\\. 'mmmmmmmi (lOlIPTES RENDUS DES SINGES ET MEMOIRES 1>E LA SOCIETE m BIOLOGIE. TOME PREMIER DE LA DEIJXIEME SERIE. ANNEE 1854. [ PARIS. '••A', J. HAMEL, LIBRAIRE, 10, RUE RACINE (BUREAU DE LA GAZETTE MEDICALEl ET J.-B. BAILLIERE, LIBRAIRE, 19, rue Hautcreuille. 1855. COMPTES RENDUS DES SEANCES ET MEMOIRES DE LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1854. $^q^u. Paw. — Impiime par E. Thvnot et C«, rue Racine, is-transparents , mais jamais trf's-granuleux. Lor.sque les stries out completement disparu, la cavitt; des sarcolenunes est pleine d'un contenu amorphe (au lieu d'etre strie) finemcnt granuleux, mais a granulations rarcs tr^s-fines, et dont aucunen'est denature graisseuse. 2" J'ai fait connaitre ailleurs les pbenomenes de fhypertropbie normale, et du retour a leur premier t-tat des fibres musculaires uterines (1). Les fibres du tissu cellulaire sont des elements si minces , d'une structure tellement simple, cpi'il a d'lc impossible jusqu'a present de conslater les phases de leur diminution de masse, comprises entre leur etat de voliune normal et celui de rf^sorption complete. 3° L'atrophie des vesicules adipeuses, suivie bienlot de leur resorption complete, qui est une des causes de I'amaigrissement senile ou morbide,o(rre quelques particularltes interessantes a signaler. Les pliases de l'atrophie reproduisent en sens inverse quelques-unes de (1) Ch. Robin, STnrcxiRE de la mamelle pendant la grossesse (C. r. e Mem. de la Soc. de riologieI. Paris, 1849, in-8°, p. fiOl, et De la correlation EXISTANT ENTRE LE DEVELOPPEMENT DE L'( TERLS KT CELUI DE LA JUMELLE {ibid., 18.j0, in-8», p. 1). 8 colics Je Icur gemration ot dc Icur ilcveloppcmcnt. Lcs vi^siculcs diminiicnt d'ahoi'd do vohmio, puis lo contoim cesse d'tMrc homogono, dans iin coilain nonibvc dii moins; il so dispose en goutlos Imileuses plus on nioins grandcs, toujours contonucs dans rcnvoloppe azotoe mince proprc a cos (Momcnls. llonsocutivcmout a ccltc niodidcation do structure, surviout la dispurilion, la resorption complete dc cette enveloppe. Dos lors lavesicule adipeuse u'existc ItIus comnie element analomi(iuo distinct : elle n'est plus representee (pie par un certain uondjrc dc gouttos d'huile, d'abord accunmlees en petits amas, un pen moins larges que la Y(isiculc dont dies proviennent ; puis il Unit par u'en rester cpi'nnc ou deux, qui disparaissent plus on moins longtemps apres. On pent rencontrcr cette disposition non-sculcment dans le tissu adipeux des malades niorts de maladies ameuant un amaigrissenient rapide ou tres-pro- nonco, conmie la fievrc typlioide, mais plus facilenient encore dans la moelle atteinte d'lnflammation ou dans celle dcs os malades (osteite, carie, ne- crose, etc.). Dans le dtivcloppemcnt normal des v(5sicules adipeuscs, cliez I'cmbryon et I'adulte, c'est renveloppe azotee qui, dc foutes leurs parties, nait la derniere, ot ([iii vient entourer un amas de gouttes luiileuses accunudees en petits groupes aiTondis ou ovoides; elles grandissent ensuite plus ou moins, salon les regions du corps, au point d'attcindro i a 2 dixionies de millimetre cliez les snjets obeses, autour dc? mamelles surlout et souvent dans les lipomcs. Dans lour atrophic, c'est elle (pii disparait la iiremiere, apres nne diminu- tion de volume qui souvent est difTicile a reconnaiire, IcUement elle est pen notable. 4° Dans latrophie du tissu osseux , amenant la rarefaction du tissu spon- gieux , ramincissement des couches de tissu compacte , I'os ne reprend ja- mais prealablement Telat cartilagineux. La substance osseuse disparait mo- lecule a molecule , comme molecule ou element osseux , mais non comme element calcaire d'nne part, ni comme element cartilagineux de lautre. Onelies que soient les conditions qui amenent ratrophie , jamais il n'y a retour de I'os a I'etat cartilagineux, fait en rapport avec cet autre demoutre ailleurs ([ue la substance organiipie qui couslituc la partie fondameulale des os [osseine), n'est point la meme que celle qui forme la masse essenliclle dc relement car- tilagineux (li. 0" L'atrophic des cartilages, dans les tumeurs blanches, est aussi caracte- risi^e par uue reprise molecule a molecule de la substance homogene creusee de cavitc^s. Souvent cette resorption est prec(5dee d'un passage a I'etat (ine- ment granuleux de la substance fondameulale. Les cellules contenues dans les cavites se renq)lisseat do granuhilious graisseuses, et souvent disparaisseut avant que la mat iere homogene ( substance fondamentale du cartilage ) dans (1) Chimie ANATOMioi-E. Puris, 1853, in-8", t. Ill, p. 3C7, g 1410. 9 laquclle sonf creiisoes los cavites qui Ics rcnformont soit resorbec ellc-menie; cii sorte que, vers Ic bord dcs t' ragmcnts de cartilage, il n'ost pas rare de trouver unc ou plusicurs cavites vides ou nc contenant plus ([ue des gouttes Imileuses provenant sans doute des cellules dans lesquelles dies s'^taient de- posees. G" L'atrophic des ncrfs est peu conuuc. J'ai vu dcs tubes nervcux plus pc- tits qu'a I'etat normal dans les muscles attcints d'atropliie avec substitution graisseuse (1° b). lis noflrent pas d'aulre modification cpi'unc diminution do volume; mais de plus norabreuses o])servatious seraient necessaires pour bienfaire connaitrc le genre de k^sion de ces elements anatomiques. 7* Dans I'atrophie des elements secrcHeurs des glandcs, qu'on observe soit sur les mamelles atteintes d'hypertrophie fihreuse et dans cerlaincs tumcurs areolaires gelatiniformes du gros intcstin, on peut conslaler les fails suivants : c'est la parol propre de substance fondamentale qui disparait la premiere, soit dans toute I'etcnduc du tube glandulaire simple ou ramiri(5 , soit par places seulcment. L'epitiielium glandulaire ne disparait ipie plus turd ; souveiit memo les cellules s'hypertropliient isolement , deviennent plus granuleuscs. Dans certains cas, la cavite du tube glandulaire ([ui s'atrophic se remplit d'nn con- tcnu granuleux, solide ou demi-solide, qui persiste plus ou moins longtemps ai)res I'atrophie de la parol, et mOmc apres I'atrophie consecutive des cellules epitheliales. II. — AXATOMIE PATHOLOGIQUE. 1° cancer du mesextere, observe sur une vieiixe femme ; par m. alexandre Laboulbene. M. Laboulbene met sous les yeux de la Societd les visceres abdominaux d'une malade fort agi^e qui vient de succondjer, dans le service de M. Rayer, avec une afTection cancereuse rcmarquable. Cette malade , entree depuis I'annee dcrniere (1853) dans la salle Saint-Ba- sile, a la Charit(i, presentait quelques jours avant sa mort une ascite conside- rable, avec o^deme des extremites infericurcs et une teinte jaunfdre cachecti- (lue des teguments. Elle se plaiguait surtout de douleurs vivos dans I'abdo- raen, et onsentaitpar la palpation, dans la direction de la fosse iliaque gauche, une tumeur considerable, mal limitee, a surface peu inegalc. Cette tumeur, iudependante du corps de I'uterus, eveillait I'idec d'une masse can- c(^'reuse liec peut-elre a Tovaire. Le col uterin etait sain, ainsi ([ue le toucher I'avait fait constator plusicurs fois. A I'ouverture du cadavre, on trouve une quanlite considerable do li([uide dans la cavite abdominale, et on recounait au premier coup d'a'il une ad'ec- tion cancereuse de la plupart des visceres qu'elle renferme. Les masses canc(''reuses variant outre clles pour la grosseur, depuis le 10 vnliimo irnnc lontillo ;i (Tliii irimc nnisclliMiu d'niir ivMito noix an inoins, soul (lissi'iuiiH'cs sill' Ionic r('l('n(lu(' du iJi'iiloinc. La surface t'oiivcxc tics inli'slins iluadi'numoi ili'on on i)rosonlo iinr trf!s-{(ran(lc (nianlili'-, iirincipalc- mont snr 1p lionl adlu^ivnt. Files soul pins raves sur le luinl lilire arromli, niais exisleni neannioins en jiiamh- (inantile. l,e (/rox intrstin. Ic (wcnni, lo colon, dans ses diverses paVlies, en soni parsenK^s.l-'appendico ileo-ccrcal osl cnfrlolii'" dans nne masse dn volume dun lenl'; mais sa cavitc* osl cncoro saino el no renferme ancnn d('lrilns cancenMix on imUv. \^ surface convexe du fmc esl, ainsi que la face inf(^rieure du mrine or- frano, scmi^o (I'nno dizaimMle peliles luuieurs ipii ne piMu'lrenl (pie faiblo- iiienl dans la snlislanc(< de la slande el sonl L^arRles, sous-pih-iton('ales. uon deprinn^'s a lenr centre. l,a rnip odVe a sa surface (pialie p{>liles masses canct^rousos , nplaties, tpii ne s"enfoiicen! (pie hvs-pen profondemeni dans les tissus spU^n'npics. lo jinncn'nx \y.n-M vUv a 1 elal sain; lo canal de \Virsunfr(^sl libre. ainsi qno les voles hiliaires Tonics lis peliles masses cnnci^rcuses parniss(^nl (Mro sihu^es sons lo pi^ri- lojne el onl ini aspecl lisso. poll a \n\r snrfac(\ La lumeur. senlio pendant la vie a Iravors les i)arois do I'alidonKni. est for- nit^o par nne masse canci^rouso allon.fftV, ollipli(]no, d'nn Mane, jauni'itro. di- rlgi^c suivant I'axe du mosenti'ro, \m pen convexe dn C(M('' dos (L^{::nmonts, concave on sens oppos(\ du C(Ml^ de la colonne vert(Mirale. Cetio masse liomo- fr(''ue. assez r(''p:nlii"'roet lisso, osl c(unpi)S(''0 de lissii en('('plialoi(le d(''volopp(^ dans I'l'paisseur du im'sentcro, I'aisanI sailliesnr la face inlerieiire de ce repli ])i''rilon(''alel ayant refouh'-, C(unine dans dos goultiilireslatih'alos, la plus grimdo parlie do rinloslin liiY'le. I'lnsitMn's iiorsonnos, apri's avoir examin(' i^endant Vanlopsio cello curieuse Inmonr. onl W d'avis {pi'oUe i)arait s'(Mre (k^(>loppi''(> dans le nu^senU'TO. Li(f(Ti/s n'ofTro rien d'anormal dans son corps ni an col : mais Tovaire droit est lo sii^iio dun kyslodo la lirossonr dn iioinija parois n-sistanles. plein d'nn licpiide citrin. transparent, sans iirumoanx. Ce kyste. (pii pouv;iit iMre sonii pendant la vie. rondait lo diairnoslic lurcis pins einbarrassanl. L'sl a liMat sain. Los m'fi.N-ne prosontent rien de pnrticnlior. ainsi (piel("s urctcrcs. Les poumons sont kVi'reinenl eufioin^s a lour parlie post(M-ieun\ Lef(rur(^st mou, p(Mi volmniuenx ; los valvules sont parfaitemeni sainc^s. liC ccncan osl a l'(Mal normal. Ex.vMKN MicnoscoiMorE. - riuslours pn^parations ont i^li' failes avec la snb- slanre palliolofriqno (pii donnait mi sue laitenx a la pression , et recneillie 11 (I;his ilivcrs cinlroils, siir Ic loic, siir Ics iiilcsliiis.siir hi rale (•! dans la, masso iii('S(Mil('Ti(|(i(!. Ccs |)n'|)iiriilioris oiil lonjoiirs liiit rocoiinaltro nctloiiient dcs (■clinics roridcs on irrc^iilicres, clsnrionl dcs iioyanx ciirici'TPiix lihrcs, [)res- (jnc aiTondis ou l('gcn;nicnlovo(dos,ayant do O.OiJa 0,0'i dc niilliiiiclrc,iiro- sontaril un aspect graissoux, dcs bords nets bion niar(|n(';.s. II y avail I'n onln; uiic f^rande f|nanlilc de maticrcs feTasscs ou graisscnses dans lo clianii) du inicroscofio. Get examen a 616 coiiWiW: jiar M. Cli. Iloin'n. '1° NOTIC SIIR I.A STIirCTrUK INTIMK DII I.fl'OMH, SIIIVII': ])K OIJHI.yilKS IIKMAnOl'KS siu i.'iivi'Kinnoi'iriK i;\ (iKMCiiAi,; par M. Vnn.Mci'ii,. Le lip(^nie est, comme on lo sail, nne prodnetion accidentcllo lioni'''omorplio foriiKJc par ie d('velo|iponHMi( cxa^cn'' cl oiroonscril dii lissn adipcux; o'esl en gcni'-ral iinc ad'cction lonl a lull locale, el, dans la majorili! des cas, los nialadcsqni en soul attcjnls no jiorlciil (pi'iUM; scnic do vms tnnionrs. Cepcn- daiil il n'est pas rare dc reneonlrer des snj(;ls qni jioi'tont un noiuLn; variable ct ipje!(iu(;fois trf;s-consideral)le do ces pi'odnctions, sans (juo toutefois la sanlij goneralo en soit troubl(';e (!t sans qu'il on r(';sult(! autre cliose tpi'uno g*''no jnecaniquo plus ou nioins grando, suivant lo volnnu! dos tumours ou los regions ipi'(;lles occup(,'id. Cost la un bion singnlior exemplo do I'exagr'^ra- lion, a la I'ois circonscritc et g6n(?ralisi'c , dans la production dun clciiient aiialiHuiipic. On a peine a no i)as soiijrcr, en pan'il oas , a nni' diatlicsc; liy- pcrlnjplii(|ne jiorlant sur rensondjlo du syslciiio adip(;ux, (juoique co cas doivo {'\ra soigneusement distingue de la polysarcic g/juf'-ralisoo. Quoi (pi'il on soit de cos rcjiloxions, j'ai cliorclio a dcjtorininer la structure du lipCiino, et surtout a 61ucider la question do I'liyitortrojiliio dos vi'siculos adipousos. .I'at oxaminf;, dans co but, cin(| lip6nios (pii venaiont dYitre en- lev(5s sui' lo vivant, ou (pu; j'ai lrouv(''s sin- di-s cadavrcs destinf'is aux dissec- tions. Sacbatd quo lo volume dos vosicules adipcuscs diiKiv. clioz lo memo iudi- vidu suivanl les r(?glons et aussi est variable suivant los ages, j'ai pris qiiclipies (irocautions i)0ur approcier rigourousomont lo degr(5 d'accroissc- ment do col eb'mont aiiatomi(|U(! dans sa production accid(!nt(!llo. Ainsi, (pjand j'ai (examine dos lipf'mies rocuoillis sur lo cadavre, j'ai 0x51- mino coinparativement avec les m6mes grossissements et en m'aidant du mi- croniMro : 1" lo tissu adipoux du lipAnio; 2o Ie lissu adipoux rocueilli dans les regions tros-voisinos, mais liors des liniltes do la liinieur. li" (Jiiand j'ai analyst! des lipdmes enlev(5s sur Ie vivant, j'ai jiris dans les m mes ri'-gions ot sur dos sujots du mf-nio ago iles IVagnienls do lissu adipoux soiis-cutane. Apii's m'f'fro mis de ia sorlo a I'abri de I'oiTour, jo [niis doiiner commo con- cluants los r(''sultals f[ue j'ai obtenus. 12 Dcs cinq pieces que j'al examinees , trois venaienf do la region dcltol'- dienne, unc dc la region fessiere; la derniere lut prise a la face interne de la cuisse. Tons jn'ont tres-scnsiblcnient fourni Ics m6mcs particuiariles. Lcs masses graisseuses (^talent composees de lobes ct de lobnles adipenx asscz faciles a isoler, separecs par des cloisous ccUuleuscs generalcment minces et form(5es d'un tissu laclic. Dans Tunc d'ellcs , asscz re^sistante a la pression ct a la coupe, il y avail des faisceaux fibreux nolablemcnt plus epais ct plus forts que ceux qui cloisonnent d'ordinaire le panicule sous-culane; dans une autre, au contraire, moUc cttluctuante, lcs cloisous libreuses etaient tr6s-tenues. Lcs trois autres tenaient le milieu cntrc lcs deux extremes. En general, on trouvail tres-peu de vaisseaux capillaircs dans r('iiaisseur de la tumeur, fait general dans les hypertrophies circonscrites ct spontanees, et qui, dans I'espece, cxplicpjc combien Finllamniation est rare dans les lipomcs. La derniere tumcur scule, qui etait molle ct Ihictuantc, nionlrail a sa periplie- rie et dans I'epaisseur des cloisons intcrlobulaircs un rcseau vasculaiie facile ji reconnaitre a I'ocil nu. Examinees au microscope, ces tumeurs etaient cntitiremeut composees dc Ycsicules adipeuses et de tissu cellulaire. Les premieres etaient groupees comme dans le tissu adipeux ordinaire, c'est-a-dlre cju'elles formaient des amas assez volumineux, sans interposition de tissu cellulaire ni de vaisseaux, et je choisis celte occasion pour combaltre cctte singuliere opinion ([ui consiste a croire que chaque vc^icule adipeuse est entouree par unc enveloppe celluleuse. On trouve, en cffet, cos agregats, dans lesquels on pourrait bien compter cinquantc a soixante vesiculcs adi- peuses, et probablcmcnt plus, entoures d'une enveloppe mince ct incomplete de fibres de tissu cellulaire, avec ou sans vaisseaux caiiiUaires. Toutes ces v^sicules adipeuses n'avaicnt paste meme volume; lour nunion n'ofTrait done pas cctte elegante regularile donl le tissu graisseux normal nous olTre I'exemplc. llais malgre les variations de volume, toutes ces vesi- cides etaient plus d6veloppecs que celles dc la graissc saine. La plus grande partie des premieres etaient au moins doubles, et d'assez nombreuses memo etaient triples en diametre. En accordant, en moyenne approximative, 0,03 de millimetre aux cellules normalcs, on trouvait cclles de la tumeur alteignant pour la plupart 0,0G a 0,07; d'autres mesurant jusqua 0,09 a 0,10 millimetres. Des lors il est prouve qm\ dans le lipome, il y a non-seulement accumulation exagerd'C et circonscrite des elements auatomiqucs qui constituent le tissu adipeux, mais encore accroissemcnt en volume de ces (ilements. J'ai cru reraarquer encore un fait que je dois signaler. Lcs vesiculcs adi- peuses du lipiime m'ont parn plus transparentes, a contour plus delicat, plus mince que cclles du tissu adipeux, et pour en mieux jnger, j'ai place les deux cchantillons fpic je voulais comparer sur le meme vcrre, tout iniprt's i'nu de I'autre cf soumis a la meme pression. Je serais porti'; a en conclure (pie Ten- 13 vL'l()]i|)c L'st plus tc'iuic, luoiiis cpaisse dans Ics premieres, qui soiit en iiieme temps les plus amplcs. J'ai fait Cvinstater les details qui precedent ;i plusicurs persoiincs , et nnl doule ne s'est elcve dans Icur esprit, tant les difiercnccs sout tran- cliecs. Jc ne puis linir cctfc note sans fairc remartpier nne lacune regrettable dans notrc langagc anatoniiquc, lacune qui doit etre comblee, et qui, du reste, est demcurec inconnue, tant qu'on n'a pas songe adistinguer Ic developpement exagere d'un organc dc celui dcs elements anatomiques qui Ic composent. .rcxpliquc ma pensee : qu'a la suite d'un rctrecissement de I'uretre on d'uii des orifices du cceur, la vessie ou les cavites cardiaques augmentent de di- mension ou d'e^paisseur, on dit qu'il y a liypertroplue ; qu'apres I'ablation d'un testicule, I'autre glande seminalc augmcnte de volume, il y a encore liy- pertropliie; que, d'un autre cote, la glande mammaire, pendant la lactation, s'accroisse considerablemcnt , il y a toujours hypevtrophie. On a meme ete plus loin : une induration dc I'ejiiderme, un cor, un durillon, sont regardes par quelques personnes commc des bypertropliies epidermiques, et ranges comme tels a cote des tumours epidermiques ou cancroides. Sans pousser plus loin ces citations, qu'il serait facile de multiplier, 11 est aise de mon- trer que le mot hyperlrophie a (5te indifTeremment appliqu6 a tous les cas oil il y avail augmentation de volume d'un organe , que cet accroissement soil du a la multiplication des 61^ments anatomicjues a dimensions normales (ex. : hypertroiiliie du ca'uri, ou bien an developpement en volume d'elements ana- tomiques prcexistauts, mais beaucoup moins cHendus. Une telle confusion de langage ne pent persister, el il faul que le mot liy- pertropbie soil uniqucment altribue a I'un des deux cas, c'esl-a-dire qu'il desigue ou I'accroissement de I'organe par la multiplication des Elements anatomiques ou I'augmentation pure et simple du volume de ces elements. Je prefererais pour ma part reserver le mot d'byperlrophie au seul develop- pement des (i'lements anatomiques; aiusi je dirais que la mamelle est le siege d'un travail bypertrophique pendant la lactation, parce que ses acini, d'un Ires-petit volume hors I'etat de grossesse et d'allaitement, acciuierent chez la nourrice des dimensions tres-grandes. Dans uu grand nondjre de cas, avec Ibyperlropbie ainsi comprise, il y a augmentation du volume total de I'or- gane, ce qui se comprend sans demonstration. Un autre mot deviendrait ne- cessaire pour cxprimer que les elements anatomiques se sont multiplies, I'e.x- prqpsion dliyperplastie me scmble Ires-couvenable pour remplir ee but quand les muscles augmentent de volmue a la suite de certains exercices repetes; les fibres augmentent aussi en nombre, c'est-a-dire qu'il s'en organise une plus grande quantite que si le membre etail reste au repos. Mais ces deux modes d'accroissemement s'associenl souvenl dans les cas patbologiques et le lipOme, sujet de cette note, en est uu exemplc tres-propre 14 a faire ressortir hi nccessilo dc deux Diots pour faiie compreiidrc Ics deux fails signalcs dans rctudo (pic nous avonsfaite dc sa slructuie. Dans cettc nialadie, nous voyous, cu e/Tct : 1" unc auijmcnlatLon dans le noni])rc des vcsicules adipcuses ; c'cst la pour nous unc hyperplastic, car il est incontestable que Ic volnnic coiisidi'raljlc cpiacquicrcnt ccrtaincs tunieurs dc CO genre ne peut s'expliquer que par unc production exagth-ec dcs cel- lules adipeuses; 2° il y a liypertrophie de ces vcsicules, jjuisque leurs di- mensions sent doubles ou triples de cellos (lu'ofirent les vesicules voisines u I'ctat normal. On uo peut songer raisonnablemeut a exprimer ce doul)le fait par un scul mot. Toute letude du d(5veloppement general du corps, nous montro aussi la necessite d'une pareillc ri^forme dans Ic langage ; car cliaquc organc du foetus est necessaircnicnt le siege dc ce double travail d'accroissement pour arriver a I'etat oil nousle voyons cliez I'adulte. Le biceps d'uu enfant, pour prendre un excmplc connu, renfermc des fibres miisculaires a la fois nioins nombreuses ct nioins voluniiueuscs que le meme organc chcz ladultc. Dans les cas patbologiques, I'hypertrophie et I'hyperplastie sout souvent completement separees, et je termiuerai par un dernier exemple qui pcindra bien ma pensce. Dans la pletliore franclie, il y a augmentation averee du nombre des glo- bules du sang, mais ces globules n'ont pas change de dimensions; ils ne sout pas jikis volumineux. Dans I'ctat contrairc, dans ranemie, le lluidc nourricier est pauvre en globules, mais le diametre de ces dernicrs n'a pas diminue. Dans ces deux maladies, il n'y a ni hypertrophic ni atrophic des globules du sang ; mais bien hyperplastic ou aplastic, c'est-a-dire augmen- tation ou diminution dans la production. Je n'ai pas besoin de dire tpie les memes reflexions s'appliquciit a cctte classe si mal limit(5c de maladies ou dc lesions qu'on dcsignc sous le nom d'atrophie. La peuurie des di'inonstrations est encore ici la cause d'une grande confusion. On n"arrivera a faire la lumiere dans cet important sujet qu'en faisaut les distinctions necessaircs, et en partant dun point de depart solide et nou con- testable : je veux parlor de letude de Taccroissement et de la disparition des elements auatomiques a toutes les periodes de la vie. 111. — Pathologie. OBSERVATION DVn CAS DE LA MALADIE DITE PHTIHSIE AFOIE, AVEO ALTERATION OORRESPONDANTE DANS LES RELNS ; par MM. CiL liOBIN Ct ClI. BERNARD. Le malade, dont M. Robin a bien voulu examiner le cerveau, les reins et I'intestin, ctait un homme dc 23 ans, qui elait rest6 trente-cinq jours a I'iu- fiimeric de la Roquette, avec de la fievre et de la diarrhcc. 11 avail presente a 15 plusieurs reprises dcs convulsions, et ii avail cu uue pertc dc coiinals- sancc avcc raouvemenls conviilsifs quelqiics jours avant sa mort. Dans Ics dcrniers jours, on avail conslate de la retention des urines, ([ui n'offrirenf jamais trace d'alljuniine. Pendant la vie, il n'y eut ni toux, ni expectoratiou , ui sigues physiques positifs dc la presence de tubcrculcs puluionaires. A Tautopsie, on a trouve une inliltration tuberculeuse des deux pounions, des ulcerations deFintestin grele, une injection inllammatoire dela muqueusc visccrale ct des petites tumours dans les reins et le ccrvcau, dont M. Robin a clierclic a dcterniiuer la nature. Les granulations des reins so composent : 1° De niatiere amorphe granuleuse tres-abondante comparativcment aux au- tres elements, fait qui s'observc aussi dans les granulations puluionaires ; 2° DYlcnients anatoniiques particuliers, ayant la iorme de noyaux spheri- ques flnemcnt granuleux, larges de 5 millif-nics demillim.Une variete dc cos eHments se presente sous forme de cellules splieriques, pen nombreuscs, larges de 8 a lOmilliemesdemillini., variete bcaucoup plus rare que la variete a noyaux. La masse des cellules est soluble dans I'acide acetique. Si quelques doutes restaient sur le diagnostic diflerentiel entre les noyaux et les corpus- cules caracteristiques du tubcrcule, I'acide acetique les leverait aussit6t. En efTct, ce rcactif palil les corpuscules tuljerculcux d'une maniere tres-nofable, bien qu'il ne les dissolve pas. 11 n'a, an contraire, aucune espece d'action sur les noyaux, dont il rend les contours plus nets ct plus fences. Les cellules reufermcnt un noyau semblable a ceux que nous venous de signaler. 3" On y trouve en outre des granulations moleculaircs libres, asscz grosses et irrcgulieres ; 4° Des corpuscules granuleux de rinllauuuatiou, qui ne se rencoutrent pas dans toutes ; 5» Des elements fibro-plasti(iues, surtout des corps fusiformcs; ils sent moins nombreux que les elemcuts dont il vicnt d'etre question ; 6° Des cellules d'cpitlielium renal en petite quantitc; 7° Des vaisseaux capillaires, pen nombreux, moins abondants dans ce tissu que dans le parencliyme du rein, manifestcs a la peripheric des granulations, mancpiant completcment ou prcsque completcment vers le centre. Les masses tuberculeuses que renferme le cerveau se composent : 1» de corpuscules tuberculeux des plus caracteristiques, volumineux comme ils le sont habituellement dans cet organe; 2° de matiore amorphe finement gra- nuleuse ; 3° de granulations graisseuses. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE FEVRIER 1854 ; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRESiDE\CE DE M. MYER. 1. — Anatomie. OBSERVATIONS ANATOMIQUES SUR LE PIED DU CHIEN; par M. A. GoUBAUX. §1. Jusqu'a present tous les auteurs ont reconnu que, chez le chien, il y a sept OS dans le carpe. Suivant MM. Joly et Lavocat, 11 y en aurait dix. Tous les au- teurs ont reconnu que ces os sont repartis inegalement dans ciiacune des rang^es, savoir : trois dans la rang^e superieure et quatre dans la rangde in- Krleure. Suivant MM. Joly et Lavocat, il y a cinq os dans chacune d'elles, et il en serait de meiue cbcz tous les mammiferes. Pour moi, je demeurc convaincu que le nombre des oa du carpe, comnie c. R. 2 18 cclui (les OS till tarsc, n'cst pas le md'me chci: tovis les animaux, et comrae Je lie veux pas enlitT de noiiveau aujourd'hul dans I'examen d'une question dont j'ai eu riionneur d'eutrcteiiir la Soci6t6 centrale de nn^dccine vet^rinaire dans un autre travail it), je ferai soulcmcnt remarquer, quant a prtisent, uu os tpie je trouYC clicz tons les iudividus de Tespece canine, et qui existe sans doute aussi chez les animaux des esp^ces voisines. Get OS, dont le volume est variable, suivant le developpement general de I'individu, est situe a la partie posterieure interne du deuxienie os de la ran- g(5e supt^rieure. 11 a mie forme globuleuse ; II porle une facefte articulaire diartlirodiale sur sa partie ant6rieure, et s'articule par contig-uite avec uae brisure de la surface articulaire iiiferieure de I'os dont il vieut d'etre ques- tion. Les rapports de cet os sont a prendre en consideration : il donne attache, en effet, sur son bord ant6rieur interne et un pen sur la partie correspon- dante de sa face post^ricure, a une partie des libres termiuales du tendon du muscle adducteur du pouce, dont I'autre portion va sinserer a la base du cinquieme metacarpien. Par son bord externe, cet os doiuie attache a un liga- ment qui, par son autre extremite, va se fixer sur les parties voisines. Quelle est la signification de cet os ? Est-ce un sesamoide, on est-cc un os du carpe? II y a de bonnes raisons pour considerer cet os comme un sesamoide; ses rapports arliculaires , tendineux et ligamenteux , doivent le iaire regarder comme tel. Comme il n'a aucune connexion ni avec lextremitc^ inferieure du radius ni avec aucun os de la rangee ini'erieure du carpe, on pourrait le con- siderer comme un sesamoide; mais comme chez le reuardii), cet os a acquis un developpement beaucoup plus considerable que chez le chien, il devient evident que c'est la un os du carpe qui remplit le role d'rni sesamoide. D'oii il suit que le nombre des os du carpe est egal a huit, savoir : quatre dans la rangee superieure et quatre dans la rangee inferieure. 11 est impor- tant de rechercher quels sont les os qui existent normalement, et quelle en est la signification; je veux le faire remarquer, en passant , par I'exemple suivant : M. Magendic a constate que les muscles do I'oreille interne renferment quelquefois une petite concretion sesamoide (bteuf et chevall Ce fait estre- produit dans la ruvsiOLOGiE comparee de Duges (t. 1, p. 183); cependant M. Paul de Saint-.Marlin , surveillanl bibliothecaire a I'Ecole imperiale veteri- naire de Toulouse , en faisant quelques recherches sur Toreille interne des (1) De L.V. PE>iDACTVLiE CHEZ LES ANIMAUX DOMESTiQUES. (Voy. seauce du 9d^cembrei852.) (2) Chez le renard , le carpe est formc^ par ncuf os ( ([uatre pom- la rangtje superieure et cinq pniirrinfericurei. 19 animaux domestiques, a trouve ces concretions ou ces sesamo'ides dans Ic muscle de I'^trier, et M. Lavocat leur a donn6 le nom de fost-stajiMien (1). G'est la certainement trop d'empressement a vouloir donner iin nom parlicu- lier a ime chose connue, et que, du reste, on rencontre nornialement dans d'autres endroits et chez d'autres animaux. Ce n'est done pas, dans cc dernier cas, uu OS particulier, mais una sorte d'os que certains anatomistes ont appel6 OS tendinien, d'une mani^re g^n^rale. g II. I'our tous les auteurs, le tarse du chien se compose de sept os, savoir : uu calcaneum, un astragale, uu cuboide, un scaphoide, un grand os cimLMformc, un petit os cuneiforme et uu moycu os cuneiforme. (Ges trois demiers os sont enum6r6s dans I'ordre oil on les rencontre, de dehors en dedans.) Pom- MM. Joly et Lavocat, au coutraire, il y en a dix. II est bon de ruppeler encore ici comment, au point de vue philosophique, cinq OS ont etc retrouves dans chacune des rangees du tarse. Dans la rangee superieure, le calcaneuni forme deux os, I'astragale uu os et le scaplioide deux os. J'ai deja demontr(5 ailleurs la laussete du principe de I'unit^ de composi- tion applique aux animaux domestiques ; aussi je r^piJterai seulement ici que : D'abord le calcan^um ne forme pas plus deux os que le tibia n'en forme plusieurs, parce qu'il se developpepar plusieurs noyaux dossiflcation; Eusuite que si le scapboide repr^sente a la foisle tetrotarsien et le pempto- tarsien (ordinairement soud^ au precf5dent), il faudrait que le scapboide don- uat la demonstration qu'il se d^veloppe par deux noyaux d'ossiflcation. Or ce developpement n'a pas ete et ne sera jamais vu. Fortis imaginatio general casum. J 'en pourrais dire autant relativement aux os de la scconde rangee ou de la rangee inferieure; car MiM. Joly et Lavocat preteudent que le cuboide repre- sente a la fois deux os, le premier et le deuxieme. Je ne m'arreterai done pas davantage sur ce point. II etait indispensable que je revinsse sur les details precedents pour qu'on put bieu compveiulre ce qui va suivre. Daubenton a dessin^, dans I'Histoire naturelle de Buffon (t. V de I'edition in-4° de rimprimerie royale), des pieces a I'appui de la description de quel- ques varietes du developpement du cinquieme doigt. Frederic Guvler en a fait dessiner d'autres dont je m'occuperai tout a I'beure ; mais auparavant je si- gnalerai une particularite relative au scapboide. (1) Bulletin de la Societe de biologle, annee 1853, ou Gazette Medicale DE Paris, annee 1853, p. 705, (Voy. Note sur un cinquieme os de la ciiaIne TYMPANIQUE CHEZ QUELQUES ANIMAUX.) 20 Chez quelques sujets, le scaphoMe porte sur sa face interne une pi^ce sty- loMe, a base sup^rieure, qui lui est plus ou moins continue, suivant les in- dividus cbez lesquels ou la remarquc. Or cst-cc la Ic pomplolarsien, qui est ordinairemeut sonde an scapho'ide? S'il en etait alnsi, il est Evident que le scaphoide devrait presenter cette forme chez tous les indLvidus de cette espSce. Cette disposition ne se fait jamais remarquer chez le cheval, I'ane, le mu- let, le bardeau, le boeuf, le mouton, la chevre ct le pore. Le chien fait seul exception a cet egard; cependant peut-tMre la trouverait-on aussi chez quel- ques indi\idus de respeco du chat ct du lupin ; mais jc nc men suis pas en- core assure. C'est done la une anomalie seulement, ct non pas un os « ordinairement soud(5 an pr^ccSdent ; » on peut s'en assurer sur les pieces que jai preparees dans ce but. II est d'autres variet^s anatomiques que Ton observe dans le tarse de cer- tains individus de I'espece du chien; ellcs ne tiennent nuUement a la race, ainsi que I'a fait remarquer Frederic Cuvier; je I'ai constate moi-meme. Suivant Frederic Cuvier, ces vari^tes, cpii se font remarquer dans le nom- bre et dans les connexions des os cunciformes , tiennent au developpement plus ou moins complet que peut acquerir le cinquieme doigt. ■Voici comment il s'exprime a cet igaxd : « Chez les chiens qui n'ont qu'en rudiment le cimpiieme os du tarse, cet » OS s'articule a la lacette inferieure du grand cuneiforme, qui lui-meme est » en connexion avec le scaphoide , le second cuneiforme et le second os du » m^tatarse, en comptant pour un le rudiment dont il vient d'etre question » (voy. fig. 9' de Fred(5ric Cuvier). Mais chez les chiens qui ont le cinquieme » doigt complet, il se developpe un quatri^me cuneiforme entre le premier et » le deuxi^me doigt (voy. lig. 10« de F. Cuvier), et alors, dans quelques va- » ri^tes, le grand cuneiforme s'eieve et vient, par son cole interne, donner » une large facette articidaire a I'astragale. Dans un chien-loup, la moitie du « grand cuneiforme correspondait a I'astragale, tandis que, daus un grand >> danoi% ces rapports etaient beaucoup moins etendus, ct cela tenait a ce » cpie, dans le premier, le scapho'ide, le cubofde et les cunciformes etaient » beaucoup moins longs que dans le second, mettaient une assez petite dis- » tance entre le calcaneum et les os du mCtatarse ; de sorte qu'ils permet- » talent a ceux-ci de repousser pour ainsi dire en bant le grand cuneiforme, » qui, comme on sail, n'est ordinairement retenu dans sa position que par n des ligaments et la facette assez etroite avec laquelle il s'articule au sca- » phoWe. Lorsque les chiens ont acquis un certain age et qu'ils n'ont pas le )> cinquieme doigt complet, le rudiment de I'os metatarsien de ce doigt se » soude avec le grand cundiforme, et j'ai vu ce dernier os, dans le pied d'un » grand danois qui avail les cinq doigts complets, sonde avec le scaphoMe. 21 » C'est cortaiiieuieut a, uii accident seniblable qu'on doit attribuer la forme » singuli^re qu'a le scaphoide du pied a cinq doigts repr^sente par Dauben- » toil (I. V, pi. 52, fig. 1), ctl'abscnce du cuneiformc surnumeraire cpie nous 1) trouvons dans les pieds qui ont cinq doigts parfaits. Ces modifications im- » portantes ne paraissent point appartenirpaiticulierementa une denos races • do chiens. Le doigt interne des pieds de devant seniblc etre d'autant plus » long que les chiens sont plus s^dentaires, et il se vaccourcit cliez les autres » plus actifs. Quant au cinquiSme doigt des pieds de derritire, toutes les races, » telles que nous les admettous, actuellement du moins, peuvent en etre pour- » vues ou en etre privees. 1) Je I'ai vu dans un dogue do forte race, dans un matin, dans un chien- » loup, etc.,et je nel'ai point trouvc dans beaucoup d'autres individus de ces n memes races (1). » Les varietes anatomiques dont il vient d'etre question sont interessantes au pointde vue de I'anatomic descriptive ; je les ai observeespourlaplupart en etu- diant le tarse sur divers individus de I'espece du chien, et j'en ai conserve les pieces, que je depose aujourd'hui sur le bureau de la Socict(5. En consultant les ouvrages d'anatomie comparee, et d'autres encore, j'ai vu cpie Daubenton et Frederic Guvier avaient diJ'jafait les memos observations; je me suisfait un devoir de le dire : il serait a desirer que tout le monde en fit autant, dans les memes circonstances. II n'est pas douteux que Frckk-ric Cuvier a observe les vari(5tes dont il vient de parler ; mais je no les ai point encore vues telles qu'il les a signa- lees. Cependant, pour completer ce qui precede, j'ajouterai que lorsque le scaphoide porte une piece surnumeraire , ainsi qu'on le voit sur mes prepa- rations , on ne remarque pas forccment la meme disposition sur les deux tarses du meme sujet. En effet, on voit du cote droit cette pifece s'articuler, par sa base ou par son extr^mite superieure, avec I'astragale , tandis que cc rapport articulaire manque compl(5tenient sur le tarse du c6te gauche. Voici encore d'autres particularites sur lesquelles je desire appeler I'atten- tion de la Societe; elles ont trait a I'os cuneiforme interne, ou au moyen os cuneifonue du meme animal. J'ai dit plus haut que Frederic Cuvier a vu, chez les chiens qui ont le cin- qui^me doigt complet, un quatrieme os cuneiforme qui se developpe entre le premier etle deuxieme doigt (2), et c'est dans cette circonstance, suivant lui, (1) Recherches sur les caracteres osteologiques qui distinguent les PRiNciPALEs races DU CHIEN DOMESTiQUE ; par Frederic Cuvier. M(5moire in- s(5re dans les Annales du museum d'histoire naturelle, t. XVIII, annde 1811. (Voy. du Tarse, p. 342.) (2) 11 est probable qu'il s'agit, au contiaire, du quatrieme et du cinquieme OS, ou des deux doigts les plus internes. 22 que Ic grand cun(5iforme s'el6ve (I) et vient, par son c0t6 interne, donner une large facette articulairc a I'astragale. Je ne puis admettre I'cxpUcation de Frederic Cuvicr. Si elle est vraie et juste dans quelqucs cas , cc dont je me permefs de douter, elle ne Test cerlainement pas dans tous ; je n'en veux don- ner pour preuve que cette preparation diss^quee en squelette naturel, et dans laquelle on remarquc cinq doigts completement duvcloppes. Ici, en efl'ct, il n'y a point d'os cuncifornic surnumcraire entrele quatrii'me et le cinquieme metacarpien ; le cun^'iforme n'a aucun rapport avec I'astra- gale, et cependant nous avons sous les yeux toutes les conditions dans les- quelles Frederic Cuvier faisait des observations contraires a celles que jc viens de signaler. Je ne quitterai pas le membre posterieur, auquel s'appliquent les remar- ques pr(5cedentes, sans fairc observer encore quclque chose de particulier : c'est que le nioyen os cuueiforme ou Fos cuneiforme interne est forme par deux pieces distinctes , ou plutot c'est qu'il y a deux os cuneiformes in- ternes. La pai'tie infericurc de cet os, ou Fos cnncHformc interne et inferieur, pre- sentc a peu pres la forme d'un losange, est aplatie de dehors en dedans, et s'ai'ticule avec le quatrieme et le cinquifeme m^tatarsien en has, avec le deuxieme ou le [letit os cuneiforme en dehors, et enfln en haul avec la se- conde portion du memo os. Celle-ci est beaucoup moins volumineuse cpie la premiere , et est articuloe en haut avec la partie inf^rieure interne du sca- phoide, et en bas avec la partie sup6rieurc interne de la premiere portion du memo os. Sur une autre piece dissequee aussi en squelette naturel , il existe quatrc os cunc^iiformes parfaitement distincts, et il semblc qu"ici ce soil Fos cuneiforme moyen ou le deuxieme os cuneiforme rpii soit double. EnGn, dans d'autres circonstances , ou plutot chez d'autres sujets , car je crois qu'il n'est i)as important d'avoir egard a Fetat des doigts rclativcment a ces varietes de forme, voici ce que j'ai encore remai-qud. Dans le cas oil il existe une piece surajout6e an cote interne du scaphoide, Fos cuneiforme interne devicnt le plus petit en volume , au lieu d'etre le moyen, et alors sa forme n'est plus lameme; il ofTi-e sur son bord post(irieur un prolongement recourbe sur bii-meme de haut en bas. Yoili certainement bien des formes varices pour un memo os , bien des differences dans ses connexions ou dans ses rapports articulaircs ; mais voila aussi, qu'on ne Foublie pas, des faits cpii demontrent que le nombre des os de la rangde inferieure dutarsc n'est pas d'unemani^re absoluetoujours egal a cinq. (1) Fr6d6ric Cuvier a confondu ici; car chez le chien, c'est le moyen qui, par sa situation, r6pond au grand os cuneiforme de Fhomme. 23 Cependaiit cela u'a aucune influence siir I'^tat du d^veloppement plus ou moins complet des doigts ; cela n'en a pas davantage sur I'augmentation du nomlirc des doigts, augmentation qii'il n'est pas rare de constater, et dont jc vais m'occupcr tout a I'heure. Des faits qui prcc(^dent, relativement an nombre et au volume des os du tarse, je puis done formuler les trois conclusions suivantes : 1° a. Le nombre des os de la rangee superieure est variable suivant les in- dividus, et lorsqu'il devient plus elev(i qu'a I'ordinairc, c'cst qu'une pi6ce, d'abord distincte du cote interne du scapho'ide, se sonde au cote interne dc cet os, et modifie la forme de ce dernier. b. La forme du scaphoide est invariablement toujours la meme. 2° Le nombre des os de la rangee inferieure du tarse pent augmenter ; c'est toujours par une sorte de division des os cumiiformes moyen ou in- terne , et alors il y a quatre os cun(^iformes , dont la situation relative n'est pas toujours la memc , aiusi qu'on le voit sur les pieces cpie j'ai preparees. 3° Le volume des trois cuneiformes pent varier : ordinairement c'est le premier qui est le plus gros , le moyen qui est le plus petit et I'interne qui est le moyen en volume ; d'autres fois, au contraire, le moyen est le plus gros, le deuxi6me est le moyen en volume, et I'interne est le plus petit. g III. Jo passe maintenant a I'examen des varidtes anatomiques que Ton observe pour le cinqui^me doigt du pied posterieur du chien. Quatre varictes se font remarquer dans le dcveloppement du cinquiemc doigt; je vais les enum(5rer succinctement , et dans I'ordre de leur fr(5- quence : 1° Le cincfuifemc doigt avortc , et n'est reprcsente cpie par un os de forme prismatique, plus ou moins vohunineux suivant les sujets, dont la base, tourn^e en haut, s'articule invariablement par contiguity avec la partie infe- rieure de I'os cuni'iforme interne. Tel est le cas le plus ordinaire. 2" Le cinquieme doigt acquiert un dcveloppement complet, et se compose alors du meme nombre d'os que pour le pouce du membre ant(5rieur, c'est-a- dire d'un metatarsien, de deux phalanges et d'os complcmentaires del'articu- lation metatarso-plialangienne (1). (1) Dans un cas de ce genre, Dauljenton a vu une fois que « I'os culjo'idc 11 avail sur sa face inferieure une apophysc qui s'etendait au c6te exterieur 1) du troisieme os cun(5iforme , et semblait Tavoir rcpoussC en dedans. » (Voy. HlSTOIRE NATURELLE GENERALE ET PARTICULIliRE, AVEC LA DESCRIPTION DU CABINET DU Roi, imprimeric royale, t. V, p. 297.) Je n'ai pas observe cette anomalie. Je n'ai pas observe davantage cet autre fait dont il parte, a savoir que, 3° Le cinquieme doigt uvorte en partie. On retrouve en haiit un luetatarsien avorte, articul^ avec la partie inferieure de I'os cuntiiforme interne, et en has deux phalanges. II est utile de faire remarquer que, dans cette circonstance, la premiere plialange a une extremit(5 terminec en pointc mousse, de forme irregulifere. II pourrait bicn se faire que cette pointe ne fiit autre chose que rextremlte inf(^rieure du metatarsien, qui serait soudee a Textrcmitci supe- rieure de la premiere phalange. Dans ce cas, et si cette hj-pothSse est fondee, ce serait done la portion moyenne du mc^tatarsien qui avorterait (1). 4° Enfin, et j'ai observe un tr^s-grand nombre de fois le fait que je vais si- gnaler, le clnquifeme doigt est double. Dans cette circonstance, onremarque deux pouces aTortes , places a la meme hauteur au cfMe interne de la re- gion du metatarse, et le metatarsien est compose comme dans le cas prece- dent (2). Quelles sont , dans ces divers dtats de developpement , les connexions du pouce? C'est la un examen qui ne me paraitpas encore avoir ^te fait. 1' Dans le premier, dans le troisicme et dans le quatrieme cas, on voit que le tendon terminal de la portion interne du flechisseur du metatarse, ou plu- t6t le tendon de I'extenseur propre du cinquieme doigt, vient se tenniner in- variablcment a I'extr^mite inferieure du metatarsien avorte ; mais dans le troisicme et dans le quatrieme cas, on voit de plus que ce tendon donne nais- sance, avant son insertion au metatarsien, a une division collatL^rale qui se separe a angle aigu de la partie principale , et vient gagner le pouce rudi- mentaire, oil il se termine a la partie superieure et anterieure de la seconde phalange ou de la phalange ungucale. Tel est ce (pi'on observe pour le troi- sieme exemple de varietes anatomiques dont j'ai parM plus haut. Pour le quatrieme exemple, c'est a peu pres la meme disposition ; seulement dans les memes circonstances, « il se trouvc derriere la partie supL^ricurc du » cinquieme metatarsien un petit os qui parait etre un sesamoide, comme ce- « lui du tarse du cochon. » J'ai vu cet os chez le renard a la partie posterieure du premier metatarsien. Daubenton ne comptait sans doute pas les mctatar- siens de dehors en dedans. (1) Depuis la redaction de ce travail, je me suis assure que cette assertion est fondee ; car j'ai trouve I'extremite iufth-ieure du metatarsien articulee par contiguite avec la premiere phalange, tandis que la partie moyenne de cet OS 6tait representee par un ligament. Cette representation de la partie moyenne par un ligament intermediaire aux extremites est loin d'etre un fait constant. (2) Quelquefois le plus posterieur des deux pouces est plus avorte que I'an- terieur, c'est-a-dire que la phalange est beaucoup moins developpee dans le premier que dans le second. alors il y a deux branches coUatt^rales qiii naissent a angle aigu de la partie tendineuse prlncipale, et chacune d'elles se rend en particulier a un pouce, I'une au pouce anterieur et I'autre au pouce posterleur. 2° Lorsque Ic pouce, au contraire, a un developpement complet, le tendon terminal de I'extenseur propre du pouce va s'inserer a la seconde phalange (phalange ungucale), apres avoir parcouru toute la longueur du metatarsien et de la premiere phalange. C'^tait done une errcur f[uc de croirc qu'il n'y avait que la peau qui at- tachat les iihalanges du pouce lorsque celui-ci est incomplelcment developpe, puisqu'il a loujours des connexions tendineuses dont le developpement en longueur est invariable. giv. Je me bornerai pour aujourd'hui a la communication de ces observations, et je terminerai en signalant la presence d'un veritable muscle particulier dans I'epaisseur de la pelote carpienne du chien (1). Je ne sache pas que ces fibres musculaircs aient encore etc observees. Leur usage me parait etre de modifier la forme de cette pelote, et peut-etre aussi de lui donner plus d'clas- ticite, attendu qu'elles n'ont aucune connexion avec les parties euvironnantes, et en particulier avec I'os sus-carpien, au-dessous duqucl cette pelote se trouve placce. II. — Anatomie pathologique. KYSTE DU REIN ; CALCULS RENAUX ; ADIIERE.NCES PERITONEALES CONSECUTIVES A DES APPLICATIONS DE OAUSTIQUE; par M. PaUL LORAIN. M. Lorain presente une piece anatomique qui olTrc a considcrcr : 1' Un exemple remarquable d'adherence entre le peritoine parietal et le peritoine visceral, produite par des applications successives de potasse caus- tique sur la parol abdominale ; 2° Une vaste poche formce aux d^pens du rein gauche ; 3° Des calculs r^naux, origine de la lesion du rein. Cette pi^ce anatomique, due a I'obligeance de M. le professeur N(^laton, a ete enlevee sur un malade de la ville, mort a la suite d'une longue maladie, pour laquelle la plupart des notabilit^s scientiflques de notre epoquc avaient et6 consuh^es. Tout a He mis en usage pour la guerison. Une tumenr s'etait montree d'abord dans ]ar(?gion splcnique; on crut a une alteration de la rate, et cette ojjinion, fondue sur la marche de la tumeur de haut en has et de gauche a droite, fut confirmee par les hommes les plus com- petents en cette matiere. (1) J'ai constate aussi la presence de ce muscle dans la pelote carpienne du renard et du chat. Chez ce dernier, il est pen developpe. 2G Dans les derniers temps, six semaines environ aprSs le ddbut de la mala- die, apri^s que Ic nialade eut entrepris plusieiu's voyages ct piis les eaiix dc Bade sans sncces, on recoumit que la turaeur avail acquis uu volume enornie ; ellcdcscendait justpie vers la fosse iliaque dvoite. EUe etait bilobee; on y rc- connaissail manifcstement la fluctuation. L'tHat general du sujet etait fori al- tere; il y avail perte d'appetit, ainaigrisscment, etc. On se decida a tenter l'(5vacuation du liquide conlenu dans cette poclie. Plusieurs applications de potasse caustique furcnt failes au niveau de la region spleniquc , sous les cotes. Au bout de liuitjonrs, un troeart, enfonce au point oiile peritoine avail dt<5 mis a nu, donna lieu a Tissue de 4 litres et demi de pus. Des injections lo- dges fureut pratique5es dans la tumeur, qu'on vit decroitre insensiblement, re- monler. etc. Trcnte jours aprcs roperation, le maladc se senlait micux, se Icvait, avail repris de rappclit; une decroissance rapide de la pocbe ponctionnee donnait le plus gi-and espoir, lorsque survinrent de nouveaux accidents. Un nouvel abces se forma, et au bout de dix jours, le malade succomba. Disons, avant dc decvire la lesion d^couverte a I'autopsie, que les urines du malade furenl examinees pendant toute la dur^e et jusqu'a la fin de la ma- ladie, et qu'elles furent toujours limpides. Piece a.\atomique. — On voit d'abord, au point oil fut applique le causti- que, une ouvertnre qui est continuee, sous forme d'un cylindre de la gros- seur d'une grosse plume d"oie, dans la cavite abdominale. Co cylindre a une longueur de 0,08 a 0,09, a partir de la parol abdominale jusqua la tumeur; il relie ainsi la tumeur a la parol abdominale. II est conslilue par une bride , resultat d'une phlegmasie , et analogue aux brides qui se produisent dans foutes les sereuses, telles que la plevre, le pericaide, etc. On y inlroduit une grosse sonde, qui dc rcxterieur plonge ainsi dans la tumeur. Au point de vue cliniquc, la formation d'une semljlable adberence devenant listuleuse et livraut une voie sure a r(5coulement du pus, sous rinfluenco de la polasse caustique, nous a paru digne d'interet. Le trajct flstuleux nous conduit dans une vaste pocbe, formte d'une part aux depens du mesentere, et de I'autre du rein, poclic secondairc qui ne s'est formee fpi'apres que le rein s'est rompu eu un point ; on penelre de cette poche, dont les parois internes sont tapiss(5es de fausses membranes, resultat sans doute des injections iodees, dans le rein lui-meme, qui est dcvcnu kys- teux, scst developpe par sa pariie concave et a forme une large pocbe a pa- rois minces , oii nous trouvons du pus grisiilre et des calculs d'un fort vo- lume. L'un de ccs calculs est libre; il est a peu pies cubiquc et a ■> centimetres de diametre L'aulre est enchatonne; il est un peu pUi.s ;;o.is,ranieux,eu forme de braiiche do corail. On eu tvouve un plus petit conteuu dans iiiic logo qui communique avec les autres par une ctroite ouverture. Les calculs sout formes en grande partie de phospliate ammoniaco-ma- gnesien. L'ureterc, dont nous n'avons que la moitie supericure, est permeable. Nous devons croire, en raison des symptomcs, qu'il eialt obtuvc a sa partie infe- ricure. La rale Otait saine. III. — Pathologie comparee. Tl BERCULES DU FOIE, DU MESENTERE, DE LA RATE, CHEZ UN COBAYE FEMELLE ; par M. E. Faivre. En faisant I'autopsie d'un cobaye femelle, qui avait servi a des experiences pysiologiques, nous avons ete frappe de I'aspcct tout particulier que presen- taient certaines portions du tube digestif. Le volume du foie etait normal; niais la face concave et la face convexe de cette glandc etaient couvertes de taclies blancbatres, circonscrites, separees les unes des autres, et contrastaut par leur couleur avec la teinte rouge du tissu glanduleux. Ces taches blanches sont plus abondantes a la face concave qu'a la face convexe; elles sont surtout plus manpjccs aupres de la courbe posterieure. Chaque petite masse paralt enfoncee dans une portion du tissu hepatique et s'cnuclee facilement. On pent assigner a chaque tache blanchatre un diam^tre moyen de 0,001 a 0,002 millim. Sit Ton isole une des petites masses, on trouve que, sous une enveloppe plus dure, est renfemiee une matiere moUe qu'on pent faire sortir a I'aide d'une pression moderee. L'examen microscopiquenous a montre, corame nous I'avait indicpie deja I'aspect exterieur, que nous avions affaire a du tubercule. Ce produit etait parfaitement caracterise par ses corpuscules de forme irreguli^re, granuleux interieurement , insolubles dans I'acide acetique , d'un diametre d'environ 4/500 a 5/500. La portion duodenale de Tintcstin grele entonre en gi'ande partie et adhere a une masse volumineuse occupant une large portion du mesentere. Cette masse, tuberculeusc en tons points, comparable a celles qui se developpent dans le mcsentSre des jeunes enfants atteints de carreau , est lobulce a sa surface. Sa coloration est blanchatre; elle a dans son plus grand diametre, cpii est horizontal, 0,04, et dans sa branche verticale 0,03. Sa circonference, mesuree au point le plus large, est de 0,06. Une semlilable masse est lr6s- considerable proportionnellement a la grandeur de Lanimal, qui n'a que 0,24 de la tete a I'anus; cependant, malgre la presence d'une tumeur si volumi- ■28 neuse, raiiiiual paraissait doue d'une sant6 ordinaire. A la coupe, on trouve dans la tumcur du tubcrculc ramoUi. La rate presente a sa surface convexe, comme du c6tc de son hile, quel- ques petites masses tuberculeuses blanchatres. Los reins, examines soigncusenicnt, no nous ontpr(?sente aucune trace du proJuit tuborculeux. Kous pensions que Ics poumons, siege par excellence du produit tuberculeux, devaient en presenter des masses considerables ; avec quelque soin que nous Ics ayons examines a la coupe, sous I'eau, etc., nous . navons pu decouvrir aucune parcelle de matierc morbide. Nous nous plaisons a signaler la singularite de ce resultat. Le cerveau etait parfaitement sain. IV. — Teratologie. TRANSPOSITION DES ORGANES CHEZ UN CHEVAL; nOtC par M.A. GOUBAUX. Un cbcval do trait leger, age do 15 ans environ, qui fut sacrifle pour les travaux anatomiques de I'Ecole imperiale vet6rinaire d'Alfort, le lundi 15 Janvier 1854, prcscnta a I'autopsie une chose assez remarquable pour que les Aleves vinssent I'apportcr dans mon cabinet. Les oi-eillettes du coeur (itaient du c6l6 gauche ; I'artere pulmonaire et le . tronc aortique etaient a droite. Une transposition de cette importance devait se retrouver sur d'autres organes, ct mallieureusement le cadavre avail deja et6 trop endommagc par des elevcs qui n'6tudient que des muscles pour que j'aie pu arriver a un exameu complet ; ndanmoins voici ce que j'ai vu : L'oesophage etait place ii droite, dans la region de I'encolure, et passait par I'ouverture pratiquce dans le pilier droit du diaphragme, comme a I'ordi- naire. La deviation de l'oesophage etait done, dans cette circonstance, celle que j'ai vue un certain nombre de fois et sur laquelle j'ai appel(5, 11 y a plu- sieurs anuses, I'attention de la Societe centrale de m^decine veterinaire. .le n'ai pas vu les lobes du poumon. Dans la cavity abdominale, j'ai rcmarque les dispositions suivantes : Le rein gauche avail une forme triangulaire cpii d'ordinaire apparticnt au rein droit. Le rein droit (5tait fabiforme comme Test habituellement Ic rein gauche. Le foie prescntait du c6te gauche le lobe qui est ordinairement a droite, et du c6te droit le lobe qui est ordinairement a gauche. La forme, les moyens d'attachc, les connexions vasculaires, tout avail ete conserve pour chacun des lobes de cct organc ; sculement on voyail I'echancrure ccsophagienne praticjuec sur la partie interne du lobe gauche (pour la forme), mais qui, chez le sujet, ('tait a droite. Le diaphragme preseutait, dans ses rapports a I'egard du foie, a droite ce que Ton voit ordinairement a gauche, et reciprofiuement. 29 Je n'ai pas vu ni I'estomac, ni la rate. Quant a la situation de la veine porte et de la veine cave postt^rieure, il est probable que ces vaisseaux (5taient du cote gauche au lieu d'l^tre du cOt(5 droit; je dis que cela est probable a cause de la situation a gauche du lobe droit du foie ; je ne rafTirme pas, parce que je n'ai pas vu ces vaisseaux. Ce fait de transposition des organes est tres-rarc dans I'espSce humaine ; il me parait etre le premier qui ait m observe chez le cheval. V. — BOTAMQUE. NOTE SUR l'origine DU STYRAx LiQuiDE ; par M. Tit. Orphanides. On croit gendralement aujourd'hui, ct cette opinion est exprim^e dans I'ouvrage de M. Guibourt, que le styrax liquide est le produit de I'arbrisseau , styrax officitiale, qui pousse assez abondamment dans la Gi'cce et I'Asie Mineure. Mais cette opinion scrait erronec d'apres I'observation de M. Th^o- dorus Orphanides, professeur de botanique a I'Universitf^ d'Athenes ; en efTet ce botaniste a vu que le styrax liquide, que Ton recoltc en Asie Mineure, vis-a-vis de Rhodes, est produit par une espece de Uquidambar, plante dela famille des myric6es. Autant qu'il en a pu juger sur des cchanfillons assez incomplets, ce ne seraitpas le Uquidambar orientalis, mais une espece nou- veUe; du reste il se propose de faire de nouvelles rccherches a ce sujet. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS DE MARS 185i ; Par M. LE DocTEUR E. LE BRET, secretaire. PRESIDE\CE DE M. MIER. I. — Anatomie norm ale. DU PERONE DU TIBIA CHEZ LE BOEUF ; par \\. A. GOUBAUX. Le p6roii(5 du tibia dii Ijoeuf ii'a pas 6te d^crit jusqu'a prc^sent d'line ma- niere Iri'S-salisraisanlc. Lcs auteurs d'anatoniie vcteriiiaire pour la plujiart out fait apparlcnir au larse son extremitc iufL'rieure qui representc, conirae I'a dit Cuvier, une sorte d'os mallcolien. Sa partiemoycnne qui, dansriin- mense majorite des cas, est representc'e par un simple ligament plus ou moins (5tendu, s'attaclie en haut a rexlrcmile supc^'rieure du tibia, et n'a au- cun rapport en bas avec rextremite iiiferieurc du memo os; c'est a cetle par- tic moycnno du pif'rone qu'on s"est le plus altaclu'. Hipot iOsteologie"!, oa 32 disant qn'k I'extremit^ sup^rieure de ce ligament « on rencontre assez fr6- » quemment une petite pit^ce osseuse stylo'ide qui fait continuitti a la tiib^ro- » site externe du tibia dont elle semble netre qu'un prolongemcnt, » a 6t6 sur le point dc faire connaitre ce qui existe. Yoici, en effet, ce que Ton re- marque : La piece que M. Goubaux presente a la Societe, prise au hasard pour servir a la demonstration du fait dont il s'est assure deja plusieurs fois, est le tibia d'untaureau, age d'un an environ, qui a ete sacrifie ces jours derniers pour les travaux anatomiques. Ce tibia est scie lougitudinalemeut, de la tub(5ro- site externe a la tuberosite interne de son cxtrcmite supcrieure. L'epiphyse superieure du tibia est formec par deux noyaux osseux parfai- tement distincts et separes I'un de I'autre par une coucbe de cartilage. Le noyau externe, le plus petit, repr^sente Vextremiti! superieure du perone qui, plus tard, constitue une sorte de c6ne a sommel inferieur, soude a la tube- rosite externe de I'extrc^mite supc^rieurc du tibia, a laquelle onl'a fait gene- ralement appartenir. La partie moyen7ie est representee par un ligament qui est susceptible de s'ossiflcr en partie cbcz quclques anLmaux. Enlin lVa;(r^- mite inferieure, situec a Textrcmite inferieure externe du tibia, s'articule a la fois et par contiguite avec I'astragale et le calcaneum. Cette observation demontre done que le perone du tibia du bocuf avorte seulement dans sa portion moyenne; que son extremite superieure se soude au cote externe de Vextrtimitc superieure du tibia, et que son extremite infe- rieure est, ainsi que I'a dil M. Leroy, parfaitement distincte des os du tarse. II. — Anatomie pathologique. BiATHESE cANCEREUSE MELANiQUE ; par M. le docteur A. Laboulbene. EXAMEN MicRoscopiQUE ; par M. le docteur Ch. Robin. M. Laboulbfene prdsente a la Societe des pieces d'anatomie pathologique re- latives a une diathese cancdrev^e m^anique, et lit la note suivante. Je dois, dit-il, a I'obligeance de M. Giraldcs les pieces que j'ai Ihonneur de mettre sous les yeux de la Societe. Elles provicnnent d'un jeune liomme qui a sticcombe dans le service que notre collegue dirige a I'bopital de la Charite, et auquel il avait fait I'extirpalion de-roeil droit vers la fin de 1853, pour un cancer melanique de cet organe. Le mal, limite d'abord, a fait ultci- rieurement des progr^s rapides en se gen^ralisaut dans toute I'economie et a occasionn^ la mort. La cavM oculaire est oceupee par de pctites masses cancc^'reuses, friables, noiratres, et I'os malaire est iuliltre de matiere cancercuse, noiralre par places, piquet^e ou pointillee de cette derniere couleur. La cavitd thoracique ouverte montrc, tant sur la pl^vre parietale que sur la 33 plcvrc coslale, des plaques cpaisses pseudo-membraneuses, disposees cii lames slratifiees ou en amas circonscrits; ailleurs les masses ont I'aspect de goutteleltes de cire aplaties, qui se seraient coagulees sm* le fcuillet pleural. I'artout oil se trouvcut cos productions morbides pleurales, on remarque dcs traits noirs ou un pointille noiratre, ou enfln des petites masses d'unc cou- leur brunatre ou plus foncec. La pl^Yre du cote di'oit rcnferme beaucoup plus de plaques ct de masses que la plevre gauclie. Elles occupent principalement ses portions superieure ct inlerieure correspondant au sommet et a la base du pounion droit. Poumons. Le poumon droit est littcraleraent rempli de productions cancc- reuses, sous forme de petits amas ou masses, de la grosscur d'une noix, d'imc noisette ou d'un pois, et situees dans tout rorgano, bicn plus abon- dantes cependant au sommet ct a la base. Ces masses, cnlrc Icsquelles on Irouve le tissu pulmonaire engorge, pen crepitant, rempli de serositu san- guinolente, sont moUes, pulpeuses a leur centre ct color^es en grisatre ou en noiratre. Cette coulcur est tantOt claire, tantot plus foncec, ce qui tient evidcmment a I'abondancc plus ou moins graude du pointille noiratre deja signale et dont nous verrons plus bas la composition eltinentaire. Le poumon gauche presente unc bien moins grande quantite de masses cancdreuses melaniques ; le tissu pulmonaire est acre, crepitant, excepte dans le bord postericur de I'organe repondaut a la gouttiere costo-verte- brale. Le cceur, d'un volume normal, presente sur le piricarde plusicurs taclies noires ou d'un noir blcuafre, Ires-limitecs, foncees. En incisantle pericarde, on Yoit qu' elles pen^trent entre les fibres qui composent cette membrane. Ces taches sont au nombre de six pour le feuillet parietal. Le feuillet cardiaque du pericarde ou feuillet yisceral est lui-meme taclie eu quatre endroits. Les tactics, uu peu moins grandes que ccUes du fcaillet visceral, ont dans leur diametre undemi ou un tiers de centimetre d'etendue. L'une d' elles n'a qu'un millimetre de diametre ; elle est punctiforme, tres arrondie; d'autres ont exactemcnt uu cpiart de millimetre. En ouvrant le cceur, on trouve sous I'endocarde, et voilees un peu par cette membrane, de nouvelles taches noinitres form^es par undep6t de la matifere melaniquc cancereuse. Elles siegent sur trois colonnes charnues du vcntri- cule gauche et deux du ventricule droit. En incisant le tissu musculaire dcs colonnes charnues, on acquiert la certitude epic les petites taclies cance- reuscs sont deposees au milieu des libresmusculaires. Enlin en ouvrant les arteres pulmonaircs, les veines pulmonaires et I'aorte, on trouve dans les membranes de ces vaisseaux de nouvelles taches mela- niiiues ; elles ont un diametre variant d'un demi-centimetre a un millimetre ct mcme beaucoup moins. Les ganglions bronchiques sent eu graude partie euvahis par le produit c. n. 3 morbide. lis sonl noinUres, a la couiic suriout, [ires dc lour luu'tic ccntrale. La cavitc aMominale ofTro sur toutc la surface dii prriUjiiic Ics mcmcs productions que nous avons dcja uolees pour la plcvre. Eu outre, les divers organes renferm^s dans cette cavity sont envahis par le produit morbide ac- cidentel. Lc foie, d'un volume considerable, d^forme, ayant surlout acquis de grandes dimensions dans son lobe ou portion gaucbe, pr^sente 40 centim. dc largeur, 10 pour le lobe droit a pavtir du repli falciforme, 30 pour le lobe gauche; il a 18 centim. de hauteur dans un point extreme a droite; il est epais a droite dc 9 centim., a gauche de S centim. seulemcnt. Tout I'organe est bossele, et plusieurs des tumeurs ont une depression cen- trale; elles sont du volume d'une grosse noix, d'autrcs ont celui d'un petit ceuf. Les bossclures sontdemi-fluctuantes,et ccttc sensation de lliictuation est surtout tr6s-marquee dans les tumeurs d'un certain volume. Par contre, on trouve, en examinant avec soin I'organe, de tres-pctites masses du volume d'un grain de chenevis et d'autres rappelant les grains noirs des colounes charnues du cccur. Leur couleur est blanchatre, grisatre ou bleuatre ; quel ■ ques-unes sont brunatres. Le tissu du foie s'apercoit difficilement tant les bosselures sont nombreuses et confluentcs. En incisaut les tumeurs, on trouve un tissu pulpeux, mou, ne s'ecoxilant pas cependant comme un liquide epais, ayant plutot une consistance gelati- neuse. Tlusieurs endroits des tumeurs sont manifcstemenl vasculaires, et elles sont marbrecs, granitees pour ainsi dire dc matiere mclanique. Aucunc d' elles n'cst uniformcment noire ou noiratrc. Une des personnes qui assistaient a I'autopsie disait avec assez d'cxactitude et en sc servant d'une comparaison vulgaire, que la coupe de ce foie rappc- lait cello d'un pate truITe. La vcsicule biliaire presente un grand nombre de taches melaniques sur sa tunique peritoncalc. La rate offre quelcpics taches noiratres, et d'autres plus nombreuses blau- chatres, piquet(5es de uoir. Le 'pancrias paratt sain, a I'exception de quelques pelites masses, de vo- lume variable et color(5es en noir, situees principalement vers le milieu dc la largeur dc cette glande et penetrant dans son tissu. Les reins offrent quelques petiles taches noires dans la substance corticalc. Leur volume et leur consistance paraissent a I'etat noiinal. L'estomac est sain ainsi que Y(zso])hage. Les intestins no pr(5sentent rien a leur interieur ; lour tunique periton^ale seule oCfre, commc il a ele dt^ja dil, des masses et des taches cancereuses, d'un volume extremcmcnt variable, et dont la plupart sont colorees en partie et raremont en enticr par la uuitiorc mclanique. Le mesentere et les ganglions mcsentcriqucs sont envahis par le tissu hete- 35 romorplie. Lc premier est Opaissi uu plusieuiti uudi'oits. U existe pen de ron- geur et de vascularisation appreciables autour des petites masses cancereuses deposees sur le peritoine des anses intestinales. Le cervcau n'offrc rien de particulier. ExAMExX MicRoscopiQUE.— 1° Lcs pctits graiiis noirs existantsm'les surfaces interne et extcrue du cccnr ct dans la tnnique adventice de Faorte et de I'ar- t(ire pulmonaire ont un diametre variant de 1/4 de millimetre a 4 on 6 milli- metre de diametre. Ces amas, d'un noir fonccj a la lumiere rcHechie, sont composes, sous le microscope, d'une trame de tissu cellulaire a fibres extre- mement fines et de maticre amorplie parsemee de granulations englobees dans cette matifei'e. Ces granulations molcculaires, la plupart de nature melaniquc, ont un diametre de 1 a 3 miUiemes de millimetre, et sont remarrpiables par leur teinte d'un rouge brun fonce. Ces petites masses renferment, en outre, unc quantit6 considerable de noyaux cancereux, la plupart ovo'ides, qnelrpics-uns seulement spheriques ; cntre eux on remarquo les granulations melaniques deja decrites. Toutes sont donees d'un mouvement brownien trfes-vif. Ces noyaux sont generalement libres, tr^s-peu sont dans une cellule; ils ofTrcnt des bords nets ; ils sont pen granuleux, mais ils renferment de un a trois nucluoles remarquables par leurs contours fences et leur centre janua- tre,brillant. lis sont egalementremarquables par leur volume, qui atteint fre- cjuemment 0™'»,003. Dans le poumon, le foie et le pancreas, qui sont parsemes a la fois de petites masses cancereuses melaniques du volume des precedentes, et en outre de tu- meurs ou bosselures cancereuses du volume le plus variable, depuis la gi-os- seur d'un pois a ccUe d'un petit a;uf , ces masses cancereuses sont compos('es de noyaux liln-es semblablcs a ceux que nous venous de decrire, et en outre de cellules 6galement pen nombreuses comparativement aux noyaux libres, mais neanmoins plus abondantes que dans les autres portions cancereuses. Ces cellules renferment de un a trois noyaux, tons remarcpiables, aussi bien que les noyaux libres, par le volume des nucleoles et leur aspect graisseux. Le nucleole atteint, cliez quelques-uns, jusqu'a 0™"i,006, et offre une forme spbe- rique ou ovoidc. La plupart des noyaux offrent O^^jOlS a 0""d,014 de diametre; mais il en est beaucoup qui, dans les masses cancereuses volumineuses, ne presentcnt, ainsi que dans les petits grains melaniques signales plus haut, que On»™,010. Lcs granulations pigmcntaires libres ne sont pas aussi abondantes, dans les portions cancereuses du foie et de I'intestin, que dans cellos du cceur. Elles sont interpos(5es dans les espaces des noyaux, et fort peu de cellules renfer- ment de ces granulations pigmcntaires dans leur interieur, outre les granula- tions grises qui leur sont propres. 3G Eiiliii, ra et l;i ccs g:ranulations sont accimiulecs cu uiiius irreguliers dc plusieurs centiemcs de millimetre de diametrc. Les vaisseaux sont pcu nombreux dans toutes ccs masses canccreuses. En resume, partout Ic nombre des noyaux libres cancereux I'cmportc sur celui des cellules qui sont fincment granuleuses. Un petit nombre renferme des granulations pigmentaircs di'ja decrites. EUes se trouveut dans Ics points les plus colores, dans Ics tacbes noircs du cocur, des vaisseaux, etc. III. — PaTHOLOGIE EXTEIIXE. Les faits qui suivent out ete observes dans lu service de M. iXciaton ; iis out fait le sujet d'lme de ses lecons cliniques, ct c'est a sa bienveillance que nous devons d'avoir pu examiner a loisir les pieces anatomiques que nous mettons sous les yeux de la Societe. II est une maladie des doigts mal connue jusqu'ici, et qui, nous avons tout lieu de le croire, a et6 longtemps et est encore quelquefois confondue avec des lesions des os. Cettc maladie siege dans les gaines des tendons flecbis- seurs des doigts. EUe est exactemcnt limitce a cette gaiac ct n'atlciut par consequent pas la derniere phalange. Deux exemples dc cette maladie, qu'on pent considerer comme rare, s'etant prusentcs dans le service de M. Nelatou, dans la memo semaiue, nous nous sommes empresses dc Ics decrire en tant que laits cliniques ; notrc mailrc, M. Robin, a bien voulu se charger d'en fairc I'anatomie micrographique. Obs. I.— Un enfant de 4 ans, appartenant a la classe pauvrc, d'une taille pen elevee, d'un teinl pule, ne presentant du reste aucune trace de rachilisme ni de scrofule, u6 de parents sains, est cnti-c a la Cliuique Ic 10 mars 1854. II presentait la maladie suivante : Le doigt indicatcur de la main droite est deformc ; il a le double eu volume des autres doigts ; 11 est cylindrique, cependant la derniere phalange est par- faitement intacte et la deformation sarretebrusquement dans le pli articulairc de la troisieme avec la deuxi6me phalange. Ce doigt est etendu et ne pent etre flechi; cependant I'enfant execute quelques lingers niouvcmcntsdc flexion dans I'articulation metacarpo-phalangienne. Trois trajcts listuleux ouvcrts sur les c6t6s de ce doigt montrent un tissu mou, fongueux; le stylet ne rencontre pas les OS a nu au fond de ccs fistules, qui ne donnent lieu qu'a un tres-legcr suintement. Cettc tumefaction s'est faite a la face palmaire et sur les parties lateralcs ; clle semble constituee par une masse molle ot fongaieuse. Aucime Msion analogue n'existe ailleurs. L'enfant est du reste bien por- tant; mais il resultc pour lui de cette maladie une trcs-grande incommodite et rimpossibilite dc se scnir de sa main droite. C'est dans le mois dc septcmbre 1852 que sa mere s'est apcrcue pour la pre- S7 mi^re fois qiie I'index de I'enfant augmentait de volume ; au bout de peu de jours, une listule se forma. Cette l(5sion, qui paralt n'avoir 6te occasionn^o par aucune cause traumatupie, n'a jamais do/me lieu d aucune douleur, et nous insislons sur ce fait, qui parait etre propre a cette maladie. Peu de temps apres, deux petites tumeurs sc montrercnt dans la paume de la main, dans Taxe du doigt indicateur, un peu au-dessous de I'articulation metacarpo-plialangienne. Ces petites tumours disparurent au bout de plusieurs raois, apres avoir suppur6. Depuis deux mois la maladie a fait des progr^s, de nouvelles fistules se sont ouvertes sur les parties laterales de I'indicateur, et la m6re est entree avcc son enfant a I'liupital des Cliniques. La disarticulation m^tacarpo-phalangienne fut pratiquee le 15 mars. Cette operation n'a ete snivie d'aucun accident; la plaie est aujourd'liui r^unie, et I'enfant doit quitter domain I'liupital. Obs. II. — Une jeune fllle de 17 ans, couturi^re, 61ev6e dans le d^partement de I'Yonne, d'une bonne sante, ncc de parents sains, eprouva, il y a trois ans, dans le doigt medius de la main droite, une gene cpii la forca a renoncer a sc servir de ce doigt pour coudre (c'est le doigt qui porte le de). En quelcpies jours ce doigt doubla de volume. Cependant la malade n'eprouva aucune do?i- leur ; la peau n'etait pas rouge ; la pression exerc(5e sur ce doigt n'eveillait aucune souffrance. La tumefaction s'etendait a I'interligne m^tacarpo-phalan- langien, a la base de la troisi^me phalange, et n'occupait que la face palmaire du doigt. Un medecin appel6 crut a un phlegmon. 11 enfonca un bistouri au niveau de I'articulation de la premiere et de la deuxieme phalange. 11 ne sor- tit cpie du sang. Cette ouverture est restee flstuleuse et a donn6 lieu a un le- ger suintement. Peu de temps apr6s se montra, au-dessus de I'articulation me- tacarpo-phalangicnne, dans la paume de la main, une petite tumeur dure, in- dolente, qui acquit le volume d'un pois et ccssa de croitre. Une semblable tumeur s'est montree depuis peu de temps au-dessus de celle-ci. Cependant la tmnefaction du doigt demeura a peu pr^s stationnaire ; 11 ne se forma pas do fistules ; il ne survint aucune douleur; la face dorsale resta in- tacte, et la derniere phalange conserva tons ses caractSres normaux ; mais les mouvements de flexion furent abolis et le doigt resta dans une extension forcee. R^duite a cesser son travail a cause de cette difTonnit^, et ne voyant point son mal s'amender, cette jeune fiUe est venue r^clamer une operation, qui a t^t6 pratiquee il y a cinq jours par M. Nt^laton, Le doigt a et6 enlev6 dans Particulation metacarpo-phalangienne, ct en meme temps a ete extraite la partie du tendon de la region pabnaire, oil s'im- plantaient les deux petites tumeurs dont nous avons parl^. Aujourd'lnii la plaie est en voie de cicatrisation; la malade se leve ; lout promet une prompte gu^rison. 38 Au dixi^me jour, la gaicrison est complttc, ExAsiEN DES PIECES ANATosuQtiES. — La dissection nous a montiV', dans I'uu ct dans Taulrc cas, des alterations idcntiques ; aussi n'cn donnerons-nous qu'une seule description. Le doigt fut fendu sur la face palmaire, longitudinalement dans toute sa hau- teur. Nous arrivons ainsijusquaux phalanges, que nous trouvons ahsolument saines. Pour mieux nous assurer de I'integrite de ces os, nous les fendimes, ct il fut alors facile de reconnaitre que ni le pdrioste ni la substance osseusc n'avaient sulji aucune alteration. Lcs sjnoviales articulaires ne furent pas trouvees malades, cependant cellc de I'articulation de la premiere avec la deuxi^me phalange parut plus ^paisse et plus rouge que dans I'etat normal. Les mouvements etaient possibles dans ces articulations, et leur immobility pendant la Tie rdsultait de I'inaction des tendons flechisseurs, et de raction continue des extenseurs. Quant d la gainc des tendons flechisseurs, cllc etait remplie et comme bour- rie d'une matiere fongueuse blanchatre, elastique, demi-molle, entoui'ant do toutes parts les tendons, auxqnels elle adh^rait si fortement qu'on ne pouvait Ten detacher, Les trajets flstuleux se rendaient dans cette masse, mais n'arrivaient en au- cun point jusqii'aux os. Lcs deux pctites tiimeurs observ^es dans un cas a la region palmaire dii metacarpc ctaient de m6me natui'e (pie le tissu que nous venons d'indiquer, et adheraient aussi fortement aux tendons. Quant a la face dorsale du doigt, elle etait saine dans Tune et I'autre cas, la lesion ayant son si6ge seulement dans la gaine synoviale des tendons liecliis- scm's. IV. — TfiRATOLOGIE VEGETALE. NOTE SUR UNE GALLE DO NASTURTICM PALUSTRE; par MM. Em. MrSSAT et J. Leon Sodbeiran. On trouve abondamment, sur les pentes du canal de la Bresle, a Tr^port- sur-Mer, le iiasiurtium 'palustre D. C. attaque par un insecte qui y determine la formation de galles, tantot sur les inflorescences et tant6t a I'aisselle des feuiiles. Presque tous les pieds pr^sentent cette disposition, ct nous avons eu I'occasion de I'observer pendant deux annees consecutives. Dans le courant de rann^e dernifere, notre ami M. A. Laboulbene a retrouv^ sur les bords de la Seine, pr^s de Sevres, la meme alteration vegetale. Les galles qui portent sur les inflorescences sont situees le plus ordinaire- ment a la partie sup^rieure del'axe florifere; elles y determinent des modili- cations des flours superieuies et moyennes, tandis que le plus souvent les 39 plus inferieures se presentent dans I'etat normal. Dans quelquescirconstances, il n'existe qu'une seule galle en forme de houle ; mais, dans le plus grand nombre des cas, on en observe deux ou trois, et alors leur volume est moins considerable. Dans le jeune age, elles sent d'une couleur rouge-violacS qui rappelle celle de la lie de vin; puis, a mesure que leur d^veloppement s'effectue, elles pren- nent une teinte jaunc clair analogue a celle d'un melon mur. Leur volume, qui est d'abord celui d'un grain de chSnevis, augmente peu a peu jusqu'a ce qu'il ait atteint celui d'un fruit de trifoUum frugiferum. Chaque galle examinee avec soin presenfe une s6rie de petlts mamelons po- lyedricpies irreguliers, dus a I'hypertrophie des p^doncules de chaque fleur, deformes a la suite de la pi(iurc de I'insecte. Dans tous les cas, les organes floraux proprement dits n'olfrent aucune irregularite dans leur developpe- ment ; la genese s'opere comme a I'^tat normal, et 11 arrive fr^quemment de rencontrer des fruits qui ontsucc^dda des fleurs bien conformees ; cependant il est aremarquer qu'en gen(^rallafructificationnes'op&repas,bien que toulcs les parties semblent parfaitement organisees pour la f^condation. L'adlux des liquides nourriciers se faisant presque uniquement aux pedoncuies floraux, il en ri'sulte que la fleur se dcssScbe, et de la I'arret de d^veloppement que Ton observe. Les pedoncules floraux, sous I'influence de la piqure de I'insecte et de la surabondance de nourriture qui en est la consequence, prennent un volume anormal et se dilatent outre mesure, sans toutefois se souder enlre eux. lis sont seulement juxtaposes et circonscrivent ainsi une cavity unique au centre de laqnelle se trouve un axe represente par celui de rinflorescence et dans laquelle egalement on rencontre souvent des acariens verdatres ; en meme temps cette cavite est habitee par des larves de I'insecte qui a deter- mine la galle par sa piqure. Dans quelques cas, la base des feuilles, de I'aisselle desquelles part I'inflo- rescence, eprouve une deformation analogue a celle des fleurs. Comme dans le premier cas, il se fait une hypertropbie, de la base de laquelle s'^l^ve une feuille normalement conformee. On trouve aussi des larves dans la cavit6 cir- conscrite par la partie interne du petiole et le reste de la galle du a rinflores- cence. Cette cavite renferme frequemment aussi des acariens verdatres el tres-agiles. Frequemment, lorsque toule I'inflorescence est comprise dans la galle, ce qui arrive quand I'insecte I'a piquee alors qu'elle n'etait pas encore bien d^- veloppee, les feuilles qui se trouvent a sa base subissent un arret de d^ve- loppement remarquablc ; cependant, malgr6 I'influence de I'afllux des li- quides vers d'autres parties, il n'y a pas de modification dans la forme habi- tuelle. Sur quelques feuilles, au contraire, cette influence se fait sentir non-seule- ment sur le petiole, comme dans le cas precedent, mais encore dans presque 40 toutc? Ics parties. On voit alors une excroissance assez irrt^guliereoflVant des mamelons disposes a peu pres comme Ics dentelures du limbo, et portant a leur extremite de petites expansions foliacees qui en sent evideniment les restes. Lorsque les galles ont acquis leur entier developpement et quand I'insecte qui les habile est sur le point d'en sortir, les divers mamelous qui les com- posent s'dcartent et donnent passage a ranimal. L'aspect ext(?rieur de I'ex- croissance est alors en petit celui du brassica cauliflora. Elle prend en meme temps une teinte brun clair et ne tarde pas a se desseclier compl^tement. Soit que I'hyperfrophie porte sur 1' inflorescence, soil qu'elle porte sur les feuilles, elle n'est jamais due qu'a la formation de cellules laches, plus ou moins allongees et disposees autour des faisceaux vasculaires : ceux-ci ne prdsentent aucune difference appreciable avec ceux des parties rt^gulierement conform^es. En effet, quand on pratique une coupe dans I'une des fleurs ainsi modifiecs, on voit quele pddoncule presenle des faisceaux fibreux identiques a ceux que Ton retrouve dans I'etat normal et qui se continuent jusqu'a la fleur. Au centre de I'excroissance se trouvent deux faisceaux fibreux dont I'un, plus volumineux quel'autre, se recourbe faiblement vers le plus grand diametre de la galle; il semble se prolonger jusqu'a I'axe central de I'inflores- cence; le plus petit de ces faisceaux est parallele au premier, et se termine pr^cis^ment en face de la courbure du plus gros. Les deirx faisceaux sont s6- pares par un canal assez large dans lequel on aperroit, ainsi que dans les parties environnant les faisceaux a I'ext^rieur, des sortes de petites fibres beaucoup plus fines et d'une couleur plus claire. Le pedoncule, dans sa partie superieure, olTre le volume normal ; mais a sa partie inferieure, il est tres- dilat6, et cette hypertrophic est due a la formation d'un grand nombre de cel- lules de formes variables. En face du sommet de Tangle que forme le faisceau vasculairele plus volumineux, on apercoit des cellules de forme generalement allongee et irregulierement prismatiques, qui semblent converger vers cot angle. Les cellules de la base de I'excroissance sont plus petites que partou t ailleurs; elles out la forme de pelygones plus ou moins r^guliers, et c'est la la forme generate des cellules de I'hypertrophie. Elles renferment, ainsi que les dernieres cellules allongees dont nous avons parK-, un noyau central d'une couleur jaunatre et qui donne a la masse du tissu une teinte plus foncee quo dans toutes les autres parties. 11 est a remarquer que les cellules placees du c6t6 int^rieur de I'excrois- sance sont d'un diametre plus grand que cellos placees du c6t6 exterieur. L'6- piderme ne parait pas avoir conserve sa structure au-dessus de la galle dans les points exposes a la lumi5re, car il offre un aspect comme vcloute qu'on ne retrouve pas dans I'epiderme des petioles normaux et des parties internes de la galle. Les larves qui habitent les cavites sont longues d'environ 1 millimetre et 41 demi surun tiers de millimetre de largeur : elles sont blanchatrcs, a denii transparentes, ou dans quelques cas opaques. Lorsqu'elles ont pris un certain developpement, leur teinte est jaunatre et se rapproclie un peu de celle d'uii fruit d'abricotier. Examinees au microscope, on voit qu'elles sont form^es de treize anneaux. La tete offre asonextr^mitedeuxpointes tentaculiformes; les quatre anneaux suivants presentent lateralement cliacun deux pointes qui semblent des rudiments de membres : chacun des anneaux renferme une sub- stance granuleuse de couleur jaunatre qui s'interrompt sur les bords. Vers le centre apparaissent les organes de nutrition, mais peu distinctement. Les larves nous ont paru appartenir a I'ordre des dipteres. — Alasuitede cette communication, M. A. Laboulbene fait ressortir I'interet tout particulier qui s"attacbe a la galle singuliere du naslurtium palustre. 11 insiste sur la disposition de la cavite oil vivent ces larves parasites, cavit6 formee par le boursouflemeut des pedoncules floraux qui sont accoles en cpjelques points et ^cartes au point oii I'insecte existe. II croit, sans en etro siir, que I'insecte diptere qui produit la gale appartient au genre cecidomya. Cost, d'aprC'slesdessins tres-exacts de M. L. Soubeiran et sos observations pro- pres, qu'il 6met cette conjecture. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r lETE DE BiOLOGI PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1854; Par M. Al. PORCIIAT, secrktaire. PRIiSIDE^XE \M M. RAlliR. I. — Anatomie et physiologie. NOTES SIR 0''ELOI'ES EXPKRIENCES FAITF^ DANS LE BUT DE DETERMINER L'ORIGINE PROFONDE DES NERFS DE L'OEIL; par MM. VULPIAN et I'lUU- PEAUX. Dans un precedent travail (Essai sur l'origine de plusieurs nerfs cuaniens, Paris, 1853), nous avons montr^ qu'une lesion longitudinale tres-supcrticielle, fuite sur Ic planeher du quatricmo ventriculo, a 1 millimC'trc du sillon me- dian, produit immediatement line paralysio plus on moins complete dn nerf facial du cOte lese et une pavalysic complete du nioteiir oculaire externe du meme c6t6. Nous avons r(ip(5t6 cette experience plusieurs fois, et elle nous a toujours donn6 Ics mtoes resultats. Le nerf facial pout 6tre atteint, partiel- lemcnt du moins , dans prescpie toute I'etendue antero-posterieure du plan- cher du quatrienie A'entricule ; de sortc quune section transversale d'une moitic du Liilbc, faite tr^s-pres du calamus scriptorius sur cc plancher, para- lyse incompletcment le nerf du cote oppose. Nous avons fail plusieurs experiences sur les autrcs nerfs craniens, dans le but de contr61er par la physiologic ce que I'anatomie nous avait appris dcleurs origines profondes. Ce sent surtout les nerfs moteurs des yeux qui ont eto I'objet de nos recherches. A. Les nerfs oculo-moteurs communs ont des filets originels qui marclient d'avant cu arriere dans les pt5doncules cerebraux, ou plutot dans les faisceaux interpedonculaires. D'autres lilets, en tres-petit nonibre, se dirigent vers les couches optiques ; mais un grand nombre des radicules de ces nerfs s'enfon- cent de bas en haul pour gagner par un trajet curviligne la base des tuber- cules cpiadrijumeaux, puis le plancher de I'aqueduc de Sylvius, sous lequel elles sont placdes tr6s-superficiellement, et forment soit des petites conunis- sures, soit des entre-croisements sur la ligne m(5diane. Toutes les fois qu'avec un instrument quclconcpie (nous nous sommes ser- vis d'une epingle courbee a angle droit pres de sa pointe) on blcsse soit le plancher de Taqueduc de Sylvius, soit la partie des faisceaux interm^diaires qui passcnt sous les tidjercides, on produit une deviation dans les yeux,et en mSme temps et presque constamment des convulsions. Nous avons fait cette experience un grand nonibrc de fois, et en relevant les resultats qu'elle nous a donnes, nous avons vu que le sens de la devia- tion des yeux et celui de Icurs convulsions avaient vari^. Nous ne pouvons pas dire que ces variations dans les resultats correspondent a des difle- rences dans le lieu ou la profondeur des lesions , bien que cela soit pro- bable. La plupart du temps nous avons blesse le plancher de I'aqueduc de Sylvius ou les faisceaux situ(5s sous les tubercules quadrijumeaux , d droite de la ligne mediane; or tantot I'ocil droit etait d^vie en bas et en avant, tantiit en bas et en arriere, quelquefois en haut direclement, d'autres fois en haul et en arriere. Les convulsions sc faisaient, dans certains cas, autour dc Vaxe verti- cal de I'oeil; dans d'autres, autour de Vaxe aiitero-posterieur, soit par le grand oblique, soit par le petit. Ce qui est intercssant, an point de vuc des rapports qui existent au-dcssous de I'aqueduc de Sylvius , entre les filets originels du nerf du c6te droit et ceux du nerf du cote gauche, c'est que les deviations et les convulsions ne se sont presque jamais bornOes a I'ocil droit dans les experiences dont il vient d'etre fait mention, mais que I'ceil gauche se deviail dans le sens oppos6 au sens de I'ceil droit. Si celui-ci etait d^vie en bas et en avant , I'oeil gauche 45 ctait strabiquc en haul et dn arriire, cl il cu etuit do mome poiif les convul- sions , qui se faisaient dans des sens reciproqiiement inverses pour Ics deux yeux. Dans les cas tros-rarcs oil Fun des deux yeux ctait seul afTectc dc deviation et dc convulsions, ou dc convulsions seulement, c'etait presque toujours I'ocil du cote correspondant au cote Icso qui les prcsentait ; cepcndant M. Brown- Sequard a vu, dans ses experiences, un fait tout a fait oppose : « Du cote oil j 'avals lose les tubercules et la protuberance, I'oeil semblait avoir la liberie de ses mouvements, tandis que dc I'autre cote I'oeil etait convulse. » (Compt. REND. DE LA Soc. DE BIOL., 1853, p. 168.) 11 faul rcmarqucr que M. Brown-Se- quard , dans ce cas , n'atteignait pas les radicules dc la troisieme paire au memo cndroit ni par le memo precede que nous , ce qui explique la dilK- rencc dans les resultats. Ce fait observe par M. Brown-Sequard, fait qu'il qua- lifie de singuUer, trouve sa raison dans Ic lieu d'origiue de la troisieme paire, et surtout dans I'entre-croiscment que nous avons trouve entre I'oculo- moteur commun d'un cote, et celui de I'autre cote sur la ligne raediane. Nous avons aussi fait des experiences sur les tubercules quadrijumeaux. Dans plusicurs d'cntre ellcs, nous nous sommes servis du moyen deja indi- que plus haul, et avec lequel nous a familiarises une grande habitude. A tra- vers I'espace occipito-atlo'idien , chcz des lapius et des cbiens, nous eufon- cions une cpingle coudee a son extrcmite dans le quatrieme veutricule, dont nous suivions avec precaution le plancber ; puis , lorsque repingle etait ar- rivce a un point que nous indiquait une marcpie tracee a I'avance, nous diri- gions son crochet en deliors et en haut; nous soulevions; puis, tirant a nous (I'avant en arriere rOpingic d'une longueur dc 0™,005 ou 0'",01, nous blessious profondcment de lias en liaut les tubercules quadrijumeaux. Toutes les fols que nous avons ainsi agi, les yeux sent restes impassibles ; les pupilles ne se sent ni dilatees ni contractecs. Dans I'experience oil nous intcrcssions la paroi externe de faqueduc de Sylvius de facon a produlre une lesion au-dessous des tubercules , le plus souvent, toujours memo quand la lesion etait un pcu etendue, I'une des pu- pilles, celle du cote correspondant, etait dilatee. Dans une autre serie d'experiences, nous mettions a nu I'encephalc sur des lapius; puis, avec un faisccau d'cpingles, nous piquions les tubercules qua- drijumeaux. Nous avions ainsi la liberie d'agir sur I'uu ou sur I'autre de ces tubercules, et dc plus la lesion etait faite de haut en has. Des piqures ainsi produites sur les tubercules quadrijumeaux postericurs ne doterminaient point de deviation ni de convulsions dans les yeux, ni dilatation ou contrac- tion de lapupille, meme lorsque les testes etaient entiercment detruits. Nous avons pu aussi enfoncer le faisccau dans chacun des nates succcssivemcut, sans amener ni strabisme ni mouvements convulsifs dans les yeux ; les pu- pilles rcstaient encore immobiles.Ce rcsultat ctait constant tant que I'insfru- AC. nicnt uc pL'Uotiait pas a uuc proroiideurYerticaledei)lusde6cciitini.;maissit6t qu'il clait eiilouce a 7 centimetres, Ics yciix commenraiciit a clrc agites dc convulsions et a se devier. 11 y avail aussi des con\nilsions dans le corps. Cost done seulement lorsque Ton blcsse les faisceaux situes sous Ics luber- cules quadrijumeaux que Ton voit surveuir des mouvemcnts convulsifs dans les yeux et dans le corps. Si, au lieu de blesscr les nates avec une opingle ou un faisccau d'epingles, on les cnl^ve ou on les detrait a pen pri's entierenient, on observe, comme la demoutre le premier M. le profcsseur Floureus, la pertc de la vuo, el c'esl I'ocil du c6te oppose au tubercule dctruil tpii devicnt avcugle ; de ]ilus, il y a une dilatation de la pupille de eel oeil. Dans cc cas, la dilatatii n ilc la pupiUc est le resultat, non pas dune paralysie direcle des lilels dc iocuio-moteur qui vonl animer I'iris; mais elle est due a I'amaurosc, a la cessation de ractioa reflexe, qui senible necessaire aux mouvements ordinaircs de I'iris. Cela est si ATai qu'api'es une pareille mutilatiou produile sur un seul des tubercules anterieurs, si Ton expose Toeil non amaurotique a une vive lumierc, la pu- pille de Tocil aveugle se contracte par synergic, ce qui narriverait cerlaiuc- ment pas si Viris etait completcment paralyse. B. La qualriemc pairc nait, comme nous Favons demonlre, des pedoucules anterieurs du ccrvclet. Plusieurs de scs filets originels s'entre-croisent dans la valvule de Yicussens, au milieu et en arrierc de la baudelclte transversalc qui forme commissure entre les pedoncules antericiu-s du ccrvolct el voul a CCS pedoncules, qui rcroivent ainsi des filets directs et des lilels croises. De ces filets, les uns semblent suivre les pedoncules anterieurs jusqu'au cervclet ; les autreslcs traverscnt pour penetrer dans les faisceaux intermediaires.Quel- ques radicules montcut vers les tubercules quadrijumcaiLX. Nous avons tent6 un grand nombre de fois de couper la baudelelte Irans- versale interpedonculairc , et de divisor ainsi les filets entre-croises de la quatrieme paire. rrcsquc toujours nous produisions, en mumc temps que la section de ces filets, une lesion plus ou moins grave du plaucbcr du qua- trieme venti-icule, ou de I'aqueduc de Sylvius, ou de la base des tubercules quadrijumcaux ; de telle sorte que nous obtenions des efTets complexes. Deux fois seulement nous avons pu couper isolcment la baudelette el Ics lilels qu'elle supporte. Dans ces deux cas, il n'y a eu que quelques mouvements de rotation de I'ffiil autour dc son axe antero-posterieur, dans le sens dc traction du grand oblique. Ces mouvements, qui semblent dus a une sunple irritation des patbctiques, ont dure Ires-pen de temps. Nous avons coupe le pedoncule anterieur droit du cervelet chez un lapiu, de facon a divisor les filets originels de la quatrieme paire qui se trouvcnt dans cc pedoncule, et il scst produit une deviation permaneule de I'u'il droit en arrierc et en iiaut. Or la direction du grand oblique cbez les lapins est telle (pie CO strabisme no s'cxplicpie ni par une paralysie ni par une convulsion de M cc muscle. ^Lc giaud uliliquc, ai))L's su rujlcxion dans la poiilic, est a pcu pres pavallcle a Taxe transversal de I'ocil cliez les lapins , tandis que le pe- tit oblique est oblique du fond de I'orLite, vers la coruce transparente.) C. Nous avons clierche quelles sont les parties de rencephale dont la lesion produit des deviations ou des convulsions des yeux. On pcut enlever les hemispheres cerebraux, on peut blesser et divisor de dillereutes manieres le corps calleux,la voiite a trois pilicrs, les corps stries, les couches optiques propremeut dites, sans qu"il se manifesto aucune devia- tion, aucune convulsion des yeux. S'il est uu fait physiologique avec lequel s'accordent parfaitcment les resultals pathologiques, assurement c'est celui- la : on salt que les hemorrhagies les plus etendues peuvent se faire dans les divcrses parties que nous venons de citer, sans que les yeux soient afTcctes de veritables convulsions ou de deviations permancntes. Nous avons deja dit que les tubercules quadrijumeaux propremeut dits pon- vaieut etre loses, et cfue les yeux restaient impassibles. Nous avons pu couper le cervelet sur la ligne mediane, de haut en has et Ires-profondement, saus que les yeux se soient dcvies ou aient ete agites. An conlraire, lorsque nous avons coupe le cervelet de bas en haut, par le qua- Iriinue ventricule, comme I'a fait M. Magendie (Journal de PHVsioLOGiE,t.IV, p. 399 et suiv.l, nous avons observe des convulsions et une Icgere deviation des yeux. Le plus souvent I'ocil droit etait porte en haut et en arriere, et I'ocil gauche en bas et en avant. Le simple passage de I'lnstrument tranchaut dans le quatrieme ventricide, le soulevemcnt du cervelet quand on le coupe et le tiraillement de ses pedonculcs, produisent a eux seuls des effcts analogues. Lorsqu'on fait la section du cei-velet en dehors de la ligne mediane a une certaine distance, non-sculement on tiraiUe les pedoncules du cervelet, mais encore on les coupe forcement. Or c'est dans les pedoncules anterieurs que se trouvent un grand nombre des filaments radiculaires de la quati'ieme paire. Mais 11 est bien dilTicOc de blesser soit la protuberance, soitles differenis pedoncules cerebelleux, sans qu'aussitot les yeux se convulsent et moins sou- vent se devient. On connait les deviations si eaergiques cpii se produisent dans I'experience ou on lese la protuberance annulairc ou les pedoncules moycns du cervelet. Si Ton se represente conmien sont multiples les fdels "d'origine des differents nerfs moteurs de I'ceil et la grande etendue oii ils se deploient en se dirigeant dans des sens varies, on sera tente d'admettre avOc nous que la plupart des deviations, toutes memo, sont dues a des lesions de quclques-uns de ces filets originels. Quant aux convulsions oculaires, il nous reste des doutes. Nous avons vu des mouvements convulsifs des yeux apres des lesions produites sur des parties dloignees du vaste foyer d'origine des nerfs oculo-moteurs. C'est ainsi que, chez les lapins, une section d'une moi- tie du bulbe a une assez grande distance du pout, an niveau du bee du cala- is uus scriptorius, est tiuivie de mouvements couvulsil's des globes oculakes, tantot legers, tant6t assez prononces. Nous en avons mcme vu surveuir dans un cas, apres unc section transversale d'unc nioitic do la moellc, a pres d'un centimetre derriere le sommet du calamus. Cette lesion, de meme que les sec- tions d'une nioitie du buU)e faitcs au voisinage du calamus, a etc suivie d'une contraction tres-evidente de la pupille du cote correspondant. De plus, il nous a semble que la pupiUc de I'osil du cote oppose se dllatait en meme temps legerement. G'est la un cfTet qui s'est montre constant dans nos expe- riences sur les lapins ; sur les cliiens, nous n' avons observe rien de sembla- ble. Cette contraction de la pupiUe cbez les lapins , apres la section d'une moitie du bulbe, n'est pas permanente; elle dure environ deux on trois beures, pendant lesquclles elle va en diminuant jusqu'au moment oil elle cesse tout a fait. D. On conceit que, dans les experiences nombreuses et variees que nous avons dii faire , nous ayons obsen-e tres-frequemment la rotation des ani- maux, soit autour do Icur train postcrieur {mouvement de rotation), soil au- tour de lour axe antero-posterieur (roidement). Ces pbenomencs ont attire notre attention d'une. facon toute particuliere : nous voulions voir s'il n'y avalt pas une relation constante cutrc la direction de ces mouvements et le sens de la deviation des yeux, ce qui ajouterait un grand poids a la tbeorie d'Henle, tbeorie dans laquelle il attribue le tournoiement au vertige produit par la deviation des yeux. Nous devons dire tout d'abord que nous avons vu des animaux tourncr sans avoir les yeux devies ; mais c'est la une rare ex- ception. Le plus souvcnt il y a une deviation des yeux, et si le sens du mou- vement de manege ne semble pas exactement en rapport avec la direction des yeux devies, il n'cn est pas dcmcmc pour le roulcment. Tresquc loujours, si I'animal roule de droite a gauche, I'ccil droit est porte plus on moins directe- ment en haul, rctil gauche en bas; s'il roulc de gaucbe a droite, c'cst le con- traire. II. — P.\THOLOGIE. 1" CAS DE PERICARDITE CIIROXIQUE AVEC PLAQUES OSSIFORSIES DEVELOPPEES DANS LE pericarde; par M. Louis Blin, interne des hOpitaux. M. Louis Blin met sous les yeux de la Societe le couur et le pericarde d'un bomme dont le cadavre a servi aux dissections a I'amphitbeatre de Clamart; M. Blin accompagne cette presentation de la note suivante : Le sujet sur lequcl a cte recueillie cette piece paralssait age d'environ 60 ans, et pr^sentait une infiltration g6n(5rale. Je n'ai pu avoir de lui aucun renseigucmeut. Outre la lesion du pericarde, qui a surtout attire mou attention, I'autopsic m'a montre I'alteration de plusicurs aulrcs orgaucs. Les poumons etaient 49 congestionnes et pr6sentaient des dilatations bronchiques ; ils etaient uliis aux parois du tliorax par des adlierences ccUuleuses peu resistautes. Des ad- herences semblables unissaient les plevrcs mediastines au pericarde ; la ple- vre viscerate gauche etait epaissie et opaque au milieu du lobe inferieur, dans une ^tendue de 5 a 6 centimetres. Cirrhose du foie; vesicule biliaire du volume d'un a'uf de dinde , presentant a la coupe un tissu ramolli, enccplia- lo'ide ; reins volummeux et un peu decolores. Le coeur, revetu du pericarde, presente une forme arrondie ; le diamefre vertical, y compris les oreillettes et le diam^tre transversal correspondant a la base des ventriculcs, sent Tun et I'autrc de 0,15. Le pericarde est uni au occur par des adlierences celluleuses, faciles a de- truire„dans toute la portion qui repond a la pointe et a la partie moyenne des ventriculcs. La portion du pericarde cpii repond a la base de ces cavites offre, au con- traire, une adherence intime ; de sorte que les fibres chamues du cceur sem- blent y prendre insertion. En ce point le pericarde est cpaissi et constitue une plaque ossiforme qui entoure comme un anneau la base des ventriculcs, et rdpond aussi a la partie anterieure de I'oreillette droite. Cette plaque est ir- rcguliere, inegale ; la largeur de la zone qu'elle forme varie de 0,02 a 0,06 ; sa plus grande longueur correspond au cote droit. En partie cartilagineuse, clle est formec, dans la plus grande partie de son ctcnduc, par un depot cal- caire dcveloppe sous la sereuse parictale du pericarde. Dans les points oil I'adlicrence avec le cceur est intime, les fibres chamues semblent prendre insertion sur elle, et it serait difficile de decider si le depot calcaire s'est forme sous la sereuse visc6rale on sous la sereuse parietale. Son epaisseur moyenne est de 0,001 ; elle est beaucoup plus epaisse au niveau de I'infundibulum du ventricule droit. Elle envoie dans les parois de ce ven- tricule deux prolongements arrondis, du volume d'une noisette, qui soulevcnt I'endocarde. L'ouverture des ventriculcs montre cpie I'^paisseur de leurs parois est a peu pres normale, et que leur cavite est dilatee. L'endocarde du ventricule gauche est dpaissi, opaque. Les valvules auri- culo-ventriculairc gauche et aorticjue sont un peu cpaissies , mais non de- formees ; la premiere offre des vegetations globuleuses, peu saillantes, vers son bord libre. L'endocarde et les valvules du c6t(5 droit ne sont pas alt(5res notablement. Les arteres coronaires ne sont pas ossiflcies. La crosse de I'aorte presente des placpies calcaires epaisses sous-sc- reuses. : i L'aorte descendante ne presente pas de depots calcaires; mais on y trouve d'espace en espacc des plaques mamelonnees, rouges, foimaut une legere sailiic a la surface de la sereuse. C. R. 4 50 Les artcres des membres Merieui's prcsentent des ossifications dans pres- quc toutc leur (Jtendue. 2<> OBSERVATION D'UN CAS BE SatROSE BU CER^'EAU; par M. SaiNEPF, interne des liopituux. M. Sclinepf met sous les yeux dc la Societc le cerveau d'lm enfant epilep- tique ct idiot, mort a la Salpetvi(!;re. Un epanchement considerable de s6rosit6 s'est fait entre la dure-m6re et rarachnoide. La masse enceplialique est beaucoupplus fcnnequ'a I'ctat normal. Un grand nombre de circonvolutions sont comme retractdes sur elles-memes et cal- leuses : ce sont siirtoiit celles des lobes anterieurs. La substance grise, exa- minee an microscope par MM. Ch. Robin et Sclinepf, contient une quantite considerable de matiere amorpbe ct de gramdations moleculaircs ; on y trouve, an contraire, moins de noyaux (mydloplastes de M. Robini qu'a I'ctat normal. Les tubes de la substance blancbe ont ici un diamfitre moins consi- derable que dans la substance saine, et il s'est depose entre eux de la maliere amorpbe. Les tissus malades contiennent pen de vaisscaux capillaires. Cette alte- ration dc lasul)stance cercbralc consiste, pour MM. Robin et Schncpf, en une predominance de I'un des elements de cette substance sui' I'autre, plutot que dans I'addition d'un element nouveau. III. — Therapeutique. 1° EXPERIENCES SUR LES INJECTIONS DE PERCHLORURE DE PER DANS LES ARTERES ; par MSI. GoiTBAiix et Giraldes. MM. Goubaux ct Giraldes ont commence, il y a plus d'un an, a fairc des experiences sur Taction coagulante du perchlorure dc fer injecte dans les arteres. Dans ces experiences , ils ont employe des solutions de perchlo- rure a differents degres de concentration, prf!'par^s par M. Lassaigne. Une premiere seric d'exp^riences a 6te faitc avec la solution marquant 49 degres a raeromStre de Baume , solution employee par M. Pravaz ; uiie seconde s^rie avec la solution a 29 degrds 1/2, dos(5e par M. Lassaigne; enlin une troisieme serie a etc faite avec la solulion a 15 degres. En injectant du pevdilorurc de for dans I'arterc carotide d'un cbeval ; MM. Goubaux et Giraldes ont obtenu la coagulation du sangcontenu dans une portion du vaisscau , niesurant i ccnlimttres ; deux gouttes a 49 degres , trois gouttes a 30 degres et six gouttes a 15 degres produisent une coagu- lation. Trois ou quatrc minutes apres rinjccliou, il se fonnc dans Ic vaisseau un caiUot plus ou moius scrrc (lui iutercepte la circulalion. MM. Goubaiix et Gi- raldes appellent caillot primitif celui qui est produit par I'action directe de I'injcction, et caillots secondaires ceux qui se fomient quelque temps apres. Ces derniers se produisent a la fois du cote du coeur et du cote periphe- rique. Les parois de I'artere sont modifiees ensuite ; la tunique moyenne s'hyper- trophie , ct il se fait une infdtration de lyniplie plastique dans la tunique ex- terne. Lorsqu'on emploie la solution a 49 degr^s, le sang et les parois de I'artfere sont profondcment alteres ; le caillot est compacte, noiratre et s'ecrase entrc les doigts ; les parois du vaisseau sont taun^es et mortifiees. L'alteration , dans ce cas , rend les tissus et le caillot impropres a tout travail de repa- ration. Lorsqu'on a injecte la solution a 30 degres, Ic caillot est forme en partie par du sang noir et decompose, en partie par de la fibrine coagulee. II est mou et volumineux ; il dilate le vaisseau, et a contracte des adh6rences avec les parois de I'artere. L'epithelium et la tunique fenetree de I'artere sont de- tniits. La tunique moyenne est jaunie; mais les parois du vaisseau sont ce- pendant susccptibles de devenir le siege d'un travail reparatcur. La solution a 15 degres altdre beaucoup moins le caillot el les parois de I'artere ; elle laissc la tunique moyenne prcsquc tout a fait iutacte. Les caillols secondaires se forment ensuile ; on les trouve en general vingt- quatre beures apres I'iujection. lis contractent des adlicrences inthnes avec les parois de I'artere. Dans les experiences de la premiere serie, Taction desorganisatrice de la solution a 49 degres a produit des ruptures du vaisseau et des bemorrlia- gies , surtout quaud on a. injecte une quantite trop forte de liquide ( 10- 17 goultes). La solution a 15, a 20 et meme a 30 degi'es ne produit pas les memes plie- nom^nes : toutes les fois qu'ou en a injecte 4 a 5 gouttes, 11 s'est forme un caiUot mixte qui contracte rapidement des adh^rences avec les parois arte- rielles. La membrane moyenne s'hypertropbie ensuite et la membrane ex- terne devient plus vasculaire, etle tissu se remplit de flbrine plastique. Cette infiltration forme autour de I'artere une sorte de vii'ole provisoire. Le caillot se ramollit ensuite dans certains cas; plus souvent il s'enkyste ; les caillots secondaires disparaissent, et Tarlerc s'oblitere du cote du ca;ur et du c6te de la peripberie , par suite de I'enkystcment du caillot et de I'epais- sissement de la membrane interne. M. Giraldes a mis sous les ycux de la So- ciete des dessius represcntant des pieces anatomiqucs sur lesquelles on peut voir une circulation coUaterale qui s'etablit quclqucfois dans la membrane externe de I'ai-tere, et qui fait comniuni(iucr ensemble les deux partions du vaisseau qui sont separces par le caiUot. 52 Le perchlonire de fer a 49 et a 45 degres ne doit done pas etrc employu dans le traitement des anevrismes et des tumeurs ercctiles. Dans les anenismes ou les tumeurs erectiles, on doit employer le perchlo- rure a 30 degres, ou mieux encore a 70 degres de lareometre de Baumc, dans la proportion de 5 gouttes a 30 degres, 10 gouttes a 20 degres, pour une quan- tite de sang egale a 30 centimetres cubes. Le perchlonire a 49 degres et a 45 degres peut etre employe comme hemo- statique. Le perchlonure a 15 degi'es,20 degres et 30 degres peut etre employe avan- tageusement dans les kystes liematiques. Dans quelques cas, le perchlorure a 30 degres et a 49 dcgi'es peut etre employe comme modificateur des plaies en suppuration. 2" A.NEVRISME V.^RIQIECX DC PLI DU COUDE DETER3IL\E P.\R LNE S.4IGNEE ; I.\JECTIO.\" DE PERCHLORURE DE FER; GI"ER1S0>" ; par M. IC dOCtCUr JOBERT (dc Lamballei. Le nomme Leopold, age de 18 ans, vit paraitre au pli du coude di'oit uue tumeurdu volume d'un petit ceuf de pigeon, formee parle passage du sang de lartere brachiale dans la veine mediane basilique. La tiuneur disparaissait par la pression directe, et en partie seulement par la compression de lartere brachiale. Le sang veineux remplissait done en partie la poche. La tumeur oCFrait des battements isochrones a ceux du ccenr. Le 20 femer, M. Jobert ide Lamballe) fit une ponction avec un ti'ocart , apres avoir fait comprimer prealablement lartere brachiale. Du sang veineux s'echappa par la canule. Six gouttes de perchlorure furent injectees dans la poche, et un morceau de diachylon fut applique sur la plaie. Le lendcmaiu on sentait manifestement un coagulum dans la tumeur, et les battements etaient devenus moins sensibles et par consequent plus obscurs. Mais au bout de quelques Jours la durete avait disparu ; les battements arteriels et le susur- rus se faisaient de nouveau sentir. L'anevrisme n'etait pas gueri. Le 24, une nouvelle ponction fut pratiquee, et cette fois six gouttes de per- chlorure , entre 15 et 20 degres de concentration , furent injectees dans la poche, apres qu'on eut touiefois relache la compression arterielle. C'cst alors quun jet de sang rouge poussa devant lui un melange de perchlorure de for, dalbimiine et de fibrine. Jl. Jobert de Lamballei poussa done le perclilorure dans la poche au moment oil du sang arteriel circulait dans lartere. La tu- meur se durcit, les battements cesserent, des douleurs violentes se declare- rent dans I'avant-bras, et des chaleurs vives suivirent le trajet des arteres ra- diale et cubitale. II y eut meme de la contracture dans les muscles de I'avant- bras; 11 y eut de I'insomnie. Mais enfin les douleurs cesserent ; la tumeur continua a se durcir. Un cordon se forma dans I'artere brachiale jusqu'a en- viron 1 pouce et demi au-dessus de la tumeur. Peu a peu celle-ci diminua, et 53 lorsqiie le malade fut preeenKi a la Society de biologie, il n'existait plus qii'une bosselure tres-resistante et im cordon suivant le trajet de I'artere bra- chiale. rv. — Chdhe. NOTE suR rs Noi"VE.\u PROCEDE d'a.\.\ltse du lait ; par le docteur Leconte, professeur agregc a laFaculte de medecine. Le lait joue un role si important dans ralimentation des jeunes animaux et meme dans I'alimentation de Tbonime, que depuis longtemps sa composition a fixe non-seuiement I'attention des physiologistes, mais encore celle de radministration chargree de veiller an commerce des substances alimentaires. Certes les methodes a I'aide desquelles on pent faire Vanalyse complete du lait dans les laboratoires ofifrent une precision qui laisse peu a desirer, mais dies exigent toutes des manipulations longues et delicates qui, malbeureuse- raent, se sont toujours opposees a leur introduction dans les recherches que Ton est oblige de faire cbaque jour pour determiner la qualite du lait. On a propose un assez grand nombre de precedes physiques dans le but de determiner la valeur commerciale et physiologique du lait, mais bient6t on fut oblige de les abandonner en raison du peu de certitude qu'ils offraient; car ceui qui reposaient sur I'emploi de la densite pouvaient etre mis en de- faut soil par I'addition de lean seule, soit par I'addition de quelques autres liquides. Les procedes reposant sur Topacit^ du lait pouvaient condnire a I'erreur toutes les fois que la fraude ajoutait au lait des corps solides blancs et opaques. Les recherches que nous avons entreprises avec M. le docteur de Goumoens sur les substances albumineuses me condulsirent natureUement a examiner le lait lui-meme qui en renfenne une si grande quantite. Dans ses interessantes recherches sur la composition du lait, M. Doyere a propose de trailer le lait par I'acide ac^tique etendu de trois parties d'eau ; dans ce cas on obtient un llquide trouble dont le beurre ne se separe pas spontanement, meme lorsqu'on le chaufiFe; mais on pent Tobtenir en jetant la Liqueur sur un filtre mouille, et Ton pent par I'evaporation d'une autre por- tion de lait obtenir les substances albuminoides et les doser, tandis que le poids du beurre pent etre obtenu en pesant le filtre qui le contient et en soiis- trayant de ce poids celui d"un filtre de meme dimension et mouille par la li- queur acide precedente. Ce procede ingenieux rentre dans la classe des pro- cedes de laboratoire et doit alors donner de tres-bons resultats. Est-il necessaire de doser mathematiquement tons les corps que renfenne le lait pour afTirmer qu"il a ete ou non falsifle? Je ne le pense pas ; car si Ton choisit comme corps a doser la substance que la speculation a le plus d'in- 54 t6ret a enlever on u diminucr do quanlite, en ajoutant de I'eau au lait, on aura compl(4ement r^solu le problfeme. De tous les corps que renferme Ic lait, le beuiTP est celui qui pr^sente la plus grande valeur commercialo; aussi I'un des moyens employes par la fraude, et c'est le plus frt-quent, con- siste a enlever aulait une grande partie de la raatierc butyreuse qui se rend a la surface sous la forme de creme ; ce lait ainsi ecr6me contient encore toutes scs substances albuminoides et peut encore jouer le r61e d'aliment, bien qu'il soit inDniment moins agreable que le lait naturel; mais malheu- reusemeut on pousse la fraude encore plus loin, etl'on ajoute assez souvent au lait ainsi (5cr^m6 une certaine quantite d'eau ; enfin d'autres fois les falsi- ficateurs ajoutent directement au lait une certaine quantit(5 d'eau qui diminue sa richesse en substances albuminoides et en matieres grasses. II results de ce qui pr(5c^de que toutes les falsifications du lait tendent a en diminuer notablement la quantite de beurre. Enfin si nous ajoutons que, d'apr^s les rechercbes de M. Boussingault, Payen, Regnault, Simon, Quevenne, Lehmann, Becquerelet Vemois,etc.,etc., les substances albuminoides du lait obeissent aui memes fluctuations que le beurre, nous aurons demontr6 que dans la plupart des cas il suflit de deter- miner ce dernier tilement pour connaitre la valeur du lait que la speculation lance dans le commerce et le pouvoir nutritif du lait fourni par les nour- rices. C'est en me basant sur ces considerations que j'ai imagined, apres de nom- breuses tentatives, le proced6 d'analyse et I'appareil cjue je vais actuellement decrire. Lappareil dont je me sers se compose d'un tube fermci a I'une de ses ex- tr^mites de 2 centim. de diametre environ et divis6 en cinq parties prescn- tant cbacune une capacity de 5 centim. cubes; a la partie sup^rieure de ce tube j'en sonde un autre d'un diamMre beaucoup plus petit et qui est divise en vingti^mes de centimetres cubes; enlln ii la partie superieure do ce dernier se trouve un autre tube semblable au tube inf(Jrieur, mais beaucoup plus court et sans divisions qui sert d'entonnoir et recoit les liquides qui se dilatent pendant I'op^ration. Lorsquou vcut faire une analyse, on mesure 5 centim. cubes de lait dans le tube inferieur, puis on y ajoute 20 centim. cubes d'acide acetique cristalU- sable, ce qui devient facile en raison des divisions grav(5es sur le tube; puis apres avoir ferme lorilice superieur avec un disquo ou un boucbon de verre, on agite pendant quelques minutes; lacas^inequi s'6tait coagul^e au contact de I'acide acetique se dissout peu a pen, et le beurre vient rapidement sur- nager la liqueur sous la forme de flocons blancs ; il suflit alors de chaufl'er avec une lampe a alcool pour liquefier le beurre qui foiine alors a la surface une couche limpide dont il est facile d'apprecicr le volume d'aprt's le nombre do divisions quelle occupo dans lo petit tube gradue. 00 Cette m^thode si simple peut 6tre employee par les personnes les plus 6tran- gferes a la chimie avec d'autant plus de facililrt qiie chaque operation n'exige que quelques minutes. Enfm il sufTit do quelques modifications leg^res pour transformer cc precede en un procd'de d'analyse, permettant dedoser, si on le desire, tontes les substances contenues dans le lait. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOOIE pendant le mois de mai 1854; Par M. Al. PORCHAT, secretaire. PRE8IDE\GE DE M. RMER. I. — Anatomie. CAS DE REIN UNIQUE chezl'homme ; par M. E. Labe, interne des li^pitanx. En faisant I'autopsie d'un vieillard mort a I'hospice dc Biceire, M. Labe s'a- percut que le rein gauche manquait sur cc sujet. Le rein droit (^^tait plus vo- lumineux qu'il u'est ordinairement. 11 u'y avait ni artere ni veine renale du cute gauclie; la vessie ne jiresentait aucune trace d'orifice d'un urctere gau- che; cet uretfere manque conipletement. M. Labe met sous les yeux de la Societc^ le rein droit avec ses vaisseaux. o8 I'aorto ot la vpinc cave, depuisle diaphvagme jusqira Voviginedps vaisseaux iliaiiuos, la vcssle ct ruretC're droit. Cost en vain qii'ila cliPi'clie a dt'Cou\iir lo reiii g-uiiclio, en decollanllepLTitoino jusqu'iilaconcavltp dn diapbragmc. Le rein droit occupait sa position norinale; son arterc (Malt longuo de G a 7 centini., la voinc dc j a (> centim.L'm-elere droit est unique ct ne se bifurqne nuUe part; uue injection faite par Ic bassinet du rein droit pcnctre dans la vessie ; niais elle nc fait issue dans aucun point sur le Irajet de Turet^rc. II. — PATIlOLOtilE. DELK OBSERVATIONS POIR SERYIR A L'llISTOmE AN.VTOMIQI'E DES IIYPERTROPIIIES DU SHIN ET DES r.RAMLATIONS CRISES DU POUMON ; par JIM. 1'. LORAIN Ct Cii. Robin. L'observation suivante ofTre I'exemple dun diagnostic cbirurgical in- firme par le microscope, et reciproquenicnt si Ton sc place an point dc vue clinique. Une tumeur du sein presentant tous les caracteres cliniques dun cancer ligneux est extirpt'-c. Cette extirpation est .justifi^e par toutes les rai- sons que pent et doit invorpier un excellent clinicien ; le diagnostic porte avant 1' operation est contirnie par Vexamen anatomique de la tumeui- fait a I'o'il uu; les suites de Toperation sent beureuses ence sens qu'aucune com- plication ncntrave la cicatrisation. Un pareil fail est a Fabri de toute critique; aussi nous a-t-il paru qu'on ne pouvait rencontrer de meillenres conditions pour exp(^'rimenter si le microscope donnait, dans ce cas, des r^sultats iden- tiques a ceux que donne la clinique, et s'il confirmait non pas le diagnostic cbirurgical ni I'opportunite de I'operatiou, ce qui nest pas le role du micro- scope, mais le nom donn(5 an produit morbide en question. L'anatomie gen6- rale ne pent pretendre a s'immiscer dans la patliologie, qu'autant cpie les cli- niciens acceptent le terrain de Vanatomie patbologique ; car s'il est vrai de dire que l'anatomie ne sufllt pas pour expliquer les fonctions des corps orga- nises et qu'elle est seulement un instrument cntre les mains du physiolo- giste, la memo chose peut se dire, a plus forte raison, de l'anatomie en pre- sence de la pathologic. De memo que les physiologistes, sans renier I'anato- mie qui leur estun puissant et indispensable auxiliaire, nela prennent cepen- dant pas pour base de leurs classifications, de meme les pathologistes nc peuvent prendre l'anatomie patbologique pour seule base de leurs classifi- cations. L'anatomie ne s'est jamais donn6 d'autre role que d'indiquer ce qui est anatomiciuement ; c'est a la physiologic et a la pathologic dc s'accommo- der derauatomic. Les pathologistes accepteront unjour comme les physiolo- gistes, sans les discuter, les fails anatomiqucs; pour cela il fant quel' anato- mic soil faite, qu'elle soil une, et qu'il n'y ait plus l'anatomie patbologique clinique et l'anatomie paUiologiqiie de laboratoire; alors le pathologiste re- 59 noncera a une classification fondee sur une anatomic imparfaite, etparsuitt- eirnin'C, Idle quo opIIc sur ]a(|Uollf il s'appuio cncorf fliiKine jiiiir. Obs. I. — La nuiladc qui faitle sujet de cctto obsorvalionost iinofeiiinindc 41 ans, d'unc bonne saiit(?, d'une taille au-dessus de la moyenne, bleu roglec. Elle est nee et a etc elevcc dans le deparlcment de la C6te-d'0r. Ellc a ct(5 re- glecalSans; elle aeutrois accoucliemciits a termc ct ses trois enfants sont vivants ; elle en a allaitc deux. Elle ne parait avoir subi I'influence d'aucuue nialadic hereditaire. 11 y a cinq ans elle est vemie u Paris, oil elle exerce la profession de domestique. 11 y a trois ans, ellc sentit pour la picmiere fois une lumcur tri^s-petite encore, a la partie inft'rieure de Taisselle droite sur les limites de la mamelle; cette luuieur etuit mobile, lenfe dans son developpement et non exempte de douleurs. La malade ne pent assigner aucune cause traumatique on autre ii sa maladie. Peu a pen la tumeur de- vint moins mobile et finit par adherer an reste de la mamelle avec la- quelle elle se confondait; les douleurs devinrent vives dans ce point. Interrog^e sur la nature de ces douleurs, la malade nous dit qu'elles etaient lancinanles, intennittentes, exasperees par Ic toucher, le moindrc frottement et par les mouvements imprimes an membre thoracique du cote droit. La malade croit mSme devoir confondre dans cette cause unique ct les douleurs localisees dans la mamelle, et d'autres douleurs rlmmatoides qui survinrent dans I'epaule et dans le bras de ce cote. On Yoit que les douleurs n'ont pas manque ici, et c'est un sigue sur lequel nous insistons, parce qu'il a ^te donne comme accompagnant de certaines alterations anatomiques de preference. Depuis plusieurs mois la tumeur a augmente de volume ; elle est devenue fortement adherente a lapeau; elle occasionne des douleurs assez vives et donne lieu a des preoccupations qui sout Justilic^espar I'opinion de plusieurs m(5decins. Cette femme entre a I'hdpitaldans les derniers jours du mois d'avril 1854. On constate a la fois la presence d'une tumeur mammaire d'un mediocre vo- lume et de ganglions indures sous I'aisselle. Au niveau de la tumeur exisle une petite depression rougeatre ressemblant a une cicatrice. Dans ce point, la peau est dure et adhere intimement a la tmneurdont la forme est irr^guliere, qui est mal limit(''C etoffre une tres-grande durete. On diagnostique une afl'ec- tion cancereuse du sein, avec alteration identique des ganglions axillaires. Tout le reste du sein est intact ; le mamelon, I'aureole, la glande dans toule son etendue, sauf au point indiqu(5, olTrent les caractferes normaux. L'op^ra- tion est pratiqu(5e. Deux incisions circonscrivent la tumeur qui est enlevee avec la portion de peau correspondante; on ne pent euucleer cette tumeur qui est mal limit^e et se confond de toute part avec le tissu sain ; les ganglions engorges sont recherchfe dans I'aisselle ct extirpes. Aucun incident notable GO n'a marqu6 cette operation, et la maladc a pu quitter I'liOpital un raois aprfes, la plaie etant entit^reraent cicatris6e. Lorsque la tumeur fut enlev(5c, on I'examina aussit6t ; on la fendit ; on vit qu'elle 6tait dure, criait sous le scalpel, formait une masse tr^s-distincte de la glande, ct le diagnostic parut conflmie. Void quel etait I'aspect de la partie malade : Au milieu du tissu mammaire sain, une petite masse de 4 centim. de diam. trancliait par sa couleur, sa consistance, sa forme avec le rcste de I'organe ; elle (5tait jaune, et a la coupe de nombreux filaments blancs jaunutres la par- couraient et s'61evaient irrdguli^rement sur les surfaces incis6es. On ne pou- vait 6nucl6er cette tumeur qui se continuait avec la glande ; aussi fut-on oblige de coupcr dans les tissus sains, lout autour. La peau etait tres-adlie- reute a la tumeur et ne pouvait en Stre siiparee. Cependant on n'en exprimait pas le liquide connu sous le nom de sue canc(5reux. 11 n'c-tait pas possible d'^craser sous les doigts le tissu malade, il avail une dureW particnliere. Mais de tels caracteres pr^cisds dans la forme, la couleur et les apparences exterieures ne nous parurent pas de nature a etablir une certitude, et nous voulijmes savoir quels etaient les elements anatomiques de cette tumeur. ExAMEN MicKoscopiQUE. — Si Tou examiuc au microscope les filaments jaunes qui ressemblent a des polls coup6s ras et qui se voient au cen- tre de la tumeur, on reconnait que ces filaments ramifies plus consistants que le resle du tissu et qui lui otent par place son aspect homogene gii- satre demi-transparent, sent composes enti6rement de fibres (^lastirjues dont la largeur varie de 1 a 2 milli^mes de millimetre. Ces fibres elastiques sont flexueuses , ramifl(5es , anaslomos(5es , disposees en couches , conune on le volt dans les membranes muqueuses a (5pitb(3linm parvimenteux et comme on le voit aussi a I'^tat normal dans les conduits galactophores ; seu- lement ici ces fibres sont beaucoup plus rapproch(5es, beaucoup plus serrdes, immediatcment contig-ues les unes aux autrcs, nullement m(51ang(''es de tissn cellulaire, ce qui leur donne un aspect exterieur beaucoup plus (^K'gant que dans les muqueuses. On pent isoler des fragments de ces filaments ([ui, portds sous le microscope, ofTrcnt I'aspect canaliculc Ic plus net. On pent alors con- stater cju'ils sont representds uniquement par une gaine complete de tissu elastique. En outre, plusieurs d'entre eux renferment encore de I'e^pitlidlium pavimenteux a noyaux ovo'ides, a cellules petites, finement granuleuses. La plupart de ces noyaux manquent de nucleoles, et cbez ceux qui en out, ce nucl^ole est toujours trfes-petit. Les fails les plus remarquables a signaler sont ceux qui concernenl la structure du tissu morbide. Dans la tumeur meme se voit un tissu homogene gris;"itre; ce tissu est en- tiferement compose; dc culs-de-sac glandulaires, sans melange d'autres Ele- ments anatomiques , aussi lorsqu'avec le scalpel on grattc la surface du tissu, 11 so r(^duit en pulpe homogene sans pourtant donner de sue a la pression ni 61 par auciiu autre moyen. Lcs cals-dc-riac glaudulaiicri oirrciit unu laigcur double en moyenne de celle des culs-de-sac normaux et quelcjueibis tiois fois plus.Tous sans exception ofTrent une paroi propre reduite a une mince couche de substance araorplic; tons egalement sont tapisses par un e[)itliclium pa- vimenteux acellules tres-petites ne depassant pas 15 milliemes de millimetre; elles sont rcgulierement pavimcnteuses ou prismatiques, tres-serrces les unes contre les autrcs, unilormemcnt granuleuses. Toutes renferment un noyau scmblable a I'epithelium nuclcaire de la mamellenormale, mais toutc- fois olTrant une forme un peu plus sphcrique. Ces noyaux sont egalement lincment granuleux, tanlot pourvus de uuclcoles, tantot n'en oirrant pas. Dans un certain nonibre dc culs-dc-sac on observe des cellules offrant uue di- latation vesiculiforme qui leur donne un diametre double el triple du dia- metre normal. Les cellules ainsi dilatees sont completemcnt claires, liomo- geucs, transparentes, sans granulations, tantot isolees au milieu des cellules plus granuleuses et polyedriques ; mais plus souvent elles sont reunies en nombre plus considerable et sc comprimeat mutuellement, ce qui leur donue une disposition fort elegante. Beaucoup ont un noyau rpii est spberique au lieu d'etre ovolde, noyau gcneralement depourvu de granulations ct de nu- cleole. G'est, du reste, la une modification des epitheliums (pai est commune dans les hypertrophies glandulaires, ainsi que dansrepithelium dc la capsule ducristallin. Elle a deja cte decritc par I'un de nous dans un autre travail. En comparant le tissu sain de la mamellc qui se continue sans interruption avec la partie maladc, mais qui olTre a une certaine distance I'aspect ordinaire du tissu mammaire, on observe les dispositions suivantcs : les culs-de-sac offrent ici la grandeur ordinaire, mais ils sont separcs lcs uns des autres par du tissu cellulaire, ct ca et la quelques vesicules adipeuses, comme ou le voit dans la mamellc normalc. Ccs culs-de-sac mammaircs sont tapisses d'un epithelium nuclcaire dans un certain nombre d'enti-e eux, et clans d'au- tres deja passes en partie a I'etat pavimenteux, en sorte que les gaincs epi- tiu'lialcs sont composecscn partie d'epithelium nuclcaire et en parlic d'epi- liielium devenu pavimenteux, tout a fait semblable a celui que nous venous de decrire dans le tissu malade, si ce n'est que les noyaux ont une forme ovoidc ct un peu allongee, comme a I'etat sain, disposition que nous avons indiquec etre un peu moins prononcce au centre meme de la tumeur. Colons que dans ccs cellules d'epithelium comme dans cellcs deja decrites, ilen est quelques-unes qui sont ovo'ides ou prismatirpies au lieu d'etre parfaitemenl pavimenteuscs. Ainsi, en resume, ce qu'il y a d'essentiel a signaler dans la tumeur, ce qui coucourt a lui donner son aspect homogene, c'est (en dehors dc I'hypertro- phic, des culs-de-sac et des epitheliums) I'atrophie des elements anatomiqucs interposes aux culs-de-sac (tissu cellulaire et vesicules adipeuses). Ganglions. — Le tissu des ganglions ofl're I'aspect extcricur des portions de 62 la tumeiir qui ne sont pas melaugees des filaments ^lastiques jaunatres decrils en conimenrant. Cc tissu, place sous le microscope, offrc cc fait rcmarqual)le d'etre entiercmcnt compose de galnes epithclialcs qui ont Jcsnienics modes de ramifications et dc tcrminaison en culs-dc-sac arrondis, que nous venons de dt^crire d'aprcs I'examen de la tumeur. Ces cul-de-sac ofTrent les memos dimensions, c'est-a-dirc en moyenne 8 ccnticmcs de millimetre ; ils vont se Jeter dans des conduits communs qui ont le double ou le triple du diamolrc que nous venons de donner. Ces conduits ont un epithc^liura scmbluble a celui des culs-de-sac. Voici (juels sont les caractftres dc cet 6pilhrllum : Cot epitlii'lium est princi- palcment pavimcutcux. a cellules parfaitcmcnt rcgulicres dans le plus grand nombre des culs-de-sac, melange pourtant de ccllules.prismatiqucs ou cylin- driques ou ovo'idcs dans quelques-uns (renire eux. Dans un certain nombre de culs-de-sac, eniin, on peut constater la presence d'uu assez grand nombre de cellules epithclialcs nucleaires, semblablcs a cclles que nous venons de signaler dans les portions encore saines dc la maraclle. Cos epitheliums nu- cleaires, comme les noyaux existants dans les cellules, sont pour la plupart ovoides ou spbcriques comme un certain nombre de ceux du tissu morbide preccdemment deer it. Quelques-uns d'entre eux sont a contour un pen irre- gulier ; ils sont fincment granuleux, mais la plupart manquent denuck'olc. Quant aux cellules elles-memes dans Icsquelles se trouvent places ces noyaux, elles ont tellement I'aspect ext(5rieur des cellules prises daus la mamelle ma- lade, que vouloir en donner la description serait vouloir aussi repetcr cc que nous avons dit plus haut. On y trouve meme les cellules dilatees en forme de vesicules transparentcs dont nous venons de donner aussi la description. Notons que les seuls elements anatomiqucs qui, dans les ganglions, accom- pagnent les culs-de-sac mammaires sont des dements (Ibro-plastiqucs, avcc une petite quantite de matiere amorphe granuleuse ct un assez grand nombre de gouttes graisseuses libres. Obs. II. — Un cadavre qui servait a des demonstrations anatomiques et dont I'origine nous est restce inconnue malgre nos recherches, nous a fourni Ic sujet de cettc observation. Ce cadavre etait celui d'une femme de 45 ans, de taillc flioyenne, qui prti- sentait les signes suivants : maigreur extreme, oedema des membres infe- rieurs, etroitesse du thorax. Des vergetures nombreuses sur la peau del'ab- domen et Tcxamen des organes genitaux montrcnt que cette femme a eu an moins un accouchement ; rut(5rus n'oflfre pas les caract6res d'une gestation recente. La percussion pratiquee sur le thorax donnc un sen a peu pres mat dans la hauteur en arriere. Les caracteres exterieurs du cadavre semblent indiquer que la mort est survenue a la suite dune maladie organique longue avec gene dans la circulation. 63 Lexumeii des organes abdoiuinaux nous luil voir un pcu de sorosite epan- fli6e dans le petit hassin et des hemorvhagies formant des collections de sang noir coagTile, sous la niuqueuse de lintestin grCle, dans la derniere portion de I'ileon (melcBna). Les ganglions mcsentcriques sont sains. Lecerveau etles meninges n'ont rien prcsentc de particulier. La poitrine ayant etc om'erte, on trouve les deux poumons partout adhe- rents a la pl6vre costale dent ils ne peuvent etre detaches sans effort. Lc cceur est sain ; le pericarde coutient une quantite de serosite plus grande qu'a I'etat normal. Les poumons ont tout d'abord frapp6 notre attention par leur poids et par leur volume considerable, par leur defaut d'^lasticitd et par le nombre incom- mensurable de noyanx d'apparence tuberculeuse qu'ils renfcrmcnt. A la coupe, ils offrentun aspect graniliquc, rudes au lonelier surles surfaces; in- cises ils sont, suivant Tesp^rience consacree, formes de petits noyaus; gri- satres, non pas arrondis comrac les tubcrculcs le sont d'habitude, non pas jaunes et casceux, mais cubiqucs et grisatres, assez durs pour la plupart. Cependant un trcs-grand nombre de foyers on cavcrnes sont dissemines dans la masse pulmonaire. Le plus generalement ces cavernes logeraient un pois ou unc avcline ; mais aux deux sommets se voicnt d'immenses caveracs (lui n'ont pas moins dc G a 7 centimetres de diametre. Dans les plus pc- titcs de ces cavites, on trouve une substance grisatre qu'on racle facilement avec lc scalpel et qui rcssemble a de la matiere tuberculeuse. Dans les grandes cavernes, les parois sont sculement tapissces par cette sulistance. Un epaississcment et unc liypcrtropliie considerables du tissu cellulaire don- nent a ces cavites un aspect analogue a celui des oreillettes du cocur ou des vessies a colonnes. Les bronches sont partout epaissies, dures, beantes. Tout I'arbre aerien est j usque dans latrachee rempli d'une matifere gi'ise d'aspect purulent qui laisse encore le passage libre a I'air dans les grosses bronches, mais obture cntie- rcmcut les bronches d'un petit calibre. Ces alterations n'appartiennent pas a unc partie des poumons ; elles en ont envahi tous les lobes sans distinction. Le tissu pulmonaire est encore per- mealde a I'air et surnage. Ayant examine tous les ganglions bronchiques que nous piimcs trouver, nous n'en rencoutrames aucun qui ne fiit sain. Quelques- uns seulement ont une teinte noirctres-prononcec. Onfut ctonne de voir que, en presence dc lesions aussi considerables du poumon, les ganglions fussent sains, conlrairement a ce qu'on voit d'habitude. Quel nom donner a ces alterations ? Le nom de phthisie pulmonaire, d'infd- tration tuberculeuse, nous a paru correspondre assez exactement a ce cas ; cependant I'examcn niicrographique nous a donne un tout autre resultat. ExAMEN ANATOMiQUE. — A la coupc du tissu pulmouaire, on peut constater qu'il est entierement parseme de granulations eloigndes au plus, lesunes des 64 aiitres. dun dcim-centinietrc. Dans quclqucs points, files riont prcsque con- fluentes ; par places, m^me, elles formeut de petits amas larges d'un cpiart a un demi-centimctre, ayant en tout sens a peu pres le volume d'un pois. Les autres granulations nc depassent pas, au contraire, Ic volume d'une tete dcpingle; cellcs-ci sontbeaucoup plus nombreuses que Ics amas plus volu- mineux ; toutes sont remarquables par leur aspect gris perle demi-transpa- rent ; a la coupe, elles font saillie a la surface du parcnchyme sain et lui don- nent un aspect rugueux qui vieut verifier le toucher operc a I'aide de la pulpe du doigt. Cette saillie, la coloration, la demi-transparence, la teinte grisatrc, rendent tres-distinctes les gronulations grises a cote du parenchyme pulmo- naire, qui a conserve son elasticite, sa teinte gris rose avec de fines ponc- tuations ou trainees de cbarbon pulmouaire. Ca et la se trouvent quelques ca- vemes rcmplies d'un licpiide qui a la consistance du pus crdmeux, mais qui oflre une plus graude viscosite. On y trouve meme des grumeaux demi-so- lidcs s'ecrasant sous la prcssiou comme une masse dilTlucnte. Ce liquide est grisatre ou dun gris rougeatrc dans la partie centralc des cavemes. Les gru- meaux dont nous venons de parler offrent seuls une teinte jaunatre, qui est celle du pus. Eu outre, les parois des cavernes sont tapissees d'une couche demi-solide pultacce qui se detacbe par Taction de racier avec la plus grande facilite sous forme do grumeaux. Cette coucbe est plus visqncuse ct ofTrc un pen plus de tenacitc que cellcs qui sont au centre des cavernes. Inunediatement au-des- sous d'elle so trouve le tissu pulmonaire avec son aspect granitique et son immense quantitc de granulations grises. Ici, plus que partout ailleurs, ces granulations sont confluentcs, confondues par leurs bords et plus molles quo dans Ic rcstc du tissu. Qucllcs que soient du rcste leur moUesse et leur con- fluence, nous dirons do suite qu'elles offrent la m^me structure que les gra- nulations plus donscs dont nous avons parle en commencant cette descrip- tion, structure dont nous ferons mention plus bas. Lorsque, par Taction de racier, on enleve les granulations grises, con- flucntes, molles et visqucuses, etqui n'ont pas la mollesse caseensedn tubcr- cule, on arrive peu a peu sur une coucbe formcc de faisccaux cntre-croises, arrondis, constiluant une parol complete, ou bicn qui luisse apercevoir entrc les faisceaux des points gris, roses ou noiratres, constitues par du paren- chyme pulmonaire que ces faisceaux n'ont pas reconvert. L'entre-croisement de ces faisceaux est des plus remarquables; ou nc pent meme le comparer, pour Taspect exterieur, qu'a celui des colonnes du caur, ct en particulier des auricules. 11 est dc ces cavernes, et ce sont les plus grandcs dccrites iilus baut, dans Icsqucllcs cette coucbe de faisccaux reticules a fini par tapisscr complctcmcntlc tissu dupoumon et ne laissc plus a nu aucunc trace dc paren- chyme. Notons imm«;diatement que ces faisceaux sont composes de vaisseaux puhnonaircs obliteres ou non, mais pourtant oblitcrcs le plus souventct tou- 65 jours entoures d'une couche de tissu fibreux accompagne de matiere amorphe, couclie ussez epai??c. Laplnpart d'ontre eux pourtant sont composes dc tissu cellulairc et de faisccaux elastiipies du pareiichymcpulmonaire. Ces faisceaux provieiinent evidcmment du parencliyme dontles autres elements out ete dd- truits; ils occupent surtoul Ic centre dcs faisccaux du tissu celluiaire qui, comme nous I'avons dif , les accompagne. Avec cos elements, il faut noter une certaine proportion d'elements (ibro-plastiques ctsurtout de matiilTe amorphe granuleuse. Telle est la constitution intimc de ces faisccaux qui, ainsi qu'on le Toit, sont plus remarquablcs par leurs dispositions physiques, que n'est importantc leur structure au point de vue pathologique. Le contenu dcs cavernes est forme des clc^ments suivants : la portion qui est d'un gris rougeatre et visqueux (portion la plus abondaute) est composee surtout de globules de pus ; on y trouve en outre des epitheliums, les uns cylindi'iques, comme ceux des brooches, les autres pavimenteux, comme ceux des culs-de-sac puhnonaires. Des globules sanguins en assez grande proportion donnent a ce liquide purifonne sa coloration rougeatre. Des corps dits granuleux de rinflammation les accompagnent. Enfin une proportion con- siderable de granulations moleculaires se trouvent en suspension dans ce mu- cus avec les elements precedents. iVous iie devons pas omcttre de signaler aussi dans ce liquide quelques faisceaux de llbres elastiques pulmonaircs qui y sonttoujours entourees de matiere amorphe, granuleuse, molle et facile a dissocier. Quant aux grumeaux jaunatrcs dont nous avons parle precedem- ment, quant a la couche egalcment jaune, visqueuse, pultacee, qui tapisse plus immediatement les faisceaux fibreux entre-croises dont nous avons parle, et les granulations grises conlluentes encore interposees a ces fais- ceaux, cette couche, disons-nous, est essentiellement du pus. Nous ne met- tons pas en doute que sa consistance et sa couleur ne la fcraient nommer tu- hercule par ceux qui se contentent des apparences pour porter un diagnostic. Pourtant cette couche ne renferme absolument que les elements dont nous al- iens parler. Une grande quantite de globules de pus faciles a reconnaitre a Tensemblc de leurs caracteres exterieurs. Quelques-uns, qui sont sans noyau apparent, et un peu irreguliers, comme toutes les fois que du pus a scjourne longtemps dans une cavite, pourraient peut-etre, au premier abord, ofl'rir quelque analo- gie avec les corpuscules tuberculeux ; mais I'emploi de I'acide acetique, en fai- sant disparaitre les granulations et rcndant plus transparente la masse du lo- bule, met aussi en evidence un, deux et meme trois noyaux daus ces corps. II est important de signaler cette reaction, car le seul Element avec lequel puisse etre confondu celui du tubercule, ce sont les globules du pus concret ou demi-coucret Mais on salt aussi que la reaction de I'acide acetique vient lever toute esp6ce de doute, engonllant Ic globule depus qui s'ctait deforme, en faisant apparaitre son noyau ou scs noyaux, tandis que, lorsqu'il s'agit de c. R. 5 66 lelement tuberculeux, celui-ci esl seulemeiu pali s;ius clre goiille, et surtout I'absence de noyau le distingue bien dcs elements du jius. \ [lart les globules dn sang, on trouve dans cctte couche et dans ces gru- meaux jaunatres, tous les (Elements autres cjuc Ic pus donl nous avons parle tout ii Ihourc, a I'exceptlon toutcibis des globules sanguins. Nous n'insisterons pas davantage sur ce fait. Nous ari'ivons actuellemeut a I'examen dc la struc- ture des granulations; elles sont composees : 1" d'uno grandc rjuantile de matiere amorphc linemeut granuleuse, grisaire, qui forme uue grando partie de la masse ; 2" de quelques elements tibro-plastiques, mais en minime quan- tite ; 3" souvent, mais non dans toutes. de corps granulcux ; 4° d'Opithelium pulmonaire, surtout paviuieiiteux ; o" dc faisceaux dc lissu clastique empales dans la substance amorphe etn'ctant plus accompagnes paries fibres de tissu cellulaire qui les accompagnent dans les poumons sains ; 6° eniin on y trouve des elements anatomiqiies parliculiers decrits par I'un dc uoiis daus le traits des maladies des enfants de .M. Bouchul i I85'2i. Ces elements sont rcniarquables par leur forme spherique on apeu pres spheriquc, Icurs contours fonces, rare- ment un pen onduleux ; leur diametre ne depasse guere 7 milliemes de mil- limetre; mais, dans la grande majorite, il est dc 5 milliemes de millimetre. I'acide acetique ne les attaque pas et les rend plus fences. Leur volume, leur contour, les fines granulations qu'ils renl'erment dans leur int(5rieur, ne per- mettent pas de les comparer aux noyaux des globules de pus ; nous ajoutons cette remarque, pavce que ces elements se trouvenl quelquefois en petit nombre dans le liquide puriforme des cavernes de ce poumon. Jvous devons noter en terminant que les granulations connuentcs, mais plus molles que la plupart des autres, qui existent a la tace interne des cavernes entre les faisceaux reticules donl il a ete plusieurs fois question, renferment aussi quelques globules de pus, et il en est de meme des amas de granulations atteignant le volume d'un pois et plus molles au centre qu'a la peripherie, dont nous avons fait mention au commencement de cette description anato- mo-pathologique. Ce que nous avons a dire de la structure des ganglions, bien que se bornant a quelques courts details, est cepeudant fort important. Tous, en efTet, sont entierement sains, c'est-a-dire ne renferment autre cbose que les elements normanx des ganglions, plus la fine poussiere do cbarbon ([ui les noircit ; cette poussiere, du reste, n'y existe pas en tres-grande quautite. Remarqves.— Les granulations que nous venous de decrire constituent une alteration qui n'cst pas rare; elles ont du certainemeut etre quelquefois con- fondues, a Iffiil nu, avcc les tuhercules miliaires ,- pourtant cllcs ne renferment pas dY'lements tuberculeux. L'observation poursuivic a I'aide des nioyens ac- tuels d'investigation montrera dans quelles limitcs cette alteration est inde- pendante du tubercule, si oul ou non elle peut coincider avec lui. 11 est d'au- tant plus important de faire connaitre la structure de ceproduit morbide, que 67 ces granulations se rencontrent assez frequemment a la Tois dans les meninges et dans les reins, lorsqu'elles existent dans le pounion. Leur structure est la meme dans ces differents organes, sauf les difTerences apportees par les epi- theliums pulmonaircs. Leur aspect exterieur est le mcme aussi, sauf habi- fuellement une coloration un peu plus opaque dans les reins. La persuasion oil nous sommes generaleraent quen dehors du cancer, les poumons ne peu- vent gu^re etre attelnts que de tubercules, a fait bien des fois considerer comme tubercules les granulations des mc^ninges, lorsque ni celles des pou- mons ni cellos des meninges n'etaient des tubercules. Nous ne parlous pas de celles des reins, car il est bien rare que, dans un cas de m^ningite, par exam- ple, ou d'afTection pulmonaire, on songe a donner a Tinspectiou du rein le soiu quelle merite. Lorsqu'on voit la persistance avec laquelle le tubercule, avec ses elements anatomiques ou corpuscules caracteristiques, avec sa couleur jauuAtre, son aspect casecux, etc., en masses de volumes divers, se fixe a la fois au sommet des poumons seulement et dans les ganglions lyraphatiques en meme temps, tres-generalement du moins, on se demande comment on a pu considerer des granulations uniformement cparscs dans tous les lobes pulnionaires et ne se montrant pas dans les ganglions comme etant le premier degre ou stade, du developpement du tubercule. 11 resulte de cettedcuxieme observation plusieurs fails importants qui sont communs aux granulations grises du poumon, a celles du rein, des meninges et de divcrses sereuses, granulations qui, ainsi qu'onlesait, coincident quel- quefois dans toutes ces parties du corps en meme temps. II resulte, disons- nous, de cette observation, que les granulations grises sont des produits morbides parfaitement organises, ayant leur constitution anatomique propre; ils rcnferment en effet des elements de forme, de volume et de structure bien determines, le tout rcuni par de la substance amorphe grisatre, accompagnee ou non, selon la nature des organes raalades, des elements qui composent le tissu oil siege la granulation. Ces produits morbides sont done bien diffe- rents des tubercules ; ils constituent un produit morbide a part et offrent une marche qui lui est propre. II est incontestable que le tubercule, avec ses elements ou corpuscules ca- racteristiques, peut venir conipliquer ce produit. Cette complication est in- contestable, mais sa frequence reste a determiner; il est incontes- table aussi, et la structure des granulations grises le prouve, que ces pro- duits-la ne sont point un blasteme qui prepare la g(''n(5ration du tubercule ou qui scrait destine a se transformer en tubercule ; il ne faudrait pas croire non plus que c'est une varii-te du tubercule, que c'est du tubercule imparfai- fement developpe, car le tubercule peut se presenter en grains ou amas plus petits queles granulations grises, et a cette epoque U offre nettement deja ces rorpusculescaracteristiques, offrantlescaracteresqu'ilspresenteront toujour? , 68 rapproch^s les uns centre les autres, donnant ainsi iuii?sancc a dc? produits dont I'aspect est de prime abord jaunatre. En resume, les granulations grises : 1° Ne sont pas du tuberculc ; 2° Elies no sont pas un produit destine a preparer la production du tu- berculc; 3° Elles ont leur marcbe indcpendante et meritent d'etre classees a part parrai les produits morbides ; 4" Le tubercule pent venir compliquer cette marcbe ; mais alors il suit sa marche propre caracteris^e par son developpement siraultanc dans les gan- glions lymphatiques correspondants, etc., du nioins ordinairement, ce cpie ne font pas les granulations grises. 2° CAS DEGALE CHEZ l'homme ; obsevve par M. Ic docteur Boeck (de Stockbolm). EXAsiEN DE l'acarvs ; par M. le docteur Bourguig.non. M. le docteur Boeck (de Stockbolm) a eu I'occasiou d'observer un cas de gale avec formation de croiitcs epaisses rcpauducs sur presquc tout Ic corps et composees d'acarus morts, de cellules d'epitbelium, de s(iuanunes, etc. M. Boeck a d'abord cru voir dans cette affection une gale dilFcrente de ceUe que nous connaissons, et il avail meme constate des differences entre les acarus qu'il a trouves sur ce malade et ecus dc la gale ordinaire; mais de nouvelles observations qu'il a failes sur d'autres individus atteints dc cette forme de gale ont modifie ses opinions. 11 pense aujourd'luii, conuiie M. Bourguignon, a qui il a euvoye des croiites recueillics sur ses malades, que les acarus observes dans les croiites sont bien ceux de la gale ordinaire, de telle sorte que les notions fournies par cette curieuse forme de psore s"e- loignent moins qu'on ne serait porte a le croire des connaissances acquises a ce sujel. HI. — TeR.ATOLOGIE VEGET.\LE fasciation CHEZ LE TULiPA GESNERiANA ; notcluca laSocic'tc par M. le docteur Germai.\ (de Saint-Pierre). Je prcsenle a la Soci(!^t6 uneplantequi offre I'exemple d'un etat teratolo- gique assez int(5ressant ; c'estun individu cultive du tulipa gesneriana, cbez lequel la deformation de la tige designee par les auteurs sous le nom de fas- cialion existe en meme temps qu'nne augmentation de nombre considerable cbez les diverses parlies dc la lleur, et notamment cbez les carpclles. Le pbenomene de la fusciation, qui consiste cbez les tiges en une hyperlro- pbie accompagnce d'aplatissement et souvent de dedoublement, est souvent confondu avec les soudures longitudiuales entre plusieurs tiges ou plusieurs 69 ramcaux, soudurcs qui se rcncontrent assez souvent dans la nature, landis que Ic pbcnomene de la fasciation est au contraire tr^s-frequent. Cliez I'individude tulipa gesneriana que ie soumetsarexamendelaSoci^t^, la tige, aplatie et volumLncuse, pr6sente I'aspect de plusieurstiges soudees latc^'raloment entre cllcs; le fruit scmble ^galement au premier aspect etre le resullat de plusieurs fruits soudcs entre eux. L'examen attenlif de cette plante demontre cependant que le phenoinfene de la fasciation dont elle est le si^ge est completement etranger au plienomene de la soudure ou fusion entre plu- sicurs tigcs. Ell ciTet, un bulbe isoM de iulipa constitue un seul bourgeon qui dcYient, en se developpant, une tige definie, laquelle s'^puise et se termine en une inllorescpnce uniflore; or, oiiil ne pcut y avoir deux ouplusieurs tiges, il ne pent cxisler de soudure entre plusieurs tiges. On pourralt objecler, il est vral, que la tige ou inflorescence terminate du tulipa etant feuiU^e, il ne serait pas impossible que desrameauxnaquissentanormalementderaisselle dcs fcuillcs et pusscnt se souder entre eux ; mais on rcmarquera que, dans un cas sem- blable, les rameaux partant de I'aisselle des feuilles constitucraicnt dcs co- lonnes saillantes sur la tige principale, colonnes qui seraient disposdes cir- culairement commelcs insertions des feuilles ; or, dans le cas pn'-scnt, ilu'en est point ainsi, la tige est comprimee selon deux faces, et des slllons et uon des cannelures s'observent sur la tige au niveau et au-dessus de I'insertion des feuilles. J'ai dit que le bulbe est unique, et ilsemble multiple au premier coup d'oeil; mais il ne faut pas confondre le bulbe mfere, mainteuant fl^tri et epuise, cpii s'est termine dans la production de la tige florifere, avec les jeunes bulbes n(^'S a I'aisselle dcs feuilles squammiformes du bulbe mere et qui constituent une nouvelle generation de bulbes, lesquels, selon leur volume, fleurirout I'ann^e suivante ou plus fard. Passons a I'inflorescence. Cette inflorescence est normalement terminate et uniflore. Les sepales, les petales et les etamines, actueUement tombes et de- truits, dtaient comme les carpelles, ennombre beaucoup plus grand qu'a I'c- tat normal, ainsi que le d^montrent les cicatrices que Ton observe sur le re- ceptacle, a la base de I'ovaire. Los carpelles, bien que tres-nombreux, se sent d^veloppes en volume aussl foilement qu'a I'^tat normal, ce qui n'a rien de surprenant, puisque la plante est dans un 6tat d'bypertrophie et que I'exagdration de la puissance de scs fa- cultcs nutritives est considerable. Ces carpelles sontau nombre de onze (on sail que le nombre normal est trois chez les espfeces du genre tulipa) ; or le nombre onze n'est pas un multiple de trois, I'augmentation du nombre des carpelles est done tres-probablement au mo ins le resultat de I'exuberance de la force vegetative de la plante, sans que cette augmentation presentc de re- lation avec le nombre dcs carpelles a I'etat normal. 70 A I'occasion de pliisieurs autres communications sur le phSnomfene de la fasciation, je d^montrcrai que les tiges fascines pr^sentent g(5n^ralement une augmentation considerable du nombre des feuilles dans toute leur 6tendue, et j'expliquerai le curieuxmdcauisme de cette augmentation de noinbre; or si les feuilles foliac^es sont beaucoup plus nombreuscs chez Ics tiges fasciees que chez les tiges normales, on no doit pas elre surpris que les feuilles modi- flees qui constituent les organes floraux et notamment les feuilles capil- laires, soientaussi beaucoup plus nombreuses qu'elles ne le sont dnns lelal normal. COMPTE RENDU DES SEANCES DE f r LA SOCiETE m BIOLOOI peinuant le mois de juin 1854; Par M, Al. FORCHAT, secretaire. PKESIDENGE DE M. RHVER, 1— Anatomie. ANOMALIE DE LARTERE FEMORALE ; pav M. Ic dOCteur AUZIAS-TURENNE. M. Auzias-Tiirenne a rencontre, siir un sujel qui servait aux dissections, a I'Ecole pratique, une anomalie de I'artfere f^morale consistant en une diminu- tion considerable du calibre de ce vaisseau, modification qui co'incidait avec la presence d"iin tronc volumineux proveuant de I'art^re ischiatique et don- nant naissanee a I'arlere poplit(^e. L'artuie femorale se leraiinait par un ra- meau auquel faisait suite I'art^re grande anastomotique. 72 Le troac volumineux lournt par rischiatiquc n'itait accompagn^ d'aucune veine. La disposition dcs vcines n'avait pas ^te indiqu^e dans la description d'un cas analogue observe il y a une vingtaine d'annecs. La position de I'artere anormale signalee par M. Auzias-Turenne est telle, que Toa aurait pu en sentir les battements pendant la vie. 11. — Physiologie normale et pathologique. 1« EXPERIENCES RELATIVES A LA SIANIERE DONT SE FAIT L'ENDOSMOSE A TR AVERS LA PEAU DES ANGUILLES ET DES GRENOUILLES ; par M. Cl. BERNARD. M. Cl. Bernard a entrepris des experiences dans le but de connaitre les con- ditions qui font que certains animaux vivent dans I'cau sal(5e, tandis que d'autres ne peuvent pas y vivre. Ces conditions se rapportcnt a certains fails d'endosmose. Lorsqu'on fait des experiences endosmom^triques, en so servant d'line peau d'anguille pour separer de I'eau d'avec une solution de selmarinlconte- nant 3 p. 100 de sel), il y a endosmose de la solution de sel vers I'eau. Mais les choses se passent dune mani^re differente, selon que Ton oppose a I'un des deux liquides I'une ou I'autre face de la peau d'anguille. L'endosmose se fait tres-facilcment de dedans en dehors et tres-facilenient de dehors en dedans. Lorsqu'on repute les memes experiences sur des grenouilles, on n'observe pas le menie phenoniene : l'endosmose se fait aussi bien par une surface que par I'autre. On peut rendre la peau des angiailles indiffcreute, et semblable, sous ce rapport, a celle des grenouilles, en enlevant la couche de mucus qui la revet et qui empeche le sel de pen^trcr par la face externe. Cette propriety de la peau des anguilles pent expliquer comment il se fait que ces animaux vivent dans I'eau salec, tandis que les grenouilles y perisscut promptcment. 2° BRl'lT PARTiaLlER PRODllT PAR LE DEPLACEMENT D'UN TENDON ; par M. le professeur Moritz Sciiiff (de Francfort.) M. le professeur SchilTa eu I'occasion de voir en Allemagne des sujcts qui pretendaient etre en communication avec ces esprits frappeuu dont le public s'est beaucoup occupe dans ces derniers temps. Ces personnes faisaient en- tendre parfois, sans avoir I'air d'cxccuter aucun mouvement parliculier, un leger bruit, semblable a celui qu'on produit en frappant leg^rement sur une table avec le doigt. M. SchilT s'est demande si on ne pourrait pas expli([uer la production de ce bruit par le choc d'un tendon qui frapperait contre un os voisin par suite d'uiie contraction musculaire peu apparente. 11 examina soi- gneusement les muscles ct les tendons du corps de I'homme, et son attention se porta sur le tendon du muscle long peronier lateral qui lui parut se trou- 73 vcr dans des conditions favorables a la production du phenomene ; il s'exerca a contractor isoMment le muscle long peronier, et parvint a determiner nn choc du tendon conlre la mallcole, et a produire un bruit semblable a celiii qu'on attribuait a I'esprit frappeur. Dans la seance du 3 juin, M. Moritz ScliilTrepete, devantla Societe de bio- logic, cette experience, quin'est pas encore connue en France. 3° NOTE SUR QUELQUES EXPERIENCES FAITES AVEC LE CURARE ; par M. le doctcur Vulpian. J'ai eu I'occasion de faire des experiences avec du curare que M. le docteur Grenn avail fait venir dii-ectement dc Pera (Bresil). Ce curare presente quel- ques differences avec le curare employe par MM. Bernard et Pelouze dans Icurs experiences. 11 est en petits fragments cuncasses, dc couleur grise a I'extfi- rieur et gris brunatre a rinterieur ; 11 ne se ramollit qu'a peine par une douce chaleur; il se fond plus dilficilement dans I'eau que I'autre curare, et la rend visqueuse. Les deux solutions, vucs au microscope, sont tout a fait sem- blables. Je fls d'abord I'expe^rience si connue de M. CI. Bernard, et elle me donna tout a fait le meme resullat, c'est-a-dirc qu'apres avoir introdnit du curare dans une plaie faite a un animal u'l une (jrenouille), je vis, au Jjout de trois a quatre minutes, les mouvements cesser tout a fait, puis qu'ayaut mis a nu le nerf scialique, je constatai qu'il avait completcment perdu sa motricit(.\ tan- dis que tous les muscles conservaientleur irritabilitu (l). J'introduisis du curare dans la bouclie d'uue grenouille, et apr^s ([uelques instants, je vis les mouvements dimiuuer, puis cesser tout a fait. Je r6p6tai cette experience plusieurs fois, et elle me donna toujours le memo resultat. Je cms avoir trouve une diflerence pliysiologique enlre le curare que j'cm- ployais et celui dont on s'elait servi jusqu'alors. Mais ayant experimente avec I'autre curare, j'obtins des resultats semblables, quoique un pen nioins rapides. J'essayai cette experience sur des tritons et sur des crapauds : memos effets. Chez des grenouilles, je (is penetrer jusque dansl'eslomac des petits cornets de papier contenant cliacun une tres-petite quautite de curare : les resultats furent encore les m^mes. (1) Une maniere interessante de faire I'experience de M. CI. Bernard consiste ;\ lier I'aorte sur une grenouille et a deposer du curare dans une plaie faite a la partie anterieure de I'animal. Au bout de quelques minutes, tous les mou- vements ayant cesse, on met a nu les nerfs sciatiques et les nerfs brachiaux : ceux-ci out perdu leur motricitc, landis que ceux-lii, qui ont etc souslraits a I'influcncc du sang cnipoisonne, la conscrvent tout entiere. 74 Ces divers animaux, les grenouiUes. les tritons eiles crapauds formeut done une exception a cette loi, si gt'nerale d'ailleurs, tiree par M. Bernard de ses experiences, a savoir : que le curare peut etre mis impunement en contact aves la membrane muqueuse des voies digestives, parec que cette membrane ne se laisse pas traverser par ce poison. Chez les grenouiUes, qui ont surtout servi a mes experiences, I'empoison- iiement par la bouche ou par I'estomac presente quclques partlcularit^s inte- ressantes. Les elTets sont raoins prompts que dans I'empoisonnemcnt par une blessure, et cependant ils ue laissent pas que d'etre encore tres-rapides. Ainsi plusieurs fois les premiers phenomenes de rempoisoimement se sont mani- lestes trois ou qualre minutes apres I'ingestion du poison. Ces premiers plie- nomenes sont des troubles de motiiite : lesmouvements de I'appareil hyoidien, qui elaicnt largos et reguliers, dcvienneut moins etondus et tres-inegaux ; quelques convulsions surviennent dans les membres, surtout dans les post6- rieurs, les paupiercs recouvrcnt le? yeux. Bient6t lesmouvements respira- toires ne se montrent plus que par intervalles ; les membres s'etendent, de- viennentflasques; on peut leur donner les positions les plusbizarres sans que I'animal puisse les retirer. La surface de la peau se seche tres-rapide- ment ; cela se voit surtout chcz les trilons. Les grenouiUes semblent tout a fait mortes, ol toutefois si on les examine avec soin au bout dun quart d'heure, on apercoit trt'-s-bien les mouvements du cceur cjui soulrvent la region precordiale, et, chose plus singuliere, on voit de temps en Icmps loutes les deux ou trois minutes plusieurs iaiiiles mouvements de Tappareil hyoidien. Si Ton secoue fortemeul un de ces ani- maux ainsi empoisonnc^s, ou provoque ces mouvements iflspiratoires. A ce moment, on trouve les nerfs des membres entiercment prives de molricite et tons les muscles, au contraire, riches en irritabilite. Lo lendemain du jour oil Ton a fait Vexperience, la grenouille semble tout a fait dans le nn'me etat que la veille : memo resolution des membres, meme impassibility, le coeur jouil encore de la plenitude de ses mouvements, mais I'appareil hyoidien est immobile. Le surlendemain, les battements du coeur ne sont plus apparents a I'exterieur ; les doigtsdes membres commenccnf a se dessecher; par la gal- vanisation on constate encore un reste d'irritabilite dans tons les muscles. Enlin le qualri^me jour, il y a de laroideur cadavt5rique, rirritabilit(5 galva- nique est eteinte; quelquofois j'en ai retrouve quelques traces au quatrieme jour. Lorsqu'on empoisonne une grenouille par I'introduction do curare dans les voies digestives, on a done le curieux spectacle d'un animal chez lequel les fonctions nervou^es sont abolies complelemeul, et chez lequel cependant le coeur continue a battre reguliOrement pendant deux el trois jours. Ne peut-on point trouver la une preuve puissantequi d^montre que le rhythme des mou- vements du coeur est tout a fail indf^pendant du sy.st^rae nerveux ? 75 11 est aussi bieu remarquable que les mouvements de I'appareil hyoldien ne soient pas completement aliolis, par suite de la mort du sysleme nerveux. Cost la d'ailleurs un effet tout particulicr au mode d'empoisonueraent, car on ii'observe rien de semblable lorsque le curare a (5te introduit dans une plaie. J'ai instille dans la bouche de plusieurs lezards gris des murailles de la so- solution de curare, mais sans jamais obtenir le moindre signe d'empoisou- nement. J'ai introduit daus la boucbe de plusieurs pelites carpes une petite quantite de curare en dissolution, puis je les ai remises imm^diatcment dans I'eau. Un quart d'beure apr6s rexp(5rience, les mouvements de deglutition de I'eau et ceux des opercules ^talent devenus beaucoup moins amples, irr^guliers et intermittents ; les nageoires cessaient bientOt de se mouvoir, ct lanimal flottait immobile au milieu du liquide. Plusieurs de ces poissons sontmorts; mais quelques-uns mis dans I'eau couranle sont sortis de leur stupeur et sont parfaitement revenus a la vie. J'ai obtenu des resultats a peu pres identiques en placant une goutte de solution de curare sous les opercules, sur les bran- thies de petites carpes que je remettais aussitCt dans I'eau. J'ai mis de la solution de curare dans le bee de plusieurs moineaux: lis sont morts au bout d'un quart a trois quarts d'beure. Je n'ai pas pu rt5ussir a empoisonner ainsi ni les yigeons, ni les yaules, ni meme de jeunes pouleis d'uue liuitaine de joui's. Le curare depos6 dans la gueule de pctits pores ages d'un jour n'a produit aucun etTet toxique. Mis dans la bouche d'un lapin iige de 12 a 15 jours, il n'a pas paru I'empoi- sonner; mais le lendemain, quoiqu'on eut remis I'animal dans son roduit, on I'a trouve mort. Je n'oserais afTirmer pourtant que sa mort ait etf^ causi^e par le poison. Le curare dissous et place dans la bouche de cochons d'Inde nes de la veille les a empoisonnes en moiais d'une lieure. Les premiers eflets etaient longs a se manifester ; mais des qii'ils s'etaient montres, I'animal nc tardait pas a succomber. Les cochons d'Inde ainsi empoisonnes ont toujours et6 agites de secousses convulsives dans les raembres el dans les muscles des machoires avant de mouvir. Celle derniere experience, faite soil avec le cuiare de M. Green, soil avec I'antre curare, a toujours reussi. Je me suis assure con- stanmienl qu'il n"y avail aucune pluie dans la bouche. 4° NECROSE CONSECUTIVE A LA SECTION DU NEKF SCIATIQUE ; Jiar M. VULPIAN. M.Vulpian met sous les yeux de la Societe la patte posterieure droite d'un chien auquel on a coupe le nerf scialique correspondant. Cetfe operation amene ordinairement le reiroidissemenl du membre ; mais dans le cas dont il s'agit, il y a eu necrose et chute des dernieres phalanges de chaque doigt, 7G ce f[ui est rare. ^f. Brown-Sequard avail constate le nienic fait, mais c'etait sur lies animaux iaferieurs. M. Gubler a eu I'occasion d' observer imfait qui sc rapproclic do celui qui a I'te conimiinique par M. Yulpian : il s'ayit d'unc femmc encore jeuiie, qui avuit cu pendant lonj,icmps des douleurs sciatiques, et chcz laquelle il survint da relrdidissement du membre malade, des plaques violacdes, ct enfin un spba- celc de la derni^re pbalangc d'un des orleils. Lcs baltements de I'arlere fe- moralc etaicnt parfaitement appreciablcs, ct rien n"iudlquait un obstacle a la circulation. 111. — Pathologie. 1° douleur fixe siegeant au niveau du pariet.\l gauche ; perte de connais- sanxe et convulsions epileptiforjies dans le cute droit du corps, ite- yenant par acces ; diminution persl^nente de la sensibilite du meme cote; ALTERATION SPECIALE DE LA TABLE INTERNE DU PARIETAL GAUCHE; PUS RASSEMBLE EN GRANDE ABONDANCE DANS LA CAVITE ARACUNO'iDIENNE; Obser- vations, suivies de remarques, par les docteurs Charcot et Yulpian. Obs. I. — Le nomrac- Moisy lEdouard- Alexandre^, age de 34 ans, cbarron, cntre a I'bopital de la Cbarite, salle Saint-Cbarles, n" 9, le 1" juin 1854. Les renseignements quil donue sur ses antecedents sent peu pri^cis. 11 n'a jamais en ni cbancres, ni eruption cutauee, ni aucun autre accident qn'ou puisse raltacber a la syphilis. 11 ne se rappelle point au juste I'epoque a la- quelle il a rcssenti les premieres atteintes de la inaladie qui I'amene a I'hupi- lal; mais il ne la fait point remonter au dela de deux annees. 11 aurait eu, il y a environ deux ans, unc attaque de pcrle de connaissance. 11 ne salt pas ct on ne lui a pas dit (juels pheuomenes out caracterise cette premiere attaque; mais il aflirmc qu'elle n'a pas ute suivie d'hi^miplegie. Peu de temps avant ou immediatemcnt apres cette premiere attaque de malade ne pent ]ioiut ('tajjlir ce point important), il a commence a elre tourmcnte d'une ceplialalgie tem- poro-parietale assez intense et continue. Dans Tintervallo de temps qui separe sa premiere attaque de son entree a I'liopital, il a eu deux ou trois pertes de connaissance, dont il ignore aussi les caracleres. Depuis la deruiere, qui a cu lieu quelques semaines avant son entree, il offre une diminution tres-pro- uonc6e dans la sensibilit(i de tout le c6te droit, surtout du membre anterieur, tandis que la raotilite est restee intacte dans ce cote. II a aussi depnis ce mo- ment un cmbarras marque dans la parole. Commc ces accidents augmcntaient de jour en jour, le malade se decida a entrcr a I'hopital. Le 2 juin, jour oil ou Texamine pour la premiere fois, on le trouvc dans r^tat suivant : II est d'une constitution assez faible, d'un temperament sanguinet est assez maigre. II a le facies un peu h6bet6 et la parole embarrassee. Lorsqii'on lui adresse une question, il la comprend bien ; mais il y repond lenteiuent et avec 77 une assez grande difficulte, comme s'il avail la langue e'paisse. 11 a la memoire afTaiblie, et ne se rappelle pas certains fails assez recants qui so sont passes autour de lui, dans sa famillc. Sa langue n'est point device, non plus que sa face. II se plaint d'une douleur vive et persistante du niveau dela region tem- porale gauche. II n'a pas de bourdonnements d'oreille ni d'cblouissements. La pupillc de I'oeil droit est tres-notablement dilatec, landis que celle de I'oeil gauche est normale. Lc malade marche bien, et est un pcu moins vigoureux du bras ct de la jambe du cote droit que des menibres du cote gauche. La sensiliillte est di- minuee dans tout le cote droit, et pour luifaireeprouver une douleur Icgerc, on est oblige de pincer fortement la peau de ce cote. Du c6\6 gauche, la sen- sibilite est tout a fait intacte. Les fonctions digestives sont en bon ctat. II n'y a aucun trouble apparent dans les fonctions de respiration et de circulation. Ce malade n'offrant point de plethore manifeste ni aucun signe de conges- tion encephalique active, on no pratique point de saignee. Pendant plusieurs jours, on cherche a exercer une revulsion sur le tube digestif, en adminis- trant 1 gr. de scammonee. Nous ne suivrons pas jour par jour la maladie. U n'y a aucun changement apparent dans I'etat du malade Jusqu'au 1 1 juin. Ce jour-la, le malade a une attaque. Les personnes qui se trouvaient aupres de lui a ce moment rappor ■ tent que cette attaque a ete caracterisee par une perte complete de connais- sauce, avec mouvemcnts convulsifs du cote droit de la face, du bras et de la jambe du meme cote. Lc lendemain 12, la parole est beaucoup plus difficile que les jours prece- dents ; le malade met pres d'une minute pour dire deux on trois mots. Son intelligence est, d"ailleurs, reslce netle. La faiblesse du cote droit et la dimi- nution de la sensibilite sont devenues plus prononcees. On constate de la fic- vre ; le pouls est frequent ; la peau est chaude et seche. (On lui prescrit, outre sa scammonee, un lavement avec 2 gouttes d'huile de croton.) Le surlendcmain 14, on trouvc lc malade dans le meme etat. (On lui fait ap- pliquer 15 sangsues a la region anale.) Dans la nuit du 14 au 15,nouYelle attaque presentant absolument lesmemes phenomfenes, mais avec plus d'intensite. Le 15, a la visile du matin, on trouve le malade etendu sur le dos dans son lit, les yeux ouverts et sans regard ; on lui parle, il ne rcpond pas. Le bras et la jambe du cote droit sont complctement paralyses du sentiment et du mou- vement, et dans la resolution ; les mcmbres du c6t6 gauche sont aussi para- lys(^s, mais point aussi complctement. La pupille de I'oeil droit, qui, apres I'attaquc du 11, s'etait resserree et etait revenue a pen pres aux memos di- mensions que celle de I'oeil gauche, s'est encore resserree davantage et est 78 jiliis ptroite que la pupi lie de locil gauche. La frequence du pouls est plus grande que les jours precedents. Le malade loussait depuis quclques jours; mais sa toux est plus accus(?e. On fait poser 10 sangsues derriSre les oreilles ; mais on n'obtient aucune modification favorable dans I'etat du malade. Dans la nuit du 17 au 18, nouvclle atlaquc semblabic aux autres. Le 18, a la visile, a sept heures du matin, nous trouvons le malade pris d'attaques qui ont commence quelques instants avant notre arrivee. La fac est agit(!'e de legers mouvements convulsifs qui tirenl en deliors et en liaut, commc par secousses, la commissure droile des levres pendant quelques mi- nutes ; c'est la tout ce qu'on observe. Mais bientot ces convulsions du cote droit de la face dcvienneut plus fortes; I'ooil droit est brusquement entrainc en dehors, tandis que I'ceil gauche est porle en dedans ; les muscles du cod' droit du cou se contractent convulsivement et flecliisscnt par moments la tete sur I'cpaule droite ; puis le bras droit s'agite par des mouvements alter- natifs de flexion el d'cxtensiou , de supination et de pronation , et eiilin les convulsions, qui semblent alter progressiveraent des parties superieurcs aux parties infi^rieures, se montrent dans la cuisse et la jambe droites. Pendant ce temps, le c6t6 gauche restc parfaitement immobile. Les convulsions de la to- talite du cote droit cessent au bout de trois ou quatre minutes, et il y a un intervalle de repos d'une dur^e a pen pres egale pendant lequel on n'observe que des secousses legeres dans la moltie droite de la face; puis tout recom- mence dans le meme ordre. La jambe droite rcstequelquefois immobile. L'iris da cdte droit ne participe pas a Tagitation convulsive de ce cote; mais la pupille est toujours plus contractee qu'a gauche. La ficvre est tres-intense. Le malade tousse beaucoup et ne peut point cra- cher. Les attaques que nous venous de decrire ne cessent point, et il meurt dans cet elat le meme jour, a quatre heures du soir. On lui avail fait mettre le matin 10 sangsues derri^re les oreilles. Depuis sa seconde attaque, celle du 14, le malade n'a plus parle. L'AUTOPSiE estfaite le 20 juin, a neuf heures du matin. L'administration ayanl prie de n'ouvrir ni le thorax ni I'abdomen, on a du malheureusement se borner a I'examen du crane et du cerveau. Les teguments du crane et sa surface externe ne presentent aucune altera- tion. On enl^ve la voute cranienne ; on volt aussitOt une lesion deladuie- mere et une lesion des os du crane. Nous allons les dt^crire Vune apres I'autre. A la face interne du parietal gauche et a sa partie inferieure et posterleure, on rcconnait une sorte d'ulceration dc I'os. La table interne n'existe plus dans uu espacc irregulierement quadrilatere, ayant a pen pres 3 centimetres et demi dans tons les sens. Le diploe est a nu dans tout cet espace et creuse de vacuoles assez larges. Dans quelques points, surlout a la partie anterieure de I'ulceration, il ne reste plus que la table externe Le tissu du diploe est rouge, 79 inais nest ni ramolli ni condense ; scs vacuoles sont baignees dune serosite. purulente peu abondautc. Sur la dure-raere, au point correspondant a la lesion du crane, on trouve nne faussc membrane organisec paraissant ancienne, adherant forlement a la dure-merc , tres-peu epaissc a son centre ct ayant snr scs bords environ 2 millimetres d'cpaisscur. Cettc fausse membrane ofTre nne configuration exactement semblable a la forme de la perte dc substance du crane ; elle de- vait s'y appliquer, et s'y Irouvait probaJjlemcnt atiaclioe a, sa periplierie. Cette production mcmbraneuse est couverte d"une couche duliquide sero-purulent signale plus haul. On pent, par la dissection, separer la faussc membrane de la dure-mere, et celle-ci apparait alors sans la moindrc alteration. Avant d'enlever la dare-raere, on constate que du cote gauche elle forme une saillie plus considerable que du c6t6 droit, et cela dans loute son eten- due d'avant en arrierc. En pressant avec les doigts sur la moitie gauche de la durc-mere, on percoit une fluctuation des plus sensiblcs; il n'y a d'ailleurs aucune vascularisatiou anormalc de la dure-mere, ni du cfjl(5 gauche ni dii cute droit. A peine a-t-on incise la dm-c-merc du cote gauche qu'on voit au- dcssous d'elle une grande quanlite de pus epais, tilanl, coulant trt>s-dil}icile- ment. Le cerveau est mis completemenl a nu ; le pus couvre tout rbemisphere gauche, et forme a sa surface une couche qui au milieu pent avoir pres de 1 centimetre d'epaisseur. Ce pus est presque concret a sa partie superieure, qui adhere a la dure-mere et qu'on enleve avec cette membrane, et a sa par- tic inft'rieure contigue au cerveau. 11 est situe dans la cavite arachnoidienne : car I'hemisphei'e cerebral gauche est encore revetu du fcuillct visceral de rarachno'lde, ce dont on s'assure facilemcnt par la dissection. Lorstpi'on en- leve le pus qui est reste sur la dure-mere incisee et renversec, on trouve une faussc membrane assez molle, qui tapisse la dure-mere dans toute I'etendue correspondante a la convexile de rhemisphere gauche. Cette fausse mem- In-ane est d'un gris rougeiitre et contient, outre des elements fibrineux, de nombreux globules sanguins; elle peut etre separee tres-facilement de la dure-m^rc, et cclle-ci parait tout a fail saine; elle ne semble mcme pas con- gestionnee. Ouand on a ole tout le pus qui recouvre I'hemisphere gauche du cerveau, cet hc^misphere, compare a celui du c6te oppose, presente une depression tres-prononcee. La pie-mere et le tissu cellulaire sous-arachnoidien ofTrenf une injection IrSs-vivc dans toute I'etendue de la convexile hemispherique, et aussi sur la jiartie qui est en contact avec la faux du cerveau. (^a. et la, au niveau des anfractuosites, on apercoitdes trainees de serosite purulente dans le tissu cellulaire sous-arachnoidien; on trouve meme dans ce tissu quatre collections purulentes qui, a I'exception d'une, ne sont pas plus volumineuses qu'un pois ; la plus considerable se trouve pres de la grande scissure me- diane, a la reunion du tiers antevieur av€c les deux tiers posterieurs de The- 80 misphcre, et forme une depression pouvant loger una muitie de noix. Toutcs sont situcies au niveau d'anfractuosites dont elles ont ecartc les parois. La pie- mere, injectee vivement jusqiic dans les anfractuosites, se separc assez faci- lement de la substance cercbrale, qui ne paralt point ramollie a sa surface. Sur riicniisplicre droit, il n'y a du pus qu'a la partie voisinc de la scissurc mediane, tout le long de cette scissure, mais non point en couclie continue, conune du cote gauche ; de plus, le pus se trouvc entierement dans Ic tissu sous-arachno'idien, et il y forme de pctitcs collections logees dans dcs anfrac- tuosites. La pie-mere de ce cote est generalement injectee, un pen moins que du cote gauche. A la base de I'encephale, onne rencontre pas de traces de pus ni mcmc do vascularisation inflammatoire. Les lesions semblcut parfaitemeut limitees a la surface convexe des hemispheres. On coupe le cerveau, le cervelet, la protuberance et le bulbe en tranches minces; on n'y trouve rien d'anormal. U n'y a point meme d'injection de la substance cercbrale. Les parois dcs vcntriculcs ne sont pas altcrecs; il y a dans chacun des ventricules lateraux une petite cuilloree de serosite legere- ment louche. En resume, cette observation prescnle I'histoire d'un homme age de 3i ans qui, sans avoir recu des coups sur la tetc et saus avoii- cu dcs antecedents syphilitiques averes, aetepris, ilyadeux ans,avantouapresunacc6sdeperte do connaissancc, d'une cephalalgie assez intense, bicn localisee, au-dessus de I'oreille gauche, sans phcnomenes concomitants de paralysie. Cette cephalal- gie a persists pendant les deux ans qui se sont ecoules dcpuis son acces, et dans cette periode, il a cu deux ou trois autres attaques doni il ne sail pas le caractere. Ouelques scmaines avant son eiiliec a I'hopilal, apres sa dcmi(>re attaque, il a vu paraitre une diniinulion de la scnsibilile dans le cole droit du corps, avec un certain embarras de la parole ; puis a lliupital ccs phenom^nes sont dcvcnus plus saillants. Le maladc a eu un nouvel acces avec mouve- ments convulsifs de toutlc c6te droit; la parole est devenue de plus en plus embarrassee ; il a ^ti pris de fievre. Deux jours apres, il survient encore un acces suivi de paralysie complete, et enfin quelques jours apres le raalade meurt, apres neuf heures d'un acc{;s presque sans interruption. A I'autopsie, on trouve une lesion du parietal gauche ct uu abccs dans la cavite arachno'idienne du meme c6te. Cette observation presente de rinfer^t sous plusieurs points de vue : 1° La lesion du crane que I'on a trouvce chez ce malade ne semble pas avoir ete souvent rencontree. iVous avons fait quelques recherchcs a cet egard, et nous avons du commcncer par les auteurs classiqnes. Aucun d'eux ne s'e- nonce d'une facon pr(5cise a cet egard ; ils parlent en gentiral de I'osteite (DiCT. EN 30 vol., art. Crdne; Dicx. en 60 vol., art. Crdne; Dicr. E.\ 15 vol.. 81 art. Osteite), et disent qu'ellc peut coramencex' soit par ta table interne, soit par la table externe; mais on voit que leurs descriptions s'appliquent surtout, soit aux exostoses de la face interne du crane, soit aux caries du roclier. La lesion presentee par notre nialade consistc en nne sorte d'ulceration de I'os, sans qu'il y ait des signes bien manifestes soit de carle, soit de necrose. 11 n'y a aucune saillie de I'os a I'intcrieur de la cavite cninienne. Cette ulcera- tion est limitee a I'os parietal gauche, et par consequent tout a fait indcpen- dante du roclier ; enfin il n'y a pas perforation de I'os a ce niveau. Ce sent la les principaux traits de la lesion offerte par notre malade, et ni dans les arti- cles que nous avons cites ni dans le traite de M. Nelaton, nous n'avons rien trouve qui put s'y rapporter. Nous avons compulse toute la sdric des Bulle- tins DE LA SociETE ANATOMiQUE et la Collection de l'Union medicale, sans etrc plus heureux. Dans Aljcrcrombie ( Rech. pathol. et piuvt. sur les maladies de l'ence- PHALE ET DE LA JioELLE EPiMERE, 2= edit , traductiou dc M. Geudriu ), nous avons puise les faits suivants , qui out une certaine analogic avec le notre. Dans fobs. XC, p. 265, il est ([ucstion d'une fenime agee de 48 ans qui, un an avant sa niort, tomba dans un escalier et se lit des contusions a ta tete. Dtis lors sa sante se deteriore ; elle se plaint d'une douleur fixe a la tete. Cepen- dant elle continue scs occupations domestiques jusqu'a trois semaines avant sa morl, qu'elle est prise de lievre et de delire furieux. Ces accidents dispa- raissent apres une saignee. Elle continue a ressentir une douleur fixe et pro- fonde dans le cote droit de la tete, a pen de distance de I'oreille qui est le siege d'uu ccoulement. Trois jours avant sa mort, elle tomlie dans le coma, avec paralysie incomplete du cote gauche et mouvements convulsifs du bras droit. A I'autopsie, on reconnait dans toute la surface interne du crane un singu- lier ctat de maladie.n La table interne semblemanquer dans toute son etcndue, oil Ton voit a nu le tissu rugueux, irregulier et celluleux de la partie centrale des OS du crane... L'erosion est la plus profonde sur les parietaux, qui sout minces et transparents dans plusieurs points et tout u fait perfores dans d'au- tres... A la partie inferieure de I'hemisphere droit du cerveau, vers sa partie posterieure, il existe un abces consideralde... » On voit que si cette observation a plusieurs traits de ressemblance avec la notre, elle en differe cependant nolablement par I'etendue de la lesion, par la perforation des os, par la maladie du rocher, etc. Abercrombie, dans les reflexions quisuivent son observation, cite plusieurs faits analogues qu'il tire de differenls auteurs. Ainsi Desault paiie d'un malade mort un mois apres un coup recu sur la tete, et chez lequel on trouva la table interne noircie dans toute I'etendue d'un des parietaux. La dure-mere ctait aussi adh^rente la quailleurs; il y avail de la suppuration a la surface du cerveau. C. R. 6 82 Zacchias, cliez un jeiiiic liomuic devenu cpilcpliqiic apri^s avoir eprouv(? pendant longtcmps une (rplialalgie intense, trouva la table interne de I'oc- cipital cariee dans une petite etendue, sans alteration de la table cxtcme. Un de nous a obsen'e , il y a plusieurs annecs , un fait qui se rapproclie beaucoup de celui que nous avons rapporte plus baut. Obs. II. — Une femme agee de 28 ans se trouve dans le service de M.Hardy, a I'bopital deBon-Secours, au commencement de Tannee 1849. Elle a des pla- ques muqueuses au pourtour du vagin ; elle est enceinte. En un point du crane, a I'union du parietal droit avec le frontal, elle res- sent une doulcur fixe, ct a ce niveau on constate un empfitement tres-mani- feste, et meme une certaine sensation de fluctuation qui engage a pratiquer une incision. II ne s'ecoule qu'un pen de serosit(5 sanguinolente. Les douleurs incessantes , extremement vivos , resistent a I'usage du sulfate de quinine a haute dose ; I'iodure de potassium, au contraire, produit un bon etTet. D'apres la malade, la douleur fixe de la tete et la tumefaction ne seraient survenues qu'a la suite d'un coup ; mais ce coup n'a et6, en tout cas, qu'une cause oc- casionnelle. La grossesse arrive a son terme vers le 16 mars. L'accouchement est extre- mement long et penible ; le travail dure pres de trois jours. L' enfant est mort, et meme sa mort parait dater de plusieurs jours avant l'accouchement. Quel- qiies heurcs apres l'accouchement, sans frisson initial, la malade est prise de flevi-e, de douleurs de ventre, de vomissements et dediarrheelres-abondante. L'uterus est tres-douloureux. Le lendemain, Ics signcs d'unc peritonite puer- perale se prononcent do plus en plus ; la malade tombe bientot dans un elat adynamique et meurt le troisieme jour. A I'autopsie, on trouve une gangrene du col avec pus dans les veines, sans traces d'inllammation de leurs parois ; une infiltration purulente du tissu du col, de petits abc^s dans le tissu cellulaire des ligaments larges,et de la sero- sit6 purulente dans le peritoine. Ala face interne ducrane, du cote droit, on apercoit, a I'union du frontal avec le parietal, une plaque jaune, i-ugiieuse, tachetee de points rouges f r^s- flns et tres-serres. Cette tache a lalargeur d'un 6cu de C francs; elle est limi- tee des parties voisines des os par un bord net. En sciant I'os a son niveau, on voit que I'alt^ration s'etend a peine a une profondcur de 1 millimetre. Ouelques petites laches jaunes, injectees et egalement uettement limitees, existent au pourtour de la graude. La dure-merc, au niveau des parties ma- lades, presente une coloration d'un violet fonce fomiant une tache qui rap- pellc exaclement, par sa forme et son etenduc, ccUe qu'on voit u la face in- terne de i'os. Le cerveau est sain ; 11 eu est de memo du pdricrane et des tegu- ments craniens. Les quelques exemples que nous vepons de rapporter, ct oii Ion peut voir lies lesions craiiiemies analogues a cellc qu'oUrail notre malade, ne doiveul pas nous emi)ecber de conclure que ces lesions sont rares. 11 n'est pas frequent non plus d'observer des collections purulentes dans I'intcrieur meme de la cavitc arachnoidicnne, ct en cela notre observation piesente encore un certain interet. Leplus souvent le pus a pour sit^ge spe- cial le tissu sous- arachnoidien ; quelquefois pourtant on I'a vu se r^unir en abccs entrc I'os malade et la dure-mere ; on a vu mcmc, sous rinfluence d'une hypcrostose cranienne saillantc al'interieuv.une collection purulentc entrc les deux lames de la dure-mere. (Comptes rendus des seances de la Soc. de biol. , p. 72, obs. de M. Titon.) 2° Les lesions trouvees al'autopsic expliqueut-clles les pbenomenes obser- ves pendant la vie de notre malade? Peut-on indiquer la marcbe de ces le- sions, et pour ainsi dire leur age, par la marche de la maladie? La lesion initiale a certainement d^ic ra/Tection du parielal. Sous quelle in- fluence a-t-elle paru? L'absencede toute mauifcslation syirtnlitiquc apparente et de toute cause vulnc^rante nous laisse a cet (5gard dans le doute le plus complet. 11 est probable que, lors de son premier acces de perle de connais- sance, le malade resscntait deja depuis quelque temps quelques atteintes de la cepbalalgie qui ne I'a plus quitte depuis. Nous atlribuons ce premier acces et tons ceux qu'il a presentes jusqu'a son entree a I'bopilal a de vives con- gestions survenant assez brusquement au niveau du parietal gauche malade, dans les meninges et peut-etre aussi dans I'bemispbere correspondani du cer- veau. Ce qui prouve que ces acces elaient dus a de simples congestions, c'est qu'ils n etaient pas suivis d"bemiplegic. Quelques semaiues avant I'entrue du malade, la congestion a commence a devenir permanente : de la la diminution de sensibilite dans tout le cote droit; de la I'embarras de la parole et la dilatation de la pupille du cote droit. Dix jours apres son entree, le malade aune nouvelle attaque, a la suite de iaquelle il est pris de fievre : tous les pbenomenes augmentent. Ce n'est peut- etre qu'a partir de cette epoque que s'est forme le pus dans ses membranes ; peut-etre aussi n'est-ce que dans les deux ou trois derniers jours que la sup- puration s'est etablie dans le tissu cellulaire sous-arachnoidien. 3° 11 nous scmble que le diagnostic etait impossible a poser dans le cas qui nous occupc. L'ensemble des symptomes devait nous faire suposer I'exis- tence d'une tumeur ducerveau. Les acces epileptiformes repetes, la cepbalal- gie Vive, Tbemiplegie incomplete de sentiment, la dilatation permanente de la pupille, lout coutribuait a nous pousser dans cello voie. La localisation biea nette de la douleur de tele nous semble elre le pbenom^ne qui devrait avoir le plus de valeur dans un cas aussi douteux que celui-la. Un autre symplome devrait encOre etre pris en grande consideration lorsqu'on le constaterait : nous voulous parier de rerapT INTERNE. — La muqucuso buccalc n'oiTre de pustules que sur les c6les el a la pointe de la laugue. Le pharynx, et Tuesophage uen presentent aucune. Dans lestomac, au contraire, el dans loule i'etendue de rintestin grele, on en rencontre uu grand nombre. Sur la muqueuse slomacale, les pus- tules sont intactes et recouvertes de I'epilhelium, elles sont toutes ombiliqudes et Iranchent, par leur couleur blanche, sur le reste de la muqueuse, qui pre- seute une coideur d'un rouge vif, au milieu de laqucUc on distingue de nom- breux vaisseaux forlemeut iujecles. Dans I'intestiu, presquo toutes les pus- tules sont ulcer^es et recouvertes par une notable quanlite dc sang jjrun qu'on pent apercevoir par transparence a Iravers I'epaisseur des parois inles- tinales. Ces pustules ulcerees, tres-nombreuses, existent aussi bieu du cote de Tattache du mf^sentere que sur le bord convexe de I'intestin. On n'en re- trouve plus dans les dilT^rentes parlies du colon, pas plus que dans le rectum. TiiouAX. — Les pounions out, a I'extt^rieur, un aspect marbrii dii a I'exis- tence dans leur interieur d'un grand nombre de noyaux de substance grisa- tre, assez consistants, (lue I'air ne p^netre pas; les parties saines du tissu pulmonaire sont injcct^es par un sang noir, et lormont iin lond sur Icqucl ressort la couleur grise dcs noyaux ci-dessus iridiqiK:^. Abdomen. — Le foie a I'aspecl gTanite , par suilc ilc petils epancliemoiils apoplectiques inuombrables, sous forme de points de la gi-ossenr d'unc tete d'^pingle. Les reins, mamelounes comme ils le sont nornialement chez Ic fuelus de cet age, ofTrent ceci de partieulicr que les cones de la substance tubuleuse sont enormtoent injectes par du sang noir, tandis que la substance corticale est presque anemique et d'une couleur grise Ires -pale. M. Ch. Robin a constate ijue cliacun des petLls points rouges est compose d'un petit caillots fibrineux central rempli de globules sanguins, et en outre, a la p.'ripherie, se trouve du sang inlilire entre les cellules epitb^'liales bepa- tiques, ecartees les unes des autrcs par les globules sanguins. Dans le rein, on trouve du sang, soit entre les tubes de la substance tubu- leuse, soit dans I'interieur de ces tubes memes. Ici les globules sanguins sont infiltres entre les tubes; il est impossible d'y retrouver de la flbrine coagulee d'une nianierc evidente. Dans la substance corlicale, on no rencontre plus ces epdnchements sanguins, niais les tubes en sont dilates par uue grande quan- tife d'epithelium renal accom[)agne d'uue matiere amorpbe, difiluente et gra- nuleuse, qui fait que, par Faction de racier, ou obtieut une pulpe puriforme, bien qu'il n'y ait eu suspension que des epitbeliums nucleaires et pavimeuleux du rein. 2" KYSTE HYDATIFERE DU FOIE FAISANT SAILLIE A LA FACE INFERIEURE DU LOBE GAUCHE DE CET ORGANE, ET OUVERT A LA FOIS DANS LE PERITOLNE ET DANS LES VOIES BILIAIRES ; OBSTRUCTION ET DILATATION CONSIDERABLE DU CANAL CHOLEDOQUE PAR DES DEBRIS DYDATiDES; ICTliRE; EPANCHEMENT DE BILE DANS LE PERITOINE; PERITONITE INTENSE; par il. CuARCOT. Ohs. — Le nomme I'latz iChristophei, age de 47 ans, cuisinier, entre, le 20 juillet 1854, salle Saint-Cbarles, n° 9, bopital delaCbarite. Cemalade, extremement aflaibli et tres-souffrant lors de son entree a Flio- pital, peut a peine nous donner quelques renseignements sur son etat ante- rieur; nous apprenons cependant de lui qu'il deperit et qn'il souffie depuis quaire mois environ. Les symptomes qu'il a remarques pendant celte periode de sa maladie sont de I'oppression et une doulcur sourde et profonde dans la region du foie. Cette douleur s'clend parfois vers I'epaule droite et vers le llanc droit; mats elle a toujours (5te presque continue, et ue s'est jamais pr6- sent6e sous forme d'acc^s capables de faire croire a I'existence de coliques btipaliques calculeuses. II n'y a jamais de vomissements noirs, et la constipa- pation est I'^tat habituel. 11 y a trois mols, une jaunisse tr6s-marqu(5e est apparue. An debut, cette jaunisse'a ete accompagnee de vomissements deniati^res alimentaires , puis 100 il s'est manifesle de la diarrhee.Elle adispam an bont do qiielqi]e?">oiTialncs; puis elle a reparu il y a line quinzainc dc jours. Celte fois cUc a pcrsistt^ jiis- qu a la terminaison fatale de la maladie. Le 19 juillct, riatz est pris toiil a coup de douleurs liepatiques Leaucoup plus Yives que d'habitude, et qui se repandcnt dans touto letcndue de I'ab- domen. Fresque aussif6t la physionomie est profondcmenf alteire; la face est grippee, bleuatre; les yeux sont enfonces dans I'orbite; les extremites sont froides, cyanosees comme dans la pi'^riodc algide du cboleia. be malado est transporte a la Charite quelques heures apres I'apparition de ces nouveanx symptomes. Nous I'y trouvons dans I'etat siiivant : iclere extriimement loncc, presquevert; maigreur geiicrale tres-prononcce. La face est giippee, viola- C(5e, froide. Lesextreraites sont egalement froides et cyanosees. Le pouls est a 110-120, tres-fort, tris-dur, tres-piein. Constipation opinialrc depuis deux jours; douleur trfes-vive a la pression dans loute la region de I'abdomen, mats bien plus prononct?e a droite, sous les fausses c6tes, que partout ail- leurs. Le ventre n'est pas volumineux ; il est plutot retracte, et ses muscles droits ant^rieurs se dessincnt fortement sous ses teguments. 11 rend par la percussion un son obscur. LYtat de convulsion oil se trouvent continuelle- ment les muscles des parois abdominales rendent la palpation impossible ; mais par la percussion des bypocondres, on obtient ce resultat que le bord superieur dufoie ne remonte pas plus baut qu'a I'tMal normal, et qu'il existe au niveau de la region splenique une matite tr^s-etendue et tr^s-considera- ble, qui n'est pas le resultat d'un epancbement pleural, ainsi qu'on s'en as- sure par I'examen du cute gauclie de la poilrir.e. Les poumoiis et le cornr paraissent completement exempts de lesions. Aucnn phenomenc du cole du cerveau. Les urines nc sont pas albumineuses; elles sont fortement cbargees de la matiere colorantc de la bile. La langue est secbe ; la voix est exlreme- ment faible. (On prescrit les opiaces a baute dose et les lavements laxalifs.) Les jom's suivants, les symptomes vont en s'aggravant, et le raalade suc- combe le 23 juillet, trois jours apr6s son admission dans les salles. AuTOPSiE. — Abdomen. — A rouverturc de la cavite abdomiuale, on recon- nait I'existence d'une peritonite generate tres-inten^e. Lefoie est refoule diiecfemeut d'avant en arriere et de dehors en dedans, de telle sorte que les faces superieures du lobe droit et du lobe gauche pre- sentent, chacune de leur c6te, une concavity qui regardo en avant et en de- hors. Ces sortes de cavites, ainsi comprises enire la face superieure du foie et la parol abdomiuale anterieure, sont remplies par un liquide d'un jaune fonc^, ayant tout a fait I'aspect de la bile et tenant en suspension des flocons albuniinuriques. Les circonvolutions de I'intestin sont accoK'CS les unes aux autres par des fausses membranes moUes, de formation evidemment tres-recente, et teintes en jaune par de la matiere colorante de la bile. I 101 Le grand Epiploon presente une coloration d'un rouge vif, et il est comrae pelotonn(5, recoquill(?. Une certaine quantite de liquide d'un jaune fonc6 se rencontre dans les parlies les plus declives de la cavit(5 abdominale, mais 11 y est peu abondant. Traite par I'acide nitrique, ce liquide presente un dep6t albumineux tres-abondant, mais en menie temps il se colore en vert fonc6, puis en rouge quand on y ajoute un exces d'acide. A Texamen microscopique, on y rencontre une grande quantite de globules de pus fortement colores en Jaune. Les intestins, ouverts dans toufe leur etendue, ne presentent aucune alte- ration ; ils sont remplis par une matiere semi-liquide d'une couleur gris sale, lis ne contiennent ricn qui ressemble a des fragments d'hydatides ou a des calculs biliaires. L'estomac est normal, sa membrane muqueuse un peu inject^e. Rate nor- male. Le foie, apartl'aplatissement dua la compression qu'ilasubie et les fausses membranes qui le recouvrcnt, ne presente aucune alteration de texture. On le laisse en place, ainsi que l'estomac et le duodenum, et Ton disseque avec soin les conduits biliaires. Le canal clioledo(iue est extremement volumineux ; il parait distendu par une substance ayant la consistance de la cire. Quand on le comprime, on voit sortir par son orifice duodenal, cfabord une gouttelette de bile verte, puis une sorte de membrane ridee, fortement tcintc en vert fonc6 par la bile, et qui, ainsi que nous le verrons, n'est autre cliose qu'une bydatide. Le canal chole- doque est alors ouvert avec precaution, et on le trouve rempli par un grand nombre de debris d'hydatides baignes dans labile. Ces fragments s'etendent jusque dans la ramilication principale gauche du canal choledoque qui est tres-diiatee. La ramification du ctMt- droit est egalement fort distendue, mais par de la bile seulement. Le canal cysti(|ue est tout a fait aplati par suite de la compression exercee sur lui par le canal choledoque distendu. Lavesicule biliaire n'est pas plus volumineuse qu'a I'etat normal ; elle est pleine d'une bile epaisse, d'un noir vert, bcaucoup plus fonc(5e que celle qui impr&gne leshydalidcs dans le canal choledoque. En examinant avec attention la face inf(5rieure du foie, on Unit par decou- vrir an niveau de I'origine opsopliagienne de la petite courbure de l'estomac, plus pr6s du bord posterieur que du bord anterieur de I'organe hcpatique, a 4 ou 5 cent, environ a gauche du canal choledoque, une cavite h^misph^- rique, allongee dans le sens transversal, et qui, si elle 6tait complete, pour- rait loger un gros ceuf de poule. Cette sorte de poche s'ouvre largement dans rarriSre-cavite des epiploons; cependant on la trouve limitee de ce c6te, mais en partie seulement, et d'une maniere trfes-incomplete, par une sorte de membrane blanchatre dechiquetee, qui est libra et flottante du cOte de 102 rextremits5 gauche du kyste, tandis qu'elle est adherente a son extremitd droite. La cavitc c[iie nous vcnons ile decrire n'est autre cliose qu'un kyste hyda- tique ; elle est constituce par une membrane propre Lrune, dont la surface exterieure adhere intimement au tissu du foie qui la loge, et dont la mem- brane flottante dont nous avons parte n'est quua d(^bris. La face Interne de ce kyste est tapissee par une matiere d'apparence casteuse, teinle de bile. Sa cavitc communique largement avec la branche droite de bifurcation du canal choledoque par dcuxpertuis ayant environ 1 cent, et demi de longchaque sur un deuii-centinic'tre de larg-eseulement; mais ces oriOces sont encore dila- tahles. La cavitc du kyste ne conliout pas de debris d'hydatides; on n'cn a pas rencontre non plus dans le li(iuidc epanche dans I'abdomen. 11 est liors do doute que les fragments membraneux contenus dans le ca- nal clioledoque sont bien des debris d'hj'datides ; d'abord, quand on les fait flotter dans I'cau, on reconnait les membranes anbystes, transparentes, et couvertes de granulations qui caracterisent ces sortes de poches ; seulement ici elles sont fortenicnt lointes en vert ])ar la bile. Enliu, I'examen microsco- pique fait reconnaitre, au milieu du liquide qui les baigne, Vexistence des crochets, qui soutlapreuve indubitable de la pri^sence des 6chinocoques. Les autres orgaucs n'ont presente aucune alteration. 3° RECHERCHES SUR LA NATURE DU RETRECISSEMENT SYPHILITIQUE DD RECTUM ; par M. le docteur Gosselin. Les lesions qui caracterisent le r^trecissement syphilitiqne du rectum si^gent, les unes a la portion sphincterienne et les autres a la portion am- pullaire du rectum. Dans la portion spbiiicterienne, on trouve des ulcerations, des condyl6mcs et des cicatrices d'ulc^res. Cette portion sphincterienne est limitee en haul par un cercle fibreux que Ton pent constater surtout pendant la vie; c'est a 2 ou 3 centim. do I'anus que le rectum est le plus relreci. Dans la portion ampuUaire, 11 n"y a pas de retrecissenicnt propremcnt dit, pent etre seule- ment unpen d'inextensibilit(5 des parois. Mais il y a la une surface rouge, injectee, s^cretant du pus, et oil il semble qu'il y ait perle dc substance de la membrane muqueuse. Cette sui'face est limitee en haul par un bourrelet dentele. La membrane muqueuse est delruite particllement en ccrlains ondroits, et entiercment dans d'autres. M. Robin n'y a pas trouve dc glandes; I'fjpithi^lium cylindrique manque aussi. Cette lesion de la parfie du rectum qui est au-dessus du r^trecissement est luie complication grave : les malades rendentdu pus et deperissent, souvent tr^s-rapidement. 103 Le retrecissement du rectum reconnalt ordinairement une ovigine syphi- litique, des chancres de I'anus et dc la viilve ; mals 11 est cependant prodait, de mi'iiie que la lesion qui siege au-dessus de lui, par une inflammation de voisinage, qui est loute locale; le pus, qui est s6cr^t(5 par la surface malade, n'est pas inoculable; le trailement mercuriel ne pent rien contre cet acci- dent, (jui n'est pas le fait de la diathSse syphilitique. Quelques-unes des ma- lades qui ont et6 observees avaient eu des chancres seulement, et pas de syphilis constitutionnelle. Dans la seance du 5 aoul, M, Gosselin met sous les yeux de la Societe deux pieces avec des dessins relatifs a I'histoire du retrecissement syphilitique du rectum. 4° COLORATION BLEUE DES URINES CHEZ LES CHOLERIQUES ; par M. le dOCteUf GUBLER. M. le docteur Gubler a constate, dans les urines des maladies qui sont dans la periode algide du cholera, ime coloration bleue determinee par Tacide nitrique. On salt que ce reactif produit dans les urines des choleriques un prccipito d'albumine; mais on n'avait pas vu qu'un moment apr^s la forma- tion du precipite, ime coloration bleuatre se manifestait vers le fond du vase. Cetfe coloration augmente en intensitt'', et finit par arriver au bleu indigo. La coloration bleue apparait mieux lorsqu'on emploie I'acide nitrique impur, contenant de I'acide hypoazotique, que lorsqu'on emploie I'acide nitrique pur. La matiere colorante dont on constale la presence dans les urines des cho- leriques n'oflfre jamais aucune nuance verte. Les urines surlesquelles on a expcrimente tMaient g(5neralement pales. La coloration bleue, une fois deter- minee, persistc pendant quelques moments, puis elle disparalt, Le fait que la coloration bleue ne persiste pas, et cet autre fait que I'acide nitrique impur est plus propre que I'acide pur a produire la reaction, eta- blissent une analogic entre la matiere colorante reconnue par M. Gubler et la matiere colorante de la bile. M. CI. Bernard ne pense pas que la paleur des urines soit un signe qui s'oppose a ce qu'on admette dans ce liquide la presence de la matiere colorante de labile. Dans une d(5coction defoie fdtree et decolorce par le charbon, I'acide nitri([ue produit les memes reactions qu'elle determine dans les urines color(5es des ict(5riques. M. Gubler est porte a croire que la matiere colorante de la bile ne passe pas toujours tout entiere dans les urines. II serait possible que chez les choleriques I'eldment qui se colore en vert ne fut pas elimine par les urines, tandis que I'element qui se colore en bleu serait elimin^ et entraln(5 dans la s^cr^tion urinaire. (Stance du 17 aoiit.) 10 i 5" CORPS ETRA.NGER ( MORCEAU DE BOIS VOLUMINEUX ) TRAVERSANT, DANS TOIJTE SA HAUTEUR, LAISSELLE DROITE ; EXTRACTION; par M. Ic (lOCteur A. LA- BOUL^ENE. M. Laboiilbcne communique les details d'une operation qn'il a pratiquee pour retircr uu volumiueux morceau do liois de I'aissellc d'un nialadc, et il preseute en nieme temps a la Societe le corps etranger. Dans la nuit du mardi au mercredi iijuin, dit notre coUdgue, clant de garde a I'hopital de la Charitc , on vint me clicrcher en toute bale , a deux hem'es du matin, pour un liumnie qui enlrait dans le service de cliniquc cbi- rurgicale, apr^s avoir recu, a ce quil pritendait, des coups de couleau. Ce malade paraissait peu abattu; mais il ctait dans un etat complet d'i- vresse et ne pouvait fournir aucuu renseignement precis. 11 indiquait seule- ment I'aisselle droite avec la main ganche, et repetait invariablement : « C'est la queje soufl're. » A mon arrivee , avaut cpj'on eiit enleve les vetements du malade , je pus seutir, en palpant la region axillaire, un corps dur qui faisait saillie, et qui me parut d'abord etre un manche, nne poignee d'instrument piquant. Cette poignee etait brisee a son e.\trrmite, oil Ton sentait des dentelures, des sail- lies irreguli^'res. Mais quand tons les vetements eurent ^te enlev^s, et ceux qui revefaient le haul du corps etaient perfores dans Tendroit correspondant au creux de I'aisselle, en examinant avec attention le corps du blessc , je constatai tout autre chose que ce que j'avais cru exister d'abord. En efTet, au bas de I'ais- selle, en arriere, setrouvait une saillie formee par un morceau de bois, cass6 irrcgnlieremont , ol)turant unc plaie situee d'avant en arriere , Icgerement oblique en dedans. En nienic temps on remarquait une autre plaie situee sous la clavicule, et par laquellc sortait uu corps mousse qui paraissait ctrc I'ex- tremite du corjis entre par I'aisselle. Ce que Ion voyait du corps etranger m'avait permis de constater qu'il etait forme pnr nn morceau de bois aplati, place a peu pr^s dans le sens an- tero-posterieur, les bords sifnes par consequent en avant et en arriere, les faces en dedans et en dehors. II presentait a sa partie inferieure et interne, tournee vers le thorax, un gros clou dirige en bas et faisant, avec la face correspondante du morceau de bois, un angle de i5 degrees environ. U ne lallait point songer a avoir des renseignements snr la mauiere dont I'accident s'elait produit. Le malade etait ivre, et avail peul-etre quclques motifs pour ne pnint tout dire. D'ailleurs , la situation etail delicate et le temps pressait. Entrevoyanl la possibilite do graves desordres, a cause du lieu qu'occupait le morceau de bois et des organes importants qu'il aurait pu leser, je clierchai les battements de I'artere hum^rale au bras, ceux de la ra- 105 diale pres du poiguet, et je ies trouvai aux deux endroits. ,(e pincai et piquai avec une epingle Ies diverges parties du bras, la main et Ies doigts. Partout la sensibilite etait conservee. L'hemorrliagie avait ete insignifiante apres I'accident , arrive depuis une heure environ. En serait-il ainsi apres I'enlevemcnt du niorceau de bois? Quelque artere collateralc bJessve, mais comprimee par le corps etranger, ne fouruirait-elle pas une quantite de sang considerable? .Ic me decidai cependant a I'extraction immediate, le malade elant assis sur une cliaise et maintenu par deux aides, j'essayai de degager le corps etranger en tirant sur le bout infericur. De cetle maniere, j'arrivai a faire descendre sous la peau le bout superieur, qui faisait saillie a 1 pouce du boi'd inferieur de la clavicule, et a attirer en mcme temps le bord inferieur un pen en dehors; mais une forte resistance et Ies cris du patient m'avaient averti d'un obstacle imprevu qui retenait le morceau de bois fixe dans Ies chairs. En examinant de nouveau avec la plus grande attention la jiartie visible du corps etranger, je m'assurai qu'elle etait constituce par une lame de bois, peinte en vert , cassc^e, munie d'un clou, dirige en has, et dont la tete, re- couverte par la peinture, existait sur la face opposee. Je pensai aussilot qu'un autre clou, semblable a celui que j'avais sous Ies yeux, existait plus haul dans Ies tissus ct faisait I'officc d'un fcr de fleche s'enfoncant plus profondement dans Ies mouvements de traction, et ne pou- vant ctrc retire sans dechinirc des organes qui le refcnaicnt. En portant le doigt dans la plaie, un peu agrandie, jc senlis une resistance en un point limite : c'e5tait la pointe du clou que je perrcvais a tvavers Ies tissus. Je pensai a tirer sur le clou avec des pinces ; mais la ti'te, qui restait sur le cdte opposcS rendait cette manccuvre impossible. Le seul pai'li me pa- rut 6tre de repousser le clou centre la lame de bois, de maniere que la pointe allat s'appliquer sur elle, et de diviser avec le bisfouri Ies parties comprises entre le clou et le bois, parties qui seulcs pouvaient generrextraction. Apres avoir debride suflisamment pour arriver sur la pointe du clou, je tordis celui-ci avec de fortes pinces, et ramenai la pointe sur la face corres- pondante du bois ; puis , niY'tant assur(5 qu'aucnn vaisseau ne battait dans I'anse des tissus pris entre le clou et le bois, connne jc I'ai dit, je Ies divisai avec precaution avec la pointe d'un bistouri a lame (troite. Le morceau de bois sortitcnsuite par une traction moderec, sans diniculle. II s'ecoula peu de sang ; Ies deux plaies, dor.t Ies bords elaient furtement contus, furent lavces,puis garnies d'un tanqjon de charpie sur du liuge cerate, le lout maintenu en place par un bandage serre. Description du corps etr4ncer. — Cost un trfes-gros morceau de bois peint en vert, et qui parait etre I'extreraite cassee d'une cloture a treillages de jardin. 11 est aplati, forme par une sorte de lame epaisse, on latte. Son ex- tremite superieure est taillee en pointe mousse. L'extreniite inferieure est cassee pres d'uiie entaiile aucienne et noiratre faite au bois. La cassure est rt^centc et irreguli^re. Le bois est trfes-diir. La longueur lotale est de 30 centimetres, et un prolongement de la cassure I'allonge encore de 2 autres centimetres ; la largeur est de 3 centim(>tres ; I'e- paisseur variable de I centimetre et demi a 1 centimetre trois-quarts. La portion taillee en pointe estlongue de 7 centimiMres et moins ('■paissc. Les clous existent a une distance de 17 centimetres I'un de I'autre; celui qui etait retenu dans les chairs est situe a 7 centimetres de la pointe mousse terminate. On voit tres-bien sur le bois la trace du bistouri conduit pour debrider les tissus prisparle clou ramend vers la face du bois correspondant. line ligne tracee par le sang desseche indique aussi, a 5 centimetres environ de la cassure rendroitjusqu'oii le corps etranger avait penetre dans I'aisselle. Cc malade a hcureuseraent gueri, et I'observation a ete publiee dans la Ga- zette Medicale du 12 aoiit 1854, n" 32, par un des externes du service de M. Velpeau. L'extraclion du corps etranger y a ete racontee d'une maniere tres-succincte et meme assez inexacte. ]OMPTE RENDU DES SEANCES DE r r TE m BIOLOGIE pendant le mois de septemrre 1854; Par \\. Al. PORGHAT, secretaire. I W, RAYER. I. — Anatomie et physiologie. 1" OBSERVATIONS RELATIVES A LA MENSTRUATION; par M. GoDARD, interne des hopitaux. M. Godard, interne al'lidpital duMidi, pri^sente a la Societe de biologie les organos genitaux de deux jeunes fllles. La premiere est morte du cholera a I'age de 16 ans, etant encore vierge, pendant que ses regies apparaissaient pour la premiere fois. La seconde, ag^e de 19 ans, asuccombe a la flevre scarlatinc, quinze jours aprfes avoir eu ses regies. Ces deux pieces pathologiques, avec une note reu- fermant les antecedents des deux malades, out ete otfertes a Tauteur de cette 108 communication parM. Uenouvilie, externe dans le service de M. le profes- seur Trousseau. M. Godard met sous les yeux dela Societe deux dessins reprodulsant a I'etat frais ces pieces pathologiques. Obs. I. — Marie Constant, agee de 16 ans, sans profession, est entree le 3 aout 1854 dans le service de M. le professeur Trousseau. Celte malade se trouve dans la dernicre periode du cholera, presentant un ctat typlioide. Elle n'a jamais et6 reglce. Trois jours apres son admission dans la salle Saint- Bernard, n" 24, on remarquc qu'elle perd du sang par le vagin comme une femme qui est r(5gl^e faiblement. Les jours suivants jusqu'au 22 aout quel- ques goullcs de sang taclient ?a chemise. Le 22, le llux menstruel est plus abondant, ainsi que Ic 23 ct le 24, jour de sa mort, qui a lieu a sept heures du soir. On s'aperooit alors quele sang avail traverse le drap et sali le matelas. A lautopsie, M. GenouviUe trouve dans I'intestin grele un pen de psoren- tcrie. 11 conslalc, en examinant les organes genitaux, que I'hymen est parfai- tement intact. Le doigt pent a grand'peine pen^lrer dans le vagin. M. Godard, examinant attenlivement cette piece, a pu etudier I'^tat du va- gin, de Tutcrus et do ses annexes pendant la periode menstruelle, les regies se presentant pour la premiere fois chez une fille vierge. Vagin. — Le vagin presente une s6rie de plis transversaux tr6s-marques. La coloration de la muqueusc est d'nn rouge hrun dans les points non cou- verts jmr le sang. Utervs. — De nombreux vaisseaux gorges de sang rampent entre le pe- ritoine ct Tutmis, ainsi qne dans I'epaisseur des ligaments larges. Lama- trice presente exterieurement la forme d'un carre un pen allonge. Elle est molle, depressible; la pression fait percevoir une fluctuation evidente. L'ori- iice du museau de tanche est parfaitement circulaire ; il laisse echapper un caillot sanguin. Extt^rieurement, I'uterus otTre les dimensions suivantes : Diamfetre vertical, 4 centim. et demi. Diamttre transversal du bas-fond, 3 centim. Get organe est ouvert par sa face anterieure. L'epaisseur de sa parol anterieure est de 5 millimetres. La coupe de la matrice presente une coloration rouge des plus marquees, bicn dilTerentc de I'aspcct blanc mat que cet organe presente d'ordinaire. V.n caillot monl6 sur lacavite utt^rine la remplit completement. l^ar sa par- tic inf(5rieuro, il se continue avec le sang coagul(5 que renferme le vagin. Ce caillot est dense et rrsistant. M. Godard le souleve et constate qu'il est S(5par6 de la paroi de la matrice par un liquidc rougeatre qui semble etre forme de mucus et de sang. Enlin, sur la paroi uterine, il trouve du mucus l(5gerement 109 teint en rouge qui recouvre la muqueuse fortomont injpctro. Mors il peut voir la difft^rence qui cxiste entre la coloration tie rulrrus et eelle clu vagin. La premiere est d'un rouge eclatant. La secondc est d'un rouge bleuatre; cette teinte en haut se continue jusqu'a la moitie infericure du col. Au microscope, il constate que le H(inide qui entoure le caillot est forme de globules sanguins en ;grand nombre, de globules de mucus et de quelques lamelles d'epithelium cylindrique et de transition. Ligaments larges. — Les ligaments larges contiennent des vaisseaux sanguins tres-nombreux. Les corps de Rosenmuller sont tres-apparents decliaque cote, lis se conti- nuent avee de petits appendices kystiformcs. Les deux trompes n'adhercnt aux ovaires que par leurs ligaments. Forte- nient injectees, elles sont inegales en longueur et en capacite. Ainsi la trompe gauche a 11 centim. de longueur depuis I'uterus jnsqu'a la derniere frange. Musuree de la meme maniere, la trompe droite a 13 centim. Sa capacite est plus grande que celle du c(Me oppose. Meme inegalite du cole de I'ovaire et des ligaments qui I'nnissent a rulenis. L'ovaire gauche presente une longueur de 2 centim. L'ovaire droit mesure de la memo maniere a 3 centim. Ces deux organes sont allonges et elTiles. On ne voit aucune vesicule de Graaf, faisant saillie a leur surface qui est lisse. Seulemeut dans quelques points, on remarque de petites taclies bleualres, sur lesquelles par la pression on sent qu'il y a un pen de litjuide. Sur la face anterieure de l'ovaire droit, une de ces tachcs est i)lus mar- quee. Dans ce point la tnniqne peritoneale et la tunique albuginee ayant et^ enlevtSes avec le scalpel, M. Godard rencontre une vesicule de la grosseur d'une petite cerise qui presente les dimensions suivanfes : Diam^tre longitudinal. 11 millim. Diametre transversal. . 8 — A sa surface, on voit ramper de norabreux vaisseaux qui semblent rayon- ner d'un centre, qui correspondrait a la partie la phis snperficielle dela ve- sicule; celle-ci ayant ete soumise a I'examen microscopique, on trouve que le liquide est constitue par des lamelles d'epifht^lium pavimenteux reunies entre elles de maniere a former des lambeaux de fausses membranes, jtuis par un grand nombre de petits corpuscules arrondis, de volume difi'erent. En ouvrant la v(5sicule, beaucoup de liquide a ete perdu. L'oeuf a ete cher- ch6 sans succ^s. L'auleur de cette communication resume cette observation en disant : que I'uterus et ses annexes etaient fortement congestionnes ; que la matrice ren- ferraait un caillot se continuant avec le sang coagule contenu dans le vagin ; que la coloration des deux organes differait notablement ; que les annexes de IIU I'ut^rus etaient plus d^velopp^s a droite qua gauche; que les ovaiies par- faitemcnf litres cHaient lisses et (lua leur surface aucune v^sicule do Graaf nc faisait une saiUic notable. Le dL'vclo[ipcnieHt d'une vesicule de Graaf dans le stroma dc Fovairc chez une jeune flUe de IG ans, coincidant avec une ht'iuorrliagie uterine, fait sup- poser a M. Godard que cet ecoulement sanguin constituc les regies dont r^tablissemeiit elalt peuf-cMre entrave par la maladie. Et sil d'tait perrais, ajoute M. Godard, de tirer des conclusions d"un fait unique (1), nc pourrait-on pas dire que lors dc la premiere menstruation r^coulement san^uin pcut preceder longlemps la rui)turc dc la vcsiculeova- rienne, et meme hien plus peut-etrc constituer presqu'a lui seul le pheno- mene menstruel ? La vesicule se dcveloppant il est vrai, mais s'arretant a une certaine pe- riode de son accroissemcut. Depuis dix-huit jours, encITet, ceilc jeune lille avail perdu un pen de sang, et cependant la vesicule de Graaf volumineuse, non-seulement ne paraissait pas prete a se rompre, mais encore ne faisait pas sallie a la surface de I'ovaire. Cetle conclusion, qui pent parailrehasardee, s'accorde assez avec nn fait observe par M. Coste. Leprofesseurdu colli?ge de France ayanl eu a exami- ner les ovaircs d'une jeune fiile vierge, morle quinze jours apres ses regies, trouva bicn a c6te des vesicules de Graaf fort developpces des traces de corps jaunes ou de capsules rompue?;; mais ces corps jaunes, dit-il, elaienttWidem- ment trop ancicns pour qu'on piit raisonnablement les rapporler a la dcr- niere menstruation. La vesicule de Graaf avait avorte ou s'etait nrrelce dans sondeveloppenieul. Obs. II. — Marie Nicolas, ag'o de 19 ans, morte dc la scarlaiiue dans le service de M. le professeur Trousseau, quinze jours apres avoir eu ses regies. Le vagin n'olfre ricn de special. L'ulerus volumineu.v scuible constitue par deux moili;'s int^gales. Le coie droit est bien plus developpe que le cAte gauche. U en est de nieme de ses annexes. L'axe de la niatrice offre une courbure a concavit6 dirigee a droite; il y a ainsi latero-flcx ion. Dans ses deux tiers supt'Tieurs, la caviie ut(5rine conlient du sang. L'ovaire gauche, qui a un dianieire vertical de " centim. et horizontal de 4 conlim., se fixe a son ligament par son Lord inrcrieur. II est parfaileuienl lissc; sur sa face postMeurc, on volt une ti;chc ecchymotique qui parait correspondre a la vesicule qui doit se rompre lors de la premiere epoque raenslruelle. L'ovaire (1) M. Godard ne croit pas que jusq\iici aucun anatomisfe ail fail connaitre I'etal des organcs genilaux d"une jeune Idle vierge, morle au moment oh ses regies coulaieut pour la prcmii'-re fois. Ill droit, qui aim diamelre vertical de 17 millini. ,et horizontal do 4 centim. et dcmi, est fixe a sou ligament par son extremit(5 iuteriic. U est lisse; sur sa face posterieure onvoit line taclie ecchymotique qui pr(5sente a son centre un trou de 2 mlUim. de diametre, parfaitement arrondi et semblable a celui que ferait un emporte-pifece. Get orifice est oblitere par uue fausse mem- brane jaunatre; celle-ci ayaiit ete cnlcvee, un liquide rose sY'diappe du corps jaunc ([ui, insuflle, pr^senfe la forme d'un petit niamelon perce a son centre. Par line dissection attentive, M. Godard a constats que la perte de sub- stance de ]a tunique libreuse de i'ovaire ne correspoudait pas a celle du p^ri- toine. La sc'reuse decollce pr^sentait un orifice d'un diam^tre moindre. Lc corps jaune disseque offrait les dimensions suivantes : Dianietre vertical ... 10 millim. Diamefre longitudinal. 13 — M. Godard rappelle qu'il ne soumet cette pi6ce al'examen de la Socir'tfi que pour monfrer les ovaires, danslequels, depuis troisansau moins, frvo- lutiondes vesicules de Graaf adu avoir lieu, et qui cepeudant sont parfaite- ment lisses et ne presenteut qu'une seule cicatrice qui correspond aux re^-les qui ont eulieu quinze jours avant la mort. II. — Pathologie. 1° ATROPHIE DES OUGANES GENITACX CHEZ IN IIO.II.ME ; par ?,I. le docteur Giualdes. M. Girald^s met sons les yeux de la Society les orgaues g^nitaux d'un homme de 36 ans. Ces organes sont atrophies d'line mani(^rc remarquable. Le tcsficulc cstextremoment pelit, et I'epididyme est proporlionnellement beau- coup plus developpe. Le canal deferent, extremement grele, aboutit a des ve- sicules seminales qui sout pres(iues roduilcs a rieu. La verge a 2 a 3 centi- metres de longueur. Le sujet n'avail pas do barbc ; il ressemblail lout a fail a un eunuque : il preteadait avoir eu des erections, mais le fait est assez doutcux, et il est pro- bable que le phenomenc s'est ])rodalt chez lui comme le resullat d'un ])esoin d'uriner plutot que comme U!i acte des fonctious genitales. L'absence de toute lesion ne perraetpas de douter quel'atrophie ne fat con- g^niale. Le cervelct etait petit, eu egard au volume du cerveau, qui le debordait en arriere. 2° CAS DE MENSTRUATION CHEZ UNE CHIENNE; par M. H. DE CASTELNAU. M. H. de Castelnan met sous les yeux de la Sociele une fhieiuie qui. pour 112 lacinqui^me fois,a I'^poquedurut.a un ^coulement sanguin qui dure environ huit jours. Get ('■coulemenl est faible pendant ies trois premiers jours, mais il est plus abondunt penduntles trois jours suivants, et diminue ensuite peu apeu (une goutte toules Ics trois ou quaire minutes.) 111. — Teratologie, 1" c.\s d'hermaphuodisme masculin C0.MPLEXE ; ol3serve par M. le docteur Rayer. M. Rayer communique un cas de monstruosit6 appartenant an groupe que M. Isid. Geoffroy-Sainl-Hilaire a designc sous le nom d'hermaphrodisme mas- culin complexe, groiipe caracterisd par I'existencc dcs organcs aiules plus ou moins bien developpes,et par la presence de quelques parties propres au sexe feminin. Le cas d'hermaphrodisme masculin complexe observe par M. Rayer a etc rencontre cliez un taureau sacrifle aux abattoirs. Les organes males etaient au complct, mais plusieurs etaient tres-peu developpes. Les deux testicules, situes dans la cavitc de I'abdomen, dans I'endroit oil Ton rencontre ordinai- rement les ovaires ciicz la vache, n'avaient qu'un tr^s-petit volume, surpas- sant a peine celui des testicules d'un homme adulte, bien conformc. lis etaient reconnaissables a la tunique fibreuse fpii leur servait d'envcloppc, a I'cxis- tence do I'epididyme et au canal deferent qui en partait. Rien dailleurs ne rappelait, dans ces organes, la structure des ovaires. Le tissude ces testicules 6tait evidemment alt 're. A la coupe, la substance de ces glandes etait d'un jaunc abricol, ct les con- duits s^minif^resne se d(}roulaient pas enlilaments, comme dansl'etat sain; plusieurs points de ces conduits, examines a un fort grossissement, n'ont point niontr^ de zoospermes. Un de ces testicules contenait, dans son inte- rieur, lui caillot de sang noir volumineux. Les deferents, partis de I'epidi- dyme, se rendaient dcrriere la vessie, communiquaient avec les vesicules s6- minales, se terminaient par les conduits ejaculateurs qui s'ouvraient dans le canal de I'uretre, par un tres-petit orifice, de cbaque c6te du veru- montanum. Les conduits deferents contenaient un liquidc opulin dans Icquel on dislin- guait en abondance un epilbelium nuclcaire, sans traces de zoospermes. Les vesicules seminales, situees a leur place ordinaire, etaient peu volumineuses. L'humeur qu'elles renfermaient avail a I'ojil nu et a un fort grossissement la meme apparence que cello des conduits d^f(5rents. Le canal de I'uretre et le p(5nis etaient bien conformes. Ind^pendamment des organes precedemraent d^crits, on remarquait un ute- rus anx voies gc^nito-urinaires. Get uterus offrait, comme I'uterus de vaclie. 113 deux cornes ovo'ides, allongecs, u parois epaisscs, et dout Ic lissii avail I'ap- parcnce dcs cornes utcrincs normak's. Chacune d'elles contcnait environ 250 grammes d'un aiucus filant, tros-opais, d'un blanc Icgerement jaunatrc, lout a fail analogue, par ses propri^tes physiques, a celui que Ton troiive nornialc- menl dans la cavite du col do I'uterus de la vaclic. Examim- a nn fort grossis- semcut, il diflerail de Thumeur contenue dans Ics conduits di-ferenls, en ce que Ics cellules epitbeliales qu'on y decouvrait avaient une plus grandc di- mension. Les cornes uterines, apr^s s'elre rapproclides Tune de I'autre, se confondaient en une cavite unicpie do 2 pouces de longueur environ, rcpre- senlant le corps de I'uterus ct son col. Cclui-ci s'ouvrait par un seul orifice, dans une cavitr (sorte de vagini pouvant contcnir un iruf de poule. Cettc ca- vite, divisee de liaut en jjas el d'arriere en avant par une cloison incomplete etail remplie par une matiere muqueuse, fdante, tout a fait semblable a cclle qui distendait les cornes de I'uWrus. Cette poche on vagin, s'ouvrait par un orifice extrememenl cfroil au sommetdu verumonlanum, cntreles orifices des canaux cjaculateurs. La matiere gelaliuiforme contenue dans les cornes de I'uterus el dans le vagin, traitee par ramnioniaque, devenait plus filante, plus molle,pluslrans- parente. La solution de potasse la rendait aussi plus fllanle et plus trans- pareutc, en lui donnant une teinle roussalre. L'acide acelique la dissolvait im- parfaitement ; l'acide chlorhydrique concentre la dissolvait lentement en la rendant incolore et filanle. L'acide acetiquc concentre la jaunissait sans la dissoudrc. Elle se dissolvait, au contralre, dans l'acide sulfurique concentre, devenait limpide, filante et se colorail tres-lcgercment en brun. Enfin, par la solution de tannin au dixi^me, cette espece de mucus angmenfait de consis- tance, se contraetait el se colovait Icgerement en roussatre. M. Rayer rappelle qu'il a communique a la Soci^te de biologic un autre exemple d'hermaphrodisme mdle complexe, observe sur vm chevreau. Plusieurs cas de ce genre de monstruosite recueillis par divers observatours ont ete cites par M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire, dans son remarquable traits de l(5ra- tologie. Dans une procbaine communication, M. Rayer examinera si I'uterus et le vagin surnumeraires observes dans ces cas peuvent etre consideres comma un developpement anormal de I'organe que E.-H. Weeber a decril sous le nom d'uterus masculinus (sinus uro-genitalis, MuUer). 20 NOTE SUR UN CHAT MONSTRUEUX (GROUPE DES MONSTRES DOUBLES MONOSO- MiENS , GENRE OPODYME. — IsiD. Geoffroy-Saint-Hilaire) ; par M. VUL- PIAN. Ce chat a vecu trois jours pendant lesquels il a crie a plusieurs reprises et fait des efforts pour tcter. c. R. 8 ll'l Les deux tetes sonl cnliercmciil conrondiics an niveau do leurs parties oc- cipitalcs; mais cllcs s'ecavtcnt presquc aussitot, ct Ics deux faces sout dis- liuL-tcs en avant. 11 y a quatrc paiictaux dont les deux iutciiies out de tres- petites dimensious, et quatre frontaux dont les deux intei'nes sont relativc- mcnt un peu plus considevables. II y a deux nez ct deux bouches. Les deux luaxillaires supeiieui's, qui sont altenants, sout juxtaposes ct reduits de vo- lume posterieurement ; ils sontdisjoints anterieurement. Les deux max ilUiiies inferieurs voisins sont tres-alropliies, et ils sont conteuus daus \in repli cu- tane cu avant, muqueux en arriere, verticalemeut tendu eutrc les deiix cavi- tes buccales et formantune cloison incomplete; de telle sorte que ccs deux, cavltes sont separees en avant et confondues en arriere en une seule. 11 u'y a done qu'un orifice buccal posterieur : 11 n'y a pas de voile du palais. Eu avant, on voit dcuxlangues bieu distinctes; mais dcrriere la cloison in- terbuccale, elles se joignent a angle aigu et constituent une langue imique, d'aboi\l tres-large, puis se retrecissant jusqu'auprfes de Vepiglotle : la la lan- gue a a peu pr^s des dimensions normales. 11 y a une seide epiglotte et un seul oriQce laryngieu. II y a deux fentes interpalpebrales sur les cotes; mais sur le niilicLi, les deux autres fentes se sont rcunies en une seulc, qui a 11 millimetres de lon- gueur, tandis que les lat^rales ont seulemcnl 8 millimetres. Apres avoir ccarlc les paupi^res des deux fentes laterales, on constate la presence de deux yeux laleraux de forme et de dimensions normales. An conlrairc, il n'y a pas da'il median. Les deux paupieres medianes ccartees, on tombe immediatemeut dans un cul-de-sac peu profond forme par une membrane tres-vasculaire d'apparence muqueuse, resscmblant a une coujonctive. Derrierc cettc mem- brane se trouve une couche peu compacte de tissu graisseux, qui rcmplit avcc la mem])rane llacavitc orbitaire). Cette cavity est tres-incomplete, aUon- gee dans le sens aatero-posterieur, mais tres-etroite transversalement, n'ayant pas dans ce sens la moitid de la largeur d'une des cavitcs orbitaircs laterales. 11 n'y a rien, daus la cavite orbitaire mediane, que Ton puissc prendre pour uu vestige d'ccil. Lorsqu'on a enleve le cerveau, on voit que la base du crane offre une dis- position en accord avec celle que nous venous de decrire pour Texterieur de la tete. On y reconnait deux etbmoides complets avec leurs apophyses crista- galli, deux voiitcs orbitaires laterales, et, sur la ligue mediane, les deux au- tres voiites orbitaircs reduites an quart de leur grandeur, et reunies en for- manl un angle diedrc antero-postericur prcsque droit, dont le sommet se pro- longe en uuc petite cr6te yerticale. II y a deux trous optiques seulement ; aucun pertuis no fait communiquer I'orbite mediane avec la cuvile cra- nienne. Enoephale et duke-mere. — L'encephale est constitu6 de la mauiere sui- Tante : 115 1° 11 y a (leiix ccrve;uix ]nm dislinds; Ics ilenx lirmisplKTCs so sonf aitla- lis reciprotiiiemeut, mais lis ue paniisseut pas notaJjlcment dimiiiuOs dc vo- lume. 2" 11 y a qiialre pedoncuJes cerebraux : les deux internes sont intimement reunis ensemble; lis sont plus petits que les externes, et le sillon qui les se- pare de ces derniers n'cst pas trcs-marque. 3<> Un seul pont dc Varole pen saillant au-dessus des pedoncules ct du bulbe offre sur la ligne mediane un petit rcpli antero-posteiieur. 4° Lc bulbc est tout a fait normal. 6° 11 n'y a qu'un cervelet. 6" Ouatre tubcrcules quadrijumeaux qui out leur forme nonnale et qui ne sembleut point trcs-volumineux. 7° En avant dc ces tuberculcs se voit une sorte de grosse commissure for- mic par la soudure des deux pedoncules cert^braux. Dans cette commissure, a une petite distance de sa face supcricure, on trouvc un otroit canal trans- versal aboutissant par ses deux exlremitcis aux troisiemcs ventricules des deirx cerveaux, ct par son milieu avec I'aqueduc de Sylvius, de facon a 6tablir une communication cntre cet aqueduc et les trois ventricules. 8° II y a quatre lobules olfactifs. 9" 11 n'y a que deux nerfs opticiues : ils recoivcnt chacun une seule bando- Ictte optiquc, cjui vient du tubcrculc optiquc du meme c6t(5. 10° 11 y a deux corps pituitaircs. Du cote interne du pied, de chaquc corps pituitaire part un ncrf oculo-moteur commun, et ces deux nerfs se terminent a un petit corps d'apparence celluleuse libre, situe a la base du cerveau, dans I'intdrieur dcla cavite cranienne. 11° 11 n'y a que deux nerfs oculo-moteurs externes. Les deux dures-meres se sont jointes en une seule, cpii contient les deux cerveaux dans sa cavite. Du milieu de la voiite de cette membrane descend verticalemeut un rcpli membraneux et vasculaire tres-mince qui separe les deux cerveaux. \ une petite distance de ce repli, et de cbaque c6tt; de la dure-mere, se detachcnt deux cloisons verticales, obliques dans le sens antero-posterieur, qui penetrent entre les deux hemispheres de chaque cerveau. Ces deux cloi- sons sont les veritables faux cerebrates : a leur bord superieur se trouvent les sinus longltudinaux superieurs, et a leur bord inf^rieur, les sinus longitu- dinaux inferieurs qui, posterieuremeut, vont en couvergeant se reuuir a I'ex- tr^mite ant^rieure du sinus droit. L'histoire anatomique de ce chat opodyme offre plusieurs points remarqua- bles, parmi lescjuels 11 me sufTira de mentionner I'absence complete d'o-ll rat^- dian, bien qu'il y cut entre les deux yeux laterauxune cavite orbitaire ; I'ab- sence non moins complete de deux des nerfs optiques et de deux des nerfs oculo-moteurs externes, ainsi que I'existcnce des quatre nerfs oculo-moteurs lie. coraiiuins; la raaniere dont les troisiSmes vcntriculcs cominuniquaieiil ou- s:mble et avec I'aqueduc de Sylvius, etc. Lcs monslrcs opodymcs ne sont certainemcnt pas rares, et surtout dans res- pice du chat, car M. Is. GcofTroy-Saint-Hilaire rapportc qu'il a observe cette monstruosite cliez 15 mammiferes, et sur ce nombi-e se trouvent 11 cbats, 1 sujct hiimain et 2 vcaux. Dans tons ces cas, dc memc que dans la pbipart de ceux qui ont etc vuspar diffcrents auleurs, on a note la presence soil dc deux ycux medians plus ou moins atrophies, soil d'un ceil unique median ou plus vjluniineux ou nioins volumineux que les deux ycux latcraux. Cepcndant nous lisons dans lcs notes du Traite de teratologie que Huschke a desigu6 sous le nom d'anophthalmie unc uiodiflcaliou tres-rcniarquable decritc par Auber (Descript. d'un monstue, etc. Ancien journ. de med., t. XV, p. 45, an- ncc ITGll et obscrvee sur un vcau opodyme dont I'ocil median ne contenait point d'hunieur : it y avait au fond de I'orbite une espcce de peau mollassc assez scmblable a un oeii vide ou foudu. Haller (Opera mlxora, t. Ill, p. 4G et 47i, sous le litre : Caput semi-duplex, rapportel'histoire d'un monstrc opo- dyme (itudie aussi par Rolliu (Diss, i.naug. qua dcor. moxstuorum anatome coNTi.NETUR, in-4°, Goettingue, 1742) : chez ce monstrc, il n'y avait que deux yeux lateraux. Jc n'ai pas bcsoin d'insistcr sur les differences qui existent cntre le monstrc que j'ai dissc'que et ces deux dernicrs : cc sont ces differences qui m'ont paru assez interessanles pour m'engager a presenter ces details anatomiqucs a la Societe. COMPTE RENDU DES SEANCES \K-. F r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'OCTODRE 18o'| ; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRi;SIDfi\CE \M W. RAVER. 1. -Helmintholocie. 1° RECHERCIIES SUR LES VERS DES VAISSEAUX PULMONAIRES ET DES BRONCHES CHEZ LE MARSOuiN (delphinus phocoena) ; par M. Ic docteur Dayaine. L'existence de vers dans le sang a 6t6 constat^e chez un certain nombre de mammift'res : le chevalM chien, le rat, le marsouin; cliez plusieurs oiseaiix. chez des reptiles et dcs poissons; mais a I'exception de ceux du clieval et du marsouin, et peut-6tre de quelques autres fort pen connus, ces vers sont mi- croscopiqnes, n'ont point d'organes g^nitanx et circulent ordinairement dans 118 tons les vaisscaux art(5riels ct veinciix indislinctement. On les connait sous le nom d'hi'matozoaires. Les \ers du sang du clicval existent uuiquemcnt dans le systeme a sang rouge ; ils habitent des dilatations an6vrismatiques des arteres mesenteri- ques et coliques. M. Rayer les a bien fait connaiire ct a montre qu'ils y at- teignent un developpemcnt complet (Archives de la medeci.xe cojip.\ree, n° 1 ; 1842). Chez le marsouin, les vers du sang ne se trouvent que dans les vaisseanx du systiime a sang noir ; ils y atteignent aussi leur developpemcnt complet. C'est princlpalcmcnt dans les sinus de la base du crane et dans les vaisseaux pulmonaires qu'on les rencontre. Us torment deux especes dis- tinctes. En mcme temps qu'on trouve des lielminthes dans I'art^re pulmonaire et ses ramiflcations, on en trouve d'autres dans les bronclies ou sous la plevre, a Ja surface des poumons. Ce n'est que par un examea attentif qu'il est cpiel- quefois possible de distinguersi les vers sont contcmis dans les ramifications des vaisseaux jnilmonaires ou dans celles des bronclies, car les tubes art(5- riels ou bvoncbiques dun petit calibre ne peuvent etre distingucs les uns des autres a la simple vue, et Ton ne pent les reconnaitre qu'en les suivant des principaux troncs aux plus petits. Quoique les lielminthes des vaisseaux pulmonaires et des bronches aient 6te examines et d^crits par plusieurs observateurs, la plus grande confusion r^gne encore, tant sous le rapport de leur distinction respective que sous ce- lui de leur determination specifique. Cette confusion tient, sans doute, a ce que plusieurs des helminthologistes qui out examine ces vers ne les ont point cxtraits eux-memes des organes dans lesquels ils existent ; d'ou il est resulted que le memo ver a ete attribuc a diffcrents organes ou que plusieurs vers ont (5te confondus ensemble. Si Ton ajoute a ces causes d'erreurs les descriptions incompletes ou vagues, les determinations speciOques erronn^es de quelques autres observateurs, on ne sera point ctonne de I'encontrer sur ce point d"liel- minthologie une confusion telle que le mcme ver a ete dccrit comme vivant a l'6tat adulte dans les vaisseaux veineux, dans les bronches et dans le tissu du poumon; or les lielminthes n'atteignent ordinairement leur developpemcnt complet que dans un lieu special pour chacim deux, et il n'existe point, a ma connaissance, d'exemple bien constat(5 qu'un ver sejourne et atteigTie I'e- tat adulte dans des milieux aussi diff(§rents que le sont le saug veineux et le mucus bronchique. A un autre point de vue, M.Diesing, en creant pour ces vers, d'apres les descriptions des auteurs, le genre prosthe'cosacter, emet des doutes sur la r^gularit^ de ce genre (Svsteju helminthum, t. ii, p. 322). Ayant eu a ma disposition un marsouin (delphinus phocoena) dont les vais- seaux pulmonaires ct les bronclies contenaient ini assez grand nombre de vers, j'ai pens6 qu'une etude attentive de ces helminthcs pourrait eclaircir la question plus compli'tcnicnl que la comparaison el la (riliijuo des descrip- 119 tions qui en ont ^t6 donnc^es jnsqii'aujourd'Iiiii. J'appovtai done un soin parliculicr dans la recherclie des vers qni existaient cliez ce marsouin, ainsi ([lie dansrexamcn ct les figures que j'en ai fails. Le ventricule droit du coeur, I'artSre pulmonaire et ses divisions contc- naient un grand nombre de vers ; il n'y en avalt point dans les veincs pidmo- naires, dans le ventricule gauche ni dansl'aorte. Les bronches moyennes et petites en contenaient un grand nombre. On en voyait encore a la surface du poumon, sous la plevre, formant dc petites tumours d'apparence enkystee, Ces vers ayant ete extraits et places dans des vases s^part^s, j'ai pu constater que ceux du coeuri de I'art^re pulmonaire et de ses divisions appartenaient tons a une memo esp^ce , et, d'un autre c6\6, que les vers des bronches et ceux qui paraissaient enkystes sous la pliivre, appartenaient tons aussi a une m6mo especC; distinctc de celle des vaisseaux pulmonaires. Ainsi, ces vers appartenaient a deux esp6ces distinctes : 1° L'une habitant les vaisseaux pulmonaires a sang noir et le ca?ur droit ; 2° L'autre habitant les bronches ct en apparence le pareuchyme des pou- mons. Quant aux organes qui contenaient ces helminthes, lis nc paraissaient nul- lement dilferents de ce cpi'ils sont a I'etat normal, et quant a I'art^re pulmo- naire en particulier, elle n'etait point hypertrophiee ni dilat^e, contraire- ment a ce qu'on observe chez le cheval, aux art^resqui contiennent des vers. 1" Les vers du ccetir et des vaisseanx pulmonaires pr^seutaient les caract^res suivants : « Corps cylindrique, fdiforme, tr^s-long, presque egal paftont, brunatre ; 1) tete continue avec Ic corps, obtuse, orbiculaire; bouche rnie, trfs-petite, » ovalaireouarrondie; a-sophagelongde 1 millim., forme par une membrane >. tr6s-mince, suivi d'un renflement olivaire, long de 2/3 de millim.; intcslin » droit, tres-apparent, rcmpii d'une substance noiratre, dans laquelle on re- 1) connait des globules sanguins alterds ; tegument lisse, brunfdre, tr§s-altc- )) ra])leparla potasse caustique. » Mdle long de 13 a 14 centimetres, large de 1 millimetre en moyenne, s'a- I) mincissant reguli^rement d'avant en arrif-rc depuis la parfie moyenne du ■) corps jusqu'al'extremit^ posterieure qui ofl'reun renflement ))rusque, court » et terminal ; ce renflement, long de 1 millim. environ, est aplati transver- » salement et forme uniquement par les t(-guments distendus par de la s(5ro- » site dont lexistence ici est normale et n'est point un elTet d'endosmose ; » enlin cette extremit(^ posterieure est terminee par deux digitations, repr^- » sentant assez exactement les deux dents externcs d'un trident ; ps'-nis uni- » que, situii a la base et entre les deux digitations, dirigc'; en arri^re: il est » forme par deux lames cornties, brunes, foliacc^es, soud(?es par ime portion n de I'un de leurs bords. 1) Femelle longue de 15 a 17 centimetres, d'uno ('paisseur presqno ('gale 12U » partout ;• queue amincie brHsc[iiement en unt* pointe courte, rocouvlK^^ot " relevee on forme Je prouo, tulie couique a rextmnite dnquol s'ouvrela " Yulve, faisaiil saillie dans la concavite que forme la poinle caudale, anus » presque terminal. Ce vcr, decrit par Rudolphi sous le nom do strongylus inflexus, a cle con- fondu par lul et par plusieurs liclminthologistes avec un autre ver qui liabitc les sinus veincns de la base du crane du marsouin; M. Raspail (Annai.ks des scIE^•CES D'oBSERVATio.\,t. 1 ; 1S30) montra que ces behnintbes fonnent deux especes distinctes, et 11 dL%ig-na celle qui babite les vaisseaux pulmonaires sous le nom de strongylus inflexus major. Tons les observateurs, jus(iu'a M. Dujardin (Histoire naturelle des helminthes, p. 134; 1845), rapport^- rent ce ver au genre strongle; mais eel belmintbologiste distingue, en ayant examine quelques-uns, reconnut qu'il difffere beaucoup des strongles et qu'il doit former un genre distinct, auquel il donna le nom de pseudalie. D'apr^s Baer, Vrolik, Brcscbet, Quekett, etc., ce ver se trouverait dans I'ar- t6re pulmonaire et meme dans la veine azygos; d'apr^s Rosentbal, Camper, Kubn, etc., 11 se trouverait dans les bronches ou dans les poumons. M. Du- jardin le decrit comme provenant des bronches ; mais les individus examiufs par lui etaient conserves dans I'alcool, et les anatomistes qui les avaient re- cueillis, dememe, sans doute, que Rosenthal, Camper, etc.,n'ctant paspn've- nus de I'existence d'belminthes dans les vaisseaux pulmonaires, auront pu croire les extraire des bronches, erreur tres-facile, st Ton ne prend pas les precautions que j'ai indiquees ci-dessus. Peut-etre existait-il, dans le bocal qui contenait les vers examines par M. Dujardin, quelques fragments de celui qui babite les bronches, ce cpii ex- pliquerait les differences, pen importantes au reste, qui se trouvent enfve la relation de cet observateur et la mienne. Ainsi, je n'ai point vu, quoicpie jc I'eusse chercbe, d'embryon dans I'ceuf de la pseudalie, tandis qu'il y en a un tres-apparent dans Tojuf des vers des bronches, dont je donnerai ci-ajires la description. — Quant a I'existence de deux spicules, suivant .M. Dujardin, j'ai pu m'assurer (juil n'y en aqu'un chez la pseudalie, forme de deiLx pieces cor- n^es, courtes et foliacees. Ayant traite I'un des vers males par la potasse caus- tique, (lui a dissous les teguments et laisse intactes les deux lamelles du penis, j'ai reconnu qu'elles etaient soudrcs ensemble par leur extremite libre. Ces rectifications ne portant point sur les principaux caracteres generiques on speciflrpics du ver des vaisseaux pulmonau-es, le genre pseudalie, ('tabli par M. Dujardin, peut etre maintenu. 11 n'eu est pas de meme du genre pros- thdcosacter, dans lecpiel M. Diesing a r^uni le pseudalie avec d'autres vers d'es- peces evidemment dilTerentes, genre sur lequel, au reste. ranteur lui-meme exprime des doutes (Diesing, Syst. helm., t. 2, p, 322). 2" Les vers des bronches et ceux qui paraissaient enkyste's dans le parcnchymc pulmonaire ollraient les caracteres suivants : 121 « Corps blanchulre, cyllndriqiio, filiforrae, long et tr^s-mince ; tete continue » avec lecorps, amincie; bouclie ronde, tres-petite, nue; tt'sophage non dis- » tinct; intestin en apparence plus long que le corps, et faisant, dans sa par- » tie anterieure, deux ou trois flexuosites (autant qu'on en peul juger parl'iu- » spection a travers les teguments!; anus presque terminal; peau liiclic, » plissee iri'cguliercment. Les plis ou stries sont plus ou moins obliques, on- 1) dul6s, trfes-rapprocli^s, etforment, surtout aux deux extremites des sillons, 1) qui, \T^is a un fort gross! ssement, reprdsentent des dessins vermicules . Ces I) dessins deviennent fort apparents par Taction de I'acide sulfurique ; a un » faible grossissement, ils donnent aux teguments un aspect frang{5. La po- » tasse caustifiue rend la peau transparente sans la detruire. » Mdle. — Long do 2 centim. 25 a 3 centim.; large de0,15 centii^mcs de » millim.; extr^mit6 caudate obtuse, non amincie; deux spicules longs de » 0,15 centit-mes de millim., arques, faisant saillie a 3 centiemes de millim. » en .tvant de I'extremite post(5rieure du corps; point d'apparence de bourse ni d'ailes membraneuses. » Femelle. — Longue de 5 centim. a 6 centim. 50; large de 2 dixiemes de » millim.; queue amincie ; anus presque terminal ; vulve situee un peu en » avant de I'anus, a 0,08 centiemes de millim. en avant de I'extremite du cor.ns ; » oviducte ou vagin tres-large, plein d'ceufs, contenant un embryou toul r> forme ; a'ufs longs de 5 centiemes de millim.; embryon ayant a peu pres » trois fois la longueur de I'ceuf. » Surun de ces vers qui avail st^journe quelquc temps dans I'eau, les tegu- ments fortement distendus et ecartes du tube musculaire sous-jacent, for- maient, au-devant de la tete, un fourreau transparent dans Icquel on remar- quait un lilet longitudinal extrememcnt mince, termine en avant pres du liui' e buccal, par une sorle de crosse double et transversale. Je n'ai pu determiner, par les plus forts grossissemcnts, la nature do ce fdament, qui ressemblait bien plus a une fibre (?lastique qu'a un nerf. Ce ver se trouve dans les broncbes moyennes et surtout dans les plus pe- tites; il est plus ou moins allonge ou replie pour s'accommodcr a la dispo- sition des tuyaux broncbiques dans lesquels 11 a peuetre. Presque toujours 11 occupe plusieurs ramilications ; il est alors replie plusieurs fois, a angles {ilus ou moins aigus, ce qui rend son extraction plus dilTicile. II s'en trouve aussi sous la plevrc, a la surface des poumons, oil on le voit quelquefois reuiii avec d'autres, contournc sur lui-meme et formant, dans un petit espace, uu grand nombre de rcplis en zigzags. II semble alors occupcr le parencbyme des poumons etetre contenu dans unkyste;maisil est probable qu'il estloge hi dans rextrcmitc;' des broncbes dilalee; car, apres leur extraction, je n"ai re- marqu6 ni membrane kystique ni aucune alteration particuli^re du tissu piil- monaire. On ue ponrrait confomlre ce ver avec la pseudalie; il ne diHere pas moins 122 ilos strangles. S'il a qiielqiics rapports avec le strongylus conrolutus rfc Kuhn. il on (litliTO par t'iilispnco d'uno lioiirse caudale chcz le mfilo. C'ept proljal)lo- inont col licliiiintlie que JI. Qnckett a dcsignt^ sous le iiom ilc strongyliis iii- vnainatus (Microscopical society of London, p. 151), lielminthe que cet oli- servateur a tiouve dans de petits kystes du poumon du marsouin, mais dont 11 n'a pas doiim- les caractercs ; eutin c'est encore probahlcmcnt le memo ver qui a etc rcgarde par M. Siebold commc unc lilaire, et designe par liii sous le nom de filaria inflexocaudata, ver trouv6 dans des kystes tuberculiformes des pouuions du marsoitin |dans"\ViEGMAXN's arch., II, 18i'2). iS'ayant jni me pro- curer ce nuniero des areliives de Wlegiuann, je iie sals d'aprcs quels carac- teres ?\I. Siebold a regarde I'helmintbe des kystes du poumon comiue une fi- lalre; mais M. Diesing ^SYSTEMA iielminthum, 1. 11, p. 281), en plaeaiil dans les esiieces douteuses la filaria injlexocaudata, indique sulTisammenl que M. Sic- bold ne lui avail pas recoimu tons les caractt-rcs des lilaires. L'belminthe que je viens de decrire, et qui est proljablcment la filaria in- flexocaudata do M. Siebold, a beaucoup de rapports avec les filaires, mais 11 en dillere par un caract^re important, la situation de la vulve a Icxlremile cau- dale. 11 oft're, en outre, dans les sillons oureplis de la pcau une particularite qui ii'existe point chcz les lilaires. Ce ver ne pent rentrer dans aucun des genres connus; s'il est trt^'s-Toisin des filaires par plusieurs caracteres, 11 s'en distingue nettement par la situa- tion de la vulve; il doit done former un genre nouveau, auquel on pourrnit assigner les caracteres suivants : (I Vers blancbatrcs a corps cylindrique, flliforme, tril'S-mince et d'une epais- » seur sensiblcment egale partouf, extr(^mite anterieure un pen auiiucie, tele 1) continue avec le corps, bouche nue, ronde, pelite, oesopbage indistinct, in- i> testin flcTueux en arant? anus prescpie terminal. Poan couverfe de stries on » de sillons plus ou raoins oblicpies, donnant aux deux extreinites surtoutun » aspect frang^. » Male a queue obtuse, spicule double, arqut?, point de bourse ui d'ailos » membraneuscs. » Femelle a queue un pcu amincie, vulve situee a rextr(5mit6 caudale, prSs » de I'anus, ceuf contenant un cmbryon ayaut trois fois sa longueur. D'apresl'apparence des teguments de ccthclmintbe, si differents de ceux des lilaires et memo de ceux des autres vers nematoides, on pourrait le designer sous lenom de hete'roderme \Stepoi;, different, Sepfj-a, peau). En resume, j'ai rencontre dans les organes thoraciques du marsouin deux vers distiucts : 1/un bal)itaiit le coeur droit, I'artere puliuonaire et ses divisions : li'aulrc les brourlies, el en apparence des kystes du parcncbyme des pou- raons. 123 Lo premiei'n'est point \m strnncle; il appnrtiont a \m frcnro distinct, anqiicl leiiom i\cpseudalic, donni' par Jl. Diijardiri, pent t'trc maintenn. Le second n'est point non plus un stronijie ni line lilaire; il ])eiit scrvir de type a un genre nouveau, au(|ucl je propose de donuer ii- nom de he'te'roderme. La pseudalie act|uierl uu develui)penient compk'l dans les vaisseanx pnlmo- naires a sang noir du marsouin, conmie Ic strongylus armatus minor daus les arleres du cheval ; niais clle n'exerce aucune action apprecialde sur la struc- ture des Yaisseaux qui la renfcrment. 2" NOTE SUR LES HEMATOZOAIHES FILIFORMES DE LA ORE>)OUILLE COMMUNE ; par M. VuLPiAN. Sur une grenouille verte contcnant nn grand nombre d'ht^malozoaires fili- foinies noninies amjuilluhs, je trouvai au milieu des gros vaisseaux qui se dirigenl du ca^ur vers le Itras gauche et des nerfs du plexus Iiracliial une longue lilaire enroulee sur elle-meme, d'une couleur bkiRdiatreet menie dans nue grande partie de sa longueur d'une teinte opaline, demi-transparcnte- Je la porlai sous le microscope et il me fut facile devoir que c'etait une fe- melle, qu'elle etait pleine d'embryons dont quclqucs-nns seulement etaient encore enfermes dans des oeufs, mais dont la plupart, en nombre iucalculable, {^talent libres dans I'oA'iducte, semouvaient avec d'aulant plus de rapidite qn'ils etaient plus rapproclies dela vnlve. Je fus frappe, des le premier coup d'teil, de la ressemblance (pi'otrraient ces embryous, comme formes et comme dimensions, avec les nemato'ides dusang de cette grenouille : leurs monvc ments se faisaient de la memo maniere. I'ar la ju-ession j'en (is sortir quelques- nns, je les mcMai dans une goulte do sang, et il me fut impossible de les dis- tinguer nettement des hematozoaires au milieu desquels its se Irouv^rent ainsi places. Je n'avais d'abord attache qu'unc importance mediocre a cette ressem- blance, lorsqu'im second fait tout a fait semblable s'ofTrit a moi quelque temps apres : cela m'engagea a faire des recberclies sur ce point. J'avais une (piarantaine de grenouilles a ma disposition : j'en fis deux parts. Je mis d nn cote toutes les grenouilles dont le sang oblenu par une section des derniferes phalanges des pattes posterieures contenait des hematozoaires ; de I'autre, jeplacai celles qui en etaient depourvues. Celles-ci etaient plus nom- breuses; huit grenouilles seulement rcnfermaicnt des hematozoaires tilifor- mes. Chez ces huit grenouilles, j'ai retroiiv6 coustamment une fdalre situee soit a I'endroit ci-dessus indiqud, a droite on le plus souvent a gauche, soit, et cela ne m'est arrive qu'une fois, dans les muscles sons-hyoldiens. Toutes ces lilaires etaient semblables ; c'etaient toutes des femelles et des femelles remplies de myriadea d'embryons vivaats ; de plus, chez ces grenouilles, je n'ai jamais trouve, soit entre les vaisseaux auxiliaires, soit dans les muscles 12 i sous-liyo'idicns, qii'iine soulc fllairc. Dans les aiitrcs parties du corps jc n'ai pas noil ])liis trouvij d'helmintlies de cetlc cspecc. J"ai examine uncde CCS gTcnouiUesavecM.ledocteurDavainc.quiabienvoiilu dessiner lui-memc a la cliamljre claire les embryons de la lilairc que nous trouviinies cliez cctle gruiiouillc et les angiiillulcs du sang. Coiiiine nioi, il conslata leur resseinblance, el de plus, sur le dessin qu'il avail fait, nous nous assurames de I'identite de lenrs dimensions. Unembryon de lilairc cl uii licmatozoairc avaient chacun apcu pri's nn dixiemedemillimetrede longueur et la meme largeiir. Cliez aucune des grenouilles d^ponrvues d'hematozoaires jc n'ai pu trouvei de lilairc analogue a celles dont je viens de parler. D'apr^s ce que je viens d'exposer, je crois pouvoir conclnrc que les neina- loides du sang de la grenouiUe sent les embryons d'une lilairc dont jai de- termine la demcure la plus ordinaire : cetfe conclusion devra cependant etre admise avec reserve tant que des observations plus nombreuscs n'auront point conlirme les I'csultats de ces rechcrchcs. Comment les embryons de la (ilairc pen^trent-ils dans les canauxsanguins?Je n'ai aucune raison qui puisse me faire choisir entre les bypotliSses que soulfive cette question; aussi neles discuterai-je pas. M. Yogt avail deja emis eu 1841 une bypothese semblable a cellequi ressort de mes observations. II avail M meme plus loin : il avail vu trois fails qu'il a chercbe a tier ensemble : \° les anguillules du sang, 2" des filaires fenielles pleines d'ffiufs et d'enibryons, 3° des kystes sous le peritoine et dans les di- vers viscSres. Les kystes contenaient cbacun un ver dans leurint^ricnr, el ce ver ressemlilait aux vers du sang. U'apies M. Yogt, les filaires femelles (lu'il avail Irouvees dans I'abdomen y pondent leurs embryons ; ces embryons pe- netrent dans les vaisseaux sangiiins, puis sorteut en divers endroils de ces vaisseaux pour se developper dans des conditions favorables, en s'envelop- pant de kystes. Je n'ai jamais vu ces kystes dont parte M. Yogt. 11 ressort toutefois de son observation que les filaires femelles qui produi- sent les hematozoaires peuvent babitcr aussi ra))domen ; en supposant fine la vraie fllairc mere nc fiit pas au[)res des vaisseaux axillaires. M. Ecker (do Bale), en 1845{Arch.de Muller), dissequant des corbeaux dont le sang otait rempli d'animalcules flliformcs, Irouva dans leur m(!'sentere des fllaircs tongues de 2ou 3 lignes, pleincs d'enibryons plus petils que les lit^nia- tozoaires. Ces lilaires etaient libres on enkystees. M. Ecker pensc que les em- bryons pondus pL'nt;trent dans les vaisseaux d'ou ils sortent, aprSs un sejonr plus ou moins long pour se ddvelopper dans difFerents tissus. Cette analy.^e du travail de M. Ecker, enipruntee a I'excellenle these de M. Cliaussat (I'aris, 1850), montre que ses idt^es sent lesmSmes que celles deM. Vogt. lo snislieureux que les nouveaux fails que jai oliserves vicudpiil appuycr 125 cenxqu'ont rapportes MM. Vogt el Ecker. U c?1 proliuliUMjiie des oliservalinn^ I'ailcs dans Ic nieme sens sur les divers animaux dont Ic sang est liabite par dos nematoides microscopiques donncraient des resultats analogues. Les cliieus, les miilots, les rats noirs, etc., etc., oii Ton a trouve des hcmatozoai- I'cs fillformes, dcvraient etre etiuli(?s a ce point de vue. L'origine si obscure de ees hcmatozoaires scrait tres-probablcment clucidt'eparcesrcchercbes. Dans la these que jc citais tout a I'heure, M. Chaussat a fait connaltreun Ires-petit hematozoaire qui cxiste chez la grenouille ct qu'il a represented dans une de ses figures sous lenoni iVanguiUula minima (Wii'se citee, p. 36). Quoi- que j'aie examine le sang d'un Ires-grand nombre de grenouilles possedant des lienialozoaircs de diverses cspeces (anguillulcs, amibes, paraniwcies), je n'ai vu que deux fois ces hematozoaires particuliers decrils parM.Gliaussal, et uiOuie je conserve quelques denies sur la question de savoir si ceux C[ue j'ai observes sont les memes cpie ceux qu'a indiquesM. Cliasssat. Eneffet, les Irois henialozoaires qu'il a represcntes sons le nom d'anguilhda minima, out tons une sorte d'am[)oule a une des cxtremites, etje u"ai rien vu qui quiressem- blat a cette ampoule cliez les jictits liemalozoaires que j'ai renconlr(?s. Vuici les ])rincipaux caracli^'res f[ue j'ai notes : animaux fusiformes, granu- Jcux it I'inlerieur, sans traces d'organes dislincts : les deux extremites sont semblables entre elles. Leur longueur est de 17 milliemes de millimetre. lis se meuvent avec assez de rapidite, tantot en faisant quelques inflexions suc- cessives, cc qui est rare, tantcM, ce qui est le plus frequent, en tournant sur leur axe longitudinal. Les dimensions que jc viens de menlionner sont a peu pres les memes que celles de Vanguillula minima de M. Cliaussat. Les quel- ques caracteres que j'ai donn(5s sur ces animaux montrent, a ce qu'il me seniljle, qu'on aurait tort de leur doimer le nom d'anguillules, qui les rappro- cherait des vraies anguillules du sang. Ces animaux n'ont pas la forme iussi allongee que les nematozoaires flliformes ; de plus, et cela me semble assez important, lis ne se meuvent pas par le memo precede. Le sang de la derni^re grenouille chez laquelle j'ai trouve ces liema- tozoaires contenait en raeme temps les hematoides ordinaires, ce qui rendait la coniparaison de ces deux cspeces d'animalcules trC's-facilc. Je tuai cette grenouille, et aussitot je visitai ses differents organes. La fi- laire mere des vrais nematoides du sang se trouvait a sa place habituelle. Je decouvris, au-dessus du testicule gauche, un petit corps librc, fusiforme, pres(|ue de la m6me couleur que le testicule, niollasse, et oil je crus recon- nailre quelques mouvements obscui's. Sa longueur 6tait d'une ligne et sa lar- geur la plus grande d'un millimetre. Ce petit corps s'ecrasa malheureusement an moment oil je le pris pour le placer sur une lame de verre. Comprimc sous le microscope, il rac parut forme d'un tissu cellulaire a cellules arrondies : au milieu de ce tissu, je vis un long canal plisse transversalement, un peu llexucux ct vide. Outre ce canal et le parenchyme cellulaire, il y avait des 12G millicrs dc pctits aniinaux fusiloniies, scnibl;ihlcs a ceux du sang, ayant les mrinos dimensions et le mOme mode de locomotion ([u'eux. Qu'etait cc petit corps ? Quoique I'dcrasement ait rendu sa determination impossible, je penso avoir eu sous les yeux un helminthe plein d'embryons tout formes, ct le ca- nal qui se tronvait dans ce petit corps m'a semble etre un oviducte. Quand uiOmc cc serait un kyste, le fait de la presence simultanee dans unc meme grenouille, d'animalcules se trouvant par milliers dans ce Icyste et en grand nombre dans son sang, serait encore assez inl(5ressant. 3° NOTE SUR DES HELMINTHES TROUA-ES DA.\S L'lnETRE DE LA TORTUE TERRESTRE; par M. le docteur E. Faivre. Les helmintlics dont nous doimons la description out cite trouves dans le canal de I'urelre d'une tortue terrestre dc petite taille. lis occupaient le fond de la gouttit're de ce demi-canal a 2 centim. de sou origine. Ixous en iionvuns evaluer le nombre a 100. Cos vers sout blancs, liliformes, de 4 a b millim. de long; lis adherent for- tement par leur bouche aux tissus sur lesquels lis vivent en parasites. A un grossissement de 50 diam6tres, on voit se dessiner sous le microscope ks pvincipales particularites de leur organisation interieure. Leur boucbc est suivie d'un bulbe pharyngien volumiueux renfermantun appareil styliforme; un u^sopbage court, un estomacglobuleux,un intestin allonge, presque droit, s'ouvrant par un anus a rextrcmitd caudate, composent I'appareil digestif complet. L'appareil de I'eproduction, diflicile a reconnaltre dans la plupart des indi- vidus soumis a notre examen, se compose cbezlafemelle d'un ovaire allonge, termine par un oviducte dont rextremite parait aboutir pr6s de I'intestin. Reprenons avec quelques details la description des appareils digestifs, rc- producteurs, etc. • La bouche est composce de deux saillies papillaires, laissant entre elles uue petite depression, orifice d'un canal qui alioulit au bulbe ]iluayngien. Nous n'avons distingue autour de lorilice buccal ni veutouses ni crochets. Le bulbe pharyngien a la forme d'imc massue dont la grosse exiremite aboutirait a Ta'sophage. On nc distingue (pi'imparfaitemcnt sa structure in- terieure ; cependaut nous avons rencontre quclquefois a sa surface des bandes musculaires striees. L'n appareil styliforme Ires-developpe est renferme dans le bulbe pharyn- gien; il se compose de cinq stylets a cliacun desquels on pent dislinguer deux pai'ties: I'une est lineaire, allongee; I'autrc, courte, lanceolee, est placde aupres de I'origine cesophagienne. Trois des stylets ferment un groupe, el les deux autres ferment un second groupe distinct du ])remier. Tons out la 127 conleur jannc et rapparcncc d'tuic siilistancc coriiec. lis pcuvent sc recoiir- bcr encore sans se rompix'. L'a'sophagc n'offre aucune particularit(5. L'estomac est globuleux, armc dc trois on quatrc plaques cornces dent le contour se dessine vaguement a Ua- vers le pcu dc transparence des tissns. Au premier abord Tintestin jiarait sc terminer brusquement en coccum au niveau de rextrcmite caudalc. En ob- servant attentivement, nous avons pu recomiaitre que ce coecum sc conti- nnait ])ar un canal trcs-conrt qui va s'ouvrir par un anus a rcxiremile dc la queue. Impossible dc distinguer la structure des parlies contenues dans Ic canal digestif. L'ovairc a la forme allongee; il est situe d"nn cote cntre rinlcstin sur le- quel il s'appuie et la parol du corps. II renferme dans son pareuchyme des globules arrondis entoures ou non d'une seconde enveloppo. Nous regardons ccs corps comme des ocufs. Le canal de Foviducte s'ouvrc, ou derricrc I'infcstin, ou dans Tinlcstin Ini- memc ; nous n'avons jamais pu dislingucr uilcs orifices distincts des organes dc la reproduction, niles appai'cils cornes qui Ics accompagnent sisouvent. Enlrel'intestin, les organes reproduclcurs ctia parol du corps se voit unc matiere grannleuse, indistinctc, plus foncce en certains points, plus claire en certains autres. En pressant sur une des plaques du porte-objet, on pent voir s'ctablirune sortcdc courant granuleux cnlrc I'intcstin cl Teli'mcnt gra- nuleux le plus fonce. La parol du corps scmblc formec par unc couclic mus- culaire slriee transversalement. Afin de mieux fairo connaitre le rapport de volume des organes que nous vcuons de dccrirc, nous donnerons des mesures precises : nous prenons le millimetre pour unite. Grand diametrc du pharynx 0,3 10" do niiUim. — de I'oosopbage 0,1 — — de Testomac 0,09 — — de I'intestin 2,3 — — — dans la portion caudalc. 0,5 — — dc l'ovairc sans I'oviducte .... 0,9 — Diametre transverse du corps au niveau de l'es- tomac 0,18 — — au niveau du co'cum intestinal. 0,13 — Quelle place doit occuper dans la classification I'helmintbe que nous ve- nous de decrire? Le canal intestinal, droit et termine par un anus, les sexes distincts nous conduiscnt a le regarder comme un nematoide ; la presence dc baguettes pharyngiennes, la lobation pen prononcee de 1' orifice buccal nous portent a le placer a cote du genre Rbabdilis. Notre oxamen n'a pas ete assez suivi pour 128 que nous puissions dire s'il doit former uii genre ;i iniii on nne espece dis- tincle duns Ic genre rliaLdiles. Dans cc dernier cas nons lui donnerious le nom de Uliabditis testudinis. Si riielmiuthe que nous avons examine se rajiproclie des lilialiditis par qnckjues caractercs, spccialcnient par celui de I'appareil corue donl est muni sou pharynx, nous dcvons convenir qu'il s'cn eloigne aussi par d'autres ca- racteres: les Rlialiditis Ics plns\olumincux n'ont pas plus de 1 millimetre de long ; leur tete est nue, leur bouclie rondo ; leur appareil corne ne se com- pose pas de cinq stylets. De nouvelles o!)scrvalions sonf uecessaires pour de- cider la question de savoir si I'lielmintlie que nous avons decrit conslitue un genre ou une esp^ce a pai"t. Xous appelons sur ces etudes I'attention des ob- servateurs. Nos donnees sont trop iusudlsantes pour que nous osions des a present nous prononcer. On counall Ires-nial jusqu'a pr-'sent rbclmintologie des tortues ; nous n'avons trouv^ de details a ce sujel ([ue dans louvrage de Rudolpbi et dans cclui de M. Dujardin. Ces auteurs ne mcutionnent cbcz les cbeloniens que onze espcces do vers intestinaux. Ce nombre serait port(5 a douze par I'espece que nous ve- nons de faire connaitre. Yoici la listc do ces lielminthes : A. Nematoides. 1° Spiroplera contorta (Rudolphi), estomac dc la tortne d'eau douce. '2" Ascaris boloptera (Rudolphil, intestin dc la tortuc grccque, de la tortuc frauclie, de la tortue des Indes. 3° CucuUanus microceplialus (Dujardin), testudinis de Uudolpbi, trouvc 17 fois sur 116 dans I'mtestiu de la tortue d'eau douce.. i" llbabditis testudinis iFaivre^, trouve dans le canal de Furetro de la tortue de terre commune.— Nous signalons la presence dc cet belminthe, dont la de- termination specilique nest pas encore absolument possible. B. Acanthocephales. 5° Pentastoma mcgastomimi iThweiggerj, poumons d"unc tortue (I'brynops gcoflfroana). C. Trematodes. C Polystoma ocellatum (Rudolpbi), intestins, tortne d'eau douce. 7° Ampbistoma grande iDusinq). M. Katterer I'a trouve en abondance dans rcstomac de plusieurs tortues. 8° Monostoma trigonocepbalum (Rudolpbi), Intestin dela tortue franche (che- lonia Mydas). 9" Distoma testudinis (Rudolpbi^, intestins dc I'emys orbicularis. 10" Distoma lyrabiforme (Rudolpbi), vcssie uriuaire d'une tortue francbe. 11° Distoma gelalinosum (Rudolpbit, estomac de la tortue francbe. ll" Distoma irroratiun (Uudolphi), estomac dc la tortuc francbe. — Rudolpbi en a trouvc dans cc cas treizc individus. 129 4° SHU UliS ANIMALCULES IM'USOIUES TUOUVliS DANS LES SELLES DE MALADES ATTEINTS DU CHOLERA ET D'AUTRES AFFECTIONS ; pal' M. Ic (lOCteur DAVAINE. Lors do rapparition tie la derniere epidemic du chol(5ra, aux mois de no- veinbre et docemljre ISfiS, ct jusqu'aumois de mai 185-4, j'examinai, a la Cha- rity, dans les salles de M. Rayer, exclusivement consacrces au service des clioleriques, les dejections d'nn grand nombrc de ces maladcs Plusieurs fois jc remarquai dans ces defections, des animalcules infusoires qni pouvaient ctre vapportt5s au genre cercomonas. Je m'assurai que ces animalcules ne prc- venaient point des vases dans lesquels les dejections etaient rcndues, ces va- ses etanl touj ours d'une grande propretc; d'ailleurs, dans quelques cas, les animalcules se trouvaicnt repandus en nombre tellement considerable dans toutes les portions des mati^res alvines soumises a mon examen, qu'il n'elait point possible qu'elles vinssent d'autre part. La petitesse de ces animalcules ne me permettant pas d'en reconnaitre cjactcment les caracteres avec le grossissement de 350 diam6tres dont je disposals a I'hopilal, je I'ccueillis dans uu tube des matiercs qui contenaient de ces infusoires, afin de les examiner cbez moi plus a loisir et avec un gros- sissement plus fori ; mais I'examen ayant (ite fait cinq ou six hcurcs plus tard, 11 ne restait plus trace de ces animalcules. Le meme I'esultat se repro- duisit plusieurs jours aprfes. En rechcrcbant la cause de la mort de ces etres, qui auraient dii, au con traire, se multiplier s'ils s'etaient dcvelopp^s dans ces mati^res a la maniere des infusoires, je reconnus qu'ils ne tardent pas a perir lorsque ces ma- tieres se refroidisscut. Aussin'cn trouvai-je jamais dans les dejections tout a fait froides. Ces animalcules ne peuvent done elre consideres comme des infusoires qui se produisent dans les matieres en decomposition ou en putrefaction. Ce sont de vcritables parasites qui trouvent dans les intestins de I'liomme des condi- tions iudispensables a I'entretien de leur existence. A I'epoque oil je les observai pour la premi6re fois, I'existence de ces ani- malcules dans les dejections des cbolcriques n'avait ete signalee par per- sonne a ma connaissance, ce qui tenait bien certainement a cette circonstance fpi'on ne les retrouve plus lorsque les matieres sont refroidies, par conse- quent, pen de temps apres qu'elles out etc rendues, et jamais dans les cada- vres. A part les vibrions signales par M. Pouchet, ce sont les seuls infusoires que j'aie jamais remarques dans les selles des choleriques , dont j'ai examine uu tres-grand nombre. Les cercomonas observ^es dans les dejections de plusieurs malades atteints du cholera existent-elles constamment dans les scUes r^ccntes de ces mala- des? N'cn existe-t-il pas de semblables dans d'autres maladies ? Le cliok'ra c. p.. 0 1:^0 cianl cu decroissaiicc ii lY'poquc oil je me posai ccs qucslioiis, la ditriciillL' dc sc procurer des garde-robes tres-recentes dans le court intervalle d'uue \i- sitc a I'bopital, cnsuite diverses circonstances qui m'ont fait suspendre ces redierches, no m'ont pas permis dc rcsoudre ccs questions commc elles Ic mcritent. Ncanmoius jai vu plusieurs fois des selles encore cliaudes de clio- leriques dans lesqiiellcs jc ne pus constater la presence de cercomouas, tandis que j'en ai observe deux fois dans Ics dc^jcctions des malades atteiufs de di;ir- rbee simple (pendant Fepidemie du cholera, 11 est vrai^; et une fois clicz iin jeune liomme atteint d'une fievre typho'ide bicn caracteris(5e et sans aiicun ph(?nomenc cbolerique. Les cercomouas des dejections alvines des cliolcriques sent trcs-difTcrenlcs du vibrio rugula, obsend par M. Poucbetdans ces memes dejections iComi'tes REXDis DE l'Acad. DES SC, 1849), et que Leuwenboeck avail vu d^ja dans les matiei cs de la dyssenlcric. Ces vibrions, rpii sent lincaircs, et qui out 7 a 8 mijliemes de millimetres de longueur sont a peine perceptililes et Icur nnimalitt* est contestable. Les cercomouas des selles, au contraire, ont des org-ancs qui ne laisscnt aucun doute sur Icur nature animale; lis ont 8 mi!- licmes de millimetre de longueur ; leur forme est ovo'ide, un peu variable ; !c tegument est mou, blancbati-e; un corpuscule oudeux, tres-pelit, nnclmire, pent quelquefois etre percu a rinterieur. L'extremite antcrieure est pourvue d'uu filament vibratile d"une minceur extreme, trfes-long, que Ton devine d'a- bord parTagitation qu'il exerce dans le liquide ambiant, et que Ton n"aper- coit qu'a de courts intervalles et avec une attention soutenue ; a l'extremite opposce existe un autre fdamcnt plus epais, aussi long ou plus long que Ic corps, qui s'aggiutine quelquefois aux corpuscules environnants ct autoiir duquel, dans cc cas, la cercomonas oscille comme la lentille du pendule au- tour de sa tige. Ccs cercomonas sont extremement agiles, ce qui rend I'ob- scrvation de leurs caractcres trf's-difficile. La cercomonas des selles du ma- lade atteint dc fievre typho'ide m'a paru differcr de celle des cholcrir[ucs, en ce que le filament caudal s'lnsfere un peu sur le c6t6 du corps, ct en ce ijuil ofTralt, en outre, uuniouvement d'ondulation dans tout le contour. On n'a point signal^ chez I'homme ni dans les animaux a sang cbaud ilo monadiens parasites autres que la trichomonas observ^e par M. Donne dans le mucus vaginal de la femme. Chez les animaux a sang froid, on en a ob- serve dans le canal intestinal des couleuvTes, des greuouillcs et des tritons. II. — Chimie pathologique. SUR V.\ NOL"VE.\U PROCEDE POUR RECIIERCIIER LE SUCRE DANS LES URINES DIABETIQlTEs ; par M. LUTON. II existe deja un certain nomljre de rcactifs destines a constater le carac- 131 lere csseutiel du diabele sucru. Ou pent employee, (Juns ce but, lous les alca- lis fixes Gt solubles ; la plupart des sels solubles de bioxydc de cHivi'(',veiKlus lorlement alcalius; letofTe de laiue blaiicbe, trempee dans le bichlorure d'e- lain : moycns dont il faut rapprochcr le saccbarimetrc oplique. Tons out leur valeur ; cbacun d'eux sc recommaiule parti culleremcnt daus uue circoastance donnee. Uu nouYcau reactif ue pcut done avoir qu'un inlO- ri't de pure curiosite; le sulvant, du reste, n'apas d'autre pretention. On le prepare en ajontant de Tacide sulfurique en exces a une dissolution saturec afroid de liicbromate dc potasse;de maniere qu'aprc's avoir mis tout I'acide cbromique en libcrtc, il y ait encore de Tacidc sulfuricpic libre. La liqueur est done composde d'eau, d"acide cbromique, dcbisulfate de po- tasse et d'un exces d'acide sulfurique. Sa coulcur est d'un beau rouge limpide. Si Ton en verse quelques gouttes dans une urine diabetique, dc maniere a la colorer suffisamment, et si on fait chaulTer, une vivo effervescence semaui- feste et le melange devient d'un beau vert emeraude , tout en restant trans- parent. On pourrait employer tout autre acidc que I'acide sulfurirpie. Avec I'acide cblorbydricpie et avec I'acide azotique, on obtient (5galement des liqueurs d'un beau rouge rubis. La reaction avec le premier dc ces deux acides sc manifesto par une coloration verte, et avec le second par une teinte Idas foncee. La llieoric dc cette reaction est simple. Elle pent etre compareea celle de la liqueur de Barreswll. L'acidc cbromique est un oxydant energique, surtout on presence d'un autre acide. 11 bride la mati6re sucree et passe a I'dtat de ses- quioxyde de chrome, quise dissout dans I'acide, ajoute en excfes.Avec le scl de cuivre alcalin, c'est un oxyde cp.ii abaudonnc son oxygene en partie, en presence d'unc base alcaline. Le resultat de la reaction, c'est de I'acide carbonicpie, de I'eau , du sulfate de sesquioxyde de chrome, sous sa modification verte 5 peut-fitre se forme-t- il un peu d'alun de chrome. Ce reactif reduit aussi, par le sucre ordinaire, I'alcool, la gomme, la dex- trine, etc. L'acide uricpie et I'aree sont sans action sur lui. II parait, du reste, posseder une certaiue sensibilile. On sait qiie les reac- tions qui se manifestent par des colorations sont plus brillautes et plus nettes que celles qui consistent dans des precipites ; cela est vrai, surtout pour les liquides animaux, ou ces precipites s'obliennent si facilement. Ici, il n'y a pas d'erreur possible : du rouge rubis le plus vif, on passe au vert emeraude, deux coulour? bien tranchees. La nuance est d'autant plus accustJe cpill y a plus de Sucre dans I'urine, et qu'on emploie plus de reactif. Ce reactif est facile a preparer, il est inalterable. On pent agir immcdiate- ment sur I'urine, sans la soumettre a des preparations prealables. On pourra 13-2 aiusi rcconnaltrc facilement le Sucre dans Ics cas doutcux oii la liqueur ile Barreswil ne nianifcstc qu'une redaction tardive, due ordinaireraenl a I'acidc urique, et oil la potassene montre qu'une coloration jaune sale, due peut-ctre a la dissolution dc maticres albumincuses ou muqucuses. Enlin on pourrait avoir recours au reactif en question dans un certain nom- bre de cas ou on a besoin de determiner dans une liqueur la presence d'une matiSre ternaire, non azotee et solul)le. II fournirait un caractire distinctif tres-importanl pour ce groupe de principes immediats, groupe trcs-nalurel, qui comprend la dextrine, les gommes, les sucres, I'alcool, etc. Exp. I. — On fait cliaufTer dans un tube d'essai unc certaine quantite d'u- line normale rcnduc a jcun: la liqueur rcsfe claire et limpidc. On ajoute quelques goutles de reactif, qui la colore en rouge. L'ebuUitiou ne la fait pas passer au vert. On ajoute cnsuite une certaine quantite d'acide urique pur. La liqueur reste rouge. Puis dc Turec. Rien ne se manifesle. Enfin, on y verse quelques gouttes d'uriae diabetique. Due vive elTerves- cence se produit et la liqueur devient vcrte en restant limpide. Exp. II. — On repete I'expcricnce en ajoutant a I'urine du Ijlanc d'cruf ou une certaine proportion d'une autre urine ajbuniiueuse. La reaction ne se inanifeste pas. Done si, dans I'urine d'un nialade ou d'une personne en bonne sante, on obtient avec Ic reactif unc coloration vcrte, on sera en droit de conclure qu'elle conticnt du sucre ou quelqu'une des maticres solubles non azotces, cnumu- rees plus baut. III. — Anomalies. CAPSULE SURRENALE SURNUMERAIRE CHEZ UN LAPIN; par M. YULPIAN. M. Vulpian met sous les ycux de la Societe les capsules surrenales d'lui lapin. Du cot(5 droit, 11 y a deux capsules sm-renales, I'une cjui a son volume ordi- naire et qui est situde derri6re la veine cave; I'autre surnumeraire, ayant les dimensions d'un petit pois et situee en avant de cctte veine. Du c6te gauche, la capsule surr(5nale est simple. M. Vulpian a d(5ja rencon- Irt^ unc fois cette anomalie sur un cochon d'lnde; elle se trouvait aussi du cCitc droit. COMPTE RENDU DES SEANCES DE ^ w LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1854; Par M. le Docteur E. LR BRET, SECREXAinE. PRESIDE\CE DE W, MVER. I. — Physiologie. SUR LE VEMN DU CRAPAUD COMMUN ; par M. VULPIAN. Des experiences que j'ai faites ilevant la Societ(5 ont d(5montrc quo la mcm- lirane muqueusc des voles digestives des batraciens ne jouit pas du racmc privilege que celle des autrcs animaux vertc'ljres quand on la met en contact avec du curare ; elle absorbe ce poison avec une grande rapiditc', et les ba- traciens meurent presque aussi promptemcnt lorsqu'on introduit du curare dans leur cavit(5 buccale ou dans leur cstomac, que lorsqu'on I'insinue sons leur peau. 13'f Lc Ycnia du crapaiid commuu {bufo rufus) ct du crapaud calamite {bufo riri- dis) m"a donn6 des r(?sultats analogues. WM. P. Gratiolct et S. Cloez (Compte rendu de l'Ac. des sc, 21 avril 1851 et 11 mai 1852) out fait voir que le liquide lactcsceut contcnu dans les pustules cutanees de la salamaudre terrestre ct du crapaud commun constiUie m\ vc- nin tres-sublil, qui tue en quclques minutes les oiseaux de petite taille, par inoculation. Dans une communication postMeure, faitc a la Societe pliilo- matique, ces e.xperLmeutateurs ont anuouce que cc veuin, introduit en assez petite quantili5 sous la peau des maumiif^res (bouc, cliicn), les fait mourir rn moins d'uuclicure. Avaut d'arrivcr a ce qill fait plus particulierement I'objet de celte note, je desire exposer avee quelques d(5tails les plieuomenes de rempoisonnemcnt par le veuin de crapaud Chez les mammiferes, plienomt;ncs qui ne peuvent manquer d'etre int(^ressants pour les biologistes, et qui ont etc deja signales en grande partie par MM. Graliolet et Cloez. A. Chez un cliien a qui Ton a fait une plaie a la face interne de la cuissc droite, on introduit sous la peau le Yonin retire des deux groupes pustuleux parolidicns d'un crapaud comuiun. Le cliien est mis dans une cluimbre, oil on lui laisse une liberie complete. Pendant dix minutes a pcu pres , il paralt eprouvcr une douleur assez vive dans le memljrc posterieur droit; il le tieni leve quand il marcbe, et pousse a cbaque moment des cris plaintifs. 11 semble agite, et ne peut point rester en place. Au bout de ces dix minutes, il se calmc un peu et se coucbe dans un coin; mais bientOt, aiguillonne par une nouvclle douleur, il jctte quelques cris, se rclovc brusquement et va se cou- cher aillcurs pendant deux on trois minutes. Une dcmi-heure aprt's le com- mencement de Pexp^ricnce, le chien est pris de vomituritions, puis de veri- tables vomissements. April's des efforts considerables, il rejeltedesnuicosil(5s spumeuses tres-abondautes. 11 vomit ainsi une dizaine de fois en vingt mi- nutes ; puis les vomissements devieunent bien plus frequents et sont precedes d'cITorts encore plus violents, et qui paraissent tres-douloureux. Une beuic environ april's rintroduction du venin sous la peau, le cbieu commence a cbaucelcr sur ses pattcs comme s'il cHait ivre; il fait quelques pas, tombe sur le flanc, 6tend convulsivement les pattes, allonge le ecu, hurie deux ou trois fois et meurt aussitdt. J'ai dcpuis repete cette experience sur un autre chien. De meine que chez le precedent, j'ai observe d'abord de la douleur dans le membre oil j'avais inocule le venin et une grande agitation, puis une sorte de narcotisme, suivi d'efforts de vomissements ct de vomissements muqucux abondants. Le venin avail 616 plac6 sous la peau a deux beures et demie ; a trois heures et vingt minutes le chien s'est mis a marcher en titubaut pendant deux minutes tout au plus. Son regard est devenu vague ; il est tombe sur le flanc et est mort prcsquc suljitement, apres quelques hurlcments qui seniblaient exprimer uiu; 135 Vive souffrance. Apr^s la mort de ce chien, j'ai rctrouv(5 dans la plaie la plus grande partie du veniii que j'y avals depose, ce qui prouve que, pour cmpoi- sonucr uu chica, 11 siUllrait d'une quautite do venin bieii iufevieurc a celic ([Lie I'ou retire des deux groupes pustuleux parotldiens d'un seul crapaud. Chez les coclions d'hide, les symptomes de rempoisonncmcnt par le venln de crapaud sont un peu dilTereuts de ceux que Ton observe cliez les cliiens. Les cocLons d'lnde ne vomlsscnt pas, mais font d'cnergiques cftorts de vo- mlssement , souvent accompagnes d'un crl et d'une sorte de tremblement spasmodique de tout le corps , surtout de la tele. Tons les cochons d'lnde ainsi empoisonnes out presenti5 , durant les dix minutes qui out precede la mort, des convulsions plus ou moins fortes revenant par acc6s d'abord, puis continues. L'un d'eux bondissail de temps en temps, et retombant sur le cote, agitait scs membres comme s'il eiit voulu fuir. Sa tete se renversait dans une extension forc6ej ilfrottait bruyamment ses dents les unes sur les autres. Get animal ne mourut qu'une heure et demie aprcljs le d6p6t du poison dans la plaie de la cuisse. Un autre , que j'ai empoisonne devant la Societe , est mort en moins d'une dcmi-lieure ; les accidents convulsifs out etc plus mod(5i'6s. En r(5sum(5, le venin du crapaud commun (1), deposii dans unc plaie sous- cutanee, tue les chiens et les cochons d'lnde dans un espace do tonps qui varie entre une demi-heure et une lieure et demie. Les symptdmes observes chez les uns et chez les autres constituent plusicurs pi^uiodcs: 1° une periode d'excitation ; 2° une periode d'afTaissemcut ; 3" une periode pendant laquelle se manifestent les vomisscments ou les efforts de vomissement ; 4° chez les cochons d'lnde, une periode assez longue, caracltSrisee par les convulsions et termm(5e par la mort, Chez les chiens, il n'y a pas de convulsions, et par consequent cettc periode manque ; mais la mort est precedee d'une espece d'ivresse cjui dure environ deux minutes. J'ai mis une petite quantity de venin d'uu crtpaud (ce qu'on retire d'un des deux groupes pustuleux parolidiensj sous la peau d'une grosse grcnouille com- mune, a la partie superieure de la cuisse droite. Quelques minutes apres la grc- nouille semblait souQ'rir : elle etait agitee, avail la respiration anxieusc ; elle se courbait de temps' en temps en voutant le dos et en baissaut la tete, comme par une convulsion d'emprosthotonos. Ces spasmes se renouvelaient apr^s certains intervalles irrdguliers. On pouvait les determiner en grattant k'^gere- ment, avec un instrument quelconque, le dos ou la tete de I'animal, dont la sensiljilite semblait exagf5ree, car ces simples attouchements excitaient sou- vent des coassements. Aubout d'une demi-hcure, la grenouille devenail plus tranquille, ou du moins les intervalles de calme etaient beaucoup plus longs. (1) L'humeur lactescente du crapaud calamite a les mOmes proprielOs loxiques. 135 II y avait alors nn affaissemcnt asscz prononccS pendant lequcl les panpu're? se relevaicnt a demi. A partir de ce moment, les membres posteiicurs dcvc- naient parcssenx ; Ic meml)i'c droit surlout, cehii oil j'avais inociilu Ic vcnin, I'lait prcsquc completcmcnt paralyse. Les pupiUcs etaient r(!'lr clcs. Api-i s iiii repos de trois ou quatre minutes, tons les muscles de la pcriplicrle de I'ab- domen se contractaient convulsivement. La grenouille se soulevait le long des parois du vase oil elle i'tait renfcvmec, restait ainsi deboiit pendant qucl- qncs sccondes, puis, la convulsion cessant, retonibait et domeurail immo- bile. Trois quarts d'heureaprSs le d^but de Texpcrience, la grenouille, qui s'(5tait alTaissee de plus en plus, ct qui, depuis unc dizaine de minutes, n'a- vait plus de convulsions, se met tail tout a coup a fairc quclques sauts dcsor- donn(?s. Des contractions fibrillaires se montraient dans tous scs muscles, ef ses membres se roidissaient par acces. An bout de quelques minutes de cet (5tat convulsif, unc licure s'etant ecoulec depuis I'inoculation du vcnin, la grenouille cessait de rcmuer : elle etait morte. U n'y avait eu a aucun moment d'effort de vomissenient. Toutes les fois que j'ai ainsi inocule du vcnin de crapaud a des grenouillcs, les memos phenomi^'ncs se sont reproduits, avec quelques varietes dans I'in- tensite des convulsions et dans le temps qui s'est (iconic entre rintroduction du venin et la mort de I'animal. B. J'ai examine les effets du venin du crapaud commun, mis en contact avec la membrane mnqucuse des voles digestives. J'ai fait mordre a des chiens des crapauds vivants. Aussit6t qu'nn cliien a pris et serr6, meme legerement, entre ses dents nn crapand (1), il le lacbe anssitiH avec dogoiit, se met a tousser en secouant la tetc, et sa gucule se remplit bientOt de salive dcumeuse qu'il essaye de rejeter. Quelques instants aprfes, commenccnt des elTorts de vomissement qui se termincnt ordinairo- ment par trois ou quatre vomissements d'nn liquidefilant et melO d'e^cume. 11 en est de meme lorsqu'on met dans la giieule d'un chien du venin extrait des pustules; mais les vomissements sont plusnombreux. D'ailleurs, tout se borne la, et le plus souVent le cbien, au bout d'une demi-heurc ou d'une bcurc, est j)arfailement retabli. J'ai fait avalcr a ditferents chiens soit une peau de crapaud, soit du vcnin de crapaud frais (cc iiu'on retire des deux groupes parotidiens d'un crapaud, et meme quclqucfois plus), que jc placais an milieu d'un morccau de viandc (1) Au niveau des pustules qui contiennent le venin, la peau des crapauds est percee de petits pertuis visibles a I'oeil nu. Si Ton presse un peu forle- ment des pustules turgescentes, rhumeur lactescente sort a travers ces per- tuis sous forme de gouttelettes blanchatres, qui sont le plus souvent lancc^es a une certaine distance. Chez quelques crapauds, il sudll d'irritcr la ]icau pour faire sourdrc le venin. assez petit pour que I'animal piit le deglutir sans chorcher a le diviser avcc ses dents. Ces cluens n'ont pas vomi et n'ont ute incommodes d'aucune faoon. Je dois dire cependant que j'ai vu un cliien, qui avail avalc un morceau de viande contcnant du venin dcsseclie en quanlite au moins doulile de ccilc qu'on pourrait extraire d'un trfes-fort crapaud, vomir longtemps aprfes et a plu- sieurs reprises. Si Ton met dans un petit comet de papier non coUe uno faible (piautitc de venin de crapaud, et si, avec une pincc, on pousse ce cornet jusque dans restoniac d'unc grenouille, on voit se manifester les m6mes accidents que si le venin avail etc d6pos6 au fond d'une plaie; mais ils se montrcnt moins rapidement, et I'animal ne meurt ordinairement qu'au bout de deux heures. Quelques grenouilles, empoisonnees de cette maniere, out fait des efforts de vomissement. Du venin dessechc depuis plusieurs mois a etc introduit dans I'eslomac d'une grenouille , sans etre enferm(5 dans un cornet; elle n'est morte que quatre lieurcs aprfes. J'ai ouvert I'eslomac de toutes les grenouilles ainsi fuecs ; je n'ai trouve aucune d'rosion et aucune trace de vive irritation. Le plus souvent le cornet n'etailpas decliire; le venin s'y trouvail encore, el la quantitc n'en semblait pas diminuec. J'ai pu, avec un dc ces cornets, empoisonner successivcmenl deux grenouilles. Dans ces cas, le principe actif s'est insinu(3 dans I'eslomac au travers du papier. C. Le venin de crapaud n'exerce aucune action toxiquc sur les crapauds. Cette proposition s'appuie sur un grand nombre d'experiences que j'ai faites. J'ai introduit le venin en grande quanlite, a I'etat frais, soil sous la peau do diverses r(}gions du corps, soil dans I'eslomac de plusieurs crapauds, et il n'y a jamais eu aucun indice d'inloxicalion. D. J'ai cherche si le venin des crapauds a une action sp^cialc sur I'irrihi- bilit6 musculaire ou sur la motricite des nerfs. Sur les cadavres des gre- nouilles el des chicns empoisonnespar ce venin, j'ai mis a nu differents mus- cles, el j'y ai trouve I'irrilabilite musculaire intacte. Les ncrls sciati([ues, pinc^s ou galvanises, ont d^termin6 des contractions Ires-manifes'es dans les muscles des jambes et des doigts. J'ai ouvert le thorax des chiens immcdiatement aprds la morl : le ca'uretait immobile; ses cavites ^talent pleines de sang; les oreillettes surtout et les veines caves elaient tres-dilalees. Le foie etait congestionnc el les poumons exsangues. En piquant les parois des venlricules ou des oreillettes, on y re- veillait des contractions incompletes. Chez les cochons d'lndc, les mouvemenls du coeur so ralentissent beaucoiiii, jusqu'a devenir pi'esque imperceptibles au moment de la morl ; niais ([uel- ques instants apr^s, ils semblent seranimer un pen, et on les voit pcrsisler pendant plusieurs minutes. 138 J'ui ouverl deux, moincmix (1), que j'avais empoisoniies avcc du vcuiu de crapaud; aussilot apres la mort le cceur ne battait plus. L'effct du veniii dc crapaud sui* lo ca'ur se moutrc d'unc facon Lion plus c5vidente cliez les greuouilles. On conuait la persistancc dcs mouvemcnts du ctijur chcz les greuouilles. Cette persistauce est telle que Ic cocur j)cul Lallrc pendant vingt-quatre lieures et plus apr^s la mort de I'animal. Or voici cc qu'on observe sur une grcnouille empoisonnce par le \eniu de crapaud dT- puse au fond d'une pluic ou inlroduit dans Festomac. Dix miuules eiivlruu avaiU hi mort, si Ton place la grcnouille sur le dos, on volt (jue les mouve- nienls du ca'ur, qui soulevaicnt auparavant la region precordiale, sent abolis. Qu'oii ouvre alors la grenouille ; qu'on decouvrc Ic cocur, on le trouve com- pletcnient immobile. Ses cavites sent dilatees et pleincs de sang noir. L'iui- pression de I'air excite bicntot quelques faibles contractions, surtout dans le veuiricule. Si, pour mettre le cocur a nu, on a attcndu que I'animal fiit morl, i! no s'y fait plus en general aucune contraction. Dans la plupait des cas, on liouve alors le ca'ur dans I'dtat suivaut : le ventricule est reveuu sur lui- menie, conti'acle , vide de sang (2) et pale par conseciuent ; les deux logos de roreillclle soul, aucoutraire, extremcment gonllees et pleines de sang a pen pres aussi noir dans la loge gauche que dans la loge droite. La \cine cave est aussi reni[)!ie de sang et tres-dilatiie. Le foic est congestionni'. Get arret si remarquable des mouvemcnts du cocur n'est pas produil par I'abolition de rirritabilite musculaire de ses parois; car on peut le plus sou- vent, avec une pince galvanique, exciter des contractions dans le ventricule et dans les oreillelles. L'arret des mouvemcnts du cocur est peut-etre la cause des congestions sanguines que ?iDI. P. Gratiolet et S. Cloez ont constalees dans les centres ncrveux des animaux empoisonnes par le venin de crapaud. Jc n'ai pas essaye Taction du venin dc crapaud sur les tritons; mais cc que j'ai constats pour le curare me permet de conjccturer que les Irilous se- raieut empoisonnes par ce venin, introduit soit sous la pcau, soil dans le lube digeslif. Les phcnomenes dc cet empoisonncmenl seraienl probablcment a [>cu pres les memes que ceux que j'ai decrits cbcz les greuouilles. - II. — AnATOMIE I'.VTHOLOGIQLE. AuTopsiE d'un chat qui .wait avale u.\ hamecon; par M. GouBArx. Dans le butde faire des recherclies sur I'appareil des animaux, M. Goubaux (i) Le venin de crapaud empoisonne les moineaux en cinq minutes par inoculation. [2) Gela n'e.-;l pas constant. Sur plusieurs grenouillcs, j'ai trouve le ventri- cule tres-dilale (,'t gonlle de sang. 139 avait fail apporter dans son cabinet, le 16 nnvr'nilivc 18.j.'i, line Ircnlainc do cadavrcs appartcnanl a I'espucc dn ciiien vi dii cliat. Eii ouvi'ani lo cadavrc dc Tun dcs cliats, M. Gonljaiix trouva la cavite abdoiiiinalc rcmplir par un vaslc abces repandaut line odear lellenicul iiifecte que toute dissecliun dul eire ajournec. Quelquc tcnips apix'S, il reprit Ic cadavre liour reclierclicv ([uelle (.Mail la cause de la forniatiun decct abces. L'intesiin lut alors enleve en cii- ticr, dcbarrasse dc scs moycns d'attachc el examine sur toute sa longueur. L'intesiin g'r61c, qui avail unclongucur tolale dc 2"',10, olait traverse en deux points dillerents et opposes par Ics branches teruiinales d'unhamcron tres-fort. Chacunc des branches dc cct hamccon passait dans une ouverturc arrondie, a contour cpais ct diir, qui constituailune veritable llslule etablis- sant une communication direcle enlre la cavite de rintesliu etcelle du peri- toine. On comprend des lors que des matiiires ct des gaz pouvaicnt facile- nicnl passer de riulestin dans le pcritoinc, ct quo cc sonl sans doutc ces productions qui onl communique une odeur infecte an pus qui s'etait formi; sous rinOuence de rirrilation produite par rexlremile des deux branches de riiamecon. Cethamecon, dont la forme genoralc est cclle d'unc ancre, a une longueur dc 0"',()32, etl'ecartementde ses branches do bifurcation est dc0"',022. Sa tige, dirigee en arriere et en bas, est engagoe dans Tinlerieur du coecum. Cliacune de ses branches, dont la convexite regardc en haul, traverse de part en part I'epaisseur des membranes inteslinales a 0"',02 en avant du ca'cum, et dopasse le calibre de rintesliu grele d'une certaiue pariie de sa longueur. II est eviilenl que si eel hameoon avail cu priinilivement la direction qii'il oll're a I'endroit oil il s'ost arrele, il aurait traverse beaucoup plus lot I'epais- seur de rinlcstiu. II i'aut done admellre qu'il n'a change de direction qu'au moment oil il s'est engag6 dans I'inlerieur du coecum. Dans cello hypothese, la convexite de chacune de ses branches cHait inferieure d'abord, et la tige ellc-mome olait ant(5rieure; c'esl dans cet otat que eel hamecon a puparcoii- rir presque toute la longueur dc riulestin grele. Co parcours n'anrait pu s'eirectuer si la direction avail etc cello quo Ton remarque aujourd'hui. Ouoi qu'il en soil, on no pout doulor ipie co trajet ait du exiger beaucoup de temps, puisque rocarlemonl des branches do cot hamccon est d'uu tiers en- viron plus cousidoralde que le calibre de rintesliu grele. 2° EXOSTOSE DU TEMPORAL, AVEC DILATATION CdXSIDERABLE DE LA PORTIO.X MAS- TOiDIENNE DE LOS ET DESTRUCTION DES ORGA.NES DE L'oREILLE MOYENNE ; par M. Fano. M. Fano pr^sente la pifece pathologique recueillie sur la malade dont il a communique anlorieurenient robservaliou a la SocicHd. L'os lemporal du c6l6 gauche a acciuis un volume quadruple an moins do I'etatnoi'mal. Une coupe de l'os demontre que la portion mastoidiennc repre- 140 ?f"nfo unn large cavitL\ rapablc de logor nn ccuf do pnulc. Cctte caviti'' com- nmiiiquoavecriiitt^rieurpav trois ouvcrtiires crousvos dans la substance os- seuse. I/orcillc moj'cnno, dilalee, n'ofTre plus aucnnc trace dcs osselcts do ronie ni dc la cordc du tympan. Lc ncrf facial est parfaitcmcnt consenrc. III. — rATHOLOGIi:. ECTHYMA DKVELOPPK SIR LRS VVAXT-BRAS D'I'N ACCOUCHEUR A I,A SUITE DIN ACCOUCHEMENT LAuouiEux ; par M. Cazeaux. M. Cazeaux communique le fait suivant : Lcs mcdecins-vetdrinaires ontd(5janotu qu'apris avoir assists, pendant nne parturition dilTicile , certaines femellcs d'animaus, telles que vachcs, ju- mcnts, etc., ils avaient vu se developper sur leurs mains et leurs bras nn nombre plus ou moins consid(5rable de pustules analogues a celles dc I'ec- tliyma. Cette (Eruption s'est montree plus particulicremcnt chez ceux dc leurs confrC'res qui avaient (^t6 oblig(5s d'avoir pendant plusienrs heurcs les mains ct les avant-bras plonges dans les organes gtJnitaux, fortement comprim's par les saillies osseuses du bassin, les inegalit^s foetales ou les parois retrae- tecs de la matrice, et continuellement baign(5s et sails paries liquidcs qui s'en 6chappaient. Cette eruption, qui plueieurs fois avait ete accompagn(5c d'unc redaction ge- nerate tres-prononcc^e, n'avait pas encore, jccrois, etc observtie clicz les ac- coucheurs ; il m'a ete donnd d"cn observer un exemple. M. C... fut appele a Vaugirard par deux dc nos confreres pour les aider a terminer un accouchement des plus difTiciles. J'epargne a la Society lc ncit des teutalives divcrscs faites anterieuremcnt par ccs deux mddccins, ct je passe egalement sous silence lcs manoeuvres diverses que, pendant pres de trois lieures, pratiqua le docteur C..; il me suffira de dire qu'apr^s avoir in- utilemcnt tente la version et I'application du forceps, la craniotomie fut re- connue indispensable, et que I'cxtraction du fa'tus mutile oll'ril encore les ' plus grandes di(Iicult(5s. Pendant pres de trois heurcs, raccoucheur eut con- stamment les mains et les avant-bras salis par lcs liquides plus ou nioins altdrd'S qui s'(k-liappaient des parties gcnitalcs, et de noml)reuscs contusions resultercnt des resistances diverses qu'il fallul surnionler. AprSs raccouchement toutefois, on ne voyait aucune (icorchure sur la peau des mcmlircs superieurs; mais deux jours apres, cinq ou six taches ecchy- motiques parurent sur le dos des mains et des i)oiguets. Celles du dos des mains rcst6renl a peu pr6s stalionnaires ; mais a la partie inferieure et dorsale de cha(|ue avant-bras, nn vit.sur le point oil unc rongeur vive s'etait d'ationl montree, survenir un gonllement assez notable, puis plusienrs iictites jnis- I'll iulesquisc rcuiiirent pour ii'cn former qu'unc soulc- L;i croulc qui succcda a la pustule ue s'cst d(5tacliee que Ires-leutement, cl a laiss6 apr^s elle une pe- lilo facbc rouge qui persiste encore apres quatre mois. L'iullammalion locale futsuivie d'eugorgeiueiit axillaire ct d'un legermou- vemcnt de flevre, qui disparut apres quelques jours. Les pustules, examinees ]iar M. Ilayer et Ics mcmbres de la Socictd de bio- logic, n'out laissc aucuu doute sur leur nature : dies furent recounues pour ccUes de I'ecthyma. Pour les caracteres de TerupUon ou des eruptions observees sur des vet(5- linaires dans des circonstauces analogues, on consultera avcc fruit Gurlt et Hertivey. (Magasin fur die gesammte theii\ iieilkunde. Berl., 1845, p. 170.) IV. — Helmixtiiolocie. l"., NOTE Sl"n U\E TUiMEUR SINGVLliillE CONTE.NAiM UNE QUANTrFE PRODIGIEUSE d'oELFS u'iIELMI.NTIIE, 03SERVEE CHEZ IN I'OISSON VULGAIREJIENT iNOJlME aigle-bar; par M. Davaine. La lumeur qui est soumise a rcxamcn do la Societc provient d'un poisson denuT, Yulgairemeut nommii aigle-har {scimia aquiia). Cclte tumeur ^tail situee dans la cavite brancbialc, entrc Ic dernier arc brancbial et Fare scapu- lairc. Elle estlobulee, plus volumineusequ'un ccufdeipoule, ct formee iiar un Incis inexiricaljle de tubes detissucellulairequicontiennent des amas ou des trainees de corps microscopiques oviformcs, blancs, jainies ou noirs, ce ipii donne a la masse un aspect marbre de ces diverscs nuances. De scmblables tumeurs out cte di^ja observees sur la scicena umbra par M. Cli. Roliin qui les a signalees le premier et qui en a donne une description detaillee (proces- ver])aux de la Soc. pbilom., Paris 184G, et Hist. nat. des veget. paras., 1853, p. 314),mais les corpuscules oviformes contenus en nombre prodigieux dans cettc tumeur, ct que M. Robin avait cru pouvoir rapprocber des psorosper- niies, uc sont point de cettc nature, car il m'a etc possible de rcconuaitre dans un certain nombre de corpuscules, un embryon parfaitement caracte- rise ct de constater par la que ce sont des ocufs d'un belmintbe. Quant a sa d:sposilion ct a sa sfructure, cctle tumour est entiercment conforme a la description si pr(5cisc qn'en a donnec M. Holiin. .I'ai pu extraire de la tumeur, par des soins minutieux, des tubes gros comme une plume depigeon et longs de 30, 40 et 50 centim.; mais ce ne sont que des fragments d'un mt^me tube, dont on ne pent apprc'cier la longueur, car le volume de tous ces fragments reunis n'c^gale pas celui du tiers de la tumeur. Les tubes sont formes par plusieurs enveloppes de tissu cellulaire. (les enveloppes sont fournies (ividemmcnt par Ic poisson qui porte la tumeur; on remarque, en ellet, dans leur (5paisseur des vaisseaux capillaircs remplis do corpuscules sangulns dont la forme elliptiqne, le noyau et la couleur ue Ii-2 pcrmellcnt aucunc inccrtiludc siir leiir provenance. J'ai constale rexislonce de seuil)lablcs vaisseaux siir des galues qui contenaient immcdiatement los corps ovifornics, d'oii Ion ponvait concluro que ces fiaines nc sont i'ornic'cs ni par un ovi.ductc, ni par Ics legnnients dun lielmintlic ; neanuioins, cu trai- tanl ces gaines par la potasse eaustique, qui Ics rendait transpareutes, on re- «iar(puiit (jue Ics cori)s oviformes sont reuuis, par myriades, en series quel- quofois interrompues, ou en masses isolees qui font suiteles unes aux autres, coninic si un tidje, qui les aurait contenucs et renfernices dans ces galues, sY'lait etranglc a des intervalles plus ou moins eloignes ; on pouvait consta- ter, ca outre, que cliaque gainc avail dil contcnir plusieurs do ces tubes juxta- poses. Les corps ovifonnes de couleur blanclie, jaune ou noire, sont de forme ovo'ide; lis ont de 3 a 4 centiemes de millimetre de longueur ; leur parol est cpaissc, ct Ton remarque dans leur interieur des goultelettes de graisse plus ou moins nombreuses ; leur petite extremity est munie d'un opercule (pii se detache plus ou moins facilcment par de legercs pressions pratiqu(^es sur les lan-elles de vcrre placees sous le microscope. L'acidc acctique et la potasse eaustique les laissent intacts; I'acide sulfurique concentre les aplatit imme- diatement, probablement par un eCFet d'exosmose ; mais lis reprennent apres queUpies heures leur forme primitive ; ils sont alors plus friables ; leur oper- cule se detacheplus facilement, el si le conlenu ne sort pas conipletement , il est plus facile a reconnaitrc a Iravers les parois devenues plus trausparcntes. C'est sur des corpuscules lrait('S de celte maniere cpie j'ai apercu d'abord . I'embryonqu'ils contiennenl, quoiqu'il m'ail ete possible ensuite de le re- couuailre sur des ovules qui navaient point subi laclion de I'acide sufurique. L'embryou est vesicvdeux, un peu plus bug que I'ovule, par consequent replie sur lui-meme taut qu'il y est conlenu ; rextremile anterieurc est ren- (lee el la posterienre amincie ; rextremile anterieurc ou la lete portc des cro- chets disposes en couroune, longs et greles, differenls pour la forme de ceux de I'embryon du tenia, et dont je n'ai pu detenuiner le nombre, qui est ap- proximativement de bull. I'armi les ovules normaux, j en ai Iruuve quelques-uus doubles ou nu'me triples; ils avaieut une double enveloppe, I'une correspomlanl a celle des ovules simples, et I'aulre enlourant ccUe-ci et commune aux deux ou trois ovules ainsi reunis. On ne peut douler que ces corps oviformes ne soient les ovules dnn Iiel- miiilbe; mais a quel genre ou pbitot aquolordrc appartienl-il? La forme de I'embryon nc permet pas de le rapporter aux nematoules, et si I'exislence de crochets le rapproclie de I'embryon des cestoides, I'a'uf ditfere de celni de ces helmintlies par la presence dun opercule ; sous ce rapport, ilappartien- drail aux treiuatodes; mais les larves de treniatodes n'ont point de croclicis.' Je parlc dc la larvc qui est produitc imuicdialemcnl par I'ceuf; ouucpcut Ii3 di^iic, d'apix'S Ics caract&res dc ces ovules, dOlcrniiiier i'ordrc auquel appar- tieut riielminllic qui les a produits. M. Dujavdin csl le seul observateur qui, a ma conuaissaricc, ait mcnlioniK! des tumeurs coustifuees par des oeufs d'liclmintlic. Dans son Histouie natu- RELLE DES HELMiNTHES, p. 26, il rapportc avoii' Irouve dans la rate dc la musaraigne [soren aranciis) des tumeurs formecs par des wufs d'uu \ or du gcurc calodium. « Co ver, dil-il, vit dabord dans restomac et dans Ic duo- » denum,puis il peuetre dans repiploon atravers les tissus, el il arrive dans i> la rate, oil il produit des tubercules blanc jaunatre, d'un aspect crelace, » qui en augmentent considerablemeut Ic volume. Ces tubercules linisscnt » parn'etre plus qu'un amas d'ocufs, de debris membraueux de calodiums » et de la substance gclatineuse dont les a'ufs sent cntoures au moment de " la ponte, les calodiums, avant dc disparaitre, se sont allonges de plus en » plus, par suite du developpemenl des ccufs; en meme temps riutestia » s'est atrophic-, et lis sembleut alors n'ctre phis quun tube iiiembrancux 1) rempli d'a'uCs. » C'est probablement dc la meme maniere que disparait rhelnilntlie dont les CEufs se trouvent dans la tumeur de Vaigle-har. Uu autre fait de la dispari- tiou des hchninthes, par iine forle d'atrophie, est tres-mauifesle dans les galles vermincHses du ble {bid niellv). Les helminthes iiemato'ides qui deter- minent cetlc tumeur vegetale, apres y avoir poudu uu grand nombrc da'ufs, disparaisseiit sans eu sortir, leur enveloppe tegumentaire et le tube genital se trouvant redaits a rpielques lambeaux membraueux tout a fait m.'con- naissables ^Davaiue, Comptes rk.mjus de la Soc. de biol., 1854). ilais les tu- meurs vermineuses, en general, sont coiistituees par une simple pochc ou kyste, dans lequel I'belmiufhe se trouve liljre el plus ou moins replie surlui- memc, taiidls que dans la tumeur de rai'fl/c-bar le kyste serail lubuleux ct moiile en quelque sorle sur le corps dc Ihclminthe, faisant peut-eire ici I'ofiice de ces tubes protecteurs formes dc sable, de debris de vegetaux ou d'aulres matieres dont s'entourent certains vers ou certaiues larves dinseclc pour suppleer a rinsullisance dc Icurs legimieuts. 2° NOTE SUR LES OEUFS' PARASITES DE LA SANGSUE MEDICIXALE; pur.M. IC dOCtCUr E. Faivre. En me livrant pendant Icmols de septembre dernier a des recherches sur les sangsues medicinales, j'ai trouve, a 1 centim. de laventouse posterieure dc I'une d'elles, despetits points blancs que leur consistance etleur aspect, me lit d'abord regarder comme des concretions; jc soumis ces corpuscules a I'examen microscopique, et je ne tarda! pas a me convaincre que javais af- faire a des ceufs. Ce singulier resultat me conduisit a de nouvelles recherches. J'ouvris un certain nombre de sangsues, et je retrouvai les ceufs que je cherchais. I'l'l C'estlc plus generalement dans la region dcs deux veiildiises i|iie lus iruls in'oul i>;iru le plus nombreux, biencju'on entrouve aussi dans les segments nioyeiis du corps, lis ont Taspect do points hlancliatrcs arrondis, d'lin demi- niillimetrc de diamelre. disposes par petits groupes, ct comnie adiierant au.x. tissus sur lesqucls on les trouve. La place qu'ils occupent est singulierc : ce n'est pas dans rinterieur de Tcstoraac ct de ses appendices qn'ils sont fixes, mais cntre I'apparcil digestif et les faces dorsalc ou ventrale de I'animal, au sein d'un couclie cellulcuse moUe qui separe ces parties. Aussi pour les bien voir cst-il necessaire d'en- lever la memlirane qui forme restomac. Si on examine un auf iiun faible grossissement et sans le coniprimer entre deux plaques, on peut distingucr avec nettete tons les details de sa structure. Au centre la masse vitelline; au pourtour de ccUe-ci deux zones concen- triqucs, I'une formee de couches supcrposccs, I'autrc de niatiere liomogene. La masse vitelline est leg^renient ellipsoidale ; elle est assez transparcnte pour qu'on puisse distinguer les granulations arrondies et varices qui for- nicnt sa masse ; parmi ces granulations 11 est un grand nombrc de vesicules d'apparencc graisseuse. Si on comprime un peu le vllellus en le jircssant avec la jilafjue du porte objet, on voit se dessiner sur les bords de la masse ellip- tiipie unc ligne jaunatre due certainement a I'accumnlation des elements graisseux. 11 n'y a pas trace de vesiculc ni de tachc geruiinative. Existc-t-il une membrane autour du vitellus? Kous ne le croyons pas; il nous a tou- jours cte impossible de la distinguer. La surface cxterne du vitellus u'cst pas en contact direct avec la surface in- terne de la zone suivanle. II existe la un espace analogue a celui que Bischoff a si bien represente dans ses planches. La zone qui cntoure le vitellus est I'analogue de la zone ti'ausparente (ou membrane vitelline des auteursl qui se forme autour des ccufs des mammi- fC'rcs dans la v(^sicule de Graaf. EUc est ellijitique, presentant sa plus grande epaisseur aux deux extremites de son grand diametre. Les couches qui la composeut sont concentriques, tres-nettes, ondulcuses et cependant irregu- liires aux deux extremites de I'ellipse. Cette zone est consistante et tri^s-elastiquc ; si on vient, en elTct, a percer I'lruf, elle se contracte violerament, et expulse par une retraction energique le vitellus qu'elle cnveloppc. L'alcool et I'acide acetiqucla retractent et la rendcnt plus pale. La zone transparcnte est enveloppi'o par la zone ellipti([ue qui correspond a la couchc albumineuse de TuMif des niammifires ; celle-ci a partout la memo (;])aisseur ; ses contours sont nets, sa structure homogene. Nous joignons a notre description un tableau du diametre des diverses par- ties donf nous avons parle. Lc millimL'tre est pris pour unite. 145 Graml diaiiiclrc do I'oeTif. . . 0,50 c. mill. Petit diamctre 0,30 — Epaisseur delazoneexternc. 0,06 — Id. de la zone transparentc. 0,09 — Diametre du vitellus 0,15 — Lcs (Tufs pai'asites ont etc rencontrts plusieurs fois clicz Ics lombrics, vers les parties posterieiires du corps, entre Tenveloppe externc ct I'intcstin.Leiir presence a indnit en erreur Redi, Bosc, Montegre et meme Cuvicr, coninic Ic fait observer Diiges dans son travail sur I'org'anisation des annelides a bran- dies. Ces observatenrs en avaicnt conclii qno elicz lcs lombrics les cciifs d(''- tacliesdcs ovaires se rcndcnt, en parcourant la longueur du corps, entre les organes musculo-cutanes et I'intestin, au voisinage do I'anus par lequcl ils sont expulses. Les ceufs analogues que nous avons observers cbez les sangsues m^dicinales (sans doule apres bicn d'autres) ne sauraient etre que des ceufs parasites; ils nc resscniblent en ricn anx a-nfs de la sangsuc elle-racmc, dont M. Hayer a si bien fait connaitre, en 1824, la disposition et le developpenient. i\i Muller, ni Rudolphi, ni Dujardin, ni M. Moquin, nc decriveat les (cufs parasites dontil est question dans cetlc note. V. — Phenomenes physiques. OBSERVATIONS PROUVANT QUE L'ACIDE SLT-FHYDRIQUE ET LE SULFHVDRATE DAMMOMAQUE N'EJIPECHENT PAS TOUJOURS LE PIIENOMENE D'ENDOSMOSE ; par M. Lagneau. Faisant des reclierclies sur les substances employees pour prevenir I'ab- sorptiou de certaines uiatiferes virulentcs, je voidus V(''rificr, au moyen d'un endosmometre, si, conniie on I'admet en pliysiologie, I'acide sulfhydriquc jouit de la propriiMi; d'empecbcr le plienomcne d'endosmose. N'obtenant pas des resultats conformes a mes previsions, je cherchai cc qui avait etc ecrit a ce sujet par M. Dutrocbet, dans son bel ouvrage intitule : Memoire pour ser- VIR A LIIISTOIRE DES AMMAUX ET DES VEGETAUX (t. I, p. 64 et SUiV.L TOUt CU reconnaissant alors I'exactitude do la plupart des fails (inonccs parcel habile observateur, je remarqnai cependant, en comparant les resultats de ses ex- periences avee ceux que j'avais obtenus, quelque diflference qu'il me parut utile de signaler comme pouvant modifier un pen I'opinion que I'on a, en ge- neral, de I'influence de I'acide sulfliydrique sur I'endosmose. Ce savant pensant que I'abolition du plienomcne d'endosmose, dans le cas oil la putrefaction commence a se manifester, tient a la seule presence dc I'acide hydrosnlfurique dans les conduits eapillaires de la cloison de I'endos- mometre, bouclie cct instrument avec uu morceau de vessie « altereo par c. H. 10 I'i6 I'acidc liydrosuUiirique, » cl constalc que « il iic sc maiiifcsle aucuue cudus- mosc. » I'ouv moi, quoique la pulrefaction m'aif paru aussi aLolir ce plienoiiit'iio, jc no crois pas pouvoir attiibuer ccltc cessation de rcndosiiiosc a la presence dc I'acide sulfhydrique dans la membrane, car phisleurs experiences, que j'indicjue dans un tableau a la suite de cette note, m'ont prouvd qu'au con- traire Tendosmose so manifcste parfaitement a travers uuc membrane s'etant trouvee ou setrouvant encore en contact de I'acide sulfliydri([ue, soil (jue la membrane plongee pendant plusieurs heures dans une solution d'bydrofi^nc sulfuro, puis flxee a I'endosmom^tre, soil plongx^e avec lui dans I'eau; soil que la membrane ayant sojourn ■ plusieurs heures dans ce solutum soit iixoe a Tinstrument et de nouveau plongee avec lui dans ce liquide (cas dans leriuei les rcactifs, la solution de nitrate d'argent entre autres, permettent de con- stater dans CO liquide conteuu dans le tube que la membrane a livre passage, non-seulement a Veau de la solution d'acide sulfliydrique, mais aussi a I'acide lui-m6me.); soit enfm que la membrane tixee simploment al'inslru- meni ait o'to plongee avec lui dans la solution d'acide sulfhydrique. La production de I'endosmose ctant rcconnue, deux questions so preseu- taienl naturellement al'esprit : I'acide sulfhydritiue ralentit-il le phonomeue? et cc ralentissement est-il proportionnel au temps que la membrane est res- tee cxposoe a son action, c'est-a-dire au temps d'immersion de la memlu'ane dans la solution d'acide sulfliydrique? Quoique j'aie cherchd a r6soudre ces deux questions : la premiere, en faisant des experiences comparatives pen- dant le memo nombre d'heures, avec la memo solution de sucre, les memes tubes tantut bouches avec une baudruche sinqjlc, taidot avec une bau- druche ayant s6journ(5 un certain temps dans la solution d'hydrog^ne sulfurd- ; la seconde, en bouchant le memo eudosmomotre avec des morceaux do bau- druche ayant sojourne un oombre variable d'heures dans cello sululion ; je nepuis rien repondi-e de positif, vii la diversite des resultats obtcuus, di- versito pouvant etre attribuee probablement a rinegalito dopaisscur de la baudruche, ainsi que me le faisait observer un meml}rc de la Socielo de bio- k»gie. 147 w es o •_J hj f- •iT, < H -a o -a H •a H 'K, < OS « a •w ^ a 5 a p a a I fe- ci w o X t-i -_^ t-< cd C3 P. & 0) 0) CD "^ o aj 11 o ^ =1 3 R5 -•J 3 *cj ;:3 a o M "^ -c^-^ '^^ 11 0) o "s El .H'-a t^'jT* a i^S- i^ ^ -^ 2 ^g 03 W2 E E O g e o S ■g ■§ o o o (^( o C3 M CO o (?1 c-< (^7 CO < c o I I a 111 o CO g e 9 o CO o ii a a H H 'r. o u a >r H a tn a o rt !/l Q^ -^ o CIS 3 ;§-S s 2 ^ ^. fl = ±1 ^ IJ S M 73 O '3 o T-I 0 r^ 7^ A fX. •rt 0 CJ C-, CO a> -« (yi 0 C^ cc 3 3 C^ C5 3 3 g I -a ^ ^ ^rt <« O) 0 aj p D 3 ^ 03 03 ■03 e. •■/\ o o a 03 03 a _a3 ■Oj 03 03 o 03 -03 •X 03 03 U CI 03 03 U fl 03 03 03 03 03 -03 03 -03 i'i8 MV'tant servi dc plusicurs cndosmomelrcs iic prescntaiit pas lous lemeniC rsppcrt eiilrele diannMre de Icnr orifice inferieur et celui do liMir lube, les nnnibrcs exprimant l"pl(5vation dii liquide ne sont pas comparables ; cepen- danf Ics G', 7", 8^, 9% tO'' ct 1 1" cxpt'-riences ayant ele faites avec le mcme ciidosmometrepouvaient etre comparccs, surtout les 8', 9' et 10' faites avec la meme solution d'acidc sulfhydriqiic pcndantun temps egal (dix heuresl ; on peat rcmarquer neanmoins fine, pour ces trois experiences, I'elevation n'est p:is en rapport avcc le temps d'immersion de la memlirane dans la solution d'liydrogene sulfure. Suivant le conseil de M. Lecontc, j'ai voula essaycr si lesulfliydrate d'am- mnniaque. cpii sc produit plutot que I'acidc sulfliydritiue lors de la puln'fac- lioii I'cs nialiere:; oijraniques, cn]])ecltait Tondosmose; j'ai conslal<' eucorc al:)rs la production du phcnomene, soil que la membrane ait ete plongee pen- dant plusieuis licnrcs dans la solution de ce sel, avant d'etre fixee al'endosmo- nii'lrc plongeant dans lean, soil qu'anres avoir etc aiusi immergee pendant nu certain temps dans cette solution, elleait 6\q lixce aun instrument plon- geant lui-meme anssi dans cc memo liquide salin. Dans ce dernier cas, j'ai pu constafcr facilcment aunioyen de ractifs isolution de nitrate d'argent et sous-protoacetate de plonib), que non-seulement I'eau de la dissolution sa- line avail traverse la membrane, mais que le sellui-meme etait venu sc mc- ler avec lean sucree contenne dans rendosmonietre. CoNC.Li SIGNS. Ces rechcrches me paraissentautoriser a dire, coutrairemeut a cequi est admis : 1° I'ne membrane ayant etc; pendant un certain temps on etaut encore en contact d'une solution d'acide sulfliydriqne on de sulfliydrate d'ammoniaque, pout tres-bien presenter le phcnomene d'endosmosfe; 2» Ces deux composes du soufre peuvent tres-bien traverser les mem- branes. — M. Lagneau a r^pet^ devant la Soci^te les experiences qui font le sujet de cette note. VI. — Anomalies. CII.VNGEMENT DE COULEIIR DANS UN NEGRE; par le dOCtCUr A. HAM.\IER, de Saint-Louis (Etats-Unis). Dans cette note, qui a d(?ja fait le sxijet d'un travail insere an Journal wk- nico-CHiuuRGicAL DE SAiNT-Lofis lEtats-Uuis^, 1853, n° 1, il s'agit d'un negre nomme Joseph Daniel, ne aWoodford-County, en Kentucky, restantmainlenant ;i Salinc-Couuty, en Missouri, qui est I'esclave de M. Richard Robertson. 11 me- sureo pieds 7 pouces anglais, estag6 de43ans,robustc et parail ilre en bonne ;:ante. II no ful jamais nialade, a I'exception dc doulenrs rhunialismaies pas- sa!;('rcs dans did-'vcnls pidnl;; du coi-ps, c! i! .^unVe e;i ce nioincal-ci de pc- I'll) liles douleiirs dans If g'cnou droit. II est , dapivs Irs lemoig-nns'PP los plus authentiqiies, ik' de parents nous. Sa condition jav'senle, ([ni dinV'n' dc eeUe de son enfan^e et de sa pnberte, est la suivante : Tout le corps, et en particulier la conformation de la tetc ct da visage, pre- seute tons les caracfferes d'un negro de fuU blood. La couleur de la peau de tout le corps est blanche comme dans la race cancasienne, non jtas conin^e dans les albinos, mais absolument conime les blancs d'Europc, sauf la face ct quelcjues aulres Ires-peti'es taches encore noircs sur Ic stcriunn et snr les deux poignr's; clles sont dela grandeur d'une lele d'epingle a uno piece de ',0 centimes. La couleur et la forme des ongles sont comme dans la rac(! blanche. La face est en partic blanche ct en partie noire, on pkilut brun foiled. La parlie inferieure de la face, partant dunez enbas et en dehors jus- qu'au bord anterieur du massetcr sur les deux cotes, est tout a fait blanche, a I'exccption d'une bandelette noire sur la levre inferieure, parallc'le a I'ou- verture delabouche. Une autre petite bandelette semblable, noire, un peu plus large que la precedente, est sur la levre superieure, qui gagne sur le cote droit I'aile du nez. Les deux ailes du nez sont noires. A I'union des os du nez avec les cartilages correspondants, une lache noire de 0 a tS millimetres traverse, a la maniere d'un bandeau, les racines du nez, connnuniquant do chaque cote avec des faches noires sur les joues. Tout le reste du nez est lilanc. Les deux iiortiuns de la face comprises entre les orbites sont brunatics ; chacune de cos portions a unc forme triangulaire plus ou moins rectangu- laire, et unies eutre elles par la bandc sus-mentionnee. Les taches triangulaires brunes ci-dessus occupent un large espace de cha- que c6t(5 de la face, et peuvent etre decrites ainsi qu'il suit : le bord supsJ- ricur de cbaque triangle correspond avec une llgne tiree de I'anglc interne de Tare surcilier et s'ctendant en avant, et un peu en arri(>re vers la region zygomatiqne. Le bord iuferieur, conimencant a I'arcado zygomatique, d(V passe en avant et en arrit're la region mass('terine, jusfpi'anx insertions du niasseter an maxillairc inl'erieur. La face antirieure est representee par une ligne unissant Taugie interne de I'oeil avec I'arc sus-orbitaire. Les lignes, du reste, no peuvent 6tre decrites mathematiquement ; elles sont denticulees, comme irregulieres. Le front, a I'exception de (luelques tacbes irregulieres de dilTerentes dimensions, est entierement blanc. Ce qui est remnrquable, c'est qu'un cercle blanc d'environ 2 centimetres de largeur eiitourc toute la face, borde la racine des cheveux, s'ctendant de cbaque cMi de la face sur les massdters , ct va rejoindre la partie infericare du menttm. Les oreilles sont couvertes depetitcs taches brunatrcs qui leur donneut un aspect marljre. Le cuir cbevelu est l)lanc. La chevelure est courte et est frisee comme chez le negre originaire, en partie noire, en partie gi'ise. Les cbeveux gris sont plus nombreux aux fern- 15U pes. Les ycux sont ccux dii negrc. Liipimrencc du globe ile la-il et de ses di^pendances est normale. Toules les membranes et les organes de la vision out la disposition ordinaire, sauf la cornOe, sur laquellc, dans les deux yeux, cxistc un arc senile complet, large et correspondant a la circonferencc cn- titbre. La conjouctive est dun jaune clair, irrcgnlierement coloree. L'iris est d"une trfes-belle couleur brune, la vue parfaite. Les polls du penis sont fins, friscs, d'un blauc jaunc, mais sans avoir la leinte qu'ils out chez I'albinos ; ceux de I'anus et des membres sont de menie teinte. Les parties de la peau qui sont blanches, niais ([ui sout .expost^cs a rintluencc du soleil, les ^paules, le cou, la partie superieure du thorax et les mains, out une apparence de la peau soumise a I'iusolation prolongee, el 1(5- pidcrnic de ces surfaces est epaissi. Intelligence mediocre. M. Hammer possede une photographic de ce negre, et en a fait faire une au- tre dans la galeric daguerrt^otypique de MM. Brebyns et Sparelding. U en est preseute un exemplairc a la Sociote. Ce negre , d'apres les temoignages les plus siirs et les plus authenti- ques, est mi de parents entierement noirs. 11 etait noir en venant au mondc et resla noir jusqu'a sa seizieme annec, lorsqn'il tut mordu a la t^te par un chien sain, sans qu'il leiit vu I'approcher. Les blessures n'etaient pas s6- rieuscs. A peu pr6s deux semaiues apres, sa chcvelure commencait d devenir grise. En mcme temps, la couleur noire bien foncee de toute la surface du corps devenait uniformement plus brune [moins noire) ; quelqnes taches mcme entierement blanches, tandis que les parties voisines restaient encore brunes. Les taches blanches, grandissant peu a peu, linirent par blanchir le negre, comme nous I'avons indique. Ce changement commenca vei's I'age de 16 ans et etait acheve a I'age de 2 J ans. A partir de cette epoquc jusqu'a ce jour, pendant dix-huit annecspar consequent, sou etat, relativement a la couleur, est reste stationnaire, si ce n'est que les taches noires sur la face ^taient moins foncees a la fln du chan- gement accidenlel de coloration qu'elles ne le sont maintcnant. On nous a dit que les saisons d'^'tc), les climats, exercent une certaine in- fluence sur Tintensiti de la couleur, mais sans agrandir on diminuer les ta- ches. A I'ugc de 25 ans, il epousa une negresse entierement noire et devint pere une annee apres. Son fds, maintcnant ag.e de 17 ans, bien forme et ro- Imste, est noir comme sa mere, et il n'y existe pas le moindre indice d'un changement de la couleur. Rem/Vrques. — Ce cas de changement de couleur de la peau d'un n^gre n'est pas unique. Flusieurs cas sont cites par Blumenbach, Bates, Gualtier, Le Cat, Rayer, Fisher, Rush (Y. ENcycLOPyEDiA of anatomy and Physiology, by Robert, B. Todd, part. 1, seconde edit., London, p. 80, en note), par Byrd, .FefTerson et Morgan (V. Lectures on Piivsiologv, Zoology, A. S. 0. ; by \V. La^vrence, Salem, p. 205, en note). 151 Auciin do CCS cas cit(5s par divers auteurs n'est entiSrement semblalilc an niMie. Los unssont iles cas (ral))iiiismc complct siir desm^grcs; les autrcs ne sont que des cas d'un cliangemcnt dc coulcur pcu 6tendu ct non comparable a celui dont il est ici question. Deccs cas de changement partiel dc couleur cite par Le Cat, un, daprcs son opinion, ctait la consequence d'une brulure grave. Maintcnant se prcsente la question de savoir comment le changement s'est produit, ou en qiioi il consiste. Cette question se prcsente naturellement a I'csprit de cliacun, mais elie n'est pas du tout susceptible d'une solution ab- soluraent satisfaisante. Cependant nous aliens faire quelques reflexions en attirant I'attention de nos lecteurs sur quelques-uns des points les plus importants de ce cas, qui poiuTont Jeter au moins quelquc lumiere sur cette question si obscure. Notre cas, comme nous I'avons deju indique, dilTere de celui de Valhinisme chez les nfegres. L'albinisme est generaleraent attribue a une atrophic (Decay) et arret de developpement des cils pigmentaires ; enfm a un changement qua- litatif du sang. En g(5n6ral, on est satisfait de cette explication, tandis qu'elle est en rea- lite pen satisfaisante, parce qu'elle n'explique pas la cause de ce chan- gement. L'explication usuelle de l'albinisme ne peut pas etre appliqu^e a notre cas, parce que le pigment noir existe en quelques endroits dc la surface. En con- sequence, le sang ne peut pas etre chang(§. II n'y a cpi'une distribution irre- gulit-re du pigment, oa plutot I'elimination des elements pigmentaires des vaisseaux capillaires ne se fait que dans quelques points de prc^dilection. Nous supposons que personne ne voudrait avancer cette assertion, savoir : (pie les vaisseaux sanguins de certaiues regions contieunent seulement les 616ments pigmentaires. L' elimination partielle du pigment est an boa argument centre les humoristes exclusifs, en montrant jusqu'a I'evideuce le grand role que jouent les tissus ou parties solides dans lacte de nutrition. II est inutile d'ajouter que les lluides et les solides sont egalement actifs, et qu'une alteration de chacun d'eux peut donner lieu a un etat pathologiipic. A'otre pcnsee est done, dans ce cas, que facte cutler du renouvcllcment nulri- lif des tissus et de la peau (r^seau de Malpighi) a 6te change de telle sorte que les tissus out perdu le pouvoir d'attirer les (Elements pigmentaires des vais- seaux capillaires, et que ce pouvoir d'attraction est conserve seulement en quelques endroits. En dessinant une ligne dc demarcation trop detinic entre les fluides et les solides, comme les humoristes et les solidistes exclusifs out I'habitudc de faire, nous n'attachons pas une importance absolue a cette distinction ; car nous ne reconnaissons pas dans I'organisme une separalion dn fluide ct du solide : nous les consiilerons pliitot coiiimo I'unitt^ do I'organisafinn; diaonii, (louf^ de caracleves spi'ciaux, est sous unc d(''i)eiidance nmtiiolle' dc lanln'. L'id^e de fhiido el do solide u'cst (lu'iine idoo rcdativo. Nous scuumes t'orco d(.' fairc ccttc digrcssiou pour donner noire poinl de vuc a I'egard des din'eroncos qui existent entre lesecolcs duimoristes et solidistes), en parlienlier en Anie- rique. Maintenant, quand un acte pliysiologique anormal a lieu, ou quand un ctat pathologique se presente, dans loqnel le sang- (le fluide), n'est pas cliango d'uue maniere evideule, nous clierclious la cause du ctiangouient dans les solides. Nous ne connaissons pas trop le role que jouent les solides, savoir ; los os, cartilages, tissus libreux, etc., dans les plienomenes de la vie. Cepcudant il y a un tissu, le tissu nerveux, sur lequel nous savons un peu plus et qu'on a cul- tiv6 davantage. Notre attention doit done, en parlant des ?olides en particu- lier, etre dirigee de ce cote ; nous sonimes meme habitue a le considerer en qnelque sorte comme le rcpresentant essentiel des solides. En un mot, nou.s attribuons un etat pathologique tel que celui dont il est question ici a uneper- version d'innenation. Itappelons-nous que ce negre fut mordu par uu chien, que le developpc- ment de son intelligence est peu considerable, que le changement de couleur commenca immediatement apres I'accideut. Nous devons en outre notcr co fait que, dans un des cas de Le Cat, le changement de couleur tut immediate- ment precede d'une brulure, et que Le Cat considere cet accident comme cause du changement. De plus, nous devons remarquer ([ue, dans les annalos de la medecine, se trouvent notes d'antres cas dans lesquels les cheveux out perdu leur couleur noire pour prendre la coloration blanche, a la suite d'enio- tions violentes. Nous citons ces excmples, nonpas dans resp^rance de construire une tlioo- rio infaillible, mats commodes fails dignes de consideration. Serail-il irratio- ncl on absurde de supposer qu'une perversion d'innervation continue I'ul lo resultat d'une emotion excessive? Nous sommes portii a croire que non. De semblables perversions d'inncrvatien, seulement a uu nioindre degre ot moins continues a I'ogard du resultat qu'elles produisent, sontobservc^csjour- nellement, et personne ne s'en 6tonne en raison de leur frequence. Cette id(!'e, que nous venous d'emctlrc, n'est qu'une liypoth6se, et nous ne prelendons pas expliquer tout le phenomene. II resterait pour nous a di'mon- trer la nature de cette perversion d'innervation (jue nous supposons; niais malheureusement c'est encore une de ces lacunes multiples dans I'l'lat actuel des sciences ui(5dicales, qui nous empeche de donner une reponse satislai- sanle. COMPTE RENDU DES STANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS ItE DECE.MBRE ISo't; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRGSiDE^CE DE \l. RAYFJi. 1.— ASATOMIE. NOTE SUR LES SINUS SPIIENOIDAUX DU CHEVAL ; par M. GoUBAUX. Anterieuiemeiit, M. Goiibaux avail etaljli que ces sinus communiqueiil di- rectement avec les sinus maxillaires, ou bien qu'ils n'ont aucuue cspece do communication, et que, dans ce dernier cas, ils pr^sentent la forme de cavitos closes. Ce dernier fait laissait cepcndant quelques doutes dans I'esprit tic M. Goubaux, cl 11 neraccoptait que parce que ricn ne pouvait lui faire soup- conner nniuode pp(''cial d(^ rnuininiiicaliiui rlillVTcul ili'celui qui avail ete in- (liqm^ jnsqu'nlor? par tous lo? autctirs d'anatnmie vi't^vhiairc. Void ce quo de iRiiivellcsolipcrvatioiis vieniicnl ilolui denioiilrcr. 1° Les simts spliono'idaux commiiniqlicnt aveclOS sinus maxillaircs par niic sortc de canal dont Ic dianietrc est variable, ct qui est creusc au-dessous dcs masses lateralcs do rethnioidc. 2° Les sinus sphenoidaux ne commuuiquent pas avec les sinus maxillaires ; mais alors ils communiqucnl directcnient avec les cavitcs nasales, au moycn d'un canal de diametre variable, qui vient s'ouvrir au fond des caviles nasa- les proprenicnt dites, apres avoir passe au-dessous des mosses laterales do rclbmnide. 3° Enfin, les simis sphenoidaux commuuiquent a la fois avec les sinus maxillaires et avec les cavit(^s nasales proprement dites, par deux canaux parfailement distincts. Ce mode de communication avec les cavites nasales n'avait point encore (jle signal(5, et, comme son diametre est cjuelquefois tres-petit, c'esl vraisem- blablement pour ces deux raisons que M. Goubaux avail cru pouvoii- etalilir que les sluus spbeno'idaux formaient quelquefois des cavites comi)l(Mement independantes ct distinctesdes autres sinus. C'etait la uncerreur (pie M. Gnu- baux s'emprcsse de rectifier. II. — Anatomie anormale. COMMUXICATION SUR LES ANOMALIES MLSCULAIRES ; par M. F. Antomo de Souza. M. de Souza a mis sous les yeux de la SocietL^ lacuisse d'un cadavrc ayant servi aux dissections, et dont la region posterieure est a peine formec par deux muscles, le demi-tendineux et le biceps. Le troisit-me muscle de celte rc'giou manque completement ; il n'y a aucnne trace de scs insertions, soit ischiatique, soit icmorale, soit tibiale. Le c(")to interne de I'espace celluleux, form6 ordinairement par les muscles dcmi-membraneux ct demi-tendinoux, est cxclusivemcntrcmpli par ce dernier. La forme, le volume et les Insertions dcs muscles biceps et demi-tendineux sont normaux. Aucune anoraalie de ce genre, caract(5ris(5e par I'absence complete du mus- cle demi-membraneux, n'est signalee dans les ouvrages d'anatomie descrip- tive de Meckel, MM. Cruveilliier, Blandin, Lautli et Sappey. M. de Souza rapporte, en outre, le fait dune anomalie par Insertion qu'il a rencontree r^cemment, et montrcc a M. le docteur Hirschfeld. II s'agit de I'inscrtion anormale du petit pectoral qui, apr^s s'elre fixe par sa base au moyen de Irois langnettes aponevrolifpics, aux troisicme, (piatricnie ct cin- quieme C(Mcs, allait s allaclier supi'rleurenient a la capside de I'arlicnla- lion scapulo-lunu(''ra]c, au lieu dc s"ins(''rcr, comme d'ordiaaire, a 1 apopliysc coracoide. 155 III. — PATHOLOr.IE RT ANATOMIE PATIIOI.OGtQL'E. sun UNE FORME NON DECRITE DU CANCEIl DU SEIN ; par MM. P, LORAIN ot Cli. RoBi.\, inembrcs dc la SociiMe dc biologie. Lc 2G d6cembre 1854, est enlrce dans le service de M. Icprofesseur Nelaton, a riiopital des clinicpies, une femme de 68 ans attehite d'niie maladic du sein. Cellc femme a une sante habituellemcnt bonne; clle n'est point debiliteeet n'offrc aucun des signes de la caclicxie ; ce iie sent point do vives douleurs , CO n"est pas iin malaise habitnel qui I'ont amen(5e a I'hopital; c'est la peur de succomber a son mal que des m(5doclns lui ont dlt iMrc un cancer. La maladic siege ail sein gauche; elle presente un aspect inusile et non dccrll. On apei'- coit d'abord une surface rose de 0,08 sur 0,0 j de dlametre qui occiipe le milieu de la mamelle et ressemble a une plaiede v(5sieatoii'e traitcc par la pommadc epispastiquc. Le mamclon n'exlste pas, et I'ou ne voit pas non plus trace de raureole; la malade nous apprcnd que le mamelon n'a jamais I'uit saiUie, qu'il a toujours etc renfre, qu'il n'a done pas disparu par le fait de la maladic. 11 y a six ans, vous dlt-clle, une pclilc plaie se forma an niveau du ma- melon; elle n'avait alors que I'elendue d'une piece de 50 centimes, et elle conserva ccs dimensions pendant plusieurs mois, puis elle s'etendll progressivement avec une cxti'eme lenleur, pulsque en six ans elle n'a occnp6 que I'etendue de 8 centimetres de long sur G dc large. Cellc petite plaie causait de vives d^mangeaisons qui- ont persiste ; la malade assure ne pas connaltre la cause quiaprodult cette exulccration; elle n'a imagind aucune explication ; elle n'a jamais eprouve , antcricurement a la date qu'clle indique comme le debut dc sa maladic, aucune lesion du sein. Elle a 6t6 rafere plusieurs fois , mais elle n'a jamais nllait6. Les m^decins qu'clle a consuUes ont Iraite de dartre cette maladic de la peau. Des pommades ont elc appli(|UL'es sur cellc surface malade, un vesicatoirc y fat aussi apiili- quc. 11 n'y cut jamais en cc point d'hemorrhagie ni de suppuration abon- danle; la malade n'eprouvait d'aulre inconvenient qu'unc demaugeaison insnpporlable; elle nie (lu'il y ait jamais eu sur cctlc surface de ])etiles vcsi- cules contenant un H([uide qui, par la dessiccation, aurait form(5 des croutes on des squammes. U y a deux ans scLdement, elle s'apercut qu'uue tumour so formait dans le sein lui-meme ; cette tumour a acquis depuis cette cpoque le volume d'une grosse noix; depuis deux mois seulementdes ganglions so sont indur(5s et hyperlropbes sous I'aisselle gauche. Celte tumeur du sein donne lieu, surlout depuis (pieique temps, a des dou- leurs lancinanles assez vives. La presence d'une semblable tumeur compliquSe d'engorgement des gan- glions voisins , I'age de la malade , la marcho de la maladic , firenf penscr a M. Ni'laton qne rotio tumour iMait cann'roiivc , o\ il Vi'sdIuI u'rn fairo lablatioii. La surface rouge, seiiililable a la plaic que pi'oduit I'applicaliou d'un vc'si- catoire, etait plus difllcile a caract(5riser. Cependant, se foudaut sur un fait aiialouuc precedeninieul oliserve, M. X'latou pcnsatpie cetle lesion jxmvait aussielre eaiirureuse. Kile elait llmitec exaclement, nuUe transili(ju u'exislaiit eutre la peau sainc et le lissn raorhidc, el Tie pouvait eire couiparec a au- cuue lesion connue. I/aiilalioii dc toules les parlies maladcs, c"ost-a-diie de la niamellc prcsiiuc tout entierc el des gang:Uons, fut pratiqu^e par M. No- lalou^le vendredl 29 deccmbre 1854. 1,'exaiuen mlcroscopiquc pratique par M. C. Uobiii a donwi sur la nature de cclle production niorbide les renseignenicnfs suivants : La peau, dans une (Menduede Scent, de long sue 6 de large, a une teiute rosee due a des vaisseaux nombreuxtrfes-linsformantune sorte de plquet(5 extreme- iiient serre. Celte portion ne presente ni saiUie ni depression parrapporl an resle de la peau. Lc bord de celle i)orlion rougeatre estondule; niaisla ligne dejoPiC- tion avec la peau saine est nettement delimilce, en sorte qu'on passe brnsque- nient, et de la maniere la plus trancbee qu'on puisse concevoir, dc la sui'face nialade ros^e a la portion blanebe de la peau saine. La coupe du lissu laisse apercevoir le derme completement sain; niais entrc lui et la mince couclie d'epiderme qui recouvre la portion malade, on apercoit une mince coucbe demi-transparente, grisatrc, epaisse d'un denii a un millimc;tre ; clle occupe touteretenduede la partie nialade, etcessebrusquement vers la ligne dejonetion de la peau saine et de la peau alTectde. Cette couche grisatrc est nieine phis (■'paisse vers ce point de jonction oil elle cesse briis(]uenient ([iie dans le mi- lieu de la region malade. Cette region anssi all'ectee a presente les parlicnla- rit^R suivanles de structure : 1° La surface rougeiitre est recouverte d'uno couclie epitbeliale epaisse de 1 a 2 dixiemes de millimetre dans les per- tions les plus minces, et ofl'rant le doulde dc cette epaisseur environ en d'autres points. Elle pent se detacher par de legeres tractions a I'aidc des pinces. I'ortee sous le microscope, elle prosenle des cellules d'epitliLlinm adlicrentes les lines auxautres, minces, aplaties,gen:'ralement pen granuleiisos, toutes depoiirvues de noyaux dans les ccllulos siiperlicielles; mais poiirlant quelques-unes des plus profondes en'rent encore le noyau petit et ovale sans micleole ipron trouve babituellemeiil dans les cellules de la coucbe de Mal- pighi; cc sont la tons les caracteres de \'i-piderine tel qu'on le trouve dans les r(5gions de la peau oil il ofTre pou d'epaisscnr, tellesque I'aureole dumamelon et la peau des paupi^res. 2' Au-dessous de cet epiderme Ires-miuce se trouve immediatement la coucbe grisatre demi-transparente signalee plus bant ; celle-ci est forim'e presque entieremeiit d'elements caiicereux, savoir des noyaux librcs volumineux pen granuleux pourvus d'uii a trois nuclMes, enornies, brillauls. 11 exisle anssi des cellules iiliis noMibreuses (|iii' les noyaux 1.1/ liluv.^, taulnl sc detacliaul facilemcnl, laiiU'il enlasses sunsordro. Ccs cclluics ?fiil uniformement graniileiises. Quelqtics-mies sont arrondies, d'aufres po- lyi'driques; ces derni^rcs conscrvent, lorsqu'cllcs sont dctaclices sous forme dc depressiou ou d'excavation, la trace des cellules voisines qui s"y implau- laient en ([uclquc sorte et les dc^primaient ; il en resultc pour ces cellules un a?pect des phis sinyulicrs. Ccs cellules renfcrmeni de 1 a 3 ctmenic 4 uoyaux scmldables aux noyanx libres; quelques-unes presentent , en outre, des excavations vesiculiformes remplies ou non de granulations moleculaires tellcs qu'on les rencontre assez souvent dans les cellules canccreuses. Le dia- UK'lrc de ccs noyaux est de 12 a IG milliemes de millimetre. Lc nuckole a de 1 a 3 milliemes , et meme sur quelques-uns attcint le volume enorme de 5 milliemes de millimetre. Les cellules, aussi variables de volume que de forme, nous out ofi'ert des diametres oscillanl enire 2 et 7 centiemcs do milli- mclre; quelques-unes meme ne depassaient pas ce dernier dianKMre. Outre ces elenienls qui, dans cette couclie grisatre, sont plus abondants que tons les autres, on rencontre une matiere amorplie linement granuleuse, des globules depus, des cytoblastemcs etdcs vaisscaux capillaircs. Telle est la structure de la ctiucbe cpii caraclerise essentiellement la lesion de la peau. 3" Au-dessous d'ellc et se continuant presquc insensiblcmcnt avec la conclie precc lente, sc trouve le dcrme un pen plus epais en ce point que dans les parties saines; il ne presentc aucune alteration dans sa trace; mais , au lieu d'y retrouver la couclie capillaire telle qu'on I'observe dans les parties non maladcs, il est facile de constater que cette couclie est entierement remplacee par la meme lame de tissu caucereux decrite, et meme cette lame empicMe un peu dans la profondeurdu derme qui s'est epaissi patbologiquement dans saparlic adlie- renle. La lesion ne se borne point la: du cote du sternum, vers la limite de jonclion de la partie saine et de la partie malade dcla peau, se trouve une lumeur du volume et de la forme d'un oeuf de pigeon. Elle est placcc au- desssous du dcrme; elle cmpiete a peine au-dessous dela partie malade de la peau, mais la en est separee par I'epaisseur du derme qui est sain comme aiileurs, mais toutefois un peu amine! en ce point. Dans le rcste de son etcn- diie, cclte tumeur adhere un peu a la face profonde du derme sans I'avoir cnvalii. Du cote oppose , elle isdhere au muscle grand ])ectoral donl on a du enlever une petite portion; mais pourlant le muscle n'est pas encore euvahi par le produit morbide. Le reste de lap(5riplierie de la tumeur se trouve plonge d.ans du tissu adipeux anoiuial. La masse de la tumeur est grisatre uniforme- ment, ne renferme pre.'-'i ie pas de vaisseanx i et ce sont des capillaircs ) ; elle est dure, friable, donne une pulpe plut6t que du sue, et exige pour cela Tac- lion do racier, la pression seule etant insulFisante. Ce tissu ofl're la composi- lii'.u suivantc : 1" Des cellules canccreuses semblables a ceiles qui existent sin- la peau, si ce u'eslquc leurs noyaux sontgencralement fortementgranuleux, et que quel- 158 (jues-uiis sout dl^poul■\^ls de nuck'-oles. Lapliii»uil poiirtantdc ces iioyaux soiit Ires-considcrubles el oITrt'iit anssi un nucleole voluraineux ; mi'^me caractorc du resle de voliuiie , de forme , etc. ^'ous ne poiivons oepeiiduut nous empe- cher de noter dcs uoyaux qui alleignent dans des graudes cellules les dimen- sions exccpUonnellcs de 20 cllb milliemes de millimetre. Le restede la sub- stance est de lu matiere amorphe grauuleusc assez consistantc, mais pen abondaute relativement a la quantity de cellules qui s'y rencontrent. EUc con- tieut aussi quelqucs rares cK'ments flbroplastiques, surtout a la surface do la tumeur. Au niveau du milieu de la portion de peau malade s'observe une le- gere depression a peine perceptible qui semble etrc la trace du mamelon (lequel a toujours manqu6 commo on salt), et ce qui porte a croire que e'est la sa situation , c'cst que do cc point se dtMacbe un fuisccau de canaux galacto- pbores qui , apres un trajet de 3 centimetres , aboutissait a une tumeur du volume d'une noisette , offrant le m6me aspect (jue les prc^cedents et aussi la raeme structure ; de la pi^ripberie de cette petite tumeur se detaclient des fais- ceaux detissu libreuxqui se perdent en s'amincissant dansle tissu adipcux abundant de cette rc^gion. Bien qu'il ne renferme plus de tissu mammaire, il semble incontestable que ce sont la les restes de la glande dont une portion a etc envabie par la petite masse cancereuse qui vicnt d'etre decritc. On a enlevd, comme le on salt, trois ganglions de I'aisselle ; lis n'ont aucua lien , aucun rapport de conlinuitti avec la masse canc6reuse de la mamelle. Voici le r^sultat del'exameu de ces ganglions : I'un est gros comme une noi- sette, les deux autres comme des pois. De ces trois ganglions, le plus volu- mineus; seulpresente I'aspect otrert par le reste de la tumeur; lui seul ren- ferme les noyaux et cellules du cancer; les autres n'od'rent que les el(5ments normaux des ganglions sans trace d'elemcnts hetcromorphes, et lour aspect extcrieur est celui des ganglions atteints d'hypcrtrophie simple. Cette observation est intercssante a plus d'un litre. On volt la une forme nouvelle, non decrite du cancer de la peau a la ma- melle. Ce qui nous a le plus frapp(5, c'cst la lenteur du developpement de la lualadie, le peu de dusordres causes par ce cancer depose a la surface du derme , sous I'epiderme, faisant a peine saillie, ne s'eteudaut ni dans la profondeur de la iieau ni a sa surface, ne vegetant pas, et tres-different dans ses manifestations de la forme generaleinent decritc. En outre on voit qu'il u'y avail nulle communication, ([u'il n y avail nnllc iwrt contihuitO enlrc le cancer de la peau et le cancer de la mamelle, celui-ci n'ayant apparu ciuc lorsque exislait deja dcpuis quatre ans le cancer de la peau. Enliu le point de depart de la maladic a cte le mamelon. Nous noterons ([ue dans le fait analogue observe par M. .\elaton autcrieuremcnt, c'est aussi sur le mamelon que la maladie avail d(5but6. En prtisence d'une maladic nou decrite, et pour ainsi dire inconnue, le 15^1 diagiiosliG ctait diflicile ; iiiais quel inirti u'oul-oa pas lii'ij du nucroseope si, prcaaiit a la surface do ce sein une parcclle du tlssu inorlnde, on I'eiit sou- mise a I'obsei'vatioa microgmphique ; on eut aussitot assure le diagiioslic. Ici cc n'est pas seulement le pronostic, c'est le diagnostic lui-meme quetil eclaire le microscope. Le mot de dartre n'eiit pas etc prononce, si cet exa- men cut ete pratique d'abord ; on n'oiit pas attendu si longtemps avaut de pratiquer I'exlirpation de la parlic malade. Done , ce que rcxperience a pu deviner, le microscope le faisait savoir avec toute certitude, et sans passer par les loagucs hesitations qiielquefois fatales aux malades ; ct nous ne pou- vons uous cmpecher do douuer le fait present coinrae demoutraut de la faron la plus evidente le droit qu'a le microscope d'intcrvenir, non pas seulement april's les oiieratious, comme un des (;leiueiits du pronostic, mais momeavant luperatiou, comme moyeu de diagnostic, alors que les yeux seuls, meme les plus exerces, ne peuvent discerner la nature intime du mat. 2° NOTE SUR L'EPlTnEUOM.V I'ULMONAIRE DU FOETUS, ETUDIE SOIT AU POI.NT DE VUE DE SA STUUCTUBE, SUIT OOJllJE CAUSE DE L'ACCOUClUi.MEiNT AVANT TERME ET DE NON-vjABiLiTE ; par MM. 1'. LoBAiN et Cii. RoBiiv, mcmbrcs do la Societe de biologie, etc. Lal(5sion du poumon des enfauts nouveau-nes ou abortifs, qui fait le sujct de ce travail, a deja ete decrite quant a ses caracteres extericurs; mais nous n'avons pas vu que sa nature ait et6 delerminee exactement. Elle consisle essentiellement en une repletion des canal iculespulmonaires ou respirateurs par I'epithelium paYimenteux de* ces conduits, qui les rend imperoieables a I'air, soit par inspiration au moment de la naissance, soit meme par insuflla- tion apres la mort, Au lieu de former seulement une couche unique de cel- lules pavimenteuses minces, les cellules epitheliales sent accumulees avec regularite pourlant, mais de maniere a former un cyliudre plein, oJditerant les canalicules pulmonaires JListiu'au niveau des petites bronchos pourvues d epithelium cylindrique. Si elles laissent a lour centre un canal, il est tres- etroit, et ne se voit nettemeut que sur les cylindres d'epilhelium un pou com- primes par les lames de verre sous le microscope. L'adlierence des cellules eutre elles est assez prououcee pour qu'on puisse par dilaceration isoler des cylindres depithelium ramiOes, et reproduisant eu un moule solide la forme et les ramifications des canalicules respirateurs. 11 ne faut pas confondre cette lesion avec I'epithi^lioma pulmonaire des en- fanls, des adultes et de divers animaux domestiques. Lorsque ce dernier a etc observe, il s'est juscpi'a present offerl, 1" soit a I'etat de petits grains ou granulations grisatres, dures, d'aspect perle,multiples ou uou; 2° soit a lotat de masses plus ou moins volumineuses. Mais dans tous les cas I'epithelium comprime ou envahit le tissu pulmouaire dans le point ou 11 siege ; ii en de- IGO Iniil localcmcnl la texture. Lepithelionio firtal, au onniraire, pent Ofciipcr im espace liinite, former une niHsse iudince plus ou raoins irrosse, on eiivaliir, injecler, si Ton peiU dire ainsi, iin lobe pulmonaire tout entier; mais nuUc part il ne detruit la texture propre du parenchynie, quelle que soit IVtcnduc quil occupe. En dehors do la question d'anatomic pathologique, qui nous occupera es- scntiellement ici, il y a la question detiologic. La vari'/tL- d'epithclioma dont nous parlous coincide babituellenient avec le pemphigus neo-natorum, et ce- lui-ci a etc considere comme une uianifestaliou de la syphilis hereditaire ma- ternelle ou paternelle. Xous ue possedons pas assez d'observations pour cher- cher a inlirmer ou conlirmcr cclle hypulhese, et par suite pour alhrnier quoi que ce soit sur la cause de VepithvHoma du foetus. .\ous devons nous borner a citer les fails suivants : En ce qui concerne la premiere observation, il est utile de notcr que nous avons assiste a la naissance de Tenfant, et avons observe et iulerrojre sa mere. .\ous avons, a I'autopsie de cet enfant, examine tons les lissus, en nous en- tourant de tons les soins et de toutes les prec;uitions (pie meritait le sujet. Aussi croyons-nous navoir omis aucun detail important. >"ous trouvons rcu- nics ici dcs lesions multiples : remphigus general, rus dans le thymus. Alteration speciale des poumons, Volume considerable de la rate. Lexamen microscopique des liquides contenus dans le thymus, du sang contenu dans les cavitcs du cocur, de Telement morbide contenu dans les poumons, donne ;i cette observation un intoret tout particulier, et montre sous un jour nouveau des lesions mal conmies jusqualors. La fille P. est agee de 29 ans ; elle est grande et forte, bien conformee ; elle est nee dans la province de Luxembourg : elle habile Paris depuis plusieurs annees ; elle a eu un premier enfant il y a quatre ans. Cet enfant est ne a tcrme, a vecu plusieurs mois, et a snccombe a la suite d'une affection aigue; 11 n'avait presente, au moment de sa naissance, aucune particularile. La lille P. a souffert pendant sa grossesse ; une alimentation insuflisante et un travail force paraissent avoir altere sa sante. Elle a maigri ; cependant elle na point pris le lit. Elle ne presente aucune trace daflTection syphililique. Elle noffre ni en- gorgement ganglionuaiie, ni eruption, ni traces de chancre aux parties ex- terieures de la generation ; elle n"a pas perdu ses cheveux; elle a eu, il y a ipialrc ans, une angine inflammutoirc. Larriere-gorge n'offre aujourdhui au- cune trace de lesions. I6l Elle uie avoir jamais ete atteiate d'une affection venerienne, et eile se livre valontiers a notre esamen. Quant au pere de son enfant, qu'elle counait depuis plusieurs annees, 11 est fort et bien portant. EOe croit pouvoir alTirmer qu'il n'a eu aucune maladie venerienne... Des renseignements precis nous manquent a cet egard... .\ous resterons done dans le doute quant a la possibLlite d'une alTection syphilltiipie chez le pere de I'enfant... Cette femme est entree a la maison d'accouchement le S decemhre 1853, a buit heures et demie du soir. Les douleurs etaient fortes et rapprochees ; la dilatation de I'orifice etait complete ; les membranes etaient entieres ; le som- luet de la tete du foetus se presentait en premiere position, .i^pres la rupture dcs membranes, la tete francbit lorilice et les parties gOnitales. L'accoucbe- ment se termina presque aussit6t. Le travaQ n'avait dure que cinq heures. L'enfant, du sexe masculin, naquit falble. II fit (rots inspirations seulement... En vain on le frictionna, on le mit dans un bain cbaud, etc., 11 ne put etre ramene a la vie. Quant a la mere, elle n'eprouva aucun accident. Les suites de coucbes fu- reut simples, et le 18 decembre cette femme quitta I'bospice, dans un etat de saute tres-satisfaisant. Des que l'enfant fut mis au monde, on vit a son volume qu'il netait pas agu de plus de 7 mois ; on constata aussitot qu'il etait atteint de pemphigus. Aussi, apres lui avoir donne tous les soins que necessitait son etat (frictions, baini, negligea-t-on de lui insulller les poumons. D'aUleurs, les battements du coeur n'etaient plus percus au bout de quelques instants. L'autopsie nous a demontre de quelle inutilite eut ete rinsufHation en pareil cas. L'autopsie de l'enfant est pratiquee vingt-quatre heures apres la mort, par un temps froid. Le poids du cadavre est de. • 1,880 grammes. Sa longueur totale, de 44 centimetres. Les membres n'offrent pas de roideur. Le cordon ombilical est blanc et frais. La peau est pen coloree. L'eruption attire surtout les regards ; elle est abondante et generalisee, plus developpee aux extremites des membres ; en sorte tpi'on trouve sur ce sujet pour ainsi dire plusieurs ages pour les pus- tules : les unes tceUes des extremites) ayant atteint leur entier developpe- ment ; d'autres [celles du ti-onc; n'atteignant encore que le premier degre. La face est rouge, violacee. En dehors de I'aUe droite du nez, une pustule crevee laisse voir a nu le derme saignant. Le tronc est, surtout en arriere, tachete de macules ou taches circulaires de 5 uiiUim. de diametre, rouges ou violettes, quelques-unes blanches, qui sem- blent etre le premier degre de I'enaptiou. n. R. 11 162 L'erujitioii est iiiiciix inaniiu'c ii la parlio i)ust(5ri('iin! dcs cuisses et au\ iiiullc'Is. On couipte a la face une seule pustule. au dos 9 au trouc, en avaut 4 a cbaque mcmbre ioferieiu" une vingtaine. Pieds {pied gauche). — Uuc grosse pustule de la largeur d'uno k'lilille, coutenaut une matiere liquide, opaque, blanche, que nous avons reconnue iilre du pus ; une autre pustule do nit^me dimension, mais qui a ^\i crcvc'-e : en sorfc ({ue Ton voit a nu la surface du derme rougie. 11 paralt proliable que, I'enfant ayant etd lave ct frictionne, on doit attribuer a cette cause I'oii- verturc do cette pustule. La premiere sidgc a la face interne du talon ; I'anlre au bord interne du pied, en arii^re de I'articulation m^tatarso-phalangicnne du grns orteil. A la face interne du gros orteil, se Toit ime autre pustule iin peu plus petite, aplatie, coulenant un peu de liquide blancbfitre, purulriil... Une autre pustule de memo nature existe tout a fait a I'extremiti' librc du memc orteil. Quatre pustules se voient a laplante du pied : Tunc sous le talon, les trois autres plus rapprochees des orteils. Toutes sont intactes, peu distendues, et consistent dans un soul^voment do I'cpiderme, dans un diametre dc 4 millim. environ, avec (5pancbement de liquide blancbatre trouble. Hicn au bord externe du pied. A la face dorsalc, trois pustules moins grosses et ouvcrtes : I'une sur lu cou-de-pied, les deux autres sur le troisifeme et le quatrieme orteil, au niveau de la pbalaugiue. Main gauche.— \)eux grosses pustules purulentes a la face palmaire ; une plus petite au niveau de la derniere phalange de Tindex. A la face dorsale, deux grosses bulles situees, I'une sur lapartie moyenne, plus pres des doigls que du poignet, de 6 millim. de diametre ; I'aulre pr6s de la naissance du pouco, de 8 millim. de diamfetre. La premiere est d6pouill6e d'^piderme; I'autre est airaissee. Le liquide s'est ecoulc et I'epiderme est rid6, plisse. Ou I'cnlL'vc fa- cilemeul. Les pustules sont distributes a peu prtjs de meme et en aussi grand nombre au pied et a la main du c6t^ droit. A rexamcn microscopique, on constate que le liquide conteuu dans ces pustules est du pus otTrant de gros globules ayant des noyaux d'uii volume peu ordinaire. Examen du thorax. — La percussion pratiqudc sur plusicurs points du tho- rax, en avant ct en arriere, donne un son mat. La poitrine elant ouverlc, on examine d'abord le thymus. Get organe u'ofTre exterieuremcnt rien de re- marquable ; il est d'un petit volume. A la coupe, son tissu ofTre les caracteres normaux... Si on le presse, on en exprime un liquide qui paralt etre du pus. Co liquide, contenu daus les thymus eu assez grande quantite, c?t epnis, cre- ineux, d'une teinte verdcUre Ires-prononcce, ce qui nous le failcaracleriscrdii uora de pus tout d'abord. Ce liquide, assez consistani, est exprime liors ue I'or- gane, sans qu'on puisse voir precisement un foyei* (peut-etre est-il contenu dans uuc foule de petits foyers). Ce liquide est, par ses apparences ct par sa quantitc, tres-dilTerent de ce liquide lactescent qu'on trouve normalement dans le thymus des eufants au premier jour de la naissance; il pr^sente sous le microscope les caracteres suivants : Globules de pus ofl'rant un, deux et trois noyaux ; autour de ces noyaux,lcs granulations sunt plus nombreuses que de coutume. Nous pouvons done aflirmer que le liquide trouY^ dans le thymus est du pus. Quoique la poitrine, percutee, rende un son mat, quoique Tenfant n'ait fait que trois iuspirations , ([uoique par consequent on s'atteude a trouver les pou- mons a i'dtat foetal ou a pen pr^s, c'est-a-dire d'une teinte foncee, ardoisee, n'occupant que la partie postericure de la cavite tboracique et ayant a peine en avant unc bordure rose, on trouve, au contrairc, les poumons roses par- tout, tendus et emplissant toute la poitrine. Les ayant plonges dans I'eau , nous les vimes aussitot gagner le fond du vase. Leur poids nous parut consi- derable. Les deux poumons avec le cocur pesaient 100 grammes. lis etaient denses, 6pais, charnus. En les pressant avec les doigts, on no percevait pas la crepitation que donne I'air contenu dans les cellules pulrao- uaires. Au lieu de seutir s'affaisser sous le doigt le poumon, au lieu d'avoir la sensation d'un tissu elastique, il semble qu'on presse un morceau du foie. En un mot, nous aurions volonticrs appele hepatisation blanche cet etat des poumons. Apres cet examen superflciel, nous avons observe attentivemcnt cet organe , taut a la surface et dans sa configmation exterieure qu'a I'inte- rieur, par des coupes pratiqu^es en un grand nombre de points. A la surface, il n'y a pas de soulSvement , pas de tumeur. La plevre est lisse. Les c6tos u'ont pas marque leur place par des sillons a la surface des poumons, ainsi cpie cela se voit quelquefois dans la pneumonic des nouveau-n^s. La densite parait la meme dans tons les points, et nulle part on ne percoit ni durete ni ramollissementclrcouscrits.Les ganglions ne sent pas engorges; Us sonttres- petits et otTrent leurs caracteres habituels. Si I'on incise ces poumons, le tissu ne fuit pas, ne s'affaisse pas sous le scalpel ; il rdsiste et est coup6 nettement. Sa durete est telle qu'elle depasse de beaucoup celle qu'on rencontre dans I'hcpatisation. Sur ime tranche de poumon, void ce que nous observons. La surface coupee est unie, lisse, bril- lante, d'un blanc a peine rose (couleur dc chair), formant comme une masse compacte divisee par les cloisons celluleuses qui circonscrivent les lobules pulmonaires ; en sorte que I'alteration de tissu parait exister dans les lobules pulmonaires eux-m6mes, et non dans leur enveloppe celluleuse. Si Ton ap- m piiie Ic doigt sur ce tissu, on a presquc la sensation que dounc le lissu pan- crc-atiquc. Si Ton presse, il n'en sort aucun sue, aucun liquidc, si cc nest du sang qui s'ecliappe en petite quantite des vaisseaux, Icsqucls sont tonus bc'ants au milieu dc ce tissu resistant. Des coupes, pratiquees dans tons les sens.nous donnent le memo resultat. Cependant tous les lobules pulmonaires ne sont pas ainsi iadures et modilies : il y en a environ un tiers de sains ; mais on uc voit bien ce tissu sain que par rinsulTlation , car alors cos lobules, qui (5taient iiplatis ct n'apparaissaient pas, se distendent et prennent letir place. 11 faut une granile force d'insufTlalion pour aniener ce resultat, et encore produit-on un emphyseme sous-pleural. Le lobe supcrieur gauche ainsi insufQe surnage. Si nous I'ouvrons, nous f rouvons que la lesion occupe les deux tiers de I'organe. II nous a paru que les lobules, permeables a I'air, etaieut dissemines par tout le poumon, autaiil ail centre qu'a la surface. Les pouuious sont plus denscs, et contienncnt moins de parties accessibles a I'air dans les lobes inferieurs que dans les auti'es. Quoique les poumons aient et'- coupes en morceaux tres-pelits, nuUe part nous n'avons trouve de partie raraoUie ni de liquide anormal. Ayant pris une tranche de poumon nou insufflee, nous avons prie uotre ami M. Uigout, preparateur de chimie de la Faculle, d'en constatcr la densite. Le resultat a etele chiffre 1,07, un peu plus dense que I'eau. Ainsi, quoique ses poumons continssent un peu d'air, par suite des inspi- rations, rares il est vrai, qu'avait faites I'enfaut , leur tissu etait plus dense que I'eau. On comprend combien il serait illogique, ignorant absolument la quantite d'air cpie pouvait renfermer cette tranche de poumon, de compa- rer sa densite avec celle d'uu poumon qui n'a pas respire du tout. Cavite abdominale. — Le peritoine est sain; il contient un peu de serosite limpide. Le tube digestif n'offre rien de remarquable ; il ne contient pas d'air. Le meconium parait tout entier retenu. Les reins sont sains et ne contiennent pas de cristaux. La vessie est vide. La rate a un volume sup^rieur a la moyenne. En effet, elle deborde les cotes. Ses dimensions sont les suivantes : ! longitudinal 0,0G transversal 0,05 epaisseur 0,015 La longueur totale de I'enfant 6\aa\ 44 centimetres, ct la dimension moyenne de la rate chez les foetus de O^-.SO 6tant de 0",045 en long et de O-^jOOT en epaisseur, on voit que le volume de la rate est ici relativement tres-conside- rablc. Dans un cas de pemphigus precedent, nous avons trouve la rale enorme : O^jOO de long et pesant 368 grammes chez un enfant de 45 centi- metres. .Nous rapprochoiis lcs deux fails, ^ans c:i tircr de consOi[uenccs. m Le foie a ^te examine attentivement ; il no nous a olTert aucune espece de lesion. Crdne. — Lcs os du crane sont normaux. Lc cerveau est sain; il n'offre pas d'a?demc , pas d'hydropisie ventriculairc, pas de congestion. On trouvc cjuelqucs caillols veineux ordinaires dans les sinus. Le sang rocueilli dans le cojur, (]ui est sain, a etc examine au microscope par M. Robin. Le sang recueiUi dans Toreiilette droite contient 15/100 de globules blancs, ce fjui est plus quo la moyenne. A quelle classe d'altorations anatomiques faut-il rapporter cette li'sion dos poumons ? En cliercliant dans nos souvenirs, nous nous sommes rappele un cas unif[ue de memo nature observe a I'hospice des Enfants trouvos, et que M. Roger appclail pancreatisation du poumon. L'examcn microscopiquc, dans ce cas, n'a pas ete fait. D'ailleurs, nous ne savons pas si I'enfant etait atteint de pem- phigus : c'otait un enfant nouvcllement ne et avant terme. Sur plus de cinq cents autopsies que nous avons pratiquces sur dcs enfants appartenant presque tous au premier age de la vie, nous n' avons vu que ces deux fois semblable alteration; mais il a pu sefaire que des fails de cette na • tare nous aient ecbappo. L'ne fois, surun enfant atteint de pemphigus, nous avons trouve une tumeur de la grossciir d'une grosse noisette, ayant une consistance moins femie que n'est le tissu d6crit ici et bien limitt;e. Pailout ailleurs lcs iioiimons etaient sains. L'enfant avail pu vivre plusieurs jours. Ici ce nest pas une tumeur isoleo, ce n'est pas un foyer que nous Ironvons : c'esl une sorle d'inflltration presqtie gencralc d'une matiere dure, resistanle dans les doiix tiers des lobules pulmonaires. Ce n'est ni une hopatisation, Ki une pneumonie lobulaire, Ni une infiltration sereusc : C'est un 6tat particuUer, special, mal connu, et qui ne scmble pas so rap- porter enticrement aux descriptions donnees par les autears des lesions pul- monaires coincidant avec le pemphigus nco-natorum. Copondant lo fait du ponqjhigus, du jius Irouve dans le thymus, en meme temps que celle lesion existe, no nous laisse guere de doute que nous ayons sous les yeux la lesion indiquoe par M. Depaul. M. Dauyau, dont Fopinion est d'un grand puids en pareiUe matiere , a etc mis a meme par nous de se prononccr sur cette le- sion. II n'a pas hesit(5 a reconnaltre la Tatrection piUmonaire decrite avec le pemphigus. Peut-etre cette lesion n'est-elle ici qu'au premier dcgi'o. Nous sommes done fondes a croire que nous avons observti ici I'alteration indiquoe par les auteurs, et qui jusqu'ici avait pour ainsi dire echapiK' aiix recherches des micrographes. (M. Depaul necitequ'un seul cas dans lequel I'observation micrograph ique ait oli; faite et c'est du pus qu'on avait Irouvo. 166 Cette li^sion, au point de vue patliologicpie, est digne d'int(5ref, en ce qii'ellc a rte sans doutc la cause dc la mort. EUe s'est oppos(5e a la respiration. L'ab- sence de lesions dans les autres organes et de toute autre cause d^pendanfc de I'accoucliement ou aceidentelle qui ait pu ocrasionner la mort, nous con- duit a trouvcr dans cet etat pulmouaire une explication pour ainsi dire nie- canique de la mort. Nous avons pu nous assurer par nous-memes de la dilli- culte que I'air devait eproiiver a penetrer dans cos poumons. lis ofTraient une resistance que n'ont pu vaincre les efforts de I'enfant. L'insufflation artilicielle, en pareil cas, evit etc inutile. EXAMEN ANATOMIQUE DE LA STRUCTURE DU POUMON A L'AIDE DU MICROSCOPE. — Le tissu pulmouaire carnifit5, soit qu'il se prescnte sous la forme de masses ou tubercules bien limites, soit qu'il occupc une etendue plus ou moins con- sidt^rable des lobes et offre des contours mal limites, pr(5sente partout la meme structure. Cette structure, qui caracterise la k^sion, est la suivante : tons les euls-de sac des canalicules broncliiipjes sont remplis par des cylin- dres plutot que par des tubes rt'epitlielinm pavimenteux. Ces cylindres pen- vent 6tre arracbfe avec faciliti^, et sous le microscope ofTrent la forme habi- tuelle de ces tnbes a I'^tat normal. Quelques-uns d'entre eux, mais en petit nombre, out un contour fonc(5 et un centre brillant qui indiquent la prt'sence d'un canal au centre du cylindre; mais cette disposition est I'exeeption. Ces ("'pilbf^liums se distinguent , sous queUpies rapports , des epith(:51iums normaux : ce sont ces diffch'ences que nous aliens signaler. Les cellules, fortement pressees les unes centre les autres, sont en g^n^ral plus petites qu'a I'etat normal. EUes renferment pour la plnpart un seul noyau ; mais quelques-unes en presentent deux. Ces noyaux sont spheriques ou ovol- des, pen granuleux, a contours nets, larges de 9 a 11 milliemcs de millime- tre, et les cellules, qui sont a peine plus larges, out quelquefois leurs bords presque contigus a ceux du noyau. Cette disposition tend a faire paraitre le volume reel des noyaux plus considerable encore qu'il nd'est. Chaque noyau possSde un ou deuxnucleoles brillants, larges au plus de 1/2 a 1 millieme de millimetre. En general, la masse de cellules qui entourent le noyau est finement et uni- fonn^ment granuleuse, ce qui, joint a la regularity de juxtaposition des cel- lules, donne a I'ensemble des 6pitb61iums dans chaque cul-de-sac une tr^s- grande dl^gance. Ca et la on trouve quelques cellules tellement remplies de granulations graisseuses qu'elles sont devenues tr^s-opaques, et leur noyau est difficile a apercevoir ; pourtant faction des r^actifs et les mouvemenfs imprimis a la cellule pennettent de constater toujours sa presence. II est des culs-de-sac entiers dans lesquels la plupart des cellules offrent cet 6tat granuleux ; alors, suivant le nombre de cos granulations, les noyaux des rrllnb's dans ces culs- de-sac sont ou no sont pas visiblcs, ce qui quelquefois modilie plus ou moins 167 ['aspect ext^rieur de ces tubes ramitl^s. II est possible d'arracher quckpie- tbis des gaines assez ^tendues ; de telle sorte qu'aux c^pitbdliums pavimen- tcux on voit succcder r^pitLclium cylindi'ique a cils \ibraliles. Cette dispo- sition anatomique niontre que la gaine a H6 arrachee des bronches propre- inent dites. En general, dans ces points, repitholium cylindrique ne forme qii'un tube cylindrique, et non un cylindre plein. Ces epitheliums cylindri- ques sont en g(5neral plus granuleux que la plupart des epitheliums pavimen- teux. Quelques-uns oflYent deux noyaux ; tous sont remarcpiables par leur forme prismatique et leur longueur. En resume, cette affection est caracteris^e par una augmentation cxag(5ree de quantite de repitholium pavimenteux qui, normalement, tapisse les cana- licules respirateurs ; ce n'est plus une gaine formde par une couche unique de cellules d'epithelium pavimenteuses; c'est, dans la plupart des conduits, un veritable cylindre plein, qui remplit et oblit6relescanaliculesrespirateurs.La forme des culs-de-sac est conservee, leur volume seulestun pen exagOre, sans doute par une distension due a la multiplication de repitbeiium; le diametre des culs-de-sac s'el6ve,eneffet,de 5 a Scentiemes de millimetre, dimensions plus grandes que celles qui sont ordinaires pour les tubes respirateurs a cet age de la vie; ce sont la, en un mot, tous les caracteres de I'epitheiioma pul- mouairc, tels qu'on en observe d'analogues dans cerlaines glandes, analogic qui existe tant que la glande n'est pas ulceree (mamelle, glandes du col de I'u- terus). A cette description, nous joindrons la suivante, faite d'apr^s I'examen des poumons malades d'un fa?tus sorti do la Clinique, produit d'un avortement accidentel au sixieme mois de la grossesse (Janvier 1854K La mere a 23 aus ; mariee a 17 ans, elle a eu deux enfants, dont un a 6 ans etest bien portant ; elle croit qu'un coup rocu sur le ventre, avec chute deux jours avant, a provo- que I'accouchement avant terme. Elle a eu le cholera a Lyon, etant enceinte de deux mois ; elle est assez delicate et a des vomissements pendant ses gros- sesses; elle n'a pas eu la verole, nou plus que son mari, qui n'est pas le pere des precedents enfants ; elle n'offre pas de calvitie ni de pustules, bou- tons,etc., ponvant indiquor la presence d'une syphilis ancienne. Les deux en- fants dont il est question dans ce travail sont nes, I'un a G mois, I'autre a 7 mois de grossesse. L'enfant present a vecu deux heures, et presente deux bulles de pemphigus de la largeur d'une piece d'un franc a peu prf's sur la face palmaire de la jambe droite d'une part et du pied droit de I'autre. Le li- quide contenu dans les bulles ne contient que du pus el des cellules epitlie- liales rares. L'l'piderme souleve est bleu grisiitre; la surface de la peau, sous les bulles, est d'un rouge assez vif. La poitrine percutee rend un son mat ; cependant, les poumons etant exa- mines avec attention, on voit que lair y a penetre en certains points et dis- tend les culs-de-sac pulmonaires; mais les 0/10° du pimmnn n'ont pas ete 168 a^res. La couleur de ccf organe est rose, avcc dcs plaques liUinrlies imhii- breuses; en outre ou trouve parsemes li sa surface, taut an sonmict iiu'a la base, a tons les lobes, de petits noyaux dont le plus grosesl dn volume dun pois ct fait un relief notal)le. Ces petites masses, ainsi que Ics plaques Idan- ches iudiqnoes, sont constituees par nn tissu dnr Jout la cou[ie est nelle, nc ressemblant nuUement au tissu pulmonaire normal ; on appliqucraLt vulon- tiers a cette partie du poumon le nom de chair de veau. Tons nos ellorts n'ont pu y faire penetrer de I'alr, bien que tout autoui" le tissu sain s'insuf- llat facilemcnt. Ces masses morbides ne sont pas nettementliniitt^es, elles sont lrr(^gulierement entouroes par le tissu sain qui les penetre quelquefois en un point ; elles nc penvent ctre isolecs, et sont en cela bien diflerenles des i)ro- duits morbides deposes dans les poumons; c'est le poumon lui-mi-me, et non un corps dtranger, mais c'est le poumon avec des caract6res anormanx. Nous avons done constate ici, comme dans notre precedento observation, (juc le tissu morbide est dispose irreguliercment dans toute lutendue de Torgane et n'occupe pas un si6ge special ; que ce tissu est le tissu pulmonaire lui- meme altered; que I'air ne saurait penelrer dans ces parties, nialgre une in- sufflation energique et encore moins paries efforts spontanc^s de I'enfant. L'examen micrograpliique nous donne sur la structure de ces parties ma- lades les notions suivantes : Comme dans la premiere observation, on vtiil que les culs-de-sac pulmonaires sont remplis par des gaincs ei)itbeliales ou mieux par des cylindres pleins d'epitlieiium ; seulement ici, nidle pari un ne pent rencontrer de cylindre olTrant encore une cavitc tubuleuse ccntrale. Nous pouvons done dire de suite que, dans le poumon dont il s'agit on oli- serve la menie lesion que dans le poumon du premier enfant, c'est-a-tlire un Epithelioma pulmonaire arriv6 a la periode de repletion des culs-de-sae Irc^s- recounaissables encore parlour forme, par leur volume memo, et n'etant pas arrive a la periode d'ulct'ration qui, dans les cas d'epithelioma glanduiaire modifie plus ou moins ou fait disparaitre la disposition normalc. Ce fait imli- que, examinons les dements anatomiqnes eux-memes. Ici les cylindres d'6pith(51inm difftrent des precedents en ce que les noyaux sont presque tons sphuriques, depourvus do nuclcole, finement grauuleux et asscz fences. La masse de cellules qui entoure ces noyaux est plus petite dans la plupait d'enlre elles que dans les precedents, anssi quelques culs-de-sac seniblenl-iis au premier aljord constitncis par des noyaux d'epith^lium seulement pres([ue contigus; mais un examen attentif fait assez vite reconnaitre une masse de cellules autoiu' de chaque noyau. II existe ici un tr6s-grand nombre de cel- lules epitbeliales libres ou interposees aux pre^cedentes, qui sont tres-granu- leuses, spheriques ou polyedriques, deux fois plus grandes au moins que les autres, dans lesquelles les granulations sont assez abondanles pour que leiir noyau soil en partie masque avant Taction de I'acide ac(?tique. Dans la pri'ija- ration de cetissu, ces ceUuies se detachent assez facilemeut des precedentes; 1G9 elles renJent tres-forces, peu transparent s les culs-de-sac qni en renferment beaiicoiip; du reste toutes les cellules, sans exception, tie ces culs-de-sac, sont plus granuleuses que celles decrites dans la premiere observation. On trouve encore dans ce cas-ci un certain nonibae de galnes d'^pithelium cy- lindrique beaucoup plus larges que les gaines que nous venons de decrire, et provenant dcs petites bronches; toutes ces cellules sont pourvues de cils vibratiles. Ilexisteaussi dans le parenchyme meme quelques cl(5ments fibro- plastiqnes, tant fibres fusiformes que noyaux libres. 11. — Pathologie. bruits morbides dans les oreilles, isochrones aux battements du pouls, ET CESS.\NT PAR LA COJIPRESSION DE l'ARTERE MASTOiDlENNE ; par M. RayER. M. Rayer communique un cas remarquablc de perturbation de I'audiliou pour lequel 11 a ete consults, et dont il a rendu tiMnoins MM. CI. Bernard el Davaine et plusieurs autres membres dc la Societe do biologie. Une dame d'une quarantaine d'annees (5prouvait, depuis un an et demi et sans internip- tion, dans les oreilles des bruits tr^s-varies (miaulements, sifHemenls, cris, etc.) et qui n'avaient ct^de a aucun des remedes qu'on avait essayi's pour les faire cesser. Une nuit les bruits s'etaient declares tout a coup, et leur continuity avait jete celte dame dans une grande frayeur. Les jours sui- vants, par relTet de ces bruits incessants, elle avait eprouve une grande agitation ; la saiile generate etait d'aillem-s tres-bonne. I'lus tard, I'agitation s'est calm(5e ; mais la persistance des bruits n'a pas cesse d'etre une cause d'inquietude, de malaise continu et de trouble des plus penibles. Les bruits morbldes out ete dC;s le debut et sont encore aujourd'hul plus intenses dans I'oreille gauche que dans I'oreille droite. M. Rayer s'est assure que les bruits cessent immediatement lorsqu'on corn- prime la brancbc mastoulienne de I'artere auriculaire posterieure. lis sont d'ailleurs isochrones aux batlements du pouts : si on applique i'oreille sur une des oreilles de la malade, on percoit, comme elle, les bruits, el coninie elle aussi on pent distinguer les modifications varices qu'ils peuvenl pn'sen- ter pendant queUiues minutes a des inlervalles plus ou moins rapproches, de telle sorte que lorsque la malade dt5clare percevoir un bruit de vent, de sifflc- ment, dc miaulement, etc.; en appliquant immedialement I'oreille sur la sieiine, on peut verilier I'exactitudc de la sensation et de la perception. De uieme encore I'observateur, en appliquant successivemeut son oreille sur I'oreille droite et sur I'oreille gauche de la malade, peut constater la dift'^rence des bruits qu'elle signale dans chacune d' elles. Enfln, a I'aide de I'auscultatiiin repctee ainsi a de courts intervalles, on a pu s'assurer que chaque pulsation arterielle est accompagnee dc ces bruits morbldes dont la persistance est si pC'uible. En com{)rimanl graduellement I'artere niasloidlenne avec le doigt. 170 on modifle los bruits morbide? avant de les fairc cesser, et ils ?c reprodnipcnl immediateraent lor?que ce petit vaisseau n'est plus compvime. Ses pulsations scmblent indiquer que son calibre est un pen plus considi'rable que dans les casordinaires; muis on ne distingue aucunc dilatation ovoide on fusifoiine puuvant conduite a admettre uue disposition anevrismatique ou toule autre alteration des parois de cette petite artere. D'nn autre cote, il n'existait point de bruit morbide an coeur, soil au ])re- niier temps, soit au second temps. Un n'en percevait point non plus dans I'aorle ou dans les art^res carotides. Ces bruits dans les oreilles paraissaient done avoir leur source soit dans des dispositions particulieres des branches profundes de Tartere auriculairc posterieure, soit dans une alteration des parties qu'elles traversent ou auxquelles elles sc disfribuent. Une Amotion vive, en aug-mentant rintensitc- et la rapidite des battemenfs du cirur. Taction de Telectricite sur les regions auriculaires en excitant lo- calement la sensibilile, augnieutait riuteusite des bruits morbides percus dans les oreilles. La malade ayant assure a M. Rayer que, pendant une tievre qn'elle avait cue plusieurs mois auparavant et qui avait dure plusieurs jours, les bruits avaieut momentan^ment cesse , divers rem^des antispasmodiques ont ete essayes dans le but de rendre ces bruits moins intenses et moius incommodes. Pen- dant quelques jours les pilules de Meglin ont senible procurer une amelio- ration qui ne s'est pas soutenue; les bruits persistent aujourdhui comme auparavant. Chose remarquable, cesbruits ne troublent pas tres-senslblement I'audition ; iln'cxiste aucune h'sion appreciable dans les conduits auditifs externes; la malade u'a jamais ressenti de douleurs dans les regions auriculaires, et la santo generate est parfaife. A cette occasion, M. Rayer ajoute que lauscultation devra a lavenir etre habituellement pratiquee, dans I'etude des tintements et des bourdonnements d'oreille, afin de distinguer les cas dans lesquels ces bruits morbides peu- venl L'tre percus, par le medecin comme par les malades, de ceux dont les maladcs ont seuls la conscience. III. — Helminthologie. SIR DES URCEOLAIRES PAR.\SITES PAXS LA VESSIE URIXAIRE DES TRITONS ; par M. Davaine. Les urei^olaires sont des animaux encore fort pen connus ; consideri'es au- jourd'lmi comme des infusoires, il est probable qu'elles torment Win des chalnons de la g^ni^ration alternantc d'un auimal appartcnant a une rlasso plus ('levee; dou'.'es d'une forme ek^ganle et d'un mouvcmeiit sin.iiiiiier de rotation autonr de leur axe, dies inspirent a Tobscrvatcur qui les voit pour J 171 la premiere fois un intt'!rtM iioii moins p:raiid cpie les vorticelles elles-mi^mps. Miiller, onparlant dol'cspi'ceqivilarpprescntL'e soiislenom de vorticella siel- lina, en donne la descripUon suivanic : « C'cst un animal lres-(51(^sant, orhi- II culaire, forme d'un disque un pen convexe, ceini d'un aureole tnmslncidc » et d'un cercle opaque, lequel est, en outre, entourc d'une bordnre de cou- » leur d'eau, d'oii pai'tent des rayons ocartes, qui ressemblent a des soies i> deliees. Parlemouvement de rotation, ces soics disparaisscut entierement, I) et il no reste qu'une blancheur autonr du globule, connne si un flnide » tournait antour. » Les urce'olaires ont ete observecs par Miillor dans I'eau de nier; niais on eonnait mieux celles qui babiteat les eanx douces; c'est surtout a la surface des mollnsques ou des bydrcs qui existent dans ces eaux qu'on les a ren- coutrees ; elles paraissent vivre en parasites sur ces animaux. On n'a point signal^ leur presence dans les cavites ou dans les organes internes, ni chez des reptiles ou des ])oissons. Les urce'olaires que je mets sous les yenx de la Socicite proviennent de la vessie urinaire d'un triton cn'te ytriton cristatus). J'ai observe ces animaux dans la vessie de tous les iritons crStes an noiubre de dix ou douzc que j'ai examines depuis le mois de jnin dernier; elles y sont plong(5es dans un mucus 6pais, dont elles se degagent difficilement. Ce mucus n'est point ex- puls(5 avec I'urine, en sorte quece n'est qu'en ouvrant la vessie qu'on peut se procurer les urcdolaires du triton. Quoique ces infusoires soient d'un volume assez considerable, il est diffi- cile de se rendre un compte exact de leiir organisation et de leur forme, a cause du mucus qui les masque plus ou moins, a cause aussi de leurs mou- vements rapides ou de leur prompte desorgauisation. La forme de Vurceolaire du triton se rapproclie de cclle dun turban; c'est un Irene de cAne dont la hauteur varie un peu suivant les individus et penl- etre suivant lour etat de contraction. La hauteur de I'axe est, en moyeune, de 5 centiemes de millimetre et Ic diametre de la grande base est denviron 17 centiemes de millimetre. La petite base est convexe et entourde d'une rangce de oils assez ^pais ; cette ranged do cils se prolonge sur la surface la- terale du cone sur laquelle elle fait deux tours en helice. Les cils naissent d'un siUon creuse en spirale sur cette surface, ce qui liii donne plus ou moins la forme de la coquille de certains helix. Sur le trajet de ce sillon, peut-etre a son extr^mite, existe une ouverture arrondie munie de cils plus c^pais, qui est sans doute Fouverture de la bouche. La grande base est parfaitement cir- culaire, plane ou l^gfereraent concave et entouree d'une couronnne de longs cils vibratiles qui, invisibles sur le vivaut a cause de leur agitation rapide, devienneut distincts chez I'animal mourant ou mort; Tagitation de ces cils forme autour de Vurceolaire une aureole translucide et raouvante trfes-singu- liSre et produit la rotation de I'infnsoire sur son axe. Cette base est munie 17-2 d'unei)ii^ec cirrulairo, doii(5e d'uno certaine consislance, et qui reste qiielf|iif'- fois intacte aprcs la dissolution de I'ui-ceolaive. Cetlc piuce, que j'appelk'iai \e disque basilaire, offre beaucoup d'analogie avec le cadran dune monlie; de son centre, que j'ai toujours vu perce d'unc ouverture variable, parlL'i.t des stries figurant des rayons divergents (lui s'arreteut sur un cerclc iilacO a un centi^me do millimetre de la circonference du disque. Ce cercle ressemble a une corde tress(5e; il donne naissance en dehors a une s6rle de trentc cro- chets environ, tous touriies dans le meme sens et dont la pointe est dirigee vers la circonference du disque. On croirait avoir sous les \ eux une cou- ronne de crochets d'echinocoques on de tenias ; mals ils sont evidemment fixes et font partie integrante de la pi^ce basilaire. II me pavait que crs sortes de crochets donuent naissance par leur pointe aux grands cils qui communi(|uent a I'aiumal son mouvement de rotation. Ce mouvemeut a lieu, en etTet, constamment en sens inverse de la direction de la pointe des cro- chets; le disque basilaire a 5 ccntienies de millimetre de diametre. L'urceolaire coutient une substance granulee; son organisation est difficile a determiner a cause de son mouvement incessant pendant la vie ; elle se creuse de vacuoles lorsqu'elle est sur le point de mourir, on bien elle s'eu- dosmose et prend la forme d'un ovoide ou d'un barillet. L'urceolaire du triton ne. rampe point au moycn des cils de sa base ; je ne I'ai jamais vue que nageant. A moins qu'elle ne soit maintenue par quclque obstacle, la graude base est toujours tournee en haul, vers I'ocil deTobserva- tcur qui ne reconnait dabord dans cet infnsoire qu'un disque tournant et entoure d'une aureole mouvaute. Le mouvement de progression de Vurct'c- laire est trt's-exactement semblable a celui d'une toupie. Les urceolaires de la vessie urinaire du triton ne paraisseut pas pouvoir vivre dans I'eau; car toutes celles que j'ai mises dans ce liquide pour les micux examiner n'ont pas tarde a s'endosmoser etaperir; ellessemultiplient dans la vessie par division spontanee ; c'esl au moins ce qui m'a paru rt^sul- ler de I'observation de plusieurs de ces iufusoires, qui etaient si 6troitement luiis ([u'on ne pouvait croire a un simple accollement. Cette division m'a toujours paru se fairc suivant I'axe du corps, le disque basilaire se parla- geant suivant son diametre. Comment les urceolaires arrivent-elles dans la vessie urinaire des tritons? II n'est pas permis de penser qu'clles s'y sont introduites sous leur forme d'urcc'olaires, car elles ne rampent pas et perissent rapidement dans I'eau ordinaire ; pour cette derni^re raison, on ne peut non plus croire qu'elles en sortent sous la meme forme pour se propager. II y a done lieu de penser qu'elles s'introduisent dans la vessie des tritons sous une autre forme, et des recherches ult^rieures montreront peut-etre qu'elles sont un 6tat transitoire de I'un de ces entozoaires si nombreux chez les batraciens. .I'ai trouve, en effel, avec ces urceolaires, des corps ([ui avaient ciueUiue rapport avec des 173 sporocystos, mais suv lesquds joui'iibslicns aujuiird'liuiiraiicuiKlclail, uv Ics iiyunt pas sullisamment etudies. M. le docteur Vulpiau, sur iin grand nonibre de grenouilles dont il a exa- mine la vessle urinaire, a rencontre des urceolalres chez unc de ces gre- nouilles. Ces infusoires ctaient peu nombreux et, de meme que ceux des tri- lons, Us (itaient contenus dans le mucus tapissant la surface interne de la vessic. D'apresles figures que M. Vulpian m'a communiquees, les uixeolaires dc la grenouille ne differeraient point de celles des tritons. IV. — Teratologie vegetale. NOTE SIR QUELQIES CAS TERATOLOGIQUES DU NVMPILEA STELLATA (WILLD) ; par JIM. L. Soibeiran et L. Neumann. Le n!/mphcEaspe floralo se trouvaicnt separoes des suivantes par un prolongoment anor- mal de I'axc, longue d'environ 7 a 8 centimetres. Les premieres pieces tlorales ou sepales, au nombre decinq,ainsi separees, portaicnt seules des traces de coloration en vert par de la chromule, tandis que los autres pieces ctaient toutes colorees en uu bleu tendre parfait. Lour longueur et leur 6paisseur, plus considerables, les rapprochaient davantage de la structure des organes foliaces normaux, et on ol)servait que ces sepales (itaient d'autant plus delicats qu'ils ofTraient plus d'analogie de texture avec les petales et qu'ils 6taient plus intericurs. L'axe, dont relougation anormale avait ainsi si'pare les premieres pieces llorales des suivantes, portait des cOtes ou cannelures, au noml)i'c de cinq^ dont trois beaucoup plus marquees, qui correspondaient a cliacune des pieces corollaires externes et superieures dela tleur; elles semblaient etreleurpro- longemeut et avoir (Me oiitrain(^es avec l'axe, sans pouvoir s'cu dtHacher. Ces cannelures t'taient altornes avec les pieces caliciualos d(:veloppees avant Vc- longation de l'axe. 17 i Lcs uutres parlies do la Hour no pivscntaicut ricu d'aiioniuil. Nous pouYous remarqucr, du reslo, que I'ien nest plus fa'(pienl que de voir les premieres lleurs des nymph6ac(5es offrir quelques anomalies, surlout loi'squc les planfes sont encore peu avancd'os en age. An milieu de presque toutes les feuillcs du mjmphcea stellata, c'est-a-dirc au point ou les fibres constituth'es du petiole se s^parent ct divergent entous sens dans le limbc, nous avons trouve un developpcment anornial de bour- geons adventifs, analogues a ceux qui sc produiscnt dans certains cas par rinfluence du Irottement ou de rbumidite. C'est peut-etre a cclte derniere cause qu'il faut rapporter le fait teratologique que nous avons I'honneur de Yous exposer; car, malgre lcs soins extremes et minutieux que prenuent les jardiniers de maintenir les plantes confiecs a leurs soins dans le plus grand etat de nettetc, presque toujours il s'amasse, au point d'epanouissement des fibres, nn pen de limonliumidc qui est rctenu daus une sorle de di'pression de la feuiUe, et qui pent agir ici dememe que dans ropcralion du marcottage Ihuuiidile de laterreenveloppantesurlabranche. CepenJant, ce n"est qn'avec doule que nous emcttons cclte opinion, car, a cole memo de ces nynipluva se trouvent d'autrcs especes (iV. dentata, thermalis) dout les feuillcs presenlent la meme disposition sans presenter toutefois Ic meme pbenomene teratolo- gique. D'abord 11 se fait uue sorte de bourrelct de filaments non bifnrques, qui, examines avec un verre grossissant, nous out offert I'aspect de conferves. Lcs filaments sont composes de cellules tres-allongees, plac(5es bout a bout et no renfermant rien dans leur inlerieur, si cc n'est (luelquefois des granules amorphes bruns jaunalres. En ecartant ces filaments, nous avons trouve un petit corps central arrondi, plus ou moins aplati sur son sommet et prenant naissance sur le limbe a sapartie mediane, au point meme ou le petiole s'y r<5unit. En observant au microscope une tranche mince et perpendiculaire de ce petit corps, nous trouvons qu'il est forme d'un tissu lacbe de cellules arron- dics remplies de granules incolores et amorphes. Ces cellules renferment une proportion beaucoup plus considerable de granules vers la parlie pi'riplu''ri(pic du bourgeon cpie vers le centre. A'ous nepouvons decouvrir trace d'organes; cepcndant il nous semble que quelques faisceaux fibreux du petiole lendent a s'inflechir pour penetrer dans linterieur de celle masse cellulaire. En pre- nant un de ces bourgeons plus devcloppi?, nous y apercevons quelques fais- ceaux fibreux qui commencent a se developper, et a la parlie sup(5rieure, de petils mamelons proemiuenls, formes exclusivement de tissu cellulaire, et vers lesquels semblent se diriger les faisceaux fibreux. Ce sont la les rudiments de petites feuillcs qui se developpcnt assez rapide- ment et donnent ainsi naissance a une petite plante lixee sur une feuille. Au moment oil les petites feuilles commencent a se moutrer bien neltemeut le polit corps arrondi qui les supporic .s'est, allonge pour former uuc tige cl met quelques petils lilaments radiciilaires par sa base. Les petites feuilles sont A prefoliafion convolulive, c'est-a-dire que les pieces du limbe sont con- touruees parallfelement a la nervure mediane, de facon a se rapprocher Tunc de I'autre et a mettre la face Inferieure de la feuille a rexterieur. Lorsqu'elles ont pris un certain accroissement, elles se developpent et prcsentent absolu- ment la forme et la figure dcs premieres feuilles qui so developpcraient par germination du nym-phaa slellata[\\\m). Ccllcs qui suivenL sout de forme uu peu diflerentc et tcndent a se rapprocher de celles des feuilles normales de la planteaduKe. En meuic temps que Ic petit bourgeon se developpe, la feuille qui les sup- porle et lour a donn6 naissance se fletrit et se decompose. Aussi avons-nous frouve lloltant dans I'eau de petits pieds qui, sans aucun doute, auralent con- tinue a prosperer, si on les cut mis dans les conditions favorables a leur de- veloppcment. A I'appui de notre dire, nous rappellerons I'observation faife par Picard (.\ote sur la reproduction anormale des plantes; Bi llet. de la See. LLN'N. DUNordde LA Fraaxe, p. 13'(, IS'iOl surlc sisijmhrium nasturtium; en efl'et, ce nataralisle a remarque que le cresson se multiplie par un pheno- m^ne analogue a celui que' nous avons oliservi; dans le nymphoea sleUata,Tplus souvent (pie par la germination de ses graines, contrairement a ce qu'on au- rait pu supposer. Depuis la publication de celle note, nous avous trouvcrindication de ce fait tcratologique dans le journal de Van Route (par M. Planchon), 1854; mais il u'y a que I'iudication du fait et aucun reuscignement sur le diiveloppemcul et sur la structure. FIN DES CO.MPTES RENDUS UES SEANCES. MEMOIRES LUS A LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNER 1854 MEM. EXAMEN ANATOMIQUE m MEMBRE AlSTERIErR GAUCHE D'UN FrETUS TROUVE DANS LA MATRICE D'UNE VACHE; PAR M. \Mm GOIBAIX. Le samedi 21 Janvier 1854, j'ai trouve dans mon cabinet le membre ante- rieur gauciie dun foetus de vadie que I'equarisseur y avait depose. Co mem- bre avait (^te pris sur un veau trouve dans la matrice d'use vache qui avait ete abattue deux jours auparavant pour la consommation, dans I'un des abat- toirs de Paris. II avait ete depoiiille, et Ion avait enleve aussi les phalanges de chacun des doigts (1). D'apr^s le developpement des os, j'ai pu evaluer a peu pr^s a sept mois la duree de la gestation. Le lundi 23, j'ai disseque ce membre; j'ai fait une preparation des os qui sera depos^e dans le cabinet des collections de I'ecole d'Alfort, et j'ai redig6 les notes suivantes pour qu'on puisse se rendi'e un compte exact de I'ordre dans lequel les diflferentes parties etaient disposees. il) La peau des foetus de vache est utUisee pour habiller des jouets, des chevaux de bois, etc. (! I. — EXAMEN DES OS. Epaule. — Le scapulum est beaucoup plus large qu'il ne Test ordinaire- ment cliez iin foetus de cet age. La fosse sous-epineuse est excessivemcnt large, tandis que la fosse sus-epineuse est trSs-petite, altendu que I'lpine de ronioplate paralt s'etre portee tout a fait en avant. Cette epine a la forme qu'ellc presente ordinairement dans le clieval, c'est-a-dire qu'elle se teiTOine insenslblement, au lieu de se terminer brusquement conume chez le boeuf. La face interne du scapulum ne prt^sente rien de particulier. Le cartilage qui surmonte le bord superieur du scapulum a une forme tres- irreguliere, au lieu d'etre assez rc'gulieremcnt convexe d'avant en arrltre ; il est comme dente, surtout en avant, d'oii resultc une diminution de Tetenduc de cbacune de ses surfaces, destinees a des implantations. La direction du scapulum est oblique de dedans en dcbors, mais beaucoup plus qu'a Tordinaire. Ce changement de direction du scapulum est expliqu6 par son mode d'articulation avec I'humerus ; en effet, la surface articulaire dc Tangle inferieur de I'omoplate se trouve tout u fait rejetee en dehors, est en rapport avec la partie externe des moyens d'uuion, en dehors de la con- vexite du trocbiter. La cavite glenoide est deformec, presque plane et brisee en deux parties, I'une qui regarde en avant, et I'autre qui se continue avec la partie inferieure de la face interne du scapulum, qui sert a I'articulation. L'articulation du scapulum a lieu avec la tete de Yhumdrus externe; car nous verrons tout a I'heure que le bras a pour base deux os de rhumerus. Dc plus, je trouve a Tangle inferieur du scapulum et un peu du cOte interne une piece osseuse, courbee sur elle-m6me de dehors en dedans, et attachee, au moyen de ligaments, par ses deux extremites, dune part, a Tangle infe- rieur du scapulum, et d'autre part en dedans du troclTui de I'humerus interne. Cette pi^ce, d6tach6e, pourrait jusqu'a un certain point dtre comparee a une apophyse coracoWe. Cette comparaison pourrait etrc jusliliee par les muscles long flechisseur de Tavant-bras et omo-brachial, qui y prennent naissance; j'y reviendrai plus tard. Cette piece osseuse s'articule avec la t^te de rhumerus interne par sa fac inf(5rieure. Bras. — Le bras a pour base deux humerus qui sent soud(5s d'une mani^re fori extraordinaire ; ils appartiennent tous les deux au membre gauche. La suudurc parait avoir eu lieu cntre la face interne de Tun et la face externe de Taulre; mais je n'en donnerais qu'une id^e fort inexacte, si je ne faisais pas de ces os une description plus etendue. La trace de la separation primitive des deux hum(5rus est indiqut^e sur la face posterieure par une sortc de gouttiere longitudinale qui pri^sentc un 5 j^raml loramcn, un pen aii-dcssus et en dehors de la fosse olecraniemie. Ce trou, qui est dirige obliquement de liaut en bas, aboutit dans I'epaisscur de Tos. C'est la evidemnieiif un Iron nouiTicier; mais on en voit encore deux auf res plus petits : I'un est situ6 dans la partie moyenne de la face anterieure, et I'autre vers le tiers superieur de la longueur de rhumerus interne. Sur la face antc^rieurc, la separation primitive est moins visible ; cependant elle Test plus vers I'extr^mit^ superieure que partout ailleurs. Ici la separation est in- diquce par une sorte de goutti^re verticale. C'est la tete de rhumerus externe qui repond a Tangle inferieur du scapu- lum ; mais cette tete est deformee. Elle est aplatie dans sa moitii; anterieure et arrondie en arriere ; en d'autres termes, ce n'est qu'en arri^re qu'elle pr6- sente sa forme ordinaire. Avec Tangle inf(!'rieur du scapulum, cette tete forme une articulation complete. Sur le cote interne de cette premiere articulation, on voit la tete de Tautre humerus : celle-ci, d'une forme r.'guliil're, est beaucoup moins volumineuse que la premiere et s'articule avec la face inferieure du noyau, que j'ai consi- dere, peut-etre a tort, comme une apopliyse coracoide, car c'est peut-etre la le rudiment d'un scapulum. Onoi qu'il en soil, il y a encore ici une articula- tion complete et distincte de Texternc. Voyons maintenant ce que sent devenues les eminences d'insertion de Vex- tremitc'" superieure de chacun de ces humerus. II semblerait que les eminences d'insertion correspondantes aux points de la soudure des deux humerus out du se confondre ; il n'en est pas ainsi : car il y a, d'une part, separation des deux articulations scapulo-humerales, et d'autre part double tcrminaison pour le muscle sous-scapulaire. Cependant il importe de faire remarquer que ces eminences sont loin d'avoir le volume de celles qui out acquis tout leur developpement. Si nous consid^rons la partie anterieure de Textr(^mit6 superieure du bras, nous voyons tr^s-distinctement le trochiter, la partie anterieure du trochin de Thumerus externe et la coulisse hum^rale qui est pratiqu^e entre ces deux (Eminences d'implantation. Dans cette coulisse glisse le tendon du muscle long fl^chisseur de Tavant- bras. Entre le trochin de Thum(5nis externe et la partie anterieure de Thumerus interne se trouve la gouttiere profonde, dirigee verticalement, dont j'ai parhi prec^demment, et qui donne passage an tendon du muscle omo-bracliial. Les autres parties du trochin de Thumerus interne prdsentent un developpement normal. L'extrcmite inferieure est aussi remarquable qne Textrdmite superieure, ainsi qu'on va le voir. Etablissons d'abord ce qui appartient a chacun des deux humerus ; nous examinerons ensuite la forme, et nous ferons connaitre les connexions. 6 Cest rhuiiR'nis cxterne qui forme la partie anterieiire de la surface articu- culaire ; c'est, an contraiic, riiuuu'Tus interne qui porte la partie post^ricure de cette m6me surface articulaire. J'appellerai la surface antcrioure radiate et la post(^rieure cubitah , afin qu'on puisse mieux compreiidrc la description suivante. Cette division, au reste, n'est pas arbilraire; elle est justiflee par les rapports articulaires, ainsi qu'on le verra plus loin. A. Surface radiaJe. — La surface articulaire ant6ricure reprcsentc un large condyle qui rt5pond a rextrc^mite supericure d'un radius. Cette articulation est complete; on y trouve des ligaments lateraux et le ligament capsulairc anterieur; mais elle est distinctc do I'articulation cubitale on posterieure. La surface articulaire radiate est surmoutee ca avant par une fosse coronoide. B. Surface cubitale. — La surface articulaire post(?rieure est brisee en trois parties continues ayant cliacune la forme d'un condyle, mais dont I'etendue do surface est variable. De ccs trois parties, deux sont anterieures on inf6- rieures, et la troisi^me est superieure et posterieure. Cest au-dessus de cette dernierc que se trouve la fosse olecranienne. Les limites de cette sur- face articulaire sont indiqu(^es, en dehors et en dedans, par des eminences d'implantation dont la forme rappelle exactement rciiitrochlee et I'epicondyle. La surface cubitale de Thumerus repond a la fois a I'extr^mit^ superieure d'un cubitus et a un rudiment de radius. Ccs deux os seront decrits tout a I'heure. A partir de Textrc^mit^ inf(5rieui"e de la region du bras, ainsi qu'on vient de le voir, le membrc so bifurque en deux parties, que je propose de distinguer par les mots i' anterieur e on interne et de posterieure ou externe Nous exa- minerons encore ici en particulier et successivement cbacune de ces parties. A. Je m'occupe d'abord de laporfiow antcrieure ou interne de ce membre. 1° AvANT-BRAS. — L'avant-bras n'est represents que par un radius du cdt6 gauche, dont la portion raoyenne ou la diapbyse prf^sentela meme forme qu'a I'ordinaire. On remarque un trou nourricier vers le tiers superieur de son cote externe. Ce qu'il importe de faii'e oljserver seulement, c'est que cette diaphyse du radius n'a aucun rapport articulaire par sa face posterieure, at- tendu que le cubitus manque compldtcment. L'extremite superieure de ce radius est representee par uue surface arti- culaire diarfbrodiale tr(;'s-legeremcnt concave qui parait etre brisde en deux parties, et dont la separation est indiquee par un Ires-leger relief antSro-pos- terieur. La partie interne de cette surface est beaucoup plus petite que I'ex- terne. Sur le contour anterieur de cette m6me extrdmite, on trouve I'apophyse corono'ide. L'extremite inferieure est tailiee obliquement de haut en bas et de dehors en dedans , ainsi qu'on le remarque ordinairement. La forme de sa surface / articulaire est irr6guliere , sa surface plus petite qu'elle ne devrait I'etre chez un sujet bien conform^ et de mSme age; cependant je puis y reconnaitve les caracteres que presente ordinairement, chez I'animal adulte, la portion de cetfe surface qui correspond au troisieme os de la rangee superieure du carpe. 2° Carpe. — Le carpe se compose de deux os seulement : I'un appartient a la rangee superieure, et 1' autre a la rangee inf^rieure. Je puis trfes- facilement reconnaitre a quels os ils correspondent dans un carpe bien conforme : le superieur est le troisieme de la rangee superieure, et I'inferieur est le second de la rangee inferieure (1). 3° Metacarpe. — Le metacarpe a pour base un seul os d'un grand develop- pement, et chez lequel il n'y a de remarquable que la forme de la surface articulaire inferieure ; en effet, c'est un veritable condyle, dont la saillie est considerable. B. La partie poste'rieure ou externe de ce membre, (pii me reste encore a etudier, presente plus de difficultes, mais seulement dans la r(5gion del'avant- bras, attendu qu'un os parait s'y etre d^veloppe d'une maniere tres-incom- plete. 1° AvANT-BRAs. — L'avant-bras de cette portion du membre a pour base deux OS, le radius et le cubitus. Ces deux os appartiennent au membre du cote gauche. J'examinerai d'abord le cubitus, parce qu'il est plus compl(5tement developp6 que le radius. a. Le cubitus est courbe sur lui-meme suivant sa longueur, de sorte qu'il est convexe en arriere, tandis qu'il est concave en avant. A part ce change- ment dans la direction de son grand axe et une moins grande epaisseur dans sa partie moyenne, qui est aplatie d'avant en arriere au lieu d'etre prisroati- que, il n'y a rien de remarquable. En haut, il ne s'articule pas comme a I'or- dinaire, mais bien avec la partie superieure et posterieure de la surface arti- culaire inferieure de I'humerus interne et avec le radius. Son extremite inferieure s'articule avec la face superieure du premier os de la rangee superieure du carpe. b. Le radius est compietement avorte dans sa portion moyenne, qui n'est representee que par une bande ligamenteuse qui recouvre une partie de la face anterieure du cubitus. L'extremite superieuie est representee par un noyau osseux assez volumi- neux qui est attache a la partie superieure du cubitus , et articuie avec la partie externe de la surface articulaire inferieure de I'humenis interne. De plus, ontrouve dans cette articulation humero-radio-cubitale une plaque (1) Le carpe du boeuf a pour base six os. La rangee sup6rieure est formee par quatre os, etla rangee inferieure par deux. 8 ' cartilagineuse de forme ovalaire, concave en avaul et couvexe en arriSre ; elle est lisse sur chacune do ses faces et attach(?e par ses bords, dune part a la partie interne et anloricurc du cubitus, et d'autre part ii Textrc'raite inf6- rieure do I'humerus. Cetic piece cartilagineuse distincte fait tres-vraisembla- blement partie de I'extrcmit^ superieure du radius. L'extremite inl^rieure du radius est de forme prismatique; elle est plac6e an cote interne de la partie correspondante du cubitus, et repond par sa sur- face articulaire inferieure a la face superieure du deuxieme os de la rang^e superieure. 2° Carpe. — 11 est forme par cinq os, r^partis ainsi qu'il suit, savoir : trois pour la rangcc superieure et deux pour la rangee inferieure. Daus la rangee superieure, je reconnais facilement le premier, qui est arti- culc aA'ec le cubitus; le deuxieme, qui est articuM avec le radius, et le qua- trieme, qui est articule avec la partie posterieure du premier os de la meme rangee. 11 manque done le troisicme os pour que cette rangee soit com- plete. Dans la rangee inferieure, je reconnais aussi le premier et le second os, qui en fonnent ordinairement la base. La seule chose qu'il y ait a remarquer dans cette region, c'est que la sur- face articulaire superieure du deuxieme os de la rangee sup(5rieure n'a pas tout a fait la forme et surtout Vctendue qu'elle devrait avoir. On comprend, du reste, ces modifications, puisque l'extremite inferieure du radius est pres- que completement avortee. 3° Metacarpe. — Le m^tacarpe se compose de quatre os. Je trouve d'abord le mtHacarpien rudimentaire du c6te externe a sa place et avec ses dimensions ordinaires , puis trois grands m(5tacarpiens qui sont accoles par leurs bords correspondants. Le premier et le deuxieme de ces grands m6tacarpiens, on plut6t le deuxifeme etle troisicme (en comptant le metacarpien rudimentaire pour le premier), ne different pas de ce qu'on voit ordinairement sous aucun rapport. Quant an quatrieme nu''tacarpien, le plus interne, il est beaucoup moins vo- lumineux (de moitie a pen prfes) que les deux precedents ; sa longueur est aussi un pcu moins considerable. Son cxtr^mite superieure est continue a une partie du second os de la rangee inferieure, sans aucune limite on trace de separation (j'ai enleve en vain des couches avec un scalpel, et je suis con- vaincu qu'il n'y a aucunetrace do separation). Son extremite inferieure differe de celle des deux grands metacarpiens, en ce sens qu'elle est formee par un condyle unique trte-saiUant on tres-detache du reste de I'os. g II. — CONNEXIONS DES DIFFERENTES PIECES OSSEUSES DE CE MEMBRE. Pour evitcr dcs details qui seraient sans int^ret, je ne parlerai que des dis- positions qui s'^loignent de celles que Ton observe ordinairement. 1° Nous avons vu qu'il existe deux articulations scapulo-humerales dis- tinctes ; cliacune d'elles a son ligament capsulaire ct sa membrane synoviale. Je rappelle quo, pour I' articulation interne, le scapulum n'est represents que par une petite pi&ce dont les connexions tendineuses tendent a faire une apo- pliyse coracoide. 2° Bien que les deux humerus soient presque completemcnt distincts a leur extrSmitc superieure et qu'il n'y ait en realitc qn'unc seule extrSmitc inf6- ricure, la surface articulaire commune a ces deux humerus forme deux arti- culations distinctes , ayant chacune une membrane synoviale particulifere : I'une anterieure ou humero-radiale, et I'autre postSrieure ou humiJro-radio- cubitale. Voici les moyens d'unionanormaux. a. Un fort ligament se detache de I'extrfjmite inferieure de rhumcrus ct du contour posterieur de I'extremitci superieure du radius de la fraction ante- rieure ou interne de ce membre, et vient se fixer a la partie externe de I'ex- tremitd supchieure du cubitus. b. Un fort ligament s'etcnd de rextrSmitS inferieure du radius avorte (frac- tion externe ou postSrieure du membre), dans une direction oblique de haul en bas et de dehors en dedans, a la face externe du carpe de I'autre fraction du membre. g III. — MUSCLES. t" Les muscles de I'Spaule se trouvent dans un etat de dSveloppement en rapport avec ce qu'on a vu plus haul dans la description du scapulum. A part une plus grande largeur des uns (sous-dpineux et sous-scapulaire), de plus petites dimensions pour le sus-epinetix, je retrouve les muscles qui existent ordinairement ; je ferai remarquer cepeudant que la partie anterieure du sous- scapulaire correspondante a la fosse sus-(^pineuse de la surface externe 6tait beaucoup plus rouge que tout le reste du mcme muscle, et que, tandis que ccttc dcrniere partie s'inserait au trochin de rhumcrus externe, entre les deux articulations scapulo-humerales, la premiere partie de la plus anterieure allait, au contraire, s'ins(5rer au trochin de I'humerus interne. Tons ces muscles, a I'exception de la partie anterieure du sous-scapulaire, etaient d'une pulcur remarquable. 2° Muscles du bras. — Pour les muscles du bras, il ne m'a pas i[6 possible de bien comprendre quclques-uns d'cntrc eux : ainsi Torlgine du muscle court fldchisseur de I'avant-bras, qui tres-probablement etait double, et sans 10 doute aussi recevait un muscle omo-brachial particulier. Je n'aurais pu, on le comprend, avoir unc idee iiette des muscles qu'apres avoir ^tudicle sque- lette de ce membre; aussi no puis-je insisler que sur les i[uelques disposi- tions anormales les plus saillantes, dont je n'ai pu me rendre compte avant de connaitre I'c'lat des os. Le long flechisseur de I'avanl-bras est transforme enune sortc de ligament; il est compMtement blanc et tlasque, et son volume n'est pas en rapport avec celui qu'il devrait avoir cbez un sujet de cet age. Du reste , il se comporte comme dans I'etat ordinaire. Le coraco-humeral ou omo-brachial presente sa forme ordinaire ; il prend naissance a la pi^ce que j'ai consider^e comme une apophyse coracoidc, glisse dans une coulisse speciale, qui n'existc pas ordinairemcnt, entre I'ex- tremite superieure des deux humerus, passe en avant de la terminaison des fibres les plus ant^rieures du sous-scapulaire, el se termine, comme a I'ordi- naire, sur Ic cote interne de I'humerus interne. De tons les muscles de la region olecranienne, il u'y a que le court exten- seur de I'avant-hras qui presente quelque chose de particulier : e'est que quelques-unes de ses fibres, reunies en un faisceau lou peut-etre un muscle particulier qui n'existe pas ordinairement), longent son bord externe, et se terminent par une aponevrose au-dessus de la surface articulaire de I'extrc- mite infcrieure de I'humerus. Cette aponevrose se bifurque ensuite et va s'attacber par sa branche posterieure an bord anterieur du cubitus, tandis que sa branche ant^rieure, dont les dimensions sont egales a celles de la branche pr(5cedente, descend dans I'espace compris entre les deux fractions de membre. 3° Muscles de lav ant-bras de la fraction interne ou anterieure du MEMBRE. — h'extenseur anterieur du metacarpe est normal ; son tendon se termine en s'aplatissant a I'extremite superieure du metacarpien de ce mem- bre. Sa direction est remarquablement oblique de haut en bas et de dedans en dehors. h'extenseur oblique du metacarpe presente aussi les memes dispositions qu'u I'ordinaire. Son tendon a les memes rapports relativement a celui de son congcnere ; il se termine a I'extremite superieure interne du metacarpien de ce membre. En arri^re et en dehors de I'extenseur anterieur du metacarpe, je trouve, mais avec de petites dimensions, I'extenseur propre du doigt interne, I'exten- seur commun des deux doigts (moins sa branche cubitale) et I'extenseur propre du doigt externe. Chacun de ces muscles se termine par un petit tendon. Ces trois muscles, qui ont une direction oblique de haut en bas et d'avant en arri^re, gagnent la partie externe de la face posterieure du radius, et en- suite la face posterieure du carpe de cette fraction du membre oil ils repre- 11 senfent alors des fl^clilsseurs ; mais il ne m'est pas possible de savoii* ce qu'ils deviennent, atteudu, conime je I'ai dit, que les phalanges etaieut enle- vees et les os du metacarpe presque complelement denudes lorsqn'ou m'a remis ce mcmbre. Je trouve sur la fraction posterieurc ou exterue de cc iiiend)rc la portion cuhitale de Vextenseur commun des deux doigts ; eWe est placee sur le cote externe du cubitus : c'est un petit faisceau musculaire qui sc tevmine par un tendon , lequel vient s'insdrer a la partie antcrieure de rextremitc supe- rieure du grand metacarpicn Ic plus externe ou du deuxieme melacarpien. En retournaut le membre pour examiner la region antibrachiale, je trouve des muscles qui sont evidemment des flechisseurs du metacarpe et des fle- cbisseurs des phalanges ; mais parmi les premiers, je ne puis reconnaitre la presence du ll^chisseur externe. Je ne poursuis pas davantage I'examen de ces muscles. II est regrettable , pour la solution de quelques questions impor- tantesqui font encore aujourd'luii le sujet de discussions, quejc n'aie pu avoir ii ma disposition ou le sujet tout entier, ou au moins toutes les parties composantes de ce membre ant^rieur. Quoi qu'il en soit, il me parait utile d'arreter un pen I'attention sur les details qui prece- dent, et pour qu'on comprenne plus facilemcnt ce qui va suivre, j'e- tablis une division de ce membre en deux parties : I'unc superieure et Taiilre inKrieure, a. Dans la premiere partie , ou dans la superieure , il est certain qu'il y a la une soudure, une veritable conjonction : cela est evident dans la region du bras, oii nous avons vu deux humerus, jusqu'a un certain point distincts du cote de rextremitc superieure , mais re- unis surtout dans leur partie moyenne et leur extrCmite inferieure. Dans la region de I'^paule, y a-t-il fusion de deux scapulums? y a- t-il, au contraire, exces de d6veloppement dans I'un et arret de deve- loppement dans I'autre? Ces questions me paraissent impossibles a resoudre. Au reste, cen'estni dans la region du bras ni dans la re- gion de I'epaule qu'on observe les choses les plus interessantes : elles se trouvent dans la region situ6eplus inferieurement. h. Nous avons vu qu'apartir de I'extremite inferieure du bras , le membre se divise en deux fractions : I'une an terieure interne et I'autre post6rieure externe. Nous avons vu que , dans la premiere , I'avant- bras a pour base un seul os, le radius, dent le d6veloppement est a peu prfes normal ; que celui-ci repond a un carpe compose de deux os seulement, qui out ete reconnus pour etre le troisieme de la ran- 12 gee inferieure, et enlin que le raetacarpe est represente par un os unique. Dans I'autre fraction , au contraire , I'avant-bras est relativeraent moins complet; raais le carpc et le metacarpe Ic sont davantage. En efl'et, nous y avons trouv^ : un cubitus seulenient, courbe suivant sa longueur; un radius avorl6, mais surtout dans sa portion moyenne; un carpe, dont la premiere rangee est conslituee par trois os : le pre- mier, le deuxieme et le quatrieme, et la seconde rangee par le premier OS et le second os, comme a I'ordinaire ; enfln un metacarpe, compos6 de quatre os, savoir, I'un externe, Ires-petit, rudimentaire(c'est son etat normal), etles trois autres dans un grand etat de developpement. Avant d'aller plus loin, je ferai observer de nouveau que je ne sais pas s'il existait des ergots en arriere des articulations metacarpo-plia- langiennes dela fraction externe de ce membre,attenduque, ainsi que je I'ai dit plus haut, les phalanges etaient enlevees lorsqu'on m'a remis ce membre. Maintenant, s'il n'y avail pas dans cette memo fraction du membre un radius avort6, Tcxplication serait facile a donner de la disposition des parties; elle serait la suivante : 11 y a eu fusion de deux membres anterieurs dans les regions do I'epaule et du bras, et le membre, devenu unique dans les regions de I'avant-bras, du carpc, du metacarpe, n'est v^ritablement remarqua- ble que parce que les os, qui devraient etre en connexion, so sont separes : d'oii les deux fractions ou la division que Ton observe a par- tir de I'articulation humt^ro-radiale. Cette explication serait certainement satisfaisante, mais elle serait fausse, parce qu'elle ne serait pas I'interpretation exacte des fails que nous avons observes. Les partisans du principe absolu, mais errone, qui consiste a ad- mettre quand meme Vunite dc composition, y trouveraient certaine- ment leur compte ; car alors quoi de plus simple que d'expliquer comment il se fait qu'une parlie des os du carpc se tronve sur uno fraction, et les autres sur la seconde fraction de ce membre? liien de plus simple pour eux, en etfet, puisque, partant du developpement le plus parfait , ils relrouvent la meme disposition chez tons les ani- maux. Les fails ne confirnient pas cette theorie, et celui qui csl soumis en ce moment a noire observalion est de ce nonibre. 11 ne sufQt pas en 13 effet, lorsqu'on ne trouve pas un os, d'admettre que cet os est soude a son voisin, et que cette soudure masque seulement son existence, qui est constante. Non, cela est inadmissible, et dans ce cas special, il mo parait impossible de donner une explication satisfaisante de I'etal dans lequel les choses se priisentent, attendu que le second os de la rangee infericure du carpe de chacune des fractions du mcmbre a un developpement en rapport avec le volume de chacune des regions correspondantes, et que sur chacune d'elles sa forme n'est nullement alti^ree. J'ai dii m'arreter un instant sur ce point, parce que certaines per- sonnes n'auraient pas manque des'emparer dece fail au profit de leurs idees, et de le tourner centre une opinion conlraire, (|ue j'aiformulee dans mon memoire Sur la pentadactylie chez les animaux domesti- QUES (Societe imperiale et centrale de medecine veterinaire, stance du 9decembrcl852). Je termine ici ce travail, parce que, n'ayant pas examine les parties inferieures de ce membre, je pourrais faire une fausse interpretation relativement au developpement des differentes pieces du me tacarpe; mais je me propose de revenir sur cette question dans un memoire special. OBSERVATION DE HERNEB TRADMATIQUE DD POIION. COERIE SANS OPERATION SANGLANTE, Gommuniquee k la Sociele de Biologie PAR M. GISTAVE DIFOIR, Bocteur en medecine de la Faculle de Paris, laureal dcs hopitaux militaires, medecin aide-major de premiere classe aux cuirassiers de la garde imperiale, men\bre correspondant de la Sociele de Biologie de Paris , de la Sociele de medecine de Bordeaux. ■ .!(* ]p pansay, Dieu le guarit. •> (Ambroise Pare. I Obs. — Le 8 mai 1852, daas la soiree, hi population agricole du village de Barral, pres Boue (Algeiie) fut mise en emoi par la nouvelle d'une double ten- tative d'assassinat commise par des Arabes sur deux jeuncs hommes de la colonic. Ceux-ci etaient allcs, avec leurs attelages, dans la foret voisine de la Seybouse, pour travailler a abattre du bois. I'endant qu'ils s'acheminaient pour le retour, Prevost, le plus agtS fut brusquement assailli par un Arabe d'une tr^s-haute taille, qui le saisit au-dessous du cou de la main gauche, et . de la main droite, lui tendit un pistolet sur la gorge. Dans un premier moment d'efl'roi, Prevost crie : « Grace! an secours! » Heureusement il s'aperooit que le pistolet n'est pas arm6 et qu'un poignard est appendu sous le sein gauche de son agresseur. Avec une rapidite de coup d'oeil et d'execution qui lui a sauvd la vie, il saisit de la main gauche le manche du poignard, le tire du fourreau et plonge la moitie de la lame dans la poitrine du brigand. Celui-ci chancelle un moment; le.jeune liomme s'enfuit, epprdu d'efTroi. n travers los 16 broussailles ; malgr^ le coup terrihle qui I'a frapp6 au coeur, I'Arabe trouva encore assez d'^nergie pour armer son pistolet et le decharger siir la trace du fuyard ; apres ce second et inutile effort homicide, il tomba roide mort ([). Le jeune Campagne, a peine age de 16 ans, avail entendu les cris d'alarme do son compagnon ; intrepide, il accourait a son aide ; deux nouveaux assassins surgirent tout a coup du milieu des fourres, il tomba frapp6 d'un coup de feu a I'avant-bras. Aprfes la poudrc vient Ic poignard pour les mcurtriers arabes. Us s'elancerent sur ce mallieureux enfant. II a raconto lui-mcme que I'un de ces monstres avail releve blouse ct chemise fandis que I'autre frappait a coups redoubles sur sa poitrine. lis I'abandonn^rent enfin, soil qu'ils Talent cm mort, soil plutot parce qu'ils vireiit lomber I'agresseur de Pruvost et celui-ci s'enfulr vers Ic village. Apres avoir erre longtcmps dans la for6t et jusque dans les mart^'cages de la Seybouse, Prt5vost arrive enfin a Barral, tenant encore a la main le poignard dont il a du so servir ; il annonce la cruelle situation dans laquelle il a laisse, sous I'empired'une teiTCur involontaire, son jeune camarade (2). Le lieutenant Dupeyre, directeur de la colonic, fait immediatement armer quelques colons, et se rend precipitammcnt sur le theatre de ce drame. On trouve le cadavre de I'Arabe gisant dans une mare de sang, a lingt-cinq pas du lieu oil il avail m frapp(5, et Campagne baigne aussi dans son sang, mais respirant encore. Les boeufs, qui avaient 6te sans doute le motif du crime, n'avaient pas 6t6 voles, mais, par un etrange ralTmement de cruaute, ces animaux avaient, enx aussi, recu un contingent de coups de poignard. Le blesse fut transporte a Barral ; quand j'arrivai aupres de lui, trois heures apres r(5v6nement, je le trouvai gisant sur un lit, dans le decubitus horizon- tal, en proie a une suffocation imminente, profcH'ant a chaque minute cette simple parole : " J'etouffe I » La face ctait pale, les paupieres fermees, la peau froide, le pouls presque imperceptible. Sur le c6t6 gauche de la poitrine, (1) Ce brigand, qui se nommait Mabrouk ben Dorbein, etait repute un des chefs les plus dangereux des chapardeurs (pillards). Nous trouvames autour de son cou un chapelet de marabout, des amulettcs et une lettre dans laquelle son pere I'excitait a continuerses ecu vres pour la plus grande gloire de Ma- homet. Le poignard avail pdn('-tr6, par le quatricme espace intercostal, dans la ca- vity ventriculaire gauche ; la plaic, uu pen oblique de droite a gauche et do haul en bas, avail 3 centimetres de longueur et n'interessait que la parol an- t^rieure du ventricule. (2) Prevost a {^-te si fort impressionm^ par ce tragique ^v^nement, qu'il pa- rut 6tre pendant plusieurs seraaines sous I'imminence d'une affection cere- brale; il avail des terreurs subites, des hallucinations d'Arabes vengeurs de celui qu'il avail immole. 17 je coustatai I'existencfi de six Ijlessures r^centes par un instrument a la fols piquant et trancliant. Une seule tHait pt^ntJtrante. Situ^e au niveau du dixieme espace intercostal, du c6t(^ gauche, un peu au-dessus de la region splenique proprement dite, cette plaie donne issue a une portion d'organe interieur hernie qui me parut tout d'abord etre une portion d'epiploon; c'est un ap- pendice de couleur rougeatre, long de 6 centimetres, non crepitant a la pression des doigts, revetue de feuillets sereux tres-mobiles I'lm sur I'autre ; sur sa surface, on distingue nettement de petits caillots, indices d'hemorrha- gies recentes, mais suspendues. Du reste, aucune de ces plaies de la poitrine n'est le siege d'un ecoulemciit sunguin extericur. La sonorite pectorale est normale partout ; la matite du cunir est un peu voilee. L'abdomen est meteo- rise, tres-doiiloureux. Plusieurs traces de contusions sont disseminecs sur les diverses parties du corps ; les plus fortes siegent sur la region malaire et sur I'epaule gauche. L'avant-bras du meme c6te otrre a la reunion du tiers moyen avec le tiers superieur deux solutions de continuite produites par le coup de feu. La plaie d'entrc-e qui cxisle sur le cote antero-externe de l'avant- bras est plus grande, plus depriinee, plus noire que la plaie de sortie qui se voit au cote postero-interne du membre. Ces plaies ne sont pas saignantes. Le corps de I'avanl-bras est un peu gonlle, douloureux ; la continuite des deux OS parait etre intacte, bicn que le projectile ait traverse I'epaisseur trans- versale de l'avant-bras. La manclie de la blouse du blesse olTre, au point cor- respondant a roriflce d'entree, un trou rond taille comnie par un emporte- piece, tandis que le trou de sortie est pratique comme par I'cartement, par dilaceration du tissu vestimentaire. Ces blessures de l'avant-bras ne presen- tent aucune indication sp^ciale; j'applicpiai tout simplement des compresses imbibees d'eaufroide surle membre mis en pronation. Des pansements sim- ples furent poses sur les plaies penetrantes de la poitrine. La conduite a tenir 6tait beaucoup plus delicate pour la blessure avec issue d'une portion de vis- c6re interieur. Un boyau est sorti, disaient les assistants, il faut le faire ren- trer. Au premier examen, comme la plaie siegeait a la limite inferieure de la poitrine, sur I'hypocondre gauche, et vu I'apparence graisseuse du bout herniaire et le defaut d' exhalation gazeuse par les petites plaies de sa surface, je cms a I'existence d'une hernie epiplo'ique ; d'ailleurs l'abdomen etait ex- cessivement douloureux, tres-distendu. Je pouvais craindre, en essayant la reduction, de rouvrir des sources d'hemorrhagie incoercible. Immediate- ment, pour combatlre a la fois la menace de suffocation et la douleur abdo- minale, j'appliquai des ventouses scariliees et quelqut^s sangsues sur la base de la poitrine et l'abdomen, puis un cataplasme arrose de teinture d'opium ; j'etablisune compression moderee surle bout herniaire aprSs avoir serre un fil au-dessous des petites plaies ; culin, et comme principale ancre de salut, je prcscrlvis I'adminislration d'une potion opiacec, par cuiller(5e tonics les dix minutes. MEM. 2 18 Deux heures apris, le h\ess6 g(5inissait beaucoup moins ; ranxl^t(? de la res- piration avail notablement dimimie. Je lis renouvelcr la potion opiacro, qui mo panit iloinptcr n'-ellement la doulciir. Le lendcmain, vers buit heures du matin, Ic pouls etait devenu frequent et assez fort, la peau ehaude; les douleurs ([talent encore vivos par intervalles. Dans un ciTort subit de vomissement, le blesse et sa mere entendiventun v(''- ritable sifllement d'air du cote do la plaie. Je pensai aussit(M ([ne le poumon avait pu s'y engager. Je la mis a di'couvert et je reconnns en effct que le bout epipio'iqnc, dont j'avais la veille conjecture I'issue, etait nne lan- gnette du lobe inferieur du poumon. L'eirort du vomissement avait en jiour effet d'augmentcr la longueur de la bernie et de rendre tr6s-perccptible le sifflement de I'air. D'aillenrs, je n"en persistai pas moins a no pas tenter la re- duction de cette bernie qui, laissant passer de I'air par les pelites plaies de sa surface, pourrait bien, une fois reduite, laisser couler du sang. Jc pensai qu'a I'aide d'une compression assez forte et de ligatures successives posees sur cct appendice, en allant de lextremite vers le collet meme de la bernie, elle finiraitpar se mortifier, sc detacher naturellemeut, sauf, apres hi cjiute, a r6unir la plaie cutanee, en la ravivant an besoln. Ce qui me faisail douter aussi dc I'absolue gravite de la bernie propremcnt dite, c'est que les douleurs les plus vives siegeaicnt danslabdomen. I\"y aurait-il pas eu plaie pc^netrante a la fois de la poitrine et de I'abdomen? Le poignard avait ete enfonce de 5 a G centimetres dans nn lieu oil le diapbragmc louche la parol costale [[\. Du cole des votes respiratoires, aucun accident serieux n'avait encore uclate, pas de toux, pas d'henioptysie; les signes stiMboscopiques sont satisfaisants ; pas de matit6, il y a an contraire de la sonorite exageree a la base du thorax, du c6te de la blessure. La fievre de reaction 6tant vive vers midi, jc pratique une saignee du bras de 500 grammes. J'avais present, le matin, des frictions avec I'onguent niei- curicl sur I'abdomen. Le catheterisme vesical donne issue a nne tre.^-iietite quantite d'urine. Un lavement simple est rendu sans matif'res fecales. La saignee fut suivie de plusieurs bein-es d'un calnie tres-profond. ^hiis, dans la soiree, le ra6t(5orisme abdominal s'augmente beaucoup jiar la pi'oduc- tion de I'emphys^mc sous-cutan('' qui a son point de d(''part autour des plaies de la poitrine. 11 se produit meine une petite bernie inlestinale ^bubonocele parl'anneau inguinal du c6t(5 gauche, qniest naturellemeut Ires-large chez ce (1) Pour juger pratiquement la valeur de cette conjecture, jc simulai sur le cadavre de I'assassin Mabrouk la blessure demon malade : j'enfoncai la lame d'un couteau a 5 on C centimetres de prol'imdeur, an niveau du dixi^nie es- pace intercostal ; il me fut facile d'ameuer par la plaie une longuetle du pou- mon, et je conslatai la penetration de I'instrument dans les deux cavit('S pplanchniq\ics a travers le dinphragme. 19 jeune homme ; heureusement la reduction se fit sans difllcult^ ; a diifaut de bandage hemiaire, j'appliquai des bandes et une pelote en linge. La nuit du 9 au 10 fut assez tranquille. Le 10, la respiration nest pas sensiblement gen^e. Le facios est redevcnu plus calrae, plus expressif. L'eau froide, incessamment renouvel^e sur les plaies du cnupde fen,maintienttrcs-lieurensement le molimen inflammatoire ; n^anmoins la persistance des douleurs abdominales me fait tcnir dans une reserve presque absolue pour le pronostic. Pas de selles volontaires, une seule fois miction spontanee. Le 11, rpielques minutes avant la visile, le blesse fut repris de douleurs abdomiuales tres-vives dans la zone sous-ombilicale. EUes cederent bient6t a une application de ventouses secbes et aTingestion de cpielques cuiller^es de potion opiac(^c. La hernie pulmonaire presente deja les pht^^nonu^nes du tra- vail phlegmasique; le feuillot sereux est injecte, reconvert sur quelques points d'un enduit pseudomembraneux. Aucun ph^nom^ne extraordinaire ne survient du c6te de la respiration, qui a recouvre son rbytbme presque nor- mal. L'epaule gauche est encore tr^s-douloiu-euse, surtout vers I'epine scapu- laire. Les plaies de I'avant-bras sont d'un rouge vif, le corps meme du mem- bre est nn peu dur et tendu, mais sans rongeur ni chaleur. Le 12 (quatri^me jour), le bless^ a soulTert encore par crises du c6te de I'abdomeu, qui est cependant moins tendu, moins erapbyst^mateux.Le travail inflammatoire de la bernie fait des progrfes sans retentissement sur I'appareil respiratoire. La gangrene commence a se manifester sur I'exlremitc de la bernie, autour de laquelle j'avais pose, d^s le premier jour, un (11 moder^ment serr^. Je renouvelle unappareil compressif al'aide d'une plaque de diachy- liun et de compresses gradudes. Les autres plaies du thorax sont en bonne vole. La hernie inguinale n'a pas reparu. L'avant-bras ne pent etre mis en supination sans de vives douleurs; la main n'est pas engorg(5e. Apyrexie complete. L'appetit renait. (Bouillon.) Le 14 (sixi^me joun, il a eprouvi?, la veille, des souffrances assez vives du cOtc de la plaie penetrante. Les plaies simples se cicatriscnt. La hernie est dure, engorg6e; sa surface est grisatre. Je pose une seconde ligature pi'6s de I'oriflce de sortie pour determiner un travail de mortification lent et pro- gressif, selon les vojux de la nature. La striction, quoiquo Ires-moderde, est assez vivement senile parte malade. Apyrexie, pas de toux. Le ventre est af- faiss(5. La vessie et le rectum fouctionnent bien. Du 14 au 16, aucun accident particulier ; les inspirations fortes s'accompa- gnent de douleur localis^evers la plaie herniaire. Lapeau environnante est encore emphysemateuse ; la sonority thoracique est encore exageree. L'em- phys6me exisle aussi sur le cote gauche de I'abdomen, et le malade y accuse parfois de vivos douleurs. La langue est bonne. Un bouillon et quelques cuil- lerees de confiture ont 6t6 bien supportes. Les plaies de l'avant-bras ont bon 20 aspect ; la plaie antf^ro-externe situt^e suv Vespace intermusculaive du grand supinateiir ct du rond pronatcur, tend a liourgconner. Lcs nionvements de supination du membre nesoutpas sensildement dij\d(uircux. Le travail de niortilication licrniaiic marche tres-lentement. Le 18 ^dixiemc jour), je soumis I'etat dc mon jeune lilossc el la conduite que j'avais tenue a M. le doctcur Mestre, nn dc nos cliirurgiens les plus ex- periment's de I'armee d'Mrique. 11 approuva ma reserve chirurgicalc, qu'il avail lui-memc obscrvee dans plusieurs cas semblahles, notammenl sur des blesses de Zaalcha. II Irouva I'etal grncral tres-salisiaisant el ne douta pas de la possibilit(5 d'uue garrison pronipte et durable. Les plaies du coup de fen t^taient un pen blafardes; je substltuai le vin aromatiquc a I'eau froide. .rang- meutai le regime. Le 20 (douziime jouri, les plaies de I'avanl-bras sent en bonne voie de ci- catrisation ; les plaies non pent'trantes du thorax soul prcsqne toutes reunies. La hernie pulmonaire offre son extremite Uljrc gangrenee dans une tHendue de 4 centimetres ; la mortification y est complete, atleudu que la striction, des les premiers jours, avail pu elre faite trSs-exactement. Ouant a la ligature posee le 14, pr^s de la plaie elle-merae, je la resserre mod'rement jusqu'a ce que le blesse accuse de la douleur, Entre les deux ligatures, le poumon forme un bourrelet dur, tendu, gri- satre. En cherchant a ausciUler avec le stethoscope cette portion denudi'e de I'organe a'rien, je pus y dislinguer encore de la respiration soufllee. D'ail- leurs la respiration intra-thoraciquc est partout normale. Le 22, I'etat general continue d'etre excellent: j'exlremltti gangrenec dc la hernie est prete a sc detacher ; mais la gangrene ne parail pas encore enva- hir le gros bourrelet qui est cependant tr^s-turgescent. Le blesse dit que, pendant la nuif, il cntend souvent un bruit d'air dii c61e de la plaie. Les plaies de I'avant-bras sont presquc fcrm'es. , Le 24 (quinzit!me jour), malgre linlluence ordinaircment desastreuse d'un violent sirocco, I'amelioration ue se suspend pas. La congestion de la hernie est moindre; sa surface est comme fletrie. Du 24 au 28, le mouveraent de llotrissurc continue; les levres de la plaie commencent a faire saillie au-dessus de ce qu'on peut appeler le collet de la hemic. La nature parait se comporter pour le niieux. Les plaies de I'avant- bras sont cicatris(5es. Les fonctions digestives se font bien. La physionomie et le caractere du jeune malade out repris leur vivacite habituelle. Le30 (vingt etuniemc jour), I'extremite dc la hemic s'est detach(5e com- pletemcnt, sans accident; la lletrissure ct la diminution du volume dela por- tion restante conlinucnl progressivcmenl ; ses deux tiers externes sont d'un rouge vineux ; la partie la plus rapproch'e de la plaie est recouverte de fausses membranes, et en dessous je remarquo lui commencrmeul de suppuration. 21 La 16vre anterieure ou superieure de la plaie forme une sorte de boun'elet cpii tend a s'elever sur le tissu du poumon; lalevre inferieureou posterieure ne manifeste pas encore cette tendance. Le blesse, quand on panse cette plaie, souffre tres-moderement ; il rapportc la douleur plutot a la plaie memc qu'a la hernie dont le tissu parait etre maintenant impermeable a la respira- tion. A Tavant-bras gauche, en dessous de la cicatrice de la plaie antero-ex- terne (ouvcrturc d'cntrce), je constate un noyau d'induration dont la nature me parait ditTicile a prociser, c'est sans doute un coi-ps etranger ou une pe- tite esquille osseuse que I'admirable vis medicatrix s'elTorce d'eliminer. On sent battre I'artere radiale, avec son calibre normal, a un centimetre de la cicatrice. Les mouvements de supination, d'elcvation, de pronation du mem- bre sont executes sans douleur. L'emphys6me sous-cutan^ a presque disparu. Depuis quelques jours le blesse a vu reparaitre des epistaxis assez abon- dantes qui etaient, avant I'accident, une habitude morbide constitutionnelle. Depuis le premier jour il a gard6 forcementle decubitus horizontal ; plusieurs fois j'ai essaye de le faire asseoir sur son seant; mais il ne peut encore gar- der cette position qu'une ou deux minutes, a cause d'une imminence de ver- tiges ou de syncope. Le 1" juin, la 16vre sup(5ro-anterieure de la plaie est v^getante, la 16vre post^ro-infcrieure est de niveau avec le reste de la peau. Le bless6 a un peu souiFert au niveau de la plaie et sympathiquement vers le point correspon- dant de la poitrine, du c6t6 oppos6. Au-dessous de la cicatrice de la plaie anterieure de I'avant-bras, on sent aujourdhui un petit corps mobile. Le 4, je constate la continuation de I'atrophie du bout herniaire qui, par sa conformation et sa coloration d'un rouge vif, ressemble beaucoup au gland de la verge, dans le cas de balanite aigue. Les epistaxis se reproduisent, mais sans aucun caractere alarmant. Apyrexie complete. La cicatrice de la plaie de I'avant-bras a donne issue spontancmcnt a un tres-petit fragment osseux detachc par suite d'une simple ecornure que la balle avait produite sur I'un des deux os, en traversant I'espace cpii les separe. Du 4 au 23 (viugt-septieme au quarante-sixieme jour), la hernie reste rouge, dure, sans odeur gangreneuse ; malgre des pansements avec I'onguent de la mere renouveles deux fois par jour, le travail de mortification et de suppu- ration marche tres-lentemcnt. Les bourgeons de la plaie cutan^e ne se re- tractent pas encore au grc de nos conjectures sur la possibility d'une gan- grene spontan^e par une sorte d'ctrauglemcnt graduel du collet herniaire. Du reste, la station assise est toujours tres-dilTicilc a supporter ; il se produit presque immediatement vers la plaie et vers le point similaire du c6t6 oppose un tiraillement qui, joint au vertige, decourage presque aussitot le malade et le fait renoncer ade nouvelles tentatives. Je pratique la constriction avec un ruban etroit, et je fais appliquer sur la hernie un cataplasme dit suppuratif avec pulpes d'oignons chaudes et onguent de la mere. n Le Vi, \\\ suppuration a 6te notablement augments par le topiquc excitant ct la ligature dc la veille. Le 2 juillet (cinc[uante-quatri6me jour), la plaie cutant^e a contracted ces ad- h^rences tellcmcnt intimes avec la pt^ripherie du poumon qu'il y a continuite de tissu comme celle de la peau avec les membranes muqueuses; vers la partic supero-interne delaplaic, I'adliesion n'est pas complete. La surface de la hernie est rouge, inegale, bourgeonnante, suppurantc ; en outre, elle pre- sente uue particularite tres-digne d'int^ret, ce sont des pertuis fins, de la grosseur dune tete d'epiugle ; ces orifices donnent issue a du pus bien carac- terise; les epreuves de la flamme d'une bougie et de la surface d'un miroir donnent des resultats negatifs quant a la coninnmication de ces pertuis avec I'arbre a(5rien ; le malade afllrme cependant ([u'il entend souvent comme uu bruit d'air qui s'ocbappe du c6te de la plaie ; il accuse aussi la sensation de gouttes d'eau qui tomberaient du c6t6 de Testomac. Le 5, je me decide a provoquer r^liminatioa dc la bernie par une forte stric- tion; Je recommande les applications d'eau froide en permanence. Le 7, le tissu de la hernie est tr^s-tumefl^. Le 11, 1'efTort inflammatoire produit par la striction paralt se localiser tres- heureuscment a la hernie elle-memeet a la pean circonvoisine qui est nn peu erythemateuse. Lapercussionduc6t(5 gauche de la poitrine donne une sonoriie normale. Leblesse apu se lever pendant une heure et demie pour la premiere fois sur son si^ant et m§me hors de son lit. Le bruit d'air qu'il entendait et qui le fatiguait bcaucoup est bien moins sensible depuis trois jours. Le 13, il fait une courte promenade hors de sa chambre. La striction es eoDtinu^e sans accident. Le 20, la hernie a pris une couleur uoiratre; eUe exhale ime legere odeur de gangrene et presente I'aspect de certains champignons ; uu suintement sanguinolent tres-peu abondant se fait a la surface ; l^gcre douleur persis- tante au-dessous de la plaie. Le 21, je constate enfin, non sans un vif sentiment de satisfaction mddicale, que la hernie no tient plus a la parol pectorale que par un pedicule filiforme. La surface de la jlaie est d'un rose assez vif, les bords sont un peu durs et relevcs ; je les touche l^g^rement avec le crayon de nitrate d'argent. Pendant la nuit du 21 au 22 (soixante-quatorzi^me jour), I'elimination du sphacele pubnonaire est complete ; il en r^sulte une plaie ovalaire longue de 3 centim., a bords relevcs et durs ; le centre est granuleux, ua peu grisatre, ofTrant de k^gires traces de suppuration. Depuis ce jour, la plaie, redevenue simple, a niarche rapidement vers une cicatrisation tres-reguliere, sans renversentent des bords en dedans, sans exuberance fongueuse. Le 12 aofiit, quatre-vingt-quinze jour? apr^s Vaccideat et vingt-deax jours 23 apres la chute de la heriiie, la rafere de mou jeune blesse in'(5crivit que la plaie ctait cntierement fermee. L'ctat general etait excellent. Depuis mon retour en France, j'ai pris plusieurs fois des renseignements sui' la sante de Campagne. D'apres une lettre que m'ccrivlt, en novembre 1853, M. le cure, desservant la paroisse de Mondovi et Barral, la gu^rison ne s'etait pas un instant dementie. Deux motifs principaux ra'ont fait d^sirer d'appeler sur cette observation Fattention do la Soci6t6 de biologic : le premier est lire de sa valeur scientifujue, le second de sa valeur pratique. Et d'ahord quelle est sa place dans le cadre nosologique? D'apres les auteurs les plus modernes, la hernie dupoumon, complication rare des plaies penetrantes de la poilrine, peut etre primitive ou consecutive. Dans le premier cas. il y a issue immediate du poumon a travers une plaie large de la paroi tlioracique; dans le second cas, il se lait une hernie proprement dite, le poumon se deplace lenteraent etest recouvert par les parties molles de la poilrine. Le fait du jeune Campagne doit prend rang dans la premiere categorie. L'auteur de 1' article Maladies DU POUMON du DlCTIONNAIRE DES SCIENCES MEDICALES (t. XLIV, 1820) a euregiritre comme exemples de Tissue du poumon an dehors, a la suite d'une plaie penelrante de la poilrine, des observations peu d6 taillees emprmit^es aux Merits de Shenckius, de Tulpius, de Fabrice de Hilden,de Felix Plater et de Rruyscli. Voici celle qui offre la plus grande analogic avec la notre : « Un homme fut blesse. a la parlie an- terieure el inforieure dela poilrine; une portion dupoumon sortit par la plaie ;un chirurgien les pril pour I'^piploon. Pruysch, qui vit le malade, decouvrit la meprise, mais cependant s'en inquiela peu. L'evenement justifia sa tranquillile : la portion de poumon liee tomba, et le blesse gueril. « M. Morel-Lavallee a recemmenl analyse loutes ces observations pour elucider les problemes interessants de physiologic palhologique que souleve Fetude deces hernies pulmonaires (Mem. de la Soc. de chirur., 1. 1"). « La paroi tlioracique elant largement ouverte, si la poitrine vient a se r6lr6cir brusquemenl, en meme temps que la glotte seferme, Fair lie pouvant s'ecliapper par la trachee, se trouve emprisonne dans les cellules pulmonaires. Ainsi comprime, il lend a s'echapper au dehors, et trouvant un point qui offre moins de resistance, c'est-a-dire celui qui correspond a la plaie, il refoule par cette voie la portion du pou- •M i4 mon qui n'est pas, comme les parties voisines, conlenue par la parol thoracique. On coniprond cjue pour que les choses se passent ainsi, il faut que Fair exlerieur n'ait pas pu s'introduirc dans la cavite plcu- rale. » (Mem. cite.) D'apres ce mecanisme on s'explique tres-bicn, dans notre observa- tion, comment reffort du vomissement ent pour elTet d'augmcnter le volume de la hemic, desle lendciiiain de I'aocident. Cette observation nous a paru importante, surtout par le cote pra- tique ou therapeutique. Enelfet, lapliipartdescbirurgiensconseillent, dans des cas analogues, rintervention cliirurgicale (excision, reduc- tion de lahernie). Sans operation sunglante, noire blesse a parlaile- montgueri. L'honneuv d'uiie pareille cure revient surtout a la puis- sance medicatrice de la nature, a cette puissance que les praticiens judicieux et sinceres aiment toujours a proclamer. Un illustre chirur- gien de Turin, Augustin Belloste, apres cinquante-huit ans de pratique, cxaltait encore les succes de la m^canique de la nature, precisement dans le traitemenl des plaies de poitriue les plus compliquees. « 11 est tres-vrai, dit-il, que la nature n'a besoin que d'un peu d'as- sistance pour terminer tri's-heureusement les maux les plus impor- tants tant internes qu'externes; plus j'ai vieilli dans ma profession, et plus faifait d' experiences qui m'ont confirm^ dans mon opinion. Elle est rdglee dans ses operations; elle va d'un pas cgal, et toujours occu- pee a reparer les dommages que le corps a soufferts dans les parties qui le composent; elle refait les chairs qui out ete ruinees par le I'er, par le feu et par la pourriture, par le moyen dubaume du sang, elle reunit les parties divisees, chasse les corps strangers, et rejoint dans un temps limite les os fractures par un calus qui part de sa seule In- dustrie... Ayant par de judicieuses evacuations remis la nature acca- blee en etat d'agir, elle ne manque jamais de procurer, dans un certain terme, une parfaite guerison. •> (Chiuukgien u'h6pital, 1. 11, p. 233.) MfiMOIRE SUR UN CAS DE DILATATION VARIQUEUSE DU RESEAU LYIPHATIOUE SllPERFICIEL Dl] DERME. EMISSION VOLONTAIRE DE LYMPHE. PAR M. GAMILLE DESJARDINS, lie I'ile Maurice; Lu a la Society de Biologis, dans la stance du 13 mai 1854. ANALYSE DE CETTE LYMPHE ET REFLEXIONS , Par M. le Docteur GUBLER, Professeur agrege a la Faculte de medecine de Paris , clc. , etc. , M. QIEVEIVNE, Pharmacien en chef de I'hopilal de la Charlie. Avant d'entrer dans rexposition des parlicularitcs si curieuses d'un fait qu'on peut, sous plusicurs rapports, consid^rer comme unique dans les annales de la science medicale, je crois devoir declarer que je n'entends nuUement entrcprendre de traiter Ics liautes questions de physiologic ct de pathologic qui se rattachent k un sujet aussi epineux ; je sens trop mon insuffisance pour accomplir une pareille taclie. Jeme bomerai a publier mon observation telle que je I'ai communiqu(5e au 26 docteur Gubler, laissant a ce bienveillant professcur et a sou liabile collaborateur le soin d'^mottre les considerations quo leurs luiniores et le rang qu'ils occupent dans la science leur permettenl dv. pru- duire. Obs. — La dame X... \(le I'ile Maurice), dans uii etat dc saiile generalc sa- tisfaisant, pr^sente a la partic antcrieure et sup(?ricure de la cuisso gaucbc, a 2 centimetres au-dessous du pli de I'ainc, plusiours pctitcs phlyct&nes ou \6- sicules translucides, ayant I'aspect et la grosseur d'un grain de sagou cult. EUes ne sent recoiivcrtcs que par I't^piderme et paraissentrcisulter manifeste- ment d'une dilatation variquensc du I'eseau lympliatique susdermique. Elles sont disposees sur deux lignes divergentes qui interceptent entrc elles un an- gle tres-aigu, dont le sommet repoud a pcu pres a remPouclmre de la sapliiine interne et dont les c6t6s, diriges en dehors, se perdent avant d'atteindre la region fessierc. La ligne superieure suit assez exactement la direction du pli inguinal ; llnferieurc est a peu pres transvcrsale. Les plus apparentes de cos v^sicules sont au nombre de quatre et ferment un petit groupe qui est situe, non au sommet meme de Tangle indique, mais a 3 centimetres et demi de ce sommet, et sur le trajet de la ligne inferieure. Ce groupe correspond au bord interne du muscle couturier, vers le tiers moyen de I'entonnoir femoral, et assez exactement au point qu'occupe ordinairement le ganglion inguinal superflciel le plus externe. Parmi ces vesicules, il y en a une un peu plus grosse que les autres, et quand on la dechire a I'aide d'une pointe d'alguille, il s'en 6coule a I'instaut un liquide opalin qui forme un petit ruisseau le long de la cuisse et tombe ge- neralcment a raison de cinquante gouttes par minute, et cela tant qu'on n'ar- rete pas par la compression cetle espece d'heniorrbagie. Les vesicules, plus petites, n'en donncnt que trfes-peu. Ce liquide, rccueilli dans un vase, se coa- guleau liout d'un quart d'heure a une demi-heure, a la maniere du sang, c'est- a dire qu'il se forme uu caillot nageant dans une portion qui resle liquide. Mais ici la partie qui repr^sente le s6rum est tres-peu considerable et d'une couleur tellement identique avec cclle du caillot, qu'il est absolumont impos- sible a I'oeil dc s'apercevoir de I'existence de celui-ci ; ce n'est que quand on agite la masse ou qu'on incline le vase, qu'on pent s'en rendre compte. Ce liquide, examined au microscope et soumis aux precedes de 1' analyse chimiciuc, presente tons les caracteres dela lymplic.ct est en effet de la lym- phe a I'l'tat dc purete la plus parfaite, car il sullil, pour I'obtcnir, de traverser sculement I'^piderme et la parol du ramuscule lymphatique sous-jacent. Je feral i>lus loin quebjues rt^flexions a ce sujet ; jo dois auparavant acbever la description topograpbique de la region (lui presente ce singuliei" phcno- mene. L'altcration du systeme lymphatique nest pas bornee aux petites varices ([ue j'ai signalees plus haut : toute la lace autero- interne de la cuisse preseute line sorte de boursouflurc dcla peau et dcs tissus sous-cutanes, qui descend jusqu'au quart inferieur de cctte face, et de la renionte en dcliois pour re- joindre la face externc et posterieure, et se perdre sur la fesse. Avec de I'at- tention, on apprecie assez distinctement sous le doigt et meme a la vue la limite inforieure de la I't^gion altc'rec. A mcsure (|uc I'ou renionte vers le haut du menibre, les petitcs varicosites devienncnt de plus en plus seiisiblcs, etau niveau des vesicules translucides, elles soul pour aiusi dire coulluentes. Dans toute I'etendue de la region altc^ree, la peau, lorsqu'on lui fait faire des plis, on qu'on cherclie, en la soulevant, a la detacher de rapoaevrose, pr^sente I'apparence d'une peau d'orange, apparence qu'elle doit a la resistance de cer- taines fdires pcrpendiculairement eteudues entre les deux enveloppes et a la laxite des espaces inlcrmediaircs. Le reste du niembre ne preseute rieu de seniblaljle ; la jambe et le pied sont dans I'etat le plus normal. La tumefaction de la cuisse est du reste si peu con- siderable el si peu frappante, que ce n"est ([u'a I'aide de la mensuration qu'on arrive a conslaler une dilierence avec celle du cote oppose. Celte difference est seulemeut de 3 centimetres en plus dans la circonference de la cuisse af- fectee. Outre ces dilatations variqueuses si manifesles du r^seau susdermique, il en existe de plus considerables dans les lymphatiques sous-cutanes et pro- bablement dans les lymphatiques profouds. En effet, la dame X... porte, a la parlie interne du pli de I'aine, trois lumeurs au moins sous-cutanees, sinon meme sous-aponevrotiques, lesquelles sont evidemmentlc resultat de dilata- tions ampullaires des lymphatiques de celte region, et jouent la le role de v^ritables reservoirs dans les (Amissions si abondantes de lymphe que pre- seute celte dame. Deux de ces ampoules sont situees immediatement au-dessus du ligament de Fallope, I'une contre le pubis et au niveau de I'oriflce inferieur du canal inguinal, I'autre un peu plus en dehors, au-dessus du passage des vaisseaux eraoraux dans Tarcade crurale. La troisieme est au-dessous du pli inguinal, et repond si exactement a la veine femorale, qu'on serait tente de la prendre pour une diUitafion de cc vaisseau. Ces trois ampoules sont tres-peu saillantes et peu apparentes, mais elles dc- viennent manifesles sous la pression du doigt : on les sent alors se mouvoir cpiand on agit sur un de leurs bords, et se deprimer quand on appuie direc- tement dessus. Elles reviennent graduellement sur elles-memes des que la pression cesse. Dans la position assise, ces lumeurs soul plus molles el plus (luctuanles que dans la station. L'inferieure ou crurale a a peu pres le volume de la pha- lange ungueale du pouce ; son grand axe est vertical ; la pubienne le volume de I'extremite de I'index ; la troisieme celui de la phalangette du petit doigt. 28 Dans ces deux demieres, le grand axe parait ctre parallfele a la direclion ilii ligament de I'oupart. Ainsi il existe, sur la region oil so passe le plit^nonii;nc, deux groupes do dilatations bien distincts et bien caracteriscs : Tun abdoniino-ci'ural, compose des grosses ampoules ou tumours an moins sous-dcrmiques ; I'aulre simple- ment crural, forme par los petites vesicules sous-epidcrmiques, par I'une des- quelles s'c^coule la lymphe. Les grosses ampoules sent toutes trois en dedans duiieligne verticalequipartagcrait I'entonnoir femoral en deux particsegales ; les petites vesicules sent en dehors de cette ligne. Quelles sont les connexions qui peuvent exister entre ces deux groupes? Cc qui n'clait d'abord qu'une hypothese, cpi'une simple vue de I'esprit, est de- venu une veritable evidence, par suite de quelques manoeuvres pratiquees sur le siege de I'afTection, a savoir que ces grosses ampoules, les deux superieures du moins, sont les reservoirs qui fournissent la plus grande partie de la lym- plie qui s'ecoulcparla vesicule. En etTet, celle-ci ctantouvcrtc et I'ecoulement livre a lui-meme, il est peuabondant; mais si Ton cxerce une pression brusque sur les ampoules, on fait sourdre de la petite plaie un ruisseau beau- coup plus considerable, qui tend a se detacher de la surface de lapeau, comme la veine liquide d'une saignec qui coule mal ; une fois memo cette pression a produit un veritable jet en arcade assez energique ; une autre fois, en pres- sant vivement sur I'ampoule superieure la plus cxterne, j'ai fait eclater spon- tanement la petite vi^siculc, encore mal cicatrisee apres une emission expcri- mentale. (J'ai du profiler de I'avertissement pour engager la malade a cviter soigneusement tout choc sur cette partie.) Lorsqu'au contraire la pression est excrcee entre les ampoules et les vesi- cules, I'ecoulement de la lymphe s'arrcte a peu pros completement. Ce qui a lieu la mecaniquement et par I'effet de la volonte sc produit naturellement dans les diverses positions que prend la dame X..., et sous rinlluence de cer- tains elForts. Ainsi, dans la situation verticale, recoulement est plus abondant, parce que les ampoules se trouvent plus fortement comprimces entre les te- guments et le plan musculaire abdominal ; dans la toux, I'ecoulement a lieu par saccades ; et 11 augmente visiblement sous les efforts analogues a ceux de la miction ou de I'exoncration alvine. 11 est done manifesto que les grosses ampoules communiquent directement avec la vesicule qui donne issue a la lymphe reunie en masse dans ces reser- voirs, et que cette communication a lieu par un troncule anastomotique ve- nant s'aboucher dans la lumiere meme de la vesicule. La portion de lymphe qui peut provenir des varicosites susdermiqucs pa- rait insignifiaute, car une constriction exercee a I'aide d'uu lien, a dilTerentes hauteurs de la cuisse, no parait avoir aucune influence sur la quantite qui s'ecoule dans un temps donne. La grosse ampoule situee au cote interne dc Tentonnoir des vaisseaux fe- 29 moraux ne semble pas s'aboucher directement dans la v(^sicule ; peut-6tre est-elle en communication avee les ampoules superieures, et mediatement par celles-ci avec la Yesicule. Je n'ai pu rieu oblcnir d'evident a cet egard. Tous les cas d'ecoulement de lymplie signales jusqu'ici dans la science ont eu pour cause soit une plaie anciennc, soit iiuc blessurc attcignant an moins les lymphatiqucs sous-cutanes. Un caraclere distinctif du cas dont il s'agit ici (independamment du vole que le reseau suspapillaire y jouc], c'est que cet ecoulement n'a jamais lieu que quand on le provoque : il nc so proiluit, en un mot, que quand on ouvre le vaisseau, c'est-a-dirc la vesicule qu'il forme, et alors la lympbe sort absolument comme il sort du sang quand on pique une veine. Depbis, le precede par lequci on arrete cet ecoulement est exacfement celui qu'on met en usage pour arreter une emission sanguine, c'est-a-dire la compression directe. La dame X... se l)onie meme Ic plus souvent a flecbir fortement le tronc sur la cuisse, en interposant un linge dans le pli do I'aine. Le pouvoir plastiquc de la lymplie semble joner ici un role l)ien actif, car au bout de moins d'une dcmi-beure de compression, la petite vc'sicule est com- pl^tement reformi'e, et presente assez do solidite pour que la patiente puisse se lever et vaquer a ses affaires, sans aucun bandage. On pent renouveler ces emissions de lympbe aussi souvent ct les faire durcr aussi longtemps qu'on le desire, puisqu'il est arriv(5 une fois que cetle espece d'hemorrhagie a dure quarante-huit heures, et que la dame X... recapitule que, par suite de conscils qui lui avaient etc donn(5s, et aussi de quelqiies experiences, elle en est a sa vingt-septieme emission, et que ces emissions ont dur6 pour la plupart de buit a vingt beures. Or lecoulement ayant a pen pr^s invariablement lieu a raison de 120 grammes par lieure, et cela quand il est livre a bii-meme, et en I'absence de toutc compression sur les grosses ampoules, on arrive a trouver ce r(5sultat vraiment surprenant qu'en vingt- quatre beures la dame X... fournit 2,880 grammes de lympbe (plus de 5 livres etdemi), etqu'ellepeutenavoir perdu plus de 11 livres dans rhemorrbagic qui a dure quarante-buit beures, cbiffre enorme et bien superieur a celui du cas rapporte par Assalini, qui considerait commc une cbose surprenante que le blesse dont il parte eiit pu produire en trois jours 5 livres de ce liquide, c'est- a-dire moins que ce que la dame X... produit en un scul jour. MiiUer laisse aussi percer cpielque etonnement de la quantite de lympbe ])resentee par le blesse qui a foiu'ni I'observation du professeur Wutzer : « Les » lympbatiques du cou-dc-pied de cet bomme se remplissaient d w?i tel point, » dit-il, que, dans I'espace d'un quart d'beure a une demi-beure, on pouvait » recueillir une assez grande quantity de lympbe dans un verre de montre. » Cette quantite, en supposant le verre de montre de grande dimension ct par- faitement rempli au bout d'une demi-beure, ne serait encore que la ciuquieme partie dc ce que la dame X... produit dans le meme temps. 30 11 est sans donto a propns de faire rcmarqnor que la r(*gion du cou-de-pied, ne pouvant fournir que la hoiiphe contenue dans les vaisseaiix situ(?s an-des- sous de I'articulalion tibio-farsienue, cctte quantitt'' do lyniplic justifie, apri-s tout, I'etonnement de Miiller. La region inguinale est bien autrement riche en lympliafiqnes que rextremite infrricnre du membre, puis([u'ellc rt^unit non- seulement a peupres tousles vaisseaux du niemltrelui-meme, mais encoreceux des regions superficielles de la fesse, de la moiti6 sous-ombilicale des parois de I'abdomen, des organes genifaux extornes et da pih'ineo. La convergence d'une si grande multitude de vaisseaux afTercnts sur un espace aussi resserre que celui de Ventonnoir femoral, rend done parfaitement compte de la quan- tity considerable de lyniphe qui s'ecoule de cette partie ; et si Ton songe qu'il y ala un etat palhologicpje et peut-etre aussi une anomalie dans la direction et les anastomoses des vaisseaux profonds, le pbenumenc paraitra beaucoup moins surprenant. Mais ce qu'il y a d'intrressant ;i constaler, c'est (pie ces perles si conside- rables de lympbe n'ont jamais produit chez la dame X... aucun trouble fonc- tiounel ou intellectuel de quelque gravitc^ Seulement, quand I'bemorrbagie se prolonge, cette dame ressent un affaiblissement general , du malaise, un peu de vertigo, du trouble dans la vac, et parl'ois de legeros nausees et meme quelques palpitations. On pent dire que les phenomenes qui se manifestent chez elle a la suite de ces emissions aliondantes de lymplie representeut assez exacfement en petit les pbenomenes qui se produisent dans une ^'mission sanguine. Dans I'lK'mor- rhagie qui a dure quarante-huit heures, elle a eprouve, de plus qu";i I'ordi- naire, une assez forte courbature et des douleurs assez vives a la liauteur des clavicules. 11 est vrai de dire que, dans cette circonstance, se croyant tres- malade, elle sesoumit a une diete assez severe, ce qui,necessairement, a dii aggi'aver singulieremenl sa situation. La dame X... s'est apercue depuis quen mangeant eopieuscmcnt apres ou meme pendant ses emissions, elle rt^ablis- sait facilemenl la balance de ses forces ; ce (]ui amenerait a cette conclusion, assez rationnelle du reste, qu'uu ecoulcmeut de lympbe, dans la proportion que presente la daiue X..., pouirait ilurertros-longtemps sans danger pour le patient, a la condition qu'il se nourrit abondamment. Les pertes enormes de sang rapportees par les auteurs, sans que la mort s'en soit suivie, sent beau- coup plus extraonlinaires que le fait dont il s'agit ici, et contirment pleine- ment cette derniere vue. La santd gent^rale de la dame X . .. est, comme j'ai du I'etablir au comincnce- mcnt de cette observation, dans un ^tat salisfaisant. L'appetit est excellent, la digestion facile et prompte ; toutes les autres fonctions s'accomplissent par- faitement. Les menstmes sout r6guli^res et les Amissions de lympbe ne paraissent y apporter aucune modification. Une fois cependantleur apparition scmble avoir It tH6 acct^^rd'e de qtiarante-huit heures, par suite d'une Amission exp^rimen- tale qui avait 6t6 faite, ?ans songer a lY'poque oil la dame X... se trouvait. Cette fois recoidement de lymplic iVavail pas dun'' plus delnilt lienros. La seule cliosc, en un mot, doiit se plaigne cette dame, Ic seul inconvenient qui resulte pour elle de I'ctat de ses lymphaliques, c'est quelle a unpen moins de force dans Ic mcnibre afTecte que dans Tantre. Quant aux qualit('"S du liquide considere en Ini-mt^me, son essence et son ('■tat de puret6 ne sauraient etre ri'voqut^s en doutc; Ic travail do mes savants collaborateurs, public a la suite de cette observation, le demontrera ample- ment. Jamais certes une occasion aussi favoralde ne s'etait presentee pour (■■tndier ce mysterieux fluide. Comme ,je laidit, les six ou sept cas d'emission de lympbe enregistres dans la science provenaient tous de blessures d'une certaine profondeur ou do plaies anciennes, et la lymplie, en s'^coulant, se melangeait nt'cessairemcnt a du sang ou a des liquides raorbides. Celle quo les experimentateurs puisent dans le canal thoraciqnc des animaux pr^sente un autre inconv(5nient : c'est celui d'etre presque toujours melee a une cer- taine proportion de chyle, et ce melange est un obstacle a une dcHermination parfaitement precise de tous ses caracti'res essenliels et dislinctifs. Ainsi, pour ce qui est relatif a la fragrance de la lymphe, elle paralt bien po- sitivement avoir ete etablic d'apres des dtudes faites sur de la lymphe prove- nant du canal thoracique des animaux ; et cette circonstance a eu pour etlct de faire dire, d'une nianiere peut-etre trop generate, que la lymphe a une odeur spermatique earact(^ristique. Cette odeur est d'ailleurs celle qu'on re- connait au chyle, et si elle se retrouve dans la lymplie puisee dans le canal thoracique, elle pourrait bien resiiller du miMange de ces deux liquides dans cet organe. Midler, qui, parmi les aulenrs (pie j'ai consultes, est le seul qui parh^ posi- tivement d'aprrs de la lymplie d'iiomme provenant d'un vaisseau lymphatique propre et non d'un chylif^re ou dn canal thoracique, dit formellement que ce liquide est inodore. Ce caractere de la lymplie humaine se trouverait con- firme par I'observation que je donne ici, celle pvcdiiite par la dame X... ctant, pour tous ceux qui font flairee, complt'tement inodore. J'osea peine dire que, suivant moi, elle rappelle a un tres-faiblc degre le doux parfum de la violefte ou de la farine do froment fraiche. Chacun sail, du reste, que ponr certains odorats trcs-delicats le sang de la femme a pu quelquefois etre distingue de celui de I'homme, et que chez les animaux le sang et surtout la lymphe presentent I'odeur partlculiere a ehaque espece. En serait-il de monieponr I'homme et pour la femme? Cette difTerence, si elle existe reellemenf, paralt apr6s tout tr6s-peu sensible, et peut-etre vaut-il mieux , d'apres Miiller et les m^decins distiuguesauxquelsj'ai soumis la lymphe produitepar ladameX..., considerer ce liquide comme inodore dans I'nn et Vautre sexe. Une circonstance au moins aussi interessante a faire ressortir, c'est que 32 cettc lymphe, consid^rte a diff^rents moments do son (Amission, ne prt^senle pas la iiiCsnic nuance. U arrive, en effet, que d'opalinc qu'elle est toujours au d('ljut, elle liuit au bout dequelques heures par presenter I'aspect laiteux at opaque du chyle. Comnie ce changement de couleur n'a lieu qu'aprfjs six ou liuit heures d'ecoulenient, et que toujours la dame X... avait fait un repas dans liulervalle, j'ai pensc quel'etat de vacuile ou de repletion dcs organes digestifs pouvait en etre la cause ; mais il ne m'a pas M possible de me faire une opinion arretee a cot egard, bien que je peuchc a croire que cette expli- cation n'est pus irrationnelle. On pourrait admetlre qu'a la suite de la diges- tion la lymphe contient quelques-unes des parties emulsives du chyle ; ce qui lui donnerait cctlc couleur laitcuse. On salt, du reste, que le st5runi du sang tire de la veine pendant la digestion presente un phenomene analogue, et qu'il n'a pas la transparence de cclui qui provient du sang extrait a jeun. lleiitfallu, pour arriver a une conclusion ou toutaumoins a une grande pro- babilite relativement a ce phenomene, soumcttre la pauvre patientc a un jeiine un peu prolonge, ou a une Amission aussit6t apres le repas, et j'avoue que, quelque amour que j'aic pour la science, je repugne et repugnerai toujours a tenter une experience qui n'auraitpour but ([ue I'interet de la science, et non celui du malade iui-meme. Toujours est-il qu'au bout de quelques heures la lymphe ne s't^coule plus avec le memo aspect. Ces circonslauces ont eu lieu dc la meme manifere dans les six emissions auxquellesj'ai assiste. Maisla dame X...rapporte une particularite trf's-digne de remarquc, ([ui s'est presente une fois sous rinnucnce d'un coup de soleil assez violent dont elle fut altcinte en mer, en venant en Europe. Comme elle avait un peu de lievre par suite de cet accident, et qu'elle redoutait une con- gestion cerebrate, elle eul I'id^e (en I'absence de tout medecin) de se tirer de la lymphe, ou, pour me servir de son expression, dc faire e'couler ses hu- meurs, afin de prcvenir celte catastrophe. Elle fut tres-surprise de voir que cette fois c'etait presque du sang qui sortait de sa petite vesicule, car le li- quide eta'it tres-fortenient colore en rouge ; et lorsque le caillot fut forme, elle y remarqua des stries uombrcuses, des arborisations semblables, dit-elle, a des veines trfes-rouges qui se seraient formecs dans toute I'epaisseur de la masse coagult'C. Ce dernier fait est bienconnu; mais il est intrrcssantde conslater que, sous riulluence d'un etat febrile, cette disposition de la mati6re rouge en forme de vaisseaux sanguins se soit assez exageree pour frapper la malade elle- m6me. De plus la dame X... assure que cette Amission I'a beaucoup soulagee et lui a completementdegagd le cerveau.... absolumenl comme cutfait une vti- ritable saignee : circonstancc remarquable qui etablirait une aualogie de 33 plus entrelo rule que jouent dans I'l^conomie ces deux liquides quisemblent D'etre que la modificalion I'un de I'aulre, le s;uig- ct la lymphe. Peut-elre devrais-je, pour des motifs qui me sont personnels, borner ici cette observation ; mais elle serait evidemmcnl incomplete si je n'entrais dans riiistorique de raffection dela dame X... Ayant c(e consuHe de I'ile Maurice, au sujet du phenomene qu'elle presenle, je vais etre force de parler de moi- meme, et cela est toujours cbose tres-dellcate. Ceux qui comprennent toute I'importance qu'on attache et qu'on a raison d'attaclier ji un diagnostic etablL avec justesse, m'excuseront, j'ose resp(5rer. La dame X... vient de I'ile Maurice, mais elle n'est point Creole ; elle est Europeenne et Francaise. Attacliee a ma famille, elle est allec s'etablir dans cette colonic il y a treize ans, et s'etant mise a la tele d'un atelier de blan- cliisserie, elle a exerce tres-laborieusement cette Industrie tres-penible sous ua climat d'une haute temperature. Elle est du caraclere le plus honorable et d'une education au-dessus do sa profession. Elle est agee de 39 ans, a 6l(S mariee et n'a eu que deux enfants, dent le plus jeune a 17 ans. Lorsqu'elleest arrivee a I'ile Maurice, elle avail une constitution robuste et une carnation remarquable, etant d'une province de France oii le sang- est tres-beau. Pendant dix ans, elle a continue a jouir d'une exceltente sante, perdant seulement ses belles couleurs, comme il arrive a toutcs les Europeennes qui vonthabi- ter les pays chauds ; c'est la une inlluence invariable du climat. Apres cette longue periode de sante florissante, la dame X... a etc alteinte de flevre ty- pho'ide (affection tres-commune a Maurice), et elle a ete tres-serieusement malade. G'etait en avril 1851. Elle s'est completement rctablie, et il ne paralt pas que son etat actuel ait son point de deijart dans cclte grande maladie, bien que la dame X... dise que jamais, depuis cette epoque, elle ne s'est trou- vee aussi forte qu'auparavant. 11 parait, aucontraire, bien demontre qu'ante- rieurement a sa maUidie, et deja depuis deux ans, elle s'etait ajjcrcue qu'elle portait au bas-venire une de ces tumeurs ou ampoules que j'ai signalees plus haul ; mais elle n'y atlacha aucune importance. Quant aux pctites vesicules qui donnent aujourd'lmi de la lymphe, ce n'est que deux ans apres sa llevre typho'ide et ([uatre ans apres I'apparilion de la grosse ampoule, que la dame X... s'est apercue de I'existence de la principale d'entre elles. Au commen- cement de I'ann^e derniere, eprouvant une i'aiblcsse de plus eu plus grande dans sacuisse gauche, elle soupconnaque sa lumeur (qui du restene I'incom- modait en rien) pouvait etre pour quelc[ue chose dans cetle faiblesse, et ayant cru s'apercevoir que sa cuisse etait un pen enllee, elle s'examina avec la plus grande attention; c'est alors qu'elle decouvrit sa vesicule. Croyant, dit-elle, n'avoir afTaire qu'a une de ces petites ampoules sereuses qu'on a si souvent aux mains, elle la pcrca d'un coup d'aigulUc. 11 s'cn ecoula un liquide jjlan- chatrc abondant, et comme cet ecoulement ne tarissait pas au bout de quel- qucs hcures, elle s'inquitMa vivement, se crut hydropique, se crnt perdue. MEM. 3 3'l Des fcmniL'S(iiii 1 ontouraiciU (dos nejn'esses) se miront a londre on laniics, et liii declarercnt en outre que I'hydropisic ^tait im cas niortol. Co qrril y a de singulier, c'est que cctte opinion scrable avoir prevalu et que la dame X... a a ete traitee par Ics drastiques Ics plus energiques : elle a pris la medecine de Leroy Irois fois par semaine, et eu a consonim6 ainsi uu litre et demi; dc plus des doses considerables de jalap et m^me du colcliique lui ont M ad- ministres; un large vcsicatoiro a la parlic infrrieure et interne de la cuisse. puis un seton appliiiu/' dans la hnuirrc iiieuie dc la petite vesicule el sortant a 2 pouces au-dessous, puis plus tard un cautere a la janilie, el cnlin le con- seil de faire ecouler Ic plus aboudamiuent possible et deux fois par mois cette humeur : tels sont les moyens qui ont etc simultaneracnt ou successivement mis en usage par la dame X.., dans le but d'obtenir sa guerison. Elle a execute avecune ponctualite rigoureuse cette derniere partie de son trait ement, et cc n'est que quand elle est arrivee a Paris, il y a quatre mois, que je Tai con- trainte a renoncer immediatcnicnt a ces procedes. Deux mois apri^s I'apparition du phenomene presente par cette dame, un de mes amis qui babite File Maurice et qui avait ete a menie d'assisler a t(uiles les phases de cette atTection, m'ecrivit a ce sujet et me demanda ce (lue cela pouvait etre. Sa lettre, du 5 avril de I'aunee derniere, portait entre autres cboses : « Ce qu'il y a de singulier, c'est que le liquide blanc comme de I'eau » blanche qui sort de cette petite A'esicule a chaque fois qu'on la perce, se » coagide ahsolument comme du sang quand on le recueille dans un vase. II » s'^coule environ cinquante gouttcs de ce liquide par minute, et cet ecoulc- » ment ne s'arrete quclquefois i[u'apres vingi-quatre beures. La premiere fois » 11 a dure cinq beures, la seconde douze, la troisieme dix-buit, et enlin une » quatri^me fois quarante-buit beures. J'ai compteles gouttes qui tombent " avec mamontre a secondes a la main, et j'cn ai trouvc jusqu'a cinquante a " la minute lorsqu'ou vient de percer la petite clocbe; mais je n'ai pas vrrilie » si cela avait lieu ainsi pendant toutela durce de I'ecoulement. >. Je ferai remarquer que cette note, quoique rcdige^e parquclqu'un d'etrau- ger a la medecine, a tous les caracteres dune observation faitc avec sagacite, et cpie la derniere pbrase surtont denote un esprit de scrupuleuse exactitude et tout a fait eloign^ de I'exageration : cbose rare, soit dit en passant, meme chez les observateiu's de profession. La dame X..., du reste, continue cntit'- rement ces donnees, et elle avait fait cctte remarque qui resulle des cbitlres ci-dessus, que la duree des ^coulements augmentait a mesure quelle en pro- voquait denouveaux, et elle ajoute que la cpiantite lui a paru (Mretoujours la m^nie a la tin qu'au commencement de chaque emission. Quant a I'opinion qu'on me faisait I'lionncur de me demander, voici quelle a m ma r^ponse : « Ouoiqu'il soit extremement dilTicile pour ne pas dire \€- )) mtoire de donncr une opinion medicate a 1,500 lieues de distance et sur- i> tout de formider un diagnostic; cependant les donnees que j'ai sous les 35 » youx sont telleincnt clalres et prc^cises, que je n'ht^site pas a dire que Ic n cas de madame X... est un csls Aliemorrhagie lympliatique {[) par cawe » iraumatique, puisque vous me mandez c[ue rccoulement eu question a eu 11 lieu a la suite d'uue piqurc qu'ellc s'est faile a I'ainc, ct que vous me xiarlcz )> d'un liquide Jjlancliatre quise coagule naturellement comme du sang. Gene 1) peul etre que de la lymphe, et cette lymplie peut provcnir des vaisseaux ou i> des ganglions lympliatiques inguinaux. Madame X... n'estpas liydropique, I) ou du moins le liquide qui s'ecoule do sa petite vesicule n'est et ne peut pas 1) etre, avec les caracleres remarquables que vous me signalez, le resultat » d'une hydropisie. Je vous le repute : ce doit etre une maladie des lympha- » tiqucs; ol, d'apres vos autres renseignements, il pai-aitrait qu'il y a l;i une » de CCS llstulcs dites lympliatiques, revoquces en doutc par quclques patho- » logistcs. On a d^s lors le plus grand tort de donner le remede de Leroy a » madame X..., et si Ton a continue quelque temps cctraitcment violent, il 1) a du survenir quelque catastrophe. Ce cpj'il lui faut, c"est du ler, du jus dc It viande, des bains de mer et Ics moyens toniques sous toutes les formes. U 11 faut quelle se soigne et non qu'elle se traite : j'entends par )a que c'est a » riiygiene et non a la tlicrapeutique qu'il faut emprunter ses moyens ct ses )) secours dans le cas dont il s'agit. » Lorsque ma r^ponse arriva a Tile Maurice, deux mois apr^s avoir it6 Merita, la dame X..., qui etait lombee dans un etat de debilite extreme, avait en par- tic renonce a ses terribles purgations et avait pris la resolution de vcnir a Paris consuller les maltres de I'art. Mais pendant sa traversee elle a continue, comme je I'ait dit, d se percer deux fois par mois pour faire ^couler ses hu- mevrs.... Aussil'ai-je trouv(5e, a son arrivfe, jaune, etiolee, un peu bouffie et resscntant quclques palpitations. Je me liatai de la soumettre a Texamen de Tunc de nos plus grandes cel^brites m^dicales, et elle se presenta a la coji- sultalion do M. Andral, le 22 decembre 1853. La prescription de cet Eminent praticien me combla de joie, car elle corroborait pleincment ce que j'avais ^cril, ce que j'avais conseill(5: la medication tonique sous toutes les formes et surtout I'alimentation substantielle. J'avoue que je n'ai pas r6sist6 a la sa- il) Cette expression est tres-critiquable sans doutc, puisque hemorrliagie signifie proprement e'coulement de sang. Mais avec repitlietc de lymphatique on forme la une espece de mot compose tres-commode et tres-intelligible du reste, et Ton 6vite de creer un terme nouveau. La langue francalse est pleine de ces sortes d'cxpressions ou le sens primitif est complctement altere. Sans doute il y a moyen de satisfaire a tons les scrupules en proposant un mot re- gulieremcnl (Jtymologique, et cemot est celui delymphorrhagie, a I'imitation de ceux d'hemorrhagie, menorrhagie, etc. Mais c'est la un terme nouveau, et je dois le presenter avec discretion. 36 tisfaction d'envoyer I'ordonnance orlginale de M. Andral a I'ami qui m'avait demande mon avis. Le 5 fcvrier dernier j'eus ravantage de pri^senter mamaladeaM. Gubler, en ni6me temps qu'a M. Jarjavay. L'opinion de ces professeurs est venue ajouter une nouvcUe satisfaction a celle que j'avais di'ja, eprouvee, ct I'ordonnaucc de M. Gubler a ete, comme celle dc M. Andral, cnvoyce a I'ilc Maurice. Ainsi quelques grammes de fer et unc alimentation substantielle out sufTi pour remettre en quatre mois la dame X... dans un ctat dc sante tris-satis- faisant. Sa pliysionomic n'arien de maladif ; cependant eile a uu teint qui i-e- vt;le un (itat cldorotique. Le membre afl'ecte reste seulemcnt un pen faible. La dame X... est tres-gaie et fort satisfaite de n'6tre pas hydropique ; elle rc- partira bicntot pour Tile Maurice. Une particuluritii des plus remarquables ii fairc ressorlir a Foccasion de cette observation, c'est que sur le petit uombre de cas d'eniission de lymphe et de dilatations simples ou variqueuses des lymphatiques, consignes dans la science, il y en a deux (y compris celui-ci) qui pro- viennent de deux colonies intertropicales, situi^cs a quarante lieues Tune de I'autre, an milieu de la mer des Indes, les lies Maurice et Bourbon. Breschet, dans sa fameuse these sur le systeme lymphatique, parle longuement, d'apres une observation faite par M. Amussat, d'un cas de dilatation excessive de tout le systeme lymphaticiue ofTert par un jeune creole de File Bourbon. Ce jeune homme presentait a chatjue ainc une tumeur (tres-analogue d'apres la description a celle que ]nv- sente aujourd'lmi la dame X...). Les raedecins de cette colonie qui furent consults se meprirent completement sur cette affection, et s'ils ne crurent pas avoir atTaire a une hydropisic (il n'y avail pas Amission de lymphe), ils considererent les tumeurs soumiscs a leur investigation, comme des hernies inguinales, et fu'ent porter au ma- lade, depuis Fage de 5 ans, un bandage herniaire double. Le jeune homme 6tant venu en France et ayanthabite Saint-Malo, les medecins de cette ville confirmerent l'opinion de ccux de Bourbon, et ce n'est qu'a son arrivee a Paris en 1829 (il avail alors 19 ans), que s'etantfait voir a M. Amussat a la suite d'une fatigue extreme qui avail consid^- rablement aggravii son 6tat, la nature de son affection put etre con- statee par ce chirurgien distingue. Cette coincidence de deux cas rares, cassinon absolumentidentiques, du moins tres-analogues, provenant de deux pays si voisins, est bien digne d'attirer Fattention des m6decias de ces pays, non-seulement sous le point do vue de la pbilosophie m^dicale, maisplus encore dans 37 rinteret de la pratique joumaliere. 11 ne serait pas surprenant, main- tenant que I'eveil est donne et que I'attention est dirigee sur ce point, qu'un certain nombre de cas fussent bientot observes et signalfe a la science. Les maladies de la peau 6tant tres-communes dans ces colonies, la portion p(5riph6rique du systeme lymphatiquc pourrait bien aussi jouer un role important dans quelques-unes d'entre elles. Je me suis efforc^ de rendre cette observation aussi complete que possible ; je dois cependant attester qu'elle ne contient rien qui ne soit de la plus irreprochable exactitude. La plupart des fails qui y sent mentionncs ont, du reste, 6te verifies par plusieurs chirugiens et mede- cins distingues, mais particulierement par M. le docteur Gubler, a qui je dois des remerciments et de la reconnaissance pour la bienveillance qu'il m'a temoignee, el surtout pour le d^sinleressement avec lequel il a agi a mon c^gard. Encore au seuil de la science m^dicale, et n ayant aucun litre pour presenter avec autorile I'observation d'un fait destine a prendre rang parmi les cas les plus curieux de la patho- logic humaine,j'avais resolu, n'ayant que la science en vue, de laisser a ce professeur touU'avantage de lapublier; il abien voulu reconnaitre que cette observation m'apparlient en propre, et a exige que j'y atta- chasse mon nom ; je crois done devoir lui adresser ici publiquement toute 1' expression de ma profonde reconnaissance. Je dois aussi des remerciments a M. le professeur Jarjavay, qui a bien voulu, a ma priere, se charger de faire part du r^sultat de mon observation a la Soci6t6 de chirurgie. Une commission a 616 nommee pour faire un rapport sur ce sujet; M. Jarjavay en faitnecessairement partie. M. Sappey a egalement vu la dame X... Ayant appris que ce pro- fesseur distingue desirait vivement examiner ce cas si curieux, j'ai autorise cette dame a se soumeltre a son investigation, persuade que c'^tait faire une chose tres agreable a un auteur qui a ex6cut6 et pu- blic de si interessants travaux sur la partie de I'organisme a laquelle se rattache la singuliere affection que j'ai eu la bonne fortune d'observer le premier. Gomme le fait peut etre 6tudi6 sous le triple point de.vue medical, chirurgical et physiologique, je laisse a chacun de ces habilcs profes- seurs le soin de d^velopper les pavties delicaies de cette question que je n'ai pu qu'efJleurer. 38 ANALYSE DE LA LYMPHE ET REFLEXIONS. Le diagnostic de cette affection insolite, etabli sur de simples ren- seignements Merits, fait assur^menl le plus grand honncur a la saga- cite de M. CamilleDcsjardins. En appelant I'un de nous a constater im fait si singulier, Tauteur de Tobservation qu'on vientde lire a pense qne nos etudes analytiques et les inductions dont elles seraient le point de depart pourraient eclairer riiistoire encore si obscure de la lymphe. Nous voudrions que cette attente ne fut pas vaine. Mais le sujet dont nous avons dil nous occu- per specialement est tellement difficile, il oxige des rechercbes si nii- nutieuses et si multiplit^es que les travaux de plusieurs generations seront sans doute n^cessaires pour lixer la science sur les probleuies importants qu'il souleve. Nous ne pouvons avoir ici d' autre pretention que celle d'apporter un petit contingent de faits bien observes et de poser quelques questions. Depuis le commencement du siecle, les etudes microscopiques de la lymphe n'ontpas manque, et cependant la plusgrande confusion rcgne encore dans les ouvrages sur le nombre, les caracteres et la sjnony- mie des elements organiques que ce liquide renferme. Les procedcs d^fectueux mis en usage par les dilferents observateurs expliquent en partie I'obscurit^ deplorable ouleurs travaux nousontlaiss^s. 11 suffira pour faire appr^cier cette facheuse influence de rappeler que plusieurs d'entre euxse contentaient d'exprimer les ganglions lymphaliqiies et qu'ils prenaient pour de la lymphe le sue qu'ils parvenaient a eu ex- traire. II est assez difficile en effet de se procurer de la lymphe proprement dite, surtout chez I'horame et les animaux supericurs. C'est egalement pour cette raison que les analyses chimiqucs de la lymphe laissent taut a desirer, les unes ayant eu pour objet le li(iuide mixte retir6 du canal thoracique, les autres \me humeiir probablement alt6r6e obteniie de certains trajets fistuleux qu'on savait en communication avfec des vais seaux lymphatiques. On verra plus loin quels resultats invraisem- blables et contradictoires out donnes des recherches faites dans de pa- reilles conditions. Dans le fait de M. Desjardins, aucontraire, la lymphe est abondante 39 etpeutetreconsid6ree coiiimeiiormalc. Apart la dilatation ampullaire des vaisseaux lympliatiques, tout parait dans I'etat physiologique, puis- qu'il n'ya ni deg6nerescence organicpie concomitante, ni douleurs, ni aucun autre signe d'intlammation dans la region qui en est le siege. Voyons done quelles sontlcs qualit6s de cette lymphe que nous cou- siderons conime un type de I'etat physiologique. Qlalites physiques et organoleptiques. — An moment oii elle sort de la vesicule, c'est un liquide blanc, opaque meme vu en goutte, offrant I'asnect du lait ecrem6, avec un reflet legerement jaunatre, tcrne. II presente una reaction alcaline prononc^e, une saveur saline faible et une odeur aniraalisee a peine sensible. All bout de dix minutes a un quart d'heure la lymphe se coagule ; le caillot mou, tremblotant el gelalineux remplit alors presque tout I'espace occupe priniitivemenl par la lymphe a I'etat liquide; cepen- dant il n'emprisonne pas absolument tout le s6rum. Meme au premier instant qui suit la coagulation, il existe deja une petite couche de li- quide laitenx qui est libre et dissimulele coagulum. Celui-ci est d'a- bord d'un blanc jaunatre; a mesure qu'il se retracte la coloration jaune se prononce davantage et fiuit par passer au rouge cinabre. La couleur rouge n'est pas uniforme, elle est disposee en stries arbores- centes assez semblables a des vaisseaux de nouvelle formation. Dans la premiere emission, le caillot principal submerge etait surmont6 d'une petite masse spongieuse, d'une sorte d'ecume due a I'agitation du liquide pendant la marche. Ge flocon blanc a seul conserve sa colo- ration. Nous cxpliquerons ailleurs cette parlicularite (1). Quant au scrum separe de la masse flbrineuse, il est encore lactes- cent, mais son opacile est un peu moindre que celle de la lymphe dont il provient et son rellet jaunatre est moins accuse. EXAMEN MICUOSCOPIQUE A DES GROSSISSEMEXTS DE 300 ET DE 500 DIA- METRES.— Nous avons pu examiner la lymphe avant le phenomene de la coagulation. Ge qui frappe au premier abord dans le champ du microscope, c'est un nombre considerable de corpuscules jaunatres, semblables a ceux du sang fraichemenl retire de la circulation, mais de grandeurs fort inegaies. Quelques-uns out les dimensions ordinaires des globules san- (1) Voir plus loin I'examen du caillot. 40 guins (1), la pluparl sont notablement inKrieurs et ii'atleignent tiu'un diametre de 1/150 de millimetre. Enlin il exists une ccrtaine quantite de corpuscules colores comme les precedents, mais beaucoiip plus pc- tits, n'ayant guere que la moiti(5 en diametre des globules de grande dimension, c'est-a-dire a peine 1/200 de millimetre. Ces petits globules se montrent arrondis dans tous les sens lorsqu'ils roulent dans le li- quide, etsont par consequentsphero'idaux, sansaplalissementsensible, surtout sans excavation ni rien qui rappelle un noyau. Leur surface esllisse, leur contour ri^'gulier, et leur coloration jaune parait aussi intense (2) que celle des globules beinatiques mieux formes. Outre ces corpuscules qui ne sont que des modifications de ceux du sang, on ne tarde pas a en remarquer d'autrcs moins nombreux et pales on incolores, lesquels a leur tour offrent aussi des dimensions tres-diverses. Les plus peiits, ayant sensiblement le meme volume que les petits globules jaunes dont il a Ote question en dernier lieu sont blancs ou incolores a une certaine distance focale ; en rapprochant un peu I'objectif, ils nous ont pani ofMr une nuance tres-legerement ver- datre. lis sont spheroidaux, parsem^s depetites granulations bien ap- parentes, qui ne rendentpas leur contour irregulier. Les plus gros de ces globules blancs surpassent le volume des grands corpuscules sanguins. Leur forme est regulierement sphMque, a con- tour lisse; leurs parois sout finement ponctuees. Pas de noyau apparent. Pas de rellet verdiitre appreciable. Ges gros globules blancs, qui atteignent i'acilement 1/100 de millimetre, sont tares ; il faut de I'attention pour en decouvrir deux ou trois dans le champ de la vision, tandis que les petits globules blancs apparais- sent de tons cotes (3). On trouve quelqnes globules intermediaires pour les dimensions. Enfin on apercoit suspendues dans le liquids une multitude infinie de granulations mol^culaires, peu visibles en raison de leur excessive tenuite, dont on peut ^valuer I'epaisseur a 1/600 de millimetre envi- (1) Environ 1/125 do millimetre. (2"i EUe Test peut-6tre davantage. (3) II est vrai que I'obscrvation microscopique n'a eu lieu que peu de temps avant la coagulation, alors que deja quclqucs globules avaient pu se fixer a des lineaments flbrineux en voic de formation. i 41 ron. 11 faut y ajouter quelques lineaments de Hbrine en voie de coa- gulation. Telles sont les particularity olTertes par la lymphe quelques mi- nutes apresson extraction (1). Nous avons choisi pour type de notre description I'echantillon de lymphe que nous avons examine avec le plus de soin; mais il y aurait quelques legcres niodifications a in- troduire dans cettc exposition pour qu'elles'appliquat cxactement a la lymphe retiree dans deux autres circonstances. Ainsi, dans un pre- mier examen, nous avons troiiv6 un nombre plus considerable de cor- puscules sanguins discoides et de globules blancs analogues a ceux du sang ; d'un autre cote les petits globules biancs et les petits globules splieroidaux de nature hematique (itaient moins nom])reux (-2). D'ail- leursles memes elements se sonttoujours representes avec les memos caracteres ; leur proportion seule a vari6. Quand la lymphe se separe en sC'rum et en caillot, il se fait un par- tage des elements microscopiques que nous venous de decrire. Le re- seau fibrineux entraine dans sa trame la majeure partie des corpus- cules sanguins et des globules blancs avec des granules moleculaires. Le s6rum retient la presque totalite de ces derniers, ainsi qu'une cer- taine proportion des globules colores et incolores. G'esl surtout aux granulations moleculaires qu'il doit I'opacite qu'il conserve presque au meme degr6 que la lymphe entiere. Avec le temps, il se produit aussi quelques changements dans I'as- pect des corpuscules organiques en suspension dans le serum. Un certain nombre de globules sanguins discoides s'alterent, pren- nent I'aspect crenele ou framboise en meme temps que leur forme de- vient globuleuse et qu'ils subissent unc reduction de diametre. Les petits globules sanguins spheriques se multiplient manifestement a mesure que les corpuscules sanguins lenticulaires disparaissent. Une (1) Nos observations microscopiques sont confirmees dans cc qu'elles ont d'essentiel par celles de MM. Robin et Yernenil, a qui nous avons remis une certaine quantitc dc liqueur ou serum de lyraplie. M. Verneuil pense que les gros globules blancs ne different pas essentiellement des corpuscules des ganglions; ceux-ci seraient seulement plus volumineux. (2) Cettc difference tenait peut-etre, en partie du moins, a ce que nous avons examine cede lymphe a une epoque un peu plus doign^e du moment dc la coagulation. 42 partie des granules moleculaires se groupeiil en masses pelliculaires plus ou moins 6tendues dans lesquelles se detachent quelques globu- lins tres-brillauts. Des globulins semljlables, mais tres-rares, nagent isolement dans le liquide avec le reste des granulations. Apres vingt-quatre heures de sejour dans le vase et au conlael de I'air, ces modilicalions sont Lres-prononcees. Une fois elles ont et6 Ires- remarqiiables ; dans ce cas, les globules sanguins spheriques ([ui, la veille. etaient en niinorite, conslituaient alors la presque totalitii des corpuscuies sanguins dans le serum. Quelques-uns etaienl ehagrines, mais la plupart etaient lisses, brillants, et sauf la moindre refringence, assez analogues a des gouttelettes d'une huile jaune. Les jjetits globules blancs ne paraissaient pas avoir diminu^ de nombre; les globules blancs de gros calibre n'etaient pas devenus moins rares. Pour mieux etablir les caracteres et la nature des divers elements que nous venons de decrire, nous avons fait a plusieurs reprises inter- venir les reactil's cbimiques en variant leur eraploi. L'acide acelique faible, prealablement mele a une goutte de lymphe, dissout a pen pres tous les globules rouges. Les rares corpuscuies colo- res qui resistent quelque temps sont petits, globuleux, lisses et sans apparence d'(^xcavatiou sinuilant un noyau. lis flnissent cux-memes par entrer en dissolution. Avant de les dissoudre, Facide acetiquc gon- fle les corpuscuies sanguins discoideset framboises; mais nous avons era voir qu'il n'agit pas tout a fait de meme sur les petits globules spberitiues qui se dissolvent sans etre boursoufles et cupuliformcs. Les globules blancs sont profondement alleres, mais ue disparaissent pas. Les plus grands se gontlent beaucoup ; leur parol cellulaire palit en s'amincissant et perd son aspect pointill6. Les granulations se rassemblent dans la cavite de chaque cellule eu une seule masse arrondie en forme de noyau ordinaircment excen- trique. Dans aucun cas. celte masse ne s'est monlree multiple ni par- tag6e en deux ou trois lobes. Nous ne lui avons pas reconiiu rnanifes- tement cette coloration rougeatre qiie presentent d'ordinaire les glo- bules Idancs du sang traites i)ar le memo reactif. Sous le rapport des changements (pi'ils eprouvenl tians lacide ace- lique, lespetitsglobules blancs peuvent se parlager endeux categories: dans les uns, les granulations deviennent seulemcnt plus apparentes et plus fortenient ombrees ; les autres s'entourent en outre d'une zone tres- i3 pale qui seniblc n'etre autre chose qu'uno cellule rudimentaire cnibras- sant t'troitement un noyau granuleux, on bieu une couclie de substance proteique, gonflee et ramolUe par I'acide. line ^outte d'ariamoniaqiic caustique fait aussi disparaitre en un in- stant tons les globules rouges, tci encore Ics tres-petits globules colo- res spb{^riques nous out para s'evanouir moins vite que les autres. Les globules blancs se dissolvent plus leutemeut ; lis conimencent a devenir tellenieiitpilles qu'on les distingue avet peine dans le liquide. A Iji suite de ractiori de ces deux agents chimiques (acide acetique et ammoniaque), on voit apparaitre desamas granuleux formes de gra- nules moleculaires, agglutines par la matiere liqueflec des globules Wanes et rouges, et de globulins huileux. De petits globules gras na- gent aussi a I'etat d'isolement. L'ether dissout les granules moleculaires et en forme des gouttelettes huileuses. L'iode coagule la matiere' albuminoule et la colore en jaune, ainsi que les globules. L'eau gonfle les globules sanguins discoides on frambois6s et les rend vesiculeux en niehie temps qu'elle les d^'pouille do lour matiere colo- rante. II nous a semble que les petits globules spheriques et lisses res- tent longtemps sans se deformer. Le caillot est esscntiellement conslitue par une masse qui parait amorphe lorsqu'elle est tres-epaisse, mais qui est manifestement striee et fibroule quand on I'examine en couche pins mince. On voit meme, sur les bords laceres des fragments soumis an microscope, des fibrilles tonnes et diversement agencees. Ce reseau Dbrineux est charge d'une multitude de globules blancs et surtout de globules rouges d6form(5s, semblables a ceux qui nagent dans le serum. Quelques points sont aussi parsemes de fines granula- tions de meme nature que les granules moleculaires, qui donnent au fond du liquide lactescent I'aspect d'un gresille lin. Ayant soumis un fragment de coagulum a Taction de I'acide ace- tique qui a dissous compl6tement Ifes corpuscules sanguins, nous nous sommes assures, d'apr^s le nombre des noyaux granuleux restants, que la proportion des globules blancs est considerable. Ainsi qu'on I'a vu precemment, il exislait dans un cas deux llocons fibrineux tout a fait distincls par leur aspect exterieur et par d'autrcs caracteres : run plus gros, colore en rouge et submerge; 1' autre plus petit et blanc, surniontant le premier. Cette particularity est assez remarquable pour que nous cbcrchions a nous en rendre compte. Le petit flocon blanc qui flotte a la surface du liquide adhere cepen- dant par un point au caillot rouge. 11 doit sa legerete specilique aux bulles d'air qu'il emprisonne. Cette espece d'ecume s'est form(}e par I'agitation du liquide pendant la marche, la fibrine qui en constitue la trame s'est donccoagulee Ires-rapidement, ctles globules en suspension dans le liquide n'ont pas cu le temps de s'y attacher. En effet, le mi- croscope n'y decouvre pas de globules sanguins ni d'autres corpus- cules, exceptii du c6t6 du pedicule par lequel le flocon blanc tenait au caillot colore. Un commencement de dessiccation explique la tenacile plus grandc du flocon spumeux, lequel conserve n6anmoins sa blan- cheur mate par suite de la presence de I'air interpose. Le phenomene de la coloration progressive du caillot forme dans les conditions ordinaires et submerge meritait aussi notre attention. Plu- sieurs suppositions peuvent etre faites pour I'expliquer. On pent ad- metlre qu'il se developpe dans la lymphe soustraite a I'inlluence de la vie des globules color^s, ou que Taction de I'oxygene avive peu a peu la couleur de ceux qui existaient au moment de remission ; ou bien que I'oxygene colore la fibrine ii la maniere des muscles, comme le pense M. Ic professeur P. Berard ; ou bien enfin, I'intensite croissanlc de la coloration est due ii la retraction, a la condensation du caillot et consequemment au rapprochement des particules colorantes. line ex- perience bien simple nous a fait voir que cette derniere circonstance a la plus grande part dans la production du phenomene. Dans un cas, nous avons retire du liquide le caillot deja rose, mais encore volumineux et gelatiniforme, nous en avons exprim6 rapide- ment le s6rum, et aussit6t la coloration rouge est devenue intense. Quand le litjuide a ete completement chass6, le petit caillot fibrineux etait d'un rouge cinabre tres-vif. Plongi^ de nouveau dans le serum, il n'a plus sensiblement change. Cependant il est vraiscmblable que I'oxygene n'cst pas sans influence sur les globules sanguins de la lymphe, qu'il doit aviver comme il le fait de ceux du sang. Pour resumer en quelques mots les resultats de nos observations microscopiques, nous dirons : La lymphe tient en suspension dans un liquide screux : 1° des cor- 45 puscules h^matiques toujours d'un diametre inWrieur k ceux du sang, les uns lenticulaires, comme les corpuscules sanguins proprementdits, les autres tres-petits, spheroidaux et lisses; 2° des globules pales, a peine colores, qu'on a coutunie de designer plus specialenient sous le nom de globules de lympbe et dont quelques-uns depassent le volume des globules rouges du sang, tandis que la plupart, reduits pour ainsi dire k un noyau, n'atteignent que la moitie de cette dimension ; 3° en- fin, des granules moleculaires de matiere grasse. Les premiers elements sont des modifications des globules sanguins, dont ils offrent I'aspect et les reactions cbimiques ; les seconds envisa- ges dans leur forme superieure, ressemblent aux globules blancs du sang, dont ils different cependant a quelques egards : ce sont les veri- lables corpuscules d,; la lymphe pour la plupart des auteurs ; les der- niers sont identiques aux granulations du chyle. La difference entre les globules blancs du sang el les gros globules blancs de la lymphe, tels que nous les avons vus, porte specialement sur la forme et la nuance que prend le noyau par Taction de I'acide ac(3tique. Nous n'y attachons qu'une mediocre importance. Peut-etre cette difference est-elle toute personnelle, puisque Henle et Nasse ac- cordent des noyaux souvent partages ou multiples aux globules de lymphe. Mais quand meme elle aurait quelque Constance, comme lefe- raient supposer les observations confirmativosdeVogel, elle ne sufffrait pas a motiver une separation fondamentale, d'autant plus que les cor- puscules incolores du sang ont quelquefois des noyaux simples. On pour- rait done penser, avec plusieurs physiologistes, que les globules blancs du sang ne sont autres que ceux dela lymphe legerement modifies. Les petits globules incolores ont-ils reellement la meme nature? Ne sont-ils qu'un premier 6tat de ces vesicules auxquelles on applique g^neralement la denomination de globules de lymphe? 11 est permis de le croire, bien qu'il puisse rester quelques doutes sur ce point, en raison de la nuance jaune verdatre particuliere a ces petits corpus- cules. Henle leur assigne un autre role quand il dit que « la plupart des corpuscules de la lymphe qui contiennent des noyaux offrent a peine des traces de coloration, niais que beaucoup d' entre eux, sur- tout les petits, ont d'une maniere bien prononcee la couleur jaune rougeatre des globules du sang (1). .. Ces petils corpuscules ne se sont (1) Encyclop. anat., t. VI, p. 447. 46 pas montrcs a nous avec tine coloration jaune assez decidee pour que le rapprochemcMil indiquc dans cette phrase nous paraisse aussi nalu- rcl qu'au savant inicrograplie alk'niand. II no seraitpas impossihlu que Henle eiit cont'oiulu dans sa ponsee et les petits giobule.s blancs nuan- ces de verdatre , que nous rapportons a ceux qui caraclerisent la lymphe,etlesglobulesjaunes spheriqucs, qui ne sont pournous qu'un 6tat particulier des corpuscules du sang. Or les reactifs dcmontrent que ces elements sont cssentiellement di>tincts. ANALYSE CHLMIQUE. » Jusqu'ici nous n'avons fait intervenir les reactifs qu'i litre de moyons complenientairos des etudes microscopiques. U nous reste niaintenant, pour faire connailre Tensenible de nos reelierdies, a cx- poser les resultats de nos analyses chimiques proprement ditcs. Mais afin d'eclairer les physiologistes sur la valour de ces resultats, nous aurons soiu d'entror dans quelques details sur les precedes que nous avons mis en usage pour arriver a la determination qualitative et quan- titative des principes mineraux on organicpies de la lymplic. Nous avons agi sur 30 grammes do liquide dont on avait separ6 le caillot. Les premieres operations ont eu pour but de nous renseigner sur la presence des principalcs substances qui enlrent dans la compo- sition de la lyinphe; nous avons ensuito isole ces conibinaisoiis et de- termine exactement leur poids. Action de l'etheu. — I'ne ])ortion de liquide est agitee dans un tube avec qualre voiiuncs d'ether a 6i°Baume,et le melange abandoiine au repos. En pen dinstants il so rassemble au fonil une coucbe aqueuse presque limpide; cellc-ci est surmontee par une coucbe intermediaire demi-opaque, formant la uue sorte de septum entre la couche aqueuse inferieure et une troisieme couche, superieure, constituee par I'l^ther. La couche aqueuse inferieure, comme le septum, examinee au micro- scope, ne laisse plus apercevoir le pointille primitif qui se voyait dans la lymphe. Ebullition. — Fiend le liquide plus opaque. De plus, il s'eleve a la surface et sur les parois du tube ime sorte de CDagulum ecumeux pen abondaiit. Au microscope, on voit alors que la plupart iles petits points noirs dont nous avons parle, sous le noni de granulations moleculaires, sont devenus bienplus visibles. hi KBliLi.rrroN et acidk acetiqie au 8°. — Coaguluni flocoiineux aboij' dant, baigncpar une petite qiiantitc de senim presqiie linipide. Alcool a 90° CEN'TiGR., 4 VOL. — Blancliil fortement le lit|uide, ot y produit de suite des flocons restant tres-divis6s. AciDE MTUiQiE. — Traiisfonne leliqiiide en une bouillie Mancbe; celle-ci , vue au microscope , se montre composec d'amas jaunatres pointilles, comme pelliculeux. Un exces d'acide fluidiiie le melange, diminue beaucoup son opacity et le rend jaunatre pale. Ammoxiaque. — Diminue sensiblement Topacite de la lymphe, sur- tout si Ton considi're le liquide en goutte; cependant, vu en masse, il conserve son aspect blanc laiteux. : seulement, au microscope, on ne pent plus distinguer les lines granulations. Repos. — Une portion de lymphe (itant abandonnee au repos pen- dant vingt-quatre heures, ilse rassomldc a la surface un creWor blanc mat, dans lequel le pointille primitif est rendu plus apparent. Une petite portion de ce cremor, cnlov^e et traitee par Tether, s'y dissout en presquc totalite, ot laisse seulement indissoute une trace qui, au microscope , se montre compos^e d'amas informes , d'aspect nn peu pelliculeux dans certains points. Le liquide au-de.-sous duquel s'etait ibrmee la couclie de cremor avail perdu de son opacite, tout en con- servant cependant son aspect blanc laiteux. Saturation. — 1 gramme de lymphe a ele additionne d'acide lacti- que sirupeux a 2 pour 100, jusqiTa ce qu'on soit arrive au point d(; neutralite sur les deux papiers de tournosol; on a consomme, jjoiir en arriver la, 0,37 de ce liquide acide (1). Par le fait de cette saturation, la lymphe a pris une teinte qui avait quelque chose de plus blanc mat et de moins jaunatre. Au micro- scope, on remaniuait que Taspect pointille (Mnit devemi plus ap- parent. Par un repos de vingt-quatre heures, cette lymphe a aussi laisse former a la surface un cremor blanc; mais le liquide sous-jacent est rest6 bien plus opa([ue que dans la lymphe non saturee. Agitee avec de I'ether, elle ne s'est point autaut (^claircie, a beaucoup pres, que la lymphe naturelle; le li(|uide aqueux, rassemble au-dessous de la cou- che 6th6r6e, a conserve un trouble sensible, dii a des llocons de con- (1) 1 gramme de smim ilu sangd'mi liomme atteuit de bronchitc a exige, pour rtro Pittiuv de la memo maniere, 0,50 dii mi'-me acide. 48 sistance un peu gdatineuse, et qui ofTrent au microscope I'aspect de debris pelliculeux pointings ou globulaires. Melangr avec serum de sang. — 1 volume de lymphe; 2 volumes de serum de sang limpide (le meme que celui dont il est parl6 a I'ar- ticle precedent). La lymphe perd, par ce fait, une partie do son opacite, et cela dans une proportion que comporte une forte addition de liquide limpide. Le melange est abandonnci au repos pendant vingt-quatre heures. Mors on trouve le liquide separe en deux couches : I'luie inferieure, presque aussi limpide que le serum primitif, occupe environ les 6 sep- * tiemes de la masse de liquide; I'autre superieure, opaque , d'aspect cremeux, en occupe 1 septieme. Cette creme, agitee avec de I'^ther, s'y comporte comme celle qui avail 6te recueillie sur de la lymphe pure, c'est-a-dire qu'elle s'y dis- sent en presque totalite, laissant sculement quelques vestiges, qui se montrent au microscope avec la forme d'amas confus, jaune pale, quelquefois d'aspect feuillete, le tout plus apparent cependant qu'avec la lymphe pure. ANALYSE DU CAILLOT. FiBRiNE. — Les deux tlocons recueillis dans les 30 grammes de lymphe primitive ayant ele reunis, on les a lav6s dans un peu d'eau. Us se sont ainsi partiellement decolores, et se sont reduits en une pe- tite masse s'litirant a la maniere do la fibrine. "' Celle-ci, dessechee jusqu'a poids constant, pesait O^''- ,017, soit 0,056 pour 100 grammes de liquide. Nous avons neglige la petite proportion de matiere colorante rcs- tante et do matiere grasse; cet excedant de poids t'tait an moins com- pense par la souslraclion de quelques parcelles ducoagulumsoumises a I'examen microscopique. ANALYSE DE LA PARTIE LIQUIDE DE LA LYMPHE. On prend : 20 gr. de lymphe separte de son caillot ; GO gr. alcool h 90° 1/2 centesimaux. On melange et on laisse reposer pendant vingt-quatre heures. Mors on trouve au fond du vase un dep6t blanc mat (compose des matieres cas^iforme et grasse), surnage par un liquide paille limpide. 49 Ondecantesur un filtre tar^; on y verse ensuite ledt'p6t lui-mfime, et on le lave avec 20 gr. d'alcool a 70° cenlesiraaux. Ge dep6t coniprime est detache du iiltre, egouUe et seeing. On Ic pulverise alors liuement, et on le trailc ii trois reprises par de Tether bouillant. Gelui-ci evapore, laisse pour residu la maliere grasse , sous forme d'une couche jaunatre pen ferme. Gette matiere grasse (1), dessechee a poids constant, pese 0,0765, soit 0,382 1/2 p. 100. La poudre ainsi (ipuis6e par I'ether et constituant la matiere cas6i- forme, est secliee de nouveau et amende a poids constant : ce poids est de 0,855, soit 4,275 p. 100. Le liquide liydroalcoolique au milieu duquel s'etait form6 le pr6- cipite de malieres grasse et caseiformo est expos6 au bain de va- peur, apres y* avoir ajoute Talcool de lavage. Le liquide, amene en consistance sirupeuse, est expose a I'^tuve; il laisse finalement pour residu une couche extractive jaunatre, seche, qui, dessechee jusqu'a ce qu'elle ne perde plus de son poids par une exposition plus prolongee a Fetuve, pese 0,26, soit 1,300 p. 100. 0,20 de matiere cas6itbrme incineres laissent un residu salin blanc mat,un pen roux, pesaut 0,004, dont la moitie (0,002 on 1 centiemede la matiere) se compose de phosphate terreux insoluble, avec trace de fer (2), et I'autre moitie de sels solubles ollYant une forte reaction alca- line (chlorure, phosphate et trace de carbonate sodiques). La moitie du residu hydro-alcoolique, inciner^e, laisse une couche d'un blanc gris, pesant 0,073, soit 0,730 p. 100, compos^ede chlorure, phosphate et carbonate sodiques. L'autre moitie del'extrait hydroalcoolique, reprise par un pen d'eau, forme une solution trouble ; celle-ci, vers^e sur un filtre, laisse ecouler tres-lentement un liquide paille qui, bouilli avec le r^actif de Barreswil, indique une notable proportion de sucre. (1) La petite quantite c[ue nous en avons recueUlie ne nous a pas pormis de reclierclier a quelle especc de corps gras nous avons eu affaire. Nous savons seulement que son point de fusion est analogue a cchii du beurrc de lait de femme. (2) La matiere cas^euse du lait renferme aussi une petite quantite de fer. MKM. 50 RESVLTAT DE L'ANALI'BE UE I.A LYMPHE. D'APR^S CE QUI PRECEDK. Pour 100 grammes. Fibriiie 0,056 Maticrc grasse 0,382 , Matiere caseiforme, coiilenant seuleraent 1 centi^me de son poids dc phosphate terreux, avec traces do for 4,21.)' Extrait hydroalcoolique , coutenant du ' siicre et ayant laisse par incineration 0,730 dun melange salin compose dc chlonire, phosphate et carbonate sodi- ques 1,300 Eau 93,987 100,000 Pendant Timpression de notre travail , I'occasion setaiit presentee d'extraire unc derniere fois de la lyniphe, nous en avons profile pour completer autant que possible nos recherclies sur la composilion de cette liumeur. Void en quelques mots les resultals que nous avons ob- tenus. LYJIPHE DU 28 jriN 1854. Quantity extraite 57 grammes. Quantitc analysee. ... 50 — H^sultats rapport(5s a 100 grammes. L'aspect de cette lymphe et scs proprietes sont generaleinent les memes que dans les cas precedents. La partie s6par6e du caillot fibriueux, blanclialre, laiteuse, portee a TebuUition , produit parcillement uue mousse ecumeuse rcnfcrmant quelques flocons de matiere coagulee, et lorsqu'on adjoint I'acide ac6- tique a laclion de la chaleur, il se produit des llocons abondants. RESULT AT DE LA SECONDE .\NALYSE. Fibrine 0,0C3\ Matiere grasse ftisiblc a 39° C. . . . 9,920 Matiere caseifoime 4,280 1 Extrait hydroalcoolique , conte- nant du sucre au nombre de ses el(5ments 1,2G0^ Eau 93,477 100,000 I 51 0,20 de la matiere caseilbrme ont laisse par incineration 0,003 d'uu rt^sidu salin blanc assez pur, dout 0,002 se composaient de phosphate terreux insoluble et 0,001 de sels solubles tres-alcalins. Une portion de I'extrait hydroalcoolique inciueree a laiss6 un r^sidu de sels solubles dans I'eau, dont le poids, rapport6aux 1,260 ci-dessus, 6tait de 0,820. La quantitc de chlore contenuedans ce residu etait de 0,388. Si Ton suppose quecette quantitefut tout entiereal'etat de chlorure de sodiuni, cela correspondrait a 0,640 de ce sel. Le reste de I'extrait hydroalcoolique a 6t6 consacre a la recherche du Sucre. La reaction caract6ristique de celui-ci sur le liquide cuivre a ete, corame dans la premiere analyse , on ne peut plus manifeste. Nous avons meme essay6 de le doser, mais il ne s'est point trouve assez de produitpour achever I'exp^rience; seidement nous croyons pouvoir dire qu'il y en avait moins de 0,050 pour la totality de I'extrait hydro- alcoolique ci-dessus (1). Les r^sultats ici obtenus sont done presque tons les memos que dans la premiere analyse ; il n'y a de difference marquee que pour la quan- tite de matiere grasse, qui est pres de trois fois plus considerable dans la deuxieme. Sous ce rapport, c'est comme dans le lait, ou r616ment essentiellement mobile , quant aux proportions , est aussi la matiere grasse. Le caillot fibrineux rose retire de cette lymphe , et bien <5goutt^ comme il est dit ci-dessus, a 6tc incin6re dans une tres-petite capsule de porcelaine. Le residu consiste en une couche saline leg^rement rousse par places. Ce rfeidu, repris par 2 gouttes d'acide chlorhydrique et 2 gouttes d'eau, se dissout en donnant au liquide une couleur citron. (1) Nous aurions voulu soumettre la matiere qui reduit I'oxyde de cuivre a r^preuve decisive de la fermentation ; mais nous n'avions pas assez de lym- phe pour cela. Aussi, tout en admettant la presence du sucrc comme extr6- mement probable, nous sommes forces de convenir qu'elle n'est pas au-des- sus de toute contestation. Dans tous les cas, on voudra Iden remarquer que la pri^sence du sucre n'a pas et6 autrement demontree dans une foule de cir- constances, et particuli^rement dans les liquides d'apparence laiteuse, dont nous parlerons plus loin. Gette solution offre les proprietes suivantes : Sulfocyaimre de potassium. — Coulcur cerise pale. Cyanure feri-osopotassique. — Coulcur vert ponimo, sans precipile. Solution de tannin. — Rien d'abord; mais quand on saturc ensuite par du carbonate de soude , le liquide se colore en violet en meme leraps qu'il se trouble. Ainsi la presence du fer est lei nianifeste. Nous ajoutcrons que rien, dans ces reactions, ne nous a fait soup- conner que la proportion du metal lut ditTerentede ce qu'elle est dans les globules retires du sang meme. L'action de r*^ther sur la partie liquide de la lymplie montre bien que I'opacite de celle-ci est due presque tout entiere a la prc^sence des granulations de matiere grasse que le microscope nous a deja fait re- connaitre, et qui constituent ce fin gresille oupointille dont nousavons parl6 plusieurs fois. Si le s6rum ne devient pas alors tout a fail lim- pide , cela depend sans doute de ce qu'il tient encore en suspension quelques-uns des globules blancs ou rouges qui contribuent, dans une certaine mesure, a Fopacite de la lymphe. Peut-etre aussi la matiere proteique , sur laquelle nous allons revenir, existe-t-elle en partie a r6tat de molecules solides, comme cela se voit pour le caseum dans le lait. En tout cas, il est probable que le cremor, qui est forme essen- tiellement de matiere grasse, renferme neannioins un peu de corpus- cules albuminoides. L' Ebullition indique qu'il y a dans ce liquide une trace de matiere proteique pouvant etre rapportee a I'albumine ; mais il semble que la plus grande partie doive etre attribuee au cas6um, puisquelle ne s'ost coagulee que sous rinlluencc do la clialeur, aid6e d'uu acide. Et cependant telle n'est pas la conclusion que nous croyons pouvoir tirer deflnitivement. En effet, cette matiere protdque, isol6e par I'analyse, n'a fourni par incineration qu'un centierae de sonpoids de phosphates terreux, tandis que nous n'avons jamais vu de caseum, retire d'un liquide alcalin ou neutre, qui en ait fourni moins de 3 a 5 centieraes. La librine el I'al- bumine, au contraire,nenousenonl jamais fourni plus d'un cenli6me, et quelquefois moins. De plus, les phosphates terreux fournis par rincin6ration du vrai cas6um sont a peine alcalins ou meme pas du tout au i)apier reactif, 53 tandis que celui dont nous parlous ici contenait un melange de sels alcalins qui out du en etrc separes. Nous pensons done , d'apres cela , ([ue la matiere ici examinee doit etre rapportee a I'albumine , ou plutot a I'une de ses modilica- tions. Si Ton compare les caracteres de la lymphe fournie par la dame X. a ceux de la lymplie humaine decrite paries auteurs classiques, on sera tente de croire que ce sent deux liquides d'une nature differente. Celui queM. Caraille Desjardinsnous a fourni I'occasion d'etudier res- semblc, au premier abord, beaucoup plus a du chyle dont il a I'opa- cite et I'aspectlaiteux qu'ii de la lymphe proprement dite, qu'on nous representc comme etant ordinairemeut linqiide ou tres-legeremcnt opaline. Gependant la lecture attentive de 1' observation placee en tete de ce travail ne permet aucun doute sur I'origine reelle de ce liquide evidemment contenu dans le systeme lymphalique. Et comme ce sys- teme ne presente ici d'autre alteration qu'une dilatation de ses vaisseaux, il est inliniment probable que la lymphe qu'il charrie est aussi nor- male que pent I'etre lesang en circulation dansdesveines variqueuses. A la verite , cette dilatation , ainsi que la direction retrograde du courant,implique I'existcncc d'un obstacle place au-dessus des am- poules inguinales. Des lors on pent se demander si cet empechement mecanique n'est pas situe dans le ventre et s'il n'est pas dispose de telle sorte que, s'opposant a la fois a la progression du chyle et de la lymphe, il se fasse au-dessous de lui un melange de ces deux hu- meurs. Mais, pour que cela fut, il faudrait quel'obstacle eiitson siege au dela des ganglions mesenteriques, sur letrajet ou dansle voisinage des gros Irenes lymphaticjues qui apportent leur tribut au reservoir de Pecquet. 11 devrait exister par consequent une dilatation presque ge- nerale des chylifercs et des lymphatiques des membres abdorainaux. Or c'estce qui n'a pas lieu, puisquc la lesion vasculaire dont il s'agit est restreinte a une partie seulement de la cuisse gauche. Tout indique, au contraire, que I'obstruction ne remonte pas meme jusqu'aux gan- glions iliaqucs externes, et qu'elle porte sur quelques-uns des gan- glions de I'aine ou sur leurs vaisseaux cfferents. Dans cette supposition, nous comprenons que les choses se passent de la maniere suivante: La lymphe ament-e par les lymphatiques superficiels et profonds du membre inferieur, rencontrant un obstacle, distend ses vaisseaux et 54 cherche une voie detourn6e pour rejoindre les ganglions plus rappro- ch^'S du canal thoraciquc. Les lymphatiqucs profonds soutenus par Ics muscles rcsistent a rampliation ; les lympliatiques sous-cutanes se laissent, aucontraire, dilater, ainsi que les r^seaux dont ils provien- nent et meme les reseaux des regions voisines, par suite des anasto- moses. Bient6t ces canaux elargis suffisent au passage de la lymplie qui aurait du gagner directcraent les ganglions iliaques et qui, trouvaut ailleurs une issue, va desormais, par un trajet retrograde, se rendre dans les ganglions pelviens en traversant les regions p(5rineale et fes- siere. Alors, la stase n'existant plus, la dilatation passive n'a plus de raison d'etre ; il reste seulement cette ampliation active de certains canaux supplementaires qui sont parcourus par un coiu"ant liquide plus abondant. G'est ce qui explique I'absence de toute lesion appa- rentc du systemc lymphatique dans toute I'etendue de la jarabe et dans la partie inferieure de la cuisse chez la dame X... Le meme mecanisme rend egalementcompte deplusieursau tresparti- cularit6s consignees dans I'observation deM. Desjardins, et verifiees par nous : a savoir , la possibility d'intercepter le cours de la lymphe dans les varicosites sus-dermiques en comprimant la cuisse entre ces vesicules et les grosses ampoules, ou d'activer son ecoulement en comprimant les ampoules elles-memes. En effet, la lymphe parcourant les vaisseaux superficiels et profonds du membre, suit sa direction r6guli6re et af- flue comme toujours dans les gros vaisseaux afferents des ganglions inguinaux. Jusque-la rieu n'est change. Mais arrivee en ce jioint, elle est arrette par les ganglions devenus, par h^T^othese, impermeables, s'accumule dans les renflements ampullaires des gros lymphatiqucs comme dans des reservoirs ; puis , se d^toumant de sa route habi- tuelle, elle s'echappepar des voies coUaterales en sens inverse de sou cours naturel. La conclusion a tirer de tout cela, c'est que la lymphe soumise a noire 6tude 6tait exemple de melange avec le chyle, aussi bien que de toute autre alteration, et que nous sommes en consequence autoris6s a la donner comme typ^ del'etat normal. Ou ne pourra done plus dire, avec Miiller, « que la liqueur incolore du sang est en quelque sorte la lymphe de ce liquide, » ni soutenir « que la lymphe est du sang sans corpuscules rouges (1); » car la lym- (t) Man. de physiol., trad, franr. par .lourdan, ^d. dc Littrci, 1. 1, p. 118. 00 pile, dans Fespecu huinaine du moins, n'est ni limpide iii incolore, el les globules sanguins en font partie integrante au meme litre que les globules blancs appartiennent au sang. L'eiTCur dans laquelle on est tombe a cet egard provient sans doute de ce qu'on a eu presque toujours en vue la lymphe de certains ani- maux inferieiirs on, dans que!f[ues cas rares, de la lymphe humaine alterec. Telle etait probablement celle qui s'^coulait de ces fistules dites lymphaliqties, sur la nature desquelles M. le professeur Berard conserve encore des doutes (1). La graisse fail ^galement partie constituanle du conlenu des vais- seaux lymphatiques, el nous avons vu qu'elle y exisle parfois en forte proportion (2). Quand on reflechil a rorigine de la lymphe, on alien d'etre surpris qu'elle ne se soil pas montreeplus souvent opaque que nele disenlles auleurs. En efi'et, ce liquide n'est qu'une sorle de chyle forme aux d6- pens du corps de ranimal lui-meme, c'est done un chyle provenant de raatieres azotees el graisseuses (3) ; seulemenl la proportion de graisse qu'il renferme doit etre faible chez les sujets maigres el forte chez ceux qui ont de rembonpoint el son opacitc doit varier suivant les memes circonslances. Ainsi Ton pout s'allendre a trouver la lymphe gen^ra- lement un pen moins 0])aque chez I'homme que chez la femme ; elle sera plus sereuse chez les individus qui gagnenl en poids que chez ceux qui maigrissent, soil que I'amaigrissement resulte d'un 6tal ma- ladif ou d'une nourriture insuffisante. L'alimentalion elle-meme ne saurait etre sans influence sur la composition de la lymphe. Quand, apres un repas copieux dans lequel les matieres grasses sont entries pour une bonne part, le serum du sang est devenu laiteux, il est im- possible, quel que soil le mode de communication exislanl entre les systemes lymphatique et sanguin, de ne pas admetlre que la lymphe participe a cette exuberance momentan^c de principes gras. Ajoutons que cette source do matieres grasses sera d'autant moins considerable (1) COURS DE PHYS., t. II, p. 776. (2) Toutefois cette proportion est g^nSralement inferieure a celle du chyle. (3) A moins qnc la graisse ne soit pas assujettic a ce mouvement de com- position el de decomposition qui entralne dans un tourbillon continu toutes les molecules des corps vivants. 56 que ractiviti!; rcspiratoiro cuLraiaera plus rapidenient cos matcriaux combustibles. En un mot, Topacite dc la lymphe coiuniecelle du chyle doit etre proportionnelle a la quantite plus ou moins considerable de matieres grasses que Ics r^seaux lymphatiques absorbent dansles tis- sus ou puisent dans le sang, ot sous cc rapport les differences indivi- duelles ou accidcntelles seraient peut-etre plus tranchees que cellos qui derivent de Tespecc ou de la classe a laquelle I'animal appartient. On pent meme prevoir que dans I'etat de jeune prolonge la lymphe des herbivores deviendrait identique a celle des carnivores, toutes choses 6tant 6gales d'ailleurs (1). L'undes fails les plus importants sur lesquels nous ayons a iiisister ici est assureraent la presence constante d'une quantite considerable de globules hematiques, qui jusqu'a nous avaient ete refuses a ki lym- phe ou consideres conime accidentels (2). Or, dansle cas dontM. C. Desjardins a retrace I'histoire, aucune circonstance ne pent faire pen- ser a Tintroductiou accidentelle du sangdaus le fluide extrait des lym- phatiques. Ainsi que I'a fait remarquer cet observateur attentif, les renflements vesiculeux du reseau supcrQciel de la cuisse sont verita- blement sous-epidermiques ; d'ailleurs les parois de ces especes de vesicules sont minces, pcUucides, sans apparence de vascularisation rouge et leur piqiire ne determine pas le moindre 6coulement de sang capable de souillcr la lymphe. D'oii nous inferons que celle-ci renfermc normalement des globules hematiques, etqu'il n'estpas besoin du re- flux du sang dc la vcine cave, invuciue par MM. Gruby et Delafond apres Th. Bartholin, pour rendre conipte de la coloration rose du li- quide mixte contenu dansle canal thoracique (3). C'est evidemment a la presence de ces corpuscules que la lymphe doit ses nuances jaune, rougeatre ou vermilion ; c'est sans doute aussi a la meme cause qu'il faut attribuer les teintes analogues offertes par le chyle. Les travaux chimiques d'Elsner, d'Emmert, deVauquelin, de (1) Les memos rcmarquos s'appliquent au cliyle dont I'aspect laiteux pout ^tre obtemi aussi bien par I'lngestion de graines olt'agineuses que de viandes chargees de tissu adipeux : il n'y a done aricune dill'erence essentielle entrc le chyle des herbivores otcelui des carnivores. (2) Hewson avail pourtant veconnu des globules hematiques dans la lymphe rouge de la rate. (3) M. P. Berard (Cours de phys., t. II, p. 755) a deja combattu cette inter- pretation. 57 Tiedemtinii etGmeliii, etsurtoutles observations de Schmidt, Schultz, Gurlt, Valenliu et Emracrt, qui y ont vu des globules du sang, avaient rendu cette opinion vraie en ce qui regardo le chyle ; le microscope I'a rigoureusement etablie, dans le cas actuel, en ce qui concerne la lymphe ; nous esperons done que nos recherches contribueront a ju- gcr deiinitivcmont cette question delicate a laquclle M. le professeur Biirard a cru devoir consacrer d'assez longs di'veloppements en raison des graves diflicultes dont elle etait encore cntource (1). Nous en dirons autant de cette discussion soulev^e par Haller sur I'existence du fer dans le chyle et qu'on pourrait etre tente de repro- duire a propos de la lymphe. 11 snffit d'avoir demontre que cesliquides renferment des globules sanguins pour qull soit constant qu'ils re- ci'lent en meme temps du fer, car le fer est un element constitutif tenement indispensable a la raatiere colorante rouge du sang que nous aurions pu en admettre la presence dans notre lymphe sans I'y avoir demontree chimiquement. Mais, ainsi qu'on I'a vu plus luuit (2), nous avons recherche par des procedes tres-sensibles la presence du fer dans le caillot rouge, et nous I'y avons constatee d'une maniere indu- bitable. Non-seulemcnt la lymplic renfermc une quantitc considerable de globules sanguins , mais ces corpuscules y presentent des moditi- cations singulieres sur lesquelles nous reviendrons plus tard. Les particularit^s relatives aux globules blancs trouvent ici leur place Nous rappellerons que, contrairement aux observations do la plupart des auteurs, la tres-grande majorite de ces globules otl'rait un diametre moitie moindre que celui qu'on leur assigne generale- ment et ne paraissait pas avoir une parol cellulaire distincte. Ce sont ces petits globules qui sont les vrais corpuscules de la lymphe pour Schultz et probablement aussi pour Muller. Leur abondance nous porterait ii leur accorder la meme valeur. Au reste, ces corpus- cules pourraient bien n'etre qu'un premier etat des globules vo- lumineux analogues aux globules blancs du sang qui portent plus generalement la denomination de globules propres de la lymphe (3). Ceux-ci ne nous ont jamais presente les dimensions enormes notees par (l)CouRSDE PHYSIOL., 17', 18' et 19' livr., 1850. (2) A I'occasion de la deiixieme analyse (3) Ce point sera discute dans une autre partie de ce travail. 58 certains auleurs qui, comme Henle, Ics oiitvus acqu(^'rir uu diaiiiehe double de celui des globules sanguins ; leurs noyaux ne se sonl [tas montres divises en plusieurs lobes ; enfin nous n'avons pas remarque, au moins dans la lymphe recente, ces petites masses decrites aussi ])ar Henle qui seraient des noyaux sans cellules unis par deux ou trois, en sorte qu'une soniblable disposition nous parait cnticroment fortuite et due tout simplemeut alagglutiuation de certains elements apres la coagulation. ?{otre analyse cliimique differe aussi sous plusieurs rapports de celles qui sont consignees dans les livres. Ces differences portent principale- mont sur la matiere grasse, la substance alburainoide et la fibrine. Tandis que nous avons obtenu une premiere fois 0,382 el en dernier lieu 0,920 de graisse sur 100 parties de lymphe, Marchand et Colberg n'en ont trouve que 0,264, Rees en signale seulement des traces et Gmelin ne I'indique pas du tout. Dans notre cas, la proportion de ma- tiere albumineuse s'eleve de 4,275 a 4,280 ; elle est presque une fois plus faible dans celui de Gmelin (2,750) ; dans le fait do Rees, en re- unissant les trois substances qu'il d^signe sous les noms de matiere albumineuse et de raatieres animates extractives solubles dans I'eau et I'alcool ou dans I'eau seulement, on ne trouve pour chiffre total que 2,759; enfin Marchand et Colberg n'en accordent que la dixieme par- tie de la quantite extraite par nous, ou environ la dixieme partie de celle qui a 6te trouvte par les autres experimentateurs (1). En revan- che, les chimistes de Halle comptent jusqu'a 0,520 de fibrine, c'est-a- dire pres de dix fois autant que nos recherchos nous en ont fait ren contrer dans le meme poids de lymphe. Or, bien que les chiffres don- nes par Rees (0,120) et surtout par Gmelin (0,250) s'(:'loignent beaucoup moins que le notre de revaluation de Marchand et Colberg, nous ne pouvons nous defendre de penser que I'analyse de ces derniers savants est entach6e d'erreur (2). D'une part, nous ne comprenons guere que la lymphe soit si pauvre en albumine, et d' autre part il nous semble peu (1) En y ajoutant rosmazone, soit 0,312, on n'obtiendrait encore que 0,746 de mati^ros albnmino'ides. (1) D'aillcurs il est permis de se demander si Gmelin cl Rees, qui ne soup- ronnaient pas la presence d'une grande quantite de globules emprisonncs dans iereseau flbrineux, ont pris la precaution de laver le eaillot, et s'ils out eu, comme nous, lesoin de le dcssecher jusqu'a poids ronslaut. 59 probable qu'elle renferme une proportion de librine supt^rieure acelle qui est normale dans le sang, ia faible quantite de lymphe sur la- quelle Marchand et Colberg ont du operer (puisque d'apres Henlo (1) ils n'en auraient pu recueillir qu'un gramme et domi dans I'espace de vingt-quatre hcurcs) cxpliquerait siiflisammeiit Fincxactitiide de quelques-uns de leurs resultats. Au reste, nous ne sommcs pas les pre- •miers afaire ccs rellcxions qui a'etaient aussi presentees a I'espritdu plus grand chimisle sutklois, de Tillustre Berzelius. Notre analyse revele dans la lymphe un principe immc^'diat dont I'existence n'avait pas encore ete signalee dans cette humeur, a savoir : une espece de sucre. Est-ce a du sucre de lait ou bien a du sucre de diabetes que nous avons eu affaire? C'est ce que nous ne pouvons pas savoir, attendu que nous avons dii nous contenter de la reaction or- dinaire des niatiercs sucrees sur les sels de bioxyde de cuivre (2). ANALOGIES DE LA LYMPHE AVEC LE CHYLE, LE LAIT ET LE SANG. Bntre le chyle et )a lymphe, la similitude est si grande qu'elle con- stitue une quasi-identite : la seule distinction serieuse que Ton puisse etablir entre ces deux humeurs est fondee sur les proportions inverses d'elements du caillot et de matieres grasses qu'elles renferment. D'un autre cote, MilUer et M. Dumas ont fail ressortir, par d'ingenieuses con- siderations, les liens etroits qui unissent la lymphe au sang lui-m6me. Apres la description que nous venons de tracer, ces rapports paraltront plus intimes encore. En effet si, comme nous I'admettons, la lymphe renferme normalemcnt au nombre de ses principes les globules san guins,onpeut dire qu'elle ne differe du sang que paries quantitesabso- lues et relatives des Elements qui lui sontpresque touscommuns avec ce dernier. 11 est inutile d'insister davantage sur ce point si bien mis en lumierc par les eminents physiologistcs que nous venons de citer. Mais nous voulons fixer un moment I'attention sur les analogies moins appreciees qui existent entre le lait et le s6rum, ou mieux la liqueur de la lymphe. (1) Loco cit., p. 445. (2) Nous avons eu le soin de dire prcccdemmcnt qu'a la rigucur cette reac- tion n'est pas meme sufTisante a demontrer sans replique la presence d'un Sucre, bien qu'elle la rende tres-probable. 60 A part les globules blancs et rouges qui out echappe a Taction coer- citive du caillot flbrineux, le scrum de la lympbe est, comme le lait, un liquide emulsif qui doil son aspect ii de la matiere grasse en sus- pension sous forme de granules ou de gouttelettes extremement fines. Comme le lait aussi, il tient en dissolution une double matiere albumi- no'ide. L'une n'est autre que de Talbumine proprement dite; I'autre, plus abondante, est assez semblable au caseum, dont elle a les prin- cipales reactions, mais il lui manque une certaine proportion de phosphates terreux. Quant aux sels, ils sont les memes dans les deux cas. Pour completer ce parallele, il ne manquait done qu'une seule chose, c'etait de trouver dans la lympbe une matiere sucree analogue au Sucre de lait; notre analyse tend a combler cette lacune. En presence d'une si parfaite analogic, la distinction parait bicn dif ficile a elablir entre les deux liquidcs lorsqu'on n'agit que sur de pc- tites quantites. Aussi pensons-nous que la denomination de galacto- ccles, imposee a des collections d'un liquide lactescent dans certaiucs cavites normales ou accidentelles, n'est pas suffisamment justitiee. Quand on avait constate, dans ces liquides plus ou moins opaques, de la matiere grasse emulsionnce, plus une substance albumino'ide precipitant seulement par la chaleur aidee d'un acide ct une matiere reduisant Foxyde de cuivre, on croyait avoir affaire a du lait. Cepen- dant ces caracteres couviennent egalement aus^rum de la lympbe, et comme ccUe-ci se trouve uormalement dans toutes les regions du corps, tandis que le lait ne se rencontre que dans un seul organe, il est beaucoup plus ualurel de supposer que c'est de la lympbe epancbee qui conslitue les collections dont il s'agit. Telle 6tait probablement la nature des deux tumeurs scrotales decrites, la premiere par Loevig (1) et la dernierc par M. Vidal {de Cassis), lesquelles seraient par conse- quent raieux designees sous le nom de lymphaloceles. Pour etablir sans replique qu'une tumeur morbide, placee a une grande distance des mamelles et sans communication appreciable avec ces glandes, renferme du lait proprement dit, il faudrait qu'on se fiit assure parti- culiercment que la matiere grasse a laquelle ellc doit son opacite est rtellement du beurre, ([ue la matiere reduisant Foxyde de cuivre est bien du sucre delait, et que la substance albuminoi'de est du veritable caseum accompagne de sa proportion normale de phosphates terreux (I) Cite par Henle, Encyclop. ;V>'AT., t. VI, p. 45. 61 OrM. Grassi, quiafaitl'analyse dii liquide laitoux retm'; dcs bourses par M. Vidal, note pri^cisement que ce liquide lie reiifermait pas do phosphate de chaux, ce qui eloigne I'idee iiu'cn avail reellement affaire a du case urn (1). D'autres faits, plus ou moins analogues, consignes dans les recueils scientifiques, sont passibles des menies objections. Tel est le cas d'un ecoulement de lait de la ciiisse d^une femme, dont leproduit recueilli par le doctcur Zamini (de Savonc) a ete ana- lyse par Ic professeur Cannobio (de Genes), qui croit pouvoir admettre I'existence du beurre, du caseum et de la lactine ou sucre de lait, en s'appuyant sur des experiences non suffisaninient demonstratives (2). D'ailleurs, par I'aspect et la composition chiniique, le liquide dont parte le chiniiste genois se rapproche beaucoup de notre lyniphe; I'e- couleraent avail egalemcnt lieu par la region de la cuisse ; niais I'ab- sence de details nous empeclie de savoir si, dans ce cas comma dans celui de M. G. Desjardins, il s'agissait aussi d'une lesion des vaisseaux lymphatiques. Nous n'entreprendrons pas la revue critique de ton les les observa- tions du meme genre; cette discussion nous entrainerait trop loin. (1) Grassi, Journ. deciiim. et de piiarm., t. MY, 1848, p. 3G4. (2) Cannobio, Joubn. de piiarm. et deciidhe, t. Mil, 1845, p. 123. « RECHERCHES DES VILLOSITES DU CHORION ET DU PLACENTA, lues k la Soci^le de Biologie, le 4 Tevrier 1854 , Par M. le Docteur CHARLES ROBIN, Professeur agr^g^ 4 la Faculty de mMecine, etc. REMARQUES PRRLDFINAIRES. L'aspect exterieiir qui nous est offert par les produits morbidcs de tout genre n'esl que la resultanie, si Ton pent ainsi dire, du derange- ment de la disposition norniale de parlies elenieulalres du corps, que I'oeil nu ue pent apercevoir. Ce dt^'rangement est, du resle, presque toujours cause par une modification de structure de ces elements, par leur alrophie, leur liypertrophie, la imiltiplication exageree de leur nombre a un point do\m6 de I'economie, par la production dans leur epaisseur de granulations graisseuses ou autres, d'excavations meme, ou par la production entre eux d' elements d'autres especes, etc. L'as- pect exterieur de certains produits morbides pent encore etre du a ce que ceux-ci se trouvent etre formes principalement ou entierement d'especes d't^lt^ments dont on ne rencontre aucune trace dans I'orga- nisme a I'^tat normal ; tels sont les corpuscules du tubercule, les noyaux et cellules du cancer, etc. G'est de lesions du premier genre 64 que je vais m'occuper. Mais quoi qu'il en soit, le fait important i\ signa- ler est que I'oxamen de ces elements pent seul donner une notion exacte de la nature des produits morbides. Aussin'y a-t-il pas ii se prii- occuper du desaccord qui existe eutre les determinations donnees par ceux qui se bornent a un examen fait in I'ceil nu et ceux qui s'aident du microscope, puisque les premiers ne decrivent que des apparences, tandis que les autres observent les corps memes, ii la reunion des- quels sont dues ces apparences. Et tot ou lard de la connaissance com- plete des dements anatomiques, resultera une reforme complete dans la maniere incomplete ou vicieuse actuelle d'envisager les produits morbides et leurs symptomes. Cherchons maintenant a nous rapproclier davantage du sujet mfimc de ce travail. L' observation monlre qu'entre I'instant de I'apparition des dements anatomiques chez I'embryon et I'age adulte, ces elements presentent des modifications snccessives; elles sont assez peu conside- rables pour que Ion puisse sur Tembryon reconnaitre les especes de fibres, de lubes, de cellules, etc., d'apres I'etude des memes especes faites sur radultc. Pourtant ces pliases d'6volution doivent eire con- nues pour arriver a une saine interpretation des Ic^sions et des pheno- menes^morbides. Gette remarque s'applique principalement aux tissus; car ce sont eux plus encore que les elements memes dont ils sont for- mes, qui sont modifies amesurede revolution foetale,par la production de nouveaux dements soit de meme espece, soit d' autre espece, entre ceux qui existaient deja. En resume, il n'y a pas d'anatomie generale sans examen des ele- ments anatomiques et des tissus, tant dans leurs pbases embryonnaires qu'a r6tat adulte et aux etals seniles ou meme morbides. II n'y a pas de determination pathogenique possible sans anatomie generale; car les produits accidentels qui provicnnont de I'hypergenese de certains elements normaux (avec derangement des autres elements voisins, qui souvent s'atrophient ou se resorbent) sont bien plus nombrcux que les produits het^romorphes. 11 y a une quantile considerable d'allera- tionsqui derivent del'augmentation de nombre oude volume des ele- ments normaux qui a tort sont considerees comme productions entie- rement nouvelles. II en est une quanlit^ plus grande encore qui sont considerees comme produits inflammatoires, qui sont dues au m^me fait, ou qui derivent de la manifestalion des proprietes de nutrition et autres encore, inlicrcnles aux eii'inents anatomiques, mais dont los 65 manifestations iiabituelles ont 6t6 accidentellemont tronbl6es par des conditions bien differentes del'inflammation. Je laisse maintenantde cote ces notions generates, resultatsde I'ofc- servation propres a guider dans Fexamen des faits qu'il reste encore a etudier ; mais il etait impossible de ne pas rappeler les moindres re- cherches qui concernent les corps organises qui restent steriles si elles ne sont faites que d'apres un vague instinct de curiosity. MODIFICATIONS DES VILLOSITES DU CHORION PRECEDANT l' ALTERATION DITE GRAISSEUSE DU PLACENTA. II est n^cessaire pour faire comprendre ce qui suit de dire en quel- ques mots quelle est la structure de la substance du chorion et de ses villosites.Ces faits, dontquelques-uns ne sont pas g6n6ralement demerits, ont deja ete publics en partie dans un rapport a la Society anatomi- que (1) et diiveloppes d'apres mes lecons dans la these d'uu de mes eleves (2), datant deja dequelquesannees. La substance du chorion et cehe de ses villosites sont identiques ; ces dernieres sont de memo nature anatomique que le premier. Cette membrane etses villositiis sont constituees par uneespece particuliere d'element anatomique, appele substance choriale. Get element est dispose sous forme membraneuse. C'est une substance amorphe, r6- sistante, grisatre, raremcut un peu slriee on fibroide par place et de loin en loin. Elle est rendiie transparentc par Facide acelique, mais non dissoute par lui . Elle est parsemee d'uu nombre considerable de noyaux ovo'ides, longs de 8 a 10 milliemes de millimetre, larges de 5 a G mil- liemes. Ces noyaux sont empales dans I'^paisseur de cette substance, et non a sa surface ; lis ne peuvent pas en etre separes, si ce n'est acci- dentellement lorsqu'on les detaclie par dilaceration; ils font partie constituanle de cet t'lement anatomique. Ils sont ecartes lesuns des autres, plus ou moins, selon les parties du chorion ou de ses villosites ; il) Cli. Robin, Rapport sur un cas de .mort et de dissolution de l'em- Bryon, par suite d'hemorrhagie des membranes de loeuf observe par M. Boussi. (Rapport fait a la Societe anatomique de Paris, dec. 1846. Bullet. DE LA Soc. ANATOM., 3« SL'iio deccunale, t. 111. — Pai'ls, 1818. Iii-S", p. 83.) (2) Cayla, De l'iivdropisie des villosites choriales (MOles iiyd.\tiques des auteurs). Paris, 18/i9. ln-4''. MEM. 5 66 les inlervallos (lui les eeparent tiont parsem^'s d une (|uantite rousiili'- raltlc de tines granulations nioleculaires, f^risitrcs la plnpart, i4 dont quol(iucs-uncs sont }>raissLnist's. Cos granulations peuvoul Otro asscz abondantes par places pour masquer en partie ou en totalitii les noyaux ; mais I'acide acetique en gonflant la substance amorplie de cet element anatomiqne (5carte les granulations, dissout en outre cclU^ qui ne sont pas graisseuses, et permetd'observer bienplus i'atilement les noyaux. Lorsque les villosit^s se developpent sur le chorion, elles sontpour- vues d"im canal central simple, taut que les vaisseaux allantoidiens ne sont pas venus s'y distribuer. Ine fois ccux-ci di'veloppes dans le ca- nal des villositfe, ce dernier est divise en conduit arteriel ct conduit veineux, qu'on peut se representer comme adosses a la maniere des deux canons d'un fusil double, mais iregulierement et en d6crivant de nombreuses llcxuositOs. La substance nuhiie de la membrane clioi'ion el de ses villosites, substance decrite plus haul, est tout ii fail depour- Yue de vaisseaux. II arrive une 6poque de revolution embryonnairc ou une partie des villosites cessent de grandir plutot qu'elles ne s'atro- phient ; elles restent sans vaisseaux, ou si elles en avaieut, ceux-ci dis- paraissentet s'atropbient; nous verrons plus loin ce qui vient remplir le canal de ces villosites. Quant aux autres, elles continuent a augnien- ter de volume, a se ramifier de plus en plus, restent seules vasculaires et constituent le placenta. Ce dernier organe est d'abord placenta fron- dosiim, c'est-a-dire forme de villosites dont toutes les subdivisions en- core peu enchevetrees,sont faciles a isoler etllottent encore sous forme arborescente trcs-delicateet^legantelorsqu'on plonge le tout dans I'cau. Bientot les ramifications s'allongeant et se multipliant, s'enchevetreut, constituent letissu placentaire plus serre, a decbirurefdamenteuse, etc. Chacp^ie villosite est devonue un cotyledon, avec sa circulation indepeu- dante de celle des autres cotyledons, car les ramillcations ne s'aiia- stomosent pas, et a cliaque extr6mite des ramifications le conduit arte- riel placentaire se recourbe en anse veineuse pour descendre franche- ment ii cote de Fartere en direction inverse. Abordons mainlcnant le c6te cssentiel de cette ^tude. Pour abreger, je ri5serverai le nom de villosites choriales a celles qui nont pas pris part a la constitution du placenta et sont repandues autour de lui, ainsi que dans toutes les parties du chorion, qui n'esl pas en contact avec la parol uterine, .le nouuuei'ai villosites placenlaires ou cotyledonaires 67 celles qui, en se developpanl el enchevelranl Icurs rameaux, ont con- stitiiL^ le tissu du placenta. nESCRIPTION DES DIVERS ETATS OFFERTS PAR LES VILLOSITES DU CHORION OU PAR LEURS RAMIFICATIONS. Si Ton observe les villosit^s choriales sur des oeufs de tout age, de- puis ceux dont le chorion meme forme una poclie du volume d'une grosse noix jusqu'a I'epoque de I'accoucliement, on constate les faits suivanls : 1" 11 est un certain nombre des ramifications desvillosites chorialeset placentaires, a tons les ages, qui ne sontpascreuses.Elles sontg^uerale- mentcourtes, ovoides, rarement cylindi'iques, allongees; souvent elles sont appendues aulroncou auxbranchesprincipalesparuncourtetetroit pt'dicule, qui semble comme etraugle a son point d'attaclie. Elles se dela- client quelquefois facilement par rupture dc ce pedicule. La substanccj de ces ramifications est generalenient remplie de granulations grisa- Ires, fines, tres-rapprochees les nnes des autros ; en memc temps on voit, soit au centre, soit dans toute I'etendue des rameaux, un certain nombre des noyaux dont il a ele question prccedemmeut. Geux-ci peuvent etre pen nombreux et 6pars, ou rapproches les uns des autres ot presque contigus. Tantot les granulations les masquent plus ou moins completement, tantot elles les laissent apercevoir avec facilite. 2° Sur les oeufs les plus jeunes, un petit nombre sont restees vides; les vaisseaux allantoidiens ne s'y sont pas introduits; elles sont par suite aplaties. Pliisieurs d'entre elles, a cette 6poque, sont remarqua- bles par la quantite considerable de granulations raolecidaires grais- seuses, a centre brillant jaunatre, a contour fence, dont leur parol est parseniee. Ces granulations, presque contigues , masquent complete- ment ou presque completement les noyaux. propres a la substance cbo- riale; mais ces noyaux peuvent etre vus lorsqu^'on emploie Facide acetique, comme il a 6ie iudique plus haul. 11 serait trop long et reel- lement superfiu de decrire ici toutes les varietes d'aspect que peuvent donner aux villosites ces granulations, selon qu'elles sont egalement distributes, ou, au contraire, plus nombreuses en un point que dans les autres , contigues ou eparses, tres-fines ou larges de 1 a 2 millie-' mes de millimetre, diametre qu'elles depassent rarement dans le cas dont je parte. 3° Sur les memes ccufs, on peut manifestemenl reconnailre que ces 68 villosit6s choriales ont pour la plupart leur conduit central exactement rempli par du tissu cellulaire semblable a celui qui forme une mince couclie a fibres peu onduleuses entre I'amnios ot le cboiion.Les fibres, toutes longitudinales, paralleles, peu onduleuses, forment un faisceau serr6, dont les extremites rompues laissent voir des fibres isolces, mais dans ime longueur peu considerable, en raisou de leur adherence r6- ciproque. Lorsqu'on examine ces villosites ainsi remplies par du tissu cellulaire, ce dernier leur donne un aspect fibroidc qui pourrait etre consider^ comme propre a la parol meme des villosites; j'ai meme etii trompepar ce fait dans le premier des travaux que j'ai cites plus haul. Mais la dilaceration brise facilement en travers la substance des villo- tes choriales ; or, comme le faisceau de tissu cellulaire qui les remplit est plus 61astique, plus resistant, il ne se brise pas au meme niveau : il peut etre arrach6 comme d'lme gaine, et forme ainsi un cylindre libra dans une 6tendue souvent considerable, qui pourtant reste en- gag6, par son autre extr6mite, dans une des portions de la villosite. Quelquefois le faisceau de tissu cellulaire n'estpasbris6 du tout; mais la game formee par la villosite qu'il remplit 6 taut rompue circulaire- ment, a 6te refoul6e en haut et en bas, en se plissant comme la man- che d'un habit qu'on retrousse. Quoi qu'il en soit, le tissu cellulaire, mis a nu, peut etre etudie facilement. On pent conslater qu'il est ac- compagne d'une petite quanlite de matiere amorphe unissante, et quel- quefois de quelques fines granulations mol6culaires. Traite par I'acide acetique, il se comporte comme le tissu cellulaire proprement dit; il devient tres-transparent, homogene ; mais pourtant il se gonfie un peu moins. En outre, on apercoit dans son epaisseur des noyaux fibro-plas- tiques un peu plus etroits et plus allonges qu'a I'ordinaire, tons diri- g6s en long, qui, avant Faction de I'acide, 6taient masques par les fibres et ne pouvaient etre apercus. 4" Les fails precedents peuvent etre constates aussi sur les villosites choriales des oeufs plus ages et a I'^poque de I'accouchement ; seule- ment le tissu cellulaire est plus serre encore que sur les reufs tres- petits. II est devenu plus adherent a la face interne de la parol propre des villosites, ce qui rend un peu plus difficile I'isolement de ce tissu dans une certaine longueur. Ce n'est pas seulement dans les villosites choriales, mais encore dans les villosites placentaires, qu'on peut con- stater roblit^ration pure du tissu cellulaire, soit d'une partie, soit de toutes les ramifications d'une villosite. Ce fait, comrae on le verra,o£fre m une grande importance. II ii'est, ou effel, pas de placenta dont ies co- tyledons, pris au hasard, n'offrent quelques-unes do leurs ramitica- tions oblit^rees, raeme en Ies prenant dans Ies parties qui offrent Fas- pect le plus normal. 5° Sur un certain nombre des villosites clioriales obliteres, on trouve a tons Ies ages de Foeuf, depuis le moment de robliteration, que leur parol propre ne reuferme plus seulement de fines granulations mole- culaires ou jaunatres; on constate en outre la presence de granulations graisseuses et de v6ritables gouttes d'liuile qui se sont d^posees dans son epaisseur. Ces granulations et gouttes graisseuses sont la plupart spheriques ou ovoides; d'autres sont uu peu irregulieres, polyedri- ques ; mais il y en a aussi, surtout Ies plus grosses, qui sont etirees en forme de larmcs bataviques ou a contours flexueux arrondis. Leur diametre pent alter depuis 1 jusqu'a 10 railliemes de millimetre. Elles sont a centre jaune et brillant, a contour net et foncc noiratre ; elles refractent, en un mot, fortemcnt la luniicre a la maniere des corps gras. Elles ne se dissolvent pas dansl'acide acetique, mais la potasse Ies attaque. Elles sont Ies unes ^parses sans ordre , Ies autres conti- gues, soit disposees en series moniliformes, soit en groupes de formes variees. C'est la ce qu'on a nomme la dcgenci-escence graisseuse du placenta^ qui n'est autre chose que la production de graisse dans des elementsanatomiques, comme ou le voit toutes Ies fois que la nutrition d'un tissu so trouve ralentie par diverses causes ou modifiee dans de certaines conditions. DK L' ALTERATION DITE GRAISSEUSE DU PLACENTA. La lesion dont il s'agit ici est celle qu'on decrit g^neralement sous le nom A'induralio7i du placenta, cncepludoide, degenercscence squir- rheuse , cancereuse et tuherculciise du placenta. Dans ces derniers temps, elle arecu celui de degeneresccnce graisseuse. La connaissance des fails precedents en simplilie singulierement letude. Cette lesion se presentesous forme de masses grisatres,moins rouges, moins huraides que le reste du tissu placentaire, ou nieme blancha- tres ; elles sont plus dures que ce tissu ct ne se laissent pas aussi faci- lement dilacerer en longs fdaments. Elles peuvent occuper une partie seulement d'un cotyledon, la totalite de Fun d'eux et quelquefois memo plusieurs d'entre eux, le quart, la moitie ou plus du placenta, ct de- terminer alors Faccouchement avant terme, etc , etc. Ainsi que Fob- 70 servo M. Druitt, c'estsurlout a la circonfcrence de rorsanc que so ren- contre cette alteration. Co sent surtout Ics cotyledons de la circonfe- rence ttui sont atteints. On pent mCmw, comme le dit ce mSdecin, ren- contrer constamraent la lesion dont il s'agit sur les cotyWdons les plus Gxtt^rieurs du placenta, aumoins sur une petite partie de quelques-uns d'entre eux; mais ce ne sont que certaines ramifications qui sont te- stes, comme je I'ai dit plus haut (4°), et elles sont perdues au milieu des ramifications restees permeables, comme celle dont j'ai parld; car II n'est pas rare de trouver des placentas qui partout ofTrent I'aspect exterieur normal, qui nuUe part n'offrent de cobj'k^dons decolorfe et dont I'aspect exterieur n'est modifit^en rien. Ce sont toutes ces lesions qui sont indiquees dans divers auteurs dassiques ou dans des publications spteiales, comme caug6es par Yin- flammation du placenta ou placenlite; mais elles ne sont qu'une con- sequence de I'cYolution naturelle aux viUosites clwriales, se manires- tant accidentellement dans le placenta, en raison de causes peu con- nues. Je dis peu connues, parce que ce sont les m6mes alterations que quelques m(^decins out considerees comme un produit resultant d'une transformation du sang^ de la fibriyie en particulier, a la suite des apoplexies placentaires dont il sera parte plus loin. a. On trouve, sur certains placentas, une ou plilsieurs portions de cotylMons, ou hien un ou plusieurs cotyledons q\ii serablent un peu deprim^s, phis durs qu'a I'etat normal, formant une masse assez com- pacte, se dechirant en petits fragments dont la surface est filamen- teuse, irreguliere. Ges filaments sont plus courts que ceux que donne la dechirure du tissu placentaire normal. Leur aspect exterieur est as- sez exactement celui que presente la fibrine arrivte a certaines phases des modifications qu'elle eprouve dans les tumeurs anevrismales, etc. Ce tissu est forme de viUosites ofl'rant robliteration fibreuse a un degr6 avance, c'est-a-dire celui dans lequel les fibres sont fortement serrees les unes centre les autres et tres-adherentes h la face interne du canal des ramifications ; celles-ci forment de petits cordons ou filaments, pleins, rt'sistants, ne se laissant pas deprimcr. La substance propre choriale est dcvenue tres-granuleuse, souventplus mince, ses noyaux sont moins nombreux qu'^ I'ctat normal, et ordinairement ne s'obtient qu'apr^s Taction de I'acidc ac6tique. Les granulations dont je viens de parler sont generalemenl pelites et grisfitres ; elles ne sont pas toutes graisseuses. II n'y a, dans le cas decrit ici, qu'un certain nombre 71 de ramifications qui otfrent des grauiiiatious graisseuses ; iln'est pas rare de trouver de ces produits dans lesquels aucune subdivision ne conlieut dc granules graisseux, meme en petite quantitc. Gependant, qnand la coloration des cotyledons est jaunatre on gris jaunatre tres- prononce, on trouve des granulations graisseuses eparses ou accumu- tecs sur beaUcoup de subdivisions, raais non sur toutes sans excep- tion. Lps villosites sont adlierentes les unes anx autres, un pen de ma- tiereaniorphe, dense, et des granulations moleculaires peu abondantes leur sont interposees. /'. II est des placentas chez lesquels une portion dc cotyledon, mais babituellement un ou plusieurs cotyledons, une grande partie meme du placenta ollVe la disposition suivante. Les cotyledons sont nettement s^paros les uns des autres par des sillons profonds ; la surface uterine du placenta ofTre des lobes saillants bien distincts, dont chacun estun cotyledon. Ceux-ci sont plus durs que le tissu normal, otTrent une cer- taine fi'iabilit^, ct ont pourtant une dechirure filandreuse, mais ne se laissent pas aussi lacilement dilacerer en lilamenls que les parties saines. Au lieu d'etre gris rougeatre, leur tissu est gris, ou gris jauna- tre, quelquefois jaune ou blanchatre, moins humide que le tissu pla- centaire sain {desscchcmeni du placentairc^ de quelquesauteurs). Plus profondemenl, en s'approcbant du chorion, le tissu reprend un peu son aspect normal, bien qu'il reste plus dense, moins rougeAtre, moins humide. Ce sont certainement des pieces de ce genre qui ont servi a M. Barnes dans sa description de la deg(5n6rescence graisseuse du pla- centa. Ces portions de tissu sont toutes composees de villosites obliterces par du tissu cellulaire, comme dansle cas dontil a 6te question ci-des- sus. Seulement on trouve que beaucoup d'entre elles ont leur substance propre parsemee des granulations gi-aisseuses decrites plus haut et sur I'arrangement ou la (piantite desquclles je ne reviendrai pas. En g(iueral, parlout oil les granulations graisseuses sont abondantes, les noyau^t de cetle substance ont disparu en partie, et meme en tota- lity, dans les portions ou ces granulations graisseuses se touchcnt et occupent la plus grande partie de I't^paisseur de cette substance. Mais il ne faut pas croire que toutes les ramifications soient ainsi chargees de graisse ; meme dans les portions les plus blanchatres, il est des ra- mifications dont les parois ne renferment pas trace de granulations graisseuses, ou dans lesquelles on n'en voit que de loin en loin. Les 72 courtes ramitications qui ii'oiil jamais 610 vasculuiri's, el monlionuees prccederament eu particuiier, ireucontiennentpas souvent. 11 ne faut pas oublier de noter un fait qu'on n' observe cependant (lue rarement, et surtout qui ne se volt que sur un petit nombre de ramiti- cations. 11 s'agit de cellos qui ne sont pas obliterees par du tissu cel- lulaire dans toute leur longueur, dont lextremite terminale a son ca- nal vide et affaisse dans une longueur plus ou moins grande, tandis que les subdivisions les plus grosses sont obliterees, comme il est dit plus haul. Les cotyledons alteints le sont toujours davantage du c6te de leur face adherente a lulerus que dans leur profondeur du cote du chorion ; la, en general, ils reprennent peu a peu leur moUesse, leur humidite et leur teinte rougeatre. Us offrent cette particularite que, sur Ic pla- centa vide de sang, ils sonl plus saillauts que sur les cotyledons sains, tandis que, sur les placentas injcctes, ils sont an contraire deprimes a cote des autres. Ce fait ticnt a ce que, sur le placenta vide, les ramifi- cations resides vasculaires se sont toutes unpeu affaiss^es sur elles- memes, bien que le conduit veineux et meme I'arti^riel renferme en- core des globules sjanguins: des lors les ramifications obliterees, ne s'affaissant pas, donnent aux cotyledons qu'elles forment un volume plus considerable qu'aux autres. Au contraire, lorsque les cotyledons sains et vasculaires sont distcndus par I'injection, ils constituent une masse plus volumineuse ([ue ceux dont les subdivisions sont obliterees par du tissu cellulaire et forment un relief a cote des precedents. G'est faute certainement de connaitre le fait de I'obliteration natu- relle des viUosiies choriales jjroprement dites, I'obliteration acciden- telle, mais analogue a la precOdente, des villositc^s du placenta, qu'on s'est exagere la valeur du depdt graisseux, qui n'est qu'une complica- tion de I'obliteration. Les granulations et gouttes graisseuses, donnant aux villosites dans lesquelles elles existent un aspect tout particuiier et remarquable, out plus frapp6 que les autres modifications, qui, pour etre bien appreciees, exigeaient la connaissance des plienomenes qui se passent dans les villosit(^s non placentaires. G'est la certainement ce qui a fait donner le nom de deg6nerescence graisseuse, nom qui, ainsi qu'on le voit, n'est pas compldtement exact. 11 existe en outre, dans les cotyledons ainsi alfectes, une petite quan- tite de matiere amorphe. avec des granulations molcculaires grisiitre,- et graisseuses libres. 73 Les alterations qui vieiment d'etre decrites sont iiid6pendaiites de riiemorrhagie ou apoplexie placentaire. Pour so rendro compte de leur production, I'on a certainemont exagcrc Ic fait de Icur coincidence. II est fr(5quent de trouver ces lesions sans qu'il y ait de caillots dans le placenta, aquelque phase de modification que cesoil. Ce sont deux le- sions independantes I'une de I'autre. Lorsque de la fibrine se rencontre dans le placenta a un degre de modification asscz avance pour offrir une complete decoloration ou seulemcnt la teinte gris jaunatre des co- tyledons a subdivisions oblit6r6es, avec d6p6t ou non de gouttes grais- seuses, c'est a la face profonde du placenta, centre le chorion lui- raeme, que se trouve ccUe fibrine. Mais le sang epanche a la surface uterine des cotyledons, dans leur epaisseur, arrive a une epoque assez avancee de la grossesse ou determine Favor tement avant que ses cail- lots soient dccolores a ce point. Host possible que Fobliteralion des branches d'un ou de plusieurs cotyledons, vienne modifier la circulation du placenta pris dans son ensemble ou d"uu cotyledon incompletement afiecte, et que de la sorte elle soit cause d'hemorrhagie ; mais la lesion du placenta dont il est question dans ce travail est certainement inde- pendante de I'hemorrhagie. c. II n'est pas rare de trouver une partie d'un cotyledon ou memo une partie du placenta parsemee de petits grains calcaires qui, quel- quefois sont confluents et forment des concretions plus ou nioins volu- mineuses {ossification ou calcification du placenta). Ces petits grains sont disposes sous forme de plaques ou d'amas, a la face adherente du placenta, dans les interstices des cotyledons ou ii I'etat de granulations disseminees dans leur epaisseur. 11 en est qui sont situees a la face fav tale de I'organe, et celles qui ont la forme de concretions en aiguilles ou en stalactites sont souvent dans I' epaisseur du placenta. Je ne m'oc- cuperai ici que des premieres. C'est surtout dans les cotyledons dont les ramifications sont oblitii- rees en tout ou en partie que se trouvent les grains calcaires. Us sont places, non pas dans I'^paisseur meme des villositfe, mais a leur sur- face, k laquelle ils adherent assez fortement. Us les entourent, les en- globent quelquefois. lis les deferment toujours. Cos grains sont irregu- liers, polyedriques, variant en volume depuis quelques centiemes de millimetre jusquii celui de plusieui's millimetres. lis renfermcnl des carbonates et phosphates de chaux et de magnesie. Ils sont compleLc- ment amorpheset n'ont rien de ce qui caracterisc la structure des os 74 11 n'estpas rare de trouver un certain uonibro clos ramiticalion? ;m\- qiielles adhtVent les grains calcaires renfermant des granulation? graisscupt'S eparsc? ou agglom6r6es, raaiselles n'y sontpashabiludle- ment en grande quantitL'. CONCLUSIONS. U resulte do ces rccherches : 1" Que les all(5raUonsdu placenta appelt^es degmeresccnce ou iMns- formation fihrcusc, fibrineuse, squiniicusc, tuherculciisc , graisseuse et cakairc du placenta se rattaclient a une scale et ineme modification des villosites du placenta. 2' Cette lesion est caracteris6e par Yobliteraiion [ibreuse de la cavite des Yillositos placontaircs qui devienncnt impormeahlcs au sangf(iotal. 3° Cette obliteration nest que Tapparition dans le placenta d"un pbe- nomene qui est normal dans les villositis choriales proprcment ditcs, raaisqui est anormallorsqu'il s'etend arorganed'hc-matose du fcotus. ¥ Bien que I'obliteration progresse, en general, de la pcH-ipherie versle centre de I'organe, du chorion non vasculaire versle placenta, et graduellement du c6te de son bile vasculaire, ce plienomene, qui est normal dans les villosites choriales qui ne se mettent pas en rapport avec les parois uterines, est accidentel et patbologique dans les villo- sites qui sc sont developpees au placenta. 5» Cette obliteration pent avoir lieu avec ou sans depot de granula- tions graisseuses dans les parois propres des villosites. Ce d^pot est une complication tres-frequente, sinon conslante, de I'obliteration ; mais elle n'affecte jamais toutes les ramifications d'unevillosite. Sans ]iouvoir dire encore exactement quels sont ceux des actes d'assimila- liou ou de desassimilation nutritives qui amenent la formation ou lo dep6t de graisse, on sail que tousceux des tissus profonds qui ne sont pas vasculaires offrent uu phenomene analogue a mcsure des progres de I'age, et ceux qui sont vasculaires en font autant lorsqu'ils perdcnt palbologiquement leurs vaisseaux. 6° Cette conclusion s'applique egaleraent aux grains calcaires isolt's ou confluents qui se produisent a la surface el dans les interstices des ramifications des villositt^s placentaires, mais bien plus rarement que le depot de granulations graisseuses dccrit plus liaut. Dans une prochaine note, je parlerai: l" (k'S raillots apoplccliques du placenta qu'on rencontre soil dans i'epaisseur ou dans les inter- valles descotyledoiis^ des differenles modifications quils peuveut ofTrir 75 et qui sont les meines qii'ils prt^sententdaiis d'autres parlies du corps, sans que jamais ils so transforment en quelqiic tissu que ce soil. C'est, prohablcment, h I'unede lem's pliases dc niodilications (juc se rappor- tent les plaques blanchatres, qu'on trouve quelquefois a la face fcetale du placenta, entre labasedu point d'attache des villosites placentaires ; il est possible du reste qu'elles soiont dues a uae autre cause. La coupe de ces plaques est lardaccie, demi-transparente ou opaque ; elles se dechi- rent en couches ou lamelles flexibles, elasliques, analogues en immol aux couches d^color^es de la librine des an^vrisraes; elles offrent leurs caracteres chimiques et ontune structure analogue, avecquekpies diffe- rences que jesignalerai. 2" Je me propose de traiter en dernier lieu sp(!'cia- lement dela couche jaunatre, de consistance molle et friable, qui forme uncerclecomplet oudiscontinuautourdu placenta. 11 est forme de ma- tiere amorphe, de granulations graisseuses libres, et des elements de la muqueuse uterine parsemes de granulations graisseuses incluses dans lour epaisseur ; mais ces divers elements offrent des particularity qu'il importede signaler en ce que, par leur Constance, elles viennent eclairer plusieurs points d'anatomie pathologique de I'adulte encore cbscurs. 3" Je traiterai en nieme temps de la couche grisatre demi- transparente, assez elastique, un pen gluante, qui lapisse la face ad- herente des cotyledons placentaires, et passe sans discontinuite de Fun a I'autre. Gette etude est plus importante encore que la precedente en raison des Elements que renferme cette couche et en raison aussi des modifications normaleset constantes de I'epithelium de cette region. Depuis que j'ai signal^ ces modifications a la Ibis curieuses et remar- quables (1), j'ai reconnu qu'elles etaient indispensables a connaitreen detail. Le fait est necessaire pour qu'on puisse se rendre un compte exact des limites entre lesquelles sont susceptibles de varier certains elements anatomiques selon les conditions normales ou pathologiques dans lesquelles ils se trouvent places, et pouvoir juger par la celles qu'ils offrent quelquefois dans les produits morbides oti jusqu'a pre- sent elles n'ont pas toujours 6t6 bien appreciees. (1) Cli. Robia, Mkmoire pour servir a l'histoire anatomique et patholo- gique DE LA MEMBRANE MUQUEUSE UTERINE, DE SON MUCUS ET DES CEUFS, OU MiEUX, glandes de Naboth, lu a la Soci^te pliilomatluque le 18 mars 1848 (Arch. gen. de med. Paris, in-8", 4' serie, t. XVll, p. 201). NOTE SUR UN PLACENTA recDeilli dans le service de M. Rayer ET OFFRANT SIMULTANEMENT LES LESIONS DE l'APOPLEXIE PLACENTAIRE ET DE L' OBLITERATION FIBREUSE DES VILLOSITES; lue ^ la Soci6t6 de Biologie , le 26 aout 1854 , Par mm, les Docteurs HIFFELSHEIM et LABOULBfiNE. Obs. — La fille Laffineur (Catherine) a 18 ans, elle est coiituvi^re et d'ori- gine beige. Grasse, pale, anemique, elle est enceinte de cinq mois (lors de son entree). Lagrossesse a ete constat(5e parle ballottement, le soufBe ut6rin, les battements du coeur. Cette fille dit avoir joui d'une tr6s-bonne sante anterieurement. Tres-forte- mentr^glee, elle paralt avoir eu chaque fois une perte abondante. Elle est primipare. Des pertes de sang ont eu lieu par le vagin depuis sa grossesse. Pas d'lKimorrho'ides. Elle a, du reste, le caract^re vif et emport^ au dire de sa soeur. Quinze jours avant son entree au service, au milieu de la mcilleure sant^, elle se leve de table, pour se diriger vers une armoire, chercber du linge; puis sans cris, ni gestes, elle revient vers la table ou etait sa soeur ; mais sa bouche c'tait device, le bras droit paralyse ; la jambe droite est un peu prise, mais elle marclie. Au moment oil elle entre au service, elle marche bien, tout en se plaignant d'un peu de faiblesse dans la jambe droite. La bouche est fortement d^vite a droite ; lalangue impossible a sortir hors la bouche, tant elle est ratatinee et presque repliee sur elle-mCme. Le bras droit est absolument immobile. La sensibility est partout bien conserv(5e. Le coeur olTre un souffle au premier temps vers la base. (On la soumet aus toniques et aux ferrugineux). 78 Celtcfillc qiiilte lliOpital apri>s y avoir fait un court sejour; iiiais y rentre le 1" aoiit, attciute d'une plaie Uu colu paralyse, (pii gucrit rapidnnent. A present, ellc marcbe tr^s-bien, tire non moing bien sa langue toujours d6vi(5c a droite. Le t3 aout, elle remue Ic bras, et pailc pour la premiere fois (depuis sa pa- ralysie), endisant: « MonDieu. » Apres sept semaincs de sejour a I'hopital, clle avorle le jeudi 24 aout, a sept heures du matin. L'avant-veille et la veille, elle ne presente rien de particulier. Elle est prise de douleurs a dix heures du soir, et apr^s cinq minutes clle est deHivrec en perdaii! abondammcnt du sang. Le 25, elle a sa lievre de lait. Tout In monde sera frappe do la coincidence de I'affection ([uo nous avnns decrite avecl'une des alti^rations du placenta. DESCniPTION ANATOMO-PATIIOLOOIQUE. La pi(>cc pathologique que nous avons examinee presente deux lesions dis- ti7jctes : Tapoplexie placcntaire et I'obliteration fibreusc, que nous aliens de- crire separement et le plus succinctement possible. Nous disculerons cnsuite qnclques points fondamentaux de physiologic pathologiquc que cette question a souleves en ditferentes circonslanccs. Nous supposons connue la description generate de ce genre d'alleratiou tres-commun, ainsi que chacuu le sail. Pour plus dc details sur relle obli- teration des villosites, on pourra consulter le menioir(> in receuuuenl par .M. le ddcteur Ch. Robin a la Societt^ de biologic el qui sera imprimo dans ses Me- MOIRES. Le placenta otl're des dimensions un peu plus petites qu'a I'etat normal. Six cotyledons soul completement obliteres. Deux d'entre eux, les plus compactes, otrreul au centre un foyer apoplectique capable dc loger nu pois ou un petit haricot. Le moins malade des six oU'ru un petit caillot dans son (^paisseur, du volume d'ungrus grain de millet. Les Irois autres cotyledons alien's out mic coupe uniforme, sans trace d'epanchement sanguin. Un remarc|ue, en outre, onze autres petites masses jauuatres, ofl'rant los ca- ractercs cxterieurs et de structure des cotyledons obliteres. Huit d'entre elles ne depasscnt pas le volume d'un grain de ch6nevis ou d"un pois. Les trois autres attcignent celui d'une petite noisette. Ces petites masses sont (5parses dans cinq culylc'dons qui, dans ie rcstc de Icur ctonduc, .sont a I'etat normal. Les bords de toutes ces petites masses sc perdcut insensiblement dans la partie saine. Quatre de ces petites masses otTrent sur les c6l(5s et au centre un petit caU- 79 lot dii volume d'une tele d'^pingle. Les sept autres offrent une coupe liomu- g6ne jaunatre, saus coniplicalion apoplectique. Trois cotyledons placeutaircs sculement sont entierement sains ; ils sont arrondis, plus volumiueux que les aiitres. Nous reviendrons plus laid suv ccs trois cotyl(5dons avec foyers apopleeliques sans obliteration ou autre lesion des villosites, De la presence de ces ditTerents points obliteres, avec I'aspect propre a cettc lesion, r^sultc que le placenta a la plus grande jiartie de sa surface comme marbree de plaques jaunatres, conflueidcs par les burds, ou isuiees an nuiieu des parties saines et rougeatres du tissu. Tons les amas gris jaunatre, isoles ou confluents sont compactes, friables, peu filandreux. Tous, depuis leur surface jusqu'au contact descaillots, lors- (lu'ils en renferment, ofl'rent la menie structure que voici. lis sont entif^rcnient composes : 1" de villosites oHiaut les dimensions et les caracteres des villo- sites placeutaires ; c'est I'^lement le plus abondant du tissu. Nous le decri- rons avec detail. 2" Entre ces villosites euchevetrees existe une petite jiro- portion demati^re amorphe, avec granulations graisseuses de 1 a 3 millitMues demillini. de largeur. Cclle maliere amorpbe peu abondaute existe la dans le meme (Mat ([u'a I'etat normal ; elle n'en difT^re que par lu presence des gra- nulations graisseuses qui n'y sont ([u'en quantite peu considerable. Les villosites sont toules obliterees par du tissu ceibdaire a lil)reslong:lu- dinales tres-peu onduleuses; on pent constater qu'entre ces fibres existent rle petils amas rouge pourpre dliemalo'idinc amovplie, larges deO.Ol mdlim.; d'autres amas spheroidaux sont formes d'liemaloidine en aiguilles, largos de '2 a 4 ceuti(^mes de millini. II inqjorlede uoter la situation des cristaux dans le canal dela villosite et vers son extremite termiuale; de plus on voudra remarquer que ce n'est que par dilaceration prolougee que Ton met en liberie ces cristaux d'hematokline,par I'etret dela rupture des conduits obliteres. G'est a M. liobiu que nous devons d'avoirpu decrire ces cristaux qu'il a observes en meme temps que nous. La parol propre des vlllositi's est remanpjable jiar son aspect rugueui qu'on nerencontre pas a I'etat normal. EUeesl remarquable aussi par la grande quantity de granulations dont elle est parsemee, d'oii rcJsulte qu'elle est moins transparente (|ue dans les parlies saines. Ces granulations sont pour laplupart grisatres; elles existent seules dans la moiti(i au moins des villosites ou leur ramification. Les autres randficalions sontau contraive par.^emees de granulations grais- seuses, spberiqucs, jaunatres, dont le diameire varie de 1 a 5 millirnifs de mil- lim. do diam. La presence de ces granulations graisseuses sur un certain nombrc des ramiliealionsmontre bien que le depot graisseux n'est qu'un pbenomenc secondaire compliquant roblileration, puisque celle-ci aflecle toutes les bran- ches des villosites sans exception. Gequi le prouve encore, c'est que les gra- 8U nulations graisseiises sont Isoldes la oil oUes existent ou bien en chapelet ; tr^s-raremcnt dies sont contigues ou en amas. C'est pourquoi chaque villo- sM conserve sa telnte grisatre, sa transparence propre, dans les larges intcr- valles que n'occupent pas les. granulations. Les granulations grisatrcs sulTisent pour masquer les noyaux propres a la substance cborialc. L'acidc aci'tiquc en atlaquant les granulations rend les villosites transparentes et montre leur noyau. Dans celles dcs ramifications qui contiennent en outre des gouttes grais- seuses, ces noyaux ne sont perceptibles aussi qu'apres remploi du reactif. Toutefois ce reactif n'attaquant pas la graisse, I'examen de ces noyaux est plus dilficile en ce point que dans les autrcs parties. Pour plus de details, on ' pourra consulter Ic memoire de M. Robin ; car les fails precedents s'obsor- vent dans toutes les circonstances analogues et out deja etc decrils parlui. Passons aux caillots. Outre les caillots sanguins signales plus Laut, il en existe quatre autres que nous aliens decrire successivement. Deux d'entre ' eux siegent chacun dans un cotyledon dillerent, au bord du placenta; ils sont contigus, mais distincts. Le plus externe a le volume d'une petite noix. Le cotyledon qui le rcnferme n'enveloppe que la moiti^ de sa sui'face. 11 pre- sente la consistance et la coulcur gelee de groseille. La surface, dans une epais- seur de 1 a 2 millimetres , est rougeatre, plus fcrme, moins foncee que la partie centrale. Le second caillot olTrc la forme et le volimie d'une petite noisette ; il est enveloppe aux trois quarts par le cotyledon qui le renferme. 11 est d'uue teinte rouge fonce, de consistanee assez ferme, comme le caillot dans la sai- gnee d'un rimmalisme aigu. Sa partie centrale est pulpeuse, demi-li;iuide, gris rougeatre, comme dans un caillot qui commence li se ramoUir. Un point assez limite de sa surface olTre le mcnie aspect, mais avec une de- coloration et une teinte grisatre plus prononcee. Ces parties ramoUies n'of- frent plus de librine a I'elat fibriUaire ni de globules rouges , mais quelques globules blancs llottant dans de la librincmoleculaire, comme dans le cas des pseudo-pus flbrineux. Les parties des cotyledons tout a fait contigues a ces caillots sont saines. Deux autres caillots sont situcs daus des caillots du centre du placenta. Ces caillots out une surface lisse, consistante, d'un rouge grisatre, ayaut laspect exterieur et la disposition fdjrillairc de la fArinc coagule^e depuis deja long- temps. Le centre de ces caillots est mou, tremblotant, presque diffluent, d'un gris rougeatre. Ces parties moUes du caillot presentent encore quelques globules sanguins et de la fibrinc reduite a I'etat de granulation moleculaire, accompagnant une proportion a pen prt's egale de librinc qui prosente encore I'aspect lincment librillaire et tr6s-caract(5ristique propre a la fibrine coagulee. Les globules blancs sont ici aussi assez norabreux ; comme dans tons les 81 caillots apoplectiqiies, on rencontre de I'liematoidine amoi'plie ou cristal- lisee. Le tissu des cotyledons, immiMiatemcnt contiga an caillot, est iin pen plus dense que dans le tissu normal, ce qui semble en grande partle da a la com- pression que lui fait eprouver le caillot. Sa coloration estmoins rougeatre. Ni a I'oeil nu ni sous le microscope, les villosites ne presentent les caract^res de roblituralion. Les parois des villosites sont un pen plus granuleuses que celles des co- tyledons eloignes de I'epancliement. Quelques-unes ofTrent un petit nombre deg'outtes graisseuses, mais en (piaulili' si minime qn'on pourrait en negliger la mention. Nous terminerons par quclques reman [uos sur les caillots siegeant dans les cotyledons obliteres. Ces caillots otfrent tons les caracteres des derniers caillots, si ce n'est que deux d'entreeux sont un pen plus decolores; mais 11 est facile d'y relrouver, a cote de fUirine drja reduite a I'^tat de granulation moleculaire, des amas of- I'rant I'aspect fibrillaire le mieux caraclerise. La parlie du tissu oblitere immediatemerit contigu an caillot a recu de ce- liii-ci, dans I'epaisseur do 1 a 2 millimetres, une legere teinte de rouille, due en partie a de riiematoi'dinc en general amorplio, interposee aux villosites. 11 n'y a pourtant pas trace de fibrine dans ceile portion des cotyledons oblite- r^s, et le tissu qui louche le caillot offre le meme degre d'alteration que les portions les plus eloignees. DISCUSSION DES FAITS PRECEDENTS. II ressort de cette description : 1 " Que les portions de cotyledons ou les cotyledons qui presentent I'aspect exterieiir gris jaunatre sont constitues par des ramifications villeuses encheYetroes comme a I'etat normal ; 2" Que ces ramitications different de celles des cotyledons normaux par la presence de faisceaux de tissu cellulaire serre, rcmpiissant lour cavite et les obliterant comme dans les cas dejii decrits par M. Robin. 3" Que c'est essentiellement a cette obliteration qu'est due Fopacite, retat de secheresse et la teinte gris jaunatre des parties malades, qui different d'une maniere si tranchee de la coloration gris rougeatre et de I'etal de vascularisation et d'humidite des cotyledons normaux; -'i° Qu'au fait essentiel de I'obliteration se joint la presence accessoire de granulations grisatres constantes et dc granulations graisseuses, qui coucourent a la production des caracteres exterieurs signaies. Tel est le fruit de I'observation. Ceux-l;i seuls qui out nieconnu les .MEM. 6 8-2 caracl6res des villosites (normales et morbidesi, d'une part, ceux de la tibrine dautre part, ont pu gratuitement supposer que Talteration du placenta, que nous venous de d(^crirc, est une phase de transfor- mation de la librine (voir a cet egard les faits signales par M. Robin dans son m^moire); qu'au contraire, il ne viendra jamais a I'esprit de ceux qui connaissent les villosites que ces organes, avec leur struc- ture propre et leurs ramifications, puissent d^river d'un 6pancheraent de sang. Ce u'est done qu'en se guidant, dans leurs interpretations, sur des caracleres physiques de couleur, deconsistance, et en n^gligeant I'exa- men de la structure, qui nous fait connaitre la nature r6elle d'un corps organist, que Ton a pu forrauler cette hypothese. Examiuons done quelle circonstance a pu donner naissance a cette hy- pothese : c'estla presence de foyers apoplectiques, assez frequente dans les placentas a cotyledons oblit^res. Mais, en fait, il y a des placentas apoplexies sans obliteration des cotyledons, et plus souvent des coty- ledons obliteres sans apoplexie. 11 est connu toutefois que les obliterations compliquees d'apoplexie constituent le cas le plus frequent. Les recherches deM. Robin tendent, en effet, aetablir que robUteration pent devenir une condition d'he- morrhagie pour les villosites voisincs restees permeables. Des faits precedemment exposes il ressort qu'on ne peut subordon- ner Fobliteration k I'apoplexie. La cause supposee est le plus souvent effet. D'ailleurs, ainsi que le prouve le memoire de M. Robin, I'oblite- ration des villosites placentaires n'est que la manifestation accideu- telle d'un fait qui est general pour les villosites choriales, qui ne con- courent pas a la formation dii placenta et cessent de se developper des les premieres semaines de revolution embryonnaire. Sur le chorion de cette piece, nous avons pu encore aisement con- stater (comme Favait deja fait M. Robin) Fobliteration arrivee au meme degre, daus les cotyledons obliteres et sur les villosites qui ne concou- rent pas a sa production. L'apoplexie, quand elle existe comme lei, que nous montre-t-elle? Ce qu'elle montre dans le cerveau et partout uilleurs. II sullit, pour s'en convaiucre, de remonter a la description des cailloLs ii dillercnts degres de decoloration et de ramoUissement signales plus haul. Nous avons vu, en effet, que les caillots arrives au meme degre de modification etaient, dans les cotyledons sains, immediatement en con- 83 tact avec ties villosites normales, et que, dans les colyleclons malades, ils etaient envelopptis par des villosites oblileives. lis avaieiit senl(^- ment c6d6 uii peu de leur matiere colorante a la partis contigue. Ces deux lesions sont done independantes, nous le rep6tons. En fait, dans le cas present, pas plus que dans Ions ceux dont on a examine la structure, a I'aide des raoyens rigoureux dont dispose la science conteniporaine, on nepeut trouver un argument en faveur de la transformation des caillots en un produit morbide ou un tissu nor- mal. (Chimie anatomique, 1853, t. Ill, p. 261.) En voulant faire deriver d'une maniere conslante, d'un foyer apo- plectique, cet aspect des cotyledons malades, aspect du a une oblitera- tion des villosites, il est certain que Ton a ete conduit a admettre des epancbements oil il n'y en avail pas. L'epanchement de sang devant servir de pivot a toute cette tfieorie, npus aliens examiner quelques-unes des circonstances qui raccompa- gpept, en raisonnantun instant comme s'il avait reellement loujours prec6d6 les alterations decrites plus haul, lei il ne s'agit meme point des concretions fibrineuses, stratiliees, telles qu'elles se presentent dans certains cas, avec une apparence de texture qui estpurement ex- terieure, et due aux conditions de coagulation. La fibriue coagul^e, ainsi que I'a r^cemment encore montr6 M. Robin a la Societe, se presente en eifet dans Teconomie vivantc, sous deux formes bien dislinctes. Ellcs sont en rapport uaUirellement, avec des conditions coi'respondantes egalement de deux ordres, dans lesquelles a eu lieu cetle coagulation. Cette distinction est des plus imporlantes pour suivre et interpreter exactcraent les di versos phases des modibca- tions qu'eprouve ce principe immediat devenu corps etrangor, tantdt utile, tantot nuisible pour les lissus vivants au sein des([uels il se trouve. h^ premiere forme ^ que nous examinerons est celle qui a recu le noni de concretions fibrineuses (1), et qui se produit dans les vaisseaux ou dans le coeur pendant que le sang circule encore, ou au moins jouit d'un mouvement d'oscillation. Tel est le cas de la production des concretions polypiformes du creur contre les valvules, ousur un point de Fendocarde enflammfi ou devenu rugueux. Tel est le cas de la pro- [[) Voy. Ch. Robin etVerdeil, Chimie anatcmique. Paris, 1853, in-S", t. Ill, p. 219-220 et siiiv. 84 (luction des couches qui tapissent les poches an^vrismales; tel est en- core celui de la production du caillol dans une artore liee qui sepro- duit d'abord an contact des bords rugueux ct plisses dcs membranes qu'a ronipusla ligature. En voyant la lenacite que prend alors la fibrine (meme recemment coagulee), sa disposition par couches stratifieesavec une certaine regularite, el pen color^es, la possibilitt^ de dechirer celles-ci dansun sens determine toujours le nneme; Taspect fihrillairc et enchevetr^ des bords de la decbirure; en voyant, disons-nous, cet ensemble de caracteres, on compreud que Ton ait pu croire a une veri- table organisation de ces concretions. Mais sans parler des masses de fibrine oU'rant des caracteres analogues, obtenues par le battage du sang d'un animal qu'on saigne, Vexamcn dela structure apparcnte de ces concretions, de leurs reactions, de leur composition immediate compar^es a celle des tissus vivants, montre dans quelle erreur on tomberait en admettant qu'elles sont organis^es : organisecs a I'egal des parois arlerielies, par exemple, de la pcau, de I'epiderme, ou de tout autre tissu. (Ch. Robin.) On n'y reconnait (ainsi que le nom adopt6 1'indique) que des concre- tions, formees par le passage plus ou moins subit d'une snbstance li- quide a T^tat solide, sous forme de masse amorphe, striee et granu- leuse, susceptible de se dechirer dans le sens des stries, ou meme of- frant de veritables fibrilles isolalilesplus ou moins floxuenses. Jamais elles n'ofTrent la disposition fascicul^eou le mode dencheve- trement que presentent, par exemple, les fibres du tissu cellulaire, qui sont de tousles elements ceux qui pourraient leur ress':ml)ler le plus; jamais on n'y a vu que des trainees de globules sanguins, sans produc- tion de capillaires; jamais ces masses ne se d6veIoppent, el si elles grossissent, c'est par superposition de nouvelles couches passant a I'e- tat concret. Dans le cas oii ce fait ua pas lieu, elles tendent a passer a I'etat de fibrine amorphe et granuleuse pour etre resorbe^es pen a pen. Or ce n'esl pas meme cette forme de la fibrine que Ton rencontre dans les caillols apoplectiques du placenta. 11 est une deuxitmc forme de fibrine coagulee, qui recoil plus parti- culiercment le nom de caiUot, et qui est bien dislincte des concretions fibrineitscs (1). Elle se produit sur le vivant dans le cas d'epanchement sanguin apoplectique ou autre, et lorsque le con rant sanguin de quel- (1) ClUMIE ANATOMIOIIE, 185.3. t. Ill, p. ^30 H '?38. ot p. ^58, ?G0. 85 que cavile vasculaire uorraale ou pathologique, vient a. 6tre inter- rompue. Ge cas entre dans le mode de coagulation du sang hors des vaisseaux ou dans le cneur et dans les veines apres la mort. Le caillot, dit M. Robin, ditfere des concretions en ce que toute la fibrine de la masse liquide, passant en meme temps ii I'elat solide, a entraine les globules rouges et blancs du sang, et par suite se trouve form^e a la fois de fibrine et de globules dont la masse est plus grande que la fibrine merae. Aussi les concretions de librine etles caillots different-ils beau- coup. Geux-ci sont plus mouspar suite de I'interposition des globules aux fibrillos iibrineuses ; de la aussi vient qu'ils n'ont pas la disposi- tion fasciculee et se dechirent avec une egale facilite en tout sens, a peu de choses pres. Souvent une par tie decesdilferences pent etre con- statee en comparant la couenne ii la portion du caillot ([ue colorent les globules. La presence des globules i'ail en outre que ces masses se coniportent autrement que les concretions quant aux phi^nomenes de leur decoloration, de leur ramollissement, quant a leur action tiucto- riale (si Ton pent ainsi dire, grace ii rhematosinc), sur les tissus qu'elles touchent (Ch. Robin). Aussi a-t-on rarement parle de I'organi- saliou de ces caillots dans le cerveau, le pounion, le foie, etc., oil on les rencontre le plus babituellemenl. Or il s'agit, dans le placenta, de ces caillots formes en plus grande parlie par des globules du sang, que par de la fibrine. Et c'esl cependant de I'organisation de ces caillots qu'on a voulu parler, lorsque I'observation montre qu'ils ne se com- ponent pas autrement que ceux du cerveau, etc. Le sang 6panclie aurait donn6 naissance a des tissus tout entiers ; se serail-il aussi forme des villosites? Mais oil jamais un tissu a-t-il pris naissance sans la presence d"61eraents anatomiques? et qui a ja- mais vu des eiemcnts anatomiques dans le sang, sauf les globules? Mais dans un epancliement, ceux-ci sont eux-memes absents; ils dis- paraissent. C'estdonc la librine qui, grace a son etat fibrillaire, donne prise a une pareille supposition. Mais un itriiicipe imniediat, sorli des mains du chimiste (51eve a la hauteur d'un tissu, alors fiu'a lui soul il ne repr^sente pas meme un element de tissu ni aucun caractere d'organisation, il y faut re- nonce r. Examinons maintenant quelle est I'origine de la graisse qui appa- rait dans les villosites obliterees. Viendrait-elle d'un epanchement d^- g6nere? 86 D'abord robliteralion fibreuse et la graisse existent dans les villosites extraplacentaires,dans les parties oil il n'y a pas d'epanchement, ainsi quel'a montre M. Robin etqne iiousl'avons vc^rific. La graisse existe la commeailleurs,raaisen proportion I'aible par rapport au tout. On nepeut done pas ici la faire vcnir des caillots fibrineux. Quant & cells des co- tyWdons apoplexi(''s , viendrait-elle du sang ^pancli6? Nous invoquc- rons la plus grande autorite dans la qnostion, el nous dirons, avec M. Chevreul, que rien n'autorise jusqu'ici a admettre nit^me la possi- bilitc du passage d'une espece de principe imm(5diat dans un autre dans de telles conditions morbides. Qu'a I'air en pleine putrefaction il se forme une scrie de d(5doublenients qui aniene un principe albuini- noide a des composes plus simples, c'est conforme a toutes les no- tions; mais au sein de Forganisme, cela restera a I'elat de (luestion jusqu'a ce que des rechercbes directes soient venues le demontrer. En presence de pareilles donnees, nous devons done repeter, avec M. Robin, que puisque V obliteration des villosites, avec ou sans com- plication de depot graissetix, se rencontre sur les villosites choriales hors du placenta, dans des points oil il n'y a pas d'(^panchement apo- plectique, onne peut davantage, dans les points oii existe cet^panche- ment, lui attribuer Fobliteration ni ralteralion graisseuse. MEMOIRE SUR LE PERINEVRE, ESPECE \'011VELLE D'ELEME^ AMTOMIQIIE QUI ENTRE DANS LA COMPOSITION DU TISSU DES NERFS; lu a la Soci6t(5 de Biologie, le 5 aollt 1854, Par le Dogteur CHARLES ROBIN, Professeur agrege k la Faculte de medeciue de Paris, elc. INTRODUCTION. Le sujet de ce raemoire est la descriptiou d'un 616ment anatomique que caracterisent : 1° sa situation autour des faisceaux primitifs des nerfs, ainsi que des tubes qui s'en d6tacheot et parcourent isol^ment un trajet d'une certaine etendue avant leur terminaison •, 2" sa forme de tube se relrecissant ct se ramifiant en memc temps que se disso- cient les faisceaux nerveux priniilifs ou elements isoles dans I'i^pais- seur des tissus , et qui ramifient les tubes eux-m6mes avant leur terminaison; 3° par ses reactions au contact de divers agents chimi- ques; 4" enfin par une parol mince, transparente, tres-Iinement gra- nuleuse, souvent parcourue de fines stries longitudinales, flexucuses et pourvues de noyaux, presijue tous longitudinaux, 6cart6s, d'autant plus el d'autant moins nombreux que le tube est plus large. Je feral suivre cette description de remarques historiques sur leS 88 auleurs qui i'out eutrevu , aaus en preciser ou on reconnaitro la na- ture. Le nom de pe'rin^wc izeol, autour, vs-jpov, nerl), que j'emploie pour designer cet elenienl analuniique, a etymologiquemenl la meme sigoi- ficalion que le mot nevriieme [vz\}}w^ aerf; erXTuxa, enveloppe, couver- ture); maisce dernier lerme a une acception si nettementcaracterisee en anatoniie qu'il ne saurait resultor la nioindre confusion de I'em- ploi de ce nouveau mot. II se presente maintenant une dirticulte plus serieuse. On verra plus loin que : 1" le perinbvre est aux tubes ncr- veux ^ par sa disposition tubuleuse enveloppante et sa structure, ce que le sarcolemme ou myolemme [licp^, ad-.xoi;, chair, on |j.uo)v, muscle, et ').£[jL[j.a, enveloppe) est aux fibrilles contractiles des vutscles ; i" i[ue iGndvriltme^ forme de tissu cellulaire, est a la reunion de plusieurs faisceaux ncrueiix primilifs ce que le pciimyzium, ou enveloppe dc: tissu cellulaire, est a la reunion de plusieurs faisceaux stries ou pri- mitifs des muscles. 11 en rcsulte qu'anatomiquement il faudrait appeler peVm^yre rcnveloppe complexe de tissu cellulaire qui a jusqua pre- sent 6te nommee nevrll^me^ et reserver ce dernier nom a I'el^ment que je nomme perinbvre. En fait, c'est ce qui devrait elre, et j'espere que I'usage introduira ce cliangement dans I'emploi de ces termes, malgre la dilTerence d'ortliographe qui existeentre les mots nm-j'/e^me et myolemme^ en raison de leur dillerence etymologique. DESCrUPTlON nu PERINEVRE. Cet element anatomique se rencontre dans tons les nerfs de la vie aniniale,y compris le nerf vague, a jiartir de leurs ganglions pour les nerfs sensitifs, et de leur issue hors de la dure-mere pour les nerfs raoteurs jusqua leur terminaison oua peu pres. II faut excepter de cette enumeration les nerfs optique, auditif et olfactif. Dans le grand sympathique, il fait partie de ses racines blanches^ de ses [dels ou rameaux visceraux bluncs^ ainsi que de laplupart de ceux du cou et des filets de communication des ganglions dans toute la lon- gueur de la colonne vertebrale. 11 manque dans ses racines grises ou g61atiniformes et dans les fUets gris visceraux. On le rencontre depuis le commencement de la derniere raoitie de la vie intra-uterine jusqu'a la fin de la vie. 89 La lornie de cet element est celle de tubes qui, dans les neris pro- prement dits, enveloppent et compvennent exactement dans leur cavite un certain numl)ro d'elemeiits nerveux, dont renseniijle coii- stitue les faisceaux primitifs dcs nci-fs ou I'aisceaux nerveux primi- tifs. Dans le grand sympatliique du con , il enveloppe des fibres de Remak en meme temps ipie des tubes nerveux. A cet egard, il se coni- porte conime le myolcmme par rapport aux fibriUcs musculaircs pour former les faisceaux stries ou pi-imiiifs des muscles; car aucun vaisseau capillaire ne le traverse pour penetrer entre les tubes qui composent le iaisceau nerveux primitif. Toutelois il existe cctte dillerence entre les faisceaux des muscles ct ceux des nerfs que, dans ces derniers, il existe des fibres lamineuscs entre les tubes ner- veux dans la cavite du ])erinevre, tandis qu'il n'y en a point dans les faisceaux stries, dans la cavite du sarcolemme. Cet element tubuleux est ramifie comme les faisceaux priraitifs qu'il enveloppe Ces ramifi- cations s'observeut : 1° Dans les plexus, lorsque d'un nert un lilet primitif passe dans un autre nerf : dans ce cas-la, en eflet, Lieu qn'ii n'y ait pas anasto- mose des tubes entre eux, il y a pourtant communication d'un fais- ceau primitif avec un autre faisceau primitif, auipiel il donne une par- tie de ses tubes qui vont s'accoler aux autres, et le perinevre se ramifie et accompagne ces ramifications anastomotiques tres-nombreuses et varices dans leurs dispositions. 2" Lorsque, quitlant les branches nervcuses, cliaque faisceau primi- tif se dissocie au sein des muscles ou de la peau, etc., en f'ormant des subdivisions dans lesquelles les tubes sunt de moins en moins nom- breux, le perinevre se ramifie d'une raauiere correspondante et linit par n'envelopper plus qu'un seul tube, et il est immediatenient appli- que sur lui. Lorsque ce tube se subdivise lui-meme successivemenl eu deux ou plusieurs branches , le perinevre le suit dans ces ramifica- tions. Si le tube se terminepar une extr(^mite libre et aigue, comme on le voit dans lesappareiis electriques,dans les muscles, dans les capsules articulaires, etc., le perinevre s'amincit peu a pen, et cesse d'exister a 1 ou plusieurs millimetres de Fextr^mite du tube. Si le tube se termine dans un corpuscule de Pacini, le perinevre I'ac- compagne jusqu'au renflement, dont les couches sent en continuite de substance avec lui. 90 Si Ici lobe aboutit a un corpuscule du tact, le p(irmevre I'accompa- gne jusqu'a ce corpuscule et se confond avec lui, entre en continuite de substance avec lui ; de sorte que le corpuscule du tact et les cou- ches de celui de Pacini peuvent etre consideri^s comme une dependaace du p6rinevre. La longueur de ces lubes est naturelleraent variable d'un nerf a I'autre. Leur largeur la plus considerable s' observe dans les nerfs de la vie animale ct dans le cordon de communication dos ganglions cer- vicauxet pruraciiidiens du grand sympalhique. Bans ces nerfs, chacjue tube est aussi large que les faisceaux primitifs, nettemcnt visibles a I'oeil nu, qu'il entoure, c'est-a-dire qu'ils ont de 2 a 5 dixiemes de mil- limetre, lis deviennent de plus en plus etroits a mesure que les filets qu'ils entourent se subdiviscnt et contieunent moins de tubes. Toute- fois cette diminution de largeur totale n'est pas proportiounelle au nombre dos subdivisions et a la diminution du nombre des lubes con- tenus ; car I'epaisseur de la parol du tube augmente d'aulant plus que les subdivisions des filets deviennent plus pelites et renferment moins de lubes nerveux. Aussi les tilets qui ne contieunent plus qu'un ou deux tubes nerveux offrent encore un diametre de 2 a 5 centiemes de millimetre ou environ. Les tubes les plus larges, comme ceux de moyenne largeur, ont une paroi epaisse de 2 a 3 milliemes de millimetre seidement ; mais dans les filets nerveux devenus invisibles a I'oeil nu, cette epaisseur aug- mente peua peu,et lorsqu'ils ue renferment plus qu'un ou deux tubes nerveux, clle offre une epaisseur de 8 a 10 milliemes de millimetre et meme au dela. Aussi est-il facile d'observer que la resistance opposee a la rupture par les fllets nerveux n'est pas proportioun^e a leur dimi- nution de volume, et que les plus petits de ceux qui sont dissecables resistent encore energiquement aux tractions exercees sur eux. Get element anatomique otfre une assez grande resistance a la rup- ture, surtout lorsqu'on agit sur le tube cntier, apres avoir cxtrait ou chasse les lubes qu'il rcnfermait dans une certaine longueur. 11 resists a de fortes tractions; il est peu extensible et pou elastique. Sa d^chi- rure offre tant6t des bords nets se recourbant assez facilement sur eux-memes; tantot elle est irr(?guliere, denticul(5e. 11 est incolore, transparent, se plisse facilement, et les plis refractent assez fortement la lumiere, en lui donnant une legere teinte ambree. L'acide acetique ct I'acide sulfurique, moyennemcnt 6tendus. ainsi 91 que la potasse ou sou carbouate, palissentcct 61^meut, le gontlent et en meiue temps le resserrent, et y determineiit des plis ^pais et arrondis. Si I'ou agit sur des lambeaux uu peu 6tendus, Ics acides precedents le rendenten meme temps tres-finement granuleux. L'acide nitrique, etendu des deux tiers aux trois quarts d'eau, est le meilleur r^actif qu'ou puisse employi'i- dans son 6tudc, en raison de la raauiere dont il le resserre uu pen et avee une certaiue jjrusquerie, eu y determinant des plis assez ^legamment disposes, bien c[ue sans r^gularite. U rend les lambeaux de tuljes un pen plus roides, offrant quelque chose de parchemine, si Ton pent ainsi dire, par la nettete de leurs plis. En meme temps ils deviennent un pen plus liomogenes, a bordsplus nets, landis que les i'aisceaux de lissu cellulaire ambiant sont gonfles et re- duits a I'etat de masse araorplie tinement granuleuse, grisatre ou jau- natre. .Si l'acide nitrique est trop concentre, les lambeaux de tubes sont racornis, se resserrent fortement, montrent des plis epais, nom- breux, rapprocbes, de teinte jauuatre, assez foncee, et ils deviennent un pen granuleux. II n'estpas rare de trouver des fragments de tubes qui, avant Tac- tion de l'acide acetique , montrent a leur surface externc de lines fibres 61astiques, longitudinales , ondulcuses, pen ou pas ramiflees; mais il est facile de constater aussi, par Faction des riiactifs et par comparaison avec les lambeaux qui n'en prfeentent pas, que c'est au tissu cellulaire ambiant, et non au tube lui-meme, qu'appartiennent ces 616ments. STRUCTURE DU PERINEVRE. La structure de ces tubes est des plus simples ; ils se composent d'une substance liomogene striee ou non, parsemee ordinairement quoitiue non constamnient de noyaux dont le nombre, pour unc meme 6tendue en surface, varic d'une partie a I'autre du tube. La substance des tubes est en plusieurs points tres-linement striee en long; mais ces stries sont d'une tres-grande delicatesse etlinement llexueuses. Quaud elles existent, elles ne sont pas visibles sur tous les lambeaux de perinevre, pris sur un meme nerf au meme niveau, ni meme dans toute I'etendue du perinevre d'un meme filet. 11 est assez couunun aussi de les voir manquer dans les portions de perinevre qui, dans la profondeur du tissu des organcs. sont epaisses et n'entourcnt plus qu un petit nombre ou un seul tube nerveux. Cependanl ou pent 92 les rencoutrer dans ces dernieres parties, surtoul an seiu du denne, pres des corpuscules de Pacini ; et dans ces regions, il faut avoir soin de ne pas les confondre avec les fibres longitudinales, fines et ondn- leuses de tissu cellulaire qui accompagiient encore le perinevre, lui adherent menie et deviennent d'aulant plus nonihreuses ([ue le uombre des tubes, sous une meme enveloppe, est plus considerable. Hue particularite de structure qui est constante et olTre beaucoup nioins de varietes d'un point a un autre, c'est la presence de tres-fines granulations moleculaires grisatres, repandues d'unc raaniere uni- fornie dans toute Tetendue des tubes. Les reactifs les font disparaitre, on s'ils readent les tubes granuleux, les granulations qu'ils font appa- raitre ont uii aspect lout autre que celui des granulations normales et naturellcs. Le perinevre est, avons-nous dit, ordinairement pourvu de noyaux dans loule son etendue. Ges noyaux sont inclus dans son epaisseur et en font partie. Us sont rares et ^cartes dans les points oil le peri- nevre est large. La meme ils ne sont pas distribues d'une maniere egale et ne sont quelquefois visibles qu'apres Taction de Tacide acetique on de Tacide nilrique etendu, reactifs qui les rendent tou- jours plus raanil'estes pour I'observateur quils n'etaient d'abord. 11 resulte de la qu'ils paraissent souvent manquor dans tel nerf et exislcr dans un autre, et plus nombreux dans tel point que dans tel autre, tandis qu'il peut ne pas en etre ainsi, bien que pourtant leur dislribulioii n'a rien d'absolument uniforme. Dans les parties les plus larges el les plus minces du pei'iuevre, ils font generale- ment saillie, soil vers sa face externe, soil de I'autre, mais plutot en dehors qu'en dedans. Us sont assez rapproches Icsuns des autres dans les dernieresramificationsdu perinevre, dans les parties oil, n'entourant qu'un petit nombre de tubes on un seul tube, il ofTre une certaine epaisseur. Toutefois, ils sont moins rapproches la que dans les vais- seaux cajuUaires de meme largeur; ils sont enlicrement plonges dans I'epaisseur de la substance du perinevre, mais pourtant places plus pres de sa face externe que de celle qui est immediatement contigue a chaque tube nerveux lorsqu'il n"Y en a qu'un. Ces noyaux sontovoides, agran;i diamelre generalcment parallele a celui du nerf; pourtant on en trouvc, surtoul dans les parties oii le perinevre est le plus large, qui sont disposes en travers ou oblique- ment. Leur longueur est generalement de 15 a 22 milliemes de milli- 93 metre, mais pent varier de 10 k 24 milliemes. Leur largeiir est de 4 a 6 milliemes de millimetre, et leur epaisseur dc 3 ii -i. Leur forme est par consequent uu pen aplatie, tantot rcgulieremenl ovale, tantol ovale allongfe, et alors souvent recourb^e en arc, avec egalite on inegalite de volume des deux extremites. lis sont generalement plus etroits ot plus courts (12 a 22 milliemes de raillinuHre) dans Ics parties elroites et epaisses du perinevre que dans les parties larges et minces. Leur contour est pale, mais regulier ; eux-memcs sont transparents, pen fon- c(?s, l^gerement grisatres. Les reactifs dont Faction sur lo perinevre a t'te indiquee plus haut ne les dissolvent pas; mais Facide act^lique, plus que Facide nitrique etendu, les contracte nn peu, Ics rend plus litroits, rend leur masse plus foncee, surtout sur les Lords, et en menie temps fait devenir ceux-ci nioias reguliers. Souvent aussi il les courlie en demi-cercle on les rend flcxucux, irreguliers. Tons ces noyaux sont nniformement granuleux, a granulations gri- satres, tres-fmes, presque Ionics d'egal volume, et sansnucleole. Le perinevre olTre assez souvent une modification de struciure qui pent 6tre senile ou pathologique. On pent la renconlrer tantot sur les tubes de perinevre de presque tons les nerfs, tantot sur (pielipies tul)es dans un seul nerf, ou memo elle existepar place ct manque dans d'au- tres sur un memo tube. II n'est pas de sujet ayant depass6 40 ou 50 ans sur lequel on ne puisse rcncontrer cette disposition. L'alteration dont il s'agit est un depot de granulations graisseuses, tantot epaisses, tantot plus ou moins ray)prochees ou memc contigues de maniere a former des plaques detendue etde configurations varices. Ces granulations ont un diametre qui varie de nn millieme de milli- metre et au-dessous, jusqu'a 2 milliemes ou un ])eu au-dessus. Klles sont regulieres, spheriqnes, a centre brillant, a contour nctet fonce. EUes sont incluses dans Fepaisseur dc la substance du perinevre, car les dissolvants des corps gras ne les atteignent qu'autant ([ue celui-la a et6 attaque par Facide acetique. On rencontre ces granulations plus frequemment et plus abondamment dans les parties les plus larges du perinevre, c"est-a-dire le long des cordons nerveux, que dans les par- ties les plus tjtroites, c'est-a-dire cellcs qui n'entourent plus que des tubes Isolds. Partoutou elles existent, elles donnent au perinevre ou i ses lambeaux nn aspect Ires-caracleristiqueet souvent fort elegant. La description precedente monlre que eel element anatomique se distingue manifestement de tons ceux qu'on connaJt jusqu'i'i present, Le seul dont on pourrait le rapproclier serait la substance elastique des petites artiires ou des veines se d^chirant en lambeaux lanielleux. Mais le perinevre manque de leur elasticity, de Icurs oriliccs arrondis ou al- longes, sous I'orme de fissures qui leur donuentun aspect ari'olaire si caracteriblique, il se plisse Leaucoup plus facilement ctne se rccourbe pas en cornel comme les lamelles elastiques, enfin celles-ci manqucnt des noyaux que possede le perinevre. La disposition des noyaux. Faction de I'acidc acelique sur eux et sur la substance nieine du perinevre, celle de I'acidc nilrique, et tout, dans Taspect de cet element le distingue facilement des tubes capillaires sanguins. Les noyaux du perinevre pris en eux-memes sont moins reguliers et g^neralemenl plus larges, par rapport a la longueur, quo ceux des fibres dc Remuk. lis se rapprochent un pen davantage de ceux des fibres musculaires de la vie organique ; mais ils sonl gen^ralement plus courts, et leur inclusion dans la substance mernbraniforinc tubuleuse du perinevre rendrait puerile une comparaisonplus 6tendue. Les procedes de preparation de cet element anatomique sont des plus simples. Dans les parties des nerfs oil il constitue un tube large, entourant des faisceaux primitifs visibles a I'oeil nu, il suftit d'isoler autant ([ue possible Tun de ceux-ci du nevrileme, el den couper alors un Fragment long de i a 3 millimetres. A I'aide de pressions couvena- blement exercees sur le fragment avec des aiguilles, et de tractions faites en tatonnant sur i'une de ses extremities, onparvient facilement aretirer completement le pinceau de tubes nerveux accompagne de quelquos iibres de tissu ceilulaire. Le perinevre est alors debarrasse, autant que possible, des iibres de ce genre qui restent aulour de lui. II suffit de porter la preparation sous le microsco|)e, apres I'avoir recouverte d'une lame dc verre. Avec nu peu d'babitude, I'oeil nu distingue deja le perinevre du tissu ceilulaire ambiaut gontle par I'eau, en ce que celui-ci prend une teinte blanche, et I'aulre reste gri- satre, pale, derai-transparent. 11 faut pour celaque la preparation soil plac^e sur un fond noir. Souvent, dans les dernieres dilacerations, il arrive de declarer le tubeetonn'envoitque leslambeaux plus ou moins larges. Dans repnisseur des tissus oil le perinevre n'entoure qu'un ou deux tubes, la preparation est la meme que celle qui a pour but de cbercher a montrer le mode de terminaison des nerfs. Le r61e do cet element anatomique, comme protecteur des tubes ner- 95 veux conti'fi leur rupture, si facile par dislension lorsqu'ils sont isoles, est des plus (5viclents ; il ressort manifestement de sa resistance a un ef- fort d'extension ct de son peu d'elasticite. C'est au p(5rin(''vre, et non au nevrilerae, ainsi qu'on le dit habiluellement, que les nerfs doivent la propriete de traverser intacts des parties endanimees ou atleintes des diverses lesions organiqucs diles degenerescences. C'est encore k lui que les nerfs doivent la iiroprietc de ne point olTrir, dans les cas de uevrites, ces alterations coniparables a cellcs que presentent les muscles alteints de muitis ou d'autres tissus enflammfe; c'est a lui, en UQ mot, qu'ils doivent de recouvrer leur activite aussitot que linflam- mation a cess6 ; car celle-ci si6ge dans le nevrileme, seule partie vascu- laire, puisque les capillaires ne traversent pas le perinevre et ne vont pas se repandre entre les tubes nerveux eux-memes. Enfin, c'est au perinevre que les nerfs sont redevables d' avoirs Icurs vaisseaux primi- tifs simplement ecartte les uns des autres sans etre envaliis ni detruits par les tumeurs fibreuses et fibro-plastiques qui ont le ncvrileme pour point de depart. HisTORiQUE. — Toute partie du corps qui a une existence distincte a toujours etc vue partiellement, soit al'elat normal, soil dans quelque circonsfance morbide avant d'etre decrite d'une nianiere complele, et, par suite, reconnue pour ce quelle est reellemcnt, taut au point do vue anatomique que physiologiquement. Tel est le cas de r616ment anato- mique dont on vient de lire la description. Pourtant, parrni les nom- breux auteurs que j'ai consuUes, la plujjart avanccnt que les faisceaux secondaires et tertiaires des nerfs sont entoures par des subdivisions dun6vrilenie exterieur ou comraun. Je n'ai trouv6 que les suivants dont les Merits fassent exception a cctte remarque. Bogros (1), le premier, a reellement vu les tubes decrits dans co md- moire, mais seidement quant a leur disposition niorphologique ou ex- lerieure, et seulement d'apres ce que lui montrait Tin jectiou de chaque faisceau nerveux primitif, dontil remplissait le perinevre, grace a la distension que fait eprouver acelui-ci la pression d'une faible colonne de mercure introduite a I'aide d'un tube de verre elTde a la lampc. Tout son travail est empreint d'une grande exaclitude d'observalion. (1) Bogros, Memoire slr la structure des nerfs, Iu a lAfademic des sciences le 2 mai 1825 (IIepertoire generai, d'anatomie et de phvsiologie. Paris, 1827, in-4», t. IV, 1" partie, p. 63). 06 Toutefois, n'ayant pas sous les youx les elements reels iles uerl's ou tubes nerveus., ni meme Fel^ment tubuleux dont il est ini question, (lent I'existence ne lui est cle noiilree quo par deduction, de temps ii autre, il est conduit a des erreurs. Toutefois, son travail est loin de m^riter le discredit dans lequel il est tomb(?, discredit telque ce travail n'estcite presque nu'lc part. Les opinions pen cxactes quiregnentsur ce travail, publie apres la mortde Bogros, son I du roste dues surtout a une note, aussi defavorablo au fond que louangeuse par la forme, dont les redacteurs du recueil oil il est insere ont cru devoir le faire sui- vre. EUe est due aussi a un memoirc contradictoire de Rrescbet ct Raspail (1), dont, malgre son litre, il est impossible de lirer un seul fait exact, si ce n'est qu'il renfermc deux bonnes iigures grossies des vaisseaux primitifs ou a perinevre, et de leur disposition en faisreaux secondaires enluurcs de nevrilemc propreiuent dit. U resulle 6videni- ment, de la lecture de ce memoire, quo les auleurs n'onl pas compris celui de Bogros, pour n'avoir injecte que le nevrileme et iion I'euve- loppe propre des faisceaux primitifs. Bogros demon Ire que « tons les iilets nerveux, a rexceplion des nerfs optique, acoustiquc et olfactif, sont creuses d'un canal permeable a I'injection; les parois de ce canal sont formces de deux tuniques de structure diPferente La premwre, appeleencvnV^me, se compose de diverses lames fibrciises : les plus cxternes forment une euveloppc commune a tons les fdcls d'un meme cordon nerveux; des lames plus profondes fournisseiil a cbatiue filet du nerf une tunique distincle intimcmcnt appliqu6e siir la (unique interne. Cette derniere, appelee pulpeuse^i est pariiculieru a cliaqiie lilct nerveux » (p. 6(i). A eel endroit, commencement des erreurs dues a ce (|u'il compare a la substance ce- rebrate les iilets en faisceaux primitifs, qu'il prend pour les derniers elements des nerfs. « Les racines do tons les nerfs qui naissent de la moellc ejiiniere et de ses prolongemenls cerObraux ne sont pas per- mi^ables a I'injection. « La structure canaliculee s'etend jusquc dans I'epaisseur des ganglions. (P. G'l.) La il y a passage du mercure dans les veines. (P. 65-66.) (t) Brcschel ct Raspail, Anatomie microscopique des nerfs, pour demon- trcr leur structure inlimc ct rabscnccde caiiaux contcnant un lluido et poii- vant, apri's la morl, etre facilcmciit iujoctes; lu a la Societe phUoiiialkiuc Ic 2 jnin 1827 ilbid. Paris. 1827. in 4", 1. IV, 2« partie, p. 185). 97 En injectant les racines par la dure-mere, le meme fait se rcprooluit, et il passe aussi du mercure dans les filets d'origine du grand sympa- Ihique. (P. 66.) Si Ton injecte une racine a partir d'un ganglion, le mercure va tomber dans la dure-mere rachidienne et remplit aussi des veines. (P. 65.) Si Ton divise I'injection d'une racine aulerieure du cote de la dure-mere, le mercure va tomber directemcnt dans celle- ci. (P. 66.) Du cotd de I'extremite des nerfs, I'injection penetre dans dcs ramifications invisibles a I'a'il nu, qui, dans les muscles, finissenl par avoir la direction de leurs fibres, et qu'on pent faire arriver a la surface du derme etdes muqueuscs. (P. 68.) Voici encore un passage relatif aux anastomoses qui, d'apres ce que j'al vu, me parait designer une disposition morphologiquc exacte : « L'injcction demontre trois cspeccs d'anastomoses dans les nerfs : la l)rcmiere a lieu entre tons les filets (faisceaux primitifs) qui partent d'un memo ganglion La deuxieme consiste dans I'aboucliement d'un canal nerveux dans un autre; elle seremarque non-seulemenl entre tousles filets d'un meme cordon nerveux, mais encore avcc ceux d'un cordon voisin : telles sent les anastomoses qui se remarqucnt entre les plexus brachial et crural, etc La troisieme a lieu par I'accolement d'un ou plusieurs filets d'une paire de nerfs a un cordon nerveux d'une autre paire » (P. 68.) Bogros trouve que le canal des filets nerveux est tres-petit par rapport aux parois, et il en juge d'a- pres la finesse de la colonne de mercure qui parcourt les filaments qu'il injecte. (P. 67.) Le fait se comprend facilement, si Ton juge qu'il injecte un canal que le mercure se creuse par distension du pe- rinevre, et en filant sur le cote du faisceau de tubes nerveux qu'il en- loure. L'injcction du grand sympathique du cou, des nerfs cardiaqucs et de certains filets du plexus solaire lui a donne des resultats analo- gues aux precedents, et lui a montre que les filets d'origine du grand sympathique (fait vrai pour les racines blanches seulement) passent au dela des ganglions places sur le cote des vertebrcs, sans s'identifier avec eux. (P. 69-70.) Les autres particularit6s qu'il signale, par rapport h ce nerf, n'ont pas assez de neltett^ pour raeriter d'etre signalees. Dix aas plus tard, M. Cruveilhier (1) verifie toutes les observations (1) Cruveilhier^ Anatomie descriptive. Paris, 1S36, iii-8», t. IV, p. 753-756, ct editions siiivantes, t. IV. .MEM. 7 98 de Bogros ; il niontre que son Imvail n'u pas el6 appr6ci6 a sa valeur ; il donne une descriptioa pleine de neUet6 et de i)r6cision des memes faits, qu'on salt etre transcrits d'apres de nombreuses experiences et d'apres nature. 11 appelle gafne propre celle que Bogros appelle pulpcuse, et revint a plusieurs reprises sur son independance et sa distinction du nevrileme'. Chaque filet nerveux (faisceau primitif) « est forme non- seulement par la substance nerveuse, mais encore par une gaine propre Men distincte du nevrileme. Ce filet, ainsi depouille du nevri- leme, pcut etrc aussi parfaitement injects que s'il n'avait pas ete se- pare des autres filets qui entrent dans la composition du nerf dont il faisait partie. Alors I'injection oflre tous les caractcres de I'injection centrale, et I'examen a la loupe de ce filet injects demontre que les filaments nerveux (reunion de plusieurs tubes accoles?) qui le consti- tuent sont regulierement dissemines autour de la colonne de mcrcure. II suit de Ik que, dans I'injection centrale d'un nerf, on n'injecte ni le nevrileme, ni la substance nerveuse, ni des vaisseaux, mais une gaine propre a chaque filet nerveux; que si I'injection passe d'un filet dans un grand nombre d' autres filets, cela tient a ce que les canaux formes par les gaines propres s'anastomosent entre eux. » M. Cruvcilhier ajoute tres-exactement en note que « le mot anastomose^ pris dans la rigueur de son acception, s'applique aux gaines propres et aux gaines nevrilematiques, et nuUement aux tubes, filaments nerveux ou fibres nerveuses. » 11 admet a tort qu'elle existerait dans les racines ante- rieures et posterieures, mais s'y dechirerait avec la plus grande faci- lity; mais ailleurs il constate que cette gaine propre est/br^ r^sisianic. Sou dcfaut d'adhercnce aux fibres (tubes) et sa surface interne, lisse comme le montre Tinjection, lui font admcttre qu'elle est de nature sereiise^ et par suite que c'est sur elle que se portent les causes rhu- matismales, qui determinent des n^vralgies aussi indifferemment que des lesions des synoviales articulaires; que c'est elle enfin, et non la substance nerveuse qu elle enveloppe , qui est le siege de la n6- vrite. Ainsi, bien que verifiee avec une grande nettete, I'cxistence de cette parol propre desfaisceauxprimitifs des nerfs, differentedu nevrileme, est generalemont passec inaperrue; elle est restee comme un fait ignore, douteux ou insignifianl, lorsqu'elle devrait etre un fait clas- sique. C'est qu'en effet les descriptions publi^es ne portent que sur la forme et I'^tcndtie, mais non sur la structure reelle, I'cilement anato- yy luiquc dc la substance me.rae, c'est-ii-dire sur k nature organique do la parlic dont il s'agit. Lcs travaux precedents, pleius de lucidite et d exactitude, ayant exig(^ de longues depenses de temps et d'ellbrts, et pourtant laisses de c6te partes auteurs qui ont depuis traite des nerfs, montrent tres-nettement combien il importe d' avoir examine tous les ordres do caracteres de chaque partie du corps, et surtout ceux d'or- dre organique, avant de pouvoir les faire accepter pour ce qu'elles sont. Et ce n'est pas sans raison qti'il en est ainsi ; car c'est, on effet, alors soulemont qu'il est possible d'apprecier exactement lour nature, et de reconnaitre quel est rocllemont lour role. C'est ainsi que, pour n'avoir pu remplir ces conditions, M Gruveilhier s'est trouve amene a determiner comme sereuse^h comparer anatomiquoment et physiolo- giquement aux synoviales, qui sont des parties complexes, un etemont anatomique ayant forme de lube, dont la substance est simplemeut horaogene, amorphe et parsomeo de noyaux, comme Tost, par exem- ple, colle des plus ftns capillaires. C'est ainsi encore que, par suite, il estaraen6 a considerer comme le siege de la nevrite un element ana- tomiqtie, une partie simple, qui naturellcment n'est pas vasculaire. li est vrai toutefois, comme Ic pense M. Gruveilhier, que le siogo de la nevrite n'est pas dans le pinceau de filaments (tubes) paralleles qui composent la substance de chaque filet ou faisceau primitif. On a vu plus haut, en elfet, que nul capillaire ne traverse le perinevre et no se distribue dans la cavite entre les tubes nerveux memes ; mais ce n'est pas non plus le perinevre, element anatomique tubuleux a parol sim- ple et homogone, qui est le si6ge de la nevrite, puisqu'il ne contient pas et par sa nature no peut contenir des capillaires. Le nevrileme seul est le siege r(5el de la nevrite, car seul il renferme des vaisseaux ; en un mot, la nevrite est rinflammation du nevrileme, seule partie des nerfs peripheriques conienant des vaisseaux, seule susceptible des'en- flammer par consequent. Les etements nerveux n'en sont pas moins les^s pour cela, soil par la compression que determine la congestion, soil par suite du trouble do la circulation du sang, auquel ils emprun- tent leurs materiaux nutritifs, emprunt qui, pour etro indirect, n'en est pas moins r6el que dans le cas des muscles oii s'observe un fait analogue. Les auteurs qu'il me reste a citer ont certainement apercu le peri- nevre, mais- par place sculemenl, vers la lerminaison du tube nerveux en particuJder. A rinvorsc de Bogros et de M. Gruveilhier, ils lui don- luu nent le uom de nevrileme; cai" ilsle conToQtlent avcc le ncvrileme dans les troQCS nerveux, oii tous deux se Irouvent rdunis; ils le prennent encore pourlui dans les points oil il nexiste pins du tout, ou bien n'est represente que par des librilles longiludinales du tissu ccllulaire ne constituant plus une couclie particuliere bien distincte ct epaisse. C'est ce qu'on observe dans la profondeur des tissus ou les faisceaux primitifs se sont dissocies en tubes qui marchent isolement, ou par deux, trois ou quatre ensemble, et font rOellement partie du tissu dansiequel ils se lerininent. Les passages suivants portent a croire que Henle a eu sous les yeux des portions de perinevre ; mais 11 faut avoir vu cet Element pour sai- sir la signiHcation de ces passages, empreints des idees sur la transition qu'ils supposent alors cxister cntre les diverses especes d'elemenls anatoiniques : « J'ai deja dit pr^cedemment que le tissu cellulaire du ndvrileme a Ions les caracteres du tissu fibreux ; mais les cloisons ten- dues entre les faisceaux (de tubes nerveux) so composent de fibres ou de membranes ayant plus d'analogie avec les formes que le tissu cellu- laire parcourt pendant son developpemenl, ou representent des transi- tions entre lui et les Epitheliums Entre elles (les fibrilles du tissu cellulaire) passent des fibres qui se distinguent par des renflements cil)longs, obscurs, des residus de cyloblastes aux depcns desquels ces fibres se sont produiles, et des lubes membraneux depourvus de struc- ture, hyalins ou faiblement granules, a la surface desquels se voient des noyaux de cellules etires en long. J'ai vu de ces tubes qui ue ren- fermaient que deux fil)res (tubes) primitives (1). « D'apres ce que j'ai observe moi-meme sur les nerfs de I'appareil Oleclrique des Raies, il me parait tres-probable que c'est le perinevre que M. R. Wagner a decrit et figure autour de tubes isoles de I'appa- reil electrique des Torpillcs. II se borne, du reste, aux quelques mots qui suivent : « Chaque branche (des tubes nerveux) est entouree dune gaine pale, transparente, prolongement de la gaine epaisse de la fibre (tube) primitive, laquellc est accorapagnee par celle-ci dans tout son parcours, et laisse apercevoir par place, a une certaine distance Ics uns des autres, des noyaux tout a fait semblablesii ceux qui existent (1) Ucnlc, TiiAiTE d'anatojue gexeuale (ISil), Irad. Ir. iiai- Jourdau. Paris, 1843, iii-S", t. 11, p. 1G1-1G5. 101 dans Ic tronc des fibres (lubes) primitives, entre la gainc et la moellc (\cs lubes) (1). » Le perinevre a el6 signal^ et figure par Czermak egalement (2), dans les nerfs de la peau des grenouilles : « Ghaque faisceau, dit-il, possede une gaine propre assez large, pourvue de noyaux ; souventelle s'eloigne trcs-regulierement d'un cole du nerf, est tres-rapprochee de I'autre et s'ecarte considerablement du nerf, s'il a etc un peu aplali par une douce pression des lames de verre » « Daus le milieu se trouve Ic faisceau nerveux enlour6 de tissu cellulaire. La gaine est gonflee en forme de ventre enlre chaque res- serrement. De telles preparations etant trailees par I'acide acetique, on observe (quelque temps apres que se sont operes les cliangemeuls qui surviennent dans les faisceaux de tissu cellulaire) qu'il se coagule une masse delicate, fmcment granuleuse, surle faisceau nerveux, a I'interieur de la gaine, cntrainant oaet laun corpuscule plus gros. J'ai observe cefait meme dans les plus fins rameaux nerveux, et je crois, d' apres cela, qu'aulour des nerfs 11 sc trouve encore contenu, aTinte- rieur de la gaine, un liquide coagulable. Dans les plus fines ramifica- lions, qui parcourent egalement Tiulerieur d'un prolongement de la gaine generate, ce contenu coagule est quelquefois genant pour I'ob- servation, parce que le plus souvent il prend tout a fait la forme d'une fibre, ctnuit ainsi al'evidence de I'observation et a la suret6 de la dd- lerminalion. » Je n"ai pas pu conslater la coagulation du liquide dont parte Czermak, mais seulement I'etat linement granulcux que determine I'acide ace- tique dans la substance du perinevre. L'ecartement entre la face in- terne du p6rinevre et le ou les tubes, quand la pression des lames de verro le determine par aplalissement des plus petits filets nerveux, esl, chez les animaux k temperature variable du moins, rempli seulement par le liquide dont on s'est servi pour faire la preparation, qui penetre par endosmose. (1) U. Wagner, Sympatischer Nerv. (Handwoerterbuch der Physiologie. Brauuschweig , 1847, Band 3; erste Abtheilung, p. 384, fig. 51, b, c, ct fig. 52, b, c). (1) Czermak, Ueber die Hautnerven des Frosches. (Arciiiv. fcer Anat. UND PiiYSiOLOGiE, von J. Miiller. Berlin, 1849, in-S", p. 250, 257, pi. IV, fig. 2, S, k, ct pl. V, fig. 3 a 9, S, k, et fig. 4, i, n.) 10-2 L'u passage de kuulliker (1), qui coincide asscz exactemenl avec ia description et I'esprit des interpretations de Henle, et en outre une de ses figures (2), montrent qu'il a eu sous les yeux le perinevre, au moins celiii des tubes isoles; mais il le considero comrae du nevriienie et lui endonnelc nom : « Le nevrileme, dit-il, consistepavtouten tissuceliu- laire; pour taut ses formes sent assez varices. Dans les ramifications terminales, ou dans quelques regions, comme ca et 1^ dans les os et les muscles, une seule ou un petit nonibre de libres (lubes) nevveuses primitives possedent encore une gaine exterieure. Celle-ci se presente comme une enveloppe homogene , pourvue de noyaux longs de ()iigDe()03. elle subsiste ainsi egalement dans les petits rameaux des nerfs et des muscles ; seulement ca et la sa substance commence a se fendre en fibre dans sa longueur. Les noyaux deviennent plus longs (0''S"^005^a 0,008), souvent presque autant que dans les muscles lisses, et commencent a se transformer en fibres de noyaux, qui, chez I'homme aussi, comme Henle I'a yu sur les grenouilles, se montrent comme en- veloppant tout lefaisceau. Dans les nerfs plus gros, elle passe definiti- vement a letat de tissu cellulaire ordinaire, avec des fibrilles eviden- tes, dirigees dans le sens de la longueur, comme dans les membranes fibreuses entrera^lees de beaucoup de fibres de noyaux; pourtant ici encore se montrent, notammenl dans la profondeur, des formes de tissu cellulaire imparfaitement d6velopp6. » Ka^liker figure encore sous le sous le nom de uevrileme (3) la meme enveloppe liomogene pourvue de noyaux longitudinaux autour des tubes ou des petitg faisceaux ner- veux qui aboutissent aux corpuscules du tact de la main. Bien que R. Wagner ne signale pas le perinevre autour des tubes nerveux qui aboutissent aux corpuscules du tact, les connexions si- gnal^es plus haut de ceux-ci, d'une part, et des corpuscules de Pacini, d'autre part, avec ce mSme p^rinfivre, viennent confirmer les analogies (1) Koelliker, Mikroskopische Anatomie. Leipzig, 1850, in-S", t. II, 1" partie, p. 515-516. (2) Koelliker, ibid., p. 340, flg. 107, b. (3) Koelliker, Ueber den Bau der Cutispapillen und die sogenannten Tastkoepercuen R. Wagners. (Zeitscurift fuer Wissenschaftliche Zoolo- GiE. Leipzig, 1853, in-S", t. IV, p. 43-51, pi. 111. lig. 1 a 6, b.) 103 elablies entre ces deux ordres de corpuscules par le physiologiste de Ga:'ttingue(l). Gomme on le volt, tous ces documents etaient loin de constituer unc histoire complete du perinevre; aussi ce n'est pas sans 6tonnement que i'ai trouve si peu de fails Lien interpreles sur un element si diffe- rent de ceus du nevrileme et des tubes nerveux; car, le rencontrant dans toute preparation des tubes nerveux peripheriques et le d^cii- vant depuis longtemps dans mes cours, je I'avais toujours cru connu pour ce qu'il est. (1) R. Wagner, Ueber die Tastkoerperchen {corpuscula tactus). (Archiv. FUER Ai\AT. uxD rnYSiOLOGiE von J. Mullcr. 1852, in-8°, p. 499.) IVOTE LA COLORATION DE LA MER DE MADAGASCAR, DUE A UNE ALGUE MICROSCOPIQUE, lue ^ la Societe de Biologie , Par le Docteur CIl. GOQUEUEL, Clilrurglon de la marine impSriale Pendant le sejour que je viens de faire dans Pile de Sainte-Marie de Madagascar, oil j'otais cliarge du service medical de la colonic, j'ai 6U'' lemoin d'un phenomene curieux, dont I'etude pent ofTrir quelque in- t(3ret et sous le point de vue de Phistoire naturelle et sous celui de la patholofiie. Chacun salt que, dans les pays cliauds , il n'existe pour ainsi dire que deux saisons : la saison sbche et la saison htimide; la premiere est connue sous le nom d'ele et la seconde sous celui d'hivomagc. A Madagascar, PhiTernage commence en d^cembre et Pmit en mars ou avril. C'est Pepoque des coups de vent, des grandes pluies et des fortes clialeurs ; c'est aussi la periode la plus malsaine de Pannce, celle oil les fievres paludeennes acquierent leur maximum d'inteasite el oii se montre le phenomene que je vais decrire, et dont I'induence per- urn nicieii?e viiMit s'ajoiiler aiix causes dcja si nombreuses d'insalubritu que presenle la saison des pluies. Les colons franrais etahlis a Sainte-Marie m'avaient souvent park' d'une coloration parliculiere que pruseiitail I'eau de la mer pen- dant riiivernage, el le. 15 Janvier 1853, je fus moi-meme temoin de ce fait. Lcs vents du novd et du nord-est soufttaienl depuis quelqucs jours avec une grande violence; dcs pluies continuelles inondaient le sol; la temperature etait fort elevee; le thermometre descendait rareraent au-dessous de 32 degres, lorsque je vis un matin que la mer presen- lait, le long de la cote de I'ile, une coloration d'un vei-t jaundtre. Les flots semblaient couverts d'une t5cume parliculiere, qui davenait lou- jours plus epaisse ct se raassait pen a pen dans toutes les anfractuo- sites du rivage. Je fus frappe imniediatement de I'odeur singuliere qu'exlialait la maticre qui colorait ainsi les eaux ; on peut la comparer a celle qui se produit lorsqu'on agite de la farina de graine de lin dans I'eau bouillante. Au bout de qnelques heures, la couleur changea completement d'aspect : la teinte jaune verdatre fut reniplac6e par une coloration rose d'abord, qui passa bientot au rouge fonc^. A ce moment on au- rait dil que les tlots de la mer, le long du rivage, ^talent meles de lie de viu, et cette coloration s'etendait a plusieurs metres de la cote, en s'affaiblissant peu a peu. A mesure que la teinte rougeatre devenait plus foncee, I'odeur cbangeait de nature ; elle devint bientdt d'une acrete extreme. On ne pouvait rester quclque temps sur le rivage sans eprouver uno trcs-faligante sensation do constriction a la gorge , et comme I'impression d'une saveur cuivreuse. Je ne saurais mieux la comparer qu'a celle qu'exhaleraient des vapeurs leg^res de bioxyde d'azote. Tant que les vents du nord continuerent a souffler, cette maliere epaisse, couleur lie-de-vin, ne cessa de s'amasser sur la plage, et les flots en paraissaiout charges sur toute la cote de Tile de Sainte-Marie qui regarde la grande terre de Madagascar. Ce ne fut quau bout de quelqucs jours, lorsque les vents changeront do direction, qu'elle di- minua peu h. peu. La mer conserva encore pendant quelque temps une l^gere coloration rougeatre. Leg vents cliargiis des exlialaisons ftUides de cette substance singu- liere fiont, certainemont los plus malsnins de anw qui ri''0'iioul pendnni 107 I'hivernago.Les ftotsqiii vcnaientse briser sur lerivaseOeSainle-Marie n'avaient pas encore repris toute lour limpidilc que de noml))'eux cas de tievre se declarerent parmi les Eiiropuwis de la colonie, et je con- statai de plus que les malades qui etaient en ce moment a Ih^pital 6prouvaient des aeces febriles plus frequents etplus intenses. Quelle (^tait la nature de cette substance? Les traitants de Mada- gascar m'assuraient que ce phenomene, assez frequent pendant la sai- son despluies, etait prodiiit par des bancs de frai de poisson qui, battii par les tlots, venait se putr611er sur la rive. Les Malgaches, au contraire, avaient tres-bien observe qu'il n"y avail la rien de sembla- ble a du frai de poisson, ct dans la simplicite do leur langage primitif, ils donnaient a la matitire t^paisse qui couvrait les plages de leur ile le nom de tay rano-masina ( viaris excremenUim ). Ayant soumis cette substance a I'examen microscopique, j'ai pu suivre toutes les phases du phenomene, et voici les faits que j'ai constates. Lorsqu'avec un faible grossissement on examine cette substance au moment oii elle vient de paraitre sur la c6te, qu'elle est peu ^paisse et qu'elle colore legerement la mer en jaune verdAtre, on voit qu'elle est composOe d'une multitude innombrable de petits corps en forme de fuseau. Cos corps sont renfles au milieu et legerement attenuos a chacune de leurs extriimites. Leur longueur depasse rarement 1 mil- limetre, et la largeur des plus gros ^gale k peine un cinquieme de millimetre, lis sont d'un vert jaunatre clair, flotlent a la surface de I'eau et ne colorent pas le liquide qui les baigne. lis ne sont doufe daucun mouveraent. Examines a un grossissement de 60 diam^tres, ils paraissent form(5s d'une douzaine de filaments (le nombre varie) appliques exactement les uns contre les autres. Ces fdaments se si'parent avec la plus grande facilite; ils seml)lentr6unis par une mati^re mucilagineuse. Examines isolement a un grossissement de 4 k 500 diametres, on voit que ce sont des corps cylindriques parfaitement r(5guliers, un peu recourbes sur eux-m^mes, disposition qui provient de la forme en fuseau qu'ils af- fectent quand ils sont reunis en bottes. lis sont arrondis h chaque ex- tremite, et divis^s en cellules transparentes qui renferment dans leur interieur des granulations vertes. Le diametre de ces cellules I'em- porle un peu sur la hauteur, et les granulations qui remplissent cn- tierement celles qui sont situ(?es vers le milieu du filament sont beau- coup plus rares dans celles des extremit(^s. Ces filaments sont immobiles, 1U8 et les granules que contienneat les cellules ne prOsentent aucun mou- voment de giration. Pour se faire une icWo exacte dcs faisceaux et des filaments qui les composent, il faut avoir soin dc les placer sous le microscope des qu'ils comracucent k s'amasser le long du rivage , et pendant que la mer pr^senle encore une coloration verte. En effet, leur decomposition est trcs-rapide ; mais il est facile de suivre les phases diverses de ce plienomene. On voit d'abord les faisceaux s'aplatir, les filaments se separer, puis les cellules se deformer, se detacher les unes des autros et les grauulations s'(5chapper de leur interieur. G'est alors que Feau de mer qui les baigne commence a se colorer en rose, et que I'odcur qu'clle exhale devient plus forte. EUe est tout a fait f6tide, et la cou- leurlie-de-vin est plus foncee que jamais an moment ou les faisceaux et leurs filaments sent completement dusagreges. A cette epoque, le vase dans lequel la matiere fitait contenue n'offrait plus qu'une piite epaisse, d'un rouge brun, un peu violace, et dans laquelle le micro- scope ne me faisait plus apercevoir que les debris informes des corps prec(3demment studies. A aucune epoque de ces differentes transformations, je n'ai remar- qu6 d'infusoire dans le liquide. De tout ce qui precede, 11 r^sulte de la maniere la plus ^videnle que la coloration des rives de file dc Sainte-Marie de Madagascar etait due a une plante marine. Plusieurs faits analogues 6taient d6ja connus. Beaucoup d'auteurs avaient parlO de diffi5rentes colorations que pr^sentait la mer dans diverses circonstances; mais c'est k M. Ehrcmberg qu'on doit la pre- miere observation exacte h ce sujet. II remarqua que la coloration que pr^sentaient les eaux a Tor, dans la mer Rouge, (itait due a une algue qu'il designa sous le nom de trichodesmium erytlirmim. L'observa- tioudu cel^bre micrographe, faite en 18-23 et inseree dans un journal de cliimie allemand, etait demeuree presque inconnue a dcs physiolo- gistes , lorsque M. Montague eut occasion d'etudier la memo algue, d'apres des individus recueillis dans la memo localilc' par M. Evener- Uupont, avocat de file Maurice, et publia un memoire important a ce sujet. (Mem. sur la colorat. des eaux de lamer Rouge [Ann. sc. natur., 3' serie, t. 11, p. 332] ). Dans ce travail, plein de science et de veritable erudition, notre Eminent botaniste d^montra quec'iitait a la prt'sence du tricliodesmium que la mer Rouge devait ce nom de mer tryllmc lOli que hii donnaient Ics anciens, et que roii Irouve dcja dans Herodolc. 11 signala en outre Fexistence d'une sccondc espcce du memc genre, oh- fiorvec par M. le docleur Hinds, a Libortad, ])res de San-Salvador, sur la coleoccidentalc d'Amerique, par li° lat. nord. Cetle espece, qui est d'une couleur rouge comma la pr6cedente, exhalait unc odeur que M. Hinds compare a celle du foiu mouille pendant un temps de pluie. Pendant trois jours, dit le memo obscrvateur, une brisc de terre pous- sait cette planlc en masses considerables autour du navire. L'odeur en devint si desagreable ot si penetrante que plusieurs personnes du bord eprouverent une irritation des yeux, suivie d'une abondante secretion de larmcs. (Montague, loc. cit.^ p. 360.) Ces deux especes ayant pour caractere commun la couleur rouge, M. Montague designe la premiere sous le nom de trickodesmium Ehrcmbergii, et la seconde sous celui de Fr. IJindsii. Dans ces derniers temps, M. Camille Darosle s'est assure que la colo- ration rouge que prescnte souvent la mer dc Cbiuc etait due a un tri- chodesmiiim qui no ditlere pas specinqnement de Icspecc de la mer Rouge. (Mem. sur la colorat. de la mer de Chine [Ann. sc. natur., 'i"seric, Uo?., 1. 1, p. 81. 1854.]) Quant a la plante que j'ai obscrvee a Madagascar, clle rcntre sans le iiioindre doute dans le meme genre ; mais je crois qu'ellc doit former une troisieme espece, bien distincte des precedentcs. Sa couleur n'est pas rouge, comme celle des especes du golfe Persiquc et de I'Ameri- que ; elle est constarament verte; elle ne dcvient meme jamais rouge. La coloration, d'abord rosec, puis lie-de-vin, qu'elle communique au.x. cauxdela mer, n'apparait que lorsque la decomposition commence, et la teinte est d'autant plus foucee que I'alteration de la plante est plus avancee. Ce n'est pas le trichodcsmium qui se colore en rouge : cest I'eau qui le baigne qui prend cette couleur. En examinanl au microscope la masse epaisse qui se produit a cette epoque de decora- position du vegetal, on volt que les debris de cellule que renferme le liquidc sont devcnus completement iucolores; les grains de chloro- pbylle out disparu, et c'est le liquide lui-meme qui presente la teinte rutilanto. II y a la tres-projjablement une action cliimique toutc spe- ciale qui se traduit a I'exterieur par le developpement d'une matierc coloranle rouge que dissout I'eau de la mer, el par un developpement do gaz deletere, dont j'ai deja indique les proprietes malfaisantcs. N'ayant a Madagascar aucun reaclif cliimitiue a ma disposition, je n'ai 110 pu etudier cecote dc la (juestion : c'esl uue lacime daus moa travail, et j'appelle vivemcnt ratteiition des observateurs sur ce fait interes- sant. Je dois ajouter cependant que j'ai reraarque dans la uialierc epaisse couleur lie-de-vii] le d^veloppemenl d(; pelites bulles qui se degagaient du liquide. L'algue observee par M. Hiuds ofl're avec la notre I'aualogie de donuer naissaace au dcveloppcment de gaz irri- tant; mais jen'ai pas remarque I'actioa qu'il sigiiale sur la conjonc- live : c'est plutot sur Tappareil respiratoiro (|iie lespece dout je m'oc- cupe paraissait exercer une action parliculicre. Ouaud je restais qucl- que temps sur lerivage, j'eprouvais une dyspnee legerc et comme un sentiment de suffocation. La Ibrnie toute particuliere des faisceaux. separe encore d'une ma- niere evidcnte notre cspece des precedentes. M. Dareste exprimc tres- bieu I'aspect de ces dernieres en disant qu'on ne saurait mieux les comparer qu'a des paquets de cigares microscopiques. {Loc. cit.^ p. 83.) La noire, au contraire, est remarquable par la forme de fuseau, tres- attenuee aux extremiles, que prcsenlcnt les paquels de filaments qui la composent. J'ajouterai de plus que, d'apres les dessins de M. Mon- tague, la forme des cellules parait differente : elles sont plus hautes que larges dans I'espece nouvelle, et c'est le contraire pour les especes deja connues. Je me crois done autorise a I'aire du irickodesmium de Madagascar une esp6ce particuliere, ot la dediant aM. Montague, dont robligeance inQnie egale le vaste savoir, jela designerai sous le nom de irickodes- mium Montagnii. Caract. SPiX. — Trichodesmium Moniagnii : fdis iiherc nalantibus^ LiUcoviridibus^ cylindraceis^ levitev avaialis in fasciculos miniUos^ fu- siformes utriiique atleniialos el muco conjiuiclis, arlictdutis, arlicutis scepe diametro longioiibus. RECHERCHES RELATIVES A L'USAGE DE LA BILE CHEZ LES NOUVEAU-NES, Memoire couummiqiie a la Societe de Biologie, , dims sa siiaiice da 11 uoveinbre 1854, PAR le Doctcur ALBERT PORGHAT , secretaire de )a soci6(6. Au mois de juillet dernier, je lis Tautopsie d'lin enfanl nouvcau-ne , atleiul d'un ictere tout a fait intense, et qui etait mort a la creche de riiospice des Enfants-Trouves, oii j'^tais interne. Je fus frappe de voir combien la vesicule biliaire 6tait distendue par son contenu. Je la com- priraai avec les doigts pour faire sortir la bile par le canal choledoque ; mais j'eus beau presser assez fort, je n'obtins aucun resultat. Je fondis alors la vesicule, et je vis que la bile etait excessivement epaisse, d'une apparence resineuse et d'une couleur foncee. Je fis passer un stylet tri's-fin dans le canal choledoque , et je vis que ce conduit etait per- meable. Quelques jours apres , j'observai le nieme phenoaiene sur deux autres cadavres d'icteriques. Je fis alors des recherches sur un grand nombre de sujets non icte- riques, afin de savoir si le fait de la retention de la bile dans la vesicule ll'i etait parliCLilier a I'ictcro : siir Ions cos siijels, sanscu excepler unseiil, dfs pressions asscz Iciicres exercees sur lefond dc la vesiculc faisaicnl couler la bile dans le duodenum. La Lile etait ordinairement d'un jaunc fonce et liquide ; la v^sicule se vidait entieremcnt. Cette experience a ete repetee Lien des fois (sur une centainc de sujets au nioins). Jc me demandai d'abord si cette retention de la bile, que j'avais observec dans des cas d'iclere, tenaita des conditions analomiqnes iiarticulicres, telles qu'une obliteration, une coarctation du canal clioledoque, on bien a une contraction des lissus de Finlestin. Mais il m'a ete impos- sible de rien savoir la-dessus. J'ai toujours trouvc le canal permeable; une seulc fois il m'a semble un pen relreci en un point, mais pas d'une maniere bien evidente; ordinairement j'y faisais penetrer un stylet aussi facilcraent que chez les enfants non icl6riques. Le canal clioledoque parcourt un trajet asscz long dans Ics parois de rintestin, ct I'on pourrail supposer que la contraction de I'iutestin fut pour queliiue chose dans Farret du cours de la bile; mais c'est lii uue liypothesc que rien ne confirme. Je ne songeai pas d'abord a recher- clier la cause du ph6nomene, qui pouvait tenir d'ailleurs a un vice de la secretion du foic, ii une alteration primitive dc la bile, mais je cber- cliai il en apprecier les resullats. 11 fallait d'abord savoir si la bile n'avait pas penCtre du tout dans I'intestin, ct si les matieres contenucs dans le lube digestif n'en renfermaient aucune trace. Jerecueillis les matieres contenucs dans Fiuteslin du troisieme des cadavres dont j'ai parle. Ces matieres etaient blanchatres, un pcu rosecs; cllcs exbalaient une odeur fade et nauseabonde, et paraissaient composces en grande parlie de mucus. EUesfurentexamin^es par mon collegue M. le docteur Verdeil, qui voulut bien m'enseigner la mc^thode et les precedes qu'il a instilues pour arriver a retrouver les elements de la l)ilc, on bien a en constater I'absence dans une substance donnee. 11 s'agit promierement de des- sccher completemcnl les matitires en les chaufl'ant dans une capsule placee sur un bain-marie. Les matieres ainsi dcss^chees laisserent un residu tres-faible de malicre solide qui fut trailc par une petite quan- tite d'alcool absolu. L'alcool etanl reste quelque temps en contact avec le residu solide, on le versa dans une petite capsule, on le cliauffa pour en faire evaporer une parlie. M. Yerdeil remarqua deja que eel alcool ne presenlail aucune nuance vertc cl qu'il ne s'y deposait pas dc ma- tieres grasses, conimc cela aurail eu lieu si l'alcool avail contenu des elements de la bile. L'alcool evapore en grande parlie, on ajouta ([uel- 113 cjues gouttes d'eau et Ton essaya dc produire la reaction indiquee par Pellcnkofcr : aucune coloration pourpre ne se produisit. II t^tait done certain que chez cet enfant la bile ne passait plus dans I'intestin ; j'cus I'occasion de constater Ic meme fait dans un autre cas. Comnie jc n'avais constats, dans les premieres autopsies, aucune lesion capable d'expliquer la mort, je supposai que I'abscnce de bile dans Tintestin pouvait avoir contribu^ a faire perir les enfants. Le 15 septembre ISr/i, je lis I'autopsied'unnouveau-ne atteiutd'ic- tere ; les parois de I'intestin , un pen injectees, etaient ramoUics ( un peu plus de vingt-quatre beures apres la mort). L'intestin coutenait des niatieresblanchatres, ecumeuses, repandant une odeur de putrefaction. Pounions roses, flottant sur I'eau ; les autres organes sains. Le foie uii peu raou , gorge de sang noir . La vesicule biliaireetait disteudue, comnio dans les cas pr6c(Jdent3 , par une bile epaisse et lilante. Les matieres contenues dans I'intestin ne contenaient pas d' elements de la bile; elles se composaient principalement de mucus et d'albumine et ne conte- naient presque pas de graisse ni de cas6um. Quelqucs jours apres, je fais I'autopsie d'un nouveau-n6 qui a vecu deux jours seulement. Ictere intense , poumons sains, foie un peu con- geslionne, mais resistant et de couleiu- brune; notre collegue M. Ch. Robin I'a trouvc parfaitement sain. L'examen chimique des matieres donne les memes resultats que dans les experiences precedeutes ; ces matieres sont remarquables par leur couleur rouge, lie-de-Yin, et par I'odeur de putrefaction qu' elles exhalent(trente-sixheuresapreslamort). L'intestin, tres-ramoUi , presentc de nombreuses invaginations. A la fin dc septembre , une derniere autopsic me donna des resultats a peu pres semblables ; seulement l'intestin contenait des traces faibles de matieres colorantes de la bile. L'examen de ces faits me conduisit a rechercher ce qui avait 6te ilit au sujct des dangers que pouvait avoir la retention de la bile dans la vesicule. Les observations que j'ai pu recueillir ne sont pas assez nombreuses pour qu'il soit possible d'en tirer la solution de la question. On pour- rait objecter avec raison que la coincidence de la retention de la bile avec la mort pouvait etre fortuite; mais ces autopsies out ete faitesavcc soin et il aurait ete difficile, dans trois d'entre elles , de decider quelle avait ete la cause de la mort. Mais il resulte d' observations anterieures, dont quolques-unes sont tres-anciennes, que la retention de la bile dans AIKM. 8 114 la vesicule a 6t6 tres-rrequeminenl rencontriic dans des autopsies d'cn- fants nouveau-nes atteiuls d'ict6re. Seulemcnt on n" avail pas constate au moycn de la chiraie si la retention elait complete ; on s'etait borne a dire que la bile etait epaisse et distendait la vesicule et u noter qucl- qucs troubles survenus dans la digestion : ordinairement de la consti- pation, et plus souvent de la diarrhee. Sennert avail deja parle do ces accidents et de Tabsence de bile dans I'inlestia (Med. prat., 1. 111., pars VI, sect. II, cb. 7 et I. IV, De inf. morb., pars II, cb. XXIU). M. Hervieux, dans sa these ( 1847 ), avail signal^ ce fait que dans toutes les autopsies qu il avail faites de nouveau-n(5s atteints d'ict^re, il avail trouve la bile fori Epaisse, demi-solide ; mais il n'en avail tire aucunc conclusion. Le docteur Campbell ( ?\ortheiix Journal, August, 18'i4) avail public trois cas de morl surveuue cbez des nouveau-nes, labileiie s'ecoulanl pas dans llnlesliu. Dans deux de ces casil y avail absence congc^nilale du canal excreteur ; dans Tautrc, obliteration du canal par de la bile epaissie. On avail remarciue, d'aulre part, que cliez les nouveau-nes rictere n'avail ricn de grave lorsque les selles etaient bilieuses, ce qui ilevait faire attribuer la gravity dc I'ictere a la retention de la bile. Dans Ions les cas d'icterc que j'aivuguerir, il y avail eu des dejections bilieuses abondanles. II n'est pas exact de dire que lous les ictcres guerissent quand des selles bilieuses s'etaljlissent , car la morl peul teuir a d'autrcs causes qu'a la retention de la bile ; mais il est probable , d'apres ce qui vient d'etre dit, que eel accident a souvent des suites faclieuscs , et que la morl peul arriver cbez les nouveau-nes par suite du defaut de bile dans liiitestiu. Celte question de pathologie lienl ^videmmenl a cellc qui a etc de- baltue en physiologic, la question de I'usage de la bile. On a jjrctendu que la bile n'etail qu'un produil destine a etre excrete el qui n'est pas utile il la digestion. Celte opinion a el6 conibaltue el ne peul plus etre souteuuc aujourd'hui. Ce]jeudant on a vu des hommes adultes se por- ter assezbien quoique chezeuxla bile fit d6faul dans I'inlestin pendant assez longtemps ; on a dil que des cliiens pouvaienl vivre ayant le canal cholcdoque lie, et qu'ils n'eprouvaienl que de legers accidents; M. Blondlot a vu uu chien vivre trois mois sans qu'il s'ecoulal de bile dans son inlestin (EssAis sur les foxctioxs du foie, etc., Paris, 1846). M. Schwann a obtciiu des resullats loul opposes, mais il avail note quo Ics jcuncs cliions paraissaieiit siippoiicr Foperatiwi nioiiis ])ieii que les chiens adultes (Ac.uiEMiE des sciences de Bruxelles, 1844, t. XVIII). Notre collegue M. CI. Bernard s'est assure plusieurs fois que les jeunes chiens nepouvaient pasresister longtemps a ces operations aumoyeu desqudles on empeche la bile d'arriver dans I'intestin, opera- lion que les chiens adultes supportent, mais non sans eprouver quel- ques accidents (donton aura un exemple en lisant le meraoire de M. Fr. Arnold, zur Physiol, der Galle, Manheim, 1854). Chez les jeu- nes chiens, si la hile ne se verse pas dans le tube digestif, il survient, ineditM. Bernard, des troubles graves des fonctions digestives, des alternatives de constipation, des diarrhees sanguinolentes. Les reac- tions presentees par les matieres contenues dans I'intestin ne sont pas celles que Ton observe lorsque la digestion s'accomplit normalement. Ce sont des fails de cc genre qui ont fait dire ii M. Bernard que la bile pent servir a euipecher certaines fermentations. Les observations que j'ai rapportees plus haut, et dans lesquelles se trouvent consignes les resultats de mes autopsies, ont eu a mes yeux un grand interet lorsque j'ai cru voir une analogin f-ntrf loa fnitc pnHioiogic|uca oi k.^ ivsuUats plus demontratifs obtenus par la physiologie experimentale. La putrefaction des matieres contenues dans I'intestin, leur coloration blanchatre, ros^e, avaient deja attire raon attention ; ces caracteres se retrouvaient dans les matieres obscrvees chez les animaux soumis a rexperimentation. Je n'ai pas eu malheureusement d'autres autopsies a faire, et le norabre des cas rapportes dans ce travail est trop peu consid(?rable pour donner un resultat bien concluant; j'espere voir un jour de nouvelles observations s'ajouter a celles-ci. Mais ces fails, bien qu'ils soient en petit nombre, ne permettePt-ils pas de penser que si la bile , agent do la digestion , est beaucoup plus indispensable a la vie des jeunes chiens qu'a celle des chiens adultes, elle est aussi bien plus necessaire a la vie chez I'homine nouveau-ne que chez I'adulte? CAS D'ULCERES SIMPLES DE L'ESTOMAC SUIVIS DE RETRECISSEMENT PYLORIQUE ET DE DILATATION STOMAOALE, observation lue a la Soci^tS de Biologie FAR MM. LES DocTEURS CHARCOT et YULPIAN. Obs. — Le nomm^ Bitrac (Jean), opticicn, ag6 de 27 ans, entrc a I'liOpital de la Charite le 20 juillet 1854, salle Saint-Charles, n° 17. II n'est a Paris quo depuis sept ans ; il habitait auparavant la campagne et travaillait aux cliamps. Vers I'age de 14 ans il cut la variole, et a la suite de cette maladie coni- mencSrent a se manifester des engorgements ganglionnaircs aux regions sous-maxillaires. Jamais ces engorgements n'ont enti6rement dispani. II elait d'ailleurs robuste, et il n'y a que deux ans qu'il a vu ses forces diminuer ct son corps s'amaigrir. Sa m^reestmorte a I'tige de 72 ans; son pure vit en- core; ses fr6res etsoeurs se portent trfes-bien. Arrive a Paris il y a sept ans, il mcna d'abord une vie trSs-regnliere : pen- dant deux annees, il ne fit aucun exces. 11 y a cinq ans, il sc mit a liolre de I'eau-de-vie, dabord en petite (piantit<'' ; mais pen a pen il en vint a l^oiie 118 jnsqu'a prt-s d'lm dcnii-lltre par jour. D'aillcurs, il se nourrissait tr&s-bien ct maugealt de la vlande tons les jours. Au bout d'uno aniiee, il ressentit pour la premiiJre fois, apr^s chaque repas, des reuvois acides et une grande aigrcur dans le fond de la gorge. Pendant deux ans ces ph^nomenes se rcproduisi- rent chacpie jour, sans tourmenter le malade assez pour qu'il allat consulter uu mcdocin. II y a deux ans, il conimenca a vomir chaque matin, et d'apres lui, il aurait vomi presquetoutes les fois des mati^rcs alimcntaires, et de temps en temps des mucosites aqueuses. Malgr6 ces vomisscments quotidiens, il con- servait un bon appetit et il allait rd'giili^rement et facilement a la garde-robe ; ccpendant il maigrissait et s'atfaiblissait progrcssivement. Depuis cinq mois il se trouve plus malade. II vomit, apr^s cliaque repas, au bout de deux a cinq lieures. II continue toutel'ois a. manger avec appetit et assez copleusemcnt. Depuis quatre mois son ventre gonfle beaucoup dans rintervallc des repas; mais il s'afl'aisse aprt'S les vomlBsements. U cprouve, tanbJt pendant les repas, tantot dans leur intervalle , une vive douleur a la region (^pigastrique, et cette douleur, semblable a ccUed'ime biijlure par un fer cbaud, remonte dans la poitrine jusque dans le con, en suivant le trajet de I'oesopbage. II n'a jamais vomi ni sang pur ni matieres noires. Ses selles n'ont jamais etc^ sanglantes. Etat ACTUEL, LE 21 JuiLLET. —Temperament lymphatique; amaigrisse- ment considerable ; engorgement gangUonnaire assez volumineux a la region sous-maxillaire du cdt6 droit. Le malade tousse l^gSrement depuis environ six semaines; les cracliats sont en partie spumeux et en partie rauco-puru- lents. lis n'ont jamais ete sanglants. La percussion, pratiquee sur la partie ant6rieure du thorax, donne un son un peu obscur au-dessous de la clavicule droite et de la clavicule gauche ; en arri^re, la matitt^ est pbis marquee a droitc qu'a gauche dans la fosse sus-(^pineuse. En avant, on cnteud la respi- ration tres-rude, presque soufflante a la partie sup6rieure du poumon droit ; I'expiration y est tres-prolongee. De plus, dans les deux temps de la respi- ration et surtout dans I'inspiration, on pcrcoit de nombreux craquements. Memcs xjhenom^nes en arriere ct a droite. Les craquements sont beaucoup moins nombreux en avant et en arriere, du c6te gauche. Le coeur ne pr^sente I'ien d'important a noter. L'abdomen est manifestcment gonfle, surtout a la region de restomac. En cet endroit existe une sonority tr^s-grande et tres-^tendue. En remuant vive- ment I'estomac d'un c6t(5 a I'autre, on sent ct Ton enlend tres-bien la fluctua- tion slomacale. Cette fluctuation, que le malade sent lui-mt;me lorsqu'il fait un mouvcmcnt brusque, disparalt lorsqu'il vomit, pour roparalfro aprc-s le premier repas qui suit le vomissement. Par la palpation, pratiquee avec soin dans toute la r(''gion de I'estomac, on ne dccouvre aucune tumeur, ct les ma- no'uvres qu'ou cxt'Ciite nc determinent en aucun point de la douleur, ou pbi- tdt n'augmcntent pas colic qui oxiste au moment de I'examen. Kn c/Tct, le 119 malade t^pronvp constammont iinc (Inuleiir fixe a lYpifjaslrp.doiilenr profonde et s'irradiant tout le long du sternum Jusqu'a la partie infth-ieui-e du cou. Cello doulcur, mod(^r^e apr^s les vomissements, s'exasp^re deux ou trois lieures apres les repas et devient alovs Ir^s-vlve. L'appetit est conserve ; la languc est uatuioUe. Les vomissements ii'out plus lieu tous les jours, comme dans les premiers temps de lamaladie; lis nc surviennent plus que tous les deux ou trois jours. Dans cot intervalle, les nmtiftros s'accumnlent dans I'estomac ; la digestion les modifie plus ou moinr. cnmpK'tement. EUes se melangent a une grandc quantitii de mucosites ; puis la plus grande partie do ces mati^res est rejet^e par le vomlssement. Le malade va rarement a la garde-robe, sans dlarrli^e comme aussi sans constipation. On constate, par la percussion cxerc^e en faisant varier la position du ma- lade, qu'il y a une petite quantLt(5 de liquide accumuW dans la partie inKreure do la cavite abdominale. Get 6tat, dans lequel nous trouvons le malade le 11 juillet, reste a pen pr6s le meme pendant toute la duree d'un premier s^jour a I'hCpltal, jusqu'au 10 aoiit. Le malade avait 6te soumis au traitement par les inspirations lodges, a cause des signes non douteux de tubercules qu'il pr^sentait ; mais au bout de buit ii dix jours, on fut forcc^ de cesser ce traitement. Le malade fut prls de diarrb^e, qu'on combattit avec I'opium. Le 10 aotit, le malade sortit de I'hdpital ; 11 rentra le 17 du meme mois. Au moment de sa rentree, 11 y avait cinq ou six jours qu'il n'avait A'omi. L'estamac otTrait le ph^nomfene de la fluctuation trcs-raarqut' ; les jambes sont Ic^gf'rement infiltrees ; la toux est devenue plus frequente et les cracbals sontplus abondants, nummulaires. L'auscultatlon fait entendre de nombreux craquements et des rales sous-crepitants sous la clavicule droite et dans la fosse sus-(5pineuse du meme cote. A gauclie, 11 y a aussi quelques craque- ments. La sonority du thorax est diminuc^e considerablement a droite et en baut. On constate de nouveau I'absence de tumeur dans la rt^gion de restomae. La douleur (ixe et spontani^'C epigastrique et sous-sternale pi't>sente les mfimes caract^res que pr^c^demment. L'ascite n'a ni augmenle ni dlminu6; 11 n'y a pas d'albumine dans I'urine. Le malade n'ayant pas de diarrbi^e et ayant de rappelit, ou lui donnc deux portions. On ne lui prescrit que des opiactSs pour traitement. Le lendemain de sa rentree, le malade est pris de dlnrrboe. Ou diminue les aliments. (M6me traitement.) Les jours suivants, il continue a alter deux ou trois fuis a la sellc en d(^- voiemcnt. (Bouillons etpotoges.) I.C "ii, vominsement (V)uie grande (juanlite de matiovi'^^ nitico-Hquriine^s, (In 120 mt^me jour, lo maladc sc plaint d'(?prouver ile la doulour au niveau des mol- Icts. On troiive aux endroit? qu'il indlquc des cordons durs sous-cutanes for- mes par les vuincs oil le sang s'cst coagul6. A partir dc ec jour, le malade ne vomit plus ; 11 continue a avoir la diar- rhee. Perte dc Tappetit : le malade ne mange presque plus. L'estomac ne semble plus aussi dilate qu'auparavant , ct quelquc soiu qu'on y mette , il est impossible dc determiner le pbenomene de fluctua- tion stomacale , pli(inomene qui a etc si sensible jusque dans ces dernicrs temps. La tiiberculisation pulmouaire fait des progrfes tr6s-rapides. Vers le 10 sep- tembre, la matit6 du sommet droit a fait place a une sonorite tympaniquc sensilile, surtout en avant.Onentendsous la clavicule du cote droit, et dans une etendue aussi large que la paume de la main, uu souffle caverneux am- phorique. Le retentissement de la voix et de la toux a aussi Ic timbre amplio- rique. Cracbats purulents tr^s-abondants. Le malade s'affaiblit de jour en jour; il meurt le 26 septembrc, n'ayant pas Yomi une seule fois depuis le 24 aoiit , et n'ayant plus ofl'crt la fluctuation stomacale depuis cette meme ^poque. AuTOPSiE le 28 septembrc, quarante heures aprt-s la mort. La cavite abdominale contient une petite quantite de serosite citrine. U n'y a aucune trace de ptJritonite rtJcente ou ancienne. L'estomac n'a pas les dimensions que pouvaient faire supposer les pbeno- menes observes pendant la vie ; il n'est pas notablemcnt plus grand que dans I'litat normal. 11 est dirige transversalement, n'ofFre a I'exterieur aucune tu- meur, aucune Idsion quelconque. En I'ouvrant de I'orifice cardiaque vers I'oriflce pylorique, le long de la grande courbure, on recounait que ses pa- rois sent tres-bypertropbiees, et d'autant plus qu'on s'approcbe davantage du pylore. L'^paississement porte surtout sur la coucbe celluleuse qui s^pare la membrane nmqueuse de la tunique celluleuse. L'estomac, etale sur une taljle, montre sa membrane muqueuse toute plissee ; les plis, cxtremement prononc6s, out leur direction princlpale d'un des orifices a I'autre. Cette dis- position indique tres-clairement que l'estomac a 6te bcaucoup plus dilate qu'il nel'est au moment de I'autopsic; il doit avoir conmience ;i revcnir sur lui-meme au moment oil le malade a cesse presque completement de manger et de vomir, c'est-a-dire un mois avant sa mort. L'orifice pylorique, qu'on a conserve intact, est considiJrablement r^trtei ; le bout du petit doigt s'y iutroduil avec peine. La membrane muqueuse de Testomac n'est pas seulement plissee : elle est comme boursoufli'C. II y a dans toute sou elendue, et nommement aupres du pylore, une congestion manifeste de cette membrane. A 4 centLmtljtres du repli pylorique, on volt, dans un endroit qui corres- pondait a la grande courbure de l'estomac, deux petites ulcerations ayant de 121 G a 8 millimt'trcs dc diametrc, placeos I'nne on avant de Tantro. Le fond do I'mie est I'onno par la tunique cellnllaire sous-muciucusc ; on la dirait laitc a I'emporte-piijce. Dans I'autrc, la membrane muqueuse n'a pas aussi nettement disparu. Lc bord de ces ulcerations n'est pas plus congcstionue que les parties environnanlcs; mais il est un pcu plus boursouflo qu'oUcs. A 5 millimetres de la valvule pylorlque, existeune autre ulceration allong(5e d'avant en arriere, suivant le contour de la valvule et ayant 13 millimetres de longueur sur 3 dc largcur. Le bord droit de cetle ulceration , dont le fond est forme par la tunique celluleuse, est decoUejusqu'au niveau de la valvule. On coupe la valvule de facon a pouvoir la mesurer. Sa largeur, c'est-a-dire la circonlerence de rorifice pylorique, a 2 centimetres et demi. Cost on ce point que la tunique cellidcuse est lc plus 6paissie. La membrane muqueuse du duod(5num est saine.On trouve en divers points de I'intestin, principalemeut dans I'ilc^'on, de nombreuses ulcerations tuber- culeuses et plusieurs tubercules sous-muqueux. Ganglions mescnteriques tu- ])erculeux. Les autres organes abdominaux sent exempts d'alteration. Le poumon droit est crible de tubercules en voie de ramollissement. Au sommet existe une tres-large caverne. Dans lc poumon gaucbe, il y .aussi des tubercules ramoUis en voie de ramollissement ; mais ils paraissent en moins grand nombre. Le ca'ur est sain. Les fails d'ulceres simples de I'estomac sont deja nombreux dans la science. Depuis que M. Cruveilhier a altire raltention des medecins sur cette nialadie a peu pres inconnue avant lui, elle a donne lieu a d'im- portants travaux, sur tout en AUemagne, oil elle a etc etudiee par MM. Rokitansky, Jaksch, Oppolzer et plusieurs autres. Les recucils pe- riodiques, les bulletins de la Soci6tc anatomique de Paris, en particu- lier, en contiennent des exeniples en assez grand nonibre; aussi a-t-on deja cherche plusieurs fois a tracer, a I'aide de ces raateriaux, une his- toire dogmatique de cetle maladie. Mais les ulceres simples de I'esto- mac se presentent avec tant de vari6tes, soil sous le rapport anatomi- que, soil sous le rapport syraptomatique, que chaque fait particulior ofTre presque toujours des circonstances plus ou moins saillantes qui le distinguent des faits precedents et lui donncnt un certain interet. G'est la ce qui nous a engages a publier cette observation, dont nous allons faire ressortir quelques details. Le sujet de cette observation 6tait un jeune homme qui a ressenti a I'age de 23 ans les premieres atteintes de sa maladie a la suite d'exces alcooliques repeles cliaquejour pendant uneannee. Plusieurs faits deja 122 publii'S montrcnl quo I'inllnonoo dos oxnV nlrooliqups sur Ic df^velop- ppnient desiilcOrcs simplos cle I'cstomac n'ost pas doutciix. Tousle? aiiteurs qui out Oerit surFulcf-rc simple d(> restomac ont aussi not6Ui coincidence i'lequente des luberculos pulnionaires (pic Ton rencontre a pen pres dans Ic tiers des cas; le maladc dent nous avons donnc riiistoire etait tuberculeux ; mais il n'a commence a tousser que qua- Irc ans apres le d6but de son affection stomacale. 11 est admis ptMieralement que cliez les malades atteints d'ulceres simples de Testoniac, la uuliition denieurc prcsqne intacte : noire nialade, qui avait et6 fortement conslitue, s'etait beaucoup amaigri ; raais il faiit remarquer qu'il vomissait tous les jours apres cbaque repas, el qu'unc tres-petite parlie des aliments iniic'res devail francbir le pylore. Le siege de I'ulcere principal qui se trouvait au pylore, et qui avail produit un refr6cissement tres-marciui de eel orifice, explique la dis- tension considerable de I'estomac apres lingestion des aliments et des boissons. Ces matieres s'accuraulaient dans I'estomac; une quantity considerable de gaz etait produite, et alors I'estomac se gontlait de telle sorte que Ton reconnaissait sa forme en examinant la parol abdo- minale. Cost alors aussi qu'on percevait surloiit la fluctuation stoma- cale par la succussion abdominale. An bout de deux ou trois lieures I'oriiice pylorique commencait a etre franclu avec peine par ([uelques matieres deja chymiflees ; mais I'ulcere situ6 pres de cet orifice se trouvait souniis a desfrotlements et des tiraillements donloureux : de la augmentation de la gastralgie ; de la peut-elre aussi phenonienes re- llexes donl le resultat etait le vomissement. Apres ce voraissement, qui suivit regitiierement cbaque repas pendant [ilusieurs mois, Festo- mac s'affaissait aussilot et il devenait impossible de sentir de nouveau la tluctuatiou stomacale. Plus tard, lorsqu'il antra a I'hdpital, le ma- lade ne vomissait i)lus apres cbaque repas. Un mois avant sa mort il cessa de vomir coinpleteinent ; il est vrai qu'alfaibli par la marcbe ra- pide de ses tubercules, par la fievre, par une diarrhee incessante, il ne mangeait presque plus. Depuis le moment oil il a cegs6 de vomir, on n'a plus senti la fluctuation stomacale, ot restomac ne s'est plus gon- fle comme auparavant. A I'autopsie, ce qui nous a frapp6s d'abord, c'est devoir I'estomac a peine dilate, taudis que pendant la vie il nous avail ele facile de con- dtator qu'il offrait de tres-graudes dimensions. Mais aprcH I'avoir fendii 123 .-;iir sa ^rando courhnre do rorifico cardiaf(ue ii rorifico pylorique, nous avons reconnu, par Fupaisscur de scs parois, par rexageralion des plis d(3 8a muqueuse, que restoniac eHait rcveuu sur lui-mome. Ce retrait dc I'estomac s'etait assurciiicnt lait p^'udanl lu dernier mois, lorsiiuelemalade ne maiigeait plus et lorsque son eslomac avail elc ainsi soustrait aux causes qui I'avaient precedemmcnt distcndu. Le niemc fait a ele dejii reniarque par I'un de nous dans un cas de dila- tation de Festomac suite d'un r^trecisseraent pylorique. (Voy. Societe de biologic, 1851.) La muqueuse de Festomac etait boursouflec et conges tionn6e. L'ul- cere le plus rapproclie du pylore, et qui etait concentrique au pourtour de cet orifice, etait accorapagne d'un dccollemeut Ires-prononce de la muqueuse. C'est la un point qui nous semble digne de remarque- parce qu'il pourrait I'aire soupronner que Falteration speciale qui])ro- duit les ulceres simples du lube digestif ne siege pas de prime abord dans le tissu meme de la membrane muqueuse, mais quelle nail pent etre dans le reseau vasculaire sous-muqueux. Les ulcerations des intestins 6taient de date bien plus recente que celles de Festomac. C'est seulement dans les derniers temps de sa vie (jue ladiarrbee est venue accuser les lesions intestinales. In intervalle de quatre annees entrc les premiers phenomenes gastriques et la diar- rliee produite par les ulcerations de Fintestin, nous permet de nier que les alterations de Festomac el celles des intestins soient nees sous la meme inlluence, ladiatbese tuberculeusc ; d'ailleurs nous avons aussi dejii fait remarqner que les piemiers signes des tubercules pulmonai- rcs ne se sont manifestos que Irois mois avant la mort. Plusieurs des sympt6mes ordinairesdes ulceres simples de Festomac ne se sont point montr6s chez ce maladc : c'est ainsi qu'il n'a jamais vomi de sang pur ou aller6 et que ses matieres fecales n'ont jamais eu les caracteres des selles sanglantes. La douleur de la region raclii- dienne, douleur que M. le professeur Cruveilliier regarde comme prcs- que constante, n'a pas et6 non plus observee. Malgre I'absence de ces sympt6mes, nous avions 6te amends a poser, avec reserve toutefois, le diagnostic Ulcdres simples de Ceslomac sie- geant pres du pylore. Tous les symptdmes indiquaient un obstacle au pylore ; nous n' avions pu trouver aucune trace de tumeur dans I'abdo- men, bien que la palpation fiit facile a pratiquer ; le foie et les reins nesemblaient pas nialades; Festomac paraissait le siege d'unc douleur 12'i fixo ct cunliniic qu'exasperait I'ingestion tlos aliments; los voniisric- ments se rcpetaient apr6s les repas; le raalade avail fait longtemps des execs alcooliques; il n'y avait pas dans sa famille d'ant6c(5dents qui pussont appuyer I'idec d'un cancer pylorique; enfln la langue elait naturelle ct le pouls, avaiit que scs tubercules eussent pris une mar- che rapide, (5tait normal : ce sent la les principales circonstanccs qui nous avaient diriges dans noire diagnostic que I'autopsie est venue con- flrraer. OBSERVATION DE SGLEROME CEREBRAL, y r lue n la Societe de Biologic PAH MM. LEsDocTEURS MILTEiNBERGEH etCii. JUIDIN. Obs.~M. X..., ag6 de 1\ ans, constitulion grule, tempcramcnllymphatiquo, poilrine ressevree, iiiclinaison laterale de Tcpine dorsale, jouissait lialntticl- Iciiicnt d'une bonne sant(5. 11 etait atlcint d'uue exostosequi s'etail duveloppce dcjtuis plusieui's anuces et sans cause connue sur rextrcmite iuferieure el cxterne du f(5mur droit ; elle avail le volume d'ua ueuf de pigeon, etait sla- tionnaire et indolente. 11 y a quinze mois (octobre 1853), 11 fut pris, au relour des courses qui avaient lieu a Abbeville, d'une douleur tres-vive a la region occipitale droite. I'our se soulager, 11 prit inslinctivcment une position que depuis il rcprit cliaque fois qu'il eut des acces semblables, c"est-a-dire qu'il se concha piir tcrre en presentant son front au sol. Au bout de quelques minutes la douleur iut calmee , et il put regagner sa demeure , distantc de trois lieues d'Abbc- villc. Depuis ce moment , quinze ou viiigt jours nc s'ecoulerent jamais sans qu'il ressentit cctle douleur. Dans rinlcrvalle des acces, la sante a toujours ii\t parfaite. 12(3 All prinlenips dernier, il vint a Paris. G"est a cello ^poquc que JI. Ic docfcur llomaiii Gerardiii fill appel'J a lui donner ses soins. A cctic epocpie aiissi, les acces duraienl plus longlemps, elaient plus frequents ct avaienl augmeiite de violence. Au fur et a mesure que la maladie faisait des progres, la position qu'il prenait primitivenient pendant les acc^s se modilia, el le malade, au lieu de se couclier horizontalement, arriva successivemcnt a decrirc uu arc, dont une extremite ctait forniee par la tele fortcuienl llccliic sur la poilriue ct I'aulre jjarles gcnoux. Plus lard niL^me, pour augmentcr cettc incurvation, il ramenait sa tSte sur la poilrinc enpressant avec ses deux mains sur la region occipitale. L'intel- ligence restait librc, meme pendant les acc6s. Le malade etant parti pour la province pendant I'ete, M. Gerardin le perdit de vuc jusqu'au mois de septemljre, (ipoqueoii il lot appele de nouveau pros du jeune liommc. Aprcjs avoir employ^ successivement et sans siicces les laxatifs, les sangsues a I'auus, les ventouses au col, il en vint au seton a la nuquc. Pendant les six semaincs qu'il entretint cct exutoiro, il ^prouva uii soulagement marque; mais fatigue de la gene qu'il determinait et de la servi- tude du pansement, le seton fut supprime. Au mois de novcndjre dernier, M. X... reviut a Paris et consulta aussilut Ji. le prolesseur Uostan. La consultation portait pour diaguoslic une nevral- gie, et pour traitement la belladone a dose progressive. L'ctat de M. X... ne paraissant pas modilie sous I'inlluence de ce traite- ment, M. Gerardin fut rappele. 11 le trouva un peu amaigri, afl'aibli; sa mar- clie iucerlaine avait unc tendance prcsqne irrusislible a le porter du cote droit ; la parole etait souvent embarrassi^e dans la prononciation des consonnes labialcs ; il existait une diplopic presque permancnte, avec un leger exoibi- tisme de I'ceil droit. De plus, M. X... disait n'avoir plus eu depuis uu au ni erections ni pollutions nocturnes. (Juant aux acces, ils etaicnt devenus d'une violence exlrcme. I'ne doulcur profonde, atroce, partait du cole droit de la base do l'occii)ital, s'irradiail vers le cote gauche cl parcourail ensuite toule la tete du uialadc. A cliaque acces, qui se rcnouvelaient souvent plusiours lois par jour ct ([ui clia(iue fois duraieut pros d"une heure, il se rcniotlait dans la position indiquee plus haul, et qui seule lui procurait cpielquc soulagemeut. Lorsque I'acc^s etait termine, la face etait injectce, bleuatre, les yeux terues, la res- piration balclanle ; eu un mot, il se trouvait dans un etat asphyxique qui dis- paraissaitbieulot. Le traitement par la belladone ayant etd continue pendant un mois sans amelioration, ct le malade ayant ete pris pendant Irenle-six lieures d'acces successifs, sa famille decida que M. le professeui' Cruveilhier serait appeie. Au moment de son arrivee, le malade allait mieux ; la suppression de la belladone semblait lui avoir ote favorable. 1-27 Dc mi'rae que M. Hoslan. M. Cniveilhicr diagiioslii|iia iinc ncvralgie, et pres- crivit du sulfate de cpiiniuc a doses fractionnees. Lc lualade, fiui allait deja mieux, prit du sulfate de quinine pendant deux jours, et se croyant gueri, s"cn absthit dcpnis. Tendanl les bnif jours qui sui- virent, 11 n'cut point d'acces, mangea, sortit, ei rcprit enfin son genre de vie liabiluel. Get licureux cliangcmcnt avail porte la joie dans la ramiile , lorsquc lc 24 decembrc, dix jours apres la deruiere consultation, M. X... se rendit cbez une de ses parcnie?, ([ui, elTrayee deses paroles incoherentes et de la ma- niere donl il les balbutiait, lc lit reconduire dans la direclioa de sa demcurc ; mais au lieu de rentrer chcz lui, il alia, a quelque distance dc Ifi, cliez un de ses amis, alors absent. Au retour de celui-ci, il le trouva dans la position qu'il prenait dans ses ac- ces. Aprils I'avoir engage a se couclicr, il voulut lui faire quitter sa position, lorsquetouta coup le maladc fit un bond vers lepied du lit, oil il loniba, ponssa quelques gemissements et moui'ut. AuTOPSiE. — Examen anatomique. — l/aufopsie est faite Ircntc-sixheurcs apres la morl. Le cadavre, mis a nn, fait reconnaitre que la nulrition n'avait pas etc scnsiblemcntuiodilice.L'cxostosc du femur, qui avail lMc n'^scne pen- dant la vie du sujcf, est de nouveau constatec. L'autopsie nc pent etrc faite conipWtement ; elle se borne au cervcau, qui, du reste, est le siege d'nne alteration sudisante pour rcndre comi'tc de la mort et des symptomes observes. L'aspect exterieur de la surface convexe du cerveau nc prcsente rien de pai- ticulier. A sa base, on reniarque une distension du tuber cincrcum et dc la partic de raracbnoidc qui lui est posterieure. Une incision, faite sur cette membrane, doune issue a une quantitc dc sc- rositc qui pent etrc (ivaluee a 30 ou 40 centilitres. Du reste, les lobes cere- braux ne presentent rien de particulier. Le toucher fait reconnaitre, dans le lobe droit et la partie moyenne du cervelet, nne induration incgalc, bosselee, qui se percoit au travcrs d'unc certaine cpaisseur de substance cerebrale ayaut conserve sa consistance nor- male. La dissection des parties au niveau desquelles se percoit cette induration fait reconnaitre les lesions suivautes : Lne tumeur renitente, ^lastique, difficile a dcraser, du volume d'un oeuf de pigeon, occupe k lobe moyen du cervelet et fait saillie en avant du cOte d^'s corps quadrijumeaux. Elle ne setend nullement dans la partie gauche du cer- velet, mais elle se continue en conservant la meme consistance et la mcme couieur : 1" dans toute I'etendue du vermis inferieur; 2° dans le lobe droit du cervelet jusquos ot y compris la totalite du coi-ps rhomboidal ; 3° dans les i2^ tl'ois quails i)Osie)'lciirs des liVloiicules cercbellcUX ; eufiii, cu amcrc, la iu- meur s'utcnd jusqu'u la section dii ))ul])eracliidien. Cette lesion siege csscntiellemcnt dans la substance blanche : la substance grise n'est envahic que dans I'etenduc du vermis inKricur et dans le lobule du cervelet dit amygdalc. La coloration dc la tumeur est d'un gris transparent qui ticnt Ic milieu cu- Ire la couleur de la substance blanclic ct la substance grise ; cette coloration est mal delimitco, mais restc la memo, quelle que soit la substanco envalue ; la tumeur conserve done sa coloration propre dans toute son etcuduc. Toutes les parties du cervelet contigues a la tumeur sont ramollies dans I'etendue de quclqucs millimetres. Lcs tubercules quadrijumeaux, surtout les posterieurs ct la valvule de Yieussens sont ramoUis au point d'etre diflluenls ct presentent une teiutc jauniitre demi-transparentc, comme ocdcmatiee. Ces dcrnieres parties olTrent des points rouges, piquetes, in-eguliers et resultant evidemment dc tres-petits epanchemcnts sanguins sous-arachnoTdiens. Dans la partic du lobe droit la plus rapprocbee du vermis, on remarque au toucher une portion plus dure que les autres, et apres I'incision, il a dte per- mis de reconnaitrc deux petits foyers hcmorrbagiques du volume d'un pois cliacun, et places I'un a cotddel'autre. Leurs parois jaunatres, ramollies dans retenduc de 5 a 6 millimetres, contenaient 0 ou 7 gTains calcaires irreguliers, oilrant de 2 a 5 millimetres de diametre ; ils paraissaient proemiucr dans les petits foyers. EX AMEN MICROSCOPIQUE. I. — L'examen des portions ramollies contiguijs a la tumour fait reconnai- tre la composition suivante : 1° Une substance amorpbe flnement granulcusc, coulant comme uu liquide sirupeux ; 2° De nombreux fragments dc tubes nerveux, ilcxucux, irreguliers; 3o Des globules granuleux larges de 1 a 3 centiemes dc millimetre en nom- bre considerable ; 4" De lliematoidine en cpiantitc assez a])ondante aussi, et se presentant soit il I'etat de cristaux rhomboidaux, soit a I'etat amorplic ; 5<» Les grains calcaires signales plus haut autour des foyers apoplectiques sont composes de grains microscopiques, mameiouncs, arroudis, adherculs les uns aux autres : ils paraisscnt composes dc phosphate de chaux, car ils sc dissolvent par I'acide acetique sans etrervcscence, en laissant, aprfes dissolu- tion, une trame organique homogiine ; G" Dans lcs deux portions du cervelet atteinles d'epanchement plutot a I'etat d'inliltralion (pie de foyers apoplectiques et avoisinant lcs amas calcaires dout il a eleparle, on observe beaucoup dc granulations graisseuses libres ct bcau- couj) de corps granuleux tels que ccux decrits dans le ramollisscmcut ; 129 7° ll faut noter eucorc dans ces foyers d'infiltration sanguine des globules sanguins plus ou moins alteres accompagncs d'une proportion considerable dc grains d'hemato'idinc amorphe. La teinte jaunatre que pr6sentent ces portions ramollies est due a la presence des granulations graisseuses qui s'y trouvent dans une proportion considera- Ijle, et a celle des corpuscides grauuleux. II. — Le tissu grisatre et dur qui compose esscntiellcment la tumeur est compose ainsi qii'il suit : 1° De fines librilles dc tissu cellulaire, tr6s-longues, flexueuses, rcgulicre- ment entre-croisees, composent la plus grande masse du tissu morbide : elles cu forment essentiellement la trame ; 20 Apr6s ces fibres, Felemcnt predominant est reprcscnte par une substance amorplic trSs-finement et uniformcment granuleuse d'une teinte moins foncee et a granulations moins grosses et moins rapprochees que dans la substance grise de I'cncepliale ; 3' On y trouve en outre un Element qui jusqu'a present n'a pas ete note dans les prodults morbides de ce genre : il entre dans la constitution de ce- lui-ci pour une part a peu pr6s egale a celle representee par la su])stance amorphe dont il vient d'etre question, c'est-a-dire pour un quart ou un cin- quiemc : nous voulons parler ici de grains calcaires larges de 1 a 2 centiemes de millimetre, arrondis, agglomeres au nombre de2a 6, de mani^re a former des amas mamelonnes de configuration tres-diverse ; 4° Lesvaisseaux capillaires sont moins nombreux dans la tumeur qu'auseiu du tissu cerebral normal. lis sont alteres pres des foyers apoplectiques par des granulations graisseuses, et dansle reste de la tumeur par des grains calcaires semblables aceuxquc nous avons signalcs plus liaut. Ces grains occupent la tunique ext(5rieure de ces vaisseaux et ils font saillie ca et la au dehors, et les retrecisscnt en dedans ; car ils sont quelquefois plus larges que le capil- laire tout entier. Ces grains calcaires mancpient cependant dans les parties correspondantes a la substance grise. La plupart des capillaires renferm(5s dans les portions jaunatres et ramollies de la partie superieurc de la protuberance preseutent d'espace en espace des dilatations ou ectasies soit fusiformes, soit ampullaires. Toutes ces dilatations sont remplies de globules sanguins. Les parois de ces capillaires sont char- gees d'une grande quantity de granulations graisseuses incluses dans leur (ipaisseur, et dispos(ies, soit en amas arrondis, soit en plaques irrcgu- lieres. Dans les portions dc la tumeur qui correspondent a la substance grise, on no trouve pas trace de tubes ncrveux ni de cellules ganglionnaircs : on y trouve des myelocytes en proportion aussi considerable qu'a I'etat normal. Les fibrilles de tissu cellulaire y sont en moindre proportion que dans la par- tie correspondante a la substance blanche. Celle-cine renferme point de mye- MEM. 9 130 locytcs ; les tubes nerveux y manciHent en plusieurs points, et les parties du tissu qui en renferment n'en contienneut qn'eu proportion insignifmnte, sur- tout si on les compare a la substance blanclie normale. Les traces d'elements nerveux que Ton rencontre sont tous a I'dtatdc IVag- ments de tubes ou bien a r(5tat de gouttes spheroidales ou a contours sinueux tels quon les obtient dans une preparation de tubes nerveux trop fortement dilaceres. La portion du tissu morbide qui louche aux tissus sains contient pourtant encore une assez grande proportion de tubes; on n'y trouve que fort peu de matiere amorphe iinement granuleuse qui, dans le reste de la tumeur, donnc a celle-ci son aspect grisiitre. La, au contraire, il existe une quantite conside- rable de fibrilles de tissu cellulaire : elles y sont trfes-longues, reguli^res, presque toutes un peu plus larges ([ue dans le reste de la tumeur. Leurs Lords sont Ires-nets; elles sont moins flexueuses que celles du tissu cellulaire nor- mal. L'acide acetique et I'acide nitrique agissent sur elles comme sur les nines du tissu cellulaire d'uue region quelconque de I'economie. Toulefois. le premier de ces reactifs les gonfle moins et les attaque un peu moins vitc. 11 est des points de la tumeur, comme, par exemple, celui qui correspond au centre du cervelet, qui ne renferme que des libres tr6s-minces, prescjue toutes parallcles ou regulierement entre-croisees, et presque pas de matiere amorphe. On ne rencontre pas trace d'elements llhro-plastiques dans ce tissu mor- bide. Les fibres du tissu cellulaire forment une tnune de fibres dont chacune est isolee des autres, sans oITrir rien de la disposition qn'elles out dans la tu- nique advcntive des vaisseaux, et elles se presentent avec la disposition d'e- lements iibreux de nouvelle formation, fait int^ressant a signaler dans un tissu c[ui en est normalement tout a fait depourvu. En resum6, on voit que le tissu de cette tumeur est bien different de la substance c6rebrale, et que sa consistance u'est pas due a uii simple eudurcissement du tissu nei-veux central. C/est la un tissu reel- lementde nouvelle formation, puisqu'a I'etat normal il n'y a pas de tissu cellulaire dans la pulpe c6r6brale, et puisque la portion blanche de cette pulpe est depourvue de substance amorphe. Ce tissu nouveaii a envahi le tissu hormal et s'cst substitue a lui d'une maniere com- plete ou presqtie complete. Ce fait est evident, surtout dans les regions oil il ne reste plus ou presque plus de tubes nerveux. Telle est, en par- Ucnlier, la partie interne de la substance blanche dulobe cerebelleux droit qui, a I'etat normal, se trouve au contraire entieremcnt foi'me de tubes nerveux. .\ousnousabsiiendrons de tirer aucune consequence derobservalion 131 qui vient d'etre presentee a la Society. Ge n'est qu'apres avoir riiuni et examine avec soin les fails analogues a celui-ci qne nous pourrons emettre une opinion de quelque valeur sur la nature et le mode de formation de ce genre d'alteration. Avant de term'iner, nous devons dire que le nom de sclerose qui, nous le croyons, a ete donne pour la premiere fois en France a une af- fection analogue, par M. Schnepf, est un nom gen6rique qu'en Allema- gne on applique a tons les endurcissements, quel quesoit le tissu(|ui en soit le si6ge. Si done on voulait conserver cette denomination ii I'induration cerebrate, il conviendrait de la specifier enl'appelant scle- rose cerebrate ou cerebro-sclerose: Pourquoi alors introduire dans le langage medical un mot nouveau lorsque celui de sclerome, adopte depuis longtemps, lui est synonymc et repond a nos besoins? MEMOIRE sua LES KYSTES CONGENITAUX DU COL , lu i la Soci^t^ Par M. P. LORAIN. Leskystes congenitaux du col ont 6te peu etudi^s en France jusqu'c'i ce jour. On n'en trouve la description dans aucun ouvrage classique ni dans aucune publication anterieure a ranuee 1853. A cette epoque, nous avons presente a la Societe dc biologie un foetus qui offrait une semblablc tumeur,remarquablepar le grand nombre dekystes quelle contenait; elle siegeait a la partie anterieure du col. L'observation do ce fait est publiee dans les comptes rendus de la Society en 1853. Cette annee (1854), nous avons eu I'occasion d'observer de semblables tu- meurs sur deux enfants dont Tun, ne a terme, a ete traite par M. le professeur NeIaton,dans le service duquel noussommesattacb6 com me interne. Le second a 6t6 vu par nous sur un foetus de 4 mois, dont M. Morgan (du Kentucky) a bien voulu se dessaisir en notre faveur et dont nous avons fait ensemble I'autopsie. M. Virlet, 61eve des bopitaux militaires, a choisi cette ann6e (1854), pour sujet dc tiiesc inaugurale, les kystes congenitaux du col, et a rapportc eu abrege la premiere des deux observations, que nous don- nons ici plus complete. A I'elranger, Cesar Hawkins (The medico-surgical Review. London, 1840) a le premier rapportt^ plusieurs exemples de ces tumeurs ; A'er- nlier, a Giessen, en 1843, publia un ouvrage intitule : Die ancebohnkn KYSTEN HYGROMA lINn DIE IHNEX KERVANnTEN GeSCHWULSTE. 13'i Kniin, M. llilles (de Bonne), en 18j2, rapporle deux cas de ce genre appartenant a Wutzer, dans un meraoire intitule : De hygromatis cys- TICIS CONGENITIS. Malgre ces travaux , la veritable nature de ces kystes congenitaux ne nous parait pas encore suffisamment connue ; aussi avons-nous cru qu'on ne lirait pas sans interet une description exacte et minutieuse des cas semblables que nous avons rencontres. M. Ch. Robin a bien voulu examiner ces kystes , et nous' rappor tons le r6sultat de I'examen micrograpbique fait par ce savant anatomiste. JNous pensons que le fail d'une pareille tumeur observ6e chez un foetus de quatre mois seu- lement, est nouveau et particulierement digne d'etre connu. II resulte de nos recberches que ces tumeurs , dont le si(5ge de pre- dilection parait etre la region cervicale, sont developpees dans le tissu cellulaire sous-cutane, et qu'elles ne reconnaissent pas pour origine les glandes ni les ganglions lympbatiques ; par la nous pensons avoir bien etabli la nature de ces productions. EUes peuvent etre compos6es de kystes isoles tres-nombreux, on bien former une poche unique mul- tiloculaire. Ces deux dispositions existaient dans les cas que nous d6- crivons. Le liquide qu'elles contiennent est de la s6rosite priraitive- ment incolore et limpide , mais coloree en rouge et mel6e a du sang par suite de la compression violente exercte sur elles pendant le travail de Faccouchement ; un travail inllaminatoire pent donner lieu a la for- mation de pus dans ces tumeurs. Quoi qu'il en soit , ces differences ne changent rien a leur nature intime- Obs. I. — Le 10 mai 1854, on apporta a la consultation de M. le professeur N^laton, un enfant qui venait de naitre, et qui porlait au col une tumeur vo- lumineuse. La mere agtje de 27 ans, est priuiipav'e, son accouchement n'a pri'sente aucune irregularite ; 11 a eu une duree un pen plus lonyue que dans les cas ordinaires, I'enfant pr^sentait le sommet, 11 fut expuls6 sans I'interven- tion de I'art. La mere est Labituellemeut bien portante ; elle a eu une vario- loide un mois avant d'accoucher ; le p6re de I'enfant est sain et vigoureux. L'enfant est du sexe masculin, 11 pt;se 3 kilogr. seulemenf, ct est n6 evi- demment avant le terme normal ; il est du reste vivace ; 11 pr(^sente a la par- tie lati^rale droite du col une tumeur molie, trcs-grosse, dont nous allons indiquer les caracteres. Je n'eus pas de peine a reconnaitre cette alteration comme 6lant de cellos qui sont decrites sous le noni de kystes ou liygroma con- genitaux du col. Cctte opinion fut confirmee par M. Nelaton, qui montra cet enfant a ses cleves, et en fit Ic sujet d'une lecon clinique, que nous rappor- tons ici succinctement : « La tumeur commence an-dessous de la r(5gion 135 ni;is(nidieuae, inlerieuromeut les insertions des mnscles sterno-mastoidien se peideni, dans la tumour ([ui occiipc loute la region laterale du col ct s'e- tcud j,us(i[nc vers le jauscle dcltoidc. Sa coloration est d'un gris verdatre et tient a deux causes : 1" a la disposition particulierc des vaisseaux des tegu- ments qui recouvrent cette lumeur, c'est-a-dire d'un reseau vascuiaire vei- neux k ramiflcations tr^s-rapprochees qui, a distance, forment un food bleuatre; 2° tres-proJxibiement a uae eccliymosc resultant du froissenaent produit par le travail de raccoucliement. La surface de la tumeur preseuta ca et la d© pctitcs depressions assez nombreiises qui semblent indiquer un cloisonnement int^rieuv. Cette masse a una coQsistance mo^le, eUe est trem- blottante, fluctuante. J'ai clierch(! si cette tumeur etait transparente; pour cela j'ai opere comnie pour I'hydrocele vaginale, en plaeaHt la tumour entre, une lumierc artificielle et mon ceil, or j'aflirme qu'elle n'est tyansparente. en aucun point. Est-elle reductible ? diminuc-t-elle dans une certaine mesure sous la pression? non. En outre j'ai cherche si elle augmentait, si elle se tendait dans les efforts ou pendant les cris de I'enfant, et j'ai constate qu'il n'en 6tait rien. L'entant est, du restc , bien portant , il tetto bien , 11 a assez bon aspect , 11 a de grandes chances de vie. Quelle est la nature de cette tumeur? est-ce une tumeur erectile veineuse? ces sortes de productions morbides prennent qnelquefois un grand d^velop- pement, mais elles n'atteignent guere a un volume aussi considerable chez un foetus ; I'exploration a bientot dissipe nos doutes ; ces tumours veineuses sont reductibles par la i)ression, on les aplatit. Or, ici rien de semblable n'a lieu. Une autre question se presente : il n'est pas tr^'s-rare de trouver an voisinage de la region occipitale des tumeurs tr^s-voluniineuses, ballolantes, moUes et qui sont en rapport avec la cavite cranienne, ce sont des hernies cerebi'ales, cncephalocWcs ; en pareille circonstance, on reconnalt trcs-bien la perforation du crane par oil se sont echappcs les membranes et une parlie du ccrveau. Ici il n'y a pas d'ouverture au crane qui est bien forme, la co- lonne veriebrale est intacte, d'ailleurs le siege de la tumour n'est pas assez voisin du crane pour que cette suppositipn soit prise en consideration. Pour conclure, je me rappelle certains faits tr^s-peu nombreux a la Yeuit0, mais qui me paraissent se I'apporter a celui que je vous presente. Hawkins dit avoir observd plusieurs fois des kystes dela region cervieale chez les onfants nonveau-nes, et il en a dticrit un avec le plus grand soin ; cette tumeur etait composee d'une centaine de petits kystes, elle siegeait au col au-dessous de I'apopbyse masto'ide. Quelques fails nouvellement observes en Allemagpe et en France ont monire de semblables productions anormales, etc. Y a-l-il un traitement curatif dans ce cas'? J'ai pense d'aljord a faire line ppnctioj) et une injectiou iodee dans cetlc tumeur, mgiis la pensec que iious ayons affai j-e a plusieurs kysli\s me r£tie))t. Je repnnssr I'iAt-e d'cjilf'vrr ci.'lfe iuiW^U' Wi 136 a des connexions intimes avoc Ics muscles, et dont I'ablation mettrait a iiii des parties profondos et unc vaste surface ; les enfants nouveau-nt^ ne re- sistent pas a de sendjlables operations et chez eux la principale cause de Hiort en pareil cas, est la perte d'unc quantite considerable de sang. M. Nekton s'arreta a I'idee de faire une ponction, qui devait I'instruire tout d'abord de la nature du liquidc et du volume de la poche qui le contenait. Si la tumeur ctait composee de kystes nombreux, toute operation aurait 6te suspendue ; s'il s'agissait d'un kyste unique, la ponction serait continuee jusqu'a I'entiere Evacuation du liquide. Un trocart fut enfoncci dans la poclie, et il s'Ecoula 700 grammes (une livre et demie environ) d'un liquide sereux fortement colore en rouge par du sang, mais ne contenant pas de caillots. Lorsque tout le liquide fut ecoule, on vit cpie la tumeur se composait de plu- sieurs pocbes, dont Tunc (celle qui avait (5te ponctionnee) etait bcaucoup plus volumincuse (pie les autres; mais alors cettc poche video formait une sorto de bourse flasque, pendante, qui devait, si on I'abandonnait a elle-meme, se remplir de nouveau en peu de temps. D'autre part, I'idee d'injecter dans cette grande cavite uno quanlit(5 considerable de teinturc d'iode ne pouvait etre admise. Aussi M. Nelaton r(5solut-il de resEquer cette poche en s'entourant des precautions suivantes : il appliqua les parois I'une contre I'autre et passa des fits a la base de la tumeur, de facon a obtenir la reunion immediate apres la section, et il coupa au-dessus des his toute la partie de la tumour qui depas- sait. Les sutures iStaient trfes-rapproch^es. L'enfant ne perdit pour ainsi dire pas de sang. A la place de la tumeur, on voyait alors une suture de 10 centi- metres de long environ, partant de la clavicule et allant au-dessous de I'oreille. L'enfant fut reporte a sa nourrice. Nous empruntons a M. le docteur Virlet, qui a rapporle I'observation de cet enfant dans sa these, les details qui sui- vent. Le premier jour que cot enfant etait entre al'liopital, onl'avait allaite a I'aide du biberon. L'operation tenninee, on lui donna diff^rentes nourrices. 11 prit parfaitement le sein ; mais ces femmes montrerent toutes a le nourrir une telle repugnance qu'on fut oblige d'y renoncer an bout de huit on dix jours, et de recourir a un artifice quelconque pour le nourrir. Cependant la plaie se cicatrisait pour ainsi dire a vue d'oiW. Le 20, il ne restait plus qu'un point saillanl qui navait pas c^te snfTisamment scrre dans la ligature. Le vo- lume de la tumeur s'elait accru, et Ton pouvait estimcr a 200 grammes la quantity de liquide qu'elle contenait. Une petite tache erysipelateuse se mon- tra sur la poitrine du cote malade , tache qui fut couverte d'une couche de collodion, ainsi que la partie superieure de la tumeur, qui prc^sentait une 16- gtire exfoliation de I'epiderme. Le 23, il ne restait aucune trace de ce com- mencement d'erysip^le, si Ton doit donner ce nom a une petite tache rou- geatre qui disparut si facilement. Mais des ce moment reufant s'achemina lentement , progressivcmcnt vers une morl cerlaiue. Comme cola arrive si souvent dans les hospices chez les enfants que Ton est oblige d'allaiter arti- 137 flcicllemont, des plaques de muguet appariirenl sur la languo, Ics gcnclvos, dans toiife la bouclie, et comuie iiliL'iiomL'ni! concomilaiit, il y eut line diar- rh6e s^reuse assez abondante. Le 30 au soir, le kyste souvrit spontanement a la partie iiiferieure de la plaio, sur uiie largeur d'un demi-centimetre, le reste de la cicatrice etant intact. 11 s'licoula uue quantity de serosite assez abon- dante, d'lin aspect roussatre, d'une odeur Ktide. A la partie superieure restait un petit kyste de la grosseur d'une noisette. A parlir de ce moment , I'etat general do I'enfant ne lit plus qu'empirer ; il vomissait tous les liquides, ex- cepte de pctites qnantiles d'eau siicrcc... Le 10 juin ausoirrcnfant succomba; il avait vecii nn mois. On voit par ce cpii precede ([qc cet enfant s'cst trouve dans de tres-mau- vaises conditions quant a I'alimentation et au milieu. 11 ne faudrail pas que cet exemple put servir a discrediter ime op(!'ration rationnellc et digne d'un meiUeur rtl'sultat. L'examen du liquide du kyste et de la poclie clle-meme fut pratiqu(5, aussi- tot apres I'operation, par M. Cli. Itobin, et nous redigeames immediatement la note suivante : Liquide. — Ce liquide se compose : 1" de serum qui n'offrc rien de particn- lier a noler : il n'a pas etc analyse, bien qu'il eiil ele utile de le i'alre; 2° de corps en suspension, qui ne sent autres que des globules du sang. II y a des globules blancs,mais eu fort petite qiianlile. I.a plupart sont des globules rouges. I'lusieurs d'entre eux ont la forme discoidale du sang normal ; quel- ques-uns, en petite quantltc, ont pris I'aspect dentele ou framboise. La plu- part ofTrent le premier degre de modilication des globules du sang conteuus depuis longlcmps dansune cavitc close liors des vaisseaux, ces modilications sont les suivantes : cos globules sont devenus spheriques ; ils oat diminue de diam^tre (reduits a 5 ou 6 mlUiemes de millimetre). Ce ([u'ils olfrent de plus remarquable, c'cst le ponvoir refringent conside- rable qu'ils out acquis ; en soi'te qu'ils oflVent un centre briUant et un con- tour fonce qui les rapprochent, quant aux pbenom^nes physiques de refrac- tion, de ce que preseutent les gouttes graisseuses dememe volume. Aulleu d'avoir la teinte rosee jaunatre normale, ils ont unc teinte d'un rouge brun fence; c'est sans aucun donte a cette modification de couleur qu'est due la teinte rouge brunatre du liquide vu en masse. Quelques globules, mais en trop petite quantite pour meriter une description detaillee, presenlent la deuxi6me phase de modification des globules sanguins; en un mot, quelqucs- uns seulement offrent quelques granulations brillantes dans leur ^paisseur, et en meme temps un commencement de decoloration. Examen des parois. — La structure de la parol est remarcpiable par sa sim- plicite. La plus grande partie de son etendue est rose5e, lisse et brillanle, iire- sentant seulement ca et la des fdaments parcourus par quelques capillaires, lllameuts qui, tendns d'un point de la parol a I'autre, dnnnalent sans aucun 138 iloiito a la tiimeiircpt aspoct bosselt- a IVxterietirrpii poinait la faipp pronilrc pour line lunieur ;'i kystes multiples. luc autre portion de la lace interne, de la largeiir dune ])it'ce de 2 I'rancs environ, avec ties irradiations qui lui donnent unc plus vaste etendue en- core, olTre unc teinte gris jaunatre et una surface rOticulee d'une maniere tri's-elcgante, et preseute (luekpies particularitcs de structure que nous de- crirons en dernier lieu. Toute la parol proprement dite et les filaments dont nous avons parle sont forjiii's uniquemenl de librcs du tissu cclhilaire ondiileuses paralleles, ca et la disposees en faisceaux, accompagiK'cs de qiiclques fibres elastiqucs minces. Des vaisseaux capillaires, encore remplis de globules sanguins, se distri- bueut dans ce tissu commc dans le tissu cellnlaire normal. Telle est, dans toutc sa simpJicitCjla composition de la tramc et des filaments des parois de ce kyste. Leur surface est rendue lisse, brillante, sur une meme couche de substance amorpbe pai'semtjc de quelques granulations graisseiises, lesquellcs sont on isolees ou reunies en amas, dont le diametre ne depasse jamais i ou ij centiemes demillimitre. La portion grise reticulee dont nous avons parle plus baut est cntierement composee, dans toute son etendue, d'une matiere grisatre sous le microscope, flnement granuleuse, qui ne renferme ni fibres ni capillaires ; seulement die est flnement striee, a d(?cbirure un peu filamenteuse. EUe a en un mot, dans toute son etendue, I'aspect fibroi'de. C'est une su])slance amorpbe fibroide, c'est-a-dire striee en difTerents sens, sans etre nettement divisee en fibres. Sa face profoiidc, adherente au tissu de la parol decrit plus haul, renferino line assez grande proportion d'elements flbro-jilastiques , des varii'tes de noyaux et corps fusiformes. Quelques-uns de ces elements, en fort petite qnantite,se rencontrent dans I'epaisseur meme de la substance. AiiTOPSiE. — Get enfant est tri^s-emacie. On ne trouve aucune lesion digne d'etre notee dans les poumons, le cerveau, le cojur, le f'oie, les reins et la rate. 11 y a du muguet dans la bouclie, et dans la plus grande partic do lin- lestin, de la psorenterie. On voit par cela meme que I'operation n"a pas ete la cause directe de la mort. La tumeur du col est afTaissee et lout a fait depii- m^e ; on voit a son niveau seulement un relief peu marque et des plis de la peau. L'incision resullat de I'operation est ouverte dans une etendue de 1 centimetres, et par cette ouverture suinte unli([uide punileiit d'une couleur foncee. .Xous procedons a la dissection de cette piece, et d'abord nous con- statons que la tumeur est limitfe par les points suivants : en bas par la cla- vicule, en liaut par I'aponevrose des muscles sus-byoidiens; elle est distantc de -4 ou 5 centimetres de I'apopbyse mastoide. Sur les cotes, elle est liniite'-e par le bord anterieur du trapeze et le bord posterieur du slerno-mastoidien, el occiipe par cons(^quent ties-exaclement I'espace triangulaire cnmi>ris enlrc 139 ens dpiix miiRclcs et la clavlciilo. Elle repose siirla partie latrrale dii col, et est separei" ilu muscle omo-hyoiJien et dcs muscles scaleiies ]iar I'aponevrose profondc; elle est done comprise entve rapoiievrosc des muscles stemo- mastoidien et trapeze et I'aponevrose profondc du col. Elle est arretee en bas par la clavicule, et en liaut par le raphe fdneux qui separe la region sus- hyoidienne de la region sous-liyoidienne. La disposition analomique des aponevroses a decide tr^s-nettement du si6ge de cettetumeur, qui n'est point en contact immediat avec la veinc jugulaire profonde, I'art&re carotide pri- mitive ni avec le plexus brachial. De nomjjreux rameaux nerveux, emanes du plexus cervical, se voient dans les parois de cette fmneur. Quant a sa struc- ture, on voit, lorsqu'elle est ouverte, qu"elle se compose de poches multiples, s6parees soit par de larges cloisons incompletes d'un ou 2 centimetres de long, soit par des brides cellulcuses minces et etrd(5es qui vont d'une paroi a I'autre. 11 resulte de cette disposition un cloisonnement oil Ton reconualt fa- cilement le tissu cellulaire hypertrophic et epaissi. Ces poches sent tapissees par du pus noiralre. Dans deux petites poches qui ne communiquaieut pas avec I'air et qui fui'ent ouvertes pendant I'autopsie, nous trouvons du pus blanc. Ces deux petites poches sont grosses commc des noisettes. La mem- brane qui tapisse ces cavitrs est scmblable a une sereuse (voir rANAxoMiE GENERALE, Dote de M. Roblu) et pent 6tre comparee, quant a son apparence, a la membrane interne des bourses sercuses accidentelles. Les parois sont con- stituees par du tissu cellulaire epaissi. La peau qui les rccouvre est saine, un peu amincie. Quant aux parties voisines , nous avons constate I'intt^grite absolue des glandes parotide, sous-maxillaire, du corps thyro'ide, quin'ontaucun rapport, meme de contact , avec la tumeur dont les llmites ont ete iudiquees plus liaut. Les muscles sont sains, seulement souleves, mais non alteres. D'ail- leurs, le siege de la tumeur est tri^s-evidemmcnt le tissu cellulaire interapo- nevrotiquc de la region lat(''rale du col dans le triangle sus-claviculaire. Le sit^geetle mode de formation de ces tumours congenitales observees a la region cervicale a eti' toujours, dans les trois cas observes par nous, le tissu cellulaire normal servant de trame a ces kystes accidentels, et s'epaississant par la suite. II est important de remarquer que ni les glandes ni le corps thyro'ide n'ont et6 le point de depart du developpement de ces kystes. NOTE SUR UN FOETUS DE QUATRE MOIS QUI PORTAtt A LA PARTIE POSTERtEURE DU COL UNE Tt^lEUR VOLUMINEUSE CONSTtTUfeE PAR PLUSIEURS KYSTES SEREUX SEPARES, AYANT LEtiR SlilGE t>ANS LE TISSU CELLULAIRE SOUS-CUTANE ET SE RAPPORTANT A LA DESCRIPTION DONN^E PAR QUELQUES AUTEURS DES HYGROMAS cYSTiQUEs coNGENiTAux DE LA REGION CERVic.\LE ) par M. MORGAN (du Ken- tucky) et M. Lorain. Obs. II. — Le 15 octohre 1854 je fus averti par une sage-fenune de Paris 140 qu'elle avail en sa possession un foetus de 4 mois, qui prt^sentait a la partie postt5rieure du col une tumeur volumineusc. Cctto sage-femme me remit Ic fcptus et me donna sur sa naissance les rensignemcnts snivants : La mere est une femme de 33 ans, bicn porlanle; elle a eu plusieurs cii- fants bicn conformes, dont une fllle qui a aujourd'lmi 10 ans. La dernierc grossesse n'a etu marquee par aucun accident ; cependant raccouclienient cut lieu an cinquierae mois, saus qu'on puisserapporter cette dclivrance pre- maturee a aucune cause traumalique. L'accoucliement fut tr^s-facile et ne prescnta aucune circouslance digne d'etre uotee. Le fcctus etait niacere et paraissait avoir scjournc pendant trSs-longtemps dans le liquide amniotique, si Ton en jugeaitpar le soulevement de rcpidermc et par son etat de decom- position. Ce foetus ne paraissait pas age dc plus de 4 mois; sa longueur etait de 21 cent. La m6re s'est r^tablie rapidement, et elle jouit actuellement d'unc excellente sante. ExAMEN ANATOMiQUE DU FCSETUS. — Cc fcctus du 86X6 f^miniu, bicn con- forme du reste, pr^sente a la partie posterieure du col une tumeur globu- leuse un peu plus grossc que sa tete et ayant les insertions suivantes : elle coromence au niveau de la fontanelle posterieure et descend jusqu'a la se- conde on troisieme vertebre dorsale ; en travers elle occupe toute la largeur du col entre les deux muscles sterno-mastoidiens, et a la riJgion dorsale, elle occupe I'cspace compris entre les deux epaulcs; cette tumeur est hemisplu'- rique a large base comme on le volt, trfes-moUe et fluctuante, nepouvant etre deplaci^e. La peau n'olTre dans sa coloration ni dans sa contexture rien do parliculicr ; il n"y a pas de d^veloppcmcnt vasculaire. Je pensai d'abord, a cause du siege de la tumeur, a une extrophic du cer- veau; mais, en examinant attentivement la region postrrieure du crane et la forme dela tete, je ne dccouvris pas d'ouverture de communication, je vis que la tete etait bien formee et que la pression exerc6e sur la tumeur ne fai- sait rien refluer dans le crane. Ayant pris I'avis du docteur Campbell, je sus que des tumeurs paraissant se rapporter a cellc-ci avaient ete observees par M. Lorain, et que cette annee un cas semblable s'etait presents dans le ser- vice de M. N^laton. La dissection de cette tumeur fut pratiquee par nous le 22 octobre. Le foetus avail lite conserve dans un melange d'eau et d'alcool. Yoici ce qu'une dissec- tion attentive nous permit de reconuailre : Ayant par le toucher reconnu que cette tumeur contenait un liquide, quelle cHait lluctuante, moUe, qu'elle ne s'afTaissait point et ne diminuait pas de volume par la pression, uous procedames de la facon suivante : une incision fut pratiquee sur la ligne m^diane dans toute la hauteur de la tu- meur; il s'ecoulaun liquide trouble jaunatre, tenant en suspension des cor- puscules d'apparence graisseuse et d'autres albuminoides. (11 est inconles- table que le si'jour dc cc foetus dansl'alcool a altcrd les apparences primitives Ml du liqiude o de i/2 , pui.- de 1 . puis de .^iKM. 10 146 2 centigr., a produit, apres trois jours seulenient, une diminution no- table du pouls. Le travail lo plus recent est celui que M. Aran a presents a la Society m^dicale dcs liopitaux de Paris, dans sa seance du 12 Janvier 1853. Ce pralicien est arrive aux conclusions suivaules: La v6ratrine possede dans les maladies febriles des proprietes 6rai- nemment hypostlienisantes ; cette action paraitindupendante dcs ph6- nomeues dits physiologiques; die est surlout marciuec dans les phlegmasies parenchymateuses , dans lesquelles elle fait loniber rapi- dement la lievre; elle parait iudiquce dans rorcliite, la mammite, etc., mais sartout dans la paeumonie. Son action a de tres-grands rapports avec celle de I'antimoiae. A la dose de 10 a 15 miliigr., la veratrine prodiiil des envies de Yomir, uausees, vomissements, hoquels, sensation de brillure le long de Foesophage; plus raremeut devoiemeut, ralentissement du pouls, refroidissemeul tres-marqu6 de la peau. Une lougue discussion s'est engagee sur le memoire de M. Aran, et les praliciens distiugues qui y out pris part sc sout ell'orces d'attaquer une doctrine dont les consequences pouvaient etre funestes. Les r6sultat3 de cette discussion ont done 6t6 defavorables i I'emploi de la veratrine dans les maladies aigues inflammatoires. Pour completer cette esquisse bistorique , nous indiquerons un travail recent du docteur K-liuguer. D'apres ce medeciu , la veratrine pent etre employee avec grand succes dans les allections scrofuieuses des jointures, dans les epancbemeuts articulaires de diverses natures. On fera usage de la veratrine sous forme de pommade (5 a 10 grains par once d'axonge). Un na jamais employ^, que nous sacbions, la veratrine daus la me- decine veteriuaire. Un a mentioune le fait curieux de vacbes empoi- souuees par le colcbiqne qui croit dans certaius palurages. Les ell'cts produits par la veratrine ont deja ete observes cbez les animaux qui maugeut du culcluque. Aous Irouvons daus les journaux vet6rinaires les fails suivants : 1° Dans le journal pratique de 1826, p. 70, M. Hilaire rapporte le fait d'uu empoisounement observe sur douze vacbes qui avaient mang6 du colcbiqne; ces animaux presentenl des synq^lomes analogues h ceux decrits dans nos experiences: tristesse, bave abondante et nious- seuse, coliques, diarrhee abondante, fiitide, sanguinolente, teuesrae, 147 froicl des extr^mites'. Trois des vaches ayant succombe, I'autopsie fit voir les lesions suivantos : ^paississement de la muriueiise de k cailletle, Laches rouges dans cet estoinac et daus Finleslin grele , avec d6p6t de matieres bruues striees de sang; le colon pr^sente le raeme aspect; le col de la vessie est rouge et gonfl6. ■ 2° 11 a ete publie dans le journal thkorique et pratique de I'annee 1833, p. 5, une observation complete de M. GliarlosPrevost (de Geneve). Deux vaches ayant presente, apres avoir mange du colchique, des co- liques violentes suivies de diarrhees et de tenesme, moururent au bout de 60 heures. A I'autopsie on trouva la muqueuse du feuillet partout noiratre, des ecchymoses dans le bonnet et dans la cailletle; les intes- tins greles oO'rent des taclies uoires de grandeur variable; le col dc la vessie est enflamoie. M. Mathey rapporte que son troupeau a ete atteint de diarrhees cliro- niques tant qu'il a pature dans un pre oii le colchique etail abondant, et que la disparition de celte affecLion a coincide avec la destruction de la plante. Meme remarque a etc faite pour du foin rcnfermant du col- chique. Entin dans le journal de belgique, 1846, p. 39, nous voyons que quatre vaches qui avaient mange du colchique presentaient les syni- ptOuies suivants : I'roid des extremites, pouls petit et mou, grincemeuts de dents, urine rouge, diarrhees, tenesmes, tremblements et soubre- sauts convulsifs. Deux de ces animaux ayant succombe, on reconnut a I'autopsie une injection ecchymotique des organes du bas-ventre, des centres nerveux et de leurs enveloppes. EXPERIENCES. Exp. I. — Jumeat blanclie agee de 17 ans, uste, mais sans vice de confor- mation. A hois heures dix-liuit minutes, on lui adminislre par la bouchc 0,50 centig. de veratrine. A rjuatre heures moins sept minutes, uue mousse abondante est rejet^e par la bouche. A cinq heures, la mousse cesse de se produire, et ranimal parait avoir repris son {5tat ordinaire. Exp. II. — A deux heures trente-cLnq minutes, nous i'aisons avaler au clic- val, qui a deja servi dans rexperience prec^dcnte, une pilule contenant 1 gramme de veratrine. I'lS Avant rexporiencc, uous avions constate^ douzo rcspiralions et trentc iml- sations. A trois heures vingt niinules, Tibial gthii^ral ii'a pas cliange^. A quatrc heures moins dix minutes, nous dnnnons de nouvcau par la bou- che 3 grammes en deux pilules. .Mali^re tons iios efiorls, unc polite quuntitc de substance est rejetee par I'animal. A quatre heures, une salivation mousseuse Ires-intense s'etablit, I'animal i?rattant le sol du pied l^'moigne de fortes coliqiies: il rend plusienrs fois des mati^res par le rectum. Kous n'avons pu observer les autres syrapt6mes ; I'animal est mort dans la nuit. A I'autopsie, on constate une congestion du ccrveau et ilu cervelet. Exp. III. — Chiennc caniche blanche et noire; 3 ans 1/?. Respirations, 30 ; pulsations, 68. On lui administre par la bouche 12 centig. de veratrine dans ime cuilleree d'alcool et deux cuillerees d'eau. A cinq heures dix-sept minutes, I'animal fait de violents efforts pour vomir, et paralt tr^s-agite. A quatre heures moins dix minutes, il mousse abondamment. A quatre heures , I'abattement et la faiblesse out succede a I'agilation. Get 6tat se dissipe insensiblement, et le lendcmain I'animal a repris son 6tat ordinaire. Exp. IV. — Chicnne caniche de I'experience 111. A trois heures moins cim[, on lui donne par la bouche 25 centig. de vera- trine dissoute dans I'alcool ; I'animal, faisant des efforts pour vomir, rend un liquide blanc et spumeux. Le pouls monte de 68 a 84. A ti'ois heures dix minutes, abattementmarqu(5. A quatre heures moins vingt minutes, soixante pulsations du co'ur. A quatre heures moins cinq minutes, coma; les machoires sont fortement serr^es. A quatre heures, 56 batlemenls du cceur. La d-marche est titubante et la faiblesse trfes-grande, n(?anmoins I'animal se retablit ; il a rendu plusieurs fois des matiferes. Exp. V. — Meme chienne caniche. A trois heures et demie, on lui fait avaler 1 gramme de veratrine en sus- pension dans I'cau. Agitation tres-grande el vomissements. A quatre lieures moins vingt minutes, accablement ot doulcurs. A ijuntre lieures un quart, raninial a iilusicurs sellos liqnidos et pen abon- I'i9 danfes; il est en proie a uii violent tijnesme rectal qui se manifeste par im besoin d'evacuer. Apres plusienrs heures d'affaiblissement, Vctat normal se rt^tablit. On pourrait s'etonner que la dose d'un granuue n'ait pas produit de plus violents effets. Ce mode d'adminlstration que nons avons employe ctant difficile, une bonne partie du medicament a ete rejet^e par I'animal. Cette remarque s'ap- plique aux experiences prec(?dentes et a toutes celles oil ce medicament a ete donnc, soit en pilules, soit en suspension dans I'oau, et autrement que par i'cesophage on la mcthode sous-cutanee. Exp. VI. — EUe a ete tentee sur la meme cliiennc, et ellc a donne des re- sultats assez nets. Injection par le rectum de IG ccutij. en suspension dans Teau. Une minute apres, la clueune salive abondaiument ; elle est en proie a de violentes coliques, et rend douloureusement des matiSres liquides. Exp. VII. —A trois lieures et demie, injection dans la veine jugulaire de la meme cliienne, de 8 centig. de veratrine en suspension dans I'eau. Coliques, agitation, douleurs ; aucun autre symptome ne se uianifeste. Exp. Vill. — Jumentmarron fatiguee, sans vice de conformation. \1 respirations, 56 pulsations. A deux lieures cinq minutes, on lui adrainistre par la bouche 3 grammes 50 centigrarmnes de veratrine en suspension dans I'eau. A deux heures "25 minutes, le cbeval gratte du pied, se plaint et semble en proie a de violentes coliques. Trois fois il rend des matieres a de courts inter- valles. Les deux premieres selles sont presque uormalcs. Vers deux lieures trois quarts I'^cume se produit d'une facon manifeste ; les douleurs et les coliques persistent avec violence, et I'animal exprime ses souflranccs par des plaintes. Le clieval se couche sur le flanc droit ; ii se releve pour laisser echapper une quatrieme fois des mati&ics qui sont devenues liquides. Un violent tenesme rectal accompagne et suit remission des ieces. La circulation est ralentie ; le pouls ne bat plus que 50 fois par minute. A quatre heures dix minutes, nouvelle selle liquide. Ouatre heures et demie. Grande faiblcsse, sueurs, battements des flancs, vomituritions repetees. Le pouls est descendu a 41. Malgre sou etat d'atTaiblissement, le cheval peut encore, les joui's suivants, reprendre son etat normal. E\p. IX. — Cheval entier noir age de G ans. morveux. 150 Ou lui injecte par le rectiim 1 gramme de vtH'atrine en suspension dans I'eau. Ajjrt's cpiclques minutes 11 rend deux fois des matieres au milieu de t^nes- mes blen marrjui^s. La mousse s'cchappe de la cavite buccale. Exp. X. — Chienne caniclie cpii a deja servi a nos exp(?riences. A deux lieures un quart, injection, par une plaie de la region cervicale, de 60 centigr. de v^ratrine en solution dans Talcool. A deux lieures, la mousse commence a paraitre. Emission de matieres fe- cales, anxiete ct coliques. A deux lieures un quart, deux selles liquides, yiolents efforts et tenesme rectal. La marche est cliancclante, titubante, inccrtaine. De deux heures a deux heures et demie, trois selles liquides se succedent. Les matieres, rendues aprfes des efforts inouis, sont jaunatres et en tres-petite quantitf^. Les positions de I'animal, les efforts inulilesauxcpiels il selivre, les plaintes qu'accompagnent ces efforts, Jenolent le plus violent tenesme. Vers deux heures et demie, les sj-mptOmes changent. Apr^s de nombreux efforts do Yomissements et une agitation excessive, la respiration devient anxieuse; les membres sont agites de tremblements convulsifs; une ecimie blancbatre sort par la boucbe. A trois heures un quart, le pouls est toml)6 a 28 battements. A I'etat de souffrance et a I'accablement se joint la fail)lesse des membres. L'animal, ne pouvant plus se soutenir, se couche sur le ccMe. A trois heures et demie, de veritables convulsions agitent les membres ; on les accroit notablcment lorsqu'on vient a toucher ranimal. A quatre heures, 32 pulsations; le pouls est intermittent; 25 respirations. Les membres dederri^re sontprisde roideurs tetaniques; les pattes de devaut se roidissent a leur tour. Toute la nuit la chienne a eii en proie a cr? acc^s; lis n'ont cesse que le lendemain dans la malin:^'?. Depuis 1 jrs les forces ne sont pas completement revenues, et l'animal a conserve ac '.'abattement et de la tristesse. Exp. XT. — Injection de CO centigr. de veratrine (en solution dans I't^ther, dans la jugulairc d'un cheval. L'animal tombe et mcm't en quelques minutes comme foudroye. Les precautions qui out eW" prises, I'absence du bruit ordi- naire, nous portent a croirequ'il n'y a pas eu introduction d'air dans les vei- nes. A I'autopsie ou ne constata rien de particulier. Cette experience est n^an- moins douteuse. Exp. XII. — Chienbarbet noir, de petite taillc, age de 10 ans. A trois heures, une incision de 3 centim. environ est faile sous la peau du ventre; on introduit dans le tissu cellulaire sous-cutan6 20 centigr. de vera- trine en poudrc. 151 A trois heures et demie, le chien a des coliques et va plusieurs fois a la selle ; il mousse jusqu'a cinq lieures du soir, et, apr^s avoir presente quel- ques symptomes t(5faiiiqiics, la mort est survenue dans lanuit, douzc lieures apr^s. AuTOPSiE. — Congestion des enveloppes du cerveau et du cervelet. La mu- queuse intestinale est parsemoe de plaques rouges etendues. Un sang noir et poisseuK remplit les veines et les cavites du coeur. Nous devons ajouter que le chien dent il est cpiestion dans cette exp(5rience ^tait vieux et peu valide. Exp. XIII. — Cheval blanc entier, vieux et sans vices de conformation. A quatre lieures dix minutes, on lui introduit, api'^s la ligature de I'ffiso- phage, 3 grammes de veratrine dissoute dans 15 gr. d'(5llier, et on lui donne ensuite a manger. A quatre heures vingt minutes, le cheval a des coliques et rend des ma- ti^res fecales. Les mouvements de la queue indiquent des coliques et du tc- nesme. A quatre heures vingt-cinq minutes, violentes douleurs. Le cheval se cou- che ; il agite sa tete et ses pieds de devant, et il te^moigne par des hennisse- ments plaintifs les douleurs rpi'il ressent. II se I'eleve, il retombe, il s'agite. Ses membres se roidissent dt^ja ; ses naseaux dilates, ses inspirations anxieu- ses et profondes indiquent que Taction nerveuse s'exerce doja sur les muscles respiratoircs. Des oris particuliers accompagnent chaque inspiration. Les mu- queuses deviennent d'un noir fonce, les oreilles se refroidissent. II n'y a pas plus de 11 respirations par miimte. Le pouls est rapide et filant ; on le sent a peine. Le coeur a 35 pulsations. A cinq heuresmoins vingt minutes, le cheval tombe une troisi^me fois. Des acces de tetanos intermittent sont faciles a constater. La sensibilite est aug- mentee. A cinq heures moins un quart, mouvements convulsifs des quatre membres. Ces mouvements, qui durent une minute, sont suivis d'un accfes tr6s-intense de tetanos. La mort survient a cinq heures cinq minutes. AuTOPSiE le lendemain a neuf heures du matin. Congestion generate ; cavites du coeur vides ; foie et poimions conges- tionnes. L'estomac est rempli d"aliments ; sa muqueusc ofTre plusieurs plaques rouges qui rappellent I'aspect d'une surface mise en rapport avec un medi- cament caustique. L'intestin presente 6galement les memes plaques. Le cerveau et le cervelet sont congestionn^s, ainsi que leurs enveloppes. Exp. XIV. — Cheval hongre de petite taille, isabelle, ag6 de 20ans. 152 A trois lieures, ou place daus le tissu cellulaiie soiis-cutamj de l"abdomen I gramme de veratrine en poudre. 48 pulsations, 12 respirations; tcmpi;'raturc du rectum, 3G° ccntigr. Le seul resultat appreciable qui sc soit prodiiit pendant Ics deux beures qui ont suivi ladministration da medicament se borne a Taction sur le tube di- gestif. Trois fois le cbeval a rendu des mati^res solides. Le nombrc des pulsations est reduit a 44. La temperature du rectum est toujours de 30" centigr. Le cbeval est mort dans la nuit suivante. Sa mort, qui u"a pas etc precedee des etrets tetaniques ordinaircs, lie nous paralt pas devoir etre attribut^e aux etTels du medicament. Exp. XY. — Nousoperons sur la cbienne caniclie qui a deja servi plusieurs fois a nos experiences. A trois beures et demie, on injecte dans une plaie de la region ccrvicale 1 gramme de veratrine dissoute dans I'ethcr. Aussitot I'animal tombe dans un extreme alTaiblissement; a peine il se soulient sur ses pattes, il cbancelle et parait profondement accable. A qualre beures moins vingt minutes, une salive mousseuse s'dconle de la boucbe ; les membres sc roidissent ; la respiration s'accelere ; le corps tout enlier est agM de tremblements convulsifs. A quatreheurcs moins quinzc minutes, de violentesattaquesconvulsives sai- sissent I'animal ; il tombe, se releve, tombe de nouveau el se roule plusieurs fois sur lui-meme ; la respiration se ralentit ; la langue et les muqueuses de- ■yiennent noires. L'animal ne fait entendre aucun cri. Vers les quatre beures les convulsions se cbangent en altaques de tcManos : les roideurs tetaniques augmentent en intensite et en duree, landis que I'aui- mal ne donne plus signe d'agitation. La sensibilile, d'abord augmentce, di- minue graduellement. Le ca'ur bat avec rapiditc, bien que la respiration no soit plus perceptible; la pupille est un pen dilatee; le pouls persisle encore un moment, alors qu'il n'y a plus ni respiration, ni sentiment, ni mouvemeut. La temperature est toujours, comme au debut de rexp6rieuce, de 30" Reau- mur. La mort survient a quatre heures cinq minutes. L'AUTOPSiE, faite imm(5diatement, rdvcle tons les signes de I'asphyxie ; un sang noir remplit les troncs veineux, les poumons, les cavitcs du ccrur et engorge le foie. Injection des enveloppes du ccrveau et de la muqueuse di- gestive. Dans celte experience toute Taction de Tapont to.\iqiie parait s"6tro portee sur le sysleme nerveux. Les efTets ordinaires siir le lube diges- tif ue 56 sont pas manifestt^s. la.; Exp. XVI. — Cheval Lai huugi'e, granJc tuille, bieu portaiit. A trois Leures moins quiiize minutes, oninjecte dans sa veine jugulaire 50 cenligr. dev^ralrine dissoute dansl'ether. TcmpiJraturc du rectum, 29» Reau- mur. 49 pulsations, 12 respivalions. A trois licuros Yingt minutes, coliques, gargouillements abdominaux; le clieval rend des rnalieres solides. A quatre lieures, coliques ; le nombre des pulsations est de 45'; la tempe- rature du rectum est la meme. Les cfTets du m(3dicament ne se font pas sen- tir davautage et le cbeval rcprend son ^tat normal. Exp. X\ 11. — Cliien noir, matin, petite taiUe, age d'un an. Temperature du rectum, 38" centigr.; 80 pulsations. A deux lieures et demie, injection daus I'cesopliage de 25 centigr. de vera- trine en dissolution dans Tether. Presque immediatement apres I'animal s'agite, il pioduit une mousse abondante et cbancelle comme s'il ^tait ivre. A deux lieures quarante minutes, les membres se roidissent et sont agit^s par des mouvcments convulsit's ; la salive s'ecoule en abondance ; le pouis ne bat ])lus que soixante fois par minute. Ce chien ne pouvant plus se soule- nir tombe et s"agite. Les convulsions, d'abord rapides et d6sordonnees, se changenten atfaques de ietanos. II se route sur lui-memc. A deux lieures cinquanle minutes, allaques plus tongues et plus tranchees; par suite de la roideur des muscles de I'appareil respiratoire, la respiration s'atl'aiblit et disparait; I'animal cberclic cepcndant encore, par des mouve- menls faililes et desesp 'res des macboires, a aspirer lair exterieur. La pu- pille est sensiblement dilatee ; la temperature du rectum n'a pas change ; le pouls est imperceptible. La mort survient, le tetanos cesse alors liiusquement et les muscles per- dent leur tension. Une demi-hcure apres la rigidite cadaverique s'est emparee de tous les muscles de I'animal. Dans cette experience, les phenomenes out (ite nnls du cote du lube digestif, ou du moins relTel piirgatif n'a pas ete produil. Exp. XVIU. — Chien, matin noir, de petite taille, ag^. de 8 mois. A quatre hcures et quart, on lui adniinistre par Toesopbage 8 centigr. de veratrine en dissolution dans I'etber. Une mousse abondaule, quelques coliques, de I'abaltement, tels sont les etl'ets que nous avons pu oliserver pendant une lieiire apres I'admiiiistratiun du medicament. Exp. XIX. — Memo chien. A hull heures et demie, on lui adminisire par I'ffisophage 15 centigr.de veratrine en dissolution dans I'tMber. On a pris soin, a I'aide d'nne sonde pi^- netrant jnsipi'au cardia, de faire parvenir la solution directement dans I'es- tomac. Emission instantance des urines etdes matieres fecales; efTcts tela- I5i niqiies portes au plus haul degvi ; legere salivation; dilatation des puiuUes; scnsiLilild excessive. La mort survient cinq minutes aprcsl'introductiondn medicament. L'autopsie de I'animal ivvele un (?tat prononce d'aspliyxie. Exp. XIX Ms. — Chien de race incerfaine, age de 2 ans, taille moyenne, etat valide, pouls 82. On lui administrc, a deux heurcs vingt-cinq minutes, 5 centigrammes de veratrine, a I'aide d'une canule introduite dans I'cesophage ; on fait ensuile la ligature. Au bout de quelques minutes, la saliyation parait; une bave mousseuse sort de la plaie superieure de I'oesopliage; coliques Yiolentes sans (Eva- cuation. A trois lieures cinq minutes, Taniuial so coucbe et reste calme; il semble tres-abattu ; le pouls est lomb6 a 58. Les respirations sent au nomliro de 16, au lieu de 18 comme dans Tetat normal ; les extremit(5s et les oreilles sonl froides; Ic malaise disparait apres quelques heures, et le lendemain I'animal se porte aussi bien que le permet- tent la [)laic du eon et la fistule de I'oesopliage. Nous avoQs fait sur des grenouilles et sur quelques poissons des ex- periences dont les rfeultats presentent de Tint^ret. Exp. XX. — Grenouillc de petite taille, mais trfes-vivc. Nous introduisons, dans une plaie faitc a la cuissc gauche, G milligrammes de veratrine en poudre. Quelques secondes apres, de vives contorsions et des croassements tra- duisent une grande douleur. Une minute apres, Ic tclanos survient. Les attaques violentes durent quatre minutes. Si on louche I'animal, les at- taques augraentent en intcnsite ct en durc^e. Le memo 6tat persiste pendant deux heures ; la mort survient ensuite, Exp. XXI. — On introduit dans la cavite buccale d'une grenouiJle 4 milligr. de veratrine : affaiblissemeut notable et diminution de la respiration, qui de- vient insensible. Dix minutes apres le d(''but de I'experience, des mouvenients ti^tanirpies se produiseut, ils augmenlent sous riiillucnce de raltoucliement le plus lf5ger. Ces attaques se reproduisent a certains intervalles pendant plus d'une heure et demie. La mort survient ensuite. L'autopsie nous revile I'etat suivant : Le coeuj*, !<3 foie, la rate sont gorges dun sang noir, ainsi que les pou- mons. 155 Les inteslins offrent uu aspect moniliforme ou variqutnix. Lcs liosselures et les depressions qu'ils pr^senlent temoignent d'une action particuliere exerc^e par Tagent toxiqiic. Exp. XXll. — A quatre lieures Yiiigt minutes, on introduit, dans la cavite buccale d'une grenouille, 1 milligramme de veratvine. A quatre lieures un quart, attaques faibles et lentes. A cinq lieures dix minutes, attaques iutermiltentes. A sept lieures, les attaques sont plus frequeutes, mais elles sout courtes. Le lendemain matin, la grenouille vit encore ; le tetanos se manifeste lors- qu'on rirrite. Exp. XXIII. — A trois lieures cinq minutes, nous faisons la ligature du nerf crural droit, et nous placons dans une plaie de la cuisse gauche d'une gre- nouille 5millig. de v^ratrine en poudre. Agitation pendant nn quart d'heure a cpiatre lieures vingt minutes. Attaques tetaniques auxquelles nc participe pas le membre paralys.'. A quatre heures etdemie, les attaques, tivs-rapprochecs, sontpersislantes; la respiration est nulle. Trismus intense. A six heures et demie, la grenouille cesse de vivre, apres etre rcstee pen- dant pres de vingt-cinq minutes completemcnt tctanisee. L'etat d'asphyxie est des plus prononc^s. Exp. XXIV. — La veratrine agit-cUe plus promplement si on la met direc- tement en contact avec les centres nerveux ? L'experience, d'accord avec la th;'orie, a r('pondu negativement. A onze heures et demie, nous deposons sur le cervcau d'une grenouille 1 milligr. de veratrine : un quart d'heure apres surviennent les premieres atta- pues. Xous remarcpions que, pendant leur duree, I'animal tend sans cesse a projeter sa tete en avant et en bas. A quatre heures, la mort survient, accompagn^e de I'asphyxie ordinaire et des contractions de I'intestin. L'experience qui suit met bien en evidence Faction de la veratrine sur le sysleme nerveux. Exp. XXV. — Apr^s avoir mis a nu le coeur d'une grenouille, nous y depo- sons 1 milligr. de veratrine. Le canir, qui battait normalenient 56, ne bat plus, cinq minutes apres, que 'i5 fois par minute; ces contractions diminuent an moment oi^i commencent les attaques de tetanos. Nous enlevons alors tous les organes iutorieurs de circulation, de respira- tion, de digestion. Dans cet etat, les attaques n'eu continuent pas moins avec intensile pendant un quart d'heure. En comprimant les nevfs des pattes anterieurs ou posterieuvs, nous voyons 156 les contractions cesser Liriis'iuement dans les parties oii le uerf comprime se distribue. Nous faisons la section delamoelle; le train posterieur reste paralyse, les mcml)res superieurs se roidissent encore quelques Instants. Dans une autre experiencr, nous avions pu enlever une parlie du cerveau sans detriiire les phenomenes tetaniques. Exp. XXVI. — Xous avoii.-; plnsienrs fois expijriment^ sur des poissons, ct Jes resultals olitenus coucordeni tres-bicn avec les donn(5cs des autres expe- riences. A trois lieures, nous faisofts penetrcr dans la cavity buccale de deux gou- jons 3 centigrammes de veratrine. La respiration s'acc^lere ; elle d -vient en meme temps brusque et saccadee. Des mouvemenls spasmodiques desnageoires pectorales annoncent le tdtu- nos; il s'ecluqipe par la bouche de nombreuses bulles d'air, sous Tiniluencc sans doute de la vcssie natatoire contractee. Un des poissons est morl a trols beurcs et demie, I'autre a quatrc heures el demie. Les phenomenes tetaniques se sent manifesti^s nettement cliez un autre goujon et cliez une tanche cmpoisonnes par 1 centigramme. Dans ce dernier cas, la veratrine avail 6te d^pos^e sur la surface d'une plaie. Quelque peu precises que soient ces dernieres experiences, nous avons cru devoir le.? rapporter pour montrer raclion constante des ef- lets dc la veralriiio sur le systeme nerveux. CONCLUSIONS. D'apres les experiences que nous venons de faire connaitre, nous sommes conduits a admettre que la veratrine exerce trois actions dis- tinctes sur I'organisme animal. Ces actions sonl en rapport avec les doses plus ou raoins elevees du medicament. 1° Une action bien marquee sur le tube digestif; 2° Une action sur les organes de la circulation et de la respi- ration ; 3" Une action sur le systeme nerveux et les muscles de la vie ani- mate, Nous aurons a recliorehcr la cause plus generate de toutes ces per- turbations orgauiques; doiinon.'- maintenant quelques details sur clia- cuue (les trois [teriudes ipie nous croyons devoir etablir. I'Ric.MiKiiE I'EuioDK. — Uu vcralrine porte d'abord son action sur le Uibe digeslit et determinf raugmentalioii di' la scn^ilnlilt'. do la ron- tractilite et des secretions. L'exaltation do la sensibility setraduit par des colii|iii's dont la vio- lence parait varier suivant les doses dc veratriue employees. En proie aux doulcurs que raclion du medicament lour fait eprou- ver, les chevanx frappent du pied le sol et s'agitcnt; les cliiens sont aussi en proie a une vive excitation. Le tenesme rectal se prodiiit sans doute aussi sous rinlhicnce decette douloureuse excitation du tube digestif; les animaux font de violents efforts pour rendre les matieres et renouvelleiit a cliaqiie instant leurs tentatives infructueuses. A la douleur se joignent les plienomenes de confractilite musculaire, les inteslins sont contractes, les mouvemenfs peristalliques noiable- ment acc616r(5s. M. Magendie a remarque ccs pli(^nomenes cliez le chien; nous les avons nous-mcme plusieurs fois constat(''s cbezles gre- nouilles. Sous rinlluence de ces contractions, les matieres contenucs dans I'intestin scut expulsees, le liquide intestinal lui-meme melange au mucus est cliasse graduelleraent et eu petite qiuintile par le rectum. Sous rinlluence de la v6ratrine, la secretion des foUiculcs intesti- naux et des giandes salivaires est augmentee. Dans nos experiences sur les chevauxet les cliiens, nous avons toujours tile frappe de la ra- pid! te avec laquelle la salive s'^coule apres I'administration de la v6ra- trine, et de la persistance de cet ecoulement : tant6t la salivc est vis- queuse et filante, le plus souvent elle forme une mousse et une ecume blanchatres, semblable a celle que produisent les animaux en proie a des plienomenes convulsifs. On pourrait supposer c[uo la production de la salive est due a I'irri- talion que la veratrine exerce directeraent dans la cavite buccale, sur les conduits excreteurs des giandes; il serait aussi naturel de penser que I'effot purgatif est du a une action toute locale sur rintostin. L'ex- perience demontrequ'll en est autrement; et en effet, soitqu'on injecte le medicament dans les veines, soil ([u'on le depose dans le tissu cellu- laire sous-cutanee, I'excitation du tube digestif, I'hypersecretion des follicules intestiuaux et des giandes salivaires est egalemcnt marquee. Dans le cas de contact direct entre I'agent toxiqiie et la rniiijueuse intestinale, des alterations appreciables se manifeslent. 158 On pent voir alors so dossiner sur la muqueuse de restomac et de I'intestin grele des pla(|ues rouges, de plusieurs centimelres de diame- tre, neltcniciil circonscritcs et distinctes les uaes des autres. DEreiKME PERioDE. — L'aballoment, ]a prostration des forces, le ra- lentissemenl de la circulation toriuenl les caracleres tranches de lase- conde p6riode. Get 6tat, qui n'avait pas ete signale dans les premieres experiences de M. Magemlie, a iiresciue uniquement preoccu|)e lespra- liciens actiiels; pkisieurs menie n'ont attribue a la veratrlne qu'un effet principal, celui de provoquer le ralenlisscment de hi circulation. Cette maniere de voir les a meuie conduits a I'aire de la veratrine un agent hyposlht^isant. Toutes les fois qu'il nous a 6te possible de constater I'etat de la cir- culation avant et apres radministration de la veratrine, nous avons en effet recounu la diminution du pouls et souvent meme son irregu- larite. Mais cette diminution, marquee et continue avec certaines doses, cesse lorsque les doses sont plus considerables, et le pouls s'accelere graduellemenl. Duraut cclte p6riode, les cliicns sont affaiblis ; ils se tiennent diffici- leraent sur leurs pattes, el le plus souvent on les voit se coucher. Les clievaux sont abattus et leur exlerieur teraoigne une depression marquee. Dans cet etat, la sensibilite nous a toujours semble diniinuer. Troisieme PEP.IODK. — Lorsquu les doses de veratrine out ete plus considerables, les acces de leLanos n'ont pas tarde a se inauifester, Les membres anterieurs et postL>rieurs s'etendent et se roidissent; les muscles du thorax et de labdomense contractent, et la respiration devienl auxieuse et penibie; le trismus des machoires met un nuuvel obstacle au leuouvellemeiit du sang, et I'asphyxie se prononce de plus en plus. Dans les premiers moments, les acces tetani([ues sont courts ets^pa- respar des intervalles conruJerables; mais Taction de la veratrine se manifestant de plus en plus provoque des acees plus longs etplus rap- proch6s ; souvent I'animal succombe apres une demi-heure, une heure ; mais si la vie prend le dessus, les acces diminuenl progressivemeut, L'augmentation de la sensibilite accumpagne toujours les pheno- menes lelaniques; si on iouche raninial, no lut-ce que legerement, on provoque de nouvelles contractions nmsculaires. 159 A I'autopsie des animaux qui ont succombe a la suite du letanos, on trouve des traces manifestes d'aspliyxie. jN'ous n'avons pas insiste, dans la premiere periode, sur plusieurs phenomenes qui paraissentimportants : nousvoulons parler des mou- vements convulsifs des machoires qui provoquent I'insalivation, des efforts de vomissement et des vomissemeuts reiteres qui accompaii'nenl toujours radministratioii du medicament, soil par la Louche, soil par I'oesopliage. Chez I'homme, la vcratrine produit des nausees, du lioquet, uu sen- timent de briilure le long de Toesophage el de Festomac. La veralrine exerce sur les muqueuses une action irritante toule speciale. Bien des Ms nous I'avons involontaireraent eprouve. La moindre parcelle de medicament vient-elle a atteindre la muqueuse nasale,qu'elIeprovoqueune douleurviveetbrulante, accompagnte d'6- ternuments reiteres. Quelques gouttes de solution etheree de veralrine etaul tomliees par liasard dans notre ceil, il s'en est suivi une chaleur, une rongeur et une douleur inlcnses. Une petite innammalion locale, heureusement de peu de duree, fut la consequence presque immediate de Faction du medicament. La veralrine n'agit pas toujours suivant I'ordre que nous avons 6la- bli; les periodes ne se succedent pas toujours avec la rigueur qu'indi- quent nos dercriptions. Ainsi Faction sur le tube digestif peul etre plus ou uioins marquee, et se continuer soil pendant la periode dc depres- sion, soil pendant la periode d'excitation. De merae le raleutissement de la circulation et les phenomenes tetaniques peuvent avoir une du- ree et une inlensite variables. Si les doses du medicament sont toxiques , le teianos se produira aussit6t, sans que Faction sur le tube intestinal et sur la circulation soil manifeste. Dans ce caslamortestrapide,etl'asphyxie quila cause survienl brusquemcnl. Dans les considerations qui precedent, nous avons eu pour but, non pas de poser des lois absolues, rnais d'indiquer clairement la raarche des phenomenes el Fordre dans lequel se produisent le plus souvont les perlerbalions organiques. 11 n'est pas sans intcrel d'examiner si toules les modiOcations que nous avons constaiees ne dependent pas d'une cause unique, d'un mode d'action plus special de la veralrine sur Fim des systeraes dc I'economie. Nous croyons ne pas sortir des regies de la stride interpretation des 160 fails en avancant que la v^ratrine porte son action sur le systome ner- veux. IJ'abord olle parait agir sur le systomo nerveux do la vie orga- nique; I'iiypprsecretion dcs glandes,raugmenlulion de la sensibilile ul de la fontracUlite du tube digestif, le ralentissement de la circulation, peuvent etre regardes comme les efl'ets d'une perturbation porteo siu" le grand sympatbique. L'action de I'agent toxiqne s'cxcrce ensuite specialement sur le sysleme nerveux de la \k aniinale. L'augnienta- tion de la sensibilile, les phenomenes t6taniques sont I'expression, la consequence de Texcitation portee sur cette pnrtie du systenie ner- veux. L'action de la veratrine i^tant connue, on ])eut se deniander quelle place il couvient d'assigner a cet agent dans la classification th(!'ra- peutique. D'apres nous, elle doit etre rangee parmi les medicaments excitants du systeme musculaire, la noix vomique,la strychnine, etc., bien quelle en ditlerc cependant d'une maniere notable. Comme ces medi- caments, elle produit le tetanos; comme eux, elle augmente la sensi- bility; comme eux, elle determine I'aspbyxie cl la mort. Mais les agents excitateurs ne portent guere leur action que sur le systeme nerveux do la vie animate ; ils ne ralentissent pas la circulation, ils n'irritent pas I'inlestin. La veratrine au contraire, et c'cst ce qui en I'ait un des precieux agents de la iberapcutique, agit a la Ibis et sur la circulation qu'ellc ralentit, et sur le tube intestinal qu'elle fait con- t racier. A ne considerer que ces derniers e!rets,on pourrait etre porte, coinme certains praticiens, a ne faire de la veratrine qu'un medicament liypo- pthenisant comme I'antimoine. Jlais on ne doit pas oublier que I'antimoine, ainsi que Tout reconnu MM. Dance et Cboniel , n'a aucnnc autre propriete speciale que de purgeret faire vomir; il ne debilito pas le systeme musculaire de la vie dc delation. Les malades conservent leurs forces, I'inlegrite do leurs fariiltes intellectuelles et celle de toutcs les fonctions organi- ((ucs, en ineme temps que deux fonctions g^nerales eprouvent une im- mense perturbation. Si la veratrine n'agit pas comme rantimoine, il est probable qu'elle ne saurait rendre dans les aifections iunammaloires le memc service que ce precieux agent. G'est un resullat quo d;: recontcs discussions tcndent a ronstator. IGI La connaissance ile Taction physiologiquedelaveratrinenous am^ae a rindicalion des maladies dans lesquelles on peut employer ration- nellcaienl ce medicament. II est indique conime purgatif 6nergique dans le cas d'obstruction du gros intestin par des niatieres fecales. Son action puissante sur la mu(iueuse nasale en fait uii excitant et im stermitatoire. Son mode d'action sur le systeme nerveux de la vie animale justitie son emploi dans les ncvralgies, cei'taines paralysies, la ctiort5e, I'hysterie, le t6ta- nos. Sans doiite son action specifiqur sur le rhumatisme articulaire aigu s'expliquc el par Faction revulsive excrete sur I'intestin, et par I'excitation ou riiypostlieuisationiiu'il produit. La veratrine pourra etre employee avec avantage dans la ra^decine V(iterinairo, cliez le chevai dans le vertige abdominal, les cas de pelote stercorales et les diverses nevroses Gliez le chien, elle rendra des services dans le rliumatisme articu laire aigu, la clior(^e, le letanos, les ncvralgies, les constipations opi- niatres et le catarrhe nasal des jeunes chiens. On pourrait faire entrer la veratrine comme sternutatoire dans le vinaigre administre aux boeufs atleints de pneumonie et de pleuro- pueumouie. Un agent aussi energique et aussi dangereux que la veratrine ne doit pas etre manie au liasard. U est de la plus haute importance d'en tixer aussi rigoureusement que possible les doses toxiques et les doses medicamenteuses chez Ihomme et cbez les animaux. A cet egard, nos experiences nous outfourni lesrfeultats suivants : Chez le chien, la dose toxique est de 15 a 20 centigr., suivant la taille. La dose raedicamenteuse est de 5 a 8 ceuligr. Chez le chevai, la dose toxique est d'environ 3 grammes; la dose medicamenteuse de 50 centigr. a 1 gramme. U'apres les proportions ordinaires, la dose toxique de rhomme va- riera entre 75 et 80 centigr., et la dose medicamenteuse pourra etre porlte de 15a 20 centigr. Nous supporions, dans tons ces cas, que la veratrine a ete adniiuis- Mc par la bouche, ou mieux encore par roesophage. En faisant penetrer cet agent par le rectum, en I'injectant dans les veines et en le deposant sous la peau, nous avons obtenu les rfeultats suivants: A. Injection dans I'intestin par le rectum. MKM. 11 162 Chez le chien, u la dose de 5 centigr., ijurgatioii violente. .Chez le cheval, 1 gramme produit ua ofTol dc la mSme nature, mais moins rapide ct moins violent. B. Injection dans les veines. ChicH. 6 ccnligr. produisent des coliqucs et une 16gere purgation. Cheval. oO centigr. ne produisent que de legeres coliques. Legere diminution du pouls dans les deux cas. C. Veratrine deposee sous la peau. Chien. 25 centigr., tt^anos et mort. Cheval. Action marquee sur I'intestin et diminution sensible du pouls ; la quantite d(5pos6e 6tait d'un gramme. Chez les animaux, on administrera de pr^Krence le medicament, soit cn*lissolution dans I'l^lher, soit sous forme d'61ectuaire. NOTICE BIOGRAPHIIjUE SUR J.-L.-M. LAURENT, Ancieii chirurgieii en cbef de la marine , ancien professom- d'anatnmie et dc physiologie al'Ecole de niedecine navale de Toulon, dodeur en niedeoine, en philosophie et es sciences naturelles, ancien professeur suppleanl Ji la Faculte des sciences de Paris, membre de la Sociele de Biologie , de la Sociele philomalique , etc. ; Lue a la Soci^te de Biologie, dans la seance du 24 decembre 1364 ; Par M. le Docteur E. LEBRET, Secretaire de la Societe de Biologie, etc. C'est un devoir pour la Societe de biologie de recueillir ayec soiu la me- moire d'une existence honorable et laborieusc, qui, avec un nierite pen com- mun, a participe invariablemeut au mouvement scieutiOque de noire ^poque. Nous avons vu M. Laurent, encore plein d'activite, apporter parmi nous le tribut de son exp(5rience, et nous encourager en quelque sorte, par I'exeni- ple et le preceple, a I'cJlude du monde organi([ue , ce vaste sujet auqucl ii avail applique tant de perseverance et de zele. Un apercu de sa vie si l)ien remplie demontrcra quels liens le raltacbaienl d'avance a la communaute d'i- dees et d'efl'orts qui nous unit nous-memes. Laurent (Jean-Louis-lIaur), n6 a Toulon ( Yar) en 1784, fit, tant au college des Oratoriens qu'aux i^coles centrales, des etudes si^rieuses, pour lesquelles 11 monlrait un veritable gout et la plus grande aptitude. Entre ii 1 5 ans comma aspirant cbirurgien dans la marine et parvenu au grade de cbirnrgien de troisi6me classe, 11 avail bientol I'occasion de se distinguer dans un naufrage que (it au cap Ten6s, le 25 niv6se an X , le vaisseau le Band, sur lequel il rtait embarque. Au milieu de cinq cents matelots ou soldats blesses ou maltrailes par les Arabes de la c6te, pendant une saison rigoureuse, denu6 de tout, il ne cessa de soigner les malades avec un z^e infatigable, que Tbumanite, cclte premiere vcrlu de son etat, pouvait seule inspirer; ainsi s'esprime, en ren- 164 dant hommage a son jeune ollicicr de san{f', le Cdinnuin hint ilii bfilinioni c'Chou(5 si inaUieureusemcnt. Au retour de cette eampngnc, d(>s circonslances de fainille cuntraviercnt Ics inclinations domiiiantcs dn M. Lanront, et le for- c^rent pendant quelqnes anuecs a s'oceuper do commerce. Dienlot, grace a des efforts constants, il reprenait rang- dans la chirurgie de marine. A 25 ans 11 fut recu docteur en medecine et en philosopliie a iLniversite de I'ise, cpii appartenait alors a I'cmpire francais , pnis snccessivement chirurgien do deuxieme et de premiere classe par concours. Malgn'' les devoirs imposes a son grade et de nombreiises et lointainescxp'dil ons, ?!. Laurent iroiiblia jamais, comme il I'a fait jusqu'a la Iln de sa cairicre, de conli-ibntn- au pro- gres des sciences naturelles, soit en formant dos collections donl il enricliis- sait divers musses, soil en recueillant de? notes et en cMaborant des memoircs qu'il publia par la suite. Apres avoir denouveau soutenu sa tbese de docteur en medecine a Paris en 1823, il etait nomm^ par concours, deux annees plus tard, professeur d'ana- tomie et de physiologic a I'ecole de medecine navale de Toulon. Son ensei- gnement a faitepoque dans cette institution; plusieurs des el6ves formes par lui occupent aujourd'bui des positions tres-distinguees dans les cadres de la marine, et ont conserve pour le m^rite de leur maitre des sentiments pleins de gratitude et de deference. Clievalier de la Legion d'honneur, associe a la Societ(5 philomatique, promu au poste de chirurgien en chef du port de Cher- bourg en Janvier 1830, il sacrifiait bientot, en 1832, la perspective de grades eleves qui lui etaient destines, et ddsireux de se consacrer tout entier a des recherches scientifiques, M. Laurent venait se lixcr dans cette capitale oil le savoir et I'amour de la science recoiveut et prennent un aliment qu'on ne saurait puiser ailleurs. Prciludant par I'euseignement particulier de lanatomie et de la physiologie comparee a I'AthC-n^e, preuant part dignement au con- cours ouvert par la Faculte de medecine de Paris en 1830 pour une chaire d'anatomie, recu docteur es sciences naturelles en 1837, il ue tarda point a fixer le choix de M. de Blainville, qui se fit supplier par lui dans sa chaire d'anatomie et de zoologie a la Faculte des sciences. Un lien intime unissait depuis longtemps M. Lament a I'eminent continua- teur de Vicq-d'Azyr et de Bichat, et cette sympathic, qui avail pris son ori- gine dans une admiration sincere du disciple pour le maitre, ne s'est jamais d^mentie. 11 suflit de suivre la succession des travaux de M. Laurent pour verifier un accord de vues et de recherches qui ne permet point de s^parer ces deux zootomistes I'uu de laulre. Si M. de Blainville laisse son o'uvre in- achevee, au uioins ne saurail-on uier qu'il a compris et donne le mot du vrai perfectionncment scientifique. .A'ous n'oublierons pas que, sous son inspira- tion, fut proclamee lanecessite de pcrfectionner parallelement la zoologie cl la physiologie. Vicq-d'x\zyr avail concu le premier ct ebauche le plan d'ui.e m^'thodeauatomiqne verilableuieul comparee, ainsi quecelui dune physio- 1()5 logie appliqut^e a toute la s^rie des animuux. Bichat, eu cousidthaiit les tis- sus oil systeraes qui entrent dans lacomposilion des orgaues, prealablenienl a I'etude de ceux-ci , attaclia a la ini'lliode eette rigueur sans laquelle les sciences d'observafion ne sauraient se devclopper. JI. de Blainville a trace la voie dune maniere plus large encore que ses devauciers : avec lui I'anato- misle (ivite deux ecueils, a savoir la reclierche sterile des fails et I'entraine- ment des hypotheses. Telle est cette maniere d'envisager successivement id disposition des organes pris en tout ou cu partie, suivant certaines lois deter- uiinees ; de considcrer les connexions ct Feuiploi des appareils d'apres une subordination reciproque , le developpement des diflferentes parties d'un or- gane , les organes et meme les appareils, etudies dans un seul animal et an point de vuc de la serie ; la structure unatomique, normale et anormale; la composition chimique des organes , et jusqu'a rhistoire des habitudes des animaux ; autant de traits de I'organisation dont le professeur d'anatomie comparee a legue I'esquisse a quiconque abordera desormais I'etude des etres vivants. I'ersonne ne s'inspira des principes poses par M. de Blainville avec plus d'emprcssement et de perseverance que ne la fait M. Laurent. Des le debut de ses publications, alors que les vivisections et les recherches sur le sys- tfeme nerveux semblaient avoir diminue en France le goiit de Fanatomie ge- nerate, on le voit signaler avec insislance la nccessite de ne point negliger cet indispensable aiixiliaire de la biologic. Dans toutes les occasions, M. Lau- rent s'est fait un devoir d'exprimer sa croyance an role qu'il attribuait a Fanatomie des tissus, comme on Fa appelee longtempSj et il la concevait ai- dee de tous les raoycns de dissection possibles, depuis le scalpel jusquaux plus forts grossissements microscopi([ues, depuis la simple maceration jus- qu'aux r^actifs chimiques. Avec le secours de tous les modes d'investigatlon empruntcs aux notions physico-chimiques , suivre Fetre organise dans toutes les phases de sa formation, aussi bien que dans celles de sa dissolution; nc jamais separer les sciences naturelles et medicales, qui se pretent un mutuel appui, c'etait la son programme par excellence, celui qu'il reprochait souvent aux succcsseurs de Bichat d'avoir abandonne pour la simple inspection des lesions aualomo-pathologiques. Et nous ne saurions trop rappeler que M. Lau- rent, en enoncant ces verites et en s'y rattachant, devancait d'une maniere bien significative les progres contemporains. I'onrquoi une methode ration- nelle d'observation et d'experience, dont il reconnaissait la valeur, ne I'a- t-elle pas 61oigne de trompeuses synthases? C'est ainsi que, par un apercu ingc^nieux, il avait embrasse toutes les parties des animaux dont la consistance est naturellement dure ou tend necessairement a la durete. Dans cette vue seraient comprises les parties cal6aires ou corn(?es des zoophytes ct des rayonncs, la peau solide des animaux artieules et le test des mollusques conchyli- 166 f^res, tons les produits de nature cornc^e on calcaire attribu(?s aux ver- tebras, les premiers rudiments d'un squelette int^rieur dans les c^phalo- podes, et enfin toutes les parties des animaux vertebres dont la texture est fibreusc, oartilagineuse ou plus on moins uormalement osseuse. La ge- neralisation des afliniles qui relienl ces diverscs pieces le porte a considerer le squelette des vertebras comme une charpente solide, compos^e de parties qui repri^sentcraient, suivantlui, les modifications principales d'une meme texture, et qui sont disposees de maniere a former des d'tuis protecteurs, a servir d'organcs passifs dans les mouvements de la locomotion giin^rale, et a pariiciper plus ou moius a toutes les fonctions sp(5ciales. II est inutile de re- drcsser, en vortu de la connaissancc des elements anatomiqucs, cette pr(?- tenduc unite des tissus libreus, cartilagineux, osseux, que M. Laurent avait associ(5s sous la denomination de tissu sclereux. Mais si, envisageant plutot les syst^mes que les tissus, on consid^re, au point de vue statique, lid^e de disposition et de conformation generale, et sous le rapport dynamique, la notion d'usage general et de distribution de propri^t^s de tissu, immediate- ment la demonstration de M. Laurent prend son veritable jour, et conduit a une th(5orie du squelette des vertebres qu'il avait entrevue, qui se formulera plus nettement dans la suite , nous n'en doutons pas. Car I'histoire de la science le t6moigne assez : I'esprit de recherches se degage de plus en plus et des explorations laissees au basard et des systematisations arbitraires. M. Laurent sacrifiait encore a cette tendance, dont nous avons tant do peine a nous alTrancbir, et qui embarrasse singulierement revolution de I'anatomio, generale. Avant qu'il fill question de la transmutation des elements analomi- ques entre eux, il avait, lui aussi, suppose une metamorphose anatomique des tissus I'un dans I'autre. Maintenant que la texture des solidcs, comme la de- composition des humours en principes immedials,devient plus claire et plus accreditee, il restera du moins I'idec leconde demontrant, pour le role des tissus cartilagineux, osseux et flbreux, dans la charpente du squelette, ime correlation de distribution et d'usage extremement remarquables. M. Laurent ne se bornait pas a manier la methode comparative d'investiga- tion ; il savait que les combinaisons scienliliqucs empruntent un grand prix a la maniere plus ou moins logique suivant laquelle elles sont classees. Ce qui est vrai pour I'etude des phenomenes des coi ps bruts Vest bien davan- tage lorsqu'il s'agit des 6tres organises. De la multiplicite des sujets et de I'extreme diversity de leurs rapports ressortent des analogies spontanees et de plus en plus etendues qui pretent une ample matiere a la nomenclature. Mais ceux qui appliquent ce puissant moyen de completer la science biologi- que ne devraient jamais pcrdie de vue une condition fondamentale de tout procede artificiel, a savoir, de no rlen imaginer que I'experience et leraison- nement ne puissent dijmontrer immediatement. Xous savons tons quelle fa- chcuse precipitation a frappe de sterilitc la plupart des classifications propo- 167 sees jusgii'ici en histoire naturelle. M. Laurent ne s'en tint pas a la distinction, si Ijien developp^e par Bicliat, de la distinction des deux vies et de leurs or- ganes, en flnalite yegetative et animalc. Ces deux caracteres dynamiques out en elTet une precision de traits trop absolue qui s'eflface de plus en plus a me- sure qu'on seloigne de riiomrac. Apres avoir essaye une nomenclature fondee sur la situation des appareils et lenr correlation nonnale, il en viut a adopter franchement les determinations formulecs par de Blainville et que la theorie de I'enveloppe generate du corps des animaux a caracterisees. Ce nest point ici le lieu de discuter une generalisation impoilante et connue sur le role physiologique de la peau consider^e dans ses rapports avec les organes sen- soriaux et locomoteurs et les visceres. II nous sufTit d'enregistrer I'adliesion formelle de M. Laurent aux principcs de la classification organograpliique. Sans parler des neologisracs qu'il affectionnait en vertu de cette maxime de Linn('e : « Les clioses perissent sans lesnoms, » quelques modifications furent introduites par lui dans ce plan. Contrairement a ce qui alien clicz les vege- laux, on voit la grande majorite des especes animales se composer d'indivi- dus isoles a sexes male, femelle, neutre, ou a hermaphrodisme insnfTisant ou sutTisant. M. Laurent constatait en mcme temps que, dans les deux regnes, il existe des individus composes d'une partie commune vivante, surlaquelle vivent des agglomerations d'autres individus. II regarda rindividualite com- posee comme une transition naturelle entre I'etude des vegetaux et celle des animaux, et par une combinaison d'afTinites et de contrastes coufondus dans riiarmonie generale preetablie, il arrivait a ranger les organes, les appareils et les ensembles de I'organisme animal, comme si I'individu etait hermaphro- dite. Et cependant, M. Laurent avail reconnu I'excellence de cette coordina- tion seriate qui nous donne les moyens de mesurer le degre d'animalite en choisissant le caractere le plus propre pour cela dans chaque division et sub- division du regno et qui tient compte des differences et des analogies en quel- que sorte accidentelles, resultat du besoin qu'a I'animal de s'accommoder aux circonstances particulieres dans lesquelles il doit vivre! Toujours desireux d'etendre rinitiation qu'il avail recue, il outre-passait le but design^ par lui- meme; on ne saurait vraiment lui reprocher cette impatience qu'il avail mise au service d'une doctrine feconde. En 18 i4, rinslitut decerna le prix Montyon de physiologic experimcntale aux Recherches sur I'bydre et I'eponge d'eau douce. M. Laurent avail ele con- duit a entreprendre ce travail, en memo temps qu'il s'occupait du developpe- ment des animaux en general, et specialement de ceiui des mollusques, tou- jours domine qu'il cfait par son zfele pour la science de I'organisation. Les principaux points de I'histoire naturelle de I'hydre et de I'eponge d'eau douce lui apparureut comme elant en mrme temps des sujeis du plus grand interet et louchant aux questions importautes non encore resolues par les zoologistes et les physiologisles les plus justemeul celebres, depuis ranliquite jusqu'a 168 tios jours. S'il est possible, grace a I'^tude avaiic6e de I'euibiyogt^nie, de coiii- prendre le d^veloppement complet d'un corps organise, et de le suivre dans trois grandes phases succcssives felles, que M. Lanrcnt les noniniait Veiat d'ceuf, Vc'tat d'embryon et Vetat d'itre ne, cette distinction facilemcnt applica- ble aux vert6bres, aux articules, aux mollusques et a la plupart dcs rayonnes, fait defaut lorsqn'on descend les degr^s de I'echelle animale. M. de Blainvllle, qui ne separait jamais I'etre de son milieu d'activiteS avail place I'homnie en dehors et au-dessus de toute la serie, comme premier terme on summum de I'animalite, et il proposait comme dernier terme extreme et infini de tuul le regne animal les spongiaires, consider(5s comme des (Mies a lornies iri'rgu- liercs ou depourvus de formes, il. Laurent s'efTorra aussi de demontrer la va- leur de la forme philosophiquement et pratiquement interprctte ; pour lui egalement, cclte propricte ctait reellement I'expression dc la finalile dcs in- dividualites naturelles, la representation de Torganisme et des conditions cx- terieures de I'existence, a laquelle se subordonnaient les notions de faille, de lieu, d'effets de lumi^re, et jusqu'a cclles du mouvementqui lui-raeme est, d'apri^s cette (5cole, I'une des grandes causes ou conditions pour I'engendre- ment des formes. C'est sur ces bases que notre coUegue edifia le travail cou- ronne par rAcademie des sciences. Les conclusions principales sur lesqucUes il insistait avaient encore pour but de confinner I'aphorisme bien connu de Harvey : Omne vitum ex oio. Malgre les objections que son mdmoire souleva, il soutint que I'hydre, reconnue deja comme animal gemmipare et scissipiii'e, ctait muuie d'a-ufs qu'il fallait eviter de confondre 1" avec les boutures; 2° avec les bourgeons se reproduisant en memc temps que les autres corps reproducteurs et dans le meme endroit. Analysant la spongille lluviatile, il avancait que les masses spongillaires ne sont jamais des individus gigantes- ques, ni des successions d'individus tous vivants, mais bien des agglomera- tions, soit naturelles, soit evcntuelles ou artiflcielles, et il se croyait aulurisc par ses observations et ses experiences a consid^rer les spongiaires comme des corps organises, animaux se reproduisant par scissiparile, pent-etre par gemmiparite, mais certainement encore par oviparite. Ces modes de repro- duction, joints a la contractilite du tube de I'enveloppe exterieure dc la spon- gille et a la motilite des parcelles de son tissu glutineux, lui faisaient ranger les spongiaires dans le regne animal. Et de la on est necessairement conduit, si ces premisses sont admises, a reconnaitre que Torganisme animal le plus infime est graduellement rc^duit a un seul tissu mou, blasteux, transparent, prot(5iforme, Icntement motile et obscurement sensible ; M. Laurent consid^- rait la mollessc plastique et glutineuse de ce tissu comme facilitanl la fre- quence avec laquelle les individus se greffent et se confondent pour composer des masses dont la taille est illimitde et dont la forme est encore irreguiiere. A I'experience de decider si ces r^sultats, fruits d'une etude conscieucieuse el penible, annonces avec une foi vt^ritable dans leur porfee, out echa[ipe, a 169 I'insu de leur propagateur, aux illusions d'une doctrine s^duisante. Evidem- ment, aux liuiites des organisations animates et v^getales, tes seuls grands caractercs, capabtes de conduire a une analyse diflVrealielle, a une enti^re generalite, comme on I'a dit, se lireront de la composition chimique elemen- taire, de la nature des principcs imm^diats, et des Elements anatomiques formes par ceux-ci. One devicnnent, a cotii de ces dilTerences pour ainsi dire intimes, limportance de celles atti'ibuees a la texture et a la forme, et qui ne rcgardent que des eties deja tres-compliques et faciles a distinguer par la memo? Et ([iiand a ce point de vue on oppose les caract^res distinctifs tires dumode primitif et fondamental de generation, de nutrition et de decomposi- tion, nous ne retrouvons plus, a beaucoup pres, la valeur absolue et g^nerale des premiers caraclcres de condition statique. Sans enfrer dans les considera- tions que comporte une question si grave, il faut rendre a M. Laurent cette justice qu'en essayant de determiner la nature des corps reproducteurs, la forme caracteristique, et riieteromorpbie des masses spongillaircs, il a fixe une fois deplus rallention sur un genre de recherches qui soliicile par son importance et son utilite tons les proced^s scientiflques que nous poss^dons. Un exanien allenlif des communications faifes par M. Laurent soit a I'lnsti- tut soit aux societcs savantcs dont il otait membre, des memoires qu'il insera dans les Annales Fn.VNgAiSES et ETUANciiRES d'anatomie et de phvsiologie qu'il dirigcait, ou dans d'antres recueils, le niontre elaborant, sans jamais se rebuter, ces idees pbilosophiques duut nous avons presente la substance, et qu'il s'etforcait d'etayer par toutes les donnees de I'observation experimen- tale. L'occasion lui fut fournie d'appliqucr a un grand objet d'interet public le resultat de tant de travaux perseverants. En 1845, le minlsire de la marine cbargea M. Laurent d'une mission relative a I'etude des condltiuns et des mocurs des animaux nuisibles aux buis de construction niarilinie. On sait quels ravages exerce dans les cbanticrs des poils I'invasion destarels {teredo navalis), petite esp6ce de moUusque habitant de la mer, qui, sous un tres- petit volume, mais en nombre considerable, s'attacbent aux bois, les pene- trent et les perforent avee une activite extraordinaire. Vaincment a t-on tente diverses methodes preservatives, en recourant a I'immersion des bois soit dans I'eau douce, soit dans I'eau saumalre ; les tarels s'inlroduiscnt dans les fosses d'immersion, et les desastres prodnits par leur presence prennent une proportion assez grande pour qn'ils alent du eveiller la sollicilude de Tad- minlstration a diverses reprises. Ucpuis longlemps le mecanisme par lequel les tarels se fixent an tissu ligneux et creusent un canal dans sou epaisseur est connu ; il semblait, a juste tilre, plus iuleressant de determiner sous quel (?tat ces mollusques s'introduisent et se nmltiplient parloutoii Ton immerge du bois de construction ; la connaissance du veritable mode de developpement des tarels avail done un but eminemmcnt pratique. M. Laurent consacra tous ties soins a cetle recherche, tantol a Toulon oil I'incendiedu Mouriilon inter- 170 rompait son travail, plus tard dans les divers ports de I'Uceau, ;i Brest, a la Rochelie, Rochefort, Nantes, etc. Jusqu'en 1852 le uiinist^rc et rAcadmie renircnt diirerents rapports de liii sur le sujet qu'il iioiirsuivait, uegligeant ses autres travaux scientiliques el ne reculant devant aucun sacrifice pour accomplir sa taciie. Mallieureiiseraent, quoi(iue honore des sutl'rages les plus flatteurs, et particulieremeut de cclui de I'Acaddmie des sciences, M. Laurent neput ojjtenir la publication oflicicUe des rcsultats de ses recherclies dans I'ordre et dans les details dont il doniiait le prot^ramnie sous la liaute appro- bation de rinstitut. Duliamel du Monceau avail avanc6, et c'est encore I'opi- nion regnante, que les tarets jettent leur frai on pondent des a>ufs pendant la belle saison; ce I'rai, sous forme d'une glaire deliee, se deposerait sur les bois , et des individus nuisibles en eclosent par la suite. M. Laurent assura n'avoir jamais pu lui-meme, nialgre raltenlion la plus prolongee, assister a la ponte des tarets ; mais lalssant vivrc des mollusqiies de cettc esp^ce dans des vases appropri(^s, il les vit expulser sous ses yeux leurs petits vivanls a l\Mat de larves, etceux qu'il sacriflait meme dans un tres-jeune age conte- naieiit en meme temps des ffufs dans I'ovaire et des embryons a nu etat plus on moins avance de developpement. Pour M. Laurent, le tarct naval serait done ovovipare et hermaphrodite se suffisant a lui-meme ; un pared fait de precocite et de force de reproduction serait de nature a ell'iaycr pour I'ave- nir des constructions maritimes, si la vigilance des hommes compelents n'y apportait un remtde. P(5netre de la gravite des services qu'il etait a meme de rcndreenelucidiuitce jioint d'embryogenie sp^ciale, M. Laurent voulut couflr- mer ses premieres observations par de nouvelles et donner a son opinion loutes les garanties de certitude desirables. Apres avoir visile encore les ports do rOcean en 1853, y avoir install^des delegucs charges de surveiller ses esp 'riences, il rctonrna a Toulon, et avec I'assistance du dirccteur gene- ral des constructions navales etdes iugenieurs, des recherches sinstituaient au gr6 do ses voeux, quand des aflfaires pressantes le rappel^rent aPaj'is. La fatigue du voyage pendant une saison rigoureuse, des preoccupations, I'em- pech^rent de soumettre immcdiatement al'Institut les observations qu'il avait pu recueillir pendant son dernier sejonr dans les ports. 11 s'y preparait quand il fut atteint de la maladie a laqucllc il a succombe le 30 Janvier 1854, lais- sant pour les siens et cenx qui I'ont connu le souvenir tres-regrettable d'un homme de bien, voue anx vertus privees, et d'un savant dont I'existence entiferement p^netrc^e de I'amour de la science et du desir de la verite est resteedans inic spbered'utilit(' modeste,en dcliors de toutes vuesanibitieuses. M. Laurent louchail, comme nous avons cssaye de le montrer dans cette notice, par plus d'une sympatbie, aux iddesqui ont preside al'origine dela Soci(51(5 de biologie. Pour lui comme pour nous, les etrcs organises se pre- sentent sous deux faces, comme aptes a agir et comme agissaut, et la compa- raison est le principal proc(5de intellectucl d'cxploration a I'usage de la science 1/1 de I'organisation. Anssi avoiis-nous etc heiireiix d'accneillir son concours ilistingii^, de le voir assidu a nos seances, plein de bienveillancc pour ceux qu'il precL'daii. dans la carrierc, ets'emprcssant de nous soinnettre ses obser- vations. Plusieurs des travanx qu'il avail entrepris sont demeures inrdils ou inaclieves ; la Soci(5te, en rendant lioramage a I'un de ses membres, a vouln encore qu'on put trouver dans sa nublicite Ic rcleve exact des rcchercbes, des communications et des ouvrages mis au jour par JI. Laurent, et tels (p.i'ils suirisent pour iiunorcr le nom de notre coUegue. LISTE DES TRAVAUX, CO.MMUNlCATlUNS ET PUBLICATIONS DE J.-L.-M. LAURENT. 1° Extraits des coiupfes rcndus de I' Academic des sciences. Resultats des recherclies sur le devcloppement des limaces. Seance du 9 octobre 1835. Menioire presente dans la seance du 30 avril 1838, sous le litre : Recberches sur le developpement des limaces et autres moUusques gast^ropodes, suivies de considerations generales sur les pb^nomenes de la zoogenie. — Ce me- nioire a etc public en mai 1838, sous ic litre de Uecbercbes sur la zoogenie. Memoire sur le developpement normal et anormal des animaux, lu et pre- sente a FAcaderaie. Stance du 30 sepiembre 1839. — Une plancbe elait joinle a ce memoire, qui n'a pas dl^ public. Mt^moire : Recbercbes sur les trois series de corps reproducleurs et sur I'bistoire naturelle et I'anatomie de I'anif dc I'bydre vidgaire; presente ;i rAcaderaie. Seance du 23 d(5cembre 1839. (Xon public.) Memoire (non public) : Recbercbes sur le developpement du Umax agresHs et autres moUusques, compare a celui des vertdbrcs, des articules et des rayonnes. Stiance du 20 Janvier 1840. Conclusions des trois memoires non publies, pr^sentes et inserts au comptc rendu de la stance du 27 Janvier 1840. Ir2 .Notice sur les iastruiueuts et procddes employes dans les recherches de M. Laurent, insth'ec aux c-omptes rendus de r.Vcademie. Sc^ance du 27 Janvier 1840. Meraoire : Recherches sar les corps reproducleurs de la spougille, lu le 14 septembrc 1840. .Mcmoire : Etudes de la serie iles phases de la vie des individus spongil- laires provenant des diverscs sortes des corps reproducteurs. Lu le 9 no- vembre I8'i0. Memoire : Eludes des masses spongillaires. Adressele28 decembre 1840. Xouvelles reelierclies sur I'liydre. (1841. Premier semestre) Addition a uu memuire de M. Heynaud sur un cas de flstule aerienne. [Ibid., ibid.) Projet de recherches sar les auimaux invert^bres marins, consideres aux points de vue zoologiiiue, anatomique et physiologique. (1850. Premier se- mestre. Sur la production expL-rimentale de I'oeuf de I'hydi'e verteet surune hydre monstriieusc a deux teles. [Ibid., ibid.) Mcmoirc sur les habitudes de quelques animaux nuisibles aux bois des ap- provisionnemeuls de marine. 'Seance du 15 juillet 1850.) 2" Travau.'c Inserc^ dans les Annates franoaises et dtrangeres iranatoiuie et de pby^tiologie. Memoire sur la composition de I'oeuf en g(5neral. (Cahier de Janvier 1837.) Experiences sur rimbibition des tissus embryonnaires. (Cahier de mars 1837.) Essai sur la determination des organes genitaux des helices ct autres mol- lusques gast(?ropodes. (Cahier de juillet 1837.) Xotes relatives a I'etude des ceufs des mollusques. (Cahier de Janvier 1838.) Recherches sur la zoog^nie. Mai 1838, t. II. Suite des recherches sur la zoogenie. Juillet 1838. Recherches sur I'addnogenie des mollusques. Decembre 1838. Recherches sur la signilication d'un organe nouvellement decouvert dans plusieurs mollusques. Tome II, 1838. Recherclics sur I'otugenie des mollusques. Mai 1839. Suite des recherches sur I'ologenle des mollusques. .Alai 1839. Observations sur la coquillo de I'ostrea edulis. Tome 111, 1839. Monslruosites doubles : conditions des ceufs des mollusques, 1839. .\ppendice aux rech(M\-hes sur mi organe nouvellement decouver dans plu- sieurs mollusques. Tome 11, p. 305 et 342. Tome III, 1839. .Notice sur la dreissena polymorpha. Tome III, 1839. I7:i La st^rie des notices et rnemoires sur Ic dih'(;loppemcnt des auimaux, adres- s^s et lus a fAcadtjiiiie, on noii lus el publics, I'oi-me en lout 20 opuscule-; (14 mmoires et G uotices;. 3° Coniuiiinirations faites it iu ^ociotc philomatiqiic. DeveloppemcDt dc vegetaux dans les a;ufs des moUusques. Seance da 22 jiiin 18.19. Note sur la nature de la spongille flnviatiie. Seance du [?> juiu ISifl. Note sur les diverses sortcs de corps reproducteuis dc la spongillc. Stance du 27 jniu 1840. Note sur la valvee pisciuale qui descend dans I'eau an moyen d'nu til nni- queux. Seance du 27 novembre 1841. Notes : 1° sur la composition dc Toeuf de la valvee plscinale ; 2" sur la composition de I'anif dans les auimaux en general , 3" sur I'cxislence des zoo- spermes dans ralbumen de I'ocuf du Umax agrcstis; 4" sur nnc dL'terniiuation nouvelle de I'organe en grappe des mollusques gasteiopodes. Seance du 22 Janvier 1842. .Notes, au sujet des edwardsies, sur les tissus a I'etat de tractus charnus dans les embryons des mollusques et des animaux en gdneral, en conflrnii!- tion des recherches de M. Laurent sur I'liistologle animate. Seance d\i 7 niai 1842. Observations sur raccouplement des mollusques et sur les caracteres a en tirer pour la classification des especes. — Nouvelle note sur la determination des organes genitanx des mollusques et distinction : 1" enorganes essentiels ; 2" en organes copulateurs; 3» en organes accessoires. Seance du 19 aout 1843. Objections presentees aux theories organogeniques de M.U. Edwards et Duvernoy. Stance du 2 decembre 1843. Complement des recherches sur la structure de la coqnille de Yosirea eduHs. Stance du 22 jniu 1844. Composition de I'ocuf de I'hydre et note sur les priHendues arraes d'attaque des hydres. Seance du 18 juillet 1840. Note sur I'^closion de I'oeuf de I'alcyonnelle. St5ance du 5 juin 1S4I . Au sujet des polypes de la campanulaire, note sur la serie des etats succe^- sifs par lesquels passent les auimaux. Stance du 19 juin 1841. Note sur les diverses experiences faites sur I'liydre. — Observations sur les embryons cities et vagants, consideres a tort comme des larves de spon- gille. Seance du 26 juin 1841. Note sur la non-coloration des tissus de I'hydre comparee a la coloration des OS par la garauce. Stance du 19 f^vrier 1840. 174 .Note sur line quatrienie sorte de corps reproducteurs do la spongille. StJance du 4 juillet 1840. Aote sur des indiviilus de spongille ayaut fait des a-ufs darri^re-saison. Seance du 14 novembre 184*2. Comnniiiicatloii des recherchcs sur rhermaplirodisme ot siir rovoYiviparit6 des tarels el sur les tonnes de la larvc. Si-ance du (i mai 1848. Note sur les corps reproducteurs de la spongia usitatissima et do la spongia hacinulosa. Seance du 15 mai 1848. A'otc sur les corps reproducteurs du tolrox globator. Seance du 27 mai 1848. Observations de I'organe de la glu cliez les molluscpies gasteropodes. (Bul- letin, 18'i8). Communication relative aux oeufs du vohox globator. Seance du 23 juia 1849. Communications sur les corps reproducteurs en g^ndral. Seance du 20 juillet 18j0. Observations sur la cristatelle (cristatella mucedo, Cuviei"). Seance du 10 aoiit 1852. 4° E&(raUs (les Coniptos renclus des seances ct jMciiioires de la !i>oci^(6 dc biologie. Note sur le rolw.t: glohator. (Tome IT, annee 1850.) Sur uu cas de duplicity chez le Umax agresHs. (^Tome III, annee 1851 .) Recherches sur les limaces. {Ibid. , ibid.) Rechcrclies sur la generation des limaces. [Ibid.) Observations sur I'liydre grise. (Tome V, amiee 1853.) Sur la fecondalion de lliydre vujgaire. \Ibid.) 5° Publications divcrses. M^rauire sur les tissus (Slastiques ct contract i les. (.Ynnales de la medecine PHYSiOLOGioi'E. Decembre 1S2G.) M^moire sur la ddterraination de la voi'ite osseuse temporale des tortues, de I'os marsu|)iul , etc., sous foi'me dc lellrc adressee a M. de Blainvillc. (Bulletin res sciences mkdicalks ue Feruss.vc, u" 77. Juin 1827.) Tableaux synoptiques d'anatomie physiologiquc, accumijages de mi'iiioires explicatifs; publics en 1826, 1827 et 1828. Essai sur la theorie generale du squeletio des verlebres, jirccede de cousi- diirations sur le systSme scl(5reux dc ces animaux. (Journal des pnoi;iii;s des sciences et institutions MKDir.ALES, 1. XIV et XV. 1829.) 175 Leltre a M. Brescliet stir la decouYerte des pierres auditives dans riiommc et les mammiferes, rclalive a une discussion sur la priority de cette decoii- verte. Lettre a M. Cuvicr suv la non-existence d'un ligament cervical cliez la taupe. Deux memoires sur ranatoniie et la physiolog'ie generates. (I.e Censeur MEDICAL. ISSi.) Sur la nature et le developpement de I'appareil urinaire. iTli^sede concours a la Facultc de mi'decine de Paris. 183G.) rroposilions gdnerales relatives a la doctrine des sciences en general, et plus specialement a la doctrine des sciences nalurelles. ( Premiere these pour le doctorates sciences. Paris, 1837.) Prodromes d'anatomle et de physiologic generates et comparJes , appli- quees a Phistoire naturelle. {Deuxi^me th^se pour le doctorat 6s sciences. Paris, 1837.) Recherches anatomiques et zoologiques sur les marsupiaux. (Voyage au- TOUR DU MONDE DE LA FAVORITE.) Sous ce titre sont compris les memoires suivants : a. De I'appareil mammaire des marsupiaux et de la bouche de leurs petits. b. De I'os marsupial, du bassin des didelphes et des ornithodelphes , et de la signification des pieces du squelette des vert^br^s en general. c. Sur la region sterno-periniiale des marsupiaux, et sur cette meme region dans les vertebres en general. d. Sur I'encephale de Fcichidne, compar(5 a celui de Fornithorhynque, et con- siderations sur Fenc^phale des mammiferes et les oiscanx. e. Considerations zoologiques relatives aux marsupiaux , a la classifica- tion des raammiKres et a celle des animaiix vertebres et invertebrds en g(5- ntJral. Nombreux memoires sur I'histologie et sur le developpement des mol- lusques. Nouvelle classification du rbgnc animal, d'apr^s les donnees de Fetnde des plans de leur systiSme solide dans Fadulte et les lumiferes de Fembryogd- nie compar^e. Recherches sur I'hydre et surl'eponged'cau douce (1844.0uvragc couronnd parFlnstitut [prix Montyon|.) Recherches sur les nia-urs des tarets publides dans le Journal de conchv- LiOLOGiE et dans les Annales maritimes. Observations et recherches sur les mollusques, publiees dans les Annales FRANgAISES ET ETRANGERES D'ANATOMIE ET DE PHVSIOLOGIE, dont M. LaurCUt etait fondateur et principal redacteur. 170 Observations ct recherclies sur Ics inollusqnc.s, ins, n'.>? dans los Comptes RENDl S DE lInSTITUT. I'iusienrs articles dans le Dictionnaire de Cli. d'Orbi^^ny : Taret, Zoophytes, Vohox, Xylophages, Terebrants (aniniaux, etc.). Articles dliisloire naturelle et de philosopliie gencrale, dans I'E.ncvclope- DIE MODERNE (iMPmin Didot) : Mc'thode, Nomenclature, Corps reproducteurs, Orologie, Vohox, etc. Articles dans I'Encyclopedie du dix-neuvieme sieole : Olfaction, Em- bryologies Os, OEuf, Eponge, Oreille, Tisstis organogc'niques, Vipere, etc. Articles dans le Dictionnaire de la conversation : Finalite, Embnjogcnie, Developpement, Bras, Bronche, Caracteres, Cceur, tpoque. Involution, Exactes {sciences), etc., Sexualite, Reproducteurs (corps^, Fecondation, Morphologie, Methode, Zooginie, Zootomie, etc , etc. NOTE SL'R LA STRUCTURE DU MOLLUSCUM AVEC QUELQUES RF.MARQUES SlIR LES PRODUCTIONS IIOMOEOMORPHES , Par M. le Docteur VERNEUIL, Agrege de la Faculte de niederine de Paris. On donne le nom vague de moUuscum a des affections cutanees ca- racterisees par I'apparition d'un nonibre plus on moins considtirable de tumeurs saillanles el dissemin^os a la surface du tegument, dont elles envahissent toutes les regions. II est certain que I'on a confondu sous ce nom plusieurs productions de nature diverse, et ces curieuses maladies sont de celles qui attendent encore unc localisation anato- mique et une determination que I'anatomie pathologique precise pent seule etablir. Dc^ja notre collegue et ami M. le docteur Broca, examinant une alte- ration decrite sous ce nom de moUuscum, constata qu'il s'agissait tout simplement de tumeurs cancereuses multiples dela peau. MM. Robiu, Lebort et quelques autres encore ont(5galementetudi6 des cas rappor- t6s par les cliniciens a la maladie qui nous occupe; mais comme, en somme, les documents sur cette matiere sont rares, j'ai pens6 qu'il serait interessant de publier les resultats que m'a r6cemment fonrnis I't^tude d'un fait dece genre. MKM. 12 178 Dans les derniers jours d'oclobre, un iuterne de I'hOpital Saint- Louis, M. Bertliold, a riustigalion de M. Hardy, eut robligeance de me remettre trois tumeurs de la peau provenant d'un malade atteint de molluscum; il parait que toute la surface de lapeauetait parsem^e de productions de la meme nature, mais que I'autopsie, I'aite avec soin, ne fit decouvrir dans les visceres et dans les organes profonds aucune production du nieme genre. 11 est presumable, au reste, que celle interessante observation sera publiee avec details; je me contente done de fournir quelques renseignements sur la structure. Les trois tumeurs avaienl une grande similitude ; cependant elles n'^taient pas au meme degr6 de d6veloppement. Elles etaient parfaite- ment circonscrites, s'iilevaient a la surface de la peau en formant une saillie de plus d'un centimetre ; elles tranchaient nettement par leur coloration sur les parties saines voisines, et un retrecissement circu- laire bien marque delimitait exactement leur base. Confondues avec la peau, elles ne s'enfoncaient pas profondement, ce qui leur laissait une mobilitii notable. En les dissequant par leur face profonde , on voyaitqu'ellesavaient envalii toute I'^paisseur du derme, mais qu'elles n'avaient pas franchi les limites du tissu cellulairesous-cutane. Je ne sais si cela existait pariout ainsi ; mais dans les trois tumeurs en question, il etait evident que la lesion etait coniinee dans la peau elle- n:eme. Je n'aurais pu neanmoins avoir aucune idee precise sur le point ded^part, sur le siege primitif,si j'avais etereduital'examen des gros- ses tumeurs, par bonheur jai pu assisler en quelque sorte aux pre- mieres phases du mal, en examinaut des portions de peau qui pr&en- taient seulement des 61evures a peine appreciables. J'ai vu alors que desdep6ts, offrant tous les caracteres du tissu constituant les grandes saillies, existaient dans I'^paisseur m6nie du derme, plus ou moins pr6s de sa. face superficielle ou de sa face profonde, et pro6minant par consequent plus ou moins vers I'exterieur ou vers I'aponevrose. Ces depots, de forme arrondie ou lenliculaire, sc d^'tacliaient tres-net- tement par leur couleur rouge de la trauie libreuse du derme, restee blanche; elles etaient recouvertes, du cOte de sa surface, par une lame de ce dernier, par la couche papillaire et par I't^piderme. Ains^i un premier point qui reste probable , c'est que le tissu pa- thologique se developpe primitivemenl dans Tepaisseur meme du derme. Sur les tumeurs plus volumineuses, les couches superficielles de la 179 peau existent peut-etre encore, niais elles sont considerablement dis- tendues et amincies. L'existence de F^piderme ne fait pas de doute, mais il est seuie- meut doul)ie d'une lame mince de lissu til)reux, qui se coulond d'ail- leurs avec celui qui sillonue la tumeur elle-meme, et dans lequcl on ne peut distinguer ni les papilles ni le tissu du derme lui-meme. Grosses oupetites, les lumeurs ne sont point enkysliies; elles adhe- rent forlement, au conlraire, aux tissus voisins, a la face profonde de la peau sous-jacente, en un mot, ne peuventen aucuue faconetre enu- clees. Les caracteres physiques de ces productions sont remarquables. A I'exlerieur, elles sont d'un rouge vif, un peu att6nue par la couche epidermique. La surface est lisse, un peu luisanle, glabre , sans bos- selures ni saillies rugueuses et papillaires. On n'apercoit pas de vais- seaux variqueux ni meme de reseau vasculaire, ce qui tient peut-etre a ce que les canaux sanguins se sont Yides apres la mort. Une des tumeurs etait ulceree a sa surface ; mais la perte de substance etait peu profonde. Pendant la vie, ces productions elaient quelquefois le sic^ge d'lin 6coulemeut sanguin assez notable. La consistance en etait assez rnoUe et un peu spongieuse ; cependant la tumeur ulceree a sa surface 6tait plus ferme au toucher. Des coupes, pratiquees en divers sens, montraient dans le tissu mor- bide une coloration d'un rouge assez vif, et rappelaient I'aspect de la pulpe de certaines cerises peu colorees. La surface divis6e, examinee a la loupe, preseute un reseau vasculaire tres-delicat, mais tres-riche, et de nombreuses cloisons libreuses enlre-croisees en tons sens, et donl quelques-unes, vers le centre de la base, paraissent s'irradier en even- tail dans la portion persistante du derme sous-jacent. Au reste, la tex- ture est homogene ; cependant je dois indiquer quelques vari6t6s. J'ai dit deja que les trois tumeurs qui m'avaient ete remises paraissaient a des degi'es divers de developpemeut ou d" evolution. Dans la plus vo- lumineuse , la trame libreuse paraissait beaucoup plus marquee , ce qui coincidait avec une consistance plus grande ; dans celle, au con- traire, qui 6tait ulceree a sa surface, le tissu 6tait plus friable et avail la coloration rouge jauuatre de la chair du saumon (1). Elle avait cetle (1) Les comparaisons 6tablies entre les tissus pathologiques et les sub- stances que I'on rencontre usuellement sent trop variables pour servir de 180 coBsistance ferme que Ton retrouve dans certaines tumeurs libro-plas- tiques, et qui correspond a ce que les anciens auatomo-pathologistes d^signaieut sous le nora de sajxorneou tinncur clmrnue. La trame de ces diverses productions I'lait prnelrte de liqnido a divers degr^s. Presque nul dans les tumeurs tres-petiles cl dans celle qui 6lait indurde, le fluide etait, au contraire, assez abondant dans les deux autres; I'une d'elles surtout, la plus molle, la moins Obreuse, la plus vasculaire, etait impre^gnee d'un sue aboudant s'echappant par la pression. Ce sue etait un peu visqueux, legeremcnt louche et colore en rose clair par son melange avec une assez forte proportion de glo- bules sanguins 6chappes des capillaires simultan^ment divis6s. Ce sue s'eloignait, il est vrai, du sue cancereux type, et rappelait beaucoup mieux celui qu'on obtient en raclant la coupe d'un ganglion lymphatique bypertrophie ; il etait toutefois miscilile a Feau , a la- quelle il coramuniquait une legere teinte opaline. La constatation de ces caracteres positifs et negatifs n'aurait pu dispenser de I'interven- tion microscopique ni meuer a une solution certaine de la nature du produit. ExAMEN MICROSCOPIQUE. — Des tranches minces, prises en plusieurs points des diff(5rentes tumeurs et examinees a de faibles grossisse- ments, montrent dans le tissu morbide un d6veloppemen( vasculaire tres-considerablc. Les vaisseaux capillaires, pour la phipart, lormenl un r^seau tres-riche, a mailles fort irregulieres et tres-serrees. Les canaux sanguins sent remplis de distance en distance, et comme variqueux en plusieurs points; ils ne sont cependant pas disposes en anses paralleles comme daus les papillesliypertropbiees. Ils sont gor- ges de globules sanguins. Le lacis vasculaire semele a un reseau entre-croise forme paries fibres du derme, qui sont disposees en faisceaux lacbes et inlercep- tent des espaces areolaires. Je ne retrouve ni nerfs, ni follicules pileux, ni glandes sudoripares et s6bac6es dans ces tumeurs. Je pense que ces organes out disparu ; bases de classification, et mume pour etahlir des varirti's distinctes; niais on peut les utiliser comme renscigneraent descriptif, a la conflitiori de ne pas leur accorder trop d'imporiancc, et de les sifjnaler seulement comme des moyeiis d'abreprer la description. 181 cepeudaiit je iie i'aftirme pas, car ils auraieut pu m'echapper, quoique j'aie examine un bon nombre do preparations. Les elements pr6cites sont contenus dans une gangiie rmement gra- nulee qui remplit, avec la matiere liquide, tous les interstices cellulo- vasculaires. A des grossissemeuts plus cousid^rables, on reconnait mieux les caracteres des fibres du derme ; elles sont, comme de coutume, larges, plates, Claires, pen onduleuses. Je ne retrouve le tissu elastique qu'en petites proportions. Le sue qui impregne la tramc renferme de nombreux globules san- guins qui proviennent des vaisseaux capillaires, si abondants, comme nous I'avons dit plus haut, puis d'el6meiits particuliers qui se pre- sententsous la forme de noyaux libres el de cellules. Les premiers, en quantity immense et qui constituent certainement la majeure par- tie de la tumeur, sont tres-regulierement spheriques, a contours nets et assez obscurs. Leur surface est granuleuso dans toute son etendue, et presente ca et la des granulations punctiformes beaucoup plus fon- cees , en nombre variable , de deux a cinq environ, d'une dimension tres-minirae et qu'on ne doit pas considerer comme des nucl^oles ; car, meme a I'aide des grossissemeuts les plus forts, il n'en est presque au- cun qui laisse passer la lumiere. Leur diametre egale envirtu 0°'°',007 aO^^jOUS pour quelques-uns, et ne Femporle done pas beaucoup sur les globules sanguins. lis sont beaucoup plus pelits que les noyaux du cancer et que les corpusculcs du pus; ils se rapproclient davantage des noyaux des gan- glions lyniphatiques. L'acide nitrique les contracte un peu, et les rend beaucoup plus ap- parents en rendant leur bord plus obscur. Us pourraieut peut-ctre etre confoudus avec les noyaux libres d'e- piderme qu'on trouve parfois dans les tumeurs epitlieliales; mais ils sont d'un volume plus petit, et les granules punctiformes multiples qu'ils renferment peuvent servir a la distinction. Je dirai plus bas les rapports qu'ils ont avec les noyaux fibro-plastiques. J'ai pu les etudier comparativemcnt avec d'autant plus de fruit que j'avais en meme temps a etudier une tumeur libro-plastique de I'extremite d'un doigt (service de M. Denonvilliers), des cancers cutan6s et sous-cutan(5s mul- tiples (service de M. Gosselin), une tumeur epidermique de la pau- piere. Enfin j'ajoulerai que, pour faire avec rigueur le diagnostic de 18-2 ces 616ments, j'ai du, comme cela est tout a fait indispensable en pa- reilcas, recourir ades grossissements tr6s-puissants sans cesser d'etre tres-nets (0C2, obj. 7, microsrope Nachet).En ne tenant passuflisam- ment comple du volume et de la strunture, on aurait pu, h raison de I'arrang'enu'ut de ces elements, croire a un cancer nucU^aire, si Ton avail mis en usage un pouvoir ampliflant de 200 a 300 diametres. On trouve , independammcnt de ces iioyaux, quelques rares cel- lules de O^^iOlo a O'-'^.O^O de volume, libreset non groupecs en pla- ques, trausparentes, spheriqucs, munies d'un noyau bien dessin6, cen- tral et olTrant tons les caraeteres precites. C'est a peine si on en trouve une pour vingt ou trente noyaux. Ajoutons que ce sue est extremement homogene, et ne renfermeni graisse ni granulations moleculaires. Les tranches trcs-minces du tissu lui-mi^me, examinees (?galement avec des grossissements puissants, monlrent ces memes noyaux m6- lang^s sans ordre apparent, ou reunis en masses dans les mailles de la tramefibro vasculaire. Dans les tumeurs comniencantes ou intra-dermiques, les Elements precites sont moins nombreux, ils sont en m6me temps moins isola- bles, ou, si Ton veut, ])lus intimement combines a la trame. Un dernier mot sur celte derniere. Elle renferme, ind^pendamment desvaisseaux et des fibres duderme, quelques faisceaux tibreux de nouvelle forma- tion, composes d'elements fusil'ormes accoles, dans lesquols I'acide ac^tique r6vele la presence de noyaux fibro-plastiques group^s paral- lelement et bout h bout. Cette formation fibreuse pr6domine, surtout dans la tumeur qui paraissait plus ferme, plus fibreuse que les autres. Dans les points, enlin, oil le tissu est indure, et sous I'ulc^ration, le r^seau vasculaire et la trame fibreuse sont moins distincts et moins r6- guliers. Le sue est en meme temps beauconp moins abondant. Le pro- duit pathologique est plus dense et comme chanm ; on y trouve des elements fibro-plastiques de toutes les varieti's, luais reunis en masse coh6rente et melanges d'une assez forte proportion des uoyaux d6crits plus baut. II reste adetprminer nr.iintcnant la nature des(^l(^monts constituants, noyaux et cellules. .I'auiiiis ele il y a \n-uAv t, uips portea reconnailre, au moins dang les premiers, eette vari(ite de uoyaux fibro-plastiques que notre savant ami M. Lebert avait d^crite commo une variiite a part, 183 van6t6 spherique, el se distinguaul i)ar la I'orine surtoul et par qiiel- ques autres caracteres, des noyaux ovoides qui, en r^alile, constituent seuls ou dans des cellules allongees le tissu fibro-plaslique. Deja M. Lebeit, dans uiie analyse anatomiqiie delaillee d'un cas de molluscum, avail trouve une structure a peu pres idenlique a celle que nous venous d'exposer, et il emet cette idee que les noyaux rends en question devraientpeul-etreelreconsiderescomme des elements particu- liers. G'est, en effet, a cette derniere idee qu il convient de s'arreler Kotre eminent coUegue M. Robin ad^critrecemment, dans I'excellente edition du dictionnaire de i\ysten,un element anatomique (ju'il nomme cyloblasiion (de xuto?, cellule, masse, corps, et SiXaarelov, bourgeon, production), et qui se presente sous deux formes coexistanles, noyaux et cellules, ollVant tous les caracteres que nous avons decrits plus haul, sauf que nous avons trouve a ceux que nous avons observes un volume un peu plus considerable que celui que M. Robin leur a assi- gne (1) D'apres cet auteur, ces elements se trouvent : 1° Dans beaucoup de productions morbides de la peau revetant la forme de tumeurs saillantes, et en particulier dans celles qui naissent sous rinfluence de la diatbese sypbililique; 2° Dans un grand uombre de tumeurs fibro-plastiques et aussi dans beaucoup de produclions fibro-plastiques nees sous rinfluence d'un travail phlegmasique chronique, comme les fongosit^s synoviales ; 3° Dans le poumon, le rein, les granulations des sereuses, etc. etc., les tumeurs epilh^liales, les v6g6tations fongueuses des membranes muqueuses. II a egalement not6 leur presence dans le chalazion, qui en est a peu pres completement forme. Nous avons v6riiie I'entiere exactitude de la plupart de ces assertions et surtout en ce qui louche les fongositt^s des synoviales articulaires et tendineuses, et le chalazion, maladie dont nous avons pu ctudier avec soin deux exemples et dont Tanatomie pathologique laisse beaucoup a dfeirer encore. Nous avons examine il y a peu de temps les fongosites qui entou- raient un cautere et nous les avons trouvees presque enlierement for- m6es de cytoblastious daus une gangue amorplie parcourue par des vaisseaux assez nombreux (1) DiCTiONN. DE Nystek, dixl^me edition, par WM. Robin et Littre, p. 375. I8i DaDs uu bun iiuinbre dc cas, les cytoblastions n'eiitrent que comme element accessoire dans la composition des tumeurs oil ils se trouvent, ils sent presque toujours combines avec des proportions considerables d'epitheliiims ou de tissu fibro-plastique, ou bien inliltres dans des parenchymes. Dans le molluscum, ils sont presqueal'etat de puret6, caril est bien Evident (jue ni les vaisseaux ni les fibres du derme, ni meme les quelques faisceaux fibro-plastiques, ne sont pas propres a caracleriser anatomiqucment les tumeurs que nous venous d'etudier, on pent con- clure que le molluscum consiste ess-ntieilement, pour ranatomo-pa- thologiste, dans une production tres-exageri^e des cytoblastions, avec predominance tres-marquee de la forme nucl^aire. Cefait est interessant on lui-m^me, niais il doit surtout etresoignou- sement cnregistre au point de vue de la patliologie gcnerale. Si on le rapprocbe de plusieurs maladies, telles que le clialazion, les tumeurs syphilitiques, quelques tumeurs de la conjonctive palpebrale et meme oculaire, il devient evident : 1° Qu'il y a utilite et meme necessite de reconnaitre une espdce par- ticidibre et nouvelle de tumciir homaomorphe caracterisee par la pro- duction exuberante d'un clement anatomique normal qui ne se trouvo qu'en petite proportion dans Teconomie saine; 2° Que cettc atFection n'est pas rare et que certaines productions a physionomiespeciale (chalazion, productions sypbilitiqucs, molluscum) se rapportcnt ii I'hyperplastie d'un meme Element anatomique; 3" Que cet element, a son tour, pent entrer en proportion consti- tuante plus ou moins considerable dans des tumeurs form(5e.^ princi- palemenl d'epithelium (tumeurs epidermiques de la peau et des mu- queuses) d'elements libro-plasliques en tumeur ou en i'ongosites, de matiere amorphe g^latinif'orme, avec vaisseaux el fibres de tissu cel- lulaire (fongosites des gaines tendinenses). Au point de vue cliniqu(% la production des cytoblastions pent se faire. S'il ne nous est pas encore pennis de savoir quel role juue cetle production cxag^reequand elle coincide avec I'hyperplastie egalement tres-notable do I'epithelium, des elements fibro-plastiques, de la ma- tiere amorphe, dans diverses tumeurs mixtes, au moins il est permis de conclure que la predominance manpii^e des cytoblastions dans une production morbide imprimee a cette derniere une physionomie particuliere qui permct d'on prevoir la structure. 185 Nous devons ^galemeiit noter que raccumulation de cet iil6meut peut se faire, soit spontan^ment, c'est-a-dire par suite d'une cause in- comiue, soit sous rintlueuce de la diatliese spontante ou d'une intlara- mation locale. Cette circoiistance est d'une importance extreme, parce qu'elle se rapproclie d'aulros faits analogues donl la g^neralite n"a pas encore lixe I'attenlion des pathologistes et que je crois utile de forniu- ler ici. M. Lebert, dans son beau travail sur les tumeurs fibro-plastiques, a etabli que les elements de ce nom pouvaient nailre spontanement ou sous I'impulsion de causes exterieures; de la deux varieties de tissu fibro-plastique : la premiere autogene, diathesique; la seconde symp- tomatique, d'unelat intlanniiatoire, d'une irritation chroniqueou de la diatliese sypliilitique. 11 a encore monlre que si la guerison spontanee ou due a la llicrapeutique ordinaire etait fort rare pour la premiere variety, elle etait au contraire fort commune pour la seconde. Non- seulement ces faits sont exacts pour le tissu libro-plastique, mais ils exprimoat une verite generale tres-applicabie aux hypertrophies et hyperplasties des tissus ou des elements anatomiques, et on pourrait meme le dire des principes iramedials. Les lipomes, les lumeui's erectiles et fibreuses, les exostoses et hy- perostoses, les productions epidermiques, les hypertrophies papillaires, glandulaires, etc., etc., autogenes, c'est-ii-dire nees sans cause connue j usqu'ii ce jour, rfeistent d'une maniere desesperan te a la therapeutique medicate, et souvent meme resistent a la m^decine operatoire, qui ne triomphe pas meme de ladialhese ; tandisqu'on volt, lorsque lasyphilis, lascrofule, rinllammation simple ou chrouique elle-meme sont en jeu dans retiologie, on voit, dis-je, sous riufluence de Thygiene, d'uue therapeutique specifiqueoud'operations tres-simplcs disparaitre d'une maniere "Bouvent merveilleuse le tissu adipcux surabondant, les vais- seaux capillaires c-xuberants, la matiere amorphe, le tissu cellulaire, repithelium, la substance osscuse anormale formes avec trop de pro- fusion. On voit meme disparaitre des papilles, des glandes hy- pertrophiees, etc., etc. Les cytoblastions, a cet egard, ne font pas exception a cette regie, si commune a la phipart des elements anatomiques. .\ussi voyons- nous le moiluscum et cerlaiiies tumeurs de la conjonctive nees spon- tanement, resister d'une maniere a pen pres complete a la therapeu- liquc ordinaire, recidiver sur place, se generahser opiniatremcnt, etc.. 1«6 tandiri que le traitement antisyphilitique ou les ressources ordiuaires de la therapeiilique permettent rapidement la rteolulion de tumeurs forinees en majeure partie des elements qui nous occupent. 11 y a la, si je ne me trompe, sujet a de prandes meditations et indi- cation I'ormelle et impiTieuse a la recherche des causes encore iucon- nues des hypertrophies dites spontan(5es ou autogenes. La digression que je vieas de faire justifiera sans doute r^cole a laquelle j'apparliens de I'accusation qu'on lui adresse de diMaigner la recherche des causes ; certes I'etiologie est bien digne d'attention, mais il faut bien le savoir, elle ne pent rien gagner a la m6thode « priori. La premiere chose, c'est de connaitre les fails avant de rechercher leur mode d'origine; il faut (^galement faire toutes les distinctions ncces- saires, etablir les catt'gories pour eviter la confusion eliologique, pour deduire, comme je viens de le tenter, que le developpement des ele- ments anatomiques est soumis a de grandes lois, il faut connaitre ces elements eux-memes. Pour savoir si les productions het^romorphes et homncomorphes sont soumises aux niemes conditions, il faut d'abord separer nettement les elements normaux et ceux qui sont sans analogues dans l'(?conomie ; en un mot, avant de faire de I'etiologie generale, il faut faire de I'ana- tomie, de la physiologie normales et pathologiques. C'est ce que ne paraissent pa-^ bien couq)rendre ceux qui, ne pouvant pas explorer I'^tendue et I'importance immense des recherches modernes, ne veulent pas attendre que la base soit posee largement avant de chercher a cou- ronner redifice. Qu'ils saclient done que si notre route est plus lente, elle est cerlainement ])lus sure, et qu'ils ccssent alors de decrier un ordre de recherches prealables, indispensables, dont ils mesureut mal laprofondeur. La science marche, la pratique aura son tour. Je termiuerai cette note par quelques remarques sur les tumeurs formees par les cytoblastions. Le molluscum que nous venons d'etudier nous fournit un bel exemple de la generalisation palhologique d'uu element anatomi(|ue dans un meme systeme. Le malade portait peul- etre plus de 200 tumeurs de la meme espece, sur le corps ou dans I'e- paisseur du derme, tumeurs de tons les ages et de tous les degr^s de developpement, il est done evident que les cytoblastions, element lio- moeomorplie , element normal dans le derme, s'^\i\m\l pathologique- ment multipliees eu plus de 200 points, ce qui equivaut d une verita- ble generalisation. La multiplicity des tumeurs syphilitiques dans les- 187 quelles cet Element pr^domine nous offrequelque chose cranalogiie(l). Dans le cas present, I'autopsie, faite avec le plus grand soin, a ronstate que nulle production scniblalile n'existait dans Ics visceres. La dia- these n'avail done s^vi que sur Ics cytoblastions du derme, et n'avait pas porte sur les autres Elements de la meme nature qu'on trouve dans le poumon, les sereuses, etc. C'est done seulement a une genera- lisation dans le sysleme cutane que nous avons affaire. La gent^'alisalion eut-elle et(5 plus loin et cut-elle envahi les visceres qui nonnalcment contiennent cet element^ nous nen aurions pas ete absolument surpris, et nous n'aurions pas dit pour cela que la mala- dieetait un cancer; car il n'y aurait rien de surprenant a ce que la production des cytolilastions alteree et exager^e dans le tegument Fait ete (5galeinentdans d'autres points. On Yoit le tissu cellulaire s'liypertropliier et former des tumeurs fibreuses dans divers organes, et pourtant on ne pent pas dire qu'il s'agit la d'une nialadie cancereuse. On voit des ossifications formees par du tissu osseux vrai appa- raitre dans plusieurs localites diflerentes, et il ne s'agit pourtant pas d'un cancer; rinfiltration graisseuse formeepar la production exub6- rante du tissu adipeux dans la polysarice, par exemple, n'est point une maladie cancereuse. pas plus que n'est cancereuse la diatbese hyper- tropbique qui, portant sur les vaisseaux capillaires, engendre cii et la etsans distinction de systeme ou d'organe des tumeurs 6rcctiles mul- tiples. Si Ton persiste a faire de la generalisation un caractere pathogno- monique du cancer, il faudra en ranger dans cette classe indigeste la presque totalite des productions morbides et la pluralile des maladies diath^siques, la pyo6mie, la tuberculisation deviendront des mani- festationfe de cancer, ce qui nous plongera dans un (jdcliis iuexpri- mable. (1) J'ai etudie tout dernierement, coiijointement avec M. Robin, de tres- nombreuses tumeurs gommeuses disseminces dans presque tous les sys- temes (mamelles, pancreas, os, muscles, etc.) chez un individu mort dc ca- chexie syphilitique. Ces tumeurs etaient essentiellemenf constitnees par des cytoblastions dans une trame flbreuse pen vasculaire ; le tissu de ces tu- meurs ressemblait d'une mani^re frappante a I'encephaloide; le microscope, d'accord avec I'observation clinique, levait tous les doutes. 188 Les lumeurs Ibrmees par les cytoblastions peuvent etre uuiques, exemple le chalazion, et dans ce cas fort b6nignes ; mais il n'en est pas loujoLUS ainsi, ce qui est encore un trait d'union entre I'espece de tu- meur qui nous occupe et toutes celles qui sont formccs par les divers elements lioma^omorphes. On trouve dans les auteurs certaines obser- vations, assez vagues il est vrai, de chalazion qui ont recidive avec opiniatrete el qui ont degenere, comme on dit dans le vieux langage. .^olre excellent collegue M. Rouget a communique a la Societe deux ol:)servations de tunieurs de la conjonctive qui, enlevees deux foisavec rinslrument tranchant, ont deux fois r6cidiv6 et r^cidiveront peut etre encore. EUes etaient constituees entierementpar des cytoblastions. Ces fails tendent a demontrer que ces lumeurs, a la maniere des lumeurs (^'pilliL'lialcs, tibro-p!asliques,elc., peuvent ne passe borner a uneseule manifestation, el qu'elles peuvent etre enlachees de malignite. Si, dans noire cas de moUuscum, on avail enleve avecrinstrument tranchant les premieres lumeurs, aurait-on empech6 la recidive sur place, au voisinage el meme dans les regions eloignees? 11 est bien perniis d'en douler. Faut-il done, sous cet autre point de vue, dire que le raolluscum est un cancer? lividemment non, car la r6cidive, pas plus qu'aucun autre des caracleres cliniques, ne caracl^rise suffisamment la terrible prj- duclion lieteromorplie a laquelle nous atlribuons la veritable denomi- nation de cancer. Aous avons vu (pie quelques lumeurs de molluscum pouvaient s'ul- cerer, fournirdes liemorrliagies ; le meme faitse retrouve dans quel- ques cas de chalazion, de lumeurs conjonctivalcs, de productions syphi- litiqucs. Qui dil ulcerations et hemorrhagies emet la possibilile d'nue apparenceext6rieurenialigne,rappe]antlesulceresdemauvaise nature. Je pense done que si Ton conlinuait a employer le mot de cancrolde pour designer les lumeurs non cancereuses de la peau et dans lesquelles le microscope ne trouve que des cellules ou des noyaux, il faudrail admcttre une Yari6t6 de lumeurs ou d'ulceres cancroides formes par des cytoblastions. J'ai, dans mes notes, la description d'une afTecliou que je n'lie.sile pas a rapporlera cctlc espece. 1! s'agit d'une ulceration olVrant les caracleres d'une tumeur epidermicpie ulceree; elle siegeail al'a'il, datidt de dix-huil aiis et avail lenlemcnl envahi toule la sur- face de la conjonctive oculaire, delruil la presijue tolalite de la pau- [licre inferieure et commcncail a s'etendresur la partie superieure de 189 la region malade. La surface 6tait parsemee d'tino Riiilc tie pclltfs emi- nences mamelonnees conime des bourgeons charnus fermes et pcu vasculaires. La cornee n'^tait point cnvaliie, mais cUeetait opa{[uo; la vision eHait perdue ; le globe de Tooil etait atropine, mais cependaot on retrouvait toutes les parties fondamen tales; les muscles el Ics autrcs parties molles intra-orbitairesetaientegalement saines; carlalteration etait essentiellement superficielle et ne se propngeait nullemcnt vers la profondeur. A la region palpebrale et malaire, le tissu pathologique ne forraait egalement qu'une couche mince ne depassant guerc 3 a 4 millim. en epaisseur. La nialade disait que ralVection avait d6but(5 par la paupicreinferieure;mais on conroit(iue le temps ecoule depuis ce debut ne lui pcrmettail pas de rendre trcs-fidelement compte des phases iniliales de lanialadie. Quoi qu'il en soit, jc no trouvaidans ce tissu morbide ni saillies papillaires ni lamellcs epidermiqiics abon- dantes; au contraire, on constatait une proportiou tres-predominante d'^lements nuclcaircs se rapprocliant des t''piLheliums nucieaires des glandes ou des noyaux d"cpiderme. A cette epoque, je connaissais mat les cytoblastions, et comme je tronvais la une composition analomique insolite, j'intitulai ma note: CANCROiOE nucleaire, avec un point d'in- terrogation. J'entrevoyais une varietenouvellc, dont j'ai niainlenant la veritable explication. Jene donne celle observation ([ue pour ccqu'elle vaut; mais je pense que de nouvelles occasions permettront d'elablir plus suremeiit l"es- pece des tumeurs ulcerees en question. Le fait n'en est pas moins cu- rieiix en lui-meme a cause de son si^ge, de son mode d'accroissemcnt superficiel de sa duree, etc., etc. On opera en faisant rextirpalion de I'oeil et I'ablation de la portion depeau alleree. Par malheur j'ai appris que la malade avait succombe aux suiles de Toperation, ce qui nous a prive de I'liistoire nlterieure de ce fait curieux. La piece me fut remise par M. Millard, alors interne dans le service de M. Maison- neuve. NOTE SUR LA STNTHESE DES PRINCIPES IMMELIATS DES GRAISSES DES ANIMAUX, lue 4 la Soci6tS Par M. MARCELLIN BERTHELOT, Preparateur do chimie au College de France. Les graisses des animaux, k'sluiilcs fixes des vi'g6taux sont formees par le melange d'un certain nombre de principes noutres et definis parmi lesquels la st^arine, la margarine et I'ol^ine occupant le premier rang. Melanges et unis intimement, ces troi.s corps constituent d'une part riiuile d'olives, I'liuile d'amandes donees, etc.; de I'autre, le suif de bffiuf et de raouton, la graisse de pore, la graisse d'oie, en iin mot, la plupart des hiiilcs et des graisses. Unis avec quelques substances odorantes"de nature analogue, la butyrine, la plioci^nine, etc., ils for- ment les principes gras dulait, c"est-a-diro ie beurre, et diverses Iiuilos de poissons. Ges faits nombreux et importants ont etc acquis a la science par les travaux de M. Chevreul. En eludiant la transformation des graisses en savons sous rinflucnce des alcaiis, M. Clirevreul a recounu, dans la plupart de ces corps, une tendance remarquable : ces corps se partagent, dans diverses r(^actions, en deux substances distinctes, avec fixation d'eaii, nn acide gras d'une part, la glycerine de I'autre. De chaque principe immediat neutre re- 192 suite un acido correspondant. L'acide gras, mis en liberty, constitue la bougie. Ini aiix alcalis, il forme le savou. Qiianl k la glycerine, cest inie maliere liquide et sucr6e, semblable a uu sirop, se nielant de meme avec Tea a. Ainsi, de ces travaux resulte la composition immediate des graisses et des huiles, et la constitution de leurs principes, lastearine, I'ddne, la butyrine, etc. La resolution de ces principes en acide et glycerine s'opere non-seu- lementsous I'influence des alcalis, mais encore dans les conditions les plus diverses : action des acides concentres, action de I'eau a 220% etc.; souvent meme, sous les influences les plus legercs, decomposition sponlani^e s'operant lentement au contact dc Tatmospliere. Certaines de ces causes de dedoublement peuvent se rencontrer dans r^conomie animale; c'est ainsi quele sue pancreatique, d'apres lesex- p^riences de M. Bernard, determine rapidementracidification des corps gras neutres. Reprendre cet acide et cette glycerine produits aux depeus des corps gras neutres, les recombiner et reproduire la stearine, I'oleine, la bu- tyrine, etc., ce serait faire la syntbese des principes des graisses des aniraaux, etpar consequent celle de ces graisses elles-memes, ce serait les reformer de nouveau, les reconstituer par la combinaison des deux substances dans lesquelles elles peuvent se separer, soil par des agents purement cbimiques, soit meme dans I'economie. Cette syntbese a ete teulee par M. Pclouze, qui a reproduit ainsi, ou- tre quelques combinaisons artificiellcs fort interessantes, la butyrine, « la premiere maliere grasse neutre artificiclle. » J'ai r6ussi a g^neraliser ce resuUal, a recombiner la glyc(5rine, lant avec les acides gras proprement dits qu'avec divers acides soit organi- ques, soit mineraux. J'ai reproduit ainsi, entre autres combinaisons, les principes neutres qui constituent les graisses des auimaux et les huiles des v6g6taux : la stearine, la margarine, I'oleine, la pbocenine, la butyrine, etc. C'est sous I'influence du temps et de la chaleur que seproduit cette syntbese. Elle a lieu par la combinaison directe des deux matieres : acide et glycerine. Cette combinaison s'opere deja par simple contact a la temperature ordinaire. Elle se produit surtout sous I'influence d'une temperature de 100" a 700°. Le temps necessaire pour la combinaison est le plus souvent consi- 193 durable : quelques-imes des experiences failes a 100% ont dur6 plus d'une centaine d'heures. Je citcrai comme excmples de ces syotlieses : 1" La tristearine artificielle, substance grasse neutre, cristallisable, fusible vers 60", r^solulole de nouveau en glycerine et acide stearique, identique avecla st6arine naturelle; 2° La tripalmiiine, douee de propri6t6s analogues, identique avec la margarine des huiles ; 3»La tricoleine, liquide neutre resoluble en acide oleique et glyce- rine, identique avecl'oleine des builes et des graisses; 4° Les valerines artilicielles, liquides neutres formes par I'union de I'acide valerianique ou phocfinique avec la glycerine : leurs propriel6s et leur composition sont telles qu'on pent representor au moyen de ces corps la phoc6nine de I'huile du daupbin ; h° Lq.?, butyrines artificielles, liquides et neutres, dont les propriiHes etla composition peuvent repriSsenter la butyrine du beurre. Independamment des principes naturels ainsi reproduits, j'ai obtonu avec divers acidessoit organiques, soil mineraux, de veritables builes artificielles, dont les identiques ne se trouventpas jusqu'a present dans le regno organique. Je n'insisterai pas sur cet ordre de faits. Quoi qu'il en soit, ce qu'il importe de constatcr, c'cst que les prin- cipes neutres ainsi produits par synthese presenteat la meme composi- tion, les memos proprietes, tant pbysiqucs que chimiques, ([iie les principes naturels qui leur sont identiques. Cettc iJentite s'ctendjiis- qu'aux reactions les plus delicates : elle s'applique essentielic- ment k la possibility de les resoudre de nouveau en acide gras et en glycerine. MEM. 13 OBSERVATIONS SUR LE CONARIUM, Par M. le Docteur FAIVRE. CONARIUM CHEZ L'HOMME. Trois elements entrent dans la constitution du conarium chez rhomme : I'enveloppe fibro-vasculaire , le parenchyme globulaire et I'acervulus ou amas de matieres inorganiques. Consideres sous le rap- port de leur masse, ces Elements se r6partissent ainsi : parenchyme globuleux , capsules et prolongements fibro-vasculaires et acervulus. C'est egalement I'ordre d'importance qu'il convient de leur assigner. La membrane fibro-vasculaire est p6ripberique et envoie dans le centre de I'organe un grand nombre de prolongements. La masse globulaire forme le parenchyme meme du conarium. Enfm, Tacervulus constitue le plus souvent des petits groupes places dans la region de I'insertion des freins. A.— PARENCHYME GLOBULEUX OU NUCLEAIRE. Nous lisons dans les auteurs que le conarium est form6 d'une masse de substance grise , analogue a celle de la substance corlicale : La cou- leur, la consistance et la disposition g^nerale semblent lever tous les doutes a cet 6gard. Cependant I'examen microscopique , meme le plus superficiel, d^montre bientot que la sulostance du conarium ne res- semble en rien,par sa structure, a la substance grise ordinaire. D6ja 196 Valentin I'avait remarqu^. II avail vu que les formations nucleaires et grossies du conarium , differant essentiellement de la masse grise du reste du systeme nerveux central , ont une ressemblance frappante avec le tissu de la glande pituitaire (1). Mes observations ont complete ces resultats. iNous avons examine, a un grossissement de 500 diaraelres , le cona- rium d'une femme de 60 ans. II etait compose d'une multitude de cor- puscules. Leur forme est elliptique ou arrondie , leurs contours sont nets et reguliers, leur diametre varie entre O^-.OIO et 0°"". 015. lis sont grenus a rint^ricur. Le conarium d'une petite fille de 3 ans a presents les memes details ; seulement les globules sont moins volumineux. Nous avons aussi examine le conarium chez les vieillards. Nous avons trouve , chez une femme de 75 ans , les globules plus grenus dans leur interieur et d'un volume plus considerable que chez I'adulte, puisque le grand diametre a en moyenne de 0°'°'.012 a0°'°'.020.Memes caracteres cliez d'autres vieillards. Nous avons reniarque que ces globules se d(5truisent avec une Ires- grande facilite. En examinant la glande pineale abandonnee quelques jours sous I'eau , la structure de ses 616ments devenait m^connais- sable. En resume , nous pouvons etablir : 1° Que le parenchyme du conarium est essentiellement compos6 d'une grande quantity de globules ; 2° Que ces globules , grenus dans leur interieur, sont gtoeralement elliptiques et a bords irreguliers ; 3° Etqu'ils offrent un diametre moyen de 0°"°.0]5. Quelle peut etre la nature de ces globules? Us ne rappellent en rien les elements histologiques du systeme nerveux. Ni^anmoins, comme un tissu peut presenter dans I'^conomie plusieurs 61(5ments divers , on ne peut encore assurer si les globules du conarium ne sont pas une forme du tissu nerveux. Lhistologie comparee nous a conduit a reconnaitre que les glo- bules ne sont autre chose que des noyaux de cellules. La cellule peri- pherique est visible, en effet , chez les tortues, les poules, les dindons (t) Valentin, Nevrologie, p. 222. 197 et les lapins. Nous I'avons meme trouvee chez rhomme ; mais presque toujours la cellule disparait et son noyau persiste seul. B. — CONCRETION'S. La sU'ucture des concretions a 6te etudiee par les freres Wentzel et par Valentin. lis ont vu que chaque fragment etait constitue par des masses arrondies, accolees les unes aux autres et d'un aspect moriforme. En r^petant avec soin ces observations a un faible grossissement , nous avons parfaitement distingu^ tous les details relatifs a la struc- ture de ces concretions. Elles sont formees d'une portion ainorphe nu- cleaire et d'une s6rie de petites eminences arrondies ou allong^es qui donnent a la production I'aspect d'une mure. Les corps moriformes sont de variable grandeur. Nous en avons mcsure dont le diametre est de 1, 2, 3 et meme 4 dixiemes de milli- metre. Les coupes verticales , suivant le grand diametre , ne laissent aucun doute sur le mode de formation et d'accroissement de ces petites concretions. G'est du centre a la peripheric , et par dep6ts successifs dans un ou plusieurs centres , que les couches se forment , et qu'elles produisent graduelleraent les corps mamelonnes que nous venous de decrire. A I'aide d'une goutte d'acide nitrique , on pent facilement s'assurer, sous le microscope, d'un notable degagement d'acide carbonique. Les concretions sont done essentiellement formees par du carbonate de chaux. Neanmoins, apres cette operation, il reste un rfeidu de ma- tiere organique. PsafF a soumis a I'analyse les concretions du conariura ; il les a trou- vees composees : De phosphate calcaire , De carbonate de chaux , Et de matiere animale. Outre les concretions sur lesquelles nous venons d'insister, on ren- contre encore dans les concretions divers produits inorganiques : phos- phates de chaux , de magnesie , mais rarement de la cholest^rine. Ges produits , en petite quantite et variables , sont tout a fait accidentels. Nous en parlerons de nouveau en traitant des produits inorganiques des plexus choroides. 198 COiN'ARIUM CHEZ LE CHEVAL. Le paronchyme du conarium est compose des globules elliptiques qui caracterisent dcja le conarium de I'homme. Ces globules out aiissi des bords nets; ils sont ponctues daus leur milieu, leur grand dia- metre attaint enmoyenne 0°'°',02. 11 est done plus considerable que celul de rhomme. Les corps sont, d'ailleurs, insolubles dans I'eau, I'alcool et I'acide acetiquc. Dans ce parenchyme, comnie dans la substance du conarium humain, il n'existe aucune trace de tubes ou de corpuscules nerveux, si ce n'est toutefois a la base et a la region de Fiusertioa des freins. Cihez un cheval recemment tue et chez plusieurs autres dont la mort remontait deja a quelques jours, nous avons retrouv6 les memes corpuscules, sans qu'ils nous aient paru avoir sulii la moindre modi- fication. Dans tout le parenchyme du conarium, on distingue, a un grossis- sement de 500 diametres, une grande quantile de petits grains noirs, doues d'un mouvement broNvnien tres-remarquable. Ce sont des grains de phosphate de chaux dont le nombre, nous le repetons a dessein, est tres-considerable. Us paraissent libres entre les divers globules orga- niques , dans I'int^rieur desquels on ne les rencontre pas. Une fois, nous avons trouve dans le parenchyme des lamelles de cho- lest^rine. Nous croyons utile de faire ressorlir par un parallele les differences qui separent le conarium de Thomme de celui du cheval. Le conarium humain a un volume proportionnel plus considerable. II est arrondi, celui du cheval est allonge. II est gris clair, celui du cheval est d'un brun noir, Sa consistance est faible , chez le cheval elle est tres-considerable. 11 presente quelquefois ime cavite a son interieur; nous n'en avons point trouv6 chez le cheval. Relativement a la structure, I'enveloppe cellulo-vasculaire est formee chez I'homme par un tissu connectif lache, et chez le cheval par un tissu vrairaent hbreux. Les globules du parenchyme sont de la meme nature , mais ils sont un pen plus volumineux chez le cheval. Les concretions ne consistent plus dans des amas de grains calcaires ; dies se reduisent a des grains de phosphate de chaux , visibles seule- ment au microscope. 199 CocHON d'inde. ~ Nous avions pense d'abord, en examinant le cer- veau de plusieurs cabiais , qu'ils manquaient de conarium ; mais uii examen plus attentif nous a fait recounaitre notre erreur. La disposi- tion de cet orgarie est d'ailleurs tout a fait speciale. Les deux freins an- terieurs, apres s'etre port^s en arriere, s'clargissent et se transforment en deux lamelles t(^^nues, finement strides et sendees post^rieurement, de manicre a constituer un infundibulum a concavite anterieure. Lo fond de cctte concavite est perc6 d'un petit orifice. G'esten arriere et accole centre le fond de Finfundibulum que se trouve le conarium. U est grele, difficile a voir, et il pent etre souvent arrache dans la pre- paration. Ce petit corps jaunatre n'a pas plus de 2 millimetres de long. Au microscope, il presente n^anmoins la structure ordinaire : des globules ovoidaux, dont le grand diametre est de 0°"",012 et le petit de O'^iOOG a riutcrieur; ils sont remplis de granulations noiratres. Ce meme conarium nous a aussi offert des petits grains de phosphate de chaux et des masses concretionn6es, jaunatres, dont nous n'avons pu determiner la nature Chien. — Le conarium existe-t-il chez le chien? En 1680, Duverney annonce a I'Academie des sciences que la glande pineale n'existait pas chez les chiens. Gette opinion fut soutenue de- puis par Samuel Collins dans son Systeme d'anatomie et parle c61ebre Camper. Elle a encore des partisans de nos jours. Mais cette assertion a etc refutee, conime elle devail I'etre, par Soemmering, Gisbert et Jacob Wolff. Les freres Wentzel out toujours constate la presence du conarium chez le chien. Us le caracterisent ainsi : « Conarium canis » rotundum, cinereum, et spcctala ratione ad plures cerebri partes, 11 ad corpora quadrigemina valde jiarvum est. " Dcpuis lors, Cuvier, Serres et d'autres anatomistes onlvu manifesle- ment le conarium. Pour nous, la question est resolue. Non-seulemenl nous avons trouv6 le conarium du chien toutesles fois que nous avons voulu le chercher, mais encore nous en avons determine la structure, et elle nous a paru la mome que celle du conarium humain. Chez un matin de taille moyenue, ag6 de 2 ans, le conarium se pre- sente sous la forme d'un petit triangle rougcatre. La base pent avoir du 3 a 4 millimetres, et la hauteur 2. La couleur est rougealre, et les freins anterieurs sont tres-volumineux. Chez un chien danois de 5 ans, le conarium est, a pen prcs, .de la meme forme et de la meme dimension. Sa couleur est d'un gris rose. 200 II renferme dans son parenchyme les globules caracteristiques , a bords nets et k contenu granuleux. Seulement leur dianietre est tres-petit, puisqu'il varie entre 0""°,004 et 0°"",006. Outre ces globules, on trouve aussi des fibres entre-croisees et semblables a celles que nous avons re- raarquees cbez le bceuf. On ne peut attribuer I'erreur des anatomistes qui refusent une glande pineale au chien qu'ii la difficulty de conserver dans les preparations un organe si petit ct si peu consistant. PouLE. — Le conarium existe cliez lapoule comme chez plusieurs oi- seaux que nous avons examines. La position et la structure etant les meraes dans les cas soumis a notre examen , nous nous bornerons aux details sur le conarium de la poule. Get organe a la forme d'un petit cone de 2 millimetres do long sur uu de large. 11 est situe , comme a Lordinaire , entre le cerveau et le cer- velet au-dessus des tubercules quadrijumeaux, qui ont pris chez les oiseaux un trcs-grand developpement. La base du cone adhere a la dure mere , et le sommet se continue avec la substance cerebrate des tubercules. Une membrane fine , analogue a la pie-mere et tapiss6e comme elle par de noinbrcux vaisseaux , entoure ce petit organe et lui donne une teinte ros6e. En examinant , a un grossissement de .500 diametres, le contenu du conarium, nousy avons trouve la structure globuleuse ordinaire. Les petits grains sont arrondis, ils n'ont qu'un diametre de 1 a 0'"'",002. Leur contenu est quelquefois granuleux. Le plus souvent , ils parais- sent entoures par une zone blanchatre, a contours nets et pales, qui parait etre la cellule dont ils forment le noyau. Cette particularite a une importance que nous avons fait ressorlir. On trouve, en outre, dans le conarium, quelques grains arrondis et des lames brisees de carbonate de chaux. Nous avons fait aussi des recherches sur le conarium du boeuf , du lapin , du pore, de la tourterelle, du dindon , de la tortue. Les r6sul- tats que nous avons obtenus ont et6 partout les meraes. MEMOIRE (SCB Irement lormee de pe- tits grains qui s'observent a la surface du tissu lorsqu'il a M dechirc. Cette maniJ'rc de proceder dans la preparation est imparfaite , car on n' observe alors qu'unc partie des lobes ou des extreraites des iilamcnts que nous d^cri- rons plus loin. II faut, pour arriver a icconnaitre la structure reellc de ce tissu, en prendre dc petits fragments enleves avec des pinces ou des ciseaux, dissocier ensuite les petits grains, et derouler les lilameuts en les d^chirant aussi peu que possible, ce qu'il est, du resle, impossible d'eviter tout a fait. Lorsqu'on vient a examiner, a un faible grossissement, le lissu ainsi dissocie, on pent reconnaitre qu'il se compose de lilameuts allonges, cyliudriques, de volume inc^gal, selon les points de leur longueur, larges au plus d'un dixieme de millimetre, pouvant dcsceudre a 5 centicmes de millimetre. Ces filamen's, replies plusieurs fois sur eux memes et sans ordre, preseutent un tres-grand nombre de su])divisions ou i)rolongements en forme de doigts de gant. Ces prolongements sent aussi, ou presque aussi volumineux que le (ilauient dont its se detacbent. Tant6t lis se detacbent isol(5ment d'espace en espace, d'autres fois quclques-uns se detacbent au memo point; leur longueur est habifuelle- mcnt de 1 a 3 dixiemes de millimetres au plus; presque toujours leur exlre- mite libre, ou en cul-de-sac, est un peu plus rcnllec que le reste. Outre ces prolongements en doigts de gant , qui peuvent etre bifurqu(5s, on trouve des corps piriformes dont la largcur varic, dans Ui partie la plus volumineuse, de 1 a 5 dixiemes dc millimetre. Ces corps ou grains piriformes sout atlacb's aux filaments flexueux dont nous venons de parler par un prolougement extreme- ment mince qui se continue, a la manierc d'un pedicule, avec leur partie la plus retrecie- Ce pedicule est lellcment mince, qu'il se brise avec la plus grande facilite, et il est diflicile dc faire une pr{5paration ou se trouvent con- serves plusieurs de ces grains avec leur pedicule intact a leur point d'inter- scction. Lorsque ces grains pirifoiiues sent devenus libres par rapture de leur pedicule, il est difTicile de reconnaitre si ces corps out eti' adberenls. II est Ires-commun de trouvcr ces corps piriformes surcbarges eux-memes de plu- sieurs prolongements en doigts de gant, ou poilant a lour lour de plus petits corps piriformes. Les conformations des prolongements en doigts dc gant ou des corps que nous venons de decrire, sonl si varices, qu'il serait impossible cl fastidieux d'cu donner une description dciaillcc. Aussi nous ])urncrons- nous aux indications priiciideiites , ct a rcnvoycr aux planches in- folio du 215 Traite d'anatomie pathologique de M. Lebert , qui contiennent les dessins dcs priiicipales varietes de configuration, d'apr^s les figures qui lui out cle remises par I'uu de nous. Voici maintenant quelle est la structure de ces corps et de ces filaments : cbacun d'cux presente une enveloppe ou gaine exterieure assez resistantc, bieii qu'elle n'ait que 4 a 6 milli(;;mes de millimetre d'epaisseur; en plusieurs points iiii'me elle n'offre que 2 milli^mes. Cettc enveloppe est transparente, a peine granuleuse, Ires-fineuicnl striee par place. Les bords de la decliirure en sent liabituellement irregaliers ou lilamenleux. Nous noterons ici que les vaisseaux qui se dislribueut dans le tissu de la tumeur ue trouvent jamais la tumenr et ne pi5n6trent pas dans le grain, lors meme qu'ils atteignent ou de- passent un demi-millimetro. Ces vaisseaux se distrDnicnt en eCfet entre les lilanients replies et les grains qui y adherent, sans prcisenter rien de particu- lier ni aucun type fixe de distribution. Dans I'interieur des filaments et de leurs sul)divisions , on trouvc, soil des epilheliurus uucleaires seulcment, soit des epitheliums nucleaires ou des corps oviformes ; tantot ces epitheliums nucleaires remplissent les filaments ou leurs prolongemenls en doigts de gant d'une maniere complete, et en font aussi une soric de cylindre plein; dans d'autres filaments cet Epithelium forme une couclie plus ou moins epaisse, suivaut le volume du filament, et au centre se trouve uu canal assez etroit qui parait plein d'un liquide inco- lore. Ceux des filaments ou des grains piriformes qui renfcrment des corps oviformes sont les moins nombreux; il est impossible de constater une cavitc distincte en pareil cas. Les corps oviformes sont epars sans ordre dans la ca- vite des filaments ou des grains renfles, et les intervalles qui les separent sont rcmplis completcmcnt d'cpitlielium nucleairc qui recouvrc exactement leur surface. On trouvc toujours uu tres-grandnombre de filaments ou de grains piriformes dcSchires. On pent voir, sur les bords des fragments dechires, la structure de la membrane propre, et constater qu'un certain nombre d'epi- tiieliums imcleaires resteut adherents sur sa surface interne; mais il est facile de constater que ces noyaux u'adherent qu'accidenlcUement et nc font point partic de I'cnveloppe. On remarque aussi que la pkipart dcs corps oviformes qui s'echappcnt lors de cette dechirure entraiuent avec eux quelqucs epitheliums nucleaires qui adherent a leur surface, mais toujours distribuc5es d'une maniere irr(5guli6rc et sans juxtaposition immediate. Ces epitheliums uucleaires sont, pour la plupart, ovoides, rdguliers ; quel- ques-uns pourtant ont une de leurs extremit^s amincie et m^me un peu re courbt^e; il en est quelques-uns, mais en tres-petit nomlire, qui sont sphe- riques. Leur longueur varic de 9 a 12 milli^mes de millimetre; la plupart oat 0 milli^mes de millimetre; ceux qui sont spheriques peuvent avoir quelque- fois 6 i 7 iuilli6mes seulement. Leur lurgeur varie dc 5 a 7 milliemes de mil- 216 limetre, rarement 8 milli^mes pour les plus gros ; ces uoyaux ont un contour peu fonce regulier ; leur centre est grisatre, uniformement granuleux, mais dcpourvu de nucleolcs ; ces granulations sent generalement petites, gi'isatres ou noiratres, presque toutes d'egal volume. L'acide acetique ne les dissout pas, 11 les contracte un peu, rend leurs contours plus fences et un peu moins re- guliers. Kotis arrivons actuellement a la description des corps oviformes ; ccux-ci, tantot en petit nombre, d'autres fois presque contigus dans la cavit6 des grains piriformes ou des tubes eu doigtsde gaut, sout pour la ])lupart splieriques; quelques-uns sent ovoldcs, et, lorsqu'ils sont allonges, il n'est pas rare de les trouverun peu recourbes. En general, lis ont de 4 a 6 centiemes de millimetre, mais on n'en Irouve que quelques-uns n'ayant que 3 a 3 centiemes; d'autres, mais en petit nombre, ofTrent de 8 a 9 centiemes do millimetres : ceux-ci se rencontrent particuliercment, pour ne pas dire exclusivement, dans les grains piriformes les plus gros. Parmi ceux qui sont ovo'ides, on en trouve quel- ques-uns qui depassent en longaeur un dixieme de millim6tre , et qui n'ont que 5 centiemes environ en largeur. Tous ces corps oviformes etaieut homo- g^nes, sans parol ni cavite distiucte, sans contenu granuleux ou autre ; quel- ques-uns pourtant, mais en petit nombre, presentaient a leiu" partie centrale des stries extremement lines s'irradiant du centre vers la surface. L'acide acetique n'a aucuue action sur ces corps; l'acide sulfurique les gonfle un peu sans les dissoudre ; I'iode se comporte avec eux comme avec toutes les substances azotees, il les rend d'un jaune brun sans teinle violacee ni bleuatre. En resume, cc qu'il impurte de mcntionuer ici, c'est cette sorte de type filamenteux ramifici que pr^sente dans sa structure ce produit morbide ; c'est cette enveloppe exterieurc homogene contenant les epitheliums appliciuesasa face interne. Ce qu'il imporlc encore de noter, c'est que ces epitheliums ne sont pas accumules, epars et sans ordre, et que ceux que Ton tiouvc ainsi dans la preparation peuvent 6tre reconnus comme n'ofl'rant cette disposition qu'accidenlellement. L'acide chlorhydrique rcsserre d'abord un peu les uoyaux, puis les palit peu a peu, et, au bout de quelques minutes, les rend homogenes, transpa- rents, se collant ensemble, sousune tres-leg^repression, oumcnie les reduit en une masse anioriihe, grauuleuse. Ce meme acide I'end les corps oviformes lineraent grenus, trte-mous, faciles a ecraser, tout en leur laissant assez delasticitci pour qu'ils rcprcnncnl leur forme lorsqu'ou ccsse de les com- primer. L'acide sulfurique rend les uoyaux plus petits du tiers a la moilie, et en meme temps sph(5ro'idaux, plus fonces, a contours noiratres, et il rend moins net le contour de leurs granulations intcrieurcs. I'eu h pen il les palit, les ramollit, mais moins que l'acide chlorhydrique. 11 les dissout s'il est concen- tre. II rend les corps oviformes mous, a peine granuleux, mais les attaque 217 moins que I'acidc chlorhydrique et leur laisse plus d'elasticit6. L'acide ace- tique n"a aucune action sur ces corps oviformcs. L'acide nitrique palit les noyaux tout en les contractant, mais il ne les dis- sout pas. 11 palit les corps oviformes eu les rendaut aussi un peu grenus, mais fort peu. La potasse fait des noyaux une masse homogene, dans laquelle ils sont en quelque sorte fondus ensemble. Elle ramollit beaucoup les corps oviformes, mais sans les dissoudre. Dans la portion de tumeur remplissant I'orbite, entre les lilaments et culs- de-sac, existait une Irame flbreusc dure, resistante ; les culs-de-sac avaient des noyaux plus gros que dans les aulres regions, mais peu de corps ovi- formes. Dans cette partie dure, comme dans les portions molles, friables, a filaments faciles a isoler, il n'y avail que de petlts capillaii'es, peu nombreux, passant enlrc les filaments et leurs renflements piriformes, se subdivisant entre eux sans traverser leur mince parol propre, sans pen^trer dans leur epaisseur. Obs. 11.— Nous joindrons au fait precedent la description auatomo- pathologique de la tumeur suivaute, que nous devons a I'obligeance de M. Robert, qui eu a fait Fablation le 21 decenibre 1854 , et au nom duquel nous ravens presentee a la Societe de biologic dans sa seance du 23 du nieme mois. Elle fut enlevee en villc sur un homme adulte, qui avail deja subi I'ablation d'une tumeur offrant exactement le meme siege que celle-ci, mais etait mieux limit^e a la peau et plus superlicielle. Cette premiere tumeur ne fut pas examinee. L'observa- tion complete de ce fait interessant appartenant a M. Robert, et devant etre publieepar lui, nous devons nous borner a I'examen anatomique de la production morbide. La tumeur offre le volume suivant : 0"",08 de long, 0°',04 d' Epaisseur dans la partie la plus volumineuse. Elle est situ^e au cote externe de la machoire droile , qu'elle a deprimee et rcpoussee en dedans , lui faisant eprouver une ' courbure. Elle s'elend depuis le bord posterieur de la brauche ascendante , qu'elle embrasse compl^tement , en envabissant meme sa face interne dans I'etendue de 1 centimetre, de sorte qu'elle a repousse ainsi le parotide en ar- ri^rc. En bas , elle depasse a peine le bord inferieur et I'angle de la ma- cboire; elle a aminci et comprime I'os. En baut, elle atteint a peu prfes le sommet dc I'apopbyse coronoide, qui est amincie et est, par suite, de venue tres-fragile ; pourtant, nulle part le tissu dc la tumeur n'est en continuitd dc substance avec los. Au niveau des muscles masseter et temporal, elle est s^par^e de la macboire par I'epaisseur de ces orgaues , dont toutefois le tissu est aminci. Ailleurselle est en contact avec le pcriostc qu'elle a cuvabi el qui , 218 a ce niveau, se ddfache avec facility de I'os , qu'on trouve lisse et sans vas- cularite anormale a ce niveau. La tumeur est d surface irregulit're lobulee ; elle se compose d'un tr6s- grand nombre de lobes variant de volume, depuis celui d'un grain de ch6- uevis juscju'au volume dune noix : trois lobules seulement ont ce dernier volume. Bien qu'assez fortement adherents entre eux, cos lobules sont par- failement dis'.incts et separ^s par des cloisons de tissu cellulaire. Parmi ces lobules, il y en a quelques-uns dont la situation et I'isolement meritent quel- ques details : I'un d'eux occupc Tepaisscur de la peau dans la cicatrice meme de I'anciennc operation; il est separe du resle de la tumeur par une epais- seur de tissu cellulaire de 2 a 3 milliicetres ; son volume est celui d'une pe- tite noisette. Deux lobules de memo volume occupent le bord infericur de la tumeur et sont separes dclle par une epaisseur de 3 a 4 millimetres de tissu cellulaire et adipeux. Un autre un pen plus gros occupe le bord superieur de la tumeur et se trouve place dans I'epaisseur du masseter ; il est S(5pare de la masse morbide principalement par une epaisseur de i/'2 centimetre de muscles sains. Entiu, un lobule sera indique ici specialement : il est place dans I'epaisseur du faisceau aponevrotique le plus anterieur du muscle raas- S(Mei-, dont il a ecarte les fibres. Ce lobule est remarquable par sa durele a la periplierie, bien que le centre en soil inou et friable. 11 a le volume et la forme d'un haricot a pen prcs. Commc tous les precedents , U est entoure d'une couche de tissu cellulaire assez resistant qui I'isole d'une maniere complete; et enfln du tissu cellulaire et de la graisse, dans I'epaisseur de 3 millimetres environ, le si'pare compkMement de la masse du tissu mor- bide. Nous rappellerons , en tcrminant , que cette masse , bien que formic do lobules adhcrant les uns aux autres, ue prcseute pas de continuiti' entre tous ces lobules, car la plupart sont enkystcs en quclque sorte par du tissu cellulaire. Void maintenant quelle est la couleur et la consistance de chacun de ces lobes. Les plus pelits corame les plus gros sont durs a la surface, plus mous el IViables au centre , d'aspect grenu a la dechirure. La couleur des lobes plus pctits est d'un gris blanchatre analogue a la couleur du tissu des capsules articulaires. Dans les lobes les plus gros, la teinlo tire sur le jaunc; parlout ce tissu offre une sorte de demi-transparence particuliere a la surface seule- ment de la coupe. Le tissu n'est vasculaire qu'a la surface, et tous les vais- seaux sont de petit volume. Beaucoup de lobes meme no presentent pas trace de capillaires , et pourtant ces conduits sont tres-mauifestes dans c[uclques- uns des lobes qui les touchent ; ces capillaires formenl des mailles tr^s-larges et pen nombreuses. La structure de chacun des lobes de la tumeur est la suivante : chacun d'eux poss^de une trome de tissu fibreux assez resistaute , peu vasculaire ; 219 dans cette trame se trouvent disposes des filaments dont la longueur ne pent etre delerminee, mais qui ofTrent line largeur d'environ un dixieme de mil- limclre Labituellemeot. L'uiie des extremitcs de ce lilament ne peut etre dc- termint^e , mais I'aulre sa ramifie irr^gulierement en cincf a dix prolonge- ments environ ; ceux-ci sont groupes de manit^re a simuler les culs-de-sac d'un acinus glandidaire; ils sont en general immediatement contigus, sans lissu ccUulaire interpose , la largeur et la forme de ces prolongemcnts en doigts do gant sont assez variables : les mis n'ont que 5 a G ceuticmcs de mil- limetre de large, les autres ont 1 dixieme de millimetre environ, c"est-a- dire qu'ils conserveut a peu pres la largeur du filament principal. Quelques- uns sont reguli^rement cylindriques , mais la plupart sont un peu renfl(5s et arrondis a leur exlremite libre; 11 en est enfln dont I'extremitc libre est liosselee et comme divisee en deux. Cliacun de ces filaments, cliacunc des divisions presente uue enveloppe propre epaisse de 4 milli^mcs de milli- metre, homogene, transparente, assez resistaute ; I'lnt^rieur est rempli exac- tement d'epilhcliums dont les ('lements sont extremement serres. Leur accu- mulation donne a ces filaments une opacite qui en rend Tetude difficile, sur- tout lorsque le tissu cellulaire existe encore a rexterieur. Get epithelium se compose principalemenl de noyanx libres, la plupart ovoidcs, longs de 8 a 10 miUicmes de millimetre, rarement de 11 milliemes. lis sont larges de 5 a 7 milliemes de millimetre ; leur contour est regulicr, pale ; Fiuterieur est finement grauuleux , a granulations grisiitres , sans nucleoles. Outre ces uoyaux , on trouvc une petite quantitf^ de cellules, soil spli(5riques, soit ovoides , soit polyedriques , a angles nets ou arrondis ; ces cellules ren- ferment un noyau semblable aux uoyaux libres ; leur masse est tres-pale , a granulations grisatres , rares , tres-pales. La masse de la cellule est attacpiee par I'acide acetique qui la rend tres-lransparentc, et donne aux uoyaux un contour plus fence. 11 nous a ete impossible de trouvcr, dans I'epaisseur de ces culs-de-sac; , la moindre trace d'une cavite proprcment dite, ni d'un contenu tel que des corps oviformes par exemple. Mais ceux d'entre eux qui occupaient la partie centrale et moUe des lobules contenaient une quantity considerable de cor- puscules spheriqucs, fences, dits corps granuleux d'exsudation, tels qu'on en rencontre souvent beaucoup dans certaines hypertrophies glandulaires, telles que celles des glandes de la muqueuse pituitaire, ayant ou non envahi les OS de la face. La portion jaunatre , comme demi-trausparente des plus grosses masses OU lobules, est, outre les culs-de-sac, pourvue de fibres entrecroisees du tissu cellulaire, avec de la matit;re amorphe interposec, et parsem(5e elle-meme de granulations et degouttesgraisscuscs libres. Ell r(5sum6, cos observations viennent se joiadrc a celles que I'un de 220 nous a deja publiees en commun avec M. le docteur Laboulbene (1). EUes conlirineul la verite de ce fait avauce par MM. Liltru et Robin, dans la dixieme edition du Dictioxnaire demedecixe ditde Nysten, sa- Yoir : que, dans la production des tumeurs, il est deux cas bien dis- tincts a noter : 1° Le cas le plus frequent est celui dans lequel les tumeurs d(^rivent d'unc hypergenesc, d'une multiplication exager(ic des elements auato- niiques des lissus normaux, avec derangement ou non de la texture des parties oil ils uaissent et des parties voisines. Dans cette circon- stance, on peut dire que tout tissu normal pent devenir I'origine de la production d'autant d'especes de tumeurs qu'il renfernie d'cspeces d'elements anatomiqucs, par suite mcme du fait de son existence, lorsque les conditions de leur nutrition, de leur developpement et surtout de leur g6n6ration viennent a subir quelques modiflcations dont la nature est du reste encore a determiner. 2° Mais, outre ce fait le plus simple et le plus fr(5([ucnt, on en peut observer un autre : c'est la generation de tissus complexes cliez I'a- dulte, comme on le voit chez le l'a:>tus. Cette naissance peut porter : a Sur un tissu normal qui a etc coupe, a subi une perte de susbtance ou une simple solution de continuite; c'est ce qui constituc la )-egene- rution des tissus, qui porle le nom de cicatrisation ii la peau, de for- mation du cut pour les os, etc., cas dans lequel la persistancc ou con- tinuation du phenomene au dela des limites occupees par le tissu nor- mal donne lieu a la production de ce qu'on nomme clieloide cicatri- cielle, stalactites des cats irreguiiers, etc. b Ce peut etre la naissance d'organes ou de portions d'organes sem- blables a ceux qu'on trouve dans Teconomie, mais en une region oii ils n'existent pas norinalement ; c'est ce qui constitue Vheterotopie piastiqiie de Lebert. Telle est la generation des lojstes dermoides, avec derme pourvudc papilles et d'epiderme, de foUicules i)ileux, de polls, (U Laboulbene et Gli. Robin, Memoires sur trois PRODUcTro.\s morbides non DECRITES. (GAZ. MeD. Ct COMPTES RENDUS ET MeMOIRES DE LA SOCIETE UE BIO- LotiiE. I^iris, 1853, iu-B", p. 185 et 1 pi.) Le malade qui est Ic sujct de la pre- miere observalion est mort depuis a rilolel-Dicu, avec uue recidive de la tu- meur dans le sinus maxillairc et les parties voisines des cavitOs buccale et orbitaire. 221 de glandes pileuses sous-dermiques et de glandes sudoripares sous- ciitani^es. Telle est encore la production analogue h^t^rotopique , chez I'adulte, de lobes entiers de tissu mammaire, et probablement d'au- tres glandes, soit k cote et au contact des glandes norniales, soil dans le vcisinage sans les touclier, et meme a la place des ganglions lym- phatiques voisins(l). Ces productions raorbides, het^rotopiques comme les kystes dermoides, ont 6t6 confondues souvcnt, mais ii tort, avcc les tumeurs b^teromorphes. c Enlhi, fait plus important au point dc vue chirurgical, ce pent etre, comme dans les cas rapportes dans ce rachnoire, la generation dun tissu offrant I'aspect extericur et la structure on disposition des C'lements anatomiques, telle qn'on la trouvc dans les glandes aci- neuses en general; mais avcc des Epitheliums qu'on ne pent identi- fier a aucun de ceux des glandes connues ; avec une disposition de ces epitbeliums en fdaments pleins on creux, ramifies en forme de doigts de gant on avec d'autres dispositions plus ou moins analogues a des acijii^ sans qu'on puisse pourtant les identilier a ceux d'aucune glande normale. H6teromorphe sous un point de vue, en ce qu'on ne pent identifier ses Elements a aucune des especes connues, ce tissu offre pourtant une texture ou arrangement rcciproqite particulicr ; mais cet arrangement n'a jamais etc trouve deux fois identique a lui-meme dans deux obser- vations consecutives; 11 est variable d'une production a I'autre, et memo un pen dans les differents points de la masse ; cnfin, bien que d'une raaniere generale, il otfre quelque chose de la disposition aci- neuse, on ne trouve pas dans sa texture cette uniformite qui existe dans les tissus normaux et dans les productions heterotopi .1- i 1 " 5 ^ IlIST,^ du neif NCE optiiine ■fll « * o / 1 Droit. . . IS 23,9 OT 0 23,0 23,4 23,4 26 33 2 Droit . . . 25 23,4 22,8 22,5 23,3 23,3 25 32 3 Gauche. . 28 24,0 23,3 23,3 23,5 23,8 26 33 1 ^ Droit. . . 30 23,5 22,G 22,G 24,1 23,8 2G 34 .1 5 Gauclie. . 35 23,0 23,1 23,1 23,7 23,7 28 33 s; G Gauclie. . •iO 25,0 23,G 23,0 24,3 23,7 29 34 s \ ^ Droit . . . 50 24,3 23,8 24,0 24,6 25,1 27 33 =^ 8 Gauclie. . GO 2G,4 27,1 2.3,4 25,7 25,3 32 37 9 Gauclie. . G9 23,G 23,5 23,0 25,4 25,3 28 33 10 Gauclie. . 72 22 9 22,8 22,3 23,5 23,6 27 34 11 Gauclie. . 74 23,4 23,3 22,6 23,8 23,3 28 32 112 Dimen / 1 Gauche. . 81 OQ 0 22,5 00 T 23,1 23,4 25 31 sions moyennes. 23,9 23,4 23,0 23,8 23,8 27,2 33,2 Droit . . . 20 24,8 23,3 23,8 23,7 23,9 28 33 0 Gauche. . 00 A. -w 23,G 22,8 22,5 23.5 23,5 2G 33 3 Gauche. . 25 24,2 22,4 22,2 23,5 23,6 27 34 4 Droit. . . 26» 24,3 23,4 23,4 23,7 23,5 27 33 5 Droit . . . 31 24,7 25,9 22,8 2i,7 24,8 30 37 6 Gauche. . 35S 2G,3 25,4 25,2 » }) 31 39 Si7 Gauche. . 4.53 25,2 24,G 24,0 24,8 25,0 29 37 S 8 Droit. . . 50 24,4 23,9 23,8 23,9 24,5 27 35 = 9 Gauche. . 59 25,0 23,8 23,4 24,3 24,3 27 36 10 Gauche. . 63 24,0 24,0 24,0 24,5 24,7 28 35 11 Gauche. . 67^ 24,9 24,9 24,0 )) » 28 34 12 Gauche. . 70 24,3 23,1 24,5 24,G 24,0 25 32 13 Gauche. . 75 24,8 23,9 23,8 24,6 24,5 27 35 \l4 Dimen Dimens. mentio Gauche. . 79 24,7 23,6 23,6 24,2 24,1 24,5 27 35 34,5 aions moyennes. 24,G 23,9 23,5 0 'i o 27,5 moyeun.dcs 26 j tux noes dans ce tableau. O/, 0 23,6 0'3 0 23,9 23,9 27,3 33,8 1 Obse pve 3 heures ap res la mort. — ! Deui he ures. — 3 Quatre heures. — 4 L'ne hei re. En comparant les rcsullats enonces dans ce tableau on se troiive con- duit aux conclusions suivantes : 1° L'ocil de la femme ct plus pelitque celui de riiommo. Ce fait ge- neral comporte cependant d'assez nombreuses exceptions : parmi les yeux de femme qui offrent un volume exceplionnel , je citerai surtout celui qui porte le n° 8. Get ocil, qui appartenait a une femme de 66 ans, m'a presente 26,4 millimetres dans son diamctre antero-posterieur, et 27,1 dans son diametre transverse, tandis que I'aul d'homme le ]j1us vo- lumineux que j'aie rencontre ofTrait 26,3 pour le premier diametre et 25, 'i pour le second. 2" Le diametre antero-posterieur dans les deux sexes I'emporte sur tous les autres , ct il dilTere d'un sexe a, I'autre de pres de 1 millimetre. 3° Ce memo diamctre perd une parlie de sa predominance avec I'age, do telle sorte que chez quelques vieillards il ne differe pas sensiblement du diametre transverse. Les individus ages , cbez lesquels cette difie- rence est encore bien sensible, sont ceux probablement cbez lesquels elle se trouvait primilivement tres-prononcee. A" Le diametre vertical est le plus petit de tous. L'oeil le plus re- marquable que j'aie rencontre sous ce rapport est encore celui qui porte le n" 8 dans le premier groupc. On voit, en effet, que Faxe ver- tical de cet a?il est inferieur de 3 millimetres a I'antero-posterieur et de pres de 4 an transverse. Cet ceil representait un ovo'ide tres-accuse et conservait cette forme dans toutes les positions qu'on lui donnait. 5° Les diametres obliques qui correspondent a I'intervalle des mus- cles droits I'emportent sur les diametres transverse et vertical qui cor- respondent aux tendons de ces muscles. 6° La distance qui s'elend du cote interne du nerf optique au c6t6 in- terne de la cornee s'eleve en moyenne a 27 millimetres, et cclle qui s'etend du cote externe de ce nerf au cote externc de la cornee a 34. La difference entre les deux distances est done de 7 millimetres, d'oii il suit : que le nerf optique , en penetrant dans le globe de locil , se rap- proche du cote interne de la cornee de 3 millimetres et demi, et que I'axe etendu du centre de la cornee au centre du nerf forme avec I'axe antero-posterieur ou visucl un angle qui a pour mcsure un arc de 5 millimetres , Fentree du nerf optique occupant une surface de 3 mil- limetres. Cet angle est de 26 a 27 degrcs. La ligne courbe, (itendue de la parlie superieure de Fentree du nerf optique a la parlie superieure de la cornee, est aussi un peu plus •238 H'raude que la couibe qui se povle do la parlie inferieure du ncrl" ii la liartie inK'rieure de la cornee. La difference moyenne est de 2 inillimi- (res; par consequent, en meme temps que le ncrf optique se deplacc de 3 nnllinietres pour se rapproclier du c6te interne de la cornec, il se deplace de 1 millimetre pour se rapproclier de la partie inferieure de cette meme membrane. Dans les premieres annees qui suivcnt lanaissance, Ics divers dia- mctres du globe oculaire ne dilTerent pas dune manierc bien sen- sible, et alteignent dejii une longueur commune de 20 a 21 millime- tres , longueur qu'ils conservent jusqu'a I'epoque de la puberle , e'est- a-dire jus(iu'a 14 ou 15 ans. A cette epoquc , le volume de rail s'accroit et arrive rapidement a ses dimensions definitives. Chez quelques ado- lescents do cet age, ilnoffre encore que 21 millimetres; cliez d'autres, il a deja atteint les dimensions de I'age adulte. Le poids du globe de rocil est de 7 a 8 grammes. Selon Petit, il varie de 132 a 143 grains , ce qui donne pour moyenne 137 grains ou7g"".6o0. Mais dans ce poids se trouve compris celui du nerf optique, par lequel cct auteur nous dit avoir suspendu les yeux, qu'il avait peses, afin de constater la quantite de liquide que ceux-ci pouvaient perdre dans I'es- pace de vingt-quatre bcures par voie d'evaporation. Le chilfre enonce par Petit est done un pen trop considerable. Krause evalue le poids de I'ccil de lO'i a 128 grains ou de 6 a 7 grammes, cbilfre trop petit an con- ti'aire et qui represente le poids moycn de I'ocil lorsqu'on le pese trente- six ou quarante-huit heures apres la mort. J'ai trouve en elfet que buil yeux pris sur des sujets d^cedes depuis ce laps de temps ont pese de 6^' .073 a 7^'. 045, tandis que le poids des yeux que j'ai pu observer de une a quatre heures apres la mort a varie de 7sM39 a 78'.723; or la moyenne de ces deux derniers r^sultats est de l^'So'ii ou environ 7 grammes et demi. Les deux yeux ne paraissent pas avoir un ]ioids tout ii fail identique. Petit rapporte que, sur un adulle de 22 ans, I'un des yeux pesail 132 grains et I'autre 133; sur un liomnie de 50 ans , dont il put etudier les yeux six heures apres la mort, I'un dc ceux-ci pesait li2 grains et I'autre 143. line dilTerence aussi delicate ne pent etre constatee sur des yeux observes un ou deux jours apres le deces; car il suflit que ceux- ci soient inegalement reconverts par les paupieres pour que les pertes dues a, I'tvaporation soient inegales aussi. Parmi les yeux que j'ai en en ma possession pen d'heures apres la mort , n'ayant pu obtenir 239 chaque fois que Tceil droit on Fccil gauche , il m'a etc impossible de verifier la dillerence sigaalee par Petit. DIMENSIONS DES CHAMBRES DE L'OEIL. Les chamhres de I'anl , distinguees en anterieure ct posterieure , n'oITrent ni la meine forme ni les memes dimensions. La chambre anlerieure^ limit^e en avant par la cornee , en arriere par I'iris , prcsente la forme d'un segment de sphere. Le diametre du plan qui sous-tend ce segment est de 13 millimetres. Son axe ctendu du centre de la cornee au centre de la pupille varie de 2 a 2 millime- tres 1/2. La chambre posterieure est formee : en avant par I'iris ; en arriere par Ic cristallin et par celte parlie de la rone de Zinn , qui s'etend des proces ciliaires de la chorokle au devant de la Icntille ; sur sa circon- fercnce par la partie libre ou floltante de ces proces ciliaires. Plane en avant, convcxe en arriere, elleaffecte la configuration d'unmenisque. Son diametre ou sa largeur est de 11 millimetres et son axe ou son epaisseur de 1/3 a 1/2 millimetre. Pour determiner les dimensions relatives des deux charabres, on a cu recours jusqu'a present ii la congelation ; et pour obtonir cette con- gelation , on plongeait le globe oculaire dans un melange de sel raarin ct de glace. Mais un semblable melange a pour effet immediat de pro- voquer un vif mouvement d'exosmose qni ne tarde pas a prodiiire une diminution du volume de I'organe, et par consequent une reduction de capacite de ses chambres. Afin d'eviter cet inconvenient, j'iniaginais de placer I'ocil dans une eprouvette contenant une certaine quantite deau, et de plonger ensuite cette eprouvette dans le melange refrige- rant ; mais memo en usant de celte precaution, j'ai acquis la certitude que le volume de Fail diminue : tout ceil congele est plus petit. oS'ean- moins, j'ai voulu connaitre le volume des glacons contenus dans les chambres; celui qui occupait la chambre posterieure m'a paru lou- jours-si mince, (|u'en jugeant de la capacite de celte chambi'e sur scs dimensions, cclle-ci semblait a peine exisler. Celui de la chambre anterieure n'arrivait pas a 2 millimetres ; cependant Petit avance qu'il I'a Irouve epais d'une ligne etplus , et que la couche de glace contcnue dans la chambre post(5rieure offrail une epaisseur de 1/8, 1(6 el tres- rarement 1/i de ligne. Ces chiffres ne different pas sensiblement de 240 ceux que j'ai donnes ; et je m'etonne qu'en suivant une methode aussi dc^fcctucuse cet auteur ait pii arriver a des rcisultats aussi exacts. Le precede quo j'ai mis en usage, pour determiner I'epaisseur ab- solue et relative des diflerentcs parties echelonnees sur I'axe antero- posterieur de I'neil , consiste a traverser toule I'epaisseur de I'organe d'arriere en avant avec une epingle a insecte, de maniere a. reraplacer son axe fictif par un axe reel. Dans ce but, j'ai choisi les yeux los plus frais ([ue j'ai pu me pro- curer; j'ai mesure exactement leur diametrc antero-posterieur, puis j'ai coupe le nerf optique a-eon entr6e dans la scleroiique; ct piquant avec mon epingle le centre de la lame criblee mise a nu par cetle coupe, je I'ai conduite d'arriere en avant a travers tons les milieux de I'ocil jus- qu'au centre de la cornee , dans I'epaisseur de laquelle elle penetre assez facilement en soutenant cette membrane avec lapulpe du doigt. L'^pingle ainsi introduite, je pratiquai sousl'eau, a la partie superieure do I'oeil, une fenetre en enlevaiit la sclerotique, la cboro'ide et la retine sur une surface de 1 centimetre carre environ ; quelqucfois en outre j'ai enleve une partie de la cornee pour voir le protil des deux cliam- bres. Le diamelre antero-posterieur externe 6tant suppose de 24 milli- metres (j'ai etabli precedemment que ce cliiffre representait son etcnduc moyenne), I'axe antero-posterieur interne ou I'intervalle etcndu de la concavile de la cornee a la concavite de la retine a pour mesure une longueur de 21""". 5, lesquels sont ainsi repartis : mm. Chambre anterieure 2,3 Charnbre posterieure 0,4 Crislallin i,7 Corps vitre 14,1 21,5 Eq divisant cet axe interne en trois parties , on voit : que le corps vitre en occupe les deux tiers posterieurs , le cristallin et I'humeur aqueusc occupant I'autrc tiers. Si Ton subdivise i\ son tour ce tiers anterieuren trois parties, on re- connait de meine que le cristallin en occupe les deux tiers posterieurs, I'autre tiers Ctant reserve a I'humeur aqueuse. Enfm, en partageant ce tiers du tiers, nonplus en trois, mais en six 241 parties, on pourra constater que la cliambre posterieure en forme le sixi^me environ, el I'ant^rieure les 5/6. Dans cctte vuc generale, la place occupee par chacun des milieux de I'tt'il sur I'axc visucl se trouvc cxprimee en chitTres ronds. Ceux-ci peuYcnt sufilre en elTet pour une vue d'cnsemble ; mais lorsqu'on des- cend aux applications , il importe de tenir compte des fractions prece- demment indiquees. MEM. j(^ RECHERCHES VAISSEAUX DU GLOBE DE L'OEIL, lues a la Societe do Biologic, en juiUet 1854, Par M. le Docteur C. SAPPEY, Agrege a la Faculte de medecine de Paris, Les vaisseaux du globe de I'ceil sonl de deux ordres, arteriels et veineux. Ces deux ordres de vaisseaux, qui affectent dans la plupart des or- ganes une distribution correspondante , se comportent tres-dilTerein- ment Fun de I'autre dans le globe oculaire. En outre, ils offrent une disposition qui varie beaucoup suivant qu'on les considere dans telle ou telle partie de ce globe ; de la la n(5cessit6, lorsqu'on veut en prendre une idee netle et complete, d'etudier successivenient dans chacune de ces parties les arteres qui s'y rendent et les veinesquien partent. J'examinerai tour a tour, sous ce double point de vue: 1° la cho- roide ; 2° I'iris ; 3° la ratine ; A° le cristallin ; 5° la sclerotique. A. — Vaf sseans s avoir fourni des branches qui se ramifient dansle ligament ciliaire, en donnent d'autres plus considerables qui marclient parallMcment a la circonference tie I'iris ct qui u'anastomosent entre elles; ce sont ces branches ainsi anastomos&s, qui torment Ic ccrcic (irtdricl de I'iris. On voit en outre que les divisions tre.s-raultirlides qui naissent de ce cer- cle, et qui se portent vers la pupiUe, ne forment pas autour dc cet orifice un second cercle lin^aire, mais un re'seau a mailles ii'reguliei'cs. Ce re'seau circumpupiUaire est iudique par Ic tiret 7. 256 I'iris el accessoirement dansles proces ciliaires; les ciliaires anterieu- res au contraire donnent leurs divisions priiicipales aux proces ci- liaires et les accessoires a I'iris. 2" YEINES DE L'IRIS. Les veines de I'iris ont ete decrites d'une maniere confuse et contra- dictoire. Zinn, qui le premier a donne beaucoup d'attention a I'etudc dcs veines de rooil, et dont la description a generalemcnt prcvalu jus- qu'a pri'sont , nous cnseigne que les veines do Tiris marchent paralle- lement aux arteres , et qu'arrivees a la grande circonference , elles forment par leurs anastomoses un cercle concentrique au grand cercle arteriel ; de'ce cercle partiraient trois ordres de branches : 1° Deux brandies principales, les veines ciliaires longues qui accom- pagnent les arteres du meme noni ; 2" Des branches qui suivent les arteres ciliaires anterieures et qui sortent du globe avec ces arteres; 3° Enfm des branches qui vont se jeter dans les vasa vorticosa. Tons les auteurs ont adrais avec Zinn celte triple terminaison dcs branches qui partent du cercle veineux de Tiris. Mais en raarchant pas a pas sur ses traces, tous se sont egares; car il n'cxiste pas de veines ciliaires longues , et aucune des veines qui viennent de I'iris ne vont se reunir aux vasa vorticosa : toules travcrsent la sclero- tique pour allcr se jcler dans les veines ciliaires anterieures qu'elles constituent cssenlicllement , et qu''on pourrait appcler veines iriennes. Quant au cercle veineux dans lequel elles s'ouvrent iramediatement en sortant de I'iris, il a et6 I'objet d'une grande dissidence. Beaucoup d'anatomistes Tout niij et le niont encore. Parmi ceux qui ont admis son existence, les uns le croient simple; d'autres, avecHueck, le croient double et dScrivent un cercle veineux anterieur et un cercle veineux poslerieur. Des opinions difTerentes aussi ont 6lc emises sur sa situation. Ruvsch , qui i'a mentionne le premier, et qui le reprO- sente sur I'ail de la baleine, le place dans le ligament ciliaire; raais il s'etait un pen m6pris sur sa nature en le considcrant comme arte- riel. Hovius, qui lui reproche vivement cette erreur, le place dans le sillon que Ton ol)serve a Fuoion de la sclerolique avec la cornee; il en est de mcme de Fontana et de Sclilemm : d'oii Icsnoms do canal de Hovius, de canal dc Fontana, de canal de Sclilemm, sous Icsqucls il a 6t6 succcssivement decrit , bien que ces auteurs n'aicnt invoqu6 en 257 faveur cle son existence et de ses usages aucim fait positif. Aussi est-il reste sous ce double rapport h I'^lat d'liypothese un peu dis- creditee. Mes recherclies sur la circulation de I'ccil m'ont demontre sa realite. J'aipu voir, uon-seulement ce canal, mais les veines qui s'y rendent et celles qui en partent. Pour rappeler son analogic avec le grand ccrcle arteriel , je I'appellerai cei-cle veincux de Ciris. Des considerations qui precedent , il suit que I'iris possede un petit systeme veineux qui lui appartient exclusivement et qui comprend : 1° les veines de I'iris proprement dites ; 2° un cercle ou canal veineux dans lequel toutes ces veines vont se jeter comme dans un reservoir commun ; 3° enfin les veines ciliaires anterieures qui naissent de ce canal. Les veines intra-iriennes , d6crites par tous les anatomistes et repre- sentees par plusieurs , n'ont 6te vuespar aucun. On ne pent les injec- tor ni par les artcres ni par les veines. Sur les preparations de M. Dc- nonvilliers et de M. Cusco , oil les arteres de I'iris sont si bien remplics, on ne voit aucune veinc. Lorsqu'on injecte le tronc de la veine ophlhal- mique, le liquide penetre dans toutes les veines de la cboroide , mais il ne penetre pas dans les veines ciliaires anterieures ; des valvules tres-resistantes s'y opposent. Si les communications admises par les auteurs entre les veines choro'idiennes et les veines intra-iriennes exis- taient , I'injection passerait des premieres dans les secondes , au moins en partie; ce passage n'a pas lieu. J'ai cherche a injecter ces veines par le canal veineux de I'iris , mais ici encore , meme insucces : car il faut se creer une voie pour arriver jusqu'au canal , et le liquide s'echappe alors de toutes parts par la solution de continuite ; cependanl j'ai pu obtenir quelques veines par ce precede. N^anmoins, laseule methode a mettre en usage pour les bien observer, consiste a les etudier au microscope , soit sur des iris de foetus, soit sur des iris de lapin blanc, soit enfm sur des iris affectes d'inflammations aigues ou chroniques. Dans ces conditions elles sont assez faciles a distinguer des arteres ; car celles-ci sont vides pour la plupart, tandis que les veines sont au contraire remplies de sang. Sur les differentes preparations de ce genre que je me suis procu- r(5es , j'ai vu les veines intra-iriennes former, comme les arteres cor- respondantes, un plexus qui enlace toutes les fibres rayonnees de I'iris. De ce plexus naissent des branches et des troncules en gent^ral paralleles a ces fibres, et paralleles aussi, par consequent, aux arteres ; MEM. 17 258 d'ou rextremo difficulte qu'on eprouve a distinguer au microscope ces deux ordrcs de vaisseaux sur des iris sains. Un petit nonibre de ces vaisseaux coupent cependant obliqiiement Ics fibres musculaires, et tant6t alors c'cst le tronc sculeraent qui se diivic un pen avant sa ter- minaison, lant6t c'est la veine dans toute son 6tenduc qui suit une direction plus ou moins oblique. Parvenucs au niveau de la grande circonference , elles se jettent dans le cercle veineux de I'iris. Ce cercle ou canal vcincux , situ6 dans le sillon crcuse a I'union de la sclcirotique avec la cornee, se trouve applique comme un anneau sur le pourtour de I'iris. II estconstilu6 par un prolongement de la tunique interne des veines et par une lame mince de la scl^rotique, de telle sorte qu'il a pu elre compare avec beaucoup de raison a un sinus veineux. Lorsqu'il n'cst pas injects, il se presente sous I'aspect d'une ligne sombre tres-r^gulierement circulaire qui permet facilement de le distinguer. Injects au mercure, il prend la forme d'un cylindre a sur- face in^gale et rugueuse. Sa parol interne est criblee d'ouvertures qui repondent i I'emboucbure des veines intra-irienncs ; elle fait legere- ment saillie au-dessus de la surface interne de la sclerotique. Sa partie externe est surmontee d'innombrablcs ramifications qui traversent la sclerotique et qui deviennent I'origine des veines ciliaires ant^rieures. Au moment ou Ton pique ce canal avec la pointe d'un tube a injec- tion lympliatique, le mercure se rc^pand presque instantancmcnt dans toute son 6tendue ; en m(5me temps il pen^tre dans les radicules des veines ciliaires ant^rieures, passe dans leurs branches, puis dans leur tronc , et ne tarde pas i\ s'epancher dans la veine ophtlialmique ellc- meme. D'aulres fois, apres avoir p6n6tr6 dans ce canal, le metal s'en echappe par les embouchures dechir(5es des veines intra-iriennes. Suivant M. Huscbke, le cercle veineux de I'iris s'injecte tres-bion par les arteres. Cettc assertion , qui a 6t6 reprice par plusieurs au- teurs , ne me parait pas'tondi^e. J'ai fait un grand nombre d'injections arterielles dont quelques-unes 6taient tres-pen(5trantes, et dans au- cune je n'ai vu le liquide injecte ptocitrer dans le systeme veineux de I'iris. On trouve quelquefois du sang dans le canal veineux de I'iris, mais sculcment sur les sujets qui sent morls pendant la duree d'une keratite compliquee d'iritis. Les veines ciliaires antdrieiires , n6es de la parol externe du cercle veineux de I'iris par une prodigicuse quantity de radicules, traversent 259 la sclerotique ot viennent former, sur la parlie ant(5ricure do cette membrane, aulour de la cornec, un rescau exlrememcnt remar- quable doiit la nature a ele meconnue jusqu'a ce jour. Ce reseau est separe de celui qui apparticul a la conjonctive par la parlie anterieure de I'aponevrose orbitaire, en sorts qu'on peut les faire glisser I'un sur Fautrc. Le reseau conjonctival, compose de vais- seaux capillaires, se deplacc facilement; le reseau sclerotidien , form6 de vaisseaux plus considerables, resto conipletement immobile. Ce dernier est celui qui s'injecte dans toutes les maladies de I'iris ; aussi avait-il depuis longtemps fix6 1'attention des patbologisles. Seulement il a ete consid^re a tort, jusqu'a present, comme un reseau arteriel ; les arlcres ciliaires anlcrieures ne parlicipcnt que pour une tres-faiblo part a sa formation, il est cssentiellement veineux. Fig. 6. Fig. 7. CERCLE VEINETJX DE L'IMS. ARTERES ET VEINES CILIAIRES ANTERIEURES Fig. 6, — Canal de Fonlana ou ccrcle vcineui de I'iris. — 1. Face posterieurc ou circu- laire de la corne'e. — 2,2. Scle'rotique. — 3. Cercle vcincvix de Tiiis injecte au mercure. — 4.4. Orifice par lesquels passent les branches des artf^rcs ciliaires ant(?ricures pour se rcndre dans le ligament ciliaire. Fig. 7. — Arlcres ct veines ciliaires anlcrieures. — 1. Cercle veineux dc I'iris injecte au mercure et vn par tr.iiisparcnce. — 2. Eadiculcs voiueuses f;ui (;nianent de la circonferenco de CO cercle ct qui constituent I'originc des vciues ciliaires antc'rieiu'cs. — 3,3,3. Veines ci- liaires anterieures et supcricures. — 4,4. Artcres ciliaires ante'ricurcs correspondantes. — 5.5. Veines ciliaires anterieures et infe'rieures. — G,6. Artcres correspondantes. — 7. Av- teres et veines ciliaires antero-externes. — 8. Arteres ct veines ciliaires antcro-interncs. On voit que toutes les arteres ciliaires antdrieures sent plus ou inoins flexucuscs, et leurs veiues satellites plus ou moins rectilignes. 260 Parmi les veinules qui le composent, celles qui recouvrent la partie amincie et transparenlc par laqucllc la sclurotique vicnt s'appli([ucr a la circonference dc la coriiee seniblent reposer sur cette derniere men- brane. Mais nous avons vu prec6demnient que dans aucun cas elles ue s'avanccnt sur die ct qu'elles s'anastomoscnt en arcades sur son con- tour. Ces veiuules ne sont pas toutes egalement dt^liees. On en voit quelques-unes qui ofTrentun calibre trois ou quatre fois plus conside- rable que celui de la plupart d'cntre elles, ct qui Iraversent perpendi- culairemcnt la sclcrotique, a 1 ou 2 millimetres de la cornee, sans passer par les trous destines aux arteres ciliaires anterieures. Les veines qui naissent du pour tour de ce r^seau se dirigent vers les tendons des muscles droits. II en existe ordinairement deux ou trois pour chaque muscle. Lcur direction est rcctiligne , tandis que celle des arteres est au contrairc plus ou moins ilexueuse. Aprcs avoir rampc sur le tendon des muscles, elles s'engagentdans I'epaisseur de ceux-ci, Fie. 8. Fig. 9. VEINES CILIAIRES ANTERIEURES. VALVULES DK CES VEINES. Pig. s. — Cettc figure reprdsonte, comme la prdcdilente, les veines ciliaires antdrieures injcctdcs au mercurc par Ic cercle vcincux dcl'iris; seulcnicnt, afin tie les montrcr cl'uno ma- ni'ereplus distinctc, le globe (le I'tcil a dte doubld dans son diamiMrc, et les arteres ciliaires ont etd supprimdcs. On voit quo toutes cea veines traversent a leur origine la partie de la sclcrotique qui recouvre le biscau de la corne'e, et qu'elles ferment autouv de cette dcrnibre membrane un rdscau d'oli naissent huitTou dix troncs principaux. Fig. 9. — Valvules des veines ciliaires anUrieures. — 1,1,1. Branches d'originc dc ces veines. — 2,2,2. Lcurs troncs. — 3,3,3. Etranglemcnts valvulaires qu'on observe sur ces troncs ■ 261 se reunissent aux veines musculaires , et se jettent ensuite dans le tronc (le la veine ophtlialmiquo. Au niveau de I'union dii tendon avec les fibres musculaires on un peu avant cette union, cliacune d'elles presente deux ou trois etrangle- ments qui correspondent a autant de valvules. Parmi les veines de I'ccil, les ciliaires anterieures soul les seules qui presentent des replis valvulaires , sans doute parce que ce sent les seules aussi qui aient a traverser des muscles pour se rendre ii leur destination. C. Vaisscanx do la r6tine. h'ariire cenlrale do la ratine nait tantCt directement de rophthal- mique,tant6tparun tronc qui lui est commun avec celui des ciliaires posterieures externes. Elle p6netre dans le nerf optique a 1 centimetre en arriere du globle de I'ccil , et chemine d'abord entre les deux tuni- ques du nerf, en fournissant dans cc court trajet une arteriole qui se distribue a ces tuniques. Elle plonge ensuite dans la parlie medullaire du tronc nerveux, se place au centre de celui-ci lorsqu'elle n'est plus s^par(^e de I'ceil que par un intervallc de quelques millimetres, distri- bue, clieniin faisant, des ramifications capillaircs aux fibres nerveuses, et entre dans le globe oculaire par un trou qui occupe le centre de la lame criblee. Parvenue au niveau de la retine, elle se divise aussitot en trois branches qui s'etendent en divergeantsur la face interne de cette membrane. Chacune de celles-cise porte d'arriere en avant en s'infl(5- chissant en divers sens , et en fournissant de norabreuses divisions se- condaires et tertiaircs qui s'anastomoscnt, soit entre elles, soit avec celles des branches voisincs. Les dernieres ramifications 6manees de ces branches penetrent dans I'epaisseur de la couche fibreuse et de la couche des cellules; peut-etre aussi s'etcndent-elles jusque dans la couche granuleusc, raais elles n'arrivent jamais jusqu'aux biitonnets; quelques-unes so prolongent sur la zone ciliaire, et peuvenl etre sui- vies jusqu'au voisinage du cristallin. Chez plusieurs mammiferes , et particulierement dans la brebis , on Yoit deux des principalcsbranchcs de fartere centrale se porter en droite ligne jiisqu'a la circonference de la retine, puis se diviser en deux In-anches plus petites qui contournent. cette circonference , comme celles des ciliaires longucs contournentriris, pour s'anastomoser aussi par leur cxtrC'mile , de maniere a former un petit cercle arteriel qui 262 enverrait des ramusculos en avant sur la zone ciliaire ct en arriere dans la retine. Co cercle n'exislo pas chez riiomme. 11 a 616 admis a tort par un assez grand nombre d'anatomistes qui ont invoqu6 en sa favour I'analogie plutOt que I'observation. La veine centrale de la r6tino presente a son origine une disposition qui ne differe pas sensiblemeut de celle de I'artere a sa terrainaison. Ses branches principales suivent les branches art^riellcs sans leur etre ac- colees, ct en s'en ecartant sur divers points de leur trajet. De leur reunion resulte le tronc de la veine. Celui-ci s'engage dans la lame cribl6e par le meme trou qui donne passage a I'artere , et chemine ensuite dans I'axe du nerf optique , dont il s'6chappe tantot vers la partie moyenne pour alter se jeter dans la veine ophthalmique , tantOt un pen plus loin pour se rendre directement dans le sinus caverneux, D. Taisseaux da cristallin. Chez le foetus , I'artere centrale de la retine fournit h. son entree dans I'oeil une branche importante, Yartere capsulaire^ qui traverse d'arriere en avant I'dpaisseur du corps vitre pour venir se ramifier sur la parol postMeure de la capsule. Cette artere capsulaire a 6t6 inject6e et representee par Ruysch, par Alhinus , par Licberkhun et par Petit. Son tronc vient s'appliquer sur le p61e post6rieur du cristallin; la il se partage en plusieurs branches qui se subdivisent presque aussi- t6t , et dont les divisions se portent en divergeant du centre de la parol post6rieure vers sa circonf6rence , a la maniere de rayons peu r^guliers et anastomoses entre eux. Parvenues ii la circonference de la lentille, toutes ces divisions arterielles la contournent, ct semblent ensuite disparaitre ; il ne m'a pas ete possible du moins do la suivro an dela. Mais M. Ch. Robin a 6t6 plus heureux; dans un travail lu r6cemment h la Soci6t6 de biologic , cet habile observateur a trcs- nettement demontre que les divisions de I'artere capsulaire, apres avoir contourne la circonference du cristallin , descendeut sur la face anterieure de la lentille , puis se renechissent au voisinage de son centre pour p6n6trer dans I'epaisseur de la membrane pu pill aire , et se dirigent ensuite en rayonnant vers la petite circonference de I'iris, oil elles so continuent avec les vaisseaux de cette membrane. Les divisions do I'artere capsulaire ne sont constiluees que par la tunique interne da systcme arteriel , c'cst-a-dirc par une membrane 263 amorpho, contcnant dans I'l-paisseLir cic sos parois des noyaux ovoules et longitudinalcmeiit diriges, qu on voit tri'S-bien lorsqu'oii examine la capsule i\ un grossissement de 100 ou 200 diametres, apres en avoir expulse le cristallin, c'cst-a-dire apres avoir applique I'une a I'autre ses deux moities. L'arterc capsulaire n'oxiste que chez le foetus et I'enfant ; on n'en trouve plus aucune trace chez I'aduUe. 11 n'est pas necessaire pour distiuguer ces divisions que celles-ci soient injectees; 11 suffit de prendre le cristallin d'un fcctus de quatre a cinq mois , et d' observer la face posterieure de cette leutille a im grossissement de 30 a 40 dia- metres. L'artere capsulaire disparait avec la membrane pupillaire a laquelle elle est principalemcnt deslinee. Quelques annees apres la naissance , on n'en retrouve plus le moindre vestige. Aucuu Ironc veineux ne lui correspond ; le sang qu'elle apporte se rend dans le canal veineux de I'iris et dans les veines calcaires anterieurs, qui le versent ensuite dans la veine ophtlialmique. Ces arterioles se prolongent-elles de la capsule dans la substance propre du cristallin? Hovius et Haller I'affirment; Winslow et Zinn croient aussi avoir vu penetrer quelques capillaires sanguins dans rint(5rieur de la Icntille ; et plusieurs auteurs admettent encore au- jourd'hui cette opinion. Mais elle est suffisamment refutee par I'exa- men microscopique qui ne d^montre au milieu des lames et des fibres du cristallin aucune trace de vaisseaux. E, Taisscaux de la scl^rotique. Les arteres de la sclerotique proviennent , en arriere des ciliaires courtes et en avant des ciliaires anterieures. Ellcs ferment sur la sur- face externe de Fanl un r^seau a raailles tres-deliiies. Les veines se distinguent aussi par leur position en anterieures et posterieures ; les anterieures vont se jeter dans les veines ciliaires an- tMeures et les posterieures dans les veines choro'idiennes ou vasa vor- ticosa h leur sortie du globe de I'oeil. Tons les vaisseaux qui penetrent dans le globe de I'oiil ou qui en sortcnt, traversent la sclerotique , les uns perpendiculairement a cette membrane , la plupart obliquement et en se creusant une sorte de ca- nal dans son ('^paisseur : de la des orilices vasculaires extremement 264 nombreux et qui peuvent etre distingu^s d'apres leur position en pos- terieurs, anterieurs et moyens. — Les posterieurs sont groupes autour del'entree du nerf optique: on en comple 15 a 20; ils livrent passage aux arteres ciliaires poslerieures courtes et aux nerfs ciliaires. A 3 millimetres en avant de ceux-ci il en existe deux autres plus conside- rables , I'un en dedans et I'autre en dehors , qui sont destines aux ar- teres ciliaires poslerieures tongues et aux nerfs correspondants.— Les orifices anterieurs , plus nombreux que les precedents , se subdivisent en deux groupes, les petits et les grands. Les petits , a peine visibles, sont situ6s sur le pourtour de la circonKrence de la cornee ; ils livrent passage aux ramuscules qui (imanent du cercle veineux de I'iris et qui A'ont constituer les veines ciliaires anterieures. Les grands, tou- jours plus apparents et plus eloignes de la corns^e que les precedents , livrent passage aux divisions des arteres ciliaires anterieures. — Les orifices qui occupent la partie moyenne de la scl^rotique sont ordi- nairement au nombre de qualre, deux sup^rieurs , I'un interne et I'au- tre externe, et deux inf^rieurs, disposes de la memo maniere; ils don- nent passage aux troncs des veines choro'idiennes ou vasa vwticosa. F. Des valsseaux exis(ent-ils dans la cornee? Les arteres que J. Muller pense avoir inject^es sur la cornte du fcetus, les caviles tubuliformes dont parte Bowman et qu'il dit com- muniquer avecles arteres ciliaires anterieures, les vaisseaux incolores que M. Huschke et beaucoup d'autres anatomistes admettent dans cette membrane , sont certainement le resultat d'une erreur d'observation, ou une simple vue do I'esprit. Ainsi que Ruysch , j'ai constarament vu les injections les plus fines s'arreter a la circonference de la cornee. En injectant le canal de Fontana j'ai pu remplir toutes les veines ciliaires anterieures, et j'ai obtenu cbaque fois un reseau a mailles extreme- ment serrees qui entoure tres-regulierement cette circonference au niveau do laquelle il se termine par des arcades microscopiques. M. Broca , qui s'cst livre recemment a quelques recherches sur ce point, et qui a fait usage dans ses injections de la terebenthine coloree avec le bleu de Prussc finemcnt pulverise , est arrive a la meme con- clusion. Quant aux vaisseaux lymphatiques que Fohraan, Arnold, Bres- cliet,etc., ont cru voir dans la cornee et que plusieurs anatomistes do 265 nos jours persistent encore a adraettre, leur existence est purement gra- tuite. Lorsqu'on pique la cornee avec la pointe d'un tube a injection mercurielle , le metal se repand et s'infiltre confusement dans les areoles des fibres ; mais il faut n'avoir jamais vu de reseaux lym- phatiques, ou les avoir vus avec desyeux bien distraits, pour retrou- ver dans une infiltration semblable uu reseau de cette nature. NOTE SUR UN MONSTRE MYLACEPIIALIEN DE MOUTON, Par M. CHARLES ROUGET, Proseeteur de la Faciilte de medecine. (Voy. la pi, nr.) Obs. — All mois d'octobre dernier, mon excellent maitrc et ami le docteur A. Tardicu me confia , pour en fairc I'examen et le communiquer a la Soci6t6 de biologle, tin prodiiit monstrueux de mouton. Je ne pus mallieurcuscmcnt avoir, an sujcl des circonstanccs dans Icscpielles ce produit avuit ute cxpulsu , aucun renseignemcnt. On I'avait trouve a fcrre dans Ic bercailanpresde plusieurs agneaux nouveaux-nes bicn conformes; il etait impossible do savoir si la femelle a laquelle il avait appartenu avail mis bas en meme temps un fa'tus normal. Une masse ovo'ide, une espece dc pelote informe couverte d'une lainc courte et fris^e, tel ^tait I'aspect sous lequel se presentait ce produit anormal. Un examcn plus atlentif montrait , vers la grosse extremite de Tovo'ide, un petit fdament de 2 centimetres a peine de longueur cache an milieu des polls, dans lesquels je reconnus les elements d'un cordon ombilical. A 2 centi- mttres en dehors, un pen a gauche, un petit tubercule ros(5 pr^sentant I'appa- rence del'extremit61ibre d'un p(^nis, idee que confirmait encore la prrscnce, au-dessous de ce mamelon, de deux plis en forme de bourses, oil la pcau, plus mince, couverte de lainc courte et rare, simulait un scrotum. 268 Plus a gauche encore, et imiiKidiatement au-dessous de ce scrotum, un pli, suivi d'un petit sillon de 25 millimetres de longueur environ, completcment depourvu de poll?, d'une coloration rosee, semblait indlquer un raphe peri- neal et une depression anale, dc^pourvu toutefois de son orifice. A I'exterieur, aucun autre organe ne s'accusait meme a I'ctat le plus rudimentaire, sauf tout a fait a la petite extr(?raite de I'ovo'ide , une espece de petit tubercule come, au Yoisinage duqnel une pointe dure, osseuse, pouvait ctre sentie sous I'en- veloppe externe. A cette exception pres, du reste, la masse tout entiere ^tait molle, presque demi-fluctuante , et en appai'ence tout a fait depourvue de squelette. Ayant, comme je I'ai dit plus haul reconnu, un debris de cordon omhilical que je trouvai compose de quatre vaisseaux, deux arteres et deux veines, je pra- tiquai avec soin I'injection des arteres ombilicalcs, et je distinguai alors, au centre du cordon et a son extremite libre , une petite Y(5sicule grosse comme un pois, et sur les parois do laquelle se disti-ibuaient deux arterioles nees des ombilicales, Je commencai la dissection en suivant le debris du cordon, le seul point de rep^re que j'eusse pour me guider ; apres I'incision de la peau, une serosite abondante s'echappa des maiUcs d'un tissu cellulaire tres-pcu serr^ qui la doublait, et la sdparait d'une secoude enveloppe musculaire dans plusieurs points, cpii repr^sentait un muscle peaucier. La quantite de serosite infiltree sous la peau, et partout du reste oil so ren- contrait du tissu cellulaire , 6tait tellement abondante, que, lorsqu'elle fut completemcnt ecoulee , la masse perdit plus des deux tiers de son volume : circonstance qui, comme nous le veri'ons tout a I'heurc, u'est pas sans impor- tance a notcr. C'etait d'ailleurs cette enorme infiltration qui etait cause de la consistance demi-liquide que nous avons notee, et masquait un rudiment de squelette dont je decouvris bientot les principaux elements. L'aspect que presentait, dans son ensemble, cette ebauche d'organisation apr^s I'incision et la dissection du sac cutand qui en masquait les details etait le suivant : le cordon aboutissait au sommet d'une espece de poche a parois minces, molles, et completcment musculaires; a la partie infericure de cette poche abdomen rudimentaire, on sentait une piece osseuse, ebauche du bas- sin a laquelle etait appendu un membre inf^rieur imparfait, dont le squelette consistait seulement en un tr^s-court femur et un tibia terminii en pointe a sa partie inferieure, et sans trace de p^ron^. La pointe infericure du tibia n'etait autre chose que cette saillie osseuse que Ton sentait a travers I'enveloppe cutanee , au voisinagc du petit tubercule corne situe a rexlremite infe- rieure du monstre. Le tibia etait reconvert seulement par le periostc a sa partie inferieure, et a son extremite superieure, s'ins^rent des masses musculaires cachaut presque completcment le femur. On reconnaissaif, dans cetlc masse, les groupes du 269 triceps, des fessiers, des muscles flt^clusseurs et des addiicteiirs. Sousles adducteurs on decouvrait robturateur externe, et au-dessous de lui le Iron ovale borde par I'ischion et la branche descendante dn pnbis, la partle horizon- tale de ce dernier os manquait, etait remplacee par un trousseau flbreux qui se portait a I'ileon, an niveau de I'eminence ileo-pectinee. A la branche pubio- ischiatique s'attachait un cordon de 5 a 6 centimetres de longueur, qui se di- rigeait vers le mamelon penien et se terminait en constitnant ce mamelon au centre dc la galne preputiale. A ce cordon (corps caverneux) venait s'accoler un faisceau musculairc ne de I'ischion (muscle relracteur du prepuce). Au- dessous, les poches scrotales vides presentaient chacune une cavite darto'ique a parois tout a fait lisses. L'incision des parois abdominales mit a decouvert I'int^rieur d'une cavite presque conipletement rcmplie par des pclotons dapparence graisseuse et dans lesquels I'examen microscopique ne permit de decouvrir rien autre chose que les elements du tissu adipeux. Au milieu de ces pelotons se continuait le cordon ombilical, suivant le grand axe de la cavite vers la moitie inferieui'e de laquelle ses vaisseaux s'ecartaient les uns des autres. J'ai deja dit que ce cordon etait compose de deux arteres, accompagnees chacune, dans tout leur trajet, par une veine correspondante. Au niveau du point oil elles s'ecartent , les deux arteres communiquent ensemble par une courte et large anastomose ; il n'en est pas de meme des veines. L'une des arteres, la droite, se portc vers I'eminence iMo-pcctinee , et la se divise en deux troncs : I'un , iliaque externe et femoral, sort de la cavite abdominale et va se distribuer a la region anterieure du membre rudimentaire ; I'autre, branciie de bifurcation, art^re iliaque interne, plonge dans la cavite du bas- sin, et sortaut a travers la parol posterieurc molle et musculaire sous une arcade apon6vrotique analogue a un ligament sacro-sciatique, constitue un tres-gros tronc ischiatique qui fournit aux fessiers, flechisseurs, et adducteurs. Dans le bassin, I'iliaque interne fournit une artere qui suit exactement la face in- terne dc I'ischion et monte vers le pubis , oil elle se perd (art(^re honteuse in- terne). L'autre artere ombilicale sort a travers la cavite abdominale au niveau du quart inferieur de sa hauteur, a une notable distance du pubis , et la se di- vise en deux branches terminales : l'une (branche penienne de la honteuse ex- terne) qui accompagnc le cordon (corps caverneux) penien , et so termine en un faisceau dc branches nombreuses dans la peau du prt^puce ; l'autre (branche scrotale de la honteuse externe) qui se porte vers les poches scrotales et se distribue dans leurs parois. Je laisse de cote des branches assez nombreuses et volumineuses , mais sans importance, qui se distribuaicnt aux dilTerentes regions de la peau et aux pelotons adipeux. Les deux veines du cordon out exactement la meme distribution que les arteres qui leur correspondent; elles sont seulement moins volumineuses et 270 nc prcsentcnf, commeje I'ludit, rieii d'aualogue a la large anastomose qui fait communiquer les aiteves. Accolcs a cliacun des cordons vasculaires dent nous vcnons de decrlre la distribution, on rencontre des cordons nerveux : celui qui acconipagne Tar- t6re femorale antericure, nevf crural, nait,au cote exlcrnc d'un faisccau nius- culairc parallele a la direction des vaisseaux (psoas), d'un plexus nervcux assez complique : de ce meme plexus, part en arriere un gros nerf (sciatique) qui acconipagne Tarlere iliaque interne, ct sortant avcc cllc du hassin, se termine dans les muscles de la region posterieure du menibre rudimentaire. Un troisierac cordon ncrvenx, ne de ce meme plexus (lombo-sacre) , suit I'artere ombilicale du cote gauche, traverse avec elle la paroi abdominale an- t(5rieure , ct sc divise en deux hranches terminates, dont I'une vient s'acco- Icr exactemcnt aux corps caverneux ct raccompagne jusqu a sa terminai- son ; I'autrc brauclie va sc rendi'e au scrotum. Le plexus lombo-sacre r^sulte de communications multiples entre trois troncs nervcux qui, avant de con- stituer ce plexus, traA'crsent, par trois ouvcrtures distinctcs, une piece osseuse (vertebrate) articulce avec Textrcmitc supdricure de I'os iliaque. Au sortir de ces conduits osseux , les trois troncs nerveux viennent se terminer, par un faisccau dc fdamcnts radiculaircs, a ime masse informc de la grosseur d"unc noisette, Obro-vasculaire, au centre de laquelle on decouvreune petite cavit6 a parois lisses et tres-vasculaires. Au milieu des elements du cordon , un lilamcnt grele partail de la petite vcsicule que nous avons notee, penelrait dans la cavite abdominale, qu'il tra- vcrsait suivant son grand axe, et se renflait, dans la cavite du bassin, en unc poche membraneuse appliqude a la face interne de la region obtura- trice. Dc cctte poche, partait un autre lilamcnt assez grele qui se tcrminait , aprcs un Ircs-court trajet, a la face inferieurc du corps caverneux pcnien. La situation , les rapports avec les elements du cordon des deux vesicules et du lilamcnt rpii les faisaient communiquer ensemble, et surtout le cordon qui imissait la poche membraneuse inferieurc au penis, justificnt, je crois, complelemeat la determination de ces ditTerentes parties , conmae : vesicules allanto'idienne, ouraque , vessie urinaire et urfctre rudimentaire. Le monstre dont nous vcnons de donner la description pr6sente plu- sieurs particularit^s importantes. Ainsi la deformation, I'irregularite complete do sym^tric du corps, caracterc des mylacepliales ou aci'iiIiales-mole.s (Is. GcoflVoy-Sainl-Ili- laire) , est encore exagOre en quelque sorte par I'aljscuce complete de tout appendicc, de tout rudiment exterieur de membre, de telle sorte qu'a I'examen de cet aspect exterieur seul, plusieurs observateurs avaient (it6 portes a cousidercr ce monstre comme appartenant aux 271 anides. Mais la dissection n'a pas perrais de conserver cette idee en montrant que cette masse informc contenait a rinterieiir uon-seule- ment un rudiment de squelette bien caracterise, mais meme tous les elements organiques, muscles, nerfs, vaisseaux de chacun des organes ou appareils rudimcntaires parfaitement developpes, et jusqu'a un cer- tain point tres-reguliers dans leur irregularite. Encore plus imparfait que les perenc(5phaliens, qui presentent quclques traces de symelrie, ce moustre se rapproclie evidemment bcaucoup des mylaccphaliens. Cependant il dilTere des monstres de cette classe jusqu'a present con- nus, par I'absence complete de tout viscere meme rudimentaire, et surlout par I'absence de toute trace du tube digestif. . Tous les acephaliens observes jusqu'a ce jour presentent en effet, outre quelques debris de reins, du foie, etc., un rudiment de tube di- gestif, particularite tellement constante, qu'elle a la valeur d'un carac- tere specifique qui distingue les acephaliens des anidiens. Cependant, comrae je I'ai fait observer plus haut, le developpement de certains organes et d'un membre rudimentaire bien organise rapproclient inti- mement notre monstre des mylacephaliens, et la particularite relative a I'absence du tube digestif le place seulement au dernier rang des acephaliens, oii il sort en quelque sorte de transition de ce groupe a celui des anidiens. PHYSIOLOGIE DU COEUR. MODVEMENTS ABSOLDS ET RELiTIFS. Travail presente a la Societe de Biologie, en seplembre 1854 , Par M. le Docteur HIFFELSHEIM, Jlembre de la Societe. (Vojej pi. V.) Nous avons entrepris une s^rie de recherches sur Tensemble des actes qui constituent la fonction de la circulation. En livrant a la pu- blicile notre premier travail il y a six ans, nous avons fait ressortir I'indispensable obligation pour le physiologiste a ne point scinder l'^- tude des diverses parties de cet apparcil sans les envisager en raeme temps dans leur aspect synthetique, leur lien de solidarite. Chacun des actes parliels est facteur dans Ic produii general; et depuis la no- tion du cercle unique forme de deux segments que nous avons etablie, contrairement a I'id^e des deux circulations, jusqu'au moindre phe- nomene , toute I'hemodynamique enfin prouve que Ton ne peut 6tu- dicr avec fruit cette fonction, a un point de vue purement analytique. La circulation offre I'exeniple le plus manifeste de I'intervention des forces physiques dans les actes organiques , et c'est pour cette raisoa qu'il faut poursuivre parallelement I'etude de ^organisation et de la physique, appliqu6e avec toutes reserves. Les applications excessives des sciences exactes reposaient toujours sur des connaissances trop superficielles des etrcs vivants; et certes le physiologiste qui saisit la nature complexe des actes organiques; d'autre part, I'impossibilite, dans beaucoup do cas , d'arriver a des appreciations mathematiques ME.M. 18 274 de ces actes , ce physiologiste no s'exposera pas a plaisir a subir le de- menti dos faits. Lcsdeux phenomenes qui, a tant dc litres excitent le plus genorale- meiil I'atlenlion desobservaleurs,sonlinconteslablemenlle battement ou pouls artMelel le ballement cardiaque. Depuis la discussion des fieres Weber et de Wolkmann sur les con- ditions de production du pouls artcricl, nous avons commence un travail que nous dumes momcntanement interrompre pour suivre el resoudre les nombrcuses questions que souleve Taction du cceur, I'objet de ce memoire. Le cceur peul elre envisage comme centre moleur de ce vasle appareil et, commetel, il ofFre encore a la science heinody- namique de nombreuses lacunes a remplir. Les arteres, les capillaires, les veines a fibres musculaires jouisscnt d'une aclivile propre, inde- pendante de leur role general, et qui diminue d'autant cette pr6ponde- lance du cceur. Pour remplir son but hemodynamique, il met en mouvement des valvules a Taction desquelles se ratlacbenl toulos les recherchcs de la physiologic cardiaque normale et paihologique. Mais ces valvules, in- dubitablement sujettes ci des lesions frequentes , ont acquis cetle grando importance, parce qu'on leur attribue la part fondamentale , quelqucs-uns meme le role exclusif, dans les bruits normaux et palbo- logiques du cceur. Gomme le cceur execute et est sujet a des mouvements, afin de rea- liser les effets dynamiques auxqucls il est destine et que plusieurs de ces mouvements mettent en jcu les valvules, soil i, Taide de cordes solides, soit par le liquide sanguin , on actudic les bruits du cceur, dits valvulaires, dans leurs rapports avec le mouvement dc contraction cl de dilatation , afin de s'eclairer, grace aux actes perceptibles pour lous les sens, sur ces bruits que Toreille seule peul etudier. Or les mouvements de dilatation ct de contraction perceptibles sur le cceur a decouvert le sont beaucoup moins sur une poitrine close. Mais il en est autrement du battement du coeur, qui seul entre toutes les mani- festations de Tactivil6 du coeur peut etre pergu des yeux et de la main sur chaque sujet. Le coeur en se contraclant et en se dilalant fiappc la poitrine, meut le sang qui en enlrtiinant les valvules produit des bruits; voil^ Ten- chainement. Un bruit valvulaire coincide done avec un temps de la diastole ou de la systole; si c'est avec l*une» il est auriculo-ventricu- 275 laire; avec I'aulre , il est arlcricl. Mais comment savoir si un bruit est diastolique ou syslolique a Iravers celte poi trine fermtse, et je dis fermee parce que les poitrines ouvertes, si elies peuvent apprendre quelque cliose, nous ont fourni la preuve de I'insuffisance de ce mode d'invesligation. En prenant la question par un c6te tout different et en gronpant successivement les faits acquis, demontres, nous espe- rons trouver une base in^branlable a cet edifice si fragile et si mal assis encore. Nous avons commence par I'etude du phenomena le plus simple peut etre entre tous, si complique qu'il soit, el notre facon d'envi- sager le baltement ou clioc du cceiir serait notre justification si nous n'avions suivi dans cotti; voio un instinct irresistible ne de I'importance fondamentale et legitime que Ton y attache. Qu'est-ce que le choc, le battement du coeur? A quelles causes eloi- gnees (mediates), a quelles causes prochaincs (imm^diates) faut-il attribuer ce phenomene? Le phenomene existe-t-il chez tous les ani- maux pourvus d'un coeur? se manifeste-t-il de la meme facon chez tous les animaux? est-il dCi aux memes causes chez tous les animaux? est-il toujours ie meme chez le meme individu? a quelles conditions sa manifL'Station est-elie subordonnee chez I'individu sain, chez I'in- dividu rnalade soit du coeur, soit desoi'ganesambiants, soit desorganes eloignes? 11 est aise de comprendre pourquoi tant de travaux patients n'ont pu donner une solution definitive, quand on envisage la difficulte ex- treme du sujet et la methode unanimoment suivie. Observer simulta- nement une s^rie do faits dont la rapide evolution ne laisse qu'une impression fugitive dans I'esprit, telle est la nature de I'ecueil. Chacun y volt ce qu'il veut y voir et de la meillcure foi du monde. Ce font aulant de questions que nous cherchons a resoudre et dont les nombreux materiaux ne peuvent etre que difficilement et lentement rassembles. Empruniant tour a tour a la physique, a Tanatomie ha- maine, a I'anatomie comparee, k I'embryogenie, a I'experimentation, a I'observalion , nous ne pouvons livrer encore qu'un fragment, at- tendu que noire principe est de n'avancer que sur preuves exactes et sans preoccupation de gout ou de predilection pour telle ou telle Iheorie. Le baltement du cceur, sou impulsion est chez I'homme, dans la position vcrticale ethorizonlale, assczmani teste pour que son existence 276 ne puisse pas dans ces conditions etrc mise en question, a moins de modifications anatomiques normales ou pathologiques. Dans cerlaines positions avec inclinaison du corps en aniere, on pent cependant le voir diminuer d'intensile cliez beaucoup de personnes, au point que le choc disparait qiielquefoi?. Arretons-nous la pour le moment, et demandons-nous quel est ce phenoniSne perceptible a travers la parol ihoracique et que Ton de- signe sous le nom de hattemenl du cocur. Resulte-t-il du deplacement d'une masse dont a. une partic ou b. la totalitd, ou enfin les deux ele- ments simultanement, changeant de situation et de rapport, avec Ics organes ambiants , se porteraient vers le point de la parol pectorale oil Ton pergoit le choc. Resulte-t-il, au contraire, de la transmission k travers les parois du coeur d'un choc communique a i'une de ses par- ties par le sang qui s'y meut en tout sens? Voila deux questions tres- g6nerales que Ton aurait pu se poser il y a plus d'un siecle ; mais on se convaincra qu'il n'en filt point ainsi, etcombien ce manque de pre- cision, d'une part, etdelogique, d'autre part, a retarde les progres de la physiologic cardiaque qui est encore conjecturale a lant d'egards ! Pour comprendre les dimensions du coeur, il faut Tenvisager en ac- tivity diastolique ou systolique. 11 est evident que son volume varie considerablement dans les deux etats, et que le pericarde se piisse et se tend alternativement. Les organes qui I'environnent, pour qu'il n'y ait pas de vide, doivent compenser sans cesse I'espace que le coeur n'occupe plus. lis doivent fuir devant le coeur au moment oii celui-ci reprend son maximum de capacile. De plus , le coeur changeant de forme non moins que de volume, les organes ambiants doivent se preter k toutes ces modifications simullanees. L'activite si energique et si rapide de cet organe suppose une liberie de mouvement que Ton ne saurait conlester. Le coeur, a I'aide d'un changement de volume et de forme plus ou moins elendu, plus ou moins complexe, peut done se deplaccr dans la cavile thoracique. II peut se deplacer en ne chan- geant pas le centre de gravile de sa masse. G'est un deplacement par- tiel {a) relatif, qui n'esl plus en discussion, Peut-il se deplacer en changeant le centre de gravite de sa masse? deplacement absolu de la totality {b), que la plupart des physiologistes ont admis. Si le coeur etait limite dans ses monvements de I'a^on a ne point pouvoir quitter la parol thoracique , s'il y avait un point fixe de contact entre I'organe et la cage que rieu ne peut modifier, le coeur ne pourrait jouir de la mo- 277 bilite que tout le monde lui reconDait; il peut done quitter tel point de la paroi oil vous le supposerez place; est-ce en glissant d'un point vers un autre ou en abandonnant complelement la paroi, tandis que son milieu comblerait cet espace? Ici les assertions sans preuve exacte ne font pas defaut. L'observation de ce phenomene tr6s-limite danssa duree et son elendue, impose toule reserve. Disons seulement que les deux opinions d'ailleurs conciliables n'ont ni I'une ni I'autre une im- portance capitale. Nous ne poursuivrons pas plus avant cette discus- sion sans apporter des elements nouveaux dans la question. Le cceur pourrait dans une petite etendue quitter la poitrine, y revenir, en che- minant entre des parlies assez souples pour lui livrer un passage qu'elles corableraient ou rouvriraient, en fuyantsans cesse dans tous les sens (moins en arriere), durant son actif et energique fonction- nement. Ainsi le coeur, libre dans toute son etendue , peut se deplacer dans une de sespa7'ties, ce qui constitue : 1° son allongement et son rac- courcissement lors du mouvement de torsion ou du redressement de la pointe; 2" sa dilatation etsa contraction, le premier de ces mouve- menls allongeant tres-probablement le coeur, d'apr^s des recherches que nous ferons connaiire. Ces actes, comme on sait, se combinent entre eux, et nous essayerons d'en montrer a noire tour le mode d'en- chainement. Puis enfin le coeur peut, d'apres les memes dispositions, se deplacer en tolalite, soil qu'il abandonne tout a fait la paroi peclo- rale, soil qu'il change seulement ses rapports avec elle. Pendant que le cceur d6placerait ainsi le centre de gravite de sa masse, il executerait les mouvements parliels; c'e&t ainsi que nous avons ete conduit a reconnailre les deux genres de mouvements du coeur, le mouvement absolu et les mouvements relatifs, coincidant necessairement , d'api^s une relation de cause a effet. On voudra remarquer que nous ne precisons ni la direction ni I'e- tendue de ce mouvement absolu. Nous y reviendrons. Mais signalons ici un fait qui, a notre connaissance, n'a jamais attire I'attention des physiologistes. Et d'abord , loutes les fois que nous serons sur le terrain anatomique, on trouvera tout naturel que nous concluions d priori, ainsi que nous venons de lefaire. On discute bien aussi dans cette science, mais nous nous basons sur des fails a I'abri de contes- tations st^rieuses. Le cceur, quoique uni a lacolonne vertebrale, est maintenu pardes lions assez laches pourn'elre reelleraent fix6 nuUepart. 278 Alors done qn'il execute un mouvement dc torsion, un mouvement de contraction , il a bcpoin d'un point d'appui invariable et fixe pour effectuer cet acle ; c'est vers sa base sans doule que reside son point d'appui. II faut pour s'y appuyer solidement qu'il change neccssaire- ment sa situation libre et independaute, et de la un mouvement de totalite si limite qu'il soil. Ainsi , outre que les mouvements absolus sont possibles, il en est un deja qui est necessaire. Nous arrivons a I'examen de notre seconde question. L'impulsion cardiaque serait-elle due a ce que ic coeur applique a la paroi thoraci- que communique a cellc-ci un mouvement impulsif du sang, sans se mouvoir lui-meme. C'est ici que commence une phase nouvelle pour la physiologic du coeur; cette question ties-g(^nerale , realise cet immense progres que Ton y tient compte de la part que le liquide pent et doit prendre dans Taction du coeur. Que nous la modifiions dans quelqu'un de ses termes , pen importe en ce moment. Toujours est-il que jusqu'a M. Beau, porsonne en France n'avait fait intervenir direc- tement le liquide, c'est-a-dire la seconde moilie des elements de la physiologie cardiaque. Qu'il y ait ou non des divergences notables entre nous, nous desirous vivement qu'il tienne plus a ses premisses, si judicieuses au point de vue de la methodc, qu'aux consequences, qui certes ne sont pas dcduites avec rigueur et precision. M. Beau, apres avoir etabli que les bruits sont dus au choc de Cond^e sanguine centre les parois auriculaires et ventriculaires du coeur, choc qui est double, I'un pour la base,rautre pour La point c , qui constitue evidemment pour lui Yimpulsion prCcordiale , cet auteur, disons-nous, s'exprime ainsi : « Est-ce que ce bruit resuUe de la per- cussion du liquide centre les parois des cavit6s? Provient-il de Tarrfit brusque de Tondee ou de I'extension subite des parois, ou d'unccom- binaison de ces circonstances? II me parait impossible de se pronon- ccr d'une maniere positive. » (Archives, 1841, p. 411.) II n'existe done pas de theorie qui affirme positivement, que nous sachions du moins, que lechoc n'estdO qu'a une impulsion commu- niqu6e au coeur, qui la transmet sans deplacer son centre de gravile; et M. Beau , en pailant d'un rcdrcssemenl dc la poinle consecutif a ce choc du sang, suppose au moins un mouvement relatif du coeur. Nous pouvons quitter a present le domaine general oil nous nous sommes maintenu, pour examiner succiuctement les principales doc- trines en particulier. 279 L'idee d'un moiivemcnl do tolalitti ou ahsolu est implicitemenl ren- fcnnee dans los ancioniics doctrines iatro-niecaniciques, qui font deja intervenir Irus-indirectemcnt le sang. On ne semble pas meme, cela ressort de la lecture de tons ces tra- vaux, avoir a discuter sa possibilile. II en est quelques-unes, parmi ces doctrines anciennes, que des au- teurs allemands contemporains ont prises pour modele , en leur ira- pi'imant un nouveau cachet de conjecture. Nous pr^ferons consacrer k des recherclies nouvelles un temps trop court pour montrer toute I'inconsequence et rirralionnalite de ces theories d'imagination pure. La theorie de Senac el des Hunter a eu le privilege d'echapper a ce general et juste oubli, et c'est avec regret que nous voyons M. Jules Beclard I'adopter avec enthousiasme. W. Hunter s'exprime ainsi : « La systole et la diastole du cceur ne pourraient a elles seules donner naissance aux battements qui, en ou- tre, nc pourraient dire prodiiits si le cceur lan^ait le sang dans im tube droit , suivant la direction de I'axe da ventricule , comrae cela a lieu Chez les poissons, etc. Le sang etant lance dans un tube recourbe, I'aoite, celte arleie fail effort pour devenir recliligne. L'aorte etant le point fixe, le cceur etant mobile, I'intluence de sa propre action se re- porte sur lui-m6me, el il est repousse en avant conire la face interne de la poitrine, » et selon Senac, ce mouvement se ferait en arc de cercle. Sans doute, si le mouvement du cceur 6tait dii immediatement et exclusivement a ce redressement, il faudrait que le vaisseau filt tou- jours en crosse pour que ce mouvemenl ail lieu. Mais c'est la une er- reur, soil comme preniisse, soil comma consequence. Le ledressement chez les animaux qui ont une crosse d'aorte ne saurait donner lieu a cette locomotion. S'il ne jouaitqu'un r61epar- tiel, il pourrail bien y avoir encore une locomotion chez les animaux qui n'ont pas de courbure; mais il n'aaucune part a cet acte. Le re- dressement ne peut pas s'effecluer sur I'aorte, sans doute ; mais alors cet effort imprime un simple ebranlement a I'arbre arteriel, et la force est epuisee par communication de mouvement, a une masse trop forte, trop r^sistante , peu importe le mot. Voiia ce que dil la physique. Mais oil a-l-on vu en physique le principe de cette retroaction? Quand en mecanique on rencontre un semblable cas, on demontre que la force se decompose suivant deux directions, ce qui revicnta 280 diviser la force en deux: une moiti6 est d6Uuite par la resistance que lui oppose la fixile de raoilc, I'aulre moilie suit la langenle de la courbure. Or, cette moilie arrivee au niveau du point du cceur, oii ce qui lui reste devrait agir, est decomposee encore par la direction an- guleuse de I'aorte naissanlepar rapport au coeur. Bien plus, cette di- rection de I'aorte est tellemcnl variable (physiquement, c'est-a-dire rigoureusement parlanl) que la force de projection du sang de I'aorte, desl'abord divisde en deux, est ensuite indefiniment decomposee jus- qu'a son hypolheiique point d'application. Cette force ainsi reduite presqu'a zero, iransmetlrait done un mouvement assez considerable i I'organe cardiaque pour donner naissance k I'energique impulsion que tout le raonde connait ? Je soumets cette analyse, d'ailleurs trop rapide et trop incomplete, k M. Beclard, et je ne pense pas qu'il conserve sa foi dans la doctrine hunt^rienne; tout cela s'applique aussi h la doctrine de M. Gendrin, qui est encore bien plus loin de la possibility. On trouvera un autre argument dans nos experiences, et qui confirmenl pleinement notre negation absolue. Des hommes du temps de Senac et les Hunter onl Ic droit de se troraper. Mais aujourd'hui les theories de I'a pen pres ne sont plus permises, en fait de physique, et les principes sont ou ne sont pas. 11 faut les savoir appliquer. Voila loute la difficult^. M. Beau ne connait pas assez , dit-il , le genre d'effet que produit le sang sur le cceur, pour nous permettre une analyse assez avanc6e de sa theorie sur les mouvemenls. Cependant il adrnct que le sang re- dresse la pointe en penetrant dans le ventricule , et de la le battement infeiieur; il dilate et percute la parol de I'oreillette; de \k un mou- vement sup6rieur. Si M. Beau pensait qu'une ond6e de sang venant des veines dans I'oreillette est capable d'imprimer un mouvement de bascule a la base du cceur pour porter I'oreillette en avant, nous le nierons formellcment, parcc que M masse de sang arrivant avec V Vi- tesse dans rorcilleltc n'egalera jamais P poids du cceur, avec des ven- triculesqui, au debut de cclLc arrivee, sont pleins, ct dont la vacuite plus tard est compensee par la plenitude des oreiilettes meme. S'agit-il du mouvement do la pointe qui serait redressee — quoique ces expressions soienl tres-vagues —pour nous, elles ne signifient i^ue deux choses: ou bien la pointe du cceur, coinrae extremite d'un luvier, serait soulevee avec une partie plus ou moins etendue du reste du cceur, de fa^on k frappcr la poitrine, cl alors il faudrait que le 281 sang fCit lance de roriflco auriculo-vcntriculaire directement vers la pointe du coeur, ce qui n'est pas; ou que, lance vers un autre point de sa surface, celle ondee ffit capable de souiever toulela masse du ccRur, de facon a porter la pointe vers la poitrine, co qui est encore irration- nel , d'apres les calculs approximalifs des masses immobiles et de la force de la petite colonne qui tombe d'une hauteur egale a zero, ani- mee d'une force faible comme celle des oreilleltes. Enfin, dans la seconde hypotliese, la pointe se dresserait , et au lieu d'un mouvement absolu dont nous venons de tenter I'explication, M. Beau dans sa iheorie devait admettre un mouvement reialif de la pointe analogue au redressement spiroide qui produirait ce choc Iho- racique, ce que Ton comprendrait bien moins encore comme effet du sang. fividemment M. Beau devait faire co'incider son mouvement d'en bas, le choc, avec la diastole qu'il produit, et dont il serait en lous cas I'une des manifestations. Reprenons celte doctrine par un autre c6le. Les cavitesdu cceur peuvent-elles se vider completement? ~* Comment les oreilletlcs fonctionnent-elles pour remplir les ventri- cules qui ont une capacity deux, trois fois plus grande? Si a chaque systole auriculaire succede une systole ventriculaire, le ventricule n'est jamais rempli au tiers; il faut de deux ohoses I'une: ou que le ventri- cule ne se vide jamais qu'au tiers ou a moitie, par I'efTet d'une ex- pulsion incomplete (et c'est chose a examiner) ou d'un reflux; ou bien que plusieurs systoles auriculaires correspondent a une seuie systole ventriculaire. La seule maniere ralionnelle d'expliquer le fait serait d'admellre que duranl la systole auriculaire le sang ne tesse d'affluer dans I'oreilletle qui, par consequent, s'emplit un certain temps durant a mesure qu'elle tend a se vider. Or, cet etat de choses est incompatible avec une rapide et energique conlraclion auricu- laire. II faut meme qu'elle soit tres-faiblc pour pennettreii Coreillette de recevoir deux , trois fois so7i volume de sang pendant une seule contractioyi. Pendant la systole ventriculaire, Toreilletle recoit deja du sang pour la systole suivante; mais puisque les valvules auriciilo-veiitriculaires sont considerees closes, cette provision ne sert qu'au tiers. Ces raisonnements sont sans replique, ce nous semble, eu 6gard a la plupart des doctrines regnantes et publiees sur la question que nous traitous. «-*-.-< 282 Copendant, depuis deja longlemps, notrn manit>re d'envisager la cir- culalioii a un point de vue plus g(^iieral, et d'apres les principes de I'liemodynamique, nous conduit a penser difieremment sur plusieurs points Tandis que des auleurs se sont evertues a demontrer que les valvules pouvaient clore hermeliqueraent les orifices, et intercepter de la sorts le cerclc vasculaire, nous pensons, au contraire, que ce cercle ne s'in- terrompt jamais, que ces occlusions ne sont que partielles. Ainsi le sang continue d'affluer, partiellemeut du moins, dans cha- cune des cavites ; alors que le ventricule , par exemple, est au debut de la systole , son action sur le sang, et raediatement sur la valvule, ne saurait encore clore completement I'orifice auriculo-ventriculaire, qui se trouveenlre unepression de haut en has (M. Bouillaud el bien des auteurs n'admeltent pasque I'oreiiletle se vide) etune autre de has en haut, el celle-ci etant encore relativement impuissante. A mesure que la systole alleint son maximum , que le coeur est plus resseire et contracte sur lui-merae, ces valvules se rapproclient da- vantage; mais au moment ou la contraction a alleint son plus haut degre , la colonne sanguine du cceur etant reduile a un minimum de diametre el sur lo point do disparaitre, le dernier effort de la systole a cesse et- deja le sang auriculaire a complete la colonne ventriculaire qui allait disparaitre. Mais en realite un ftlct liquide,si mince qu'il soil, doit etablir una conlinuite non interrompue entre loute la masse du cercle. En effet, quelle perturbation dans le mouvemenl du cercle sanguin, si le liquide s'arrelait en un point absolument, completement ! Quelle pression ne supporteraient pas les solides sur les points ou, par la transmission de la force du sang, il faudrail lutter contre celle-ci? Nous reviendrons sur ces divers points en traitant du petit segment du cercle circulaloirc, nomme petite circulation. Mais il est manifesle qu'une systole auriculaire, analogue en general a la systole ventriculaire par son energie, sa rapidite, est opposee au mode d'activit^ que M. Beau^et d'ailleurs presque tous les auteurs, supposenl aux valvules. Notre iheorle, tout en etant opposee a celte hypolhese et plus con- forme a I'hemodynamique, resout le probleme par un mecanisrne dif- ferent, qui cependant exclul aussi (en general) une 6nergique systole auriculaire, la base de la theorie deM. Beau. Quant ci la Ih^oriedes insufjisances valvulaires, nous montrerons ses relations avec notre 283 quasi-insujfisance normale des valvules. A cet offet , nous faisons en ce moment construire des occurs a valvule, et nous verrons alors com- ment il iaut interpreter les experiences de M. Rouannet. M. Bouillaud, qui dans sa tlieorie n'a tenu aucun compte du liquide, quoique dans ces derniers temps il ait admis en parlie la justesse de ma theorie, est peut-6tre le premier et le seul physiologiste qui ait donn6 une explication solidiste au moins partiellemenl vi'ai. G'esl au redressement de la pointe par I'effet de la systole sur les fibres spi- roides de la pointe qu'il attribue celte impulsion precordiale. Depuis M. Bouillaud, on a developpe cetle idee quoique a un autre point de vue, avec une grande extension (voyez These de M.Verneuil, 1852), et certes pour prouver tout le conlrairc de son opinion ou de la mienne. Mais M. Bouillaud ne semble pas admettre un mouvement de tota- lite; ce redressement de la pointe en lui-meme ne conslituant qu'un mouvement relatif et ne supposant pas (dans I'esprit de son auteur) un deplacement du centre de gravile de la masse. Independammenl de cette opinion , bicn des auteurs pensent que le mouvement de sys- tole pent a lui seul entrainer la pointe du coeur vers la parol thora- cique. M. Berard a fort judicieusement analyse et critique ces diverses doctrines; il etait tres-dispose a admettre I'opinion de M. Bouillaud, quand nous lui avons fail connaiLre nos propres reclierches dont il a egalement accepte les conclusions, sauf quelques reserves sans doute. En 1852, nous avons prie M. Rayer de remettre une note a M. Pouil- let, ou nous exposions notre theorie que le savant physicien trouva tout a fait ralionnelle. Depuis longtcnips nous parlions de ces tra- vaux a la plupart des physiologisles do la capilale, et tout le monde, MM. Bernard, Berard, Longet, Coste, et un grand nombre de nos jeunes collegues , consideraient I'idee comme neuve , quand nous apprimes, en 1854, qu'en 1836 Gutbrod avail communique une idee semblable a Skoda (de Vienne), qui I'a produite pour la premiere fois dans la premiere edition de son Traitis.d'auscultation. Skoda s'ex- prime ainsi : « Gutbrod a donne C explication suivante de la cause de I'inipulsion du coeur : G'est une loi physique bien connue que lors- qu'un liquide s'echappe d'un vaisseau I'uniformile de pression exercee par le liquide sur les parois du vaisseau est suspenduc, attendu qu'il n'y a pas de pression a I'endroit par lequel s'echappe le liquide; mais la pression s'exerce encore sur le point du vaisseau qui est oppose k I'ouverture de sortie. G'est cette pression qui met en mouvement la 284 roue de Segner et qui produit le niouvement de propulsion des armes a feu et le recul des armes a feu. Par suite de la contraction des ven- tricules, la pression que le sang exerce sur les parois du coeur, vis-a- vis de I'ouverture par laquelle s'ecbappe le liquide, imprime au creur un inouvement en sens inverse de celui que prend la colonne de sang, et de ce mouvement resulle I'irapulsion du coeur centre les parois du thorax. Le coeur est entraine dans uno direction contraire a celie des arleres avec une force proporlionnelle a la quaulile el a la rapidile du courant sanguin. » Telle est I'idee, rexplicaiion de Gutbrod; nous ne nous en doulions pas, mais puisqu'elle nous a precede de plus de quinze ans, a elle les honneurs. Mais j usque-la nous sommes encore un peu dans le domaine des conjectures; la dt^monstiation de la verity fait defaut ici autant que pour les doctrines erronees que nous avons passees en revue. Des 1841, Valentin faisait observer que I'ouverture de la poinle du coeur n'empechait pas le batlement. D'abord nous repondrons qu'elle doit Taugmenler, puisqu'il exisle deux orifices au lieu d'un. Et pour que Valentin ei\t pu tirer parti do son objection, il etil fallu d^monlrer que rouverlure pratiquee etait e(jale et opposee h I'orifice arteriel. Mais Skoda lui-meme ne se doute pas du neant de Tobjeclion de Valentin. G'est ainsi que Ton nous a dit : « Prouvez que la poinle du coeur est opposee a I'orifice et vienl battre au moment de la systole contre le thorax. 1) Nous n'avons pas a etablir ce que nous n'afllrmons pas; nous parlous du coeur, sans preciser si c'est un peu plus haul ou un peu plus bas que se manifesto Teffet. Bien plus, nous savons qu'ana- . tomiquement ce n'est pas a la pointe que correspondent les axes arte- riels. Neanmoins la pointe pent venir battre contre la poitrine, surtout si cet effet physique du recul (mouvement absolu) succedait au re- dressernenl de la poinle (mouvement relatif). Voici actuellement le resume succinct de nos recherches, la maniere dont nous avons pos^. la question d6s le d6but et les deductions que nous en avons tirees. Le mouvement absolu est le mouvement de translation, de totalilii que subit la masse du coeur qui vient frapper la parol thoracique , phenomene connu sous la denomination do batlement, choc, Yicius desanciens. Sous le nom de wioMwme?i(t u.ne ma- TIERE PURIFORME, CtC, in Co.MPTES BE.NDUS ET MeMOIRES DE LA SOCIETE DE BiOLOGiE. 1851, p. 189. (2) Cruveilhier, Atlas d'anat. pathol., 28"= livraison. W. Stokes, The diseases of the heart, etc. Dublin, 1853. Purulent cysts of the heart. Hughes, Guy's Hospital reports, vol. IV, 1839. Hasse, Anatomical description of the diseases op circulation and respiration. Swalne's Trans. London, 1846. Forget, Precis des maladies du cceur. Strasbourg, 1849. 302 et par Laennec sous le nom de vegetations globuleuses (1) , ne renfer- ment pas, au moins dan? un bon nombre decas, du pus veritable, mais bien un liquide d'apparence purulente , compos6 de granulations pro- t^iques , de globules graisseux , de globules blancs du sang plus ou moins alteres, et enfin d'un detritus amorplie resultant probablement de la d6sagr4gation de la fibrine. Je trouve la couflrniation de mes re- cberches sur ce sujet dans les publications recentes de M. le profes- seur Lebert (Lebert, Atlas d'anatom. pathologique , 1" livr., kystes purifornies du cccur) ; du professeur Rokitansky (G. Rokitansky, Lehr- BL'CH DER Pathol, anatom., 3 ailflage, band 1, p. 378. Wien. 1855). (Voyez aussi Virchow, Handbuch der Speciell. pathol. undtherap., 1 band., 1 helft, Propfbildungen, etc. Erlangen, 185't.) Depuis la publication de mon travail, j'ai eu I'occasion d'observer deux faits qui deraontrent que la matiere Uf[uide (lu'ou rencontre dans certains kystes de la cavite ventriculaire gauclie du coeur peut egaleraent olMr, a I'aeil nu , les apparences du pus , sans en presenter toulefois les caracteres anatomiques. § 1. — Le sac des anevrismes partiels du coeur se trouve parfois en partie rempli par une sorte de tumeur fibrineuse de forme reguliere- ment ovoide, k surface l^gerement r ugueuse ; libre et immedialemen t en contact avec le sang art^riel dans la plus grande partie de son etendue ; adherant par une de ses extr^mites au fond du sac anevrismal , ii I'en- docarde , en ce point plus ou moins epaissi et rugueux. Ces tumeurs, dont le volume peut d^passer celui dun oeuf de poule, sont parfois pleines, compactes, homogcnes, formees de fibrine coagulee et dispo- s^e par couches concentriques. On peut voir des figures rcpresentant des exemples de ce genre dans I'atlas de M. Cruveilliier et dans la 1" livraison des Annales de l'anatomie et de la physiologie patho- LOGiQUES , publiees par 3.-B. Pign6 (PI. I, fig. 1). D'autres fois, ces tu- meurs sont moUes, fluctuantes, et quand on les incise, il s'en Venule un liquide epais, trouble, d'un vert plus ou moins franc, melange ca et la de particules rougeatres, et tout a fait serablable, au moins par I'as- pecl, a du pus pblegmoneux. Cette deuxieme vari^li^ parait correspondre a un degre plus avanc6 de la maladie : il est probable que la tumeur, d'abord solide dansloute son etendue lors des premiers temps de sa formation, s'esl ramoUie par (1) Laennec, Traite d' auscultation , t. Ill, 3* Mit. 303 la suite , d'abord dans ses parties centrales ; puis le ramollissement a gagne de proche en proche, et le liquide ainsi produit ne se trouve bientdt plus s^pare de la cavity ventriculaire que par une sorle de coquefibriaeuse molle, d'une 6paisseur souvent tres-peu considerable. G'est ce qui se presentait dans les deux observations que je rapporte plus bas avec details. Dans ces deux cas, le contenu des kystes avait, ainsi que je I'ai fait pressentir, I'aspect physique du pus : par I'examen microscopique, on lui trouva la composition suivante : 1° Matiere amorphe disposee en grumeaux (produit de la d^sagregation de la fibrine); 2° granulations moleculaires en quantity 6norme ; 3° globules de graisse libres de vo- lumes divers et en tres-grand nombre; 4° globules tres-nombreux k membrane extcrieure tres-mince, tres-transparente, rempiis pour la plupart de granulations graisseuses, et semblables pour I'aspect et le Toiume a des globules blancs du sang alter^s ; 5» cristaux aciculaires dont la nature n'a pu 6tre d6termin6e (1). On pent comparer ces resul- tats avec ceux qui ont 6t6 obtenus par MM. Lebert, Rokitansky et par moi-meme dans I'analyse microscopique du contenu des vegetations globuleuses du ventricule droit. § II. — Quel est le mode de production de ces tumeurs fibrineuses dans les cas d'anevrisme partiel du cceur? Quelles sont les modifica- tions anatomiques qui marquent les diverses phases de leur evolution? Comment, alors qu'elles remplissent en grande partie la cavit6 du ventricule gauche du coeur, n'amenent-elles pas un plus grand trouble dans I'exercice des fonctions circulatoires? Qu'arriverait-il enfin si elles venaient a se rompre et a meler tout a coup leur contenu au sang en circulation? Ce sont la autant de questions que suscitent mes observations et qu'on pourrait multiplier encore ; mais leur etude ne- cessiterait des developpements dans lesquels je ne puisentrer aujour- d'hui. Je me contenterai, pour le moment, de I'cxpose des faits, me reservant de les discuter dans une communication ulterieure. Toute- fois, je crois devoir presenter ici les remarques suivantes relatives aux sympt6mes observes pendant la vie de mes deux malades. a. Dans la premiere observation , nous voyons rafTeclion du coeur rester compieiement latente : aucune anomalie n'est remarquee dans les bruits pergus par I'auscultation ; la percussion reste egalement (1) Voyez Planche VI, fig. 3 et 4. 304 muelle, et cela devaitetre, puisque la forme el le volume du creur 6taient a peu pres normaux, ainsi que I'autopsie I'a d^montrepar la suite. Le pouls, il est vrai, s'est montr6 pendant toute la durce de Taffection aigue qui a mis lin aux jours de la malade, exiiemement faible, p.li[orme^ formicant, parfois presque insensible; mais celte re- marque importante devait etre perdue au milieu des nombreux symp- tomes ataxiques qui se sont succ(5de, et en I'absence de tout renseigne- ment sur I'etat anterieur des fonctions circulatoires. Ces phtnomenes ataxiques s'expliquent assez bien par I'existence d'une phlegraasie pulmonaire d'abord localisee dans le lobe inferieur du poumon gauche, mais y restant pendant plusicurs jours a son pre- mier degr6; abandonnant ensuite la partie primitivemcnt affeclte pour alter delinitivement s'etablir dans le lobe superieur du poumon droit et y determiner rapidement la suppuration. De pareils symptfimes s'observent frequemment dans le cours de ces pneumonies successives des vieillards all'aiblis parl'age etla misexe.— La coiitracture ohseryec pendant si longtemps, et d'une maniere permanente dans le niembre superieur droit de la malade, aurait pu donner le change et faire croire a I'existence d'une lesion c6r6brale; I'autopsie ayant d(5raontr6 I'absence d'un ramoliissement du cerveau, ce syniptcMne serait, au- jourd'hui encore, inexplicable pour nous, si nous no savions pas que la contracture s'observe parfois au milieu des accidents si varies de I'ataxie. Nous ferons cependant une remarque a ce sujet : Les arteres hum^rale et axillaire du membre contracture ont ete trouvees, a I'au- topsie, remplies d'un caillot quelque peu organised ct qui prenait ra- cine sur I'extremite sup^rieure du kyste fibrineux qui remplissait en partie la cavite gauche du coeur. Y a-t-il entre la lesion et le symp- t6me simple coincidence? C'est ce que je ne saurais decider actuelle- ment. Encore est-il que si la contracture n'a jamais ete observ^e comme consequence de la formation, pendant la vie, d'un caillot dans les arteres, on a souvent observe en parcil cas des douleurs vives, des paralysies du mouvement, des anesthesies, ph(inomenes voisins de la contracture et qui fr^quemment la precedent on lui succedent.— Uncus parait probable que la lesion organique du cocur n'a pas ete sans in- fluence sur la production des phcnomenes graves observes cbez lama- lade pendant le cours de la phlegmasie aigue qui a lermine son exis- tence. Avant I'invasion de cette affection, la cavity gauche du coeur, reduite a la moitie au raoins de sa rapaoite norraale, suffisait cepen- 305 ^ant encore taat bien que mal k ses fonctions. Le jet arteriel sans doute devait etre bien faible , puisque le coeur gauche ne recevait et n'6mettait (a chaque battement) que la moiti6 du sang arteriel sur le- quel il agit d'habitude ; niais I'orgauisme s'etait comme familiarise avec celte sorle d'infirmit^ acquise. La venue d'une atrection aigue febrile a du jeter un trouble extreme dans I'exercice des fonctions du coeur d^ja si menacees, et de la peut-etre , du moins en partie , tirenl leur origine les phenomenes si graves observes pendant les derniers jours de la vie. b. Chez la malade qui fait le sujet de la deuxieme observation, notre attention a ete flxec des le debut sur le trouble des fonctions du co-ur. G'etait au trouble de ces fonctions que nous rapportions tons les acci- dents observes; il nous a ete cependant impossible d'6tablir un dia- gnostic precis. Un fait quelque peu exceptionnel devait appeler notre attention ; je veux parler du soujjle rude et superficiel observe dans la region inter- scapidaire. Ce symptome n'etait cependant pas de nature a nous raettre sur la voie du diagnostic. On a constate I'existence d'un pareil souffle dans deux circonstances principales : tantot il se lie a une affection de I'aorte thoracique (an^vrisme, r^trd'cissement, compression par une tu- meur, etc.), d'autres fois il indique Texistence d'une lesion de la val- vule mitrale. « Lemurmureinterscapulaire^(\.i\,W.V^ . Stokes, pent ac- >' compagner le retrecissement et I'insuffisance de la valvule mitrale, » mais plut6t rinsuffisance. " Et ailleurs : « II pent etre plus prononc6 " que celui qu'on percoit a la region pr6cordiale." (W. Stokes, The dis- eases OF THE HEART AND THE AORTA; Dublin, 1853.) L'absenco des signes d'une maladie de I'aorte, I'existence formelle de ceux d'une affection organique du centre circulatoire devaient nous conduire a admettre I'existence d'une lesion de Torifice mitral; I'absence du pouls radial, constat^e a plusieurs reprises, indiquait le retrecissement decetoriflce plutotque soninsuffisance.— Le double souffle lointain qu'on entendait a la region pr^cordiale au niveau de I'union du cartilage de la troi- sieme c6te avec le sternum , et dont la premiere partie se propageait dans la direction de I'aorte, indiquait a son tour ime lesion de I'orifice aortique. Le retrecissement de cet orifice pouvail etre considerable, bien que le souffle percu au premier temps et a la base fiit tres-faible ; car d'un autre cOie, I'impulsion du coeur tres-volumineux d'ailleurs, ainsi que le deinontiait la percussion , etait tres-faible; il y avait done ^lEM. -JO 306 faiblesse du cceur, comme ou (lit CQ Angleterre, ou mieux Asystolie pour me servir du tcrme imagin6 par M. Beau. V absence complete du pouls s'accordait parfaitemeat avec la supposition de ces 16sions. Dans une observation fort interessanto, lue a la Society anatomique, en juillet 1854, par M. le docteur Vulpian, Toritlce aorlique etail retrOci de maniere a no laisser libre qu'une fente de 2 centimetres de long sur 2 niillimelres dc large; le souflle au premier temps et a la base observe pendant la vie etait presque nut, I'inipulsion du coeur d'ail- leurs tres-volumineux 6lait tres-faible et le pouls radial presque in- sensible. (BrLLETINS DE IX SOCIETE ANATO.MKJUE , t. XXIX, p. 217 et suiv.) En resume : r6tr6cissement de la valvule mitrale, r^tr^cisse- ment tres-prononce de la valvule aorlique , faiblesse du cceur, lei 6tail le diagnostic complexe auquel nous avions cru devoir nous arrSter. Ges lesions multiples nous paraissuient pouvoir expliquer tous les symptdmes observes pendant la vie : j'hypertropliie du foie et I'ictere, I'absence da pouls et les accis d''asihme cardiaque si pronouc^s, etc.; la mort subite ealin trouvait son explication. L'autopsie cependant est venue apprendre qu'aucune de ces lesions n'existait en r6alit6. Tous les accidents etaient produits par un anevrisme partiel du coeur, accompagn6 d'une bypertrophie considerable des parois ventriculaires et compliqu6 de I'existence d'une ^norrae concretion fibrineuse rera- pUssant les deux tiers de la cavite du ventricule gauclie. Xouvelle preuve, s'il en etait besoiii, de lobscurile qui couvre encore le dia- gnostic des an6vrismes partiels du coeur, malgr6 les savantes et labo- rieuses rechercbes des moderues (1). ANEVRISME PARTIEL DU COEUR PEU PRONONCE, NE SE REVELAAT PENDANT LA VIE, A LAUSCULTATION, PAR AlOUN SVMPT6ME. — LE VENTRICULE GAUCHE REMPLl PAR UN KVSTE VOLUMINEUX RENFERMANT UN LIQUIDE PURIFORME. — CAILLOT SE PROLONGEANT DANS LAORTE ET DANS LHUMERALE ET L'AXIL- LAIRE DU COTE DROIT. — PNEUMONIE (HEPATISATION GRANULEUSE GRISE. (Foi/. pi. 5, fig. 2, 3 et 4.) Obs. I. — La nommeo Melanie Berger, ancienne artiste dramatique, agee de G8 ans, enlrce a l'liosi)ice de la Salpotriere pour un engorgement des glandes du ecu et une amaurose, le 12 mafs 1851, est anieuee a rinfirmerie le 22 mars 1852 et placde salle Saint-Jean, n" 11, service de M. Cazalis. On ne pent (1) Voir I'apercu bibliograpbique donn^ par M. le docteur Leudet in Comp- TES RENDUS ET MEMOIRES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE , 1853 : p. 105. 307 obtenir aucun renseignement ile cetle malade sur sa sant^ anterieure et sur les debuts de son affection actuelle; elle estd^ja dansle dSlire. Cependant elle assure 6tre sujette a des rhumatismes el se plaint de douleurs fixes dans les deux cotes de la poitrine. Reaction febrile pen prononcce, pouls ires petit, mais peu fre(iueut, regulier. A Fauscultalion, un pen de rale crepitant assez fin dans la parlie moyenne du lobe inferieur du poumon gauche. ^Potion : tar- tre stibi(5, 0,10, diete.) Le 23 et le 24, la reaction se prononce : la malade s'agite beaucoup et parle sans cesse; la langue est secbe, la peau est chaude, le pouls est remarqua- blement petit et tr^s-frequent. 25. Pouls tres-petit, a 108; peau tr^s-chaude, langue tres-seclie, etat ty- phoide, coma vigil, urines et selles involontuires. Le membre supcrieur droit est contracture, porle dans la demi- flexion. Qaand on I'etend, ce qui est assez difficile, la malade pousse des cris; et quaud le membre etendu est abandoune a lui-meme, il se flc^cbit de nouveau, lentement, et reprend enfin sa position primitive : la seusibilile est partout conservee. A I'auscultation, on no d6- couvre autre chose dans la poitrine que du rale sous-crepilant dans le lobe inferieur du jjoumon gauche; pas de matite en ce point. Rien au coeur; pas de toux, pas d'expectoration. 26. Meme 6tat Le pouls est si frequent qu'on ne peut le compter; il est petit, tout a fait filiforme, parfois irregulier. Les bruits du coeur sent nor- maux. 27. Sorte de remission dans tous les symptdmes. Pas de d^lire, mais sorte d'h^betiide. 2b. II y a un redoublement febrile, la face s'est injectee de nouveau; il y a des mouvements spasmodiques des paupi^res et des ailes du nez du c6t6 gauche. Coma vigil; sommeil bruyant un peu stertoreux; pouls filiforme, tres-irr^gulier et extremement frequent. La contracture du membre supc- rieur droit persiste. A i'auscultation on constate, pour la premiere fois, au sommet du poumon droit, un souffle tubaire superflciel, melange de rales sous-crCpitants fins. La malade a rendu quelques crachats rouiU^s. Le rale qui existait dans le c6te gauche de la poitrine est devenu muqueux et a perdu le caraclere pneumo- nique. (Potion : tartre stibiC, 0,15.) 29. D^voiementabondant. Comaprofond, hoquet. Les battements du coeur extremement frequents et irreguliers, mais on n'y entend pas de bruits anor- maux. 30. Morte a deux heures du matin. AuTOPSiE faite le 31 mars a neuf heures du matin. La contracture qui, pendant la vie, occupaitle membre supcrieur droit, a completement disparu apr^s la mort. Encephale. — Les meninges sont Cpaissies, legerement opaques, infiltrees 308 d'un liquide transparent qui les rend comme ced^mateuses. Le cerveau n'est pas ramolli; il presenteun piquets assez Evident, uniform^ment r^pandu dans toute I'etendue des deux hemispheres. Abdomen. — Le foie prcsente la coloration, la consistance et le volume de I'dtat normal. II renferme trois noyaux blanchatres, du volume d'une noi- sette, d'aspect squirrheux, mais dont I'examen microscopique n'a pas ete fait. La rate est normale. L'esto/nac et les intestins paraissent sains dans toute leur etendue; leur membrane muqueuse presente une coloration pale. Thorax. — Hepatisaliou granuleuse grise, occupant toute I'etendue du som- met du poumon droit. Le caur est a peine plus volumineux que dans I'etat normal. II n'a pas con- tracts d'adh6rences avec le pericarde. Sa pointe parait arrondie, obtuse et presente une coloration d'un blanc mat. On ne remarqueaucune particularity dans sa forme ext^rieure. Les cavites gauches paraissent seulement un peu globuleuses et comme distendues. En incisantla paroi anterieure du ventricule gauche, parall^lement an sil- lon interventriculaire, on voit que cette cavite est remplie dans ses deux tiers inferieurs, par une tumeur de forme ovo'ide, bien rcguliere, a surface lege- rement rugueuse, d'une coloration brune; I'exlremite infSrieure de cette tu- meur est obtuse et adhere intimement a I'cndocarde qui tapisse la partie du ventricule correspondante a la pointe du coeur; son exlremite superieure est 16g6rement acuminSe et se prolonge dans la cavitS de I'aorte sous forme d'un pSdicule tr^s-dSliS qu'on peut suivre dans toute I'etendue de la crossc; la tu- meur n'est adherente que dans son quart infurieur; dans tout le reste de son etendue elle est libre et baigne dans le sang du ventricule; elle a environ 5 centimetres dans son grand diamelre sur 3 centimetres et demi de large ; elle est lluctuante : quand on I'incise, il sen ecoule environ trois cuillerees a cafd d'un liquide epais, opaque, dun vert leg^rement roux, ressemblant fort bien a du pus phlegmoneux melange d'un peu de sang. La surface interne du kyste est mamelonnSe, comme tomenteuse par places ; ses parois sont tres-minces, elles out dans certains points a peine 1 millimetre d'epaisseur ; la substance qui les constitue a I'aspect de la fi- brine coagulee ; elle est disposee par lamelles conccntriques; les plus extS- rieures de ces lamelles sont pales et resistantes ; celles qui tapissent immS- diatementla cavite du kyste sont verdatres et tres-friables. Le liquide extrait du kyste presente a I'examen microscopique la compo- sition suivante : 1° matiere amorphe disposee en gnimeaux (fibrine desagrS- gSe) ; 2° granulations moieculaires en quantity enorme ; 3° globules de graisse libres de volumes divers et en tr^s- grand nombre; 4" globules tres-nom- breux, arrondis, a membrane extSrieure tres-mince, tres-transparente, rem- plis pour la plupart de granulations graisseuses et ayant I'aspect et le volume des globules blancs du sang ice sont, tout porte a le croire, des globules blancs du sang alt^r^s) ; 5" des cristaux en aiguille dont la nature n'a pas 6t6 d^ter- minee. Les parois du kyste renferment a peu pr^s les memes ^l^menfs, seulement les globules gralsseux y predominent. Les parois du venlricule gauche paraissent legerement ^paissies dans leur moitie superieure, mais a mesure qu'clles approchent de la pointe, elles s'a- mincissent peu a peu; et bientot, dans les points qui rt^pondent aux adheren- ces contracldes entre le kyste et Tendocarde, ellcs ont a peine 3 millimetres d'epaisseur. La elles paraissent uniqnement constitutes en dedans par Tendo- carde 6paissi, rugueux, opaque, en deliors par une sorte de tissu tibreux blanc, legferement nacr6, tr^s-r^sistant : en tout deux couches. Plus haut, ^et dans toute I'etendue dela moitie supt^rieurc du ventricnle gauche, on remar- que sur la surface de section : 1" en dedans, an voisinage du kyste, I'endo- carde^paissi, blanc, opaque, pouvantse detacher facilement des parties sous- jacentes ; 2" une sorte de trame fibreuse de iiouvelle formation se continuant avec la couche nacree dont il a etc question plus haul et prcsentant le meme aspect ; 3" une troisieme couche formee do libres musculaires, pales, deco- lorees et comme infdtr^es de graisse ; 4= les fibres musculaires du coeur avec leur aspect normal. L'endocarde ne prcsente d'alterations que dans les points oil il est en con- tact avec le kyste auquel il parait uni dans certains points par des lamelles celluleuses de formation nouvelle ; la , il est epaissi , blanc , opaque, legerement rugueux a sa face interne et comme chagrinc. Partout ailleurs il a son aspect normal. Les valvules aortiques etles valvules auriculo-ventricu- laires ne presentent aucune alteration. L'aorte est saine; on n'y voit pas de plaques ath^romateuses, elle n'est nullement dilatee. Le ventricnle droit, I'ar- tere pulmonaire, les deux oreillettes sont completement exempts d'altera- tion. Le caillot que nous avons vu partir du kyste et se prolonger dans la crosse de l'aorte, pouvait etre suivi a droite et dans toute I'etendue de I'artere axil- laire et de VhumiraU; mais a mesure qu'il s'eloignait du centre circulatoire ilparaissait moins organise et de formation plus recente. Dans I'humerale et dans I'axillaire droite (pas plus que dans l'aorte) il n'adherait aux parois vasculaires qui ne presentaient aucune alteration. Les arteres correspondau- tes du cote gauche ne contenaient pas de caillots mais seulement un peu de sang fluide. 310 ANEVRISME PARTIEL DE LA POINTE DU CCEUR ET DE LA CLOlSOiN INTERVENTRI- CULAIRE; YENTRICULE gauche REMPLI EN GRANDE PARTIE PAR UN KYSTE TRES-VOLUMINEUX ET CONTENANT UN LIQUIDE PURIFORME ; PENDANT LA VIE, SOLTFFLE INTENSE ISOCHRONE AUX BATTEMENTS DU OOEVR, ENTENDU SURTOUT AU-DESSOUS DE LA POINTE DE LOllOPLATE GAUCHE ; ABSENCE COMPLETE DU POULS radial; pneumonie, apoplexie pulmonaire. Obs. II. — La nommi^^e Jolivet (Francoise'), ag^e de 62 ans, autrefois jour- naliere, entre arinfirmerie de la Salpetri^re le2l mars 1852, salle Saint-Jean, n" 6, service de M. Cazalis. Antecedents. — On nous apprend que cette ferame est entree a I'liospice pour une paralysie complete de lalangue ; elle a perdu compl^temeut I'usage de la parole et ne pent s'exprimer que par signcs. Elle ne peut avaler les li- quidesqu'a I'aide d'un biberon ; si elle essaye de boire autrement, elletousse immediatement et est prise d'une sorte de suffocation. Elle avale les solides beaucoup plus aisement, mais la deglutition s'op6re avec lenteur. L'intelli- genceparalt treS'Dcttc; iln'y a pas desurdite. Elle nous fait comprendre qu'a part son infirmity, elle jouissait d'une bonne sant6 depuis son entree a la Sal- petri^re.Elle assure qu'elle est tomb(^e malade 11 y a quinze jours sculement . elle a commenced alors a eprouver de la dyspn^e, de I'anxiete. Elle s'est vue forcee de s'asseoir souvent sur son lit, et ne peut gu^re dormir la nuit. Quel- quefois cependant elle peut se coucber sur le c6t{5 droit et sommeiller un peu ; mais il lui est lonjours impossible de se coucber sur Ic cAle gaucbe.Elle a en mcme temps perdu I'app^tit, mais elle n'a pas eprouve de frissons. De- puis une quinzaine de jours, vertigcs, bourdonnements d'oreille, scintille- ments devant les yeux, toux quinteuse et s6cbe. Etat actuel. — Apparences d'une forte constitution. La face est injecteeet presenle une teinte generate un peu violac^e. L(^g6re teinte ictdrique des con- jonctives. La malade rapporle toutes ses souffrances a la r(^gion du foie; quand on palpe on qu'on percute cette r(^gion, elle accuse une douleur vive aussitot qu'on arrive au niveau des fausses c6tes droites. On observe eu meme temps que le foie, qui d'ailleurs ne remonte pas tr^s-liaut, d^passe le rebord costal d'environ 2 pouces. Nous observons pendant la journt^c que la malade est habitnellement coucbee sur le cote droit; mais elle so levc de temps en temps tout a coup sur son seant, comme pour mieux respirer. En m6me temps I'a'il est bagard, et la malade parait en proie a une vive anxi^te. La peau n'est pas cbaude. Lepouh des arteres radiates est comple'tement insensi- Ue. La main appliqu^e sur la region precordiale percoit des battements peu 6nergiques. La matite de cette region est absolue et tr6s-^tendue ; la percus- sion n'yprovoque point de douleurs. L'auscuUation fait reconnaitre des bruits sourds et comme etoufifes, presque nuls. On entend un souffle peu intense. 311 double, ayant son maxinmm a la pointe et se propageant dans la direction de I'aorte. Pendant cette exploration, la malade fait comprendre qu'elle (^prouve dans le dos.an niveau de la pointe de romnplate, nne sensation de battements. Quand on liii dit de preciser le point oil elle ^prouve cette sensation, elle porta la main sur le bord externe gaudie de la colonne verlobrale, a 1 decimetre environ au-dessous du niveau dc Tangle de romoplate. L'exploration de cette region par la percussion n'.y fait pas reconnaitre de nialit^ ; mais par I'aus- cultalion on percoit un souffle assez rude paraissant assez snperficiel, et qui se propage de ce point oii il a son maximum dans loutes les directions; on I'eutend par en bas jusque sar le sacrum ; par en haut, sur la colonne vert^- brale, on I'entend epcore a 15 centimetres au-dessus du niveau de la pointe de I'omoplale. Lateralement il se propage fort loin du c6to gaucbe ; mais on I'entend aussi a droite, quoique plus faiblement, jusqu'au niveau de la ligne sous-axillaire. Par I'examen dela poilrine, on d^couvre en arritM'e, en bas et a droite, une matlte tres-prononcoe. Dar)s ce point meme, la respiration est trfes-faible et melangi'e de quelques rales sous-crepitants. Les extremitos sent un pen froides. La malade assure n'^prouver pas de fourmilleraents dans les membres tant inferieurs que su]K^rieurs. La sensibi- lite et le mouvement sont parfailement libres. Pas trace d'oedeme. (Potion : opium, digitate. Une portion d'aliments.) 23 mars. La malade ne peut dormir la nuit. Elle se l&ve souvent tout a coup et fait quelques pas dans la salle. Elle fait comprendre qu'elle est dans ces moments-la en proie a une vive oppression. La peau devient un pen cbaude ; la langue couverte d'un enduit blanc. La teinte icterique se prononce davan- tage , cependant la region du foie est moins douloureuse. L'appetit se perd. Du 25 an 30, pas de modifications importantes. Toujours la meme agitation. La malade se prom^ne toute la nuit dans la salle et reste assise sur son lit pendant la plus grande partie du jour. 31. La teinte icterique persiste. Meme agitation. Le pouls radial est toujours mil. Extrcmites froides et violacees. A la partie inferieure de la poitrine, souffle melange de quelques rales sous-crepitants. Toux sftche, soif. 1" avril. L'agitation, la dyspnee ne font qu'augmenter. Une cyanose gene- rale se manifeste. La malade ne peut rester un moment en place ; elle se plaint de fourmillements, de crampes dans les jambes. Le pouls est toujours insen- sible. La matite precordiale parail plus etendue encore que les jours prece- dents. Les bruits du coeur sont tr^s-faibles et presque insensibles, son impul- sion tres-faible. Le souffle double a la base a compli^tement disparu. 11 en est de meme du souffle qu'on entendait distinctement a la region dorsale. La ma- tite correspondant a la partie inferieure du poumon persiste et s'etend. 4. Les battements des arteres humerales elles-memes ne sont plus percep- • 312 tibles. Les carotides et les crurales battent tres-faiblement. La malade est trSs-affaiss^e, elle est couchee sur le c6t6 droit et comme repliee sur elle- meme. 5. Un peu de rale laryngo-tracheal, plaintes, gemissemenls conlinuels. Le matin vers onze heures, la malade descend de son lit; elle tombe aussi- tOt a terre et meurt subilement. AuTOPSiE faite le 6 avril , a 9 heures du matin. Encdphale. Le lobe gauche au cervelet pr^sente a sa face superieure deux depressions, comme form^es par I'impression des doigts, ayant chacune en- viron 1 centimetre et demi de large siir 1 centimetre de profondeur. Au niveau de ces depressions, les circonvolutions lamellaires sont complete- ment eCFacees. Ces cavit^s sont recouvertes par I'arachnoide ; elles sont rem- plies par unliquide transparent, communiquant avec le liquide sous-arach- no'idien. — Le cervelet est sain dans tout le reste de son etendue. Vers la partie anterieure du lobe cerebral droit, au niveau de I'extrcmite externe de la scissure de Sylvius, on trouve une cavite du volume d'une noix, fermee en dehors dans une partie de son etendue par les meninges cerebrales epaissies, et se prolongeant en dedans dans la profondeur de la substance cerebrate jusqu'au voislnage de la partie anterieure et externe du ventricule corres- pondant. Celte cavite est remplie d'un tissu cellulaire a mailles larges, vas- culaire , et impregn6 d'une s^rosite limpide. Dans cette cavite rampent des vaisseaux nombreux , fortement contournes , et qui sent des ramifications des vaisseaux de la scissure de Sylvius. — A gauche, et dans une situation analogue , une autre cavite , mais d'une capacite deux fois moindre. Les meninges sont injectees , epaissies et fortement infiltrees d'une se- rosite parfaitement transparente. — Piquete cerebral general , pas de ramol- lissement. Abdomen. Foie volumineux muscade, fortement congestionne , reins nor- maux. Rate, 10 centimetres de baut en bas, tres-epaisse, dure, d'uuc colo- ration et d'une consistance qui se rapprochent de celles du foie. Estomac. La membrane muqueuse de I'estomac presente au voislnage du pylore une teinte ardoisee tr&s-manifeste. — Au niveau de la grande courbure, deux vdc^res simples , a fond nacre, a pourtour rouge vif, ayant chacune I'ctendue dune pifece de 50 centimes , arrondis et communiquant cntre eux par une sorte de ramification. — Les intestins n'ont rien presents de notable. Thorax. Poumons. La plfevre droite contient une assez grande quantity d'un liquide transparent, citrin; mais dans lequcl nagent surlout dans les parties les plus d^clives, des flocons albumino-fibrineux vcrdalres. Quelques plaques pseudo-membraneuses, verdatres sur la pl6vre qui rccouvre le lobe inferieur. L'epanchement s'etendait sur la plus grande partie du poumon, le- quel 6tait retenu aux parois thoraciques en plusieurs points par des fausses 313 membranes orgauis^es de date plus ou moins r^cente.— Le lobe moyen et le lobe inferieur du poumon droit sont d'une coloration foncee, lourds et r^- sistanls. — Quand on les divise par une section qui se prolonge dans touts leur etendue , on remarque que les parties centrales sont occupees par de nombreux noyaux d'apoplexie pulnionalre granuleuse , arrondis , circonscrits, se detacliant vivement par leur coloration d'un violet fence sur les parties environnanles donl la teinte est plus pale ; toules les parties des deux lobes inferieures qui n'otTrenl pas ces alterations, presentent les caracteres de I'bepatisation granuleusc grise la plus manifesto. Le poumon gauche est sain dans toute son etendue. Le ccKUR a un volume considerable. 11 pese 960 grammes , avec les caillots et I'origine dcs artc'^res. Laugmenlation de volume parait appartenir ex- clusivement au venlricule gauche ; le ventricule droit est relativement petit et comme relegu6 en arri^re. L'oreille droite est , proportion gardee , volumi- neuse. La pointc du coeur est extreniement obtuse et comme aplatie, suivant la direction du grand axe de I'organe. Pas d'adherences pericardiques. Quantite notable de liquide citrin dans le pericarde. A la surface du coeur, surtout sur le ventricule gauche, au voisi- uage de la pointe, on voit de nombrcuses plaques blanches, d'une grande tHendue et d'une date evidemment tres-ancienne. Le ventricule gauche est ouvert avec precaution dans toufc son etendue par nne incision paralleie au sillon interventriclaire ; la cavitcS parait alors tres-vaste, et comme globuleusc; la plus grande partie de son etendue est occupee parune vastetumeur ovo'ide, lisse al'extprieur, seterminant en haul par une extremite obtuse , adherant intimement par son tiers inferieur a la parol du ventricule, surtout au niveau de la pointe du ca'ur. Cette tumeur est, partout ailleurs , libre dans la cavite du coeur, et en rapport avec des caillots sanguins de formation recente; elle est form^e d'une enveloppe compos^e de couches tibrineuses concentriques, tres-minces (environ 2 millim.) dans cer- tains points, tres-epaisses dans d'autres (4 millim.), et d'un contenu liquide, epais, opaque, d'un vert brun ayant I'aspect du pus. Ce liquide, dont la quantit(5 est considerable, presente a I'examen microscopique la composition suivanle : 1" detritus flbrineux amorphe ; 2° granulations mol(5culaires nom- breuses ; S" globules graisfeux de volumes divers , tres-nombreux ; 4" glo- bules blancs du sang ayant subi la degenerescence graisseuse. L'endocarde est blanc, opaque, epais, au niveau des adherences avec le kyste et dans leur voisinage; partout ailleurs il presente son aspect normal. Les valvules aortiques et I'aorte sont compl^tement sains. Les valvules auriculo-ventriculaires d'un blanc laiteux, mais d'ailleurs bien conformces. Les parois du ventricule gauche sont epaissies (2cc.) , surtout aux par- lies centrales et a la base. Le tissu musculaire y conserve son aspect normal 314 dans les deux tiers sup6rieurs de leur ^tendue. Mais dans le tiers inferieur dans toutes ses parties qui conconrent a former la pointe du coeur, la parol qui conserve encore une grande ^paisseur (Ice. \ft] ne pr^senle plus du tout I'aspect musculaire; elle parait constiluce par un tissu fibrenx , rnsistant, nacre, compost de couches supcrposees iLa pointe du creur dt'-ployf'e pre- senle cette texture flbreuse dans une ^tendue de 9cc. environ dans tous les sens). Lorsque la cavite du ventricule gaucbe a ^tc dc^barrass^e du kyste qu'elle renfermait, on lemanine au voisinage de la pointe du coeur, sur la parol in- terventriculaire , dans le point de reunion de celfe parol avec la base des piliers posterieurs des valvules mitrales,un orifice arrondi ayant environ 2 centimd'tres de diam^tre, et s'ouvrant dans une cavite reguli^rement hemispherique de "^cc. 1/2 de profondeur environ. Les parois de celte cavity, ainsi que reutlocarde au voisinage de son orifice, ont une consistance os- seuse et resonnent comnie du carton qnand on les frappe. Son fond se dirige dans la cavite du ventricule droit ou 11 fait une saillie d'cnviron 1 centimetre. La face in erne estrecouverlede plaques calcaires; elle parait, du molns en certains points, recouverte d'une membrane qui se con- tinue insenslblement avec I'endocarde. Un calllot compose de lamelles fibrl- neuses stralifices, et dependant du kyste qne nous avons vu reraplir la plus grande partle du ventricule gauche, obturaient compWtement cette petite ca- vite anevrlsmale. Les autres parties du systSme vasculaire n'ont pas pr^sentd d'alteration notable. DESCRIPTION D'UN FOETUS MONSTRUEUX PARACEPHAIilEX OMPIIALiOSITE VTAITAIRE), NE A L'hoPITAL SAINT-LOUIS ; Par M. a. LUTON, interne des hopitaui. Obs. —La nominee Coupechon, ag^e de 37 ans, vient de faire ses troisiemes couches a I'hopital Saint-Louis, salle Saint-Ferdinand, dans le service de M. Deuonvilliers. La grossesse etait double. Le premier enfant qui vint au monde presents une conformation normate; mais le second produit de la conception est tel- lement extraordinaire qu'on a de la peine a reconnaitrc en lui, au premier abord, une forme Immaine. Les diverses particularites qui se rattaclient a cet accouchement phenomenal ofTrant beaucoup d'interet, il convient de re- later avec soin ce qui a rapport a la m^re, aux deux foetus et a leurs annexes. I. Faits RELATiFS A LA MERE. — Gottc femmo ost d'une apparence robuste ; elle est parfaitement constituee. II n'y a dans sa famille aucun exemple de grossesse gemellaire ni d'enfant conform^ dune maniere monstrueuse. Elle n'est pas mariee; mais eile rapporte que le pere des enfants dont elle vjent d'accoucher est ag^ de 30 ans , qu'il est bien portant et normalement conform^. II n'a ^galement rien de particulier dans ses ascendants. Elle a eu di^ja anterieurement deux enfants, I'un a Fiige de 22 ans et I'autre a I'age de 36 ans. Us n'ont offert aucun vice exterieur de conformation et lis sont nes viables. 316 C'estaumois d'avril 1854 qu'elle devint enceinte pour la troisieme fois ; raccouchement ayant eu lieu an mois de Janvier 1855, les produits de la con- ception sout bien a terme. Diverses particularitc^s signalerent lecours de cette derniSre grossesse. On put prevoir a certains signcs une grossesse double. Des le quatrieme mois le ventre ctait deja tres-developpe. Les troubles fonctionnels et sympathiques furent trfes-accuses. Pendant presque toute la duree des neuf mois, cette femme eprouva des vomissements ; elle eut de frequents ^toufTcments et fut obligee de se faire saigner. Les mouvements foetaux lui parurent moins mar- ques que dans ses grossesses anterieures. Vers le quatrieme mois, elle dit avoir eprouvd une vive frayeur. Revenant d'une promenade, elle apercut dans ses vetements un petit lezard, comme ceux que Ton rencontre dans les environs de Paris. Son borreur pour cette espece d'animal est extreme; aussi I'impression de ce qu'elle avail vu dura plusieurs jours. Si cette circonstance se trouve rapportee ici, c'est unique- mentpour faire la part des prejuges vulgaires; mais c'est en vain que nous chercherons a constater si parmi les vices de conformation du foetus, il n'y en a pas quelques-uns qu'on puisse rapporter a un arret de developpement datant de I'epoque de I'accident , et correspondant a I'age embryonnaire de trois mois et demi environ. Encore moins trouverons-nous chez ce foetus quel- ques particularites qui rappellent la forme d'unldzard; d'ailleurs, le premier enfant n'est-il pas bien conforme ? Du reste, cette femme n'a eu a subir aucun mauvais traitement pendant sa grossesse, et elle n'a souffert d'aucune privation. Elle est domestique de pro- fession; mais vers le cinqui^mc mois elle a et6 employee a couper des pieces de lingerie, et elle resta depuis lors habituellement assise. Parmi les causes mecaniques qu'on pourrait invoquer pour expliquer cet accouche- ment monstrucux , on ne trouverait done que le fait meme de la grossesse double. Ce fut dans la nuit du samedi27 Janvier 1855 quele travail de I'enfantemeiit commenra. Avant toute douleur, la poche des eaux se rompit; d^s lors les douleurs expullrices se precipiterent, et cette femme, amende a I'hdpital sur un brancard, vers trois heures du matin, mit presque immediatement au monde un enfant du sexe f(5rainin. Les douleurs cess^rent pendant une demi- heure ; la delivrance ne se faisait pas. On ne tarda pas a reconnaitre la pre- sence d'un second foetus, sans pouvoir determiner quelle partie s'ofTre au tou- cher : c'est une large surface convexe, lisse, sans aucune fente ni saillie, et molle ; nous vcrrons plus tard a quelle particularity de conformation il faut rapporter cette circonstance. On n'eut point I'id^e de chercber a entendre les bruits du coeur de ce foetus ; cet examen, ainsi qu'on le verra, eut 6t6 parfai- tement negatif. Au bout d'une heure environ, les douleurs reviennent plus fortes, trfes-vio- 317 lentes mfime ; I'accoucliement cependant ne paralt pas avanccr. La femme ne sent pas les mouvements d'un enfant et elle s'^crie : Cela n'est pas ordinaire. Vers cinq heures du matin, il se fait une expulsion rapidc d'une masse in- forme que recoit une inQrmiere assez effrayee. Revenue de son epouvante, celle ci ne tarde pas a distinguer dans la masse quelques parties fcetales, en- tre autres des pieds et des jambes. Elle afTirme que ce corps n'opera aucun mouvement. On fit immediatement I'ondoicment sur les parties que les per- sonnes prcsentes, etrang^res a la medecine, du resfe, reconnurent comme ayant forme humaine. Pendant ce second enfantemont, le cordon dependant du nouveau foetus, tres-court, mcmbraneux, s'etait delaclie de lui-meme a son insertion au placenta. Quelques minutes apres le delivre fut expulse. En somme, I'accouchement fut facile et heureux. II. Faits relatifs aux produits de la conception. — Le premier enfant est du sexe feminin. Son apparence est assez chelivc : c'est une sorte d'avor- ton. La mere est obligee de relrecir pour cette petile fille les bonnets qui avaient servi a I'enfant de sa seconde grossesse. II eiit et6 a ddsirer qu'on de- terrainat son poids , mais cela a v\6 impossible. Eilc n'a ele rappclee a la vie, dans les premiers moments de sa naissance, qu'avcc beaucoup de peine ; ce- pendant aujourd'hui elle se portea merveillc, elle telle bien, et n'offre d'ail- leurs aucun vice de conformation. Quant au foetus monstrueux, nous devons mainfenant nous arreter sur sa description. C'est une masse qui pese environ 1,400 grammes. Elle presente dans sa plus grande longueur 25 centimetres, dans sa partie la plus large 11 centimetres, et dans sa partie la plus epaisse 9 centimetres. On comprend par la que I'ac- coucheraent dut etre tres-facile, d'autant plus que les tissus, assez mous, se pretaient trfes-bien a toutes les deformations n^cessaires. Tout cela est assez ferme, elastique, tremblotant comme si c'^tait de la ge- latine contenue dans une vessie. En pratiquant une piqiire a I'aide d'une epin- gle, on voit sortir un liquide transparent et limpide de couleur citrine. II semble que tout pourrait s'affaisser si Ton faisait des ouvertures suffisamment larges. L'enveloppe exterieure a tous les caracteres de la peau. Elle est gcnerale- ment couverte d'un l^ger duvet, et sur certains points de polls beaucoup plus longs et plus colores ; elle est enduite de la matiere sebacee qu'on observe sur le corps de tous les nouveau-nes. Ce qu'il faut noter ici, c'est la parfaite integrite de la peau, qui temoigne que ce foetus a v^cu jusqu'au dernier mo- ment de la vie intra-ut^rine. La forme de cette masse rappelle, sans beaucoup de peine et sans qu'on y mette beaucoup de bonne volonte, une forme bumaine. L'epouvante et lepr^- juge pourraient seuls faire trouver ici une apparence fantastique. On retrouve 318 facilement des mcmbres inf^rieurs, des membres sup^rieurs, line ttMo con- fondue avec le tronc et sunnontee en arritre par I'encepliale hcrni^ ; letronc se continue avec le bassin par une sorle de relrccissement en taille de guepc ; il y a une hemic complete de la masse intestinale. Avant de pen^trer la structure interieure de cet etre et avant de recher- cher quelle est la disposition des visceres , cc qui fcra evidcmment la partie la plus inti'ressante de celte elude, nous allous repreudre Icxamen de cha- cune de ces regions en parliculier et tacher de determiner la conformation et I'existence menie des dilTerents organes qui sont normalemcnt visibles a I'extcrieur du corps de I'homme. Etude de la conformation exterieure du foetus. — a. La tele, tpi on reconnait chez un individu bien contorm^ a un renflement uni au tronc par UDe sorte de p^dicnle qui est le cou, n'est pas tr^s-bien limilee ici; on est tent6 d'abord d'en rejeter I'existence. Jlais on linit par la reconnaiire dans une espece de moignon voluaiineux, qui termine la partie la plus elcvc'e do I'axe vertical de la masse, et couronn6 d'ailleurs de polls naissants, reprdsen- tant les cbeveux. 11 semble qu'il n'y ait point de crane. A sa place, c'est-a-dire dans cette partie qui domine une face rudimentaire qu'on distingue encore assez faci- lement, se voit une pocbe membraneuse recouverle de peau exti^rieurement. Cette pocbe conlient apparemment tout reucepbale ; on voit de la matif're cd- rdbrale s'ccouler par des ouverlures accidcntelles. Des cbeveux naissants cir- conscrivent la tumeur et indiquent assez nettement, en arriere, la limife de la tete et du dos, en avant, du crane et de la face. Mais nulle part on ne sent desparoisosscuses. La face est representee ici par cctle region, situee au-dessoiis et en avaht de la masse encepbalique bernicc, ct olTrant une ouverturc centrale, circon- scrife par des sillons et des bourgeons. Cette ouverlure centrale figure une boucbe tres-reconnaissable et Umltee do la maniere suivante : En baut exisle un lobule median, symetrique, dependauco du bourgeon frontal, et continue laleralcment par des rudiments d'ailcs du nez. Ce lobule, forme de parlies molles, est suppovte parun noyau plus ferme qui reprdsente I'os incisif. 11 y a peut-etre deux os incisifs, symetriquement disposes; mais il est certain que le lobule median est formd d'une seulc pi^ce. Laleralcment sont deux aulres saiUies, qui dominent dgalemcnt I'ouver- ture buccale. Ge sont manifeslement des emanations et des traces du premier arc branchial, s'avancant pour aller se souder au lobule incisif et completer la levre superieure; seulenient ici le developpement normal s'est trouvd sus- pendu et on a un bec-de-lievre double. Ces bourgeons sont soutenus par des parties dures, qui sont les os maxillaires superieurs. Au-dessous de I'ouverture buccale, est un bourgeon plus large, median et 319 symetriquc constituatil la It'vre inft'rieure. On y decouvre les traces d'une sulurc receiUe cntre les deux nioities laterales. Des parties r^sistantes, c'est- a-dire uu os maxillaire inferieur, supportcnt celle levre. Entre le lohule incisif et les bourgeons lateraux, existe un sillon assez pro- fond, oblique en baut et en dehors, dans lequel la pcau est sans interruption. On y rcmarque I'aile du nez en voie de loimation, surmonlant une narine ouverte laigement dans la boucbe, par suite du deiaut de reunion du tuber- cule incisif et de I'os maxillaire superieur. Plus en dehors, ce sillon repre- senle le canal nasal, les paupieies et la conjonctive, sans qu'il y ait d'autres traces de Tceil et des voies lacrymales. En dehors de I'ouverlure buccale et de chaque cote, on remarque un rudi- ment d'oreille exlerne, un pen mieux accuse a droite qu'a gauche, Ce sont des sillons imperfores, traces d'union du premier arc visceral avec le se- cond. b. Le thorax pent eire represented par cette portion de la masse qui est si- tuee entre la face et la masse inteslinale herniec, et qui donne naissance la- teralement aux membres superieurs. 11 est tres-mat conforme : on ne peut dislinguer par le paliier aucune trace de parties resistantes, telles que des c6tes ou un sternum. n n'exisle iias non plus d'apparence de mamelles ; on voit seulement sur la partie anlerieure une sorte de pocbe flasque, dont les parois sont form6es par la peau, et a laquelle on ne parvient a doniier aucune signilication. c. On peut dire que I'abdomen n'existe pas en realite. Ln elruuglement trfes- etroit, commela tattle d'une guepe, separe la partie qui supporte les membres superieurs de I'extremite pelvienne. On voit au devant de ce retrecissement toute la masse des visceres abdominaux bernies et coutenus dans une gaine amniotique. On distingue tres-bien, a travers une membrane pellucide, les circonvolulions intestinales. D'apres cela, on comprend facilenient pourquoi 11 n'y a pas dabdomen, puisque son contenu babituel n'est pas venu en deter- miner la formation. d. Toute I'exlremite pelvienne est bien accus^e : c'est la partie de I'^tre qui offrele developpement lemoins anormal. Elle est separee du reste de la masse par fetiangiement en taille de guepe indique plus baut. On distingue facile- ment un bassin, des cuisses, desjambes et des pieds. .Mais on trouve encore ici des vices de conformation. Les deux pieds sont dans la situation du pied- bot varus; le pied droit ne possfede que trois orteils; le gauche en a cinq, mais les deux derniers sont tout a fait rudimentaires. e. Les membres superieurs sont moins avanct^s dans leur formation. On ne saurait reconnaiire, a I'exlcrieur, dc bras ni d"avant-bras. Ce sont de simples moignons, a large base, mesuraiit toute la hauteur du thorax presume, et ter- mines, a droite, par quatre doigts, a gauche, par un seul appendice digitiforme. Nous verrons cependant que le squelette de cette extr^mite superieurs est as- 320 sez complet et que I'^paisseur seule des parties moUes empeclie Ue biea de- limiter chacun des segments du membre. Ki aux mains ni aux pieds les ongles ne sont bien apparenls. On voit seu- lement un pli de la peau, indice de la matrice d'un ongle en voie de for- mation. f. Les parties g^nitales externes sont assez bien dessinees. On voit entre les deux cuisses, au-dessous de la masse inlestinalc berniee, deux bourrelets verticaux, symetriques, separes, en baut, par un bourgeon saillant et volu- mineux, et, en bas, par une ouverture dans laquelle on pdnStre assez profon- d^ment avec un stylet. Cette ouverture est bordee latt^ralement par des replis franges, qui figurent assez bien des petites Ifevres. En somme, I'individu dont 11 s'agit parait 6tre vraisemblablemcnt du sexe feminin. II n'existe point d'anus; il sera done tres-intercssant de voir oiis'ouvre I'in- testin et s'il y a encore des traces d'un cloaque primitif. Etude de la conformation interieure du F(*:tus. — La dissection de cet etre phenomenal est venu dcvoiler des singularitcs d'organisation encore plus reraarquables que cellcs qui etaient apparentes a I'extc^rieur. Tons les appareils organiqucs, sans exception, nous offrent a notcr des circonstances teratologlques tr6s-curieuses. Un premier fait a constater, c'est que I'incision du tegument exterieur de- montre ce qu'on avail pr^vu a I'avance : le volume de ce fa'tus etait plus ap- parent que rdel. En effet, un tissu ccllulairc, inliUro do serosito, doublait la peau en coucbe tres-epaisse ; sur certains points meme, on trouve des ca- vit^s closes, remplies d'une sdrosite transparente : ce sont dcv^ritables hy- dropisies enkystees du tissu sous-cutanc. La tele , r^duile a son sqnelette, ne represente plus que le tiers du volume qu'ellc avail auparavant ; il en est de memo pour le reste du corps. Ainsi disparait en partie la discordance qui sembleexister entre le developpement imparfait des differents organes ext6- rieurs et le volume general de la masse. iNous aliens maintenant proc(5der a I'examen des divers appareils organi- ques, en commencant par I'appareil locomoteur. Squelettc. — Lc squelette est incomplet et dcforni(5 sur bien des points. D'abord I'axe central du tronc, c'cst-;i-dire la colonne vertebrale, manque completcment. On pent dire meme qu'il n'y a pas de tronc. Tout se reduit ici a deux masses extremes, reunies par un etranglcmcnt, court et etroit, figu- rant le tliorax et I'abdomen : I'une est rextr^mit(5 c(!'pbalique, a laquelle se rattacbent les membres superieurs; I'autre est I'cxtremit • pelvicnnc avec les membres abdominaux. Nous aurons encore plus d'une fois roccasion de re- venir sur cette maniere d'envisager lc groupement des parties du foetus. Le crane, qu'on croyait au premier abord ne pas exister, est singuli^re- roent deform^.il n'cst aucunement sym^trique. On retrouve un frontal, deux pari(5taux et deuxtcmporaus; Toccipital, divise sur la ligne m^diane, offre en arri^re une large ouverture par laquelle s'est faite la hernia de I'encephale. La cavity cranienne est trfes-petite relativement. A la face, on constate I'existence de deux maxillaires superieurs, de deux tubercules incisifs et d'un inaxillaire inferieur. L'appaveil hyoidien parait tr^s-d^veloppc , mais 11 est entl^rement carllla- gincux. Pour les meinbres superieurs, on trouve: une omoplate, une clavicule, un humerus ; 11 n'y a qu'un seul os a I'avant-bras ; enfln, 11 y a des melacarpiens et des phalanges en nombre 6gal a celui des doigts, c'est-a-dlre quatre pour le membre droit et uu seul pour le niembi'e gauche. U n'y a nl sternum ni coles; en un mot, le thorax osseux n'existe pas. Nous yerrons qu'il n'cst pas possible d'admettre I'existence d'une cavite thoracique quelconque , puisque nous ne trouverons aucun des "visceres que cette cavite serait destintie a recevoir. Four les membres inferieurs, il y a : deux os coxaux articul^s entre eus en arriere, par suite de I'absence du sacrum, un femur, deux os a la jambe, une rolulc cartilagineuse, et, autant qu'il a ete possible de s'en assurer, la plu- part des parties osseuses qui composent le pied , sauf a droite oil il n'y a que trois orteils. L'ossiflcation etait assez avancee. La diaphyse des os longs est compl(5te- ment osseuse; les os larges du crane et du bassin sont egalement os- sifies. Systeme musculaire. — Le systeme musculaii'e est peu ddveloppe. C'est a peine si Ton trouve, sous I'epaisse couche detissu cellulaire infiltre, quelques faisceaux d'un blanc rose, ayant I'apparence des muscles tels quils sont chez le foetus et appliques centre les os longs des membres. Systeme nerieux. — Le systeme nerveux n'a olTert a I'examen que des r(5- sidtats tres-insullisants, surtout dans sa partie centrale. La cavite cranienne, retrecie ainsi que nous I'avons dit, et lapoche membraneuse qui la conlinuait en arriere, ctaient remplies de substance nerveuse ditlluente, dans laquelle il a ^te tout a fait impossible de determiner les differentes parties des centres nerveux. On pent toutefois penser que I'encephale offraitune disposition tres- simple, si Ton salt que les principaux organes des sens sont absents et que la partie p^riph^rique du systeme se reduit a cinq ou six troncs impor- tants. La moelle epini^re n'existait sans doute pas. En effet, 11 n'y a aucune trace de colonne vertebrate, etles troncs nerveux venaient tons aboutirala base du crane en se perdant dans la masse encephalique herniee. La partie peripherique de ce systeme est reduite a sa plus simple expres- sion ; une branche principale correspond a chacun des quatre membres et se termine d'autre part dechaquec6tedu large hiatus, qui laisse beante en ar- MEM. -21 322 rifere la cavity cranienne. On reconnait encore assez iacilement deux nerfs pneumo-gastriques qui viennent s'accoler a I'oesophage. Les diverses membranes de I'enctipliale sont toutes bien apparentes. EUes entrent dans la constitution des parois de la poche extra-criinienne. II est tr6s-vraisemblal)le que toute cette cavite, tr6s-grande du reste, n' entail pas remplie seulemcnt de maliferenerveuse, et qu'il y avail une hydropisie cere- trale : I'etat iuIilti-(5 gtSueral du sujet permct de le supposer. Mais la poche s'dtant ouverte pendant raccouchement, il n'a pas 6t6 possible de s'en as- surer. Organes des sens. — En incisant le sillon oculo-nasal, dans lequel nous sa- vons que lapeau 6tait sans interruption, onne trouve point de globe oculaire. On ne voit qu'une sorte de faisceau liganienteux, qui vient d'une part s'unir a la peau, recouvcrte en ce point de poils colores qui ligurent des oils, et s'enfonce d'autre part dans une cavite orbitaire tr^s-petite. 11 est incertain si ce faisceau ctait en continuite avec le ceutre nerveux et s'il represente le nerf optique. On remarquera les petites dimensions de la cavite orbitaire : ce qui conlraste avec ce qu'ou voit d'habitude chez le foetus, et ce qui est en rapport avec I'absence du globe oculaire- On ne Irouve d'autres traces de I'appareil auditif que le sillon que nous avons signal^ a lexterieui', et qui, du reste, etait imperforii. Les fosses nasales sont trfes-apparentes , mais elles sont tr6s-incompl6te- ment limitees du cote de la bouche , avec laquelle elles communiquent lar- gement. En arri(ire, il existe sur la ligne m(idiane uue division du voile du palais et de la voute palatine ; cette division se bifurque en avant et vient se confondre avec le sillon de separation du lobule incisif et des parlies lat6- rales de la Ifevre superieure : dans sa lolalile, elle affecle la forme d'un y. Inferieuremenl , sur le plancher de la cavite buccale, se veil un petit bour- geon representanl parfailement la forme de la langue. 11 est lout a fait retire en arri^re ; ou pour mieux dire, il semble que la langue, dans sou d(5velop- pement, s'avanrait d'arri^re en avanl en ^manaut de I'appareil hyoidieu. Ici elle est bien dc^tachee des parties environnantes ; elle ne lienl que par sa base, en offrant ses points d'insertion ordinaires. Ce fait serait en disaccord avec I'opinion qui fail de la langue une sorte de production par bourgeonne- ment du plancher de la bouche, en sorte que, primilivemenl, elle serait sou- d^e a celui-ci par sa face inf^rieure; elle ne se d(5tacherail en partie que plus lard. II semble plus naturel d'admettre, en se basant sur le fail precedent, que la langue est une (Emanation de I'appareil hyoKdien , c'est-a-dire du se- cond arc visceral , s'avancanl d'arri^re en avanl vers la cavit(i buccale , en passant an devanl de I'epiglolte el du pharynx. ^pparet7s gaslro-pulmonaire et genito-urinaire. — Tons les visc6res lliora- ciques, abdominaux et pelviens, en un mot toutes les d^peadances du feuillet miiqneux de la v6sicule blastodennique , doivent 6tre (5tudi6s ici sous le 323 meme litre, par suite d'une disposition Ir^s-curieuse que nous alions d^crire. L'appareil digestif, redult a sa plus simple expression, peutiMre repre- sente , chez la plupart des animaux , comme un tul^e (itendu de la bouclie a I'anus , ouvert a ses deux extremit^s et partout continu avec lui-meme. Ici s'olFre une anomalie tres-singuli6re : le tube digestif se compose de deux portions distinctes et parfailemeut independantes I'une de I'aulrc. L'un des segments, qui correspond a I'extremite ceplialique de I'individu, s'ouvre en haul dans un vestibule qui repr^sente le pharynx , et se termine inferieure- ment par un cul-de-sac parfaitement clos. Le second segment , on partie pel- vienne du tube intestinal , ouvert en bas dans une sorte de cloaque , se ter- mine a I'autre bout par une extr^mite libre et imperforee. Ces deux divisions du tube digestif etaient pelotonnees sur elles-m6mes et formaient deux masses distinctes dans le sac amniotique qui les conlenait : Tune ^tait a droile, c'etait la portion ceplialique ; I'autre a gauche, c elait la portion pel- vienne. 1° Le segment c^phalique pent se subdivlser en trois parties : une partie tracheo-oesophagienne , une partie stoniacale et une partie glaudulo-inlesti- nale. Cette division 6tait toute naturelle, comme on va le voir. La premiere partie, ou tracheo-u^sophagienne , ouverte en haut dans le pharynx, venait deboucher d'autre part dans une cavite membraneuse qui ligurait evidemment I'estomac. L'etude de l'appareil respiratoire devrait se rattacher a celle du canal a^sophagien ; or I'existence des differents organes qui composent cet appareil est assez problematique. Deux petites masses rougealres et vasculaires , situees sur les parties latcrales de I'ojsophage , peuvent repr^senter les poumons; mais on ne voit ni larynx ni trach^e. Cependanl il faut dire que I'cesophage presentait dans la moiti^ anterieure de ses parois des noyaux cartilagineux , qui se prolongeaient jusqu'au niveau de I'estomac ; en sorte que , r^ellement , cette premiere partie du tube diges- tif flgurait bien mieux une Irach^e qu'un oesophage ; seulement, elle venait s'ouvrir dans lestomac. Au devant du conduit, on remarque un corps de couleur rosee, assez volu- mineux , c'est sans doute le thymus. La seconde partie du segment c^phalique, ou partie stomacale, repr^sente tr^s-bien un estomac. Elle faisait partie de la masse contenue dans I'amnios. Ouvert largement en haut dans le conduit tracheo-oesophagien , il n'est pas eu continuite inferieurement avec I'intestin ; une sorte de cordon ligameu- teux I'uuit a ce canal. Nous avons nomm6 la troisi^me partie du segment ct^phalique partie glandulo-intestinale. En effet, nous voyons d'abord un long tube memlira- neux, qui ofTre a pen pri^s quatre fois la hauteur du corps du foetus; il est rempli de meconium ; nous savons qu'il se termine inferieurement en cul- de-sac, et qu'en haul il nest pas eu continuitc avec l"estomae. Autour du cor- don liganienteux qui I'unit a ce visci^re , est une masse glandiilaire dans la- quelle on pent d^meler deux sortes d'appareils si^cr^teurs : I'un , ferine de petites granulations rouges qui s'isolent aisement, semble repr6senter le foie ; mais cet organe ofTre vcritablement un developpement bien imparfait ; .I'autre, formant un corps bien limite, de couleur grisatre, est sans doute le pancreas. Rien ici ne pent tlgurer la rate. 2° Le segment pclvicn du canal intestinal parait comprendre tpute I'eten- due du gros intestin, tandis que I'intestin grele serait represente par la par- tie glandulo-intestinale du segment ccpbalique. Sa longueur est environ moiti6 moins considerable. 11 est egalcment rempli de UK^'conium. 11 finit puperieurement par un cul-de-sac, pri's duquel s'observe ime sorte de diver- ticulum, ce qui figure assez bien un coecum et sou appendice. InKrieure- ment, il s'ouvre dans une cavite que nous verrons etre un veritable cloaque. De m6me que nous avons raltacbe a la portion ceplialique de I'appareil digestif la description de i'appareil respiratoire , de meme nous devons nous occuper maintenaut des organes genito-urinaires. Or cette elude se trouve ici singulierement simpliliee : on ue trouve aucuue trace des reins ni des organes g^nitaux internes ; la recherche des parlies qui pourraient flgurer . les corps de Wolff et les capsules surrenales a ete 6galement vainc. Yoici la disposition que nous Irouvons dans le cas actuel : 11 existe un veritable cloaque dans lequel s'ouvre la partie pelvienne de I'intestin. Ce cloaque , d'autrepart, a uu orifice exlMeur entre les petites 16vres de la vulve. Dans cette meme cavite aboulit uu autre canal situe au devant de rinteslin; ce conduit, qui est renfle iuferieurement pour ligurer Ja vessie , u'est autre chose que I'ouraque , allant se perdre d' autre part dans rint^rienr de la gaine amniotique du cordon. II n'a pas 6te possible d'en pre- ciser la terminaison. Avant d'aller plus loin dans noire description , nous devons nous arreter un moment sur la disposition singuliere qui vient d'etre signalee. L'inde- pendance complete de deux segments du lube digestif, qui sent, d'apres tons les embryologisles, en coutinuilc a toutes les epoques du developpement, est un fait qui a bien lieu de surprcndre au premier abord. Si Ton fait deriver toute la portion sous-diaphragmatiqne de I'appareil digestif du feuillet mu- .qucux de la v^sicule blastoderm ique , le developpement ne doit s'operer que par un seul segment. D'aulre part, la vesicule allantolde naissant de la por- tion caudale de I'intestin dd'yd iormi pour alter donner naissance a la vessie, a I'ouraque et au chorion , il doit y avoir primilivement continuite entre toutes ces parlies. Or ici la segmentation est complete : d'un c0t6 on voit toute la portion du tube digestif qui correspond cxactement au gros intestin; de I'autre, celle qui figure I'intestin grele en connexion avec I'eslomac, mais sans continuite de canal avec liii. Faiulrait-il voir dans cq cas, ainsi que M. Blot I'a fait observer dans uae seance de la Societe de biologic , luic de- gradation dans la marche de la formation du tube digestif : I'intestin grfile est separe inconipl6tement de restomac ; un cordon ligamenteux repr^sente I'ancienne continuite; mais entre rintestin grele et lo gros intestin, la s pa- ration est pins avanct^e, elle est complete. Une autre opinion plus probable se presente ici. Qu'il nous soil permis de I'avancer, en i'aisant toutes les res- trictions que M. Verneuil, dans la memo seance de la Societc de biologie, nous a engage a admettre. On n'a pas encore tr6s-bien determine quelles sont les relations exactes qui existent primilivement entre la vesicule allantol'de et la portion d'intestin deja formee par le feuillet nuiqucux de la vesicule blastodermique. Peut-etrc, au debut du developpenient, ces deux parties sont-elles independantes. Alors on pourrait dire qu'a la vesicule ombilicale serait devolue la formation de rinleslin grele et de la masse glandulaire qui entoure sou origine. A la vesicule allauto'ide serait nittachrc la formation de la partie inferieure du tube digestif ou gros intestin, ainsi que les organes genito-urinaires. L'ind^pendance primitive serait remplacee au bout de trfes- peu de temps par une soudure complete , qui a manque dans le cas que nous etudions; en memo temps s'opererait I'isolement des organes genito-uri- naires et du gros intestin. D'apres cela, la maniere d'envisager le syst^me muqueux, comme le faisait Bicbal , devralt etre un pen modifiec. Le gros intestin elablirait primitivement des i-elations entre le systemc de la uiu- queuse gastro-pulmonaire et celui de la muqueuse genito-urinaire , comme cela est bien connn du reste ; mais il emanerait plus parliculierement de cette derniere. Quant au segment ct^phalique du tube digestif, il se developpe dans un blas- teme parficulier : I'estomac, I'ujsopliage et I'appareil respiratoire appartieu- nent a cette formation. Nous assistons . pour ainsi diie, cbez notre fa'lus monstrueux, au moment oil la continuite allait s'etablir entre Fcstomac et I'intestin grele, I'union tHant deja commencee a I'aide du cordon liga- menteux, autour duquel se groupait I'appareil glandulaire annexe au duo- denum. Ainsi done, on pourrait admettre trois grands segments pour la formation du tube digestif : 1° un segment superieur ou cephalique, se d(}veloppant dans la fovea cardiaca, comprenant I'estomac et TcEsophage, et correspoudanta I'ap- pareil respiratoire; 2° un segment moyen ou ombilical, comprenant rintestin grele ainsi que son volumineux appareil glandulaire , et correspondant a la vesicule ombilicale ; 3° enfin un segment inferieur ou allanto'idien, constituant tout le gros intestin et correspondant a I'allantoide. Appareil circulatoire. L'organe central de la circulation manque enti^rement. 0[i ne trouve aucune trace du cocur. Le systeme arteriel estrepresentc par un canal median, situe en arriere de la masse intestinale et figurant I'aorte. Ce tronc, assez court du reste, se bi- 316 furqiie en liaut, pour aller se distribuer a la t^te et aux membres supe^rieurs ; et en bas, ponr se rendre aux membres inft^rieurs, en fournissant en outre des branches pelviennes.Du tronc central lui-meme naissait, a gauche, unebranche volumineuse qui s'engageait dans le cordon et se dirigeait vers le placenta. Une autre branche plus petite, disposee parall^lement a la pr^cMente, suiTait le meme trajet. Le systeme veineux n'est pas moins simple dans sa disposition g^n^rale. Inferieurement deux grosses branches, fornixes par la roHmion des veines des membres inferieurs et dubassin, allaient se scuniren un seul tronc. II existait 6galement un tronc sup^rieur coiistitu(5 d'une mani^re analogue. Les deux troncs veineux se dirigeaient ensuite vers le cordon, en passant sur la partie laterale droite de I'intestin, et allaient aboutir au placenta. II n'a pas ^\6 pos- sible de reconnaitre si ces deux troncs ne se rtJunissaient pas avant de se ra- mifier dans le placenta. n ^tait, du reste, tri^s-^vident que les ramifications art^rielles et veineuses principales s'ouvraient dans les grosses ramifications eorrespondantes des vaisseaux ombilicaux du foetus bien conform^, de mani^re qu'elles n'en ^taient en quelque sorte que des embranchements. Jusqu'a un certain point done ce monstre est un parasitaire. Tl reste toutefois un sujet d'incertitude quant a la nature du sang qu'il recevait. Quel sens suivait le courant sanguin? Quelques branches des vaisseaux du foetus monstrueux ne se ramiflaient-elles pas isol^ment dans le placenta, de maniere a constituer une circujation en partie ind^pendante dc celle de I'autre foetus? Tons ces points ne pouvaient ^tre ^claircis que par rinjection; or I'injection a 6t6 impossible. Cetappareil vasculnire figure bien mieux celui de la premiere circulation, ou circulation omphalo-mesenti^rifpae , que celui de la circulation allanto'i- dienne ou placentaire. II semble que les productions vasculaires de la v^sicule allantoide aient avorte. Faudrait-il done admettre alors que les vaisseaux omphalo-m^sentericpies du foetus monstrueux sont venus s'aboucher avec les vaisseaux ombilicaux du fcetus bien conform^, dans I'epaisseur meme du placenta ? On pent voir, d'apr&s la description qui precede, combien cettemonstruosit^ est complexe ; elle pent evidemment figurer parmi les plus remarquables qiji se soient offertes a I'observation. Aussi, avant de terminer, il nous semble ne- cessaire de dresser un tableau r^sum6 des principaux vices de conformation que nous avons constati's. A I'ext^rieur nous trouvons : Une encephalocele complete, avec hydroccphale tr&s-probablement ; Un bec-de-li6vre double et trSs-compliqu^ ; L'absence des yeux et de I'oreille externe : Une hernie ombilicale , congenitalo , contenant lous les visc^res ab- dominaux ; 327 Une imperforation de I'anus ; Un pied-bot varus double ; Ouafre doigts a la main droite , un seul a la main gauche; Trois orteils au pied droit, etc., etc. Par la dissection, nous constatons : Une anasarque g^n^rale et des hydropisies enliystees ; L'absence de la colonne vertebrate ; L'absence de la moelle ^pini^re; Un syst^me nervenx trfes-simplifl^ ; Une division en V de la voftte palatine et du voile du palais ; La separation du tube digestif en deux segments ; Des poumons a peine indiqu^s ; Un foie r^duit a quelques granulations ; L'absence de la rate; La persistance du cloaque ; L'absence des reins et des organes genitaux internes; La permeability de I'ouraque; Un appareil vasculaire trSs-simple, figurant celui de la vesicule ombi- licale ; L'absence du coeur, etc., etc. Si nous adoptons ici la doctrine teratologique de I'arret du developpement, ce que nous faisons avec une conviction a pen pr^s complete , nous voyons que toufes ces anomalies peuvent efre rapportees a une periode assez res- treinte dela vie infra-utorine. Sans doute, nous frouvons ici une disposition maladive du sujet, surtout dans I'etat bydropique de la masse tout entiere; nous ne voulons pas nier qii'une cause morbide quelconque, mecanique ou dynamique, ait preside a la formation de cet etre phenomenal; mals elle n'a nui qu'a son developpement; elle a laisse persister jusqu'au dernier jour de la vie intra-uterine des etats transitoires de revolution embryonnaire. L'ac- croissement en masse et en volume ne s'est pas trouve aussi profondement entrave ; anssi beaucoup de ces anomalies ont-elles ete ampliflees et sont-elles devenues tres-faciles a constater. S'il est permis de formuler d'une mani^re plus precise Tcpoque de la vie embryonnaire a laquelle on pourrait raftacher Tarret general du developpement , nous dirions que c'est a la periode de la circulation omphalo-mesenterique , c'est-a-dire aux premiers instants de re- volution, alors que la nutrition s'opere sous I'influence de la vesicule ombili- cale. Aussi avons-nous fait remarquer que I'appareil circulatoire representait assez bien celui qui correspond a la periode dont nous parlons. L'Stre qui devait resulter d'un pareil mode de nutrition ne pouvait evidem- ment pas vivre par lui-meme. Cetait une sorte de parasite greffe sur le pla- centa appartenant a I'autre fa?tus. Tons les organes qui rendent la vie de Tin- dividu iudepeiidaute de celui qui la produit auiil abseuls. Ce muustie a vucu jusqu'a la dernifere heure de la vie intra-ut^rine, ainsi que I'atteste la parfaite int^grite de la peau, qui a conserve sa couleur ct sa demi-lransparence; mais il est mort des qu'il a ccss6 de pouvoir vegeter aux dcpens d'uu organisme ^trauger au sien. Si maintenaut nous cherchons a faire rentrer cet etre dans les classifications t^ratologiques, nous trouvons que c'est un parace'phalien omphalosite unitaire (1" famille de I'ordre 11, classe 1''). En effet, 11 a tous les caracleres qu'indique M. Isidore GeofTroy-Saint-Hilaire pour cette varit^te de monstres : corps qui s'^carte, dans beaucoup de regions, de la symetrie normale ; membres qui sont imparfaits, soit dans leurs foi'uies ou leurs proportions , soil dans le nombre des doigls qui les terminent ; une grandc partie des visceres thora- ciques ou abdominaux manque; enfln la tete est aussi tr6s-iniparfaite, mais apparente a I'exlerieur. Ea outre, ces monstres appartienuent ordinairement a une grossesse gemellaire, et I'autre ftetus est bleu conforme. iN'est-cc pas la le portrait fldtle du sujet de notre observation? 111. Faits relatifs aux annexes. — Le delivrepese, dans sa totalite, 400 a 500 grammes. Son volume est a peine, aussi, celui du d^livred'une grossesse simple. Nous avons a present a determiner chacun de ses ^l^ments et leur nombre, puisqu'il y a deux ttetus ; enfln leurs rapports avec ceux-ci. II y a deux cordons ombilicaux tres-im^galement d6veloppes. Celui de I'en- fant viable a une longueur moyenne et un calibre normal ; il aboutit au centre de la masse du placenta. Ouant a Fautrc cordon, il est d'une extreme brievete (4 ou 5 ceutim.). Sa forme est membraneuse plutot que funiculaire. Au moment de I'accoucbement, il s'est rorapu au niveau de son insertion sur le placenta , et il est reste attache au fa'fus correspondant. ^ious avons vu qu'il couleuait toute la masse intestinale enveloppee daus un dedoublement de I'amnios. Son insertion au placenta etait tres-remarcpiable. On voyait facilcmcnt I'anuiios se reflecbir du cordon sur la face foitalc du placenta; puis il semblait que les Taisseaux ombilicaux n'claient que des embranchcmenis do ccux de I'autre foetus. Eu effet , en ce point , les dciix cordons etaicnt tres-rapproches ; ils n'etaient separcs que par la cloisou ipie constituaiont les deux amnios adosses. 11 existe en effet deux amnios, ainsi (juil est facile de le constater. La ca- vite de I'un est beaucoup plus considerable que celle de Taulre. On retrouve la cloison d'adossemeut et la ligne dc reflexion dans I'intervalle de I'insertion des deux cordons. L'amnios du fojtus monstrueux est crible de granulations analogues a celles qu'on trouve sur les membranes s^reuses dans uue certaine forme de leurs maladies. Ces granulations miliaires sont formces, au micro- scope, de corpuscules nombreux et petits, clans cii leur ceulre, sonibrcs sur 32y les bords, biea uiruudis , et unites du mouvement browniea. Ces alterations portent aussi siir la gaine amniotique du cordon. Le chorion est unique et commuu aux deux enfants. II n'exisle aussi qu'un seul placenta. 11 a tout a fait I'apparence d'un pla- centa d'une grossesse simple ; il est arrondi , et pr^sente des dimensions moyennes. 11 otTre, du cote de la face foetale, des plaques blancliatres assez epaisses, indcpendantes de I'amnios et formees de matiere plastique. Du cote de la face uterine, on trouve egalenient, sur certains points de ces masses blanches, et sur une parlie limit^e une infiltration sanguine r^cente. Enfin on ne volt qn'une seule caduque. Les circonslances les plus notables de ce qui est relatif aux annexes sont : I'existence d'un seul chorion, et par consequent d'un seul placenta, fait qui vieiit a I'appui de Topinion (juc nous avons emise au sujet de I'avortement des productions vasculaires de I'allanto'ide du foetus monstrueux, et les alte- rations pathologiques de I'amnios du foetus vicieusement conforme, ainsi que du placenta commun. FIN DES MEMOIRES. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. ^^ Fig. a. — surun chatmonstrueux; par m. vulpian. (Coniptes rendus, page 113.) a nerf optique; — b corps pituitaiie; — c nerf interne de la troisi'eme paire; — d ner de la sixifeme paire; — e corps celluleux auquel viennent se rendre de chaque cote les nerfs internes de la troisieme paire. — A. {Jig. 2) Commissures forme's par les deux pe'doncules ce- rebraux internes reunis. Fig. B. — sur la coloration de la mer de Madagascar; PAR M. COQUEREL. (Memoires, page 103.) Fig. 1. — Trichodesmium Monlagnii dans son plus grand tStat d'int^grite; malheureusement la de'composition du ve'g^tal est si rapide qu'il est rare d'en trouver de parfaite- raent intacts; aussi, quoique j'en aie examine des centaines dans ce but, je ne sais si la reunion des filaments est complete a I'extr^rait^, mais je pense que cette disposition existe a I'etat normal. Fig. 2. — Filaments non encore altercs mais eommenfant a se siSparer. (Ces deux figures sont dessine's au grossissement de 50 diameti'es du microscope de Nachet.) Fig. 3. — Filaments isole's dessine's "a un grossissement de 500 diamctres; — a filament non encore alte'rii montrant les cellules transparentes b remplies de granulations vertcs c\ — d filaments commengant a s'alte'ier et laissant echapper les granu- tions c; — / globules d'une substance liquide paraissant de nature grasse et provcnant de la decomposition des granules et des cellules. Fig. 4. — Commencement dela de'composition g^nerale : le faisceau as'aplatit, les filaments b se sdparent, les cellules se detachent et I'eau environnante commence a pren- dre une teinte rose. (Figure dessinee a 200 diamfetres ) Fig. G. — SUR une tumeur singuliere de l'aigle-bar ; par m. davaine. (Comptes rendus, page 141.) 1. Apparence ordinaire des ovules contemis dans la tumeur. — 2. Plusieurs ovules reunis par une enveloppe secondaire. — 3. Embryons rendus apparents par I'acide sulfurique. — a L'un de ces embryons isole'. — b Opercule. On distingue des crochets cbez plusieurs de ces embryons. Toutes ces figures sont au grossissement de 340 fois. — 4. 2 ovules avec leurs em- bryons grossis 540 fois. M. Van Be>ede\, qui assistait a la seance de la Societc de biologic dans laquelle je presentai la tumeur de l'aigle-bar, annonca qu'il avail observe plu- sieurs fois, chez le.s memes poissons, des tumeurs semblables, et qu'il elait arrive au meme resultat que moi sur leur delermination. Mais, plus heureux, M. Van Be.neden avail pu voir vivant rhelminthe qui y laisse ses oeufs et I'i- soler avec des soins infinis. Cc savant observateur n'a point determine I'ordre auquel appartient cet hel- minthe, qui semble, a-t-il dit, tenir des nematoldes et des trematodes. II est aregretter queM. Van Beneden n'ait pas encore public les interessantes ob- servations qu'il a faitcs sur ce sujet. Fig. D. — SUR des ureolaires parasites dans la vessie urinaire DES TRITONS ; PAR M. DAVAINE. (Comptes rendus, page 170.) 1. Urceolaire vue par sa base, c'est-a-dire comme on la voit dans sa position naturelle, grossie 340 fois. — 2. Esquisse d'une urce'olaire vue de profil. — a S^rie de cils disposes en spirale. — b bouche (grossissement 540 fois*. — 3. Autre urceolaire vue de profll, grossie 2O0 fois. — 4. Urccfolaire morte et endosmose'e, grossie 200 fois. — 5. Urce'olaire se reprodui- snnt par fssiparile, grossie 200 fois. — 6. Disque basilaire isol^, grossi 540 fois. — 7. Por- tion dc ce disque grossie 700 fois. PL.l. J iS ^..:l^^ HI \€f %' dessine ;p3r h B'' Savaine hip leaeraerTsns litJi psrleveJIe PLANCHE II. RECHERCHES SUR LES VERS DES VAISSEAUX PULMONAIRES ET DES BRONCHES CHEZ LE MARSOUIN; PAR M. DAVAINE. (Comples rendus, page 117.) Fig. a. — Vers des bronches. — 1. Male, grandeur naturelle. — 3. Femelle, grandeur naturelle. — 3. Ver tel qu'on le voitrepU^ sous la plfevre. — 4. Tete du male (grossissement de 40 fois). — 5. Extremite caudale du meme, les deux specules saillants (merae grossissement). — 6. Extre'mit^ caudale du male, traitee par la potasse caustique, pour faire voir les deux spi- cules rentre's (grossissement 100 io\a^. — 7. Tete de la femelle grossie 100 fois. Les tegu- ments ont une apparence frangee. — 8. Tete endosmosee. On voit en arri'ere le tube muscu- laire et en avant sa trace laiss^e sur les te'guments. En avant, sur la ligne me'diane, une fibre longitudinale qu'on pourrait prendre pour un nerf i grossissement 40 fois). — 9. Termi- naison ant^rieure de cette fibre longitudinale grossie 540 fois. — 10. E.^tr^mit^ caudale de la femelle, anus presque terminal, vulve en avant de I'anus, t^ u -^' ~>Jl^^SaSS&^ ^1 ^:S2^ V De^ssne jar k I) ' Vavame Tng) Lemeraer^ P.ii'is Itthpai Lewille PLANCHE m. SUR UN MONSTRE MYLACEPHALIEN DE MOUTON ; PAR M. ROlIfiET. (Memoires, page 267.) La figure 1 rppresente I'asppct exterienr du niylacephalien avant la dissection. On a indiqiie par line esijiiisse lineaire la position qii'occiipe le sqiielette rudimentaire. La figure 2 (a gaviche de la planche) montre la face anterieiire du membra inferieur, le p6nis et les cavites abdominales et scrotales ouvertes. La figure 3 represente la face posterieure du membre rudimentaire, la cavite du bassin et la face posterieure de la cavite abdominale avec le centre nervp\;i. INDICATION DES LETTRES. A Epine et Crete iliaque. B Branche ischio-pubienne. C Femur. D Tibia. E Piece vertebralp. = F Le cordon omhilical avec la vesicule allantoHienne. G Gland du penis a demi recouvert par le prepuce. H Bourses scrotales. 1 Filament nretral se detachant du fond de la vessie urinaire, qui communique par nn long pedicule ^l'ou^aque^ avec une petite vesicule (.illantoide). J Masse fibre- vasciilaire, siir laquelle vienneiit se tiTminer les filets radiculaires des nerfs. K Plexus lombo-sacre commun avec trois nerfs: crural-genital (dorsal de la verge) et sciatiqiie. VIM. ' m (/^sraS- '' ■^t^.'= -D apres nature par Leveille imp Umcmer^Paris MEM. •)') PLANCHE IV. NEYROME DU PLEXUS SOLAIRE; PAR M. CH. ROBIN. Les fig. 1 , 2 et 3 repr^sentent I'asppct et la structure d'un ne'vrorae du plexus solaire, trouv^ sur le cadavre d'un liomme de 45 ans, mort de pleur^sie suppiire'e et n'ayant jamais sonffert du cot^ del' abdomen. 11 avail seuleujent ressenti depuis plusieurs mois une sensation de barre transversale au niveau du creuj de I'estomac. (Ch. Robin.) Fig. I. — Ndvrorae tu par sa face post^rieure demi- grandeur. A. L'aorte. P. Le pancreas. I. Intestin duodenum. 1. Cordon flexueui mettant en communication une masse (4) avec lapartie prin- cipale (2 et 3j de la tumeur. Fig. n. — Face anterieure de la tumeur demi-grandeur ; elle est, comme la precedente, remarquable par Taspect intestiniforme des cordons ilexneiu, ramilie's et ana- stomoses par les reuflements principaui correspoudants aux ganglions. Les ra- mifications qui en partaient conservaient encore la disposition propre aui branches correspondantes a I'elat normal. Le vidume de ces cordons varie en volume depuis celui d'une plume de corbeau jusqu'a i centimetre d'epaisseur et plus. Les cordons llexueux etaient grisati-es, demi-transparents, nn peu g4- latiniformes au centre, qui est moin ferme, moins resistant (jiie la surface. La plus grande partie du tissu des cordons replies, ramifies et anastomoses est composee de tissu cellulaire accompagne d'une petite quantite de matiere amorphe, a peine granuleuse, plus abondaute au centre qu'a la peripberie. Fig. III. — Elle represente les elements nerveux qu'on trouvalt au centre de chaque cor- don; ils conservent la disposition et la quantite normales. Dans les masses correspondantes aux ganglions existaient des cellules ganglionnaires sembla- bles aussi aux cellules normales. ab. Tubes minces un peu variqueux, ploughs et epars dans des /ires de Re- mak , relativement trfes-abondantes , pales , it peine granuleuses (cd), pourvues de noyaui allonges nombreux (c). VOMISSEMENTS D UNE MATIERE PRESENTANT UNE COLORATION >'ERT-POJIME ET CONTENANT DE NOMBREUX CRISTAUX DE TAURINE ; par MM. CHARCOT et Robin. (Gomptes rendus, page 89). Fia.rV. — aJ.Prismes kbase carr(?e, & sommet en pyramide, representant les formes cris- tallines les plus nombreuses contenues dans la matiere vomie. cd. Lames cristallines heiagonales, plus grandes que les prismes, mais peu nom- breuses. La surface de tous les cristaux etait un peu rugueuse. e. Cristaoi lamelleui heiagonaui obtenus de la solution des cristaux precedent! dans I'acide sulfurique. PI. TV R^. 3 >; |t||f -'!■ y^' In ' \ I .imi \ Wm mm ■ /I 1^5 1 '^ ^jj^^jgl^gjgggflB>-~^ Eg. :1 J I j ' ^ Dessjne el htiipar Leveille Imp Lemercicr, Psris PLANCHE V. PHYSIOLOGIE DU COEUR. MOUVEMENTS ABSOLUS ET RELATIFS ; PAR M. HIFFELSHEIM. (Memoires, page 273.) Fig. 1, — C Cceur simple yentriculaire en caoutchouc et OR aorte. On voit la poche dis- posde pour etre cliarg^e. FiQ. 2. — C Poche cardiaque. DL Dy nanometre et JK son supjiort. PI Ressort et TS son support. GL Pinceau marquant les excursions sur VX plaque de verre noircie. OQ Aorte soutenue par la colonne Q et le support TO. MN Manometre flxe' sur le bloc de bois AB. Fl&. 3. — Coupe du coeur droit et gauche montrant le croisement des axes art($riels. BG repre'sente le ventricule droit. AG le ventricule gauche. Les lignes des deux forces sont proportionnelles a IV- paisseur des parois. La diagonale OC du parallflogramme peut passer en des points tres-varie's suivant la direction des axes art&iels, et Vintensitc re- lative des deux forces; le coeur droit ayant 0,10, le gauche 0,30; la diago- nale a 0,32, repre'sentant I'intensit^ des forces combin^es des deux ventri- cnles. PLV l.eveiUe del ad nat Imp Leinercicr,Fsn PLANCHE VI. Fig. I. — HERNIE INGUINALE DONT LE SAC INTERIEUR NE RENFERMAIT QU'UNE PARTIE DE LA CIRCONFERENCE DE L'INTESTIN GRELE; PAR M. A. LAROUL- REXE. {Memoires, page 291.) Cette figure reprdsente I'intcstin hernid, avec le sac inh-a-ahdominal et ses rapports. L'anse herniee n'est renfenn^e dans le sac que dans une portion de sa circonference, et sur la pifece deposee au mus^c Dupuytren on volt tres-bien cette disposition en regardant en haut et un peu en arrierc. A. Partie supe'rieare de rintestin grele. B. La portion liernide. C. Partie infe'rieure de I'intestin grele tire'e par une e'rigne. DD. Le sac et son collet. E. L'artfere dpigastrique se rendant dans le muscle grand droit de I'abdomea. PP. Le pe'ritoine. F. Le canal inguinal ne foiinaut plus qu'un anneau tr%s-dilat^. G. Extre'mite infe'rieure du sac faisant une legere saillie par I'anneau et dans laquelle on a introduit un stylet. H. Sorte d'enveloppe fibreuse provenant des parois accole'es de I'ancienne cavity occupe'e par le sac remonte' vers I'abdomen. REMARQLES SUR DES KYSTES FIBRINEUX, RENFERMANT UNE MATIERE PURI- FORME, OBSERVES ItANS DEUX CAS d'ANEVRISME PARTIEL DU CCEUR; PAR M. CHARCOT. (Memoires, page 501.) Fig. 2. — Le coeur, dont la description est donn^e dans I'obserration premifere. A. Kyste fihrineux contenant une mati^re puriforme, ouvert par sa partie an- terieure . B. La parol du kyste. C. Les parois du coeur re'duites a I'^tat d'une mince lamelle d'aspect flbreux. Point d'adherence du kyste a I'endocarde. D. Caillot allonge se prolongeant dans la cavite' de I'aorte. Fig. 3 et 4. — Elements raicroscopiques composant le li(iuidc puviformo cuntinu dans le kyste. 3. Avant Taction de I'cau. 4. Aprfes I'action de I'eau. PL.Yl. Fig. 2 Figt ,0 CO.- - *- H •*:< ^iil^lS^ . t^V ^.^l^<^ 4.- Df:ssinepar le D ' CliarcoL fmp.LdfnerrMrr ?^-i^ Litli p;ir Levalls TABLE DES M£M0IRES DE LA SOCI^Tf DE BIOLOGIE. 1. Examen anatomique du membre anterieur gauche d'un foetus trouv6 dans la matrioe d'une vache; par M. Arraand Goubaux 3 2. Observation de hernie Iraumatique du poumon, guSrie sans operation san- glante; par M. Guslave Diifour IS 3. Memoire siir un cas de dilalalion variqueuse du reseau lymplialique super- ficiel du dernie. Emission volontaire de lyuiphe; par M. Camille Desjardins. Analyse de cette lymphe el reflexions; par MM. le docleur Gubler et Quevenne. 25 4. Recherches sur les modlficalions,eraiiuelljg^i*^s villosiles du chorion et du placenta ; par M. le docleur Charles HoLin 63 5. Note sur un placenta recueilli dans le service de M. Rayer, et olTrant simul- tanenient les lesions de I'apoplexie placenlaire et de roblit^ralion fibreuse des villosiles; par MM. les docteurs HiHelsheim et Laboulb^ne 77 6. Memoire sur le perinevre, espece nouvelle d'elemenl anatomique qui entre dans la composition du tissu des nerfs; par M. le docleur Charles Robin. . 87 7. Note sur la coloration de la mer de Madagascar, due k une algue microsco- pique ; par M. le docleur Ch. Coquerel (avec figures) 105 8. Recherches relatives 4 I'usage de la bile chez les nouveau-nes; par M. le docleur Porchat . Ill 9. Cas d'ulc6res simples de I'estoniac suivis de retrecissement pylorique el de dilatation stomacale ; par MM. les docteurs Charcot et Vulpian in 10. Observation de sclerome cerebral; par MM. les docteurs Miltenberger et Ch. Robin 125 11. Memoire sur les kystes congenitaux du col ; par M. P. Lorain 133 12. Memoire sur Taction physiologique de la veratine; par MM. Camille Leblanc et Ernest Faivre i4;! 13. Notice biograpbique sur J.- L.-M. Laurent; par M. le docteur E. Le Bret. . . 163 14. Note sur la structure du molluscum avec quelques remarques sur les pro- ductions honioeomorpbes ; par M. le docleur Verneuil 177 15. Note sur la synihise des principes immediats des graisses des animaux ; par M. Maicellin Rerthelot 191 16. Observalions sur le conarium ; par M. le ilocleur Faivre 195 17. Memoire sur la naissance et le developpenient des elemenls musculaires de la vie anim.ile et du coeur; par .VI. le docleur Charles Robin 201 18. Memoire sur deux nouvelles observations de tumeurs het^radeniques et sur la nature du tissu qui les compose ; par MM. P. Lorain et Charles Robin. . 209 19. Note sur un nouveau cas de tumeur heteradenique; par MM. Marce et Ch. Robin 223 20. Recherches sur ia forme, le volume, le poidsdu globe de I'cEil et sur les di- mensions de ses charabres ; par M. le docleur C. Sappey (avec figures). . 23i 2j. Rechercbes sur les vaisseau.\ du globe de I'oeil; par M. C. Sappey (avec fig.). 243 22. Nole sur un monstre mylacephalieB de mouton; par M. Ch. Rouget(avec fig.). 267 23. Pbysiologie du conur, mouveraenls absolus et relalifs;par M. le docleur Hiffelsheim (avec plancbe) 273 24. Hemic inguinale , dont le sac inlerieur (ou silue dans I'abdomen) ne renfer- mait qu'une parlie de la circonference de I'iniesiin grfile; par M. le doc- leur A. Laboulbene (avec figures) 291 25. Remarques sur les kysles fibrineux, renfermant une maliere puriforme, ob- serves dans deux cas d'anevrisme parliel du coeur; par M. le docleur Charcot (avec figures) 30! 26. Description d'un totus monslrueux (paracephalien omphalosite unitaire), n6 a I'hApital Saint-Louis; par M. A. Luton 315 FIN DE LA TABLE DES MEMOIRES. TABLE ANALYTIQDE DBS MATlSRES CONTENOES MNS LES COMPTES RENDUS ET LES MEMOIRES 9 W DE LA SiOClETE DE BIOLOGIB POUR l'annee 185i (1). A Aigle-Bar. — Foyw Helminthes. Anatomiques (elemen(s). — Note sur I'atropbie des Elements anatoraiques; par M. Ch. Robin 4 Anomalie de I'arl^re femorale ; par M. Auzias-Turenne 71 An^vrisme variqueux du pli du coude determine par une saignee; injection de perchlorure de fer; guerison ; par M. Jobert (de Lamballe) 52 B Bile. — Recherches sur I'usage de la bile chez les nouveau-n^s ; par M. A. Por- chat. (Mimoires, p. ill.) Biographie de J.-L.-M. Laurent; par M. E. Le Bret. (M6moires, p. 163). B16. — Recherches sur la nielle du ble el sur les helminthes qui occasionnent cette maladie ; par M. Davaine 92 Bceuf. — Du perone du tibia chez le boeuf ; par M. A. Goubaux 31 Bruit particulier produit par le deplacement d'un tendon ; par M. le proresseur Moritz Schiff (de Francfort) 72 (1} Les pages iadlquies i la marse sont celles des Comptes hendus. Les renvois aui Mehoixes sent specials. 346 G Cancer du m^sentire, observe sur ane vieille femme; par M. Alexandre La- boulb^ne 9 Cerveau. — Observation d'un cas de sclerose du cerveau; parM. Schnepf. . , 50 Chat. — Note sur un chat raonslrueux fgroupe des monstres doubles raonoso- miens, genre opodyme, Isid. GeoCTroy-Sainl-Hilaire); par M. Vulpian. ... 113 — Aulopsie d'un chat qui avail avale un hamejon ; parM. Goubaux 138 Cheval. — Transposition des organes chez un cheval; note par M. A. Goubaux. 28 — Note sur les sinus sphenoi'daux du cheval; par M. Goubaux 153 Chien. — Observations anatonniques sur le pied du chien; par M, A. Goubaux. IT Cholera. — Infusoires trouves dans les selles des choleriques, etc.; par M. Da- vaine 129 Chorion. — Modilicatlon graduelle. — Voyes Placenta. Cobaye. — Tubercules du foie, du raesent^re , de la rale, chez un cobaye femelle; par M. E. Faivre 27 Coeur. — T'oi/ez Kystes flbrineux (Physiologie); parM. Charcot (avec figures). (Meraoires, p. SOi). Col. — Voyez Kjstes. Coloration bleue des urines chez les choleriques;. par M. Gubler io3 — Sur la coloration de la nier de Madagascar, due h une algue microscopi- que; par M. Ch, Coquerel (avec figures). (Memoiros, p. I05.) Conarium (surle); par M. Faivre. (Meinoires, p. i95). Corps etranger (niorceau do hois volumlneux^ traveisant, dans toute sa hau- teur, I'aisselle dioile; extraction ; par M. A. Laboulhene 104 Crapaud. — Sur le venin du crapaud commun ; par M. Vulpian 133 Curare. — Note sur quelques experiences faites avec le curaie ; par M. Yulpian. 73 D Siathese cancereuse melanique; parM. Lahoulb^ne 32 DivuUion. — Du phenoraene de la divulsion (fascialion et dedoublemenl) dans le r6gne vegetal ; par M. Germain (de Saint-Pierre) 93 E Ecthyma developp6 sur les avant-hras d'un accoucheur k la suite d'un accou- chement lahorieux ; par M. Cazeaux 140 Elements musculaires (Menioire sur la naissance et le developpcment des) de la vie animale etdu cceur; par M. Ch. Robin. (Memoires, p. 20l.) Elimination sur 1') dt'S inati^res grasses el de la caseine chez les enfants k la mamelle ; par M. Verdeil, el M. Al. Porchat 87 Endosmose — Experiences relatives k la maniere donl se fait I'endosmose k travcrs la peau des anguilles et des grenouilles ; par M. CI. Bernard 72 — Observations prouvant(|ue I'acide sulfhydrique el le suiriiydratcd'ammonia- que n'emp6chent pas toujours Ic phenom6ne d'endosmose : par M. Lagncau. 145 347 lEipith^lioma (note sur I') pulmonaire du foetus, ^tudi6 soit au point de vue de sa structure, soit comme cause de I'accouchement avant terme el de non-via- bility ; par MM. P. Lorain el Cli. Robin 159 Xistomac. — Cas d'ulcSres simples de I'eslomac suivis de reirecissement py!o- rique et de dilatation stomacale ; par MxM. Charcot et Vulpian. (Memoires, p. 117.) F Fasciation chez la tulipa Gesneriana ; par M. Germain (de Saint-Pierre). ... 68 Femorale. — Anoraalie de I'ariere femorale ; par M. Auzias-Turenne 71 Fer. — Experiences sur les injections de perchlorure de fer dans lesarteres; par MM. Goubaux elGiraldes 50 FcBtus (description d'un) monstrueux , ne «i I'bdpilal Saint-Louis; par M. A. Luton. (Memoires, p. 3i5.) Foie. — Kj'ste hydatif^re du foie faisant saillie h la face inf^rieure du lobe gaucbe de eel organe , el ouvert a la fois dans le periloine et dans les voies biliaires; obstruction el dilatation considerable du canal choledoque par des debris d'hydatides; ictere ; epanchement de bile dans le periloine, peritonile intense ; par M. Charcot 99 G Gale. — Cas de gale chez rhomrae ; observe par M. le docteur Boeck (de Stock- holm). Examen de I'acarus; parM. Bourguisnon 68 Galle ^nole sur une) du natlurtium palustre; par MM. Em. Mussat et J. Leon Soubeiran 38 G6nitaux (alrophie des organes) chez un homme; par M. Girald^s Ill Graisses. — Note sur la synlhese des principes imm6dials des graisses des ani- maux ; par M. MarcelUn Berlhelot. (Memoires, p. I9i.) Grenouille. — Note sur les hematozoaires filiformes de la grenouille com- mune ; par M. Vulpian 129 H Helminthes de la nielle du ble; par M. Davaine 92 — Hematozoaires filiformes de la grenouille commune; par M. Vulpian . ... 123 — Kjsle hjdalifere du foie, etc.; par M. Charcot 9 — Note sur des helminthes Irouves dans I'uretSre de la (orlue lerreslre; par M. Faivre 126 -^ Note sur une tumeur singuli^re, conlenant une quantite prodigieuse d'oeufs d'helmiMlhes,observ6eeliez un poissonvulgairement nomm^ Aigle-Bar ; par M. Davaine (avec figure) Hi — ' OEufs parasites de la sangsue raedicinale; parM. Faivre H3 — Recherches sur les vers des vaisseaux pulmonaires el des bronches chez le marsouin; par M. Davaine (avec figure) 117 — Recherches sur des animalcules trouv6s dans les selles de malades atteints du cholera ; par M. Davaine 129 ;548 Helminthes. — Sur des urceolaires parasites dans la vessie urinaire des tritons ; par M. Davaine favec figures) 170 H^matozoaires filiformei de la grenouille commune; par M. Vulpian 123 Hermaphrodisme (cas d') masculin complexe; observe par M Rayer 112 Hernie inguinale, dont le sac inlerieur ne renferraait qu'une partie de la cir- conference de I'inlesiin gr6le ; par M. Laboulb6ne (avec figure). (Meinoires , p. 291.) — Des poumons ; par M. G. Dufour. (Mimoires, p. 15). H^terad^niques. — Memoire sur deux nouvelles observalions de lumeurs he- teradeniques el sur la nature du lissu qui les compose; par MM. Lorain el Charles Robin. (Memoires, p. 209.) — Note sur un nouveau cas de lumeur h6lerad6nique ; par MM. Marce et Ro- bin. (Memoires, p. 223.) Hypertbrophie (sur 1') en general; par M. Verneuil H I Xnfusoires. — Sur les animalcules infusoires trouv^s dans les selles de malades alteints du cholera el d'autres alTections ; par M. Davaine 129 K Kystes (memoire sur les) cong6nitaux du col ; par M. P. Lorain. (Memoires, p. 133.) — Fibrineux renfermanl une maliSre puriforme, observes dans deux cas d'ane- vrisme parliel du coeur; par M. Charcot. (Memoires , p. 301.) L Xiait. — Note sur un nouveau proeed6 d'analyse du lait;par M. Leconle 153 Iiapin. — Capsule surrenale surnumeraire chez un lapin ; par M. Vulpian. . . 132 Iiipome. — Note sur la structure intime du lip6me, suivie de quelques remar- ques sur rhyperlrophie en general; par M. Verneuil U Xaympbatiques. — Memoire sur un cas de dilatation variqueuse du r^seau lymphatique superficiel du derme , Amission volontaire de lymphe; par M. Camille Desjardins. — Analyse de cette lymphe ; par MM. Gubler el Que- venne. (Memoires, p. 25.) M Marsouin.— Recherches sur les vers des vaisseaux pulmonaires et des bronches , chez le marsouin (Delphinus phocoena) ; parM. le docteur Davaine 117 M^lanique (diath^se cancereuse); par M. A Laboulb6ne. — Examen microsco- pique ; par M. Ch. Robin 32 IHIenstruation (observations relatives & la) ; par M. Godard 107 Wter (coloration de la) par une algue microscopique ; par M. Ch. Coquerel (avec ligures;. (Memoires, p. iCi.) M^seot^re. — Voyes Cancer. 349 MoUuscum. — Note sur la structure du molluscum avec quelqaes remarques sur les productions homoeoinorphes ; par M. Verneuil. (M^moires, p. 177.) Muscles. — Communication sur les anomalies rausculaires; par M. Antonio de Souza 154 Mylac^phalien. — Note sur un monstre mylacephalien de mouton ; par M. Ch. Rouget (avec figures). (Memoires, p. 267.) IV Xffasturtium. — Voyes Galle. , Necrose consecutive A la section du nerfsciatique; parM.Vulpian 75 Negre. — Changement de couleur dans un nigre ; par le docteur A. Hammer (de Saint-Louis. Etats-Unis) 143 Nielle du ble et ses belmintbes; par M. Davaine 92 Mymphaea. — Note sur quelques cas leratologiques de nymphwa stellata (Willd); par MM. L. Soubeiran el L. Neumann. . 173 0 Observations. — Deux observations pour servir 4 I'histoire anatomique des hy- pertrophies du sein et des granulations grises du poumon ; par MM. P. Lorain et Ch. Robin 58 — Note sur des belmintbes dans Tur^tre de la tortue terrestre 126 » — Note sur les oeufs parasites de la sangsue midici- nale 143 m — Sur le conarium. . . . ; , >, 195 — Tubercules du foie, etc. ^ cbez un cobaye femelle. . . 27 » i& iei LebJ,ANC(C.). Memoire sur faction pbysiologique de la vera- trine j » m 355 Germain Du pb6nomine de la divulsion (fascialion et d6double- (de Saint-Pierre), ment) dans le r6gne vegetal 93 — Fasciation chez la lulipa gesneriana 68 GiRALDES Alrophie des organes genitaux chez un homme. ... lu » — et GouBAux. Experiences sur les injections de perchloiure de fer dans les arieres 50 » GODARD Observations relatives k la menstruation io7 » GossELiN Rechercbes sur la nature des retrecissements syphili- tiques du reclum 102 » GouBAux Autopsie d'un chat qui avail aval6 unharaejon 138 » — Du perone du tibia chez le bceuf 31 » — Examen analoiuique du nieinbre anlerieur gauche d'un foBtus trouve dans la matrice d'une vaehe. ... » 3 — Note sur les sinus spbenoi'daux du cbeval 15S i> — Observations anatomiques sur le pied du chien 17 » — Transposition des organes chez un cbeval 28 » — et GiRALDES. Experiences sur les injections de perchlorure de fer dans les arteres 50 » GuBLGR Coloration bleue des urines chez les cboMriques. . 103 » H Hammer Changement de couleur chez un n^gre 148 » HiFFELSHEiM. . . . Phjsiologic du ccEUT. Mouvemenls absolus et relalifs. » 273 — et Laboulbene. Sur un placenta oU'rant simulianement les lesions de I'apoplexie placenlaire et de I'oblileralion tibreuse des villosites » 77 JOBERT Anevrisme variqueux du pli du coude determine par (de Lamballe). une saignee, gueri par une injection de perchlorure de Jer 53 » Labe (E.) Cas de rein unique chez rhomme 67 » Laboulbene, . . . Cancer du mesentere chez une vieillefemme 9 » — Corps etranger traversanl dans toule sa hauteur I'ais- selle droile, extraction , 104 » — Diath^se cancereuse melanique 32 > — Hernie inguinale, etc. (Avec planche.) 59j — etHiFFELSBEiM. Sur un placenta ollrant simulianement les lesions de I'apoplexie placenlaire el de I'oblileralion ti- breuse des villosiles • 77 Lagneau Observations prouvant que I'acide sulfhydrique et le sulfbydrale d'ammoniaque n'einpfichenl pas loujours le phenomene d'endosmose H.i » 356 c. n. M. Lkblanc (C.)et Faivre. M6moire sur Taction pbysiologique de la v6ra- trine » 143 LeBret (E.). . . . Notice biographique sur J.-L.-M. Laurent » 16S Leconte Sur un nouveau proced6 d'analyse du lail 153 >• Lorain Kystedurein; calculs r^naux, etc 25 » — Sur les kjsles congenilaux du co! " 133 — et Robin. . . Deux observaiions pour servir k I'liistoire anatom'que des hypertropbies du sein et des granulations grises du poumon 58 • — Memoire sur deux nouvelles observations de tumeurs beteradeniques et sur la nature du tissu qui les com- pose 209 — Note sur repithelioma pulmonaire du foetus, etc. ... 159 » — Sur une forme non decrile du cancer du sein 155 » LUTOH Description d'un foetus monstrueux » 315 — Sur un nouveau procede pour recbercber le sucre dans les urines diabetiques 130 » M MiLTENBERGER et Cb. RoBiN. Observation de sclerome Cerebral » 125 Morel-Lavallee. Note sur un cas de dilatation de I'urel^re 9i » MussAT etSocBEiRAN. Sut uTie gaWe dvL JSatlurliuM paluftre 38 » IV Newuann et SouBEiRAN. Note sur quelques cas t^ratologiques du Nym- phwa stellata it3 > o ORPHANiofis (Th.). Sur I'origine du slyrax liquide 29 » PHiLiPEAUxet VuLPiAN. Sur Toriginc profondo des nerfs de I'oeil 43 » PORCHAT. ..... Rechercbessurl'usane fie la bile chez les nouveau-n6s. » lit — Sur la direction de I'ulerus chez lesjeunes lilies. ... 195 * — et VerdEil. Sur I'elimination des mati^res grasses et de la ca- s^ine Chez les enfants 4 la niamelle 87 » R Rater Bruits morbides dans les oreilles, isochrones aux bal- temenls du pouls, cl cessant par la compression de I'art^re mastoidienne (69 » — Cas d'bermaphrodisme maseulin complexp 112 » J57 u. k. M. Robin Note sur I'atropliie des elements anatomiques i » — Memoire sur le p^rinevre, esp^ce nouvelle d'el^menl analoinique » gr — Recherches sur les mndifiealions graduelles des villo- sites du chorion el du placenta » 63 — Sur la naissance et le developpement des elements rausculaires de la vie animale et du coiur • 201 — Sur la presence de la sarcine dans roeil 84 « — etch. Bernard. Observation d'un cas de la inaladie dite phlhisie aigue , avec alteration correspondanie dans les reins 14 » — et Charcot. Vomissements d'une raati^represenlant unecoloration vert-pomme et conienant de nombreux crislaux de taurine. (Avec figures.) 89 » — et Lorain. . Deux observations pour servir a I'liisloire analoraique des hypertrophies du sein et des granulations grises du poumon 58 » — Memoire sur deux nouvelles observations de tumeurshe- teradeniquesetsiir la nature dutissu qui lescompose. » 209 — Sur repilhelioma pulmonaire du fn'lus, etc 159 » — Sur une forme non decrite du cancer du sein 155 » — elL. -V. Marge. Note sur un nouveau cas de tumeur helerade- nique » 223 — elMiLTENBERGER. Observation de sclerome cerebral • 12s RouGET (Ch.). . . . Note sur un monsirc mylacephalien de moulon. (Avec figures) » 267 S Sappey (C.) Recherches sur la forme, le volume, le poids du globe de I'oeil et sur la dimension de ses chambres. (Avec figures dans le texle.) 1 231 — Recherches sur les vaisseaux du globe de Toeil. (Avec figures dans le texle.) » 243 ScHiFF (MoRiTz). . Bruit pariiculier produit par le deplacement d'un tendon 72 » ScuNEPF Observation d'un cas de sclerose du cerveau 50 » SouBEiRAN et MussAT. Sur une galle du nasturlium palustre 38 » — elNEWMANN. Note sur quelques cas leratologiques du ^ymphcea slellala 173 » SonzA (F.Antonio de). Sur les anomalies musculaires 154 » V Verdeil etPoRCHAT. Sur I'elimination des mali^res grasses et de la ca- seine chez les enfants k la mamelle 87 » Verneuil Note sur la structure du molluscum avec quelques re- raarques sur les productions homceomorpbes » 177 358 C. R. II, — Note sur la structure inlimedu Iip6me 11 >> — Noiivelle vatiete tie (umeurs de la peau 84 » Vdlpian Capsule surrenale surnumeraire cliez un lapin 132 » — Necrose consecutive a la seciion du scialique 75 » — Note sur un chat monslrueux. (Avec figures) il3 » — Sur les bemalozaires liliformes de la grenouille com- mune 123 » — Sur le venin du crapaud commun 133 » — Sur quehiues experiences fuiles avec le curare 73 » — et Charcot. Alteralion speciale de la table interne du parietal gauche, etc 76 » — Casd'ulc^rcs simples de I'estoinac, suivis de r6trecis- sementpjlorique el de dilatation stoniacale » 117 — et Philipeaix. Sur Porigine profonde des nerfs de roeil 43 » FIN DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A liA SOCIETE DE BIOEiOCilE. A Abhandutngen herausgegeben von der senckenbergischen Naturforschen- DEN Gesellschaft. l"band, I«lieferung. Frankfurt. A. M., 1854. Argenti (Francesco).. Sulla educazlone fisica infantile. — Metamorfosi degli elminti nell' organismo vivente. 1854. B Balbiani (Ed.-Gt5rard). Es?ai sur les fonctions de la peau consider^e comme organe d'exhalation, suivi d'exp^riences physiologi- ques sur la suppression de cette fonction. 1854. Berne (Antoine) . . . 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