau 750 par rapport à l'air. Mon résultat place la peau parmi les solides mauvais conducteurs (bois, liège, ouate). Ceux de M. Bordier placent les tissus parmi les gaz immobiles, lesquels ont un pouvoir conducteur presquenul! À ce compte nous pourrions rester nus exposés aux plus grands froids, sans perte sensible de chaleur. Il est visible que M, Bordier a déterminé pour l’air un phénomène de convection. Le Gérant : OCcTAVE PORÉE. Paris : Imprimérie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1003 SÉANCE DU |‘ DÉCEMBRE.I900 M. R. Léeixe : Sur la périodicité, à type généralement tierce, des maxima de l'urée quotidiennement excrétée. — M. R. LÉrne : Relation entre la glycémie et la gly- cosurie. — M. A. Ropet et Mile Zaïpmanx : Injections intra-spléniques de bacilles d'Eberth et coli. — M. Hénocque : Oculaire spectroscopique destiné aux études de micro-spectroscopie. — MM. E. Exrrourz et A. Srcarp : Examens hématologiques au cours de l’éruption vaccinale. — MM. le professeur Marrer et le Dr ARDIN-DELTEIL : Toxicité de la sueur de l’homme. — MM. SasrazÈs et Mars (de Bordeaux): Étude du sang (formule hémo-leucocytaire) dans le zona idiopathique. — M. L. Moxrer : Dosage de l'acide urique. — M. GronGes Haye: Note sur l’état du sang dans un cas de lymphocythémie vraie. — MM. Nosécourt et Bicart : Formules leucocytaires des séreuses chez le cobaye normal. — MM. Norécourt et BIGART : Transformation des polynucléaires et des éosinophiles dans le péritoine du cobaye. — M. Pinoy : Étude expérimentale de l’action du cantharidate de potasse sur le placenta du cobaye (placentite aiguë et placentite subaiguë). — M. L. Narran- Larkier : Mammite tuberculeuse expérimentale du cobaye. — MM. S. ArLoInG et Pauz Couruonr : Étude de l'influence chez le chien d’une inoculation de bacilles de Koch très virulents sur le pouvoir agglutinant déterminé par une première inoculation de bacilles atténués. — MM. Cu. Acnarp .et M. Lorrer : L'épreuve du bleu de méthylène dans la dégénérescencs amyloïde des reins. — MM. Cx. AcxarD et M. Logrer : Les globules blancs dans le rhumatisme.— M. le D' WLaerr: Contribution à l’étude du traitement des tumeurs malignes par le sérum anti- cellulaire. Présidence de M. Bouchard. SUR LA PÉRIODICITÉ, A TYPE GÉNÉRALEMENT TIERCE, DES MAXIMA DE L'URÉE QUOTIDIENNEMENT EXCRÉTÉE, par M. R. LÉPINE. A l'occasion de l’intéressante note de M. Leven (1), je me permets de rappeler que, sous le titre qui précède, j'ai autrefois (2) appelé l'attention sur la périodicilé assez régulière des maxima de l'urée excrétée pen- dant le nychthéméron. D'après mes observalions faites sur l'homme et sur l'animal (chiens, cobayes), ces maxima révèlent souvent pendant plusieurs jours de suite un type tierce très régulier ; puis survient une irrégularilé el une nouvelle période de type régulièrement tierce. Beaucoup plus rarement on observe le type quarte. P, Bert avait déjà ( 1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 948. (2) Lépine, Mémoires de la Société de Biologie, 1882, p. 6. B1oLocie, Comptes RENDUS, —= 1900, T, IE, 71 1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE signalé que l'augmentation du poids des cobayes à la période de crois- sance ne se montre pas sous la forme d’une droite obliquement ascen- dante, mais présente de nombreux zigzags. RELATION ENTRE LA GLYCÉMIE ET LA GLYCOSURIE, par M. R. LÉPINE. J'ai insisté depuis plusieurs années sur le fait que la glycosurie ne dépend pas seulement, comme le croyait Cl. Bernard, de la teneur du sang en sucre (1), mais aussi du degré de perméabilité spéciale du rein pour le sucre; je n’ai jamais pensé qu'il y eut un véritable diabète rénal, mais je soutiens depuis 1895 qu'il y a un élément rénal du diabète (2). Aux faits que j'aiautrefois cités (3) j'ajoute aujourd’hui les résultats d'un certain nombre d'expériences faites sur le chien et instituées de la manière suivante : Ligature des uretères à leur embouchure dans la vessie, par une petite plaie faite à l'hypogastre sur la ligne médiane; puis injection intra- veineuse, en quelques minutes, d’une solution à 8-10 p. 100 de glucose pur dans de l’eau salée physiologique (à 7 p. 1000). Dans plusieurs expériences, la proportion de glucose injecté ayant atteint 4 grammes par kilogramme, l'hyperglycémie immédiate a été énorme; mais, malgré la ligature des uretères, elle n’a pas duré et, au bout de quatre heures, j'ai trouvé généralement une proportion normale de sucre dans le sang. A ce moment je délie les uretères, on y installe des canules, et, bien qu'il n’y eut pas d'hyperglycémie, j'ai constaté que l'urine sécrétée pendant les deux heures consécutives renfermait une proportion d’ailleurs variable de sucre pouvant aller jusqu’à 20 p. 1000. Il importe de ne pas recueillir les portions d'urine immédiatement excrétées qui peuvent avoir été sécrétées avant la libération des uretères. Ces résultats montrent, par une nouvelle méthode, la réalité d’une (1) CI. Bernard avait, comme on sait, fixé approximativement à 3 grammes pour 1000 la proportion minima du sucre dans le sang à partir de laquelle le rein laisse passer le sucre. (2) Lépine. De la nécessité d'admettre un élément rénal dans le diabète. Semaine médicale, 1895, p.383, et,avec plus de détails, Revue de médecine, 1896, p. 94. (3) Notamment ceux-ci que, dans les heures qui suivent l’ablation du pan- créas chez le chien, la glycosurie peut, dans quelques cas, survenir alors que le sang ne renferme pas 2 grammes de sucre p. 1000, et qu'entre la 24 et la 30° heure on voit l’hyperglycémie augmenter, tandis que diminue la glyco- surie. (Lépine, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1895, 7 octobre.) Co dot hote his pot Re à 1 L | : 1 ÿ nu Ü & # * % hé SRI AE né LR or ER. LOS } ns SÉANCE DU 1° DÉCEMBRE 1007 condition rénale de la glycosurie. Il me parait, en conséquence, très probable que le degré de la glycosurie du diabète est en partie sous l'influence de la perméabilité spéciale du rein pour le sucre (4). INJECTIONS INTRA-SPLÉNIQUES DE BACILLES D'EBERTH ET COLI, par M. A. Ropgr et M'° ZAïDMANN (2). Nous nous sommes demandé si, en introduisant directement dans le üssu splénique des cultures de bacilles d'Eberth ou coli, nous ne les mettrions pas dans des conditions particulièrement favorables pour l'élaboration de leurs toxines, et aussi si nous ne provoquerions pas une forme morbide différente de celles que déterminent les autres | modes d'introduction. Nos expériences ont porté sur le chien, et surtout sur le cobaye. Chez le chien, nous avons essayé de pratiquer l’opération à travers la paroi abdominale intacte, mais il est très difficile d'être sùr ainsi que l'injection est poussée dans la rate; plusieurs fois nous avons opéré après ouverture du ventre ; une fois nous avons eu recours à l’obligeance de M. Hédon pour établir une ectopie sous-cutanée de la rate, qui rend extrêmement simples et . sùres l'injection et les ponctions successives. Chez le cobaye, nous avons dans - tous les cas opéré après laparotomie. | Les cultures de bacilles d'Eberth et coli, injectées dans la rate, tuent à dose relativement faible : la dose mortelle est moindre, pour une culture donnée, que dans le péritoine (3). Lorsque la dose est suffisante, les animaux meurent rapidement (en quinze à vingt heures) ; si la mort ne survient pas dans les vingt-quatre heures, généralement le sujet survit. C’est bien le liquide (1) Sur cette question voir surtout : Lépine, loc. cil., 1895 et 1896, et Revue de méd., 1897, p. 833; — Klemperer, Verein für innere Medicin, Berlin, 1896, 18 mai; — Achard et Weill, Bulletin de la Société des hôpitaux de Paris, 1898, p.29; — Richter, Deutsche med. Wochenschrift, 1899, 21 décembre et Zeit- schrift für klinische Medicin, 1900, t. XLI (2) Voir pour plus de détails : Rosalie Zaïdmann, Contribution à l’étude expérimentale du pouvoir pathogène des bacilles d'Eberth et coli. Injections intra-spléniques (Thèse de Montpellier, 1900). (3) A plus forte raison l'injection intra-splénique est-elle plus efficace que l'injection sous-cutanée. On pourra comparer nos résultats à ceux qu'ont obtenus Widal et Lesné en injectant dans la rate diverses toxines ou cultures (Société de Biologie, 10 juin 1899), et à ceux qu'a publiés de Dominicis (XIII° Congrés international de médecine, 1900). Nous ne nous expliquons guère l’ex- trème gravité que ce dernier auteur attribue aux injections intra-spléniques des bacilles d'Eberth et coli chez le chien, encore moins la haute nocivité qu'il prétend trouver à de simples injections d’eau. 1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE injecté dans la rate qui est actif, et non celui qui se répand dans le péri- toine : le passage d’une petite quantité de culture dans la cavité péritonéale, inévitable lorsqu'on opère après laparotomie, est loin de jouer le rôle prin- cipal; bien au contraire, l'efficacité de l'injection est, d'une manière géné- rale, d'autant plus grande que celle-ci est mieux réussie, c’est-à-dire que le liquide ressort moins par la piqüre de l’organé. Nous nous sommes d'autre part assurés que l'injection dans le péritoine est moins efficace à dose égale d’une même culture, même après la laparotomie. Enfin, le tableau anatomo- pathologique n'est pas le même après l'injection intra-splénique qu'après l'injection intra-péritonéale. Ce n’est pas par la création d’un foyer splénique que l'injection dans la rate est particulièrement efficace; elle est assimilable à une injection dans les vaisseaux. Au moment même de l'injection, on se rend compte que le liquide ne dis- tend guère l’organe. La chose est très nette surtout chez le cobaye : par une seule piqüre on peut introduire une quantité considérable eu égard au volume de l'organe, 1 centimètre cube et davantage, avec la plus grande facilité, sans qu'il en résulte d'augmentation sensible du volume. Manifeste- ment le liquide injecté ne reste pas dans le viscère et file par les voies vascu- laires. On peut déjà conclure de là que l’injection intra-splénique équivaut à une injection dans les ramifications d’origine de la veine porte. En pratiquant comparativement des injections intra-spléniques et intra- veineuses, dans des conditions rigoureusement comparatives, nous nous sommes assurés que les suites sont identiques. Les doses actives sont sensi- blement égales pour une même culture. Le tableau anatomo-pathologique est le même. Chez le chien, l'injection dans la rate détermine ces altérations intestinales suraiguës décrites par divers auteurs (notamment par Lépine et Lyonnet pour le bacille d'Eberth), caractérisées par une violente congestion et de l’extravasation sanguine. Chez le cobaye, aussi bien à la suite de l'injection dans la veine jugulaire, que nous avons fréquemment pratiquée, qu'après l'injection dans la rate, on observe des lésions qui diffèrent de ce que donne chez cet animal l'injection intra-péritonéale ; ce sont notamment des alté- rations de l'estomac, pouvant affecter trois degrés, congestion surtout marquée dans la région pylorique, où elle s'accompagne souvent d’un œdème qui infiltre les parois, petits foyers hémorragiques dans la tunique interne, véri- tables ulcérations plus ou moins nombreuses et étendues; une vive congestion du duodénum ; fréquemment de l’œdème transparent, gélatiniforme dans le tissu cellulaire sous-péritonéal au niveau du pancréas, œdème qui entoure cet organe et le distend en dissociant ses lobules ; à cela s’âjoutent de l’épanche- ment séreux ou légèrement hématique dans le péritoine, sans ces dépôts fibrineux que donne l'injection intra-péritonéale ; dans le poumon, des foyers de congestion ou de véritables infarctus; parfois des épanchements séreux dans la plèvre et le péricarde; une tuméfaction des ganglions mésentériques qui sont ramollis ou ecchymotiques ; de la congestion du foie avec îlots de couleur pâle ; la rate est parfois tuméfiée, mais peu et non constamment. L'introduction de ces bacilles dans la rate et dans la circulation géné- Ras RARES à ee, à SEANCE DU 1° DÉCEMBRE 1009 rale donne donc des résultats identiques. L'injection intra-splénique ne crée pas une forme morbide spéciale. La rate n’est pas plus altérée dans le cas d'injection directe dans son tissu que dans le cas d'injection intra-veineuse. Ni dans l'un ni dans l’autre cas, nous n'avons constaté de pullulation no- table des bacilles dans le tissu splénique : les coupes de cet organe ne nous ont pas montré de foyers de bacilles ; les ponctions de la rate, pratiquées chez les chiens après l'injection, dans les cas de survie, nous ont montré que les bacilles y disparaissent rapidement ; parfois dès le lendemain la ponction est stérile. On ne détermine pas mieux un foyer splénique de pullulation bacillaire en injectant dans l'organe de petites quantités de cultures en plusieurs points; cette technique ne fait que diminuer l'efficacité des injections. On ne réussit - pas mieux en réilérant les injections dans le tissu splénique, comme nous l'avons fait chez le chien : les injections successives deviennent de moins en moins actives à dose égale, et les bacilles disparaissent du tissu splénique de plus en plus vite : il s'établit une très rapide immunité, comme dans le cas d’injections intra-vasculaires. La rate ne nous paraît donc nullement, du moins chez les animaux de laboratoire, être un terrain préféré pour les bacilles d'Eberth et coli. Si l'injection dans cet organe est un mode d'introduction plus favorable que l'injection intra-péritonéale, même chez le cobaye, c’est parce qu'elle équivaut à l'introduction dans les vaisseaux. C'est lorsqu'ils sont disséminés dans la circulation générale que ces bacilles sont dans les meilleures conditions pour manifester au maximum leur propriété pathogène. La pullulation des bacilles étant extrèmement restreinte, sinon nulle, c'est d’une intoxication suraiguë qu’il s’agit : on peut donc conclure que c’est lorsqu'ils sont répandus dans la cireula- tion ‘qu'ils trouvent quelque part la condition la plus favorable pour l'élaboration des produits toxiques, que ce soit par le procédé direct de la sécrétion toxique, ou, ce qui nous paraît plus vraisemblable (et ce que nous chercherons à élucider), par le procédé indirect d'altérations fermentalives de certains éléments organiques. Mais la rate ne nous parait pas être un foyer particulièrement favorable, ni pour la création d’un foyer de pullulation de ces bacilles ni pour l'élaboration de leurs toxines. OCULAIRE SPECTROSCOPIQUE DESTINÉ AUX ÉTUDES DE MICRO-SPECTROSCOPIE, 4 par M. HÉNOCQUE. Je présente à la Société un oculaire spectroscopique d'une disposition très simple. Il est essentiellement constitué par un tube de raccord ayant le même 4010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE calibre que celui de l'oculaire ordinaire du microscope et supportant en place de la lentille un plateau percé au centre, auquel est rattaché le spectroscope à vision directe de mon analyseur chromatique. Le spec- troscope est fixé sur une colonnette ou axe vertical au moyen d’une vis à bouton P qui sert également à fixer les disques de l’analÿseur devant la fente du spectroscope. Ce petit appareil est introduit dans le tube du microscope en place de l’oculaire. La figure ci-contre montre le spectro- scope S muni du collier C qui le rattache _ | au moyen du bouton P à l'axe vertical fixé sur le plateau À qui surmonte le tube 1@)) de raccord placé dans le microscope P; D D représentent les deux disques qui se fixent devant la fente du spectroscope pour constituer l’analyseur chromatique ordinaire, indépendant du microscope. M. Pellin construit des raccords corres- pondants aux divers calibres des tubes des divers microscopes. Pour se servir de cet appareil, on étudie d’abord avec le microscope l’objet d'ob- servation, et lorsque la mise au point est bien effectuée, l'on enlève l’oculaire du microscope pour le remplacer par l’oculaire spectroscopique. La recherche du spectre de la préparation est facilitée par la position du spectroscope hors du tube du microscope, qui permet de faire exé- cuter au spectroscope des mouvements de latéralité; on peut ainsi étu- dier les parties les plus ténues d’une préparation. J'ai pu par ce moyen figurer un cristal d’oxyhémoglobine ne dépassant pas le volume de quatre globules rouges du sang, qui présentait néan- moins un spectre caractérisé par la première bande loxyhémoglobine. Les dessins que je montre à la Société représentent les cristaux des divers dérivés de l'hémoglobine à côté de leur spectre; une partie de ces planches a été reproduite dans une étude des cristaux du sang publiée dans les Archives d'anatomie microscopique, tome IIT, fascicule 1, sep- tembre 1899, planches III et IV. vit SÉANCE DU 1° DÉCEMBRE 1011 EXAMENS HÉMATOLOGIQUES AU COURS DE L'ÉRUPTION VACCINALE, par MM. E. ENRIQUEZ et A. SIcarp. Les intéressants travaux de MM. Roger et Weil et de MM. J. Cour- mont et Montagard sur la mononucléose de la varioie, nous ont suggéré l’idée de rechercher si la formule hématologique normale était troublée au cours de l’éruption vaccinale chez l’enfant et chez l’adulte. Déjà MM. Roger et Weil ont signalé ce fait, que la leucocytose de la vaccine chez les adultes vaccinés était une polynucléose peu marquée avec persistance et même augmentation des éosinophiles. Nous avons poursuivi depuis quelques semaines les mêmes études, non seulement chez l'adulte déjà vacciné avec succès, mais aussi chez l'enfant soumis pour la première fois à la vaccination. Nos recherches ont porté sur sept enfants du service de la crèche à l'Hôtel-Dieu ou du service de la consultation, et sur onze adultes du ser- vice de M. Brissaud. L'examen du sang a été pratiqué quotidiennement ou en séries plus ou moins rapprochées, à partir de l'apparition de la vésicule jusqu'au 15° et 16° jour de l’éruption vaccinale, thionine, éosine, hématéine, tria- - cide d’Ehrlich. Voici les résultats obtenus : 1° ExranTs. — A l'état normal, comparés à ceux de l’homme adulte, les glo- bules blancs de l'enfant, jusqu'à l’âge de cinq à six ans, présentent deux particularités intéressantes : d’une part, augmentation globale du nombre des leucocytes (6 à 9.000 par millimètre cube); d'autre part, quantité plus grande des leucocytes mononucléaires. Ces éléments mononucléaires atteignent en moyenne, d’après Fischl, 32 p. 100; d’après J. Courmont et Montagard, 50 p.100; d’après nos examens, qui ont porté sur trois enfants normaux (treize trois et deux mois), 44 p. 100. Ces chiffres peuvent, du reste, être sujets à des variations très notables d’un jour à l’autre, suivant l'alimentation de l’enfant, suivant l'état du tube digestif ou suivant des conditions très indéterminées, comme M. Sabrazès (Congrès de Lille, 1898) etnous-mêmes avons pu le constater. Au cours de l’éruption vaccinale (première vaccination) chez six enfants (deux, trois, six, onze et douze mois), les examens histologiques à peu près quoti- diennerment répétés ont seulement permis de déceler une leucocytose assez marquée (12 à 18.000 globules blancs), portant surtout sur les[mononucléaires, moyens et petits : 60 à 70 mononucléaires pour 40 à 30 polynucléaires neu- trophiles et quelques rares polynucléaires éosinophiles. Cette leucocytose apparaît au 5° jour de la vaccination avec la vésico-pustule, présente une courbe maxima au moment de la pustulation et revient à la normale vers le 45° ou le 16° jour, après dessiccation de la croûte ombilicale, Aucun mononu- cléaire à granulations neutrophiles dans ces quatre cas. Dans un cinquième cas, au contraire, chez un jeune garcon de cinq mois, une éruption vaccinale de six boutons ayant déterminé une réaction fébrile assez intense, 39°4, et assez 1012 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE prolongée (quatre jours), mais sans aucune généralisation éruptive, nous avons pu observer dans le sang quelques rares mais indiscutables mononucléaires à granulations neutrophiles (3 p. 100 environ). 20 Apures. — Tous les malades adultes (onze cas) avaient déjà été vacci- nés avec succès dans leur première enfance. Au cours de l’éruption vaccinale (pustule) produite par la seconde vacci- nation, l'examen hématologique a permis de constater chez quatre sujets une leucocytose légère exclusivement polynucléaire (10 à 12.000); dans sept cas, la formule hématologique est restée normale. Il n'existait dans aucun de nos cas de mononucléaires à granulations. Le liquide des vésicules et des pustules contenait des éléments cellulaires polynucléaires neutrophiles, débris de leucocytes polynucléaires, des neutro- philes, mononucléaires moyens rares, mais sans aucune cellule mononu- cléaire à granulations. 30 Lapins. — Sept lapins ont été inoculés dans la veine marginale de l'oreille avec quelques gouttes de vaccin de génisse. Tous les animaux ont succombé une à trois semaines après l'inoculation, et nos examens hématologiques faits à intervalles plus ou moins rapprochés ont été conformes à ceux de MM. Roger et Weil (1). Il s'agissait d’une leucocytose à mononucléaires non granuleux, sans que jamais nous ayons pu constater la présence de myélocytes (mono- nucléaires granuleux neutrophiles). En résumé, l’éruption vaccinale ne semble pas entraîner, dans la très grande majorité des cas, chez l'adulte déjà vacciné, comme l'avaient déjà vu MM. Roger et Weil, non plus que chez l'enfant, comme nous l'avons vu, les mêmes troubles hématologiques déterminés par la variole. Il'est juste de dire cependant que dans une de nos observations, chez un tout jeune enfant non vacciné jusqu'alors, une éruption vaccinale sévère, mais restée localisée, a provoqué dans le sang une légère réac- tion myélocytaire. Sans doute, au moins au cours de la vaccine, l'intensité de l’éruption et la réaction fébrile consécutive sont des facteurs dont il faudra tenir compte dans la réaction myélocytaire. Il ne peut donc être question ici de loi générale, pas plus, du reste, que l’on ne saurait établir de formule hématologique spéciale à la variole. M. Roger a lui-même montré que les myélocytes pouvaient apparaître dans le sang de la circulation générale au cours de la vari- celle ou de la vaccine généralisée, c’est-à-dire au cours de deux maladies différentes par leurs symptômes et par l'immunité qu'elles peuvent con- férer. Nous avons pu nous convaincre également de la présence de mononucléaires granuleux dans deux cas de varicelle étudiés avec M. R. Monod. (1) Roger et Weil. Inoculabilité de la vaccine au lapin. Société de Biologie, 10 novembre 1900. SÉANCE DU À° DÉCEMBRE 1013 Mais il était intéressant de signaler ces résullats et de montrer que la vaccine pouvait conférer l’immunité contre la variole, sans provoquer de réaction de la moelle osseuse, au moins apparente, dans le sang de la circulation générale. (Travail du laboratoire de M. le professeur Brissaud à l’Hôtel-Dieu.) TOxICITÉ DE LA SUEUR DE L'HOMME NORMAL, par MM. le professeur MatRer et le D' ARDIN-DELTEIL. (Seconde note.) Dans une précédente note (1), nous avons, on s’en souvient, divisé en deux groupes les expériences que nous avons entreprises pour étudier la toxicité de la sueur de l’homme sain. Nous avons exposé les résultats que nous a donnés le premier groupe : nous n'avons jamais obtenu la mort, malgré l'élévation des doses, et les symptômes observés sur les différentes fonctions ont été en tout point semblables à ceux produits par de l’eau salée ou du sérum artificiel. Nous voulons, dans la présente note, exposer les résultats que nous a donnés le second groupe d'expériences. Au point de vue des effets sur les différentes fonctions, température, cœur, respiration, etc., ils ont été les mêmes que dans le premier groupe. Mais, tandis qu'alors nous n'avions jamais provoqué la mort, il n’en à pas été de même ici; 8 fois, sur 9 expériences, le lapin a succombé : 5 fois pendant l’expérience même, 2 fois quelque temps après (6 et 10 heures), 1 fois au bout de 12 jours; une seule fois nous avons eu une survie indéfinie, comme dans les cas du preraier groupe. Dans les cas de mort immédiate, la quantité de sueur injectée a été relativement faible : 185, 117, 106, 92, 44 centimètres cubes par kilo- gramme du poids dun corps; dans les cas où la mort est survenue dans les heures qui suivaient l'injection, cette quantité est montée à 240 et 247 centimètres cubes, c'est-à-dire à un chiffre comparable à celui de nos premières expériences. Les mêmes quantités élevées se retrouvent dans les deux cas où il y a eu survie de l'animal. ; À l’autopsie, on trouve constamment une congestion des différents viscères, sauf de l'encéphale, qui est plus souvent exsangue que conges- tionné; le plus souvent il existait des caillots dans le cœur et dans les gros troncs veineux. Jamais nous n'avons constaté d’urines sanguino- lentes ou de sang dans la vessie; une seule fois, un de nos lapins a pré- senté une hémorragie nasale. (4) Voir Comptes rendus de la Soc. de Biol., 17 novembre 1900. 4014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'où viennent les résultats contradictoires de nos deux groupes d'expé- riences? Nous ferons d’abord remarquer que les sueurs du premier groupe ont été obtenues pendant les mois de mars et d'avril, c'est-à- dire pendant des mois frais, tandis que celles du second groupe ont été recueillies au plus fort de l'été, pendant les mois de juillet et d'août, c'est-à-dire à une époque où les glandes sudoripares, suractivées dans leur fonctionnement, éliminent une grande quantité d’eau. Aussi, si l'on compare la densité et la teneur en chlorure de sodium des deux groupes, on voit : 1° Tandis que la densité des sueurs du premier groupe est respective- ment de 1.003, 1.00%, 1.00%, 1.00%, 1.005, 1.005, 1.005, 1.005, celle des sueurs du second groupe est de 1.001, 1.002, 1.002, 1.002, 1.002, 1.002, 1.004, 1.004, 1.006, c'est-à-dire, d’une facon générale, inférieure à celie du premier groupe. | 2° Tandis que la teneur par litre en chlorure de sodium est, pour les sueurs du premier groupe, respectivement de 3 grammes, 4 gr. 20, 4 gr. 50, 5 grammes, 5 gr. 2, 6 grammes, celle des sueurs du second groupe est de 0 gr: 80,:0'gr..98; 1,gr.12 rer 9; Mer 09 SERA 3 gr. 60, 4 gr. 2. Cette constatation amène à penser que la toxicité de la sueur, dans le second groupe, pourrait bien être en rapport avec la densité et la teneur en chlorure de sodium, c’est-à-dire avec la concentration moléculaire. Lorsque la teneur en NaCI se rapproche de celle du sérum sanguin, la sueur ne tue pas et a des effets physiologiques comparables à ceux d’une solution salée au même titre. Lorsque la sueur tue l’animal, sa teneur en chlorure de sodium s'éloigne considérablement de celle du sérum sanguin en s'éloignant de zéro. Ce qui prouve bien l'influence du taux du chlorure de sodium, c’est que, dans les deux cas du second groupe où il y a eu survie, ce taux était de 3 gr. 6 ét de 4 gr. 2, se rapprochant de ceux du premier groupe. D'ailleurs, si on fait des injections de chlo- rure de sodium à 2 p. 1000, proportion qui se rapproche de la teneur du second groupe en NaCl, on obtient les mêmes résultats, c'est-à-dire la mort de l'animal, aux mêmes doses, avec les mêmes effets physiolo- giques et les mêmes lésions. Nous sommes ainsi amenés à attribuer les effets nocifs obtenus dans notre second groupe d'expériences, à un défaut d’isotonie entre le liquide injecté et le sérum sanguin. Cette manière de voir est confirmée par les résultats que nous fournit la cryoscopie de la sueur. Si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur le tableau ci-dessous, visant la cryoscopie des sueurs du second groupe, on verra que, chaque fois que la mort a été obtenue, soit immédiatement, soit dans les quelques heures qui ont suivi l'injection, le point de congélation de la sueur était fort voisin de 0°, tandis que, dans les deux cas de survie, il se meut dans des limites voisines du point de congélation du sérum sanguin. 13 SÉANCE DU 1°" DÉCEMBRE 4015 QUANTITÉ DE SUEUR RÉSULTATS DENSITÉ . ROSE injectée par kger. de congélation. 92 cent. cub. Mort immédiate. 1002 — 0210 4106 —— — — — 0°20 185 — — 1001 — 0208 44 — — 1002 — 0210 117 — — — — 0044 240 — Mort 6 h. après l'injection. —— — 01% NE, | Mort 10 h. après l'injection. 100% — 0°22 210 _ Survie de 12 jours. 1004 — 0028 240 — Survie indéfiuie. 1006 — 004% Par suite, relativement à la toxicité de la sueur de l'homme normal, nos conclusions s imposent : 1° La sueur de l’homme normal ne rerferme pas de substances toxiques ; ; 2° Lorsque cette sueur tue, elle tue par osmonocivité. ÉTAT DU SANG (FORMULE HÉMO-LEUCOCYTAIRE) DANS LE ZONA IDIOPATHIQUE, par MM. Saprazës et Marmis, de Bordeaux. Le zona idiopathique rappelle dans son évolution la marche des exanthèmes fébriles; la fièvre prodromique, l’adénopathie, la con- tagion ‘et l’épidémicité dans certains cas justifient l'hypothèse de sa nature infectieuse. Il y avait intérêt à étudier le sang des sujets atteints de zona ainsi que le contenu des vésicules zostériennes. Ge sont les premières données fournies par celte étude encore bien incomplète que nous enregistrons ici sous forme de documents cliniques et hématologiques. Nos observalions sont au nombre de six, dont deux comportent des examens hématologiques en série depuis le début jusqu'à la fin de l'éruption. Nous les avons publiées pour amorcer l'étude hématologique du zona. ) Néanmoins, les indications suivantes se dégagent de ces examens. On n'observe pas de modifications appréciables du nombre des glo- bules rouges et du taux de l’hémoglobine dans le cours du zona. Les hématies ne présentent aucune espèce d'alltération. Les globules blanes sont au-dessus de la normale (16.740, 11.780) le premier jour de l'érup- tion ; cette hyperleucocytose augmente les jours suivants (17.980) et peut persister jusqu'au quatrième jour (14.280) ou jusqu'au cinquième. L'augmentation du nombre des globules blancs porte sur les divers types leucocytaires, mais particulièrement sur les polynucléés neutro- 1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE philes et sur les éCosinophiles. Quand survient le stade où le conténu des vésicules devient louche ou purulent (sixième jour), le nombre des globules blancs fléchit, redevient normal ou légèrement hyponormal (6.200, 6.820); la baisse porte principalement sur les polynueléés neu- trophiles et sur les éosinophiles. La période de dessiccation et de desquamation (huitième, douzième jour) est marquée par une nouvelle poussée d’hyperleucocytose totale (16.120, 9.920), parfois avec éosino- philie plus marquée. Puis, au bout de deux septénaires, le sang a récu- péré ses caractères normaux. Dans les vésicules claires, le premier jour de l’éruption, en compte 19 p. 100 polynucléés neutrophiles, 19 p. 100 Iymphocytes, 1 p. 400 grand monucléé; pas d’éosinophiles. De nombreux microbes, se pré- sentant sous la forme de petits bâtonnets très grêles, étranglés au centre, formaient, dans un cas, des foyers de culture dans les vésicules. Les jours suivants, le pourcentage des polynueléés neutrophiles aug- mente dans la sérosité des lésions (96 p. 100); les bâtonnets y devien- nent de moins en moins nombreux. Le sixième jour, dans la sérosité louche, aux polynucléés neutrophiles en voie de désintégration sont associées de nombreuses cellules éosinophiles. Nous n'avons trouvé de myélocytes neutrophiles ni dans le sang, ni dans les vésicules. La formule hémo-leucocytaire plaide en faveur de la nature infec- tieuse du zona idiopathique. : DOSAGE DE L’ACIDE URIQUE, par M. L. Monrer. La méthode de M. Denigès repose sur la précipitation de Pacide urique à l’état d’urate cuivreux par l’hyposulfite de cuivre en présence d'un carbonate alcalin : l’hyposullite de cuivre ne précipite que l'acide urique. Cette méthode n'est pratique qu’à la condition de disposer soit d’une pompe à vide, soit d’une trompe à eau. Le précipité d’urate cuivreux est en effet très volumineux, gélatineux, et se lave difficilement. Nous remédions à cet inconvénient de la facon suivante. I suffit, lorsque le précipité a pris naissance, de verser le tout dans une capsule de porce- laine et de porter au voisinage de l’ébullition. On se sert pour la filtration d'un filtre en papier joseph ordinaire. Ce filtre est plié en quatre et l’on n’en plisse que la moitié; on y jette le : liquide chaud, et la filtration se fait avec une très grande rapidité; on lave à l’eau dislillée chaude jusqu'à ce que le liquide qui s'écoule soit . SÉANCE DU °" DÉCEMBRE 1017 exempt de cuivre, ce dont on s'assure au moyen d’une solution de monosulfure de sodium. Nous arrivons maintenant à la partie délicate de l'opération. Lorsque l’urate cuivreux a été jeté dans la capsule, le dosage du cuivre par le cyanure de potassium doit se faire dans des conditions bien déterminées pour être rigoureusement exact. Selon la proportion d’acide chlorhydrique qui a servi à dissoudre le cuivre, selon la quantité d’am uoniaque et par suite de chlorhydrate d'ammoniaque que contient la liqueur, suivant le degré de concentra- lion de celle-ci, on obtient des résullats dont les variations peuvent être très sensibles; enfin l’'ammoniaque caustique donne des résultats moins constants que le carbonate d'ammoniaque. Ces faits sont démontrés par les expériences suivantes : Soit une solution de sulfate de cuivre pur contenant 1,50 dans 100 centimètres cubes d’eau distillée. Nous y dosons le cuivre par la méthode cyanimétrique en présence de l'ammoniaque, du sel ammoniac el du sesqui-carbonate d’ammoniaque, en ayant soin que la concentra- tion des liqueurs soit toujours la même. SOLUT. DE CUIVRE AMMONIAQUE EAU SOLUT. DE GYANURE 20 c.c. 40 c.c. vec: 24 c.c. 3 20 20 20 20 6 20 10 30 20 SOLUT. DE CUIVRE AMMONIAQUE EAU SEL AMMONIAC 10 p.100 . GYANURE 20, c.c: 6 c.c. 34 C.C. (DMEEREE 20 C.c: 20 6 0 34 21 6 SOLUT. DE CUIVRE CARBONATE D'AMMONIAQUE EAU SOLUT. DE CYANURE MAO! c.c. 3 gr. 40 c.c. 21 c.c. 3 20 à) 40 21 4 20 1 40 21 4 SOLUT. DE CUIVRE CARBONATE D'AMMONIAQUE EAU SEL AMMONIAG 10 p. 100 CYANURE 20 c.c. 3 gr. 10 €.c. 30° c:c- 241 C.c. 2 20 6) 20 20 21 3 20 7 30 10 21 3 Comme il est facile de le voir, le sesqui-carbonate d’ammoniaque donne des résultats beaucoup plus constants que l’ammoniaque caus- tique dans le dosage cyanimétrique du cuivre. Ces faits d’ailleurs ont été signalés par Fleck (1), qui proposa la substitution du carbonate à la solution d'ammoniaque. (1) Polytechn. Centralblatt, 1859, 1018 SOCIÉTÉ D£ BIOLOGIE Ce qui précède nous à amené à conduire de la façon suivante l’opé- ralion du dosage de l'acide urique dans l'urine. On prend de l'acide chlorhydrique pur de densité 1.17 — 22 degrés Baumé, que l’on étend de son volume d’eau distillée. Si le précipité d'urate cuivreux réuni dans la capsule est moyenne- ment abondant, on le traite par 2 centimètres cubes de notre solution chlorhydrique et 40 centimètres cubes d’eau; on SJOUE quelques gouttes d’eau bromée et d’hypobromite de soude, puis peu à peu et par petites fractions, 4 grammes de sesqui-curbonate d'ammoniaque en poudre. Si le précipité d'urate est abondant, on le traite par 3 centimètres cubes de notre solution chlorhydrique et 60 centimèlres cubes d’eau; on ajoute l’eau bromée et l'hypobromile, puis peu à peu 6 grammes de sesqui-carbonate d’ammoniaque. En opérant dans ces conditions, nous avons pu nous rendre compte que le dosage de l'acide urique était à la fois simple, rapide et très exact. NOTE SUR L'ÉTAT DU SANG DANS UN CAS DE LYMPHOCYTHÉMIE VRAIE, par M. GEORGES HAYEM. Dans une communication antérieure (22 avril 1899), j'ai montré que les petits mononucléaires du sang comprennent deux variétés distinctes : les opaques ou colorés etles clairs, incolores. Les premiers sont Les vrais lymphocytes. Les faits anatomo-pathologiques concernant les diverses espèces de mononucléose montrent l'importance de cette distinction. Il existe une leucémie à petits éléments déjà apercue par Virchow, à laquelle on a donné le nom de Iymphatique. Elle peut suivre une marche rapide ou être chronique comme la leu- cémie myélogène vulgaire. Dans la forme chronique, que j'ai étudiée avec G. Lion, les mononucléaires appartiennent à la variété claire, inco- lore, etilme semble bien que dans les cas Lo à présent par les auteurs, il en a été de même. Je viens d'observer pour la première fois un cas où les éléments pré- sentent incontestablement les caractères des lymphocytes vrais. Il concerne un jeune enfant d'environ trois ans, que j ai vu en consul- tation avec plusieurs de mes confrères de Strasbourg et dont l’observa- tion intéressante sera probablement publiée par eux. La maladie a duré environ cinq semaines et a présenté le type clinique que nous a fait connaitre Frænkel. Le professeur Naunyn, qui avait fait des préparations du sang par le procédé d'Ehrlich, avait reconnu que les éléments multi- pliés étaient uninucléés, pauvres en protoplasma et dépourvus de gra- nulations neutrophiles. SÉANCE DU 1° DÉCEMBRE 1019 Il a bien voulu me confier un certain nombre de lamelles de sang desséché sur lesquelles j'ai pu faire les observations suivantes, après avoir coloré les unes par la thionine et les autres par l'éosine et l’'hématéine. Le sang renferme une quantité considérable de globules blancs; il est franchement leucémique et aussi riche en leucocytes que dans la leucémie myélogène à marche lente. Les éléments multipliés sont tous des mono- nucléaires petits, moyens ou gros ; quelques-uns atteignent presque le volume des myélocytes. Les plus petits sont de la taille FE globules rouges ou un peu plus gros seulement. Ils ont un corps protoplasmique fortement coloré par la thionine, pauvre, presque entièrement rempli par un noyau plus clair, assez souvent échancré ou réniforme. Dans les préparations traitées par l’éosine et l’hématéine, ces petits éléments se présentent sous l'aspect de corpuscules presque entièrement remplis par un noyau foncé sur un des côtés duquel on distingue une lunule protoplasmique colorée par l’éosine. Ces éléments sont absolument analogues à ceux de la lymphe. Mais à côté d’eux et en nombre nettement plus considérable, existent des élé- ments plus gros, atteïgnant ou même dépassant sensiblement le dia- mètre des polynucléaires. | Les préparations faites avec la thionine permettent de voir que ces éléments sont de la même nature que les plus petits. Ils sont constitués par un noyau mal limité, faiblement coloré, entouré d’une très petite zone de protoplasma basophile. Le noyau est le plus souvent pâle, nuageux plulôt que granuleux, vaguement lobulé ou fendillé, parfois divisé en deux parties ressemblant à des cotylédons. Le plus souvent il remplit si complètement le disque protoplasmique que celui-ci est réduit à quelques trainées de granulations foncées, formant parfois de petits croissants ; plus rarement le protoplasma est'assez abondant pour des- siner un petit anneau incomplet plus ou moins granuleux. Dans quelques rares éléments la masse nucléaire est fortement colorée et séparée en deux masses polaires représentant peut-être un processus de mitose. Les mêmes éléments se présentent dans les préparations traitées par l’éosine el l’hématéine sous l'apparence de noyaux qui au premier abord paraissent presque tous libres; ils sont faiblement teintés, lobulés ou comme chiffonnés. Presque toujours on peut reconnaître sur un côté de l'élément un petit croissant de protoplasma incolore ou très légèrement teinté, séparé quelquefois du noyau par une sorte de fente. Les autres caractères du sang sont les mêmes que dans la forme ordi- naire de leucémie dite lymphatique, soit absence de myélocytes ; nombre faible de polynucléaires ; absence presque absolue d’éosinophiles ; très petit nombre de globules rouges à noyau, de taille petite ou. moyenne ; absence de Mastzellen. 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Notons enfin qu'il existe dans les préparations quelques mononu- cléaires clairs, généralement d'assez grande taille, mais, de même que les polynucléaires, ils ne paraissent pas plus atondants que dans un sang normal. En somme, les seuls éléments multipliés sont, petits ou grands, remarquables par l’exiguïté du disque protoplasmique et la présence dans ce disque de granulations dites basophiles, par la variabilité avec laquelle se colore le noyau qui, assez fortement teinté dans les petits éléments, semble être gonflé dans les grands et avoir généralement d'autant moins d’affinité pour les colorants qu'il est plus grand. Ces éléments nous paraissent être des lymphocytes nettement caractérisés dans les petites formes, mais ayant subi en se CEMOPES ou plutôt en s’hypertrophiant une sorte de dégénérescence. En tout cas, les mononucléaires observés dans ce cas diffèrent nelte- ment de ceux que nous avons trouvés jusqu'à présent dans la forme dite lymphatique et que nous avons décrits en détail dans nos publications antérieures (1). FORMULES LEUCOCYTAIRES DES SÉREUSES CHEZ LE COBAYE NORMAL, par MM. NogécourT et BIGART. Nous avons cherché à déterminer les formules leucocytaires normales des sérosités péritonéale, pleurale, péricardique, articulaire du cobaye; dans les relations des expériences faites sur ces séreuses, on ne retrouve que. des indications relativement à ces formules ; il n'existe pas de notion d'ensemble précise. Dans la sérosité péritonéale, on trouve : 1° Des leucocytes mononucléaires qui, malgré leurs dimensions très variables, paraissent tous appartenir à la même variété. On trouve, en effet, tous les intermédiaires entre les plus petits, analogues aux lym- phocytes du sang, et les plus grands, qui ont le diamètre de deux à trois hématies. Les petits ont un noyau presque nu, rond, très coloré ; les grands ont un protoplasma abondant, un noyau arrondi ou ovalaire, ou bi ou trilobé, généralement pâle. Tous ont un protoplasma non granu- leux à réticulum basophile, Malgré l'existence de formes à noyau très contourné, la destruction reste toujours nelte d'avec les polynucléaires du sang, à granulations pseudo-éosinophiles. 2° Des leucocytes éosinophiles vrais, à noyau bi ou trilobé. (1) G. Hayem et G. Lion. À propos de trois cas de leucocythémie à globules blancs mononucléaires. Bull. de la Soc. méd. des hôpitaux, 9 mars 1900, et G. Hayem. Lecons sur les maladies du sang, p. 488 et suiv. Paris, G. Masson, 1900. SÉANCE DU 1°" DÉCEMBRE 1021 3° Des grandes cellules endothéliales, à noyau vésiculeux, qu'il est parfois difficile de distinguer des plus grands leucocyles mono- nucléaires. Le nombre des leucocytes par millimètre cube est extrêmement variable (Pierallini), de mème que la proportion relative des diverses formes. Ces variations sont indépendantes de l'âge et de la digestion. La proportion des éosinophiles varie de 1 à 60 pour 100 leucocytes. Parmi les mononucléaires, les petites formes sont de beaucoup les plus rares et peuvent manquer (0 à 10 pour 100 mononucléaires). Exceptionnellement, nous avons pu trouver 40 p. 100 de petites formes. La sérosité pleurale présente les mêmes formes ; les petits mono- nucléaires y sont toujours rares; les éosinophiles manquent générale- ment ou existent dans la proportion de 1 à 5 p. 100. La sérosité péricardique renferme des grands mononucélaires et de rares petits ; les éosinophiles manquent souvent. Dans un cas isolé, le liquide pleural contenait 40 p. 100, le liquide péricardique 12 p. 100 d'éosinophiles, avec 17 p. 100 dans le péritoine. La sérosité articulaire contient peu de cellules. Ce sont de grands mononucléaires et de rares petits. Exceptionnellement, on trouve un à deux éosinophiles par préparation. (Travail du laboratoire de l'hospice des Enfants-Assistés). TRANSFORMATIONS DES POLYNUCLÉAIRES ET DES ÉOSINOPHILES DANS LE PÉRITOINE DU COBAYE, par MM. Nogécourt et BIGART. L'absence constante des polynucléaires pseudo-éosinophiles dans les séreuses du cobaye nous a conduits à étudier le sort de ces éléments quand ils ont pénétré dans ces cavités. Pour éviter des influences étran- gères, nous avons provoqué la polynucléose intra-péritonéale par injec- tion sous-cutanée de bouillon peptone. Cette méthode est infidèle; nous avons obtenu 6 polynucléoses sur 14 expériences, à des doses variant de 1 à 2 grammes par 100 grammes de cobaye; la sensibilité de l'animal n'est pas en rapport avec son äge. Après vingt-quatre heures, on retire un liquide épais, filant, séro-purulent. Les polynucléaires y sont très nombreux (60 à 90 p. 100) dès la première ponction, et présentent déjà des signes de souffrance qui s’accentuent les jours suivants. 1° Les uns sont le siège du phénomène dit de chromatolyse (Flem- ming, Jolly) : fragmentation du noyau en gouttes de chromatine homo- gènes, très colorées. On reconnait l'origine de ces figures à la présence Biozoote. Compres RENDUS. — 1 900. T. LII. 18 De +4 4 54 EE Sn re D PS Te, >. 1 $ Ge: FE 1029 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des granulations pseudo-éosinophiles du protoplasma. Ces cellules en chromatolyse peuvent subir deux évolutions distinctes : les unes perdent leurs granulations, dont la substance se dissout dans le protoplasma, qui devient ainsi uniformément éosinophile ; les autres se scindent en fragments dont chacun renferme une ou deux gouttes de chromatine. Certains de ces fragments conservent leurs granulations, témoins de leur origine; ils sont analogues aux pseudo-lymphocytes vus par Ebrlich dans les exsudats pleuraux récents; dans d'autres fragments, les gra- nulations sont dissoutes et l'aspect rappelle celui des hématies nucléées (Gaucher et Lacapère). 2° D’autres polynucléaires se gonflent, s'œdématient, le noyau devient uniformément coloré et päle. Puis la cellule éclate, semant des granula- tions pseudo-éosinophiles. 3° Enfin, d’autres sont englobés par les mononucléaires; on les y reconnait à leur noyau, normal ou chromatolysé, ou à leurs granula- tions qui survivent parfois au noyau. Dans les mêmes conditions expérimentales, on observe une diminu- tion très marquée des éosinophiles qui présentent les mêmes formes de souffrances que les polynucléaires (chromatolyse, fragmentation, dis- solution des granulations dans le protoplasma, œædème, éclatement). Cette transformation chromatolytique des éosinophiles n’a pas été signa- lée, à notre connaissance. (Travail du laboratoire de l’'hospice des Enfants-Assistés.) ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L'ACTION DU CANTHARIDATE DE POTASSE SUR LE PLACENTA DU COBAYE (PLACENTITE AIGUE ET PLACENTITE SUBAIGUE) par M. Pinoy. Étant donné l'importance des rapports de la néphrite avec la gros- sesse, il était intéressant d'étudier expérimentalement ce que, d’une part, certains corps chimiquement définis, d'autre part certaines toxines agissant sur le rein étaient susceptibles de produire sur le placenta. À cet effet, nous nous sommes servi du cantharidate de potasse et de la toxine typhique obtenue au laboratoire de M. le professeur Chante- messe. Nous avons choisi le cobaye comme animal d’expérimentation parce que c'est chez lui que nous avons fait notre étude de l’action du can- tharidate de potasse sur le rein. Dans cette note nous ne résumerons que ce qui concerne les modifi- e OT SE AN ST 2 SÉANCE DU 1°" DÉCEMBRE 1093 pa cations produites dans le placenta à la suite d'injection sous-cutanée de cantharidate de potasse. Nous avons dû déterminer tout d’abord la dose toxique de cet agent vis-à- vis du cobaye. | Cette dose toxique est impossible à déterminer d’une facon précise. La sensibilité individuelle joue ici un très grand rôle. Gubler, à propos de la cantharidine, avait bien établi que les effets généraux varient suivant le sujet. Certaines espèces animales sont du reste totalement réfractaires. Nous avons injecté impunément de fortes doses de cantharidate de potasse à des poules ou à des hérissons sans produire le moindre accident. Quoi qu'il en soit, chez le cobaye, nous pouvons donner comme règle approximative que 5 décimilligrammes de cantharidate de potasse tuent un cobaye de 350 grammes. Ce qui donne, si nous rapportons au kilogramme, 0,001£4 comme dose toxique. Les lésions du rein, chez les animaux à qui l’on a injecté la dose mortelle, sont semblables à celles que M. le professeur Cornil a obtenues avec la can- tharidine. É | Ceci posé, sur des femelles pleines, nous pouvions faire trois séries d’expé- riences. 41° Injecter la dose mortelle. . . . . . . . . . . -5 décimilligrammes. 20 Injecter des doses assez fortes, mais moindres que la dose mortelle, à 24 heures d'intervalle. . 2 — 3° Injecter quotidiennement des doses très faibles. 1/2 décimilligramme. Dans le premier cas nous déterminons Îla mort par cantharidisme aigu; dans le deuxième cas nous produisons un cantharidisme subaigu aboutis- sant à la mort en 2,3 ou 4 jours suivant les animaux; dans le troisième cas les résultats sont très variables ; on le comprend du reste, la sensibilité indi- viduelle jouant un rôle d'autant plus grand que la dose est plus faible :'il peut y avoir accoutumance pour certains animaux. 4° Injection de la dose mortelle. — Dans ces conditions, la femelle meurt au bout de trois ou quatre heures. Le placenta présente seul des taches ecchymo- tiques. Sur des coupes histologiques, on voit que l’action du cantharidate de potasse s’est portée sur cette partie du placenta, délicate entre toutes, qui délimite les organes que M. le professeur Mathias Duval à appelés espaces sangui- maternels. Ces espaces, à l’état normal, sont très nettement délimités par un véritable plasmode renfermant de nombreux noyaux et ne contenant que du sang. Or, il n’en est plus de même sur les coupes de notre placenta pathologique. L'intérieur des espaces sangui-maternels est rempli de grosses boules pré- sentant les mêmes réactions histochimiques que le plasmode, mais ne conte- nant pas de noyaux. On peut très bien voir en certains points comment se forment ces boules. Elles naissent aux dépens de parties qui se séparent du plasmode. Un grand nombre de travées plasmodiales se détruisent en effet; les noyaux disparaissent, et ce sont les débris qui, tombant dans les espaces sangui-maternels, y prennent en général la forme sphérique. * ‘ ne. 4 1024 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE On peut observer du reste toutes les transitions entre un morceau de plas- mode de forme irrégulière et une de ces boules. 20 Injection de doses assez fortes, mais moindres que la dose mortelle. Après la mort de l'animal (2, 3° ou 4° jour) les lésions observées sont sem- blables à celles du cantharidisme aigu; seulement un grand nombre de boules sont en voie de désintégration; au lieu de se colorer uniformément par la thionine, elle ne se colorent que d’une façon irrégulière. 3° Injection de doses quotidiennes faibles. Certaines femelles avortent au bout de dix à douze jours. Nous espérons pouvoir donner prochainement l'examen du placenta avant l'avortement. Dans d’autres cas il y a accoutu- mance. En résumé, nous venons de donner l'exemple d’un corps dont l’action sur le rein est incontestable et qui détermine une placentite. D'autres expériences que nous avons faites avec la toxine typhique et le bleu de méthylène montrent qu'une substance qui agit sur le rein agit aussi sur le placenta. (Travail du laboratoire de M. le professeur Cornil). MAMNMITE TUBERCULEUSE EXPÉRIMENTALE DU COBAYE, par M. L. NATTAN-LARRIER. Par ineclion directe de liquide contenant du bacille de Koch dans la glande mammaire de la cobaye pleine, on obtient une tuberculose locale à marche rapide : des noyaux indurés se montrent dans la glande au bout de quatre à cinq jours ; à la troisième semaine, un véritable abcès froid se forme dans l’organe qui apparaît alors comme un petit cylindre étendu transversalement du mamelon à la vulve. La pression sur la glande fait sourdre une gouttelelte d'un pus caséeux où nous avons trouvé le bacille de Koch. Dans un stade ultérieur la peau devient adhérente, puis s'ulcère, tandis que les ganglions sont pris. Cette méthode rapide d’inoculation montre que la glande mammaire offre un terrain d'élection à la tuberculose chez le cobaye comme chez la vache (Arloing). Ce procédé nous a permis d'obtenir de nombreux et intéressants résultats dans l'étude des épanchements suspects. Nous devons rapprocher de la tuberculose par inoculation directe les cas de tuberculose mammaire par inoculation à distance. Au cours d’une série d'inoculations sous-cutanées de liquides pleuraux pratiquées sur la femelle pleine, nous avons vu dans un tiers des cas environ se développer une mammite tuberculeuse. Cette mammite se produisait environ trois semaines après l'inoculation, elle n’était pas en relation directe avec le point d’inoculation situé à distance. FD PORT Tes Pal ter: VER | 2 SÉANCE DU À°° DÉCEMBRE 10925 ETUDE DE L'INFLUENCE CHEZ LE CHIEN D'UNE INOCULATION DE BACILLES DE KocH TRÈS VIRULENTS SUR LE POUVOIR AGGLUTINANT DÉTERMINÉ PAR UNE PREMIÈRE INOCULATION DE BACILLES ATTÉNUÉS, par MM. S. ARLOING et PAUL COURMONT. Nous avions remarqué, au cours de nos observations cliniques, que le sérum des tuberculeux gravement malades, fébricitants, cavitaires, est souvent dépourvu du pouvoir agglutinant pour le bacille de Koch, ou bien ne possède qu'un pouvoir très faible. La cause de cette sorte d'anomalie nous à paru intéressante à rechercher. I. Une série d'expériences, comportant la tuberculisation de sujets d'espèces différentes, les uns avec des bacilles très virulents, les autres avec des bacilles atténués (1), nous a montré que le développement du pouvoir agglu- tinant paraissait en raison inverse de la virulence de l'agent tuberculisant et de la susceptibilité de l'espèce animale à la tuberculose. Ces expériences donnèrent une première satisfaction à notre esprit en nous permettant de comprendre que le pouvoir agglutinant de l’homme tubercu- leux soit relativement peu élevé et qu'il soit nul ou très faible chez les per- sonnes portant des lésions graves, confluentes, et dont la résistance à la tuberculose est vaincue. Nous ne nous sommes pas arrêtés à ce résullat; nous avons continué nos recherches en modifiant le plan de nos expériences : nous avions étudié l'influence de la qualité de la matière infectante sur l'apparition du pouvoir agglutinant, nous avons ensuite étudié la même influence sur le titre du pouvoir agglutinant chez des sujets déjà tuberculisés. Notre but était de voir si une infection grave, venant se greffer sur une tuberculose en voie de rétrocession, produirait une modification du pouvoir agglutinant du sérum sanguin. IT. Nos expériences ont été faites sur le chien et en deux temps. Dans le premiér, nous avons provoqué le pouvoir agglutinant par des inoculations intra-pleurales ou sous-cutanées de bacilles peu virulents. Règle générale : une seule inoculation dans la plèvre entraîne une pleurésie séreuse curable et fait monter le pouvoir agglutinant à un taux élevé dans le sang ou dans la sérosité pleurale. Quant aux injections sous-cutanées, toujours rapprochées en série, elles déterminent quelquefois des abcès et font toujours apparaître un fort pouvoir agglutinant. Au bout de quelques mois, ce dernier diminue graduellement, puis reste stationnaire pendant quelques semaines. Dans un second temps, alors que l’agglutination par le sérum était sta- tionnaire, nous avons injecté des bacilles très virulents dans la plèvre ou (4) Voir S. Arloing et Paul Courmont. Des causes qui modifient le pouvoir agglutinant dans le sang des sujets rendus expérimentalement tuberculeux (in Journ. de physiologie et de pathologie générale), 1900, n° 4, Le M bn fer pe Ed ne té nrde Ph Eh aire nb Rs Gers ve SÉANCE DU 1° DÉCEMBRE 1031 5° Dans la première période de la maladie, lorsque la tumeur n'avait pas encore envahi les ganglions lymphatiques ni les organes voisins et ne s'était pas encore ulcérée, n'avait pas pris de grandes dimensions, les injections hypo- dermiques du sérum anticellulaire peuvent faire diminuer de volume la tumeur et l'arrêter dans son évolution. C'est ce que nous avons vu chez la malade avec tumeur du sein, qui se sent bien portante et dont le poids a augmenté de 3 kil. 1/2. Une notable amélioration peut survenir même dans le cas où la maladie serait beaucoup avancée, à condition que le traitement soit suivi régulièrement, que le malade soit soumis au régime convenable et au repos. J'insiste sur ces trois dernières conditions : traitement régulier, régime, repos. Ainsi, nous avons vu le malade avec le cancer de la langue qui, après sept piqüres, s’est senti tout à fait bien; il repritle travail (il était cocher de fiacre). Il est resté vingt-cinq jours sans traitement; lorsqu'il revint, on constata une aggravation dans son état. Par contre, un autre malade, qui suit le traitement régulièrement, en a beaucoup profité. Même là où la maladie n'a pas beaucoup avancé, si le traitement n’est pas suivi convenablement, le mal progresse, bien que lentement. 6° Là où la tumeur est ulcérée, où les ganglions lymphatiques et les organes voisins sont pris, on peut ralentir l’évolution de la maladie par un traitement régulier. Le sérum produit aussi une réaction générale : 1° Légère élévation de température (de quelques dixièmes de degré). 8° Il donne des élancements dans la tumeur, et parfois dans tout le corps. 99 II relève les forces des malades. 10° Diminue et fait même complètement disparaître les douleurs. 11° Fait revenir l'appétit et le sommeil. 12 Fait diminuer le volume du foie et de la rate là où ils étaieut aug- mentés. 13° Dans le cancer des intestins il fait diminuer ou même disparaître l’in- continence fécale et perte de sang. 149 Il fait conserver et même augmenter le poids des malades. 159 Il hâte la coagulation du sang hors des vaisseaux (ce qui a été constaté pendant l'opération sur les malades traités par le sérum anticellulaire et pen- dant l'examen dn sang). 16° Après la piqüre, dans les premières vingt-quatre heures, le nombre de globules blancs devient double. Le nombre de globules rouges reste le même. Les globules blancs polynucléaires entourent les cellules épithéliales isolées et les détruisent. Les malades sentent de petits élancements dans la tumeur. 179 Enfin, je dois mentionner que sur vingt-six malades, j'ai observé deux fois l’éruption urticairiforme à la suite de l'injection du sérum anticellulaire. Mode de traitement. — Après quelques tâätonnements, je suis arrivé à la pratique suivante : j'injecte sous la peau, dans la cuisse, de 7 à 12 centi- mètres cubes de sérum pris sur les oies, immunisées pendant huit à douze mois. Je répète les injections tous les cinq à huit jours. Après la HI: le malade doit garder le lit pendant vingt-quatre heures. Le succès du traitement dépend, en outre, de la durée pendant laquelle les oies ont été immunisées et de la fréquence du prélèvement du sang du même oiseau. L'état général du malade est certainement aussi d'une grande impor- | | $ FA ET ADI À Rp CPE SAN Te d'A L 1032 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tance, aussi bien que de la tumeur : est-elle ulcérée ou non; est-elle localisée ou généralisée? Les pertes de sang jouent un grand rôle dans la faiblesse. Ainsi, selon moi, le sérum anticellulaire est actuellement le meilleur remède contre les tumeurs malignes. De quelle durée doit être ce traitement ? Pendant combien de temps peut-on arrêter la marche de la maladie? Et peut-on, grâce à ce sérum, arriver à la complète guérison des tumeurs malignes ? Ce sont là des questions qui seront résolues par des travaux ultérieurs. Conclusions. — Actuellement, on peut soutenir avec assurance une chose : 40 C’est que le sérum anticellulaire ralentit et arrête l’évolution des tumeurs ; 29 Diminue leur volume et arréte leur évolution quand elles ne sont pas ulcérées ; 3° Peut rendre opérables les malades inopérables ; 40 Améliore chez tous les malades leur état général et local. Particularités du sérum anticellulaire. — Jusqu'à présent plusieurs savants ont cru avoir découvert le sérum anticancéreux. Mais le sérum anticellulaire diffère de tous les autres : 1° par son origine : il provient des oiseaux (oies) ; et 20 à est obtenu par l’immunisation des oiseaux par des parasites obtenus en cul- tures pures des tumeurs malignes de l’homme par Plemmer, Curtis, San Felice et d’autres. L'inoculation aux animaux de ces blastomycètes produisait des tumeurs à marche rapide même à type épithélial. San Felice a reproduit le cancer chez les chiens; moi-même j'ai reproduit des adénomes chez les rats etles singes et des tumeurs adériformes du foie chez les cobayes. Le traitement par le sérum anticellulaire guérissait ces animaux inoculés par les blastomycètes patho- gènes, tandis que ceux de contrôle mouraient des tumeurs et de cachexie. Tels sont les résultats que j'ai obtenus au bout de deux ans de travaux au laboratoire d’études cliniques. J'ai l'espoir d'obtenir un sérum encore plus efficace en immunisant des mammifères (ânes), ce que je fais depuis quel- ques mois. | Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 7 Paris : Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. += 1033 SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1900 M. C. Parsauix : Un venin volatil. Sécrétion cutanée du Iulus terrestris. — MM. BéÉHaL et Paisarx : La quinone, principe actif du venin du Iulus terrestris. — MM. SagrazÈs et Murater (de Bordeaux) : Formule cytologique des liquides séreux contenus normalement dans la plèvre et dans le péritoine du bœuf. — MM. CG. Recaup : Les phases et les stades de l'onde spermatogénétique chez les mammifères (rat). Classification rationnelle des figures de la spermatogenèse. — M. CL. Recaun : Direction hélicoïdale du mouvement spermatogénétique dans les tubes séminifères du rat. — MM. les Drs Graxp-Moursez et TRIBONDEAU : Bourse séreuse contenant des grains hématiques développés au niveau d'une exostose du fémur. — M. le D' Taioxpeau : Les altérations du tube séminifère dans un cas d'épididymite tuberculeuse datant de trois mois. — MM. le professeur Murer et le e Dr Arpn-DELrEiz : Toxigité de la sueur des épileptiques. — MM. F. BEZANCON, V. Grirrox et L. Le Sourp : Culture du bacille du chancre mou. — MM. CHARLES Ricuer et J. Héricourr : Le sérum anticancéreux obtenu par immunisation. — M. F.-J. Bosc (de Montpellier) : Le sang rendu incoagulable comme milieu de | culture. — M. F.-J. Bosc (de Montpellier) : De la culture de parasites (cancer, : vaccine, clavelée, coccidie oviforme) dans le sang rendu incoagulable. —MM. Tur- FIER et HALLION : Sur le mécanisme de l’anesthésie produite par les injections sous- arachnoïdiennes de cocaïne. — M. Juces Resxs : Contribution à l'étude de l’immu- nité acquise. Recherches sur l’agglutination du bacille typhique. — M. le Dr P. AN- cEz : À propos de l’origine des glandes cutanées de la salamandre. — M. C. Paisazix : Remarques sur la note précédente. — MM. les D's E. MAUREL et DE REY-PAILHADE : | Influence des surfaces sur les dépenses de l'organisme chez les animaux à tempé- 3. rature variable pendant l’hibernation. Présidence de M. Bouchard. UN VENIN VOLATIL. SÉCRÉTION CUTANÉE DU ÎULUS TERRESTRIS, 4 par M. C. Pmsarnx. (Communication faite dans la séance précédente.) L'étude histologique des glandes cutanées des myriapodes a fait l’objet …— de nombreux travaux, et tout récemment M. 0. Duboscq (1) a donné une … description très documentée des glandes ventrales de Chactechelyne vesuviana. [1 considère ces gländes ventrales comme étant homody- names de la glande venimeuse des forcipules, et il leur attribue un rôle … défensif. C’est tout ce que nous savons sur la physiologie de ces glandes cutanées. On n'est pas plus avancé en ce qui concerne la sécrétion cutanée des autres myriapodes el en particulier celle du fulus terrestris. (1) Recherches sur les chilopodes. Thèse de Paris, 1899. 4 Biococie. Comeres menpus. — 1900, T, IT, 19 1034 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Quand on saisit ce dernier entre les doigts, il se roule immédiatement suivant sa face ventrale et il laisse échapper par les orifices glandulaires (Foramina repugnatoria) un liquide jaune qui imprègne la peau et dont l'odeur forte et piquante persiste plusieurs heures. Cette sécrétion se dessèche rapidement à l'air, mais si on met l'animal dans l’eau elle y diffuse aussitôt et la colore en jaune. Ayant eu l’heureuse fortune de pouvoir récolter quelques centaines de Iules, j'en ai profité pour pré- parer une solution de leur venin et en étudier les propriétés physiolo- giques. Une centaine de Iules ont été excités, et le venin recueilli dans. 25 centimètres cubes d’eau distillée. Le liquide ainsi obtenu sert immédiatement pour les expériences suivantes : ExPÉRIENCE I. — Le 4 septembre, à 8 heures, j'inocule 1 centimètre cube de la solution dans la cuisse droite d’un cobaye de 420 grammes. Il ressent immédiatement une douleur très vive; il se sauve en criant et en tenant la patte soulevée, puis il reste immobile dans un coin. Il survient du de la douleur se calme, et à 9 heures l'animal ne paraît plus malade. À 9 h. j'inocule de nouveau 4 centimètre cube et demi au même point. La Ne est aussi vive qu'au début; pendant vingt minutes il se plaint, mais aucun symptôme général ne se manifeste. Le gonflement s’accentue; le 5 au matin, il y a de l’œdème du ventre, et il se forme une petite escarre au point d’ino- culation. Pas d'accidents généraux. Guérison. Si le venin inoculé sous la peau est peu actif, il n’en est pas de même. quand on l’introduit dans le péritoine. Expérience IT. — Le 4 septembre, à 9 h. 20, j'inocule dans la cavité périto- néale d’un cobaye de 150 grammes 1 centimètre cube de la solution de venin. L'animal éprouve une grande douleur, il reste affaissé pendant cinq minutes, immobile, le poil hérissé, puis il revient à lui, mais il a perdu toute vivacité. C'est à peine s'il fait quelques pas quand on l'excite. Le ventre est dur et on observe quelques hoquets. À 1 h. 30, il semble aller un peu mieux. Je lui inocule de nouveau 1 centi- mètre cube de la solution dans l'abdomen. Immédiatement après, douleur vive, hoquets, efforts de vomissement. Respiration un peu stertoreuse. Le 5 septembre au matin, l’animal est très affaissé, il reste immobile, le poil hérissé, et se refroidit. L'état va en s’aggravant, et l'après-midi il a du frisson. À 6 heures, il est à l’agonie. Mort à 10 heures. Autopsie. Péritonite généralisée : épanchement séro-sanguinolent abondant. Piqueté hémorragique sur l'estomac, l'intestin grêle, l’épiploon. Fausses. membranes grisâtres à la surface du foie. Me trouvant loin du laboratoire, dans les montagnes du Jura, je n'ai pu aller plus avant dans l’étude de ce venin, que j'ai reprise un mois plus tard. C’est la même solution qui m'a servi. Elle avait fortement bruni, mais elle avait conservé son odeur piquante. La virulence n’a pas diminué, comme le montre l'expérience suivante : SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1035 ExpÉriIExcE III. — Le 9 octobre, à 11 h. 10, j'inocule dans l'abdomen d’un cobaye de 450 grammes 1 centimètre cube et demi de la solution de venin du Iulus terrestris conservée depuis un mois. Les symptômes ont été les mêmes que dans l'expérience Il; la température s'est progressivement abaissée comme Le montre le tableau suivant : ROSE 1 RP Er LEE di ere 90 ARS OR el PRE I AR 2] 3108 DORE ns ss ANR MERE Ans 2 « 9100 D net ii À I AE LR DU Do DR PAUSE 2 515, ON TONER AE ENT ER a RO ORHMAUE TS E à à Le AN ORNE OC POUE O® Au début, on observe des hoquets avec efforts de vomissement. Puis au fur et à mesure que la température diminue, les symptômes s'aggravent, l'animal reste immobile, le poil hérissé, il marche difficilement; le train de derrière oscille. L'adynamie s'’accentue de plus en plus; à 6 heures il est affaissé sur le ventre et la tête repose sur le sol. La respiration reste intacte : 160 par minute. Le 10 au matin on le trouve mort. L’autopsie montre les mêmes lésions que dans l'expérience II. Ce venin qui détermine des lésions mortelles dans le péritoine, ne produit pas d'accidents graves quand on l’inocule à la dose de 2 centi- mètres cubes dans la veine jugulaire d'un cobaye. Cependant, il ne reste pas sans effet. Tout d’abord, il se fait par la piqûre de la veine une hémorragie qu'il est difficile d'arrêter. Comme le sang n'est pas iucoagulable, elle est très proba- blement due à une action vaso-dilatatrice. L'animal perd de sa vivacité; il reste immobile, il est agité par un frissonnement d’abord continu, puis inter- mittent, qui dure plusieurs heures. Après l’inoculation, il y a eu abaissement de température de 1°8, mais il doit être attribué au moins en partie aux troubles occasionnés par l’opération; quarante-cinq minutes après qu'il a été détaché, le cobaye est revenu à sa température initiale. : En même temps que le frisson, l’adynamie s’est accentuée : l’animal est affaissé sur le ventre et de temps en temps laisse tomber sa tête sur le sol. La respiration n’est pas troublée : 120 à 140 mouvements par minute. Au bout de trois heures, ces symptômes ont presque compiètement disparu. Inoculé dans l'abdomen d’une grenouille, à la dose de un tiers de centi- mètre cube, le venin du Iulus terrestris détermine une parésie des mouve- ments, augmentée par la fatigue, mais qui ne persiste pas très longtemps. Chauffée à l’ébullition à l'air libre, la solution de venin émet des vapeurs fortement odorantes qui se condensent en gouttelettes jau- nâtres à la partie supérieure du tube, et perd une grande partie de ses propriétés toxiques. L’atlénuation est d'autant plus grande que le chauf- fage a été plus longtemps prolongé, mais il conserve encore, même après six heures d’ébullition, une certaine toxicité, qui se manifeste æ. bag D LE Se Le nes à 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pendant quelques heures chez le cobaye, par un abaissement notable de la température (2 degrés). Si la solution de venin est chauffée dans une pipette close, elle n’est pas atténuée par l'ébullition. Si on inocule dans l'abdomen de deux cobayes de même poids, la même dose de venin (2 c. c. 25) chauffée à l'ébullilion pendant vingt-cinq minutes, à l'air libre dans le premier cas, en pipette close dans le deuxième, le premier cobaye survit (abaissement de température 3 degrés); le second cobaye, au contraire, meurt en vingt-quatre heures, avec les symptômes et les lésions caractéristiques. Pour affaiblir sensiblement le venin chauffé en tube clos, il faut le porter à la température de 120 degrés pendant vingt minutes, et encore dans ce cas, il produit des troubles qui se traduisent par un abaissement de 3 degrés dans la température du corps. Les cobayes qui ont résisté à l’inoculation de venin sont-ils vacctnés? Dans cet ordre d'idées, je n’ai fait qu’une expérience : un cobaye qui avait recu du venin chauffé dans l’abdomen, fut éprouvé au bout de huit jours; il mourut avec les symptômes et les lésions caractéristiques. De l’ensemble des expériences exposées dans cette note, on est.amené à conclure que le principe actif du venin du lulus terrestris n'est pas une substance albuminoïde et qu’en outre il est volatil. Il devenait inté- ressant de déterminer la nature exacte de ce principe : c’est ce qui fait l’objet de la note ci-dessous. ‘LA QUINONE, PRINCIPE ACTIF DU VENIN DU IULUS TERRESTRIS, par MM. BéxaL et Puisarix. (Communication faite dans la séance précédente.) Le Iulus terrestris vit facilement en captivité; s’il a été entretenu dans de bonnes conditions de nourriture, ses glandes cutanées se maintiennent en activité sécrétoire et on peut, au bout d’un certain temps, quinze jours environ, recueillir une nouvelle quantité de venin aussi abondante qu'à la première excitation. L'animal enroulé est placé sur une soucoupe en porcelaine et excité, soit mécaniquement, soit par un courant d'induction. La première méthode est préférable. Dès qu’on presse légèrement sur les anneaux avec le dos d’un scalpel, on voit presque immédiatement sourdre de petites gouttelettes jau- nâtres à l'endroit comprimé. Le réflexe est presque instantané. IL est limité à quelques anneaux et se produit des deux côtés du. corps. Aussi, dès qu’on déplace l’animal, on voit sur la porcelaine une petite tache jaunâtre d'aspect graisseux qui ne tarde pas à se déco- lorer. En excitant de proche en proche les côtés du corps, on obtient RS St | | ( AE GE mr ral SZ Pb LR ER ce bn 2 5 RE rt rar D RL ES en SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1037 une sécrétion généralisée, et si l'on baigne alors l'animal dans une goutte d'eau, ou d'alcool, ou d'éther, le venin se dissout immédiate- ment dans le liquide, qu'il colore en jaune d'or. La solution aqueuse du venin est neutre au papier de tournesol ; elle a une odeur forte et piquante. Si on la porte à l’ébullition, le liquide distillé conserve la même odeur et possède encore ses propriétés toxiques. Nous avons essayé un grand nombre de réactions pour déter- miner la nature du principe actif, et après une série de recherches, nous sommes arrivés à cette conviction que le venin renferme de la quinone, et cela pour les raisons suivantes : 4° Il possède l'odeur de la quinone. 2° Quand on chauffe à l’ébullition sa dissolution aqueuse, il est entrainé avec la vapeur d’eau. 3° Le liquide qui passe à la distillation est jaune et il abandonne à l’éther toute la substance qu'il tient en dissolution. Si l’on évapore l’éther sur un verre de montre très rapidement, le résidu jaune qui s'était formé et qui possède une odeur très forte, disparait au bout de quelques instants. Ce résidu jaune est soluble dans l'alcool ; il l’est aussi dans l’eau, mais beaucoup moins que dans l'éther, car si on évapore la solution éthérée, et qu'on reprenne le résidu par une petite quantité d’eau, il reste des parties solides non dissoutes; un excès d’eau redissout le tout. 4 Le liquide provenant de la distillation réduit à chaud le nitrate d'argent ammoniacal aussi neutre que possible. Nous nous sommes assurés que la quinone possède cette réaction, qui n'a point été men- tionnée jusqu'ici. 5° Le liquide distillé additionné d’alcali brunit rapidement au contact de l'air. 6° Le liquide distillé mis en présence, à froid, d'iodure de potassium et d'acide chlorhydrique, met en liberté de grandes quantilés d'iode. Toutes ces propriétés appartiennent aux quinones, en général, et ne sont point caractéristiques du premier terme de la série, la quinone proprement dite. Dans le but de préciser la nature du corps isolé, nous avons employé l'hydrocérulignone, le réactif que Liebermann (1) a donné comme carac- téristique (2) de la quinone ordinaire. : Nous l'avons d'abord esssayé sur des solutions de quinone à 5 grammes pour 1000. Dans ces conditions, deux gouttes d’une solution saturée d'hydrocérulignone dans l'alcool à 95 degrés donnent, avec 3 centi- mètres cubes de la solution de quinore ci-dessus, une coloration jaune (1) Deutsche chemisch. Gesellsch., X, 1615. (2) M. Liebermann a bien voulu nous envoyer un peu de son précieux réactif et nous sommes heureux de l'en remercier ici. Ÿ 1 L | ; [ 3 #1 “d ÿ 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rouge, et, en agitant, on voit se former dans la liqueur en deux ou trois minutes, un précipité chatoyant qui, examiné au microscope, se montre formé de fines aiguilles qui paraissent noires. Le liquide obtenu avec le venin fraichement distilié fournit cette même réaction et dans le même temps. Le venin récent et non distillé la donne aussi. Cette réaclion, vraisemblablement due à l’oxydation de l'hydrocérulignone et à sa transformation en cérulignone, est très sen- sible : Liebermann dit qu'elle permet de reconnaître 5 milligrammes de quinone par litre. Il eût été préférable d'isoler la quinone en nature et de l’analyser, mais la quantité de substance dont nous disposions n'a pas atteint 2 centigrammes. \ | Pour appuyer ces données chimiques, nous avons comparé l'action physiologique de la quinone à celle du venin du lulus terrestris, et nous avons constaté qu'elle est absolument identique. Introduite sous la peau, elle ne produit qu'une action locale; dans l'abdomen, elle cause la mort avec les mèmes symptômes déjà décrits pour le venin du Iulus terrestris; dans les veines, elle détermine les mêmes troubles passa- gers ; elle est fortement atténuée par un chauffage à 120 degrés pendant vingt minutes, ce qui tient à l’altération de la quinone. La dose nécessaire pour tuer un cobaye par injection intra-péritonéale est de 1 milligr. 8 environ. En se basant sur ce chiffre, on arrive, par le calcul, à trouver qu'un seul myriapode donne environ 0 milligr. 22 de quinone à chaque excitation, ce qui fait 22 milligrammes pour cent individus. Nous sommes donc amenés à conclure, d’après l’ensemble des faits énoncés dans cette note, que le venin du lulus terrestris ren- ferme une quinone et très vraisemblablement de la quinone ordinaire. C'est là un fait intéressant et nouveau, car jusqu'ici, à notre connais- sance, on n'a pas signalé de corps analogues produits par les invertébrés. Tout récemment, M. Beijerinck (1) a vu qu’un champignon inférieur saprophyte des racines de certains arbres, le Streptothrix chromogenes, de Gasperini, produit, aux dépens des matières organiques du sol, de la quinone qui, par ses fonctions oxydantes, jouerait un rôle considérable dans la formation de l’humus. Il n’est donc pas surprenant que le lulus terrestris qui se nourrit aussi de détritus végétaux puisse élaborer cette substance dans ses glandes cutanées. Quant au rôle physiologique de cette sécrétion, il est encore peu connu ; il est vraisemblable d'admettre que, grâce à son odeur péné- trante, elle est capable d’éloigner nombre d’ennemis et de servir ainsi à ces myriapodes comme moyen de défense. (1) Arch. néerland. des Sc. exactes et nat., 1900, p. 326. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1039 FORMULE CYTOLOGIQUE DES LIQUIDES SÉREUX CONTENUS NORMALEMENT DANS LA PLÈVRE ET DANS LE PÉRITOINE DU B@ŒUF, par MM. Sasrazës et MURATET (de Bordeaux). Nous avons publié les résultats de nos recherches sur les éléments cellulaires contenus normalement dans les sérosités péritonéale et pleu- rale de divers animaux domestiques et en particulier du bœuf dans la Gazette hebdomadaire des sciences médicales de Bordeaux, le 21 octobre 1900 et le 41 novembre 1900. Nous avons établi par des chffres que les lymphocytes, loin d'être prédominants dans la formule cytologique de ces sérosités, y ont un pourcentage un peu moindre que dans le sang. En revanche, la proportion des leucocytes polynucléés neutrophiles et des éosinophiles mono et polynucléés y est un peu plus élevée que dans les formules hémo-leucocytaires correspondantes. Le nombre des cellules endothéliales s’est montré extrêmement variable "dans ces séro- sités ; ces cellules sont tantôt soudées par petits groupes, tantôt à l’état dissocié, fusiformes ou globuleuses, difficile à différencier, dans cet état, des grands leucocytes mononucléés qui leur sont associés. Parmi ces cellules endothéliales et ces grands éléments mononucléés, on trouve normalement des macrophages ayant englobé des débris de leu- cocytes polynucléés n. et de cellules éosinophiles. On trouve aussi parfois des microbes inclus dans les leucocytes polynucléés n., bien que les animaux d’où ils proviennent aient les apparences d'animaux tout à fait sains. Comme M. Ranvier, qui a le premier étudié les cellules des liquides séreux du périloine, nous avons toujours constaté la présence de quelques hématies au sein de ces liquides. Les éléments blancs en suspension dans la sérosité péritonéale du bœuf sont d'environ 15.009 à 20.000 par millimètre cube alors que les globules blancs du sang, chez le bœuf, oscillent entre 6.000 et 12.000 par millimètre cube. Les séreuses représentent des appareils de protection et de défense contre les infections et les intoxications. LES PHASES ET LES STADES DE L'ONDE SPERMATOGÉNÉTIQUE CHEZ LES MAMMI- FÈRES (RAT). CLASSIFICATION RATIONNELLE DES FIGURES DE LA SPERMATO- GENÈSE, par M. CL. REGAUD. On sait, depuis les premiers travaux de v. Ebner (1871) (1), que les diverses générations cellulaires simultanément existantes dans l’épithélium séminal (1) Pour les renseignements historiques, je renvoie à un travail qui va paraître dans la Bibliographie anatomique et à un mémoire en préparation pour les Archives d'anatomie microscopique. 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE présentent des combinaisons multiples qui donnent lieu à autant d'images histologiques différentes. Ces combinaisons se succèdent dans un ordre régu- lier le long du tube séminifère, de sorte que l’observateur qui examine l’une après l’autre les coupes sériées de tout un tube retrouve de distance en dis- tance la combinaison choisie comme point de départ. Cette disposition com- pliquée résulte de la continuité du processus spermatogénétique et de linégale durée d'existence des générations cellulaires superposées dans l'épithélium. Aïnsi, bien que les cellules séminales évoluent sur place, l'aspect de l’épithélium subit une variation continue et régulière comparable à un mouvement.ondula- toire (v. Ebner). La longueur de l'onde spermatogénétique sera, par définition, FAQ à la plus courte distance comprise entre deux sections transversales identiques du tube séminifère. On a reconnu depuis longtemps la nécessité d'établir des divisions dans l'onde spermatogénétique et de classer les figures diverses de l'épi- thélium séminal. Les classifications proposées jusqu'à présent par x. Ebner, Sertoli, Brown, Benda, Lenhossèk, etc., sont fondées exclusi- vement sur les changements dans la morphologie et les rapports topo- graphiques des cellules séminales et principalement des spermies (4). Mais ces changements s’effectuant par transitions insensibles, il s'en- suit que les états successifs qu'ils servent à caractériser ne peuvent pas être séparés par des limites précises, et que leur nombre même est indé- terminé. Au contraire, une division de l’onde spermatogénétique, fondée sur le nombre et la qualité des générations cellulaires simultanément pré- sentes, est indépendante de l'arbitraire des observateurs. Alors, en effet, les limites des phases successives ne sont autres que les divisions cel- lulaires qui font naïitre et disparaître les généralions. Pour une telle classification, il n’y à pas lieu de tenir compte des divisions cellulaires antérieures à la naissance des spermatocytes, soit parce que l'accord des histologistes n’est pas fait à leur sujet, soit surtout parce que leur chronologie n’est pas assez fixe. Par contre, la généalogie des cellules séminales à partir de la naissance des spermatocytes est aujourd’hui parfaitement établie. Done, le moment de l'élimination des spermato- zoïdes (terme naturel de l'onde), la dernière karyokinèse des spermato- gonies et les deux karyokinèses des spermatocytes, phénomènes qui se produisent toujours au même moment, constituent quatre points de repère invariables permettant de diviser l'onde spermatogénétique en quatre phases. Chacune de ces phases correspond à une Nésine longueur du tube séminifère. Elles sont inégales; celle qui est comprise entre les deux (1) Sous le nom de spermies, déjà employé (Waldeyer, Bardeleben, etc.) avec un sens un peu différent, je désigne la dernière génération de la spermatogenèse, quel que soit son âge (spermatides, spermatozoïdes). SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1041 mitoses spermatocytaires est très courte ; les trois autres ont une durée assez longue pour que la morphologie et les rapports réciproques des Cellules séminales subissent d'importants changements au cours de cha- cune d'elles. Ii y a donc lieu de subdiviser ces phases en s/ades, qui auront des limites non plus fixes, mais conventionnelles. Ce sont avant tout les changements morphologiques et topographiques si remar- quables des spermies qui m'ont servi, comme à mes prédécesseurs, à délimiter ces stades. Sur les bases ainsi établies, je fais reposer la A on rationnelle suivante des figures de la spermatogénèse du rat. 1re pHASE. —— Depuis la fin de l'élimination des zoïdes, jusqu'après la karyo- kinèse des cytes de 1° ordre. Spermies : une génération. Cytes de 1°" ordre : deux générations. 4er stade. — Jusqu'à la fin de la résorption des corps résiduels. 2 stade. — Jusqu'au moment où les noyaux des spermies prennent leur forme caractéristique, et où leur chromatine commence à se condenser. 3° stade. — Jusqu'au moment où la chromatine des noyaux (têtes) des sper- mies, jusque-là hématéiphile, commence à devenir safranophile. 4° stade. — Jusqu'au moment où va commencer la karyokinèse des cytes de 1° ordre (chromosomes en cerceaux, disparition de la membrane nuclé- aire). 5° stade. — Jusqu'à la fin des karyokinèses de 1°" ordre. 2° pHAse. — Depuis la naissance (fin de la karyokinèse des cytes de 1°" ordre) jusqu'à la fin de la karyokinèse des cytes de 2° ordre. Spermies : une génération. Cytes de 2° ordre : une génération. Cytes de 1°" ordre : une génération. 6° stade (unique). 3° PHASE. — Depuis la naissance des nouvelles 'spermies (fin des mitoses des cytes de 2° ordre), jusqu’à la naissance des nouveaux cytes de 1°" ordre (fin des mitoses des gonies croûtelleuses). Spermies : deux générations. Cytes de 1°" ordre : une génération. T° stade. — Jusqu'au moment où la fasciculation et la rétraction des anciennes spermies sont complètes. 8° stade. — Jusqu'au moment où les faisceaux de spermies rétractées vont commencer à se disjoindre. 9° stade. — Karyokinèse des gonies croûtelleuses. 4° pyASe. — Depuis la naissance des nouveaux cytes de 1°" ordre, jusqu’à la fin de l'élimination des zoïdes. _ Spermies : deux générations. Cytes de 1°" ordre : deux générations. 1042 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 10° stade. — Expulsion des anciennes spermies de la profondeur à la sur- face de l’épithélium. 112 stade. — Jusqu'au moment où commence l'élimination des zoides. 12° stade. — Jusqu'à la fin de l'élimination des zoïdes. (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) DIRECTION HÉLICOÏDALE DU MOUVEMENT SPERMATOGÉNÉTIQUE DANS LES TUBES SÉMINIFÈRES DU RAT, par M. CL. REGaAuD. On a cru, jusqu'à présent, que les phases et les stades de la sperma- togenèse (voir la communication précédente) se succèdent le long du tube séminifère par (ranches transversales ayant une épaisseur proportion- nelle à leur durée respective. Mais l’étude approfondie de la manière dont s'effectue la transition d’un stade au suivant m'a conduit à une conception différente. Le schéma 1 représente la conception classique du mouvement spermato- génétique. En dedans de la membrane d’enveloppe du tube (mm...), les quatre phases de l’onde spermatogénétique sont représentées par quatre tranches transversales séparées par des plans parallèles (ab, a,b,, a.b., a,b,, ab) qui correspondent aux quatre points de repère invariables (élimination des zoïdes, mitose des cytes de premier ordre, mitose des cytes de deuxième ordre, mitose des gonies croûtelleuses). Supposons qu'on étudie et des coupes transversales (parallèles à æx!) et des coupes longitudinales (parallèles à yy!) du tube, et voyons « priori comment doivent s'effectuer les transitions d'une phase à l’autre (je ne parle pas des stades pour simplifier). Il est clair que, sur les coupes transversales, on ne verra aucune transition : tous les seg- ments de chaque coupe doivent être identiques. Sur les coupes longitudi- nales, il est aussi évident que les transitions seront insensibles, car tous les stades doivent être représentés et se succéder peu à peu en suivant un plan axial yy'. Bref, le mouvement spermatogénétique doit s'effectuer, d’après cette conception, sur une bande égale en largeur à la circonférence du tube, et se développant parallèlement à son axe. Si maintenant nous examinons un grand nombre de coupes transversales et longitudinales sur de bonnes préparations de testicule de rat, nous ne tardons pas à voir que les déductions théoriques précédentes ne se vérifient pas du tout. a) On rencontre fréquemment des coupes transversales dont tous les seg- ments (de cercle) ne sont pas identiques, mais se suivent, par transitions peu sensibles, dans l’ordre de l’onde spermatogénétique. Ce fait est surtout frap- pant (et d’ailleurs il est connu depuis longtemps) pour les stades correspon- dant aux mitoses spermatocytaires, stades très courts : ces stades n'occupent qu'un segment de largeur variable sur les coupes exactement transversales. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1043 b) Sur les coupes longitudinales, les transitions entre les phases et les stades sont presque toujours brusques, parfois même tellement brusques qu'il peut manquer un ou deux stades, ou même une phase (la deuxième). On voit des cellules séminales au contact les unes des autres qui, dans l'ordre chronologique, sont séparées par un intervalle plus ou moins considérable. Par exemple, on voit des spermies à noyau non encore condensé, et des spermies à noyau déjà safranophile, dans le même faisceau — des cytes de Schéma 1. Schéma 2. premier ordre avant leur mitose, voisiner avec des spermies récemment nées, etc. c) Les coupes tangentielles intéressant la couche génératrice montrent des particularités analogues. Ces faits s'expliquent facilement avec la conception suivante (schéma 2). Les phases el les stades de la spermalogenèse se succèdent sur une bande enroulée en hélice tout autour du tube. Les tours de bande se touchent par les bords. Par conséquent, sur toute la largeur de la bande (ab) les cellules séminales sont contemporaines, dans chaque génération. Au contraire, le long de la bande (zz!'), en suivant les tours de l’hélice, les cellules sont d'autant plus âgées (dans chaque généra- lion) qu'on avance dans la direction de l'embouchure du tube. Suivant leur durée respective, les phases et les stades occupent soil une fraction seulement d'un tour de spire (aa,), soit un ou plusieurs tours. Sur les coupes longitudinales (yy'), les transitions d’un stade à l’autre, aux points d'intersection des bords de la bande avec le plan de la coupe, seront d'autant plus brusques que la durée des stades sera plus courte; 1044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——————————————————————————————————— si même une phase ou un stade n’occupent qu'une portion de tour,ils pourront ne pas figurer sur cerlaines coupes longitudinales. Ces déductions concordent parfaitement avec l'observation des faits; l'étude des coupes en séries, soit transversales, soit longitudinales, met d’ailleurs hors de doute la réalité de la direction hélicoïdale du mouve- ment spermalogénétique. (Travail du laboratoire d’histolagie de la Faculté de médecine de Lyon.) BOURSE SÉREUSE CONTENANT DES GRAINS HÉMATIQUES DÉVELOPPÉE AU NIVEAU D'UNE EXOSTOSE DU FÉMUR, par MM. les D'° GRann-MoürsEL et TRIBONDEAU. Nous avons eu l'occasion d'étudier chez un adolescent un cas curieux de bourse accidentelle coiffant une exostose de l'extrémité inférieure du fémur droit. Quand nous l’eûmes ouverte, il ne s’en écoula aucun liquide, mais nous trouvâmes semés sur sa face interne une vingtaine de grains noirâtres, ressemblant à première vue à de gros grains de plomb. La plupart de ces grains étaient libres; quelques-uns au con- traire étaient fixés à la face interne de la séreuse par un court pédicule. Tantôt arrondis, sauf en un point légèrement ombiliqué, tantôt piri- formes et terminés à leur extrémité effilée par un petit pédicule, ces grains sont de grosseur variable. Le plus volumineux a 2 millimètres 5 de longueur sur 1 millimètre 7 de largeur; le plus petit mesure 1 milli- mètre dans tous les sens. Leur couleur est d'un rouge brunâtre foncé. Leur consistance est très ferme. Sur les coupes, ils présentent deux zones : l’une périphérique, de nature conjonctive; l’autre centrale, sanguine. L’épaisseur de la couche externe est de 15 à 20, sauf au point correspondant à la petite extré- mité des grains piriformes et à l’ombilic des grains arrondis, où elle peut atteindre 300 &. À sa superficie les faisceaux connectifs, réunis en lamelles concentriques anastomosées entre elles, limitent d’étroites fentes occupées par des cellules conjonctives. Profondément les mailles conjonctives s 'élargissent et sont bourrées de globules du sang. Nulle part dans cette couche externe on ne trouve de vaisseaux. La masse centrale, plus volumineuse, est constituée par une agglomération considérable de globules sanguins accolés intime- ment les uns aux autres ou séparés par de minces tractus fibrineux. Les globules sont des hémnaties et des leucocytes réunis dans les pro- portions habituelles du sang. Les globules rouges sont admirablement conservés. Dans aucune préparation on n’en voit de crénelés, d’irréguliers ou de granuleux. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1045 Leurs dimensions moyennes sont : 4u de long, 3 à 4u de large. Ils sont donc soit très faiblement ovales, soit sphériques. Les globules blancs sont des lymphocytes. La paroi de la bourse séreuse Se une couche interne épaisse de 300 w dont la structure est la même que celle de l'enveloppe des grains, mais les faisceaux conjonctifs y sont moins tassés, les cellules connec- tives plus nombreuses, enfin les capillaires très abondants. Les vais- seaux sanguins rampent jusqu'à sa surface et par places sont entourés de petits foyers hémorragiques. Conclusions. — La connaissance de la structure de la poche séreuse d'une part et des graines de l’autre nous indique le mode de formation de ces corps étrangers : un capillaire s’est rompu, du sang s’est épanché dans l’épaisseur de la séreuse, le caillot ainsi encapsulé s’est pédiculisé, puis détaché. Les grains sont en trop grand one pour que cette évolution doive être considérée comme accidentelle. Il faut voir là, selon nous, un processus pathologique bien défini, non encore signalé, une variété d'hygroma proliférant toute particulière, tenant à la fois de la forme végétante et de la forme hémorragique. Billroth et Rindfleisch ont signalé la présence dans un sac séreux végétant de 38 corps étrangers infiltrés de cartilage. Chez notre sujet il y avait infiltration de sang au lieu de cartilage. La conservation parfaite des globules rouges réputés si délicats a tout lieu de nous surprendre, car, immobilisés, sans relations avee le torrent circulatoire, obligés de puiser à travers une capsule fibreuse épaisse de 45 à 20 leurs éléments nutritifs dans la mince couche liquide qui humectait la paroi interne de la bourse séreuse, ils auraient dû périr rapidement. À peine si leur souffrance s'est manifestée par leur état sphérique et par leur degré d’atrophie très léger, car il faut faire la part du réactif fixateur dans leur diminution de volume. LES ALTÉRATIONS DU TUBE SÉMINIFÈRE DANS UN CAS D'ÉPIDIDYMITE TUBERCULEUSE DATANT DE TROIS MOIS, par M. le D'° TRIBONDEAU. J'ai observé à Rochefort un cas d’épididymite tuberculeuse chez l'homme qui m'a paru digne d'être relaté ici parce qu'il a la valeur d'une véritable. expérience de laboratoire. J'ai assisté au début de la maladie après un traumatisme des bourses; j'ai constaté quinze jours plus tard une induration telle de l’épididyme que l’obstruction de ce canal en est certainement résullée; enfin, trois mois après, j'ai pra- tiqué, après castration, l'examen histologique de la glande génilale. 1046 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'épididyme était obstrué par la néoplasie tuberculeuse. Le parenchyme testiculaire, infiltré de granulations tuberculeuses contenant des bacilles de Koch, était mou, et les tubes séminifères se séparaient très facilement les uns des autres. Les tubes séminifères sont atrophiés et n’ont que 784 de diamètre au lieu de 140 w. Les espaces intertubulaires sont infiltrés par de l’œdème au point d’alteindre par endroits 200 et 300 4 de largeur. La lumière centrale des tubes est large. L’épaisseur totale de leur paroi est dimi- nuée et n’a en moyenne que 10 à 20u. Dans cette paroi, la couche externe conjonctive est épaissie, la couche interne épithéliale est atro- phiée. — Dans un grand nombre de tubes cette couche épithéliale est formée par une seule espèce de cellules disposées sur une ou plusieurs rangées : ce sont des cellules de Sertoli reconnaissables à leur nucléole complexe formé d’un corps nucléolaire très coloré et d’un ou plusieurs corps juxta-nucléolaires pâles. Leur noyau présente souvent un pli longitudinal indiquant qu'il est en voie de division amitotique. Leur protoplasma se prolonge vers l'intérieur du tube sous forme de longs filaments déchiquetés, irréguliers, anastomosés entre eux et limitant des espaces vides arrondis ou ovoïdes, sortes de niches déshabitées où étaient logées antérieurement les cellules séminales internes. Dans d’autres tubes, quelques spermatogonies à noyau riche en gra- nulations chromatiques sont mêlées aux cellules de Sertoli. Dans d’au- tres, plus rares, on trouve de plus quelques files de spermatocytes à gros noyau pâle contenant un gros filament nucléaire enroulé en peloton très lâche. Les noyaux les plus internes sont flous, leur filament se brise et les débris tombent dans la cavité du tube. Dans aucun tube séminifère il n’existe de spermatides ni de spermatozoïdes. Conclusions. — Le testicule humain adulte dont le canal excréteur a été obstrué pendant trois mois à la suite de tuberculose de l’épidi- dyme offre des tubes atrophiés et en dégénérescence plus ou moins complète. Spermatides et spermatozoïdes ont totalement disparu dans tous. Les plus dégénérés contiennent encore des cellules de Sertoli qui s’y multiplient par division amitotique, nouveau fait montrant que la cellule de Sertoli est bien l’élément fondamental de la lignée séminale. TOXICITÉ DE LA SUEUR DES ÉPILEPTIQUES, par MM. le professeur Marrer et ie D' ARpin-DELTEIL. Pour étudier la sueur des épileptiques, nous nous sommes naturelle-. ment servis du même appareil et avons pris les mêmes précautions d'asepsie que dans nos expériences sur la sueur de l'homme sain ; nous SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1047 n'y reviendrons donc pas, renvoyant pour cela à nos précédentes com- munications (1). Nous diviserons nos expériences en deux groupes : À. — Dans le premier groupe, qui comprend dix sujets, la sueur nous a présenté les mêmes effets physiologiques que celle de l’homme sain; seuls, ces effets ont été plus marqués sur le tube digestif, où la diarrhée a été constante, et sur les mictions, qui ont été plus fréquentes et plus précoces en ce sens qu'elles se sont produites, d'une manière générale, pendant l'injection. Pas plus qu'avec la sueur normale, nous n'avons produit la mort, et cependant la quantité de sueur injectée a été considérable, et se chiffre de la manière suivante, par kilogramme du poids du lapin, pour chacune de nos expériences : 133, 178, 214, 216, 292, 231, 296, 300, 324, 326 cen- timètres cubes. B. — Dans le second groupe, qui comprend huit expériences, les effets ont été les mêmes que précédemment, avec cette différence que, dans tous Les cas, nous avons obtenu la mort de l'animal, et cela avec des doses de 137, 151, 154, 194, 268, 352, 378, 447 centimètres cubes, c’est-à-dire avec des doses qui, sauf deux, se meuvent dans les limites de celles du groupe précédent. Deux fois seulement les lapins ont présenté des attaques convulsives au moment de leur mort; dans les autres cas, ils mouraient, sans convul- sions, dans un état d’affaissement. La mort est survenue six fois pendant la durée de l'injection, une fois 20 heures, et une fois 3 jours après celle-ci. L'autopsie nous a révélé les lésions suivantes : Cinq fois anémie, trois fois congestion des centres nerveux, mais légère. Cœur mou et sans caillots dans sept cas. Poumons anémiés quatre fois, congestionnés quatre fois ; Rate turgescente et congestionnée deux fois; Reins congestionnés trois fois; Vessie renferme une fois un liquide albumineux. Cette différence d’action dans nos deux groupes doit être attribuée sans conteste au moment où la sueur a été recueillie par rapport aux attaques, les expériences du premier groupe se rapportant toutes à de la sueur recueillie dans l'intervalle des attaques, à une époque plus ou moins éloignée de celles-ci, deux jours au moins; celles du second groupe se rapportant, au contraire, à de la sueur prise au moment même de l'attaque (six fois) ou dans les heures qui suivent celle-ci, quatre et cinq heures (deux fois). La sueur interparoxystique se comporte donc absolument comme la (4) Voir Comptes rendus de la Soc. de biol., 17 nov. et 1° déc. 1048 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sueur normale; la sueur paroxystique, tout en ayant des effets physiolo- giques analogues à ceux de cette dernière, s'en sépare cependant parune toxicité qui produit la mort. Cette toxicité nous paraît s'affaiblir assez vite après l'attaque, Ainsi, tandis que la sueur recueillie pendant l'attaque ou immédiatement après, tue l'animal sur la table d'expérience pendant l'injection, dans les deux cas du second groupe où elle a laissé à l'animal une survie de 20 heures et de 3 jours, elle avait été recueillie 4 et 5 heures après l'attaque. Cette loxicité de la sueur paroxystique doit être considérée comme réelle, et non comme en rapport avec un défaut d’isotonie avec le sérum sanguin du lapin. Au contraire, la sueur se rapproche, dans certains cas, d'une isotonie presque parfaite. Tandis que la sueur interparoxys- tique oscille, quant à son point de congélation, autour de — 0°40, la sueur paroxystique donne des chiffres qui varient de — 0°48 à — 0956. D'ail- leurs, ce qui prouve bien qu'il en est ainsi, c’est l'absence de caillots dans le cœur et les gros troncs veineux (sept fois sur huit autopsies). Nos expériences nous amènent à des conclusions qui se rapprochent de celles de Queirolo et Cabitto au point de vue de la différence d’action de la sueur épileptique suivant qu'elle est recueillie au moment de l'attaque ou en dehors de celle-ci; seulement, tandis qu'il ne fallait à ces expérimentateurs que des doses relativement faibles de liquide, il nous à fallu élever considérablement nos doses. C’est ce qui explique probablement la discordance qui existe, pour l’épilepsie, entre nos résullats et ceux de Charrin et Mavrojannis, qui n’ont pas dépassé la dose de 50 centimètres cubes par kilogramme. En résumé, nous dirons : 1° La sueur des épileptiques, recueillie pendant les intervalles inter- paroxystiques, n’est pas toxique; elle produit des effets semblables à ceux de la sueur de l'homme sain. 2° La sueur des épileptiques, recueillie pendant ou immédiatement après l’attaque, possède des propriétés toxiques faibles, mais réelles. 3° Cette toxicité diminue au fur et à mesure qu’on s'éloigne de l'attaque. CULTURE DU BACILLE DU CHANCRE MOU, par MM. F. BEezançoN, V. Grirron et L. LE Sourp. Nous avons l'honneur de présenter à la Société des cultures du bacille que Ducrey a décrit comme étant l’agent pathogène du chancre mou. Elles proviennent de malades différents, observés dans le service de SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 10249 M. Dieulafoy et dans celui de M. Thibierge (1), et ont été obtenues, les unes directement par ensemencement du pus du chancre primitif, du chancre d'’inoculation où encore d'un bubon chancrelleux (2), les autres indirectement par repiquages successifs. Le milieu nutritif qui nous a permis de réaliser ces cultures est le sang gélosé, milieu dont nous avons communiqué à cetle Société (3) le mode de préparation, et sur lequel, comme nous l'avons montré, pousse - un certain nombre de microbes qui ne se développent pas sur les milieux ordinaires : le bacille tuberculeux, le gonocoque, le bacille de Pfeiffer, etc. (Bezancçon et Griffon). Sur ces tubes de sang de lapin emprisonné dans la gélose, ensemencés avec du pus chancrelleux, portés à l'étuve à 37 degrés, on voit apparaître au bout de vingt-quatre heures des colonies arrondies, saillantes, brillantes, qui atteignent en général leur complet développement en quarante-huit heures, et sont alors opaques, grisàlres, présentant un à deux millimètres de diamètre. Lorsqu'on les prélève pour l’examen microscopique, elles ont tendance à fuir en masse devant le fil de platine, glissant à la surface du milieu et, sur la lamelle, sont difficiles à dissocier. Après coloration, le microscope montre des bacilles isolés, ou groupés parallèlement en amas, ou encore en courtes chainettes de irois à quatre éléments. La morphologie de ces bacilles est celle que Ducrey, Unna, Ch. Nicolle ont décrite dans le pus et les coupes du chancre : bacille en navette, ne fixant la malière colorante qu'à ses extrémités, restant incolore à sa partie centrale, ne gardant pas la coloration par la méthode de Gram. Dans le liquide condensé au fond des tubes de sang gélosé, le microbe se développe sous un aspect très particulier : il se dispose en chaïnetles grêles; rectilignes ou décrivant des courbes de grand rayon dans les- quelles les bacilles sont individuellement plus petits que dans les colonies de la partie solide du milieu de culture ; ces chainettes ont souvent une longueur considérable, et dépassent alors les limites du champ microscopique. Pour obtenir sûrement, en partant du chancre, une première culture (1) Nous sommes doublement reconnaissants à M. Thibierge de nous avoir ouvert son service de La Pitié pour commencer ces recherches et d’avoir bien voulu donner à nos résultats expérimentaux la sanction de son expérience dermatologique. (2) Ce bubon chancrelleux n'était pas encore ouvert à l'extérieur au moment où nous en avons ensemencé le pus. La constatation du bacille de Ducrey dans celte circonstance a un intérêt spécial : elle infirme les conclusions ancieunes de Straus, qui avait émis l'opinion que le pus de ces bubons était primitivement stérile et que c'était par contamination par les bacilles du chancre mou voisin qu'ils se trouvaient accidentellement infectés. (3) F. Bezancon!et V. Griffon. Soc. de biol., 4 février 1899. Biococie. Compres RENDuS. — 1900. T. LIT. 80 1050 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE positive, il est nécessaire d'ensemencer largement sur sang gélosé le pus qu'on aura eu soin de laisser s’accumuler sous pansement sec à la surface du chancre préalablement désinfecté. Parfois, l'examen du tube de culture, au bout de vingt-quatre heures, ne révélera pas encore de colonies apparentes à la surface du milieu, et l’on devra se borner à rechercher les chaïinettes dans le liquide condensé. C’est seulement le lendemain que la culture donnera un résultat appréciable à l'œil nu. Dans ce cas, les colonies demeurent rares. à Les repiquages donnent des cultures beaucoup plus abondantes. Dès les premières vingt-quatre heures, la surface du tube est recouverte d'un semis de colonies fines de la dimension d’une pointe d’épingle; le lendemain, sur ce fond de petites colonies, se délachent des colonies plus volumineuses, opaques, grosses comme une tête d’épingle, d’un blanc grisätre. Les colonies restent toujours séparées et distinctes ; si riche que soit la culture, elles ne confluent jamais en trainée. Le microbe de Ducrey se cultive également quand on ensemence le pus chancrelleux dans un tube de « sérum non coagulé » de lapin. Le milieu se trouble légèrement et présente de petits flocons. Au micros- cope, les bacilles apparaissent groupés en chaïinettes de moyenne lon- gueur, très flexueuses, enchevêtrées. Mais la vitalité, dans ce milieu liquide, est de courte durée, tandis qu’elle dépasse trois semaines sur le sang gélosé. Toutes nos tentatives de culture sur les milieux usuels ont échoué, même après l’acclimatement du microbe par le passage sur une série de tubes de sang gélosé. Le microbe que nous avons cultivé est bien le bacille du chancre mou, comme nous l'ont montré les résultats de l’expérimentation sur un des malades du service de M. Thibierge. Chez ce malade, porteur d'un chancre mou, l’inoculation de cultures à la peau, suivant toutes les règles de la technique usitée lorsqu'on veut réinoculer un chancre dans un but de diagnostic, nous à donné à trois reprises différentes un chancre mou typique. Le résultat a été le même, que nous ayons inoculé une goutte du liquide condensé au fond de nos tubes de culture, ou bien : une colonie prélevée à la surface du milieu solide. Pour nous mettre à l'abri de la cause d’erreur qui aurait pu résulter du transport sur nos tubes de culture d’une parcelle du pus apporté lors du premier ensemencement, nous avons choisi, pour l’inoculer, une colonie soli- taire sur milieu solide, et provenant d’un repiquage de onzième géné- ration. C'est la première fois . apporte des cultures du microbe du chancre mou sur un milieu défini. Antérieurement, M. Lenglet (1) a pré- (1) Lenglet. Soc. de dermat. et de syph., 10 novembre 1898, et Bull. méd., 1898, p. 1051. TS MU EE EL, en EAU RTCA ATEN SEANCE DU 8 DÉCEMBRE 1051 senté des colonies pures du bacille de Ducrey; mais, la formule de son milieu de culture n'ayant jamais été publiée, ses résultats n’ont pu être utilisés pour le diagnostic bactériologique du chancre mou. (Travail du laboratoire de M. le professeur Cornil à la Faculté et du laboratoire de M. le professeur Dieulafoy à l'Hôtel-Dieu.) LE SÉRUM ANTICANCÉREUX OBTENU PAR IMMUNISATION À PROPOS DE LA NOTE DE M. WLAEFF Note de MM. Cnarzes Ricuer et J. HÉRICOURT. Les récentes observations de M. Wlaeff (1) sont trop analogues à celles que nous avons rapportées à la Société de Biologie (août 1895, p. 601) pour qu'il ne nous paraisse pas nécessaire de rétablir (ce que M. Wlaeff a oublié de faire) leur étroite parenté. 1° Quant à la méthode; 99 Quant aux effets obtenus. | 4° Méthode. — Nous avons, en 1895, c’est-à-dire avant tout autre essai homologue, injecté des extraits de tumeurs cancéreuses à des animaux, afin d'obtenir un sérum thérapeutique devant être injecté à des malades. C’est aussi ce que fait M. Wlaeff; seulement, il emploie des oies, tandis que nous nous étions adressés à des mammifères (chiens, ânes, chevaux); il injecte à ces oies des bouillons de culture pure, tandis que nous injections l'extrait aqueux de la tumeur même, tumeur que l’on peut, dans quelques cas, considérer comme la cullure pure de tel ou tel parasite. | Certes, l'injection d’une culture pure de blastomycètes, s’il est prouvé que le cancer est dû à des blastomycètes, constitue un progrès; mais il n'en est pas moins évident que c'est la même méthode générale. 2° Résullats. — Malheureusement M. Wlaeff, pas plus que nous- mêmes, n'a eu, à cé qu'il semble, de guérison définitive; mais les résul- tats ont été très favorables, et l'amélioration a été éclatante (éclatante et passagère). Nous mettons en parallèle les résultats de M. Wlaeff et les nôtres (2). (1) Comptes. rendus de la Société de Biologie, 1900, 1°" décembre, pp. 1030- 1032. (1) De la sérothérapie dans le traitement du cancer, Comptes rendus de la Saciélé de Biologie, 1895, CXXI, 567-569. 1052 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Notre statistique porte sur soixante-treize cas; celle de M. Wlaeff, sur vingt-six Cas. Résultats de M. Wlaeff. Nos résultats. Le sérum ralentit et arrête l’évolu- L'évolution de la maladie est retar- tion. dée. Le sérum diminue le volume des Les tumeurs diminuent de volume. tumeurs. ; Améliore chez tous les malades L'état général s'améliore. l’état général et local. Le sérum est incffensif. Les injections sont inoffensives. 11 diminue et fait disparaître com- Les douleurs diminuent. plètement les douleurs. Dans le cancer des intestins, il fait La tendance aux hémorragies diminuer l'incontinence fécale et s'amende rapidement. perte de sang. Les ganglions lymphatiques, sim- L'infiltration des tissus voisins de plement augmentés de volume, re- la tumeur se résorbe rapidement. prennent leurs proportions normales. | Nous pourrions poursuivre le parallélisme (1) et montrer que les résultats de M. Wlaeff ne sont, à notre grand regret, ni meilleurs ni pires que les nôtres, mais en tout point identiques. LE SANG RENDU INCOAGULABLE COMME MILIEU DE CULTURE (Première note), par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). Nous avons montré avec Delezenne (2) que l'extrait de sangsue peut être stérilisé à l’autoclave à 100, 110 et 120 degrés centigrades sans perdre ses propriétés anticoagulantes. (4) La bibliographie des travaux afférents à cette sérothérapie est excellem- ment faite dans la thèse inaugurale de C. Beretta. (Thèse inaugurale, Paris, 1896, et Travaux du laboratoire de physiologie, 1898, t. IV, pp. 138-245, De la sérothérapie dans les néoplasmes.) On trouvera dans ce travail tous les documents cliniques justificatifs. Une bibliographie, plus complète encore parce qu'elle est postérieure de trois années à la précédente, se trouve dans l'ouvrage de l’un de nous : La Sérothérapie (Rueff, 1899), qui résume l’ensemble des observations de sérothé- rapie anticancéreuse, et où l’on pourra constater que le point où cette méthode thérapeutique avait été conduit n’a pas été dépassé, au point de vue des résultats obtenus, par M. Wlaeff. (2) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1897. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1053 Cette stérilisation de l'extrait de têtes de sangsue permettait d'obtenir facilement un milieu de culture constitué par du sang complet, demeu- rant liquide et se maintenant « vivant » pendant un temps considérable. Je l’appliquai aussitôt, dès 1897, à la culture de bactéries de nature diverse, mais il me parut que le milieu aurait surtout des avantages pour suivre le développement d'organismes parasitaires évoluant dans le sang ou dans les tissus. Je l'appliquai à la culture de coccidies comme C. oviforme et à celle du cancer, de la vaccine, de la clavelée, de la syphilis. J'ai déjà publié depuis longtemps mes recherches pour ce qui regarde le cancer, y compris la fabrication du milieu : Le sang est rendu incoagulable lorsqu'on le mélange à l'extrait de têtes de sangsue durcies dans l'alcool absolu. On fait bouillir une minute cette poudre dans autant de fois deux centimètres cubes d’eau qu'il y a de têtes de sangsues, et on filtre. Le filtrat est divisé dans une série de tubes stérilisés que l’on porte à 100-105 degrés pendant vingt minutes. On peut conserver indéfiniment ce liquide avec toutes ses propriétés. On peut faire de deux facons le mélange : in vitro ou dans les veines de l’animal. Dans le premier cas, on fait couler le sang dans le tube contenant l'extrait, ou bien l’on place l'extrait stérilisé dans une seringue aseptique, puis on aspire de la veine de l'animal le sang qui vient se mélanger aussitôt à l'extrait. Dans le deuxième cas, on injecte dans les veines de l’animal une quantité de liquide représen- tant deux têtes de sangsue par kilogramme du poids du corps; on prend ensuite, directement, dans les vaisseaux, ce sang rendu incoagulable. Nous avons, le premier, employé le sang rendu incoagulable par l'extrait de sang- sue, — sang de chien ou de lapin, — comme milieu de culture (1). Ces cultures ont été failes sur une grande échelle dans mon labora- toire; elles ont été employées quotidiennement et avec persistance par moi ou par mes élèves dans l'étude des protozoaires parasites des ani- maux et de l’homme. DE LA CULTURE DE PARASITES (CANCER, VACCINE, CLAVELÉE, COCCIDIE OVIFORME) DANS LE SANG RENDU INCOAGULABLE. (Deuxième note.) par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). Dans une précédente note, j'ai indiqué l'idée qui m'avait conduit à me servir du sang rendu incoagulable par l'extrait de sangsue comme milieu de culture et à le considérer comme particulièrement propre au développement des parasites sporozoaires. (1) Le Cancer, 1898, Paris, p. 117. 1054 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dès 1897 j'ai appliqué cette méthode d’une façon systématique à l'étude de diverses affections dont l'origine parasitaire m'était démon- trée par d'autres recherches. 1° Cancer. — J'ai rapporté longuement en 1898 mes recherches à cet égard. L’ensemencement du sang incoagulable avait été fait avec des produits de raclage et des fragments de tumeurs non ulcérées. Les tubes ensemencés étaient portés à des températures variant de 37 à 18 degrés centigrades. L'examen des tubes était fait fréquemment et continué plusieurs mois. J'ai noté dans ce milieu le développement de corpuscules dont le nombre et la forme variait avec les examens successifs. Les formes les plus intéressantes et n'apparaissant qu’au bout d’un temps assez long étaient constituées par des granulations réfringentes et des formes arrondies du diamètre de 4 à Gu, parfois légèrement irrégulières et douées de mouvements très lents, sur la platine chauffante. J'en ai donné les figures (1). Je n’ai pas pu en obtenir des cultures franches en série; toutefois « nous avons noté, à la suite d’un réen- semencement avec une culture riche en granulations, un développement dans un milieu neuf », mais ce développement fut moins abondant que celui de la première culture (2). 20 Vaccine. — Le parasite de la vaccine a été étudié avec persévérance dans mou Jaboratoire. La thèse de mon élève Musso (Montpellier 1898) et ma com- munication au Congrès de Moscou résument mes recherches. On y trouvera des figures du parasite inclus dans les cellules (pustules du veau, du lapin, qui ont toujours été positives sur la cornée et sur la muqueuse du nez ou des lèvres). Les formes les plus petites (qui se trouvent également dans le liquide vaccinal) ne peuvent être confondues ni avec des débris nucléaires, ni avec des leucocytes; leur aspect, leurs réactions colorantes typiques (safranine- induline) en font des corps tout à fait spéciaux, et ce fut là l'impression de M. le professeur Henneguy qui voulut bien examiner quelques coupes de pustule cornéenne du lapin. Après la thèse de Musso (1898), je fis avec le vaccin très pur de Pourquier de très nombreux ensemencements dans le sang rendu incoagulable par l'extrait de sangsue, aidé, comme pour le cancer, par M. Vedel. Les tubes ensemencés étaient portés à des températures variant de 37 à 20 degrés cen- tigrades. Nous arrivâmes aux résultats suivants : on observe dans le sang incoagulable les mêmes corpuscules que ceux qui existent dans le vaccin frais, mais en plus grande quantité relative, et ces corpuscules ont l'aspect réfringent, la forme et les réactions colorantes typiques des parasites intra- cellulaires. L'inoculation de ce premier milieu de culture (ensemencement de vaccin pris chez la génisse ou dans la pustule du lapin, sur sang de lapin) fut le plus souvent positive. Un réensemencement nous permit encore de constater la formation de corpuscules, mais en quantité plus faible, et la pos- sibilité d’une inoculation positive. Je ne pus arriver au delà d’une deuxième culture. 3° Clavelée. — Mêmes recherches avec du sang de mouton incoagulable ensemencé avec du virus claveleux. Le virus et la pustule renferment des (1) Le Cancer. Paris, 1898, planche X, fig. 7 à 25). (2) F.-J. Bosc., loc. cit., p. 118. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1055 granulations identiques à celles de la vaccine et de la variole. J'ai pu aller avec la clavelée jusqu'au troisième passage. Mais je tins un compte moins grand encore de ces résultats que de ceux obtenus avec la vaccine, à cause «] de la grande virulence même du virus claveleux. La grande objection que 4 l’on pouvait faire à ces expériences était qu'il ne s’agissait là que d’une simple dilution. C’est pour ce motif qu’elles ne furent pas publiées. M. Roger est arrivé pour la vaccine à un résultat plus heureux, et le nombre de pas- sages est un argument important à ajouter à d'autres en faveur de la nature parasitaire des corpuscules. 4° Coccidie oviforme. — On peut suivre le développement des petites formes 4 corpusculaires que j'ai décrites dans l’intérieur des cellules des conduits ÿ biliaires du lapin (1); mais ici je n'ai pas obtenu de réensemencement positif. Buse Er Vie PT A TT ; { SUR LE MÉCANISME DE L'ANESTHÉSIE PRODUITE PAR LES INJECTIONS SOUS-ARACHNOÏDIENNES DE COCAÏNE, par MM. TurFrier et HALLION. Nous poursuivons, dans le laboratoire de M. François-Franck au Collège de France, nos recherches expérimentales sur l’action de la cocaïne injectée dans le sac sous-arachnoïdien lombaire. Dans deux notes antérieures (2), nous avons inäiqué la technique habituelle de nos expériences et étudié les effets produits sur la circula- tion par ces sortes d'injections. Nous apportons aujourd’hui des documents relatifs au mécanisme de l’anesthésie elle-même. A ce sujet, deux questions se posent tout d'abord : 1° L'effet anesthésiant est-il dû à une action véritablement spécifique de la cocaïne sur les éléments nerveux baignés par le liquide 4 céphalo-rachidien ? 2° Dans l'affirmative, quels sont les éléments ner- ; veux qui sont en cause ? # I. 1 s’agit d’une action spécifique de la cocaïne. — Étant donnée Fe. l’action paralysante bien connue de la cocaïne sur les tissus vivants et 4 spécialement sur le tissu nerveux central et périphérique, il pourrait sembler superflu de discuter cette question. Cependant Bier déclare à que l’anesthésie, plus ou moins étendue et plus ou moins intense, pour- # . rait être obtenue par l'injection, sous l’arachnoïde, de solutions quel- à conques, et même d’eau salée; l’action de la cocaïne serait seulement plus énergique. Il devenait, dès lors, utile de soumettre la question au f contrôle expérimental. | je où Chez des chiens dont le crural et le sciatique étaient soumis à des £ e (1) Sociélé de Biologie, 1899. ‘4 (2) Tuffier et Hallion. Société de Biologie, 3 novembre 1900. 1056 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE excitations d'une intensité sensiblement constante, nous inscrivions les réactions réflexes cardio-vaseulaires (élévation de la pression artérielle, vaso-constriction rénale, splénique, nasale) et motrices vésicales (on sait que la vessie constitue un esthésiomètre des plus délicats); nous okservions aussi, chez les chiens incomplètement curarisés, les mou- vements généraux. Nous injections alors, dans la cavité sous-arachnoï- dienne, soit de l’eau salée, soit de l’eau pure, en quantité variable, mais toujours supérieure à 2 centimètres cubes et atteignant 10, 20 centi- mètres cubes et plus; dans deux expériences, avec de l’eau salée à 7 p. 1000, nous avons élevé la pression du liquide céphalo-rachidier (explorée par un manomètre à eau) jusqu’à 40 et 50 centimètres d’eau. Explorant ensuite la sensibilité du crural et du sciatique, nous ne l'avons pas vue se modifier dans une mesure appréciable. Enfin, contre-épreuve décisive, si, après avoir ramené la pression du liquide céphalo-rachi- dien au voisinage de sa valeur initiale, nous injections un demi-centi- mètre cube de solution de chlorhydrate de cocaïne à 2 p. 100, nous obtenions rapidement l’anesthésie absolue. Donc, lorsqu'on injecte une solution de cocaïne dans le sac sous-arachnoïdien lombaire, l’anesthésie réalisée ne doit rien ni à la ponction, ni au mélange du liquide céphalo- rachidien avec un liquide hétérogène banal, ni à l'augmentation de la pression cérébro-spinale. Tout récemment, Sabatini publiait des résul- tats semblables. Il. L'action de la cocaïne porte sur tes racines rachidiennes. — Quand on injecte la cocaïne dans le sac sous-arachnoïdien lombaire, le liquide céphalo-rachidien devient une solution diluée de cocaïne; or, ce liquide baigne à la fois la moelle et les racines rachidiennes. Que ce soient les éléments radiculaires ou les éléments médullaires sensitifs que l’alca- loïde paralyse, l'effet sera le même. Il en va autrement si nous pratiquons l'injection, non plus dans la région lombaire, mais plus haut, dans la région cervico-dorsale, par exemple, et cela chez un chien faiblement curarisé, traduisant par des mouvements généraux du corps les excitations qu'il subit. L'injection étant faite depuis quelques minutes, excitons le nerf crural: nous observons des mouvements réactionnels dans les muscles de la tête en parliculier ; donc, l'excitation s'est transmise à travers le segment médullaire cervico-dorsal : la cocaïne n’a supprimé à aucun niveau la conduction de la sensibilité dans la moelle. Excitons le nerf lingual : nous observerons des mouvements réactionnels, en particulier dans les pattes postérieures ; donc la cocaïne n’a pas aboli non plus la conduc- tion motrice dans la moelle. Excitons, par contre, le bout central d’une branche sensible du plexus brachial : aucune réaction motrice. Il est difficile d'admettre que, dans la moelle, les éléments répondant au plexus brachial soient affectés alors que ceux qui répondent au crural sont indemnes. Il est très simple, au contraire, de comprendre que les |__| LL de TRS EEE, Ÿ 7 RS : > => Aù À ; 2 LE ; SÉANCE DU S DÉCEMBRE 1057 (s racines sensibles du plexus brachial, imprégnées par la cocaïne, tandis que les racines du crural ne le sont pas, se trouvent paralysées et seules paralysées. Ajoutons que l'étude des réaclions motrices vésicales et circulatoires n: conduit aux mêmes conclusions. À Ces conclusions que l'expérience suggère, il était logique a priori de ù les prévoir. Assurément, la moelle ne peut échapper d’une manière 4 absolue à l’action de la cocaïne qui la baigne ; mais avant que la diffu- ÿ sion ait fait pénétrer l’alcaloïde, de proche en proche, jusqu'à une profondeur suffisante pour que les résultats de l'imprégnation spinale 4 cessent d'être négligeables, les racines, extrêmement grêles, ont été imprégnées à fond. Et, de même qu'avec une solution d'une concen- iration quelconque elles sont paralysées les premières, de même avec une solution de concentration faible ou de quantité minime elles res- teront presque seules touchées. Autre point à examiner: dans les injections que l’un de nous pratique pour ainsi dire journellement chez l'homme, on constate que la sensi- bilité à la douleur disparaît, alors que la motilité subsiste. Etant admise la localisation radiculaire de la cocaïne, on peut se demander si les racines postérieures, sur le trajet desquelles s’interposent des cellules ganglionnaires, ne sont pas, de ce fait, plus accessibles à l’action de l'alcaloïde que les racines antérieures, celles-ci étant composées exclu- sivement de fibres nerveuses, éléments moins délicats. Mais cette hypo- & thèse n’est pas nécessaire, car on a montré que dans un nerf mixte, "4 soumis à la cocaïnisation locale, la conduction à la douleur se supprime | avant la conduction motrice (Anrep); l'ensemble des racines anté- rieures et postérieures peut être assimilé évidemment à un nerf mixte. Notre conclusion générale est donc la suivante : dans le procédé d’anesthésie chirurgicale par injection sous-arachnoïdienne de cocaïne, tel qu'il est pratiqué par l’un de nous, 1° les effets anesthésiques sont k dus exclusivement à l’action spécifique de la cocaïne; 2° l'action sur les 4. racines rachidiennes est tellement prépondérante qu'on peut la dire presque exclusive. Nous parlonsici— précisons-le encore — de l’action anesthésiante seulement; nous aurons en effet à nous demander si certains effets surajoutés, effets d’excitation plutôt que de paralysie, ne sont pas liés à la diffusion, jusqu'aux cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal, de la cocaïne à dose très minime. te ris Ç 5 \ VA { 2 (S50°° FONTA / | « AE © 19 #i / —_—… 2 92 ) 'd 1058 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'IMMUNITÉ ACQUISE. RECHERCHES SUR L'AGGLUTINATION DU BACILLE TYPHIQUE, par M. JuLEs REnNs. Les toxines et les antitoxines se prêtent mal à l'étude des complexes équilibrés d'anticorps; plus simple et plus instructif est le cas où la fixation sur un élément figuré rend possible une neutralisation exacte in vitro. Je me suis adressé d’abord à l’agglutinine typhique. Il serait oiseux d’énumérer toutes les raisons qui nous obligent à classer cette substance parmi les « Immunkôrper ». Les deux facteurs réagissant quantitativement et spécifiquement l’un sur l’autre sont ici, d’une part, la substance agglutinable, incorporée au bacille d’Eberth, de l’autre l’agglutinante. Il s'agit de savoir si, combinées, elles forment ou non un complexe inactif in vivo. 1 litre de bouillon typhique de deux jours est traité par la formaline (envi- ron 1 partie de l’antiseptique pour 120 de bouillon), puis centrifugé jusqu à clarification parfaite. Le centrifugat de bacilles tués est réémulsionné dans 100 centimètres cubes d’eau salée à 8 p. 1000, qu’on partage en deux moitiés. La première est répartie également entre 5 animaux, 3 lapins et 2 cobayes, qui recoivent chacun dans le péritoine une dose de bacilles correspondant à 50 c. c. de bouillon; la virulence du bacille employé rend possible l'emploi de cette dose énorme, qu’on peut même doubler sans aucune conséquence fächeuse. L'autre moitié du liquide est soumise à l’action d’un fort excès d’agglutinine (dans l'espèce 5 centimètres cubes d’une agglutininetypho-équine à 1 p. 100.000; mais les résultats sont les mêmes avec une agglutinine provenant du lapin, par exemple). On laisse à l’étuve pendant deux heures; l’agglutination est totale longtemps avant. On centrifuge et lave à l’eau salée par trois fois. Le dernier liquide de lavage, essayé, ne contient plus trace d’agglutinine; d’autre part, un essai confirmatif montre que si à des bacilles ainsi traités on ajoute un peu d’une culture vivante, les microbes surajoutés sont vus, au microscope, libres et mobiles au milieu des amas agglutinés. : Le dernier centrifugat est émulsionné dans 50 c. c. de la solution salée et réparti entre 5 animaux, comme Ja première moitié. Or, ni pour l’époque d’apparition de la réaction agglutinante, ni pour son intensité, on ne saurait discerner les animaux qui ont reçu le bacille agglutiné des autres, en tenant compte naturellement des irrégularités habituelles. Les lapins ont un pouvoir qui va de 150 à 1.200; 1.200 à 1.600 est la puissance graduellement atteinte par tous et qu'une deuxième injection n'’élève pas sensiblement. Pour les cobayes, après dix jours, on observe des pouvoirs variant entre 250 et 800. On voit que, au moins dans les conditions où nous nous sommes placés, si quelque chose est neutralisé au cours de l’agglutination spé- nn 21087. ai, AMOR UGS LCR D - se) D 27", À 1 2 x £ À 2 x 0 SÉANCE DU S DÉCEMBRE 1059 cifique du bacille d'Eberth, ce n’est pas le nescio quid provocateur de la réaction agglutinante dans les humeurs de l'organisme intéressé. C'est le contraire de ce qu'a observé M. v. Dungern dans le domaine des hémolysines; il dit en effet n'avoir jamais constaté l'apparition d'hémo- lysines spécifiques dans le sérum des lapins traités par le sang de bœuf préalablement saturé de l'Immunkürper hémolytique spécifique (sub- stance sensibilisatrice de Bordet). Nous poursuivons l'étude de ce problème, et nous étendrons ces recherches au vibrion cholérique et au Vibrio Metschnikovii, ainsi qu'aux mêmes microorganismes ayant subi dans le sérum d'animaux immunisés le phénomène de Pfeiffer, c'est-à-dire la bactériolyse ou réduction en granules. (Travail du laboratoire du professeur Ehrlich, à Frankfurt-a-M.) À PROPOS DE L'ORIGINE DES GLANDES CUTANÉES DE LA SALAMANDRE, par M. le D" P. ANcEL. Dans une communication faite, il y a peu de temps, à la Société de biologie (1), nous affirmions l’origine ectodermique des glandes de la. peau de la salamandre terrestre. En cela, nous nous trouvions en complet désaccord avec M"° Phisalix qui avait conclu à l’origine méso- dermique de ces mêmes glandes. Au nom du précédent auteur, M. Phi- salix déclara maintenir ses conclusions pour la raison suivante « J'affirme, dit-il, pour lavoir vu sur de très nombreuses préparations, qu'entre l'ébauche glandulaire et les cellules de la couche de Malpighi il existe constamment une lame dermique le plus souvent accompagnée de cellules pigmentaires. » L'aspect décrit par M. Phisalix se rencontre, il est vrai, très fréquemment, mais si nous examinons la même ébauche non seulement sur une coupe, mais aussi sur les voisines, nous voyons que toujours, sur une ou plusieurs coupes, il existe un point où les cellules glandulaires supérieures sont en contact intime avec les cellules épidermiques. À ce niveau on ne rencontre donc ni derme ni pigment, et la différenciation entre les cellules glandulaires etles cellules épider- miques ne peut être faite qu'en se basant sur l'orientation de ces diffé- rents éléments; seule cette orientation constitue la démarcation dont nous avons parlé, et quand nous disons : « Toujours il existe un point où il est souvent impossible de reconnaitre une démarcation entre les cellules de la glande et les cellules épidermiques », cela signifie que souvent l'orientation des cellules de l’ébauche et de l’épiderme en (4) Recherches sur le développement des glandes cutanées de la salamandre. Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 1900, n° 35, p. 959. ERA Sn NTSC SE LE est Le LEA D EP 7 RE PE EE BREST STE = 27 TR NUE.) CR np Ce ce # Es. ME TECTDE 5 À A La br lee SARL ES RNCONURE TS TS ne) 1060 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contact intime, est lelle, qu'assurer si les éléments situés en ce point deviendront glandulaires ou resteront épidermiques nous paraît fort difficile. Pour pouvoir affirmer que la jeune ébauche est séparée de l’épiderme sur toute sa surface par une bande dermique, il faudrait, nous semble-t-il, d’autres preuves que celles apportées par M"° Phisalix; il faudrait notamment montrer la série des coupes qui intéressent cette ébauche et faire voir qu’en aucun point il n’y a contact entre l'épiderme et la glande. Nous avons vainement cherché cette série dans la thèse de M°° Phisalix. En supposant même qu'il existe des ébauches séparées de toute part de l’épiderme par une bande dermique, fait que nous n’avons jamais rencontré dans nos préparations, cela ne suffirait pas pour infirmer l'idée de l’origine ectodermique des glandes. Un bourgeon né dans l’épiderme pourrait, en effet, perdre tout contact avec ce dernier et se trouver à un moment de son évolution entièrement intradermique. Le fait principal qui nous permet d'affirmer l’origine ectodermique des glandes de la peau de la salamandre est celui que nous avons déjà signalé dans notre précédente communication, à savoir que les jeunes. bourgeons sont toujours complètement intraépidermiques ; ils ne com- mencent à faire saillie dans le derme que quand ils ont acquis un cer- tain développement. A l'appui de ces recherches, et en attendant la publication deînotre travail sur ce sujet, nous présentons à la Société des dessins d'un bourgeon jeune intraépidermique et de la série complète des coupes intéressant une ébauche faisant déjà saillie dans le derme, mais non encore pourvue de lumière. (Travail du laborutoire d’Anatomie de la Facullé de médecine de Nancy.) REMARQUES SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE, par M. C. PuisaLix. « Pour pouvoir affirmer que la jeune ébauche glandulaire est séparée de l’épiderme sur toute sa surface par une bande dermique, il faudrait, dit M. Ancel, montrer la série des coupes qui intéressent cette ébauche... Nous avons vainement cherché cette série dans la thèse de M®° Phisalix. » Aucun embryologiste, je pense, ne pourra supposer que M° Phisalix s’est bornée à faire quelques coupes éparses pour élucider une question aussi délicate; les savants qui, au Congrès de médecine, ont assisté aux séances de démonstration d'Histologie et d'Embryologie, ont pu examiner à loisir ‘de très nombreuses préparations, faites par des SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1061 méthodes variées, de coupes en série d'embryons de salamandre, à toutes les périodes du développement. J1 n'y avait aucune nécessité à consacrer une planche à la, reproduc- tion des dessins de la série correspondant à la figure 2 de la planche II de sa thèse. Celle figure représente la coupe moyenne de la série ; pas plus que celles qui la précèdent ou qui la suivent, elle n’a de rapport de filiation avec les cellules épidermiques. M. Ancel envoie à la Société un dessin représentant la série des coupes successives d'une ébauche glandulaire de larve de 4 cent. 3. On y voit sur 3 coupes, en un point très limité, le contact des cellules glandu- laires et épidermiques. Mais ce fait, qui se produit à un certain stade du développement, comme l’a montré M Phisalix, ne prouve pas que ces cellules dérivent les unes des autres; la différence d'orientation, de volume, de forme suggère, au contraire, l'idée qu'elles n’ont pas la même origine et que leur rapprochement résulte d'un phénomène secondaire. Quant au bourgeon glandulaire, complètement intra-épidermique, tel que le figure M. Ancel, nous ne l'avons jamais observé; l'unique dessin qu'il en donne, sans transition avec les phases qui précèdent et celles qui suivent, ne constitue pas une preuve de sa nature glandulaire. Je ne veux pas abuser des moments de la Société en prolongeant plus longtemps cette discussion : elle porte sur des points difficiles et délicats et ne saurait être élucidée par des notes contradictoires, sans avoir recours à l'examen des préparations elles-mêmes. INFLUENCE DES SURFACES SUR LES DÉPENSES DE L'ORGANISME CHEZ ES ANIMAUX A TEMPÉRATURE VARIABLE PENDANT L'HIBERNATION, par MM. les D'° E. MaureL et DE REY-PAILHADE. Dans une communication faite le 6 octobre äernier, l’un de nous a fait connaitre le résultat de ses recherches sur l'influence de la tempé- ralure ambiante sur les dépenses de l'organisme chez les lortues pendant le sommeil hibernal. Or, c'est ea utilisant les mêmes observations, mais en les envisageant à un autre point de vue, que, dans cette note, nous allons étudier l'influence des surfaces sur les dépenses de ces mêmes ani- maux et dans les mêmes conditions. | Comme dans le travail précédent, nos observations comprennent donc deux périodes d'hibernation : 1898-1899 et 1899-1900. Les premières ont porté sur onze tortues et les secondes sur treize. Pendant ces deux périodes, ces animaux ont été presque sans mouvement. Leurs dépenses ont donc été réduites d'une manière à peu près exclusive à celles de la 1062 SOCIÉTÉ DE B!OLOSGIE radiation cutanée. Enfin, gràce au procédé que nous avons fait con- naître (1), leurs surfaces ont été calculées presque exactement. Pour apprécier l'influence de la surface sur les dépenses de ces ani- maux, nous avons employé deux procédés : le premier nous à donné les dépenses par kilogramme de poids, et le second les dépenses par déci- mètre carré. Nous allons exposer le résultat de ces deux séries de, recherches. | PREMIER PROCÉDÉ. — Nous avons réparti les tortues en trois groupes: le premier comprenant celles pesant plus de 500 grammes, lle deuxième comprenant celles pesant de 300 à 400 grammes, et le troisième comprenant celles pesant moins de 200 grammes. Les résultats ont été les suivants : Première hibernation (1898-1899) : 193 jours. GROUPE POIDS TOTAL PERTE TOTALE PERTE PAR KIL. PERTE PAR KIL. et nombre le 30 octobre. pendant pour et d'animaux. 1898. l'hibernation. toute la durée. par jour. 17 sroupe, 7 animaux. 43185 » 4588 » 104814 05539 2e groupe, 3 animaux. 10165 » 1278 » 425 - 0 697 3° groupe, 4 animal. 1648 » 348 » 189 02 0 980 Deuxième hibernation (1899-1900) : 164 jours. 1er groupe, 8 animaux. 53038 » 3318 » ‘ 67812 _ 05409 2° groupe, 4 animaux. 14368 » 1095 » 15 91 _ 0 464 3° groupe, ». 41718 » 198 » 107 35 - 0 652 Comme on le voit par ces tableaux, les différences de pertes subies par ces trois groupes sont des plus marquées. Ces pertes vonten dimi- nuant des animaux les plus volumineux aux plus petits. Pendant la première hibernation, les pertes, par kilogramme et par jour, ont été de 0 gr. 55 pour les premiers, de 0 gr. 65 pour les intermédiaires et sont arrivées à 0 gr. 98 pour les plus petits. Les résultats, quoiqu'un peu moins marqués, sont encore des plus nets pendant la seconde hibernation. Les dépenses ont été, par kilo- gramme et par jour, de 0 gr. 4{ pour les plus volumineux, de O gr. 46 pour les intermédiaires et de 0 gr. 65 pour les plus petits. (1) Evaluation approximative du volume et de la surface des tortues en fonction, soit du rayon moyen, soit du poids, par les D'° Maurel et de Rey- Palhade. Société d'histoire naturelle de Toulouse, avril 1900. SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1063 Nous sommes done conduits à cette première conclusion, qui, du reste, devait être prévue : que pendant le sommeil hibernal les pertes des tortues dues à la radiation cutanée sont d'autant plus élevées que les sujets sont plus petits. SECOND PROCÉDÉ. — Ce procédé rend l'influence des surfaces sur les dépenses de l'organisme encore plus évidente, en ce sens qu'il montre non seulement que les dépenses varient avec les surfaces, mais aussi qu’elles leur sont proportionnelles. Dans ce procédé, en effet, nous avons calculé les surfaces de ces animaux, et, en divisant les dépenses par les surfaces, nous sommes arrivés à ce résultat que, quel que soit le volume de l’animal, les dépenses d'une surface donnée restent sensiblement les mêmes. C’est ce qui ressort des chiffres suivants : Première hibernation (1898-1899) : 193 Jours. GROUPES POIDS PERTE SURFACE PERTE PERTE et total totale totale par par nombre le 30 octobre dans les des décim. carré. décim. carré. d'animaux. 1898. 193 jours. groupes. pour 193 jours. et par jour. 1er groupe. 7 animaux. 43185 » 4585 » 219007 16598 050876 2e groupe. 3 animaux, 10165 » 1218 » 70 12 16 45 0 0854 3° groupe. 1 animal. 1645 » 315 » 1 59 1190) 0 191 Deuxième hibernation (1899-1900) : 164 jours. 1er groupe. $ animaux, 53058 » DOTE Eee 11511 050677 2e groupe. 4 animaux. 14365 » 1095 » 10 72 10150. 0 0646 3e groupe. 1 animal. 1778 » 198 » 1 67 11 38 0 0695 Comme on le voit par ces tableaux, les dépenses calculées par déci- mètre carré sont sensiblement égales. Ces dépenses varient de 0 gr. 085: à 0 gr. 101 pour la première période hibernale et seulement de 0 gr. 064 à 0 gr. 069 pour la seconde. Nous croyons devoir faire remarquer, en terminant, qu'on ne devrait pas espérer trouver une proportion aussi exacte s’il s'agissait d'animaux jouissant de toute leur activité (1). Pour ceux-ci, en effet, la radiation cutanée ne représente que les deux tiers des dépenses, et l’autre tiers doit varier plus avec le volume qu’avec la surface. Dans nos expériences, (4) Pour le cobaye et pour le hérisson, en effet, les rapports sont moins exacts (Voir : Influence des saisons sur les dépenses de l'organisme. Archives médicales de Toulouse et Languedoc médico-chirurgical, 1900). SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au contraire, les tortues ayant été immobiles, elles ne e subissaient guère et f que les pertes dues à la radiation cutanée, et ainsi doit s expliqu “la: " | presque exactitude de nos résultats. MOT © 2" Pix De nos expériences, nous conclurons donc : Re 1° Que pendant le sommeil hibernal les pertes des tortues, caleulées par pi _ kilogramme de leur poids, sont d'autant plus grandes que banal est pis 1e pelit; ee ; de: 20 Que ces différences sont très appréciables dès qu'il s'agit de poids. 1e bles; 4 Dust. 3 Enfin que, dans es mêmes conditions, quel que soil le Rs de (Æ l'animal, les pertes sont très sensiblement proportionnelles à sa surface. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris : Imprimerie de la Cour d’appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1065 SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1900 MM. Cu. AcaarD et M. Lorrer : Les globules blancs dans la tuberculose. — MM. O.-F. Mayer et J. BERTRAND : Note sur la phagocytose du bacille d'Eberth. — M. Cx. FÉRÉ : Note sur l’excitabilité dans la fatigue. — M. A. HÉNOCQUE : Effets physiolo- giques de l'ascension à la Tour Eiffel. Modifications dans l’activité des échanges respiratoires de l'organisme. — Dr E. Wrexer (de Vienne) : Sur l’action antimicro- bienne du sérum des animaux traités avec l'arsenic et la créosote. — MM. L. Grim- BERT et G. LEGROS : B. coli et B. typhique. — MM. Sagrazës et Murarter (de Bor- deaux) : Numération des éléments cellulaires contenus normalement dans la séro- sité péritonéale du bœuf. — M. CL. ReGaup (de Lyon) : Variations de la sécrétion liquide de l’épithélium séminal suivant les stades de l’onde spermatogénétique. — M. Berry : Recherches sur les ferments de l'embryon. Présidence de M. Bouchard. Dans la séance précédente, M. BoucaarD a annoncé à la Société la mort du professeur Ollier, de Lyon, membre associé; en disant quelle fut la place prééminente d’Ollier dans la chirurgie française, il a rappelé que les premiers travaux de l’illustre chirurgien furent des travaux physiologiques et que cette direction d’études ne fut sans doute pas sans influence sur son développement ultérieur; c'est par cet esprit scientifique qu'il sut s'élever au premier rang des chirurgiens ; M. Bou- chard se fait, en terminant, l'interprète des profonds regrets qu'éprouve toute la Société. OUVRAGES OFFERTS M. Hénocoue offre un livre intitulé : 7ravaux exéculés à la Tour de trois cents metres. G. Eiffel. Grand in-4°, 262 pages, imprimerie Maretheux, Paris, 1900. 3 Dans cet ouvrage sont réunis d'importants travaux sur la météorologie, la visibilité, la télégraphie optique, et sur divers phénomènes de physique, en particulier sur l’origine tellurique des raies de l'oxygène dans le spectre solaire. Un chapitre qui intéresse plus directement les biologistes à été consacré à l'étude des effets physiologiques de l’ascen- sion à la Tour Eiffel qui sont résumés dans la communicalion suivante de M. Hénocque. BioLocie. ComPprEes RENDuS. —- 1900. T, LIT, 81 pbs 68e M ie ee Lee De NERO LUES Lea 5 PIECE A : 1 1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. Marey. — J'ai l'honneur de présenter à la Société, dela part de M. le professeur Mosso, président du Congrès international de phy- siologie pour 1891, un compte rendu de la première réunion de la Com- mission internationale de contrôle des instruments enregistreurs et d'uni- fication des méthodes en physiologie. Cette commission, créée au Congrès de Cambridge de 1898, a pour but d'établir une entente entre les physiologistes de tous pays, afin que les résultats de leurs expériences soient facilement comperables. À l’unanimité des membres présents, la Commission à émis un certain nombre de vœux destinés à faire disparaitre les imperfections de certains instruments et les dissemblances dans les résultats obtenus. Ces vœux seront présentés au prochain Congrès international qui aura lieu en septembre 1901, à Turin. Nos collègues de tous pays auront à les discuter avant leur adoption définitive. Il serait trop long d’en donner ici la lecture et d’entrer dans les développements nécessaires. Mais chacun des membres de la Société pourra les étudier à son aise sur l’'exemplaire de la présente note qui leur sera remis par les soins de M. le secrétaire général. LES GLOBULES BLANCS DANS LA TUBERCULOSE, par MM. Cu. Acaarp et M. Lœper. (Communication faite dans la séance précédente.) On sait que la tuberculose provoque dans les séreuses la formation d'épanchements dont la formule leucocytaire est caractérisée par l’abon- dance relative des éléments mononucléaires (lymphocytes et mononu- cléaires). Nous avons examiné à ce point de vue un certain nombre de liquides provenant d'épanchements tuberculeux de la plèvre (44), du péritoine (3) et des méninges (1) qui nous ont donné des résultats conformes. Dans une arthrite tuberculeuse à contenu séreux, nous avons pu constater aussi la prédominance des éléments lymphoïdes : 96 Ilympho- cytes, 4 mononucléaires, 2 polynucléaires p. 100. Expérimentalement nous avons reproduit chez le chien des épan- chements séreux par injection directe de bacilles tuberculeux dans les jointures ; et dans le liquide articulaire nous avons observé, après une phase très courte où les polynucléaires étaient plus nombreux, la prédo- minance des éléments mononucléaires. Comparativement nous avons étudié la formule leucocytaire du sang. Chez notre malade, elle présentait une certaine augmentation des mono- nucléaires (64 polynucléaires, 36 mononucléaires p. 100). Chez les SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1067 animaux, elle indiquait une réaction parallèle à celle de l’arthrite, c'est- à-dire une très légère polynucléose au début, puis une augmentation relative des mononucléaires. Cette donnée est applicable, d’une manière générale, aux lésions de tuberculose localisée. L'injectionu de bacilles tuberculeux sous la peau provoque de même dans le sang la polynucléose au début, suivie d’aug- mentation des lymphocytes et mononucléaires lorsque le nodule tuber- culeux se constitue. De même encore, dans la tuberculose généralisée, produite expéri- mentalement par inoculation intra-veineuse, c’est une légère poly- nucléose initiale, suivie de l’augmentation des mononucléaires, qui s'observe. Enfin, l'examen histologique des lésions tuberculeuses montre que, localement, ce sont d’abord les polynucléaires qui apparaissent à l'ori- gine du nodule tuberculeux; puis à cette polynucléose locale succède bientôt l’afflux des mononucléaires. Enfin, à une phase plus avancée, lorsque la caséification se produit et amène la mortification des élé- ments anatomiques, ce sont des polynucléaires qui apparaissent. Chez l'homme, le sang, au cours de l’évolution des lésions tuber- culeuses, subit l'influence de ces réactions leucocytaires locales. Dans la tuberculose aiguë, nous avons pu constater l'augmentation des éléments mononucléaires. Dans la pneumonie caséeuse, nous avons trouvé la polynucléose. Dans les cas de pleurésie ou de péritonite tuberculeuse, à épanchement séreux, c’est habituellement l’augmen- tation des mononucléaires que nous avons observée. Mais il convient de remarquer que bien des influences accidentelles, telles que les infections secondaires et divers incidents intercurrents, et aussi la présence dans l’organisme de plusieurs foyers à différents stades d’évo- lution, peuvent défigurer plus ou moins le type en quelque sorte sché- matique dela réaction leucocytaire provoquée dans le sang par l’in- fection tuberculeuse. NOTE SUR LA PHAGOCYTOSE DU BACILLE D'EBERTH, par MM. O.-F. Mayer et J. BERTRAND. La sérosité récente de vésicatoire recueillie dans un verre de montre vingt heures environ après l'application, avant qu'elle soit devenue purulente, contient un grand nombre de leucocytes très mobiles. Si une goutte de ce liquide, de très petit volume, est placée dans la cupule du compte-globules d'Hayem de façon à laisser, après l’applica- tion d’une lamelle, une couronne d'air autour d'elle, et si, après avoir luté, on introduit la préparation dans une platine chauffante où cireule 1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l’eau à 40 ou 41 degrés fournie par un récipient à régulateur, on peut observer à loisir les mouvements amiboïdes des globules blancs de l’homme, dans de très bonnes conditions et pendant longtemps (procédé publié par Mayet au Congrès de Bordeaux en 1895). Si celte sérosité est mélangée avec une culture de bacille d'Eberth virulent ou atténué doué de mouvements très actifs, on peut constater avec un peu d'attention que les bacilles sont phagocytés par les leuco- cytes. Malgré la difficulté qu'il y à à suivre les bacilles non colorés et doués d’une mobilité extrême qui fait qu’ils se présentent rarement de profil, le phénomène est évident. Il est d’ailleurs absolument confirmé par la présence, qui ne tarde pas à se manifester, des bacilles très visibles même sans coloration, dans le protoplasma des leucocytes, et surtout par le procédé suivant : Si l'on fait un mélange à parties égales de sérosité récente de vésica- toire et d’une culture virulente de bacille d'Eberth, dans un tube stérilisé, qu'on place le tout une demi-heure dans une étuve réglée à 37 ou 38 degrés, et que, prenant de petites goultes de ce liquide, on les étende en couches minces sur des plaques de verre immédiatement séchées par agitation à l’air, qu'on fixe ces préparations par immersion une heure dans le mélange d’alcool et d'éther ou très rapidement (45 secondes) dans le sublimé en solution saturée, puis qu'on traite la préparation bien lavée par la safranine à 1/300, on colore admirable- ment en jaune-rouge-noir les bacilles qui apparaissent nombreux et pressés dans le protoplasma incolore, quoique apparent, des leucocytes, autour du noyau coloré très légèrement en jaune rougeàtre. Dans certains leucocytes les bacilles sont déjà en partie digérés et désagrégés en granulations irrégulières; dans la plupart d’entre eux, encore intacts, ils forment un véritable feutrage ; dans d’autres ils sont peu nombreux et simplement entrecroisés. (Travail du laboratoire de pathologie générale de la Faculté de Lyon.) NOTE SUR L'EXCITABILITÉ DANS LA FATIGUE, par M. Cu. FÉRÉ. La fatigue aboutit à l'inexcitabilité; mais ce résultat ultime se pré- sente rarement chez l'homme : l’inexcitabilité comme conséquence d’une décharge nerveuse s’observe principalement dans la stupeur post-paroxystique des épileptiques. Plus souvent on trouve dans divers états d’épuisement une excitabilité anormale, la faiblesse irritable, dit-on. On observe en effet au cours de la fatigue des exaltations de l’excitabilité que l’on peut mettre expérimentalement en évidence. ÉD A nn à er eut SET EE SÉANCE DU Â5 DÉCEMBRE 1069 Si, lorsqu'on travaille à l'ergographe, on fait intervenir une excitation sensorielle, au moment où les soulèvements s'abaissent au point de ne plus fournir qu'un travail insignifiant, on voit tout de suite les soulève- ments se relever (1), et, sous l'influence de l'excitation continue, le sujet fournit un travail supplémentaire. Si on prend des ergogrammes suc- cessifs à intervalles égaux, et si chaque fois, quand arrive la défaillance, on fait intervenir la même excitation, on voit en général le travail supplémertaire augmenter pendant un temps, et les soulèvements sup- plémentaires s'accroissent en hauteur -à chaque reprise, et on les voit bientôt dépasser celle des soulèvements du travail initial. Tandis que l’excitabilité se manifeste par un travail supplémentaire plus important, le travail initial diminue et trahit une fatigue plus intense que dans le travail fait dans les mêmes conditions de temps, mais sans aucune excitation intercurrente. La répétition du travail prolongé par l'excitation accélère la manifestation de la fatigue dans le travail initial dont les soulèvements s’abaissent en même temps qu'ils diminuent de nombre : quand on a recours à un excitant pour tra- vailler, on ne peut bientôt plus travailler sans excitant. Les excitations tactiles, visuelles, auditives, gustatives peuvent pro- voquer les relèvements de l’activité volontaire; mais, au cours de recherches sur les excitations pénibles, comparées aux excitations agréables, nous avons fait des expériences plus nombreuses avec les excitations de l'odorat. Des expériences prolongées ont été faites notam- ment avec l'ammoniaque, Je valérianate et le sulfhydrate d'ammo- niaque, l’aniline, la benzine, la mononitrobenzine, l’assa fœtida et les essences aromatiques. Comme on en peut juger par les graphiques, toutes les séries d'expériences mettent en lumière une période d’excita- . bilité exagérée au cours de l’accumulation de la fatigue, mais l’une des séries les plus instructives est celle qui a été obtenue avec l'essence de cannelle de Ceylan et qui se trouve résumée dans le tableau ci-après. (On travaillait avec le médius droit soulevant 3 kil. chaque seconde et les 18 ergogrammes successifs ont été pris à des intervalles d’une minute.) Bien que la sensibilité diminue au cours de la fatigue, l’excitabilité augmente par périodes avant de disparaitre. À mesure que la fatigue s'accentue, la perception de l’excitalion intercurrente est retardée; l'odeur est perçue comme excilant avant d’être percue comme sensation différenciée ; les odeurs les plus fétides provoquent une sensation de bien-être avant d’être perçues comme odeur, et leur qualité pénible n'apparait qu'ensuite, ou même fait défaut. On pourrait être tenté d'attribuer l'augmentation des effets de l’exci- tation, non pas à une augmentation de l'excitabilité, mais à l'addition, à la (4) Ch. Féré. La pathologie des émotions, 1892, p. 161. 1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sommation des excitalions successives. L'expérience répond à l’objec- tion : si au lieu de faire intervenir l'excitation au déclin du premier ergogramme, on ne la fait agir qu'au cinquième, on voit que ce pre- mier travail supplémentaire est plus considérable que le travail ini- tial et, dès l’ergogramme suivant, les soulèvements de travail sup- plémentaire sont plus élevés que ceux du travail initial. HAUTEUR NOMBRE à TRAVAIL QUOTIENT : totale. FRA es 2 AP Abe de fatigue. RAPPORT É RP M te Re US ee RE EG PEN ET du travail 5 = £ a Ê 8 Ê = & supplémentaire En É => E SE E SE E E au travail E LE E É 5 E ÊÈ a É 5 initial. S Ei as à ë à S Ps E a Es & E & ue E m. Kk. MEN OMIS )1 55 DT AND OMS 00 IPS AA 0, 86 2AN RE SR 0e 747 33 41 4,06 | 3,741 | 4,00 | 3,07 0, 91 DA A9 NB 2524 30 19 oO TE Re re 52; 1,95 LA CE (GP) ak 110 ROM SE 2 4,57 20,501, 08 18 65 15608419; 240103 4441827538 sud CHROME? 75 2 AO S LSPIPORSTNNPNDS 2, 38 TI RONS 1 MP 26 52 2,431 3,36 1841400 2/45 1,38 8 | 0,61 | 1,44 21 T4 1,83 | 4,32 | 2,90 | 4,94 2, 36 OMROTE 4, 04 24 41 a VOD 4 2e DE 77 ral 0e 971) 4,42 TOMCAT 20 57 1050 RS GAMME NP N0S 1, 80 44 | 0,12 | 0,56 8 21 0,36 | 1,68 | 1,50 | 2,66 4,66 AMRONMS MEET 9 46 | 0,45 | 3,41 | 1,66 | 3,19 7,51 1GMEOMS EME 8 46 0,45 | 5,16 | 1,87 | 3,73 11,46 14 | 0,06 | 1,41 Hi) 38 OMS PSN IMPR ON ES APTE 23, 50 || 45 | 0,04 | 2,06 b 50 OMPE NO UASAIED 80 AGH Bÿl, 7 AG LOS AO MAS TS 8 45 00065 60 POESIE ReS 17, 88 LAN 01 260 6 87 OA A SORNEENICME AS 31, 14 1SANO 02 MP EE 1 49 ORAN E MAMIE SNIES NP 0 17, 40 2,86 81,30 117,16 Le rapport de la fatigue avec l’excitabilité se voit bien dans le fait suivant: au cours d’une expérience où les ergogrammes prolongés par une excitation iutercurrente étaient séparés par des repos d’une minute, l’arrivée d’une personne dans le laboratoire a produit un retard d'une minute dans la reprise. Dans l’ergogramme suivant, le travail initial, précédemment moindre que le travail supplémentaire, avait repris la prédominance en longueur et en hauteur; l’ergogramme suivant, pris après le repos ordinaire d’une minute, présente de nou- re Ex JE SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1074 veau les caractères d'hyperexcitabilité : le travail supplémentaire pré- sente des soulèvements plus nombreux et plus élevés que ceux du travail initial. Au cours de l'accumulation de la fatigue, l'excitabilité présente des oscillations analogues à celles que l’on observe dans l’activité volon- taire, comme nous l'avons vu dans l'ivresse motrice et comme on l’a souvent signalé dans l'attention. EFFETS PHYSIOLOGIQUES DE L'ASCENSION A LA TOUR EIFFEL. MODIFICATIONS DANS L'ACTIVITÉ DES ÉCHANGES RESPIRATOIRES DE L'ORGANISME, par M. A. HÉNOCQuE. Dans une communication déjà ancienne (16 novembre 1889), j'ai indiqué les résultats d'une première série d'observations faites à la Tour de 300 mètres, et j'avais déjà plus particulièrement signalé l'augmentation de l’activité de la réduction de l'oxyhémoglobine comme un phénomène presque constant produit par le transport rapide et sans fatigue dans la couche d’air du sommet isolé à près de 360 mètres. J'ai complété ces recherches et j'ai réuni plus de soixante obser- vations dans des conditions diverses, étudiant les effets de l’ascension mécanique en ascenseurs, ou des montées à pied par les escaliers, et enfin de la descente par ces escaliers. J'expose ici un résumé de ces résultats, renvoyant pour les détails complets de ces recherches à la publication faite par M. Eiffel des tra- vaux scientifiques exécutés à la Tour de 300 mètres dont j'offre un exemplaire à la bibliothèque de la Société. À. Montées par les ascenseurs. — Les observations sont au nombre de 28 cas, parmi lesquels il n'y a eu que deux exemples de diminution de l'augmentation de l’activité, et encore est-elle très minime et doit-elle être attribuée à une influence morale ou à un état de vertiges. Dans les 26 autres cas, l’activité est augmentée. L'augmentation peut être considérée comme la règle. Elle varie de 0,08 à 0,54. La moyenne est d'environ 0,28 ; elle a atteint exceptionnellement 1,15 dans une obser- vation. J'ai observé la persistance de cette augmentation pendant un séjour de deux heures et encore une heure après la descente. B. Activilé dans les montées à pied. — L'activité de la réduction n’a élé diminuée que dans 4 cas sur 23. Elle a été au contraire augmentée dans tous les autres 19 cas. L'augmentation de l'activité est donc la règle. La diminution ne s'est produite que dans des cas d’essouffle- ment, c'est-à-dire de surmenage dû à l'effort trop rapide ou trop intense, ce qui s'observe d’ailleurs dans tous les exercices exagérés. 1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette augmentation est à peu près la même que pour la montée en ascenseurs, quoique ayant une tendance à être supérieure. Elle varie de 0,04 à 0,60; elle est en moyenne 0,30 ou environ le tiers de l’activité normale. Le minimum 0,04 à coïncidé avec un certain degré d’essoufflement. Les maxima de 0,55 et 0,50 ont coïncidé avec une ingestion préalable de café concentré. | La conclusion qui s'impose est que dans l'ascension passive l’aug- mentation d'activité des échanges est due à l'influence du changement rapide du milieu, tandis que dans l'ascension à pied le travail produit et l'exercice musculaire donnent naturellement une augmentation, mais celle-ci n’est pas aussi prononcée qu'on pouvait le supposer. L'influence du milieu ambiant semble à elle seule avoir une impor- tance presque égale à celle de la dépense d'énergie musculaire com- binée avec celle du milieu. Ces deux influences n’agissent pas néces- sairement dans le même sens, ainsi que le prouvent les NUE cas où la diminution a été observée. C. — L'influence de la descente est aussi remarquable. La descente se fait plus rapidement et avec moins de fatigue que la montée; elle n’amène pas d’essoufflement, mais elle produit une sensation de fatigue plus particulièrement localisée dans les muscles du mollet et les muscles antérieurs de la cuisse, c’est-à-dire les extenseurs du pied et de la jambe, et enfin cette fatigue due au travail physiologique s’accom- pagne d’une augmentation de l’activité de la réduction, quelquefois même supérieure à celle que produisait la montée, et s’ajoutant à celle-ci. D. — Les modifications du pouls et de la respiration sont moins importantes, il y a presque toujours augmentation du nombre des pul- sations, et au sommet plutôt diminution du nombre des respirations avec une plus grande amplitude. Dans les trois observations où la tension artérielle a été mesurée au sphygmomanomètre de Potain, elle a présenté une augmentation de 1 à 2,5 centimètres soit dans l'ascension passive, soit dans la montée à pied au deuxième étage. Ces observations ont été faites par le professeur Potain et par le D' Porge. E. — Dans ces recherches, j'ai tenu compte du travail produit dans les ascensions, en ajoutant au travail en hauteur le travail horizontal dû à la marche dans les escaliers. Les conditions d'appréciation de ce travail seront l’objet d’une communication ultérieure. | | | | | SÉANCE DU A5 DÉCEMBRE 1073 SUR L'ACTION ANTIMICROBIENNE DU SÉRUM DES ANIMAUX TRAITÉS AVEC L'ARSENIC ET LA CRÉOSOTE, par M. le D' E. Wiener (de Vienne). Nous voulons démontrer, dans cette note, qu'il est possible de faire produire à un organisme des substances protectrices contre diverses infections microbiennes en déterminant une irritation de ses organes hématopoiétiques par des substances qu’on l'amène à tolérer grâce à une accoutumance faite avec précaution. Dans mes expériences, commencées à Vienne, en 1895, et continuées à l'Institut Pasteur de Paris, dans le service M. Melschnikoff, je me suis servi de l'arsenic et de la créosote. Les indigènes de certains pays pensent que l’arsenic protège le corps contre des maladies diverses et ils l’avalent en’ quantités énormes; ils savent qu’une interruption dans ce régime amène l’amaigrissement et un malaise général. La créosote a été introduite dans la médecine pra- tique par Bouchard, qui a montré son influence sur la tuberculose. I. ArsENIc. — Les expériences avec l’arsenic ont été faites sur des lapins et un chien. Quatre lapins ont recu, en trois mois, tous les trois à cinq jours, des doses croissant progressivement de 0 gr. 0015 à 0 gr. 04 d'acide arsénieux, en solution de Fowler, dans l'estomac (Cf. travaux de G. Brouardel et de Besredka). L'arsenic donné par voie stomacale ne, doit jamais être pris à jeun, et on ne doit jamais modifier le mode d'application : un lapin qui avait bien supporté la dose de 0 gr. 035 per os, succomba à une dose de 0 gr. 008 sous la peau; un autre animal, qui avait bien supporté 0 gr. 030 dans l’estomac plein, succomba à la même dose donnée à jeun. Les animaux traités par voie sous-cutanée ont montré, dans la grande majorité des cas, des abcès asep- tiques au point d'inoculation. Tous les lapins ont succombé dans le délai de trois mois avec des symptômes de cachexie. Le sérum retiré de ces animaux, pendant le cours du traitement, s'est montré non seulement préventif, mais aussi curatif, vis-à-vis de diverses infections microbiennes (typhiques, cholériques, etc.). Ses effets in vitro ont été variables. Le plus efficace a été celui d’un lapin soumis à des injections sous-cutanées d’arsenic, prélevé immédiatement après la disparition des symptômes d'empoisonnement. En revanche, le sérum d’un animal, qui s'était montré très actif, n’a plus montré cette propriété protectrice quand on l’a retiré quelques heures avant la mort due à un empoisonnement arsenical (il y avait eu, dans ce cas, chan- gement dans l'application du poison). Les phénomènes in vitro ressemblent à ceux qu’on obtient avec des sérums spécifiques, tantôt avec les sérums faibles, tantôt avec les sérums forts. Dans le premier cas, quelques bactéries se transforment en boules, mais la majorité resle intacte; l'agglomération ne se produit que tardivement et les amas sont formés d’un petit nombre d'individus bien distinets. Dansle second cas, il ya Ce er) de Tu 1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE « agglomération immédiate, quantité de boules, mais toujours avec conserva- tion des qualités vitales. ‘In vivo, on observe des phénomènes analogues à ceux déterminés par l’em- ploi de sérums spécifiques contre les mêmes espèces microbiennes. En intro- duisant, avec une dose simplement mortelle de Bacillus typhi, de B. coli ou de V. cholerae, 1/2 à 4 centimètre cube de sérum arsénié dans le péritoine d'un cobaye, on voit, dans la goutte retirée peu de minutes après, une diminu- tion apparente du nombre des bactéries et la présence de polynucléaires; au bout d’une heure, il n'y a plus de bactéries, les polynucléaires sont nombreux ; l'animal reste sain. Si l’on donne une dose microbienne plusieurs fois mor- telle, dans les mêmes conditions, les bactéries peuvent conserver leur mo- bilité pendant quelques heures; il y en a quelquefois même de vivantes jusqu’après vingt-quatre heures et elles se transforment lentement en formes dégénérées qui sont englobées en partie par les nombreux leucocytes. Si on laisse écouler quelques heures entre l’inoculation du virus et celle du sérum, alors que les premiers symptômes morbides (abaissement de la tem- pérature, etc.), ont apparu, on observe des effets divers variant : 1° avec le temps écoulé entre l’apparition des premiers symptômes d'intoxication et l'injection du sérum; 2° avec la quantité de microbes injectés; 3° avec la dose de sérum employé. Un chien, traité par des injections sous-cutanées d’arsenic, a donné un sérum dont une goutte, mélangée à une émulsion des bacilles tvphiques, cholériques ou du coli, n’a pas produit d’agglomérations, mais les microbes se sont plus où moins gonflés jusqu'à la transformation en boules, sans que leur virulence ait diminué. Ce sérum s’est montré préventif et curatif. Avant le traitement arsenical, le sérum du chien avait des propriétés légèrement agglomérantes, mais il n’était nullement bactéricide. L'efficacité des sérums se conserve quelque temps après qu'ils ont été retirés de l'animal. Un sérum de lapin de 1895 avait perdu toute action pro- tectrice et se comportait comme un sérum neuf. Le sérum d’un lapin traité per os pendant trois mois, a perdu toute action in vitro cinq semaines après sa sortie des vaisseaux; celui d'un lapin traité par voie sous-cutanée pendant quatre semaines, l’a perdu au bout de quinze jours. Tous ces animaux, avant leur traitement, avaient un sérum faiblement bactéricide et agglomérant. L'action contre la peste (les infections étaient faites par M. Dujardin- Beaumetz) était nulle, contre la tuberculose peu efficace. IT. CrÉéosore. — Deux lapins ont recu, par la voie digestive, des doses quoti- diennes de créosote, en capsules gélatineuses, allant de 0 gr. 2 à 0 gr. 8. L’un a recu en tout 7 gr. 6, l’autre 15 gr. 4, respectivement en vingt-trois et trente- trois jours. Le sérum, qui avait, avant le traitement, des propriétés faiblement agglomérantes, est devenu fortement bactéricide. Son effet curatif vis-à-vis des B. typhi et coli et du V. cholerae, était aussi accusé que dans le cas de l’arsenic. Pour comprendre l'effet du traitement avec les sérums arséniés et créosotés, il faut se souvenir que l'organisme normal possède un pou- voir bactéricide, et qu'il suffit simplement d'augmenter ce pouvoir pour obtenir un sérum actif. Avec les procédés d'immunisation actuels, on se SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 4075 préoccupe seulement d'obtenir des sérums spécifiques vis-à-vis du poison auquel on accoutume l'organisme à réagir. En même temps, on développe dans les organismes traités, des substances protectrices vis-à-vis de toutes les influences nocives, surtout vis-à-vis du poison employé. Ù Avec le traitement par l’arsenic et la créosote, les substances protec- trices existant normalement sont considérablement accrues et peuvent s'exercer contre des poisons divers. Ces substances jouent donc le rôle affecté aux lysines et agglutinines et elles préexistent à un faible degré comme les alexines. Nous pouvons ajouter que nos substances protec- trices perdent leur pouvoir bactéricide par le chauffage à 55 degrés, mais restent immunisantes. Le pouvoir bactéricide est affaibli par deux jours de chauffage à 43 degrés. B. cocr ET B. TYPHIQUE, par MM. L. GrimBEert et G. LEGRos. Les unicistes se sont souvent efforcés, par des essais de suppression des fonctions caractéristiques du 2. coli commune type, d'arriver à une démonstration expérimentale de l'identité des deux espèces : coli et typhique. Un élève de Rodet, Jaknin, à repris tout récemment sous sa direction l'étude de l’action d’influences dysgénésiques variées sur la propriété fermentative du coli (1). Le peu d'importance des résultats obtenus (2) nous engage à publier ceux, plus précis, que nous ont donnés des recherches antérieures. Nous avons expérimenté sur cinq colibacilles types isolés de l’in- testin de l'adulte ou du nourrisson. Ces coli ont été soumis à des con- ditions dysgénésiques d'ordre chimique et : 1° cultivés à 37 degrés en eau peptonée boriquée (acide borique de 0,60 à 4 p. 100 suivant la résistance de l'espèce); 2° cultivés en eau peptonée à 37 degrés au con- tact de salol; 3° mis au contact in vitro de quatre échantillons de bile humaine pure et stérile (séjour de cinquante à soixante jours en tubes fermés maintenus à 37 degrés). (1) Jaknin. Thèse de Montpellier, 1900. (2) Idem. « En général, lorsque la propriété de ferment subit une altéra- tion, un passage en bouillon dans des conditions favorables de culture suffit à la restaurer plus ou moins. » — « C’est l’T qui, sous ce rapport, nous a donné les résultats les plus intéressants, en ce sens que la modification qu'il a déterminée (suppression des gaz — suppression de la coagulation du lait — la propriété d'acidifier le lactose reste normale) s’est maintenue malgré l'entretien en bouillon ordinaire, » É k 1076 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Enfin, ayant eu connaissance des recherches de Rodet et Jaknin, nous avons exactement suivi leur technique pour la recherche de l’ac- tion de l'iode. Nos résultats sont les suivants: nous n'avons en vue que la réalisa- tion de modifications persistantes. Deux de nos cinq coli ont perdu leur fonction indol, nous les désigne- rons par les lettres À et B. Le coli À perd sa fonction indol par un quelconque des moyens dys- génésiques précités; chez deux échantillons notamment de ce coli, l’un mis au contact de la bile, l’autre cultivé en milieu boriqué, cette perte semble définitive; elle persiste après quinze générations, deux passages sur le cobaye et un temps quelconque de culture. Les coli artificielle- ment créés conservent d’ailleurs toujours leur propriété de faire fer- menter le lactose et leur vitalité sur les milieux usuels; ils restent même spécifiquement sensibles au sérum d’un cobaye immunisé avec le coli À souche (agglutination similaire au 1/600). Le coli B perd à la fois sa fonction indol, et, semble-t-il, sa propriété de faire fermenter le lactose. IL mérite à ce dernier point de vue une étude à part. Au point de vue des modifications de la fermentation du lactose, un seul de nos cinq coli nous donne un résultat positif, c’est le coli B précité. Après sept passages sur eau peptonée boriquée à 0,60 p. 100, dose maxima supportée, ce coli remis sur milieux usuels y pousse diffi- cilement, ne donne plus d’indol. La peptone lactosée ou glucosée parait lui être plus favorable comme milieu, mais il n'y détermine aucune fermentation appréciable. Il coagule mal, et après plusieurs jours le lait en tubes donne sur pomme de terre un enduit à peine visible et ne montre plus sur artichaut la coloration verte spéciale. Il paraît donc atteint dans sa vitalité même. Il garde une faible mobilité, mais les élé- ments sont cocciformes, fréquemment groupés deux à deux. Le sérum de lapin coagulé, le sérum non coagulé, enfin vingt passages sur gélatine lactosée à 37 degrés ne modifient pas ces caractères. L’inoculation de 1 centimètre cube d’une de ces dernières cultures dans le péritoine d’un tout jeune cobaye de 60 grammes reste sans effet. Or, chez ce coli, on en conviendra profondément atteint par les con- ditions dysgénésiques auxquelles il a été soumis, des diverses manifes- tations de la fonction fermentation du lactose, la production de gazest en _ réalité seule abolie. En effet, le lait en surface (matras) est coagulé en vingt-quatre heures avec acidité nette, la gélatine lactosée tournesolée donne en dix-huit heures à 37 degrés une teinte rouge à peine un peu moins vive que celle d’un tube témoin ensemencé avec le coli souche. Dans ces conditions, seul un dosage rigoureux du lactose pouvait éclairer la question. Mais, vu la difficulté d'opérer par les méthodes ordinaires de réduction, à cause de la présence de la peptone dans nos SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1077 milieux, nous avons employé pour le titrage de la solution sucrée la méthode de Lehmann modifiée par Maquenne (1) et par l’un de nous. Deux ballons renfermant 150 centimètres cubes d’une solution de lac- tose pur à 5 p. 100 dans de l’eau peptonisée à 2 p. 100 et parfaitement neutralisée, ont été ensemencés l'un avec le coli modifié, l’autre avec de l'Eberth et examinés au bout de huit jours. Deux expériences nous ont donné les résultats suivants : LACTOSE CONSOMMÉ RÉACTION p. 100. CE CT ET — 49 90 Coli modifié. . . . . Acide. 0,208 0,320 BIDETLEL DORE Alcaline. 0,0 0,0 Il y a donc une attaque faible, mais réelle, du lactose par notre B. coli modifié. Notons enfin qu’au point de vue agglutination ce coli B modifié n’est nullement sensibilisé vis-à-vis d’un sérum Eberth simultanément éprouvé par le coli B souche. Tels sont les résultats auxquels nous sommes arrivés, dans des con- dilions dysgénésiques aussi rigoureuses que possible, puisque leur limite était la stricte viabilité de l'espèce étudiée. On conviendra qu'il est difficile d'y voir une justification expérimen- tale des théories unicistes. Remy vient de publier (2) sur un sujet connexe de très importants résultats; au point de vue qui nous occupe, et possédant cette notion de la difficulté qu'il paraît y avoir à supprimer la fonction attaque du lactose, il nous est permis de nous demander si, dans les résultats relatés par l’auteur, cette fonction est réellement abolie quand il men- tionne seulement la propriété « gaz » comme disparue. NUMÉRATION DES ÉLÉMENTS CELLULAIRES CONTENUS NORMALEMENT DANS LA SÉROSITÉ PÉRITONÉALE DU BOEUF, par MM. Sasrazës et MuraTET (de Bordeaux). Nous avons fait des numérations comparatives, exprimées en valeurs absolues par millimètre cube, des globules rouges et blancs en cireu- lation dans le sang, et des éléments cellulaires contenus normalement dans la sérosité péritonéale du bœuf. (4) Maquenne. Bulletin de la Société chimique, t. XIX, p. 926, 1898. (2) Annales de l'Institut Pasteur, novembre 1900. 1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE md Nos recherches ont porté sur trois bœufs sains (d’eux d’entre eux avaient quelques lombries dans l'intestin). Nous reñvoyons aux proto- coles de ces numérations qui seront publiés, le 16 décembre 1900, dans la Gazette hebdomadaire des sciences médicales de Bordeaux. Les résultats obtenus confirment et précisent nos précédentes conclu- sions formulées le 21 octobre dernier : Normalement, dans la sérosité péritonéale du bœuf, on note une con- centration des leucocytes; leur nombre absolu par millimètre cube est plus élevé que dans le sang ; cette conclusion s'applique tantôt à tous les types leucocytaires (sauf les Mastzellen); tantôt elle se limite aux polynucléés neutrophiles et surtout aux cellules éosinophiles à noyau polymorphe et à noyau rond (on trouve toujours dans la cavité périto- néale du bœuf des myélocites éosinophiles). Aux leucocytes sont associés, dans les sérosités, beaucoup de cellules endothéliales libres (difficiles à différencier des grands leucocytes mononucléés) ou encore soudées par petits groupes et un certain nombre d’hématies. Des inclusions de débris nucléaires, de granulations éosi- nophiles, voire même parfois de bactéries, peuvent être constatées nor- malement à l'intérieur de quelques-uns des éléments cellulaires en suspension dans la sérosité péritonéale d'animaux reconnus, avant et après l’abatage, et à la suite d’un examen complet des viscères, indemnes de toute tare morbide par MM. les médecins-vétérinaires préposés à l'inspection des viandes et par nous-mêmes. VARIATIONS DE LA SÉCRÉTION LIQUIDE DE L'ÉPITHÉLIUM SÉMINAL SUIVANT LES STADES DE L'ONDE SPERMATOGÉNÉTIQUE, par M. Cc. ReGauD (de Lyon). Dans une communication précédente (1), j'ai décrit l’aspect sous lequel se présente le produit de sécrétion liquide de l’épithélium sémi- nal chez le rat, lorsqu'on l’a mis en évidence par la méthode que j'ai indiquée. Les vésicules de sécrétion (qui, lorsqu'elles sont très fines, se montrent comme des grains noirs) ne se rencontrent que : 1° dans le syncytium fondamental ; 2° dans le protoplasma des spermies. Dans le syncytium, elles occupent : a) principalement la couche génératrice ; b)les travées qui séparent les cellules séminales, et surtout les travées radiaires connues sous le nom de tiges des spermatophores. Pendant le décours de l’onde (1) Société de Biologie, séance du 3 novembre 1900. à. FPS SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1079 —————————————————————————————_—…—————…—————…——————…—_——————……—————————…_……—……<<"“—<“—.—.—.2R spermatogénétique, ce produit de sécrétion subit des variations impor- tantes dont voici l'exposé résumé (1). Stade 1. — Immédiatement après l'élimination des zoïdes mürs, pendant la résorption des corps résiduels chromatoïdes (2), le produit de sécrétion est peu abondant. On voit quelques petites vésicules et quelques grains dans la couche génératrice, les travées syncytiales et ïes jeunes spermies. Stades 2, 3 et 4. — Depuis la fin du stade 1 jusqu’au commencement du stade 4, les vésicules de sécrétion augmentent très rapidement de nombre et de volume dans la couche génératrice. Lorsqu'elles ont atteint le maximum de leur développement, elles forment une rangée serrée de vacuoles très grosses (elles peuvent dépasser la taille des noyaux de Sertoli), de forme irré- gulière, situées contre la membrane du tube, parmi les noyaux de Sertoli et les noyaux de spermatogonies. Outre lès grosses vacuoles, on en voit aussi de moyennes et de petites. Les spermies continuent leur métamorphose et commencent à se grouper en faisceaux qui s’enfoncent dans l’épithélium entre les gros cytes de premier ordre. Au sommet de ces faisceaux, dans le protoplasma syncytial qui entoure les têtes'des futurs zoïdes, s'accumulent des vésicules de taille moyenne et petite, qui proviennent manifestement des grosses vésicules de la couche génératrice. Le lobe protoplasmique de ces spermies, qui tend vers le centre du tube, contient aussi un nombre croissant de très fines vésicules. Stades 5, 6 et T. — L'’asondance et la répartition du produit de sécrétion subissent peu de changements pendant les mitoses des spermatocytes (stades 5 et 6, très courts). Les vésicules de la couche génératrice, qui ont atteint leur maximum de développement au stade #, décroissent peu à peu jusqu'au stade 8, où elles ont à peu près disparu. Au contraire, les vésicules moyennes, accumulées autour des têtes des futurs zoïdes, de même que celles qui remplissent leurs lobes, ne cessent pas d’être nombreuses jusqu'à la fin du stade 7. Stade 8. — Lorsque la fasciculation et la rétraction des zoïdes sont ache- vées, il ne reste à peu près plus de produit de sécrétion dans le syncytium. Dans les lobes des zoïdes les vésicules se sont changées en agglomérations inégales de grains noirs anguleux. Dans les jeunes spermies (nées au stade 6, et encore à l’état de spermatides), on commence à voir deux ou trois grains de sécrétion autour du noyau. Stades 9 et 10. — Pendant l'expulsion des zoïdes de la profondeur à la sur- face de l'épithélium, on voit reparaître des vésicules fines et assez nom- breuses dans le syncytium (couche génératrice et travées interspermatidaires) en même temps que le nombre des grains augmente dans les spermatides. {4) Pour la définition des stades, voir ma communication à la Société de Bio- logie, du 8 décembre. 2) Je rappelle que le produit de sécrétion dont je m'occupe est absolument différent des corps résiduels résorbés au stade 1, et aussi des boules hyalines (provenant en tout ou en partie des corps résiduels) qu'on trouve au stade 2 dans la couche génératrice. ÉLSCPANIE s > She = PET le ee TS PT ER PART E Mél. 4 1080 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans les lobes des zoïdes, les amas de grains noirs se concrètent de plus en plus. Stades 11 et 12. — Lorsque les zoïdes sont arrivés à la surface de l’épithé- lium et qu'ils commencent à se séparer de leur lobe protoplasmique, le syn- cytium et les spermatides sont redevenus très pauvres en produit de sécré- tion. E On voit à la surface de l’épithélium : a) des vésicules de taille moyenne, les unes semblent crever et disparaître, les autres sont accolées aux sperma- tozoïdes et éliminées avec eux; 6) des amas compacts de grains noirs, inclus dans les lobes résiduels, et qui cessent peu à peu d'être visibles. A la fin du stade 12, quand commence la résorption des corps chroma- toides, le cycle recommence par la formation de fines vésicules dans la couche génératrice. Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) RECHERCHES SUR LES FERMENTS DE L'EMBRYON, k par M. BiErry. Les fœtus d'ovidés et de bovidés provenant d'animaux abattus le matin étaient apportés dans le liquide amniotique enveloppés dans les membranes. On s’assurait que le contenu du tube digestif était dépourvu de bactéries, par des cultures faites sur gélatine et sur gélose dans les meilleures conditions d'asepsie. Les organes (pancréas, intestins, foie), dans lesquels on recherchait les diastases, étaient finement hachés et mis à macérer dans une solution de fluorure de sodium à 2 p. 100. On laissait un jour en contact et on fil- trait sur coton de verre. On ajoutait alors les substances, maltose, lac- tose, saccharose, dont on voulait étudier la transformation dans la pro- portion de 1 p. 100. À chaque flacon était joint un témoin dont la macéra- tion avait été préalablement bouillie. On laissait deux jours à l’étuve à 35 degrés. On coagulait alors les albuminoïdes à 90 degrés, et on enle- vait les dernières traces par addition de perchlorure de fer et acétate de soude, neutralisant et portant au bain-marie bouillant. Les liquides clairs, ramenés au même volume, étaient additionnés de phénylhy- drazine et d’acide acétique à 50 p. 100. On pesait les osazones qui se formaient, suivant les expériences de Maquenne (1), dans des conditions de temps, de concentration et d’ébullition rigoureusement constantes. On les caractérisait par leur solubilité et leur cristallisation. La lactase de l'intestin et du pancréas s'est montrée très active ; par contre, il a été impossible de montrer la moindre transformation du sac- (4) Maquenne. Comptes rendus, t. CXIT, p.. 799. SÉANCE DU 15 DÉCEMBRE 1081 charose. L’intestin, le sang et le foie se sont montrés très riches en mal- tase. Pour rechercher la maltase du foie et du sang, qui contiennent normalement du glucose, on faisait usage d’un procédé qui sera décrit ultérieurement. Pour mettre en évidence la pepsine et le lab-ferment, l'estomac était haché et laissé vingt-quatre heures dans une solution d’eau distillée contenant 2 grammes de HCI par litre. On mettait 100 grammes d’organe pour 300 centimètres cubes de liqueur. On voyait l’action de la pepsine sur des cubes d'albumine coagulée, faits à l’'emporte-pièce et placés dans deux flacons, A et B, dont l’un, B, avait été porté cinq minutes au bain- marie bouillart. Au bout de trois jours la solution était complète dans A, tandis qu'on n’observait aucune transformation dans B. - Une autre partie de la même macération, neutralisée, mise en contact avec du lait à 40 degrés, servait à étudier le lab-ferment. Cinq centimètres cubes coagulaient à 40 degrés en 1'7”, 60 centimètres cubes de lait sen- sibilisé avec deux gouttes d’une solution de CaCl? à 10 p. 400; il fallait 120" et 10 centimètres cubes de macération, à la même température, pour obtenir le même résultat avec 60 centimètres cubes de lait sans chlorure de calcium. On n'observait au bout de trois quarts d’heure, avec le Lémoin bouilli, aucun changement dans le lait avec ou sans CaCP. Ainsi donc le tube digestif du fœtus est pourvu de ses diastases bien avant la naissance. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE A four. Nombre de votants : 63. MM ÉINOSSIER. «0 M MP RS Pole L25 VOIX, OR te 0 POUR 1. He Nr DU DOI nn ue cali tu Mood rt CORDES. L'ORRRNT. . OORe e NAE CAE. EN PAPE Ar ONE VE Bulletins blancs : 3. 9e four. Nombre de votants : 51. MM ON OSSIPR SR ME: … . : à us OU VOIRE FOIS A. M OUNER DOUTE TUNIS ELLE | aus hi 10 Abe Biocoëre. CompTEes RENDUS. — 1900, T, II, 82 1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉLECTIONS M. PrLucer (de Bonn), membre correspondant, est nommé membre honoraire, ainsi que M. PoTain. MM. v. RECKLINGHAUSEN et WALDEYER, membres correspondants, sont nommés membres associés. MM. Dovonw, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lyon, et Maupas (d'Alger), sont nommés membres correspondants, ainsi que MM. D. FerRier (de Londres), Earuca et WEIGEeRT (de Franckfurt-am- Mein). ÉLECTIONS DU BUREAU, DU CONSEIL ET DES COMMISSIONS POUR L'ANNÉE 14901 Vice-présidents. — MM. Nerrer et RAILLIET. Secrétaires annuels. — MM. L. Camus, CAPITAN, P. CARNOT, LE. MARTIN. Trésorier. — M. WEIss. Archiviste. — M. RETTERER. Membres du Conseil. — MM. BourQuELoT, Dupuy, LABORDE, MALASSEZ, MANGIN, TROISIER. Comité de contrôle. — MM. FÉRÉ, HANRIOT, LANGLOIS. Commission des membres correspondants. — MM. Dupuy, GrArD, MALASsEz, LAPiCQUE, TRoIsIER, WEISs. ERRATUM Page 1024, dans la note de M. Nattan-Larrier, au lieu de : Arloing, ligne 12, il faut lire : Nocard. Le Gérant : OGTAVE PORÉE. Paris : Imprimerie de la Cour d’appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1083 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE (1900 M. Cu. Féré : L'influence de quelques excitations déplaisantes sur le travail. — M. FrexxeL (de Toulouse) : La réaction de Haycraft pour la recherche des acides biliaires et sa valeur clinique.— MM. Caarces Nicozee et TREÉNEL (de Rouen) : Sur la nature de la combinaison formée par la substance agglutinable du bacille d'Eberth et la substance agglutinante du sérum typhique. — M. Boxer : De l'hy- perleucocytose polynucléaire comme élément de diagnostic de l’abcès du foie. — MM. A. Roper et GALAVIELLE : Essais de sérothérapie antirabique. — M. le Dr Aueusrus D. WaLLer : Action électromotrice des feuilles vertes sous l'influence des lumières rouge, bleue et verte. — M. G, Lecros : Coli-bacilles et capsules bac- tériennes. — M. Gezcé : Mouvements de l'air intrabuccal dans l'émission des sons voyelles. — M. le Dr Warrace Woop, de New-York (University) : Côté car- diaque et côté solaire. — M. LarrcquE (Discussion). — MM. L. Caxus et E. GLex : Action du liquide prostatique du myopotame sur le produit de la sécrétion des vésicules séminales. — M. CL. Recaun : Les phénomènes sécrétoires du testicule et la nutrition de l’épithélium séminal. — M. J. Joy : Sur les « Plasmazellen » du grand épiploon. — MM. J. Ccuzer et H. FRenxec : La réaction de Haycraft et la tension superficielle. — MM. le professeur Marrer et le Dr ArpIN-DELTEIL : Toxicité de la sueur des paralytiques généraux. — MM. Miztron CRENDIROUPOULO et ARMAND Rurrer : Note sur la dialyse des produits solubles élaborés par le bacille pyocya- nique dans les sacs de collodion. — M. L. Nartan-LarRier : Fonction sécrétoire du placenta. — M. LeruLce (Discussion). — M. Pauz MarcaaL : Le retour au nid chez le Pompilus sericeus V. d. L. — M. G. MaréCHAL : Culture pure sur sérum-ascite du bacille de Ducrey, provenant du chancre mou, et inoculation intra-périto- néale au cobaye, mortelle dans les douze heures. — MM. Wipaz et RAvaur : Recherches histologiques sur le liquide des hydrocèles. — MM. Wipaz et RAvauT : Recherches histologiques sur le liquide des pleurésies expérimentales. Présidence de M. Bouchard. OUVRAGE OFFERT M. André Sanson fait hommage à la Société du volume qu'il vient de publier sur L'espèce et la race en biologie générale, dans lequel il s’est, dit-il, appliqué à mettre en évidence la caractéristique exacte et précise et l'importance des deux notions dont il s'agit. L'INFLUENCE DE QUELQUES EXCITATIONS DÉPLAISANTES SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. Les excilalions dont nous avons précédemment étudié l'influence sur le travail étaient en général des excitations recherchées pour leur agré- ment. Il élait intéressant d'étudier comparativement les excitations considérées comme pénibles. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, == 1900, T, [I, 99 sé re re TD EE) 1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le choix des excitations pénibles est assez limité parce que la plu- part exposent à des altérations durables des éléments anatomiques. Cependant quelques excitations de l’odorat laissent à l'abri de ces risques, et c’est à elles qu'on s’est adressé. L'ammoniaque, le valérianate, le sulfhydrate d'ammoniaque, l’ani- : line, l’iodoforme, l’asa fœtida, etc., ont déjà donné des résultats assez semblables pour permettre d’en tirer des conclusions. Nous ne citerons que l'expérience suivante à titre d'exemple. Des séries de quatre ergogrammes (3 kilogrammes soulevés chaque seconde) séparés par des intervalles d’une minute se succèdent avec des repos de cinq minutes. La première série a été précédée d’excitation pendant deux minutes par l’asa fœtida, excitation qui dure pendant le travail. Les cinq séries suivantes ont été faites sans excitation. Après la sixième série, qui à fourni un travail faible, on a fait agir de nou- veau l’asa fœtida deux minutes avant et pendant la septième série. La huitième série a été faite sans excitation. LÉ, Séne (asa fœtida). 2° série (sans excitation). 3° série (sans excitation). 4e série (sans excitation). 5° série (sans excitation). TS SE TS Ne LA ri ee CS HAUTEUR totale. 0,71 0,45 0,30 0,30 16 3,12 à ©) « 2,27 1,99 NOMBRE des soulèvements. 18 15 42 11 129 100 67 91 TRAVAIL en kilogrammètres. 2,13 1,35 0,90 0,90 5,28 12,48 9,36 6,81 8,97 34,62 16,33 10,47 8,10 1,23 42,33 17,34 11,22 7,14 7,83 44,13 12,30 3,99 2,25 1,30 20,04 HAUTEUR moyenne. 3,90 3,00 2,50. 2,72 3,22 3,12 3,38 3,49 3,48 3,29 3,03 3,05 354 3,14 2,65 3,06 3,33 2,95 3,26 3,87 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1085 HAUTEUR NOMBRE TRAVAIL ee nu HAUTEUR Hpfalce soulèvements. kilogrammètres. moyenne: 1,28 33 3,84 3,87 6° série 0,83 23 2,49 3,00 (sans excitation). 0,60 1. 1,80 35e 0,67 17 2,01 3,94 10,14 5,29 146 15,87 3,51 7e série 3,08 93 9,2% 3.23 (asa fœætida). 2,94 95 8,82 3,09 1,82 47 5,46 3,87 39,39 6,38 176 19,14 3,62 8° série 3,45 102 10,35 3,38 (sans excitation). } 3,04 96 9,12 3,16 3,48 114 10,4% 3,05 49,05 En général, la première série d’ergogrammes (médius droit) après un long repos n’est pas inférieure à 20 kilogrammètres. Les séries succes- sives faites sans intervention, avec les mêmes repos que dans l'expé- rience actuelle, diminuent de deux ou trois kilogrammètires. On est donc frappé par deux faits grossiers; la diminution du travail pendant l'excitation pénible et son augmentation quand l'excitation a cessé. Quand les effets consécutifs de l'excitation ont disparu, la diminution du travail est plus rapide qu’à l’état ordinaire. Quand la fatigue s’est manifestée par une diminution notable, si on fait agir de nouveau la même excilation, ce n’est pas une diminution du travail qui se pro- duit, mais une augmentation plus ou moins durable, une augmenta- tion d'emblée, tout comme lorsqu'il s'agissait des excitations agréables. Du reste, l'excitant qui paraissait pénible lorsqu'il agissait au repos perd ce caractère partiellement ou totalement quand il agit chez le même sujet de plus en plus fatigué. Les effets consécutifs indiquent que l'excitation pénible est une exci- tation forte qui provoque par des voies indéterminées des fuites d'énergie dont la volonté ne peut tirer aucun profit immédiat. C’est à cetle impuissance que paraît lié le sentiment pénible. Quand au cours de la fatigue les effets de l'excitation se trouvent atténués par la dimi- nution de l’excitabilité, la volonté peut les utiliser immédiatement et le sentiment corrélatif est changé. $ 1 Qt. he 3 2e ab APS RER 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a — LA RÉACTION DE HAYCRAFT POUR LA RECHERCHE DES ACIDES BILIAIRES ET SA VALEUR CLINIQUE, par M. FRENKEL (de Toulouse). En 1887, nous avons vu à la clinique de M. Eichhorst (de Zürich) employer la réaction de Haycraft pour déceler rapidement la présence de la bile dans les urines. Voici en quoi elle consiste : on verse un peu de soufre en fleurs sur l'urine. Si cette dernière contient des acides biliaires, le soufre va immédiatement au fond de l'urine; sinon, le soufre reste à la surface et ne s’enfonce que partiellement et très len- tement. En 1893, MM. Langlois et de Varigny signalent cette réaction dans la première édition de leurs Æléments de Honploure en ces termes : « Haycraft a fait connaître une manière de s'assurer de la présence des acides biliaires. Il a constaté que du soufre en poudre jeté sur de l'eau ne s'enfonce pas, au lieu que si l'eau contient des acides biliaires, il s'enfonce rapidement. Il n'y a que des savons qui aient cette pro- priété, outre les acides biliaires, d’abaisser la tension de surface. Le soufre s'enfonce dès qu'il y a plus de À pour 5.000 à 10.000 d’acides biliaires. Pour employer cette méthode, il faut commencer par exclure les savons. F ne pu retrouver le travail original de An nous avons repris l'étude de cette question, qui nest pas dépourvue d'intérêt scientifique à la fois et pratique. Il est possible que Haycraft ait tout vu de ce que nous allons exposer. En ce cas, nous n’aurons fait que rap- peler une réaction qui mérilait mieux que l'oubli. Nous avons examiné un très grand nombre de substances au point de vue de leur action sur le soufre et nous avons constaté que la plupart de ces substances n’ont aucune influence sur la réaction de Haycraft, soit qu'on les ajoute à une urine ictérique ou non, soit qu'on les mette en présence du soufre dans de l’eau. Toutefois, il y a tant d’exceptions qu'on ne peut se dispenser d'essayer d'envisager la question à un point de vue général. 4° Le soufre reste à la surface des substances suivantes ou de leurs solutions : Parmi les acides : acides chiorhydrique, azotique, sulfurique, phospho- rique, oxalique, tartrique, phosphotungstique, sulfanilique, picrique, arsénieux, etc. Parmi les alcalis: la soude caustique (mais non la potasse), l’am- moniaque. | Parmi les sels : le chlorure de sodium, les bromures, les iodures, les carbonates, les sulfates de soude, de magnésie, de cuivre, le chro- he SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1087 mate de potasse, le permanganate de potasse, le perchlorure de fer, le ferrocyanure de potasse, l’eau alunée, les sels de cuivre, de plomb, le sublimé dissous sans alcool, etc. 2° Le soufre tombe au fond des substances et des solutions suivantes : L’acide acétique, l'acide trichloracétique, l’acétone, l’acétate d’éthyle, le formol, l’eau phéniquée, le pétrole, l'essence de térébenthine, la benzine, le toluol, le xylol, l'alcool, l’éther, le chloroforme, l’aniline, le sulfure de carbone, l'huile d'olives, l’eau de savon, la potasse en solution forte, et probablement dans un certain nombre d’autres substances, en dehors des acides biliaires. Nos observations cliniques, poursuivies pendant plusieurs années, . nous ont amené aux conclusions suivantes (1): 4° La réaction de Haycraft ou procédé du soufre pour déceler les acides biliaires est un moyen extrèmement simple pour reconnaitre la présence de la bile dans l’urine et dans quelques autres liquides organiques. 2° Cette réaction est très sensible, et sous ce rapport elle peut être comparée aux meilleurs procédés connus pour déceler les acides biliaires (procédé de Pettenkofer, modification de Strassburg, etc.). Mais elle n’est pas aussi caractéristique que ces procédés, elle n’est nullement pathognomonique ; c’est simplement une réaction d'orientation. 3° En effet, quand le soufre donne une réponse positive, il s'agit d'interpréter cette réponse. Il faut d’abord exclure l'existence dans le liquide examiné d’une des nombreuses substances qui précipitent éga- lement le soufre, telles que l'acide acétique, l'alcool, le chloroforme, l'essence de térébenthine et ses dérivés, le phénol et ses dérivés, l’aniline, les savons, etc. : 4° Appliqué à l'urine, le procédé de Hayeraft se montre d'une grande utilité, précisément parce que les substances que nous venons d’énu- mérer s’y rencontrent tout à fait exceptionnellement. 5° Appliqué au contenu stomacal, aux vomissements ou aux selles, ce procédé ne donne que rarement de bons résultats, parce qu'on trouve dans ces liquides très souvent soit de l'acide acétique ou de l'alcool (liquide gastrique), soit des phénols et ses dérivés (liquides intestinaux, selles) qui donnent également une réaction positive avec le soufre. 6° L’explication de la réaction de Haycraft donnée d’après la citation de Langlois et de Varigny par l'inventeur, réside dans les lois de la tension superficielle. Nous apportons avec M. Cluzet, à l'appui de cette explication, un certain nombre de déterminations expérimentales qui en confirment le bien fondé. (Travail de la clinique médicale de M. Mossé.) (1) Pour plus de détails, voir Annales de la Société de médecine de Gand, 1900. 1088 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA NATURE DE LA COMBINAISON FORMÉE PAR LA SUBSTANCE AGGLU- TINABLE DU BACILLE D'ÉBERTE ET LA SUBSTANCE AGSGLUTINANTE DU SÉRUM TYPHIQUE, par MM. CnarLes Nicozze et TRÉNEL (de Rouen). : Nous poursuivons depuis quelques mois l'étude de la nature de la combinaison formée par la substance agglutinable des microbes et la substance agglutinante des sérums actifs vis-à-vis de ces microbes, Une récente communication de M. J. Rehns à la Société de Biologie (4), nous amène à détacher de notre étude inédite quelques expériences qui confirment, d’ailleurs, les conclusions de cet auteur. | Nos expériences ont été instituées, comme les siennes, dans le but de rechercher si l’inoculation d’une culture de bacilles typhiques, agglu- tinés préalablement par l'addition de sérum antityphique, provoque, chez l'animal, l'apparition d’un pouvoir agglutinant identique par la date de son apparition et son intensité à celui que donne l’inoculation d’une culture non agglutinée du même microbe. Trois séries d'expériences ont été instituées par nous : 1° Inoculations de cultures vivantes agglutinées ou non; 2° Inoculations de cullures mortes agglutinées ou non; 3° Inoculations de cultures filtrées additionnées ou non de sérum actif. Nous ne relaterons ici qu'une série d'expériences relatives à l’action sur les animaux des cultures mortes, agglutinées ou non. L'animal réactif de ces expériences a été le lapin. Nous nous sommes préalablement assurés que le sérum de nos lapins ne présentait aucun pouvoir agglutinant normal vis-à-vis du bacille typhique. Nos cultures ont été tuées par l'addition de quelques gouttes de chloroforme, procédé. excellent qui conserve aux cultures leur sensibilité vis-à-vis des agglu- tinines. Lapin 33. — Ce lapin recoit dans les veines un centimètre cube d’une culture de bacille typhique tuée par l'addition de chloroforme. Courbe du pouvoir agglutinant de son sérum : 1tr et 2° jours, 0; 3° jour, 1/10; 4° jour, 1/150; 5e jour, 1/500; 6° jour, 1/600; 7e jour, 1/400; 8° à 13° jour, 1/250 environ ; 20° jour, 1/200; 32e jour, 1/150. Lapin 93. — Ce lapin recoit dans les veines un centimètre cube de la même culture, stérilisée de même façon et additionnée de trois gouttes d'un sérum typhique actif à 14/1200. L'agglutinine a donc été mise en excès; le contact entre elle et la culture a été prolongé pendant vingt-quatre heures. Courbe: agglutinante : 1 et 2e jours, 0; 3e jour, 1/10; 4° jour, 1/60; 5° et 6° jours, (1) Contribution à l'étude de l’immunité acquise, recherches sur l’aggluti- nation du bacille typhique, par M. Jules Rehns, Soc. de Biol., 8 décembre 1900. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1089 1/200 ; 3° jour, 4/300; 8° à 13° jour, 1/250 environ; 20° jour, 1/200; 328 jour, 1/150. Lapin 81 (témoin). — Ce lapin reçoit dans les veines un centimètre cube de bouillon ordinaire additionné de trois gouttes du même sérum actif à 1/1200. Le sérum de ce lapin examiné pendant huit jours de suite après l’inoculation n'a jamais présenté le moindre pouvoir agglutinant. Ces expériences montrent, comme celles de M. Rehns, que les cultures mortes de bacille typhique agglutinées par le sérum actif, déterminent par leur inoculation aux animaux, l'apparition dans les humeurs d’un pouvoir agglutinant dont la courbe ne diffère pas sensiblement de celle que donne l’inoculation des mêmes cultures non agglutinées. Notre conclusion, comme la sienne, est qu'on ne saurait voir dans le phénomène de l’agglutination, une neutralisation de la substance agglu- tinable par l'agglutinine. S'il y a combinaison de ces deux substances, cette combinaison doit être particulièrement instable, puisque l’inocu- lation aux animaux suffit à la détruire. Avec M. Bordet, nous pensons qu'il est plus légitime de voir dans l'agglutination des microbes un simple phénomène physique. DE L'HYPERLEUCOCYTOSE POLYNUCLÉAIRE COMME ÉLÉMENT DE DIAGNOSTIC DE L'ABCÈS DU FOIE, par M. Borne. L'examen du sang de malades atteints de grands abcès du foie (1) d'origine dysentérique montre une forte quantité de leucocytes. Leur proportion est de six à-dix fois plus considérable qu'à l’état normal et, dans nos deux derniers cas, on comptait une quarantaine de globules blanes sur le champ d'une préparation vue à un grossissement de 420 diamètres. Avec les colorations au bleu de méthylène ou à la thionine, on peut aisément constater que les leucocytes à plusieurs noyaux sont très nombreux. Ces données nous paraissent justifier Le terme d'hyperleucocytose polynucléaire. Dans les cas d’abcès du foie, cette augmentation des globules blancs est beaucoup plus considérable que celle qui existe dans l'anémie tropicale, la diarrhée, l’entéro-colite, (1) Boinet. De l’abcès dysentérique du foie au Tonkin, Gazelle hebdomadaire des Sciences médicales, 1890, Montpellier. -— De l'abcès du foie, Congrès pour l'avancement des Sciences, 18 septembre 1891. Marseille. — Recherches sur le pus des abcès du foie des pays chauds, Congrès de médecine interne, pp. 493 et 502, Lyon, 1895. — Grands abcès du foie consécutifs à la (ysenias nostras, Congres de médecine interne, p. 118, Montpellier, 1894. 1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la dysenterie chronique des pays chauds, l’impaludisme, etc. Dès que l’abès est ouvert, celte leucocytose diminue assez rapidement, d’une facon progressive et graduelle, en rapport avec les progrès de la cica- trisation. À La présence de nombreux leucocytes polynucléés dans le sang de deux de nos malades d'hôpital vient de nous permettre de faire le diagnostie d’abcès tropicaux du foie. Le premier, àgé de vingt-trois ans, avait eu une dysenterie au Cambodge, en octobre 1899; plusieurs ponctions du foie avaient été infructueusement pratiquées. L'existence de 40 à 45 glo- bules blancs par champ de préparalions du sang vues à un grossisse- ment de 420 diamètres, nous fit soupconner un abcès profond du foie, qui fut incisé avec succès le lendemain. Notre second malade, âgé de trente ans, avait été aussi atteint dedysenterie, en Cochinchine, en 1898; il entra dans les hôpitaux en juillet et en octobre 1900. Les diagnostics les plus variés furent portés (accès palustres, grippe, pleurésie, tuber- culose). L'examen du sang nous donnant les mêmes résultats que dans le cas précédent, nous concluons à l’existence d’un abcès profond du foie. Une longue incision avec résection costale a donné issue à un litre de pus hépatique ressemblant à du chocolat et complètement stérile. Ces faits prouvent bien l'importance pratique de ces examens hématolo- giques dans les cas d’abcès douteux du foie. Les recherches bibliographiques que nous avons faites ultérieure- ment sur ce point ne nous ont fourni que peu de résultats. D’après MM. Bertrand et Fontan (1), les documents scientifiques se réduisent à une analyse de Langlet, trois observations de Maurel avec rares héma- timétries et un cas de Leblond. : En résumé, cette leucocytose intensive est plus accusée dans l'abcès du foie que dans les autres suppurations. Elle est plus analogue à la «leucémie de suppuration », signalée par Malassez (2), dans l’abcès du rein, les pleurésies suppurées, les abcès froids ou chauds, etc. Cette hyperleucocytose polynucléaire constitue donc un bon élément de dia- gnostic de l’abcès du foie que l’on a souvent le tort d'opérer trop tardive- ment. Cette temporisation laisse à l’abcès le temps d'acquérir de grandes dimensions. C’est ainsi que nous avons vu au Tonkin et même en France des abcès tropicaux tellement vastes, que la portion du foie saine était réduite à une coque de peu d'épaisseur dont les adhérences à la cage thoracique ne permettaient le rapprochement et l’accolement des parois de l’abcès qu'après une résection de plusieurs côtes. (1) Bertrand et Fontan. Traité médico-chirurgical de l'hépatite suppurée des Days chauds, p. 374, Paris, 1895. (2) Société de Biologie, 1873, p. 625. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1091 ESSAIS DE SÉROTHÉRAPIE ANTIRABIQUE, par MM. A. RODET et GALAVIELLE. Les quelques tentatives précédemment faites de sérothérapie anti- rabique ont donné des résultats encourageants, mais non décisifs. Nous nous sommes proposé d'aborder ce problème, en choisissant comme sujet fournisseur du sérum le mouton, espérant profiter de la remar- quable résistance de cet animal (démontrée par Galtier) au virus rabique introduit dans l'appareil circulatoire. Les recherches de Babès et de ses collaborateurs ont été faites surtout avec du sérum de chiens vaccinés, dans peu d'expériences avec du sang de lapins; celles de Tizzoni et Schwartz surtout avec du sérum de lapin.Le sérum de mouton immunisé par injections intra-veineuses avait fait l’objet d'une tenta- tive imparfaite de la part de Babès et Talasescu; après le début de nos recherches, nous avons eu connaissance que Calabrese avait également expérimenté avec le sérum de brebis traitées par des injections intra- veineuses en le comparant avec le sérum de lapins vaccinés. D'autre part, nous avons éprouvé notre sérum dans des conditions plus variées que les précédents auteurs, et notamment par la méthode de l'injection intra-cérébrale de MM. Roux et Borrel. Le mouton que nous avons préparé dans l'espoir d'obtenir un sérum actif a été traité exclusivement par des injections intra-veineuses de virus rabique à différents degrés de force. Des émulsions de substance nerveuse rabique, faites suivant la technique usuelle, étaient filtrées à travers plusieurs épais- seurs de linge fin, et injectées dans la veine jugulaire à des doses qui ont varié de 2 à 12 centimètres cubes. Au début de la série des injections, on a employé des moelles (de lapins tués par le virus fixe) affaiblies par la dessicca- tion, en commençant par des moelles de 7 jours pour arriver graduellement, à la onzième injection, au bout d'un mois environ, à la moelle de 3 jours (avec deux injections intercalaires de virus des rues). Plus tard, les injections furent faites avec du virus fixe frais. Nous avons éprouvé le sérum de trois saignées : la première faite lorsque la série des injections avait été poussée à la moelle de 7 jours; la seconde et la troisième lorsque le sujet avait recu une assez grande quantité de virus fixe. Disons tout de suite, pour ne plus y revenir, que le sérum des dernières saigntes ne s’est pas montré supérieur au premier. Toutes nos expériences d’épreuve du sérum ont été faites sur le lapin, la plupart avec du virus fixe frais, quelques-unes avec du virus des rues ou avec du virus fixe affaibli par la dessiccation. Le virus a toujours été introduit par trépanation. Le sérum a été administré dans des conditions diverses : nous l’avons injecté, tantôt en même temps que le virus, tantôt après lui, pendant l'incubation, ou plus tard après l'apparition des premiers symptômes rabiques; nous l’avons introduit, tantôt dans le tissu cellulaire sous-cutané, LS re AE Le svp CLS RTS nt ie ot a Pr DU RER TS PR NT ST PPT OT | RTS PIN ERA es Cr SR ue à Vie nt PT ENT ” . DÉS PESTnr = D Ur f PATTES AE STE IR SE ET PS fr vie Car RÉ ” Re à MERS 7 CT 1 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tantôt dans le péritoine, tantôt encore dans le cerveau, soit mêlé au virus, soit séparément. Deux lapins ont recu le sérum sous la peau (l’un 10 centimètres cnbes, l’autre 5 centimètres cubes), 9 jours après la frépanation avec une moelle de 6 jours. La paralysie est survenue le 10° jour, et la mort le 13° jour, exacte- ment comme chez le témoin. Un lapin, trépané avec du virus fire, a recu trois injections de 10 centi- mètres cubes chacune, dans le péritoine, du 2° au 5° jour de l’incubation. La paralysie et la mort sont survenues dans les délais normaux (7 jours d’incu- bation). 4 Un lapin, trépané avec une moelle de 6 jours, a recu le sérum (1/2 centi- mètre cube) par injection intra-cérébrale, le lendemain de l'apparition des paralysies (survenues au 8° jour); il est mort le 13° jour, deux jours après le témoin. Le sérum paraît avoir exercé une certaine action. Trois lapins, trépanés avec du virus fixe frais, recoivent le sérum (1/2 centi- mètre cube) dans l'épaisseur du cerveau pendant l’incubation, l’un deux jours, un autre un jour avant l'apparition des paralysies ; le 3°, à deux reprises, le 4° et le 6° jour de l’incubation. Les paralysies apparaissent chez tous normalement le 7° jour; la mort paraît un peu retardée (13° jour) chez l'un d'eux; elle est au contraire hâtée (8° jour) chez celui qui a recu la double injection de sérum. Le sérum a donc été sans influence sur l’apparition des paralysies, et n’a pas exercé d'influence certaine sur la durée de la maladie. Quatre lapins ont recu, dans l'épaisseur du cerveau, un mélange de virus fixe frais de sérum. L’un d’eux (sérum de la 2° saignée) a été paralysé et est mort dans les délais normaux. Chez les trois autres, l’incubation a été pro- longée : les paralysies ont apparu au bout de neuf jours chez deux (ayant recu 1/2 centimètre cube du mélange); chez l’autre (1 centimètre cube du mélange), au bout de douze jours, tandis qu'un témoin présentait l’incubaticn normale de sept jours. La mort est survenue chez les deux premiers le 13e et le 14° jour; le dernier est mort seulement le 15° jour, après avoir présenté des symptômes un peu spéciaux (prédominance de la paralysie dans les membres postérieurs); le témoin mourait le 11° jour. Le sérum a manifesté ici une certaine efficacité; et c'était réellement une action spécifique, car deux lapins traités de même, l’un avec un mélange de virus fixe frais et de sérum antdiphtérique (de cheval), l’autre avec un mélange de virus et de sérum antityphique (de mouton), sont morts sans aucun retard et avec les symptômes ordinaires. Un lapin, ayant recu dans l'épaisseur du cerveau un mélange de mirus des rues et de sérum, a présenté une incubation normale eu égard à la qualité du virus (16 jours), mais il est mort tardivement, seulement douze jours après le début des paralysies, délai que nous n’avons jamais observé dans les con- ditions ordinaires. De plus, la maladie a présenté une forme spéciale, la paralysie étant limitée aux membres postérieurs pendant plus d’une semaine, comme si le sérum avait protégé les centres supérieurs. À deux lapins, trépanés avec du virus des rues, nous avons administré le sérum en une série de huit injections (de 5 centimètres cubes chacune), pen- dant l'incubation, à partir du 2° jour après la trépanation, à l’un sous la peau, à l’autre dans les veines. Quoique l’'incubation ait été de 26 jours chez SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1093 l'un, de 28 jours chez l’autre, nous ne pouvons, à coup sûr, attribuer ce retard au sérum, parce que le virus employé était du virus des rues conservé en glycérine depuis trois semaines, et que le témoin a été annulé par acci- dent. Chez ces deux lapins d’ailleurs, les paralysies ont prédominé dans les membres postérieurs, comme chez plusieurs des précédents. Résumé. — Le sérum, administré par les voies sous-cutanées, ou intra-périlonéale, ou intra-veineuse, pendant l’incubation, s’est montré inefficace, sauf peut-être, après l’emploi du virus des rues, une certaine modification de la forme morbide. Injecté dans le cerveau, isolément, soit pendant l’incubation, soit après l'apparition des symptômes, il à paru dans certains cas prolonger un peu la durée de la maladie; mais son influence a été en tout cas très médiocre : il s’est montré impuis- sant à guérir la maladie confirmée et même à l'empêcher d'’éclater. Introduit dans le cerveau, mélangé à la matière virulente, il a exercé une action manifeste, sans s'opposer complètement aux effets du virus. L'influence du sérum s’est traduite par la prolongation de l'incubation, par un retard, parfois très accentué, de la mort, et par une forme mor- bide un peu spéciale (forme paraplégique). Conclusions. — Chez le mouton traité par une série d’injections intra-veineuses de virus rabique, le sérum acquiert une certaine pro- priété antirabique spécifique. Mais l'efficacité de ce sérum est médiocre, ne se manifestant très nettement que lorsqu'il est mis au contact du virus. Autant qu'il nous est possible de comparer nos résultats avee ceux des auteurs étrangers, il ne semble pas que le mouton immunisé par injections intra-veineuses donne un sérum supérieur à celui des autres espèces précédemment employées, et notamment du lapin; c’est d’ailleurs ce qu'a déclaré Calabrese. Toutefois, avant de nous prononcer, il serait bon de reprendre ces essais en variant davantage les conditions expérimentales, et, notamment, en nous inspirant des données de Bor- det et d'Ehrlich sur l’action combinée des substances sensibilisatrices et des alexines. ACTION ÉLECTROMOTRICE DES FEUILLES VERTES SOUS L'INFLUENCE DES LUMIÈRES ROUGE, BLEUE ET VERTE, par M. le D' Aucusrus D. WALLer. J'ai eu l'honneur de communiquer à la Société de Biologie (séance du 31 mars 1900) mes premières observations sur l'action électro- motrice des feuilles excitées par la lumière, et j'ai depuis poursuivi celte étude avec quelques résultats nouveaux. Ces résultats ont été pour la plupart consignés dans deux notes préliminaires à la Société 1094 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Royale de Londres et à la Société de Physiologie (1). Ils concernent principalement les effets de l'acide carbonique, de l’éther et du chloro- forme sur la réaction électrique excitée dans les feuilles par la lumière, soit solaire, soit électrique. Et tandis que dans mes premières obser- vations, faites au mois de mars, alors que la température ambiante était relativement peu élevée, et les feuilles, quoique jeunes, en acti- vité relativement peu considérable, les réactions avaient une valeur se comptant par millième de volt, les observations subséquentes, aux. mois de mai et juin, à température plus élevée, sur des feuilles en toute activité, m'ont donné des valeurs atteignant jusqu'à 0,02 volt, et même au delà. Plus tard, à l’époque de la floraison, la réaction (feuilles d’iris) diminua et fit entièrement défaut vers la fin du mois de juillet. L'action des anesthésiques sur des feuilles réagissant bien sous des conditions normales fut tout à fait nette et caractéristique, quoique se montrant beaucoup plus lentement que sur les tissus animaux, sans doute par défaut ou lenteur d'absorption. Les faits sur lesquels je désire aujourd hui attirer plus particulière- ment l'attention de la Société se rapportent à l’action différentielle de diverses régions du spectre. La lumière blanche, soit solaire, soit électrique, qu'on faisait tomber sur la feuille reliée au galvanomètre, passait à travers une solution de bichromate de potasse ou de sulfate de cuivre ammoniacal, préalablement disposée de façon à diviser par absorption le spectre de cette lumière en deux moitiés égales, moitié rouge et moitié bleue, et les réactions de ces deux lumières furent comparées par des essais régulièrement répétés. En voici quelques chiffres : BANC SU LEON MN E FAURE CRETE ED DOM ANIORE LED PR A TON A A A ER DOTE Le — ROULE AR LE EN EN QE RO RES EP eo CODE L'action chimique associée à ces deux régions spectrales fut sommai- rement comparée en faisant une courte exposition à la lumière blanche d'une plaque photographique ordinaire sur laquelle étaient posés les récipients contenant les deux solutions absorbantes. La réaction de la lumière rouge sur la plaque était nulle, alors que celle de la lumière bleue donnait sur la plaque développée un noir intense ne se distin- guant pas de la partie voisine soumise à l’action de la lumière blanche. La réaction du rouge sur la feuille ne dépend donc pas des rayons chimiques. Elle dépend encore moins des rayons thermiques qui, comme on le sait, sont très puissants dans cette région du spectre. Pour se convaincre de ce fait, il suffit de faire agir la lumière rouge (1) Proceedings of the Royal Society, vol. LXVII, p. 129, 1900 ; Proceedings of the Physiological Society, june 30, 1900. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE .. 1095 en diminuant ou en augmentant en même temps les rayons calorifiques qui l'accompagnent nécessairement. Les différences provoquées, soit par interposition d'une cuvette d'eau, soit par l'approche d'un fer chauffé au noir, sont sans influence sensible sur la réaction provoquée par la lumière rouge. Ce ne sont donc ni les rayons chimiques ni les rayons calorifiques qui sont la cause essentielle de la réaction électrique de la lumière, mais bien les rayons proprement dits lumineux. Et, parmi ces rayons, les rouges sont plus efficaces que les bleus. J'ai pensé qu'il pourrait y avoir intérêt à faire essai de la réaction obtenue avec de la lumière filtrée à travers une solution de chlorophylle. J'ai donc essayé comparativement sur la feuille (ainsi que sur la plaque photographique) les réactions d’une lumière donnée avec et sans l'écran de chlorophylle, et j'ai comparé à cette réaction celles de la lumière bleue et de la lumière rouge. Voici quelques chiffres des résultats ainsi obtenus : Bin Eee 0 CO OUGU VOIE: Blanc Cet 0 DI0O0SUvOIEe MER NE 0 OUROe Mer MERE RERO Raousen AT EMENCRRU OUTRE Bleue NAME CiOG OR De ces expériences prises dans leur ensemble, je crois pouvoir con- clure que pour une lumière donnée : 1° les radiations thermiques et chimiques sont inaptes à exciter la réaction électrique d’une feuille verte à la lumière ; 2° que les rayons les plus aptes à provoquer cette réaction sont les rayons lumineux rouges, ceux-là surtout qui sont absorbés par une solution de chlorophylle. COLI-BACILLES ET CAPSULES BACTÉRIENNES, par M. G. LEGRos. Un auteur étranger, I. Boni, a tout récemment décrit (1) un procédé spécial pour la démonstration de capsules chez toutes les espèces bac- tériennes. Il en aurait mis en évidence chez le bacille coli et le bacille typhique, chez des vibrions, des sarcines, des microcoques, etc. Son procédé, dans lequel on dilue la trace de culture à examiner dans de la glycérine albumineuse, et où l’on colore après chauffage à la flamme maintenu jusqu'à cessation de dégagement de vapeurs, prête à des critiques faciles, quelle que soit la netteté des résultats obtenus. (4) Centralblatt f. Bakteriologie, 1° partie, 8 décembre 1900. 1096 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons cependant employé cette technique et pu constater pour un grand nombre de coli-bacilles types une réalisation effective de pseudo- capsules. Il nous paraît en somme évident que les conditions mêmes dans les- quelles cet auteur se place, l'importance qu'a pour l'obtention des pseudo-capsules la couche albumineuse et sa dessiccation brutale à chaud, enfin, la variabilité qu'offrent les pseudo-capsules dans une pré- paration inégalement étalée, ôtent leur valeur aux résultats obtenus. Il s'agit certainement de faits de même ordre dans certains aspects rencontrés par nous dans des préparations de sang et de sérosités d'animaux infectés avec un coli-bacille type et dont nous présentons quelques reproductions photographiques. Ici, cet aspect est pourtant simplement obtenu en étalant en couche mince une trace du sang ou de la sérosité à examiner et en faisant agir sur la préparation fixée la solution de Ziehl et l’acide acétique : c’est un procédé classique de mise en évidence des capsules. Nous avons ainsi trouvé, d’une manière inconstante et chez deux coli-bacilles types sur dix espèces examinées, des auréoles claires, faiblement réfringentes, entourant régulièrement les corps bacillaires: les procédés de Ribbert, de Friedlænder ne nous ont jamais donné de coloration de ces auréoles. Enfin, il faut signaler dans ces préparations la présence d’une bordure réfringente irrégulière autour des globules sanguins eux-mêmes. Ici encore, en somme, nous nous considérons comme en présence de pseudo-capsules dans la formation desquelles les albumines des milieux organiques jouent peut-être un rôle, mais qui ne sauraient être com- parées aux capsules typiques et constantes des pneumo-bacilles par exemple. Nous présentons, parallèlement aux reproductions de prépa- rations du coli-bacille en question, celles d'un bacille lactique aérogène, espèce que M. Grimbert et nous avons précédemment (1) identifiée au pneumo-bacille de Friedlænder et qui offre, elle, des capsules typiques et constantes. (Travail du laboratoire de M. Charrin à la Maternité.) MOUVEMENTS DE L'AIR INTRABUCCAL DANS L'ÉMISSION DES SONS-VOYELLES, par M. GELLÉ. Il y a quelques mois, j'ai exposé ici les résultats d'expériences sur les mouvements de l'air expiré pendant l'émission des sons-voyelles. On se rappelle que j'avais observé, au moyen du manomètre à eau : 4° que la (1) Ces comptes rendus, 19 mai 4900. TMS ONTRRS Ve PE \ : SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1097 sortie du son A, par exemple, dit avec force, ne coïncide pas avec une issue proportionnelle d'air expiré par la bouche; 2° que le phénomène paradoxal est encore plus frappant quand la voyelle À est soutenue, avec un son filé. J'ai alors cherché l'état concomitant de l’air intrabuccal; j'ai vu que le manomètre indiquait un courant d’air sortant, quand le bout du tube manométrique correspondait aux deux tiers antérieurs de la cavité buccale; tandis que si l’on porte cette extrémité profondé- ment, au niveau de l’isthme et de la base de la langue, il n'existe aucun indice de mouvement vers l'extérieur; une légère dépression du niveau du manomètre fait plutôt penser à une aspiration légère. Pour étudier plus à fond ce qui se passe dans cet air inclus et à ce niveau, j'intro- duisis, en ce point, une rondelle de papier portée par une aiguille d'acier, et je pus voir la rondelle, sous l’action de l'émission de A, se porter vers le pharynx et s'y fixer, abandonnant sa tige. Quand on n enfonçait la rondelle que dans les deux tiers antérieurs de la cavité, elle était chassée à l’extérieur, vers l’orifice buccal au contraire. Me basant sur cette suite de résultats concordants, j'avais, comme cause, admis l'existence de tourbillons au niveau du point où le canal phonateur subit la stricture qui donne naissance à la voyelle. L'absence de déplacement de la colonne d’air vers le dehors, le cou- rant rentrant manifeste, ne s’expliquaient à mon sens qu'avec la produc- tion d'un cyclone. M. Bonnier contesta mes conclusions, après avoir donné, des faits indiscutables et précis que j'énonçais, une explication basée sur l’exis- tence de courants ascendants qui, rasant l'extrémité du tube manomé- trique, formeraient appel sur le contenu, et de même attireraient la ron- delle dans le sens de la tige d’acier. Cette interprétation ne me parut pas satisfaisante et je repris mes recherches. Aujourd'hui, après plusieurs essais sur l’homme, j'apporte une expé- rience que je crois suffisamment démonstrative. C’est la fumée, que j'ai choisie pour rendre manifestes les mouvements de l'air intrabuccal. Voici comment je procède : 4° Je respire plusieurs fois profondément pour m'assurer du bon état des voies aériennes; 2° J'allume une cigarette. C’est de préférence une cigarelte en papier roulé, médicamenteuse, dont la fumée est très douce et très fine; 3° J'aspire lentement la fumée dès qu'elle sort suffisamment, sans grand effort, pour éviter la toux ; 4° Aussitôt la bouche pleine de fumée, je l'ouvre largement et j'aspire vivement et profondément cette fumée par une ample inspiration. On voit la fumée au fond de la gorge ; 5° Aussitôt, je lance avec force le son A, et je répète au besoin; or, cela s'exécute sans qu'aucune fumée ne soit lancée dehors ; le résultat est constant, et avec un peu de méthode, l'expérience facile; 1098 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 6° Je termine par une large expiration qui renvoie au dehors la fumée retenue dans les cavités aériennes. Que conclure? sinon qu'il n'y a pas de courant sortant ascendant dans la profondeur de la gorge au moment de l'émission, et que la critique de M. Bonnier tombe par le fait. Ainsi que mes premières recherches l'avaient montré, il n'existe pas alors dans l’air, au niveau de la base de la langue, un déplacement de courant quelconque vers le dehors; mais il se produit là un vif mouve- ment sur place, qui entraine en arrière les corps légers (la rondelle) et qui empêche l'issue de la fumée qui remplit les poumons, la tra- chée, le larynx et le pharynx jusqu’à l'isthme, où le regard la constate. Ce mouvement énergique n’est autre qu'un tourbillon ou cyclone, qui explique d’ailleurs tous les phénomènes observés. | Dans quelle mesure ce cyclone concomitant du phénomène sonore éclatant contribue-t-il à sa genèse? il est certain. que les épreuves qui montrent son existence réussissent d'autant mieux que le son-voyelle est plus vigoureusement émis. COTÉ CARDIAQUE ET COTÉ SOLAIRE, par M. le D' Wazrace Woop, de New-York (University). En six ans d'étude d'anatomie comparée des circonvolutions céré- brales des grands mammifères, j'ai trouvé en règle générale l’hémi- sphère gauche plus développé que l'hémisphère droit. J'ai observé surtout dans le cerveau des animaux domestiques cette ten- dance vers l’asymétrie qui quelquefois devient très remarquable, par exemple chez un chien d'Italie et une vache de sang Holstein. Les autres, bœuf, cheval, mouton et chien, comme les hommes et les femmes, montrent seulement une supériorité dans la formation des gyri ou ile droites et je l’ai souvent remarqué dans les centres visuels et les centres sensori-moteurs. Les animaux sauvages montrent dans les circonvolutions cérébrales la même tendance : je présente à vos yeux ici le cerebrum d’un ours malais : dans lequel on peut parfaitement constater que les circonvolutions de l’hémi- sphère gauche sont plus développées que celles de l'hémisphère droit et surtout dans les centres visuels et les centres sensori-moteurs. Ces observations donc me semblent prouver que tous les grands mam- mifères en règle générale sont, comme l’homme, droitiers, et non seulement de la main, mais de l'œil, mais de tout le corps, c’est-à-dire que le côté droit est mieux nourri, plus fort et plus habile que le côté gauche. J'ai demandé aux bouchers, ils m'ont répondu en effet que le côté droit de l’animal comestible est le plus lourd. J'ai parlé au chef du laboratoire SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1099 d'anatomie comparée, et il m'a indiqué les travaux de Carrington dans les- quels on trouve que le squelette est plus fort à droite. On demande pourquoi le côté droit est le pius fort. La réponse est celle-ci : le cœur sanguin est situé à gauche et puis le côté droit recoit plus de sang; alors ce côté est plus nourri, il devient le côté majeur, tandis que le côté gauche reste Le côté mineur. On peut bien demander cependant pourquoi est-ce que le cœur même est situé au côté gauche, et voici une question plus difficile. Pendant l'été passé j'ai observé des plantes; j'ai trouvé que chaque plante se tord, que chaque herbe, buisson ou arbre est en forme de tire-bouchon; chaque plante est une hélice et, en règle générale, sauf des exceptions, 10 p.100, une hélice droitière; en effet chaque plante est un outil, une vrille, une mèche, une tarière qui perce l'air et qui s'enfonce dans la terre. C’est par l'héliotropisme que cette vrille perce l’air en haut et par le géotropisme que cette vrille perce le sol en bas. Ce n'est pas seulement l’helianthus, mais toute plante est héliotropique, toute plante cherche le soleil. La plupart se tournent vers le soleil. En réfléchissant on arrive à l'hypothèse suivante : que les vertébrés aussi bien que les arbres sont héliotropiques, que les vertébrés se tordent vers le soleil et surtout vers le soleil du matin : ce n'est pas seulement le coq et l’alouette et le musulman fidèle qui saluent le Seigneur du jour. La suggestion vient alors que les mammifères avec l’œil droit et la main droite ont été héliotropistes du matin pendant de longues années géologiques, et c'est par cet acte que la circulation s'établit; c'est le soleil et surtout le soleil du matin qui tire le sang et le cœur s'est établi comme son contre-poids, ou son vis-à-vis, en faisant cet acte de tourbillon qui est la circulation, qui est la vie même. La vie est un tourbillon de feu. Il est bien connu que le côté sud d’un arbre est mieux nourri et plus fort que le côté nord; ainsi le côté sud d’un arbre est son côté droit. Un arbre est orienté. Les vertébrés sont héliotropiques aussi bien que les plantes. Ils soût orientés, et le côté mieux nourri, plus fort et plus habile est le côté du sud ; c'estle côté du sud du mammifère que nous appelons le droit. Je suis informé par une dame irlandaise qu'il y a en Irlande des paysans de très petite intelligence qui parlent de leur main sud et de leur main nord. Ils disent: j'ai une douleur dans mon bras sud. Ce fait me semble curieux. Revenons au cerveau. J'ai remarqué dans beaucoup de cas que l'hémisphère gauche est plus long que l'hémisphère droit. Nous savons depuis les recherches de Ferrier que les deux bouts du cerebrum sont oculaires, les deux pôles sont des centres visuels : un hémisphère long est donc plus visuel, et cela veut dire que cet hémisphère long a recu plus de lumière que l’autre. Cela veut dire que l'œil droit est plus héliotro- Bi0LOG1E. COMPTES RENDUS, — 1900. T. LII. 84 1100 SOCIÉTÉ DE B!OLOSGIE pique que l'œil gauche, et puis que l'œil droit est l'œil sud, c’est-à-dire que notre œil du sud, que nous sommes habitués à appeler l'œil droit, est plus intime avec le soleil, et plus profondément creusé que son frère l'œil du nord. On demande donc si ce n’est pas vrai que l'œil droit et la main droite de tout mammifère et même de tout vertébré, sauf des exceptions, sont dans leur héliotropisme considérablement en avance sur l'œil gauche et la main gauche? si on n’a pas raison de dire : mon œil sud et mon œil nord? et aussi bien ma main cardiaque, ma main solaire, ou bien mon côté cardiaque et mon côté solaire? Les travaux importants de Pettigrew ont prouvé que le corps de l’homme est une hélice ou hélicoïde, et il n’est pas difficile de démontrer que le bras droit est une hélice droite et le bras gauche une hélice gauche, et que tout le corps est un hélicoïde creux composé, bilatéral, mais hélicoïde droitier, c'est-à-dire plus fort sur son côté solaire. Le corps donc est une sphère droitière ou bien solaire, mais le cœur et le cerveau tous deux sont les sphères gauchères ou contre-solaires. Chaque bête est double : il y a le côté solaire — du sud, major, droi- tier, et le côté cardiaque, du nord, minor, gaucher. Il y a l’homme droitier, l'homme qui parle et qui écrit; il y a l’homme gaucher qui est muet et qui ne sait pas écrire. Quelle est la cause de la tête, messieurs? N'est-ce pas l'Orient, le solzil du matin qui tire les yeux vers lui? En conclusion, d’après mes études des cerveaux et des plantes, la question suivante s’est présentée dans mon esprit : est-ce que le verté- bré, comme l'arbre, estune spirale à la fois héliotropique et géotropique ? M. Laprique demande comment, dans l'hypothèse de M. Wood, les choses se passent dans l'hémisphère sud. ACTION DU LIQUIDE PROSTATIQUE DU MYOPOTAME SUR LE PRODUIT DE LA SÉCRÉTION DES VÉSICULES SÉMINALES, par MM. L. Camus et E. Gex. Ayant eu récemment à notre disposition un Myopotame 4 (1) (Myopo- tamus coypus), mort par accident depuis quelques heures, nous ayons (4) Cet animal, né à la Ménagerie du Jardin des plantes et âgé de trois ans, pesait 5 kil. 300. Les glandes génitales étaient bien développées. Voici leur pcids respectif : SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE AOL recherché si le liquide de la prostate de cet animal se comporte vis-à-vis du contenu des vésicules séminales de la même facon que le suc prosta- tique du cobaye, du rat, de la souris ou du hérisson (1). Ce contenu vésiculaire, blanc opaque, épais, de consistance pâteuse, rappelle par ces caractères celui du cobaye; sa dilution dans de l’eau salée, chauffée à 100 degrés, donne un précipité abondant. Le suc pros- tatique est liquide, filant, très légèrement alcalin; il contient des sym- pexions. Si l’on en met une gouttelette en contact avec une quantité beaucoup plus considérable de la sécrétion vésiculaire, il se produit peu à peu un coagulum solide. La réaction est lente, contrairement à ce que l’on observe avec les sécrétions homologues des autres Rongeurs sur lesquels nous avons expérimenté; elle n’a lieu qu’au bout de trente minutes. Au bout de ce temps le coagulum est blanchâtre, compact, résistant et élastique et il en transsude peu à peu un sérum clair. Si l'on fait agir les deux produits l’un sur l’autre à la température de 40 degrés, alors la coagulation marche plus rapidement et a lieu en treize minutes, soit deux fois plus vite. Chauffé à la température de 100 degrés pendant cinq minutes, le suc prostatique perd son action coagulante. D'autre part, le suc prostatique agglutine assez rapidement, à la tem- pérature du laboratoire, les particules solides qui se trouvent en sus- pension dans une dilution du contenu vésiculaire dans l’eau ou dans l'eau salée. Il agglutine également les globules rouges du lapin, mais cette action n'est pas très énergique. Enfin il agit sur le contenu des vésicules séminales du cobaye pour le” coaguler. D'un autre côté, la diastase prostatique du cobaye détermine, dans une solution du contenu vésiculaire du Myopotame, un précipité blanc qui augmente avec le temps. Quant au liquide de la glande de Cooper ou prostate externe du Myo- potame, il est légèrement jaunâtre et alcalin, très visqueux, sorte de gelée avec laquelle nous n'avons pu faire d'expériences. Testicules . . PRE MAMELS LUS ANAL Re MAISENER Vésiculesséminales:t@ «mdr 04 L eme: 44 er. 30 Prostate interne . , . . ARR ER sn Er :68 Prostate externe ou glande de Cooper , . . . . 3 grammes. Les glandes de Cooper (ou prostate externe) sont situées, comme chez le hérisson, en dehors de la cavité abdominale, dans la fosse ischio-rectale. (4) Voir nos recherches antérieures dans les Compte rendus de l'Académie des sciences, 1896, 1899, 1900, et dans les Comptes rendus de la Société de Biologie, 1896, 1897, 1899 et 1900. 1102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES PHÉNOMÈNES SÉCRÉTOIRES DU TESTICULE ET LA NUTRITION DE L'ÉPITHÉLIUM SÉMINAL. Note de M. CL. REGAUD, présentée par M. Éb. RETTERER. Il existe dans le testicule deux ordres d'éléments possédant la fonc- tions glandulaire : les cellules interstitielles et le syncytium fondamental de l'épithélium séminal. 1° Cellules interstitielles (1). — On peut les considérer comme des cellules conjonctives adaptées à une fonction sécrétoire très intense. Leur morphologie et leurs produits de sécrétion présentent une remar- quable variabilité spécifique. Elles fabriquent : A. — De la graisse, probablement chez tous les mammifères, mais en quan- tités très inégales; B. — Du pigment, qui doit être considéré plutôt comme un résidu de fabri- cation que comme un produit de sécrétion; C. — Des matières albuminoïdes à forme cristalloïde (cristalloïdes de Reinke trouvés exclusivement chez l'homme, filaments cristalloïdiens de Marareu); D. Chez le rat, d'après mes recherches, — une substance qui est mise en liberté dans les espaces conjonctifs sous forme de massesfluides coagulées par les réactifs fixateurs ; E. Chez le porc, le chien, etc., d'après mes recherches — une substance safranophile qui forme des boules dans le protoplasma ; F. Chez le rat, le hérisson, le porc, le chien, etc., d’après mes recherches, — une substance identique à celle qui remplit les vésicules de sécrétion de. l’épithélium séminal. Ces substances ont probablement entre elles des relations chimiques étroites. Peut-être même ne sont-elles pour une espèce animale déter- minée que les étapes chimiques successives d’un produit final unique. Chez le rat, j’ai montré que cette sécrétion est holocrine, c’est-à-dire qu'elle s'accompagne de la mort et de la désagrégation de la cellule sécrétante. Il est évident que les matières premières de cette sécrétion sont empruntées au sang, peut-être même en partie directement à des glo- bules rouges extravasés (Bardeleben), opinion un peu hardie, mais ayant pour elle quelques faits d'observation. . Quoi qu'il en soit, le produit de l’activité glandulaire des cellules interslitielles est déversé dans les mailles du tissu conjonctif lâche, où sont plougés les tubes séminifères. C’est dans le plasma conjonctif ainsi chargé de substances dissoutes que l’épithélium séminal puise ses (4) Voir : CI. Regaud. Note sur le tissu conjonctif du testicule du rat, Comptes rendus de la Société de Biologie, janvier 1900, et L. SExar, Contribution à l'étude du tissu conjonctif du testicule, Thèse de Lyon, 1900. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1103 matériaux nourriciers. D'autre part, on a des raisons de croire que les produits, d’ailleurs inconnus dans leur nature chimique, qui consti- tuent la sécrétion interne du testicule, passent des espaces conjonctifs dans les radicules lymphatiques. 29 Syncytium fondamental (1). — Les substances nourricières, ayant subi une première élaboralion par les cellules interstitielles, puis dis- soutes dans le plasma conjonctif, passent par osmose à travers la mem- brane des tubes séminifères. La morphologie et certaines réactions histochimiques que ces substances possédaient dans le protoplasma des cellules interstitielles, et qu'elles ont perdues en se dissolvant dans le plasma conjonctif, reparaissent plus ou moins modifiées de l’autre côté de la membrane, dans l’épithélium séminal. C’est seulement au syncytium fondamental(cellules de Sertoli fusionnées) qu'apparlient la fonction d'achever l'élaboration des substances nour- ricières et de les dispenser aux cellules de la lignée spermatique incluses dans son protoplasma. Les matériaux qui reparaissent dans la couche génératrice du syncytium, sont : la graisse (très variable suivant les espèces), des corps chromatophiles (glänzende Aürper d'EBNER, noircis- sant par l’osmium et rougissant par la safranine, transition entre deux états chimiques différents), parfois des cristalloïdes (Lubarsch), enfin et surtout le liquide à réaction histochimique spéciale qui remplit les vésicules de sécrélion ‘dont j'ai apporté ici-même la première des- cription. C’est sous cette dernière forme, unique, que se présente, en fin de compte, le matériel nourricier. Le produit de sécrétion apparait dans la couche génératrice du syn- cytium sous forme de grains ou de gouttelettes très fines, qui confluent en des gouttelettes de plus en plus grosses et nombreuses. La quantité de produit ainsi accumulé mesure la différence entre la production et la consommation, qui toutes deux sont continues avec des variations importantes. Le maximum d'approvisionnement est atteint au stade 4, c’est-à-dire immédiatement avant les karyokinèses des cytes et la période la plus active de la métamorphose des spermies. Toutes les cellules séminales utilisent le produit pour leur croissance et leur multiplication. Mais les échanges entre le syncytium et les spermies donnent lieu à des phénomènes remarquables. Depuis le moment où les spermies sont fasciculisées et rétractées par le syn- cytium, on voit des gouttelettes de sécrétion s’accumuler autour de leurs têtes nues dans le protoplasma syncytial. Avant même qu'ait commencé le changement de forme de leur corps cellulaire, des gout- telettes très fines se montrent dans leur protoplasma ; plus tard, il s’y joint des granulalions graisseuses et des granulations chromatophiles. (4) Voir : CI. Regaud. Comptes rendus de la Société de Biologie, 3 novembre et 8 décembre 1900. East nr Re A de | Er à 1104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces trois sortes de substances s'accumulent en quantités de plus en plus grandes dans le lobe des spermies, puis elles s’agglomèrent en amas: plus gros et moins nombreux. Enfin, au moment où a lieu la séparation du zoïde mûr d'avec son lobe résiduel, le reste inutilisé de ces maté- riaux putritifs est résorbé par le syncytium (EBner) ou passe dans le liquide qui occupe la lumière du tube, liquide vecteur des zoïdes détachés. (Travail du Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) SUR LES & PLASMAZELLEN » DU GRAND ÉPIPLOON, par M. J. Jozry. En 1891, Unna a décrit, dans le tissu conjonctif de la peau de l'homme, des cellules qu'il appelle « Plasmazellen ». Ce sont des cel- lules un peu plus volumineuses que les leucocytes, de forme souvent cubique, ou quelquefois ronde ou ovalaire, sans prolongements, à proto- plasma granuleux prenant les couleurs basiques sans métachromasie; leur noyau est ovalaire ou arrondi, souvent excentrique, à chromatine réunie en quelques amas; le suc nucléaire tranche en clair sur le proto- plasma coloré de la cellule. Ces éléments sont le plus souvent groupés en amas siégeant surtout au voisinage des vaisseaux. Unna avait cru pouvoir les faire rentrer dans le groupe des cellules DÉS: matiques de Waldeyer, d’où le nom donné à ces éléments. Cependant, la cellule plasmatique de Waldeyer comprenait un grand nombre d'élé- ments disparates, cellules du corps de l'embryon, cellules de la subs- tance intermédiaire des testicules et des glandes coccygiennes, etc. ; elle comprenait également les « mastzellen », qu'Ehrlich en distingua un peu plus tard, de sorte que la plasmazelle de Unna reste un élément particulier, possédant des caractères spéciaux, très distinct des mast- zellen, et dont les relations avec les cellules plasmatiques de Waldeyer sont d'ordre purement historique. Pour Unna, ses cellules n’appartiennent qu’au tissu conjonctif de la peau, chez l'homme, à l’état pathologique, et n'existent que sur des pièces fraîches. Cependant Jadassohn, Marschalko signalèrent, dans les ganglions lymphatiques, la moelle osseuse et la rate, chez l'homme et chez le lapin, à l’état normal, l'existence de cellules semblables aux plasmazellen (1). Ces conclusions furent contestées par Hodara. Plus (1) C'était là un argument contre la nature conjonctive de ces cellules sou- tenue par Unna, d'autant plus que Jadassohn n'avait pas trouvé de Plasma- zellen dans le tissu conjonctif des capsules surrénales et du testicule chez SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1105 récemment, Unna a admis l'existence de plasmazellen véritables dans la moelle osseuse et la rate du rat blanc. On ignore done à l'heure actuelle si, dans le tissu conjonctif normal des mammifères, il existe oui ou non des plasmazellen. Comme objet d'étude, j'ai choisi le grand épiploon des mammifères adultes. J'ai examiné le rat, le chien, le cobaye et le lapin. L'épiploon de ces animaux, soigneusement étalé sur une lame, est fixé par l'alcool ou par le liquide de Flemming fort, et coloré ensuite par la thionine, le bleu polychromique ou le violet dahlia acétifié. Sur de pareilles prépa- rations, on aperçoit tout de suite les mastzellen, qu'on reconnait bien à leur protoplasma granuleux coloré métachromatiquement en violet rouge. Mais à côté de ces cellules, il en est d’autres, plus nombreuses, réunies en amas au voisinage de vaisseaux et formant une partie notable des cellules agglomérées au niveau des bouquets capillaires. Ces cellules, dont le protoplasma se colore en bleu ou en violet (avec le dablia) sans métachromasie, ont tous les caractères des Plasmazellen de Unna, tels que nous les avons rappelés plus haut. Les différences qu'on pourrait peut-être trouver parfois entre elles et les Plasmazellen de l’homme nous semblent secondaires et peuvent tenir simplement à la différence d'espèce. Aussi concluons-nous qu'il existe dans le tissu conjonctif de l'épiploon des mammifères examinés des cellules absolument compa- rables aux Plasmazellen de Unna. Ce fait, en permettant l’expérimen- tation sur ces cellules, pourra peut-être faire connaître leur véritable nature, qui jusqu'ici a toujours été en discussion. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) LA RÉACTION DE HAYCRAFT ET LA TENSION SUPERFICIELLE, par MM.J. CLuzer et H. FRENKEL. Ayant voulu vérifier expérimentalement l'exactitude de l'explication -donnée à la réaction de Haycraft et qui consiste à la considérer comme élant sous la dépendance de la tension superficielle, nous avons fait un certain nombre de déterminalions en nous adressant aux substances les plus diverses. l’homme, le lapin et le rat. De plus, Marschalko, dans la rate de lapins empoi- sonnés par diverses toxines, vit apparaître vingt-quatre heures après de nom- breuses Plasmazellen. Il constata leur présence à l’intérieur des vaisseaux. Ces faits ont été également signalés par Dominici dans son récent mémoire sur l'histologie de la rate au cours des états infectieux (Arch. de méd. exp., nov. 1900, p. 733). 1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Parmi les méthodes connues aujourd’hui (méthodes des gouttes, de l'élévation du liquide contre une paroi plane ou dans un tube capil- laire, d’arrachement, de la mesure optique du rayon de courbure, des larges bulles, des petites ondulations, des tubes capillaires virtuels) nous avons choisi une des plus pratiques donnant en même temps des garanties suffisantes de précision : la méthode des tubes capillaires. Le tube employé a un rayon de 0""18; l’uniformité de son calibrage a été préalablement vérifiée. Avant de faire une détermination, le tube était toujours lavé avec la substance à examiner, en évitant avec le plus grand soin la formation de chapelets capillaires. La mesure des hauteurs capillaires élait faite avec un cathétomètre. On attendait tou- jours que le niveau supérieur dans le tube ait atteint une position fixe, ce qui exigeait pour certains liquides un temps parfois très long; ce point a son importance, car deux observateurs peuvent arriver à des résultats différents, pour certaines dissolutions du moins, s'ils font les lectures à des moments différents. Les densités étaient calculées par la méthode du flacon. 1° Nous avons d’abord déterminé la tension Suberfe elle des subs- tances qui ne laissent pas tomber le soufre. a) Parmi les substances minérales : eau distillée, acide chlorhydrique, acide azotique, acide sulfurique, soude caustique, ammoniaque, chlo- rure de sodium en solution saturée, carbonate de soude à 10 p. 100, bicarbonate de soude à 10 p. 100, sulfate de soude à 10 p. 100, sulfate. d'ammoniaque à 10 p. 100, phosphate de soude à 10 p. 100, alun à 10 p. 100, sulfate de zinc à 10 p. 100, sulfate de cuivre à 10 p. 100, nitrate d'argent à 10 p. 100, perchlorure de fer, etc. b) Parmi les substances organiques : l’urée à 3 p 400, la glycérine, une solution de sucre de canne à 30 p. 100, de chloral hydraté à 10 p. 100, d’antipyrine à 10 p. 100, de salicylate de soude à 10 p. 100, de benzoate de soude à 10 p. 100, l'acide oxalique. c) Nous avons encore examiné des urines provenant de diverses per- sonnes, de l’eau saturée d’éther, une solution de savon à 1 p. 50.000, du sérum de sang humain, de la bile mélangée au sérum à 1. p. 500, etc. La valeur de la tension superficielle de ces diverses substances x varié entre 3 milligr. 111 et 8 milligr. 258 par millimètre, respective- ment entre 50 dynes 139 et 81 dynes 010 par centimètre. 2 Nous avons ensuite déterminé la tension superficielle des sGbes tances suivantes qui laissent tomber le soufre : bile humaine provenant de vomissements, bile de chien (vésicule), alcool, éther sulfurique, chloroforme, acétone, acide acétique, acétate d’éthyle, formol, pétrole, essence de térébenthine, sulfure de carbone, eau phéniquée à 5 p. 100, xylol, aniline, huile d'olives. En outre, appartiennent à ce groupe comme laissant tomber le soufre les solutions aqueuses de savon à 1—0,2—0,1—0,05 p. 100. : SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1107 La valeur de la tension superficielle pour ces diverses substances a varié entre 1 milligr. 815 et 5 milligr. 029 par millimètre, respective- ment entre 17 dynes 805 et 49 dynes 334 par centimètre. 3° Il était naturel de penser que. si l’on réalisait des mélanges dou- teux au point de vue de la réaclion du soufre, on trouverait en cher- chant la tension superficielle de ces mélanges une valeur voisine de 50 dynes qui constitue, comme on vient de le voir, une limite inférieure pour les corps du groupe I et une limite supérieure pour les corps du groupe II. En procédant par tàtonnements, nous avons trouvé que la réaction était douteuse lorsqu'on mélangeait la bile avec l'urine dans des proportions variant entre 0,02 et 0,5 p. 100, la bile avec le sérum dans la proportion de 1 p. 100. On a calculé de même les proportions limites pour alcool et eau, acétone et eau (16 p. 100), acide acétique et eau (16 p. 100), acide phénique et eau (2 p. 100), alcool et glycérine (14 p. 100), aniline et glycérine (16 p. 100), savon et eau (0,02 p. 100), potasse caustique et eau (2 p. 100). | Or, la valeur de la tension superficielle trouvée pour ces divers mélanges limites a été toujours voisine de 50 dynes. Pour ces divers mélanges, plus la tension dépassait la valeur de 50 dynes et plus diffi- cile était la chute du soufre, comme, d'autre part, plus cette constante physique était au-dessous de 50 dynes et plus facile était la descente de la fleur de soufre. Conclusion. — La réaction de Haycraït s'explique par des différences de tension superficielle : suivant que le soufre en fleurs tombe ou ne tombe pas dans un liquide, la tension superficielle du liquide est plus : petite ou plus grande que 50 dynes par centimètre; si la réaction paraît douteuse, la tension superficielle du liquide considéré est voisine de 50 dynes par centimètre. (Travail du laboratoire de physique biologique de l'Université de Toulouse.) TOXICITÉ DE LA SUEUR DES PARALYTIQUES GÉNÉRAUX, par MM. le Professeur Mairer et le D' ARDiN-DELTEIL. Nos expériences sur la toxicité de la sueur des paralytiques généraux ont été faites dans les mêmes conditions que celles relatives à la sueur de l’homme sain et de l’épileptique (1). Elles sont au nombre de 16, et se rapportent toutes à des malades arrivés à la 3° période. La quantité de sueur injectée a été, par kilogramme du poids du lapin, de 116, 150, 176, 186, 196, 197, 206, 218, 232, 234, 255, 270, 272, 280, 376 centimètres cubes. (1) V. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 17 novembre, 1°" et 8 décembre 1900. 1108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette sueur a produit des effets physiologiques semblables à ceux de la sueur normale sur la température, la respiration, le tube digestif, les mictions et la pupille. Ses effets sur le cœur ont été au contraire tout différents; tandis que la sueur normale abaisse le nombre des battements cardiaques, la sueur des paralytiques, sauf dans un cas, l’a toujours augmentée, et cela dans la proportion de 10 à 30 pulsations par minute. Ses effets sur le système nerveux ont été, pendant l'injection, plus marqués d’une manière générale qu'avec la sueur normale, et se sont traduits par des frissons, de la somnolence et de l’affaissement. Mais ce qui nous à surtout frappés, c'est l'apparition, dans les jours qui ont suivi l'injection, de phénomènes paralytiques chez cinq de nos lapins. Ces troubles apparaissent de 36 à 48 heures au plus tôt, quelquefois 3 jours, et même 17 jours après l'injection. La paralysie peut rester localisée et, d’abord incomplète, devenir ensuite une paralysie flasque complète. Chez un de nos lapins, elle atteint la patte postérieure droite et y reste localisée; l’animal meurt le lendemain. Chez un autre, elle atteint les deux pattes de devant, devient bientôt complète, et l'animal meurt 3.jours après. Chez un troisième, elle commence par la patte posté- rieure gauche, s'étend le lendemain à tout le train postérieur, avec prédominance à gauche; l'animal meurt trois jours après, à la suite d'attaques épileptiformes en série. Chez deux autres, elle atteint d’em- blée les quatre membres et les muscles du cou; ces lapins meurent, l’un 24 heures, l’autre 3 jours après l’apparition de la paralysie. Ces phénomènes paralytiques ne peuvent être attribués qu'à l'action de la sueur des paralytiques généraux ; nous ne les avons obtenus ni dans l’épilepsie, ni dans les diverses formes d’aliénation mentale, pas plus qu'avec les sueurs normales. Cette action inverse sur le cœur et ces effets sur le système nerveux ne peuvent évidemment relever que d’une toxicité spéciale à la sueur des paralytiques. Mais, pour être réelle, cette toxicité n’en est pas moins faible; on peut en juger par les hautes doses de sueur intro- duites dans le torrent circulatoire du lapin et qui n’ont même pas toujours entraîné la mort; celle-ci n’est survenue que 10 fois sur 16, et cependant, dans les 6 cas où les animaux ont survécu, ils ont pris respectivement 150, 196, 197, 234, 255 et 270 centimètres cubes par kilogramme. De plus, lorsque les lapins ont succombé, la mort n’est Jamais survenue immédiatement ; elle s’est produite 8 heures, 12 heures, : 24 heures, 3 jours, 5 jours, 7 jours, et même trois semaines après l'injection. Faible ou forte, cette toxicité est réelle; elle n’est pas explicable, en effet, par un défaut d’isotonie entre la sueur et le sérum sanguin (le point de congélation de la sueur des paralytiques généraux se meut SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1109 dans des limites très voisines de celles de A du sang); d’ailleurs, elle est démontrée encore par les résultats de l'autopsie qui peuvent se résumer ainsi : congestion constante et parfois intense des méninges et du cerveau; cette congestion est ordinairement généralisée; c'est la seule altération macroscopique que nous ayons constatée quand les lapins sont morts sans présenter de paralysie. Dans le cas contraire, à la congestion s’ajoutaient des suffusions sanguines sous-pie-mériennes, des hémorragies punctiformes intrapédonculaires ou bulbaires; dans deux cas, il y avait une congestion notable des plexus choroïdiens et du quatrième ventricule ; dans un de ces derniers cas, la surface des hémisphères n’était pas congestionnée. Tous les viscères sont congestionnés; on constate volontiers des ecchymoses dans le poumon; le foie, toujours congestionné et volu- mineux, présente parfois un aspect granuleux et est dur à la coupe. En résumé : 1° La sueur des paralytiques généraux a une toxicité faible, mais réelle. 2° Cette toxicité se traduit, à côté d’effets semblables à ceux que produit la sueur de l’homme sain, par des effets inverses sur le cœur, dont elle augmente le nombre des battements, et par une action plus intense d'une manière générale sur le système nerveux; celle-ci peut s'accompagner de troubles paralyliques incomplets ou complets, localisés ou généralisés ; à l’autopsie on rencontre dans ces derniers cas, à côté d'une congestion généralisée des méninges et du cerveau, des conges- tions violentes de certaines régions, voire même des suffusions san- guines et des hémorragies. NOTE SUR LA DIALYSE DES PRODUITS SOLUBLES ÉLABORÉS PAR LE BACILLE PYOCYANIQUE DANS LES SACS DE COLLODION, par MM. MizTon CRENDIROUPOULO et ARMAND RUFFER. La communication de MM. A. Rodet et Guéchoff sur les propriétés des sacs de collodion (1) nous amène à relater quelques résultats des expériences que nous poursuivons depuis déjà un an. Les détails de notre technique ont été exposés ailleurs in extenso (2). Pour le moment nous nous bornons à dire qu'eile consiste à cultiver un microbe donné dans un sac de collodion plongé lui-même dans un liquide de culture. Notre but était de voir si les toxines dialysent en partie ou en entier à travers 1) Sociélé de Biologie, 10 novembre 1900, (2) Brilish medical Journal. PSE NE PROS NET MES NIET RE PROPRES FER TS CM PTS PRESS à SRE BE D PT »- ie Er à 4110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les sacs, au fur et à mesure qu’elles se forment, et si, en dialysant, elles gardent ou non les mêmes propriétés. Le microbe choisi par nous est le bacille pyocyanique, parce que les propriétés pathogènes de ses produits sont bien connues et parce qu'il sécrète une matière colorante, ce qui facilite beaucoup les expériences. D'ores et déjà nous sommes en mesure d'avancer que les toxines passent dans le liquide extérieur en petite quantité et que le temps qu’elles prennent pour traverser la paroi est assez long. Ceci dépend de l’épaisseur du tube et ensuite de la nature du liquide dans lequel plonge le sac. La comparaison de la toxine filtrée à travers la bougie avec la toxine dia- lysée nous a montré une différence d'énergie pathogène assez considérable en faveur de la première. Pourtant, nous avons pu reproduire avec la toxine dialiysée tous les symptômes sans exception, même l’arthrite, à la condition d'en augmenter la quantité {injectée. Un cobaye auquel on injecte 20 centi- mètres cubes par kilogramme d’animal de toxine filtrée, par exemple, meurt en trois heures, mais il faut plus que le double de la toxine dialysée du même àge et de la même provenance pour tuer un cobaye du même poids, en quarante-huit heures à peu près. Même à cette dose la mort ne survient pas toujours. Il est juste pourtant de faire remarquer que, toutes les fois que la dose de toxine dialysée injectée dépassait 20 centimètres cubes par kilogramme d'animal, celui-ci mourait cachectique au bout d’un temps plus ou moins long. Les propriétés pathogènes des liquides dialysés variant suivant la durée de la dialyse. Avec des toxines provenant d'une dialyse de dix à treize jours, la fièvre, toujours passagère, la diarrhée et la somnolence prédominaient, la diarrhée moins fréquemment que les autres symptômes. Les convulsions n'appa- raissaient que rarement et seulement avec les produits d’une dialyse de trente à quarante jours. La toxine dialysée injectée à la dose de 5 à 10 centimètres cubes par kilo- gramme d'animal produit peu ou pas du tout de troubles apparents, mais elle confère l’immunité. | La pyocyanine ne dialyse que si le sac n’est pas trop épais. Nous avons dit que le liquide extérieur du sac influe beaucoup sur la quantité de toxine dialysée. En effet, nous avons remarqué que quand on plonge un sac de collodion rempli d’une culture en bouillon dans l’eau distillée, celle-ci devient beaucoup plus toxique que si on se sert de bouillon ou d’eau peptonée. L'aspect même des cultures diffère selon qu'elles plongent dans l’un ou l’autre des liquides. Les cultures faites dans les sacs immergés dans le bouillon perdent la plus grande partie de leur eau, deviennent visqueuses et pareilles à celles des sacs intro- duits dans le péritoine. Les bacilles paraissent déformés, plusieurs deviennent granuleux, d’autres prennent la forme des cocci et ceux qui paraissent intacts accusent des mouvements moins vifs. Nous n'avons étudié qu’en passant la virulence des bacilles dans les SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE Ati sacs de collodion, mais, dans les quelques expériences que nous avons instiluées, la virulence nous a semblé très irrégulière. En résumé, les produits toxiques dialysent tous à travers les sacs de collodion d’une épaisseur moyenne, mais ils ne passent pas en totalité. Le temps qu'ils mettent à cela est long et diffère selon les produits. Il est très probable que les matières immunisantes traversent parmi les premières. On peut donc se servir avantageusement de ces sacs pour la préparation des vaccins. FONCTION SÉCRÉTOIRE DU PLACENTA, par M. L. NATTAN-LARRIER. Dans un mémoire déposé le 15 octobre 1900, nous avons fait allusion à la sécrétion interne du placenta chez le cobaye. Nos recherches avaient porté, d'une part, sur le placenta du cobaye normal, d'autre part, sur le placenta du cobaye soumis à une série d'infections aiguës. Ces recherches nous avaient amené à considérer le placenta comme un organe doué d’une sécrétion interne. Cette sécrétion si nette avait déjà été vue par deux auteurs, Ercolani et Creighton : « Une impor- tante observation que j'avais faite sur le placenta du rat, puis sur celui du lapin et du lièvre, mais qui m'avait échappé chez le cobaye, à été faite par Creighton, à savoir, qu’en divers points de la portion fœtale les cellules périvasculaires se transforment en se fondant en une sorte d'humeur aqueuse qui est absorbée par les villosités fœtales ; de sorte, dit Creighton, qu'on peut conserver l'expression d’organe glandulaire pour le placenta (1). » Ainsi Ercolani et Creighton admettent nette- ment la fonction sécrétoire du placenta. M. Pinoy, dans la séance du 8 décembre, a, à son tour, décrit des boules dans les sinus placentaires; il a considéré qu'il s'agissait de formation analogue aux boules qu'on rencontre dans les tubes contournés des reins atteints de néphrite subaiguë. Les recherches de M. Pinoy étaient faites sur des animaux intoxiqués par la cantharidine ; il s'agissait, pour l’auteur, d’une pla- centite, et la sécrétion du placenta devait être considérée comme de nature pathologique. A cette conception, nous opposons le résultat de nos recherches. À Dans le placenta normal, la sécrétion peut être éludiée soit au niveau des régions ectodermiques pures, soit dans les parties où se trouvent en contact les vaisseaux maternels et fœtaux. a) Après fixation à solution d'acide osmique chromé et après coloration à l'hé- matéine, le plasmodium est teinté en gris, les globules rouges en jaune (1) Ercolani (1880), cité par M. Mathias Duval, in Placenta des rongeurs. 1119 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE .— vif, les noyaux en violet clair. On distingue alors, à la limite du plas- modium, la bordure du vaisseau colorée en jaune et légèrement réfringente ; on voit, insérées sur cette partie du plasmodium et tom- bant pour ainsi dire dans la cavité vasculaire, de très fines gouttelettes réfringentes dont le volume ne dépasse pas celui d’un nucléole; en d'autres points, les boules arrondies et colorées en gris occupent une partie de la cavité vasculaire, mais sont encore insérées sur le plas- modium. Dans d’autres points, les boules sont flottantes et dépassent déjà le volume d’un globule rouge. (b) Dans les régions maternelles, les vaisseaux contiennent de grosses boules colorées en gris; les unes sont nées sur place par le procédé que nous venons d'indiquer, les autres sont transportées par le cou- rant sanguin. Ces larges cavités du plasmodium sont les vaisseaux efférents du placenta; c'est donc dans les vaisseaux matérnels que se trouvent les boules et c’est vers l'organisme de la mère que sont portés les produits de la sécrétion interne du placenta. Il est impossible de dire qu'il s’agit là de formation pathologique; les animaux étaient sains et ils avaient été tués par piqûre du bulbe; la sécrétion placentaire nous a paru plus accusée dans quelques cas d'infection suraiguë par le bacille de Lôffler et par le bacille d’Eberth. L'emploi des divers fixateurs doit être soigneusement réglé pour cette étude du placenta. La fixation par l'alcool convient assez mal: il faut alors employer le bleu de Unna, et la coloration ne se fait encore que d’une manière incomplète. L'acide osmique chromé combiné à l'hématéine convient parfaitement, tandis que le Flemming ne donne que des fixations imparfaites et ne permet pas la distinction entre certaines petites boules et les globules rouges : il donne pourtant par la safranine une coloration intéressante des grosses boules. Quoi qu'il en soit, pour nous le fixateur d'élection est le réactif de Domi- nici, le colorant par excellence est le bleu de toluidine éosine-orange ; on voit ainsi nettement les petites boules bleues distinctes des globules rouges colorés en orange, et les grosses boules des sinus maternels flottant librement au milieu des cavités vasculaires. M.!LeTULLE. — Les très intéressantes recherches sur le placenta des cobayes entreprises par M. Nattan-Larrier m'ont engagé à étudier le placenta humain. Il est facile de constater que tous les placentas sains, quel qu'ait été leur siège (grossesse utérine, grossesse tubaire), contiennent, de même, à la surface de nombreuses villosités, des boules hyalines absolument identiques à celles décrites dans le placenta du cobaye. Ces boules sont d'un diagnostic facile et leur topographie est précise : SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1143 elles se montrent à la surface du protoplasma recouvrant les villosités placentaires, indice appréciable d’une fonclion sécrétoire des épithé- liums placentaires. LE RETOUR AU NID CHEZ LE Pompilus sericeus V. d. L., par M. Pauz MARCHAL. Dans une note récente (1), M. Bouvier a montré par d'ingénieuses expériences que le retour au nid, qui s'effectue chez les Bembex avec une remarquable précision, s'explique par la mémoire des lieux et que . l'hypothèse d’un sens spécial de la direction mise en avant par Fabre parait entièrement inutile. L'étude comparative de l'instinct dans les différentes espèces peut aussi nous conduire à la même conclusion. Tous les Hyménoptères pré- dateurs ne sont pas en effet également habiles pour retrouver leur nid; il en est pour cet instinct comme pour les autres, et notamment pour l’art de tuer ou de paralyser les proies, et il existe tous les degrés per- mettant de passer d’aptitudes médiocres et naturellement explicables aux aptitudes très perfectionnées et semblant incompréhensibles sans la connaissance des premières. Pour ce qui concerne l'instinct de l'orientation, quelques-uns de ces Hyménoptères sont d’une insigne maladresse et attestent par leurs erreurs et par leurs hésitations que non seulement il n'existe chez eux aucun sens spécial de direction, mais encore qu'ils sont fort mal servis par leurs sens et leur mémoire chaque fois qu’ils ont besoin de s'orienter. Dans un livre de publication récente (2), M. et M*° Peckham ont attiré l'attention sur cette question et ont montré notamment que certains Pompiles, tels que le Pompilus fuscipennis Saint-Fargeau, avaient sou- vent beaucoup de peine à retrouver l'entrée de leur nid lorsqu'ils revenaient de la chasse, ou leur Araignée, lorsqu'il leur arrivait d’aban- donner cette dernière. Une observalion que j'ai faite au mois de juillet dernier, à Fontenay- aux-Roses, sur le Pompilus sericeus, confirme les données précédentes. Une petite colonie de Pompiles de cette espèce avait, avec Le plus grand à-propos, élu domicile dans le mur même d’un pavillon rustique qui, pendant l'été, me sert de laboratoire ; c'était dans le sable fin séparant les moellons que ces Insectes établissaient leurs nids. (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 octobre 1900, p. 874. (2) G. W, Peckham and El. G. Peckham. On the instincts and habits of the solitary Wasps. Madison (Wisconsin), 1898, 1114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le 16 juillet, à 1 h. 1/2 de l’après-midi, je vois l’un d'eux commencer à creuser son terrier; à 2 h. 1/4, son travail de forage est terminé et il part en chasse (1). Son absence pouvant être longue, je m'éloigne, après avoir eu soin de mettre en travers de l'entrée du nid un petit fragment de feuille, simple moyen de contrôle pour savoir si l’Insecte est revenu pendant mon absence. Une heure après, je vois le Pompile faire retour au terrier sans Araignée; sans doute a-t-il déposé sa proie dans le voi- sinage, en un endroit qui m'est inconnu. Déconcerlé d’abord par mon morceau de feuille, il se contente de le palper, fait plusieurs circuits aux environs, revient et s'éloigne à plusieurs reprises; enfin, se déci- dant à franchir l'obstacle, il pénètre dans le terrier et, rejetant derrière lui le morceau de feuille, achève de déblayer sa demeure du sable qui l’encombre. Quelques instants après, le Pompile ressort et, partant en quête de son Araignée, il ne tarde pas à revenir; au moment où je l’aperçois, il tire sa proie avec ses mandibules et, d'une marche relativement rapide, commence l'ascension du mur; mais, dans son ardeur, il dépasse de beaucoup le niveau où se trouve le terrier et s'élève jusque vers le bord supérieur du mur, tandis que le terrier se trouve placé dans la région inférieure. Comprenant qu'il s’est égaré, le Pompile dépose son Araignée sur une pierre saillente, et, plus libre de ses mouvements, il repart à la recherche de son terrier; mais, cette fois, c'est bien au-dessous de l'endroit où il se trouve qu'il descend, et ce n’est qu'après de nombreux détours, tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche, qu'il finit par leretrou- ver; il y pénètre enfin, rejette encore un peu de sable au dehors, puis, ressortant, il part en quête de son Araignée ; mais, sans hésitation, il va juste dans la direction opposée à celle où elle se trouve et chemine \ vers la partie inférieure du mur jusqu’au sol, alors que sa proie se trouve bien au-dessus du terrier. Enfin, après bien des circuits effectués tantôt avec le secours des pattes, tantôt avec celui des ailes, il arrive à la rencontrer, et cette fois la traîne dans la direction de son terrier; toutefois il n'est pas bien sûr encore de ne pas se tromper; aussi aban- donne-t-il sa proie une seconde fois sur une saillie de la muraille, puis il descend vers son terrier, le dépasse notablement, y revient, et dis- | parait à son intérieur; au bout de quelques secondes, il en ressort et va (1) Il convient de faire une réserve à ce sujet; car, n'ayant pu suivre le Pom- pile dans ses pérégrinations, ni le voir s'emparer de son Araignée, il se pour- rait que le voyage qu'il fil à ce moment eût pour but d'aller chercher une proie déjà piquée et immobilisée par lui. Le terrier, dans ce cas, aurait été! creusé après l’acte de la chasse, comme cela a lieu chez beaucoup de Pom- piles. Le temps que l’'Hyménoptère mit pour effectuer son retour vers la région où se trouvait le nid me semble toutefois exclure cette hypothèse. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE A145 chercher son Araignée qu'il entraine cette fois directement dans son nid. Après avoir déposé son œuf sur sa proie, il ressort, bouche le terrier en le remplissant de sable et s'applique à faire disparaître toute trace de sa présence. Le travail de l'Insecte depuis le commencement du forage jusqu'au comblement du terrier a duré de 1 h. 1/2 à 4 h. (1). Sur le même mur, j'ai observé d’autres individus de la même espèce qui procédaient semblablement à celui dont il vient d’être question. L'Araignée traînée, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, était abandon- née à plusieurs reprises dans des endroits souvent fort écartés du terrier, et de nombreuses allées et venues étaient effectuées tantôt au vol, tantôt à pied, soit pour retrouver le terrier, soit pour retrouver l’Araignée. En résumé, ce n’est que par des voyages multiples, du nid à la proieet de la proie au nid,après loutes sortes de détours que le Pompile arrive à ramener sa victime jusqu à son terrier. Le Pompilus sericeus n’agit donc en aucune facon comme s'il était guidé par un sens de direction spécial, mais uniquement en tirant parti, dans la mesure de ses moyens, des données qui lui sont fournies par sa vue et par sa mémoire. CULTURE PURE SUR SÉRUM-ASCITE DU BACILLE DE DUCREY, PROVENANT DU CHANCRE MOU, ET INOCULATION INTRA-PÉRITONÉALE AU COBAYE, MORTELLE DANS LES DOUZE HEURES. par M. G. MARÉCHAL. Dès le mois de novembre 1896, nous avions obtenu une culture pure du bacille de Ducrey provenant du chancre mou et l’inoculation intra- péritonéale mortelle au cobaye en utilisant le sérum-ascite comme milieu de culture. En 1897, nous avons continué nos recherches sous la direction de M. le D' Julien, à l'Infirmerie de Saint-Lazare (2). MM. Bezancçon, Griffon et Le Sourd ont fait récemment une communi- cation au sujet de la culture du bacille de Ducrey sur sérum de lapin gélosé. Toutes nos cultures par premier ensemencement ont été réalisées sur (1) J'ai fouillé Le terrier d'un autre individu que celui sur lequel a porté l'observation précédente. Ce terrier était peu profond et se coudait sous une pierre. Dans le cul-de-sac terminal se trouvait l'Araignée ne présentant plus traces de mouvements, avec l’œuf du Pompile placé du côté gauche, à La base de l'abdomen sur la face ventrale. L'éclosion de la larve du Pompile avait lieu 3 jours après. (2) Communication de M. le Dr Julien à la Société de dermatologie (1898). Biococie. COMPTES RENDUS, — 118 SÉRIE, T, I. 85 + na EE so c'e A 1116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sérum-ascite coagulé, soit pur, soit additionné d'un tiers de gélose ou de gélatine, ou de sérum de bœuf ou de cheval. Nous avons vu la culture se développer dès la douzième heure de séjour à l’étuve à une tempé- rature de 20 à 25 degrés. MM. Bezancçon, Griflon et le Sourd n'ont vu leurs colonies apparaître qu'après quarante-huit heures. Ces colonies punctiformes, analogues à celles du pneumocoque de Talamon, mais moins transparentes, se développent avant celles des autres microbes, de sorte que le diagnostic du microbe du chancre mou est plus facile dès la douzième heure avant l'apparition des autres microbes associés. À l'examen microscopique sur une préparation colorée pendant une seconde par une solution de Nicolle au quart, on distingue très nelte- ment tous les caractères du bacille de Ducrey. On dirait 2 coccus dis- posés bout à bout, reliés par un segment rétréci : c’est la forme en 8 de chiffre. Ces bacilles se décolorent par le liquide de Gram. On peut par repiquage cultiver le bacille de Ducrey provenant de l'ensemencement sur sérum-ascite sur les milieux usuels, sauf le bouillon de peptone. Sur urine filtrée et stérilisée légèrement acide, le bacille de Ducrey ensemencé par repiquage atteint parfois cinq ou six fois sa longueur normale. Il se présente sous la forme tantôt de spatule double ou d’haltère, tantôt de chaïînettes flexueuses comme le sérepto-bacille décrit par Unna. Chaque bacille de la chaînette présente souvent deux, trois, quatre ou cinq renflements alternatifs. Parfois le segment intermédiaire est telle- ment rétréci que les deux extrémités renflées semblent avoir des ten- dances à s’isoler. En d’autres points de la préparation, le bacille se seg- mente réellement, de sorte que les deux renflements terminaux du microbe présentent l'aspect de véritables spores. Ces phénomènes se manifestent surtout dans les cultures sur urine vieillies. Ces cultures s’atténuent si on ne prend pas soin de faire un passage sur le cobaye au moins une fois tous les quinze jours. Inoculation positive du bacille de Ducrey au cobaye. Nous avons réa- lisé l'inoculation intra-péritonéale mortelle au cobaye dès l’année 1896. Nous avons répété ces expériences dans le laboratoire de M. Julien à l'Infirmerie de Saint-Lazare. L'animal présente des crises alternatives de convulsions toniques et cloniques et une athétose persistante des pattes dès la troisième heure qui suit l’inoculation. Le cobaye meurt 12 heures environ après l’inoculation. L’exsudat péritonéal prélevé aseptiquement et ensemencé sur du sérum- ascite coagulé détermine dans les douze heures une culture pure du bacille de Ducrey. SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE AA47 Nous avons provoqué l’apparition d’un chancre mou par l’inoculation sous-cutanée au cobaye de 3 centimètres cubes d’une culture pure de bacilles de Ducrey sur sérum-ascite liquide. Le chancre mou s’est déve- loppé cinq jours après l’inoculation. En résumé, la culture pure du bacille de Ducrey sur sérum-ascite coagulé dans les douze heures, le développement par repiquage de ce microbe sur les milieux usuels, en particulier l’urine acide, l’inocula- tion intra-péritonéale mortelle au cobaye, la reproduction du chancre mou par l'inoculation sous-cutanée de cette culture pure au cobaye, tels sont les phénomènes que nous avons observés au cours de nos recherches sur le microbe du chancre mou pendant les années 1897-1898. (1) Et RECHERCHES HISTOLOGIQUES SUR LE LIQUIDE DES HYDROCELES, par MM. Winaz et RAvAUT. L'étude histologique du liquide de huit casd’hydrocèles essentielles faite suivant le procédé que nous avons indiqué pour l'étude des pleurésies, nous a montré dans cinq cas des placards endothéliaux plus ou moins confluents, mélés parfois à des globules rouges et à des lymphocytes peu nombreux. j Dans deux cas nous avons constaté seulement la présence de quelques cellules endothéliales dissociées, plus ou moins altérées, et dans un cas nous avons constaté l'absence presque complète d'éléments figurés. Cette formule générale, semblable à celle que nous avons décrite dans les pleurésies aseptiques observées, par exemple, chez des cardiaques et. des brightiques, est un argument contre l’origine infectieuse de cette variété d'hydrocèle dont le liquide est d’ailleurs stérile et plaide en faveur d’une origine purement mécanique. Dans les vaginalites symptomatiques, la formule histologique du liquide est, en effet, tout autre. C’est ainsi que dans l'épanchement d'une vaginalite développée autour d’une orchite blennorragique, nous n'avons guère trouvé que des polynucléaires. D'autre part, dans l’épan- chement d'une vaginalite inflammatoire avec fausses membranes et suffusions hémorragiques, nous avons constaté un mélange abondant de polynucléaires et de lymphocytes sans cellules endothéliales. (1) Rappel d’une communication de M. Julien à la Société de dermato- logie en 1898 et de M. Maréchal au Congrès international de médecine de 1900. RE va J118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES HISTOLOGIQUES SUR LE LIQUIDE DES PLEURÉSIES EXPÉRIMENTALES, par MM VWipaz et RAVAUT. Après avoir montré le parti que le diagnostic clinique pouvait tirer de l'étude histologique des épanchements séro-fibrineux, il nous a paru intéressant d'étudier comparativement la formule histologique du liquide de quelques pleurésies provoquées expérimentalement chez l'animal. Lorsqu'on détermine chez le cobaye une tuberculose généralisée par inoculation sous-cutanée ou intra-péritonéale, on trouve parfois à l'au- topsie un épanchement pleural séro-fibrineux abondant. Nous avons pu étudier la formule des épanchements ainsi développés chez deux cobayes, et chaque fois nous avons trouvé presque uniquement des lymphocytes mêlés à de très rares polynucléaires ou à quelques éosino- philes, à quelques cadavres de cellules endothéliales déformées et à des globules rouges plus au moins nombreux. En un mot, il s'agissait d'une véritable lymphocytose pleurale. L'inoculation d’une culture de bacille de Koch dans la plèvre du chien détermine une pleurésie de longue durée, que l’on peut ponctionner à plusieurs reprises, l’on peut ainsi répéter l'étude de la formule histologique de l’épanchement. Le liquide séro-fibrineux peut avec le temps devenir séro-purulent: il ne présente pas de coagulum fibrineux. À l’autopsie on trouve des tubercules à fleur de plèvre, mais pas de néoméembrane ; on ne reproduit donc pas ainsi la pleuro-tuberculose à néo-membrane de Landouzy. Après cette inoculation brutale de la séreuse, les conditions de lutte et de défense locale sont différentes, aussi le liquide pleural séro-fibrineux ou séro-purulent de deux chiens ainsi traités, examiné à plusieurs reprises, a toujours présenté une for- mule histologique caractérisée par la présence de nombreuses cellules endothéliales nettement dissociées pour la plupart, de lymphocytes, de nombreux polynucléaires et des globules rouges. Les rapports réci- proques entre ces divers éléments présentaient quelques variations insi- gnifiantes d'un cas à l'autre et même d’une ponction à l’autre. Les données expérimentales concordent sur ce point avec celles four- nies par la clinique. | C’est ainsi que dans nos premières recherches sur le cytodiagnostie nous avons montré que la pleurésie dite idiopathique, dont M. Landouzy a dénoncé la nature tuberculeuse, est caractérisée, dès le début, par la présence presque exclusive de lymphocytes. Cette formule prouve une fois de plus l’autonomie de cette pleuro-tuberculose à néo-membrane et contribue à marquer sa place particulière parmi certaines tuber- culoses pleuro-pulmonaires. Nous avons montré, en effet, que le liquide des pleurésies développées chez des tuberculeux avérés atteints de 1 SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1119 lésions caséeuses ou ulcéreuses des poumons et de la plèvre ainsi que le liquide des hydropneumothorax tuberculeux avait une formule toute différente caractérisée surtout par la présence de polynucléaires vieillis et déformés. L'observation des faits nous montre donc que pour tirer des éléments exacts de cytodiagnostic il faut examiner les cas particuliers et éviter les généralisations. Dans le même ordre d'idée, nous avons égalemént montré (1) que le liquide clair des synovites à grains riziformes, dont la nature tubercu- leuse est aujourd'hui nettement établie, était caractérisé par une for- mule lymphocytique, et que par contre le liquide séro-purulent de deux artbrites tuberculeuses anciennes ne renfermait guère que des polynu- cléaires (2). Dans les pleurésies purulentes tuberculeuses de longue durée, sur une préparation du liquide, on ne voit guère que des granulations et de loin en loin un polynucléaire déformé. Cette absence presque complète d'éléments figurés pourrait suffire, par un simple examen microsco- pique, à caractériser la nature tuberculeuse d’une pleurésie purulente ancienne. Nous avons observé un épanchement pleural chez un cobaye ayant succombé dix-huit heures après l'inoculation intra-péritonéale d’une culture de bacilles typhiques. Le liquide fourmillait de bacilles, conte- nait quelques cellules endothéliales desquamées, quelques lymphocytes, et surtout des polynucléaires neutrophiles et éosinophiles. Chez deux cobayes, nous avons étudié le liquide séro-fibrineux épanché dans les plèvres à la suite d’inoculations sous-cutanées de toxine diphtérique. Ce liquide était visqueux, très fibrineux et légère- ment teinté de sang. Au microscope, on constatait beaucoup de globules rouges, peu de globules blancs, beaucoup moins en tous cas que dans la pleurésie du cobaye tuberculeux, mais la formule était presque uni- quement lymphocytique. On voit donc que la pleurésie diphtérique du cobaye peut être lym- phocytique comme la pleurésie tuberculeuse, mais il s'agit là d’une nature de pleurésie avec laquelle on n’a pas à compter en clinique. Ce fait prouve que le lymphocyte, tout comme le polynucléaire, peut se retrouver dans des épanchements produits par des poisons ou des microbes différents. Bien plus, dans les pleurésies mécaniques et asep- tiques des brightiques caractérisées, comme nous l'avons montré, par la présence de squames endothéliales, on trouve entre les éléments 1) Congrès de Paris, 1900. (2) Nous avons montré à diverses reprises que la sérosité des arthrites rhu- matismales et blennorrhagiques contenait également des polynucléaires. 1120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE endothéliaux quelques lymphocytes qui augmentent souvent avec le temps. IL faut se rappeler que la cavité d’une séreuse, telle que la plèvre, est lubrifiée à l’état normal par un liquide ayant tous les caractères de la lymphe; or, les leucocytes uninuclées sont les éléments figurés propre au liquide lymphatique. Dans les pleurésies qui, en raison de leur nature, surviennent sans provoquer de réaction active et sans néces- siter l'intervention d'agents de défense puissants, tels que les polynu- cléaires, on peut se demander si l’'épanchement ne représente pas sim- plement, dans certaines circonstances particulières, l'exagération de la sécrétion normale de la séreuse; ainsi s’expliquerait en ces cas la prépondérance des lymphocytes dans le liquide exsudé. Le Gérant : OGTAVE PORÉE- Paris « Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1191 SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1900 M. G. Weiss : À propos de la communication de M. Waller. — M. ÉD. RETTERER : Recherches expérimentales sur l'élaboration d'hématies par les ganglions lympha- tiques. — M. le Dr PIERRE Bonnter : Sur la non-existence d'un courant rentrant dans l'émission vocalique. — M. GeLLé : Discussion. — M. P.-A. ZACHARIADÈS : Des actions diverses des acides sur la substance conjonctive. — MM. F. BESANCON, V. Grirrox et L. LE Sourp : À propos de la culture du bacille du chancre mou. — M. E.-L. Bouvier : Les variations des habitudes chez les Philanthes. — M. le D' E. Mavurez : Action réciproque du bacille typhique et de nos leucocytes. — MM. CarRièRE et Vanverrs (de Lille) : Modifications histologiques du sang après ligature expérimentale des vaisseaux spléniques. — M. le D' H. Crisrrant : Surme- nage des greffes thyroïdiennes avec atrophie consécutive. — M. P. TEIssiER : Recherches sur l’action antitoxique « in vitro » du glycogène hépatique. — M. P. Telssier : Recherches sur la valeur antitoxique «in vitro » du glycogène hépatique. Présidence de M. Bouchard. À PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. WALLER, par M. G. Weiss. A la suite de l’intéressante communication faite par M. Waller dans la séance du 22 décembre, j'ai dit qu'il y aurait intérêt, ‘pour rendre comparables entre elles les expériences faites avec des radiations de couleur différente, à rapporter les mesures à une unité commune. J’ai constaté que mes explications n'avaient pas été assez claires pour entrainer la conviction de divers de nos collègues. Je vais faire une comparaison qui me permettra de mieux rendre ma pensée. Supposons que nous ayons une série de corps de nature différente, en cuivre, fer, platine, argent, plomb, etc., et que nous voulions étudier les propriétés pondérales de ces corps. En les pesant, nous aurons une série de chiffres représentant les poids de ces différents corps. Mais un autre observateur prenant une série analogue composée de corps de mêmes métaux ne retrouvera pas la même série de chiffres, et, en opérant de cette facon, les deux expérimentateurs ne pourront nullement se mettre d'accord sur les propriétés pondérales de la série cuivre, fer, platine, etc. Si, au contraire, ils conviennent de donner à tous les corps le même volume, ou si, ne pouvant réaliser cette condition matériellement, ils ramènent par le calcul les poids à ce qu'ils seraient pour un même volume pris pour unité, tous les résultats seront comparables entre eux. Biococie. Compres RENDUS. — 1900, T, I, 86 à n : 1 “ 4 3 \ LL 4 y | 41122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cela n'implique nullement qu'il y ait une relation quelconque entre les propriétés pondérales des divers corps de la série. De même, si l’on voulait étudier une autre propriété quelconque, la chaleur spécifique, par exemple, de ces divers corps, il faudrait tous les ramener par le calcul au même volume ou au même poids. Voyons maintenant ce qui se passera quand on voudra étudier une propriété quelconque des diverses radiations du spectre. Pour les mêmes raisons que celles que je viens d'exposer, il faudra, par le calcul, ramener toutes ces radiations à avoir un élément commun que l’on prendra pour unité. Cet élément commun le plus simple, qui pour les corps matériels était le volume ou le poids, sera ici l'intensité de la radiation. Pour chaque radiation, il faudra chercher quel serait son effet si son intensité était l'unité. L'idéal serait, si cela était possible, de faire un spectre dont toutes les radiations aient l’unité d'intensité et de l’étudier; mais on peut prendre un spectre quelconque, déterminer l'intensité de chaque radiation, et lorsqu'on a mesuré l’effet de cette radiation, diviser cet effet par l'intensité. De même, au lieu de peser un corps de volume 14, on arrive au même résultat en pesant un corps quelconque et divisant le poids obtenu par le volume. Or, pour déterminer l'intensité des diverses radiations d’un spectre, il suffit de promener dans ce spectre une pile thermo-électrique recouverte de noir de fumée. La déviation que donnera le galvanomètre sera pro- portionnelle à l'énergie apportée par la radiation par unité de up c'est-à-dire à l'intensité de cette radiation. Pratiquement, voici donc comment devrait se faire l'étude d’une pro= priété quelconque des diverses radiations d’un spectre. On mesure d'abord l'effet produit par la radiation sur laquelle on expérimente, puis on fait tomber cette radiation sur une pile thermo-électrique et on divise le premier effet mesuré par la déviation du galvanomètre. Il faut, bien entendu, se servir toujours de la même pile dans les mêmes conditions. On reliera ainsi toujours la propriété que l’on étudie à une même quantité d'énergie prise pour unité. Cela ne veut nullement dire qu'il y ait une relation obligatoire entre les diverses radiations au point de vue de l'effet en question, ni surtout que pour une même énergie on puisse s’attendre pour les diverses radia- tions à trouver la même valeur de l'effet observé, pas plus que, dans l'exemple par où j'ai commencé, il ne faille s'attendre à trouver une relation quelconque entre les poids de corps du même volume ou entre les chaleurs spécifiques des corps du même poids. Pour terminer, je ferai encore remarquer que l’effet produit par une radiation de couleur déterminée fixe pourrait ne pas être proportionnel à l'intensité de cette radiation. Le procédé que j'ai indiqué plus haut ne serait alors plus applicable ; il faudrait n’opérer qu'avec des radiations SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1193 ramenées expérimentalement toutes à la même intensité; on ne pourrait plus se servir d’une intensité quelconque et ramener à l'unité par le calcul en divisant l'effet observé par l’élongation du galvanomètre. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ÉLABORATION D'HÉMATIES PAR LES GANGLIONS LYMPHATIQUES, par M. Ép. RETTERER. Au mois d'août, J'eus l'honneur de soumettre aux membres du Congrès international de médecine des préparations de ganglions lymphatiques qui montraient de nombreuses hématies ayant pris naissance dans les cellules du réseau caverneux, interfolliculaire et périphérique. Ce fait ne s’accordait guère avec la théorie régnante qui considère ces hématies comme des élé- ments extravasés, servant de proie aux phagocytes, qui les transformeraient finalement en pigment. Cette contradiction ne tarda guère à faire naître dans mon esprit l’idée de vérifier expérimentalement le bien fondé de mon obser- vation. Procédés expérimentaux et technique. — Voici la méthode que j'imaginai. Chez le chien et le lapin, l'artère carotide et la veine jugulaire interne sont accompagnées d’un tronc lymphatique volumineux, qui constitue le vaisseau efférent du ganglion cervical ou jugulaire profond supérieur, dit encore rétro- pharyngien. Des vaisseaux lymphatiques communicants relient ce ganglion aux ganglions sous-maxillaires. En pratiquant, sur le plan médian, une inci- sion à la partie inférieure et ventrale du cou, on pénètre aisément (à gauche surtout) dans l’interstice conjonctif qui existe entre les muscles sterno-- cléido-mastoïdien et sterno-hyoïdien. Dès qu'on apercoit le paquet vasculo- nerveux du cou, on introduit le doigt dans la partie inférieure de la plaie et l'on comprime les vaisseaux. Au bout de peu de temps, on voit se dessiner, le long de la veine jugulaire interne, un vaisseau gris transparent à aspect noueux : c'est le tronc lymphatique, au-dessous duquel on passe un fil pour en faire la ligature. Puis on suture la plaie et on laisse vivre l’animal le temps voulu (un à plusieurs jours). J'ai varié les conditions de cette expérience en faisant l’opération : 4° sur l’animal normal; 2° après un jeûne de plusieurs jours ; 3° après des 'saignées répétées et copieuses. Sur les chiens, par exemple, quand les pertes de sang s’élevaient le premier jour au 1/20 du poids du corps, le deuxième jour au 1/30 du poids du corps, je pratiquais, le troisième jour, la ligature du tronc lymphatique cervical. Les saignées amènent une réplétion très prononcée du système lympha- tique, de sorte que la recherche et la découverte du tronc lymphatique s’en trouvent singulièrement facilitées. Pour l'étude microscopique, je suivis la technique que j'ai exposée en détail dans le Cinquantenaire de la Société de Biologie, page 452. De plus, après avoir débité les ganglions en coupes totales et non interrompues, je les collais à l’eau faiblement albumineuse et je les colorais ensuite à l’'héma- toxyline, à l'éosine et à l'orange. fs. NOM ES IN de cp da ee on “hu CRORNE ENEE 112% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RésuzrTarTs. — Voici les points essentiels qui se dégagent de cette étude portant sur les ganglions lymphatiques d’une trentaine d'animaux: La ligature du tronc lymphatique cervical entraîne dans toute la région cervicale et sous-maxillaire une infiltration œdémateuse par rétention. Les ganglions lymphatiques sont bien plus volumineux du côté ligaturé que du côté sain. Sur les animaux anémiés par abstinence ou saignés, les ganglions sont non seulement hypertrophiés, mais ils présentent l’ap- parence d'organes congestionnés. À leur surface comme dans toute leur masse, ils sont remplis de sang; mais ce n’est pas le système sanguin qui est dilaté et congestionné ; comme on s’en assure sur les coupes, les sinus périphérique et caverneux, ainsi que les espaces interfollicu- laires sont gorgés d’hématies. Sur l’animal saigné, le contraste est d'autant plus frappant que les ganglions du côté sain sont pâles et exsangues, tandis que ceux du côté ligaturé sont remplis de sang. L’explication de ces phénomènes est fort simple. La ligature du tronc efférent a pour effet de retenir et d’accumuler les produits d’élabora- tion. Sur l'animal normal, les voies lymphatiques se remplissent ainsi d'éléments sanguins de taille et de valeur hémoglobique normales. Quand, au contraire, on ne pratique la ligature qu'après avoir anémié l'animal par l’abstinence ou la saignée, on a diminué d’une part la masse et la pression sanguines et augmenté, de l’autre, la réplétion des voies lymphatiques, de sorte que le courant lymphatique plus intense et plus rapide dilate les sinus périphérique et caverneux et opère la déplé- tion des ganglions lymphatiques. Les modifications que produit lasaignée sur les ganglions lymphatiques ont été diversement interprétées. La plupart des expérimentateurs ont cru, par ce. moyen, exalter les fonctions hérnatogènes du ganglion. Après avoir saigné un animal, ils l’ont laissé vivre quelque temps avant d’en étudier les ganglions. Ils ont négligé de retenir les produits d'élaboration qui, après la saignée, sont évacués et déversés dans le courant sanguin. Je me rappelle lés moments de dépit de mon maître Georges Pouchet, lorsqu’'en qualité de préparateur je lui soumettais, en 1879 et 1880, les préparations de ganglions lymphatiques des chiens que j'avais saignés quasi à blanc. Après un ou deux jours de survie, nous ne trouvions ni cellules hémoglobiques ni hématies dans les espaces caverneux. C'est ainsi que je m'explique aujourd'hui, les résultats négatifs de mon maître en ce qui concerne le développement des hématies dans ces organes. Plus récemment (1891), Moses GRüÜNBERG remarqua, après la saignée ou l’extirpation de la rate, la présence de quelques cellules et corpuscules hémo- globiques dans les ganglions. Voici l'explication singulière qu'en donne cet auteur. À l’état normal, les ganglions ne contribueraient nullement à l’élabo- ration des hématies; ce n’est qu'après l’ablation de la rate ou à la suite des spoliations sanguines que les ganglions acquerraient une telle fonction ; ils ne fabriqueraient des globules rouges que par raccroc, pour ainsi dire, par une sorte d'action vicariante. À SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 4195 Variations des globules rouges. — On remarque des différences très. marquées dans la forme, les dimensions et les caractères micro-chi- miques des corpuscules sanguins qui se sont formés dans les ganglions, selon qu'on a affaire à un animal normal ou anémié par l'abstinence et la saignée. Chez l’animal normal, le ganglion ligaturé contient dans son réseau caverneux, interfolliculaire et périphérique des cellules nucléées dont le proloplasma, bien que continu avec le tissu plein, est chargé d’hémo- globine. Dans les espaces sus-mentionnés, on observe des corpuscules hémoglobiques libres présentant toutes les propriétés des éléments rouges normaux du sang. Il en va tout autrement pour l'animal anémié, surtout quand on examine le ganglion peu de temps après la saignée. À côté des hématies normales, on rencontre des cellules nucléées et hémoglobiques qui sont libres dans les voies lymphatiques, ainsi que de nombreux cor- puscules également hémoglobiques, mais dont la taille varie entre 1 et 10 y. La configuralion de ces corpuscules est irrégulière, en croissant, en raquette, en bouteille, etc. En un mot, on a l’image de ces corpuscules sanguins à forme variée et à contours déchiquetés, rappelant l’état du sang anémique, que QuiINCKE à caractérisé par le terme de poikilocytose. En comparant la teinte que prennent ces corpuscules, nains ou défor- més, sous l'influence de l’éosine et de l'orange, à la couleur des hématies contenues dansles vaisseaux rouges, on est frappé de leur ton jaunûtre. Ils fixent, en effet, fort peu l’orange, ce qui indique qu'ils renferment une hémoglobine affaiblie. Pour rappeler leur moindre valeur hémo- globique, ainsi que leur forme irrégulière et leur taille exiguë ou anor- male, il convient de leur donner un nom spécial ; je propose celui d’hé- matides. J'ajoute que leur étude ne m'a présenté aucun indice qui me per- mette de les regarder comme l’un des stades jeunes des hématies normales. Il me semble plutôt que les hématides représentent des - formes abortives ; ces avortons d’hématies apparaissent très nombreux aux premières périodes de réparation sanguine pendant lesquelles le ganglion se trouve mal nourri (4). Dans leur évolution ultérieure, ils sont incapables, je le répète, de s'élever au rang d’hématies. Conclusion. — À l'état physiologique, les ganglions lymphatiques fabriquent des hématies normales que le courant lymphatique entraîne (1) La lymphe emporte les hémalides dans le sang, où elles constituent : 1° les hémalies aux contours irréguliers (qui seraient dus à la distorsion) et 20 les débris de globules rouges, que Beard et Wilcox (de l'Université de Minnesota) ont en 1897 signalés dans le sang des chiens saignés et qui pro- viendraient, au dire de ces auteurs, mais à tort selon moi, de la destruction de certaines des hématies restées dans le sang dilué et anémié. 1196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et déverse dans le système sanguin. Les ganglions d’un animal soumis à l’abstinence ou à des pertes sanguines copieuses élaborent, pendant la période anémique, des hématies et des hématides dont la charge hémoglobique est très faible. SUR LA NON-EXISTENCE D'UN COURANT RENTRANT DANS L'ÉMISSION VOCALIQUE, par M. le D' PIERRE BONNIER. Dans des communications antérieures et dans la dernière séance, M. Gellé a présenté des expériences sur lesquelles il s'appuie pour démontrer que dans l'émission du son-voyelle « il n’existe pas dans l'air, au niveau de la base de la langue, un déplacement de courant quelconque vers le dehors ». À mon avis, déjà formulé précédemment, les expériences de M. Gellé démontrent exactement que les choses se passent comme on devait s’y attendre dans le cas, non d’un courant rentrant, comme.le pense l’auteur, mais d’un courant sortant. Tous les professeurs de chant enseignent que l'émission vocalique doit exiger le moins de souffle possible, et c’est un exercice familier aux chanteurs de donner des notes puissantes sans faire vaciller la flamme d’une bougie. Le fait d’un faible courant aérien, d’une faible dépense d’air dans la phonation est bien connu et n’a plus besoin de démonstration. Il n’en est pas de même du courant rentrant de M. Gellé, que je persiste à nier, d'autant plus que les expériences de M. Gellé s'expliquent bien mieux avec l'hypothèse contraire. Si faible que soit l’émission d’air dans la phonation, elle existe; mais on conçoit qu’elle n’a d’autre office que de mettre en vibration l'air glottique, l'air guttural et l’air buccal, nullement de souffler à travers ces cavités. Un souffle trop fort ne convient pas à la mise en vibration, pas plus qu’une friction trop brutale de l’archet sur la corde du violon, mais il faut néanmoins une dépense d'air suffisante pour agir sur l’élas- : ticité glottique. Le filet d'air, le petit courant aérien, au sortir de la stricture glottique, passe dans une cavité large et y détermine néces- sairement un tourbillon, comme on peut le prévoir, puisque les choses ne se passent jamais autrement quand un courant passe dans une rivière dont le lit s'élargit subitement. Sans doute le remous existe, mais son existence même exige et implique celle du courant limité à une partie de la cavité; comme dans une rivière, je le répète, les remous indiquent l'existence d’un courant; il n’y a pas de tourbillon sans courant. Quand on s'exerce à produire, au dehors de la bouche, ces beaux tourbillons circulaires de fumée en anneau dont s’enorgueillissent les fumeurs habiles, on se rend compte qu’ils sont exactement produits SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE - 1197 par le passage d’un souffle léger chassant dans l’espace libre la fumée hors de la bouche circulairement rétrécie; la bouche est pleine de fumée et il ne sort des lèvres qu'un anneau, à peine chassé au dehors et formé par une vive rotation du léger nuage de fumée. Il se passe la même chose au-dessus de la stricture glottique, avec la vibration glot- tique en plus; la fumée peut n'être pas chassée, tant le souffle est faible, mais l'existence même du tourbillon démontre celle du souffle producteur. En d’autres termes, tout se passe comme si dans la pho- nation la poussée aérienne transglottique était très faible, et comme si, au sortir de la glotte, ce souffle tombait dans une cavité très élargie. C’est exactement ce que nous avons toujours su. J'ai fait antérieurement la critique des autres expériences de M. Gellé; elles démontrent, elles aussi, que les choses se passent comme on pouvait et on devait le supposer, à savoir, que l’action d’un courant sur un tube manométrique ou sur tout autre appareil varie selon que ces appareils interrogent parallèlement, obliquement ou perpeudiculai- rement le courant. Je n'y reviendrai pas. M. GEzcé. — Nous différons avec M: Bonnier au point de vue de l'interprétation d'un phénomène, et de sa genèse. Mes expériences successives, univoques, prouvent l'existence d’un mouvementsur place, sans translation au dehors, en un point profond de la cavité buccale, au moment de l'émission vive du son-voyelle. Je ne puis à mon sens conclure qu’à un cyclone; c’est la conclusion logique des faits observés. DES ACTIONS DIVERSES DES ACIDES SUR LA SUBSTANCE CONJONCTIVE, par M. P.-A. ZACHARIADÈS. J'ai déjà eu (1) l'occasion d'attirer l’attention sur un tissu animal pos- sédant la propriété de révéler des traces d’acidité et sur une particula- rité remarquable que présentent certaines solutions acides vis-à-vis de ce tissu (tendon de la queue du rat). Voici le fait : dans un tube à expé- riences contenant 10 centimètres cubes d’une solution d'acide azotique au centième, on plonge un fragment de tendon qui, au bout de quelques minutes, gonfle légèrement. Or, si l’on répète cette expérience sur une série de tubes contenant la même quantité de liquide, mais de dilution de plus en plus grande, on constate que les gonflements respectifs des tendons augmentent d'intensité avec l'augmentation de la dilution; c’est- (4) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séances des 24 février et 47 mars 1900. Co Ce Sr af NÉE ne st SC Mn Ru ip, y, ae dd dd in sr. ué 2. 1128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à-dire que moins il y a d'acide dans une solution, plus le tendon gonfle. Ce fait, paradoxal au premier abord, ne continue pas à l'infini: le maxi- mum de gonflement est atteint dans une solution au cinq millième enwi- ron, dans les tubes à solutions plus diluées, le gonflement devient moindre et finit en mourant au delà de 125.000. Dans cette deuxième phase le gonflement est en rapport direct avec la quantité d'acide conienue dans chaque tube. Nous pouvons nous représenter ces deux phases de gonflement par deux lignes, l’une montante,avec son maximum à environ 5.000, et l’autre descendante. Si, par contre, on ajoute à la première solution (au centième) de l’acide azolique pur, si on la rend par conséquent plus forte en acide et si l’on ajoute un fragment detendon, on voit que celui-ci gonfle moins; et si l’on continue avec des solutions de plus en plus fortes, on observe un gonflement de moins en moins grand; il arrive même un moment où le tendon ne change pas de volume : dans une solution au dixième par exemple, ce tendon peut séjourner pendant plusieurs jours sans subir de modification appré- ciable. Rend-on la solution encore plus forte? le tendon s’y ratatine et d'autant plus que la concentration est plus forte ; finalement, si l’on plonge dans l'acide azotique pur un tendon long de plusieurs centi- mètres, celui-ci se recroqueville instantanément et se transforme en une petite boule dure, hyaline. Nous avons par conséquent quatre phases en tout dans le phénomène du gonflement par l’acide azotique; nous indi- querons la troisième par une ligne horizontale (normale) et la quatrième par une ligne descendante au-dessous de la normale. Ce sont là des actions différentes de l'acide azotique sur le tendon et ces actions dépen- dent uniquement de sa concentration. Ayant examiné un certain nombre d'acides (1) à ce point de vue j'ai pu me convaincre que les chiffres seuls diffèrent pour les divers acides, mais que tous présentaient ces quatre phases. Mais voici qui me paraît le plus remarquable; si, dans des expériences comparatives de plusieurs acides, on fait des solutions renfermant, pour un même volume, le même nombre de molécules d’acides, on voit que, surtout lorsqu'on envisage des acides d’un même groupe chimique, ces différentes phases apparaissent à des concentrations moléculaires voi- sines. Voici par exemple les résultats d'une de mes expériences de ce genre: ÉTAT PAS, MAXIMUM ACIDES de de de LIMITE rétraction. changement. gonflement. Acide iodhydrique. . Pur et au 1009 200°-1.600° 200.000° 5.000.000: Acide bromhydrique. Pur et au 100° 200°-400° 200.000° 6.000.000€ Acide chlorhydrique. Pur 100°-200€ 200.000° 4.000.000€ (1) Acides examinés : azotique, sulfurique, chlorhydrique, bromhydrique, iodhydrique, formique, acétique, oxalique et lactique. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1129 Ces chiffres ne sont pas d’une grande précision, mais suffisants pour caractériser le phénomène que je signale. A part quelques irrégularités que présentent les solutions extrêmes et sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir, l’action des acides dans ces différents aspects est fonction du nombre des molécules conte- nues dans un même volume de solution. A telle concentration molécu- laire d'un acide quelconque, correspondra telle action sur le tendon; ce sont des propriétés colligatives. Done, les acides ont diverses actions sur la substance conjonctive, et il n'est point permis de leur attribuer la propriété d'exercer l’une de ces actions sans spécifier à quel degré de concentration l’acide en question a été employé. (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) À PROPOS DE LA CULTURE DU BACILLE DU CHANCRE MOU, par MM. F. BEzANCÇON, V. Grirron et L. LE Sourp. Le bacille du chancre mou, dont nous avons présenté des cultures à la Société de Biologie (1), ne peut être comparé (ni à plus forte raison confondu) avec l'espèce bactérienne dont M. Maréchal à entretenu la Société à la dernière séance (2). Le microbe dont parle M. Maréchal a d’abord (3) été rencontré par lui dans le sang des syphilitiques. Ce mi- crobe peut être repiqué sur les milieux usuels; il donne en douze heures une septicémie au cobaye; il reproduit par inoculation chez cet animal un chancre mou. M. Maréchal le décrit comme étant à la fois l'agent spécifique de la syphilis et l’agent pathogène du chancre mou, « mani- festation clinique d’une syphilis atténuée ». ME Il est évident que les recherches de M. Maréchal et les nôtres ont trait à des microbes différents. LES VARIATIONS DES HABITUDES CHEZ LES PAILANTHES, par M. E.-L. Bouvier. Le Philanthe apivore (Philanthus triangulum Fab.) était très abon- dant cette année à Luc-sur-Mer; il formait des colonies extraordinai- rement populeuses sur la dune, presque horizontalement nivelée, (1) Séance du 15 décembre 1900. (2) Séance du 22 décembre 1900. (3) G, Maréchal. Microbe spécifique de la syphilis, La Médecine moderne, 28 novembre 1896, p, 729. Mae = PRIS TALENTS | 4130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui s'étend derrière les cabines ; en abondance non moins grande, il nidifiait également dans les talus verticaux des deux brèches creusées dans la falaise, à l’est du village. C’est pendant le mois de juillet et la première moitié d'août que les colonies furent particulièrement nom- breuses et actives ; à partir du 20 août, leur population se raréfia de plus en plus, et, vers le 25 septembre, malgré le beau temps continu, on ne voyait plus que quelques Philanthes fatigués errant au soleil sur les talus ensoleillés, vers l'heure la plus chaude du jour. Malgré ce dépeu- plement progressif, les habitudes curieuses des Hyménoptères qui nous occupent restèrent constamment les mêmes, mais il s’en faut qu’elles fussent identiques dans les divers endroits où nidifiaient ces animaux. C’est sur ce point spécial que je veux attirer l'attention, car il démontre, péremptoirement à mon avis, que le prétendu instinct des Philanthes n’est pas du tout immuable et que notre Hyménoptère prédateur modifie fort à propos ses habitudes suivant le lieu où il travaille. Sur la dune presque horizontale et en grande partie sableuse qui s'étend derrière les cabines de Luc, j'ai pu constater invariablement les habitudes suivantes : tout Philanthe qui revient au nid chargé d’une abeille ouvre d’abord son terrier clos, y pénètre pour déposer sa proie, puis, quelques minutes plus tard, vient à reculons vers l'orifice pour y refouler du sable et le fermer de nouveau. Ce nettoyage fait, l'animal reste un temps plus ou moins long à l’intérieur de son gîte, après quoi il reparaît à l'entrée, qu'il dégage et où il reste parfois aux aguets avant de reprendre son vol. Dans tous les cas, lorsqu'il va repartir en chasse, on le voit sortir complètement de son terrier, fouir : dans le voisinage et en fermer complètement l’orifice avec du sable qu’il projette au moyen de ses pattes postérieures. En d’autres termes, le terrier du Philanthe n’est jamais ouvert, sauf pendant la période de sieste qui suit l’emmagasinement de la chasse, et où l’Hyménoptère montre à la porte de son logis sa face jaune d’or et ses puissantes man- dibules noires. Aux époques où les colonies de Philanthes sont en grande activité, on peut être sûr que tout terrier ouvert est occupé par un Philanthe plus ou moins rapproché de l’entrée; mais cet occupant n’est pas toujours le légitime propriétaire du nid, car les Philanthes sont voleurs et ils ne se font pas faute de déboucher un terrier clos pour y prendre domicile, en l'absence du légitime propriétaire. Ce penchant au vol a probablement sa source dans le travail considérable que doit accomplir l’insecte pour subvenir aux besoins de sa nichée. Un terrier de Philanthe, en effet, a un ou deux pieds de longueur et ne compte guère plus de huit à dix cellules, de sorte qu’en admettant que la ponte soit d'environ trente œufs, on lrouve qu'une femelle est dans la néces- sité de faire trois terriers au moins. C’est un lourd travail pour une si petite bête et il ne faut pas s'étonner si elle cherche à l’alléger par tous les moyens possibles. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 4131 Sur les talus verticaux des deux brèches de la falaise, les Philanthes n'étaient pas moins portés au larcin, mais, pour le reste, leurs habi- tudes étaient bien différentes, ainsi qu'a pu le constater avec moi un des assistants du laboratoire d’entomologie, M. Pierre Lesne. Ici, l'Hyménoptère revenant de chasse ne se donnait plus la peine de fermer son terrier; il entrait dans sa galerie, y déposait la proie et, après une sieste plus ou moins longue, repartait sans avoir effectué le moindre terrassement à l’orifice. Ce n’est point par incapacité qu'il négligeait ce travail, car les Philanthes du talus, comme ceux dela dune, savaient fort bien, tousles soirs, fermer hermétiquement leur terrier, ou même pendant le jour, toutes les fois qu'un autre individu de leur espèce essayait d'entrer de vive force dans leur nid. Il faut donc attribuer à la différence du lieu de nidification les différences frappantes que présentaient, dans leurs habitudes, les Philanthes de la dune et ceux de la falaise. Les talus de la brèche étant argilo-sableux et fort consistants, l'animal, en pénétrant dans le terrier avec sa volumineuse proie, ne dégradait pas les parois de son gîte comme le Philanthe des sables, et, dès lors, n'éprouvait pasle besoin de repousser des balayures vers la porte à la manière de ce dernier. D'ailleurs, les parois du talus étant verticales, le Philante n'aurait pu, en sortant, refermer du dehors sa galerie, et il s’abstenait de ce travait inutile qu'’effectuaient toujours, avec une grande ponctualité, ses voisins de la dune horizontale. Si J'ajoute, pour terminer, que mes Philanthes appartenaient tous à la même espèce, et pour ainsi dire à la même colonie, car ils s’éten- daient sans interruption de la dune sableuse aux deux brèches plus compactes, on sera en droit de conclure que les Hyménoptères savent exactement conformer leurs habitudes aux conditions physiques du milieu où ils nidifient, et qu'à ce point de vue tout au moins, leurs actes paraissent bien plus relever de l'intelligence que d’un instinct immuable et inflexible. C’est tout ce que je voulais établir dans cette courte note préliminaire. ACTION RÉCIPROQUE DU BACILLE TYPHIQUE ET DE NOS LEUCOCYTES, par M. le D' E. Maurez. = Dans une note sur la phagocytose du bacille d'Eberth, communiquée par MM.0.-F. Mayel et J. Bertrand, dans la séance du 15 décembre, ces auteurs signalent qu'en suivant un procédé décrit par l’un d’eux (1), ils (4) Mayet. Faits pour servir à l'étude de la pathogénie du cancer. Congrès de médecine de Bordeaux, p. 906. 1132 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ont pu constater, de visu, l'absorption de ce bacille par nos leucocytes, Le procédé suivi consiste à se procurer nos leucocytes eu les pre- nant dans la sérosité d’un vésicatoire, à mélanger une goutte de cette sérosité avec le bacille sur la lame de l’hématimètre d'Hayem, à encel- luler la préparation ainsi faite et à la placer dans la platine chauffante. Or, je pense qu'il ne sera pas sans intérêt de rappeler qu’en suivant un procédé un peu différent, mais qui à peut-être quelques avantages sur le précédent, j'ai pu faire les mêmes observations en 1891 et que j'en ai publié les résultats en 1893. Ce procédé est celui que Ranvier a fait connaître en 1890 (1), celui que j'ai suivi depuis dans toutes mes recherches sur les leucocytes, et qu'après l'avoir, si je puis ainsi dire, méthodisé, j'ai décrit en détails en 1895 (2). Les avantages que j'ai trouvés à ce procédé sont : 1° De faire opérer sur les leucocytes normaux de notre sang et en les laissant dans leur milieu normal (sérum et éléments figurés); 2° De permettre par conséquent d'étudier l’action des divers bacilles, ou autres agents, sur ce sérum et sur les autres éléments figurés en même temps que sur les leucocytes ; 3° En prolongeant l'expérience, de permettre d'étudier réciproque- ment l’action du milieu sanguin sur ces bacilles ; 4° De ne pas nécessiter l'application d’un vésicatoire et de n’exiger qu'une petite piqûre ne devant guère donner que quelques millimètres cubes de sang ; 5° De faire varier la température de la préparation à son un et dans moins d’une minute en procédant, si l’on veut, seulement par quelques dixièmes de degré; , 6° D'être plus sûr de la température, puisque la préparation est plongée dans un liquide et que le sang n’est séparé de ce liquide ne par l'épaisseur d’une lamelle ; 1° Grâce aux lames à deux champs, a avoir une préparation témoin placée exactement dans les mêmes conditions et que l'on peut comparer dans quelques secondes avec la préparation d'expérience par un simple glissement de cette lame sous l'objectif. Ce sont ces avantages qui, malgré quelques inconvénients, m’ont fait donner la préférence à ce procédé; et c’est en l’employant que j'ai fait, en 1891, des expériences que j'ai résumées en 1893 (3) ainsi qu'il suit : (1) Ranvier. Méthode nouvelle pour étudier au microscope les éléments et les tissus des animaux à sang chaud à leur température physiologique. Académie des sciences, 31 mars 1890. Semaine médicale, 1890, p. 117. (2) Description et principales applications de la méthode de l'immersion, Archives de médecine expérimentale et d'anatomie pathologique, mars 1895, p.173. (3) Recherches expérimentales sur les leucocytes, huitième et dernier fascicule, p. 120, Doin, Paris. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1133 a « Recherches sur le bacillc typhique. — J'ai étudié l’action de ce bacille sur notre sang et sur celui du poulet; mais d’une part, ces dernières recherches étant encore incomplètes, jé ne parlerai que de celles faites sur l’homme; et, d'autre part, ces expériences devant être publiées ailleurs (1), de même que pour celles de la tuberculose je me contenterai de les résumer sous forme de conclusions. . « J'ai expérimenté le bacille typhique aux températures normales et aux températures fébriles. Or, ces expériences m'ont conduit à ces conclusions dont beaucoup sont les mêmes que pour les microbes précédents (Bactéridie charbonneuse. Bacille de la tuberculose et streptococcus). « 1° Nos leucocytes absorbent le bacille typhique, mais ils succombent à cette absorption dans moins de 30 minutes. Ce bacille, tel que nous le donnent ces cultures, est donc un des plus virulents pour nos leucocytes. « 2° Dans mes préparations, où nos leucocytes ont la liberté complète de leurs déplacements, je ne les ai jamais vus ni rechercher ni fuir le bacille. « 39 Il me semble que, de même que pour les autres microbes étudiés Jusqu'ici, les produits solubles du bacille typhique sont sans action marquée sur nos leucocytes, et que, seule, l’absorption du bacille lui-même est dangereuse pour eux. Ce qui tend à me le faire croire, c’est que, ainsi que pour les autres microbes, les formes A (2) ont pu continuer leur évolution. « 4° Le bacille typhique ne tue pas seulement nos leucocytes, mais, en outre, il active beaucoup leur désagrégation. « 5° Nos températures fébriles de 39 degrés à 40° 5 sont favorables à nos leucocytes. Sous leur influence ils résistent plus longtemps; mais cependant, ils n’en succombent pas moins rapidement. « 6° Nos hématies mélangées à cette culture ne paraissent pas subir de modifications sensibles. « 7° Le bacille typhique précipite la fibrine, mais beaucoup moins que certains autres microbes pathogènes (3). Cette précipitation a lieu dès le mélange avec le sang. Elle n'augmente pas ensuite. Je n'ai surtout pas constaté qu’elle augmentât après la désagrégation des leucocytes. J'ai déjà observé le même fait pour le staphylococcus. Sous l’influence de ce microbe, en effet, la fibriue, après avoir été précipitée au début de l'expérience, se redissout dans les vingt-quatre heures, et cette dissolution coïncide avec la désagrégation des leucocytes. « 8° Sous l'influence des diverses conditions dans lesquelles ces expé- riences ont été faites (faible quantité d'oxygène, épuisement et contamination du milieu), le nombre des bacilles typhiques a plutôt diminué qu'il n’a augmenté dans la préparation ; d’où il faut conclure que, qu'elle qu'en soit la cause, ces conditions ne sont pas favorables à son développement. » (1) Ces expériences n’ont pas encore été publiées, mais elles le seront bientôt (2) J'ai désigné par la lettre À, dans mes travaux, depuis 1883, les leuco- cytes mononucléés, sans mouvement, et souvent plus petits que les hématies. (3) La plupart des microbes pathogènes à l'état virulent précipitent la fibrine. Leur atténualion diminue ou supprime cette propriété. Il y a là une question importante au point de vue des affections microbiennes sur laquelle je reviendrai. Rs - ne A "« MTE ++ FURET 1134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ————————————————————————…—…—……—…—…—……—……—…—….—…—…———…—…—……—…—……—….…..—..….….—.….…".—._.….…"_—._. .——--——————— Telles sont les conclusions que j'ai formulées en 1893 ; et, comme ou le voit, quoique par un procédé un peu différent, MM. Mayet et Bertrand ont confirmé leur point le plus important, celui de la phagocytose du bacille d’'Eberth par un leucocyte. En rappelant mes recherches, je tiens à le dire, ma pensée n'est nullement de diminuer le mérite de celles de MM. Mayet et Bertrand, puisqu’en somme ils ontopéré autrement. Je m'applaudis, au contraire, de les voir aborder l'étude du leucocyte vivant, recherches qui jusquà présent ontélé trop sacrifiées à l’étude de cet élément par les procédés de coloration ; et je serais heureux de les voir poursuivre leurs expériences dans la même voie. MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DU SANG APRÈS LIGATURE EXPÉRIMENTALE DES VAISSEAUX SPLÉNIQUES, par MM. CARRIÈRE et VAnveRTs (de Lille). Les modifications histologiques du sang après la splénectomie sont bien connues à l'heure actuelle et les recherches publiées sur ce sujet sont condensées dans la thèse de Em. Bordet (Paris, 1897). Il n’en est pas de même des altérations qui se produisent après la ligature des vaisseaux spléniques. Nous avons cru utile d'étudier cette question dans les expériences que nous avons entreprises et qui ont déjà été le point de départ de quelques publications. | Notre technique a été décrite en d’autres lieux. Nous avons pratiqué la ligature totale et la ligature partielle. I. Ligature totale. — 1° Le nombre des globules rouges diminue après la ligature. Cette diminution est lente, mais progressive. Elle atteint son maximum vers le 7° ou 8° mois, puis le chiffre des érythrocytes reste à peu près stationnaire ou remonte légèrement, mais sans revenir à la normale. À son acmé cette diminution ne dépasse pas 3.000.000. 2° On ne trouve pas d’érythrocytes nucléés. 3° Ce sont les microcytes qui dominent; les macrocytes sont très rares. 4° Le nombre des hématoblastes est moins élevé qu’à l’état normal. Cette diminution commence aussitôt après la ligature et persiste, mais moins marquée, 7 à 8 mois, un an après. 5° Le nombre des leucocytes est augmenté dès le lendemain de la ligature, reste au-dessus de la normale pendant 9 à 10 mois, puis retombe presque à la normale. 6° Les petits lymphocytes sans granulations sont diminués de nombre, et cela dès le lendemain de la ligature. Cette diminution est maxima pendant les huit jours qui suivent l'opération, puis le chiffre des petits SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 4435 lymphocytes sans granulations revient progressivement, mais très lente- ment, à la normale vers le 4° mois. 1° Les grandes cellules mononucléaires suivent une courbe absolu- ment identique : dimiaution pendant les huit premiers jours, augmen- tation progressive jusqu à un taux voisin de la normale vers le 4° mois. 8° Les leucocytes polynucléaires neutrophiles, les myélocytes et les petits lymphocytes neutrophiles sont plus nombreux qu’à l’état normal, et cela jusqu’au 8° ou 9° mois. 9° Les cellules éosinophiles et les myélocytes éosinophiles sont aussi augmentés pendant les 4 à 5 mois qui suivent la ligature, mais jamais cette augmentation n’est très élevée. 10° Le chiffre des Mastzellen est normal. 11° Le taux de l'hémoglobine baisse dès l’opération et continue même à baisser pendant 5 à 7 mois; il reste eusuite stationnaire. . Il. Ligature partielle. — 1° Après la ligature partielle, le nombre des érythrocytes diminue, mais redevient bientôt presque normal; il per- siste cependant une légère diminution. On ne trouve pas d’hématies nucléées. Ce sont les formes moyennes qui dominent, mais on trouve plus de microcytes qu'à l’état normal. 2° Le nombre des hématoblastes tombe aussitôt l'opération, puis remonte, et se tient ensuite un peu au-dessous de la normale. 3° Le nombre des leucocytes augmente dès la ligature, mais au bout de 8 jours retombe au taux normal et même un peu au-dessous. 4° Les petits lymphocytes sans granulations et les grandes cellules mononucléaires diminuent légèrement, mais, vers le quatrième mois, reviennent à peu près à la normale. 5° Les polynucléaires neutrophiles, les myélocytes, les petits lympho- cytes neutrophiles sont un peu plus nombreux pendant les huit jours qui suivent l'opération, puis restent au taux normal. 6° Il n’y a pas de modifications des éosinophiles, des myélocytes éosinophiles et des Mastzellen. 7° Le taux de l’hémoglobine baisse fort peu, mais baisse cependant d’une façon très nette pendant 1 à 2 mois, puis revient à peu près à la normale. Les effets de la ligature totale et de la ligature partielle diffèrent donc absolument. Cette dernière ne produit qu'une très légère oligocythémie, une très légère diminution des hématoblastes, des petits lymphocytes et des grandes cellules mononucléaires sans granulations, ainsi que de l’'hémoglobine. La ligature totale produit une oligocythémie beaucoup plus persistante, une diminution plus marquée des hématoblastes, une leucocytose à myélocytes plus durable avec diminution persistante des petits lympho- cytes sans granulations et des grandes cellules mononucléaires. dd, LL 1136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SURMENAGE DES GREFFES THYROÏDIENNES AVEC ATROPHIE CONSÉCUTIVE, par le D' H. CRiSTIANI. En étudiant comparativement différentes greffes thyroïdiennes de même âge et pratiquées chez des animaux de même espèce, on est sou- vent surpris d'observer des différences très notables dans leur structure. J'ai démontré autrefois que de petites greffes de l’âge de un ou deux mois sont le plus souvent totalement reconstituées et, sauf un peu d'infiltration interstilielle, ressemblent déjà parfaitement à une glande thyroïde normale. Il est des cas cependant où cette reconstitution n’est pas aussi parfaite, mais où au contraire on n’observe la structure thyroïdienne qu’à la périphérie de la greffe, tandis que la partie centrale est composée de tissu conjonctif à un stade plus ou moins embryonnaire. Lorsque la limite entre ces deux tissus n’est pas nette, mais qu’on observe une couche intermédiaire où l’on distingue dans le tissu conjonctif proliféré de nombreux vaisseaux et des cordons épithéliaux, cela signifie qne la réor- ganisation est encore en train de se faire et qu y a possibilité d’une régéné- ration complète de la greffe. Lorsque, par contre, la limite entre le tissu Sade périphérique et le tissu conjonctif nfltré du centre est très nette et qu’on né remarque pas, entre ces deux couches, des alvéoles thyroïdiennes en voie de formation, on pourra en conclure que la réorganisation est finie, car le tissu conjonctif central, à caractère inflammatoire, évoluera de plus en plus vers la forme de tissu scléreux. Ce tissu cicatriciel paraît en effet à un certain âge offrir une résistance trop grande à l’envahissement glandulaire, et l’éventuelle prolifé- ration des alvéoles thyroïdiennes semble avoir plus de facilité à se faire entre les anciennes alvéoles, comme dans le développement de la glande normale, que vers cette partie centrale qui est une sorte de cicatrice d’une partie de l’ancienne glande greffée. Mais les greffes thyroïdiennes peuvent aussi présenter des différences entre elles, dans leur tissu glandulaire proprement dit. En effet, en comparant les alvéoles de certaines greffes avec celles d’autres greffes de même âge, on remarque parfois une notable différence entre elles. Dans la règle, les alvéoles de jeunes greffes parfaitement reconstituées ou en bonne voie de reconstitution se présentent sur des coupes comme des cavités arrondies de dimensions variables, tapissées par une couche unique de cellules épithéliales cubiques ou cylindriques, plus rarement un peu apla- ties; ces cellules ont un protoplasma assez clair et des noyaux très visibles : dans les cavités ainsi formées se trouve la substance colloïde qui est trans- parente et ne contient pas ou presque pas d'éléments cellulaires. Les alvéoles d’autres greffes, par contre, sont parfois tapissées par des couches multiples et irrégulières de nombreuses cellules troubles et en partie desquamées, qui, mêlées à la substance colloïde, remplissent partielle- ment la cavité centrale. _SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1137 ————————————————————————————————…—— ———— En recherchant les causes d’une pareille différence entre deux organes qui devraient se ressembler, j'ai trouvé que quelquefois les greffes ayant un aspect pathologique avaient été faites dans des condi- tions différentes de celles qui ont une apparence normale. Il s'agissait en effet dans le premier cas des greffes faites avec de petites parties de glandes thyroïdes chez des animaux totalement éthyroïdés, tandis que les plus belles greffes que nous ayons obtenues étaient toujours soit des greffes faites chez des animaux partiellement éthyroïdés, soit des greffes pratiquées chez des animaux après thyroï- dectomie totale, mais auxquels on avait greffé tout l'organe extirpé ou sa plus grande partie. J'en ai conclu que les altérations pathologiques présentées par quelques-unes de mes greffes étaient probablement dues à une sorte de surmenage de la greffe. Les causes de ce surmenage étaient multiples. D'un côté, nous voyons une très petite partie de la glande thyroïde appelée brusquement à remplacer la totalité de l’organe extirpé et, d’un autre côté, les conditions de nutrition de cétte glande minuscule sont des plus défec- tueuses. En effet, les greffes, dans les premiers temps après l'opération, n’ont pas de vaisseaux propres : il n’y a que la périphérie de l'organe qui vit réellement pendant les premiers jours et c’est à cette partie que revient tout le travail d’une glande aussi volumineuse et aussi importante que le corps thyroïde. Nous réalisons là les conditions les plus favorables pour aboutir à la dégé- nérescence d’un organe : excès de travail fait dans des conditions vasculaires désastreuses. Si nous ajoutons encore que j'ai observé des altérations parenchymateuses analogues sur des greffes dont la partie centrale n’était pas réorganisée, mais avait gardé l’aspect du tissu conjonctif enflammé, nous pouvons facilement comprendre pourquoi quelques auteurs ont nié l'existence de greffes thyroi- diennes durables, parce qu'ils avaient observé que même des greffes qui avaient, réussi pouvaient finir par s’atrophier et disparaitre. En effet, les greffes qui présentent une partie cicatricielle à leur centre sont des organes qui n’offrent pas beaucoup de garanties pour l'avenir, car petit à petit ce tissu cicatriciel se rétracte et entraîne avec lui la partie glandulaire, et comme cette cicatrice centrale est réunie par des travées conjonctives avec la capsule de la greffe, il peut arriver que peu à peu les lobules glandulaires qui sont ainsi circonscrits se trouvent de plus en plus enserrés dans ces cloisons et subissent une atrophie par compression. J'ai saisi des stades de ce processus où les greffes thyroïdiennes présentaient au microscope l’aspect de certaines tumeurs squirrheuses. J'exposerai plus tard en détail ces lésions et les conditions dans lesquelles elles se présentent ; je veux seulement aujourd’hui attirer l’at- tention sur leur existence et émettre à ce propos une hypothèse qui me paraît découler logiquement des faits énoncés et qui pourrait éclairer un point encore obscur de la physiologie thyroïdienne. Biococ1e, ComPpres RENDUS. — 1900, T, LIT, 81 1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On sait que plusieurs expérimentateurs qui ont pratiqué un grand nombre de thyroïdectomies sur des animaux très sensibles à cette opé- ration ont constaté que l’un ou l’autre de leurs animaux échappait aux suites fatales de lextirpation de la glande, tandis que les autres mouraient en présentant les symptômes classiques de l’athyroïdie. En sacrifiant ces animaux on trouvait en général soit une régénération du tissu thyroïdien à la place du corps thyroïde, soit une glande thyroïde accessoire placée plus ou moins loin de la région thyroïdienne. Mais d’autres fois on a vu quelques-uns de ces animaux éthyroïdés vivre pendant un temps très long sans manifester de symptômes graves et mourir ensuite parfois très tardivement avec tous les symptômes de l’athyroïdie. Ces faits sont restés inexpliqués et on a justement fait remarquer que l'ablation d'un organe nécessaire à la vie est incompa- tiple avec une longue survie. Ne pourrait-on pas expliquer ces cas exceptionnels en admettant chez ces animaux l'existence d'un très petit organe surnuméraire qui fonc- tionnerait d'abord à la place de la glande thyroïde absente, mais qui, trop petit pour la grandeur de son rôle, succomberait à la tâche par surmenage, dégénérescence et atrophie consécutive? Les altérations que je viens de décrire sur des greffes ‘se trouvant dans des conditions ana- logues nous autorisent à le supposer. RECHERCHES SUR L'ACTION ANTITOXIQUE « IN VITRO » DU GLYCOGÈNE HÉPATIQUE, par M. P. TEIssiER. Ces recherches sont la suite des expériences relatives à l’action bac- téricide in vitro du glycogène hépatique (1). Elles ont trait à l’action exercée par le glycogène hépatique sur les alcaloïdes, nicotine, cicu- line. Nous présentons dès aujourd’hui les premiers résultats obtenus dans les conditions suivantes : Le glycogène élait le même que celui de nos premières expériences. Des solutions aqueuses stérilisées de ce glycogène en proportions variables de 0,50 à 45" p. 100 étaient réparties dans des tubes à essai. Chacun de ces tubes renfermant 5 centimètres cubes de la solution contenait donc une dose de glycogène, variant de 0,025 milligrammes à 20 centigrammes. La substance toxique était incorporée soit aux solutions de glyco- gène, soit à de l’eau distillée stérilisée, et cela, dans des proportions préalablement indiquées par une évaluation de leur pouvoir toxique. Le mélange était absolu, le liquide restait homogène, limpide, ne présen- (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 4 août 1900. SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1139 tait aucun dépôt, exception faite de la cicutine, qui, de par sa consis- tance oléagineuse, surnagea ultérieurement. Le mélange était conservé à l’air libre et à l'abri de la lumière ou à la température d’une étuve réglée à 37 degrés, pendant un temps qui varia de 48 heures à quelques jours, à plus de deux mois, et cela sans qu äucune modification apparente püût être constatée. Je puis dire dès à présent que, contrairement à ce qui avait été observé dans les expériences relatives à l’action bactéricide du glyco- gène, le plus ou moins de richesse de la solution en glycogène (dans les proportions indiquées), la durée du contact, le mode de conserva- tion n’influencèrent en rien les résultats de l’expérimentalion. La dose toxique de ce mélange, évaluée préalablement, était injectée à des cobayes surtout, accessoirement à des lapins (ces derniers, à la dose près, ayant réagi de facon identique). Dans chaque série d'expériences, les animaux en apparence les plus résistants, à savoir les plus pesants, étaient alternativement choisis comme animaux témoins ou réservés pour les injections du mélange de glycogène et de poison. Voici, brièvement résumés, les résultats de ces expériences. Pour la cicutine, les résultats restent incertains, un mélange assurément très imparfait, par suite une répartition inégale, pouvant expliquer pourquoi, en solution glycogénique, cette substance produisait des effets plus rapidement mortels qu’en solution aqueuse, où l'incorporation était plus intime. Pour la nicotine, les expériences ont porté sur 26 cobayes. Dose mélangée : I goutte, pour 2 centimètres cubes ou 5 centimètres cubes d'H°0 distillée ou de solution glycogénique. Dose injectée : 1 centimètre cube du mélange, correspondant à 1/2 goutte ou à 1/5 de goutte de nicotine. Cette dose en solution aqueuse déterminait la mort du cobaye en un temps variant de # à 6 minutes. Les symptômes observés étaient : dès la 4re minute, accélération notable des mouvements respiratoires, dyspnée extrême, puis raideur, convulsions toniques généralisées, enfin ralentisse- ment des mouvements respiratoires et mort. Sur 10 cobayes témoins ainsi inoculés il y eut 8 morts ; 2 seulement survé- curent et, pour l’un, il s'agissait d’un cobaye du poids de 690. Sur les 16 cobayes inoculés du mélange « glycogène et substance toxique » 12 survécurent, # succombèrent après un délai de 45, 53 minutes, 1 heure et ‘24 heures, et il s'agissait de petits cobayes, pesant de 405 à 445 grammes. Les manifestations présentées par ces 16 animaux différaient quelque peu de celles présentées par les animaux témoins, en ce sens que si la dyspnée, les convulsions n'étaient pas en elles-mêmes moins intenses, elles étaient retar- dées, moins durables, plus espacées; la période précritique était certainement plus longue; comme on peut le supposer, la neutralisation de la nicotine cessait progressivement après l'introduction du mélange dans l'organisme du cobaye, cette nicotine s’échappant par doses successives sériées. "y À Ve VO LS RTS Re \ k t : 1140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il résulte de ces expériences que le glycogène hépatique est sus- ceptible, « in vitro » d'alténuer, tout en les modifiant, les effetstoxiques de la nicotine. (Travail des laboratoires des professeurs Potain et Bouchard.) RECHERCHES SUR LA VALEUR ANTITOXIQUE « IN VITRO » DU GLYCOGÈNE HÉPATIQUE, par M. P. TEIssiEr. Ces recherches ont trait à l’action exercée par le glycogène hépatique sur le sulfate neutre de strychnine et sur la toxine diphtérique, celle-ci obtenue par culture du B. de Lœæffler en bouillon peptoné alcalinisé, répartie en flacon de Fernbach et filtrée au filtre de Kitasato au bout d’un mois environ de culture. Les conditions expérimentales étaient celles indiquées dans la pré- cédente note; les résultats obtenus sont les suivants. Pour le sulfate neutre de strychnine les expériences ont porté sur 36 co- bayes. La dose mélangée était de 1 centigramme à 5 centigrammes de sulfate neutre de strychnine pour 5 centimètres cubes d’'H°0, ou de solution glyco- génique ; La dose injectée était : 1/4 de centimètre cube ou 1/2 centimètre cube du mélange correspondant à 2 milligrammes ou 5 milligrammes de la substance toxique. Cette dose en solution aqueuse déterminait la mort du cobaye en 4 ou 5 minutes avec tous les symptômes du tétanos strychnique. En solution glyco- génique, mêmes constatations; peut-être même les manifestations étaient-elles parfois plus violentes, plus subintrantes. Pour la toxine diphtérique, les expériences ont porté sur 30 cobayes. Dose mélangée : parties égales ou moilié de toxine pour 5 centimètres cubes d’H,0 ou de solution glycogénique. Dose injectée : correspondant à IV gouttes ou I goutte de toxine. Cette dose en solution aqueuse déterminait la mort de l’animal en moins de 2% heures (IV gouttes), en 36 à 48 heures (I goutte); dès la première heure l’animal était immobile, pelotonné, le poil hérissé; à l’autopsie, lésions classiques, mais variables en intensité; congestion hémorragique des capsules surrénales, de l'intestin, œdème au point d’inoculation. Cette dose, en solution glycogénique, déterminait la mort des cobayes après une survie moindre de 2, 3, 6 heures et une sorte d'anticipation des symptômes d'intoxication ; les lésions étaient identiques et également variables. Il semble donc résulter de ces expériences que le glycogène hépa- tique 2n vitro a été tout au moins sans action à l’égard du sulfate SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE A1 neutre de strychnine, et a paru renforcer dans une cerlaine mesure l'intoxication dipthérique expérimentale. : De nos recherches sur l’action bactéricide in vitro du glycogène hépa- tique pouvait découler cette double conclusion : 1° Que le rôle joué par le glycogène dans les fonctions bactéricides du foie devait être primor- dial; 2° qu'il semblait logique d'établir, comme on l'avait fait, un rapport étroit entre l’action bactéricide de cet organe et sa richesse en glyco- gène, puisque, in vitro, les effets bactéricides de ce glycogène étaient sensiblement proportionnels à la dose mise en expérience. Des faits très anciennement établis ont démontré la réalité des fonc- tions antitoxiques du foie, et son rapport également étroit avec la richesse de cet organe en glycogène. Ce que nous avons observé pour la nicotine témoigne tout au moins de la contribution que le glycogène peut apporter au rôle antitoxique du foie. Mais nous venons de voir que cette action antitoxique du glyco- gène est inconstante, nulle ou même inverse; or, ces faits ne sont nullement en désaccord avec les notions suivantes de pathologie expê- rimentale. Nous savons d’abord que le foie n'arrête pas tous les poisons; il n’agit pas, par exemple, sur l'alcool, l’acétone, la digitaline, etc. ; d'autre part, des expériences de MM. Teissier et Guinard témoignent du renforcement possible de l’intoxication diphtérique ou pneumo- bacillaire par son passage à travers le foie, et celles de MM. Roger et Josué, de MM. Thoinot et G. Brouardel pour d’autres organes ont montré que l’action du suc retiré de divers organes pouvait être empêéchante, nulle ou même renforçante. Nous sommes toutefois en désaccord pour le sulfate neutre de strychnine avec MM. Thoinot et G. Brouardel. Ces auteurs ont constaté en effet que le suc hépatique obtenu par trituration du tissu du foie, et mélangé au sulfate de strych- nine, puis filtré, pouvait neutraliser ce poison au point qu'il fallait quatre fois la dose toxique pour déterminer la mort de l'animal, alors que de mon côté j'observais tout au moins une action nulle du glycogène in vitro sur ce sel. On pourrait, il est vrai, dans ces résultats négatifs, trouver une preuve à l'appui de l'hypothèse : que le glycogène n’agirait peut-être pas seulement par lui-même, mais aussi par le glucose auquel il donne naissance, et dont l’action neutralisante vis-à-vis de certains alcaloïdes serait démontrée par les recherches de Tanret, ou également à l'appui de cette idée très vraisemblable, que, dans le foie, en dehors même des éléments morphologiques, le glycogène ne constitue pas la seule substance protectrice. Quoi qu'il en soit de ces interprétations diverses, il est une appli- cation de ces faits expérimentaux à la pathologie hépalique humaine qui parait légitime. Il est démontré que les inflammations du foie (hépatites ou dégéné- rescences) sont bien plus souvent d'ordre toxique que de nature infec- 11242 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tieuse ; pour ne parler que de l'alcool, il semble bien que l'alcool, sur lequel le foie n’agit guère, est un des facteurs les plus puissants de lésions hépatiques. Si les faits du genre de ceux que nous venons de mentionner se multipliaient, on pourrait admettre que toutes choses égales, d’ailleurs, les poisons les plus nocifs pour le foie sont ceux sur lesquels le foie n’agit pas, pour cette raison peut-être que le glycogène hépatique notamment, serait sans action sur eux. (Travail des laboratoires des professeurs Potain et Bouchard.) ERRATUM Dans le n° 38 des Comptes rendus, p. 1059, la mention d’origine qui suit la mote de M. J. Rehns est le résultat d’une erreur de rédaction. AVIS La cinquième session du congrès international de physiologie se tiendra à Turin, du 16 au 19 septembre 1901, dans l’Institut de M. le professeur A. Mosso. Prière d'adresser les adhésions à M. le Dr Treves, secrétaire local, Corso Raffaelo, 30, Turin. Le secrétaire pour la langue française, LÉoN FReDERIcQ (Liége). Le Gérant : OcTAYE PORÉE. Paris : Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1,;rue Cassètte. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DE L'ANNÉE 1900 A Abcès artificiels. Action dans le charbon, par Focuier et MERIEUx. — du foie diagnostiqué par l'hyperleucocytose polynucléaire, par Boxer . Acarien marin parasile, par BRUCKER et TROUESSART. . — nouveau, l'Histiogasler spermaticus, par Trovessarr. . — Voir Parasitisme. Acides biliaires. — Réaction de Haycraft, par FRENKEL . . . . . . . . . . — Réaction de Haycraft et tension superficielle, par CLuzer et FRENKEL . Acide carbonique. — Action PEACE de quelques dérivés, par Bris- SEMORET et JOANIN — hippurique. — Voir AE — urique.— Dosage, par L. Monret. s Actinomyces. — Résistance des spores, par L. En ARD ét J. Ne NRA Adaptation aux eaux alternativement douces et marines, par A. Gap. — fonctionnelles des muscles, par ALEZAIS. A — fonctionnelles des muscles des membres, par Arret AIS . Agglutinabilité d'un B. de Lœæffler, par J. Nicoras. RE Agglutination.— Persistance du pouvoir agglutinant dans 1e sérum typhique, par Nicouce et HALIPRÉ . — Absence du pouvoir agglutinant oh un nine kystique He Lyphique par THiERCELIN, BENSAUDE et FERSCHER . , , - . . — du B. coli et du B. d'Eberth, par Roper. — du B. de Koch, par P. Courmonr . . . . AMP E — du B. de Koc h, par F. ArLOING et P. RAR AM Ce — du B. typhique, par REHNS. . . . . . . — Substance agglutinable du B. d'Eberth et bein e acali ane du sérum typhique, par Ch. Nicozce et TRÉNEL Albumen de la fève de Saint-Ignace et de la noix romique, par Bo U er ox CAT ENS EEE NL AL DER NAT 2e ii An PRE ARE Albuminurie et Dncite urinaire, par L ABADIE- Fi AGRAVE, br ee Not 3 Alcool. — Dosage dans le sang et dans le lait, par Niccoux . . , . . . . . . — Procédé de dosage dans le sang, par Nicroux. . se — Passage dans les liquides de l'organisme, par Nrccoux. . — Passage dans quelques glandes génitales, par Niccoux. — Voir Travail. BIOLOGIE. — TABLES. . 88 Pages 639 1089 107 893 1086 1105 361 86 383 168 1000 1025 1058 1088 4 “ 292% 1144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Alcoolisme. — Altérations du tube séminifère dans l'alcoolisme expérimental, pare. BounretiCharles GRENIER 2. EME NES Ar 23 — aigu, par GRÉHANT . . . . . | TO Alimentation sous-cutanée, par E. L ABORDE : NME LE... ONE 192 —\par voie souS-CULaNnée PAG PERRIER 0 RU CNRS 802 Amnios et déplacement de yeux, par RABAUD . : . RTE ME ET: GhL2 Amygdales. — Follicules clos de l’amygdale, par Rennes RATE 1 MMOG — Structure comparée, des amygdales et des ganglions nndiques. par RENTERER 0 et Un 02 ete de RSS AMEN RSR ET E 319 Hollicules clos derl'amycdale Par RETRERER NN NE OR 486 bpithéliumude lamysdale par RELCERER, MEN PRE 1UNZS9 == Evolution IChez/leNchien PATARENMERERD CNP NOR 513 Anhydrobiose et pression osmotique, par BATAILLON. . . . . . . . . . . . 431 Anomalies présentées par l’Ecrevisse, la Sangsue, la Roussette et le Mouton, DALAPÉGOT NOR PR MINES EPA NE OEM © © € 322 Anopheles de Madagascar, par LA PAT AR MN MES Lo on à 109 Antitoxine diphtérique. — Essais d'extraction, par p’Asïros et Rierson . 331 Aplysie —WCentres-nerVEUX VISCÉrAUX, PAMGUIART. UN NN CONS - 496 Appendicite à bacille pyocyanique, par Cove et HoBzs . . . + . . 645 Arthritisme et hypothermie, ‘par BOUCHERON 2 NUE OT PRE 213 Ascaris. — Résistance des œufs et pression osmotique, par BATAILLON . . . 435 Ascension. — Echanges respiratoires pendant l’ascension, par Hénocque. . . 1071 Audition. — Théorie de Helmholtz, par P. BONNIER . . . . . . . . . à à 302 — Théorie palæo-égyptienne, par GARNAULT . . . . . . RS. ce : 925 Auto-intoxication et toxicité urinaire, par CHARRIN . . . . . . . . . . . . 281 Azote urinaire et alimentation azotée insuffisante, par Ni sc dl ONE 124 B Bacille charbonneux. — Variété, par PuisALIx . . . . . . . . . . . TS Bacille fluorescent nouveau produisant une fièvre infectieuse, par ROCHASALEPIERRE EL INONSECA M EN PE NN CPE EEE PR 226 Bacille hémophile, par ROSENTHAL. . . . . . . . . . . . . . . . 010260 Bacille lactique aérogène et Hanna ae iles De Eh et Manon. CLP OL Bacille de Pfeiffer; localisation extra-pulmonaire, par Henri MEUNIER. . . 5 Discusson @parAL ous EMARTINNEN A EEE EPA PAENEE 6 Bacille tuberculeux dans le lait d'une tuberculeuse, par ROGEr et GARNIER. A5 — L'oxygène sous pression et le B. tuberculeux, par F. ARLOING . . . . . . 291% — Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse, par P. Jousser . . . 884 Bacille typhique. — Action des leucocytes, par MAUREL. . . . . . . . . . 1131 — Voir Colibacille. Balanoglosse. — Une nouvelle espèce de B. par CAuLLERy et MEsniz. . . . 256 Bile. — Densité de la bile et son excrétion, par Bizcarp et CAVALIÉ . . . . - 595 = Idem; par BIEL ARDEELICAVALIE EME NE. EEE 625 — Voir Salicylate de soude. Biophotogenèse. par R:DuB01S MENT 0 EN NRA b69 Bleu de méthylène. — Action bactéricide, par CHALEIX-VIVIE. . . . . . . 67% TABLE DES MATIÈRES Cacodylate de mercure, par MTS POS. Le CINE TENTE Cacodylate de soude et capacité respiratoire du sang, par LaxGcois et RACHID TL ee Li. Caîéine.— Voir more Cancer aigu du sein, histologie par Branca. — Voir Sérum. Ganitie précoce et longévité, par FÉRÉ. . . . . . . . . : : Capsules surrénales et pression sanguine, . Camus ” Tanenes 4 Carie dentaire. — Reproduction expérimentale, par CHOQuEr . . . . . . . Cellules cancéreuses. — La sphère attractive dans cette cellule, par BORRRE ET TU Cellules séminales. — Dr non à pathologique par REGAUD. — Évolution tératologique, par ReGarD . . . . PR SEAT de Us : Céphalo-rachidien (Liquide). — Etude D Cctun es par WipAL, SICARD CÉTRAVAUTRENES 2-2 UE SO UT RIT PMR AR ND LES ICA RDS ER AVAL UD RS EPA TRES TE OP ENS — dans la cholémie, par Gizgerr et CASTAIGNE. Remarques, par LAPICQUE . EN Ed ee te matb Le RER 2e — Toxicité dans l’anémie nerveuse, par CASTAIGNE. è Cerveau. — Rétablissement des fonctions par circulation Relié par DE (RON ETS Pete re — Cécité corticale, oi ne à Cestodes nouveaux de reptiles, par V. Re ï : He, à Chancre mou. — Culture du bacille, par F.BEZANCON. . rois ce Ré SOURD. — Culture sur sérum d’ascite et inoculation, par G. MarécuaL. Remarques, par F. BEzANCON, GrirFoN et LE Sourp. Charbon symptomatique, par LECLAINCHE et VALLÉE. Cinquantenaire de la Société. — Allocution de M. Malassez. Circulation.— Influence du froid sur la circulation de la peau, par WERTHEIUER et DELEZENNE. MA UE — Théorie palæo-égy ne, par GARNAULT. — Voir Froid. Cirrhoses alcooliques DO avec Ra par Gizsertr et LERE- BOULLET . : FAO RE At Clasmatocytes de a peau 0 à Tr Ham , par Me PyisALIX . — et Mastzellen, par Joy. à — Physiologie, par Srassano et Han Climat méditerranéen, par ONIMUS . de, Coagulation du lait, par Cuaxoz et Doxox. — du sang et du lait, par R. Dcpois. 2 — du lait et du sang, par Cnaxoz et Doyox — Idem, par R. Dusors . Rte SOS ANNEE CRI PR ER — du sang. Action de l'extrait aqueux de ver de terre, par L. Cawus et P/ LEQUEUX. : — Voir Sang. Cocaïne. — Injection sous-arachnoïdienne, par Turrter et HALLION : . . . . — Effets circulatoires des injection: M ou e v. par Turrier et HADLION SU pe Sages de CSP Æ TANT Te PORN RAIN) Jet à . Auesthésie par les injections sous-ari rachotaiennes & per Turrter et HALLION Pages. 897 1055 «? ce Se 1140 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE Pages: Coccidies. — Altérations cellulaires produites par les Coccidies. par LAVERAN. 318 —-.Genre Fimeria, par LA LÉGER... SENGHOR TE — Classification, “parL' LÉGER MNT: Los . OMAN (1e — Idem, par MESNIL. . . . . . . RS (hit - ob de l'£imeria nova, par Ron ACTA à (ii Coccidiose. — Altérations nucléaires, par J. CaariN. . . . Le RERO Cœur. — Cellules nerveuses du cœur de l'escargot, par on rc TT EMALER Colibacille dans les suppurations auriculaires, par Baup et STANCULEANU . : 452 — Résistance à l'infection dans l’inanition, par Roger et Josué. . . . . . . 696 — et B. typhique, par GRIMBERT et G. LEGROS : . . : . . 2 100 — et capsules bactériennes, par G. LEGROS: ON ONE — Voir Pesle. | Collodion (sacs de) peu perméables aux toxines, par Roper et Guécnorr. . 962 —Leur'rôle en: bactériolonie M MR RO NM RCE — Voir Dialyse. Commission pour l'étude de la toxicité urinaire. . . . . . . . . .. ROSE Conductibilité de la peau, variations avec le température, par 4. Rn . 4002 Copulation. — Triple appareil copulateur chez un Hélix, par PéGor. . . . 294 Cornée. — Formation de tissu conjonctif à la surface, par E. KALT. . . . . 99 Corps adipeux. — Ilistologie du corps adipeux de l'abeille, par TERRE. . . 160 Corps post-branchiaux des Caméliens, par HerRMaNN et VERDuN. . . . . . 933 — et thyroïde, par HERRMANN et Vote. OT 804 RER Coude. — Articulation du coude et nn par Muse. JS ERA Guivre normal dans a série animale par R°/DEB0IS MEN 2) — Dosage, par DHÉRÉ. >. sas RL URSS — hématique et capacité RESHTNONE Fe Mason anine, par DRÉRÉ. 4 PMSMSS Cyclopes. — Développement de l'encéphale et de l'œil, par Étienne Ragaun. 28 Cystique (Artère). — Branches hépatiques, par CaAvaLré et Paris. . . . . . 454 —.du Chien, par BILLARD et CAVALIÉ 2,540 NEO EEE D Décès de M: Bouchereau— Discours de M. Gley: LS NN ETES — (de MBeauresard.=1Discours\de MAGIE RE 5 — (de M Grimaux. "Allocution de Me Troister PME UE ET TE 25 'du' professeur Kühnen PAM TU 0.7 NRC MERE — (AU PrOTESSEULIO]IER EE SLR EE Dégénérescence (Réaction 45. — Horn : Sonnientin ete par CLUZET ANRT NENN A il Dépenses de l'organisme. Hirence de ia ben qui E. An PNB — de l'organisme et température dans le sommeil hivernal, par R. Dugois. 938 — de l'organisme. Influence des surfaces, par MAUREL et DE REY-PAILHADE. . 1061 Développement des enfants issus de mères malades, par CHARRIN. GUILLE- MONAT et LEVADITI - - : . : >: quo TRUE 10 Diabète par hyperhépatie, par Bree Dora et enr RS — Voir Cirrhoses. Dialyse. — Influence sur les principes toxiques, par Cnarrix et Moussu. . . 694 — des produits du B. Re dans les sacs de collodion, par CRENDIROU- POULO: et A. RUrFER . - - SONNERIE es © LUE Diaphragme oculaire mobile, par MAresrz RE EST nn (SE TABLE DES MATIÈRES 1147 Pages Diazoréaction d'Ébrlich, par GUILLEMIN . . - . . . . . : . .. 1... . . 49 Diphtérie. — Voir Leucocytose, Pancréas. Dyspepsies. — Classification chimique, par GiLBERT et CHASSEVANT . . . , . 462 Diurèse par injection de solutions hypertoniques, par BALTHAZARD. . . . . . 565 ReRREMUES HAMADEION NE ERNST SR RSEON É Échinocoques multiloculaires, par RÉNON . | : . . . . . . . . . . . . . . 167 ec ton deMNVETSS: TES CRIE en GR LME CE ER CRETE ES OC Ur, 799 — de M. P.Carnot, membre titulaire. . . . . . ANR KE, Électricité statique. Influence sur l'organisme Rome, En Fun NES a ee I — Idem, par Vicouroux. . . . AND Le RON NEAN ES : 671 Éloge du professeur Marion, par E. en NUE Dpt Ho) il Embryon. — Action de la caféine sur l’évolution de lan par FÉRÉ. . 411 — Action de la cantharidine sur l'évolution de l'embryon, par FÉRÉ . . . . 681 — Ferments de l'embryon, par BIERRY . . . . A l0S 0 Empyèmes des tissus de la face, bactériologie, _. anne . ne Nero Endothélium péritonéal, son noyau, par BRANCA. . . . . . . . .:. . . . . 319 Enregistreur nouveau, par A. et L. LUMIÈRE . - . . . . . : . . . . . . . 49% Épididymite tuberculeuse, par TRIBONDEAU. . . . . Mere 1e CALE Épilepsie. — Effets de l’inanition chlorurée dans fa Da nent par J.-Ch. ROUTE ir de TR Re LE ten TE) Épithélium en sa ren on es par GE D Eve a AE er te Ch 0 — Variations de la sécrétion liquide, par ReGauD . . . . ee Te DLLUIS Épithélium tubaire. — Fonction sécrétoire, par P. Boux e M. Rice, Abe, GRO Équilibre du corps sur la pointe des pieds, par CastEx. . . . . . . . . . . 181 — Soulèvement du corps sur la pointe des pieds, par Micuez . . . . . . . 241. Escargot. — Voir Sang. Espace idéal et théorie de E. de Cyon, par Pierre BONMIER . . . . . . . .'. 134 1 Send de dMespaAce par HYDE CYON, 20,00 0 SUPER ERA ONE ES MTS Remarques, par Pierre BONNIER. . . . . . APE M A LTÉE Estomac.— Modifications de la muqueuse après cou des pheumogastriques, par G. Lion et THÉOHARI . . . . PU 220 — Modifications de la muqueuse sous on de Re annente par TuÉonart et Vayas. . . . . AR VE MA NS AE ele t SR MAR ee CT A UE — Modifications de la muqueuse es la gastro-entéro-anastomose, par LECTURE DE LPS 0 EME ER NO EU à tre A IT — Autodigestion, par bious RAT EU AS NS At nr RER A me Sd etat ee 5 — Résistance à l’ ao deestiqn| par FAO : 3 ; 149 Éther amyl-salicylique. — Action physiologique, Par Cu. ANOZ ; et Doon. 116 — Action saponifiante du foie, par Cuaxoz et Dovon . Mrs Le 717 Exostose avec bourse séreuse, par Graxn-MounseL et DAIPONDELT Hire Se ALU EAtrala de tissus. -— Toxicité, par BAYLAG.L 1.02 0 ee NN DO F Fatigue. — Excitabilité dans la fatigue, par FÉRÉ. . . . . Ne Vas ta (taie SUEDE Fécondation par voie hypodermique chez les Hirudinées, par Bn UMPT*. . 10189 a, De ae a 2 PNR ET OR UE. En | 1148 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Pages. Fer. — Élimination par le suc gastrique, par DHéRÉ . . 4... 51 Ferments. — Accoutumance aux milieux toxiques, par Charlotte MrreneLz CACRARICHET- MEN : ; SR T — soluble opérant la nine de LOUE) bippurique, par Au de al AUT. DD — lipogène, par ARTAULT DE VEVEY. . . . MUR. à en 0 CO — solubles. Action après refroidissement, par Proier RE CS 712 — Voir Embryon. Foie. — Fonctionnement des cellules infiltrées de rubigine, par GiLBErr, CASTAIGNE et LEREBOULLET. + . . . . . . EP D a ZE — Structure chez le cobaye nouveau-né, par Nurnie L'ARRIER Se SRE SES — Nodules infectieux dans la variole, par Rocer et Josué. : … . : . . 0" — Voir Diabèle, Éther amyl-salicylique. Follicule de de Graaîf des Mammifères, par P. et M. BouIx. . . : . . . . 17 Froid. — Action hyperhémiante cutanée, par J. LErÈVRE . . .. UN 33,0) Remarque sur la note de J. Lefèvre, par A.-M. Bcocx. . . . Are 40 — Influence hyperhémiante de l’eau one sur la peau, par d. anne SC UEUD G Gestation. — Durée chez le cochon d'Inde, par RETTERER. . . . . 59 Remarques par Weiss. . . . Ù 5e JTE STE DB Glandes cutanées de la Salèn andre développement, par b. enr. MT 0 CD Remarques, par PHISALIX . . . . ag let te 0e NON CE — cutanées de la salamandre, leur origine, da D. “Ave el 0 QC Remarques, par PHISALIX . . . ie 0 à oO, — pinéale. Présence de fibres De ie Pie par À NICOTAIS ANNEES — à venin. Oricine et développement, par Mme/PHISALIX- EN T0 Globules polaires. — Les idées de Hans Driesch, par A. Gap. : . . . 4% Glycémie et glycosurie, par R. LÉPINE . + . . . 14141006 Glycogène hépatique pendant la grossesse, par Ce a Énaene ill — Idem, par DE SINÉTY . . . . ROME 2S — Remarques sur la note de M. le Snit Der GRime a. Ébnnemenar RD ET — danses Tumeurs, Par MEILLÈRE et\MOEPER: LEE DOC EN CONEE 7 —"ACton| bactéricide par (P/WTEISSIER . PA MEN CES ES D — Action antitoxique, par P. TEISSIER. . . . LE IV MERE REMANIES — Valeur antitoxique x vilro du glycogène, par LP. Dares RP ne ALI Z mn A PR Rd 413 Glycosurie alimentaire, par NoBécourT. . . . Re 5 à. 102 Gonocoque. — Culture sur le sang, par Brant ON et Bree TS de OT Greïfes du corps thyroïde, histologie, par CRISTIANL . . . . . . . . 05 —\thyroidiennes par ACGRISTIANTIE MAR PS). NOTION ET EU CE — atrophiées \parisurmenase, PArIURISMANEU-S OL UNE ETS — péritonéales, par R. ae Etre AN RL NE 2 91 Grégarine nouvelle. Son évolution, Die Lana et ente A ic: Dai Grisou. — Mélanges explosifs de grisou et de formène, par GRÉHANr. . . . 591 Grossesse. Voir Glycogène. Gustation. Voir Voile du palais. TABLE DES MATIÈRES H Hématies. — Destruction par des agents chimiques, par HEDON. . . . . . — Granulations mobiles dans des hématies de Poissons, par SaBrazës et NUTRITION QU OT EE RAR RUN EURE RME ER ES DIT — Action globulicide des silicates alcalins, par HÉDON. . . . . . . . . . — Conditions de la résistance globulaire, par J. LESAGE. . — La courbe hématolytique, par LAPICQUE. . . . . . RS ELU NE NPD EL — Action globulicide des glycosides, par HÉDoN . . . . . . . . . . . . . — Élaboration par les ganglions lymphatiques, par RETTERER. — Voir Plasma. Hématopoiétiques (Appareils) du lapin, par DomiINIGr. . . . . . . . . Hématozoaire englobulaire de Padda oryzivora, par LAVERAN — dans l'ictère infectieux du chien, par P. LEBLANC. . . . . . . . — chez les chiens du Sénégal, par MarcHoux . . .. . . . . ie — endoglobulaire de l'Hippocampe, par SABRAzÈS et MURATET. . rdesBla Va cyIUS par IBIL LE Le A0 SENTE EM NE NE PAIN — Méthode générale de coloration, par LAVERAN. . . . . : . . . . . . . Hémocyanine. — Réduction dans le sang de l’Escargot, par Pmsarix. . Hémoglobine. — Réactions chromatiques, par LE Gorr. . . . . . . . . — de cheval. Teneur en fer, par LAPICQUE et GILARDONI . . . . . . . . . Hippocampe. — Dégénérescence des hématies, par LAVERAN. : — Corpuscules mobiles endoglobulaires, par SABRAZÈS et MURATET . OA T QUE CLAVIER ANS ENS EUR MERE Rte eee EUR Er ee — Mixosporidie chez l’'Hippocampe, par LAVERAN . MESsnis. — Voir Hémalozoaires. Histolyse phagocytaire de l’Actinotroque, par ROULE. . . . . . . . . . . — Voir Corps adipeux, Muscles. Hydrates de carbone de réserve des graines, par BouroQueLor et HÉRISSEY. . Hydrocèles. — Histologie du liquide, par Wipaz et RAVAUT . . . . . . Hyménoptères prédateurs. Retour au nid, par Bouvier. — Retour au nid du Pompilus sericeus, par P. Marcnar. — Habitudes chez les Philanthes, par BouvIER. - + à © à à à à © - Hyperglycémie. Voir S{aphylocoques. Hypertrophie de l'ergotidu COR IpParÉRE MN ONE ETES Hypophyse chez les cyclopes, par E. Ragaup. . Ictère infectieux du chien, par LEBLANG . . . . . . . . . — Somnolence des ictériques, par GiL8ert et State Immunisation. Voir Leucocylose. Incubation de l'œuf de poule et échauffement préalable, par Féré. . Indicanurie chez l'homme sain, par À. Gizserr et E. Were . Infection parasitaire de la nouille par Pécor . — mixte à streptocoques et à bacilles pyocyaniques, par CEAREa et anus — naturelles et réactions du foie du nouveau-né, par NatrAN-LARRIER . Injections sous-arachnoïdiennes, par OMBRÉDANNE . + © (le) + O x Or & D CT CO © Co © de] Co œ & 168 880 196 685 162 613 91% 969 1150 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE Inuline. — Sa destinée dans l'organisme, par RicHaAup. . . . . . . : . . — Digestion de l'inuline, par BiErt et PORTIER. . . . . Isotonie et toxicité urinaire, par CLAUDE et BALTHAZARD . 2 VS te RON — et toxicité urinaire, par) MATHIEN TN. 2.0. CN TOME Le CP RSOTRERE — — PAT /BEUCHARD =, OEM, ECM SAR — — DPATMLABICQUE. 22 UE ONE 7 ONCE ARE 1 = — par CHANTEMESSE . . . . ANNÉE MES à | — et toxicité urinaire, rôle de l’urée, par Done Ivresse motrice, par FéRé. Jeûne. — Réparation compensatrice après le jeûne, par J. Noë. . K Karyokinèses anomales, par J. CHarix. Par A N(ATDARDO MEET : — Interprétation dynamique, par A. neo Le Lacrymales (Voies). — Leur développement, par STANCULEANU . : Lait. — Phénomène thermique pendant la coagulation, par Caanoz et es, — Action des injections intra-veineuses, par L. Camus . .. . . . . . — Produits volatils, par HExsEvAL et Wasurax. — Voir Coagulation, Température. Langage. — L'air expiré pendant la formation des sons, par GELLE. Lécithine. — Influence sur les échanges nutritifs, par DESGREZ et ALY De Leucémies, par Dominic. : ET Leucocytes:— Karyokinèse, _. Fame. RP RME AU, D — hématophages, par CH. ROUGET. . . . . . . : SR 5 — Transformations dans le péritoine, par ant a et cn ES NE c — et tuberculose, par AcHARD et LOEPER. — Voir Bacille typhique. Leucocytose dans la variole, par J. Couruont et MonrAGaRp. ENS — Idem, par E. Wei. : . . . DE on RME. 2e TERRE — Idem, étude qualitative, par E. w FILE — de la pustule variolique, par E. We. — dans la variole, par J. Courmont et MonraGaRp. — dans la fièvre nes par P. Couruonr et BARBAROUX. : — dans l’immunisation par la toxine diphtérique, par J. NICOLAS, P. Goes MONT et R. Prar. — Voir Abces. Levures. — Action sur les microbes, par NoBécocrt. — Action sur le bacille de Lœæffler et sur la toxine onu, See None CODRD AS AN 2002 RAM ANRT NE ARR a AT EL 345 132 134 2 Le rot Te 1. 2 + Lu r TABLE DES MATIÈRES 1151 Pages Lombricides. — Anatomie comparée, par E. DE RiBAUCOURT. . . . . . . . 299 Loupe simple, transformée en instrument binoculaire et stéréoscopique, par ÉMILE BERGER. . . . e EEE en 0: MAO) Lumière. — Excitation Tome e Danone électromotrices, par BED NVALLER 2. : > API? — Action électromotrice de Le rs sous re de la Ma Lee LR ONE 1093 Remarques pari @ IWEISS' APR OR RAR ATEN SD FOUT TA Lymphatiques (Ganglions) embryonnaires, par RETTERER . . . . . . . . 280 —_ Premiers développements, par RENDERER MEME NU ER AS NE SD 81 ro NUeLUre ePEVOIUION par RETIERERS NSP ENT EN VER EN 33E — Voir Amygdales. — (Vaisseaux) de l’estomac, par Cuxéo et DELAMARE. . . . . . . . . . . 498 Lymphe et pression sanguine, par Moussu. . . . CORRE RTS AE 0035 — Travail des tissus et production de la lymphe, par un NU NN EE — Action des toxines sur la production de la lymphe, par Mousse . . . . . 363 — Travail statique des tissus et élaboration de la lymphe, par Moussu. . . 541 — Influence sur la fermentation alcoolique après excitation des nerfs du HanerÉas Dar, DEPINE "Et: BOULUD: +24 EEE EUr ER CMOS RS ARTS ‘20 Lymphocythémie. — État du sang, par G. HAYEw. . . . . . . . . . . . . AO18 1 Éyacwénses Hans ANGRASE LUN LUS GUN RNeN PER ES ER TRANS CAE TE NE — Voir Phagocylose. “a We 4 Fe Main. — Plis de flexion de la paume de la main, par FÉRÉ. . . . . . . . : 309 4 — Plis d'opposition de laspaume; par FÉRE) !|. ee NUE 1 "3100 A — Empreintes de la paume, par FÉRÉ. . . . AA ALERT AR EP AS GET 1 Maladie de Raynaud expérimentale, par Patrie AUS PRES TS ESA AT LE 58 I Maladies. — Durée de la période d'incubation, par CHARRIN 5 Dee ae RE 68 À — du tube digestif et respiratoires chez les Arabes, par Tostrvixr et REm- , RANGER +) 40e 1, eh POSE ER EES PATSNARE SEA ETS T RER (3 Remarques, par SANSON . . . . DRAEL AV LR TOR TT AA dE i Mammite tuberc Aa par NATTAN- ire Ar TE ex ete 9 Su SR TM CLOS mx Méconium. — Diastases digestives dans le méconium, Dar Bono SAS NAMPRENT 4 Méninge. — Perméabilité à l'iodure de potassium dans la méningite tuber- Ya) culeuse, par Wipar, Sicarp et Moxop. . . . LT OPEL PENSER 9 CIE — Perméabilité dans l’urémie nerveuse, par Caen) Are +104 0800 OP Méningite tuberculeuse. Cytodiagnostic, par Wipar, Sicarp et A AUDI PNB Idem, Dar EWIDABASICARD EL RAVADREE A. .6 0 UE NN KL METEO ROME SU N Métacarpe. — dù Mobilite, par FÉRÉ . . . . 2e ANS EAN S OT \ Métamorphose. — Déterminisme de la mia On D (ee) par ne RP TR ic) ed UN ON 147 — et phagocytose, par TERRE. . . . SR N EU LA PRR NE SRE SEE — Le problème des métamorphoses, par BAMAIBIOR CRE Re CET A2 EE — de la larve actinotroque des Phoronidiens, par ROULE . . . . , . . . . . 439 à Microbes. — Déterminisme des localisations microbiennes, par FERNAND BEZANCONMICUNNLNITARBE SALLE. 0 NS NNENTONARN RE ORNNPr AE 31 NOTE DORE NDR PAZ, PA 4 4 Ie ONE RRnnT EU MEL — Voir l’igments. TR 0018 o< es a) SL IBRAR Yi +, © eL . VERS 1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Microcoque anaérobie dans les pos de 3e urinaire, par CoTtEr à à CIRE Miction. — Rôle du ti Feet sacré, Don es YON . L Moelle. — Propagation des excitations dans la moelle, par ww EISS. — Commotion médullaire expérimentale, par J. LÉPINE . . . , — Anémie expérimentale et syndrome de dégénérescence, par ha L — Lésions dans la décompression atmosphérique, par J. Lépine. É Moelle osseuse dans les infections et intoxications, par HaAusnaLTER “ L. SPILLMANNS . : ARE — et éosinophilie, par Draie Pre etie SR APE ORAN PA — Modifications histologiques dans one par Rocer et Josué. — Modificalions chimiques dans l’inanition, par Rocer et Josué. Morphine. — Action chez la marmotte, par L. GuINARD. . . . . . . . . . Mort. — Signe automatique de la mort réelle, par J.-V. Minime Moustiques. — Destruction des larves, par LAVERAN. LA ÿ et paludisme pariLAVERANTE NE TAN NAME RENTE IS SRE : Mouvement. — Valeur mécanique de ne nennésen een en ne, par FRE: Muguet. — Action des antiseptiques sur le muguet, par CATTAERT . Muscles. — Histolyse chez les insectes, par Ch. PÉREZ . — Rôle des phagocytes dans la dégénérescence des muscles, _. Don et MESNTE ME NERE DANIEL 8 Qu — Histolyse chez les onto nes par TERRE. sr — Travail statique et travail dynamique, par Castex . — Voir Sérophantine. Myographe. — Cause d'erreur dans les tracés, par CHASSAING . . . . . . . Nématodes. — Inflence du milieu nutritif sur le développement, par Conre. — Couditions de ponte, par CONTE . . . . . : . . . abs a CNE Nerî. — Sensibilité du nerf comparée à celle du téléphone, par KRONECKER . — Excitabilité et conductibilité, par G. Weiss. . : — Structure du cylindre-axe, par G. WErss . Remarque, par SUCHARD. 1e EU — Influence de l’acide san bonionne, par G. W BISSNE SN NRA TIENNE — Suture croisée des nerfs de différentes sortes, par nca et He — Réactions électriques, par ABELous et CLUZET : . à à . . . : - À — Cylindre-axe pendant la dégénération, par G. Weiss. £ — Régénération des nerfs écrasés en un point, par G. Weiss . 4e — Conditions modifiant les réactions électriques, par AreLous et Curoet eue — Voir Strophantine. Névrite. — Voir Tozine byphique. Névroglie à l'état normal et pathologique, par M ARINESCO Noyaux excitables et milieux excitants, par F. Le Danrec . Noyau. — Travail sécrétoire du noyau, par Mme Puisazix. — cellulaire, sa formation, par ARTAULT DE VEVEY . Nucléole. -— Rôle dans la sécrétion, par P. Vicrer. Nutrition. Voir Eslomac, Purgatifs. 38 284 315 398 44% 503 545 511 580 599 688 43 481 592 446 TABLE DES MATIÈRES 1153 Pages. O Oculaire indicateur par MALASSEZ. MR NE nt USE HET RME FO Oculaires micrométriques, par MALASSEz. . . . . . . . . . . . . . 639, 724 Oculaire speciroscopique, par HÉNOCQUE . . . ADMET Odorat. — Mesure dans la paralysie générale, par Dotcouse ét . ASCHIDE - =. "440 Œillet. — Maladie des OEillets, par MaxGIN. . . . £ 20 OS Œuîf. — Développement sous des influences Reine Soumis na. Gui ARD. 442 — Incubation d'œufs retirés de leur es DARPÉDISELe EN ER MEN IS S9 — Idem, par FÉRÉ . . . . . ERA TEINTE RIRE RE ER GA — d'oiseaux. Résistance à humidité dE Done LS EN Ep Re ARE SR PIN GG — Voir Ascaris. Ophryocystis. — Reproduction sexuée, par L. LÉGER . . . . . . . . . . . 927 RReRMAEQUeES Par NÉESNEE< CALE UMR ISERE ER AE RSS MALE RE RET EC Er OS Opisthobranches. — Classification, par GUIART. . . . . . . . . . . . . . - 493 Oreiïllons du chien, par Busquer et BoupEAUD. . . . CAE OR AR LAS a) Organe de Bider “ Crapaud. Effets de l’ablation, Lee el COPA ENS 26 Ostéocie et odontocie, par P. FERRIER . . . . SUPER RERO LEA OCR E Ovaire. — Régénération expérimentale, par Pteni MALADE UMR ENT GE — Action des extraits sur la nutrition, par CHarrin et Cned PME ARBRE BE Ovules de poule incubés dans de l’albumen de canard, par Lorsez . , . . . 751 Ovulose. — Voir Spermase. P Palistrophie chez 18 Loche parti GLSRDIeDANNESE RENE CCS TERRES nr 93 Pancréas. — Pancréas'surnuméraires, par LETULLE MEN EN Mon dE — dans la diphtérie, par J. GirarD et G. GUILLAIN . . à . : . . ! . . : . . 663 — Action du chloral sur la sécrétion, par WERTHEIuE el He nde RME NIGES — BOUCCOUS MUIAPIeS" DATAIDEBEYRE SMS NEC NN NRC ET OS — Graisse dans les cellules du pancréas, par LARteRRe DNS ONCE LP ONE RE TNTE —DéSions dans l'urémie, par CH GARNER MES EM UNE 183 — Répartition du tissu endocrine, par LAGUESSE . . . . . . . . . ... . ... 800 Remarques, par TRiBONDEAU. . . . SN ARS PE TN UE (1 Papaïne. — Produits de digestion EE ar Hs EE SR PRE RE LE Paralysie générale. — Voir Odoral,. Parasitisme faux d’un sarcoptide détriticole, par TROuESSART. . . . . . . . 743 Parthénogenèse artificielle des œufs d'Échinodermes, par Grarp. 7161 Peau. — Voir Clasmalocyles. Périodes latentes du muscle, du nerf et de la moelle, par G. Weiss . . . . 51 Périodicité sexuelle, par FÉRÉ. . . . PR RERO Péritonite. — Liquide des péritonites ER par Pa ME Ne dd DESIRE Persnlaté de'soude.—Toxicité/par:J: NICOLAS, EE TN ET eu LIN NT AO — Influence sur les digestions artificielles, par J. NICOLAS HTML ot UT — Influence sur la nutrition, par J. Nicoras. . . : : 111449 Peste. — Coli-bacille du Rat et bacille de AREA VÉneITe par Ph. Ca ALDAS . 953 Phagdocvtioseielt IyOCYIOSP PAR ANOLAS.".: LUTTE on MAI Remarques par MESNIL ER 2211 — du bacille d'Eberth, par Mitnet 1. BERANAND. EN ME POUR AE 0 SONO ne 6/7 1154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Photographie. — Transparence photographique du corps humain, par Burre. : Photomicrographie., par Cocir. Phréniques (Nerîs). — Résection des ie De _. BE aRD et Cane = Pigments microbiens, par G. LEGRos. RE Le Placenta. — Action du cantharidate de potes se, par Proy. — Fonction sécrétoire, par NATTAN-LARRIER . SUR NT en Plasma. — Action préservatrice pour les hématies contre l'action dissol- vante de certains glycosides, par MAYET . — Voir Séreuses. Plasma musculaire. — Préparation et composition, par Héricourr et RICHET. Plasmazellen du grand épiploon, par JorLy. Plessimètre différentiel, par GELLÉ . Remarques, par Caprran Pleurésie. — Histologie du Huet par ve et Ba AUT - Plèvre. — Etude histologique des re séro-fibrineux, Ra w IDAL et Ravaur . — Idem, applications rires par w IDAL et Re AUT . — Îdem, autres applications cliniques, par Wipaz et RAVAUT LME Pneumocoque.— Lésions cardiaques ei musculaires par la toxine Pre coccique, par CarRNOT et FOURNIER . : - Pneumogastrique et sympathique; Cctaunel Fm _. Cot RTADE et Guxox\. — Voir Estomac. Pneumographe nouveau, par POMPILIAN. Porte-loupes, par MALAssEz, . Présure. — Voir Température. Prix Godard. — Rapport sur le prix Godard pour 1900, par Guxox (Mémoires) Prostate. — Action du liquide prostatique du myopotame sur le DEEE des vésicules séminales, par L. Cauvs et GLEY. Protozoaire nouveau (famille des Gromidæ), par Grarp . Purgatifs. — Action sur la nutrition, par MOREIGNE. : : Pyramides. — Entre-croisement chez le rat, par PoxtTIER et re ARD. Q Quadriceps fémoral des sauteurs, par ALEZAIS. R Rage. — Diagnostic histologique, par CarLos FRANcA. — Voir Sérothérapie. Raphidospora, nouveau parasite, par L. LÉGER. — Evolution du Raphidospora, par L. LÉGER. :39A Rate. — Transformation myéloïde dans la tuberculose, par Di ci. — Calcium et magnésium dans la rate, par H. RiBaur.. : — Injections intra-spléniques de bacilles, par Roper et Mae Pr. Réflexes ganglionnaires. Résistance à l'asphyxie, par WERTHEIMER et LEPAGE. Reîroidissement. — Action sur les sérums -agglutinants, par CBanoz, P. Couruoxr et Doxox . Pages. 216 SI 145 900 1022 1 S51 936 261 262 S51 991 1007 931 164 TABLE DES MATIÈRES 1155 Pages Rein. — Débit des deux reins, par BARDIER et FRENKEL. : . . . . . . . . . 493 Alternance physiologique des reins, par BaRDiER et FRENKEL. . . . . . . 4195 — Sur le fonctionnement rénal, par CHARRIN. .:. . . . . . . . . . . . . . 196 — Dégénérescence amyloïde, par AcHaRD et LOEPER . . . . . . . . . . . . 1027 Résorption. — Voir Sucre. Respiration. — Réflexe respiratoire et traction rythmée de la langue, par ENST EABORDE:. 778 SN ER ARE EEE OT — Théorie palæo-égyptienne, par GARNAULT . . . . . . . . SANS IN EME Rétine. — Action de la quinine et névrotomie optique, par Des AUVTE R UMIEE Rhumatisme. — ENT du rhumatisme articulaire aigu, par arret et LIPPMANN. : ..…. : : AE EVA OR AT ETAT RAS () — Nature du Dmanne Haneee. he Gracd RE LC RUB pe LE NE ES D ne ACARnN nr OP one 60 RSR MEME NEA ERA — à streptocoques et sérothérapie, Sec B'OUCHERON ER PAR PET RE NT 0 —vet globules blancs, par AcaARD ef LOEPER 4-2. 2 21) 2 4 4e) 0,6. 4029 Rondeole par: LESAGEU 171100 CE CUP DEMI Ne RS PCA PEER RTE S Saccharose. — Inversion par les acides, par Victor HENRI . . . . . . . . . 917 Saisons. — Influence sur les dépenses de l'organisme, par MAUREL . - . 408 Salicylatede méthyle. — Action physiologique, par P .Caarnx et L. É 669 Salicylate de soude. — Son action sur la nutrition et sur la sécrétion bi- HAL Dar MOREIGNE Eee | EN DES RSR dd cr ma Sang. — Sédimentation Sonnnge par le an 2. Mn D RE AS CS LT — de l’escargot, par COUVREUR. . .. PU RASE SL NA RARE PE RE Re at — Phénomène électrique dans la rein . Cuaxoz et De RTE AUDE — d'escarcot et 'Coavulation par L'YCAMGS ON PV ER ER NN 70E — Résorption dans la cavité péritonéale, par LESAGE. .". . PRESS — Extraction des gaz par la trompe à mercure, par L. G. DE ue UE . 666 — Examen du sang contenant des microbes et des hématozoaires, par LAvERAN. 679 Action chimique des microbes, par M.'LABBÉ MU VO PONT 07 — incoagulable comme milieu de culture, par Bosc. . . . . . . . . . . 1052 — Culture de parasites dans le sang incoagulable, par Bosc. . . . . . . . 1053 — Modifications après ligature des vaisseaux spléniques, par Bree et VANVERTSS 20e à 9e 1 0 LIN MER PEN CRU EE RE ENNREE NRA E — Voir Température. Sarcome utérin avec levures pures, par WLAEFF . . . . . . . .. . . . . . . 715 Sécrétions. — Défense de en contre les sécrétions, par Cnarrin et LEVADITI. 1 2 AE ; de. 83 Séminase. __ Individualité FÈ ce PT Le BND et Fer) 114 Sens dela direction chez les Chiroptères, par Rozzinar et TrouEssantr . . . G04 ses du canard et de la poule, par RABIEAUX . . . . SET A TR AE Transmissibilité de la septicémie du canard et de la Poule p par ne 156 Séreuses. — Résistance de l'infection dans la race arabe, par Tosrivir et REMLCINGERT EUR ENEUL, es cer UE. Lt: - 80 — lormules léucogytaires, par Notouuns et BEA, PNA US ORDRE (LIL — Formule cytologique des liquides séreux, par SaBrazès et Murater. . . . 1039 Seringue à piston en verre, par MALASSEz, . . . . : 186 Sérosité péritonéale du bœuf, Eléments cellulaires, par EMETIS s et Mu RATET. 10711 5 , LS 1156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages Sérothérapie antirabique, par Roper ef GALAVIELLE . . . . A LE Sérum. — Action empèchante sur la trypsine, par L. Cawus et tn Se SP E CR — et plasma sanguins. Préparation aseptique, par STassaxO . . . . . . . 399 — Procédé pour l'obtenir aseptiquement, par L. Camus. . . . . . . . . . … AU — anticellulaire, par WLAEFF. . . . RE TL 611 — anticellulaire. — Traitement des En Matane ee Wei £ EN 08 — névrotoxique, par ENRIQUEZ et SICARD. + . + .. . + . . . ... : CONNUS — anticancéreux, par Ch. Ricaer et HÉRICOURT .: . . . NTM — antimicrobien HE par des animaux soumis à locenic 7 à la GEÉOSOE Dar ANVIENER, NE ENCNEN EU ; RE ee Sexes. —_ Distribution dans les pontes de pigeons, Pas Corner 2 18 ESA ENTRER Soif d'origine gastrique, par À. MAYER... US CNE UE ER SRRTEE Soleil. — Côté du cœur et côté solaire, par W. W. 00D:, 2 + AU LP NSENNSERIEES Remarque par APIEOUR- MES MEN RE eos ds 2 di Spécificité cellulaire, par RETTERER. . . . . . RENE, LEE OPEN Spermase et ovulose, par RAPpHAEL DuBois . . . . Le RPM Spermatides. — Division chez les mammifères, . RAD PSE [LE VORSTS Spermatocytes du rat. — Différenciation dans le noyau, par ReGaun. . . 678 Spermatogenèse. — Phases et stades de l'onde spermatogénétique, D REGAUD SEE ji MOMIE RES TO AR RE LR EN RAT EEE 1039 — Direction Hétédinie un mouv “amant Eennet oCnetiques par ReGaup . . 1042 Spermatogonies. — Le noyau dans la division directe, par LoïsEz . . . . 89 Sphygmomètre et pression sanguine, par GuiILLAIN et VASCHIDE . . . . 11 Splénectomie. — Influence sur l’intoxication par divers alcaloïdes, he JT. NiGocas et MBBau 2 Lie 7 EU ORNE MES SEE SERRES Sporozoaire nouveau, par L. LÉGER . . . . MR AR one à c 868 Staphylocoques et hyperglycémie, par R. ire évier D DONNEES Streptocoque. — Variété, par Correr et H.TIssiER. . . . ; PS 621 Srophantine et réactions électriques des muscles et des ies. ec CLUZET . 313 Sucres. — Résorption intestinale des solutions Re de sucre, DAS HÉDON RSR TEE s : LRO — Résorption intestinale des rene niontones de sucre, See HéDon 14 87 — Dosage du sucre réducteur du sang, par CHAPELLE. . . . . - . + . 23 AU — Diurèse par les injections intra-veineuses, par HÉDON. . . . . . . . : . 634 Sueur. — Toxicité, par Maïrer et ARDIN-DELTEIS - + 2 0 | 92 — Idem, par Marrer et ARDIN-DELTEIL . . . . l re ENST = Toxicité chez les épileptiques, par MaiReT et nm Darre . 2. CROIRE — des paralytiques généraux. Toxicité, par Marret et ArDix-DELTEIL . . - - 1107 Survie des propriétés fonctionnelles dans la mort apparente, par J.-V. La- BORDER use Te de NOM NU :nUNIS, CASE CSSS" 21 Sympathique. — Grosses fibres a ee fre le grand sy ue _. JON: ROUEN ER ANS SRE ee UN ME PIRE Ro Loi — Voir Pneumogastrique. Mano TEE T Tabes-— Lésion primitive, par NAGEOTTE ME NN EP — Théorie du tabes, par NAGEOTTE + . + 0: . . | ; 301. Températures les plus hautes compatibles avec la vie de la enoe le . MAUREL et LAGRIFFE. AR PR 0 rte SNS, DO EN LE, 20 TABLE DES MATIÈRES 1157 Températures les plus basses compatibles avec la vie de la grenouille, par MAUREL. etLAGRIFFE . . . . 432 . — Action des basses températures sur ni nome LE sang 4 d lait di sur la présure, par Caaxoz et Doxox . . DE RON ECO RENNES Tendon. — Sensibilité aux acides, par ZAGHARIADÈS. . . . . . . . . . . . . 9251 Tension artérielle.— Voir Variole. Tension oculaire. — Effets de la résection du LEE cervical supérieur, par LAGRANGE et PACHON. . . . ; SE EMA) Tension osmotique du sang chez ee animaux un. Fe res par MER AE de =. : ALL L — Régulation par actions vaso- Re. par À. Fire Done TO REP MC ENANTE FMC RS — Centres régulateurs, par A. Mayer. . . . 6) — Voir Anhydrobiose, Ascaris. Tératogénie. — Incubation artificielle dans les re de tératogénie, PArPRÉRR M» are AE ER ete PDO Tératomes. — Influence de ide à sur Diste croissance, par Fire. ne Re lait Testicule. — Tissu conjonctif du testicule par C1. ReGaup . . . . . . . . . 26,53 — Fonctionnement chez les Oiseaux, par Loisez. . . . . . . . . . . . . . 386 — Phénomènes sécrétoires, par REGAUD . . . = rl rl LUS Thyroïde dans l’intoxication phosphorée, par IL. ns & M. CR Ar 65 —— Variations de l’iode, par CHARRIN et BOURCET . + + à . . . . . . . . . : 339 — Voir Greffes. 4 Thyroïdine. — Action dans la consolidation des fractures, par CARRIÈRE et VANVERTS A Et AT PAS DEN CR I RE D 90 Timbre. — Sa bnp _u P. Done PRTLRNPNE MC AUDE BEI ER PARENTS NT) Tissu conjonctif. — Sa structure, par Fionine SR A Te Re O2. Action des acides, par ZACHARIADÈS. . . . . £ : RE LATE Poaines — Inoculation sous-cutanée ou ne Rae de one par B'ORRA MEN A RE re RP EN Near ae Ve Ole e de Na LE SOS — Voir Pneumocoque. ; Toxine typhique et névrite périphérique, par VINCENT. . . . . . . . . . . 223 Transformation myéloïde, par Dominic. . . . M AE Travail. — Influence des excitations sensorielles, de Féné. SR ue TESTS influencer deil'alcook par PER ERP ET RE EU CNET RE ESS — Influence du bouillon. . . . . AA PE ELA DRPRPEALAO NS UE a AR SU RE) — Effet des excitations sens oipet en NE AN OR ARR TA — Influence de quelques condiments sur le travail, Tru à LR ARLES ST — Influence des excitations déplaisantes, par FÉRÉ. . . , . . . . . . . . . 1083 Trématodes hépatiques des Oiseaux, par RAILLIET. . . . . . . . . . . . . 239 Triacétyl-morphine, son action, par CHANOZ . . . . : RS SON Trypanosomes du Rat conservés à la glacière et [eur PEINE A par AVE ANTEMMEBNEL, : 2/00 NON PP OC NET A PETER TG, — Agglutination par divers sérums, par LaveRan et MESNIL. . . . . . . . . 939 — Mode de multiplication, par LAvVERAN et MESNI. ... . . . . . . . . . . 9% Trypsine. — Recherches et dosage, par LINOSSIER . + . . 2 à. 4 ..000288 Tube séminifère.— Voir A/coolisme. Tuberculine. — Action sur les reins, par Ramon» et Hucor. . . . .! 1853 Tuberculose. — Tracés pneumographiques dans la tuberculose pilmongire ebromique, par P/HinTz et G: BROUARDEL 02 000 NON 0: 60 "Chauffage du lait tuberculeux, par GALTIER: UM EE CN. 1.1 420 — Chauffage des viandes tuberculeuses, par GALTIER. . . . . . . . . . . . 122 — expérimentale et son traitement, par Héricourr et Ricugr. . . . . . . . 215 1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages Tuberculose. Traitement par le jus de viande, par Héricourt et Ricagr . . 527 — Prophylaxie par la viande crue, par J.-V. LABORDE . . . ... 500 — Traitement médical et régime carné, par J.-V. LABORDE . . . . 572 Résistance dutHériSS0n par PHISALIT MEET PRET Traitement par la viande crue par P.MSALMON ORNE NES RES) — plus fréquente chez les Arabes que chez les Européens, par Tosrivinr et REMLINGER . . . . SHOT EME OR CRT AT AE TESTS — Voir Lait, nd one Rate. Typhoiïde (Fièvre) avec péricardite, myocardite et pleurésie, par BAcaLoGLu. 834 — Formule leucocytaire, par MAYET et BERTRAND... MN 006 — Voir Leucocylose. U Urée. — Variations avec même régime alimentaire, par G. LEVEN. . . . . . 948 — Périodicité des maxima et des minima, par R. LÉPINE. . . . . . . . . . 41005 Urémie. — Voir Pancréas. Urine. — Oxydations organiques et déchets urinaires, par Maine 2 ee 2 — Injections d'urines toxiques ramenées à lisotonies PAPNOUINTON PGO — Toxicité, par BÉNECH. . . . . A A EG LS" QE — Action orteils, par d. Eu et note TR TS os du te — Pouvoir alobulicide par JF/CAMUS et PAGNIEZ 0 EN NN CNE SE RO — Voir Auto-intoxication, Isotonie. Utérus. — Pathologie des vaisseaux, par HuGo Scawarz . . . . . . : : 2591 "Système nerveux intra-utérin, par KEIRFER UN NN CN UE ER PS V Vaccine. — Inoculabilité au lapin, par Rocer et E. WEIL. . . . . . : . . 978 — Examens hématologiques, par ENRIQUEZ et SICARD. . . . 1 RM NEEMIQAIG) Variole. — Tension artérielle dans la variole, par Revnaup : ee En LU — Réaction des organes hématopoiétiques, par Rocer et E. Wei . . . . . 909 "noculabiité au lapin path ocER etNEMNVEIL EN EME MEN PE) — Recherches microbiologiques, par Rocer et E. WEIL . . . . . . . . . ) 970 — Voir Foie, Leucocytose. Veine porte. — Couleur du sang de la porte dans les glycosuries expéri- mentales par JARDETNETINNVIbRE ME CU TMS RERO TE Venin du lulus lerrestris, par PaisaArix. . . . . LANRESESA0SS — La quinone, principe actif de ce venin, par de et Pond NU ES(0S 6 Vésicule biliaire. — Absorption par la vésicule, par Bizcarp et CAVALIÉ . 180 Vésicules séminales. Voir Prostate. Viande crue, par J.-V. LABORDE. . . . RE Dao Voile du palais. — Organe gustatif, par nrdo. LAS PURRETER 2 rON2 00 Voyelles. — L'air intra-buccal pendant l'émission des omelles, ee nus FA — Idem, par GELLÉ . . . . . SAN TE CN RE M ee Al — Formation des voyelles, que Pre oinan) 0 207 — Courant d'air intra-buccal au moment de éraeon des orales par (ÉHLTIA D GENE SD AUR RP UE SENS _ Voyelles. Remarques sur la communication de M. BONMIER, par Weiss. LS ve = Complexité des graphiques par GRLLÉS:. . . : er. RER ET te nisulesy par Ceuré CN Re PR AL MANN an à CET — Non-existence d'un courant rentrant dans l'émission des voyelles, par BENBONNIER. AU EN OP PEAR 1. NRA EN MON EOMERERR Reraitque par GEL ER ANR El. Le ee UT PAR PRET _— et mouvements de l'air intra-buccal, pas (EDS ARRET OT RE LE LE œ . 2 Zona. — État du sang, par SABRAZÈES et Marms. DEPRE AE RTE ENS BIOLOGIE, — TABLES. ‘ 89 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS 15 AgELous (J.-E.) et CLUZET (J.). Sur quelques conditions déterminant des modi- fications qualitatives dans les réactions électriques de nerf sciatiquesdeila grenouille UC — Sur quelques conditions pouvant modifier les réactions électriques des nerfs de la grenouille. . . . . : : . ABELous (J.-E.) et Risaur (H.). Sur l'existence d'un ferment soluble opérant la ex synthèse de l'acide hippurique aux dépens du glyco- il colle et de l'acide benzoïque : . . NN BE (Ch.) et Loper. L'épreuve du bleu de méthylène dans la dés ere | amyloïde des reins: .2.,2 3 310 CONS = Les globules blancs dans le rhumatisme . . . . . . . . . — Les globules blancs dans la tuberculose. . . . . . . . . . 1066 ALEzas. . . . . . L'articulation du coude et la prono-supination de l'avant bras ar 5 72. Ne be QU ARMOR — Le quadriceps nel Fe SAUTEUTS : 25220 0 CORRE _ Quelques adaptations fonctionnelles du ant pectoral et. du grand dorsal. . 4: NME ENS — Note sur quelques adaptations Dares des muscles TA des membres. . . . D ARR 0e à à CENSNSNSSEE AxcEL (P.) . . . . Recherches sur le Hal des An es cutanées de . lasSalamandremenrestre Ce NE RE = A propos de l'origine des glandes ones de la Sala | Mandre 2 NUMERO, + 02 DOCS ANGLAsS (J.). . . . Note préliminaire sur les Hans internes de la Guêpe et de l’Abeïlle. La lyocytose. . . . . .. - = Sur la signification des termes « phagocytose » et « lyocy- s tose. » 25 Se PRE UE. VOS ARDIN-DELTEIL . . Voir Marrer et ARDIN-DELTEIL. » R. ARLOING (hernand). Influence de l'oxygène sous pression sur le bacille. de Koch. en cultures quite Re is MR NTIC OO è 4 3 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1161 Pages. ARLoIxG (S.) et Couruoxr (Paul). Étude de l'influence chez le chien d'une ino- culation de bacilles de Koch très virulents sur le pouvoir agglutinaut déterminé par une première inoculation de bacilles atténués. . . . . PARUS MR OT ET OA TRAD ARTAULT DE Vevey. Existe-t-il un ferment ces SOS OR A VAR TE — Formation du noyau cellulaire. . . . . 552 AsTeos (L. p°') et Rrerson (M.). Essais d'extraction de l'antitoxine Die ne 331 B Bacacoczu (C.) . . Péricardite, myocardite et Den typhoïdiques expéri- HONATES EN NT C- E : Pre Sy oeil BALTHazaRD. . . . Étude de la diurèse oe ee - retire ue -vei- neuses de solutions hypertoniques 2 2: . . : . : . 565 _ Voir CLaupE et BALTHAZARD. | BarBaROUx . . . . Voir Courmonr (Paul) et BarBARoUx. BanRDIER (E.) et FRENKEL (H.). Débit comparé des deux reins . . . . . . . . . 193 = A propos de l'alternance physiologique des reins. . . . . 4195 Baraizzon (E.). . . Le problème des métamorphoses. . . . + 1944 — La résistance des œufs d’Ascaris et la nresstn serre 435 — La pression osmotique et l'anhydrobiose. . . . . . . . . 437 Barz (E. ne) . - . Note sur la vitalité de certains microbes. . . . . . . . - 845 Baup. . - . . . . Voir STANCULEANU et BAUP: Baup et SranouLEAnU. Le colibacille dans les A UtLe auriculaires et leurs complications . . . . RH RSEe HO ES dE BAYLAG (00 Toxicité dés extraits de re normaux et een 803 Beau (M.). . . . . Voir Nicozas (Joseph) et BEau. Béxaz et Puisazix. La quinone, principe actif du venin du lulus terrestris . . 1036: Benecac (Pere De la tfoxicité desuninRes ir en NA RU RE PUR NE QE BENSAUDE. . . . . Voir TuieRCELIN, BENSAUDE et HERSCHER. BérarD (Léon) et Nicoas (Joseph). Note sur la résistance des spores de l’acti- DOMVCES EN. 835 BerGer (Emile) . . Appareil ent la fre nee en Hein res GATE ÉPISTÉTÉOSCO DIE MP NT EN Ee 100 BERTRAND. . . . : Voir Mayer et BERTRAND. Bgzaxcon (F.) et Grirron (V.). Culture du gonocoque sur le « sang gélosé ». . 647 BEzaxcox (F.), Grirrox (V.) et Le Sourp (L.). Culture du bacille du chancremou. 1048 — À propos de la culture du bacille du chancre mou . . . . 41129 BEzaxcox (Fernand) et Lasgé. Du rôle de l'accoutumance dans le déterminisme é des localisations microbiennes. . . ... . . . : . .. 3 Breri et Porrier. . Recherches sur la digestion de l'inuline . . . . . . . . . 493 BIERRY . . . . . . Recherches sur les ferments. de l'embryon. . . . . ... . 41080 BiGamr . . . . . . Voir Nogécourt et Bicarrt. . Bicarpet Cavaié. Les branches hépatiques de l'artère cystique chez le chien. 511 — sur l'influence de la densité .de la bile vésiculaire sur l'excrétion par le canal cholédoque. . . . . 595 -- Sur l'influence de la densité de la bile Ontee sur l'excrétion par le canal cholédoque. . . . . 625 — Sur quelques troubles consécutifs à la résection des deux phréniques, chez le jeune. Chien .. . .2:%. . : . ."® . à "146 — L'absorption par la vésicule biliaire. . . . . . . . . . . ‘780 SUR É Vert re Lee UE 5. Ÿ \ AT PM OS bo RO NS Ra LE En £. + RSA OT Mo Er EE ” re ps sé j HR dE 4170 1162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Biccet (A). . . . Sur un hématozoaire endoglobulaire des Platydactylus. Brocu (A.-M.). . . Réponse à la note de M. Lefèvre relative à ma revendica- ti0n de PrIONIbÉ. QU 2 7 M MENT 0 NOR BOINET NEED EEr De l’hyperleucocytose polynucléaire comme élément de diagnostic de l'abcés dore MEL NTI RON Box (E.). . . . . Voir LABapre-LaAGRAvE, Boix et Noé. Bonner-EymarD (G.). Sur l’évolution de l'Eimeria nova (Schneider) . . . . . . Bonxier (Pierre). . L’espace idéal et la théorie de M. de Cyon . . . . . : | — Remarques au sujet d’une note de M. de Cyon . . . . . . — La formation des voyelles et la théorie aérodynamique . . — Hatdéfinitiontdue timbre MENTON ER — Afproposide da théorie de Helmholir = ER Re — Sur la non-existence d’un courant rentrant dans l'émission voealique Nr AC OS CRE ESC ER BorReL (A.). . . . Sur une évolution spéciale de la sphère attractive dans la cellule |cancéreuse tete Tr ENCRES — Action de la tuberculine et de certains poisons bactériens sur le cobaye sain ou tuberculeux par inoculation sous- cutanée outintra cérébrale AMENER NE — Pluimembre Eure MINI RENE ECC NE R ERREE Bosc (F.-J.). . . . Le sang rendu incoagulable comme milieu de culture. — De la culture de parasites (cancer, vaccine, clavelée, coc- cidie oviforme) dans le sang rendu incoagulable . . . . BoucaarD (Ch.) . . Remarques sur la toxicité urinaire. . . . . . . 538, 039; = Déces des MOI encre TEMOnENMNISIENE ER Era BoucueroN . . . . Sérothérapie dans les rhumatismes à str EptocOques. — Hypothermie chez certains arthritiques. . . . . . . £ Bouix (P.et M.). . À propos du follicule de de Graaf des Mammifères. Folli- cules polyovulaires. Mitoses de maturation prématurée . Bouix (P.) et GarNier (Charles). Altération du tube séminifère au cours de l'alcoolisme expérimental chez le rat blanc . Bouix (P.) et Limon (M.). Fonction sécrétoire de l'épithélium tubaire dno le CODAVENE M CR NE TEE Atos UE JA ne VON Bouzup. . . . . . Voir LÉPINE (R.) et BouLup. BOURCETD MNT Voir CHARRIN et BOURCET. BourqueLor (E.) et HÉrissey (H.). Sur l'individualité de la « Séminase », fer- ment soluble, sécrété par les graines de lésumineuses à albimen cornée en sermination PAPE PNR PE — Les hydrates de carbone de réserve des graines de Luzerne et'derhenuorec: 21200 NS eNARRANNne DA RES BourQueLor (E.) et Laurent (J.). Sur la composilion des albumens de la Fève de Saint-Ignace et de la Noix vomique . . . . . Bouvier (E.-L ). . Le retour au nid chez les Hyménoptères Dolce di Denre BeMDExE) ANNE ONETNNE NEC — Les variations des habitudes chez les Philanthes . . . . . Branca (Albert . . Note sur le noyau de l’endothélium péritonéal . . . . . . = Cancer/aeur durse ln RAREMENT ACT VEINE RAR Brissemorer (A.) et Joanin (A.). Propriétés pharmacodynamiques de alone dérivés de l'acide carbonique et d’une carbhérine . . . . BrouaRDEL (Georges). Voir Hirtz (E.) et BROUARDEL (Georges). BRuCKER (A.) et Trouessarr (E.). Seconde note sur un Acarien marin (Halaca- ridé), parasite de l'Acanthochiton porosus . . 1126 331 38 984 1052 1053 540 1065 270 213 11 22 920 874 1129 319 973 107 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1163 Pages Bruupt (E.). . . . De la fécondation par voie hypodermique chez les Hiru- din é este arte L'reieres : 189 Bcsouer et BoupEaup. Contribution à elade. ee Holre fi re RTE 675 Butte (L.) . . . . Un cas de transparence photographique du corps fonatr, 216 C Cape (A.). . . . . Modifications de la muqueuse gastrique au voisinage du nouveau pylore, dans la gastro-entéro-anastomose expé- MIMENtAle Er 100 Cazpas (Philippe), Du coli-bacille du rat =. de Paeule Rate on Bons tribution à l'étude de l'étiologie et de la prophylaxie de HMDeS Le EME CR AMENER UE ONE CALUGAREANU (D.) et HEenrr (Victor). Expériences sur la suture croisée des nerfs de différentes sortes, nerf lingual avec le nerf hypo- glosse, nerf hypoglosse avec le nerf pneumogastrique. . 503 Camus (Jean) et Pacnrez. Action globulicide de certaines urines et de a lrquidessde Lorrants Mer ES HG — Influence de l’alcalinité et de l'acidité « sur le Dora ee bulicide des urines. . . . s 975 Cauus (L.}) . . . . Procédé pour obtenir le sérnm ni A srones Fe fa note de M. Stassano . . . . SRAE ET CNRS TRE TIRE EL — Le sang d’escargot et la Loeeten Be EAN LR ARE à EE OT = * Action des injections intra-veineuses de lait . . . . . . 1871 Cauus (L.) et Gcex (E.). À propos de l’action empéchante du sérum sur la CEYpSIne #2" 0e bdd) AE) — Action du liquide ne HmenGEnne € sur ni _. O- duit de la sécrétion des vésicules séminales . . . . . . 1100 Caxus (L.) et LanGLois (J.-P.). Sécrétion surrénale et pression sanguine. . . . 210 Camus (L.) et Leoueux (P.). Action de l'extrait aqueux de ver de terre sur la coagulation du sang . . . . OU EN PRET Eden ne (EU) CapiTan . . . . . Un appareil pour la percussion ratée et ee LUS nd 0 CarNor (Paul). . Élu membre titulaire. . . . . SA PTORTAD Carxor (P.) et Fournier (L.). Lésions cardiaques ï D Étaeee Rénaanes par la toxine pneumococcique ARS PS 143 Carrière (G.) et Vaxvenrs (J.). Étude expérimentale sur action de la one dine dans la consolidation des fractures . . . . VHROID —— Modifications histologiques du sang après M De mentale des vaisseaux spléniques . . . MO ÉRRTe A L CASTAIGNE (J.). . . La perméabilité méningée dans l’urémie nerveuse . . . . 907 — Toxicité du liquide céphalo-rachidien dans l’urémie ner- MEUSEN. CN EL Dr ET EN AO NE RER dr Re US — Voir Gizgert (A.) et CASTAIGNE. — Voir GiLBERT, CASTAIGNE eb LEREBOULLET. Casrtex (E.). . . . Note sur le mécanisme de l'équilibre du corps soulevé sur la pointe des pieds. . . . . . 187 — Représentation du travail dite dt ab Hovll For mique du muscle . . . . . 568 CattaERT (Paul). . Recherches concernant la Valéur antiseptique de FCDUTS substances sur le parasite du muguet (Endomyces albi- CORNE): EMMA. ERNEST NMOUt 116% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CauLLey (Maurice) et Mesniz (Félix). Sur le rôle des phagocytes dans la dégé- nérescence des muscles chez les Crustacés . . . — Sur une nouvelle espèce de Balanoglossus (B. Kœhleri) habitant Jescôtes dela Manche En 40, | MORE NE CAVALIÉ. -2e =: Voir BrrrARD'et(CAVALTÉ. CAvaLtÉ et de . Les branches hépatiques de l'artère cystique chez l'homme. CHaLeix-Vivie. . . De l'action bactéricide du bleu de méthylène (microbisme utéro-vaginal) . . . CHANOZ. . . . . . Contribution à l'étude de la D el CHaxoz, Couruoxt (Paul) et Doyon (M.). Action du refroidissement par Lu liquide sur les sérums rune et les cultures agclu- tinables . : LR TRE Ne UE Le - CHaxoz et Doyox . La coagulation du sang s'accompagne-t-elle d’un phèno- menetélec rique MEME ICE Me — Phénomène thermique sement la radnnrn “ ee — Action des basses températures sur la coagulabilité du sang et du lait et sur le pouvoir coagulant de la présure . . . — La coagulation du lait sous l'influence de la présure s’'accompagne-t-elle d’un phénomène électrique? . . . — Phénomènes électriques pendant la coagulation du lait et du sang. . . — Contribution à l'étude. physiologique de l'éther A A GA D HE Li PR A Sd NOM Ge Mon eo © à r c — Action none de ee sur V'éther amyl- salicylique. CHANTEMESSE. . . . Remarques sur la toxicité urinaire. . . à: » . |. Der CHAPELLE. . . . . Sur le dosage du sucre réducteur du sang. Ë CHARRIN (A.) . . . Sur la nature du rhumatisme articulaire (à nuire ue note de MM. Oppenheim et Lippmann). ee _ A propos des notes de MM. Bardier et Frenkel sur le Fonte s tionnement rénal . — Nature du rhumatisme. ! = Réalité de la toxicité urinaire “ Fe fans cr. : — Présentation d’un volume . CHaARRIN et Bourcer. Variations de l’iode du corps yroide sous LES M erase pathologiques . CHARRIN et GUILLEMONAT. Le glycogène Hans Rene la hssisee =: — Sur le mécanisme de l'augmentation du glycogère au cours de la grossesse Re à propos d'une note de M. de Sinéty) — Influence des Te d' ovaires sur jee di Cat OS à E nutrition engendrées par la grossesse . . . . . . . . CHARRIN, GUILLEMONAT et Levanrrr. Mécanisme des insuffisances de développe | ment des enfants issus de mères malades . L CHarRiN et Lecros (G.). Septicémie streptococcique et entérite à bacilles re cyaniques, chez une adulte. . . . . SÉCE CHaRRIN et Levapiti. Défense de l'organisme contre les nié Moniciiues des sécrétions glandulaires. . . . ee CaarRix et Moussu. Influence des dialyses ou He tra o organiqnes sur les principes toxiques . CRARRIN et Paris . Variations de durée della période d’ enineie Fe Eee. CHASSAING . . . . Sur une cause decrc dans les tracés myographiques . . CHAssEvANT (Allyre). Voir GiLBERT et CHASSEVANT. sfr ates > els. TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1165 Pages CHarix (Joannès) . Karyokinèses anomales.. . . . . . . . . ENS TE LE Et — Altérations nucléaires dans les cellules Madiiie. TN 345 Cnanx (P.) et Guixar» (L.). Recherches pharmacodynamiques sur le salicylate de MEN TN UINIOUES 669 Caoquer (J.) . . . Reproduction nome de fe ee carie Sime MP EE DORE, CLaupe (H.) et Bazrnazarp. Toxicité urinaire et isotonie ; considérations criti- TUÉES 62 de LS OO Te ET CO Re Reno UE CLuzer (J.\ . . . . Action de la droctentine sur les Haine électriques des muscles et des nerfs de la grenouille. . . 313 — Contribution à l'étude de la forme et de la Fans en histologique de la réaction de dégénérescence.. . . . . ZI — Syndrome électrique de dégénérescence dû à l’anémie expenmentaledeltmoentete et "0 ur T0 — Voir ABELous (J.-E.) et CLuzEr. CLuzet (J.) et FRENKEL (H.). La réaction de Haycraîft et la tension superfi- DE D AE He 0S Cocrt (A.) . . . . Note sur un appareil de ne Re oies le changement des châssis et le Te des plaques - ensplene lui PR FORME Te 81 CoxTE (A.) . . . . De l'influence du milieu nutritif sur is énanenenent des nématodes libres . 374 — Sur les conditions de ponte de Németies 21 COSTANTIN. - .. . - Voir Luceret CosrANTIN. Corte (A.) - . : . Voir Reynaup (G.) et CoTTE. Corret (Jules) . . Note sur un microcoque strictement anaérobie, trouvé dans les suppurations de l'appareil urinaire. . . . . . 421 Corter (J.) et Tissier (Henry). Sur une variété de streptocoque décolorée par latmethode de Grant ER RP EE AE De NON D 21 Couruoxr (Jules) et MonraGarp (V.). La leucocytose ns la Haies LR SE UE AUSBS — La leucocytose dans la vAriOle TE NCN. 643 Couruoxr (Paul) . L'agglutination du bacille de Koch par ee sérosités Vies GUICUS ES En Re EE 1000 — Voir ArLoIxG (S.) et Courmonr (Paul). — Voir Caaxoz, Courmonr (Paul) et Doxox. — Voir Nicocas (Joseph), Courmonr (Paul) et Prat. Couruoxr (Paul) et Bargaroux. Leucocytose et polynucléaires dans la fièvre typhoïde. ; HUE 166 CourTapE (Denis) . Présentation d'un cd PEN RES PRE RU 403 CourrAbE (D.) et Guyxox (J.-F.). Excitabilité comparée du nn ae rique et du te thoraciques . 532 Couvreur (E.). . . Notes sur le sang de l’'Escargot . 395 Coyxe (P.) et Hors (J.). Appendicite à bacille pyocyanique . 645 CreNDIrouPOuLO (Milton) et Rurrer (Armand). Note sur la dialyse des re solubles élaborés par le bacille pyocyanique dans les sacs de collodion. . , . RU re 5 ; 1109 CRISTIANT, . . . . Développement des grefles Pro Re Eine avec De développement embryounaire du corps thyroïde et avec la formation du goitre hyperplasique. . . . . 2 EU — Histologie des greffes du corps thyroïde chez les Robes. 993 = Surmenage des Fe es a Se avec atrophie consé- cutive . 2 1136 Cuéxor (L.). . . . La distribution des sexes dans les pôntes de Piseons: se SIN 4166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cuxéo et DELAmARE (Gabriel). Note sur de des lymphatiques de l’esto- ACL OU MEMARATE CU 0 TIRER EE FRS SERRES Cxox (E. DE) . . . Sur le sens de l'espace: AR add le la ie de M. Bon- NO) Mo, OUTRE PORTE, Le ONE — La Den oi en 1e cer Ce Fonchons cr EDIAIee à one d’une circulation artificielle du sang à travers les vais- seaux intracrêniens . . . . . . D DEBEYRE. . . . . . Bourgeons pancréatiques multiples sur le conduit hépa- DQUEND LIMITE MEME NRA RRR DELAMARE (Gabriel). Voir Cuxéo et DELAMARE. Decget (Paul) . . . Examen du liquide d’une péritonite septique généralisée. Considérations sur le traitement des péritonites, en parti- culier des péritonites appendiculaires. DELEZENNE (C.). . . Voir WERTHEIMER|(E.) et DELEZENNE. DESGREZ (A Da A De l'influence des lécithines sur les échanges nu- LUDIIS ON : Dréré (Charles) . . Dosage du cuivre dans les nanas Mers. — Le cuivre hématique des invertébrés et la capacité respi- ratoire de l'hémocyanine. _ Sur l'élimination du fer par le suc Roma. Dominrcr .« . . . . Considérations générales sur la structure des een her matopoiétiques du lapin . ; : — Eosinophilie. Réaction de la alle osseuse . — Considérations sur les leucémies . — Tuberculose expérimentale. Tania tue de la raie . : ne — Sur la remet oene ion de PA Doxox (M.). . . . Élu membre correspondant. = Voir Caaxoz et Doyon. — Voir CHAnoz, Courmont (Paul) et Doyon. DruauLt (A.). . . Action paradoxale de la névrotomie optique sur la dégé- nérescence DR des cellules ganglionnaires de la rétine . Dusors (Raphaël)... Sur la spermase e l'os Ulos el È — Sur le cuivre normal dans la série me — À propos de deux communications sur les nn électriques accompagnant la coagulation du sang et celle du lait, présentées par MM. Chanoz et Doyon . = Sur le mécanisme de la biophotogenèse. te — Phénomènes électriques pendant la Denlaenn Gt Er (à propos des conclusions de MM. Chanoz et Doyon). — Influence de la température ambiante sur les dépenses de l'organisme, chez les animaux à température variable, pendant le sommeil hivernal. . 118 938 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1167 Pages. Ennrict.:* / Élu membre correspondant. .,::1.4. 4 +1... 1. 04082 ExRIQUEZ (E.) et Sir (A.). Sérums névrotoxiques. . se 0 00 -— ridiene hématologiques au cours He étun RGRÈTE 1011 F FérRé (Ch.) . . . . Canitie précoce et longévité héréditaires. . ! . . .:. : . , 230 — Note à propos d’une objection à l'incubation artificielle dans les expériences de tératogénie. . . . MST ER — Note sur les plis de flexion de la paume de He IN ATEN ES 00 — Note sur la mobilité du métacarpe . . . . RU SG — Note sur les plis d'opposition de la paume “ la main 0953710 — Note sur l'influence des injections préalables de solution de caféine dans l’albumen de l’œuf sur l'évolution de l’em- bryon de poulet -2: :. :. SES MATA — Note sur une hypertrophie D CURE Gex Mean ik ox. ….. A4 — Remarques sur l'incubation des œufs de nes privés de leur coquille. . - . . . GO — Note sur les empreintes 4 le re de fe main ne de la plante dtipied APS" GA _— Note sur l'influence. Shorts ee ie Hire ke cantharidine dans l’albumen de l'œuf sur l’évolution de l'embryon de poulette RENE 10681 -- _ Deuxième note sur l'influence de nono sur he crois- sance des tératomes expérimeutaux chez une poule. . . 7131 — Note sur la valeur mécanique de la représentation men- Cale TURN ou EME M EMEA RE RENE ENST _ Note sur l'ivresse motrice . ! 139 — Note sur l'influence de Fdemen. PIE sur Mate bation de l'œufPde poule": 00 Ur ES EE TO _— Périodicité sexuelle chez un LTe ot A AE aui Mae ab — L'influence des excitations sensorielles sur le travail . . . 813 — L'influence delalcoobsurilettraval als ES SN 895 — L'influence du bouillon sur le travail . . . . . . 1 829 — Note sur la rapidité des effets des excitations dote SU ler VAL AE AANEAU : DA ASE MER _ L'influence de doelues Con TRS sur ne hravaill Ne PP ANAL — Note sur l'excitabilité dans la fatigue. . . . . . 1068 — L'influence de quelques excitations nantes sur ‘Je tri ile MORE PRE CA PERRET RE ete DNS Ferrer (D.).. . . Élu membre correspondant. Aimer CO RS ROR Ne CUT ARS AS FErRIER (Paul). . . Ostéocie et odontocie. . . . . te AVRIL O0 FOCuiER (A.) et Mineux, De l’action des abcès nbAciel dans le charbon ex- Pérmentals 7. "206 Lee STE AE Foxseca (Angelo). Voir Rocuna (Augusto), Dabiux et PONS A. Fouaxier (L.). . . Voir Canwor (P.) et Fournier. Fraxça (Carlos) . . Sur le diagnostic de la rage par l'examen histologique des centres nerveux des animaux morts prématurément, 985 1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. FRENKEL. . . . . . La réaction de Haycraft pour la recherche des acides biliaires efsa valeur cliniques : | SONNERIES FRENKEL (H.) . . . Voir Barpier (E.) et FRENKEL. — Voir CLuzer (J.) et FRENKEL. FrouIN (Albert). . Autodigestion expérimentale de l'estomac. . . . . 141 — Des causes de la résistance de l'estomac à l'auto diese 149 ÿ G GALAVIELLE . . . . Voir RoneT (A.) ef GAVIELLE. GaLzLArDO (Angel). A propos des figures karyokinétiques. ..: . . à #2 — L'interprétation dynamique de la karyokinèse. . . . . . … m4 GALTIER (V.) . . . Le lait tuberculeux cesse-t-il d’être po après un court chauffage à 10-15 degrés? . . . HE T2 0) — La consommation de viandes ou d’ irgimes tabac ete préalablement stérilisés par la chaleur, peut-elle s'’accom- pagner d'empoisonnements? . . . . . NID: GARNAULT (P.). . . La théorie palæo-égyptienne de la oran, den ses rapports avec la théorie du pneuma . . . . Mate OP — La théorie palæo-égyptienne de la respiration de de Ê une nation, dans ses rapports avec la théorie du pneuma. . 922 — L’otologie, l’otiâtrie et la théorie palæo-égyptienne de l’au- dition dans ses rapports avec la théorie du pneuma. - - 925 GaARNIER (Charles). Lésions du pancréas dans un cas d’urémie . . . . . . : … 783 — Voir BouIx (P.) et GARNIER. GARNIER (M.). . . Voir RoGer (H.) et GARNIER. GELLÉ (E.) . . . . Des mouvements de l'air intra-buccal pendant l'émission desavovelle see De EU — Du mouvement de l'air De Dendeni 1 nt des sons du langage . . . . . 164 = Mouvements de l’air intra- Snioeel pendant Démenice de MOMELLE SEE RARE PARCS 172 — A propos des ee sur ee nan déoee l'existence d'un courant intra-buccal rétrograde au mo- ment de l'émission des voyelles. . . . . An Et) — Les graphiques des sons-voyelles; leur couplet + S'PANASNMS ET — Plessimètre différentiel. . . . . . ere — Les voyelles nasales, leurs oies ee ls io grammes . . . EL AA EEeO Et = Mouvements de ee ou bave) one Fou ec on ds sons- FOMANESENAN a à ; 00090 = Remarque à propos ins on de M. enr Bonnie 245 Ne PNR RE LR SRE ne GéRarD (G.). . . . Voir Ponrier et GÉRARD. Giarp (Alfred) . . Les idées de Hans Driesch sur les globules polaires. . . . 4% — Sur l'adaptation brusque de l'Épinoche (Gasterosteus tra- churus Cuv. et Val.) aux eaux alternativement douces et MATIN ES NME SES 46 — Sur un cas de oui he 1e Dore Héns (Cobitis LOSSU LIST) ME EE PE SP ST RS 93 TABLE PAR NUMS D'AUTEURS GiaRD (Alfred). . . Sur le déterminisme de la métamorphose. . . . . . . . . — Sur un protozoaire nouveau de la famille des Gode. (Amæbogromia cinnabarina Gd). . . . . . . . . . . . . — Développement des œufs d'Echinodermes sous l'influence d'actions kinétiques anormales (solutions salines et hybri- HALION) CAL TERME SE ER D à = A propos de la ent esse srl des œufs d’° bre LIT GREEN NUS CREER JO MOMENT eo ue ee Ne MS GiLARDONI (H.). Voir Laprcoue (L.) et GiLarpoxI. GiLgert (A), et CAsTAIGxE (J.). Le liquide céphalo-rachidien dans la cholémie. — La somnolence desicléniques eee Me ONE EAN ARE ne Gizert (A.), CAsraIGNE (J.) et Lereeouzcer (P.). Du rte par ne dans les cirrhoses pigmentaires . .« : . « à . . à. — Fonctionnement des cellules hépatiques infiltrées de rubi- gine, au cours des cirrhoses pigmentaires. . . . . . . . Gizeert et CHassEvanT (Allyre). Sur une nouvelle classification chimique des ÉVSDÉDSICS EE TPE Te MOMENT ET Ole ie ERERETRGU Re GicBerT (A.) et LerEpOuLLET (|P.). Cirrhoses alcooliques hypertrophiques avec GADÉÉE UE LS AE OC MNEERETS ATEN Pa OEM Giz8ert (A.) et Weiz (Emile). De l'indicanurie D CE … ncnrenle chezebhommensain. "2277 EEE PE PO E Be GiraRp (J.) et Guiczaix (G.). Le pancréas dans la shine SUP OIE Er GCRV BR) Rae s prononcé aux obsèques de M. Bou hecan PRES — Discours prononcé aux obsèques de M. Beauregard. . . = Présentation d'un ouvrage. . - . . : : : - = Voir Caucs (L.) et GLEY. GRann-MoursEL et TrIBONDEAU. Bourse séreuse contenant des grains hémati- ques développée au niveau d'une exostose du fémur. . . GRÉHANT (N.). . . Nouvelles recherches physiologiques sur les mélanges explosiis/de srisou etideformenc EN EN. — Nouvelles recherches sur l'alcoolisme aigu. . . . . . . . GRIFFON (V.) . . . Voir BEZANCON et GRIFFON. = Voir BEZANCON, GrirroN et LE SouRo. Grimsert (L.) et Lecros (G.). Identité du bacille lactique aérogène et du pneu- mobacullende fRredlantene RPM RETENUE = CU A EST OT 202 M EMONEMENR EME SE Guécnorr. . . . . Voir Roper (A.)et Guécuorr. Gurarr (J.). . . . Nouvelle classification des Opisthobranches. . . . . . ….. — Les centres nerveux viscéraux de l'Aplysie. : GuiLLAIN (G.) et Vascnine (N.). Du choix d'un sphygmomètre; des causes 5 er- reur dans la mesure de la pression sanguine. . . . . . GUILLAIN (G.). . . Voir Girarp (J.) et GUILLAIN. GoicLemiN (J.-H.). Contribution à l'étude de la diazoréaction d’Ehrlich . . . . GUILLEMONAT . . . Voir CHARRIN et GUILLEMONAT. — Voir CHARRIN, GuiLLemonar et LEvaprrr. Guixarn (L.). . . La morphine chez la marmotte à l’état de veille. . — Voir CnariN (P.) et Guixarn. Guyox (J.-F.). . . Rôle du nerf érecteur sacré dans la miction normale . . . — Rapport sur Lu prix Godard. . . . . . . . . (Mémoires. — Voir Courrane (D.) et Guyon (J.-F.). 1170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE H Haas (G.-Emile) . . Voir Srassano (Henri) et Haas. HALIPRÉ (A.)-- - 1. Voir NICOLTE (C:.). HazLion. . . . . . . Remarque à propos d’une communication de MM. Claude et Baithazard ie RS RENE NC SN — Remarques sur la toxicité urinaire . . . . . . . 531, 539, — Remarque à propos d'une communication de M. Balthazard. HALLION. . . . . . Voir TurrtEr et HALLION. Harzay (V.) . . . Sur une réaction particulière des produits de digestion papaïque et sur l’action de la chaleur sur la papaine. . Hausnazter (P.) et Sprzzmanx (Louis). Microbes dans la moelle osseuse au cours des infections et intoxications chez les enfants et les Jeunes animaux. 1e EME EE NEREReR Hayem (Georges) . Note sur l’état du sang dans un cas de lymphocythémie VhdIEL NE VAN GS NT RENE MERE RP NAN Hépon (E.) . . . . Sur la résorption HSE et l’action purgative Qes sucres enVsolutions hyperISOtONIQUES VON NP CPR RENTREE — Sur la résorption intestinale et l’action purgative des sucres en solutions hyperisotoniques, deuxième note . . . . . — Sur la résorption intestinale des sucres en solutions isoto- À LD AUDE VIE ET AR A ERA SR NL NC — Sur les conditions de destruction des Sooues rase dan centansiasentsiChiMIqES EP RENANPRP EEE — Action globulicide des silicates alcalins. . . . . . . . . . . — Sur le mécanisme de la diurèse produite par les serons INRA VEN EUSES AU EUGENE EN ERP RERE — Sur l’action globulicide des glycosides et les Shin de milieu qui la favorisent ou l'empéchent. . . . . . . . . HÉNocquE (A.). . . Oculaire spectroscopique destiné aux études de micro- SPECITOSCOPIE A APM EME NN PAT NT RER — Présentation d'un'ouvrage WMA OUEST SRE — Effets physiologiques de l’ascension à l& Tour Eiffel. Modi- fications dans l’activité des échanges respiratoires de l'organisme, (4, V0. RME TENTE NE NON PNR Hexrt (Victor) . . Inversion par les acides du saccharose dissous dans la GLYCÉRIME. EAN MALE T LS SAT ANN ee RER UE SUR E — Voir CALUGAREANU (D.) et Herr (Victor). Hexsevaz (M.)et Wauray (G). Les produits volatils odorants et sapides du lait.. Héricourr (J.) et Ricuer (Charles). De l'effet des médications diverses dans le traitement de la tuberculose expérimentale. Métatro- phisinene RiNÉTADEUtTTQUe NPRPRP NERO — Traitement de la tuberculose expérimentale par la at à crue et le jus de viande, ou zomothérapie. . . . . . . . = De la préparation et de la composition du plasma muscu- IAE ES RARE Ann PR NS Voir Ricner (Ch.) et HéricOURT. Re nt (H.). . . Voir BouRQUELOT et RÉRISSEY. HERRMANN (G.) et Vernux (P.). — Note sur les corps post-branchiaux des Camé- lens 2,20 A ET PR LE RTE — Les corps post-branchiaux et fa note, vestiges sms. 1018 936 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1171 Pages HERSCHER. . . . . Voir THIERCELIN, BENSAUDE et HERSCHER. Hirrz (E.) et BROUARDEL (Georges). Utilité des tracés pneumographiques comme moyen de diagnostic au début et au cours de la tubercu- loselpulmonaite Chronique." L'URUPENRE MONTE. 60 Hoggs (J.) . . . . Voir Covxe (P.) et Hosgs. HuLor.- "11. Voir RamonD(F:) et Rucor. J Jarper et Niviére. Note sur les changements de couleur du sang ‘de la veine porte, dans les glycosuries expérimentales d’origine ner- ONE EE ET EEE 253 Joaxix (A). . . . Voir BrissEmORET (A.) et Joanix. JOLLy (J) ” Clasmatocytes.et Mastzellen : PE AE 0 00 — Karyokirèse des globules blancs Fer Ja puce HER méale dura are NE UE des TENTE — Sur les « Plasmazellen » du sai Éiotre Re R CA LUE JOSCE A : A . Voir RoGER et Josué. JOURDAN (Permet Notice sur le professeur Marion . . . . . . . (Mémorres.) 1 Jousser (P.). . . . Action de la lumière solaire et de la lumière diffuse sur le bacille de Koch contenu dans les crachats tuberculeux . 884 K Kazr (E.). . . . . Formation de tissu conjonctif à la surface de la cornée aux dépens de l’épithélium antérieur . 99 KeEïrFER. . . . . . Le système nerveux intra-utérin . 505 KOELLIKER. . . . . Don d’un ouvrage. . . . FT De £ 106 KRoxECKER (H.,. . Comparaison entre la droites a Ho et Cle 3 télé phone. . 38 L Lagapie-LaGRAvE, Boix (E.) et Noé (J.). Toxicité urinaire et albuminurie . 165 Lasgé (Marcel) . . Action chimique des microbes sur le sang . 197 — Voir BEzancox (Fernand) et LaBpé. Lagonwe (E.) . . . Del'alimentationsous-cutanée parles matières albuminoïdes. 792 LagonpE (J.-V.) . . Sur la détermination expérimentale et pratique de la survie intérieure ou latente des propriétés fonctionnelles de l’or- ganisme dans la mort apparente. Procédé technique de recherche et de détermination . . . . . . . . . . . . . 21 — Le réflexe respiratoire, son mécanisme et sa première appa- rition reproduits et réalisés par le procédé des tractions rythmées de la langue. . . . . . RUE : 11 —— 19 Durée maxima de survie post- oi tale dés éléments ue tionnels du réflexe respiratoire ; 2° Déduction d'application pratique relative au signe automatique de La mort réelle 1172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE constituant en même temps le moyen le plus puissant de résurrection. Instrument Ro CUS adapté à ce double but (tracteur lingual). SE LasorpE (J.-V.). . Contribution à la prophylaxie de ‘le berne sel par LE régime alimentaire. La viande crue: sa digestibilité rela- tive et son assimilation. Démonstration expérimentale . — Formule du potage de viande crue . : — Le traitement médical de choix de la Heranoge Pins avecule TÉDIMe CATNE MEN ENT EU CN RER LAGRANGE (F.) et Pacnon (V.). Des effets à longue Sonoate de la résection expé- rimentale du ganglion cervical supérieur sur La tension DELIERSS ao 60 ok enter eee A Oe NT ARE IR RE CR PAGRIRRE EME Voir MaAurez et LAGRIrrE. LaGuesse (E.). . . Sur les variations de la graisse dans les cellules sécrétantes S'ÉTEUSESAIDANERE AS) EMI SEEN NN REC ET ec — Sur la répartition du tissu none dans le pancréas des Ophidiens retrace ER PRE NE NC ES LancLois (J.-P.) et RacaiD (K.). Cacodylate de soude et capacité respiratoire du SAN A NA IT RE Ve A EN Er Ce LaneLois (J.-P.). . Voir Camus (L.). et LANGLors. Laprcque (L.). . . Remarques à propos de la toxicité urinaire . . . . . 538, — Sur laicourbe MÉmMaALOMLIUUE NC NET RENRE ele — Remarque à propos d’une communication de MM. Gilbert et Castaone VLC eee RSR SRI M OEM PRES — Remarque à propos d'une communication de M. Wallace NVI0 0 0 A Re TT Ur TRE - LapicquE (L.) et Gizarpont (H.) MS Urlateneur. en der lagrodionns du dr, LAURENT (J.). . . . Voir BourqueLor (E.) et Laurenr. LAvERAN (A.) . . . Au sujet de l'hématozoaire endoglobulaire de Padda OP ITLLON DNA RENE CRIE PRET RATE ste 0 UT — Au sujet de la destruction des larves de moustiques par hrulese Me DE Ole ere : — Sur un Anopheles provenant de Mad nnses ALES — Dégénérescence granuleuse des hématies de l'Hippocampe. — Au sujet des altérations cellulaires produites par les Coc- CIMIES NT ee ne AN EM Mn A One — Sur une Hana de ce CA dès noyaux applicable en particulier à l'étude des hématozoaires endoglobulaires. — Sur une cause d'erreur dans l'examen du sang contenant des microbes et des hématozoaires endoglobulaires en particulier. . . - . . . . — Paludisme et moustiques ; oc ses Fe Mails das he imididerarFrancentien Corse MANU L CNNNNERrENSE Laveran et Mesxiz (F.). Sur une myxosporidie des voies biliaires de l’'Hippo- Camper PANNE Ae L ARR se ane ROGUE — Sur quelques Datatandhes e T'év ne dune aime et la réaction de la cellule hôte . Sec à — De la longue conservation à la glacière des Trypanosoues du Rat et de l'agglomération de ces parasites. — Sur l’agglutination des Trypanosomes du Rat par divers SÉRUMS MEN — Sur le mode de rer on ka Tnoeane éa Rat. Pages. 990 987 939 976 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 4173 Pages Lescaxc (P.) . . . Parasites endoglobulaires du chien. Nature de l'ictère infec- HenaduNehienee ATEN Eure PR PRNE Sd 70 — Piroplasma canis. Ictère infectieux du den HS 2100168 LecLamcuE (E.) et VazLéE (H.). Recherches expérimentales sur le charbon . Ke tonatique don ue De ONE ARE NES RE NT Le Dawrec (Félix). Noyaux excitables et notre excitenis DNS ER RUE Lerèvre (J.). . . . Action hyperhémiante cutanée du froid; ions ie procédés pléthysmographiques (réponse à MM. Hallion et Comte) eme HET 3 6 lot broe : 33 — A propos de Dtlienes fi froid sur la Sensor cu- tanée (réponse à une réclamation de priorité de M. A.-M. BIGCh)E TE Se EEN Le 35 — Influence Fram ene Rae . ina ae an ie sur la peau. (A propos de la communication de MM. Wer- theimer et Delezenné.). . : te a) pe Ut) — Recherches expérimentales sur la ne onun de la peau et ses variations avec la température. . . . ... . . . . 4002 Lécex (Louis). . . Sur un organisme parasite de l'intestin d'Olocrales Gibbus EN CAO TR A AT MEN TEE QUE OP EE TRUE CS OR ES AN REC TON — Sur l’évolution de Raphidospora Le Dantleci Léger. . . . . 262 — Sur le genre Eimeria. . . . HS Pa RE ME ET ÉPSR REN ET — Le genre Eimeria et la Déssaecer des Ésboitee RE CT ETC. — Sur un nouveau sporozoaire des larves de diptères. . . . . 868 — La reproduction sexuée chez les Ophryocystis. . . . . . . 927 Le Gorr . . . . . Réactions chromatiques de l'hémoglobine. 144 ÉEGRoSN Ge) PMP A Ction desipismentshmicrobiens her FMC AT EE O 00 — Colibacilles et/capsules bactériennes 440 ON 1005 — Voir CHARRIN et LEGROS. — Voir GrimBért (L.) et LEGrOS. LePaGe (L.). . . . Voir WERTHEIMER (E.) et LEPAGE. LeprerRe (Charles). Voir Roca (Augusto), LEPIERRE et FONSECA. Lérixe (Jean). . . Sur l’accoutumance des animaux dans la commotion médul- laire expérimentale. . . . . . SD — Sur les lésions médullaires de la LÉtruneeour ee DIQUENDEUSTLE A M- NE TR NCEENE RP ESS Lépine (R.) . . . . Hyperglycémie Hana à l'injection intra-veineuse d’une culture de staphylocoques . . . . io Ra 0 —— Sur la périodicité, à type généralement ee des maxima de l'urée quotidiennement'excrétée.. 11... : . . . : . 4005 — Relation entre la glycémie et la glycosurie . . . . . . . . 1006 Lérixe (P.) et BoucLuo. Influence favorisante de la lymphe du canal thoracique, après l'excitation des nerfs du pancréas, sur la fermen- tation alcoolique d’une solution sucrée . . . . . . . . . 723 LéPinors (Ernest) . Présentation d'un ouvrage. . . . 4, 9 11 . . : ..,. . 405 LEequeux (P.) . . . Voir Cauus (L.) et LEQUEUX. Lernesouczet (P.) . Voir Gizgerrt et LEREBOULLET. — Voir GiLBErTt, CASTAIGNE et LEREBOULLET. LESAGE 200.0. Note sur larougeole ;7. #71. 21209 LEsAGE (J.) . . . . Sur la résorption du sang injec té Abe dé ut DÉritone île 53 — De l'influence de quelques conditions physiologiques sur la résistance giobularres 2,721 ARR 101"). 0 MANTAS Le Sourp (L.). . . Voir BEZANÇON, GRirron et LE Suns: J' 1174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. LeruLze (Maurice). Pancréas surnuméraires . . . . 4,14 MORE — Remarque à propos d'une communication de M. Nattan- arriere RS TE AE AE 0 Li © LEVADITI . . . . . Voir CaarRin et He ADITI. — Voir CHARRIN, GUILLEMONAT et LEVADITI. LEvEN (G.) . . . . Variations dans le taux de l'urée chez des sujets dont le régime alimentaire reste le même : ... . . . . 0:86 Limon (M.) . . . . Voir Bouin (P.) et Limon. LinossiErR (G.). . . Sur un procédé de recherche et de dosage de la tr ypsine ) et généralement des ferments capables de dissoudre la oélatine 0° D FAQ 2 Sa PEN Ce MANN Cr — Élu aernne Cnne, SU RE CD ST Lion (G.) et Taéonartr (A.). Modifications Fees ‘à là ne teuse gas- trique, à la suite de la section des pneumogastriques. . : 203 Lippuanx (A.). . . Voir OPPENHELM (R.) et LIPPMANN. LoEpeR . . . . . . Voir Acaarp (Ch.) et Lorper. _ Voir MErLLÈRE et LOoEPer. Lowy (Robert). . Greffes péritonéales. . . . . . : A 94 Loise (Gustave) . Le noyau dans la division dir ane el Monet. Me 89 — Le fonctionnement des testicules chez les oiseaux. . . . . 386 — Incubation d'œufs de poule retirés de leur coquille . . . . 582 — Résistance des œufs d'oiseaux à une humidité excessive. . 661 — Développement d'ovules de poule incubés dans de l’albumen défcanardi) Eu Hp ar MU re EN AIM RES OT Lucer et CosranTIN. Présentation d'un ouvrage. . . . SUP US HP Lumière (Auguste et Louis). Nouvel enregistreur pour 1e honoions con- inues.) 460 D OUTRE TNT STE RANPRRE TT M Maeer et Arxnix-DevreiL. Toxicité de la sueur de l'homme normal . . . . . . 982 — Toxicité de la sueur de l’homme normal . . . . . . . . … 1013 — Toxicitérde la/suenrides épileptiques RE MECERENPIO E — Toxicité de la sueur des paralytiques généraux. . . . . . 1107 MATASSEZ ET PATTOCUELON EEE ; 431 — Remarque à propos ue Co un on de MM. Héris COURTE LARICIE PANNE chproni — Oculaire creme, denhieneme ane ue à Mae. 10029 = Diaphragme oculaire mobile à ouverture carrée et à fil. . 631 _ Oculaires micrométriques. Diaphiseme oculaire mobile DOrte- clac MN ERERE ADP ALS m elu (Dre — Nouveaux modèles heure uicrométrique Re NT TE = Nouveaux inmodèles de porte-loupes . . . . g : 126 = Perfectionnements apportés à la seringue en sion en verre, de la maison Wulfing-Luer . . . . . . . 186 MANGIN (L.). . . . Sur la Aie des\OBillets#ä Antibes 2 ENNEMI 7e MarcANo (G.) . . . De la sédimentation spontanée du sang par le formol. . . 317 MarcHAL (Paul) . . Le retour au nid chez le Pompilus sericeus NV. d. L . . . . 4413 Marcxoux (E.). . . Piroplasma canis (Lav.), chez les chiens du Sénégal. . . . 97 TABLE PAR NOMS D AUTEURS MarécHaL (G.).. . Culture pure sur sérum-ascite du bacille de Ducrey, prove- nant du chancre mou, et inoculation intra-péritonéale au cobaye, mortelle dans les douze heures. . . . . . . . Marey . . . . . . Commission pour l'unification des méthodes en nee GENRES MEME = Marrau (A). Le voile du silos sonne Fe An 1 Marinesco (G.) . . Évolution de la névroglie à l’état normal et bulenu re. Marrix (Louis) . . Remarque à propos d'une communicatiou de M. Henri Meunier #0 CRE CREME 27 LE MEME ON AS MASON... Présentation d'un ec. DUR M TENTE STE MAL ER de Mamnis . . . . . . Voir SaBrazÈs et MaTuis. Maupas. . . . . . Élu membre correspondant. . . . . . - Maurez (E.) . . . Influence d’une alimentation azotée mentions à sur Force Honvdeslazoteturminaire "CCR HR es — Influence des saisons sur les de ne de lo organisme dans LESAD AY STE DÉRE SEMAINES — Présentation de deux mémoires . . . . £ — Influence de la température ambiante sur diER Amen cos Ge l'organisme, chez les animaux à te variable, pendant le sommeil hivernal . . . . . . ; — Action réciproque du bacille typhique et de nos Fe Maurez et LaGriFrEe. Détermination et action des hautes températures com- patibles avec la vie de la grenouille . . . . . : — Détermination et action des plus basses nue compatibles avec la vie de la grenouille. Comparaison de l’action de la chaleur et du froid sur cet animal Mavurez (E.) et pe Rey-PaicHAnE. Influence des surfaces sur les dépenses de l'organisme chez les animaux à nn, variable pendant l'hibernation . . . . . CARE M Mayer (André) . . Variations de la tension noue de sang Chez les ani- maux privés de liquides LR SR a AC — Régulation de la tension ne ai sang par actions vaso-motrices . . . . ; —— , Centres régulateurs de la cnéssie Retoué éns sang. — Note sur la soif d'origine gastrique. : . , ., . 0. | Mayer . . . . . . Note relative à l'action préservatrice du plasma pour les hématies contre l'influence dissolvante de certains glu- cosides ou sels d’alcaloïdes. . . . . au ; Mayer et BertTRAND. Formule leucocytaire du sang de la Se SRE et de celui de la veine splénique dans un cas de fièvre byphoïdeanonmmelesetttniontelle CRETE _ Note sur la phagocytose du bacille d'Eberth HS ee Me&iLLÈèRE . . . . . Indices et rapports analytiques permettant de suivre les oxydations organiques et d'évaluer les déchets urinaires. Meizcère et Logper. Recherche et dosage du £lycogène dans les tumeurs. MERIEUX , . . . . Voir Focuter (A.) et MERteux. Mesni (F.) . . . . Quelques remarques au sujet du « déterminisme de Ja IMÉLAMOLDUOSE 1» CNRC Te — Remarque à propos d’une bn 6 M. Anglas. — Sur la conservation du nom générique Eimeria et la classi- fication des Coccidies. . . . LS RPAIOUE — Remarque à propos d'une ca ARTE de M. Léger BioLoGtEe. — TABLES, 90 = 1] & ER 12 603 930 1176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mesxiz (F.). . . . Voir Cavzzery (Maurice) et MEsniz. — Voir LAVERAN ét MESNIL. Meunier (Henri). . Trois cas de localisation extra-pulmonaire du bacille de Pfeiffer, pleurésie, méningite, ostéoptriostite grippales. MicueL (A.). . . . Sur le mécanisme du soulèvement du corps sur la pointe desipiedempa ie, LINE, LOEMREE ep) de LT EN TN ERA Mrrcuezz (Mlle Charlotte) et Ricner (Char Jesil De l’accoutumance des ferments AUSAQUIEUSAIOXIQUE SAN MENENERERE Monren(l) et NDosage de l'acide Unique" CRC MEN ENCRES Moxop . . . , . . Voir Wipar, Sicarp et Mono. MoxraGarD (V.). . Voir Courmonr (Jules) et MoxraGarp. MoreiGne (H.). . . Action du salicylate de soude sur la nutrition et, en parti- Culer SUPIA SÉCrÉ On DIT AMOR OERE RER Action des purgatifs sur la nutrition . . . . . . . Moussu ( (ep) lymphe et la circulation lymphatique périphérique . Influence du travail physiologique des tissus sur la pro- duction de la lymphe et la circulation lymphatique péri- DhérIqQue:" 540 ra MU ERA LE MIA EAN NN ES -— De l'influence de certaines toxines sur la production de la ; lymphe et la circulation lymphatique périphérique . . — Influence du travail statique des tissus sur l’ élaboration de l'AS LME APTE Le TENER AE EANE Voir CHArRIN et Moussu. Moynier DE VirLepoix. Présentation d'un travail. . . . . . . . Murarer (L.) . . . Voir SABRAZÈS (J.) et MurATE". | N NAGEOTTE (J.). . . Note sur la lésion primitive du tabes. . : . . — Note sur la théorie du tabes. . . . . J Narran-LaRRIER (L.). Note sur la structure du foie nouveau-né. . . : . . — Réactions du foie du cobaye nouveau-né sous Métiance des infections maternelles . . . . . . . RER — Mammite tuberculeuse expérimentale du case LR — Fonctiontsécrétoire du placenta ER EE Nrccoux (Maurice). Dosage comparatif de l'alcool, dans le sang et dans le lait, apreshinsestiontdanshlestonmsac-MEAIENE CC EE — Remarques sur le dosage de l'alcool dans le sang et dans Le Tarte nee A NAME SR — Passage de l’alcool ingéré dans quelques liquides de l'orga- nisme (lymphe, salive, bile, liquide pancréatique, urine, liquide céphalo-rachidien, liquide amniotique) . . . . . — Passage de l'alcool ingéré dans quelques glandes et sécré- tions génitales. . . . . . PME EU EE 9 NicoLas (Joseph) . Toxicité du persulfate de soude ou persodine. . . . . . . = Influence du persulfate de soude ou persodine sur les digestionstartinclellesept.).221N 00 0 PRE — Intluence du persulfate de soude ou persodine sur la nutrition ee DST Er ee tar ele laehle)l ettret vertes le) Meter le mMetiel ral os MALI . . Du rôle de la pression sanguine dans lelaboration de la 394 391 883 91%. 1024 AU 295 291 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 1177 Pages. Nicozas (Joseph) . Note sur l'acquisition de l’agglutinabilité par un bacille de Lœffler primitivement non agglutinable . . . . . . . . 837 — Note sur la présence de fibres musculaires striées dans la glande pinéale de quelques mammifères . . . . . . . 876 — Voir BérarD (Léon) et NrcoLas. NicoLas (Joseph) et Beau (M.). Influence de la splénectomie sur l'évolution de l'intoxication par divers alcaloïdes chez le cobaye. . . . SSL Nicozas (Joseph), Cocruonr (Paul) et Prat (R.). La leucocytose totale et poly- nucléaire dans l’immunisation es par la toxine 7; diphtérique . . . . . à M net PEURE à 951 é -Nicozee (C.) et HaLrpré (A.). Longue Fee sence an pouvoir ira ue ! 3 le sérum typhique conservé à l’état liquide. . . . . . S6 NicozLe (Charles) et TRÉNEL. Sur la nature de la combinaison formée par la substance agglutinable du bacille d'Eberth et la substance agglutinante du sérum typhique . . . . . . . 10SS NIVIÈRE. . : . . . Voir JarpEr'et NIVIÈRE. Nogécocrt (P., . . La glycosurie alimentaire chez les rachitiques 02 — Action in vitro des levures sur les microbes . . . . . . . 51 — Action des levures sur la virulence du bacille de Lœæffler et sur la toxine diphtérique . . . . JAAUTEN À 188 Nogécourt et Bicant. Formules leucocytaires des séreuses chez le Cobaye ; DOMAINE ANS. Mb 02.0 | — Transformations des rod et des ER ue “h dans le péritoine du cobaye . . . . RAS CAES 1021 Noé (Joseph) . . . La réparation compensatrice après le jeûne . . . . . . . 755 — Voir LABADIE-LAGRAVE, Boix et Noë.. O OMBRÉDANNE (L.). . Technique des injections sous-arachnoïdiennes cräniennes chez le chien et chez l’homme . . . . . 969 Ones. . . .1. Ossature du littoral méditerranéen: "4.10% 44,24 2100) 1865 OPrPEx4EIM (R.) et Lippmanx (A.). Contribution à l'étude bactériologique de ne matisme articulaire OU PET NN A AE RC RTE 150 Éd P PaAcHoN (V.). . . . Voir LAGRANGE (F.) et PAcHoN. | PAGNIEZ. - . . . . Voir Caxus (Jean) et PAGnrez. ‘ PARIS. 2.0: 2. MOT ICAVALIÉ ef PARTS. — Voir Caarnin et Paris. PéGor (G.). . . . . Sur un cas d'infection parasitaire chez la grenouille rousse ÿ et ses conséquences biologiques . . . : ( — Observations sur la présence d'un triple. appare il at \- teurichezgun Met DOMEMN NN TAMPON MAÉ — Sur quelques anomalies présentées par l'écrevisse, la sangsue, la roussette et le mouton. . . 322 Péuez (Ch.). . . . Sur l'histolyse musculaire chez les insectes. . 1! 1178 PERRIER (G.). . PrLuGER. . . PrisAcix (C.).. Paisazix (Mme C.). PINOM 2 0 Poricarp (Albert). Poupizran (Mie). . SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE . Sur l'alimentation par voie sous-eutanée. . . . . . . . ÿ . Elu membre honoraire. . Sur un cas de maladie de Nous Mod obtent qe rimentalementichez ile cobave PREMIERE Observations sur le sang de l’escargot (Ielix pomatia). Réductionsdelhémocyanine ANNE NN RE Sur une variété de Bacille nt. à orme courte et asporogèue : Bacillus anthracis brevigemmans. . . . . . Résistance du hérisson à la tuberculose humaine. . Observations sur une communication de M. Ancel. . Un venin volatil. Sécrétion cutanée du lulus terrestris. . . Remarques sur une communication de M. Ancel . Voir Béuar et PHisaLIx. Sur les clasmatocytes de la peau de la salamandre ter- restreret.dersanlan esse ANA EE tC AID TERRES Origine et développement des Haies à venin de la sala- mandre terrestre. ; Travail sécrétoire du noyau ibne LS e Horut grauuleuses de tla/SalamandreNterres(re MEME PRINCE . Étude expérimentale de l’action du Game de potasse sur le placenta du cobaye (placentite aiguë et placentite SUDaIaUE) Lo TS AT AU ANNEE TT AS ERA NES Note sur les effets de l'ablation et ds la Sr le l'organe de Bidderdbier2paud 0 MEN EN APN ERP Un nouveau pneumographe . UNE NS AS Cellules nerveuses du cœur de Mason LAC AT NIEE Ponrier et GÉRARD (G.). De l’entre-croisement des pyramides chez le rat; leur PORTIER. : POTAIN . PorTTEviN (H.). PozErskt . PRATAIRE) Pucxatr (Amédée). QuixTon (R.) . Ragaun (Étienne). passage dans le faisceau de Burdach. — Note préliminaire. . Voir Bter1 et PORTIER. HÉluimembre honoraire EM ONE SRE SN . Sur la présence des diastases nes ee le wéconium. . Action de quelques ferments solubles après refroidissement vers — 1910 au moyen de l'air liquide... . . - . … - . . Voir Nicouas (Joseph), Courmont (Paul) et Prat. Note sur la récénération expérimentale de l'ovaire. . . - Q . Toxicité urinaire et isotonie: facteur de l’urée . . . . . . Injections comparatives d’urines toxiques, aux vitesses lentes, après réduction à un point voisin de l'isotonie . R Premier développement de l’encéphale et de l'œil des CyClOpe SES NL RELEASES Re Du rôle de l’amnios He le tenons des yeux. Les formations hypophysaires chez les Cyclopes. . . 729 713 776 962 1033 1060 563 607 28 312 692 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS RABIEAUX (A. Racnip (K.) RAILLIET (A.). Sur une septicémie hémorragique du canard et de la poule. Sur la réceptivité de quelques espèces vis-à-vis du microbe de la septicémie hémorragique du canard et de la poule. . Voir LanGuoïs (J.-P.) et Racuip. #Trématodes hHépatiques/des oiseaux mur Me Rauoxp (F.) et Huzor (J.). Action de la tuberculine vraie sur le rein . . . . . RarTz (Vox) . . RAVAUT..- RECKLINGHAUSEN ReGaup (C 1.) Renxs (Jules). REMLINGER. . R£ÉNON Louis). RETTERER (Ed. MUErOISPRoOUveEMMMCES Ode et REDHLES ER PEN NEREEENR . Voir Wipaz et Ravaur. Voir WipaL.-SicarD et RAVAUT. (vox). Élu membre associé . . . . AMEN EME AT te Note sur le tissu conjonctif du toile tree 1e ui He Notes sur le tissu conjonctif du testicule du rat. Dégénérescence des cellules séminales chez les mammi- fères, en l'absence de tout état pathologique . . . . . . Évolution tératologique des cellules séminales chez les mammifères. Cellules géantes, naines et änoyaux multiples La prétendue division directe des spermatides chez les Mammieres NN NP PMEROUTE Sr Note sur certaines différ nos ee Rene dans le noyau des spermatocytes du rat. . . . . . . . . La sécrétion liquide de l’épithélinm séminal; son processus HISÉOIOSIQUER- EN CRAN NP MP EEE Re N'OSE Les phases et les stades de ane Ro ESn ne chez les mammifères (rat). Classification rationnelle des figures de la spermatogenèse . . . . ; ee Direction hélicoïdale du ane Semen eue dans les tubes séminifères du rat. Eine Variations de la sécrétion liquide de een Lénial suivant les stades de l'onde spermatogénétique. Les phénomènes sécrétoires du testicule et la nutrition de lépithélium-sémiIna CN NT DORE . Contribution à l'étude ne el FN ECIES sur l’agglutination du bacille typhique Voir Tosrivivr et REMLINGER. . Échinocoques multiloculaires {alvéolaires), observés chez un Francais . . Durée de la gestation en ne RACE Sal d' Inde 5 Note ee ol sur les ganglions lymphatiques embryon: naires . . Sur les premiers couts des anne Dee ITQUES CPE ; : Structure et valut des ha ques due cbète A propos des follicules clos de l’amygdale . j Histogenèse et structure comparées des amygdales: et de ganglions lymphatiques . . . . . . . . . TL ÉMEVS Note technique sur les follicules ds de l'amygdale. L'épithélium qu'on prétend infiltré de leucocytes est du tissu épithélial hyperplasié. ; ; : Évolution morphologique de l'amygdale dn AU Spécificité et transformation cellulaires. ; Sn S Recherches expérimentales sur l'élaboration d'hé matie s par les ganglions lymphatiqnes. 1180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Revxaup (G.) et Corte (A.). La tension artérielle dans la variole . . . . . . . Rey-Païzuave (DE). Voir MAUREL et DE REY-PAILHADE. Risaucourr (Edouard pe). Sur quelques détails de l'anatomie comparée des Pombricidestetrnee. 5 LIERRETAON REINE Es ANNEES Rigaur (H.). . . . Le calcium et le magnésium dans la rate RS 4e — Voir AgeLocs (J.-E.) et Risaur. RicaauD (A.) . . . Sur quelques points relatifs à l'histoire physiologique de linulinercheztles animaux PRE NN ER RRRE Ricaer (Ch) Présentation d'un ouvrare PERMET EURE — Voir Héricourt (J.) et Ricner. — Voir Mrrenezz (Mie Charlotte) et Ricuer. Ricaer (Ch.) et HéricourrT(J.). Le sérum anticancéreux obtenu par immunisation. Rierscx (M.) . . . Voir p'Asrros (L.) et Riersc. Rocaa (Augusto), LEPIERRE (Charles) et Fonseca (Angelo). Un cas de fièvre infectieuse, simulant Ia peste pneumonique, produite pat un bacille fluorescent) nouveau + 1MMMENPRERENE Roper (A.) . . . . Sur l’agglutination du B. coli et du bacille d'Eberth par le sérum des animaux immunisés. Action du sérum-coli sur lebacilleWdEberthwetréciproquement Mot Roper (A.) et GALAvIELLE. Essais de sérothérapie antirabique. . . . . . ! . . Roner (A.) et Guécnorr. Essai d'application de la méthode des sacs de collo- dion à la connaissance des produits toxiques des bacilles d'Éberthiet CON MERE ET EN EN ES REESE — Sur les propriétés des sacs de collodion et leur rôle en bactériologien eee RER TEE ECRIRE Roner (A.) et Zaïpmanx (Mlle). Injections Lines niques de bacilles d'Eberth CÉUCOÏTA ER PE de CURE M MS RoGer (H.) et Garnier (M.). Des lésions de la glande thyroïde dans l’intoxica- Ton phosphoré 6 HSE AN En NPA MENT ONE — Passage du bacille de Koch dans le lait d'une femme tuber- culensetii. 0 te UMR EU at ANT RTE ANNEES Rocer et Josué. . Des modifications histologiques de la moelle osseuse dans linanition VOLS APTE AT One NET — Des modifications chimiques de la moelle osseuse dans Piano: en PSM MERE EE PNR — Influence de l’inanition sur la résistance à l'infection coli- Dacillatre)s 4 ser RETRAIT ARS CNE EE RoGer (H.) et Weiz (Emile). Note sur les réactions des organes hématopoié- tiques au cours de l'infection variolique . . . . . . . . — Note sur les noaules infectieux du foie dans la variole . . — Inoculabilité de la variole humaine au lapin. . . . . . . — Inoculabilité de la vaccine au lapin . . . . . . . . Die — Recherches microbiologiques sur la variole . . . . . . . Rozuwar (R.) et Trourssarrt (E.) Sur le sens de la direction chezles Chiroptères. RosenTHAL Georges). Sur le coccobacille hémophile (coccobacille de Pfeiffer) . RouGer (Charles) . La phagocytose et les leucocytes hématophages . . . . . Rouze (Louis) . . Remarques sur la métamorphose de la larve Actinotroque des\WPRoronIdien ste RENE EE — Considérations générales sur l'histoire phagocytaire de l'ACHINOITROQUEN FEMME PEUR SORTE D'RPARES Roux (Jean-Ch.) . Les effets de la demi-inanition chlorurée dans le traitement désl'épile psie if ARE AL AR ATEN ES RE 1051 226 , TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Roux (Jean-Ch.) . Note sur l'origine et la terminaison des grosses fibres à myéline du grand sympathique. . :. . : . . . . . . Rurrer (Armand). Voir CrexptrouPouLo (Milton) et RUFFER. S SagrazÈs et Marais. État du sang (formule hémo-leucocytaire) dans le zona idiopathique . : ë SABRAzES (J.) et Murarer (L.). Hématozoaires abs Sel onccene — Corpuscules mobiles endoglobulaires de l'Hippocampe. . . — Granulations mobiles dans les ERA rouges de certains poissons. . . . DER LI NAN detre — Formule cy iinue dre Don séreux contenus norma- lement dans la plèvre et dans le péritoine du bœuf. — Numération des éléments cellulaires contenus normalement eus la sérosité péritonéale du bœuf. . . . . . : SAINT-MARTIN (L.-G. DE). Sur l'emploi du fluorure de sodium lors de Hoi a des gaz du sang, et sur la substitution, pour eette opération, de la trompe à mercure à la pompe. SALMON (Paul). . . Traitement de la tuberculose par la viande crue . . . . . SANSON. . . . . . Remarque à propos d’une communication de MM. Tostivint GRRONTIRE LE rate see SANSON (André). . Présentation d'un ouvrage . . . Scawarz (Hugo), de Budapest. Contribution à la balaae See vaisseaux de MU ÉÉLUS CE ARR SE MER AE EN tn A Ur SICARD (A.). . . . Voir ExriQuez (E.) et SICARD. _- Voir Wioaz, SicarD et Moon. — Voir WipaL, SicarD et RAVAUT. SINÉTY (DE). . . . Glycogène hépatique pendant la grossesse . SeILLMANN (Louis). Voir HAUSHALTER (P.) et SPILLMANNX. SraxCULEANU (G.) . Le développement des voies lacrymales chez l'homme et chez les animaux. — Voir Baup et STANCULEANU. STANCULEANU et Baup. Bactériologie des empyèmes des sinus de la face. Srassaxo (Henri, . Appareils pour la préparation aseptique du sérum et du plasma sanguins. . . . : - Srassaxo (Henri) et Haas (G.-Emile). Contibaon ä fe physiologie des ces tücytes AETPRONE MU Re : SUCHARD . . . . . Observations sur la Lote de M. Weiss, ROULE à la So- ciété de Biologie, à la séance du 31 mars 1900 T Trissier (P.) . . . Recherches sur l'action bactéricide in vitro du glycogène RéÉPALIQUE AS 1 ERP MEN RP RS OC PR RARE — Recherches sur l'action antitoxique à» vitro du glyco- gène hépatique. . 7... CUT SUPER ET AUTRE — Recherches sur la valeur Stones in vilro du glyco- gène hépatique . . 1181 Pages. 135 666 819 S51T 1083 259 790 1138 1140 1182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TERRE (L.). . . . . Sur l'histolyse musculaire des hyménoptères. — Métamorphose et phagocytose . ; — Sur l'histolyse du corps adipeux chez r Abeille ; Tuéonart (A.) et ’Vayas (E.). Note sur les modifications histo-chimiques de la muqueuse gastrique du chien sous l'influence de quelques SUPSTANCeSMETCAMENEUSES EI EN NP RP THÉoHaRI (A.). . . Voir Lion (G.) et TnéoHaRtI. TurercELIN, BENSAUDE et HErscuEr. Absence de la réaction agglutinante dans le liquide d’un kyste D nn du poumon chez une typhique. RP Te THiErRy. . . . . . Présentation de deux ouvrages. Tissier (Henry). . Voir Correr (J.) et Trssrer. Tosrivint et REMLINGER. Sur la situation favorisée de l'Algérie et privilégiée de la Tunisie vis-à-vis de la tuberculose. Fréquence plus grande de la maladie chez les Arabes que chez les Euro- péens et les Israélites . SR ETS ous c —_ Sur la résistance des séreuses à l'infection dans la race AADE ENTRE 2 — Rareté des maladies du ie ses a tré Érnemee dès “oe tions des voies respiratoires dans la race arabe. . Toucne . . . . . . Cécité corticale. Hallucinations de la vue. Perte de la mé- moire topographique. : : TouLousx et Vascnine. Mesure de l’odorat dans la ne ue TRÉNEL . . . . . - Voir Nrcorre (Charles) et TRÉNEL. TRIBONDEAU. . . . À propos d'une communication de M. Laguesse. ! — Les altérations du tube séminifère dans un cas d'épididus mite tuberculeuse datant de trois mois. — Voir GRAND-MouRsEL et TRIBONDEAU. TRoiSiER : + . . . Décès de M: Alphonse Milne-Edwards. "0 _ Décès de M. Grimaux . LE RAIN TP RER — Décès de M. Kühne, de Hate, ER U ee ne Trougssarr (E.). . Faux parasitisme d’une espèce de Sarcoptide sens (Histiogasler spermatlicus, n. vo dans un kyste du tes- ticule chez l’homme . Se à — Deuxième note sur De A cle sper nu ce sa Eden dans un kyste du testicule chez l'homme. . = Voir BRuCKkER (A.) et TROUESSART. — Voir ROLLINAT (R.) et TRouEssART. Turrier et HALLION. Expériences sur l'injection sous-arachnoïdienne de cocaïne. Technique. cine — Effets circulatoires des eos sous- tiens de cocaïne dans la région lombaire . 3 — Sur le mécanisme de l’anesthésie produite par ls iaurins sous-arachnoïdiennes de cocaïne. V VALLÉE (H.). . . . Voir LeccaiNcxe (E.) et VALLÉE. VANVERTS. . . . . Voir CARRIÈRE (G.) et VANVERTS. VAscHipe (N.). . . Voir GuiIcLaIN (G.) et VASCHIDE. — Voir TOULOUSE et VASCHIDE. 383 865 833 855 Vavas (E.) : - Verpux (P.). Vivien (Be) ee Vicouroux (R.). VINCENT (H.).. WALDEYER.. . . WaALLer (Augustus WauTay (G.).. . WEIGERT.. Weiz (Emile). TABLE PAR NOMS D'AUTEURS . Le cacodylate de mercure et son degré de toxicité.. . . . Voir TRÉOHARI (A.) et Vayas. . Voir HERRMANX (G.) et VERDUX. . Note sur le rôle du nucléole dans la sécrétion. Influence de l'électricité statique sur l'organisme à l'ét tat . Névrite périphérique ne ete . Li dre ÉYDHIQUE NE OENE M RS AN AR AM EU . Élu membre associé. D.). Action slectramiotrice de Hs ES “énetale con- sécutive à l'excitation lumineuse. . . . . . . . . . Action électromotrice des feuilles vertes sous l'influence Fe lumières rouge, bleue ‘et verte Mu JS CRE Ste . Voir Hexsevaz M. et Waurury. . Elu membre correspondant... . . . . RES R R . Étude quantitative de la leucocytose rhone ge ASC Étude qualitative de la leucocytose variolique. . . . Etude leucocytaire de la pustule variolique.. . . . . Voir GILBERT (A.) et WEir. Voir Rocer (H.) et Weic (Émile). . Influence des variations de température sur les périodes latentes du muscle, du nerf et de la moelle. . . . . Remarque à propos d' une communication de M. He te eu Sur la propagation d’une excitation de. le haut de la moelle UuSqUAUMUSCIE EME RC PPMERPET Ee A propos de la communication ie par M. Bonnier dans la séancerdu Hans Re Verne ER rt CNE ARS L’excitabilité du nerf, sa nie Le Ë structure du cylindre-axe . Sur la structure du Cale axe Die ie à ces Élt rÉSOTIEr LS AMAR ATP TER OT RS LEE ANNE Influence paradoxale de l'acide carbonique sur le nerf moteur-de la erenouille AE RENE PR Een Le cylindre-axe, pendant la dégénération des nerfs sectionnés. Sur la régénération des nerfs écrasés en un point. . . . . A propos d’une communication de M. Waller. . . . . . . WERTHEIMER (E.) et DeLezenne (C.). De l'influence des affusions froides sur la WERTHEIMER (E.) et Wibaz et RAVAUT. circulation dc latpeate el RP NE A LePpAGE (L.). De l’action du chloral sur la sécrétion pancréa- que. 2..." MAC RANNARNE Er Sur la résistance des réflexes ue UE et ds efeses ganglionnaires en général à l’anesthésie. Applications cliniques de l'étude din bione des CIE ments séro-fibrineux dela plèvre (pleurésies tuberculeuses) Applications cliniques de l'étude histologique des épanche- ments séro-fibrineux de la plèvre (pleurésies mécaniques. Applications cliniques de l'étude histologique des épanche- ments séro-fibrineux de la plèvre (pleurésies infectieuses AISUER) RE MEL. LE Er Ar be dent Der 653 Le y (NA RT LA RDS 27 SO NE ES PA IS ID PRO Med Ms AU: 1184 SOCIÉTÉ DE BIOLOCIE Wipaz et Ravarr. Recherches histologiques sur le liquide des hydrocèles . — Recherches histologiques sur le En des pleurésies expé- rimentales AM LL va. MAR Wipaz, Sicarb et Moxon. Perméabilité D tt à boire HE berne au cours de la méningite ee SL STE POMPES Wipaz, Sicarp et Ravaur. Cytodiagnostic de la méningite lee (Recherches!cliniques) 10470 de US TER — Cytodianostic de la méningite rhereneree (Récle Lee expérimentales et conclusions générales) . . . . . . . — Cryoscopie du liquide céphalo-rachidien (Application à l'étude des méningites). RE — Cryoscopie du liquide menant (considérations ménérales) NC PE k : Te WIENER (E.) . . . Sur l’action ere He LEE 1e animaux traités avec larsenieletlaicréosote COPIE MEN OU RARES MWrserr/(G) -MPMSÉTUMIAantiEiCelUIairee ER 6 — Levures pures dans un sarcome d utérus chez une one. — Contribution à l'étude du traitement des tumeurs malignes par le sérum anticellulaire 6 ETES Woon (Wallace) . Côté cardiaque et côté solaire . Y YVON.. NP EGlycosimetre: 0 — Influence de ee detre eur énsemiane à l'état Normal 5600 0 AU RE Das SA NOT PC [2 ZACHARIADÈS (P.-A.) Recherches sur la structure du tissu conjonctif, sensibilité du tendon aux acides. . . . . — Sensibilité du tendon aux acides. f : — Des actions diverses des acides sur la Seine Cojones tiver. DRE TMS DST RER ea Zapimanx (Mile)... . Voir Roper (A.) et ZAïpmaxx (Mile). Zaky (Aly).. . . . Voir DESGREz et Zaxy (Aly). . VAT ERRATA « Séance du 28 avril, p. 315, 20e ligne, au lieu de : les pondre au milieu de leur développement, lire : les pondre au début de leur développement. . Séance du 12 mai, p. 456, 26e ligne, au lieu de : une force électromotrice de 2,3 à à volts, lire : une force électromotrice de 2,5 à 3 volts; P. 451, lre ligne, au lieu de : l’électrode — nouvellement immergée — ne se recouvre plus, lire : l’électrode — nouvellement immergée ne se recouvre plus. Séance du 30 juin, p. 655, 3° ligne, au lieu de : et le sang n'en renfermait que 9 sur 100, Zire : et le sang n'en renfermait que 2,5 sur 100; P. 659, 2e ligne, au lieu de : de la spécificité du manque de transformations cellu- laires, lire : de la spécificité et du manque de transformations celiulaires. Séance du 1e' décembre, p. 1024, 12e ligne, au lieu de : Arloing, lire : Nocard. Séance du 8 décembre, p. 1059 : La mention d'origine qui suit la note de M. J. Rehns est le résultat d’une erreur de rédaction. Séauce du 22 décembre, p. 1094, 28e ligne, au lieu de : Bleu... 0,0075 volt, lire: Bleu... 0,0025 volt. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. ü SRE À ; à lé 1 à tail ni NOTICE SUR LE PROFESSEUR MARION PAR ÉTIENNE JOURDAN Professeur à la Faculté des sciences de Marseille. (Mémoire présenté à la Société de Biologie dans la séance du 17 février 1900.) La Société de Biologie vient de perdre un de ses associés en la per- sonne de M. Marion, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Marseille, directeur de la station de zoologie marine. Nous répondons au vœu de la Société, en résamant en quelques mots la carrière scientifique et les travaux de notre ami. Né à Aix le 10 octobre 1846, Marion fut admis à seize ans à la Faculté des sciences, en qualité de préparateur d'histoire naturelle. À cette époque où les vocations scientifiques étaient moins hâtivement spéciali- sées qu'aujourd'hui, il semble avoir hésité entre la géologie et les sciences biologiques. La création en 1869 d’un laboratoire de zoologie, dépendant de l’école des Hautes-Études, décida de sa carrière. Directeur du laboratoire et chargé d'un cours complémentaire, Marion fut ensuite nommé professeur titulaire de la chaire de zoologie qui venait d’être créée. Son activité scientifique s’est exercée dans trois directions : re- cherches de zoologie, études de paléontologie végétale, enfin travaux relatifs aux applications des sciences naturelles, à l’agriculture et à l’industrie des pêches. Les travaux de Marion débutent en zoologie par ses Recherches sur les Némalodes marins, qui lui servirent de thèse de doctorat ès sciences naturelles et qui lui valurent le prix Bordin. Ce premier mémoire, qui était un beau début, fut suivi d’un grand nombre d'autres, se rappor- tant pour la plupart à la faune des côtes de Provence, tels que son Esquisse d'une topographie zoologique du golfe de Marseille et ses Consi- dérations sur les Faunes profondes de la Méditerranée, qui furent récom- pensées par le grand prix des sciences physiques. Dans ce dernier mé- moire, Marion démontre que les conditions actuelles des grands fonds de la Méditerranée, dépourvue des grands courants de l'océan Atlan- lique, ne conviennent pas au développement des faunes abyssales dont les représentants semblent, au niveau du golfe de Marseille, se rappro- cher de la côte et se rencontrent dès 350 mètres, par suile des condi- Biococir. Mémotres. — 1900, T. LIT. 1 19 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tions biologiques favorables, dues à l'existence d'un courant côtier. Cette conclusion est un des résultats les plus intéressants des dragages de Marion. Ces recherches ‘ininterrompues de zoologie topographique lui valurent l'honneur de faire partie des commissions scientifiques des campagnes de dragage du 7ravailleur et du Talisman. Dans tous ses travaux de zoologie, notre regretté maître a toujours été'guidé par la pensée de rechercher les causes déterminantes des phénomènes qu'il observait, tels que modification de taille, de couleur, en rapport avec la pression, l'intensité lumineuse, l’activité de la nutri- tion. Ses derniers mémoires, ses tentatives de pisciculture et même ses fragments du journal du laboratoire, parus dans un des derniers fasei- cules des Annales, portent l'empreinte de cette préoccupation. Marion a publié aussi des recherches d'anatomie comparée et d’em- bryologie, et en particulier un mémoire en collaboration avec Kowale- vesky sur le Développement des Alcyonnaires, dans lequel il signale la grande plasticité organique des larves de Sympodium ; les unes demeu- rent normales, se fixent et s’incrustent hâtivement de spicules, tandis que les tissus musculaires des autres, condamnées à une vie errante anormale, prennent un développement prépondérant. | Je n'ai pas la compétence nécessaire pour suivre Marion dans ses tra- vaux de paléontologie végétale. Ils datent du début de sa vie scienti- fique; il les a poursuivis soit seul, soit en collaboration avec celui qui avait été en quelque sorte son introducteur dansles sciences naturelles, le marquis Gaston de Saporta, toujours animé de la pensée de tirer de ses observations des données générales el philosophiques relatives, soit à la plasticité et à la succession des espèces végétales, soit aux condi- tions biologiques du globe terrestre dans les temps géologiques. La réputation qu'il s'était acquise comme savant par ses travaux et aussi par les qualités de son esprit, attirèrent sur lui l'attention, lors des débuts de l'invasion phylloxérique; aussi fut-il chargé d'étudier les méthodes de défense des vignobles par le sulfure de carbone. Les agri- culteurs feront connaître ses publications à ce sujet; comme biologiste, 2.lme suffira de dire qu'il eroyait peu à l’adaptation des premiers cépages américains à nos sols calcaires et pauvres de la Provence; aussi avait-il été partisan de la défense de nos vieux plants français. Les travaux - qu'il a publiés dans cette direction fixèrent l'attention des gouverne- ments étrangers qui sollicitèrent pour lui les missions en Hongrie et en Bessarabie. Les sciences naturelles doivent conserver à Marion un souvenir reconnaissant, non seulement pour ses travaux, mais aussi pour l'im- pulsion qu’il a su donner aux études biologiques, à Marseille. Il à été par ses lecons un professeur incomparable, il a créé un laboratoire où nous avons vu se succéder des maîtres éminents, venus d'Universités étrangères, tels que Bobretsky, Kowalevsky, Oscar Schmidt, Weisman, NOTICE SUR LE PROFESSEUR MARION 3 ———_@ ———…——…—…—…——_…—— —— Krukenberg. Chef de laboratoire séduisant et enthousiaste, il a déter- miné des vocations scientifiques et les a encouragées de ses conseils paternels. Les succès de ses élèves, aujourd'hui professeurs pour la plu- part dans les Facultés de province, démontrent qu'il avait créé un véri- table centre scientifique qui ne tarda pas à se trouver trop à l’étroit dans les locaux de la Faculté des sciences. C’est alors que Marion eut la pensée de construire un laboratoire au bord de la mer, qui reste eomme le couronnement de son œuvre scientifique, et de fonder un journal, les Annales du musée de Marseille et du laboratoire de zoologie marine, des- tinées à la publication des travaux de ses collaborateurs. Marion a aonc rempli dans sa vie trop courte tous les devoirs d’un professeur d'enseignement supérieur. Les sciences naturelles garderont la trace de ses travaux. Les biologistes doivent à ses efforts, à son ini- tiative personnelle, un instrument d'investigation scientifique. Ses élèves, ses disciples n'oublieront jamais! ses bienfaits et se souvien- dront que le meilleur moyen d’honorer sa mémoire est de continuer l'œuvre du maître, c’est-à-dire de poursuivre la solution des problèmes de la vie dans le laboratoire qu'il a créé. sr Éd PR CS d-chémras à AA RER EN Er pt CES F4 + D a th Msstuh A 2MBET TER NE RTE “ha x 21 f NT EN FE HAN "HT AU Hi LINE HART EP RNE LD Ne Vie ad Hat REV O LPS CET RÉAL np #0 | LIU ROUX FR. M es HATAIATUE FIND Aa AN RAGE CNET af 'EIPERE 1e ie Dent oe PT CR UE MOUTIOT ere | je Vert REPORTER SAR rip Mayo SRE PAUSE FLE RAPPORT SUR LE PRIX GODARD POUR L'ANNÉE 1900 CommissaIRES : MM. BOURQUELOT, LAPICQUE, TROISIER, Y VON GUYON, RAPPORTEUR. (Rapport présenté à la Société de Biologie dans la séance du 22 décembre 1900.) M. Nicloux, seul candidat, a présenté cinq mémoires. Trois de ces mémoires ont pour objet la recherche et le dosage de l'oxyde de car- bone dans le sang des animaux normaux ou anesthésiés ; les deux autres ont pour objet la recherche et le dosage de l'alcool dans les humeurs et les tissus organiques, après injection par l'estomac. I. — Il résulte de la première série de recherchés, dont une partie a été faite en commun avec M. Desgrez, que le sang normal, chez les chiens vivant à Paris, contient une certaine quantité de CO (0 ce. 15 p. 100 en moyenne). Cette proportion augmente notablement lors- qu'on soumet ces chiens à l'anesthésie chloroformique. Dans ces condi- tions, la quantité de CO contenue dans le sang peut s'élever à 0 cc. 52 p. 100, soit 5 cc. 2 par litre de sang. Les auteurs concluent donc que le chloroforme, sous l'influence probable des liquides alcalins de l’or- ganisme, se décompose parliellement dans l'économie avec production d'oxyde de carbone, décomposition qui pourrait expliquer un certain nombre d'accidents consécutifs à une administration prolongée du chlo- roforme. La présence de l’oxyde de carbone dans le sang normal étant éta- blie, M. Nicloux s’est posé la question de savoir s’il vient de l’extérieur par la respiration pulmonaire, ou s'il se forme dans l'économie. Pour résoudre le problème, l’auteur à mis à profit une intéressante constata- tion, à savoir que l’asphyxie fait diminuer la quantité de CO contenue dans le sang. Mais si on a soin de ne pas pousser l’asphyxie jusqu à la mort, on voit, après trois quarts d'heure ou une heure de respiration à l'air libre, que la proportion de CO du sang est remontée à son taux primitif. Or, cette augmentation ne peut s'expliquer par la présence Brococie. Mémoires. — 1900, T. LIT. 2 6 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'une certaine quantité de CO dans l'air du laboratoire. En effet, des expériences directes ont montré que cette quantité n'était que de 1.300.000, ce qui, d’après la loi d'absorption donnée par M. Gréhant, est insuffisant pour rendre compte de l'augmentation de CO constatée dans le sang. L'auteur est donc en droit d'admettre que Fox de car- bone du sang est produit par l'organisme lui-même, Dans ces différentes expériences, le dosage de CO a été effectué à l'aide de deux procédés : 1° au moyen du grisoumètre de M. Gréhant; 2 au moyen de l'acide iodique, procédé indiqué par M. Nicloux. Les résultats obtenus dans les deux cas sont parfailement comparables, ce qui autorise à les considérer comme exacts. | II. — La deuxième série de recherches (passage de l'alcool ingéré dans les tissus et les humeurs de l’orgarisme) aboutit aux résullats sui- vants : a) On retrouve dans le sang une quantité d’alcool proportionnelle à celle qui a été ingérée expérimentalement; cette proportion est de 1/10 environ. Ainsi, si l'animal a ingéré-1 centimètre cube ou 2 centimètres cubes d'alcool absolu par kilogramme, on en retrouve dans son sang 0 ce. 1 ou 0 cc. 2. Ces faits ne font d'ailleurs que confirmer ceux qui ont été mis en lumière par M. Gréhant. A cette dose, on ne constate chez l'animal aucun phénomène d'ivresse; celle-ci ne se montre qu'à partir de 0 cc. 3 ou 0 ce. 4. Lorsque le sang contient 0 ce. 1 ou Dem d'alcool, l'ivresse s'accompagne d'anesthésie. Des examens successifs montrent que la présence de l'alcool dans le sang persiste pendant | plusieurs heures. | 14 b) L'alcool passe, en outre, dans les liquides suivants : lymphe, salive, suc pancréatique, bile, urine, liquide céphalo-rachidien, liquide amnio- tique. Les teneurs en alcool du sang et de ces liquides sont très voi- sines. | c) L'alcool ingéré passe également ne le lait, qui peut en contenir ; une quantité presque égale à celle qu’on trouve dans le sang au même $ moment. Ce fait, qui résulte d'expériences faites non seulement sur | l’animal, mais encore sur la femme, a une réelle importance clinique, puisqu'il montre que l'alcoolisme de la nourrice peut être la cause des troubles nerveux et des convulsions des nouveau-nés. d) Enfin, l'alcool ingéré passe de la mère au fœtus, dans le sang el dans les tissus duquel il se retrouve en quantité presque égale à celle que l’analyse décèle chez la mère. Rapprochant cette constalalion de celles qui lui ont montré que l'alcool ingéré se trouve aussi dans le testicule et le sperme, dans l'ovaire et l'ovule, l’auteur arrive à cette intéressante conclusion qu'il existe un véritable « alcoolisme congé- nilal », l’imprégnation toxique pouvantatleindre soit Le fœtus lui-même, soit ses éléments générateurs. RAPPORT SUR LE PRIX GODARD ÿl Dans toutes ces recherches, l'alcool a été extrait des tissus par distil- lation dans l'appareil de M. Gréhant et dosé, dans le liquide distillé, à l'aide d’un procédé imaginé par l’auteur et qui consiste dans une appli- cation colorimétrique de la réaction de l'alcool sur le bichromate de potasse. En résumé, les travaux présentés par M. Nicloux se recommandent autant par l’ingéniosité des méthodes employées que par la persévé- rance avec laquelle elles ont été appliquées par leur auteur à la recher- che de l'alcool dans les différents tissus de l'organisme. La Commission a donc pensé qu'il y avait lieu de proposer à la Société de Biologie de leur décerner le prix Godard. FRE URSS Vel a ARS NE ne : EPA ANT ACT EE De k: ÿ EE ! toast OUAER € CR ju M sis FE D A E RO DE 0e EITMAIIOS I | ARRET bi fi | | me ; ORNE CSENECE sue ‘2 ER FRITES EU EAN ITA (N nes La et ae HE ne “h0 M RÉ D SNS AR UE ANG ÿ04 ur Fe pe Rue Lee : CNP RE TTAU I UT CSL RRQ LEA (a "boite AE RONPES EAN D Uet T 2 ‘ \ Ï 0 f" p j F4 kd J 1 . ; F = i : E « E : È ü 1 : ” ’ : 154 : Ÿ £ de » Si = 1 Ï ? + Fe 2 DE F ' ; î % : j \ = 3 ï ' = Pris ; œ $ + >: . ta x, = “ t > : e + } , } : 4 ! 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