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coMPTES umu DES mm
ET
mEmoires
DE LA
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SOCIETE DE BIOLOGIE.
TOME III. — limei 1851.
AU BUREAU DE LA GAZETTE MEDIC ALE,
14, roe nacine, pres tie lOdeon.
ET
Chez J.-B. BAILLIERE,
Rue Hautefeaille , 19.
18S2
;S REIDS DES SEAIES
ET
MEMOIRES
DE LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE
PENDANT I;ANNEF, I8S(.
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TAIilS. IMPRIMK TAR K. THUNitT I:T (1%
litii- linrinr-. Vl. prrs
9° Le corps de Miiller est peul-elre, sous le rapport physiologique, un corps
de Wolff, c'est-a-dire un organe fcetal secernant des malieres urineuses ; pour-
tant ce n'est pas encore demontre, I'analyse thimique n'ayant pas encore ete
faite. Sous le rapport morphologique, ce ne sont que les reins, qui sont les ve-
ritables corps de Wolf, ce qui est demontre par la formalicn des glandes ge-
oitales a leur cdl6 interne, et surlout par le developpement des canaux entre la
glande genilale et les reins ; car c'est ainsi que Ton trouve les rapports entre ie
corps de Wolff et les glandes genitales chez les animaux superieurs vertebres.
Ce sont ces canaux qui fornieni une partie de I'epidydime.
» 10° Les canaux de communicalion entre la glande genilale et les reins
chez les batraciens sont I'epid} dime des animaux superieurs.
» 11° L'^lat permanent des parlies genitales et uropoietiques des batraciens
«presente Petal transiloire, foetal des animaux superieurs. »
3° PnUEBE.MEBIL-ME.
La commission, charg^e d'examiner les communications de M. Souleyet re-
latives a cclle question, a expose a la Sociele par I'organe de son rapporteur
les travatu qu'elle a effcciues a eel 6gard. Le rapport de la commission em-
5
brassant .'enseiiible des recherches relatives au fait du phlebeot^risme sera I'ob-
jet d'une jiublication parliculiere.
II. — Physiologie.
NOTE SUK LES VIBRATIONS THORACIQUES QOI ACCOMPAGNENT LES PHENOUENES
DE LA voix ; par M. Second.
Les vibrations du thorax, vaguement interpretees par quelques physiologistes,
me paraissent devoir occuper desorniais une place importante dans I'elude de
la phonaiion.
Le poumon et la trachee-artere, une fois caracterises dans leur office de
soufflet et de porte-vent, I'attenlion s'est nalurellement portee d'abord surl'or-
gane essentiel de la production des sons, ensuite sur le luyau vocal qui, dans
les changements de timbre de I'articulation des mots, joue un role si impor-
lant. Bien que I'etude de ces deux parlies de I'appareil vocal ne soit pas com-
plete, il est urgeut d'etendre I'observation aux phenomenes Ihoraciques eux-
memes, alin d'embrasser toutes les cinonstances capabies de modifier le son
produit par le larynx.
C'est aux recberches interessantes de M. Monneret sur la veritable explica-
tion des bruits thoraciques que je dois d'avoir aborde plus nettement qu'on ne
I'a fait jusqu'ici I'elude de ces vibrations. Aide par la delicatesse remarquable
qu'il a acquise dans ce genre d'observation, j'ai pu instituer une serie d'expe-
riences comparatives pour les principaux phenomenes vocaux. Comme les re-
sullats obtenus peuvent deja constituer une base pour I'etude des vibrations
thoraciques pendant les phenomenes normaux de la voix, j'ai pense que je
pouvais les communiquer a la Societe.
Lorsque le larynx produit et soulient un son, les vibrations des levres de la
glotte se transmettent aux parois thoraciques, soit directement par les parlies
solides, soit par I'intermediaire de I'air lui-merae, mis en vibration ; de telle
sorle que le thorax peut etre cousidere, relalivement & la glotte, comme une
caiisc consonnante., capable de renforcer le son et de lui imprimer un caraclere
particulier.
Pour un meme registre, ces vibrations sont d'autant plus notables que le
son est plus grave. Cette difference constante tient sans doute, d'une part, au
degre d'amplitudedes vibrations de la glotte, d'autre part a la situation du la-
rynx par rapport a la cavite thoracique.
Le registre de poilrine excite dans le thorax des vibrations bien plus consi-
derables que le registie de tete.
C'est prob:;blenient aux considerations que nous avons signalees dans le cas
precedent qu'il faut egalement rapporter cette difference.
Lorsque, dans un meme registre, on donne alternativenient un mSme son,
en timbre clair et en timbre sombre, on remarque pour ce dernier timbre des
6
Tibrations plus lines que pour le premier. Sans essayer a cet egard aucune ex-
plication, je me coutenterai de rappeler qu'au poinl de vue de I'eclat el de la
parlie du son ce limbre clair Temporlede beaucoup sur le timbre sombre.
Dans les deux registres, quel que soil le timbre employe, les vibralions du
iliorax augmenienl sous I'inQuence de reO'ort qui, ainsi que je I'ai indique, tend
i Oxer le larynx ires-inferieureraenl (l). Pour ce dernier cas, la situation de
I'organe par rapport au pouvoir superieur du thorax explique la difference.
Lesmemes experiences comparatives faiies sur la voix inspiraloire fournis-
seiil les memes resultats. Seulemenldans louscescas les vibrations sonl propor-
lionnellenient beaucoup plus faibles.
Quant aux vibralions du crane, elles tiennenl surtoul a la direction donnee
au son. Lor.sque le son passe par la cavite buccale, elles sont beaucoup moins
sensibles que pour le cas oil le son s'ecoule lolalement ou en partie par les
tosses nasales.
Dans la voix nasonnee, alors que la bouche seule sen a remission du son,
les vibrations sonl moins notables que lorsque la voix traverse les caviles na-
sales sans y retentir.
Pour le crane conime pour le thorax, les vibrations sont plus faibles pendant
la voix de tele que pendant la voix de poitrine.
Tels sont les principaux phenomenes qu'on peulnoter dans I'exploration des
vibralions thoraciques qui accompagnent les phenomenes vocaux, el qui mepa-
raissent devoir etre pris en consideration dans la question du timbre de la
TOiZ.
III. — Exploration pathologiqde.
DE L'BMPLOI du TBEPAN DANS LES FRACTDRES DC RACHIS ; par M. BROWN-
Seohard.
On sail corabien sonl rares les cas de guerison apres les fractures du racbis
chezl'homme. M. Brown-Sequard a cberche si Ton ne pourrait pas employer
avec avantage le trepan, dans beaucoup de cas de fractures du rachis avec
compression de la moelle soil par les pieces osseuses fraclurees, soil par les
liquidesepanches dans le canal rachidien. Une des raisons qui font repousser
I'emploi du trepan, c'est que la mise a nu de la moelle epiniere serait dange-
reuse. Or cette opinion est tout a failerrouee, si I'homme ressemblea certains
mammiferes et oiseaux sur lesquels M. Browii-Sequard a lrouv6 qu'on peut
impunement meltre la moelle a nu.
Apres avoir fracture le rachis sui des cochons d'Indc, il a enlev6 les por-
tions d'os fraclurees etiaisse s'ecouler les liquides epanches. Celte experience
a ele faile sur sept individus qui ont tons survecu. On pourrait penser que les
(1) Voyez Archives de uedecine, 18&8.
7
eobayes different de I'homme, en ce qu'ils auraient la faculty de survivre lou-
jours aux fractures du rachis. II n'en est rien cependant, car six individus
ayant eu le rachis fracture, sans qu'on ait eu soin d'enlever les pieces osseuses
deplacees, sont morts dans I'espace du second au onzieme jour. C'est done k
I'application du trepan que les sept autres ontdu de ne pas mourir.
Dans une autre communication, M. Brown-Sequard parlera des autres causes
de mort apres les fractures du rachis, et en particulier de la formation d'ulceres
etd'escarres au sacrum et dela diminution de la chaleur animale. II fera voir
que Ton peut se garantir aisement de ces facheux accidents.
IV. — BiBLIOGRAPHIE.
DE LA PARACENTfeSE DE LA POITRINE ; par M. LACAZE-DUTHIERS.
La Societe a requ de M. Lacaze-Dulhiers rhommage d'un travail sur la para-
centese de la poitrine dont il lui parait utile de transmeltre les conclusions
suivantes :
« Le medecin, dit I'auteur, se trouve toujours place entre ces deux alterna-
tives : ou bien I'asphyxie est iniminente, ou bien elle est eloignee. Dans la pre-
miere alternative, ilfautoperer, quelles que soientla nature du liquide,lacause
Eloignee ou prochaine et son anciennete, a moins toutefois qu'il n'exisle des le-
sions organiques telles que, en dehors de I'epanchement, la mortarrivera dans
un temps tres-court. Dans la seconde alternative, le devoir du medecin est:
l' d'employer les moyens therapeutiques conseilles en pareil cas, et de mesu-
rer leur emploi a la rapiditede la niarche de I'epanchement ; 2° d'operer quand
I'epanchement devient excessif; 3° de s'abstenir si la Devre n'est pas tombee
et quand I'epanchement est mediocre et slationnaire; de s'abstenir surlout dans
les cas d'epanchement mediocre, que Ton a tout lieu de supposer tuberculeux
ou purulenls; w d'avoir dans lous les cas I'ceil ouvert surlesepanchements re-
belles et considerables; car 1° il arrive qu'ils prennent une marcherapidement
ascensionnelle capable d'amener la mort ; 2° ils peuvent determiner, comme il
a etedit, le marasme et les tubercules.
» En resume, I'operalion de la paracenlese du thorax n'offre plus la gravity
qu'on lui attribuait ; elle est un moyen efflcace de guerison des hydrothorax
aigus. Les objections dirigees contra son emploi restent sans valeur devant
r^tude attentive des faits. »
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DD
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE F^VRIER 1851 ;
U. SEGOKD, Mer«Ulr«.
Pr^sidence de lU. RAYER.
1. — Th£ORIE DES MILIEUX.
KOTE SUB LES CAUSES DU GOlTRE ET DU CRETINISME ET SUR LES MOYENS D'EN
PRESERVER LES POPULATIONS ; par M. le doctcur Grange.
• Les recherches quej'ai entreprises sur le goitre et le cr6tinisme ont eu
sp^cialement pour bui une etude aussi exacle et aussi precise que possible de"
circonstances exciusivement propres a tous les pays oil ces maladies exercenl
leurs ravages.
» Comnie bases de celte 6tude, j'ai dress6 des cartes geographiques de la
10
distribulioQ du goitre en France, en Savoie, en Suisse et en Piemont, eu me
servant pour ceia des tableaux du recrutenient, des statistiques que j'ai pu
recueillir et qui presentent toute raulhenliciie desirable.
» En comparanl ies localites, les provinces dans lesquelles ces maladies sonl
endeniiques, on reconnait que la hauieur au dessus du niveau de la mer, que
la latitude, que I'exposition au soleil, aux vents, la disposition orographique du
sol soit en plaines, soit en vallees profondes, le voisinage des niarais, I'etat by-
grometrique de I'air, ne sont pas des causes imraediates du developpement de
ces maladies, et que ces circonstances ne peuvent jouer qu'un role tres-secon-
daire. On trouve en effet, dans la menie province, dans la meme vallee, et par
consequent dans les uiemes circonstances meteorologiques et hygieniques, des
villages profondement atteinis et d'autres enlierement epargnes. II en est ainsi
dans la Savoie, dans le canton du Valais, sur le versaut meridioual des Alpes et
dans la chatne des Alpes maritimes.
n D'autre part, eu comparant les formations geologiques sur lesquelles sont
fixees les populations atteintes de goitre, j'ai reconnu que, dans les Alpes,
toutes ces formations appartenaient auxcalcaires metamorphises par la magne-
sie (ca caire metauiorphique), et que dans le voisinage les terrains de mica-
schisle et ceux del'epoque cretacee, lorsqu'ils nepresentaient pas de masses ad-
venlives de dolomie, les populations etaient entierement epargnees.
» Des phenomenes seniblables s'observent dans tous les pays oil le goitre est
endeniique ; on trouve le goitre endemique dans les Pyrenees sur les calcaires
du lias et sur les calcaires magnesiens qui se trouvent sur la zone d'eruption
des ophites; sur le trias dans les Vosges; sur le lias dans le Jura, les hautes
Alpes et les basses Alpes ; sur les calcaires dolomitiques de I'epoque carboni-
f^re, eu Angleterre, en France et en Belgique ; sur le trias dans le Wurtem-
berg, la Saxe, elc; sur les dolomies dans le Tyrol, dans I'lnde et en Amerique ;
sur la molasse marine et sur les alluvions qui proviennent du pays oil le goitre
et le crelinisme sont endemiques.
» On observe qu'en Europe le lias, les formations du trias, marnes iris6es,
muschelkalk, zechsteio, sont partout habitees par des populations atteintes de
ces maladies endemiques. Cela s'explique par la nature meme des formations
qui presentent la meme composition mineralogique dans toute leur ctendue, les
niemes fossiles et souvent la meme Dore, qui onl presque toujours la meme
constitution physique etdes dispositions orographiques entii-remenl semblables.
II nVst point etonnant que les memes affections soient endemiques sur des for-
mations enlierement semblables, dans leur nature chimique et dans leurs con-
ditions physiques et physio' ogiques.
.) En m'appuyant sur la presence generale des goilreux sur les terrains ma-
gnesiens et sur I'analyse des eaux qui ont la reputation et la propriete inr on-
testable de donner lieu au developpement du goitre, j'ai ete conduit a admctire
(]uc ccile allection poiivail dependro de la presence des sels de magnesie dans
11
les eaux et les aliments. II a cite des fails qui, s'ils etaient plus nombreux,
etabliraient que la niagnesie provoque le developpement du goitre.
» Je fais observer a la Societe que quelques circonslances, et notanimeiit la
presence de I'iodure de potassium dans les aliments et les eaux, pouvaient mo-
difier et annibiler cette influence deletere; et c'est ninsi que j'explique I'absence
des goitreux au voisinage de la mer et la diminution de I'lnfection dans les villes
qui ont des eaux choisies et une alimentation plus variee provenant en grande
partie de pays sains et induslrieux.
i> Au point de vue nosologique, je tonsidere ie goitre comme une atl'eclioa
plus generale qu'on ne I'admet ordinairemenl; cette maladie n'est pas seule-
ment propre a la glande tbyroide, elle atteint les glandes sublinguaies sous-
maxillaires, le foie, les lesticules, lesmamelles qui se Irouvent souvent anorma-
lement developpees, bien que Taction se porte plus generalement sur la glande
tbyroide. D'; utres faits etablissent encore que I'on a affaire a une diathese par-
ticuliere qui s'acconq)agne souvent de deformations dans les articulations, d'un
defaut d'energie musculaire et nerveuse, et que les enfants qui naissent de
parents plus ou moins modifies par cette diathese ne se developpent ni sous le
rapport des forc^^s physiques ni sous celui des forces intellectuelles. Les cretins
se rapprochent cerlainement des idiots a certains points de vue, mais iis en
diflerent surtout par le developpement si anormal et si inconiplel des forces
physiques.
» II existe un grand nombred'autres differences moins importantes et moins
precises et qui ne peuvent etre indiquees ici.
n Les animaux prennent rarement le goitre ; mais dans les vallees oil ces
affections font le plus ravages, les bestiaux sont chetifs et sont inconiparable-
ment inferieurs en force et en qualite 4 ceux des pays sains. Dans beaucoup
de vallees on ne peut pas clever les bestiaux nes des troupeaux du pays; ils
sont pourainsi direcretinises; les paysans vont acheter au dehors des animaux
sains qui seuls peuvent se developper assez bien pour repondre aux besoins des
populations.
» Comme reoyens de preservation el de guerison, je propose le changemeni
du regime des eaux lorsqu'il est possible, et sinon I'usage des sels ioduresde 1
k 5 dix-milliemes. »
II. — Teratologie.
CRABE COMMUN (CANCER MCEN'AS L.) POURVU DE DEUX PETITES PATTES-PINCES
SCRNUMERAIRES DU COTE GAUCHE.
M. Rayer met sous les yeux des membres de la Societe un crabe commun,
dont la patte-pince du cote droit est norniale. La palte pince cor:espondante du
c6te gauche, moins forte que celle du cote droit, se tern)ine par deux pinces
dont I'une est dirigee du cote de la pinpe du cote oppose el vers I'axe du corps,
12
ell'autreen sens inverse, de sorte qu'elles formeutune espece de T avec les ar-
ticles qui les supportent. Une troisienie palte-pince surnumeraire nail d'un
article conmiun aux deux precedents. En resume, ce crabe a une patie-pince
normale du cote droit at trois pelites patles-pinces du cote gauche.
Ce cas de t^ratologie a et6 communique a M. Rayer par M. Valenciennes.
111. — Exploration pathologique.
1" MALADIES D£ L'OEUF HUMAIX; HEMORRHAGIE DE LA CADOQUE.
M. Boucbut prcsente un oeuf humain alleie recueilli dans les circonstances
suivantes -.
Une femme de 35 ans, deja deux fois mere ct ajanl donne !e jour a des en-
fants bien portanis, a vu de nouveau ses regies disparaitre au mois de juin
1850 ; elle se crut enceinte, car elle eprouvait les phenomenes gastriques el les
indispositions qui avaienl signale ses autres grossesses.
Au bout de deux mois, une metrorrhagie eut lieu et conlinua avec plus ou
moinsde violence pendant les mois d'aoiil, septembre, novembre, d^cembre.
Elle entra a la Pitie au mois de Janvier 1851, avec I'uterus tres-volumineux,
renfermant un corps elranger donl la nature resta douteuse. L'ulerus avail le
volume des deux poings du sujet- L'hemorrhagie conlinuait, et M. Bouchul
donna du seigle ergote a cette femme, qui rendit bienlol une tumeur grosse
comme le poing compos^e comme il suit :
Une tumeur creuse, a parois epaisses d'un centimetre, remplie de sang li-
quide; I'interieur de cette tumeur est partout mamelonuee ; et sur un de ces
mamelons se voient quelques petits vaisseaux reunis en un pedicule ou cordon
d'un demi-centimetre de longueur au bout duquel est suspendu un foetus bien
apparent dont on voit I'extremite cephalique, le corps, et quatre tubercules qui
sont I'origine des quatre membres.
Cette cavite est formee par la cavite de I'amnios, et sous cette membrane se
trouve le chorion, puis la caduque, et dans cette membrane du sang ancienne-
ment coagule endurci formant la parol de la tumeur ; cette paroi est a peu
pres de la meme epaisseur dans tous ses points, sauf les mamelons deja signa-
les, qui en augmentent ^k et la le diametre; c'est la en consequence une he-
morrhagiede la caduque aux premiers mois de la grossesse, qui s'est repandue
tout autour de I'oeuf et a suspendu son d6velopperaent ulterieur.
2<> ETAT DES MUSCLES DE LA JAMBE ET DU PIED , ET DE L'APONEVROSE PLANTAIRE
DANS UN CAS DE PIED-BOT VARUS (2« DEGRE DE M. J. GUERIN) ; par M. CHARCOT.
« Un hoiurae age de 60 ans environ, etait entre dans le service de M. Rayer,
a I'hopilal de la Charlie, pour y etre traite d'une affection cancereuse de la
13
langue. Mine depuis longlemps par la cachexie, il succomba enfin a un oedfeme
de la glotte, et probablement aussi au ramollissement de masses cancereuses
disseminees daus les deux poumous.
» Get homme elait porteur d'un double pieb-bot varus, didormil^ probable-
ment congenilale, mais qui remonlait tout au moins a une 6poque Ires-voisine
de la naissance ; il odrait en outre une deviation de la colonne vertebrale, Le
pied droit etait de beaucoup le plus diflbrme ; c'est le seul que j'aie disseque.
11 Avant la dissection des parlies molles, on constatait les faits suivants : 1° la
face dorsale du pied regarde directement en avant el un peu en bas; elle esi
en outre doublenient convexe, dans le sens de la longueur et dans le sens de
la largeur. On y reniarque une saillie tres-prononcee, arrondie, situee a 3 cen-
timetres au moins au-dessous du sillon de rariiculation libio-tarsienne; ceite
saillie, dirigee en oulre nianifeslement en dehors, est evidemment due a la
tete de I'astragale; 2° la face plantaire regarde en arriere et un peu en haul;
elle est profondement excavee daus tous les sens et recouverte par une peau
fine et formant des plis nombreux et profonds ; 3" le bord interne du pied forme
un angle droit avec I'axe de la jambe ; il offre en outre une legere concavite ;
le bord externe, devenu inferieur, offre une convexite dontle sommetest forme
par une saillie due au cuboide, et a une partie de I'exlremite anterieure du
calcaneura. Cette saillie est recouverte par une peau tresepaisse comme cor-
nee; c'est sur elle que reposait tout le polds du corps ; U° les orteils sont demi-
flechis, mais non relractes ; cetle flexion augmente encore la concavite de la
plante du pied; 5° le talon est tres-eleve; son bord inferieur est au niveau ne
I'exlremite inferieuredes malleoles ; 6° la jambe, entin, est amaigrie, cylindrique,
molle. On rencontre, par la palpation, une corde due au tendon d'Achille, et
une autre corde produite par la tension du jambier anterieur.
n II etait necessaire d'indiquer a quel degre etait arrive ce pied-bot ; voici
I'etat des muscles :
» Le jambier anterieur, I'extenseur commun des orteils, I'extenseur propre
du gros orteil ont un volume relativement assez considerable.
» Le jambier anterieur seul presente de la pSleur et du ramollissement dans
les fibres les plus inferieures.
» Le muscle pedieuxest enlierement alrophie, ligamenteux.
)i Le long et le court p6ronier ont un volume presque normal ; tous deux pre-
sentent la degenerescence graisseuse des fibres muscuiaires les plus inferieures,
le court peronier lateral surtout.
» Le jumeau et le soleaire ont diminue au moins de moitie ; les jumeaux n'ont
pas subi de transformation graisseuse ; le soleaire, au contraire, a ses fibres de-
colorees, friables et melangees de tissu adipeux. Le tendon d'Achille est tres-
court; son extremite inferieure est mince et cylindrique.
» Tous les muscles de la couche profonde de la region post^rieure de la jambe
sont atrophies et inUltres de graisse.
14
n Le jambier posterieur est le plus modifie.
» Le flechisseur propre du gros orieit a seul conserve un certain volume et
une quanlite notable de fibres musculaires rouges.
.) Quant aux muscles de la region plantaire, ils sent generalement petits,
pales, mous et friables, mais non transformes.
» Pour bien juger du degre d'action de chacun de ces muscles, je les ai cou-
pes successivement. La section des tendons des deux jambiers a fait cesser en
partie radduction, et lepied varus aete transformeen pied equin, ou mieux, en
equin varus, car un degre notable d'adduction se montrait encore. La section
du tendon d'Achille a fait disparaitre une partie seulement de I'equinisme ; celle
du long peronier lateral a diminue un pen la convexite du pied dans le sens de
sa largeur. L'ablaiion de tous les autres muscles n'a rien donne de plus,et, re-
duit a son squelelle ligamenteux et aponevrotique, le pied presenle encore une
dillormite tres-considerable.
" L'abduclion et I'exlension sont empechees par I'aponevrose plantaire rac-
courcie, epaisse, nacree et formant comme une corde lendue contre le calca-
neum et I'extremite anterieure des metalarsiens. La convexite dans le sens de
la longueur du pied est aussi lout enliere sous la dependance de I'aponevrose
plantaire, car elle n'a pas ete sensibleraent diminuee par I'ablation des diffe-
rents muscles qui peuvent la produire.
» Tous les OS ont conserve un certain degre de mobilite. Les ligaments arti-
culaires tendus et allonges; ceux qui sont silues dans le sens de I'adduc-
tion sont situes dans le sens de Tabduclion sont relacbes et replies sur eux-
niemes, conlrairement a ce qui a eu lieu pour I'aponevrose plantaire ; il est done
probable qu'apres la section de cette derniere, lout rentrerait dans I'ordre, a
moins qu'il n'existe quelque alteration profonde dans les surfaces articulaires
deplacees, ce que je n'ai pas encore verifie.
» Les arteres principales de la jambe et du pied, prealablement injectees,
avaient subi une legere diminution de volume; les nerfs ne m'ont presente au-
cune modiDcation notable. Une bourse muqueuse considerable et traversee par
des filaments tendineux existait entre la peau epaissie, corneeet la face snpe-
rieure du cuboide, qui reposait en partie sur le sol.
1) En resume, dans ce cas de pied-bot varus tres-prononce et ancien, nous
croyons devoir noter surtout les faits suivants ;
I) 1° Tous les muscles de la jambe et du pied ont subi une diminution generale
de volume ; aucun d'eux n'a entieiement disparu, aucun n'est enlierement rem-
place, soit par du tissu fibreux, soil par de la graisse. Le pedieux fail seul ex-
ception, il est entierement ligamenteux.
2" La transformation graisseuse, dans les muscles qui en sont atteints, se
montre surtout au niveau de leur extremile tendineuse. L'eiendue de cette
transformation, dans les differents muscles, n'est d'ailleurs nullement en rap-
port avec le degre d'action qu'ils ont pu avoir sur la production de la difformite;
15
les muscles qui ont dCi agir ne sont ni plus Di moins allures que ceax qui ont db
se reposer.
» 3° L'ablalion des differents muscles n'a moditie que lr6s-incompletement la
difformite, dont la plus grande parlie dependait du raccourcissement de I'apo-
nevrose plantaire, et a laquelle les ligaments articulaires ne prenaient aucune
part. •
3» DEVIATION ET CONTRACTCRE PERMANENTE DES MEMBRES APRfeS L'ECRASEMENT
DE LA MOELLE EPINIERE ; par M. BROWN-SeQOARD.
Dans le courant de I'annee 1850 et posterieurement, M. Brown-Sequard a
monlre plusieurs fois a la Sociele des pigeons, sur lesquels, a I'aide d'une tige
metallique introduite dans le rachis, il avail ecrase toute la portion de moelle
epiniere qui donne des nerfs aux membres posterieurs. Une roideur convul-
sive permanenle est survenue peu a peu dans ces membres, qui ont neanmoins
toujours conserve des traces de mouvements volontaires ou reflexes. Dans le
plus grand nombre des cas, les membres contractures se maintenaient dans
I'extension ; dans quelques autres la jambe restait fortement flechie sur la
cuisse. Des deviations dans diverses parties de ces membres se sont develop-
pees avec lenteur, mais d'une maniere continue, realisant ainsi, sous les yeux
de I'observateur et de la fa^on la plus incontestable, la partie de la doctrine
de M. Jules Guerin relative aux liens de causalite existant entre les alterations
du sysleme nerveux et les deviations.
^
COMPTE RUNDU
DES %UUU
UE
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PKNDANT LE MOIS DK MARS 1851 ;
vAn
M. Ic Docteiir BROWK-S^QUAIU) , B«cr«tair«.
Pr^sidence de M. RAYER<
I. — PHTSIOLOGIE.
I" INFLUENCE DE LA (.INQLIEME PAIRE DE NERFS SUB LA SECRETION SALIVAIRE ,
par M. Louis Vella (de Turin).
Depuis longlemps on connail I'mfluence que le nerf trijumeau exerce 8ur la
nutrition de la face,et parliculierement Ics alterations qui surviennent dans I'oeil
apr6s que cc nerf a ete coupe ; mais on n'avait pas examine I'influence specials
que la cinqui^me paire pouvait avoir sur la secretion des glandcs salivaires.
Plusicurs physiologistes ont donnt' des raisong plus ou moins plausible* pour
18
demontrer que la troisienie paiie, ou le fiwiitl s.Nmpatliique peuvent influencer
exclusivfment la secretion de la salive ; mala leurs opinions ne sunt baseessur
aucune experience directe, seul moyen cependant de resoudre la question. C'est
ce moyen que M. Vella a employe. II resume ainsi les resullats qu il a ob-
tenus :
« J'ai experimente sur le chien et sur le lapin, et voici ce que j'ai observe :
» 1" Sur un chien adulte, j'ai coupe la cinquieme paire dans le crane, et le
jendemain, les symptomes consecutifs k la section du nerf eiant ires-manifestes,
c'est-^-dire que I'ffiil commenqait a s'enfiammer, la cornce a devenir opaque el
que I'insensibilite de tout le cole de la face eiait bien apparente, j'ai dccouverl,
du c6le ou se trouvait la section du nerf, le conduit parotidien, dans lequel j'ai
introduit un petit tube pour recueillir dela salive. J'ai ensuite excite laseerelion
ealivaire en versant du vinaigre dans la bouche, et j'ai bientot vu qu'il y avait
ecoulement d'une salive qui etait alcaline et presentait les caracteres de la salive
normale. Les jours suivants, j'ai fait des observations semblables sur I'ecoule-
ment de la salive, et j'ai remarque que la secretion allait en diminuant, et que,
lequatrieme jour, elle etait devenue presque nulle lorsque I'animal mangeaitet
machait des corps durs, ou bien quandon introduisail dans sa gucule des sub-
stances acides comme le vinaigre. Le septifeme jour, apies avoir constate que la
secretion salivaire avait a peu pres disparu, j'ai sacrifie I'animal, et I'autopsie
m'a clairement montrc que le nerf eiaii bien coupe.
i> 2» Sur un lapin adulte, j'ai coupe la troisieme paire dans le crane du cote
gauche. Immediatement apres, les symptomes de la section se sent montres, et
des le lendemain, la cornee a commence h devenir opaque. Le huilieme jour,
I'animal etant du reste assez bien poitant, j'ai mis a nu et j'ai ouvert le conduit
parotidien des deux cotes de la face. J'ai ensuite lait manger I'animal, qui etait
^ jeun depuis vingt-quatre heures. J'ai observe avec soin I'ecoulement de la sa-
live des deux cotes, et j'ai vu qu'il y avait k peine un suintement leger du cote
de la section, tanJis que du cote sain la salive coulait en abondance comme dans
I'etat normal.
» 3° Sur une cliienne adulte, j'ai decouvert sur les joues les deux conduits
parotidiens, dans lesquels j'ai introduit des tubes pour recueillir la salive ; puis
j'ai pratique la section de la cinquieme paire du cote gauche. Avant cette sec-
tion, j'avais constate que I'ecoulement etait egalement abondant des deux coles.
Apr6s la section, j'ai fait la meme observation en introduisaot du vinaigre dans
lagueule de I'animal, et j'ai constate k plusieurs reprises que I'ecoulement etait
beaucoup plus considerable du cote oii le nerf etait coupe. Le lendemain, cette
augmentation persistait. Je n'ai point encore tue le chien pour m'assurer par
I'autopsie de la section complete du nerf j mais les symptomes d'insensibilite de
la face donnent lieu de croire que cette section exisle.
» D'apres ces experiences, il est evident que la section dc la troisieme paire a
influence la secretion salivaiic. J'ai en elTet conflate :
19
ti i» Que quelques jours apres la section de la cinquieme paire, la secretion
salivaire diminue el finit par disparaiire completement, tandis qu'elle continue
(111 cote oii ie nerf n'a pas ete coupe ;
» 2" Que cette disparition n'a pas lieu immediatement apres I'operation, et sur
Ie chien qui fait le sujet de la tioisieme experience, la secretion a paru augmen-
ter dans les premiers moments ;
3° Que, dans tous les cas, la secretion de la parotide est restee alcaline et h
presente les caract^re s physiques de la saiive dans I'etat normal.
» Je ne tirerai pas d'autres conclusions de ces fails, parce qu'ils sonl encore
Irop pen nombreux. » (8 mars.)
2° SUR UN NOUVEAU PRINCIPE IMMEDIAT DE L'ECONOMIE ANIHALE ;
par M. Verdeil.
« J'ai decouverl dans le tissu pulmonairedes principaux mammif^res un nou-
veau principe immedial. Cette substance existe aussi dans le sang : c'est un
corps cristaliisable, azote, ayanl une reaction acide ; il est tres-soluble dans I'eau,
peu soluble dans I'alcool et insoluble dans I'ether. N'ayant pas encore termina
I'etude cbimique de cette substance, je bornerai \k pour aujourd'hui ce que j'ai
^ dire de ce nouveau corps. » (22 mars.)
II. — Pathologie et anatomie pathologique.
1° TUMEUR DU VOLUME d'UN OEUF DE PIGEON COMPRIMANT LE c6tE DROIT DE LA
moelle allongee ET LES NERFS QUI EN PARTENT ; Observation recueillie par
M. Charcot.
Une fimme agee de 48 ans, entree le 28 fevrier k I'hopital de la Charite, est,
dit-on, malade depuis trois mois environ; elle a ete soignee, au debut de son
afTection, par M. le docteur Gublei', qui a bien voulu nous donner les rensei-
gnements qui suivent. M. Gubler a vu cette malade quinze jours environ apr^s
le debut de la ce|jhalalgie opcipito-temporale tics-violente donl elle se plaignait.
I.a nuque etait alors un peu douloureuse a la pression, ceque la malade attri-
buait flle-memea une violeui-e exterieure qu'elle avail fubie auparavant; mais
.M- Gubler n'a pas trouve les points douloureux circooscrits des nevralgies pro-
prcmenl diles. Les organes des sens ofFraient une ties-grande susceptibilite ; Ic
(noindre bruit, I'impvession li'une faible lueur, etaienl impaliemmenl supportes
el semblaient exasperer les douleurs de tele
Cliaque mouvement du corps rcveil'.iit des envies de vomir qui etairnt quel-
quefois suiviesd'efTel ; aussi la malade eprouvaitelle la plusgrande repugnanco
a quitter le repos absolu aiiquel elle s'olait rnndamnee, pour rc(iondre aux ques-
tions qn'on lui adri ssail.
A cps syniptomes s'ajoutaient iiii resserrement considc'rnble lie la pupille et
M
une c<.>DStipation opiniitre, sans ballonnement ni sensibilite exageree du ventrf .
I J langue etait un peu blanche, mais humide ; le pools n'avait point de frequence ;
la peau etait sans chaleur febrile. 11 n'y avail aucune douleur dans le tronc ni
dans les membres, ni paralysie dans un point quelconque. Jamais il n y avait eu
ni Tfrtiges ni conTulsioos epileptiques.
Daprte cet ensemble de circonstances, M. Gubler s'arreta a I'idee d'un ramol-
lis^emenl superficiel et circonserit de la substance grise, et mieux encore a une
tumeur intracranienne. ^Dii sangsues furent appliquees derriere cbaque oreiUe ;
CO administra un purgatif : calomel, 1 gramme ; rhobarbe, 4 grammes. En ou-
tre, du chloroforme fut exploye en applications topiques pour calmer la cephal-
algia)
n en resulta un soulagement tres-considerable ; mais au bout de deux jours,
cetle femme fulemmenoe par son fil5,et M. Gubler la perdit de vue. D'apres les
renseignements qui nous ont eledonnes par le fiis de la malade, peu apres I'e-
poqne oil M Gubler cessa de la voir, se manifestent une grande heldlude, de la
faiblesse dans tous les membres, avec resolution et sans douleur, et enfin un
embarras tres-remarquab!e de la parole. La cephalalgie se reproduit bientot avec
lameme intensite q-je par le passe; les voraissements et la constipation persis-
tent opiniatrement.
Un seton a la nuque,de5 vesicatoires aux cuisses, restenl sans efifet. et on se
decide enfin a faire entrer la malade a ITiopital. Nous la trouvons alors dans
I'etat suivant :
Ce qui frappe tout d'abord, c'est I'air hebete de cette femme. Apres avoir assea
nettement rvpondu aux questions qu'on lui adresse, elle ne tarde pas a montrer
d'elle-meme que ses facultes intellectoelles sont profondemenl allaiblies el per-
verties. Elle se plaint de douleurs tres-vives dans la region du cervelet; sa tete
est sans cesse penchee vers I'epaule droite, mais sans aucune roideur ou con-
tracture des muscles du coo. Tons les membres sont dans !a resolution ; cepen-
dant, quand on dit a la malade de remuer ses bras el ses jambes, elle le fait sans
trop de difficu'.le. D'ailleurs, ni douleurs ni contracture dans les membres supe-
rieurs oa inferieurs; ceux du cote droit neparaissenl pas plus faibles que ceux
do cote gauche Quand on ia pince , elle sent assei vivement et assei rapi-
dement.
Pas de strabi^me ; pas de chute de la paupiere ; pas de surdite. Les pupilles
•Qt one dilatation egale. La malade dit n'avoir jamais eprouve de Terliges, n'a-
Toir jamais en de bluettes, n'aToir jamais eu de bourdonnements d'oreille on
autres hallucinations.
La bouche est on peu pendante; mai? il n'y a pas reellejoent paralysie du
facial, ct la malade pent siffler et soufDer. Quand un lui dit de lirer la iangue,
elk le fait rapidemeni , mais la pointe de cet organe est immcdiatement porlee
a droite; cependanl die peut la fair? tourner dans sa Uiuthe, ei en porle aise-
m^ai la points do roip caiifhe quand nn lui ordnnne de le bire. Mais s> on Iqj
21
repute rinjoDction de tirer la langue, elle en porte de nouveau la pointe 4 droite.
Nous n'avons pas recherche si ie gollt persistiit ou etait aboli, s'i! y avail quel-
que modification dan* la sensibilite de la face. Les moavements de la deglutition
sont conserves intyrii. Pendant tout le temps que la malade est restee dans la
salle, les vomissements n'ont cesse d'exister et la constipation a ele ext eme-
ment opinialre. Le tiaitemeiit a consiste en I'apposiiion de boulons de feu k la
region de la nuque. Nonobslant la prostration a augmente; il est survenu una
sorte de coma, et la malade est morte le 9 mars, sans avoir jamais eprouve de
phenomenes convulsifs.
En raison des phenomenes que nous venons de decrire, il panissait probable
qu'il s'agissail icl d'u; e tumeur difficile a determiner, laquelle aurait comprimc
le nerf hypoglosse. 'Aj julons que I'abseDce d'ai cidents syphilitiqueaou luberco-
leux, que ('absence de cachexie cancereuse, permeltaienl dej4 d'eloigner I'idee
de I'influe ce de I'une de ces diatheses. L'autopsie fit reconnaitrequ'une tumeur,
du volume et de la forme d'un gros oeuf de pigeon, etait situee a la partie ante-
rieure du lobe droit du cervelel, dans lequel elle s'elait creus^ une logette.
Cetle tumeur comprimalt egalement le pedoncule droit du cerveau, et repoua-
sant vers la gauche la moelle allongce, ejie aplatissait tres-manifeUement tous
les nerfs qui en partcnt, ceux du c6te droit seulement, bien entendu (audllif,
facial, pneumogastrique , glosso-pharyngien, et en pariicuiier I'hypoglosse). La
cinquieme paire elle-meme etait considprablement aplatie. Le moteur oculaire
commun et le moteur oculaire exlerne, places sur la ligne mediane, etaieot par-
(aitementintacts.
Cette tumeur, comprise entre la tente do cervelet, d'un cote, et le cervelet
)ai-meme, de I'autre, n'avait contracte que de tres-faibles adherences avec ces
differentes parties, el on pouvait I'enucleer avec !a plus grande facilite en de-
truisant un tissu cellulaire tres-lache.
ConsiJeree en elle-memi', 'a tumeur paraissait recouverte a I'interieur par une
8orte de tunique fibreuse difficile a enlever. Son tissu propre etait dur, eriant
sous le scalpel, sec, un peu mamelonne. L'exim''n microscopique y demon-
trait tous les caracieres du tissu fibro-plastique , avec predominance du tissu
fibreus.
Void done un exemple dans lequel la deviation de la pointe de la langne pa-
rait bien neUement determines par la compression exercee sur I'hypoglosse par
une tumeur extra-encephalique ; mals il reste a se demander comment la com-
pression simultanee de la pJupart des nerfs qui naissenl du cote droit de la moelle
alloiigee ne s'est pas accompagiiee de phenomenes plus saillants que ceux qui
ont ete observes. Nous avoiis dit, eu elT-t, qu'il n'existail pas de vraie paialysie
faclale (du mouvement}, pas de vives doaleurs d'un cdtede ia face. L'audition ne
paraissait pas abolieni meme modiCee. Aucan phenomene anorraal du c6t6 de
la deglutition n'etait appreciable. (15 mars.;
22
2« SDR QUELQUES ALTl^RATIONS DES CARTILAGES D'ENCROUTEUENT ; par M. Bl^RAUD.
« On sait que les cartilages, examines au microscope, presentent deux choses :
d'un cole, c'est une substance fonilaraentale, liomogene, sans fibres d'aucune
esp6i?e; d'un autre cole, c'est une espece de caviie qu'on appelle vpsicule on cel-
lule, et qui est epaise en plus ou moins gr:ind nombre et avec plus ou moins de
regularile dans celle substance. Nous allons done examiner les aileralions que
nous avons vues dans cliacun de ces elements dii tissu cartilagineux.
» 1° Dp. la substance fondamentale. — Quand un cartilage est sain, on n'y
voil ni lissu cellulaire ni vaisscaiix, d'apres les opinions les plus lepandues; ce-
pendant, quand on examine au microscope, comme je I'ai fait, un fragment de
cartilage qui appartient a une tumeur blainhc, on pent y trouver une oigani-
fation plus avancee. J'y ai vu du li.-su cellulaire et des vaisseaiix s'y developper
sous influence du Iraviiil particulier qui a pioduil la tumeur blanche.
» Le tissu cellulaire m'esl apparu dans un fragment de cartilage pris sur un
condyle femora! compris dans une tumeur blanche. Ces fibres de lissu cellulaire
etaient bien caracterisces par des filaments cylindii(iues, h contours lisses et
clairs. Lesreaclifs chimiques m'ont encore prouve qu'il s'aglssait bien du tissu
cellulaire. Ces fibrilles elaieni insolubles dans I'acide acetique.
» Les vaisseaux des cartilages d'encroiiiement ont cle iiies a I'elat sain par
Beclard et par M. Velpeim ; je neveux pas aborder cette question aujourd'hui : je
ne venx parler que des etats pathulogiques. Eh bien ! dans ce cas, j'ai vu des
vaisfeaux dans les cartilages. Voici ijuelle est lenr di.-posilion sur le desEin que je
vais vous montrer.
» Vers le point oil le cartilage cesse sur le condyle femoral, il exists un rameau
arteriel assez volumineux, ayant presque 1 millimetre de diametre. De sa con-
vexite partem des ramifications qui s'en vonl dans I'epaisseur du cartilage. Sur
la partie posserieure du condyle externo, il y a un lameau arteriel extiemement
bien injfctr, qui s'avance, en se ramifiant, jusque vers la parlie moyeruie du
condyle, et vient presque s'anas omoser avec le vaisseau qui part du cote oppose
du condyle. AInsi chaque condyle est enlace par un ceicle aiteriel d'oCi partent
des ramiaux qui travcrsent lasub.-lance du cartilage.
» J'ai d'abord doubi que ce lut dans I'epaisseur du cartilage que I'lnjeclion eut
penetre,et j'ai cru avoir tiouvii un fait d'injection lie la syiioviale existant sur
les cartilages; mais en examinant avec attention, j'ai bien vu que c'elail dansle
cartilage mcnie que ces vaisseaux existaient. J'ai r^ndu M. Robin tcmuin de ce
fait. Voici conunent j'ai pratique I'injection.
' » J'ai pris du chromate de potasse et de I'azotate de p'omb ; j'.;ii mis ces deux
substances dans IVau. II s'e>l form6, par double decomposilon, du chromate
fie plomb, qui, rcslant suspendu dans I'air, a cte ainsi injecle par I'articulaiie
moyenne.
» J'ai paric de ce fait h M. Brora, proFectenr h la Faculte de medecine, qui
23
m'a fait voir des dessins ile cartilages d'encroutement malades injectes. On sail,
d'un autre cote, que Sanson (Journal des connaissances m£dico-chirurgicales,
p. 143, annee 1835) dit avoir injecte des cartilages articulaires pendant qu'il
etait prosecteur de Dupuytren, et avoir plusieurs fois trouve sur le cadavre de
sujets morts k la suite de tumeurs blanches, drs cartilages articulaires avec ra-
molissement fongueux dans une partie de leur epaisseur, tandis que d'autres
couches du meme cartilage n'etaient que rouges etramollies.
» Dans une these soutenue, en 1841, k la Faculte de Montpellier, on parle
encore de rinjection des cartilages articulaires, mais c'est k I'etat sain. Ces in-
jections Oiil etc faites par M. Verges, prosecteur de cetle Faculte.
» Ainsi, sans vouloir discuter la question des vaisseaux k I'etat sain, nous
pouvons dire qu'il y a des vaisseaux, dans les cartilages, a I'etat patho-
logique.
» 2o Alterations des cellules et des corpuscules cartilagineux. — En m^me
emps qu'il se forme des productions nouvelles dans la substance fondamentale
du cartilage, ces autres elements se ressentent de cette nouvelle vie. Les cellules
deviennent opaques et les corpuscules cartilagineux se diviseiit, et finissent meme
par se presenter sous la forme d'une poussiere noiratie, extremement fine ; de
sorte qu'on croirait avoir sous les yeux un corpuscule osseux, uial delimite. Je
n'ai pas encore examine les proprietes chimiques de cette poussiere. Quoi qu'il
en soit, il est tres-facile de constater au microscope ces plaques noiralres disse-
minees dans la substance du cartilage. Les parois de la cellule semblent detruites,
k cause de I'irregularite que presentece corpuscule noiralre.
» Ainsi voila un organe qui tend k revetir une autre forme : il se vascularise,
il tend k s'elever dans son degre d'organisation, mais ce n'est que pour etre mieux
detruit, etavcc cette nouvelle vitalite du cartilage, nous pouvons nousexpliquer
toutcs les alterations de ce tissu avec une tres-grande lacilite. Quand ce cartilage
aura toutes les proprietes d'un os, par exemple, pourquoi ne pourrait-il pas en
avoir les maladies? Aussi il pourra etre altcint d'ulceralion el d'inflammation,et
si Ton vient a le diviser, ou s'il est le siege d'une solution de continuite quel-
conque, il pourra se cicatiiser.
» On sait aussi que cenx qui admettent la non-vitalite des cartilages preten-
dent que les alterations de ce tissu sont toujours consecutives aux alterations de
I'os correspoiulaiit au point makule; mais si nous admettons, comme nous
croyons I'avoir deniontre, que les cartilages peuvent i'organiser, nous nous ren-
drons eompte de leurs alteiatioris inddpeiidamment de celles des os. J'ai vu tres-
souvent des ulcerations, des rainoUissements du t.ssu cariilagineux avec une
inlegrite parfaite de i'os situe au-dessous. Cependaiit je ne pietends pas dire
que si I'os est maladc, Ic cartilage ne le deviendra pas : loin de la. (22 mars.) »
3° NouvEAUx CAS d' ALTERATIONS RES CARTILAGES; par le meme.
Dans la communication qui precede, M. Beraud avail avance que les cartila-
'2h
Kes peuvent etre nlleres independamment de I'os silue au-dessous; il piesenle df^
nouvelles pieces a I'iippui de cetle proposition. II monlre d'abord deux roluleft
qui olFrent dans un point bien determine, laige comme une piece de l franc,
une alteration qui donne au cartilage I'aspect d'un velours k flls tres-longs. Ces
filaments, separes les uns des autres, sonl mous et non elastiques. En coupant
la rotule perpendiculairement a la surface arliculaire, on voil que la lamelle
osseuse sous-cartllagliieuse est non-seuiement intacle , mais encore il reste
un lisere du cartilage qui ne parail pas avoir perdu de ses pioprietes nor-
males.
La memc disposition se rencontrail sur deux condyles de deux tibias.
Mais sur une tete femorale, il a constate vers le point le plus cieve de cetle
eminence, non loin du ligament lond, une plaque qui avail les caracteres sui-
vants : elle prcsenlait un gonflement assez manjuc, large comme une pi6ce de
50 centimes. Ce gonllement etait encore plus appreciable quand on fendait la tete
femorale. Alors on pouvait voir que, dans ce point, le cartilage avalt une hau-
teur de 1 millimetre et plus audessusdes parties circonvoisines. D'ailleurs, ce
gonflement allait en diminuaiit d'une manieie insensible. Slais partout oil exis-
tait ce gonflement aial limite, il y avait aussi une rougeur tres-vivequi etait mal
circonscrite. On ne pouvait pas dire qu'elle tenait a une imbibition d'un liquide
colore; car alors les autres points de la suifaie cartilagineuse auraient eu la
raeme coloration. Dans cet endroit, le cartilage etait ramoUi, mais n'avait pas
encore perdu complelement son olasticile. L'os corresponilant au point malade
du cartilage n'a offertaucune alteration appreciable, etil avail les niemcs carac-
teres que dans les points correspondants a des cartilages sains. II faut ajouter
que la synovie n'etait ni augmentce ni coloree. (29 mars.)
4* VEGETATIONS DES VALVULES ACRICDLO-VENTRICULAIRES GAIICHES, AVEC HVPERTRO-
PHIE DU COEUR ET HYDROPISIE ASCITE ; ULCERATIONS MULTIPLES DE LA MUQUEUSE
DE L'ESTOMAC ; TUMeURS GELATINEUSES DANS LE FOIE, CHEZ UN CHIEN AGE DE I 2 ANS ;
par M. Charcot.
Un chien de garde, matin, d'assez forte taille, et qui avait epronve la nialadie
dans les premieres semaines de sa vie, s'etait ensuile toujours bien porte, lors-
qu'il y a quatre k cinq mois, il tomba tout a coup malade, cessa de manger re-
guliferement et maigrit d'une maniere tres-inompte. II etait alors age de 12 ans
moins quelques mois. Sa maladie fut attribuee k ce qu'il avait mange avec avi-
dite des etoupes servant au pansement d'une plaie suppurante d'un cheval. Quoi
qu'il en soit, ce fut quelques semaines aprcs que la maladie eclala. D6s le debut,
outre I'amaigrissement et I'inappetence, il faut encore noter une soif que rien
ne pouvait satisfaire, et a cette epoque dej^, les excrements, qui etaient toujours
sees, farineux el d'une teinte grisatre, devinrent habilncllenient noirs el semi-
liquides. Peu k peu le train de derriere s'alTaiblit considcrablement et ne peul
plus supporter I'animal, qui ne se deplace plusgiierc. La maigreur devient ex-
25
cessivc; nmis le ventre reste volutnineu^ el prtsente tous les signes de l'h3fdro-
pisie ascite. Dans les derni^ies semaines de sa vie, ranima! reruse toule nourri-
ture; il boit sans cesse avec avidito, rend des excrements liquides jaunatres et
teints de sang. La veille de sa mort, il eprouve quelques vomissements, et rend
de nouveau des excrements colores en rouge. On note que le cadavre n'eprouva
pas de roideur.
Le cerveau et la moelle epiniere ne presentent h I'autopsie aucune alteration
qui puisse expliquer la paralysie des membres posterieurs. Le coeur est tres-vo-
lumineux; les parois du venlricule gauche surlout sonl fortement epaissies. Le
bord libre des valvules auriculo-ventriculaires gauohes presente une serie de
vegetations volumineuses, transparentes, tresadherentes aux valvules. Ces ve-
getations ont toutes leur extremite libre dirigee vers la cavite de roreiilette. Ces
vegetations, examinees au microsi;ope par M. Leberl et M. Davaine, paraissent
essentiellement composces de fibrine a I'etat amorphe, contenant des granula-
tions de caractere indetermine, insolubles dans I'acide acetique. Pas de traces de
vascularisation. Les valvules auriculo-ventriculaires droites presentent au ni-
veau de leur bord llbie un epaississemeiit et quelques vegetations analogues
aux precedentes, myjs bien nioins importantes. Rien aux valvules sygmoides;
rien de notable non plus dans les autres points de I'endocarde. Les poumona
etaient sains.
L'abdomen etait distendu par une grande quantite de serosiJe jaunatre, trans-
parente, sans flocons albumineux.
Les intestins, examines dans toute leur etendue, ne presentaient aucune le-
sion, leur inuqiieuse etait lapissee par un mucus d'un brun rouge tres-fetide.
L'estomac, un peu revenu sur lui-menie, piesentait a sa face interne de nom-
breux plis ; mais en outre sa muijueuse presentait une coloration Qii et la rouge
brique, et par places d'un violet fonce; on y voyait un nombre considerable d'ul-
cerations ovalaires, d'etendue variable, mais dont quelques-unes etaient aussi
larges qu'une piece de 1 franc. De ces ulcerations, les unes paraissaient en pleine
activite et etaient entourees d'une aureole violacee ; d'autres semblaient en voie
de reparation el ne presentaient plus ci leur pourtour ou dans leur fond de vas-
culariteanormale. Quelque.— unes dVntre elles niettaienl a decouverl la tunique
celluleuse; d'autres, au contr:iiri% n'avaient pas attaque toute I'epaisseur de la
membrane : c'etaient de simples exnicerations.
Le foie, assez volumineux et un peu bossele, etait seme de noyaux blancha-
tres, diaphanes, de consistance gelatineuse, dont quelques-uns atteignaient le
volume d'une grosse noisette. 22 mars.)
h° HEPATITE SUPPUREE, LOBULAIRE, AVEC CIRRHOSE GENERALE ; par
M, Laboulbene.
M Laboulbene presente k la Societe le foie d'un iiiiilfHle qui a .sui-combe dan»
le service de M. Monnercl, a i'hopital deBon-Sccours.
26
Le malade est rcsle un mois el demi environ dans le service ; il ofl'rait des
signes non equivoques d'une cirrhose ancienne et d'utie nialadie du coeur ca-
racterisce par un soulDe au premier liruit ; Toedeme etait considerable. II fut
ponctionnedeuxfois, et la paiacentfce fouinit un liquide, clair, sans grumeaux;
enfin on lui a pratique des mouchetures tres-superficielles aux deux jamlies, et
il s'est ccoule pendant douse jours uneseiosite extremement limpidefort abon-
dante ; il n'y eut pas de fignes d'hepatite.
Le foie avail toujours ele difficile k limiter a cause d'un son clair, intestinal,
qui dominait dans la region hcpatique; neanmoins I'organe ne paraissait occu-
per qu'un minime espace. La digestion s'est trfis-longtemps accomplie d'une
inaniere reguliere ; il n'y avail jamais eu d'ictere.
AuTOPSiE. Le foie, profondemenl attache dans I'hypocondre, adliAre dans toule
son etendue au diaphragme et a une portion de I'estomac. II a diminue d'un
tiers de son volume naturel. 11 rst lobule, fortemeiit niamelonne sur ses deux
faces.
La capsule de Glisson est epaissie, blanchatre, surtoul au niveau des depres-
sions; elle est doublee par une fausse membrane continue qui s'enleve et se de-
tache avec elle (peritonite p^rihepatique). Dans quelques portions, la capsule
seule existe sans fausses membranes.
Face superieure inegale, sillonnee par de profondes depressions, isolant de
grosses saillies mamelonnaires; face inferieure plus inegale et plus bosselee et
comme divisee en une foule de lobules.
Le tissu du foie est constitue par de grosses granulations jaunes semblables k
du tissu graisseux, laissant apercevoir cntre elles un reseau vasculaire tres-abon-
dants, de nouvelle formation, qui les separe en une foule de granulations se-
condaires. De nombreuses ecchymoses interstitielles s'observent partout.
A rextrrmite du bord trancliant et droit du foie existe une petite induration
blancbatre formee par un abces qui a son siege dans le tissu hcpatique, sans
connexion avec ses conduits ; un second abc^s plus central, de la grosseur
d'une noisette, ett plus manifeaement encore que le premier le resultat de la
suppuration de lobules hepatiques. Un kyste ou une membrane commence k se
former autour de eel abc6s.
Plus loin encore, dans le centre du foie, se trouve un troisi^me abc6s forme
par I'agglomeration de plusieurs grains du foie qui onl suppure. La colkction
purulenle est enkystce.
Un peu plus loin enfin et en avanl un quatrieme abc6s, situe pres de la vesi-
cule du Cel (mais sans connexions avec elle), renferme un pus verclaire, phleg-
moneux. Le tissu hepatique environnant est fortement enflarame, dur, rougeatre,
sillonne par de petits vaisseaux de nouvelle formation et de petiles ecchymoses.
Cette partie enflammeeest assez dureet tranche ainsi sur leresle du foie qui est
d'une mollesse extreme. Le tissu de I'organe se reduit partout en une bouillic
jaunatre.
27
II est digne de remarque toutefois que, dans un grand nombre de points eloi-
gnes des abces, le tisau est fortement congestlonne, et cette congestion est par-ci
par-1^ portee jusqu'a I'hemorrhagie.
La veins porte a ete poursuivie avec grand soin et, sauf une coloration d'un
rouge livide, suspecte, qui ne parait etre qu'un resultat d'imbiljition cadave-
rique, elle ne prcsente aucune trace d'inflammation ; elle ne renferme aucun
caillot.
Rien dansles conduits biliaires, ni dans la vesicule du fiel.
C(Bur, Cavites et valvules droites normales. Co3ur gauche avec la valvule mi-
trale saine ; mais sur deux des valvules sigraoides, dans leur epaisseur meme,
sont deposees de grosses granulations osteocalcaires, faisant saillie surl'uneet
sur I'autre face; elles n'empechent point les valvules de jouer et d'etre suffl-
santes. L'eau projetee dans i'aorte ne s'ecoule point dans le ventricule gauche.
L'aorte est alteree, atheromateuse ; elle est revetue, surtout dans sa portion
pectorale, de plaques cretacees pour la plupart et faisant saillie dans le vaisseau.
(t"mars.)
6° son UN CORPS ^Stranger de L'ARTictLATiON coxo-femorale ;
par M. Beraud.
Aujourd'hui on pent rattacher les corps elrangers des articulations k quatre
sources, Les uns les font venir des surfaces libres de la synoviale , d'autres des
cartilages, d'autres encore du sang organise; les derniers enfin de I'agglomdra-
tion des cellules epitheliales qui revetent les surfaces artlculaires. U existe des
exemples de chacune de ces origines, de sorte qu'il ne faudrait pas elre exclu-
sif. Sur la piece monlree par M. Beraud, on voit un fragment de cartilage libre
dans I'articulation et encore placee dans le point d'oii il s'est deiache. Ce frag-
ment a la forme et le volume d'un grain de bte un peu aplati ; ses bords sont
arrondis, dememe que les bords de la solution de continuite du cartilage. II est
deux fois plus petit que I'espace d'ou il s'est detache, de sorte qu'il olTre par
rapport au cartilage le meme aspect que I'os necrose par rapport k la portion
d'os encore vivante. On voit un peu plus haut d'autres petits fragments de carti-
lage qui sont sur le point de se detacher, et qui ne sont plus adherents que par
un point tres-circonscrit de leur face profonde. (29 mars.)
7° ALTERATIONS DES AHTICOLATIONS DANS LE RHUMATISME ARTICCLAIRE CHRONIQUE;
FAUSSE CONTRACTURE RHUMATISMALE ; ANKYLOSES ; par M. CHARCOT.
L'observation et les pieces anatomiques que j'ai I'honneur de presenter i la
Societe sont de nature a eclairer plusleurs points de I'histoire du rhumatisme ar-
ticulaire chronique. Les articulations presentent en effet k tous les degres pos-
sibles, depuis la simple erosion du cartilage jusqu'^ I'ankylose celluleuse, les
lesions qu'on a designees dans ces derniers temps sous le nom d'arthrite scche.
28
Nous voyons en outre uiie loiileur avec obstacle a I'extension complete de Tavant-
bras sur le bras, consideree pendant la vie eomme due a une contracture rhu-
matitmale sitigeaiit dans les muscles, mais que I'autopsle demonlre tenir tout
simplenient k une lesion particuliere de I'articulation du coude. Voici d'abord
quelques details sur les phenomenes observes pendant la vie.
Le 3 mars 1851, entre dans lasalle Saint-Michel, service de M. Rayer, a I'ho-
pital de la Charite, le nomme Maul-Laurier Beaufils, tailleur, age de 56 ans.
Cet homme n'a pas eu de parents goutteux ou rhumatisants ; il se nourrit habi-
tuellement mal et ne boit jamais de vin. En 1828, 11 habitait un rez-de-chaussee
tenement humide que les murs en sont continuellement mouill6s et qu'ils sent
couverts de cristaux ; au bout d'un an de sejour dans ce lieu, Maul eprouve tout
k coup pendant la marclie une douleur lellenienient vive dans larticulation de
la premiere avec la deuxieme phalange du gros orteil droit, qu'on est force de
le ramener chez lui. Cette douleur, il la compare a un cngourdissement tres-in-
tense. Quelques mois apres cette premiere altaque, loutes les articulations des
orteils du pied gauche deviennent simultanement rouges, tumefiees, et causent
des douleurs analogues k celles qui avaient existe dans le pouce ; cette nouvelle
invasion est d'ailleurs piecedce de frissons et accompagnce de fievre ; bienl6t
apres le pied droit se prend lui-meme, et enfin les articulations des doigts des
deux mains. D'abord bornees aux petiies articulations, la tumefaction, la rongeur
et la douleur se montrent bientol aux articulations tibio-tarsiennes et aux deux
articulations du poignet, Cette perio'le d'acuitc dure huit jours environ pendant
lesquels le malade ne pouvant plus marcher elait traiisporte chaque jour a I'hS-
pital Saint-Louis oii il fait usage des le debut de bains de vapeurs et de fumiga-
tions. Au bout de ce temps survient une remission, suivie bienlot de nouveaux
acces venant irregulierement de temps a autre, le.-quels etaicnt precedes par de
legers frissons et s'accompagnaient de sueurs abondantes. Les choses restent
ainsi pendant cinq ans environ.
En 183.'), Maul, qui habite cependant alors un logement sec, voit le mal qui
s'etait borne [iresque exclusivement aux petites articulations des pieds et des
mains envahir les coudes, et a cette epoque dej^ se nianifesle une certaine difH-
culte d.ms I'extension de I'avant-bras sur le bras. Ce sont surtout les membres
superieurs qui sont le siege du mal k cette nouvelle pciiode de la maladie. C'est
alors qu'il commence a apercevoir une deformation dans les articulations des
doigts de la main; a cette epoque aussi il fait remonter les diverses ankyloses
que nous observerons dans diverses articulations des extremites inferieures.
Enfin, apr^s une seriede rechutes pendant lesquelles augmentent les dilTormites
articulaires et la perte ou la diminution des mouvements de certaines d'entre
elles, une douleur se manifeste pour la premiere fois dans I'epaule gauche sans
rougeur ni gonflement cette fois.
Lors deson entree a I'hopilal, cet homme nous parait d'une constitution en-
liercment deterioree; il est faible, cacochyme, pale et maigrc. 11 assure nc tous-
set que depuis iiti mois environ, el n'avoir jamais crache de sang. II y a dix
jours qu'k la suite de frissons il eprouva un point de cote a\ec oppression au c6t6
gauche de la poitrine; bientot surviennent de rinsomnieetde I'inappetence. II
assure que lors de I'invasion du point de c6te, les articulations des mains qui
etaient gonflees et rougis cess^rent subitement d'etre tumeGees et douloureuses.
D'ailleurs pas d'aniei-edents syphilitiques, jamais aucim pheiiom6ne notable soil
du cote de I'estomac, soit du cote du coeur ou des intestins. L'urine est habituel-
lement tr6s-claire.
Get homme, outre les bains de vapeurs dont il a fait usage h une certaine epo-
que, se contentait de prendre lors des attaques de huit k dix gouttes de teinture
de colchique, medicament qui le soulageait toujours, mais dont il etait bientot
force de suspendre I'usage k cause d'hallurinations et de maux de gencives qui
ne tardaient pas a survenir.
Dans I'etatactuel nousavons aetudierchez cemalade: 1° les vestiges derafifec-
tion habituelle des articulations qui est en ce moment dans une periode de re-
mission ; 2° une affection pectorale.
Voici d'abord dans quel elat nous trouvons les diverses arlieulations :
Pied GAUCHE. — Aucune ankylose; seulemeni quand on met les surfaces arti-
culaires les unes sur les autres on enlend un legcr craquement dans les diverses
articulations des orleils, et en particulier du gros oiteil. L'articulation tibio-
tarsienne paiait deformec, c'est-i-dire que lesenfoncements naturelsparaissaient
remplis, et quand on en palpe les contours, la mollesse habituelle des parties est
remplaceepar une resistance tr6s-giande; il sembleque toutlepourtour de l'arti-
culation se soit incruste d'une matiere solide ; d'ailleurs immobilite complete de
cetle articulation ; le pied est fixe 4 angle droit sur la jambe. Cette soudure etait
deja complete il y a une dizained'annees.
Dans loutes les autres articulations du pied et dans celles desorteils, les mou-
vements paraissent conserves ; les dlfferentes pieces du tarse paraissent cepen-
danl soudees entre elles.
Au pied droit, pas d'ankylose soit aux orteils, soit au tarse, soit dans l'articu-
lation tibio-tarsienne ; ni deformation ni ri ugeur ni gonflement de ces diverses
articulations; cependant le fiottement des surfaces avticulaires fait entendre un
certain cmquement. Le malade assure n'avoir jamais souifert dans les articula-
tions femoro-libiale ou coxo-femorale.
Membre superiedr gauche. — En general, les articulations du m^tacarpe avec
les doigts et des differenles [ihalanges entre elles sont gonflees, deformees, mais
sans rougeur pour le moment. La deformation parait tenir k un gonflement des
tissus osseux memes, ou bien a des productions osseuses periarliculaires de
nouvelle formation. Les doigis ont par suite uu asf(ect fusiforme avec des renfle-
ments au niveau de chaque article.
On remarque dans l'articulation, entre le premier metatarsien et la premiere
phalange du pouce, une sorte de luxation de cette derni^re en avanl et en dedans
30
lie la tete du metatarsien ; en m6me temps les mouvemenls provoques de cetle
articulation sonl obscurs ; II y a une sorte de demi-ankylose, ce qui n'einpeche
pas que le frottement des surfaces ariicuiaires ne determine un craquement lr6s-
sensible; d'ailleurs deformation et gonflcment analogues des articulations des
deuxifeme, troisifime et quatri6me melatarsiens avec les phalanges correspon-
dantes, avec craquement des surfaces ariicuiaires, mais sans ankylose -, les pha-
langes paraissent en outre deformees un peu en avant de la tete des metarcar-
piens ; deformation analogue, mais plus leg^re dans les articulations des diffe-
rentes phalanges entreelles; crepitation sensible dans les mouvements provoques
dans ces diverses articulations.
La main considerce en general est en outre deformee; ainsi les diverses pha-
langes des doigts sent habiluellement dans rextension, mais les doigts sont leg6-
rement flechis sur les metacarpiens; de plus, ils sont legerement inclines vers
le bord interne de la main. Les mouvements volontaires sont pour la plupart
conservees, mais difHcilcs; les mouvements provoques sont limiies. C'est ainsi
qu'il y a un obstacle k rextension de tous les doigts sur les metatarsiens, et que
les mouvements divers dans I'articulation du premier metacarpien avec la pre-
miere phalange sonl tres-faibles par suite de la demi-ankylose dej4 nolee.
Articulation radio-carpienne. — Elle est deformee; les saillies osseuses sont
pcu prononcees; les enfoncements sont combles. La main est immobile dans
I'axe de I'avant-bras ; les mouvements provoques ou spontanes sont tout k fait
riuls. L'ankylose parait complete; elle remonte, dit-il, a une dizaine d'annees.
Articulation humero-cdbitale. — L'avant-bras fait un angle de 35 k
40 degres avec le bras ; l'avant-bras et la main sont en outre dans une prona-
tion habituelle. Quand on cherche a etendre l'avant-bras sur le bras, ou a pro-
voquer la supination, on ne pent y parvenir, car aussitotles muscles paraissent
agir violemment et des cordes correspondantes a leurs tendons se dessinent dans
les teguments. Ces cordes paraissent dues aux tendons des muscles long supina-
teur, grand et petit palmaires, cubital anterieur, grand pronateur. D'ailleurs
elles existent k un certain degre, alors meme qu'on ne cherche pas a detruire
la flexion. Quand on dit au malade de flechir l'avant-bras sur le bras, 11 le fait
d'ailleurs sansdouleur ou difficulte. Le biceps brachial el le brachial anterieur ne
paraissent jouer aucun role dans I'obstacle ci I'extension. Ajoutons que le frotte-
ment des sui faces ariicuiaires de I'articulation du coude s'accompagne d'un cra-
quement tr6s-sensible.
L'epaule est douloureuse depuis Irois mois environ ; cependant il n'y avail
pas de craquemenls sensihies, el les mouvemenls en sont assez libres.
Tout ce que nous avons dit du merabre superieur gauche s'applique exacte-
ment au membre superieur droit.
Tel est I'elal des diverses articulations. Mais nous I'avons dit, le rbumatisrae
n'esl pas acluellemenl la maladie principale. Nous avons parle du debut de I'af-
feciiou peclorale.
31
Le 3 mars, jour d'enlree, nous constatons, par I'auscullalion, des rales tres-
abondanls, muqueux, de grosses bulles des deux cotes de la poitrine, pas de
malite par la percussion. Souffle au premier temps au coeur et a la base ; ce
souffle est doux. Souffle vasculaire au col ; expectoration de crachats muqueux,
verts, larges, arrondis; oppression assez forte; fievre.
Les jours suivanis, menie etat. (Pot.gom. ; diete.)
10, 11. Potion slibiee, 0,010 cenligr.
12, 13, ill. Pot. kermes, 0,10 ceniigr. ; legere amelioration.
lit. Application d'un vesicatoire sur le cote gauche de la poitrine. Ce jour-lS,
on avail observe de Tobsciiril^ du son sous la clavicule gauche et quelques rales
susjiecls ; et en outre de la niaiite relative a la partie foUiculeuse et inferieure
du poumon gauche. En ce poini, il n'existait pas de souffle, mais les rales mu-
queux qui occupaient loute I'etendue du lobe inferieur resonnaient en ce point
iivec un timbre tout parliculier, analogue a celui qu'ils acquierent quand lis
eclatent au milieu du souffle bronchique.
Les jours suivants, I'amaigrissement se prononce, la tievre s'accroit, la lan-
gue se seche, la dyspnee auginenie. EnDn, il survientdu devoiement, et le ma-
lade meurt le 16 mars.
A I'autopsie : 1° etat des articulations; 2° etat des visceres.
Les ariiculations presentent tous les degresimaginablesde I'airection (ju'on a
appelee, dans ces derniers lenips, du nom A'arthrite seche.
Dans un premier groupes, nous\oyons les cartilages presenter en certains
points des depressions, d'aulres fois de veritables pertes de substance, des ul-
cerations donl le fond est rugueux. Deja la membrane synoviale est epaissie el
injectee elle-meme. Une espece de synovia Ires-epaisse, tres-visqueuse, remplit
la cavite articulaire. Cest dans C( t etal que se trouvent les articulations fe-
moro-tibiales.
Au deuxieme degre, le pourlour du cartilage est pour ainsi dire erode. II est
anfraci ueux el irregulier.Au centre memedu cartilage existent aussi, soitsimple-
ment des abrasions, des erosions, soil des ulcerations plus ou moins prolondes,
dont quelques-unes nietient a nu la suhsianceosseuse.il semble qu'en meme
lemps la texture du cartilage lui meme ail change de ualure; il parait s'etre
.ijoute a la subsiance cartilagineuse propre, du tissu fibreux qu'on enleve sous
forme de lamelles. Dans ce degie, la synoviale est tres-epaissie; elle a une co-
loration d'un violet fonce; sa face interne est convene de bourgeons charnus,
donl quelques-uns sont pedicules. Un liquide epais et visqueux, mais transpa-
rent, remplit la caviie synoviale ; mais dans quelques articulations, on rencontre
une sorte de substance blanche albumineuse, un peu concrete, completement li-
bre au milieu de la caviie droite.
Notons qu'en ouire la face externe de la membrane synovi.ile est doiiblee par
une couche fibf-euse ires rr.sistante, qui la separe des ligaments artinulaires
proprements dils. Ceito couche nonvelle, qui semble due au lissu celhilaire
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«ou$-synoTial epaissi el dcTenu tibreux, joue un grand rule dans I'obscurlte des
mouvements executes par certaines aniculalions. Nous avons parle de I'obstacle
qui exislait pendant la vie a I'extension de I'avant-bras sur ie bras ; nous avons
dtl rechercher sur Ie cadavre a quoi tenait cet obstacle. Aussi avons-nous dis-
sequ6 avec soin : 1° Ie tissu celiulaire sous-cutane; 2" les muscles eux-memes;
3* les ligaments periarticulaires. Apres avoir coupe successivemeiit ces diffe-
rentes parlies, nous ne vimes pas cesser Ie moins du monde I'obsiacle a I'ex-
tension ; mais sous les ligaments periarticulaires que nous enlevames avec pre-
caution, nous renconlrames une couche epaisse, fibreuse, qui les separailde
la synoviale. Quand cette couche eul eie coupee, et qu'il ne resta plus que la
sereuse elle-meme, tons les mouvements s'executerent dans rarticuhuion comnie
^ I'etat normal. C'etait done, non pas dans I'articulation meme, non pas non
plus precisenient en dehors d'elle, que gisait la cause de ceiie contracture ap-
parente, mais bien dans la couche intermediaire a la synoviale et aux ligaments
periarticulaires, laquelle s'etait epaissie et retractee, ce qui ne veut pas dire
que, pendant la vie, les muscles ne jouaient pas un certain role dans la difE-
cnlte qu'on eprouvait a etendre I'avaut-bras; mais ce role cessa completement
apres la morl.
Les articulations qui presentaient les alterations que nous venons de decrire
(^taientles plusnonibreuses.C'elaientlaplupartdes articulations nietacarpo-pha-
Inngiennes etmetatarso-phalangiennes.celles des phalanges entreelles aux doigts
comme aux orleils. Les deux articulations du coude renirent dans Ie meme
groupe.
Que!ques-unes de ces articulations presentaient en outre, en dehors de la sy-
noviale, dans la couche meme dont I'epaississement avait cause au coude une
sorle d'ankylose intraariiculaire, uneespece de productions osseuses, lesquelies
elaient, pour ceriaines articulations, une des principales causes de leur gonfle-
nient anormal.
EnHn, dans un dernier groupe, nous assislons au debut de I'ankylose intra-
ariiculaire celluleuse, el quelques articulations de noire malade pr6sentenl Ie
Diaux soot parfaitement sains.
2° II n'existe pas de valvule a leur orifice commun dans le sac lacrymai, ce
qui a lieu dans les deux tiers des cas, d'apres des dissections qu'il a faites,
et sur lesquelles il aura ['occasion d'appeler I'attenlion de la Society prochai-
nement.
3° Le sac lacrymai renfernie une petite quantite de matiere purilornie ; il est
retreci dans lous ses diametres, surtout du cole gauche, oil il est reduit a sa
moitie. Leur surface est criblee de pelites ouvertures qui ne sont autre chose
que les orifices des glandes particulieres contenues dans le sac lacrymai.
W II n'existe pas de valvule a I'orilice inferieur du sac, comme cela devrait
exister dans la moitie des cas, d'apres M. Beraud. Cette disposition est la meme
idroiteeta gauche.
5° Le canal nasal des deux cotes est completement oblitere par le developpe-
ment de la mnqueuse du conduit. On ne pent pas voir I'oriOce inferieur dans le
meat.
6" II y a absence de tumeur et de tistule lacrymale, malgre I'obliteration com-
plete, et cela coincidant avec ['absence de valvules auxquelles M. B6raud fait
jouer un grand role dans le mecanisme de la formation de cette affection des
voies lacrymales. (29 mars.)
10° CAS DE PYELITE; par M. CHARCOT.
Une jeune tille de 18 ans, blanchisseuse, etait entree dans le service de M. Bri-
quet, a la Charite, le 10 mars 1851 ; elle mourut le 20 mars. Elle se disait ma-
lade depuis trois semaines seulemenl, mais avouait avoir ete tourmentee d'assei
vives douleurs de reins il y a trois ou quatre mois, lesquelles douleurs reparais-
saient de temps a autre. Cependant rien, dans ses antecedents, qui ressemble
a de veritables coliques nephritiques, et elle assure n'avoir jamais rendu de
calculs ou de graviers avec les urines. Lors de son entree a I'hopital, on lui
trouve un peu de fievre avec exacerbation le soir ; quelques frissons erratiques ;
une douleur lombaire que la pression ou la percussion exasperent, et qui se
fait sentir surtout dans la region du rein droit. La percussion methodique pra-
tiquee i la region lombaire demonlre que les deux reins ont augmente de vo-
lume, mais que le rein droit est sensiblemenl plus volumineux que le gauche.
Cinq ou six jours avant son entree a I'hopital, elle avait et6 prise d'une h^matu-
rie assez abondante ; c'est la premiere fois que ce phenomene se presentait. A
la suite de pissement de sang, I'urine, dont la quantite reste a peu pres nor-
male, devient epaisse, bourbeuse et fetide, tres-fetide meme et exhalant une
odeur gangreneuse, surtout dans les derniers moments de sa vie. Ces urines,
par le repos, laissaient deposer un precipite purulent, mais la partie superieure
n'en devenait pas pour cela beaucoup plus transparente, et la partie decant^e
pr^cipilail fortement par I'acidp nilrique.
36
L«s deux (leruieis juurs, la laugue esl secbe, la peau devieot ile couleur
plomb^e el seche, il survienl du subdelirium, eii un mot tous les signes d'un
plal lyphoide assez grave. Jamais la malade n'a present^ de voinissemenls.
Le trailemenl a consisle principalenieiil en rapplication de cauteres, par If
precede Mayor, sur la region du rein droit.
A Paulopsie, on Irouve les deux reins auguientes de volume, presque du
double. Ct lie augmenlalion esl due a la dilatation, par du pus fetide, des bas-
sinets, dont les parois sont couvertes d'une sorte de pseudomembrane verte, ei
presentenl en quelques points des ulcerations d'aspect et d'odeur gangreneux.
La substance memedu rein est amincie, aplatie, non alleree. On Irouve, au ni-
veau de I'inserlion des ureteres, dans le bassinet, a droite et a gauche, un cal-
cul a peine du volume d'un haricot. Un autre calcul du volume d'un gros pois
nageait au milieu du pus que contenait le bassinet gauche.
Les ureteres etaient doubles de volume, leurs parois epaissies ; lis etaient en
meme temps noueux et presentaient ca et la des dilatations.
La muqueuse vesicate etait epaissie, brune, violacee, surlout au niveau de
son pied.
Les troiscalculs dont nous avons parlesont les seuls qui aienl ete rencontre?
dans les organes genito-urinaires. (29 mars.)
III. — Teratologie.
SLR UN CAS DE DUPLICITE CHEZ LE LIMAX AGRESTIS; par M. LAIJHENT.
M. Laurent communique le fait d'une monstruosite observeesur un enibryon
du Umax agreslis qui, au lieu de n'offrir qu'une seuie vesicule ombilicale et
une seule rame caudale, ce qui constitue I'etat normal, presente uu corps uni-
que en avant, bifurque en arriere et lermine par deux rames caudales dont les
mouvements d'expansion et de contraction alternent entre eux et contrastent
avec les memes mouvements d'une seule vesicule ombilicale. (29 mars.)
COMPTIB RISNBU
DC
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1851 ;
MM. les docti'nrs TEBERT et BROWN -SEQUARD , spcrflaires.
Presidence de M. RAYEH.
I. — ANATOMIE NORMALE.
1° PAVILLONS MULTIPLES RE^'CO^'IRES SUR DES TROMPES LTERINES DE FEMMES ;
par M. A. Richard fils.
<< M'occupant de recherches sur la frompe uterine, dont je me propose de
donner les resultats dans ma these, j'ai renfontre sur plusieiirs Irompes une
anomalie dont aucun auteur jusqu'cl present n'a fait mention : je vciix parler de
la presence sur une meme trompe de plusieurs pavilions distinrts. Je crois que
38
le hasiird m'a favorise duns ces recherclies ; car sur une Irentaine ile caJavres de
femmes d'age different dont j'ai eiileve I'uterus et ses annexes pour les examiner,
j'ai rencontre cinq fois cette singuliere anomalie. Voici en quelques mots, d'une
maniere geoerale, en quoi elle consiste.
» Le pavilion normal qui termine I'oviducte existe sur loutes ces places. II
n'offre rien de particulier; mais en examinant le corps de la trompe, au-dessous
de son pavilion, on rencontre ft une distance qui varie depuis quelques millime-
tres jusqii'a 2 ou 3 centimetres, un second orifice muni de fianges analogues k
celle du pavilion normal, formees par consequent par la muqueuse de I'ovi-
ducte, qui fait en quelque sorte hernie au travers des tuniques musculeuse et
sSreuse de la trompe. II m'a toujours ete possible d'introduire par I'orifice que
presentent ces pavilions accessoires un stylet, et de pouvoir ainsi constater que
cette ouverlure anormale fait communiquer le canal de la trompe avec la cavils
peritoneale; et poussant let:6rement le stylet soit vers I'oriflce abdominal, soil
▼ers I'orifice uterin de la trompe, on le voyait, dansle premier cas, sorlir par
le veritable pavilion , et dans le second cas , penetrer dans la cavite de la
matrice.
» Je n'entrerai pas dans la description speciale de cliaque pi6ce ; qu'il me sufHse
de dire que, sur les cinq cas que je possede, une trompe appartient i un foetus a
terme et presenledeux pavilions accessoires; une seconde ci une fiile de 15 ana
non rejiee, et offre egalement deux pavilions anormaux; les trois autres h
des femmes adultes, et sont munies chacune d'un pavilion surnuineraire.
1) Je ne parlerai pas non plus des deductions physiologiques que I'on pourrait
tirer de I'examen deces trompes pour I'explication des causes si peu connues do
la variete abdominale des grossesses extra-ulerines; je voulais simplement con-
staler le fait anatomique, me proposant de trailer avec quelques details cette
question dans malhese. » (12 avril.)
2" SDR LE CANAL CENTRAL DE LA MOELLE EPLVlfeRE ; par M. BeRALD.
M. Beraud met sous les yeux de la Societe une moelle de chien adulle re-
cerament sacritie, pour en montrer le canal central.
Voici ce qu'il a Irouve de particulier. II existe un canal dans loute I'etendue
de la moelle, canal que Ton constate par des coupes transversales du cordon
mMullaire. Ce canal est situe sur la ligne mediane, et se presente sous la forme
d'une feme ayant 1 millimetre environ dediametre. Transversalement, la paroi
aoterieure est appliquee sur la paroi posterieure, de maniere que la cavite est
pour ainsi dire effacee ; mais si Ton presse lateralement, on fait enlr'ouvrir les
I6vres de cette ouverture, el I'on voit manifestement qu'il y a un canal. II oc-
cupe un espace compris entre la commissure blanche ou anterieure et la com-
missure grise ou posterieure. De plus, une membrane mince en tapisse tout
riul6rieur. On li'a pas de peine k conslaier la presence de ceite membrane en
30
penetrant dans !e sillon median anterieur ou bien dans le sillon median poste
rieur. Si on d^lruit la substance de la commissure, on irouve au-dessous d'elle
une membrane tres-mince, ircs-lransparente, venanl se coniinuer avec la mem-
brane qui tapisse la face posterieure du bulberachidien
L'ouvertureque presente ce canal a la coupe iransversale n'est pas parfaile-
raent la meme a lous les points. Superieurement, elle est arrondie; plus bas,
elle devient iransversale.
Ce qui a surtout fixe raltention de M. Beraud est la presence d'oriUces tres-
nombreux, assezregulierement disposes dans touie la hauteur du canal, ^ une
distance d'environ l centimetre les unsdes autres. U sedemande sices orifices
arrondis ne seraient pas les ouvertures de canaux particuliers qui viendraient
se rendre dans cliaque pairede nerfs; de sorfe que cbaque cordon nerveux au-
rait aussi nn canal central. Mais il reconnait que ceite interpretation merite
d'etre reservee. II se promel d'ailleurs de faire quelques etudes surce point. II
n'a pas trouve de liquide dans I'interipur de ce canal. (12 avril.)
II. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
1° TARIOLE DU FOETUS; VAKIOLOIDE CHEZ LA JIERE ; AVORTEMENT AU CI.NQUIEUE
MOIS DE LA GR0SSE3SE; par M. CHARCOT.
« Une femme Sgee de 23 ans, hrune, d'un temperament oil predomine evi-
demment le systeme nerveux, bien reglee habituellement, portant au bras gau-
che des cicatrices de legitime vaccine et n'ayant jamais eu la variole, enlre, le
25 mars, & I'hopital de la Charile (salle Saint-Basile, 10, service de M. Rayer) ;
elle se dit enceinte de cinq mois.
» Voici les fails que nous croyons devoir noler dans ses antecedents, filanl
fres-jeune, elle a eu des ti6vres revenant par acces tous les deux jours ;
plus lard, a I'age de 13 ans, elle a ele chorHque pendant plusieurs mois. Les
regies se sont etablies dilBcilement; leur apparition a ete precedee et suivie de
flueurs blanches abondantes. Mais eniin elles sont devenues regulieres. II y a
deux ans, une premiere grossesse semanifeste. Nul accident ne I'accompagne,
si ce n'est quelques douleurs dans les reins et dans le bas-venlre pendant la
raarche el la station veriicale. L'accouchement se fait d'ailleurs nalurellemeni.
a lerme, el I'enfant est aujourd'hui bien portant. II y a cinq mois, signes d'une
nouvelle grossesse. Ajoutons que, dans I'intervalle enlre la premiere et la
deuxieme grossesse , aucun phenomene morbide ne s'est manifeste.
» Des le debut de la nouvelle grossesse, la malade eprouve une fatigue inso-
lile, de la langueur. En meme temps les lissus palissent ; il survienl de la cephal-
algie, des douleurs dans les reins et dans les aines, surlout pendant la marche.
En meme temps un abondant ecoulement de flueurs blanches apparait. Les paU
pitalions ne sont pas habituelles, mais il y a de temps a autre des lipolhymies.
Tout ceci dure pendant les qualre premiers mois de la grossef;sP.
ft II y a tioJs semaincs environ, sans cause connue, le malaise augmente ; en
memc temps des frissons assez intenses, de I'inappelence, de la clialeur febrile se
font sentir; puis, k la suite de legeres demangeaisons, des boutons apparaissent
aux bras, aux poignets, aux cuisses, sur la face. Ces boutons sont tout au plus
au nombre do dix en tout : ce sont, d'apres la description de la malade, des pa-
pules qui bientot se couvrent d'une vesicule argentee dont I'enveloppe se dess6-
che bientot de maiiiere a former une croute. Cette croi'ile, apres sa cbute, laisse
voir, surlout a la face palmaire du poignet droit, deux petites ulcerations super-
(icielles du derme, dont on voit encore tres-bien les traces aujourd'hui.
» D'ailleurs , I'apparition de I'eruption que nous venons de decrire a ete ac-
compagnce d'une remission presque complete des plienomenes generaux qui I'ont
precedee. L'evolution des pustules, depuis I'apparition des papules jusqu'a la
chute des eroutes, s'est faite a peu presen cinq jours. Notons que, dans les phe-
nomenes prodromiques, nous n'avons a remarquer ni vomissements ni douleurs
de reins nouvelles.
» C'est a cette epoque que, pour la premiere fois, les mouvements de I'enfant
se firent sentir. Assez intenses d'abord, douloureux meme pour la mere, ils ne
tarderent pas a dpvenir tr^s-rares, et bien differents, dit-elle, de ce qu'ils s'e-
taient montres lors de la premiere arossesse. Remarquons toutefols qu'elle assure
avoir senti remuer jusqne dans ces derniers temps; mais c'etait surtout quand
elle changeait de position, et alors une sorte de choc se faisait sentir dans la
partie de I'uterus devenue la plusd^clive.
» Quinze jours apres le debut de la fievre eruptive, elle entre a I'hopital, ou
nous la trouvons dansl'elat suivant :
» La face est tres-pale, plombee ; les yeux sont enfonces et enloures d'un cer-
c'e brun. fitat de langueur extreme; cephalalgie; pas de palpitations; pas d'oe-
deme de? membres inferieurs. La malade ne tousse pas-, elle assure ne pas tous-
ser habituellement et n'avoir jamais crache de sang. L'auscultation des poumons
ne fait, au reste, entendre aucun bruit anormal. Souffle doux bien manifeste, au
coGur, au premier temps et a la base; murmurevasculairecontinu dans les vais-
seaux du cou.
« Douleurs dans les reins et dans le has- ventre, spontanees et provoquees par
la pression, par la marche et par la station. ■ k! )-i ^)d')itr;.'
11 La langue est rouge, sans enduit, parfois seche. La peau s'echauffe un peu
le soir, et il y a de temps en tem;is des frissons erratiques. Le soir aussi Ic pouls
devient generalement assez frequent (de 90 k 100 pulsations). Pas de sueurs noc-
turnes.
11 Lc foic et la rate ont leur volume normal ; I'uterus remonte i 1 ou 2 poucses
nu-dessus de rombilic Jamais l'auscultation de I'uterus n'a pu nous denoter
I'cxistence soit du souffle placentaire, soit des battements du coeur du foetus.
•> En raisonde ces symplomes, on administre a la malade 50 centigrammes de
»ous-carlHMiatc dfc fcr chaquc soir; bains simples.
hi
•■> Au bout de ciilq ou six jours de ce traitement, la malade se sent beaucoup
niieux et pense de]k h sortir de riiopital. Ainsi la petite fi6vre du soir avail dimi-
nu6 ; les douleurs dans les reins et dans le bas-ventre avaient presque entierement
cess6, lorsque, dans la nuit du 3 au 4 avril, la malade est reveillee tout h coup
par une violenle douleur siegeant au-dessus du pubis, douleur suivie presque
aussitot d'un ecoulement assez abondant de sang par les parties genitales. Ces
douleurs prennent bientot le caract6re de douleurs expultrices, et I'accouehement
s'opere d une heure de I'apr^s-midi, le 4 avril.
» L'enfant ollre tous les caractures d'un foetus de 6 mols, et presente en outre
tous les signes qui denotent une mort remontant deji k plusieurs jours au moins.
Eneffet, le tissu eellulaire pericranien est abondamment infiltre de s6rosite
rousse; de plus, I'epiderme s'enleve presque partout avec la plus grande faci-
lite, surtout aux mains et aux pieds. D'ailleurs, pas de fetidite bien remar-
quable.
1) Le corps dece fetus presente qk et li des pustules de divers volumes, dont
les unes sont isolees, dont les autres, au contraire, sont reunies en plaques plus
ou moins larges. De ces pustules, les unes ont de 6 a 7 millimetres de diamfetre :
ce sont, il est vrai, les plus volumineuses; il en est, au contraire, qui ont tout au
plus de 1 & 2 millimetres de large; il en est enfm de volumes intermediaires.
Toutes sont parfaitement airondies, et font une legere saillie au-dessus du niveau
dela peau. La plupartpresentent une depression centrale de I'ombilic; d'autrfs
presentent, au contraire, une surface entierement lisse, et cet ombilic n'existe
pas plus specialement soil sur les grandes pustules, soit sur les petites ; car 11 est
de trfes-petits boutons qui ont a leur centre une depression bien nette; il en est
de volumineux, au contraire, qui n'en presentent pas de traces.
» La couleur des pustules est d'un blanc jaunatre, mat, opaque, qui tranche
vivement sur la coloration rouge foncee des teguments. Voici d'ailleurs d'une
mani6re generale comment elles sont disposees k la surface du corps. La region
du crane presente quatre ou cinq pustules, petites, non ombiliquees ; trois pus-
tules volumineures, non ombiliquees, sur la face : I'une en avant du lobule de
I'oreille droite; I'aulre k la commissure droite des 16vres; I'autre enfin au-des-
sous de la levreinferieure. La region de la nuque est entierement couverte par
une large plaque composee de pustules, dont les plus peripheriques sont encore
libres par une partie de leur circonference, dont les plus centrales sont entiere-
ment confondues. De larges Assures sillonnent cette plaque, au fond desquelles
le derme est mis k nu par suite de la chute d'une partie de I'epiderme et de la
matiere opaque sous-jacente, laquelle est en ce point friable et comme caseeuse.
Quatre ou cinq pustules de divers volumes, dont quelques-unes sont ombiliquees ,
k la partie superieure de la region du dos; quatre petites pustules non ombili-
quees sur la fesse gauche; trois pustules non ombiliquees sur la region anterieurc
de la poitrine.
>■ Les mcmbrcs inferleurs presentent les boutons les plus volumineux, les tnieux
h'2
caraclerises , les niieux onibiliques. Ces boulons, chose a noter, semblent la*-
sembles autourdes arliculations du genou. C'est ainsi qu'on rencontre trois pus-
tules, dent deux tr6s-volumineuses et bien ombiliquees, immediatement au-des-
sus du genou gauche, 4 la partie interne et infei ieure de la cuisse ; quatre pustules,
dont trois volumineuses et ombiliquees, k la partie superieure du moilet gauche ;
k droite, une large pustule non ombiliquee a la partie interne et superieure de la
jamlie, et plus has deux ou trois pelits points blancs non ombiliques. Le membrc
superieur droit ne presente qu'une seule pustule, sans ombilic k la parlie poste-
rieuie et inf^rieure del'epaule; mais le gauche presente au coude une large
plaque composee d'au nioins huit ou dix pustules, dont la plupart sont encore
dislinctes et bien ombiliquees. 11 en existe en outre une autre tr6s-grande et
sans ombilic k la parlie postericure de I'avant-bras, au-dessus de I'arUculalion
du poignet.
» Nous avons cherche k nous rendre compte de la composition anatomique de
ces pustules. Yoici ce a quoi nous sommes arrive.
» Si Ton enlfeve I'epiderme de la peripherie de la pustule vers son centre, ce
qui est facile a cause de la maceration a laquelle le fcetus a ete expose, on enl6ve
avec lui la matiere blanchatre qui donne au bouton son relief et sa coloration.
Alors on voit a la surface du derme, mis a nu, une foule de papilles coniques,
d'une eouleur blanchatre, hyaline, du centre dcsquelles part generalement un
poil. Les portions du derme sur lesquelles sont implantees ces papilles presen-
tent aussi une coloration blanche et une legeresaillie au-dessus du niveau du
derme. En dehors de la tache blanche formee par ces papilles, qui ne sont evi-
demment que les foUicules pileux anormalement developpes, d'une part, et le
derme infiltre d'une substance particuli^re, de I'autre, se voit une aureole d'un
rouge vif sur laquelle les foUicules pileux sont encore volumineux, mais beau-
coup moins qu'au niveau de la tache. Enfin , en dehors de I'areole, le derme
presente ses caract^res normaux , et les foUicules pileux y ont leur volume or-
dinaire.
» Si Ton fait une coupe verticale de la peau passant par le milieu d'une pus-
tule, et qu'on examine la tranche mince ainsi obtenue, par transparence et aa
microscope, on voit au niveau de la pustule le derme plus epais, plus opaque
qu'ailleurs, contenant des foUicules verticalement disposes et presque juxta-
poses, cylindriques a leur centre, mais termincs en cul-de-sac k une de leurs
extremites, celle qui correspond a la face profonde du derme. Ces foUicules pa-
raissent en outre distendus par un liquide, et I'emportent au moins d'un tiers en
volume sur les foUicules pileux du derme examine en dehors des pustules. Du
centre de chaque follicule part un poil, qui nait tout pres du cul-de-sac termi-
nal, traverse la couche anormale sous-epidermique,et enfin Tepiderme lui-mcme;
et en effet, en examinanta la loupe la surface des pustules, on la voit herissee
d'une foule de pelits polls, comme cela a lieu d'ailleurs pour le roste de la surfaic
trsumcntaire. ,
43
» Nous avons examine ensuite I'epiderrae et la matiere anormale qu'on enle*
vait avec lui, et a laquelle la pustule devait la plus grande partie de son relief.
Or, dans cette masse, a part les cellules epidermiques a contours bicn nets et a
noyauxbien distincts, cellules tres-nombreuses, il est vrai,au niveau dela pus-
tule, nous n'avons vien trouve de remarquable, si ce n'est une matifere amorphe,
au sein de laquelle existaient des granulations arrondies, opaques, disposees en
groupes; nous n'avons pas pu determiner la nature de ces g'obules, mais nous
pouvons allirmer qu'il ne s'agissait pas 14 de globules de pus, bien qu'on put
les considerer comme tels, eu egard ii leur volume.
» Rien, dasis la structure des pustules, qui ait pii nous indiquer par quel me-
canisme s'etait operee I'ombilication. Le plus souvent la depression centrale em-
brassait le sommet de cinq ou six foUicules pileux, qui d'ailleurs ne paraissaient
pas plus volumineux ou autrement alteres que ceux qu'on rencontrait dans le
reste de la pustule.
1) L'ouverture du cadavre ayant ete faite, nous n'avons rien trouve de notable
dans les principaux visceres. La muqueuse buccale, celle du pharynx, ne pre-
sentent pas de pustules. Rien de notable dans I'oesophage, I'estomac, I'intestin
grele, le gros intestin, qui ont eie examines dans toute leur etendue; foie deco-
lore, non congestionne; rate normale. Les poumons sont sains, ainsi que le
coeur et le thymus. Une certaine quantite de-serositesanguinolente dans lesplfe-
vres, le pericarde et le peritoine ; mais ceci peul naturellement etre attribue au
genre de mort du foetus. » (5 avril.)
2" SUR DEUX TUMEORS DU SINUS MAXILLAIRE ; par M. NeLATON.
M. Triquet presente, au nom de M. Nelaton, deux tumeurs du sinus maxil-
laire.
' L'uneest uo lipome; I'autre, enlevee il y aquelques jours, est une tumeur
fibreuse.
» Ces tumeuTS sont excessivement rares dans le sinus maxillaire; je ne crois
pas que les auteurs en aient decrit de semblables en cet endroit. Elles doivent
interesserla societe a plus d'un titre :
« lo Par leur nature; 2° par leur siege ; 3" par les symptomes ; 4" par le diagnos-
tic et par le traitement.
0 Chez des malades jeunes, les polypes cancereux, les exostoses, sont commnns
et se rencontrent tous les jours ; mais il est peut-etre sans exemple qu'on ait ren-
contre deux tumeurs de la nature de eelles qui nous occupent.
»Le lipome etait tout a fait sembhible a ceux qu'on trouve ailleurs: masse adi-
peuse compacte, cloisonnee par des lamelles celluleuses. Chacune des loges ren-
fermait de pelites masses de graisse jaunatre ; il n'y avait pas de traces de vais-
geaux. Un oeuf ordinaire en peut mesurer le volume. La tumeur fibreuse est
comparable k un oeuf de pigeon. A la coupe, on ne voit que des lames^et des
*
44
fibres de tissu cellulo-Qbreux ; a la pression, on n'en voit sortir aucune espece de
liquide. Elle ne pvf^senle egalement point de vaisseaux. Une membrane de tis? u
cellulaire fin et rose I'enveloppe de toutes parts : aussi a-t-on pu I'enucleer du
sinns en quelquc sorle et avec une spatule.
n Cps deux tumeurs, bien que peu volumincuses, avaient distendu les parois
du sinus. Ces parois 6laient amincies au point qn'une cpingle ordinaire pouvait
traverser la voulc palatine sans difflculte.
n Chez les deux sujets, quelques dents manquaient, et c'est en penetrant par
ces alveoles que M. Nehitonput confirmer son diagnostic et reconnaiire i quelle
espece de tnmeur il avail aflair.\ Une tr^s-petite portion avait cte cxcisee avec
des ciscaux fins, et donne ainsi le specimen de la tumeur (si Ton pent ainsi dire).
Uu teste, les parois du sinus elaient tellement amincies qu'un instant on avait
pu croire a une fluctualion apparente.
i> Quant au traitement, M. Nelaton imagina de prolonger un peu en dehors la
commissure labiale, au moyen du bistouri, dans I'etendue de 1 a 2 centimetres.
La parol antcrienre du sinus, ainsi mise k decouvert, fut enlevee au moyen d'un
scalpel ordinaire, et la tumeur futextirpee par enucleation en quelque sorte, et
avec assez de facilite. Quant au lipome, c'est une piece trouvee sur un cadavre,
dans un pavilion de dissection ; elle n'en a pas moins une certaine valeur au
point de vne de I'anatomie patholosique. » (5 avril.)
3o LA PRESENCE DE l'aLBUMINE DANS L'URINE DES DIABETIQUES EST-ELLE TOUJOURS
UN SIGNE FAVORABLE? pat M. RaYER.
« M. Landouzy, professeur de clinique medicale a Reims, m'a adresse un ma-
lade atteint depuis plusieurs annees de diabSte sucre. La privation des feculent?
et I'usage des alcalis ont beaucoup diminue la proportion du glucose dans I'urine
et les autres symptomes da diabete.Toutefois la guerison est loin d'etre complete.
Depuis deux mois environ, M. Landouzy a constate qu'une certaine quantite d'al-
bumine s'etait ajoutee au glucose. La proportion de I'albumine dans I'urine ayant
augmente, le malade a eprouve une sorte d'etourdissement et un trouble marque,
mals passager, dans la vision.
1) Dans un premier echantillon d'urine, j'ai constate, comme M. Landouzy,
Vexislence d'une certaine quantite de glucose. La quantite d'albumine, notable
dans ce premier echantillon, I'etait beaucoup moins dans un second, qui m'a cte
remis quelques jours aprfis. Du restc, le malade ne presentait aucune trace d'oe-
d6me a la face ou aux mcmbres, aucune trace d'infiltration des paupieres, enfin
aucun des caracteres extcrieurs de la maladie de Bright. II ne parait pas non
plus, chez lui, y avoir d'inflammation des voies urinaires ni d'affection du cceur.
Or je n'ai pas cru pouvoir me prononcer sur ce que pouvait signifier, dans ce cas,
rapparilion de I'albumine dans I'urine.
"Pour justiftercefte reserve, je rappel'erai d'abord une opinion emlse parDu-
i5
puylrenetM. Tlieuaid; j'lndiquerai ensuiie iiuelques observations qui nie sont
propres et quelques autres que j'emprun'erai a M. Christison.
n Dans un memoire lu , en 1806, a la Societe de la Faculte de medecine de
Paris et inseie dans son Bulletin (Bulletin de la Societe de la Faculte de me-
decine de-Paris, 180C, p. 41), MM. Dupuytren et Thenard annoncercnt qu'en
ne donnant aux diabetiques que des aliments animalises, leur urine avail change
assez piompteraent de nature; que d'abord on y tr^uvait une matiere alhumi-
neuse dont la quantite allant pendant quelques jours en croissant, paraissait etre
un signc non equivoque de la guerison de la ma'adie; qu'cnsuite Talbumine
disparaissait peu i peu, et que I'urine ne tardait pas a reprendre les caracteres
de I'urine d'un homme sain.
» Comme MM. Dupuytren et Thenard, j'ai vu chez une personne alteinte de
diabete sucre le sucre disparaitre de I'urine, et etre rernplacc par une cevtaine
quantite d'aibumine; mais, dans ce cas, I'urine continua d'etre chargee d'albu-
mine pendant plus d'un mois, et elle I'etait encore lorsque la niulade quitta I'lio-
pital. J'ai rapporte ce cas dans mon Traite des maladies des reins, t. H, p. 22'4.
C'ctait celui d'une femme agec de 33 ans, dont I'urine, apves avoir contenu une
assez grande quantite de glucose (elle pesait 1,037 a I'aveometre do Baumc), de-
vint ensuite forlement albumineuse ct leg^rement sanguinolente. Aprfis la dis-
parition du sucre, il survint un catarrhe pulmonaire, accompagne d'ademe et
d'autres accidents graves. La toux, la dyspnce et Toedeme cedcrcnt au bout d'un
mois et demi de traitement environ, et la malade, se regardant comme guerie,
voulut quitter I'hopilal. A cette cpoque, on ^'assura de nouveau qu'il n'y avait
pas de sucre dans I'urine ; mais elle continuait d'etre albumineuse. Quatre mois
apr6s, j'appris que eelte femme avait succombe a une afleclion de poitrine, et
que I'ouverture du corps n'avait pas ete faite.
1) On ne peut dire d'une maniere positive quelle fut, dans ce cas, la cause de
I'apparilion de I'albuniine dans I'urine. L'ffideme passagrr fut-il lie k ('existence
de I'urine albumineuse, comme dans la maladie de Bright? Plus lard, dans quel
etat eut-on trouve les reins si I'autopsie du cadavre cut cte faite ? Tons ces desi-
derata de I'observation lui olent, je le reconnais, une grande partie de son in-
teret; toutefois elle montre que la disparilion du sucre, suivie de I'apparition el
de la persistancederalbuminedansl'urine, nepermet pasde s'abandonner i une
securlte complete.
11 Au resle, un autre cas qui s'est presente, dans mon service a I'hopital de la
Charite, et que M. Bell a cite dans son excellent travail sur le diabete (H. Bell,
An essay on diabetes; translated by Alfred Markwick. Lond. 18'i2), etablit net-
tement que I'apparition d'une urine albumineuse dans le cours d'un diabete est
quelquefois I'lndice d'une complication grave, au lieu d'etre un signe favorable.
C'etait le cas d'un diabetique qui succomba il une nephrite terniince par suppu-
ration.
• Une observation recueillie par M. Chrislison dcmontrc aussi que I'apparition
U5
de I'albumiiie dans I'urine, dans un cas de diabele, peul etre un symplome trei-
grave, suivi tot ou laid d'hydropisie ; le symptome, enfin, d'une alteration des
reins qui se terminera par la mort. II s'agit d'un hoinme de 40 ans, bien consli-
tue, qui, souffrant du diabete depuis deux ans, avail perdu graJuellement de
son embonpoint et de scs forces. L'uiine fermenlait avec la levure de biere, et
pesait de lOiS a 1055- Entre a I'hopital le 9 juillel 183S, cet homme languit jus-
qu'au milieu de septembre. A cette epoque, I'urinc devint fottement coagulable
par I'acide nilrique et par la chaleur ; sa pesanteur speciQque diminua progres-
sivement le 10 decembre; elle n'etait plus que de 1010; le 5 Janvier 1839, de
1005; il n'y avait plus de traces de sncre. Le malade, epuise par une diarrhee
rebelle, mourut vers la fin de mars. A I'ouvertute du corps, on trouva des epan-
chements sereux dans le peritoine, les pl6vres, le piiricarde et rarachnoide. Une
quantite considerable de matiere jaune etait deposce dans la substance corlicale
(les reins, et se prolongeait entre les tubes uriniferes, alteration, dit M. Christison,
qu'on observe souvent dans I'affection granuleuse des reins.
» L'auteur ajoute que, dans plusieurs aulres occasions, il a observe de I'albu-
mine dans des urines de diabeliques, et que dans un cas oil la quantite de I'al-
bumine etait considerable, les reins prcsenterent, apres la mort, la degeneres-
cepce granuleuse.
» Pour les autres cas, il ne fait aucune remarque.
» En resume, si rapparition de I'albumine dans I'urine des diabetiques est
quelquefois un signe favorable, cette circonstance pent etre aussi I'indice d'une
complication grave ou de la substitution d'une autre maladie, parfois mortelle. »
(12 avril.)
4° HE LA LEUCOCYTHEMIE OU DU SANG A GLOBULES BLANCS ; par M. HuGHES BeNNETT,
professeur de physiologie et de clinique medicale a Edimbourg.
« Le 19 mars 1845, j'ai examine le corps d'un homme qui avait succombe
dans le service de M. Christison, ^ I'inQimerie royale d'Edimbourg. Ce malade
avait ete atteint d'une hypertrophic de la rate el du foie ; son sang renfermait
une quantite tres-notable decorpuscules ressemblant a ceux du pus (Edinb. meb.
AND suR. jouRN., octobre 1845). Au mois d'aoiit 1845, Virchow adisseque, a I'ho-
pital de la Charite, a Berlin, le corps d'un homme qui avait egalement un en-
gorgement notable du foie, el chez lequel il y avait la meme augmentation des
globules blancs. Le 31 decembre 1845, on a re?u k I'hopital Saint-Georges, i
Londres, un homme qui presenlait, uu docteur Fuller, le meme phenomene
avant et aprfis la mort; il avait eu, comme les autres, une hypertrophie notable
de la rale (Lancet., juillel 1816). Depuis cette epoque, plusieurs cas semblables
ont ete publies, dans lesquels cette augmentation n'a point, 11 est vrai, ete con-
statee pendant la vie, mais doit necessairement avoir existe, d'aprcs les fait*
mentionnes. <
til
i> Le noin de leuceinii?, doiine k cette nialadie par Virchow, ne parull pHe
designer neitement cette maladie, parce que le sang n'est pas blanc, niais pre-
Benie .'a coloration rouge ordinaire lorsqu'on le tire de la veine, et en outre on a
donnece nom, avec plus de raison, au sang gras examine par Fraill, Christison
et d'aulres; car c'est plulot ce sang qui presente une apparence laiteuse et opa-
lisante. Le nom h donner a ce sang doit expiimer que le sang abonde en globules
blancs; le terme de leucocythemie provenant de )^euxtic blanc, xuOo? cellule, et
oljj-a sang, designe done le I'ait, I'etat palhologique, sans impliquer de tlieoric.
>• J'ai examine, pour ma part, quatre cas de leucocythemie.
» Obs. 1. — Un homme est admis dans la clinique de Christison le 27 fevrier
18 55. II presente une tumefaction considerable de I'abdomen dependant evidem-
ment d'un engorgement du foie ct de la rate, qui remontait a un an de date en-
viron. Les glandes lymphatiques du cou, de I'aisselle et de I'aine etaient engor-
gees aussi ; les autres symptomes etaient I'ocdcme des jambes, une diarrhee con-
siderable et un peu de fl^vrequi survint le 13 marS; il succomba le 15. Le corps
ne fut examine que le 19, quatre jours apres la mort.
» fiiAT DU SANG. Dans tout le systfime veineux, le sang etait bien coagule et
remplissait le calibre des vaisseaux. On y distinguait une partie rouge inferieure
et une partie jaune et superieure; la partie rouge etait de couleur brique un peu
granuleuse sur la coupe et grumeleuse; la partie jaune etait d'un brun clair et
opaque, facile a rompre et ressemblant h du pus cremeux. Examine au micro-
scope, avec un grossisscment de 251 metres, on y voyait beaucoup de filaments
fibrineux melesavec des globules variant de diametre entre 1/SO et 1/120 de mil-
limetre, de forme ronde et globuleuse, a aspect granuleux et ressemblant tout k
fait aux corpuscules du pus. De I'eau leur faisait perdre leur apparence granu-
leuse et montrait un noyau de 1/200 de millimetre, ou deux ou trois plus petits.
La partie rouge du caillot contenait une plus petite quantite de globules blancs
meles avec beaucoup de globules rouges.
>i Les parois des vaisseaux etaient saines, par places accidentellement adh^rentes
au caillot, mais faciles 4 detacher. Lespetites veines des meninges paraissaient
comme remplies de pus.
» Le foie etait tres-hypertrophie et pesait 10 livres et 12 onces; la rate, egale-
ment hypertrophiee, pesait 7 livres et 12 onces; les glandes lymphatiques etaient
partout tres-volumineuses, surtout dans I'aine, oil plusieurs avaient le volume
d'un oeuf de poule. Sur la coupe, elles presentaient un liquide sale et comme lac-
tescent, qui, au microscope, contenait de nombreuses cellules propres a ces
glandes.
)i Les autres organes etaient sains ; nulle part il n'y avail dn pus.
» Obs. H. — C'etait un garqon de 17 ans, re(ju dans ma division clinique le 25
Janvier 1850. II etait pale, les conjonctivcs tres-decolorees et presentant une ap-
paioncc lout h fait cachectiquc.I.'abdonicn est tri'S-distendti par une tumeur splc-
AS
tuijue qui, des deruieres cotes, s'etend jusqu'a un pouce et demi de distance de
la symphyse du pubis; en avant, la tumeur presente une convexite demi-circu-
laire, et on la sent jusqu'^ un pouce et demi h droite de I'ombiJic ; en arri6re,
on suit la tumeur jusqu'4 3 pouces de distance des apophyses des vertfebreslom-
baires. La percussion determine de la matite sur lO pouces de longueur et 13 et
demi de largeur; le foie est de volume normal ; tout le corps tr6s-amaigri ; diar-
ihee abondante, parfois hemorrhagie nasale et gingivale.
a Ce gargon reste pendant six mois i ThSpital, od le sang ne subit aucun
changement, malgre les traitements varies. Du fer et du sulfate de quinine ont
ete donnes k fortes doses, et la diarrliee devint si intense qu'elle dut reclamer
bientot les principaux soins du traitement. Deaucoup d'astringents furent essayes,
mais avec un succes tout au plus passager. Pendant un temps, il fut si faible que
d'un jour k I'autre on croyait le perdre; cependant il reprit un peu de force;
celies-ci etaient toujours en rapport avec la diarrliee. Au mois d'avril des symp-
tomes pulmonaires survinrent, mais diminuerent sous I'influence desloniques,
de I'huile de foie de morue et de la bonne saison, au point qu'il demanda k sor-
tir de I'hopital pour retourner chez lui k Hull. 11 fit ce voyage en aout 1850, arriva
en bonne sante chez lui od il vit toujours, et j'ai appris par une lettre du doc-
leur Sandwith de cette ville, en dale du mois d'avril 1851, qu'il etait toujours
dans le meme etat dans lequel il avail quitte Edlmbourg.
» Le docleur Robertson a eu la bonte d'analyser pour moi le sang dans ce cas,
et d'aprfes le resultat qu'il a obtenu, il parait que la quantite de fibrine etait
doublce, tandis que I'albumine et les sels existaient en quantite normale. Les
globules existaient dans la proportion de la moitie de la quantite physiolo-
gique, tandis que la quantite d'eau avail augmente d'autant. Le resultat de I'ana-
lyse est lesuivant:
Pesanteur specifique du sang. . . 1041,5
— serum. . 1026,5
Composition de 1 ,000 parties :
Fibrine (>
Parties solidesdu serum 72
Globules (i7,5
Total des parties solides. 1 4 5, 5
Eau 854,5
1000,0
•> Obs. 111.— Une blanchisseusc, agee de 53 ans, fut rerue, le 15 juillet 1850,
a riiopital d'Edimbourg, dans le service de M. Robertson. Elle presentait comme
symptomc des vomissemcnis, Thcmoptisic, du saignomcnt des gencives ct de?
laches dc purpura; elle etait conslipee el tite-faib!e. Kile siiccomLa le 22. i^eit-
dant la vie et apres la mort, la leucocythemie etait constatee par Texamcn mi-
croscopique.
» Les falts principaux trouves k I'autopsie fureiit une grande fluidite du sang,
I'elat du foie comme dans la dernieie obseivation, mais je n'en ai pas pris les
dimensions exactes.
" A I'examen microscoplque, on a constate une legere augmentation des glo-
bules blancs, peut-ciire trois fois plus qu'a I'etat normal. Je regarde ce cas comme
un commencement de leucocythemie. Le foiehypertrophiepesait i2 liv. 5 onces ;
la rate hypertrophiee 3 liv. 6 onces. Les glandes lymphaliques du mesent^re
etaient tres-volumineuses et ramollies. Les taches de purpura existaient k la
peau et dans divers tissus. Les autres organs etaient sains.
I) La composition du sang, dans ce cas, etait la suivante :
Pesanteur specifique du sang .... 1030
— serum . . . 1023
Parties organiques .... 55,8
Parties inorganiques . . . 11,2
1,000 parties contenaient :
Fibrine 2,3
Parties solides du serum. C7,0
Globules 49,7
Total des parties solides. 1I9,0
Eau 881,0
!fiOO,0
11 Obs. IV. — C'est celle d'un liomme qui est encore en ce moment dans mon
.service k I'hopital. II est atteint d'une bypertrophie considerable du foie et de la
rate. Son teinl estlegerement icterique ; il a souvent des saignements de nez et
de la diarrhee. Le sang presente les memes caracteres que dans les cas prece-
dents.
» A part les quatre cas que j'ai examines moi-mdme, on m'en a communique
liuit autres, dans lesquels la leucocythemie a cte determinee par un examen ml-"
croscopique exact. Huit autres cas ont ete publics par Craigie, Virchonne, ParkeSi
Fuller, Chambers et Vogel. Dans tous ces cas, le meme etat de sang fut con-
state; il existe done vingt cas posit! fs de ce genre dans la science. ■•
1) En outre, les recueils periodiques de medecine renferment un certairt
nombre de cas qui ont ete rassenibles par Virchow ; mais comme I'examen
microscoplque n'a point (5te fait, je ne le compte pas ici. Si je voulais .analyser
ces vingt cas sous le rapport des causes, de la duree, des symptomes et de
ranatoniio pathologique, cela nic incnerait trop loin dans oette communication.
50
Lii travail fera du resle le sujet d'un niemoire que je publierai bient6l. I'lnsis--
lerai ici seulemenl sur quelques points importants :
I. loDix-neuf fois sur vingt la rate elait hypertrophi6e, et dans iin seal cas
exceptionnel le foie 6tait ires-engorge, ainsi que les glandes lymphaliques.
» 2° Dans trois cas seulement les malades avaient eu des (ievres intermil-
tentes douze a quinze ans auparavant, de fagon que I'hypertrophie de la rale
ne peut paselre altribuee a la Gevre.
» 3° J'ai vu plusieurs fois I'hypertrophie de la rale consecutive a la fievre, el
dans ce cas il n'y avail point de leucocylhemie.
» li° Douze fois sur vingt, il y avail hypertrophic du foie, et onze fois sur
douze la rate etait en menie temps tres-engorgee. Une seule fois les glandes
niesenteriques et le foie^taienl seuls hypertrophic^s.
» 5° Neuf fois sur vingt, on a fail I'aulopsie ; dans les autres cas, on a con-
ttate la maladie pendant la vie seulement.
» 6° Dans plusieurs des neuf cas d'aulopsie, les glandes mesenleriques et
Jympbaliques elaient generalemenl plus ou moins hypertrophiees.
1) 7° L'analyse des symptomes nous conduirait trop loin. Les plus communs
elaient des saignements du nez ou d'aulres hemorrhagies des membranes mu-
ijueuses, plus ou moins de dvspnee, dependant probablemenl du volume de la
lumear abdominale. La diarrhee abondanle et continue; un ^tat febrile leger,
mais plus ou moins persistant. II est a peine necessaire d'observer que ces
memes symptfimes se irouvent dans I'hypertrophie de la rale, sans leucocy-
lhemie tenant a ce qu'il u'y a point de relation speciale avec Talteration du
sang.
>• Quelles conclusions peut-on lirer de ces fails par rapport ^ I'origine, a la
pathogeuie de celte remarquable alteration ? Sur ce poinl, je sens qu'il faut
elre reserve, el que celte maladie est en connexion avec la formation du sang
lui-meme, sujet entoure encore de beaucoup d'obscuriie. On a suppose que
chez des jeunes sujels quatre glandes, la thyrroide, le thymus, la rate et les
capsules sus-r6nales, servenl a la nutrition et que ce sont des glandes sanguines.
Celte opinion est soutenue par Goodsir, qui a trouve que les trois dernieres
glandes se forment ensemble dans la membrane germinative et se separenl
seulemenl plus lard (PniLos. transact., 1868). Toules ces glandes sont rem-
plies de noyaux dont on suppose qu'ils entrent dans le sang par les vaisseaux
lymphaliques. Les glandes mesenleriques possedent des cellules semblables et
sans doule dans le but d'elaborer du sang. II est curleux que dans le seal cas
de leucocylhemie dans lequel la rate n'elait pas engorgee, les glandes mesenle-
riques el lymphaliques I'etaicnt considerablement. Sans insister trop sur les
fails nombreux qui viennent a I'appui de la doctrine des relations entre ces
diverses glandes et la formation du sang, il est possible que I'hypertrophie dc
ces organes amene une plus grande quanlile de ces cellules a noyaux dans le
Siing, el que la formation des globules colores soil enlravec en proportion de l»
51
4>lus grunde aboudauce des globules blancs, et se develuppeiu aux depcus du
blasleme qui, dans d'autres circoDstances, aurait form^les globules rouges.
n On peut supposer que le developpement normal du sang est trouble par
une cause inconnue, et que ces globubes blancs ne soient autre cbose qu'un
etat anterieur de developpement des globules colores. Je ne pourrais pas dire
laquelle des deux theories est exacte, ou si peut-etre plus tard I'une et I'autre
ne pourraient etre trouvees fautives.
B La decouverte de ces conditions speciales du sang doit, il me semble, don-
ner le coup de grace a deux theories soutenues pardespatbologistes distingues;
la premiere est celle soutenue par Addison et Williams, que la slase dans I'in-
ilammation est produite parraccumulatioti des globules blancs dans le sang ; lu
seconde est celle de Zimmermann et d'autres, que les abces multiples qui se
forment dans les cas d'lufeclion purulente proviennent de I'obstruclion des
capillaires par I'arretdes globules du pus.
u Quant au iraitementde la maladie, nous n'en savons rien. Dansun cas, j'ai
donne pendant quelque lemps du fer et du sulfate de quinine a haute dose,
sans amener le moindre changement dans la composition du sang. Du reste,
r^pislaxiset la diarrheesont souventsi abondantes qu'elles reclament toute la
sollicitude du pralicien; et ces symptomes ainsi que d'autres symplomes acci-
• Ces appendices existent tres-frequemment dans les chevres. et asspz rare-
menl dans les montons, maisj'en ai vu aussi chpz ces derniers animaux.
57
> Quels que soieiit la longueur (A ^ 5 ceDtim.) et le volume des pendants
d'oreille, ils ont a peu pres la forme d'une poire dont la grosse extremity libre
est inferieure, taudis que la petite extremity est superieure et continue k la
peau du cou, en regard de I'articulation dela premiere verlebre cervicale avec
la deuxieme.
» Les glands sont completement entoures par la peau, qui conserve a cet
endroit, les caracteres qu'elle a partout ailleurs.
D Quand on roule ces appendices entre les doigts, on sent un corps dur, re-
sistant, etendu longitudinalement dans le repli en cul-de-sac que constitue la
peau.
» Valmont Bomare (l) et Grognier (2) ont considere ces appendices corame
« des especes de verrues, » et ce dernier a dit « qu'elles sont plus com-
munes sur les boucs que sur les chevres. »
» J'ai disseque plusieurs fois des pendants d'oreille, et je les ai toujours
trouves formes par les memes parlies.
» La peau forme uie veritable bourse, dans I'interieur de laquelle on trouve
un corps cartilagineux, aplaii et plus large en haut que dans tout le reste de
son etendue, applique sur le muscle slerno-maxillaire au niveau de I'articula-
tion atloidu-axoidienne, el mainlenu a la surface de ce muscle par|du tissu
cellulaire assez serre.
1) Cette lame cartilagineuse diminue d'epaisseur de haut en bas, s'enfonce
dans le repli cutane, et adhere au fond du cul-de-sac que ce repli constitue.
u Dans son trajet, celle lame cartilagineuse est accompagnee par des vais-
seaux (une artere et une veine) et par uoe division nerveuse.
• Lorsque les bergers tondent les animaux, ils coupent quelquefois les pen-
dants d'oreille avec leurs forces; ilen resulte une hemorrhagic qui n'a jamais
de consequences facheuses.
B On ignore completement quels peuvent etre les usages de ces appendices,
et c'est un prejuge sans fondement de croire que les chevres qui ont des pen-
dants d'oreille sont meilleures laitieres que celles qui n'en ont pas. » (24 mai.)
II. — Physiologie.
SCR LA DUREE DES MOUVEMENTS VIBRATILES CILIAIRES CHE? UN SUPPLICIE ;
par M. GossELiN.
A propos d'une communicatioa de M. Girald^s, M. Gosselin annonce h la So-
ciete qu'il a constate I'existcnce de I'epithelium vibralile, avec les mouvemeuts
des oils, sur lamuqueuse des fosses nasales, sur toute I'etendue de celle qui ta-
(l'* DicT. RAisoNNE UNIV. d'hist. nator. (art. Bouc Damoiseau).
(2) COURS DE ZOOLOGIE VETfeRlNAIRE, 2* ed. 1837 (DE LA CHEVRE), p 69.
58
pisse les sinus maxillaiies, les sinus frontuiu et les sinus splieiionlaux. Cies oli-
servations ont ete faites sur un supplicie, qui a f^le poite k I'fieole pralique le
15 mai, huit lieures apres la mort.
A ce propos, M. Gosselin demand? i ceu\ des mcmbres de la Suciete qui s'oc-
cupent le plus d'analomie microscopique, s'ils onl determine ou si les auteurs
allcmands ont determine jusqu'a quelle (-poque apr6s la mort le moovement
eiliaire pouvait etie constate sur le cadavre. Cette determination a etc faite cliei
les animaux, particulierenient chez les animaux inferieurs, par Purkinje, Valen-
tin et Muller; mais a-t-on cherclie t la faire chez I'homme? Voici k cet egard ce
que M. Gosselin a constate sur ce supplii'ie. Huit lieures apres la moit, les mou-
vernents ciliaires etaient exlremement marques sur la mnqueiise des fosses na-
sales et de tous les sinus, ainsi que sur celle de la traclice-artere.
Trente-deux heures apres la mort, ccs mouvements etaient affaiblis, mais se
voyaient encore bien evidemment sur la muqueuse des cavites nasales et sur
celle des sinus; ils etaient beaucoup plus prononces sur celle de la trachee-
artere.
Cinquante-six heuresapifis la mort, il n'y avait plusaucun mouvement vibra-
tile dans les fosses nasales et les sinus. II est vrai que les pieces, apres avoir ete
soumises aplusieurs coupes, etaient restees exposees a I'air. C'etait ie 17 mai; la
temperature avait etc de 8 a 12°+ 0 dans la journee et dans celles qui avaient
precede. Mais 4 cette menie epoque, la vibration etait encore tr^sprononcce
et tres-forte dans la muqueuse de la trachde-artere , 4 sa partie superieure.
(17 mai.)
Post-scriptum. Depuis le moment oil cette communication a ete faite, M. Gos-
selin a examine jour par jour la muqueuse de la trachee et des bronclies; il a
reconnu I'existence du mouvement eiliaire beaucoup plus falble que les premiers
jours, mais encore bion prononce jusqu'au jeudi 24 inclusivement, c'est-a-dirn
()ue re mouvement existait encore cent soixante-huit heures apres la mort. Le
vendredi 25, la putrefaction etait assez avancee; on ne retrouvait plus ni les
cellules , ni les cils, ni leurs mouvements, et I'on ne conslatait plus dans le
champ du microscope que le mouvement moleculaire rppele mouvement rota-
toire de Brown.
Sur un autre supplicie age de 20 ans, qui a ete apporte dans les amphithea-
tres le mercredi 18 juin dernier, M. Go selin a examine de nouveau les mouve-
ments des cils vibratiles de la muqueus', des losses nasales, des sinus, de la tra-
chea et des bronches. II a constate, pendant les vingl-quatre premieres heures,
que ces mouvemenls etaient extrcmement rapides, el .-e transmettaient en plu-
sienrs points des cils a la cellule el!e-meme. Le Icnilemain, ils etaient encore
ir^s-apparenls, quoiqu'i^s eussent perdu de leur intensite.
Le vendredi 20, a deux heures, c'est-a-dire cimiuantc-six heures aprfes la mort,
la muqueuse du larynx etait putrefiee, et ne pe'rnietlait plus de reconnailre les
cellules ni les cils. Celie du sinus et de la trachee, qui n'etait pas aussi imm^-
59
diatement exposce k I'air, etait moins pulreflee et presentait encore les inouve-
menls ciliaires lis 6taient affaiblis, et iie se trouvaient plus sur toutes les cel-
lules, comme le premier jour. Le samedi , & deux heures, soixante dix-huit
heures apres la mort, ils etaient encore assez prononces dans les endroits oil les
cellules avaient Lonserve leur for;iie et leur apparence naturelle, quoiqu'un bou
nombre de ces cellules en fut depourvu. Dans d'autres endroits oil la pu-
trefaction etait commenci'e , on ne trouvait que 1« mouvement rotatoire de
Brown,
Enfin, le dimanche 22, cent heures apr6s la mort, toutes ces muqueuses etaient
putrefiees, et il etait impossible de retrouver en aueun point les mouvements
vibratiles ciliaires.
La ditTerence des resullats obtenus sur ces deux sujets s'explique sans doute
par la difKrcnce de temp Tature. Le iheimometre s'etait eleve h 20» cent, -j- 0
le 20 el le 21 juin, et la putrefaction avail marclie beaucoup plus vite que sur
le premier cadavre.
A propos de la communication de M. Gosselin, M. Ch. Robin rapporte avoir
vu les mouvements ciliaires, dans I'espece humaine, durer une fois vingt-quatre
heures, une fois trente heures apres In mort, dans la Irachee et dans les trompes
uterines. 11 ajoute que M. Richard a observe k peu pres la meme duree.
III. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQCE.
lo SL'R l'epizootie DE MiTRY ; par M. Charcot.
« Le matin meme de noire arrivee 4 Mitry, le 12 avril, deux poules avaient
succombe k I'influence epizoolique, qui cependant s'etait singulierement ralentie
depuis une Imitaine de jour.s. Ces animaux furent mis a noire disposition. Voici
ce que nous appiit leur dissection.
» 1° Etat du sang dans les veines. — Toutes les veines du corps etaient rem-
plies et comme ai tificiellement injectecs d'un sang noir, poisseux, presque so-
nde, h tel point que la section trausversale du va'sseau ne s'accompagnait d'au-
cun ccoulement de liquide. Ce ne sonl pas seulemenl les gros troncs qui con-
tiennent ce ?ang solidifie,mSi\s aussi les plus petits troncs, ceux des parenchymes
comme ceux des muscles, etc. Le ca3ur, qui a d'ailleurs son volume ordinaire, a
ses cavites enlierement vides et revenues sur elles-memes, k I'exception de I'o-
relUette droite, qui seule est distendue par un caillot.
o 2° Serosite dans le pericarde et matiere gilatineuse. — Le pericarde se
trouve distendu par une assez grande quantite de serosite entieremenl limpide
et transparente. Quand ce liquide s'est ecoule par une incision praliquee au sac
pericardiaque, il reste encore autour du coeurune masse gelatineuse, bien trans-
parente, en tout analogue, pour ses proprietes physiques, a I'humeur vitree. II
parait que cctte substance exisle presque conslamment thez les animaux morts
60
sous I'iDfluence epizootique; car M. Martin, qui a pralique plusieuri autopsies,
I'a toujours rencontree.
n 3° Flat des parenchymes. — Le foie elait un peu plus volumineux que
d'habitude , et tres-friable dans les deux cas. C'est encore \k un fait constant ,
d'apr^s M. Martin. Quand on pratique une coupe dans sa substance, on voit la
surface de section couverte d'une sorte de sable, qui tient lout simplement k la
presence d'une foule depetits caillots noirs de diverses dimensions, qui obturent
la lumi^re des veines etdes veinules du foie.
» La rate presente le meme piquete, la meme injection; mais elle a conserve
son volume ordinaire et n'est pas du tout friable.
» Les reins sont dans le meme cas ; ils sont finement injectes, mais ne presen-
tent pas de ramollissement.
» Mais ce sont les poumons qui ont presente les alterations les plus remarqua-
bles. Dans un cas , les deux poumons presentaient une coloration d'un bleu
noiratre, due evidemment a une congestion vive, laquelle d'ailleurs n'occupait
que les extremites anterieures des deux organes; car la face posterieure des or-
ganes respiratoires avait conserve sa coloration rosee norma!e. Les parties noires
ou congestionnees n'etaient d'ailleurs pas entierement privees d'air, car il y avait
encore Qk etl4 un peu de crepitation; et quand un petit morceau du parenchyma
6tait jete dans I'eau, il surnageait. D'ailleurs, pas d'extravasation du sang dans
le parenchyme. Quand on examine la surface d'une coupe k la loupe, on la voit
presenter un pointille plus ou moins fin, analogue k celui que nous avons decrit
dans le foie. Ajoulons que le tissu pulmonaire a conserve sa coloration habi-
tuelle, et qu'il ne s'ecrase pas plus facilement qu'k I'elat normal.
» Chez I'autre animal, I'alteration des poumons etait bien differente. Ceux-ci,
dans presque toute leur etendue, presentaient une coloration acajou. En meme
temps ils etaient tres-friables, et de pelits fragments, jetes dans I'eau, gagnaient
immediatement le fond. En un mot, il y avait Ici de toute evidence inflammation
du parenchyme. Remarquons que I'hepatisation pulmonaire occupait d'ailleurs,
chez le deuxieme animal, les memes points que la congestion chez le premier,
c'est-^-dire , ainsi que nous I'avons indique , la partie anterieure des deux
poumons.
B Ecume bronchique. — Dans Its deux cas, quand on coupait le parenchvme
et quand on le comprimait ensuile, il ne s'ecoulait pas de sang; car, Ici comme
aiUeurs, ce liquide s'etait fige, solidifie. Mais il s'ecoulait une grande quantite de
serosite transparente, d'ecume bronchique. Et quand on pressait certains points
du poumon, on produisait un bruit qui rappelait le rale crepitant.
» Les autres organes ont ete examines, mais Ton n'y a Irouve rien de remar-
quable. C'est ainsi que le cerveau est completementsain ; seulement les veines du
sinus sont distendues par des caillots noirs, solides.
• Rien de remarquable dans les intestins. Le jabot contient des aliments. Le
TCntricule succenturi^ et le gesier n'oCTrent rien de notable ; il en est de meme des
61
inteetins el des ctEtunis, qui contiennent di'S excrementj d'aspecl normal, et dont
les paroissont rialurelles.
» Putrifaction. — Nous avons pu nous convaincre que la putrefaction des
cadavres d'animaux morts par suite de rcpizootie ne s'opfire pas plus rapidement
que celle des autres. En effet, une poule morte depuis quatre jours avail ete
abandonnee dans un coin; elle ne presentalt pas encore de signes de putrefac-
tion bien manifeste.
» Symptdmes. — Un seul animal paraissail domine par I'infloence epidemi-
que. Nous I'examinames avec soin. Nous fumes frappe d'abord de son air triste el
abattu, et Ton nous fit remarquer que sa crete etait plus chaude que cela ne dolt
etre. Get animal semblait en outre gene dans sa respiration, et faisait entendre
i chaque inspiration, de temps a autre, une sorte de rale, qui semblait se passer
dans la trachee. Ceci nous donna I'idee depratiquer I'auscultation, etnous aus-
cultames comparativemrnt d'autrcs aniniaux parfaitement sains. Chez la poule
malade, on entendait d'une maniere trcs-evidente, pendant I'inspiration et dans
toute I'etendue des deux pouaions, un rale en tout analogue au rale crepitant de
la pneumonie, ou mieux, de I'ffideme du poumon. Ce phenomene pouvait-il
etre per^u chez tons les animaux atteints? Je I'ignore; mais Ton nous a assure
que I'espece de vale tracheal que nous avons signale etait loin d'etre constant.
» Mais le cas qu'il nous a ete donne d'obseiver etait, a ce qu'il parait, un cas
Ipger, ou du moins a lent developpement ; car, dans la majorite des cas, la ina-
ladie agit avec tant de rapidite qu'on n'a pas meme le temps d'etre prevenu et
d'observer le malade pendant les prodromes.
» Nous noterons cependant un fait sur lequel on a appele notre attention. Les
excrements des animaux malades out une coloration noire qui n'est pas habi-
tuelle; en meme temps elles sont mouiees en petits cylindres, et presentenl k
peine k leur surface une toute petite quantite de matiere blanche.
» Conditions hygieniques; especes. — Les conditions hygieniques ontproba-
blementpeu d'influencesur le developpement de la maladie. On nous a con:luit
dans un fort beau jardin anglais, au milieu duquel existe une faisanderie fort bien
enlretenue. Cette faisanderie contenait six faisans; quatre sont morts sous I'in-
fluence epidemique. Le meme jour, deux canards exotiques ont ete frappe.=.
Plusieurs poules , dans la meme maison , ont aussi succombe en fort peu de
temps.
» La propri6te dont je parle ici est situee fort loin de I'etablissemerit de M. Mar-
tin, au cote oppose du bourg de Mitry.
» C'est d'ailleurs au voisinage de retablissement de M. Martin et dans I'eta-
blissement meme que la maladie a sevi avec le plus d'intensite.
» Lefermier qui ale plus soufTert, el qui a vumourir presquetousses animaux,
n'est separ^ de la propriete de M. Martin que par un mur mitoyen. » (3 mai.)
02
2» SDR DES iVSTES MCOtJEUX DU SINUS MiXILLMRE; par M; BerALD.
M. Beraud presente deux pieces prises sur des sujels diO'ereiits pour I'aire
Toir a la Societe des kystes muqueux du sinus maxillaire.
Dans la premiere piece, recueillle sur un homme de 60 a 50 ans, destine aux
dissections de I'ficole pratique, d'une laille elevtie, d'une bonne conformation
et ayant la peau extrememenl rugueuse, seche et epaisse ; il montre le sinus du
cote droit, qui presente les particularites suivanles.
Le sinus est bien conforme, mais en I'ouvrant, on voit, dans la cavite, des pe-
lites tumeurs disseminees a la surface de la muqueuse, lunieurs donlle volume
^gaie celui d'une lentille. Elles existent sur la paroi inferieure, sur la paroi in-
terne et sur I'externe. Elles dillerent de couieur ; les deux qui soni sur la paroi
inferieure et externe sont bJanchaires, niolies, uu peu elastiques, el faisanl un
leger relief dans I'interieur du sinus. Elles sont conienues dans I'epaisseur de
la muqueuse. Quand on les presse, on ne le vide pas, mais si on les fend, on
faitecouler un liquideepais, tiiant, albuniineux, qui, examine au microscope, se
presente sans organisation et n'olTie qu'une masse bjaline. Sur la paroi interne,
au voisinage de I'ouverlure du sinus dans les fosses nasales, il exisle un amas
depetites tumeurs ayant un volume variable, depuis celui d'une teie d'epingle
jusqu'a celui d'un petit pois. Ces granulations sont rougeatres, el lorsqu'on les
presse, on en fait sortir un liquide muqueux, epais, lilant, analogue a celui des
glandes de Naboth. L'exanien au microscope montre les memes caracteres que
pour les tumeurs precedentes.
Le resle de la membrane muqueuse du sinus est dans son elat normal, c'esl-
a-dire qu'elle n'ofTre pas les caracteres de I'inOammalion, soil aigue, soit cbro-
iiique.
M. Beraud pense que ces pelits kystes ne sonl autre cbose que des especes
de tannes de la muqueuse du sinus, produiles par I'obliteralion de I'ouverture
des follicules muqueux apparlenant a la membrane qui lapisse cette cavite.
Sur la deuxierae piece, M. Beraud montre les memes alterations a un degre
bien plus avance.
II s'agit d'un jeune garc^on de 15 a 16 ans, qui avail des ganglions cervicaux
parotidiens, considerablement afTecies de lubercules a tous les degres. Les gan-
glions parolidiens avaienl meme supi)ure, el la maiiere purulente s'etait fail jour
au niveau de la partie moyenne de la parotide. De plus, ce garcjon paraissait
avoir succombe a une osteite frontale qui avail produil des desordres assez
etendus. Ainsi, sur la panic moyenne du front, el un peu a gauche, on voyait
une ouverture arrondie et communiquanl jusque sur les os. La peau etail saine
autour de I'ouverlure: mais au-dessous d'elle, enlre les os el le periosle, il
existait une cavite contenanl du pus el occupant surtoul le c6t6 gauche du
coronal. Cettc poche s'6tendait transversalement jusqu'au niveau de I'arcade
63
sourciliere el descendail meme jusqu'a la racine du nez. Le perioste decolle
6tait considerablement epaissi et vasculaire. La table exierne etait detruite; ob
voyait encore quelques debris au milieu du pus ; mais cet abces, qui commu-
niquait ^ I'exterieur par une seule ouveriure, s'elait fait jour dans les sinus
frontaux par trois points, dont un, a droite de la ligne mediane, commuuiquait
avec les sinus frontaux correspondants, et les deux autres avec les sinus fron-
taux du cote gauche. La communication des sinus avec les fosses nasales u'e-
tait pas detruite.
En examinant le sinus maxillaire du cote droit, M. Beraud a vu qu'il etait
rempli par une matiere gelatineuse, jaunalre,homogene et se moulant sur toutes
les anfractuosites du sinus. On pouvait facilement soulever les parois de ce
kysle, qui n'offiait aucune adherence avec les parlies voisines. La parol de ce
kyste etait lisse, el avail a peine un demi-niillimetre d'epaisseur, se laissait fa-
cilement dechirer, et offrait ca el la quelques ramifications vasculaires. Lecon-
tenu de la poche etait jaunalre, filant et ne s'ecoulant pas quand on le plagait
dans la declivile; il offrait tons les caracteres du mucus epaissi, Quand ce kyste
a etc enleve du sinus, ce qui a ele Ires-facile, parce qu'il n'existait pas d'adh6-
rence, si ce n'est dans un point ; M. Beraud a vu une seconde tumeur analogue
a cel!e-la, mais moins voluraineuse, siegeant dans le meme sinus, vers la re-
union de la paroi posietieure avec I'externe. Celte tumeur renfermait un liquide
d'une consislance gelatineuse analogue a celle du premier, mais d'une couleur
un peu plus opaline. De plu?, il etait contenu dans I'epaisseur de la muqueuse,
car, apres avoir delache celle-ci, ilfaisait saillie sur le cote profond de la mem-
brane fibro-muqueuse. Elle avait un volume egal a celui d'un gros pois. D'ail-
leurs les parois des sinus n'offraient aucune alteration; elles n'eiaient pas re-
foulees, de sorts querieu ii'apparaissail a I'exterieur.
M. Beraud croit que ces fails prouvent que les follicules muqueux du sinus
maxillaire peuvent donner lieu a des kystes analogues aux kystes des autres
membranes muqueuses. (3 mar.)
3° CAS DE CANCROIDE GINGIVAL; par M. LeBERT.
M. Lebert monire a la Societe un cancroide epilbelial, qui a pris son origine
dans les gencives de la machoire inferieure, el qui a penetre I'os verticalemenl
jusqu'au niveau du canal dentaire qui a ete respecte, ainsi que son contenu ar-
teriel et nerveux.
Sous le maxillaire se tronve une glande lymphalique infiltree d'epiderme el en
parlie suppuree.
Ce cas est le second de cancroide gingival, observe par M. Lebert ; c'est une
maladie des gencives non decritedans les auleurs jusqu'a cejour. Quant a I'in-
fection epidermique des glandes lymphaliques voisii^es d'un cancroide, M. Le-
bert I'a deja observee un certain nombre de fois. flO mai.)
64
4* SUR ON KTSTE DU SINUS MAXILLJURE CONTEMANT DU MUCUS AVEC HE LA
CHOLEST^RINE ; par M. B^RAUD.
M. Beraud pr^sente^i la Societe un sinus maxillaire du cdte droit, dans lequel
il y a un kyste presque reduit h ses parois. II flotte dans la cavite du sinus. 11
adhere vers la partie anterieure de I'angle interne et inferieur de cette cavite. Son
aspect est blanchatre, sa surface interne est plissee k cause de revacuation du li-
quide qui s'est faite probablement pendant la vie, au moyen d'une rupture; car
aujourd'hui on ne voit plus dans le sinus le liquide que le kyste a dO conlenir.
Quand on I'ouvre, il s'echappe une petite quantitede mucosites dans laquelle on
reconnait facilement des paillettes de cholesterine. Quand on Tinsufile on lui fait
acquerlr un volume egal k celui d'une noisette, de sorle qu'il occupe environ la
moitie de I'antre d'Highmore. Alors on reconnait que les parois sont transpa-
rentes, assez minces, peu resistantes, parcourues par des vaisseaux tres-Dns qui de
la base vont en rayonnant se distribuer vers I'extremite libre. Vers le bord adhe-
rent de cette poche, la muqueuse acquiert une epaisseur considerable. Ce que ce
fait offre de particulier, c'est I'existence de la cholesterine au milieu du liquide,
et meme les paillettes s'etaient deposees a la face interne de la cavite kystique, ce
qui donnait a cette parol un aspect soyeux. SI Ton rapproche le kyste de ceux qu'a
deji presentes M. Beraud sur le meme point, on verra que des kystes varies peu-
vent exister dans le sinus maxillaire (24 mal).
M. FoLUN rapporte que M. Jobert (de Lamballe) vient detrouver aussi de la cho-
lesterine dans un kyste du sinus maxillaire. Fergusson avait deja observe le meme
fait.
i* SDR DES TOBERCCLES l^TDDltS DANS DEDX OISEADX DE L'ESPfeCE PENELOPE HAHAIL ;
par M. Desharest.
M. Desmarest montre k la Societe le tronc d'un pinelope marail male {pene-
lopemarail Gmelin; salpizamarailV^' asier) qui offrede nombreuses indurations
tuberculeuses sur ou dans I'lnterieur de phisleurs de ses organes internes. II fait
remarquer deux indurations, atteignant a peu pr6s le volume d'une noix, qui sont
placces aux environs du poumon, et il fait voir que le siege de la maladie sera-
ble surtout etre situe dans le foie. En elTet, on sent de grosses induialions tu-
berculeuses dans I'interieur de cet organe, et Ton voit de petlts tubercules jau-
naties k sa surface. Les reins, ainsi que le coeur, ne semblent pas avoir de
tubercules.
Ce penelope, dont I'espece habite la Guyane, mais qui etait ne en France, en
1846 a litampes, a vecu pendant trois annees a la menagerie du Museum d'his-
toire naturelle de Paris. Donne en 1847 par M. Pommc, il y est niort le l«
mai 1851.
Hans un autre oiseau delnmemeespecequl provenait pgalemenldeM. Pommr,
65
etait aussi ne i litampes et avail vecu deux ans el demi au Museum, oii il etail
morl le 21 fevrier 1851, noire collegue avail fail une remarque semblable. Tous
les organes inlernes de ce penelope etaieot couverts de lubercules el de forles
indurations , mais on en observail principalement dans les poumons, dans le
foie et dans les reins.
En lerminant sa communicalion, noire confrere rappelle que dans la seance du
3 mars 1849 (comptes rendus, annee 1849, p. 45), il a fait une observation sur
un autre oiseau, le jabiru {abycteria americana, Gmelin) qui presentait aussi
de nombreux lubercules, surtout dans les poumons, mais que eel oiseau etanl con-
serve dans I'alcool on n'avail pu complelemenl en eludier la maliere luberou-
leuse.
Generalemenl, ajoule M. Desmarest, les mammiferesdes pays chauds que Ton
am6ne dans nos menageries europeennes, el meme ceux originaires de ces re-
gions, qui naissenl dans nos pays, presentenl presque tous, k I'autopsie, des
lubercules nombreux. D'apres les fails qui viennenl d'etre signales etquelques
aulres qui onl die recueillis dans nos kboratoires, ne serail-on pas en droil d'en
conciui-e ce que Ton pouvail prevoir a priori, que les oiseaux americains sont
soumis a la meme regie? (17 mai.)
6» soR ON CAS d'infiltration graissetjse des muscles sans changement
DE VOLUME ; par B^RAUD.
II s'agil d'unefemme de 40 a 45 ans, apportee duns les pavilions de dissec-
tions de rficole pratique, el sur laquelle on ne peut pas malheureusement four-
nirdes renseignements.
La tele, la poitrine et le ventre elaient ouverts; le cerveau, le poumon el le
coBur etaient enleves ainsi que le foie. Cetle femme etail d'une laille au-dessus
de la moyenne , d'une bonne conformation ; elle avail des formes arrondies el des
mamelles trcs-volumineuses, et au premier aspect elle ne paraissait pas tr^s-
grasse, Cependanl un examen attenlif m'a fail voir les alterations suivantes.
La peau est rude, seche, biunatre; le tissu cellulaire sous-cutane est rempli
de graisse en quantite assez notable, sans depasser pourtanl les limites ordi-
naires ; mais les muscles du Ironc el des membres etaient envahis par la
graisse k un degre plus ou moins avance, suivanl les regions od on les conside-
rait.
Au tronc, les muscles pectoraux, ceux des parois abdominales, ceux des goul-
li^res vertebrales etaient d'un aussi beau jauneque la plus belle graisse; on n'y
reconnaissait plus la moindre trace des fibres musculaires. Les muscles intercos-
taux el le diaphragme, quoique un peu graisseux, ofTraient encore une
coloration tr6s-prononcee qui conlraslait avec celle des muscles voisins.
Au membre superieur, on renconlrail les memes alterations vers la racine,
et la graisse allail en diminuant de quantite h mesure que Ton se rapprochait
de la main. Ainsi tous leg muscles de I'^paule etwent graisseux a un degre aosei
66
prononce que ceux du tronc; ceu\ du bras I'ctaieiit encore, mais d'une maniere
moins prononcee ; on y voyait gi et Ik quelques fibres d'un rouge tr^s-p^le.
Les extenseurs et les flediisseurs elaient cgalemcnt et unifortnement atteiots.
A I'avant-bras, les progres du mal elaient moins avances. La giaisse avail bien
envahi les muscles de la region antei icure et ceux de la region posterieure, mais
c'elait d'une maniere bien plus prononcee a la partie superieure, vers le coude
que vers le poignet, oil la fibre musculaire reprf'nait peu a peu tout son eclat.
A la main, elle se trouvait exempte de toule alleralion dans sa couleur, sa
eonsistance et ses proprietes.
Au membre inferieur, les muscles offraient le menie ordre de phenom^nes.
Ainsi granile quanliti; de graisse dans ceux de la racine du membre, absence
totale dans les extremit^s apres avoir diminue insensibiement dans les points
intermcdiaires. Les fessiers, les psoas, les iliaques, les peivitrochanteriens A
droile et a gauche elaient toialement infiitres de graisse et d'une maniere egale
et symetrique. C'est dans le grand fessier que Ton pent bien voir que le muscle
a bien conserve sa forme; au lieu de faisceaux muscuiaires on a des faisceaux
de coloration jaunatre, d'un aspect huileux et laissant suinter de la matieie
grasse liquide. A la cuisse, comme au bras, la graisse diminuait d'une maniere
assez appreciable, et la coloration jaune paiile devenait un peu plus foncee.
DejA ii la jambe, au milieu des faisceaux completement envahis, on voyait ga et
\k quelques fibies d'un rouge pale ; mais ici, comme au membre superieur, on
voit que la graisse s'est deposee symetriquement a droile et a gauche sur les
exlenseurs comme sur les flecliisseurs. Au pied comme i la main, la fibre mus-
culaire n'avait rien de change dans ses propiicles physiques. Les muscles de la
face, de I'orbite, ceux du cou sont exempts de toute alteration. II n'existait au
niveau des arliculations rien de particulier. Les tissus fibreux aponevrotiques, le
perioste, ne paraissent pas aiieints par la graisse; au conlraire, pouvant etre se-
pares facilement des parties voisines, ils ont I'aspecl tres-prononce; cepeiidant
ils n'olTrent la meme eonsistance que dans Petat normal. Les visceres qui res-
taient dans I'abdomen comme le foie et la rate ne m'ont rien olTert de particu-
lier.
Les fails constates dans cette autopsie peuvent se resumer dans les quatie
parliculariles suivantes :
4° Alteration graisseusedes muscles sans atrophie;
2° Envahissement successif de la graisse en partant du tronc vers les extre-
miles.
3° Absence de deviation dans les articulations ;
4o Intc'grite d'une partie du systcime musculaire.
Quelle interpretation peut-on donnera une telle maladic? Peut-on dire qu'il y
avail liice que Sauvages et Cullen ontdecrit sous le nom Ae polysarcie? Nous
ne le pcnsons point k Cause de ce caraclerc que la graisse n'avait pas ele de-
posee dans le tissu cellulaire sous-cutane.
67
Faut-il croire qu'il s'agissait de cette affection qu'on a decrite recemaient
!ous le nom d'atrophie progressive des muscles ? Non , puisque, ainsi que
nous I'avons deji fait lemarquer, le volume apparent des muscles n'etait pas
diminue.
Serait-cealors la suite d'une paralysie ? Nous ne le croyons pas plus, parce que
la paralysie, siegeant sur une aussi grande etendue, n'aurait pas laisse la ma-
lade vivre assez de temps pour que des alterations semblables se fussent pro-
duites.
II fautdoncpenser qu'il s'agil 14 d'une maladiespeciale du systfeme musculaire,
maladie qui scraitsous la dependance d'une cause qui nous ^chappe, et sur la-
queile il serait bon que les pathologistes eclaires par les decouveites recentes de
la physiologic fissent des reclierches serieuses. (31 mai.)
IV. — HlSTOIRE NATORELLE.
SUR l'algue des (EL'fs de limace ; par M. Montagne.
• J'ai examine au microscope un oeuf du Umax agrestis qui m'a ete remis par
notre confrere M. le docteur Laurent, et j'ai promptement reconnu qu'une my-
cophycee qui I'envahissait et formait autour de lui comme une couronne de fila-
ments transparents et delies, etait le saprolegnia molluscorum de Nees d'Esen-
beck, Cette production n'est point rare dans la nature, et ce qui le prouverait,
independamment de toute autre consideration, c'est la grande quantite de tra-
vaux divers dont elle a ete I'objet el les differents noms sous lesquels elle a cte
decrite.
D Voici, en effet, sa synonymic : conferva ferax Gruithuisen, Nova acta Acad.
lEOP. CAR. NAT. CURIOS., 1821, p. 460, t. XXXVIII ; conferva piscium Schrank,
Baiersche FLORA, t. II, p. 553; byssvs aquatica, Fl. dan., t. 896; vaucheria
aquatica Lyngb, Hydrophvtol. dan., tab. 22 (I'auteur aflirme I'avoir observee
sur un gasterostee, et M. Ch. Robin nous I'a montree aussi sur une epinoche);
hydronema, Caius, in Acta leop. car. nat. curios, 1823, t. LVIII; saprolegnia
molluscorum ct achyla prolifera Nees, Nov. act. Acad. nat. Curios., t. XI,
p. 513 (M. Kutzing reunitces deux genres en un seul, auquel il conserve le nom
Ae. saprolegnia); leptomitus clavatus, prolifer ei ferax, Agardh, Syst. Alg.,
p. 49; leptomitus pisidicola, Berkeley, Gleaning of Alg., p. 30, tab. 2, fig. 1.
Voy. encore Meyen, in Wiegm. arch., t. VI, 1835, p. 354, et Kutzing, Phvcolo-
gia generalis, p. 167, tab. 1, ou Ton trouve une fort belle figure de la planle,
observee dans tons ses etats.
1) Quant k I'autre question po^ce par notre savant confrere M. Laurent, k savoir
d'expliquer comment les germes de cette algue ont pu penetrer dans I'oeuf, d'ou
plus tard, rompant ses entraves, celle-ci est sortie pour vegeter au dehors, on
conQOit dc combien de difflcultes elle est herissee, et Ton nous permeltra de ne
pas nous en occuper iei. Le champ des hypotheses est vaste, et chacun y pcut
68
trrer en toute liberie ; mais il esl rare qu'on j decouTre une issue qui coaduise
i la verity. Deji,4 1'occaslon d'un fait analogue que nous avons observ6 M. Rayer
et moi, et qui a ete consigne dans ses Archives de medecine compar^e, nous nous
sommes contente d'exposer simplement le fait, sans tenter d'en donner une expli-
cation quelconque. b (3 mai.)
V. — Teratologie.
SDR LA COMPOSITION DE LA TUMEUR DES MONSTRES PSEDDENC^PHALIENS ;
par M. Adolphe Richard.
« Le monstre qui fait le sujet de ce travail est un foetus humain, du sexe fe-
minin, venu h terme. II etait fort pesant ; c'est une particularite indiquee dans
la plus grande partie des observations d'anencephales. Tout chez lui, a part la
tele, etait normal, et je m'en suis assure par une dissection minutieuse. J'ai, en
effet, non-seulement explore avec soin tous les visceres, mais aussi disseque les
muscles des membres avec leurs principaux nerfs. Aucune anomalie ne m'a
frappe, si ce n'est du cote gauche seulenienl, I'absence de I'insertion radiate du
fl6chisseur sublime.
» Relalivemenl k la monslruosite offerte par le crane et I'encephale, notre
sujet reiiicsente tres-bien celte transition entre les exencephales et les anence-
phales, que Geoffroy Sainl-Hilaire a nommes pseudenciphaliens,et parmi ceux-
ci, il ponrrait servir de type a la variete admise par M. Isidore Geoffroy sous le
nom de nosencephales, comprenant les monstres pseudencephaliens, dont, sui-
vant les paroles de M. Isidore Geoffroy, I'encephale est remplace par une tumeur
vasculaire, le crane largement ouverl en dessus, mais seulement dans la region
frontale et parietale, le Irou occipital restant distinct.
» Si les animaux n'ont point offert jusqu'ici d'exemple de cette monslruosite,
elle n'est pourtant pas tr^s-rare chez I'homme, et I'on en pourrait maintenant reu-
nir environ une trentaine d'observations. Mais elle est beaucoup moins commune
queranencephalie,ci laquelleelle conduit, et, par exemple.si lemuseeDupuytren
renferme une colleclion assez complete d'anencephales, je n'ai pu y decouvrir de
pseudencephalie proprement dite.
» Je ne rappellerai point ici la physionomie singuli^re de la face chez ces
monstres : c'est celle que plusieurs auteurs ont decnte a propos des anencephales
et de quelqnes exencephaliens. Le squelette du crane, qui devait avant lout atti-
rer rattention, a etc aussi Ires-bien ctudie, et Ton sail, surtout depuis les tra-
vaux de Geoffroy Saint-Hiiaire, que, quelque considerable que soil le trou qui
livre passage a celte sorle de hemic cerebraie, il n'y a jamais absence d'aucun
OS du crane, on pourrait presque dire d'aucune de ses parlies : ces os sont sim-
plement arreles dans ieur developpemenl, el Geoffroy Sainl-Hilaire n'a pas man-
que de developper celle decouverte au nombre des meilleures preuves du prin-
«»pc d'unil^ de composition organique .
69
» Afln done d'evilev de developper dea faitsdeji tr6s-conau8,;'arreterai seula-
ment un instant I'attention de la Societe sur la partie singuli^re qui repre-
sente ici les vestiges de I'encephale, sujet d'etude tout k fait neglige par les au-
teurs.
n Au niveau de la solution de continuite du crane, tr6s-reguli6rement circu-
laire et assez bien representee par la ligne qui, sur un crane normal, separe la
base de la voule cranienne,a ce niveau, dis-je, en bas, la peau du front, de la
parlie superieure des paupieres, de la tempe, de la nuque, s'arrete brusquement
en s'enfonQant un peu et adhere au cercle osseux. En haut.s'eleve du meme point
et k nu la tumeur pseudencephalique, separee de la circonference cutanee par un
lisere cicatriciel. Cette tumeur est du volume environ d'un ceuf de dinde, irre-
gulierement arrondie, beaucoup plus large et saillante en avant qu'en arriere,
assez symetrique dans ses deux moities gauche et droite, lesquelles sont sepa-
rees, mais dans leur milieu seulement, par une scissure profonde.
» Au premier coup d'oeil jete sur I'exterieur de la tumeur, il est difficile de ne
pas songer aux hemispheres cerebraux. Outre cette sorte de scissure interhemi-
spherique dont j'ai parie, il y a quelques indications de scissures transversales
qui peuvent donner I'idee, assez vague cependant , de lobules anterieurs,
moyens et posterieurs. Nous nous expliquerons tout a I'heure A cet egard.
» A I'exterieur au moins, la nature du tissu dontsenible formee la masse pseud-
encephalique est bien ceque les auteurs ont decritou represente c'est.sous une
enveloppe fine et peliiculeuse,ce tissu spongieux, rougeatre, gorge de sang, qui
donne I'idee d'une sorte de substance eiectile. Mais on aurait tort de penser,
d'apres les auteur?, que ce tissu est inextricable. La dissection permet, au con-
traire, de distinguer les differentes couches, et conduit, je pense, k une interpre-
tation satisfaisante de la monstruosite.
» Les teguments, peau et tissu sous-cutanes, s'arretentoil cessent les os. Et ce
que Geoffroy Saint-Hiiaire a prouvepour le squelelte semble egalement vrai pour
les teguments; car, bien que le front manque entierement, on voit naitre de 1^ k
la racine du nez, a la base des paupieres supcrieures, de longs cheveux rares.qui
doivent appartenir normalement a des teguments places plus haut.
» Sur notre tumeur, nous ne trouvons rien non plus qui rappeiie la durc-
mere. Cette membrane, elle aussi , s'est arretee avec les os, et cela vlendrait
a I'appui du nom qu'on lui attribue souvent de perioste interne des os du
erane.
» L'arachnoide couvre la plus grande parlie de la surface de la tumeur, man-
quant toutefois en certaines places; elle est sous forme de pelliculecrasseuse,
qui, detachee du plan sous-jacent, parait y tenir au moyen de quelques tractus
lilamenteux, vestige du tissu ceilulaire sous-arachnoidien.
» Avant la dissection, il elait facile de prevoir que I'aspect spongieux, rou-
geatre, de la masse cerebrate ^tait du surtoiit a la membrane pie-mere. J'avais en
efTel ouvcrt en arriere, dans toute son ctendue, le canal raehidien. Apr^s avoir
70
conslate, ce qui n'arrive pas loujouis en pareil cas, un etat pnrfuitement normal
el regulier dans les vertebres, je \is qu'il en elait de meme de la moelle, ferme,
volumineuse, protegee de ses trois membraneg. Le Lulbe fut reconnu parfaiie-
ment conforme dans toute son etendue, mais offrant seulement quelquc chose de
tout a fait insolite dans sa membrane immediate, son nevrilAme. A son niveau,
en effet, la pie-mere change de caractere : elle devienl epaisse, gorgee de sang,
rouge, fongueuse, et se continue alnsi supcirieurement avec la masse de meme
nature qui couvre la tumeur pseudcncephaliquc.
» Dans cette derni^re, du reste, le scalpel scpare avec facilile la couche de la
pie-mere, et on s'assure que cette membrane seule ofl're les caracteres singu-
iers qui signalent I'exleiieur de notre tumeur.
» La pie-mere delachce , et c'est ellc qui , par son epaisseur el ses prolonge-
ments, forme Ja plus graude parlie de la tumeur, et la tumeur tout entiere en
avanl eten arriere, on Irouve au-dessous d'elle irois poches spheriques bien dis-
tinctes, isolables dans toute leur etendue, I'anterieure tres-considerable, celle du
milieu beaucoup plus petite. En ouvrant ces poches, on les trouve formees d'une
eouche ferme, pen epaisse, blanchatre et nerveuse a I'interieur, et limitant une
sorte de kyste plein deserosite sanguinolente.
» En resume, ahsence dcs teguments des os, de la dure-m6re; arachnoide
presque effacce; pie-mere hypertrophiee; trois poches nerveu^es : telle est la
eomposition de la lumeur du pseudenccphale.
» Devant celte dissection, on ne peut plus songer k comparer cette tumeur aux
hemispheres du ccrvcau. Les lobules anterieurs el posterieurs sont une illusion;
ils sont formes par la pie-mere, el rien, sous nos poches neiveuses, qui repre-
sente les portions basilairesde I'encephale. Mais en meme temps une interpreta-
tion bien plus satisfaisanle s'ofTre a I'esprit.
1) Dans ces trois poches nerveuses, peut-on meconnaitre les cellules ciri-
brales, premier rudiment de tout I'encephale chez rembryon? C'est ainsi, sauf
le volume, que ces cellules se pre-entenl au commencement de leur formation,
pleines de liquiJe et laissant deposer la maliere nerveuse sur la face interne de
leurs parois : si bien que la cause de la monstruosilc, (ividente pour les tegu-
ments et les OS du crane, le diveloppement arrili, expliqueraienl encore la mo-
dification profondc de I'encephale.
» Plus on etudie les monstruosites les plus compiiquces, plus on voit que I'etat
tcratologique revolt loujours I'arret de developpement comme explication fonda-
mentale, en ajoutant cependant qu'une fois le developpement anete k un certain
point, a une ccrtaine heure, pour ainsi dire, un travail conseculif vient souvent
mettre sous les yeux de I'observateur toule autre chose qu'un etat transitoire de
I'embryon.
» II etail curieux d'etudier dans ce sens le nerf optique, emanation evidente,
des les premiers temps, de la deuxifeme cellule ccrebrale. Je I'ai trouve grele et
n'oftrant, sous son enveloppe nevrilematique, qu'un tube nerveux d'une grande
71
minceur, plein de seiositci. Le meme arret de developpement a done frappci le
nerf optique.
» Au nerf de la vision s'opposent tons les autres nerfs encephaliques (je ne parle
point de I'olfactif, qui n'est point un neif), tous parfaitement normaux; cela est
naturel : c'est qu'en realite tous naissent du bulbe.
» J'ai suivi jusqu'au bout tous les nerfs musculaires de I'orbite. La cinqui^me
paire, avec son ganylion de Gasser, a tout son developpement, preuve nouvelle de
sa veritable origine dans la profondeur du bulbe, malgre son emergence apparente
des pedoncules cerebelleux moyens.
» Malgre I'etat du nerf optique, la retine avail tout son developpement, comme
on pourra s'en convaincre sur I'autre oeil , qui n'a point ete ouvert. Ce n'est
pas la le seal exemple qui demontre I'erreur de ceux qui veulent faire provenir,
faire pousser les parties du corps les unes des autres : le rein ou les organes
genitaux du corps de Wolff, les glandes de I'intestin, les nerfs de la moelle, le
coeur, des vaisseaux, etc., ou reciproquement. Quelle que soit la continuite ou la
dependance des parties, chaque chose, dans I'embryon, se forme h sa place et pour
soi-menie.
» Quant k I'efat spongieux si remarquable de la pie-m6re, des injections ont
monlre plusieurs fois que cet etat est du a une foule de vaisseaux, veines et ar-
teres, entrelaces les uns dans les autres. On pourrait peut-etre comprendre une
semblable disposition, comme le rcsultat de revolution naturelle de cette mem-
brane, destinee a s'amplifier considerablement pour embrasser les nombreuses
circonvolutions cerebrales.
» L'encephale ne s'etant point developpe, ce travail de la pie-mere avdrterait,
pas assez cepeiidant pour que la membrane conservat sa minceur liabituelle.
Ajoutez encore que la pie-mere se trouve ici a I'exterieur, sous le mince feuillet
de rarachnoide, et que cette exposition insolite peut eontribuer a modifier sa nu-
trition.
» Je n'ajoute plus qu'un mot : la base de la tumeur pseudencephalique est,
dans toute sn circonference, adherente au pourtour osseux et cutane, excepte
pourtanten un point : c'est dirertement en arriere oii se voit un oriflee admet-
tant I'extremite du petit doigt. II me parall a pcu pres certain que ce trou n'est
autre que le trou de Magendie , ou I'orilice borde par deux replis de la pie-
mere qui fait communiquer le quatrieine ventricule avec le tissu cellulaire sous-
anichnoidien. Ce trou, en effet, mene en bas a recartement du calamus scrip-
torius. n (10 mai.)
VI. — BiBLIOGRAPHIE.
ESSAI CLINIQUE SIJR LE DIAGNOSTIC SPECIAL ET DIFFERENTIEL DES MALADIES DE
LA VOIX ET DU LARYNX ; par M. B.-C.-G. DUFOUR. '
M. Laboulbene prcsenle a la Societe I'ouvrage qui a servi de these a M. Du-
72
four ; il en signale les principaux points, et donne lecture des conclusions sui-
vantes :
u lo La situation, la structure et les usages du larynx expliquent la variete et
la gravite des maladies qui peuvent alteindre cet organe, et qui en font un des
detroils morbides les plus redoutes du praticien.
» 2' Presque toujours le diagnostic exact et precis de ces etats pathologiques
est d'une grande importance pour la therapeutique; mais tr^s-souvent aussi il
est difficile k etablir, et les causes d'incertitude et d'erreur sont encore tr^s-nom-
breuses.
» 3° La semeiotique des affections laryngees puise la plupart de ses elements
dans les symptomes locaux fonctionnels (douleur, alterations de lavoix, de
la toux).
» 4° Dans I'etat actuel de la science, les methodes physiques ne fournissent
qu'un petit nombre de renseignements utiles; cependant il est de ces symptomes
physiques auxquels I'experience clinique assigne une haute valeur, et par con-
sequent le medecin doit chercher attentivement i les apprecier (alterations de la
gorge, de I'orifice superieur du larynx , sifflement aigu, bruit de soupape, etc.).
L'auscultation thoracique pent aussi eclairer le diagnostic dans des eas fort
obscurs.
u 5° Parmi les nombreuses sources de difficultes et d'erreurs, je citerai les cir-
constances suivantes : la simulation (aphonic, mutile); I'existence d'un symptome
fonctionnel sans lien organique manitcste; I'analogie symptomatologique des
formes graves de la maladie ou de maladies pen dissemblables (laryngite aigue
grave, angine striduleuse); I'insuffisance des lesions necroscopiques pour expli-
quer la gravite des symptomes ; I'existence de complications meconnues ; les
variations accidentelles ou individuelles des symptomes (laryngite chronique);
I'epoque a laquelle le medecin est appele ; la rarete de la maladie ; la negligence
d'un traitement specilique ; la predominance de symptomes du cote de la poi-
trine ; la marche foudroyante des accidents ; la ressemblance des memes pheno-
m^nes graves occasionnes par des causes diverses (laryngo-sthenosie); une fausse
appreciation de la sensation tactile, ou un oubli de I'inspection directe et du
toucher; la confusion des denominations nosologiques; la preoccupation trop
exclusive d'un etat general grave; la securitc aveugle des personnes qui entou-
rent le malade ; I'intermiltence des accidents (corps etrangers) ; I'absence ou I'in-
suffisance de signes commemoratifs ; le pen de gravite apparente de la lesion ex-
terieure. » •
COMPTE R1SNDU
DES seam:es
DE
LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE JDIN 1851 ;
M. le Docleiir BROWN -Sl^OUARD , secretaire.
Pr^sidence de M. RAYER.
I. — Physiologie.
1" DE LA SURVIE DES BATRACIENS ET DES TORTUES APRES L'AELATION DE LEOR
MOELLE ALLONGEE ; par M. BROWN-SfeODARD.
En 18i7, M. Brown Sequard a annonce a I'Academie des sciences (Compies
KENDDS, t. XXIV, p. 363) que certains verlebres a sang froid pouvaient sur-
vivre Ires-longtemps a la perle de leur moelle allongee, a la condition d'etre
tenus dans une atmosphere, donl la temperature soil infcrieure a 6 on
8" c, et superieure a zero. Or a cette temperature tous Ics phinomenes de la
74
vie soul ralenlis chez les vertebres a sang Iroid. En consequence, en exageranl
le degre de ce ralentissement, on a e(e jusqu'ct supposer qu'une survie d'un
ou de plusieurs mois, a una tres-basse temperature, equivalait par le total de^
phenoraenes vitaus a une survie de queiques heures en ete, saison oil ces phe-
nomenes ont une grande activite.
M. Brown-Sequard, pour repondre a cette objection, rappelle d'abord que
Chez les batraciens, prives de la moeile allongee el soumis a Paction d'une
basse temperature, le coeur ballant, en moyenne, 35 fois par minute et la
survie durant quatre mois, c'est-a-dire 172,800 minutes, il s'ensuit que pen-
»laut cette survie le coeur bat 35 fois 172,800, ce qui fait plus de six millions
de battements (H, En ete, la survie maximum elanl de six heures, le coeur
battant en moyenne 45 fois par minute, il en resulte qu'il y a 16,200 battements
pendant la survie, nombre qui est a celui des battements a une basse tempera-
ture, comme 1 est a 375.
On voit par la, d'une maniere eclatanle, corabien il est faux de dire qu'en
raison du ralentissement des phenomenes vilaux, dans des temps froids, une
survie de queiques mois n'est pas alors plus longue qu'une survie de queiques
heures en ete.
Reste maintenant la question de savoir pourquoi la survie est si courte en
6te et si longue en hiver La cause de cette difference se trouve en ceci que la
respiration cutanee qui continue a se faire apres I'ablation de la moeile allon-
gee (nous n'avons pas besoin de dire que la respiration pulmonaire n'a plus
lieu), etquiest sufBsante tant que la temperature est tres-basse, devient au con-
trair^insulBsante quand la temperature s'eleve, etd'autant plus que I'elevation
est plus grande. Ce que W.-F. Edwards a trouve a cet egard, pour les batra-
ciens intacts, est egalenient vrai pour les batraciens depouilles de la moeile
allengee.
Cest ce que prouveraient encore, s'il en elait besoin, les experiences sui-
vantes que nous rapporlons pour faire voir que les vertebres a sang froid peu-
venl, meme a une temperature elevee, survivre longtenips a la perte de leur
moeile allongee, pourvu qu'on augmente leur respiration.
M. Brown-Sequard a constats que les grenouilles privees dela moeile allon-
gee, a une temperature estivale de 24 a 28° c, meurent en general en moins
de cinq ou six heures, si on les laisse dans I'air atmospherique, tandis qu'elles
peuvent survivre au contraire bien plus longtemps si on les met dans de I'oxy-
gene.
(1) II y a en Allemagne plusieurs pbysiologistes distingues, MM. Budge
rl Moritz Schitl entre autres, qui soutiennent que c'est la moeile allongee qui
fait battrc le coeur. lis changeront certainement d'avis en apprcnant que chez
les batraciens le canir pent encore battre six millions de fois avec energie et
rcgularile apres I'ablation do la moeile allongee. ^^^^
75
Dans deux series d'experiences, I'uue execulee au mois de juin 1867, 1'autre
au mois de juillet 1850, des grenouilles tenues sous de grandes cloches pieines
d'oxygene y ont vecu de huit a quatorze jours apres Tabiation de la moeile
allongee. Au moment de {'operation dans les experiences de 1847, la tempera-
ture elait de 23", el dans celles de 1850 elle etait de 25o. Dans les deux cas, la
temperature a varie, apres ['operation et jusqu'au dernier jour des experiences,
de 18 a 29°.
On avail mis sous les cloches de la potasse causlique pour que I'aeidecarbo-
nique ne put pas s'y accumuler.
II est tres-probable que les batraciens, mis en experience dans ces circon-
stances, auraient survecu plus longtenips si Ton avait pu s'en occuper davan-
tage et leur fournir de nouveau de I'oxygene.
Dans ces derniers temps, M. Brown-Sequard a fait sur des tortues grecques
des experiences qui lui ont donne des resultals analogues a ceux obtenus avec
les batraciens.
II enleva la moeile allongee sur irois tortues grecques, sur lesquelles il pra-
tiqua riiisutflation pulmonaire toutes les deux ou trois heures. L'une d'elles,
deux jours apres I'operatioD, etant restee cinq heures sans etre insufflee, avait
perdu loute trace de la faculle rellexe. On aurait pu la considerer comnie
morte ; cependant, apres plusieurs insufflations des pounions, la faculte reflexe
reparut et I'animal survecut encore cinq jours. Les deux autres tortues surve-
curent, l'une douze, I'autredix-sept jours. La mort n'a eu lieu chez toutes trois
que parce qu'elles sont restees sans insufflation plus de cinq ou six heures.
Pendant ces experiences, la temperature a varie de 18 a 30">c.
La plus longue survie observee par M. Brown Sequard chez des tortues de-
pouillees, en etc, de la moeile allongee, et non insufflees, a ete de vingt-trois
heures. En general la survie est bien plus courte. En hiver la plus longue
survie a ete de dix jours, et consequemment nioindre qu'elle n'a ete en ete
par le secours de I'irisufflation pulmonaire.
De ce qui precede il resulte que si la moeile allongee est essenlielle a la vie,
c'est surlout, sinon exclusivemeni, parce qu'elle sert i la respiration pulmo-
naire.
2° DES ACTES DE LA GENERATION CHEZ DES ANIMAUX ATTEINTS DE PARAPEEGIE
INCOMPLETE; par Ic memc.
iM. Brachet rapporte qu'apres avoir coupe en travers la moeile epiniere cLez
una jeune chienne en chaleur, a la hauteur de I'ariiculalion de la seconde avec
la troisieme vertebre lombaire, et ayaiit mis cette chienne en rapport avec un
male, il a constate que la conception, la fecond;ition et le developpement em-
bryonnaire out eu lieu.
M. Brown-Sequard ne veut pas nier I'exactitude de rex()erience de M. Bra-
chet, mais il aobtenu des resultals tout dillcrenls, eiil sc borne ici a les signs-
76
ler. II a experimentti sur sept femelles de cocbons d'lude, ayaiU eu la nioilie
laterale droite de la moelle epiniere coup6e a la hauteur de I'une des irois
dernieres verlebres costales. Chez ces animaux la paraplegic n'a existe qu'i
un faible degre ; elle etait complete au contraire dans I'exp^rience de M. Bra-
chet; pourlant, bien que I'acte du coit ait ele tres-frequemment r^peie depuis
plus d'un au que la moelle a ete I6see, il n'y a jamais eu de fecondation, ou du
moins le developpement n'a pas eu lieu ; nous devons dire que ces auimaux ont
tous assez souvent des convulsions; peut-etre esi-ce dans cette circonstance
qu'il faul trouver la cause de I'insucces du coit.
Si les femelles decochons ne peuvent plus engendrer apres la section d'une
moilie laterale de la moelle epiniere au dos, il n'en est pas de meme des males :
ceux-ci Ires-peu de temps apres I'operation conimencenl deja i se livrer au
coit. Bien des fois le coit entre ces animaux et des femelles nou paralys^es a ele
fruciueux. La secretion spermatique, I'erection, la copulation et I'ejaculation
ont done lieu chez ces cochons d'Inde.
En consequence, la section transversale d'une moilie laterale de la moelle
epiniere parait empecher soil I'ovulalion, soil la fecondalion, soitle developpe-
ment de I'embryon chez les cobajes, mais elle ne detruil aucune des tonctions
generatrices chez les males de ceite espece d'animaux.
3* EXPERIENCE NODVELLE SUR LA VOIE DE TRANSMISSION DES IMPRESSIONS
SENSITIVES DANS LA MOELLE EPINlfeRE; par IC mCme.
On salt que M. Brown-Sequard a trouve que les impressions sensitives se
transmeltent en parlie dune maniere croisee dans la moelle epiniere. L'une des
experiences qui lui ont fail oblenir ce resulial consiste a faire une section trans-
versale d'une moitii laterale de la moelle epiniere au devant de I'origine des
nerfs des membres soil posterieurs, soit anlerieurs. II a fait recemment une
experience qui paraitra plus decisive a certaines personnes.
Apres avoir fait, a la hauteur de la dixieme et de la onzieme vertebre costale,
une section longitudinale, d'un demi ou d'un centimetre, sur la ligne mediane
de la moelle epiniere, il fait deux sections iransversales d'une moilie laterale de
cet organe, chacune de ces sections pariant des extreniites de la section lon-
gitudinale, de maniere a retrancher un fragment assez considerable de la
moelle. L'animal qui a subi cetle operation conserve presque toute I'energie
de ses raouvenients volontaires, excepte dans le menibre poslcrieur du cole de
la section, lequel cependant possede encore des mouvenients volontaires tres-
faibles, mais incontestables. Quant a la sensibililu, ce dernier membre paraii
au moins aussi sensible qu'a I'etat normal, tuiidis que le membre posterieur du
cote oppose (cole ou la moelle est inlacle) a perdu nolablenient de sa sensi-
bilite.
Deux cochons d'Inde, sourais a cette experience, sonl montres a la Sociele.
On a d'abord reconnu I'existence des phenomenesqui viennenl d'etre signales,
77
puis I'autopsie a ete faite seance tenante, et les lesions iudiquees ont ele con-
statees.
li" SUR PLUSIEURS CAS D£ CICATRISATION DE PLAIES FAITES A LA MOELLE tPINltRE,
AVEc RETOUR DES FONCTioNs PERDUEs ; par ie meme.
Dans le couraut des irois dernieres annees, M. Brown- Sequard a fait un
grand nombre d'experiences dans le but de chercher le degre de curabilil6 des
plaies de la moelle epiniere; ses premiers resultals ont ete publics dans la Ga-
zette Medicale (voy. Comptes rendus de la Soc. de blol., fev. 1849 et janv.
1850J, Jusque-la il n'avait vu qu'un relour parliel de la sensibilite et des mou-
vements volontaires.Depuislors il a vu des pigeons se mouvoir volontairement
presque aussi bien qu'i I'elal nornial et recouvrer coiupleteuieut la sensibilite,
apres avoir subi cependant la section iransversale complete de la moelle epi-
niere. Deux de ces pigeons sur irois sent niorts sans avoir ete examines, pen-
dant un voyage de M. Brovvn-Sequard. Le Iroisieme vit encore : il a ete opere
il y a quinze mois; la moelle a ele coupee entierement a la hauteur de la cin-
quieme ou de la sixieme vertebre costale. II va sans dire qu'apres I'operatiou
il n'y a plus eu la moindre trace de sensibilite ni de mouvements volonlaires
dans le train posterieur. An bout de irois mois on commencja a reconnaitre
I'existence de mouvements volonlaires meles aux mouvements reflexes. La sen-
sibilite semblait aussi rejiaraitre. Ce relour vers I'etat normal s'accrul peu a peu,
et au bout de six mois le pigeon pouvaii se nieitre et se lenir quelque temps
sur ses paltes; mais des qu'il voulait marcher il tombait. Dans le cours du sep-
tieme mois, il'put marcher, mais il irebuchait souvent et etait, a chaque in-
stant, oblige de se servir de ses ailes pour s'arc-boutcr. A la lin du huilieme
mois, il marchait assez bien pourvu qu'il ailat lenlemenl et que rien ne I'emo-
lionnat. Toutes les f'ois qu'il voulait aller vile, il tombait lautot d'un cote, tantot
de I'aulre, a moins qu'il n'eiit le temps de deplier son aile et de s'en servir
comme point d'appui sur le sol. Toules les lois qu'il marchait un peu vite, ses
ailes etaieni au quart etendues, coinme s'il les tenait preles k lui servir de pa-
rachute, ou comme s'il s'en servail en guise de balancier. Entin douze mois
apres I'operalion, il a pu courir, et aujourd'hui (fin du quinzieme mois) il se-
rait lout a fail a i'etat normal s'il ne reslait quelque chose de roide dans sa de-
marche.
Sur plusieurs cochons d'Inde ayant subi la section Iransversale d'une moitie
lalerale de la moelle epiniere, M Brown Se(]uard a consiate le relour des mou-
vements volonlaires, mais d'une maniere incomplete, sept ou huit mois apres
I'operalion. Sur un coclion d'Inde qui avail subi celle operation depuis pres
d'un an el chez lequel la sensibilite elait revenue assez coniplelemenl el les
mouvements volonlaires d'une maniere moins complete, M. Brown-Sequard,
avec le concours d'un habile micrographe, M. Laboulbene, a fait Tcxamen de
la cicatrice de la moelle. Voici ce que ces messieurs on( conslale. La peau
78
ayant et6 enlevee,ils virent, ce que M. Brown-Sequ.trd a toujours vuen pareiK
cas, les arcs poslerieurs des verlebres sur lesquelles aTuil port6 la lesion, en-
lierement regeneres et, a bien peu pres, avec leurs dimensions normales. Im-
medialemenl au-dessous de ces arcs osfeux et adherant avec eux se trouvait
line lame fibreuse epaissea laquelle la moel;eelait altachee. Apres avoir separe
la raoelle de ce plan fibreux, il fut constate qu'elle etaitcorarae 6lranglee, re-
trecie en ce point. I. 'operation faiie depuis plus d'un an sur cette moelle avail
consiste non-seulemeni dans la section iransversale de la nioilie lalerale droite,
mais aussi dans la section du cordon posterieur gaucbe, de sorte que, au
meme niveau, les deux cordons poslerieurs, le cordon lateral et le cordon an-
terieur droits, ainsi que la portion de substance grise de la nioitie droite, avaienl
ete coupees transversalement. En exaniinant allenllTenHnt la moelle, on vit
que le retrecissement n'existait que sur les parlies qui avaienl eie coupees. Au
niveau de cette sorte de coarctation, tres-legere d'ailleurs, il exisiaiiune trace
blanchalre. Celle ligne blanche el cette depression iudiquaient d'une maniere
certaine I'endroit de la plaie. L'examen microscopique vint du reste contirnier
cette maniere de voir. Une tres-petite portion de la face poslerieure de la
moelle, prise a reiidroit meme de la pariie deprimee el blanchalre, niontra :
!» Des fibres de tissu cellulaire en ires-grand nombre, formanl cette cica-
trice blanchalre visible a I'oeil nu. Ces fibres, de 0,001 a 0,002 de millim. de
diamelre, sont pour la plupart dirigees transversalement ou tres-legerement
obliques, croisant ainsi perpendiculairemeul ou a peu pres les fibres ner-
veuses.
2° Des fibres nerveuses, a double contour, ayant de 0,004 i 0.006 de millim.
de diamelre. Ces tubes nerteux sont en ires-grand nombre dans le champ du
microscope, au milieu des fibres cellulaires. Aucun d'eux ne presenle de traces
de deformation ni de rupture; ils se coniinuenl sans interruption non-seule-
ment dans loute I'etendue de la cicatrice, c'est-a-dire de la pariie oil se irou-
venlles fibres cellulaires, niais encore au devanl el en arriere.
3° II y avail de pares corpuscules nerveux epars au milieu des fibres ner-
veuses.
En examinant la partie blanchalre au microscope, ou y trouvaii vers son
milieu une quantite de fibres cellulaires peul-eire plus considerable que celle
des fibres nerveuses. En depla^ant peu a peu le porle-objei on voyail diminuer
le nombre des fibres cellulaires, elenfiu en cessait d'en voir, tandis ([ue les fibres
nerveuses se voyaient toujours et avec le meme aspect en dedans et au dehors
de la cicatrice.
II suit de ces rccherches :
1" Que les plaies de la moelle epiniere, ainsi que I'avaienl dejii vu MM. Flou-
rens, Oilivier el Jobert, sont capables de cicatrisalion ;
2" Que les fonclions de la moelle epiniere peuvenl revenir comme a I'elat
norma', meme apres une section iransversale coin[>lele de eel organe.
79
Nous ajouterons que, suivant ce que M. Brown-Seqaard a vu dans trois cas ;
une fois avec M. Lebert, une autre fois avec M. Follin et surtout une derniere
fois aTec M. Laboulbene, les cicatrices des plaiesanciennes delamoelleepiniere
renferment beaucoup de Obres nerveuses, ayant lout a fait I'aspect normal et
se continuant avec les fibres des parties intactes de la moelle.
5« suR UNE NOuvELLE ESPECE DE TouRNOiEMENT ; par Ic meme.
On connaissalt deux especes de tournoiement, savoir : un mouvement de ma-
nege et un mouvement de rotation autour de I'axe longitudinal du corps.
M. Brown-Sequard en a trouve une troisieme espece, qui a des caract^res pro-
pres.touten elant, a certains egards, un intermediaire entre les deux pre-
cedentes.
Dans le tournoiement par un mouvement de manege, Tanimal qui I'execute a
I'axe longitudinal de son corps courbe en arc lateralemcnt. Get arc forme le plus
souvent une partie de la circonference que dccrit I'animal en se mouvant :
d'oii il suit que plus est petit le rayon de cet arc, plus le cercle de tournoiement
est petit.
Dans la maniere de tourner trouvee par M. Qrown-Sequard, il y a bien une
sorte de mouvement de manege; mais i'animal n'est pas courbe en arc latera-
lement, ou s'il Test, ce n'est qu'a un faible degre. En uutre, il se tient tres bien
sur ses quatre membres ; mais quand il veut marclier, an lieu d'aller devant
lui ,il se porte sur le c6te, comme le font quelquefois les chevaux fringants. Ce
mouvement s'execute toujours dans une meme direction laterale; mais comme
il arrive que les pas laleraux faits par les membres antcrieurs sont plus grands
que ceux des membres poslerieurs, la tete et le train antiTieur parcourent plus
de chemin que le train posteileur, de sorte que ranimal decrit un cercle. L'axe
longitudinal de son corps, au lieu d'etre une partie de la circonference decrite,
comme dans le mode de louinoiement connu, est toujours, au contraire, paral-
lele 4 I'un des rayons du cercle decrit, de fagon que le museau de I'animal reste
toujours a la circonference, tandis que sa queue est la partie de son corps qui
avoisine le plus le centre du cercle; en d'autres termes, I'animal, dans sa loco-
motion, ne se propage pas dans la direction du grand axe median de son corps,
mais perpendiculairement a cet axe.
M. Brown-Sequard a vu ce tournoiement sur des cochons d'Inde dont il avail
transperce le crane et I'encephale par une epingle, enfoncee de haul en bas, et
un pen d'avant en arriere et de dehors en dedans. Cette epingle pas? ait a travers
le tiers posterieur du lobe cerebral gauche, puis par le tubercule nates gauche,
dans son milieu, et par la partie inferieure du tubercule testes du meme cote.
Elle se dcgageait de I'encephale par la face inferieure de la protuberance, pres de
sonbord anterieur et au milieu de I'espace compris entre la ligne mediane et le
bord lateral gauche de cet organe , en avant et en dedans de I'origine du nerf
trijumcau.
80
Ell enfonQanl lentement repingle, M. Biown-Sequard a vemaiquii : l" qu'a-
pr6a le transpercement ducerveau, il n'y avail aucun trouble dans les niouve-
ments; 2' tja'apr^s le transpercement du tubercule nates, il survenait un tour-
noiement par lemouvement de manege connu depuis longtemps; 3" qu'il afallu
percer la protuberance pour que le mouvement a la fois lateral et circulaiie, de-
crit ci-dessus, s'operat. Ce mouvement a toujours eu lieu sur le cote droit du
corps, c'est- ii-dire A I'oppose du c6te sur lequel sidgeait la lesion de la protube-
rance et des tubercules. Les animaux clicz lesquels ce tournoiement a ete pro-
duit ont paru conserver partout la sensibilite et les mouvements volontaires.
Dans les premiers moments apr^s I'operation, le cercle de tournoiement a ete
tr6s-petit ; il s'estagrandi pen k peu, et il a acquis quelquefois un si grand rayon
que I'animal ne paraissait plus decrire un cercle et semblait tout simplemont se
porter de cote.
Nous ajouterons que I'oeil droit etait convulse et porte un peu en bas; I'oeil
gauche n'avait pas de mouvements convulsifs : il conservait sa position normale
et toute la liberie de ses mouvements. Les nerfs moteurs de I'oeil n'avaient pas
etc leses. La convulsion de I'oeil droit ne pent s'expliquer que par la piqiire
des tubercules quadrijumeaux du cote gauche. C'est 1^ une action croisee assez
singuliere.
Des faits mentionnds dans cette note, il resulte qu'une pii|iire d'une cer-
taine partie de la protuberance pent produire une espfice de tournoiement jus-
qu'ici non decrite.
II. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
TOMEDRS F0LLIC13LAIRES DE LA MIQUEUSE DU SINUS MAXILLAIRE;
par M. Vernecil.
Sinus maxillaire gauche d'un jeuno homme de 23 ans environ, normalement
conformee. La muqueuse est finement injectee; on y observe cinq ou six petites
tumeurs dont le volume varie depuis celui d'un grain de millet jusqu'ci celui
d'une lentillc. Ces tumeurs font saillie dans la cavitii du sinus; elles sont con-
tenuesdans I'epaisseurde la muqueuse, el sont separeesdel'os par letissu fihreux
qui double la muqueuse.
L'aspect et le contenu de ces tumeurs est variable. Les plus petites tumeurs
sont transparentcs, assez consistantes. La substance contenue est hyaline et assez
semblable au tissu du cristallin ; elle parait etre adherente aux parois, et avec la
pointe d'un scalpel (in, on pent enlever toute la masse.
La tumeur la plus volumineuse presentc une tout autre apparence : elle res-
semble k une pustule sans ombilic; elle est molle, fluctuante; le contenu est
semi-liquide, puriforme, fllant et doue d'une cohesion assez notable. Le micro-
scope permet de constater dans ces productions une assez forte proportion de
cellules d'eiiithclium cylindriquedans une gangue grcnue, visqueuse, tres-colie-
81
rente. Celte matifere est surlout tris-abondante dans la tumeur d'apparence pu-
riforme. Les cellules epitheliales sont beaucoup plus rares. U n'y a aucune trace
de globules purulents.
A la partie Inferieure du sinus, le toucher reconnait deux ou trois petites sail-
lies tr^s-dures, dues k des concretions tr6s-adherentes a la muqueuse, acquerant
k peine le volume d'une tele d'epingle. L'analyse chimique, sous le microscope,
y dcmontre la nature du tissu osseux. Cetle derni^re particularity me parait
tr6s-remarquable. Des concretions osseuses, prenant naissance dans I'epais-
seur d'une muqueuse, constituent une exception pathologique interessante.
(21 juin.)
III. — Teratologie.
CAS DE MONSTRIIOSITE DOUBLE OBSERVEE CHEZ LE CANARD ORDINAIRE;
par M. Second.
Le monstre double que je presente k la Societe m'a ete transmis par madame
Dupre (de Santeny)iii a ete rencontre dans une couvee de canards et a v6cu pen-
dant quelques instants apres son eclosion. Plonae dans I'alcool depuis quinze
jours environ, il m'a ete difDcile d'etudier avec precision plusieurs organes inte-
rieurs. L'aspect exleiieur de ce monstre permet de le rattacher au genre dera-
delphe, de la famille des monocephaliens. 11 ne pourrait y avoir hesitation qu'en-
tre ce genre et \e&synotes, dernier genre des sycephaliens; mais I'unite appa-
rente de la tete ne doit laisser k cet egard aucun doute. Les deux corps, separcs
et opposes face a face au-dessus de rombilic, sont reunis en un double thorax a
deuxsternums lateraux et opposes. Les membres sont au nombre de huit. Le
cou, volumineux, contientles elements distincts de deux rachis. L'arri6re-crane
est plus elargi qu'a I'ordinaire ; il presente deux trous occipitaux. Entre ces
trous, la fusion des moities correspondantes inverses des deux occipitaux forme
une cloison falciforme, en saillie k I'ouverture du crane. Malgre i'alteation des
centres nerveux, j'ai pu tr^s-facilement reconnaitre deux moelies allongees.
Pour les organes de la vie vegetative, ceux de la region sous-ombilicale sont
doubles et normaux ; les organes urinaires , les organes genitaux et la moitie
inferieure de I'intestin. Quant a la moilie superioure de I'inteslin, elie est
simple et aboutit a un gesier et k un cesophage simples. Le foie est double; I'un
des deux seulement est pourvu d'une vesicule biliaire. 11 existe qnatie poumons,
comme quatre series de cotes et deux trachees s'ouvrant dans un pharynx com-
mun de chaque cote de I'oesophage ; entre les poumons, deux coeurs, I'un de moi-
tie plus volumineux que I'autre.
Je regrette intiniment que les conditions dans lesquelles j'ai observe ce monstre
ne m'aient pas permis de donner plus de precision a I'etude des organes inte-
rieurs. II est facile de reconnaitre que, dans la situation actuelle de la teratolo-
gic, cette partie de I'histoire des monstres doubles n'est pas celle qui a ete le
mieux etudiee, et Ton pent dire que les theories qui rcgissent aujourd'hui cette
82
etude etant suitout inspirees par la consideration des organes de la vie aniiiiale,
ne peuvent avoir qu'un caraclere provisoire. Quand la veritable relation eiitre
les appareils aura d'ubord ctii etablle an point de vue normal, je ne doute pas
que la theorie des monstres n'y doive puiser de nouvelles bases de classi-
fication.
IV. — BOTAMQUE.
CONFERVE PARASITE SUR LE CYPRINOS CARPIO ; pat M. DaVAINE.
M. Davaine met sous les yeux de la Societe une carpe [cyprinus carpio) dont
I'extreraite caudale et le pourtour de I'ouverture des branchies etaient couverts
d'un duvet grisatre. M. Davaine reeonnut que ce duvet etait forme par une con-
ferve, Vachlya prolifera. EUe consistait en filaments tubuleux, simples, non
cloisonnes, plus ou moins transparents, de l a 2 centimetres de Mongueur, de 2
a 3 centiemes de millimetre de largeur, et renfermant des granules moleculaires
en quantite variable. Ces filaments etaient termines par un renfltment allonge ,
en forme de doigt de gant ou de massue, dont la cavite, separee de celle de la
tige par une doison tr^s-mince , contenait des granules moleculaires et des
spores arrondies plus ou moins apparentes , suivant leur d^gre de develop-
pement.
Apres deux ou trois jours de conservation dans de I'eau fraiclie, il s'etait pro-
duitde nouveaux filaments, termines, conime les precedents, par un sporange,
pour la plupart en forme de massue, en meme temps qu'un grand nombre d'au-
tres s'etaient allonges ou avaient donne naissance k des filaments plus minces,
transparents, entre-croises en divers sens.
La carpe sur laquelle on ohserva cette conferve etait conservee dans un re-
servoir avec d'autres poissons, dont quelques-uns se couvrirent d'un duvet sem-
blable etmoururent.
M. Davaine a eu I'occasion d'observer une epizootic qui, si Ton en juge par
I'apparence du corps des poissons, etait due au deveoppement d'une conferve du
meme genre; mais I'examen microscopique n'en fut pas fait. Cette epizootie
regna sur les poissons d'un dtang dont un grand nombre etaient languissants et
venaient a la surface de I'eau. lis etaient plus ou moins reconverts d'un duvet
d'un blanc grisatre. Ceux dont ce duvet avait envahi une grande partie du corps
ne tardaient pas a niourir ; ceux, au contraire, qui n'en presentaient que sur un
ou plusieurs points assez circonscrits gueiissaient. Le duvet tonibail, et la partie
qui en avait ete le siege restait plus blanche ou rosee.
V. — BiBLIOGRAPHIE.
SUR l'OUVRAGE de M. BARRAL, INTITUL)^ : STATIQUE CHIMIQUE DES ANIMAUX, APPLigUEE
SP^CIALEMENT A LA QUESTION DE l'eHPLOI DU SEL ; par M. BrOWN-SeQUARD.
Get outrage remarquable n'est pas seulemcnt I'exposr de lout ce qui a etc fail
83
jusqu'ici sur I'utilile ilu sel poui I'liomme el les animaux, il contient en outre
un grand nombre de recherches et de vues nouvelles propres a I'auteur, sur
Temploi du sel el sur la statique chimique des animaux.
11 nous est impossible d'indiquer ici tout ce qu'il y a d'imporlanl dans le li-
vre de M. Bairal ; nous nous bornerons h mentionner quelques-uns des princi-
paux resultats physiologiques qui y sont rapportes.
Entre autres questions dont M. Barral a cherche la solution, celle que je vais
poser, dans les termes memes que ceux dont il s'est servi, est assurement une
des plus grandes :
« Connaissant la quoiiie et la composition elementaire des aliments tanl so-
lides que liquides ingeres chaque jour, etablir la quotite et la composition ele-
mentaire des evacuations, transpirations et excretions diverses, de maniere a
pouvoir poser I'equation des gains el des pertes du corps humain. »
J. Liebig avail essaye, avant M. Barral, de resoudre ce probleme, mais il a ne-
glige d'analyser tons les aliments, de sorte que ses resultats sont loin d'avoir la
valeur de ceux du chimiste de Paris, qui n'a rien neglige.
Le precede employe par ce dernier a consiste k analyser tout ce qui 6tait ing^re
(aliments et boissons) et tout ce qui etait rendu (malieres fecales, urine, etc.),
par une meme personnc, dans un temps donne.
L'experience a ete faite cinq fois : deux fois sur M. Barral lui-meme, et une
fois sur un enfant, sur un vieillard el sur une femme. Chaque fois l'experience a
dure cinq jours.
On comprendra aisement, sans doute, combien ont dii elre nombreuses et pe-
nibles les analyses que I'auteur a executees. Mais son labour lui sera paye, car,
ainsi queTadilM. deGasparin : «cet immense Iravnil analylique ne pent maii-
qucr d'attircr la serieuse attention des physiologistes et de faire lionneur k son
auteur. »
On sail que jusqu'ici, pour arriver a connailre la quanlite de carhone qu'un
homme rend dans un temps donne par la respiration, on a analyse et dose dirti-
lement I'air expire. M. Barral a reconuu, par un procede tout a fait difterent,
rexactilude des resullals rapportes a cet egard, et particulierement ceux de
MM. Andral et Gavarret. Ayant trouvc quelle est la quanlite de carbone qui en-
tre dans Ic corps d'un individu, dans un temps donne, el quelle est la quantile
qui en sort par les evacuations, excepte les transpirations, il trouve aisement par
le calcul, quelle est la quanlite qui sort par la respiration. Ainsi, par exemple,
LU un jour, dans une experience, il est entre 066 grammes de c.nbonc, les di-
verses evacuations en ont contenu 30 grammes. En relranchant ce dernier chillVe
du precedent, on a le chifTre du carbone rendu par la respiration, c'est-4-dire
;336 grammes.
M. Barral a trouve une grande difference entre I'hiver et I'ete, sous le rapport
de la quantile du carbone rendu. En hivcr, il y en a eu 336^,7 ; cnele, ?42»,3.
Dans an jour, M. Vierorrll a obtenu des resultaU analogues par des analyses di-
recles.
La plupai t des physiologistes admettent qu'il y a dans I'air expire un peu plus
d'azote que dans lair inspire. Par son procede de recherche, M. Barral arrive au
memc resultat.
Des fails pleins d'interet sont rapportes par M. Barral a I'egard de la chaleur
animale. Ainsi il a Irouve qu'en hiver, durant vingl-quatre heures, 11 produisalt
;5 136,720 calories, tandis qu'en ele il n'en produisait que 2,312,000. Dans le
premier cas, pour un kilogramme de son corps, il produisait, en vingt-quatre
heures, 66,036 calories, etseulement 48,673 dans le second.
La quantite de chaleur degagee par un enfant de 6 ans a ele bien plus grande
que celle produite par des adultes : elle a ete de 81,597 calories en vingt-quatre
heures, pour l kilogr. du corps. II est vrai que I'experience a ete faite en hiver.
En dernier lieu, nous dirons que M. Barral donne, comme equation generale
de lastatique chimiquedu corps humain, les quantites suivantes :
ENTREE. = 100 = SOBTIE.
etliqnldes oiygcne persplral. carbgnlque. K'acualions. pg„„
74,4 2,S,6 34,8 30,2 34,5 0,5
UE
r r
LA SOCIETE DE BTOLOGIE
PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1851 ;
M. le Doctear BROW!^-SEQUARD , secrOlaire.
Presidence de M. RAYER.
I. — Physiologie.
SUR L INFLUENCE DE LA SECTION DES NEUFS PNEUMOC.ASTRIQUES SL'R LA DURICE
DE LA CIILOUOFORMISATION; par M. MOYSE.
L'anesthesie produitc par le chloroformc pent clrc refardcc dans un certain
nombrc de cas. La section des pneumogastriques, par cxemple, clicz ies mammi-
ffires et les oiseaux, a constamment ralenti I'.iflinn du chloroforme.
Void Ies resultats coniparatifs obtcnus siir dcs auimaux du memc age, I'un A
I'ctat normal, I'autre sanspneiimogastriques.
86
Alammi fires. — Lc chien normal a i't(i Llilorolorniise au Lout Je lioia
minutes.
L'autre apr^s douze minutes.
Le lapin normal chIorofonnis6, douze minutes ; vingt-deux minutes api6s,
l'autre avait toute sa sensibility.
Cochon d'Inde chloroformise, douze minutes ; vingt-deux minutes apriis, l'au-
tre ne I'etait pas encore.
Oiseaux. — Pigeon normal, deux minutes trente sccondes.
L'autre, huit minutes.
Moineau normal, cinqnanle-cinq secondes.
L'autre, deux minutes trente secondes.
Je n'aurais pas entretenu la Societe de ccs experiences, si cites n'empruntaicnt
une valeur relative aux phenomenes que m'ont presentes lesgrenouilles.
Chez ces reptiles, la section des pneumogastriques accel6rc la respiration, el
alors la chloroformisation est beaucoup plus rapide. La respiration normale chez
I'un est de 48 ; apr6s la section, 88. Chez un autre, 60 ; apr6s la section, 110. Chez
un troisi6me, CO; aprte, 116.
J'avais d'abord place deux grenouilles,l'une saine, l'autre oper6e,sous la meme
cloche. L'absorption par la peau,aussi rapide chez tous deux, n'a pas montre de
difference sensible dans I'anesthesie. Au bout de deux minutes trente secondes,
elles etaient chloroformisees toutes deux. Je les ai mises alors dans un appareil
qui ne perraettait que la respiration et a I'abri de toute absorption.
La grenouille operee a etd chloroformisee au bout de dix-sept minutes ; l'autre,
vingt-scpt minutes apres.
De ces experiences, je crois pouvoir conclure que I'anesthesie suit I'accelera-
tion des mouvements respiratoires. La quantite d'air absorb6e, et par consequent
de chloroformc, est moindre quand les mouvements sont ralentis. La grenouille
surtout vient i I'appui de ce que j'avance, puisque chez clle I'acceleration des
mouvemeuls du poumon coincide avec la rapidite plus grande de I'aneslhesie.
IL — Anatomie normale.
RECHERCHES SUR LES NERFS DE l'UT^RUS; par M. BOULAKD.
M. Boulard a lu ^ la Societe un memoire qu'il rdsume lui-raeme en ces
termes :
« Les resultats de nos dissections se sont constamment trouv(^s en opposition
avec ceux de Robert Lee, et en lisant pour la premiere fois, aprfis avoir termine
nos rccherches, la description de cet anatomiste, en voyant les planches qu'il a
publiees, puis en etudiant de meme le memoire de Snow Beck (Transactions
FHiLosoPHiQUEs, I8»(j), nous avons Ot6 vivement Irappe de uuus Irouver comple-
lement d'accord avec ce dernier.
8?
- Nous no pOQvons done que ropeter avcc lui :
» l^Les neifs de Tuttiius viennent du plexus hypogaslriqucdes deruieres paives
sacrees, du plexus mcsenterique inferieur, sans qu'il soil possible en aucune fa-
^on de dLstinguer, au milieu du reseau inextricable que constituent les nerfs
emanes de cette double origine, si ceux qui se rcndent k I'uteius sont fournis par
I'un des deux systfimes de la vie animale ou de la vie de relation, plutot que par
I'autre. Cependant nous avons constamment trouve du cote droit un nerf assez
volumineux (relativementparlant),quisedetacliaitdirectement du plexus lombo-
aorliqne, traversait le ligament large pour se distribuer h I'utcrus, aux trompes,
au ligament rond, ct envoyer quelques filets k I'ovaire. Ce nerf s'anastomosait
sur les cotes de I'uterus avec une ou deux branches emanees directement du
plexus ou ganglion liypogastrique. Notons, en passant, que telle est la tcnuite
de ces filets, notamment de ceux qui se rendent k la trompe et k I'ovaire, et qui
14 vont peut-etre s'anastomoser avec ceux beaucoup plus nombreux qui, emanes
des plexus aortiqueet renaux, vont constituer les plexus ovariques; que si Ton veut
les suivre et les isoler completement jusqu'i I'organe auquel ils se rendcit, on
les casseinfaillitlement. On les voit beaucoup inieux par transparence sous I'eau
sur une piece qui n'a pas beaucoup macere, en tiraillant leg6rement le tronc qui
les fournit. Nous avons egaiement une fois trouve un filet emane du nerf in-
guino-cutane qui se rendait au ligament rond, le penetrait au niveau dc I'orifice
externe du canal inguinal, I'accompagnait jusqu'4 I'uterus el se ramifiait dans son
epaisseur. Nous n'avons pu le suivre dans I'epaisseur de I'uterus ; car au niveau
de cet organe, existaient une assez grande quantited'un tissu fibreux tr6s-densc el
des adherences anormales.
» 2" Les nerfs utcrins sont en trfis-pelit nombre.
» 3° Ils sont Ires-fins.
» 40 lis n'augmentent pas de volume pendant la grossesse, si bien que nous
no pouvons que rcpeter ce que nous disail M. le professeur Cruveilliier, qui pen-
dant quelques instants avail ete temoin de nos recherches: C'est se creer une
difilculte de plus que dechcrcher les nerfs de I'uterus sur cet organe prealable-
iiienl developpe par le travail de la grossesse. Ce qui nous a suggcre I'idee de
preparer ccs nerfs comparativement sur I'uterus d'un enfant de 12 ans environ,
vX sur celui d'une femme niortn au moment du travail de raccouchcment, ct nous
avons vu que les principales modifications portaient, non pas tant sur le volume
des nerfs, qui est k peine difTerent, que sur Tetat du plexus. Chez Tcnfant, les
elements de ce plexus, rapproches, serres les uns centre les autrrs, semblcnt
constituer une veritable membrane ncrveuse; de Ik partent des nerfs trfis-greles
qui se rendent k I'uterus et aux ligaments larges pour gagncr les trompes, les
ovaircs ft les ligaments ronds, el y distribuer des filets lout a fail capillaires.
Clicz la femme dont I'uterus est developpe, le plexus, ainsi que I'observe Beck,
fsl rcmonW ; les elements en sent ecartcs et constituent des mailles plus ou
Ynoins larges, et quant aux nerfs qui on parliMil, ils nc dillV'rent que par une pin'?
88
giande longueur, coincidanl avcc une tcnuilc plus gvandc, si on Ics compare k
ceux qui se rencontrcnt sur Tuterus normal d'unc fcmmc adultc.
11 5° Ces nerfs cmanent, outre celui ilont j'ai indique I'origme, du plexus ou
ganglion hypogastHque, ainsi que de I'anneau ou ganglion nerveux qui cnloure
I'urctiire a son entree dans lavessie.lls gagnent les parties laterales do I'utcrus,
et 1^ suivent en partie la distribution dcs artercs. En tout cas, ils sont constam-
ment accompagnes par une arteriole tr6s-petite.Quelques-uns, trte-iins, gagnent
les faces anterieure et posterieure, ainsi que le fond de I'utcrus.
» 6° Quant au col, imitant la sage reserve de M. Longet, nous ne nous permet-
trons pas de trancher absolument la question, en raison de la difflcultc de cettc
dissection ; cependant nous croyons ctre arrive a nous convaincre que le col
utcrin (portion sous-vaginale) n'est pas completeracnt prive de nerfs, et qu'il est,
sous ce rapport, dans le mcrae etat que le reste de I'organe. Nous croyons du
moins avoir pu suivre un filet qui se ramiflait manifestement dans la levre ante-
rieure du museau de tanchc.
1) 1° Jamais nous n'avons trouve de ganglions ni de plexus ulerin; il sufllt, du
reste, de jeter les yeux sur les parois d'un uterus dcveloppc, aprcs avoir preala-
Llement decolle le peritoine, pour reconnaitre combien I'erreur est aisee et
combien facilement on peut representer comme nerfs et ganglions des fibres mus-
culaires, des veinules, des vaisseaux lymphatiques, etc., surtout aprcs une im-
mersion un peu prolongee.
» Nous croyons devoir nous borner a I'enonce de ces quelques propositions,
sans entrer dans des details plus etendus soil sur I'liistorique de la question, soil
sur les dispositions particulieres que nous avons pu rcmarquer dans la distri-
bution des divers plexus, solaire, aortique, renaux, etc., laissant ainsi de cote ce
qui peut ctre considere comme generalement connu, nous reservant de donner
plus tard un peu plus d'extension i ces recherches et d'en tircr quelques deduc-
tions physiologiques et patliologiques. »
III. — Pathologie-
1° OBSERVATION D'aCCIDENTS DIVEHS PABAISSANT PUODUITS PAR DES VERS ;
par M. Henry Roger.
Mademoiselle X., cuisiniere, agee de 28 ans, non mariee, d'une forte con-
stitution et d'une bonne same ; Alsacienne, a Paris depuis cinq mois seu-
lement.
Cette femme ne se rappelle point avoir eu aucune alTeclion qui puissc ctre
rapporltie aux accidents derniers ; jamais elle n'a rendu de vers, jamais clle n'a
rien aper^u dans ses garde-robes qui lui parut exiraordinaire. Depuis quatrc
mois elle est sujette a des coli(]ues generalement intonses ; il y a un mois, ces
roliques devinrent encore plus fortes ; les crises de douleur elaienl parfois sui-
"ies d'une espece de syncope , apyreliqucs, sans rnpporl avcc les repas ou
89
ilioure de I'ingeslion des alimeiUs, en appareucc loui a fait nerveuses, dies
siegeaienl surloul vers la fosse iliaque gauche, et elles elaienl, dans ces der-
siiers leraps, acconipagnees d'6preinles el d'envies d'aller a la garde-robe extre-
mement frequenles et sans r<5sulial ; il y avail piutol de la constipation, J'ajou-
lerai que, dans quelques-unes des crises, il lui serablail que quelque chose la
tiraillaii dans le venire.
J'essayai, sans succes, d'6tablir le diagnostic exact de ces coliques ; j'6loi-
gnai, apres examen des coliques et des selles, I'idee d'une colique nephretique
ou hepalique; le toucher ne me donna 6galemenl que des rfisultats n^gatifs
au point de vue d'une colique dependant de contractions ut^riaes (la menstrua-
tion elait d'ailieurs reguliere).
Apres avoir vu echouer les bains, les antispasmodiques et les narcotiques, je
pensai qu'il pouvait y avoir un tania, et je donnai, provisoirement, de I'huile
de ricin et ensuite du calomel ; aucune portion de loenia ne fut reconnue dans
les selles. Seuienient la malade 6vacua cinq ou six ascarides lombricoides en
paquet, enroules dans du mucus.
Les accidents se calmerent momentanement, mais bienlot les douleurs revin-
renl avec une acuite excessive. Je me contenlai de prescrire des lavements, deux
par jour successivement, I'un de decode de guiniauve tres-fort, puis aussilot
apres qu'il serait rendu, un lavement opiace, en recommandanl de nouveau
d'examiner avec altenlion les selles, ce que la malade faisait depuis une quin-
zaine.
Le 5 de ce mois, apres le premier lavement, la malade apercul au fond du
vase de nuit, mele a la bouillie fecale (il n'y avail pas d'urine) un pelolon de
matiere glaireuse blanchatre, dans laquelle elaienl pour ainsi dire emprisonnes
une vingtaine de petits vers, et en outre, au moins autant de ces vers nageaient
dans le depot liquide. Retires du vase, ces corps paraissaienl evidemment ani-
mes et ils se mouvaient. Elle en recueillit quelques-uns, la nioilie environ, et
me les apporla le jour meme (ils avaient ete rendus le matin) ; quand je les d6-
lachai du lambeau en apparence muqueux , pseudo-membraneux , auqucl ils
elaienl adherents, je ne les Irouvai plus aninies de raouvemenls.
A pariir de ce moment, les coliques de la malade ont cesse comme par en-
chantement. Aujourd'hui, 12 juillet, je I'ai revue, et elle m'a confirme sa gue-
rison complete.
■2° BIIL'MATISME ARTIGULAIRE AIGU ; PHENOMfcNES COMATEUX ; HEJirPL^CIE ; INFII-TltA-
TION d'une SUBSTANCE PLASTIQUE CONCnitTE, COMENANT DES GLOBULES PYOIDE?
DANS PLUSIEURS VISCiiRES , ET EN PAUTICIILIER DANS LE CERVEAU ET LA RATE,
LESIONS DYSSENTISrIQUES DE LA MUQUEUSE DE l'iNTESTIN GliCl.E ET DU COLON ; pal
M. Chaiicot.
Un honimc vigourcux, ago dc ?9 ans, Journalicr, pnlic, le ?i mai, a I'liopilal
!i' la Chaiile pour y ctie (raitc d'un iluimntismc aitiiulaiif sub aiuii, dntan*
90
d'une huitaine de jours, et occupant la plupar des ailiculalions, pavliculicrc-
ment I'epaule gauche. Le malade a etc dcji tiaitc pour la meme all'ection A plu-
sieiirs reprises; mais il a joui, dans les intervalles des attaques, d'une bonne
sante et n'a pas ete sujet i des palpitations ou h quelque autre phenomine indi-
quant la persistance d'une lesion cardiaque. Pendant les dix ou douze premiers
jours deson sejour k I'hopital, rien de remarquable, si ce n'est que le malade est
profondement aiieraique et qn'il presente peu de reaction febrile. L'anscultation
du cceur demontre I'existence d"une lesion valvulaire. Le traitement employe
pendant cette periode de la maladie a consiste en I'administration chaque jour
de deux pilules contenant chacune 5 centigrammes d'extrait Ihebaique. L'e-
paule gauche paraissant surtout douloureuse, on y applique un large ve-
sicatoire.
Aucun amendement n'avait encore et6 obtenu sous I'influence de ce traite-
ment, lorsque peu 5 peu surviennent du subdelirium prononcc, surtout la nuit,
un mouvement febrile plus intense que de coutume et un peu do diarrhiie. L'exa-
men des divers organes fait reconnaitre au niveau du lobe inferieur du poumon
gauche I'existence d'un soulllc bronchi(|ue tr6s-manileste, melange de quelques
rSles sous-crepitants fins. Cependant la matite, dans ces memes points, n'est pas
tres-prononcee. Peu de toux , pas d' exasperation , pas de point de cote. A
peine quelques rales sous-crepitants dans les autres parties de I'organe pul-
monaire.
Ces plicnomfines locaux, coincidant avec une exacerbation dc la tlcivre, font
songer i une pneumonie, et une saignee generals de 8 onces est prescrite. Cette
saignee n'est suivie d'aucane modification dans I'etat du malade; nolons, en
passant, que le sang en est un peu plastique, et que le caillot est recouvert d'une
pellicule couenneuse tris-mince. Le lendemain de la saignee, un large vesica-
toireest applique sur le cote malade, et en meme temps on prescrit une potion
contenant 0,10 centigrammes de tartre stibie. Nul amendement n'est remarque
les jours suivants, pendant lesquels, au contraire, I'adynamie et le subdelirium
scmblent augmenter graduellement; cependant on continue I'emploi du tartre
stibie h la meme dose.
Le 5 juin, a la visile du matin, on remarque quo le malade ne pent plus mou-
voir la jambe gauche ni le bras du meme cole ; en mcmetemps la commissure
des Icvres semble un peu device en haut el a droilc. Quand on pince le malade
de ce cole, il n'eprouve rien, tandis que, si on le pince avec une force cgaledu
cote oppose, il donne des signes de douleur. Chaque jour dcpuis lors jusqu'.i
i'epoque de la mort, les nicmes phenomisnes out pu clre constates, el jamais on
n'a remarque ni convulsions cloniqucs ni contractures dans les membres para-
lyses. Toulclbis, i plusieurs reprises, le malade a accuse une douleur asscz in-
tense et sponlanec tout le long du inembrc inferieur gauciie, paralyse du senti-
ment et du mouvement.
Pondnnt crtir p''rin(|p i\r \n mabirtir, I'adynamie va i-i(ii?8anl; Ic (•ont.'i sr pro-
91
nonce de plus en plus; en memc, temps la diarriiee augmcnie a Icl point qu'ou
est force de cesser I'usage du calomel , qu'on avail administre k la dose de
1 gramme k I'epoque oh Ton avail remarqud Texistence de I'hcmipk'gie.
Le 12 juin, on remarque que les sclles, dcvenues tres-frequentes ct involon-
taires, lachenl les draps du lit en vert roux; il sembie que ces selles soient prcs-
que exclusivement composees de muco-pus et de glaires striees de sang.
Le 14 juin, le malade est pris d'un delire bruyant; il se plaint beaucoup de
douleurs spontanees dans les membres paralyses. En meme temps la face est
devenue profondcment terreuse ; la langue s'est sechee, et des rales laryngo-tva-
cheaux se font entendre k distance. Le malade de temps k autre cxpectore des
crachats d'aspect presque purulent.
Je noterai qu'on n'a jamais remarque qu'il y eutdes frissons, bien qu'on y ait
pris garde.
La mort a eu lieu le 15 juin.
A l'autopsie, faite vingt-quatre heures apres la mort, on Irouve :
1° Une absence complete de roideur cadaverique.
2" Cerveau. — A la face inferieure du lobe cerebral droll, dans le tissu cellu-
laire sous-arachnoldienqui recouvre lasclssure de Sylvius, on trouve une sorte
de fausse membrane verdatre qui enveloppe de toutes parts les ramifications
des arteres cerebrales correspondantes. Apr6s avoir enleve cette production, on
trouve le tissu cerebral qui avoisine les couches optiquesetle corps slrie, ramolli
et d'une teinte manifestement verdatre. Le ramollissementa atteint la parol px-
terne du ventricule cerebral lui-meme ; mais, chose remarquable, la couche
optique et le corps slrie sonl restes sains au milieu de rallL-raticn des parties voi-
sines, ce qu'on pent aisemenl constater par une serie de coupes faites a diverscs
hauteurs.
Les meninges en general etaient epaissies, rouges, injectees; on y voyait par
places des macules blancbatres; mais en les enlevant, on n'entrainail pas avec
elles la substance cerebrale.
•3<> Thorax. — Le coeur est un pen hypertrophie. On trouve les valvules
mitrales et tricuspides epaisses , cartilagineuses , insuflisantes. Les valvules
mitrales en parliculier sont ulcerees a leur bord libre, qui porte des vege-
tations.
Dans la parol muscuiaire anterieuredu ventricule droit, au volsinage du sil-
lon auriculo-venlriculaire, on trouve un point tndi/r^, jauiie verdatre, sans
ramollissement au centre , analogue en tout aux productions que nous rencon-
trerons dans d'autres visceres. 11 sembie qu'il y all ]k inliltralion plastique dans
la trame meme du muscle. Rien k noter dans le pericarde.
Les poumons, palpes et percutes, paraissenl lout i fait sains ; seulement ils
sont emphysemateux dans toule leur etendue (emphysemo v^siculairn ullime).
Par les surfaces des sections pratiquees dans le parenchyme, il s'ecoule des bron-
ches de tout calibre une grande quantite de muco-pus ti6s-ppais, trt^s-coliLTent.
92
d'uspcct vruinient puruienl. L'nc substance analogue el tics-abondante s'es(
ecoulee par la tiachee-arltie loisqu'on I'a coupec pour enlever les pouiuons,
Seule, re\tn'niild infciieure du lobe iiiferieur du poutnon uauclie presenle uii
certain deyre de splenisation non inflanimatoire. Celte portion du poumon litail
amincic el avail ele manifeste.nicnl comprimee par la rate, re dent on avail pii
s'assurer lorsque tons les organes etaient encore en position. De li cvidemnient
provenait le soullle bronchique ciui a etii observe t une certaine epoque de la
nialadic.
S" Abdomen. — Lc fo'.e a son volume et sa coloration normales; on le divisc
dans tous les sens, et on n'y rencontre rien de particulier.
La rate a un volume considerable, et elle est tres-epaisse ; mais, chose k noter,
elle depasse a peine le rebonl des fausses cotes gaudies. Elle s'est developpee
du cote du diaphragme qu'elle a refoule en haul, en mcme temps qu'elle a corn-
prime mediatement le poumon, comme nous I'avons deja dit. Kn mcme temps
elle s'est recourbee sur elle-mcme, sur sa face interne. II est a noter encore que
son grand axe est dirige presque verticalement de haul en bas. Ses diamfetres
tiont; celui du grand axe, 23centim.; du petit axe, 9; de I'epaiisseur, 5. Get or-
gane est tres-pesanl, renilent, el quand on I'incise on voit qu'il a acquis unc
consistance particuliere. Le tissu en est friable et rappelletouti fait la sensation
qu'on cprouve quand on comprime en I'ecrasant un morceau de poumon hepa-
tise au douxitme, mais suitout au troisieme degre.
La surface de section est generalement d'nne couleur lie de vin, marbree do
:;randes taclies dont les lines sont d'un blanc jaunatre, lesautres d'un jaune ver-
tiatre, d'auties enfin presque vertes. En general, ces tachesont des contours bien
nets, bien arrctes, et trnnchent vivement sur la coloration plus t'onceedu reste
de la surface de section. La consislance des parties de couleur lie de vin et celles
(les parties jaunes est a peu pres la meme ; cepenJatit ces dernieres sont un peu
plus molles et comme ramoUies au centre; mais nulie part i I n'y a de vrais
lovers. Les parties violetles, lesquelles, soil dit en passant, devienncnt d'un
rouge vif au contact de I'air, ces parties, dis-je, remporlent un peu en etendue
sur celles qui out I'aspect purulent.
Je lerminerai en disant qu'en raclant la surface de section on enlcve une sub-
stance I'paisfc, crcmcuse, analogue au produit plastique et purulent de rinflam-
mation du poumon au troisieme degre,
6° Reins. Les deux reins ont k la coupe leur aspect normal, quant a la texture
et a la coloration; seulement ils contiennent c}, et \k, surtoulau voisinage de la
capsule, des laches jaunes analogues par leur aspect et, comme nous le verrons,
par leur composition microscopique, 4 celles que nous avons rencontr^es dans
la rate ; mais elles sont plus dures, k peine friables et entourees d'une sorte d'au-
reole violacee. Examinre attentivemcnt, au niveau des laches jaunatres, la sub-
stance du rein parait conscrvce, cii cc sens qu'on y observe a la loupe unc fouic
dcstries indiquant Ics pyramidesdc Forrein.
93
(j' Les inteslins examines a I'exterieur sont parsemes de laclies d'uii bleu noi-
latre, visibles k travers le peritoine, analogues par leur aspect i des ecchymoses.
De ces ta'ches, les unes sont ;^randes comme des piiices de 5 fr., les autres toules
petites comme des tetes dYplngle. Ces taclies sonl repandues egalement sur
I'intestin grele et le gros intesliu ; on en voit une ties-giandc au niveau du
grand cul-de-sac de restomac.
L'estomac prcsente 4 sa face interne une sorte d'eccliymose d'un noir tr^s-fonce,
qui semble situee sous la muqueuse; mais la muqueuse elle-meme est ramol-
lle h son niveau.
Injection vive et pointill^e dans le duodenum.
Dans les regions oii les valvules conniventes sont tr6s-apparentes, on trouve
un developpement de quelques follicules isoles, dont le contenu est blanc ; et qk
et ]h on voit h travers la muqueuse quelques taches violacees. Nulle autre alte-
ration de cette membrane.
Dans I'ilcon, les plaques de Payer sont blanchatres, mais non hypertrophiees.
Quelques follicules clos developpes ; quelques taches noiratres visibles k travers
la muqueuse qui n'eslpas autremenl altcree.
Colon. Dans le colon ascendant, teinte rouceatre de la muqueuse ; beaucoup
de follicules saillants, mais aucune alteration de la muqueuse. Le colon trans-
verse et le descendant, bien qu'ayant une teinte pale, oflrent des alterations re-
marquables de la muqueuse. Celle ci a ete enlevee par places comme par I'em-
porte-piece, laissant a nu la tunique celluleuse ; et c'est bien la muqueuse qui
a disparu, car les parties qui en restent sont tr6s-reconnaissables a la loupe par
ta-presence des follicules liberkuhniens qui les caracterisent anatomiquemenl.
C'est surtout au niveau du rectum que cette alteration est prononcce.
Les malieres contenues dans ce colon sont une esp6ce do glaire contenant c^k
etla du muco-pus plus ou moins strie de sang.
7° La plupart des grandes articulations ont ete ouvertes ;on n'y a absolument
rien rencontre. Les luirines et la bouchc n'ont rien produit non plus k noler.
Plusieurs veines prises au hasard (veines des membresinferieurs et superieurs,
veine cave) ont etc ouvertes dans la plus grande partie de leur etendue; elles
ne presentaient pas d'alteralion.
8» Les depots plastiques que nous avons notes dans plusieurs visceres rap-
pellent par leur aspect ceux qu'on rencontre dans certaines maladies generales,
et en particulier dans la morve, la syphilis. L'aureole violacee qui les environne
dans le rein est analogue a celle qu'on rencontre dans les veritables abces mul-
tiples de la resorption purulente. Mais est-ce bien k du pus infiltre dans la trame
des tissus qu'on avail all'aire dans le cas qui fait le sujet de cet article? C'est cc
que I'examen microscopique seul pouvait decider. Or, au microscope, les depots
plastiques du rein ct de la rate ont paru composes d'une matiere amorphe conte-
nant une foulc do granulations elemenlaires, et de globules arrondis composes de
beaui'oup dc granulations, mais n'ayant pas de contours bien nets, analogues en
9&
tout i ceux qu'on a dusignes tlans ces demiers temps sous le nom Je globules
pyoidcs. II n'y avait pas de veritables globules purulents.
Ce fait nous en rappelle un autre analogue sous beaucoup de rapports, que
nous avoDS observe il y a deux ans dans le service de M. Behier ^ I'hopital de
Bon-Secours.
Une vieille chiffonniere, agee de 70 ans, dans un etat de maigreur extreme,
presentantune teinte jaunatre de la peau trfis-prononcee, n'offrait de remarquable
h I'examen clinique qu'unc augmentation de volume, enorme il est vrai, de la
rate et du foie. On la supposait affectee d'une alteration cancereuse deces deux
organes. EUe etait sourde ; son intelligence paraissait alteree ; elle ne pouvait en
un mot donner aucun renseignement sur son etat anlerieur. De temps h. autre
elle avait des syncopes, et c'est pendant une de ces syncopes qu'elle mourut.
A I'autopsie, le foie parail i la coupe seme d'une vingtaine de points noiratres
non enucleables, gros comme des noisettes. Le tissu de la rate, dur, friable, d'une
teinte rouge sombre, est marbrede grandes taches verdatres, dontquelques-unes
paraissent contenir a leur centre du pus rassemble en foyer. Quelques ganglions
mesenteriques sont developpes et 11 en est qui contiennent au centre des depots
analogues k ceux qui avaient ete rencontres dans la rate et dans le foie. La veine
porte et les branches principales, la veine cave, ne contenaient pas de pus. L'exa-
men microscopique des depots du foie y a demontrc I'existence de globules ana-
logues k ceux du pus par quelques-uns de leurs caracteres, mais en difTerant
sous beaucoup d'autres (pyoides?).
Ces deux cas nous paraissent appartenir h un meme groupe pathologique. La
mulliplicite des depots plastiques dans plusieurs visc6res, le foie, la rate, les
reins, rappellent ce qu'on volt dans la morve, I'infection purulente, etc.
Mais dans les cas qui nous occupent, ce n'est pas du pus veritable qui consti-
tuait la matiere des depots observes dans les visceres, mais bien un produit tout
particulier que nous designerons, faute de mieux, sous le nom de substance
plastique concrete, contcnant des globules pyoides.
Nous avons pense que nos observations, tout incompletes qu'elles sont, pour-
raient acquerir une certaine utilite, si d'autres cas analogues venaicnt 'i se pre-
senter par la suite, et Ics rendraient pour ainsi dire moinsinattendues.
IV. — Anatomie pathologique.
SDH UNE TLMEUR CABTILAGINEUSE DE LA BASE DU CRANE ( ENCBONDROME );
par M. LuDOvic Hirsciifeld.
J'ai montre recemment k la Society une tunieur cartilagineusc qui avail
son siege k la base du cr^ne. Ayant fait depuis quelques recherchesi ce sujet,
je me propose aujourd'hui de completer cette communication.
Je rappellerai quele sujet sur lequel j'ai trouvd la tumeur 6tait du sexe fcmi-
95
nin, cl paraissailagii dc 30 a 35 ans. 11 m'esl impossible de founiir sur lui aucun
renscignement anleeedent, car il etait destine aux dissections.
La lumeur (lue j'ai tiouvee etait d'une couleur grisatre, de I'aspect et du
volume d'une giosse framboise ; elle etait placee dans ia gouttidre caverneuse du
cole droit, ets'etendait depuis i'apopliyse clinoide posterieure jusqu'i la depres-
sion du sommet du rocher, en dedans du ganglion de Gasser. Elle adherait in-
tiinemeniila gouttiere basilaire par des prolongements flbreux, penetrant dans
I'interieur du diploe de la lame carree du splenoide, diploe mis a nu par la des-
truction de la table du tissu compacte. La dure-m6re qui la recouvrait etait re-
toulee en dehors et en haul. J'oubliais dedire qu'une membrane celluleuse Irfes-
deliee, servant d'enveloppe ii la tumeur, la separait de la dure-mere.
Sur la piece que j'ai presentee, on a pu voir quels ont ete les effets de la com-
pression sur les organes voisins : ainsi le ganglion de Gasser etait elargi, repousse
en dehors, un pen ramolli, plus blancqu'a I'ordinaire; les nerfs moteur oculaire
comniun et pathetique avaient eprouve les mcmes alterations. On a constate
I'aplatissement de I'art^re carotide inlerne et la diminution de son calibre. Le
sinus caverneux et le sinus ophthalmique elaient pour ainsi dire elfaces. Conlre
mes previsions, j'ai trouve le globe de I'cjcil.ses muscles et Tartere ophthalmique
tout k fait k I'etat normal.
Les parties du cerveau correspondantcs a la tumeur, c'est-i-dire une portion
de la protuberance annulaire etdu lobe nioyen, offraient une depression assez
forte, se moulant exactement sur la saiUie cartilagineuse.
L'aspect exterieur de cette derniere ne pouvait pas donner d'indications cer-
taines pour le diagnostic; aussi I'a-t-on prise successivement pour une tumeur
syphililique, fibro-plastique, fongueuse, enOn pour une exostosc cartilagineuse
ou enchondrome. Le microscope a prouve cette derniere assertion. En ellct, une
tranche fraiche, mise sous le microscope, nuus a montre, k mon honorable col-
l(iguc M. le docteur Robin ct k moi, la tramc homogene par place, libroide dans
d'autres points, des corpuscules caracterisliques du cartilage, c'est-a-dire des ca-
vites creusees dans la trame et contenant chacune une ou plusieurs cellules ayant
loules un noyau spherique. Nous n'y avons pas decouvert de vaisseaux. Cette
petite tranche , vuc k I'oeil nu , etait tres-dense et ressemblail a une cornc gri-
satre.
Cette tumeur, qui n'offre aucun interet au point de vue symptomatologique,
puisque nous sommes prives de renseignements antecedents, n'est pas sans
quelque importance sous le rapport de son siege et de I'anatomie palhologique.
En elTet, M. Miiller, qui le premier a fixe I'attenlion des pathologisles sur cette
all'ection, en rapporte trente-quatre observations, qu'il a recueillies en Allema-
gne ct en Angleterre. Sur ces trente-quatre tunieurs,il y en avail vingt-lrois aux
phalanges et aux metacarpiens, trois ;\ la jambe, une a la cuisse, une a I'os des
lies, une aux cotes, une ;\ la base du ciane, une a la paiotide, une k la glande
mammairc, deux dans le tcsticulo. Ou tiouvr cniorc dans rouvragc dc JI. If-
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tieii, dans ccux dc iM. Glugc el dc M. Vogcl, six autrcs obscivations d'cnclion-
dromes, donl deux situees sur les phalanges (Tunc dc ces observations avail cle
cominuniquec ii M. Leberl par M. DcmarquayJ, une sur un nictacarpicn, unc
dans I'intericur du tibia, une dans le lissu ceilulairc sous-cutane de la parlie
gauche du cou, et enfin une dernierc cnlre les deux lobes pulmonaires. Celle-ci
avail cle donnee h. M. Leberl par M. Barlh.
On voit done que le siege de predilection dc ces maladies est sur les os longs,
ct parliculicrement sur les mtitacarpiens el les phalanges; on n'cn fail menlion
qu'une seuic fois k la base du crane, et encore sans preciser davanlage ; aussi la
tumeurdonlje viens d'entretenir la Societe pourrail-elle, sous le rapport de son
siege, etrc enregistree parmi les cas rares.
V. — Teratologie.
ANOMAUE HER^DITAIRE DES DENTS; par M. RaOUL LeROY-D'^TIOLLES.
« Cette anomalie, caraclerisee par I'absence dc dcveloppemcnl d'un germe de
la seconde dentition, a ete observee chez une dame etses Irois enfants.
)) 1" Chez la mere, I'anomalie a son siege sur Vincisive laterale gauche du
maxillaire supcrieur. La dent de lait, tombee spontanement, n'a pas ete rempla-
cec par une dent permanente.
2° Chez Icplusjeune enfant, gargon de 14 ans, I'anomalie a dc mcme son
siege sur Vincisive laUrale gauche du maxillaire supcrieur. Cette dent vacil-
lail ; elle est tombee par une faible traction. Sa racine etait sensiblcment dimi-
nuee de volume et la couronne un peu erodee. La dent dc remplacement no
s'est pas montree, cl cependant les dents voisines ne se sent pas rapprochecs.
»3» Chezla troisicmepersonne.jeunefilledeprfis de 17 s,ns,V incisive laterale
gauche superieure, prenant une position vicieuse, fut arraclice. Cette dent nc
vacillail point ; la racine etail longue, et I'avulsion a ete douloureuse. Cel os-
Icide n'etait pas comme toute dent de lait, qui lombe usee h la racine, alteree
dans sa forme el elargie h I'interieur de son canal el de sa couronne. Elle etait,
au contraire, intacte en tout point.
» 4° Chez la quatri6me personne, I'ainee, qui est dans sa vingtiemc annce, I'a-
nomalie a aussi son siege en haul, du cote gauche, mais sur la canine. Cette
dent {dent de lait) n'a pas etc aiTachee ; elle a persislc el occupe sa place nor-
male : elle est sculcmcnt d'une teinte un peu plus blanche que les autrcs et d'un
volume plus petit, comme le comportc la machoire d'un enfant. Elle n'cstpaf
lout i fait, pour ccttcraison, a Icur niveau.
1) Quant ;\ la dent permanente, die ne s'est pas montr(5c plus ici que chcz les
autrcs donl jc vicns dc parlor. •>
97
VI. — CllrMIE rilYSIOLOGlQUE.
DE LA NATURE DES GBAISSES QVl SE TRODVENT DANS LE SANG ;
par M. W. Marcet.
Dans un menioire que j'ui iiublie dernicrement (1), j'annonQai que le serum
du saD£>- prive de I'albumine par la coagulation pouvait etre conipletement de-
barrasse des graisses qui so trouvent sous did'erentes formes dans ce liquide,
lorsqu'ou y ajoutait du sulfate de chaux en poudre, et qu'on laissait evaporer
la liqueur soumise a Taction dc ce sulfate de chaux. Apres avoir s6pare le pre-
eipite forme en grande pariie par le sel qu'on y a ajoute, et par les substances
qui se sont precipitees, on obtient une liqueur qui n'abandonne a Tether et a
I'alcoo) que des graisses non saponiliables, telles que la cholest(5rine et la
sardine.
Le precipite de sulfate de chaux doit done contenir toules les autres graisses
qui ont el6 constatees par les analyses d'un grand nombre de chimistes. J'ai
pense que, par ce moyen, on pourrait arriver a la counaissancc exacle des
graisses qui sont contenues dans le sang, considerant que le precipite les ren-
fermerait loutes k Telat de sel de chaux. Pour niieux debarrasser le precipite
de sulfate de chaux des substances etrangeres, je le Iraitai par Talcool bouillant.
Celui-ci devint acide, et parle refroidissement lalssa deposer des llocons d'ap-
parence graisseuse. J'examinai ce depot etje vis qu'il etait compost d'acides
gras. Ces acides gras provenaient-ils de substances etrangeres au precipite
forme par le sulfate de chaux, ou d'une decomposition des savons a base de
chaux ?Jerepetai done Toperalion sur une nouvelle quantite de sang.
Dans ce but, je melai du sang delibrine avec un volume (igald'eau, puis Tal-
bumine fut coagulee par la chaleur et retenue sur un filtre. J'ajoutai a la li-
queur lillree du sulfate de chaux en poudre, et elle fut concentree au bain-
marie, en agitan'i. continuellement le melange pour amener en contact chaque
parlicule du liquide et du sulfate. Lorsque la liqueur fut reduile a la moitie de
son volume priniitif, je la liltrai atin d'isoler le precipite, que je me proposals
d'examiner. Ce precipite fut soigneusement lave avec de Teau distillee, puis
ensuite seche h 100'. II avait acquis une couleur verte, une consistancegrasse.
et son odeur rappelait celle de Thuile un peu ranee.
Le precipite de sulfate de chaux, debarrasse de Teau de lavage qu'il avait
retenu, fut traite par Tether dans Tappareil de Payen, puis par un melange d'e-
Ihcr et d'alcool, de maniere a isoler tons les acides que j'avais rcconnus etre so-
lubles dans ces milieux. Cette dissolution acide fut abandonnee pendant quel-
ques jours pour operer la cristallisation des matieres dissoutes. Les cristaux
(1) ReCIIERCIIES sur les rRL\t:U'ES LMIILDIATS QUI COMrOSENT LE SANC. PF
L'noMME ET DES TRiNciPAUX JiAMMiFERES ; par MM. F. Verdcil el W. Marcet.
98
qui se f«riiiereni furent tHudies au microscope , el ensuile souniis A des re-
actions chiiniques.
Au microscope, je reconnus la presence de I'acide margarique accompagne
d'un peu d'acide stearique el de gouttelettes d'acide olelque. La masse des cris-
taux I'ut ensuite traitee par I'oxyde de plomb k chaud et dissoute par rdther, qui
s'empara de I'oleate de plomb seulement, laissant les acides margarique et stea-
rique sous la forme de comhinaison insoluble avec cctte base.
Le precipile de sulfate de chau\ completement debarrasse d'acides gras fut
mele dans un ballon avec de I'alcool et un peu d'acide chlorhydrique; aprte
quelque temps, je retrouvai egalement des acides gras, mais ils 6taicnt 1^ k I'etat
de sel de chaux.
Comme on aurait pu admettre que les acides gras obtenus directement du
sulfate de chaux par I'ether et I'alcool provenaient d'une decomposition de ce
sel de chaux, j'ai fait, avec ces dillercnts acides gras, des savons de chaux, et je
les ai traites par I'etlier et I'alcool, mais ils n'ont abandonne aucune substance
k reaction acide.
J'ai cru pouvoir aussi conclure que les acides gras h I'ctat libre contenus dans
le sang avaient cte entraines par le sulfate de chaux (action qui se montre quel-
quefois avec les sels metalliques), et que j'avais obtenu ces acides en dissolution
dans I'etat meme oh ils se trouvent dans le sang comme principe immediat.
Lecanu (15tude chimique scr le sang) avail deji conclu, de scs experiences,
que les acides margarique et oleique existaient i I'etat libre dans le sang, mais
n'ayant pu se servir que d'une methode fort imparfaite, il n'etait pas arrive h
oblenir ces acides purs, c'est-i-dire sous la forme ciistalline, ce qui etait neces-
saire pour metlre hors de doute la solution de cetle question.
Ces recherches, je les ai faites dans le laboratoire de chimie de M. Verdeil, qui
a cu la bonte de diriger les manipulations dont j'ai parledansce memoire.
VII. — BOTANIQUE.
SUR UN CAS DE SOUDURE DE DEUX CHAMPIGNONS; par M. EUG. FORGET.
L'auteur presentc un singulier exeraplo de greffe accldentcUe par approche,
qu'il a lui-mcmerecucilli surune champlgnonnifire.
Elle s'est cfl'ectuee spontanement entrc deux champignons appartcnant k I'cs-
p6ce agaricus campestris Lin. {cdulis Bull), de la manifcie suivaute :
A un moment plus ou moins rapproche de celui de leur naissance, les deux
chapeaux sc sont trouves accidcntellement en contact par leur face convexc, ce-
lui du plus grand des deux champignons s'etant, par I'incurvation de sou pedi-
cule, oppose k celui du plus petit, qui s'elevait dans sa rectitude naturelle.
Dans cette situation respective des deux vcgetaux, par suite d'une cause inci-
dentequcM. E. Forget cxposcra plus tard, unc adherence s'esl faite entre les
deux chapeaux, adherence loUcmcnt solidr, que le plus grand champignon, en
99
ledressaiil son pedicule incurve, a entraine de bas en haul, el finalement dera-
clne le plus petit, de telle sorte que ce dernier a continue de se developper, cha-
peau en lias, pi5dicule en I'air, vcgclant ainsi aux depens du champignon prin-
cipal sur iequel il elait enle.
Une circonstance fort remarqualjle, c'cst que le pedicule aerien s'est depouille
de son mycelium et de toute apparence de racine quelconque, ct qu'il s'est re-
couvert d'un epidemic lisse, uni, lilanrliatre, analupuc a cclui dont lout le reste
de la plante est pourvu.
COMPT£ RBNBU
DC
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PKNDANT LE MOIS D'AOIT 1851 ;
M. le Doctcur BROWN-S^QUARD , secretaire.
Pr6sidence de M, RAYER.
Physiologie.
1° PREUVE NOUVELLE A L'APPUI DE LA DOCTRINE DE HALLER RELATIVE i
l'independance DE l'irritabilite musculaire; par M. Brown-Sequard.
En raison de la persislance des adversaires de Haller k nier que le tissu mus-
culaire soil indcpendant du systems nerveux, ^ regard de son irritabilite, ii est
important de faire connaitre, d6s qu'on les trouve, les fails qui prouvent la ve-
rite de la doctrine de eel illustre biologisle.
102
Fonlana a Irouve sur des agncaux ct des clievics, auxquels il avail coupe W
neif sciatique, que les muscles de la jambe, au bout d'un certain temps, ne se
conlractaient plus quand le bout peripherique du nerf sciatique etait excite, tan-
dis qu'ils se contractaient encore quand ils ctaient excites directement; en d'au-
tres termcs, il a constate que le nerf moteur perd sa propri6te vitale, tandis que
le muscle ne perd pas son irritabilitc, alors que I'un et I'autre sent separes du
centre cerebro-rachidien.
Haighton et Astley Cooper ont vu que le nerf sciatique, chez les chiens, perd
sa propriete motrice peu de jours aprfes qu'on I'a coupe. Steinrueck, Guenther et
Sclioen, Stannius, Kilian et d'autres pliysiologistes, ont reconnu I'exactitude du
rosuitatobtenu par Haighton et Astley Cooper. On s'accorde generalement k re-
connaitre aujourd'liui qu'au bout de cinq a six jours, apres la section d'un nerf
moteur, son bout peripherique n'est plus capable de faire contracter les muscles,
quelle que soil I'energie de I'excitation qu'on emploie. Les muscles, au contraire,
restent tres-longtemps irritables.et ilspeuvcnt meme demeurer indeflniraent irri-
tables. Ainsi M. Brown-Sequard a garde vingt et un mois une laplne sur laquelle
le nerf facial avait ete arrachc , et il a vu rirritabilite durer, dans les muscles
paralyses, pendant toute la viede cet animal. On ne peut pas objecter qu'il a pu,
dans ce cas, y avoir reunion des bouts du nerf; car le nerf n'avait pas ete
coupe, mais extrait dans presque toute son etendue, a partir de son insertion
a la moelle allongee jusqu'^ ses divisions dans les muscles. II avait ete ar-
rache.
11 y a quelques annees, M. Brown-Sequard (1) a public une experience tris-
propre a demontrer que I'irritabilite n'est pas donnee aux muscles par les cen-
tres nerveux ou par les nerfs moteurs, et qu'elle depend de ['organisation meme
du muscle et de sa nutrition, en tant que celle-ci maintient I'organisation i I'etat
normal, II rapporte cette experience en ces termes : « J'ai coupe lenerf sciatique
d'un cote sur deux lapins et sur deux cochons d'lnde. Uix jours apres , je me
suis assure que le sciatique coupe ne causait plus de mouvcments quand je le
galvanisais. Les muscles se contractaient vivement quand j'appliquais sur eux
les deux conducteurs de la pile. Cela reconnu, j'ai lie I'aorle derriere I'origine
des renales, et trois heures aprfes, j'ai essaye de nouveau I'application de la pile.
II n'y a eu de contractions dans les muscles de la jambe ni quand j'excitais le
nerf ni quand j'excitais directement les muscles. J'ai lache alors la ligature ; au
bout de tr6s-peu de temps les muscles de la jambe sont redevenus irritables, Le
nerf sciatique n'a rien retrouve de sa propriete perdue. » II est evident que, dans
cette experience, c'est le sang, c'est-i-dire la nutrition, qui a rendu aux muscles
leur irritabilitc.
Rccemment M. Brown-Sequard a fait une nouvelle experience plus decisive
(1) Voy. les Bulletins de la Sociktis piiilohatioue, p. 74-76. 1847.
103
encore que la precedentc. Toutes les circonstances do cctte nouvelle cpieuve ont
ete les memes que celles de I'ancienne, k I'cxception d'une seule, qui est capi-
tale. Dans rexpeiience que nous venons de rapporter, on avait attendu tout
simplement la disparition de I'lrritabilite musculaire pour lacher la ligature de
I'aorte; dans la nouvelle experience, on a attendu non-seulement cette dispari-
tion, mais I'apparition, depuis trois quarts d'heure ou meme depuis une heure,
de la rigidite qu'on appelle cadaverique. Cette nouvelle recherche a prouve que
des muscles, prives de Taction du centre cerebro-rachidien et de celle deleur nerf
moteur, peuvent, sous I'influence de la nutrition, redevenir vivants,c'est-a-dire
irritables. Ce n'est done pas le syst^me nerveux qui donne aux muscles leur irri-
tabilite, mais bien Taction nutritive exercee par le sang.
2" RECHERCHES SUR LE RETABLISSEMENT DE L'lRRITABlLlTE MUSCULAIRE CHEZ UN
SECOND SUPPLICIE, PLUS DE QUATORZE HEURES APRfeS LA MORT ; par IC memC (1).
Ces recherches seront rapportees in extenso dans un memoire qui fera partic
de ceux de la Societe, et que la Gazette publiera. Nous nous bornerons a dire
que, dans cette nouvelle epreuve, Tirritabilitea ete retablie non-seulement dans
les muscles de la main, mais dans ceux de Tavant-bras, et, chose singuliere, a
un degr6 plus marque dans ceux du bras, bien qu'ils fussent coupes au milieu de
leur longueur (le bras avait ete ampute) et qu'ils aient dii recevoir moins de sang
que les autres muscles. L'irritabilile est aussi revenue dans les fibres-cellules
musculaires de la peau.oii la chair de poule s'est montree dune maniere tres-
prononcee. Le sang employe efait du sang arteriel de chien , defibrine par Ic
battage.
II. — Pathologik.
1* SUR UN CAS DE R^TRfiCISSEMENT ORGANIQUE DE l'aNNEAU PYLORIQUE, AVEC
ATROPIIIE DE TOUTES LES TUNIQUES QUI LE CONSTITUENT; ATROPHIE DU FOIE ;
RETRECISSEMENTS MULTIPLES NON ORGANIQUES DU COLON ; par M. CHARCOT.
Un homme age de 54 ans (salle Saint-Michel, n" 1, service de M. Rayer, hopi-
tal de la Charite) s'etait toujours bien porte et n'avait jamais fait d'exc^s alcoo-
liques, lorsque, il y a dix-huit mois environ, il commenga a eprouver habituel-
lement des vomissements qui survenaient environ deux heures aprfes le repas da
soir. Ces vomissements ne furent d'abord composes que de matieres aliinen-
taires nageant dans une quantite variable de mucus visqueux ; mais il y a un
an, se manifestiirent pour la premiere fois des vomissements d'une matiere noi-
rdtre, analogues a de la suie, qui se reproduisirenl par la suite deux ou trois fois
encore avec le meme caractere.
(1) Les recherches sur un autre supplicic onl 6tc publiccs dans la Gazetti'
Medicale, n* 27, 5 juillet 1861,
Depuis cc temps Ics maliiircs rejetees sont toutes composees d'un mucus vis-
qaeux incolore contenant les aliments, tantot d'une substance ayant une colo-
ration cafe au lail ou mcme diocolat.
D6s le diibul (le la maladie, la constipation est opiniatre, et le malade ne peut
aller i la sells qu'a I'aide de lavements. L'amaigrissement et la perte des forces
nc tardent pas a se montrer u un haul degre. De vives douleurs, dont le siege
principal est la region de restomac, maisqui s'irradient dans tout I'abdomen, se
montrent principalement avanl et pendant les vomissements ; mais elles ne cea-
sent jamais completement d'exisler et sont exasperees par la pression.
L, 'abdomen est habituellement volumineux; tantot il est mat a la percussion
dans la plus grands partie de son etendue, et, dans ce cas, la palpation fait re-
connaitreau niveau de la region de I'estomac un gargouillement stomacal tres-
prononce, que le malade perQoit d'ailleurs parfaitement quand il s'agite, et qu'on
peut alors entendre a distance ; d'autres fois, au contraire, la plus grande partie
de I'abdomen est sonore, et alors le gargouillement n'est plus per§u. Le premier
phenomensestsurtoul evident quand les vomissements nese sont pas montres de-
puis deux ou trois jours, et le malade prevoit alors qu'ils vont bientot se decla-
rer; le deuxifime se montre, au contraire, quand ils viennent d'etre abondants,
II existe enfin quelquefois un etat de I'abdomen intermediaire aux precedents;
dans ce dernier cas, I'liypocondre gauche est tres-sonore, ainsi que la partie su-
perieure de la region epigastrique. La region ombilicale, au contraire, ainsi que
le flanc gauche , sont mats et resistent au doigt qui percute. Cette matite se
limite en bas par une ligns courbs a grand rayon, dont la concavite regarde en
haul. Superieurement, la limite de la matite se fait par une ligne horizontale,
quand le malade est assis; plus ou moins oblique, quand il est couche sur un
des cotes du corps. Cetle zone mate permet de determiner d'autant mieux la
limits inferieure de Testomac que les intestins sont plus sonores ; quand ils sont,
au contraire, remplis de matiferes st mats eux-memes, la palpation fait encore
souvent roconnaitrs a la partie moyenns ds I'abdomen une tumeur molle et
fluctuante terminee du cote de I'ombilic par un bord convexe. Jamais la palpa-
tion n'a permis de distinguer I'existsnce d'une tumeur dure dans I'abdomen.
Malgre la distension habituelle ds I'abdomen, le bord superieur du foie ne re-
monte pas plus haul que csla n'a lieu dans I'etat normal ; son bord inferieur ne
peutetre reconnu par la percussion, car un son intestinal des plus evidents, oc-
cupant la plus grande partie de I'hypocondre droit, demontre qu'une anse d'ln-
testin , appartenant, scion toute probabilite, au colon, est interposee entre les
parois thoraciques el la partie inferieure de la face anterieure du foie.
Le premier ds ces fails, c'est-a-dire le siege normal du bord superieur du foie,
ports k penser que laglande hepatique adiminue de volume; car I'auscultation
et la percussion ne demontrant rien d'anormal dans la cavite pleurals droite, il
est clair que le foie, en le snpposant d'un volume normal, n'eut pas manque de
remonter dans le thorax en nieme temps que Ic diaphragmo, par suite dc la dis-
105
tension habituelle des visccires intestinaux, el en consequence son bord superieur
se flit rapproche de la clavicule.
Les urines n'ont jamais presente d'alteration, ni en particulier la coloration
rouge foncee propre k la cirrhose.
Deux mois environ avant la mort du malade, de I'oedeme se manifesto aux
membres inferieurs, et bienlot apres il y a ascite. L'epanchement de serosile dans
I'abdomen ne tarde pas i devenir considerable, et, chose k noter, les vomisse-
ments cessent alors completementd'exisler; ils n'ont pas paru une seule fois
pendant le dernier mois de la vie.
L'estomac bientot, on le con^oit, ne peut plus etre explore, et le malade as-
sure ne plus pouvoir produire le gargouillement stomacal qu'il provoquait au-
trefois si facilement en s'agitant dans son lit.
La constipation fait bientot place k une diarrhee habituelle. Le malade, qui
prenait encore quelques aliments liquides, les refuse completement. Les bras, le
tronc et la face s'amaigrissent a un degre extreme, ce qui contraste avec I'etat
de I'abdomen et des membres inferieurs, qui sont extremement distendus par la
serosite. La langue, qui etait restee longtemps naturelle, devient tres-rougej il
en est de meme des parois buccales, qui se couvrent de plaques blanches de mu-
guet. Bien que les vomissements aient cesse, comme nous I'avons dit, les douleurs
epigastriques paraissent incessantes et sont tr6s-violentes.
Tels sont les pheuomenes eprouves par notre malade pendant les trois der-
ni^res semaines de sa vie.
La mort arrive le 3 septembre 1851. Le marasme 6tait considerable; le delire
ne s'^tait jamais montr6.
En raison de ces faits, le diagnostic avait ete etabli de la mani^re suivante :
1° Obstacle au cours des mati^res ing^rees, siegeant k la region pylorique et
consistant probablement en une tumeur carcinomateuse : la nature des vomis-
sements conduirait k cette derni^re idee, bien qu'on n'ignorat pas les faits assez
nombreux de vomissements bruns en I'absence de tumeurs ou d' ulcerations can-
cereuses de l'estomac, et en particulier celui qui a ete decrit avec soin par M. An-
dral(Andral, Cunique medicale, t. 11, obs. V);
2o Ampliation de l'estomac, demontree par la palpation, la percussion, la suc-
cussion, etc. (Piorry, Atlas de percussion, pi. 27, p. 59, et Alios, Proced^ ope-
RATOiRE ; Duplay, Memoire sur l'ampliation morbide de l'estomac, Arch. GJ^Ni^R.
de medec, p. 549-660, 1833, et Andral, obs. cit.);
3° Diminution du volume du foie, constatee par la percussion, qui demontre
que le bord superieur de cet organe ne s'est pas eleve dans le thorax, malgre la
distension de I'abdomen ;
4" Obstacle au cours du sang dans le foie, etpeut-etre aussi dans la veine cave
inferieure, par suite de I'extension de la tumeur supposie, du cote de ce vais-
seau. II n'existait pas, d'ailleurs, de caracteres de la coagulation spontanee du
sang dans les veines iliaques, et d'un autre cote, le coeur, de volume normal, ne
106
presentait a rauscultatioii aulre cliose qu'un souffle doux au premier temps,
maximum k la base.
Le traitement nepouvait fitre que palliatif (charbon vegetal, opium, etc).
Ai'TOPSiE. — L'ouverturc de la cavitii abdominale donne issue h une grande
quanlitc de serosite limpide; mais il en reste encore, apres cette operation, une
quantite considerable, et ce liquide recouvre completement les visceres abdomi-
naux, k I'exception : 1° du colon ascendant; 2° d'une partie du colon trans-
verse, qui remonte, sous forme d'anse, en atant du foie; > d'une petite partie de
la face anterieure de I'estomac. Ces differents organes surnagent ; tons les autres
sont comprimes et comme submerges par le liquide.
L'eslomac n'a pas I'elendue qu'on lui avail attribuec pendant la vie ; mais il
est aplati, replie sur lui-meme, comme s'il eut dn ceder h la pression exercee
par le liquide. Toulefois la grande courbure arrive a 1 pouce environ de I'ombi-
lic. La region pylorique de ce viscfere adhere intimement a la face inferieure du
foie par des adhcrences qui paraissent de tres-vieille date ; il en est de meme
de I'origine de la premiere partie du duodenum, dans I'etendue d'un pouce en-
viron.
Au niveau du pylore existe un etranglement etroit, analogue a celui qui peut
etre produit par une mince corde. Disons d'avance que ce retrecissement est
organique, c'est-a-dire que la distension produite h I'int^rieur des visceres par
les tentatives d'inlroduction de I'index , dirige de la cavitc stomacale vers le
duodenum, ne le font pas cesser k I'endroit du retrecissement. La tunique peri-
toncale est d'un blanc opaque et comme froncee. La deuxieme et la troisieme
partie du duodenum occupent leur position habituelle ; leur calibre a notable-
ment diminue. 11 en est de meme de I'intestin greie dans toute son etendue. Le
colon ascendant est tres-volumineux, distendu par des gaz etdesliquides; ilsur-
nageait, comme nous I'avons dit, avant Tissue de la serosite abdominale. Mais
au moment de devenir colon transverse, il offre un retrecissement considerable
dans I'etendue de 3 pouces environ. Ce retrecissement n'est pas organique, c'est-
a-dire qu'il cede par la dilatation de I'intestin. Au-dessus de ce retrecissement,
on voit une anse de colon dilate, pleine de liquide et de gaz, qui se porte en
avant de la face anterieure du foie, et de ]k descend vers I'ombilic pour se porter
sous la face postericure de I'estomac. En ce point un nouvcau retrecissement se
manifeste, lequel occupe la moitie gauche du colon transverse et tout le colon
desccndanl. Ce rctretissement cede par la distension exercee de dedans en de-
hors. L'inteslin toulefois n'acquiert pas, malgre cette distension artilicielle, le
meme calibre que les parties naturellemenl dilatces. Au commencement de I'S
iliaque, iiouvelle dilatation sous forme d'anipoulc , puis nouvcau retrecisse-
ment; nouvelle ampoule, situee dans la fosse iliaque droite , sous le coecum ,
qui est repousse un pcu en haut, etenfln vient Ic rectum, d'un diam^tre a peu
pies normal.
Nous aurons a nous rxpliquer plus tard sui la cause dc ccUe serie dc dilata-
S07
lions ct de relrecisscmenls ; disons tout de suite que les parlies dilalees lenler-
maient un semi-liquide jaunatrc, des matieres fccales assez bien formees, cn un
mot. Les parties contractees etaient vides, et la muqueuse etait simplement re-
couverte de mucus visqueux.
Les tuniques de I'estomac etaient, d'une manifire generate, hjpertrophiees. La
tavile, qui est double de capacite a pen prfis, renfernie un peu de mucus vis-
queux et quelques matieres alimentaires. La muqueuse est generalemenl pale ;
mais elle offre qk et 1^ un pointille grisatre, manifeste surtout et conlluent au
voisinage du pylore. Au niveau du relrecissement, la muqueuse devient brusque-
ment tres-mince.
La tunique muscuteuse est tr^s-epaissie (elle a environ 0,002"""', 3 en epais-
seur). Les fibres qui la constituent sont pales, mais tres-apparentes ; elles ne
forment pas au niveau du r6trecissement une sorte d'anneau ou valvule; au
contraire elles se terminent en s'amincissant.
Le tissu cellulaire sous-muqueux, epaissi dans toute I'etendue des parois sto-
mac-ales, s'amincitlui-meme conslderablement au niveau du retrecissement.
Avant d'inciser la partie relrecie, on constate qu'elle admet tout au plus I'ex-
tremite de I'ongle du petit doigt. Un gros tujau de plume y entre avec frotte-
ment. L'incision ayant ete pratiquee, le diametre au niveau du point retreci est
de 2 c. 1/2 seulement. (Sur 3 estomacs provenant d'individus morts de diverses
maladies, nous avons constate que le diametre de restomac, au niveau de la
valvule pylorique, variait de 5 c. 1/2 i G c. L'index passait dans ces cas tr6s-fa-
cilement a travers I'anneau pylorique.)
Au niveau du retrecissement, la muqueuse, comme nous I'avons dit, s'amin-
clt brusquement; elle conserve ce caract6re dans toute I'etendue de la premiere
partie du duodenum ; la celluleuse 6tait egalement amincie et un peu froncee;
quant k la musculeuse, elle avait completement disparu, et a peine trouvait-on,
au niveau du point retreci, dans toute relendue de la premiere portion du duo-
denum, quelques fibres pales, melangees de graisse.
Le peritoine avait I'opacite et I'epaisseur que nous avons signalees.
La coarctation de I'anneau pylorique n'ctant pas due a I'hypertrophie des tu-
niques musculeuse ou celluleuse, il.fallait cn chercher la cause aiileurs. Peut-etr«
avait-il existe autrefois, au niveau de la region du pylore, une ulceration de la
membrane muqueuse, dont la cicatrice i>jcte! Ces faits nous ont permis de jeter un coup d'oeil retrospectif sur I'histoire de
I'acarus de I'homme, que nous avons toujours trouve, il vous en souvient, a
I'etat de femelle ; il est probable que notre acare eprouve, comme celui du mou-
ton, plusieurs metamorphoses, et qu'il penetre sous notre cpiderme,surtout quand
il a etef^condc. Dans cettc hypoth^se, il faudrait croirequeles larvesviventdans
des sillons jusqu'a la premiere mue ou metamorphose; qu'i cette epoque les
acarus male et femelle restent quelque temps k la superficie de la peau, s'accou-
plent, et une fois la fecondation operee, que les femelles seules font de nouvcaux
sillons dans lesquels elles pondent. Les males, lr6s-probablement pourvus d'or-
ganes supplementaires qui leur permettent de vivre a la surface de I'epiderme,
vont k la recherche des femelles, les fecondent (car I'accouplement est materiel-
lement impossible dans le sillon), vivent ainsi plus ou moins longtemps, et meu-
rent sans qu'on ait occasion de les rencontrer meme k I'aide du microscope mo-
bile, car il faudrait ctre bicn heureusement servi par le hasard pour rencontrer
au milieu des rides de la peau un insecte si petit, surtout avec I'opinion ou nous
etions jusqu'a ce jour que males et femelles vivaient dans les sillons. La presence
de I'acarus male sur le corps expliquera sans doute un jour le developpement de
certaines atlie.ctions cutanees, telle que le prurigo, par excmple, dont la cause
nous echappe. On comprend facilement qu'il y ait necessite pour la femelle dc
crcuser un sillon pour y pondre; lesoeufs sous la couche epidermique sont ainsi
dans les meilleures conditions de developpement, le frottement, le lavage, etc.,
ne sauraicnt les alteindre. Le premier besoin du male parait etre la mobilite ;
celui de la femelle fecondee et metamorphosce, la fixite.
» Comme vous levoyez, a mesure que nous nous livrons k I'ctudc de la gale,
le champ des rcchcrches s'agrandit, ct quelqucs faits observes et jusquc-lii incx-
pliqucs trouvenl leur raison d'etre.
» Nous vcnons dr porter notre cxamcn sur la calc des animaux, ct nous nous
tronvons rnlrain('s a r('50udre grand nombrr de qneslion? imprrvurs qui surgis-
112
sent a chaque pas. Ainsi, pour u'cn cilor qu'un cxcmple, une observation atten-
tive nous a fait constater que I'acarus du cbeval et celui du mouton sont abso-
lument idenliques ; ils ont les mcmes caract6res ; les femelles subissent les memes
metamorphoses. De !& necessity dc recUerciier si les acarus du clieval transmis
au mouton, et reciproquement, determineront chez ce dernier une maladie iden-
tique, etc. II va sans dire que nous avons dessine I'acarus du mouton, ainsi que
le pou qui lui cause des demangeaisons tr6s-vives, et que les agriculteurs pour-
raient prendre pour I'acarus lui-meme. La question du traitement attirera aussi
toute notre attention. »
III. — Helminthologie.
SUR DES LARVES RENDUES PAR LES SELLES ; par M. DaVAINE.
Nous avons examine, M. Rayer et moi, des larves qui nous ont ete remises par
M. le docteur Roger, et qui avaient ete rendues par une malade dont I'observa-
tion est consignee dans les comptes rendus delaSociete (juillet 1851). Nous nous
sommes assures que ces larves, que Ton designe vulgairement sous le nom de
vers, etaient des larves de dipteres ; mais nous n'avons pu en determiner I'es-
p^ce. Nous exposerons les caracleres de ces larves avec quelques details qui nous
paraissent justifies par la rarete du fait et par la conQrmation qu'ils donnent k
i'opinion de M. Roger, i savoir, qu'il n'y a eu, dans ce cas, ni erreur, ni super-
cherie de la part de la malade.
Sept de ces larves nous ont el6 remises; elles etaient enchevetrees dans un
mucus glaireux, semblable au mucus de I'intestin, et dont il etait fort difficile
de les debarrasser complctement. Deji elles avaient subi un commencement de
putrefaction, qui cependant n'avait point altere leur forme exterieure, mais qui
ne nous a pas permis de faire de ces larves une anatomie aussi complete que nous
I'aurions desire. Elles offraient les caract6res suivants : larves fusiformes, nuan-
cees de gris, de rose et de chatain, longues d'un centimetre. Extremite ante-
rieure tr6s-amincie ; extremite posterieure moins amincie et bifurquee dans la
plupart; corps ne presentant point d'anneaux ou de segments appreciables ; huit
paires de mamelons ambulatoires, simples, places sur les cotes ; extremite ante-
rieure ou tete armee de trois paires de crochets, dont deux beaucoup plus forts
et visibles k un faible grossissement; 16vre terminale munie de papilles saillantes;
point d'yeux visibles ; deux stigmates olTrant un pavilion palme, grand, blan-
chatre, compose de 16 k 20 digitations ; deux trachees principales, partant de ces
stigmates et renflees en arrifere, se terminant par deux autres stigmates evases
occupant le sommet de chaque bifurcation de I'extremite posterieure ; teguments
presentant, a un fort grossissement, des polls nombreux, courts et roides, simples
ou rarcment bifides, dissemines irreguli^rement sur toute la surface du corps. A
I'interieur, outre I'intestin tr6s-alterc et les trachees dont nous avons parle, nous
113
avons constate I'exislencc d'une pi6ce cornee, oesophagieune, supporlanl les cio-
chets. Les figures annexees h celte note donnent une idee exacte de ces diverses
dispositions.
D'apres cette description, il est evident que cette larve n'est pas celle qu'on a
designee sous le nom de larve de Vwstrus hominis. Les larves d'oestre ont ie
corps divise en segments marques par des polls disposes en series transversales ;
elles n'offrent point de stigmates anterieurs disposees en pavilion digite ; en
outre, les crochets de la larve que nous avons observee, beaucoup moins forts,
relativement, que ceux des larves d'oestre, rappellent plutot ceux des larves des
muscides.
D'un autre cote, on ne pent confondre les larves rendues par la malade de
Bl. Roger avec les larves de la mouche carnassiere et de la mouche domestique,
larves dont le corps est annele et tronque en arri6re. Enfin, elles different en-
core davantage de la larve du scatopse noir, si commun dans les lieux d'ai-
sances {musca stercoraria), et que nous avons etudiee comparativement.
En resume, les larves rendues par la malade de M. Roger n'etaient pas de
celles que cette femme aurait pu facilement se procurer, si elle eut voulu se Ji-
vrer a une supercherie.
J'ajouterai, en terminant, que M. Rayer desirant s'assurer si des larves de
mouche ou de scatopse introduites dans I'estomac ou I'intestin pouvaient y vi-
vre un certain temps, comme quelques larves d'mstre, ou si elles pouvaient par-
courir toute I'etendue du canal intestinal sans cesser d'etre reconnaissables, I'ex-
perience suivante a ete faite par M. Claude Bernard : des larves de la mouche
carnassiere et des larves de la mouche stercoraire ont ete introduites dans I'esto-
mac d'un chien qui portait une fistule stomacale ; or le lendemain et le surlen-
demain, on a retrouve, dans les matieres fecales, plusieurs de ces larves en ap-
parence non alterees. M. CI. Bernard se propose de repeter et de varier ces ex-
periences.
IV. — Wratologie vegetale.
SUR UNE MONSTRUOSITE DE LA FLEUR DU CHOU-FLEUR, OCCASIONNEE PAR LA PRESENCE
d'un champignon PARASITE, LE CYSTOPUS (OREDO) CANDIDUS ; par M. M.-J. BER-
KELEY.
On trouve dans la fleur transformee :
!• Quatre sepales, mais ceux qui sont lateraux dans la fleur normale sont ici,
I'un anterieur et I'autre posterieur.
2«I1 y a deux verticilles de petales, trois pour chacun ; les exterieurs sont verts
en grande partie ; il en manque un ; les interieurs sont jaunes, et I'un d'cux, ce-
lui marque 2, a son limbe enrouie. Le quatrieme manque egalement.
3» II y a aussi deux verticilles d'etamlnes, dont I'intcrieur est place sur la base
Hi
allongce del'ovaire. Du veilicille e\lerieur, Ics deux paiies sonl i pcu pr6s (ians
leur condition normale ; mais les deux etamines solitaires sent (Onvertieschacunc
en un pedoncule qui porte un boulon compose de sepales, de petales, d'otamincs
et d'un ovaire dans leur position ordinaire.
4° II n'y a pas trace de glandes.
5° L'ovaire est Ires-renfle, et quand on I'analysc, on trouve que les placentas
sunt parfaitemcnt distincts, excepte a la base.
€OMPT£S R13NDU
DES SEANCES
DE
F r
LA SOCIETE DE BIOLOGTE
PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1851 ;
11. le Doeteur BROWIV-SKQVARD , seer^laiip.
Pr^sidence de M. RAYER.
I. — Anatomie.
SDR LA PORTION CEPHALIQUE DU GRAND STMPATHIQUE ; par M. LUDOVIC
HlRCHFEI.D.
« Depuis la decouverie des ganglions ophthalmique, spheuo-palalin, oti-
aue, etc., I'existence de la portion cephalique du grand sympalhiqueest devenue
un sujet de controverse parmi les anatomistes. Les uns, rattacbant au syslenie
ganglionnaire de la vie organique tous les ganglions, quel que soit le lieu qu'ils
occupent, admeltent que le grand sympathique s'etend a la tetc, comma au
116
thorax el a I'abdomen ; de la la denomination de trisplanchnique sous laqueHe
ils I'ont designe. Les aulres, au contraire, souliennent, mais sans faire con-
nallre leurs motifs, que les ganglions de la lete apparlienuent a une tout autre
categoric que ceux du grand sympatliique, et que celui-ci n'a pas de portion
cephalique.
B D'apres M. Longet, la pariie cephalique du grand sympalbique est repre-
sentee par les ganglions de la lete el par les nombreuses irradiations du gan-
glion cervical superieur, qui accompagne soil la carolide interne, soil la ca-
rotide externe, ainsi que la piupart de leurs branches. M. Arnold considere les
ganglions de la tele comme cousiiluant un petit systenie a pari, destine aux
organes des sens. M Blaudin, lout en admellanl la destination speciale aux
organes des sens, des ganglions craniens, les ratlacbe a la scrie des aulres
ganglions sympalhiques ; selon lui, la portion cephalique du grand sympalbique
se composerail surlout des ganglions ophlbalmique, spbeno-palalin, olique,
sous-maxillaire et sublingual; le ganglion cervical superieur concourrait aussi
a sa formation.
» Pour mon comple, les ganglions de la tele n'appartiennenl nullemenl au
sysleme ganglionnaire du grand sympalbique, mais ils forment un petit appa-
reil de ganglions a pari, qui dependent des nerfs craniens (3" el 5« paire), de
la meme nianiere que les ganglions iuterverlebraux dependent des nerfs racbi-
diens. Les raisons anatomiques qui m'onl fait adopter celte maniere de voir
sont les suivantes : 1° Lorsque quelques-uns des ganglions craniens manquent,
les rameaux qui en proviennent babiluellemenl emergent du Irijumeau. Ainsi
les ganglions spbeno-palalin, olique, sublingual el sous-maxillaire manquent
quelquefois cbez I'bomrae; le ganglion spbeno-palalin n'exisle pas cbezles ru-
minants, les rongeurs; il manque aussi cbez le cbienet le cbal; alors les ra-
meaux qui en naissenl babiluellemenl viennenl du irijumeau. 2° Les liens qui
raltacbenl les ganglions de la tele a I'appareil ganglionnaire du grand sympa-
lbique (racines vegelalives) manquent assez souvent, el meme on pourrail con-
tester I'exislence des racines vegelalives des ganglions olique, sous-maxillaire,
sublingual, tandis queje n'ai jamais vu nianquer les lilets (racines sensiiivo-
motrices) qui les lixent au nerf cranien. 3° Ces ganglions, quelquefois rou-
geatres, ont souvent un aspect aussi blanc que celui des nerfs craniens, ce qui
s'exp'ique parce qu'ils renferment beaucoup moins de substance grise que les
ganglions sympalhiques. 4° Si Ton examine entin la texture des ganglions cra-
niens, on voil qu'elle est tout a fail analogue a celle des ganglions interver-
tebraux, tandis qu'elle diiTere de celle des ganglions survertebraux splanch-
niques.
» Des recherches toules recenles et pleines d'interet de M. ledocleur Robin
vlennent pleinement confirmer celte derniere assertion ; voici ses propres pa-
roles : « II enlre dans la constitution des ganglions nerveux craniens les memes
corpuscules ganglionnaires (cellules nerveuses de beaucoup d'auteurs) que dans
117
ies ganglions rachidiens. Un certain nombre de ces corpuscules correspond
aux tubes nerveux minces, ils sont moins nombreux que ceux de memo nature
existant dans Ies ganglions du grand sympathique. Celui des ganglions qui
renferme le plus de ces derniers corpuscules eslle ganglion de Gasser, qui cer-
tainement ne sera pas pas compare aux ganglions du grand sympathique. Les
ganglions craniens (ophthalmique, genicule, sous-maxillaire, etc.) sont, comme
les ganglions rachidiens, remarquables surtoutpar I'abondancedes corpuscules,
comparativement au tissu cellulaire eta la matiere amorphe granuleuse; c'est
k cetle predominance de corpuscules qu'est due la couleur blanche des gan-
glions nerveux cepbaliques, qui les distingue deja a I'oeil nu des ganglions sym-
pathiques. Cette difference coincide avec une difference de structure intime,
puisque dans ces ganglions viscerauxon trouveau contraireune grande propor-
tion de cette substance amorphe et aussi de tissu cellulaire et d'elements fibro-
plastiques, comparativement a la masse des globules ganglionnaires.
» Ainsi done : l" la proportion considerable des corpuscules dans les gan-
glions cepbaliques, la petite proportion des elements accessoires, comparee a
la petite quantite des corpuscules dans les ganglions visceraux avec, au con-
traire, grande proportion des elements accessoires; ces fails, disons-nous,
moutrent que les ganglions des nerfs de la lelene peuvent pas etre consideres
comme analogues aux ganglions du systeme nerveux dit de nutrition. 2° Les
faits indiques precedemment montrent que I'on peut comparer les ganglions
craniens aux ganglions rachidiens, puisqu'ils contiennent les memos elements
I'ondamentaux el accessoires. »
» L'existenee constanle de liens qui les llxent aux nerfs niedullo-encepha-
liques, la communaute d'aspect et de texture m'autorisent h supposer une com-
munaute de fonclions dans les ganglions craniens et les ganglions rachidiens.
Si done les idees d'Arnold sont fondees relaiivement a I'usage des ganglions cra-
niens, les ganglions rachidiens (inlervertebraux) devront aussi elre consideres
comme des ganglions sensoriaux, avec cette restriction toutefois que les gan-
glions craniens ont sous leur dependance immediate les quatre sens speciaux
qui ont leur siege a la tele, tandis que les ganglions inlervertebraux, etant pla-
ces sur le trajet de toules les racines sensitives, auront pour usage de modifier
la perception des sensations generales etde rendre les nerfs sur le trajet des-
quels ils sont places aptes ^ iransmettre les sensations speciales du tact et du
toucher.
» Apres avoir demonlre que les ganglions de la tele ne peuvent, anatomi-
quement parlant, etre consideres comme la portion cephalique du grand sym-
pathique, il nous reste a parler du prolongement cranien du ganglion cervical
sup6rieur qui, a raison de ses norabreuses connexions avec les nerfs crSniens,
de ses divisions, de ses anastomoses, de ses plexus multiples et de ses gan-
glions (ganglion carolidienet peut-eire ganglion pituitaire), peut etre envisage
comme I'origine cephalique du grand sympathique. »
lis
II. — Phtsiologie.
1' RECHERCHES SCR LES VARIATION'S DE L'ACIDITE DE L'DRINE ALX DIFFERENTES
tiiissiOiNs Du JOUR ; par M. Delavaud.
Les auteurs (1) disentque I'urine est toujours acide lorsqu'elle provientd'uc
individu sain , et que les variations qu'elle subit sous ce rapport, comme sous
bien d'auires, sent purement accidentelles et dues principalement a la naiure
des aliments.
J'ai examine sur moi-meme Tacidite de Purine des differentes emissions de
la journee, et j'ai fait a celegard trois series d'observntions : la premiere com-
prend Tingt-trois jours, du 24 aoiit au 15 septembre 1850 ; la deuxieme en
coiiiprend vingtquatre, entre le 16 septembre et le 13 octobre, et la troisieme
sept, enlre le 11 et le 20 novembre -, en tout cinquante-quatre jours.
Ces observations ont ete faites simplement avec des bandes de papier de
tournesol sur lesquelles on laissait tomber un lilet de Purine au moment de son
emission. Puis la reaction acide, neulre ou alcaline, elait nolee sur-le-champ.
Le papier qui a reagi, gardant apres sa dessiccationia meme reaction qu'aupa-
ravant, i-a passant lout au plus de I'etat neutre a une acidite «i peine sensible,
cela m'a permis de conserver les resullats materiels obtenus, et de plus de dis-
tinguer des diUereuces bien tranchees dans I'inlensite de I'acidile.
Dans la premiere serie d'observations {du 24 aout au 15 septembre), j'ar
voulu tenir compie de toutes les circonsiances capables d'inDuer sur I'econo-
niie. Voici les conditions dans lesquelles je me suis irouve : temperature mo-
deree(18 a 21° c. dans ma chambre, a Paris), temps assez beau. Reveil et lever
de cinq heures a sq)theures, ordinairement 6 beures, sejour dans la chambre
jusqu'au dejeuner; dejeuner a neuf heures et demie, quelquefois dix heures
ou dix heures et demie ; nourriiure se composant a ce repas de viande, ceufs et
fruits. Pendant le milieu du jour, ordinairement promenade d'une heure et
travail de cabinet. A cinq heures et demie, diner, se composant de potage (avec
quelquescarottes, navels;, bceuf, legumes (telsque articbauts, haricots, ponimes
de lerre), roli (bceuf, veau, niouton, volaille, gibier), salade, fruils (tels que
peches, abricots, fraises, poires, raisins), vin et eau. Apres le diner, prome-
nade d'une ou deux heures; puis travail de cabinet, et enUn coucher a dix
heures et demie environ.
Le resultat total auquel je suis arrive a ete le suivant : 1° la premiere emis-
sion d'urine, i I'heure du reveil (de cinq heures a sept heures, ordinairement
six heures), s'est moutree conslamment tres-manifestement acide; 2° les emis-
(1) M. Delavaud ue connaissait pas les belles recherches de M.Bence Jones.
Nous ea publierons bientut un resume, en meme temps que les resullats de
recherches qui nous sont propres. BnowN-SEQUiBD.
119
sioDS suivanles jusqu'au dejeuner (neuf beures et demie,quelquefois dix hearer,
dix beures et demie), et peu apres ce repas ont ele presque toujours Deuiresou
■{res-legeremeut alcalines ou a peine acides, et fort rarement, et dans des cas
exceptionnels, d'une acidite marquee; 3° pendant lereste de la journeeet pen-
dant la nuit, I'urine a toujours ete acide. La premiere emission apres le diner
(cinq heures et demie), pendant la digestion stomacale, m'a offert constammeut
une acidite tres-forte.
Dans la seconde serie d'observations, comprenant vingl-quatre jours (entre le
16 septembreet le 13 octobre 1850), le regime a ete le meme que dans la pre-
miere, exceple que generalement il n'y a pas eu ingestion de fruits au dejeu-
ner, et que le travail auquel je me suis livre exigeait du mouvement et la sta-
tion verticale, a partir de ce repas jusqu'au diner.
Le resultat total a ete le meme que pour la premiere serie ; j'y ai constats, en
outre, qu'il y avait diminution notable dans I'acidite vers I'heure du coucher,
de dix heures a onze heures. Mais je n'insiste pas sur cefait pas plus que sur
<:elui du maximum d'acidite quelque temps apres le diner; je les note seule-
ment pour plus d'exactitude. *
Les observations dela tioisieme serie, comprenant sept jours (entre lell et le
20 novembre 18S0\ n'ont pas ete faites aussi regulierement que les precedentes,
quelques emissiors de la journee ayant ete negligees. Elles confirment toute-
fois le resultat deja obtenu, [et montrent qu'il est le meme a diverses epoques,
malgre la difference des saisons et les quelques changeraents que cela apporte
dans le regime.
Depuis ce temps, plusieurs autres observations isolees ont ete faites Qa et la,
et le resultat a ete constant.
Dans ce grand nombre d'observations, je n'ai trouve que tres-peu d'excep-
lions. Quatre fois seulement, I'urine, ordinairement neutre le matin, entre la
premiere emission du jour et le dejeuner, s'est montree sensiblement acide ;
mais ce fait coincidait precisement avec de la fatigue eprouvee pendant la nuit
et dans la matinee.
Quant a I'inOuence du genre d'alimentation, je ne puis en juger, la nourri-
ture ayant ete presque constamment la meme pendant toute la duree des obser-
vations, c'est-a-dire assez variee pour chaque jour.
Ainsi, en resume, la reaction de I'urine sur le papier de tournesol a beaucoup
varie selon les emissions de chaque jour, et ce sont les repas, comme on devait
s'y altendre, qui influent sur ces variations. Le sommeilne me parait avoir ici
qu'une influence secondaire, comme je I'expliquerai tout a I'heure.
Maintenant, ce resultat cst-il individuel, ou doit-il etre etendu k un plus on
-moins grand nombre d'individus pris dans des circonstances h. peu prt-s sembla-
bles ? Le premier cas pourrait etre vrai, d'autant plus que ma constitution est as-
■sez faible. Quant a I'urine que j'ai emise pendant ces recherches, elle a toujours
ete claire ct limpide. J'ai constate maintcs fois depuis qu'elle ne ss lroub!?Jt pa-*
120
rebullilion que lorsqu'elle etait neutie ou alcaline. Le depot forme n'est pas un
carbonate, car il ne fait pas efTervescence par les acides, I'acide chlorhydrique,
par exemple. II ne faut pas se servir ici d'acide nitrique, parce que, s'il rcnferme
la moindre trace d'acide nitreux, I'uree en degago de I'azote, cc qui peut induire
en erreur.Ce depot n'est pasde ralbumine, quoiqu'il ressemble quelqupfois, lorsqu'il
est plus abondant que de coutunie, au trouble que donne par la chaleur I'urine
d'un hydropique, convenablement etendue d'eau ou d'urine normale : I'une et
I'autre s'eclaircissent par I'addition d'une tres-pellle quantite d'acide nitrique;
mats si I'on en ajoute encore, le trouble reparait dans I'urine albuminurique
meme fort etendue, tandis que la premiere reste transparente. Le tiouble en
question est dii A des phosphates terreux, car apres I'avoir bien lave k I'eau dis-
lillee par decantation, puis traite par I'acide nitrique pour le dissoudre, par le
nitrate d'argent et par de I'ammoniaque pour neulraliser la dissolution, j'ai ob-
tenu un precipite jaune-serin (1). Quant k I'uree, 150 grammes d'urine de la jour-
nee m'ont donne une fois 9 grammes de nitrate d'uree brut et humide, ce qui
est une forte proportion ; une autre fois, j'ai obtenu immediatement du nitrate
d'uree en lamelles micacees en versant de I'acide nitrique dans I'urine non eva-
poree. A I'occasion de cette forte proportion d'uree, on peut remarquer en pas-
sant que, si elle est un indice de I'alteration profonde des aliments, elle n'est pas
toujours en rapport avec la force de constitution des individus. Quelques autres
faits provenant de personnes d'une complexion assez faible ou extcnuees par des
exces me le font egalement penser. Enfin d'autres recherches, chimiques et mi-
croscopiques, faites depuis sur cette urine, h des epoques indeterminees, ne m'y
out rien fait decouvrir d'essentiellement anormal. Des circonstances particulieres
(1) Ces phosphates sont maintenus en dissolution, au moins en partie, par de
I'acide carbonique ; car I'urine fraiche, neutre et precipitable par la chaleur,
laisse degager, quand on la fait bouiUir, de I'acide carbonique troublant I'eau de
chaux, et apres qu'elle a ele ainsi troublee, elle s'eclaircit par un courant d'acide
carbonique, pour se troubler de nouveau par une deuxi6me ebullition. Ayant une
fois vu I'urine acide se troubler egalement par la chaleur, j'ai constate aussi que
cette urine laissait degager de I'acide carbonique, et que ce gaz I'eclaircissait
quand elle etait troublee. II est probable que cette urine se troublerait si Ton en-
levait I'acide carbonique par le moyen du vide. Get acide carbonique peut ne dis-
soudre que partiellement les phosphates, car dans I'uiine acide, la reaction reste
la meme apres le trouble par rebullilion, la cause de cette acidile peut maintenir
encore une portion des phosphates en dissolution.
J'ai remarque que sur Purine neutre et se troublant par la chaleur, il se for-
mait, apres quelques heures seulemenf, une pellicule irisee, tres-mince, bril-
lante, prcsque cntierement composee de cristaux de phosphate ammoniaco-ma-
gncsien.
121
ae m'ont pas permis et ne me permettront pas encore, d'ici quelque temps, de
faire k cat egard des analyses completes et regulieres.
Dans tons les cas, des observations faites sur d'autres individus devenaient ne-
cessaires. Malheureusement, je n'ai pu en recueillir qu'un bien petit nombre, et
encore sont-elles incompletes. Cependant elles semblent ^onfirmer jusqu'^ pre-
sent le resultat obtenu sur moi-meme.
D'abord, je puisciter un jeuue homme, du meme age que moi (26 ans), d'une
constitution robuste, d'un temperament sanguin, et dont les urines sont ordinai-
rement jaune-rouge et chargees d'acide urique. Les trois premieres observations
qu'il fit lui donneient, pour la premiere emission de la journee une reaction acide,
et pour les suivantes, avant le dejeuner, une reaction moins acide et neutre. Je
dois dire que d'autres observations lul donnerent plus tard une reaction constam-
ment acide, mais ces observations etaient faites dans des conditions irreaulieres
et difTetentes, reiativement aux heures du lever et du premier repas, et c'est deja
quelque chose que d'avoir obtenu certaines fois le resultat en question. Du reste,
void d'autres observations.
Les unes ont ete recueillies chez un homme de 30 ans, bien constitue. Dans
deux cas, le lever ayant eu lieu h sept heures et le dejeuner a onze heures, la
premiere emission, k sept heures, a ete trfis-acide ; la deuxitoe, a neuf heures,
beaucoup moins; et la troisieme, a dix heures et demi, tout k fait neutre. Chez
le meme, lorsqu'il prend un premier repas a huit heures et demie, la reaction
est touj ours acide.
Les autres proviennent d'un homme de SO ans, d'une constitution moyenne,
menant une \ie irregulierement active. Jamais, comme dans les observations
precedentes, I'urine n'a presente, pour cette personne, une reaction neutre de-
puis le dejeuner jusqu'au lendemain, et deux fois sur six, cette neutralite s'est
manifestee entre le reveil et le premier repas.
Ainsi, ce petit nombre de recherches sur differents individus pent faire penser
que le resultat de mes propres observations est susceptible d'etre etendu ou gene-
ralise. Pour trancher la question, il faudrait des observations suivies faites dans
des conditions bien d^terminees, et k peu pr6s semblables, ou relatives aux tem-
peraments divers.
Une explication de cette variation de I'aciditc des urines dans un meme jour
serait done anticipee. On ne pent cependant meconnaitre le rapport qui existe
entre cette acidite et les vepas ; elle semble etre un des indices de la digestion (du
moins de celle d'une nourriture non herbacee), tandis que la neutralite in-
diquerait une digestion tout a fait achev^e et un besoln d'aliments. J'ai voulu,
k cet efl'et, reconnaitre quelle serait I'influence du jeune. Et j'ai vu, par deux
experiences oii j'ai retarde de quatre k cinq heures le premier repas de la jour-
nee; que legfirement alcaline de huit k dix heures du matin, Purine redevenait
acide vers midi et une heure, aucun aliment n'ayant encore ete ingere. Mais faut-
U conclure de 1^ quo I'influence des repas est nuUe sur I'acidite du liquide uri-
122
naire, et que les beures de la journee en soot I'unique cause? Cette conclusioo
serait contraire k ce qu'on salt aujourd'hui sur I'influence du jcflne, pendant le-
quel I'animal vit de sa propre substance. II semble, en supposant que cette aci-
dite coincide avec raltcialion des substances alimentaires, que, cette alteration
etant achevce complelement le matin, Teconomie soit habiluee aux quelques
heures d'abstinence qui precedent le dejeuner, et que ce n'est qu'i partir de ce
moment qu'une digestion artiflcielle et incessante des lissus memes du corps
s'opere pour rempiacer ce premier repaslorsqu'il estsoustraiti I'individu. Quant
au sommeil, il ne contribue sans doutequ'i rendre la digestion plus lente et plus
complete. De la fatigue eprou\ee pendani la nuit ou dans la matinee produirait
le meme efTct que I'abslinence, en provoquant, par la consommation des forces,
une digestion plus rapide des aliments, et necessitant bientot I'alteration des lis-
sus eux-memes. Mais ce ne sont la que de pures suppositions auxquelles je n'at-
tache ici qu'une valeur secondaire.
Quoi qu'il en soit, ces observations fournissent une nouvelle preuve en faveur
de I'importance qu'il y a ^ ne point donner, en physiologie, I'analyse absolue des
liquides provenant de la digestion, et montre combien est grande I'influence des
conditions varices oii se trouve I'economie. Ainsi (chez certains individus, du
moins), I'urine totale de la journee etant acide, il est des moments oil elle est
neutre. II me semble que si Ton pouvait trouver, ne fiit-ce que dans un seul in-
dividu, un rapport bien constant entre la composition du liquide urinaire et le
grand phenomene de la digestion, k diverges periodes de la journee, ce serait
rendre k la physiologie un service plus grand que de lui offrir des centaines d'a-
nalyses faites independamment de ces vues. Je ne fais, du reste, en cela, que me
conformer aux idees des physiologistes eminents de nos jours. La variation dans
I'acidite de I'urine n'est peut-etre ici qu'une chose secondaire, des variations
plus importantes, plus constantes et plus generales peuvent exister dans la secre-
tion urinaire. C'est dans cette direction que je compte poursuivre ces etudes, en-
core si imparfaites, des que les circonstances me le permettront.
2o RECHERCHES SUR LES LIMACES ; par M. LAURENT.
M. Laurent communique quelques fails que ses recherches sur les limaces lui
ont presentes :
1° II rappelle k ce sujel la communication qu'il a deja faite sur les metamor-
phoses des zoospermes, qui ont lieu dans la vesicule copulative, et rapproche
les observations sur le Umax agrestis de celles qu'il vient de recueillir sur le
Umax ater. D'apres ce rapprochement, il y a lieu de multiplier les observations
sur le nombre des oeufs fecondes ou infccondes, soit dans des pontes successives,
soit dans uneseule ponte.
2° 11 a vu presque tous les embryons de Umax ater atteints d'une hydropisie
de la vesicule ombiiicale , produile par leur immersion dans I'eau. 11 dit en-
123
suite en avoir gueri quelques-uns en les pla^ant dans I'air et les faisant secher en;
partie.
3° Parmi les oeufs de Umax ater, il en a vu quelques-uns qui contenaient
deux embryons, et I'un de ces oeufs, dont les deux vitellus etaient tres-rappro-
ches, lui a presente une monstruosite double qui a paru resulter de la soudure
des deux embryons dans les premiers moments de leur formation.
III. — Pathologie.
OBSERVATION DE DIATHESE CANCEREUSE ; TCMEURS VARIOLIFORMES DE LA SDRFACE
DES INTESTINS; REFLEXIONS SDR LA MARCHE ET LE MODE DE DEVELOPPEMENT DE
LA GENERALISATION DU CANCER; par M. E. BeYLARD.
Lanommee R , coucheeau n" 12 delasalle Sainte-Cecile, k I'hopital Saint-
Antoine, est entree le samedi matin 9 aoiit, et a succombe dans le courant de la
nuitsuivante.
A son entree a I'hopital, elle presentait tons les caract^res de la cachexie can-
cereuse arrivee k son terme ; elle etait tres-amaigrie et ofFrait la telnte jaune
paille caracteristique.
Le ventre, notablement augmente de volume, contenait cvidemment une cer-
taine quantite de liquide ; les membres inferieurs etaient cedematies.
La rapidite avec laquelle cette femme a succombe n'a pas permis de prendre
d'autres renseignements sur la maladie.
AcTOPSiE. — L'examen necroscopique a surabondamment justifie le diagnostic
porte pendant la vie. Nous verrons, en effet, que non-seulement cette femme est
morte par suite d'une affection cancereuse, mais de plus qu'un grand nom-
bre de ses organes etaient ,atteints de la maladie k un degre plus ou moins
avance.
La cavite abdominale ayant ete ouverte, il s'en ecoula une assez grande quantity
de serosite rougeatre. Les anses intestinales, distendues par un commencement
de decomposition cadaverique, au lieu de presenter une surface lisse et reguliere,
comme a I'elat normal, etaient le siege d'un grand nombre de tumeurs verru-
queuses, ombiliquees, les unes discretes, les autres confluentes, ayant la plus
grande ressemblance avec les boutons de la variole au debut de la suppuration.
Ces tumeurs, situees au-dessous de la membrane peritoneale qu'elles soulevaient,
occupaient aussi bien la convexite que la concavite des anses intestinales dans
toute la longueur du tube digestif, k rexception de I'estomac et du rectum. Leur
coloration variait; laplupart offraient la meme nuance que I'intestin. Quelques-
unes presentaient a leur sommet une leinte rouge vive, due k un deveioppe-
ment de vaisseaux sanguins qui se dirigeaient de leur circonference vers leur
centre.
De nombreuses adherences anciennes rcunissaient les anses intestinales entre
elles ct avec les parois abdominales.
12Zi
Au niveau du point oili I'S iliaque se continue avec le reclum, toute I'epais-
seur de I'intestin avail subi la degenerescence canceieuse. En cet endroit, il
elait dur, lardace, criant sous le scalpel et notablement augmenle de volume,
ce qui diminuait son calibre et avait pu pendant la vie produire un obstacle au
cours des mati^res fecales.
Le mesentere etait le siege d'un assez grand nombre de ces memes tumeurs
que nous venons de signaler. Les ganglions etaicnt volumineux et inflltres de
matiere cancereuse que Ton en faisait suinter par la pression; mais on les dis-
tinguait facilement des tumeurs de nouvelle formation, qui etaient beaucoup plus
petites el de forme lenticulaire.
Les vaisseaux lymphatiques qui se rendent de I'intestin au mesentere etaient
plus developpes qu'a I'etal normal et se dessinaient en blanc sous le periloine.
lis paraissaient distendus par un liquide semblable k celui qu'on faisait sourdre
des ganglions. Nous donnerons plus loin I'examen microscopique que M. Gubler
a bien voulu faire de ces proJuclions.
Le foie n'etait pas notablement change de volume. Sa surface reguliere pre-
sentait des traces manifestes de peritonite ancienne, et etail unie a la parol ab-
dominale par des adherences filamenteuses.
A la face inferieure du lobe gauche etait appendue par un pedicule elroit une
tumeur de la grosseur et de la forme d'une noisette, d'un blanc jaunatre, dure,
criant sous le scalpel , evidemment constituee par de rencephaloide cru. Une
coupe pratiquee dans le foie, au niveau du pedicule de cette tumeur, a fait voir
qu'elle penetrait au moins de 0,03 millim. dans I'interieur de la glande, dans
laquelle elle venait se perdre en se renflant.
D'autres tumeurs moins volumineuses, au nombre de six ou sept, existaient a
la face inferieure et au bord Iranchant du meme organe, et etaient toutes de
meme nature que celles precedemment decrites.
L'uterus avait deux ou trois fois son volume ordinaire, sans que cependant sa
forme fiit manifestement alteree. Le corps et le col etaient envahis en totalitepar
la degenerescence cancereuse, qui presentait sur cet organe tons les degres in-
termediaires entre la erudite absolue et le ramollissement complet. Les ovaires
offraient la meme lesion,
CaviU thoracique. — II existait une petite quantile de serosite dans les pl6-
vres des deux cotes. Au premier abord, les poumons paraissaient sains; cepen-
dant, i un examen plus attentif, au bord inferleur du lobe moyen du poumon
droit et du lobe infcrieur du poumon gauche, on trouvait deux noyaux indurea
du volume d'une noix, piesentant a leur peripherie une coloration rouge pale, et
a leur centre une nuance d'un gris jaunatre, plus marque vers la partie tran-
chante.
Une incision, pratiquee dans I'epaisseur de ces noyaux, laissa voir le tissu pul-
monaire indure, Icgerement granuleux, infiltre d'un liquide grisatre, d'apparencc
125
purulente, que Ton faisait sortir par la pression. Ces noyaux, plonges dans un
vase rempli d'eau,tombaient rapidement au fond.
Le tissu environnant, gorge de sang, etait d'un rouge fonce, ressemblant k un
foyer apopleclique; il est reste permeable k I'air. La plevre, au niveau de ces
royaux, etait veloutee, rugueuse, el offrait des arborisations arterielles nombreu-
ses, dues a une inflammation manifeste. Au-dessous, a la surface des poumons,
SB trouvaient des trainees nolratres dont le siege anatomique etait difficile k de-
terminer, et qui semblaient tenir a un commencement de depot melallique. En
outre, sous la plevre diaphragmatique, dans un point correspondant k la con-
vexite du foie, existaient plusieurs petites tumeurs aplalies, nummulaires, molles,
la plupart grisatres, peu vasculaires, analogues a celles dc I'intcstin ; I'une d'elles,
de la largeur d'une piece de 60 centimes, etait d'un brun rouge et comme erec-
tile ; elle faisait leg^rement saillir la plevre. En incisant, il s'ecoulait un liquide
blanc, opaque, semblable k celui des tumeurs intestinales. Ce depot penetrait
dans le diapliragme et allait se confondre, au-dessous de ce muscle, avec une
couche de meme nature qui I'unissait intimement au bord convexe du foie.
Examen des tumeurs. — 1» Les tumeurs varioliformes de I'intestin grele et
celles du diaphragme laissent suinter par la pression un sue blanc, opaque, trfis-
epais, bomogene, qui se montre au microscope forme d'un liquide dans lequel
nagent une quantite enorme de cellules cancereuses parfaitement caractcrisees,
les unes arrondies, les autres ovalaires ou elleptiques, ou en raquette, en mas-
sue. Ces cellules renferment un tres-gros noyau ovale, pourvu de granulations
fines et de quelques granules fortement ombres, plus gros (nucleoles). II y a aussi
dans le liquide des noyaux isoles et des granules moleculaires.
2° La partie indurce du lobe inferieur du poumon gauche offre en dehors, sur
la plevre, une couche grisatre, molle, formee de detritus fibrineux, de granules
moleculaires en grande quantite, de quelques cellules allongees, k noyau (elements
flbro-plastiques) et de globules pyoides et granuleux.
La substance des lobules indures, qui est grisatre aussi, renferme des elements
semblables, meles a des cellules d'epithelium et a de tares globules de pus pour-
vues de noyaux.
3° Les veines, ou du moins les espaces lineaires, d'apparence vasculaire, noirs
€t comme melauiques, silues sous la plevre diaphragmatique, conliennent, outre
des cellules irregulieres enormes, ayant au moins les dimensions des grandes
cellules cancereuses et chargees de granules moleculaires noiratres, conliennent,
dis-je, une tres-grande quantite de ces granules noiratres, libres,douesdu mou-
vement brownien ou agglomeres, et un certain nombre de globules fortement
refringenls , en apparence identiques k ceux du beurre on aux globules gras
du foie.
4"> La substance du foie est tres-opaque, jaunatre, d'un aspect gras. En efifet,
ses cellules, trfes-ampUfiees, renferment dc veritables goutteleltes de graisse,
dont quelques autres sontlibres dans le liquide, ou elles nagent avec des globules
126
^as, de volumes varies. Quehjucs masses de malitire grasse paraissent demi-
concr^tes.
Gette observation, mallieureusement incomplete en ee qui conceme la marche
■de raffection, surtout pendant les dcrniers jours de I'existence, presente encore
beaucoup d'interetau point de vue de la generalisation cancereuse.
Nous voyons en effet, chez cette femme, le cancer ayant envahi depuis long-
temps I'uterus, et probablement, a une epoque plus recente, les intestins, prendre
■tout k coup une grande extension et apparaitre dans le foie, le poumon et la pI6-
vre ; car, pour nous, les tumeurs constatces dans ces organes sont le premier
degre du developpement local du cancer k I'etat aigu. G'est ce que nous allons
nous efforcer de demontrer, en nous appuyant sur les observations semblables
qui ont fait le sujet de plusieurs discussions interessantes dans le sein de la So-
■ciete anatomiqur.
En 184G, M. Deville presenta a cette Societe les poumons d'un homme qui avail
succombe a la suite d'une operation de cancer de la verge. Sur toute leur eten-
due se trouvaient eparses de petites tumeurs, variant du volume d'un gros pois k
celui d'une noisette, d'un noir grisatre, formees pour la plupart d'une substance
en apparence organisee, de consistance cerebelleuse, parcourues de vaisseaux et
dans quelques points de petils tuyaux ressemblant k des canalicules bronchi-
ques. La pression en faisait sorlir un sue epais et sale.
D'autres, formees de la meme subsiance, etaient reduites en un putrilage epais
et glutineux, d'une teinte grise jaunatre, comme s'il y avait melange d"une
grande quantite de pus. Ces tumeurs etaient entourees d'un kysle jaunatre assez
resistant.
11 n'y avait qu'a hesiter entre des abces de diath^se purulente et des produc-
tions cancereuses. Les avis furent partages. Rien cependant, dans les sympto-
mes, durant la vie ne justifiait I'idee d'une infection purulente. II n'y avait eu
aucun frisson, et le malade s'etait eteint a la suite d'hemorrhagies successives,
deux mois apr6s I'operation.
Les lesions que cet homme avait presentees etaient d'une nature trop obscure
pour permeltre de trancher la question; mais elles eveillerent I'attention, et k
aae des seances suivantes, M. Gubler montra des portions de poumons prove-
nant d'un homme mort dans le service de M. Velpeau, au quinzieme jour d'une
■castration pour un encephaloide.
Les symptOnies qui se montrerent avant sa mort pouvaient aussi bien elre
attribues a une generalisation de raffection cancereuse qu'a une infection pu-
rulente.
A I'autopsie, on renconlra du pus dans les plevres. Les poumons etaient cri-
bles de tumeurs nombreuses, quelques-unes du volume d'un marron, arron-
dies, d'un rouge grisatre, d'une substance molle, facile a ^eraser.
Plusieurs, constituees par une sorte de bouillie grisatre, presque toutes fa-
ciles a enucleer, Etaient entourees par du tissu pulmon^ire sain.
127
Au microscope , elles etaient coiistiluees par les elements librineux da
sang.
Isoles, ces fails n'avaieiit pas una valeur suffisante ; rapproches, ils acquie-
raient plus d'importance. Cependant une discussion assez longue s'ensuivit, et
il resta encore du doute dans I'esprit de quelques membres.
Quelques jours apres, un autre interne de M. Velpeau, M. Lailler, presents
des pieces provenant d'un liomnie qui etail niort a la suite de ['extirpation
d'une tumeur cancereuse de la cuisse. Six semaines apres I'operation, il sur-
vintdes douleurs dans I'abdomen, des frissons et des etouirements. Les pou-
mons contenaient des masses cancereuses evidentes, la plupart placees sous la
plevre. Mais c'etait le foie qui etait le siege des lesions les plus interessantes
il etait rempli de masses de differente nature; les unes cjairement encephaloi-
des, les autres, positivement fibrineuses, etaient noiratres, formees par de la
fibrine imbibee d'une forte quantite de sang. Quelques autres, probablement
plus anciennes, etaient jaunatres.
De ces masses, les unes etaient completement isolees, d'autres etaient appli-
quees centre les tumeurs cancereuses, dont elles ne se trouvaient separees que
par une mince enveloppe.
Au centre d'une de ces tumeurs existait un petit noyau blanc ayanl la plus
grande ressemblance avec de rencephaloide. Ces lesions etaient absolument
semblables a celles qui avaient ete le sujet des discussions dans les seances pre-
cedentes.
Au microscope, MM. Lebert, Robin et Desormeaux ont trouve dans les tu-
meurs cancereuses les caracteres paihognomoniques.
On voit done chez ce malade ua simple epanchementsangnin'subir les diver-
ses transformations habituelles, accompagner et peut-etre preceder la secretion
cancereuse m6tastatique.
De I'expositiou de cesfaits, nous pensons pouvoir conclure que la diathese
cancereuse a plusieurs modes de manifestations:
1" Elle produit des lesions locales essentiellement chroniques ;
2" Elle determine des alterations disseminees, presque toujours secondaires,
mais h marcbe encore lente, la tievre ne se monlrant qu'a la fin avec la cacbexie ;
dans ce cas les productions morbides sont comme interposees dans la trame
des lissus sans que ceux-ci manifestent de reaction ou aient subi la moindre
alteration.
Ces deux modes sont acceples par lous.
3° Enlin qu'une operation ou tout autre circonstance peut donner un coup de
fouet a la diathese cancereuse ; alors se montrent la tievre et des efforts repe-
tes sur plusieurs organes a la fois ou sur divers points d'un menieorgane. Dans
ce cas, les tumeurs primitives s'accroissent plus rapidement, et en outre il y a
tendance a la formation de tumeurs nouvelles, Mais le travail morbirle outre-
128
passani les homes, au lieu d'cpanchements de lymphe plastique oii plus lard
s'organisera la maliere canctireuse, determine des epancheraents de saog en
nature, apoplectiforme, qui tanl6t subissent les cbangements des caillots san-
guios (resorpiion de la serosile, condensation, decoloration, etc.), tantol au
contraire, et cclte derniere modification se presentera dans les cas les plus ai-
gus et les plus inllammatoires, il y aura fonle purulente des noyaux apoplec-
tiques.
On voit d'apres cela que certains cas d'abces multiples visc^raux seraienl le
resultat de la diatbese cancereuse generalisee a forme aigue, pouvant ainsi se
confondre avec I'infeciion purulente proprement dite et par ses symptOmes et
parses caracteres anatomiques, ainsi que cela a eu lieu pour les pieces pre-
sentees par MM. Deville et Gubler qui offraient la plus grande analogic avec
celles que j'ai I'honneur de mellre sous les yeux de la Sociele.
Si dans le cas present on etudie comparativement au microscope les lumeurs
du poumon et celles du diaphragrae qui presentent a I'oeil nu de nombreuses
ressemblances, on trouve que les unes, celles du diaphragme, renferment un
liquide dans lequel nagent une quantite enorme de cellules cancereuses parfai-
tement caracterisees, tandis que celles du poumon ne renferment que des
grandes moleculaires, quelques cellules allongees a noyau, et des globules
pyoides el granuleux. II est pourtant difficile de ne pas trouver la plus grande
analogic entreles lesions du poumon et celles du diaphragme. Pour nous, nous
sommes convaincu que les dillerences constatees au microscope sont dues aux
differences de vilalite des deux organes, et que si cetle femme eut vecu plus
longteraps on aurait trouve dans les poumons, soil dans les tumeurs deja exis-
tantes, soit dans leur voisinage, de la degenerescence cancereuse, ainsi que I'a
montre M. Lailler dans la piece qu"il a presentee a la Societe anatomique et dont
il a ete question plus haul.
IV. — Teratologie vegetale.
SVK. QCELODES MONSTRUOSITES VEGETALES ; par M. GUBLER.
M. Gubler montre un dessin representant une anomalie de la foliole termi-
nale du phaseolus vulgaris ou coccineus dont la nervure mediane s'arrete
brusquement a 12 millim. environ au-dessous du sommet obtus de la foliole,
se detache de la face inferieure (oil Ton sail que les nervures sont toujours
plus proeminentes), devient libre et constitue un veritable peliolule long d'un
centimetre qui se dilate de nouveau pour produire une foliole supplementaire
lanceolee lineaire longue de 2 cenlim. et demi, large de moins d'un centimetre.
Celte foliole semble, par sa forme et ses dimensions, completer la foliole princi-
pale qui est comme tronquee ; elle rappelle la disposition de la bractee florale
du lilleul. C'est la une anomalie elementaire dont on ne peut se rendre compte
par d'aulres circonstances qui s'y Irouveraient renferm^cs.
129
M. Rayer a aussi reniis a M. Gubler une anoniaiie du dahlia, dans laquelle on
voit deux fleurs adossees et placees de champ, mais completes, chacune ayant
la double rangee de folioles de son caiice commun, dont I'exterieure est formee
de cinq pieces dilTerentes et siniule un calicule. Ces Oeurs sont portees sur
un pedoncule commun a I'exlremite duquel elles sont parfailementsessiles. La
forme aplalie de ce pedoncule, la ligure ellipsoide du canal meduiiaire jointes a
I'exislence de deux fleurs completes montrent qu'on a affaire a une veritable
fasciation et non a une synanlhie propremeut diie.
V. — ficONOMIE RURALE.
CASTRATION DEs VACHES ; par M. Desbans.
M. Rayer communique une lettre de M. le docteur Lesauvage, concernant la
castration des vaches. M. Lesauvage annonce que depuis une vinstaine d'an-
nees, M. Desbans, veterinaire qui exerce dans le departement du Calvados, a
pratique cette operation sur une centaine de vaches, et qu'il n'en a perdu qu'une
seule. Suivant M. Desbans, la castration serait specialement applicable aux va-
ches taiirelieres. Les vaches que Ton dcsigne sous ce nom sont affectees de ce
qu'on nomme en medecine fureur uUrine, maladie qui, d'apres les remarques
suivantes, meriterait peut-etre mieux le nom de fureur ovarienne. Ces vaches
ont I'ceil hardi, les oreilles dressees; elles inflechissent frequemment le rein,
agitent sans cesse la queue qu'elles portent haut, et on remarque aux deux cotes
de son origine une depression qui produit une sorte de retraction de la vulve.
Ces vaches sont sans cesse en mouvement, sautent i tout moment sur les au-
tres et ne prennent ni reposni embonpoint. Dans I'herbage, elles fatiguent con-
tinuellement tout le betail, altaquent le taureau lorsqu'il veut fonctionner, font
de grands efforts pour le remplacer et parviennent meme quelquefois k I'eloi-
gner. Cette tourmente continuelle empeche I'engraissement, oblige d'enlever la
vache taureliere de I'herbage et de la vendre a vil prix. L'enlevement des ovaires
fait cesser I'agitation de I'animal, qui engraisse ensuite rapidement.
La castration a ete pratiquee aux fitats-Unis, en Suisse et en France, dans le
but d'obtenir un rendement de lait plus abondant, et surtout de prolonger la
secretion laiteuse au dela de son terme ordinaire, Les observations de M. Des-
bans ne concordent pas avec celles que nous venons de rappeler. II a acquis la
certitude qu'apres l'enlevement des ovaires, la production du lait n'augmentait
pas sensiblement, et que, deux ou trois mois apres, la quantite de lait suivait une
proportion inverse de I'embonpoint, qui allait rapidement en croissant.
Suivant M. Desbans, la castration favorise incontestablement I'engraissement :
c'est li son utilite. La vache, mise i I'herbe , eprouve assez periodiquement le
rut. Alors e!le s'agite, mange moins, et souvent chaque retour fait perdre au
130
rooins (lix a quinze jours de I'engraissage. Elle tourmente quelquefois les autres
vaches k la mani^re des tauriliires.
Pour remedier h cet inconvenient, on est dans I'habitude de placer un taureau
dans le troupeau ; mais bientot il en vesulte une perte par la quantite de nour-
riture qu'absorbe le produit, de nulle valeur lorsqu'on livre la vache a la bou-
elierie.
COMPTi: RENDU
DES SEANCES
BE
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT LE HOIS D"0CT0BRE 1851;
MM. les doctcurs LEBEBT et BROWK-SEQUARD , secr«iairc«.
Pr^sidence de M. HAYER.
I. — Anatomie normale.
SDR LE OEVELOPPEMENT DES tJEUFS DES ARAIGNEES, par M. ViCTOR CaRUS.
Les CEufs ovariens des genres Lycosa, Thomisu?, Salticus et Tegenaria pre-
sentent, en outre de la vesicule germinative , un corps singulier, qui a ele de-
crit par IVUtich dans sa These (Observationes qlvedam he Araneahum ex ovo
EVOLUTIONE, IS45),et qui a ele mentionnee par de Siebold dans son Traite d'ana-
tomie comparee. La nature de ce corps n'ayant pas encore ete etudice suflisam-
132
ment, j'en nil fait le sujet de quelques leclierches , ct ainsi que snr le systeme
ovarien des araignces en general.
L'ovaire presente la forme d'un sac , dans la paroi inlerne duquel s'ins^re
une corde solide a laquelle les cDufs sont fixes par des pedoncules courts. A
Tendroit mcme ou les oeufs sont attaches, les cellules epitheliales qui couvrent
les pedoncules forment plusieurs couches un peu au dedans de I'insertion dc
I'oeuf.
L'interieur des oeufs presente ici presque toujours des corps graisseux plus
grands que les autres elements du vitellus dont je parlerai bientol. La vcsicule
germinative presente, dans toules les esp6ces que j'ai etudiees , la nature celiu-
laire, montrant la tache germinale, comme son nucleus, et presque toujours
quelques corps tres-petits en dedans de celle-ci , rcpresentant les nucleoles. Au
tour de la vesicule gcrminative, on aperQoit, chez les oaufs de plusieurs genres
un peu avances, une sorte de halo formee par des granules tres-fixes. Ce sont
tous les elements qui constituent I'oeuf dans les genres Clubiona, Micrommata,
Agelena, Tetragnella et Epeira; mais dans les genres menlionnes plus haul, il y
a un corps de plus , qui est rond , et ft I'etat frais tros-finement granule. Mais,
bientot apres avoir mis I'ffiuf sous le microscope, on voit les granules s'arranger
dans un sens concentrique.etsurtoutes les parlies peripheriques. L'eau ell'acide
acctique font voir des stries concenlriques. La potasse caustique rend ce corps
extremement raou, au point que Ton pcut le faire disparaitre par une compression
legere. Aulour de ce corps se forme le mcme halo des granules fixes , qui a ele
observe aulour de la vesicule germinative dans les ceufs des araignces depour-
Yues de ce corps nouveau , tandis qu'au point de I'insertion on voit les memes
corps graisseux plus grands que ces granules qui entourent le corps adven-
litiel.
Les OEufs des araignees n'olTrenl pas une segmentation totale, ellev estscule-
mcnt parlielle, c'est-k-dire, leur vitellus contient deux elements differents, ainsi
que les oeufs des oiseaux et des poissons, savoir : le vitellus plastique et le vitel-
lus nutritif. Le premier seulement subil la segmentation. Les deux especes de
vitellus peuvent etre dislinguees aiscment, en ce que le vitellus nutritif est com-
pose de corps graisseux beaucoup plus grands que le vitellus plastique. Le vi-
tellus nutritif se forme , dans les deux series d'ceufs , dans le meme endroit , au
point de I'insertion. Lorsqu'il ne constilue pas une partie esscntielle de I'oeuf, il
provient des cellules en dehors de I'cEuf lui-meme ; ce sont ces corps graisseux
donl j'ai fait mention. Le vitellus plastique, la partie la plus essentielle de I'oeuf,
rst forme dans l'interieur de I'ffiuf, mais dans deux differenls endroits. Dans les
oeufs dcpouTVus de ce corps parliculier que j'appelle noyau vilelcne.le vitellus
plastique provient de la vesicule germinative sous forme de granules ; il se
forme ainsi dans les genres mentionn('s au commencement. — Lc volume dece
corps varie entre 0"',0I — 0"',0'2 ; seulement , dans la Tegenaria domestica, il
atteint 0"',005 de diamelre.
133
.I'ai observe un corps seniblable, compose ties granules un peu plus grands iiue
dans les araignees, dans les oeufs de la Rana lemporaria. Les corps granuleux
sont reunis par une malifere albumineuse, qui se dissout dans I'eau au bout da
quelques heures. La grandeur naoyenne de ce corps cliez les grenouilles etait
de 0'",03.
Quoiqu'il soit vraisemblable que ce corps puisse exister dans tons les reufs de
plusieurs autres animaux, je ne I'ai cherche que dans les genres Cyprinus et
Salmo, parmi les poissons, oi il n'existe pas.
Dans un nouveau travail de M. le docteur de Wiltich, publie dans les Ar-
chives de Muller, 1849, au momBnt ou le mien s'imprimait, ce naturalisle decrit
I'ovaire comme ayant la forme d'une grappe sans enveloppe externc. D'apres des
nouvelles rccherclies que j'ai faites sur ce sujet, je ne puis que conflrmer les ob-
servations de Treviranus et de Siebold , qui ont decrit I'ovaire des araignees
comme je I'ai fait plus haul. Mais un fait plus interessanl, c'est queWitlich fait
mention de corps albumineux d'une forme pas toujours reguliere, qu'il dit avoir
rencontres dans ces roufs. J'ai vu ces memes masses, mais je n'en ai fait aucune
mention , parce que mes observations ne me donnalent pas jusqu'a present la
certitude d'avoir bien observe. D'apres ce que j'avais vu, il m'etait reste I'im-
pression que ces corps etaient des masses d'une substance contractile. On les
voit souvent changer de forme; tantot on y apergoit des vacuoles, tantot ces
corps enferment des granules de vitellus. Ordinairement, ils sont rnnds, d'autres
fois, on en voit deux ou trois se reunir ou se separer. J'ai indique ce fait a M. di'.
Siebold, aupres duquel j'ai fait ces observations, mais je n'avais pas eu le temps
d'etudrer de nouveau ce point d"ovologie. 11 sera tres-important de monlrer
que les ceufs conliennent , dans un ilat amorphe , la substance contractile
dont I'animal , en se developpant , a lesoin dans tant de parlies, et je mc
propose de faire des recherches ulterieures sur ce sujet , i I'aide du galvanisme
applique aux etudes microscopiques.
II. — Physiologie.
RECHERCHES SUR LA GENERATION DES LIMACES ; par M. LaL'RENT.
M. Laurent communique les faits suivants :
1" II a vu pour la seconde fois un Umax flavus, qui sans s'etre jamais accouple
a produit vingt-cinq reufs qui sont feconds et dont le developpement embryon-
naire est dejii au 1 1' jour.
11 rapproclie ce fait d'un semblable, concernant un individu de la meme cs-
p^ce, qui avail pondu successivemeut chaque fois trois a3ufs en trois mois, un
scul oeuf SUV les neuf pondus, etait dans ce cas fccond et donna un cmbryon
rmal.
1" II -a vu, il y a quelqucs annces, un ojuf de limax agrcstis dont le vilellu.s
i3it
itait entoure d'un grand nombre Je zoospermes sous la forme primitive qu'ifs
ontdans le paienchyme tesliculaire et dans le premier spermiducte.
Ces fails lui semblent devoir servir ii jeler quelque jour sur le probleme con-
cernant le lieu oii s'opere la fecondation dans les gasteropodes hermaphrodites
insudisants.
Dans une communication posterieure, M. Laurent annonce que le meme indi-
vidu du limax flavus qui a pondu le I" octobre, vingt-cinq ffiufs f^conds donl ie
developpemcnt normal est en voie de tendance a raccomplissement, vlent de
faire une nouvelle ponte de 14 oeul's. Cetle deuxieme ponte par un limax vierge
sera peut-etre f6conde et constituera un fait de plus pour eclairer la question
problematique du lieu oii s'opere la fecondation dans les mollusques gasteropo-
des hermaphrodites insuflisants {t8 octobre).
III. — Anatomie pathologiqde.
SUR DEDX CAS d' ALTERATION DU FOIE ET SUR UN CAS DE FONGCS DE LA DDRE WfeRE ;
par MM. Cl. Bernard et Charcot.
M, Claude Bernard et M. Charcot communiquent les observations snivantes :
1° Granulations graisseuses du foie. — Un homme, age de 40 ans, prescnte
tous les signesde la tuberculisation generate la plus avancee. — Signes sthetho-
scopiques el plessimetriques d'excavations spacieuses dans les deux poumons. —
Phthisie laryngee, aphonic; diarrhee incessante, probablement produitepar des
ulcerations tuberculeuses. A I'autnpsie du cadavre, on trouve les poumons farcis
de tubercules dans leurs lobes inferieurs, et creuses de grandes cavernes a leui-
sommet. Ulceration des cordes vocales inferieures; tubercules dans les ganglions
mesenteriques ; ulceration a fond tuberculeux dans Tileon et le colon. Le foie est
un pen plus volumineux qu'il ne doit I'etre ; sa coloration generale est foncee, sa
consistance est augmenlee, son tissu eric un peu sous le scalpel, il est gorge de
sang noir; il est seme d'une quantite de granulations, du volume d'un petit pois,
pour la plupart, lesquelles ont, pour I'aspect, la plus grande analogic avec les
tubercules des autres visceres. L'examen microscopique demontre a M. Bayer
que ces granulations ne sont pas des tubercules, raais blendes granulations he-
patiques, surchargees de globules de graisses. L'lnfiltration du paienchyme du
I'oic, par des globules de graisse, au lieu d'envahir le foie tout entier, et de le
transformer en foie gras, comme cela a lieu le plus habituellement, ne se mon-
trait ici, que dans un certain nombre de granulations hepatiques isolees les uncs
des autres.
2" Aratomie d'un foie atteint de cirrhose. — Un homme, age de 45 nns,
entre k I'liopital de la Charite, le 8 aoiit 1851 ; hydropisie ascitc considerable,
ffideme des membres inferieurs, des bourses et du penis; amaigrissement du
thorax, de la face et des membres supcricurs; Icinte jaunatrc, plombcc, et
Hieme parfois jcterique des teguments. La peau cft on mcmc temps s^chc et
135
Jtigueuse. Le coeur, de volume normal, ne presente pas de bruits anormaux; Ic
bord inferieur du foie ne peut etre limile par la percussion, mais son bord supe-
rieur ne remonte pas au-dessus du mamelon , malgre la distension de Tabdo-*
men. Les urines sent d'une couleur rouge fonce. Les rcactifs n'y demontrent
pas I'existence de la matiere colorante de la bile.
Le 19, la sulTocation etait imminente, et le malade demandail h grands cris
du soulagement ; une ponction de I'abdomen est pratiquee le 20 seplembre par
ies moyens ordinaires. La serosite qui s'ecoule est transparente. Le lendemain,
douleur abdominale h la pression , vomissements bilieux incessants, diarrliee,
fievre. La cirrhose (car tel avait ete le diagnostic), s'etait done compliquee d'une
peritonite aigue, dont la ponction abdominale semble avoir ele la cause provo-
catrice. Le malade succombe le 28 septembre.
Cet homme se disait malade depuis six mois environ ; il n'etait pas buveur, et
il n'avait jamais remarque d'accidents syphilitiques.
A I'autopsie du cadavre, on note : lo les lesions d'une peritonite generale in-
tense ; 2° une diminution de moitie au moins dans le volume du foie, qui est en
Jneme temps legerement bombe, d'une coloration jaunc generale, et dont le
lissu est dur et crie sous le scapel. Sur la coloration jaune generale se detachent
des granulations noiratres.
Le foie petit est ratatine et comme cliagrine t sa surface exterieure par une
multitude de petites elevures inegales et diversement colorees. La couleur de ce
foie ne rappelle en rien celle du tissu hepatique sain. Sur un fond d'un blanc-
gris sale, on remarque trois couleurs principales, le noir, le rouge lie-de-vin
et le jaune , disseminees comme un granit a la surface du foie. Les colorations
jaune et noire appartiennent generalement aux elevures dela surface liepatique,
tandis que la couleur rouge lie-de-vin se voit par transparence au travers de la
membrane peritoneale epaissie.
Sur la coupe du tissu du foie, on observe egalement une sorte de marbrure
granitee, formee par les trois colorations visibles k la surface exterieure du foie,
savoir, le jaune, le noir et le rouge lie-de-vin. Seulement il est a remarqucr que
les granulations de couleur noire siegent plus specialement dans le tissu hepa-
tique qui avoisine la surface exterieure de I'organe , tandis quo les granulations
jaunatres sont assez uniformement repandues dans le tissu du foie. Les laches
rouges lie-de-vin suivent plus specialement les branches de la veine porte. On
voit en outre sur la coupe du tissu hepatique des points blancbatres comme
fibreux, coincidant avec un epaississement de la membrane de Glisson, une
atrophic evidente et une diminution de calibre des vaisseaux sanguins hepati-
ques, qui semblent epaissis dans leurs parois, surtout pour les rameaux de la
veine porte.
A I'examen microscopique , on constate quelques differences de structure, sui-
vant les points du tissu hepatique qu'on examine.
1" Quand on soumct au microscope la substance des granulations jaundlrcs
136
du foie, on voil qu'elle est composee par un grand nombie de cellules hepa-
liques assez reguli^res et assez developpees, et melangees d'une grande quantile
de graisse k I'ctal ue gouttelettes huileuses qui sont , les unes adlicrentes aux
cellules hepatiques , les autres libres sur le champ du microscope. Les cellules
hepatiques, pourvues pour la plupart de noyau, ne paraissent pas offrir d'allera-
tion bien speciale , si ce n'est une sorte d'inQltration graisseuse pour quelques-
unes d'entre elles.
2" La substance, qui constitue les granulations noires , ayant leur siege pres
de la surface exterieure du foie , presente une structure dilVerente. Les cellules
hepatiques qui y sout nombreuses, sont generalement plus petitcs et plus irrc-
gnli^resdans leurs formes que celles de la substancejaune. Quelques-unes ont un
noyau interieur, mais aucun ne contient de graisse adherente ou libre a I'etat do
globules liuileux, comme dans la substance des granulations jauncs. De plus .
on rencontre dans ces particules noiratres du foie un grand nombre d'elemenls
Ubro-plasliques, qui sont generalement d'un petit volume, mais d'une forme par-
faitement caracteristique. On ne pourrait pas toutefois en inferer que la prc-
.■•ence des elements fibro-plastiques est distinctive de I'alteration noire du foie ,
car on retrouve ces memes elements dans d'autres points du tissu malade du foie,
surtout lorsqu'on examine son tissu dans les parties les plus voisines de la sur-
face exterieure de cet organe. Mais dans les particules jaunes du foie, on ne
decouvre aucune trace de ces memes elements fibro-plastique.
3» Dans Ifs points rouges lie-de-vin, on remarqueau microscope a peu pres
la meme structure que dans les parties jaunatres du foie, qui paraissent seule-
ment avoir ete teintes dans ces points par de la matiere colorante sanguine.
Comme dans les granulations jaunes , le microscope n'y montre que des cellules
hepatiques plus ou moins melangees de graisse a I'ctat de globules huileux.
En resume, cefoie se dilTerencie d'un foie sain par son aspect et sa forme spe-
ciale, et par une grande consistance.qui leur senible etre due, surtout h. I'epais-
sissement de la membrane de Glisson et des vaisseaux sanguins. De plus , a
I'examen microsopique , le tissu de ce foie altere offre une modification dans
I'aspect et le volume des cellules hepatiques , et de plus la presence d'un assez
grand nombre d'elements flbro-plastiques.
3" Anatomie d'un FONGis DE LA DURE-MiiRE. — Uuc fcmme agce de 28 ansy
cuisiniere, entre le 1" septembre 1851, dans le service de M. Rayer.
Cette femme se plaint depuis longtemps de douleurs dans la tete, douleurs
dont elle ne pcut preciser le siege. Ces douleurs ne sont pas accompagnces de
vomissements. Elle vient a pied a I'hopital, ct dans la premiere quinzaine de
son sejour, elle n'offre pas d'autres symplonies que ceux de la chlorose. Ce-
pendant, deja elle se plaint de voir mal de I'ocil gauche, etla paupierc du meme
ciMc est un peu tombante. Les douleurs de tele sont intenses ; mais leur siege
n'est pas precis. Le 20, du subdelirium se montre, la face est un peu injcctee,
la malade s'agite dans son lit, qu'cUc no qiiiltc plus. Pas de vomisscmcnls, pa?
137
Je contracture, pas de paralysie du sentiment ou du mouvement dans aucun
des menibres superieurs ou inferieurs. La paupiere gauclie tombe sur le globe de
I'oeil et en recouvre iiabituelleraent la moitie superleure; cependant la malade
pent encore elever parfois la paupiere quand on lui ordonne de le faire. La
pupille du memo cote est Ires-dilatee; I'oeil, fixe et immobile, n'est pas dirige
plutot en dedans qu'en dehors. Get ceil ne peut suivre un objet que Ton fait
mouvoir devant lui. 11 est difficile de dire si la vision est modifies, et comment
elle est modifiee ; car la malade delire completement. Sangsues derriere les
oreilles ; purgatifs. Les jours suivant, ctat typhoide, parfois de I'agilation, plaintes
continuelles. IVlemes phenomfines du cole de I'ceil et de la paupiere gauche ; pas
de vomissements. Aucun phenomene k signaler du cote des membres, que la
malade fait mouvoir. La sensibilite generate est intacte.
La malade meurt presque subilement le 29 septembre, alors que, depuis deux
ou trois jours, son etat avail paru s'ameliorer.
A I'ouverlure du crane, on trouve la dure-mere adlierente au cerveau dans un
point tres-circonscrit de la partie anterieure et externe du lobe moyen du cote
gauche-, au niveau de la terminaison externe de la scissure de Sylvius. En ce
point, la dure-mere donne attache a une sorte de champignon pedicule, du vo-
lume d'une grosse noix, lequel penetre tout entier dans la substance cerebrate
qu'il a deprimee. La surface de ce champignon est separee de la substance cere-
brale par une sorle de kyste a parois vasculaires, du volume d'un gros ceuf de
pigeon. Ce kyste contient un liquide jaunalre, hyalin, comme gelatineux. 11
apparait sur la parol superieurs du ventricule lateral gauche, un peu en dehors
du corps strie correspondant. Le corps strie, la couche optique et la substance
cerebrale qui avoisinent tant le fongus que le kyste, presentent tous les carac-
teres du ramollissement blanc dans une certaine etendue {k peine peut-on re-
connailre la forme du corps strie; mais dans la place qu'il occupe, la substance
cerebrale est changee en une masse pultacee sans trace de vascularite). Les nerfs
optiques, ceux de la troisieme el sixieme paires, sont parfaitement libres et nul-
lement comprimcs. II en est de meme de I'origine des nerfs de la cinquieme
paire.
L'examen anatomique de la tumeur a demontre qu'elle adherait intimement
a la dure-m6re par un pedicule assez large. A la coupe, la tumeur ne criait pas
sous le scalpel ; elle offrait une couleur jaunatre plus vasculaire pres de sa sur-
face et oll'rait 9a et la quelques points ramollis.
A I'observation, microscopique, a un grossissement de 350 diametres, on a
trouve le tissu de ce fongus de la dure-mere, constitue presque exelusivement
par des elements bien analogues par la forme aux cellules Cbro-plastiques, mais
en differant cependant par quelques caracteres qui seront indiques plus loin.
Dans les parties ramollies de la tumeur, ces elements anatomiques s'isolent et
se dissocient facilcment, tandis que dans les parties plus resistantcs de la tu-
meur, ils restent unis et agglomercs en un lissu analogue pour I'apparence k ce
138
qui a I'te appele tissu libro-plastiquc. Parmi ces elements anatuiniiiues, il en est
cominc pour les cellules fibro-plastiques qui sont pourvus de deux queues tr^s-
allongees, landis que d'autres, qui n'ont qu'une seule queue , presentent ainsi
la forme d'une raquetle. Dans leur interleur, toutes ces cellules offrent des gra-
nulations moleculaires et un ou quelquefois deux noyaux. Les caracteres qui
rapprochent ces elements anatomiques des cellules fibro-plastiques sont:leur
forme, la longueur des queues qui les terminentet leur slraliflcation en un tissu
serre conslitue en lotalite par ces cellules placees longitudinalement a cote les
unes des autres. Les caracteres qui dillerencieraient ces elements anatomiques
des cellules (ibro-plastiques et pourraient les rapprocher d'une forme de cellule
cancereuse sent leur volume beaucoup plus considerable que celui des cellules
libro-plasliques, la nettete de contours et I'lividence des noyaux interieurs. Si
ce rapprochement pent etre fortifie par I'existence dans le tissu de la tumeur de
quelques autres cellules tres-rares, il est vrai, mais ayant une forme ovale avec
un ou deux noyaux interieurs et ressemblant ainsi beaucoup k la cellule cance-
reuse la plus ordinaire, il faul ajouter que les cellules allongees ne rentrent ri-
goureusement dans ancune des foimes des cellules canccreuses figurees jus-
qu'ici.
IV. — Teratologie.
SUR UNE ANOMALIE DE POSITION DES TESTICULES ET DE L'ePIDIDYME; par M. FOLLIN.
M. FoUin monlre a la sociele un nouvel exemple d'anomalie de position du
testicule, decrit dejS par lui dans les archives (juillet 1861), c'est un testicule
retenu a I'annean inguinal interne avec un epididyme descendu au-dessous de
lui dans le serotum.
Ce testicule est legerement alrophie, il mesure dans son plus grand diamctre
3 centimetres, tandis que dans le testicule du cote oppose on trouve 4 centimetres;
cette atrophic existe constamment dans les testicules retenus i I'anneau, dans le
canal incninal ou dans I'abdomen : sur ce testicule est place un epididyme, long
aussi de 3 centimetres. La tete et le corps de I'epididyme n'ofFrent rien de special;
mais au niveau de sa queue on voit partir un simple filament, canal deroule de
I'epididyme qui descend dans le scrotum suivant une etendue de 3 centimetres
en ne conservant qu'une marche tres-peu tortueuse; bientot ce canal s'enroulc
de nouveau et scs flexuosites augmentant, on retrouve I'aspect general de la
queue de I'epididyme. Mais ce deroulement de I'epididyme a gagne le fond du
scrotum et on le trouve situe k G centimfelres 1/2 au-dessous de I'extremite infe-
rieure du testicule; aux dernieres flexuosites de Tepididyme succede le canal
deferent qui rcmonte vers le canal inguinal suivant sa route habituelle.
L'cpididyme, en descendant ainsi dans les bourses en avant du testicule, a
entraine une gaine peritoneale en dehors de laquelle il se trouve situe tou-
tcfoif.
J
COMPTI! RIINDU
MS SEANCES
UE
r r
LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDAM I.E MOIS DE IVOVEMBRE 1851 ;
FAR
U. le Doclcur SEGOND , secretaire.
Pr^sidence de M. RAYER.
I. — Principes imm^diats.
DE LA PRESENCE D'uN ACIDE LIBRE S^CR^T^ PAR LES PODMONS DECOMPOSANT LES CAR-
BONATES ALCALINS DU SANG, ET METTANT AINSI L' ACIDE CARBONIQtE EN LIBERTE ;
par M. Verdeil.
« Parmi les resultats auxquelsm'ont amene les recherches que j'ai entrepriscs
sur la composition des humeurs et des lissus des animaux, il en est qui sont de
nature a interesser la Societe de biologie.
IZiO
I) J'ai trouve dans le parenchynie du poumon des mammiferes un acide parli-
culier, que je suis parvenu k isoler a I'otat parfaitement pur et crislallise.
» Le tissu du poumon d'uii animal tue fraicliement ne lougit pas sensiblemenl
le papier bleu de lournesol. Mais lorsqu'on liache ties-fm une certains masse
de poumon, qu'on le fait macerer avec un peu d'eau tiede, on remarque que la
liqueur poss6de une reaction acide; reaction qui devient ires-nelte lorsqu'on a,
par la chaleur, coagule Talbumine et les globules sanguins qui rougissaient ia
liqueur.
» Cette acidite est due a la presence d'un acide libre en dissolution dans les
sues dont le tissu pulmonaire est impregne.
» Ce corps est forme de carbone d'hydrogene, d'azote et d'oxygene dans des
proportions definies.
» II cristallise en aiguilles brillantes reflechissant fortement la lumiere.
» II est assez soluble dans I'eau froide, presque insoluble dans Talcool froid,
raais plus soluble dans I'alcool bouillant. L'alcool absolu bouillant n'en dissout
qu'une tres-petite quantite. U est tout a fait insoluble dans I'ether.
» II possede une reaction acide, et chasse I'acide carbonique du carbonate de
soude et de potasse.
» ChaulTe jusqu'a lao deyres, il ne perd point d'eau de cristallisation. A une
temperature plus elevee, il crepite, devient opaque et se decompose en donnant
lieu a des produits empyreumatiques ;il forme une masse charbonneuse qui dis-
parait completenient sans laisser trace de cendrr.
» Le parenchyme des poumons renferme done ainsi un acide libre ; nous avons
pu constater aussi qu'une partie de I'acide que nous extrayons du poumon exis-
tait dans ce tissu a I'etat de sel de soude,
• Que doit-on conclure de la presence d'un acide dans les poumons? 11 est
evident que soumis aux lois generales qui regissent les corps chimiques, cet
.•icide doit decomposer les carbonates alcalins amenes par le sang ; ceux-ci mis,
dans le poumon, en contact intime avec I'acide qui en baigne le tissu, il doit sb
former un nouveau sel de soude et de I'acide carbonique doit etre degage.
» Les vesicules pulmonaircs secrfitent incessamment notre acide, qui se Irouve
en contact avec le carbonate de soude du sang amenc par les capillaires; I'acide
se combine avec la soude du carbonate; I'acide carbonique devient libre, et
pent alors sortir par la respiration. Le nouveau sel de soude forme retournedans
le sang oil nous I'avons retrouve, non pas libre, mais combine avec de la
soude.
» Ce travail est continu ; lout dans les caracteres de I'acide et dans les phe-
nom^nes de la respiration concourt a verifier non pas une theorie, mais ce fait
qu'un acide constamment secrete par les parois des vesicules pulmonaires de-
compose le carbonate de soude du sang en contact avec lui et met son acide
rarbonique en liberie.
• Ce fait vjcnl expliquer, enlre aulres observations physiologiques, la derom-
I
position descyanures ou des bicarbonates ak'alins injectes dans Je sang lorstiu'iis
anivent dans ie» poumons, faits observes par M. (Jl. Bernard. •
11. — Anatomie >ormale.
1»S»JR LES ORGANES DE LA Gl^NERATIOX ET l'EVOLUTION DE LEURS PRODUITS CUEZ
LES POLYPES DU GENRE HYDRA ; par M. Cu. RoUGET.
An niois de mai dernier, en examinant des hydres vertes, je trouvai ii la face
exlerne du corps deux sortes de renflements, I'un esp6cedebourrelet, soulevant
la membrane externe situee au voisinage du pied, etait evidemment ce que tons
les observateurs out considere comme un ceuf en voie de developpement; les
autres exeroissances, moins volumineuses, mamelonnees, siUiees au Yoisinage
des tentacules, ont ele considerees par Vallois, Roesel et M. Laurent, comme des
pustules morbides, comme le resultat d'une maladie de I'hydre. L'examen mi-
croscopique m'ayant montre dans ces petites tumours des spermatozoides par-
faitement caracterises, je crus avoir observe un fait entierement neuf; mais
depuis ma premiere communication k la Societe de biologie, je me suis assure
que Ehrenberg, Wagner et Siebold avaient avant moi constate I'existence de
spermatozoides dans les diverses especes d'hydres. Neanmoins mes observations
m'ayant permis d'etablir quelques faits nouveaux relatifs k revolution des sper-
matozoides etdes elements de I'organe femelle, je crois utile de les consigner iri.
Organes MALES. — Les capsules seminales, en nombre variable, de quatre a
sjxou plus, siluecs immediatemont derriere les tentacules, sont de petites lu-
meurs hemispheriques, de petits boutons surmontes d'une esp6ce de mamelon
de papille, par le sommet de laquelle on voit sortir les spermatozoides. La mem-
brane d'enveloppe de la capsule serainale est amorphe, et n'est pas, comme la
membrane d'enveloppe de I'organe femelle, un prolongement de la membrane
externe de I'animal. Le contenu de cette capsule male repose sur cette meme
membrane externe, tandis que le contenu de I'organe femelle est depose en quel-
que sorte entre la membrane interne et la membrane externe.
Au voisinage du mamelon, on voit deja, a un grossissement de 300 diametres ,
les spermatozoides s'agiter dans I'interieur de la capsule. En se rapprochant
davantage de la parol du corps, le contenu de la capsule est constitue par des
cellules spermatiques, des ceufs males a dill'erents degres de developpement ;
revolution est d'autant plus avancee qu'on se rapproche plus du mamelon. Le
premier dcgre consiste dans des cellules de volume variable, dont les plus grosses
ODt jusqu'a 14/860 de millim. de diametre. Dans I'interieur de ces cellules sont
contenues de petites vesicules (deux a quatre ordinairement, quelquefois plus)
resultant de la segmentation du contenu de la cellule. Le volume de ces vesicules
est constant ; Icur diametre est de ;5 a 4/860 de millim.; au centre on aper^oit
une tache etroite, obscure, de 1 a 2/860 de millim. de long. En pressant sur la
capsule seminale, on en fait sorlir des amas de ces vesirules encore agglu-
142
lin^es ensemtilc, niais debarrassees de I'enveloppe de la cellule-mere. A un gros-
sissement de 300 diametres, on voil deja tris-nellement ces amas de v^siculcs
etre agites de mouvement ; nnais il ne faut pas moins un ^rossissement de 860
diametres pour constaler tous les details de leur structure. On voit alors que les
mouvements de ces vcsicules soiit dus a des cils extremement delies, longs de
25 a 30/860 de millim., qui sorlent de I'inlerieiir de chaque vesicule. On voit
quelques vesicules se detacher des groupes et nager librcment a I'aide des mou-
vements de ce filament qui ii'esl autre chose que laqueuedu spermatozoide, dont
ia tele reste enveloppee comme dans une espece de capuchon, dans la cellule
oii il s'est developpe et a I'egard de laquelle il joue le role de noyau. Le filament
caudal, d'abord enferme comme tout le spermatozoide dans I'interieur de la ve-
sicule, sort le premier, et bienlot, quand le spermatozoide a accompli toutes
les periodes de son developpement, la tete elle-meme se degaae de la vesicuh-
mfere, et le spermatozoide execute alors des mouvements tres-vifs.
Organe femelle. — Tous les polypes que j'examinai etaient pourvus de cap-
sules scminales; mais un certain nombre manquaient de renflemenis ovariques,
el parmi eux quelques-uns portaieni au voisinage du pied des rejetons gemmu-
laires i divers degres de developpement. Dans ce dernier cas, les capsules semi-
ualesrenfeimaieutpen ou pas de spermalozoaires bien developpes. On sail que
la generation gemmulaire precede chez les polypes la generation ovulaire. Des
fails qui precedent, il resulle done que les organes males commeneentci se deve-
lopper avaot I'organe femelle, je les ai vus aussi persister apres I'entiere evolu-
tion d'un bourrelet ovarique.
j'ai pu suivre presque toutes les periodes de developpement de ce dernier or-
gane. Ce n'est d'abord qu'un depot de cellules rouvelles dans un point de la pa-
rol du corps entre la membrane interne el la membrane externe du polype. Peu
a peu les cellules pullulent, le depot augmente surtoul au centre et souleve la
membrane externe. Bientot le renflemenl devient de plus en plus globuleux,
s'elrangle h sa base, la membrane externe se dechire dans un point, et laisse
I'chapper une masse irreguli6rementglobuleuse, que tous les observateurs s'ac-
cordenl a regarder comme I'oeuf du polype.
Enlouree par une louclie gelatiniforme assez resislante, celte masse ovulaire
parait consliluee uniquemenl pour d'innombrables vesicules de 8 ^ 10/440 de
(liamelre, remplies de globules vilellins el ne presentant aucune trace de noyau
iii de nucleole. On n'a pu y decouvrir jusqu'a present ni tache ni vesicule ger-
minalive, et eel oeuf differait en outre des ujufs de tous les aulres animaui en ce
que la segmentation du jaune s'y operail avant le moment ou i'oeuf sedetache
de I'ovaire.
Mais ce n'est pas \k la seule difference entre cette masse ovulaire et un pori avec I'inteusite
de la respiration, il elait naturel de supposer que I'appariiion du sucre dans
l/l5
I'arine des animaux que je piquais k la moelle allougee etait le resullai d'uae
combustion incomplele par suite d'une energie moins grande dans I'actiTite
respiratoire. Cette liypothese avail pour elle un autre fait que j'ai egalement
decouvert, a savoir, que chez les foetus, le sucre se trouve dans I'urine et dans
les liquides amnioiique et allantoidien. Cependant j'ai toujonrs repousse, dans
mes lemons particulieres et dans mes cours publics au college de France, cette
explication purement chimique, pour en admetlreune autre plus physiologique,
qui consiste a dire que I'excitation produite dans le sysleme nerveux fait de-
verser dans le sang une quantite de niatiere sucree trop grande pour etre de-
truite dans un lenips doiiue, d'oii il suit que I'exces passe dans les urines, ab-
solunient comme cela arrive a un animal chez lequel on injecte par la veine ju-
gulaireune trop grande quantite de glucose.
» Tout recemmeni, on a pense appuyeria theorie chimique de la combustion
incomplete du sucre, comme cause de I'apparition de celte niatiere dans I'urine,
en annongant que I'etherisation et les causes qui diraiouent la respiration en
asphyxiant, peuvent faire apparaitre I'urine siicree. Tout en reconnaissant I'in-
leret qui s'altache aux resultats signales, je ne crois pas qu'ils soient de nature
a prouver que le passage du sucre dans I'urine depend d'une combustion in-
complete dans le pouinon. En effet, un des moyens les plus certaiuset les plus
puissanis pour diminuerl'energie respiratoire, consiste a couper les deuxnerfs
vagues dans la region du cou ; or, dans les experiences excessivement nom-
breuses que j'ai faites a ce sujet depuis tres-longlemps, je n'ai jamais vu cette
operation ameuer du sucre dans I'urine, et j'ai indique a!i contraire depuis
Ires-longtemps qu'elle faisait disparaitre le sucre dans le tissu du foie : il en est
de meme de beaucoup d'autres causes asphyxianles. Je pense done que I'eiher
ou les auires moyens employes n'ont point determine le passage du sucre en
agissant comme asphyxiant, mais en agissant specialement comme modilica-
teurs du sysleme nerveux. Je developperai bienlot, dans un travail que je pre-
pare depuis longlemps, le mecanisme de cette sorte de diabete sucre artificiel
que j'ai produit, non-seulement par la piqure de la moelle allongee, mais encore
en moditiant le sysleme nerveux par une foule d'autres causes tres-diverses en
apparence, telles que par certaines commotions cerebrales, par Taction du cu-
rare combinee avec rinsulilation pulmonaire, etc. J'espere demonlrer que dans
tous les cas I'apparition du principe sucre dans I'urine a pour cause commune
essenliellel'excilalion du sysleme nerveux grand sympathique.
» Je terminerai ces remarques en disant qu'on s'esl irompe quand on a sup-
pose que, dans mes experiences, je pique la moelle allongee liy maniere a dimi-
nuer la respiration, par une blessure qui inleresserait le point de la moelle plus
specialomenl en rapport avec le phenomene respiratoire, el qui a ele designe
par M. Flourens sous le nom de ncBud vital ou point vital. Je pique beaucoup
plus haul pour determiner le passage du sucre dans I'urine, et j'ajouterai que
lorsqu'on blesse !a moelle nu niveau dn point vilal, non-sculement on ne deter-
mine pas rapparition du principe sucre, Diais on le fait au coDtiaire complete-
ment disparaitre, meme dans le tissu du foie. » (31 oclobre.)
3" INFLUENCE D'UNE PARTIE DE LA MOELLE EPINlfeBE SUR LES CAPSULES SURRENALES ;
par M. Brown-Seouard.
Sur 8 ou 10 cochons d'Inde ayant eu une moitie laterale de la moelle epiniere,
au dos, coupee depuis huit, dix ou quinze mois, M. Brown-Sequard a trouveune
hypertrophie tres-notable des deux capsules surienales. Ces ortianes avaient ac-
quis, dans quelques cas, le triple de leur volume normal, el dans d'autres cas
seulement le double. II n'a pas paru y avoir de cliangement dans leur striic-
ture.
En examinant des capsules surrenales sur des cochons d'Inde ayant subi, de-
puis quelques heures ou quelques jours, la section d'une moitie laterale de leur
moelle epiniere, au niveau des dernifires vertebrcs dorsales, M. Brown-Sequard
a trouve ces organes congestionneset contenant meme un epanchement de sang
plus ou moins considerable. II y a lieu de croire que c'esl celte hyperhemie qui
produit rUypertrophie de I'organe qu'on rencontre chez les animaux operes de-
puis longtemps.
Bien que la section de la moelle, qui est suivie d'une congestion des capsules
surrenales, soit faite au voisinage de ces organes, M. Brown-Sequard ne croit pas
que cette congestion soit un resultat mecanique de I'operation. II croit qu'elle
provient d'un trouble particulier de Taction nerveuse. 11 fait remarquer que les
reins ne presentent aucune trace de congestion, meme dans les cas ou il y a une
hemorrhagic considerable dans les capsules surrenales.
Quel que soit le cote de la moelle qui ait ete lese, les deux capsules surrenales
se congestionnent et a peu pres au meme degre. Quelquefois il a sufli de piquer
la moelle pour agir sur ces capsules.
Les lesions de la moelle epiniere, partoul ailleurs que dans la portion dtendue
depuis la premiere vertebre dorsals jusqu'a la tioisieme verlebre lombaire, sont
seules capables de congestionner et de produire I'liyperlrophie des capsules sur-
renales.
IV. — Exploration pathologiqde.
1* OBSERVATION D'DN NOUVEAU NEAFFECTE D'UYDROCEPHALIE SANS ADGMENTATION
DE VOLDME DE LA BOiTE CRANIENNE ; par M. HENBI ROGER.
Neslorine, tille, nouvellement nee et deposee k I'hospice des Enfants-Trouv6s,
le 20 octobre 1851, me fut presentee le 21 ; elle oD'rail uue teinle rouge vineuse
de toute la peripherie cutanee et une coloration seniblable des membianesmu-
queuses ; les extreniites surlout avaient iine couleur violelie, et en outre elles
elaient le siege d'un oedeuie tres-ni;ir(iue, cedeme nioiiis pronoiice duns les au-
Ires regions du corps, et iion complique alors d'iuduraiion du lis.^u cellulaire
147
inliltre. L'entant etait un peu froide et un peu endormie, comrae le soul toujours
les sujets affectes d'oedeme des nouveau-nes; du resle, elle criail, elle reinualt
les pieds et les mains spontaDement, mais le cri eiait faible et incomplet, les
mouvements etaienl lents ; la succion elait tres-peu energique, et quand on in-
troduisait le doigl dans la houche, qui elait fraiche, celle-ci s'entr'ouvrait el
restait beanie apres quelques legers ed'orls d'aspiration ; la circuliflion et la res-
piration elaientun peu ralenlis. Celte paresse des mouvements, cetle langueur
des foDclions, cette exigui'ledu cri et celie somnolence continuelle contrastaient
avec la force apparente du corps, avec le volume assez notable des membres
de I'enfant, laquelle semblaii une grosse et robuste lille, contrairement k ce
qu'on observe pour les oedemateux, le plus souvent faibles de naissance el fre-
quemment non a lerme. Mais conmie Neslorine avail un cedeme ires-evident et
comme les phenomenes d'assoupisseraent et d'allanguissenienl fonctionnel sont
caraclerisliques de cette atl'ection, ils ne nous etonnerent pas aulrement, et
pour nous cette petite maladc ne parut differer en rien des aulres enfanis oede-
uialeux.
Le lendemain et les jours suivants, il n'y eul de change dans la position de
celte petite iiile que la diminution de I'oedeme, I'apparition d'une teinte jaunatre
de la peau se melanl a la leinte vineuse des teguments, seulement I'assoupis-
semenl et la refrigeration generale augmenterenl en meme temps que I'inOI-
iralion du tissu cellulaire se transforma en endurcissemenl; mais il n'y eul po-
silivement aucun phenomene ni de convulsion, ni de paralysie proprf menl dite :
I'enfant senlail et remuait, comme on s'en assura plusieurs fois, el, je le re-
pele, le demi-sommeil oil elle elait plongee, la lenteur de ses mouvements el
sa sensibilite moindre aux influences du monde exlerieur n'eiaienl pas plus pro-
nonces qu'ils ne le sont habiluellemenl dans le sclerema; la torpeur generale
des fonctioBS nous parut dependre de cetle affection, ainsi que de I'abaissement
de la temperature animale qui la caracterise (le matin du jour ou la mort eul
lieu, le lliermometre place dans I'aisselle ne marquait que 27° et demi centi-
grades, au lieu de 37°, chill're moyen de la temperature des nouveau-nes). La
petite malade fut observee avec soin, et jusqu'aux derniers moments, on ne con-
slata, du cole du sysleme nerveux, aucun desordre qui fiit en rapport avec I'al-
teration extraordinaire du cerveau que la necropsie revela.
La mort ne survint que le 29 octobre au soir, c'est-a-dire apres dix jours
d'exislence.
Necropsie. — L'examen anatomique revele les alterations propres a I'cEdeme
dur, rinliltralion du tissu cellulaire par une serosile jaunatre, et en outre I'hy-
periropliie de la couche graisseuse. On irouve, comme cela est si commun dans
le sclerenie, une apoplexie des deux poumons, bornee a quelques noyaux pour
les lobes superieurs et pour le cole droit, mais comprenant la presque lotalite
du lolie inferieur gauche; le parenchyme est dur, d'un rouge noiratre, friable,
et comme constilue par un caillot sanguin. Si Ton pouvalt douter de la nature
lis
apoplecliquc ile cetie lesion pulmonaire, on la reconnallralt h Texistence d'une
meme infiltralion sanguine du tissu cellulaire qui occupait chez la petite malaiie
la panie anterieure et superieure de la region axillaire.
II n'y avait pas d'auire epanchement sanguin dans les autres visceres, qui
paraissaient a I'elat normal; le foie dlait petit et dur ; les reins 6taient pareille-
ment un peif moins volumineux, mais sans autre alteration marquee.
La tete parait bien conformee; son volume est tout a fait normal; le cuirche-
relu est l^gerement inliltre de serosile jaunalre comme le tissu cellulaire de
I'enveloppe cutanee. Le crane n'offre rien d'extraordinaire ni pour I'epaisseur,
ni pour la coloration des os, et les foutanelles ne sont pas plus ecartees que de
coutume. On fait une incision sur le c6t6 de la ligne mediane, et aussilot il s'e-
chappe un flot de liquide cilrin, peu dense. Celte serosite ecoulee (on peut en
evaluer la quantite k 80 grammes), et la calotte osseuse enlevee, si ce n'est en
arriere, dans une languetle d'un centimetre environ de largeur, voici ce qu'on
aper^oit : le cerveau, ou plulot ce qui reste du cerveau, n'est pas en contact
avec la boite cranienne; il existe enlre eux deux un intervalle de plus d'un cen-
timetre, inlervalle qui, sans doute, etait comble par la serosite citrine. Ante-
rieurement est une espece de moignon de substance cerebrate, recouveri par
les meninges ; ce sont les lobes anierieurs un peu affaisses et dont le volume est
plus de moitie moindre qu'a I'etat normal. Puis, au lieu des lobes moyens et
posterieurs, on ne Irouve qu'une masse de serosile comme prise en gelee Irans-
parente d'un blanc jaunatre, et maintenue par les membranes minces, verilable
pellicule qui se dechire dans les inouvemeuts imprimes a la masse loiale; et
alors celle-ci tombe en deliquium, et s'ecliappe presque en entier, cette serosite
geiatinilorme etant un peu plus cpaisse et plus onctueuse dans les parties les
plus decljves du crane. Cette masse totale (correspondanl aux lobes cerebraux)
etait d'ailleurs separee en deux par la faux du cerveau, comme on I'observe nor-
malement.
Une fois tout le liquide ecoule, on ne veil plus que les debris de la membrane
d'enveloppe, la faux, et tout a fail a la base un plancher forme par unecouche
de substance cer6brale.
Nous jivons d('j^ dit que les deux hcmispheies cerebraux, dans Iruis lobes
moyens et posterieurs, manquent k peu pres complctenient ; cette absence date
tres-probablement longtemps avant la naissance, car sur les bords de cette Forte
de substance, il existe une espece de bourrelet forme par une cicatrice tres-an-
cienne, la disposition est la meme des deux coles et represenle une ouverturc
ovalaire ayant d'avant en arriere une etendue de 4 centimetres; la voute consti-
tute par le corps calleux a ele completement detruite, et la cloisnn qui separe
les ventiicuies lateraux est elle-meme perforee dans plusieurs points. Les ven-
tricules lateraux ont une grande capacite, el ils communiquent largcment I'un
avec I'autre par Toiiverlure sisnalee h travers le septum lucidum; dans le fond
de ces ventrirnlfs, on rctrouvc tres-distinctemeni Ip.a plexus rhoroidrs, qui sont
1/^9
volumineux ; les couches optiques paraissent hypertrophiees, tandis que lea corps
«tries sont au contraire un peu diminues de volume. Le troisieme ventricule oirre
ses dimensions normaies ; le cervelet, la protuberance annulaire et le bulbe ra-
chidien sont normaux, ainsi que les nerfs auxqueis ils donneiit naissance.
2» OBSERVATION d'UNE TUMEUR CANCEREUSE IMPLANTEE DANS LE PETIT BASSIN, PRISE,
PENDANT LA VIE DE LA MALADE, POUR UNE GROSSESSE ANORMALE; par M. le dOC -
teur Chambert.
« Elvire Fruchart, 16 ans et demi, temperament sans aucune predominance
particuliere, bonne constitution, embonpoint modere, me fut conduite, vers le
raois de juin 1851, par ses parents. Voici les renseignemenls qui me furent don-
nes sur ses antecedents.
» Cetle jeune fille a loujours joui d'une bonne sante; elle n'a jamais eu de
maladie serieuse. Depuis un an seuiement, sujette a ries diflicultes considerables
dansrevacualionmenstruelle, elleeprouve toutes les incommoililes des personnes
mal reglees. Douleurs vagiiesdans le ventre et dans les lombes; sentiments d'op-
pression, d'etouirement, etc., etc. Les regies ne sont pas supprimeesenticrement,
elles se sunt encore montrces il y a deux mois environ, mais elles sont irregu-
iieres, capricieuses dans leur apparition et leurabondance.
» La malade presente, dans la fosse iliaque droite, une tumeurdure, bosselee,
de la grosseur d'un gros ceuf de poule, la region hypogastrique est s-ouple, ainsi
que le reste de I'abdomen. Les fonctions digestives s'accomplissenl d'une ma-
niere normale, a part cependant un peu d'irregularile dans I'appetit.
» Je fas etonne de la presence d'une tumeur de cette nature chez une jeune
personne de IG ans, qui paraissait d'ailleurs jouir d'une sante parfaite et qui n'a-
vait jamais rien eprouve du cute des voies lespiratoires. Je ne cachai pas ma
surprise aux parents, et je prescrivis un traitement iodure h. I'interieur et a I'ex-
terieur, et des applications frequentes de sanasues a I'anus, dans le but d'exercer
une revulsion utile et de favoriser en meme temps le retour des regies.
n Je perdis la malade de vue. Le 24 octobre dernier, je fus appele aupres d'elle,
chez ses parents, k quatre lieues de Laon. Avant de me conduire a son lit, on me
raconta que I'oflicier de sanle de la localile avait repandu le bruit que cette fille
etait enceinte, et meme en avait fait au inaire la declaration. Les soins q'u'il don-
nait a la malade avaient ete continues par un confrere des environs, qui avait
cru non-seuleraent que cette fille avait un eniant dans le ventre, mais qu'elle
en avait deux; il formulait ainsi son diagnostic, dans une lettre qu'il m'adres-
sait :
• Grossesse uterine, compliquie d'niie yrossesse abdominale avec implan-
tation du placenta anormal sur la droile et probablement sur I'une des de-
pcndances de la matrice.
» Voici dans quel etat je trouvai la malade : le ventre avait acquis un volume
150
(■noime; le palper el la pcri'ussiun in(lii]iiaicnt une tumeiii- dure, airomlie, oc-
cupant ia fosse iliaque, et une purtle Uu fluac droit su conliuuant dans la region
hypogastriqueoil elle s'elevaiti 12 centimetres environ au-dessus du pubis, et
remontant ensuite dans la fosse iliaque gauche pour se prolonger dans I'liypo-
chondre du meme cote et la nioitie gauche de I'epigastre. Dans ces derniers
points la lumeur presentait des Losselures irregulieres et une durete conside-
rable ; le reste du ventre etait distendu par de la serosite. Le toucher vaginal
permettait de constater une tumeurtres-dure, a surface unie; il etait impossible
de trouver le col uterin.
o La malade etait d'une maigreur extreme, Les digestions elaient presque
nulles, le ventre etait le siege de douleurs atroces, les selles et les urines n'e-
taient expulsees qu'avec la plus grandu difficulte. La voix etait pre.-queeteinte,
et les moindres mouvements elaient impossibles. Lediaphragme refoule en haul
par le gonflement abdominal avail diminue le champ respiratoire. La malade
etouffait. Ses douleurs lui occasionnaient des insomnies insupportables.
i> Mon role etait devenu bien faible. Je ne pouvais pas guerir, je ne pouvais
qu'attenuer un peu les soulTrances de la paliente. Une potion calmanle et des
frictions sur le venire avec une pommade opiatee furent seules prescriles. Je lis
pressenlir ci la famille la crainle d'une issue fatale, et le 8 novembre la malade
succomba.
» Les parents m'appelerent pour en faire I'autopsie et pour faire taire les c:i-
lomniesqui avaient ele repandues sur le compte de leur fille. J'y procedai le
9 novembre , vingt-huit heures apres la morl.
» AuTOPSiE. — Rigidite cadaverique peu prononcee, le corps est encore chaud ;
il est d'une maigreur excessive. L'abdomen presenle la meme apparence que
pendant la vie.
» Une ponction faite avec le scalpel donne issue k cinq litres environ de sero-
site limpide de couleur citrine. La parol anterieure de l'abdomen etant enlevee
par une incision semi-lunaire a convcxile inferieuie, je decouvre une eiiorme
tumeur qui occupe tous les points sur lesquels on Ta constatce du vivant de la
malade.
» Cette tumeur pent elre consideree comme bilobee. Le lobe droit est uniforme,
uni, arrondi; son sommet presenle une ulceration superlicielle , a surface rou-
gealre, raniollie, de 6 a 7 cenlimetres de diaraelre. Le lobe gauche est nia-
melonne ; il est subdivise en plusieurs aulres pelits lobes formes, comme le
reste de la tumeur, d'une substance jauniitre, de consistance caseuse. L'inle-
rieur de la tumeur presenle un commencement de ramoUissement, car les in-
cisions qu'on pratique laissent ecouler une sanie purulente.
» L'uterus et les ovaires sont comprinies enire la paroi abdominale et la face
anterieure de la tumeur. II est aplati, adherant k la production morbide parsa
lace poslerieure.
11 La tumeur s'implanle dans le petil bassin a la face anterieure du sacrum ;
151
elle adhere tres-fonement k la parlie anl6rieure ties deux tiers du sacrum.— Le
restede la masse inteslinale est refoule en arriere et en haul. La tumeur p^se
15 livres. — Je ne puis trouver d'autres ganglions mesenteriques engorges ni
tuberculeux.
» Les poumons soiit parfaitement crt^pitants , un peu engoues a leur face pos-
t6rieure. Leurs sommets, examines avec la minutie la plus scrupuleuse , ne
presentent aucun vestige de granulations grises ni de productions tubercu-
leuses. — Les ganglions bronchiques sont a I'etat normal. Le cceur est petit,
ses cavites pleines de sang noir.
» Je n'insiste pas sur les caracteres de la tumeur, car I'examen direct qu'on
en pourra faire les demontrera beaucoup mieux que ma description.
» Je livre a la Societe de Biologie cette observation sans commentaires , j in-
siste seulement sur quelques points que je ne fais qu'indiquer.
» Les considerations qui me paraissent les plus remarquables dans cefait ,
sont :
» 1° Le volume considerable de cette production anormale;
» 2° La rapiditede son evolution , puisqu'en cinq mois a peu pres elle a at-
teint des dimensions enormes;
» 3* L'absence de tout vestige de tubercules dans les poumons ;
» W Les difficultes et les erreurs du diagnostic auxquelles elle a donne
lieu.
» L'examen microscopique de la tumeur, faitpar MM.Lebret et Robin , a eta-
bli sa nature cancereusc. Au milieu des elements gras , on pouvait observer
loutes les varietes des elements cancereux : les noyaux libres elaient en plus
grande quantite que les cellules. »
3" sun DES GRANULATIONS GBAISSEUf ES DU REIN ; par M. DaVAINE.
M. Davaine a presente deux reins reunis en fer a cheval, provenant d'un
homme mort d'une anasarque : les urines avaient ete albumineuses , le foie
etait affecte de cirrhose.
Ces reins , depouilles de leur membrane propre etaient marbres, melanges de
jaune et de rouge. lis offraient en outre beaucoup de granulations , du volume
d'nn grain de semoule pour le plus grand nombre ; quelques-unes atteignaient
celui d'une petite tele d'epingle; enfin, d'autres etaient a peine perceptibles a
I'ceil nu. M. Davaine a constate par l'examen microscopique que les plus grosses
de ces granulations contenaient un liquide epais, entierement forme de matiere
grasse ; les autres contenaient loutes plus ou moins de maliere grasse infiltree
dans le lissu elementaire du rein.
COMPTH RESNDU
DES SEANCES
UE
LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE
PKNDANT r.E MOIS DK DF.CEMBRE 1851 ;
M. le Docleur SECOND, secretaire.
Pr^sidence de M. RAYER.
I. — Anatomie.
SUR LA nOUR8F. SYNOVIALE SOUS-TROCHANT^RIENNE ET SUR LES CORPS STRANGERS
qu'elle peut contenir ; par M. Beraud.
« II exisle sous la voute acromio-coracoidienne et sous le deltoide une bourse
synoviale plulot indiquee que decrite par les auteurs. Elle est cependant men-
tionnee dans lous les cours avec beaucoup de soin. Si vous consultez les auteurs
pour en connailre une description precise , vous etes oblige dc resler dans le
iloule sur son etendue, sa capacile, ses rapports, sea comniunicalions avec
15/i
(I'autres synoviales. Voici sur ce point I'opinion de M. Cruveilhier : Dae circon-
slance, dit-il,qui prouve I'utilite dc cette voute (acromio-coraco'idienne) , et les
contacts frequents qu'elle doit avoir avec I'humerus, c'est I'existence constante
d'une capsule synoviale situee entre la voute coraco-acromiale d'une part, et,
d'autre part, le tendon du susepineux et le grand trochanter de I'humerus. Dans
un autre endroit, ce professeur s'exprime en ces termes : II (le deltoide) recouvre
Tarticulation scapulo-humerale , dont il estseparepar une lame aponevrolique
faisant suite ^ I'aponevrose sous-epineuse et au ligament coraco-acromien. Entre
cette lame aponevrotique et le grand trochanter de I'humerus se trouve un tissu
cellulaire iilamenteux tr6s-abondant et presque toujours une capsule synoviale.
On volt par ces paroles que M. Cruveilhier ne donne pas de details sur cette
bourse synoviale. M. Sappey ne dit pas qu'il y ait une synoviale sous le deltoide.
Dans les auteurs de chirurgie, meme incertitude sur les maladies de cette bourse
et meme sur son existence. Ainsi , elle n'est citee ni parmi les bourses synoviales
noimales , ni parmi les accidentelles. Je vais done en presenter ici une descrip-
tion, et jesignalerai ensuite un nouveau corps elranger que j'ai trouve dans sa
cavite.
» § I. Elle existe d'une manifere constante; seulement, elle peut presenter
quelques varietes dans sa disposition par rapport aux organes qu'elle est des-
linee a recouvrir. Cette membrane part de la face inferieure de I'acromion et du
ligament acromio-coracoidien, tapisse cette face profonde, sedirigeen arri^re
et vient se reflechir sur le muscle susepineux apres avoir revetu toute cette face.
Elle se continue sur la face superieure du muscle; puis, sur son tendon , arrive
ainsi sur la face externe de la capsule et vient se reflechir de has en haut vers
la base du grand trochanter de I'humerus, pour se prolonger k la face profonde
du deltoide jusque vers le sommet de I'acromion, d'ou nous I'avons vue partir.
Sur les parties lalcrales, elle se reflechit h la partie externe de I'apophyse cora-
coide, et sur son cote externe, elle tapisse I'extremite du tendon du sous-epineux.
Elle se trouve doublee dans certains points par un tissu fibreux quelquefois trds-
dense. Ainsi. nous avons vu M. Cruveilhier deerire une aponevrose qui la se-
pare du deltoide; en arri^re, dans la fosse susepineuse, existe une autre apone-
vrose dependanle du susepineux qui la bride d'une maniere tres-puissante. Sur
les parties laterales, il y a moins de tissu fibreux pour la proteger. Elle offre dans
tout son trajet une adherence intime avec les tissus qu'elle revet. D'apres cette
description, on voit que sa capacite est extremement grande; elle ne le c6de en
rien k celle de la bourse prerotulienne, dont les maladies sont si frequentes. Ce-
pendant elle n'offre pas toujours la meme disposition. Elle peut etre divisee en
deux compartiments Men distincts, I'un correspondant A la voiite acromio-cora-
coidienne, I'autre k la face profonde du deltoide. II faut dire que ce cas est assez
rare. D'autres fois, elle oiTre une communication avec la synoviale articulairc au
moyen du prolongement que celJe-ci envoie au muscle sous-scapulaire. Cette
bourse s^reuse, quoique protegee par un muscle cpais et puissant, devait, k
155
cause de son voisiuagtt el de son etendue , etre sujette h beaucoup de maladies,
et plus frequemmenl que beaucoup d'autres bourses de la meme nature ; aussi
toutes les fois que j'ai fait des autopsies, j'ai eu soin de I'examiner, et il m'est
arrive deux ou trois I'ois de la trouver remplie de pus dans des autopsies de dia-
these purulente, et cela independamment de rarticulation scapulo-humerale ;
mais le but de cette note n'est pas de faire son histoire pathologique : je veux seu-
lement, comme je I'ai deji dit, faire voir comment des corps etrangers peuvent
s'y developper.
» § II. On salt que les corps etrangers des bourses sercuses n'ont ete bien
connus en France et en Angleterre que par les travaux de Dupuytren et d'A.
Cooper. Depuis on a cherche a s'en rendre compte soit en les examinant au mi-
croscope, soitenles soumettanla I'analyse chimique. Les uns ont dit que c'etait
des flocons de lymphe coaguiable (Brodie) , les autres (Velpeau) que c'etait du
sang epanche qui avait fourm des noyaux fibrineux. Dupuytren , appuye par les
descriptions de Bosc, Durnevil et Raspail, pensait que c'etaient des animaux. Au
milieu de ces explications, il n'y a d'acceplables que celles de Brodie et Velpeau ;
mais je pense qu'elles ne rendent pas compte de tons les cas : ce qui le prouve ,
c'est la pi^ce que j'ai mise sous les yeux de la sociele. On y voit, en effet, deu\
modes, suivant lesquels des corps etrangers peuvent se former dans les bourses
sereuses. Dans la partie correspondante au grand trochanter, il y a un corps
libre dans sa cavite. II a le volume d'une petite cerise, un peu aplatie, de forme
olivaire , lisse , poli, revetu d'une couche cartilagineuse , d'une durete osseuse,
en rapport d'ailleurs avec sa structure , comme I'a demontre un examen de-
taille. Ce corps est loge dans la partie declive de cette bourse sereuse. 11 est uni-
que ; mais on voit que d'autres sonten voie do formation. 11 existevers la base du
grand trochanter d'autres stalactites osseuses qui viennent faire saillie dans sa ca-
vite ; elles bourgeonnent , et quelques-unes de ces vegetations ne sont plus adhe-
rentes que par un pedicule assez etroit. On trouve encore dans le voisinage une
depression qui a ete prohablement le point ou s'est detache le corps que nous
avons trouve flottant dans la cavite sereuse. Ainsi voila un point oii les corps
etrangers sont produits par des vegetations osseussf •
" Mais, au niveau du tendon susepineux, il y a aussi deux corps pedicules
qui allaient se detacher et dont le mode de production differe du precedent. En
effet, sur une etendue de 2 centimetres, le tendon est depouille de la sereuse,
et, dans ce point, on voit entre les fibres tendineuses des vegetations t tons les
degres et de toutes les formes, depuis une tele d'epingle jusqu'a un noyau de
cerise; les unes , les plus petites, sont encore celluleuses, les autres, plus vo-
lumineuses, sont cartilagineuses et osseuses. €elles-ci, au nombrede deux, sont
pediculees et sur le point de se detacher.
» Du reste il n'y avait pas de liquide dans cette bourse sereuse, il n'y avait que
les traces d'une inflammation analogue k cequeM. Deville a decrit demierement
sous le nom d'arthrite s6ehe. Cette pi^ce , il faut le dire, a et6 prise sur un sujet
156
de iO k 55 ans , d'un trfes-grand embonpoint el presentanl une aoudure com-
plete de la colonne vertebrale au niveau du dos, avec des exostoses trds-volumi-
neuses. L'articulation scapulo-humerale , d'aileurs, n'otTrait pas d'alleration
bien manifeste. >
2» ESAHEN DES CARACTfeRES RECONSUS SDR LES CRANES DES ANC1EN8 EGYPTIENS ;
par M. Lebret.
C'est une question encore fort debaltue que celle de determiner lea veritables
origines de I'ancienne population de I'figypte. On comprend comment en pre-
sence des monuments d'une haute civilisation I'interet des observateurs a ete
vivement excite, jlexiste un contraste si frappant enlre ces debris, annales d'une
nation eminemment iiiteliigente, et le spectacle doune par lespeuples qui vivent
sous la meme latitude, exposes aux memes influences de la zone torride, qu'A
defaut de la valeur historique du piobleme, sa solution tiendrait une place assez
importante dans I'etude de noire espece.
Luissant de cote les donnees etrangeres et tres-precieuses d'ailleuis, je me
placerai ici au point de vue des caracteres biologiques, et parmi eux c'est a la
forme generals et aux parlicularites de la charpente osseuse du crane que je li-
raiterai cet examen exciusif.
Blumembach le premier a degage la verite au miiieu des idees fausses ou
imparfaites qui regnaient avantlui sur la conformation des premiers figyptiens( I )•
Un petit nombrede momies lui furenl soumises k Londres, etlui-meme lit gra-
ver dans ses decades Irois cranes provenanl de source cerlaine et dont les deux
premiers offrent bien les formes ebsentielles du type en question. Blamant Win-
kelman qui avail donne la representation d'un Chinois comme le module de la
beaule egyptienne, il compara avec ses observations cranioscopiques les figures
peinies ou sculptees sur les sarcopliages el sur les monuments de I'Egyple con-
nus alors, et de cette analyse retulta poor lui la dislinction de Irois vari6tcs
dans la physionomie nationale des anciens Egypliens. La premiere qu'il nomnia
ethiopienne porle I'empreinle de la trace nigre. Cesont des miiclioires avancees,
des levres epaisses, un nez aplati, des yeux saillants; tes caracteres avaient dejA
ele assignes aux Copies modernes que quelques voyageursde noire temps re-
gardenl comme les descendants de la nation originaire; mais, suivanl ce qui sera
demontie par I'analyse des recherches ullerieures, on pent y voir, ou bien, avec
le docteur Wisemann, une represenlalion grossiere de la foime egyptienne, ou
plulot un exemple de melange analogue a celui des mulalres. Les deux autres
types etablis par Blumembach sont beaucoup plus reels ; celui qu'il appelle
hindou est caracterise par un nez long et mince, des paupieres allongees et s'e-
caitant de la racine du nez, des oreilles situees, dit-il, h une grande hauteur.
(1) Blumembach, Decades, cbamohl'm, Transact, philos., 1*96.
157
L'habitude du corps presente une certalne delicatesse dans les formes unie k la
longueur Inaccoutumee du membro inferieur. A quelques remarques de details
pr6s, nous verrons se condrmer cet exeniple de provenance etrang^re si remar-
quable dans les premiers habitants de la vallee du Nil. Le dernier type ou ber-
bere est qualifie de mixte; en elTet, une certaine bouflissure dans I'ensemble de
I'individu, un menton court, des yeux larges et saillants, des jones pendantes,
se rapportent assez bien au type de la masse indigene du peuple eayptien.
Soemmering fl) donne egalement la description de quatre tetes de momies
examinees par lui. Deux d'entre elles ne difleraient sous aucun rapport des tetes
fi'Europeens ; k la troisi^me il reconnut la forme africaine, distincte surtout par
riiisertion du muscle crotaphyte sit une grande surface de la region temporale.
Depuis, le docteur Leach, au British Musffium, le docteur Hodgskin, au
Guy'sHospilal, ont recueilli des momies avec soin, et pour les observateurs
comme pour les savants auteurs de ces collections, rien n'est plus evident que lo
caractfere caucasien des tetes qu'elles presentent. Le temoignage de Lawrence,
dans ses leQons sur I'histoire naturelle de I'homme, confirme cette assertion, et
nous trouvons menie dans le Musee des Antiquites egyptiennes, reunion de
tableaux, publics chez nous, par M. Ch. Lenormant, les portraits de deux mo-
mies donnees pour t\ pes ( PI. X, fig. 10 et 12 j. « La tete representee sous le n" 10
» a ete rapportee en France dans uu etat complet de conservation. L'angle facial ,
» ajoute-t-on , se rapproche beaucoup de Tangle droit, et les dents incisivessont
» plantees verlicalement et non inelinees, ni avancees, comme elles le seraient
» dans une tete de negre; ces profils rapproches de ceuxdu n" 12, dont la coupe
» a ete dessinee avec le plus grand soin , peuvent donner une idee precise de la
» forme de la tete des anciens Egyptiens. » Cuvier avail tire du meme examen
osteologique I'induction qu'il est aise de s'assurer que les Egyptiens apparte-
naient k la meme race que nous, et qu'ils avaient le crane et le cerveau aussi
volumineux.
Le docteur Prichard , auquel (2) la science est redevablede recherches con-
scieiicieuses sur ranthropologie, ne pent se refuser a I'evidence. 11 reconnait que le
crane, chez les anciens Egyptiens, presentait la forme ovale et completement
developpee, commune, dit-il, k tous les peuples avances en civilisation; il donne
meme une figure faite d'apres une tete qui appartient au musee du college des
chirurgiens de Londres, et dont le type caucasien ne saurait etre mis en doute.
Mais les traits physiques qu'il a rassembles tant d'apres les monuments et les
peintures antiques que suivant le recit des voyageurs, la pesanteur de certains
cranes egyptiens, la proeminence de I'arcade alveoiaire, la forme particulifere
desjambes, et I'aplatissement des pieds, trouves chez divers modeles , le font
(1) Soemmering, De corporis hcmani fabrica, 1793.
(2) Prichard, Researches into the phvsic. hist, of mank., t. )l.
158
penchcr vers I'opinion d'une souclie africaine commune aux EgypUens ct au\
peuples voisios.
Blumembach divisanl le genre liumain en cinq varietes principales, avail deja
place la famille egyptienne entre la race caucasienne et la race ethlopienne. Pri-
chard loin d'etre aussi aflirmatif , se retranche derriere une conjecture, a savoir
qne les traits dans lesquels consiste la pretendue ressemblance africaine des
Egyptiens, se sent developpes chez eux sous I'influence de certaines circonstanccs
extcrieures auxquelles la race a ete soumise pendant des milliers d'annees.
Jusque-la les caract^res physiques des premiers Egyptiens n'avaient etc etablis
que sur un petit nombre de fails, et bien plutot au nioyen de comparaisons archeo-
losiques. Aussi rapportait-on tour i tour cette origliiR aux Juifs, aux Arabes, au\
Hindous, aux Nubienset aux Negres. Un ethnographe tres-distlngue, M. le doc-
teur Morton, de Philadelphie, a eu I'heureuse occasion de recevoir cent trente-
sept cranes egyptiens dont une centaine appartient aux anciens habitants de
I'Egypte, et possesseur dcji d'une collection de six cents cranes humains, il
a pu etablir son analyse sur des bases toutes nouvelles. Dej4 1'ethnologie avail ete
enrichie par ce savant d'un travail fort complet sur les formes cranioscopiques
de la race Americaine. L'etude qu'il a pubiiee en 1843 sous le litre de Crania
EGYPTiACA ou OBSERVATIONS SUR l'ethnographie Sgyptienne tirces de l'Anatomie,
DE l'histoire et DES MONUMENTS, jctte une grande lumiere sur les incertitudes
de la question et merite une attention serleuse.
Le docteur Morton etail en relation avec M. Gliddon, consul des Etats-Unis au
Caire et auteur lui-meme de recherches importantes sur les antiquites egyptien-
nes ; c'est par les soins de ce dernier que les cranes ont ete recueillis. Nous devons
a cette circonstance un degre d'authenticite qui manquait souvent dans les ob-
servations du meme genre. Tant de nations diverses , au milieu des vicisssitudes
les plus contraires, ont occupe le sol de I'figypte a travers une longue serie de
siecles qu'il n'est pas indifleient de rechercher la date des individus momifles
dont on etudie les restes. Blumembach avail tellemeut senti cette diffieulte qu'il
cherchait lespreuves d'anciennete jusquedans la conformation des dents incisives
particuliere a ses yeux, mais evidemment exagerce. Aujourd'hui , l'etude des
texles hieroglyphiques a confirme ce que la commission de I'Institut d'ftgypte
avail deji entrevu au sujel de I'age relativement moderne des monuments de la
haute Egypte. On sail que ceux de Thebes, par exemple, ne remontent pas beau-
coup au deli de trois mille ans avanl Tere chretienne el qu'il faut descendro,
jusqu'i Memphis pour retrouver les traces de la civilisation primitive de I'figypte.
La premiere des sept series etablies par M. Morton , dont la collection comprend
vingt-six cranes decouverts dans la necropole de Memphis, est aussi la plus
importante. Le lieu de sepulture forme \k un vaste iabyrinthesouterrain detoni-
beaux creuses dans le roc, et 11 est i croire que ces simples catacombes ont
precede la construction des pyramides qui supposenl un plus grand devcloppc-
nient de civilisation. D'ailleurs le mode d'cmbaunicment des mornios e\humeet>
159
de cet endroit proclame leur anciennele; elles semblent avoir subi une simple
immersion dans le bitume suivie de I'exposilion au four, et I'on remarque que,
dans plusieurs letes le cerveau n'a pas ete detruit h travers les narines suivant
une coutume posterieure; car rellimoide est intact, et la mati6re ccrcbrale a
ete extiaite du grand trou occipital. Ces preuves auraient un grand poids quand
meme il ne serait pas etabli que les Egyptiens fussent eux-memes maltres de
Memphis et enferm6rent leurs morts dans ces necropoles , plus de deux mille ans
avant que les Perses ou les Grecs n'eussent fait la conquete de ce pays.
Dans les localites d'oii proviennent les soixante-quatoize teles qui completent
les autres series, nous noterons que si, comme a Abydos, les ornements fune-
raires temoignent de la caste elevee des momies, ailleurs M. Gliddon en decou-
vrit un grand nombre embrassant toules les classes d'individus, h en juger par
la vari^te du mode d'embaumement ; teiles nous les montrent les grottes de Maab-
deh, les catacombes de Thebes et aussi les temples de Philoe et de Debod, situes
sur les frontieresde I'Egypte et de la Nubie et oh se rendaient un grand coneoms
de pelerins. Le parallele etabli entre ces cranes et ceux de Memphis, d'une date
plus reculee, comporte done une valeur toute partlculiere sur laquelle on ne sau-
rait trop insister.
M. Morton admet trois divisions dans les types de la race caucasique , a
savoir : l» Un type qu'il nomme pelasgique, et presentant la plus belle confor-
mation de tete telle qu'on I'observe chez les nations caucasienne, de I'Asieocci-
dentale, de I'Europe moyenne et septentrionale; 2" le type semitique, marque
dans les families juives, au front fuyant, au nez proeminent, aux yeux assez
eloignes I'un de I'autre, au developpement presque massif de la face; 3° un
type egyptien, proprement dit, qui differerait du type pelasgique par un front
plus etroit et plus incline, une ouverture un peu moindre de Tangle facial , le
nez droit ou aquilin et les traits comme anguleux. Autant les deux premieres
distinctions se caracterisent d'elles-memes , autant cette derni6re me semble
echapper a la certitude de methode familiferc h M. Morton. II suflit de jeler uti
regard sur les tables oil il a consigne les mensurations diverses appliquees h ces
cranes, pour rapporter a des conditions individuelles les differences bien Icg^res
dont il a constitue un type dit egyptien. Lui-meme , dans ses preliminaires,
reconnait que beaucoup de tetes de sa collection reunissent les caractferes a la
fois egyptien et pelasgique, el que, pour eviter cette subdivision, il les a ran-
gees toutes dans le groupe egyptien. Suivant les preceptes de Blumembach (I),
on ne saurait refuser aux formes du crane une certaine Constance ni nier qu'ellcs
sont un des principaux caracteres qui delerminent la manicre d'etre nationale
et qu'elles repondentparfaitementi la physionomie despeuples,maisil fautbiea
se preserver de cet exces d'analyse qui fait pcrdre de vue les caracteres gene-
(I) Blumembach, De i'.mtaie gener. humam.
160
raux et importants. La meme critique s'appliquera aussi aux minutieuses me-
sures dont M. Morton a trace la stalistique dans son memoirs.
De ce que Tangle facial sur vingt cranes egyptiens a represente 83" pour la
plus grande mesure , et 76* pour la plus petite, il prend une moyenne significa-
tive de 78°, inferieure de 2 degres seulement k la moyenne de 80°attribuee ^
la forme pclasgique; on ti'jgnore pas que la direction de la ligne faciale se trouve
souvent la meme chez des nations diCferentes dont les cranes n'offrent entre eux
aucune analogic, tandls qu'elle varie beaucoup sur des tetes parfaitement sem-
blables quant aux autres signes et qui appartiennent au meme peuple. J'en
dirai aulant de la capacile inferieure du crane mesure soigneusement par
M. Morton , sur tous ses exemplaires, eti I'aide de laquelle il cherche k etablir
revaluation du volume du cerveau sans tenir compte de I'absence des mem-
branes et de leurs sinusjet des varieles de proportions possibles entre les parties
cerebrales. Toutefois M. Morton a pu avec raison, eriger en fait general , la
pelilesse de la tete chez les Egyptiens, du moins dans les cranes recueillis
aux catacombes de la partie sud de Memphi?.
A la suite du type caucasique predominant dans cet ensemble se range le
typen^gre bien reconnaissabie et celui que M. Morton qualifle de iVe^rotde ,
pour indiquer le melange des types precedents sur I'individu.et qu'il assimile
an mulatre.
Un tableau ethnographique a ete dresse resumant la distribution de ces ca-
racteres, et, suivant I'expression de I'auteur du travail, cette table parle d'elle-
meme. Elle montre que plus des huit dixiemes des cranes de la collection appar-
tiennent k la race caucasique , la forme semitique y comptant pour un
huitieme ; que le vingti^me du tout est compose de cranes sur lesquels existe
une empreinte du type ou negre ou elranger; que la conformation negroide
apparait dans huit exemples, et entin qu'il y a un seul n6gre pur au milieu de
ces series.
Devant un resultat si positif et pris en lui-meme, comment pourrait-on ,
comme on I'a tente de nos jours, dans un bultres-honorable, reproduire Topi-
jiion de Volney (1) qui rattache a la race negre la population et la civilisation
del'Egypte. Cette question avail deja ete jugt5e sans retour par la vue des se-
pultures et des peintures monumentales , sur lesquelles les Egyptiens a cote des
traits de leur propre race distinguaient tresparticuli^rement ceux de leurs
csclaves africains. Herodote (2) , comme tous les Grecs, qualiDait de noires les
nations plus meridionales au teint basane et chez lesquelles on rencontrait des
negres ; son suffrage est rejete aujourd'hui. Mais ce n'esl pas la seule rectifi-
cation apportee par le niemoire de M. Morton a quelques opinions rcgnanles. II
(t) Volney, Voyage en Syrie.
(V) Herodote, trad, de Larcher. Passim.
161
futacccpte, sur la foi d'Herodote, qu'ci la suite d'une balaille livree eutre les
Egvptienset les Parses, les cranes des premiers se reconnaissaient a leur epais-
seur, due a I'habitude de tenir la tetenue, et contrastant avec les minces parois
osseuses chez les seconds, adversaiies plus eflemines. M. Morton assure que les
cranes egypliens ont en general une texture anssi delicate qu'on la trouve chez
I'Europeen et qu'une tete pesante est rare dans sa collection, ^ moins que le
bitume ne se soit infiltre au milieu du diploe.
Blumenbach, observant en 1779 des fraymentset des tetes entieres de momies
egypliennes, avail note une anomalie parliculiere des dents incisives. Leur cou-
ronne n'etail pas taillee en biseau , mais epaisse et semblable a un cone tronque.
Cette singularite , retrouvee a plusieurs reprises, lui semblait pouvoir servir a
laire reconnaitre le sificle et la nation auxquels ont appartenu les differentes mo-
mies; il pensait aussi que les dents avaient pu s'user sur les racines et les tiges
J'ai vu qu'aussitot apres la section du filet sympatliique cervical qui unit les
i;anglions cervicaux, il survient une augmentation de chaleur dans tout le cole
correspondant de la face. Get accroissement de la calorification pent s'apprecier
par la main trfis-facilement. Quand on plonge le thermometre coraparativement
soit dans les oreilles ou dans les narines de Tanimal , on constate que la tempe-
rature est plus elevee de 4 ^ 6" cent, du cote ou le filet de grand sympathique a
ete coupe. Cette experience, qui m'a donne les memes resultats chez le chien ,
le cheval et le lapin , est surtout tr6s-facile a repeter chez ce dernier animal , a
cause de I'isolcment qui existe au cou, entre le pneumo-gastrique et le grand
sympathique.
» Quand on enleve le ganglion cervical superieurdu grand sympathique, on
produit exactement les memes efi'ets et quelquefois avec plus d'intensite. Du reste,
I'energie du phenomfine est en general en rapport avec la force de I'animal; il
est moins marque chez les animaux affaiblis.
)) En meme temps que la chaleur augmente dans les parties , la circulation y
devient plus active , ce qui est tres-apparent sur les oreilles des lapins , ainsi
que je I'ai montre en reproduisant les experiences devant la Societe, Je m'expli-
querai plus tard sur cette modification de la circulation , au point de vue de
son mecanisme et de la question de savoir si elle est la cause ou Teffet de I'ac-
croissement de la chaleur animale.
» Le phenom^ne de calorification augmentee dure tres-longtemps ; je I'ai con-
state pendant plusieurs moisde suite chez les chiens, sans, toutefois, jamais ob-
server aucune inflammation, ni osd6me, ni d'autres alterations patliologiques
dans les parties.
» Enfin j'ai constate que la section des autres nerfs de mouvcment ou de sen-
timent de la face, n'empeche pas Taugmenlation de chaleur de se produire
aussitot qu'on vient a couper le grand sympathique.
» 2<> Influence sur la sensibility. Quand on coupe les nerfs de sentiment qui
se dislribuent dans une partie, tout le monde sait qu'on la rend inscnsilile ^
c'esl encore riiivcrsc pour la section du grand sympathique.
16/i
» Ainsi quand on extirpele ganglion cervical supcrieur chez un chatou chei un
lapin , la sensibilite se trouve augmentee dans tout le cote correspondant de la
face. C'est particulifirement sur I'ocil qu'on pent constater le pheiiom^ne avec le
plus de facilite. Toutefois, cette esp6ce d'apprecialion de la sensibilite exageree
est souvent difficile a obtenir par les moyens ordinaires. Mais le fait devient
trfes-evident quand on fait agir certaines substances comme le curare, par
exemple, qui abolissent peu h peu la sensibilite.
• Ainsi quand on empoisonne un animal par una dose de curare tr6s-di-
luee , toutes les parties du corps oil le sympathique n'a pas eie coupe deviennent
insensibles bien avant le cote de la face oil le ganglion cervical a ete enleve.
Toute cette pariie du corps semble survivre plus longtemps que les autres.
Je dois ajouter que cette calorification s'y maintient egalement toujours plus
elevee.
» Je me borne k signaler ces deux resultats parcequ'ilsme paraissent tr^s-lnn-
portants et que je les crois entierement nouveaux. Je ne veux que prendre date
aujourd'hui , parce que ces faits se trouveront developpes et commentes.dans un
travail que j'espfere bientot publier sur le grand sympathique. »
2" PREUVE DE LA CONTRACTILITY DU TISSU CELLULAIRE ; par M. BROWN-S^QUARD.
II y a quelques ann^es (1), M. Bro\vn-S6quard a constate, contrairement aux
assertions de Haller, Muck et Soemmering que I'iris des poissons e?t mobile. II a
trouve aussi que chez ces animaux , de meme que chez les batraciens, le tissu de
I'iris peut se contracter sous I'excitation directe de la lumi^re et sans interven-
tion de la retine et de I'encephale. II a vu en outre que I'iris est nn peu plus
mobile en general chez les poissons cartilagineux que chez les poissons osseux ,
bien que ce soit parmi ces derniers que Ton trouve le plus grand degre de mo-
bility (chez les anguilles , les soles et les congres).
Le fait de la mobilite de I'iris chez les poissons et en particulier les poissons
cartilagineux, demontre positivement que le tissu cellulaire est contractile. En
effet, ainsi que M. Leydig (2) -vient de le constater, I'iris chez les chondroptery-
giens ne contient aucun element musculaire. Les seules fibres qu'on y trouve
sont des fibres de tissu cellulaire et des tubes nerveux. Les contractions evidentes
qui y out lieu sont done des contractions du tissu cellulaire.
A I'occasion de cette communication, M. Ch. Robin fait remarquer que dans
les recherches qu'il a faites avec M. Segond sur les cephalopodes , il a vu que
I'iris de ces animaux est depourvu de fibres musculaires, qu'il contient du
tissu cellulaire et que ses contractions, meme par Taction directe de la lumifire.
(\) COMPTES RE.NDUS DE l'ACAD. DES SCIENCES, 1817, t. XXV. p. 482.
(2) BeiTRACE ZCU MIKROSKOPISCUEN ANAT. UNO EmTWICKELCNG DER ROCHEN
USD Haie, Leipzig. 1861, p. 23.
165
sont tr^s-manifesles. Celte observation avail demontre depuis longtemps a
MM. Segond ei Robin que le tissu cellulaire est contractile.
IV. — Exploration pathologique.
vARi^T^ NOUVKLLE d'element fibro-plastique; par M. Bauvais.
M. do Bauvais, surunefemme de quarante-cinq ans, a rencontre une tumeur
fibro-plastique du volume d'un gros oeuf de poale , developpee entre le feuillet
visceral et le feuillet parietal de I'arachnoide au niveau de la partie anterieure
tlu lobe gauche anterieur du cerveau. Pendant les huit jours qui ont precede la
inert, cette femnie a seulement presente dela diarrhee, des vomissements et une
legere enterite. — M. de Bauvais, d'apres les curacteres exterieurs dilferentiels
etablis par M. Lebert entre ces tumeurs et les tumours cancereuses, avail de-
termine sa nature fibro-plastique. II est resultc de I'examen microscopique de
cette tumeur fait par M. Ch. Robin qu'elle etait ersentiellement formee de
noyaux fibro-plastiques et en outre d'une variete nouvelle d'element libro-
plastique non decrite par les auleurs et consistant en une cellule spherique
transparente pourvue d'un noyau allonge et ordinairement accule aux parois
de la cellule. — Dans le cas actuel la grande abondance de noyaux fibres per-
meltait de reduire la tumeur en pulpe par une legere pression.
V. — BOTANIQUE.
DE LA FASCIATION CHEZ LES FRUITS ADHERENTS ; par M. GeRMAIN.
« J'ai I'honneur de presenter a la Sociele divers exemples interessants du phe-
nom6ne de la fasciation chez les fruits adberents.
• M. Rayer, notre president, qui a eu la bontc de me communiquer les fruits
qui font I'objel de cette communication et qui ont etc recueilHs par ses soins
m'a egalement remis des exemples de plusieurs autres phenom6nes teratolo-
giques dont j'entreliendrai plus tard la Societe. Je ne veux aujourd'hui dire que
quelques mots sur les pommes monstrueuses que je place sous ses yeux. La
plupart semblent etre le resultat de la soudure par rapprochement de deux fruits
originairement distincts, et c'est en effet au phenom^ne de la soudure que Ton
a attribue jusqu'4 ce jour, non-seulement dans le monde , mais dans la science,
res fruits anormaux qui se rencontrenl assez frequemment et qui ont du de tout
temps attirer I'attention des observateurs et du vulgaire.
• J'ai cte conduit k voir dans cette anomalie , non pas un phenomena
de soudure, mais, au contraire, un phenomene de disjonction. Apres avoir
etudie le phenomene de la fasciation chez les tiges et avoir acquis la conviction
qu'une tige fasciee est le resultat d'un meme axe, et, dans aucun cas, ne pro-
vient de plusieurs axes soudes (qu'elle soil simple ou qu'elle s'cpanouisse en
166
plusieurs rameaux) , j'ai dCi considerer I'axe des fleurs, (jui est la continualion
de I'axe du rameau, comme pouvant participer au phenomfene de la fascialion.
II serait trop long d'exposer aujourd'hui la serie des modifications qu'entraine la
fascialion ou epanouissement de I'axc de la fleur sur les parties appendiculaires
inserees sur cet axe. Je me borne aujourd'hui i signaler la nature du pheno-
m6ne, me reservant de soumettre plus tard a la societe les idees auxquelles jc
suis arrive relativement au phenomfene de la fascialion. »
COMPTES RENDUS
DES SEANCES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE
PENDANT L'ANN^E 1851.
RAPPORT
A Li SOCIETE DE BIOLOGIE
rAR ■<* COHMISMIOSI CHAROEE D'EXAHiniER LES COIUIVNICATIOIV* BE
M. SOULEYET
RELATIVES A LA QUESTION DESIGNEE SOUS LE NOM DE
PHL^BENTJ&RISME.
PEfiLIIINAmES.
§ I. — Vous devez vous rappeler que, dans une communication faite h
cette soci6t6,Ie 19 octobre dernier, par noire collogue M. de Quatre-
fages, ce savant nous fit connaltre quelques details anatomiques et phy-
siologiquesdu lube digestif des fiolides.
Des fails qu'il communiqua, il lira des arguments en faveur de la ques-
tion qu'il ad4velopp4e dans piusieurs m^moires sous le nom de phleben-
G
Uritme, etcombattit a leur aide les opiaions des auteursqui ont ecrit
dans un sens coutraire.
Dans la seance suivante, M. Souleyet, s'appuyant sur les textesde ses
travaux anatomiques concernant le memo sujet, sur ceux de quelques
savanls 6lrangers, compares aus ecrits de M. de Quatrefages et aus siens,
eslvenu defendra I'exactitude dese3propresrecherche5.1lsoutinldenou-
veau que les opinions de ce naturalisle oe pouvaJent §tre consider^es
comma exprimanl d'une mani^ro exacte ce que demontre et ce que per-
met de conclure I'anatcmie des memes animaux etdes esp6ces tout a fait
voisines.
Une reponse faite hull jours apr^s par M. de Quatrefages eut pour but
de montrer que les interpretations de M. Souleyet, basees sur des lextes
incompletement ou trop bri^vement extraits, ne pouvaient pas donner utie
id6e satisfaisante de la question et pouvaient memo lui faire attribuer un
sens dififerent de celui qu'il a voulu donner a ses propres Merits. Enfin, dans
la stance qui suivit celle-ci, le 2 novembre, M. Souleyet vint lire un tra-
vail plus etendu dans lequel, reprenant la question des son origine el la
suivant jusqu'a I'^poque actuelle, il tend a etablir, par des citations plus
nombreuses et plusl ongues, I'exactitude de ses opinions, cello de ses in-
terpretations et mfime celle deses extraits ; car, en retablissant celui qui
contient les mols ious au lieu du plus grand nombre, on ne change rien
k I a question, dont il conteste le fond et I'ensemble aussi bien que les de-
tails.
Sur la remarque faite par quelques membres que des discussions de co
genre pourraient durer sans fin si I'examen de la question par une com-
mission ne venait y mettre un terme, vous avez charge MM. Brown-Se-
quard, Follin, Lebert, Segond, Verneuil et Robin, de vous presenter ua
rapport surle sujet de !a discussion.
Cette commission s'est r^unie pour la premiere fois le samedi 14 de-
cembre. EUe a reconnu qu'elle devait, pour arriver a remplir son but,
prendre la question des son origine et la suivre dans tous les travaux pu-
blies sur ce sujet jusqu'a I'epoque actuelle; ce qu'elle a fait et continue
dans ses reunions des 21 ct 28 decembrelSoO, seance dans laquelle elle
a nomme son rapporteur. Votre commission s'est appuyee aussi sur I'exa-
meo des preparations de M. Souleyet, relatives aux bolides et aux Acteons.
C'est le resuUat de cet examen qu'elle vient vous presenter.
§ II. — Nous devoas cependant repondre d'abord a la lettre de M. de
Quatrefages, lue a ia Socielc duns lu b6ance du 4 junvier 4851, lultre dans
7
laquelle il recuse la competence de votre commission pour juger la ques-
tion, dans lescirconstances pr^sentes.
M. Souleyet ayant 6t6 accus6 d'avoir mal interprets les testes de
M. de Quatrefages, et ayant reclame a cet egard, nous avons eu pour
mii;sion de verifier en effet les assertions deM. Souleyet, et par conse-
quent nous avons &i6 obliges nous-mSmes d'interpreter M. de Quatrefages
pour savoir si M. Souleyet I'interprete bien.
Quand M. de Quatrefages a demand^ lui-meme qu'une commission fit
nommee, il a assez bien caracterisS la nature de cet examen pour qu'il
ne puisse aujourd'hui y apporter des restrictions de nature a annuler toute
espece de jugement serieux.
M. de Quatrefages avait deja communique a la Society les arguments
qu'il opposait a M. Souleyet a uneSpoque ou celui-ci ne s'etait pas en-
core fait connatlre parmi nous.
Ce n'est done pas M. Souleyet qui a provoqu6 le debat devant la So-
ciete de Biologie, mais bien M. de Quatrefages lui-m^me. Si M. de Qua-
trefages pensait qu'il y avait inconvenance a en appeler a un autre tri-
bunal qu'a celui qui s'etait d'abord institue a I'Academie des sciences,
il devait ^viter de se prononcer publiquement devant une autre So-
ciete avant que ce premier tribunal eul prononc6; et quels que soient
d'ailleurs les resultats du travail de la commission nommee par la So-
ciete de biologie, nous pensons qu'en aucune fagon lis ne pourraient dis-
penser rAcad6mie des sciences de faire un rapport; car le terrain sur
lequel nous sommes places est different. Deplus, nous avons attendu que
le rapport a I'Academie des sciences ait ete lu pour lire celui-ci.
M. de Quatrefages parait ignorer que la commission a continue son
travail; cependant il a assiste a la premiere reunion, et il savait tres-
bien que la commission devait se reunir de nouveau a jours et heures
fixes.
M. de Quatrefages nous recuse comme juges ofBciels sur un point de
science soumis en ce moment a une commission academique. Nous pen-
sons qu'il est inutile de repousser une recusation a I'appui de laquelle
M. de Quatrefages ne saurait trouver une raison suffisante.
M. de Quatrefages tient beaucoup a ce que sa lettre soit conserv6e
comme preuve qu'il n'a pas mis obstacle a ce qu'un rapport fut fait k
I'Academie des sciences. Nous repondrons qu'un rapport sur les commu-
nications de M. Souleyet ne peutd'aucune maniere annuler un rapport
sur lesdebats entre M. de Quatrefages et M. Souleyet.
INTROEUCTION.
$ III. — L'6tude des fails concernant les questions scienlifiques qui se sont
passes successivement au sein des populations qui ont observe les corps
el les phenom6nes qu'ils pr^sentent, d'une maniere sysl^matique el non
puremenlempirique, constitue I'histoire de la science. Lorsqu'on vient a
jelerlesyeux sureux, et particuiierement sur ceux qui concernent l'(5-
tude des 6tres organises, on peut y Irouver une source d'enseignement
des plus f^condes , parce que, a I'aide du pass6 , elle conduit a juger ot a
appr^cier le present, et meme, dans de cerlaines limites, a prevoir quel-
ques-uns des fails a venir.
Nous voyons dans I'origine les hommes observant autour d'eux, juger
de CO qui se passe au dehors d'apres ce qui se passe en eux : c'est aussi
la marcbe suivie par chaque indi vidu dans le cours de son developpemen t
inleliectuel. Au fond, nous trouvons la, a I'elat d'ebauche, les questions
de fait d'abord, les questions de doctrine ensuite : doctrines qui servent
h relier les fails les uns aux autres.
On peut encore observer un autre fait historique, qui se lie au prece-
dent et lui est conseculif.Les premiers observateursse sont trouves places
n^cessairement dans un cercio vicieux. En effet, nul fait, nuUe observa-
tion ne peut 6tre de quelque uliiite sans 6lre interprel6e et reli6e a d'aulres
analogues, d'apres cetle interpretation. Mais nuUe observation ne peut
fclre inlerpretee que d'apres une doctrine. Les deductions seront vraies
ou fausses, d'apres la verite ou la faussete de la doctrine. Or voila oii se
trouve le cercle vicieux : c'est que nulle doctrine ne peut elre reconnue
vraie qu'autant qu'elle s'applique rigoureusement a un ensemble de fails
dont aucun de ceux qui sont essenliels ne vient la contredire; qu'autant,
en un mot, qu'elle est verifiee par les fails.
Si done, dans I'origine des sciences, les observateurs ont 616 forces de
secreerdes doctrines qui etaient purement hypothetiques, transitoires,
et ne leur servaient qu'a guider leurs observations, une fois les fails devenus
asseznombreux,en mathemalique, astronomie, physique, chimie, etc
on a pu d'abord creer des doctrines purement negatives ou melaphysiques,
qui ont servi a renverser les premieres; puis enfin il a 616 possible d'embras-
9
ser tous les fails communs a toutes les sciences pour cr^er une doctrine posi-
tive, qui tend a embrasser tous les faitsconnus.Ddslors les fails bien ob-
serves d'apres cette doctrine la modifient elle-meme plus ou moins dans
les details, selon leur nature, de maniere a la rendre de plus en plus apte
a se mouler sur tous les phenom^nes naturels ou artificiellement produits.
II est results de cela que , dans les questions particuli^res , dans les
questions de detail, les questions de faits dominentcelles de doctrine, les-
quclles reposent sur les faits. Mais comme il est certain, d'autre part,
que les doctrines influent loujours sur I'interpretation des faits, il faut
toujours en tenir compte comme de ceux-ci. En efl"et, elles en modifient
I'acception, et par suite la valeur; elles influent aussi sur le travail d'ob-
servation, et conduisent a le rendre plus ou moins complet, parce que
loujours les id6es menent les hommes, parce que le cerveau guide I'oeil
el la main, ce dont nous aliens voir des exemples.
§ IV. — Des faits acquis par I'^tude des etres organises, consid^res en lant
qu'aptesa agir, et non comme agissant, c'est-a-dire au point de vue sta-
tique, et non encore au point de vue dynamique, i! decoule deux ordres
de deductions. Les unes constituent les faits gen^raux ou communs a
Vanatomie de tous les elres, ce qu'on appelio les lois anatomiques. La
principale est ['existence d'une correlation intime et constante entre toutes
les parties (d'ordres divers pour la complication), qui composent chaquo
fetre vivant. C'est la une condition d'existence, un fait n^cessaire, un fait
sans lequel I'^tre ne pourrait vivre, ce que prouvent certaines anoma-
lies, dans lesquelles nous voyons le developpement incomplet d'un ap-
pareil entrainer I'impossibilite de I'ensemble des actes qui caracterisent
la vie.
Les autres deductions sent de nature zoologique, ou relatives a ce fait,
que la disposition anatomique des parties interieures est en relation in-
time et constante avec la disposition des parties exterieures, et recipro-
quement : d'ou il resulte que la disposition anatomique des unes se tra-
duit au dehors par la disposition des autres, quant aux faits anatomiques
vraiment fondamentaux. C'est la un autre principe, ou fait de doctrine,
c'est-a-dire demontre par I'experience universelle. On pent done, a I'aide
des modifications de I'une, saisir et juger les modifications de I'autro. En
un mot, etant donne un animal connu anatomiquement, on peut conclure
de son organisation inlerieure a celle d'un animal non dissequ^ qui lui
ressemble exterieuremenl : d'ou naturellement on est porte a placer ce-
lui-ci a c6te du premier. Cette correlation des dispositions anatomiques
10
internes et exlernes vraiment fondamenlales est telle qu'on peut quelque-
iois, en physiologie, tirer parli de celte relation pour juger do I'impor-
iance de tel organe ou do telle disposition d'un appareii.
Comme I'experience a montre qu'il y a un certain nombre do fails com-
muns dans la maniere dont cette relation entre la conformation interieure
et I'exterieure est etablie, on dit qu'elle se fait d'apr^s certaines lois. Celles-
ci s'appuient sur la connaissance des lois anatomiques,mai3 en different :
d'ou est nee une nouvelle branche dela biologic statique, qui &e place ^
c6te de Tanatomie : c'est labiotaxie; science qui traite des lois decor-
relation entre la conformation interieure et la conformation ext^rieure :
d"ou possibilite de classement des etres et formation des classifications,
tant zoologiqoes que botaniques. D'apres cette science, on peut d priori
juger de la structure de I'animal non disseque d'apres celui qui, I'ayant
ite, se trouve rang6 pres de lui ; comme on peut aussi, en anatomie, con-
clure de la dissection d'un etre a la place qu'il devra occuper pres d'un
autre, d'apres ies ressemblances de leur conformation exterieure.
§ v.— Ainsi done I'etude statique desetres vivants conduit a deux ordres
de deductions : Ies unes reposentprincipalement sur I'etude de I'organisa-
sation interieure et constituent Ies lois anatomiques; Ies autres, au con-
traire reposent principaiement sur I'etude de I'organisalion exterieure, et
ses rapports avec la precedente constituent Ies lois de la Biotaxie zoolo-
gique et botanique.
Voila deux sciences distinctes, et le fait est si general, si universelle-
ment reconnu, qu'il est devenu un fait de doctrine. Quoique liees I'une a
I'autrepar la necessite commune d'analyser anatomiquementi'organisme,
Ies confondre serait fairs une erreur de doctrine.
Les naturalistes qui nieraient cette distinction se rangeraient parmi ceux
•qui, niant toute esptee de fails generaux, c'est-a-dire communs au plus
-grand nombre, se trouvent prels a repousser, auivantle besoin, tel ou tel
ordre de lois naturelles; ceux qui la nieraient se rangeraient parmi ies
auteurs qui, n'envisageant qu'une petite partie de ses subdivisions et ne
pouvant toules les relier en un faisceau puissant, raisonnent sur I'ensem-
ble de ce qu'ils omettent ou sur des erreurs comme s'ils s'appuyaient sur
an fait anatomique vrai.
§ VI. — Un fait anatomique peut done avoir deux ordres de consequen-
ces : ies unes relatives au rapport exislant entre les differenles parlies
constituant I'filre organise; les autres se rapportant a la relation qui existe
entre I'organisalion interne et I'exterieur de i'elre.
11
On sait de plus qu'a toute disposition anatomique se rattache d'uno
maniere a la fois inevitable et indispensable une notion physiologiqiie
qui est en correlation inlime et constanto avec elle. C'est encore la un
fait de doctrine d'une autre nature, en ce qu'il se rapporte alaphysio-
logie, a retre consider^ enaction : ainsi, d'un fait anatomique nouveau,
quelle que soil la maniere dont on le decouvre, on peut done de-
duire : 1° que la relation entre la disposition anatomique d'un appa-
reil etsa fonction n'est pas ce qu'on la croyait ^tre; que la disposition
anatomique de la veino porte, par exemple, n'est passeulement en rap-
port avec la secretion biliaire, comme on le pensait, mais encore avec la
fonction urinaire; 2° ilpeut, d'autre part, montrer que la relation entre
I'interieur et I'exterieur de I'animal n'est pas enti^rement ce qu'on la
croyait 6tre; alors il conduit a changer I'etre de la place qu'il occupait
dans les classifications.
Ici, qu'il y ait erreur ou verile, la doctrine n'est pas Changee. S'il y a
verite, les fails font plus ou moins d'honneur, selon Timportance de I'ap-
pareil, selon la grandeur du changement progressif apporle aux notions
acquises jusqu'alors. S'il y a erreur, au contraire, ils sent juges d'une ma-
niere correspondante.
D'erreurs de ce genre, nul anatomiste n'est exempt : I'histoire le mon-
tre. Mais tant que la doctrine n'est pas changee, la posterite, le plus
souventmeme sans critiquer le fait que le temps monlre errone, I'aban-
donne simplement et prend ce qui est vrai pour i'admirer et se I'assimi-
ler. Elle abandoone le systkme exhaiant de Bichat et appr^cie I'admi-
rable etude des tissus et des systemes, venanl faire avec I'etude des or-
ganes etdes appareils un seul corps de science.
Mais que dire deceux qui deduiraient d'un fait anatomique qu'il n'y a
pas de relation necessaire entre I'appareil et sa fonction ; qu'il n'y a pas
correlation intime entre les dift"6rents appareils d'un nieme Hre ? Que dire
de ceux qui, d'autres fails anatomiques, concluraient qu'il n'y a pas de
relation entre rorganisation interieure et I'exterieur de I'animal, ou plu-
t6t qui , traitant des corps vivanls , s*aient assez depourvus de doc-
trine pour ne pas elre conduits a voir qu'il y a erreur la ou, dans
dans I'etat actuel de nos connaissances, une telle conclusion devient
forcee ?
Ici on le reconnait, il y a erreur de doctrine , c'est-a-dire qu'il y a une
de ces erreurs qui tendent a renverser en un moment ce qui resulto de
I'experience des si^cles anterieurs.
12
Ceux au conlraire qui sont suflBsamment peoetres des principes ou
fails gen^raux que nous enseigne I'etude des corps organises, renver-
sent I'erreur pour la remplacer par des fails reels; c'est la ce qui dis-
tingue I'appreciation ind^pendante, de la critique toujours perturbatrico.
Mais cette appreciation n'est que plus energique a relever ce qui, par
erreur, change a tort ce qu'on savait. Et cela parce qu'elle sent qu'on
renversant une doctrine vraie, on force a recommencer la science
sans profiler des mat^riaux acquis; parce qu'elle sent qu'une fois les
principes generaux vicies, il faut un effort intellecluel 6norme pour les
ramener simplement a leur veritable valeur; il faut un temps considera-
ble pour les replacer dans I'etat oii ils ^talent d'abord; parce qu'enGn
elle sent que tout ce qui transforme mal a propos, annule ou detruit une
doctrine, exprimant I'ordre naturel et permettant au cerveau de le repro-
duire en nous, par la pens6e, tend a rendre nul le labour de la societe et
des notions p6niblement acquises.
§ VII. — Tels sont les principes et les donn6es d'ind^pendance scientifi-
quequidoivent nous guider dans rappr6ciation des travaux sur lesquels
repose la discussion que vousavez entendue, et qu'il importait de preciser
pour mettre la question sur son veritable terrain. Tels sont les principes ge-
neraux dominant toute question scientifique et dont^ chaque pas vous allez
trouver soil les developpements, soil les applications successives. Tels
sont les principes qui seront mis en relief chemin faisant autant par la
necessite oil vous serez d'en faire usage pour comprendre les erreurs de
ceux qui les ont omis, que par leur utilite intrinseque. Ainsi qu'on le voit
d'avance, nous passerons legerement sur les erreurs anatomiques, quand
elles n'apporteront aucune perturbation aux fails g^neralement acquis;
mais nous insisterons naturellement sur les fails reconnus errones qui
tendraient a nous montrer qu'il n'y a pas de relation entre I'exterieur et
I'interieur de I'animal, ou que la fonction n'est pas inherente a Vappa-
reil. Nous ferons par centre ressortir les fails qui sont restes de cette dis-
cussion, et qui, malgre tout, ont pu faire progresser la science.
§ VIII. — Pour faciliter I'expose qui va elre fait, nous I'avons divis6 en
deux parties : chacune d'elles se rapporle reellement a deux phases de la
discussion dont on vous a lu les testes. Css deux phases sont naturellement
continues; la seconde decoule de la premiere, en sorle qu'elles sont cer-
tainement confondues dans quelques esprils; mais il est bien certain,
comme on va levoir, qu'il regnedeux ordresd'idecs dans cette discus-
sion.
13
c. Dans la premiere phase les faits anatomiques, d'apres lesquels on
croit que I'inteslin peut remplacer en totality ou en partie les vaisseaux,
sont peu nombreux: la theorie de ce remplacement n'est encore qu'a
I'etatd'ebauche; mais bienl6t les faits se multipliant, on en tire toutes les
consequences. Ces consequences sont de deux ordres, mais plus ou moins
confondues; premiere faute centre la methode, qui conduit insensiblement
a deux plus grandes, serapportant aux deux ordres de considerations dont
nousavonsparle, les unes anatomo-physiologiques,les autreszoologiques.
En premier lieu, on admet, d'apres un certain nombre de faits que :
c'est se former une idee Men petite et lien fausse des ressources de
la nature que de la croire assujettie a la necessite de se servir toujour s
du meme appareil pour remplir la meme fonction ; il faut Men un
appareil pour la remplir, mais ce n'est pas toujour s le meme, et de ce
que les pattes de VEcrevisse ont, comme ses mdchoires, pour usage de
servir d la mastication, on est porte a en conclure que V appareil di-
gestif peut aussi remplacer celui de la circulation (1), Premiere erreur,
qui vient de la confusion entre la notion d'osAGES lesquels peuvent etre
multiples pour un seul organe, et la notion de fonctions qui est toujours
unique pour chaque appareil.
En second lieu, si Tappareil digestif peut remplacer ainsi celui de la cir-
culation , en tout ou en partie, chez des animaux dent i'apparence esterieure
ne s'^Ioigne pasessentiellement de celle d'animaux qui ont deux appareils
pour ces deux fonctions, on ne peut plus, en zoologie, conclure de cette
forme ext6rieure a I'organisation interne. II faut done, suivant que la dis-
section pre'alable, devenue dans cette ecole toujours indispensable au
classi/icateur montre un seul ou deux appareils pour les deux fonctions
diff^rentes, classer ces etres dans deux ordres differents et non plus dans
un seul. Telle est la conclusion du deuxi^me ordre ; n^cessairement vraie,
si la premiere est vraie, necessairement fausse si la premiere et les faits
anatomiques sur lesquels elle s'appuie sont erron^s.
b. Mais arrive bientot la deuxieme phase : les faits anatomiques sur les-
quels s'appuient ces conclusions, ne sont pas confirmes. Alors la deduction
physiologique du remplacement de I'appareil circulatoire par I'appareil
(I) Milne-Edwards, Observations SUR LA CIRCUUTIOH (AisN. pes sc. natubelles,
1845, t. Ill, voir p. 262 et 203).
ik
digestif auquel on avail 4t^ jusqu'a attribuer deabattetnents rhythmiques
comme ceux du coeur (1), ne pouvant plus etre d^fendue, on fail inter-
venir un nouvel 616ment de discussion qui grandit jusqu'a I'absorbertout
emigre en la d^pla^ant. Ce nouvel eli^nient est emprunl6 au fait d'une
disposition specials du sysl^me veineux. On le consid^re comme degrade
et constitu^ seulem«Dt par des lacunes ou cavit^s sans parois.
Voila pour la deuxieroe phase de la discussion.
La premiere partie comprend I'expose de la discussion qui se rapporle
a la premiere phase et la seconde partie a la seconde phase.
L'ordre historique, le seal qui soil approprie a I'examen de ces ques-
tions, nous force a vous faire passer en revue, d'abord, les travaux d'un
certain nombre d'auleurs, avant do vous parler de ceux de M.Souleyet,
dont nous avons a examiner sp^cialement les communications.
(1) De Quatrefages, M^uoibe sus les «asieb.opqd£s i'{((j^itE;Nx£R£» (^n, t>£S
SQ« JUKX'y, ISii, 1. 1, p. 129);.
PREMIERE PARTIE.
§ IX. — Les Mollusques dotU nous allons parler ici appartienaent princi-
paleraent au groupe des Nudibranches , des Inferobranches ei aussi
des Tectibranches.
Chez les premiers, restomac regoit la bile par plasieurs conduits con-
siderables et, dit Cuvier, « Ton conceit a peine comment les aliments ne
penetrentpas dans ces vaisseaux et ne les engorgent pas » (1). Le foie
pent occuper une grande partie de la masse du corps, ou bien, comme le
dil Jean-Frederic Meckel, etre place le long des branchies a leur face in-
terne (2). Dans la Byphillidia lineata, dit Meckel, « je trouvais seule-
» menl Irois conduits qui, se dirigeant d'avant en arriere, s'ouvrent au c6t6
» gauche de I'estomac. lis naissent de la substance glandulaire corres-
» pondant a la branchie gauche. » Trois ans plus tard, en 4 826, le meme
Meckel insistait, en parlant de la Pleurophyllidie, sur ces rapports du foie
avec les branchies et la largeur des conduits gastro-biliaires ou gastro-
h6patiques. « L'observation de la structure interne de I'animal, dit-il (3),
(1) Cuvier, M^m. pour servir a l'histoire et a l'anatomie des mollcsques,
Paris, 1817, in-4», p, 15.
(2) J.-P. Meckel, Beschreibdng einer ^ECEN Molluske (Arch, for Physiol.,
vol. VIII, 1823, p. 191 a 207.; voy. p. 205).
(3) Meckel, Ueber die Pleurophtllidia (Arch, fur Anat. end Phtsiologie,
1826, t. I, p. 13 k 19; voy. p. 15). (C'est le meme animal que !a DyphilUdia
lineata.)
16
» me d^monlra la presence des glandes salivaires, la situation et Tairan-
» gement remarquables du foie, qui formait una masse aplatie, brunatre
» allong^e de chaque cold du corps, le long de la base des branchies, da
» laquelle au moins six conduits transversaux allaient s'ouvrir dans I'es-
» tomac, Dotamment vers sa partie elargie du commencement, de telle
» sorte que les anterieurs depassaient les posterieurs en longueur et lar-
» geur. D'apres Delle Chiaje, qui observa laPleurophillidie plus tardque
» moi, sans pourtant connaitre raestravaux, I'estomac serait entourd par
» le foie (1); cependant cela n'est nullement le cas, puisque les foies se
» trouvent dans les parois laterales du corps, sont entoures a leur face
» interne par des fibres musculaires, et sont unis a I'estomac seulement
» par des canaux transversaux. » Meckel a, depuis, reproduit en abreg6
ces faits dans son Traite d'anatomie comparee (2).
Meckel n'est pas le seul qui ait indique cette disposition singuli^re du
foie dans les branchies, qui, ainsi qu'on va le voir, prendra bient6t de
I'importance. Delle Chiaje, quidit en avoir indiqud la disposition entre les
lames branchiales des 1823, c'est-a-dire la memeannee que Meckel, au
tome I, page 128, des memoires cites, en d^montra amplement I'existenco
en 1 841 , dans sa nouvelle edition du meme ouvrage (3).
Laildit, en effet, que le foie de la Pleurophyllidia neapolitana est
d'un brun jaune et occupe le bord inferieur du manteau et se trouve dis-
pos6 en une serie de petiteslamellesdemi-imbriqudes; ses lobules com-
muniquent avec cinq ou sept conduits biliaires qui s'ouvrent sur les deux
c6tes de I'estomac. II indique ensuite la situation de I'ovaire qu'il recon-
nait avoir pris jadispour le foie (page 42).
Nous arrivons maintenant a des animaux plus voisins encore de ceux
qui vont nous occuper directement. M. Delle Chiaje, dans la planche 88
de i'ouvrage que nous avons deja cit^, planche gravde et publieo en 1 842,
figura I'appareil hepatique de VEolis cristata {Janus spinola;, Verany)
sous forme de deux longs conduits brunatres longeant les deux coles du
corps. Vers la queue , lis se confondent en un seul , qui parcourt une
(1) Fascicules III et IV des Hehorie sdlla storia e notohia degli aniual:
SENZA VERTEDRE DEL REGNO DI NaPOLI, etC. Napol), 1824, p. 28.
(2) Meckel, Anatom. comparee, t. VII,traduct. fran?ais«, 1836, p. 298.
(3) Delle Chiaje, Descrizione e notomia degli animali invertebbati dilla
SiciLiA citeriora. Napoll, in-l'olio, tomo II, 18U, p. 42.
17
certaiiie longueur de cetorgane; ils s'anastomo.>eiit nar un cituil trans-
verse vers le tiers posli^rieur environ et se jettfri! cli;:ciin, par un seul
rameau ou canal biliaire transversal , dans le c6te correspondant de I'es-
lomac; ou , si Ton veut , chaque canal biliaire, s'aboiichant dans le c5le
correspondant de re^tomac, se porte en dehors , puis se divise en une
branche qui remonte vers la tete sans se joindre a colle du c6te oppose ,
et une seconde branche va en arriere se joindre a celle du cote oppose ,
pr^s de la queue. En outre, elles s'anastonio^ent transversalement
par une branche volumineuse. Du cote externe de chacun de ces longs
conduits brunatres el do leurs extremites partenl des rameaux subdivises,
dent les subdivisions se terminenl en cul-de-sac. L'une d'elles penelre
dans les branchies et s'y termine par un groupe de pelites branches toutes
disposees en culs-de-sac un peu renfles et sans anastomoses. Ces branchies
sent, comme on le sait, de petits corps generalement cylindriques , qui
sont aussi appeles par quelques auteurs cirrhes branchlaux, cirrhes
dorsaux, papilles dorsaies. Nous leurconserverons lenoni de branchies
ou cirrhes branchianx, avec la plupart des analomistes. Dans una
figure d'une branchie isolec, Delle Chiaje represente aussi avec exacti-
tude les details de cette lerminaison ainsi que I'organe terminal de la bran-
chie, appele organe calcaire, et encore poche ou glande des or-
ganes urticanis (1). Dans la meme planche, il figure encore uno bran-
chie grossie de VEolis cristata , et montre ce meme organe des cellules
urticantes, ainsi que le conduit biliaire fonc6 en couleur, qui porte des
ramifications toutes terminees par un petit renflemenl en cul-de-sac , res-
semblant a un petit grain p^dicule.
§ X. — La en etail la question sur ces animaux, lorsque, danscetle m^me
annee 1 842, M. Milne-Edwards publia une note intitulee : Sur l'existenc^
D'UN APPAREIL GASTRO-VASCULAIRE CHEZ LA CaLLIOPEE DE RiSSO (e) , MOL-
LUSQUE DE LA FAMILLE DES EOLIDIENS (2).
Voici le texte de cette note : « En observant a Nice une petite Calliopee
B dontles tissusetaient incolores et d'une grande transparence, j'ai apercu
(1) De Qualrefages, Memoire sur quelques planariees marines (Ann. des sc.
NAT., 1845, vol. IV, p. 146). Voir aussi Comptes rendus, I844,et Hancock and Em-
bleton, On the anatomy of eolis, a genus of molluskes of the order nudibrax-
CHIATA (Ann. OF NAT. HlSTOilY, vol. XV, 1815, p. 80, pi. 4 et 6),
(2) Milne-Edwards, Sur la structure et les fonctions de quei.queu zoo-
phytes, mollusques et CRUSTACES des cotes de la FRANCE (AnN. DES SC. NAT.,
1842, t. XVm, p. 330).
•2
fvfei
iS
» chez ce mollusque un systeme de canaux tr6s-developp6 qui communique
» avec la portion aniurieure du tube digestif, recoitdans f.on int^rieur ies
>> malieres aiimentaiies, presqu'aussil6t que raiiiinal les a avaiees, et se
» repand dans toules les parties du corps. Ce singulier appareilse compose
» principaiement de dmix vaisseaux iongitudinaux qui occupent les cotes
» du corps et donnentnaissance a un grand nombrc de branches dont les
» unes penetrent dans les tentacules, d'auties se distribuent aux levres,
» au pied, etc., et d'autres encore se portent debas en haul et en dehors,
» puis se divisent chacun en deux ou trois rameaux, lesquels s'engagent
» dans les appendices foliaces implant^s sur le dos et dt5sign6s commun^-
» ment sous le nomdebranchies. Chaque appendice recoil un decesvais-
» seaux , qui bientOt se rcnfle beaucoup et constitue une sorte d'utricule
» allongee dont les dimensions sent souvent presque egaies ci celles de
» I'appendice lui-m6me. Ces coecums sont tr^s-contracliles , et les ma-
» lieres contenues dans leur inlerieur ainsi que dans le reste du systeme
^ivj,f de canaux situ^s au-dessous, y circulent avec rapidity. »
» .. « Get appareil me semble devoir 6tre compart, d'une part, a celui qui,
• I I f i/t'fw/'^* chez les Meduses, se porte a I'estomac, au pourtour de I'ombrelie et y
A/l<|^|VC'j\ ' \ » constitue un lacis vasculaire tres-serr^, etd'autre part aux appendices
i'. ( ji^ ^( » lubulcux qui, chez les Nymphous, naissent du canal digestif, penetrent
^»^" V^\/ » jusqu'a I'exlremite des patles et sont animus d'un mouvement peristal-
■ » lique tres-rapide. Je ne me rappelle pas en avoir vu I'existence men-
f)^ fhf}v^ « I'.*-" l7Wi|'^ tionnee par lesmalacologistes, et je regrette de n'avoirpas eu Toccasion
j » d'en faire une elude plus appiofondie; mais les lacunes que je laisse
y> dans sa description ne tarderont pas a etre comblees par un jeune zoo-
id logisle d'un grand m^rite; M. Loven (de Stockholm) a fait sur ce point
'. . » des observations plus completes que les miennes, et se propose de les
» publier prochainement. » M. Edwards ajoute, en note, que depuis la
redaction de cet article, paru en decembre, il a recu de M. de Quatre-
fages une lettre'contenantde nouveaux details sur cet appareil (voyez les
€oMPTES RENDUSDE l'Academie DES SCIENCES, Stance du 24 octobre 1 842),
€t que le m^moire qu'il prepare sur ce sujet et sur quelques autres points
relatifs a i'anatomie des eolides paraltra prochainement dans les Annales
DES SCIENCES NATURELLES. •
Avant d'aborder les travaux annonc^s ici , il est ^ remarquer que cette
note est importante dans la question. II est probable que si M. Milne-
Edwards eilt connu la 6gure de Delle Chiaje, il n'eiit pas donn^ une pa-
reille determination de cet organe. Neanmoins, on ne saurait trops'^-
19
tonnerde voir comment, sans aulres connaissances anatomiques sur la
structure d'un animal que la presence de reslomac ct de I'appareil pre-
cedent, plus des branchies, on peut se iaisser ailer a etablir immediate-
ment, sans plus d'examen, de pareilles analogies, D'une part, ce sont des
Mollusques, animaux ayant tous un tube digestif complet, un cceur, un
appareil vascuiaire , des organes genitaux compliques et surtout un sys-
tdme nerveux complexe, sinon volumineux. D'autre part , ce sont des Me-
dusas, ^tres qui ne sont plus repr^sentes, pour ainsi dire, que par un tissu
homogene parlout, pourvu seulement de fibres contractiles deliees, sans
m^me avoir les tubes et lescorpuscules gangiionnaires nerveux bien carac-
t^rises, au moins chez la plupart; animaux chez lesquels I'appareil appele
digestif, ramifie dans le corps, ne peut, en general, recevoir que des corps
d^ja liquidesou microscopiques, etqui ontun appareil reproducteurporte
a un tel degrede simplicitequeles organes mSles ne different des femeiles
que par la coloration. Puis, d'un autre cot^, ce sont les Nymphons, Arti-
cules qui, en raison de I'ensemble de leur organisation, sont ranges avant
les Mollusques dans tous les traites. Ces simples reQexions eussent du
faire donner une autre determination, ou au moins la faire suspendre
jusqu'a plus ample informe du reste de I'organisalion. Elles auraient du
au moins faire rechercher si ces vasles canaux biliaires, dont la grandeur,
chez des Mollusques voisins, ^tonnait tant Cuvier, ne pouvaienl pas, en
effet, recevoir les aliments sans s'engorger, puisque pr^cis^ment ces etres
se nourrissent de parlicules infiniment petiles qu'ils enlevent a la surface
des corps a I'aide d'une langue ciuirgee de fines pointes corn^es.
Mais vous serez moins elonnes de celte promptitude a conclure sans
relier les fails analogues les uns aux autres, si vous admeltez les opinions
deja citees de M. Milne-Edwards , que c^est se faireune idee bien petite et
bienfausse des ressources de la nature, que de la croire assujettie a la
necessitede se servir toujour s dumeme appareil pour remplir la mcme
fonction. II faut bien un appareil pour en operer I'accomplissement,
mais ce n'estpas toujour s le meme; etde ce que Von voit que lespatles
de I'Ecrevisse ont, commeses mdchoires etmandibules, un usage dans
la mastication, on estporte a en conclure que Vappareil circulatoire
disparaissant, celui de la digestion pourra le remplacer dans sa fonc-
tion (1). Si vous admettez le fait, le nom d'appareil gastro-vasculaire
(1) Milne-Edwards, Observations sor la circolation (Ann. des sc. nat,, 1845,
t. Ill, p. 262 et 263).
20
doil vous paraitre heureusempnt choisi. Pouilant, dira-t-on. il n'y a ,
Chez les Medu^e«, qu'une cavite centrale qa'on appelle o.-lomac , d'ou
se reiinisseni des lubes dans le corps el ses appendices, et ils n'ont pas
de vaisseoux sanguins. Observez de plus que cet eslomacne recoil aucun
aliment solide autre que des Infusoires; qu'il ne digere rien autre et se
remplit, c'.icz laplupart par I'lnlermediaire des reseaux qii'on a conside-
res comme y prenanl origine , ou par les conduits lenlaculaires; or, ces
conduits rt-ooivenl leur iiquide par des orifices capillaires nombreux, qui
ne sonlpasdes bouchcs proprement diles. Aussi Siebold dil-il que les
Acalejihes n'ont pas de vrai tube digestif (I). Mais de plus, voyez quelle
simplicile d'organisation chez ces animaux, quel que soil leur volume,
coniparce a cello de IMcllutques plusieur.-i cenlaincs de fois plus pelits.
C'est alors surtout que vous reconnailrcz que vouloir cbez un Moilusque
retrouver un appareil semblable a celui des Acal^phes, plus ceux qui s'y
trouvent dcja, c'est meconnuitre les lois de Tanalogie et la maniere
dent, suivant la simplicile ou la complication de I'organisine, s'elablitla
relation enire I'appareil et la function. Des lorson est place dans un cer-
cle \icieux. Aussi, pour nep;;s Irop chequer le simple bon sens, qui n'esl
autre que I'expression inrtinclive etspontanee des lois de I'oidre naturel,
on se Irouve conduit a vouloir faire disparaitre do choz ces l\Iollusques
les appareils donl le nombre met obstacle a la conception d'une coordina-
tion r^guliere.
Que les conduits gaslro-hepatiques viennenten aide a la digestion lou-
les les fois que les aliments y peuvent peiielrer, il n'y a la rien de bien
choquant, et le fait doil avoir lieu, puisquon sail positivenienl que la
bile vient en aide a la dissolution des malieres uzotees, d'une manie; e
Ir^s-prononcee. Mais rcmarquez que ces malieres n'y sejournent pas,
puisqu'cllos les parcoureiil avec rapidite, conditions peu favorables pour
qu'elles y soient absorbees.
Mais, direz-YOUs, avant de determiner la nature de cet appareil et des
orcanes qui le composent , pourquoi ne pas poursuivre son analyse ana-
tomiquc successivcinent dans tous les ordres de notions qu'il peut ofTrir
a I'observateur? Pourquoi ne pas en poursuivre I'analyse anatomique
depuis le point de vue de I'appareil jusqu'a celui de I'element crgani-
fl) De Slcbokl, Ma.mei.b'anvio>iieo.omi'aree, tradiict. franc. Pari?, 1849. in-lS,
t. I, p- ''^-
•21
que? Pourquoi ne pas arriver d'abord jusqu'a ces parties-la des corps
qui caraclerisent les tissus et en determinent la nature? Ce defaut de
m^thode ne doit pas vous etonner au fond. Remarquez, en efTet,
que, negligeant les fails qui etablissent une correlation enlre I'exte-
rieur et I'inlerieur , et, d'autre part, enlre la complication ou la simpli-
cite des organes qui composent un seul et meme appareil, lis ne sent
nullement guides par I'id^e de voir, a un intestin simple, annexe un foie
simple, qui, par suite de sa simplicite meme, vient accessoirement en
aide au tube digeslif. Aussi, d'un seul bond franchissant des classes
enlieres, il^ vont dans les Acalephes, animaux des plus simples,
chercher un appareil soud^ avec la substance du corps et qui seul sufiflt
a raccomplissement des actes de la vie de nutrition. En outre, lisez les
Perils trailant du snjel qui nous occupe, et vous verrez alors qu'au fond
celte ODiission derive de cette autre crreur de doctrine qui fait consi-
derer I'elude successive et coordonnee des difl^rentes parties composant
I'organisme, en y rattachanl les nolions ph\;!.iologiques qui s'y rappor-
tent, comme des di^linclions scolasliques, residant plul6t dans les mots
que dans la nature des choses, etsans ulilile pour la science. Vous ver-
rez qu'ils pensent qu'cn admettant cette d^pendance necessaire entre la
function et I'appareil, on ne pcut rien comprendre a la physiologic des
animaux infeiieurs. Mais ils pensent qu'il en est tout autrement en ad-
mettant ce qu'ils appellent le [)rincipe contraire; alors I'etude physiolo-
gique de ces animaux cesse de presenter aucune difficulte serieuse. Ne
semble-t-il pas ici que la science consisle a 6viter et tourner les difScultes
et non pas a les resoudre? Ne semble-t-il pas qu'il s'agitd'omettre,pour
ne pas s'en embarrasser , les choses difSciles, plut6t que de voir ce qui
est, en jetanl les yeux surl'ensemble des etres pour rapproclier les choses
qui se ressemblent, et en deduire les fails communs au plus grand
nombre, c'est-a-dire generaux.
S'ils eussent, au contraire, examine le tissu de ces conduits et les ele-
ments qui les composent ; s'ils les eussent compares a ceux des Mollus-
ques deja connus, ainsi que I'ont fait tant d'auteurs (1), ils eussent vu
que la conformation des culs-de-sac, que les cellules qui les tapissent et
(I) Muller, De glandularum penitioki strcctura, Berlin, 1831, in-folio;
Heinrich Meckel, Mikrographie einiger Drdsen Apparate der niederen Thieris
(Arch, de Mci,ler, 1846, p. l et9), etc...
22
la coloration del'huile en goutteletlesquecelles-ci renferment, etd'autres
caracteres encore, nepermetlaientpasde conclure a un appareil sans ana-
logue chez les Mollusques conniis.
§ XI. — Ainsi, en resume, la disposition generale de I'organe, et surtout
son insertion a restoniac,lacomparaison dela constitution desautres;ippa-
reils de I'animal a celui-ci et a I'organisation totale des esp^ces voisines par
leur conformation, basee sur les fails de doctrine les plus elementaires,
s'opposent a ce que nous puissions accepter la determination donn^e par
M. Milne-Edwards. En consequence, nous appuyant sur I'anatomie de
I'organe pris en lui-m^me, sur sa comparaison avec les appareils qui lui
ressemblent, dans les animaux analogues a celui-la et deja etudi^s anato-
miquemcnt, nous ne pouvons des a present admeltre autre chose sur la
Calliopee qu'un foieramifie, dont les conduits larges proportionnelle-
nient et contractiies, comme tout conduit hepatique, sont penetres et
parcourus par les aliments en m^me temps que par les granulations mo-
leculaires de la bile. Par consequent enfin, le nom d'appareil gastro-
vasculalr e ne sams'n ^tre conserve, car il porte avec lui I'idee d'un
appareil nouveau et surajoute qui n'existe pas. II n'y a la autre chose
qu'un organe existant partout ailleurs qui, au lieu d'un u^age unique,
en a deux; fait general, frequent dans I'organisme. Ainsi, outre son
usage habituel de conduire la bile, il a de plus un autre usage, celui
de se laisser parcourir par les aliments, et sans doute en m^me temps
d'en hater la dissolution par un melange plus rapide avec la secretion du
foie.
II importait beaucoup d'insister sur ce pretendu appareil gaslro-vas-
culaire, car vous ie voyez, tout repose sur lui. Admettant cet appareil
des Acaiephes chez un Mollusque elev6, vous ne pouvez guere, sans chequer
la logique, admottre en outre ce qui existe chez tous les autres mollus-
ques, car I'un existant, a quoi servent les-vaisseaux? Pourquoi ce double
emploi, pourquoi cette complication insolile precisemenl chez les ani-
maux les moins voluminenx, les plus simples d'autre part, et par conse-
quent chez lesquels la nutrition et la distribution de ses materiaux
se font dans I'organismo total avec le plus defacilite, avec le moins
de frais quant au nombre des organes de toule sorte , quant a leur
^tendue, et, par suite, necessairement quant a leur solidity? Une
fois admis done, I'esprit n'est plus libre . et I'cxploration anatomique,
.ussi bien que I'inteliigence, sen ressentenl. Vous le senlez facilement,
les interpretations ne peuvent plus 6tre les m^mes. Si cet appareil est
23
plus developp^ chez un 6tre voisin , il faut que d'autres le soient moins;
serieusement, si vous I'admettez, il vous estpresque impossible de nepas
admettre d priori, malgr6 vous, que les vaisseaux manquent en toutou
en partie, que I'intestin m^me n'a pas d'anus. Et voyez la gene incessante
ou Ton est l6rsqu'onvient a trouverqu'aveccelappareil, destine a porter des
mat^riaux nulritifs dans le corps, il se trouve en meme temps que ce sont
precisement les arleres, ayant le meme usage, qui sont les vaisseaux les
plus developpes. Voyez la gene, quand on voit ce pretendu appareil gas-
tro-vasculaire aller penetrer dans les branchies la ou les vaisseaux sotit
le plus nettement demontrables.
§XII. — Aumois d'octobre 1842, M. deQuatrefages communiqua a i Jn-
stitut (1) les faits suivants par une leltre adressee a M. Milne-Edwards :
« J'ai trouve, dit M. de Quatrefages, un petit Mollusque nuqui me parait
» fort interessant ; sa transparence m'a permis de I'etudier au micro-
» scope, et d'en faire une anatomie a tres-peu de choses pres complete.
» C'est un Gasteropode dont le corps est couvert de cirrhes assez gros,
» qu'il dresse d'un air menacjantau moindre contact , comme fait le Porc-
» epic avec ses piquant?. L'appareil digestif consiste en un canal cen-
» Iral , d'ou partent a droite et a gauche, d'une maniere parfaitement sy-
» m^trique, des branches qui aboutissent a un canal marginal tres-grele
» regnant lout autour du corps. De chaque branche partent, en outre,
» des canaux qui p^netrent jusque vers I'extremile des cirrhes. On voit
» parfaitement les matieres en digestion aller et venir dans ce systdme
» de canaux. Ces dispositions anatomiques m'onl rappele les dessins de
» M. Loven ; mais grSce a la transparence de mun petit mollusque, j'ai pu
» aller plus loin et reconnaitre I'existence d'un cceur d'ou partent des ar-
» teres, maisou n'aboutissent point deveines. Deux oreillettesplacees en
» arri^re rcQoivent lesang, qui arrive de loutes parts par des mailles la-
» ches et lacuneuses. Ces oreilleltes elles-m^ines semblent n'^tre qu'une
» de ces lacunes un peu m eux organisee et douee d'une contracLilite ac-
» live. » Vient ensuite la description du sysleme nerveux, et M. de
Quatrefages termine en concluant pour la symetrie, comme tout a I'heure
M. Milne-Edwards en parlant de I'inteslin , c'est-a-dire qu'il conclut a des
analogies entre les Mollusques d'une part et les Articules plus les Riiyonnes
(0 De Quatrefages, Sur quelques faits relatifs a l'histoire des anmmaux in-
vERTEBREs (C. R. dcs se'anccs de I'Acad. des sc. de Paris, seanre du 2i oct. 1842,
t. XV, p. 798).
'2!i
fi'iuitre part. 11 dil. on effet (1) : « J'ajoutcrai que tout psL synietriqiie
» diiiis ce singulicr Mollusque , sauf les organes geniUuix. Voiia done iin
» Mollusque appartenant a une des divisions les plus elevees de eel em-
» branchement, qui |)resente des rapports evidents d'un cole avec les Ar-
» ticule.-^, et do I'autre avec les Rayonnes. » Pourquoi celle conclusion?
11 est difficile de le savoir. Ce n'cst eertainemenl pas pour etabiir une
liaison des Rayonnes aux MoUusques, ni deceux-ci aux vertebras, puisque
les disciples de Cuvier n'admetlent pas i'exislence de la serie animale,
c'est-a-dire la reunion des etres analogues ranges en groupes, lesquels
sont ensuite disposes en serie les uns a la suite des autres, d'apres la
complication croissante ou decroissante de Tensemble de leur organisa-
tion. En un mot, on ne voit nullement pourquoi est eiabli ce rapport de
symelrie, dont est prive pourtant I'appareil generateur ; on ne voit pas a
quoi il aboulit, a quoi il mene, quel principe il viont appuyer ou ren-
verser, de quel principe il peul etre la source. Ces deductions d'affinites ,
d'ordre zoologique , M. de Qualrefages les reproduil et les pousse encore
plus loin , en 1843, dans un travail plus elendu sur le nieme animal (2).
Par le coeur, I'animal ressemblerait aux Crustaces et aux Insectes. car
chez lui le coeur se ratlacherait physiologiquement a I'appareil digestif
et au respiraloire. Or, pour M. de Quatrefagcs, le coeur des Insectes se
rattache principaleinent a Vappareil digestif dont il est un annexe ,
tandis que, chez les Crustaces, il est un annexe de I'appareil respi-
raloire. De plus , ce Mollusque ressemblerait aux Anndes , par la
symetrie de son systeme verveux et meme par une espece de di-
vision du corps en segments se repel ant les uns les autres sur une serie
lineaire, autre caractere eminemment propre aux Jnneles. Ainsi,
chez cet animal , il y aurait tendance a la symetrie binaire et a I'an-
nulation; de sorte que , tout en conservnnt un ensemble de caracteres
qui ne permet pas de la separer des autres Nudibranches, lEolidine
touche d'un cdte aux Meduses, de Vautre aux Crustaces et aux Anne-
lides errantes (3). Vous le voyez , ce n'est pas la une simple erreur de
(0 De Quatrefascs, toe. cit., 1842, p. 799.
(2) De Qualrefages, Memoire sur l'eolidine paradoxale (eolidinaparadoxdm,
D. Q.) (Ann. des sc. nat., 1843, t. XIX, p. 274, voy. p. 300-305, et C. r. des
seances de I'Acad, des sc. de Paris, 1843, t. XVI, p. 1 123).
(.3) De Qualrefages. Mem. sdr l'Eolipine (Ann. des sc. nat., 1843, 1. XIX,
p, 300 a 305).
25
fiiit, el les principes generaux enonces plus haul. sur les consequences ou
conduit I'absence de doctrine, louchanl la conslilulion de i'organii=me en
general et loiichant les relations positives qui existent enlre I'inlerieur
el i'exterieur d'un elre . trouvent ici leur application. Le nom donne a
I'animal , EoLiDiNA PARADOXUM , D. Q., caracterise lui-meme le fait. Un
pareil animal , en effet, ne saurail elre que paradoxal , el a I'aide de fails
semblables vouloir soutenir des principes, ce serail vouloir deliuire la
science par la destruction des donnees fournies par la logique.
Mais laissons les conclusions zoologiques pour arriver a celles qui con-
cernent !a constitution et les analogies anatomiques de I'animnl. « Les
» organes de la circulation , dit M. de Quatrefages (1), chez I'fiolidine se
y> composent d'un coeur dorsal, univenlriculaire et d'un sysleme de vais-
» seaux arleriels. Le systeme veineux manque entierement. II est en
» quelque sorte remplace par les lacunes du tissu areolaire. L'absence
» des veines proprement dites, la maniere dont le sang se dtiverse di-
» reclement des lacunes du corps dans le ventricule unique du coeur,
» scmblent devoir entrainer la disparition de I'appareil respiratuire.Aussi
» ne Irouvons-nous rien ici qui rappelle le moins du monde les brancliies
» ou les poumons decrils jusqu'a ce jour dans les moilusques. Mais les
» cirrhes qui couvrent le dos de I'animal n'en remplissent pas moins le
» role d'organes de la respiration : chacun d'eux represente assez bien la
» forme d'un doigtde gant. Un coecuni partant des brancliies inteslinales
» p^netre dans son inlerieur et laisse enlre lui et les parois du cirrhe un
» espace toujours rempli par le sang que les arteres ont vers6 dans la ca-
V vileabdominale, sang que nous pouvonsconsiderercomme veineux. Les
» contractions du cirrhe, en se repetant a chaque instant, renouvellent
» sans cesse ce liquide , et I'exposenl a Taction de i'eau aeree par des
» mouvemenls qui rappellent , au moins pour le but , I'inspiralion et I'ex-
» piration des animaux pulmones. »
Dans les Annales des sciences natuuelles , M. de Quatrefages
ajoute (2) : « L'inteslin a la forme d'un lube conique elendu en ligne
» droile sur la ligne medianedu corps et aboulissanta un anus dorsal
» tres-pelit (3). De chaque c6l6 de cette espece de tronc intestinal
» sorlent, d'une maniere symetrique , des branches, dont le nombre
(1) De Quatrefages, loc. rii., Comptes rendus, etc., 1843, p. 1124.
(2) De Quatrefages, mem. cite sur rEolidine, 1843, p. 285.
(3) PI. II, fit:. 2, c.
26
» est ^gal a celui des rang^es transversales de cirrhes respiratoires, moins
» deux; mais les deux premieres se bifurquent un peu au dela de leur
» origine, etT^galil^ de nombre se Irouve ainsi retablie. De chacune de
» ces brandies laterales pnrtent des coecums qui, se portant vers la face
» dorsale de i'animal, penetrentdansrinterieur des cirrhes. A leur ex-
» tremite, les branches d^bouchent dans un tronc marginal fort etroit ,
» qui r^gne sur tout le pourtourdu corps de i'fiolidine. »
Plus loin (1) , M. de Quatrefages dit que 1 fiolidine n'a pas le foie con-
tenu dans la cavity abdominale , mais 11 montre que les coecums qui par-
tent des branches de I'intestin pour penetrer dans les cirrhes s'enlourent
en entrant dans leur cavile d'un espece de fourreau irregulier forme d'une
Sub.^tance granuieuse bien moins transparente que le reste des tissus. II
pense avec raison qu'on peut regarder cet organe comme n'etunt autre
chose que le foie qui s'est morcele en autant d'organes distincts qu'il y a
de coecums branchiaux. On se demande comment, apres avoir determine
ainsi d'une maniere exacte le foie, il considere comme ramifications de I'in-
testin, el non comme conduits biliaires, les canaux sur iesquels la sub-
stance glandulaire se trouve appliquee.
En comparant ce foie a celui des Annt51ides, on arrive bien aux memes
conclusions que M. de Quatrefages; mais en le comparant, comme on doit
le faire, a celui des Moliusques voisins, c'est aux resuitats que nous don-
nons qu'on est conduit, en passant successivement par un certain nombre
de dispositions intermediaires entre le foie des Diphyllidies et celui des
fiolidines, ainsi que I'indique Delle Chiaje (voir plus loin).
« Les organes de la circulation, dit M. de Quatrefages (2), se composent
» seulement du cceur et des arleres. Maigre tout le soin possible , il m'a
» ete impossible de decouvrir la moindre trace de veines. Comuie j'ai en
» mfeme temps reconnu les dispositions analomiques qui suppl^ent a I'ab-
» sence des canaux veineux, je crois pouvoir affirmer que cetle portion du
» syst6me circulatoire a disparu compietement dans I'fiolidine. C'est la un
»faitentierement nouveau dans I'hisloire anatomique des Moliusques, et
» sur lequel je reviendrai plus loin pour en deduire quelques cons^-
» quences. Ici je me bornerai a la description des organes persis-
» tants. »
(1) Loc. «■«., 1843, p. 286-287.
(2) De Quatrefages, mem. cite (Ann. des sc. nat., 1842, p. ".'88).
27
Vient ensuite la description du coeur, celle de I'aorte qui se diviserait
en deux branches se distribuant a peu pres symetriquement de chaque
c6te du corps, puis celle des organes de la generation qui seraient de la
plus grande simplicite. Dans ses considerations generales, M. de Quatre-
fages, apr6s avoir rappele que M. Milne-Edwards est le premier natura-
liste qui ait signale chez un Nudibranche I'existence d'un appareil gastro-
vasculaire analogue a ce qui se voit chez les Meduses, insiste sur le fait
en ces lermes (1) : « En ce qui louche aux Rayonnes, le rapprochement est
» frappantau premier coup d'ceil par la disposition des organes de la di-
» gestionchez I'fiolidine. A une bouche aussi peu armee que les Meduses,
» succMe un court canal aboulissantace que nous avons appele la cavite,
» la masse stomacale. Les fails directs ob^erv^s sur un mollusque voisin
» nous aulorisent a penser que c'est la que se fait la digestion , et I'ab-
» sence de tout aliment solide dans les ramifications diverses de I'intestin
» confirme cette maniere de voir. A cet organe qui represente si bien la
» cavite digestive des meduses, succede un inlestin ramifie et pourvu d'un
» canal marginal absolument comme chez les Acalephes que nous venons
» de nommer, et le trespelit anus, que j'ai eu beaucoup de peine a
■ apercevoir, semble reellement n'exister que pour completer I'ana-
» logie , en representant les orifices marginaux excr^teurs signales par
» M. Erhenberg dans les Aurelies, par M. Milne-Edwards dans les fiquo-
» rees. »
§ XIII. — Ainsi, messieurs, vouslevoyez,cepretendu appareil gastro-vas-
culaire n'est pas un fait isole, on peut le retrouver dans d'autres animaux.
Cetorgane, que la simple analogie pouvaitdejaconduireareconnaitrepour
ce qu'il est, cet organe qu'd priori, ainsi que M. de Blainville le disait,
on pouvait determiner exactement,va prendre une singuliere importance,
et tout cela par suite de celle erreur de doctrine qui consisle a croire que
la fonclion (devenue une espece d'entite),peut persister quand son api)a-
reil ordinaire a disparu, et qu'elle peut ^Ire acconiplie par I'un des aulres
appareils persistants qui se trouve ainsi cumuler deux fonclions.
Que dans un seul organe s'accomplisse I'acte physico-chimique de la
dissolution des aliments; que dans les dependances direcles de cet appa-
reil s'opere I'acte m^canique du transport des liquides resultant du premier
acte; que memo pendant ce transport s'opere, selon toutes probabilil^s, le
double acte d'endosmose ou d'exosmose qui caraclerise la respiration,
(1) Loc. cit., 1842, p. 301-302.
28
c'est la iin fait qui est inconlestabltj chez les acalephe;; et CLM-tains polypes.
Qiioi qu'on puisse faire, il n'y a la qu'iin seul appareil. Or, si vous
prenez le fait qui s'y passo en re qu'il est, vous ne pounez dire autre
chose que ceci ; II n'y a qii'un appareil, done il n'y a qu'une fonction, et
ceia preci?emment parce qu'il n'y a qu'un appareil. Maiiitenant qii'un
des organes dis^olve, que ceux qui en parlent transportent, et que pen-
dant C(? temps le liquide prenne ct rejelte des gaz ou de I'eau, je dirai tou'
jours qu'il n'y a qu'une seule fonction pour la vie de nutrition, fonc-
tion caract6ris6e par I'accomplissement dans un seul appareil de tous les
actes elementaires qui, dans les verlebres, etc., s'acconiplissent a I'aide
d'autant d'appareiis distincts. lis s'accomplissent parce qu'ils ne peuvent
pas ne pas s'accomplir; il ne se passe la rien autre que des actes Elemen-
taires, qui sont des propri^tes dont jouissent tous les solides et tous les
liquides organises; mais il n'y a la aucune des actions accessoires, a ces
actes fondamentaux, dont I'ensemble caracterise une fonction, ainsi
nomniee pour etre distinguee des proprieles de tixsus , des usages des
organes, etc. Et chez ces animaux le fait ne vous etonne pas dii tout, parce
qu'il est en rapport avec I'extr^me simplicite de leur organisme, qui est
entiereinent forme de deux a trois tissus, avec un ou deux produils, soil
epithelial, soit spiculaire, et non de dix a quinze tissus, comme les Mol-
lusques. Des lors, pourvu que les actes elementaires s'accomplissent
dans tout cet organisme si simple compart aux autres, il pent exister pen-
dant un certain temps; mais il n'y a la qu'un seul appareil et une seule
fonction, puis plus haut chez les mollusques precisement vous commen-
cez a voir chacun des actes Elementaires s'operer specialement dans un
appareil special : alors il s'y ajoute nombre d'actes accessoires , autant
qu'il y a d'organes ayant chacun son usage particulier ou plusieurs usages ;
et a i'ensemble de ces actes vous donnez le nom de fonction. Mais arrE-
tons-nous, car vous vous rappelez que ces auteurs considerent toutes
ces divisions comme purement scolastiques, comme questions de mots
et non comme des faits; et ils sont d'autant plus absolus en cela qu'ils
confondent toutes les considerations d'urdres divers et de plus en plus
compliquees en un seul ordre, et vous voyez quels en sont les rEsuI-
tats.
§ XIV. — Quoi qu'il en soit, M. de Quatrefages admet i'appareil gaslro-
vasculaire; consequent a cefait, il montre le syst6me veineux disparais-
sant.
Mais ce qui est inconsequent, c'est de voir un iMollusque, ayant les ap-
29
pareils d'un Mollusque, ^Ire analogue aiix Animaux rayonn^s, qi'.anl ;\ l;i
constitution gJ^n^rale des appareilset quant a leurs fonctions, d'une part,
puis d'autre part avec des Arlicules, animaux dontles organes sont r(§gu-
li^rement disposes de chaque cote d'un plan , ou dont les anneaux se r6-
p^tent apeu pres identiquement dans le sens de la longueur. Ce qui en-
core est inconsequent, c'est de dire que Ton ne trouve chez ces animaux
rien qui rappelle le moins dti monde les branchies, ce qui est en rap-
port avec I'absence de sysl^me veineux quant on decrit les cirrhes bran-
chiaux toujours consideres comme des branchies. Pourquoi alors dans la
m^me phrase dire que ces (entacules dorsaux n'enjonent pas moins le
role d'organes de la respiration et que le sang y subit une veritable
heniatose (1)? Qu'est-ce done que cet appareil forme d'organes inces-
sammcnt baignes par I'eau puisqu'ils couvrent le corps, et dans lesquels
le sang est pousse et repousse alternalivement pour subir I'hematose, si
ce ne sonl des branchies?
A de pareilles objeclions faites par M. Gervais a la Sociele philoma-
tique, M. de Quat.ref que chez les pavoi^, je n'ai pu decouvrir d'anus (1). »
Voiia les fails exlrails textuellement du memoire de M. de Quatrefages ;
en voici niamlenant les conclusions generales tirees textuellement du
m^me travail (2) : « Les MoUusques dont je viens de fairs Thistoire me
» semblent meriter toute Tallention des zoologistes. Voisins d'animaux
» que tons les naturalistes placent dans la classe des Gnsleropodes, r\ous
» les voyons conserver le caractere exterieur d'oit est tire le nom de
» ce grand groupe ; niais en memo temps nous voyons leur organisa-
» Hon s'ecarter de telle sorte du type primitif, que les principaux ap-
n pareils de la vie se modipent profondeinent, et quo deux de ccux
» qu'on regurde g^neralemenl comme essenliels a rembranchement dis-
y> paraissent completement. »
ttDans rfeolidine, I'appareil circulatoire se reduil a un cceur el des ar-
» teres : les veines disparaissent, ot avec elles les organes respiratoires
» propreuient dits. lis sont supple6s par un lube intestinal qui n'est
» plus charge seulement d'exlraire des aliments un chyle propre a enri-
» chirdo nouveaulesangappjuvri, mais qui doll, en outre, fiiire snhir
» au produit de la digestion un dogr6 de plus de preparation el le sou-
» mettre immediatement au contact de Pair; les organes de la digestion
» sont done charges en parlie des fonciions respiratoires. Dans la ZJphy-
» rine, dans les Acleons et I'Acteonie, le coeur (qui dans rf^olidine ne
» remplissail plus que les fonciions d'un agent de melange) disparait el
» entraine avec lui le resle de i'appareil circulatoire. Le tube digestif se
» ramifie encore plus que dans I'eolidine; il presente des niouvements
» qui rappellent les pulsalions du cceur. Les fonciions de la respiration
« semblent lui elreentieremenl d^volues ; mais probablement que deja la
» peau acquiert, sous ce rapport, une grande importance, et que la res-
» piration n'est pas localisee uniquement dons les cirrhes branchiaux.
» Dans I'Amphorine, nous voyons ccs raniificaiions diminuer de nombre
» en augmentant de volume, disposition qui doit entrainer une plus grande
(1) Loc. eit., p. 15C.
(2) Mem. citi;, 1884, p. 16:
33
» parlicipalion de la peau aux actes respiraloiies, mais il existe encore
» des appendices ext^rieursdans lesquels p6n6lro I'inlestin, et quel que
» soit le role que jouenl les teguments, cette fcnction ne leur apparlient
» pas encore en entier. EnBn, dans les Pavois el les Clialides, toutnppen-
» dice exterieur disparait : Tintestin sembie se concentrer en une ou deux
» grandes poches; il en revient probablement a n'agir que tres-secondai-
» rement dans la respiration, et la peau seule reste chargee de celto im-
B portante fonclion. Ainsi _ le fait qui domine dans les modifications qua
» eprouvees le type des Gasteropodes pour donner naissance aux Mol-
» lusques que nous venons d'examiner, c'est le transport des fonclions
» respiratoires aux organes d'alimentation et aux teguments, c'est-a-dire
» qu'une fonclion qui, chez lesGasteropodesordinaires, s'execule a I'aide
» d'appareils sp^ciaux, s'ajoute ici a celles dont sont deja charges d'autres
» organes. »
Passant ensuite plus directement aux considerations d'affinites zoolo-
giques, M. de Quatrefages dit (1) : « Les fiolidines, les Calliopees, les
» Zepliyrines, etc., sonl si bien des Mollusqut's gasteropodes par leurs
» formes exterieures , que tous les naturalistes les onl rapporlees a ce
)) grand groupe. On aurait certainenient assigne la meme place aux Pavois
» et aux Chalides ; cependant les caracteres anatomiques de ces ani-
» maux les excluent non-seulement de la classe des Gasteropodes, mais
» encore de Vembranchement des Mollusques.
» Nous avons vu que les caracteres nouveaux resultaient de la dispari-
» tion des appareils circwlatoire et respiratoire, de la diffusion du liquide
» dans la cavile generale , du transport des fonctions de respiration aux
» organes digestif et cutane. Nous devons done, d'apres ce qui precede,
I) regarder nos animaux , non pas comme formant une classe el un em-
» branchement distincts, mais seulement comme des Mollusques gas-
» teropodes degrades, c'esl-a-dire des Gasteropodes inferieurs. »
En consequence, M. de Quatrefages s'appuyanlsur tous ces protendus
fails analomiques, reunitces mollusques dans un ordre parliculier de la
classe des Gasteropodes et propose le nom de phlebenteres {phleben-
terata. De Q.) , mot que nous voyons apparailrc pour la premiere
fois (2J.
(1) Mem. cite, l8ii,p. 168.
(2) De Quatrefages : Suii les phlebenterks ; mem. cite des Ann. des Sc. mat.,
18*4, t. I, p. 169.
3
9ft
Tous ces faits paraissent assez nets pour qu'il les formule par un tableau
des families et des genres de cet ordre nouveau qu'ii vient de cr6er ; con-
sequence zoologique necessaire des fails analomiques precedents qui les
caiacterisentet les mettent en relief de la niani^re la plus saillante.
« Nous pouvons, dit-il (p. 169),etablir deux families bien dislinctes de
» i'ordre des phiebenler^s. Dans Vune, les fonclions respiratoires sont
» exercees au moins en grande partiepar I'inieslin ; dans I'autre, ce
» sont les teguments seuls qui en sont charges. Ces differences physiolo-
» giques se iraduisent au dehors par des caracleres tranches. Le tube di-
» gcslif des animaux appartenant a ia premiere fiimille est plus ou moins
» ramifie, etses divisions se prolongent en coecums dans des appendices
» exlerieurs de nonibre et de formes variables. L'inteslin des animaux ap-
» partenanta la seeonde famille est, au contraire, fort simple : il consiste
» en un petit nombre de grandes poches contenues dans la cavity abdomi-
» nale, et il n'y a plus d'appendices exterieurs. De la les noms d'ENXE-
» ROBRANCHES {enter obrancMota) et de dermobranches {dermobran-
» chiata) que je propose pour ces deux groupes secondaires. »
Quant a I'ordre des plebenlheres, il est caracterise par I'auleur en ces
lermes : « MoUusques gasteropodes a circulation imparfaite ou nuUe,
prives d'organes respirutoires proprenient dils (1).
Ainsi, vous le voyez, phlebenteres veut dire circulation imparfaite
ou nulle , inteslin ramifie avec prolongements de ccecunas dans les appen-
dices dorsaux, ou bien sans coecums et alors I'intestin est dispose en po-
ches contenues dans la caviie abdominale. Avec tout cela pas d'organes
respiraloires proprement dits, car les appendices dorsaux ne sont plus
appeles des branchies, fait qu'il faut mettre en relief.
§ XVII. — Viennentensuile, avec une nouvelleinsistance, les diverses
considerations sur les rapports entre les mollusques et les m^duses d'une
part, les anneles de I'autre.
« Sans repeler ce que j'ai dit a cet ^gard, ajoute M. de Quatrefages
» (p. 473), j'ajouterai que les points de ressemblance se mulliplient par
» suite des nouveaux faits que je viens d'exposer. L'estomac aveugle des
» Zephyrines, des Acteons^ des Acteonies, d^oupartent les ramifications
» intestinales et respiraloires, rappelle exactement ce qui se voit chez
» la plupart des Medusaires. La m6me reflexion s'applique a I'Ampho-
(1) De Quatrefages, m6m. cite, 1844, p. 171.
55
» rine, ou I'estomac n'existe pas, etoii la division de I'intestin commence
» d6s la masse buccale elle-m6me, dont la cavil6 remplit tres-probable-
» ment les fonclions du visc^re qui a disparu. »
Ce n'est du reste pas sans un certain ^tonnement qu'apr^s avoir
entendu parier de Vestomac aveugle des Zephrjrines , des Jcleons,
des Jcteonies (p. 473), on lit, deux pages plus loin, les paragraphes
suivants qui lermineni le memoire de M. de Quatrefages. II dit, en
effet (p. 175-176) : « Dans aucune des considerations precedentes, je n'ai
I) fait entrer en ligne de compte I'absence ou la presence de I'anus, non
» plus que la position de cet orifice. Bien que je croie etre certain qu'il
» manque chez les Z^phyrines, et surtout dans les Pavois et les Chalides, je
» suis le premier a reconnaitre qu'il pent exisler quelques doutes a cet
» egard. J'ai, en effet, la plus grande difficulte a reconnaitre son exis-
» tence dans les Acteons, les Acteonies, etc. 11 serait done tres-possible
» qu'il m'eut echappe dans les genres que je viens de nommer. En tout
a cas, s'il existe, il ne me senible pas possible qu'il s'ouvre ailleurs que
» sur Ic^ ligne mediane, en arriere du dos, et cetle opinion a pour elle I'a-
» nalogie. La difEculle extreme d'apercevoir I'orifice anal, alors nieme
» qu'il existe bien reellcment; I'impossibilile ou je me suis trouve de dis-
» tmguer la portion rectale de I'intestin, nous apprennent au moins que
» cette partie du tube digestif doit ^tre d'un tres-petit calibre. Nous trou-
» vons ici une confirmation de plus des analogies deja tant de foissignaI6es
» par nous entre les Mollusquesphlebenteres et les Anneles.a
§ XVIII. — Tels sont les points essenliels de ce travail , tels sont les
points se rapporlant de la maniere la plus directe a des questions de doc-
trine, qui, presentes a I'Academie des siences (1 ) dans sa seance du 8 Jan-
vier 4844, etaient approuves dans un rapport de M. Milne-Edwards. Ce
rapport, lu dans ia seance suivante, celledu 15 Janvier 4 844 (2), conclut
a I'insertion du travail dans le Recueil des memoires presentes par les
SAVANTS ETRANGERS A l'acadeuie , conclusions qui furent adoptees. Voici
les passages de ce rapport qui sont relalifs au sujet dont nous traitons.
(i) De Quatrefages, Memoire sur les phlebenteres.(C. r. des seances de I'A-
cadeniie des sciences de Paris, 8 Janvier 1844, t, XVlII,p. 13).
(2) Milne-Edwards, Rapport sur uhe serie de mSm. de M. Armand de Quatre-
fages. (C. r. des seances de I'Acad. des sc. de Paris, 15 Janvier 1844, t. XVIII,
p. 67).
36
DanslegenreEoliclinedeM.de Quatrefages, dit M. Milne-Edwards (I),
« il existe un ccBur el des arteres bien conslilues, mais pas de veines
» proprement dites, et le sang ne revient des diverses parties du corps
p que par un sysleme de lacunes irregulieres, disposition tout a fait ana-
» logue a celle dont les Crustacds nous avaient d^ja fourni un exemple.
» Enfin, dans d'autres esptees, que M. de Qualrefages a decouvertes sur
» les cotes de la Bretagne , le cceur et les arteres disparaissent a leur
» tour ; de sorte que la circulation devient des plus incompletes et res-
» semble a celle qu'on apercoitchez lesBryozoaires. »
Ainsi, vous levoyez, plus de doute raaintenant, phlebentere veut bien
dire circulation imparfaite ou nulle, puisque, pour le savant academi-
cien aussi, le cceur et les arteres disparaissent a leur (our (p. 75)
chez qtielques-uns de ces animaux. Ainsi voila des animaux qui, sauf
le volume, ne s'eloignent pas essentiellementde la conformation g^nerale
des Limaces, sauf les cas oil existent les appendices branchiaux exl^rieurs
qui se trouvent organises interieurement comme les derniers des Mollus-
ques, commedes Mollusques que beaucoup d'auleurs ne veulent pas en-
core regarder comme des Malacozoairos et maintiennent encore dans la
classe des Polypes. On se demande, en lisant ces lignes, si Cuvier, qui di-
sait, avec tous les anatomistesanterieurs : il est evident que Vharmonie
convenable entre les organes qui agissent les uns sur les autres estune
condition necessaire de V existence de Vetre auquel ils appartiennent (2) ,
evit pu reconnailre ia les paroles de ses disciples. Ainsi, voila des animaux
Mollusques gasteropodes exl^rieurementqui se trouvent, de la mani^re la
plus inattendue, organises interieurement, quant a la circulation, a peu pr6s
comme des etres que M. Milne-Edwards retire de la classe des Polypes ,
parce qu'ils sent, comme les Mollusques, pourvus d'unintestin possedant
un anus lateral, et ont un cceur tubuleux, dou6 de contractions vermicu-
laires.
Voila des Mollusques gasteropodes, dont quelques-uns se trouveraient
m^me depourvus danus, tandis que les tous derniers mollusques en ont
un qui sert a les classer. Mais, du reste, les derniers passages du mepioire
sur \es phlebenteres nousmontrent, contrairement aux pages qui les pr6-
cedaient, que I'absence de cetanus n'est pas tr^s-certaine. Aussi le rap-
(1) Loc. cit., I8i4, p. 75.
(2) Cuvier, Anat. coMPARiiE, 2» uflit., t. 1, 1835, p. 50.
37
port a TAcademie des sciences n'en fait pas mention, et d^sormais nous
n'entendrons parler que fort peu de celte partie importante du lube diges-
tif. Voici en effet en quels lermes continue M. Milne-Edwards (1) :
« Ces modifications del'appareil circulaloire entrainent pour ainsidire
» a ieur suite une degradation correspondante dans la structure des orga-
» nes de la respiration. Chez lesMoiiusquesordinaires, ies rapports entre
» I'air et le fluide nourricier s'etablissent par I'intermediaire d'un reseau
» de vaisseaux capiilaires tr6s-developpes et disposes de maniere a con-
» stituer des branchies ou des poches pulmonaires.
« Dans ies Gasteropodes, dont M. de Quatrefages a fait connaitre !a
» structure, il n'existe rien de sembiable : tantot la respiration est sim-
» plement cutanee et parait s'exercerpar tous Ies points de la surface du
» corps; tanlot, au conlraire, elle parait 6tre plusou moinscompletement
» localisee el devenir I'apanage d'appendices particuliers qui recouvrent
» le dos de I'animal ; mais lors meme que celte concentration du travail
» respiraloire est porlee a son plus haul degre, il n'existe aucun reseau
» vasculaire sembiable a celui dont Ies branchies ordinaires sont compo-
» sees, et la nature supplee a Vabsence de ces vaisseaux en introdui-
» sant dans I'economie une combinaison organique que jusque dans
n ces derniers temps Von croyait appartenir exclusivement aux Me-
n duses et a divers Helminthes. En effet, la cavite digestive donne
j> alors naissance a un systeme de canaux dont Ies rameaux penetrent
» dans Ies appendices branchiformes du dos de V animal, et y portent
» DIHECTEMENT LES MATIERES NUTRITIVES QUI, APRES Y AVOIR SUBI l'iN-
> FLUENCE de l'aIR, DOIVENT SE DISTRIBUER dans LES DIFFERENTES PAK-
» TIES DU CORPS et y servir a Ventretien de la vie. »
Ils'agit, dans ce travail, de questions de doctrine tellenientimportan-
tes, et ies doctrines se manifestent d'une maniere si intime par Ies ex-
pressions du langage qu'il est tres-important de remarquer le passage ci-
dessus. II se rapporte, en eflfet, directement a I'idee de iaquelle derivent
tous lesautres points de la question. Vous le voyez, la nature supplee a
Vabsence de vaisseaux par I'appareil gastro-vasculaire. Celui-ci est
forme par un systeme de canaux dont Ies rameaux penetrent dans Ies
appendices branchiformes du dos de I'animal el y portent directement
Ies matieres nutritives qui, apres y avoir subi I'influence de I'air, doi-
'1 Milne-Edwards, lapporlcitr, iSii, i>. 7.i.
38
vent se distribuer dans le corps et y servir a Ventretien de lavie. Voila
qui est texluel, caracteristique et ne saurait laisser de doute. II n'y a pas
deuxmanieres d'interpreter les attributions physiologiques que Ton donne
a cet appareil. C'esl la nature qui supplee par lui a I'absence de vaisseaux ;
il porte directement les mati^res nulrilivesdans les appendices branchi-
formes, oil elles subissent le contact de I'air et de la vont servir a I'entre-
tien de la vie, en se dislribuant dans le corps. II n'est meme pas question
la du foie que M. de Quatrefages a pourtant exactement decrit comme
formanl une couche ou des amas granuleux a la surface des pociies gastro-
vasculaires ou des ccecums qui vont dans les branchies. Aussi I'appareil
devienl vasculo-gaslrique. M. Milne-Edwards continue en ces termes(l):
« Cesysteme vasculo-gastrique, dont j'avais dej^signale I'existence dans
» un fiolidien des c6tes de Nice, a ete etudie d'une maniere plus appro-
I) fondie par M. de Quatrefages : 11 parait atteindre son plus haul degre de
» d^veloppemenl chez les Gasteropodes que cet obiervateur habile a de-
» signes sous le nom d'fiolidine; mais chez d'autres Mollusques, con-
» struits d'ailieurs sur lo m^me plan general , cet appareil se degrade a
» son tour, et quelques-nnes des formes qu'il affecte rappellent tout a fait
» la disposition de la cavile digestive chez certaines Sangsues et chez di-
^ verses Planariees. Dans les genres Pavois et Chalide, par exemple, M. de
» Quatrefages n'a plus trbuve d'appendices rameux en communication
» avec la cavite digestive, mais seulement deux grandes poclies dans I'in-
» l^rieur desquelles les matiferes alimentaires pen^trent et s^journent
» pendant quelqiie temps. »
II n'e.-it pas question de la manifere dont elles sorlent; apres avoir
dit qnelques mots du sysleme nerveux, le savant rapporteur continue
ainsi (1) :
« Des parlicularil^s d'organisalion de cette importance doivent neces-
» sairement 6lrc reprcjenlees dans nos m6:hodes naturellcs. Aussi M. de
» Quatrefages a-t-il 6i6 conduit, par les recherches analomiques dont nous
» venons de rendre compte, a proposer un ordre nouveau dans la classe
» des Gasleropodes. Ce groupe, que notre auleur d^signe sous le nom de
» Phlebenleres, pour rcppeler I'un des trails les plus saiilanls du type
» ordinique, abeaucoup d'analogie avec la division des Polybratiches pr4-
(1) Milne-Edwards, rapport cite, 1844^. 75.
(2) Loe. eit., p. 76,
39
» cedemment ^tablie par M. deBlainville; mais en est different sous plu-
» sieurs rapports et se compose deja de plusieurs families distinctes. Le
» genre Acteon, que Ton avail jusqu'a present confondu avec les Aply-
» liens, doit y prendre place, et, suivant toute probability, 11 faudra 6ga-
» lement y faire entrer les Glaucus, les Placobranches et tons les autres
» Gasleropodes qui sonl d^pourvus de branchies vasculaires; enfin cer-
» taines Planaires viendront peut-elre s'y rattacher. »
« Les recherches de M. de Quatrefages sur les Gast^ropodes phieben-
» t^res conduisent, comme on le voit, a des resultats fort importants pour
» I'histoire desMollusques ; et parmi les Iravaux dont la zoologie fut en-
» richie depuis quelques annees, il n'en est peut-^tre aucun qui renferme
» un nombre aussi considerable de faits nouveaux et curieux. »
II ne faut done pas Hre ^tonne, apr^scette approbation, de voir les con-
clusions du rapport adoptees et adoplee aussi la proposition additionnelle
roncernant I'importance qu'il y aurait a faire sur les phlebenteres de la
Mediterranee des recherches analogues a celles dont on vient de voir
indiquesles principaux resultats.
§ XIX. D'apres cela, I'institution des iois zoologiques, qui n'ont ja-
mais cesse de se liouver exactes quand la forme et la situation des par-
ties exterieures n'a pas ete etudi^e trop superficiellement, semble devoir
^tre impossible dans beaucoupde cas. Arrives a ce point. Ton craint de
voir I'anntomie ne plus conduire a conclure par analogic de la forme
exl^rieure d'un animal a la conformation int^rieure d'un autre qui lui
est analogue exlerieuremenl. Mais surlout la Zoologie ne pourra plus
(par une reaction si frequenle et si utile dans ies sciences qui se lou-
chent sans se confondre), la Zoologie, dis-je, ne pourra plus r^agir
salutairement sur I'anatomie pour la conduire a donner plus d'homo-
geneite et d'intimile aux relations purement analomiques et physio-
logiques, que les Anatomistes doivent toujours tendre a elabiir enlre
la structure interne, d'une part, puis la structure et les actes ext^-
rieurs, accessibles a nos sens, d'autre part. L'Anatomie absorbe la
Zoologie; Ton appuie [ainsi, implicitement, les pretendus principes des
auteurs qui pensent qu'on ne saurait etablir de dirtinclion entre la
Zoologie et I'Anatomie ; de ceux qui, pour etablir des genres et des
families, se plaisent a puiser les caract^res distinctifs dans la forme,
le volume et autres carac:6res du systeme nerveux central, de I'intes-
tin, etc., parce que ces organes presentent des dilf^reuoes d'une espece ,
d'Dii genre, d'une farnille a I'autre. Pour classer un animal done, vous
liO
commencerez par le dissequer ; le mot entero-branchiata vous I'in-
dique, car il faudra que vous alliez voir si cet animal a une portion de
rintestin dans ses branchies.
§ XX. — Des la fin du mois de join de la m^me ann^e 1 844, M. de Quatre-
fages rcmplissant sa mission ecrivait de Sicile une iettre inseree dans les
Comptes rendusde I'Academie des sciences, numero dul5 juill. 1844 (1).
Dans cette letlre M. de Quatrefages dit en parlant des phlebenleres : « Pius
» heureuxque jen'auraisos6resperer,j'en airecueilli vingt-et-une especes
» nouveiies.dont un petit nombre seulement rentrera dans les genres con-
» nus. Toutes ces especes ont ete etudiees par moi dans les plus grands de-
» tails, et ;e possede I'anatomie complete de prefque toutes. En presentant
» a TAcademie quelques-uns des principaux r^sultats auxquels je suis
» parvenu, j'ajouterai que M. Milne-Edwards, avec qui je parcours les c6tes
» de la Sicile, a bien voulu verifier mes observations. » (P. 190.)
Vient ensuite la description generale de I'intestin. L'anus est toujours
dorsal, tanlot sur la ligne mediane, tantot a droite de cette ligne. Le foie
est represent^, « chez les Enterobranches, par les masses glandulaires qui
» entourent les coecums branchiaux, et chez les Dermobranches par la
» membrane granuleuse qui fail parlie des parois des grandes poclies in-
» testinales. »(P. 190.)
A I'appareil digestif et a chacun des autres appareils est destine, dans
cette Iettre, un paragraphe special. Or, a I'appareil gastro-vasculaire est
destine un paragraphe particulier au meme titro qu'au digestif, qu'au
circulatoire, qu'a celiii de la generation, etc... Sa description ne presents
rien de nouveau, que I'insistance avcc laquelle I'auteiir montre que chez
I'Acleon les rameaux des troncs gastro-vasculaircs vont tapisser toute la
surface du corps. (P. 191.)
« III. Appareil circulatoire. Cet appareil n'exisfe pas, meme a I'^tat
» rudimentaire , chez le puis grand nombre des phlebenleres. Dans une
» grande erpece j'ai trouve un coeur et des arteres presentant la disposi-
» lion que j'ai decrite chez I'fiolidine paradoxale. Dans quelques autres
» especes, le coeur cxislait seul ; toule trace de sysleme vasculaire avail
» disparu. » (P. 191).
« IV. Caracteres exierieurs. Par I'ensemble de leurs caracteres exle-
srieurs, les mollusques dont nous parlons rappellenl les Gast^ropodes
(I) De Quatrefages, Sur les mollusques CAsrtROPODES. (C. r. des seances de
I'Acad. des sciences dc Paris, 184i, t. XIX, p. 190-193).
41
» nudib ranches. Ilss'en distinguent par la tendance a la symetrie binaire
» lalerale des organes exlerieurs, eta la repetition en s6rie longiludinaie
» de ces memes organes. » (P. 4 92.)
Voici maintenant les conclusions de ce travail :
« 1° Chez tous les Mollusques gasteropodes phlebenteres, la fonclion i!e
» digestion se confond, pour ainsi dire, aveccelles de la respiration etde
» la circulation. C'est 1^ le caraclere dominateur de ce groupe. » (P. 192.)
« 2° Cette esp6ce de fusio'i entraine la disparition des organes respira-
» toires proprement dits. Aiicun phlebentere, n'a de branchies dans I'ac-
» ception ordinaire de ce mot. »
On se demande ici pourquoi I'auteur rejelte la determination des ap-
pendices dorsaux, comme branchies, par la seiile raison qu'ils n'ont pas
de vaisseaux comme celles des autres Mollusques, lorsqu'il appelle una
famille de ses phlebenteres du nom d'enterobravches. On appelle le tube
digestif et ses annexes du nom d'appareil digestif, parce qu'on y voit s'ope-
rer une ensemble d'actes qui ont un resultat unique appele digestion; il
en est do menie pour la Irachee, le poumon, etc., qu'on appelle appareil
respiratoire, parce que I'ensemble des actes qui s'y passe a ete appele
re«p/rfl/(on avant qu'on eiitdisseque tout I'appareil. En un mot, I'histoire
des sciences monlre que les appareils ont ete determines anatomiquement,
et ont ete nommes successivement d'apr^sla determination de leur fonc-
tion. Pourquoi done refuser le nom de branchie a un organe oil cependant
on reconnaitque sefait la respiration? qu'importe I'absence des vaisseaux
proprement dits, si c'est la que s'opere la fonction? Du reste, nous verrons
qu'il s'y trouve reellement des vaisseaux.
» 3» Par la m^me raison (celle d'absence d'orgnnes respiratoires pro-
» prement dits), I'appareil circulatoire sesimplifie progressivement, jus-
» qu'd son annihilation complete. Aucun phlebentere ne possede de
» VEINES; LES ARTERES ET LE CCKDR MEME DISPARAISSENT dunS le plus
n grand nombre. Quand ils existent, ce ne sonlplus que des organes
» destines a agiter, dmelanger le sang ; ils n'ont pas d'auire fonction
» que levaisseau dorsal des Insectes. « (P. 192.)
« 40 Chez les enterobranches, la division de I'appareil digestif entraine
» le morcellement du foie ; chez les dermobranches, cetie glande ne forme
> qu'une portion des parois des poches gastro-vasculaires abdominales.
» Chez aucun phlebentere le foie n'eiiste comme organe distinct. Dans
» rembrancbement des mollusques, le caractere anatomique appartient,
» jusqu'a present, exclusivement au gronpe dont nous paiions. » (P. 192.1
42
« B" L'appareil reproducteur est toujours asymetrique chez les phl^-
» benler^s. A celte exception pres, les organes tant internes qu'externes,
» presenlent une symetrie iaterale binaire, qui serait entiere si I'anus ne
» se portait queiquefois a droite de la ligne mediane. Ceux de ces moilus-
» ques qui possedent des organes exterieurs multiples tendent en outre a
» les repeter en serie longitudinale. Ces deux tendances rapprochent les
» phlebenteres du type des animaux annel^s. Remarquons ici que parmi
» les gasteropodes medibranches, il en est qui rappellent les phlebenteres
» par la disposition symetrique de certains organes exterieurs. Les quel-
» ques especes qui, sous ce rapport, presenlent de I'anaiogie avec nos
» moliusques, s'en rapprochent en outre queiquefois par leur organisa-
» tion interieure. Ce sont des lermes de transition destines a rattacher
» Tune a I'autre deux series d'ailleurs parfaitement distinctes. » (P. 193).
§ XXI. Ainsi, messieurs, vous le voyez, l'appareil gastro-vasculaire
existe partout, il est Ir^s-developpe, soit sous forme de sacs remplissanl
I'abdomen, soit sous forme de ramifications distribuees dans les tissus;
l'appareil circulatoire se simplifie progressivement jusqu'd son anni-
hilation complete; aucun phlebentere ne possede de veines, le cceur et
les arteres memes disparaissent dans le plus grand nombre. La fone-
iion de digestion se confond pour ainsi dire avec celles de la respira-
tion et de la circulation. Cest la le caraclere dominateur du groupe.
Voila des phrases textuelles (p. 192) qui ne laissent pas de doiite a I'es-
prit; rien de plus clair, et M. Milne- Edwards a bien voulu verifier ces
observations. (P. 190.) En voyant un pareil appui, avec des garanties
telles, il ne fiuil pas etre etonne de voir la question grandir el bienldt
prendre des proportions considerables. Sous de pareilles impulsions, elle
arrive rapidement a son apogee. La pluparl des savants s'en emeuvent.
Ceux qui, a I'exemple de M. deBlainville, etaient pourvus d'une doctrine
susceptible d'embrasser Tensemble des faits anatomique^, et de les relier
scientifiquement a I'ensenible des fails zoologiques, ceux-la se conlentent
de laisser passer la question; iislajugent d priori, comme etrange en
elle-meme, contraire au bon sens et perversible pour tout ce qu'on a pu
apprendre jusqu'a ce jour. D'autres, imbus des principes reconnus vrais
jusqu'a ce jour, de la correlation inlimo desappareiis profonds enlre eux,
de ceux-ci avec les organes superficiels, mais moins au courant de I'elude
de ces etres, nient, mais avec doute, ou reslent dans I'inquietude. La
difference reelle qui separe la maniere d'etudier les etres les plus simples
des ^tres complexes, difference en rapport avec la nature plus delicate
43
des tissus, exageree par les fauteurs des doctrines contraires, au point
de sembler exiger une nouvelle speciality d'anatomistes, devient un argu-r
ment qui parait devoir ecraser toute repliqiie, at reduit au silence qui-
conque n"a vu de lui-m^me en quoi elle consiste posilivement.
La coordinalion des fails anatomiques et zoologiques existant avait,
jusqii'a ce jour, fait progresser la Biologie aussi regulierement que loules
les sciences inorganiques, quoique plus lentement, vu le plus grand nom-
bre des difficultes et le champ plus vaste aux divagations metaphysiques
de toute sorte auxquelles peuvent donner lieu les phenomenes vilaux.
Malgre cela, divers savants, loin de rester dans le doute et I'indifference,
loin de reconnaitre qu'il doit y avoir quelques modifications a apporter
dans cesidees qui viennent changer loulacoup lesfaits admis sans les rem-
placcr par queique chose de plus melhodique, les admettent sans repu-
gnance. En cela, zoologistes comme anatomisles omettent de tenir compte
des veritables principes de doctrine qui reposent sur la notion exacte de
la relation des appareils dans un meme organisme, et de chaque appareil
dans la totality des etres.
Arrivees a leur apogee, ces idees-la semblaient vraiment devoir modi-
fier singulierementla science, si, par des moyens quelconques, elles eus-
sent el6 soutenues longtemps. Elle elit au moins ete retarded queique
temps dans ses progres par la direction de toutes les idees sur un seul point,
si des anatomistes et zoologistes depourvus d'opinions preconcues, n'e-
taient venus replacer les choses sur le terrain de la realite, en montrant
ou residait la cause dt I a deviation.
§ XXII. Nous ailoRo /oir, sous leur influence, se manifesler une nou-
velle periode. Das discussions s'el;iblissent, et les faits, faits si nettement
articules, vont decroilre en precision, et ce changement se manifeste au-
tant sur les faits anatomiques et zoologiques eux-memes que sur les hypo-
theses qu'on voulait soutenir a leur aide.
Ici les difficultes augmentent et pour le rapporteur et pour le lecteur.
les publications se mulliplient, roulanl toujours sur les memos faits,
mais avec des interpretations diverses. II est tout nalurel que, croyant
encore a une partie des faits signales plus haut et voyant les autres ren-
verses, mais remplac6s par d'aulres plus reels, les auteurs cherchent
a defendreceux qui restent. lis cherchent au moins a defendre et sauver
les debris des idees auxquelles ils servaient de point d'appui, mais pour-
tant qui decroissent insensiblement, avec les faits soit mal decrits, soil
positifs, mais mal interpretes, qui leur servant desoutien.
Ici alors se melentdans la discussion des interpretations diverses sou-
vent reeilement obscures et vagues, dans iesquelles des comparaisons de
tout genre interviennent. Ainsi, par exemple, de ce que les Moliusques
ont un appareil gastro-vasculaire comme les Meduses, on en conclut que
les Meduses sent de tous les animnux les plus phiebenleres; car tout
animal qui a des ccecums ou dilatations unilalerales de Tintestin devient
phlcbentere. Mais comment soutenir une pareille opinion, s'il est demon-
tre que ce qu'on appelle des prolongements de I'intestin chez ces Molius-
ques n'est rien autre que des canaux biliaires plus larges que chez les
Moliusques voisins, el pouvant, a cause de cela, se laisser parcourir par
les aliments ; mais qui, par leurs insertions, ramifications et rapports avec
les Elements du foie, restent analogues a ceux qui sont irop etroils pour
cela? Ici done ccs interpretations peuvent jeter le trouble et la confusion
dansl'esprit de ceux qui neconnaissent pas les fails par cux-memes, qui
ne les connaissent que par lecture ou par oui-dire. lis peuvent meme
jeter le vague dans I'esprit de ceux qui, les connaissantdirectement, se
laissent aller a oublier un instant les grandes verites. modifiabies dans les
details, mais invariables au fond depuis Aristote, qui constituent les
principes de la science, et font partiedes doctrines scienlifiques positives.
II est important de se maintenir dans la question telle que voiis venez de
la voir se developper, sans se laisser entrainer par les idees accessoires
auxquelles louche a chaque instant la question principale, c'est-a-dire le
remplacement d'un ou deux appareils qui disparaissenl par un autre qui
prend de I'extension.
§ XXIII. Nous avons deja nomme , encommen^ant, I'un desanimaux
que M. de Quatrefages place en tele de ses phlebenteres : c'est VEolis
cristata ou Janus spinolce. Nous avons vu que M. Delie Chiaje avail
figur^, en 1842, un organe ramifie penetrant dans les branchies et s'abou-
chant sur les c6tes de I'estomac : c'est I'oigane que depuis nous avons vu
devenir lappareil gastro-vasculaire de M. Milne-Edwards. Or le texte
qui se rapporte it celte planche ne parut qu'eni844 : c'esi le volume VllI
de I'HisTOiRE DES ANIMAUX SANS VERTEBRES du royaumc de Naples, pu-
blic par M. Delle Cliiaje. A cetle epoque, M. Delle Cliiaje connaissait le
m^moire de M. de Quatrefages sur Veolidine paradoxale, et la note de
M. Milne-Edwards sur ce qu'il appelle Yappareil gastro-vasculaire de
la Calliopec. Sans se laisser influencer par cettesinguliere determination,
M. Delle Chiaje n'cn continue j'as moins a considerer cet organe comme
elant un foie, et rien autre cliosc, determination non encore publiee
lib
pourtant, et qu'il lui aurait 6te facile ile clianger s'il y eiit ou doute
pour lui sur la structure et les fonctions de I'organe, Voici en effet ce
qu'il dit en ^844, t. VIII, p. 9, a propos de VEolis cristata :
« La singuliere disposition de I'appareil hepatique enlre les lamelles
» branchiales fut indiquee par moi dans la Pleurophyllidie en 1 823 {loc.
y> cit.), mieux examinee par Meckel en 1826 [loc. cii.), puis amplement
» demontree. » (Ici Delle Cliiaje renvoie au passage publie e|Ll841, que
nous avons cite plus haul.) « Cette disposition singuliere ne m'avait pas
» echappe dans les Eolides de Cuvier, annelicorne, Pellegrina, et dans
» les cirrhes de celle-ci, comnie deja cela etait connu par Cavolini. Milne-
» Edwards I'appelle gaslro-vasculaire dans la Caliiopee, et il a ete mcr~
» veilieusement figure par de Quatrefages dans VEoUdine. Aux c6les de
» I'estomac de VEolide a crele, s'abouchent les deux troncs hepatiques
» lineaires, d'un jaune brunatre, derives d'un canal droit lateral et d'un
» autre gauche identique, etendu de la partie anlerieure des corps jus-
» qii'a la queue, ou ils s'unissent; sans parlerd'un rameau anastomotique
» transverse place au-dessus de I'anus. Exterieurement tout vase hepa-
» tique a une serie de petits canalicules; chacun se subdivise en quatre,
» dislribu^s a la petite lamelle correspondanle, et ils finissent en se rami-
» fiant dichotomiquement. Le petit tronc du ccecum doi'sul, qui apparail
» impair diinsl'extremite de la queue, communique au milieu de chacun
» des arcs des cirrhes de VEolide napolitaine, et de pareils petits ra-
» meaux hepatiques s'y abouclient, commc aussi ceux qui arrivent des
» c6les du pied communiquent dans le conduit hepatique, deja mentionn^,
B des arcs des cirrhes.
» A la convexite de ces arcs, se terminent les pelils conduits pinnali-
» fides des cirrhes, et divers autres minces ramicelles de leur concavile.
» II est bon d'averlir que, dans le conduit du seu! premier arc, s'abou-
» che un gros Ironcbiparli, dontlerameau inferieur recueille lesramus-
» cules du pied, et le superieur celui des tentacules frontaux et cervicaux,
» outre le reseau cutane admirable dont est brodee la region anterieure
r> du corps, el se repand au dela de la poche cardiaque. En raison de
» I'exislence d'un canal particulier, la bile est port^e dans I'oesophage.
» Le foie est simplement tubulo-granuleux dans les Eolis pellegrina et
» laciniata. » (Delle Chiaje, p. 10.)
Dans I'explicalion des planches, Delle Chiaje n'a pas plus de doute sur
I'interpr^lalion de ces conduits ramifies, comme ^tant un foie dispose en
ramifications. A part les mots cit^s plus haul surM. Milne-Edwards et
46
M. de Qualrefages, il ne fait plus mention de leur determination du m6me
organe comme appareil gastro-vasculaire. Sans se iivrer ^ aucune hy-
polh^se, il decrit Torgane , et d'apres son analogie avec le foie d'aulres
Mollusques (Pleurophyllidies), d'apres la couleur du tissu, si canicl^ris-
tique partout oil on rencontre les elements du foie, ni6me reduit a une
couchede cellules hepaliques, il determine I'organe comme clant un foie.
A la page 11, 1844, explication de la pi. 73, il monlre « V appareil he-
patique gf^cieusemenl eparpille sur les parlies deja cilees; avec la pre-
miere ramification branchiale, s'ahouchant dans roesopbage par le con-
duit signale plus haul. » Pour VEolis pellegrina, il dit : « 19 d est le
cirrhe dorsal isole, avec son canal hepatique. Vour ['eolis laciniata, ii
dit : 29 c est le cirrhe dorsal grossi, contenant un groupe de corpus-
cules a, outre I'appareil hepatique. »
Nous avons cile ce passage du naturaliste italien, avant lous les tra-
vaux sur ce sujet publics en 1844, pour faire sentir que, avant de con-
naltre I'extension singuli^re donnee plus tard aux deductions tirees d'une
vicieuse determination du foie, un anatomiste a pu ne pas se laisser in-
fluencer par I'idee d'appareil gastro-vasculaire. filoigne du lieu de la
discussion, et sans connailre les doutes qui se repandaient alors sur ce
pretendu appareil, il a pu rester dans le vrai en se guidant sur Tanalo-
gie, et ne voir la qu'un foie d'une disposition particuliere, mais non sans
analogue.
§ XXIV. Du reste, des le mois d'octobre 1843, MM. Alder et Han-
cock montrerent que I'anus de VEolidine paradoxale n'est pas situ6 sur
la ligne mediane du corps , au bout du vaisseau central de i'appareil
gastro-vasculaire, mais qu'il a la meme place que dans les autres genres,
c'est-a-dire sur le c6l6. lis pensent que cet animal ne doit pas former un
genre a part, mais doit indubilablement elre consideie comme apparle-
nant au genre Eolis {]). Nul fait n'est venu depuis lors contredire ce
qu'avancent ces auteurs, et M. de Quatrefages, qui, a la fin de la
publication de son memoire sur les phlebent^res, connaissait ce tra-
vail, n'a fait que demander s'lls n'avaient pas pris I'orifice genital
pour I'anus, supposition que rien n'est venu verifier, ainsi que nous le
verrons.
Au mois d'aoiit de I'annee 1844, en mSme temps que M. Souleyet, dont
(1) Alder et Hancock, Notice of x British species of CiauoPiEA. (Ann. a«d
Magazine of nat. bistort, 1843, vol. XII, p. 238.
1x1
nous allons analyser les travaux, MM. Alder et Hancock publient un nou-
veau travail sur le genre feolidine {\). lis montrent d'abord que ce n'est
pas un genre nouveau dont I'animal doit 6tre le type ; car il n'est rien
autre qu'une £olis observee imparfaitement. lis montrent qu'il a pris
la bouche pour restomac; puis, parlanl de I'inlestin, ils font allusion au
passage suivant de M. de Quatrefa^es (Memoire sur l'eolidine pa-
RADOXALE, 1843, p. 306 el 307), dans lequel ce naturaliste dit : « Je
pense que, comme chez certains Radiaires, tels que les Edwarsies, il se
fait chez I'fiolidine un premier depart des aliments, dans lequel les par-
ties les plusgrossidres reslent dans le biilbe stomacal pour etre rejetees
ail dehors; mais de plus il me paratt probable qu'il s'en fait un second a
I'extremite des coecums intestinaux. En effet, le liquide qui rempiit la
cavit^ de I'organe ovoide (plus lard reconnu par M. de Quatrefages (2)
pour un orgyne stylifcre) ne renferme jamais aucun corpuscule flottant. »
« Ce corps ovoTde , dont les fonclions paraissent d'abord assez enig-
» matiques , ne recevrait done que la portion la plus epuree en quelque
» sorte des liquides de la digestion. Si maintenant nous observons, en
» outre, que son tissu , d'un aspect essentiellement spongieux , est , selon
» toute apparence, compost d'un veritable lacis de canalicuies excessi-
» Yemeni deli^s , ne serons-nous pas porl^s a le considererco mme charge
» de prendre dans les produits de la digestion les mat^riaux propres a
J) etre verses dans le torrent de la circulation? Si celle mani^re de voir
» est exacte,cet organe representerait a la fois les ramifications veineuses
» et les vaisseaux chyliferes, qui, chez les animaux superieurs, con-
» courent a I'absorplion des principes alibiies renferm6s dans les ali-
» ments; mais place immediatement entre les organes de la digestion et
» le sysleme de lacunas qui represente ici les veines des veitebres, ce se-
» rait a I'appareil chylifere abdominal qu'ondevraitsurtoutl'assimiler. »
(P. 307. 1843.)
C'est a propos de ces paragraphes et de la terminaison de I'intestin,
que les savants anglais s'expriment de la maniere suivante (page 127) :
Comment done M. de Quatrefages considere-t-il que les excrements
sont disposes dans Tfiolidine? Si nous le comprenons bien , il a recours a
I'idee qu'ils sont vides de nouveau par la bouche comme dans quelques-
(1) Alder et Hancock, Remarks on the genus eolidina, of M. de Quatrefages
(meme recueil, aotit 1S44, p. 125 et suiv.).
(2) Comptes reudus, 1844.
un> des Radinires et des Zoophytes; une telle supposition n'est-elle pas
contraire a loute analogie dans un animal aussi 61eve en organisation que
ce Mollusque"? et si ceia n'est pas , nous demanderons s'il n'est pas beau-
coup plus probable que M. de Quatrefages a mal vu le veritable inteslin
et I'anus , lesquels , vu la pelitesse du sujet et la deiicatesse de ses lissus,
sont difficiles a decouvrir, que de supposer I'existence d'une telle ano-
malie dans I'organisalion. »
Enfin , ils terminent leur travail en disant que M. de Quatrefages
s'est Irop hdte en consid^rant les caract^res des MoUusques dont il
parle comme degrades. Nous croyons , disent-ils, qu'il est aussi dans
I'erreur lorsquil est encore conduit a nier Vexistence du coeur el des
vaisseaux dans la Zephyrine. (P. 429.)
§ XXV. La meme annee 1844, M. Souleyet vint montrer que les fails
admis par M. de Quatrefages etaient loin d'etre tous vrais (1). II montre
que dans I'Folide de Cuvier, espece apparlenant a I'un des genres des
phlebenleies, il existe un cceur et une oreillette coninie dans les autres
MoUusques. II montre qu'il existe des vaisseaux qui se rendent des bran-
chiesdans I'oreillette, sans que jamais le sang se repande dansla cavile du
corps pendant ce Irajet : autant de fails que votre commission a verifies.
« II t'St encore possible, dit M. Souleyet (p. 3o7) , par un examen Ires-
» altentif , de reconnoitre les petils vaisseaux veineux qui des visceres
» et surtoiil de I'ovaire se rendent dans I'enveioppe exterieure. Mais
» je crois devoir rappeler aussi que , dans la plupart des MoUusques ,
» le systeme veineux est bcaucoup moins apparent que le systeme
» arteriel , et qu'il arrive assez souvent, comme I'a indique M. de
» Blainville dans son Traite de malacologie , que les parois desvais-
» seaux veineux , deja exlr^mement minces, se confondent en outre lel-
» lement avec le tissu des parlies, qu'il devient tr^s-dilTicile de les recon-
» naiire ; le plus souvent alors ces vaisseaux veineux ne prennent
» I'apparence de vaisseaux Men distincts que dans les gros troncs qui
» se rendent aux organes respiatoires lorsque ceux-ci sont bien cir-
» conscrits. Mais si ces organes n'offrent pas ce caractere (d"6tre bien cir-
» conscrits) , comme cela a lieu evidemmenl choz les Eolides, le systeme
» veineux prt^sentera necessaiiement une diffusion analogue. »
(I) Souleyet, Observat. sur les moll. gastSrop. design^s sous le nom de phle-
bent£i;es par M. DE QuATREFAGEs (C. T. des seanccs (ie I'Acad. des so. de Paris,
184i,t. XIX, p. ;J66).
49
Ainsi voila d^ja une esp6ce dans laquelle il n'y a pas de simplification
de I'appareil circulatoire autre que les particularit^s offertes par lous les
Mollusques.
M. Souleyet niontre en outre par la disposition de I'appareil que Ton a
appele gastro-vasculaire , et par I'analogie, que c'est simplement un ap-
pareil hepatiques ; que ces canaux h^patiques ramifies doivent 6tre ap-
peles gastro-biliaires , car on les Irouve pieins d'une matiere epaisse et
brunalre , et ils ont la couleur du foie des autres Mollusques. L'appareil
circulatoire existant, on ne doit done pas se preoccuper de trouver dans
I'organisme un organe qui lo romplace. II montre en outre : 1" que M. de
Quatrefages s'est tromp6 en faisant ouvrir ces canaux dans Tintestin ou
la cavity buccale, car ils s'ouvrent dans I'estomac; fail que voire com-
mission a constats sur les pieces de M. Souleyet, De plus , la difference
entre la constitution exterieure des J?oiidme5 figur^e parM.de Quatrefages
et celle des fiolis , n'est pas telle qu'il soit imposible de juger analogique-
ment de I'anatomie de I'une a celle de I'autre ; en sorle que la comparaison
de ses dessins anatomiques aux pieces de M. Souleyet nous a convaincu
completement de I'exactitude de I'affirmation de ce dernier touchant I'er-
reur dont il vient d'etre question. 2" M. Souleyet montre que I'intestin qui
part du c6te droit de restomac est court et va s'ouvrir au c6te droit du
corps , pres de I'orifice genital ; il fait voir que ce que M. de Quatrefages a
pris pourl'inlestin n'est autre que le prolongementconique, ofFert par I'ex-
tr6mit6 post^rieure de I'estomac ; prolongement qui s'avance en s'amincis-
saritjusqu'aupresde la terminaisou du corps de I'animal .maisqueiailn'y
a pas d'ouverture.Ces pr^tendues ramifications laterales, appeles gastro-
vasculaires , sent les conduits gastro-hepaliques , qui sent en effet tr6s-
larges, surtout au point d'abouchement dans ce prolongement stomacal.
Quant au canal marginal , analogue a celui des Meduses , on n'en voit pas
trace. Votre commission a egalement constate ces faits de la maniere la
plus nette sur les pieces de M. Souleyet. On pent de plus faire pour eux,
en les comparant aux dessins de M. de Quatrefages , le meme raisonne-
ment que nous venons de faire a propos de I'appareil gastro-hepatique.
Quant aux faits pris en eux-memes, on pent les considerer comme par-
faitement exacts, et il en est de meme des dessins de M. Souleyet qui les
representent , lesquels portent un cachet de v^rite qui ne laisse rien a d6-
sirer, et vraiment tres-remarquable. M. Souleyet traile ensuite (p. 360)
de I'anatomie de l'Acteon vert (Oken) ou £lysie veute (Risso) , animal
dont I'anatomie se trouve faite aussi dans le m(5nioire de M. de Quatre-
U
50
fages sur ies pbl^bent^r^s. M. Souleyet montre uq sysl^me vasculaire
analogue a celui des eolis.
II montre: I'que la pochedorsale,consider6ecommerestomac parM.de
Quatrefages, est un organe plac6 superficiellement dans les teguments du
dos de I'animal. De cette poche, partent des ramifications creuses , fai-
sant relief au-dessus de la superficie de la peau , el dont les subdivisions
arrivent jusqu'au bord du manteau. II le considere comme un appareil
respiratoire a^rien , car cet animal n'a pas d'autre organe de respiration ,
et les vaisseaux qui en viennent \ont se jeter dans roreillette. Cet ap-
pareil s'ouvre au dehors par un orifice que presenle la poche principale,
orifice place un peuen arriere de I'iinus. Les ramifications de cet organe
ne communiquent nullement avec des ramifications en coecum et renflees
comme le figure M. de Quatrefages. II n'y ad'analogues a cesrenflements
que les organes v6siculeux ampuUiformes que M. Souleyet demonlre ap-
parlenir a I'organe sexuel male.
2o II fait voir que I'intestin a echapp6 a M. de Quatrefages. En efifet,
I'estomac est tres-petit dans ce moUusque, I'intestin, tres-court,vapresque
directement s'ouvriraucoledroitdu corps, et non a I'extremit^poaterieure
du corps, comme le dit M. de Quatrefages. II montre de plus qu'il y a
deux orifices genitaux et non un seul. 11 montre le foie ramifi6,dislribue
dans les parois du corps, sous forme d'une substance verdcitre. Les rami-
fications du foie sont tr6s-nombreuses, termin6es en cul-de-sac, et vont
se jeter dans deux canaux lat^raux, lesquels s'abouchent de chaque c6te
de I'estomac. Ces canaux gastro-hepatiques sont relativement plus elroils
que dans les fiolis, et 11 nous parait douteux que les aliments y puissent
pendtrer r^guli^rement.
Nousavonspu encore con^tater sur les pieces deM. Souleyet I'exacti-
tude de ce qu'il avance, et la verite de ses planches. Nous pouvons en-
core, 6n comparant les dessins et les descriptions de M. de Quatrefages,
r6p6tef le mSme raisonnement deja fait a propos pe I'anatomie de I'^olis.
Nous comprenons aussi que M. Souleyet, se basant sur I'anatomie de ces
deux animaux compar^e a celle publiee par M. de Quatrefages, ait pu
dire que les faits signales par celui-ci dans I'organisation de ces Mollus-
ques n'offrent pas un degre de certitude suQisant pour 6tre acceptes.
En se basant sur I'analogie de ces faits anatomiques avec ceux qu'on
connaissait chez les 6tre voisins, labrievete de leur enonce eut pu suffire
a ceux qui continuent a se baser sur les principes toujours admis en ana-
tomie et zoologie, et que nul effort n'a pu encore renverser. Mais il n'en
51
a rien 6t6. Aux fails precedents, M. de Quatrefagea r^pond d'abord sur
les questions de principes (1).
1 ° II pense que ce n'est pas 6tre pouss6 parjune preoccupation systematique
que d'admettre ce qu'il appelle une degradation analogue h celle admise
chezlesMollusquesditsphlebenteres: « Sil'ensemble du regne animal (2),
» dit-il, ne formait qu'une seule serie s'^tendant par des degradations
» successives, des premiers mammiferes aux premiers zoophytes, ce serait
» en effet seulement a I'extremite de cette serie que Ton pourrait ren-
» contrer des simplifications organiques importantes ; mais il n'en est pas
» ainsi. Le nombre des series qui composent ce grand ensemble est, au
» contraire , assez considerable; chacune des series porte le cachet djua
» atype particulier; chacuned'ellesrenfermedesanimauxqui presentent
» un haut degr6 les caracteres du type de leur serie, et des animaux chez
» lesquels le type tend a s'effacer. Presque toutes sedegradent a leur ex-
» tremite inferieure. Or, lorsque Ton compare entre elles plusieurs de
» ces derni^res series, on reconnaitque la degradation a toujours lieu par
» des moyens semblablesou analogues. »
§ XXVI. — Est-il question ici des series parall^les qui ont apporte un si
grand perfectionnement dans la classification des auimaux de chaque em-
branchement, qui se succedent depuis les Spongiaires jusqu'aux Verte-
bres? C'est ce qu'on ne saurait dire. Quoi qu'il en soit,on se demande, en
lisant ces lignes, comment il se fait que depuis le temps ou Ton s'est mis
amettre en doutela complication croissantederorganisation,non pasregu-
liere mais certainement croissante, a partir des 6tres les plus simples jus-
qu'a I'homme, Ton ne soil pas encore parvenu a remplacercette id^e par une
autre plus nelte. On se demande comment il se fait que personne n'ait
encore etabli d'une maniere quelconque , m^me approximative, ce nom-
bre assez considerable de series en lesquelles on veut decomposer le regne
animal. Puisque nos hypotheses ne sont jamais qu'approximatives et ne
font que se rapprocher par des degr^s successifs de la realite , qu'elles
expriment sans jamais I'atteindre d'une maniere absolue , m^me en As-
tronomie , il faudrait au moins, par un essai prealable, montrer a peu
pres la direction ci suivre pour perfectionner I'etablissement des series.
(1) De Quatiefages, Reponse aux observations pr^sent^es a l'Academie i>ar
M. SouLEYET (Coraptes rendus des seances da I'Acad. des sc. de Paris, 1844,
t. XIX, p. 806).
(2) P. 807.
52
Ne connut-on qu'a dix ou vingt pri!s ce nombre assez considerable do
petits ri'gncs animaux en lesquels on veut subdiviser ie gijnd, que ce se-
rait deja un pas important de fait. Ccpendant, c'est en vain que Ton cher-
che un ecrit ou quelque chose d'analogue se trouve expose pour I'en-
semble des etres, de mani^re a donner une id^e des 6tres vivants, aussi
satisfaisante que celle qu'on veut detruire. tvidemment cetle idee ne se
moule pas, d'une maniere absolue , exactement sur tous les fails qu'on
rencontre; mais mieux vaut accepter les choses telles qu'elles sent, avec
toutes leurs imperfections, que de les renverser sans les remplacer par
rien. Quel que vous fassiez, il faudra toujours reconnaitreque I'organisation
des Acalephes est plus simple que celle des Mollusques, et doit etre eludiee
avant ou apres, selon la marche adoptee, puisqu'il en est de meme de
ceux-ci par rapport aux Articul^s, etc., sauf ensuite a disposer, dans cha-
que embranchement, en classification parallelique les etres de chaque
classe qui offrent des analogies evidentes, comme les Rongeurs marsu-
piaux compares aux Rongeurs ordiiiaires, etc....
§XXVII. — M.deQuatrefages repond ensuite a un autre point de doctrine
souleve par M. Souleyet et s'exprime ainsi : « En resume, M. Souleyet parait
I admettre Vunite de la serie animate et la Constance des groupes ani-
» maux secondaires. J'admets lapluralite des series et la degradation
» de plusieurs d'entre elles. M. Souleyet semble penser quo la forme
y> exterieure traduil toujodrs I'organisation interieure. Je crois, au con-
* traire, que, dans une infinite de cas , la forme ge'ne'rale du corps et
» I'organisation interieure sont parfaitement independantes Vune de
» de Vautre. > (Page 808.)
Voici encore un passage qui n'est pas moine digne de remarque : « Ces
» particularites d'organisation isolent-elies tellementles Mollusques phle-
» benteres, qu'ilssoient sans analogues dans le regne animal? Non ccr-
« tes. Mais il est evident que ce n'est pas dans le groupe dont ils lendent
• a s'^carter qu'il faut chercher ces analogies ; c'est dans des groupes
» parfois tr6s-61oign6s. Ici se presenle I'application d'un des principes
9 que j'ai formules tout a I'heure. Le phlebente'risme (qu'on me passe
» cette expression), est un fait qui se retrouve et dans le r^gne animal,
T> con5id(5re dans son ensemble, et dans plusieurs des series secondaires
» ou terliaires qui concourent a le former. Presque parlout nous le voyons
» coincider avec une degradation manifeste de I'organisme cnlier ; presque
» toujours il coincide avec la disparution tolale ou partielle des or-
B ganes utnquement destines a la respiration ;presgue toujours il coin-
53
» cide avec la simplification ou V annihilation complete des organes de
» la circulation. » (Page 809.)
Voila un passage remarquable et que nous ne citerions pas si Ton ne re-
marquait que la question va s'etendre de plus en plus et devenir moins
nette. Du reste, quant a ce qui concerne les Mollusques, il va se trouver
qu'on demontre successivement un appareil circulatoiredans tous, et que
les mollusques phlebenteres ne sont nullement phlebenteres sous ce rap-
port; puis, d'autre part, cet appareil n'est pas plus simplifi6 que celui des
autres Mollusques. N'est-il pas remarquable aussi de voir que ce n'est plus
dans le groupe des Mollusques qu'il faut ciiercher des etres analogues aux
Mollusques, mais dans des groupes parfois tres-^loignes?
Nous avons d^ja signal^ ce passage dans lequel M. de Quatrefages,
apres avoir parle de I'estomac aveugle des Zephyrines, des Acteons , fait
mention de I'existenee possible de I'anus et de cette particularite que la
difBculle ci le voir indique au moins qu'il est tres-petit, ce qui rapproche
ces Mollusques des Meduses. II repond a M. Souleyet, qui fait allusion a
ce fait : « En tout cas, ce ne serait pas I'absence d'anus qui m'aurait fait
rapprocher les phlebent^rdfs des Meduses, mode de raisonnement que me
» prete M. Souleyet, puisque, bien loin de manquer d'anus, les Meduses
» en ont plusieurs. C'est au contraire en m'appuyant sur ce dernier fait
» que j'ai employe le raisonnement diametralement oppose, a propos de
» quelques observations de MM. Alder et Hancock. » (P. 810.)
Du reste, nous avons vu tout a I'heure quedeja en SicileM. de Quatre-
fages avait trouve un anus chez des Mollusques voisins de ceux auxquels il
n'en a ni figure ni decrit dans le raemoire sur les phlebenteres, mais
dont il avait pourtant soupconne I'existenee. Les textes contradic-
toires que nous avons cites donnenl beaucoup trop lieu a discussions in-
terminables, pour que nous ne prenions pas note de cette concession, afin
de n'y plus revenir. N'oublions pas de signaler aussi que, dans une note
de la mSme page 811 des Comptes rendus, M. de Quatrefages reconnatt
avoir, depuis ses premiers travaux, trouve que I'anus de VEolidine pa-
radoxale est place non pas sur la ligne mediane, mais bien sur le cote a
droiie, entredeux rangs de cirrhes branchiaux. Ceci doit, ainsiquevous
le voyez, enlever beaucoup de cette symetrie bilat^rale a I'animal, et fait
n^cessairement disparaitre cette analogie si souvent signalee avec leg
Annelos. Pourquoi done encore cette expression de cirrhes branchiaux,
quand on refuse a col animal des branchies proprement dites?Nous som-
mes obliges dc tenir comptc des expressions, par la raison loute simple
54
que, dans une discussion oii Ton cherche a montrer que des animaux ne
sont pas organises, comme ceux qui leur ressemblent, par la forme ext6-
rieure, les termes doivent 6tre nets. Autremenl le veritable sujet devient
hisaisissable, et ['incertitude s'etend sur toutesses parlies.
M. de Quatrefages montre ensuite qu'il a exactement reconnu que les
organes ovoTdes des appendices branchiaux sont perfores a leur extre-
mity, comnoe I'avaienl dit MM. Alder et Ancock, ce que M. de Quatrefages
avail ni6, et, a ce propos, il avail 6t6 sur le point de penser que ces Mes-
sieurs avaient ete induits en erreur par trop pen d'habitude de 1' observa-
tion des animaux inferieurs. On doit cependant a M. de Quatrefages d'a-
voir demontr^ , par une exploration difficile , que les filaments que
fenferme eel organe el que les anatomisles avaient pris pour dessperma-
tozoi'des, sont des spicules; fait toujours reconnu vrai depuis.
M. de Quatrefages maintient la determination de I'appareil hepatique
comme appareil gastro-vasculaire. II reclame la priority de la decouverte
du coeur sur I'Eolidine, mais ne parle pas des deux oreillettes qu'il y a de-
crites.faitquireslecontraire a ce qu'on sail des Gasteropodes el des £^oiis,
genre auquel nous avons vu qu'appartient I'eolidine paradoxale. II main-
tient que le coeur manque chez quelques-uns; nie les veines qui ne seraient
que des lacunes, mais fait une reserve sur I'appareil veineux allanl des
branchiesau ccEur, qui pourraitexister,mais qu'il n'a jamais vu.(P. 815.
II pense que tons ces fails, loin d'etre contraires d tons les principes
et a toutes les analogies, confirment ceux qu'il a enonces plus haul, sa^
voir : existence de plusieurs series animales et degradations de ces
series. (P. 81.4.)Voyons done si ces fails anatomiques sont reels; car, s'ils
ne le sont pas, ces principes devront Sire forlement ebranles.
Pourquoi reprocheraM. Souleyel de juger par analogie, sans d<5montrer
tous les fails qu'il avance, lorsque nous voyons M. de Quatrefages dire
queM. Milne-Edwards ayant « demontre V existence d'une circulation
tout interstitielle dans Vabdomen de quelques Ascidienst qu'il en est de
meme de plusieurs Anneles, Vaisence de veines, de cceur et d'arteres
chez quelques Gasteropodes n'a plus rien d'etrange que d'etre signaled
pour la premiere fois (1 ). En voyant des phrases d'une telle assurance
I'espril n'ose s'y arr^ter davanlage etnous passons a une autre partiedu
sujet.
(I) De Quatrefages. loc. cit., 18i4, t. X!X, p 815.
55
Remarquons toutefois que M. de Quatrefages ne parle plus de la ten*
dance a I'annulationdesMollusques, dits phlebent4r6s , conclusion deson
dernier travail, qui venait rattacher les Mollusques aux Anneles par la
forme exterieure, et aux Meduses par la constitution interne.
M. de Quatrefages se plaint de n'avoir pas compris ce que M. Souleyet
entend par le mot respiration. Comme ce fait a moins d'importance
que ceux que nous signaions, comme ii ne change rien aux fails ni au
fond de la question et que plus haul nous avons deja parle de ce point
a propos des branchies, nous revenons a ceux-ci (pages 81 5 elSil).
Ici commence la guerre de textes. M. de Quatrefages accuse M. Sou-
leyet d'avoir dit a tort qu'il ne donne aucun detail sur I'appareil
generateur de I'Acteon. II est en effet vrai que M. de Quatrefages en a in-
dique la situation et les ramifications ; mais ces details ne sent pas tel-
lement precis qu'on nepuisse comprendre I'erreur de mots deM. Souleyet.
A la memo page, M. Souleyet est accuse d'inexactitude pour avoir in-
dique le cceur, les art^res, les veines de I'Acteon, puisque i'appareil res-
piratoire est situe vers la surface du dos de cet animal. Or, deja nou5
avons dit que nous avons vuces dififerents organes de la mani^re la plu'
nette, moins les rameaux veineux des troncs allant des visceres auj
branchies. Beaucoup d'anatomistes les ont 6galement vus; nous n'avons
done pas besoin de discuter ces imputations negatives.
§ XXVIII. — Tels sont les faits contenus dans cette reponse. Peu de
temps apr^sM. Souleyet r^ponditaM. de Quatrefages par un travail dont
nous aliens donner le resume (1).
M. Souleyet rappelle les principes g^neraux dont nous avons deja parI6
el qui , jusqu'a present, ont toujours guide les Anatomisles et les Zoo-
logistes. Ilmontre ensuite qu'aucune des descriptions de M. de QuatrB*
fages ne repose sur des observations anatomiques completes; il d6montre
I'existence du coeur chez ceux des Mollusques dits phlebenteres que M. de
Quatrefages avail crus prives de cet organe. 11 passe ensuite a la preten-
due absence de veines chez des Mollusques pourvus d'nn coBur et d'ar-
teres; a cet 6gard , nous citerons le passage suivant de la reponse de
M. Souleyet: « Je crois devoir rappeler de nouveau, dit-il (p. 81), qne
» I'erreur commise par M. de Quatrefages en niant le systeme veineux
(1) Souleyet, OesERVATroNs anat. et phts. sur les genres action, eolide, ve-
NiLiE, calliopee, tergipe (Comptcs rendus de I'Acad. des se., J 845, t. XX,
p. 73).
56
i> dee Mollusques gast^ropodes, provient probablement de I'id^e inexacte
n que ce naturaliste s'esl faite de cette partie de I'appareil circulatoire
» chez les animaux de ce type. M. de Quatrefages parait croire que le sys-
» teme veineux se presente loujours sous la forme de vaisseaux bien dis-
p tincts, tandis qu'il n'en est generalement pas ainsi ; en effet, dans pres-
» que tous les Mollusques et dans les Nudibranches en particulier, les
» veines n'ont cette forme que dans les principaux troncs qui rappor-
» tent le sang des visceres ou qui se rendent aux organes respiratoires.
» Les autres vaisseaux veineux sont plutot des canaux creuses dans 1*6-
•p paisseur ou dans I'interieur des organes, en un mot, plutdt des trajets
» veineux que des vaisseaux proprement dits. Particularites bien recon-
» nues par les anatomistes qui se sont occupees des Mollusques, et sur-
» tout par M. de Blainville. (Voir le Traitede malacologie, p. i30.)La
» distinction que Ton a voulu etablir sous ce rapport entre les Mollusques
n et les Grustaces n'est done pas fondle, car cette forme du systeme vei-
» neuxparaitetre un fait general chez les animaux inferieurs ; on la retrouve
» meme chez les animaux superieurs dans I'epaisseur des organes et des
» parenchymes ; I'embryogenie nous demontre encore que c'est la la
» forme primitive du systeme vasculaire, forme qui serait Iransitoiredans
n les uns, tandis qu'elle deviendrait permanente chez d'autres animaux
p places plus bas dans la serie zoologique. »
M. Souleyet raoutre ensuite qu'avec I'existence de I'appareil circula-
toire coexiste un veritable appareil respirateur. II montre qu'en conse-
quence on ne saurait admellre comme reelle Tinterpretation suivante
donnee par M. de Quatrefages : « Les organes respiratoires, dit ce natu-
p raliste (Memoire sur les phliebenteres, 1843, p. 167), sontsupple^s
p par un tube intestinal, qui n'est plus charge seulement d'extraire des
» aliments un chyle propre a enrichir le sang appauvri, mais qui doit
p en outre faire subir au produit de la digestion un degre de plus de pre-
» paration et le soumelire immediafement au contact de I'air. »
M. Souleyet montre de nouveau que le pretendu appareil gastro-vascu-
laire ne saurait 6tre considere comme autre chose que comme un appa-
reil hepatique, fait deja suffisamment demontr^ pour qu'il soit inutile d'y
revenir; par consequent on ne saurait dire encore, avecM. de Quatrefages,
que cet organe remplit a la fois le r61e d'appareil digestif et celui d'appa-
reil circulatoire (1). II montre ensuite que dans plusieurs des genres d6-
(1) MoNiTEUR, 17 nov. 1844. De Quatrefages, note anncxec au rapport de
57
crits par M. de Quatrefages, les determinations relatives a I'intestin sont
las unes incompletes, les autres m^me inexactes; c'est ainsi qu'il montre
que dans un animal appartenantau genre Pavois ou en etant tresvoisin,
il existe un intestin qui vient s'ouvrir a la face dorsale vers la partie pos-
terieure de I'animal, et sur la ligne m^diane. II relive ensuite les preten-
dues inexactitudes dont M. de Quatrefages I'avait accuse, relativement ^
I'anatomie de I'Acteon.
Notre commission ayant pu s'assurer de I'exactitude des descriptions
de M. Souleyet, d'apresles pieces qu'il lui a presentees, il serait inutile de
reproduire la rectification de cet anatomiste.
M. de Quatrefages repondit a la note de M. Souleyet par un travail dans
lequel il lui reproche les m^prises suivanles concernant I'anatomie de
r£olide (1). « <" Ce naturaliste a pris I'estomac pour une oreilletle;
» 2" il a pris pour une veine m^diane le Ironc goslro-vasculaire medio-
> dorsal; 3° il a pris pour des troncs veineux lateraux et anterieurs les
» deux troncs gastro-vasculaires qui occupent en effet cette position » (ce
sont les troncs que M. de Quatrefages appelait canal marginal dans son
memoire sur I'eolidine) ;
i" II a pris pour des orifices de veines branchiales des ccecums gastro-
vasculaires, coecums que M. Souleyet decrit et figure ailleurs comme des
coecums hepatiques. Enfin M. de Quatrefages continue a formuler des re-
proches semblables concernant I'ensemble de i'anatomie du meme animal
et de I'Acteon.
II est important de signaler, pour I'intelligence des faits suivants, que
M. de Quatrefages reconnait dans cette note que son eolidine n'est reel-
lement qu'un fiolis, ainsi que I'avaient signale MM. Alder et Ancock, et
qu'il est par consequent probable que son organisation est au fond la
m6me que celle des fiolis. Or, si Ton remarque que votre commission a
constate, sur les Eolis et les Acteons, que, loin d'etre tombe dans ces er-
reurs, M. Souleyet avait decrit exactement I'organisation de ces animaux,
on comprend qu'il nous est inutile d'insister longuement sur le peu de
fondement des reproches de M. de Quatrefages; nous aurions, au con-
M. Milne-Edwards au ministre de I'lnstruction publique.surles recherches zoo-
logiques faites sur les cotes de Sicile.
(1) De Quatrefages, Reponse a la note presentee par M. Souletet, concer-
NANT L'aNAT. et LA PHVSIOLOGIE DES MOLLUSQUES PHLEBENTERES (ComptCS PCndUS
de I'Acad. des sc, 18i5,t. XX, p. 152).
58
traire, a relever, dans la note de ce dernier, presque autant d'erreurs que
de reproches formulas. Ceci nous dispense de reprodiiire la reponse do
M. Souleyet a M. de Quatrefages (1).
Obliges , du reste , que nous sommes, de citer tous les autres auteurs
qui se sent occup^s de ce sujet, nous verrons qu'aucun d'eux n'est venu
confirmer ['exactitude des faits principaux sur iesquels M. de Quatrefages
avait bas6 ses deductions les plus importantes, non plus que ses repro-
ches a M. Souleyet; ce sont au contraire les recherches de M. Souleyet
que nous verrons continuellement v^riBees. .
§ XXIX. — Quoique, ainsi qu'on a du le voir, nous ne nous occupions ici
que des questions de faits, ayant deja sufGsamment Iraite celles de doctrine,
nousdevons cependant juger une derniere fois la question des interpreta-
tions vicieusessur laqueIleM.de Quatrefagesrevient encore dans saderniere
note. Apr6s avoir examine de la maniere la plus complete et la plus appro-
fondie tous les passages qui s'y rapportent, nous pouvons affirmer que ces
interpretations faites par M. Souleyet n'altfercnt en aucune facon le sens
des points importants des idees g^nerales de M. de Quatrefages.
De plus , votre commi^sion ne pouvants'en rapporter qu'aux documents
Merits, a constate que les premieres erreurs rectifiees par M. de Quatre-
fages lui-m^me, ne Font ete que post^rieurement aux objections anatomi-
ques que lui avaient adresseesMM. Souleyet, Alder et Hancock (consultez
les dates des publications deja citees).
Apres avoir entendu des faits aussi nettement articules , apres avoir vu
les conclusions zoologiques qui en decoulent, formulees en tableaux d'ordre
et de families, ayant recu le nom de phlebenterSs, vous croiriez peut-elre
que devant la demonstration de la non-existence des faits qu'on avait cru
6tre vrais, la question va etreabandonnee , ou bien nettement et franche-
ment rectifi^e, dans les details zoologiques et anatomiques. II n'en est rien ;
bien au contraire, elle semble n'avoir pris que plus de force et elle s'e-
tend de maniere a perdre son caraclere de sp^cialite et devient question
gen^rale ; en m^me temps, elle prend plus de diffusion, elle devient moins
nette, moins facile a saisir. Bienl6t, en eflet, nous aliens voir que de tous
ces faits anatomiques , naguere si nettement enonces , si fortement sou-
teuus, ilea est peu dont on parle encore. II est peu question de tel ou tut
(1) Souleyet, Reponse a la derniere «ote de M. de Quatrefages (C. r.. de
I'Ac. des sciences, 1845, t. XX, p. 238).
I
59
phlebentere, maisdu phlebenlerisme.YoWd maintenant ce qu'est le phI6-
bent^risme : « Ea m^me temps, dit M. de Quatrefages (1), que les appa-
D reils de la respiration etdela circulation se degradenten disparaissant,
» le canal digestif pr^sente souvent, mais non pas toujours, une modifi-
» cation remarquable. On le voit so compliquer de prolongements d'ap-
» pendices plus ou moins nombreux, plus ou moins ramifies, qui , en ge-
» ndral se portent vers la surface du corps.
> Le phl^benterisme, dit encore M. de Quatrefages (p. 84), me semble
» avoir pour effet, tantot de faciliter seulement I'acte de la respiration ,
» tant6t de suppleer a quelque portion de I'appareil circulatoire, tantot
» enfin de remplacer en entier le systeme vasculaire des animaux supe-
» rieurs » (c'est probablement inferieurs qu'il faut lire).
Mais qu'on ne s'y m^prenne pas, celle maniere de voir, qui date de
<844, et que M. de Quatrefages se plaint de n'avoir pas vue acceptee, est
post^rieure aux rectifications de M. Souleyet; elle eslposterieure au Ira-
vail ou M. de Quatrefages disait : les phlebenteres sont des Mollusques
gasteropodes a circulation imparfaite ou nulle prives d'organes res-
piratoires proprement dits (Ann. des sc. nat. 184-4); elle est posterieure
au travail dans lequel M. de Quatrefages disait que, chez les phlebente-
res , la fonction de la digestion se confond avec celles de la respira-
tion et de la circulation, ce qui, ajoute-t-il, forme le caractere domina-
teur du groupe (Comptes rendus 1844).
Nous acceptons ces rectifications pour telles, mais nous devons monlrer
que ce sont des rectifications.
Nous les acceptons, mais encore nous devons voir dans quelles li-
mites il faut le faire, parce que nous verrons plusieurs anatomistes
allemands n'en pas tenir compte. En effet, nous lisons dans i'Analomie
comparee de Stannius et de Siebold, parue en 1848, la phrase suivante :
Cependant de Quatrefages n'a pas su dans Vorigine s'orienter a pro-
pos de cette circulation simple des Apneiistes,et il a dit quechez ces Gas-
teropodes le canal intestinal ramifie joue en meme temps le role d'un
systeme vasculaire sanguin, ce qui t'a engage a donner le nom de phle-
benteres au groupe entier de ces animaux. (Edition allemande, 2^ par-
tie, p. 329-330.)
(1) De Quatrefages, Note sur le phlebenterisme (Ann. des sc. nat., 1846,
t. IV, p. 83).
60
Ainsi, lout en tenant compte de ces recti6cationssuccessives,nous de-
von5 enoncer par ordre de dates tous les fravaux publics sur ce sujet qui
sont venus modifier les descriptions anatomiques anlerieures. Tous les
auteurs dont nous parlous n'ont jamais manque d'agir ainsi, afin de faire
disparaitre de la science des fails qui sont embarrassants des qu'on no
pent immediatement savoir a quoi s'en tenir a leur 6gard.
§ XXX.— En meme temps qu'avai t lieu cette discussion MM. Alder el Han-
cock que nous avonsdeja cites, publierentun travail sur la Fenilie{\ ), Mol-
lusque qui estdumeme genre que laZ^phyrinedeM.deQuatrefuges.(Voyez
de Quatrefages, Ann. des sc. nat. 1844, en note.) Dans ce travail, ils mon-
trent que cet anim.al n'est pas depourvu d'un organe circulatoire central,
lis d^crivent et Ggurent un estomac, avec I'appareil gaslro-hepatique ra-
mifie, analogue ace que reprfeentent, dans les limitesd'analogiesde con-
formation exterieure, les planches de M. Souleyet chez les animaux voi-
sins. Ces canaux se jettent sur toute la circonference de cet estomac ; enfin
il y a un intestin et un anus, ce que ne montrent pas les planches de
M. de Quatrefages.
Les memes auteurs, dans un rapport sur les Mollusques Nudibranches
lu en septembre 1844 devant I'associalion britannique, apres avoir rap-
pele comment a ete cree I'ordre des phl6benteres, s'expriment ainsi (2) :
« Ce systeme (gastro-vasculaire) parait remplir les trois fonctions de la
» digestion, de la circulation et de la respiration, ce qui est considere par
» M. de Quatrefages comme constituanl le coractere dominateur des phie-
» benteres. Nous croyons toutefois qu'il n'y a pas evidence satisfaisante
» pour admettre une telle fusion de fonction dans des Nudibranches, et
» d'apres I'examen que nous avons fait de ces especes, notre experience
» est contraire a la supposition, i^ (P. 8.)
Vient maintenant un travail de MM. Embleton et Hancock , pubiie
en184o(3) surl'anatomie desfiolis. lis relevent, chemin [aisant, plusieurs
faits qu'ils considerent comme gravement inexacts dans les descriptions
donnees par M. de Quatrefages, principalement pour ce qui concerne le
(1) Alder et Hancock, Descript. of a new genus of nudidranchiate molll'Sca
(venilia) (Ann. and Magazine of natural history, 1814).
(2) Alder et Hancock, Report on the British nudibrachiale mollusca. Lon-
dres, 1845.
(3) Embleton el Ancock, On th£ anatomy of ecus (Ann. and Magazine of nat.
history), January, 1845, vol. XV).
61
tube digestif. lis les attribuent au moyen empIoy^parM. deQuatrefages,
I'emploi (iu compresseur au lieu de la dissection. Us disent en terminant
qu'ils ont vu avec satisfaction que leur maniere de voir etait a pen
pres completement confirmee par les observations de M. Souleyet sur
les Mollusques gasteropodes formant Vordre des phlebenteres propose
par M. de Quatrefages. (P. 85.)
§ XXXI. — En septembre 1845, M. Almann a public un travail tr^s-
detailI6 sur I'anatomie del'jicteon (1).
Apres avoir rappel^ plusieurs des faits g^neraux dont nous avons d^j^
parl6 et releve les erreurs de M. de Quatrefages sur I'anatomie de ce
Mollusque, il s'exprime ainsi (p. 454) : « M. de Quatrefages met avec
» avidity ce fait a profit (la disposition ramifiee de I'appareil hepatique de
» la Calliopee) ; il maintient que les rami6cations gastriques font rofHce
» de vaisseaux branchiaux, qu'elle servent done aussi bien a la respira-
); tion qu'a la digestion, et trouvant ces caracteres dans Tfiolide, il les ras-
» semble avec d'autres particularit^s qu'il certifie avoir trouvees dans ce
» Mollusque, les eleve au rang d'importance ordinaie, leur donne le nom
» de systeme phle'benterique , et surprend les zoologistes par I'annonce
» quelque peu 6tonnante de I'existence d'un nouvel ordre de Mollusques
» gasteropodes.
» Ces doctrines sont portees a leur plus haut degre dans un memoire
» suivant oii, apres I'examen de I'Acteon et de cinq genres nouveaux ca-
» racterises par lui, M. de Quatrefages maintient I'etabiissement complet
» de son nouvel ordre et entre dans les details de ses afSnites zoologiques.
» Les caracteres generaux sur lesquels le naturaliste francais maintient
» la distinction de son nouvel ordre de Gasteropodes, sont : le peu d'appa-
» rence en tout ou en partie du systeme circulatoire et le transport de la
» fonction respiratoire d'organes speciaux au systeme digestif ou au tegu-
» ment commun, particularite qu'il dit apporter une degradation geni5raIo
» de I'organisme, en les rapprochant des acalephes et ^tablissant ainsi un
» groupe d'animaux qui sortent du type de leur classe et sont parmi les
» Gasteropodes ce que les Entomostraces sont aux Crustacds.
» Les memoires de M. de Quatrefages, ajoute-t-il (page 15S), ont, je le
)> crains, pr6sente un trop large champ a la critique justement s^v^re.
(1) On the anatomy op acteon, etc, (the Annais and Macazike op natural
msTouY, sept. 1846, 'voL XVI, p. 45).
62
» et en avangant des creations d'une grande importance zoologique sur
» des observations qui peuvent 6tre regard^es comme tres-imparfaites,
• ils pouvaient, s'ils n'etaient rectifies , exercer une fScheuse influence
» sur une science aussi inductive que la zoologie. Des differents animaux
» observes par M. de Ouatrefages dans la construction de son groupe des
» phlebenieres , I'Acleon est le seul que j'aie eu occasion d'examiner; lo
3 resultat de I'examen de ce Mollusque est si totalement en disaccord
B avec I'anatomie du meme animal rapporl^e par le zoologisle fran^ais
» que je crois 6tre sufiBsamment fondS a certifierque ses observations sur
» les autres sont ^galement erronees; car nous devons hesiter a adop-
» ler des conclusions d'une si grande importance zoologique que celles
» auxquelles M. de Quatrefages est arrive. »
II dit ensuite a la m^me page : « En comparant les descriptions et les
» figuresdel*Act^on donne parM.de Quatrefages, dans son M^moire, avec
» la structure que I'examen de cet animal m'a revel^e, je fus frappd de
» leur difl'erence Parmi les points les plus imporlants sur lesquels
» mes observations different de celles de M. de Quatrefages, je puis men-
» tionner la decouverte d'un coeur distinct et de vaisseaux, organes dent
» I'existence est ni^epar lenaturalistefranQais. > Suivent d'autres recti-
fications relatives a I'intestin, au sysleme nerveux, etc.
M. Almann fait voir ensuite que I'appareil dit gastro-vasculairenepeut
avoir les fonctions qui lui ont 6te assignees par M. de Quatrefages, et
que ce n'est ni plus ni moins qu'un foie desagrege^ ou un foie sous sa
forme la plus elementaire.
Enfin, M. Almann dit dans une note que , depuis la lecture de son Me-
moirs devant I'association, il a vu dans les Comptes rendus « unMemoire
» de M. Souleyet relatif aux phlebente'res , dans lequel il trouve que
» les observations de cet auteur sur ce sujet s'accordent enti^rement avec
» les siennes. »
§ XXXII. — Ainsi, vouslevoyez, les resultatsauxquels est arriv^e voire
commission sont les mcmes que ceux auxquelS sont parvenus les anato-
mistes Strangers, en faisant ranatomic des m^mes animaux. Vous voyez
de quelle maniere its envisagent les Merits de M. de Quatrefages; ils y
voient uno theorie, un sysleme tout entier sur le remplacement, chezdes
MoUusques, d'un ou de deux appareils s'amoindrissant, par un autre qui se
ramiQejils envisagent de plus les conclusions zoologiques qui en decoulent.
Peu de mois auparavant, M. de Quatrefages avait dit dansun article de la
Revue des Devtx-Mondes, de la ratoe annee <845, que par lo mot phle-
63
benterisme il a voulu designer seulement toute disposition organique
en vertu de laquelle une portion du tube digestif remplit, d'une tna-
niere quelconque les fonctions d'wn appareil de vaisseaux quel qu''il
sott. (Pages 4003 611004.)
Cependant, de Tensemble de cat article, il parait r^sulter bien evidem-
ment pour tous les lecteurs (c'est la du moins i'effet general qu'il a pro-
duit), que la question de la disposition particuiiere du systeme veineux
des Moilusques se confond avec celle du phlebent6risme. En effet ,
M. de Quatrefages dit : Apres les objections de M. Souleyet, le phleben-
terisme fut declare anenati et relegue au rang des chimeres. Nous
employ ons ici un des mots les plusdoux qui lui aient etc appliques....
(Page 1 003.)
Eh bien! il resulledes fails recueillis par MM. Milne-Edwards et
Valenciennes que, chez tous les Moilusques , rappareil circulatoire
est incomplet ; que, chez tous les animaux de cet embranchement, le
sang, au sortir des arteres, tombe dans la cavite abdominale On
volt que le phlebenterisme, bien loin de former une exception, comme
nous Vavions cru nous-meme d^abord , se trouve etre en definitive la
regie generate. (Page 1003.)
Ne semble-t-il pas, d'apres ces passages, appuyes de beaucaup d'au-
tres, que tout le phlebenterisme est la? Mais quelles sont done les fonc-
tions d'un appareil de vaisseaux , quel qu'il soit , que remplit I'inlestin
chez les Cephalopodes, \esLimaces, les Monies, etc.? Quelles fonctions
aulres que celles d'un tube digestif vient-il accompiir? Quelles relations
pourrait-on elablir entre sa disposition presque aussi nette, aussi tran-
ch^e, dans ces Mollusques-!a que celle del'intestin d'un Verlebre et I'etat
particulier de leursysleme veineux ? Aucune ^videmment ; et sous ce point
de vue il semblerait en quelque sorte qu'il y a contradiction avec la defi-
nition que nous venons de lire.
Et de plus, quelle est done la degradation qu'on pourrait signaler dans
I'appareil respirateur de ces Moilusques? Aucune certainement. Ceux-1^
ont un poumon en forme de sac tapisse de vaisseaux; ceux-ci ont des
branchies aussi bien conslituees que possible. Voila deux appareils sur
trois sans degradation aucune : est-ce que phlebenterisme voudrait dire
la degradation de I'un quelconque de ces trois appareils V Rien dans ce
travail n'autorise a le penser. Dans tous les cas, ce serait reraonter bien
haut et avoir pris un bien long detour pour en venir a exprimer un fait
aussi simple que celui-la, le seul qui resulle du travail des deux c^lebres
64
acad^miciens. Ainsi done, qu'on y prenne garde, la question sur I'appa-
reil vasculaire des MoUusqnes, traitee par MM. Milne-Edwards et Valen-
ciennes, est tout a fait differente de celle qui nous occupe (1).
L'appareil circulatoire veineux desCephalopodes, celui des Gasteropo-
des pulmones, pectinibranches, cyclobranches , etc. ; celui des Ac^phales
l.amellibranchesa bien une disposition, au point de vuo de I'analomie ge-
n^rale qui lui est particuliere et qui differe en quelques points de ceile
qu'on trouve chez les Vertebres. Maisdans tout cela, I'inteslin, l'appareil
respiratoire n'ont que faire ; ils n'interviennent en rien. L'inlestin ne vient
supplier ni a la circulation ni a la respiration, lesquelles ontchacune leur
appareil bien distinct de lout autre appareil. C'est doncune question tout
autre que celle du phlebenterisme; seulement, comme il parait sembler
qu'elles se confondent , nous serons obliges d'en parier apr^s avoir
achev6 celle dans laquelle on a cru voir l'appareil digestif remplacant les
appareils circulatoire et de respiration. Le seul pointde contact est celui-
ci : Les Gasteropodes nudibranches, dont on a vculu faire des phe-
benteres, presentent, en taut que MoUusques, les mcmes particula-
rites de disposition anatomique du systeme veineux que presentent
les mitres Gasteropodes. II y a contact par ce seul point, mais non fusion
des deux questions. Aussi', a I'exemple de tons les auteurs etrangers qui
onl aborde la question et de M. Souleyet (2), nous suivons d'abord celle
que nous avons commencee , sans nous laisser entrainer par la seconde.
Aussi, laissant la Revue des Deux-Mondes pour des recucils qui
s'adressent a des hommes plus comp^tents a juger les details de ce sujet,
nous continuous notre examen analytique.
§ XXXIII. — Dans une note sur le phlebenterisme (3), publiee la mfime
(1) Milne Edwards, Observations et experiences sur la circulation chez
LES mollvisques (C. t. dcs seances de I'Acad. des sciences de Paris, 1845, t. XX,
p. 261), et Considerations sur la distridution des fluides nourriciers dans
l'economie animale (meme recueil, t. XX, 1845, p. 1*25), et Milne-Edwards et
Valenciennes, Nouvelles observations sur la constitution de l'appareil de la
circulation CHEZ LES MOLLUSQUES (memc recueil, t. XX, 1845, p. 750).
(2) Souleyet, Note relative a une communication recentede MM. Milne Ed-
wards et Valenciennes sur la constitution de l'appareil de la circulation
DES MoLLusQLES (Comptes reudus des seances de I'Acad. des sciences dc Pari?,
1845, t. XX, p. 862.)
(3) De Quatiefages, Note bdr le pnLiiBENTtRisME (Ann. des sc. nat., 1845,
t. IV, p. 83).
65
aniiee que parutTarticle dans la Revue des Deux-Mondes, M. de Qua-
trefagesdit:
tt En ni^me temps que lesappareilsde la respiration et de la circula-
» tion se degradent en disparaissant, le canal digestif pr^sente souvent,
» mais non pas toiijours, une modification remarquable. On le voit se com-
» pliquer de prolongements, d'appendices plus ou moins nombreux, plus
» ou moins ramifies qui en general se portent vers la surface du corps.
» C'est celle disposition organique que j'ai propose de designer sous le
» nomde phlebenterisme. » (P. 84.)
Ces expansions du tube digestif fonctionnent comme un appareil d'ir-
rigation organique, r6le, dit M. de Quatrefages, que M. Milne-Edw^ards
a compl^tement apprecie. Ce dernier auteur a, en effet, 6crit ce qui suit (1 ) :
« L'embranchementdes Moliusques offre ^galement des exempies de cette
» disposition organique, au moyen de laquelle I'appareil digestif peut
» venir en aide aux instruments charges de distribuer les Guides nourri-
a ciers dans I'interieur de I'economie. Effectivement, il me paralt diflQcile
» de refuser des usages de ce genre au syst^me de canaux ramifids qui ,
» chez les fiolidiens, natt du lube digestif et p^netre souvent jusque dans
» les tentacules du front et jusqu'a I'extremit^ poslerieure du manteau,
» ainsi que dans chacun des appendices branchiaux dont le dos de ces
» Moliusques est garni, car... on voit les matieres alimentaires parcourir
» rapidement ces canaux ramifies. Le sang, dont la circulation est plus ou
» moins incomplete, baigne, comme chez les nymphons, la surface ex-
» lerne du systeme gastro-vasculaire, et par consequent, a moins de sup-
» poser que les parois de ces appendices du tube s'opposent a I'absorption
» du chyle, il faut admettre que les produits du travail digestif vont dans
» presque tous les points du corps se meler au sang dans le voisinage
» imm^diatdes parties a la nutrition desquelles ces matieres sent desti-
» n^es. Les substances assimilables arrivent done a leur destination plus
» promplement et plus surement que si leur transport du centre du corps
» jusque dans les points les pluseloigness'effectuait par la seule influence
» des courants sanguins, et il en faut conclure que chez les Moliusques,
» de mfime que chez les nymphons, I'appareil digestif fonctionne comme
» un appareil d'irrigation organique aussi bien qu'a la manifere d'un appa-
» reil d'^laboration chimique pour [la preparation des sues nourriciers.
(1) Milne-Edwards, loc. cit., et Observaho.ns stB u circulation (Ann. dks
sc. NAT,, 1845, t. Ill, p. 257, voy. p. 27S).
5
66
» C'est la -aus&i le r^suUat auquel est arrive M. deQuatrefarges, a la
» suite de ses nombreusesobservationssur la structure des £olides,et c'est
» pour rappeler celte disposition vasculaire d'uive portion de I'appareil
J) digestif, ainsi que les fonctions des ramifications de la cavite alimen-
» taire, qu'il a propose de designer ces animaux sous le nom de mollus-
» ques phlcbenteres. » (P. 276).
Ainsi, vous le voyez, on ne tient pas compte davanlage de la d^termi-
iliation de cet appareil comme 6tant un foie , fait acceple a cette ^poque
par tant d'aulres anatomistes. Ainsi, voila un organe qui tout a la fois va
verser de la bile par toute sa surface interne, et, par cette m^nie surface,
absorber le chyle , comme si le chyle existait dans I'intestin, et tout cela
malgre la rapidity des courants auxquels sont soumises ces substances.
Pourquoi dire -que la circulation du sang est ici plus ou moins incomplete
et baigne ce pr6tendu appareil gastro-vasculaire, lorsqu'on salt que ce
sont les branchies qui ont les vaisseaux les plus nettement determines
chez les Mollusques, oii leur disposition tubul^e est la plus nette, oil est
la necessite de cette distribution plus sure et plus promple dans ces Mol-
lusques, que chez tant d'autres qui ont un appareil circulatoire analogue
et pas de ramifications du foie?
§ XXXIV. — Mais ce qu'il importe beaucoup de signaler, c'est cette
nouvelle fonction, celle dHrrigalion organique. Ainsi voila une nouv^elle
fonction qu'il faut ajouter a celles que la physiologie nous a fait connaitre
jusqu'a ce jour. Outre la fonction dont I'accomplissement a pour r^sultat
le transport du sang dans toute I'economie, il y a done la fonction d'irri-
gation organique. II est tout simple qu'admettant un appareil nouveau,
le gastro-vasculaire, on soil force d'admettre une fonction nouvelle.
Nous avons rieja prouv6 sufSsamment que le prelendu appareil gastro-
vasculaire n'etait qu'un foie. La pretendue fonction correspondante, celle
(^irrigation organique, n'existe done pas plus que I'appareil; ce n'cst
,pas la le r61e que remplit cet organe hdpalique ramifie ; il vient en aide
a la dissolution des aliments; quant a I'absorption des malieres dis-
soutes, y eut-elle lieu comme ailleurs, fait peu probable, ainsi que nous
I'avons vu, il n'y aurait pas la motif sufTisant a introduire une nouvelle
fonction dans la physiologie.
Nous nous sommes plus arr^l^s surce passage de M. Milne-Edwards
que sur le travail de M. de Quatrefages, parce que celui-ci n'est qu'un
developpement des m^mes id<5es. Toutefois, cet auteur insisle sur ce fait,
(fu'il pense que les appendices dorsaux des JVudibranches servent a la
67
respiration immediate des produils de la digestion, c'est-d-dire ausortir
du lube digestif, sans passer par Vintermediaire des chyli feres ou au-
tres vnisseaiix (p. 93-94).
§ XXXV. — M. de Quatrefages signale en outre, dans une note, les mSmes
id^es que nousavons trouve developpeesdans la Revue des Deux-Mondes.
Nous ne citerons que ce passage, qui montre combien le mot phlebentere
s'est att(5nue dans sa signification et sa valeur, fait important a signaler
pour bien juger de I'ensemble des faits qui se rapportenta cette question.
« Toutefois, j'ajouterai (dit il page 94) que I'expression Ac phlebentere
» me sembie pouvoir 6tre conservee comme permettant de caracteriser
» d'un soul mot tel ou tel animal dont I'organisation presente un certain
» ensemble de parlicularites analomiques. C'est en ce sens, parexemple,
» qu'on pourra dire que les Pycnogodines sont des Crustaces phlebente-
» res, les Planaires des Turbellaries phlebenteres, etc., etc. »
Voire commission ne pense pas qu'il en doive etre ainsi. En effet,
un mot qui, apr^s avoir eu la signification si tranchee que nous lui
avons vue en vient a la perdre pour en prendre une si generale et si
diffuse , pent etro nuisible dans la science. II est difficile on effet que
Tesprit saisisse alors la signification exacte et precise qui doit 6tre con-
servee; invoiontairement on se reporte a la signification premiere. Mais
il y a une raison bien plus grave et purement anatomique qui s'op-
pose a la conservation de ce terme. II a 6te cr6e pour exprimer la disposi-
tion ramifiee de I'intestin d'animauxMoUusques; or, il se trouve precise-
ment que ces pr^tendues jgamificalions inle^tinales no sont que de larges
ramifications des conduits biliaires du foie. Comment pourrait-on, une fois
ce fait connu, employer le nom qui I'exprvme pour designer de veritables
coecums inteslinaux? Dans le cas des MoUusques il s'agissait de conduits
biliaires; dans le cas des Crustaces etdes Planaires, il s'agitde veritables
coecums non subdivises dans les premiers , ramifies dans les seconds. Tou-
jours ils ont ete pris pour tels, appeles de la sorte , et le nom de coecums
simples ou de ccecums ramifies ne saurait etre change pour celui d'ap-
pareil gastro-vasculaire. Jamais on ne sera porte a donner fe nom de
phlebentere a des animaux dont I'intestin a de vrais ccecums, quant ce
mot a eu la signification que nous I'avons vu posseder. Qu'il y ait ou
non modification des appareils circulatoires ct de respiration en nieme
temps que des coecums a I'intestin, il n'en restcra pas moins toujours ce
fait que le mpt phlebentere a tjle cree pour de-igner un foie ramifie pris
pour un intestin. Ainsi done on ne saurait desurmais accepter ce mot
68
m6meavec toutes les restrictions successives qu'a subies son acceplion, et
mdnie precisement a cause de cela.
Signalons enfin que M. de Qualrefages, dans ce travail, reconnait que
les phlebenleres ne formenl plus un ordre, mais seulement une familie de
'ordre des Nudibranches.
§ XXXVI. — Les travaux que nous allons mainlenant exposer vont
vous prouver que ces raisonnements ne sent pas exclusivemenl propres a
votre commission ; car de tous les auteurs dont il nous reste a analyser
les travaux, aucun n'a adopts les denominations dont nous venons de
parler. lis n'ont adople ni cdle de phlebenterisme, au point de vue anato-
mique, ni celle de phlebentere , au point de vue zoologique. II faut en
excepler toutefois M. Blanchard (1),mais il ne I'afait que sous forme d'as-
sertion. M. Milne-Edwards, dans son memoire sur la classiGcation des
Gasteropodes, n'en a meme pas prononce le nom (2).
Nous voici arrives aux travaux qui ont paru en 1846 : nous cilerons en
premier lieu parmi ceux-la le travail de M. Nordmann sur le Tergippe,
animal du meme genre que ceux dont M. de Quatrefages avail fait le
genre jimphorine ; quoique public a Saint-Pelersbourg en 1844, il n'a
^le connu en France qu'en 1846 (3). M. Nordmann y d^crit le cceur,
I'aorte, les troncsveineux qui rapportent le sang dans l'oreillette;cbczcet
animal sur lequel M. de Quatrefages n'avait pas Irouve trace d'appareil
circulatoire (p. 417 et 120).
La description qu'il donne du tube digestif, montre que chez cet
animal I'intestin pourvu d'un anus est semblable a ceiui des Mollusques
de la meme familie. Ces travaux ont ete fails parM. Nordmann , sans qu'il
eut connaissance de ceux de M. de Qualrefages. Aussi Ton a invoqu^ avec
force, k I'appui du phlebenterisme , un passage du travail de M. Nord-
mann , dans lequel ce naturaliste dit que les ironcs veineux qui abou-
titsent a I'oreillette et les principales divisions de Vaorte sont les seules
parties du systeme circulatoire qui lui aient paru constituees par des
(1} Blanchard, Mehoire sur leb '.opistobranches (Ann. deb sc. hat., I8id,
t. IX).
(2) Milne^Edwards, Situ la classification naturelle dcb Uoiu caster. {\m.
DES sc. NAT., 1848, t. IX, p. 102).
(3) Nordmann, Essai b^u.'he homochaphie du tEHCiPEi EDWAKsen (Ann, sc.
NAT., 184C, t. V,p. 109).
1
69
vaisseaux proprement dits, et qiCen dehors de ces vaisseaux, le sang
serail contenu dans des lacunes ou des canaux sans parois silues entre
le$ differents organes. Mais nous avons d^ja dit que \e phlebenlerisme no
consistait pas uniquement en une modiQcation de I'appareil circulatoire.
De plus , les observations de M. Nordmann ont el6 faites au microscope
par transparence sur des animaux de 4 a 5 millimetres de longueur, et
par consequent a un assez faible grossissement. Or il est impossible de
pouvoir de ia sorte distinguer des parois vasculaires , Ires-minces par
elles-m^mes, et de plus, adherentes aux tissus ambianls. On salt que
dans ies organes comrae ia langue de laGrenouille, on peut demontrer
I'exislencede capillaires dont ies parois ont ia structure caracleristique
ordinaire, en employant le mode de preparation habitual pour ces ele-
ments, et un grossissement de 500 diam^tres. Or on sait, d'autre part,
qu'en examinant par transparence la circulation dans cet organe , 11 est
impossible d'apercevoir ces parois des capillaires. Ce sont la autant de
faits anatomiques bien connusde tous ceux qui ont etudie I'anatomie des
tissus et la physiologie d'une maniere comparative, mais dont beaucoup
d'observateurs ne tiennenl pas compte. lis ont cependant une tres-grande
importance, et il est necessaire de les avoir toujours presents it la me-
moire dans des etudes du genre de celle dont il s'agit, surtout lorsqu'on
voit, dans I'espece humaine, la muqueuse uterine presenter, a parlir
du deuxieme mois de la grossesse, des veines volumineuses dent les parois
sont teliement minces qu'elles ne ferment plus qu'une sorle de vernis de
substance homogene , amorphe, souvent demontrable seulement au mi-
croscope.
Cette m^me annee '1846, MM. Alder et Hancock ont eu occasion d'etu-
dier un autre des animaux que M. de Quatrefages rangeait parmi les phle-
bentere's {\). lis etablissent I'identite de I'animal observe par eux avec
celui qui avait el6 etudie par M. de Quatrefages, el ajoutent: « Mais
» M. de Quatrefages etublit que ce genre n'a ni branchies, ni coeur, ni
» anus, le meltant ainsiau niveau des Zoophytes inferieurs; ilnousfaut
» confessor que nous avons toujours regarde avec une grande suspicion
» celte degradation extreme du type des mollusques , et la decouverte de
» cette cspece n'a pas peu contribu6 a fortifier notre conviction quo les
» vuos de M. de Quatrefages reposent surdes observations imparfaites. »
(I) Alder and Hancock, Notices of some new and rabe Bbitish speoes or
NAKED MOLLUSCA (ANN. ET MAG. :»AT. HIST., vol XVIII, 1846, p. 289}.
70
Ce Mollusque que M. de Quatrcfas^cs a decrit sous le noin de Pavois
(^Pelta), est du mi^nie genre que celui deja decrit prec61eminenl par le
le docteur Johnston , avec la denomination de Limaponlia nigra.
MM. Alder et Hancock d^crivent dans ce Mollusque uno branchie lout a
fait semblable a celles des Nudibranches, placee en arriere du corps sous
un repli du manteau, et que M. de Quatrefages a meconnue.
II signalent , en outre, un anus Ires-apparent a la partie posterieure et
mediane du corps , enfin un coeur dont ils ont meme compte les pulsations.
A la meme epoque, M. Souleyet fit connailre par I'analomie des genres
Glaucus , Philliroe et Tergippe , que ces animaux ne different pas es-
sentiellenient des autres Gasteropodes(l j. II monlra de nouveau que les
appareilsde la digestion , respiration et circulation existent, et que rien
dans leur organisation ne peut autoriser a soutenir encore ce qu'on a ap-
pele le phlebenterisme.
§ XXXVII. — D'apres tout cet ensemble de fails, voire commission no
pense pas qu'on puisse se rattacher a I'opinion de M. Milne-Edwards ,
emisa dans un rapport sur I'embryogenie de I'Acteon , eludiee par
M. Vogt (2) : « Nous ignorons done, dit-il , a quel moment le coeur (de
» I'Acteon) dont la presence a ele conslatee chez I'animal adulte par
» M. Souleyet, se con&titue; et peut-^lre faut-il rallacher a sa formation
» tardive la divergence d'opinions qui a exisle eiitreco zoologisle elM. de
» Quatrefages, relativement a I'existence meme de ce viscere chez i'Ac-
» teon, car on sail que M. Souleyet a eludie des individus qui etaient evi-
ft demmentadulteSjtandisque M. de Quatrefages n'avait a sa disposiliou
» que des individus fort petits dont le developpement elait peul-dlre en-
a. core inacheve. » (P. 4018.) Ce qui s'oppose encore ace qu'on admelle
cetLe opinion, c'est precisement la disposition du foie chez les Acteons a
I'etat oil leur coBur n'existe pas. Cet organe , en effet , se presente sous
forme d'une masse arrondie accolee a I'estomac, et n'offre encore au-
(1) Souleyet, Anatomie des genres Glaocus, Phyluroe et Tergippe, et quel-
QDES OBSERVATIONS NOUVELLES SDR LE PHLEBENTERISME (C. V. dCS SeailCCS dC
I'Acad. des so. de Paris, I8i6, t.XXII, p. 673), et Souleyet, Considerations sur
LA CIRCULATION DANS QUELQUES GROUPES DE LA SEUIE ANIMALE (ARCHIVES D'ANATO-
ut£, dans Archives DE medecine, 1846, p. 105).
(2) Milne-Edwards, Rapport sdr les recuerches de M. Vogt relatives a
L'liVBR-ioGENiB DES MoLLUsQUES GASTEROPODES (C. r. dcs seanccs dc I'Acad. des
sc. de Paris, 1846, t. XXII, p. 1012).
7t
cune trace de la disposition arhorescente qui est si remarquahle chez
I'Acteon adulte. Seulement ce foie est creus6 d'une cavit6 formant une
sorte de diverticulum a Testoinac. Or comme M. de Quatrefages a d^crit
chez cet animal des ramifications qu'il appelle gastro-vasculaires , ce
fait indique bi:en que tout ie d^veloppement etait plus avance que ne le
pense M. Edwards. Dans le cas meme ou, comme cela est probable, M. de,
Quatrefages aurait pris les ramifications de I'appareil respirateur place a
la surface dij. doa, pour ce qu'il npnjme appareii gastro-vasculaire , ce,
fait indique evideiAment que les ifldividus Studies etaient plus avanc^a,
qu'on ne veut le supposer, puisque le premier de ces appareilsn'est pas
encore forme diez les embryons dont parle M. Edwards.
En 1847, parut le Manuel pe zootomie de Rudolphi Wagner dont la
partie concerna,nt les Invertebres est traitee par MM. Frey e^ Leuckart{1).
Dans leur classification desGasteropodes, ils n'admettent pas le groupe des
phlebenteres. lis decrivent I'intestin de la meme maniere que M. Sou-
leyet et les auteurs anglais chez les mimes animaux, et a propos de I'esto-
mac et de I'intestin de Tfioiidine, ils disent en note : « Les determinations
de De Quatrefages sent inexactes. » (P. 430). A la meme page, ils consi-
derent comme aussi invraisembiable I'absence d'anus chez les phl6bent6-
res que sa presence sur la ligne mediane chez la Zephyrine et I'Acleon ; et
ils n'en tiennent pas compte dans leur description. Ils considerent ce qui,
disent-ils , a ete appele systeme phlebenterique ou gastro-VdLSCulaire
comme Itant un foie ramifie ou desagreg^. Cet appareii, disent-ils (p. 434
et 435), pourrait etre appele i beaucoup meilleur litre dif, nom de
GASTRO-BiLiAiRE , comme Souleyet Va propose. lis ajoutent encore qu e
le foie de la Pleurophylidie , dont nous avons parle en commenpant,
constitue une transition de cette forme a la forme ordinaire dufoie des
Gaslcropodes. (P. 435.)
A propos de la circulation, ils pensent qu'il faut attendre confirmation
pour croire a I'absence de cceur chez les plus petits phlebent6r6s ou M.de,
Quatrefages adraet qu'il n'existe pas. (P. 441.), lis s'etendent peu aui: ce
sujet ; nous aurons du reste a y revenir dans la seconde partis, de ce rap-
p.ort. Quant aux appendices dorsaux, ils les considerent comme des bran-
chies et, ne songent pullement a en changer la determination^ comme seul
I'a voulu faire M. de Quatrefages. Nulle part ils ne songent a soutenir les
(1) R. Wagner, Lerbuch der Zootomie (Anatomie der wibbeliosen Thiere,
von H. Frey und R. Leuckait, p. i30-i4t>, 1847, m-8% Leipzig).
72
opinions de ce naturalistc ni sur les phl^benteres ni sur le phlebente-
risme contre les objections des auteurs qui ont releve successivement les
faits incomplels ou inexactsque nous avons signales.
Dans le traits de Slanniiis et De Sieboid, ce dernier, qui a ecrit la par-
tie concernant les in vertebras, dit ( 1 ) : wQiiant au sous-ordre des Apneustes
» et ses deux families les Anangies et les Angiophores , il a ^le etabli
» par Koeiliker en opposition aux autres Gasteropodes qui sont pourvus
» d'organes respiratoires distincts. J'ai hesil6 d'autant a admettre cette
» coupe composee de petites especes bien int^ressantes qu'elle est con-
» firmee par la structure anatomique de ces animaux et que le noni de
» phiebent^res employe par Quatrefages doit etre mis de c6t^ d'apres des
» recherches recentes. » Cette division des Apneustes etablie d'apres un
manuscrit de Koeiliker coniprendrail des Mollusques sans organes respi-
ratoires distincts ni de coquille ; la fiimille des Angiophores serait formes
d'especes ayant un coeur et un rudiment de systeme circulatoire; celie
des Anangies contiendrait les especes qui n'ont ni cceur ni vaisseaux. Nous
croyons inutile de relever une pareille classification, qui n'est qu'un re-
maniement du pretendu groupe des phlebenteres. Tous les fails que nous
avons indique?, comma demontrant I'existenced'un coeur la oil ces auteurs
le considerent comme absent, sont largement suffisants qu'ils sont dans
I'erreur au memo titre les uns que les autres. Du reste, a propos du cceur,
M. de Sieboid ne se prononce pas netlement. (P. 322-323.) II ne repousse
pas I'idee d'une degradation progressive dans I'appareil circulatoire des
Mollusques. Ce n'est pas sans surprise que dans un ouvrage de cette na~
ture, publie apres celui que nous venons d'analyser, on trouve les asser-
tions les plus exagerees emises sur plusieurs points, rapportees sans dis-
cussion, a peu pr6s sans critique, et sans autres preuves a I'appui que des
descriptions considerees aujourd'hui comme inexactes, et meme pour
quelques-unes par leurs auteurs. Au point ou nous en sommes, il serait
inutile de revenir sur leur critique.
Toutefois le savant Allemand n'admet pas Tabsence d'anus, il ne parle
nulle part de I'appareil gastro-vasculaire, tout en considerant les conduits
hepatiques ramifies et termines en cul-de-?ac, comme des ccecums intes-
tinaux. Naturellement il n'admet pas de branchies puisqu'il les appelle
(1) Stannius et de Sieboid, Manuel d'anat. commaree, trad, franraise, in-l2.
Paris 1849, tome I, p. 292. Paru en Aliemagneen 1848.
7S
Apneustes, opinion sur laquelle nous passons parce qu'elie ne merite plus
critique. Enfin il dit (p. 325) : « Cependant Quatrefages n'a pas su, dans
» i'origine, s'orienter a propos de cette circulation simple des Apneustes,
» et a dit que chez ces Gasteropodes le canal intestinal ramifie joue en
» m^me temps le role d'un systeme vasculaire sanguin, ce qui I'a engage
» a donner le nom de phlebenteres au groupe entier de ces animaux. »
§ XXXVIII. — MM. Embleton et Hancock , qui n'avaient trail6, dans
le memoiredont nousavons deja parl(5, que d'une partie de I'organisation
des fiolides, ont repris I'anatomie de ces Moliusques dans un autre me-
moire qui a ete publie en fev. 1848 dans le meme recueil (1). Ces deux
naturalistes ont decrit d'une maniere tr6s-detaillee, dans ce nouveau tra-
vail, les organes de la generation, de la circulation et de la respiration.
La description qu'ils donnent de I'appareil generateur conGrme tout a
fait ce que M. Souleyet avait deja dit a ce sujet.
Pour les organes de la respiration , les deux auteurs anglais pensent
aussi que ces organes sont essentiellement constitues par les papilles dor-
sales de ces Moliusques.
Enfin, quant aux organes de la circulation , qu'ils decrivent et figurent
dans les plus grands details, leurs observations demontrent encore que
celles de M. de Quatrefages etaient inexactes, et surtout en ce qui con-
cerne le systeme veineux et la structure du cceur, que ce dernier natura-
liste avait represente avec deux oreillettes en forme d'entonnoirs, s'ou-
vrant dans la cavite abdominale. MM. Embleton et Hancock s'expriment
ainsi a ce sujet, a la page 102 :
€ M. de Quatrefages , en decriranl les organes de la circulation dans
^ les fiolidines, nie I'existence du systeme veineux; I'inexactitude de
» cette observation , nous I'avons prouvee d'une maniere suffisante. Les
» deux appendices auriculaires du cceur, en forme d'entonnoirs , decrits
» par lui , lui ont ete suggerds vraisemblablement par une vue du bord
» anterieur de I'oreillette et par quelques plis de I'oreillette elle-m6me
» ou de la peau , le long de la ligne mediane du corps. 11 est certain que
» I'oreilletle est simple et qu'elie regoit des troncs vemeux de chaque cote
» et en arriere, troncs qui resultent de I'union de nombreuses branches
» veineuses de differenis calibres, lesquelles ne communiquent point di»
(1) Embleton et Hancock, THE Annals and Magazine ofnat. hist., feb. 1848,
vol. I, 2«serie,p. 81.
74
» rectement avec les lacunes in lervisce rales ; cela est aussi certain , et
» en admettant meme I'existence de lacunes, elles n'excluent point lo
» sysleme veineux , niais occupent la position du systeme capillaire dans
> les animaux superieurs. »
Au moisde juin de la meme annee (1848), MM. Hancock et Alder pour-
suivant leurs recherches sur les Mollusques decrits par M. de Quatrefages
sousle nom de phlebenteres, pnhlienl de nouvelles observations sur deux
de ces Mollusques, les genres Chalide el Act^onie (1 ).
Pour le premier de ces genres, MM. Alder et Hancock font voir que
M. de Quatrefages aurait pris les deux ccecums pour Vestomac, qu'il
n' avail pas vu ce dernier organe, ni Vinteslin, ni Vanus, dont il avail
nie Vexislence; qu'il avait egalementcommisdes erreurs graves relati-
vement aux organes generateurs. M. de Quatrefages avait nie, dans ce
Mollusque, I'existence d'un appareil circulatoire. Les deux zoologistes an-
glais decrivent longuement lecoeur, compose d'uneoreillette et d'un ven-
tricule, ainsi qu'une partie du systeme vasculaire. « M. de Quatrefages,
» disent-ils, pretend que sa Chalide azuree n'a pas de cceur, ni de sys-
» teme vasculaire; nous avons vu que notre espece a non-seulement un
» cceur double bien forme, mais aussi un systeme arteriel, et, d'apres la
» contraction soudaine de I'oreillette placee en arriere, il est evident que
» le systeme veineux ne peutpas manquer tout a fait, et qu'il y a tout au
*- moinscelte portion que M. Milne-Edwardsappelle ftrancAio-cardio^we.
» On ne peut done soutenir, sousce point de vue, les deductions de M.de
» Quatrefages. » (P. 414).
Les details donnes par MM. Alder et Hancock sur le genre Acteonie,
prouvent aussi que les observations de M. de Quatrefages sur ces Mol-
lusques etaient presque enti^rement inexactes.
Quant aux idees theoriques de M. de Quatrefages sur ces Mollusques,
les deux auteurs stnglais y revieniienl, de nouveau dans ce memoire;
(p. 404).
< Ces animaux disent-ils, ont ete places par M. de Quatrefages dans
» son ordre des phlebenleres. On se rappelleque cet ordre a ete forme ea
> detachantles]£olidiensdes autresNudibranches, eten les unissant avec
». les Mollusques en question pour former un ordre nouveau, fond6 sur le.
(1) Alder et Hancock, Ann. and Mag. of nat. hist., June 1848, vol. 1,2' setie,
p. 401.
75
> systeme gastrique, ou plutot sur les ideesde cet auteur sur lesysteme
» gastro-vasculaire'de VQrs,anisalion. Nous avonsd^ja fait des objections
» a la creation de eel ordre, pour deux raisons : la premiere, c'est que
» nous ne croyons pas vraie la theorie indiquee (la theorie du phlebent(5-
» risme) ; la seconde , c'est qu'elie detruit Tordre des Nudibranches, qui
» nous paraitctre un groupe naturel, dont lesindividussonttres-distincts
» dans leurs caracleres exterieurs. s
§ XXXIX. — M. Blanchard a publie a peu pres la menie epoque, en
mars 1818, un memoire sur rorganisation des Mollusques gasteropodes
composant les ordres des Tectibranches, Nudibranches et Inferobranches
de Cuvier, par consequent des groupes auxquels apparliennent les phle-
bente'res de M. deQuatrefages (IJ. Les resultats enonces dans ce travail
confirment, sur plusieurs points importants, ceux qui avaient ete publics
par M. Souleyet.et n'en controlli^ent aucun de ceux qui sont fondamen-
taux. Ainsi, quant a celte degradation de I'appareil circulatoire des Mol-
lusques qui aurait pu aller jusqu'a son annihilation complete, dans plu-
sieurs de cesanimaux, M. Blanchard s'expriuiede la nianiere suivante :
« Actuellement encore, I'idee de cette dt^gradation organique n'est pas
> repousseede toutes parts. M. do Siebold, dans son Manuel d'ANATOJUE
» coMPAREE, publie tout r^cemment, cite des observations encore inedites
» dues a M. Koelliker. D'apres les recherches rappelees dans cet 6cri!,
j> on attribue un ccEur et des vaisseaux a certaines especes en leur en
» opposant d'autres de la meme (amille qui en seraieni totalement pri-
» vees. D'apres lous les faits connus aujourd'hui sur I'organisation des
» Mollusques et des Anneles, il est bien difiQcile de ne pas voir la le r6suk
» tat d'observations trop precipitees.
» Dans tous les fiolidiens que j'ai etudies [Eolis neapolitana, pereg-
» rina, flabellina, JSellardii, etc., et CalliopcBa Souleyetti, Janus
» spinolw , Diplocera Feranyi) , j'ai Irouve les arteres qui se rendent a
» tous les organes tres-developpees. Je me suis attache a en suivre le
» trajet , en injectant les vaisseaux chez plusieurs especes. En oulre, chez
» tous aussi, j'ai constale I'existence d'uneoreiilette parfuitemtnt consti-
» tuee, et de vaisseaux efferents des branchies en nombre plus ou moins
» considerable. Ces vaisseaux, qui , dans certains types, sont en quantild:
(1) Blanchard, Mem- sdr l'organisat. des Mollusqdes be l'ordre des Opis-^
THOBRANCHBs (Ann. DES sc. NAT., mars 18i8, t. IX, p. 172).
76
• si considerable qu'ils constituent un veritable reseau, ont des parois pro-
» pres d;ins toutes ies especes soumises a mes recherches; iU peuvenl
» par cn-sequent eire isoles par la dissection. Ce ne sent pas de simples
» ciinaux , comme celase voit dans ies Telhys. M. Souleyel etait done
» dans le vrai relativemenl a I'existence de ces vaisseaux. » (Blancliard,
loc. cit., p. 187.)
M. Blancliard dit un peu plus loin : « Quant au fait negatif qu'on a
» cru observer chez eux (Ies Mollusques de la famille des fiolidiens et
» autres genres voisins) , I'absence de coeur et de tout vaisseau , rien
» n'est moins admissible.
» Une degradation de I'appareil circulatoire viendrait-elle a se mani-
» fester chez certains Gasteropodes? est-ce I'ensemble du systeme vas-
y> culaire qui aurait disparu? toutes Ies analogies nous autorisent a dire :
» ncn. » (P. <88.)
Pour M. Blancliard , Ies papilles dorsales des £olidiens sont aussi des
organes branchiaux analogues a ceux des autres Mollusques nubibranches ,
contrairementace que M. de Quatrefages avait avance en disant que ces
Mullusques etaient prives d'organes respiratoires proprement dits,
(P. 189).
Enfin, M. Blanchard s'exprime ainsi relativement a la forme du foie
dans ces Mollusques :
« Cequi merite bien de fixer I'attention sur certaines Opisthobranches,
» c'est Torgane h^palique. Le foie, chez Ies Doris, Ies Aplysies , de meme
» que chez la plupart des Mollusques , forme une masse volumineuse en-
» veloppant enquelque sorte I'intestin.
» Dans Ies fiolidiens , comme on le salt aujourd'hui, il existe une dis-
» position fort parliculiere : le foie, au lieu d'etre r^uni en masse sur un
» seul point, est pour ainsi dire diffus. II se presents un peu comme le
» foie des insectes sous la forme de canaux hepaliques. » (P. 18S.)
Ainsi M. Blanchard n'a vu , avec raison , dans le pretendu appareil
gastro-vasculaire de ces Mollusques, qu'un appareil hepatique, qu'un foie
ramifie ; et repudiant tout a fait sur ce point Ies idees de M. de Quatre-
fages, le mot d' appareil gastro-vasculaire ne se trouve mSme pas dans
son m^moire.
§XL. — Au mois de septembredecetlememe ann^e (1848), M. deQua-
trefages a public dans Ies Annales des sciences naturelles, un Resume
DES observations faites par lui en 1844 sur los Gasteropodes phlebenie-
77
re's, pendant son voyage en Sicile (1). Dans ce travail, M. de Qualrefages
s'etant born6 a exposer d'une mani^re tr^s-gen6rale, et par consequent
un peu vague, le resultat de ses dernieres recherches, sans indiquer
meme les especes sur lesquelles ces recherches avaientele faites, il ne
nous est guere possible de les apprecier ici. Nous dirons toutefois qu'e-
claire sans doute par les diverses remarques critiques soulevees par ses
travaux anlerieurs, ce naturaliste revient sur ses premieres assertions ,
en les presenlant d'une maniere beaucoup moins absoiue, et il reconnait
une partie des erreurs qui avaient ete signalees.
Quant a la theorie du phlebenterisme, quoique ce mot et ceux de phle-
bente're's, d.''enterobranches, d'appareil gastro-vasculaire se retrouvent
encore dans ce m^moire, il est manifeste que leur signification primitive
se trouve att6nuee.
Ainsi, les phlebentere's ne sont plus cesMollusques dont le caracUre do-
minateur G\.z\i la fusion des trois fonctionsde la digestion, de la circu-
lation et de la respiration dans un seul et meme appareil, ainsi qu'il I'a-
vait ecritdeMessine al'Academie des sciences, a la suite de ces m^mes
recherches.
Vappareil gastro-vasculaire n'est point cet appareil qui etait char-
ge en tout ou en partie des fonctions respiratoires, qui etait en meme
temps un organe circulatoire et pouvait m^me remplacer en entier
le systeme vasculaire des animaux superieurs. Ce n'est plus qu'un
appendice du tube digestif, qui, en transporlant les sues nourriciers
dans les points du corps oil il se rend, devient un aide physiologique
de Vappareil circulatoire. En outre, comme les produils de la diges-
tion sont ainsi portes surtout dans les appendices dorsaux de ces Mollus-
ques, ou se fait la respiration, Vappareil gastro-vasculaire se rattache
encore sous ce rapport aux organes et aux fonctions respira-
toires. Comme vous le voyez facilement, le role de Vappareil gastro-vas-
culaire se trouve considerableraent amoindri ; mais par les raisons deja
donnees et sur lesquelles nous croyons inutile de revenir, ce r61e secon-
daire qu'il remphrait dans les actesde la respiration et de la circulation,
n'est pas plus admissible que le rdle principal qui lui avait 6te assign^
d'abord dans ces deux fonctions.
Enfm le phlebenterisme n'est ^galement plus, dans ce travail, ce que
(1) De Quatrefages, Ann. dessg. t(ki„ )8i8, t. X, p. 131.
^8
nous I'avons vu dans le principe, c'esl-Jl-dire une disposition particuliire
du tube digestif, li^e a une degradation correspondante des appareilsde
la circulation et de la respiration. Pour M. de Quatrefages, le phlebente-
risme devient un fait beaucoup plus g^n^ral. C'est un fait anatomique; et
ce naturaliste I'admet avec cette denomination dans tous les animaux
dont le tube digestif se complique de prolongements. C'est ainsi que les
Acalephes parmi les Zoophytes, les Ast^ries parmi les fichinodermes, les
Planaires et les Tr^matodes parmi les Vers ; les Acariens parmi les Arach-
nidcs, les Pychnogonides parmi les Cruslaces et les Aphrodites parmi les
Anneiides, lesfiolidiens, etc., parmi les Mollusques gast6ropodes, seraient
egalement pour lui des phlebenteres. Vous voyez que nous sommes loin
du point de depart. Mais il est inutile de rep^ter que I'on ne peut pas, en
realite, comparer de vrais coecums inteslinaux a des conduits h^patiques.
D'autrepart, en appliquant ainsi le nom de phlebenteres a des animaux
les plus dissemblables par I'eTisemble de leur organisation, la signification
du mot phlebenterisme devient tellement vague par suite de son 6tendue
que Ton pourrait dire qu'il perd toute valeur.
Nous avons a ajouier encore que M. Souleyet a public, dans le courant
de I'ann^e dernifere, un memoire etendu sur le genre A<;teon, travail dans
lequel se trouvent exposes les faits qu'il avail dejei pr^sentes a I'Acad^-
mie sur I'organisation de ce Mollusque (I).
Enfin, pour terminer cette longueet penible, maisn^cessaire Enumera-
tion des travaux publics sur la question que nous venons d'eludier, il
mous restea signaler un dernier travail publie dans nos bulletins (2). On
ne sauraitadmettre, comme le vent M. de Quatrefages, que de ce que le
foie des Embryons de Nudibranches est creused'unecavit6 oup^n^trent
les aliments, ainsi que I'avait vu M. Vogt, le phlebenterisme tel qu'on
■Vobserve chez les adultes ne ^oit autre chose que la persistance et le
■developpement chez certains Nudibranches d'une disposition anato-
mique embryonnaire commune tres-probablement au groupe entier.
C'est en vain que par de semblables cfforis on chercherait a Stayer une
maniereide voir si contraire a rensemble des faits et a la saine anaiogie.
(1) Soulejet, Mem. sur l' Action vert (Jourm. de conch'vliologie. Paris 1850,
1.1, p-5, 97 el 217).
(2) De Quatrefages, Recherches sur la phosphorescence do port de Bou-
logne (Comptes rendus de la Societe de Biologie, septembre i860. Paris, in-S",
etGAz. M^D., 1850, novembre, p. 866^
79
Trop de preaves sont ia pour montrer quel est I'etat i'6el de la quesl/ion.
Pourquoi appeler ■encore, comme le fait M. de Quatrefages dans son
memoire de 4 848, les Eloiles de mer Asteries phlebenterees, les Acarus
des Arachnides phlebenterees, Y)arceque cesanimaux ontdes coBcumsin-
lestiiiaux multiples, lorsque les organes qui ont servi a cr^er cemot sont
reconnus pour 6tre des conduits bijiaires. Conduits biliaires d'wne lar-
geur insolite, ainsi que le reconnait M. Milne-Edwards dans son rapport
deja cite sur le travail de M. Vogt, mais qui n'en sont pas moins des or-
ganes bien connus , bien determines et non pas sans analogues chez les
Mollusques deja observes (Pleurophyllidies, etc.). Pourquoi revenir encore
la sur cet appareil gastro-vasculaire, comme si c'^tait un organe different
de ceux deja etudies, lorsque ce nom n'est plus admis paraucun anatomiste ?
Dansl'origine, chez les Nudibranches, ilpouvait y avoir quelqueappa-
rencederaisondole faire tant que sa determination etaitmaldonnee;mais
maintenanton sail que ce sont des conduits hepatiques, et vousallezmettre
en parallele avec eux des culs-de-sac intestinaux des Sangsues, Aphro-
dites, Asteries, Arachnides, etc. Est-ce que ce rapprochement n'est pas
vicieux et ne tend pas a jeter la confusion dans les esprits en faisant
croirea des analogies qui n'existent pas? II est done, commeon voit, ne-
cessaire de notre part d'avertiT encore ici -en-terminantque les conduits
qui ont fait creer le mot, etaient les canaux hepatiques ramifK^s de Mol-
lusques, tr^s-larges, mais non sans analogues; landis que dans lous les
animaux Articules et fichinodermes cites plus haul, les conduits qu'on
met en comparaison avec eux sont des culs-de-sac intestinaux, ordinai-
rement simples chacun pour son compte, rarement ramifies comme chez
les Planaires. Un mot employ^ pour designer des dispositions si peu ana-
logues, quant a la forme, de choses si diverses, doit done etre radicale-
ment repousse. Sans nous arreter auxconsidi^ralions physiologiques aux-
quelles il donne lieu, on comprend qu'elles ne peuvent des lors avoir
grande nettele et ne doivent pas nous occuper, puisqu'elles portent sur
un fait mal interpret^.
De toutes ces controverses, il restera neanmoins qu'un grand nombre
d'etres peu etudies I'auront ete avec soin. Mais pourquoi faut-il que ces
Iravaux aient 616 entaclies d'erreurs qui ont pu menacer les progrds de
la science g6nerale ; d'autant plus que ces progres r6els eussent pu 6lre
fails sans qu'il fiit besoin d'etre stimule par des idees de modification de
I'ensemble de la science.
Apr^s avoir cherche partout quelles pouvaienl 6tre les inexactitudes de
80
textes, faites dans les extraits qui vous ont et6 lus par M. Souleyet, nous
n'avons trouve que celle ou il fait dire a M. de Quatrefages que toutes
les (21) especes nouveiies qu'il a decouverles sontdepourvues de cceur,
tandisque le texte reel porle \eplus grand nombre. Ainsi, vousie voyez,
ces mots ne changent rien au fond des choses et surtout des fails, puis-
que le cceur, au conlraire, a ele demonlre partout. Nous avons deja dit,
quant aux interpretations, qu'elles ne modifiaient non plus en rien les fails
eux-mtoes, sur lesquels a porle principalement la discussion, telle que
M. Souleyet I'a engag^e.
I
i\
■L
DEUXifeME PARTIE.
PRELIMINAIBES.
§ XLI. — Nous arrivoDS maintenant , messieurs , a la derni^re par-
tie de ce rapport.
Nous avons vu que les fails d'apr^s lesquels quelques naturalistes ont
pense pouvoir admettre que, la forme du corps et V organisation inte-
rieure sont independantes I'une de I'aulre, n'etant pas reels, on ne pouvait
plus soulenircettehypothese. Nous avons egalementvu que les fails analo-
miques sur lesquels a roul6 la discussion precedenle elaient de deux or-
dres et non de m^me espece ; les uris se rapportent au foie simple, ramifie,
a larges conduits biliaires de cerlains MoUusques ; les aulres sont relatifs
aux coecums inteslinaux de divers Anneies ; par consequent la Theorib
PHTSioLOGiQUE, dettitiee a expliquer ces fails anatomiques (1), ne sau-
(1) De Quatrefages, Observations gek^rales sur le phlebent^risme ; Ana-
TOMiE DES Pvcnogonides. C. R. des scanccs de I'Ac. des Sc. de Paris, 1 845,
t. XIX, p. JIM. Voir p. 1167. C'est ce meme travail a peine modiCii que nous
avons dej4 cite, Note surle phlebenterishe, Ann. pes sc. nat., 1845.
6
82
rait s'appliquer exactement h deux ordres de choses aussi diff^rentes.
Enfin nous savons que les Mollusques en question , ayant une organisation
semblable, au fond, a celle des autres Malacozoaires, et non absence des
appareils respiratoires etcirculatoires, on ne ptv.it adniellre cello Tueorie
PHTSIOLOGIQUE , d'apres laquelle le role physio'.ogique do cescanaux bi-
liaires larges, pris pour des expansions iatcslinales ramifi^es, serait de
favoriserraccomplissement de la respiration et de supplt^er, dans certains
cas,' la circulation. (P. 4153.)
Nous avons maintenant ^ examiner quel est r^ellement I'^tat du systeme
vasculaire en particulier, chez cos animaux que Ton appelle degrades,
quant a leur organisation. Nous avons a .voir s'il en est chez lesquels ce
systeme est, comme on le dit, interrompu, incomplet, s'il presente r^el-
lement des lacunes, de telle sorte que le sang baignerait ies lissus, serait
immediatement au contact des fibres musculaires, des tubes nerveux, etc.
Nous somnies obliges, ici encore, de suivre I'ordre historique en discutant
les fails au fur et k mesure qu'ils se pr^senlent. Toutefois, il faut d'abord
avoir fait comprendre la nature de la question en indiquant d'une maniere
precise, pardesexemples tires de rahalomie, quel est r^eliement le point
anatomique dont il s'agit, quels sont les differents aspects sous lesquels on
doit I'envisager.
M. Souleyet n'ayant repondu aux m^moires publics sur ce sujet que
par un petit nombre de travaux, qui envisageaient nettemenl et simple-
ment la question, nous sommes conduit, dans celte partie comme dians
la premiere, en rnison de I'ordre necessairement adopte, de lo citer un
petit nombre de fois seulement. En outre> nous devons citer d'abord fous
les auteursqui, dans I'ordre des dates, oat fait paraltre ieurs ecrits avant
les siens.
83
INTRODUCTION.
§ XLn. — Ce n'est pas de nos jours seulement qu'il a H6 reconnu
qu'on ne pouvait reunir en un seul groiipe, pour la description, toutes
les considerations d'ordres divers par leur complication auxquelles peut
donner lieu un corps organise. II y a longtemps aussi que Bichat avail
reconnu que les considerations physioiogiques auxquelles peut donner
lieu le corps de I'homme ne sont pas toutes de m^me ordre et sont les
unes plus simples et, par suite, plus gen^rales; les autres plus compli-
quees et plus speciaies. Ces distinctions sont, il est vrai, regardees par
quelques auteurs comma des divisions scolastiques; mais vous avez d^ja
vu k quelles erreurs on peut fetre conduit lorsque, n'etant pas guide par
une saine m^lhode , I'analyse anatomique n'est pas poursuivie successi-
vement depuis la notion d'appareil jusqu'a celle d'element organique, en
passant par celles inlerm^diaires d'organe, de systeme et de tissu.
§ XLIII. — Prenons les vaisseaux pour exemple :
4" Une substance homogene, transparente dans beaucoup d'animaux,
parsemee de noyaux ovoides, quelquefois de granulations moleculaires ,
forme les plus fins copillaires dans les tissus des Vert^bres, des C^phalo-
podes et des Gast^ropodes. On peut suivre, en effet, ces capillaires dans
les vaisseaux des Limaces, bien au dela des plus finsrameaux, qu'un
dep6t, dans leur epaisseur, de granulations calcaires spMriques colore
en blanc, et lis ont la structure fondamentale qu'on retrouve dans les Ver-
tebras.
Ces capillaires sont des differents ordres de vaisseaux, les plus simples
en structure, les plus elementaires ; ils ne sont formes que par une seule
substance, par un seul element. Ces vaisseaux-la ne sont pas formes par
un tissu ; la notion de tissu n'intervientpas encore, il n'y a que celle d'e-
lement. Et remarquez que cet element, la substance homogene, parsemee
de noyaux, susmentionneo. n'a pas !n forme do 6bre., de celluies, etc.; elle a
celle de tubes, sans perforations ni femes a bords rapproches ou
^cartes.
8&
S" Mais je remonte en suivant, sans discontinuity, ^ partir de ces tubes^
ayant 0"Dni,010 environ, jusqu'a des vaisseauxcommenganta peine a ^ire
visibles a I'oeil nu. Soil que je remonte dans un sens ou dans I'aulre, je
trouvedeuxparois lout afailhomog6ne5,plus epaissesque tout al'heure :
I'une a noyaux longitudinaux, c'est la plus interne, continue a celle
de tout a I'heure; I'auLre a noyaux transverses, qui n'existait pas dans
les premiers. Ici commence la notion de tissu vasculaire, car il y a deux
elements reunis d'une mani6re differente. 11 y a done k tenir compte la
de la notion d'elements, plus de celles de tissu , qui resulte de la chose
nouvelle formee par reunion de deux ou plusieurs elements. Un peu plus
loin, dans des capillaires plus gros, je trouve une troisieme parol. Enfin,
les gros vaisseaux, les arl^res, sent formes de trois parois continues aux
precedentes, dont chacune est un tissu particuiier, ordinairement form6
de plusieurs elements bien distincts; les veines mSme pr65entent quatre
tuniques.
3° Ces vais?eaux ne sent ouverts nuUe part a I'exterieur du corps ni k
I'interieur des tissus, leurs parois sent continues. Leur ensemble s'appelle
systeme vasculaire on bien encore sysleme circulatoire, parce qu'ils
conliennent un liquide qui, parti d'un point, finit par revenir au point
d'oii il ^tait parti sans se perdre au dehors. Ce tystime, pour plus de fa-
cilite, se subdivise en arleriel et en veineux, suivant que les vaisseaux
portent les liquides du centre a la peripherie , ou de la peripheric au
centre. 11 y a, de plus, les systemes-porte, divisions tertiaires accessoire-
mentcreees pour designer plus facilement les cas ou le sang qui va de la
peripherie au centre, revenantd^ja des vaisseaux capillaires, passe par
de gros troncs qui le distribuent encore une fois dans des capillaires. II y
a enfin le systeme lymphatique dans lequel il n'y a pas parcours d'un
cercle reel , mais courant continu des capillaires d'origine vers le centre
de terminaison ou abouchement : on I'appelle neanmoins systeme circu-
latoire parce qu'il est annexe au circulatoire proprement dit et parce qu'il
est continu, complet, sans ouverture au dehors ni dans I'interstice des
tissus.
a. — Mais, et notez bien ceci, dans la muqueuse uterine humaine, a
I'elat de vacuile de I'uterus, il n'y a que des capillaires, tres-Sns pour
la plupart; vient la grossesse et beaucoup de ces capillaires devienncnl
gros vaisseaux. Les uns restent pourtant capillaires arl^riels que ['injec-
tion par les art^res remplit sous forme de fins conduits replies plusieurs
ois sur eux-m6mes d'une maniere caracleristique. Ces derniers se conti-
85
nuent en capillaires veineux qui aboutissent dans ceux qui sont devenus
gros vaisseaux veineux de la muqueuse. Ne croyez pas que leur paroi
aitaugment6 proportionnel!ementd'epaisseur,elIe est aucontraire exces-
sivement mince ; appliquee sur les tissus, eile leur adhere intimement, et
represente un vernis de substance organique, un vernis de cet element des
capillaires signale plus haul ; mais un vernis telleraent mince, qu'il echap-
perait a I'observateur sans I'emploi du microscope, fait par une main qui
s'est exercee deja a des travaux d'anatomie elementairo d'un autre genre
au moins aussi delicat. Ces vaisseaux-la ne sont pas necessairement cy-
lindriques; ils prennent mille formes sous la moindre pression des or-
ganes voisins : triangulaires ici, on les voit aplatis plus loin, ovales oa
cylindriques ailleurs. Croyez-vous que ces vaisseaux puissent Stre diss6-
qu6s, separes des aulres tissus, isoles par le scalpel comme les veines
du bras ou de I'intestin? en aucune fagon. Leur si mince paroi se brise
trop facilement; mais on pent les etudier en les ouvrant dans le sens de
leur longueur ou transversalement. Par suite de toutes ces particulari-
t6s, on les appelle non pins des veines proprement dites, mais sinus
veineux; il y a sinus du corps de I'uterus, sinus de la muqueuse, selon
la situation. II y a encore une raison qui fait qu'on est forc6 de les etu-
dier par section dans le sens de la longueur, ou qui force a se contenter
de I'injection naturelle par le sang ou d'un liquide non coagulable. C'est
que la fragilite de leurs parois est telle que le suif ou la cire necessitant
une forte pression amenent la rupture de ces minces parois quand elles
ne sont pas soutenues par une grande ^paisseur de lissu du cdte des cavi-
t4s; et cette rupture est facile a voir des qu'elle a lieu ; son aspect et la
sensation qu'elle produit sont trop connus pour qu'il soil necessaire d'en
parler. Aussi voyez I'excellent traits de notre collegue M. Cazeaux, et
vous n'y trouverez jamais que I'expression de canaux et de sinus vei-
neux de I'uterus.
Suivez done, en les fendant, certains de ces sinus de la muqueuse ou
du corps de I'uterus , et vous arriverez dans de grandes cavilds, tr^s-bien
appel6es lacs sanguins par M. Coste, ou baignent les villosiles du pla-
centa de ces grands sinus; cherchez a dissequer les parois, la difEcult6
sera bienplus grande encore qu'ailleurs. Qui plus est, on n'a pu encore
aces lacs sanguins, par aucun moyen, demontrer anatomiquement de
paroi du cdte des villosit^s placentaires, dont les capillaires appartenan;
aux vaisseaux du foetus sont loges dans la substance qui forme les ra-
mifications terminales des villosites , et sont ainsi sans communication
86
ni continuity vasculaire avec ie sang des laes ou tinus matemeh,
Direz-vousd'aprts toutcela que le systeme circulatoire est incomplet?
direz-vous qu'il y ades lacunes a ce systeme ? Direz- vous qu'il en manque
une portion, parce que les parois sont si minces qu'on ne les peul isoler,
ou peut-Slre meme qu'eiles ont ^16 resorbees au contact des villosil6? pla-
centaires, qui seules en ce point compl6lent, par Icur masse, la conti-
nuile des conduits etempSchent ainsi jusqu'a I'accouchement l'6panche-
ment du sang au dehors? aucunemont. La distribution du sang se fait
toujours d'une mani^re completo, et, parti du centre, il revient toujour*
au centre ; mais sans doute il y a eu seulement retard dans le parcours qui
ne s'est plus fait que par trop-piein, faute de parois elastiques pour r6a-
gir au moment d'une distension, etc., etc.
6. — Prenons maintenani des Poissons, comme les Raies, par exempie,
et divers auti-es Plagiostomes : nous trouvons la veine cave, en haul, pres
du diaphrague fibreux, ayant ses parois confondues avec tous les tissus voi-
sins, de telle sorte qu'un ganglion du grand sympathique s'y trouve libre-
ment baigne par le sang, et les branches qui s'y rendent ou en partem sont
dans le meme cas. Au devant de la colonne vertebrate, celte veine commu-
nique avec le sinus de Monro , vasto poche travers6e en tous sens de tra-
becules fibreuses, qui revolt les veines ovariques et testiculaires, imm6-
diatement au sortir de la substance de ces organes, ou mieux c'est ce sinus
qui se prolonge dans leur parenchyme. Sur les c6te3, ce sinus reQoit les
veines des oviducles dans I'etat de vacuite de I'organe ; mais dans I'^tat de
gestation ces veines se dilatent tellement que le tissu cellulaire interpos6
se r6sorbe, et I'oviducte , dont on voit la couche musculaire, baigne dans
un vaste sinus sanguin, traverse de filaments trab^culeux. En bas ce si-
nus-la regoit les veiues de la portion d'oviducte appelee matrice, par un
rfeeau form6 de large trajets veineux anastomoses en tout sens, circon-
scrivant des ilots de tissu cellulaire extremement petits, et il est de toute
impossibility de sdparer le peritoine a ce niveau et de chercher autre-
ment a isoler ces vaisseaux sans les ouvrir. Les arteres de I'oviducte et
du testicvile ou de I'ovaire traversent librement cerlaines portions de ces
sinus. Direz-vous que ce sont la des lacunes dans le systeme veineux;
que le sysl^me circulatoire est incomplet parce qu'il n'y a pas la de
veines nettementdiss^cables, et que des trabecules traversent ces larges
conduits et diverticulums? En aucune mani^re, parce que, parti d'un lieu
central, lesang y revient toujours; et peu importe le plus ou nioinsde
ralentissenient et la penetration momentanee dans tel ou tel diverticule.
87
Vous ne direz pas non plus que les lissus sontbaignds par le sang, parca
que, la oil les surfaces sont assez grandes on les voit lisses, brillanles ; et
quand on peut, par le raclage, en enle^Jprune mince couche, on trouve la
substance homogene, ^I^ment anatomique d^ja signale; puis, au-dessous,
vient le tissu cellulaire, etc.
c. — Voici un cas encore bien plus tranche : Dans les Lamproies , on
injecle par les arteres de tr6s-fins reseaux capillaires des muscles, des
fibreuses et de la peau , on peut meme quelquefois faire revenir un peu
de cette substance jusque dans Ips veines, puisqu'on colore la substance
de couleur differente pouss6e dans ces vaisseaux et leurs sinus. Or, chez
ces animaux , tout le parcours du sang veineux a la t^te et au thorax
branchial se fait dans des sinus veineux qui aboutissent en avant a une
veine sternale m^diane, et en arriere a deux veines placees sur les c6tes
de la colonne vert^brale. Depuis le niveau du coBur jusqu'au bout de la
tfite, presque lous les muscles et les cartilages, plusieurs arteres, I'ap-
pareil d'erosion ou lingual, quelques nerfs et ligatrients, ne sont priv^s
du contact du sang que vers leurs points d'attache et d'insertion. II en
est de m6me des muscles de I'ceil, des poches branchiales, etc. Ces or-
ganes sont entour^s de sang par toute leur p6ripherie, faits dont M. Du-
meril avail deja vu une partie, en signalant sous le nom de sinus ces
espaces intermediaires (1).
Figurez-vous, chez les Mammiferes, tous lesorganes, depuis le ster-
num et les clavicules jusqu'a la tote, n'etant pas unis par du tissu cellu-
laire, et pas de veine jugulajre proprement dite; pqjs le tout remplac^
par du sang comblant les intervalles, et vous aurez une idee de la dispo-
sition de ces sinus, qui communiquent les uns aux autres par des orifices
ou les intervalles plus ou moins larges existant entre des organes restes
sans adherences. Au sortir des veines encore a I'etat capillaire, ou a
peine visibles a I'qpil nu, le sang tombe dans ces sinus et ne murche
vers les veines designees plus haut , puis vers le coeur) que par trop-
plein, et aid^ par la contraction de la couche musculaire peripherique
sous-cutanee. Mais nulle part il n'y a trace de parois vaiqeuses disse-
cables. Ce sont de^ canaux ou sinus veineux dont les parois sont for-
mees par des muscles, des cartilages et quelques faisceaux fibreux ,
meme par les poches branchiales, e|c.
(1) Dumeril , These sur . i,'obgai!Jisanion des lamproies. Pqria, 1807, pe-
tit in-8°.
88
Pas plus que tout & I'heure vous ne direz que le sysl6me circulatoire
est incomplet, qu'il y a des lacunas dans le syst^me veineux , parce que
les parois sont essentiellement formees par des muscles de la p^riph^rie
et profonds, ainsi que par des cartilages unis aux precedents organes ct
entre eux. C'estune autre conformation, et voila tout. Ce sont des trajets
veineux, c'est la forme de sinus que presente lo systenie veineux ou sys-
t6me de retour pour le sang, et non celle de conduits cylindriques, rami-
fies, anastomoses et susceptibies d'isolement. Mais le sysleme , le par-
cours, est tout aussi complet que chez I'Homme ou tout autre Mammif^re.
Vous re direz pas davanlage que le tissu des muscles, arleres, etc., est a
nu, est haigne directement dans le sang, parce que partout ou les sinus
sont assez grands, la principalement ou des muscles sont libres par louto
leur Peripherie, dans toute leur longueur, en raclant la surface de I'or-
gane, on trouve une legere couche, un vernis de cette substance homo-
g6ne, de cet Element dont nousavons parle; puisce n'est qu'au-dessous
que vous arrivez au tissu musculaire. Je n'ai pas besoin de dire que les
minces trabecules de tissu cellulaire qui travcrsent quelques sinus peu-
vent facilement, quand elles sont assez grosses, Stre distinguees, par leur
surface lisse, etc., des filaments de ce tissu, qu'on forme arlificiellement
par la dissection (1),
Mais voila un assez grand nombre d'exemples pour faire sentir ce que
c'est qu'un systeme compare a un tissu, ce qu'on peut entendre par sys-
leme veineux, lequel peut etre entierement forme de veines, ou en par-
tie de veines, en partio de canaux, trajets veineux ou de sinus. Mais
nulle pari il ne manque la substance homogene, I'element dont nous
avons parie. Si elie manque, il y a lesion ; toute lacune dans la continuity
de cette substance est une lesion, et celle-ci se manifesto sur le vivant
par I'infillration du sang entre les fibres des tissus et leurs autres ele-
ments. Sur le cadavre, soit qu'elle existe, soit qu'on la produise, elle se
manifeste aussit6t, sur quelque animal quo ce soit, par un epancbement
de la matiere qu'on injecle. Get epancbement , mfime dans les tissus ca-
verneux , mSme dans I'injection des reseaux lymphatiques ou sanguins
les plus serres, se reconnait aussitdt par un gonQement local ou bour-
(1) Ch. Robin, Note sur qdelqdes riKTicDUKiT^s >u STSitiiE veimeox des
LillPROIES.
Journal l'Institot, 1846, vol XIV, p. 121, et MoNocRiPBiE rr Planches in-
I^ITES.
89
souflement des tissus, ou une infillralioii particuli^re quo tout anatomista
connalt trop bien pour que je la decrive. Ceux qui ne la connaitraient
pas doivent se reconnaitre encoro inexperls et garder une prudente re-
serve dans leurs jugements sur celte mati^re. EnGn, si tous ces exemples
n'^taient sufSsants, nous pourrions encore ciler les vastes sinus lymplia-
liques peri-oesophagiens, peri-aortiques et autres des Butraciens; ceux do
divers Sauriens et Ophidiens qui sont encore dans lo meme cas, et sur
lesquelson constate les memes faits indiques pour les veines.
4* Nous avonsvu ce qu'etait Tel^ment, le tissu, ie syst^me ; voyons co
qu'est Vorgane. Le systeme veineuxse partage en plu.-ieurs veines dis-
tinctes par le volume, la situation, etc., ou en plusieurs sinus :cb sont
autant d'organes. De mfime pour le systeme art^riei el le lymphatique.
La notion d'organe est suffisamment connue ; a elio so rattache en phy-
siologie la notion d'usage.
5<> Les veines, les arleres, r^unies a un ou plusieurs ventricules et
oreillettes, a un coeur en un mot, autre organe d^rivant du systeme mus-
culaire, puis a un pericarde, organe fibreux, constituent Vappareil cir~
culatoire. L'appareil est en effet form6 d'organes distincts; a lui se rat-
tache I'id^e de fonction.
S XLIV. — Voila autant de notions distinctes que presente I'analyse
analomique de tout animal, et qu'il faut toujours avoir pr^senles a la md-
moire quand on faitcette analyse, sous peine d'erreurs incessantes etde
diverse nature. Vous en verrez bientfit desexemples de la part des auteurs
qui considerent ces notions comme des divisions scolastiques, n'existant pas
dans la nature des choses, et qui ne reconnaissent pas, fait pourtant bien
net, la r6alite de leur d^veloppement successif et distinct dans les diverses
phases du d6veloppement historique de I'anatomie. II faut done toujours
savoir, en traitant un sujet anatomique, si c'est de I'element, du tissu, du
systeme, de I'organe ou de l'appareil qu'on parle. Si Ton veut parler de tous
ces points de vue a la fois, les r^unir tous en un meme sujet do consi-
deration, il y aura n^cessairement omission, soitde ce qui regarde I'el^—
mentou de ce qui concernele tissu, etc.; le sujet sera ainsiincompl^tement
traits. Mais entrons en matidre.
EXPOSITION HISTORIQUE.
§ XLV. — Ea 4817, Cuvierconclut deses recherchessur I'ApIysie^l) :
« 1 " Qu"il n'y a point d'autre vaisseau pour porter le sang aux branchies,
» que ces deux grands conduits musculaires et perces qu'il vient de d6-
» crire;
» 2» Que toutes les veines du corps aboutissent m^diatement ou imm^-
» diatement dans ces deux grands conduits.
» Or, comme leur communication avec la cavite abdominale est 6vi-
» dents et palpable, qu'on les appelle veines caves, ou cavites analogues
» au ventricule droit, ou enfin art6res branchiales, car on voit qu'ils
» reniplissent les fonclions de ces trois organes, 11 resulte toujours que
» les Guides epanches dans la cavite abdominale peuvent se m61er di-
» rectement dans la masse du sang etStre portes aux branchies, et que
» les veines font I'office des vaisseaux absorbants.
» Cette vaste communication est sans doute un premier acheminement
> a cello bien plus vaste encore que la nature a ^tablie dans les In-
» sectes, oil il n'y a pas m§mo de vaisseaux particuliers pour la fluide
» nourricier. »
En 1823, Gaspard publia un travail sur la physiologie de V Helix po-
matia (2), dans lequel il montra que le sang n'est pas seulemenl contenu
dans les vaisseaux proprement dits de cet animal, mais aussi dans la ca-
vite abdominale , principalement quand I'animal rampe; de telle gorte
que les organes digestifs et ceux de la langue y nagent. Quand I'animal
est rentr^ dans sa coquille, le sang n'est pas epanch6 de la sorte, il rentre
dans des vaisseaux.
(1) Cuvier, Mem. pour sertir a l'bibt. et a l'anat. des Mollusques. Paris,
1817, in4».
M^U. SDR LES APLTSIES.
(2) Gaspard, Rechercbes ecb la phtsiol. de l'escargot des vignes (Helix
pomatia L.). (Jooraal de pbysiol. de Magemlie, 1822, t. II, p. 295).
91
Nous avons d6ja vu dans la premiere parlie, que, dans son Tbaite
DE Malacologie , de Blainville (1) montre que les parois des vais-
seaux veineux, d6ja extr^mement minces, se confondent en outre tel-
lement avee le tissu-des parlies, qu'il devient i.r6s-difBcile de les recon-
naitre. D'apres lui (et il parait considerer le fait comme a peu pr^s gene-
ral dans les Mollusques), les veines ne sont plus que des trajets veineux^
qui n'ont i'apparence de vaisseaux a parois bien distjnctes que dans les
gros troncs.
En 1837, J.-F. Meckel insista longuement, dans son Anatomie compa-
KEE sur la disposition des veines des aplysies (2). En parlant du pas-
sage de Cuvier cit6 plus haut et des veines donl cet auleur consid^re les
parois comme form^es par des faisceaux musculaires transvcrsaux et obli-
ques, etc., il dit(p. <73): « Jadis I'opinion de Cuvier fut formulae net-
» tement a cet egard, et il n'admet pas meme le doute relativement k
» I'existence deces points decommunication (avec la cavity abdominale).
» Plus tard, la facon de voir de cetauteur devint moins exclusive, au
» point qu'il proposa lui-meme la question de aavoir s'il n'existait point,
» par hasard, une membrane fine, enveloppant la cavite tout enti^re du
n syst^me vasculaire, membrane qui aurail echapp^a son attention.
» Quoi qu'il en soil, ajoute Meckel, eel observateur ne trouva chez les
» autres Mollusques aucune communication semblable avec la cavity ab*
» dominale , et il en conteste positivement I'existence chez I'Onchi-
i> diurn (3). »
II dit ensuite : « Pour ma part, j'avoue que, fond6 sur des recherches
» multipliees, failes surdessujets volumineux, d'une inl^grit^ parfaite,
» soil frais, soitconserv^s dans I'alcool , je ne puis me ranger en aucune
» maniere de I'avis de Cuvier. En eflet, en y regardant do pr6s , j'ai con-
I) stamment trouve les interstices des faisceaux musculaires obtures par
» une membrane tenue et facile a dechirer, membrane qui n'est aulre
» chose que la sereuse du sysi6me vasculaire et qui s'^tend par le vais-
» seau entier. » (P. 174-175.)
(1) De Blainville, Trait£ de malacologie et de concuyliologie, in-S", 1825,
p. J20.
(2) J.-F. Meckel, Trait^ cto^BAL d'anat. comp,, trad, frangaise, t. IX. Paris,
1837, p. 1724 177.
(3) Cuvier, loc. oit,, 1817, Miu. son l'Onchidie, p. 6.
92
Ea 1842, M. Pouchet (1) montra sur la Limace rouge que le sang, apr6s
avoir franchi les capillaires, tombe danslacavil6 visc6rale, d'ouil passe
par des orifices veineux dans les veines qui , chez ces animaux , vent di-
recteraent des organes au poumon, a la mani^re de la veine porte dans le
foie, formant ainsi une veritable veine porte puimonaire oubranchiale,
suivant le mode de respiration de ranimai. Nous reviendrons plus loin sur
ces orifices veineux, exactement decrits par M. Pouchet, sur le trajet des
veines des parois musculaires du corps et s'ouvrant dans la cavile qui
renferme les visc6res.
S XL VI. — Des 1834, M. Edwards, dans son Hist. nat. des Crusta-
ci;s (2) , avait dit ; « Les canaux par lesquels le sang revient des diverses
» parties du corps vers les branchies, sont plul6t des lacunes situees
» entre les divers organes que des canaux a parois bien formees. Quoi
• qu'il en soil , ces veines informes aboutissent toutes a des especes
» de reservoirs sanguins que nous avons nomm6s sinus veineux. »
(P. -102.)
Plus loin, cet auteur ajoute : « Telle est la dispositions du systeme cir-
» culatoire chez la plupart des Crustaces ; mais chez quelques-uns de ces
» animaux il est bien moins d^veloppe, et les arteres aussi bien que les
• veines ne paraissent etre que des lacunes formees par les interstices
» que les divers organes laissent entre eux. C'est, en effet, ce que Jurine
m a observe chez les Argules, ou le sang paralt repandu dans le paren-
» chyme meme des organes; neanmoinsil existe toujours un cceur, et les
» courants qu'il determine ont toujours une direction constante. » (P. 1 04.)
La mSme maniere de voir est adoptee dans I'Anat. comp. de Cuvier.
On lit, en effet, dans la 2' edit., par M. Duvernoy (3j : a 3* La Iroisieme
» difference de forme et d'organisation des reservoirs du fluide nourricier
> que oous devons distinguer est celle que Ton peut designer sous le nom
a de lacunes.
» Nous appelons ainsi des videsqui existent entre les rameaux art^riels
s et les racines des veines, qui ne se continuent pas I'un avec I'autre par
a I'intermediaire d'un systeme capillaire.
(t) Pouchet, Recrerches sdr l'anat. et u physiol. des Mollvsques. Roaen,
1841, in-4*, 24 pages, une pi. Iltb.
(3) Edwards, Hist. hat. des Crustaci£s, in-8o, vol. 1, 1834, p. iOl.
(3) CuTier. Amat. compare, in 8*,t. VI, 1839, p. 504-S05.
93
» Ces lacunes fornient des m6ats dans les interstices des faisceaux
B musculeux, dans les intervalles des organes et des parties, dans les-
» quels le fluide nourricier penetreet se meut d'un syst6me vasculairecl
» I'autre. C'est le cas des Crustaces et des Arachriides.
» i* Les reservoirs du fluide nourricier peuvent consisler encore en la-
» cunos plus considerables, lorsque le syst^me vasculaire est k I'etat ru-
B dimentaire. Ce sonl alors des cavitcs viscerates tout entieres, dans les-
» quelles ie fluide nourricier est epanche. C'est le cas des Insectes et des
» Arachnides tracheennes, oii Ton trouve le sang non-seulement dans
» les interstices des muscles, mais encore dans les cavilesde I'abdomen,
» du thorax et de la lele.» (P. 505.)
Avant d'aller plus loin, vidons un des points de cette question. Relati-
vement aux sinus des Crustaces, voire rapporteur peut assurer que, d'a-
pr6s I'examen qu'il en a fait sur des Langoustes et des Crabes, les tissus
ambiantsne sont pas d nu, mais tapissesd'une mince couche de substance
homogene, parsemee de fines granulations moleculaires. Chez les indivi-
dus de grand volume, on en peut trouver aussi dans lesgros trajels veineux
qui arrivent aux sinus, soit du cote du tronc, soil du cote des membres.
Aussi les injections ne s'infiltrent pas dans les interstices des tissus; le
fait arrive cependant quand il y a rupture de la mince couche tapissanl
ces trajets veineux; rupture facile par suite de sa delicatesse, mais qui
permet alors de juger de la difference qu'il y a entre I'injection r^elle
el rinfiltration.
Or, lorsqu'on veil ces fails, on ne sauraitguere s'empScher d'admc-llrc
I'existence de la meme substance, a la surface des conduiLs que leur petit
volume emp^che d'explorer sous le rapport qui nous occupe, aussi bien
que dans les canaux volumineux.
Dans ces animaux-la, aussi bien que dans les Insectes, lorsqu'on a dcja
injecte suffisammenl d'aulres animaux, et de ceux-ci, on distingue fcicile-
ment les points ou les conduits, quelqu'irreguliers qu'ils soient, car ils
sont rarement reguliers , sont exactement remplis et ceux oia il y a eu
rupture et infiltration dans les tissus.
§ XLVII. — Du reste , examinons d'abord ce que Ton pourrait avoir
demonlr6 au point de vue physiologique , en admettant cette pretendue
absence do parois, dont I'existence est deja prouv^e en plusieurs points
oil on la croyait absente.
II ne faudrait pascroiro que Ton aurait expliqu6 quelque chose de la
nutrition en niant ces parois. On n'aurait fait que reculer la diflaculle. F.n
9ti
effet, je prends des faisceaux strips des muscles, ayant de 5 ^ 8 cenliemes
de millimetre, pr^s d'un dixi^me, et n'6tant ea contact qu'avcc un ou
deux capillaires qui en suivent la longueur, ou bien, chez les Crustaces,
en contact par une partie de leur surface seulement, avec les larges con-
duits interposes aux troncs arteriels etveineux.Nul capiliaire, nul conduit
ne penetre dans leur 6paisseur. C'est done par imbibition que se fait la
nutrition du centre de ce faisceau. Je prends, d'autre part, les corpus-
cules ganglionnaires places sur le trajet des tubes nerveux. Ces corpus-
cules ont jusqu'a un diiieme de millimetre et m^me plus chez lesPoissons,
un ou deux capillaires seulement touchent chacun d'eux en quelques
points de leur circonf(5rence. Comment done se fait la nutrition au centre
de ce corps sph^iique, si ce n'estpar imbibition?
Du reste, ne sait-on pas qu'il n'y a dans les muscles des Vert6bres au-
cuneespece de capillaires plus pelils que ceux qu'on y voit a I'aidedn
microscope, lesquels ont Om'l'-, 008 pour les plus pe:its, ^tant tous une
parol homogene parfai lament conslituee ? Or comment done, dans ce tissu,
se fait la nutrition, si ce n'est par transsudation d'abord au travers de ces
parois, puis imbibition immediate des faisceaux musculaires, des tubes
nerveux, fibres de tissu ceilulaire, etc.?
Voiia pour un premier mode de demonstraHon, celui qui est tir6 de Ja
structure normale et des phenom^nes physiologiques qu'on y observe et
qu'on en deduit. Voyons maintenant un autre mode, complement indis-
pensable du premier, reposant, s'appuyant sur lui, maissans lequel reel-
lement nuile demonstration ne peut etre consideree comme complete.
C'est I'observation de ce qui se passe dans les cas morbides bien determi-
nes; elle vient en effet completer nos connaissances, et nous prouver si
r^ellement nous avons interprete d'une maniero satisfaisante ce qui existe
a I'etat normal.
Qu'arrive-t-il done lorsqu'un liquide 6panche, par rupture des vais-
seaux, infillre et baigne directement les tissus, a la maniere de ce qu'on
pretend avoir vu dans les animaux dont nous parlons?
D'abord, dans ce cas-la, rien ne s'organise, ni la fibrlne qui s'est coa-
gulee, ainsi que le montrent les caillotsdes hemorrhagies de la muqueuse
caduque uterine, ceux des art^res liees, ceux du cerveau, etc...., ni mdme
le s^rum, qui se resorbe, infillre peu a peu les tissus ambiants, ou se
reunit en masse enkysl6e ou non. Ce qui prouve que ce liquide ne sert
pas a la nutrition directe des Elements anatomiques qu'il baigne directe-
ment, c'est que ces elements, loin de devenir plus volumineux, loin de
95
prendre des caracl6res plus nets, ainsi qu'on le voit dans les cas oii il y a
nutrition active, montrent I'inverse.
Observez un muscle infiltre de serosite epancMe ^ ia suite de rupture de
capillaires, prenez-le aussi loin que possible de la lesion, comme on peut
le faire dans le cas de fracture d'un os, alors vous verrez que les fais-
ceaux primitifs infillres sent plus pales, leurs stries transversessontmoins
neltes ; ils sont parsem^s de granulations mol^culaires, comme dans tous
les cas ou ces faisceaux primitifs sont malades. Ainsi done ce liquide,
directement fourni aux elements anatomiques, quoique en quantite un
peu plus abondante que normalement, ne ieur convient pas, et sans doute
precisenient parce qu'il est fourni directement. Ne sait-on pas que ces
parois des capillaires sont soumises, comme tout cequi a vie et se nour-
rit, au double acte elementaire caracleristique de composition assimila-
trice el decomposition desassimilatrice? Or croyez-vous que le liquide
contenu dans les vaisseaux, en traversant ces parois pour en sorlir, n'est
pas modifie parce double mouvement, et n'est pas autre au dohorsde ce
qui! etait au dedans? Gertainement oui; il a ete modifie pendant ce tra-
jet, etc'est sans doute parce qu'il a ete modifie qu'il est apte a etre assi-
mile. Du reste, I'analyse des liquides exsudes la ou il n'y a pas eu rup-
ture des vaisseaux, montre que le liquide pris au dehors n'est pas identi-
que au s§rum du sang.
C'est toujours appuye sur I'ensemble des faits connus a I'epoque ou
nous observons que nous devons marcher dans I'observation. Ce n'est
jamais qu'en nous appuyant sur ieur analyse la plus minutieuse que nous
devons tenter de faire un pas; autrement ou bien on developpe et on
eleve aux nues un sujet devenu par le temps vide de sens et d'applica-
tions, et alors inutile ou souvent nuisible a I'esprit; ou bien les raisonne-
ments sur les faits reellement utiles se trouvent alors etre incomplets,
ce qui les rend encore inutiles, d'appiicables qu'ils devaient 6tre.
Partant des Invertebres, nous avons pris des exemples dans les Verte-
bras, c'est-a-dire la oii il ^tait possible d'en prendre ; mais les phenom6-
nes physiologiques de nutrition, avec lesquels se trouvent ici directement
en rapport les faits anatomiques de distribution des capillaires, les ph^-
nomenes de nutrition, disons-nous, sont essentiellement les memes au
fond dans tous les corps vivants, et les exemples ci-dessus sont applica-
bles en general a lous. De plus, les auteurs dont nous aliens parler ont
^tendu ou voulu etendre les faits observes chez les Invertebres jusqu'aux
Vert^bres ; ils ne sauraient done refuser la reciproque en fait de raison-
96
ment portani siir lea phenomenes les plus gin^ralemenl communs a touj
les corps organises.
filant ainsi forlement soutenu, n'ayanl tourn6 aucune difficult^, mais
les ayant loutes franchement abordees, continuons le sujet commeBce,
qui est presque entierement anatomique, et surtout d'anatomie generate
ou ^lemenlaire (1).
§ XLVllI. — Tels etaient les raisonnements sur lesquels on pouvail so
baser en Irailanl la question dont 11 s'agif, lorsque M.Edwards publia In
travail que nous allons analyser (2).
Ce travail consisle essentiellement en ceci : I'auleur prend les Polypes
hydrairo?, zoantliaire?, clc, dans lesquels il voil la cavile digestive om-
muniquer avec la cavite gen^rale du corps dans laquelle flotte plus ou
moins librement la poche digestive (Actinies, etc.), ou meme, chez les
Acalephes, envoyer des prolongements dans toules les parties du corps.
L'eau avalee y entraine ensuite les mnlieres dissoutes, qui servent ainsi
directement a la nutrition, apr^s avoir subi de la part de l'eau ambianle
ou melanges les phenomenes d'echange de gazquicaraclerisent la respi-
ration. Chez des elres plus Aleves, comme les plus simples des Mollus-
ques, les Bryozoaires, encore consideres comme des Polypes par quel-
ques autcurs, I'intestin ne communique plus avec la cavite du corps; un
liquide remplit celle-ci, flotte entre les organes, mais il n'y a pas de vais-
seaux parliculiers. Ici viennent des considerations dans lesquelles on fait
jouer a I'intestin ou a des coecums ramifies un role accessoire d'appareil
d'irrigation organique, sur lequel nous n'avons pas besoin de revenir;
puis ensuite il est question des Insecles et Crustacea inferieurs. Mais ici on
saitqu'il y a parfaitement un cercle parcouru par le sang, qui, parti du
coBur, se r^pand dans des sinus ou trajets sanguins distribues entre les
organes a la maniere de ce que nous avons signale chez les Lamproies,
puis revient au coeur ou vaisseau dorsal par des canaui allant des c6tes
du corps a la ligne dorsale mediane. Pour n'etre pas arrondis et nette-
ment diss6cables, ces conduits n'en constituent pas moins un sysl^me
circulatoire, et avec le coBur un appareil complet de circulation.
(l) Ch. Robin. Tableaux d'anatomie contenant I'expose de toutes les par-
ties i etudier dans ie corps de I'liomme et des animaux. Paris, 1850, in-4*.
Averlissement, p. 13.
(3) Edwards, Do mode de distribution des fluides nourriciers dans i.'^eoiio*
miE ANIMALS (Ann, des sc. nat., 184S, t. Ill, p. 257).
97
Vous V0U3 ^tonnez peut-6lre de voir d^crits a la suite I'un de I'autre,
dans un rnSme chapitre, comme donnant lieu a un m^me ordre de consi-
derations physiologiques, I'intestin, ramiGe ou non, des ^tres les plus
simples, lequel, en raison de la simplicity meme de ceux-ci, sufiit a tous
les acles ^lementaires de leur nutrition, pour passer immedialement en-
suile a I'appareil de circulation, c'est-a-dire a un appareil surajout6
au digestif des que Torganismo se complique.
Vous devez vous ^tenner de voir placer sur le memo pied deux choses
aussi difiTerentes que celles de digestion et de circulation. A I'idee de dis-
solution des aliments, puis de leur transport immediat dans un corps des
plus simples, sans retour a un centre d'impuisioii par des conduits faisant
cercle, vous devez vous etonner de voir faire suite celle do circulation,
id^e d'un ordre tout autre ; car de ce que le sang oscille quelquefois dans
un vaisseau alternalivement en deux sens difTi^rents, comme le font les
aliments dans les cavit^s et conduits en question, cela n'etablit pas iden-
tity, et le cercle finit loujours par s'accomplir, tandis que, pour les ali-
ments, il n'en est rien.
Aussi c'est plus que de I'elonnement que Ton ^prouve, et si I'on ne se
tient en garde contre de pareils raisonnements,il en r^sulte bienldt une
confusion inexprimable, des idees de nutrition, propri6t6 vilale elemen-
taire, fondamentale ; puis de digestion, id^e de fonction ; puis de circU"
lation, etc.
Mais rappelons-DOus que la distinction entre ces id^es physiologiques
et entre les notions anatomiques qui leur correspondent, est consid^ree
comme division scolastique, sans utility dans la science, residant plutot
dans les mots que dans les choses. Rappelons-nous que c'est dans ce
m^me travail et pour lui servir d'introduclion que cette idee est deve-
loppee. Rappelons-nous surtout qu'il est beaucoup d'auteurs, qui, au lieu
de s'appuyer dans le raisonnement sur toutes les notions dediff^rents or-
dres que fournit ['analyse anatomique, so contentent en general d'un seul
de ces ordres de notions, sur lequel ilsbasentensuite les considerations de
tout genre. En s'appuyant ainsi sur des faits incompletement obsei ves , la
science doit consisterad6velopper dela maniere la plusagreable un ordre
d'idees accept^ ou choisi, mais non pas a pousser I'analyse anatomique
jusque dans les dernieres limitesde precision que permettent les moyens
presents d'investigation; qui conduisent cnsuite a reunir les choses de
mSme ordre qui se ressemblent , pour en deduire les faits communs , in-
d^pendamment de tel ou tel ordre d'idees precon^ues. Aussi , et comme
7
98
consequence , suivant I'expression naivement adoptee , on raisonne d'a-
pres la maniere de voir de tel ou tel , mais non d'apr^s ce dent on
s'est assure par observation. On comprend d6s lors qu'on aurait grand
tort d'avoir toute autre maniere de voir que celle qui fait que le sujet
cesse d'offrir aucune difficuUe s(5rieuse.
§ XLIX. — Nous devons maintenant citer los passages a I'aide des-
quels est expos^e la maniere dont se fait le passage des pr^tendues la-
cunes aux vaisseaux bien limiles. Par la vous verrez quel comple est tenu
des notions precises fournies a si grand'peine par I'anatomie g^n^rale
en AUemi'gne, etc....
Apres avoir expose par quelques mots comment se forraent les vais-
seaux dans le blastoderme, M. Edwards ajoute 0) • * Lorsque, par suite
» d'un etat pathoiogique de I'economie, des Vaisseaux sanguins se d^ve-
» loppent dans une fausse membrane, les choses se passent encore de la
» nieme maniere. Ce n'est pas un vaisseaudeja forme et apparlenantaux
» tissus voisins qui s'alionge et s'avance dans le tissu nouveau; ce sont
» des espaces irr^guliers, qui se creusent dans la substance de ce der-
» nier, el qui apr^s s'etre mis en communication avecles parties voisines
» du systeme vasculaire, se canalisent et se transforment en veritables
» vaisseaux sanguins. »
« Cette substitution de tubes membraneux a la place de simples lacuiies
» peut etre expliquee de la maniere la plus simple.
» On salt que toutes les fois que chez I'homme un liquide irritant, du
» pus par exemple, se fraye une route entre les organes pour se porter
» au dehors, la voie qu'il parcourt est d'abord une lacune irreguliere,
» pratiquee dans le tissu cellulaire interorganique, et communiquant
» librement avec les meats d'alentour ; mais les observations des patho-
» logistes nous apprennent que peu a peu cette lacune s'isole, se Irans-
» forme en un canal tubulaire, et s'entoure d'une fausse membrane par-
« faitement distincte des parties voisines. C'est I'influence excitante du
« courant qui determine la formation de cette tunique anormale, et qui
» s^pare ainsi du systeme lacunaire de I'economie une cavile particuli^re
» ayant la forme d'un vaisseau a parois propres. Dans les cas de fistules
» anciennes, ces canaux se constituent presque toujours et acquierent
« souvent une longueur assez considerable. »
(1) Edwards, Ann. des sc. nati, loe, cit-, 1845, p. 281.
99
Oa comprend qu'il est iautile de monlrer a quelies sources surannees
sont empruntesde tels arguments, et combien ils sont eloignes d'oxpri-
mer ce qu'on sail depuis les travaux des embryogeiiistes dece siecle.
W. Edwards ajoute :
« Ainsi, toutes les fois que des mouvements frequents s'etablissent
» accidentellement entre les parois d'une cavit(5 et un liquide irritant
» acciimuld dans son interieur, ces parois se reguiarisent et tendent a se
» revelir d'une membrane particuliere. Par consequent, si I'on admet
» que dans I'etat normal de reconomie des causes analogues produisent
» des effets semblables, on comprendra que pour determiner la transfor-
» mation du systeme sanguin lacunaire en un syst^mo de vaisseaux k
» parois propres, il pourra suflire de I'influence excitanto du sang sur les
» tissus entre lesquels ces cavites se trouvent pratiquees. » (P. 282.)
Viennent ensuite des explications pour montrer comment le sang arte-
riel, plus excitant que le veineux, a du faire nailre des parois aux
arteres et pas aux veines chez les Crustaces, Arachnides et MoUusques.
« On comprend egalement, dit encore M. Edwards (p. 283), quo si
» I'excitation produite par le contact du sang sur les tissus constitutifa
» du systeme lacunaire general determine la formation des parois vascu-
» laires, le fluide nourricier, qui, parson passage a Iravers I'organe res-
» piratoire, s'est charge d'oxygene, pent agir de la sorts plus activement
» que du sang veineux , et par consequent que lorsque la portion cenlri-
» p^de du systeme circulatoire lend a se canalyser et a acquerir des pa-
» rois propres, les conduits branrhio-cardiaques ou les veines |)ulmo-
» naires devront se transformer en tubes avant les cavites veineuses
» proprement dites, disposition dont les MoUusques, aussi bien que les
» Crustaces, offrentde nombreux exemples. »
II est facheux pour ces raisonnements, doqt les appuis ont ete recher-
ches d'abord sur les fistules de I'homme, que cetle influence excilante
plus active du sang rouge se soil ordinairement manifest^e d'une ma-
niere si contradictoire avec I'explication : 1° dans les veines pulmonaires
et ombilicales comparees aux arteres de ce nom; 2° dans I'artere bran-
chiate des Poissons, tout aussi puissante que les arteres sortant des
branchies pour ailer aux divers organes; 3° enfin dans les MoUusques
eux-memes, puisque nous allons voir tout a I'heure les Balyotis et les
Patelles, MoUusques des plus parfdits, dont I'aorte n'a plus de parois dis-
secables el forme un vaste ,-inus dans lequcl bnigne ia base de lu iangue.
Voici encore un dernier passage qui achevera de montrer que la
100
science semble consister a donner d'avance I'explication des choses
pour chercher ensuite a trouver des fails a I'appui , plut6t que de de-
duire de I'observation les fails communs au plus grand nombred'6lres :
€Ainsi,dilM. Edwards, tout, dans I'organisalion des animaux infe-
» rieurs, semble se passer, comme si I'liypollifese que je viens d'exposer
» elail I'expression de la v^rite, el indiquail reeliement le mecanisme
» par lequel la nature perfeclionne I'appareil de la circulation. Cetle
i» Iheorie a I'avantage de raltacher les ph^nomenes pathologiques aux
» phenomenes normaux de la physioiogie, el elle nous permet de com-
» prendre conimenl des tubes vasculaires el des lacunes peuvent s'unir
» pour constiluer un seul el m^me cercle sanguiffere, el comment la
» transition pent s'operer enlre ces deux especes de cavites. »
Mais celte Ih^orie , si avantageuse en apparence , etait deja inutile a
'6poque oil elle a el6 publiee; il n'y avail pas besoin de donner une
explication de la maniere donl s'opere la transition enlre les deux especes
de caviies; elle etait d6ja parfaitement connue par la simple observa-
tion au microscope qui a permis d'isoler des capillaires a parois propres,
deja decrits, se continuant d'un cdle en arleres el de I'aulre en veines.
II bufSsail de se remeltre au niveau des coiinaissances de I'^poque pour
6viter cet encombrement d'explications nuUement en rapport avec les
fails.
§ L. — Plus loin, pour expliquer la transsudation des liquides au
travers des parois des vaisseaux, on admel que la cloture de ce systems
de vaisseaux n'est pas complete. Sans tenir compte de la parfaile homo-
geneitedes parois des capillaires, de I'absence complete de perforations
en quelque lieu que ce soil, elles sont compar^es k une gaine ae feutre
dont les lacunes sont trop elroiles pour laisser fiUrer les globules de
sang el en laisser passer d'autres. Tout cela est dit sans tenir compte
des fails d'exosmose el endosmose au travers des substances les plus
homog^nes.
S'il etail necessaire d'insisler plus longtemps pour faire sentir combien
sont moins brutalemenl m6caniques qu'une filtration les phenum^nea
d'ersudation et d'absorption dans I'^conomie, les exeniples ne manque-
raienl pas. Tous viendraient faire sentir qu'il y a dans ces ph^nom^nes
plus qu'une simple fillralion; que, pendant la translation du dedans au
dehors, ou reciproquement, a travers la parol du capillaire, il y a modifi'
cation de la substance transporlee par suite du double mouvement de
composition el de decombinaison qui s'y passe. De la celte sorte d'election,
101
de choix, d'apr^s lequel telle ou telle substance est prise plus ou moins
facilementde tels ou tels vaisseaux. Admetlrez-vous qu'il y a des capil-
laires dix fois plus petits que las globules du sang, n'ayant que 0,001 mill.,
etsans parois, lorsque vous aurez vu i'exp^rienco suivante de noire collo-
gue Bernard ? II a vu, en effet, qu'en fuisant avaler des quantiles conside-
rables de Sucre de canne a un animal , on n'en Irouve pas dans les chyli •
ftres ni dans le canal thoracique, landis qu'il y en a au conlraire beaucoup
dans la veine porta; au conlraire, failes-lui prendre du cynnure jaune de
potassium et de far, et vous aurez I'inverse. Les lymphatiqiies chyiiferes
en contiendront en quantile, et lesang des veines en sera depourvu.
Pourquoi done celle difference, si vous admettez des vaisseaux plus
fins que les globules du sang qui n'ont pas de parois? Pourquoi done ces
substances sont elles les unes accepl^es, les autres refugees par un meme
ordre de vaisseaux, et vice versa, par un autre ordre, si, comme on cher-
che a le prouver, le systeme capillaire est forme en parlie par des
LAcuNEs dans les animaux superieurs^ et par consequent n''est pas
aussi continu, aussi Men clos qu'on I'acrujusqu'd nos jours (1) ?
II est inutile, du reste, d'insisler plus longtemps sur ces fails publics
pr^cisement a I'epoque ou de toutes parts on venait de demontrer, en
Allemagne et partout, I'homogeneile et la continuite des parois vasculaires
des plus fins vaisseaux. Ce sujet a du reste assez longuemenl ele traitd
dans un autre ouvrage par voire rapporteur (2), pour qu'il soit inutile
d'y revenir, non plus que sur les arguments que fournissent ^ M. Ed-
wards les recherches de MM. Doyere etde Quatrefages (3). Ces pretendus
eapillicules ou lacunes ne sont autre chose que les interstices des fibres
du tissu, interstices remplis par les vicieuses injections par double de-
composition, qui peuvent quelquefois infiltrer, oedematier les lissus, ou
bien ils sont dus a des ruptures des capillaires (Voy. I'ouvrage cit6, p. 26
et suiv.). Ainsi done, nous pouvons dire avec certitude, contrairement a
tous ces auteurs , que la cldture des cavitesdans lesquelles le sang est
enferme n'est pas apparente, mais bien reelle.
(1) De Quatrefages, Comptes rendus des seances de la Societe philomalique,
Beancedu 8 mars 1845. Journal l'Institut, 1845, p. IIG.
(2) Ch. Robin, Du microscope et des injections, etc. Paris, 1849, in-8", pre-
miere partie, p. 24 k 37.
(3) Doyere et de Quatrefages, Comptes rendus des seances de la Societe philo-
matique. Journal l'Institdt, t IX, 1841, p. 73.
102
§ LI. — Tous ces fails ^lant ainsi successivement discut^s et ramp-
nes a leur veritable valenr, vous comprendroz facilement et en ppu de
mots ceux qu'il nous reste a exposer. M. Edwards part de telles
id(5es et ne s'orcupe pas de poursiiivre I'analyse anatomique jusqu'aax
616ments, jusqii'a recherchersi, la oii le volume permel de la recherclier,
existe cetle menie cuuche de substance homogene qui tapisse les organes
limitant les sinus et empeche le sang de s'infiltrer enlre leurs fibres ou
cellules. Au«si ne soyez pas ^tonnes de voir ce savant admetlre qua
« Chez les Mollusques , mSme les plus parfaits, le sysleme des vaisseaux
» a I'aide desquels le sang circule dans I'economie est plus ou moins
» incomplet. » (1)
En effet, la presence de ces vastes sinus dans lesqucls souvent plongent
une parlie des visceres, comme tout a I'heure nous I'avons vu pour les
sacs branchiaux, les muscles et I'appareil a erosion des Lamproies, ces
sinus, dis-je, pour ces auteurs, rendent I'appareil circulatoire incomplet.
Or il n'enestrien; le systeme veineux est parfaitement complet; ii ne
manque rien a I'appareil circulatoire. En effet, le sang parti du coeur,
passant dans les branchies, puis les arleres, puis les veines, s'arr^teplus
ou moins dans les sinus qui sont annexes a ceiles-ci ou qui ea liennent la
place; mais il n'en arrive pas moins de la au coeur, d'ou il etait parti.
Qu'est-ce done qui rend cetappareil incomplet? Est-ce par hasard la pre-
sence de ces sinus? Est-ce parce qu'ils n'ont pas de parois diss^cables et
demontrables comme autre chose qu'une meme couche de substance?
Mais alors, je le repete, il faudraitdire que le systeme veineux de I'ut6-
rus est incomplet, que celui des Poissons selaciens est incomplet, que
celui des Lnmproies enfin Test encore davantage. Or c'est ce que quicon-
les a injectes nedira jamais. Le systeme est parfaitement complet, il n'est
interrompu nulle part; la substance homogene si souvent mentionn^e n'y
manque nulle part; il est tout a fait continu, car les sinus et diverticu-
lums sont tout a fait clos, el s'ils communiqnent a vec quelque chose, c'est
avec des organes semblables a eux.
§ Lll. — Mais, direz-vous, c'est la une discussion de mots et non de
fait. Cela est vrai; si ce n'est toutefois pour la mince couche de sub-
stance homogene qui tapisse les sinus. Elle se demontre, en effet, chez
(1) Edwards, Rappoht xn ministhe (AIonitbdr du J7 noy. 1844, et Ann, des so.
H4T., 184£*, t' III.p. i39>
103
les grands Mollusqlies, tels que les Ceplialopodes, ce qu'on no peul fairo
chez ceux qui sunt trop pelits pour qu'on puisse enlevor convcnabletnent
un peu de cette substance sur les parois et les porter ensuite sous le mi-
croscope. Mais faites attention que cette leg^re omission a fait employer
les termes d'incomplet et de lacunes, qui tous deux impliquent I'id^e
du manque de quelque chose, la oil il n'y manque rien du tout, la oil tout
se passe d'une maniere complete et parfaite. II en resulle que, au lieu de
dinger avec sang-froid et tranquillity voire esprit vers les parlicularit^s
Ires-reelles et dignes d'etre prises en consideration du systeme qui porte
le sang veineux de ces animaux, vous 6tes cheques par I'idee de quelque
chose d'extraordinaire etd'irrationnel. Consider^ enlui-meme, le fait de
lexistence de ces grands sinus des MoUusques peut paraitre curieux
quand on saute brusquement des Mammiferes aux Mollusquos ; mais si
Ton tient compte d'une maniere convenable des fails signal^s dans les
Verlebres ci-dessus, on trouve que c'estle m^me fait dans des proportions
plus considerables, et presentant des modifications correspondantes aux
differences exislant entre les tissus de ces divers animaux. Si, au con-
traire, vous omettez de tenir compte de leur structure intime reelle, et
que vous employiez les termes d'incomplet ei de lacunes, vous vous r^-
vollez de trouver incomplet un appareil qui remplit son rdle d'une ma-
niere lout aussi complete quecelui d'un Vertebra, et sans que la fonction
pr^sente la moindre lacund a signaler.
Nolez, en outre, que ces sinus ne sent pas distendus par le sang , a la
maniere de ce que representent les figures. Les parois contractiles du
corps de I'animal mainliennent les parois des sinus appliquees I'une
centre I'autre et contra les organes, en sorts qu'il y a peu de sang dans
ces cavltes ; ce qu'on peut voir sur les Limaces el les Helix, ce qu'avait
deja signale Gaspard. C'est par distension des couches musculaires que
I'injeclion les fait paraitre si grands. Seulemenl, suivanl les besoins de
la locomotion ou de louLe autre fonction , I'animal en se contraclanl dis-
tend telle partie en y faisant refliicr le sang et resserre telle autre partie ;
fail decrit par Gaspard dans I'Escargot (1). Nous vcrrons tout a I'heure
qu'il en est de meme pour les reseaux veineux a capiilaires volumiiieux
du manteau et superficiels du pied, lant des Gasteropodus que des La-
mellibranches. Ce sent ces reseaux qui ont ete figures exactement par
(1) Gaspard, loe. cit., 1823.
10&
Delle Chiaje depuis longtemps (1), et que les Mollusques peuvent dis-
tendre ou vider a volonl6 et assez rapidement , par simple contraction
musciilaire, tant par suite de reflux du sang ailleurs que par tninssuda-
tion d'un serum tres-aqueux au travers des minces lej:uments.
Disonsde suite, pour n'y plus revenir, que c'ost ce dernier fail qui
avait porl6 M. Van Beneden a croii-e que chcz les llollusques I'eau cir-
cuhiit avec le sang et se melait a lui par des orifices ou pores tegu-
mentaires (2), comme on le voit pour la cavile du corps chez certains
Polypes. II est de nos jours inutile de discuter ces fails, dont la non-
existence est devenue cerlaine. Disons encore que ce bont ces reseaux
veineux que Delle Chiaje avait pris pour un systeme aquifere (3) etque
depuis il appele systeme lymphatico-veineux ou simplement veineux,
systeme qu'il a bien figure (4), el qui est celui dont nous parlerons dans
ce qui va suivre.
§ LIII. — Analysons maintenant les Iravaux consecutifs a ceux dont
nous avons parle. Le premier que nous mentionnerons (3) fait suite a
celui de M. Edwards, deja analyse, lequel servaitd'inlroduclion a celui-ci
ec tous les suivants. Dans ce travail se trouvent verifiees les observations
de Delle Chiaje sur un grand nombre de Mollusques el la determination
des sinus comme veineux et non comme aquiferes. Seulement ils sent
appeles lacunes, systeme lacunaire, au lieu de sinus comme les appelle
avec plus de raison I'analomiste italien. Les conclusions de ce travail
g^n^ral sont :
« 4° Que I'appareil vasculaire n'est complet chez aucun Mol-
» lusque. » (P. 293.) A cela nous repondrons que I'appareil circulaloire
est complet, comme tout autre, mais pourvu de sinus vasles et nom-
breux.
« 2° Que dans une portion plus ou moins considerable du cercle cir-
(1) Delle Chiaje, toe. cit., 1829, etc.
(2) Van Beneden, Recherches sor la circul. daks quelqdes animadx infe-
BiECRS. (Bull, de l'Ac. des so. de Brcxelles, fevrier 1845, t. XIl, et Comples
rendusde l'Ac. des sc. de Paris, 1845, t. XX, p. 517).
(3) Dell". Chiaje, Descrizione di nuovo apparato di canali aqcosi ( Instito-
iiONiDi Anat.efisiol. comparative. Naples, 1832, t. II, p. 279).
(4) Delle Chiaje, memoires cites, t. II, 1841, p. 36, etc.
(5) Edwards, Observat. et experiences sur la circolat. oes Mollusques
(Ann. des sc. NAT., 1845, t. HI, p. 289).
105
» culatoire le3 veines manquent loujours el sont remplacees par les la-
» cunes ou par les grandes cavites du corps. » Au lieu de lacunes mettez
sinus, et vous serezdans le vrai; au lieu de grandes cavites des corps,
meltez sinus dans lesquels plongent des organes, comme chez les Lam-
pruies el aulres animaux.
« 3" Que souvent les veines manquent compleLemont et qu'alors Ic
» sang ne revient vers la surface respiraloire que par les interstices dent
» je viens de parler. » Vous voyez encore qu'au lieu d'inlerstice qui
semble indiquer un inlervalle quelconque et accidentel, il faut meltre
trajet veineux ou sin\is, car les conduits parcourus, pour ne pas avoir
de parois dissecables, n'ont pas moins de Constance dans leur disposition
et I'aspect general des reseaux qu'ils forment, que quclque reseau veineux
que ce soil, dans les animaux plus compliques.
Dans un autre travail consecutif, commun a MM. Edwards et Valen-
ciennes, les m^mes fails se trouvent developpes (1), d'apres I'injeclion
d'autres Moilusques encore que ceux etudies dans le precedent travail.
La se trouve developpe le fait trds-reel de la possibilile d'injecter les Ga»-
t^ropodes en ouvrant la cavite abdominale, c'esl-a-dire le sinus dans
lequel plongent les visceres abdominaux. Mais voire rapporteur peut affir-
mer, d'apres les injections qu'il a faites a diverses reprises, qu'il a exa-
minees au microscope et dont il a pu montrer des exemples aux eleves
de son laboratoire, que rien n'est tranche, net el caracteristique comme
les reseaux veineux bien injecles des Gasteropodes lerrestres. On peul
voir les reseaux, a mailles serrees et polygonales, a vaisseauxcapillaires
volumineux comparalivemenl a ceux des Vertebres; on peut voir de ces
reseaux partir des branches devenant de plus en plus grosses qui s'en-
foncent dans le tissu du pied el gagnent les veines lat^rales qui s'ouvrent
dans le sinus abdominal par lequel on a injecte.
Ces fails se voient surtout sur les cotes du pied , parce que, vers le
milieu, les vaisseaux sont plus gros et forment des mailles plus volumi-
neuses, constituant une veritable bande mediane de tissu erectile tr6s-
visible chez les Limaces rouges et grises. Nous auronsbienlot a reparler
de ce fait tres-uettementcaracldrise.
(1) Edwards et Valenciennes, Nol'velles observat. 8DR la constitution de
L'APPAREIL CmCULATOIRE CHEZ LES MOLLUSQUES. (ANN. DES 8C. NAT , lS4i, t. Ill,
p. 307, et Comptes lendus de I' Ac. drs sc, 1845, t. XX).
108
§ LIV. — Dans ce travail se trouvent plusieurs autres points re-
lalifs a la question qui holis occupe et qii'il fant disciiler. La disposi-
tion du syst^me veineux, dont nons venons de parler, ^tant consid^r^c
conime une degradation de ces conduits sanguins, elle a natureliement
ete saisie avecavidil6 comma ventint a I'appui de la degradation de I'ap-
pareil circulaloire des prelendus Phlebenteres, laquelle, cliez eux, pou-
vait aller jusqu'a la diiparition du coeur. Mais cette degradation de I'ap-
pareil circulatoire n'est pas reelle , puisque nous avons vu : 1° quo
MM. Souleyet, Alder et Hancock, etc , ont trouv6 un cosur et des
arteres, plus des veines branchio-cardiaques, la oQ roncroyait absence
de ces organes et de toute espece de veines.
2' Puis nous avons vu qu'on a trouv^ une portion du systeme porte-
branchial , c'est-a-dire des veines g^n^rales qui se rendent des capii-
laires gen^raux directement aux branchies ; chez les £olis on a trouve
toute la portion de ces veines qui rampent dans les parois musculaires
du corps, c'est-a-dire a peu pr6s autant que chez la Limace. On n'a gu6re
fait plus chez les autres Mollusques. Dans les Tritonies m^tne, ani-
maux qui ne sont pas tres-eloignes des pretendus Phlebenteres , on peut
voir tr^s-facilement, vu les dimensions des animaux , les veines qui du
foie et autres visceres vont aux branchies. On ne peut done pas tirer parti
de ces faits pour appuyer ce qu'oh Sppelait le Phlebente'risme.
§ LV. — La disposition du systeme veineux chez les Mollusques est
consid^r^e par les deux savants auteurs de ce travail comme wne degra-
dation de ce systeme de conduits. Guides par les doctrines dont nou3
avons parle, ils doivent , en effet , consid^rer les choses de la sorte et non
pour ce qu'elles sont en elles-memes. Nous ne trouverons presque pas
d'appareil, sauf le digestif et le systeme nerveux, dont it nfe soit dit,
tantot sous un point de vue, tant6t sous un autre, qu'il est degrade. Si au
lieu de decrire les choses en elle-m^me, en ce qu'ellcS sont, pour les com-
parer ensuite , on precede de la sorte, ort comprend , d'apr6s ce qlie nous
avons vu , que la degradation commence des le sysieme veineux de I'u-
terus pris pendant la grossesse. On ne sail pas au juste quel est I'animal
dont on pourra dire, qu'on va pruceder a la description de ses veines et
non a Iraiter de leur degradation. II eilt 6t6 bon d'etablir d'abord si
cette degradation suppos6e doit se faire progressivement a partir des
plus simples Vertebres, ou bien se faire seulement dans les plus simples
des ^tres de chaque embranchement ou chaque classe. U a'y a que
ces deux cas possibles.
ibi
Pbemier CAS. — Si elle doif. se faire progressivemenl a partir des der-
niers Verlebres, comment se fail-il que nous trouvions ce que vous appe-
lez degradation des veines , d'abord bien certalnemeht dans I'ulerus hu-
main; puis dans les oviducles des Seiaciens aussi pendant la gestation,
Poistons qui ont certainemenl rorgaiiisation la plus compliqu^e parmi
tous les Poissons; puis, enfin , comment se fail-il qu'il faille sauter par-
dessuS tous les autres poiir arriver aux Cyclost6nies ou la disposition est
permanenle?Comment ensuile se fail-il que dans les Af ticules se trouvent
les Insectes dontles Irajets veineux ont des limitesmoins nellcs que dans
les Aphrodites et certaines autres Annelides, puis moins nettes que beau-
coup de veineS chez les Mollusques, comme quelques-unes qui ont des
valvules chez les Cephalopudes (1); comme les veines branchio-cardia-
ques des Gast^ropodes et des Acephales lamellibranches ; animaux places
bien plus bas?
Deuxieme CAS. — Si cette disposition, appelee degradation, doit se
trouver seuletnent dans les plus simples des etres de chaque classe , com-
ment se fait-il qu'on la trolive chez les plus eleves des Articules, et que
la disposition presente un cachet anatomique tout autre dans la plupart
des Annelides, ou existent des vaisseaux bien nets et contractiles?
Comment se fait-il done surtout que nous trouvions cette disposition du
syslenie veinelix sous forme de vastes sinus, plus marquee dans les pre-
miers des Mollusques , comme les Cephalopodes et Gasteropodes , que
dans d'autres bien plus simples, comme les Acephales lamellibranches?
Nous allons voir, en effet, les Moules et les Pecten, etc., depourvus de
ces vastes sinus ou plongent des visceres, et ne presenter autre chose que
les r^seaux veineux a gros capillaires , a mailies circonscrivant des inter-
valles tres-etroits, formant une sorte de tissu erectile ; reseaux d^ja men-
tionn^s tout a I'heure. Comment se fait-il done que vous disiez que la
degradation est poussee chez les Patelles et Halyolides jusqu'au point que
I'aorte est en grande partie representee par un sinus ou lacune arte-
rielle, puis que chez des etres bien plus simples, comme les Nudi-
branches , Tectibranches, etc., on trouve une aorte bien developp^e?
Comment se fail-il surtout que, chez les Acephales encore, nous trou-
vions sans exception une aorte et des arteres si nettement caracterisees
par leurs parois? Pourquoi , en voyant d^s fails si peu gen^rauX , he pas
(1) Lebert et Robin, ARcaiVGn nx McLi^ERt 1846, p> 131i
108
simplement reconnaitre , comme on est r^ellement forc6 de le faire , ici
pour les veines, la pour lea arl6res, des parlicularil^i de Torganisme
ayant des points communs, etant en correlation avec le reste de la struc-
ture analomique de I'animal, avec la nature de lous ses lissus , etc., mais
n'indiquanl pas une degradation de quoi que ce soit, par rapport a quelque
animal que ce puisse eire?
Du resle, ne savons-nous pas que M. Souleyet soutient que la presence
des vastes sinus ou plongentdes visceres n'est pas aussi generale chez les
Gasleiopodes que le pensent MM. Edwards et Valenciennes? II pense, en
effet, que plusieurs 6eo genres, consider^s par ces auteurs comme ayant
de ces vastes sinus, en sont, au contraire, d^pourvus. Or, jusqu'a pre-
sent, nous n'avons rien vu qu'il ait avance sans le prouver, etrien qui
n'ait ele confirme par les anatomistes Strangers ; nous n'avons done au-
cune raison de metlre en doute ce qu'il avance. M. Souleyet soutient , en
effet, que les Doris, lesScyllees.TriloniesetDyphillidies sont depourvues
des grands sinus capables de contenir une partie ou tous les visceres.
D'apresses recherches meme ils nianqueraient sur I'fiolide, animal dans
le principe place parmi les phlebenteres.
§ LVI. — Ainsidonc, vous le voyez, nous nous placons a un point de vue
plus reel, qui consisle a envisager I'ensemble de chaque systeme , non
pas isolement et d'une maniere absolue , mais toujours en tenant compte
du reste de I'organisation de I'animal en tenant compte desa correlation
avec le reste de la disposition anatomique de cet dtre.
Aussi nous arrivons a un resultat plus salisfaisant pour quiconque me-
dite et compare, resultat plus grand et depourvu de contradiction. Nous
arrivons a dire: Nous trouvons dans le regne animal un ensemble de dis-
positions particulieres de I'appareil circulatoire, qui ont les unes des points
communs et d'autres qui sont plus speciales; ces dispositions ne sont pas
plus variables que celles de I'appareil digestif ou generateur, et sont en
rapport avec le reste de I'organisation de cliaquc indi vidu. Les particularites
du systeme veineux que vous decrivez dans les Mollusques sont vraies,
dans la pluparl d'entre eux du moins ; elles doivent ^tre prises en consi-
deration plus qu'on ne I'a fait; elles sont en rapport avec les particula-
rites des aulres syst^mes; mais elles ne se manifestent pas d'une ma-
niere continue , elles pr^sentent des variations du plus au moins qui sont
souvent considerables. On ne saurait done voir la une degradation de
quoi que ce soit ; et ce mot doit dtre supprime parce qu'il enlraine Tid^e
d'un type auquel on cherche a se reporter et qu'on ne trouve nulle part.
109
II faut enfin simplement prendre la chose pour ce qu'elle est, c'est-a-dire
nullement rxtraordinaire, puisqiie lout dans rorganisme est en rapport
avec elle, et comparer cetlc chose ^ cellcs qui lui ressemblent r^ellc-
ment, sans porter a croire qu'il manque ici ce qui exisle ailleurs, ou
reciproquement.
§ LVII. — Quant aux causes qui pcuvent conduire a se rendre compte
des dissidences sur les faits anatomiques dent nous venons de parler et dont
nous aurons encore a faire mention, ii est necessaire d'en dire ici quelques
mots. On sail que la nature dcs precedes a employer pour I'etude d'un
corps est toujours determinee d'apres la nature de ce corps; ils reposent
sur elle et doivent necessaircment etre en rapport avec elle. C'est meme
de ce fait que r^sultent toutes les difhcull^s que presente I'extraction des
principes immediatsde I'organisme, quand on nepeut encore qu'en soup-
conner I'exislence, sans en connaitre d'une maniere precise la nature chi-
mique. 11 s'agit, en efFet, d'approprier par latonnements , un precede k
la nature encore inconnue de ce principe, ce qui m6ne queiquefois a con-
fondre I'^tude scientifique d'un corps avec les precedes qu'on emploio
pour faire cette ^lude; vu que, dans ce cas, le precede finit par etre de-
couvert avant le corps qu'il sert ^ etudier.
Or, en anatomic desMoUusques, il est bien certain qu'en poussant I'in-
jeclion dans la cavite viscerale on injecte les branchies et queiquefois
d'autres veines , sans qu'il soit necessaire d'avoir deja etudie celles-ci ;
mais il n'en e-t pas moins vrai que souvent, outre les veines remplics,
il y a des visceres qui sent inflltres d'injeclion epanchee hors des con-
dnits. Aussi , pour bien etudier tous ces sinus, il faut habituellement des
precedes plus delicats qu'une injection brutale dans la cavite du corps ,
laquelle doit dtre employee , mais seulement commo precede prelimi-
naire, pour conduire a mieux. II faut, pour etudier les sinus, des pro-
cedes plus minutieux , plus en rapport avec la delicatesse des tissus des
Mollusques. II faut la dissection minutieuse par laquelle on fend les tra-
jetsveineux suivant leur longueur, ce qui permet d'en etudier la forme
et les orifices d'abouchement etde communication avec d'aulres ; ou bien
il faut des injections plus delicates de substances ne se coagulant que
lentement, ou meme de substances toujours liquides et simplement colo-
r^es par des matieres en suspension ; aulrement on d^forme les organes.
II faut de plus que ces matieres soient pouss^es avec precaution et sans
violence pour eviter les distensions exag^rees et les rupture?. Ii
faut enfin que les injections soient faites sur des animaux morts lente-
110
ment par asphyxie ; autiement, se contraclanl avec onergie , il resser-
rent tous les conduits, les oblit^rent par une forte application de leurs
parois i'une centre raulre,et emp^chentainsi aux substances de penetrer
ou biea il faut faiie un tel effort que Ton produit des rujitures et infiltra-
tions.
§ LVIII. — Nous avons a signaler ici, pour suivre exactement I'ordre
historique, un travail de M. Souleyet, dans lequel il etablil la dilTercnce
qui existe enlre I'idee du phlebenterisme et la theorie des lacunes (1).
Deja nous avons analyse ce travail dans la premiere partie de ce rapport.
Nous I'avons utilise pour montrer quels sont les points de contact entro
ces deux ordres d'id^es, Pun concernant le remplacenient d'un appareil
qui s'atrophie par un autre qui se complique pour le suppleer, I'autre
fe rapportant a une simplification et modification du systeme veineux. II
est done inutile de revenir sur ce point; mais il fcillaii indiquer, dans I'ur-
dre des dates, que c'est a I'auteur de ce travail qu'est due la premiere
distinction nette et melhodique de ces deux sujets, si differents I'un de
I'autre, quoique contigus, ot qui souvent ont ete confondus ensemble.
On comprend fucilement qu'une pareille confusion ne pouvait dire quo
nuisible a la science; elle a rendu en effet, pendant quelque temps, la
question susceptible de discussions interminables et insolubles, parce
que naturellement une solution unique ne pouvait, dans ce cas, sufBre
pour resoudre deux probl^mes distincts.
§ LIX. — La precision des resultats anatomiques du travail que nous
devons maintenant analyser, va nettement faire sentir la difference qui
existe entre ces deux sujets, qui , s'ils ont ele quelquefois confondus , ne
Font pas ete par tous les esprits. Ce m^moire est de M. Richard Owen;
il est important que I'attention soil fixee sur lui, parce qu'il a souvent
6te cite comme appuyantla theorie du phlebenterisme. M. Owen annonce
^Iro arrive (2) aux m^mes resultats que M. Edwards sur la circulation des
Mollusques et expose ainsi ceux qui lui sont propres :
(1) Souleyet, Note relative k une communication recente de MM. Milne
Edwards et Valenciennes Scr la constitution de l'appareil de la circclat.
DES Moll., C. r. des seances de i'Ac. des sciences de Paris, 1845, t. XX,
p. 862.
( 2) R. Owen, Lettre sur l'app. de la circulat. chez les MolLi de la classe
bES Brachiopodes, Ann. dea sc. nat., 1846,1. Ill, p. 315.
Ill
((Dans le Terebratula flavescens , diaque oreillette est largement
» otiverlo par sa base et communique ainsi directement et largement
» aoec la caviie viscerale ou peritoneale, ou, si Ton aime mieux, avec
» UN GRAND StNUS VEINEUX DE FORME IRREGULIERE QUI RENFERME LE CA-
» NAL INTESTINAL et se conlinue entre las lobes du foie et les m;isses
» glandiilaires dont se compose I'appareil de la generation. Des prolon-
» GEMENTS DE CE STNUS VISCERAL coBimuns s'avancent sous la forme de
» vaisseaux dans I'epaisseur des lobes du manteau; on en compte deux
» sur le lobe paleal superieur ou dorsal, et quatre sur le lobe inferieur
» ou ventral , et o'est le long do ces canaux veineux que se d^veioppent
» les cellules spermatiques chez le male et lesoeufschez la femelle »
« La membrane delicate qui adhere au lord des orifices par lesquels
» le sang doit arriver dans les coeurs, et qui se continue sur les parties
» voisines de la cavite viscerale, est identique en structure avec la tu-
» nique dont sont tapissees les parois membraneuses, mais plus resis-
» tantes, de celle derniere cavity (la viscerale); eton peut la considerer
» comme un peritoine ou comme Vanaloguc de la tunique interne d^une
tiveine ou sinus veineux qui serait dilat^e a la maniere de la tunique
B peritoneale propiement dile. »
II est impossible de d^crire d'une maniere plus nette la disposition des
sinus dont nous avons parle, et comment ils sont en rapports avec les
visceres. Notez que cetle tunique, analogue a la tunique interne d'une
veine ou d'wn sinus veineux , sc comportanl cunimo un peritoine, est
decrile chez les Terebratules , Mollusques acephales des plus simples,
separ^sdesGast^ropodespar toute la grande classe des Lamellibranches.
Evidemmeiit, ce vaste sinus aurait ele appele /acune par des anatomistes
qui auraient di»seque avec moins de precision que ne le fait M. Owen,
Mais ici lout est indique, avec nellele, et nulle part n'e-t prononce le mot
de lacune; parlout c'est le mot sinus visceral. Un peu plus loin,
M. Owen d^crit ainsi le trajet du sang : « Le sang expulse du coeur est
» envoye en majeure parlie dan.s les arteresdu manteau , et rcvient par
» le sysiemede larges canaux veineux qui representent les veines pal-
» leales ou sinus ovariens ; de la ce liquide passe dans la cavite encore
» plus grande et plus diffuse qui constitue le sinus visceral, et qui est
» analogue a ce que vous avez demerit (la lettre est adress^e a M. Edwards)
» chez les Lamellibranches plus elev^s en organisation , et chez les Mol-
» lusques gasteropodes. » (P. 317.)
Ainsi, dans cette comparaison meme, aux travaux deM. Edwards, ce
112
no sent pns Ic5 mols de lacunes, mais bicn ccux de sinus viseiral, ova-
rien et de vein* qui sonl employes, et ces sinus d^crits par I'analomisle
anglais sont analogues h ce que le naluraliste franqais appelle des la-
cunes cliez Ips Lamellibianciies el ies Gasteropodes. A plus forte raison
doit-il en dire de nieme chez Ies Cephalopodes. U faut le rappelcr, en rai-
son de I'idee oniporlee par Ies mots lacunes , systeme circulatoire in-
complet, cetlc discussion de mots est importantc ; et onfin il y a la plus
qu'une discussion de mots, il y a en jeu cello membrane analogue a la
tunique interne des veineset secomportantcomme un peritoine.
§ LX — Apres cet expose , nous ne pcnsons pas qu'il soil n^ccs-
sairede nous airdler a la description des sinus vi.«-c6raux du Poulpo, pu-
bliee la memo annee par M. Edwards (1).
Nous rcvenons pour un instant aux Poissons , pour terminer enfin par
Ies Mollu^qn!■s. Vers la fin de 1845, M. Nalalis Guillot prescnla une note
sur le sinus decrit par Monro dans Ies Riiios (2),sinMsdont il croyail avoir
fait la dccouverte (3).Cc n'est pas ici le lioudorelever Ies inexactitudes do
description anatomiques que renferme cettenole, relativemont surtout a des
points diffioiles.lels que la communication dece sinus aveclessinus'.iepati-
ques, etc.; i! suffira de prevenir Ies analomistes que Ton ne peut pas tirer
parti do celte description. Nous devons seulcmcnl signaler que Tautour
n'hesitepas a comparer ces sinus des Raic?,dontnoiis avonsparle en co i,-
men^ant, aux lacunes dont il etait alors lant question, et il leur en donne
le nom. Nous avons sufBsamment insist^ sur la structure de ces organes
et demonlr^ que c'elaient des sinus , vers le commencement de cette
partie du rapport, pour etre excmpt^s do montrer que ce ne sont nulle-
ment des lacunes, mais de veritables sinus. Que. Ton ne disc pas que ce
sont des lacunes, en raison de ce qu'ils sont traverses par des trabecules
fibreuses; car alors il faudrait aussi appeler /acu?i« lesoreilletles si net-
Icment delimitees et isolees des Moules, Anodontes et aulres Lamelli-
branches qui poss^dent ^galement de ces filaments destines a Ies conso-
lider.
(t) Edwards, De l'appareil circulat. du Pullpe, Ann. dessc. nat., 1845
t III, p. 341.
(2) A. Monro, The structore and phtsiolocy of fishes, in-fol , fidimb., 1785.
(3) N. Guillot, Sur un reservoir particulier que pr^sente l'app. dk la
ciRcuUT. BES Haies, C. R. dcs scances del'Ac. des sc. de Paris, 1845, t. XXI,
p. 1179.
113
§ LXI. — Enfin , votre rapporteur a ^galement i se reprocher de
s'^lre laisse enlraincr pour quelques instants par le courant des id^es
qu'a cette epoque on cherchait a faiie regner; erreur dont il a bient6t
^te retire par i'eludo de i'anatomie g^nerale, poursuivie successivement,
a I'aide du microscope, depuis ie systeme jusqu'au tissu, et de celui-ci
aux elements anatomiques. Cette erreur n'est pourtantpas aussi tran-
chee que pourrait le (aire croire , par suite de sa brievet^, une note de
M. Duvernoy, dans les Comptes rendus de 1846 (I). Voici, du reste, le
passage dont il est question (2) :
« Les veines qui, de I'ovaire des Lamproies, arrivenl aux sinus des
» veines caves, ontdes parois encore dislinctes au voisiiuigo des sinus
» pres de leur abouchement; mais deja ces parois sont tres-minces. A
» mesure qu'on s'eloigne des sinnus et qu'elles se ramifient davantage,
» on voit que ces veines cessent d'avoir des parois distinctes, et ce sont
» alors des trajets sanguins, delimites seulement par les vesicules de
» De Graaff rapprochees les unes des autres. Les dernieres ramifications
» circonscrivent desilots constitues seulement par un ou deux ovules, et
» ces ramifications elles-m^mes, quoique disposees toujours roguliere-
» ment, n'ont plus de bords nettement delimites, comme les cnpiiluires
» des vertebres d'une organisation plus 6levee. Une disposition analogue
» se trouve dans les veines capiilaires de I'intestin, lesquelles, d'abord
» nettement delimites, ayantdes bords tr^s-reguliers, cessent constam-
» mentde presenter cet aspect lorsqu'on arrive a des vaisseaux plus fins
» et capiilaires. L'injection parcourt alors des trajets tres-fins , mais den-
» ticules sur les bords, moins nettement limiles, etcirconscrivant do pe-
> tits ilots de substance; cependant leur distribution pr^sente toujours
» une certaine irregularite, et il est facile de distinguer les parlies ainsi
(1) Duvernoy, Note sdr le sinus veineux genital des Lamproies, etc., C. R.
des seances de I'Ac. des sc. de Paris, 1846, t. XXII , p. G62. Voici la remarque
faite par le savant academicien : « Dans la communication faite a la sociele Phi-
lomatique le 28 mars dernier, M. Robin n'a plus vu de parois distinctes dans les
dernieres ramifications de ces veines etudiees dans la glande ovig6ne des Lam-
proies. 11 a meme generalise cette observation h tout le systeme sanguin veineux
arteriel de ces Poissons. » (Voyez p. 666 en note.)
(2) Ch. Robin, Note sur quelques particularites du syst. veineux di:s Lam-
proies, journal l'Institut, 1846, vol. XIV, p. 121 , et Proces-verbaux de la Soc.
philomat., p. 36, Pari^, 1846, ia-8°.
8
nil
» injectees de celles oii Ton determine un ^panchement par une rupture,
» soit volontairement, soil involontairement. (G'est regularite, et non
irregularite , qu'il faut lire dans cette phrase ; cette erreur lypogra-
phique se reconnait d'apr^s la nature de la phrase et d'apr^s les sui-
vantes.) On peut reconnaitre les m^mes fails rclativement aux art^res
» sous-cutanees et aux art^ros sous-p^ritoneales de I'inteslin. Les capil-
» laires de ces vaisseaux , d'abord nettement limites et pourvus d'une
» enveloppe, cessent, apres quelques subdivisions, de presenter cet
» aspect, et Ton voit I'injection se distribuer dans des Irajets denticules
» sur les Lords, tres-fins, mais circonscrivant des areoles regulieres.
» Ceci se r^pete pour toutes les fines arterioles qui viennent se distri-
» buer sur le peritoine et dans le derme ; distribution que la transpa-
» rence de ces lissus permet de conslater facilement. II serait difficile
» de ne pas reconnaitre dans ces fails une grande analogie avec ceux
» que MM. Milne-Edwards et de Quatrefages ont signales dans un grand
» nombre d'animaux inf^rieurs. » (P. 36.)
Ayant, depuis cette ^poque, constat^ le fait signal^ dans la premiere
partie du rapport: que des capillaires dont les parois ne peuvent 6lre
vues par transparence ou par reflexion , comme dans la langue do la
Grenouilie, peuvent etre demonlres quand on vient a les isoler par dila-
ceration, j'ai reconnuque la disposition precedente resle exactement d6-
crite, mais que Ici oil je ne voyais pas de parois distinctes, on peut en
demontrer avec le microscope. Du reste , deja rinfiltralion d'uspect par-
ticuiier d^crite plus haul qui se pr^sente dans les cas de rupture , aurait
du faireconclure a I'existence de parois, ainsi que je I'ai reconnu maintes
fois depuis cette epoque.
Votre rapporteur a encore, dans la m^me annee 1846, present^ a la
Soci^l^ philomaliquo un travail sur les veines des Selaciens (1) ou les
mots de reservoirs sanguins et de lacunes se Irouvent prononces pour la
derni^re fois dans ses publications, comme expressions synonymes. En
faisant remarquer I'aspect lisse et brillanl des trab(5cu!e3 et lamelles qui
traversent ces sinus, etparlantde I'epithclium qui manque sur leur surface
interne, je faisais remarquer que ce sujct demandait encore des recher-
(1) Ch. Robin, Notk stu l'organisat. des Poissons cartilagineux, journal
l'Institut, 1840, t. XIV, p. 272, el Proc^s-vcrbaux de la Soc. philomat., Paris,
1846, in-8°, p. 113.
i
115
ches pour 6tre 61ucide. Ce sontces recherches qui depuis iors m'ont con-
duit aux r^sultats que j'ai signales en commencantcetfepartie du rapport,
et qui depuis ont toujoursete confirmes. li est done inutile de s'arreter
davantage sur ce point.
§ LXII. — Nous revenons maintenant aux |Mollusques , et nous trou-
vons un dernier meinoire de M. Edwards , lu a I'Institct en 1846 , qui
traite de ce qu'il appelie la degradation des organes circuiatoires chez
les Patelles et les Halyotis, et de I'appareil de la circulation du Calmar,
de I'Aphysie, des Thetys, Colimacon, Triton et Pinne-marine(l). Ici se
Irouvent les monies ideas sur les lacunes , sur I'appareil vasculaire
incomplet des Mollusques. Nous ne reviendrons pas sur ce point suffi-
samment discute ; mais seulement, comme il est donne raison a M. de
Quatrefyges centre M. Souleyet , sur ce fait que les fiolides auraient une
circulation incomplete, il faut bien se rappeler que la ou lesautres voient
des sinus ces savants voienl des lacunes; c'est a cela que se borne la
question sur laquelle M. de Quatrefages aurait raison. Or il imports
d'observer quo, quoiqu'on voie M. Edwards admettre I'existence des
grands sinus visceraux chez les Eolidiens, ou M. Souleyet les nie, en
presence de ces deux opinions, les pieces et les dessins de M. Souleyet
sur ce sujet ne nous permettent pas d'hesiter a nous ranger de I'avis de
ce dernier.
Du reste, comme dans les ecrits que nous aliens analyser, surtoutceux
des auteurs allemands, la disposition signalee pour les veines en gene-
ral , par M. Souleyet , n'est pas envisagee telle qu'il I'a decrite et telle
que I'a adoptee voire commission , nous devons reproduire ici ce passage,
afin d'y renvoyer par la suite. Appuyes sur les observations que nous
avonscilees, et surtout sur la description de M. Richard Owen, et enfm
sur ce p;^ssage, nous pourrons abreger ainsi les discussions.
a Jecrois, dil JVI. Souleyet (2), devoir rappeler de nouveau ici que I'er-
(1) Edwards, M^moire sur la degradation des organes de la circulatiom
CHEZ LES Patelles et les Halyotis, et sur l'appareil circulatoire du Caluar,
DE l'aplysie, Thetys, Colimacon, Triton et Pinne-marinE (Ann. des sc. nat.,
1847, t. vm, p. 37 A 77), et C. R. des seances de I'Ac. des sc. de Paris, 1846,
t. XXIII, jj. 373, avec ce litre : Nouv. observat. sur la degradat. de l'app. cir-
culat. des Mollusques.
(2) Souleyet, Observat. anatomiqce sur les genres Acteon, Bolide, Vew-
Lifc, etc., C. r. des seances de I'Ac. iles st. de Paris, 1845, t. XXj p. 73 et 81,
en note.
116
» reur commise par M. de Quatrefages, en niant le systfeme veineux dans
» lesMolIusques gasteropodes, provient probablement de I'idee inexacte
» que ce naturaliste s'est faite de cetle partie de I'appareil circulatoire
» chez les animaux de ce type. M. de Quatrefages parait croire que le
» systeme veineux se presente toujours sous la forme de vaisseaux bien
» distincis, tandis qu'il n'en est pas ainsi. En e£fet, dans presque tous
» lesMoIlusques et dans les Nudibranches en parliculier, les veines n'ont
j> cette forme que dans les principaux troncs qui rapportent le sang des
•B visc^res ou qui se rendent aux organes respiratoires ; les autres vais-
» seaiix sent plutdt des canaux creus^s dans I'dpaisseur ou dans I'inter-
» slice des organes, en un mot des Irajets veineux, que des vaisseaux
» proprement dits, particularite qui a ete bien reconnue par les anato-
» misles qui se sonl occcupes des MoUusques, et surtoul M. de Blain-
» ville. (Voir le Traite de Malacologie, p. 130.) La distinction que Ton
» a voulu ^tablir sous ce rapport enlre les MoUusques et les Crustac^s
» n'est done pas fondee, car cette forme du systeme veineux parait etre
» un fait general chez les animaux inferieurs. » Les memes idees se trou-
vent developpees dans un autre travail de M. Souleyet, que sa date
nous conduit a citer ici ; ce travail intitule : Consideratiohs sur la
CIRCULATION DANS QCELQDES GR0DPE3 DE LA SERIE A.MMALE (1) , Ctant
resume par la note precedente et par la premiere partie de ce rap-
port, nous n'en reparlerons plus.
§ LXUL — Dans le travail que nous venons de citer, M. Edwards
applique au systeme art^riel les m^mes idees qu'au systeme veineux. II
d^crit le systeme arteriel comme incomplet chez I'Halyolide, parce que
chez cet animal I'aorle arrivee pres de la t6te, les ■parois de cette grande
artere disparaissent, ou plutot se confondent avec les membranes qui
separent en ce point V abdomen dela cavite encephalique (2). II en r6-
sulte la formation d'un grand sinus d'oii partem les arteres dans la masse
charnue du pied. Ce sinus est appele par M. Edwards lacune ou cavite
cdphalique; il loge la masse charnue de la bouche, les glandes salivaires,
les principaux ganglions nerveux et des bandes musculaires et fibreuses
et la portion anterieure du tube digestif qui concourt a le iimiter. L'appa-
(1) Souleyet, dans les Archives d'asatomie, p. 105, Recueil annexe pendant
i'annee 1846 pux Archives de medecine, Paris, in-8*, 1846.
(2) Edwards, loc. cit., 1847, p. 41.
Ii7
rell lingual, appendico a peu pr6s cylindrique allonge, est 6galement reii-
ferm6 dans I'aorte, dans la cavil6 de laquelle il s'enfonce. M. Edwards a
montr6, en outre, que chez cet animal le sang veineux de la portion du
manteau qui adhere a la coquille, autour des parties laterales et poste-
rieures du corps, se jetle en partie dans le systeme porte-branchial y
c'est-a-dire les veinesg6nerales qui chez ces animaux vontdescapiliaires
aux branchies, et en partie dans les veines branchio-cardiaqnes , c'est •
a-dire qui vont des organes de respiration au coeur. Le sang arrivant
dans le coeur est done un melange d'arteriel et de veineux.
Dans les Palelles, Mollusques voisins des Halyotis, M. Edwards a 6ga-
lement montr^ une disposition analogue du systeme arti^riel, avec cette
leg^re modification que la langue a une gatne propre, donl la cavile recoit
I'aorte directement, et fait ainsi partie du sinus arteriel d^crit plus haut.
Le reste ne differe pas essentiellement de ce que nous venons de voir
dans les Halyotides.
§ LXIV. — M. Edwards revient ensuite (p. 47) sur les id^es developpees
plus haut. II montre que si Ton admet que les arleres se forment de cel-
lules piacees bout a bout et sendees de maniere a ce que leurs cavites com-
muniquent; que si Ton admet que les vaisseaux se forment a I'aide d'un
tissu special , on ne pent se rendre compte de la mani6re dont I'aorte
peut devenir un vaste sinus logeant une partie des organes que renferme
la tdte. La chose devient facile, au contraire, si Ton admet que la for-
mation des vaisseaux a lieu a I'aide de lacunes dont les parois se r^gu-
larisent et se rev^tent d'une tunique propre sous Tinfluence excitante du
liquide contenu.
Si cette th^orie est exacte, dit-il , les art^res doivent se former avant
les veines et offrir plus de fixit6 dans leur disposition anatomique. (P. 39.)
Mais comme, dans les Gast^ropodes, le coeur se forme tres-tard, les ar-
t6res ne jouent qu^un role secondaire dans I'economie , et il fallait
t'atiendre par consequent a les voir se modifier beaucoup dans ce
groupe, et meme s'y degrader a la maniere des veines sans quHl en
resultdt aucun changement dans Vorganisme. (P. 40.)
II est facheux pour ce raisonnement qu'il n'ait 6te fait qu'apres la
decouverte des dispositions anatomiques de I'aorte. Du reste, au lieu de
parier des vaisseaux se formant par soudure de cellules bout a bout ,
comme dans les plantes, il eAt 6le bon de dire que la science a depasse
depuis plusieurs annees ces theories , abandonnees par leurs auteurs
mSmes. Mais ne semble-t-il pas que I'embryogeniste peut rester libre
118
d'admeltre telle ou telle hypoth^se qui lui plait le mieux? ne semble-t-il
pas qu'il peiiL faire autrement que «e laisser conduire par les fails d'his-
togen^sie? Laissons done ces idees surann6es sur I'influence excitante
mecanico-chimique de tel ou tel sang, qui n'existe qu'en hypoliitse el
n'a jamais ele conslaleo. Laissons aussi celle maniero correspondante
de raisonner, qui esl bien loin des notions analomiques el physiologiques
actuelle?. Conlenlons-nous de conslater que dans le developpemenl des
vaisseaux on voit les arleres et les veines se developper simullan^ment,
Conslalons que les premieres sont de prime abord el toujours form^es
d'un autre lissu que les veines, soil memo quand elles portent du sang
noir comme les pulmonaires, ou un sang mixle comma I'aorle el les ar-
teres ombilicales du foetus. Constatons que les veines en different aussi
des le principeetrestent telles, lors m6me qu'elles portent du sang rouge
comme 1(3S pulmonaires el ombilicales. Quant aux Mollusques dont Taorte
forme des sinus, c'est la une disposition toute speciale, comme est speciale
la disposition en sinus quadrilal^re, a parol apon^vrotique non contrac-
tile de Taorte du Squalina angelus , a c6te de I'aorle si forlement con-
tractile des Raieset des Squales(l). L'aorte de ce Squatina esl, en
effet, irregulieremenl quadrilatere dans toute sa longueur, a parois con-
fondues en arriere avec le p6rioste des verl^bres , el pourtant les vais-
seaux branchio-aortiques qui se reunissent pour la former, et les arleres
qui en parlent, sont tr^s-elastiques et reviennent forlement sur elles-
m^mes. Aussi le mode d'unioa de ces vaisseaux a I'aorle a quelque chose
de special que ne presentent pasles autres animaux. Constatons ces fails
speciaux, mais n'en faisons pas de lois, cr^ees d'ayance, tant que
nous n'aurons pas ^tabli la relation qui exists entre ces particularit^s
propres a quelques animaux et le reste de leur organisation , ainsi que
leur genre de vie.
Ainsi done, il n'y a pas plus degradation de l'aorte chez ces Mollusques
que chez le Poisson pris lout a I'heure pour exemple [Squatina an-
gelus, L.).
§ LXV. — Nous devons ici faire une remarque a propos des Thelhys.
On sail que le coeur des Mollusques est arleriel el envoie ce sang dans
tous les organes ; on sail aussi que les veines qui font suite aux capillaires
(1) V. Ch. Robin, Rechirches sdr dn appareilqui se trodve sur les Pois-
S0N8 DU genre DES Raies, ThesB pour le doctoral es BoienceB, grand in-8°, Paris,
t8*7; Propositions, p. 112.
119
iirt^riels vont se jeter dans les branchies ou le poumon , comme notre
veine porle dans le foie.
Les veines generates forment done un systeme porte-branchial ou
puLMONAiRE chez les Mollusques. Puis , des branchies au coeur s'elendent
les VEINES BRANcniAi.ES OU branchio-cardiuques qui portent a I'oreil-
lelte le sang qui a respire; quelquefois des rameaux du systeme porte-
brancbial vont meler au sang qui a respire, un peu de sang veineux.
Or, dans cet article, M. Edwards dit que M. de Quatrefages a eu raison
de dire que les fiolis manquaient de veines proprement dites , mais que
pourtant elles ont des vaisseaux branchio-cardiaques, ainsi que le fait
lui a ele demontre par les injections deM. Souleyet et lessiennes propres.
(P. 65.)
Vous le voyez , les veines branchio-cardiaques qui sont bien des
veines, qui en ont la structure, qui en ont les fonctions, ne recjoivent pas
le nom de veines, maissontappelees canaux branchio-cardiaques. (P. 65.)
Ce changement de nom n'tst nullenient motiv^, et il faudrait dire alors
que les veines puimonaires doivent aussi changer de nom. Cetle mani^re
de s'exprimer n'a d'autre resultat que d'appuyer la pretendue absence de
veines proprement dites. Ainsi, partout ou vous iirez absence do veines
proprement dites, ou simplenient absence de veines, il faut toujours
penser qu'il existe les veines branchio-cardiaques {ou puimonaires,
chez les Mollusques pulmones). Nous avons deja vu qu'au lieu d'absence
de veines aussi, il faut lire existence de sinus.
§ LXVI. — Nous terminerons cette analyse par quelques remarques
sur les veines du Mollusque appele Pinne-marine [Pinna nobilis. L.).
M. Edwards figure et decrit les differents ordres de vaisseaux de cet
animal et montre que le sang veineux du manteau se rend directement a
I'oreillette sans passer par les branchies; fait qui ne presenle rien d'eton-
nant quand on songe que le manteau est membra neiix et mince chez tous
les Lamellibranches et en outre toujours au contact de la mSme eau que
les branchies. Cette communication des vaisseauxdu manteau avec I'oreil-
lette estdu reste indiqu^e par Poli , mais d'une maniero un peu con-
fuse (1) et on comprcnd que Meckel ait cru que le naturaliste italien se
flit fait illusion a cet egard (2).
(1) Poli, Testacea uTRiusQDE Siciu>E , grand in-fol. Parme, 1791-1795, t. J,
p. 24 G.
(2) Meckel, Anat. coMPAn^B, ln-8, trad, fr., t, IX, pi 166, 1837.
120
Chez les Lamellibranclies, les Moulcj , les Anorlontes , par exemple , le
sang qui revient du pied, des muscles de loulos ie? parties du corps,
moins les branchies, parcourt des reseaux a capillaires tres-gros, un
peu irreguliers sur les bords et circonscrivant des espaces Ires-petils,
mais constants de forme. Celte disposition geneiaie a et6 exactement
Cguree par Delle Cliiaje , chi^z les Pecten el les Solen ; le caciiet en
est reproduit , seulement ie dessin et la graviire ?ont grossiers. Le sang
qui parcourt ces reseaux arrive jusqu'a la base adherenle des branchies
sans parcourir de tronc special , du moins chez les Anodoutes.
Des reseaux existant vers I'insertion des branchies parlent des branches
a parois distinctes, isolables qui remonlent entre les deux lames accol^es
ensemble qui ferment chaque branchie. U pari de ces branches, qui aller-
nent avec les veines branchie-cardiaqneSjdes rameaux quise distribuent
a chaque lame branchiale, et sent comme leurs troncs interposes dans
r^paisseurde ciiaque feuiliet branchial. Les capillaire?branchiaux qui en
parlent, sent tous en paralleks au grand axe de la branchie et non ver-
ticaux. II ne faut pas ici s'en laisser imposer par les pctites stries cor-
nees saillantes,qui renforcent la surface des branchies, lesquelles parais-
sent colorees comme la substance injectee, surtout sur les pieces conser-
v^es dans un liquide apres rinjection,ou meme fraiches.mais vues a I'oeil
nu. Avec une assez forte loupe, on reconnait qu'elles laissent voir par trans-
parence la matiere injectee, qui remplit les gros capillaires reguli^rement
transverses interposes aux vaisseauxeff^rents etafferenlsparallelles verti-
calement. Enfin on reconnail que I'a^pect d'un Ireillis de vaisseaux ca-
pillaires dii a ces peliles bandes qui croisent perpendiculairement les vrais
capillaires, n'est qu'une illusion. Les parois de ces capillaires branchiaux
ne sont pas isolables , mais elles n'existent pas moins. Elles existeut sous
forme d'une mince couche de substance homog^ne ; et quand on vient
dans la preparation ii rompre celle-ci, la substance d'un brun jaunatre,
granuleuse, qui remplit I'inlervalle de chaque capillaire, tombe dans la
cavite de celui-ci, sous forme d'un detritus de granulations mol^culaires.
Ces faits, qui se rencontrent de temps a autre quand on r6pete assez fr6-
quemment les preparations de ce genre, ont 6te constates dans mon
laboraloire par M. Moulinie, tels que je les decris, el de mon c6te je les
ai vus souvent.
Les rameaux efferenls des branchies qui reooivent le sang pour Ie
verser dans Ics troncs branchio-cardiaques, sont log6s dans I'epaisseur de
chacune des deux lames des feuiilets branchiaux et sont visibles d leur
121
surface libre. lis sont ramifies vers le bord libre de la branchie, et leurs
branches sont toutes paralleles aiix pliii pclits capillaires qu'ilsrecoivenl
et dont nous venons do parler. Voici maintenant comment sont dispo-
ses, dans les Anodontes, les troncs branchio-cardiaques. A proprenient
parlor, 11 n'y en a quo deux de chaque c6le. L'un est propre exclusive-
menl a la lame interne de la branchie interne, il parcourt son bord libre
arciforme. En avant il s'enfonce et se recourbe du cole de roreilletle ,
au point ou I'arcdece bord libre se fixe auxautres tissus vers la base du
pied, pour s'aboucher par un orifice assez gros un peu en arriere du bout
anterieur de roreiUelle correspondante. Un autre tronc , ou mieux sinus,
beaucoup moins nettement limits, suit le bord adherent de la lame ex-
terne de la branchie inlerieure et de la lame interne de la branchie exie-
rieure, lesquelles s'ins^rent ensemble sur la m^me ligne. II communique
en avant avec le tronc decrit tout a I'heure et son sang se verse ainsi
dans I'oreillette ; avec laquelle il communique en outre a I'aide d'orifices
que nous aliens ddcrire. Le feuillet externo de la branchie exterieure ad-
here au manteau, et ses vaisseaux eff^rents sont en communication avec
les reseaux de cetorgane vers leur point de jonction commun. Ces vaisseaux
ont une sorle de tronc collecteur propre, forme par les grosses mailles
vasculaires se r^unissant ensemble a ce niveau, et ils se jelle direcle-
ment par trois ou quatre petits orifices le long du bord adherent externe de
I'oreillelte dans la cavit6 de celle-ci. Le sang qui a respir6 dans le man-
teau et celui qui a respire dans la lame externe de la branchie exte-
rieure arrivent ainsi ensemble dans I'oreillette. Quand les deux lames do
cette dernidre branchie sont ecartees par les ceufs, la disposition est
bien nette. Dans le cas contraire, les reseaux du manteau semblont se
Jeter avec les vaisseaux de toute la branchie exterieure dans le sinus decrit
en premier lieu; tellement les orifices qui s'ouvrent dans le c6t6 ex-
terne de I'oreillette sont rapproches de ce sinus, lequel,du reste, commu-
nique avec les mailles du bord adherent du manleau. D'apres ce que
nous venons de dire, on voit qu'en injeclant les veines du manteau on in-
jectera les vaisseaux efferents de la branchie externe: c'esten efTet ce qui
arrive ; de plus, comme en avant le manteau adhere aux tentacules , on
injecte ceux-ci et ceux-ci adherantau pied, I'injection finit par passer sur
cetoigane dont les reseaux se remplissent.On voit aussi qu'en remplissant
lemiintenu on remplit ^galement roreilletle.
Tous les re.-eiiiix du nuinfeaw, (les tantacules ot cl'ux qui recouvrent le
pied sont formes de gros capillaires , circonscrivanl des espaces extreme-
122
ment petits. De plus, la portion musculaire du pied, surtout vers sa parlic
libre, est egiilement parcouiue jnir de gros reseaux cournnt entre k-s
faisceaux et formant iin veritable lissu Erectile qui communique avec ics
veines du foie et de I'intestin. C'est m^me par suite de la presence de ces
resesux ^recliies dans le inanteau el le pied que ces animaux peuvent
etendre et gonfler considerablement leur pied, et rendre ieur manteau tur-
gescent et extremement epais, en faisant refluer ailleurs leur sang, par con-
traction musculaire et vidant ces reseaux en partie par transsudation du
liquide au travers des parois. lis peuvent les remplir par une action in-
verse et par absorption facile d'eau.
C'est par suite de cette disposition analomique, et par suite de la fa-
cility avec laquelle ces animaux absorbent I'eau, dont ilsremplissentleurs
reseaux 6rectiles, que quelques auteurs deja cites, et de plus De Sie-
bold (1), ont cru al'existence des pretendus canaux aquiferes dont nous
avons parle plus haut. Le liquide pent m^me s'echapper sous forme de jet,
resultant d'une rupture de la peau quand on force I'animal a rentrer trop
vite dans sa coquille, avant qu'il ait pu lentement se debarrasser ou faire
refluer ce sang. Mais on peut s'assurer par les injections qu'il n'y a pas
d'orifices normaux, ni au bord du pied ni au bord du manteau. II faut
toujours avoir soin d'injecter des animaux mortspar asphyxie; autrement
ils se contractentfortement,et oblit^rent ainsi les canaux vasculaires.
Naturellement ces reseaux a gros capillaires, dont les bords sont un
peu dentel^s, circonscrivant des mailles etroites, sont consideres par
M. Edwards (2), comme des lacunes, comme des espaces interorgani-
ques et non comme des vaisseaux ; mais bien des raisons viennent s'op-
poser a I'admission d'une pareille hypothese. D'abord c'est la demonstra-
tion possible, en raison de la disposition anatomique des branchies, d'une
sorte de vernis, d'une mince couche de substance homog^ne tapissant
leurs capillaires , et la possibilile facile d'y distinguer les ruptures avec
^panchement des cas ou il y a injection reussie. Ensuite c'est la possibi-
lity de distinguer les cas de rupture et epanchement dans le manteau et
dans le pied , des cas ou il y a bonne injection. EnBn la reproduction
constante des memes types de reseaux, tant dans le manteau que sur
le pied, etc., font bien voir qu'il ne s'agit pas la d'espaces interorgani-
ques pleins d'injection, d'autant plus que dans les cas d'infiltration dans
(1) De Sieboldi Anat. cohpari^e, traduct. franq., in«l2. Paris, 1849, 1. 1 , p. 333.
(2) Edwardif loe, oit,% 1847, p. 78.
128
les tissiis la mati^re suit en g^n^ral la direclion des fibres ou autres 616-
ments des tissus , ce qui n'esl pas le casdans le manteau , etc., des Moi-
lusques. On peut facilement leconnaitre au bas du pied sur i'organe de
Jacobson ces leseaux a gros capillaires, ayant toiijours la mSme dispo-
sition et passant par-dessus lo deuxieme gros tronc ou sinus branchio-
cardiaque. On peut egalenienl reconnaitre sur la face iibre des tentacu-
les que lesr6seaux dont ils sent couverts sent tons a mailles generaiement
longitudinaIes,par rapport a I'organe et aux vaisseaux; r6seauxplus gros
en bas qu'en haul. Sur les tentacules,les deux faces qui se touchent son tde-
pourvues de reseaux ; mais on apergoit par transparence ceux de ['autre face
de chacun d'eux par les intervalles r^guiiers qui s^parent les petites sail-
lies cornees lineaires analogues a celles des branchies et dont nous avons
parle. Ces petits intervalles lineaires pouraient 6tre pris pour des vais-
seaux paralleled; c'est ce que M. Edwards a figure sur I'un des tentacules
de la Pinne-marine; mais c'est la une illusion.
Quoique la conformation reguli^re, constamment lameme, des reseaux
et !a possibilite de distinguer les injections des infiltrations, ne soit pas
aussi facile a etudier sur beaucoup d'organes que sur les faces non con-
tigues des tentacules et sur i'organe de Jacobson, on peut toujours le faire
des qu'on a un peu d'habitude. Nous dirons done que ce sont la des re-
seaux a gros capillaires, ayant des parois minces, circonscrivant des in-
tervalles etroits, et non des espaces interorganiques.
$ LXVII. — On a compart sou vent ce qui a ete appel6 systeme lacunaire
aux systemes de conduits traverses par des courants d'eau qui se trou-
vefit dans les fiponges, et M. de Quatrefages a reproduit cette comparai-
son dans celle de nos seances ou il a assiste. Mais on ne saurait s'arr^ter
a un tel ordre de comparaison, lorsqu'on a fait d'une part des injections
de ces vaisseaux, et disseque et examine au microscope ces canaux des
ifeponges. Comment, du reste, comparer un syst6me de vaisseaux clos a
un systeme de conduits ouverts au dehors; des vaisseaux que Ton dit
sans parol, mais tapiss^s d'une mince couche de substance organique, a
ces canaux des Spongiaires, lapisses d'une couche de cellules epitheliales,^
a cils vibratiies.On a encore faitd'autres comparaisons avecd'autres es-
peces de tubes organiques ou inorganiques ; mais il est a remarquer.sous
ce rapport, que c'est faire ici ce que Ton voit se reproduire a propos de
loute question physiologique ou anatomique qui n'est pas bien connue :
on commence toujours par se la figurer et la d^crire comme elle n'est pas,
d'apr^s des exemples mat^riels et grossiers pulsus dans une science trai*
12&
tant de ph^nom^nes bien plus simples et inorganiques, comme la m^ca-
nique, la physique ou la chimie. Ce n'estque tr6s-tard qu'on finit par
d^criro les choses telles qu'elles sont , c'est-a-dire alors qu'on les con-
natt bien.
C'esl ainsi que longtemps la digestion n'a il6, pour les physiologistes,
qu'une operation cliimique, s'op^rant dans I'estomac et I'lnteslin comme
dans una cornue, etpouvant 6tre reproduite au dehors; viennent les ex-
periences el d^couvertes de notrecoliegue Claude Bernard, et Ton recon-
nait que la digestion s'opere dans I'intestin uniquement comme dans I'in-
teslin, c'est-a-dire comme nulle part ailleurs, c'est-a-dire d'une manidre
sp^ciale, organique par consequent. C'est encore ainsi que le larynx a
6li compart a uno anche, a un appeau, a un instrument a corde, etc.
Viennent les experiences de noire collogue M. Segond, el on reconnait
que le larynx est un larynx, fonctionnant comme un larynx, et non comme
autre chose ; c'est-a-dire d'une maniere speciale, qu'il faut 6tudier a part,
pour ce qu'elle est, ayant ses lois propres, derivanl des lois physiques,
mais qu'il faut ^tablir par experimentation directe. Le larynx et I'estomac
remplissent bien certaines conditions de physique et chimie stalique, ac-
complissenldesactes elementaires physiques et chimiques; mais le t6~
sullat total est tellement complexe qu'il ne seconfond plus avec aucun
acte physico-chimique et doit 6tre pris pour ce qu'il est. Eh bien ! il en
est de mdme pour les vaisseaux; on les a compares ^ toute especede con-
duits sans les decrire en eux-mSmes pour ce qu'ils sont, et cela en grande
partie faute d'avoir tenu compte absolument, jusque dans les moindres
details, de toutce qui concourt a les former. Mais acluellement que Ton
peut le faire, il faut laisser de c6t6 ces comparaisons grossieres et mal6-
rielles, qui n'expriment en aucune fa^on la r^alite des dispositions anato-
miques pour decrire cellos-ci et les prendre telles qu'elles sont ; depuis les
parois les plus epaisses, formees de plusieurs luniques, jusqu'aux plus
minces; depuis les Gbres les plus complexes jusqu'a la minco couchede
substance homogene et aux plus fines granulations que nous monlre le
microscope.
S LXVIII. — On a quelquefois consid^re le poumon des Balraciens
comme fournissant unexemplede circulation lacunaire. Or ce faitserait
certainement en contradiction avec I'hypolh^se d'apr^s laquelle le con-
tact excitant du sang rouge determine la formation des parois des vais-
seaux. De plus, comment se ferail-il done qu'on pilt demontrer une sub-
stance tapissant les capillaires braocbiaux des Anodontes et pas dans
125
ceux des poumons de Balraciens? Comment se fait-il qu'on en ddmontre
dans les Branchies des Poissons? Du reste, nous avons vu que, par trans-
parence, ia disposition des tissus et ie faible grossissement employe
empSchent de voir les parois des capillaires que i'on demontre par lo
mode ordinaire de preparalion des elements analomiques.
§ LXIX. — D'apres tout ce que nous venons de voir, il nous parait
inutile de nous arrdtera la phrase de Frey et Leuckartdans laquelle ces
auteurs disent que « Souleyet a tort d'admettre que le systeme veineux
est fermeetcomplet chezles Mollusques(l). » Ces auteurs n'apportent en
effet aucun argument autre que ceux donnes par M. de Qualrefages et
M. Edwards. lis semblent de plus no pas connaitre le passage deja cite
dans lequel M. Souleyet expose la constitution analomique generate des
veines des Mollusques. Nous en dirons aulant du passage dans lequel
De Siebold dil que M. Souleyet « est alle trop loin en disant que chez tous
les Gasteropodes il y a un systeme veineux complelemenl ferme (2). »
§ LXX. — Nous lermiiions enfin celte longue serie d'analyses par le
passage dans lequel M. Blanchard expose sa maniere de voir sur les
veines des fiolidiens (3). 11 est important de rappeler d'abord que c'esl
au systeme veineux general ou afferent des branchies , ou systeme
porte-branchial , qu'on a principalement applique la denomination de
lacunes; que le systeme veineux branchial efferent, ou veines bran-
ehiales, a regu le nom de systeme branchio cardiaque; el c'est en clian-
geant ainsi les noms qu'on a pu dire qu'il n'y avail plus de veines chez les
Mollusques. Or nous savons assez ce qu'il faut reellement entendre par
lacune, niol qu'il faut remplacer par celui de sinus, qui n'entraine pas
I'id^e du manque de quelque chose. Du reste, M. Blanchard ne prononce
pas le mot de lacune. Apres avoir montre que M. Souleyet etait dans le
vrai pour ce qui concerne les veines branchio-cardiaques, il ajoute :
« Chez lesfiolidiens, les canaux afferenls des Branchies qui commu-
» niquent directement avec la cavite generale du corps , manquent au
» conlraire de parois ou en presentent seulement des traces ; ce ne sent
» plus de veritables vaisseaux, mais de simples canaux. II faut ajouler
(t) Frey et Leuckart, dans R. Wagner, Lerbuch der Zootoiiie, Zveiter theil.
WiRBELLOSEN Thieiie, 1847, in-8°, p. 441.
(2) De Siebold, loc. cit., 1849, in-12, 1. 1, p. 325.
(3) Blanchard, Sur l'organisat. des Moi.l. gaste op. de l'ordre ds8 Opis-
TUOBRANCHES (AnN. UES SC. WAT., 1848, t. IX, p. 187).
136
» cependant que ces canaux, qui, sur leur trajet, presentent de nom-
» breuses ramifications, sont nettement d^limites par ies muscles et Ions
» Ies tissus qui los circonscrivent; ainsi, dans ces MoUusques, 11 n'existe
» plus de veines proprement dites. Le fluide nourricier, apres avoir et6
» distribue par Ies art^res aux organes , s'epanche dans la cavity gen6-
> rale du corps, comme I'a dit le premier M. de Quatrefages. Lc sang,
» baignant tous Ies visc6res, penetre dans Ies canaux afiferents des bran-
» chies, d'oii il est ramen6 au coeur par Ies vaisseaux efferents des bran-
» chies ou branchio-cardiaques. »
Nous ne voyons rien ici qui puisse contredire tous Ies faits que nous
avons cites ni Ies descriptions de M. Owen. PourM. Bianchard, ce ne ?ont
pas des veines proprement dites, mais des canaux ramifies et nette-
ment limites. On voit qu'il y a ici une grande difference enlre cette dis-
position et Ies lacunes mal deiimitees indiquees par d'autres naturalistes.
Quand aux parois dont il n'y a plus que des traces ou meme plus, nous
nous sommes suffisamment expliques sous ce rapport en citanllepassage
de la leltre de M. Owen etailleurs.
§ LXXI. — Tel est, messieurs, I'ensemble des faits se rapportant a la
deuxieme partie des questions qui se sont agitees devant vous. Plus nets
que Ies precedents, il n'exigeaient pas moins une discussion approfondie ct
appuyeeMe nombreuses citations, autant pour lesbien faire connaitre en
eux-memes que pour Ies nettement distinguer de ceux qui sont d6veloppei
dans la premiere partie de ce rapport. Vous avez suffisamment reconnu
quels ont ete Ies inconvenicnls de la confusion elablie entre eux et Ies
precedents pour sentir la necessity de ce long travail. Obliges de nous
l>lacer aussi loin que possible des questions de personne, nous avons
ete forces d'envisager Ies questions purement scientifiques d'unemaniere
rigoureuse. Et cela 6tait necessaire, car il n'existe pas d'exemple dans la
science, d'une question appuy^e par un cortege aussi considerable de
moyens energiqnes.
RESUME.
PREMIERE PARTIE.
§ LXXIL— Nous venons de vous exposer, avec tous les d^veloppement
qu'elle exigeait, cetle question dile du phlcbenterisme^ dont la Soci6t6 a
el6 entretenue pendant plusieurs stances cons^culives, et pour Texamen
de laquelle nous avons el6 d^sign^s.
Nous avons vu comment Tapplication irr^fl^chie, inexacte, et Ton pour-
rait dire maliieureuse du mot appareil gastro-vasculaire, avail entrain^
fatalement ^ toutes les consequences qui d^coulaient de sa signification, et,
par suite, k cetle sdrie d'erreurs que nous vous avons signal6es. Vousavez
vu comment leurs consequences zoologiques avaienl die forraulees par la
creation d'un nouvel ordrede Mollusques, app&l^s phlebenteres ; puis, par
la subdivision de celui-ci en families, les enterobranches et les dertno-
branches.
Vous avez vu ensuite comment ses consequences anatomiques, que carac-
terise Tidee du remplacement d'un appareil qui s'atrophie par un autre qui
s'accroit,avaienteteaussi caracierisdes par le mot p/i/e6en^e'mme. Vous avez
vu comment cette idde, veritable Iheorieau fond, etait nee, comment elle
s'eiait developpee et comment, sous des impulsions academiques, elle avail
grandi rapidement, jusqu'au point de prendre des proportions considera-
bles, nullemenl en rapport avec son importance. Vous I'avez vue ensuite
en presence des fails el des arguments qui lui etaienl opposes, se modiGer
bientdt, se presenter sous un aspect plus general, mais plus diffus, et, des
128
lors, veritable Prol^e insnisissable, revelir toulesles formes pour ^chapper
k ces fails el k ces argumenls ; mais en mSme temps vous I'avez vue s'alt6-
nuer el s'amoindrir peu i peu, jusqu'au point de s'anniliiler d'une tnani^re
presque complete.
Adopl^e et pionee outre mesure par quelques naluralistes en I'"rance,
rid6e du phlcbenie'risme a lrouv6 a T^tranger un accueil singuli^reraeiil
restreinl, et seulement de la part de zoologisles et anatoraistes, qui, en cela,
se sont montrds d^pourviis de v^ritables doctrines scienlifiques, Aussi vous
avez vu leurs conclusions consid6r6es, a juste litre, comme fondles sur des
observations trop pr^cipilees (Blanchard). Vous avez encore vu tous les
zoologisles qui, par la nature de leurs travaux, onl 616 portt^s k s'en occu-
per, 6lre comme surpris de semblables doctrines, s'empresser d'dludier les
tails qui leur servent de base el mellre, i en d^montrer rinexaclilude,
une persistance don I la dur^e ne peul s'expliquer que par les convictions
que donne I'observnlion des fails anatomiqnps.
Ceserreurs, par la reserve et la moderation avec laqueile ellcs ont die
relevdes, nous montrenl combien est grand au dehors de nous le respect
port6 aux iddes venues de France, et combien peut etre grande Tinfluence
de cellesqui s'appuienl sur des bases solidemcnl fondles. Elles nous mon-
trenl par consequent combien il 6lait important que ces memes doctrines
trouvassent leur reclifiration d'abord en France mfime, service que la
science doit a M, Souleyel. Peul-6lre un jour une pari sera-t-elle attribute
i voire Society, qui n'a pas h6sil6 k suivre dans loutes ses consequences
une discussion aussi vasle et aussi ardue.
Tousceux qui sont suiTisammenl douds de cette inddpendance de carac-
t^re el de celle droilure qui fail juger par Tesprit les ceuvres de j'esprit, on
laissanl au sentiment loute liberie d'apprdcier les impulsions du cceur,
doivcnt done rdpudier ces iddes qui onl sembie un instant devoir faire rd-
tiograder la science. Guidee par ces donnees que fournissenl seules de
profondes convictions scienlifiques , apres avoir examine de la maniere la
plus attentive tous les lexles et les points de la question qui mdrilaient
rdellemenl examen, voire commission est arrivde i forrauler les resultats
scienlifiques tlonl voici I'enonce pour la premiere partie :
1<> Les Mollusques Gasteropodes designds sous le nom de phlebente're's,
ne different pas, par leur organisation, des Gasteropodes qui s'en rappro-
chenl par leur constitution exierieure; les fonclions de la digestion, de ia
circulation et de la respiration s'execulenl chez ces Mollusques de la
meme maniere que chez les aulres animaux de la meme classe, el 4 I'aide
129
des mfimes appareils, conslilu6s d'une raanicre tout a fait analogue; ces
Mollusques doivent par consequent rentrer dans les groupes des Nudi-
branches, des Inf^robranches, etc., d'ou ils avaient ^te retires.
2° Les mots d'appareil gaslrovasculaire, appliques a I'un des organes
de I'appareil digestif de ces Mollusques, doivent 6lre supprim^s conime
exprimant une id6e inexacte , et remplaces par ceux d'organe gaslro-
hepatiqiie ou conduits gastro-biliaires. 11 doit en elre de nieme des
autres expressions par lesquelles on a chercli6 k rendre plus tard la meine
id^e, ou a designer la fonclion nouvelle correspondant a ce iiouvel appa-
reil : telles sent par exemple les expressions d'appareil et de fonclion
d'irrigation organique, etc.
3" Les mots de phlebenteres, puis ceux qui en sont venus , comrae les
expressions d'enlerobranches et dermoiranches, doivent elre ^galement
ray^s de la science, car ils expriment encore, sur les fonctions de la res-
piration et de la circulation des Mollusques, des id(5es compl^tement
inexactes et dfeignant, au point de vue zoologique, des groupes d'animaux
qui ne sont pas diff^renls de ceux d6ja connus.
W Le mot phle'benterisme , par lequel on a cherch^ i g^n^raliser les
rafimes fails, mais de maniere a rendre leur signification moins nette,
moins prteise, et par suite rendre moins saisissable leur veritable aspect,
doit 6galement disparallre de la science : ce dont I'exemple a 616 donn6
par plusieurs des auteurs didactiques que nous avons cit6s.
5° Les consequences tli6oriques qu'on avail voulu d^duire de ces fails
pour changer les principes de la science, ne sauraient fetre admises, et ces
principes reslent t,e qu'ils etaient.
6° En dernier rdsullat, Tid^e du phlebenterisme doit elre consid^r^e
comme une de ces vaines tenlatives qui apparaissent de loin en loin dans
la science; qui , bien que n'ayant d'autre resultat que de Tenlralner pour
un instant hors des voies normalesou elle ne tarde pas a rentrer, n'en
necessilent pas moins, pour elre r^duites a leur verilable valeur, des efforts
considerables. Sans avoir eie tout a fait nuls pour le veritable progres, ces
efforts sont pourtant loin d'etre en rapport avec les resultats utiles auxquels
ils ont conduit. Mieux connue qu'elle n'etait auparavanl, I'anatomie desani-
maux dont nous avons parie eut certainemenl pu elre eiudiee d'une maniere
plus reguliere, sans qu'il fut besoin de faire intervenir les idees de degra-
dation et autres plus perversibles encore, ainsi que le monlrent les travaux
de DelleChiaje, etc...
9
130
DEUXIEUE PARTIE.
§ LXXIII.— Le sujet pr6c6derit se rapporlait essenliellemenl au fail du rem-
placement d'un appareil qui disparait par ua autre qui se complique pour
le supplier; celui dont il s'agit ici se rapporte spdcialement k une simplifi-
cation et k des modifications parliculieres du sysl^me veineux , confondues
a tort en une seule et nieme question; ces deux sujets ont du etre trailes
separ6inent, comme I'avait fait M. Souleyet. Cela 6lait indispensable pour
eviter les discussions interminables auxquelles conduit inevitableraent
I'absence de distinction m6lliodique entre des idees et des fails evidem-
ment d'ordres dislincts.
§ LXXIV. — Voici quels soul les resullals scienlifiques, quiXcel 6gard nous
avons 6l§ conduit t\ fonnuler :
1° Le coeur el le syst^me veineux existent chez tons les MoUusques ,
contrairement a ce qui a 6t6 avanc6 par quelques naturalistes.
2"'Le syst^nie veineux de ces animaux comprend deux parties dis-
linctes :
L'une qui porte le sang des diverses regions du corps a I'organe respira-
toire sans passer par le ccDur {systeme porte-branchial, systems veineux
general, branchial ou afferent) ;
L'autre qui rapporte le sang de I'organe de respiration au coeur (systeme
veineux efferent, veines branchiales ou veines branchio-cardiaques).
C'est en n^gligeant de tenir compte d'un des dl^menls constitutifs des
vaisseaux, qui peut quelquefois seul les tapisser, a I'exclusion de parois,
autres que les organes divers qui liniilenl ces conduits, qu'ou a pu donner
le noni de lacunes a la totalile ou a une partie du systeme veineux porte-
branchial. C'est, par suite, en changeant simplement le nom de veines
branchiales ou branchio-cardiaques en celui de canaux ou vaisseaux
branchio-cardiaques, qu'on a pu dire que le systeme veineux manquait
compl^tement chez les MoUusques.
3° Le mot de lacune doit disparaltre de la science anatomique, en tant
que designant des organes de I'appareil de la circulation, parce qu'il en-
Iraine I'idde de I'absence d'une chose qui ne manque pas, et tend i faire
croire k une disposition particuliere d'organes, qui ne dilferent pas de ce
qu'on connait depuis longtemps dans I'uterus humain et beaucoup de
Poissons. 11 faut conserver, pour designer ces organes, les mots de sinus on
canaux et trajets veineux, employes de tons temps.
131
h<> Dans quelques Poissons ( Cyclostomes , etc.}, certains MoUusques
(Aplysie, Colimacon, etc.), les veines g^n^rales pr^sentent sur leur Irajet des
orifices brants, communiquant avec de grandes cavit^s oi'i le sang peul
ainsi pen^trer et oii plongeot divers organes. Celte disposition u'est pas
commune h tousles MoUusques, ainsi que nous I'avons vu. On a donn6
aussi le nora de lacunes k ces cavilds. Nous avons vu qu'il etait d^monlre
qu'une mince tunique ou une couche de substance homogene Ires-d^li-
cate les lapissail (Ricliard Owen). Ici encore le nom de sinos, usite de tout
temps, doit remplacer lemot de lacune oa de cavite abdomina/e oupe-
ritone'ale, employ^ pour les designer.
5° L'interpretation que quelques anatomistes ont donnde de ce fail, en le
considerant comme le resultat d'wne degradation de rappareil circu-
latoire, n'esl pas exacte. En effet, cette disposition lr6s-prononcee dans
certains MoUusques les plus61ev6s en complication, disparalt chez les Ace-
phales Lamellibranches , MoUusques d'une organisation beaucoup plus
simple. L'idee de degradation doit done elre remplacte par celle de dis-
position particuliere et speciale ik certains etres, et manquant chez d'au-
Ires du meme embranchement; ou, quelquefois de la meme classe.
6° U en est, a plus forte raison, de m6me pour ce qui concerne les parti-
cularites analogues du systeme art^riel.
7° Le mot degradation doitetre ray6 de la science en tant qu'indiquant
une imperfection d'un systeme relatlvement 4 un type qui n'existe pas,
puisque des parlicularit6s analogues se retrouvent j usque chez I'homme.
8° Le nom d'espace interorganique dans lequel circulerait le sang,
employ^ pour designer des conduits veineux , a parois extremement min-
ces, circonscrivant des mailles tres-etroites, doit elre supprim6, parce qu'il
exprime une disposition artificielle et accidentelle. II doit etre remplac6 par
celui de cellules veineiises k parois minces, pour les tissus 6rectiles, et de
capillaires pour les aulres tissus.
9" Dapres tous les fails exposes dans ce rapport, on ne saurait admetlre
qu'il existe des animaux donl le systeme circulaloire est incomplet.
132
CONCLUSION.
§ LXXV. — Comme consequence des rtsuUats scienliliques que nous ve-
nons de formuler, d'apr^s I'examen des lexles et des pieces se rapporlant ii
ces questions : reconnaissant que ces resullats se trouvenl d6ja indiqu^s
en parlie dans les travaux de M. Souleyet, voire commission vous propose,
a I'unanimite, d'adresser des remerclmenls a cet anatomiste.
§ LXXVI.— M. Lebert n'ayant pu assisler aux stances dans lesquelles
la commission a discut6 les texles et les fails que vous venez d'en-
lendre , ni a la seance dans laquelle a 6le adoptee la conclusion que nous
proposons a voire assenlimenl, il a du elre consider^ comme ne faisanl
plus partie de la commission.
Second,
D. M. P-. sous-l)iLlioth«Seairc tie la Faculle de
medecine, secretaire de la Sociele de Biolo-
gie., etc.
A. Verneuil,
Prosecteur de la Faculte de medecine, membre
de la Societe de Biologic, etc.
E. Brown-Sequard,
D. M. P., laurcat de I'Academie des sciences,
secretaire de la Societe de Biologie et de la So-
ciete Philomatique.
E. FOLLIN ,
D. M. P., prosecteur de la Faculte de medecine,
secretaire de la Societe de Biologic, etc
Ch, Robik,
Rapporteur, profcsseur agrege a la Faculte de
Medecine, vice-president de la Societe de Bic-
logie, etc.
S LXXVII. — La conclusion de ce rapport a^t^ adoptee.
FIN.
I
MEMOIRE
BUR QCELQIIES POKNTB DK
L'ANATOIIE Dl] PAXCREAS ;
Lu ct la Society, dans la seance du 1" Kvrier 1851 ,
Par M. Ar. VERNEUIL,
Pfosecieur de la Faculte,
4>x-interne el laureat des lidpitaux et de r£cole pratique,
rnembre des Sooict^s analomique «l de biologle.
Lors du concours oiiverl pour la place de prosecteur a la Faculty de
TnMecine, en mai 1850, j'eus I'occasion de faire des recherches assez 6ten-
dues sur I'anatomie du pancreas. Je d^posai, au mois de juillet suivant, une
s^rie de pieces seches destinies aux cours de la Faculty. Le jury exigeait
de nous une note explicative de nos travaux, el je profilerai de cette occa-
sion pour exprimer combien me semble utile cette modification nouvelle
pour les concurrents eux-m6mes, G'est cette note, qui n^sume deux mois
et demi de dissection, queje publie ici telle qu'elle a 6t6 con^ue autrefois;
le temps ne m'a pas permis d'y faire des additions comme je I'esp^rais. Je
dois done deux mots d'avertissement. Je ne donne point ici une descrip-
tion complete du pancreas humain, et en raison du peu de recherches que
j'ai failes en analomie compar^e, je me garderai bien de poser aucune loi
g^n^rale. J'exposeraisimplement ce que j'ai vu chez I'homme et chez quel-
ques animaux. Chez le premier, j'ai cru devoir completer certains points
qui me semblaient manquer de details sufTisants ; je n'aborde pas les points
sur iesquels tout le monde s'accoi-de, et jVngage ceux qui me liront k v^ri-
T. in. 10
134
fier mes assertions, soil ii Taide de leurs propres investigations, soil k ('aide
des pieces qui onl 616 d6pos6es au mus6e de Tftcole, par moi ou par mes
compdtileurs. Je ne me servirai pasnon plus des dissections, d'ailleurs fort
belles, de ces derniers, voulanl leur iaisser toute la propri6l6 de leurs Ira-
vaux.
FORME DU PANCREAS.
Celte forme a 616 raal d6lermin6e; on la compare acelle d'un marleau,
d'un crochet, d'une langue de chien. « Dans un cas, le pancr6as elail form6
» de deux portions bien dislinctes, I'une verticale, I'autre horizontale, r6-
» unies 4 angle droit. » Cetle exception, nol6e par M. Cruveilhier(ANAT.
DESCR., t. Ill, p. Ixih), me parait le type fondaraental de la forme du pan-
cr6as. M'appuyant done sur I'anatomie humaine el surce que j'ai vu d'ana-
lomie comparee, je diviserai le pancreas en deux portions : une portion ver-
licale ouduod6nale, c'est la icte; une portion horizontale, gastriqueou spl6-
nique, c'eslle corps et la queue. Cette distinction me parait assez impor-
tante au point de vue morphologique, parce qu'elle m'a paru constanle,
quoique plus ou moins 6vidente, el voici ce qui me sert a I'etablir :
l" II y a un r6lr6cissement plus ou moins marque entre les deux por-
tions.
2" La portion duodenale est loujours proportionn6e a l'6tendue du duo-
denum ; elle est fix6e dans I'anse m6senterique plus ou moins ample que
forme cetinleslin. La portion splenique est lr6s-variable en 6lendue ; elle
pr6senle peu de fixit6, elle est en quelqu« sorte flottante dans I'abdomen.
3' La veine porte ou les vaisseaux m6sent6riques s6parent loujours ces
deux portions d'une mani6re nette.
U° La portion duod6nale n'affecte jamais de rapports avec les vaisseaux
spl6niques ; la portion horizontale, au contraire, est loujours appendue 4
ces vaisseaux, qui lui fournissent des branches. Chez I'homme adulte, il est
assez difficile de reconnaitre au premier abord cetle division ; mais chez le
foetus et I'enfanl, elle est tr6s-manifeste ; la portion duod6nale est verticale,
6lroite de haul en bas, et s'applique exactement le long de la deuxi6me
portion du duodenum.
Chez Tadulte, cette partie de la glande augmenle beaucoup d'6lendue en
tous les sens ; elle remplit tout Pespace compris entre les trois couibures
du duod6num el les vaisseaux m6senleriques ; elle forme une masse glan-
dulaire aplatie, i peu pr6s quadrilatere.
Le corps a la forme d'un parall61ogramme assez regulier ; les bords su-
135
p^rieur el inlerieur sonl sensiblement parall6les. (Sur iin sujet aduUe, le
corps 6tail flexueux et figurait une 5 ilalique, d6tach6 de ses liens cellu-
leux. II conservail celte forme.)
La queue est tanlot mince, aplalie, fusiforme, comme Iranciiante; tantot
elle est prisraatique, iriaugulaire, renflee en massue.
II existe, a I'union des deux portions {tele et corps), un r^trdcissemenl
tr^s-notable, el a son niveau la giande pr^sente une sorte de torsion sur
son axe, en vertu de laquelle le bord inKrieur est relevd en avant, soulev6
qu'il est par les vaisseaux m^senteriques qui s'enfonceul au-dessous de lui
d'avant en arri6re et de bas en haul. On a pr^tendu que le corps du pan-
creas etait prismatique et Iriangulaire, et on lui a reconnu trois faces : une
post6rieure, une ant^rieure, une sup6rieure (Huschke).
La face siiperieure n'existe pas; c'est un bord creus6 plus ou moins
compietement en goutli^re pour recevoir la veine spldnique et quelques
flexuosit^s de I'arl^re du m^me nora.
Lorsqu'il arrive (comme je I'ai vu quatre ou cinq fois) que les vaisseaux
spl^niques suivenl le bord inferieur du pancreas, c'est alors ce bord qui
est le plus ^pais. Une coupe du pancreas, perpendiculaire a son axe, repr6-
sente une lentille biconvexe dont la face ant^rieure est bombee plus forle-
ment, et dont le bord sup^rieur est 6chancr6.
La distinction du pancreas en deux parties est tr6s-saillante chez les ani-
maux que j'ai examines ; elle existe au plus haul degr6 chez le chat. Le
chien est en tout semblable. Les deux lobes sont sensiblement 6gaux. Chez
le lapin, le cobaye, la portion duod^nale remporte de beaucoup sur la por-
tion spl^nique qu'on apercoit n^anmoins appendue aux vaisseaux du meme
nom. Le cheval semble offrir une exception, mais elle n'est qu'apparente ; il
ne semble pas y avoir de portion verlicale bien marquee ; n^anmoins cet
organe, qui est Iriangulaire, est divis6 en deux gros lobes entre lesquels
passe la veine porle ; le lobe sup^rieur, qui correspond h la base du trian-
gle, est horizontal et en rapport avec les vaisseaux spleniques.
L'union de ces deux portions se fait chez Thomme k angle droit; chez
lechat, le chien, le lapin, le cobaye, le lobe splenique variant de position.
Tangle de reunion varie, il est plulot aigu. Chez le cheval, il est plus aigu
encore, et le Ironc commun aux lobes est beaucoup plus d^velopp^.
FIXITE DU PANCREAS.
Chez Thomme, les deux portions que je viens de decrire sonl loin d'etre
anssi fixes I'une que I'autre; la portion duod(^nale est enclav^edans le duo-
136
86num ; elle y adhere par des brides cellulo-fibreuses, par des vaisseaus
et par des canaux excr^leurs, etc., etc.; el conime le duodenum estlr^s-
peu mobile, le lobe pancr^alique qui s'y Irouve est assez fixe ; mais le corps
de Torgane est li6 intimemcnl h la rate par les vaisseaux splf^niques. La rate
elle-m^me suit I'estomac ; il en r^sulte que ce dernier visc^re ayanl des
rapports bien diff^rents suivant son 6tat de vacuity ou de plenitude, le lobe
horizontal doit le siiivre. J'ai vu, en effet, en gonflant avecde Pair I'eslo-
mac maintenu en place par ses liens normaux, le corps du pancr(?as s'al-
longer et devenir oblique en haul et ci gauche; il avaitsuivi la rate qui
s'etail enfonc6e dans I'hypocondre avec la grosse lub^rosit^. Une de mes
pieces (n° 3) donne une tr^s-bf nne id^e de cette locomotion. C'est k tort,
du resle, qu'on regarde le pancreas comme couch6 transversalement et
horizontalement sur la colonue lombaire; presque toujours la portion qui
d^borde k gauche la saillie vert^brale remonte dans I'hypocondre gauche,
obliquement en haut et en arri^re. U r^sulte encore de sa situation trans-
versale que le pancreas est couib6 en arc d'avanl en arriere ; il est forte-
ment soulev6 en un point par le corps des verlebres, Taorte, les vaisseaux
mfeenl^riques, etc., etc.; tandis que ses deux extr6mites se Irouvent sur
un plan bien post^rieur, la queue surtoui. J'ai peu de choses i dire des
rapports ; ils sont bien indiqu^s dans les trait^s d'anatomie (Cruveilhier,
Husclike). Le premier a surtoui bien indique la formation d'une sorte de
goutti^re pour les vaisseaux m^senteriques. J'ai vu, comme M. Cruveil-
hier, cette gouttiere convertie en un canal compiet; mais je n'ai pas vu de
petit pancreas (loc. cit. 416).
J'ajoulerai n^anmoins quelques mots sur ces rapports :
1° Canal choledoqde. Il se creuse toujours un canal compiet, ou au
moins une gouttiere tr^s-profonde dans la partie post^rieure de la t6le du
pancreas, au milieu de laquelle il parcourt un trajel de '6 cenlim. environ.
2° Duodenum. ChezTenfant, le pancreas, comme nous I'avons dit, n'est
presque en rapport qu'avec la seconde portion de eel intestin. Chez I'adulte,
la t6le du pancreas embrasse le duodenum comme la parotide embrasse le
bord posl^rieur du masseter, c'est-A-dire qu'elle se prolonge en avant et en
arriere, de mani^re k couvrir au moins la moiti6 interne du cylindre que
repr^sente I'inleslin. G^n6ralement je I'ai vu s'6lendre plus en avant qu'en
arriere. En avant, surlout au point oil s'abouchc le petit conduit, quelques
granulations se logent entre les luniques de I'inlestin. M. B6rard (Traitf.
DE PHYSIOL., t. 1.) a bien indiqu6 rette disposition ; il compare ce petit
gronpe de granulations aux glandes moiaires qu'on trouve pres de I'embou-
137
p.hure du canal de Slenon. Les premiere et Iroisieme porlions du duode-
num sont beaucoup moins compl6lemenl envelopp6s par la glande qae la
deuxi^me.
3° Vaisseaux sPLENiQCES. Ell g^,ii6ral, j'ai vu ces vaisseaux (arl^re el
veinej longer le bord sup^rieur de la glande; inais il n'esl pas rare de voir
I'un des deux longer ie bord inKrieur dans une certaine 6tendue, surtoul
dans sa partie interne, puiss'infl^chir assez biLsquementen haul cilravers
le tissu glandulaire pour allerreprendresa place accoulum^e sur le bord
sup6rieur.
L'arl^re, k cause de ses flexuosil^s, n'esl que peu en rapport avec le pan-
creas; mais la veine ordinairemenl recliligne s'y loge dans une gouUiere
souvenl converlie, au moins parlieliement, en canal complet. J'ai vu
une fois la veine spl^nique compieiement cach6e au milieu de la glande
dans les deux tiers externes de celle-ci.
W ScissuRE DE LA RATE. Rieu n'csl plus variable que ce rapport ; tant6l
la queue du pancreas est comme aplalie el rebrouss6e conlre cetle scissure,
lantot ellepeut en Sire distante de U cenlim. Chez Tenfant, elle m'a lou-
joursparu en contact intime avec cetle scissure.
Je n'ai rien ci dire sur le poids, les dimensions, etc., du pancreas ; je suis
port6 a croire que ses maladies sont assez lares ; car apres avoir examine
au moins soixanle pancreas liumains, sinon plus, je n'ai Irouve qu'une
seule fois une alteration qu'il me serait encore difficile de classer. La glande
semblail generalemenl induree; son lissu eiail blanc, Ires-dense; nean-
iiioins il n'y avail pas de degenerescence ; les canaux excreieurs eiaienl
[lermeables ; mais cependanl rinjeclion ne peneira pas profondement. Celte
lesion rappelail rhypertrophie mammaire chronique. On a deja conslaie
I'exlreme facilite avec laqiielle la glande se pulreiie. Tout ce que je puis
(lire de cetle assertion, c'esl que qualre fois sur des sujels encore frais en
apparence, les injections au suif onl creve dans le tissu de la glande. Ces
preparations eiaienl failes k la veriie pendant les plus grandes chaleurs.
CONDUIT EXCRETEUR.
Une question fort inleressanle dans I'hisloire analomique du pancreas
est relative a la mullipliciie des conduits. J'ai consulte a ce sujel le travail
de Tiedemann el la these de M. Becourt ; ils onl note des dispositions Ires-
multipliees. J'avoue que, pour ma part, sur vingt pancreas environ dont
)'ai injecieies conduitsexcreteurs. je n'ai jamais Irouve qu'une seule el uni-
138,
que disposiliou, que par consequent je regarde coinme la plus commune;
c'est donclaseule que je d^crirai ; Pensemble de mes pieces la mel en Evi-
dence.
Le canal de Wirsung occnpe la parlie moyenne du corps, k distance a
peu pr6s Egale du bord sup^rieur el du bord inKrieur ; laniot plus rappro-
ch6 de la face anterieure, tantot plus voisin de la posl6rieure, disposition
qui ra'a paru la plus fr^quente ; tantot enfin au milieu de la glande. En ap-
prochant de la t^te, ce canal s'inflecliitforlemenl en bas, de mani^re a pre-
senter une double courbure en S italique. II se rapproche beaucoup du
bord infdrieur de la glande, et ull^rieurement se dirige en arri^re pour se
r^unir au canal chol^doque. Les conduits secondaires de rextr^raitE spl6-
nique, et en g^n^ral ceux qui sonl d'un petit volume, se jettcnl perpendi-
culairement dans le conduit principal ; mais on voil souvent vers la
partie moyenne du corps, un ou deux cauaux, Tun sup^rieur, I'autrein-
firieur, se jettent dans le canal de Wirsung, apres avoir re?u eux-m6mes
un assez grand nombre de canaux de troibi^me el de qnatri^me ordre.
Au point indiquE, le canal excreluur semble se Irifurquer ; la branche
moyenne et anterieure n'est autre que le canal principal qui recueiile lui-
m^me un nombre considerable de canalicules venant des lobules de la face
anterieure. A la reunion du corps el de la lele, on voit encore des canaux
secondaires imporlants se jeter dans le canal de Wirsung. Le plus reraar-
quable a ete considere a tort comme un second canal ; c'est lout simple-
ment une branche recurrenle d'un volume Ires-notable qui re?oit tous les
conduits de Iroisieme, qualrieme el cinqiiieme ordre, venanl des granula-
tions qui constituent la plus grande parlie du lobe duodenal : celte bran-
che, que j'appellerais volonliers canal azygos pancreulique, a done pour
but de recueillir tous les canaux qui auraienl peine a se jeter isoiemenl
dans le gros conduit ; mais elle presente ceci de remarquable, qu'au lieu de
se terminer en cul-de-sac, elle va s'aboucher dans I'intestin par sa petite
extremiie. C'est, que je sache, le seul cas dans I'economie d'une branche
d'uu canal excreteur ouverle par les deux bouts. Eu effet, d'une pari elle
s'ouvre par un pertuis etroil dans I'inleslin ; el de I'aulre, elle va en aug-
menlant progressivemenl de volume, a mesure qu'elle revolt de nouveaux
canalicules se jeter dans le conduit de Wirsung; pres de sa lerminaison,
dans I'intestin, elle recoil egalenieul les conduits Ires-petils des granula-
tions qui rampenl dans I'epaisseur des tuniques du duodenum. Le lieu de
reunion de celte branche se fait a, une distance variable du pli de Water (de
1 i Zi centimetres). Ce n'est point le cas d'admettre un second canal distinct
I
U9
du premier; inaison peul envisager cetle disposition comine une voie sup-
pl^menlaire ouverte par precaution au fluide pancr6atique. Je pense n6an-
moins que, dans I'^tat normal, le iiquide ster^l^ par les granulations de la
tete du pancreas a plus de tendance ^ retourner dans le conduit principal,
el a se mSler au Iiquide produit par le corps de la glande.
J'ai loujours vii le second orifice pancr^atique situ6 dans le duodenum en
avanlel au-dessus du pli de Water. A Texl^rieur, il correspond aux granu-
lations qui s'avancent le plus sur la face ant^rieure du duodenum. A rint6-
rieur, sa presence se reveie par I'existence d'une petite ampoule plus petite
que le pli de Water, niais que j'ai toujours rencontr^e, quand je I'ai cher-
ch6e avec soin. line de mes pitees donne une id6e tres-exacte des rapports
des deux conduits pancr^aliques entre eux et avec le choledoque. J'ai dit
que j'avais toujours vu ces deux conduits communiquer ; voici comment jo
m'en suis assurd, experience tr^s-facile a reproduire dans un cours : il sufflt
d'introduire dans le pli de Water une canule de 1 a 2 millimetres de dia-
m^tre, el de pousser une injection avec la lerebentliine coloree; on ne larde
pas a voir le Iiquide revenir dans Tinlestin par le petit pertuis. Dans plu-
sieurs cas, le Iiquide colore est sorti sous forme d'un jet tres-fin, jaillissant
a 5 ou 6 centimetres ; la pluparl de mes coUegues de PEcole pratique onl
ete temoins de cette experience inieressante.
Apresce que j'ai vu de la Constance du second orifice pancreatique, jene
puis parlager d'une maniere absolue I'opinion de Meckel, qui regarde son
existence comme uu arret de developpement, le foetus ayant, suivant lui,
loujours deux conduits pancrealiques. Je dois dire neanmoins, en faveur
de son assertion, que j'ai toujours trouve le second canal et le pertuis cor-
respondant d'aulanl plus developpes proportionneliement, que je les ai
examines sur des sujets plus jeunes. Je m'abstiens, pour les raisons que j'ai
donnees plus haul, d'inlerpreier le but physiologique des dispositions signa-
lees par les auteurs que j'ai deja cites. Si Ton vent jeter les yeux sur le pan-
creas du cheval, on verra en grand la disposition que je signale chez
I'homme, car elle est identiquemenl la meme. On verra de plus combien la
denomination de canal azygos est justifiable. C'est \k un exemple type el
Ires-utile a cause des dimensions de I'organe.
Par la convexiie de sa courbure, le canal de Wirsung recoil encore quel-
ques pelils conduits qui viennent des granulations les plus inferieures de
la tele du pancreas.
Depuis son origine jusqu'a son embouchure, le conduit pancreatique
HUgmenle dc volume ; tontefois cette augmentation est tres-pcu scnsibls
140
dans le lobe spl^nique ; elle est beaucoup plus marquee lurs de 1 abouche-
meDt du second conduit. Le canal de Wirsung paraSt alors double de vo-
lume ; son diam^tre varie alors entre 3 el 5 millimetres. Je I'ai vu a peu
pres conslamment diminuer de calibre i I'approche del'inteslin. L'une de
mes pieces d^montre comment se fait la reunion des conduits pancr6atique
et biliaire ; ce dernier, 6galement r^lr^ci, semble se jeter dans le canal pan-
cr^atique, qui arrive seul k Textr^mit^ ouverte du pli de Water. Cette opi-
nion est contraire aux id6es re?ues, mais elle justifie I'idee de E. -H.Weber,
qui dit que la muqueuse du pli de Water ressemble plus a la muqueuse du
conduit pancr^alique qu'A celle du conduit cholSdoque.
Je u'ai pas examine assez de fois I'incidence de ces deux conduits pour
ajouter quelque chose a ce qu'on a dit des vari6t6s de leur rapport : le ca-
nal de Wirsung n'a pas de valvules. Je pense qu'il en exisle quelquefois sur
le trajet du deuxifeme conduit, qu'il est Irfes-difficile d'injecter par le duo-
denum. Ces valvules existent bien ^videmmenl pr^s de son embouchure in-
testinale chez le chat, le chien, et dans le petit conduit du cheval. Chez ce
dernier, la face interne du canal presente une foule de pelites depressions
qu'on ne voit bien qu'i I'^tal frais, et qui ressemblent a des glandes de
Lieberkuhn. C'est I'analogue des ar^oles de la face interne du canal cho-
16doque.
Je n'ai vu qu'une fois, par I'insufflation, le pli de Water presenter le ren-
flement ampuUaire signal^ par Soemmering. Relativement A la disposition
des lobules glandulaires, j'ai vu des granulations tr^s-t^uues accol6es im-
medialemenl sur les plus gros conduits y verser directement le produit se-
crete par un canalicule tr6s-t6nu. Cette observation est facile a verifier sur
Phomme et bien mieux encore chez le cheval.
ARTERES DU PANCREAS.
En jetant les yeux sur les pitees pr^cit^es, on verra de suite la disposition
des vaisseaux du pancreas; j'ajoulerai n^anraoins ici quelques reflexions. A
I'exterieur, le pancreas parait peu vasculaire ; mais en penetrant par la dis-
section dans rinterieur du parenchyme, on peut y sculpter un riche r^seau
vasculaire ; Tartere spl^nique ne fournit qu'au corps, I'hepalique qu'i la
I6te, la mesenterique sup^rieure a ces deux regions. La lete presente deux
arcades h convexite tournee a droite. Je les nomme arcades pancreatico-
duodenales ; Tune est anterieure, I'autre est posterieure ; toutes deux sont
constituees : 1° par une branche descendanle de I'hepatique ; 2° par une
tranche ascendante de la mesenterique. Ces deux bianchcs s'anaslomosenl
l/ll
par inosculation. De la convexity de I'arcade qu'elles lormenl uaissent des
branches pour la partie correspondanle (ant^rieure ou posl^rieure) du
duodenum. De la concavity des arcades surtout naissentles branches glan-
dulaires qui ferment des r^seaux polygonaux. Ces deux arcades, des-
criptivement bien dislincles, communiquent tr^s-largement par leurs
branches.
Les arl^res du corps sonl : 1° des branches descendantes de la spl^nique ;
2" des branches ascendanles fournies par une arl6re pancr^atique volumi-
neuse venue de la mesenl^rique. Cetle artere, largementanastomosee avec
I'arcade pancrealico-duod^nale anl6rieure, longe le bord inKrieur de la
glande parall^lement a la splenique : elle est d'abord cachee par le tissu
glandulaire, puis s'enfonce plus profond^menl dans la glande vers son tiers
externe : li elle s'approche de la face ant^rieure. Ult^rieurement elle four-
nit a la queue et va se terminer en s'anastomosant largemeul avec la sple-
nique. Le volume de celte arl^re et celui des rameaux spl6niques sont en
raison inverse.
Dans toute l'6lendue da corps, ces deux gros vaisseaux envoient des
branches qui vont former, pr^s de la face ant^rieure des anses vasculaires
en feston,dont la disposition est fort ^l^gante. Enire ces anses se voienldes
mailles polygonales.
Un petit raraeau qui m'a paru constant vient d'une des branches de la
splenique, deja arriv^e k la scissure de la rale, et fuurnit a I'extr6mil6 de la
queue :
1" Ces art^res, au moins les branches d'un certain calibre ne sonl nuile-
ment satellites des conduits excr^teurs;
2° A Icur origine, a leur terminaison, dans I'^paisseur du parenchyme,
elles communiquent largement entre elles.
Le pancreas est done un des organes dans lequel la circulation art6rielie
g^n^rale et locale est la mieux assur^e, autant par la multiplicity des sources
que par la facility des anastomoses.
II se rapproche de I'estomac sous ce rapport et sous celui de la circula-
tion g6n6rale de Tabdomen. Ces deux visceres, en effet, rallient les trois
branches du tronc cceliaque ensemble et avec la m^senterique superieure.
Je n'ai pas besoin d'insister sur Timbrel d'une semblable disposition.
VEI>ES DU PANCREAS.
Elles pr^senlenl beaucoup d'analogie avec les arteres; elles ferment,
romme elles, deux arcades pancr^atico-dued^nales qui font communi-
quer la veine porle el la grande mfearaique par une large voie collate-
rale. Les aulres veines se jeltent directemenl dans la veine porle, dans les
deux ra^saraiques. dans la spl^nique, en plusieurs points de son Irajel :
les r^seaux vasculaires de la I6le ont la m^me disposition que les rdseaux
arl^riels. Dans le corps, 11 en est de m6me ; coinme cela arrive pour le sys-
t^me de la veine porle, il n'y a qu'une veine pour cliaque arlere. Le sysl^me
veineux du pancreas ne semble pas pr^dominer beaucoup sur le syst^me
art^riel ; ce qui du resle se comprend ais6ment, les veines de cet organe
n'ont pas pour objet une absorption active, comme cela a lieu pour les
memes vaisseaux qui rampent dans I'^paisseur des tuniques de Testomac,
de I'intestin gr61e et du gros intestin. Par rapporl k la circulation g^n^rale
de I'abdomen, les reflexions pr^sent^es plus haul pour lesarl^res s'appli-
quent ^galement aux veines.
NERFS DC PANCREAS.
Les nerfs du pancreas sont mal connus. Buschke avance, je ne sais pour-
quoi, qu'ils proviennent du plexus spermatique. J'ai k dessein pr6par6 les
nerfs capsulaires et r^naux, etles plexus spermatiquesqui sont une d^pen-
dance de ces derniers; j'ai vu une ind^pendance complete entre la distri-
bution vasculaire el nerveuse du pancreas et celle des organes auxquels ces
nerfs se rendent.
Rl. Cruveilhier s'approche plus de la v6ril6 en disant que le pancreas
recoil ses nerfs du plexus solaire. lis viennenl en r^alitd de plusieurs
sources :
1° Des nerfs spi^niques qui se portent sur I'artere du meme nom a la
scissure de la rate, abandonnant les filets tr^s-l6nus qui p^nelrent laglande
par son bord sup^rieur ;
2° Directemenl de la face ant^rieure du plexus solaire, soil sans arl^res
satellites, soil en suivant I'arlerc m^senl^rique; les nerfs penelrent le pan-
creas par sa face post^rieure, et son bord inferieur au niveau de I'union du
corps el de la I6le ;
3° Enfin sa tele recoil les pelils nerfs satellites des arcades pancrealico-
duod^nales, et qui viennenl des plexus h^palique el inesenterique sup^rieur.
Ce sont les nerfs pancreatico-duodenaux.
Une de nies pieces montre en m^me temps Tensemble du plexus solaire
el des plexus principaux qui en naissenl. J'ai presents ici les nerfs lels que
je les ai trouv6s. Taffirnie qu'il n'y a aucune exageralion dans leur nombrc
i
1/|3
et que leur disposition est aussi fid^lement representee que le perniet uue
preparation s^che.
Les nerfs visc^raux n'affectenl pas la forme de filets que la dissection
puisse isoler. Sur les art^res principales, tronc cceliaque, mesenterique su-
p^rieur, hepatique, coronaire stomachique, les nerfs forment aux vaisseaux
une gaine tres-corapiete, tr^s-dense, et tellement plexiforme qu'il serait,
i mon avis, tres-artificiel de les s^parer. J'ai done prefer^ isoler en masse
cetle galne nerveuse, et la laisser comme elle existe reellement.
J'ai essaye k plusieurs reprises des injections de vaisseaux lymphaliques ;
soit dilTiculie, soil inexperience, loujours est-il que je n'ai rien obtenu qui
merital la peine d'etre conserve. Je n'ai egalement rien recueilli d'interes-
sant ni de nouveau sur le developpement ; je m'abstiens done d'en parler
pluslonguement.
Les recherches d'analomie coniparee que j'ai entreprises n'ont porte que
sur un petit nombre d'especes animales. Dans Tintention ou je suis de
poursuivre ces travaux, je me contenterai de donner ici la description du
pancreas du chat et du clieval que j'ai disseque plusieurs fois.
Chat. — La glande y est bien developpee et separee tres-nettement en
deux lobes, I'un horizontal, lobe spienique, appendu aux vaisseaux du
meme nom, applique sous la forme d'une plaque longue el mince le long
dela face posterieure et du bord inferieur de I'estomac; son epaisseur est
de 2 lignes environ ; son extremite spienique n'arrive pas jusqu'^ la scis-
sure de la rate. Les vaisseaux spieniques lui envoient des branches tongues
et greles qui penetrent perpendiculairement le bord superieur de la glande;
I'extremite duodenale se renfle el se reunit h angle droit avec le lobe ver-
tical ou lobe duodenal ; celui-ci plus court, plus large que le precedent,
suit tout le trajet du duodenum etremplit presque tout le vaste repli m6-
senterique qui fixe lachement cet inlestin h la colonne vertebrale. Les vais-
seaux mesenieriques superieurs passent enlre les deux lobes ; ils envoient
au duodenum des rameaux vasculaires qui, chemin faisanl, abandonnent
des ramuscules au pancreas.
Chacun des lobes presente un conduit principal qui recoil les canaux
secondaires. Ces conduits se reunissent a 1 centim. de I'intestin en un seul
eanal donl le calibre est a peine aussi gros que celui d'un des conduits
lobaires et qui s'abouche avec le choledoque dans le pli de Vater ; prts
de son embouchure, ce canal presente quelques valvules qui obligent i
linjecleren dehors de rinleslin.
Independamraent de ce conduit principal, il en existe un second d'un
14/1
calibre Ires-pelil, qui, d'un c6l6, s'ouvre dans rinlesliu eu avanl du pli dt
Vater. dans une ampoule fort petite, et de Taulre s'anastomose avec un des
deux conduits lobaires; il affects absolument la meme disposition que le
second conduit chez Thomme, mais sa capacity est presque raicroscopique.
Le pancreas du chien m'a paru tout i fait semblable a celui du chat,
sauf i rembouctiure du canal, dans I'iniestin, ou il pr^sente une ampoule
el des valvules, fait signal^ d^ja par les auteurs. Chez lesdeux anlmaux qui
precedent la glande est presque blanche, plus pale que chez Thomme.
J'ai examine le pancreas du lapin ; mes dissections confirment coropl6-
tement la description qu'en a donnte le docleur Bernard ; je n'y insiste pas;
malgr6 tous mes efforts je n'ai jamais pu trouver qu'un seul conduit.
Le cobaye n'en pr^sente ^galement qu'un, qui s'ouvre loin du duo-
denum.
Cheval. —J'ai 6tudi6 avec soin ce qui a rapport aux canaux pancr^a-
tiques. La glande est triangulaire, k base ant^rieure, longue de 12 il5 p.,
6paisse de presd'un pouce en certains points; sa couleur est ros^e, plus
fonc^e que chez I'homme. On y distingue deux lobes volumineux qui se
r^unissent ^ 15 ou 20 centim. du duodenum. Lelobe sup^rieur ouant6-
rieur est le plus long ; il repr6sente le corps et la queue du pancreas hu-
main ; il renferme un gros conduit qui augmente progressivementde vo-
lume en recevant des branches sur tout son pourtour, mais principale-
mentvers ses bordssup^rieursel inf^rieurs. Il se r^unit au point indiqu6
avec un gros conduit qui vient du lobe inf^rieur ou posterieur. Celui-ci
forme le sommet du triangle qui reprdsente la glande; il est court, 6pais;
il renferme plusieurs gros conduits a peu pres 6gaux el parall^lesqui se re-
unissent en un seul qui se r^unit avec le conduit sup^rieur, comme je I'ai
deja dit. Ce lobe repr^sente le lobe duodenal, mais seulement par analogic.
Un pont de substance glandulaire rdunit Textr^mite libre de ces deux lobes
qui laissent enlre eux un vide, un trou dans lequel passe la veine porte ;
c'est le vestige de la goultiere signal^e dans le pancreas humain. Ce ponl
de substance glandulaire rappelle une disposition analogue qui existe chez
le chat.
Le canal principal resultant de la reunion des conduits du lobe inf^rieur el
de celui du lobe sup6rieur semble la continuation de ce dernier ; il recoil
peu de ramuscules excr^teurs, et n^anmoins il est cach6 par une masse glan-
dulaire assez considerable qui recouvre toute sa faceanterieure. Cette dis-
position s'explique facilement. Le canal de Wirsung, qui prdsente en eel
endroil le volume du doigt annulaire, est long^ par un second conduit qui
L
145
pr^senle le volume d'une pelile plume d'oie, el c'est lui qui recueille les
branches provenant des granulations qui formeol la masse glandulaire dent
je viensde parler; ce conduit secondaire s'abouche, d'une part, soil dans
le canal de Wirsuag, soit dans le canal excr6teur du lobe spl^nique ; d'une
autre part, dans I'intestin, en un point marqu6 par un bourrelet muqueux
saillant, k k cenlim. en avant et au-dessus du pli de Vater
On le voit, dans le second conduit, communiquer avec le duodenum et
avec les conduits glanduiaires principaux, el il recueille, cliemin faisant,
les rameaux qui nese jeltenl point dans le canal de Wirsung. Onreconnail
bien I'analogie que cette disposition offre avec ce que j'ai pr6c6demmenl
d6crit Chez riiomme, et qui m'a paru assez remarquable pour que je roe
permetle d'appeler cette branche collat^raie canal azygos pancrealiqiie,
nom qui rappelle par analogie le role que joue dans le syst^me veineux la
veine azygos.
Le petit canal que je viens de d^crire m'a sembl6, dans deux cas, pre-
senter un r6tr6cissement pres de son ouverture, dans Tiuteslin. Dansun
cas don t j'ai gard6 la pi6ce, au dela de ce relr^cissement se Irouve une
ampoule volumineuse; mais je ne saurais indiquer si cette disposition est
fr^quente.
J'ai examine le pancreas sur plusieurs animaux, rat, herisson, mouton,
orvet, vip^re, raie, congre. J'ai diss^qu^ 6galemenl un assez bon nombre
d'appendices pyloriques de poisson ; mais je n'aipas pouss6 ces recherches
assez loin pour faire une histoire anatomique complete de ces organes im-
porlanls sur lesquels il resle k faire de norabreux travaux.
RECHERCHES
L'ffiRITABILITE MUSCULAIRE
CHEZ UN SUPPUClt TREIZE HEURES APRtS LA MORT;
M6moire lu d la Soci6le (i)
PAR FE DOCTEUR E. BROWN-Sl&QUARD ,
Laur6at de TAcad^mie des sciences,
secretaire annuel de la Soci^te philomatique,
secretaire de la Soci6le de Biologie, etc.
J'ai trouv6 recemment (2) que des muscles atteints, depuis 10 k 20
minutes, de la rigidity qu'on appelle cadav6rique, pouvaient perdre leur
rigidity el redevenir irritables, sous Tinfluence exerc^e par du sang circu-
lant dans leurs vaisseaux. Ce fait, que j'avais observe chez des animaux, je
viens de le Irouver aussi chez I'homme. J'ai eu Toccasion de faire celle re-
cherche sur le cadavre d'un homrae, Sg6 de 20 ans, qui a 616 guillotine
mercredi dernier, 18 juin, k huit heures du malin. J'ai du de pouvoir dis-
poser compl6tement de ce cadavre, i. M. Gosselin, chef des travaux anato-
miques de la Faculty. Je suis heureux de pouvoir le remercier publique-
(1) Ce memoire a el6 aussi lu, en grande partie, a rAcademie des sciences,
dans la seance du 23 juin dernier.
{V Voy. Gaz, Med., 1851, n" 23.
148
inent de toutes les complaisances qu'il a cues pour moi dans celle circon-
stance.
Bien que presque tous les muscles de ce supplicid fussent d6ji roides,
depuis plusieurs heures, k 7 heures du soir, quelques-uns conservaient en-
core de l'irrilabilil6. Un des membres sup6rieurs, sur lequel je me propo-
sais d'exp^rimenter, avail presque tous ses muscles rigides t I'^pauie, au
bras el a I'avanl-bras. Dans ces parlies trois muscles seulement avaient en-
core de I'irrilabilil^ ; c'^laient les sus et sous-epineux et quelques faisceaux
du triceps.
A 6 heures 10 minutes, des traces d'irritabiiit^ s'^taient encore montr6es
dans les muscles de la main ; ^ 7 heures, je n'en Irouvai plus.
A 8 heures, les sus et sous-4pineux, ainsi que quelques parties du tri-
ceps, avaient encore des traces d'irritabiUt^. A 8 heures 25 minutes, ils
n'en avaient plus, et la rigidity y existait k un degr6 tr6s-prononc6.
Je commensal I'exp^rience de I'injection du sang dans une partie de ce
membre k 9 heures 10 minutes.
Voulant faire une injection de sang humain frais et ne pouvant pas m'en
procurer dans les hopitaux a I'heure qu'il 6lait, je me fis lirer environ une
demi-livre de sang par mes amis, MM. Fr^d^ric Bonnefin et le docleur
Deslauriers. Ce sang fut battu et tolalement defibrin6, puis pass6 a travers
un linge.
L'exp^rience m'ayant appris, contrairemenl a I'opinion g^n6rale, que
s'il y a des avantages, dans les transfusions, a employer du sang maintenu
k une temperature voisine de celle des animaux k sang chaud, il y a aussi k
cela des inconv^nients notables, j'ai laiss6 librement k I'air, pendant lout
le temps qu'ont dur6 les injections, le sang dont j'ai fait usage. La lempd-
ralure de I'air 6lait de 19° c; je regrette de n'avoir pas pris celle du sang
au moment ou j'ai commence les injections; elle devail 6lre a peu prtela
m6me que celle de I'air ambiant.
J'avais eu le desir de faire I'injection par I'art^re hum^rale et d'essayer
par U de rappeier I'irrilabilit^ dans les muscles de I'avanl-bras et de la
main ; mais craignanl de n'avoir pas assez de sang pour arriver k ce r^sul-
lal el de perdre ainsi le benefice de la circonslance exceplionnelle qui me
permettail d'agir sur I'homme, je me r^solus k limiler I'injection aux ar-
Iferes de la main. Le sang fut pouss6 dans I'arlere radiale, k quelques centi-
metres au-dessus du poignet. L'injection a 6t6 d'abord faileavec une assez
grande Vitesse ; elle a il€ ensuite faite lentement.
La lolaliie du sang fut inject^e dans I'espace de 8 i 10 minutes, pendant
iesquelles rinjeclion fut inlerronipue el reprise plusieurs fois. Tons les
vaisseaux ouverls, arleriels ou veineux, h I'^paule, au bras el a ravant-bras,
donnaienl du sang. Quoique veineux, le sang injecte dtait, comme on le
pense bien, devenu d'un rouge vif par Paction de I'air ; il sorlait noir des
veines. L'artere cubilale, qui avail el6 li6e ^ 5 ou 6 centim. du poignet,
ayanl 616 piqu6e au-dessous de la ligature, laissa 6conle,r du sang d'nn
rouge noiralre, niais moios noir que celui qui s'echappait des veines.
M'dtanl assure de ce fait, je fis une seconde ligature a la cubilale, au-dessous
de la piqure, afin d'empecher la sortie du sang par celle voie.
Dans les premiers instants, ces differences de coloration, entre le san^
qui sortail el celui qui enlrait, onl pu d^pendre de ce que le sang entrant
a chasse devant lui du sang noir se Irouvanl dans les vaisseaux de la main
sur laquelle j'expdrimenlais; mais comme ces differences de coloration onl
exisie pendant tout le temps ou les injections onl 616 failes, il est incon-
testable que le sang que j'injeclais subissait dans la main un changement
en verlu duquel sa couleur se modiliait. A regard de ce changement de
couleur,il se produisail dans celle main decadavre le m^me ph6nom6ne que
celui qui a lieu dans une main d'homme vivant.
Ayant recueiili presque tout le sang qui s'6lait 6coul6 pendant les injec-
tions dontje viens de parler, je jugeai convenable de m'en servir pour I'in-
jecter de nouveau. II etail redevenu rouge par Taction de Pair, el apres
avoir pass6 encore une fois par les vaisseaux de la main, il en sortil uoir,
surloul par les veines, comme prec6demment. A plusieurs reprises, j'ai re-
injects le sang qui etail recueiili lorsqu'il s'echappait des vaisseaux.
La premiere injection ful commencee k 9 heures 10 minutes; la derniere
fut terminee a 9 heures Zi5 minutes. U s'ecoula done 35 minutes depuis le
commencement de la premiere jusqu'^ la fio de la derniere injection. Le
temps propre aux injections pendant ces 35 minutes a ete de 10 a 15 mi-
nutes.
Dix minutes apres avoir termine la derniere injection, c'est-4-dire ;'i
9 heures 55 minutes, ou 13 heures 55 minutes apres la decapitation, je
constalai que rirrilabiiile musculaire etail revenue dans la main sur la-
quelle j'operais.
A 10 heures, ayant mis a nu presque entierement tous les muscles de
celle main, je trouvai qu'its presentaienl les differences suivanles a regard
de leur irrilabiliie.
Douze muscles elaient tres-irritables. Dans ce nombre, ceux qui retaienl
le plus eiaienl le pahnaire culane el deux des lombricaux, le premier el k
11
loO
troisieme ; ensuile venaienl les deux aulres lombricaux, puis lous les inter-
osseux. Quatre muscles, bien qu'assez vivemenl irrilables, I'^taienl moins
que les precedents : c'^laient le court abducteur du pouce et les trois
muscles du petit doigt. II y avail encore un muscle irritable, mais i un lr6s-
faible degr6 : c'^tait I'opposant du pouce. Sur 19 muscles qui existent i la
main, 2 seuls n'avaient retrouvd aucune trace d'irritabilit6 : c'6laienl le
court flechisseur et I'adducteur du pouce.
Comment s'expliquer que certains muscles soient redevenus irri tables et
que d'autres ne le soient pas redevenus ? Peut-6tre y avait-il, dans les vais-
seaux de ces derniers muscles, du sang coagule, qui s'esl oppose au pas-
sage du sang que j'injectais. Peut-etre aussi, par une anomalie qui se ren-
contre quelquefois, une ou plusieurs des art^res du pouce naissaient de la
radiale, au-dessus de Tendroit ou se faisait Tinjection, de sorte que le pouce
ne pouvait recevoir qu'une tres-minime quantity du sang injects.
Apres les muscles du pouce, ceux du petit doigt sont ceux qui ont repris
le moins d'rritabilit^. L'explicalion de ce fait se Irouve probablement en
ceci que I'injection a 6t6 faite par I'art^re radiale, et que par cette voie il
n'a du arriver au bord cubital de la main qu'une quantite de sang moindre
que dans les autres parties de cet organe. Je regrette de n'avoir pas fait faire
rinjeclion du sang a la fois par I'art^re radiale et par Tartfere cubitale.
Nonobstant ces differences, les rdsultats que j'ai obtenus sont dteisifs ;
ils ddmontrent que chez Thomme aussi bien que chez les animaux, des
muscles atteints de rigidity cadav^rique peuvent, sous Tinfluence exercee
par du sang injects dans leurs vaisseaux, cesser d'etre rigides etredevenir
irritables. Sur les 19 muscles de la main, 12, c'est-a-dire pr^s des deux tiers,
sont redevenus trte-irritables, et 3 surlout a un tel degrd qu'ils se contrac-
taient dans toute leur longueur sous une simple excitation m^canique.
J'ai constate I'etat de I'irrilabilite des muscles de la main avant et apres
I'injection du sang, par un meme proc^de. J'enfon^ais des aiguilles dans
les muscles ix travers la peau, et apres avoir mis les conducteurs d'un ap-
pareil eiectro-magneiique puissant en rapport avec ces aiguilles je faisais
passer le courant.
En operant de cette manierc, j'ai Irouve, pour la derniere fois avant les
injections, a 6 heures 10 minutes, des signes d'irritabilite dans les muscles
de la main. Par un autre examen fait a 7 heures 30 minutes, je n'en ai pas
trouve.
A 9 heures 55 minutes, c'est-oi-dire 10 minutes apr^s la derniere injec-
tion, j'ai constate par le meme procede le retour de i'irrilabiliie. II y avait
151
au rnoins deux heures et deniie qu'elle avail disparu, mais peut-Slre aussi
^tait-elle revenue depuis pr^s d'une demi-heure.
A 8 lieures 25 minutes, Irois quarts d'heure avant de commencer les in-
jections, ne pQuvant rfeisler a mon d6sir de constaler de visu s'il y avail en-
core des traces d'irrilabilit^ dans les muscles de la main, et n'osant pas en
mettre plusieurs ci nu, dans la crainte de couper des vaisseaux qui auraient
laiss6 s'^couier le sang injects, j'ai mis a d^couvert I'un des muscles inter-
osseux dorsaux. II ne possMail plus la moindre irritability. A 10 heures, un
quart d'heure aprfes la derniere injection, je Irouvai le meme muscle trfe-
manifestement irritable. Trois heures apr^s, c'est-a-dire a une heure du
matin, I'irritabilil^ yexistait encore. Elle ne disparut qu'4 une heure un
quart.
U est tres-difficile de s'assurer de I'existence de la rigiditd cadav6rique
dans les muscles de la main. Pour les lombricaux, pour le palmaire cutan^,
cela nous parail mfeme impossible. Tant que la peau n'est pas enlev6e, ce
n'est qu'aux muscles du pouce et du petit doigl qu'il est possible de recon-
nailre si la rigidity existe. Il faul pour cela couper les muscles de Tavanl-
bras qui envoient des tendons a ces doigts, et puis chercher si Ton peut,
sans resistance, imprimer ck ces doigts tous les mouvemenls qu'ils peuvent
faire sans Sire arret^s par les obstacles m^caniques que prdsenlenl les liga-
ments el les capsules articulaires. C'est ainsi quej'ai faitcelte recherche, et
j'ai vu, vers huit heures et demie, que le pouce pouvait ci peine etre mis en
mouvement, et que le pelil doigt elait aussi en partie arrets par la roideur
de ses muscles.
Apres les injections, le petit doigt est devenu Ires- mobile, etle pouce a
lui aussi retrouv^ presque toute sa souplesse. II rteuUe done de la que
•quelques-uns, au moins, des muscles de la main 6lanl rigides, onlcess6de
I'fitre sous Tinfluence d'une injection de sang.
A minuit, lous les muscles de la main qui avaient r^acquis de rirrilabi-
IM, k I'exception de I'opposant du pouce, la poss^daient encore d un degr6
assez considerable. Une heure aprfes, les muscles du petit doigt 6taient a
peine irrilables, ainsi que le court abducteur du pouce ; les interosseux, les
lombricaux etle palmaire cutan6 6taient encore assez vivement irritables. A
une heure et demte du matin, dix-sept heures et demie apr^s la dteapita-
lion, il y avail encore des traces d'irritabilit6 dans les muscles lombricaux et
dans le palmaire cutan6 ; il n'y en avail plus dans les interosseux.
Malheureusement il me fut absolument impossible de continuerplus long-
temps cetterecherche,etjene pus savoir jusqu'tk quelle heure les lombricaur
152
«t le palmaire onl ele irritables. Mais il y a lieu de pitisumer que ce n'a gu^re
He qn'une demi-heure ou trois quarts d'heure au plus, aprte rinterruplion
(le tnes observations.
A G lieures du matin, le lendemain de la dfcapitalion, je trouvai de nou-
veau de la rigidity crdaverique, a un faible degr6, dans les muscles du petit
doiglel du pouce.
En comparant les rdsultats de celte experience faile siir rhorarae avec les
r^sultats de mes experiences sur les animaux, mentionn6s dans ma commu-
nication du 9 juin dernier k I'Acaddmie des sciences (1), on Irouve des dif-
ferences notables et qu'il importe de signaler.
Sur les oadavres des animaux dela premiere s^rie d'exp^riences, I'irrila-
biliie a dure depuis une demi-heure jusqu'a trois lieures apr^s la mort,
el d'autantpUis tard que I'aniraal elait plus vigoureux (2). Dans les aulres
series d'exp6riences, Tirritabiliie des muscles priv^s de circulation sanguine
a mis d disparaftre, dans un cas, 12 minutes seulement, dans d'autres rie
20 a GO minutes environ. Pour ces dernieres experiences, j'ai choisi, en
general, des animaux peu vigoureux, afin de n'avoir pas a altendre long-
temps la cessation de Tirritabilite el Tapparition de la rigidite.
Chez rhomme, rirritabilite dans les muscles de la main a dure au moins
10 heures 10 minutes (de 8 heures du matin a G heures 10 minutes du
f.oir), ft, au -plus, 12 heures 25 minutes (de 8 lieures du matin a 8 heures
25 minutes du soir, moment ou j'ai vu qu'il n'y avail pas la plus legere trace
d'irrilabiliie dans I'un des muscles interosseux mis a nu). C'est dans cet in-
tervalle, de 10 heures 10 minutes k 12 heures 25 minutes, apres la raort, que
Pirritabilite a disparu.
Ces muscles d'une main d'homme onl done differe des muscles des ani-
maux sur lesquels j'ai experimente, par la tres-longue duree de leur irrila-
bilite apres la cessation de la vie, ou mieiix, de la circulation. lis en ont
aussi diliere par la duree jilns considerable de leur rigidite avant rinjection
du sang. Deux aulres differences digues d'etre mentionnees onl encore
existe entre ces muscles d'homme el ceux des animaux. Les premiers onl
recu du sang, rougi k I'air, mais veineux, et, de plus, defibrine par le bat-
tage ; ce sang a eie lance tres-irregulierement a I'aide d'une seringue. Les
seconds onl reqa du sang arieriel normal, lance par le coeur d'un animal
(1) Gaz. Med. de Paris, 1861, n" 23.
(2) J'ai vu quelquefois rirritabilite duier sept ou huit lieures apr^s la movt
clip?, (les lapins el des cochons d'Inde tres-vicourcux.
153
de m6me esp^ce. Malgr6 toules ces circonslances d6favorables, Tirritabilild
est revenue dans !es muscles de la main d'liomme. Qu'est-ce qui I'y a fait
revenir? Ce n'esl pas la fibrinede la liqueur du sang, puisqu'elle 6lait en-
levee. Esl-elle revenue par suile d'une action de I'albumine, ou des sels, ou
des globules, ou du serum seul, ou du s6rum et des globules a la fois, ou
bien enfin, par suite d'une action de I'oxyg^necontenu dans le sang injects?
Je ne saurais r^soudre aujourd'hui ces questions, mais je puis dire que,
(juelle que soil la part de I'oxygene, dans la reproduction de I'irritabilit^
niusculairc, il en a une inconleslablemenl. J'en donnerai les preuves dans
un prochain m^moire.
Le lendemain de la decapitation du crimiiiel sur lequel j'ai experimenle,
a 11 lieures et deinie du matin, j'ai essaye une seconde fois de faire revenir
de I'irrilabilite dans des muscles alleinls de rigidile. J'ai fait colte nouvelle
recherche sur le pied de ce supplici6 ; le sang employe dtait du sang hu-
niain dt5fibrin6 par le batlage et recueilli 2 heures avant, par M. Bonnelin,
a I'hopilal de la Charite, a la consullalion de M. Uayer. Le r^sullat a (5te
compl^tement nul ; aussi ne donnerai-je aucun autre detail de I'esperience
que celui-ci. Le sang injecle 6lail rouge; il revenait noiraire par les veinos,
mais bien nioins foncd que dans I'exp^rience de la veille au soir.
En resume, j'ai trouv6, sur un liomme d(^capil6 depuis plus de treize
lieures, que des muscles de la main, sous I'influence exerc^e par du sang,
delibrind par la batlage el injecle dans leurs arteres, onlpu — apr^s avoir
perdu leur irrilabilile depuis au moins deux heures, et elan I atleints de ri-
gidit6 cadav(5ri;!ue depuis environ une lieure el demie — cesser d'clre ri-
gides el redevenir irrilables pendant plusieurs heures.
En d'aulies termes, il a suffi d'environ une demi-livre de sang humain,.
d^librin^, pour donnor de I'irrilabilile, a un assez haul degr6, pendant
deux, Irois ou qualre lieures, ii dix-sept des muscles d'une main
d'hommc.
&;
MEMOIRE
SUR UNE VARIETE NOUVELLE
DE
TUMEUR SANGUINE DE LA VOUTE DU CRANE
SUITE DE LESION TRAUMATIQUE,
Lu ii la Societe de Biolojjle tie Paris, stance du 15 novembre I85i,
Par le Docteur GUSTAYE DUEOUR ,
Membre correspoiidaiit,
mcdeolo mllilalre de I'lIOlel national dcs Invalidos.
OBSERVATION
Recueillie dans le service de m. le docteur hutin,
Chirurgien ea chef de I'lnflraierie de I'Hdtel aational des Invalides.
Achille-Maximilien, marquis de Walmener, comte d'lgnerhemm, ne k Pa-
ris, en 1770, entra au service en 1792, comme volontaire, dans le regiment
d'Angouleme (infanterie). En 1799, en montant a I'assaut pour prendre une re-
doute, dans le Piemont, il rce Stuashouiu;, vol. I.
I
171
comme conslilud : en avant par les bords internes des deux piliers qui
convergent avant d'alleindre le centre -phr^nique, en arri^re par des fais-
ceaux qui vont d'un pilier oi I'autre, niais ctiangent seulemenl de cOt(i el se
termiuent aussi dans le centre plir^nique.
On admet bien que le diapbragme peut coniprimer I'oesophage, niais par
la contraction des piliers, contraction liee elle-menie aux mouvemenls res-
piratoires, accidentelle en quelque sorte et compl^tement independante
des fonclions digestives.
C'est 14 tout ; il n'est fait mention d'aucune disposition sp^ciale. Seule-
ment Haller aurait vu deux fois, Theile une fois (et il cite ce cas comme
une anomalie) des fibres musculaires qui, partant du contour de Torifice
cesophagien, allaient se perdrc dans les tuniques de Toesophage. Un cas
semblable est rapporte dans 1'Anato.mie de M. Cruveilhier.
Cette pr^tendue anomalie est une disposition normale el constante. J'ai
toujours trouv6 chez I'homme un rudiment du sphincter cesophagien, si
d6velopp6 chez certains rongeurs. Bien distinctes des faisceaux des piliers
du diaphragme destine au centre phr^nique et aux cotes, les fibres muscu-
laires qui le constituent, un pen plus pdles que le reste du muscle, greles
et peu nombreuses, se detachent, au niveau de I'orifice cesophagien, dii
bord interne de chaque pilier, se portent sur I'cesophage, auquel elles sont
intimement accol^es, et s'y terminent ou d^crivent le plus souvent sur sa
lace anl^rieure des anses qui s'enlre-croisent avec celles du cote oppose.
Ces petits faisceaux musculaires, plus ou moins d6velopp6s, mais con-
slants, n'existent ordinairement que sur la portion sous-diaphragmalique
de I'oesophage ; j'ai rencontre une fois une lame musculaire tr6s-mince,
mais de pr^s de 0,01 cenlim. de large, qui du pilier gauche se portait sur
le cardia lui-m6me, et se terminait en 6talant ses faisceaux sur la face an-
t^rieure de I'estomac. Dans les cas ordinaires, j'ai presque toujours trouv^
I'oesophage et !e cardia unis au bord externe du pilier gauche par une lamo
de tissu d'apparence cellulaire, mais dou6 de cetle elasticity toute speciale
qui caract^rise le dartos, et que Ton retrouve aussi au niveau des anses
lerminales du cr^master (1) chez I'adulte.
J'ai reucontr6 enfin, mais exceptionnellement, un faisceau musculaire
qui, se d^tachant du diaphragme au niveau du bord superieur de I'orifice
cesophagien, descendait parali^lement aux fibres longitudinales de I'ceso -
(1) Anses completement musculaires ctiez le ftEtus, et aussi ilans certains cas
cas que j'ai fail repr^senler, ce faisceau musculaire, qui elail lres-d6velopp6
el avail prte de 0,01 cenlim. de largeur sur 0,0/j k 0,05 de longueur, pa-
raissail se terminer sur I'arlere m^senlerique superieure. Je n'ai, je le r6-
p^te, pas pu jusqu'4 present suivre plus loin ses fibres terniinales, peul-
6lre parviennenl-elles jusqu'ti la colonne verlebrale ; mais ce que mes dis-
sections me portent plutot a croire, c'est qu'il se lermine reellemenl dans
r^paisseur du m^sent^re, disposition qui, si strange qu'elle paraisse au
premier abord, n'esl pas sans analogic avec ce que nous verrons exisler
chez les oiseaux.
Quoi qu'il en soil, si ce faisceau a quelque insertion k la colonne verle-
brale, il est dispose de facon k comprimer, par ses conlraclions, Tarl^re
splenique. Si au contraire, comme je le pense, il se lermine reellemenl
dans l'(§paisseur du m6sentere, il conslituerait un soutien aclif du paquet
de I'inlestin grSle, etserail peul-etre en rapport avec la station verticale,
car je ne I'ai jusqu'a present Irouvd que chez Thomme.
§ III.— DU ROLE DU SPHINCTER OESOPHAGIEN, ET DES CAUSES QUI EMPfiCHENT
LE VOMISSEMENT CHEZ CERTAINS MAMMIFERES.
Parmi les mammif^res, les uns vomissenl avec plus ou moins de facilite ;
les autres ne peuvent jamais vomir, bien que sous I'influence de Temetique,
par exempie, les phenomenes qui lendent a produire le vomissemenlayant
lieu chez eux avec une telle intensile, qu'ils peuvent determiner la rupture
de Testomac.
Au nombre des animaux qui ne vomissenl pas, on comple les rongeurs,
notammenl le lapin (lepus cuniculus), le cabiai (cavia cobaya), lous les ru-
minants, el aussi le cheval.
Or, chez le lapin, le cabiai, le sphincter oesophagien du diaphragme est
a son maximum de cfeveloppement; anime par un filet de la branche pos-
lerieure du nerf phr6oique, lorsque le diaphragme el les autres muscles ab-
dominaux so conlractent el lendent a cxpulser Ic contcnu de Teslomac, il
174
se comrade aussi, el est assez puissant et assez favorablemeut dispose pour
resistor a Paction de ces muscles et Tenner conipl^lemenl I'cesopliage.
Le vomisseraent sera d'aulant plus facile que le sphincter sera inoius
developpe.
Chez rhomrae, ce sphincter diaphragmatique est presque i I'elat rudi-
mentaire, et le vomissement est generalement facile. Cependant, il est in-
contestable que Ton peut r^sister volontairement, pendant un temps a la
v6ril4 tr^s-court, k I'eirel des coniractions musculaires qui tendenl a ex-
pulser le contenu de I'eslomac. Get obstacle volontaire au vomissement ne
peut etre attribue, je crois, k une modification volontaire des contractions
memes, des muscles abdominaux ; ceux-ci, influences alors par une action
reflexe, soai momentanement souslrails a I'empire de la volont6. D'un aulre
cot6, les contractions de Toesophage sont loujours involontaires. Le sphinc-
ter diaphragmatique. souslrait peut-^tre k I'infiuence de Paction reflexe,
serait alors le seul agent de la volont^.
Chez les ruminants ou nous n'avons pas trouv6 de sphincter special de
Poesophage, Pobstacle au vomissement ne reconnait pas la meme cause
que chez les rongeurs. Mais, comme je Pai d6ji dit, toute contraction un
peu ^nergique du diapliragme doit s'accompagner chez eux de Pocclusion
complete de la boutonniere musculaire qui donne passage a Poesophage ;
plus les contractions du diaphragme seront 6nergiques, plus Poesophage se
Irouvera ^uergiquement comprim^, et le vomissement se trouvera empfiche
par Pacte meme qui lend a le produire (1).
§ IV. — APPENDICES DU DIAPHRAGME DESTINES AUX ORGANES GENITAnX.
Outre les ligaments ronds inguinaux de Put^rus que pr^sentent lous
les raammif^res, Stenson a decouvert chezle h6risson des ligaments ronds
anl^rieurs de Put^rus, que Rudolphi a trouv4s ^gaiement chez Phyene el
Pours, et que Nilzsch a rencontres g6n6ralement chez les rongeurs et les
carnassiers. Ces ligaments partent des exlreniil6s des cornes de Put^rus,
et remontenten avanl recouverls par le periloine jusqu'i la region costale
ou jusqu'^ la region des piliers du diaphragme ou ilsse terminent. Muscu-
laires dans toute leur etendue comme les ligaments ronds inguinaux, les li-
gaments ronds anterieurs sont aussi constitues comme eux par deux ordres
de fibres.
(1) Jc n'emels ici qu'unc hypolhese ; c'esl k rexperimcnlation qu'll apparticn-
Ura (le la confirmer ou de la rcnvevjcr.
175
Les unes, fibres lisses, fibres plales et lusiforines de la vie organique,
einan^es dii lissu propre de I'uldrus, forinent la plus grande parlie de ces
ligaments; les aulres fibres, qui ne se trouvent guere que dans la portion
terminale et pi^riph6rique de ces ligaments, au voisinage de la region in-
guinale et au voisinage de la region diapliragmalique, les autres fibres sont
des faisceaux muscuiaires strips, ^maofedu muscle transverse pour les li-
gaments inguinaux, et du diaphragme pour les ligaments ronds anl^rieurs.
Je me conteute ici de signaler celle analogie de plus entre le diaphragme
el le muscle transverse, r^servant de plus ampies details pour un travail
que je communiquerai prochainement a la Soci6t6 de biologie (1).
SECTIOIV II. — DIAPHRAGME CHEZ LES OISEAUX.
La cavit6 du tronc est divis^e chez les oiseaux en trois grands comparti-
nienls.
Uanferieur inferieur s'^leaA dans presquetoule la longueur du tronc ;
il loge en avant le cceur, les gros vaisseaux el le reservoir a<5riea thoracique,
en arri^re les reservoirs diaphragmaliques ant^rieur el poslerieur.
Uanterieur superieur n'e&i occupe que par les poumons propremeot
dits ; il est separ6 du premier par une cloison musculo-fibreuse, dtoile
par la pluparl des auleurs sous le nom de diaphragme thoraco-pulmonaire,
el par Perraull sous celui de muscle des poumons, denomination bien
preferable, je crois.
Enfiu le dernier compartiment occupe la region sup^rieure el posl6-
rieure du tronc, el loge a la fois les visc^res abdomiuaux (des appareils di-
gestif et g^nito-urinaire) el les sacs aeriens abdominaux. Le diaphragme
thoraco-abdominal, le veritable diaphragme, s6pare ce comparlimenl des
deux aulres, et deux cloisons ddlach6es de sa face profonde isolent les
visc^res des sacs aeriens.
DESCRIPTION DU DIAPHRAGME ABDOMINAL.
Lorsqu'on a enlev6 les muscles larges de la parol abdominale, ou arrive
de chaque c6l6, sur un plan fibreux attach^ en bas au bord ant^rieur de
(1) Des mdscles accessoires fodrnis aux organes genitaux par le systeme
MUSCULAIRE DES PAROIS ABDOMINALES, SPECIALEUENT DE L'ORGANE CONNU SODS LE
NOM DE GUBERNACULDM TESTIS, CHEZ LE MALE ET CUEZ LA KEMELLE, DAN'^ LA SEHir
DES MAMM1FERES.
176
Tosiliaque etdu pubis cosliforme el accol6 au muscle Iransverse, puiss'eu
ecarlant pour aller gagner la parol dorsale du tronc oii des faisceaux mus-
culairessuccMenl aux fibres lendineuses. En arri^re et en dedans, ce plan
tibreux est inlerrompu, el dans rintervalle corapris enlre deux lignes tiroes
des angles poslerieurs el exlerncs du sternum aux pubis, le p6ritoine parait
lapisser immddialement le muscle transverse. En avant et eu dedans, ce
plan fibreux s'ins^re au sternum, puis se porle sur les cOl6s du p6ri-
carde.
Je n'ai rien ^ ajouler, quant 4 la disposition gen^rale, a la description
tr^s-exacle que M. Sappey a donnee du diaphragme thoracoabdominal;
il n'en est pas de m^merelativement aux 616menls qui constituent ce plan
musculo-fibreux, et k certaines dispositions speciales qui 6taient resides
compl6lement inaperQues.
Ainsi une zone musculaire g^n6ra!ement etroite, fix6e par son exlr^-
iuit6 interne aux apophyses ^pineuses inferieures des dernieres verlfebres
dorsales, confondue en dehors avec le plan fibreux du muscle des poumons,
donne naissance par son Lord convexe i des fibres lendineuses qui s'dcar-
lenl en rayonnaul el marchent d'avant en arri^re dans I'apon^vrose dia-
phragmatique. Mais en outre de Texlr^mit^ interne de chaque zone mus-
culaire se detache uu faisceau tr6s-prononcd, surlout h gauche, et qui se
porte sur Tcesophage, au moment oii, traversant le diaphragme, il va p6-
n^trer dans la cavit6 abdominale. On ne peut m^connallre la Tanaiogie
avec le sphincter diaphragmatique des raammiKres. Mais ce n'est pas tout :
les fibres lendineuses qui font suite a la zone musculaire sont loin de con-
stiluer seules Tapondvrose diaphragmatique.
On observe encore deux ordres de fibres transversales croisant les pre-
mieres presque 4 angle droit, plus superficielles el plus apparentes qu'elles;
de ces fibres, les unes, internes, s'inserent ci la face sup6rieure du sternum,
tout pr^s de la ligne m6diane, et se portent de li vers le milieu de Tapon^-
vrose ou elles rencontrent d'autres fibres transversales aussi, ou un peu
obliques, qui partent du bord anl6rieur du pubis. Taudis que les fibres n6es
du sternum sont nacr6es, brillantes, et lout k fait lendineuses, j'ai trouv6
chezle canard les fibres qui viennentdu pubis, musculaires surlout a droite,
dans unegrande partie de leur etendue. Dansle point oii les fibres nees du
sternum cl du pubis se rencontrent, vers le milieu de Tapon^vrosc dia-
phragmatique, de la face profonde de celte apon^vrose, se detache une
cloison qui se porte vers le milieu de la face convexe de chaque lobe du
foie, et a 6te d^critc commc ligament suspenseur du foic. Chez Ic canard,
■P'i
177
qui nous a servi de type dans celte description, cetle eloison, dans louteson
^tendue, est constitute par des faisceaux musculaires paralliles, qui font
suite, les uns aux fibres n6es du sternum, ies autres aux fibres n^es du pu-
bis, et se portent a droite sur la face convexe du foie dans toule sa hauteur;
4 gauche le lobe b^patique se prolonge moins en arri^re, et laisse a d^cou-
vert I'enlrde du ventricule succenturi6 dans le g^sier et le g^sier lui-mSme.
La eloison musculaire arrivee ci Textr^mit^ post^rieure du foie se continue
sur le ventricule succenturi6 et sur le bord externe du gesier ; ce sonl les
fibres n^es du pubis qui constituent uniquement celte partie de I'expan-
sion musculaire. Ainsi le diaphragme envoie aux deux lobes du foie et aux
deux estomacs des expansions musculaires qui paraisseut se terminer sur
ces organes, mais ne s'y terminenl peut-etre pas en n'alit^, car j'ai pu chez
Toie decoller la lame musculaire qui se porte sur le bord externe du gesier,
et eile m'a paru se continuer jusqu'a la rencontre de la eloison du c0t6
oppose ; de sorte que si cette disposition est bien rdelle le foie et les deux
estomacs seraient contenus dans une esp^ce de poche resultant d'un d6-
doublement du diaphragme. Chez de grands oiseaux, celte disposition doit
etre plus 6vidente, et ce que Perrault, cM par M. Sappey, a d^crit chez
I'autruche sous le nom de diaphragme transversal, doit probablement y
^Ire rapports.
Parmi les especes que j'ai examinees, le canard et la corneille cl man-
teau gris m'ont seuls pr^sent^ des fibres musculaires dans la eloison qui se
porte vers le foie. Constamment, au conlraire, il existe a gauche des fibres
musculaires qui font suite aux fibres tendineuses nees du pubis et se portent
vers le ventricule succenlurie et le g6sier ; elles existent chez les oiseaux a
gdsier musculeux et chez ceux a estomac membraneux, chez le canard,
chez I'oie, chez les colombes, les gallinac^s, la huppe, la corneille a man-
teau gris. Je ne sais k quelle condition est li6e I'existence de ces fibres
musculaires dans les ligaments du foie; leur contraction doit aider i la
compression des reservoirs abdominaux; quant i I'expansion musculaire
de I'estomac, son existence constante semble indiquer une fonclion sp6-
ciale et importante.
SECTIOiV III. — DIAPHUAGME CHEZ LES REPTILES ORMTHOIDES (BLAINV.).
Cheloniens. — La cavit6 du tronc des ch^loniens n'est cloisonn^e par
aucun plan musculaire ni fibreux. Un sac p^riton^al, surmont^ en avant
178
par le p^ricarde, renfenne I'appareil digestif el une parlie de Pappareil
g^nilo-urinaiie. Quanl aux poumons, silu6s en arri^re el en dehors du
p^riloine, aucune membrane fibreuse ni sereuse propre ne les enveloppe ;
comme les reins auxquels louche imm^diatemenl leur exlr^mile posle-
rieure ; ils sonl loges dans un simple ecartemenl enlre le pi^riloine el la
carapace.
Bojanuset apr^s lui Meckel onl ddcril chez ces animaux, comme repr6sen-
tant le diaphragme, des faisceaux musculairesqui, limilant anlerieurement
la cavil6 du tronc, s"inserent aux deux ou Irois premieres verlebres dor-
sales el aux cotes correspondantes, el se portent de la sur les c6t6s du p6ri-
carde, vers la parol inferieure du tronc ; la ces faisceaux se terminent par
des fibres tendineuses qui s'6talent sur la face externe du p6ritoine et y
renconlrent des fibres semblables fournies en arriere par le muscle trans-
verse abdominal. Dans leur trajel de la colonne verldbrale el des cotes vers
le p^ritoine, ces faisceaux musculaires sont de chaque c6t6 apphqu^s sur
le sommet des poumons.
Si Ton supposait, chez les oiseaux, la cavite du tronc rMuite a la cavil6
abdominale, el les poumons silu6s dans celle cavil6, en dehors du peri-
toine, le diaphragme thoraco-abdominal des oiseaux aurait assez exacle-
ment la meme disposition generate que le diaphragme des tortues. Or ce
n'est pas \k une hypothese graluite : le passage de I'uue de ces dispositions
a I'autre existe et meme est Ires-^videut. En effet, une portion au moins du
poumon des oiseaux est silu6e dans la cavite abdominale, en dehors du
pdritoine, enlre celte membrane el la parol sup^rieure du tronc, c'est le
reservoir a^rien abdominal qui repr^sente la parlie posl^rieure non cloi-
sonn^e du poumon des reptiles. Abstraction faite de la parlie anl^rieure
de I'appareil pulmonaire des oiseaux, la disposition gdn^rale de la cavite du
tronc, des poumons abdominaux el du diaphragme, est la meme, je le r^-
p^le, chez les oiseaux et les ch^loniens. Analogic de plus enlre ces deux
classes que rapprochenl lanl d'aulres caracl^res.
Ainsi, chez les ch61oniens, le diaphragme n'est plus en aucune fa^on une
cloison musculaire separanl I'appareil respiraloiie des visc^res de I'appa-
reil digistif. II n'esl plus autre chose qu'une parol contractile de la cavil6
du tronc a son extr^mitd anterieure. II n'esl pas, ne pent pas 6lre un dila-
taleur des poumons, comme le veul Bojanus, qui lui assigne celte fonclion
fort graluilement, et par analogic sans doute avec la fonclion principale du
diaphragme des mam miferes. Mais chez les mammif^res memes, c'est ac-
cessoiremenl en quelque sorte que le diaphragme dilate les poumons ; sa
179
deslinalion primilive essenlielle est de compiiiiier le sac abdominal, De
cetle diminulion de I'une des cavilds r^suUe n^cessairement Tagrandisse-
ment de Taulre (1).
Chez les oiseaux, le diaphragme abdominal contribue accessoirement i la
diiatalion des reservoirs diaphragmaliques; niais quant auxrfeervoirsa^riens
des poumons abdominaux, il ne peut que les comprimer. Enfermfe dans
la cavil6 commune, les poumons des cheloniens sont, comma les autres
visc^res, comprim^s parle diaphragme auquel vient en aidele muscle trans-
verse, 11 suffit pour s'en convaincre d'observer la respiration d'une tortue.
L'air ne se prdcipile pas dans le poumon activemenl dilate, il y est inlro-
duit peu h peu par une s^rie de d^glulitions successives, puis en une seule
fois, et par la contraction des muscles abdominaux, surloul du diaphragme
et du transverse, le poumon est comprim6 et Pair respir6 expuls6 avec une
esp^ce de sifilement.
SECTIO\ IV,— DIAPHRAGME CHEZ LES REPTILES ICHTHYOIDES(BL.}.
Batraciens. — Chez les batraciens, il n'y a qu'une cavity commune du
tronc. Outre le lube digestif, ses annexes et les organes g^nito-urinaires,
celte cavity contient encore les poumons. lis onl tout 4 fait le caract^re que
leur assigne leur mode de d^veloppement, celui d'appendice,d'annexe, de
I'appareil digestif. La s^reuse commune les enveloppe et les fixe i Taide
d'un repli tout 4 fait semblable au m&ogastre et au mesentere; l'air y est
introduit par deglutition comme les aliments dans le tube digestif. Comme
le contenu du tube digestif, le contenu de ces sacs a^riens est expuls6 par
Taction des muscles larges des parois du tronc. Ces muscles nous offrent
ici, en I'absence du d^veloppement des c6tes, leur type le plus simple, et
ce type est celui des muscles abdominaux des vertdbr^s supdrieurs. Les
belles recherchesd'A.. Thompson nous ont appris ci considdrer ces muscles
des parois abdominales comme un seul muscle polygastrique. Rien d'ex-
traordinaire de voir ici les trois couches de ce muscle rMuites k deux.
Les fibres descendantes qui constituent la couche externe s'entre-croisent
sur la ligne mddiane avec celles du c6t6 oppos6 et deviennent ascendantes
(l)L'bypolhese de M. Maissiat, quiconsidere la tension des gai du tube di-
gestif comme la cmise premUre, sans cesse renouvelee, des contractions du
diaphragme, vient a I'appui de I'opinion que j'emeis sur le rOle essenliel de
ce muscle.
180
dans la couche profonde qui repr^senle ii la fois le pelit oblique el le trans-
verse.
Quire ces deux couches, Mayer (de Bonn) (I) a d^crit chez ies aglosses
{pipa et xenopus), sous le nom de muscle abdominal posldrieur, un mus-
cle qui , n6 de la diaphyse du femur, longe la parol sup^rieure du Ironc et
vient s'ins^rer a I'hyoide el an pharynx, ou a la premiere portion de Toeso-
phage. Meckel regarde ce muscle comme le representant du diapliragme
et fonde cette opinion, tres-juste, sur I'insertion de quelques faisceaux de
ce muscle k I'oesophage, faisceaux tout i\ fait analogues, dil-il, a ceux
qui chez lours se delachent des piliers du diaphragme el se jeltent sur
Poesophage. Celte disposition , que Meckel croyait exceptionnelle el parli-
ciiH6re a I'ours , nous I'avons Irouvee chez la pluparl des mammiferes,
chez Ies oiseaux memes, et lorsque nous la relrouvons chez Ies balraciens,
nous ne pouvons meconnaitre sa signification , et avec bieu plus de droit
que Meckel, nous devons consid^rer le muscle auquel elle apparlienl comme
le represenlaol du diaphragme. Esl-ce la cependant un fail particulier aux
aglosses? Ies autres balraciens aiiourfssont-ils, comme onl'a pens6 jusqu'A
present, depourvus de tout vestige de diaphragme ?
Je n'ai pu croire qu'il exislSt une telle lacune dans le plan g^n^ral. J'ai
done cherch6 chez Ies balraciens indigenes, el trouv6, plus marques meme
que je ne I'esptois, Ies traces d'un type constant.
Chez le crapaud (bufo fuscus) el la greoouille (raiia e.s-c), le muscle
parietal profond (oblique ascendant) fournit la parol poslerieure de la gaine
du muscle droit abdominal , el s'insere au bord du sternum ; le muscle
droll s'y attache lui-merae. Imm6dialemenl au-dessus de ce point el sans
ligne de demarcation, des fibres musculaires, formanl une esptee de loll
en avanl et au-dessus de la cavite du tronc, se portent sur Ies c6t6s du
p^ricarde (ou elles semblenl se terminer) en maniere de diaphragme, dit
Duges (2), que celte disposition a frapp^, bien qu'il n'en comprit ^videmment
pas rimportance el qu'il en ait fait mention par hasard, en quelque sorte.
Au-dessus enfin, et imm^diatemenl accol6 d'abord au plan musculaire
donl nous venons de parler, nait, des c6l6s du rachis, un faisceau non en-
core ddcrit , qui , plus fort , mais en quelque sorte plus Isold chez le cra-
paud que chez la grenouille, cach6 chez tous deux par Ies muscles de
r^paule, se jelle sur le pharynx el le commencement de Tcesophage.
(I) Mayer, Nova, acta nat. curios., vol. XII, pari. 2.
(3) Dugdf, Reciiercres sur la myol. des batrac.
181
Quelques fibres passent en avant, d'aulres vonl jusqirii I'hyoide, mais la
plus grande parlie se lerminent en s'entre-croisani avec celles du c6l6 op-
pose sur la face post^rieure du pharynx et de I'cesophage. Ce faisceau com-
plete la voute musculaire qui ferme en avant la cavity du tronc; il est
immMialement appliqu6 sur le sommet des pouraons. Kvidemment il re-
pr^senle Ir^s-exactement , sauf I'origine, le diaphragme post^rieur des
aglosses (1). Une autre parlie du diaphragme est representee par les fibres
qui se jeltent sur les cotes du pericarde. Ces fibres appartiennenl bien en
realite au plan du muscle pariv'tal profond , mais ce n'est pas la premiere
fois que nous voyons le diaphragme n'etre qu'une dependance du systemc
des muscles larges de la parol abdominale. {Foir Diaphr. des ce^taces.)
SECTION V.
Chez les poissons, la modification profonde de I'appareil respiratoire en-
tralne-l-elle Pabseuce complete du diaphragme ?
Cuvier admel bien entre la cavil6 des branohies et la cavite abdominale
une cloison musculo-fihreuse, qu'il est porte k considerer comme I'ana-
logue du diaphragme ; mais des recherches plus completes que celles aux-
quelles j'ai pu me Uvrer me sont encore necessaires pour admettre la rea-
lite de celte analogic que Cuvier indique seulement, sans Tappuyer d'aucune
preuve et sans y attacher I'importance qu'elle meriterait.
Quant a des faisceaux musculaires trouves par Rathke chez plusieurs es-
peces de coitus, par mes amis MM. Robin et Brown-sequard, chez plusieurs
especes de squales, et qui, prenant leur origine ila paroi dorsale du tronc,
se jeltent sur I'cesophage, ces muscles, appartenant au systeme musculaire
des parois du tronc (2), representent evidemment, par leur disposition ge-
nerate, leur origine, leur terminaison, la portion cesophagienne du dia-
phragme des batraciens (reptiles ichlhyoides, Blainvillej.
(1) Je consideie ilu leste I'origine du diaphragme a la diaphyse du femur,
comme un resultat de la fusion du psoas avec le diaphragme. Cettc fusion est
deja indiquee chex I'homme : 1° par des faisceaux du diaphragme qui, dan.s
quelques cas, se continuent a\cc les faisceaux musculaires du psoas ( Bonamv,
atlas, pi. 49); 2° par le faisceau diaphragmatique de la galnc du psoas dent
nous avons parle preccdemment { diaphr. des mammileres).
(2) M. Brown-Sequard les a vus se contractcr immediatemcnt sous rinfliiencc
des stimulants. On sail que les muscles composes de faisceaux priinilifs slrici
otfient seuls ce caracl6ie.
x. III. 13
182
SECTION VI.
$ I. — EVOLUTION DU DIAPHRAGME DANS LA SERIE DES VERTEBR£s.
Jusqu'ici, d'apres Tordre n^cessaire des recherches, nous avons precede
dii connu a rinconnu, el suivi le diaphragme dans ses transformations
successives cliez tons les vertebras.
Remontons inaintenant, dans iin ordre plus logique et plus naturel, la
s^rie des fails, et suivant les modifications d'un type constant, 61evons-nous
du simple au compost.
Delerminons d'abord le type. On doit dislinguer, dans I'appareil muscu-
laire auquel nous conservons le nom de diaphragme (si peu justifie qu'il
soil le plus souvenl), deux portions (non pas une portion lombaire et I'au-
Ire costale, elles sonl inlimemeul unies), mais une portion cesophagienne,
one portion parietale.
Celle derniere a pour caractere essentiel de constituer une enveloppe
contractile immediate de la grande cavitS viscerale, dont elle forme tou-
jours la parol anl^rieure et quelquefois en parlie la paroi sup^rieure (c^-
tac6s), ou m6me I'infdrieure (oiseaux).
Quant k la portion cesophagienne, moins d^veloppee dans les classes su-
p^rieures, ou elle existe cependant gen^ralement, son importance augmenlt^
dans les classes inf6rieures (batraciens et poissons); elle est 4 I'entr^e dii
tube digestif, dans I'abdomen, ce que le diaphragme inferieur (releveur de
I'anus) est 4 la lerminaison de ce conduit.
Batraciens. — Cavite commune pour I'appareil digestif el les poumons,
qui n'en sonl en quelque sorle qu'un annexe. Les deux portions du dia-
phragme existent, netlement distinctes I'une de I'aulre; la portion cesopha-
gienne est lres-d6veloppee, mais la portion parietale est peu distincte du
syst^me musculaire commun i toutes les parois de la cavile.
Cheloniens. — Une seule cavite du tronc. Les poumons commencenl a
s'isoler du tube digestif, el sonl en dehors du p^ritoine, mais enferm6s en-
core dans un sac contractile conslitu6 en avant par le diaphragme parietal,
en arriere par le transverse (qui repr^sente probablement aussi le releveur
de I'anus) ; le diaphragme cesophagien paralt manquer.
OisEAUx. — Les poumons s'isolent de plus en plus; ils occupenl di'jii en
])arlie une cavile sp6ciale (cavit6 Ihoracique), mais leur appendice posl^-
vieur (reservoirs abdominaux) est encore dans la cavile viscerale, et com-
183
prim6 par le diapliragme parietal ; mais la conlraclion de ce muscle, en
diminuant la capacity de I'abdomen, a d6ja pour elfet secondaire d'aug-
inenter la capacity du thorax , et par suite de dilaler les reservoirs
diaphragmaliques, appeadices du poumon. Le diapliragme ojsophagien
exists constammenl; il y a meme des faisceaux cesophagiens et des fais-
ceaux gastriques clisliocts.
Mammiferes. — Le trouc est divis6 en deux cavil^sdont Tune en grande
partie occup^e par les pounions completement isol6s de I'appareil digeslil.
Le diapliragme parietal, qui conserve toujours son caractere et ses rapports
de paroi contractile de la cavit6 viscerale, se trouve constituer une cloisoii
entre les deux caviles qui se partagent le Ironc. En comprimant les visc6res
digestifs, en se rapprochant du centre de la cavity abdominale , ce qui a
et6 jusqu'ici sa fonction e^sentielle et constante, il augmente n6cessaire-
nient la capacity thoracique, ddlermine la dilatation des poumons, et sans
perdre ses auciennes lonctions (vomissement, defecation, accouchement,
iniclion), il en acquiert de nouvelles (inspiration). Le diaphragme ojso-
phagien existe tres-gen6ralement et quelquel'ois au plus haut degr6 de de-
veloppenient (rongeurs).
Ainsi la s^rie est complete du diaphragme oesophagien du pipa au dia-
phragme oesophagien de I'homme, du diaphragme parietal des batraciens
au diaphragme parietal de Thomme ; les deux termes extremes sont relies
entre eux, et nous possedons la raison de celte progression anatomique.
§ II. — DEVELOPPEMENT.
Situe Chez les derniers vertebres a respiration aerienne ( batraciens et
cheioniens) k la limite anterieure de la caviie du tronc, immediatement
au-dessous de la region cervicale, le diaphragme s'eioigne d'aulant plus
de cette region que la place de I'animal est plus eievee dans la serie. 11 y
a dans une meme classe une difference tres-marquee sous ce rapport,
entre le diaphragme des c^taces, par exemple, et celui de I'homme. Le
developpement du diaphragme chez un embryon de mammifere superieur
repete exactement son developpement dans la serie animate.
A repoque de la naissance , la cavite abdominale I'emporte de beaucoup
en etendue sur la cavite thoracique, et le diaphragme est situe relative-
ment plus haut que chez Tadulte. A mesure que Ton se rapproche des
premiers temps de la vie embryonnaire , le diaphragme remonle de plus
en plus veis la partie supericure du tronc. Chez un cnibryon dc htpin dc
18i
0*,009 de long, j'ai liouv6 ce que Baer avail dejii signale, le dtapliragrae
jitue au niveau de la premiere verl^bre dorsale, a la mfime hauteur que
Torigine des niembres anl^rieurs.
SECTIO.V VII, — NEHFS DL DIAPIIKAGME.
Les nerfs du diaphragme viennenl de la moelie.
Le Irajel et la dislribulion des nerfs rachidiens sont g^neralemeiil Ires-
simples et lirail^s au segment vertebral correspondanl au point d'6mer-
gence des nerfs, ou tout au raoins aux deux segments voisins. Le type de
celte disposilion nous est oflert par les nerfs intercoslaux. Les nerfs du ecu,
si Ton tienl compte de leur disposition plexiforme, les nerfs des membres,
en pla^ant ceux-ci dans leur veritable position, c'est-i-dire perpendiculai-
rement et non parallfelement a I'axe du trono, forment une exception plus
apparente que reelle 4 cette loi g^n6rale de la distribution des nerfs rachi-
diens. En est-il de meme des nerfs du diaphragme ?
Chez les batraciens et les chelonieus, ces nerfs sont norniaux.
Le diaphragme est situ6 au mSrae niveau que la racine des membres an-
terieurs ou immediatement au-dessous. Les nerfs du diaphragme viennent
de la region du plexus brachial ou des premieres paires dorsales, et se
comportent comme les nerfs intercostaus.
Chez les oiseaux, le diaphragme abdominal est anim6 uniquement par
des branches des nerfs splanchniques du grand sympathique. Mais, sauf
leur passage a travers les ganglions pr^vert^braux et symputhiques, ces
nerfs ne s'tearteiit pas sensiblemeiit du type normal, puisque les dernieres
paires dorsales, au niveau desquelles est situ6 le diaphragme, concourenl
i la formation des nerfs splanchniques.
Chez les mammiferes, les nerfs diaphragmatiques sembient dilferer com-
pl^tement de ce que nous avons vu jusqu'ici. Formes par la reunion de
branches emanees des deux dernieres paires du plexus cervical et des deux
premieres du plexus brachial, ils traversent toute la hauteur de la cavile
thoracique avant d'arriver a leur destination.
Faut-il chercher a cette disposition singuliere un but final, et rappro-
cher le nerf phrenique du nerf spinal auquel il ressemble par ses origiiies
multiples, et de plus, chez certains animaux (^cureuils), par sa fusion pen-
dant une partie de son trajet avec le pneumo-gaslrique. Faut-il faire de ces
denx nerfs des accessoires du pueumo-gaslrique, pr^sidant aux contrac-
tions musculaires, scules essentiellcs el indispensables a raccornplissemcirt
I
185
de I'acte respiratoire, les conlraclions des muscles du laryiu el du dia-
phragrae, conlraclions musculaires qui agisseul encore de concert dans ie
m^canisme de I'effort el de la voix , en empSchant ou modifiant I'expi-
ralion ?
Enfin, nous appuyanl sur des raisons semblables a celles que M. Longet
invoque pour 6lablir le but final de I'origine singuli^re du nerf spinal, di-
rons-nous que I'origine du nerf phr^nique h un point de la moelle si 61ev6
et si distant de sa lerminaison est en rapport avec I'imporlance des fonc-
tions du muscle qu'il anime, et a pour but de peroieltre encore I'accom-
plissement de lade respiratoire et I'expulsion du contenu des reservoirs
abdominaux (vessie, rectum, uterus), alors m6me que Taction des nerfs
thoraciques et abdominaux est iulerrompue?
Mais cette explication physiologique ne nous salisi'ait pas , et nous
croyons pouvoir douner, de I'origine et du trajet des nerfs phr^niques
chez les mammifSres, une raisoa beaucoup plus simple et tout analo-
mique.
L'origine tr6s-eloign6e de la lerminaison, de Tart^re et des nerfs sper-
maliques, s'explique Ires-naturellement, comme on salt, par le d^veloppe-
ment du testicule. Celui-ci nail au bord interne des corps de Wolf a c6le
des reins ; ses vaisseaux et ses nerfs, nfe au meme niveau, s'allongent pea
a peu et s'^loignent de leur origine, entraln^s par la desceole du testicule
jusque dans le scrotum.
II en est de meme des nerfs du diaphragme. Nous avons vu que dans les
premiers temps de la vie embryonnaire, le diaphragme est siliie imm^dia-
lement au-dessous de la region cervicale au m6me niveau que la racine
des membres anterieurs. Rien de plus normal et de plus simple i celte
6poque que de voir les nerfs du diaphragme fournis par le plexus cervical
et le plexus nerveux des membres anl^rieurs (1). Mais a mesure que les
(1) On a signale comme constante (Valentin, Hirschfeld) ou comme fiequenle
(Haller, d'apres M. Berard, I'a trouvee cinq fois) une anastomose entre I'liypo-
glosseet le nerf plirenique. Cette anastomose est au moins rare, et loisqu'eliea
lieu, elle ne provient pas du tronc de I'hypoglosse, mais de I'anse nervetise
anastomotique avec la deuxidme paire cervicale. Dans le seul cas oii j'ai trouve
une disposition analogue, voici ce qui existait. A droite de I'anse anastomoti-
que partait une branche qui, renforcee par deux filets emanes des Iroisieme et
(luatrieme paires cervicaies, se terminait par deux rameaux, dont I'un destine
au sterno-liyoidicn, t;indis que I'autre, ploiigeanl dans la poitrine, longeait le
pcriearde, A pen de distance du slcrnum, et alinil sc lerniiner dans l;i moitip
186
poumoDS se d^veloppent, ils refoulent en bas le diapliragine, donl les nerfs
s'allongent et s'(iloigDent avec lui de leur silualion primitive.
Ce qui vient encore a i'appui de celle inaniere de voir, c'esl que, nial-
grd leur long trajel, les nerls phreniqucs n't^niellenl aucuue branche et ne
re?oivent aucune anastomose dans toute I'^tendue qui separe la silualion
primitive du diaphragme de sa silualion definitive, c'esl-a-dire dans loule
Tetendue de la cavile thoracique (1).
Malgre les assertions conlraires de Valentin el Bourgery, le diaphragme
ne regoit aucun filet de nerfs rachidiens aulres que les nerfs phr^niques.
Tous les nerfs intercostaux ou lonibaires sans exception ne font que le
traverser pour se terminer soil dans le muscle transverse, soil dans le psoas
ou le carr6 des lombes.
Mais le grand sympalhique envoie au diaphragme plusieurs branches ;
I'une, que je n'ai Irouvee qu'^ droite, nail du ganglion semi-lunaire et du
grand nerf splanchnique et se jelle direclement dans la partie inf6rieure
du pilier droit, qui ne recoil pas d'aulres nerfs a ce niveau.
Une autre branche n6e a droite aussi du plexus cceliaque et du plexus
surrenal, munie d'un ou plusieurs ganghons constants, remonte en ac-
compagnant I'artere s'anastomoser avec la branche poslerieure du nerf
phr^nique. Celle anastomose multiple forme une espece de plexus, duquel
partent des filets qui se jetlent les uns dans le pilier droit, les aulres dans
ia partie droite de la voute. Un de ces filets, constant, arrive jusqu'i la
moiti6 gauche en contournanl le bord sup^rieur de I'orifice oesophagien.
Mais plusieurs filets remarquables et souvent munis de ganglions se deta-
chenl : les uns du tronc meme de la branche poslerieure du nerf phr^nique,
au-dessus ou au-dessous de son passage k Iravers le diaphragme ; les au-
tres du plexus anastomotique, el se jetlent sur la veine cave. Quelques-
uns se perdent dans les parois de cette veine, d'aulres se jetlent sur les
droite du diaphragme, en s'anaslomosant avec le nerf phrenique du meme cole,
qui existait simultanement. C'esl 1^ ce que Valentin a deciit sous le nom de nerf
diaphragmatique anterietir.
Dans tous ces cas, et surtout dans le dernier, je pense que les tllets destines au
diaphragme provenaient en rcalite de la portion de Vanse anastomotique, con-
stituee par la deuxi6me paire cervicale, et non par des filets craniens de I'hypo-
glosse.
(1) Les pretendus fdets fournis par le nerf phrenique au pericardcet au plexus
pulmonaire droit ne sonl autre chose que des branches arterieilc!!, aiiisi que je
I'ai d^montre sur une piicc dcposec ,nu MiisOc dc la Tacullr.
I
187
veines sus-bepaliques, an niveau de leur embouchure dans la veine cave.
Ce sont ces filels que Blaudin el d'autres analomistes out cru se lermincM'
dans le parenchyme du foie , mais qui en rdalitd ne font que le traverser
pour se terminer dans les parois des veines cave et sus-h6pathiques.
Chez les phoques, un prolongement musculaire en forme d'anneau
fourni par le diaphragme entoure la veine cave. Chez tous les mamnii-
f^res en g^ndral, I'ouverlure du diaphragme qui donne passage ^ celle
veine est r6trecieparles contrations musculaires (1). D'un autre c6t6, chez
les grands mammiferes et chez I'homnae meme (2) , on Irouve des hbres
musculaires lisses dans !a tunique moyenne de la veine cave au niveau du
diaphragme. Or il n'est pas sans interSt de voir le pilier droit d'oii ema-
nent en grande parlie les faisceaux tendineux qui bordent I'ouverlure pour
la vtine cave, recevoir ses nerl's de la source meme qui en fournil a la
parlie musculaire de celle veine; la communaule d'origine de ces deux
ordres de filets nerveux a sans doule pour r^sullal de faire concorder deux
actes qui modifient de la meme maniere la circulation de la veine cave,
savoir : la contraction de I'anneau musculaire de celle veine el le resserre-
nient de Touverture du diaphragme.
Quant a I'anaslomose, d^crile par Valentin, du nerf phr6nique gauche
avee le pneumo-gastrique gauche, voici ce qui existe r^ellemenl : une
branche se d^lache de I'extremile gauche du plexus ccEliaque, commu-
nique par quelques filels avec le plexus surrenal, envoie quelques filels
tr^s-greles qui s'anastomosent avec des divisions du nerf phr6nique gau-
che, puis se porte vers le cardia et le cul-de-sac de I'eslomac, ou elle se
divise en branches lerminales ; une de ces branches s'anaslomose avec
une division du pneumo-gastrique, c'esl Vanse nerveuse du cardia. Le
pneumo-gastrique gauche communique encore par les branches qu'il
envoie au foie, avec un petit filet constant qui se d^tache du plexus ana-
slomolique forme par la branche poslerieure du nerf phrenique droit, el le
rameau diaphragmalique du plexus cceliaque.
(0 M. Beiaiii, CouRs de piivsioLOGiii, vol, 111, p. 24-';, cite h ce sujet les expe-
riences de Haller, Sclnvaitz e! Bichal.
(2) Ilen!e-R(Enschel.
FIN.
CAS
DE TUMEURS FIBRINEDSES MDLTIPLES
COMTENANT UBIE MATli:RE PURIFORME ,
SITC^BS DANS l'OREILLETTE DKOITZ DD COEDR ,
SUIVI DE CAS ANALOGUES ET DE QUELQOES REMARQUES CRITIQUES;
Lu J la SocMi
Par M. CHARCOT,
Interne lauriat des hApitaai.
Oiis. — Amould (Louis), age de 29 uns, boutonnler. Enlre le 10 join 1850 a
I'hopital de la Charite, salle Saint-iMichel, n» 8, service ile M. Raver. Moit le 6
juillet.
Get homine n'a jamais joui d'une bonne sante; dfs I'age de 14 an?, il epiou-
vait, sous I'lnfluence des moindres fatigues, de I'oppiession, de Tessouiriement,
des palpiiations et un peu de toux. A I'age de 20 ans, il tombe au sort et scrt
comme soldal en Afrique pendant trois ans ; pendant tout ce temps, il ne cesse
d'etre sujel a la loux et aux oppressions, incommodiles qui ne I'empechent ce-
pendant pas de repondre lanl Lien que mal aux exigences du service militaire.
Pendant le sejour en Afrique, il contracte une flevre intermittente de type tierce,
qui se rcproduit a plusicurs reprises, mais qui n'est pas suivie d'hjdropisie. Ce
malade est de retour en France depuis trois ans; depuis celle cponue, il se livre
a un travail assez fatigant, qui I'oblige a avoir les mains sans cesse plongees dans
I'eau. II a pour habitude de se livrrr tnus les lundis et lous les dimanches ^ des
TOME III. 14
190
eicfes alcooliques ct il fait communemenl usage do tin blanc ; il hablte un loge-
ment sec el se nourrit d'ailleurs assez bien. Depuis le retour en France, et sous
I'influence des nouvelles habitudes, la toux, I'oppression, les fatigues sponlanees
n'ont fait que s'accroilre; cependant il n'y a a noter ni fi6vre, ni sueiirs noc-
turnes, ni amaigrissement, ni hemoplysies. 11 y a quatre mois environ, sans
cause connue et en un seul jour, les paupieres el les joues s'enflent considera-
blement, les membres inferieurs etles avant-bras s'cedcmalient ; celte produc-
tion rapide de I'anasarque n'est pas accompagDee de frissons; elle n'avait pas
ele precedee de douleurs derein; le malade n'avait eprouve qu'une grande las-
situde el un peu d'inappetence ; il continue neanmoins a travailler pendant une
quinzaine de jours, maisbientot les bourses elles-memes se prennent ; la fa'ij;ue
devienl extreme et il se Toit force de se rendre k I'hopital Saini-Antoine. Le trai-
tementqu'il ysubit et qui consiste plus parliculieremenl en bains de vapeur et
en fumigations, reste sans e£fet.
Le malade quitte eel hopital apres un sejour de deux mois ; il reste chez lui
pendant une quinzaine de jours, sans liailement, el entre eriiin, le lO juiii 1851,
a I'hopital de la Charlie, oii nous le trouvons dans I'elat suivant :
Constitution profondement deterioree; decoloration generale et teinte jaunilie
des teguments. Souffle a double courant dans les vaisseaux du cou. Souffle doux
au premier temps du coeur ayant son maximum h la base.
OEdeme considerable des membres supeiieurs el inferieurs ; hydroperitonie;
ced^me du scrotum : simple bouffissure de la face.
Toux habiluelle et frequente, surloul la null; expectoration decracliats verts,
larges, arrondis, puritormes ; quelquefois d'une teinte rousse el slries de sang;
sentiment d'oppression ; voix faible, mais sans raucite. La percussion de la poi-
trine fail reconnailre, dans loute I'eiendue du c6l6 droit; en arriere, une matite
absolue avec resistance au doigl; en avant, depuis la clavicule jusqu'uu foip, re-
sistance au doigt qui percute, mais sonorile speciale. Par rauscultalion, on con-
state, dans toute I'etendue du meme cole, I'existence d'un souffle presque am-
phorique et d'un gargouillement compose de bulles volumineuses qui s'accom-
pagnent en eclatant d'un timbre metallique ; pas dc tintemeni melaliique propre-
ment dit; pas de bruit de fluctuation Ihoracique; pecloriloquie.
Le poumon gauche parail sain dans toute son clemlue.
Volume normal du cceur ; nor.s y avons deja note. I'existence d'un souffle hy-
dremique.
Foie de forme et de volume normaux.
Rate hypertrophiee ; elle a atleinl de 12 a 13 ceulimeires dans son diameire
vertical ; elle est epalsse.
Rien k noter du cote des intci-lins; pas de devoicment.
Les deux reins paraissent d'egal volume, mais tous deux seniblenl avoir subi
une legere augmentation d'etendue ; la percussion fail recomiaitre en meme
temps que la region des reins n'est pas douloureufe ; remission de I'urine est
i
i.
191
rare, non douloureuse. L'urine elle-memeetant chaufT^e, puis traitee par I'acide
nitrlque, il s'y forme un abondant depot d'albumine.
Le malade n'eprouve pas de fl6vre le soir; il n'a pas de sueurs nocturnes. Sa
peau parait, quand on la louche, au-dessous de la temperature normale, surtout
aux extremites; le pouls est faible, depressible, naturel pour la frequence; le
malade a conserve un peu d'appetit, il est dans un etat de faiblesse tres-conside-
rable. Prescript. : Poudre de cedron, 0,50 centigr.; sous-carbonate de fer, 0,50
centigr. ; deux portions d'aliments.
Le 22 juin, il se manifesto du devoiement avec tenesme; cinq k six selles en
vingt-quatre heures. Prescript. : Potion; laudanum, 10 gouttes; diminution des
aliments.
Meme etat les jours suivants.
Le 24 juin, des caillots de sang noir se rencontrent pour la premiere fois dans
les selles ; lOO pulsations, pouls petit, mou, souvent redouble, quelquefois inter-
mittent; extremites froides. L'etat de l'urine n'est pas modifle.
Meme etat les jours suivants, si ce n'est que I'oppression augmente manifeste-
menl de jour en jour; le malade dit ne pas eprouver de palpitations.
30 juin. Meme etat general, meme nombre de selles; elles contiennent tou-
jours des caillots. Les crachats sont tout k fait puriformes, d'un vert roux, tr6s-
abondants. Dans le courant de la journee, un frisson violent avec tremblement
se manifeste ; en Fuerae temps une douleursourde, que la percussion exagere, se
montre k la region du coeur. L'auscultation du coeur fait constater I'existence
d'un bruit de cnir neuf, superficiel, tres-rude, perceptible aux deux temps de
chaque baitement, mais dont I'intensiie est augmentee a chaque inspiration pul-
monaire. Preserip. : Un vesicatoire sur la region precordiale.
1" juillet. Meme etat que la veille. Quelques frissons erratiques ; pas de clia-
leur cutanec; meme etat des selles et de l'urine. Rien de nouveau a noter dans
les poumons. Meme sentiment d'anxiete oii siegeait la region precordiale.
Les jours suivants, la dyspnee ne fait que s'accroitre. Le bruit de cuir neuf
persiste.
4 juillet. Anxiete tr^s-considerable. L'expectoration devient difficile ; les rales
pulmonaires s'entendent k distance; decubitus lateral; dans tout le cote droit
du corps sur lequel le malade est habitueliement couche, I'cedeme a presque
completement disparu.
Mort le 6, k une heure du matin. Le malade etait depuis deux jours dans un
veritable etat d'agouie. Le frotlement pericardique a persiste jusqu'a la fiu. Ja-
mais il n'y a eu de phenomenes cerebraux.
AuTOPSiE, faite trente heures apres la mort. — Nulle rigidite cadaverique.
PouMONS. — Poumou droit : adhereiices intimes aux parois thoiaciques; les
lobes sont conlondus en un seul et relies entre eux pur une epaisse coque
libreuse. Le tissu du poumon a une tcinle vcrdatre; il est dur, homogtoe et crie
sous le scalpel; il est creuse d'unn dizaine d'excavations volumineuses; quel-
192
t
(jues-unes communiquent enlre dies. Ces excavations, dont les paroig sont lisses
et rougeatres, contiennent tr6s-peu de mati^re purifovme. Tuberciiles a I'elat cre-
tace au sommet du poumon.
Le poumon gauche ne prcsente, avec les parois tlioraciques, que des adhe-
rences peu inlimes et celluleuses. Son tissu estpartout feu cropitant; il presente
a peine un peu de congestion hypostalique aux parlies les plus declives. Un peu
de dilatation des vesicules aeiiennes au niveau du bord anterieur. Quand on
coupe le tissu pulmonaire, il s'en (iooule une tres-grande quantite, d'unliquide
claif, acre, tres-fluide. En pratiquant celte section, on remarque que des vais-
seaux de divers calibres sont exactement remplis par des conrretions polypi-
formes que Ton pent extraire par la dissection, sous forme de cylindres ramifies.
On remonte, par la dissection, jusqu'au tronc de I'artere pulmonaire, qui est
elle-meme remplie par une concretion polypiforme, laquelle prend, comme nous
le verrons, son origine dans le ventricule droit. Quant aux concretions en elles-
memes, ellessont blanchatres ou d'une teinte vineusc, resistantes, solides, exac-
tement moulees sur les vaisseaux qui les renferment; dies n'adh6rent que <;a
et 1^, et trSs-faiblement, it la membrane interne de ces derniers, qui d'aiileurs
est lisse et offre sa coloration habituelle; elles sont dans I'artere pulmonaire et
dans ses branches principales, entourees d'une couche de sang noir a peine coa-
gul6 ; nulle part elles ne presentent a leur intcrieur de ramollissemenl ou de foyers
remplis d'une matiere puriforme.
CoEUR. — La face anterieure du cccur, et la partie correspondante du feuillet
sereux du pericarde, sont recouvertes de Irfes-petites, mais tres-nombreuses vege-
tations fjbrineuses, qui s'engrenent reciproquement et determinaient une leg^re
adherence partielln du pericarde au roeur. En arriere, le feuillet sereux pericar-
dique ne pr6sente rien de notable. Un peu d'une matiere gelatineuse verdatre au-
tour de I'origine des gros vaisseaux. Le feuillet sereux dans les points oil exis-
taient les vegetations est rouge et laisse voir une fine injection vasculaire.
Volume h peu pres normal du coeur.
Le ventricule gauche, dont les parois ont uneepaisseur naturelle, contient un
caillot, libre dans sa cavite, si ce n'est en un point voisin de la pointe du coeur.
Ce caillot est blanchatre, de structure fibreiise et assez resistant; il se prolonge
d'un cote dansl'oreillette droite.etdel'autre dans I'aorle, ou ilsetermine bientot
en pointe; dans ces deux derniers points, il est envelop; e d'une couclie de sang
noir k peine coagule. La section du caillot demontre qu'il n'exisle, dans son in-
terieur, aucun point ramolli, aucun foyer rc-mpli de matiere puriforme. L'en-
docarde ne presente d'aiileurs aucune alteration de couleur, d'epaisseur on de
consistance.
Le ventricule droit qui, avant d'etre ouverl, paraissiiit un peu distcndu, e.>-l
rempli par une concretion pnlypiforme conique, laquelle n'adlieie aux parois du
ventricule qu'au voisinage de la pointe du coeur. Celtc concretion se divise par
en haul en deux parties : I'une pcn6tre dans I'artere pulmonaire, I'autre passe
193
entre les valvules tticuspides et va remplir roreillelte droite qu'elle dislend en
meme temps qu'elle envoie des proloiigements dans uiie ceitaine etendue des
veines caves infeiieure et superieure. Au moment de pcnetrer dans raitere pul-
monaire, la branche anterieure de la concretion polypiforme presenle, au niveau
des valvules sygmoides, une soite d'elranglement.
En ce point, on la voit offiir trois mamelons saillants qui se sent exactement
monies dans la cu\ite en nid de pigeon des valvules.
Nous avons dit comment la concretion se ramifiait dans le poumon lui-meme,
et se retrouvait jusque dans des ramifications tr^s-tenues de I'art^re pulmo-
naire.
Dans le ventricule droit, comme dans le poumon, la concretion est pale, de
structure fibreuse, stride de sang dans le sens de sa longueur; libre dans la plus
grande partie de son etendue, elle n'adiiereen realite aux parois venlriculaires
que dans un seul point voisin de la pointe. du coeur. La les adiierences sont in-
tinies et difficiles a detruire. En arriere, elle est moUement unie k Tangle poste-
rieur rentrant du ventricule droit par une masse de sang noir coagule, lequel
forme presque k lui seul le contenu de I'oreilletie et des veines caves.
En dissequant la concrelion, on la trouve a son centre, pleine et homogene
dans la plus grande partie de son etendue; mais dans sa partie inferieure, au
TOisinage du point d'adherence, elle contient deux kystes, dent I'un a le volume
d'une grosse noisette, et I'autre celui d'un petit pois. Ces deux kystes, spheriques,
ont une paroi propre bien distincte de la fibrine ambiante et par sa couleur, qui
est verdatre, et par sa texture; I'enucleation en est facile. L'epaisseur de la paroi
est uniforme et de 2 millimetres; le contenu est un liquide vert, epais, cremeux,
tout k fait analogue au muco-pus qu'on rencontre dans les petites bronches lors
de certains catarrhes.
Ces deux tumeurs sont les seulesque renferme le caillot, mais la face interne
du ventricule droit est herissce d'une vingtaine do kystes en tout semblables,
qu'on pouvait apercevoir sans preparation, lors de I'otiverture de la cavite ven-
triculaire. Ces tumeurs sont toutes situees dans les enfoncements qui existent
entre les colonnes charnues; les unes y sont enfoncees el comme cachees, les au-
tres font plus on moins saillie dans la cavite cardiaque; les uncs ont le volume
d'un lout petit pois ; il en est d'autres qui ont celui d'une noisette. La partie
saillante dans le ventricule est lisse, arrondie, globuleuse; tantot c'est moins
d'une demi-sphere, tantot c'est une sphere presque complete; mais, dans tousles
cas, il faut dissequer le tissu musculaire avoisinant, pour voir ces tumeurs dans
loule leur etendue ; on remjrque alors que chacune d'cUes se prolonge sous les
colonnes charnues du cocur par une sorte de pedicule fibrineux, plus ou moins
aplati. La partie cachee des tumeurs el leur pedicule n'adhcrent d'ailleurs que
tr6s-faiblement au tissu de rendocardc. Souvent deux tumeurs ont un meme pe-
dicule. La coloration du pedicule, comme celle du kyste, est verte. En piquant
cc dernier, qui est d'ailleurs fluctuant, il s'en echappe un liquide puriformCy eu
19/i
tout analogue k celui qui a ete signale plus haul. Quand les plus grosses des
tumeurs ont 6le vid6es, leurs parois reviennent sur elles-memes. En general, la
cavite du kyste se prolonge dans le pedlcule lui-meme, qui est alors canalicule et
contient aussi la substance puriforme. Aucune trace d'injection, de vascularisa-
lion dans les parois des kystes ou des pedicules; celles des plus volumineux pre-
sentent k leur face interne des sortes de cotes de saillies parall6les les unes aux
autres. Aucune des tumeurs appendues aux parois ventriculaires ne nous a paru
pleine, mais dans quelques cas, la matifere contenue etait plus dense et la parol
plus ^paisse.
Dans le ventricule droit, comme dans le gauche, I'endocarde dtait complete-
ment sain ; il en etait de meme de la membrane interne de I'art^re pulmo-
naire.
En portant sous le microscope une gouttelette de la mati^re puriforme que
contiennent les kystes, on remarque qu'elie est composee : 1° d'une substance
amorphe qui ne paralt etre autre chose que de la flbrine desagregee; 2* d'une
quantile prodigieuse de granulations moleculaires; 3° d'un certain nombre de
globules arrondis, pSles, un peu plus volumineux que les globules rouges de sang.
Ces globules contiennent un certain nombre de granulations analogues k celles
qui sont libres dans le liquide ambiant; ils ne contiennent pas de noyau distinct.
Quelques-uns de ccs globules sont parfaitement spheriques ; d'autres presentent
Qa et la des aplatissements et des bosselures, resullats d'un commencement d'al-
t^ration. Aucun globule muni des caract^res anatomiques distinguant les vrais
corpuscules du pus ne se rencontre. Tons sont constitues comme nous I'avons
dit plus haut.
Cesraisons fontpenser qu'il s'agit ici, non pasde globules de pus modifle, ou
meme de globules dils pyoides, mais bien de verilabies globules blancs du
sang.
FoiE. — Volume k peu pr^s normal ; leg^res bosselures a la surface ; leger
degre de cirrhose.
Reins. — lis sont d'egal volume, mais tous deux sont leg^rement hypertro-
phies. Accroissement d'epaisseur de la substance corticale qui est d'un jaune
orange, d'aspect graisseux et ne contient pas de granulations. Atrophic com-
mengante de la substance tubuleuse.
Rate. — 13 centim. de haut en bas, lr6s-epaisse. Son lissu est dur et resistant,
nullement friable. En la raclant, on en enleve une pulpe analogue au raising.
Ulceration a fond tuberculeux dans I'intestin grele. Paleur remarquable de la
muqueuse gastro-intestinale qui nuUe part n'est ramollie; pas meme d'aureole
congestionnelle au pourtour des ulcerations.
1^5
INDICATIONS D OBSERVATIONS ANALOGUES. — QUELQDES REMARQDKS
CRITIQUES.
Nous avons recueilli dans divers ouvrages vingt et UDe observations plus
ou moins d^laill^es de concretions polypiformes du cceur, renfermant k leur
centre une mali^re puriforme ; la notre est la vingl-deuxi^me. Apr^s les
avoir analysdes, il nous semble qu'on pourrait, a un certain point de vue,
les diviser en deux categories principales.
PREMlfeRE CATEGOniE.
Obs. 1. — Chez une maladc morte d'angine de poitrine (Angina Pectoris),
Allan Burns trouva dans le ventricule gauche du cceur un caillol bien organise,
adherant fermement ii I'endoearde el contenant dans son centre une cuilleree a
the de matjere puriforme paifailement form6e. (Allan 15urns, 0ns. on diseases
OF THE HEART, 1809, p. 200.)
Obs. II. — Rhumatisme arliculaire aigu, vaste concretion polypiforme dans
ie coeur droit. Cette concretion contenait <;k et la dans son interieur une mali6re
ramoilie et comme purulente. L'oreillette droile, les veines caves superieure el
inferieure, la juaulaire interne, la femorale, I'artere pulnionaire jusque dans les
ramifications les plus tenues contenaient aussi des concretions polypiformes qui,
dans quelques-uns de ces vaisseaux, renfermaient aussi des points de suppura-
tion. (Legroux, Kech. sur les concr. sang, polkpif., Theses de Paris, 1827,
n* 215, obs. 1.)
Obs. 111. — Abces urineux, tangr^ne scrotale. On trouve dans le ventricule
gauche du coeur deux caillots fibrineux, du volume d'un pois chacun; et sup-
pures a leur centre; ces caillots constituaient des especes de kystes dont la sur-
face interne etait blanche ei lisse. (Legroux, loe. cit., obs. 6.)
Obs. IV. — Chez une femme de 86 ans, non phlhisique, on rencontre, dans le
coeur droit, des caillots suppures a leur centre. (Legroux, loc. ci(.,obs. 8.)
Obs. V et VI. — Pas de renseignements sur les malades. Dans les deux cas,
on rencontre dans le ventricule gauche du cmur des concretions fibrineuscs sup-
purees a leur centre. (Cruveilhier, Anat. pathol., 28' livr.)
Obs. VII. — Chez une femme de 45 ans, morte avec une hypertrophic du
coeur, on rencontre dans les deux venlricules des masses fibrineuses, adherant h
I'endocarde, et au centre desquclles existent de pelites collections purulentes.
(Guenard, Boll, de la See. anat., 1836, p. 101.)
Obs. VIII. — Un homme age de 30 ans, non luberculeux. OEdeme avec dou-
leur dans le membre inferieur gauche. Caillot contenant une matiere puriforme
dans )a veine iliaque primitive gauche. Les cavites droites du toeur sont oceu-
pees par deux caillols non adherents, au centre desquels on trouve une malifire
opaque, blanchatre, et du pus bien forme. Aucun autre visc6re ne contenaitdu
pus, (Nivet, loc cit., p. 102.)
Obs. IX. — Pas de renseigneraents sur le malade. Caillot dans le ventricule
gauche separe des parois du coeur par une bande membraniforme ; au centre
du caillot existait une matiere sanieuse, purulente, demi-liquide. (Mercier, loc.
at., 183G.)
Obs. X. — Femme ai;ce de 60 ans. Pneumonie au trosieme degre, pas de tu-
bercules dans les poumons. Caillot dans le ventricule droit du coeur contenant k
son centre qaet la une matiere ramollie et purulente. M. Donne ayant examine
cette matiere au microscope y constate les veritables caracteres dupus. (Gue-
neau de Mussy, loc. cit., p. 318, I4'annee.)
Obs. XI. — Pas de renseignements sur le malade. Caillots contenant du pus,
situes dans I'oreiilette droite du coeur. L'examenmicroscopique denote I'existencc
des caracteres anatomiques du pus. (Gueneau de Mussy, loc. cit.)
Obs. XH. — Gastro-enterile, pneumonic, pericardite chez une femme agee de
75 ans. Le ventricule gauche du coeur contient dans sa cavite un petit coagu-
lum dont on fait jaillir quelques gouttes d'un pus phlegmoneux et un peu sa-
nieux. (Barth, loc. cit., 1848, p. 363.)
M. Bouillaud a du rencontrer souvent cetle vari^t6 de concretions sup-
purges dans les ventricules du coeur ; raais je n'en Irouve d'observations ni
dans ie tome II du Traite des maladies du coedr ni dans le Memoire scr
LES CONCRETIONS POLYPiFORMES DC COEVK. ins^rij dans le journal l'Expe-
rience, 1839. Quant k Hope, ce soot les concretions avec matiere puri-
forme de noire deuxieme categoric qu'il parait avoir rencontrees le plus
souvent. II ne donne pas d'observations partioulieres i ce sujet. (Voyez
Hope, A treatise on diseases of the heart, 3' 6d., 1839, p. 257.)
Dans tous les cas que nous venons de rapporter en abr^ge, nous voyons
la matiere puriforme sieger au centre d'un ou de plusieurs caillots plus
ou moins organises, plus ou moins adherents aux parois de la caviie qui les
renferme. Ces caillols existent au nombre d'un ou deux an plus dans un
meme ventricule ; on peul les rencontrer dans le ventricule droit ou dans
le ventricule gauche : quelquefois on les rencontre a la fois dans les deux
cavitds ventriculaires. La matiere puriforme est a meme le caillot donl elle
occupe le centre ; elle n'est jamais contenue dans un kysle h parois dis-
tinctes. Dans les cas ou on a donne des renseignements sur les malades,
ces derniers eiaient alleints de pneumonie, de rhumalisme, de phiebile,
197
d'abc^s urineux, d'hypertrophie du cceur ; aucun d'eux n'6tait porteur
d'excavalioDS tuberculeuses dans les poumons. Dans deux cas enfin I'exa-
men microscopique d6montre que la mali^re puriforme possede en r6alit6
les caracl^res analomiques du pus.
DEUXIEME CATEGORIE.
Les concretions sanguines contenant une malifere puriforme, de celte
deuxifeme cal^gorie, ont d6ja un nom en analomie patliologique ; ce ne
sonten elTet autre cliose que les vegetations globuleuses,variet6s suppur^es
de Laennec (Traite d'auscolt., t. Hi, S'^d.), les kysles puruleuts mul-
tiples des cavitds ventriculaires deM. Cruveilhier (Anat. pathol., 28* liv.)-
Obs. I. — Femme agee de 40 ans. Tubeicules pulmonaires, les uns durs, les
autres ayant la consistance du fromage mou. II n'y a pas de cavernes. Dans la
cavite du ventricule droit, plasieurs petites visicules un peu plus grosses qu'un
pois ; toutes sont pediculees et tiennent aux paiois des venlricules par des pro-
longements en forme de racines intiiquees dans les colonnes charnues et pre-
sentenl tous les caracteres des concretions polypiformes. Dans la plupart de ces
vesicules on rencontrait une maliere d'un blanc jaunatre, puriforme et d'une
consistance de bouillie. Leurs parois opaques jaunatres avaient la consistance
du blanc d'oeuf cuit, d'une epaisseur ^ peu pr6s double de celle de I'ongle et
assez egule. (Laennec, p. 242, Traite d'auscult., t. Ill, 3"= (id.)
Obs. II, III et IV. — i° Femme de 26 ans. Phthisie pulmonaire (excavations
tuberculeuses); phthisie laryngee. Une quarantaine de pelites tumeuisde divers
volumes font saillie dans la cavite droite du ventricule du cceur, a travers le
lacis des colonnes charnues, auxquelies eiles adherent par des piolongements
en forme de pedicule. Ces tumeurs sont constituees par des kystes flbiineux, k
parois assez resistantes, qui loutes contiennent du pus blanchatre bien forme.
L'interieur meme du ventricule renferme des caiilots fibrineux decolores non
adherents, ne presentant pas la moindre trace de pus a l'interieur. Caiilots deco-
lores, non purulents, dans le ventricule gauche.
2° Jeune homme age de 19 ans. Cavernes tuberculeuses dans les poumons.
Pus tuberculeux dans les glandes sous-maxiJIaires. Une \ingtaine de tumeurs,
en tout semblables k celles de I'observation precedente, existent dans le ventri-
cule droit. Meme forme, meme pedicule, meme contenu.
3° Femme de 25 ans. Cavernes tuberculeuses des poumons. La cavite du
ventricule droit presente une infinite de petits kystes tibrineux, pedicules, con-
tenant du pus a l'interieur. Ces tumeurs sont en tout analogues a celles qu'on a
signalees dans les observations qui precedent.
(Ces trois observations appartiennent a M. Miquel; elles se trouvenl dansla
NOUVELLE BIBLIOTHEQLE MEDICALE, t. Ill, an. 1829, aOUt, SOUS 06 tltrC : TuMEURB
1918
FIBHINEl'SES CONTENA.NT DV PUS DAKS LE CnUR DES PHTHISIQUES; AFFECTION SINCU-
LltRC NON D^CRITE.)
Obs. V et VI, — i" Phlkisie pulmonaire. Dans le ventricule droit du cojur
concretions globuleuses multiples, dont les pedicules penetrent entre les co-
lonnes charnues. Ces concretions sont autant de kysles dont la cavite contient
en general soil un liquide sanieux, soil un liquide ofTrant tons les caract^rea
physiques du pus.
2° Tubercules pulmonaires. Dans le ventricule droit du coeur, concretions
polypiformes multiples suppurees. (Legrou\, loc.cit., obs. 7 et9.)
Obs. VII. — Pas de renseisnements sur le nialade. Dans le ventricule droit du
coeur, on rencontre des kystes multiples, a parois fibrineuses, adherant auj pa-
rois par des prolongements fibrineux qui s'enfoncent dans les intervalles des cc-
lonnes charnues. Les kystes contiennent du pus visqueux et rougeatre. (Cruvei-
Ihier, Anat. pathol., 28' livr.)
Obs. VIII. — Femme de 28 ans. Phthisie pulmonaire. Deux larges cavernes
anfractueuses remplies de pus. Dans le ventricule droit du cceur, on rencontre
une quinzaine de petites poches, k parois fibrineuses, contenant du pus. Ces
poches ont un pedicule qui penetre entre les eolonnes charnues. Quelques pe-
tites tumeurs, en tout analogues aux precedentes pour la forme et le mode de
connexion, sont pleines et entierement constituees par une matifire fibrineuse
homogene. (Hache, Bull, de la See. anat., 1832, p. 9.)
Obs. IX. — Femme agee de 66 ans. Phthisie pulmonaire au dernier degre. Au
bord droit du ventricule droit du coeur, on rencontre un caillot du volume d'une
noix, n'adlierant qu'cn deux ou trois points aux parois du coeur. Incise, ce cail-
lot laisse s'ecouler une petite cui'leree de pus blanchatre, opaque, assez liquide.
Ce pus etait contenu dans deux poches placees a cole Tune de I'autre, dont les
parois blanches, assez fermes, lisses en dedans, nullement vasculaires, environ-
nees de fibrioe en dehors, semblent formees de pus concret. Une petite poche
arrondie contenue dans la meme masse de fibrine presente une enveloppe toute
semblable, contenant unsemblable liquide. (Durand-Fardel, loccit,, 14* annee,
p. 200.)
Obs. X. — C'esl celle qui nous est propre.
Dans les 10 cas que nous venons de signaler, nous voyons la mali^re
puriforme contenue dans des poches multiples de divers volumes, les-
quelles sont appendues aux parois du ventricule droit et envoient un
prolongement p6dicul6 sous les eolonnes charnues dans I'inlervalle des-
quelles elles font saillie. Dans 2 cas seulement, les tumeurs a contenu pu-
riforme sont envelopp^es de tons c6l6s par une concretion sanguine plus
ou moins isol^e au centre du ventricule droit ; mais dans ces 2 cas la cou-
199
che raerobraniforme qui conlienl le liquide est bien dislincle de la concrt-
lion au sein de laquelle elle est situ6e. Ces tumeursi conlenu puriforme
61aient primilivement, tout porle k le croire, une concretion polypiforme
globuleuse pleine; le p6dicule conserve souvent ce caract^re. Quelques
tumeurs globuleuses, compos6es de fibrine dans toute leur 6paisseur, qu'on
rencontre ?4 et li sur les parois du ventricule droit, en m6me temps que
les kystes et qui ont le meme mode de connexion que ces demiers indi-
quent T^tat par lequel ils ont du pr^alablement passer avant de renfermer
une mati^re puriforme. Dans lous les cas o\i I'histoire des malades a 6t6
faite, c'esl-ci-dire dans 9 cas sur 10, on voit quMIs ont succomb^ i la phlhi-'
sie pulmonaire parvenue k un degr6 en g^n^ral tres-avanc6 (excavations)
Le cas rapports par Laennec parait seul faire exception ; car ici les tuber-
cules etaienl seulement en voie de ramoilissement, et il u'existait pas en-
core d'excavalions pulmonaires.
L'enkystement de la niatifere puriforme, la multiplicity des kystes, leur
si6ge exclusif dans le ventricule droit du coeur, la mani^re dont ils ad-
herent k ses parois par le moyen d'un p^dicule s'intriquant dans les co-
lonnes charnues, la coexistence g^n^rale d'excavalions pulmonaires tuber-
culeuses : voila un ensemble de caractferes assez tranches, je crois, pour
justifler la delimitation que nous avons cherche a etablir entre les diverses
concretions cardiaques diles suppurees. Mais cette distinction pourra pa-
raitre assez iraportante peut-etre, si Ton considere que dans aucun des
cas de la deuxieme categoric, un seul excepte, I'analyse anatomique du
contenu des concretions n'a eie faite , et que dans ie seul cas ou Tinvesti-
gation microscopique ait ete pratiquee, elle a fait voir qu'il s'agissait li,
non pas de pus veritable, mais bien d'une substance ayant tout simple-
ment I'aspect physique du pus et composee de detritus fibrineux, de gra-
nulations moieculaires et de globules blancs du sang.
Ce ne serait d'ailleurs pas la premiere fois que les globules blancs du
sang auraient, en se rassemblant dans divers points du systeme vasculaire,
pu donner le change et faire croire a I'existenee du pus collecte. C'est
ainsi, par exemple, que, dans une des observations rapportees par M. Hu-
ghes Bennett, dans son memoire sur la leucocythemie (Comptes rendus
DE LA Soc. DE BIOL., avril 1851, p. Zi6), les petites veines des meninges
paraissent corame remplies de pus ; elles ne contenaient cependant que des
lllaments fibrineux meies k des globules blancs du sang. Et en dehors du
systeme circulaloire une matiere trouvee dans les bassinets et les ureieres,
et qu'on avail ^ la simple inspection jugee etre du pus, fut trouvee a I'exa-
200
men microscopique nepas contenir de globules purulents, mais seulement
des cellules d'6pith6lium k cylindres et pavimenleux du bassinet des reins
el des ureteres (Vogel, Traite d'anat. path, gen., p. 135). La plupart
des anatomo-pathologisles modernes ont cit6 des cas analogues aux pr6-
c^dents.
Tout ceci 6tant pes6, nous sommes porl6 k penser que parmi les con-
cretions polypiformes du cceur dilessuppur^es, il en est un certain nombre
(cas de la premiere cat6gorie) ou le liquide contenu est en effet du pus ;
on les rencontre dans ^diverses maladies : la phl^bile, la pneumonic au
troisi^me degr6, etc., etc. Dans d'autres cas, au contraire, ces concretions
renfermeraienl non pas du pus, mais bien un amas de globules blancs du
sang mel6 a de la fibrine d^sagregde. Je fais allusion ici aux cas de ia
deuxienie categoric, lesquels pr^sentent cette particularity remarquable
qu'on ne les a rencontres jusqu'a present que chez des phthisiques porleurs
de lubercules pulmonaires en general tres-avanc6s dans leur Evolution.
Ce n'est la, bienentendu, qu'une hypothese probable, et il serait impru-
dent de g6n6raliser en s'appuyant sur un seul fait; nion but, dans cette
note, a 6t6 d'appeler I'attention des observatenrs sur un point fort int6res-
sant d'anatomie morbide, lequel demande ci etre diucidS.
NOTE
SUR LA SYPHILIS A ROME.
Lue i la SocifetS
Par M. A. CHARLON,
Chirarglea soos-alde.
Les fi^vres p6riodiques a Rome occupent, dans le champ des maladies,
une place si vaste, qu'elles absorbent presque enli^rement rattenlion des
m^decins. Mais ci c6l6 de ces fi^vres si graves pendant la saison d'6l6, si
int^ressantes i 6tudier, au milieu de leurs variations symplomatiques, il est
k Rome line autre maladie bien grave aussi, et qui par sa generalisation
merite d'etre signal6e d'une mani^re toute speciale.
Je veux parler de la syphilis.
Pendant le premier mois qui suivit noire entree dans Rome, il n'y eut
qu'un Ir^s-petit nombre de soldats atteints de chancres. Mais pendant le
deuxieme mois, le nombre des v^neriens suivit une progression toujours
croissante, et bienlol nos hopilaux en furenl tellement encombrts que des
evacuations devinrent indispensables.
Les progres de la contagion que nous observions i Thfipital San-Spirito
etaient, qu'on nous passe le mot, le Ihermometre des relations qui s'eiablis-
saient entre nos sokials el la population.
La verole esl-elle Ir^s-r^pandue parmi les femmes a Rome ? Oii est-eiiei'
202
oii n'est-elle pas? On n'en sail rien ; il n'est aucun document ofQciel qui
puisse guider ^ cet 6gard. La v6role n'a pas droll de cil6 k Rome, elle n'y
esl que par fraude, par conlrebande. Le nombre des filles de profession esl
Irte-reslreint, celui des femmes d'oceasion esl au conlraire fori considera-
ble. Quoi qu'll en soil des sources d'infection, le nombre des soldats infec-
t6s a 616 vraiment 6norme.
Y a-t-il dans le rapprochemenl de races diff^rentes des conditions qui
donnent k la syphilis une inlensit6 parliculi^re ? Bien des fails pourraient
le faire penser : qu'on se rappelle la d^couverte de TAm^rique el I'expddi-
lion du roi de France, Charles VIII, au royaume de Naples.
A la suile de celle expedition de Charles VIII, les Ilaliens pr^tendirenl
que la v^role eiail une importation franQaise el lui donn^rent le nom de
raal frauQais, nom qui n'esl pas encore lout k fait oubli6 dans la popula-
tion. Les Frangais r^pondirenl a I'accusation en imposanl k la v^role le nom
de mal napolitain ; ce qui prouve, au moius, que nos anc6tres avaienl bien
quelque chose i reprocher aux dames italiennes de ce temps-ll En lout
cas, les Ilaliens qui voudraient soulenir que la v6role esl une graine fran-
Qaise seraient obliges de convenir que le sol de leur palrie 6lait merveilleu-
sement propre k la faire germer el ci la multiplier ; car, outre que la v6role
paralt fort r^pandue en dega des Alpes, elle s'y prdsente avec des caract^res
de virulence extrSmement marques, indice Evident que la graine n'a pas
d6g6nere.
Le premier fait qui me frappa fut la b6nignit6 el la rarete de la blennor-
rhagie. En deux ans de s^jour i Rome, je n'ai pas vu un seul cas de ces
blennorrhagies suraigues que le vulgaire d^signe en France sous le nom de
chaude-pisse cordee. Regie gdn^rale, la blennorrhagie, i Rome, est ce que
nous appelons en France un echauffement. Quinze A vingt jours de regime
sufEsent le plus souvent pour faire disparaitre ces ecoulements, qui sonl
presque toujours indolores.
La b6nignild de la blennorrhagie i Rome est un fait important dans le-
quel je trouverais, s'il en etail encore besoin, un argument pour 6lablir
que celle affeclion n'a rien de commun avec la syphilis. Comment se fait-il
en effel que, dans un pays oii les chancres onl une virulence extreme, les
ureirites soienl si b^nignes ? Comment se fail-il que le virus syphililique, si
intense sous forme chancreuse, soil si innocent sous forme blennorrha-
gique? Je recommande ce fait aux reflexions des medecins qui croient en-
core que I'uretrile est une forme de la syphilis.
Les chancres onl 616 extr6mement fr6quents ; dans les premiers mois de
I
203
notre s^jour k Rome, its s'accompagnaient de ph^Dom^nes locaux v^ritable-
iiient graves. Quelquefois, en tr6s-peu de jours, le prepuce tombail frappd
de gangrene ; dans quelques cas, la gangrene alleignait le gland et le corps
de la verge. Je renonce A peindre Taspect des chancres que j'observais d
San-Spirilo ; je rae bornerai ci dire que les chancres b^nins 6laient en petit
nombre. Les formes rongeante, serpigineuse, champignonee, gangre-
neuse, se renconlraient dans la majority des cas. Quelquefois la gangrene,
mortiiiant le prepuce, la circoncision se trouvait pratiqude avec une regu-
laritd et une 616gance a d6sesp6rer les op6rateurs.
A cette dpoque, presque tous les chancres dtaient suivis de bubons in-
guinaux, qui marchaient h suppuration avec une extreme rapidity, et qui
une fois ouverls prenaient I'aspect des chancres eux-m6mes. II n'en 6tait
plus de raeme en 1851, i I'hopital Saint- Andrd. Je remarquais que les ac-
cidents primilifs ne prdsentaient plus ce degr6 de gravile que j'avais con-
stats en 18i9, k San-Spirito, et que pendant I'annSe 1850, d'autres m6de-
cins avaient observ6 k Saint-Andr6. La plupart des chancres avaient une
forme b^nigne el s'induraient. Les bubons se pr6sentaient le plus souvent
sous forme de glandes indurSes. A quoi tient celle difference?
Il aurait 616 fort inl6ressant d'examiner si les chancres graves que nous
observions en 18U9 k San-Spirilo ont 6te plus souvent ou moins souvent
suivis d'infeclion g6n6rale, que les chancres de forme b6uigne que Ton a
IrailSs k Saint- Andr6 en 1851. Mais il est impossible de rSunir les 6l6ments
d'une pareille 6tude. Si j'osais me fier h des impressions g6n6rales, 4 des
souvenirs cliniques qui ne s'appuienl sur aucun chiffre, je dirais que les
accidents conseculifs ont 616 plus fr6quents en 1851.
Accidents constitdtionnels. — Relativement aux accidents constitu-
lionnels, je signalerai deux fails : leur fr6quence, et la rapidit6 de leur ap-
parition. Je crois ne point exag6rer en disant qu'ils se montrenl dans les
deux tiers des cas. En France, dans nos hdpilaux militaires, Tinfeclion g6-
n6rale est presque une exception ; a Rome, c'esl presque la r6gle.
Je ferai observer qu'^ Rome, aussi bien qu'en France, les soldats atteints
de chancres font un Irailement mercuriel d6s leur enlr6e i rh6pilal.
Les accidents cons6culifs se monlrent en g6n6ral du cinquanti6me au
soixante-dixi6me jour apr6s rapparilion du chancre. Rareinent je les ai vus
survenir apr6s Irois mois. lis siirviennent assez souvent avant le cinquan-
ti6me jour.
DouLEURS RHUMAToiDES. — Le plus souvenl rinfection g6n6rale a pour
premier symptdme des douleurs dans les membres, douleurs peu aigues,
20/i
qui s'accroissent par la marche et par le mouvement et s'arcompagnent
d'une lassitude et d'une faiblesse parliculi^res.
En 1851, ce symptome a 6t6 constats presque dans lous les cas. Plusieurs
fois je Tai not6 au quaranti^me jonr apr^s Tapparilion du chancre. Je dis
tout de suite que ces douleurs ont un specifique vraimenl nierveilleux dans
riodure de potassium. Bien souvent j'ai pu constater, dans le service de
M. Reoard, a SaiDt-Andr6, que trois potions a 1 ou 2 grammes de eel io-
dure suffisent pour les faire disparaitre. Maiheureusement ces douleurs r6-
cidivent en s'aggravant, et il faut revenir a I'iodure.
Les eruptions culan^es se monlrent quelquefois en mSme temps que les
douleurs, mais le plus souvent elles leur sont posl^rieures de queiques
jours. Les formes exanthemateuses ne sonl pas frequentes, et la ros6ole, si
commune en France, Test beaucoup moins a Rome. Les formes ^ruptives
les plus communes sont les formes vesiculeuse et pustuleuse. llsemble que
revolution de la syphilis 6tant plus rapide qu'en France, les Eruptions cu-
tanees afTectent d'emblt^e et des le principe, des formes qui caract^risent
une p6riode plus avancee de la maladie. Dans plusieurs cas d'eruptions
pustuleuses, les pustules assez confluentes, blanches au sommet el ombili-
qu6es, imitaienl a s'y m^prendre la variole elle-meme.
J'ai note assez rarement les laches cuivr^es; cela tienl-il a la raret6
des formes exanthemateuses auxquelles les laches cuivr6es paraissenl suc-
ceder?
J'ai note quelquefois une Eruption confluente i grains volumineux plus
gros que des grains de mais.
Accidents des MDQUEUses. — L'angine syphihlique, si commune en
France, n'a pas 616 tresfrequenle d Rome.
Pustules plates. — Les pustules plates a I'anus sonl frequentes et ce-
dent loujours avec facility k I'emploi des lotions de chlorures de sodium et
du calomel en poudre.
Iritis. — Le= maladies de I'ceil et parliculierement de I'iris ont 616 fr6-
quemmenl observ6es.
Obs. L— UnoflTicier quiavaiteprouve divers accidentssyphilitiquesfutpris, etant
a I'hopital, d'un iritis extremement aigu. (Saignee ; calomel ; vesicatoiies.) Mal-
gre ce traitement, le mal ne cedait point et les douleurs etaient extiemement
vives. Un soir, le chiiurgien de garde fut appele auprps de eel oflicier. 11 trouva
le malade en proie ^ une agitation violentc. 1! s'elanqait hois du lit et cournit
dans la chambre en poussant des cris ; le chiruigien de garde lui fit prendre en
peu de temps environ 40 goulles de teinture d'opium dans une solution goni-
505
meuse, quelques heures apres le malade se tiouvait dans un etat d'ivicsse opia-
cee bien marquee: vertiges ; anxietes; fiayeurs ; somuolence; reves penibles;
sueurs froides. Les douleurs de I'reil avaient completement disparu -, il releva le
bandeau qui recouvrail I'oeil, et la vision s'exerQa parfaltement sans douleurs.
Le lendemain, les douleurs revinrentmoins legeres; lesurlcndemain, la gue-
rison etait complete.
J'ai cit6 cette observation parce qu'elle montre d'une manifere dclatante
refiicacit^ de I'opium donne d haute dose. Rarement la maladie a 416 obser-
vee avec ce degr6 d'acuite. L'iritis, en g^n^ral, affectait des le debut la
forme chronique. Get accident, trte-fr6quent en 1850 I'a el6 beaucoup
moins en 1851.
Testicules syphilitiques. — Maladie fort rare chez les militaires et que
je n'ai jamais vue dans nos liopitaux de France; j'en ai renconlre 2 cas a
Rome.
Periostites. — Cetle alTeclion a 616 tres-fr6quente. J'en cite en quelques
mots une observation inldressante, qui donnera une id6e de la rapidit6 avec
laquelle revolution syphilitique peut se produire.
Obs. II. — ftl. prend pour la premiere fois un chancre, en fevrier 1851. Entrc
k I'ambulance. (Traitcment mercuriel.) On I'envoie k I'hopital Saint-Andre le 13
mai. Son chancre est place suv le gland et fort loin encore de cicatrisation. Get
homme, des le commencement d'avril, est atteint de douleurs dans les deux
coudes. A son entree, le 13 mai, on constate un gonflement des deux
coudes, avec rongeur inflammatoire; douleurs tres-vives .sur I'olecrane parlicu-
lierement. On ouvre, avec le bistouri, la tumeur du bias gauche; il en sort un
pen de pus mat lie, sereux. (Gataplasmes ; iodure cle potassium.)
Au C juin, les douleurs avaient presque disparu, mais il restait beaucoup de
roideur dans les articulations.
Retraction de l'avant-bras. — J'ai observe, d I'hopital Saint-Andr(5,
quelques cas de douleurs siegeant particulierement dans Tarticulation hu-
m6ro-cubilale, determinant rimpossibilit6 du mouvement d'extension ; or-
dinairementladouleurs'etendait aux divers points de I'arliculation ; dan.;
quelques cas, elle 6tait localis6e, particulierement dans le tendon du bi-
ceps, et elle devenait dans quelques cas tr^s-vive en ce point, silot qu'oii
voulait forcer I'exlension.
L'iodure de potassium a 616 souverain dans presque tons les cas. Quel-
ques potions ri 1 ou 2 grammes rendaient d rarticulation toule sa mobilit6.
T05IE III. 15
206
Ces retractions proviennent sans doute de lesions si^geant dans les lissus
fibreux p6ri-articulaires.
D'apr^s quelques-unes de nos observations, il semblerait que ces Idsions
peuvent sieger, d'une mani^re sp^ciale, dans la partie lendineuse des
muscles.
Je transcris ici une observation qui me parait curieuse ^ cause de la ra-
rete des symptomes qu'elle pr^senle.
Obs. hi. — B... prend un clianciepour la premiere foisen feviier 1851. II en-
Ire a I'hopital trois jours apres Papparition de ce chancre. (Pilules de proto-iodure
de mercure.) Un peu plus tard, plandes indurees dans I'aine. (Emplalre de Vigo.)
Quelque temps apres, on enleva I'emplatre de Vigo ; la peau qu'il recouvrait pre-
sentait une coloration rouge fort intense. II n'y avail pas de douleur ; bientot
cetle douleur s'etend sur tout !e ventre, puis envahit la partie poslerieure et in-
ferieure du tronc, et le haul des cuisses. Vers la base de la poilrine, cette ron-
geur se fond en une eruption de petites laches rouges extremement rapprochees.
De toute la surface de la peau qui est le siege de ['affection, suinte un liquidese-
leux d'une Ires-grande abondance; le malade en est constammeut baigne; I'cpi-
derme etait epaissi et rugueux. Divers moyens furent mis en usage pour arre-
ter cetle secretion, qui epuisait le malade ; I'eau blanche en lotions a etc le
seul agent elTicace.
On ne prescrivait pas de traitement interne, a cause de la faiblesse du sujet.
Plusieurs fois la secretion cutanee s'arreta presque completemcnt. L'epidermc
alors se dessechait et tombait en squammes. Mais apres trois ou quatre jours, la
secretion sereuse reparaissait avecla meme abondance.
Enfin, vers le milieu de juin, la maladie sembia definilivement guerie; la peau
avail repris sa coloration et sa souplesse normales. B... sortit de I'hopital.
B0BONS d'emblee. — 11 y a des m^decins qui pensent que des bubons
syphilitiques peuvent survenir sans chancre anl^rieur ; Texamen attentif des
fails prouve que leur opinion est compl^lement erron^e.
J'ai recueilli, dans le meme moment, quinze observations de ces bubons
appel^s d'emfc/e'e. Dans quelques cas, la maladie avait pres d'un an de dale
et avait n^cessil^ plusieurs entries ci Thopilal. Dans le plus grand uombre,
rinvasion remontait i\ cinq ou six mois. Dans d'autres cas enfin, la maladie
exislait depuis trois ou qualre mois environ.
Eh bien ! aucun de ces malades n'a pr6senl6 un seul accident syphili-
tique. On ne pourraitpas m'objecter que mes observations portent sur un
nombre de malades trop reslreintet sur un temps trop court, car on a pu
voir plus haut que I'infeclion gen^rale se rencontre au moins dans les
207
deux tiers des cas el debute ordinairement du cinquanli^me au soixante-
dixi^me jour apr^s I'apparition du chancre.
La question du bubon i'emblee a une grande importance pratique, sur-
tout a Rome, oii celte affection est fort commune, et s'il est vrai que ce
bubon n'est point une forme syphilitique, on peut dire qu'un trte-grand
norabre d'individus ont subi ou subissent des traitements mercuriels in-
utiles, sinon nuisibies.
Abces tuberculecx du gland. — Puisqueje parte en ce moment de
faits etrangers h la syphilis, qu'il me soit permis de citer en deux mots une
observation interessanle par sa raret6, que j'ai recueiliie dans le service des
v6n6riens a Sainl-Andrd.
Obs. IV. — Colombari, Italian, blond, bien consUtue, age de 27 ans, entre ft
l'h6pital le 24 mai. Voici ce que je constate. Testicule droit triple de volume,
bossele en arridre, mou en avant, douloureux. Un peu de liquide dans la vaei-
nale. Testicule gauche double de volume, dur, bossele, non douloureux. La base
du gland est rouge, tumefiee, dure, inegale. La pression sur le gland failjaillir
des gouttes de pus blanc, bien lie, par des orifices que I'on ne distingue qu'en
regardant de fort pres. II y a un mois, au dire du malade, que ces orilices se sont
formes et donnent passage k la suppuration.
Get Italien ayantquitte Thopital le surlendemain, je I'ai perdu de vue.
Le diagnostic porte par M. Renard fut hydrorchile tuberculeuse double, abc6s
tuberculeux des corps caverneux et du gland.
Cauterisation du chancre. — Quand on administra le mercure conlre
la syphilis, on s'empressa d'attribuer h, ce medicament tous les accidents
syphilitiques eux-m6mes. Le quinquina a eu la meme fortune que le mer-
cure, ce qui n'empeche point ces medicaments d'Slre les agents les plus
pr^cieux de tout I'arsenal therapeutique. Depuis que les m^decios se ser-
vent, un peu banalement sans doute, du crayon de nitrate d'argent pour
toucher les chancres, on n'a pas manqu6 d'accuser la cauterisation de pro-
duire les accidents constitutionnels.
A Rome, comme en France, il y a des medecins qui proscrivent d'une
maniere absolue la cauterisation des chancres. 11 en est de plus z^l^s pour
la suppuration, qui, au moyen d'onguents irritants, s'efforcent de retarder
le plus possible la cicatrisation de ces ulceres. Celte pratique parail eirange,
mais ce serait un mince defaut si elle avait quelque utilite. Or, d'apres les
observations que j'ai recueillies, jevois que les accidents constitutionnels
arrivent egalement quand on cauterise olqnand on ne cauterise pas ; quand
208
on laisse les ulc^res se fermer d'eux-nn^mes el quand on les provoque a la
suppuration.
Si la cauterisation est une cause d'accidents ullerieurs, c'est au dire de
ses enneniis, parce qu'en faisant cicalriser le chancre, elle enferme, selon
la Irop vieille comparaison, le loup dans la bergerie. II semblerait a les
entendre que le causlique Uinaire est un moyen lout-puissant pour amener
les chancres h cicatrisation. Plut h Dieu qu'il en ful ainsi 1 —Mais les prali-
ciens qui se servent du nitrate d'argent ne s'apei coivent que Irop de son
jmpuissance a modifier les ulcferes chancreux. Trop souvent apres la cau-
terisation, on voit rinflammation locale s'accroitre et s'^largir la surface
nlcereuse. Conibien de fois des lotions emollientes ne rdussissent-ellespas
la oii avaient dchou^ le nilrale d'argent et d'autres agents de substitution !
Un pansement avec le slyrax niodifie tres-souvent la surface des chancres
d'une mani^re avantageuse, et par suite le predispose a la cicatrisation. Le
calomel en poudre, les solutions meme tres-faibles de bichlorure de mer-
cure, ont une efficacit^ bien plus grande que le nitrate d'argent dans le
Iraitement des chancres. 11 y a une p^riode toutefois dans laquelle lecaus-
tique lunaire a une action non douleuse, c'est lorsque le chancre, niodifi6
par le temps ou la medication, tend d passer a I'etat de plaie simple. Une
cauterisation dans cette circonstance, je I'avoue, peul acceierer de trois,
quatre ou cinq jours et plus, la cicatrisation definitive. C'est a cela, si je ne
me Irompe, que se reduit la culpabiliie de ce caustique que Ton a pourtant
accuse delanl demefaits. Dans la periode aigue, ulcereuse, du chancre, il
n'est qu'un modificateur bien infidele, et si les ennemis de la cauterisation
sont logiques, ils doivent pousser le respect du chancre jusqu'as'abstenir
de tout topique, de I'eau emoUiente meme, de peur d'en faciliter la cica-
trisation.
Voici, du resle, un petit tableau qui monlre mieux qne le raisonnemenl
jusqu'i quel point la prolongation de la suppuration chancreuse previent
les accidents conseculifs. Les seize observations qui y figurentont ete prises
loutes en mSme temps dans le meme service.
"iog
Dl'REii DE LA SUPi^HATlO.V
■,0ms.
DU CHANCKE.
ACCIDENTS CONSTITUTIONNELS,
G.
3 mois.
Toute une serie d'accidents conseculifs.
F.
35 jours.
idem.
C.
35 jours.
Eruptions et douleurs.
M.
3 mois el demi.
Periostite des deux coudes.
D.
35 jours.
firuptions et douleurs.
L.
2 mois.
Douleurs.
C.
2 mois.
Puslules plates.-
B.
2 mois.
Douleure.
G.
5 semaines.
Douleurs et exostose.
F.
45 jours.
Eruptions et douleurs.
S.
45 jours.
Douleurs.
s.
Ln suppiiraUon d
lie de 3 mois.
Douleurs.
D.
'2i) jours.
P^iruptions et douleurs.
J.
40 jours (cauter.
au 28° jour).
Douleurs.
M.
(j semaines.
Eruption el periostite.
F.
se presente avec
un phyrnosis
Toute une serie d'accidents conslitu-
2 mois apres 1
apparition
de
tionnels.
son chancre.
Traitement preventif. — Eu France, on s'est demand^ depuisqueU
ques ann^ess'il 6lait r^ellement utile de faire un traitement preventif. La
question n'6tait pas facile a rfeoudre, parce qu'un grand nombre d'indivi-
dus ^chappent a rinfeclion conslilutionnelle, Comme dans la plupart des
cas, les malades suivent un traitement mercuriel preventif, ies partisans
de 06 traitement rencontrent tous les jours des cas qui les engagent a per-
sister dans leur manifere de faire.
Mais a Rome, comme les accidents cons6cutifs arrivent quoi qu'on fasse
dans la Ir^s-grande majoritd des cas, I'utilild du traitement preventif de-
vait y etre plus facile a apprteier. Etant donnas 50 individus atteints de
chancres, et ayant fait un traitement mercuriel, si cliez 35 d'entre eu.x
nous voyons survenir les accidents d'infeclion g^n^rale, n'est-il pas permis
tie penser que les 15 autres qui en sont e.xerapts ne doivent point celte
immunity au traitement mercuriel ? Plus la proportion des malades 6par-
gn^s par I'infeclion g^n^rale baissera, plus 6vidente ressortira I'inutilit^ du
iraitement preventif.
Pour moi les fails que j'ai vus a Rome me donnent la croyance inlirae
que les mercuriels sont impuissanls d prevenir revolution ult^rieure du
virus syphiiilique. Les rfeultats de sa pratique ont donn6 la m^me opinion
a M. Renard, charge depuis longtemps du nombreu.\ service de v^n^riens
a Saint-Andn''.
210
Mais le traiteraent pr6venlif n'esl-il qu'inulile ? N'esl-il point nuisibie
au point de vue du trailement des accidents conslilulionnels ?
Voici des fails qui, je crois, r^pondent ci celte question. M. Renard a
constate que, dans le traiteraent de ces accidents, les mercuriels (proto-
iodure et biclilorure) ont 6t6 presque sans action. L'iodure de potassium,
au contraire, a produit dans presque tous lescas desresullals raerveilleux.
Comment expliquer ces faits? JN'est-il pas rationnel de penser queTecono-
mie ayant et6 souraise, pendant le traiteraent pr^ventif, a Tinfluence de la
mMicalion mercurielle, celle-ci avait perdu en grande partie sa puissance
centre les manifestations secondaires de la syphilis?
Les succes constants et vraiment surprenants de l'iodure de potassium
ne tiennent-ils point i ce que ce medicament n'a jamais 616 employ^ i la
p^riode des chancres, ci ce qu'il n'a 6t6 administr6 que dans des circon-
slances oii son action est rdelle ?
Quoi qu'il en soit, M. Renard, trouvant peu efficaces les agents de la me-
dication mercurielle, arecours de bonne heure k l'iodure de potassium, el
en obtient de grands succ6s dans les cas d'accidents secondaires et ter-
tiaires.
Mais cet iodure est surtout h^roique dans les douleurs rhumatoides qui
sont ordinairement le premier syraptome de I'infection gen^rale. Ce fait est
en contradiction avec ce que j'entendais, en 18/i7, formuier, ainsi qu'il suit,
par un c^lebre professeur de Paris : L'iodure de potassium est d'autant
■plus utile dans le traitement des affections syphilitiques qu'on sen
serl contre des accidents plus eloignes. Ce qui est vrai a Paris ne Test
pas loujours a Rome.
Un mot encore, et je finis ce travail trop long peut-etre pour Tuliliie
qu'il peut avoir.
J'ai interrog^ avec soin un grand nombre de malades dans I'iutention de
verifier si un homme pouvail elre infects deux fois de syphilis constitu-
tionnelle. Moins heureux que M. Gamberini (de Bologne), qui observe pres-
que sur le in6me terrain que moi, je n'ai pas rencontre un seul cas de
double infection constitutionnelle. M. Gamberini a-t-il donn6 une inter-
pretation vicieuse anx faits qu'il a cit^s? Je penche a le croire. Maisje doia
ajouter que la syphilis n'a point en Ilalie la m6me allure qu'en France, et
que son dvolulion tres-rapide et souvent Irte-irreguli^re entraine, dans les
£ails, des anomalies qu'il est bien difficile d'inlerpreler.
DESCRIPTION
D'UN MONSTRE PEMCEPHALE
SUIVIE DE QUELQUES REFLEXIONS
V:R IE MEC.WISMF, DE LA CIRCUHTION DINS CETTE ESPECE DE MONSTRIOSITE ;
Lue en f^vrier 1850
Par M. p. CAZEAUX,
Professeur agr^ge a la Faculte de m6decine de Paris,
membre de la Sociele de biologie.
Obs. — Ce petit monstre est du sexe femelle. Mesure de son extremile supe-
rieure k son extremite inferieure, il offre 16 centimetres. Les membres infeiieurs
ont 9 centimetres et demi ; ce qui reste du tronc a G centimetres et demi. L'om-
bilic est sitae k 4 centimetres au-dessus du mont de Venus, et par consequent k
2 centimetres au-dessous de la partie la plus elevee du moignon terminal.
Les parties moUes du tronc et des membres inferieurs sont fortement oedema-
tiees. La peau offre une couleur legerement bleuatre, due bien probablement k
un commencement de putrefaction. (L'enfant etait ne depuis huit jours lorsqu'il
m'a ete remis.)
On ne -voit aucune trace de membres superieurs, aucune cicatrice sur la par-
tie superieure du tronc, ]k ou, en supposant complet le developpement de la
poitrine, devraient se trouver le cou, la tele et les membres thoraciques. En cet
cndroit, on sent ^ travers les teguments quclqucs incgalites osseuscs, dont
212
fn ijriiuipale seiulde apparlenii- i rextremite supcrieuie de la coloniie ver-
tebrale.
A 1 centimetre au-dessus de I'ombilic, se trouve unc depression d'ou I'on volt
sortir un petit appendice forme par une substance moUe, demi-transparenle, ro-
sce. Au-dessus de cette saillie existe une saillie osseuse recouverte par la peau.
Les parlies genitales externes presentent une conformation normale.
L'inliltration considerable des membres inferieurs a sensiblement augmente
leur volume, et fait paraitre plus profonds les creux poplites et les plis ingui-
naux. Le membre abdominal droit est exterieurement bien conforme; seulement
le pied se termine par Irois orteils, dont deux sont adherents. Le gros orleil scul
est libre et normal; un quatrieme orteil, a I'etat rudlmentaire, est situe sur le
bord externe, a 5 millimetres de la base du dernier. Le membre abdominal gau-
che ofTre un pied-bot lateral interne et porte six orteils. Le premier est libre; le
second est rcuni au troisieme; le quatrieme est isole ; le cinquieme et lesixieme
sont adherents.
Considere dans satotalite, le corps, assez allonge, est arrondi k sou extremite
lerminale, et se rapproche par sa forme generale du type normal.
Ce petit monstre m'a ele donne par le docteur Burdin, un des praticiens les
plus distingues des environs de Paris. Je dois ^son obligeance les renseignements
suivants :
La femme qui lui a donne naissance est une blanehisseuse de Boulogne, agee
de 33 aiis; ellc a deja eu un enfant , qui est nc mort a 7 mois de vie intra-
uterine. Arrivee i la tin du sixieme mois d'une seconde grossesse, elle ful prise
tout^ coup etsans cause connuede douleurs abdominales, assez faibles cepen--
dant pour qu'elle ne crut pas devoir se dispenser de venir 4 Paris. Ala suite
d'une longue course, dans une voiture mal suspendue, les douleurs augmente-
rent ; elle fit alors appeler M. le docteur Burdin, qui pratiqua une saignee, con-
seilla la position horizontale, la diete, les bois?ons froides, etc. Malgre les pre-
cautions, auxquelles, il est vrai, la malade ne se soumit que tres-imparfaitement,
les douleurs augmenterent et I'avortement devint inevitable. Les membranes
etaient deja rompues depuis plusieurs heures, lorsque la malade expulsa le fcelus
monstre dont je viens de decrire I'aspect exterieur. Immediatement apres, I'ac-
coucheur, constatant que le ventre conservait un volume anormal, pratiqua le
toucher et sentit d nu la tete d'un second enfant. II nc put distinguer de nou-
velle poche amniotique, et ne vit plus s'ecouler de liquide. Un quart d'heure
apres I'expulsion du premier enfant, les douleurs se reveillerent.et cinq minutes
plus tard naissait un second enfant, parfaitement bien conforme, mais ne donnant
plus aucun signe de vie. 11 offrait la longueur et le volume d'un fmtus de six
mois. La delivrance ful faile sans difliculte. II n'y avait qu'un placenta, et une
seule poche amniotique avait tividemment contenu les deux enfants. Les deux
cordons, completement jsoles, s'unissaient sur deux points distincts de la masse
placentairc. Le cordon du petit monstre etait beaucoup plus grelc que celui du
213^
tolus Lien conforme , et si je puis en juger par la necessite oCl on a ete d'operer
sa section tr^s-pi^s de I'ombilie, il dtait aussi beaucoup plus court... La m6re
s'est parfaitement retablie.
Tels sent les renseignements qui m'ont ete fournis par men confrere de Bou-
logne, et les particularites principales qu'on peut constater en examinant avec
soJn la conflguralion exlerieure de ce petit monstre. Mais les faits de cetle nature
sont trop rares pour que je ne me sois pas cru oblige d'etudier par une dissec-
tion minutieuse les anomalies nombreuses que probablement devaient oll'rir les
organes tboraciques et abdominaux, les appareils musculaires et vasculaires.
Dissection. — Une incision semi-elliptique comprend toutes les parties lat6-
rales et inferieures du venire. La peau, dissequeo avec soin, est fine, et au-des-
sous d'elle on apergoit un tissu rougeatrc, infiltre de serosite et de 5 4 6 milli-
nifeties d'epaisseur. Au-dessous de cetle couclie , on distingue facilement les
muscles anterieurs de I'abdomen, les grands obliques peu developpes, le petit
oblique fort et bien developpe, ainsi que le droit cxteiieur, puisenfin le pyrami-
dal. Toules leurs insertions inferieures sont normales. Sur le cote externe des
muscles droits, on distingue facilement les vaisseaux epigastriques.
Les muscles abdominaux etant enleves, on incise le feuillet parietal du peri-
toine pourpenetrer dans la cavite abdominale.Enexaminant la disposition gene-
rate qu'olfrent tous les organes qui y sont contenus, on voitsur la ligne mediant)
I'ensemble des parties qui composent le cordon ombilical, les art^res, la veine
ombilicaleet I'ouraque. La masse intestinale est repliee sur elle-meme, et pen-
dant que son extremite superieure est libre et floltante, son inferieure vient se
terminer k I'ouverture anale. Cette derniere est perforee ; car pendant la dissec-
tion, il s'en echappe une certaine quantile d'un liquide qui, par sa consislancc
et sa coloration, ressemble assez bien k du niiel de Narbonne.
Toute la longueur de I'inteslinymesuree de son extremite superieure S I'anus,
est de IS centimetres ; sa portion superieure, dans I'etendue de 27 millimetres,
est formee par la partie inferieure de I'ileum. II n'exisle done qu'une tr^s-petite
portion de I'intestin grele. Tout le reste appartient au gros intestin, qui est se-
pare de I'ileum par I'appendice ileo-ceecal. II n'exisie pas de trace de jejunum
et de duodenum. L'estomac, le foie, la rate, manquent completement ; on ne
peut en apercevoir aucun vestige. Les coles, et on pourrait presque dire toute
la cavite du ventre, sont occupes paries reins, qui ont un volume tres-consid6-
rable, et dont la face anterieure est recouverte par le peritoine. De chacun d'eux
part une artere qui vient se rendre sur les parties laterales et posterieures de la
vessie. Celle-ci est situeo dans le petit bassin, et semble n'etrequ'un renflement
pyriforme de I'ouraque.
Pas de diaphragme ; pas de cavite thoracique, et par consequent absence com-
plete du coeur, des poumons, trachee, etc. On ne trouve dans le petit bassin ni
dans aucun point de I'enceinte abdominale aucun organe qui puisse clre consi-
tli'rc comnie les rudiments de I'utcrus , des ovaires, des trompcs, des liga-
214
menu larges el des ligaments ronds. On ne voil rien dans le cul-de-sac vesico-
rectal.
L'ouverture vulvaire est beante ; un stylet y penetre sans difTiculte, mais il est
airete bientot au fond d'un cul-de-sac , qui n'a guere que 5 i C millimMres de
profondeur.
L'appareil circulatoire de notre Peracephale a du tout specialement fixer notre
attention. Le cordon ombilical etait compose de ses trois vaisseaux habituels,
la veine et les deux arteres ombilicales ; mais leur disposition etait fort anor-
male.
p^eine ombilicale. — Au moment oii cette veine traverse I'anneau ombilical,
elle se divise en deux branches : Tune se porte legerement en haul et un peu k
en droits pour venir a'accoleri la partie superieure du rachis etsemble se renfler
ce point pour y donner naissance k trois petits rameaux ; ceux-ci vont se distri-
buer dans I'epaisseur des parties moUes qui constituent les regions anterieures,
posterieures et lateraks de la partie superieure du moignon. Apres avoir donne
naissance k ces trois rameaux, cette portion de la Teine ombilicale descend en
leprenant ses dimensions primitives, et se dirige vers le bord interne du rein
droit. Avant de penetrer dans I'interieur de cet organe, elle fournit une grosse
branclie qui semble resulter de la bifurcation du tronc principal, et va se plonger
dans le bord interne du rein gauche.
L'autre branche de la veine ombilicale descend k cote de I'ouraque vers le
petit bassin, et arrivee a quelques millimetres de la region superieure de la ves-
sie, elle se dirige un peu k droite et se jette dans une esp^ce d'arcade veineuse
que nous decrirons plus tard, etqui est evidemment formee par la reunion des
veines des extremites inferieures.
Arteres ombilicales. — Chacune des deux arteres ombilicales se comporle do
la meme mani^re; elles descendent d'abord, avec I'ouraque et la veine ombili-
cale, jusque dans le bassin, oii elles se plongent, la droite dans I'iliaque externe,
la gauche un peu plus haul, dans I'iliaque primitive, un peu au-dessus du point
de reunion de I'hypogastrique et de I'iliaque.
Si maintenant nous examinons les vaisseaux qui appartiennent en propre
au foetus, nous constaterons une singuli^re disposition des arteres et des veines.
Dans le systcme arteriel, absence complete, comme nous I'avons deji dit, de
I'organe central de la circulation; il n'existe non plus aucune trace de I'oiigine
et de la crosse de I'aorte.Pour suivre la direction et la distribution du gros tronc
que nous croyons representer le tronc aortique. il faut rechercher son eitremite
inferieure, et prendre pour guide le point oil viennent aboutir superieurement
les arteres des mcmbres inferieurs.
Les deux iliaques primitives, formees comme toujours par la reunion de I'ilia-
que externe et de I'hypogastrique, se reunissent pour donner naissance k un tronc
commun. Celui-ci, place au devant el un peu k gauche de la colonne vertebrate,
fournit d'abord les deux arlere* renalcs, un peu au-dessus de son origine. II
215
nionle verticalement en donnant naissance a plusieur» lameaux tres-gidles, qui
se distribuent tr6s-promptement dans les parlies molles de la panic posterieure
du tronc J puis, arrive au quatre cinquieme superieur de la cavite ventrale, ce
gros tronc aortique se bifurque. Les deux branches resultant de cette bifurcation
se separent a angle aigu, etaprfis un trajet d'un centimetre, se subdivisent elles-
memes «t envoient des rameaux se distribuer a la partie superieure du moignoa
terminal.
Les veines ont une disposition a peu pres semblable. Les deux crurales, deve-
nues iliaques externes, se reunissent en formant une esp^ce d'arcade cintree,
donl la concavite est inferieure, et la partie la plus convexe se trouve un peu
au-dessous de Tangle sacro-vertebral. Cette arcade reqoit les veines hypogastriquea
par sa concavite, et la portion descendante de la veine ombilicale par sa con-
vexite. Le tronc des veines mesaraiques vient so plonger dans le tronc commun
des veines renales, et les branches veineuses, Ires-nombreuses et destinees k ra-
raener le sang que les rameaux aortiques ont distribue a la partie posterieure du
Irene, convergent vers les trois rameaux, qui, nous Tavons deji dit, se jettent
dans le renflement veineux forme par la courte portion de la veine omW-
licale.
La malheureusement s'est born6e la dissection, Une maladie asgezs6-
rieuse m'ayant oblige a la suspendre pendant quelques semaines , je
trouvai plus tard le petit monstre tellement alt^re par la putrefaction
qu'il me fut impossible d'examiner fructueusement ce qui restait du sys-
t6me nerveux. Cette lacuna est d'autant plus regrettable que, parmi les
fails semblables publics, bien peu fournissent surce point les renseigne-
ments si desirables dans I'etude etiologique de ces difformites.
Du reste , ces fails sont trfes-rares, et en feuilletant les principaux
Iravaux teratologiques, je n'en ai trouve qu'un petit nombre don t la res-
semblance avec celui-ci fut assez grande pour pouvoir en ^treutiiement
rapproches.
En 4663, Ant. Everhard publia I'histoire d'une grossesse g^mellaire,
dans laquelle un des fcetus manquait de t6te, de ecu, des bras, de la poi-
trine, de deux orteils au pied droit, d'un au pied gauche. II n'y trouva ni
reins, ni poumons, ni rate, ni vessie, ni omentum. Lacavile abdominaie
^tait en grande partie occupee par un foie tres-volumineux, sans vesi-
cule biliaire, avec deux vesicules sanguines ou aboutissaient une artere
et une veine. Une petite partie de I'intestin gr^le et le gros inteslin, im-
perfor^ a I'anus, constituaient tout le tube intestinal.
Probablement ce pretendu foieetait un rein unique. (Planqup, Biblio-
THEQUE MEDICALE.)
216
Dans un autre monilre, cite par Poujol en 1706, on trouva seulemonl
deux reins, deux uret^res, una vessie, un uterus avec ses annexes. L'in-
leslin, court et tres-mince, conimencait par deux appendices, et se termi-
nait a I'anus sans fairedecirconvolutions. La veins onibilicaie s'ouvrait
dans la veine cave; celle-ci se divisait superieurenient en deux branches :
I'une se ramifiait dans la masse superieure ; I'aulre fournissaitdeux re-
naies et se terminait par deux iliaques.
Wery donna, en 1720, I'histoire d'un acephale chez lequelmanquaient
coeur, poumons, estomac, foie, rale, pancreas et intestin grele.Une masse
de chair informe, tenant lieu de diaphragme , eachait les reins , les ure-
teres et les capsules atrabilaires.
Dans le cas de Vogii (1720), les seuls organes existants etaient la
moelle epinifere, les reins, la vessie, I'eslomac, les intestins, I'uterus et
ses annexes. Pas de traces de coeur, de poumon, de foie, de rate ni de
capsules surrenales.
Le foetus dont la description futdonnee par Desuperville, en 1727, n'a-
vait que 2 centimetres et demi d'intestin grele, tout le gros intestin, deux
reins, une vessie et un testicuie droit ; tout le reste manquait.
On lit dans le tome VIII du Journal de litterature medicale etran-
GERE la description d'un monstre presque completement semblable a colui
dont j'ai rapportd I'observation. L'abdomen contenait seulement le gros
intestin, une partie de I'ileum, les reins, la vessie et les organes geni-
taux... L'arlere et la veine ombilicale fournissaient ieurs vaisseaux
iliaques , lesquels se distribuaient aux visceres , au bassin et aux jambes.
Enfin Malacarne mentionne quatre foetus dans lesquels, a I'exceplion
des reins, de la vessie etde I'intestin , tous les autres organes man-
quaient, et le monstre cite par Gall et Spurzheim, dans Ieurs recherches
sur le sysleme nerveux, n'avait a I'interieur que les reins, les organes
sexuels femeiles, les intestins hypogastriques et les troncs des arleres et
des veines.
Les fails que je viens de rappeler suffisent pour demontrer I'analogie
qui existe entre eux et celui quo je viens do faire connnilre ; mais cette
simihtude, tout en d(5montranl que la nature est soumisc a de cerlaines
lois, meme dans ses aberrations les plus etranges, est loin de resoudre les
difficull^s qu'on rencontre dans I'etude de ces monstruosites. Ces diffi-
cultes sont nombreuses, et je n'ai certes pas la pretention de les aborder
loutes. Les questions qui se rattachent a leur etiologie, a leur mode de
nutrition ct de developpement, sont encore, il faut I'avouer, malgre lesdis-
217
cussionsde Lemery etde Winslowet les recherches interessantes des te-
ratologues modernes, aulant d'enigmes dont le mot est encore a trouver.
Reduit, en effet, a I'appareil urinaire et a une petite portion du tube di-
gestif, prive des organes qui paraissent les plus necessaires a rentretien
de la vie, nieme de la vie foetale, comment ce pelit nionstre a-t-il pu se
d^velopper au point d'cffrir, dans les parties qui lui restaient encore, Ic
volume que ces memos parties oifrent dans un foetus du memo Sge et bien
conforme?
Nous laisserons a de plus habiies le soin de r^soudre le probleme, et
pour ne pas abuser des moments de la Societe,nousajouterons seulement
quelques mots sur le m^canisme probable de la circulation chez les
monstres peracephales.
Chez notre foBlus, pourvu d'art^res et de veines dont les ramifications
terminales et origineiies s'anastomosaient entre elles et etablissaient ma-
nifeslement un cercle circulatoire complet, quelle etait la direction dans
laquelle s'operait le cours du sang? quel 6lait surtoul I'agent de I'impul-
sion transmise a la colonne sanguine?
Et d'abord, peut-on admettre, avec Winslow, qu'au defautdu coeur, la
progression des liquides doit dependre de I'elasticite des vaisseaux? Nous
ne le pensons pas ; car I'elasticil^ des parois arterielles ne peul fairesen-
tir son influence que lorsque la colonne sanguine, pouss^e par lemoteur
central, tend a diialer le lube vasculaire. En un mot, le retraitdes parois
suppose leur dilatation preaiable.
Forces dechercher ailleurs que dans le monstre lui-meme la cause pre-
miere de la circulation, les auteurs qui se sent occup6s de ce sujet ont
^mis des opinions tres-diverses.
Queiques-uns , s'appuyant sur les communications vasculaires qu'ils
croyaient exister dans le placenta, entre les ramifications des vaisseaux
ombilicaux et celies des vaisseaux ulero-placentaires, admettaient que le
sang circulait encore dans le foetus acephale sous I'influence de la con-
traction du coeur malernel. II faut bien I'avouer ; cette explication est en
contradiction avec les dissections les mieuxfaites dans ces derniers temps.
Les injections des plus habiies anatomistes ont etabii la separation com-
plete des appareils vasculaires foetal et malernel..., et pourlant, en y re-
flechissant, on se prend a douler encore. N'existe-t-il pas, en efTet, un
ou deux cas au moins, suffisamment authentiques, ou le foetus acephale
apparlient a une grossesse simple, et dans lesquelspar consequent I'im-
pulsion du coeur malernel peul seule cxpliquer la circulation du monstre
218
p;irasile7 D'un autre cole, les anomalies vasculaires, si fi^quenles dan-,
I'organisme d^finitif, ne pourraient-elles pas se rencontrer dans I'organi-
salion lemporairo du placenta? N'est-on pas forc6 de supposer ccs coni-
municalions anormales dans ies cas, moins rares qu'on ne pense et pour-
tant inconteslablcs aujourd'hui, dans les cas, dis-je, ou, apr6s le decolle-
ment prematura du placenta, ie foetus est mort d'hcmorrhagie, et dans
coux, bien plus inconteslablcs encore, oil, apres la naissance de I'enfant,
une h^morrhagie grave s'est faite par roxlr^mile placentaire du cordon
qu'on venait de couper?... Eh bien! pourqiioi done ces communications
anormales,qui seuies a peu pres peuventrendre compto des fails auxquels
je fais allusion, ne pourraient-elles pas se rencontrer egalement dans
les monslruosiles ac^phaliques? [Je saisque des esprils sev^res repous-
sent toute hypotIi6se qui ne repose surun faitdirectement observe; mais
en rappelant que cerlains ac6phales appartiennent a une grossesse sim-
ple, en signalantles accidents hemorrhagiques pour I'explicalion desquels
I'exislence de communications direcle est n^cessaire, je n'ai pas voulu
imposer une opinion, mais prouver qu'on avail repousse trop vile peul-
^tre la th^orie de Mery et Lecal.
L'immense majorile des acephalies appartient a des grossesses gemel-
laires. Le placenta est toujourscommun ; les foetus sent souvent dans la
m6me poche amniotique : et alors que les deux amnios sont distinct;!, lo
chorion est commun. Quelle est ici la cause du cours du sang dans le
monslre peracephale? Pour moi, je n'hesite pas a la placer dans le coeur
du foetus bien conform^. Tousles accoucheurs savent que lorsque, dans
une grossesse double, le chorion est commun aux deux foetus, etsurlout
lorsque ceux-ci sont renferm<5s dans la meme poche amniotique, les com-
munications entre les ramifications ombilicales des deux enfants sont
assez frequentes. Si une chose m'<5lonne meme, d'apres le mode de vas-
cularisation du chorion pendant le dc^veloppement de I'allanloide, c'est
qu'elles n'exislent pas toujours : j'en ai publie un exemple, M. Lallemand
un autre, et beaucoup d'auteurs en ont cit6. Pourquoi done se refuser a
les admettre dans les cas de monstruosil(5 gemellaire ? Mais ce n'est plus
une hypolhese ici. Voici ies fails.
Dans le cordon d'un foetus ac^phale ddcrit par Clarke, il n'existait
qu'une seule artere et une seule veine. A la suite d'une injection de ma-
liere rouge dans le cordon ombilical de I'enfant bien conformc, I'injeclion
parvjnt facilement dans Ies deux placentas.
Dans le cas de M^ry, il y avail un cordon unique, qui, dans le mi-
219
lieu de sa longueur, so divisait pour aller se terminer au nombril de che-
que fcetus.
Enfin M. Moreau a present^, en 1826, un ac6phale dont il ne fit pas
la dissection ; mais il fait remarquer que le cordon du foetus mon-
slrueux communique par deux vaisseaux (il n'indiquo pas lesquels) avec
celui du fcetus bien conforme, qui 6tait pourtant dans un amnios se-
par6.
Cette communication etant d^montree dans quelquescas, peut fitro
supposee dans les autres, et permet d'admettre que la circulation
du petit monstre elait sous la dependance du cceurde I'autre jumeau.
Mais dans quelle direction s'op^re la circulation?
Si on admet, comme je le disais tout d I'heure, que, dans les ac^phales
jumeaux, la circulation de ces derniers est sous la dependance du coeur
du fcetus bien conforme, necessairement il faut admettre que le rbledes
vaisseaux du cordon n'est plusce qu'il est dans I'etat normal. Les rami-
fications lerminalesdesarleres ombilicales du monstre resolvent le sang
pousse par le cceur de I'autre foetus dans les branches et rameaux de ses
art^res ombilicales, a I'aide des anastomoses qui alors existent enlre elles.
Ce sang parvient facilemenl dans le tronc des arteres ombilicales de
I'enfant mal conforme, puis penetre avec elles dans I'abdomen, et vient
enfin se jeter dans les iliaques primitives, d'ou il se repand dans tout I'ar-
bre art^riel jusque dans les capillaires. Apres avoir servi a la nutrition
des organes, il est repris par les radicules veineuses pour arriver, apres
avoir parcouru les troncs veineux hypogastriques et cruraux, dans I'es-
p^ce d'arcade cintr^e que nous avons d^crite, puis enfin dans la portion
descendante de la veine ombilicale. Le sang des reins, de I'intestin, de la
vessie, celui qui revient des parlies superieures et posterieures du tronc,
est ramen^, par les veines renales et les trois branches que nous avons
jndiquees, dans la branche superieure de la veine ombilicale, pour aller
par un tronc commun se distribuer dans le placenta.
Dans ce syst^me, comme on le voit, les arleres ombilicales, dans leur
portion extra-abdominale, auraient rofiice que remplit ordinairemenl la
veine ombilicale, car elles apporteraient du sang au foetus; mais, dans
leur portion inlra-abdominale, elles joueraient, par leurs communica-
tions avec les arteres iliaques, le rdle de vaisseaux artericls. II est facile
de voir que le contraire aurait lieu pour la veine ombilicale dans ses deux
portions extra et intra-abdominales; car, form^e de plusieurs ramifica-
tions veineuses, dans lesquelles circule le sang qui a servi a la nutrition
220
«iu foetus, ello charrie ce sang veineux jusqu'au placenta, dan? lequel elle
le distribue a la mode des arteres.
Dans les cas, si rares qu'ils ontete contesl^s, dans lesquels I'encephale
appartient a une grossesse unique, et m^me dans quelques-uns de ceux
oil la grossesse etait gomellaire, je suis force de supposer, dans le pla-
centa, une libre communication enlre I'appareil vasculaire foetal et les
vaisseaux malernels, etd'admettre la theorie de Monro. Pour cet anato-
miste, le sang venant du placenta entre dans le corps du foetus par la
veine ombilicale; les rameaux de cette veine remplacent les arteres,
puisqu'ils distribuent le sang dans toutes les parties du foetus; enfin le
sang revient au placenta par les arteres ombilicales. Breschet croit refu-
ter cette opinion en faisant remarquer que I'existence des valvules dans
les veines s'oppose a ce que le sang circule dans ces canaux du tronc vers
les ramifications. Cette objection, serieuse au premier abord, n'a pas
loute I'importance que lui supposait son auteur; car, dans le seul casoii
les veines ont ele examinees avec soin, Kaick a constate I'obsence totaln
des valvules : Fenarum structuranormalis est, dit-il, ed tantum dif-
ferentia ut nunquam vestigium deprehendatur valvularum quce in
fcetibus ejusdem cetatis tamenjam luculenta in conspectum prodire
consuescunt. Nouvelle preuve de la prevoyance avec laquelle la nature
salt pr^venir toutes les difficultes.
J'admettrai done, en definitive, que le sang d'un monstre prive de
coBur est mis en mouvement , dans le plus grand nombre des cas , par la
contraction du ccBur de son fr^re jumeau , et , dans quelques cas tres-
rares, par I'impulsion que lui transmet le coeur de la mere, a I'aide do
communications anormales etablies enlre les vaisseaux utcro-placentaires
et les vaisseaux du foetus.
MEMOIRE
SUR
UN MONSTRE DOUBLE MONOMPHALIEN
DE PROVENANCE HUMAINE,
CONSTITHANT UN GENRE NOUVEAU DESIGNE SOUS LE NOM DE
RACHIPAGE;
Lu dans la stance du 2 f^vrier 1850
Par M. EUDES DESLONGCHAMPS,
Correspondant de rinstitnt de Frante,
II y a d^jS quelques ann^es que j'ai eu I'occasion de preparer le sque-
lette d'un monstre double de provenance humaine, des plus compliqu^s
que Ton puisse imaginer.
Ce monstre est constitue par deux enfants egaux en d^veloppement
dans toutes leurs parties, places bout a bout, comme les monslres ischio-
pages, ayant comme eux les faces tournees du m^me cote ; mais, au lieu
d'etre reunis par les bassins, iis sont sondes par les colonnes verlebrales,
a partir de la troisi6me ou quatrieme vertebre du dos, jusqu'a la region
sacr^e ou les deux colonnes redeviennent libres. Les deux tetes et les
deux cols sont dislincts; les troncs sont confondiis en un seul, de mani^re
pourtant que les deux poitrines, confluentes a leur partie superieure, s'i-
solent inferieurement en so dirigeant I'une a droile, I'autre a gauche dti
tronc commun ; los deux abdomens, isoles d'abord a la suite de leurs
TOME III. 16
222
poitrines respeclives, viennent se confondro en un seul dans la region
hypogastrique sur loquelle s'appuie, mais sans y adherer aucunemenl,
la tele de I'un des freres, cehii que je nommerai dans la suite de ce me-
moire le frere inferieur. II y a quatre membres thoraciques egaux et
ibres; le bras droit de I'un des fr^res correspond au bras gaucho do
I'autre frere, ils se croisent au-dessus du pli du bras ; line disposition
toute semblable existe do I'autre cole. Les membres pelviens sont aussi
au nombre de quatre, egaux et libres : mais comme les deux bussins ont
6t6 ramen^s I'un a cdle de I'aulre sans soudure , echange ou renverse-
ment de parties, les membres des deux freres y sont disposes les uns par
rapport aux autres, non comme le sont les membres thoraciques, mala
comme le seraient ceux de deux individus normaux places I'un a cote do
I'autre et tourn^s dans le m6me sens.
Le monstre dont je viens de donner un aperyu succinct se pr^scnte
avec un ensemble de caracleres doni la plupart se retrouvent isoles dans
plusieurs genres de monstres composes de deux individus §gaux, sondes
par diverses regions de leur corps , et n'oyant qu'un seul ombilic. Ainsi,
il tient des ischiopages, par la maniere dont les deux freres sont places
I'un par rapport a I'autre; mais I'union, chez noire monstre, se fait bien
au-dessus des bassins ; d'ailleurs ceux-ci sont libres et n'ont pas de mo-
dification essenlielle dans leur composition. II tient des sternopages, par
I'eeartement des moities du slemum de cbaque frere (4), mais elles nese
rejoignent pas, et d'ailleurs eltes ne se correspondent pas avec I'alter-
nance de cotes qu'elles montrent duns les sternopages, comme un exa-
men approfondi le demonlre. 11 tient enfm des eclopages, par la maniere
dont les deux bassins et les membres inferieurs des deux freres sont pla-
ces les uns par rapport aux autres.
En resume, ce monstre doit former un genre a part, non-seulement
par la reunion de caracleres qui ne se trouvent qu'isolement dans plu-
sieurs genres particuliers, mais surtout par un caractere essentiel qui
n'appartient qu'a lui, un caractere dominateur, celui de I'union des ver-
ttibres dorsaies et lombaires des deux freres, d'ou resulte une seule co-
lonne verlebrale apparente , mais en realite double dans toutes ses
parlies.
Aucun des ouvrages scientifiques que j'ai pu consulter ne parle d'une
pareille combinaison de deuxjumeaux; elle ne peul entrer dans aucuti
[\) Dans la region superieure, sculcment pour le racliipnge.
223
des genres etablis par M. Is. GeoiTroySaint-Hilaire ; en consequence, je
proposerai de la designer, d'aprfes son caractere principal, sous le nom do
rachipagie(\).
Je n'ai point eu ce monstre en chair, mais seulement a I'etat de sque-
lette. D'apres sa taille et le developpement des pieces osseuses, il devait
avoir de 7 mois 4/2 a 8 mois de conception.
II apparlenait a feu M. Le Boucher, medecin distingue de Caen, et an-
cien professeur a I'ficole de medecine de cetle ville. Son flls, M. Augusts
Le Boucher, a bien voulu me le remetlre pour etre depose dans les col-
lections de la Faculte des sciences de Caen. Je n'ai pu avoir que tres-peu
de renseignements sur son origine ; M. Auguste Le Boucher m'a assure
que, d'aussi loin qu'il pilt se souvenir, il avail toujours vu ce petit sque-
lette dans la collection de son pere ; d'apres cela, il date au moins d'une
quarantaine d'ann6es et probablement davantage. M. Auguste Le Bou-
cher avait entendu dire a son pere que ce petit squelette monstrueux lui
avail ete donn6, comme curiosite, par un mMecin decampagne, habitant
le Socage.
Voici, du reste, quel etail I'etal de mon rachipage lorsque je I'ai re^u :
on s'^tait contente de vider les caviles viscerales et d'enlever grossiere-
ment les chairs ; on I'avait laisse secher, puis on i'avait couvert d'un ver-
nis fori epais. On conceit combien les parties carlilagineuses avaienl dil
se r^tracter ; les chairs, dessechees et raccornies, cachaient I'arrange-
ment el la forme des parties les plus interessantes a connaitre ; ce que
i'on pouvait y voir, c'estque les deux enfants formant le monstre etaient
joints par leurs colonnes vertebrales, voila tout.
Mon premier soin fut de le ramollir en le laissant tremper pendant
vingt-quatre heures dans de I'eau maintenue a 40 ou 50° cent. ; je laissai
macerer ensuite pendant dix ou douze jours dans de I'eau un peu alcoo-
lis^e, queje renouvelai plusieurs fois, en evitant qu'il se developpSt la
moindre trace de putrefaction; enfin, comme la piece, bien ramollie et
flexible partout, etail restee d'un brun noiratre, couleur due a la presence
du sang altere qui penelre le tissu osseux, je la mis a tremper pendant
trois ou qualre jours dans de I'eau ou j'avais ajoute une certaine quan-
tity d'ammoniaque. Celleci, tres-elendue, a la propriety de dissoudre le
sang depuis longtemps desseche, qui colore et salit les objets sans alte-
(1) Du grec pa^t; , epinc du dos, et de Tayet; , ewa , ev, participe aoristc de
T.-?,yi'uai , qui est fixi , toude avec.
22/»
rer d'une mani6re sensible les os et niome les chairs. Je suis parvenu,
par ce moyen, a blanchir plus ou moins compl^tement dcs pieces osleo-
logiques mal pr^parees dans le principe. Mon petit sujet, en conservant
tout ce qui lui restait de chairs et ses ligaments, est devenu, sinon com-
pletement blanc, au moins suffisamment.
On devine ais^ment que la dissection et la preparation syndesmologi-
que d'un monstre aussi complique a dii m'c.ffrir de grandes dilTiculles. A
force de temps et de patience, apres mille precautions pour emp^cher que
les parties cartilagineuses ne se deformassent en se dessechant, je suis
parvenu a mettre en une enli^re evidence toutes les pieces osseuses, et le
mode insolite d'union d'un grand nombre de ces pieces.
Le mode d'union de ces deux enfants une fois bien compris, il est aise
d'en deduire et de s'expliquer les arrangements survenus dans la combi-
naison des deux troncs ; car les pieces osseuses ont conserve, dans leurs
connexions principales, leurs rapports normaux. Mais on comprend que
celles de ces pieces osseuses fondamentales qui ont ete deplacees et de-
vices ont entraine le d^placement des pieces secondaires qui s'y ratta-
chent, el que celles-ci ont 6le forcees non-seulement de prendre souvent
des formes bien differentes de celles qui leur sent ordinaires, mais qu'il
est survenu dans leurs connexions des rapprochements fort singu'.iers : telle
pi^ce osseuse qui 6tait inferieure, d'apres la position de I'un des fr^res,
est devenue superieure dans le tronc commun ; telle qui regarderait en
avant sur les freres isoles, regarde la droite ou la gauche dans les par-
ties oil les troncs sent confluents, etc., etc., etces changements, qui no
sontpas toujours reciproques pour les deux freres, sont une nouvelle
source d'erabarras. II faut souvent, pour se retrouver, se replacer par la
pensee les deux freres comme s'ils etaient c6te a cote ; on suit mieux les
deviations et- les connexions insolites. II faut s'orienter ainsi sans cesse
pour ne pas atlribuer a Tun des freres ce qui est a I'autre, ce qui est a la
droite de ce qui est a la gauche, etc. Cette orientation n'esl pas sans dif-
ficulles quand on a sous les yeux la pi^ce naturelle; la difficulte devient
bien plus grande quand on ne peut employer que des figures, surtout a
cause des raccourcis.
§ I. — Du MODE d'unio.n entre les freres. — Reduisons par la pen-
see le monstre a ses colonnes vertebrales, et supposons encore, pour plus
de clarle, que les vert^bres sont toutes privies de leurs portions annu-
laires. Chaque colonne vertebrale peut alors 6tre consider^e comme un
long prisme a quatre fuccs : I'une de celles-ci sera aiUerieure ou visce-
225
rale, line aulre posl^rieure ou medullairc. II y aura deux faces lalerales,
i'une droite, I'aulre gauche; enfin une extrt^mite cephalique et I'autre
pelvienne. Que Ton suppose ces deux prismes ou colonnes places I'un a
cote de I'aulre, de maniere que les exlr^niites cephaliques soientoppo-
sees, et que les faces viscerales soient lournees du meme c6te: ces co-
lonnes se toucheront necessairement ou par ieurscot^s droits ou parleurs
c6tes gauches. Dans le cas particulier qui nous occupe, c'est par leurs
c6tes gauches que les colonnes se correspondent, el. je proposerai, a cause
de cela, de donner a notre rachipage le noni specifique de sinister, se-
nestre. Mais il ne parait pas y avoir de raisons pour que, dans un autre
cas de rachipalgie, ce fussenl les c6l^s droits qui seraient en regard I'un
de I'autre.
Admettons maintenant qu'au niveau des corps de leurs troisiemes ver-
t6bres dorsales, les deux colonnes se courbent subitement du c6l6 de la
face meduUaire et fassent chacune, sur leur portion cervicale respective,
un angle a peu pr6s droit; admettons encore qu'en meme temps que les
colonnes se courbent ainsi, les corps de la troisi^me verl^bre dorsale de
i'une et de I'autre font sur leur axe un quart de revolution de gauche a
droite. Ces directions nouvelles font changer^necessairement les rapports
entre les deux colonnes. En effet, ce ne sent plus les faces lati^rales gau-
ches qui se correspondent, mais les faces medullaires qui s'appliquent
I'une centre I'autre et se soudentdans cette nouvelle position ; en d'au-
tres termes, toutes les vertebres dorsales qui suivent la troisieme et
toutes les lombaires se soudent a chaque vert^bre d'un frere a sa corres-
pondante de I'autre frere.
En supposant que rien n'eut derange la nouvelle direction des deux co-
lonnes sendees et n'en formant plus qu'une a partir des troisiemes dorsales ,
I'ensemble du systeme vertebral du monstre eut repr^sente une sorte de
H majuscule couche, dont la tige serait form^e par la portion soudee des
colonnes. Les branches du Teussent 6t6 fornixes, I'une par la region cer-
vicale et les Irois premieres dorsales du frere inf(5rieur, I'autre par les
mfimes parties appartenant aufr^re superieur. C'est aussi ce qui a eulieu,
mais avec cette modification que la tige du T n'est pas reside droite, mais
qu'elle a subi plusieurs courbures que je vais essayer de d^crire, et dont
nous chercherons plus loin la cause.
Je place le monstre comme s'il marchail devant I'observateur. La dou-
ble colonne soudee, partant des troisiemes vertebres dorsales, se dirige
d'abord en arrierc, s'incline un peu en haut et a droite, continue de s'a-
?26
■cancer en arrftre, commence a s'incliner un peu en bas el a gaucFie, pais
SB direction en bas devient plus prononc^e, en meme temps qu'elie con-
tinue a s'avancer vers la gauche.
L'union du corps des verl^bres ayant eu lieu par leurs faces medul-
laires apres qu'elles avaient eu fait un quart de revolution sur leur axe ,
il en est resulle une colonne commune ayant qualre faces comme une
colonno simple, mais modifiees et tournees differemment. D'abord il n'y a
plus de face m^duUaire proprement dile, puisque les verlebres se sont
rencontrees et soudees par cette face; par centre, il y a deux faces vis-
c6rales, mais elles sont dirigees vers les c6t^s au lieu de I'^lre en avant.
Celle du fr^re inf^rieur regards a gauche, et celle du frero superieur a
droite. Quant aux faces laterales, elles sont devenues inferieure e.t supe-
rieure, et doivent nousarreter un instant. II est clair que chacune de ces
faces, d'apres les soudures, est formee de deux moities, dont I'une ap-
partientau frere superieur et I'autre au frere inferieur. Ces deux memes
faces, creusees un peu en goutliere, concourent chacune a former un
• demi-canal pour loger les prolongements rachidiens des deux cerveaux,
savoir : le demi-canal superieur, le prolongement rachidien du frere
superieur; le demi-canal inferieur, le prolongement rachidien du frere
inferieur. Mais la face superieure de la colonne commune, devenue face
rachidienne superieure, est formee, dans samoitie droite, par la face la-
terals droite du frere superieur, et dans sa moiti^ gauche par la face
laterals gauche du fr^re inferieur. De mSme, la face inferieure de la co-
lonno commune, devenue face rachidienne inferieure, a sa moitie
droite fournie par le frere inferieur, et sa moitio gauche par le fr^re su-
perieur.
Si Ton s'est fait une id^e claire des rapports qu'ont pris entre elles les
deuxcolonnes vertebrales, on comprendra assez aisement coqui me reste
a dire de I'arrangement des pieces osseuses qui font parlie des colonnes
vertebrales ou qui s'articulent avec elles; car c'est le mode d'union du
corps des vertebres qui a entraine tout le reste.
§ II. — Arrangement des portions annulaires des vertebres. — On
salt qu'a I'etat normal la portion annulaire d'une vertebre est formee,
dans le foetus, de deux pieces osseuses, I'une droite, I'autre gauche, r^-
unies par un cartilage, dans I'endroit que doit occuper plus tard I'apo-
physe epineuse, et que Ic canal rachidien est forme en arriere par la s^rie
droite et la s^rie gauche des pieces osseuses composant la jiortion an-
nulaire des v«rtebres. Ces portions annulaires, quant a leur developpe-
227
tnent, ne different pas, dans le monstre, de ce qu'elles sont chez un fc&tus
normal de son Sge.
Les series gauches el droites des demi-portions annulaires des verte-
bres conservent, aux regions cervicales des deux freres, leiirs rapports
ordinaires tant avec le corps des vertebres qu'avec elies-memes, sur la
ligne mediane; il n'en est plus tout k fait ainsi aux regions ou les co-
lonnes se sont soud^es : les demi-portions annulaires conservent leurs
connexions avec le corps de leurs vertebres respectives ; mais comme
elles ont dii s'^carter et se dejeter fortement de c6le pour que les faces
medullaires des corps des vertebres pussent se sender, dans cette nou-
velle position, les series des demi-portions annulaires de I'un des freres
se sont trouv6es en regard des memes series appartenant a I'autre frere,
mais de maniere que la s^.rie des demi-portions annulaires droites de I'ua
ont ^le mises en regard de la serie des demi-portions annulaires gau-
ches de I'autre, et reciproquement. Ainsi les deux canaux rachidiens n'ont
den d'anormal a la region cervicale et au commencement de la dorsale;
mais a parlir de la troisi^me vertebre dorsale, le canal rachidien du fr6ro
superieur est complete a droite par la sorie droite des demi-portions an-
nulaires de ce frere, a gauche par la serie des demi-pertions annulaires
gauches du frere inf^rieur. Une disposition inverse existe pour le canal
rachidien du frere inferieur.
L'expos6 que je viens de faire est, on le conceit, non une explication
de la maniere dont les choses se sont passees lors de I'union des deux
freres, mais un moyen de faire comprendre cette union. Les lois g^n6-
rales de k> formation du squelelte et des parties molics ont preside ici,
comme elles president a I'arrangement des organes dans les foetus nor-
maux, et aussi dans les monstres par defaut ou par esces. L'examen le
plus approfondi de mon rachipage ne fait que (ionfirmer ces lois, bien
loin qu'elles y soufTrent des infractions. Je nechercherai pas a faire au
cas qui nous occupe I'application des donnees que fournissent I'osteogenie
et I'embryog^nie : ce cas est trop compliqu^, et m'entrainerait dans des
d^veloppements qui ne sont pasd'ailleursnecessaires.
Dans ses regions sendees, la colonne vertebrale du monstre est done
pourvue de deux cananx rachidiens, I'un superieur, I'autre inferieur, a la
formation desquels les deux fr6res concourent par moitie; elle a deux
faces visc^rales : cellede droite appartient au frere superieur, cel'e de
gauche au frere inferieur. Elle presente de fortes courbures et tout a fait
insolites. Le canal rachidien du fr^re superieur se voit sur la convexite
MS
do la courbure piincipale, celui du fr^re inf^rieur dans la concavile de
cette m^me courbure ; le premier canal est en consequence plus long que
le second; les demi-portions annulaires qui concourent a le former on t
eu assez d'espace pour se d^velopper et pour se r^unir sur la ligne m6-
diane : union d'ou seraient nees des apophyses epineuses, si un pareil
nionslre eut pu prolonger sa carriere au dela de la vie uterine. Partout
oii elles ont trouve un espace suffisant, les demi-portions annulaires se
sont d^velopp^es, rencontr^es sur la ligne mddiane et soudees, quoi-
qu'elles n'appartinssent pas au mfeme frere. Mais dans Tangle presque
droit que la colonne vert^brale commune fait sur la colonne cervicale (et
la portion sup^rieure de la dorsale) du frere superieur, I'espace a man-
que pour le developpement des demi-portions annulaires; elles se sont
d'autant moins developpees qu'elles 6taieirt plus voisines du sommet de
Tangle. Elles n'ont pu , par la meme raison , se reunir sur la ligne m^-
diane ; de sorte qu'il existerait la un espace vide si les portions annu-
laires de la colonne cervicale, couchee pour ainsi dire sur cet espace , ne
Teussent ferm^. Ainsi le canal rachidien oil 6tait log^e la moelle epiniere
du frere superieur est close sur toute sa longueur.
Le canal rachidien inferieur, place dans la concavity de la courbure
principale de la colonne commune , est n^cessairement beaucoup plus
court que le superieur. Les demi-portions annulaires n'ont pu s'y deve-
lopper librement ; et comme les extremites , qui eussent du former les
apophyses epineuses, avaient a se loger dans un espace beaucoup plus
court encore que celui qui repond a leurs extremites adherentes au corps
des verlebres, elles se sont tass^es a peu pres comme les pieces d'un
eventail ouvert , mais irregulierement : les unes ont chevauche , les au-
tres se sont plus ou moins atrophi^es ; la piupart se sont soudees sur leur
longueur avec celles de leurs c6les, comme peuvent le faire des pieces
osseuses obligees de se developper dans un espace trop 6troit. De plus,
elles ne se sont pas reunies sur la ligne mediane ; elles sont restees fort
ecartees et ont forme un spina bifida. Cet ecartement ne s'est pas borne
meme aux regions dorsale et lombaire de la colonne commune : il com-
prend encore les trois premieres verlebres dorsales et les deux dernieres
cervicales du fr^re inferieur.
Nous avons deja vu qu'il a fallu, pour que les deux colonnes aient pu
se souder par leurs faces medullaires du corps de leurs verlebres, que lo
colonne unique resultant de leur cohesion s'^carlat subilement de la di-
rection que suivaient les colonnes cervicales du fiere superieur et du-
229
frere inf^rieur allant a la rencontre Tune tie I'aulrc. L'angle form6 par la'
colonne commune avec la coionne cervicale du fr^re sup^rieur est un peu
aigu ; celui qu'elle forme avec la colonne cervicale du frere inf^rieur est
un peuobtus. Comme cette deviation s'est faite en arriere, c'est-a-dire
du c6t6 des portions annuiaires, les deux canaux rachidiens devraient Stre
coudes subitement ; mais les corps des vertebres voisins de la deviation
ont un peu glisse les uns sur les autres : ils se sont tasses et conform^s
de manifere que, dans I'int^rieur des canaux rachidiens, le sommet de
Tangle fut arrondi. Ainsi les moelles ^pini^res n'etaient pas pli6es subite-
ment, mais formaient une courbe assez longue.
Nous venons de voir ce qui est arrive aux portions annuiaires des ver-
tebres voisines do l'angle forme par la colonne commune avec les portions
encore isolees de celles des deux fr^res; on pent s'en faire aisement
I'idee. Mais que sont devenues les deux portions annuiaires gauches des
deux freres r^pondant a ia troisi6me et a la qualri^me vertebre dorsale,
qui , d'apres la position des faces lat^rales gauches de leurs vertebres
respectives, devaient se trouver en avant, c'est-a-dire sur le meme plan
que la face viscerale des colonnescervicales? Sont-eiles demeurees avec
les demi-portions annuiaires de leur colonne cervicale, en abandonnant
leurs connexions avec les faces laterales des corps de leurs vertebres, ou
se sont-elles compl^tement atrophi^es? Je crois plut6t a cette derni^re
conjecture ; car il est difficile de distinguer des restes de ces demi-portions
annuiaires de celles qui les avoisinent imm^diatement. Ce qu'il y a de
certain, c'est que Ton ne voit aucune trace de ces lames osseuses dans
le lieu qu'elles devraient occuper, c'est-a-dire au point ou les deux co-
lonnes vertebrales commencent a se toucher par leurs faces m^dul-
laires.
§ III. — Des regions pelviennes. — J'ai dit precedemment que la
colonne vert^brale commune cessait d'etre telle au niveau des bassins;
que les sacrums des deux freres n'dtaient pas sondes; qu'en consequence
les deux bassins etaient libres. Mais la composition des sacrums est dif-
f^rente pour chaque frere.
Bassin du frere superieur. — Le corps de la vertebre qui suit la troi-
si^me ou la quatrieme lombaire (il est difficile de savoir precisement la-
quelle) du frere superieur devient subitement tres-petit. Apres lui, if
n'existe plus de corps de vertebres a la region sacree ; mais le bassin ne
manque pas pour cela de sacrum , car les demi-portions annuiaires
(Iroites et gauches existent ; et comme il n'y a pas de corps de ver-
230
tebres pour les separer, elles soiit venues se toucher sur la ligne uie-
(Jiane. Elles forment un sacrum sans corps de verlebres ; il est devie vers
la gauche et Ires-concave anlerieurement, et de plus un peu deform^ par
le chevauchement a droite de Tune des demi-porlions annulaires, et a
gauche par la soudure et la penetration de deux demi-portions annu-
laires de ce cote. A la face poslerieure, les deux premieres demi-portions
annulairesdroiteelgauchesont resteesecarteesetformentun«pinai»j/ida,-
mais led troisiemes demi-ponions annulaires droite et gauche se sont
soudees sur la ligne mediane et forment ainsi un anneau compiet.
Les deux os coxaux qui completent le bassin du frere superieur sont un
peu deform^s, tr6s-obliquement places sur leur sacrum, et tellement rap-
proches Tun de I'aulre que le diametre transversal du petit bassin est
sept ou huit fois plus petit que I'antero-posterieur, qui est, au contraire,
plus long qu'a Telat normal. Ce bassin semble avoir ete presse de droite
a gauche et ramene vers le plan inierieur du monstre, mais sans que la
pression ait deplace le sacrum, qui pnraitrail avoir ele retenu a la suite
de la colonne vertebrale commune. Ainsi la face viscerale de la colonne
lombaire commune appartenant au frere superieur regarde a droite
et un peu en arriere, tandis que son bassin regarde en avant et un peu a
droite. II y avait necessile que le bassin eut cette dircclion, puisqu'il n'y
avail qu'un ombilic et une region hypogastrique pour les deux freres.
Bassin du frere inferieur. — Le sacrum de ce frere differe de celui
du frere superieur, parce que ses verlebres ne sont pas depourvues de
corps. II y a cinq corps de verlebres sacrees; leur face medullaire est
libre. D'une part, cetle face ne pouvait s'unir aux parties correspendantes
du frere superieur, puisque le corps des verlebres sacrees manque a ce-
lui-ci ; d'aulre part, les deux bassins n'eussent pu se diriger du meme
ddte s'ilseussent ete sondes ensemble a la suite de la colonne commune
et comme elle.
Les deux canaux rachidiens de la colonne commune se terminent au
point ou la derniere verlebre lombaire du frere superieur a disparu; ils
s'ouvrent largement dans le canal sacre unique dont le corps des verle-
bres sacrees du frere inferieur forme la paroi de devant. La face medul-
laire de ce sacrum presente une elevation longitudinale plus saillante en
haul qu'en bas, et qui partage inegalement cetle face en deux gouttieres
peu profondes. Celle de gauche fait suite au canal rachidien superieur du
monstre, celle de droite au canal rachidien inferieur. Les demi-portions
annulaires repondant a ce sacrum existent de chaque c6le, et ont ante-
231
rieurement ies rapports voulus avec le corps de leurs vert6l)res respec-
tives ; mais en arri^re ces demi-porlions annulaires , loin de se r^unir
pour former des apophyses epineuses, sont largement ecartees et laissent
apercevoir la face medullaire du corps des vertebres du sacrum. 11 y a
ainsi un .«/)iHa fti^dadans toute I'etenduede la region sacree. Lesdeusos
coxaux ont une conformation presque reguliere ; mais comme ceux de
I'autre frere,ils ont eprouve une deviation vers le cote anterieur du
monstre; sa colonne lombaire et son sacrum regardent a gauche ; mais
comme Ies os coxaux n'ont pas quitte leurs connexions avec Ies portions
annulaires du sacrum, I'os coxal droit s'est place dans leur direction, et
le gauche leur est devenue presque perpendiculaire. Le detroit superieur
du petit basiin est un peu deforme, mais bien moins que celuv de I'autre
frere. L'ischion droit e.-t plus court que le gauche, et la cavite cotyloide
droite, au lieu de correspondre au point de reunion des trois pieces os-
seuses de I'os coxal, est presque entierement placee sur I'ileon.
Ainsi, dans ce curieux fait teralologique , deux freres, distinctsa la
t^teet au col, sont confondus au dos et aux lombes, et redeviennent dis-
tincts aux regions pelviennes et aux membres inferieurs. Cependant la
position des deux freres n'est pas la meme au-dessus et au-dessous de
leur reunion. Aux parties superieures, Ies deux freres sontsitues comme
le seraient deux individus qui se regarderaient en face, c'est-a-dire dont
Ies parlies gauches de I'un sont piacees vis-a-vis Ies parties de I'autre,
et reciproquement; mais si, sans changer leur direction, ils se mettent
I'un a cote de I'autre, ils se correspondront par leurs c6tes de noms sem-
blables. Au contraire, dans leurs parties inferieures, Ies deux freres se
trouvent places I'un a Pegard de I'autre comme le seraient deux individus
places c6te a c6te et qui regarderaient du meme cdte, ainsi que cela ar-
rive pour Ies monstres ectopages. A6n de mieux se figurer ce changement
de rapports entre Ies parties superieures et Ies inferieures, on n'a qu"a
redresser par la pensee la courbe que decrit le Ironc du frere inferieur,en
faisant parcourir a sa lete la moitie de la circonference d'un cercle dont
le centre setrouverait vers la troisiemevertebre dorsale, et, en le suppo-
sant ainsi redresse, faire pivoter d'un quart de revolution et de gauche a
droite la lete, le cou et Ies deux premieres vertebres dorsales sur la troi-
sieme de cette region. Les deux freres deviendraient lateralement paral-
leles comme le sont les ectopages, et rentreraient dans ce genre si le
mode d'union de leurs vertebres, par les faces medullaires, etail compa-
tible avec ce parallelisme, ce que je ne crois pas.
232
§ IV. — Du STERNUM ET DES COTES. — Ctiaquc ffcre a un sternum Ires-
court de haut en has, mais fort large transversalement, comme s'il eilt
6t6 distendu dans cetle direction. Le sternum du frere superieur n'a
qu'une petite piece de forme leniiculaire, plac^e a peu pr6s au milieu du
cartilage qui r^pond au manubrium. Celui du fr^re inferieur a trois pe-
liles pieces osseuses, une leniiculaire aussi, placee a peu pres au milieu
du cartilage; les deux autres plus petites elplacees a droite et a gauche
de la grande. Ces deux sternums servant, en se prolongeant Iransversa-
ment de chaque cold, de points d'appui aiix cartilages des c6les, placees
sur les parlies lat^rales de la colonne commune, qui forment deux plans
de c6tes, I'un superieur, {'autre inferieur. Ces deux plans, appuyant leurs
c6tes droites et leurs cotes gauches sur un sternum particulier, represen-
tent assez bien deux poitrines, une en haut, I'autre en bas, largement
beanies et se regardant par leurs faces internes. La poitrine d'en bas
semble, au premier aspect, appartenir au frere inferieur et celled'en haut
au frere snpdrieur; mais ce n'est qu'une apparence : il n'en est verita-
blemedt ainsi que pour les trois premieres cotes seulemenl, comme nous
le verrons plus bas. Ainsi toutes les c6les droites du fr^re inferieur et les
trois premieres gauches (il n'y en a qu'une par avorlemenl des deux au-
tres) dumeme frere apparliennent au sternum inferieur. Les c6les gau-
ches du plan inferieur (soudees en un faisceau), qui viennent appuyer
aussi leurs cartilages de prolongement sur ce sternum, apparliennent an
frere superieur. De m6me, toules les c6tes droites et les trois premieres
gauches (il n'y en a qu'une de libra; les deux autres sont soudees) du
plan sup6riaur apparliennent au frere superieur. Les aulres cotes,
qui s'appuient sur ce sternum par leurs prolongements carlilagineux, ap-
parliennent au fr6re inferieur. II faut une grande attention pour ne pas se
faire illusion sur ces sternums, et sur la maniera dont las c6tas des deux
freres leur sont annexdes.
Les c6tes, tant droites que gauches, des deux frferes, sont neanmoins
dans leurs rapports normaux avec les corps des verlebres et leurs portions
annulaires du frere auquel elles apparliennent; seulemenl les premieres
colas gauches du frere superieur etdu frere inf6rieur sont separees de
celles qui les suivent, dans leur serie, par tout I'inlervalle occup6 par
i'origine de Tentre-croisemeHt des deux colonnes verlebrales.La premiere
c6te gauche du fr^re inferieur , comprise dans le plan costal inferieur
du monslre, semble commencer la serie des c6tes gauches du frere supe-
rieur, landisquc relle du frere superieur, comprise dans le plan cosla!
i!33
superieur du monstrc, semble commencer ki ?(!>rie des c6tes gaiiches dii
fr6re inferieur.
Les cotes, lantdroites que gauches, des deux fr^res ayant du suivro
la direction prise par les deux colonnes apres ieur soudure, au lieu de se
succeder de haul en bas pour le frere superieur et de has en haut pour le
frfere inferieur, se sont plac(5es a la suite les unes des aiilres dans uno
direction horizontale, et au lieu de rester droites et gauches, sont deve-
nues superieures et inferieures. Ainsi les c6te3 droites du frere supe-
rieur son tsMpenetire^S et ses cotes (/aucAes sont inferieures; les cotes
droites du frere inferieur sont inferieures et ses c6tes gauches sont
superieures. II resulle, en definitive, de ces dispositions que les poi-
trines des deux fr^res sont situ^es lateralement sur le tronc commun du
monstre : celle du frere superieur est a droite, comme aussi son bassin,
et celle du frere inferieur, ainsi que son bassin, sont d. gauche.
L'arrangement des poitrines que je viens de d^crire est certainement
le veritable ; mais a moins d'un examen approfondi des rapports n^ces-
saires des parties, on en admettrait un autre qui semble s'ofiFrir tout na-
lurellement : on supposerait une poitrine suptJrieure et une poitrine in-
f^rieure ^vasees, qui se regarderaient par leurs faces internes, et cela
d'autant plus aisement que, dans la realite, cette mani^re d'etre est celle
des courts sternunis et des premieres cotes qui s'y rendent; en d'autrcs
termes, de ces zones des poitrines qui correspondent aux Irois premieres
vertebres dorsales.
Mais si Ton vient a consid(5rer ces deux poitrines par leurs faces in-
ternes, on les verra partagees dans Ieur milieu par des corps de verte-
bres presentant a droite et a gauche leurs faces visc6rales. Si, par la
pensee, on redresse le frere inferieur de maniere qu'il devienne parallels
a son fr^re, et si Ton suit alors les series des cotes dans cette nouvelle
position, on sera bient6t convaincu que l'arrangement indiqu^ plus haut
est le seul vrai, le seul memo qui soil possible dans le cas d'adherenco
du corps des verlebres par leurs faces medullaires.
La premiere c6te gauche du frere superieur, qui vient s'unir parson
prolongement cartilagineux a la serie des cotes gauches du fr6re infe-
rieur, est s^paree de celles-ci par un assez grand intervalle. On peut ai-
b^ment reconnailre qu'eile appartient au frere superieur, puisqu'ello
s'appuie sur la premiere vert^bre dorsale de ce fr6re; mais comme le
corps de la seconde et de la troisi^me dorsale de ce meme fr6re sont de-
vices et en partie atrophiees, il ne s'y attache point de cdtes, d'oii il
23i
■semble r^sulter que la seconde et la troisi6me cdte gauche du frtre sii-
p^rieiir manquent ici ; cependant elles existent, mais elles ont ^t6 reje-
tt^es en avant de la qiiatrieme cote gauche du fr^re inf^rieur, avec la-
quelle elles se sent soudees et en partie confondues.
La premiere c6te gauche du frere inferieur est fort ^loignee par son
extremity vertebrale des cotes gauches du frfere sup^rieur avec lesquelles
elle est en serie; celles-ci sont ramassees et soudees en bloc. Je n'y vois
point de traces de la seconde et de la Iroisi^mo cdle du frere superieur.
Le liraillement et le deplacement du corps des verlebres auxquels elles
eussent du appartenir, el d'une autre part I'agglomeration 6prouvee par
les cdles gauches du frere superieur a cause de leur position dans un e?-
pace Irop restreint, ont sans doute cause I'atrophie complete de la
deuxi^me et de la troisieme cote gauche de ce frere.
En jetant les yeux sur la planche I, on pent voir I'ensemble des cdtes
et leurs positions sur le Ironc commun ; on peut juger comment elles ont
du s'agencer entre elles dans I'espace plus ou moins elendu que les cour-
bures insolites de la colonne vertebrale commune ont pu leur laisser. Les
c6tes appartenant au fr6re superieur s'etant trouv6es correspondre a una
convexit6 de la colonne commune, n'ont point 6t6 g^n^es dans leiir de-
veloppement; elles sont toutes libres. Les quatre ou cinq dernieres sont
lassees les unes centre les autres, mais sans soudures ni atrophies par-
tielles. La quatrieme est difforme, courbee de champ et comme 6chan-
cr6e. II existe une treizieme c6te, tr6s-pelite.
La serie gauche apparlient presqu'en totalite au frere infdrieur, ex-
cepte la premiere et une partie de la c6te soudee qui la suit, qui appar-
tiennent au frere superieur, ainsi que je I'ai dit plus haut. Cetle s6rie
6tant situee dans une concavity do la colonne vertebrale commune, les
cdtes ont manque d'espace ; aussi plusieurs se sont soudees ; d'autres ont
eu leur extremite vertebrale avortee. En avant de la premiere cote, il en
existe une tres-pelite ; elle apparlient a la septi6me vertebre cervicale et
concourt a former son apophyse transverse : c'est la disposition ordi-
naire des foetus normaux, un peu plus prononc^e cependant que de cou-
tume. En n^gligeant cette petite c6te, la s^rie gauche me paralt form^e
de douze c6tes.
La serie droile appartient en totality au fr^re inferieur; elle est situ(§o
dans une concavito de la colonne commune : aussi les cdtes y sont-elles
presque loules soudees d'une mani^re fort bizarre, et quelques-unes atro-
phiees. Q\3anl a la serie gauche, elle apparlient au fr6re superieur, sauf
1
235
la premiere, separee des autres par uri large intervalie, et qui dt^pend dii
frere inf^rieur, ainsi que je I'ai explique plus haut. Quoique plac^es sur
tine convexite de la colonne commune, les c6tes de cette serie sont ra-
massees en bloc et soudces en un seul os fort irregulier, aplati, contourn^
sur sa longueur, etroit au milieu, plus large a ses exlremites. Les letes
des c6tes sont distincles cependant et separees. A I'extremile anterieure,
il y a egalement plusieurs separations, mais moins nombreuses que ne
I'indiquerait le nonibre normal des coles. Cetle agglomeration de c6les en
une masse allongee, quoiqu'elles eussent assez d'espace pour se deve-
lopper isolement , est due : 1° a ce qu'elles ont ete forcees de se tasser
et de se placer Ir^s-obliquement pour que leurs cartilages de prolon-
gement pussent alleindre le sternum ; 2° parce que les visceres abdo-
minaux du frere superieur, tendant a elre ramenes a I'avant du monstre,
derriere la tele du frere inferieur, ont refoule fortement en haut cette
s6rie decdtes, et ont empeche qu'elles ne s'etendissent librement vers
le bassin. Le rachipage etail un monstre monocephalien ; Tombilic repon-
dait necessairement du cole que regardent les deux bassins.
§ V. — Des autres parties du squelette. — Le reste du squelette
n'offre que peu de remarques a faire. La piece poslerieure de roccipital
est plus grande et plus allongee d'arriere en avant qu'elle ne Test ordi-
nairement. Le diamelre vertical de la lete , pris au niveau du trou oc-
cipital, est plus long qu'il ne devrait I'elre. II semblerait que les cranes,
celui du fr^re inferieur surtout, auraient ele tirailles dans le sens de ce
diametre.
Les omoplates sont un peu plus petites que ne semblerait I'indiquer
la taille des autres parties osseuses; le bord posterieur, au-dessous de la
racine de I'epine de I'omoplate, est assez largement echancre.
La main droite du frere inferieur est renversee sur la face externede
I'avanl-bras. La main gauche a son pouce, y compris le metacarpien,
reuverse sur la face dorsalede la main.
Les qualre pieds sont bots, Les deux pieds du frere inferieur et le pied
gauche du frere superieur sont renverses en dedans, vari; le pied droit
du mtoe frere est renverse en haul et un peu en dedans.
OBSERVATIONS
SUR QUELQUES PLANTES NAINES,
SUIVIES DE
REMARQUES GENERALES SUR LE NANISME DANS LE REGNE VEGETAL;
Mtooire lu i la Society de Biologie
Par le Docteur ADOLPHE GUBLER,
\
Chef de clinique de la Facnlte ,
medecin des hApitaui de Paris, membre de la Sociele analomique et de la Socielc
de biologie, membre correspondant de la Society des sciences medioales
du departemciit de la Moselle.
Dans les plantes comme dans les animaux , il est des individus qui .
extremement reduits dans leur taille, meritent I'epithete de nains; mais
tandis que, pour certains vegetaux, I'exiguite de la taille est un accident,
chez d'autres elle est la condition normale. Les premiers sent , a mes
yeux, des nains proprement dits; les autres pourraient etre nommes des
pygmies.
Le nanisme parait pouvoir affecler toutes les esp^ces v^getales d'un
ordre 61ev^, les dicolyledones en particulier ; de sorte qu'a la rigueiir il y
aurait pour chacune d'elles une variele naine. Cette forme existe, en ef-
fet, dans un tres-grand nombre de plantes ; de plus, elle a souvent me-
rite une description a part. C'est qu'a vrai dire les nains, en bolanique,
ne sonl pas, comme en zoologie, des etres parfaitement semblables aux
types, mais simplement reduits dans leurs dimensions; ce ne sont pas,
TOME III. 17
'ISt
en unmot, des miniatures de I'esp^ce a laquelle il» appartiennent : i/s
ont un port et des caract^res propres qui leur impriment un cachet
special.
Personne, a ma connaissance, n'a encore ^tudi6 d'une mani^re g^n6-
rale ces alterations des caract^res typiques qui coincident avec la dimi-
nution excessive de la taiile. M. Moquin-Tandon, dans son remarquable
ouvragede t^ratologie veg^taie, qui r^sumait I'etat de la science a I'^po-
que ou il fut public, ne dit que quelques mots sur les vari6tes naines et
les circonstances ou elles se produisent. J'ai entrepris de poursuivre cette
etude int^ressante a plus d'un titre, et je viens aujourd'hui soumettre a la
Soci6t6 de Biologic les resultatsde mes premieres recherches.
On n'attend pas de moi que je pose tout d'abord les lois qui president
a la formation des nains et a la degradation des caracteres specifiques
dans les varietes naines ; il est plus logique de proc^der par des faits parti-
culiers. Je prendrai done pour point de depart I'etude approfondie d'une
seule esp^ce; j'y rattacherai toutes les autres observations de detail, puis
je m'efforcerai par la comparaison de demeier les faits generaux qui
pourront servir de base a des investigations ulterieures.
Lorsque je parcourus la Normandie, en 1847, je remarquai pour la pre-
miere fois une variete fort singuliere de V Hypericum humifusum, deja
decrite par Villars fflore du Dauphine), et nommee par lui Hypericum
Liottardi, du nom du botaniste, neveu de Liottard, qui I'avait le pre-
mier signalee.
Cette variete vient dans les moissons. Villars croitqu'elle vit deux ans;
j'ai lieu de penser qu'elle est annuelle. 11 ne m'est pas possible d'admet-
Ire qu'elle resiste aux quatre operations successives par lesquelles on
prepare le terrain qui, I'annee suivante, doit donner du froment. Sa taiile
est comprise enlre 3 et b centiaietres. Elle differe de I'espece par sa tige
dressee, souvent simple ou seulement ramifiee du haut, mais surtout par
ses fleurs, qui offrent d'ordinaire les pieces de leurs verticilles en pro-
portion quaternaire, c'est-a-dire un caiice et une corolle a quatre divi-
sions. On peut memo affirmer que, sur les individus les plus ch6tifs, les
fleurs tetrameres (1) sont de rigueur. Celles-ci sont, d'ailleurs, parfaite-
. _>
(i) Ce mat n'est pas nouveau dans la science : il a cours depuis longtemps en
cntomologie. Je m'en sers par abreviation pour designer les fleurs qui ont des
verticilles h quatre pieces ou tetramferes. De mSme, les flemrs qui ont des enve-
lopp«8 k einq divisions sont des fleurs pentam^res.
239
ment r6guli6res; les lois de sytnetrie et d'alternance y sont pleinement
observ^es. Les p^tales sont ^gaux entre eux, et les quatre sepales sont
^gaux par paires : il y en a deux opposes plus grands et deux interme-
diaires plus petits. Ceux-la se rapprochent davantoge des feuilles et
sont plus exlerieurs. La difference entre les deux paires est souvent
6norme.
Sur les individus un peumoins reduits, on trouvea la fois un melange
de fleurs t^trameres, de fleurs pentameres et de fleurs mixtes. Je m'ex-
plique. Si nous supposons que les fleurs retournent au type de I'espece.
nous dirons qu'elles n'y arriventpas toujours d'emblee; dans certaines
d'entre elles , i'un des verticilles floraux a d^ja recouvre sa cinquieme
piece quand I'autre n'en a encore que quatre. Dans ce cas , c'est le calice
qui reste tetramere'; c'est lui qui retient le plus longtemps la disposition
des feuilles , avec lesquelles il pr^sente une ressemblance si frappante
dans I'espece qui nous occupe.
La fleur est alors irreguliere, asym^trique; la loi d'alternance s"y
trouve recessairement rompue, puisque I'un des petales n'a pas de s^-
pale correspondani. II s'ensuit que deux petales repondenta un seul in-
tervalle de sepales. Ces deux pieces de la corolle sont ordinairement plus
^troites que leurs congeneres, comme si elles resultaient de la scission
d'un petale unique de grandeur moyenne. Dans d'autres fleurs ou les
deux pdtales elroits sont soud^s a la base, ils semblent ne former qu'un
seul petale bifide. II m'est arrive de trouver le petale surnumeraire soud^,
dans une partie de son etendue, avec I'une des feuilles calicinales voi-
sines; il empruntait m6me de celle-ci une coloration verte, dispos^e en
bande longitudinaie, comme cela se voit sur les feuilles panacliees par
^liolementpartiel.
J'ai rencontr6 des modifications analogues dans une autre espSce du
meme genre. Au mois d'aoilt dernier (1848), j'avisai sur une route nou-
vellemenl empierr^e des individus rabougris de Y Hypericum perfora-
tum, que tout le monde connait pour 6tre une espece robus(e. Ces in-
dividus, au lieu de s'61ever a une hauteur de 1 a 2 pieds, comme resp6ce,
avaienta peine quelques pouces d'elevation. Leurs feuilles ^talent ires-
petites, ^troites, a bords roules en dessous, de maniere a paraflre lineai-
res; enfin leurs fleurs, en petit nombre, n'avaient pour la plupart que
quatre pieces au calice et a la corolle.
Differentesplantes naines, appartenanta d'autres families, m'ontoffert
la m6me reduction numerique dans leurs verticilles floraux; elie existo
2ZiO
dans les plus petils echantillons d'une espfece de Cerastium que j'ai re-
colt^o aux environs de Paris, et qui, dans I'ouvrage recent de MM. Cos-
son et Germain, porte le nom de Cerastium varians. Ces echantillons,
hauls de 1 a 3 centimetres seulement, portent au sommet d'une tige sim-
ple deux ou trois fleurs, dent I'une, epanouie, montre quatre s^pales et
autant de petaies.
Suivant la judicieuse remarque de M. Gay, Vylrenaria tetraquetra,
caracterise par quatre s^pales, quatre petaies et huit ^tamines, n'est
qu'une variete du Gypsophila aggregata, habitant les hautes monta-
gnes, et par consequent reduite dans sa taille.
Un pied nain d'Erythrcea centaurium (petite centauree) ne portait que
deux fleurs : I'une d'elles avail un calice et une corolle a quatre di-
visions.
La petite esp^ce d'Erythrcea qui porte Tepithele de pulchella, et qui
est tres-repandue aux environs de Paris, offre loujours un melange de
fleurs a quatre et a cinq divisions. Les premieres sont en proportion d'au-
tant plus considerable que les individus qui les portent sont plus petits.
Cette particularite, non signalee par les auteurs, merile d'etre prise en
consideration pour fixer la place qui appartient a cette plante, soil comme
variele, soil comme espece distincte.
Sur des individus nains del' Anagallis arvensis (mouron des champs),
venus dans les moissons, j'ai constate ^galement I'existence de fleurs te-
trameres.
Tels sont les fails les plus importants sur lesquels je m'appuie pour
6tablir que I'un des effets principaux du nanisme est de reduire le nom-
bre des parties de la fleur; mais avant d'aller plus loin, je ferai reniar-
quer que les plantes sur iesquelles nous avons observe ce fait de la ma-
niere la plus manifeste et la plus constante, ont pour caract^re comrnun
d'etre pourvues de feuilles opposees.
Arretons-nous un moment sur cette particularite, et voyons si elle ne
pourrait pas contribuer a eclaircir une question importante de morpholo-
gie veg^tale.
On sail que les diff^rents verticilles floraux appartiennent a des spiresin-
dependanles ; sans cela la loi d'alternance n'existerait pas. On adniet aussi
que ces verticilles representent des portions de spires dont les feuilles modi-
fi6es, au lieu de s'inserer autour de I'axe a des hauteurs diverses, parti-
raient du m^me point de la longueur de la tige. On peut oiler au dela de
ces analogies, et les fails autorisent a consid^rer chacune do ces por-
241
lions de spire , chaque verticille floral , comme un veritable cycle con-
Ira cte.
Ainsi la disposition quinconciale des feuilles, qui est la plus commune,
s'accorde bien avec le nombre cinq des pieces du calice et de la corolle,
qui est la regie dans les dicotylees. Je reconnais qu'il ne serait pas diffi-
cile de citer beaucoup d'exceptions : par exemple, le nombre cinq se re-
trouve dans les verticilles floraux de certaines espfeces, dans lesquelles
on compte sept, onze, treize feuilles et davantage pour faire le tour de la
tige. D'un autre c6te, il y a beaucoup de dicotyledones a feuilles opposees,
dans lesquelles le cycle est constitue par quatre feuilles seulement, et qui
presentent ni^anmoins des verticilles floraux pentam6res. Jo ne cherche-
rai pas en ce moment a rendre compte de la premiere contradiction ;
quant a la seconde, elle trouve son explication naturelle dans les fails
anormaux qui font I'objet de ce travail. L'accroissement du nombre des
pieces de chaque enveloppe floraie, compar^e a un cycle foliace,parait,en
efl'et, d^pendre d'une veritable multiplication : c'est un signe de vigueur.
Ce qui le prouve, c'est que, dans les m^mes especes, chez les individus
les plus gr^les et les plus chetifs, la concordance se retablit par la sup-
pression des pieces excedantes. L'un des resultats essentiels du nanisme
est done de s'opposer a cette multiplication, et de ramener ainsi la plante
d un type regulier.
Ce type n'est, d'ailleurs, nullement ideal ; il se rencontre dans un
Ir^s-grand nombre de plantes, et I'on pent dire d'une maniere generale
que les genres a feuilles opposees , ou dans lesquels le cycle est com-
pose de quatro feuilles , ont noturellemenl des verticilles floraux l^tra-
meres.
La famille tout entiere des Oi^acees (de Candolle) est dans ce cas. Les
Renonculac^es, qui ont g^n^ralement des feuilles alternes et des enve-
loppes florales a cinq pieces, nous montrent, dans le genre Clematite, la
coincidence d'un perigone a quatre divisions avec des feuilles opposees.
Dans les Labiees et les Scrofularinees, le nombre quatre se retrouve
dans le verticille staminal, etchacunede ces families possede un genre oii
les enveloppes florales reproduisent le m§me nombre (G. Mentha et F'e-
ronica). Dans lesDipsacees, la proportion quaternaire reparaitassez sou-
vent, ce qui contrasts avec la famille des Composoes; mais dans les
premieres, les feuilles sont opposees, tandis qu'elles sent alternes dans
!es autres.
U me serait facile de multiplier les exemplos. Quoi qu'il en soit, ce n'est
pas seulement parmi les plantes a feuilles opposees qu'on trouve la re-
duction num^rique des parties de la fleur produite par le nanisme : j'en
ai vu un cas sur un pied tr6s-exigu de myositis annua, qui ne portait
au soramet d'une tige simple, longue de 4 centimetres environ, que deux
tleurs, dont la plus developp^e offrait une coroUe rotacee a quatre divi-
sions. Le m6me fait se reproduit dans d'autres especes a feuilles alternes,
II resteraitarecherchersi.danscecas.le nombre des feuilles necessaires
pour former un cycle ne serait pas lui-m^me reduit a quatre.
Jusqu'ici nous n'avons guere considere que les enveloppes de la fleur ;
ajoutons que les verticillesstaminaux sont sujets i la meme loi de reduc-
tion : ce sont les diamines exuberantes provenant d'un dedoublement ou
plutdt d'une multiplication lat^rale ou parall^ie qui disparaissent d'a-
bord. Si nous reprenons I'exemple du Cerasfmm varians, nousverrons
qu'il s'appelle aussi Cerastium semi-decandrum , parce que, faisant
partie d'un genre caracteris6 par des etamines placees sur un seul rang,
il n'en offre gen^raiement que cinq. Le savant auteur de la Morphologib
VEGETALE (Aug. de Saint-Hilaire, Lecons de botanique) avait Ires-bien
saisi la cause de cette modification, puisqu'il dit (p. 619) : « On I'observe,
» (le dedoublement) dans une grande partie des genres de la faniille des
» caryophyllees ; mais dans ces memes genres, des especes faibles et de-
» licales, tels que \e Spergula pentandraet le Cerastium pentandrum,
» n'en presentent aucune trace. »
Les plus petits individus, appartenant au Draba muraiis et a d'autres
especes de petite taille dans la famille des cruciferes, presentent queique-
fois quatre etamines au lieu de six. Dans les pelites centaurees, dont j'ai
parle precedemment, le nombre des etamines etait ^galement diminu^;
il en est probablement de meme dans tous les cas analogues.
Enfin le verticile carpellaire n'echappe pas a la loi de reduction ; pour
n'en citer qu'un exemple, nous rappellerons que, dans le genre fFahlen-
bergia (Campanulac^es), les especes naines, au lieu de capsules quinque-
ioculaires, n'ont plus que des capsules a deux ou trois loges.
Le retour au type le plus simple, par la suppression de toutes les par-
ties surajoutees, est done un fait general bien demontre dans I'histoire du
nanisme chez les veg^taux; mais cette reduction, qui n'est qu'acciden-
telle pour les plantes accidentellement frappees de nanisme, devient
normale pour les especes nalurellemenl tres-faibles ou pour les genres
Bains.
Depuis longtcmps j'avais ^te frappe de cette circonstancc, a savoir i^ue
245
ies pygmees, dans les principales families dicotyl^donesde noscontr6es,
pr6senlaienluo lr6s-pelit aombre de pieces daas leurs verticilles floraux.
Les recherches auxquellesje viensde me livrer m'ontconvaincu quecette
mfime coincidence existait dans ies families exoliques.
II suffira, pour constater lar^alitedu fait, de jeterun coup d'oeil sur la
Flore universelle de de CandoUe.
Dans la grande famille des Cruciferes, oik le type est si constant, un
«eul genre est caraclerise par la reduction que subit le nombre de ses
^tamines, lequel descend a quatre au lieu de six. Eli bien ! ce genre uni-
que est compost de deux esp^ces naines, dont Tune a m^rite le nom de
pygmee (Leptaleum pygmmim).
La famille des caryopliyllees est Tune decelles qui offrentla plus belle
conformation de cette loi de reduction appliquee aux especes et aux genres
normalement nains. Les genres Buffonia, Sagina, Moehringia, Elatine,
tous indigenes, qui sont caracterises par leurs cycles floraux I6tram6res,
sont en meme temps composes d'esp^ces naines. II est bon de noter que
les plantes de moyenne stature appartenant a ce m4me groupe ont au
moins cinq pieces a leurs verticilles floraux, et souvent dix au verticille
calicinal; mais leurs feuillessont opposees.
Dans la famille des Linacees, le genre Hadiola, qui a les parties de la
fleur en proportion quaternaire, est constitue par une seule plante extr^-
mement petite, a fleurs presque microscopiques.
Les paronychi^es, qui ne renferment guere que des plantes de petite
taille, se font gen^ralement remarquer par des avortements soil dans les
pieces de la corolle, soit dans celles du calice ; mais la plus petite espece,
la seule deson genre, le Lithophila muscoides, est ceile qui presente la
plus grande reduction dans tous ses verticilles floraux a la fois.
Les deux genres les plus nains de lafamille des Crassulacees sont aussi
ceux qui presentent la reduction a quatre des diverges parties de leurs
flurs.Les especes des genres Tillcea et Bulliarda sonl si d^licates qu'on
les prendrait pour des mousses.
Dans la famille des Araliacees, on ne trouve le nombre quatre dans Ies
parties de la fleur que dans une seule espece, constituant a elle seule un
genre, et c'est en meme temps une plante tr^s-faible, a fleurs exigues : je
veuxparlerder^doa;amoscftafe//ma, qu'on trouve aux en vironsde Paris.
Je passe quelques families etrangeres anotrepays.etj'arriveacelle des
primulac^es.
Le genre CenUirtcubts est compose de trois espece?, qui sont les plus
2/iZi
peliles de cetle famille : c'est dans ces trois tspeces seulement quete^
(leurs sont telnimeres. Et, chose digne de remarque, lorsque la taille de
uuelques individus appartenant a ces especes vient a s'elever, par suile
d'une vegetation plus vigoureuse.on voit certainesfleursaccroilre le nom-
bre de leurs pieces florales, qui s'eleve alors jusqu'a cinq. J'ai bien veri-
(ie ce fait sur le Centunculus minimus.
Les genres assez nombreux de la famille des Gentianees, qui ont des
tleursa qua Ire divisions, ne renferment que des especes delicateset tres-
reduiles dans leur taille. Contentons-nous de citer les genres Exacum,
Centaurella, Anagallidium.
Dans les Convolvulacees, oil se trouvenl ces belles especes de liserons
el de volubilis que tout le monde connait, les fleurs ont generalement
cinq divisions au calice et a la corolla et cinq etamines; mais la cus-
cute, cette petite plants parasite a tiges capillaires, a fleurs si reduites,
qui envahit souvent les champs de lin dans nos pays, offre un melange de
fleurs a qualre el a cinq divisions.
llserait superflu de multiplier davanlage les exemples en faveur de la
loi que je cherche a etablir. Nous en avons dit assez pour que la coinci-
dence entre la reduction du nombre des parties de la fleur et la reduction
de la taille merite desormais de fixer I'attention des botanistes. C'est aux
savants qui s'occupent de taxonomie a decider s'il y a veritablement,
comme je le pense, un lien necessaire, un rapport de causalite entre ces
deux phenom^nes.
S'il est demontre que la diminution excessive de la taille entraine ne-
cessairemenl la reduction du nombre des parties florales, nous ne sur-
prendrons personne en annoncant que, suivant toute apparence, la peli-
tesse extreme des fleurs peut a elle seule produire le memo resultal. Cette
influence de la part des dimensions de la fleur se revele deja dans la fa-
mille des Renonculacees, oil le genre Thalictrum nous ofTre un calice a
quatre sepales, et dans celle desRosacees, oii nous voyons le genre Alche-
milla, qui est pourvu de fleurs exigues, presenter une certaine reduction
num^rique dans son verticille staminal (deux a quatre etamines). Le genre
Aphancs, de Linne, confondu avec le precedent par Tillustre de Can-
dolle, est forme do deux especes naines, dans lesquelles la reduction est
encore plus generale el plus avancee. Sans parler de I'absence des pe-
tales, le calice est seulement quadrifide; il n'y a plus qu'une ou deux
etamines fertiles. Les Polertum et les Sangmsorba,^envei indigenes ap-
pai tcniml a la mcme famille, confirmenl cello rcmaiqiie.
2/15
Parmi ies compos^es, celles qui ont exceptionnellemenl moiiis de cinq
divisions a la corolle ont aussi des fleurs tr^s-pelites ; quelquefois elles
sent naines : tels sent Ies genres Cotula , Tanacetum , Artemisia et
Filago.
Nous pourrions citer beaucoup d'autres exemples analogues, empruntes
a des families exotiques ; mais nous preferons nous restreindre aux plan-
tes de nos conlrees, sur lesquelles la verification est plus facile. Au rests,
il est encore un nouvel ordre de fails que nous pourrions in voquer en notre
faveur, a savoir la diversile de composition des fleurs appartenant a la
m^me plante.
C'est ainsi que, dans la rue officinale (Ruta graveolens) , Ies fleurs du
centre de I'inflorescence ont cinq divisions au calice et a la corolle, avec
dix elamines, tandis que Ies fleurs moins vigoureuses de la circonference
n'ont que quatre pieces a chaque enveloppe florale ^t huit etamines seu-
lement.
De meme, dans Ies grappes terminales de VHypopilys, Ies fleurs late-
rales ont quatre pieces a cliacunede leurs enveloppes et un nombre dou-
ble d'^tamines; la fleur terminale seuleestpentamere etdecandre.
J'ai vu une semblable disposition sur des pieds de primevere de Chine
cultives en pots : certaines fleurs, moins deveiopp^es que ies autres,
avaient accidentellementune corolle a quatre lobes au lieu de cinq.
La meme loi regit done tous ces fails. La reduction accuse la faiblesse
au m^me litre que la multiplication atteste la vigueur ; la vigueur comme
la faiblesse pouvant d'aiileurs aflfecter I'ensemble de I'individu ou quel-
ques-unes de ses parties prises isolement.
A ce point de vue, nous sommes autoris6 a admettre un nanisme par-
tiel, localise dans la fleur, comme on admet un nanisme general, et a dire
que I'unet I'aulre s'accompagnent d'une reduction plus ou moins consi-
derable dans le nombre des parties de la fleur.
Cetle regie gen^rale peut-elle trouver son application dans lous Ies cas?
Non, sans doute ; mais, a mon avis, beaucoup de fails, en apparence ex-
ceptionnels, pourraient rentrer dans la loi, par suite d'une meilleure in-
terpretation. Un exemple suffira pourfaire comprendre ma pensee.
De Candolle avait class^ dans la famille des Leasees, caracterisee par
des fleurs penlameres, le genre Escholzia, dont la corolle n'a que quatre
p^laleset le calice deux sepalesseulement. Tout le monde avu,dans Ies
jardins de la capitale, yEscholzia caiifornica , el Ton salt que celte
planlc, bicn devoloppee dan^ (oules .«es parties, portc decrandcsct ma-
346
gDiCques fleurs, d'un jaune vif. On devrail na consequence voir ici una
flagrante exception k la loi de reduction que nous essayons d'6tabiir. II
n'en est pourtant rien, et I'on aurail pu affirmer, au contraire, d'apres
cette seule opposition, que ie genre Escholzia n'^tait pas a la place qu'il
devait occuper dans I'ordre nature!. En effet, Lindley, Endlicher et
M. Ad. Brongniart ont trouve d'excellentes raisons pour le reunir a la fa-
mille des Papaverac^es, dont ii a les caract^res essentiels.
11 ressortde cette discussion que la loi de reduction pourra servir d^s-
ormais a fixer la place encore indecise de certaines esp^ces dans la clas-
sification naturelle. A cet 6gard, on peut poser quelques regies que nous
formulerons en terminant.
Disons auparavant quelques mots de I'etat des feuiiles dans les vari^tei
naines.
Mas remarques porteront seulement sur une vari^te singuli^re du
Plantago major, dont les individus sent les plus pelits du genre. Quel-
ques auteurSjSe refusant a reconnaitre dans ces nains le Plantago major
lui-m6me, en avaieni fait une espece a part avec I'epilhete minima.
Cette variety differe de I'espece, dontellen'estqu'une degradation, parce
que ses feuiiles, au lieu de cinq a sept nervures principales, n'en ofFrent
g6n6ralement que trois.
Or, si, par hypolhese, les feuiiles se decoupaient pour devenir compo-
s6es, chaque nervure principale serait le centre d'une foliole, et les
feuiiles du Plantago minima ne presenteraient que trois folioles de cha-
que cote, au lieu de cinq ou sept. Par consequent il est permis de penser
que, dans les plantes a feuiiles compos^es, les nains seraient caracteris^s,
entre autres choses, par la diminution du nonibre deleurs folioles.
Je n'insiste pas davantage sur ce point, que j'ai voulu simplement si-
gnaler a I'attention des observateurs.
En definitive, les remarques que nous avons faites sur les veg^taux
nains peuvent se r^sumer dans les propositions suivantes :
4° II existe en botanique un nanisme accidentel ou proprement dit,
et un nanisme normal qu'on pourrait designer sous le nom de pyg-
meisme.
2° L'un et I'autre entrainent, pour les vegetaux qui en sont affectes,
des reductions de nombre dans les parties de la fleur et meme dans celled
du sysleme foliace.
3» On doit reconnaitre un nanisme partiel ou local, comme on admet
247
un aanisme g^o^ral, quand, par exeaiple, desplanles d'ailleurs bien d^-
velopp^es portent des fleurs extrSmement exigues.
4° Le nanisme localise dans la fleur parait donner lieu a la m^me dimi-
nution du nombre des pieces florales que le nanisme g^n^ral.
5° En vertu de celte loi de reduction, a laquelle sont soumis les v6ge-
laux nains ou pygmees, on voit disparaitre d'abord les organes exub^rants
qui resultant de ce qu'on a nomme en morphologie les dMoublements
lat^raux ou parall^les, phenomenes qui seraient ntiieux designes sous le
nom de multiplications.
6° Dans un degre plus avance, la reduction porte sur les parties fonda-
menlales elles-mSmes, et tend a les ramener a un type primitif manifest^
dans un grand nombre de genres, type dans lequel le nombre des pieces
de chaque verticillede la fleur nedepasse pasceluidesfeuillesnecessaires
pour faire le tour complet de la tige.
7° Ain«i se trouve confirmee Tanalogie des verlicilles floraux avec des
cycles foliaces, ceux-la n'etant, a vrai dire, que des cycles contractus.
8° Le retour au type, dans lequel les cycles floraux et foliaces sonJ
equivalents, est tres-fr^quent pour les especes qui ont en meme temps
des feuilles oppos^es et de.* fleurs pentameres. Le cycle 6lant forme de
quatre feuilles, les fleurs deviennentalors tetrameres.
9° En revanche, lorsque des plantes naturellement naines et munies
de fleurs t^tram6res prennent un accroissementinaccoutum^.ellesoffrent
quelques fleurs a verticilles luxuriants, pentameres.
10" La conversion des fleurs pentameres en fleurs tetrameres est d'au-
tant plus complete que le nanisme est plus prononc6.
<1° Lorsqu'il y a melange, des fleurs a caracteres mixtes servent de
transition des unes aux autres, en montrant ensemble un verticille «i
quatre et un verticille a cinq divisions.
12° Dans ce cas, le calice se rapprochant davanlage des feuilles est aussi
celui des verticilles sur lequel porle d'abord la reduction.
13° Dans certaines fleurs mixtes, le petale surnum^raire est parfois
conne soit avec son voisin, soit avec un sepale antagoniste.
14»Ce phenomene, connu sous le nom de dedoublement lateral ou
parall^le, doit elre consider^ comme une multiplication avec soudure.
Les consequences principales a deduire de ces propositions peuvent se
formuler ainsi :
4° L'identit6 decomposition num^rique des verticilles floraux ne sau-
rail avoir, dans les classifications naturellcs, I'importance qu'on lui altri-
hue g^n^ralemerit, puisqu'elie peut ^tre detruite, dans la mSme espece,
par la seule condition d'une lailie plus ou moins exigue.
2" Au contra! re, ^tant bien Stabile cette relation entre ie nanisme et la
reduction du nombre des pieces dela fleur.on rapprochera d^sormais des
genres , on confondra des esp^ces que, malgreleurs affinites, on s^parait
jusqu'ici d'apr^s la difference numerique de leurs divisions florales, mais
qui presententdans leur taille des differences correspondantes.
3° Inversement, si, dans un groupe de plantes, la diminution relative
du nombre des parties de la fleur coincide, chez quelques-unes, avec une
stature elev6e, des fleurs grandes et des feuillesalternes, cette seule cir-
conslance doit jeter des doutes sur la valeur des affinites que d'autres
particularites tendraient a faire admettre.
MfiMOIRE
SIR L'ALTERATIO^ DE LA TIGE DES CEREALES
OBSERVi^E r£cE1MMENT EIV FRAKCE ,
et d^sign^e sous le nom de ualadie du blk ;
Lu t la Soci^t6
PAR
MM. C. MONTAGNE, A. GUBLER et E. GERMAIN (de Saint-Pierre).
Nous avons et6 charges par la Soci^t6 d'etudier la nature de I'alt^ration
pathologique de la tige du froment, d^sign^e par les agriculteurs sous le
nom de maladie du Me , maladle que Ton compare, non sans raison, a
celle qui cause raltfiration du tubercule chez les pommes de terre, et
dont le developpement sur une grande echelle donnerait lieu a des pertes
incalculables. Pour etudier completement cette question il serait n6ces-
saire, non-seuiement d'examiner la planle malade depuis I'epoque de sa
germination jusqu'a celle de sa complete destruction, mais il serait ne-
cessaire encore d'etudier attentivement, dans les localites oil la planteest
alteinte de cette maladie, les causes exterieures qui peuvent avoir une
action sur le developpement de cette alteration. Nos observations n'ont
pu Stre faites que sur des tiges de froment d^ja parvenues a un etat voi-
sin de la maturity ; ces tiges avaient et6 recueillies dans un nu^me champ
250
oil les plantes^laienl les unes saines et vigoureuses et les autresatteinlcs
par I'alt^ration avec une plus oti moins grande intensity. Au premier
examen elles presentent un aspect qui les rend faciles a reconnaitre, leur
taille est un peu moins elevee , leur teinte est celle du ble complelement
milr, et si Ton examine les grains contenus dans les epis , il est facile do
s'assurer que la plante a ele frappee de mort ou d'une alteration mortello
avant qu'elle ait eu atteint sa maturite. II est facile de constater que les
entre-noeuds les plus inferieurs sont attaints les premiers et que I'allera-
tion s'etend de proche ea proche de bas en haul. La plante se Irouve
complelement frappee de mort dans toute son etendue longlemps avant
que I'alt^ration primitive ait eu ie temps d'atteindre les parties supe-
rieures ; en efiFet , il sufBt qu'un seul des entre-noeuds de ki base soit
frapp6 de mort et cesse de transmettre les liquides ascendants puises dans
le sol, pour que la vegetation soit arretee dans toute la partie superieuro
de la planie.
Nous nous sommes assures d'abord que la partie superieure de la
plante ^lait ainsi morte d'inanition par la cessation de ses rapports avec
le sol ; les grains contenus dans I'epi etaient flasques et tendaienl a se
dessecber comme ceux d'une plante recoilee quelques semaines avant
r^poque de la maturite , mais ne presentaient pas d'alleration palholo-
gique appreciable. Notre attention s'estensuile portee sur la partie de la
plante qui 6tail ^videmment le siege d'une alteration morbide. Nous
avons coupe la partie inferieure tant des plantes saines que des plantes
malades afin de les examiner comparativement, puis nous avons fendu
longitudinalement ces bases de tiges, afin de juger de I'^tat de la surface
interne el de la comparer a I'etat de la surface externe.
Les tiges malades nons ont presents des alterations de plusieurs scries :
1" une substance noirStre situee dans I'epaisseur de la galne et restant
souvent appliqu^e a la surface de la tige avec I'^piderme interne de la
gaine qui se d^tache par lambeaux (cette substance noirfitre, depos^e sur
la tige, s'en detacbe ensuite sous la forme de poussiere par le plus leger
froUement). Cette substance est le resultat de I'aggiomeration des fila-
ments d'une muc^dinee dont la tenuity est extreme. Cette mucedin^e est
eonstituee par des filaments rameux et frequemment anastomoses par
des branches transversales qui rappellent le mode d'union des differents
tubes chez les algues de la division des conjuguees a I'^poque de leur
conjugaison; ces filaments renferment des granules superposes de volume
jn^gal ; ehacun de ces granules est separe de celui qui precede et de celui
%1
qui suit, par des cloisons tiansversales qui divisent le filament en autant
d'arlicles ; le dernier article de chacun de ces filaments est renfl^ et beau-
coup plus volumineux que les precedents , et constitue la fructification
qui consiste en un sporange membraneux renfermant une seule spore ;
chaque article devient successivement un sporange semblable a mesure
qu'il devient terminal par la chute du sporange precedent. Nous avons
reconnu dans cette vegetation fongique le cladosporium herbarum , es-
pece (de la section des demaliees) fort commune et qui envahit fr^quem-
ment les feuilles tombees et iestigesdes herbes. 2° Sur I'une etTautre
faces du iimbe m^me des feuilles inferieures du chaume le plus malade,
nous avons pu constater la presence d'une espece de la famille des pyr6-
nomiceles, du septoria tritici (Desmazieres) ; en general, une pla'nte
est deja profondement affectee quand elle est envahie par cette hypoxy-
16e. 3° La tige presente a I'int^rieur des taches brunes allongees qui com-
mencent par un point restreint, s'^tendent surtout en longueur et n'en-
vahissent qu'a la longue toute la circonference de la tige; ces taches du
canal de la tige correspondent a des taches d'une couleur moins fonc^e
visibles a I'exterieur de la tige ; elles colorent progressivement lebois de
dedans en dehors dans toute son ^paisseur. Les taches de cette nature
situ^es le plus haut, c'est-a-dire les dernieres d^veloppees, ne pr^sentent
les traces d'aucune vegetation parasite; mais a mesure qu'on les examine
a une partie de la tige plus inferieure , on les trouve recouvertes , a leur
centre d'abord, puis dans toute leur etendue, rl'une mucedin^e qui se
presente sous I'aspect de flocons cotonneux d'un beau blanc, puis deve-
nant bleualres avec I'age, c'est-a-dire a mesure que la mucedinee se d^-
veloppe plus complelement. Les filaments nombreux et feutres de cette
mucedinee occupent non-seulement le tuyau meduUaire du chaume, mais
p^netrent entre les cellules de la tige, dans les interstices nommes m^ats in-
(ercellulaires(la pluparl des mucedinees,qui son t des parasites exterieurs,
sent pourvues d'un mycelium radicellaire qui penetre ainsi et se ramifie
dans les m6als intercellulaires). Les filaments du mycelium (que nous
avons observes et dessin^s a un grossissement de 800 diam^tres) sont
ividemment rameux et anastomoses dans leur portion intercellulaire, puis
simples dans le reste de leur etendue; leurdiametre est d'environ 0,00335
millimetres, lis sont obcurement cloisonnes, mais ils le sont, et ren-
fermant dans leurs endochromes ou articles des conidies superposees sur
un seul rang, incolores comme eux ou d'un blanc bleu^tre.
Des tranches minces de la tige prises au niveau des taches brunes
252
(avant le developpenient de la muc6dinee) ayant ele soumises au micro-
scope comparalivement avec des tranches prises dans la partie saine dii
cliaume, nous n'avons trouv6 d'autre difference apprt^ciable qu'une nuance
d'un jaune de succin remplacant I'aspect jaunStre ou incolore.
Enlin dans deux des tiges nous avons rencontr^ une larve d'insecte qui
nous a paru etrangere a la cause de I'affection principale de la planle .
puisque cetle larve no s'est trouvee que dans deux cas sur 15 a 20, et
que la planle n'etait pas alt^ree moins profondement dans les cas ou au-
cun insecte ne I'avait attaquee, cas dans lesqueis on ne rencontrait ni
perforation de la tige ni dejections qui indiquassent le passage d'un
insecte.
iDes planles alterees a des degr^s diff^rents ont 616 etudi^es par nous ;
les plus profondement atteintes presentaient dans tons leurs points m;i-
lades, cette double circonstance de taches brunes et de I'exislence des
mucedin^es, dans loute I'^tendue de la surface de ces taches; les tigt^s
qui n'avaient subi qu'un commencement d'alt^ration presentaient au con-
traire un grand nombre de taches au niveau desquelles la mucedinee ne
s'etait pas encore dtablie. Si done on se contentait d'etudier les plantes
anciennement envahies et deja presque frappees de mort, on pourrait
penser que le d^veloppement de la mucddinee est la cause de tous les
d&ordres; tandis que si I'on.^tudie la maladie a son origine, on constate
que le developpement de la mucedinee parasite est cons6cutif a rall6m-
tion des liquides et des tissus de la plante.
De cette serie d'observations nous avons conclu : que Taffection primi-
tive se manifesto par des taches brunes qui colorent toute I'epaisseur du
bois; que ces taches sont ind^pendantes de la presence des insectes;
qu'elles sont independantes aussi de la presence des mucddinees, puisque
ces champignons parasites ne s'etablissent que tardivement au niveau de
ces taches et lorsque le bois est deja mort ;
Que, par consequent, ralt^ration a lieu dans les liquides de la plante,
et que cette alteration qui frappe de mort les points d'abord circonscrits
oil elle se manifesto, determine la mort de la plante entiere lorsqu'un
anneau de la base de la tige se trouve completement envahi et s'oppose
a la marche de la seve ascendante et par consequent a la nutrition ;
qu'enfin I'alteration parait ne se manifcsler par les signes que nous avons
observes qu'a une 6poque d6ja avanc6e de la vegetation, et que jusque-!a
elie ne parait pas (si lant est quVile existe) modifier le developpement de
la plante d'une maniere appreciable.
253
Qnant a la cause premiere de cette alteration , il faut probablement la
chercherdansdescirconstancesexterieuresmeteoroiogiquesouchimiques,
c'est-a-dire, soit dans la nature des maleriaux nutritifs, soil (et plus pro-
bablement) dans rinfluence exercee par les variations de la temperature.
Des renseignements qui nous sont parvenus nous portent a croire que
cette maladie qui appelie cette ann^e I'attention des physiologistes, est
connue depuis longlemps des agriculteurs et qu'elle regne d'une mani^re
endemique dans nos contrees; on designe dans certains cantons les bles
qui en sont atteintssous le nom de bles echaudes , pour rappeler la cause
a laquelle on I'attribue : on croit avoir remarque que cette maladie se
manifeste plus particulierement iorsqu'un soleil ardent succede brusque-
ment a des pluies longtemps prolongees.
^^^"■1 n.SV^^
FIN DES MEMOJRES.
TOJIt: ill. IS
PLANCHES.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE I.
^CoMPTEs RENDus, page Hi.)
LARVES RENDUES PAR LES SELLES.
a. Larve de grandeur naturelle.
b. La meme grossie quatre fois.
c. Extremite anterieure vue de profll.
d. La meme vue de face.
e. Un des crochets de la bouche.
f. Pieces cornees de la bouche et de I'cesophage vues de profil.
g. ,E\temite poslerieure bifurquee montrant les deux trachoes.
h. Extremite poslerieure non bifurquee d'uu autre individu.
«. Extremite anterieure et stigmate digite d'une trachee principale.
j. Extr6mite poslerieure de la meme trachee.
k. Tegument couvert de poils, simples on bifides, vns A iin tr^s-fort grossia-
sement.
/. Faiisse pntle fortement grossie.
I
PL I.
^-m
'% .
^^\)
\ \
w
Irtij, ufifiitrcierPans
^^>/-.:
^^;; u.t
•^o!
PLANGHE II.
(Memoires, page 211.)
MONSTRE PERACtPHALE.
Fig. 1". — EUe represenle le petit monstre reduit aux trois quarts de sa gran-
deur naturelle. On voit, un peu au-dessus de la moitie du ventre,
I'extremite du cordon ombilical coupee tr6s-pres des teguments
de rabdomen.
Fig. 2. — Les parois abdominales sont enlevees en totalite. Cette iigure est
destinee a montrer la disposition generale des organes abdomi-
naux, des vaisseaux ombilicaux, de la vessie et de Touraquo.
(Voyez la description dans le texte, p. 213.)
Fig. 3. — La masse inlestinale, la vessie et I'ouraque ont ele enleves pour pcr-
mettre de mieux voir la disposition de I'appareil vasculaira.
a. b. a. Extremite du cordon coupe au niveau de I'anneau ombilical.
a. a. Arteres ombilicales.
h. Veine ombillcale.
Quelques lignes en dedans de I'anneau, la veine b se divise en deux
branches, dont I'une, apres avoir fourni trois rameaux au mui-
gnon terminal, se dirige vers le rein droit; niais avant de s'y
plonger donne une subdivision pour le rein gauche; I'aulre
descend verticalement vers I'arcade cintree hypogastriquc. (Voyez
le texte, p. 214.) — Leur deux art6res a. a,, placees sur les coles
de ce tronc veineux vertical, gagnent aussi la region hypogas-
trique pour s'y distribuer commenous I'avons dit dans le texle.
Surun plan posterieur, on aperQOit une branche artcrielle prmcipale.
probablement destinee a rcmplacer I'aorte.
Imp lcme^Clor,Par^^
f-^.l, \\-
PLANCHE III.
(Memoires, page 22i.)
MONSTRE DOUBLE MONOMPHALIEN,
LE RACHIPAGE SENESTRE, VU PAR DEVANT.
A. A. A. Metnbre superieur droit du fr^re superieur. — A'. A'. A'. Membir
8up6rleur gauche du meme fr^re. — B. B. B. Membre superieur droll du fr^n
inWrleur. — B.' B'. B. Membre superieur gauche du mcme fr^re. — i. Pouce
(d^vie) de la main gauche du fr^re inferieur. — 2. Main droile renvers6e sur la
face dorsale de I'avanl-bras. ,
C. Jambe droite du fr^re superieur. — C'.Jambe gauche du mcme fr^re. —
3. Pled droit renverse sur la face anterieure de la jambe du fr^re superieur. —
4. Pied-bot gauche du meme fr6re. — E. Jambe droile du fr^re inferieur. —
K' E'. Membre inferieur gauche du meme fr6re. — 5. Pied-bol droit. — 6. Pied-
bot gauche du frere inferieur.
D.... C6tes droites. — .... G. Cotes gauches du fr^re superieur. — 1' Pre-
miere cote gauche du fr^re inferieur. — D' Coles droites.— G'. Coirs
gaurhes du meme frere. — 1. Premiere cote gauche du fr^re superieur.
PL. III.
o~ .A ' ^.
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LE DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFERES, LES OISEAUX
ET LES REPTILES.
(M^MOIRES, page 169.)
Figure l". Diaphragme du lapin. — A. Expansion horizonlale du diaphragine.
— B. Portion du pilier droit constituee par les origines des fibres du septum
transversum. — C. Portion de ce meme pilier qui enveloppe I'cesophage CE et
adhere a la petite courburede I'estomac Epar des fibres tendineuses en D. —
G. Un fragment du foie et son ligament suspenseur.
Fig. 2 et 3. Orifice cesophagien du diaphragme chez i'homme.
Fig. 2. — A. Pilier gauche, d'oii Ton voit se detacher une lame musculaire K
qui se jette sur Tcesophage et le cardia E. — B. Pilier droit. — D. Faisceau
musculaire qui passe au-devant du tronc de I'artere splenique S.
Fig. 3. — A. Pilier gauche. — B. Pilier droit. — C. Faisceau musculaire qui
se d^tache du bord de I'orifice cesophagien et se jette sur le cardia E. — D. Fais-
ceau musculaire, tres-developpe ici, qui se detache du pilier droit, passe en
avant de I'artere splenique S, etparalt se terminer au niveau de I'origine de Ja
mesenterique superieure M. — F. Aorte abdominale.
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LE DIAPHRAGME CHEZ LES MAMMIFtRES, LES OISEAUX
ET LES REPTILES.
(M^MOiREs, page 177.}
Figure U- — Ligaments musculaires du foie et de I'esloinac chez le canard,
c6te gauche de la cavile abdominale. — A. La parol abdominale en partie coii-
sliluee par la portion aponevrotique du diaphragme abdominal. — D. Lobe
gauche du foie. — F. Ventiicule succenturie. — E. Gesier. — H. Carene du ster-
num. — G. La portion interdiaphragmatlque du pericarde. — B. Ligament
musculaire du foie, du veniricule succenturie et du gesier. — B'. Faisceau 11-
breux ne du pubis C, et dont les fibres se conlinuent avec la portion du liga-
ment musculaire qui se termine sur le ventricule succenturie etle gesier; la
portion de ce ligament qui se termine sur la lace convexe du foie se continue
avec des I'aisceaux tibreux nes d'une partie du sternum, detachee du corps de
Tos, el soulev^e avec la paroi abdominale.
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1
TABLE DBS MfMOIRES
DE LA SOCI^Tt DE BIOLOGIE.
1. Rapport sur le phI6bent6risme, au nom d'une commission; par M. Charles
Robin 5
2. Meraoire sur quelques poinis de I'anatomie du pancreas; par M. Verneuil. . I33
3. Recherches sur le retablissement de I'irritabilite rausculaire cbez un suppli-
cie, treize heures apres la mort; par M. Brown-Sequard 147
4. Sur unevariete nouvelle de tumeur sanguine de la voOte du crdnc, suite de
lesion traumatique; par M. G. Dufour 153
5. Le diaphragme chez les mammif^res, les oiseaux et les reptiles; par M. Ch.
Rouget (avec planches) i6.'>
G. Cas de tumeurs flbrineuses multiples eontenant une maliere puriforme, si-
luees dans roreillette droite du coeur; suivi de cas analogues et de quel-
ques reniarques critiques ; par M. Charcot. isa
7. Note sur la syphilis d Rome; par M. Charlon 20i
8. Description d'un monslre peracephale, suivie de quelques rellexions sur le
mecanisnie de la circulation dans cette esp^e demonstruosite; par M. P.
Cazeaux (avec planche) 2ii
y. Memoire sur un monstre double mononiphalien de provenance huiiiaine,
constituanl un genre nouveau designe sous le nom deraehipage; par
M. Eudes Desloncharaps (avec planche) 221
10. Observations sur quelques planles naines, suivies de reniarques goncrales sur
!c nanisme dans le regne vegetal; par M. Adolplie Gnhlcr 287
11 M6moire sur ralleralion de la tige des cereales, observee reremmenl en
France, et designee sous le nom de maladie dubli; par MM. Monlagne, A.
fiubler el E Germain (de Saint-Pierre) -' ■
riN DE L^ TABLb: DES MEMOIUKS.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIfRES
CONTENCES
DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MEMOIRES
DE liA SOCIETE »E BIOIiO&IE
POL'R l'annee 1851 (1).
Acide. — De la presence d'un acide libra secrete par les pouiiions dccomposant
les carbonates alcalins du sang, et mettant ainsi I'acide carbonique en li-
berte ; par M. Verdeil '3y
Algue. — Sur I'algue des ceufs de limace; par M. Montagne 67
Albumine. — La presence de I'albumine dans I'urinedes diabetiques est-elle
toujours un signe favorable ? par M. Rayer 44
Alteration du foie et fongus de la dure-in6re; par MM. Claude Bernard et
Charcot |34
— de la llge des cereales, observee recemment en France et connue sous le
nom demaladiedu ble ; par MM. Montagne, Gubler et Germain (de Saint-
Pierre). (Memoires, p. 249.)
— des cartilages d'encroOtement ; par M. Beraud 22
— Ibid 23
— des articulations dans le rhunnatisme arliculaire cbronique ; fausse contrac-
ture rhuraalismale; ankyloses; par M. Charcot 27
Anatomie normale. — Resume d'un travail sur le developperacnt des parties
genitales et uropoietlques chez les batraciens; par M. Jean Marcusen. . . 3
— Pblebenterisrae ; par M- Souleyel 5
—Pavilions multiples rencontres sur lestrompes ulerines des femmes; par M. A.
Richard 3^
(I) Les pages indiqutes a la marge sont celles des Comptes rendi's. les renvois aiix MtMoiRt?
sont specifies.
'iG8
■ Anatomie normalc— Sur le eaiial central de la nioelle ^piniirc;parM.l)^raud. 3s
— Sur I'orilice ilu siiuis iiiaxillaire; par M Gosselin. 63
—Description il'iiiie valvule inconnue jusqu'ici et qui exisle dans lesvoies lacry-
niales clicz I'lionime; par M. Beraud f,j
—Sur des corps qui sonl appendus k I'extrfemite superieure du cou des clievres
et des moutons ; par M. Arm. Goubaux . . Si;
— Recherclies sur los nerfs de I'uterus ; par M. Boulard So
—Sur la portion eeplialique du grand syinpatliique; parM. Luriovic Hirsclifeld. iii
— Sur la bourse synoviale sous-lrocbanlerienne et sur les corps ctran[;ers quelle
peut contenir; par M. Beraud 153
— Surquelques points de ranatomie du pancreas ; par M. Verneuil. (Memoires,
p. 133.)
--Le diapliragrae chez les mammiWres, les oiseaux et les reptiles; par M. Ch.
Rouget. (Memoires, p. 165.)
Anatomie pathologfique. — Sur des kysles muqueux du sinus maxillaire; par
M. Beraud (i2
— Cas de cancroide gingival ; par M. Lebert 63
—Sur un kyste du sinus maxillaire contenani du mucus avec de la cholesterine;
par M. Beraud m
—Sur deux tubercules ctudies dans deux oiseaux de I'esp^ce Penelope Marail ;
par M. Desinarels lb.
— Sur un cas d'inliltration graisseuse des muscles sans changement de volume ;
par M. Beraud ti5
— lumeurs folliculaires de la muqueuse du sinus maxillaire; parM. Verneuil. . 30
— Sur une luiueur cartilagineuse de la baso du crdne (encbondrdnie! ; par M. Lu-
dovic Hirscbfeld y4
— Sur deux cas d'alteration du foie et sur un cas de fungus de la dure-mere; par
MM. CI. Bernard et Charcot 134
—Observation d'une tumeur cancereuse implantee dans le petit bassin, prise,
pendant la vie de la malade, pour une grossesse anonnale ; pur M. Cliam-
berl 149
—Sur des granulations graisseuses du rein; par M. Davaine. I5i
— DAgenerescence fibreuse et graisseuse des muscles chez les sujels atteints de
pieds-bots; par .M.J. Guerin id'z
— Varicle nouvelle d'elemenis libro-plastiques ; par M. de Bauvais iCS
—Cas detuineurs Gbrineiises multiples contenant une matiere puriforrae, situees
sous I'oreilletle droite du coeur, suivis de cas analogues et dequelques re-
marques critiques; par M. Charcot. (Memoires, p. 189)
Anomalies — Voyez : Botanique et Teralologie.
Araign^es. — Sur le cleveloppemenl des oeufs des araignecs ; par M. > ictor
Carus 131
Articulations. — Cus d'alteration des articulations dans le rbumatisme articu-
laireclironique; f.iusse contracture rhumatismale;ankyloses; par M. Charcot. '^7
—Corps elranger de I articulation ooxo-lcmorale; par M Beraud lb.
— Voyez : Synoviale (Bourse).
Batraciens. — Resume d'un travail sur le deveioppement des parties gcnitales
el uropoiciiques Chez les batraciens; par M. Marcuscii 3
— De la survie des batraciens et des lortues aprdsrablation de leur moelle allon-
gee; par M. Brown -Sequard 73
269
Botanlque. — Sur I'al^ue (Jes OBufs de limace; par M. Montagne 8j
—Conferve parasite sur le cyprinus carpio; par M. Davaine 82
—Sur un cas de soudure de deux champignons; par M. Eug. Forget 98
Sur une monstruosile de la fleur du chou-fleur, occasionnee par la presence
d'un champignon parasite, lecystopus (uredo) candidus; par M.J. -Berkeley. u3
— Sur quelques monslruosites vegelales, par M. Gubler 123
— De la fascialion cheis les fruits adherents; par M. Germain (de Saint-Pierre). 16X
—Observations sur quelques plantes naines, suiviesderemarques gen6ralessurle
nanisme dans le r^gne vegetal; par M. A. Gubler. (Memoires, p. 237.)
— Memoire sur Talteration de la tige des cereales observee recemment en France
et designee sous le nom de maladie du ble ; par MM. Montague, A. Gubler, et
Germain (de Saint-Pierre.) iMemoires, p. 249.)
c
Canard. — Cas de monstruosite double observde chez le canard ordinaire ; par
M. Segond 8,
Cancer. — Observation d'une luraeurcancereuse implantie dans le petit bassin,
prise, pendant la vie de la malade, pour une grossesse anormale; par
M. Chambert ^y
Canc^reuse (Diath6se). —Observation de diathise cancereuse; tumeurs varioli-
formes de la surface des intestins ; reflexions sur la marche et le mode de de-
veloppemenl de la generalisation du cancer; pag M. E. Beylard ,.J3
Cancroide. — Cas decancroide gingival; par M. Lebert ^j
Cartilages. — Sur quelques alterations des cartilages d'encroQtement ; par
M. Beraud .^
—Nouveaux cas d'alteration des cartilages; par le mfline 22
Cartilagineuse (Tunieur) de la base du cr£lne (enchondrdme); par M. Ludovic
Hirschfeld g^
Cellulaire (Tissu). — Preuve de sa contractility; par M. Brotvn-Sequard . . 154
__ C^losomien (Monstre). — Anatomie d'un monstre bumain celosomien; par
par M. Houel j,
C6phalique (Portion) du grand sympathique; par M. Ludovic Hirschfeld. . ,15
C6r6ales. — Sur I'alteration de la tige des cereales observee recemment en
France, par MM. Montagne, Gubler et Germain. (Memoires, p. 249.)
Champignons. — Sur un cas de soudure de deux champignons; par M. Eui^.
Forget 9s
Cbimique (Stalique) des animaux, appliquee specialement a la question do
I'emploi du set. Note de M. Brown-Sequard sur I'ouvrage de M. Barral. . . sj
C
D
Deg^nerescence flbreuse el graisseuse des muscles chez les sujets alteinls de
pieds-bots ; par M. J. Guerin 162
Dents. — Anoinalie heredilaire des dents; par M. R. Leroy-d'Eliolles .... «$
Deviation el conlraclure permanente des membres aprds I'^crasement de la
raoelle epiniere; par M. Brown-Sequard i.=i
Siaphragme chez les mammifdres, les oiseaux et les reptiles; par M. Ch. Rou-
get. (Memoires, p. I6i.)
Double imonslre) raonomphalien (rachipage) ; par M. Eades Deslongchamps.
(Memoires, p. 221. y'oyez les planches.)
— (monsiruosilei observee chez le canard ordinaire; par M. Segond . . . . 8i
Dure-mere. — Voyez Analomie pathologique.
E
6l6ments fibro-plastiques. — Variete nouvelle; parM. deBauvais . . . . I6S
Entomologie. — Sur les larves rendues par les selles; parM. Davaine . . 112
— Voyez les planches. \
liSpididyme. — Voyez Teralologie.
Epizootie de Mitry ; par M. Charcot so
Estomac. — Voyez Pylore-Paihologie.
F
Fasciation chez les fruits adherents; par M. Germain (de Saint-Pierre) ... 16s
Fleur. — Sur une monstruosile de la fleur du chou-fleur, occasionnee par la
presence dun champignon parasite, I« cystopus (uredo) candidus; par
M. M.-J. Berkeley, ,,3
Foetus. — Voyez Teralologie-Variole.
Foie. — Sur deux cas d'alteration du foie et sur un cas de fongus de la dure-
m^re; par MM. CI. Bernard etCbarcol 134
— Voyez Hepalile-Cirrhose.
Fractures. — De I'eraploi du trepan dans les fractures du racliis; par M. Brown-
Sequard g,
G
Generation. — Des actes dela generation chez des animaux atleinls de paraple-
gic Incomplete; par M. Brown-St^quard 75
i>71
G6nUaux(organes). — Resume d'uii travail sur le developpemeiit lies parliet
genilales et uropoietiques cliez les balraciens ; par M. Marcusen 1
— Voyez Testicules.
Globules. — Voyez Paihologie, Leucocylhemie-Sang.
Coitre. —Sur les causes du goitre el du cretinisme, el sur les inoyens d'en pre-
server Ics populations; par M. Grange 9
Graisses. — Sur la nature des graisses qui se trouvenl dans le sang; par M 1).
Marcet S7
Graisseuse (infiltration). — Voyes Muscles-Pieds-bols.
— (alteration). — F'o;/e; Reins-Anatoraiepathologique.
H
H^morrhagle de la caduque; parM. Boucliut ri
H6patite suppuree, lobulaire, aveccirrhoseg6iieraIe; parM. Laboulbdne. . . 2->
Hydres. —Sur les organes de la generation et revolution de leursproduils chei
les polypes du genre liydra; par M.Ch. Rouget i4!
Hydroc^pbalie. — y'oyez Teratologic.
Hygiene. — Voyez Goitre el Cretinisme.
I
Intestin. — Theorie de Tinlestin ; par M. Segond j
Irritability musculaire. — Preuve nouvelle 4 I'appui de la doctrine de Ualler
relative a I'independance de rirritabilile musculaire ; par M. Brown-Sequard. loi
— Recherches sur le retablissemenl de I'irritabilite musculaire chcz un supplicit',
treize heures apres la mort; par le mSme. (Memoires, p. 147.)
— Sur le retablissemenl de I'irritabilite musculaire chez un second supplicie,
plus de qualorze heures apres la mort; par le meme lO.I
—Sur rirritabilile des muscles paralyses; par Ic raeme in
K
K.ystes. — Sur des kystes muqueux du sinus maxillaire; par M. Beraud . . . 6'i
—Sur un kysie du sinus maxillaire conlenanl du mucus avee de la cholesterine ;
par le m6me 04
L
Iiarynx. — Essai clinique sur le diagnostic special el diffcrenliel des maladies de
la voix et du larynx; par M. Dufour 7i
Leucocythemie (de la), ou du sang a globules blancs ; par M. H. Bennett . . is
Siimaces. — Recherches sur les limaces; par M. Laurent i
—Recherches sur la generation de limaces; par le m6me i3j
— Sur un cas de duplicite chez le Umax agrestis; par le m6me js
— Sur I'algue des oenfs delimarp; par M. Monlagne CT
M
Maxillaire (sinus). — Sur I'orifice du sinus maxillaire; par M. Gosselin ... Zi
—Sur les kystes muqueux du sinus maxillaire; par M. B6raud 6'J
—Sur un kyste du sinus maxillaire conlenanl du mucus avoc de la cholesterine;
par le mfiine {H
— Tumenrs folliculaires dp la rninineiise du sinus maxillaire; par M. Veincuil. , so
Idoelie allong^e. — Tiiiueur du vulume d'un teuf dc pigeon comprimant le cOl«
droit de la moelle allontsee et les nerfs qui en parlent ; par M. Cliarcot. . . lb.
-De la survie des balraeiens el des torlues apres I'ablalion de leur moelle allon-
gee; par M. Brown-Sequard 7J
Moelle 6piniere. — Sur le canal central de la moelle 6pini6re; par M. Be-
raud 3$
— Experience nouvelle sur la voie de transmission des impressions sensitives
dans la moelle epini^re; par M. Rrown-Sequard 76
— Sur plusieurs cas de cicatrisation de plaies faites A la moelle 6pini6re, «vec
relour des fonclions perdues; par le iiiCme TT
— Inlluence d'une partie de la moelle ^piniere sur les capsules surrenales; par le
mfime US
—Deviation et contracture permanente des membres aprfis I'ecrasement de la
moelle epiniire; par le m^me li
Monstruosites. — Voyez Bolanique-Teratolosie.
Muscles. — Vot/tz Anatomic pathologique-Picds-bots.
Musculaire (irritabilitc). — Voyez Irritabilile-Phystologie.
N
Nanisme. — Observations sur quelques plantes naines, suivies de remarques
generales sur le nanisme dans le regne vegetal; par M. A. Gubler. ytie-
moires, p. 237 )
Nerveux i,Systeme!. — Voyez Moelle allongee, Moelle eplni^re, Physiologie et
T6ratologie.
O
Oluf. — Maladies de I'oeuf bumain ; hemorrhagie de la caduque; par M. Bou-
chul 12
Oiseaux. — Sur deux lubercules 6tudi6s dans deux oiseaux de I'esp^ce Pint-
lope Marail ; par M. Desmarets 6*
Organogenie. — Toi/e; Genilaux (organes) elUropoiilique (appareil).
Pancreas. —Sur quelques points de I'anaiomie du pancreas; par M. Verneuil.
(Memoires, p. i3a.)
Paralysie. — Voyez Moelle 6pini6re et Physiologie.
Parasites tvegetaux). — Sur I'algue des osufsde limace; par M. Monlagne . . 6T
—Conferve parasite sur le Cyprinus carpio ; par M. Davaine M
—Presence d'un champignon parasite sur le chou-fleur; par M.Berkeley . . . il»
Pathologie. — De I'emploidu trepan dans les fractures duracbis; parM. Brown-
Siquard *
— De la paracent^se de la poitrine; par M. Lacaj;e-Dulhier& T
-Maladies de I'oeuf bumain ; blimorrhagie de la caduque; par M. Boucbut. . . Vi
— Etat des muscles de la jambe et du pied,etde I'aponevrose plantaire dans un
cas de pied-bot varus (2" degre de M. J. Guerin) ; par M. Charcot lb.
—Deviation et contracture permanente des membres apris I'ecrasemenl de la
moelle tpiniere ; par M. Brown-Sequard ts
Tumeur du volume d'un oeuf de pigeon comprimant le c6te droit de la moelle
allongee et les nerfs qui en partent; par M.Charcot lb.
. Sur quelques alterations des cartilages d'eiicroiiteraent; par .M Biraud . . . 2S
l?athoIogie. — Nouveauicas d'alleralioiis des caililages; parle iniiine. ... 23
^Vigetalions des valvules auiiculo-ventriculaires gaudies, avec liyperlroptiie
du coeur et hj'dropisie asfiite; ulcerations multiples de la inuqueuse de I'es-
tomae ; tumeurs g^Ialineuses dans le foie, cbez un chien age de 12 ans ; par
M. Charcot i*
— Hepatite suppuree, lobulaire, avec cirrhose generale; par M. Laboulbene . . 25
—Sur ui) corps etranger de I'articulalioncoxo feinorale ; par M.Beraad . ... 27
— Alterations des articulatiotis dans le rhutnatistne articulaire chronique; fausse
contracture rhumatisinale; ankyloses; par M. Ctiarcot IIi
—Corps fibreux de I'uterus ; par M. Oaiiuet 34
— Ecouleraent du pus par les points lacrymaux, sans tumeur lacrymale; par
M. Beraud lb
— Cas de pyelite; par M. Charcot 3i
Variole du fetus; varioloide chezia mere; avortement au cinquiSme mois de
la grossesse; par le m^nie 39
—Sur deux tumeurs du sinus maxillaire ; par M. Nelaton 4E
—La presence de I'albumine dans I'urine des diabetiques est-elle toujours uii
signe favorable? par M. Rayer 44
— De la leucocythemiH ou du sang a globules blancs; par M. Hughes Bennett . . 40
—Sur I'epizootie de Mitry ; par M. Charcot 59
— Essai cllnique sur le diagnostic special et differentiel des maladies de la voix
et du larynx; par M. B.-C.-G. Dufour. "i
— Observation d'accidents divers paraissantproduits par des larves ; parM. Henry
Roger 88
— Rhumatisme articulaire aigu; phenorn^nes comateux; hfemiplegie; inlillration
d'une substance plastique concrete, contenant des globules pyoides dans
plusieurs visceres, et en particulier dans le cerveau et la rale; lesions dys-
senteriques de la muqueuse de I'intestin gr^le etdu colon; par M. Charcot. 8»
— Sur un cas de retrecissement organique de I'anneau pylorique, aveo atrophic
de toutes les luniques qui le constituent; atrophic du foie; retrecisseraents
multiples non organiques du colon; par b; mfiiue lo3
Pathologic vegetale. — Foj/es Botanique.
Peracfephale. — Vnyes Teratologie.
Phlebenterisme. — Travail de M. Souleyet. Rapport de M. Ch. Robin, au nom
d'une commission. (Memoires, p. 5.)
Physiologic. — Thcorie de I'inlestin ; par M. Segond 1
—Note sur les vibrations thoraciques qui accompagnenl les phenomenes de la
voix ; par le mftme S
— Influence de la cinqui^mepairede nerfs sur la secretion salivaire; par M. Vella. w
—Sur laduree des mouvements vibraliles ciliaires chez un supplieic; parM. Gos-
selin 07
— De la survie des batraciens et des tortues apies I'ablalion de la raoelle allon-
g^e; par M. Brown Sequard t3
— Des acles de la generation chez des animaux atteints de paraplegie incom-
plete; par le mgme 75
— Experience nouvelle sur la voie de transmission des impressions sensitives
dans la moelle epinii^re; par le mSme 7S
— Sur plusieurs cas de cicatrisation do plaies faites a la nioelle ^piniere, avec
relour des fonclions perdues ; par le niSnie 7T
— Sur une nouvelle csp^ce de tournoiement; par le mfime 79
—Sur rinOuence de la section des nerfs pncumogastriques sur la duric de la
chloroforraisation ; par M. Moyso »5'
27/j
Physiologiie. — Preuvc nouvelle a lappui de la doctrine de Hallcr rclalive a
rindependance de I'irrilabilile miisculaire; par M. Hrown-Sequard. . . . lOJ
— Recherches siir le retablissDment do I'irrilabilile musculaire chei uii second
supplifie, plus de quatorze heures apr^s la morl: par le mftme los^
— Surles vaiialious de lacidllede I'urine aux difTerenles emissions du jour; par
M. Delavaud ilS
—Sur I'irrilabilite des muscles paralyses; par M. Brown-Scquard i4i
—Sur les causes de I'apparilion du sucre dans I'urine; par M. Claude Bernard. lb
— Influence d'une panic de la nioelle cpiniere sur les capsules surrenales; par
M. Brown-Sequard i46
—Influence du grand sjmpatlilque sur la sensibilile et sur la calorilication; par
M. C. Bernard t6i
— Preuve de la ccnlraclilile du tissu cellulaire; par M. Brown-Sequard. . . . let
— Uecherches sur le relablissemenl de I'irrilabilile musculaire chez un supplicie
treize heures apres la mort ; par M. Brown-Sequard. (Memoires, p. 147.
— Observation de dialhesecancereuse; lumeurs varioliformes de la surface des
inlestins ; reflexion sur la marclie el le mode de developpement de la gene-
ralisation du cancer; par U. E. Bejlard Cis
— Sur une variete nouvelle de lumeur sanguine de la voOte du crdne, suite de le-
sion traunialique ; par M. G. Dufour. (Memoires, p. 155.)
— Sur la syphilis a Rome ; par .M. Charlon. (Memoires, p. 201.)
Pieds-bots.— Elat des muscles de la jaoibe el du pied, et de I'aponfevrose plan-
taire dans un cas de pied-bot varus (u' degre de M. Jules Guerin); par
M. Charcot l-i
— Deg^nerescence fibreuse el graisseuse des muscles chez les sujets atteinls de
pieds-bots ; par M. J. Guerin mt
Plaies. — Voyez Moelle epini^re.
Pneumo-gastrique. — Sur TinHuence de la section des nerfs pneumo-gastri-
ques sur la duree de la chloroformisalion ; par M. Moyse 8.7
Principes immediats. — Sur un nouveau principe immedial de Teconomie
aniinale ; par M. Vcrdeil i?
— De la presence d'un aclde libre secrete par les poumons decomposant les car-
bonates alcalins du sang, el meltant ainsi I'acide carbonique en liberie; par
M. Verdeil ti9
Pus. — Ecoulemenl du pus par les points lacrymaux, sans tumeur lacrymale;
par M. Beraud 3*
Py^lite. — Cas de pyelile ; par M. Charcot 35
Pylore. — Sur un cas de relrecissement orgnnique de I'anneau pylorique, avec
atrophic de loutes les tuniques qui le constiluenl; atropine du foie ; relrecis-
semenis multiples non organiques du colon ; par M.Charcot lOS
Pyoides globules). — Voyez Rbiiiiialisme.
R
Racbipage. — Voyez Teratologic
Rachis.— De I'emploi du irepan dans les fractures du rachis ; par M Brown-
Sequard 6
Reins. — Sur les granulations graisseuses du rein; par M. Davaine 13)
Rbumatisme arliculairc aigu, plienomenes comaleux, h^niiplegic, inSllra-
lion dune substance plaslique concrete contenant des globules pyoides dans
pUisieurs visc^rcs, et en parliculicr dans le rerveau et la rate ; lesions dys-
?enteriqiie3 dela muiineuse de rinlcstin gr^le el dii colon ; par M. Charf-ol 8P-
275
S
Salivaire (s6cr6tion). — influence de la b' pairc sur la secretion salivaire; par
M. L. Vella 17
Sang. — Dela leucocylliemie ou du sang a globules blancs; par M. H. Bennett. 49
Sensibility. — Voyez Pliysiologie.
Sinus. — Voyez Maxillaire, Kjsles.
Sucre. — Sur les causes de I'apparilion du sucre dans I'urine ; par M. C. Ber-
nard l4'i
Sympathique (grand). — Sur la portion ceplialique dd grand sympathique ; par
M. L. HIrschfeld 115
—Influence du grand sympathique sur la sensibilile et sur la calorification : par
M. C. Bernard . . 163
Synoviale (bourse) sous-trochanterienne et corps etrangers qu'elle peut con-
tenir; par M. Beraud 1«S
Syphilis. — De la syphilis k f•*
— Sur les causes de I'apparition du sucre dans I'urine; par M. Claude Bernard. 144
tTropoi^tique (Appareil). — Resume d'un travail sur le d^veloppement des par-
ties genitales et uropoietiques chez les batraciens; par M. Marcusen ... 'i
Uterus. — Corps fibreux de I'utirus; par M. Canuet 3*
— Reclierches sur les nerfs de rut(^rus; par M, Boulard 80
—Pavilions multiples rencontres sur les troropes ulerines des femmes ; par M. A-
Richard »f
V
Vaches. — Castration des vaches ; par M. Desbans. latf
Vag;ue (Nerf). — ^ Voyez Pneumogastrique-Physiologie.
Valvules. — Voyes Coeur-Pathologie.
— Description d'une valvule inconnue jusqu'ici et qui existe dans les voies lacry-
males cbez I'homme; par M. Beraud S8
Variole du foetus; variolo'ide cbez la m^re; avortement au cinquidme mois de
la grossesse ; par M. Charcot 3»
Vegetations. — Vegetations des valvules auriculo-ventrtculaires gaucbes, avec
hypertropbie du coeur et hydropisie ascite; ulcerations multiples de la mu-
queuse de i'estomac ; tumeurs gelatineuses du foie cbez un cbien Sge de 12
ans; par M. Charcot 2*
Vers.— Observations d'accidents divers paraissant prodalts par des larves; par
M. Henri Roger 88
Voix. — Essai clinique sur le diagnostic special et differentiel des maladies de
la voix et du larynx; par M. DuTour 7«
—Note sur les vibrations tboraciques qui accompagnent les phenomdnes de la
voix; par M. Segond S"
( fin UE LA TABLE A.NALYTIQUE.
TABLE DES MATI£RES
PAR NOMS D'AUTEURS.
(Abr^yialions : C. U., Comples rendus; M., M^moires.)
B
c. a.
Bauvais (de). . . Variite nouvelle d'6I6raent tibro-plastique. ... iss
Bennett (H.). . . De la leucocyih^niie ou du sang i globules blancs. is
litRAVD Sur quelques alterations des cartilages d'encrodte-
ment 22
— Nouveaux cas d'alierations des cartilages. ... aJ
— Sur un corps elranger de rartlculation coxo-femo-
rale 27
— Ecouletnent du pus par les points lacrymaux, sans
lunieur lacrymalc 34
— Sur le canal central de la moelle epiniere. ... 38
— Description d'une valvule inconnue jnsqu'ici e! qui
exisle dans les voies lacrymales chet rhomme. . S5
— Sur des kystes rauqueux du sinus maXillaire . . . 6.*
— Sur un kystedu sinus maxillairecontenant du mu-
cus avec de la cholesterine 64
— Suruncas d'infiltration graisseuse des muscles sans
cbangement de volume «.^
— Sur la bourse synoviale sous-trocbant^rienne el
sur les corps etrangers qu'elle peut contenir. . . J53
Bekkeley(M.-J.". . Sur une monstruosite de la fleur du chou-fleur, oc-
casionn^e par la presence d'un cbampignon pa-
rasite, le cystopus (uredo) candidus 113
Bernaiid (Claude). . Sur les causes de I'apparition du sucre dans I'urine. <44
— et Charcot. Sur deux cas d'alteration du foie et sur un cas de
fongus de la dure-m^re i34
BEHNARD(Claude<. . Influence du grand sympathique sur la sensibility et
sur la calorification tdi
Betlard (E.). . . Observation de diathese cancereuse ; tunieurs vario-
liformesdela surface des intestins; reflexions sur
la marclie et le mode de developpeiuent de la gc-
Miiralisatjon du cancer. i;i?
2"78
bOL'C&UT
BOILARD. . . .
bol'rccigno:«. . .
Browm-Seql'aad.
MataJies de I'oeuf humain; tjeiuorrbagie de la ca-
duque iJ
Recherches sur les nerfs de I'uterus 86
Reclierches sur la contagion de la gale des animaux
a riiorame el sur les moeursdel'acarusde la gale. 109
De remploi du trepan dans les fraclurcs du rachis. 6
• Deviation el contracture permanenle des membres
api(5s recrasernent de la moelle epiniere. ... 15
• De la survie des batraciens el des torlues apres I'ab-
lalion de la moelle allongee 73
• Des actes de la generation chez des animaux atleinls
de paraplegic incomplete 75
- Experience nouvelle sur la voie de transmission des
impressions sensitives dans la moelle epiniere. . 76
- Sur plusieurs cas de cicatrisation de plaies fa i les 4
la moelle epiniere, avec retour des fonctions per-
dues 77
■ Sur une nouvelle espece de tournoiement 7*
■ Sur i'ouvrage de M. Barral intitule .- Statique chi-
mique des animaux, appliquee specialeraenl a la
question de I'emploi du sel 82
- Freuve nouvelle a I'appui de la doctrine de Haller
relative a I'independance de I'irriiabilite muscu-
laire lOi
- Kecherches sur le retablissement de rirritabilite
uiusculaire chei un second supplicie, plus de qua-
torze beures apres la mort 103
- Sur rirritabilite des muscles paralyses. . . • . . Hi
- Influence d'une partie de la moelle epiniire sur les
capsules surreiiales H6
- Preuve de la contractilite du lissu cellulaire. . . 164
- Recherches sur le retablissement de I'irritabilite
musculaire cbez un supplicie 4reiz£ beures apres
la mort i.ij t.' "
117
Candet . . .
Cauls (VicTOPj.
Caeeaux (P.). .
CllAMBEI;T . .
GlIAIlCOT.
. Corps libreux de I'ulerus
. Sur le developpemenl des oeufs des araignees . .
. Description d'un monstre peracephale, suivie de
quelques relleiions sur le roecanisme de la cir-
culation dans celte espdce de monslruosite (avec
planchej
. Observation d'une lumeur cancereuse implant6e
dans le petit bassin, prise, pendant la vie de la
malade, pour une grossesse anoraiale ....
. Etal des muscles de la jambe et du pied, el de I'apo-
nevrose plantaire dans un cas de pied-bol varus
I'J' degre de M. J. Guerin)
— Tumeur du volume d'un oeuf de pigeon comprimanl
le c6te droit de la moelle allongee el les nerfs qui
en parleni . .
34
131
211
149
li>
279
c. n. n.
H.iiicoT V^geiatious des valvules auriculo-ventriculaires
gaudies, avec hyperlropliie du cceur el hydropisie
ascite; ulcerations multiples de la iiiuqueuse de
I'estoinac ; luraeurs gelatineuses dans le foie, cliez
un chien Sge de 12 ans 24 "
-- Alterations des articulations dans le rhumatisme
arlicnlaire chronlque; fausse contracture rliuma-
tistnale; ankyloses 27 "
— Cas de pyelitc 35 »
— Variole du feelus; varioloide chez la in^re; avorte-
nient au ciriquieme niois de la grossesse .... 39 "
— Sur I'epizootie de Mitry 59 >>
— Rhumatisme articulaire algu; phenora^ncs coma-
teux; hemiplegie ; inliltration d'une substance
plastique concrete, contenant des globules pyoides
dans plusieurs visceres, ct en particulier dans le
cerveau et la rate ; lesions dyssenttriques de la
rauqueuse de lintestin grrtle et dii colon. ... 60 »
— Sur nil cas de retrecisseraent organique de I'an-
neau pylorique, avec atropbie de toutes les luni-
ques qui le constituent; atrophic du foie;retr6-
cissements multiples non organiques du colon. . J03 »
~- elCo. Bernaru Sur deux cas d'alteration du foie et sur un cas de
fongus de la dure-mire I34 "
Charcot Cas de tumeurs librineuses multiples, contenant une
matiere puriforme, situees dans roreillette droite
ducoBur: suivi de cas analogues et de quelques
remarques critiques » 189
CBARLOn. .... Sur la syphilis a Rome > 20t
D
Uavaine Conferve parasite sur le cyprinus carpio ....
— Sur les larves rendues par les selles. (Avec planche.)
-^ Sur des granulations graisseuses du rein ....
Delavaud Rechercbes sur les variations de I'acidite de I'urine
aux dilTerentes emissions du jour
Desbans Castration des vacbes
Deslongch.\mps Sur un monstre double monompbalien , de provc-
(Eudes). nance liumaine, constituant un genre nouveau,
designe sous le nom de rachipage. ^Avec planche.)
Besmarets. Sur deux tubercules etudies dans deux oiseaux de
I'espece Penelope Marail
BuFoUR (G.i, . . . Essai clinique sur le diagnostic special el dilTeren-
liel des maladies de la voix et du larynx. . .
— Sur une variele nouvelle de tumeur sanguine de la
voiite du crdne, suite de lesion Iraumatique. . .
(•"ni.MN ... Sur une anonialic i
112
f»
151
•
118
)(
129
11
)t
221
61
'•
71
„
IS.'T
380
PoncKT (E.)
. Sur un cas de soudure de deui cbanipignoni.
c. k. K.
»8 •
G
GKRMAiN(deSt.-Pierre\ De la fasciaiion che« lesfruitsadherents . ... 16S
GossELi.l .... Sur I'oriHce du sinus maxillaire $3
— Sur la duree des mouveraenls vibratiles ciliaires
cliez un supplicie S7
GouBAOX (A.) . . Sur de.s corps qui sontappendus a rextreraile supe-
rieure du cou des chevres et des moutons . . . 56
Grange Nole sur les causes du goUreet du cretinisme, et sur
les moyens d'en preserver les populations ... 9
GUBLSR (A.) . . . Sur quelques monstruosites vegetales i3g
— Observations sur quelques plantes naines, suivies
de reraarques generales sur le nanisme dans le
r6gne vegetal •
GuBLERet MONTAGNE. Sur I'alteration de la Jige des cer^ales, observ6e
recemment en France et d6sign6e sous le nom de
maladie dubli «
GuBLER, GERHAI^« SuT ralteration de la tige dss c6reales, observeer6-
et MojiTAGNE. ceiiiment en France, et designee sous le nom de »
maladie du ble ■■
GufiRiN (J.). . . . Degenerescence fibreuse el graisseuse des muscles
cbez les sujets atteints de pieds-bots i62
H
HiRSGHFELD (L.) . . Sur UDC tumeur cartilaglneusc de la base du cr^ne
(enchondrdme) 94
— Sur la portion cepbalique du grand sympalhique. . ii5
HouBL Anatomic d'un monslre bumain celosoiiiien ... 5i
237
34y
•H:>
L
LaBoulbene. . . . Hepatite suppuree, lobulaire, avec cirrhose geni-
rale 25
LACAZE-DuiutERs. . Dc la paracent^se de la poitrine 7
Laurent. . . . Sur un cas de duplicite cbez le h'maj; ayre«(M . . 36
— Recberches sur les limaces i22
— Rechercbes sur la generation des limaces .... i33
Lebert Cas de cancroide gingival 63
Le Bret Examen des caract^res reconnus sur les cranes des
anciens Egyptiens 1.16
LEROTr-D'ETiOLLES(R.)Anoraalie beriditaire des dents 66
M
Marcet (W) ... . De la nature des graisses qui se trouvent dans le
sang »7
Marcusew (J.) (de R^suin* d'un travail sur le dcveloppemenl des par-
Sl.-P6tersboiiri:' ties g^nitales et uropoietiques chei le» batraciens .(
281
MoNTAuNE (C). . Sur I'algue des ouufs de liinace 01 •
— GuBLEn(A.)elGER- Sur I'alt^ralion de la tige des c6reales observie ri-
MAiN (de St-Pierre.) cemment en France, et designee sous le noru de » i»
maladie duhli » 349
MoYSF. . . . Sur I'inlluence de la section des nerfs pneumogas-
triques sur la dur6e de la chloroforniisation . . 8S »
N
NtLATON Sur deux lumeurs du sinus maxillaire
A%
R
Rayer
Richard (A.)
Robin (Cb) .
Roger (11.)
ROUGET (Ch.)
La presence de I'albumine dans Purine des diabe-
tiques est-elle loujours un sijjne favorable? . . 44
Crabe conimuii (cancer nioenas L.) puurvu de deux
peliles patles-pinces sninunieralres du c6U' gau-
che , . . . II
Pavilions multiples rencontres sur les trorapes ute-
rines des femmes jt
Sur la composition de la tumeurdesmonstres pseud-
encepbaliens 68
Rapport sur le phlebenterisme •
Observation d'accidents divers paraissant produits
par des vers S8
• Observation d'un nouveau-n6 affecte d'bydrocephalie
sans augmentation de volume de la Boite crS-
nienne 146
Sur les organes de la generation et revolution de
leur produits chez les polypes du genre hydra. . i4i
- Le diaphragme chez les mammif^res, les oiseaux et
les reptiles (avec planches). «...-... »
16&
Skgond. .
Th6orie de I'intesiin i
' Note sur les vibrations thoraciques qui accompa-
gnent les phenom6nes de la voix %
- Cas de moiistruosite double observ^e chez le canard
ordinaire 8I
Veu-a (Louis).
Vkrbkii.. . .
Influence de la cinqui6rae paire de nerls sur la se-
cretion salivaire 17
Sur un nouveau principe immidiat do I'dconomie
animale it
2&'2
en u
Vehdkii — l)e la presence d'un acide libre secrete par lespou-
mons d^coniposaiit les carbonates alcalins du
sang, et inettant ainsi I'acide carbonique en li-
berie i;!9 >.
Vernecil. . . . . Tiimcurs folliciilaires de la muqueuse du sinus
inaxillairc SO -
— Sur quelques points de I'analomie du pancreas. . . i3i
TIN RES TABLES.
LISTE DES OUVRAGES
OFFERTS A liA SOCIETE ȣ BIOIiOeiE.
B
Bence Jones (H ). . . On the truth in medicine, ln-80, London I850.
— Contributions to the chemistry of the urine. In-4", Lon-
don, 1849.
— Secondappendice toa paper on the variations of the acidity
of the urine in the state ofheallli. In-4"', London,
1850.
— Conlriljutions to animal chemistry, paper on the oxida-
tion of ammonia in the human body. In-4°, London,
1851.
BoNNEFiN (Fr.-W.) . . Recherches experimentales sur Taction convutsivante
des principaux poisons. Paris. 1851. These in-4<'.
Bowman (W.) On the homology in structure and function of the skin,
mucous membranes and true glands. Iii-S", London ,
1842.
— On muscle and muscular motion. In-S", London, 1842.
— On the structure and use of the malpighian body of the
kidney, etc. In-4°, London, 1842
— Additional note on the contraction of voluntary muscle in
the living body. London, 1841.
Brinton (William). . . Conlribulions to the physiology of the alimentary canal.
In-8°, London, 1849.
— CxRts (J. Victor) . . . Zur naeheren Kenntniss des Generations Wechsels. In-4",
Leipzig, 1849.
— Ueber die Entwicklung des Spinneneies . In-8".
— Beitreege r.ur vergleichenden Muskellehre. In-8", Leipzig.
1851.