i /i' COMPTES RENDIIS PES SEANCES ET MEMOIRES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE. TOME DEUXIEME DE LA DEUXlfiME SERIE. AMEE 1855. ^m^ X .^ J. HAMEL, LIBRAIRE, 10, RUE RACINE (BUREAU DE LA GAZETTE MEDICALE) ^ ET J.-B. BAILLIERE, LIBRAIRE, 19, rue Hautefeuille. 1856 COMPTES RENDUS DES Si&ANCES ET MEMOIRES DE LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1855. ^,rementles ligaments ronds, les trompes etles ovaires. Ceux-ci sontpetits, dnrs, ratatines. En fendant rut('rus par la partie posterieure, on divise entiferementlagrosse tumeur qui niastiue entierement cette face. On arrive ainsi dans la cavitci de I'organe et on reconnait alors que le corps est extremement allonge, que la tu- meur a aplati les deux surfaces antt5rieure et posterieure l'une centre I'autre, et que ces deux surfaces out contracte entre elles des adherences manifestes dont la plupart sont faciles a dechirer. La nniqueuse du corps est rougeatre, parsemee d'adherences dctruites et d'autres rcsistantes sur les cotes ; mais au col on trouvc la surface interne 8 blaucluitre, parsemt^e de dilatations kystiques (a;uts do .Najjollr. Los oiilices des trompes nont pu etre recounus. Lcs dimensions de la cavite du corps, alloagiics d'une manierc anormale, sont de 12 centimetres en longueur, de 2 centimetres et demi, dans le sens de la plus grande largeur, qui est au tiers superienr. La cavite a, vers ce sommet, une forme arrondie ; la cavity utdrine a, par cons(5ciuent, une forme cUipsoide, allongee. Le col a ses deux levres du muscau de tanche peu avancties, intactes, non ridges, I'ouverture est a peu pr6s transvcrsale. La longueur du col fendu est de 2 centimetres et demi ; sa cavite est si etroite qu'il a fallu prendre une sonde cannelee de petite dimension pour arriver dans la cavitd du corps a tra- vers cclle du col. Les parois uterines ou plut6t de la poche allongee representant I'uterus sont tr^s-peu cpaisses et niolles. Elles out d'un demi a 1 millimetre seulement d'^paisseur ; mais du col on voit se detacher des filaments et des membranes condensees qui englobent a la fois les tumours deja signalecs de I'utenis. II est done extremcment probable que les tumours sont dans les parois nienies de I'uterus qu'elles out deforme. La coupe de ces tumours montre I'aspect d^crit partout pour les tumours fibreuses uterines. Lc tissu en est dur, criant sous le scalpel, blanchatrc, un peu nacre par places. 11 parait compose de fibres ayant une direction sou- vent enroulee ou circulairo plutot que rcctiligne. On voit tr6s-bien des vaisseaux en plusieurs endroits, et le tissu envelop- pant lcs vaisseaux coupes et beauts, est d'une coloration legerement dillo- rente de celui de la masse principale. Les trois tumours ont un aspect identique. L'examen raicroscopique, fait avec MM. Davainc et Robin, a montre pom- element predominant : 1° Des fibres-cellules ou fibres lisses musculaires, allongees, fusiformes, serrees les unes centre les autres. Par I'addilion dacide acetique, ces libres out montre un noyau allonge, central, dont lcs bords toucbaient presque ceux do la flbre-cellule qui les ren- fermait. 2° Un fragment memedes parois de la pocbe uterine a montre les memes elements auatomiqucs, mais plus coberenls enlre eux, plus sondes par une matiSre amorphe. 3° Autour des vaisseaux, il existait quelques Elements fdiro-plastiques. 4» On trouve des fibres du tissu cellulaire dans Tenveloppe generale ot dans divers points de la tumour. Cette piece patbologique vient a I'appui de Topinion deja cmisc par M. Le- bert iCcMFTES re.nd. de la Societe de bioi.ogie, 1" sijrie, t. IV, p. 68). ^otre coUegue peuse, en effet, quotes tumours fibroides do I'uterus (don- 0 iiees coinme type dcs tumeurs lihreuscs en general) sont lovmees principalc- nient de tissn propre, musculairc, normal de I'uterus, et non point du tissu tibreux pro[ircment dit. 4° CAS DE SCLEROME DU CERVEAU DANS l'IDIOTIE ; par MM. ISAMBERT et Ch. Robin. Boissaud (Armand), age de 2 ans , est anient a I'hopital des Enfants le 21 dec. 1854, a son retoiir de.nourrice. Depnis sanaissance, 11 a prcsente les caractferes de I'idiotie : actuellement 11 est pris de contractures, le cou est roide et la tete renversec en arrlere. On n'apas d'autres renseignements. II meurt le t" Janvier 1855. Examen de I'encepliale : La boite cranienne n'olTre rien a considerer, si ce n'est peut-etre un pen d'etroitesse dcs fosses cerebrates ant^rieures. En incisant la dure-merc, on trouve snr I'encepliale une couche epaisse dc serosite qui, ayant inliltrc le tissn sous-arachnoidien, prcsente I'aspect d'une couche gelatineuse lipaisse de 2 a 3 niillim^fres an moins. La surface externe des lobes cerebraux otTre consccutivemcnt un ramoUissement qui laisse dechirer Ires-facilement lapulpe cereluale. En procedanta I'extraction del'en- cephale de la boite cranienne, on trouve par opposition a la mollesse des cir- convolntions cerebrates, une durete reniarquable de toutes les parties qui con- stituent ristlime de I'enccpbale , a savoir les bulbes, la protuberance et les pedoncules cerebraux. Ceux-ci nolamment sont durs et isoles au milieu d'une s(5rosite abondante, et ressemblcnt a une preparation anatomique apres ma- ceration dans Falcool ou I'acide nitriquc. Le peu de developpement de la par- tie posterieure des lobes cerebraux rend encore plus manifesto cet isolemeut de I'istbme de I'encephale. Pen de pieces pourraient mieux d^montrer a un commencant la direction de la grande fente cerebrale de Bichat. — Le cerve- let n'ofTre rien de particulier. En incisant les lobes ducerveau, on y trouve une quantity de petits kystes sereux a parois assez dures. II ne nous a pas semble toutefois qu"il y ciit pertc de substance dans la puipe ccrcMirale, et nous sommes portes a croire que cette disposition singuliere est due simplement aux replis les plus pro- profonds de la pie-mere, distendu par de la serosite. En penetrant dans les ventricules lateraux, on ne trouve qu'une quantite de serosite peu considerable, mais on est frappe de I'extreme durete des pa- rois de ces ventricules. Le plancher snperieur, ordinairement si mou, olTre presque la solidite d'une membrane a la parol infih-ieure ; le corps strie et la couche optii[ue prescntent au toucher une durete qui les fait ressembler a de lamati^re enccphaloide crue. Les cornes d'Ammon sont egalementindurees. — Un morceau du corps strie et de la couche optique est soumis a I'examen de M. Ch. Uobin. 10 Structure du tissu atteixt de sclerome. — Le tissu indurc est reraar- quable parson (^lasticite , uiic sorte dc rc^sistaiice rpii so rapproclie dc cellc de la g-omme (.Hasliquc. Les fragments on'reni une ccrtaino resistance a la dila- c6ration, que ne presente pas le tissu normal du cervcau. La substance grise prrsente une teintc moins fonciV que dans les condi- tions ordinaires, et la substance blanche, quoique bicn distincte dc la prccc- dente, est pourtant plus grise qu'a l'(5tat normal, et ne tranche pas sur I'autre d'une manicre aussi prononccV qu'a rnrdinairc. Yoici maintenant quel est I'cHat dcs d-lements du tissu : La substance blan- che a perdu presque completement ses tubes nerveux ; elle en presente en- core un certain nombre, mais plus pales, plus minces et plus irrcguliers qu'a i'^tat normal. Le fait le plus caractcristique de la structure auormale dc la substance blanche, c'est la pr(5sence d'une quantitc considih'ablc de substance amorphe ti'es-finement et uniformement granuleuse. Cette mati^reamorphe pr6- scnteuno grande density ; elle sc laissc difficilement deprimerct aplatir. Outre cet ^k^ment, on rencontre encore un autre cK-ment anormal et cnti(ircment dc nouvelle formation dans la substance c(!'r6brale : ce sont des fibres du tissu cellulaire. Ces fibres sont pen nombreuses, isoli^es, non disposces en fais- cetuix, mais ccpeudant clles sont encore assez abondantes pour fonner sur le bord de la preparation des sortes de nappes de fibres non contigues et sor- tant a peu pres pavalk^lement de la mati(!;re amorphe qui englobe le reste de leur etendue. On sait qu'il existe des fibres du tissu cellulaire autour des plus gi'os capillaires, qui pen^trent dans la substance cerebrate dans plusicurs points de la base du cerveau. Les capillaires plus petits n'otfrent plus de ces fibres. Or on nc trouve presque oxclusivement epic de ces capillaircs-la dans le tissu morbide que nous venous d'examiner et dans les regions correspon- dantes du cerveau a I'c^tat sain. Les fibres du tissu cellulaire existant au scin de la portion indurce que nous venous de decrire doivent done etre considerces comme de nouvelle forma- tion, et leur isolement montre bien qu'clles n'ont aucun rapport avecles fibres de la tunique externe des gros capillaires. La substance grise otfre, au fond, la meme structure que la substance blanche , avec cette particiilarit(5 toute- fois : 1" c[uc la substance amorphe y est plus granuleuse et les granulations plus fonc^es ; 2° qu'elles ne renferment pas trace de tubes nerveux; 3° qu'elles renferment encore a pen pri^s autant de mydocytes que la substance grise nor- male qui, comme on le sait, renferme sculccct cement; 4" elle conticnt d'a- vantage de vaisseaux capillaires. Tons ces vaisseaux capillaires olTrent, taut dans la substance grise (pie dans la substance blanche, dcs granulations grais- peuses jauuativs, taut Isoldes que contigui's. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE FEVRIER 1855; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRESIDEME DE W. MIER. I. — Pathologie et Anatomie pathologique. 1° OBSERVATION D'i'N KYSTE HYDATIQUE DEVELOPPE DANS L'EPAISSEUR DE LA RATE ET AYANT DIVISE CET ORGANE EN DEUX SIOITIES LATERALES ; pal" M. DUPLAY. Le nomme Chevallier (Louis-Denis), age de 67 ans, enfre k rinflrmerie de Bicetre le 31 Janvier 1855, pour une pneumonie a laquelle il succombe le 6 fevrier. Get honune avail ete evacuc suv Bicetro le 29 Janvier 1855, et venait de I'liopital Cocliin oil il avail sejouruo quelque lemps. L'etal de son intelligence voisin de ridiotisme ne me permit pas d'obtenir de lui des renseignements 12 sur la inaladic que je vais d6crire, et ses parents, iuterroges a ec sujet, ue purciit mc fournir aucun detail. Dans rcxamen que jc lis dc ccmalade lors dc son entree a rinlirmeiic, je deconvris dans la cavite abdouiinale une tumenr considerable, arrondie, oc- cupant toutle cdte gauche de I'abdomen. EUe s"(5tendait, dans le sens vertical, dela fosse iliaiiue a I'liypocondre gauche, ct dans le sens transversal, depuis le cote gauche dc I'abdonien jusqu'au deia de la ligne blanche, qu'cUe depas- sait a droitc de deux travers de doigt. La tumeur jouissait d'une certaine mo- bilite, et en la saisissant entre les deux mains, on pouvait lui imprimer des niouvements dc lateralite, ce qui permettait de juger iiu'elle n'adherait pas d'une manierc intinie aux organcs du bassin. La percussion fournissait un son mat dans toute I'etendue de la lumeur, et dans aucun point elle ne dcMer- minait le fremissement hydatiquc. L'auscultation ne faisait dccouvrir aucun bruit on aucun battenient. (Juoiquc dure, la tumeur donnait cependant la sensation d'une fluctuation obscure. La masse intestinale (itait refoulee dans le cote droit de rabdomcn oii la percussion donnait un son parfaitement clair. 11 u'existait aucun trouble de la digestion, et les urines examines no priisen- taient rien d'anormal. Depuis combien de temps le malade portait-il cette tumeur? quel avait etc le mode de d^veloppement de la maladieV II fut im- possible d'oblenir aucun renseignement positif a cet egard. Le malade nous dit cepcndaut qu'il rapporlait a deux ans le commencement de son affection, mais letat de son intelligence ne nous permit pas d'ajouter une foi cntifere a cc qu'il avancait. Au ])out de six jours le malade succomba, par suite du progr6s de la pneu- monic pour laquelle il avait et6 recu a riiiflrmerie. AuToi'siE. — Je passe sous silence les lesions qui appartiennent ala pneu- mouie el qui ne presenterent rien de particulier. En ouvrant avec precaution la cavite abdominale, on aper^ut la tumeur reconnue pendant la vie, qui 0(xupait le flanc gauche. Quelques adh^rences auciennes unissaient a gauche ses parois avec le colon descendant ct quel- ques circonvolutions de I'intestin grele. Ces adherences ne furent pas diffi- ciles a detruire. Les parois de la tumeur resistantes dans certains points etaicnt minces dans quelques autres; leur aspect g(5n6ral etait celui d'un tissu (ibreux. Dans certains points et surtout vers la partie superieure, on observait quelques plaques cartilagineuses ; dans d'autres il existait quelques plaques osseuses. La tumeur renfermait une mati^re d'une nature toute particuli^re ; c'^tait un liquide d'une consistance de cr^me ^paisse, d'un blanc grisatre, comple- tement inodore et qui au premier abord paraissait ^tre du pus ; mais I'exa- men microscopique de ce liquide fait par M. Davaine ne laissa voir aucun globule de pus, tandis qu'il revelait la presence d'une tres-grande quantite de cliolesterinc. Au milieu dc ce liquide nageaient une quantite cnorme 13 d'hydatides tnutcs tri^'s-voluniinouscs, di'diireos pour In [iliiparl. ct dans uii (Hat de desorganisation jjliis oiiinoiiis coiiiplel. I/cxainon iiiirrosniiHqiR' por- mit aussi aM. Davaiiie de dc'couvrirplusicurs crocliclseulicrenienl analogues aceux des echinocoqucs. La cavit6 int(5rieiire de ce kyste (5tait divisee par plusieurs cloisons qui la sdparaient en plusieiirs loges toutes rcmplies des memes produits. Un exanien attentif des parois de la tnmeiir permit iVen delenuiner Ic [)oiiit d'origine. Vers la partio siipi'rieure, a droile I'l a gaiirlic, il cxislail un rcn- flenieut symetriijue des paiois, ayaiit environ 6 ou 7 ccntlin. d'elondne. Ueux portions rcnflees fureat incisiJes, el il lut facile d'y reconnailre le tissu de la rate revelu de son enveloppe tibreuse qui se continuait avcc les parois du kyste. Les vaisseaux spk''nic|ues tres-allonges, tres-sinueux, sc reudaient a cliacune de ces deux moities de I'organe aiiisi divise. La rate u'occupait plus I'hypocondre gauclie dont elle avait eto en quelque sorte arradi^e par le d(5- veloppement de la tunieur. Des lors il fut possible de reconnaitre que cette tumeur etait un kyste hydatiquc dcveloppc dans I'epaisseur dc la rate, et qui par suite dc son devcloppcmcnt dans tons les sens avait coupe en quel- que sorte cet organe en deux moities laterales que Ton retrouvait sur cliacun des c6t^s de la tumeur. 2° NOTE SUR VNE ESPliCE PEU CON'NrE DE Tl'.MElR BE LA CIIAMBHE ANTERIEirRE UE l'c*:il ; par MM. les docteurs Ch. Robin et Desmarres. La production morbide qui fait le sujet de cc travail n'est pas commune, pourtant elle n'est pas tcllement rare qii'elle n'ait dii etre vue et probablc- ment memo ddcrite. Mais I'^tude de ses caractSres est devenue m6connais- sable dans les auteurs, parce qu'en raison de son aspect cxterieur elle aura 6te sans doute rapprochee des tumeurs cancereuses ou autres, d'oii il resulte qu'une description unique embrasse ainsi plusieurs choses difFerentes. Getle production morbide a pour cause la multiplication cxageree, I'liyper- g(5nese de quelques-uns des elements anatomiques de la cornee, provenant du tissu de cet organe dont elle conserve en partie la transparence, souvent Yolumineuse par rapport a I'cjcil; cette ospece de tumour commence en gene- ral par fairc saillie dans la chambre anterieure. Elle est remarquable en outre par sa consistance plus molle que celle de la cornee, bien quelle soil assez (51astique. Elle est mediocrement vasculaire et tire ses vaisseaux de la sclerotique, dans Ic voisinage de laquelle on la voit naitrc. Les (Mi'ments ana- lomif[ues qui la composcnt, bien qu'ctanl en partie ccux de la cornee, s'y trouYcnt en d'autres proportions, et on y rencontre quelques Elements ana- tomiques liomo'oniorpbes qui n'existent pas normalement dans la cornee. La nature de ce tissu, bien ditrercnte de celle du cancer, est assez complexe pour ne pouvoir encore a Tepoque actuelle etre formulae par un seul mot; elle e.xige encore unc description qu'on trouvera a la fln de cc travail ; niais r. avanf d'entrcr Jans cos details, luio observuliou dun cas qui a I'ti' suivi i-oiu- plt5tenii'nt donnera une idee suffisante dc la niarclie, des syiuplnmes ot du traitenienl legerement avec le scalpel, donne une matiere pultacee qui, mise sous le » microscope, est i'ormee d'une masse de globules de graisse de differents I) diauieliv. Dans d'autivs cudroils, indt^pendamraent des globules graisseiLX, 1) Ic microscope fait decouvrir de grandes cellules, pales, arrondies ou trSs- » l^geremenl ovoides. Dans quelques-unes de ces cellules, on constate quatre, » huit et meme dix (incs molecules arrondies. claires, dues a la presence de )) la graisse. Entin, d"autres cellules, do memc dianietre, prescntent cntifere- « ment les caracti^res que Ton rattache aux globules granuleux ou cellules » granuleuses. >i Los canaux st^miniferes de repididyme sont comprimds par un tissu blau- >' chatro, amorphe. " La lymphe, prise dans les vaisseaux lympliatiques du cordon testiculairc, ft misc encore chaude sur une lame de verre et examinee a I'aide du micro- » scope, a fait voir : 1) 1° De nombreux globules de lymphe a I'etat nomial. « 1° Un assez grand nombre de globules de lymplio prrsentant, dans leur inlerieur et principalement dans la circonference de leur enveloppe, de fines » molt5cules, transparentes dans leur centre et legferement ombrees a leur " circonference. Quelques-unes de ces molecules font meme une saillie en n dehors du cercle de I'enveloppe, et lui donnent ivues a un faible grossis- » semeni) un aspect dechiquete ou dentele. Ces lines molecules, parfaitement » isolees les unes des anfres, sont en nombre variable de deux a huit. » Le diamefre de la cellule a mesure de 0'""',005 a O'"'",006, etles molecules » int^rieuresde ()">">, 001 a 0"'-,00l,2. » La lymphe s'(51ant rapidement dessechee entre deux lames de verre, il » n'a point ete possible de recounaitre, a I'aide des rwictifs, si les fines mo- )) lecules dos glolinles de la lymphe ^taient formi^es par de la graisse Cepen- II danl il est tr6s-probable, d'apr^s les caract^res qui out pu ^tre constates, 'I que ces tres-!)e(i(os molecules etaient formees par une matif're grasse. » 2'> Vh cote droit. —Mrnc eiai dn canal deferent, c'est-;i-dire meme volume, m6me couleur , meme consistance et mSme oblit(?ration que du c6t(5 gauche. Meme etat du cordon testiculaire ; seulement les vaisseaux lymphaticpies sont a peine visibles. Enfln le testiculc est tres-petit, mou et flasque comme chez le foetus. i" KYSTES A COiVTENU SEREUX DEVELOPPES A LA SURFACE DU CANAL DEFERENT, AVEC OUELQIES UEMARQUES SUR LES KYSTES DES CONDUITS EXCRETEURS DU cniEN ; par .M. Verneuil. La surface ext^rieure du canal deferent est rugueuse et comme chagrinee; elle otTre I'aspect que pr^senle souvent chez I'homme la surface de repidi- dyme; celle apparencc est due a une grande quanlit(5 de petites saillies ver- miformes, fermes au toucher et qui souleveut la membrane sereuse dont le cordon est reconvert ; un assez grand nombre de ces saillies sont libres dans lii iiliis grandc partie tk' Iciii- elciuliio et paniisseul liaasluL-ides. Ccltc parli- culaiite avail frappe M. Gublcr, u la soUicitatiou duquel jai etudu; uvec soiu Jes productions liystiques doiil jo vais douiierla descriplion. Des kystes iiombreux, eii cfTot, sont disscmiues a la surface du prolonge- raent funiculaire de I'epididyme ; on les trouve surtout sur une sorte d'arete trancbante que presente cet organe qui est notablement aplati; on pent sans ditliculttS en compter une trenlaine de volume dilFerent; les plus gros out 2 millim. dc diametre, les plus pelits sont a peine perceptiblcs a I'ceil nu ; ils sont translucides, d'une teinte legercment ambree qui tranche sur la co- loration d'un beau blanc qu'afTecte I'orgaue qui les poile. lis sont les uns enchasses a la surface, les autres plus ou moins saillants ct presciue pedi- cules. lis sont fort consistauts au toucher, disteudus par le Uqiiide, mais re- sistent bien a la pression exerc^e sur eux entre deux plaques dc verre. Examines a un grossissement de 50 diaui^tres, ces kystcs paraisseut regu- lierement spheriques ou ovoides, obscurs et d'une coloration jaunatre, analogue a celle que donne a ce grossissement le tissu llbreux; ils ne pa- raisseut pas trauslucides; ce qui est du a I'epaisseur tres-considerable de la parol qui equivaut environ pour la plupart d'entrccux au cinquiemc du dia- metre total. Cetle parol est libro'ide et formee de plusieurs couches super- posees de fibres allongees et disposees concentriquement ; an centre on voit un aspect un peudilTerent qui rappelle I'accumulation d"un epithelium nucleaire dans une cavite a parois hyperti'ophiees. L'emploi de I'acidc acetique ne jus- tifle pas cette prevision; sous rinfluence de ce reactif, la poclie, en effet, de- vienl beaucoup plus claire, sans se rompre neanmoius et sansperdre de son (§paisseur. On distingue mieux qu'auparavant la structure tibroide qui me pa- ralt due soil a des elements fusiformes fibro-plastiques, soil peut-elre plutot a des fd)res cellules musculaires, assez tongues, fusiformes, assez espacees et reunies entre elles par une matiere unissante que I'acide rend fr6s-trans- lucide [[). La presence de fibres musculaires lisses, assez ecjuivoque dans les petits kysfes, est tr^s-evidente au contraire dans les parois d'une de ces produc- tions beaucoup plus volumineuses, dont j'ai pu exciser la parol que j'ai en- suite etal6e entre les deux verres et 6tudi6e avec soin a divers grossissements Ind(-pendamment des fibres allongees fusiformes que j'ai nolees plus haul, on voit tres-nettemeat dans I'epaisseur ou la surface meme de cette parol des faisceaux volumineux de fibres de la vie organique. La connexion de ces kysles avec les tissus ambianfs est fort remarquaWe; los uns ct surtout les plus volumineux sont tout a fait spheriques el se dis- (\} U faudrait pour trancher la ([uestion bien connaitre les formes qu'atTec- tent, Chez le chien, les elements flbroplastiques el les fibres-cellules couti'ac- tiles. 24 tingiient par uu contour biuu net du milieu tiui les eutouro, les autres pa- raissout uu peu purifoinics, ct ou les voit uiaaifeslemeut se couliuuer par un des points de leur circonfc^rence avec la trame qui leur sert de gangue par line t^orte do peJicule plcin qui preseiitc la lurme structure llbroide, decrite plus liaut, comjne caractcrisaul la parol. Lcs lilires paralloles daus ce pedi- cule paraissent s'^carter au uiveau de la cavitc kystique; mais ilua autre c6te elles sont en continuity manifeste avcc les fibres concenlriques de la parol. Cette disposition 6tait de la plus grandc Evidence dans un petit kyste tout a fait isole et qui no tenait au restc dc I'organc ([ue par uu pedicule a peine appreciable alVril nu. Ayaut pu isoler complclement cetle petite production qui depassait ;i peine un ciuquieme de millimetre, j'ai pu reconnaitre sou pddicule plcin, sa cavitc centrale, ses parois dpaisses se continuant sans ligne de demarcation avec le pedicule precite qui paraissait dedoubl<5. Ainsi, point de doute, les kystes que jc decris etaieut ou avaient ete en connexion plusou moins dirccte avec la masse epididymaire; (luelques-uus y tenaient encore par un prdiculc aijant la mi'me structure que la paroi kys- tique, et n'en difll'rant que par I'abseuce dune cavitc centrale. Cette constatation n'etait pas suffisante pour ^lucider la question im|)or- lantc de Toriginc primitive des kystes. Ileureusement que j'ai pu avoir le complement de I'obscrvation anatomique et assister en quelque sorte aux phases iniliales du dcveloppemeut de la lesion. Excisant avec des ciseaux courbes quelqucs-unes des rugosites papilii- foniies (pu licrissaicnt la surface du cordon, surtout la partic saillantc dc I'espece d'arcte trauchante dout j'ai parte plus liaut, j'ai eu la tres-agreable surprise de voir la formation des kystes de la maniere la plus uctte. Examines avcc des grossissemenls assez faibles, les fragments incises coii- venablemenl d'-uoues etetales, montraieut : I" des tubes uniformes, uu pen llexueux, a parois tr6s-(5paisses, assez transparentes toutefois pour (lu'uu puisse aiscmeut y reconnaitre la memc structure fd)ro'ide que dans le pedi- cule etla paroi des kystes. Ce premier detail me paraissait deja etalilir que ces derniers provenaient sans doute des canaux epididymaires, et qu'ils re- sultaieut ou d'une dilatation sacciforme circonscrite de ces tubes, ou d'une dilatation laterale avec pedicule; '^° c'est celic sccondc bypothese qui s'est lealisec. Eu cffet j'ai vu de la mauiere la plus cvidente sur les liords de la pre- paration des appendices lateraux se detacher des canaux Epididymaires sous la forme de pri)loiigemenls digitiformes. Lilires et Uotlants, ces prolonge- meuls ctaient plus ou moins longs ; ils variaient enirc uu et cinq dixiemcs dc millimetres et jiius ; leur largeur Etait beaucoup moins grande : les uns etaieut cylindrjiiiies, les autres busseles, d'autres en forme dc niassue; leur extre- miti' lijjrc elait fort reguiierement arrondie, leur extremite adhcrente plus ou moins large se continuant dircctementavec le tube epididymaire. La paroi 25 etait tres-epaisse, mais dans la ])lupart on voit assez distiiictcraent uue cavite centrale filiforrac lie parcouraut gii6re que les deux tiers de la longueur totale de I'appendice. Celle cavite ne pouvaitelredistiuguec dans les prolongements naissants. La structure etait fori simple, la translucidite de la parol laissait encore voir cette apparence filiroide due a des couches conccntriques etparal- leles ; a des grossisscments considerables, on voyait bien les tlbres alloii- g^es fusiformes sans noyaux et r^gulierement juxtaposees dans uiie matiere unissante amorphe, mais tres-resistante, que I'acide ac6tique rendait tran spa- rente sans paraitre neanmoins la dissoudre. Ces appendices naissaient des tubes excr^teurs, tantot isolement on au nombre de deux, tantot par bouquets. Un certain nombre d'entre eux etaient deja bifurques ou lrifurqu(5s, et on pouvait voir naitre de leur corps meme des bosselures plus ou moins sessiles et qui auraient sans doute donne nais- sance a des digitations secoiidaires ou fertiaires; quelques-uns, ai-je dit, etaient en forme dc massuc ; dans ce cas, le pedicule etait plus transparent que le renflement, et Ic dernier etait plus obscur, ce qui etait dii soit a I'e- paisseur plus grande de la parol, soit a uu commencement de formation kys- tlquc; probablement la petite qiiantite du liquide et les couches tres-epaisses qui remprisonnaieut ne pcrmeltaient pas deconslater encore la transparence centrale qu'on apercevait bien dans les kystes plus volumineux. Entre les tubes cpididymaires, on voyait son tissu cellulaire dense et des faisccaux dc fibres musculaireslisses. La maceration a laquellcla piece aete soimiise, peut-etre le genre dc mort, peut-etre aussi rult(5ration dont Torgane etait aflecte m'ont empech(5 devoir I'etat des vaisseaux sanguins que je n'ai pu reconnaltre cpie tr^s-imparfaitement.'] Cos diverses explorations rendent tres-facile I'lnterproHation de la formation des kystes et d'cn snivre les phases. Ea premier lieu, les canaux epididy- maires, par une sorte de travail liypertropliique, projetaient d'uu point de leur circonference des appendices lateraux munis dune cavite centrale; cellc- ci s'6tant sans doute oblitereeau niveau du pMicuIeetla secretion continuant dans la portion restee permeable, la formation du kyste s'en etait suivie. La parol de ces derniers restait en continuite de tissu bien manifeste avec le pe- dicule dans les premiers moments, puis a la tongue la cavitd prenait des di- mensions plus grandes, le pedicule s'atropbiait peut-etre ; on voyait cette disposition et cette connexion s'etTacer de plus en plus, de maniferc a devenir tres-eipiivoque et meme completement meconnaissable en certains points. Pour que cette demonstration ne laissat aucun doute dans I'esprit, 11 impor- tait de rechercher si la formation des appendices etait bien reellement acci- dentelle et si elle ne constituait pas par liasard une disposition anatomique uormale. .I'ai fait tons mes efforts pour resoudre cette question; j'ai neces- sairement examine un grand nombre de preparations de Torgane sur des fragments pris au centre ou meme sur plusieurs des rugosites de la surface. •26 Je n'ai pu voir autre chose que des tuLes simples, uiiiformes, reguliers, uu peu noueux ou flexueux, mais tout a fait dcpourvus Jes prolongenieiits digi- tiformes precedemment decrits. Presque cliaquc fois, au contraire, ([uc j'ai pris mes (''cbantillons dans Ic voisinage immc^dlat des kystcs apparent^, j'ai pu relrouver, en plus ou moius grande abondance, les appendices susdits ; j'en conclus done que la fonnation des kystes n'est que secondaire et qu'ellc a et6 prccedee du travail liyper- trophique particulier qui donne naissance aux diverticulums glaudulaires qui eux-memes preparcnt revolution des kystes. L'obscurit6 tres-grande qui r^gne encore sur I'origine de cette derni^rc maladie, si comnuino et si importante, m'a depuis longtemps engagd a saisir toutes les occasions possibles d'elucider leur developpement. J'ai fait de cettc ^tudeun sujet deprMlection; la pifece que je viens de decrire m'a fourni I'occasion de corroborer quckiues opinions que j'ai d6ja formulees ca et la, mais sur lesquelles je demande a insister. Un grand nombre d'auteurs anciens, et quelques anatomo-pathoiogistes modernes des plus distingues, croient encore a la formation spoutanec de beaucoup de kystes; ilsrangentvolontiers un grand nombre de ces productions dans les neoplasmes (pour me scrvir d'une expression a la mode). Pour moi, je professe une opinion toute contraire; et plus j'etudie, plus je suis port6 a agrandir le cadre des kystes dits preexistants, c'est-a-dire resultant tout sim- plemcnt dune accumulation de liquide dans une cavit(5 preparee a I'aiance pour le receioir (I), .\yant depuis bien longtemps, et apres bien d'autres, re- connu I'inutilite de classer les kystes par la nature du contenu, je me pre- occupc surtout de rapporler telle ou telle forme de kystes a tel ou tel systeme anatomique, a telle ou telle alteration pr^existante de ces syst^mes. C'est ainsi que, rcjetant le mot de kyste sereux applique meme aux collec- tions liquides qui se ferment dans le tissu cellulaire, j'ai propose de desi- gner ces derni^res, quels que soient leur siege et la nature du contenu, sous le nom d'hygroma, ce qui indique immediatement le point de depart dans le systeme areolaire ou ses dependances , et indicpic a I'esprit toutes les conditions anatomiques et physiologiques qui se rattacbent ;i leur bistoire. Mais je ne saurais discuter ici cette reforme, et je me contenterai de dire que les neuf dixieraes de kystes peuvent etre rapportes, soit a des alterations du systeme cellulaire, soit a des lesions du systt-me glandulaire. Rien n'est (11 Je ne vols gu^re que les kystes hydatiques (produit essentiellemcnt li(''teromorphei qui se formcnt de toute piece, et c'est en vue do cettc excep- tion unique que je voudrais voir le mot d'hydatides enkystc^es, substitu(5 a celui de kystes hydatiques. La Constance d'une pochc isolante et n^og^ne, au- tourdes ac^phalocystes,pourrait meme faire .-^upprinier comnic inutile I'addi- fion de I'aOjectif enkyste. 27 plus facile que de retrouver le point de depart d'une foule de kystes vvais daus I'appareil secreteur de ce grand systeme ; niais on en trouye evidemment ainsi, et pour un certain nombre, I'origine dans I'appareil excretenr (lie inti- mement an precedent, mais done neanmoins d'une structure et de proprietes qu'on ne distingue pas sunisamuient). La forme essentiellement tubuliformc des conduits excroteurs les predis- pose d'une mani^-e particuli6re a la formation de kystes, et les rapproche, sous ce rapport, des glandes en tubes dans lesquelles cette maladie se montre egalement. Mais une autre question reste a resoudre. Un canal, un tube 6tant donne, comment devient-il le si^ge d'une dilatation kystique '? 11 y a deux m^canismes possibles, et probablement tous les deux admissibles ? 1° Le tube peut etre fragmente par des adberences plus on moins Isoldes, et qui laissent dans leurs intervalles des portions permeables qui tantOt re- viennent sur elles-memes, tantot sont distendues par le liquide qui continue a etre secrete. — Le tube devient alors moniliforme. Les portions iuterme- diaires paraissent comme efTilees, peut-etre a la longue peuvent-elles etre resorbees. J'ai constate d'une maniere assez evidente ce travail patbologique dans les glandes sudoripares devenues kystiques, et dans tous les cas il existe incontestablement dans les vaisseaux sanguins. 2" Le tube peut s'hypertrophier et emettre alors, dans un on plusieurs points de sa continuite, des diverticulums lateraux qui representent grossierement des dilatations variqueuses dans certains cas, et qui, dans d'autres, affectent au contraire des formes trfes-rt^gulieres. Ces appendices, a leur tour, peuvent s'isoler de plus en plus du tube g(5nerateur, et si, en raeme temps qu'ils de- viennent independants, la secretion continue dans leur cavite, il en r(5sulte la formation d'un kyste par un mecanisme tout a fait semblable a celui qui donne naissance, dans les glandes anciennes (la mamelle, par exemple) , a ces pocbes multiples si improprement appelees hydatides, ou maladie hyda- tifonne. Le kyste, qu'on me passe I'expression, n'est pour ainsi dire qu'un accident de I'hypertrophie glandulaire ou lubulaire, qui lui est toujours preexistante. Ce mecanisme est d'une evidence incontestable dans le cas actuel, et sans doute il est moins rare qu'on ne le suppose. Depuis la publication de mes re- cherches sur les maladies des glandes sudoripares et sur les kystes (1), j'ai vu quelques pieces oil il pouvait etre reconnu. J'ai d'ailleurs reconnu bien des fois les rapports iutimes aui lient la maladie kystique et I'bypcrtropbie glandulaire en general, et je considiire la pre- miere comme etant souvent une forme de la seconde. J'ai la satisfaction d'etre, sur ce point, en communaute d'idees avec mon excellent ami le docteur Lo- ll) Arch. gen. demed., 1854. 28 bert c'oiiiiimiiicaliou iiieilite), ile telle sorte (iiio mon bypoth^se est pass6e au- jourd'biii, a raes yciix, a I'etat do demonstration. Dans Ic travail auquel jc viens de faire allusion, j'ai, au reste, demontre que lorsqne les elements anatomiciues en forme de tubes ivaisscaux capillaircs, conduits excretcurs, glandes tubuleuses) s'liypertrophaient, ricn n'etait plus commun que de voir se produire, soit dcs diverticulums lateraux, soit des divisions dicbolomiques terminalcs qui n'cxistent pas dans I'ctat normal. J'aurai sans doute I'occasion de developper quelque jour ce point curieux. Je n'ajouterai que quelqucs mots a cctte note, deja longue. .I'ai employe plusienrs fois le mot de canaux i5pididymaires pour designer les tubes mul- tiples qui se trouvent en si giande abondance dans I'organe qne M. Goubaux designe dans sa note sous le nom dc canal deferent. Mon intention n'est pas de reformer le langage sur un point d'anatomie compar^e , surtout qui ne m'est pas familier ; cependant je ferai observer que le nom de canal deferent, applique a un faisceau de canaux si multiples, n'cst peut-etre pas acceptable, reut-etre ne devrait-ou rappli([uer qu'a la portion des voles d'excretion du spermc qui est unique et non ramifice, et conservcr au faisceau tubuleux fu- niculaire le nom d'epididyme ; cela conduirait a dire que ce dernier organe se prolonge beaucoup plus bant cbez le cbien que chez rhomme. La structure des conduits excreteurs de I'epididyme vrai et de I'^pididyme prolonge ma paru, en elTet, assez semblable, si ce n'est que les premiers sont plus larges et munis de parois moins epaisses. J'ai ete frappe egalement de la grande proportion de fibres musculaires qui entourent les fibres de I'epi- didyme prolonge, et ijui sans doute ici, comme dans la plupart des glandes, concourent acllvement a I'excretion. Je n'ai pu retrouver, a la surface de I'organe, les vaisseaux lympbatiques volumineux (pii y ont etc trouves par MM. Goubaux et Delafond. Sans doute ils etaicut aOaisses. Mais j'ai constate sans peine, comme ce dernier, I'altera- tion granulo-graisseuse du pareucbyme testiculaire. Cette piece est, en resume, du plus baut interet. Peut-etre pourrait-elle Jeter de la lumiere sur les kystes multiples de I'epididyme chez I'homme; dans tons les cas elle etablit bien nettement une variete nou connue de kystes des conduits excreteurs. Je prieraiM. Goubaux, au nom de la Societe aux travaux de laquelle il prend une part si active, de reebercber cbez le cbeval, le cbien, et en general les animaux domestiques , si de semblables lesions sont com- munes ou tout a fait exceptionnelles. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r F LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 185" Par M. LE DocTEUR PORCIIAT , secretaire. PRESIDE\CE DE M. RAIEK. 1. — Anatomie. CONCRETIONS OSTEIPORMES AY ANT LEUR SIEGE DANS L'ePAISSEITR DU MESENTERE ; observation deM. Pestel; analyse des concretLons, parM. Berthelot. Le nomme Cliabanon, iige de 87 ans, est mort d'hi'morrliagic C(;rc'brale, lo 10 fevrier 1S54, a Iliospice des Manages, service de M. Labric. AuTOPSiE. — Outre la lesion du cerveau qui avait occasionne la mort, on trouva, dans Tepaisseur des Epiploons gaslro-hepalbique, gastro-spl6ni(iue, des mesocolons et du mdsentere, des tumours tres-dures, au nombre do 60 environ, dont le volume etait tres-variable. Les plus petites etaient compa- raliles, pour la grosseur, a des noyaux de cerises, tandis que la plus grosse nlteignait le volume d'un oeuf de pigeon. 30 Ces lunieurs abondaient snrtout dans lo muscnlt^re ; r't'-tait la aussi que se Irouvaient les plus grosses. EUes 6taient sitin^-es eutre Ics deux feuillets du pt^rltoine, cncbassees dans une gaine cellulo-Dbreuse, donl 11 etait facile de les enuck'er. Degagees de lours enveloppes cclluleuscs, ces tuuieurs avaicnt I'appareucc de concretions calcaircs, les unes arrondies, les autrcs de forme irr^guli^re; (Iiiclques-iines prc^sentaient, sur iinc do Iciirs faces, rempreinte de la portion d"intcstin sur laquelle elles otaient appliquees. Los plus grosses de ces concretions semblcnt rc'sulter de I'accolement de plusieurs noyaux calcaires entre eux. Une coincidence curiense a noter, c'cst quo lintcstin du sujot prosentail quatre rctrecissoments : le premier, long dun piod environ, porlait sur la premiere partie du jejunum ; le deuxi^me existait a la fin de I'intestin gr61e ; le froisi^me se trouvait entre les deux precedents ct plus rapi)rocli6 du deuxieme; lequatriome enlinot le plus reniarquableapparlenaitaugros intes- tin : il occupait Tangle forme par le colon transverse et le colon descendant. Cette portion de I'intestin etait cachee an fond de I'hypocondre gauche, au-dessous de la rate, oil elle etait retenue par de nombreuses adh^renccs ; elle etait re- duite a la gi'osseur du doigt et contrastait par sa petitesse avec le roste du gros intestin dilate par des gaz. Les ganglions lymphatiquos des niembres el du tronc, les ganglions lom- baires et broncliiques, ont 6te examines et n'ont prosento aucune alte- lulion. Les poumons otaient parfaitenient sains. II n'y avait pas de calculs dans la vessie ni dans la vesiculebiliaire. Le foie et la rate, dont le tissu etait normal, presentaient un tr6s-petit vo- lume qui pourrait passer pour un conmicncemont d'atrophie. Presque toutos les arteres otaient le siege dun dcpOt crotacc consi- derable. Cette sulistanco se pr^sente en concretions an'ondies dun volume notable (plusieurs centimetres de diam^lrei. Les concretions sont enveloppees d'une gaine flbreuse qui se laisse d^coUer avec plus ou moins de facilite. D'apr^s I'analyse, elle renferme : Du pbospbate do cbaux ; Du carbonate de cbaux ; I'ne petite quantile de matierc grasse; Et une maliere azotoe, insoluble dans I'acide chlorhydrique iroid et con- servant la forme de la concretion primitive. Cette matiere est analogue a I'os- leine. Ces caractercs nous prouvent que les concretions analysees sont de uatiire osseuse. 31 II. — AnATOMIE PATHOLOGIQUE. 1" DESCRIPTION DUNE TUMEIR DE LIRIS QUI A NECESSITE L'ABLATION DE LA MoiTiE ANTERiEURE DE l'ckil ; pal" MM. Ics (loctcurs Desmarres et Ch. Robin. De la face posti^rieure de I'iris se detache une vegetation d'lin gris rougea- tre, ayaiit le volume an moins d'une lentille. La surface est irr^guliere, ma- nielonnee; sur le cdt6 de cetle vrgetation, qui fait une sailliede 3 millimetres environ, adhere un fragment du tissu grisatre demi-transparent, presque cir- culaire; il est ferme et resistant, difficile a dechirer, tandis que le tissu de la vegetation est presque pulpeux, demi-solide, trSs-friable. Ces deux portions du tissu, bien qu'adherentes I'une a I'autre, ont une structure trSs-difTerente. La production mollc v6gi5tante de la face posterieure de I'iris ofTre la struc- ture des productions diles fongueuses,qu'on observe tres-souvent dans le tissu cellulaire cntlamme, comme, par example, autour des tumeurs blanches. On y trouve en eflfet une certaine quantity de fibres, du tissu cellulaire ; elles forment une traoie tr(^s-kicbe a cette production morbide. Secondement, des vaisseaux capillaires lres-nombreux,et parmi ceux-ci on observe que le quart environ d'entre eux offre une alteration tr^s-remarqua- ble et qui ne paralt pas encore signalee. La structure propre de ces capil- laires est en eflfet completement masquee par la presence d'une quantite con- siderable de granulations calcaires, toutes contigues, qui encroiitent les pa- rois deccs capillaires. Ces granulations sont jaunatres an centre, irr(jguli6res, polyedriques, a peripheric foncee. Elles sont targes d'un a 5 niiliiemes de mil- limetre ; leur contigu'it(5 et leur superposition rendent completement opaque la parol des capillaires. Cette particularite permetde suivreavec la plusgrande facility le mode des ramifications de ces vaisseaux. Ces granulations rendent le contour de ceux-ci dentele et irregulicr. lis en r^trecissent le calibre el meme fobliterent en quelqucs points ; I'acide cblorliydrique dissout ces gra- nulations en degageantune certaine quantite d'acide carbonique. La parol des capillaires reparait alors avec sa transparence, mats un peu granuleuse ; on voit aussi que les noyaux ont disparu. Troisifemement.l'elemenl plus abondantde cette vegetation est de la mati6re amorplio flncment granuleuse, grisatre, assez molle et demi-transparente. C'est k sa grande proportion qu'cst due la demi-transparence etl'aspect grisa- tre dela vegetation. Quatriemement. Dans cette niatiere amorplie se trouvent distribues en ([uantite assez considerable des cytoblastions tons spheriques finement gra- nnleux et uniformement repandus dans le tissu. Le fragment demi-transparent adherent au cote de la granulation n'ost autre 32 chose quo la capsule dii cristallin. an niolns sa moitie antc^rieure. Son tissii. sous le microscope, est transparent , lout a fail iionioyene, el |in''seiite a la fois la resistance et le mode de friability spiiciale a la capsule. CepeiuianI on ob- serve surle bord du lanibeau de cet organc une alteration cpii Ini est partieu- liere ct cpie Ion rencontre assez souvent en menie temps que certaines varie- ty de cataractes. C'est cette alteration qui se trouve decrite pour la premiere fois dans une observation dejnillet 1853, publico par MM. Desmarres et Ro- bin, dans la G.\zette des iru'it.vlx d'octobre de la nieme aunec. Celle altera- tion consiste en un depot pseudomembraneux dont la ddcbirure est amincie en biseau. En meme temps le bord aminci de cc biseau est dcicbiquete sous forme de lambeau.x lamelleux. On observe en outre que la substance de ces lambeaux est striee el devenue presque libriUaire. Ce depot adhere intime- ment a la surface de la capsule. Le tissu de la capsule tpjc nons venons de d^crire est complelement de- poiu'vu de vaisseaux. On ne trouve dans ce tissu aucune trace de granulations calcaires et graisscuses, que Ion trouve dans les cas de cataracte capsulaire. 2" DESCRIPTION DIN CRIST.\LLIN ENTIEREMEXT PIERREUX, SllVIE DE QUELQUES REM.VROUES SI R LES AFFECTIONS DES MILIEUX NON VASCULAIRES DE L'CKIL; par M.M. les docteurs Desmarres et Cii. Robin. g I. ^ — PESCRIPTION DV CRISTALLIN PIF.RREUX. Ce cristallin, qui avail conserve sa forme, presentait une couclic epaisse de 1 millimetre environ, formanl une coquc qui a la consisUuice et la friability d'une coquilled'a'uf; la portion cenlrale du cristallin est egalemcnt composee d'une matifere cretacee ayant la consistance du plaire mouillc. L'une et I'au- tre de ces parties du cristallin, quoique do consistance ditTerenfe, ofTraient la meme composition anatomique. Elles sont entierement composces : 1" D'une grandc quantite de granulations jaunes, brunatres, larges de un a 5 milliemes do millimetre, polyedriques , a contour fonce, a centre assez brUlant. L'acide chlorliydrique moutre que ces granulations se dissolvent a la manierc du sulfate de chaux, en degageant, en outre, une petite quantite d'a- cide carboni([uc et laissant apres elles une tranie transparente de substance azotee. 2" Apres les gi'anulations pr6cedentes, ce qu'on trouve plus al)ondamment dans ce tissu, ce sont des corpuscules spheriques larges d'un a 3 centiemes de millimetre, soil isoles, soil reunis ensemble, an nombre de trois a qua- tre. Les corpuscules spheriques sont granuleux, fences, peu transparenis, el sont entierement formes par accumulation des memcs granulations calcaires decrites plus haul, ce quemontre Taction de l'acide chlorliydrique, qui, apres avoir di;ti\iit ces granulations, laisse uuetramc! azotee finemenl granuieuse, 33 transparenle, qui reprodiiit exactement la forme des corpuscules in^mo.';, et avec plus d'elegancc et de d^licatesse. Autour de ces globules transpareuts, que met ad^couvert racidcclilorhydrique, reste presque toujours unelegero couche de fines granulations moleculaires grisatres. 3° La plus grandc partie du tissu cr^tacc, et particulierement la coque exte- rieure, est formee de lambeaux ou fragments d'uue (^tendue assez conside- rable, aplatiSjlamelleux, opaques. Par suite de la grandc quantite de granula- tions, serablables aux precedenlesct dclameme composition, quercnferment ces fragments lamelleux, il est d'abord impossible d'en determiner la nature; mais ils peuvcnt, par suite de faction de I'acide cblorliydrique, etre reconnus comme ayant pour tramc les fibres du cristallin. On voit, en efTct, qu'a me- snre que facidc chlovliydriquo dissout les granulations, Ics fibres denlclc^es du cristallin dcvienupuf pen a pen Irrs-nelteraentreconnaissables, et elles ap- paraissent alors les uncs a cote des autres avec une grande regularite, et aussi fransparentes qu'a lYMat normal. Toutefuis, on pent remarquer qu'elles sont unpeu plus granuleuses, sans cepcndant 1' etre autant que dans les cas de ca- taracte lenticulaire ordinaire. 5i II. — REMARQUES Sl'R LES INFLAMMATIONS DES MILIEUX NON VASCUI.AIRES DE l'OKIL. a. On a, sous les diflferents noms de capsiie, capswlite, crystalloidile, pe'ripha- cite, phacohymenitis, decrit : I'' Les fausses membranes, vasculaires ou non, suites d'iritis, forniees centre la face iridienne de la capsule du cristallin, et attribuees a tort a une inflammation de cetle portion de la capsule, puisqu'elle est d(^poiirvue de vaisseaux. 2" Les opacites de la moilie antcrieure de la capsule, dues, soit a des depots de granules calcairesphospbatiques, soit a des deptMs de granulations grais- seuses, ou enfin a des depots snpcrficiels, radies, d'aspect pseudo-membra- neux, sont attributes anssi a tort a une inflammation de cette portion de la capsule, aiusi que le montre ce qui est dit plus loin a propos de la Icntife. La moitie posterieure de la capsule est, il est vrai, vasculaire, et on pour- raitconcevoirqu'elles'enflamma; mais on salt que sonrcseau vasculaire s'alro- phie et disparait vers fepoque delanaissance,et sareproductionpatbologiqiie, qui supposerait la regeneration de I'artfere centrale de la retine non moins dis- parue, n'a jamais ete obsei'vd-e. 11 y a plus encore, c'est que tons les autenrs s'accordent a reconnaitre que les If^sions precedentes et autres analogues si^gent babituellement sur la moiti(5 antcrieure de la capsule, ce qui est vrai ; or c'est prCcisement cette moiti6 qui n'est jamais vasculaire. Les remarques faites plus has, a propos de la lenHte{c.), s'appliquent done ici d'une maniere complete. 6.— Sous le nom de phacopyosis ou phacopyose, a 6te decrit cet (5tat du cris- lidlindanslequel il est rnmoUi.apris faspect puruleul. e|,parsuite,aele con- c, R. •! 34 sidere coinmo ayani rc^ellonieiit suppuri! (calararte purxilente). C'esf sans doul* dans le gronpe des cataiacles mollcs que doit 6trc classic et decrite cette le- sion, car la prcsoncc dcs globules caraittTistiqucs du pus on pyocytes n'a ja- mais eteconslat('edaiislecrislallin;ctce que uousallons dire de la leiitiles'appli- que ogaleniont a ccparagraplie. Toutefois, il ne scrait pas impossible que Ton vlnt a conslater la production des ek'ments du pus dans Ic crislallin, bieu qu'il manque de vaisseaux, comme nous en avons constate rexistence dans les abces de la corn;!'e, qui olle anssi manque de vaisseaux. c. — On a decril sous les noms dc phacite on lentiie diverses alterations du cristallin qui sontrdelles, mais que Ton a supposes a tort 6tre una inflamma- lion de cet organe. En effet, rinllammation est un rtat niovbide caracterise par un adlux de sang dans les vaisseaux plus considtoble qua I'^tat normal, puis par du gon- flement, etc.; c'est une succession de phenomfenes se passant dans les capil- laires, c'est ennnniof, un trouble dc la fonclion de circulalion ayant parti- culieremcnt son siege dans les vaissauxcapillairesd'un on de plusieursorganes oud'une partie d'un organe. DelY'lude decephc^'nomfene, 11 ri'sulte,par conse- quent, qu'il ne sauralt avoir lieu dans les organes dc'pourvus de ces vais- seaux. Ceci ne vent point dire que les alterations appel^es phacite ou lentite n'exis- lent pas, mais seulemoiil ([u'clles ne sont pas dc nature inflammatoire et qu'on a eu tort de leur donncr des noms termines en ite, quun usage qu'on doit respecter a consacrt^s a la designation des maladies que caracterise surtout Vinllammation d'un organe. Quelqucs ccrivains, il est vrui, out avance tiue rinllammatiou [louvait avoir lieu dans les tissus non vasculaires, ou commencait bors des vaisseaux et que les troubles circulatoires n'6taient qu'une sorte de ph(?nom^ne et non le fait csscniicl. 11 y a la un vice de raisonnoment cause par des notions de pliysiologie inexacles ou an moius incompletes, quit impoilebeaucoup, pour I'eludc des maladies derceil, de corriger. Tons les tissus, aussi bien les ongles, les polls et autrcs non vasculaires, que les parlies pourvues de vaisseaux, sont douees de la propriele de nutri- tion, c'esl-a-dire qu'ils se combiuent et se decombinent simullanement,d'une maniere continue, et sans se detruire, avec les maleriaux qu'elles emprun- lent et rejetlent dans les parties arabianles. C'est aux organes vasculaires voisins (lue les tissus qui ne sont pas vascu- laires enipruntent et rendeut de procbe en procbe ces mat^riaux. Mais il est trois conditions principales dans Icsquelles on volt survenir des troubles de la nulrilion, ([ui se mani!oslent par des ramollisseaienis, ulcera- tions, d('p6ts, incrustations, productions saillantes , liyperlropbie ou atro- phic. Ce sont ; 1° les losions physiques direcles du tissn non vasculaire; 2° ccUes 35 des bumeurs, coiiime le sang, auquel ils emprunlenl des materianx do pro- che en proche ; 3° les troubles de la circnlatioii, ronime I'inflammation du tissu vasculaire, dont les capillaires apjiortenl et cmporlenl les matiriaiix nuti'ltifs. Ne coi)sid(?rons ici que cc dernier cas, celui dans lequel le cristallin (conime le ferait tout autre organe non vasculaire) se nourrit mal ou trop, se durrit ou se ramollit, elc... sous rinOuence de rinflammation des proces ciliaires ou au- trosorgauesvasculaires, auxquels ilsempruutent des priucipes nutritifs.il est evident que ces troubles de la nutrition du cristallin, bien (pie reconuaissant pourorigine rinllanimalion d'un orgauc voisin, ne doivent pas eire appelt^s una inflammation du cristallin, puistpie, dans les signes par lesquels sc ma- nifeste cette lesion, manquent tons ceux que fournit cc systeme vasculaire, qui sont les signes essenliels et caraclerisliques de Tetat morbide appele in- flammation. 11 y a done la une ou plusieurs alterations particulieres, par vice de nutri- tion, suite d'une maladie des organes voisins, mais ce n'est point de lintlam- malion. Ces lesions doivent etre d^criteset cTassees d'apr^s ce que I'examen anatomique aura fait connaitre sur leur nature intime, uinis nullement mises au nonibre des phlcgmasies. On comprcnd facilement que ce qui vient d'etre dit du cristallin se pent repeter en parlant de sa capsule, du corps vitre, de la membrane de Descer- net, du tissu meme de la cornee, des que son reseau sanguin embryonnaire sous-epith(^lial a dispaiu et lorsqu'il ue s'est pas reproduit a la suite d'une conjonctivite. Les points blancs, opaques, etc., qu'on a vus se former dans le cristallin et qu'on a cousideres comme signes de la lentite ou phacite, sont simplement des lesions de nutrition du cristallin qui lui 6tent sa transparence et qui sont une I'es phases de certaines de celles qu'on decrit sous le nom de cataractes lenticulaires. 3° FILAIRE DE MEDINE (FILARF.i MEDINENSIS, GiMELIN), EXTRAIT PAR M. MAL- GAiGNE DE LA JAMBE d'u.\ ho.h.me LE 13 JuiLLET 1854; par M. le doclour Cii. Robin. Les portions de la mere qui sont d'uu blanc de lait, opaques, sont encore pleines de jeuiies sjrtis de leur oeuf. Les parties du corps qui se sont vides sont demi-transpareotes. .\u-dessou3 de I'enveloppe generate de I'animal, laquelle reprt^sente uu long tube mince, on ne trouve plus tra. e d'intestin ui d'aulres organes a cette periode de la vie; mais seulement une trflis-mince gaine api)liqu e a la face interne de la premiere et remplie prr les jeunes. Ce deuxieme tube est roviducte, ou mieux sa portion qui re[r^- sente Tut^rus. Les jeunes encore contenus dans Tutirus etaient presque tous 30 enroules, tanl6t avec la queiio saillantc an dehor?, t.nili'.l odlo-ci so Iroiivant cnrmil(!'e coninie Ic reste du corps. Lcs jeunes oat vccu plusioiirs jours dans I'eau a la tciupcrautrc ordinaire, et ils pouvaient 6tre abandonu(5s dans une goulte d'eau qui se dessteliait el les laissait sans mouvpmcnls, jniis reprondrc louto lour ajilito et leur i^ner- gie par addition d'eau six a douze heures apres la dessiccation. Le corps des petits n'est pas cylindriquo, inais aplati ; son opaissenr est do n'n"',019 et sa largeur 0,0'2G ; la longueur tolale deranimal est de 0°"",757. L'exlremite anterieure du corps est tres-legercment amincio et so termino par unebouchc liniitue par trois niamelons arrondis, a peine percoptihlo? ;'i cot age. La largcur de celte partie est de 0""",010. \ partir dn niveau de I'anus oil le corps pr<'sento \ui (■largissouionl con- stant, bien (jue fort petit, il samincit d'abord un pen brusquement, puis d'une nianiere graduelle et se termino en pointe tres-efTd^e. Cette partie, qui est la queue, est a cet age longue de 0,2b0; elle est contractile, flexible eu divers sens, sans courbure fine et ditTt^'re beaucoup de celle de I'adulte qui est courte par rapport au reste du corps (longueur 1 centime, obtuse et tou- jours rccourbee en quart de cercle. Elle se coude brusquement au niveau de I'anus apres la mort. Dans toute son etendue, la surface du corps et de la queue est tres-fine- ment plisste. Les plis, traces d'annulations, sont egalement doartes les nns des autres, savoir de 3 niillienies de millimetre. L'epaisseur dela parol du corps est de 7 milliemes demillimetro environ; dans la cavite qu'elle limite, on n'apercoit autre chose que I'appareil diges- tif. La substance est bomogenc, tinonicnt granuleuso ot no presonte pas trace do fibres a un grossissement do (JOO. L'a?sophage no rcmplit pas exac- tement cette cavite et de fines granulations, la plupart graissouses, flot- lent dans le liquide Interpose a I'dpsophage et aux parois du corps. L'in- testin remplit exactement cello cavite dans toute I'^tonduo qu'il occupo ; loutefois lorsquil se conlracio, on voit qu'il n'est pas adherent. L'oesophage est long de 0""",t79 a 0,183. Ses parois sont assoz epais- ses, completement bomogenes, forlemont contracli'os; oUes sont ordi- aairoment rapprochces I'une uc I'autre; mais la malif're jaunatre, en pai'tie gi'aisseusc, contenue dans I'intestin, reflue quelquefois dans cet organe et y d(?termine des dilatations variqueuses. L'inteslin proprement dil est tout d'une venue a partir du cardia oi'i il est plus rentlu que Tcesophage ; il est un pen aplali comme le corps. La substance de sa parol est sans stries ni fibres, mais homogene, parseni(?e de gi'anulations fines niais tres-nomb reuses. II est long du cardia a I'anus deO™"','28iaO,2B8, tandis que la longueur Intalo du lube digestif diMaboucbc a I'anus est de0,/i63 a 0,467. Toutefols en arriero do I'anus I'inlestin so prolongo en])otit cul-do-snc. ]);ilo, tros-contractilo. long do 3 oenliemop <](' millimotro I .11 ciiviroi). Le cuulcrui grauuleux qm leiuplil cxaclfiiioiit riutcsliu iic pe- iietre pas Ijabiluclleincnl dans le ciil-clc-fac, cc qui fait qn'ii est (lilficilc a iipercevoir. L'anus est transversal, largo de G a 7 niiUieiues tie millimelre, culuuic d'uii petit bourrelet ou k^vrc saillaiilc, couliaclile. On voit .^diiveiit Ics lua- lieres iiilc?tiiiak's cxpulsres par cct urillce. All dela du cul-dc-sac inteslinal qui sV'icinl dviriere rauii^, la cavile dti corjis se prolonge encore de ([uelques cciilienies de niillimOlres el cojilient uu liquide iucolore tenant en sii. ilorigine si diverse : c'esl im nouvel cxcin!)lc d'une subslance cxtraitc des \eg(?taux qui so reucoutre dans le r^gne animal sans que Ton imisse adraelire iiuc celle substance ait peuetre danslc corps dc ces dcrniers sous rorine da- liment. Enun mot; la [ihocuniue, si abondante dans les huiles dc certains daupliiu;;, parait oflVirtoiis les caracteres dun principe immediiit |iroiUiit dircrtcinciit par ce? animaiix. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r ^ LA SOdlETE 1)E BIOLOGIE |'i;mi.\m Lii Mois iy.s.vi',H, IbJoo; I'AH M. l.K UUCTKLU I'OllCllAT . SKCHETAIRE. FBIiSli^ri^CK IM; \!. KIVEK. I. A.NAIO.MIE l'AiUOLO(aul-i;. E\AMEN A LAIUE DU MICROSCOPE DU TISSUDl.NE TLTUEUR EPlTHEl-lAl.E l)i ISIilN ; par M. Cif. liOBix. Le malatle qui fiiL le sujel dc lobscrvalioii suivaiite elait lionime ilc jieiiic, age tie 51 ans , et nommii Frederic B... , eiiUv' a I'hopilal Saint-Louis dans un etat assez avance de cachexia, qu'il attri!)ne a des privations; I'attentionful liientot fixee par une iumeur que portc le uialade a la partic inferienre de Tab- douien, sur la ligne niediane, vers les dernieres vertebres loinljaires. Cette tumeur offrc le volume dune t6te de foetus ; elle est dure, resistante, mobile. mais dans unc ]ielilc etendue , de faeon a laisser croire qu'elle esl adherente 42 en am^fe vers la colonne vert(5brale; compldtement indolente. La. percussion r^nale n'est pas pratiqu^e. Inlerrog^ avec soin siir la nature de ses urines, le malade r^pond n'moir jamais urine de sang ni de pits. Les urines, dil-il, onl toiijours ef' tr^s-clai- res. Pour la limieur, il la purte dcpuis une dizaine d"ann(.'es, et coninie elle ne lui a jamais cause de doulmrs, il ne s'en est pas ocuupc; il ne I'a jamais sou- raise a I'examen d'un medecin. Mort dans un etat dc cachcxic IrCs-avance un mois aprt's son enlrde a rh6- pital. Autopsie. — Pas d'alteiations organiqucs du poumou, du cceur, du foie, de la rate, de rintesliii, de la vessie. Rein gauche hyijcrlropliii' en lotalite. Situation normale. Rein droit. C'est cc rein qui constituc la tumeur abdoniinale. 11 est situe au-decant de la colonne vertebrale , au niveau des dernieres verlebres lom- baires, comnie a cheval sur ccs vertebres. L'arlfere ronale nait de la parlie ant^rieure de I'aorte, a 2 centimetres au-dessous de la mesenterique infe- rieure, a 4 centimetres au-dessns de la bifurcation du tronc aortique. Ce rein est complotenient deforni(5. La (umcur qui le rcmplace est irregu- lierement quadrilalere, avec deux saillies kiterales; elle prt'sente environ 14 centimetres pour le diametre vertical, 12 a 13 pour le diametre transverse , 7 a 8 pour le diametre ant^TO-posterieur. Les deux saillies lalerales sont du volume d'uu moyeu citron. Inferieurenienf, la consistauce de la tunicur est raoUasse. Superieurement, duretc normale du tissu renal. Celle tumeur est siiiiee entre les deux feuillets dearies du mesentere, Fendue completement dans le plan de son gi'aiid axe, elle jiresente : 1" Inferieiirement, une sorle de houillie diffluente, semblable pour la cou- leur el la diflluencc a dc la crcme, on mieux encore, a de la substance cere- brale ramollie. Celle bouillie conslitne la parlie cenlrale de la tumeur dans sa moitie inlerieure ; de plus , elle remplit ce qui parait avoir form^ les calices et le bassinet. Enlevee avec le scalpel, elle laisse a decouvert une masse jaune blanchdire tout a Tail semblable , pour la coulcnr el la consistancc, a du mas- tic de vitrier, rappelant pour I'aspect les noyaux sanguins d^gc^ner^s. Celte substance forme uue tres-graude partie, pour ne pas dire la presque totalite, du tiers inferienr d(; la tumeur. 2" Supcrieiu'emenl , vers la peripheric , tissu r^nal altera dans son aspect, rose, avec stries blancbatres et irreguUeres, asscz dur. La substance corticale senle a subsists ; lasubsiance tnbuleuse parait complelemcnt delruile. 3" r.ii et la des foyers sunguinH. X la riHinion du tiers superieur avec les deux tiers inferieurs , foyer de la grosseur d ime noix. 'r Dans le tiers superieur, vers les parties centrales , uoyow blanchdire du volume d'une cerise , regulieremeat spheiique, tres-ncilement distinct des i3 tissus ambiarits , dont le sepave une membrane kystique. Ce noyau est forme par une substance demi-molle , semblable a celle que nous avons comparee au mastic. 5° Les deux tumeurs lat:n'ales , soites de hernies de la grosse tumeur, sont conslituees par une maliere semblable a ce dernier noyau. 6° L'nretere , du volume dii doigt medius , est gorge de cette meme sub- stance. II est oblitere et rcduit a son volume normal a quclqucs centimetres au-dessus de son embouchure dans la vessie, Les deux portions do la tumeur djnt la substance offre un aspect si difTe- rent, diluent, cremcux dims un cas, dur comme du mastic de vifrier dans I'antrc cas, olTrent pourUmt la menie composition ek'mcnlaire. L'uneetl'autre sont formees d'epitluHium; mais dans la portion quoflVe la consistance du mastic de vitrier les cellules cpitlu'liales sont plus pelites de moilie que dans ['autre portion oil nous les decrirons tout a I'beure plus louguement. En outre, elles sont plus irregulieres, souvent granuleuses, mais IcUement rem- plies par ces granulations qu'cUes sont devenues presque opaques. Une grande quantite de granulations libres, d'amas irr^guliers de granulations et une maliere amorphe assez abondante se trouveut interposes aux cellules et les maintiennent adh^rentes ensemble, sans ordre et sans (pi'il soil pos- sible de retrouver des traces de la disposition des cellules en gaines epLthe- liales. La partie de la tumeur d'un blanc on dun gris rongeatre, pulpeuse et dif- fluenle comme de la substance cerebrale ramollie est formd^e de cellules epi- theliales oti'rant les conformations les plus diverses, maisserapprocbautsurtout de la forme pavimenteuse et quelquefois de la prismatique. Ce qui frappe surtout, c'est leur cnorme volume ; elles ont en genc^ral 5 a 6 centiemes de millimetre en longueur et en largeur avec une ^paisseur moiti^ moindre. Mais 11 en est beaucoup qui, en conservant cette largeur, atteignent jusqu'a un dixi^me de millimetre de longueur on onviron. Celles qui sont prisma- tiques ofTrent en longueur les dimensions des autres, mais n'ont que d'un a 3 centiemes de millimetre dans les deux autres sens. 11 est enlin des cellules qui ne d^passent guere les dimensions ordinaires des Epitheliums du rein, mais elles sont peu nornbreuscs ; licaucoup de celles-la sont triangulaires ou mieux irr(5gulierement pyramidales. Toutes ces cellules, ou du raoins la trfes-grande majorite d'entre elles, ren- fcrmaient des goulles de graisse, les rcmplissanl totalcmentou en partie. Ces gouttes graisseuses (Maient remarquables par leur aspect brillant moins jan- natre qu'a I'ordinaire, la netlete de leur pcripberie et I'l'-icgance de leur su- perposition. La plupart, on efTet, etaient rt^unies en groupes uniques ou mul- tiples au centre de la cellule ou centre ses bords. Leur volume etait genera- lemeut d'un a 6 milliemes de millimetre; mais on en trouvait presque tou- jours une ou deux dans chaque cellule et quelquefois cinq ou six atteignent 11 10 a is uiillieuies dc millimetie. l.a portion iles celluk's iiul- ue ifmplis^inl pas les goutlcs graisscuscs etait plus pa'.p, i)lii? tran^^parento ([ua letat nov- mal, bieii que renfernuint dc fines granulations moleculaires grisatres. En ouire les i)his grandes des cellule? pn'-entaient des plis iiregnliers a leur peripheric, mais tres-lins el Ires-. k'gants. Aucune d'entre elles nolTrait (race de noyau. 11 fat impossible de Irouver les cellules disposecs en gaines epithcliales, analogues a cellc des tubes nriniferes ; mais beaucoup d'entre elles, an lieu d'elie isolees, se Irouvaient encore juxtaposees regnlitreuient en rouelies on plaques, toujours plus longues que largcs, mais pourlant noii tubuleuscs. Sur los plaques, il etait possible dc constater quo Tun des bords dc cliaque cellule ciaitreguliercmeut place ou regulicrcnieut arrondi comuie dans les couches ou gaines cpilhil'liales tapissant une membrane, tandis que le l>ord oppose correspondaiit a la parlie adherente 6tait toujours irregulicr, quelqucfoisplus oumoins prolongc en pointe. Vinsi (|u'onle voit, ccttc lesion est analogue a celle qu'ou trouve daus les (■•piliicliunis les plus avancjs, avec ramoUisscment de la masse, dissociation des cellules epiihcliales qui cessent d'etre disposees en couches, tubes, etc. Elle se rai)proclie des formes d'cpitheliuni dans lesquelles les cellules deve- nues plus gi'andes qua Tetat normal olfrent des aberrations de forme plus ou nioius varices, saus pourtant jamais tendre a prendre les caract^res de qnel- ipraulre espece de (.clitile que ce soil. II. — Ph^siolouik. i:\\MJiN UL S.VNi; ClIKZ L.\ CIIIEN DEnATli DEPIIS Sl.N. .\.\S ET DE.M1 ; OlISEll- VVriONS MicROSCOPIQlES F.4ITES SUR CE CIIIEN; par 51. YULPIAN. 1,11 cbien derate au milieu dii mois de juillet 1848 meurt le 10 fevrier 1855. iJcpuis six luois, il etait aflccte dune maladie de peau caracterisee par la chute des polls ct une desquamation tres-active avec funnation de croiitessur difl'c rents points du corps. Cetle maladie a sevi pendant tout le cours de I'an- nee 1854 sur les chiens en experience dans le laboratoire de M. Flourens, oil se Irouvait ce cliicn derate. La maladie de peau saccompagnail, ciiez un grand nondjre de chiens, des maladies des articulations, dulceratiuus sur les raembres, ce ramoUisseraent des coiiiees, etc. Les grands froids de fevrier avaicntaugineiite beaucoup le malaise ordinaire du cliieu dLiatc', et pendant la null du I'J au ^2Q fevrier il succomba. Ce chien, jusqu'au moment oil 11 fut alleiul de raffection cutanee, c'est-a-dire pendant six ans au moins, sembla jouir constamment d'une sante excellenle : il mangeait avec appetit et dige- rait tres-bien ses aliments. J^i Ion exceiite les quiiize jours qui ont suivi loperatiou il' de lextii-pa- '1) Celte operation a etc faile eu pratiquant nne incision longitudinale sur lion lie la rate, aucuii trouble, dans aucuae de ses functions, n'a ('•it' observe Qiielques mois auparavant, on avait derate, avcc Ic lueme succes, nnecliicnne d'une taille cgale a cellc du cliien ; on avail mis ensemble ces deux cliiens de- rates, et la femelle, couverte par le male, donna dans Ic laboratoirc plnsicurs portees qui ne dilTeraient en rien, ni par le nombre absoln dcs pelits, ni par le nombre relatif dcs males et des fcmellcs dcs portees ordinaires dcs cliiens. Quelques jours avantlamort du cliien, M. Vulpian examiiui an microscope le sang qn'il retiia d'une section faitc a Tune dcs oreilles ; cc sanp- conlenail des globules blancs et ses globules rouges ofTraicnt leur apparence normale. Comparativement on examina le sang recueilli par le memo proccde snr nn chien qui n'avait snbi aucnnc operation. Le nombre des globules blancs pa- rut etre !c menie cbcz les deu.x cbicns. La necropsic du cbien dcrati^ fut faile le jour memo ic la murl. Les pou- mons cfaient sains ; les corps tbyro'ides avaient leur volume ordinaire. Le crenr elait Ires-volumineux; les parois du ventricnle gaucbc etaient notable- mcnt bypertropbiees ; les cavil('r- elaient remplies do caillots a demi-tibri- ncnx. Sur le bord libre d'une des valvules aortiques, on Ironve nne vege- tation jaunatre, un pen allongee, grosse eomme nn pois ct fixee par nne eiroite surface. EUe s'ecrase assez facilcraent cnlrc les doigis ct donne une sensation qui indique qn'clle contient des parllcules solidcs. Le microscope y fait voir un lissn amorpbcparseme de nombrenscs granulations proti'-iques, de globules de graisses et de cristanx pen dclinis de carbonate de cbanx. I.es valvules anriculo-vcntricnlaircs sent mollasses et boursouflees. Le foie ne parait pas altcru : il a une coulcur qui ne difT&re en rien de la couleur normale. Sonpoids est rapproche du poids de plusicurs foios d'au- Ires chiens, ct il n'est ni plus ni moins considerable. Le tissu bepatiqne n'a subi aucnne alteration. La vcsicule biliairc est pleine de bile verdatre, 11- lanle. 11 n"y a pas le moindre vestige de rate. L'artere splenique, surle bord su- perieur du pancreas, se divisc en deux branches. L'une d'elles est trcs-grcMe, I'autre est presqu'aussi grosse que le tronc. Cellc-ci marche vers la grande courbure de I'estomac qu'clle atteint bientot pour fournir des branches a la la I'aroi abdominale anterieure, a gauclic de laligne mediane, an-dcssous des caitilagcs costanx. La rate est sortie an travers de Touverture avec quelques anses inlcstinales : on a pratique une ligature en masse sur les vaisseaux et le peritoine qui se rcndcnt a la rate ; puis aprt">s avoir coupe le |)i'dicu!e ainsi lie, entre la ligature et la rate, on a cnleve cet organe : on a fait rentror les iniestins hernies el on a r^unila plaie des parois abdominales par ipielques points des\itinT entrecoupee. 46 face poslL'iiciiie et a la face ant^rieure de lestomac : cesl laitc^re gaslro-epi- plofque gauclic. L'autrc suit d'abord la prec(?dente, puis s'arr6te brasqiie- ment : de I'endroit oil elle se terminc, parlont cinq vaissoaux courts qui so rcndcnl au grand cul-dc-sac slomacal ct un canal ^troit de communication entre celtc branclie, (jui est la vraie splenique ct I'arti^rc gastro-opiplol'que gauche. Au point oii labrancbe splenique sc tcrmine, point oil ccrlainement a cte faite la ligature du pi'dicule de la rate, il nc rcste aucunc trace de cette ligature. Les parois de la branclie spli'niqno scnd)lent Inl's-upaisscs, dc nu''me quecellcs dn canal anastomotique qui vicnt d'etre indique : on reconnalt par la que cos vaissoanx ontcu un calibrebicn plus considerable ([ue celui qu'ils ont au moment de I'autopsie etquc les parois sont revenues sur clles-memcs. Ces vaisscaux art^riels sent accompagnc^spar dcs veines qui ont iibsolument lameme disposition. Les reins et les capsules snrrenales soul sains. Les ganglions lympbali(pies du mesenlf>re (pancreas d'Aselli' sont hyper- Iropbies ; il en est de nienic des ganglions plne('S au voisinage des canaux inguinaux. L'examen microscopique du sang des principaux vaisseaux a ete fait a\cc soiu. Les globules rouges iscpt ou buil beures apr^s la mort) etaieut dcja rc- coquilles, denleles sur les burds : les globules blaucs etaieut iulacls. I'artout le sang contenait un assez grand nomlu'r de globules blancs : ils (!'taient un peu plus nombreux dans la veine cave inf^rieure et dans les veines sperma- tiqucs que partout ailleurs Dans I'artere splenique et dans la veine splenique les globules blancs ont paru eire en egal nombre [\). Ce cliien, pendant tout le temps qu'il a survecu a I'extirpaliou i!o la rate, c'est-a-dire pendant pius de six ans et demi, n'aja?noi'.s mange que de la viande true. II elait intx'ressanl, et au point de vue des theories sur la glu- gogenie, et pour conlroler I'opiuion des nuleurs qui pensent que I'extirpation de la rate a une grande influence sur les fonctions du foie, de rechercher si le foie coidenail du sucre. Or lo foie de cecbien a cte trait(' par I'alcool. Leli- quide lillre a ete evaporee a siccile: le residu a el''' repris par leau, et ce (li Le precede dont on s'est servi pour comparer les dilTerents sangs sous le rajiport du nombre des globules blancs, procede bien imparfait, consislait a mcllrc sin- ur.e plaque de verre une goulte Je sang, arecouvrir cette goutte d'une seconde p'aquede verre et a lexamiuer avec un certain grossissement. On comjilait comluen il y avail de globules blancs dans le champ du micro- scope ; ou faisai; varier luui a dix fois de place le sang soumis a l'examen, el a chaciue fois ou relevait le nombre dc globules blancs : on prenait alors une moyenne. Cesont les moyennes ainsi oblenues pour le sang do cliaque vais- seau qui etaient ensuite comparc^i-s. 47 nouveau Hqiiidc liltri' ;i ilminc' los reactions les plus franclies par le liquids do Bareswill el par la polasse seule. La fermentation a produit ua abgndant degagement d'acidc carbonlque. in. — PaTHOLOGIE COMPAniiE. SllR DES LliSIO.VS RENCONTREES DANS LE FOIE ET DA\S LA RATE D'l'N OURS ; PROmiT PATHOLOGIQUE NOUVEAU ; par M. VULPIAX. Sur un ours bruiuk' Hussie, niort a la menagerie dn jardin desplanfes aprSs imc maladic dont Ics renseignemenls incomplets doniies par les gardiciis n'ont pas permis de preciser ni la nature, ni meme la duree, on a trouve le foie et la rale remplis de d6p6ls d'lme maliere dont voici les principaux ca- ract^res et la disi)osilion dans ces deux visceres. Dans le foie, cefle maliere elait disseminee dans loute letendue de I'organe, sous I'apparence de petites collections puriformes, du volume de grains de ch6nenis, innombrables, separees les unes des autres par des intcwalles dont la largeur ^'tait a pen pr^s egale au diameire de ces pelits abc^s. Les dimensions du foie ^talent considerablement accrues, et il pesait 4 kilos 920 grammes La coupe elait granitee; les depi'its trancbaieni, par lour couloiir blaac jaunfdre, sur le tissu du foie qui, un pen decobire, elait jaune bnin. II t^taitbien difficile desavoir le siege r^el de cesdepcMs; les vcines el les ar- t^res fendnes a partir de la scissure transversale jusqn'a leurs dernieres rami- fications, ne contenaient qu'un peu de sang non alt.rd et oil I'examen micro- scopique n'arien fait decouvrir d'anormal. La memerecbeichc a 616 faile sur les veinessi.is-h6pati(iues el sur les canaux biliaires, avec les memes resul- lals n^gatifs. Les pelits ahcesne commnniquaient pastes uns avecles autres, ilselaient parfailemeut circonscrits, et pour la pluparl rrgul element sphe- riques : on parvenait aisen:ent a fairc sorlir la maliere qui les composait; c't'lail un liquide epais, opaque, un peu visquenx. Les vacuoles, devennes vides alors, avaient leurs parois lisses; il a ete impossible de reconnaitie s'll y avail nne membrane distincle, on si le tissu liepatique ne constiluait pas lui-meme les parois. La maliere puriforme ctudiee au microscope elail composce d'nn liquide assez transparent, conlenanl en immense qnanlite des noyaux libres, des cel- lules [[) et des gouttelettes probablement graisseuses. (1) L'acide accliquc fail palirrenvcloppe des cellules; il contracle unpen les noyaux, en rendant leurs bords plus fonces. II n'a aucunc action sur le contenu des noyaux. Le carbonate de potasse gonfle les noyaux libres, allure la regularite de leur forme el fait disparailre complclement leur contenu; les bords deviennent en memo temps tr^s-refringents. 11 n'y avail pa? un ?Piil globulepuiulent.Lesnuynux sont siilhTiipic?. Iruv- roment granulcux a la surface ct renferment iiii, deux et phi? laremcnt trois petits nucK'oles transparonts, a bords asscz fonces. lis ne soiit pas li'unegal voliimo : los plus gros onl dt> diamclrc 05 dix-mil- liemcs dc millinK-trc, Ics plus pclils 38 dix-millicnics. Ccs dianiolres soiit pris sur des dessins fails par M. Cb. Robin : les dessins que j'ai fails de nion cOte assignent a ccs elc^mcnts dcs dimensions un pcu plus fortes. lis m'ont senible se rapprocbcr bcaucoup comnie grandeur des noyaux des cellules hcpaliqucs de cc menie foie; ils en dill'eraienl loulcfois, en ce que ces der- niers noyaux n'ont qu'un senl nucleole, nolablcmenl plus gros que les nu- cleoles souvent multiples inchis dans les noyaux de la matiere puriforme. Plusieursnoyuux tout a fait semblables a ceux-cisont entouresdune enveloiipe et constituent ainsi des cellules. L'envcloppc d'abord affaisseo, revenue snr elle-meme, el comme appliqu('e sur le noyau, se gonlle par cndosmose lors- qu'on ajoute de I'eau, de telle sorte que beaucoup de noyaux qui paraissaieiit libres font reellement partie inlegranle d'unc cellule. L'cnvcloppe est pale, tres-transparentc ; autour du noyau il ny a pas dc granulations. La plupart des cellules n'ont pas une forme reguliere ; elles sont ou allongeos ou ovoi'dos, ou iiolygonales. l.ouv diametre est de 9 millieiiios de miliimelre eu moyenne. La rate est tres-gi'osse : ellc peso 1 kilog. Wl gr. Sous sou enveloppe proprc apparaisseiil des niarbrures jauualres. Cet aspect marbri' se rclrouve encore plus prononce sur les coupes que Ton pratique dans diiVerents sens. Toutes les parties offrant cello color;,tion jaunatro sont cntierenient compo- sees d'elcmeuls idenliques a ceux qui viennent d\Mre dt'-crils et que Ton a rencontres dans le foie. La nialiere formee par rensemble dc ces elements est plus consistanle dans la rale que dans le foie; elle est un pen lardaeee; die n'cst pas, comme dans ce dernier oigane, sons forme de collections cir- coonscriles; elle infiitrele lissu spli-niijue, el son abondancey est telle ipi'elic doit oonsliluer pres des deux tiers du poids tola! de la rale. Les seules circonstances qui aier.t pu etre connnes sur la maladie de cet ours, c'est que pendant los buil derniers jours de sa vie, 11 avail cessc- de manger, et que son abdomen avail pris un Ires-grand developpemenf. La personne qui a ouvert le corps de cet animal a assure que ses cbairs etaient inHltrees d"une serosite jaune un peu verdalro. Une serositd scmblablc exis- lait en grande abondancc dans la ravite abdominale. A rexceplion du foie et dc la rale, tons les autres organes paraissaient sains. Lesresullals de I'examen microscopique montrcnt que la mali(!!re puriforme depos(^e dans la rate et dans le foie de cet ours se dislingiie i>ar la nature de ses dements de tons les prndniis analogues qui onl (iU; vns jusqu'ici chez I'homme, dans quelque partie du corps que cc soil. C'est I'avis (5mis par M. Cli. Robin qui a bien voulu me prrin- pour eel oxamen le roncour? de son expi'riencr. 49 IV. — Pathologie. CAS DE GANGRENE DE L'AMYGDALE DANS LA SCARLATINEJ par M. le docteur Davaine. Dans la seance da 8 avril dc I'annee deniiere, j'ai presente a la Societe une amygdale tout enticrc expulsee par une nialade affectOe d'une scarlaline an- gineusc grave. Cette piece pathologique consistait en une escarre aplatie, plus cpalsse au milieu, a bords minces, irreguliers, (lecliiquet(5s. Un examen attenfif ne laissa point dc doutc sur sa nature. Malgro I'alteration de son tissu, Ton reconnaissait sur Tune de ses faces la membrane muqueuse, les anfractuositc^'s dc Tamygdalc, el dans cclles-ci des orilices conduisant aux culs-de lampe irreguliers que Ton connalt dans cette glande composee ; I'autre face etait lisse et n'avait aucune ouverturc. A I'examen microscopique, je nc Irouvai point les elements des fausses membranes, mais du tissu ccllulaire, du tissu elastique, et des noyaux dc cel- lules en grand nombre. Ces caracteres microscopiques eloignaicnt toufe idcede pseudo-membrane et conlirmaient les indications donnees sur la nature de cette escarre par son apparenceet sa conformation. EUe ne conlenait aucune tibre de tissu muscu- laire strie, ce qui faisait pr^sumer que les piliers du voile du palais etaient intacts. Les epidemics d'angine gangr^ncuse rapportees par les ancieus medecins, out etc gen6ralement regardees, depuis les travaux de M. Bretonneau, commc apparfenant a I'angine pseudo-merabraneusc; cependaut, aujourd'lmi, cette opinion a trouvc quelques confradictcurs, qui ne Font combaltuc, il est vrai, que par I'appreciation des fails anciens. Si Ton examine attentivemcnt les relations d'angine gangreneuse accom- pagnant la scarlaline, telles que nous les out laisseesFolhergill, Huxam, etc., il est permis de douter que I'angine scariatineuse grave soil de la meme na- ture que I'angine pseudo-membraneuse. Mais ce n'est point dans ces relations Irop peu precises au point de vue anatomique, que Ton trouvera la solution de la question. EUe ne pourra etre donue que par des faits observes en vue de cette distinction. II y aura done quelque utilite a completer I'bistoirc dc la malade dont I'a- mygdalc a ete mise sous les yeux dc la Societe. Ce fait acqueri'ait plus d'inte- ret s'il etait rapproche des ojiservations d'angine scariatineuse rapport(5es par Huxam, Fothcrgill, etc.; mais pour ne pas donner a un fait particulier plus d'importance qu'il n'cn nitrite, je me bornerai a une simple relatiqu de la ma- ladie. Madame X..., agte de 25 ans, d'une sante habituellement bonne, fut prise, dans les cinq ou six deruiers jours du mois de mars 1854, pendant que le cho- C. R. 4 50 Icra rcgnait a Paris, dc vomisscmeiits, do diari-lit^e intense avec des douleurs vivos dans Ics membvcs. Apros vingt-quatrc lieurcs do duroc, ccs accidents cesscrent, mais la maladc continua a rcssentir une grande fatigue et des dou- leurs niusculaires qui avaicnt plus ou moins le caraclcrc de cranipes. Ellc nV'tail nMllemcnl remise le 1'^ avril, lors(iue, vers Ic soir dc ce jour, clle tut prise d'un frisson violent, de vomissemcnts repdtds, d'une diarrhec tr6s-forte ct de douleurs dans les niembres, douleurs que la malade comparait a des cranq)cs, ct qui, par moments, so faisaient scntir mtoc dans les muscles de la face. Ccplialalgic, pouls petit, tres-frequent, froid prolongc, face profonde- nicnt alfcrce, agitation. Jusqu'au lendemain matin, la malade cut des vomis- semcnts frdquents, di.x-sept garde-robes et des alternatives de froid ct dc chalcur. (rrcscription : Laudanimi dc Sydeuliam a forte dose, glace, eau deScllz.) Le 2 avril, la diarrhec, les vomissemcnts diminuerent, la cbaleur gen^ralc dcvint trcs-vive. Vers le soir, la maladc sc plaint de mal de gorge, de roideur du col, pouls trcs-accclcrc, agitation, an.xietc ; le voile du palais, les amyg- dales sent d'un rouge tres-vif, les ganglions sous-ma.\illaires sont gonlles. La nuit est fort agitt^e. Le matin (.3 avril), la figure et les mains offrcnt des rongeurs de scarlatiue ; Ic mal de gorge a beaucoup augmcnte, surtout du cote gaucbe; dillicultc trcs-grandc a prendre des boissons ct a ouvrir la boucbc ; ganglions sous-maxillaires trcs-gonflcs; apparence dc parotides. On no pent examiner rintericur de la gorge. Jusqu'au huiticme jour, I'otat de la malade ii'iprouvc point dc grandcs variations. L'eruptiou s'Ctend; ellc occupe sur- tout le ventre etles cuisseset n' est pas d'un rouge trds-vif; lesvomisscmenls reparaissent a plusieurs reprises; la diarrbce revient avec infensitc, toutes les fois qu'on met un intcnallc de buit a dix heurcs dans radrainislration du laudanum, qui est donne asscz regulierement a la dose dc 8 a 10 gouttcs, toutes les six beures en moycnnc. Les nulls sont agitces, inquietcs, il y a du dclirc, des faiblesses, des lypolhymics frcquentes, pendant lesqucUcs on s'at- Icnd a voir succomber la malade. Le 7 avril seulement I'cruption diminue, I't'tat general s'amcliore, la diarrhea cesse, la gorge est moins douloureuse ; cntin la malade cracbe un lambcau mcmbraneux, dans lequcl Ton peut recon- nailrc I'amygdale. Le 10, tons les symptomes sc sont amendcs, la fievre a prcsque cess(5; I'cruption a disparu, mais les ganglions sous-maxillaires res- tent tres-gonfles et les douleurs des mcmbrcs, quoiquc moins vives, persis- tent encore. Les jours suivants, la desquammation comjuence; les douleurs des mcmbrcs augmentent ct prcnncnt un caractere rliumatoide ; la licvre re- paraif, les ganglions du col deviennent plus douloureux, plusvolumincux, la iliiirrli(5c revient. Des bains tiCjdcs diminuent momentancmenl les douleurs ; Ic lauilanuni suspend la diarrbce pendant un temps plus ou moins long, bouil- lons, potage, eau rougie, etc.) Malgr6 ccs nioyens, la maladie ne s'amcliore pas d'une mani6rc soutenue; la lluctuation sc prononce dans les ganglions engorges. 51 La malade sc ref'usant obstinemeiit a roiiverturc dcs abces, il se forma de cliaque cotd du col une tumcur considcraljle qui occupc tout I'cspacc corapris entrc Tangle de la niaclioirc et la claviculc. Cos tumeurs ouvertes cnfln vers le milieu de mai, doimeut issue a unc enormc quantitc de pus. 11 s'ensuit uiic amelioration tres-grandc dans I'efat general. Lcs ouvcrlures restent listuleu- ses ct ne sc feraient que deux mois apres. L'amelioration qui suivil I'ouverture des abcSs ne fut pas de longue dur6e. Vers la fin de mai, le C(H6 droit de I'abdonicn devint Ires-donlonrcux ; la pal- pation, les mouvements, remission derurincauginenliticnl Icsdonlcurs, dout le si(5ge principal (5tait la region iliaque droile; cepnubint, a aiicune c^poque, Texamcn le plus attentifneflt reconiiailrc de tumcur ni de fluctuation. Un mois apres I'invasiou de ccs nouvcaux accidents, les douleurs dcvinrcnt plus generates dans I'abdomen, et la fi6vre, les sueurs, la diarrlice, la faiblesse ex- tr6me faisaient presager unc morl tres-prochaine, lorsque la malade rendit (le 15 juillct) par les garde-robes, unc quantite considc^raljle de pus. A parlir de ce moment, I'elat de sa saute s'amcliora rapidenient. Les garde-rolies, qui contenaient toutes du pus pendant lcs i)remicres semaines, devinrent dejour en jourmoins frequentes, et, vers la fin d'oclobre, Ic pus, qui ne semontrait plus qu'a de longs intervalles, disparut definitivement Des la (iu d'aoiit, la sante paraissait bien remise. Aujourd'hui, I'examen de la gorge fait rcconnailre Tabsence complete de Tamygdale gauche, a la place de laquelle existe unc d(^[iression profonde ; les pilicrs du voile du palais de ce col6 font une saillie considerable et u'oat point et6 interesses dans la gangrene qui a delruil i'amygdale; celledu cote droit est fort petite et fort cufoncce, ct proluiblcment elle a subi une perte de sa substance. 2° CANCER DU REIN GAI'CIIE ; Tl MEIR BENALE ; HEMATURIE HABITUELLE ; CAILLOT; ENCEPHALOiDE DANS LA VEINE CAVE ET J-A ^ EINE BENAEE GAUCHE ; par M. le docteurA. Labouj.«ene. M. Laboulbene prcsente a la Society im bel excmple du cancer du rein gau- che et donneles renscignements suivants sur la malade alteinte de celte afl'ec- tion. C'etait une ferame dc 62 ans, veuve depuis longtemps ct qui faisail des me- nages. Elle a succombc dans le service de M. Rayer, salle Saint-Basile , n°21. A I'epoque oil elle est entree arh6pital (8 fevrier 1855\ elle souffrait depuis plusieurs annces dans le cole gauche du ventre, elle .wait un tcMut jaunafre, caclicctique, uncanasarque et uue ascite bien prononctes. On sentait dans Ic cole gauche de rabdomcn unc tumcur un pcu mobile, Icgciemcnt douloureu^e a la pression. L'urine dtait trouble, sanguinolenle, lappilit encore bien con- serve. I'eu de douleurs r^ales spontau(5es. L'emboupoint avait awlfcfois I'te 52 tr6s-consid(?rable chez cette malade et avail dimmu^ chez elle au moment oil I'anasarque etait survenue. Dcpuis son entree on a souvent rcconnu raugmcntation lentc, mais evi- dente, de la tumeur. L'urine s'est montrd-c parfois bourbcuse, parfois sem- blable a de la laviire de chair, suivant qu'on avail sous les yeux l'urine de difftH'entes. emissions. On y a constate, a diverses reprises, avec le microscope, des globules san- guins et des d(5pdts flbrineux. L'anasarqiie s'est accrue, I'enflure a envahiles parties snperieures du tronc, les jambes et surtout le membre pelvien gauche etaicnt enorraement disten- dus. Tea de fifevre jusqu'au dernier moment. Sur les instances de la malade, on a pratique tous les deux jours six piqiircs avec unc aiguille ordinaire, ct il s'est ecoulc alors uue quantite de serosite suffisante pour amencr du sou- lagement. La mort est arrivee le 20 mars a six heures du matin, aprcs une longue agonie. II est digue de remarquc que les piqiires des jambes et la scrositd qui s'en ^coulait presque constamment n'ont produit ni erysipele ni aucune t^ruption, et cela tienl, selon M. Rayer, au peu d'ouverture de la peau par la pointe de Taiguille. Les piqiires faites avec la lancette occasionnent souvent des acci- dents d'iuQammation cutanee. Enfin, I'opium a aussi rendu de grands services chez cette malade en cal- mant les douleurs et procurant du repos. A I'auiopsie, pratiquec vingt-huit heures aprfis la mort, il s'ecoule unc grande quantite de serosite abdominale. Les iutestins sont brunatres et re- vetus d'une mince couche pseud o-membraneuse ardoisee. La tumeur gauche renale est enveloppee de ganglions cancereux, surtout ;i sa partie interne. Elle est bosselce, mais conserve encore I'apparence d'uu rein cnorme.Debarrassee de la gangue oil elle etait plongee, on trouve que la membrane exterieure propre est tres-epaissie et on a beaucoup de peine a la d^cortiquer. Apres I'enlevement de cette membrane, la substance renale se montre parsemte de mamelons de diverses couleurs, blanchatres, ros(5s, vio- lac^s, se d^chirant avec facilit(5 et adlierant a la membrane exterieure. Apres la dechirure, ils fournissent une sorte de bouillie qui s'ecoule, serablable a du vermilion ou a de la lie de vin epaisse. Le r^seau vasculaire extdrieur est lres-developp6, surtout autour de ces mamelons. Les ganglions exterieui's sont aussi tres-vascularises. La plupart sont bosselcs et remplis de mati^re encL'phalo'ide. A la loupe, on trouve tout le tissu du reiu transformc en une substance en- cephaloide, ressemblant a une eponge criblee de trous et de cavernes. Celles- ci sont remplies d'une pulpe rosee, rougeatre et lie-de-vin. On remarquc, en divers endroits, des caillots flbrineux a divers degres de decoloration; il en existe de ri^cents et violac^s. 53 En quelques points seulement, on apercoit la substance propre du rein en- core rcconnaissable, mais tres-injecti'e au voisinage des excavations, an6- mi^-e, palie dans les endroits oil elle est isolee. On remarque, enfln, autour de plusieurs des vacuoles ou des trous signa- les plus liaut, une mati^re jaunatre qui n'6tait autre que de I'encephalo'ide a r^tat de erudite. Les reclierches faites pour reconnaitre s'il existait des perforations vas- culaires veineuses par la matiere enc(5phaloide ne nous out pas donnd de ri- sultats certains. 11 est neanmoins probable que cette disposition existait soil dans iuterieur du rein pour les radicules de la velne renale, soil autour du Ironc de la veine rdnale elle-meme, entourde de ganglions canc(5reux, mais nous n'avons pas vu le fait assez netfement pour rafllrmer, quoique, nous le rep^tons, la disposition des parties nous I'ait fait juger tr6s-probable en plusieurs endroits. Le bassinet et les calices sont tr^s-(5paissis, blancbatres, pleins de d(5tritus lie de vin, bourbeux. II existe un caillot fibrineux trfes-considerable a la par- tie inferieure du bassinet, il adhere fortement, en haut et en arriere, dans un calice. Sur le bassinet liypertrophie on trouve encore a la partie infc^rieure I'aspect du cancer vesical ; il existe, en cet endroit, de tr^s-petitcs elevations pen saillantes, irr^guliferes, une sorte de granit noir, gris, blanc et rougeatre. On voit enfin encore un pen de substance tubuleuse et quelques mamelons, mais ils sont g^nfcdement pen visibles. La veine renale renferme dans toute son ctendue un caillot mou, putrilagi- neux, violac(5 ou brunatre ; les parois de I'art^re ne paraissent pas saines, elles sont irreguli^rement lacerees en quelques endroits ; la veine cave elle- meme, dans une partie limitce a la bauteur de la veine porte, renferme un caillot pareil, mais il devient, en cet endroit, ferme et obturant. En bas, la veine cave est obliter6e, ainsi que la veine iliaque gauche et la crurale gauche par un caillot resistant, adlierant aux parois veineuses. La longueur de ce rein gauche etait de 22 centimetres. La largeur de 9 — et demi. Son epaisseur de 7 centimetres. La substance renfemiee dans les vacuoles, examinee au microcospe par M. Davaine et par moi-meme, etait composee de noyaux cancereux, gros, ovoWes, refractant fortement la lumit're, a un ou deux nucleoles d'aspect graisseux. On a trouve quelques rares cellules en certains points. Le caillot de la veine renale renfermait les memos elements, de la fibrine et des globules sanguins alteres. Les caillots fermes et adherents des autres veines etalcnt fibrineux, sans matiere cancereuse. 54 Rein droit. — Le rein droit est gros, pale, anc^mk'. La lunique est c^paissie et s'enl6ve avec un peu de difTicultL^ U prt^scnte unc substance corticale d'aspect ordinaire, mais plus pAle, sans etoilcs vcineuses. A la coupe, la sub- stance tubuleuse est plus rouge que de coututne. 11 exlste Un petit point blanc, opaque, semblable a un grain de sctnoiile. Je I'ai cxamind an microscope : il ^tait entierement compost de granulations variables pour la grosseur, ayant enti6rement Taspect graisscux. La longuouf de ce rein (5lait do 1 4 centimetres La largcur de» , . . . 7 — Son ^paisseur dei »»..... 4 — cl dcmi. Le hassinet de ce rein droit I'tail opaque, i^paissi, arborised les ureleres ^talent sains des deux c6tc's ; cclui du c616 gauclio n'offrait qu'a sa nais- sance, pres du bassinet, I'aspect de cancer vt^sical deja signal^. La vessie (^tait saine. Lefoie, tres-developp(5, (Hail cirrbos(!', ct on trouvail, enquelques endroits, des niaraelons cancereux enceplialoides, reconnaissables a Toeil nu ct verifies par I'cxamen microscopique. Les veines porte ct sus-bepatiques (5laient saines. Les autres organes abdominaux on thoraciques ne ni'ont rien olTert digne d'etre signal(i COMPTE RENDU DES SEANCES DB r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1855; Par M. le Docteur A. LABOULBENE , secretaire. PR^SIDE^GE DE M. BUYER. I. — Anatomie norm ale. REMARQUES SUR LES CORPUSCULES DU SANG DE LA LAMPROIE ET SUR CEIIX DES ANiMAux EN GENERAL ; par le (loctcur Dayaine. M. Davaine met sous Ics yciix dc la Soci6t(5 du sang- dc lamprole {^eiro- wtf/xon flumatilis), dont les corpuscnles sont cii'culairos ct non clliptiques comme cciix des aufrcs poissons. Cettc particularite des coipusculcs san- guiiis des cycloslomes Otait connue. Wagner avail ddja observii ce fait; « mais, dit M Milne-Edwards Crapport fait a i'Academie des sciences, dans » Ann. DES sc. NAT., 18391, la lamproie est unpoisson si anormal et parait .1 sous tant de rapports se rapproclier des animaux sans verl^bres, cliez les- y> quels les covpuscules sol ides suspendus dans le fluide nourricier sont 56 1) ^galement circulaires, qiie cette exception sembla s'expliquer par la na- n lure memc do I'animal cliez lequel on I'avait constate.... » Lc but de la commuuicutlon do M. Davainc est de fairc rcmarfiucr qn'un rapprochement cntre les corpusculcs sanguins dc la laniproie ct ceux des anlniaux inverl6- bn^s serait crrone. En cfTet, Ics globules du sang des invertcbres sont, en general, splieriques, irreguliers et variables, non homogencs, sans noyau central isolable par Taction de I'eau, incolorcs; I'eau les cudosmose et les rend reguliers; enlin ils presentent souvent, an jilus haul degre, les raouve- nicuts d'expansion et dc retrait que M. Davainc a signales dans les globules l)lancs des animaux vertar(5s (I\[km. de la Soc. de biol., 1860). Les corpus- culcs sanguins de la laniproie sont aplatis, parfaitement rc^gulicrs, colores en rouge, liomogenes, sauf le noyau ; ce noyau est unique, incolore, nette- nicnt distinct, quelquefois central, plus souvent un peu excentrique, deve- nant apparent par Taction de Teau, insoluble dans Tacide aceHique. Tous ces caracteres sont ceux des corpusculcs sanguins des poissons en general; couime Chez les autres poissons, Teau et Tacide acetique dissolvent le cor- puscule sanguin de la lamproie, sans alterer le noyau ; il n'y a enfin entre les corpusculcs sanguins dc la lamproie et ceux des poissons quune legC-rc difl'erence dans la forme du contour qui est circulaire et non elliptique. (Les corpusculcs du sang dc la lamproie ont de 13 a 14 milli^mes de millimfelre de diamelre.) M. Davainc fait suivre cellc communication de quclques consid(5rations sur les globules du sang des animaux vertebrt^s on invertebres. Les ani- maux vertebras ont des corpusculcs sanguins de deux sortes : les corpus- culcs incolorcs que Ton connait sous le nom de globules blancs et les cor- pusculcs rouges. Ccux-ci ont unc forme liien determinee et des caracteres qu'il serait superdu de rappelcr ici. Dans les ouvrages qui traitent de ces globules, on les diviso generalement en globules circulaires et globules elliptiqucs ; mais cette division n'cst pas fondee sur les caracteres princi- paux dc ces globules; car parmi les mammiferes, qui ont en general des globules circulaires, le cliameau, lc lama les ont elliptiqucs ; parmi les poissons qui ont des globules elliptiqucs, les cyelostomes les ont circu- laires. Les caractijrcs tird's dc leur constitution sont bcaucoup plus importants et doivent fournir la base dc leur division. Les corpusculcs sanguins rouges different par la presence on par Tabsence d'un noyau ; ceux des mammiferes adultes n'ont point de noyau, ceux des oiseaux, des reptiles et des poissons ont un noyau, et dans ces deux categories, on nc connait point d'exccption. Les animaux invertebres n'ont point de corpusculcs sanguins analogues aux globules rouges des vertebres. Les corpusculcs qui se trouvent dans leur sang sont les analogues des globules blancs des vert(5br6s ; ceux-ci sont, en effet, splu'riqucs, irreguliers, variables, ils n'ont jamais de noyau cen- 57 tral bien caract^rise ; ils ofTrcntordinaircment.lorsqu'on Ics extrait d'un ani- mal vivant, des variations de forme qui diirent un certain temps ; il s'endos- luosent par I'eau et dcvienncnt r(;'gulierement splieriques. Tons ces carac- tferes se retrouvent dans les globules des invertebres, comme nous les avons exposes ci-dessus. M. Davaine a examine ces corpuscules cliez un grand nombre d' invertebres de diverses classes : cbez des mollusques c6- pbalopodes et ac6pliales, chez des crustac(?s, des arachnides, dos insectes, des annelides, etc. II n'a jamais trouv(5 chez ces animaux de corpuscules qui puissent etre assimiles aux globules sanguins rouges des vertc4)r(5s. Certains animaux sans vertebres n'ont aucun corpuscule dans leur liquide nourri- cier, quoique celui-ci puisse 6tre abondant : exemple I'ascaride lombricoMe, certains autres qui out le sang colore, Icurs globules incolores : exemple Ic lombric terrcstre. Enfin il est quelques inTertebr(iS qui ont plusieurs esp^ces de corpuscules dans leur liquide nourricier : par exemple certaines larves de l(5pidopt6res. Mais, outre que Ic liquide de la cavitti generale des insectes ne peut etre regards comme parfaitement analogue a cebii qui est contenu dans les vaisseaux sanguins, ceux des corpuscules contenus dans ce liquide que Ton ne pourrait rapprocher des globules blancs sont trop variables dans leur forme et dans leur apparence pour que Ton puisse les rapprocher des globules rouges (en faisant abstraction de leur coloration). En resume, les corpuscules qui se trouvent dans le liquide nourricier des animaux, et que Ton peut regarder comme des corpuscules du sang, sontde deux series : l" les globules blancs qui existent chez les vertebres et chez les invertebres ; 2° les globules rouges qui existent cliez les vertebres et qui n'ont point d' analogues chez les invertebres. Les globules rouges sont aussi de deux sortes : les uns n'ont pas de noyau, ils existent chez tons les mammiferes adultes ; les autres ont un noyau, lis existent chez tons les oiseaux, les reptiles et les poissons. Les premiers sont ordinairement circulaires, les seconds ordinairement elliptiques. II. — Anatomie pathologique et pathologie de l'homme. 1« EPAISSISSEMENT, ASPECT BLANCHATRE ET LAITEUX DE LA PIE-MERE, AVEC PLAQUES CALCAmES DANS UNE PORTION DE PIE-MERE DE L'HEMISPHERE GAUCHE CHEZ UNE FEMME DE 58 ANS, JIANIAQUE, N'AYANT PRESENTE AUCUN sympt6me de paralvsie generale ; par M. E. Leoorche, interne des hopi- taux. Obs. — Gauthier, femme Rossignol, a presente, a trois reprises diirerentes, des sympt6mcs de manic; ses proches nepeuvent preciser au juste la date des deux premieres attaques. La derniere survint en mai 1854 et la lit entrer a la Salpetriere le 6 juin. 58 C'est MX tracas sculs q\ic Ini causa I'incondultc de son marl que paralt due ralicnalion de celte femmc. Pendant toutc la durcc dc sa manie, la femme Rossignol a prt^sent^ les inCmes sympWracs. Dcs paroxysmcs revenant a dcs intervalles plus rappro- clios; dans les dciMiiers temps, tons les mois a peu pr^s. Ces paroxysmcs d'une durcc variable necessitaieut sa dcseente an chalet; Us ctaieut caracto- risC'spar une volubilittJ excessive, par des chants, dcs paroles obscencs, dcs frcstes Indt^cents. Cos paroxysmcs ne cessaient pas brusqnement ; les chants dc la femme Rossignol dcvenaient peu a peu moins obcOncs ct faisaient place a des cantlques. Une fois le paroxysme passt^ cette femme en oubliait compli^tcmcnt toutcs les circonstances ; elle ne se rappelait que des violences auxquclles on s'etalt livrci sur elle sans raisou, disait-elle. Elle ne savait ce qui avait caus(5 son entree a la Salpetrifere, ce qui y prolongcalt son sejour. Elle n'avait jamais tUc malade, c'etait sa famille qui la retenait pour se venger d'elle, etc. Tels L^taient ses discours. Pendant cet intervalle de calme, les idees de la femme Rossignol (/taicnt assez lucides, elle se livrait aux travaux de I'atelier. C'est pendant un paroxysme que cette femme fut prise de pleuro-pneumonie du cote droit et qu'elle succomba au bout de buit jours. AiTOPSiE. — A I'ouverture du crane, nous trouvames : !• Des adh^rcnces nombreuses et rc^centes dc I'arachno'ide vers Textrtoit^ dela faux du cerveau; de plus, sur la partie d'aracbno'ide visct^rale qui re- couvre rextrcmitc' postericurc de riiemisphtre gauche, des granulations nombreuses blanchatres. 1° La pie-mere est rcmplie de liquidc qu'on peut (^valuer a 300 on 350 gr.; la partie de cette membrane qui rccouvre la face sup(5rieure de chaque M- mlsph^re est t^paissie, blanchatre, laiteuse surtout a gauche. C'est a gauche aussi qu'on trouvedes alterations que certains auteurs ontni^es dans lamanie et disent n'exister que dans la paralysie gen^rale. Je veux parler de deux plaques osteiformes qui se trouvaient toutes deux dans la partie de pie-m(>re qui recouvrait I'hemisph^re gauche. L'une de ces plaques, plus epaisse et plus volumineuse, etait situee plus en dedans et plus en avant, vers le bord sup^rieur de I'hemisphere gauche. Cette plaque pou- vait avoir un centimetre et demi de diam^tre. L'autre, beaucoup plus mince mais au moins aussi large, (itait plus en arriere et rcssemblait n une lamelle arracht^e de rethmo'ide. Outre ces lesions chroniques, il y avait dans la pie-mere uue injection r6- cente assez prononct^e. i\ous avons trouv(5 en outre les symptomes de pleuro-pneumonie que nous avions diagnostiqut^s du vivant de la femme Rossignol. m 2 0 COMMUNICATION AISOnMALE D£ L'OREILLETTE DROITE Et CU VKNTRICUtE DROIT PAR UNE OUVERTURE SITIIEE AU POINT D'ATTACHfi DE LA ZONE ANTERIEURE DE h\ VALVTLE TRicuspiDE ; par M. J. LuYS, interne des hopitaux. M. Luys prcseiite a la Socititti une piece patliologique ties-curieuse et fait la communication suivante : La femnie Francois, agec de 71 ans, a tH(5 renverst'e il y a dix-huit ans par une voiture a bras, une roue lui passa en Iravcrs du thorax ; immedia- temcnt elle renditdu sang parlabouchc et comraenca, d^scejour, aresscn- tir dans la poitrine des douleursqui ne I'ont pas quillt^c. Aussi ne se remue- t-elle que dllTicllement et reste-t-elle presque toujours couch^e. Les efforts exaspferent ces souffrances, en augmentant les palpitations qui la genent de- puis longtemps. On constate : 1" Matite plus ^tendue a la region pr^cordiale ; 2" Un bruit unique de souffle a la pointe, rude et rapeux, s'entendant in- distlnctement a droite et a gauche ; 3° L'apparition a la base du cceur du deuxiCme bruit qui manque a la pointe; 4* Pouls petit et irr^gulier; 5» Rattements lents, sourds et profonds ; C" Distension consideraljle des jugulalrcs, qui font une saillle du volume de I'index sur les parlies laterales du cou. Cetio nialade, entree pour des signes de congestion pulmonaire, succomba bientdt aux progr^s incessants de I'asphyxie bronchique, avec Ugdie cyanose et anasarque. A I'autopsie, on trouva : Un coeur considiirable augments de volume. L'hypcrtrophie occupe I'oreil- lett« et le ventricule droit ; le ventricule gauche semble inclus et log6 dans la pahii mCme de ce dernier. L'oreiilette droite, consid('rablement dilat^e, con- tient quelques caillots adli(}rents dans I'auricule ; le ventricule correspondant tr^s^ddveloppo aussi, avec amincissement de ses parols, communique avec roreillettc par deux ouvertures : I'orifice normal d'une part et d'autre part un orifice accidcntel. Ce dernier est produit par ua decollemcnt de la zone ant(?rieure de la tricuspide qui, flxee par ses deux extremitt^s aux deux points oppos(5s de I'orifice auriculo-ventriculaire, flotte librement dans le reste de ga continuity ; les faisceaux tendineux sont toujours adh(5rents a son bord in- fSrieur. Le cceur gauche et les autres orifices titaient sains. Les poumons pr*^sentent ca et la quelques noyaux brun rouge, foyers b^« mopto'fques, 60 Yoici les dimensions du copur : Base dans le sillon auriculo-vcntriciilaiie. 0,13 Hauteur de la base a la pointe 0,15 Circonference a la base 0,29 J'ai constat(> que la cage thoraciquc utait intacte; il n'en faut pasjecrois, conciurc a rimpossibilitede la contusion des visceres tboniciques.Cetle ma- lade a maintes et maintes fois repete que ses douleurs, ses oppressions ont succedeala violence trauniatiquc dout elle a ('le Tobjot, (juc sa maludie a toujours ele en aupmieutant ; et jc me suis deniande si une telle lesion valvu- laire ne se renconlrant pas dans les cadres normaux de la pathologic du coeur il ne scrait pas rationnel de rattacher une lesion extraordinaire a une cause aussi extraordinaire. i. — Anatomie pathologique. !• ANGINE GANGRENEUSE OBSERYEE CHEZ UKE FEMME ; par M. GUBLER, professeur agrege a la Faculty de medecine, etc. M. Gubler soumet u la Societe une piece d'anatomie palhologir[ue (5tablis- sant d'une maniere iiTufragable, selon lui, la realitc^ de I'augine gangri'neuse primitive, independante de ladiphllierite gu de la scarlatinc, et ne s'expliquant point par un exces d'inflammation. On volt, en elTel, a la place de I'amygdale gauche, une large excavation gangrt^neusc, noiriitre, oii flotte une masse moUe de meme couleur sur le point d'etre (51iminee. La luelte est complele- ment detruite. L'amygdale droite presente elle-meme une escarregangr^neuse superficielle. 11 n'y a pas de fausses membranes proprement dites dansle voi- sinage des plaques gangreneuses ni ailleurs ; les concretions pelliculaires, qu'onpourrait confondre avec celiesdela diphtherite, sent constituees essen- tiellement par les vegetations du muguet, faciles a reconuaitre au micro- scope. L'examen microscopiqnie auquel M. Gubler s'est livr6 ne lui a permis de dticouvrir, dans ces concretions, aucun 616ment des fausses membranes ; elles ne renfermaient ni reseau fibrineux ni globules purulents on pyotdes. D'ail- leurs le sujet decette observation n'a otlert de son vivant aucun symptcime de scarlatine. Par consequent I'angine parait avoir (5te primitivement gangre- neuse. Aux yeux de M. Gubler, cette particularitti n'est pas suffisante pour eloigner cette affection des autres angincs qui ont regne dernierement a Paris, avec une lorme anatomique g(?n6ralement diff^rente; il pense au contraire que cette angine gangreneuse a pu so developpcr sous la meme influence (5pide- mique qui a determine plus fretiuemment des angines caracteris^es par de I'inflammation simple ou par de I'inflammation avec exsudation plastique. 61 Dans cette maniSrede voir, la forme anafomiquene fournirait que des carac- t^res d'un ordrc secondaire pour juger la nature et les afTinites de differcnts cas morbides. Dans le fait de M. Gubler, la niort est arrivce sans avoir He preccdee des complications qui acconipagncnt ordinairement les angincs malignes. La ma- lade est tombce dans une adynamic de plus en plus profonde; sans diarriuc, elle a flni par offrir I'aspect asphyxique du cholera algide, le pouls batlant seulement trente-deux fois par minute. La veille de la mort. il n'y avail phis que dix-buit revolutions du cocur dans le meme espacc do temps ; les pulsa- tions radiales etaient devenues presque insensibles. L'intclligence est restcc intacte jusqu a la fln. II n'est peut-etre pas un seul cas dans la science oil Ton ait vu le cbilTre des pulsations tomber aussi bas. 2* CONCRETIONS RAMIFIEES FIBRINEUSES TROUVEES DANS LES CUACIIATS DES MALADES ATTEINTS DE PNEUMONIE LOBAIRE ; par M. GlIBLER. M. Gubler montre a la Societe deux arborisations trouvees dans les crachats d'un malade alTecte de pneumonic lobaire au second degrc. An moment oil elles ont etc rendues, ces concretions, encore rouges, paraissaicnt evidcm- ment constituees par du sang exhale en nature, puis coagule dans les ramifi- cations bronchiqucs dont il reproduit la forme, ct plus tard en partie dcco- lore. EUcs sont plusieurs fois subdivisees dichotomiquement comme les broncbes elles-memes ; leur substance est resistante et clastique a pen pres comme la fibrine du sang. Le malade qui a fourni ccs concretions en a rendu tons les jours durant la periode d'etat ct de resolution de sa pneumonic. Cost la un fait ordinaire dans I'histoire de la pneumonic lobaire franche ; il est singulier que cetle particularite ait 6tc silongtemps meconnue. M. Gubler I'a obscrvce pour la premiere fois en 18'i5, danslecoursd'unesorted'epidcmic de pldegmasies puhnonaires qui scvit tons les ans, en mars ct avril,surles vieilles femmcs qui peuplent cot hospice : il en a fait alors le sujet d'une note remise a I'administration des hopitaux pour le concours des internes de pre- miere annee. Cette note n'a pas etc publice. Vers la meme cpoque, Remak (de Berlin) faisait des observations analogues dont le rdsultat se trouve consign^ dans les Archives de medecine pour Ic mois de Janvier 1846. Au mois de mars suivant, Rochoux faisait paraltre quelques remarques sur le meme sujet dans la Gazette des hopitaux. Plus tard (1850-52), M. Gubler ayant continue ses recherches a la Charitd, sous les yeux de M. Bouillaud, I'eminent professeur insista plusieurs fois sur cette particularite dans ses lecons de cliuique. 62 En 1852, le fait fut signalc dans la these de M. le docfcur Caneva (1). En 1863, M. le doctcur Durozicz I'dtudia avec plus dc ddtalls dans sa these inaiiguralc. Ccs dcrnicrs travaux rcsunient en grandc partie les opinions dc M. Gublcr, Icsqncllcs pcuvent sc formulcr ainsi : 1° Dans la pOripneumonic franchc ct intense, qu'on pent appclcr hdmorrha- giparc, Ic sang est ordinairemcnt t'panch(5 en asscz grandc quantity pour ne pas eire imnicdiatement cntralne avec Ics mucosites bronchiipics ; il sc coa- gulc non-senlemcnt dans Ics vcsiculcs pulmonaircs, mais aussi dans Ics bron- chcs dt^iccs qui en parfcnl et mcmc dans dcs ramifications broncliiqucs d'un calibre plus considerable. 2* Dans Ics vcsiculcs pulnionaircs. les petits caillots sanguins constituent les granulations de I'hepatisation rouge. Quand ces petits caillots sont ddcolo- rcs, ils caracterisent unc forme particuliere d'hepalisation grise, plus rcmar- quable chez Ics vieillards. 3" Dans les tuyaux broncbiqucs, les caillots sanguins forment ccs concre- tions «rborescentcs dont il s'agit dans cetle communication, Icsquellcs sont plus ou nioins rouges et fermes, plus ou moins decolorces et ramoUies, sui- vant Icur age et d'aulrcs circonstanccs. 4» Les concretions dc la pneumonic different esscntioUcment, par leur ori- ginc et par leurs caractcrcs, dc cclles qui accompagnent labroncliile pseudo- mcmbraneuse. M. Gublcr s'eleve coutre la confusion qui tend a s'etablir daus quclques tra- vaux reccnts entre des fails aussi disparates. En elTcl, Ics concretions peri- pneumoniques renfcrment primilivcment tons Ics elements du sang; ellcs constituent dcs masses homogenes ou des cylindrcs pleins, tandis que les fausses membranes de la broncliite croupalc sont formees seuleraent de librine ct de globules pyoides, et sont canaliculees jusque dans les bronches d'un tr^s-petit calibre. b" Les granulations de I'hepatisation pulmonairc etant produites par de pe- tits caillots qui rcmplissent cxactcmcnt le calibre des vcsiculcs et memed'un certain nombre de bronches de petit calibre, on comprend la difliculte qu'on doit cprouver a insuiller les parties du poumon affecl<:'cs d'Uepatisotion rouge. Ccpcndant I'obstaclc ne saurait etrc absolu, et d'aillcurs il doit ctre moindre quand le raniollisscment s'est cmpare des concretions sanguines ou qu'elles out diminue de volume par I'absorption ou par un autre travail. (!) C0.NSIDER.4TI0NS SUR Ql'ELQtES CAS DE C&OlPGilEZ L'ADi'LTC, 63 3° TUMEUR (WDEMATEUSE SERO-SANGULNOLENTE DEVELOPPEE SUR LE CRANE (TISSD CELUTLAIRE SOUS-crTANE) DE PLU6IECRS FCMETLS MOUT-SES; par M. H. BlOT, chef de la clinique d'accouchements de la Faculte. M. Blot, dans la seance du 12 mai, prt^sentc deux foetus, tous deux^ morls un certain temps avant le travail de raccouchemont ; I'un est pulrefie, I'aulrc prcscnte sur plnsieurs points des teguments de larges phlyctenes remplies de serositc rougcalrc. Sur tous deux existe, an niveau de la parlie qui repon- d;iit an vide du col, apres la rupture des membranes, une tumefaction oed(5- niatcusc constituccpar de la serositc sanguinolcnte. L'un d'cux, Ic dernier, ne prcscnte nuUc part ailleurs d'cpancliement analogue dans le tissu cellu- laire sous-cutane. M. Blot se contcnte aujourd'hui de faire constatcr Ic fait d'une tumefaction cedemateuse sc'rosanguinolente dcveloppe'e chci deux fcetus morts dcpuis un temps asses long avant la naissance. Plus tard, 11 reviendra sur cesujef, en apportant devant la Socicte des fails de merae nature. La constatation de ccs fails lui scmble importante en presence des assertions contraires formulccs par presque tous les auteurs des traites d'accouchements, et surtout a cause des consequences medico-legales que les mcdecinslcgistes ont voulu en tirer pour aider a resoudre les questions d'infanticide. De ces fails resulte d'une mauierc evidente que mc'me chef le fcrtus mart depuis un certain temps, la partie qui rcpond au ride du col ute'rin et du bas- sin, pent, si le travail dure quelque temps apres la rupture des membranes, devcnir le siege d'une tumeur cedemateuse sero- sanguinolcnte. 11 n'est done pas permis de dire qu'un enfant etait vivant pendant le travail de I'accouchc- ment par cela seul qu'il offre une tumeur de cctte nature. — M. Blot, dans la seance du 19 mai, moutre a la Societc unnouvel exemple de tumefaclion sero-sangiiinolente de'veloppee sur lecrdne (tissu cellulaire sous- cutane) d'un foetus de G niois mort et putrefie. 11 rapproche ce fait dc ceux qu'il a deja fait voir dans la derniere seance. Si les auteurs ont nie la possi- hilite de cette tumefaction dans de semblables conditions, c'est qu'ils so sont forme sur son mode dc production une idee erronce. Suivant cux, en clTet, rccdeme du tissu cellulaire sous-cutane, dans la partie qui rcpond au vide du col, serait due exclusivement a la gene de la circulation en retour on cir- culation veineuse. Si done, disent-ils, le foetus est mort, la circulation elant supprimce, la tumefaction n'a plus de raison d'etre. Pour M. Blot, a cetle cause, g6ne a la circulation en retour, s'ajoute une autre cause, Taction de la pesanteur. Or cctte derniere s'exercc aussi bicn apres la mort que pendant la vie. Quel d'ctonnant des lors que le rcsultat de cette cause, la tumeur s^ro- sanguinc, s'observe chez le fcetus mort comme chez le foetus vivant, quand il 64 s'^coule un certain temps entrc la rupture des membranes et la nalssance de I'enfant. — Dans la stance du 26 mai, M. Blot prdsentc un delivre provenant d'unc grossesse gcmellaire et qui offre plusieurs particularites interessantes. Lc6 deux masses placcntaircs sent rcunies on unc sculc par I'accolement d'une partie dc lours circonferences ; on volt ccpcndant encore assez facile- ment sur la face foetale de ces placentas r(5unis une csp(;ce de ligne de sepa- ration qui ctablit la demarcation cnire Tun et I'autre, quoiqu'en ce point il n'existc pas de pent mcmbraneux. La membrane caduque et le chorion sent communs aux deux ocufs ; la cloi- son qui scpare Ics deux cavites amniotiques n'cst formee que par I'adosse- ment des deux amnios. Apres avoir vide autant que possible les vaisseaux des cordons du sang qu'ils contenaient, M. Blot a pousse dans les arleres ombilicales une injection de suif colore en jaune, et dans les vcines la mt^rae matitre colorcc en bleu. Ces injections ontpermis de constatcr d'unc manlere plus nettc cc qui se voyait doja avant toutc preparation, a savoir : 1" Deux tres-belles anastomoses faisant communiquer les artercs d'un cor- don avec cclles de I'autrc. Les vaisseaux qui ctablissent ces communications sent situOs sur la face fa-tale des deux masses placcntaires reunies en une seule; le calibre de ces vaisseaux est egale au moinsa celui d'une plume de corbcau. 2°L'existence d'une communication tres-large des deux arteres d'un meme cordon entre elles, au niveau du bout placentaire de ce cordon, a un centi- metre du point oil ces vaisseaux s'ccartcnt I'un de I'autre pour so repandrc sur la face foctalc du placenta. Cette communication anastomotiques'effectue au moyen d'une grossc branchc, du volume d'une plume d'oie et de 15 milli- metres de long. Cette branchc ('-tablissait entrc les deux artc'rcs ombilicales de ce cordon une communication si facile que I'injection, poussec dans I'une des artercs, a passe dans I'autre, sa voisine, avant dc se repandre dans les branches du tronc dans lequel la canulc etait placee. Enfin, sur ce meme delivre on rctrouve un nouvel excmple de la distri- bution anormalc des vaisseaux d'un des cordons sur les membranes, a 8 cen- timetres du bord de la masse placentaire. A propos du premier fait constate sur ce dt'livre (communication des arteres d'un cordon avec les arteres de I'autre cordon), M. Blot fait ressortir la justesse et rutilite du priicepte pose par les accoucheurs, de placer deux ligatures sur le cordon afin d'eviter, dans les grossesses gemellaires, une hemorrhagic dangereuse pour le foetus encore contenu dans I'uterus apres la naissance du premier. M. Blot ajoute enfin quelques remarques relatives a ce mode de distribution anormale des vaisseaux du cordon sur les membranes. D'abord, dit-il, on 65 comprcnd trcs-bicn coiiimciil imc si'inblalilc dispusilioa peui dovcnir uiic cause d'liemoniiagic pour Ic foetus, si an moment do raccouchement une ou plnsieurs des branches vasculaires est comprise dans la decliirure dcs membranes. Ce ne sont pas la de simples suppositions, commo le prouveiit les faits rcunisparBcuckiser dans sa these inaugurale. En terminant, M. Blot fait cnfln reraarc[ner que cettc distribution anorraalc des vaisseaux du cordon ombilical hii parait de nature a juger d'une mani^rc a peu pi'es certaine une question encore indecise et controvers^e par les au- teurs qui se sont occupes du devcloppemeut de I'ffuf humain, a savoir, la ve- ritable ctenduc dans laquelle rallantoidc s'appUque a la surface interne du chorion. Pour un bon nombre d'embryologistes, Tallantoide, dans I'espfece hu- raaine, ne vicndrait s'appliqucra la surface interne du chorion, tpie dans cellc portion, qui plus tard correspondra a la masse placentairc et uniquemcnt en ce point. Eh bien! M. Blot ne pense pas qu'il en soit ainsi, et cela pour deux raisons : la premiere, c'est la vascularitc des villosites choriales dans toute la circonfirence de I'oeuf a une certaine periode du developpement; la deuxieme est prccisement cetto distribution anormale des vaisseaux ombili- caux sur les membranes dont il vient de monlrer un nouvel exemple. Com- ment comprendre, en efTct, que les vaisseaux ombilicaux [iriniitivement vaisseaux allantoidiens aicnt pu se rcndre ainsi sur les membranes, plus ou moins loin de la masse placentaire, si Ton n'admet pas que la vesicule allan- toide les y a portcs a un certain moment? Or on irouve, et M. Blot a vu pour sa part, a la Clinique el a la Maternitc, des exemples do cettc anomalie porlee a tons les degrcs intermediaires, depuis Ic cas ou le cordon, an lieu de s'in- serer sur le placenta, s'insere sur les membranes, dans un point diamctralc- ment oppose a cclui qn'occupe le placenta jusqu'a cette disposition particu- licre, decrite sous le nom de placenta en raquettes, dans laquelle le cordon ne s'insere plus sur les membranes, mais seulement sur un des points de la circonfcrence du gateau placentaire. M. Blot croit done que I'allantOKle, meme dans I'espece humaine, sedeploie sur toute la surface interne du chorion pour y porter les vaisseaux conteuus dans ses parois. C. R. COMPTE KENDU DES STANCES DE r *' LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1855; Par i\l. LE DoGTEUR A. LABOULBENE, secretaire. PRESIDE^'GE DE W. RAIER. I. — Physiologie experimentale. DE L'ACTION DE LA DIGITALINE SUR LES BATRACIENS ; par M. VULPIAN. Oil admcl generalemcnt que la digitale et ses preparations ont iinc actioa trcs-peu marquee cliez les batraciens. Lcs experiences de Slannius, do King et lieddoes et de Mongiardini relatees par MM. Ilomolle et Quc^venne dans leur remarquable ouvrage sur la digitaline, seroblent ne laisser aucun doute a ce sujet. Cepcndant des expiiriences que j'ai faites pour la premiere fois il y a deux ans, que j'ai repetees cette annee, et dont j'ai rendu t(?moinsles membres de la Societe de biologic, m'ont donne des r^sultats tout opposes a ceux qu'a- 68 vaicnt olilcnus Ics jihysiologislcs que jc vicns de citer. II est vrai que Ic pro- cede? que j'ai suivi difTere du leur. lis plongeaieut les grenouilles dont la peau avait d'abord subi plusieuis iucisions dans une infusion de digitalc ou une solution dc digllaline, ou bicn ils appliquaicnt sur la partie postericure de ces animaux un papier impregne d'unc infusion de digilale. Je me suis sei*vi de la digitaline de MM. Hoinolleet Queveune, et j'en introduisais une petite quantitc' (1) en poudre sous la peau, a la region dorsale. A. Si Ton opere une grenouille dans ces conditions on la voit manifester quelquefols une douleur assez vive an moment oil la digitaline est deposc'C sous la peau. Je n'ai not6 que tres-rarement une ligere excitation dans les deux ou trois premii^res minutes, et je I'ai attribuee a laj, douleur. Huit a dix minutes environ apres le commencement de I'exprrience, la grenouille parait s'affaisser l^g^rement; elle est moins vivc; la respiration s'acctHere. Si on regarde I'aniinal par sa face ventrale, on n'apercoit deja presque plus les battements cardiaqucs qui auparavant soulevaient energi- quement toute la region precordiale. On attend encore quelques minutes, ct ces battements cessent completemcnt d'etre visibles. La grenouille n'a pour- tant alovs qu'un afiTaililisscmcnt trt-s-pcu prononcc , car elle full la main qui veut la prendre, saute avec agilite, et conti'acte violemment ses membrcs post^rieurs lorsqu'on la saisit ; la sensibility est intacte. C'est a cc moment qu'il faut faire la preparation necessaire pour mcltre le ca>ur a nu. Les bat- tements de cet organe sont ou tout a fait arret^s ou extremement incom- plets. Si Ton met a decouvert le coeur cinq ou six minutes apres T introduction de la digitaline sous la peau ou meme avant, on assiste a la scene couiplOlo, on voit naitre et se developper les phenomenes de rencliaineraent du ca'ur. En general, ils commencent assez brusquement, et jamais ils ne sont pr^ce- d^s par une acceleration si minime qu'elle soit ; je m'cn suis assure a plu- sieurs reprises, en comptant presque continuellement les battements pen- dant toute la duree de I'experience. Les contractions auriculaires et ventri- cnlaires sont tres-r^gulieres pendant les premieres minutes, puis a un in- stant donnc, I'oreillette semble prise d'une certaine hesitation ; elle se con- tracte un pen tardivement, et elle se gonfleplus que dans la r(5volution car- diaque prccedente; toufefois elle se vide completement dans le ventriculc. Ce premier phenomene marque le debut de I'enrayement. Les mouvcments du cceur devieunent plus lents (2) ; le ventricule ofTrebientdt des conliaclions (!) Je n'ai pas pese cette quautite : j'introduisais en general ce qu'on pent saisir de digitaline en une seule fois enlre les mors d'une ties-pctile pince a dissection. (2) Pendant le temps assez court oil les mouvements du cceur sont plus lents sans presenter d'irrdgidarite, on est a meme de constater facilement que la G'J anormales ; les parois, au lieu dc revenir sur elles-memes r^gulicrement, de facon a presser le sang qu'il renfermc et a le diriger en masse vers roriflce du bulbe aortique, paraissent avoir perdu toiite coordination dans leur mou- vement. Une partie de ces parois se contracte pendant que les autrcs parties restent inmiobiles pour se contracter ensuite; il en rcsulte que le sang n'est pas toujours entiferement chass6 de la cavite ventriculaire el qu'il est porle tour a tour dans les dilTerenls points de cette cavite, diabase, a la pointe, d droitc et a gauche avant de passer dans le bulbe, et c'est ce qui produit les differentes saillies rouges et les depressions pales qu'on voit se succ(5der sur la face anterieure du ca3ur pendant la contraction ventriculaire. Un pen plus tard, le ventricule ne se resserre plus apr^s cbaque contraction auriculaire; loreiUette se contracte une, deux et troisfois etmeme plus sans que le ven- tricule, qui se dilate de plus en plus, entre en systole (1). Puis vient un de ces mouvements irrcguliers quo j'ai d^crits etqui vide apeu pre's compldtement le ventricule. (juelqucs minutes encore et le ventricule contracte n'admettra plus I'ond^e sanguine pouss^e par I'oreillette; cet eflfet est du autant a I'afTai- hlissement dcs contractions auriculaires qu'a la resistance du ventricule. LoreiUette continue done seule a baltre, mais elle se remplit de plus en plus; ses deux loges deviennent enormes; les veines caves sont aussi tr6s- distendues. Enfin I'oreillette cesse egalement de se contracter. L'arret du ctrur est souvcnt complet, quinze minutes apr^s le commencement de I'cx- perience. La grenouille s'atl'aiblit ensuite rapidement et meurt (2). L'irritabi- lit6 disparait promplement dans tout son systeme musculaire. Lorsque je fls ma communication a la Soci^te de biologic, il y a deux ou Irois mois, c'est dans les termes precedents que j'annoncai les resultats de mcs experiences ; elles avaient m r^p^tees sur plus de quinze grenouilles, et chaque fois j'avais vu les memos phenomSnes se presenter de la meme facon. Or j'ai vu depuis sur d'autres grenouilles que Taction de la digitaline diastole ventriculaire est en grande partie independante de la systole auri- culaire ; celle-ci n'a d'autre elTet que d'achever la dilatation du ventricule deja rempli par le vis d tergo. (1) Lorsqu'il en est ainsi TefTort impulsif de Toreillette fait, au travers du ventricule inerte el rempli, pcnetrer une tr^s-petite quantite de sang dans le bulbe aortique qui se contracte ; on voit ainsi la systole de roreillctte elre suivie de la systole du bulbe, sans l'interm6diaire de la contraction du ven- tricule. (2) Sur les grenouilles empoisonn^espar la digitaline et dont onne met a nu le cccur que quelques heures aprt^s la mort, on trouvc toujours les oreillettes dilat'cs; le ventricule est tantot contracte ct vide de sang, tantot et plus souvent tr6s-dilat6. 70 n'offrait pas toujours ce caract^re de nettctc:-. 11 faut expliquer comment des experiences faites sur des animaux de la meme esptcc onl pu anicncr a des rt?sultats sensiblement differents. Toutes les grcnouilles dont je me servis il y a quelques mois etaieut dans un etat tout special; jc Ics avals depuis plus d'un semestre, et pendant tout ce temps clles avaient jciine ; pendant I'hiver elles avaient 6i6 prises dans la glace; elles (Staient extremement maigrcs, lenr sang etait aqncnx et en petite quantite. Los grenouilles que j'ai employees dans ces derniers etaient vigourcuscs et bien portantes. Je crois que ces conditions si opposees rendent compte des diff(5rences dans les resultats obtenus pendant la premiere s^rie d'exp(5riences et pendant la secondc. La digitaline pulverulcnte introduile en petite quantity sous la peau des grenouilles, lorsquc ces animaux ne sont ni (?maci^s ni an^'miques, n'arretc pas comiiletement les battements du co3ur avant que les autrcs plienomf-nes de I'empoisonnemcnt, la faiblesse generale, la diminution de I'irritubilite de tons les muscles de la vie animate, se soient montres. Toutefois si les mou- vements du centre circulatoire nc sont pas definitivement abolis du vivant meme de Tanimal, ils nc laissent pas d'etre inilucnces de la maniirc la plus manifesto. Dix on quinze minutes apres qu'on a fait pemJtrer la digitaline sous la peau de la grenouille, 1" animal etant encore trfes-vif, les battements du coeur sc ralenfisscnt ; la dilatation des cavites du cceur pendant leur dia- stole est plus grande. Le ventricule continue pendant quelque temps a se vider entiferement et lance consequemment, par chacune de ses systoles, une plus grande quantite de sang dans les arteres; ses contractions dcviennent ensuite irregulicire et ne repondenl plus une a une, comme dans I'tJtat nor- mal, a celles de I'oreillette. Tantot alors le ventricule reste resserr^ pendant que I'oreillette execute deux ou trois systoles impuissanlcs, ou bien, au con- traire, il est dans le relachement, ct se gonlle de plus en plus pour se vider par une scule et (^nergique contraction. Ces troubles dans le rhytbme du coDur se prononcent davantage a mesure que I'absorption de la digitaline s'eirectue. On observe des intermittences plus ou moins long-ues pendant les- quelles le cu>ur est tout a fait immobile, puis apr{;s une demi-minutc, une minute d'internqition, les battements recommencent. Cependant I'animal est devenu tres-faible ; rirritabilite des muscles des membres a subi une dimi- nution consid(5rable, et une beurc ou une heure et demie apres le commen- cement de I'expericnce, il n'est pas rare de trouver cette irritabilite (iteinte dans toutes les parties du corps, si ce n'est dansle ca^ur qui continue encore a battre pendant plus d'une beure apres la mort. Mais les battements sc font par series do cinq a dix mouvements complcts ct tr(;s-lents, s6par6es par des intcrvalles de repos de quelques minutes, pendaut lesquels les parois du co'.urs soul distendues par un sang noir ct imraobiles. D'apres ce qui precede, on voit que les e(Tels de la digitaline soul, comme 71 jc I'ai dit, assez diff^rents, selon que I'on opere sur des grenouilles amaigries et affaiblies par un long jefino on sur des grenouilles vigourcuses. Dans ce dernier cas, I'influence de cette substance sur les raouvements du coeur est moins rapide et moins puissante, quoique tres-r6elle et tr6s-prononcee. Peut-etre que des recherches faites dans ce sens sur d'autrcs animaux, sur riiomme meme, en employant soil la digitaline, soit d'autres produits actifs, conduiraient a des r^sultats qui ne pourraient pas raanqucr d'etre interes- sants. Je fais remarquer ici que c'est Taction Elective de la digitaline qui s'exagfere seule ; car rirritabilit(5 musculaire nes'eteint pas plus vite dans les muscles de la vie animate cliez les grenouilles emaci^es que cliez les autres. B. La digitaline introduite en poudre sous la peau des tritons cxerce une action tr^s-grande sur les mouvements du cosur. Do meme que chez les grenouilles, les battements cardiaques chez les tritons se ralentissent d'abord, puis s'arr6tent complctement, et cela quelquefois avant que les animaux soient morts. Si Ton ouvre un triton an moment oil les plicnomSnes gen(5- raux annoncent que I'empoisonnement marche a son terme, c'est-a-dire lorsque Tanimalne meut plus ses membres qu'avec incertitude et difTicultd (1), on trouve le coeur immobile ; le ventricule est revenu sur lui-meme et a pen pr^s vide de sang ; il contraste par sa paleur avec les oreillettes qui sont d'un rouge noiratre et extremement gonflees. C. La digitaline ne m'a paru avoir aucune influence sur le coeur des cra- pauds. Plusieurs crapauds, sous la peau desquels j'avais fait p(?n^trer dix fois plus de digitaline qu'il n'en taut pour tuer rapidement une grcnouillo, ont r^sist6 plusieurs heures a rempoisonnement. Les battement du coeur dt^cou- vert soit d^s le commencement de I'exp^rience, soit une on deux beurcs apres, ont conserv(:' la plus grande r^gularit6 et n'ont pas ofTert le moindre ralentissement m6me apres la mort. Vingt-quatre heures apr^s I'introduc- tion de la digitaline, le coeur battait encore, en presentant le m6me rhythme, comme chez les batraciens empoisonn^s avec le curare. D. J'ai voulu chercher si le syst^me nerveux 6tait completement tHranger a Taction de la digitaline sur le coeur. J'ai erapoisonnt^ des grenouilles avec du curare, et une hem-e apr6s la mort de ces animaux, j'ai mis a nu leur coeur qui battait de la meme manicire que s'ils eussent 6ie vivants ; puis j'ai fait passer sous la peau de la region dorsale une petite quantite de digitaline. On salt que le curare a la propriety de detruire ou plutot de paralyser compkHe- (1) La digitaline n'empoisonne pas les tritons aussi rapidement que les grenouilles; celles-ci meurent geueralement en moins dune houre ou d'une heure et demie ; la mort chez les tritons arrive deux heures environ apres Top(?ration. 72 raenl (1) toutes les propriet6s du syst^me nerVeux : or au bout de dix minutes ou d'un quart d'heure, tous les phenomSnes que j'ai decrits, depuis le simple ralentisseraent jusqu'a I'arret complet du coeur, se developpaient sous mes yeux. Mais ce n'est pas tout : dix-huit heures et vingt heures apr^s la mort de grenouilles tuees par le curare, lintroduction d'uue tres-petite prise de digital ine sous la peau produit le m6me effet ct presque avec la m6me rapi- dite que lorsque I'experience est faite pendant la vie. Ces experiences, quand bien m6me elles ue decideraient pas la question de savoir si la digitaline agit directement sux le coeur, ou si elle agit indi- rectement sur cet organe par I'iutermediaire du systeme nerveux, seraient encore interessantcs pour les physiologistes ; car elles drmontrent surabon- damment que I'absorption est un phenomene purement physique et ind^- pendant de I'innervation, quoique soumise dans de certaines limites a son iniluence (2). 1' SECTION DE TOUTE h\ MOELLE LOMBAmE CHEZ I'N CHIEN A L'EXCEPTION DES COBDONS POSTERIELRS ; PERTE COMPLETE ET DEFINITIVE DE LA MOTILITE ET DE LA SENSIBILITE DANS LE TRAIN POSTERIEUR; par JUL PHIUPEALTX Ct YULPIAN. MM. Philipeaux et Yulpian ont r6p6te une experience d^ja faite plusieurs fois avant eux (3i, et dont M. SchifT avait consign^ les resultats dans une note inseree dans le compte rendu de lAcademie des sciences du 22 mai 1 854. Celte experience consiste a couper, sur un animal vivant, toute la moelle opi- niere transversalemeut , en respectant les faisceaux posterieurs seuls. M. Scliiff a vu, dans ces circonstances, la sensibilite reparaitre dans le train (1) Je dis paralyser, parce que Brodie, Waterton, MM. Virchow et Muuler ont pu, en eutretenaut la respiration artilicicUement, ressusciter pour ainsi dire des animaux empoisonnes par le curare ; les propri^t^s du systfeme ner- veux reparaissaient au bout d'un certain temps. J'ai vu moi-meme des tritons empoisonnes par le curare, dans un etat de resolution generalc, n'ayant plus ni sensibilite ui motricite nerveuse, laisses par consequent pour morts la veille et retrouv6s le lendemain pleins de santti et de vivacite. (2) J'ai repeie ces experiences en introduisant sous la peau dc grenouilles empoisonnees avec du curare depuis quatre, huit ou vingt heures du veuin de crapaud, et j'ai vu aussi le coeur s'arreter sous I'inllueuce de I'absorplion de ce venin, au bout d'une heure ou d'une heure et demie. i3) Cette communication a ete faite pour appuyer les idees de M. Brown- S6quard sur les fonctions de la moelle. M. Brown-Sequard a ensuite pris la parole pour dire a la Societe qu'il avait fait antrrieuremcnl cetle experience plusieurs fois et que, de meme que MM. I'liilipcaux et Vulpiaii, il avait vu la seusibilile etve complelcnieut perdue. 73 posterieur de Tanimal apres un intervalle de temps variant d'un quart d'heure a cinq lieures « Do plus, dit-11, en decouvrant alors la moelle. on pcut sccon- « vaincre que tous les points des cordons post(5ricurs en arrierc de la section I) ct que toutes les racines postcrieures de la portion lombaire ou sacrde pos- )) sMent une sensibilite trfes-distincte. » MM. Philipeaux et Vulpian sent arri- ves aun resultat tout a fait oppose. Cos experinientateurs ont mis la moelle epiuiere a nu au niveau de la premiere vertebre lombaire, sur des chiens vi- goureux et de forte taille. Apr6s avoir ouvert longitudinalement la dure-m^re, ils ont passe une epingle sons les faisceaux posterienrs de facon a les &('■- parer du reste de la moelle, puis ils ont coupe toute la partie de la moelle situee au-dessous de lY'pingle, c'est-a-dire la totalite des faisceaux antero-lateranx et la substance grise. L'operation terminee, ils ont vu que la motilite et la sensibilite du train posterieur etaient complctement et irre'vocablement per- dues. Le lendemain de rexpcrience, la paralysie du sentiment et du mouve- ment dans les membres post^rieurs 6tait aussi complete que la veille. lis ont alors ouvert de nouveau la plaie qu'ils avaient fernu^e a I'aide de quelques points de suture, et ils ont constate que les faisceaux posterieurs, en arrifere du point oil la section du reste de la moelle avail et6 faite, conservaient leur sensibilite^ presque intacte, tandis que les racines posterieures naissant en arriere de ce memo point pouvaient etre excitees de toutes les facons sans que I'animal manifestat la moindre douleur. Ces excitations detcrminaient de violenles secousses dans les membres post(5rieurs, et lorsqu'on irritait les faisceaux posterieurs, on produisail des secousses tout a fait semblables en memo temps que I'animal tcmoignait sa souflYance par ses cris, son agitation el ses efforts pour fuir. Ces contractions musculaires succussives etaient dues evidemment a des actions reflexes 6nergiques. Avant de mettre la moelle a nu, il avail ote facile de voir que si, en pincant l^^s doigts des membres pos- terieurs, on u'eveiUait aucune douleur, on excitait au contraire des mouve- ments reflexes tres-forts, que ces mouvements survenaient meme en touchant legerement les doigts, et (ju'ils etaient incomparablement plus violents qu'ils ne le sent api'es une section Iransversale et complete de la moelle epiniere au meme niveau. Cette energie des mouvements rt^flexes a-t-elle trompi* M. Schiffet a-l-elle etc prise par cet habile pbysiologiste pour I'agitation par laquelle les anlmaux expriment souvent leurs soufTrances? MM. Philipeaux et Vulpian ont ai.ssi fait la precedente experience par un autre precede : ils ont pass(!' un lil sons les cordons posterieurs, puis un des bouts du fd a 6te glisse sous la moelle de facon que, les cordons posterieurs exceptes, la moelle s'est trouvte embrassee dans une anse : en nouant les deux extremitc^s du fd et en les serrantjil a ete facile de detruire entierement lout ce qui etait compris dans I'anse. Les resultats ont 6te les memes, et ils font voir que les cordons posterieurs dela moelle ne sont points charges de conduire au centre sensitif les impressions amen^es dans la moelle par les racines posterieures, car 74. quoiqiic la conlinuile dc ccs faisccaux soil parfaitcment conserv^e, la sensi- bilitd sc trouve perdue dans le train postdriciir si Ton coupe, a la region lom- baire, la subslance grise et les faisccaux antero-lateraux dc la luoelle ; et ce- pcud;int, d'ajir^s la Iheoric qui a cours en France, cette lesion ne devrait en rien Iroubler lexercice dc la sensibility. (Seance du IGjuini. II. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE ET I'ATHOLOGIE. 1» PEnSISTANCE or CANAL AIVTERIEL CHEZ INE FEMME AGEE, SANS COMMUNICA- TION A TRAVEKS I,.\ PAROI SOIT INTERAURICVLVIRE, SOIT INTERVENTRICILAIRE DU coEUR ; par M. Luys, interne des htipitaux. Duclos, entrde a la SalpetriSre en 1848, est morte a 58 ans le 27 mai 1855. Cette femnie ^tait entn'-c a I'lnQmierie pour une diflicultci croissante dans la respiration qu'elle faisait rcmonter a six semaines. 11 y avail alors (rdemo des extremites infericnrcs, colaralion bleualre des teguments el des levres et tendance au refroidissement. Elle nous a r(5p(5te plusieurs fois qu'elle souf- frait dans la poitrine depnis son enfance, que sa mere avail eu un accouche- ment laborieux et qu'elle avail cu toujours cette dyspnee et cette sudocalion revenant a chaque mouvement violent, et que neanmoins sa sante gencrale elait bonne ; sourde, et d'une inlclligence obtuse, elle paraissait pen preoc- cupee de son elat. Elle nous a dil a plusieurs reprises fpi'a I'etat normal elle 6tail a peine colorce, et effectivement nous conslatames I'avoir vue plusieurs fois marchant dans les dortoirs, avec seulement un peu de dyspnee el une 16- gi-re coloration veineuse des pommettes et aussi boulTissure tr6s-legere dc la face. Nousne constatames, du reste, a son enti'ee, aucun bruit anormal au cceur. Les battements (ilaient lents, sourds et profonds, le pouls radial presque in- sensible et le pouls veineux tres-marqu(5 des deux c6tes du con. Elle mourut quelques jours apres, avec oed^rae progressif et cyanose de plus en plus prononc<5e. Aiitopsie.— Tractus d'ancienne pericardite, presque flbrineuse, faisant ad- li(!'rer les deux feuillets du p^ricarde. Au niveau de la portion oil il sc rede- chit surles gros troncs vasculaires, se trouve un corps ovo'ide a chcvul sur Tartere pulmonaire (18 centimetres sur 3) et se modelant par ses faces conca- ves sur la surface convexe du vaisseau qui, du reste, rutreci au point de com- pression, se pr^sente dilate au-dessous. Ce corps semble Indus dans I'intc- rieur des deux feuillets pericardiques ; il presente une coquc calcairc, ren- fermant une substance jaune, couleur mastic, qui probablement lui fait don- ner une origine ganglionnaire. Venlricule droit hypertrophic; ses parois sent fermes et rigidcs, elles ne s'alTaisscnl pas et mesurcut 1 centimetre et 1 centimetre M millimetres d'e- paisseur. 75 Les colonnes charnues sont consid(5rablemcnt epaissies et robustes. Les valvules signioides saiiies. L'artfere pulmonaire, incis(5e suLvant sa longueur, presente dcs parois ri-' gides comme celles de I'aorte, et couvertes de plaques calcaires et cretacres, dissemiuees et confluentes, et trois orifices superposes, separes entrc eux par deux brides en forme d'cperons. L'oriflce inferieur dirige horizontalement a droite est le tronc droit pulmo- naire. L'orifice moyen, dirige aussi horizontalement et a gauche, est Ic tronc pul- monaire gauche. Eudn, I'oriCce superieur n'est autre chose quo Ic point de communication, ou, pour mieux dire, de continuite de la cavite du vais- seau avec la crosse de I'aorte. Sa direction est verticalc et ses bords se prcsentent ht^rissc5s de petrifica- tions. Sa cavite admet aisement les pulpes de I'annulaire. L'artere pulmonaire ne semble done former qu'un seul et mfime tout avec la crosse de I'aorte, et ce vaisscau lui-meme ne vient s'aboucher que comrae collateral sur la partic supericure et laterale droite dc la convexile vasculaire form^e presque en entier parl'arlcire pulmonaire. En efl'et, le point d'inoscu- lalion de I'aorte et de I'arlerc pulmonaire regarde dircctomcnt a gauche ; il se rapproche, par consequent, de la direction horizonfale, et n'adraet qu'avec peine la pulpe du petit dolgt. II est situe a I centimetre environ au-dessus de l'orifice de communication du vaisscau pulmonaire avec la crosse aor- tique. Les parois du ventricule gauche sont flasques et molles et mesurent GO a 70 millimetres d'epaisseur seulement. Les valvules sont saines. Quelqucs pla- ques ath^romateuses a la paroi interne de I'aorte dont les parois presentent la raeme epaisseur que celles de l'artere pulmonaire. L'oreillette droite est trfes-dilatee, a fibres musculaires d^veloppeies et ^paisses, mesurant dans ses parois depuis 60 millimfelres jusqu'a 90, 100 et 110 d'epaisseur. Coloration de la face interne d'un rouge tr^s-vif, et presen- tant le m6me aspect que roreillette gauche a I'etat normal. L'oreillette gauche a, au contraire, un aspect membrancux, une colora- tion pale et blanchatre de sa cavite, qui est petite comparativement a I'autre. Les orifices auriculo-ventriculaires droit et gauche sont sains. Pas d'apparence de communication entre les cavites auriculaires ct ven- triculaires. Ce fait a ete constate et recherche avec soin. Poumons sains, pas de tubercules. Foie, rate, reins fortemcnt conges- tionnes. Un pourrait, en s'appuyant sur la presence des plaques calcaires dans l'ar- tere pulmonaire, admcttre que c'etait pendant la vie et non des la naissancc que la lesion avait dii se produire, par perforations ulceratives dcs tuniques 75 nrtih'iellcs, ayant ameno la communication dcs (Icux vaissoaux ; qu'en iin mot, on avait la une Id'sion patliologiquc ct non pas un arr^t ile developpe- ment, une lesion congeinitalc. Mais si Ton consitl^re que la maladie avait cle apportce t'li naissant, d'une part, et, d'autre part, que le point de conununication de I'artere pulmonairo avcc la crosse est large, qu'elle est sur Ic point menie oil se troiive Ic canal art(5riel, tandis que le point de communication avec I'aorte est retreci, je suis porte ucroire que c'cst la un veritable cas de pcrsistancc du canal art('riei, sans communication, soit a travers la parol interventriculaire on interauri- cuUiire. 2" I'llTHISIE LARYNGEE CHEZ UNE ENFANT ; par M. E. BOUCHUT, prOfCSSCUr agrege a la Faculty de medecine, etc. M. E. P.oucluit prescnte le larynx ulc6re d'une jenne cnCant de 1 1 ans, morle de laryngite ulcc^rcusc simple. Sans avoir presents de plK'nomenes scrofu- lcu.\ ou syplulili(iues anti'ricurs, sans tenir de pres a des personncs cliargees iiesaigner des chevaux morveux, cette enfant, malade depuis plusleursmois, a ele |irise d'cnroueraent, de toux, d'cxpectoration puriforme el d'liemo- ])lysies. .\ son entree a I'liopital, elle avait la voix nasonnee d'une persoune donl le voile du palais est detruit. En efTet, ce voile memiiraneiix avait disparu, les aniygdales elaienl rougees j)ar I'ulceration, I'epiglotte avail disparu; le plia- iv iix rouge, convert de granulations excoriees, (5tait le si(5ge d'une suppura- tion lividente. La base de la langue, gonllee, etait excoriee, el eel organe lu- melie, renfermant plusieurs noyaux d'induration, prescntait sur ses bords I'enipreinle dcs arcades deutaires. 11 existait dela'denie aux jambes el sur le visage ; I'aneuiie elait considerable el il y avait une diarrhee abondante. L'a-- deme ilcvint general eH'cnlunl snccomba en Irois jours, avec une anasarque Ires-prononcee, ayanl les urines Ires-alijumineuses. Le larynx ofTrait les alterations suivuntcs : Destruction de lepiglotte ct dcs cartilages arytlienoides ; ulceration du venlricule gauclie el dcs cordes vo- cales de ce cote; au-dcssous, ulceration supcrflcielle dc la muqucuse, large de 1 cciitim^lre environ, situee an niveau de la lace interne du cartilage cri- col'de. Toute la muqueusc des l;iu;:ci.es eiuit lamoUie ct vivement couges- tionnee. Les piliers du voile du palais el le voile membraneux jusqu'a son insertion a I'os (ilaient ulceres. La voule palatine elait denudee ainsi que les cornels de relbnoidc a leur parlie posterieure, el Ton relrouvait sur la base de la langue les alterations indiquees pendant la vie. Les poumons ctaient sains et ne renfermaient pas une granulation tubercu- leuse ni un seul tuberculc. 77 II n'y a aucune production dc ce genre dans les divers points de I'orga- nisnse, si ce n'est duns un gangiinn In'oncliitinc oii sc trouvait iiiie masse crc'tacec , calcaire , due a la gucrison d'un aiicicn tuberculc ganglion- naire. 111. — Patholocik DES AMMAL'X. !• affection du pormon droit chez vne lionne; carmficatio.n et atrupllie CCiNSiDEnAHI.r, I)". C.Ero'.MON; DEFOR.MAT.'OJs' DI;6 MiiMBUES POSTEr.iiiir.S DE GET ANIJIAL i'i.ODUITE PAR UNE EXSIDATION OSSEISE SOCS-PERiObTAI.E ; M\- LAUIE PROBABLE DK LA JIOELLIi KPLMliRE ; par >i. VlLPiAN. Dans le milieu du mois demurs 1855 est morle a la menagerie du museum d'iiistoire naturclle une lionne qui y vivail depuis quelqucs annees. En 1853, ellc devint nialade ; elle ne pouvait pas se tenir sur scs palfcs poslerienres, et lout son train postc^ricur serablait atteint d'un commencement deparaly- sie. Les velerinaires qui furent mandes crurent a rexislence d'une maladic de lanioelle epiniere, ct l"on fit prendre a I'animal une certaine quantile de strychnine cliaque jour dans de la viandc pendant im mois. 11 parait que, sous rinlluence de cc Iraitement, ]\'{a\ de la lionne s'ameliora beaucoup, et on la crut gu^rie. La faiblesse des memjjres avail presque disparu ; cepen- dant sa demarclie neredevint jamais tout a faitassuree, et vers le mois de juillet 1854 la lionne commenca de nouveau a clianceler eta se laisser loml)er lorsqu'elle marchait. A partir de celle epoque, la paralysie ne fit qu'augmenter rapidement, et bientot I'animal resta presque conslamment couche. Les gardiens renuu'- querent pen de temps aprf's que les membres posterieurs se deformaienl. Au mois de seplembre, on s'apercut que cclte lionne avail une grande dinicultc a respirer, difTiculte qui so manifestait surtout quand ellc etait coucliee sur le cote gauche; car alors la respiration devenail tres-frrquente et se comjio- sait d'iuspirations tres-courtes, silencieuses, su ivies d'expirations tres-pro- longees et bruyantes, offrant ce caraclere de creux profond qui caracferise le rugissemcnt du lion. Elle ne toussait pas. Cette anhelation dura conslam- ment et avec une intensite croissantejusqu'a lamort de I'animal. L'appetitnc se perdit que pendant les quinze derniers jours de la maladic; la lionne s'afTaiblit alors rapidement et mourut epuisee. Lorsque je vis le cadavre de cette lionne, la peau avait deja ete enlevee ; le thorax et I'abdomen {^taient ouverts. La personne qui avait fait I'ouverture du corps m'alTirma que la cavitc pleurale droite ne coutenait pas de liquide; cependant comme la peau avait etc enlevee la veille du jour oil le corps a ete ouvcrt, ct comme en depouillant I'animal on peut bien avoir ouvert la caviliJ pleurale a sa portion la plus voisine du ecu, 11 se pourrait que le 11- 78 quiilc sc lut ecoule par uii orilice iait ainsi involontaircmcnt (li. Ouoi qu'il cu soil, au moment oil jesuis arrive, Ic diaphragme clailinlact et la cavitc plcuralc droite ne conlenait pas la moiudre trace de licjuide. Au premier coup d'cjcil, on no voyait pas non plus le pounion droit, on plutot cc poumon avait tellcmenl change d'aspect, de forme et do dimensions, (pion pouvait croire qu'il n'existait pas. Sur la colonne vcrtebralc, on voyait quatre ou cinq masses formant cliapelct de liaut en bas, tres-inegalcs en volume, a sur- face lisse cl asscz regulieremcnt arrondie, de couleur jaunc ])isli-e clair et offrant de larc^sislancc ala pression. Toutes ccs masses nc formcnl ensemble qu'un bien petit volume, comparees a la grandc capacile de la cavite pleu- rale. La plus grosse d'entre elles, la seconde de baut enbas, a les dimensions d'un poing d'adulte lout au plus. La plus petite, rinferieure, a le volume d'uue aniandc ; clle est reliee a celle qui lui est superposee par uu pont de la grosseur d'une plume d'oic. Les autres masses ticunent toulcs les unes aux aulres, et jjIus ou moins par leur partic qui est appliquee sur la colonne ver- lebrale. Toutes ces masses sent ce qui reste du poumon droit. La plevre mcdiastlne, ainsi que les plevrcs costalc el diaphragmati([ue, out la meme teinte jaune bistre que les bosselures. Le poumon gauche ne semble pas malade. Le coeur est sain a I'exterieur et a I'intcrieur. Apres que les poumons et le coeur out i\c culcves de la cavitd thoracique, j'essayc d'insufller les poumons avec un soufllct donl Ic tube est introduit dans la trachec. Le poumon gauche se gonUe parl'aitcment. Les differents lobes qui repr^sentent le poumon droit eprouvent a peine un leger soulfive- ment; mais il n'y aaucune expansion du tissu qui les consfitue; le soul6ve- ment n'cst du qu'a la dilatation dcs bronchos qui penelrent dans ces lobes. Le poumon alter6 est mat a la percussion; on sent (pic son tissu estentiS- rcment oblilere. A la surface des lobes de ce poumon sc trouve un dep6t membraniforme qu'on rctrouve aussi sur toute la surface parielale de la plevre du cote droit. Examine au microscope, ce depot montre de la matiSre aniorphe, quclques elements fusiformes de tissu fi])roplasli(iue et dcs cellules splieri([ues, parseraces a leur surface de granulations graisscuses et conte- uant un noyau voile la plupart du temps par les granulations de la surface. Une coupe est pratiqu6e sur un des mamelons du poumon droit, et on con- state (jue la couleur jaune bisire clair n'existc pas sculcment a leur surface, mais aussi dans toute la profondeur du tissu (lui Ic constituc. (le tissu n'oflrc plus I'apparence spongieuse propre au poumon ; il est humidc et a la con- sistance du tissu hepatiquc, et comme cclui-ci il sc dechire assez facilcmcnt. Des morceaux pris dans dilTerents ondroils et mis dans I'cau gagnent rapi- (1) Ces doutes sur I'absence de liquide dans la plevre ont (5te partagcs par la plupart des membrcs de la Soci(5te, le jour oil j'ai monlre les pieces anato- miques provenaut de ectto lionne. 79 dement le fond du vase. Do distance en distance, on aijercoit des bionclies ouvertes dans differents sens par la coupe que Ton a praliquee ; on recon- nait parfaitenient leurs cartilages. Dans quelques points, il y a dn pigment gi'isatre pulmonaire. En prolougeant la coupejusqu'alabase des mamelons, on trouve de grosses Lroncbes dont la membrane muqueusc est gonflee et rougeatre, et qui ren- lermeut des mucosites lilantcs et epaisses. En divisant les broncbes a partir de la racine du poumon et en les suivant an milieu des lobes, on est frappe de la maniere dont elles se terminenl : la bronclie principalc destiuec a unlobe tres-Yolumineux se divise en plusieurs brancbes assez fortes encore, qui viennent se terminer soil imm^diatement, soil mediatement,par des rameaux tr6s-courts, trfes-prcs dela surface pulmo- naire. Cette disposition est due a ce que le tissu pulmonaire en revenant snr lui-meme a oblit^re et efface les ramifications broncbiques d'un ordre inie- rieur, et s'est en meme temps par sa retraction rapprocbe des rameaux prin- cipanx des broncbes. Dans le lobe le plus volumincux, on rencontre deux cavites kystoides pleines d'un liquide incolore et dont la plus grosse pour- rait contcnir une noisette ; en un autre endroit existe un petit depot de oho • Icrilerinc; dans toute I'elendue du poumon, on compte sixabuit amas tres- peu considerables de matitiro conune crayeuse formiie en grande partie de carbonate calcaire. Dans un point d'un des lobes inferieurs, le tissu pulmo- naire parait sain. Dans I'examen microscopique que j'ai fait du tissu altere, 11 m'a etc impos- sible de me rendre bien compte de la disposition des culs-dc-sac du pou- mon. J'ai reconnu au contraire ti-es-facilement les elements du tissu pulmo- naire, les flbres elastiques, les cellules cylindriques de la membrane mu- queusc des broncbes et les cellules propres des cids-de-sac. Ces dernieres cellules ^taient tres-gonfl^es, spberiques, pleines de granulations graisseuses qui masquaient leur noyau. Les cellules cylindriques plus ou moins melees a cellcs-ci etaicnt aussi gonllecs, inliltrees de graisse et depourvues de cils vibratiles; j'ai vu de memo quelques corps fusiformes alteres de la memo facon. 11 y avail de plus un grand nombre de petites granulations probable- ment graisseuses et libres, des noyaux sans enveloppes et un liquide trans- parent oil nagent tous ces cilements lorsque la pression les a disjoints. Dans plusieurs des preparations que j'ai chercb6 afaire,j'ai constate la presence de quelques lambeaux de forme iudeterminee, composes entiCjrcment par des cellules d'epitbelium pavimenteux, ayant I'apparence granuleuse quo jo viens de signaler. Le foie, la rate, les reins ^laieutdans leur etat normal. On n'a pas examine les intestins. II n'y avail pas de liquide dans la cavite peritoneale. Le jour m6me oil j'enlevai les poumons et ou jo les soumis a I'examen mi- croscopique, je trouvai, dans la plupart des points, des cristaux epars au mi- 80 lien flcs (''Irnicnts du poiniion altrro; Icscristanx cli?pnvai?saioTit o?sczrapidc- menl lors(iu'oii nu'lait unc goiitled'aiMdcacc'lique ;i la preparation. Ce carac- 16ro joint a leur forme qui ccpendanl n'elait \yas 1r6s-bien deHerminec indiqne qu'ils etaient tr^s-pi-oliablemcnt comnosrs dc carl)nnate cakaire. Lc lendc- niain les cristanx elaienl en Men plus grand nonibre. Les deux niembres poslerieurs, dans leur partie infc^ricure, paraissaient tres-volumineux ct contoiirnes, dc telle sortc qne la jambe oirraif unc con- vexite en avant ct en dedans et nne concavite en arri6rc ct en dehors. Les articulations tibio-tarsiennes etaient gonflees; on ne sentait plus la saillie normale du calcaneum : les picds eux-memes (-taicnt trt'S-gros. Au premier aspect, CCS niembres, di'ponilles de la peau, resscmblaienl anx niembres in- fericurs d'un liomme allcini de racbifisme et de Inincur blanche des articula- tions tibio-tarsiennes. On ne pouvait point, (pielquc cfl'ort qu'on fit, imprimer des mouvements au pied sur la jambe. Uii de ces membrcs fi;t pris, et on en- leva les parties moUes ; il ful alors facile de voir que le volume dc ce niembrc tenait entierement aux dimensions consid(!'rables des os. On vit aussi alors qn'il y avail une ankylose complete de raiiiculation du coude-pied, et que ccltc ankylose maintenait le pied flecbi a angle droit sur la jambe, et en mCmc temps fortenicnt leleve sur son bord interne. Le perioste n'etait pas malade ; son ('paisscur ne semblait pas augment(?e et il passait sur foules les saillies, soit airoudics el clalces, soit aigues et incga- les que prcscniaicnl les os de la jambe et du pied. On remit I'examcn attcntif de la configuration de ces os ii une epoque oil la maceration aurait aclievc d'enlcver les ]iarties liganienteuses et fibreuscs qui se trouvaient encore dans plusieurs points, et Ton pratiqua une cuupc longitudinalc au travcrs du tibia, apres avoir, par un trait dc scie, detache le pied de la jambe. Cettc coupe permit de reconnaitre que le tibia avail etc cnvcloppe par unc exsudation os- seusc formant dans certains points, ii la paitie interne par exemple, une cou- che de 2 centimetres de profondcur, et dans d'autres points ayant une epais- seur beaucoup moins grande. C'est a cette inegalitc d'epaisseur de la couchc exsudi^e qu'etait due la defoimation dc la jamlic : le tibia conscrvait au milieu de son revetement osseux sa forme et sa direction normales. Cette nouvcUo ossification n'avait pas produit un tissu compacte et serrc, mais bien au con- Iraire un tissn crense de nombreuses vacuoles, et dans les points oil son epaisseur ctait la plus grande, un vrai tissn cavcrneux. D'aillcurs, meme dans ces points, la couclie osseuse avail une grande resistaucc, et ue pouvait pas par con sequent etre assimilee compl(5tement au tissu spongieux, dont elle dif- feiait aussi par I'aspect. Sous cette couchc, on voyait la parol du tibia. Cette parol (i'tait amiiicie; et ca et lapercee de Irons et de canaux assez larges, elle ne pouvait plus etre distingude de rexsndation qui la recouvrait. Le canal du tibia ctait traverse par d'innombrables trabecules osseuscs tres-tines, que la maceration a mis en evidence et dont I'ensemble constituait un tissu spon- 81 gicux a mailles largcs et tres-clt-gant. Au moment oil I'os ful scic, cc tissu spougicux nc pouvait point s'apci'cevoir; il ctail perdu au milieu de la moelle. Celle-ci etait d'un rouge vif produit par des arborisations vasculaires tree- riclics. Toutcs les vacuoles de I'essudationosseuse etaient de memcoccupees par du tissu mc5dullaire injccte, ct au milieu duquel se trouvaieiit souvent des vaisseaux assez considerables. Les epiphyses du tibia n'etaient pas encore soudees. Le tissu spougicux des epiphyses et des extrt'mites de la diapliysc etait tres-injectc. L'articulaliou du genou, examinee au moment memo oil Ton a enleve le segment inferieur du membre, neparaissait otMr aucune al- teration. Apres avoir laisse les os en maceration pendant quehiues semaines, on put etudicr plus facilement les formes exterieures du membre et les difTc- rents details de la production osseuse de nouvelle formation. Si Ton considere le membre par sa face externe, on voit que le tibia et le perone, revetus d'unc exsudation osseuse plus on moins epaisse, sont, dans leur parlie supeiicure, joints I'un a I'auire par des pouts assez minces et assez etroits. Dans leur tiers inferieur, la couche osseuse devieut exulierante et envelopi)e completement les deux os en se continuant jusque sur le tarse, qu'ellc recouvre de meme entierement. Cette couche, dans toufe cette eten- due, estcelluleuse; elle est traverseepar les tendons des peroaiers, auxquels elle fournit un canal complct en haul, puis une gouttiere en has. Elle se pro- longc jusque sur les raelatarsiens, qu'elle joint les uns aux autres dans la moi- tie environ de leur longueur. On voit a la surface du pied diflerentes cavitcs et plusieurs saillies, dont les plus reniarquables sont constituees par trois re- liefs allonges, cylindroides, s'ecartant en patte d'oie, et semblant former, par les tendons ossitles de Textenseur commum des orteils. Par quelques-unes des ouvertures qui interrompent la continuity de I'exsudation osseuse a la face superieure du pied, on decouvre certains os du tarse et I'extremit^ postc- rieure des deux premiers meJtatarsiens. On constate que les differentes articulations que Ton apercoit ainsi sont rest^es libres, revetues de leurs cartilages d'encroutement. Yu par sa face interne, le membre montre son reve- tement osseux beaucoup moins (§galement reparti. Ce revetement ne passe pas avec la meme regularite de la jambc sur le pied ; au niveau de I'union dc ces deux segments, la couche osseuse est tr^s-accidentee, h6riss6e de saillies, mais surtout percee de sortes de fenfires par lesquelles on voit la tete do I'aslragale, la partie interne du scaphoide, la gouttiere du calcaneum, sur- mout^e d'un pout etroit, la partie anterieure du premier cuneiforme, etc. On reconnait ici, comme a la face superieure, que les difTerentes articulations n'ont pas ett^ envahies par I'ossitication, et que les cartilages articulaires sont demeures intacts. Les ligaments eux-memes seretrouvent dans leur etat nor- mal; c'est ainsi qu'on pent en voir plusieurs : le ligament calcaneo-cuboidien, le ligament dorsal, allant du premier cuneiforme au premier metatarsiea, le ligament scaphoido-cuboidieu dorsal, etc., qui out leur foraie, leur volume et C. R. (i 82 Iciir aspect ordinaircs. En arricrc, la lace postcricurc du calcaueum se nionlre au milieu de la masse osseuse qui I'cnvironne de toutcs parts. La tu- iiurosilc autorieure du tibia est surmontec par unc pioductiou osscusc de I'ormc triang-ulairc, a base supci'ieurc, s'appuyaat laleralemcnt sur Ic tibia sans y adiicrcr partout, ct s'(51cvant au-dcssus de rcxlrcmit(5 supericure de cet OS, ea avant de rarticulation femoro-tibiale. Le tendon du triceps fc^moral passait en avant de cette sorte de bouclier ; quant a la rotulc, on avail nial- lieurcusemcnt nc^gligd de la recneillir. Les articulations tibio-tarsienne ct peroneo-tibiale infiiricure, commc les articnlalions tarsicnncs ct tarso-m(5tatavsiennes, paraissent saincs : peut-(Mrc cependaut les cartilages d'encroiitemcnt auraieut-ils perdu un pen de lour epaisseur, et meme il semble que, dans certains points, le cartilage aurait disparu; niais cet examen, fait a])res une assez longue maceration, ne nieritc pas une grande conliance. Le ligament pereneo-tibial n'a sul)i aueune modili- caliou. Le tissu des os du tarse est deveuu plus rarefle qu'il ne Test normale- ment : dans les points oil Ton apercoit ces os, on reconnait que la lame com- pacte quilcsrecouvre s'est considth-ablemcnt amincie, et qu'clle n'cxisteplus sur cliacuu d"eux sous forme de couchc continue ; ca ct la clle a pass6 a I'etat ecilulcux. L'obscrvation qui precede me semble digne, a plusieurs litres, de I'attcn- lion de^la Soclele. Victime de I'cmprisonuement auqucl clle a 6\.i soumise, la lionue dont je viens d'exposer I'bistoire a succombd a une maladie com- pliquce qui n'a pas encore ete, cpie je sacbe, rencontr^e chez desanimaux de ccUe cspecc ou des esp^ces les plus voisines du genre felis. A Yitat de liberie les alTeciions viscerales ne s^vissent a pen prSs jamais sur les animaux sau- vages; niais la r(5clusion, le r^'gime insufllsant et ndcessairement dilfircnt du regime naturel, les conditions malsaines d'habilation, le changement do climat, loutes ces iuQuences, surtout si elles agissent de bonne hcurc, domp- lenl la resistance de ces animaux, attaquent peu a pen Icur invulnerable sante ct ouvrenl la portc a la maladie. Je n"ai paspu, commejcl'ai dit, savoir I'age precis de ccltc lionnejmais uu detail de I'autopsie m'a fourni la preuve qu'clle cHait jeune encore. Les opiphyses du Ubia n'etaient point soudc^es et il est permis d'en conclure que rauimal n"avait pas encore G ans. En calculant d'aprcs celte donnec, on voit ({u'll est arrive Ires-jeune a la raeiiagcrie du Museum, el que ce serait vers Irois ans environ qia'aurait commence sa longue maladie. Cette maladie a dL'but(5 par des symplOmcs qui onl conduit les v6t(5rinaires a pcnscr que 1' animal cHait atteiut d'une affeclion de la moclle. Je reviendrai plus loin sur ce diagnostic et sur tout ce cpii a trait a la para- lysicdcs membrcs et a leur deformation. Les premiers plKl'uom Ones qui out ai)pelc raltealion sur les fouctions respiraloires sc sont mauifestes six niois avant la morl. Ces plicuom6ues, caracteris(!"s surtout par ranUelallou ct la 83 respiration bruyante, devenaicnt de plus en plus marques, ct augmentSrenl ainsi d'intcnsile jusqu'aux dorniers niomenls. ATautopsic, on'lronva Ic pou- mou gauche dans I'etal que j'ai decrit et sur lequel je dois insisler pour fairc ressorlir la difliculte qu'il y a a le rapproclier des diffurcntes Idsions obser- vees jusqu'ii ce jour chez I'liomme. Jg le rappclle ici : on m'a allirme que les plcvres ne coiUenaicnt point la nioindre trace de liquide. J'ai exprime des doules sur cette assertion, je les maintiens; niais cependant je dois tlireque les cavites pleuralcs, lorsque je les ai vues, ne renfermaient pas, en ell'el, de serosile, el que, sur la table oil se trouvait etendue la lionue et sur les dalles au-dessous de la table, je n'ai vu, tout au plus, quun on deux verres de liquide sanguinolent, nc provenant pas, lout me porte a le croire, des plevres. La plevre du cote droit, dans toute son etendue, etait (5paissie, jaunatrc, et seniblait recouverte d"un dupol niembraniforme qui lui donuait cetle couleur. Les resultats de I'examen microscopique me portent a croire qu'il n'y avail pas la de veritable depot, mais que la plevre, considerablcment augmentce d'epaisscur, pouvail s'enlever par lanielles. J'ai indique avec di'lails lelat du poumon droit. De quel noni designer la ksion de ce pounion? Les principa- les lesions avec lesquelles on doit la comparer, sent : la i)neuinonie cbroni- que, la splenisation, la carnillcation et ses difforenfes lormcs, la cirrhose de- crile par Corrigan, rcpilhelioma pulmonaire. (Voy. Comptes rkndus de la See. DE BioLOGiE, t. I de la deuxieme scrie, p. 159, note de MM. T. Lorain et Cb. Uobin.) L'examen comparatif de ces differentes maladies el de rall'ection pulmo- naire qui a produit cliez la lionne ralteration que nous avons decrite m'eii- frainerait beaucoup troploin, et je ne puis ici que nientionuer les caracleres qui, s'ils ne font pas de la lesion i)almonaire de la lionne unc espece disliuclc, lui assignent au moins une forme speciale. 11 est clair que j 'ignore entiere- ment comment a debute I'atTection, et je suis prive, par consequent, des ren- scignemenls sur lesquels on base asscz souvent le diagnostic de la pneumo- nic chronique. Dans cette dcrnierc maladie, ralteration occupe raremenl loute I'etendue d'un poumon;le plus souventelleestborneeaun lobe oumeme a uneparlie plus ou moins circonscrile d'un lobe. La portion du poumon quiestall'ecleen'a qu'ex- ceptionnellementun volume moindreque dans I'etal normal; enlin, la couleur du tissu, au lieu d'etre Ijlanchatre, est ordinaireraent d'un gris bleuatre plus ou moins decide. Toutefois, je dois dire qu'il n'y a pas une grande dillerence eulre les d(5sordres inlimes de la pneumonic clironique et ceux que j'ai con- slates. Mon ami, M. le docteur Charcot, m'a montre des dessins repr^sentant les elements trouves a rcxamcn microscopique d'un poumon altcint de pneu- monie cbroniciue, el j'ai 616 a m6me de reconnallre qu'il y avail la une con- lormite piesque complete. La splenisation est une alTectiou toute particuli^ie 84 par rapport a la marche, a lY'tiologie ct a I'aspcct dc la k^sion : je n'y vols presquc aucuii trail qui la rapproclie de l'altt>ratioii pulmonairc dc la liouuo. Je u'en dirai pas aulaiit de la caruilication ; et cola d'autant moins que, sous cette dotcrnuiidtion, ou a decrit des lesions assez dincrcntcs Ics uncs des autrcs ctn'ayaat souYcntpas d'autres rapport que I'ctat cliarnu du tissu. Uest certain que la plupart des caracteres presentcs par le poumon de la lionnc sere- trouveraicnt dans les descriptions de la carnitication pulnionaire i'aitc par dif- fercnts autcurs ; luais iliaudraitles clierclier un a un dans cliacune de ces des- criptions; dans aucunc d'elles on ne les rencontrerait reuuis, lies ensemble, de facon a reprodnire la physionomie que j'ai cherche a depeindre dans mon observation. L'abscnce de rechercbes microRraphiques, dans le plus grand nombrc des travaux sur la carnilication pulmonairc, rend la comparaisou en- core plus diilicile. (juoi qu'il en soit, la carnilication des auteurs est, dc meme (pic Ic pneumonic cbronique, generalement limitee a un lobe ou a plu- sieurs lobules des poumons, dont le volume est ou normal ou augmente ; rinsuKlation est encore possible dans beaucoup de cas (1). L'(5pitbelioma pulmonairc (MM. P. Lorain et Cb. Robin) ne s'cst ofTert encore que dans des circonstances toutes particulieres, c'est-a-dire cbez des fu'tus de sLx ct sept mois. D'ailleurs, dans ces cas, la Icjsion etait disscmindc dans les poumons, leurs dimensions n'avaient pas change : de plus, ce qui ti'anchc la question, le microscope ne m'a pas montre les cylindres d'epith(51iumquc Ton pcut, dans Pepitbelioma, iaire sortir facilemeut des culs-de-sac dont ils rcmplissent la cavity. Enfin, la cirrbosc pulmonairc (CoiTigan) presente, commc lesion dlcmcn- talrci uuc grande augmentation du tissu ccUulaire iutcrlobulaire. Ce tissu liypertropliie revient sur lui-meme en etouCfant les lobules pulmonaires ct en dilatant les bronchos : sur une coupe d'un poumon cirrbosc^ on volt aise- ment le tissu cellulaire sous formes de ligues plus ou moins larges circon- scrivant des cspaccs losangiques. Le poumon de la lionne, sauf Ic retrait qu'il avait subi, ne ressemblait en rien a ce type dc la cirrbosc queje vieus d'csquisscr. En resume, I'alteration trouvce dans le poumon droit de la lionne s'eloigne, sous plusLeurs rapports, des difTerentcs lesions pulmonaires decrites jusqu u present cbez Thommc, ct jc ne sais pas le nom (]ui lui convicudrait le micux. Jc ne puis mieu.N. faire que de rappeler ici ses principaux caracteres. Les plus imporlants me semblent ctrc : 1" I'etendue dc la lesion : tout lepoumon droit estenvabi; 2° la coloration jaune-bistre claire, I'aspect cbarnu du tissu, sa consistancc bcpatique; 3° la diminution consid(5rablc de volume, le poumon (1) Yoy. Ic mcim. de M- C. Baron sur la carniQcation, Gaz. Med. de Paris, 1851. 85 droit ne remplissant tout an plus que la huitieme partic de la moitid droite do la cage tlioracique, comblee probablemeut ])ar le cocur, le poiimon gau- che et le diapliiagme relcv6 ; 4° I'obliteration complete et invincible par I'in- sufflation, des culs-de-sac; 5° le retrait cnorme du parenchymc pulmonaire, sans augmentation dn tissu cellulaire, et produisant nne apparente dilatation dcs bronclies, les dernieres ramiOcations ayant disparn; G" I'absence de pro- duits heterolognes, a I'exception de quelques elements fibroplastiques fusi- I'ormes tr6s-rares ; C" le dep6t do graisse sous forme granulaire dans tons les elements du poumon et jusque dans les corps fusiformes ; 8" les kystes s(5- reux, la presence d'amas crayeux formes de carbonate de cbaux, de choles- tt5rine renferm^e dans une cavit6 kystoide, la production spontanee de cris- taux nombreux composer's vraisemblablement do carbonate calcaire. Ces der- nieres particularites indiquent une lesion atrophique arrivde a son dernier degre. ,Ie passe maintenant a ralTection des os. Je n'ai en a ma disposition qu'un des membres posterieurs ; je I'avais pris sur cette lionne sans y attaclier un grand interet; ce n'est que trois jours aprcs, lorsqne j'eus appris des gar- diens les details de la maladie et lorsqne j'eus sci6 longitudinalement le membre, que je me repenlis de n'avoir pas aussi pris I'autre : il n'etait plus temps. Du reste, j'avais constate que les deux membres etaient defornu's de meme, que les articulations tibio-tarsiennes paraissaient ^galement ankylo- sees, et il m'a sembl^ permis de conclure que j'eusse trouv6 les memes alte- rations. J'l^prouve un regret bien vif de n'avoir pas examini^ la moelle 6pinl6re ; mais, comme je viens de le dire, au moment de I'autopsie, je n'avais aucun renseignement sur la maladie de I'animal ; rien ne m'indiquait, par conse- quent que cet examen fiit neccssaire. On pent voir, dans 1' observation, que les premiers troubles dans la sante de la lionne furent la diflicult^ de la marche et la faiblesso de tout le train posterieur ; les vciterinaires qui furent consultt5s pens^rent que ces accidents etaient dus aim commencement de my^lite, et ils instituerent un traitement par la strychnine. Cette medication fut suivie d'une assez prompte ameliora- tion ; cependant les mouvements resterent encore embarrasses et les plieno- miines de paraplegia reprirent une nouvelle intensite neuf mois avant la mort. Ce fut seulement lors de cette recrudescence des symptomes que les gardiens s'apcrcurent que les membres se deformaient, plus d'un an apres la premiere atteinte de paraplegic. La deformation des jambes et des pieds, la faiblesse du train post6rienr et I'embarras de la marche furent bientot compliques de la maladie du poumon et s'accrurent progressivement jusqu'a la mort. A quelle cause faut-il attribuer les alterations des os trouvees cliez cette lionne? Les deux membres posterieurs etaient seuls malades et ils sem- blaient I'etre au mSme degre et de la meme facon ; ils ne s'etaient pas defor- 86 mtjs dC-s le debut, une afTcction probable soit dc la moellc ou de ses mem- branes, soit dcs nerl's principaux de ces membres, avail pr(!'CO(lc ct accompa gn6 le d^veloppement des l&ions osseuses. Puis, si nous consid(?rons ces lesions en elles-memcs, sans nous arr6ler aus details, nous voyons qu'elles consistenl : 1» en une rarefaction du lissu soit compacle, soit spongieux dcs OS de la jambe et du pied ; 2" en un d(5p6t osseux dc nouvelle formation, sous- p(5riostal, etcndu sur toute la surface des os de la jambe et de ccuxdupied et reunissant tous ces os les ims aux antrcs commc par une sorte d'c^tui com- muu. De toufes ces considth-ations il resulte pour nous qu'il n'y a pas une grande tt-merit^ a supposer que ces altth'ations des os sont n6es sous I'in- fluence d'une maladic primitive du sysl^me ncrvcux : des ol)scrvations faitcs sur Ihomme etdes experiences prat iquOcs sur des animaux viennent a I'ap- pui de cetle liypothf!se. M. Broca a montrd, il y a plusieurs annexes d(5ja, a la Societeauatoraiquc lesos dcs membres infcrieurs d'un paralylique, el il a fail rcmarquer que, par suite de rinactiou prolongee de ces membres, le lissu compacle de ces os s'ctait ranTu'', qu'il en ^lait de mCmc du tissu spongieux, et qu'enfin la moelle clait devenue trf-s-vasculaire et Ires-rougc. Les os du mombrc posterieur dc la lionne ctaient preciscment dans cet etat. M. SchilT, apres avoir coup6 tous les nerfs d'un mcmbre, soilaiib'ricur, soit i)osterieur, sur des animaux (chiens, chats, lapins), a yu survcnir constamment deux al- terations dans les os des membres auxquels les nerfs se distribucnt, ct cela d'aulant plus vite que I'animal etait plus jeuue : 1° une plus grande vascula- yM avec dilatation des vaisseaux du perioste, amenant une exsudation sous- p(?riostalc, laquelle s'organise bientot en une couche osseusc de nouvelle for- mation; 2" un amincissement de I'os ancien, dont le canal medullaire dcvient plus large. (CoMPTEs REND. del'Ac. des sc, Janvier 1855.) Dans ces quelcpics lignes se trouve une description abreg^e et exacte de la pi^ce que j'ai pr(5- sentee a la Soci(?t(5. 2° TUMEUR TROUVEE SUR l'ovaire d'ine truie; par M. a. Luton, interne dcs hopitaux. L'animal chez Icquel s'est rencontrcie I'alt^rafion pathologique que nous aliens d^crire, (?tait parfaitcment sain d'ailleurs et hors de r(5tat de gesta- tion. L'ovaire gauche seul est malade. Sou volume ^gale celui dcs deux poings r^unis. Sa forme est bosselde et arrondie. En I'examinant cxt(!"rieurement, on voit tres-bion, du cOti^ de son extrc'miti^ adhi'rcntc a la cornc uterine, dcs vd'sicuics de Gruaf nombreuses ct asscz vo- lumineuses, recouvertes par un capuchon periton(5al. En dehors, on observe des masses d'un volume beaucoup plus considerable. Le peritoine qui les revet est rouge ct iujccte. II n'y avail pas d'adherences extdricurcs. 87 En incisant au niveau des plus grosses bosselures, qui sont au nombre de quatre, on trouve d'abord une enveloppe flbreuse et ^paisse, puis des masses interieures, enkystees, adlierant faiblement a la membrane enveloppante. Ces masses sont rougeatres, de consistance forme et bossclees elles-mcmes ; elles paraissentproduites par la r(5umon et la soudurede masses plus pctites. On reconnait, en les incisant, qu'eiles sont composees d'une couclie extd- rieure enveloppante et d'un noyau. La couche extdrieure est rougcatre, d'un tissu trt;s-serre, dans lequel le microscope demontre de uomljreux elements filn'O-plastiques. Le noyau est de couleur blanchatre, marljrc et perce d'line multitude de trous. Le tissu qui le compose est d'une durete presque cartila- gincuse ; il est amorplie, et parait etre de la fibrinc condensee. Au centre de I'un de ces lobes secondaires de la tumour se voyait nne ca- vitc pleine d'un pus blanc et concret, qui indique la nature inflammatoire de I'alt^ration patbologique dont il est ici question. La tumeur est, du reste, tres-vasculaire. Les trous nombrcux que nous avons signales dansle noyau central des masses secondaires elaient proba- blement des orifices de vaisseaux, ou du moins des vacuoles en communi- cation avec le systfeme vasculaire. En effet, en insufflanl rarterc ovarienne, on Yoyait le volume de la tumeur augmenter tr^s-sensiblement ; on lui im- primait un mouvement d'expansion analogue a celui dont sont agit^s les and- Yi'ismes. D'apr^s ce qui precede, on se rend assez bien compte de I'origine possible de ces tumours. Ce sont vraisemblaldement des 6pancbements sanguins qui se sont faits dans ces vesicules de Graaf, sous une influence inconnue, peut- etre a la suite du rut et de revolution naturelle de ces vesicules : on voit la trace des caillots dans le noyau fibrineux des lobules de la tumeur. Ce son! , si Ton veut, de faux corps jaunes. Seulement ici, une exsudafion plaslique, in- flammatoire, s'est operee autour des caillots; I'inflammation s'est etcnduc jusqu'au dehors de I'ovaire : on en voit la marque dans la rongeur du pdri- toine qui le recouvre ; sur un point memo, elle a atteint le iegri de la suppu- ration, puisqu'on a trouve un foyer purulent au centre de la tumeur. Cette lesion, du reste, est assez rare ; car d'apres les rcuseignemcnt pris a I'abattoir, oil cette pi^ce a et6 trouvte, on n'en rencontre des exemples qu'a do longs intervalles. II faut ajouter qu'on a vu de ces tumours encore plus volumineuses. L'opinion vulgaire est qu'eiles ont leur point de depart dans \m germe retenu. Bien qu'il y ait un rapport intime entre revolution de I'o- vulc et la production de ces epanchements sanguins, et qu'a plus d'un titre l'opinion vulgaire ait quelque fondement, il n'est pas necessaire d'udmeltre que I'ovule s'est trouve retenu. Ici, du reste, la trompe dtait parfaitement perm(5able. L'hemorrbagie n'est sans doute consecutive qu'a la rupture do la vesicule de Graaf, a moins que ce ne soit une veritable apoplcxie acconqilio sous I'influence du rut et d'une congestion exageree des ovaircs. 88 On a signalc chez la femnie des lesions de I'ovaire qui peuvent etre assi- miMes a celles que nous venons de rapporter, ct qui se sont rencontrees sur rovaire de la truie. On a vu des epanchements sanguins dans la cavite des ■vesicules dc Graaf, op(?r6s sous I'influence mcnstruellc, et dcpassant de beau- coup le degrd ordinaire de cette petite h^morrhagie qui succ6de a la rupture spontance de ces vOsicules. Cette exageration, d'nu etat physiologique, pent devenir par la suite, soit la cause d'une inflammation avec formation d'un • abct's, soit le point de dc'part d'un corps flbreus. ou flbro-cartilagineux, quel- quefois ni6me d'un kyste ar(5olaire. 3" CROUP CHEZ UNE POULE; par M. P. Lorain. EXAMEN MICROSCOPIQUE ; par M. LABOULBiiNE. Dcpuis quelque temps une epidemic de diphlhcritc sevit sur les poules dans le departement de Seine-et-Marne, et sur quelques points du d^parte- ment dc la Seine, voisins de la riviere de Marne. J'ai cu I'occasion d'observer la raaladie dans une basse-cour, a Maison-Alfort. 11 m'a paru que la maladic affectait deux formes trts-distinctes ; dans I'une il se i)roduit un phlegmon de Torbite (je ne I'ai jamais vu que d'un seul cOt(5). Ce phlegmon, qui prend des proportions considLrables, laisse I'oeil intact ; on voit s'd'couler le liquide purulent a travers I'ouverture des paupiferes ; il y a en mume temps un ecou- lement abondant par les narines. Si Ion ouvre le bee de cet oiseau, on voit des fausses membranes tres -dpaisses, jaunatrcs, emplissant la partie poste- rieure des fosses nasales. Si la maladie reste fixee dans ces parties, les anit maux peuvent guerir. Une autre forme est celle dont j'otTre ici un exemplc, 11 s'agit d'un croup veritable, c'est-a-dire d'une fausse membrane se produit sant dans la tracht'C-artere et dans le larynx. Tandis que dans le premier cas les animaux sont seulement tristes et abat- tus, mais respirent bien et reviennent quelquefois au bout de cinq ou six jours a I'etat de sant(5 , dans le second cas I'animal meurt asscz rapidement apres avoir prcseute-, comma sympt6me caracteristique, une toux croupale rauque qui se renouvelle fr^quemment a cause m6me des efforts que fait I'a- nimal pour chasser I'obstacle qui siege dans son larynx. Sans doute les fausses membranes peuvent etre tr&s-localisees, limitces a un point de la trachee ou au larynx seul, ou bien etre ^tendues a tout le conduit a^rien. Dansle cas present, sur I'animal que je pr6scnte ici, le croup est Ijien limite. Cette poule est agee de 2 ans, elle a etc saisie, il y a cinq jours, par I'cpidemie, et elle a vecu trois jours, pendant lesquels elle n'a cess6 de faire entendre la toux croupale; elle refusait de manger, elle est morte subitement. Nous avons constate, ainsi qu'on pent le voir, qu'il n'y avail nuUe lesion des fosses nasales ni de I'orbite. Fne fausse membrane 6paisse, jaune, formant un tube complet, occupe la partie supc^rieure de la 89 IracWe dans une hauteur de 2 centimetres, immediatement au-dessous du larynx. Une autre faussc membrane d'un petit volume est engag(5c dans la glotte meme. La trachce-artei'e est rouge, et sa membrane muqueuse presente tous les caract^res de rinflammation dans les points ou adheralent les fausses mem- branes. Les poumons sont sains ; nulle autre lesion n'a ete observee. En raison du siege de la maladie, jc pcnse que la tracheotomie aurait pu parfaitement reussir ici. Je propose qu'en pareil cas on se borne a ouvrir la trachee et a la diJbarrasser des fausses membranes ijui I'obstruent. Rien n'cst plus facile que celte operation. L'opuration falte, on abandonncrait I'animal ;i lui-meme. J'ai pu faire une autre observation, c'est que, quoique dans la basse-cour oil sdvit cctte epidemic, il y ait a la fois des pigeons, des poules et des ca- nards , les poules et les coqs seulement ont ete alTectes de la maladie. 11 n'est pas sans interet de savoir quel est anatomiquement le caractferc des fausses membranes trouvc^es dans la trachee et dans le larynx de cette poule. L'cxamen en a ett' fait avec soin par mon ami et coUegue M. le docteur La- boulbene. Ccs fausses membranes jaunatres, tcnaces, n'adhcraicnt pas a la trachee et au larynx par leur surface, mais a leur point d'insertion, il a fallu uu certain elfort pour les detacher. Elles sont difficiles a ecraser, un peu (51astiques, et leur coloration est d'un blanc sale et jaunatre a I'exterieur, d'un blanc plus clair a I'interieur. Piusieurs fragments pris dans divers endroits et places dans le microscope, ont montr6 : 1° Les filaments adosses ou bien entre-crois^s de la flbrine, tres-reconnais- sables; 2° Des cellules d'cpithelium variables pour la dimension et la forme, rap- pelant plutot rOpitlielium pavimenteux que les variStcs d'epithclinm cylin- drique; leur noyau etait geniiralement de petit volume. Ces cellules, et sur- tout leur noyau, nc sont pas sensiblement attaquees par I'acide acetique ; 3° Des corpuscules ou globules, ayant 1" aspect des globules pyro'ides de I'homme. lis ont 0'"'",01 environ; leur contour est un peu onduleux. L'acide acetique les palit, mais nc montre aucun noyau interieur; 4° Des granulations dl^mentaires extremement abondantes, et des granula- tions graisseuses de diverses grandeurs. 11 n'y avait aucun (516ment vt^g6tal, ni spores ni mycelium. 90 iV. — TOXICOLOGIE. ARSORPTION Dli anAUE ET Df VEMN Dll CRAPAID COMMl N, MIS EN CONTACT AVEC LA PEAU INTACTE DES GRENOl ILLES; ABSOUI'TION DU VENIN DU CUAPAIJD COMMUN DANS LES MEMES CONDITIONS PAR LES TRITONS; pal" M. Vl LPIAN. Dans Ic m^moire tr^s-intiTcssant de M. A. Rcj-noso sur Ic curare, on lit cos mots : II Le curare applique dircctement sur la pcau si ellc est intacto n'ost pas absorb^. » (Reoiiercues srn le curare, Paris, in-8°,p. 22). Ccttc propo- sition est bas6e sur Ics experiences de Muntcr et Yircliow ct de BancrolT, qui u'ont oblenu aucun cffet en humcctant la pcau de grenouilles avec une solu- tion aqucuse de curare. Jc suis arrive a des resultats dilTercnts. J'ai mis sur le dos d'une grenouille une gouttelette d'nne dissolution assez concentree dc curare, et je I'ai ctenduc avcc le doigt sur une assez grande (5tendue de la re- gion dorsale. Je m'etais bien assur6 qn'il n'avait aucune plaie, aucunc ecor- churc dans cette region. Cettc grenouille, au bout de deux ou trois heures, pr(5sentait un alTaiblisse' ment considerable ; ellc sautait tr^s-diiricilcmcnt, et ses muscles (Maient le siCge de contractions librillaires. Une ou deux lieuresplus tardlcs mouve- ments volontaircs (5taient completement abolis, ainsi que la sensibility ; la grenouille (^tait morte. Si alors on chei'chait un nerf sciatique, on pouvait le galvaniser sans provoquer aucune contraction dans la patte corrCspondante, landis que rinitajjilite musculaire elait purtout iutacte ; le ccrur coiiliuuait a baltre. En un mot, il n'y avait aucune ditrerence dans les elTets du poison, ainsi iutroduit par rabsorption cutanec, ct ceux qu'il produit (juand on I'inocule, si ce n'cst la lenteur de I'actiofl. J'ai rt^pete souvcnt celtc expe" rience, et toujours avec le meme succfes, lorsque le curare restait en con- tact avec la peau. La mort arrivait un peu plus tdt ou im pen plus tard, mais en moyenne de trois a six heures apris qu'on avait barbouille le dos avec le curare. Quelquefois cepcndant jo retrouvais la grenouille encore vivantc quinze heures aprfes le commencement de I'experience ; mais clle elait dans la r(5solution, incapable dc faire un mouvcment spontane ct ne donnant signe de vie que lorsqu'on pressait fortement une patte entre les mors d'une piuce; elle essayait alors dela retirer; tons les muscles dumembre 6taient pris de tremidement, ct le plus souvent I'eirort (51ait sans resnllat. Les varialious dans le temps que met le curare a pdndtrer au travers de la peau en propor- tion assez consid(5rable pour produire la mort, doivent etre attribnOes a I'etat de vigucur plus ou moins grande que prt^sente la grenouille el a I'eten- due sur laquelle le poison a etc 6\a\6. Je n'ai pas r-.'ussi a enipoisonuer les tritons en appliquant le cm are en so- lution sur luur pcau. Le venin dc crapaud mis en contact avec la pcau des grenouilles est absor- 91 b^et tue ces animaux !c plus souvent en trois ou quatre hcures. Les ph^no- mtnies de cet empoisonnement sont les memes que ceux que j'ai d(5crils dans une note sur les efl'efs dc ce venin introduit sous la peau ou dans restomac des grenoLiilies iCoiiPTES rendus de la Soc. de biologie, 1854, p. 133.) Ce venin dtendu sur la surface dorsale des tritons les fait mourlr assez rapidcmcnt. Dans la note que je rappelais tout a I'licurc, j'avais ete conduit a coujccturcr que Ic venin du crapaud agissait chez les tritons de memo que clicz les grcnouilles. Les experiences que j'ai faites depuis lors ne m'ont laisst' aucun doute a cet (5gard. Le venin plac(i sur la peau, sous la peau, ou dans la l)Ouche des tritons engcndre cette scrie d'accidcnts qu'il produit chez les grcnouilles et qui se tcrminent par la mort. On constate pareilie- ment I'arret si singulier du cosur, qui se manifesto quelques moments avant la mort. J'ai Yu des tritons mourir unc lieurc seulemeut apres rapplication du ve- nin de crapaud sur la peau de leur region dorsale. V. — ClIIMIE OUGANIQUE. PRODnCTION AUTIFICIELLE DE L'ESSENCK DE MOUTAUDE ; par MM- BeRTITELOT et S. DE LrcA. L'essence de moutardc a ctci depuis tronteans rol>jct dc Iravaux nom])rcnx et impurtants ; la composition remarquable dc cette essence, formce de car- bone, d'hydrogene, de soufre et d'azote, la variety des composes auxquels ellc donne naissance, sa formation et cclle d'une essence analogue, l'essence d'ail, au moyen d'un grand nombre de cruciferes, son action pliysiologiquc enfin, toutes ces proprietes ont contribu^ a attirer sur cette essence I'atten- tion et les reclierches des chimistes. Sans rappeler ici ces experiences, il suffira de dire que MM. Dumas et Pe- louze ont fait, en 1833, I'analyse de l'essence de moutarde et determine ses principales propri^tds. Des travaux plus recents, ceux de M. Wertheim surtout, ontjete le jourle plus vif sur la constitution de l'essence de moutardc. En cffet, M. AVcrthcim a montr6 que l'essence de moutarde, C^H^ Azs', pouvait eti'e regardee comme une coxnbinaison d'essence d'ail, ClfS, et d'acide sulfocyanhydriquc : C8H«AzS' = C6H6S,C!>AzS. Les donn(5cs qui precedent nous ont servi de base pour obtenir l'essence de moutardc sans faire iutcrvenir aucun principe analogue extrait des cruci- feres, c'est-a-dire en prenant la glycerine pour point de depart. En ctTel, dans un mcmoirc prcsente recemment a I'Acadomie, nous avons montre que la glycerine, Iraitec par I'iodure de pliosphore, donne naissance au propylene iod6, CHn. Or, laformule del'essence d'ail, C^H^S, ne ditTcre 92 du propylilric iodc^ que par la substitution du soufro a I'iode. 11 suffit dour, d'apii'S CCS foimulcs, d'opcrcr cclte substLtulion, puis dc combiner le prodnit avec I'acide sulfocyanbydrique pour obtenir I'essence dc moutarde. Xous avons realise^ dans unc seule operation, cctte double reaction, en traitant le propylene iode par Ic sulfocyauure de potassium : C6H»I + C»AzKS':=C8H»AzS>+Kl. La reaction, executte en vase clos a 100°, est complete en cpielques licu- res : I'essence de moutarde et I'iodure de potassium sont les priacipaux pro- duits auxquels elle donne naissance. Le li(piide ainsi obtenu possode les propiietes de rcsscnce dc moutarde; il cxerce la meme action irritante sur les yeux et sur la pcau; il bout vers la nieme temperature ; traits par I'amnioniaque, il fournit dc la meme manieie la thiosinnamine : C'lPAzS^ + AzW — C8H8Az>S«. Celle thiosinnamine nc prescnte pas seulement la composition et les pro- pri(5tes geiicrales de la thiosinnamine oblenue avec I'essence naturelle, mais encore, d'apres laos determinations numeriques, la forme cristalline de ces deux substances est tout a fait identique. Ainsi, le propylene iode, derive de la glycerine, donne Duissance a de I'es- sence de moutarde : une telle origine rattacbe, de la maniere la plus direcle, celle essence, ainsi que I'essence d'ail, aux series gcnerales delachimie or- ganique. Qu'il nous soit permia d'ajouter quelques remarques sur les relations que notre experience (5tabiit entre la glycerine et I'essence de moutarde; il en resulte que cette essence peut etre formee au moyen des substances grasses neulres, si abondantes dans les vdgetaux et notamment dans les crucil6res, relation qui permettra peut-etre de jetcr quelque jour sur I'origine de cetle essence nalurelle. I GOMPTE RENDU DBS SEANCES DE r ^ LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1855; Pak M. LE DoGTEUR A. LABOL'LBENE , secretaire. PRESIDE^GE m W. RHER. 1. — Physiologie. RESULTATS DE DEUX SECTIONS DES CORDONS POSTERIEURS DE LA MOELLE FAITES SLR DES CHIENS ET SEPAREES l'UNE DE L'AUTRE PAR UN INTERVALLE DE 3 A 10 CENTIMETRES ; par MM. PlIILIPEAUX et YutPIAN. M. Yulpian communiciue les rcsultats d'exp6riences que M. Philipeaux et lui out ote conduits a faire en rcpetant les belles experiences de M. Brown- Sequard sur les cordons posterieurs de la moelle epiniere. Sur des chiens de taille moyenne, le canal rachidien a lite ouvert au niveau dc la fin de la region dorsale et du commencement de la region lom- baire. Apres avoir laissiJ se dissiper la paralysie passagere du train post^rieur, 94 causec par cctle opc^ralion, c"cst-a-dire au bout do quinzca vitigt minulcs, MM. Pbilipcaux et Yulpiiiu faifaient, surles cordons posldricurs, deux sec - lions qui les divisaient couiplctemeul, sans intc'ressor la substance grisc, et qui elaicnt separes Tunc de I'autrc par un intcrvalle do 3 centimetres dans deux experiences, dc 10 centimetres dans Iroisautres cas. Dans Ics experiences oil les deux sections ctaieut separc^es par un intcrvalle de 10 centimetres, on a constate qu'immediatcmcnt iipies ropi'ralion, il y avail, i)cndanl quclques instants une insensibilite prestpie complete dans les membrcs taut poslc^rieuvs qu'antcJrieurs , ct dans les trois soginents dcs fais- ccaux posterienrs, c'est-a-dire dans Ic segment caudal, dans le segment cc- pbalique el dans le segment intcnnediaire. Mais la scnsibilile renaissait rapi- demcnt, landis que le mouvement volontairc paraissait aboli d'unc facon de- finitive, el au bout de quclques minutes, il etait facile dc voir que, tandis qu'clle etait revenue a son etat normal dans le train anlericur, elle otTrait une exaltation tres-iuanifesle dans le train posterieur. Les excitations direcles pratiqu6cs sur les cordons postdrieurs, en les tou- chant avec latete d'une epingle, montraicnt dc meme que le segment caudal elait plus sensible que Ic segment cepbalique. Dans le segment infermediaire la sensibilite d'tait tr6s-diminuce. On remarquait aussi qu'en touchant les cor- dons posterienrs en airiere de la section posteriem'c, on determinait des se- cousses violcutes, commc par des decbarges eleclriques, dans les membrcs postericurs, et ces seconsses etaient bornees a ccs membrcs. Les contrac- tions etaicnt si vives que tout Tanimal etait attire d'arriere en avant. En tou- cliant le segment cepbalique, on produisait dcs contractions dans tout le train anterieur, dans la tete et dans la poitrine. Des cris, bien faciles a distinguer dcs cris de douleur qui les suivaieut, etaient quelqucfois produits alors par le brusque resserrement dn tborax cl la contraction probable dc la glottc. Enlin, en excitant le segment intcmiediaire, ct en limilant, conime dans les deux cas precedents, I'excitation aux faisccaux posterienrs, on voyait des decbarges se fairc dans les muscles dc la region laterale du tronc, cl le plus souveul dans ces muscles sculs. Deux ou trois heures apri^s I'experience on obtcnait les m6mes elTets et constamment la sensibilite etait exageiee dans Ic segment caudal, normalc dans Ic cepbalique, tres diminu(5e dans lintermediaire. MM. Pbilipcaux out constate, deplus, que les racinesposterieurcs qui naisscnt au niveau dc ce seg- ment intcrmddiaire etaient bcaucoup mains scnsibles que dans I'lltal nor- mal. On laissait vivre laninial jusqu'aulendemain, cl a peu pres a I'lieurc oil la vcillc on avail fait Toperation, on enlevait le sang qui s'etait coagule en for- niant une coucbe plus ou moins epaissc sur la mocUe. A ce moment les mem- brcs posterienrs etaient encore tres-sensil)les, mais moins (pie la veille; il u'y avail plus de dillercucc, sous cc rapport, culre ces uieuibrcs cl les aul6- 95 ricurs. L'excifation immc'diatc des cordons posterieurs causait une doulenr plus Vive lorsqu'elle elait faitc suv le segment cephaliquc que lorsqu'on Ic pratiquait sur le segment caudal. Le segment intermediaire avaitpresque cn- tieiement perdu sa senslbilite, et il en rtait de meme des racines qui nais- saicnt au niveau de cc segment. Le simple contact d'unc epingle ramenait ces decliarges dont on avail etc temoin la veiUe. En toucliant ou en pincanL les racines posterieures naissant au niveau du segment interm(5diairc, ondc- Icrmiuait ces dechavgcs dans les parties latei'ales et moyenues du tronc, luais sans aucune manifestation de sensibilite. Le galvanisme produisait les memes effels. Apres chaque experience, on s'est assure que les sections ^talent convena- blcmcnt faites. Dans les deux cas oil les deux sections avaient m pratiqudes a 3 centime- tres d'intervaUel'une de I'autre, MM. Philipeaus et Yulpian ont vu les memes eircls so manifesler. Seulemeut le segment intermediaire et les racines cor- rcspondantcs leur ont paru, aussitot apr^s sa separation des deux autres segments, avoir perdu comple'tement et definitivemext leur sensibilite. Ccpendant, nou-seulement deux lieures apres roperation, mais encore au hunt de vingt-quatre lieures, I'excitatiou de ce segment et de cesracines soit par I'.iiliires avec une epingle, soit au moyeu du galvanisme, produisait de for- tes contractions dans les muscles des regions moyenues el laleralcs du I rone. II. — Anatomie normale. sun LES APPAREILS MUSCULAIRES DU PERINEE ; par M. Ch. RoUGET. L'appareil genital se compose de.deux groupes d'organes gen^ralemeut connus sous le nom de sphere interne et sphere extcrne de I'appureil ge- nital. La sphere interne a poui' centre le cloaque, auquel vienuent aboutir les ca- naux urinaires, des corps de AVolf et les conduits st^minaux itrompes, uterus, canaux deferents et vesiciilcs seminales). La sphere cxterne est esscnlieilement constituee paries appareils erectiles qui se developpent sur les cotes et au milieu de I'ouverture du cloaque (corps caverneux du penis et del'urelre, bulbe, clitoris, etc.). Ces organes reslant isoles ou se reunissaut en un canal, constituent un or- gane assez analogue au cloaque, vestibule vaginal oupenien. Les organes de ces deux groupes ont striclement leurs analogues dans les deux sexes, et en suivant leur developpement on arrive a determiner ces analogues comme je I'ai fait dans une note precedente. La terminaison du cloaque ou de ses divisions est au niveau du ddtroit in- f^rieur, et ce point de rencontre des deux spheres a lieu chcz la femme a la 90 hautoiir do la valvule hymeiiialc, clicz I'liomme tlaus Ic point ou, comme on dit, I'liretre traverse raponevrosc moyeuue du perinee, et sa rencontre avcc le vestibule qui nait ijrccisemeut au i)oiut oil Ic cloaquc sc terminc sent los deux faits qui domincut ct dclaircnt I'liistoirc anatomiquc du perinec. J'expose simplement ici les faits que j'expli([ucrai ct comnienterai plus tard. Les fibres musculaires longit\idinales do la vessie s'inserent a la symphyse des pubis (ligaments pubio-VL^sicaux), au dutroit superlcur ipurlic anterienrc du fascia pclvien), au comnieuceinent dc la branclic isdiio-pubienne portion de I'aponevrose de la prostate cliez I'lionimc). Les fibres du rectum cu partic s'instrent a la braucbc iscbio-pubienne, en partie se continuent avec les fdjres circulaircs du cloaque ou du vagin (mus- cle de Gutbriei. Les fibres musculaires du vagin ou du cloaque (les longitudinales surtout) se fixent aussi a toute I'etendue de la branche iscliio-pubienne. A cette meme branclie, sur un plan anterleur au precedent , mais immedia- tement accolees, ont lieu les origines des fibres longitudinales du vestibule penien ou vaginal. ! L'ensemble de ces tcrminaisons et de ces origines repr(5sente assez bien deux entoonoirs accolcs par leur base evasee. C'est la partie peripberique de ces bases qui, sc fixant au pourtour de la partie anterieure du detroit infcrieur, forme une cloison entre le bassiu et I'exterieur, cloison en partie connue sous le noni de ligament de Carcassonne (aponevrose moyeune du perinee cbez lliomme et cbez la femmc.) Chez I'homme, la cage pro^^afiqwe forme quelque chose en apparence tout particulier et tout different de ce que Ton frouve cbez la femme. Voici I'explication de ces faits : la portion prostatlquc et membraneusc de I'uretre, vagin eturelrc confoudus, cloaquc genito-excrementitiel, aunecavite beancoup moins etendue que I'organe entier lapparcil musculaire, et cavitcs muqueuses) ; entre ses tuniques musculaires sont logos des sinus volumi- ncux, ct le tout est entoure, cache en grande partie par la terminaison des fibres du rectum, de la vessie et de I'appareil utcrin (canal deferent, v6si- cules scminales et muscles de la prostate), tantot musculaires et jusqu'a Icur terminaison (enfant, animaux), tantOt aponevrotiqucs dans une certaine eten- due (apouevroses laterales de la prostate). Sous ces faisceaux longitudinaux se rencontre un appareil musculaire, a fibres circulaircs ou plutot pcrpcndiculaires a I'axe du conduit cloacal. Ces fibres sont, les unes emanees de la vessie et du rectum, les autrcs, plus pro- fondes, propres au cloaque, et se fondent inscnsiblement avec les fibres obli- ques de la vessie et de la prostate. Des faisceaux pubio-ve&icaux de la vessie emaneut des fibres qui, passant 9t au-dessus et sur les cotes de I'uretre, vont gagner un des faisceaux de Vapo- ne'vrose late'rale (tendon commun au rectum, a la prostate, a la vessie). Ces fibres torment, de la symphyse des puhis au col de la vessie, un double toit incline au-dessus de I'uretre. Du rectum partent des fibres qui, de la ligne medians, vont en s'ecartaul gagner de chaque c6t6 le faisceau de I'aponevrose laterale, formant au-des- sous de I'uretre un double toit renverse, etendu de meme des cot^s de la symphyse a la prostate. Dans I'interieur decette cage rhombo'idale, des fibres musculaires tendues du tendon commun droit au gauche , passent les unes au-dessus, les autres au-dessousde I'uretre. Enfin, dans Tinterieur de cette double boutonuiere canaliculaire se trouve unc couche de fibres circulaires entourant une couche longitudinale, puis la muqueuse proprement dite ; d'oii trois couches de fibres du canal musculaire du cloaque, imparfaitement con- nues, decrites sous les noms de muscle de Wilson, de Guthrie, muscle ur^tro- pubien des AUemands. A I'ouverture de ce canal musculaire, au niveau de la levre interne des branches ischio-pubiennes, onpeuttrouver deux ordrcs de faisceau.x muscu- laires, dont la direction est du centre de I'ur&fre (au moment de son passage a travers I'aponevrose moyenne), vers le detroit inferieur. Ces fibres sont, les unes la terminaison de I'entonnoir cloacal (fibres longi- tudinales de I'uretre), les autres I'origine de I'entonnoir vestibulaire, specia- lement muscle ischio-uretral, ischio-bulbaire, d'autres enfln, plus importantes encore et interposees aux precedentes, decrites surtont sous le nom de mus- cle ischio-uretral, transverse profond , ne sont autre chose que les faisceaux du releveur de I'anus du cote oppose. Chez la femme, le muscle circulaire du cloaque > plus simple , forme un 8 de chifTre qui entoure I'uretre, puis le vagin, et se continue avec les fi- bres du rectum. A partir de la symphyse des pubis commencent des fibres cir- culaires embrassant I'uretre et le vestibule, distinctes du constricteur du bulbe, et qui a ce niveau, envahies plus tard par la formation Erectile, for- ment les trabecules du corps spongieux du bulbe. 111. — Pathologie. TROIS OBSERVATIONS d'atresie DU RECTUM; par M. GoDARD, iuterue des hopitaux. M. Godard, interne des hopitaux, presente a la Societe de biologic trois pieces anatomiques et six dcssins relatifs a trois cas d'atresie du rectum qu'il a eu occasion d'etudier cette ann^e. Le defaut d'espace nous empeche de publier completement la note qu'il nous a fournie ; nous en extrayons les lignes suivantes. Obs. I. — Orro (Alpiionsc-Eugine) est ne le l"' avril 1853. 11 a deux freres C. R. 7 bien confoniK's; sa mere, peu dc temps apres son accouchement, rcmarque que renl'ant n'a point d'anus. Le 3, elle Ic I'ait admettre a I'hopital Necker, salle Sainte-Cecile, service dc M. le professeur Natalis Guillot. Le meme jour M. le docteur Lenoir, appelc aupres de cet enfant, fait une incision au peri- nee, eufonce le trocart dans la meme region, csperaut atteindrc lampoule auale. j\'e pouvant y parvenir, 11 pratique I'operation de I'anus artificiel par la mcthode de Littre. Aussit^t I'enfant rend du meconium par la plaio. Pendant ([uinze jours, il -vabien, prendle sein, est gai; niais le 'Javril sa figure s"al- tere, et il meurt le 1 1 avril. Jamais pendant la vie cet enfant n'a rendu dc meconiimi dans les urines. L'aittopsie est pratiriuee le 12. Peritoine. — Le peritoine qui tapissc les organes renferm^s dans Ic petit bassin pr^sente une inflammation dcs plus intenses. A gauche de la vessic, il y a un abc^s volumineux qui a [separ^ ces deux organes des parties voi- sines. Intestin. — La partie inferieure de I'S iliaquc et sup^rieurc du rectum, adossees etuniesl'une al'autre par de nombreuses fausses membranes, s'en- gagcnt dans I'anus artificiel, (lui est situe en dessus du ligament dc Fallope. Ces deux portions de lintcstin presentent une tcinte Tiolacee noinitre, au dela de laquelle on voit une forte vascularisation. Rapports du rectum. — Cet intestin se dirige de haut enbas et de gauche a droite. En arricrc, il r^pond au sacnmi auquel I'unissent de nombreux trac- tus libreux ; en avant Q est en rapport avec la vessic dont le s^pare le cul-de- sac peritoneal. A gauche, il repond a un abces (5tendu qui le separc ainsi que la vessie des parois du petit bassin. Cet abces s'ouvre au-dessous du rectima; ilparait re- sulter de rinflammation du tissu cellulaire du petit bassin, et il est la conse- quence des ponctions faites avec le trocart dans cette region. A droite, pas de rapport important a noter. L'extremite inferieure du rectum se termine en formant une ampoule pla- cee au niveau et derri^re la prostate, a 35 millimetres des points du pdrinec oil la ponction a etc faite. A sa partie ant6rieure, cette ampoule presente I'orifice d'un petit canal d'un centimetre de longueur qui, passant au-dessous de la prostate, s'ouvre dans le conduit urinaire, a la partie anterieure dela c6te ur(5trale peu etendue chez ce sujet. Le canal urinaire est notablement dilate a partir de ce point jusqu'au niveau de la symphyse. La il presente une ampoule qui pourrait loger un gros pois, et a la partie sup^rieure de cette dilatation s'observc I'orifice de I'uretre dont lo petit diametre contraste singuli6rement avec celui de la partie du canal placiie derri^re I'ampoule qui forme une sorte de petit cloaque. 99 Obs. II. — Julien-Francois Leflou, nc le 15juin 1855, est entre le 18 du menie mois, salle Saint-Come, hopital des Enfants malades. M. le doctcur Grange, consulte par la mei'e le lendcmain dc la naissancc dc I'eufant, ne trouve a la place de I'anus qu'une petite depression a la peau. II pratique une incision, puis une ponction dans la region perineale. Ke pou- vant arriver jusqu'au rectum, il fait apporter son petit malade dans le service deM. le doctcur Guersaut. Le chirurgien de Fhopital des Enfants r^pete inutilement ces memes tenta- tivcs le lendcmain 19. 11 a recours a I'operatiou de I'auus artificicl par la mO- thodc de Callisen. Feu apr(is I'cnfant rend du meconium par la plaie. Le 21, le lissu cellulaire sous-cutane du bassin et des membres abdomi- naux est afTecte de sclereme. L'enfant meurt le 23 a neuf heurcs du matin. II n'a jamais rendu de meco- nium dans les urines. ( Je dois cette observation a I'extreme obligeance de men coUegue M. Bordes. ) AuTOPSiE. — (M. Guersant a bien voulu me permettre nou-seulement d'as- sister a I'autopsie, mais encore de dissequer la pifece.) Le peritoine n'est pas enflamm^. L'anus artificiel est un pen au-dessous de la rate. La partie de I'intestin ouverte correspond au niveau de I'angle forme par le colon transverse et le colon descendant. Le rectum, examine a sonextremite superieure, presente un volume nor- mal ; seulement, a mesure qii'il s'enfonce dans le petit bassin, son diamelre diminue. Arrive au bord supMeur de la prostate, I'intestin scmbledisparaitre completement. Desirant savoir si cette piece n'offre pas d'analogie avec celle que j'ai etudiee pen de temps avant, je fends la parol anterieure de la vessie, puis j'ouvre le rectum. La muqueuse de cet intestin qui est plissee presente un petit infundibulum, dans lequcl un petit stylet pent passer. Aussitot je constate que I'extr^mite de liustrumcnt souleve nne lamelle epitheliale qui recouvre I'utricule pro- statique. Cette petite membrane cede bientot. L'oriflce uretral du rectum est situe ay niveau de I'utricule, au sommet d'un mamelon arrondi. Ce petit canal etant dissequ(5, on pent voir que I'in- testin arrive au bord post^rieur de la prostate, s'etlile, devient tr^s-tenu, et nefonueplus qu'uu petit conduit placd d'abord au-dessous de la vessie, puis dans r(5paisseur de la prostate, au-dessus et en dedans des conduits ^jacula- teurs qui out pu etre parfaitement isoles. Ayant disscque avcc soin le faisceau posterieur des libres lougitudinales du rectum, j'ai pu voir que les fibres musculaires de I'intestin, arrivees au bord posterieur de la prostate, abandomiaient le rectum pour tapisser la face loo posterieure de la glande, et que, p;irvenucs asouextremite auterieure, elles se portaient a la pcau de la region peritoneale. L'extremite inferleurc du rectum est a 33 millimetres duperinee. La peau de cette region et le tissu cellulo-graisseux qui la double ont 15 millimetres d"6paisseur. Obs. III. —Charles -Prosper Orccl, ne Ic 27 juin 1855, est entre le 29, sallc Saint-Come, a I'hupital des Enfants malades. Get enfant a cinq freres et soeurs bien portants. Le lendemain de I'accouchement, la sage-femmeapprend que le nouveau-n6 n'a pas ete a la sclle ; elle s'aperroit qu'il n'a point d'anus et que le meconium ccule par Tur^tre avec les urines. Dans la journee I'enfant vomit plusieurs fois. Le 29, il est amenc a I'hopital. A ce moment 11 rend par la bouclie des ma- tieresqui ont I'odeur et laspect du meconium. En pressant la paroi abdomi- nalc. on fait sortir par I'uretrc un jet de mati^res intestinales. M. Guersant pratique une incision dun centimetre dans la region periueale, enfoncele trocart qu'il dirigevers le sacrum. Le meconium coule alors par la canule. Alors le cliirurgien agrandit I'ouvcrture dans laquelle il laisse une sonde en gomme elastique. 30. L'enfant depuis I'operation n"a plus vomi ; les matiSres intestinales pas- sent a la fois par rurefre et par la canule. Le 1" jnillet, meme etat. Le 3, 1'eufant meurt. (Observation communiquee par M. Bordes, interne du service.) AuTOPSiE faite le 4 juillet. — (M. Guersant veut bien me conlier la dissection de CO nouveaucas d'imperforation du rectum.) Piriloine. — La s^reusc peritoneale est leg^rement vascularisee. Dans le petit bassin a gauche du rectum, elle pr(5sente une dechirure qui paralt etre due a un coup de trocart. Rectum. — Cette partic de I'intcstin est normale. Elle se dirigc de haul en bas et de gauche a droite. Elle adhere en arriere au sacrum et an coccyx. En avant, elle est en rapport avec la vessie, plus bas avec la prostate. A gauche le rectum repond a un abces qui, comme dans le premier cas, est le r(!'sultat des piqurcs faites avec le trocart. La plaie du p(5ritoine en fournit la preuve. A droite, pas de rapport special a noter, L extremile inf^rieure du rectum, qui avant I'operation devail se terminer en ampoule, presente dans sa moitie gauche une ouverture allongee dont le grand axe est dirig^ d'avant en arriere. Au pourtour de cet orifice, on voit un cylindre (ibreux qui sc continue jusqu'a I'anus. Ce cylindre n'est du qu'a 101 la condensation du tissn cellulaire de la ivgion, et ce n'est que le rc'sultat de I'op^ration. Autour de ce conduit, Ic sphincter exterae peut etre dissequd. Les fibres qui le coDsUtuent sont superposees et tres-apparentes. Ce muscle a 1 centi- metre de hauteur. L'arapoule rectale ^tant ouverte, j'aperoois a la partie anterieure une ou- verture infundibiliforme qui conduit dans un petit canal qui, passant au- dessous de la prostate, s'ouvre dans I'uretre au devant de lacrete ur^trale. Ayant etudie la disposition du peritoine d'apres les conseils de M. le doc- teur Debout, j'ai vu que la sereuse, a partir du detroit superieur, ne tapissait que la partie anterieure du rectum, pour de la se porter sur la vessic. Le cul- de-sac peritoneal se trouve a2'2 millimetres du plancher du pcrince. L'enfant qui fait le sujct de cette observation presente encore d'autres ano- malies retranscrites dans une note sd'paree. Les trois observations qui precedent offrent des analogies et des difl'e- rences que nous devons 6tudier. Dans les trois cas, les nouveau-nes appartenaient aux sexe masculin (1). Dans deux cas, il n'y avaitpas eu d'anoraalie du meme genre dans la famillp. Pour le troisieme, nous n'avons pas eu de renseignements. Chez ces trois enfants, la communication du rectum avec I'uretre existait completement ; seulement dans les deux premieres observations le meco- nium ne s'est point echappe avec les urines. 11 y avait un canal inlermcdiairo d'une certaine longueur, le conduit passait au-dessous de la prostate pour venlr s'ouvrir au devant de la crete ureti'ale dans la premiere observation. Dans la seconde observation, il passait dans repalsseur meme de la prostate et (1) « Dans la plupart des observations qui existent le sexe n'est point indi- u que. Celles qui sont completes se rapportent presque toutesades nouveau- « n6s du sexe masculin; ce qui peut faire croire que ce vice de conformation « est plus rare chez les fdles. Bien que nos trois observations s'appliquent a » des enfants males, cependant nous sommes dans le doute, car actuelle- 1) ment nous connaissons chez des femmes adultes trois cas d'atrf?sle du » rectum avec communication de I'intestin avec le vagin ; ce qui nous porte » a croire que peut-etre cette anomalie est aussi frequente dans les deux » sexes. Probablement ce qui fait que nous connaissons plus de cas chez des » garcons, c'est que chez eux I'atr^sle du rectum, meme avec coramunlca- » tion avec I'uretre et ecoulement de meconium, determine des accidents )i graves et necessite une operation ; tandis que chez ies enfants du sexe I) feminin le meme vice de conformation avec communication avec le vagin » et ecoulement de mciconiimi par cette vole peut passer inapercu m^me des » parents. » 102 s'onvrait en arri^ro dc I'orificc utriculairc. Dans la troisU'-mp observation, il y avail un canal court ct large, et I'ouverture chez ce raalade avail lien en avant de la Crete. C'est chez ce nialade que le mc^conium sYVoulait facilement avec les urines. Dans Ics trois observations, la muqueiise du petit canal pr6- sentait de.s plis. Dans le second cas, rorifice nrrtral (!'tait oblit(^re par nne petite membrane epitlielialc. L'amponle rectale existait dans le premier et le troisi^me cas. Dans le second, le rectum se terminait en s'efTdant. Dans la premii^re et la troisiemc observation, j'ai pn (Mndier la direction du rectum ;j'ai vul'intcstin se dirigeant dc haul en bas et dc gauche a droite; seulement ce fait n'a J'importancc que pour la troisi^me observation ; car dans la premiere il y avail eu anus artillciel a gauche, ce qui avail dil n^ces- sairenient modifier la ijosition du rectum. Dans la preniiCre et la troisieme observation, j'ai pu consfaler rexistcncc d'abc^s a gauche du rectum, resultanl des coups de trocart; ce qui montre que I'instrument avait etd dirigc!' trop a gauche. J'ai pu aussi voir les mem- branes adlierentes qui unissaient le rectum an sacrum et au coccyx, adlie- rences que M. le docfeur Vcrneuil utilise dans son precede op^ratoire. Dans deux cas, j'ai pu etudirr la disposition du peritoine ; dans la troisieme obser- vation surtout, J'ai pu voir I'aire dans laquellc le chirm'gien pcut porter lo trocart sans craindre de leser la sereuse. Dans ce dernier cas, j'ai pu disse- quer completemcnt le sphincter externe. IV. — Teu.\tologie. 1° REIN r.MQUE, DEUX CAPSULES SURRENALES ; UNE SEULE ARTHIRE OMBILIC^VLE; PERSisTANCE DE l'ouraque; par M. Godahd, interne deshOpitaux. Charles-Prosper Orcel, n6 le 27 juin 1855, morl le 3 juillel de la m6me ann^e; outre I'atr^sie du rectum, priisente d'autres anomalies. Ainsi, al'au- topsie je constate : 1° Que ce nouveau-n6 n'a qu'un seul rein ; 2° Qu'une seule artfere ombilicale ; .3° Que le canal de l'ouraque n'esl pas oblitdre. I"' ANOMALiE, Le rein unique, plac6 dans la region lombaire gauche, s'l^- tcnd dc la Crete iliaque au diaphragme; il olTre les dimensions suivanles : Diametre vertical 55 millimetres. » transversal 35 » » ant(5ro-posterieur . . 20 » Sa face postch'icure lisse, arrondie, doublec par unc couche dc tissu adi- peux, repond au psoas, au carr(5 lombaire et au diaphragme. Sa face antdrieure prdsenle des mamclons saillants. Les deux herds lat6- raux n'olTrcnt rien a noter. 103 L'extr6mit6 siip^rieure du rein est recouverte par la capsule. L'extr6mit(5 inferieure n'offre aucun rapport important. A Icur origine, au niveau Ju rein, les deux ureteres sont snperposi's. L'uretfere supcrieur nait do deux branches; il se rend dans la moiti(5 gauclie de la vessie. L'uretfere inWrieur, plac(!; d son origine en dedans et a 15 millimetres au- dessous du precedent, se dirigc de haut en lias et de dehors en dedans, passe devant les vaisseaux iliaques primitlfs droits, s'enfonce dans Ic petit bassin, passe derriSre, puis a la droite du rectum pour venir s'ouvrir dans la vessie, a droite et dans le lieu ordinaire. Le I'ein gauche recoit quatre art^res superpos^es, qui lui sont fournies pai* Taorte. Get organe n'aque deux veines, qui naissent de la veine cave inferieure. La capsule surr^uale gauche recoit deux vaisseaux, qui lul sont fournis par I'art^re et la veine rtinales superieures. La capsule surrenale droite est plac^e au niveau de celle de gauche; elle recoit une artfere et une veine qui lui sont fournies par I'aorte et la veine cava inferieure. 2' Anomalie.— L'aorte descendante, arrivee dansla region lombaire, se divise en artfere iliaque primitive droite et gauche. Celle de gauche, tres-tenue, ne fournit pas d'arttire ombilicale. Ce vaisseau manque completemeut de ce c6t^. Du c6te droit, I'artere iliaque primitive, qui semble par son volume conti- mier I'aorte descendante, fournit a sa tcrminaison Tart^re ombilicale dont le diamfetre est presque 6gal a celui de I'iliaque primitive. L'iliaque externe de ce cote est de petit calibre. 3° Chez cet enfant, I'ouraque est permeable. ^"SURUNMONSTRE ANENCEPHALIEN DONT UIVE PARTIE DU CUIR CHEVELU ADHflRE A L'ASINIOS dans UN POINT CORRESPONDANT AU PLACENTA; par M. llWER. M. Rayer met sous les yeux des membres de la Soci^te un monstre anence- phalien, dont une partic du cuir chevelu adhere d I'amnios dans tm point cor- respondant au placenta. Ce monstre a &t& envoys a M. Uayer par M. Lermi- nier, m^decin a la Guadeloupe. La m6re, mulatressc, ageede30a35 ans, a eu quatre enfants dont deux seulement sont venus a terme, et sont morls avant Fiige de 4 ans. On assure qu'd un 7nois et demi de grossesse elle a ete bat- tue par son mari, qu'elle a recu plusieurs coups a la tete, qu'une plaie en est r^sultee, et qu'elle a ite renversee deux fois a terre dans la lutte. Dcpuis ce moment, cette femme, d'un caractere violent et querelleur et de mceurs relach^es, n'a cesse de soufl'rir de la tete jusqu'au jour ou elle est accouch^e. Cet enfant monstrueux est venu au monde par les pieds ; le travail a dure trois jours, et a et(5 accompagne de douleurs assez vivos. Ce foetus mon- strueux a ete remis a M. Lerminier par un jeune medecin nouvellement arrivi'- lO'i ii la Guadeloupe, M. le docleur Descoi-ps. M. Lerminier ajouto {[u'il lui a ete apport^ vivant, et que pendant plus d"une heure il a pu suivre les battements de son cceur, visibles au Iravers des parois de la poltrine. M. Rayer, qui se propose d"examiner avec soin la disposition des organes chez CO monstre, fait remarquer qu'il existe cbez lui, comme dans deux cas analogues publies par Geoffroy-Saint-Hilaire p6re et par Yrolick, un bec-de- lievre et un pied-bot. M. Rayer pense que ces ddformations (le bec-de-li6vre et le pied-bot) sont , dans ce cas comme dans les monstres, avec lesions c6r6- brales profondes, datant des premiers temps de la grossesse, en rapport avec les lesions dii syst^me nerveux. M. Rayer ajoute que M. Houel, a sa prifere, presentera, dans une prochaine seance de la Soci^t^, deux ou trois exemples de monstruosit^s avec adherence de I'amnios a la tete du foetus, et que leur examen comparatif avec le cas qu'il vient de communiquer de la part de M. Lerminier, pourra peut-etre ^clairer le mode de production des deforma- tions concomitantes. M. Broca pense qu'on ne pent rattacher le pied-bot a I'atTection du systeme nerveux, et que c'est une simple coincidence. II est arriv6 a cette opinion par suite de la dissection d'un grand nombre d'enfants n^s avec des pleds- bots. COMPTE RENDU DES STANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AOUT 1855; Par M. le Dogteur A. LABOULBENE , secretaire. PRESIDENCE DE M. RAYER. I. — Anatomie pathologique et pathologie. OSSIFICATIONS DE LA DURE-MERE, RECUEILLIES CHEZ UNE FEMME DE 68 ANS, A LA salpetriere; par M. Lu\s, interne des hOpitaux. La malade qui fait I'objet de cette communication n'a pass6 que quelques heures a I'infirmerie, dans le service de M. Moissenet. A son entree, elle 6tait dans un 6tat de resolution complete : la face rouge, fortement congestionn^e, et aussi incapable de faire mouvoir les membres du cote droit que ceux du cOt6 gauche. Elle pr^senta sous nos yeux des ph^nom^nes convulsifs ^pileptiformes,,6ga- 106 lemcnt prononct'S des deux ciil('?, ct imim'dialcnicnt aprf-s, toraba dans iin coma final. En allaut aux renscigncmcnls auprfcs des personncs qui la \oyaicnt tous los jours, nous piimes savoir : Quo son intelligence, snjettc de temps en temps a des absences, etait nean- moins conscrvde ; Que la veille de son entree a rinfirmeric, cllc etait allee a pied a Paris, et qu'elle en etait pareillcmcnt revenue ; Que jamais die u' avail presente d'accfis epileptiformes. Elle t'tait tombt-e subitement a la suite dune impression morale, ct de la on I'avait conduite immt^dlatemcnt dans nos salles. AuTOPSiE. — La dure-mere presente a la partie antcrieure de la face uno lame osseuse de 4 cent, t/2 de longueur sur 1/2 de large; son bord inieiienr est sensiblement droit, le supdrieur est convexe ; ses deux faces sent couver- tcs de depressions et d'aspeiilos mamelonn^s. Cette masse semble comprise dans I'epaisseur meme du feuillet fibreux. En outre, tout le long du sinus longitudinal supdrieur, on rencontre uneserio de productions analogues, tantot sous forme de petites masses pislformes, tantOt sous formes d'aiguilles, soit librcs par leur extremit(5, soit cnchcvetrOes dans les interstices des faisceaux fibreux. — Toutes ces productions sont en relief a la face interne de la dure-mere; nous n'avons constats nulle part de l(5siou cerebrate en un point correspondaut a leur implantation. Quant a leur structure, I'examen microscopique nous a demontre qu'il s'agissait la d'une veritable ossification. Noug y avons vu des corpuscules osseux tres-irregulierement diss^mines et tr^s-reconnaissables ; quant aux canalicules, ils etaient moins nettement determines. Injection vive de la pie-m6re. La substance c^rebrale presentait a la partie inf^rieure du lobe gaucbe pos- terieur un epanchement rc^cent, limits dans la masse c(?rebrale, sans commu- nication exterieure. Nous y avons aussi trouv^ deux autres foyers cicatrises, I'un dans le corps strie correspondaut, pisiforme, avec une tranic cellulo-vasculaire grisfitre ; I'autre rtduit a I'etat de cicatrice, dans lY-paisseur du lobe anterieur droit. Les arterps de la base etaient ogsitlees, et presque entiorcmeiU reduites a retat de tuyeu calcaire. IjCS exemples de lesion da ce genre ne sont pas tr^s-rares ; on pourra consulter utilement a ce sujet le rapport remarquable de M. Yulpian, lu a la Societe anatomique (fevrier 1855), au sujet d'une presentatiua de ce genre. 20 TUMEURs MULTIPLES DU CERVEAu ; par M. LuYS, interne des hOpit^ux, Femnie do 64 ans. Pas de renseigncmcnts anterienrs trts-circonstancies ; 107 la maladie datait de trols ans. Hi^mipK'gie drolte ; t5inission de la parole im- possible. EUe semble comprendre les questions qu'on lui adresse. Inspira- tion stertoreuse, ronflaute ; face congestionn^e des deux c6tt5s ; ci^phalalgie; dysphagia. Evacuee de I'liopital Keeker, oii on avail diagnostique un ramol- lissement, la malade ne sejourna que quelques jours a la Salpetriere. AuTOPSiE. -—Les meninges sont fortement congestionnces des deux c6tes; riiemispliere droit est sain et n'offre qu'un piquete vasculaire assez notable. Le gauche presente, surtout dans la portion posterieure, une multitude de petites masses, soit Isoldes soit reunies en grappes, dans la substance blan- che. Elles out une couleur grisatre et une transparence perlde ; elles peuvent s'enucleer en partie, et ne restent adherentes au tissu ambiant que par un pedicule vasculaire. Leur volume varie depuis celui d'une t6te d'epingle jus- qii'a celui d'une noisette ; la plupart sont du volume d'un pois. Une des plus volumineuses est situee en dehors, au milieu de la substance grise, au ni- veau de la scissure de Sylvius ; elle confine a un foyer appoplectique, large comme une piece de 5 francs et dc^ja ancien, s'il faut en juger par la colo- ration janne tabac d'Espagne de ses parois. Le tissu cerebral blanc qui entoure ces petites tumours est fortement in- jects. La coupe de ces petites tuiueurs est d'un gris rougeatre, pr(^sentant des arborisations vasculaircs tres-multipli(5es; elles presenlent dllTercnts degrds de consistance, mais aucuncd'elles n'est diUluente; c'esta peine si en raclant on en exprime un sue. Examinee au microscope, chacune de ces petites tumours nous a paru for- mee : 1° de fibres de tissu cellulaire, soit en faisceaux ondulcs, soit sous forme de flbrilles entre-mel6es formant par leur intrication une espice de trame (le tout disparaissant sous I'action de I'acide ac^tique) ; 2° de myelo- cytes, soit spheriques, soit nucleaires, a contours fences par I'acide acetique, finement granuleux, et quelques-uns pourvus de nucleoles, mesurant 8 a 10 et 12 millim.; 3° de cellules soit pavimenteuses, soit fusiformes, avec des noyaux analogues aux noyaux libres ; ces derni^res venant avec leurs pro- longements etTdes croiser les faisceaux de tissu cellulaire, et concourir a la formation de la trame; les noyaux libres et les cellules des deux varict^s se trouvaient plonges dans les mailles tres-serrdes de ce reseau ; 4° des granula- tions moleculaires tres-abondautes ; 5° quelques corps granuleux de I'inflam- mation. Pas d'apparence de tubes nerveux au milieu de ces tissus anormaux qui se trouvaient plonges au milieu de la substance blanche. lUen de partioilier dans tous les autres organes, qui ont tons 6t& exa- mines. L'examen des memes tumeurs faite par M. Ch. Robin est venu confirmer cc que nous avons avancd. 1(18 11. — Chimie organique. DEP6T considerable DE phosphate AMMONIACO-MAGXESIEN TROITVE DANS LV VESSIE D'uNE TRUIE. — REFLEXIONS SLR LORIGINE DU PHOSPHATE AM.MO- niaco-magnesien des urines; parM. A. Llton, interne des h(5pLtaux. La pi^ce qui a donne lieu aux quelques etudes de chimie patliologique (pii vent suivre a et^ apportce sans qu'on ait pu avoir aucun renseignement sur I'animal qui la fournie. C'est une vessie de truie ; cette vessie est tr6s-volumineuse et parait rem- plie par une masse, dont la consistance ne permet pas de songer a un cal- cul. En I'ouvrant, on y trouve une grande quantite de matiere blanclie, denii- moUe, prise en masse. Elle donne tout d'abord I'idee d'un amas tuberculeux, a cause de sa con- sistance et de sa couleur ; mais elle n'adh^re aucuueraent aux parol? de la vessie. Celles-ci, du reste, quoique tres-epaisses et prc^sentant des colonncs et des cellules, sont saines d'ailleurs. En examinant cette matiere de plus prfes, on croirait voir un gateau de ft-- cule de pomme de terre; et il vint alors naturellement a Tidee qu'il s"agis- sait ici d'uiie supercherie. Cette masse offrait egalement beaucoup de ressem- blance avec du sable mouille et formant une sorte de mortier. Cette compa- raison est la plus juste de toutcs les maniercs ; car la constitution du depot est tout a fait celle d'une poudre cristalline raouillee et plus ou moins agre- gee. En ecrasant une petite quantite de la matiere entrc les doigts, on volt briller des petits cristaux. Le microscope et I'analyse chimique demontrent que ces cristaux sont du phosphate ammoniaco-magnesien. lis sont u peine solubles dans I'eau. L'acido azotique les dissout sanseflTervescence; I'ammoniaque ajoutee ne produitpas la coloration rouge de la murexide et fait reparaitre un precipite. lis se dis- solvent egalement en totalite dans Tacidc azotique et dans I'acide sulfu- rique. La solution acetique precipite en jaune les sels d'argent. Cbauffes avec de la potasse, ces cristaux repandent une forte odeur ammoniacale. La meme solution acetique precipite par I'ammoniaque et le carbonate de potasse ; le precipite est soluble dans le chlorliydrate d'ammoniaque; il n'y a pas de pr^- cipit(5 avec le carbonate d'ammoniaque. En faisant cristalliser la dissolution d'une ccrtaine quantite de la matit're dans I'acide sulfurique, on obtient un sulfate double d'ammoniaque et de ma- gnesia bien caracterise. Enfin, la forme cristalline, reconnue an microscope, est bien celle qui est ligurf^e pour le phosphate ammoniaco-magnesien dans le grand ouvrage i09 de M. Rayer et dans le Traite de chimie physiologique de WM. Hobiii et Verdeil. Ce qui est fies-rcmavquable, c'est que tous cos cvistaux,eu s'agglonn'rant, n'aient pas forme un veritable calcul. Us sc trouvaient faiblement unis cntro eux par un peu de mucus vesical, sans etre melanges avec d'aufres sels cris- tallises ; leur forme cristalline est tres-pure et leur volume est a peu pr6s uniforme. On doit done noter en premier lieu, dans cette observation, (lui ne dc- vient inferessante qu'en la gcneralisant, qu'il s'est depose un enorrae amas de phosphate ammoniaco-magnesicn, sans formation de calcul. On pourrait en conclure qu'un calcul proprement dit ne sera jamais forme exclusivement de cette substance; il faut une sorte de lien a ces cristaux, de meme qu'on ne peut faire une masse solide avec du sable sans y ajouter dela chaux. Aussi est-il tres-rare de trouver des calculs vesicaux liomogencs et d'une compo- sition chimique simple. Le veritable lien des calculs vesicaux urinaircs pa- rait etre I'acide urique, qui forme souvent a lui seul des calculs presque tout cntiers. De plus, on observera que I'animal, auquel la vessie appartcnaif, est un herbivore, et que I'urine des herbivores est ordinairement alcaline. Le dep6t du phosphate ammoniaco-magnusien suppose toujours ralcalinife du liquide au milieu duquel il s'opere ; car, de meme que tous les phosphates iusolubles dans I'eau, il est facilement soluble dans les liquides charges d'acides, memo assez faibles, comme I'acide acetique et I'acide lactique. Ainsi done, en ob- servant cette vessie avec cc qu'elle contenait, on pouvait dire, « priori, qu'elle provenait d'un herbivore. Chez I'homme, lorsque Turinc devient alcaline par suite d'une cause patho- logique quelconque, comme la paraplegic, le catarrhe vesical, le cathet^- risme, etc., on la voit chargee d'un depot abondant ; ce depot, compose en grande partie de muco-pus, contient aussi du phosphate ammoniaco-raagne- sien. 11 pourrait s'en accumuler une certaine quantite dans la vessie, au point degenerlejeu de cot organc et d'obstruer les voies naturelles. Mais chcz riiomme en bonne sante dont I'urine est acide, onne renconti'e pas ce sel. Sa formation parait consecutive, dans tous les cas pathologiques, a la secretion urinaire et dans un delai plus on moins long. Elle a lieu parce que I'urine de- vient alcaline. Ce liquide ne peut guere etre secrete cpi'a I'^tat acide, car la plupart des materiaux solides qu'il contient en dissolution ne sont dissous, et par suite secretes, qu'a la condition que leur vehicule sera legerement acide. L'alteration de I'urine est done posterieure a sa secretion. Les conditions qui hatent sa decomposition et la transformation de I'ur^e en carbonate d'ammo- niaque, puis celle des phosphates acides en phosphates basiques, sont plus chimiques que vitales. Toutes se resument dans Taction habituelle de I'air at- mospherique sur I'urine abandonnee a elle-meme. C'est principalement le ca- no theterismc qui occasionne raltcratiou dc I'urine dans la vessie, en peraiettaut I'introduction d'une certainc quantitc d'air ; dc la ralcalinil6 dans I'urinc des pcrsonnes que Ton sonde habituellcment. A cote de cctte cause, il faut placer le catarrhe cfironique de la vessie. Cettc maladie determine une secretion mucoso-purulente qui est alcaline, et qui, mfilee a I'urine, neutralise rapidcment les materiaux acides qu'ellc contient et lui donnc bientot une redaction alcaline, en meme temps quelle op^re la precipitation des phosphates. Ill . — Medecine legale. suR l'inscffisance de la docimasie plxmonaire ; par M. H. Blot. M. Blot pr^sente de nouvelles pieces a Tappui de la proposition qu'il a emise plusieurs fois, a savoir : que la docimasie pidmonaire est insuffisante, dans certains cas, a [aire distinguer des foumons d'etifants qui ont vccu de ceux d'enfants qui sont nis marts. Voici les details dont il accompagne sa communication : Une femme rachitique donne naissance, au septieme mois de la grossesse, a un enfant, qui d'abord en (itat de mort apparente, est rauime par des insuf- flations et tons les moycns mis en usage en pareil cas ; apres vingt minutes d' excitations de toutcs sortes, la respiration, d"abord irreguliere, se regula- rise et s'exi'cute avec le rhythme ordinaire pendant une heiu'e, Tinspiration, quoique incomplete, est cependant suffisante pour entretenir la vie ; I'expi- ration est hruyante et plaintive ; au bout d'une heure la respiration cesse, les battements du cccnr continucnt encore quelque temps, et I'enfant succombe. AuTOPSiE.— A I'ouvertuxe de la poitrine, on trouve les poumons affaisscis le long de la colonne vcrtebrale, leurs bords antdrieurs, renverscs en dehors, laissent voir la face interne ou rachidienne; le piiricarde et le thymus sont a decouvert sur la ligne mediaue, la masse des poumons ne remplit guere que les deux tiers des cavit^s thoracicpies ; leur couleur est brune, analogue a celle du foie de I'adulte. lis ne crepitent pas du tout quand on les comprime eutrc les doigts. Plonge's dans Veau, Us vont tres-vite au fond du vase, soil qu'on les plonge tout entiers, soil qu'on les coupe par morceaux pour experimenter sur chacun d'eux en particuUer. Si prenanl un morceau isole qui est tombe au fond de I'eau, on le presse entre les doigts en le laissant sous I'eau, on pent en faire sortir quelques bulles d'air extr£mement lines et petites, sans d'ailleurs eprouver du tout, dans les doigts qui exercent la prcssion, la moindre sensation de crepitation. A la surface des poumons, on ne voit que dans quelques points (surtout sur les bords ant^rieurs) les cellules pulmonaires se dessincr asscz nctte- ment sous la plevre qui les recouvrc ; mais les cellules ainsi apparentes elles- Ill niemcs iic crepitent pas, vont au fond de I'eau, et leur couleur, quoiqu'iin pcu moins foncee que daus le reste des poumons, est encore brune el ana- logue a ccUe du foie. La consistance de ces poumons est comme charnue et nnllemcnt spon- gicuse comme celle des poumons qui out ete bicn complctement penetres d'air. Ea terminant, M. Blot insiste de iiouveau sur I'importance de ces fails au point de vuc medico-legal, puisqu'ils vicnnent prouver, centre I'opinion trop generate, cpi'i7 n'est pas toujours possible de reconnaitre par la docimasie pul- monaire si un enfant nouveau-ne a vecu. COMPTE RENDU DES SEANCES DE F r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1855; Par M. le Docteur CHARCOT, secretaire. PRESIDENCE DE M. RAYER. I. — Anatomie normale. NOTE SUR l'KPITHELIUM DU CORPS DE L'UTERUS PENDANT LA GROSSESSE ; par le docteur Gh. Robin, professeur agrege a la Faculte de m^decine, etc. L'epithelium de la cavite du col utcrin conserve, comme on salt, son etat cylindriqiie pendant toute la dur(5e de la grossesse, en perdant toutefois ses oils vibratiles. 11 u'en est pas de meme de I'epitWlium de la cavit6 du corps. Ayant eu occasion d'examiner plusicurs uterus gravides aux. epoques de C. R. 8 Hi cinq scmaines, deux mois, deuxmois ct demi, trois, ciiui, six et sept luuis, j'ai Yu que cct c'jiilhOUum passaU griiducUcmcnt do la forme cyliudrique ou inicux pvispyitiqiic 4 I'ctat pavirpentcux, Aucim fait nc prouvc que ce soient Ics cellules prismatiques rpii, dirccte- nicnt, prenncnt la forme pavimenteuse. Tout montre, au contrairc, qu'uii certain temps apri;s la fecondatiou, I'cpilhelium dc la cavitu du corps dc I'u- lerus s'exfolie cellule par cellule, pour ainsi dire, ou par jictits 1am- heaux. Puis celui qui le remplace est un epilhelium i)uYimcnlcMix, a cellules largcs, de 12 a IS milliemes de millimetre, ruguliurement polyOdriqucs et Juxjaposties en pave. EUes out w noyau sphejique m a peJoe ©voide, a peu pri-s du volume d'uu globule rouge du sang. Ce noyau est linement granuleux, sans nucl(5olc dans la tres-grande ma- jorile des cas. Des granulations jaunatres, foncees, remplisseut prcsque complctemcnt la masse de la cellule. Les plus grosses entourcnt assez rcgiiliSrement le noyau. 11 est im assez grand norabre dc ces cellules qui manqucnt de noyau ct qui sont rcmplies uniformement par ces granulations jaunatres, graisseuses. Cclles des cellules cpii sont dans ce cas ou pourvucs dc noyaux, qui flottent librcment dans le mucus^uterin, sont habituellemcnt devenues sph(5riques, plus grosses et quelquefois plus granuleuses que celles qui sont juxtaposees en pave. Cct (5tat des cellules se rencontre avec assez de regularite depuis la sixi^mc scmaine jusqu'au deuxifeme mois, tant sur la caduque vraie que sur la re- flc'cliie. Toutefois, des cette ^poque, il est oa ct la des parties peu ^tendues, n'of- fiant rien de fixe dans leur grandeur et leur distribution qui manciuent d'epi- thclium. A compter de deux mois et demi on voit aux cellules reguli^res qui viennent d'etre decrites s'enajouter par place d'autres, beaucoup plus graudes, beau- coup plus allongees surtout. Elles sont minces, pales, aplaties, longues de 4 a 9 centifemes de millimetre, mais toujours irregulieres, se prolongeant en pointe a une ou deux de leurs extremiles ou a plusieurs de leurs angles a la fois. Elles ont un noyau plus volumineux que celui des cellules precedentcs et toujours ovoidc, linement granuleux. Ces grandes cellules, pales, sont peu granuleuses ; les granulations graisseuses qu' elles renferment sont ecartees Ics unes des autres, eparses, irreguliiirement distribuees, rarement eii petits groupes ou amas par places. Ces graudes cellules, allongees, peu regulicres, vont en augmentant de nombrc par rapport aux premieres a mesure des phases de la grossesse, ct I'emporlciit dc beauconp sur elles pr6s de I'l^pocjuc dc raccoucbemeut. tJ3 L'etendue des parties qui manquent depitlieliom va aussi en augmenlaut ; de telle sorte que sur la facelibre ou non adhereate des caduques uterine et reflocliie, ce n'est que siir des surfaces d'une ctcnduc restreintc ct npvts avoir chcrche en plusieurs points qu'on trouve cet epillielinm. A mesure des phases dc la grossesse on eonslate aussi que le noviui des grandes cellules qui, vers le deuxi^me ou le Iroisicme mois, manquait de nu- cleole, en presente un ou deux qui sent jftUMs ct ])iiHanls au centre, a con- lour net et fonce. Ces noyaux sont aussi dcvcmis plus gros, ct cclte aiigmen- latlou de volume est egalement notable dans le ewp® des cellules quant a leur longueur et a leur largeur. Enfin ces grandcs eelkdcs sont devonues gc- neralcmenttrcs-allungecs (jusqu'uun dixicuie de millimetre), moitic moins larges que tongues, et meme plus etroiles encore, avec des angles sou- veut pourvus d'un prolongement aigu, plus ou moins long, 2° NOTE SUR l'etat strie PES FIBRES EiASTiQiiES ; par le docteur ClI. HoBIN, professeur agrcgc a la Facullc de medecine. Les particularites de structure des fdu'cs clasliques dont il est fiucstion dans cette note se rcncontrcnt dans ccUcs des ligaments (ilastiques des ver- tebres, dans le ligament cervical posterieur ou de la nuque, efi aussi dans les ligaments jaunes elastiques, d'aspect membraneux ou apomjvrotiques, minces ou aplatis des grauds mammitt;res. Yoici en i|uoi elles con«iutent. On trouve assez communement chez le bceuf, sur beaucoup de fd)rcs, ct quelquefois cbez I'homme, sur quelqucs filires ca et la, une disposition parti- culiere des fibres elastiques. Elles sout aplaties ; or, sur Tunc ou I'autre de leurs faces, elles ofTrent des fissures ou excavations fransvcrsales (lui occupent une partie de leur epaisseur. Elles semblent d'abord etre de pe- titcs cavites creus^es dans la fibre; maiscomme, au lieu d'etre toujours sur la face la phis elargie, ces excavations ou fissures sont quelquefois placces sur le bord des fibres, on reeounait facilement qu'elles communiquent au de- hors dans loute leur etendue et ne sont point de petites cnvifes closes. On observe d'une filjre a I'autre dc nombreuses vaEiet(^s de disposilion de CCS fissures transversales ; sur les faces de la fibre, elles se prescntent quel- quefois sous la forme d'un point a centre brillant et claii',. a contour fonce, presque arrondi ou ovale ; dans ce cas, elles sont ecartillaires. Dans I'une et I'autre de ces deux especes de tumeurs, il est commun de truuverla substance cerebrale ramollie, devcnue grisatre, demi-trausparcnie, assez ricbe en myelocytes, des varietes noyau librc et cellule a un ou deux noyaux. Outre les productions prec6denfes se presentant sous forme de tumeur ou (le masse plus ou moins bien delimitee, il y a les indurations proprcment ditcs, decriles surtout par Lallemand. C'est un cas de ce genre dont les lignes suivanles contiennent la description anatomo-patbologique. U fut trouve cliez une femme entree a Ibopital pour dc violents elourdis- scments, avec cugourdissement d'un c6te, puis, au bout de huit jours, morlc dans un coma survenu subitcment. I.a production patbologique formait une masse a contour irregulier, mat linule dans la profondeur, mais representant en tout une masse du volume dun auifdc poulc. De la surface des circonvolutions du lobe cerebral gau- cbc, elle sYicndait irrcguli^rement jusqu'au centre, ovale de Yieussens et au corps slrie corrcspondant. Les circonvolutions atteintes sout conserv^es, mais leur surface est epais- sie, devenue irreguliere, comnie granulcuseet mamelounee. La pie-mere con- tiuueales rccouvrir; elle est tres-congeslionuee, tres-rouge presque par- tout, epaissie et blanchatre par places. Lc tissu morbide a la consistance du tissu du pent de Varole, plus fermc que la substance cerebrale saiiie voisine ; pourtant il est friable et se decliire facilement. Sacouleurest ungris rougcatre asse2vif,marbrede plaques rouge vif tres-vasculaires. Par place, au centre du tissu se voient des amas allonges, irreguliers, jannatres, epais de 1 demi centimetre. Ces portions-la sout un peu vasculaires ; elles sent plus moUes ou du moins plus friables que le resle du tissu, et, a Toeil nu, out et6 prises pour du pus concret. Tout le tissu, d'un gris rougcatre ou un peu blanchatre, est forme des deux tiers aux trois quarts de corps fusiformes fibro-plastiques, tres-allonges, au point d' avoir jusqu'a plus de 1 et de 2 dixi^mes de millimetre de long. A une certaine distance de la partie renflee contenant le noyau, beaucoup d'entre eux se prolongent dc cbaque exfreniite en deux, trois ou quatre tibrilles de tissu lamineux, tres- pales, allougees, onduleuses et sans granulations. L'a- 128 cide acetiquc les attaquc, conime il Ic fait pour les librcs du tissu lamineux ; il laisse Ic noyau tr6s-visiblc a bords nets, ct palit scnlcment un pen sa par- tic centvalo, sans dissondre, toutefols, les granulations. Le noyau on les uoyaux (car il en est qui en ont deux), que rcnfernic chaquc corps fusiformc, est ovoide,assez allonge, tres-rarement splK'riquc, trOs-gT^nnileux al'interieur et a granulations foncees, mais tres-rarement pourvu de ifucleole. On trouve aussi un certain nombrc de noyaux libres, scmblablcs aux pre- cedents, mais ils sont rares. Ces noyaux librcs sont habituellement plus lar- ges et quelquefois plus longs que ceux qui sont au centre des corps insilor- mes. On trouve egalenien! nn Ives-pclit nombre de cellnlcs splu'riqucs ayant un noyau semblable aux precedents, mais aucune dcUes n'oflre d'allonge- ment pouvant rcprc'senler une forme Iransitoirc d'evolntions devant con- duire a donncr naissancc a nn corps fusiforme semblable a ceux decrits plus haut. Entre ces divers el(5ments sc rencontrcnt des fibres de tissu lamineux, pa- les, peu flexueuses, isolees, non rdunies en faisceaux, cntre-crois6es en di- vcrses directions et faciles a reconnaitre et memo a isoler. Xe reste de la masse du tissu est compose de matiSre amorplie granuleuse ct de capillaires abondants, semblables a\ix capiliaircs normaux, dont quel- qucs-uns seulement renferment quelques granulations graisseuses. Quant aux portions jaunes, elles sont compos^es par les memes elements, mais avcc addition d'unc quantite considerable de granulations graisseuses, refractant fortemcnt la lumi^rc en jaune. I'artout on elles existent elles sont accompagnces d'un grand nombre de corps ou globules granuleux, irreguliers ; partout aiissi elles rendeut les elements qu'elles accompagncnt plus foncfe et moins reguliers qu'ailleurs, les noyaux en particulicr. Cette portion du tissu, qui est jaunatre, manque de capiliaircs, sauf a la periphcrie. Nulle part il n'existait trace de pus. On n'y trouvait non plus aucune trace de tubes nerveux ; ce n'est tju'a la surface meme du tissu accidentel, au point de jonction avec le tissu cerebral, ([u'on trouvait des fragments irreguliers etflexueuxde tubes nerveux. Inutile de dire qu'en qnelque point que ce fiit il n'y avait trace de passage graduel des tubes nerveux a I'citat de libres lamineuses, ainsi que quelques aufeurs ont protendu faussemcnt I'avoir ob- serve. Nulle part non plus les capillaires ne presentaient cette repletion par des globules sanguins, avec dilatation et replis interstiniformes et resserrcmcnts brusques par places, comme on en trouve dans les parties enllamnu^es. Ainsi, c'est la encore une production morbide, composde dY-lc^ments sem- blables a ceux qu'ou trouve a I'etat normal en divers points du corps, mais nes dans un tissu oil ils n'existent pas normalcmcnt. Cost un tissu qui est morbide, surtnut par la rt^gion dans laqncUc il est ddvclopp!' plut('!t que par la nature des eleniLMiis ([ui ic rouqio.seul ; tissu qu'ou ne saurait cousiderer 129 comme iiuc alteration de la substance nerveuse au sein de laquelle 11 est uc, et dont 11 a prls la place en I'cnvahissant. On ne saurait, non plus que les pre- miers dont 11 a ete question plus haut, le considerer comme uu produit d'in- flammation, car I'analyse anatomique n'y niontre nl les Elements, ni la dis- position de ceux-ci, qu'on rencontre dans les tissus oil, a la suite d'tnllamma- tion, s'est d^veloppe quelque tissu patliologique. 3° OBSERVATION D'HEMORRIIAGIE INTRA-l'ERITONEALE DIFFUSE , AYANT SON POINT DE DEPART DANS LOVAIRE DROIT ALTERE PAR LINFLAMMATION J MORT ; AUTOP- siE ; par M. Luton. La nommee Desmois (Coralie), agee de 27 ans, blanchisseuse, couchee au n°72 de la salle Saint-Thomas, service de M. Denonvillicrs, etait entree a I'lio- pital Sainl-Louis, le 10 septembre 1855, pour un ulcere fongueux du col de I'utcrus. C'ctait une femme bien constituce, qui avail et6 habituellement bicn reglee et avail eu une coucbe anterieure. Lors de son entree k I'luJpital, cettc fcmnic se plaignait que, depuis deux mois environ, elle etait tourmeutcc de pertes sanguines presque continuelles; ses forces diminuaient rapidement; elle 6prouvait en meme temps des dou- leurs sourdes dans les reins, A I'examen au speculum, on reconnut une ulceration fongueuse, situee a Toriflce du col de I'uterus. Cette alteration suflisant pour expliquer tons les troubles observes, on s'en tint a ce diagnostic : on pratiqua successivemeni, durant les (piinze premiers jours depuis Tenlree de la maladc, deux cauteri- sations, une au fer rouge et une au crayon de nitrate d'argcnt. On prescrivit des injections et deux portions. Les pertes uterines cess^rent sous rinfluence de ce traitement, et rulcSre 6tait en vole de guerison. La maladc ^tait done soignee pour une affection en apparence trSs-legere, lorsque le mardi, 2 octobre, cllo se plaint d'une indisposition assez subite- ment survenue. Le matin, elle ne mange que de la soupe; le soir, elle no veut rien prendre absolument. Elle souffre, pendant la journce, dans le ven- tre, dans les reins ; elle ^prouve de I'oppression. Le soir, la lievre est assez forte. II n'y a ni nausees, ni vomissements. La constipalion existe depuis quelques jours ; le ventre est sensible a la pression et assez volumineux. On prcscrit un cataplasme et un lavement purgatif. Pendant toute la nuit, la malade reste tr^s-souffrante, bien qu'il n'y eiit pas aggravation manifesto des symptomes. Le mercredi 3, M. Demarquay, qui remplacait M. DenonviUiers, I'examine avec soin. Elle a de la fievre; le ventre est sensible, surtout du c6te droit, oii on determine des douleurs assez vives par la pression; 11 y a tension de ce cote au niveau de la fosse iliaque. On oi'donne 12 sangsiics etun bain. La ma- C. R. 9 130 ladie marchant tres-iapidcnient, il devient bientOt impossible de h-ansporter cede femme an bain. Dans la null du muuie jour, le hoquet se declare. Vers le malin, les voniis- sements commencent ; los maliOrcs vouiies ont raspect d'unc eau savonneusc salie. Le ventre est gros, douloureux ; Toppression est excessive; la malade est pule, sans uiouvciuenls el sans voix ; enCn elle succombe, apres avoir ete agit^e par quelques frissons, le jeudi 4 a huit heures du matin. Les accidents avaient dur(5 a peine (|uaranlc-liuit heures. AuTOPSiE. — L'autopsie, faite le J octobre, pri^seute a eludier les rcsultats suivants : La paleur de la peau est extreme, comme est la peau dun individu morl d'hemorrhagic. Le ventre est Ic^gerement ballonnS. D6s qli'on eut incise les parois dc I'ab- domen, on reconnut qu'il y avait un (^panchement de sang dans le pdritoiue. Les intcstins sont distendus par des gaz ; le peritoine, qui les reconvre, prc'senlc des arborisatious el a eprouve manifeslcment un comnieuccmenl d'inflammation. Mais raltention se portc plus parliculiercment vers les organes contenus dans le bassin, oil le sang, a cause de sa position d(!clive, s'est accumule. II y en a plus d'un litre ; il est lluidc el noir et tieut quelques Caillots en suspen- sion. Lorsqu'on I'a fait ecouler, on constate que le pdritoine, qui tapisse tous les organes pelvieus, est rccouvort d'unc fausse membrane molle et recenle, teinte en rouge brun par I'imbibition du sang epanch<5. L'uterus a son volume et ses rapports normaux. Les annexes, a droile et a gauche, sont uuis et comme confondus enlre eu\ par une exsudation plastique, dont rorganisation avancee indiquc une inflam- mation deja ancienne. lis adherent egalement avec les parties latt5rales du rectum. On rompt facilement toutes ccs adherences. Les deux trompcs presentent des signes manifestes d'inflammation ; cettc inflammation meme doit remonter pour son debut a une date assez Oloignec. On trouve surleur trajet plusieuvs petits abc^s gros comme des pois; il s'en- suit que leur permeabilite est dcitruite. L'ovaire gauche est tumeficS ramoUi et friable ; il s'(5crase lorsqu'on veut I'inciser. 11 est giisatre et comme inflltr(5 de pus ou de matit-re plastique. L'ovaire droit est encore plus malade et plus difllcile a isoler ct a dtMimiter. Mais ce qui est surtout curieux rclativcment a lui, c'est qu'il prescntc, du cole par lequel il regarde le cul-de-sac iitc5ro-rcctal, une petite d(5cbinire ii travers laquelle on voit faire licrnie un gvos eaillot sanguin, noir ct mou. II est coiffe par le pavilion de la trompe Ires-ulargi et adherent au rectum, de telle sorte qu'au premier abord on avait era avoir affaire a une hemorrliagie tubaire. Mais la pi^ceayant et6 pr(5seiit^e a la Soci^te de biologie, MM. Gu- 131 bier ct Clinrcot out rccoimu niaiiifcstemcnt quo riicinoriiiagie avail bicu son point dc dL'[)art dans rovairc. En eiret, rovairc Olanl disscque et couih; par tranches, on voit nn foyer sanguin qui senible occuper la cavite d'nne vusi- culc de Graaf ; on suil menic Ic Irajct que le sang a dii suivre pour venir iairc irruption dans Iccul-dc-sac, utero-rcclal. iV cote uu kystc li(Jniorrliag'iqnc, on Irouvc unc cavite vide, assez grandc, qui pent anssi so rapporlcr a une au- tre vesiculc de Graaf, presque mure. Dn rcstc, le tissu de I'organe, indepcn- damnient dc ccla, paraittninsfarme en putrilage par ['inllanimalinn. Lcs cauterisations, jiratiquees sur le col de I'nti'rus, n'ont laisse qu'uiu; surface parfaitement cicatrisee, la derniere ayant ete faite il y a quinze jours au moins. La muqueuse uterine est tres-humide et parait couverte d'unc no- tajjlcquantite dc niuco-pus. Cette h^morrhagie, parencliymateuse d'abovd, puis inlra-peritoneale, esl- elle consecutive a I'inilamniation des annexes dc rnlerus, on bien est-elie primitive? Est-elle due a une ulceration inllammatoirc, on bien est-ellcesseii- tiellc? Or lcs lesions que nous avons signalccs plus haul sont trop avan- cecs pour elre rapportees a unc maladie qui aurail dure d peine quaraute-huil heurcs. D'unc autre part, nous n'iivons pastrouve dans I'ovaire droit lcs traces (juc laissent des epancliements licniorrliagiqucs d'un certain age, tcllcs que des couches fibrincuses, des caillols dccolores, etc. Enfin, des deux rotes lcs annexes elaicnl nialadcs. Ainsi done, aux questions posces pl'US linut, nous nc Irouvons arepondre que par des oljjections contradicloires. Lcs perics ule- 1 ines, qui duraient depuis deux mois, si on ne lcs fait pas dependre de I'ul- ceralion du col, indiqueraienl assez un raptus hemorrhagiquc qui sefaisait vers I'literus; alors on pourrail adnicflre que des apoplexies succcssives des ovaires, operees sous I'influcncc du molimeu menstrnel ou dela conception, ou sous une influence inoonnne, ont ete le point de depart du travail phleg- iuasique dont nous avous conslale lcs desordres. La tcrminaison dc cettc af- fection locale a etc la rupture de I'un des ovaires et unc liemorrliagie inlra- peritoneale diffuse, suivie d'un commencement de peritonite et d'unc mort rapide. 4o SUR UN KYSTEPiLEUx DE l'ovaire; par M. LUYS. La malade qui fait I'objet de cettc observation est entree a rinfirmerie de la Salpelricre le 17 mars 1855 (service de M. Moissenet). Elle etait agce de 37 ans et nous donnous sur ses antecedents les renseignemcuts suivants : Sa mere n'a jamais rien presenti^ de particulier du cote des organes geni- taux ; elle est morlc apoplectique. Son pereest mort accidcntellcmcnt. Quant a noire malade, elle a toujours ete d'unc sante delicate. Elle fut rcglce a 10 ans ; les rt;gles apparurent ualurellement ; dies furent d'abord reguliercs ; puis elle fit deux couches, et a la suite dela dernidre (elle avail alors 20 ans), la sante commenca a s'altcrer. 132 II y a environ quinze ans que les doulcurs do bas-ventre, pour lestpielles elle s'est decidec a venir a I'linpital, out debute. Ces douleurs, localisees a riiypogastre d^sle debut, parvinrent de temps en temps a un degre d'acuite tel qu'elles lui arrachaient des cris ; elles s'accompagnaient d'une sensation de pesantcur vers le siege; en meme temps qu'elles s'irradiaieut dans Taine gauche et que la peau de toute cette region acquerait unc sensibilite exage- ree. Get (?tat de crise revenant a des intervalles irreguliers, la forrait a s'a- liter et a garder le repos absolu pendant un et deux mois. C'est aussi a dater de cette epoque que les ri-gles cess6rent d'etre regu- lieres; elles rcvinrcnt a des epoques variables, irr(5gulierement, i'urcnt ac- compagnecs a cliaque menstruation de douleurs tres-vives, qu'elle compa- rait a cellc de la parturition ; elles duraient environ deux on trois jours, et pendant les intervalles elles 6taient remplacees par un (icoulement blanc cou- tinu. Jamais ellc n'eut de pertes. -Etat actuel : Dcpuis quatorze mois, la malade nous dit que la crise habi- tuclle I'a reprise et ne I'a pas quittee ; les douleurs abdominales ont suivi une marebe variable, quolque continue ; elles sent sujettes a des exacerba- tions, surtout aux epoques menstruelles ; elles s'irradient dans I'ainc, la cuisse gauche et jusque dans I'anus, et s'accompagnent d'une sensation debriilure dansle vagin. Les pertes blanches sont tres-abondantes, et en meme temps la malade accuse une sensation de pesanteur dans le siege quand elle est assise ; elle est agit^e et ne peut trouver une bonne place, ni assise, ni lev(5e ; la marebe lui est penible. Elle est, en outre, dans un 6tat andmique assez prononc^ ; la peau couleur decire vieillie; les forces deprimees, la face abattue, etc.; dans un etat g(5- neral qui annonce une maladic chronique. L'introductien du doigt dans le vagin est tres-douloureuse ; les deux l^vres du col sont rigides, indur(5es et tr^s-sensibles ; I'uterus enclave dans la ca- vite pelvienne ne peut etre soulevc sans exciter de vives douleurs. En meme temps on sentau palper daus le flanc gauche une tumeur d'un volume qu'on ne peut apprdcier , mais dure au palper et irritante ; elle n'est pas accessible an doigt inlroduit dans le vagin. La malade fut soumise pendant quelque temps a un regime tonique et repa- rateur. Les opiac(5s, les calmants de toute espece furent employes. Mais pen a peu les phenomSnes generaux prirent une plus grande inten- site ; aussi les vomisscments, rares des le debut, devinrcnt-ils de plus en plus frequents et presque incoercibles. La constipation qui avait et6 passa- g6re devint aussi tr^s-difficile a vaincre ; les lavements ne pouvaient p(5n(5- Irerdans le rectum; des bourrclets hemorrhoTdaux, signes d'une gene me- canique dans la region sacree, apparurent a la marge de I'anus. En m^me temps, les douleurs augmentaient d'intensite et s'irradiaient non-seulement dans les deux cuisses (avec prd'dominance du c6te gauche), 133 mais encore dans les deux membres inferieurs avec hypertrophie cutancc, picotement et elancements continus. Les regions fessiSre et hypogastrique ^taient particulierement le siege d'un endolorissemfent general. , L'ecoulementblancdevint pen a pen d'uue Ktidit^ insupportable, et Ton vit apparaltre a la vulve plusieurs lambeaux de tissu cellulaire frapp^s de spha- c61e, et la tumeur du flanc gauche devenait au palper abdominal moins ac- cessible. Le toucher vaginal, pratique a plusieurs reprises, dcmontra I'abaissement du col, son etat fongueux et raraoUi, la beance des deux levres uterines qui permettent introduction du doigt, et en meme temps on percoit, imm^dia- tement sous I'arcade pubienne, la sensation d'une tumeur volumineuse en- clavee dans le petit bassin et completement immobile ; ce qui nous donna lieu de supposer un deplacement lent et continu, vers la cavite pelvienne, de la tumeur que nous avions precedemment I'encontrec dans le flanc gauche. Lamalade succomba, aprSs cinq mois de sejour dans nos salles, dans un etat d'adynamie complet. AuTOPSiE. — La cavite pelvienne est occupee par une tumeur dure du vo- lume d'une tete de foetus a terme, formant saillie a la partie laterale gauche de I'abdomen, et plus grand par son hemisphere inferieure dans la cavite du petit bassin. Elle comprime le rectum en aplatissant ses parois ; elle devie vers la droite la vessie dont la cavite a pris c^^s lors une direction transver- sals ; I'uterus, dont le bord gauche est accole a la tumeur, est aussi devie vers la droite. Cette tumeur a contracte adherence avec le feuillet du grand Epiploon; en enlevant ce feuillet, on voit qu'il clot par la face post^rieure la cavity d'un vaste clapier purulent qui s'etend a tout le tissu cellulaire du petit bassin jusque dans la fosse iliaque droite. La tumeur est leg^rement ovo'ide et grosse a I'extremite anterieure ; elle se compose d'une coque enveloppante et d'une masse incluse qu'elle enveloppe de toutes parts. La coque d' enveloppe est d'apparence flbreuse ; elle porte a peu pres 6 a 7 millim. d'epaisseur de parois ; la surface externe a contract(5 quelques ad- h^rences avec les organes voisins ; quant a sa surface interne, elle est lisse et comme s^reuse ; elle permet, sauf quelques points, d'enucleer tout son contenu ; c'est en ces endroits, de la dimension chacune d'a peu pr6s une pi^ce de 2 francs, que M. Ch. Robin a trouve des follicules pileux et des glandes sudoripares. Le contenu forme une masse volumineuse qui mesure dans son grand axe, 0,09 c; dans son diam^tre transversal, 0,09 c., et suivant sa circonference 0,39 c. Cette masse est, comme nous I'avons dit deja, l^gerement ovoide; sa sur- 134 face ext^rieure, recouvcrte d'uno couclie graisseuse, est libre dans presque toutc sa snpeificic, cxccplc infcrieiirenicnt oil I'on voit ileux pediculos, Vim a droite, Taulrc a gauche, formes par unc ajfglomeralion dc clicveux, qui vont so perdrc en s'enroulant daus jme duplicature de la membrane euvc- loppantc, du fond de laquelle ils seniblent (5merger. Maintenant la masse tout entiere du contcnu est formt^e de cheveux hlonds feutres et enchevCtr^s en tons sens (les cheveux de lamalade ctaient couleur chalains), et d'une quantitc' considch'ablc dc g-raisse, au milieu de laquclle on trouve ca et la quelques cristaux d'bcuuitoidine ; elle rcmplit ct comble tous les intervalles laissi's libres par I'intrication des cheveux. A la coupe, on ne trouve rien autre chose quo des cheveux entremLMes en tous sens et baieiues par dc la graissea demi-lluidc ; c'cst absolument comme si on avail fait uno coupe a travers une masse de crin. L'examen dc toutc ccttc masse faite avec attention n'a rev616 nulk part aucun indice resultant dc la presence d'un fo'tus, comme uno dent, un os, etc., etc, L'utcrus prcsentc a la partie inferieurc du col unc large surface ulcer<5c, couverte de brides celluleuses blanc grisatre et flottantes qui rcpandent unc odeur gangreneuse des plus manifestos ; aucune trace dc tissu anormal iu- infiltrc; rien, en un mot, qui indiquc Ics lesions ordinaires d'une allection cancdreusc du col. L'ovaire droit ne pr^sente rien a noter. Les reins commencont a pr(5senter ccttc diicoloration gris perl6 de la sub- stance corticate, caractcrisee par une grande quautite de matiere amorplic dans les tubes urinipares, avec des granulations graisseuses trilis-abondantcs, au milieu dcsquellcs sont plongt^es les cellules pavimenteuses. Lc foie hypcrtrophi(5 est presque entierementgras, couleur fauve; on trouve les cellules hcpatiques infdtrees de granulations graisseuses et nageant au milieu de gouttelettes huileuses trcs-abondantes. La rate est aussi b^g^remeut bypertrophice ; elle n'est pas ramollie. Le cceur et les poumons ne nous ont rien offert d'anormal. 11. — Teratologie. cas de transposition generale des visceres ; par m. luys. La note qui fit I'objet de cette observation est relative a une vieille femme, morte k 72 ans dans les salles de I'infirmerie de la Salp6tri6re, unc lienre apri^s son entree par suite d'une ht^morrhagic cerebrale. Voici ce que nous avons trouv6 a I'autopsie : 1° Dans la cavit(5 thoraciquc : Division en trois lobes du poumon gauche, et en deux lobes du poumon droit. La pointe du coeur est a droite et la base a gauche. Le vcntricule droit re- 135 gavJe en bas et a gauche ; le gauche en hunt et ii ih'oite. La concavity de la crosse de I'aorte est a droife ; ce vaisseau, accole a la portion droiti- du corps des vert^bres, se devie peu a peu vers la ligne mediane, et reprend sa posi- tion nbrmale lorsqu'il passe enfrc les piliers du diaphragme. Nous avons manifestcment note a ce sujet que la courbure laterale que pi'esente Ic rachis a la region thoracique etait ici peut-etre un peu moins prononcec qu'a I'etat normal, nials qu'elle n'en existait pas moins, c'est-a- dire avec uue concavite regardant a gauclie, et cela d'uue faron tr^s-evi- dente. Les troncs naissant de la crosse sont disposes dans I'ordre inverse, c'est- a-dire d'avant en arriere et de droite a gauche, on rencontraitla sous-claviere droile, la carotide primitive du meme cole, plus le tronc brachio-cephaliqne ; le nerf recurrent avait aussi subi I'inversion; le droit passait sous la crosse aortique, et le gauche sous I'art^re sous-claviere correspondante. La veine cave superieure est a gauche ; elle reroit la veine azygos qui remonte pareil- lement a gauche le long du rachis. 2" Dans la cavite abdominale : L'estomac a son grand cul-de-sac tourne a droite. La rate y est accolee. Le foie est dans I'hypocondre gauche. II en est de meme du cfficum et de son appendice. L'S iliaque est a droile; la deviation laterale et supt'rieure du rec- tum est pareillement de ce cote. L'aorte, avons-nous dit, est sur la ligne mediane, au sortir de son passage a travers I'anneau du diaphragme ; la veine cave infericure la cCtoie parall6- lement a gauche. Rien a noter d'insolite tant du c6te des organes genitaus urinaires que du c6t6 des centres nerveux. COMPTE RENDU DES STANCES DE f r LA S0€1ETE DG BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1855; Par M. LE DocTEUR CHARCOT, secretaire. PRESIDENGE DE M. MYER. I. — Physiologie. RESULTAT DE L'OBLITERATION DE LA GLOTTE, CHEZ L'HOMME, AU POINT DE VCE ■DE l'acte DE LA PAROLE; par M. BouRGUET, chirurgieu de I'hdpital d'Aix. Les physiologistes ont defini la parole : la voix articule'e, c'est-a-dire bri- s^e et modiliee par les organes renfermes dans la partie sup6rieure du tuyau vocal : voiles du palais, fosses nasales, langue, dents, levres, etc. D'une autre part, de tout temps la glotte a 6t6 consid^ree, avec juste raison, coinme le seul organo producteur de la voix. 11 senible done riJsulter de ces deux pro- positions que I'obliteration complete de la glolte devrait avoir pour resultat 138 DL DFAX PRODIXTIONS I'OLYPIFOnMES 1)U COL DE L'UTERIS , CONSTITUEES PAR UNE SIMPLE EXTENSION DES ELEMENTS DE CET ORGANE; par MM. les docteurs C. Davaine ct Laboulbene. 1° Leprcmicrpolypepiovicntd'une fcmme operecavec succes, etaujourd'hui guOrie. Cc polype s'iiisorail dans VinliTicur do la cavilo du col uti'riii, cl fai- sait salllic a rcxterieur a travers lu museau do lauclic. 11 a Ole cxlrait par ar- rachement. Ccttc productiou polypiformc a unc longueur de 7 centimetres. Elle etait molle, rougeatre ; sa forme est cyUndri(iue, oblongue, rcuOee cu forme de massue a rextremite. L'cxamcn microscoplque a fait constater que ce polype prcsentait, a sa sur- face, des viUosltes pen allongecs, arrondies a lenr somnict llbrc, unies les unes conlrc les aulrcs, ayant ras])ecl des villosites norniaics du col de I'ute- rus. Les villosites out etc admises et niees lour a lour par iiuelques auleurs dans la cavite uterine (Ch. Robin , Memoire st;r la mlqi else uterine, Au- chives gen. de MED. liSi8). Four nous, nous sommes assures qu'ellcs existent norinalcnieut a la partie interne du col uterin. Avec un grossissemeut de 42 diametres, les villosites ctaieut tres-visibles a la surface du polype. Avec un grossisscmcnt de 107 diaraclres, on aperce- vait repithclium qui les rccouvrait; il appartenait a la variete d'epillieliuui cylindrique ou, comme on I'a appele quelqnefois, prismatique. Les glandules uterines etaient a Fetal normal. L'iuterieur du polype avail la consislancc du tissu uterin. On y trouvail les elements normaux qui constituent la couchc musculairo du col uterin (libres- cellulesi. 1" Le deuxieme polype a etc pris sur Tuterus d'une femme de 45 ans, iiui avail suc(;ombe a une pbtbisie pulmonairc dans le service dc M. Rayer, et qui n" avail oflert aucun symptome de maladie dc I'uterus ou de ses annexes. Le petit polype scdetachait dela cavite du colnterin a undemi-ccntimetrc, au moins, de Toritice externe du col. II est pen allonge, pedicule ; le pedicule est gr61e; I'extremit^ libre est renllee, presque globulaire, arrondie. 11 nc fait pas de saillie a Texterieur, il est contenu tout entier dans le col, mais il arrive tres-pres de I'orifice externe. A la coupe, on trouve que le bout renfle contient une petite vesicule pleine d'un liciuide grisatre, transparent, un pen filant, qui, examine au microscope, monlre des noyaux d'epilhelium et des granulations moleculaires. En raclant riutericnr de la petile cavite et examinant le produit, on trouve, sons le microscope, les memos el(5ments et quelques cellules epillieliales se rappro- chant de la variete d'epilhelium pavimentcux. Les parois du petit kystc sent roraiues diiuc line membrane amoi'phe,gramileusc. II est tapisse dc libres- celhiles propres au lissu miisculaire uterin. Alcxtcrieur et a Finterieur, dans toute son etendue, le polype presente les divers elements de la miiqucusc uterine. Ce polype renfermant un petit kysle, nous parait provenlr de la muqueusc du col de I'uterus, dont I'un des follicules se sera dilate outre mesure, et aura entraine cnsuitela muqueuse, en formant un pedicule. En attendant denou- veaux fails, cette liypotliese nous parait tres-admissible. Les productions uterines polypiformes, tout a la fois muqueuses et foUicu- laires, ne nous paraissent pas devoir etre tr6s-rares. Elles le sont toutefois beaucoup plus que les simples dilatations, iaisant a peine saillie, des folli- cules de lu cavite du corps et du col de I'uterus. L'un dc nous a trouvo frc- quemment cette disposition dans les autopsies faites a I'liOpital de la Charite. La dilatation des follicules uterins acHe bien decrilc pour la premiere fois, par M. Huguier (Memoires de la Societe de cuiRtmGiE de Paris, 1847). On n'en trouve que des indications dansranatomiepatliologique deM. Cruveilhier, et dans Portal et Govoch, cites par Robert Lee (Sur les tumeurs fibroi-.al- CAIRES ET LES POLYPES DE L'uTERUS, SoC. MED.-CIHR. DE LoNDRES Ct GAZ. Med. de Paris, 1838). Depuis le travail de cet auteur, deux bonnes tli^ses ont ete publiees par M. David Luna (Des kystes folliculaires de la matrice et des polypes UTERO-i'OLLicuLAiRES, 6 jauvicr 1852), et par M. Ferrier ^Des fongosites ute- RINES, des KYSTES de la muqueuse du corps de la MATRICE ET DES POLYPES FiBREUx DE l'uterus, 20 mai 1854), Ces deux travaux ont eti fails sous I'in- spiratiou dc uotre collogue M. Ch. Robin. Les deux polypes que nous avons decrits viennent dcmontrer que plusicurs de ces productions peuvent etre constitutes par une simple extension des elements qui constituent normalement I'uterus, et que leur formation ne duit pas toujours etre attribuce a I'existence d'un de ces corps dits llbreux, qui se seraient portes en dehors de la par tie oii ils ont pris naissance. IV. — Pathologie des animaux. NOTE SUR LES CALCULS PERLES DU BOEUF ET DU MOUTON ; par M. HeVNAL, chef dcclinique a I'Ecolc d'Alfort. J'ai I'honneur de mettre sous les yeux de la Soci6t6 des calculs trouves dans la vessie, les uret^res et le bassinet des reins d'un veau. Ces calculs, en raison de leur aspect physique, ont etc designees souslenom de perles de la vessie, dc calculs perlds. Le veau, chez lequel j'ai rencontre les calculs qui font I'objet de cette Com- munication, (itait ag6 de 3 mois environ; il provenait du Gatinais oil il avail etc engraisse presque exclusivement avec du hut; ce soul les seuls rensei- IVi gncments que j'ai pu mc procurer sur cct animal qu'un bouclier avait acliete sur uu lies marches ties environs dc Paris pour etre livre a la consommation. Ces calculs etaient en pins grand nombrc dans la vessie que dans les urc- teres et les bassinets des reins ; ces derniers avaient un rellet metallique moins accusd ([ue les calculs de la vessie. Caractkres physiques. — Ces calculs out pour ia plupart I'aspect de pctits grains assez r6guli6rement splieriques ; lis affectent la forme de cendre ou celle de graine de pavot blanc. Ces derniers sont en quantite considerable. Deux ou Irois sculement atteignent la grosseur d'un pois rond ordinaire. Presquc tous sont d'un beau poll et prcsentent un aspect metallique re- marquable. lis semblcnt revetus d'unc enveloppe mince de laiton qui aurait ensuite etebrunie. lis sont formes par des coucbes superposees. Ces couches, malgrc leur superposition, conservent leur couleur metallique. La couleur briUante perlee, s'il etait permis de m'en i-apporter aux exem- ples que j'ai recucillis et qui m'ont 6[c communiques par moncollegue M. Cle- ment, appartiendraitaux calculs decarbonate de chaux qui se rencontre dans la vessie ou le canal dc rurelrc du loeuf et du mouton. Ce scrait un carac- tere distinctif. Je rappellerai qu'il n'cst pas rare, chez les memos animaux, de rencontrer ce rellet metallique sur le tartre des dents molaires et inci- sives. Caracteres ciiiMiQUES. — Cetto analyse a ete faite par M.Clement, prcpa- rateur du coursdechimie de I'Ecole d'Alfort. Ces calculs se reduisent facilemcut en une poudre flue, IcgSrement jau- natre. L'acide azotiqueles dissout completement avec etTervescence, sauf un residu tr&s-peu abondant d'une matiere animale de la nature du mucus. Cette derniere, qui flotte dans la dissolution acide sans s'y dissoudre, conserve sa teintejaune, moins le reflet metallique. Tout porte apenser quec'esta cette matifere queles calculs doiventla cou- leur jaune de laiton qui les caracterise. Traitec par I'oxalate dammoniaque, la liqueur donne un prccipite abon- dant d'oxalate de chaux. L'ammoniaquc y produit un leger trouble de phosphate de chaux, soluble dans un exces d'acide azotique. L'azotate d'argent determine la formation d'un trouble laiteux de chlorurc d' argent. U suit de cette analyse que les calculs qui viennent d'etre decrits sont formes : 1° De carbonate de chaux en grande quantite ; 2° Phosphate de chaux, des traces ; 3° Chlorure alcalin, des traces ; 4» D'un peu de mucus dont le lissage donne aux calculs leur reflet metal- lique. 145 Cettc analyse est semblable a celle qua I'aite M. Taylor de calculs dc meme nature trouvcs dans la vessle d'un boeuf. M. Henry Bouley, qui a traduit I'ar- tlcle de M. Taylor, rapporle que ces calculs ctalent foimcs « de carbonate de » chaux avec une petite quantitc de matiere animale interposee. » Suivant le doctcur Bird, cite par M. H. Bouley, les concretions perlecs de la vessie du bocuf sont semblables par leurs caracteres physiques et par leur composition cbimique avecles perles des huitres (1). V. — PHYSIOLOGIE VECETALE. i\OTE SUR LA RESISTANCE QUE PRESEJXTENT LES PLANTES A LA DESTRUCTION AU POINT DE VUE DE LA CONSERVATION DE LESPiiCE. — ENERGIE VITALE DU GooDiERA REPENs ; par Uermain DE Saint-Pierre. On salt que les vegetaux sont doues de moyens de reproduction d'autant plus nombreux que leur duree est plus courte et qu'ils sont exposes a un plus grand nombre de causes de destruction ; que, par exemple, les especes dites annuelles, c'est-a-dire qui ne parcourent qu'une seule fois les phases de la ■vegetation etmeurent ensuite, fournissent toujours des graines mures, et que ces graines sont generalement en nombrc considerable, tandis que les plantes vivaces, dont la reproduction est indelinimcnt assurce par la multiplication des tiges souterraines, produisent des graines qui n'arrivent pas toujours a unc complete maturitc, ou meme sont abortives des la floraison, soit en par- tie, soit meme en totalitc. C'est ainsi que le roseau commun (Arundo phrag- mites), qui envahit tons nos marais de ses souches tracantes, et dont les rhi- zomes intriques ferment souvent la majeure partie de la masse de certaines tourbicres, ue murit pas une seule graine, bien que ses tiges se couvrent chaque annee de largos panicules de fleurs. Au contraire, les graminecs an- nuelles les plus delicates, lors m6me qu'ellcs \(5getent dans le terrain le plus aride et qu'elles sont reduites ;i lour plus simple expression, c'est-a-dire a une seule tige ct ii quelques lleurs, conduisent toujours leurs fruits a une complete matarile; la nature sacrifle en quelque sorte, dans ce cas, I'individu mere a la reproduction de I'espece ; la plante, en effet, reste cbetive et rabou- grie, ses organes sont pen nombreux et reduits a depetites dimensions, mais I'appareil fruclifere, dans lequcl s"cst concentre toute la furce vegetative, ne parait pas soutlrir, et donne en cdct des graines fecondes. Chez certaines varieti's obtenues par la cultnre et placees dans un terrain Iri'S-subslantiel, les graines avorlent ou rcstent steriles, tandis que les parties lierbacees dc la plante et les enveloppes florales acquiferent de grandes dimensions ; il senible, dans ce cas, que la naliu'c sc refuse d'ellc-menic a la reproduction [':• Wv.cvEiL, t!i49, p. 3J3. c. 1'.. 10 146 d'individus monstrueux, sortes de deg(5nercsccnccs dc l'cspC!ce obteuues acci- dciitcllcment on par dcs moyeiis avtificiels. Chez les plantcs spontanOcs, au conli'aiic, qui se trouveiU dans dcs conditions d'appauvrissemcnt, la ualurc, comme nous Tavons dit, sacrifie plus ou moinsles organes accessoires, m^nic de la flcur, au dcvcloppcincnt do rovalrcet dcs ovules ; clicz certaincs caryn- phyllccs, clicz Ics Cera.ffium.parcxempJc, les pctalesdirainucnldc grandeur, plusieurs des antheres sont abortives ou completcuicul nuUcs, ct I'ovairc meme est reduit dans le nouibre de ses carpclles ; mais Ic pollen dcs anllicics qui subsistent rcstc Iccond et les graincs murisscnt dans I'ovairc. La nature a done, chcz les plantcs, assure la conservation dcs cspcces, soit par les precautions qu'elle a prises pour assurer soit la maturation dcs gTai- nes, soit Ic developpemcnt rapidc des tigcs souterraincs. Mais il est des vc- getaux privilcgies qui sont en nieme temps doucs a un haul dcgre de ces deux modes de reproduction, telles sont ccrtaines orchidees. Une observa- tion digue d'interet vient de m'ctre fournic sur cesujet par uuc petite planle de cette famillc, IcGoodiera repcns, cspccc quietait encore, il ya pen d'an- nees, coraplctement etrang^re a notre flore, et qui, transportee accidcntellc- ment dans la foret de Fontainebleau, y couvre aujourd"hui, dans certaincs plantations de pins, dcs espaces assez etendus. Cette plante, complctcmeiit depourvue des appareils bulbiformes proprcs a un grand nonibre dc plantcs de la meme famille, ofTre de longs rhiz6mes fdiformes qui s'ctendcnt entre les detritus des fcullles de pins a demi rcduites a I'etat de terrcau. Ces rlii- zOmes sc tcrminent la premiere annce par une rosette de fcuillcs radicates qui fournit la tige florifcre de I'ann^e suivante. De nombreux individus dc cette plante, recueillis cette annexe vers Ic mois de juillct, et placed immcdia- temcnt dans le papier a sccber et sous la prcssc (pour etre convertis en ccban- tillons d'herbier),ont priscntc une force vitale de Fencrgie la plus remarqua- ble ; cbez les ecbantillons en fleurs avancees, toute la force vegetative s"est concentree dans les tiges florifercs et principalement dans les ovaires, ct la dessiccation dc ces tiges n'a etc complete apres plus de trois mois qu'alors que, par la maturite du fruit, la reproduction de I'espfece a 6t6 assuree. Cliez les rhizomes terraines en rosette, le pht'nomene s'est prdscntc avec une bien plus grande intensitu ; la plante n'ayant, dans ce cas, de ressource que dans la conservation dc Tindividu lui-meme, malgr6 son faible volume ct sa dcili- catesse, n"a pas voulu mourir. La vie s'est retiree lentement de la souche vers la rosette terminale, et ces rosettes sc sont conservces vivantes alors que des tiges cbarnucs fructifcrcs bien plus volnmiueuses s'ctaicnt coniplelcmcnt dessechees apr&s avoir fourni leurs graines. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS DE DECEMBRE 1855; Par M. LE DocTEUR CHARCOT , secretaire. P51ES!RE\CE DE W. RAYER. 1. — AXATOMIE I'ATHOLOGIQUE. 1° UTERUS PRESENTANT UN POLYPE FOLLICULAIRE DU COL ET OUELQUES FOLLIOl Li;S DILATES SUR d'autres POINTS; par MM. LvciE.x Levdet et Laboulbene. M. Laboulbene presents ti la Sociclc, au noni dc M. Liicicn Lcudet cl an sicn, Tuterus d'une femme de 55 ans, qui oCfre un polype foUiculaire. Aprils avoir rappele une presentatiou anterieure qu'il a faite sur le menie sujet ct les travaux de MM. Huguier, Luna, Ferricr, etc., M. Laboulbene le decrit de la maniere suivaute : L'uterus n'est pas trcs-sensiblemenl liypertrophie. La hauteur du corps ct du col est de 7 centim.ct dcmi. Le col est haut de2 centiiu. et demi, le corps de 0 centim.; laparlie la plus upaisse des parois est d'un centimetre et demi. 148 L'aspccl dii imjscau de tancheest tout particulier ct lixed'aboidrattcntion. Eq ed'et, sur la nioilic gauclie de la Icvrc sup(^rlciirc du col est applique un petit corps polypiibrme blaiichatre, de menie couicur el de memc aspect que les l^vres du col Ce petit corps, pri?sentant eu hauteur 1 centini. 3 millim., est aplati, et odVc deux faces, unc anlericurc regardant Ic vagin, une postL^rieure appliquee sur la levre superieurc ducol. Ses deux faces dillerent nolablement I'une de I'aulre. i"La face autericureest rugueuse;le doigt en se promenant dessus sent une serie dc petiles elevures, de petites nodosites dures, separees les unes des aulrcs par de petils sillons ; I'a'il constate que ces petites elevures sont des Yesicules hyalines, transparentes. 2° La face posterieure n"est plus bosselee comme ranterieurc ; elle est lissc ct polio, blauciie ct du meme blanc, Icgerement rose, que cclui des levrcs du col ; elle s'applique exactement sur la levre sup6rieurc qui presente pour la i-eoevoir unc concavite, une depression repondant parfailemenl a sa con- vexite. Outre ce petit corps qui bouche exactement la nioitie gauche de I'ou- verlure vaginalc du col, on apercoit plus en dehors, au niveau meme de la commissure gauche, uu amas de trois ou quatre vesicules distendues, dures, transparentes et parfaitemeut analogues a celles que nous avons decrites sur la face anterieure de notre polype. Les vesicules sont assises par une base large sur la muqueuse du point oil elles siegent, tandis que nous ven'ons que la base de notre polype est pcdiculee. Ce n'est pas tout ; outre le polype et cet amas de vesicules sur la commis- sure gauche, I'ocil voit et le doigt suit parfaitemeut sur toute la surface ext6- rieure des l^vres du col, un anncau, une couronnc de ces memes vesicules decrites plus haul. En fendant le col, on voit que le polype qui etait adosse a la levre superieure prend naissance sur cette meme li;vre ; seulement il y a un prolongemcnt pediculu qui remontejusqu'd lamoitie de la hauteur de la cavite du col, et va s'inserer sur la face posterieure dc cette cavite; ce pe- dicule tr^s-delie, long de 7 millim., ofl'rc le m6me aspect et la m6me couleur (lue le tissu uterin lui-meme. Cette cavite du col est blanche comme la sur- face extdrieure et parsemee comme elle de ces memos vesicules, qui sont seulement plus petites et en plus petit nombre. L'epaisseur de la levre superieure du col est de 8 millim.; celle de la 16vre inferieure est d'uncentim. La hauteur de la cavite ducol est dc 3 centim. L'epaisseur des parois au niveau de I'ouverture uterine du col est d'un cen- timetre. Au dcssous du polype, dans la partie de la levre oil 11 est applique, il y a des petites fentes ressemblant a des craillurcs. Au sommet du polype est unc vesicule beaucoup plus grosse que les autres. 149 La cavite du corps estlisse et renferme a sa partie anterieure un groupe de petites v^sicules, un pen au-dessus de I'orifice interne du col, et quelques autres a la partie posterieure, mais disseminees. On ne trouve rien d'anor- mal a la partie supcrieure, ni aroriflce des trompes qui est libre. Les ovaires sent durs, assez gros, larges de 1 cent, et demi. On voit une v6sicule surrovaire gauche de ces memes v^sicules et un groupe pr6sdu pa- vilion de la trompe du meme c6t6. ExAMEN MicRoscopiQUE. — Examen du polype. La portion qui rccouvre exactement tout le polype a les caract^res de la muqueuse uterine, savoir: des fibres de tissu cellulaire entre-croises sous divers angles, un epithelium cylindrique, les glandules ordinaires et les vaisseaux propres a cette mem- brane. Immediatement au-dessous de cette premiere couche et dans toute I'epais- seur du polype, on constate, au moyen de diverses preparations : des fibres musculaires do I'ut^rus, tris-serrees les unes centre les aulres, entrc-melces de mati^re amorphe, difficiles a isoler et montranttres-nettement leur noyau par I'addition d'acide acetique. Examen des kijstes. Les kystes montrent dans leurs parois de I'epithellum nucleaire dispose en quelques endroits sous I'aspect pavimenteux, et dans lour interieurun liquide fdaut, grisatre, transparent, contenant des granula- tions elementaires ct des noyaux d' epithelium. 2° TUMEURS FIBRO-PLASTIQUES DU POUMON ; par MM. VICTOR PoiSSON et Ch. Robin. Le nomme Tardorm (Francois), age de 30 ans, cheveux roux, force ordi- naire, ferblantier, ne a Anvers, entre a I'hdpital Saint-Antoine, salle Sainl- Augustin, n° 8, le 2 novembre 1855. Get homme raconte qu'il a eu, il y a six mois, une hemoptysie leg&re (la quantity de sang rendue est t^'alucc par lui a un demi-verre). Mais sa sant^ n'ctait pas senslblement alteree. 11 continua son travail jusqu'a huit jours avant son entree a I'hopital, n'eprouvant que fort rarement quelques acc^s de toux a la fin de sa journt^e; cependant il maigrissait sans ressentir ni sueurs nocturnes, ni lagers acces de flevre le soir. A ce moment, nouvelle h(!'raopty- sie egalcment pcu abondante, un pen de tievre pendant trois on quatrc jours, redoublantle soir; insomnie, sueurs assez profuses pendant deux nuits. La toux a lieu surlout par quintes, etle malade ne crache presque pas; ses era- chats sent blancs, pen a^rtJs. Reste sans soins medicaux jusqu'au moment de son arrives, cet homme nous ofTre a noter une respiration assez penible, frcquente; sa face est leg^rement cyanos^e, son pouls est petit et frequent (120 pulsations). 11 se plaint d'une douleur assez vive dans le c6te gauche a la base de la poitrine. Des deux ctites du thorax, la percussion donne une sub- 150 matitii assez prononc^e, tant sous les claviculcs qu'cn arrlfere, mais surtout a gauclie et cu bas. Des rales sous-crc^pitants lins sont dissemines dans les deux poumons, a toutes les hauteurs; pas de sou/He nullo part; respiration faible en gi^neral, rude ct leg^rc, soufilee en avant a droite. Diasuostic : plithisie aiguC. Trailcment : vomitif, unc pilule d'opium pour le soir. Le Icudemain, I'etat du malade u'cst pas sensibleinent am(51ior^, et 11 semble qu'a la partie inKrieure du c6t6 gauche en arrifere, la voix ait une r^sonnance broncho-t'gopbonicpie un pen plus marqu(^e , la respiration a peu pres nullo tout a fait en bas, ct un peu plus haul, vers la neuvieme ci^te, on enlend un froissemcnt pleural assez net pendant le temps dc la respiration. Le mur- mure respiratoire est soufllant, mais ce n'est pas du tout la du souffle tu- baire. Pensant qu'une pleur^sie est venue compliquer raffection pulmonaire, le lendcmain, en auscultant le malade aprt's M. Oulmont, chef de service, et sui- son observation, je fus fort (itonnc!; d'entcndrc une crepitation assez fine et nolle, seulement au moment de I'iuspiration. La respiration restait du reste fort obscure au-dessous et 16g6rement soufTlante aux environs du rale crepi- tant qui, il faut bien le dire, paraissait s'accompagncr de temps en temps d'un froissement pleural double, mais moins marque que la veille. Memo prescription ; de plus, un large vcsicatoire est appliqu(5 sur le c6te gauche du malade. 11 procure un soulagement marque ; pourtant I'etat local est fort peu modifle. Le reste du poumon gaucbc ct le pounion droit sont au meme point qu'au moment de I'entrce, et, trois on quatre jours aprcs, la par- tie ant^rieure du poumon gauche est le siige de larges bord^es de rales cre- pitants et d'une respiration beaucoup plus soufTlante qu'anterieurement. Le malade ne pent presque plus rester couche borizoutalemcnt ; il est souvent presque assis dans son lit, sa respiration est plus p^nible. Un nouveau v^si- caloire est plac6 en avant de la poitrine; purgatif, puis kermis et opium a I'interieur. Aprils une ^melioration d'un jour ou deux, I'etat general parait erapirer de plus en plus ; I'asphyxie et I'amaigrissement se prononcent, et ccpeudanl les phenomines locaux sont loin d'etre en rapport avec ce trouble extreme des fonctions respiratoires. La matite devicnt presque absolue partout, il est vrai, mais c'est a peine si un jour ou I'autre on saisit dans quelques points limites quolques boulTees de rale crepitant qu'on ne rctrouve plus le Icndcmaiu ou le surlcndemain a la memc place. La respiration devicnt dc plus en plus fai- ble et soufllaute, mais la resonnance de la yoix n'est pas de regophonie pure ; il n'y a pas de souffle tubaire ; les crachats restent blancs, peu adres ct fort peu abondants, et Ton s'dtonne de voir, malgrc diverses medications (huile de foie de moruc, vcsicatoircs renouveles, etc., etc.), le malade courir aussi rapideraent vers la niorl, avec des sigucs locaux si peu caracterisiis. 151 L'asphyxie se complete le 30 novem])re au inatiu (Ij. L'autopsic, faite vingt-six heures apr^s la mort, nous mit dans vine surprise fort grande. Le cerveau, I'abdonicn, n'offraient rien de particulier, si ce n'est que la vessie conlcnait une lu-ine extremcment cliargee do sels, et que le pancreas 6tait compl(5tcment plat, Llanc et fort mou, mais sans alteration de sa struc- ture ; les grains glanduleux seulement etaient atropMes. Du c6te du thorax, au lieu des sigucs d'une plitliisie aigue que nous pen- sions trouver, avec quelque coraplicalion de pleurusie, nous apcrciimes, le sternum enlcve, un amas considtoble de petites tumours d'un blanc ros(^, donnant au poumon un aspect pommclc extrcmement singulier. Le pericardc prOseutait deux larges plaques blanches, traces dc pericardite ancienne. Rien dans le cocur. Les poumons etaient fortoment adherents en avant a la plevrc costale, et Ton ne put les cnlever qu'au moycn du scalpel et des doigts qui pi5netruient tres-facilement dans leur tissu friable. Les adhdrences etaient egalemcnt tr^s-fortes dans tons les deux tiers du poumon gauche en arriere, et il fut impossible de I'extraire autrcmeut que par morccaux. Ou pouvait voir alors que, non-seulement la surface pulmo- naire, niais toutc I'epaisseur de cet organo, etaient envahies par ces dep6ts blanchiltres, i'acilcment friablcs, mous, gelatineux, ressemblant completement a la coupe a la matiere curebrale d'un enfant a terme. Le poumon droit vint a pen prts en entier, et nous Tavons prf?sent6 dans son 6tat d'integrit^.U est d'un volume assez considerable, lourd, et tombe au fond de I'eau. En cherchant a se rendre compte de la position de ces tumeurs par rapport a la plevre et au tissu memo du poumon, on trouve que, parmi les superfl- cielles, quelques-unes sent au-dessous de la plevre, mais ce sent gench'alement les moins developp(5es ; d'autres sent manifestement dans son c^paisseur; les plus grosses, entin, font saillie a la surface de cette membrane, dont elles out t^cartc pour ainsi dire les mailles, recouvertes seulement d'une faible mem- brane d'enveloppe, parsemee dc petits vaisseaux tres-lins encore sensible- ment visibles a I'ceil nu. De ces tumeurs, les unes sont naissantes, fort pe- tites, de 1 a 2 millimetres de diametre ; les autres, au contrairc, beaucoup plus larges et plus developp(5es, font saillie Je pres de 1 centimetre au-dessus (1) Je dois dire que jusqu'ici I'observation est faite presque entierement de m^moire ; il n'est done pas (itonuant qu'elle manque d'une foule de petites considerations utiles que je n'ai pas cru devoir donner, craintc d'erreur, car les notes que je possodais etaient completement insufTisantes. 152 de la pl^vrc, ct ofTrenl jusqu'a 3 ccntim. de longueur et 1 dp largeur. Enlin, quelques-unes se groupent pour fournir une large plaque de 7 a 8 centim. de diametre, sur laquelle on apercoit des sillons de separation comme pour les cotyledons du placenta. C'est presque toujour? la forme arrondie que Ton rencontre, et quand on incise la membrane d'enveloppe, la matiere pulpeusc sort en enticr par la pression, comme si on I'enucleait d'une vesicule pulmo- naire dilatce. Dans les points oil les tumours ne se touchent pas, on pout en compter jusqu'a 24 de dimensions variables, sur une largeur dc 8 centimetres carries. Dans I'interieur des poumons, la disposition est la m^me. Presque tout le tissu, du reste, est envabi. C'est a peine si, dans quelques points, on trouve encore quelques Hots indures de substance pulmonairo. Les bronches paraissent avoir des dimensions un peu moindres, et la phi- part ne sont plus visibles, obliterees qu'elles sont par la matiere nonvelle, qui pourtant n'est pas a I'etat de liberie dans I'interieur des tuyaux aeriens. Tresque partout elle parait sortir de I'intdrieur d'une vesicule fortement dis- tendue. Les ganglions broncbiques sont eux-niemes le si^ge du depOit de cctte sub- stance etrangere. La simple vue fait rapporterl'afTection a I'encephalo'ide du poumon, offrant ici, il est vrai, une disposition et une confluence qui n'ont pas encore etc no- tees. Mais le microscope no vient pas conflrmer cette manifere de voir. En ef- fet, M. Ch. Robin, a qui nous avons porte lapi^ce le jour m6me de I'autopsie, pt qui a bien voulu en faire I'etude, a constate les caracteres suivants. Ex.\MEN MiCROScopiQUE PAR M. Cii. RoBix.— Le tissu des tumeurs oU're par- tout la meme composition ; il est forme : 1° De noyaux fibro plastiques pi-incipalement ; ces noyaux sont ovo'ides, mais peu allonges, larges de O-^jOCe longs de 0,008 a 0,009 seulement. Tons ofTrent un contour noiratre assez fonce, ils renferment un assez grand nom- bre de granulations moleculaires l^gSrement noiralres ; cpielques-uns d'entre pux, mais tout an plus 1 sur 20, olTrent un nucldole tr^s-pefit. 2° Outre ces noyaux, on trouve parmi eux des corps fusiformes fd^ro-plas- tiques, ayant pour centre un noyau pareil au precedent. Tous ces corps sont remarquables par leur extreme paleur, surtout sur leurs bords, et ceux-ci sont mal delimitd'S, c'est-a-dire tr^s-pales, un peu irreguliers, quelquefois un peu denteles. On trouve communement de ces corps, dont une et quelquefois les deux extremit^s sont mousses ou coupes carr(?ment, comme tronqu^s, plus ou moins loin des noyaux. Ces corps fusiformes sont du reste tous tr^s-courts; leur substance est plus molle, plus facile a deformcr que dans les tumeurs fibro-plastiques accompagn^es de tissu cellulaire. II est a noter qu'ici cet 616- ment, le tissu cellulaire, manque completement. 3° Les elements que nous venous de docrire sont accumules les uns centre 153 les autres, sans ordre special, et on nc trouve entre eux qu'une tr^s-petite quantity de granulations moleculaires. Ccs faits rendent facilement compte de I'extreme mollesse presentee par ce tissu. Cii et la se trouvaient des vaisseaux capillaires nombreux en certains points, rares ailleurs. Ces vaisseaux ne presentaient rien de particulier dans leur structure ; leur noinbre etait, somme toute, moindre dans ces masses morbides que dans le tissu cellulaire normal. Dans quelques-unes des masses, surtout les plus volumineuses, on voyait ra et la de petits epanchements sanguins : tons ne prt^sentaienl autre chose (ju'une agglomeration de globules du sang et ne depassaient pas le volume d'une petite tete d'(5pingie. Aiusi, ces tumeurs multiples n'etaient autre chose que des tumours foi'mOes en tres-grande majorite par des noyaux libro-plastiques. La presence presque exclusive de ces noyaux simplement accumules les uns contrc les autres nous rend compte de la faible cousistance de ce dernier. La predominance tr&s-marquee aussi de ces elements sur les vaisseaux ca- pillaires fait comprendre comment les amas de noyaux presentaient une co- loration blanchatre, encephaloide, plutbtque la couleurrougeatre affecteepar ces productions lorsqu'elles sont tr^s-vasculaires, plutot encore que la teinte d'un gris rose qu'elles olfreut lorsqu'elles presentent une trameplus ou moins nliondante de tissu cellulaire. Nous ajouterons, en terminant, que, sur les limites des tissus pulmo- uaire et morbide, on pouvait constater I'extension et la propagation des noyaux lelong des faisceaux des fibres pulmonaires, dans I'epaisseur du tissu sain jusqu'a plus d'un millimetre au dela du tissu morbide. De sorte qu'en ar- rachant des faisceaux du tissu pulmonaire, on voyait que leurs extremites, tournees du cote du produit morbide, etaient entourees par des noyaux rest^s adherents autour d'eux. REMARQUABLE EXEMPLE DE DEVIATION DE LA COLONNE VERTEBRALE , DANS LA REGION DORSALE. — AUTOPSIE ; par M. ArM. GouBAUX. Le lundi I'"' aoiit 1853, un clieval hongre, propre au trait, sous poll blanc, age de 20 ans, et de faille moyenne, fut un des sujets du cours pratique des operations chirurgicales. Ce cheval presentait une deviation de la colonne vertebrale dans la region dorsaie. A partir du garrot, la tige vevtebrale etait tordue, suivant sa longueur de gauche a droite. La region des cbtes etait convexe du cdte gauche ; elle etait, au contraire, concave du cote droit. Toutes les parties etaient done tendues du c6te gauche par suite du rclachenient des muscles ; aussi cet animal, qui etait excessivement gras, presentait-il beauconp de plissements cutanes di- 152 de la pl&vrc, ct ofTrent jiisqu'a 3 ccntim. dc longueur ot 2 do largeur. Enlin, qiielques-uncs se groupent pour fournir une large plaque de 7 a 8 centim. do diametre, sur laquelle on apercoit des sillons de s(5paration comme pour les cotyledons du placenta. C'est presque toiijours la forme arrondic que I'ou rencontre, ct quand on incise la membrane d'enveloppe, la matiere pulpcusc sort ea entier par la pression, comme si on lenucldait d'une vesicule pulmo- naire dilatce. Dans les points oii les tumeurs ne se touchent pas, on ])eut en compter jusqu'u 24 de dimensions variables, sur une largeur dc 8 centimetres carres. Dans I'interieur des poumons, la disposition est la meme. Presque tout lo tissu, du reste, est envahi. C'est a peine si, dans quelques points, on trouve encore quelques Oofs indurcs dc substance pulmonaire. Les bronches paraissent avoir des dimensions un peu moindres, ct la plu- part ne sont plus visibles, obliterces qu'cilcs sont par la matiere nonvelle, qui pourtant n'est pas a I'etat de liberte dans I'interieur des tuyaux ac^'riens. Presque partout elle parait sortir de rint(§rieur d'une vdsicule fortement dis- tcndue. Les ganglions bronchiques sout eux-memesle siege du depOit dc cette sub- stance etrangere. La simple vue fait rapporterl'afTection a I'encephalo'ide du poumon, ofTrant icl, il est vrai, une disposition et une confluence qui n'ont pas encore etc no- tc^'es. Mais le microscope ne vient pas confirmer cette mani^re de voir. En ef- fet, M. Ch. Robin, a qui nous avons port6 lapiScele jour meme de I'autopsie, et qui a bien voulu en faire I'etude, a constats les caracteres suivants. ExAMEN MicRoscopiouE PAR M. Cii. RoBiN.— Lc tissu des tumcuis olfre par- tout la mfime composition ; il est formt5 : 1° De noyaux fibroplastiques principalement; ces noyaux sont ovoides, mais peu allong(^s, larges de 0°"",0C6 longs de 0,008 a 0,009 seulement. Tons ofTrent un contour noiratre assez fonce, ils renfcrment un assez grand nom- bre de granulations moleculaires l^g^rement noiratres ; cpielques-uns d'entre eux, mais tout an plus 1 sur 20, ofTrent un nucWole tres-petit. 2° Outre ces noyaux, on trouve parmi eux des corps fusiformes flbro-plas- fiques, ayant pour centre un noyau pareil au precedent. Tous ces corps sont remarquables par leur extreme paleur, surtout sur leurs bords, et ceux-ci sont mal dL4imit6s, c'est-a-dire tr^s-pales, un peu irreguliers, quelquefois un peu denteles. On trouve communement de ces corps, dont une et quelquefois les deux extr6mit(^s sont mousses on coupes carrdment, comme tronqu^s, plus on moins loin des noyaux. Ces corps fusiformes sont du reste tous trf-s-courts ; leur substance est plus molle, plus facile a deformer que dans les tumeurs fibro-plastiques accompagn^es de tissu cellulaire. II est a noter qu'ici cet (Ele- ment, le tissu cellulaire, manque complctoment. 3° Les Elements que nous venous de d('crire sont accumnlcs les uns centre 153 les antres, sans ordre special, et on ne trouve entre eux cpi'une tr6s-petite quantity de granulations mol^culaires. Ccs faits rendent facilenient compte de I'extreme mollesse presentee par ce tissii. Ca et la se trouvaient des vaisseaux capillaires nombreus en certains points, rares ailleurs. Ces vaisseaux ne presentaient rien de particulier dans leur structure ; leur nombre etait, somme toute, moindre dans ces masses morbides que dans le tissu cellulaire normal. Dans quelques-unes des masses, surtout les plus volumineuses, on voyait ra et la de petits ^panchements sanguins : tons ne prc^sentaienl autre chose (lu'une agglomeration de globules du sang et ne depassaient pas le volume d'une petite tete d'epingle. Ainsi, ces tumeurs multiples n'elaient autre chose que des tumeurs formees en tix's-grande majorite par des noyaux libro-plastiques. La presence presque exclusive de ces noyaux simplement accumules les uns centre les autres nous rend compte de la faible consistance de ce dernier. La predominance tr&s-marquee aussi de ces elements sur les vaisseaux ca- pillaires fait comprendre comment les amas de noyaux presentaient une co- loration blanchatre, encephaloide, plut6tque la couleur rougeatre afl'ect(5epar ccs productions lorsqu'elles sent trSs-vasculaires, plutot encore que la teinte d'un gris rose qu'elles oirrent lorsqu'elles presentent une trameplus ou moins abondante de tissu cellulaire. Nous ajouterons, en terminant, que, sur les limites des tissus pulmo- nalre et niorbide, on pouvait constater I'exteusion et la propagation des noyaux lelong des faisceaux des tibres pulmonaires, dans I'epaisseur du tissu sain jusqu'a plus d'un millimetre au dela du tissu morbide. De sorte qu'en ar- rachant des faisceaux du tissu pulmonaire, on voyait que leurs extremites, tournees du c(!)te du produit morbide, etaient entourees par des noyaux rest^s adherents autour d'eux. nEMARQUABLE EXEMPLE DE DEVIATION DE LA COLONNE VERTEBRALE , DANS LA REGION DORSALE. — AUTOPSIE ; par M. ArM. GoiiBAUX. Lekindi h"' aoiit 1853, un clieval liongre, propre au trait, sous poll blanc, age de 20 ans, et de taille moyenne, fut un des sujets du cours pratique des operations chirurgicales. Ce cheval presentait une deviation de la colonne vert^brale dans la region dorsale. A partir du garrot, la tige vertebrale etait tordue, suivant sa longueur de gauche a droite. La region des c6tes etait convexe du cOte gauche ; elle dtait, au contraire, concave du c6te droit. Toutes les parties ctaient done tendues du c6t(5 gauche par suite du relachement des muscles ; aussi cet animal, qui etait excessivement gras, presentait-il beaucoup de plissements cutan^s di- 154 rigt^s de haut en bas du c6t6 droit, qui relativement (itait plus court quo Ic C("it(3 gauclic. rcndant la station, les bipidcs latcraus, au lieu d"otrc parallSles, otaicnt sur deux plans differents. Le bipede postcrieur etalt (■videmment a droitc de la lignc du bipCidc anterieur, aussi la marcbc etait-clle gCnee, ainsi qu'on pent facilcment le comprendre a priori. L'animal entrait assez Mquemment en erection. Dans cet etat, le penis presentait alors une telle deviation dans sa direction que son extrcmite libre etait dlrigee tout a fait du c6te gauclie. Ce cbangement de direction peut etrc explique par le cbaugement memo de la direction du bassin relativement a la partie anterieure du tronc. J'ai mesure le dcgre de la deviation, en faisant passer successivemeni, d'avant en arriere et d'arriere en avant, une regie en bois d'une longueur de 3 metres environ sur le trajet de la colonnc vertebrale. Void le r6sultat de cliacune de ces experiences : 1" La ri^gle, passant entre les deux oreilles, suivant la direction du bord superleur de I'encolure et se prolongeant en lignc droite dans la direction du garrot, permettait de voir que, au niveau do I'articulation lombo-sacree, la colonne vertebrale etait device a droite de O'-.ISO. 2° La regie, placcie sur la ligne mediane, dans la region de la croupe, et se prolongeant en avant dans la memo direction, donnait la mesure de la de- viation dc la colonne vcrtc^brale : ccttc deviation etait de 0"',520 du cAte droit, au niveau du plan median, entre les deux oreilles. Le Icndemain j'ai diss(5qu(i ce cheval, et voici ce que j'ai constate : 1° Du cOte gauche. — Le muscle ilio-spinal, dans sa partie anterieure et dans une etcndue de 40 centimetres, etait d'une couleur gris cendrc et avail tout a fait I'aspect des muscles qui out subi la dcgenerescence graisseuse. Des coupes, faites dans l'(5paisseur de ce muscle et dans toute I'etendue sus- indiquee, out montre que la transformation graisseuse etait complete. Le muscle grand dentele de I'e'paule {costo-sous-scapulaire), vers son extre- raite supL-rieure surtout ; et ensuite, dans une d'tendue 6gale a 45 centime- tres, le muscle transversal des cotes {costo- sternal) et cinq des muscles inter- costaux externes participaient de la memo alteration. A I'extremile anterieure du muscle transversal des cotes, on a trouve une petite masse in(51anique, du volume d'un petit ocuf dc pigeon, entour(5e de graisse , et recouvertc par le muscle lui-meme. Les muscles qui vienuent d'etre enumeres etaient sains dans le rcsle de lem' etendue et avaient leur couleur normale. 11 importe de noler que I'alteration des muscles correspondait cxaclement au point de la colonne vertebrale qui elait Ic siege de la deviation observee pendant la vie de l'animal. Les nerfs intercostaux ont 6te diss^qu^s avcc bcaucoup dc soiu ; on a exa- 155 mine aussi les branches sup(5riem'es des paires dorsales, et Ton n'y a ren- contiT aucune alt(5ration : ces ncrfs avaient leur volume ct lour couleur or- dinaircs. La cinquicme c6te sternale du C(Mc3 gauche pr(?scntait les traces d'unc frac- ture aiicionne : dies sc faisaient reraar([uer vers la partie moycnnc, oil cxis- lait un col parfaltement form6. 2° Du c6te droit. — Les muscles, les vaisseaux etles nerfs ont ^te trouves parfaltement sains. Les cotes (5taient tr^s-rapproch^es les unes dcs autres, et la parol Ihora- cique droite etait tout a fait deformee par suite du raccourcissemeut qu'elle avait subi dans le sens antcro-postericur pour se pititer a la deviation de la colonne vertehrale. La colonne vert(5brale n'a pr^sentci aucune alti^ration, et lorsqu'elle a ^te mise compkHement a decouvert par I'enlfevement des couches musculaires, elle a reprls sa direction normalc. Les enveloppes de la moelle (5plni6re, les racines des nerfs et la moelle t5pi- niere n'ont oiTert aucune lesion. De semblables exemples de deviation de la region dorsalc du rachis sont trfes-rares chez les animaux, et il m'a paru interessant de publier celui-cl, parce que c'est le seul qui soil accompagne de I'examen cadav(5rique. Girard fils a signal^ un excmple de deviation conge'niale de la colonne dor- so-lomhaire , qu'il a observe chez uno jument iigde de 7 ans. (Recueil de me- DECiNE VETERiNAmE, auuec 1824, p. 145) M. Pouchy en a aussi dccrit un exemplc sous le litre de : Observation sur LA DEVIATION EXTRAORDINAIRE DES VERTIJBRES DORSALES ET LOJIBAIRES CHEZ UN POULAiN d'un AN, d'une FORTE CONSTITUTION. (Memoires dc la Socicite de medecine vciterinaire des d(5partements du Calvados et de la Marche, XI" an- nte, 1840, n" 8, p. 104.) Enfin, j'ai cite, il y a quelques anncies, dans mon Memoire sur l'entorse dorso-lombaire consideree CHEZ le cheval (Recueil de medecine yeteri- naire, annec 1851, p. 41 W, un mulct qui avait une deviation de la colonne dorso-lombaire en deux sens difiercnts, dc bas en haul et d'avant en arrifere, mais je n'al pu avoir aucun renseignement sur cet animal. Ce sont la, je crois, les seuls fails que I'ou puisse rapprocher de celui que je viens de rapporter. II. — Anomalies. hermapiirodisme apparent CHEZ LE SEXE MAscuLiN ; par le docteur Huette. Alexandrine X..., n<5e a Paris le 11 octobre 1834, presenta, en vcnant au monde, une conformation anormale des organes gcnitaux, qui induisit ener- reur ccux qui firent la declaration dc naissance. 11 fut done inscrlt aux actes 156 de I'etat civil sous les noms d'Alexandrine-HortcnseX..., comme ^tant du sexe f(5minin. Pendant les premieres annees d'enfance, il nc sc manifesta rien qui piit faire soupconncr I'errcur qu'on avail conimise. Mais, vers Tage de 10 ou J2 ans, Alexandrine monira un uloigncment marque pour les occupations du menage; le travail a raiguille lui repugnait; die ne se plaisait qu'avec les clievaux et prenait volouliers part aux rudes travaux des hommes de peine employes par son p6re. I,a voix devint alors plus grave et fortement timbri^e ; les epaules s'dlargi- rent ; le bassin conserva ses proportions etroites et les seins ne se d(5velop- perent point. Alexandrine, quoique pen vigoureuse, etait agile et aimait les jeux des jeuncs gens de son age, se montrant du reste fort dedaigneuse pour les jeunes fdles ses compagnes. Sa demarche bizarre, sa voix presque rauqiie, ses gestes brusques et ses mouvenients anguleux contrastaicnt singulieremcnt avec le costume d'uu sexe dont Alexandrine etait loin d'avoir la grace. Jusquc-la ses allures grotesques avaient etonne, mais sans fixer autrement I'attention des personnes au milieu desquelles elle vivait. Vers I'iige de 17 ans, Alexandrine, qui etait toujours tr6s-ardente pour les jeux des garcons, ne semontra pasmoins empress6e prfes des jeunes lilies, et ses attentions, pouss^es quelquefois jusqu'a la tendresse, eveill^rent alors des soupcons ; a I'etonnement succedferent, dans le voisinage, des inquie- tudes qu'autorisaient pleinement les excursions nocturnes d'AlcxandrineX... On tempera bien pendant quelque temps ces propensions instinclives, qui dcvcnaicnt chaquejour plus compromettantes. Mais, avec la vingtifeme annee, la voix de la nature parla plus baut encore ; et quand I'autorite maternelle se reconnut impuissante pour contenir I'instinct g6nerique devenu plus impe- rieux, nous fumes appeI6 a I'efTet d'examiner Alexandrine, qui r(5clamait liautement des habits d'liomme. Les organes genifaux nous presenterent la conformation suivante : Sur la lignc m^diane, au milieu d'uu scrotum profond^ment bilobe et si- mulant deux grandes 16vres, on observe un penis rudimentaire d'une lon- gueur totale de 4 centimetres, terming par un gland bien forme mais imper- fore. Ce gland a 2 centimetres ; la peau en est fine et plus rose que celle qui rc- couvre les autres parties de I'organe; il est couronne par un prepuce dont les replis, lombant lat^ralement, s'ins&rent et se perdent insensiblement en forme de nymphes au-dessous du'gland. Une petite Eminence rougeatre marque la place du mini urinaire qui man- que, et de cette salUiepart un petit pli, esp^ce de frein long de 3 centimetres mesnrant toute la face inferieure de cette verge. A 3 centimetres au dessous de I'insertion inferieure de la verge, se volt 157 I'ouverturc de I'urStre, petite fente verticale de 3 a 4 millimetres s'ouviaut par une mu(]iioiisc fine et rose sur les parties voisines. Una sonde inlroduite par ce meat p^netre facilement dans la vessie et nous permet de mesurer la longueur de I'urelre, qui est de 4 centimetres. Ce canal est courlic , a concavitO superioure et dirigc d'avant en arriere de haut en lias. Cettc conformation permet a Alexandrine d'uriner debout sans s'accroupir a la nianiere des femmes. Au-dessous du meat urinaire, on observe un petit pli cutane en forme do V. Un stylet boutonne insinue sous ce pli ne penelre dans aucune ouverture. L'anus est situe a 3 centimetres au-dessous de rouverlure de I'uretre. Le doigt introduit dans le rectum sent une sonde completement embrasst^e par le canal de I'uretre, et rien n'indique une commuuicution enlre ces deux organes. Toutes les parties que nous venons de decrire sent plongees au fond d'un sillon profond qui divise les deux lobes lateraux composant le scrotum et si- mulant deux grandes levres. On ne trouve aucune trace de raphe dans ce sillon. Les lobes latdraux se presenfent sous la forme de masses inegales molles et a peau ridee comnie celle du scrotum. Le lobe droit est beaucoup plus volumineux que le lobe gauche ; en le pres- sant entre les doigts, on y sent un corps ovolde qui n'cst autre chose qu'uu testicule muni de sou cordon spermatique. La descenle do cet organe s'est efTectuee par un anueau trt's-large et a fraye passage a une hernie volumi- neuse. Du c6l6 gauche, le testicule n'est pas completement descendu; il est facile de le faire rouler sous les doigts au devant de I'anneau. La pression deter- mine une vive douleur dans ces organes. D'apres les renseignemenis qui nous out ele Iransmis, et surlout d'apres Texamen du linge porte par Alexandrine, il y a lieu Jc croire que remission du sperme s'elfectue. La direction du canal de I'uretre permet aussi de pen- ser que I'ejaculation so fait par un jet liorizonlal, comme pour les urines, circonslancc favoralilc qui n'exclut pas absolumcnt cliez cet hypospadiaquc I'aptitude de la procreation et par cons(5qucnt au mariage. Sinous jetons un coup dffiil sur la conrormalion gencrale d'Alexandrine, nous trouYons un bassin etroit, des epaules larges, une poitrine i)late, un vi- sage encore imberbe, des genoux portes en dehors, des muscles accenlues, en un mot tout ce qui caracterise physlquement la virilite. En rapprochant de cet ensemble exterieur les goiits, le caractere, les propensions instinctives d'Alexandrine, nous n'hesitons pas a considerer Alexandrine X... comme (5tant du sexe masculin et presentant un exemple remarquable d'hermaphro- disme apparent dies le sexe masculin. Ij8 111. — E«nRYOGfeXlE. RECIIERCHES SL'R LI>FLUENCE QUEXERCE SUR LE DEVELOPPEMEM Dlj POUI.KT l'applicatio.^ partielle d'cn vernis SUR LA coQuiLLE DE l'oevf ; par M. C. Dareste. J'ai fait pendant Pete dernier un grand nonibre d'cxpcTienccs pour deter- miner Paction epic dcs enduits ini perm cables appliques sur des ccurs dc poulc exerceut sur le dcvcluppement du germc o\i dc I'embryon qu'ils con- ticnncnt. De scmblables experiences ont deja etc failcs par GeofTroy-Saint-Hilaire (11, ily a plus de trente ans, et plus reccmmcnt par MM. Bandrimont et Martin Saint-Ange. Mais ces savants n'ayant mis en experience qu'un tr6s-petit nom- brc d'ocufs, n'ont obtenu que des resultats tres-incomplcts, bien cpi'ils aicnt vu plusieurs faits importants. J'ai pu, aPaide de Pingenicux apparcil d'incu- l)ation de M. Vall(5e, mctire plus de soixante oeufs en expmencc. Cela m'a conduit a voir plusieurs faits qui avaient echappe aux savants dent je viens de rappeler les travaux. .I'ai fail ces experiences en recouvrant certaines parties de I'ocuf avec du vernis, et en faisant ces applications a des epoques differentes, a partir du commencement de I'iucubation. Je n'ai point verni d'tcuf en totalite. Le fait de la respiration du poulel dans Pocuf est ^tabli aujourdhui par Irop d'experiences, pour qu'il m'ait paru necessaire de voir ce qui arriverait en rendant la coquille entiere complcte- ment impermeable a I'air ambiant. Toutefois il resulte des experiences de MM. Baudrimont et Martin Saint-.Vnge, que si Paction de Poxygeue est indis- pensable au poulet apres que rincubation a commence, elle parait ne pas lui etre necessaire au debut meme du developpement. Quatrc teufs vernis en totalite ont presente a ces savants quelques debris qui indiquaient que (1) GeofTroy-Saint-Hilaire, Mem. sur les differents etats de pesanteuu des (KITS All COMMENCEJJENT ET A LA FL\ DE L'LNCIBATION, daUS IC Joi RNAL CO.MPLE.M. DES SC. MED., t. VII, p. 27 1; 1S20. — Philosopuie ANATOJUQUE, t. II, p. 511; 1822. — Sur des devl\tions provoqueeset observees dans un eta- blissement d'inxub.\tion ARTiFiciELLE, dans les Me.m. dumuseum, t.Xl, p. 261. — Baudrimont et Martin Saint-Ange, Recii. anat. et puysiol. sur l'evolut. EMBRYONNAIRE DES OISEAUX ET DES BATRACIENS, daUS le ReCUEIL DES SAV. ETRANG.; 1851. Tout recemment M. Lereboullet a annonc6 qu'il avait provoqu(5 des anoma- lies dans les ponies, en mettant leurs ccufs dans de mauiaises conditions dc developpement ; malheureusemcnt il n'indique point quellos sont ces condi- tions. (Voy. COMPTES RENDUS, t. XL, p. 916.) 159 les pheiiomenes embryogeiiiqucs avaient commence:, uiais que, Ic dclaut de respiration les avait trfes-rapidement arretes. Lorsque j'ai verni le ffros bout dcs ajufs au commencement on dans les premiers jours dc I'incubation, j'ai trouvu en ouvrant les ocufs un certain nombre de poulets morts. Mais a cette epoque I'application du vernis snr le gros bout de I'oeuf n'est point toujours nn obstacle au developpcmcnt du poulct. Plusieurs des ccufs dont j'avais verni le gros bout se sout developpes, et m'ont prescnte des poulets qui, au moment oil j'ai arreleTexperience, etaient dans un parfait etat de sante. II y avait toutefois dans ces poulets nn fait ana- tomique qui m'a paru tres-dignc d'attention. L'allantoide, au lieu de s'appli- quer centre les parois de la cbambrc a air elait venue, au contraire, s'appli- quer centre une des parties dc la coquillc qui n'avait point 616 vernie. Ce fait doune (^videmment rexplicalion de la persistance de la vie dans la con- dition que je viens de rapporter ; car lallautoide est le second organc de la respiration du poulet, et lorsqu'elle se developpe ellc vient s'appliqucr centre les parois de la chambre a air, dont I'air, d'apres les analyses dc MM. Bau- drimont ct Martin Saint-Ange, contient plus d'oxygene et moins d'acidc car- bonique que Vair ambiant. Pour que la vie puisse persister lorsqu'on vernit le gros bout de Tccuf, il faut done de toute necessite que rallanto'ide aille s'appliqucr sur un aulie point de la coquille; autremcnt il y aurait danger d'asphysie, ct le dovclop- pement serait arrete. MM. Baudrimont et Martin Saint-Ange ont dejii en occa- sion d'observer un fait de cette nature, mais dans dcs conditions assez dillc- rcnles. J'ignore completement d'ailleurs quelle est la cause de cette posilioii anormalc de rallanto'ide. Est-ce le resultat d'une action mecanique on phy- sique , on bien ne pourrait-on penser qu'elle serait produite par une deter- mination instinctive du poulet? On salt que depuis longtemps M. Paul Duliois a altril)ue a une determination instinctive du foetus, la frequence des presen- tations de la tete, dans les accoucliements. Cette position anormale de rallantoide, intdrcssante en ellc-memc, nous prcsente d'ailleurs un certain interet, en ce qu'elle parait etre pour le poulet le point de depart de certaines anomalies organiques. Les poulets qui I'ont presentee etaient presque tous bien conformcs ; mais deux d'entre eux me presentaient dcs anomalies fort remarquables.L'un d'eux avait lapattc gauclic affectee d'hcmimelie, c'est-a-dire que les doigts maoquaicnt completement, tandis que la partie droite 6tait reguli^re. L'autre avait la machoire supe- rieure considerablement reduite, tandis que la machoire inferieure avait son developpement normal. Comme dans toutes mes experiences sur I'applica- tion du vernis a la surface des ceufs, je n'ai obtenu d'anomalies que dans ce cas particulier, je me crois fonde a penser que ces anomalies ont 6[6 pro- duites par la position de rallantoide. Est-ce la la cause des moustruosiles que Geoll'roy-Saint-Hilaire a observees dans les experiences en vernissant 150 uiiepartie de I'oeuf ? On pent le penser; mais inalheureusemeut le recit qu'il a donne de ses experiences ne nous fait connaiire aucune indication pre- cise sur ce point. Lorsque I'application duvernis sur le gros l)oiit de Icnif a lieu vers le cin- quieme jour, c"est-a-dire a une cpoque oil lallantoidc est venue s'appliquer contic Ics parois de la cliambre a air, de nouvelles conditions se produisent. En agissant ainsi j'ai toujours tue leponlet par aspliyxie, en intcrceptant completemeut la commuuicatiou de I'oxygene de I'air avec le sang des vais- seaux allanto'idiens. IHus tard, do nouvelles conditions se produisent. L'allanto'ide, aprSs s'6tre appliqu^e contre les parois do lachambre a air, continue a se dcvelopper, et cllc vientpeu a pen s'appli(|uer sur la face interne de la coquille dans presque toute son ctendue. Si, a cettc epoque, on vcrnit le gros bout de I'ojuf, on n'exerce plus d'action sur le poulet, car cette operation ne pent plus empe- cher rallanto'ide d'etre en communication avec I'air exterieur. G'est du moins ce que j'ai observe toules les fois que j'ai verni le gros bout de I'oeuf du liuitieme an douzieme jour do I'exporieuce, epoque a luquelle mes expe- riences out etc termin(5cs. Le vernissagc du petit bout de I'anif m'a donne des resultats tres-difTerenls. An debut ct dans les premiers temps de I'incubation, le poulet ne se deve- loppe pas toujours, et le nombre des insucc^s parait meme plus frequent que dans I'incubation artificielle ordinaire. Mais lorsque l'allanto'ide s'est bien developpee el qu'elle s'est appliquee contre les parois de la cbambre a air, 11 n'y a plus rien quis'opposc au dcveloppemcnt du poulet qui se fait d'unc mauiere reguliere ; c'est du moins ce que j'ai constate dans mes experiences. J'ai fait aussi quclqucs expi^riences sur le vcrnissage des oeufs dans une moitie parallele au grand axe. Dans ces experiences, pen nombreuscs d'ail- leurs, le poulet ne s'est point developp^, ou il est mort lorsque le developpe- ment et&it dejii commence. J'ai lu depuis dans le travail de MM. Baudrimont et iMartin Saint-Angc que des experiences analogues avaient donne, dans cer- taines circonstances, des resultats differents : que ces pouleis sent morls toules les fois que la moitie vernie de I'oeuf 6tait placee en dessus, tandis qu'ils out continue a vivre quand la moitie vernie etalt placee en dcssous. C'est une circonslance alaquclle jc n'avais point pense lorsque j'ai commence mes experiences. Je me suis borne dans ce travail a raconter ce que j'ai vu et a chercher son explication physiologique. Les resultats de semblables experiences soul assujeltis a des conditions tellement diverses qu'elles onl besoin d'etre repetdes un tr&s-grand nombre de fois et dans les circonstances les plus varices. Je compte les reprendre au printemps prochain. FIN DES COMPTES REN'DUS DES SE.\NCES. MEMOIRES DE LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE PE?^DANT L'ANiNftR 1855. \JF.\i. MEMOIRE SUR L'lNDURATION PULMONAIRE, NOMMEE CARNIFICATION CONGESTIVE^ Pr^sente a la Society de Biologie, le 14 avril 18S5, Par mm. ISAMBERT et CHARLES ROBIN, On donnait autrefois le nom de carnification a toute l(5siou dans la- quelle le lissu pulmonaire s'indurait et resseniblail plus on moins ;i de la chair musculaire; ce mot 6tait employ^ comme synonyme des mots hepatisation ou splenisation. Dans ces deruiers temps, on a applique plus specialenient ce nom ;i une induration particuliere du poumon, bien dilicrente de V hepatisa- tion rouge ou grise, puisqu'au lieu de I'^tat granuleux et de la friabi- lity plus grande qu'on remarque dans ces dernieres lesions, le paren- chyme pulmonaire presente, dans celle qui nous occupe, une aug- menlion d'61asticil6, une resistance plus grande a la di^chirure; en un mot , une solidit6 plus grande , qui I'a fait comparer a de la chair musculaire, dont le rapproche encore sa couleur rougeatre ou brun rouge. La coupe pr6sente un aspect lisse et uni ; toutefois, cette 16sioQ differe aussi de ce que Hourmann et Dechambre ont derrit sous 4 le noin d'hepatisation plauifonne, lesion que nous avious nons-in6nif souveiit observec chez les vieillards, el qui nousa paru dopendre d'unc inPiltrationwdemalensc, ou d'une forle conpestiou sangiiiuo du tissu pulmonaire : dans ces cas, la pressiou fait erouler une al)ondante quantity de serosile spumeuse ou sanguinolente. Dans la carniflcation, au contraire, le tissu est sec, el lapression n'en fait sortir ni gaz ni li- quide. G'est encore ce qui la distingue des noyaux d'induralion consO;- cutifs ii des apoplexies pulmonaires, de Vinfurctus hemoploicus, de Laennec, qui se distingue, d'ailleurs, par sa coulcnr noire el sa gra- nulation volumineuse. La carniflcation n'est pas nonplus I'f^lal de ces poumons loiiglemps comprimC'S par un epaucliement pleurelique, dont le tissu estcondensii, sec, el comme impermeable a I'air ; mais dans ceux-ci la couleur est dilKrente de la couleur gris rouge ou brun rouge de la carnification ; elle est violette, blafarde, plus grise, I'ceil y distingue des lignes blan- ches form(5es par les cloisons interlobiilaires ; les bronclies sont afTais- s6es, tandis que dans la carnification elles sont souvent ouvertes. La consistance est aussi bien dilTerente, les poumons comprimt^s ne pre- sentant pas Taugmentation d'elaslicit6 et la renitence du lissu car- nifi6. La carnification n'a guere ete decrite en France que par les auteurs qui ont 6crit sur la pneumonic des vieillards ou la pneumonic des enfants (Rufin-Delabcrge, Rilliet et Barthez, Gillette, Trousseau); elle a ete rattachec a une phlcguiasie du pounion, et bien que cctte lesion ait du se renconlrcr souvent dans les cas decrits comme pneii- monies chroniqiies, les descriptions des auteurs ne la signalent pas ou tout au moins ne font pas fassimilation. M. Gillette (Maladies dr la vikillesse, au supplement au DicTiox- NAiUE de Fabre, p. 892, colonne 2') insiste meme sur la difference qui existe enlre la carnification et la pneumonic chronique. " Dans celle-ci, dil-il, le plus souvent le tissu est dun gris ardoise^ » tres-dense. Dans la carnification, le tissu est rougedtrc, lisse, a perdu n toute apparence vesiculaire, mais offre, en gent^ral, des bronches " tres apparentes qui manquaient dans la pneumonic chronique. Celte " altiiration serait-elle une lerminaison lente et funeste de la broncho- » pneumonic corapliquee d'un epanchement pleur6tique? » ajoute cet auleur. Les observations que nous rapportons ci-dessous sont prises chez des .) adultcs, et hi k'-sioii u'ii prOseiite aucuii nipporl ;ivec iiii olal iiillaiih maloirc. Uans les nialadit'S du coeun los aulcui's onl hm\ note des conges- tiouset des hepatisalions pulmoiiairi's, et des liemorrliagies avec iudu- I'alion, telles que rinfarclus de Laemicc, qui dilTore, ainsi que nous I'avons dit plus liaut, de la lesion qui nou~ occiipi' : et si dans quelqucs descriptions on croitUi reeonnaitre oupliilutla deviuer. nouspuurrons dire que cette lesion na pas ete speeia'ieaieiitdecrite.et ccpendaul nous esperons etaljlir qu'elle aeeouqiagne rivi|i:ci!inu'nt les maladies qui amenent une grande gene daiss la eireulaliuii |)uln:onair.', ct que si celte lesion a ete meconnuc et consideree eouune tres-rare, et exelusi- vciEcnt propre a renfance et k la vicillesse, eela tieut a ce qu' il est rare de voii'un pounion d'adulh; earniiie dans toule son etendue. mais en rceliereliant celte lesion lorsqu'elle est encore parlielie el eu voie de foruiafion, on reconnaitra (jue sa tVeiiuence est iKMUcoup pins grande (luon ne I'avail p>:i!Se. Les Allemandsont sigiiale, Lien que sous des uonis diiVen uls, cette induration coniine propre aux nraladicsdu ca'ur, ( 1 out indique scs caracteres nn',To?coi)iqut's. Nous lisons dans un de Icurs traites d'ana- tomie palhologique (Cock-Lclu-bueli , dei; Pathol, axatojue. Leipzig, 185:2, p. 599) : " Par la longuo dnree de lliyperheiuie puhnonaire (particuliereuK nt » dans les maladies du coeur, et specialementlcs retrecisscmcnls ouri- " culo-ventriculaires gaudies) le pouuionnialade devicntljienplus dur. " plus tenace, plus dense, bruunoir, et ce!a par suite de la con ver:ioa de " riiemalinedusangextravasii en pigment (hematoidinei, (jui se preseute » aussi bien dans le tissu interslitiel que dans les paroisdes vesieules. » Celte induration a recu Ic nom de d'hypirlropliie on Indnratlon. " brun rouge, on induration pignientairo (Wircliow), et doit, d'aprt'S " Dittrich, resulter de raccroissement de la masse du tissu du pareu- » chyme aux depens des espaces des cellules pulmonaires, uiais sans '' augmeutalion du poumon meme. » Le mot earnilicaliou n'est pas iei prononc(?, niais eomme la descrip- tion niicroseopique se rapporte identiquement a celle que nous rap- porlons i)lus loin, il n"est pas douleux (luil ne s'agisso de la meme alleratioii. M. Ic docteur Mesnet a public, le "ii novcndire liS53, dans ILMoxMi;- niCALB (ann(?e 18o:3. page Soi), nne ob^er^atio^ do retrt'ds&eincnt ati- liculo-ventriculajre gauche, avec soul'fle au premier temps, oii se trouve decrile une k^sion analogue a celle dontnous nous occupons. Bieu que I'auteur ait eu surtout en vue d'apporter un fait interessant etd(5cisif, selon lui, en faveur d'uno dcs tlieories dcs bruits du cauir, il a decrit avec soin les modifications que lui a presentees le lissu yiul- monaire, augmentation de la resistance, de I'l^lasticite, pasdeliquide, ]j1us de crepitation, pas de dc^chirure a la coupe, tissu serre mais surnagcant Teau, vaisseaux brants plus volumineux. qu'a I'elat normal. L'examen microscopique de ce tissu a et6 fait par M. Cli. Robin, qui a constate : " Une diminution des fibres 61astiqnes normales,m^l(ies de fibres de " tissu ccUulaire et dY-lements fibro-plastiques, ('interposition entre les » Obres d'une substance amorplie finement granulee, qui ne se trouve « goitre que dans les cas de pneumonic chronique et contribuc ix don- » uer au tissu pulmonaire la density particuli^re qu'il pr^seute au tou- » Cher. ') Nous avons ici i'interposition d'une matiere amorphe de nouvelle formation, mais nous n'avons pas ces granulations pigmentaires dd- crites par Wirchow. Dans les observations suivantes, qui nous sont propres, nous aliens trouver ces deux Ifeions r^unies : HYPERTROPHIE DU CCKUR ; RETRECISSEMENT ArRICULO-^'ENTRIClILAIRE GAUCHE ; CARNIFICATION DES DEUX POUMONS. Obs. I. — Leiireton (Ernestine), giletiere, ;"igee de 21 ans, est entree le 5 jamier a rHolel-Dieu; die est couchee salle Sainte-Monique, n" 10 (service de M. Legroux). Le 6 Janvier, siifTocation, palpitations de coeur ; la malade s'essouflle tres- facilcment, n'a jamais pii courir. Cos accidents remontent a Vcnfancc. Pas de cause connue. Pas de causes morales. La region epigaslrique est doulou- rcuse; jamais d'ced^me des membres inferieurs. La malade est mal r6gl6e. Les autres fonctions se font bien. Creur tr^s-volumineux, voussure tliora- ciquc , fr(?missement cataire. Bruit de souffle rdpeux au premier temps, ne se prolongeant pas dans Taorte. Le deuxiferae temps est souffle, efTace. Le pouls est large et u'indiqnc pas un r6tr(5cissement. (Tilleul orange etpoudre de digitale, 0,10.) Le 18, IWmissement intense, bruit de soufTle tc^s-marque. Vesicatoire precordial.) Le 19, bruits et impulsiou du coeur moins iiitenses; toux, constipation. (Scammonee, 0,75.) Le 21, eruption de varicelle, maux de tete, de gorge et de reins. iLooch blanc avec eau delaurier- cerise, pediluve, sinapismes.) Le 23, Teruption se dess6che, mal de gorge, pas de fievre. Le24, il y a encore des v6sicules de varicelle bien transparentes ; mal de gorge persistant. Le 25, Eruption idem, battementset bruits du coeur plusdoux. Le 30, la varicelle est termin(?e ; le souffle du coeur est un peu plus intense. Le 31, intensity encore augment^e. (V^sicatoire precordial.) 1«' f6vrier. Pouls 72, d^prime ; souffle moins rude. Le 3, souffle moius intense, mais rapeux. Le 9, frisson vers midi depuis quatre jours. La rate est volumineuse; le pouls est a 88; unpen d'ictSre. Le sommet du poumon droit pr^sente un peu de resistance au doigt, un peu de s6cheresse respiratoirc. Tas de nile. Eu arri^re, aux deux bases, rale sous-crepitant. (Sulfate de quinine, 1 gr. en quatre doses; 1 pil. opium, 0,05.) Le 10, cyanose, paleur, anxiety tr^s-grande. Pouls 136-140, petit, presque imperceptible, mais assez regulier; peau fraicbe. Un peu de rale sous-cre- pitant a la base droite; d'ailleurs la respiration s'entend partout vesiculaire. Le foie est tres-engorge ; il descend presque jusqu'a rombilic. La matite5 pre- cordiale a 18 centim. de haul sur 16 de large. Voussure thoracique. Souffle rapeux au premier temps, plus lointain que la veille. (Vesicaloire precordial, sinapismes.) Le soir, pouls 112, peau plus chaude, moins de cyanose, encore beaucoup d'oppression. La maladeest morte le 11 f^vrier a huit heures du matin. AuTOPsiE. — Pericarde. — Un verre de s6rosite, pas d'adherence, ni de plaques laiteuses. CoEVR. — II pr^sente une hypertrophic assez considerable des oreilletfes ; les ventricules sent peu liypertrophi(5s. L'oriflce auriculo-ventriculairc gau- che prcsente un retrecissement tel qu'il n'admet pas I'exfrc^mite du petit doigt; il a apeupr^s le diametre d'une grosse plume; ses bords sont indu- res, mais sans osteides. Le coeur droit et les arteres ne pr(5sentent pas de b'- sions; on trouve un caillot volumineux et d^ja couenneux dans I'oreiUelte droite, mais rien n'indique que ce caillot ait du pr(?ceder la mort. Plevre droite. — On y trouve un epanchement et les traces d'une pleu- r^sie ancienne; fausses membranes epaisses et indurees a la surface du poumon. Le poumon droit est extremement dur; ce n'est pas de I'hepatisation, mais de la carnificalion, Le tissu gagne le fond de I'eau ; il est rouge passant au 8 gris.etsidur que lo doigt, que I'ongle m6mc ii'y penetre pas , il reagit sous la pression comme un corps dlastique; il ue preseute pas d'infiltralion, ni de suppuration, ni de tubercules; la pression n'cn fait ^couler ni sang, ni s^ro- sit(?. Quelques points seulement des bords du poumon out (5chappt^ a cctle alteration. Le poumon gauche a subi aussi presque en entier la meme alteration, bitn qu'a un dcgi'e moins avance et avec un pen moins de durete. Rien dans la plevrc gauche. Lefoie et la rate sont volumineux, tres-congestionnes. EXAMEN MICHOSCOPIQIE DU TISSU C.\R.MFIE; par M. CllAKLES ROBIN. — Lc tlssu pulmonaire montre sa texture normale, quant a I'arragement et a la forme des fibres t51astiques ; seulement entre ces elements anatomlques, on trouve une quantity assez considerable de matiere amorphe finement gra- nuleuse, infiltree au milieu du tlssu; elle renferme une assez grande (juan- tite de grains d'ht'matoidine amorphe, disposes par petils groupes ou amas. Un sait que ces groupes de grains d'hematoidine indiquent de petits epan- chements sanguins anciens. C'est la tout cc presente de particulier le tlssu pulmonaire. On Irouve dans les conduits bronchiques beaucoup de cellules d'epithclium pavimenteux, tel quil existe dans les derniers ramuscules, mais plus granuleux qu'a I'etat normal. Beaucoup de ces cellules par suite damas de granulations sont devenues spberiques; leur noyau n'est alors visible qu'aprf'S Taction de I'acide acetique ; la plupartcontiennent un certain nombre de granulations de matiere noire, large de 0'^'°,001 a Q,002. D'aulres cellules, mais beaucoup moins nombreuses, renferment des grains d'hematoidine, se distingi'.ant des precedents par un volume de trois a cinq fois plus grand, et surlout par leur coloration rougeatre ; dc plus, les grains d'hematoidine sont dissous par I'acide sulfurique, tandis que les granulations cbarbouneuses noires vestent inattaquces. La quantite de matiere amorphe infiilrec, dont il a ete question plus haut, est assez grande pour rendre compte des modilica- tiousquc le lissu pulmonaire presente dans sa consistance. Pas de traces de globules dc pus dans le mucus bronchique. Celte premiere observation est remurquable par la gt^neraiisation de la lesion, tout lc poumon droit et la plus grande partie du poumon gauclie etant carni[i(5s. La maladie est la meme que dans I'observa- lion (ie M. .Mosnet : retrecissement auriculo-venlrimilaire gauche avec soullle au premier temps : mais la lesion pulmonaire a 6te plus pro- uoncee. 11 est dit ici que le lissu pulmonaire gagnait le fond de I'eau ; dans Tobservation de M. Mcsnel, il est dit, au contraire, que lc tissu indurc suraage I'eau; il n'y a. d'ailleurs. pa,s d'hematoidine dan- le parenchyrac pulmonaire. 9 HVPERrnOl'HIE Dli COEUR AVEC RETRECISSEME.Nf DK LORIFICE AURICULO- VENTRICUL AIRE GAl'CHE. Obs. II. — Dubiiat iMarie), chapeli^re, agee de 35 ans, est entree le 19 jau- vicr 1854 a I'Holel-Dieu ; ellc est placee au n° 1 de la salle Sainte-Marie (ser- vice de M. Legrouxi. Celle lemme est malade depuis cinq semaines ; mals elle est deja sujette a des acces d'asthinc depuis quatre ans, a la suite d'une maladie qui sembie avoir ete unc pleuresie. La uialaJe est sujette a des palpilations de cceur de- puis dis-huit niois; elle a cradle du sang quelquefois, elle s"enrhume faci- lement, et plusieurs fois elle a eu Ics extr^mites inferieures enflees. Elle a de frequentes altaqucs de dyspnee ct d'orthopnee. C'est par acces et surtout le soir que lui prend la sufTocation. Le 20 Janvier, le pouts est a 72, petit, regulier. La percussion de la region precordiale denote une matite assez etendue. Le thorax presente une vous- siire maiiileste et I'impulsion du cceur est tres-forte. A lauscultation ducoeur, on entend nu bruit de souffle au prcmirr temps, dont le maximum est a la poinle du ca>ur et qui ne se prolonge pas dans Taorle. On n'enlend aucun bruit aiiormal au second temps. La percussion du thorax donne un sou clair ct ia respiration est v(:'siculaire partout, si ce n'est quelques rales huniide et sibilants aux deux bases. iLierre terrestre ; potion avec tarfre stibie Ogr-.Oj, ipeca Isr ,00, sirop d'ip(5ca ISs"" .1 La malade vomit bien et se trouve sou- lagee. Le 21, meme tisane. Julep avec acetate d'ammoniaque 4 gr., exirait the- baiciue 0,05, extrait de belladone 0,05; frictions avec le liniment ammonia- cal camphrt''. Le 22, la meme prescription est conlinuee; la malade eprouvaiit un grand suulagement demande a sortir le 13 fevrier 1854. Le Gjuiu 1854, elle rentre a I'hopital, salle Saint-l'ierre, n" 31. Les acces de sulfocalion sont tres-rapproches et ties-intenses ; la face exprime une grande anxiete lespiratoire. Les membres inferienrs sontenfl^s; le pouls est petit et irregulier. On retrouve les signes mentionnes ci-dessus, la voussure, la ma- tite precoi'diale, etc. On percoit un bruit de souffle au second temps. (Potion vomitive, saignee conditionnelle.) Le soir et le matin suiv.ant, la saignee n'est pas faite, le vomissement ayant calme un peu la malade. Le 7, la malade est prise, a cinq heures du soir, d"un accte de suffocation si grave, avec menace de syncope, que I'interne, en arrivant a la visile du soir, a a peine !e temps delui pratiquer une saignee, ijui la retire cnlin d'un etat tres-voisiu de la moit. Les jours suivants, la malade est plus calme, la dyspnee ev>l [dus suppor- 10 table. Elle est mise a la potion avec oxymel scillitiqiie et sirop d'ipeca, dc chaque 16 grammes. Le 9, le bruit de souffle au second temps a disparu. On percoit uue sen- sation de frottement du tour. (M6me traitement.) Le \1, on essaye la medication purgative iqiiatre pil. Boutinst. Cette medica- tion produit une diarrhee extremement abondante ; les extremit^s inferieures se desenflent, la respiration est plus facile. On continue. Le 16, la diarrMe est trfes-abondante ; deux vomissements ont eu lieu. La face se chol^rise. (Suspendre les pilules; riz, sirop de coings, julep avec ex- trait d'opium 0,10, sous-nitrate de bismuth 4 gr.; deux quarts de lavement laudanise.) Le 17, diarrhee chol(5rique, facies idem. Le soir, engouement pulmonaire, oppression. La malade meurt le 18 au matin. AuTOPSiE. — Le coenr est hypertrophie. Retr^cissement auriculo-voutricu- laire gauche avec cartilaginification de I'oi'iflce, qui admet a peine I'exfre- mite du petit doigt. Rien a I'orifice aortique : les valvules sont suffisantes et presentent seulc- ment quelques points durs insigniflants. Le poumon gauche est adherent aux c6tes et carnifie. Un morceau de poumon carnifie est soumis a I'analyse par M. Ch. Robin, qui y recoimait la meme alteration que dans le cas d('ja cite, la presence d'une malitre amorphe, renfermant une grande quantite de grains d'hema- to'idine. Cette observation nous montre une difference notable dans les bruits du coeur ii deux epoques difl^rentes de la maladie : soui'lle au premier temps (Tabord, souffle au second temps, cinq mois plus tard. La lesion pulmonaire est la meme que pr^c6demment ; on I'observe dans le pou- mon gauche seulement, et non dans le poumon droit, et le poumon gauche, comme dans notre premiere observation. La troisieme observation va nous monlrcr la meme lesion pulmo- naire dans un cas fort curieux pour la tbeorie des bruits duca^ur; c'est une insuflisance auriculo-ventriculaire gauche avec souffle au second temps, sans alteration de roritice aortique. HYPERTROPHIE DU COEUR AVEC INSUFFISANCE AURICULO-VENTRICULAIRE DROITE ; BRUIT DE SOUFFLE AU DEUXIEME TEMPS ; CARNIFICATION DES POUMONS. Obs. 111.— Schott (Johann), age de 30 ans, journalier, nea Darmstadt (grand duche de Hesse). Entrd le 24 aoiit 1854, a rH6tel-Dieu, sallc Saint-Louis, n" 12. service de M. Legroux. 11 Venn a Paris depuis le matin seiilement, le malade s'est trouvc dc suite daus un titat qui a n^cessite son transport a I'hopital. U ne parle qu'un mau- vais allemand, ce qui rend difTicilc d'apprendre de lui des commcmoralifs detailles et precis. II dit seulement que depuis deux ou trois aus, il est sujet a des palpitations de cocur tres-penibles. Depuis six semaines, il tousse el crache beaucoup. Le 24 au matin, il sul- foquait complelement. Lc 25, le malade a la face boufTie et les extremit^s leg^reraent infiltrees, les l^vres cyanosees; la respiration est tres-anxieuse; le pouls petit et fre- quent. La percussion du thorax accuse, en arrifere a droite; une matit6 prononcee. On n'entend pas le munnure respiratoire, et Ton percoit de I'egoplionie a Tangle de I'omoplate. Le ccEur est tres-volumineux, son impulsion est tres-forte. La matite pre- cordiale commence au niveau de la troisieme cote et va jusqu'au bas de la region thoracique. Ii'auscultation du coeur fait entendre uu bruit de souffle rdpeux au deuxieme temps, tres-bien limite, a 3 centimetres en dedans du mamelon; pas d'albu- mine dans les urines. (Tisane aperitive; potion tartre stibie 0,05, sirop d'ipe- ca 30, poudre d'ip^ca 1 ,50 ; di6te.) Le 2G, le malade a bien vomi, il est bien degag6 ; la respiration est plus li- brc, la face moins boufTie. (Meme prescription ; bouillons, potages.) Le 27, il a beaucoup crache et encore vomi, et, depuis la veille au soir, il a beaucoup de chaleur et de sueur. La matite precordiale est moins etendue, sa limite supcrieure s'arrete plus bas qu'auparavant, ce n'est presque plus qu'au niveau de la quatri^me cote. (Meme prescription; v^sicatoire pre- cordial.) Le 28, respiration plus libre, crachafs ^pais etabondants; pas encore d'eft'et diuretique. (Meme tisane, meme potion.) Le 31, la respiration est bien degagee ; les bruits du coeur sont plus forts, yilus diffus ; le souffle se passe probablement dans le p^ricarde , la matite pre- cordiale a sa limite a la quatri^me cote. Encore de la matite en arriere a droite. (Meme tisane; snspendrela potion ; v^sicatoire sous I'epaule droite en arriSre ; une portion d'aliments.) Le 2 septembre, la diurese est (Mablie ; le malade pisse plus qu'il ne bolt ; les bruits du cocur sont plus dilTus. (Tisane aperitive; infusion polygala : oxym. scill., sirop d'ipeca, de chaque 16 grammes, tartre stibie 0,05.) Lc 5, bruits du coeur doubles, diffus; piaulement par moments; matite etendue, souflle, broncho-cgophonie en arriere a la base. (Meme pres- cription.) Le 6, crachats un pen teintes, bruits du coeur enveloppes d'un bruit sourd, (M6me prescription.) Lc 7, le pouls pri'sciitu uii retrait ; piaulemeut frequent. (.\I(^me prescriplion ; \osicatoire precordial.) Le 8, bruits de piaulcment diminues. Le9, la nialite au-devaiit dn c(cur renionlc jusqu'au deu.ti^me espace inter- costal. Le eo'ur bat jusqu'a celte hauteur, ct scs baltemeuts tres-forts soulo- vcnt la pollrino. Le bruit de soufllc au second temps arrive jusqu'a la pointe ; il est vibrant. En arrierc a gauc'ic, matite dans la nioitid inf^rieure ; soufllc dans le tiers infLTirur.rnle sous-eropitant enavaut a droite a la base ; crachats pueumoniques forlement tcinles. AuxiOte respiratolre ; levres, paupieres cya- nosecs; pouls a 96, avec retrait. iSaignee do 300 grammes ; mauve sucree; potion avec tartre stibie 0,20, oxym. scill., sirop ip(5ca, de cbaque 16 gram.; sinapismes ; diele.! Le soir, matite precordiale dimiuuec; impulsion du ca-ur etsoullle a gauche nioins foils. A droite en arrierc, pen do res[)iration en avant et sur le cote ; rale crepitant plus etendu , pouls fort et frequent, 90 a 90. (Ventouses scari- fices p trois palettes sur le cdte droit.) Le 10, pouls a 100 ; battements du canir raoins forts, moius de rale.Le sang de la vcille n'cst pas concnneux ct il y a cu pen d't^vacuations ; les bras sonl iiitillrcs. L'lirine ei( tres-albumineusc etbilieuse verdit par I'acide nitrique*. (Meme tisane, memo potion ; sinapismes.) Lc II, pouls a7"2; nioins d'uedeme anx extiemites; toujours de la boutTis- si:re de la face Matile precordiale moius utendue, baltemeuts moins forts. A gauciie, rale Lronchique a grosse buUe; a droite cu arrierc a la base, soulDe; en avani, peu dc niles muqueux; crachats composes de mati^res transpa- rcntes et jaunalres, avec des points sauglauts. (Meme tisane, memo potion avec tartre slibie 0,30; deux bouillons, potages.) Le 12, pouls inegal, intermittent, depressible. Urines contenant moins d'al- luMiiine et ne verdissant plus par I'acide nitrique. ^Meme prescription.^ Le 1.3, pas de fievre; la mulite precordiale descend jusqu'au-dessous du mamclon gauche, et se separe bien par un intervalle clair de la matite pleu- reliijue, qui regne en dehors ct en arriere. Le soulTle au douxieme temps s'en- tend bien u dtux doigts au-dessous et en dedans du mamclon. Lcs espaces intercoslaux du coeurse depriment. A gauche, a la base, souffle, rale crepitant etmatiledanslamoitieinferieure. Adroite, alabase. I'ale muqueux et sibilant. Encore un peu d'epanchement abdominal ; bouflissure et (laccidite des parois ; plus d'ulbumine dans les urines; une selle; pas de vomissements. (Meme prescription.) Le 14, un peu d'alhiirnine dans I'urine ; pouls 01 ; retraction des espaces in- tercoslaux. Meiileuretat. iMauve sucree; potion avec tartre stibieO, 15, oxym. scill., sirop ipcca, de cluvpic iO grammes.) Le \b, pouls 68; bon elat. fMcnic potion sans tartre slibie; uuc portion d'a- linH•ut^.■ 13 Les jours suivauts, I'etat est meilleur. Lc 2i. un pcu de dyspnee ; baltemenls dii ciuiir ll•L■s-!'ol•l^ ; fcmflle fori ; doil- leiir au c6te gauche en arrii're; face pale, anxieusc. (J'auve sucn'v ; pnliori avec oxym. scill., sirop ipeca, fartre stibie 0,25 ; diele.) Le '25, a droite, ralo cirpilant ; cracliats visqucux, sanguiuoleni? ; urine lri>s- alburaineuse. (M^me prescription.) Le 26, pouls a 90, fort; face bouiTio; cracbats uiuquoux, uou visqucux, in- colores; matitc thoracique diminuee. \ droite, rale crepitant inegal; liatte- ments du cocur forts; la matite n'est pas angincntcc; soulTle au deuxic^nic temps moins intense. Les urines .«e prcnncnt en unc ma.s.'^e verdutreparVac- tion de I'acide nilrique. iM6me prescription.) Le 28, pouls a 70; crachals ni sanglants, ni visqucux; toK-rance du tartrc stibi6; rales divers en petite quanlite. (Mcnie prescription; bouillon; po- tage.) Lc 29, a la cuisse droite, sur le trajct de la veine sapbcne interne, a 5 cen- timetres au-dessus du genou, cordon noueux long de 1 decimetre; rongeur a lapeaii; douleur; varices a la jambc. (Meme prescription ; cafaplasme ; une portion.) Le 4 octobre, itlusricn a la cuisse; battements da coeur forts. (Potion sti- biee, 0,030.) Le 5, battements du ca^ur tres-violcnts ; rale crepitant huraide et a grosses bulles dans toulc I'cteudue des deux poumons; orthopnt^e ; cracbats mu- qneux; pouls a 90, faible; bonfTissure de la face; cyanose des levies; sueur faciale; toux; ventre boufTi; extr^mitc^s bouflles, cyanosees. L'urine seprend en masse sous rinfluence de I'acide nitriqueet dcla chaleur. (Potion stibiee 0,30, sirop ipeca 30,0, poupre d'ipeca 1,50; sinapismes; mauve, gomme, ni- trate de potasse 4 grammes ; deux bouillons, potage.) Le 6, pouls frequent, dcpressible; face boulTie ; battements du coiur tumul- tueux, intenses; rales sous-crepitants et niuqueux pen abondants; souffle a gauche. (Meme potion, meme tisane; vesicatoiresurle c6tc gauche.) Le 7, le souffle a remonte a gauche ; eruption rubeolique Icgerement papu- leuse sur la poitrine et sur les membres. (Inf. acetate d'ammoniaque 8 gram., sirop de pavot 16 grammes; supprimer le resle.) Le 8, quelques crachats pneumoniques ; cracbats abondants ; pouls a 80, releve; un peu de cyanose. (Meme prescription.) Le 9, lievrc, cephalalgie, anxicte respiratoire, cyanose, boudlssure, tou- jours des rales muqueux, crachats bronchiques cpais, region ombilicale dou- loureuse. iMeme prescription; bouillons.) Le 10, pouls frequent, constipation. (Eau-de-vie allemande, IG grammes.) Le II, l'urine est encore albumineuse. Le 18, ascite, flot prononce, choc du foie ; les crachats deviennent nummu- laires; matifc au sommef gauche, respiration sonfllante, pas dc ndes. (Inf. 14 polygala, oxym. scill., sirop ipeca , de chaque 10 graninios, taitre sti- bi6 0,05.) A la base droile, respiration encore soufllaute, quelques buUes de rale civ- pitant. Les 19, 20 et 21, memc(;taf. (Meme prescription.) Le 22, Ic bruit de soulTlc au occur est moins fort; proslratiou tr('S-grand<'. Le malade nc vomit plus ; deux selles seulemcnt. Les 23, 24 et 25, 1'ascite augmente. Le 26, agonie. Mort le 26 octobre a dix heures du matin. AuTOPSiE. — Encdphale. Epanchement sdreux dans les meninges. Rien dans les ventricules ni dans la substance ceirdbrale. Abdomen. Epancliemcnt sereux considerable (ascite). Rien de particulier aux visc^res gastro-intestinaux. Le foie est noiratre et gorgiS de sang. La rate est ^paisse et dense, sans hypertrophie. Les reins, nageant dans une masse de tissu cellulaire infillre, comme gela- tineux, ne pr(5sentent pas d'alteration ; lis sont seulement un pen conges- tionnes. Plevres. Toutes deux pleiues de s(5rosit(5, avec quelques vestiges de pleunS sie chronique (fausses membranes). Pe'ricarde. Rempli de s^rosit^ claire; pas de fausses membranes. Cceur. Hypertropbie considerable, surlout du vcnlricule gauche. Le ventri- cule droit est egalement dilate et un pen epaissi. Quelques lacbcs blanched a I'exterieur du cceur, mais pas assez importantes pour donner naissance a uu phenomena stethoscopique. Valvule niitrale epaissie, leg&rement cartilagineuse, mais souple el insuH'i- sante. L'orifice auriculo-ventriculairc gauche est assez large, inais il a con- serve sa souplesse ; toute la surface environnantc de I'oreillette gauche est blanchalrc. L'orifice aortique prcsenle des valvules un pen epaissies et dont les bords sont legercment grauuleux, mais elles sont sufl'isantes et reticunent I'cau ver- s^e dans I'aorte. L'oriflce auriculo-venlricidaire droit est extremement l.\rge ; il recoil Iruis doigts de la main; la valvule iricuspide, miucc, transparente, est reduite a uu feston insuffisant. C'est surtout la portion pulmonaire du ventricule qui est hyperlrophiee. Rien a noter dans Torilice de I'art^re pulmonaire. II est evideot qu'il y a eu endocardite; mais le bruit au deuxieme temps est inexplicable par I'absence de lesions aux orilices art^riels ; il ne pent non plus 6tre attribu^ au pdricarde. 11 faudvait le ratlacher a l'insunisanr(> auri- 15 culo-venfriculaire par la penetratLou du sang dans le ventricule pendant la diastole, eii passant sur des valvules alt^r^s. Poumons. Le poumon gauche est d'un petit voliune ; son tissu est assez dense, pen gorg^ de sang et d'une teinte lie de vin. Le poumon droit, plus volumineux, est beaucoup plus indure et pr^senlc a la coupe I'aspectetla resistance de la carnificalion.Une tranche de ce tissu est soumise a I'analyse microscopique par M. Ch. Robin. Elle pr^sente les monies caracteres que le tissu pulmonaire carnifle dans des cas semblables d'obsta- cle a la circulation (matiere amorphe de nouvelle formation, cristaux d'h^ma- toMne, etc., etc.). Dans les trois observations qui precedent, il s'agit de maladies du cffiur fort avanc^es, ayant apport6 un trouble tres-manifeste dans la circulation et dans la respiration. On concoit, dans ces cas, la produc- tion plut6t mecauique des petits 6panchenients sanguins, qui donnenl naissance a la lesion que nous decrivons. L'observation suivante va nous montrer la memo lesion, avec une maladie du coeur fort l^gere, mais en revanche avec une tuberculisa- tion pulmonaire tres-considerable. ENDOPERIOARDITE LEGERE ; PHTHISIE PULMONAIRE ; CARNffTCATION DU POUMON SAIN. Obs. IV, — Jouffran (Adolphe-Alexis), garcon perniquier, ag6 de 18 ans, est entr6 le 26 octobre 1854 a I'Hdtel-Dieu, salle Saint-Louis, n" 5. Ce malade pr^sente a son entree des symptOmes d'aflfection du coeur, un bruit de souffle au premier temps, de la suffocation, etc. Les jours suivants, on le consid^re plutot comme atteint d'une p^ricardite, et on le reconnalt pour manifestement tuberculeux. Les sympt6mes de pericardite s'^tant asscz rapidement amendes, le malade reste dans la salle comme phthisique, sans que I'attention se porte beaucoup sur lui. II meurt le 4 decembre. A I'autopsie, on trouve : lUen dans les pl^vres, mais un epanchement p^ricardique assez abondant. La surface du cceur porte en plusieurs points de l^g^res taches laiteuses ; en avant on en trouve une beaucoup plus considerable et ^paisse, formant une v(5ritable fausse membrane. L'interieur des cavites du cceur ne presente a noter qu'une tr^s-legere trace d'endocardite (petites taches opalines). Les val- vules sont suffisanles et sans alteration, I'artere pulmonaire plus volurai- neuse que I'aorte. Le poumon gauche forme une masse dure, remplie de tubercules cms en masses ('normes. Au sommet, on trouve une caverne de la grosseur d'une noix. 16 Le poumon droil presentc quelques tubercules au sonmiel; le resle est rortetnent liypproiiiif', c[ le tissu piilmonairc est en plnsieurs points indure el comme earn i fie. Lexamoii inicroscopique monlre, en eflct, en ccs points unc alteration semblable a celle des observations pr(?c^dentes. II serait fori difTicile, dans cette observation, de rappoiter la carni- lication dii poumon droit a la b'gere maladie du cunir qu'a presentee le sujet. ?v'est-il pas pUis raisonnable d'admettre que la tuberculisa- tion enorme du poumon fiauclie en a eti^ la cause en augmentaut I'ac- tivile respiraloire el Ihyperemie du poimiou droit? La presence des tubercules n'est-elle pas aussi un obstacle mecani(]uo puissant a la circulation pulmonaire? N'est-elle pas encore unc source dhemorrlia- gies intersticielies? La presence dc points carniiies dans des pounions tubercuk-ux n'a doncrien qui doivc nous surprendre. Nous avons d'ailleurs not6 la nieme lesion sur une piece presenlt^c il y a pen de temps a la Societe anatomique par M. Cadet-Gassicourt. 11 s'agissait de poumons remplis de tubercules et creuses de cavernes en tous sens, et dont la plus grande parlie etait passee a I'ctat iibreux; quelques ilots de iiarenchyme encore intacts dc tulicrcules presenlaient I'induration que nous etudions. Nous devons a I'obligeance de M. Luys I'observatiou suivaute, oii il s'agit encore d'unehypertropliie du coour avcc relrecissement auricu- lo-ventriculaire gauclie; niais la lesion pulmonaire iin'senlc une dis- position un pen differente. iiYi>Eii'r«oi>un; dc c(»:iu ayec r.KTOixissK.vFAi \crk'ii.o-vkntkic.vla!hk CALCUE Obs. v. — La nonimee Forest, iigee de 4i ans, est entruc a I'liospice de I;j Salpetricre, salle Saiute-Cecile, n° 7, dans le service dc M. Moissoiicl. Depuis dix-scpt an? elle a toujours en dc la peine ;i respircr. Elle fait re- monter le dclmt de sa maladie a la suite dune course prolongce. Celtc mala- die etait caracteris^e par des acc^s de sufTocation et de dyspnea voisins de ta syncope, contrc les(inels la saignee seuleiiouvait (pielipie ctiose. La n''gion precordiale (itait trL'sdoulonrense et les palpitations tres-vives et trc-s-fn^- ([uentes. bans les trois dcrniers mois, on coiistatail unc inatitc prc^cordiale (!'tendne. pas de bruit anormal au ccpur, et dans la poitriue des rales crepitants ct sous- crepitants diss(''mines ; an snmmel droit et en dedans unc expiration In'-s- prolongee. 17 Dans les derniers temps, rocdfemc survint dans les raembres inWrleurs et suivit une marche ascendante, puis arriv^rent quatre on cinq jours avant sa morl des crachats h^moptoiques tr6s-abondants. EUeadit, dureste, avoir eu plusieurs fois dt^ja des hemoptysies rep^t^es. EUe meurt dans une syncope le 22 mars 1855. AuTOPSiE. — Dilatation hypertrophique du cffiur; toutes les cavite^s sont dilatces ; I'orilice auriculo-A'cntriculaire gaucbe est tres-r^treci et perraet u peine rintrodnction dc la pulpe dn petit doigt. Ce retr^cissement est lbrni(i pur des masses polypiformes charnues et denses. L'oreillette gauche com- pletement dislendue par un sang noir et coagule en masse. Les poumons sout tres-vohuiiincux et semblent a I'etroit dans la cage tho- racique. Logercment emphy3(5matcux, its pr^sentent une augmentation de density qui cependant ne les empeche pas de surnager lorsqu'onles projette sur I'eau en totalite ou en fragments. En les incisanf, il s'ecoule uu liquide spumeux, et le tissu pulmonaire presente I'aspect carnifie avec un grand nombre de points noiratres, sur lesquels nous allons revenir, et qui paraissent dus a du sang extravas^. Au sommet droit, la oil existait I'expiration pro- long^e, le sang n't^tait plus epanche en points isoles, mais infdtre en masse dans la trame et luL donnait une consistance plus dure et plus r^nitente sous le doigt. Description du tissu pulmonaire et examen microscopique ; par M. Cli. Robin. — Le tissu pulmonaire est plus dense qu'a I'etat .normal ; il offre une resistance a la pression et une certaine elasticite, qui se rapproche de celle de la chair musculaire. Dans quelques points, on n'observe plus trace de cr(5pitation ; dans d'autres. au contraire, elle persiste encore, mais a peine perceptible. Partout ce tissu est parseme de laches ou mieux de petites masses lenticulaires ou spheroidales; elles ont a peu pres le volume depuis un grain de millet jusqu a celui d'unc lentille; elles sont (icarteesles unes des autres d'un centimetre environ et d'une maniere assez uniforme dans toute I'eten- due du parenchyme; elles ont une teinte d'un brun grisatre ou roussatre, ti- rant au noir vers le centre. Cette coloration va se perdant insensiblement vers la periph^rie et disparait sans ligne de demarcation bien nette. Le tissu pulmonaire interpose est d'un gris rougeatre bien plus fence qu'a I'etat nor- mal. La teinte de ces taches se distingue par la teinte brun rougeatre des laches causees par le charbon pulmonaire. Du reste, il n'y a pas ici de trace de la matiSre noire des poumons. Ces taches offrent la disposition anatomique suivante, qui rend compte de I'aspect exterieur que nous venons de d^crire. Les interstices des fibres du parenchyme pulmonaire sont litteralement in- filtr^s de granulations d'hematoidine qui, sous le microscope, sont s^par^es los unes des autres par I'epaissour mOme de ces fdjres, de telle sorte que, ca et la, elles paraissent on Ires rapprochees on mi^me contignes; il en r^sulie, MEM. •> 18 pour les pi'cpdi'alions ijiOuio les plus niiuces, placees sous le microscope, ijuc opacite toule parliculicrc ; Icnseinblc de ccs granulations cl'li(Jmatoidlne rc- pr^sentc unc masse qui est ogalc, siiion superieure ii celle de la lutalite dcs fibres. Outre ces grains dhematoidine epars dans I'epaisseur du parenchyme, on remarque que la plupart des cellules epilheliales pavimenteuses, qui ta- pisscnt normalenient les canalicules respirateurs, sont remplies dc grains d'Mmatoidine. Certaines de ces cellules renferment des granules d'hdmatol- dine en assez petit nonibre pour que leurs noyaax soient encore visibles. Ln outre, les parties de la cellule, ne contenant pas d'bemaloidine, conservent I'aspect finement granuleux qu'on observe a I'citat normal. La plupart des cellules sont au contraire enti^rement remplies de grains d'b^niato'idine, elles sont encore distendues par ces grains, et beaucoup d'cn- Ire dies out acquis un volume double du volume normal. Ces cellules pen- vent 6tre comparees, pour leur aspect g^nt^ral, aux cellules devenues gra- nuleuses par suite de dep6ts de graisse; seulement, au lieu de granula- tions graisscuses, elles renferment Ibematoidine a lelal de grains bru- natrcs. II nous reste maiutenant a decrire isol(5ment ces granulations, en prevenant d'aburd que ceiles qui sont renfermL^es dans les cellules sont generalement plus petites que les granulations libres, c'est-a-dire ceiles contenues dans Ic parenchyme pulmouaire entre les librilles, et non dans les cellules. Toute riiematoidine que Ion observe dans cette lesion presente I'elat amorpho, et nuUe partl'ulat cristalliu.Tuutes ces granulations dbematoidine amorpbe va- rientdepuisO"'"',001 jusqu'aO°'"",021 de diam^tre. Elles sont presque toules polycdriques a angles arrondis, et quelques-unes spbero'idales on ovo'ides ; leur peripheric est foncee, noiralre; leur centre est dun jirun rouge, lirant un peu sur le jaune ; enQn, toutes refraclent fortement la lumiere, comme le fait habituellement riiematoidine. Cette production morbide resulte evidemment des modifications que Ion observe habituellement sur les globules sanguins infillres dans I'epaisseur des tissus : iis ofi'rent en etfet constamment alors une destruction de la sub- stance azot(5e proprement dite, avec persistance de leur matiere colorante, qui subit des modiiicatious de teiute et dc reaction cbimique tellcs, qu'elle constitue alors un veritable principe imm^diat nouveau, qui, en raison de ce fait, a recu le nom i'hematoidine au lieu de celui d' hdmatosine que porte Ic principe normal. Dans cette observation, comme dans celle de M. Mesnet, le tissucanii- fi6 siirnage Feau, ce qui s'expiique ici du reste par I'litat emphysema- teux du pouraon, et par les petits intervalles encore crepitants qui se- parent les Hots formes par les amas d'h^mato'idine. La lesioa pulmonaire diff^re ici de celle que nous avons d^rrite dans ly les observations precedenles, seulemcnt en ce que riiemaloidinc y esl reunie en masses plus compactes et plus doign^es les unes dcs autres par des interstices de parencliyme moins 61oign^s de I'^tat normal. Cc n'est pas une difference essentielle, c'est une difference de disposition d'une meme lesion. Ici le tissu pulmonaire a laisse ecouler par la pression une serosite spumeuse, tandis que, dans les faits pri^cedents, le tissu carnifie elait sec; mais cette difference s'explique facilement, puisque I'alteration porte sur des Hols de matiere separes par des interstices presquo sains. Dans la these inaugurale de M. E. Rossen (30 mars 1855), sur les congestions sanguines dans les maladies du cceur, nous trouvons iiidi- quees, dans les observatious VI et VII, des indurations pulmonaires qui paraissent analogue a celles que nous avons d^crites ; mais I'au- teur n'est pas assez explicite, et la lesion n'a pas ete examinee au mi- croscope. M. Legroux, medecin de I'Hotel-Dieu, nous a dit avoir une observa- tion d'alleration pulmonaire serablable dans un cas de maladie orga- nique du cffiur. (Pas d' analyse microscopique.) Nous Savons que des cas analogues out 6te observes par d'autres per- sonnes; nous sommes persuades que les exemples s'en multiplieront si on les recherche. CONCLUSIONS. Pour nous r^sumer, nous dirons que cette lesion pulmonaire : l°S'observe chez les adultes comhie chez les vieillards et les enfants, et serable se lier avec une affection organique du co3ur ou une affec- tion clu'onique du poumou ayant occasionne une grande gene de hi circulation pulmonaire et determine des h^morrhagies intersticiellcs ; 2" Qu'elle se trouve souvent dans les deux poumons, mais semble plus ordinaire et plus prononcee dans le poumon droit; 3" Qu'elle a pour caractere principal une induration du poumon avec augmentation de l'61aslicite et de la tenaciie du parencliyme, qui lui donnent la consistance de la chair musculaire; 4" Que le tissu indur6 est ordinairement sec et plus dense que I'eau ; que s'il laisse echapper quelquel'ois une serosite sanglanle ou spu- meuse, et s'il suruage quelquefois i'eau, cola semble tenir unique - ment a des interstices de parenchyme qui ont echappe a la lesion ; 20 5» Que cette lesion peut se presenter -a dcs degres plus ou moins avanc^s ; 6° Qu'ellc consi?le : I'ossenliellemonI dans I'inlorposition cnlre li'S elements normaux du lissu pulinonaire d'unc matiore amorphc de nouvelle I'ormation; 2" et successivement dans la presenre de granula- tions d'h^maloidine i)rovenant d'hemorrhagios interslicielles anle- rieures, granulalions qui peuvent presenter deux dispositions princi- pales : a une infiltration genc^ralo; b une disposition en amas ou ma- melons separes par des interstices prcsque a I'etat normal. 11 nous reste, pour terminer, a abordcr une question tres-grave. Cette lesion, si scmblable, par ses caracteres exlerieurs, ii la carni- fication d^crite dans la pneunionie des vieillards et celle des enfanis, est-elle identique sous le rapport des caracteres niicroscopiques? Nous n'avons pas encore de faits qui nous permeltent de decider la question. 11 est probable que, chez les vieillards, Palteration est telle que nous I'avons d(icrite; mais, chez les enfants, chez qui les maladies du coeur sont si rares, la carnificationsenible devoir etre rattachee a unephleg- masie du poumon ou des bronches : il serait interessant de savoir si Ton trouverait une alteration de tissu identique ou seulement analogue i celle que nous decrivons. Nousnous proposons d'^tudier les premiers faits qui se presentcront a nous, et d'olurider s'il se peut les descrip- tions si confuses que nous donnent les auteurs sur les alterations pa- thologiques du poumon chez les enfants, et notamment sur I'^tat fa^tal ou I'alteration du poumon, conune disent les Allemands. Pour MM. LegendreetBailly (Reoherches ANATOMO-PATHOLOcrQiES sur QL'ELQUES MALADIES DE LEXFAXCE, 18'i()), Ics iuduralions pulmonaires consider(5es jusqu'a present comme des noyaux dissemint^s de pneu- monie lobulaire ne sont autre chose que des portions de poumon reve- nues a I'etat fa?lal, et la pneumonic lobulaire est une alTection enti6- rement etrangere a rinflanimation. Cette lesiou serait consecutive au catarrhe pulmonaire chez des enfants debilites, et ces auteurs I'expli- quent par I'obliteration des bronches, qui perniettrait aux cellules de revenir surelles-memes, retrait bien difficile a concevoir, puisqu'onse demande comment elles auraient ete privies d'abord de lair ou des mucositfc qui les remplissaient. Le docleur Weber (de Kiel) se rattache a cette opinion (Anatcmie pa- THOLOGIQUE DES N01!VEAU-NES, 1852 ; BElTn^T. GE ZIR PATHOL. ANATOM., ETC.) ; il admet I'identit^ de I'etat foetal du poumon qui n'a pas respire avec la pneumonic dile fuetalo; il rattaclic aiissi Cflle-ci a la bronchopncu' nionie, ct adinet roxi)lication mecaniqiii' du retour ii I'clat foHal par J'oblileration des bronclicr. II cniel aiis.-i ccltc opiuion tiognlieix-, ([uo I'alelactasie est la cause de la persistance du trou de Botal, et d'alll'c- tions consecutives du coeur. Ne faudiait-il pas relouruer la pi-o- position? MM. Rilliet ot Bartlu-z (Tiiaite dks maladiks ui-s enfants, 1853-54), sans repousser le nom d'etat fa-lal, n'y atlachent pas iin sens rigou- reux et nc le regardent que comine one expression metapliorique. Friedleber (Ueber atelectasis) admet, an conlraire, Tidinlite de I'elal I'ojtal, et s'attacbe a la demonlrer par une description coni]iaralive ininuteuse; niais il n'admet pas (pi'un pounion (jui ail respire fasse un pas en arriere pour revenir a Irlat fojlal. En uu iiiol. il n'admet qu'une ateleclasie congi'nitaie, <{ui jieut se prolonger pendant des moiseldes nausces; niais la lesion n"est jamais (]u'un arret de deve- loppement. G'est la sans douteanssi tout ee qu'onlvouki dire MM. West, Hasse et Jorg dans des Iravaux anlerii-urs. En presence de taut d'oi)iuionsdivergenles, (jui ne reposent que sni- des analogies apparentes dans les caracleres exterieurs et sur des in- ductions liasardees, on doil regretler rinsullisance des reclierches laites jusqua presenl, el desirer que Tliistoire des alleralions pulmo- iiaircs des enfants soil assise sur I'analyse microscopique, qui seule pourra Iranclier la question el decider de I'identite on de la noii-ideu- tite de I'etat i'a'tal congenita! ou de relour. En attendant que des fails et des observations positives nous per- n:etlenl de nous prononcer, nous avouons notre repugnance a ad- nietlre I'inductiou de MM. Legendre et Bailly, non plus queieur expli- cation tlioorique du retrait des cellules pulmonaires. Conlentons-nous de dire aujourd'hui que la carnilication (pie nous avons observec dans les cas ci-dessus n'est pas I'etat ftetal, niais bien une Ifeion speciale ayant ses caracleres raicroscopiques bien tranches. Nous avons ele embarrassesdu nom que nous devions donner a celte lesion; ces noms des Vllemands : hypertrophic on indunUion bruii rouge ou pigmenlaire, ue sont pas exacts, car 11 n'y a pas hypertro- pliie, rinduralion n'est pas toujours brun rouge, et la niatiere inter- posee n'est pas un pigment Le mot cumificaiion a I'avanlage de bien expriiuer la consistance speciale du tissu ; mais il I'allait la distiiiguer de la carnitication decrito jusqna present coiiime inflaoiniatoire. avcc ^2 laquello die n'est peut-etrepas idenlique. Le mot do caniification car- diopat hiq ue diimnt bien exprime son etiologie pour les cas ci-dessus; mais il a le d^savantage de restreindre une lesion qui est peut-6tre plus generale. Nous avons pref6r6 le nom de carnification congestive, qui neprejuge rien. RAPPORT SCR m ntmutu u iii. BKOWN-seoutRD RELATIVES AUX PROPRIETES ET AUX FONCTIONS MOELLE EPINIEP.E, Lu a la Societe de Biologic, le 21 juillet 1855, Par M. PAUL BROCA, au nom (J'lme commission compose'e de MM. Cl. BERNARD, BOULEY, BROCA, GlRALDliS, GOUBAUX et VL'LPIAN. Messieurs, Lorsque Charles Bell communiqua a la Societe royale de Londres ses pre- mieres reclierclies sur les fonctions des nen's rachidiens, la physiologic du systeme nerveux entra tout a coup dans une fere nouvclle. Oa avail cm jus- qu'alors que la moelle etait un gros ncrf, dont toutes les parlies presidaient a la fois, comme les coi'dons nerveux des membres, a la sensibility et au mouvement. En dehors de cette donnee generale, on n'avait sur les fonc- tions de la moelle que les notions les plus confuses. On repelait depuis Ga- lien que les deux moities laterales de cet organe ^taieut independantes I'une del'uutre, et que chacuiie d'elles regissait la moitie correspondante des •24 membres ct du tronc; on coimaissait, depuis Mistichelli, I'existence de I'en- trc-eroisemeut partiel dcs pyramides antericures, ct on explic[uait ainsi la frequence dcs paralysies croisees; enlin I'rochaska ct Legallois avaicnt prouvd que la moelle posscdait la proprletc dagir quelquefois a la nianiere d'un centre nerveux. Mais ces donnees ctaicnl insuffisautcs : la physiologic des nerfs dtait toiijours pleiue de contradictions et de myst^res, et persounc encore n'avait pu expliquer les fails, si communs pourtant dans la pratique, oil une nialadie detruit isol(?ment la faculte de sentir et la puissance raolricc, ces deux grandes proprietes du systeme nerveux. La decouverte de Charles Bell fut commeuu trait de lunii^re et fut acceptee dans le monde savant avec un enthousiasme m6rit6. L'illustre physiologiste anglais venaitde surprendre un des plus beaux secrets de la nature. Guide par I'auatomie, eclairc par quelques vivisections et par des experiences beaucoup plus nombreuses faites sur des animaux expirants, il avait pour la premiere fois demontru que les proprietes si diverses des nerfs dependent de la diversiid dc leur origine centrale, que les racines postcrieures de.< paires racliidiennes president seulcment a la sensibilite, et que la puissance qui met en jeu les muscles du tronc et des membres est exclusivement de- volues aux racines anterieures. Cette decouverte elait toute une revolution ; a elle seule elle eut sulTi pour rendie imperissable le nom de Charles Bell. Mais I'esprit humain est avide de syst^mes ; a Tobservation qui marche len- lemcnt, etqui poursuit la verite a Iravers des sentiers epineux, il substilue Yolontiers le raisonuement, I'induclion trompeuse et les seduisautes concep- tions de la theorie. Bien rarement les hommes qui decouvrent un des grands Iihenou:encs de la nature savent se defeudie d'une generalisation prematureo qui les conduit a I'edification d'un systeme. Charles Bell obeit a la loi com- mune. 11 ue se contenta pas d'avoir decouvert les proprietes des deux ordres de racines, il crut pouvoir deviner les fonctions respectives des divers fais- ceaux de la moelle. Les faisceaux posterieurs de cet organe, a cause de leurs connexions avec les racines sensitives, lui parurent etre les seuls conduc- teurs de la sensibilite; tandis que les faisceaux anterieurs et lateraux, qui sonl en coiitinuilc avec les racines motrices, lui parurent exclusivement destines a I'c.xcitation du systeme musculaire(l). Cette double conclusion semblait fort legitime ; mais il lui manquait la sanction dcs fails. Charles Bell avait pour les vivisections une repugnance qu'il ne surmonta jamais completement. 11 se permettait tout au plus de cou- pcr ra et la quelques fdcts nerveux sur les animaux vivants. Quant aux ex- periences faites directement sur la moelle, elles lui semblaieut trop cruelles, (IjCh. Bell, Exposition DU SYSTEME NATLREL des nerfs. Trad. fr. Paris, 1825; in-8, p. 13. Je passe a dessein sous silence tout cequiest relatif a 1h preteuduc fojoiiwe reapiratoire dela moelle. ef il ne savait |)as prendre sur lui de les execufer. Cetlo timidite cut de fd- cliouses consequeaces. Moiiis reserve dans ses theories que dans ses inves- tigations, Ch. Bell ne sut pas se rosigner a avouer son ignorance sur les fonc- tionsd'un organequ'iln'osait pas interroger, et ce fut le raisonnement pur qui le conduisit a son systeme sur les attributions respectives des divers faisceaux de la moelle. A la nouvelledes resultats annonces par Charles Bell, tons les physiologistes s'emurcnt. Defoufes parts, on cntreprit d'innombrables vivisections; M.M. Ma- gendie, Herbert Mayo, Fodcra, Schccps, Bellingeri, Rolando, se distinguerent particulh^rement dans ce genre de recherches. L'opinion de Charles Bell sur les deux ordres de racines fut assez generalement confirmee ; mais il n"en fut pas do memo de ses assertions sur les fonctions des faisceaux dela moelle. On Irouverait difTicileraent dans I'histoire des sciences un point qui ait donne lieu a des contradictions plus nombreuses et plus singulieres, et lorsqu'on prend connaissance des resultats publies a cette epoque, on est tente de sc demandcr si quekjue hasard pevfide n'a pas pris plaisir a donner le change aux exp'rimenlateurs. Les uns annoncent que la puissance motrice est dis- semince uniformement dans tous les cordons de la moelle, dont la substance grise sert exclusivement a transmetlre les impressions. D'autres atfirment qiie le faisceau post^rieur tient sous sa dependance la contraction des mus- cles exienseurs, dont les antagonistes se contractcnt sous I'intluence du seul cordon anlcro-lateral. D'autres encore attribuent a chacun des faisceaux dc la moelle des proprietes a la fois sensitives et motrices, tout en reconnais- sanf que les faisceaux anlericnrs soutprincipalement motcurs,etque les fais- ceaux posterieurs sont principalement sensitifs. Parlerai-je de Backer, qui coupe seulement les cordons posterieurs de la moelle, et qui, a la suite de cette section partielle, voit le mouvement aboli dans les membres pelviens, aussi bien que la sensibilite? De Schceps, qui repute la nieme experience et qui, chose plus singuliere encore, voit persister la sensibilite et disparaitre le mouvement, dans tout le train posterieur? De Fodera qui, coupant un seul cordon posterieur dans la region cervicale, produit une paralysie croisee du sentiment et une paralysie directe du mouvement, et qui, repetant la meme experience sur la moelle lombaire, obtient des resultats diametralement op- poses? Toutes ces contradictions faisaient de la physiologic dc la moelle nn dcdale inextricable, et beaucoup d'observateurs, desesperant de debrouiller ces questions epineuses, avaient fini par renoncer a la localisation de la sen- sibilite et du mouvement, parcroireavecles anciens que ces deux proprietes (Maicnt uniformement reparties dans tous les cordons de la moelle, et par rt^pi'ler cetle plu'asc cf^l^bre de Boerbaave : Quis dicet : ]toc movet, hoc sen- tit ? Les? choses en etaient la lorsque M. Longet entra dans la lice. Convaincu que les memes experiences, repetct-- dans les m^racs conditions, doivent 26 toujours donner des resultats identiques, cet eminent physiologistu se de- manda d'abord qiielles ^talent les causes qui avaient produit eutre ses pre- decesseurs de semblables divergences. II en signala plusieurs, entre aulres la difTiculte de couper isolement et exdusivement chaque faisceau de la moellc, I'impossibilite de distinguer dans certains cas les mouvements pro- voques par I'excitation directe des fibres motrices, de ceux que Tanimal execute sous I'influence de la douleur; enlin et surtout la perversion pro- fonde que subissent toutes les fonctions du syst6me nerveux au moment oil la moelle est mise a nu, et oii le liquide cephalo-rachidien s'^coule. Suivant lui, la simple ouverture du rachls, le seul contact de I'air sur la face exterae de la dure-m6re, sufTiraient d^ja pour diminuer Taction ncrveuse dans le train post^rieur, au point d'y rendre la motility fort obscure et la sensibilit(5 pbyslque prcsque inappreciable; et la paralysie complete survlendrait au moment oii I'incision de la dure-merc permettrait a I'air d'agir directcment sur la moelle. Nous verrons tout a Ibeure jusqu'a quel point ces assertions sont conformes a la verito ; quoi qu'il en soil, M. Longet fut conduit a rejcter les divers modes d'experimentation ([ui avaient fourni a ses devanciers des resultats si contradictoires ; a la section partielle des differeiits faisccaux de la moelle, il substitua la section totale et transveisale de cet organe. Lc train posterieur se Irouva ainsi compl^tement paralyse. Appliquant alors I'electricite tantot sur le segment c^pbalique et tantot sur le segment caudal de la moelle, explorant successivement les cordons posterieurs, les cor- dons ant(?rieurs et lat^raux et la substance grise, M. Longet iastitua iin proccde uniforme qui lui donna des resultats uniformes aussi. 11 reconnut que constamment la galvanisation des cordons posterieurs rcsto sans influence sur le mouvement, que I'excitation des cordons anterieurs et lateraux ne provoque aucune douleur, que sur le segment cephaliquc les faisceaux posterieurs poss^dent une sensibility exquise, que sur le segment caudal, les faisceaux anterieurs jouissent d'une faculte motrice tres-pronon- c^e, qu'enfin I'electricite appliquee sur la substance grise ne produit ui mouvement ni douleur. Ainsi restreintes et regularisees, les experiences faitcs sur la moelle don- nerent toujours des resultats identiques. Les contestations cesserent, et la doctrine de Charles Bell, compietee et modifiee par M. Longet, fut desormais consideree comme inattaquable. Elle etait d'ailleurs si simple et si sedui- sante qu'il etait difTicile de ne pas I'accueillir avec faveur. On put croire un instant que cette partie de la physiologic du systeme nerveux utait enfin arrivee a la perfection. On oublia la chetive origiue de la nouvelle doctrine de la moelle ; on negligea les objections qu'elle avail soulevees et qu'on n'a- vait jamais resolues ; on laissa dans I'ombre les fails nombreux qu'elle ne pouvait pas expliquer, et on considera comme mal faites toutes les experiences quietaient de nature a la contredire. Plus heureuse que beaucoup d'autres, •27 cette doctrine eut done Tavantage de devenir promptemeut classique, et elle est aujourd'hul si gen^ralement accept^e, si universellement connuc, qu'll est a peine n^cessaire de la resumcr en iiuclc|nes mots. La nioelle est a la fois un centre nei'veux jonissant d'uiie activite propre et un conductenr des- tine a mettre les organes en communication avec Venc^phale. Elle doit cette double propriete aux deux substances qui la composent. Les phf'nomenes dits de centralite, nolamment les actions reflexes, dependent de la sub- stance grise qui est d'ailleurs etrangere a la sensibilite et a la motility pro- prement dites. La faculteconductricerfeide tout enti^re dans les cordons de la substance blanche. Les faisceaux posterieurs sont exclusivement destines i'l transmettre a I'enci'pbale les impressions sensitives ; les faisceaux ante- rieurs et lat^raux, au contraire, sont exclusivement moteurs. En d'autres termes, les excitations naturelles ou artiflcielles de la fibre nerveuse suiveut une direction toujours centrip^te dans le cordon post(5rieur, toujours centri- fuge dans le cordon antero-lateral. Telle est la theorie aussi simple qu'inge- niense qui s'etale dans tous les livres modernes, qu'on nous a enseignee, que nous avons anotre tour enseignee auxautres, et que nous considerions, il y a quelques jours a peine, commela base detoutes nos connaissances sur Ic systeme nerveux. Disons-le de suite, messieurs, cette doctrine si seduisante et si applaudie n'est qu'une deception de plus ajoutcie a tant d'autres qui I'ont pr^cedee, el dont les debris jonchentle sol del'histoire. Les belles expMences de M. Browu- Sequard viennent de renverser pour toujours cet Edifice si bien ciment6, dont Charles Bell avait jete les fondementset dontM. Longet avait scelle la derniSre pierre. Tant il est vrai que les apparences sont souvent trompeuses, et que les plus belles choses ont souvent le pire destin ! 11 y a longtemps, vous le savez, que notre collegue poursuit sans relache I'etude des fonctions de la moelle, et il y aprfes de six ans qu'il vous a com- municpie ses premieres recherches sur ce sujet. A plusieurs reprises, 11 a execute devant vous des vivisections dont les r^sultats etaient en contradic- tion flagrante avec les idees recues sur les propri^t^s des diverses parties de la moelle. Mais les esprits etaient si pr^venus en favour de la doctrine de Charles Bell, que les premiers travaux de M. Brown-Sequard furent accueillis avec une certaine m^flance, et n'obtinrent qu'une attention passagere. Notre infatigable collogue ne se laissa pas decourager. 11 continua ses recherches avec pers6v6rauce, il varia ses experiences a I'infini, il sut leur donner une forme saisissante qui ne laissa prise a aucune objection, et lorsque tout r6- cemment, au retour de son dernier voyage d'Amerique, il vint reprendre sa place au milieu de nous, il jugea qu'il etait temps de mettre laSocidte de bio- logie en demeure de se prononcer sur la question la plus fondamentale de la physiologic du systfeme nerveux. Vous vous souvenez sans doute de sa premiere communication, et de la 28 surprise quelle exclta panui nous. 11 annoncait que la section dcs cordons posterieurs, c'csf-a-dire des prtMcndus cordons sensitifs de la nioelle, loin d'aneantir le sentiment dans les niembres abdoniinaux, y eveillait au coii- Iraire une scnsibilite exagcre'e, el que, dans lameuie expeiience, on provo- qualt des donleurs beaucoup ])lus vives en irritant le segment caudal de la moelie qu'en piquant ou pincanl le segment ceplialique, seul capable pour- tant, d"apres les ideesrecues, dc transmetlreles impressions au cerveau. Cefle assertion nous jiarut si etrange, elle heurtait si violemnient tonics nos croyances, que nous nous demandames d'abord si nous avions bien cuiupris. Lorsque M. Brown-Sequard nous eut de nouveau explique, en des termes plus precis, la nature et le but de son experience, notrc ttonnement redoubla en- core; nous ne laissames nieme pas a noire col^egue le temps de developper toutes ses conclusions, et nous le priames, avant d" alter plus loin, de rt^peter devant nous cette experience subversive. 11 se rendit a uos desirs, el dans la si^ance snivante, le '.'3 juin 1855, il pratiqua sur deux lapins la section des cordons postcrieurs de la nioelle. Le resultat qu'il obtint ful conforme a cc qu'il nous avail anuonce. Mais il nous vestait encore des doufes. Nous uons deniandions ?i M.Brown-Sihiuard avail bien coupe la lotalite des cordons pos- terieurs, nous craignions qu'en opt^ranl sur des animaux aussi pelits que le la- pin, il ne lui lot bien difficile de couper isolement les divers faisceaux de la nioelle. I'our lever cette incerlitude, plusieursd'enlre nous invitercnt M. Brown- Sequard a lepeler son experience sur de plus grands animaux. .\vecune com- plaisaiue dont la Sociele doit les remercier, nos deux bonorables collegues, MM. Bouley et Goubaux, voulurent bien nous odrir de mellre a noire disposi- tion des cliiens, des moutons, et meme des chevaux ; enfln M. le president nonuna, S(''ance tenante, une commission cbargee de suivrc les expt^riences de M. Brovvn-StHjuard, et d'en rendre compte a la Societe de biologic. L'u mois s'est ecoule depuis cette epoque, el voire commission, messieurs, apres avoir assist(5 a dix experiences faites sur des animaux de loute taille, soil ii I'Ecole veterinaire d'Alfort, soil dans le local denos stances, en presence d'nn grand nombre de personnes, voire commission, dis-je, se croit suffisam- ment cclairee sur la reality des assertions de M. Brown-S^quard. Quelque p^- nible qu'il soit de desapprendre ce qu'on croyait savoir, elle n'hesite pas a d(5- darer que la doctrine de Charles Bell sur les fonclions de la moelie est en con- tradiction avec les fails les plus irrecusables. reut-etre, en me confianl la redaction de ce rapport, a-t-clle voulu me punir de m'etre monire, au debut de la discussion, si diflicile sur les preuves. Si c'esl ce sentiment qui I'adiri- gce, je mexc'-cuterai de bonne grace, pr^f^rant le triomphe de la v^ rit6 a toule autre consideration. Vous avez hiite, sans doule, (r<'ntendre le r6sum«5 de ces exp(5riences im- portanlejqui vous out etc cummuniquecs isolement, mais dont I'ensemble no vou> a pHs encore etc prcscnte. h- vais von.« les exposer ans-si brievemen^ 59 que possible, en ^vitatit les details inutiles, el en insislaut soulemcnl sur les circonslances les pins remarquables. Permetlez-nioi, d'abord, de voiis dire qiiclques mots sur le procedt5 que nous avons suivi pour conslater I'elat de la sensibilite dans les parlies sou- mises a notre observation. ?Cous avons di'i nous premunir contre unc cause d'erreur qui a plus dune fois egarcles pbysiologistes. Lorsqu'on pent piquer, pincer, tordre, bruler une partie sans provoquer le moindre cri, la nioindre reaction, la moindre agitation musculaire, on doit en conclure que cetle par- lie est insensible, pourvu toutefois que raninial soil dans des conditions ge- n^rales qui puissent lui pcrniettre de reagir contre la douleur. Mais on pent quelqucfois provoquer certains mouvcments en irritant des parties insensi- bles. Par exemplc, lorsqu'on a coupe completonient la moelle en travers, bien que le train posterieur soil tout a fail paralyse do la sensibilite el du mouvemenl, on pent, en pincant unc des pattes de derriere, provoquer des contractions muscnlaires dans les deux niembres paralyses. Ces nionvements, donl I'animal n'a point conscience, re sent pas dus a la douleur, ils sontsini- plement Teffet d'unc action rcflexe. Comment distinguer les mouvements ri- flexes de ceux qui se produisent sons I'influence de la douleur? Dune ma- ni^re bien simple. Les mouvements reflexes n'occupent qu'une region dtHcr- niinee; par excmple, apres les vivisections pratiquees sur la moelle lombaire, ils sent exclusivemcnt limiles an train posterieur. Les mouvements provo- ques par la douleur s'observent, au contraire, dans toutes les parties du corp% qui sont encore soumises a I'inllucnce de la volonte ; supposons, par exemple, qu'on ait exerce une action traumatique sur la moelle lombaire. On pince unc des pattes posterieures. Si I'animal contracte les muscles de la tele, ceux des membres thoraciques, ceux du cou el de la poitrine, il n'est pas necessaire de I'entendre crier pour pouvoir aflirmer qu'il a eprouve de la douleur, el que le train posterieur est sensible. Mais si, dans la meme experience, on n'oblient que des contractions limitees aux membres abdominaux, on est autoris^ a en conclure que la moelle lombaire a cesse de transmeltre a I'en- C(5phale les impressions sensitives. J'ai cm devoir vous presenter cCo details pour vous prouver que nous avons precede avec loules les precautions de- sirables, .le suis convaincu, en eft'et, que bien des exp(5riences out donnd des r^sultals Irompeurs, parce qu'on a confondu les mouvements simple- ment reflexes avec ceux qui sont dus a une reaction gen(5rale de Torganisme contre la douleur. Quelques physiologistes soul lombes dans une erreur in- verse : voyant que I'irritalion de cerlaines parties, bien manifestement in- sensibles, provoquait cependanl la contraction de certains muscles, ils ont pris le parti de ne pas s'inquiiiter de I'etat des mouvements, el de ne croire a la douleur que lorsque les victimes poussenl des cris plaintifs. C'est pour- tant unfail d'observation vnlgaire qu'il y abeaucoup d'animaux qui ne crient jamais el d'autres animaux qui ne crient presque jamais sous I'influence de 30 la douleur. Si oa s'eii rapportait simplement aux cris, on commetlrail, i)ai- consequent, des erreurs incessantes. Yoila pourquoi nous avons suivi une autre voie. Mais nous ne nous proposions pas soiilemcnt de constater Texistence de la sensibilite daus les divcrses parties du corps, nous voulions encore en «[)- pricier le degri}, sinon d'une maiiierc absolue, au nioins d'une nianierc rela- tive. Pour cela, il fallait employer un proced(5 d'cxcitation unifornie, nous avons donne la pre^Krence au piucement praliqut- a I'aide d'aue tenaille : Ic degrci de pression qu'il faut exercer avaut de provoqucrune reaction doulou- reuse indique assez bleu le degr6 de sensibilite dela partie que Ton explore. Le plus souvent, nous avons ete appeles a comparer la sensibilite des nieni- bres thoraciques avec celle des membres abdominaux, et nous nous sommes attaches a pincer successivement, sur les quatre membres, des parties homo- logues entre ellcs. En agissant ainsi, nous avons donne a nos rechcrclies une telle precision que nous avons pu conller a tour de role rinslrumcut de torture a tons les assistants, et que les r(5sultats obtenus par ces explorations succcssives out toujours ete parfaitement semblables les unsaux autres. Ceci dit sur le procede d'investigation que nous avons suivi, entrons dans les details des experiences. Neuf experiences out et6 faites sur la moelle lombaire, et une seule sur la moelle cervicale. Vous n'ignorez pas que chez les animaux la moelle, aulieu de se terminer, comme chez I'homme adulte, au niveau de la premiere vcrl6- bre lombaire, descend en general beaucoup plus bas, et se prolonge memc quelquel'ois jusque dans les vertebres coccygiennes. On peut done, ea la mettant a nu a la partie superieure des lombes, agir sur elle au-dessus de I'origine des nerfs qui animent les membres abdominaux. Dans la plupart de ses experiences, M. Brown-Sequard enlfevel'arc posterieur des trois ou quatre premieres vertebres lombaires. 11 a ainsi I'avantage de ne troubler en rien I'innervation des membres thoraciques qui lui seivent de points de compa- raison pour appr^cier ensuite I'etat de la sensibilitd dans le train poste- rieur. Un fait des plus importanls que nous avons coustate neuf fois sur dix, c'est que la denudation de la dure-mere rachidieune et celle de la moelle n'exer- cent qu'une action passag^re, ou meme quelquefois n'exercent aucune action sur la motilite et la sensibilite des membres pelviens. 11 nous est arriv(5 plusieurs fois, il est vrai, lorsque ce premier temps de I'operation ^tait termiut^, de constater, conform^ment a I'assertion de M. Longet, une perturbation assez prononcee dans rinnervation du train posterieur ; mais cette perturbation n'a dur6 que quelques instants, et toujours, en moins dun quart d'heure, nous avons vu revenir la sensibility la plus normale, et une motility qui n'aurait rien laisse a desirer, si la destruction de plusieurs arcs vertebraux, et la sec- tion des muscles rachidiens, n'avait donne quelque incertitude a la demar- 31 die deranimal. M. Browu-Sequard insistebeaticoup sur cette innocuitc dela denudation de la nioclle, parce (jue c'est pour I'avoir m^connue qiie M. Longct a ele conduit k renoncer aux sections partielles et a faire tontes ses experien- ces avec le galvanisme sur des nioelles completement couples en travers. I! pense que rinsensibilite constatee par i\I. Longet sur les animaux dont la dure-mere etait niise a nu, a pu tenir a I'epuisement qui resulte, soil de I'in- tensite de la douleur, soil d'une hemorrhagic trop abondante. L'un des fails qui se sont passes sous nos yeux vient a I'appui de cette supposition. Exp. I, faite a Alfort sur un vieux cheval, le 5 juiUet 1855. — L'animal etanl I'enverse et solidement flx6 sur la table d'operations, M. leprofesseurGoubaux pi'atique une longue incision, disseque les parties niolles et met a nu la face posterieure des quatre premieres verlfebres lombaircs ; puis il abat avec unc grande habilete les arcs posterieurs de ces vert^bres. L'operation dure envi- ron un quart d'hcure. L'animal perd une grande quantite de sang, qu'on eva- lue approximativement a 7 on 8 kilogr. II s'est agite pendant la section des chairs ; il estreste impassible pendant qu'on coupaitles os. M. Brown-Sequard incise longitudinalement la dure-m6re, puis il coupe transversalement les deux cordons posterieurs, sans que le cheval donne le moindre signe de dou- leur. On constate seulement que tout a coup la respiration devient halelante. On pince, on briile le train posterieur, sans aucun resultat. On r6petela meme experience sur le train anterieur, I'aninial ne parait pas soufTrir davantage. 11 execute encore de legers mouvements de tete, mais tous les muscles du tronc et des membres semblent paralyses, a 1' exception de ceux qui prennent pari a la respiration. La mort survint environ un quart d'heure aprfes, Les resullats de cette experience out ete, vous le voyez, conipletement nuls> L'animal, epuis^ par I'hemorrbagie et peut-etre par la douleur, avail deja perdu la sensibiliie et le mouvement volontaire au moment oil la section des cordons posterieurs de la moelle a pu etre ex^cutee. Mais ces troubles fonc- tionnels n'etaient pas limites au train posterieur : ils existaient au meme de- gre sur les membres thoraciques ; on ne saurait par consequent les attribuer a la denudation de la moelle, et 11 est tres-probable qu'ils out ete dus a I'abon- dance de I'liemorrluigie. 11 taut done se mettre en garde centre cette cause d'insucces, et lorsque la perte de sang est assez considerable pour donner des inquietudes, il faut ar- reter I'hemorrbagie et interrompre I'experience jusqu'a ce que l'animal ait repris des forces. C'est ce qui a ete fait dans I'experience suivante, qui nous a donne les resultats les plus decisifs. Exp. II, faite surun moutonadulte, le Bjuillet 1855. — L'animal etantcou- che sur une table, je fais moi-meme une longue incision dans la ri'-gion lom- baire, et je mets a nu les quatre premieres vertebres de cette region. Le sang jaillit en aliondance etpar plusieurs points a la fois. La compression ne suffil 32 pas pourl'ant'ter; mais des tauipons dccharpie imbibes de percliloriire de fer et appliques sur la surface de la plaie, mailrisent promptement cette M- niorrhagie. Au bout d'une demi-bcure, j'cnleve avec la gouge et le maillet Tare postu- rieur des deux premieres vert^bres lombaires; la dure-mere est misea nu dans une eteiidue d'environ 5 centimetres. Une nouvelle hemorrhagic se de- clare; nous rarrctous par une simple compression exercee avec precaution, afiu de ne pas lescr la moelle. In quart d'heure apres, I'animal est mis en li- bcrtc. 11 pent se tcnir dcbout et marcher, quoiquc la force de ses membres posterieurs semble diminuee. ^'ous explorons alors la sensibilile par un pro- c6de uniforme, qui consiste a pincer la peau des membres avec une tenaille. Cette sensibilite est egale sur les quafre membres ; elle est assez obscure ; mais on sail que, chez le niouton adulte, le simple pincenient de la peau est ordiuairement tres-peu douloureux. La dure-mere est alors incisee; I'animal en ce moment donnc des signes de douleur. Ou saisit avec des pinces fines les bords de cette membrane, pour les (^carter et mcltre la moelle a nu. Cette traction semble douloureuse en- core. La moelle se trouve ainsi compkMemont d('uud('o dans uuc t'leiuluede 4 cen- timetres. L'animal est remis sur ses pnltcs ; nous pincons dc uouveau la peau des quatrc membres. La sensibilite el le mouvement sont exactement dans le meme ctal qu'avant I'incision de la dure-m(";rc. Alors M. Brown-Sequard, arm(5 dim tenaculum, pi(iue lamoelle et souleve, sur la concavite de cet inslrumeni, la totalile des cordons posterieurs (I), et mCme une petite parlie du cordon lateral de chaque c(Jtu, puis il coupe avec un bistouri toute la portion soulevee. Cclle section provociue une douleur extremement vive; I'animal s'agite convulsivement pendant pliisieurs mi- nutes. On le laisse reposer. Au bout de dix minutes on le remet sur ses pattes. II se tient dcbout, fait quelqucs pas, et ne larde pas a tomber, mais il se releve et marche assez Men au liout d'un quart d'heure. 11 est certain, par consequent, que la moti- lil('' du train poslcrieur est conservee. L'animal elant replace sur la table d'experiences, on pince les membres thoraclques;la sensibilite y est normalc, c'cst-a-dire assez peu prononcte. On pince les membres alidominaux; la sensibilite y est t;esevidcmmcnt exager^e. L'experience est rc'peti'e un grand nombre de fois par plusieurs de nos collf'gues ; elle donne conslamment le meme resultat. (!) Je devrais dire les cordons supcrieurs, puisque la colonne verlebrale du mouton est horizontale, mais je prt'viens une fois pour toutes que je don- nerai aux diverses parties de la moelle les noms qu'elles portent dans I'es- p^cp humainc. On explore alors divcctement la nioelle, on pique successiveracnt avec line aiguille acuree Ics deux bouts de la section des cordons posterieurs ; on laisse toujours eeouler quclques instants entre ces diverses experiences, afln de ne pas en confondre les resnltats. M. Brown -S^quard, M. Follin, M. Giral- d&s et moi-meme, nous repetons plusieursfois celte exploration comparative des deux segments de la moelle. Constamment nous constatons que I'excita- tion dn segment cc'phalique des cordons posterieurs provoque une douleur manilesle, asscz passagere, et que I'excilation du segment caudal eveillc une douleur beaucoup plus vive, beaiicoup plus durable, accompagnee quelquefois de niouvcments co)ivulsifs de la totalitu du corps. On irrite encore comparativement les cordons postc^rieurs h un centimetre au-dessus ct au-dessous de la surface dc la section. Le resullat est exacte- ment Ic niemc. Avaiil dc saciilier I'auimal, M. Brown-S^quard m'invilc a explorer la sub- stance grise. Pour cela, j'enfoncc direefement, entre les deux levres de la section, une epingle qui traverse successivement la substance grise, la com- missure blanche, et qui penetre jusque dans le disque inter-vertebral cor- respondant. Je traverse ainsi toute la moelle, a I'exception des cordons pos- terieurs, qui sent deja coupes a ce niveau. L'animal ne s'apereoit meme pas de cette operation. Afln de m'assurer que la sensibility n'est pas epuis^e, je pique de nouveau les cordons posterieurs. Une vive agitation prouve que l'animal est encore tres-sensible a la douleur. Pour mcltre un terme aiix souffrances dc la victime, j'ouvre Fart^re caro- tide. Le sang s'ecliappe avec rapidile, ct la mort survient en quelques minu' tcs,mais auparavant noiis constatons que rhyperestliesie des membres abdo- minaux s'accroit a mesure que l'animal s"all'aiblit. EUe devient tellement considerable, que le moindre attoucbement provoque des secousses convul- sives. Autopsie. La dissection de la piece prouve que M. Brown-Sequard a exe- cute son experience avec une precision inesperee. Une coupe longitudinale de la moelle montre que la section a porte exactement sur toute I'^paisseur des cordons i)ostcrieurs, pas une fibre de moins, pas une molecule de plus. La substance grise est parfaitcment intacte ; on n'apercoit meme pas le pas- sage del'epingle qui I'a transpercee. Dans le sens de la largeur, la section deborde legcrement de cliaquc c6t(5 les limites du faisceau posterieur, et empiete par consequent un pen, d'un millimetre environ, sur cbaque cordon lateral. J'ai insisle a desscin. Messieurs, sur cette remai'quable experience, parce qu'elle est decisive, parce que la plupart d'cutre nous en ont ete temoins, et parce que la piece nnatomique a ensuite passe sous vos yeux. A lui s(mi1, et MKM. 3 34 meme en I'absence dc coux qui vonl le suivre, cc luit prouvu li'unc maniiTc iiTt^cusable : lo Que lii dciuidalion de la dure-mere et celle dc la moelle laisscut persislcr la sensibilile el le mouvemeat dans Ic train posterieur ; 2' Que cette seasibilil(5 persiste encore aprfes la section des cordons post6- rieurs, dits cordons sensitifs de la moelle, et que par conse(|uent ces cor- dons ne sout pas indispeusables pour la transmission des impressions sensi- tives ; 3» Que loin d'abolir la sensibility, la section des prtHendus cordons sensi- tifs s'accompagne d'unc hyperesth^sic des membresabdominaux; 4° Qu'apri'S cettc section, le segment caudal de la moelle est plus sensible que le segment ct^phalique, ce qui renverse toutes nos connaissances sur la direction des courants nerveux ; 5" Qu'eufin la substance grise est insensible par elle-meme. L'insensibilit(5 de la substance grise, que M. Brown-Sequard nous a fait constater dans plusieurs experiences, est d'autant plus surprenante que cette substance est positivement le veritable conducteur de la sensibilit(5. L'cxp^- vicncc suivautc le dc-montre sans rdplique. Exp. Ill, faite sur un lapin de deux mois environ, devant la Soci6t6 de bio- logic, lc23juin 1855. La moelle lombaire 6tant mise a nu, et la dure-mere incis6e, M. Brown- Sequard pratique la section des faisceaux post^rieurs de la moelle. L'auimal accuse par ses cris et son agitation une vive douleur qui se calmc pronip- tement. Immediatement apr^s nous constatons que la sensibilitc et Ic mouvement sont compltHcment abolis dans tontlc train post(5rieur et persistent, au con- traire, comme auparavant, dans le reste du corps. On explore direcfement, avec une aiguille, les deux segments de la moelle. Le segment cephalique est tres-sensible ; le segment caudal est, au contraire, tout a fait insensible. On peut le piquer, le pincer, le tiraillcr, sans que lo lapin s'en apercoive. Ces phenomenes persistent pendant deux heures, puis on tue I'animal. Autopsie. — La section a depass6 les limites convenues. EUe a int^rcss^ non-seulement les cordons posterieurs, mais encore une partie des cordons lal(5raux, el il est aise de voir que la commissure grise a etc coupde en t ra- vers. Le scalpel a respect(5 le tiers environ des cordons lat^raux et la totalitti des cordons ant(5rieurs. C'^tait la premiere fois que M.Brown-Se'quard pratiquait devant nous la sec- tion des cordons posterieurs de la moelle. Avanl rexpcricuce, nous avions manifcsle quelque incr^dulite, et le r^sultat qui fut d'abord obtenu n'etait pas de nature a nous convertir. On avail coup6 les cordons post(^rieurs. et la sensibilitc des mcmbros abdominaux elait abolic. C'clait tout a fait conformc a la doctrine de Cliarles Bell. L'abolitioii de la niotililc au dcla de la section ne nous cmbarvassait gu^re. Nous supposions qu'en operant sur un si petit animal, M. Brown-Sequard avait sans doute coupe, sans le vouloir, la plus grande partic, peul-etrc memc la totalite des cordons antorieurs. Notre col- legne nous pria d'attendre I'autopsie avant de nous prononcer ; il nous an- nonra qu'il avait depasse son but, qu'il avait coupe la substance grise, mais que certainement il avait respecte une partie des cordons lateraux et la tota- lite des cordons anterieurs. Vous venez de voir que rautopsie ne tarda pas a confirmer cette assertion. La commissure grise etait coupee en efl'et, et les cinq sixiemes au inoins des cordons antero-lateraux etaient intacts. En rapprochant cette exp(5rience de la pr^c^dente, nous arrivons a cede conclusion que la substance grise, quoique insensible par elle-menie, est ce- pendaut chargee de transmettre au cerveau les impressions sensitives. En etl'et, dans I'exp^rience II nous avons vu les membres abdominaux el Fex- tremite caudale de la moelle rester sensibles apr^s la section des seuls fais- ceaux post(^rieurs ; dans I'experience 111 la section pcnetre un peu plus pro- fond^ment, elle atteint la commissure grise et aussilot la sensibilite disparait conipletement. Cette derni(^re experience porte un nouvcau coup a la theorie de Cbarles Bell, puisqu'elle nous monlre la motilite compl(5lement abolie au dela de la section, malgr^ I'int^grite de la plus grande partie du faisceau antero-lateral ; il paralt done certain que si ce faisceau a la propriete de transmettre les ex- citations aux muscles, il ne peut leur communiquer les ordres do la volonU; que par I'intermediaire de la substance grise. Chacun de vous comprend la gravite de cette conclusion; je ne m'y ai"i'6terai pas plus longuement, parcc que voire commission, desirant avanl loul preciser le debat, n'a pas cru de- voir s'occuper specialement de I'aclion motrice de la moelle, et a concentre toute son attention sur les experiences relatives aux phenomenes de la sen- sibilite. Nous avons vu jusqu'ici le sentiment persister apres la section des cor- dons post^rieurs. Nous en avons conclu que la transmission des impressions sensitives ne s'efTectue pas le long de ces cordons. Voici mainlenant des cx- ptiriences d'un autre genre qui deposenl dans le meme sens. Nous aliens voir la sensibilite disparailre d'une maniere complete chez des animaux dont les cordons posterieurs restent parfaitement inlacls. Exp. IV, faite sur un lapin adultc, le 14 juill. 1855. Le rachis de cet animal 6tait ouvert et sa moelle (5tait a nu depuis plus de deux beures lorsque M. Brown-S^quard a coupe transversalement la totalitci de la moelle lombaire, ;;t5 a rexccption Jcs cordons postiriours (1). Av;.iit dc praliiiucr cclio section, il nous a fait conslaler que la sensibilild ct Ic mouvemcnt des mcirbres abdo- minaiix etaient dans un ctat a pen pros normal. Mors il a enfonc(5 Iransvcr- salement dans la nioollc un tenaculum, dc maniorc a cmbrasscr les cordons post^ricurs dans la concavile de cot instrument ; Taninial a eric ct s'est agitc. AusitcM M. Browu-Sequard a retire lo teuacuhuu en poussant f'orlemenl sur Ic nianche, et il a ainsi e'crase toulc la nioelle, a rexccption des cordons postc- rieurs qui n'ont s!!])i aucnne violence. Au moment oil cctle section a etc o[)L'n'c, I'auinial n'a pas crie, sa t^te ct scs nicnilu-es thoraciquesnc ?c sont pas contracies, maisses membres al)do- juinaux ont prescnte des contractions convulsivci qui out diir<5 pUisieurs minutes. Lorsquc le calme a etc retabli, nous avons reconnu que tout Ic train pos- lericur etait completemcnl paralyse a lafois du sentiniont et du mouvemcnt. Nous avons eu beau pinccr, tcnaiUer. couper a plusicurs reprises la queue ct Icsdoigts des paltes posfricures, Tanimal est reste tout a fait impassible, mais il s'est agite avec douleur qnimd nous avons simplcmcnt pinceles doigts des pattes anlerienrcs. Au bout d'une demi-heurc, unc nouvclle exploration donne le raeme rcsul- tat. L'animal est sacrifie. Autopsie. — La continuite des curiions posterieurs u'est pas iutcrrompue: rinstrumcnt a respcctc encore I millimetre environ deTepaisseur du cordon lateral droit. Tout le resic de la inocUe est compl6lcmcnt coup''. Celte experience n'a cu pour temnins (jue M.M. Mar.sliall Hall, Vulpian, Tlio- lozan, Lorain ct moi. La suivanle a ('le faite le memo jour, pendant la si'auce dc laSociete, en presence de la plupart d'entre vous, ct die est plus demon- strative encore, si c'est possijije. Exp. V, faite sur itn jcunc coclwn d'lnde, le [ijxiillet t6Jo, dcianl la Socie'tc (le hlologie. — Aprils avoir mis ;i nu la uioellc lombaire, M. Brown-Sequard, arrae d'un scalpel bien aigu, penelre dans lesillon median posterieur, et in- cise longitudinalement la su'islancc grisc ct la conunissuro blanche, de nia- niere a st^parer I'une de I'uuire, dans uueetendue de 13 millimetres environ les deux moities laterales de la moellc; dans cctte operation fort delicalc, il met tout son soin a no pas leser les cordons posterieurs. L'animal s'agilc et (H Bien ([ue notrc intention ne soil pas de nous occnjicr ici des questions de priorite, nous dcvons dire que M.M. Vulpian el I'hilipeaux avaient deja executed cctte expi'-rienco avant que M. Brown-Seqnard ne la repetat devant la commission. Mais nous dcvons ajouter que M. Brown-Sequard I'avait deja faite plusieurs fois et depuis plusicurs annees, a I'insu de MM. Vulpian et I'liili- pean\. pousse quclqucs oris, mais il iianiit soiid'rir boaucoiip nioins que lorsqii'on coupe les cordons posturicurs en Iravera (!). Dos que cela est lermine, on cciis';.le que les mcmbres abdominaux out conserve le mouvement volontaire. L'unini;',! nc pent pas, il est vrai, se lenir eu equilibre sur ses pallcs de den-ierc. Cchi pent dependrc de cc que quel- ques (ibres des cordons anterieuvs out ele conpoes, on de ce que des muscles imporlants out ete divises dans cclle operation qui necessitc des delabrc- ineuls assez cMendus. Mais il est certain, du moins, que si Ic (rain poslcrieur est aU'dibli, II n'est pas paralyse du mouvement, car I'animal meut volontai- rement ct regulierement ses [>aUes, cberclie a fuir et y reussit on se trai- nant. Le senliuicul, ;ni conlraire, est tout a Tail uljoli. Les deux paltesposterieu- res, examinees a plusicurs reprises, soul IrouviJes eoniiiletement inseusiljles, tandis que les jialtes auterieurcs out conserve leur seusibilile uornialc. Lexperience est proloiigee pendant une beure. l,e train poslerieur ne recouvre pas sa sensibilite et on lue I'animal pour examiner la moelle. Autopsie. — Le faiseeau posterieur gauche n"a pas ete lese. A la partie la plus iulerieure de la section le faiseeau posterieur droit a ete legerenient effleure par le scalpel, mais les ueuf dixiemes au moins de ce faiseeau sont partout intacts. La moelle est divisee longitudinalemcnt dans toute son epaisseur. La sub- slauce grise est coupee a peu pres sur la ligue mediane, mais le scalpel n'a pas rencontre le siUon median anterienr; il s'eu est unpen devieeta traverse le cordon anterienr du cote gauclie. Celte experience ingeuieuse, institucedeja depuis longtempsparM. Brown- Sequard, dans un autre but, nous moutre un pbenomene que personne nau- rait pu prevoir, et qui bouleverse loutes les idees recues sur les fonctions de la moelle. On se borne a ecarter I'un del'autre les deux faisceaux posterieurs ; puis, a travers le sillon qui les separe, on va diviser verticalemeut le restc de la moelle ; mais le scalpel fait un leger ecart et blesse I'un des cordons ante- rieurs. Que va-t-il arriver? Les cordons posterieurs ou sensilifs sont conser- ves, et la sensibilite sera sans doute conservee aussi ; la seule motilite sera compromise, puisque I'un des faisceaux moteurs est les(5. Yoila ce que la theorie nous annonce. Mais quelle deception ! C'est au contraire la sensibilit6 qui disparait, tandis que la motilite persiste. Ce fait a lui seul serait capable de renverser la doctrine de Cliarles Bell. Ajoulez-y que la section isolee et complete des cordons posteiieurs ne fait disparaitre ni la sensibilite ni le mouvement (exp. II), et que ces deux fonctions sont abolies lorsqu'on coupe (1) M. Brown-S^quard atlrlbue surtout la soufTrance au tiraillemcnt qu'on cxercc sur les cordons posterieurs dans I'experienee de la section longitudi- tiale dans le plan median de la moelle. 38 la substance grise en travers (exp. Ill et IV) ; ajoutez y encore tiuc I'integritd des cordons antOro-latLTaux. n'empeche pas la parte do la motilite (exp. Ill), et que rint(5grite des cordons posterieurs n'ompc'^clio pas lu pcrtc dn senti- ment (exp. lY). Ajoutcz-y surtout ce plienomenc (.'trange, imprevu, inexpli- cable peut-6tre, que la section des fibres posterieurs de la moelle, loin d'a- n(5antir I'innervation dans les parties oil ces Tdires paraissent se distribuer, y d6veloppc, au contrairc, une sensibility exage'ree (exp. 11). Puis, cliercliez dans riiistoire de la pbysiologie, passez en revue toutes les theories et toutes les liypothi^ses qui ont tour a tour fleuvi dans la science, lisez, interrogcz tons les autcurs et tons les experimentafonrs, dcpuis Galien jusqu'a Misti- c'helli,depuisl'rocbaskajusqu'aCharlesBell,depuisM.Magcndieiusqu'aM.Lon- get, et vous verrez qu'aucune doctrine, aucun syst^me connu ne pent vivre a a'M des expc'-ricnces de M. Brown-Sequard, et qu'il faut se r^signcr a faire table rase de tout ce qui a ete dit jusqu'ici sur la pliysiologie de la moelle. Kous pourrions, a la rigueur, en rcster la ; muls vous d(5sirez sans doute connaitre les r^sultats des autres expcJriences que noire coUt-gue a execut(?es devant nous: je vais done vous en presenter le resume, en vous pr(5venant d'avance qu'elles ont toutes consisted, comme I'experience 11, dans la section isoleedes cordons post(?rienrs ; que, dans tons les cas, la denudation de la moelle a laisse persister toutes les fonctions de cct organe ; que plusieurs fois la dure-mere nous a domie des signes non Equivoques de sensibilite ; quecon- stamment la section des cordons posterieurs a 6t6 douloureuse , qu'elle a ete suivic immediatement d'nne byperestbesie des membres abdominanx, et que consfammcnt aussi le segment caudal de la moelle s'est montre beaucoup plus sensible que le segment cephalique. AprSs cet enonce general, je pour- rai exposcr rapidement I'histoire de cbacune de ces experiences; j'aurai ce- pendant ainsister sur certaines particularites qui sont de nature a jeter quel- que lumiere snr I'interpretation des faits nouveaux decouvcrts par M. Brown- Sequard. Parmi ces faits, le plus remarqnable et le plus embarrassant, c'est I'byper- estliesie des parties du corps situees au dela de la section des cordons poste- rieurs, byperestbesie si nettement prononcee et qui s'est reproduite si con- stammcnt dans les cas de ce genre, qu'on pent la considerer comme fun des fails les micux etablis de la pbysiologie experimcntale. On pent se demander d'abord si ce n'est point la un accident passager, un phenomene dependant de 1 excitation tranmatique excrcec sur la moelle au moment de Vcxperience, et appeie a disparaitre promptement.il n'en est ricn; ce resultat est durable : il persiste, sans cbangement notable, pendant tonte la vie de I'animal. C'est co qui resulte du moins des communications que M. Brown-Sequard a bien voulu nous faire, I,a section des cordons posterieurs, en efTet, n'est pas constam- ment suivie demort. Certains animaux peuvent y survivre pendant plusieurs raois, ct raerae pendant plusieurs annces : la plaie de la moelle se cicatrise 39 alors sans que pour cela I'hyperesth^sie disparaisse. Mais votre commission, messieurs, ne doit vous parler rjiie de cc qui s'est pass6 sous ses yeux ; clle n'a pas pu suivre assez longtemps les animaux soumis a la section des cor- dons posterieurs pour assister aux phenomfenes qui accompagnent et suivcnt la cicatrisation. Toutcequ'elle peut vous dire, c'est qu'elle a constalr que, le sixi^me jour apres la vivisection, I'hyperesthesie est tout aussi prononcee qu'au moment de I'exp^rience. Exp. VI, faite sur un cochon d'lnde le 9 et le 14 juiUet. — Le lundi 9 juillet, M. Brown-S6quard ayant mis a nu la moelle lombaire de cet animal, pratiqua la section des cordons posterieurs, et constata, seance tenante, liiyperesthesie du segment caudal et celle des membres abdominaux. Le 14 juillet, I'animal nous fut pr^sent^. La plaie dela region lombaire etait cicatris^e. Les membres pelviens presentaient une sensibilite exageree tout aussi prononc(^e cpie le premier jour, et tout aussi remarquabic que celle que nous avions constatec sur d'autres animaux, immediatement aprcs la section partielle de la moelle. ^M«ops?>. — Cet animal, apres avoir subi une autre experience (voy.Exp. X), tut sacrifie. Je trouvai que les parties moUes ctaient parlaitcment cicatrisees et encore infiltrees de lymphe plastique. Une masse plastique, continue avec la prf5cedentp, peni^trait dans le canal racliidien, et adherait tres-mollement a la plaie dela moelle dont les bords etaient t^cartes; quelques caiUots sanguins deja en partie decolores existaienta ce niveau. II n'y avait aucune trace de suppuration. L'hyperesthesie n'est done pas un ph^nomene momentan^, et 11 est difficile de I'altribuer a I'excitation passag^re exerc^e sur la moelle. Nous n'avous pas la pn'tention de vons donner I'explication de ce phenom^ne etrangc, mais 11 ne sera peut-etre pas sans int^ret d'appeler votre attention sur I'experience suivante, qui met en evidence les conditions propres a produire I'exagera- tion de la sensibility. Exp. Vll, faite a Alfort, sur un chien adulte, le S juillet 1855 (1). — M. Vul- pianouvrcle rachisdansla region lombaire. Aussitot le train posterieur parait completement paralyse ; mais au bout d'un quart d'heure Tanimal se relive, cherche a s'enfuir, et recouvre int^gralemeat la sensibility de toules les par- ties de son corps. Alors M. Brown-S(5cpjard incise la dure-m^re, qui parait sensible, puis il (1) Cette experience a eu pour temoins, outre les membres do la commis- sion, MM. Blot, Ciu])ler, Laboulbfene et Lorrain, ainsi qu'un grand nombre de personnes etrangeres a la Societe, parmi lesquelles nous nous plaisons a citer M. Raynal, professeur a I'Ecole d' Alfort. 40 coupe en travers les cordons postoricurs, ce qui provoque une douleuv tros- vive. Immc^diatcment apri-s on explore Volat dc la scnsibililL' snr les deux segments de la niocUe. Le segment caudal est trouve beaucoup i)liis sensible que le segment cephalique, et le train posterieur est (5galement le si^ge d'une hyperestliesie evidcnte. Une particulari!' nous frappe cependant : c'est que la sensibilite dc la patte gauche est moins exagd-ree que cellc de la pattc droile. Ce phenomfene est constate plusieurs fois d'une maniere tr6s-nette. On met alors I'animal en liberft^. II so Irainc d'abord assez mal, puis il se relive et chcrcliea s'Odiapper; il s'enfuit memo jusque dans la cour. Nous remarquons que le membre abdominal du cole droit est jilus faible (jue celui du cote gauche. Ces deux membres se meuvent volontairement , mais iis sont I'un et I'autre moins forts (juc les membres thoraciques. Au bout d'une lieure environ, apres avoir plusieurs fois constate ces divers pheJHomenes, nous replacons I'animal sur la table d'operations. Avant de le sa- crificr, M. Brovvn-Sequard m'cngage api([ucr la substance griseentre les deux levres dc la section, dans un point oii par consequent cette substance est a nu. Cette piqiire ne provoque ni mouvement ni douleur : I'animal ne s'en aper- roif raeme pas. Alors je pique de nouveau les deux cordons postcrieurs au niveau dc la section ; memo resultat comparatif ipi'au conmiencement de I'experience. Je pique encore ces m^mes cordons un pen au-dessus dc la section : dou- leur vive; je les pique a 1 centimetre au-dessous de la section : douleur plus Vive encore. Ces rcsultals paraissant suffisants, I'animal est sacrifie. Aiitopsic. — Les cordons anterieurs, la commissure griseet le cordon late- ral gauclic sont parfaitemcnt intacts : le cordon lateral droit est legeremcnt entame. Le cordon post(5rieur droit est complelement coupe. Le cordon posterieur gauche Test presque complctemeut aussi ; cependant ses fibres les plus ex- ternes, dans uue largenr d'euviron un demi-millimetre, ont echappe a la sec- tion. 1! est certain, par cousi'quent, que la corne grise poslerieure gauche est restee intacte, tandis que la droite a etc atteinte par I'instrument. II y a dans cette experience une particularity que nous devons mettre en evidence. Les deux cordons posterienrs ont^te leses et, comme consequence, nous avons constateunetat manifesto d'liyperesthesie dans les deux membres abdnminaux. Mais le cordon posterieur gauche a et^ moins profond(hucnt at- teint quele droit, et comme consequence encore, nous avons trouv(5 que I'hy- peresthc^sie des membres abdominanx etait moins prononcee a gauclic qn'a droite. II parait done que la sensibilite s'accroit a mesure qu'on blesse plus profondement les cordons posterieurs. En d'autres termes, I'exageh-atiou de la sensibilite semble proportionnelle au nombve des fibres divis(^es. C'est un u detail qu"il nc faudra pas pci'drc de vuc lorsquc Ton cliercliera ii elaldir la theoric de celtc liypcrcstlicsic Iraniiialique. II est boil de iiofer encore que renergie musculaire, affaiblie dans les deux nienibrcs abdumhianx, a ele diminuee snrtout dii cute droit ; et r[uc, de ce cole, la section avait depasse Ic cordon posterieur, cntame la corue grise correspondante, et interesse quclqnes fibres du cordon latc^ral. Nous signa- lons ce detail sans y insisler, parcc que nous voulons concentrer toiite noire attention sur les phenomeiics de la scnsiblilite. Revenons douc a lliypcrestbesie consecutive a la section des cordons pos- terieurs. Vous n'avez pas oublie que cette l»ypereslli(5sie n'existe pas seule- nienl sur rextremile periplicrifine des nerfs, et qu'elle est tres-prononcee aussi, plus pronoucee peul-etrc sur le segment caudal des cordons poste- rieurs divises. Vous n'avez pas oublie qu'en piciuant ce segment caudal, on provoque des douleurs bcaucoup plus vives qu'en irritant le segment ccpba- lique. Mais la douleur ne pent etre pcrcuc qu'a une seule condition. 11 faut que les impressions soient transmiscs au sensorium par rintermediaire d'un organe couducteur. Or, apres la section des cordons posterieurs, I'excitation du segment caudal eveille de la douleur; done il y a entre ce segment caudal et I'cncepliale uue transmission seusitive quinepeut s'effectuer queparl'in- termediairc de la partie encore inlacte de la moelle, c'est-a-dire par la sub- stance grise, ou i)ar le cordon antero-Iatcral. Le cordon antero-laleral ne saurait prendre part a cette transmission; les experiences pr^cedenles, surtout les experiences 111 et IV, vous ont suflisam- nicnt demontre que les I'aisceaux de substance blanclie ne sent pas conduc- teurs de la sensibilite, et que cctle propriete conductrice appartient exclusi- vement a la substance grise. D'ailleurs les cordons posterieurs n'ont aucune connexion avec les cordons antero-lateraux. Tersonne n'ignore que les cornes de la substance grise se prolongent en arriere jusqu'a la surface de la moelle, de sorte que les faisceaux posterieurs, entierement libres sur uue de leurs faces, sont en contact avec la substance grise dans tout le reste de leur efendue. Apres la section de ces faisceaux, le segment caudal ne pent done etre mis eu communication avec I'encephale que par rintermediaire de la substance grise adjacente. Cela pose, comment s'efablit la transmi;>sion sensitive entre le segment caudal des faisceaux posterieurs coupes, et la substance grise conductrice qui transmcttra a son four Timpression au sensorium? Est-ce par un simple contact ou par une veritable continuite de fibres? M. Brovvn-Sequard s'est pose cette question, et voici comment il I'a rcsolue. Non content de couper en travers les cordons posterieurs, il les a disseques dans une certaine efendue, demaniere adetruirc tout contact entre eux et la substance grise et aobtenir un lambeau asscz long pour etre replie eu arriere. Alors il a pique rcstrc- mite flotfanfe de ce lambeau, et il a Irouve (pi'elle etait sensible; ila fait cette 42 dissection a la fois sur le segment c^plialique et sur le segment caudal, et il a constats encore que le lamheau caudal dtait plus sensible que le lambeau ce'phalique. Mais vous vous dcmandez dcja sans douto comment notre colk'-gue a pu executer cettc dissection delicate, sans dc^cliircretbroycr la substance si molle de la moelle. Pour y v(5ussir. il a imagin6 un proc(^de aussi simple qu'ingeuieux, qui consiste a isolcr les cordons post(5rieurs avant de les cou- pcr en travcrs. Aprcs avoir denude la moelle, il saisit un bistouri bien aigu et bien tranchant ; il I'introduit transversalement un pen en dehors du sillon col- lateral postt^rieur, et le fait ressortir syniL-triquement du c6t6 oppose ; la to- lalite des cordons postt'rieurs se trouve ainsi soulev(5e sur la lame et separee du reste de I'organe. Alors Texperimentateur fait cheminer son instrument pandlelement a I'axe de la moelle, et ne le retire (lu'apr^s lui avoir fait par- conrir un trajet de 1 a plusieurs centimetres. Ce premier temps de I'opcra- tion a pour consequence d'isoler les cordons postSrieurs dans unc certaine dtendue et de les transfonner en nne sorte de pout, ou pour mieux dire en un lambcau rectangulaire, adherent a ses deux extremites, et libre sur ses deux faces et sur ses deux bords. — On sonlcve avec un stylet la partlc moyeuuc de ce pent, on la coupe tranversalement et on obtient ainsi deux lambeaux partiels de longueur ^gale, dont Vun adhere seulement par son extremite ce- phallf[ue, et I'autre seulement par son extr^miti caudate ; ces deux lambeaux sont replies en arriere, et on en explore successivement la sonsibilil(3. M. Brown-S^quard a r^pet^ devant nous avec un plein succfes cette ex- perience delicate. Exp. Vlll, faite sur un lapin, le53 juin 1855, devant la Socie'te'de biologie. La moelle cpiniere est mise a nu dans la rt^gion lombaire ; la motilitc et la sensibilit6 restent intactes. M. Brown-S(5quard, suivant le proc^d^ que nous venons de d^crire, laille deux lambeaux aux d6pens des faisceaux posterieurs. Le premier temps de I'opcration, qui consiste a isoler ces faisceaux, provoque uiie douleur assez Vive; mais le second temps, qui consiste a couper ces faisceaux en travers, est beaucoup plus douloureux. Les deux lambeaux sont infldchis en arriere ; le lambeau cephaliquc est re- pli(5 du c6te de la t^te, le lambeau caudal du c6t6 de la queue. Chacun d'eux est long de un demi-centim6tre. Avant d'aller plus loin, on s'assure que la molilite est conserv(^e, et que la sensibilite est exagcree dans lesmembres abdominaux. Puis on passe al'exa- men des deux lambeaux de la moelle. On pique alternativement ces deux lambeaux dans des points sym(5triques, tant6t au niveau de leur bord libre, tantAt en se rapprochant de leur bord adherent. Le lambeau cephalique est tres-sensible; lors(|u'on le pique ou . (lu'ou le pince, I'animal crie et se debat ; mais il donne les signes d'une dou- Icur beaucoiip plus intense lorsqu'on ngit de la memo manicrc siir Ic lamlieau caudal. 11 suflit d'effleurer ce lanibeau avcc un stylet pour provoqucr dos oris ct une vive agitation. Autopsie. — Les deux lambeaux comprennent la tolalite des cordons pos- U'rieurs et quelques fibres des cordons lal^raux. La substance grise est a nu; la commissure grise n'est pas divisee. Cette experience ponrrait donner lieu a de longs commentaires ; je me bor- nerai cependant a vous presenter quelques remarqnes. La sensibllite du lam- bean c^phaliqne n'6tonnera personne. La substance blanche des cordons jiosterieurs ayant une disposition librillaire, il est tout naturel depenser que scs fibres ont une direction ascendantc, et qu'elles vont tres-obliquement re- joindre, au-dessus de la base dularabeau, lasubstance grise, seule capable de Irijnsmettre a Tencephale les impressions sensitives. Cette explication est la seule qui se prt^sente a I'esprit. Pour expliquer maintenant la scnsibilite du ]aml)cau caudal, nous sommes oblig(?s d'admettre qn'il y a dans ce lambeau des fibres descendantes qui vont rejoindre obliquement la substance grise au-dessous du point oil la dissection s'est arrctee. 11 y a done dans les fais- ceaux post^rieurs des fibres ascendantes et des fibres descendantes. Contrai- rement a tout ce qu'on pouvait presumer, celles-ci paraissent meme plus nombreuses que celles-la, si I'on en juge du mcins d'apresle resultat de cette experience; carle lambeau ciiplialique, qui doit sa scnsibilite a ses fibres as- cendantes, est moins sensible que le lambeau caudal dont les fibres descen- dantes ont seules conserve leurs connexions avec la substance grise. Certes, messieurs, vofre commission ne se dissimule pas cc qn'il y a de grave a admettre ainsi dans la moelle epini6re des fibres descendantes dont 11 ne lui a pas 6te donne de constater directement la disposition ; mais com- ment se refuser a I'c^vidence de la belle experience de M. Brown-Sequard? Comment expliquer autrement la scnsibilite recurrente du lambeau caudal? Cette direction des fibres est une bypothtse, dites-vons?Eh bien ! soit. Aban- donnons cette hypothfese ; n'acceptons que ce que nous avons vu : nous arri- verons encore a une conclusion assez extraordinaire. Le lambeau cepbalique est sensible, done le courant nervcuxy suit une direction ccntripfete ; le lam- beau caudal est sensible, done le courant nerveux y suit une direction cen- trifuge. — Or, nous aurions pu falre rexp(5rience sur la moelle un pen plus haul on un pen plus bas ; le r(''sullat aurait ete le meme. Nous aurions pu faire un lambeau cepbalique avec la substance qui nous a servi a faire noire lambeau caudal; et alors nous aurions trouv6 un courant nerveux centripete, la oil nous avons constate la presence d'un courant nerveux centrifuge; c'est- a-dirc que la substance des cordons postcrieurs, dans quelque point qu'on I'examine, possede la propriete dc Irausmettre a la substance grise des cou- rants qui reraontent et des courants qui descendent. Les faits ont ici une lo- gUiiic inexorable. Chercliez niaintenaiit a concilicr cola avcc re qii'on suit ou ce qu'on croit savoir sur la structure, la nature, les fonctlons el les con- nexions des centres ncrveiix, et vous scrcz obliges, comme nous, (lavuuer que I'expericnce >ic M. Brown-Sequard ne rcnvcrse pas seulement la pliysio- lo,?ie de la moelle, mais qu'elle boulcverse toutes nos connaissanccs sur renscmble du sysleme ncrveux. Mais je viens de faire ^nc concession que je suis oblige de retirer. J'ai con^enli pouruu uiunient a considerer comme unc bypothtse rcxistencc des libres descendantes. Une autre experience de M- Brown-Sequard va nous four- nir en lour favour un argument decisif. Commencons par couiier transversalcraent Ics cordons posterieurs, comme dans les experiences II, Yl el Ml. Examinons la surface de lu section sur le segmenl caudal, nous la trouvons tres-sensible. Co segment doit sa sensi- bilite a ses connexions avec la substance grise. Cast desormais un i)oint bien etabli, sur Icquel je n'ai pas a rcvenir. Cola pose, je pretends— siqipo- sez un instant, messieurs, que c'est M. Bro\vn-Sequard qui vous parle — je preionds que le segment caudal soulire sa sensibility, sinou en tolalite, du moins en graude parlie, non pas de la substance grise subjaceiite, mais d'un point situc^ beaucoup plus bas ; je pretends que les impressions sensi- tives suivent dans le cordon poslerieur, au-dessous de la section, un long, un Iris-long Irajet centiifuge, en suivant la direction deslibres descendantes. Je pretends eiilin ([ue ces fibres sent tres-obrupies, ou plutot qu'ellcs sont prosque loiigiludinales, et qu'elles ne vont rejoindre la substance grise qu'en un point tris-eloigne. Pour le prouver, je vais couper ces fibres a 2, a 3, a 4 centimelres au-dessous dela premiere section. Je couperai on m(>me temps le passage du courant nerveux sensitif, ot si je viens ensuile a examiner i'elat des cordons posterieurs enlre cette nouvelle section et la prec(5dente, je trou- verai une inscnsibilitc prosque complete la oil j'avais constate tout a I'heure une sensibilit(i extraordinaire. Voila ce que M. Brown-Sequard nous annonce. Voyons maintenant comment il va tenir sa promesse. Exp. IX faite sur un lapin le 7 juillet 1855. — La moelle est mise a nu dans la region lombaire et les cordons posterieurs sont coupes en travers. ih\ con- state aussitut tous les plienomencs qui accompagnent ordinaircmcut cello operation : conservation de la motLUte des membres pelviens, oxagoralion de leur sensibilil(i, hyperestht'sie du segment caudal de la moelle. Une secondc section trans versale est alors pratiquee sur les cordons pos- terieurs a 1 centim. et demi au-dessous de la prdct^dente. On obtient ainsi sur ces cordons un segment intermi'diaire qui a conserve toutes ses con- nexions avcc la substance grise suhjacente. Laniolilito el riiyperestbesie persistent dans les membres abdominaux. ^ous oxplorons alors avoc uno aiguille la scnsibililc des cordons poste- liciirs qui se Irouvcnt divisi's en trois scgmcnls : un po^mcnl cr'pl'.iiliiiiie siliu- ;ui-iicssiis (Ic la prcmitrc seclioii, nil segiRcnl caiklal ?ilue aii-dossoiis dc la secondc sccfion, ct mi segment inlcrraediairc siiuoeaire lesdeiix sections. Lc segment ce'phalique piv'sente unc scnii'DilitO ordinaire. Lo segment caudal pri'sente une scnsiLuiitc gxageree. Le segment intei-mcdiaire enlin nc prescntc qu'une scnsi])ilite Ires-obtnse, a peine appreciable au debut de rc.vpevlcnce, et devenant bientOt tout ;i fait nulle, tandis que celle des deux autres segments persiste pendant plus de deux bcures sans aucunc modification nouYelic ju.iqu'au moment oil on liic ranimal. Autopsie. — Lcs deux sections out divise transvcvsalement la folalitc des cordons posterieurs, et quelques fibres des cordons lateraux. Le segment intermcdiaire est dilacere et presque reduit en bonillio, par suite de Taction des pinces et des aiguilles dont on s'est servi pour en explo- rer la sensibilile. Celtc desorganisaliou ex[ilique pourquoi la sensibilite a (iiii par s"eleindre tout a fait. 11 est bou de iioler qua la fin de I'expi'rience les ai- guilles qu'on croyait enfoncer dans lc segment intermWiairc des cordons posterieurs penetraiont pivsque direclcmcnl dans la substance grisc sans que I'animal s'en aperci'it. Nonvellc prenve de rinsensibilile de cclte sub- stance qui pourlant est seule chargve de trausmeilre au ccrveau les impres- sions sensitives. Avaut d'aller plus loin, nirjsieurs, jo dois vous liiic que I'lm do vos coni- missaircs, M. Yulpian, avaut doconnaitre le resullat obleuu par M. r.rowu- Sequard, a execute, avcc M. riiilipcaux, une experience analogue, et qu'il a constate despbenom^nes sinon ideutiques, dumoins trcs-semblables a ceux que nous venons de vous decrire. Et maintenant que devons-nous en conclure? -\'cst-il pas necessaire d'ad- mettre (pie les fibres des cordons posterieurs, quoiqu'cUes nous paraisscnt lougitudinales, ne le sent pas comi>irtemeut, qu'elles sont nn pen obliques, et qu'elles vonl aiusi, apres nn lung Irajet, rejoindre la substance grise? Cost une disposition qui rappelle cellcdii grand snrtout ligainenteux anterieur des vertebrcs. 11 semble au premier abord qui; ce ligament soil compose de fibres longitudinales etendues sans interruption depuis I'axis jusqn'au sa- crum ; mais en le disseqnant, en le faisant niacerer, on Ironve que ces fibres sont legerement obliques, et qu'nn certain nombre d'entre elles s'arretcnt sur eliaipie sym[)bysc vcrtebrale. Pratiquez sur ce ligament deux coupes Irans- versalespeueloignees I'une del'autre; puis dissequez, suivez ct comptez si vous ponvez les fibres du segment intcrmediaire. Vous trouverez que la plu- part d'cuire elles sont conpees a leur deux lionis et privees dc toute connexion avec le squelelte, mais que qnelques-unes cependani, sitiiees dans la pro- f iiuleur. vonl s'in^i'rer ?ur la faco anii'rieure de I'os mi du llbnvcarlilage. 46 Get cxcmplc STOssicr va nous faire coniprcndre Ics resultats ilc la double sec- tion de la nioelle. Le ligament vertebral lopn'sontc le cordon poslrrienr com- pose de fibres tellenienl obliques qu'eliis paraissent iongitudiiiales. La co- lonne verlebrale oil vent s'inscrer les libres du ligament, c'est la substance grise oil vont aboutir les fibres sensitives du cordon posterieur. Le seymenl intermediaire ilece cordon se cOmposeainsi d'liii Ires-grand iioinl)re de fibres couples a leurs deux extr6mit(5s, parlaiil loul a liiit insensibles, el d'un Ires- petit nombre de fibres profondcs, qui pc'iuiirut dans la substance grise, et couservent par consequent la propriele de sentir. Voila pourquoi le segment intermediaire n'est pas insensible; voila pourquoi aussi iliie jouit que d'uuc sensibilile obscure. Supposez mainleiianl que les deux sections de la moclle soient un peu plus t^oignces I'une de I'autre ; donnez au segment intei'ine- diaire 2 on 3 centimetres de plus en longueur: le nombre des libres insen- sibles diminuera; celui des fibres sensibles augmentera en proportion, et vous pourrez vous assurer, en ellet, que la sensibilile est dcvenue de plus en plus manifeste. Espacez siinisammenl vos deux sections sur un iiouvel ani- mal, etvous verrez le segment intermediaire devenir aussi sensible ciuc Ic segment cepbalique; depassez cette limite, et vous ne tarderez pas a Irouver sur le segment intermiidiaire une sensibilile aussi cxagt^riie que sur le seg- ment caudal; ce n'est point tout, car vous verrez en mi^me temps I'bypcres- tliesie se manifester dans les parties du Irene ou des membresdont les nerfs naissent sur la moelle enire les deux sections. Si j'ai leussi a me faire com- prendi'e, FexpLricncc suivanic, je respcre, ne vous surpreudra plus. Exp. X et dernih'e, sur un cochon d'Inde, faitederant la Socidtt'le \'ijniUct 1855. — Get animal, qui adejti etc le sujet de la sixi^me experience, avail subi, cinq jours auparavant, la section des cordons posterieurs dans la region lomhaire. La plaie des teguments etait cicalrisee; mais les Lords de la plaic de la moelle (5taient encore (J'carles, ainsi que I'aulopsie le ddmontra plus lard. Du resle, I'liyperesthesie des membres inferieurs, comme on la vu, etait aussi prononcee quele premier jour. M. Bro\vn-S(!'quard nous fait constatcr cetle liypercslbesie; il nous montrc que les membres tboraciques de ranimal out lour sensibilile normale, que I'animal crie et s'agite quand on les pince, mais qu'il taut pour cela serrer avec force. Al(jrsl'exp(5rimentatcur euleve Fare posterieur des deuxieme, troisieuic et quatrid-mevert^brescem'coies, met a nu la parlie supMeure de la moelle, et coupe les faisceaux posti^rieurs au niveau de la troisi^me verltbre cervicale, au-dessus par consequent de I'origine desnerfsdu membre Ihoracique. Aussit6t nous constatons que les patles anierieures, doni la molilil6est conservee, sent le si^ge d'une hyperesthesie plus manifeste encore que celle des membres abdominaux. Le moindre atfouclicment y pro\o([ue de la dou- 47 leur, et lorsqu'on vient a les pincer, I'animal crie el s'agite presque conviilsi- vemcnf. L'exploration directe des cordons post^rieurs au niveau de la section montre qne le segment cephalique est sensible ; mais que I'autre segment, c'est-a-dire le segment intermediaire, est beaucoup plus sensible. Autopsie. — Le racbis de I'auimal est long de 22 centimetres; la distance qui separe les deux sections, et qui mesure la longueur du segment inter- mediaire, est de 1 3 centimetres ; ce segment occupe par consequent prt;s des deux tiers de la longueur totale de la nioelle. Ladeuxieme section ne presentc rien de particulier; j'ai d6ja dit que la plaie produite sur la moelle lombaire par la premiere section est encore lar- genient ecartee ; le segment intermediaire se trouve done tout aussi isole que si les deux sections avaient ete faites le meme jour. Vous voyez que le segment intermediaire a pu, grace a sa longueur, se comporter de la meme maniere que le segment caudal des sections simples ; non-seulement il a acquis une sensibilite exager^e, mais encore il a com- munique une hyperesth^sie prononc(5e aux regions qui, comme lesmembres thoraciques, recevaient leurs nerfsde la partie correspondante de la moelle. 11 r^sulte de la, messieurs, que les faisceaux post^rieurs, seule partiereelle- ment sensible dela moelle, soutirent leur sensibilite de la substance grise oil leurs fibres vont aboutir. Contrairement a tout ce qu'on pouvait prevoir, la plupart de ces fibres sont descendantes ou centrifuges, et ainsi s'explique, sans donte, I'in^gale sensibilite des deux segments apres la section des cordons postt'rieurs. Nous avons vu, dans les experiences precedentes, quele segment caudal est toujours plus sensible que le segment ceplialique ; c'est qu'en effet celui-ci ne communique avec la substance grise que par les fibres as- cendantes cpii sont pen nombrenses, tandis que le segment caudal, dont les fibres ascendantes sont interrompues, doit aux fibres descendantes qui con- stituent la plus grande portion de son tissu, une sensibilite bien superieure a celle du segment oppose. Cctte repartition des deux ordres de fibres sensi- tives dans les cordons posterieurs est mise en evidence par les experiences precedentes, et elle seule pent rendre compte d'un phenomtne inattcndu, decouvert tout recemment par M. Brown-Sequard. Vous savez, messieurs, que les cordons posterieurs dela moelle, parvenus au niveau du bulbe et au moment d'entrer danslc crane, s'ecartent sous un angle aigu qu'on appelle le calamus scriptorius et prennent le nom de corps restiformes. Lorsqu'on met a nu les corps restiformes et qu'on les irrile, on provoque des douleurs tout aussi vives, et plus vivos meme peut-elre que lorsqu'on fait la meme experience sur les cordons posterieurs proprement dits. Cette sensibilite exquise des corps restiformes est connue de tout le monrlp. et elle n'a jamais einnne personne. L'anatomie montre que les fibres 'i8 lie ci's orgaiics ?onl la continuation dc ccllcs dcs cordons pnsterieurs ct qu'elles vont pi'nelrcr directcment dans le cervclct, dont dies constituent les pedonculcs inft^-ieurs. La pliysiolofric en conclut ciue les corps resti- formes sont destines a conduire a I'oneepiiale !es impressions sensitives; que loutes Icnrs fd)res sont ascendantes; tpie lous les couranls nerveux qui les traversenl sont centripeles et que leur tissu doit etre scnsijjlc toules les fois qu'il conserve scs connexions dircctes avcc le sensoriuni. En d"aulres tcrnies, les corps rcstiformes doivent lour sensibilit(5 a leur continuite avec les pedonculcs inferieurs du cervelet et uon a lenr continuite avec les cor- dons post^ricurs. Ceci n'est pas seulement 1' opinion des successeurs de Charles Bell, c'est la doctrine gC-n^rale dc tous les temps et dc tous les pays. Posez maintenant cettc question a un physiologistc qnelconque ; quelle doit etre rinfluencc de la soclion des cordons posterieurs sur la scasibilile des corps rcstiformes? On vous repondra invariablemcnt ([ue cetle sensibilite doit rester inalterce. Etconmicnt en scrait-ii anlreraeiil? Les corps rcstiformes, dans cettc expe- rience, n'ont -lis pas conserve leur continuile avec le seusorium? Ainsi, il est bien convenu que si nous coupons la partie posterieure de la moellc al- longceau niveau du calamus scriptorius, nouspourrons aneantir la sensibi- lite dans les cordons poslcrieqrs, mais que nous no pourrons porter aucune atteinieaux proprieies sensitives des corps rcsliformes. Celui qui refuserait d'admellrc cetle derniere proposition serait accnsL- de pecber coulre la phy- siologic la i)lus elemenlaire. Voila ce que nous enscigne la tlieorie. Voici maintenant ce que nous apprcnd rcxpLricnce. M. Brown-Sequard coupe les faisceaux posterieurs au niveau du ])ec du calamus. Les corps rcstifornios restcnt infacts; leurs connexions avec la subslancc grisc du bulbe, leur con- tinuite avec le cervelet sont inlegralement respectees, ctccpcndant leur sen- sibilite est ane'antie. EUe lest coniplelenicnl cl d.flnitivcment dansunc elcn- due notable au-dessus de la section. Remarquez qu"elle n'est pas seulement diminnce; elle est absolument (.'teinte, c'csi-a-dire ([u'il n'y a pas niemcunc senle libre a^'ccndanlc la oii on s"allcndail a nc pas Irouvcr une seulo fibre descendante. Quant aux cordons posterieurs, si on les examine au-dessous de la section, on trouve qu'ils possedent une sensibilite excessive. Eiifin, le tronc et les mcmbresdelaniraal, aulieu d'etre insensiblcs comme on devrait s'y attendre, sont, au conlraire, le siege d'une hypereslliesie trcs-prononc(!'e. Cette experience decisive est en qnelque sorte le couronnemenf des reclier- cbes de 31. Brown-Sequard, Mais noire collegue ne I'a pas encore repetee de- vant la commission; je m'alistieniirai, par consequent, de la commenler, aissant a chacun de vous le soiu d'en apprecier I'imporlance (I). D'ailleurs, (l Dans la seance qui a suivi l;i Icclure do ce nipp.orl, M. Brown-Sequard 49 je ne veux pas abuser plus loiiglcnips do voire attention. Co rapport est di'ja beaucoup plus long que vous ne Ic desiriez, sans doute, et plus long surtout que je ne Ic croyais moi-meme. Vous m'excuserez en songeant a I'inipor- tance tout exceptionnelle des questions que j"ai du trailer devant vous. A aucunc cpoque pcut-ctre la pliysiologic du systeme nerveux n'a etc bn^:- leversee par une revolution plus radicalc ct plus rapide. Hier, c'etait unenseuil lie harmonique depropositionsincontestees,d'explicationsingenieusesetdctheo- a execute, devant la Societe de biologie, la section des corps restiformes au niveau du bee du calamus. Les rcsultats,que nous avonstous puconstater, out ete enti^rement conformes a I'enoncc qui precede, et 11 m'a paru utile, au moment de I'impression, de presenter en abrege les details de cette expe- rience. Exp. XI, faite surun lapin adulte, devant la Societe de hiologie, le ISjuillel 1855.— Apres avoir enlcverarcposti'ricur de I'atlas, et divisc lamcmbranc uc- cipito-atloTdienne, M. Brown-Sequard incise ladure-mere, soul^ve la partie pos- tericure du cervelet, ct melanulcs corps restiformes, le calamus scriptorius, et I'extremite ceplialiciue des cordons postcrieurs de la moelle. Puis 11 coupe le cordon posterieur gauclie au niveau du point oil 11 se continue avec le corps restiforme correspondant. Cctte section est extrememcnt douloureuse et pro- vo([uc des convulsions ipii durent plusieurs minutes. Lorsque le caLmc est letabli, on constate que les quatre membres ont conserve leur sensibilile ; cette sensibilite parait deja exageree sur les deux membres droits, raais elle est plus exageree encore sur les deux membres du c6t6 gaucbe. M. Brown-Sequard, et apres lui plusieurs de nos coUegues, explorent avec une aiguille la sensibilite des deux segments du faisceau divis^. Dans une etendue de plus d'un demi-centimetre, I'extremite inferieure du corps res- tiforme est totalement insensible. On pent enfoncer I'aiguille assez profonde- jnent dans cette direction sans provoquer la moindre douleur ; on pent memc traverser a ce niveau touterepaisseur du bulbe sans que I'animal paraisse s'en apercevoir. Mais lorsque I'aiguille rencontre le segment caudal de la section, c'est-a-dire lorsqu'elle vient a toucher le cordon posterieur, I'animal donne des signes d'uiie douleur fcllement vive, qu'elle depasse tout ce que nous avons pu constater dans les autres experiences. Une heure apres I'animal vit encore ; rexploration est repetee une dernierc fois et donne toujours le meme rcsultat. Dans la meme seance, M. Brown-Sequard a repete cette experience sur ua chien; mais I'animal a succombe a une liemorrbagie fournie par les vaisseaux de la pulpe nerveuse et i)ar les veines de I'interieur du rachis, avant qu'il fill possible d'titudier I'etat de la sensibilite des parties divistV'S. MKM. 4 50 ries seduisantcs ; aujoiinl'lmi cu n'cst qu'uu cliaos iufonuc. 11 y avail la unu bcUc science doiil le dix-ncuvitme si^clc ctait lier, ct il u'cn rcste plus (lu'un ainas de ruincs ! Co ii'est pas seulenient la doctrine de Charles Bell qui vicnt dctombcr; qu'importerait, apr^s tout, qu'un petit coin de la moelle fiit d(5pos- s:'de d'uuc fouction qu'ou lui avail attribuce? Mais qu'on prcnne cette doc- trine ou les hypotheses qui I'ont precedee ou celles qui I'ont suivie; qu'ou k's modifie, qu'on les retourne, qu'on les restaure menie si Ton veut et ou u'arrivera qu'a la dt^ceplion etau doute. Songez en parliculicr, messieurs, a cette inexjilicable hyperesth^sie qui survient a la suite de la section des fais- ceaux poslerieurs de la moelle et qui persiste ensuite indeliniment ; songez surtout a cette proposition aussi evidentc pour les yeux que r^voltante pour I'csprit ". certaines impressions sensitives suivent dans les centres nerveux une direction centrifuge. N'est-ce pas comme si Ton disait que I'excitation de la volonte suit une direction centripete? Sachons nous soumettre a I'^vidence des fails, no nous repandons pas en regrets sur nos illusions pcrdues, et re- posons-nous sur I'oreiller du doute en attendant des temps meilleurs. La mission que vous m'avez confiee me faisait un devoir de vous presenter et Ics experiences de M. Brown-Sequard et leurs consequences subversives. 1! ne m'apparlient pas de vous exposer les idces de notre coUeguc ni d'etablir ses droits de priorite, ni do discuter la nouvelle doctrine dont il a deja jete les premiers fondcments. Ces remarques hisloriques el critiques trouvcraicut ici leur place s'il s'agissait des travaux d'une personue elrangere a la So- cielc ; niais JI. Brown-Sequard est notre coll6gue, et la commission chargee d'assister a ses experiences n'a pas le droit de faire un rapport sur ses opi- nions. D'ailleurs, elle ne serait point en ctat de le faire. M. Brown-Sequard nc nous a pas encore presenle ses idtes dans leur ensemble; nous savons sculementqu'il s'est mis courageusement a I'ojuvre pour reconstruire apres avoir demoli. Faisons des voeux pour qu'il reussisse; mais diit-il echouer dans cette entreprise difficile, sa part serait encore assez belle, car il est aussi glorieux de reuverser I'erreur que de trouvev la verite. RECHERCHES SUR LA VOIE DE TRANSMISSION DES IMPRESSIONS SENSITIVES DANSLAMOELLEfiPINIERE, lues a I'Acadeiuie des sciences, le 27 aoiit et le 24 septembre 1855 , LE DocTEUR E. BROWN-SEQUARD, Lam-cat de rAcaJemio des sciences , ex-professeur de physiologic :iu college medical de Richmond (Etats-Unis) , ex-secretaire de la Societe philomatiqiie et de la Societe de Biologie, inembre de i'Amevican philosophical Society de Philadelphie , etc. Memoire communique a la Societe de Biologic en mat, juia et juillet 1855. L'existence de paralysics Isoldes de la sensibility on dii mouvement volontaire aduconduire, de tous teinps, nombrc de medecins ase de- mander si les parties des centres nerveux et des nerfs servant a la sensibility ne sont pas dislinctes de celles qui servant aux raouve- nients volontaires. Mais il semble qu'il ait ete reserve ii'notre siecle de formuler nettenient le principe de ces differences. C'esta Alexandre >Valker qn'appartient le nierite d' avoir le premier emis nettenient I'idee^ue des parties distinctes, dans les nerfs et dans la moelle, ser- vent les unes aux mouvements volontaires, les autres a la transmis- sion des impressions sensitives. II s'exprime en ces termes a cet egard (1) : « Comme dans quelques cas la sensation existe sans la vo- lition, et comme tous les nerfs naissentpar des filaments distincts, je (1) Archives of universal science. July, 1809, p. 172, 52 crois que partout ou unc parlie, ;i la Ibis sensible et souinise ii la vo- lonte, regoil un tronc nerveiix, cclui-ci conlient un nerf pour la sen- sation et un nerf pour la volition, etc. » Ailleurs, I'auteurdit : " L'ac- tion commence dans ies orj,'am's scnsibles, passe a la nioelle par les racines anterieures des nerl's spinaux, qui sent cons^quemmenl les nerfs de sensation, et monte le long des colonnes anterieures de la inoellc; » et de plus Taction voloutaire " descend le long des colonnes post(5rieures de la moelle, el va se repandre par les racines poste- rieures, qui sont consequemment les nerfs de volition, etc. » Quelques annees apres le premier travail de Walker, Charles Bell lit imprimer, a un tres-petit nonibre dexcniplaires, un livi-e dans lequel il emit des idees analogues, en principe, a celles de Walker. Mais malgre les analogies doctrinales existant entre les theories de ces deux physiologistes, une dillerence radicale exislait entre elles rela- tivement aux parties servant aux sensations ctaux volitions. Charles Bell attribua aux cordons ct racines anterieurs ce qui avait ete attri- bue aux poslerieurs par Walker, et il crut que les racines et cordons posterieurs avaient la fonction que Walker avait atlribuee aux ante- rieurs. A Charles Bell appartient la gloire d" avoir le premier donne un com- mencement de demonstration des dilTercnces fonction nellcs des deux ordres de racines des nerfs spinaux. Quant aux cordons (faisceaux ou colonnes) de la moelle epiniere, les recherches de Ch. Bell so bornenl a une experience insignifiante et a quelques donnees anatomiques. 11 dit il ce sujet (1) : « J'ai trouve qu'une blessure faite a la partic antc- rieure de la moelle epiniere coni^M/^aiV Taninial d'unc maniere plus certaine qu'une blessure de la portion posterieure; mais j'ai trouve tres-difficile de faire 1' experience sans blesser a la fois les deux por- tions. » Ch. Bell ayant admis d'abord (jue les racines posterieures se conti- nuaient avec les cordons posterieurs de la moelle, crut que ces cor- dons avaient la meme fonction que ces racines ; mais ayant ensuite cm voir que les racines posterieures se continuent avec les cordons late- raux de la moelle, il changea d'avis, et admit que la transmission des impressions s'opere par les cordons lat^raux. Une autre raison de cc (1) Idea of a new anato.mv of the Drai.x, cite in The nervous ststem, Ijv sh-Cli. Bell; 3* 6d., 1844, p. 443. diangonieiit d'opinion etait quo les cortlons posltirieurs ne se rendent pas au ceiveau, mais au cervelet, lequci n'es pas I'or^ane des per- ceptions (1). Apres la publication des premiers memoires de Ch. Bell et dc son beau-frere, .lolin Shaw, en 1821 et 1822, des reclierchcs nouvelles i'urenl entreprises piar un grand nombro d I'xperimentateurs, et il fut biont6t parfaiteme'nt demontrepar J. Miiller surdes batraciens et par Seubert, Valentin et Panizza sur des mammiferes, que les racines anterieures des nerfs spinaux sont les seules voies de transmission des ordres de la volont6 aux muscles, et que les racines postericures sont les seules voies de transmission des impressions sensitives au sensorium. En 1839, les diflerences que M. Magendie avait souvent constat(5es dans ces experiences sur les racines anterieures, lui furent expliqu6es, et il s'assura que ce n'est pas directement, mais seulement par recurrence, que ces racines paraissent sensiblos. La seule difficulto qui restait encore a regard des propri6t6s des racines se trouva ainsi eclaircie. Cette sensibilite apparenle des racines anterieures que M. Magendi(! appela recurrente a ete reconnue par un grand nombre de pbysiolo- gistes el surtout par Kronemberg, Volkmann, M. Gl. Bernard, M. Schiff el nous-meme. 11 est impossible aujourd'hui de nier son existence, et nous pouvons ajouter que, avec les connaissances que nous avons maintenant des phenomenes galvaniques qui accompagnent la con- traction musculaire, il est Ires-facile d'expliquer cette apparence de sensibilite. Dans un travail special a ce sujet, nous avons essaye de raontrer que c'est parce qu'elles sont motrices que les racines ante- rieures produisent de la douleur quand on les excite (2) Mais si les questions relatives aux fonctions des divers ordres de racines spiuales sont resolues, il n'en est pas de memo a regard des fonctions des diverses parties de la moelle epiniere, consideree comme organe de transmission. 11 n'y a peut-etre pas de question dans les sciences medicales qui ait ete I'objet d'un plus grand nombre d'opinions, que celle de savoir quelle partie de la moelle epiniere Iransmet les ordres de la volonle (11 Voyez a ce sujet deux des derniers memoires de Ch. Bell, in The ner- vous SYSTEM ; 3* ed., 1844, p. 207 et 231, et sm-tout les pages 238 et 239. (1) Yoyez Gazette Medicalede 1'aris, 1851, p. 209, et Comptes RE^Dus dk LA SOCIETE de BIOLOGIE, 1850, p. 171. 54 aux muscles, el quello parlie de cot organe Iransmet los impressions au sensorium. A regard do la transinis?ion des impressions, les diverses opinions que nous allons oxposer ont 6t6 6mises tour a lour. 1* Les cordons posterieurs de la moelle epinioro sont los seules voics de transmission des impressions sensitives, suivant Backer, Kuersch- neret M. Longet. 2" La substance grise centrale est la seule voie de transmission des impressions gensitivos, suivant Bellingeri. 3° La portion posterieure de la substance grise est seulo charg^e do la transmission des impressions sensitives, suivant Stilling. 'i" Les cordons lateraux sont les seules voies de transmission dos impressions sensitives, suivant LudwigTiirck, 5" Les cordons postt^rieurs sont la principale voie de transmission des impressions sensitives ; mais la substance grise, prnbablemcnt par les fibres blanolies qu'ellc contiont, est aussi capable de transmission, suivant Kigenbrodt. G" La substance grise et les cordons posterieurs sont les voies de transmission des impressions sensitives et I'uno de ces parties pent suppleer a I'autre, suivant Scliiff. 1" Toutes les parties de la moelle 6piniere peuvent conduiro les im- pressions sensitives, suivant Rolando et M. Calmeil. D'oii vient que des opinions si contradictoires aient pu 6tre limises a propos d'une question qui pent sembler, a priori, si facile a r^soudre par I'experimentalion? Cola vient surtout de Tignorance de I'une ou de plusieurs des circonstances suivantes par les exp6rimentateurs qui se sont occup6s de cette question : 1° L' existence des mouvements r(5tlexes', 2° L'existence de la transmission crois6e des impressions sensitives dans la moelle epiniere ; > La possibilite do l'existence de la faculty de transmeltre les im- pressions dans une partie denuee de sensibilit(5 ; 4" La possibilite de mettre la moello Epiniere a nu sans produire une trop grande li6niorrliagie et sans 6puiser la sensibiiite de I'ani- raaL En France, le progres de la science a 6t6 enraye pendant les quinze dernieres anuses par suite de I'ignorance do ces deux dcrnieres parti- cularites. 55 Un pliysiologisto distingue, dont I'opinion a fait loi pendant celle p^riode, s'exprime en ces lermes, a propos de la miso iinu de la moelle epiniere : « Toub les exp^rimentateurs qui ont ouvert le racliis siir Ics animaux adultes des classes sup^rieures, doivent savoir qu'aussiWl que la moelle spinale, m6me encore entouree de son liquide et de la durc- inere, a cte mise a nu dans la region des lomhes, il survienl deja uu lei airaiblissement do Taction nerveuse que les animaux ne se sou- tiennent plus sur leur train post^rieur, et que la sensibility y devient a peine appreciable. Mais, dans I'intention de diviser isol^ment tel ou lei faisceau, a peine a-t-on incis6 la dure-raere et donnd ecoulemenl au liquide c^rd'bro-spinal, que cet etat f^cheux se prononce davantage ; I'animal tombe sur son train de derriere frapp^ de paralysie, et les teguments peuvent en etre profondement incises sans qu'il s'6veille, d'une mani^re apparente, aucuno sensation douloureuse. Dans de pa- reilles conditions, comment pouvoir arriver a la certitude que I'animal a conserve encore ou perdu le mouvement ou la sensibilite par la sec- tion de I'un ou de I'autre faisceau m^dullaire, puisque d6ja la faculty de sentir et celle de se mouvoir n'existent plus d'une maniire appre- ciable (1)? .. Certes, si la raise a nu de la moelle avait I'influence que lui attribue le pliysiologisle dont nous venons de rapporter les paroles, il serait ab- solument impossible de faire des recherches sur la sensibility, aprte la section de telle ou telle partie de cet organe. Mais heureusement il n'en est pas ainsi, et quand on a reussi a op6- rer tres-vite et de maniere a n'6puiser les animaux en experience ni par des douleura trop prolongees ni par une hemorrhagic considerable, on les trouve parfaitement sensibles et trfes-capables de marcher et m^me de courir apres que leur moelle epinifere a ete mise a nu. S'il arrive quelqucfois qu'un pen d'epuisement existe apr^s I'operation, on n'a qu'a attendre quelque temps et I'animal ne tarde pas a redevenir tres-sensible. Des theories 6mises jusqu'ici a I'egard de la vole de transmission des impressions sensitives, celle qui a prevalu en France est peut-etre celle qui avait en sa faveur le moins de faits. M. Longet, qui croyait I'avoir eiablie d'une maniere definitive, ne s'est fonde pour cela que sur des (1) Traite DE PHYSIOL., par F.-A. Longet, t. II, B., 1850, p. 186. 5b experiences et sur des fails pathologiques, qui ne pouvaient pas, ainsi que nous allons le montrer, servir de base a celte th^orie. Voici d'abord quelles ctaient les experiences dc M. Longet : il cou- pait la moelle epiniere en travers sur un chien, a la region lombaire. Des deux parties de la moelle, ainsi s6parees I'une de I'autre, il en nonimait une, la sup(3rieure, segment cephalique, et I'autre segment caudal. (JU'ind il appliquait le galvanisme a la surface de section des cordons post6rieurs sur le segment cephalique, I'animal criait et s'a- gitait; d'oii I'experimentateur concluait que les cordons posterieurs sont scnsibles. II appliquait ensuite le courant surles cordons antero- lateraux, sur le m6me segment, et ranimal alors ne donnait aucun signe de douleur ; d'ou Ton concluait que ces cordons ne sont pas sensibles. Dans d'autres experiences, M. Longet excitait la substance grise m^- caniquemenl et par I'eleclricite, el il trouvait que cette partie de la moelle n'est pas sensible. Eu appliquant le galvanisme sur le segment caudal de la moelle, il trouvait que I'excitation des cordons posterieurs ne produisait pas de niotivcments, tandis que celledescordons antero-latoraux on produisait. Les resultats de ces experiences, ainsi que ceux de quelques autres analogues sur les racines des nerfs rachidicns, out paru k M. Longet aussi decisifs que possible, et il s'exprime en ces termes aleur egard : " iS'ous ne craignons pas d'affirmer que les experiences qui les out reveles peuvent prendre place i cote des meilleures que la physi([iie possede, et qu'enlin ils etablissent, entre les faisceaux de la moelle, des differences aussi incontestables que celles qui existent entre les deux ordres de racines des nerfs spinaux (I). » iNous avons r6pete ces experiences et nous exposerons ailleurs ce que nous avons observe : nous nous bornerons a dire ici qu'elles ne donnent et ne peuvent donner que des resultats confus, par suite de rimpossibilite oil Ton est d'empecher des courants derives d'aller exciter d'autres parties que celles que Ton veut exciter. Mais, quoi qu'il en soit, admettons que ces experiences aiont posi- tivement demontre que les cordons posterieurs sont sensibles et qu'il n'y a pas d'autre partie sensible dans la moelle epiniere. Peut-on con- cUire dc la que les cordons posterieurs sont les seules voies de trans- {IV Traite d'anat. et nr. phvsioi,. dit syst. nerv., f. 1, p. 2/5. 3/ mission des impressions sensitives dans la moelle ? Assurement non, a nioins que Ton n'ait ilemontre que la transmission des impressions ne pent se faire que par une partie sensible. Non-seulement M. Longet n'a pas demontre cela, mais encore il n'a pas meme essaye de le demon trer, et, de plus, il ne parait pas avoir eu I'id^e que cette demonstration fiit necessaire. II n'aurait d'ailleurs paspu la donner, car, ainsi que nous le ferons voir plus loin, des par- ties peuvent avoir la propriety de transmettre les impressions sensi- tives, bien qu'olles ne possedent pas la sensibilite. II est bien elrange que I'inseusibilite de la substance grise ait paru a M. Longet une preuve de I'incapacite de cette substance a conduire les impressions sensitives, alors que lui-meme admettait que le cervelet, bien qu'insensible, conduit cependant les impressions sensitives. Des deux ordres de fails que M. Longet rapporte pour prouver que les cordons posterieurs servent seuls, dans la moelle epiniere, a la transmission des impressions sensitives, les uns (les fails exp6ri- mentaux) ne sont done capables de rien demontrer a cet egard. (Juant aux autres (les fails pathologiques), nous allons montrer qu'ils ne peuvent pas servir davantage a la demonstration de son opinion. Sur sixcas d'alteralions des cordons posterieurs rapport^s par M. Lon- get, il en est un qui est tout a fait contraire a sa th^orie, puisque la sensibilite 6tait conservee, bien que les cordons posterieurs fussental- teres assez profond^mcnt. Des cinq autres fails, il en est qualre dans lesquels les racines post6rieures ^talent alterees en meme temps que les cordons posl(^rieurs : or I'alteration des racines suffisait pour pro- duirc la pcu-te de sensibilite, et, consequemment, ces cas ne pouvaienl rien prouver quant a hi question qui nous occupe. Dans le cinquieme cas, il n'est pas fait mention de I'etat des racines posterieures ; mais, comme ralteration des cordons posterieurs occupait toute leur largeur, an dos et aux lombes, il y a lieu de croire que les racines etaient al- terees, sinon ii I'exterieur de la moelle, au moins dans la moelle meme. Nous avons rassemble uu grand nombre de cas d'alterations consi- derables des cordons posterieurs de la moelle epiniere, dans lesquels la transmission des impressions sensitives a continue a se faire. Nous pu- blierons ces fails dans un mcmoire special. L'anatomie est aussi contraire que la pathologic a la theorie que nous combattons. Elle nous enseigne que les cordons posterieurs se conti- nuentavecles corps restiformes, lesquels se portent en majeure partio 58 an cervelet. Or, si los impressions sensitives passent uniquoment par les cordons postorioiirs ct los corps restiformes pour nioiitor jiisqu'au centre de perception, il en resullo nt^cessaireniont (ju'iiiie jirande par- tie des impressions arrive an cervelet. Qu'y dcviennent-elles? On ellos s'y arrcHent, et alors le cervelet est un centre de perception, on olics passent i\ travers le cervelet et en sortent pour se porter an centre por- coptour, Ces deux mani6res de voir, dont I'une a ete soutcnue par M. Foville etl'autre par M. Longet, sont egalenient contredites par les vivisections et los faits patliologiques, qui niontrent que la sensibilite peut roster enti^re, sinon mc^me etre exager(5e, alors que le cervelet est dotruit on extirpc^ en majeure partie, on m(5me en totalite. L'aualouiie nous enseigne que les cordons posterieurs de la moelle, chez rhomme, ont a pou pres les monies dimensions transversales de- puis le renflement lombaire jusqu'auprte do la moelle allong(?e. Or, si les cordons posti^rieurs (['talent los seules voies de transmission des iin- pressions sensitives, et que cette transmission s'operat par des fibres, ainsi que M. Longet le suppose, le nombre des fibres devrait etre de plus en plus grand a mesure qu'on examine la moelle plus pr{''S de I'enci^phale. La forme des cordons posterieurs devait done etre celled'uncdneayant sa base ii la moelle allongee et sa pointe au til terminal de la moelle. Nous Savons que Ton pourrait dire qu'il en est peut-^tre ainsi, en ria- lit6, pour les fibres qui transmettent les impressions, dans les cordons posterieurs, et que si Ton trouve ces cordons aussi largos au renflement lombaire qu'a la region cervicale, cela vient de ce que des fibres au- tres que celles-la existent dans les cordons posterieurs, et que leur nombre va croissant de la moolle allongi^e au renflement lombaire. Mais c'est la une pure bypotliese, et taut qu'on n'aura pas, au moins, donn6 quelque apparence do preuve pour la soulenir, on sera foiidc" a croiro que ce que Ton salt des dimensions transversales des cordons posterieurs est contraire h la theorie de M. Longet. L'anatomie compar^e est encore plus contraire a cette theorie que ranatomieluimaine, ainsi que je I'ai dojtimontrti dans un memoire In a rAcademie des sciences en 18'j7. EUe enseigne, entre autres fails im- portants, celui-ci, qui est tout a fait en opposition avec la theorie, h savoir que, cliez beaucoup d'animaux, les dimensions transversales des cordons posterieurs a la ri^gion cervicale, sont inf^rieures a celles de ceg cordons au renflement lombaire. 59 L'anatomiode structure no nous a pas oncore enseigne tVune maniere positive ce que deviennent les racines des nerfs, malgreles redierclios de Hannover, de Stilling, d'Eigcnbrodt, de KoUiker, de Blattmaun, de R. Wagner, deLockhart Clarke, de Scliilling, de M. Gratiolet, deOws^ jannikow, de Schroeder van der Kolk, de Bidder, de Remak et de Kupl- fer. L'extreme vari^te des opinions, a cet egard, provient surtout de I'impossibilite de suivre les fibres nerveuses a I'aide des instruments que nous poss6dons mainlenant. De plus, la plupart dee niicrographes, ne prt'voyant pas que les fibres des racines peuvent descendre dans la moelle (fait anatomique que mes experiences physiologiques condui- sent a faire adniettre), out tres-probablenieut considure coninio des fibres ascendantes des fibres descendantes. Trois opinions ont ete. 6mises et soutenues avec passion par quelques-uns des inierograplies que nous venons de nonimer. Les uns affirment quo la majorite des fibres des racines posterieures se portent directemenl aux cordons pos- terieurs et aux cordons lateraux de la moelle ; d'autres affirment quo le nombrc des fibres de ces racines allant directement a ces cordons, est peu considerable ; enfin, d'autres encore affirment qu'il n'y a pas de fibi'o de ces racines qui aille directement h ces cordons. Mais, quoi qu'il en soit de ces divergences, il semble resulter d'une maniere positive, des re- chcrcbes de la plupart des anatomisteg que nous avons nommes, qu'au moinsun grand nombre de flbres des racines posterieures se portent directement a la substance grise. Ainsi done, I'anatoinie humaine, fanatomie comparee et Tanatomie de structure nous fouruissent des fails contraires a I'opinion qui con- sidere les cordons posterieurs comme la seule voie des impressions sensitives. Nous aliens voir que les resultats des vivisections sont encore beau- coup plus contraires acette opinion que ne Test ranatomie. Mais, avant d'exposer les details de nos principales expiiriences , nous tenons a dire que lorsque nous parlous de la transmission des impressions sensitives dans la moelle jusqu'a fencepliale, nous n'en- tendons pas dire (lue les impressions, pour etre percues et pour donner lieu a des determinations volontaires, doivent necessairement monter jusqu'a I'encephale. G'est la une question que, plus que toute autre, nous ne voudrions pas trancber par une pure assertion. Tout ce quo nouspretendons dire, c'estseulement que, pour qu'une impression ar- rive jusqu'a I'encepbale, elle doit suivre un certain trajet que nom 60 essayons de determiner Nous ne prctendons pas dire, qu'arriv^e i la moelle, Timprcssion n'y est pas percue, et que lop niouvements reflexes ne soienl pas dos niouvements volontaires. Nous ri^petons que c'est l:i une question a dtibattre, ce que nous ne voulons pas faire ici. Mais, de quelle maniere que celte question soil decidee, il n'en esl pas moins certain (pie pour qu'une impression sensitive soil connue de la partie du sensorium ayant son siege dans Tencephale (si la tolalite du senso- riura n'y siege pas), il faut qu'il y ait communication par certaines parties de la moelle entre rencephale et la partie du tronc ou.dcs membres sur laquelle I'impressiou a 6t6 faile, et ce iiue nous cher- chons, c'est uniquenient par quelle partie de la moelle se fait cette communication. 1:11 oxeiuple fcra mieux coniprendre notre pens6c : Lu homrae recoil un coup d'epeequi lui coupe transversalement la moitie lateraledroito de la moelle epiniere au niveau de la troisieme vertebre dorsale; toute communication est interrompue entre son encephale el certaines par- lies de son corps. La partie du sensorium ([ui si^ge dans I'enct'pbale, en supposant qu'il y en ail une autre ailleurs, nest plus en communi- cation avec le membre inferieur gauche, et les impressions faites sur ce membre rostent absolunx-ut inconniiesde celte partie eucepbaliquo du sensorium : I'liomme, queslionne, repond qu'il ne sent pas. Les niouvements dans les deux membres posterieurs ont lieu cependant, maissans le concours de I'enc^phale, quand on chatouille la plante du piod gauche. Si Ton vent considerer ces niouvements comnie volon- taires, ils dependent d'une volonte autre que celle qui siege dans I'en- cephale, la(|uelli' dispose iW. la parole et s'en sert pour nous declarer qu'elle n'a pas ordonnO les mouvements iiui ont eu lieu. Celte volonle encepbalique esl incui)able de mouvoir le membre inferieur droit : la communication est done interrompue entre I'encephale et les muscles de ce membre. Par la, nous voyons que I'encephale doit etre en com- munication avec les diverses parties du corps, par certaines parlies de la moelle. pour (pie le sensorium et la volonti', qui y si(,^gent, puissent commnniquer avec ces parties. II ri-sulte de la que quelle que soil la thi'oric qu'on adopte : que Ton admette la localisation ab- solue de la volontC' el du sensorium dans renc(jpliale ou que Ton place le siege de ces facnll(}s a la fois dans I'encephale et dans la moelle (Epiniere, il n'en est pas moins n^cessaire dechercher parquelles par- ties de la moelle les communications s'(;tablissent entre I'encephale et 61 les divcrses parties du corps. Ainsi done, fniaud nous parlous de la voie dc Iransiiiission des impressions sensitives danslanioelle i'liiniore, nous onlendons parler sculement de la voie par laquelle la communi- cation s'clabliL lo long de la nioelle entre I'encepliale el la partie du corps qui a recu I'impression. Nous allons d'abord rapportor unc serie d'experiences monlrant que la transmission des impressions sensitives ne s'opere pas exclusi- vemenl par les cordons posterieurs. Exp. I. — La moelle epiniere est mise a nii sur un gi'os chieii, a la hauteur des deriiicres verlcbrcs dorsales ou des premieres lomljaircs. Apres avoir constate que la sensibilite de lanimal est partout au degie iiuriiial, nous cou- pons transversalemcnt les cordons posterieurs. Quelques minutes apr^s, nous cherchons quel est I'etat de la sensibilite dans le train posterieur de I'ani- mal compare au train anterieur. A I'aidc de difTerents nioyens de causer de la douleui', dont nous parlerons tout a I'lieure, nous constatons que la sen- sibilite generate paralt manifestement plus grande dans le train posterieur que dans le train anterieur, et que, de iilus, le train posterieur parait liien plus sensible qu'a I'etat normal. Au liouf de quelques lieures et surtout de vingt-quatre heures, cette hyperesthesie parait encore plus vive. Nous sacritions I'aninial, et I'autopsie montre que les cordons post(5rleurs ont etc divises dans toute leur epaisseur. Cette experience est facile a faire, et ellc donne toujours les memes resultats. Nous I'avons I'aite chezle chien, le chat, le mouton, la niar- motte, I'opossum (didelphys virginiana), le lapiu, le cobaye, le loir, le rat, et aussi chez nombre d'oiseaux, de reptiles, d'amphibiens et de poissons. Chez tons ces animaux nous avons constamment observe que les parties du corps situees en arriere d'une section transversale com- plete des cordons posterieurs paraissent avoir plus de sensibilite qu'a I'etat normal. Ainsi, dans toute la stirie des vertebres, le meme phenoraene existe apres la section des cordons posterieurs : nous monlrerons, dans un autre niemoire, qu'il en est de meme chez Fhomme. Nombre d'experimentateurs, tels que Bellingeri, Schoips, Rolando, M. Galmeil, Stilling, Eigenbrodt, avaient vu que la section transver- sale des cordons posterieurs pent etre suivie de la persistance plus on moins complete de la sensibilite, dans les parties du corps situees en arriere de la section. J'ai trouve et public, il y a ddja longtemps, que nou-seulenieut la sensibility n'est pas perdue, mais qu'elle parait exa- 62 g(ir6e. l^'od^ra (1) avail dejii remarqiio rcxislonre do rhypereslhesie, inais coniino dans d'auU'cs cas il avail Irouvi-, auconlrairo, do I'aiics- tliesie, il iiavail [jas couclu ol ue pouvait pas conclure que i'hyperes- Ihesie suit toujours la section des cordons postOrieurs. Nous avons constate que non-seuleraentapres la section transversale dc ces cordons, a Icndroil inditpu' dans Tcxperience que nous venous do rapporler, niais dans toute aulre region de la nioelle e|)iniere, au cou, au dos, conunc aux lombes, toujours Ics parties du coriis siluees eu arriere de la section paraissenl elre dans un elat notable d'hyperes- tliesie. Nous pouvons ajouter que plusieurs mois et meme uuc ou deux anneesapri's roperation, sur dcs coclions d'lnde, nous avons vu per- sister I'liyperesthesie. Mais nous devons dire ([u'elle est alors moiudre (lue quclques heures ou quelques jours aprcs I'operation. Nous croyons elre en droit de conclure di; celle experience que si les cordons posterieurs de la moelle epiniere servenl a la transmission des impressions sensitives, il est au moins certain qu'ils no sont pas les seuls conducteurs de ces impressions. Avant de rapporter d'autres experiences sur la voie de transmission des impressions sensitives, nous croyons ncccssaire de dire (luelle est respcce dimpressions sensitives donl nous nous occnpons et comment nous jugeons de I'etat de la seusibilite. II est evident que, dans des ex- periences faites sur des animaux, nous ne pouvons guere coustaler (lue les modilications dela sensibilite a la douleur. (Juanl a la seusibi- lite tactile, et a la seusibilite au I'roid et a la cbaleur, nous ne pouvons XJas savoir si ellcs subissent des cliangcmcnts par suite de la section des cordons posterieurs de la moelle epiniere. Nous savons seulemenl que quelqiiefois il suftit de toucber la peau des membres posterieurs iVun animal sur lequel ces cordons sont cou])es en travers, a la region (lorsale, pour que I'animal essaye do fuir ; mais I'exageration dc la sen- sibility ilia douleur parait si grandc quelquefois qu'il est possible que lanimal n'ait pas 6prouv6 alors une sensation tactile, mais bien uue seusation douloureuse. Quant au froid et a la cbaleur, ils causent de la douleur iorS(iu'ils soul a un certain degrc!', de sorte (pie sil y a de lagitation lorsquou toucbe la patte d'un animal avec de la glace, par exemple, nous ne pouvons pas conclure dela qu'il a eu la perception d'un changement de temperature. llj JouHN. DE PHYSIOL., expCT. de M. Magendie, vol. Ill, p. 197-202 G3 (Je a'esl done quVii eliidiaut cu qui ii lieu chcz I'lioaunu quo I'ou pouri'ii savoir si les difle rentes especcs de sensibilite persislcnl apres la section des cordons posttnleurs. Dans plusieurs cas d^jii, on a note, conune persistant alors, la sensibilite an toucher, an chatouillement, an IVoid el a laclialeur, en outre de la sensibilite a la doulenr. Mais les details manqucnt a cet egard; dans ces observations et dans un grand nonibre d'aulres cas d'alteration des cordons poslerieurs, rien n'est dit au sujet des diverscs especes de sensibilite. Esperons qu'a I'avenir les maladcs atteintsd'une affection quelconque de la moelle epiniere so- rout examines avec plus de soin. Ne pouvant connaitre chez les animaux que la sensibilite a la dou- lenr, nous avons cherche, au moins, a bien reconnaitre et son exis- tence et son dcgr6 d'energie. Quant a son existence, die se decele d'une manierc qui ne pcut laisser de doutes paries cris, ragilation generale, les niouYcments quelquelbis cornme convulsifs du con et de la tete, Fanhelation on au nioins une augmentation de vitesse de la respira- tion, et, enfin, par les efforts c^ue faitFanimal pour fuir on pour raor- dre. Ouant au dcgre de la sensibilite, on le mesure par I'intensite et surlout par la duree de ces manifestations de douleur. II est des ani- maux cbezlesquelscessignespeuvent donner, d'une maniere tres-pre- cisc, I'indication du degre de la sensibilite. Tels sont lesmoutons, les cliiens, les cobayes, etc. D'autres, et surtout les chats, sont si sensi- blcs que, pour pouvoir CQUstater des differences dans le degre de leur sensibilite, il faut ne les exciter que tres-faiblcment. C'est chez le co- baye (1) que Ton pent lemieux connaitre le degre de la sensibility. Les moyens de causer de la douleur sont tres-nombreux : on pent les diviser en mecaniques, physiques et chimiques. Parmi les jireniiers, nn des meilJeurs et le plus simple assurement, c'est le pincement de la peau avec I'ongle. Chez les petits animaux, ce moyen, meme seul, pour- rait suffire. Les autres moyens mecaniques, tels que la piqurc, la cou- pure, la compression iil'aide d'une pince ou autrement, suflisent aussi, en general ; mais quand on desire employer des moyens capables de causer de tres-^ives douleurs, il faut avoir recours aux moyens phy- siques, a savoir, au froid, a la chaleur et au galvanisme. Le froid, employ^ comme nous aliens le dire, est capable de produire (1) C'est le cocliou d'lnde (cuvia cobaya) que I'oii persiste a appeler cabiai, bien qu'il y ait de notables differences entre ces deux animaux. 64 line douleur des plus violeulcs. Suppusons que nous cliercliions iiuul est le dcfrre de scnsibilite do la patte d'un cliioii. Nous la pldiigcons dans de lean a zero (con tenant do la glaco iondante); au bout d'unc dcnii-niinute, sinon plus t6t, I'animal s'agito departont, clierche ii fuir ct crie. Au bout d'une minute ou d'unc minute et demie. tons ccs si- gnes de douleur out acquis une intensite trcs grande. Nous retirons alors la paltc de I'cau el nous tenons conipte do la duree des signes de douleur ii partir de ce moment. Quand Fanimal est devenu tout a fail calme, nous faisons comparativement la memo experience sur une autre patte. Nous jjouvons ainsi connaitre assez bicn le degre de scn- sibilite avant el apn-s la section des cordons poslciieurs dc la moolle. L'applicalion d"uu i'er cliauffe au rouge bruu est aussi un bon inoyen de juger du degr6 de sensibilitc d'une partie du corps; mais malbeu- reusemenl alors la douleur dure troii longtemps. Par le galvanisme, on pent juger assez bicn de la sensibilite des muscles ct de la peau. Pour les muscles, c'cst le meilleur moyen, a cause de la douleur qui accompagne toute contraction violcnte. Parmi les moyens cbimiques, la cauterisation, soil avec la pierre int'ernale, soil avec les acides mineraux concentres, pent aussi scrvir a nous deceler le degre de sensibilite d'une partie du corps; mais ces moyens d'excifation ne valeut pas les precedents. Nous avons employe lous ces moyens d'excitalion chez les dilVerenls animaux dont nous avons donne la lisle, et nous avons eu soin dans tons les cas de comparer Faction de ces excitations sur differentes par- ties du corps, avant toule operation et apres la niise a nu de lamoelle eiiiniere, et enfin apres la section transversale des cordons posterieurs de eel organe. Par tons ces moyens d'excitalion, nous avons loujours constate que la section des cordons posterieurs, loin d'etre suivie de la perte ou d'une diminution de la sensibility des parties du corps siluccs en arriere de la section, parait au conlraire suivie d'une exageration notable do la sensibilite de ces parlies. Une autre methode pour deceler le degre de la sensibilile nous a conduit au menie resultat. Gette metbode consiste a chercher quelle est la partie du corps qui esl la derniere ii perdre sa sensibilite cliez les animaux que Ton fait mourir d'bemorrbagie ou que Ton rend insensi- bles par le chloroforme, apres leur avoir cou|)e une partie de la moellc epiniere en Iravers. G'est surtout en faisant usage du cbloroforme ([uun obtient des resultals decisifs. Sur un animal ayaut eu les cordons pos- 65 t6rieurs de l;i moelle coupes tiausversiileiiient u la hauteur dune dcs dcrniercs vertebrcs dorsales, on constate aisement que le train postO- rieur ne perd la seusibilite c|ue quelque temps apres que le train ai;- terieur est devenu tout ii fait insensible, d'oii il semble rationnel de conclure que la sensibilite etait plus considerable dans le train pos- terieur que dans Tanterieur. Quand on fait la section transversale des cordons posterieurs de la moelle epiniere, il est impossible dene pas k^ser Ics parties qui entou rent ces cordons. Certes, que ces parties soient lesees ou non, cela ne peut ricn changer a la conclusion que nous sommes conduit a tirer des resultats de rexperience, a savoir que les cordons posterieurs ne sont pas la seule voie de transmission des impressions sensitives, dans la moelle epiniere; car, pour avoir le droit de tirer cette conclusion, ce qui est essentiel c'est qu'aucune parlie des cordons posterieurs n'e- chappe a la section. Mais pouvous-nous conclure de cette experience que i'hyperesthesie des parties siluees en arriere de la section depend de ce que les cordons posterieurs out 6te coupes? Certainement non, cette conclusionne serait pas legitime, car I'hyperesthesiepourrait etrc due aussi, soit a la lesion des parties qui entourcnt les cordons poste- rieurs, soit a I'exposition de la substance grise au contact de I'air. Dans uu memoire special, nous examinerons tout ce qui a rapport ii I'hyperesthesie apres les blessures de la moelle ; nous dirons ici seule- ment que la section d'une partie des fibres des cordons posterieurs suflit pour produire de rhyperesthesie. On pourrait penser qu'en voulant ne couper que les cordons poste- rieurs, nous ne pouvons reussir a les couper cntierement, et que, con- sequemment, les r(5sultats de notre experience a I'egard de la trans- mission des impressions sensitives, ne peuvent pas demontrer ce que nous enavons conclu. A cela nous dirons que, pour etre siir de cou- per la totalite des cordons posterieurs, nous coupons toujours ou presque toujours une portion assez considerable des parties voisines. L'experience suivante leve eviderameat toutes les difficultes a eel egard. Exp. II. — Ou introduit un tenaculum dans la moelle epiniere d'un cUicii au niveau de la douzierae vertubrc dursale, et ou le fait traverser cet orgaiie a partirdu tiers superieur du cordon lateral d'un cote jusqu'au tiers superieur del'autre cordon lateral, et de uiauiere que la concavite de I'insU-uincnt re- garde en haul. On coupe eusuitc Irausversalenieut.araide dun bislouri toule JIEM. 5 la partie de la nioelle (lui I'st en arricrc du tonaciilmii, do fcllc sorlc qtiu Ics cordous postcricuis cii tolalite, et, dc plus, unc partie des cordons laleraux ct les cornes griscs post(5rieures, soient coupes eu travers. Xous constatons alors quo la scnsibilite des piembres postericurs parait plus vivo qu'a I'etat normal ef plus vive que cello de la face et des meniiircs antc^ricurs. Si nous cherchons alors qnel estl'etat de la scnsibilite des deux surfaces de section de la moellc, nous trouvons : 1° qu'elles sont moins sensibles que ne paraissent I'etrelcs cordons postc^rieurs avant d'avoir etc- coupes; 1° que la surface in- tV'rieure pai'ait plus sensible que la surface supijrieurc (li. Dc plus, si Ton exa- mine quel est Ic degr6 do sensibility des cordons, ou niieux, des racines pos- terieures a 2 ou 3 centimetres en avant de la section, on trouve qu'il est a pen pres comme a I'ctat normal, tandis qua la meme distance, en arriere de la section, les cordons et les racines postorieurs paraissent etre dans un etat d'hyperestli^sie extreme. Dans cette experience, il ne reste et ne pent rien rester des cordons puslericurs, et pourlant nous trouvons que la sensibility des raembres poslOrieurs, loin d'etre perdue, parait etre exageree. Si done les cor- dons poslerieurs servent a la transmission des impressions sensitives, il est certain, au moins, qu'on s'est tromp6 en soulenant qu'iis y ser- vent sculs, De plus, les autres fails constates dans cette experience, a savoir, \)]us de scnsibilite en arriere qu'eu avant de la section dans les cordons ct les racines poslerieurs, et moins de sensibility qua I'e- tat normal dans les racines imraediatement en avant de la section, — tons ces fails sont eminerament contraires a la theorie soutenue par M. Longct. En so fondant sur ce que, bien que diminuee, la sensibility persisle dans les cordons poslerieurs, a la surface superieure d'une section trausversale, on pourrait soutenir qu'au moins en partie la theorie de M. bonget reste vraie. II resulte de ce fait, effeclivement, que les cor- (1) 11 imporlc de dire que, pour que cette experience donne des rcsultats tres-nets, il faut que la section soil faite juste cntrc les origines de deux paires de nerfs, de manierc qu'eu essayant d'irriter les surfaces de section, on irrite les racines posterieures de ces paires de nerfs. Cela est important, parcc (pie, ainsi que nous I'avons trouve^ recenuneut, certaines parties des cordons poslerieurs paraissent n'etre que pen sensibles ou m^me ne pas I'e- Ire, et si Ton cause des douleurs vives en les piquant dans certains points, c'cst surtout, sinon unicpiement, parce qu'on pique ou tiraille les racines pos- teiieurcs ou leur continuation dans la moelle epiniSre. 67 dons posterieurs contiennent des fibres sensitives, transmettant vers I'encephale les impressions qu'on leur lait siibir; mais ces fibres res- tenl-elles dans les cordons posterieurs jus(pi'a I'encephale, comnie Ic vent la tMorie que nous criliquons, ou sortcnt-elles de ces cordons pour se porter dans uue autre partie de la moelle? L' experience sui- vante monlre que c'est cettederniere maniere de voir qui estexaete. Exp. hi. — Nous coupons les cordons posterieurs Iransversalemeal sur uu coclion d'Inde, au niveau de la dernicre vcrlcJjre dorsalc"; puis nous nous as- surons qu'en piquant la surface superieure dc la section, ranimal eprouve de la douleur. Mors nous faisons une nouvelle section des cordons posterieurs au niveau de la deuxicme \ert6brc ccrvicalc, et nous constatons de nouvcau que la piijurc de la surface superieure de la premiere section cause de la dou- leur. 11 parait meme y avoir plus de douleur que dans la premiere expe- rience. Ce fait est decisif conlre la tlieoriede M. Longet : le suivani; ne Test pas raoins. Exp, IV. — Les cordons posterieurs sent coupes transversalement au ni- veau du bee du calamus, sur un gros lapin. Gela fait, on constate qu'on pent piquer profondement presque toutes les parties des corps rcstiformes (c'est-a- dire la continuation des cordons posterieurs dans la moelle allongee), sans ([u'il y ait trace de douleur. Au contraire, la piqure des cordons posterieurs ifnmediatement en arriere de la section est excessivement douloureuse, sur- tout lorsqu'en les piquant on alteintles racines de la premiere paire des nerfs rachidiens. De plus, si Ton examine T^tat de la scnsibilite dans les quatre membres et dans la peau du tronc, on y constate une exagdration notable de cette propridt6 vitale. Certes, si les cordons posterieurs avaient seuls, dans la moelle epi- niere, la propri6te et la fonction de transraettre les impressions sensi- tives, I'experienee que nous venous de rapporler donnerait des resul- tals tout diiTerents de ceux qu'elle nous a donnes. Pour (itablir qne les corps restiformes, ces continuateurs des cordons liosterieurs, sont les seules parties du bulbe rachidien par lesquelles les impressions se transmettent a Tencepbale, M. Longet (1) s'appuic sur les fails suivants : 1" On ue rencontre que des nerfs de sensibility (le glosso-pbaryngien, (1) Traite de PHYSIOL., 1850, t.ll B., p. 209, 68 k- pueumo-gastrique et la grosse racine du Irijumeau) sur les corps restirorraeir. 2" Les corps reslil'onnes soiit la seule partic sensible du bulbe. Quant au premier fait, il ne nous apprend rien, si ce n'est que les nerfs en question naissent au voisinage des corps restiformes. De plus, les belles recherclies de Stilling (1) et celles de MM. Vulpian el Phili- ])eaux d(;^montrcnt clairemenl I'incxactilude de cette donnee de Charles Bell, soutenue par M. Longet, que les nerfs craniens moteurs naissent sur la continuity dans I'encephale des faisceaux ou cordons ant^rieurs de la moelle epiniere, et que les nerfs craniens sensitifs naissent sur le prolongement, dans I'encephale, des faisceaux ou cordons posterieurs de la moelle epiniere. Nous pourrions ajouter que deux, au nioins, des trois nerfs qui s'inserent pres des corps restiformes, sont moteurs en merae temps que sensitifs. Ouant au second fait, a savoir, que les corps restiformes sont tres- sensibles, il ue i)rouverail pas, fiit-il vrai, que ces organes sont la voie unique des impressions sensitives venues des membres et du tronc. Pour prouver cette th^orie, il faudrait niontrer qu'apres la section transversale des corps restiformes, la transmission des impressions sensitives faites sur le tronc et les membres ne s'opere plus. Or, nou- seulement elle s'opere, mais clle ne semble en riendiminuee,puisquc la sensibility parait alors exag6r6e. De plus, la sensibilite du bulbe ra- chidien nest pas ce qu'on en a dit. Dans un autre travail, relatif a la sensibilite des diverses parties de I'encephale, nous dounerons les de- tails de nos recherches a regard du bulbe rachidien. Nous nous burne- rons a dire ici que, sur un animal vivant, on peut piquer, avec de grosses aiguilles, et meme faire traverser de part en part, non-seule- ment les corps restiformes, mais la plus grande parlie du plancherdu quatrieme ventricule, sans qu'il y ait de traces de douleur. Nous de- vons prevenir, cependant, qu'en faisant cctle experience, il est iieces- saire de ne pas 6branler le bulbe et de ne pas tirailler les racines des nerfs qui en naissent. Un fait rcmarquable a plusieurs egards, et (jue m'ont appris ces experiences, c'est que la racine bulbaire du trijumeau parait perdre sa sensibilite a une certaine distance de I'endroitou elle entre dans la moelle allongte. On salt que cette racine descend dans le bulbe, au-dessous du corps restiforme et va se perdre au voisinage du (1) Leber den bau des Hir.nk.>ote>'s. In-folio, 1816. Ci'.l bee du calamus Eh bieni quand on enfonco une aiguille d'arriere en avant de maniere a la faire passer successivemcnt ii travers le corps restifornie, la racinc bulbaire du trijumeau el la partie anlerieure du bulbe, a peu pres au milieu de la longueur de ces parties, il n'y a pas d'apparences de douleur. On voit quelqucfois de legers mouvements des yeux et d'une des oreilles; mais I'animal ne s'agite et ne crie pas. Au contraire, ainsi que tout lo monde le sail, le plus leger attouclie- ment du nerf trijumeau a sa sortie de I'encepliale suffit pour faire crier I'animal. De tout cela il resulte : 1° que les corps restiformes, s'ils sonl sensi- bles, ne le sont qu'a un tres-faible degre ; 2° qu'ils ne sont pas, comme on I'a dit, les seules voies de transmission a I'encepliale, des impres- sions sensitives venues du tronc et des membres. Jusqu'ici nous avons essaye de montrer que, lorsque la transmission no pent plus se faire par les cordons posterieurs, les impressions sensi- tives continuent neanmoins d'etre transmises par la moelle epiniere jusqu'a I'encephale. Nous allons montrer maintenant que la transmis- sion des impressions sensitives pent ne plus avoir lieu, bien que les cordons posterieurs restent intacts. Exp. V. — La moelle 6piniere est raise a nu, dans toute la region lombaire, snr un jeune cliien. On s'assure que la sensibilitc persiste dans le train pos- l(Tleur, puis on coupe lonsitudinalement la moelle epinlSre, dans toute I'e- tendue du renflement lombaire, de maniere a s6parer, en deux moiti^s lat(5- rales Agates, loute la partie de la moelle qui donne des nerfs aux membres posterieurs. On trouve alors que la sensibilite est perdue dans ces membres, oil les mouvements volontaires continuent d'exister, mais affaiblis. Voilii done une experience dans laquelle les cordons posterieurs restent intacts, et pourtant nous voyons la sensibilite perdue dans les membres posterieurs : ce n'est done pas par les cordons posterieurs que les impressions se transmettent, puisqu'alors la transmission n'a plus lieu. L'experienee suivante conduit a la meme conclusion. Exp. YI. — On coupe transversalement, sur un chien, toute la moelle epi- nifere, excepts les cordons posterieurs, au niveau de la dlxieme vert6bre dorsale. On constate alors que Ton pent piquer, couper, ecraser, galvaniser, briller, faire congeler les membres posterieurs sans que I'animal donne des signes de douleur. 70 La transmission des impressions sensitives faites sui- ces membrcs ne s'o- p6re done pas par les cordons posterieurs. Des divergences nombreuses existent parmi Ics pliysiologistes qui ont fait cette experience. Van Deen (1) dil avoir constate quo la sen- sibility persiste, mais alTaiblio, dans les parties qui sent en arriere de la section. M. Scluff(2) affirme aussi que la sensibility persiste dans ces parties. \n contraire Stilling (3) declare de la mani^re la plus positive que la sensibility de ces parties est alors tout a fait perdue. MM. Vulpian et Philipeaux ont obtenu le m^ine ri^sultat que Stilling ct, corame lui, ils croient que Ton a pris des mouvcments redoxes pour des signos do duuleur 11 existe une autre cause derreur, c'est la presence d'une pe- tite quantity de substance grise adh^rant encore aux cordons post6- rieurs. Nqus ftvons tfouvt^ que lors mepie qu'jl ne reste que tres-peu de cette substance avec les cordons posterieurs, la sensibiljte apres quelque temps revient, mais tres-fnible, dans les membres posterieurs. M. Scliillaltirme qu'apres la section transversale de toute la moelle epiniere, exceple les cordons post6rieurs, on trouve quo tons les points des cordons posterieurs, ainsi que toutes les racines posterieures, en arriere de la section, possedent une sensibilite tres-distincto. Nousavons vu qu'a partir de la section jusqu'a environ 4 ou 5 cenlim. en arriere d'elle, sur des chiens, il y a encore de la sensibilite dans les cordons et les racines posterieurs; mais plus loin, il n'y en a plus. La partie de la peau qui recoit ses fibres sensitives des deux ou trois premieres paires de nerfs en arriere de la section est encore sensible (4). (1) TBAITES et OECOUVERTES sur la PHySIOtOGIE DE lA MOELLE EPLMERE. Leyde, 1841. P. 73-15 et 185. (2) Gaz. Med. de Pajus, 1854, p, 334. (3) UM'EftSUCI^yNGEN V'EPR DIE Fin*ic:.HQiflB?^ DES RuECKEN-VARKS und der Ner\-en, 1842, p. 181-183. (4) II existe dans ces experiences une cause d'erreur que M. SchiiF, nialgre son talent d'observation, n'a pas sn reconnaitre. Lorsqu'on piqne les cordons posterieurs, en arriere d'une section cpawplete ou incomplete de la moelle epini^re, il se produit des mouvements tr^?-yiolents dws toutes les parties qni recoivent Icurs nerfs de la portion de raoclle separeo, entieremonl on partiellemcnt, du reste du centre cevebro-racmdien ; ces mouvements se- coiient les parties autcrieures du corps, et quelquefois I'animal elft'aye cvie 7i -\ous essayeroiis d'expliquer ailleurs la pprsistanco dp la sienpibilite en arri^re et dans le voisinage de la section Iransversah; dc toute la moelle epiniere, moins les cordons post6rieurs. Noiis ne voulons ici iiisister que sur ce r^sultat capital que les membres post^rieurs per- dent leur sensibility quand cctte section est faite a la region dorsale. Or les cordons posterieurs sont alors intacts, et pourtant la transmission a I'encephale des impressions sensitives, faitos sur les membres pos- terieurs, ne s'op^re plus ; les cordons posterieurs n'ont done pas la fonction qu'on leur a attribute. Ainsi done, d'unepart, nos exp. I, II, llletlV montrent quelorsque les cordons posterieurs sont coupfe en travers, la transmission des impressions sensitives s'opere tr6s-bien ; et, d'une autre part, nos exp. Vet VI montrent que bien que les cordons posterieurs soient in- tacts la transmission des impressions sensitives ne s'opere plus. II semble done que ce n'est pas par les cordons posterieurs (jue s'opere la transmission des impressions sensitives, ou du moins que les impres- sions ne se transtnettent pas, comme on I'a dit, le long de ces cordons jusqu'^renc^phale, Mais si ce n'est pas par les cordons posterieurs que s'opere la transmission des impressions sensitives, quelle est done la partie de la moelle charg^e de cette fonction ? Charles Bell, dans les dernieres an- neesde sa vie, Fa attribui^e aux cordons lateraux, et cette opinion do I'illustre biologiste anglais, apres avoir 6t6 compl6tement ni^-glig^e pendant vingt ans, a trouv6 recemment de I'appui en AUemagne. M. LudwigTtlrck a^mis I'opinion que la transmission des impressions sensitives pour la moitie droite du corps se fait par le cordon lateral gauche et vice versa (1). Les vivisections paraissent quelquefois conduire a cette opinion. Quand on coupe le cordon lateral droit, on trouve la sensibility exage- r6e en arri^re de la section et a droite , et on la trouve diminuee en oil cherclie a fuir, bien qu'il n'ait pas ^prouve de douleur. Nous rappelle- rons a ce sujet que, contraireraent aux idees recues, nous avons montr^' depuis longtemps que I'excitation des cordons posterieurs de la moelle, dans une portion de cet organe s(5paree de I'encephale, produit des mouve- ments beaucoiip plus forts que I'excitation des cordons anterieurs. (1) SiTZlTNGSBERICHTE DER MATH. NATURWISS. CLASSE DER K. AKAD. D. WlS- SENSI«ITRIBrTIOA DES FIBRES DES RACINES POSTERIEURES DANS LA MOELLE EPINIERE SUR LA VOIE DE TRANSMISSION DES IMPRESSIONS SENSITIVES DANS GET ORGANE(t); Par M. le Docteur E. BROWN-SEQUARD. Dans deux moinoires (2) que nous avonseu I'honnenr de lire recein- nieul a rAcademie des sciences, nous avons essaye do nionfrer: 1° tjue la transmission des impressions sensitives se fait principalcmeut, sinon entierenient, d'une nianiere croisee dans la moelle epiniere, c'est-a- dire que les impressions venues de la uioitie droite du corps sont Irans- mises a Tencepliale par la inoitie gauche de la moelle et vice vn-sd; 2" que la transmissiou a I'encephale s'opere en dernier lieu par la eub- stance grise centrale dela moelle. Nous venons aujourd'hui decrire de uouvelles experiences qui, en outre qu'elles contirment I'exactitude de ces deux conclusions, nous conduisent, relativement a Torganisation et aux fonctions de la moelle (1) Un extrait de ce memoire a ete lu a rAcademie des sciences le 24 sep- tembre dernier, et les resultats des experiences qui y sont decrites ont (5te exposes ;i la Socitite de biologic en mai, juin et juillet derniers. (1) Une analyse du premier de ces mcmoires se trouve dans la Gazettk Medicale, u" ,31, p. 'iSO, 1865. Le second memoire a paru tout entier dans les n-' 3G, 37 et 38 de la Gaz. Med., en septembre dernier. C'est le memoire qui prtScWe cclui-ci. (Voy. ci-devant, p. 51 a 75.) 7S epiiiiorc, a des rfenltats toot a fait noiiveairx et qui nous senibleut ta's-iinportaiils. Nous avons deja rappwUi des experiences quimoutrent qu'apres que Ton a coupe en travers les deux cordons posterieurs, les surfaces de section resleut sensiblcs. Cc fail paniil prouver, contraircment a ce que les pliysiologistes sont unanimcs a admcllre, qu'il peul y avoir transmission dcs impressions sensrtives en deux directions opposecs, daus les cordons posterieurs dc la moelle epiniere. Mais roxperiencc suivante conduit, a cet egard, a dcs resultats bien plus positifs. Exp. I. — Sur iin cliicn, un cluit on un lapin atliiltc, nous coupons en tra- vers les deux cordons posterieurs dc la nioellc epiniere, a la partic infericuro de la region dorsale, puis nous disscquons ces cordons a partir de la surface de section, dans une longueur de 2 ou 3 centimetres. >ious obtenons ainsL deux lambcaux de cordon, se continuant avcc Ic rcstc dc la moelle, I'un par son exlremile superieure, I'autre pur sou cxtremile iuferieiue. La sensibilitc persiste, mais afTaiblie, dans ces deux lambeaux, et nous avons constate un tves-grand nombrc de fois, depuisfannee \i^b2, oii nous avons public ce fait pour la premiere fois, que le lambcau infericur paruit etrc plus sensible que le superieur. Nous faisions cette experience un peu differemmcnl il y a trois ans: nous prenions deux animaux de meme espece, et sur cliacun d'eux nous ne faisions qu'un seul lambeau de cordons posterieurs, adherent ilia moelle, sur Fun par son exlremile inferieure, ot sur I'autre par son exlremile superieure. En conqmrant la sensiltililc de Tun de ces lambeaux a celle de laulre, noustrouvious, coumie dans I'experience precedente, que celui qui se continuail avec la moelle par son exlre- mile inferieure paraissait plus sensible quo I'autro (t ). Si on laille des lambeaux comprenaul non-seulenicnt les cordons j)0sterieurs, mais aussi une partie des cordons lateraux el les corncs grists posterieures, on trouve la sensibilite bieu plus vive alors dans les deux lambeaux que dans lecas oil les lambeaux ne se composenl (pie des cordons poslerieurs. ba longueur des lambeaux a aussi ime grandc inttuence sur le degre [[) Yoyez Boston med. and surgical journal, n" IG, 1852, p. 334. Mon eleve et ami le docteur Lolliot a communique en mon nom les rt^sultals de cette experience a la Societeilc biologic, en avril 1853. Voyez les Co-mptes REiXDUS de cette Soclete, 1853, p. 41, et la Gaz. Ued. de P.\ais, 1853, p. 430. 71t de lour sensibilite; plus ilssont courts plus ils sont sensibles, etciuancl leur longueur depasse 4 ou 5 centimetres, ii peine son t-ils sensibles pres de leur bout libra. 11 est clair que la transmission des impressions faitcs sur le bout iiln'c d'un lambeaude cordon posterieur qui se continueavec la moelle par son extremity inferieure, n'est et ne peut-etre que centrifuge; et, commcdans les cordons posterieurs la transmission ne peutetre operee que par des tibres, puisque c'est Ic seul element nerveux quon y Irouve, il en resulte que des fibres capables de transmetlre les impres- sions sensitives dans line direction centrifuge^ existent dans les cor- dons posterieurs de la moelle epiniere. Les experiences suivantes montrent que cos iibres a transmission centrifuge ne font que passer dans les cordons posterieurs et qu'elles en sortent, apresun court tra- jet, pour penetrcr dans la substance grise. Exi>. n. — .\ous coupons en travers les cordons posterieurs ii la hauteur do la dixi^nie vertebre dorsale, et nous disscquons un lambcau de ces cor- dons, en arriere de la section et dans une longueur de 2 a 3 centimetres. Cela lait, nous nous assurons que ce lambeau, qui tient encore a la moelle par son cxtrcmife infcrieure, est encore sensible. Nous coupons ensuite en travers les deux: cordons posterieurs, a t centimetre en arriere de I'cndroit oiile lambeau se continue avec le reste de la moelle, et nous trouvons alors que le ]s points, on re- trouvedcs faisceaux libreux irregulierement ramifies, qui traverscnt Ic tissu. Dans la portion dorsale, en particulier, quelqucs-uns de ccs faisceaux con- servent manifostement encore I'aspcct du tissu teudineux. La consistance de ce tissu est celle du tissu musculaire a peu pr6s ; il offre toutefois un peu plus d'elasticite, il se dc^chire a peu pr^s aussi faciloment fjue le tissu renal , si ce n'est dans les points oil existent des faisceaux fi- breux. Le jour de I'autopsie la pression n'en faisait sortir que des traces prcsque imperceptiblcs de sue ; toutefois, le raclagele reduisait facilement en pnlpe d'uu gris blancliatre de consistance crenieusc. Deux jours apr^s, il dtait facile, par la pression, d'en falre sortir un sue lactescent mlscible a I'cau, seniblable a celui qu'autrefoison regardait comme caracteristiqne du tissu cancercux. C'est la un fait tr^s-conimun que celui rpie nous Tenons de signaler, c'cst- a-dire que la possibilite de faire sortir un sue d'une tumeur qui d'abord n'en presentait.pas ; il est du au ramollissement, quelques jours apr^s la mort, do la matit're araorphc flnenient granuleuse interposee aux autres elements du tissu morbide, mati&re amorpbe qui, d'abord assez ferme et r(5sistante, perd peu a peu de sa consistance, et peut bientdt suinter a I'cHat demi-liquide par la pression. Un fait remarquable, mais commun dans le genre de produits morbides, c'est I'absence complete de vaisseaux dans I'intc^rieur de lobules entiers, qui ne sont vasculaires qu'a leur surface. D'auti^s portions ou d'autres lobes pr(5- sentent des vaisseaux, mais ce sont des capillaires seulement, et meme en petite quantity : ils ne modifient prescpie pas la coloration du tissu. 11 n'y avail, dans le casdontnons pai'lons, de notablement vasculairequ'un lobule isole place dans I'epaisseur du muscle stemo-mastoidien, a 1 centi- metre et demi du reste de la tumeur sterno-claviculaire. DESCRIPTIO.X DES ELEMENTS ANATO.MIQl'ES ORSERVES n.\NS CE TlSSf MORBIDE. II nous reste maintenant a decrire les elements anatomiques de ee pro- duit morbide, partie la plus intercssantc de cette 6tudc eu ce quelle viciit dt^nonfrer quelle est la nature reelle de cette tumeur. 103 1° Dutre les vaisseaux caplUaires existant en petite quantity, dont it a d6ja et6 question, 11 existe, dans toute I'^tendue dii tissu, une tramc dc faisceaux ilbreux, trame peu aboadante par rapport aux elements dont nous allons bien- t6t parler. Ces faisceaux sent volumineux, mais les fibres qui les composent sont dif- llciles a isoler et a biea voir, parceque ces faisceaux sont emputes de mati6re amorphe. Cette matiere amorphe est, du reste, homog^ne, peu granuleuse, mais offre une assez grande tchiacit^. 2° La plus grande partie de la masse du tissu est compos(5e de tubes aplatis, dont la longueur est difTicile a determiner. Les plus larges d'entre eux offrent juscpi'a un quart de millimetre de largeur ; il est possible de constater la pre- sence de subdivisions a I'extremite de la plupart d'entre eux. Ces subdivi- sions sont en forme de doigts de gant, arrondies, quelquefois coniques ou termin^es en pointe mousse. II n'est pas rare de trouver des prolongements ou cids-de-sac en forme de doigt de gant, semblables aux precedents, sur plusieurs points de la lon- gueur des tuljes principaux. La largeur de ces culs-de sac varie de 40 a 80 milliemes de millimetre environ. Chacun d'eux est constitu(5 de la manif-re suivantc : A. line gaine ou enveloppe propre se voit a la surface exterieure de chaque tube; elle est epaisse de 5 milliemes de millimetre environ ; elle est transpa- rentc, flnement granuleuse, prusentant toutefois cjx et la des granulations graisseuses, incluses dans son 6paisseur. En quelques points, cette enveloppe propre est flnement striee longitudinalement ; sa dechirure est toujours irre- guliere; elle offre une certaine resistance a 6tre d^chirde; elle adhere forlt- ment, par sa surface exterieure, a la trame de tissu fibreux signale plus liant ; aussi est-il difficile d'isoler des tubes poss^dant encore I'enveloppe propre dont nous parlous, et il faut souvent rep^ter a diverses reprises la prepara- tion avant d'obteuir un riSsultat d^monstratif a cet 6gard. B. A la face interne de cette enveloppe propre existe une couche ^pith^liale Epaisse de un centime de millimetre remarquable par sa regularite ct par I'uniformitii de sa disposition dans cbaque tube. La difliculte d'isoler I'enve- loppe exterieure fait que c'est babituellement la gaine epitbeliale, arracbee de I'interieur du tube et deveuue iy)re, que Ton obtient dans chaque prepara- tion. Elle se presente alors avec la forme de gaines epitheliales, rcproduisant la disposition des tubes d'oii ellessortent et de leurs prolongements en doigts de gant. Plus souvent encore, on ne trouve que des lambeaux dechir^s de ces gaines (5pith(51iales ; tantot ces lambeaux sont routes ou replies sur eux-m^mes d'une mani^re tres-elegante ; tantot Us sont stales sous forme de lamelles tres- deiicates plusou moins etendues. Autour de ces lambeaux, il existe constam- ment une grande quantity d' elements d'epithelium deveuus libres par suite de la dilac^ration. Lorsque, par la pression, on a fait sortir du sue, on pent 10 'I constater que celui-ci est enti^rement compos6 d'^l^ments d'epithdlium soil libres, soil r^unis en couches de petite etendue, se trouvant en suspension dans un liquide flnemcnt granuleux. Yoici maintenant quels sont les carac- teres de ces epithc^liums. Prcsque tous ces (Elements appartiennent a la vari(5te (■•pitheliale dite nucl^aire, presque tous sont ovo'ides, quelques-uns, mais en petit nombre, sont spheriques; ces demiers ont de 6 a 8 dixi^mcs de milli- rautre do diametre; les autros ont de 7 a 10 millit'mes de millimetre. Leur feinte est grisatre, leur contour est tr6s-net, bien que peu fence ; tous sont (U'pourvus de nuclcoles, mais ils sont imiformc^'ment parsem^s de granula- tions moleculaires grisatrcs, tr^s-petites, de volume uniforme. Dans quelques tubes, les gaines ^pitheliales sont uniquement forme-es de ces epitheliums nucl(5aires immcdiatement contigus les uns aux autres ; dans la plupart des tubes, an contraire, les noyaux sont un peu ^carts^'s et mainte- nus sdpar^s les uns des autres, avec une uniformito tr^s-elegante, par une matiere amorphe tr^s-pale, trfes-flnement granuleuse qui leur est interposf^e. Suivant que Ton examine tel on tel point delatumeur, on trouve I'intervallede ces noyaux, remplis decette matiere amorphe de 2 a lOmilli^mes demilimfelre ; en general, cette substance amorphe, interpos^e aux noyaux, n'est pas seg- ment^e, mais cependant, dans toute I'etendue de certaines gaines, ou seule- ment dans quelques points de (pielques-unes d'entre elles. On observe des 11- gnes divisant cette matiere amorphe en cellules presque toujours tr6s-petites, assez r^guli^rement pavimenteuses; tant6t ces lignes sont extrSmement de5- licates, a peine dessinees; tantot la segmentation de la malifere amorphe est des plus nettement d^terminees, et alors les lambeaux d'epithelium ou les gaines enti^res que Ton a sous les yeux sont d'une grande Elegance. On peut quelquefois, sur un meme lambeau, suivre tous les passages entre les points oil r6pith61ium est seulement nucleaire et ceux oil chaque noyau est devenu le centre d'une cellule polyedriquc par segmentation autour de lui, de la ma- tiere amorphe interpos^e a I'ensemble des noyaux. Lorsque, par I'aclion de racier ou par la pression, les ck^menfs d'epithelium ont H6 isoles les uns des autres, on peut reconnaitre trCjs-manifestement les caracteres soit des epith(';- liums nucl(5aires isoMs, soit des cellules dont nous venons de parlor. Or celles-ci sont pour la plupart reellement pavimenteuses ; mais il on est qui sont manifestement prismatiques et qui sont disposees les unes a cote des autres, a la mani^re des Epitheliums de cette variety. Le noyau de ces cellules est semblable aux noyaux qui les accompagnent ; leur masse est tr^s-piile, peu granuleuse et trSs-flnement granuleuse; I'acide acetique la palit beaucoup et la dissout presque enti^rement; il resserre au contraire et rend plus fences les noyaux, tant ceux qui sont libres que ceux qui sont dans I'interieur de chaque cellule. Notons enfm que c'est par places determin^es ou dans tel ou tel lobe de la tumeur, et non pas d'une maniere absolument irregulif're que Ton trouve des lor) .ijalnes; dpith^liales soit uniquement formeos d'epith^lium nucleaire, soil for- inties de cellules par segmentation de la matiere amorphe interposee aux noyaux. C'est aussl dans certaines places determinecs, plutotque dans d'aufres, que Ton trouve les noyaux soit tons un peu plus fjrands, soit tous un peu plus petits que dans les lobes voisins. Nous noterons en terminant qu'il existait, en un certain nombre de ces tubes, des globules granuleux, larges de 2 a 3 centiSmes de millimetre, dita globules dexsudation. Nulle part 11 n'existait des corps analogues d^ja trouves dans des tumeurs de m(^me espece que celles-ci, et qui out 6t6 d^signes provisoirement sous le nom de corps oviformes. 0ns. II. — Formentin (Anna-Louise), 60 ans, marchande des quatre saisons, demeurant a Vaugirard, nde a Domfront (Orne) , entree le 2t mai, salle Sainte-Anne, n" G, dans le service de M. Vemois, bopital Xecker. Kile fait remonter sa maladie actuelle a un an; elle I'attribue a ce qu'elle aurait ete soumisc pendant tr^s-longtemps au froid dans dans I'embrasure d'une porte oil elle vendait scs fruits; cllcn'a jamais en de maladie serieuse. Son p^re est mort sexagenaire, asthmatique, apr^s une maladie de poitrine qui a dure sept jours; sa mere est morte agec de 65 ans, d'une maladie inde- terminee. Elle a eu sept enfants, cinq sent morts de convulsions en bas age, deux sur- vivent. Elle est entree a I'hdpital pour des douleurs dans les membres; aujourd'hui ces douleurs sent moins vivos, mais ellcs persistent dans les mains, qui sont (Rdematiees, et particulierement aux articulations des doigts et dans I'epaule ; pas dans le bras ni I'avant-bras. Elles avaient etc tres-vives aux pieds et aux genoux, mais ces parties etaient devenues nioins douloureuscs lorsque je la vis pour la premiere fois. Enfln, la malade se plaignait de douleurs dans les regions dorsale et lombaire de la colonne vertebrate sans pouvoir prtjciser le point douloureux et sans que la percussion sur les apophyses epineuses determinat une douleur raieux accusee a un point qu"a un autre. Pas de de- viation de la colonne vertebrale. Mais, en outre, je constate uneparalysie complete de la motilite incomplete de la sensibilite des membres inferieurs. La malade gate et on est oblige de la sender pour vider la vessie. Quant aux mains, elles sont aussi paralysees du mouvement, mais en conservant un peu de sensibilite. Cette femme dit que six semaines auparavant elle pouvait encore marcher, tandis qu'aujourd'luii on est obligd m6me de la faire manger. Etat general tr^s-mauvais ; pouls a 76, petit, filiforme; peau chaude; ano- rexia; diarrhee; soif trSs-vive; rien de notable a rauscultation ni a taper- IOC) cussion de la poitrino, si ce n'ost qiiolqucs rales bullaires diss(5min('s; ricn iiu coeur. Le ventre est indolent, souple ; les intestins mediocren>ent diatendus par dcs gaz. Celte femme porta, sur la lignc mcdianc et au lieu occupe par Ic corps tiiy- roidc, une tumeur du volume du poing qui paralt offrir tous les signes qui ca- raclcrisent les tumours goitreuscs du corps lliyroidc. I,a peau presente une ci- catrice blancLatre qui aurait ele produitc par I'application dc plautes rcduites en puipe et de sal marin ; ces sortes de tumeurs no sont pas communes, dit- elle, dans le pays oil elle a passe la plus grande partie de sa vie. 5 juin. La faiblesse est devenue plus grande, la face est grippce; le pouls a 80-84, Une sonde dc gomme elastiquc iulroduitc le soir dans la vessie donnc ecoulcment a de I'urine coloree en rouge par du sang, 7. Mort dans la nuit. AuTOPSiE le 'J juin. Pas de putrefaction ; rigidite cadaverique. Poumons sains, a part une congestion des deux lobes inf^rieurs. Coeur a I'etat normal. A I'ouverture du ventre, je remarque que le p^ritoinc parietal et le tissu cellulaire sous-p^ritonc^al et antivesical sont color^s en rouge par du sang. Une serositc roussatre est aussi cpanchce dans le bassin, et une sonde intro- duito dans la vessie perfore la parol antorieure, qui est completcment ra- mollie. L'ut^ms est sain, I'oriflce interne des deux trompes est separe par une sorte de cloison medianc longue d'un centimetre environ, epaisse de 4 u 5 millim., qui forme de cliaqilfe c(3t6 une d(5pression infundibuliforme qui lege tr6s-bien I'extremite du doigt. Rien a noter dans les autres viscires abdominaux. En arrifere, en incisant la peau sur la ligue mediane pour ouvrir le rachis. on d(5couvreune tumeur du volume d"nne grosse noix, plac^e sur la moitie inf(h'ieure de la cinquieme vert^bre cervicale et dans I'intervalle qui separe cette vertebre de la sisi^me ; die se prolongeait un pen a droite, sous Ics muscles de la region lat^rale et post^rieure du cou. La moelle ^pinit^re etait saine dans toute son ^tendue et presentait une consistance remarquable. Elle no m'a pas paru comprimec ni alteree par la tumeur dont je viens de parlor ; les lames vert(5brales etaient saines, au moins dans leur partie antc'rieurc. Une portion de cette tumeur, alnsi que la tumeur thyroidienne ou prdtendue telle ont ete port^es a Vexamen de M. Robin. DESCRIPTION DU TISSU DES TUMEURS OBSERVEES DANS LE C-VS PRECEDENT. La tumour de la region thyroidienne a le volume du poing; elle est a pen pr^s n-gulierement ovolde ; sa surface esi lisse ou a peine loltOe; comme dans la tumeur analogue decrite par M. Marc(5 etmoi (Memoires de la SocrtTfe de 107 BioLOGiE, \S5h, p. 22G), elle est recouverlc par une coucho de tissu cellulaire (?paisso de 1 millimetre, reraarquable par la quantite considerable de veines aplaties larges de 2 a 4 miUim6tres qui la parcourent. Bien que siir les cott^s de cette tumeur on ne trouve pas les deux lobes de la thyroide, comme dans la precedente, la liiite et le peu de soin avec lesquels fut faite I'autopsie de la femme dont on vient de lire robservatiou, la dissec- tion minutieuse qu'exigea la piiice de M. Marce pour qu'il fiit possible de les decouvrir me font croire que les deux parties de cette glande ont ete laissees sur le cadavre. La situation de la tumeur dont il est ici question, tout a fait snr la ligne mtkliane, porte egalemeut a le faire croire. Dans I'epaisseur de la tumeur se trouvaient quelques petits kystes du vo- lume d'uu pois ou un peu plus, pleins d'un liquide grisatre demi-transparent, contenant des cristaux de cbolest^rine et des globules de sang, ainsi que quelques corps granuleux. Au centre se trouvait une masse d'un gris rou- geatrc, friable, du volume d'un ccuf de pigeon et comme enkystee. Son exa- men fit reconnaitre qu'il s'agissait la d'un 6panchement sanguin ancien, form^ en grande partic de flbrine a I'etat amorphc et granuleux, d'hematosine en giains amorplies, avec une certainc quantite de cristaux de choles- terine. Le tissu est, dans la plus grande partie de son etendue, d'un gris rose, ho- mogfene, friable, facile a reduire en pulpe ou en une substance comme pul- verulento quand on la delaye dans de I'eau, mais ne donnant pas de sue a la pression. II ofTre, en certains points de la surface particuliferement, dans une ^paisseur de 1 a 2 centimetres et dans une etendue superficielle de quelques centimetres, une coloration d'un gris blancbatre, tout en conservant les memes caracteres de consistance, etc., que le reste du tissu. Les vaisseaux de ce produit morbide etaient tons des capillaires, en quan- tity mediocre et sans distribution particuli^re. Quelquos-uns, atteignant un millimetre de diamfetre au plus, se trouvent dans quelques minces cloisons formees de tissu cellulaire qui parcourent irregulierement de tissu, mais sont tres-ecartees les unes des autres. Les deux fragments reunis de la tumeur cervicale ont ensemble le volume d'un tt'uf de pigeon ; I'un d'eux adhere intimement au tissu osseuxd'un mince fragment d'arc vertebral, large d'un centimetre et rugueux dans toute son etendue au point d'adherence du produit morbide. Le tissu de ce produit est identique par sa couleur, sa friability, la dispo- sition de ses capillaires a la portion de la tumeur thyroidienne qui offrait une teinte d'un gris rose; quelques points larges de un demi-centimetre, occu- pant surtout la surface de ces tumours oflraient la teinte gris blancbatre deja not^e plus haut dans la tumeur preiaryngienne. Le tissu des portions grisc et blanche de ces deux tumeurs, tant cervicale que laryngienne, offre de part et d'autre une constitution identique, avec lOS cette seule difft^rence que la portion dun gris rosti du tissu est un peu plus moUe, un peu plus vasculaire et un peu pl\is rlciie en raatit^re araorphe gra- nulcuse que la portion qui est d'un gris blaucliiitro. D'autre part, la texture et la composition anatomiqne de ce tissu des deux tumeurs sont tellement identiques a cc que M. JIarce et moi avons dikril dans la premiere observation de cette variete, que ce serait faire im double emploi inutile si je ne renvoyais pas a cette description. (Marce et Ch. Robin, AOTE SUR UN NOUVEAU CAS OE TUMEUR HETERADEMQUE. MeMOIRES DE LA So- ciETE DE BioLOGiE. Parls, 1854, in-8", p. m et 228.) Les seules remarques que je doive faire ici font les suivantes : 1° Au lieu de dire que ce tissu est forme Je tubes ramifies a la maniere des glandes, ainsi queM. Marc6 etmoi I'avons ecrit, pour etreplus exact, il faut lire filaments cylindriques ou a peu prc^s; car ce sont des cylindres pleins et non des lubes, a proprenieiit parler, qui composent ces deux tumeurs cervi- cale et laryngienne, et qui constituaient cells a laquelle je viens do faire allu- sion. 2° Les epitheliums sont des noyaux libres principalement, qui, coherents et r('unis par de la maticre amorphe, composent ces filaments ; du resle, ces epi- theliums nucleaires et les quclques cellules prismatiques et pavimenteuscs ([ui les accompaguent ici et les accompagnaient dans la tumeur a la descrip- tion de laquelle j'ai renvoye, sont semblables a ceux qui constituaient cette (lerniere, et sont identiques dans les deux tumeurs qui fontle sujet de cellc observation. 3» Les corpuscules arrondis ou ovoides, sortcs de concr(5tions transpa- rentes, rc'fractent fortement la lumi^re, etaient identiques a celies qw M. Marcc et moi avons d^crites. [Loc. cit., p. 228 et 229.) Seulement ils etaient en general du double plus gros ; beaucoup cMaient plus irreguliers et assez graimleux, ce qui etaitexceptionnel dans lautre. Ces granulations etaient jaunes, a contours fences et d'aspect graisseux. Ces sortes de corpuscules ou de concretions existaient dans la tumour cer- vicale posterieure, cumme dans la tumour preluryngienne, mais elles etaient rares dans la plus petite ou cervicale posterieure, tandis que, dans I'autve, elles (Haient plus abondantes encore que dans le premier cas decrit par M. Marce et moi. § IV. — P.EM.VRQUES SLR LES nECHERf-HES AX.VrOMO-PATHOLOr.IQIES DU GENRE r)ES PRECEDENTES. L'ancitomie pathologique opere actuellemenl une analyse laborieuso qui portc do bion plus pres sur la matiere reellement alter^e quo cello (jui eonsistail a ne tonir compte que des cliangements dc forme, de vo- lume, de couleur et do consistance des organes ou de leurs parties vi- lU'J sibles a I'ffiil nu. Kile opree sur les parties eliiineiitaires nii'ine, aux modilications desquelles sont dues ces modifications de volume, de couleur, etc. ; elle opcre meme a I'aide des reaclifs sur les principes immedials qui, par leiir reunion en nombre considerable, constituent la substance organiseede ces elements. Celtc analyse mou- tre tressouvent quune description seule et unique et un meme uom sont couramment appliques a des lesions diverges. 11 cu resulle qu'elle ruine pen a peu les systemes pathologiques actuels, auxquels il suflira de toucher tres-legerement bieutol pour on montrer le ueant et les faire crouler. Mais si elle detruit, elle ne le lait qu'ea auiassant des materiaux nombreux et solides a la place de ce qu'elle annule. Aussi lorsque ranalysedont je parle aura suffisamment et6 poussee, des ele- ments anafomiques jusqu'aux substances organiques coagulables, qui composent essentiellement la substance de ceux-ci et des humours, une nouvelle synthese se fera jour facilement ; elle jettera dans le chaos pathologique actuel une lumiereque ne soupconnent pas ceux qui eu sont encore au seul genre d' observation anatomo-pathologique et meme clinique d'il y a dix ans. 11 est toutefois un point sur lequel I'auatomie est en arriere encore de la symptomatologie classique ordinaire. Tandis que celle-ci monlre minutieusement comment tel trouble respiratoire, par exemple, n'esl qu'une modification de la fonction dont I'appareil est lese, I'anatomie pathologique n'a pas encore assez montre comment telle lesion n'est qu'une modification survonuc dans Ic nombre, le volume, derange- ment reciproque, etc., de parlies normales elementaires ouautres. Les moyens qu'elle a aujourd'hui a sa disposition lui montrent tres-nelte- ment combien larealite en anatomic de structure normale et patholo- gique est loin de ce qu'on avait suppose, et pourtant elle est encore do- niinee a un point dont on ne se fait pas d'idee par les ideees anciennes. 11 est fort difficile, en efifet, meme en face de la realite qui est hers de nous, de se debarrasser du vieilliommc qui est en nous. La principale cause de cette difficulte, en fait d'anatomie pathologique, tient a ce que, en eludiant celle-ci, nous n'avons le plus souvent pas assez suivi les elements anatomiques et les tissus dans leurs periodes embryon- naire, adnlte et senile, pour les comparer aux etats morbides ou acci- dentels. 11 est frappant de voir, en elTet, quelle tendance existc a con- siderer comme het6romorphes des elements anatomiques homncomor- phes dont nous observons pour la premiere fois quelque moditication no (le I'orrae, de volume oii de structure, iaute de pouvoir la comparer aux cas analogues ofTertspar dcs elements de memc espece oud'espece differentc. II est certain que, sons co rapport, il a ele fait des determi- nations inexactes, surtout pour les alTections du foie, du poumon, du rein, comrae on le verra et en tres-grand nombre. Je ne parle pas ici des determinations faites a I'adl nu dont le pcu de valeur et les variations d'un observateur a Fautre sont proverbiale?, mais de celles faites a I'aide du microscope. La clef des dissidences qui existent quelquefois cntre les observateurs qui usent du microscope est pr^cisement la ditf^rence qui existe entre cliacun d'eux a I'egard de leur connaissance de I'^tat normal fournissant les points de com- paraison indiques plus haut qui doivent servir de base an jugement qu'ils portent. II est certain que la plupart des alterations morbides des tis- sus, souvent meme de celles dont I'aspect ext^rieur s'eloigne le plus de celui des organes normaux , derivent d'une generation nouvelle, d'une hypergenese on d'une diminution de nombre d'une ou de plusieurs especes des Elements anatomiques normaux avec ou sans modifications de volume ou de structure, etc., de cha- cun d'eux. Ce que Ton nomme communement ime dcgemrescence ou une transformation^ soil d'un organe, soil mi'ine d'une tumeur, n'est egalement (ju'une modification d'aspect exterieur due en general a ce que Tune des especes d'^lements anatomiques, soil ayaut forme distincte, soil a I'etat de maliere amorphe, continue ii se multiplier plus que les autres, et par son accumulation change ainsi I'aspect ex- terieur de ces parlies et meme quelquefois en modiiie Faction sur les parties voisincs, la marche clinique en un mot. Ce sont la autant de notions que, depuis assez longtemps deja, les fails sont venus mettre en evidence (I). Ceux que j'ai rapporles ici sonl encore du meme genre et tendent au meme but. Ce nest point a dire que ces productions Iiomceomorphessoient moius fatales que celles ditcsheteromorphes ; cela depend beaucoupdu systeme des parties du corps qui en senile point de depart, de I'importance de Forgane qui en est le siege. Les palholo- gistcs qui ont juge des resultals fournis par Fanatomie moderne, sans avoir vu les elements anatomiques ou les descriptions anatomo-palho- (1) Ch. Robin, Note si'r qielques nvpERXBOPniES glandlxaires (Gazette DES HdPiTAux. Paris, novembre 1852.) '"•"! HI logiques memc qui en Iraitent, se sont I'ait de singulieres illusions sur Ics dillerences admises reellement par I'^cole modcnic ontre les uns et lee autres de ces lissus morbides. 11 en est de memc quant aux carac teres qui diflerencient les elements et lissus heteromorphes des especes normales de cellules, car beaucoup d'entre ces diverges sortes d'ele- menls appartiennenl an gronpe des cellules, et se ressemblent par con- sequent en tant que cellules, mais se s6parent natarellement en especes tres-distinctes, tant anatomiquement que physiologiquement. § V. — CONCLUSIONS. 11 resulte de I'expose des faits pr6c6dents : 1° Que la production de certaines tumeursa lieu cbez I'adulte de la meme maniere que chez I'embryon la naissance d'organes nor- maux; c"est-a-dire que chez I'adulte comme cbez Fembryon naissent des elements anatomiques qui ollrent une texture particuliere ana- logue, mais non identique, a celle que presentent normalementles ele- ments normaux de meme genre ; tellement que le tissu nouveau con- serve babituellement de Tanalogie dans sa^ texture avec celle des or- ganes normaux voisins, selon leur nature, bieu qu'il ne soil pas cou- ligu avec eux, et seulement par inlluence de voisinage ; 2° Qu'il faut se garder de croire que toutes les tumeurs soient des accumulations d'elements anatomiques s'operant sans ordre ni tex- ture; mais qu'au contrairc beaucoup d'entre eiles ontun arrangement lei de leurs elements anatomiques qu'on doit les regarder comme des organes particuliers nes d'une maniere anormale ; ct les cboses sont lelles a cet 6gard, que meme les tumeurs designees sous le nora vague de cancer (dans tons les points oil elles ne sont pas encore trop re- duites a I'elat de putrilage) offrent une texture particuliere, un arran- gement reciproque de leurs cellules en cyliudres tubuliformes, quel- quefois ramifies, etc.; ce qui fait que cette texture a ete raeconnue, c'est que jusqu'a present on s'est surtoul preoccupe d'eludier les ele- ments anatomiques en eux-raOmes, sans reclierchcr leur mode de juxtaposition, qui du reste, pour etre Men apprecie, exigeait la con- naissance exacte de la structure des organes parenchymateux aux di- vers ages de leur existence ; 3° Que ceux dont il vient d'etre donne la description sont en parli- culier des organes parencbymateux, analogues aux glandes, n6s dans des regions depourvues de glandes, ou du inoins bicn distincts des 112 glandes de ces regions et ne pouvant etre assimiles ix auciine d'elles, ni a d'autres; 'i° Que ce sont dos anomalies dans le nonihre des organes parencliy- mateux ou de la vie vegetalive, au lieu d'etre des anomalies de nom- bre des organes de la vie animale, tels que les membrcs, etc. 5° Que ce sont des auomalies par generation indepcndanle d'or- ganes particuliers, qui, au lieu d'avoir une origine blastodermique comme les anomalies proprement dites etudiees jusqu'ii present, se produisent cbez I'aduUe; 6° Que ces anomalies dans Ic nombre des organes parencbymateux n'oft'rent pas dans leur distribution, dans Teconomie, la n^gularit^ des lois du principe des connexions ofl'ertes paries anomalies des organes de la vie animale; sous ce rapport meme les organes de la vie vege- tative different autant de ceux de la vie animale que les uns different des autres par lour structure et leurs usages physiologiques ; 7° Que les organes accidentels qui naissent ainsi se produisent dans des regions diverses de I'economie etpar compression d'appareils di- vers ou en envabissant el determinant la resorption de leur tissu, amenent des troubles fonctionnels semblables a ceux que causent toutes les autres especes deproduits morbides dont la structure est le plus simple ; 8° Que la generation de ces productions peut continuer a ia place qu'elles occupaient ou avoir lieu aillenrs aussi bien apres une abla- tion qu'elles le faisaient auparavant ; or ce phenomene naturel (la con- tinuation de la naissance d'un tissu), qui est connu g^neralement sous le nom de reciclive, se manifcstant sur un tissu d"une structure aussi speciale, prouvc nettement qu'on ne peut tirer de la un caractere de classification, puisqu'il n'existe qu'a la condition que la tumeur aura et6 enlevee a I'aide d'une operation (voir lobs. II dans les ,Mem. de la Soc. nE liiOLor.iE, annee 18.Vi, p. 217, et la note, p. 220) ; 9° Que ces productions ne naissant pas toutes en meme temps dans les diverses regions oil on les trouve, ou serait conduit, dans le cas d'une operation, a donner le nom de iumeurs rccidivdes a celles qui naissent lesdernieres, qui sont les plus petites en general, et qui lors- qu'on n'opere pas portent le nom de tumeurs muUiples ; 10° Ces faits et ceux observes sur d'autres tumeurs lendcuil cm outre a montrer que ces propri6t6s de generation en plusieurs points de I'economie successivement ou simultan6ment, de nutrition euergique 113 et de developpement rapide qui font qu'elles determinent la resorp- tion de tissus normaux dont elles prenuent la place, sont pour uue meme espece de tissu plus ou moins toergiques, selon I'etat general, la constitution individuelle dessujets atteints; 11° Que par consequent les affections dites chirurgicales caracteii- sees par une lesion des solides, au point de vue de leur generation, de leur developpement ou de leur nutrition, sont soumises a cet egard, (qui en regie la gravite), aux memos conditions et suivent les memes loisquelesaffectionsditesduressortde la pathologic interne ; lesquelles sont caracterisees par une lesion ou alteration de constitution inlime ou moleculaire des humeurs, donnant lieu a des maladies ou succes- sions de symptomes qui sont mortels ou de pen de gravite, selon la con- stitution individuelle, toutes autres conditions etant cgales d'ailleurs; 12" Qu'il n'y a pas a cet egard la difference artiliciellement (5tablie entre les affections du ressort de Fart chirurgical et celles du ressort de I'art medical proprement dit ; 13° Que les lois sont au fond les memes au point de vue de la na- ture, dite benigne et raaligne dans les affections des liquides et des solides, dans celles dites appartenir a la pathologic externe et celles qui ressortent de la pathologic interne ; 14" Que les lois de la physiologie pathologique, comme de Fanato- mie pathologique, sont en un mot uniques scientiflquemeut et non doul)les etspeciales; lo" Que la propriety de naissance n'est pas bornee, pour les tissus, a Fage embryonnaire et se retrouve chez Fadulte ; que chez ce der- nier, comme dans les ages anterieurs, la propriete qu'ont les ele- ments anatomiques de naitre est connexe avec celle de naitre, en presentant de suite une texture ou agencement special et une texture particulicres; 16° Que cette g(5neration pent consister en la production acciden- telle dans des regions depourvues de glandes de tissus ayant la struc- ture des glandes en general, la texture des glandes en grappes en par- ticuUer,sanspourtantpouvoir etre rapportecs aaucune des especes de glandes connues; seulement bien qu'elles oU'rent les caracteres de structure des glandes pourvues de conduits excreteurs, ccscanaux ont toujours manque dans les cas observes jusqu'ii present; 17° Ce fait n'a pourtant rien qui doive surprendre, puisque Fana- tomie nous appi'cud que le tissu s6cr6teur (ou les acini) des glandes MEM. 8 114 en grappcs offro unc slructuro ])ailout coniplOloiiicul disliiulc dc cello (Ics ooiuliiils oxcrotcurs, lanl sous lo nippurl dos luDiiiiics pro- pres que sous celui de ropilheliuui; puis(iue, d'aulrc ])arl, I'euibryo- geiiie nous apprend quo Ics modes do uaissaucc de I'uu et do Tautro sont dilKrcnts, que cello du tissu sto'etcur precede la generalion des conduits excreteurs; 18" Enlin la preseucedun epithelium special, d'unepainepiopre,etc., sufCiscnt pour montrer quil n'osl pas uu elemeuL analouiicpie de Tadultc, ni un element dc I'embryon persistant cliez celui-ci, dont on puissc fairc derivcr ces productions en tenant corapte de ce qui a lieu dans lagenese des elements anatomiques duiaul les premiers ages de la vie, et ([ue cctte texture complexe, des elements aiissi divers no sauraientelro consideres logiquement comme provenant d'un element unique, on dehors nieme de robservalion qui montrc qu'il n'en est rien. MEMOIUE SUli L'HEMATOIDINE ET SIR U PRODUCTION DANS L'ECOPMIE ANIMALE, lu a la Societe de BioLogie, daijs sa suauue du 6 oclobre 1S55 , Par Mil. Ch. UOBUN et IMERGIER. § I. — BUT DE CE TBAVAII^ gT DBSpRVATION CLIjSJQLE QUI EN A ETE LE POINT PE DEPART, Le but de ce memoireest de faire connaitre pour la premiere fois la nature elementaire d'un compose crjistallin observe depuis longtcmps par les anatonio-pathologistes ; niais dout la composition etait restee igiioree jusqu'ii ce jour. Co travail aura pour resultat de demontrcr peremptoirenient que la maliere colorautedu sang ou kcmaiosim n'est poiutcristallisable; que les meilleures analyses qu'on en connaisse sont cellos de Mulder rappor tees plus loin; (jue, ainsi que le pensait cet eminent clumiste,ce n'est point au lor qu'cUedoit sa couleur. II aura, d'autre part, pour resultat de di^-monLrer quec'est en se decom|)Osant, en passant d'un 6tat sp6ciflque a un autre, que riiomatosinc fournit des composes cristallisables ; puis, enfin, que Yhematoidine (corps cris- tallisable), qui provient de V lumatosine (substance organique non cris- laliisable), mais en dillere par absence de fer, peut, mainlcnant que sa composition est conuue, entrer dans le domaine de la chimie qui I'avait uegiigee. 116 L'observation suivautc fera conuaitre quelles conditions nous ont permis de faire de ce corps remarquablc une etude plus approtx)ndie qu'on ne Tavait pu jusqu'ii present. UYSTES IIVDATIQIES Di: FOIE ET DU PElUTOIiVE ; PNEUMONIE; EXPECTORATION DE MATIERES JAUNATRES ABO.NDA.VTES, FETIDES ; MORT ; A LALTOPSIE, KYSTES .XOMBREUX, AVEC HEMATOiDINE ET DEBRIS DHYDATIDES DANS t'VS D'EUX QUI COjraUNIQUAIT A\'EG UNE BRONCHE. Obs. — Le nommc FaussemaUc, age de 45 ans environ, plac6 a Bicetre dans la section des fous dangereux, etait un homme d'une constitntion assez frfele. Petit de taille, niaigrc, pale, d'un teint legeremont jaunatre, il n'avait jamais joui d'une bonne sante. Avant son entree a I'liospice, il avait luil plusieurs sejours dans diflerents hOpitaux de Paris pour y etre traits de maladies dont il m"a ete impossil)lc de preciser la nature, d'apres les renseignenients iucom- plets qu'il fournissait. J'ai pu cepcndant savoir de lui qu'il y a vingt ans en- viron, M. Gendrin lui avait dit qu'il 6tait affects d'une maladie organique du foie, dont il lui serait difficile de guerir. Depuis deux ans, le volume de son ventre avait notablement augmente, par- ticuliferenient au niveau de I'epigastre et de I'liypocondre droit, il se plaignait souvent de ressenlir de la douleur en ce point et surtout d'eprouver un sen- timent tres-penible de pesanteur qui lui rendaitla marclic difficile. II y a deux mois a pen pres, Fausscmalle, sans cajjse appreciable, tut pris de frisson, de cephalalgie, d'un point de c0t6 violent, d'une flfevre intense en memo temps que d'une toux d'abord k^g^re, qui bientot devint tr(;"s-frequente et etait suivie d'une expectoration jaunatre excessivement abundaute. L'examen physique de lapoitrine fit reconnaitre facilementl'existence d'une pneumonic (jui resta limitee aux deux tiers inferieurs du poumon droit, line saignee du bras fut praliquee ; on administra eu memo temps au malade plu- sieurs potions stibi6es succcssives. Malgr^ ce traitement, la maladie continua a marcher, I'etat general s'aggravaet Faussemalle s'eteignit progressivement le 1" septembre 1855. Quelques jours avant de mourir, il rendit par la bouche, spontandment et avec des efforts de vomisscment, une quantite tres-considerable d'une uia- tiere particuliere, que I'infirmier ne conserva pas et qui C'tait d'une grande fetidite. 11 est permis de penser, conune on le verra plus loiu, que cetle ma- tiere (5tait formee d'hydatides putr(5fiees. b'autopsie rev61a les tails suivants : Le foie etait considerablement augmented de volume ; I'estomac, refoule par lui dans I'hypocondre gauche, etait devenu tout a fait vertical ; les aulrcs vis- c6res ava'ient conserve leurs rapports normaux. Sur la face superieure du foie, au niveau du lobe droll, on voyait une sail- 117 lie considerable formce par ime vaste poche hydatique. Ce kyste, It^gerement affaisse et en partie vide, adherait par toute sa face superieure au dia- pliragme. En cxaminant plus attentivenient ces parties, je reconmis que le dia- pliragmc, tr^s-aminci dans toute I'etcndue du kyste, etait perfor(5 en un point, et qu'en suivantle trajet flstuleux, on voyait qu'il se continuait au milieu du lobe inferieur hepatise du poumon droit et arrivait jusqu'aune brouclie d'lui volume assez considerable, et s'ouvrait largement dans rinterieur de celle- ci. Du c6te du foie, le kyste se prolongeait dans une etendue assez grande, a pen pres jusqu'au centre del'organe. Cetle vaste poclie contenait un nombre extrememeut considerable de vesi- cules bydatiques, toutes afTaissees sur elles-memes et nageant au milieu d'un liquide sale, grisatre, fetide, d'odeur de mali^res fi^cales, et qui tenait en sus- pension unc fonle de petites granulations Ires-fines, rougeatres et rappelant tout a iait la poussiere de vermilion. Ces petils grains rouges se retrouvaient a la face interne de presque toutes les v(^sicules bydatiques cuvertes et afTais- sees, contenues dans ce kyste. Tantot elles nageaient au milieu du liquiut; encore contenu dans les vesicules, tantot elles etaient appliquees a leur face interne. En cberchant au fond du kyste, je ramenai avec la main une masse solide du volume d'une grosse noisette, globuleuse, regnlifere et cntieremcjit lormee do la mati^re rouge que j'ai precddemment signal^e. Cette masse est etudiee dans les paragrapbcs qui suivent. D'autres kystes de volume variable existaient dans differents autres points. Cost ainsi qu'il y en avait un nombre assez considerable dans I'epaisseur dii bord anterieur du foie, au niveau du lobe gaucbe ; uu aulre entre les feuillels de I'epiploon gastro-bepatique ; plusieurs d'un assez petit volume dans le me- socolon transverse et dans le mesentere; il y en avait enfin deux autres de cliaque cote de la vessie, sous le peritoine. Tons ces kystes dtaient intacts et renfermaient des vesicules bydatiques transparentes, nageant au milieu d'un liquide egalement tres-limpide. Dans aucun d'eux, je n'ai retrouvc la plus petite trace do la matiere rouge qui exis- tait dans le premier. Nous allons faire suivre cette observation, recueillio par Tun de nous, interne a Bicetre(M. Mercier), des reclierches chimiques et phy- siologiques n6cessaires pour completer cette etude. Nous ferons toutefois reraarquer que ce produit, r6uni en cerlaino quantite, ne parait pas etre aussi rare qu'on le pourrait croire d'apres le peu de documents positifs publies sur ses caractercs chimiques et sa nature. Ayant en effet recueilli des renseigneraents de plusieurs cotes, nous avons appris de M. Tardieu que, dans I'autopsie judiciaire dune lommc morto subitenipni avoe des accidcnls ilii cOk' du vontrc qui avaient fail croiro ii \m empoisonnement, ii trouva, onlre autres le- sions, des kysles du loic. 1/iin d'eiix, plus voliimiuciix, saiilaiU dans la cavite de rabdomen, contcnait, au milieu do maUi'i'os puUacucs, jau- natres, fetides, unc masse rouge ofTrant la forme arrondie, le volume, la couleur et la consistance de celle qui a servi a nos recherches. Un accident lit perdre cette matiere. Dans des kystes du foie aussi, chez le cheval, M. lo profcsscui l!ou- Laux (d'Alforl) a trouve une ou deux masses de memo aspect que ceile dont nous parlons ici, mais un pen plus pelitos. Enfm, M. le docteur Buckler (de Baltimore) noils a dit avoir rencontre, dans mi foyer apo- ])leclique enkysle du corvcan, nne masse rou?e du memo aspect ct de meme consistance que celle dont il est question dans ce travail, niais ayant seulement le quart de son volume environ. Le microscope montra qu'elle etail formec presque entierement de cristaux d"lieina- toTdine. § II. — CAlUCtERES D'oRDRE ^HYSlQtlE t)U PRODUIT MORtlltlE ET flU COMPOSE CHIMIQUE QL'I LE FORM AIT EN PRESQUE TOTALITE. Le produit retire' du kyste avait le volume d'une grosse noisette ; sa longueur etait de W millimetres sur li d'epaisseur, sa fotmo elait ovoide, un peu aplatie, son poids etait d'un pen plus de 3 grammes. La couleur de cette masse etait d'un rouge de vermilion tirant au minium, pur et vif ; cette couleur etait la meme sans aucun melange dans la profondeur, comme a la surface. Sa consistance etait celle de la cire, la pression du doigt ne la depri- mait que difficilement ; les etTorts pour la briser devaient etre assez considerables, et la cassure de la masse sefaisait a la maniere de celle d'une pate dure et demi-seche. Ce produit i'lait entierement forme de cristaux reguliers, a angles et aretes d'une grando nettete.Tous etaient des prismes obliques a base rliomboidale. QuelqdeS^uiis LHaietitaplatis, labulaires, largos de 2 a 3 centiemes de millimi^lre en general; d'auti-es etaient allonges, largos de 2 a 'i milliemes do millimOtro slii' 10 ix 20 millii'^mos do long. Cos formes etaiont les plus rares. La plnpart dos cristaux elaiont des pris- mes moitie plus longs que larges, aynnt utl diametrc de5a 15 milliomes do miUimetre; mais il y en avail (pii alloignaicnt jusqn'a 3, 'i, 5 et meme fi oti 7 centiemes de millimolro de long, avcc une largonr nn II'.I pen moindre ct 1 ii 3 contiumcs d'epaissour. Cos crislniix otaient adhe- rents Ics unsuLixauliX'S i)ai' simple contact; radlicrciice ctait iavorisce par la legere humiditu de la masse, si peu abondante du rcste qu'on ne pouvait rapercevoir au microscope. Get instrument no montrait non plus ni hematoidioo amorphc, ni aulres matieres granulciiscs ou amorplies, a rexccplioii toutcfois de (pielques goultes graisseoses ad- lierentes a certains des cristaux. L'emploi do I'ethcr et do Taninio- niaque y faisaient reconnaitro des traces do graisse que faisait soup- conner la propriete de taclier legcremcnt le papier brouillard qu'a presentee la masse pendant le premier jour sculcment qui a siiivi son extraction. Les cristaux que nous venons de decrire, ou de i'ormcs analogues, mais de memecouleur, out 6t6 trouves souvont et dans plusieurs re- gions du corps, mais toujours au milieu ou dans le voisinage d'epan- chemcnts sanguins. On en a du reste rencontre dans toutes les ri^gions de I'^conomie, quel que soit le si6ge de I'^panchement. Tels sont en particulier Ics foyers apoplectiques du poumon, du cerveau, de la rateet du foie; los 6pan- cliements sanguins ayant lieu dans les kystes hydatiques du foie, les caillots de la cavitc du corpus luteum cliez tous les animaux ; dans les caillots uoirs des poches an6vrisniales, quelquefois dans ceux des veines obliteree3,dans les caillots du cephalhamiatome, dans les epan- chements ecchymotiques, dans les epanchements sanguins ayant lieu dans certaines tumours vegetantes rapidement, comme certaines varie- ties des tumeurs fibro-plastiques, dans diverses tumours fongueuses et dans les parois ou les cavites des poches ou kystes sanguins qu'on ob- serve souvent dans les tumeurs des os avec battements isocbrones a ceux des arteres. On en trouve, enfm, bien que rarement, dans quel- ques abces dont le pus est melange de sang, ou dans Ic tissu de lours parois, ce qui se rencontre surtout dans les cas d' abces dits metaslaii- qties on suites de contusions. Dans les kystes du foie, ils sont souvent meles a des cristaux de cholesttrine et des aiguilles de corps gras rcs- semblant ii cellcs do la stearinc ; ces cristaux ne sont pas colores comrae ceux que nous di^crivons. Le volume de ces cristaux est variable de 2 ou 3 milliemcs de millimetre jusqu'a 5 ou 6 cenliemes. Ces cristaux appartiennen I au type du prisme rhomboidal oblique; il est Ires-commun d'en trouver qui pr6sentent des formes types. Dans les epanchements 120 ecchymoticrues et du c6phalha?matome, ils sont ordinairement tous r6- giiliers, mais tres-petits. On peut en trouver qui sont aplatis. Ceux-ci pont iiuclquefois t res-grands. lis rcprC'sentent alors de largcs tables rliomboTdales ou allongecs, assez epaisses ; ces cristaux rcssemblcnt alors a certaines formes cristallines du sulfate de chaux qui n'a pas pris la disposition aciculaire. Quelquefois on trouve deux ou trois prismes adherents ensemble par leurs grandes faces. Les pctites faces du prisme peuvent etre quelquefois chargtes de courtes aiguilles qui les recouvrent. On trouve du reste souventbeaucoup d' aiguilles libres. C'est surtout dans les kystes hydatiques, les foyers apoplectiques du foie et du poumon que se trouvent ces aiguilles, tandis que dans les autres parties du corps, ce sont les prismes d(5ja d6crits et les amas, quelquefois amorpbes, dont nous parlerons plus tard. Les aiguilles sont ou isol6es ou disposees en amas, ce qui est le cas ordinaire. Tan- t6t ce sont des faisceaux entre-crois6s entre eux ou de petites aiguilles inserees les imes sur les autres de maniere a repr&enter des branches ramifiees, dendritiques, ou plus souvent ce sont des aiguilles inserees en houppes simples ou ramifiees aux deux extremity d'aiguilles plus grosses. Quelquefois, quoique plus rarement, on observe des faisceaux d'aiguilles elargis en even tail, insures au nombre de 6 a 7 sur une masse centrale amorphe, de maniere a reprfeenter une sorte de croix de Malte. L'h6matoidine amorphe ou cristallis^e se rencontre, non-seulement interpos6e aux elements anatomiques du produit morbide qu'on exa- mine, mais il peut s'en trouver dans I'epaisseur des ^l^ments anato- miques, des cellules epitheliales, de divers organes surtout. Les aiguilles que forme ce principe sont flexibles, 61astiques ; les prismes allonges le sont egalement un pen. Les cristaux sont homo- genes et refractent forlement la lumiere. Leur couleur est le rouge orange ou le rouge carmin plus ou moins fonc6, tres-caract6rislique. Nous avons trouv6 cette teinte plus fonc6e dans les caillols du corps jaune, les 6panchements du cephalhsematomeet des ecchymoses, que dans toute autre region de I'economie. Les cristaux apparaissent de quatre a dix-huit jours environ apr6s rheraorrhagie, mais dans des conditions pen connues encore, car dans telle circonstance ou les rencontre, et dans telle autre tout a fait sem- blable ils raanquent. C'est ce qu'on observe frdquemmenl dans les caillots des corps jaunes. Le cerveau et le foie paraiasent 6tre le lieu 121 le plus propice ;i Iciir formation, car on ne Ics voit prcsque jamais man([uer dans le sang qui s'y est epanche. Nous en dirons autantdes ceplialliffimatomes : ce dernier fait montre que la proximit6 ou le con- tact des corps gras ne constitue pas n^cessairement une des conditions qui puissent etre considerees comme des plus favorables ala formation de ces cristaux, question soulevee par Virchow.M. Lebert a vainement cherche a les produire dans des portions de veines placees entre deux ligatures ; d'autre part, il les a. au contraire, rencontres plusieurs fois dans des caillots veineux datant de quinze jours a trois semaines au plus. Bans les foyers apoplectiques, dans leskystes hydatiques, etc., on trouve souvent avec ces cristaux une assez grande quantite de globules sanguins qui sont tout a fait incolores, soit Isolds, soil reunis en piles un peu plus petits qu'a I'etat normal, c'est-a-dirc ayant 0°"°,006 au lieu de 0™'",007, mais encore parfaitement reconnaissables par la depres- sion du milieu de leur face et par leur aspect, lorsqu'ils sont vus de c6t6 et non plus de face. Les cristaux dli^matoidine sont durs et bruissent legerement sous I'aiguille d'acier qui cherche a les eeraser sur une lame de verre. lis sont plus lourds que I'acide pyroligneux, quel'alcool, que Tether, que I'essence de t6rebenthine, que I'acide chlorhydrique, que I'acide azotique. Plus l^gere quelapotasse, que racidesulfurique, mais plus dense que I'eau, la masse entiere telle qu'elle fut retiree tombait au fond du vase avec la rapidite des corps solides dont la densite est d'un et demi environ. Lorsque les cristaux microscopiques de ce corps se dissocient dans un liquide qui ne les dissout pas, lis jouissent n^anmoins d'un pou- voir colorant triis-intense ; et il en est de meme lorsqu'on en etale une tres-petite quantite sur le papier ; celui-ci est colore d'une maniere tres- prononcee sur une tres-grande surface relativemenl a la petitesse de la parcelle employee. Les prismes d'hematoidine, comme les aiguilles, sont limpides, re- fractent fortement la lumiere sous le microscope ; ils sont d'un beau rouge orange vif ou rouge ponceau sur les faces tourn^es vers I'obser- vateur et d'un rouge carmin fence sur les faces qui recoivent la lu- miere soils une incidence oblique, c'est-a-dirc sur les bords et aux extremites. Cette couleur, jointe a leur forme, est tres-caracteristique. Accumul^s en masse et vus a la lumiere r611(5chie, s^par^s de toute 12-2 impiirot(\ ils sont d'un bean rouge tie bi-iodnrc do mcrniro on, plus oxactement peut-etrn, d'un beau rouge d'alizarine. Mt'langt'S a do? liquidosou ii des partu's solidcs dans roponomic, ils leiir donncul uiic loinlorougoatre orange, d'ocre rouge ou,d'ocre jaune, selon leur qiuui- lile. S'ilssontencorc acconipagnes do globules de sang inlacts ou altO- res, la couleur est plus ou moins rouge ou violacfie, selon la quantite d'heniatosine qui reste. CliauirOe au contact do I'air, rh^matoidine donne d'abord une odour dcgoudron, puis une odcurde substance organique azotee qui liriilo, comme la iibrine par exeraple ; elle s'cnflanime alors en donnant une llamme assez claire, analogue a celle d'une bougie; elle donne en menie temps un cliarbon, boursoulle, volumineux, qui disparail quaud on continue a chautTer. Cliauffd'C dansun tubebors du contact de I'air, onvoit se distiller une matiere d'un brun violac^, d'apparence de goudron, et la masse se boursoufle considerablement. 11 se degage en memo temps des gaz fe- lides ([ui sent decomposes par une tenqierature plus elevce, ainsi que la matiere d'apparence de goudron, ot 11 reste un charbon volumi- neux, boursoufle. Ce compost est tres-difficile a bruler dans I'appareil a combustion et cxige, dans cette operation, d'etre soumis a un courant prolongt' d'oxy- gene a I'egal des composes d'origine organique dont la combustion est le plus difficile a obtenir compltitement. HH — CARACTERES CHIMIQUES AU CONTACT DES DISSOLVANTS NEUTRES, ACIDES ou ALCALIXS. L'ether pur anhydre n'attaque les cristaus ni a chaud ni a froid; il donne une teinte d'un rouge vermilion plus vif qu'ii I'ordinnire a la masse employt'e et laisseauxcristauxtoute leur nettete. L'ammoniaquo pure le dissout rapideraent avec ime teinte rouge pourpre amarante foncec lorsque la dissolution est concentr6e, et prcnant une teinte sa- franee si le dissolvant est tres-abondant par rapport aux cristaux d'M- matoTdine. Aprt^s quelques jours la solution devient d'un jaune bru- natre ou verdatre sale. L'eau ne la dissout ni ii cbaud ni a I'roid, u'eu change pas la couleur, nonplus que la glycerine. L'acide acCtique duverdet n'attaque pasces cristaux, n'Ote ricn de leur ncttel6 et n'en dissout pas trace ii froid, meme apres un contact 123 do plusieiirs joiiw. 11 n'ngil pagplus sur los ci'istaux studies npres Ic lavage a I'etlicr qu'avant. L'alcool n'attaque pas riiOmatoidinO, m6me apri-s iin quart d'hcure d'ebullition; il doniie a la masse una teinte d'un rouge minium vif; les crislaux conservent toutc la nettete de leurs aretes et de leurs angles. L'essence de terebentliine pure ne dissout pas Ce corps; ses cristaux se dissocient facilement dans ce liquidc, niais meme apres un sejour prolong^, ils conservent toute la ncttete de leur couleur, de leurs aretes et de leurs angles. L'acide azotique pur dissOut en qiielqiics minutes riiemaloldine pure, lav(5e il I'ether et & l'alcool ; la solution est limpide, d'un rouge acajou il la luniiere r6f]6chie ; a la lumiiire transmise, elle conserve la meme teinte qui est tres-belle et tire un pen au rouge phis ou moins fonc6 suivant le degr6 de concentration de la liqueur. Au Lout de quclqucs licures cette solution devientplus transparente, plus claire, en lirant au brun jaune pale, etdegage alors quelques petites bulles degaz; elle fmit par devenir d'un jaune citrin pale. Cette dissolution, r(''p(!''t(5c a differentes reprises sur plus d'un centigramme d'hematoi- dine a chaque fois, a toujours donne les memes rd'sultats. II est certain que ni au commencement ni pendant la dur^e do la dis- solution deUh^matoidine dans l'acide nitrique, puis du passage graduel et consecutif dela liqueur d'un beau rouge acajou ou jaune citrin clair, on ne voit rien d'analogue a la reaction de Facide azotique sur la bile ou sa matiere colorante. Get acide donne en eflet a la biliverdine ou aux humeurs qui en renferment, des teintes successivement verte, bleue et rouge, en passant par le violet comme intermediaire au bleu et au rouge; puis ce dernier passe au brun quand Taction est sufli- samment prolongee. On peut done affirmer que ceux qui ont avance et soutenu avec trop de legerete que ce composed prenait au contact de l'acide nilrique les memes couleurs que la bile, ont ete la dupe de quelque illusion. Agis- sant sur de riiematoidine melaugee de liquides et de fragments de tissus animaux, il n'y a pas a douter que si la succession des cou- leurs prec^dentes a 6t6 vue, il se trouvait de la biliverdine parmieux. Ce serait commettre une erreur grossiere et rectifiee par les donnees les plus elementaircs de I'experience que vouloir rapporter aux cris- taux d'h(3matoidine ce qui appartienl a un autre compose. Dans I'etat 124 actuel de la science, on ne saiirait mettre en parallele Ics reactions d'un produit mi^lange d'irapurete? (dont la masse d6passe la siennc) avec celles executees sur de I'liematoidine pure. L'acide clilorliydrique pur prend au contact de ce corps une teinlc jaune un peu plus fonc^e que celle qu'il acquiert lorsqu'il a etc au contact des substances d'origine organique, mais l'acide ne change pas la couleur du compose on c'est a peine s'il Ini donne une couleur un peu plus sombre, et ne motlifie pas la nettele des angles de ses cristaux. Au bout de quelques jours l'acide chlorhydrique en dissout un peu, devient d'un brun jaune, arrondit el emousse un peu les angles de ses cristaux, il leur donne une teinte ocreuse a la lumiere reflecliie, et une teinte jaune d'or et jaune rougealre lorsqu'ils sont vus sous le microscope, a la lumiere transmise. L'acide sullurique ordinaire donne a la poussiere d'h^matoidine, purifiee ou non, une teinte brune ou d'anbi'un rouge ; en nieme temps il prend, en moins d'une heure, une teinte verle de sulfate de fer, d'a- bord pale, devenant plus foncee au boutde quelques heures. Pourtaiit il ne dissout pas Fhematoidine, et la poudre brune portee sous le mi- croscope offre a la lumiere transmise sa leinte rouge amarante ba- bituelle, mais seulement un peu plus foncee; les angles et les aretes des cristaux conservent, a peu de chose pres, leur nettete. Au bout de quelques juurs, Tacide sulfurique ordinaire du com- merce donne a Ihematoidine une teinte d'un noir verdatre fonce ; mais, a la lumiere transmise sous le microscope, chaque cristal con- serve sa couleur rouge, mais plus foncee, presque opaque, et ses aretes sont ^moussees. La conservation de la couleur des cristaux, devenue seulement un peu plus foncc^-e, apres que l'acide sulfurique s'est empare du fer qui accompagne I'hemato'idine, est un fait digne de remarque el qui s'expliquera plus loin lorsque nous verrons a quoi tient la presence de cefer qui est accidentel. L'acide memo prend une teinte d'un vert noiratre fence. Sous le microscope, l'acide rend rapidementlescristaux de rheraatoidine pure plus foncfe, en emousse a peine les aretes, mais il se colore en brun rougealre ptile autour d'eux, ce qui indique {|u'il en dissout un peu. Celle action des acides dans laquelle ils s'emparent directement et facilement d'une certaino quantity de fer est importante a signaler comme caraclere distinctil entre I'hemato'idine et I'h^matosine, car on sail que cettc derniere ne 125 cede son fer qu'a Facide sulfurique concentre, apres une action pro- longee. La potasse agit sur les cristaux d'hematoidine purifies bien plus vite que sur les cristaux salis par de la graisse, etc. Gette action est reraarqualjle lorsqu'on en suit les phases sous le microscope. EUe gonfle chaque crista! , surtout dans le sens de son grand axe, et les allonge ainsi du double et meme pins; en meme temps ils se fendillent parallelement aux faces de la base, ce qui leur doane un aspect particulier et en emousse les aretes et les angles (1). I'eu a pen le iiquide se colore en rouge aulour du cristal, et le cristal se reduit en petits fragments a la moindre pression. Puis il se dissout graduellement en formant un petit nuage rougeatre a la place qu'oc- cupait chaque'cristal.Sil'on a vers^de la potasse sur un amas de cris- taux d'hematoidine, ils prennent an bout de quelques jours un aspect brun lorsqu'ils sont vus a la lumiere rellechie ; en meme temps le Ii- quide se colore en prenant une teinte brunatre. Vus sous le micro- scope les cristaux qui restenl se sont gonlles, fendilles, ramollis et sont devenus presque piiteux, et ils ofirent une coloration d'un pourpre fonce. § IV. — PURIFICATION DE L'HEMATOIDIN'E ET ANALYSE DE CE COMPOSE AMENE AU PLUS GKAND ETAT DE PURETE. Desirant ne rien negliger pour donner aux operations dont il est question dans ce paragraplic toute la precision exigee par Tetat actuel de la ^science. Fun de nous (M. Robin) s'est aide du concours de M. Riche, preparateur des cours de chimie de la Faculte des sciences pour operer Fanalyse elemenlaire de Fhemato'idine. La masse rouge, odorante, compacte, telle que nous Favions retiree du kyste, a 6te lavee a Falcool, puis ii Fether, taut que ces liquides out pris une teinte jaune sensible, et il nous est reste apres dessicca- tion a 100° une substance d'un beau rouge vermilion ou de biiodure de mercure, d'une legerete excessive et d'une flnesse remarquable. (1) C'est par une interversion de mots dans le texte que, dans Fun de nos ouvrages (Robin et VerdeU : Tuaite de chlmie aivatomiqle ou des principes IMMEDIATS NORMA ux ET MORumES ; Paris, 1853; iu-8°, t. Ill, p. 433), les reac- tions de la potasse sur i'iiematoidinc out etc attribuees a Facide acetique, et vice versd. 12li Unu i)ortion trtis-pelito elt'iiduc sur un corps blauc ou coloru uuu trus- iirandc surface; loiile odcur a disparii. La maliurc purilice, cxanii- ni;e longucinoul au microscope, ne moiilrc absoluraciil quo des cris- taux en prismes obliques a base rhoinbc, auxqucls le lavage n'a rien 6\.(i de k'ur netteto. lis t-'isolciit alors los uns des autres avec la plus grandi; I'acilile. Tela qu'ilri sent alors apres dessiccalioii, sans avoir ele coinprinics Ics uns conli'e Ics auircs, ils formenl une masse legere bicn plus volumi- neuse que cello qu'ils coaiposaiont au sorlir du kyste, agglutines el fortemeut cohcrents ensemble (pi'ils elaicnt alors. Ainsi puriliOs de loute maliero elrangcre par Talcool et par rellier, Icur examen sous le microscope n'est plus gene par les traces do graisse qu'on y renconlrait avant et qui empechait leur isolenient. Le microscope ne raontrait alors que des cristaux les plus nets et les plus beaux qu'on puissc voir sous le rapport de lanettete des angles et sous celui de la couleur. On ne voyait la aucune trace d'bemaloidine amorpbe, telle qu'on gn rencontre asscz souvent dans les tissus mor- bides, a cote des cristaux. On voyait cependant de loin en loin de petiles granulations, irregulicres, incolores, larges de 1 a 2 millienies de millimetre au plus, si rares qu'on pent considi^rcr la niaticre ana- lyse© comme tout a fait pure, car it fallait la plus grande attention et un examen prolonge pour rencontrer ces petits granules. Nous avons, du reste, remis aM. Bourgogne, preparateur d'objets destines a I'etude du microscope (rueMassillon, 'i, dans la Cite), une ccrlaine quanlite de ce compose, alin que cbacun puisse s'en procurer des specimens ton- serves et verifier les caracteres precedents, L'alcool et I'ether ayant scrvi a lavcr cette substance, telle qu'clle avait et6 trouviie, ont laisse apres evaporation une matiere gluanlc, provenant probablement des liquides au milieu desiiuels s'est trouvee riienialoidine dans le kyste du foie. i.s,24^ de matiere brute onl donn6 : 0?,187 de ce rdsidu sirupcux, apres dessiccalion prolongee dans I'etuve a can : soit a pen pves 15 pour 100 d'iiiipurct^s. Ce residu, que Teyaporation de l'alcool el dd'ethcr de lavage avail donne, etait jaunatrc, visqueux, conscrvait un peu I'odcur de matiere 127 fOcalc qu'avait la masse avant sa purification. Sasolubilitc clans iellier, daiisl'alcool, sa decomposilion par la potasseen formant uucespecc do savon, samaniere de hriiler a la facon dcs corps gras, nous la font dctcrmiucr commc un melange de corps gras proveiianl du conleiiu du kyste. U a ele impossible, tant par rexaracn an microscope que par les dissolvants, de trouvcr dans la masse rouge des substances albumi- ncuses ou autres substances azotees coagulables. I. 05,435 de matiero souraise a I'analyse out donne : 0b,250 cau, 16,040 acide carbonique. II. 08,311 de maticre ont donne par la combustion : 06,181 eau, 06,751 acide carbonique. !II. 0s2fll de matiere ont donne, par calcination avcc la chatix sodee, Ics resultats suivants pour la determination de I'azote : Divisions de saccharatc de ciiaux ncutialisaut I'acide sulfurique avant 126 — ~ apres 104 22 Ce qui correspond en centiemes a I. II. Garbone, . . . G5,04G 65,851 Hydrog^ne . . 0,370 6,465 Azote » » Oxygenc. . . . 17,877 16,977 Cciidrcs. . . . 0,202 0,202 III. 10,505 La recherche du soulre et du phosphore nous a donne constam- ment des resultats negatifs. Cette substance renferme pourtant une tres-minime quantit(5 de ma- tiere minerale. En effet, 06,3410 de matiere ont laisse, apres incintotion, un residu de: 0s,0007 (soil 7 dix- milligrammes), c'est-u-Jire 2 pour 1000, 128 qui ne contenait pas de chaux, mais du fer facilement attcstablc par le prussiate de potassc (1). Une nouvelle analyse pour la delermination speciale de la quantile de fer doiit nous pensions trouver une certaine proportion comme ele- ment de ce corps a tH6 faite sur 55 centigrammes dc matierepui'e : la combustion a laiss6 un residu de 1 milligramme et 3 dix-milligrammes, soil encore 2 pour 1000 environ. Ce rc^'sidu ("'tail de couleur blanchatre; la dissolution en etant operee dans Facide nitrique et I'evaporation ayant et6 faite jusqu'a expression des dernieres traces d'acide, on a repris le d6p6t par I'eau. Le prussiate de potasse a donn(i alors la colo- ration bicue caracteri'stique des sels dc fer, assez foncee pour quou ne puisse avoir de doute sur la presence de ce metal, comme partie la plus abondante de ce rc^sidu de combustion. La coloration blanchatre et non brunatre ou rougeatre de ce residu, son aspect de cendre, la presence a cote du fer que lesreactifs ont de- cele, decomposes alcalins dont la nature n'a pu ctre determinee, vu la petite quantile de maliere, montrent mauifestemeul qu'il ne s'agit point ici d'un element de rhemato'idine. Ce residu n'est autre que les traces d'impuretes qui restent toujours dans tous les composes d'origine animate ou vegetale, impuretes quo I'etber et I'alcool n'ont pu enlever el que le microscope n'a pu deceler en raison meme de lour petite quantite, a moins toutefois que les particules incolores tres-rares mentionnees plus haut, dans I'examen des cristaux apres le lavage par letber et I'alcool, ne fussent cellcs qui out forme ce residu. II est possible aussi que les traces du compose ferrique indetermine qui ac- compagnent Fhematoidine se trouvent unics a celle-ci de la meme maniere qu'on voit dans I'uriae et ailleurs I'uree ou le sucre s'uuir au chlorure de sodium. II est suffisamment connu qu'il n'est presque pas de composes sou- mis a I'analyse qu'on puisse obtenir plus purs que ceUii que nous ve- nous d'6tudier, puisqu'il ne renfei'Uiait que 2 pour 1000 d'impuretfe. (1) Par suite d'uiie transposition dcchilTres dans un premier travail public) par Tun de nous sur ce sujet {Cli. Koljin, .Memoike sur la composition de L'nEMAToiDiNE, inscrc dans les Comptes ue-ndus de l'Ac. des sc. de Paris, t. XLl, 1" oct. !8J5!, la quaatilo dc ccudres a ('te donucc 10 I'ois hop faible, et la quantile d'oxyyene porte 18 et 17 au lieu dc 17 et IG. 129 L'analyse pr6cedenle peut done etre coiisideree comme opiireo sur un compose chimiquement pur, sa cristallisation 6tant, d' autre part, aussi parfaite qu'on le puisse d6sirer. Le r^sidu mineral, bien que parais- sant, d'aprcs la reaction duprussiate de potasse, form6 en grande par- tie par un compose ferrique, renfermait cependant d'autres matieres minerales. Mais ces 2 pour 1000 de cendres eussent-elles 6t6 compo- sees exclusivement de fer, cette quantite serait insuffisante pour qu'on put songer a la faire entrer dans une formule. Done, en resume, I'hematoidine ne contient pas de fer. § V. — TRANSFORMATION DES ANALYSES EN FORMULE ET DE LA FORMULE EN NOMBRES D' ANALYSE PAR LE CALCUL. On a Yu plus haut que les diverses analyses ont donn6 les nombres suivants : I. n. Carbone 65,046 65,851 Hydrogcne. . . . 6,370 0,465 Azote 10,505 10,505 Oxyg^ne 17,877 16,977 Cendres 0,202 0,202 Ces nombres etant suceessivement divises par ]'equivalent du corps simple auquel ils se rapportent donnent : L'equivalenl de I'oxygene etant 100. L'equivalent de rhydiogcne etant 1 . I. II. I. II. N° 1. Carbone. . . 0,867 0,878 10,841 10,950 N° 2. Hydrogcne. 0,509 0,517 6,370 6,465 N» 3. Azote .... 0,060 0,060 0,750 0,750 N" 4. Oxygtne . . 0,178 0,169 2,235 2,122 Or on peut voir que le plus petit de ces nombres celui de I'azote (n" 3) est, dans I'un et dans I'autre cas, 14 fois dans le nombre u" 1 ou du carbone, 9 fois dans le n" 2oude Thydrogene et 3 fois dans le nombre n''4 oude Toxygene. Ainsi les rapports en nombre entiers les plus simples qui existent entre les quotients precedents sont ceux des nombres : 14 : 9 : 1 : 3. La formule la plus simple de rh^maloidine est done : o. C'HsAzOs. MEM. 9 130 Kn adirwUant (lu'il existe uii equivalent d'cau dans la composiliou (le ce corps, Ics oqiiivalouls du compost anliydre dovieniioiil tons mi nuilti|ilL' do deux et sonl U(5s entrc ciix par Ic aoniljre 2 on uii de SOS inulliples, le uombre 6. La coniposilioQ de riiemaloidiue dcvienl alors : b. Ci*H8Az02. HO. a. Si I'on transformo par localcul la prcmi6rc do ccs formules [a) dans k; but do Irouver losnombros eu contiomes qui en reprosenloul I'analyse, on oblient ics nonibres suivants : l" Dans le cas oii roii adoptc 100,00 pour roquivalcul doroxygL'iio, on a : C* X 75,00 = 1050,00 H^ X 12,50 = 112,50 Az» X 175,00 = 175,00 03 X 100,00 = 300,00 1637,50 Mainlenant la Iransformalion en cenliemes est donnee par la ri-so- lulioades qualre proporlious correspondantes qui suiveut : Ci^ 1637,50 : 1050,00 :: 100 : x = 64,1222 H9 1037,50 : I!2,50 :: 100 : a; = 0,8927 Az 1637,50 : 175,00 :: 100 : a; = 10,6879 03 1637,50 : 300,00 :: 100 : a; = 18,2723 99,9751 2»Dans1ecas ou I'oii adopte 1 pour equivalent de I'liydrogene, on a: Ci* X 6 == 84 H» X 1 = 9 Azi X 14 = 14 €3 X 8 = 24 131 C.c i[ui conduit aux quatre proportions suivantes : Gu 131 : 84 :: 100 : a; = 04,1221 no 131 : 9 :: 100 : a; = 6,8702 Az 131 :.14 :: 100 : a; = 10,0870 03 131 : 24 :: 100 ; a; = 18,3206 99,9999 131 b. Si, au contraire, on adopte la secondc des formulcs(^), sa trans- formatiou domicra les nonibressuivanls, comme reiircsenlanl son ana- lyse : I'-Dans lecasoii Ton adopte 100, pour equivalent dc I'oxygene, on a : Ci'' X 75,00 =r 1050,00 H9 X 12,50 = 100,00 Az»X 175,00 = 175,00 02 X 100,00 = '200,00 1525,00 Cfs nombres donnent les quatre proportions suivantcs aiiisi rc- solues : C"* 1525,00 : 1050,00 : 100 X = 08,8524 W 1925,00 : 100,00 : 100 a; = 6,5545 Az 1525,00 : 175,00 :: 100 : X = 11,4753 0^ 1525,00 : 200,00 : 100 X = 13,1147 99,9969 2'' Dans le cas oii Ton adoplc 1 pour equivalent de I'liydrogene, on a: C"' X 6 = 84 W X 1 = 8 Azi X 13 = 14 02 X 8 = 16 122 Ce qui conduit aux quatre proportions suivantes : Ci'* 122 : 84 :: 100 : X = 08,8524 m 122 : 8 :: 100 : X = 6,5574 Az 122 : 14 :: 100 : X = 11,4754 02 122 : 16 :: 100 : X = 13,1147 99,9999 11 est inutile de faire remarquer qu'onne saurait attacher Line valeur absolue a cctte transformation tlieorique de la formule : Ci*H9Az03 en C'^HsAzO^ + HO, 132 taut que rexperieuce directe n'aura pas montre qu'on pcut chasser cct cqiiivaleiit d'eau par la clialeur ou liii subsliliier ua Equivalent d'un autre corps par la conibinaison de riieraatoidiue avec des composes dellnis bieu coniuis. 11 se pourrait, en eU'el, que les experiences de cet ordre conduisissent a dcnre tout autrement qu'elle n'est ici, la forraule liree des uombres fournis par I'analyse Elemeutaire et rame- nes en centieracs. C'est done surtout a ces nombres resultant de I'ana- lyse qu'il faut attacher de rimportance. Toutefois la comparaison des nombres proportionuels ci-contre (14 : 8 : 1 : 2) a ceux que donne I'analyse de Fhematosine prouve qu'il existe deja un fait experimental qui vient a I'appui de cette deduction; en effet, dans I'liematosine privee de fer par I'acide sulfurique concentre, ainsi que I'a fait Mulder, le carbone est egalement a I'hydrogene, a I'azote et a I'oxy- gene, comme 14 : 8 : 1 : 2. C'est ce que va nous montrer le para- graphe suivant. § VI. — COMPARAISON DE l'HEMATOIDINE AVEC l'HEMATOSIXE ET AVEC LES COMPOSES QUI S'EN P.APPROCHENT AU POINT DE VUE DE LA COMPOSI- TION ELEMENTAIRE. A. — COMPARAISON AVEC L'HEMATOSINE. La matiere colorante des globules sanguins ou liematosine (1) a la (1) Le nom A'Mmaline a ct6 donne en 1811, par M. Clicvreul, au principe colorant jaune rouge du bois de camp^che (Hxmatoxylum campcchianumL.). C'est done a tort qu'en 1827 Huenefeld employa cc mot pour designer la ma- tiere colorante du sang, ct quebeaucoup d'autres auteurs allemands et I'lan- cais I'ont imite, d'autant plus que, la meme ami(5c 1827, M. Clievreul avait donne le nom d'hematosine au principe colorant des globules sanguins. Hipp. Cloquct I'avaitaussiappek^ soohc'matine ccttememc amiec 1827.De[mis Linne uuc regie, suivic dans toutes les sciences, fait adopter dans Ic langagu scieuli- fiquc le mot le plus ancien lorsqu'il est bien fait, de preference a tout autre, alia d'e viler la confusion que cause la multiplication inutile des nonis nouveaux. Cette regie, admise de tous ceux qui la connaissent, doit empuclicr do se ser- vir du mot liematine au lieu d'hdmatosine ; clle fcra certainernent repousscr celui (I'hemaioglohidine qu'emploient depuis quclques ann^es plusieurs au- teurs allemands, d'autant plus que cc mot prete a confusion avec la globuline, principe azote incolore, le plus abondant des globules sanguins cpjc lierze- lius anomm^s ainsi. 11 en sera peut-etre de meme du nom d'hematoxyline donne par Ics auteurs allemands a Vhematine retiree du bois de campeche. 133 plus grande analogic de composition avec riicmatofdinc. Lcs analyses de Mulder, qui a le mieux tludic la composition de la premiere, lor- mcnt des resultats tres-voisins des n6tres et montrent que cet eminent chimiste operait sur des produits d'une grande puret6. Nos analyses out donne, en effet, pour Vhematoidine : I. II. a. b Carboiie G5,04 G5,85 — C* soil C"^ Hydrogene .... G,37 6,46 — H' soit 5,37 + 1 = H* + H j Azote 10,50 10,50 — Az soit Az !hO Oxyg^ne 17.89 16,97 — 0^ soit 9,89 + 8 = 0^ + 0 ) Cendres 00,20 00,20. Or la composition elementaire de Xhemalosine est, d'apres Mul- der (1) : Sang melange Sang arteriel Sang veineux de moulon. de bauf. de boeuF. I. II. 111. IV. Carbone .... 65,90 66,49 65,91 66,20 65, Hydrogene. . . 5,27 5,30 6,27 5,44 5,28 Azote 10,61 10,54 » 10,46 10,57 Oxygene. ... » 11,01 » 11,15 11,97 Fer » 6,66 6,58 6,75 6,45 Ce qui lui donne pour formule de ce corps : a. C^'^H'^^AzsOSFe ou C'^H^Az^O^Fe. Cotte formule, ramen^e par le calcul en nombres d'analyse, donne les chiffres suivants : C'''^ = 65,84. CUonM— 5^37. Azs on 3 = 10,40. 06 =11,75. Fe = 6,64. On voit par la qu'il existe une grande analogie entre la composi- tion de ce principe imm(5diat et cells de I'li^matoidine ; cette analogie (1) Mulder, Bulletin des sciences physiques et naturelles de Keeii LANDE, 1839, p. 74, et Versucheinerphysiologischen CiiEMiE. Biaunsclnveip", 1844, in- 8°, t. I, p. 346, 347, 348, 349, 350 et 351. 134 dans Ics resullats de I'analyseesl Icllo que si Ton suppose I'oxygtine ct le fer repri'senlant un seal elLrnont, I'oxygcnc, ot non deux, la ibrmulc devieiil ideiiliquc ii cclle que nous avons ete oondiiils ii donner; ou si Ton cnliive rwiuivak'nt dhydrogene et an d'oxygene aux nombres fournis par nos analyses, ils deviennent les monies que ceux do Mul- der quand le fer en a ete retranche ; ce qui conduit aux Ibrmules C^'IF^Az^O^ + Fcpour I'liematosine, ct G^'^IFAzO^ + IIO pour I'liema- to'idinc. Mulder nionlre ensuite que le fer peul etre enlev6 a I'lKimatosinc par le chlore, et, dans ce cas, celle-ci devient blanche. L'6quivalentde fer est rcmplace par six equivalents d'acide cldoriqiie (1). En traitant Fhematosine pure par Facido sulfurique concentre pen- dant quclques jours, puis ajoutant de Feau, il a vu avec Van Gou- doever qu'il se d^gage de Fliydrog^ne et Feau se charge de sulfate d(! fer. Tout le fer est enlev6 ainsi de Fheraato'idine et on a Fhennatoidine sans fer, doat la formule devient, d'apres Mulder : Nombres trouves par ranaljse. Par le calcni. Carhonc. . . . 70,18 70,49 — C«» HydrogLMie . . 5,02 5,7G — H<* ou ss Azote » 11, IG — Az6ou3 Oxyetjne ... » 12,59 — O" Mais il faut remarquer que, lorsqu'on sepreoccupe plus de la rom- paraison de ces nombres avec la formule de Vk^matosine conienani dii fer, ils conduisent a ime formule semblable a celle que nous a donnee Fanalyse dirccte de I'lieinatoidine pure et cristaliisee, moins un equi- valent d'eau, savoir : C'H^VzO- ; c'est-a-dire que, dans Y himaiosine privee defer, les rapports du carbone aFhydrogene, aFazoteetal'oxy- gene sont les raemes que dans Fhematoidine qu'on aurait privee d'uu Equivalent d'eau. Ge fait tend par consequent a faire croire que Fou parviendra a chasser un (Equivalent d'eau de Fhematoidine ou a Ic reraplacer par sa "combinaison avec d'autres composes d^finis, et que la formule r^elle de la composition de Fhematoidine est C"'H*AzO-.IIO, plutOtqucG'WAzO'. Ji'hematosine privee do fer par Facide sulfurique n'en conserve pas (!) Mulder, BUIXETIN t)ES SCIENCES PlIYS, ET NAT. DE NiiERLANDE, 1839, p. All. 135 raoins sa couleur rougo. Mulder inonlre eneuitc que Ihomatosine, lais- soo pendant plusieurs jours on digestion au contact des acidcs chlorhy- drique et sulfurique ctendus, ne perd pas la moindre trace de son fer, et en donne a I'analyse une quantite constante, la nieme trouYec plus Iiaut. 11 en conclut quil est inoxact de dire que Ton peut enlever le fer (lu sang sans en merae temps changer la nature de son principc colo- rant. Des substances organiques autres que I'tiematosino renfermentdu i'er, que les acides faibles peuvent leur enlever; c'cst ainsi qu'on en peut retirer des cendres du serum pur, dans losquelies il se trouvc « Cetat d'oxyde, libreou combine. G'est, d'apres luulder, ce fer du serum sauguin, et non celui de rh^matosine, queLiebig a retire du sang des- seche en masse. C'est done ii tort que ce dernier a dit que le fer litait a I'etat d'osyde dans les globules, et pour juger cette question, c'cst sur rhematoidine pure, et non sur le sang on le caillot desseclies en masse, qu'il faut agir. Mulder montre qu'il n'y a pas assez d'hematosine dans le sang pour que tout Foxygene absorbe a chacjue inspiration puisse se combiner h elle pour oxyder puis desoxyder le fer qu'clle contient; si le ferpassait dans la matiere colorante de I'ctat de carbonate de sous-oxyde qu'il offrirail dans les veines a celui de carbonate d'oxyde de fer, en deve- nant arteriel, les acides faibles devraient I'enlever facilement. Ii n'y a done point de changement de ce genre dans la respiration. Le fer n'est point a I'c^tat d'oxyde dans I'hemalosine, mais a I'etat de fer, connne le carbone, I'hydrogene, etc., sont a I'etat d' elements unis les uns aux autres. L'analyse montre aussi que le fer de I'hematosine est dans le merae etat dans le sang veineux que dans le sang arteriel par rapport aux autres elements. Mulder montre, enfln, que la pr^tcndue oxydation de la matiere co- lorante dans les poumons, rendue invraisemblablc depuis Ires-long- temps, n'a point lieu, et que la couleur claire des globules sanguins n'est point le resultat d'unc oxydation. II conclut, entin, que le fer n'est point il I'etat d'oxyde dans I'hemalosine, mais bien au memo etat que I'iode dans I'^ponge, le soufre dans la cystine, I'arsenic dans le kako- dyle. Mulder a montre que Ics Substances organiques azot6es (protiiques); telle que la globuline, se chargent d'oxygene dans le poumon. II est, par la, porle a en conclure que I'hematosine des globules ne joue peut 6tre aucun r6le dans la respiration ; quand on exp6rimente sur de The- 136 matosine pure retirde des globules, sa couleur n'est pas changde le moins du monde par I'oxygene, par Tacide carbonique, ni par le pro- toxyde d" azote, et presque pas par les acides sulfurique et sulfliydri- que (1). 11 ne salt oii elle est produite; il pense qu'elle se r6g6nere, se d^truit mol^culairement et se reproduit comme toules les autres sub- stances organiques. Mais on ne salt quels sont les r^sultats de ces pho- nomenes, car ceux qu'on avait supposes a I'egard de la respiration sont contredits par I'experienee. On ignore aussi quels sont les changemcnts qu'elle subit en passant d'un 6tat a un autre. 11 est probable, encore selon Mulder, qu'il faudrait chercber dans la bile ses produits de de- composition aprcs qu'elle a rempli son r61e dans I'^conomie, et que la bilifulvine pourrait provenir de I'liematosine (2). B. COMPARAISON AVEC LA BaiVERDINE. Les resultats enonc^s plus haut donnent actuellement beaucoup d'in- t6ret aux seules analyses completes de biliverdine qu'on connaisse au- jourd'hui celles de Soberer (3). 11 a trouv6 en effet les nombres sui- vants : I. Carbons 67,409 Hydrogtoe. . . 7,692 OxygSne .... 18,195 Azote 6,704 II. III. 67,761 68,192 7,598 7,473 17,937 17,261 6,704 7,074 100,000 100,000 100,000 Ces nombres donnent pour formule : a. C2*Hi60'^Az Dans la matiSre colorante de la bile retiree d'un calcul biliaire qui en renfermait beaucoup, il troava : (1) Mulder, Bulletin des sciences physiques et nat. de Neerlande, 1839, p. 79, 82. (2) Mulder, Yersuch der PHysiOLOGiscHEN Chemie, 1844, p. 358, 359. (3) Soberer, Annalen der Chemie und Pharmacie, 1845. — In- 8°, t. LIII, p. 377. 137 Carbone. ' . , . 74,0 Hydrog^ne ... G,3 Azote 14,4 Oxyg^ne 5,3 Ce qui conduit a la for mule : b. CisH^OAz. Dans la premiere de ces analyses, la substance avait et6 retiree de Turine d'un malade atteiut d'ictere. 11 put la retirer tout a fait pure a I'aide du chlorure de baryum ; elle 6tait d'un beau vert, presque inso- luble dans I'eau, peu soluble dans Father, facilement dissoute par I'al- cool. Les alcalis la dissolvaient en jaunebrun.il ne put pas trouver trace de biline (taurocholate et glycocholate de soude), ni de ses pro- duits de decomposition dans Turine, ni dans le sang du malade. II n'a pas et6 tenu compte ici de la presence du fer qui s'y trouve, ainsi que Fa demontr6 M. Verdeil, en proportion encore ind^terrainee et peu considerable, mais d'une maniere aussi certaine que dans I'he- malosine. C. COMPARAISON AVEC LA CHLOROPHYLLE. La remarque faite plus haut s'applique a la chlorophylle, dans la- quelle M. Verdeil a ^galement demontr6 la presence du fer (1) ; mais les analyses suivantes de Mulder (2) n'en sont pas moins int^ressantes en ce qu'elles montrent que le carbone, I'hydrogene et I'azote y con- servent les memes rapports que dans la biliverdine. Muller a en effet trouY^ les nombres et la formule suivants : TrouTe par I'analyse. Par le calcul. Carbone 55,51 55,81 Hydrogtoe . . . 4,82 4,56 Azote 6,68 7,19 Oxyg^ne 32,99 32,54 Ce qui donne la formule : CisRsAzOS (1) Verdeil, Reciierches sur la matiere colorante verte des plantes et SUR LA MATIERE COLORANTE ROUGE DE SANG. (COMPTES RENDUS DES SEANCES DE l'Ac. DES so. DE Paris, 1851. — In-4°, t. XXXIII, p. G89.) (2) Mulder, Verslxh einer allgemeine physiologischen CiiEMiE.crstehselfte. Braunscli-weig, 1844. — In-8», p. 289. 138 D. coMPAUAisoN AVEC l'krythroprotide et autres composes DE COtn^EUR ROUGE. Parrai Ics produils dc decomposition dos substances coagulablcs azo- tees par la potasse, il s'entrouve un qui, parsacoulcur rouge ct sa com- position, m6ritc d'etre signal^ ici. G'est I'erythroprolide dontla for- mulc est : C'3H8Az05 Un autre produit, obtcnu en meme temps quererythroprotide,mais incolorc, est la protidc, qui a pour formule : C'31130'Az (n. Eofin, le principe colorant jaime du carlhame [CarUianms lincto- riiis L.) on carttiamine, ct son principe colorant rouge ou carlkameinc^ tons deux crislallisables, mefitent d'etre signales ici, car le carbone et riiydrogene s'y trouvent dans lesmOmcs rapports que dans Thc'-matoT- dino. Ces corps ont en cfl'et pour formule les nombrcs suivants : Carthamine CHTOs Carthameine .... G'WO'' Je ne terminerai pas ces coniparaisons sans fairc remarqucr que V hematoidine est un compose delini tres-distinct des corps colores en rouge, plus ou moins intense et de solubililes diverses appartcnant a plusieurs systemes cristallins qu'on obtient en ajoutant peu ii pen de Tether ou de ralcool absolu au sang d6fibrin6 charg6 de ses globules. Ces cristaux ont et6 appeles crislaux du sang^ sang crislallis6 (Funke, Budge, Remak, 1831; Kunde, Parkers, Meckel, \%hl) , crislaux d'lue- wiinc (Teichmann, 1852), lioemalocnjstaUine (Lehmann, 185-2). Bien que tres-etudi^s par plusieurs anleurs, il reste encore beaucoup a faire avant de savoir si ces cristaux, qui iic sont pas tous de raenic solubilite, appartiennent a un seul ou a plusieurs composes distincts. En outre, leur analyse a donne a Lehman (1853) : I. Carbone. . . . 55,410 Hydrogfene . . 7,080 Azote 17,270 Oxygenc. '. . . 19,980 Soufrc 00,253 (1) Mulder, Bullet, des sc. phys. et nat. de Neerlande, 1838. — Iii-8° p. 1G7; el riiYSiOLOGiscuEN Chemie, 1844, p. 322. 11. III. 55,240 55,180 7,120 7,140 J7,310 17,400 20,130 20,040 0n,20G 00,248 139 Gesnombres conduisent i\ In formule; 6(C»*H'»Az20'') S oil pcut-etrc 6iC»*H8Az«02 + 2H0)S. Mais tant qu'oa ne sera pas iixe sur la question de savoir si ccs cris- taux, dilleremraent cristaliises et de solubility dilTerente, appartiennent bien a un meme compose chimique ouaplusieurs, il scrait prcmatun'! de chercher apousser plus loin leur comparaison avec V hcmatoidine (G"'IPAzO^+HO), aussibienqu'avecl7«e'ma?05me, qui sent bien mieux connucs et qui en different evidemmcntbeaucoup. L'hematoidine, corps cristallisant dans certaines conditions formu- lees plus haut, est done un compose chimique parfaitement deter- mine, qui se forme par decomposition de I'hematosine. Les conditions dans lesquelles il cristallise paraissent ne se rencontrer que dans I'eco- nomie, car on ne les a pas encore pu obtcnir dircctcment de I'liemato- sine par les precedes de laboratoire. § VII. — Resume et conclusions. A. II resulte des faits pr(5cedent3 que Vfiematoidine^ corps cristalji- sable, est un compos6 chimique dilTerent de la matiere colorante des globules sanguins on liematosine, substance organique non cristalli- sable; mais l'hematoidine depourvue de for provient d'une decomposi- tion de I'hematosine, corps qui en renferrae; decomposition dans la- quclle un equivalent d'eau (HO) parait avoir remplace un equivalent de fer. II est probable que I'^quivalentde fer de I'hematosine se combine au soufrequerenferment les substances azotees coagulables du sang epan- che; tellcs sont la globuline, I'albumine on la tibrine, qui s'alterent plus on moins selon le tissu dans lequel a eu lieul'epanchement. * B. Le fait de I'absence de fer dans V lidmatoidine (G'*H8AzO^ + HO), quipourtant ofTre unecouleur rouge intense, vient conbrmer cet autre fait connu deja depiiis longtemps, que ce n'est pas au fer qu'il faut attribuer la coloration de I'hematosine (G^^r^Az'^Fe), et par suite cello des globules sanguins. G. On salt : 1° qu'il existe a peu pres 7500 grammes de sang en moyenne chez un adulte ; 2° Que la moyenne des globules etant de 127 par 1000, il y aurait environ 952 grammes de globules; 3° L'heraatosine existant dans la proportion de IG,75 pour 1000 de 140 globules en poids , il en r^sulte qu'il y a dans rorganisme adulte a peu pres IG grammes d'li(5matosiiie(C"H^^\z'0Te). 5° L'hematosiaecontenant (i7,50de ferpour 1000 parlies, on voit qu'il existe 1 gramme environ do fer dans les globules du sang d'un adulte (car 1000:67,50:: 16: a; = 1,08); 6" Cette quantity de fer etant retranch(5e des nombres ci-dessus qui exprimeut cello de Fhematosine, on voit qu'il rcste dans Tecono- mie a peu pres 15 grammes du compose (C'*H^AzO-) qui repre- scnte rbematoidine supposee anhydre; qu'il reste, en \in idoI, 15 grammes des proportions de carbone. d'bydrogene, d' azote et doxy- gene, qui, ajoutees a I'oxygene et a I'hydrogene dan3 les proportions necessaires pour former de I'eau (HO), constituent I'bematoidine telle qu'on I'obtient cristallis(:^e (C'^H^AzO^); 7° Enfiii , on voit que les 3 grammes d'h^matoidine agglom^reos (sans compter celle en quanlite moitie moindre environ qui etait dis- seminee) out ete fournis par des epancbements sanguins (succes- sifs probablement) qui 6quivalaient a 1400 grammes environ (car 16 : 7500 : : 3 : a; = 1406), c'est-a-dire au 5' au moins de la quantite de sang contenue dans I'organisme adulte. D. U resulte, en outre, de I'ensemble des analyses cbimiques prece- dentes que Ihematoidine est un compose chimique defini et parfaile- ment d^termin^ au point de vue de sa coloration constante, de la fixite et de la r^gularite de son mode de cristallisation , ainsi qu'au point de vue de sa composition moleculaire ou chimique (C'*H'AzO^ soil C'H^AzOMlO). Ce compose peut et doit, par consequent, sous cesder- niers point de vue, entrer dans le domaine de la cbimie, qui jusqu'a present, faute d'en avoir pu obtenir une quantity sufflsante pour en faire une ^tude complete, en avait abandonne I'^tude aux seuls ine- decins que leurs rechercbes appelaient a en voir les cristaux microsco- piques et a en suivre le mode de formation. § VIII. — REM.\RQL'ES SUP. L'HEMATOiDlNE AMORPHE. Tous les auteurs qui ont parle de rb(^mato'idine ont d(!'crit, a c6to des cristaux prismatiques ou en aiguilles, des granules arrondis ou irr^guliers, a angles mousses, dont le volume varie de 1 a 10 milliemes de millimetre et meme plus. Leur couleur, tres-analogue a celle des cristaux d'hematoi'dine, les a fait appeler du nom Alicmatoidinc amorphe. Toutefois leur couleur est d'un rouge plus fonct';, tirant un 141 pen moins au rouge oraage vif ; ils sont plutot d'un brim rouge, lis sont altaques plus facilement par la potassc et par I'acide nitrique que les crislaux obliques a base rhomboidale. Cos particularites, comparees a la nettete des cristaux, a Tabsence de grains araorphes dans la masse trouv^e dans le kyste du foie, me portent a ue considerer comme etant un compose cliimit[uc delini et ne dcvant recevoir le nom A' Imnaioidine que celui qui est a I'etat de cristaux prismaliques ou en aiguilles. Quant aux granules amorphes, je les crois encore pourvus de leur equivalent de fer, et je les considere comme etant encore de rhemato- sine, separee des globules et reunie en granules qui, plus tard, au- raient peut-etre passe a I'etat d'h^matoidine et auraient cristallise. G'est cette hematosine a I'etat de granules, etc., qui, plutdt que I'hematoidine insoluble, colore souvent par un phenomene de teinture les elements anatomiques baignes par I'epanchement sanguin et meme les cristaux de composes naturellement incolores, ou d'une autre teinte que celle du sang, comme les aiguilles de margarine, certains sels calcaires, etc. Quoi qu'il en soit, ces granules d'hematosine se rencontrent non-seu- lement libres, mais ils peuvent se deposer dans I'epaisseur de cer- taines cellules, comme on le voit chez des indi\'idus bien portants, dans celles des plexus choroides, des tubes urinipares, etc. On observe, en outre, ce fait constamment dans les cellules epitheliales des canali- cules respirateurs du poumon chez les individus morts de retrecisse- ments de Forifice aortique ou aiiriculo-ventriculaire gauche ; chez ceux qui sont aflect^s d'h^moptysie, autour des apoplexies pulmo- naires, etc. On en Irouve frequemment dans les cellules d'un grand nombre de tumeurs epitheliales, dans les myeloplaxes des epulis, lors- que ces productions sont compliquees d'epanchements sanguins. J'ai vu des amas considerables de cette matiere colorante demi-solide etre devenus le centre ou noyau de globes epidermiques. Ces granules peuvent etre isoles ou contigus sur un seul point tres-restreint des cellules, ou ils les remplissent, les deferment, les distendent plus ou moins et les rendent souvent presque opaques. La matiere colorante semble s'etrc introduite molecule a molecule dans les cellules, comme le fait souvent la graisse, et s'etre reunie en granules polye- driqucs ou en gouttelettes arrondies prises pour des globules du sang par quelques auteurs. ;-; 142 Dans la pluparl des circoiistances doiit il viont d'etre cjuostion, los rauules exislciitsculs, c'csl-ii-dire ae soul pa;^ accompagncs dc cris- laux d'liijniatoidine; inais quehjucfois on Irouvc de ceux-ci, surloul lorsquc rcpanchemciit a Old uii pcu abondant. Dans ces conditions, il arrive (luelquefois qu'on Irouve quelqucs.cristaux qui sc sent ibrmes au milieu de la substance de certaiues cellules. Uii trouvc normalemenl autour d'uu certain nombre des capillaircs du cerveau, de la raoelle, de Fependyme et de la ])ic-mcre uno enve- lupiie epaissc dc 1 a 2 millienies de millimetre coraposec d'unc sub- stance homogenc ou a peine slriee. EUe s'etend sous forme d'une tu- niquc adventice ou exterieure a bords nets, mais onduleux depuis les capillaircs, qui ont 1 a 2 centiemes de millimetre, jusqu'ii ceuxqui out un tiers de millimetre, en dehors meme de la tunique adventice ou de lissu cellulaire de ces derniers. EUe est distante des parois propres du capillalre qu'clle onvcloppe de 1 a 3 cent, de millim. Or cet espace est tantut remj)lid"unlii[uide incolore mele de granulations moleculaires, tan tot de petits noyaux libres spheriques, larges de 5 niilliemes demilli- metre. Ges noyaux sont tantot rarcs, 6cart6s, de manierc a laisser voir les parois propres du capillairc, tant6t ils sont contigus ou au moins assez rapproclies pour masquer les noyaux ovoides allonges dc ces pa- rois. Dans tons les cas, quits soient contigus, rares ou meme absents par place, on trouve toujours chez les sujets qui ont depasse 40 a 45 ans, des amas de granulations graisseuses ou des granulations grais- seuses isol6es atteignant jusqu'a 2 centiemes de millimetre, qui sont dans cet espace eutre les parois propres du capillairc et cette tunique transparente exterieure. Mais surtout on y trouve aussi, eutre les petits noyaux rends i.ci-dessus, une grandc (luantite de granulations et de grains tres-gros d'hematosiue amorphe. Ges grains d'lienia- tosine peuvent atteindre jusqu'a 2 centiemes de millimetre, et sont isoles ou reunis plusicurs les uns a cote des autres. lis ne sont jamais accompagnes de globules sanguins, et semblent provenir d'liemato- sinc qui auraitexsude hors des parois propres des capillaircs, ctsc se- rait deposee cntre ces parois et la tuniijue transparente a bords sou- vent onduleux, decritc ci-dessus. Dans un certain nombre d'epancliements sanguins, tels que ceux du scorbut, ceux des apoplexies capillaircs qui accompagnent le ra- moUisscmcnt du cerveau et autres conditions, on rencontre quelque- i'ois ces grains rouge brun d'hi'matosine dans I'epaisseur des parois des 113 capillaiucs. Ge fait a dcjii etc signalc depuis lougtemps dans la plu- part des variet^s d'apoplexie cerdirale. Dans toutes les circonstances qui viennent d'etre mentionnces en deniier lieu et dans quelques tumeurs, on voit souvent ces grains arroudis d'liematosine s'agglomiirer ix Taide d'unc substance azotee, tantot homogene, transparente, tantot grisatre, finement granulcuse, aussi dense au centre qu'a la circonference de I'agglom^ration et de- bordant rarement les granules les plus superficiels. Ces corps ou glo- bules ainsi constitues reproduisent, dans leurs particularity's de forme, de volume, d'opacite, etc , presque toutes cellcs qui sont oti'ertes par les globules dits globules ciexsudation ou globules gra- nuLcux dc CinHammation. M. Tholozan et moi avons constats les fails de ce genre chcz un iiialade niort scorbulique, qui offrait de larges plaques de teinte ocrcuse, un peu rougeatre, dans le derme, dans les tissus adipeux et cellulaire, dans le tissu cellulaire intermusculaire particulierement, et dans les muscles qui presentaient d'espace en espaco des taches d'un rouge brun, a centre fence, a contour se perdautinsensiblement. On voyait un tres-grand nombre de granules isoli^s, arrondis ou irre- guliercment poly6driques epars ou contigus dans les interstices des elements anatomiques de tons ces tissus. 11 n'y en avail pas dans la cavile des cellules adipeuses, mais il en existait en petit nombre en dedans du niyolemme, dans les faisceaux primitifs stries des muscles. On voyait surtout un tres-grand nombre de ces granulations color^es, a centre rouge assez vif, a contour fonc6 noirfttre, qui etaient r6u- nics en globules granuleux par une substance assez solide, grisatre, finement granuleuse. Ces globules granuleux avaient dc 15 a -'jO milliemes de millimetre; les uns etaient ovo'ides ou arrondis, d'autres allonges, les autres irrt- guliers, plus ou moins anguleux. Dans quelques-uns, aucune granu- lation rouge ne depassait 3 a 4 milliemes de millimetre ; la plupart etaient formes en grande parlic par ces petits granules et etaient ac- compagnes de deux ou trois autres ayant de 5 a 9 milliemes de milli- metre. Les plus fonciiS (-laient formes en presque totalite de ces gros granules rouges, mais ils etaient peu nombreux. C'est a Tensemble de ces granules qu'etait due la teinte ocreuse des pctechies de ce scorbutique ; bien qu'elles existassent depuis plu- sieurs semaines, aucuncristal d'hemaloidine no les accompagnait. 144 Nous avons encore avcc M. Tholozan observ6 le fait suivant. Chez un siijct morl do ma]adie dii ca-ur, le tissu adipeux de la plantc du pied, rougeiilre cooinic cliez certains sujets emacies ot inliltres, ne devait point sa couleur a la disposition anatomi([ue qui la determine habituellement. Les cellules adipeuses, au lieu d'avoirperdu leur con- lenu en grande partie, d'avoir leur parol ou enveloppe pliss^e, rera- plie d'un liquide incolore, contcnant seuleincnt quelques granula- tions ou goultes graisseuses d'une teinte jaunc orange plus ou nioins fonc6, avaient entierement leur disposition normale. La couleur rou- geatre du tissu (itait due a des grains de matiere colorante rouge, amorphes, irri^guliers, (juelquefois arrondis, d'un cenlieme de milli- metre en moyenne. Ces grains, peunombreux relatiyemcnt a la masse que representcnt les cellules adipeuses, 6taient contigus, disposes en trainees ou series entre ces cellules, ou plus souvent un peu ecartes les uns des autres. § IX. — RECHERCHES HISTORIQLES SUR CE COMPOSE. Everard Home (1) est le premier qui ait fixe I'attention sur les cris- taux d'iiematoidine ; il les observa dans les caillots des sacs anevrisma- tiques. 11 les considcre comme appartenant aux sels du sang. Rokitansky (2), traitant des changements des extravasations dans I'a- poplexie du cerveau, dit : « II se trouve dans le liquide des kystes apo- plectiques, selon les cas, a c6t6 d'une quantite variable de granules alimentaires discretes ou agglom^rees et d'un amas de points, une plus grande ou une plus petite quantite de pigment brun, rouge-jaune, jaune en masses amorphes, ou formant de tres-petits cristaux prisma- tiques. » Plus tard (3), il lesdesigne ix tort connne etant un phosphate d'ammoniaque et de magnesie, avec union d'un rouge sanguin prove- nant des extravasations. Scherer (4) decrivit et figura les cristaux qu'il observa dans le pus qui sortait mel6 de sang d'un abces, suite de contusion de la cuissc. (1) E. Home, Treatise on the formation ok tu.mors. London, 1830. In-S°, p. 22, pi. I. (2) Rokitansky, Speciale pathol. Anat., 1. 1, 1842. hi-S", p. 790. ,3) Uokitansky, Allge.m. pathol. Anat., 184G. Ia-8", p. 170. (4) Scherer, Che.m. mikuoskop. Unteusuchungen. In-S", 1813, p. 194, fig. 11. 145 La couleur des cristaux et leur forme rhomboidale ne laissent pas de doute sur leur nature, en tant qu'appartenant au principe dont nous parlous ici, et non pas a la cbolesterine. Zwicky (1) decrit et figure avec soin les cristaux d'hemaloidine qu'il observa dans les corps jaunes des truies, vaches et lapins. 11 admit que les cristaux ne changent pas dans I'alcool, dans I'elher, la potasse, I'a- cide acetique, I'acide muriatique et uitrique, mais qu'au contraire I'a- cide sulfurique concentre les teint en bleu en tres-peu de temps et les change plus tard en des globules noirs irreguliers qui se dissolvent parfaitement avec developpement de gaz, tandis que la graisse liquide est coloree par Facide sulfurique, d'abord en vert, ensuite en bleu, el qu'elle parait se dissoudre lentement. Virchow (2) a vu des granulations colorees dans des (Epitheliums des vesicules pulmonaires, des uretcres, des foliicules de de Graaff, de la glande thyroide, dans les cellules du cancer, dans les globules de pus, etc. 11 d6crit et figure les cristaux, leur couleur, et mentionne tous les auteurs qui en ont parle jusqu'a lui. 11 note avec detail et tres- exactement Taction des reactifs chimiques, et ne pent d^montrer la presence du ler dans ces corps. 11 conclut, de toutes ses recherches, que les cristaux dont il s'agit n'appartiennent pas a I'hematosine des globules sanguins, mais a un compose chimique qui en est distinct, ainsi que des matieres colorantes de la bile, et qu'il propose de nom- mer hcematoidine . Dans un travail plus recent, Virchow maintient (3) I'exactitude des faits qu'il avait avances et contredit avec raison Fopinion soulevee par Henle, qui a cherche a montrer qu'il n'y a, dans la formation de I'he- mato'idine, rien autre chose qu'une pseudomorphose d'un principe immediat. 11 a vu de Fhematoidine dans des cellules adipeuses et des gouttes de graisse, lesquelles etaient incolores par elles-memes. (1) H.-L. Zwicky, Dissertatio de corporum luteoritm origine atque trans- FORMATIONE. TuHci, 1844. lll-8°, p. 14, 30, fig. 11, 21. (2) Virchow, Die pathologischen pig.me.nte (Archiv fuer pathologische Anatom. und PinsioLOGiE UND FUER KLiNiscHE .Medicin. VoD R. Vlrchow uad B. Reiuhard. Berlin, 1847. ln-8=>, t. 1, p. 377). (3) Virchow, Ueber h^matoidine und Bilifulvin (Ann. der Chem. u.\d I'uARM., 1850, t. LXXVIII, p. 353), et Verhandlungen, Der phvsico-.medic. Gessellschaft in Wurzburg. In-S", 1850, 1. 1, n" 19 und 20, p. 311. MEM. ^0 H6 Depiiis quo to tini prL^cedc a ete ecrit, nous avons vu dornicremoul que Virehow a ^niis dcpuis lors (l) qu'il y a daus ces crislaux deux substances, Tunc probablenient de la nature des composes proteiques, lautre do la nature des principes colorants. Celle-ci leindrail Ics cris- laux dt>. la pi-emicre. comme divers sels mC'tailiques teignent les cris- tttux de quartz. Sclir;iiit (2) et Sanderson (3) ont Otudit^ les cristaux dliematoidine dans divers t'panchements sanguins. Ce dernier est le premier qui ail determine la valeur de leurs angles, qui est de 1 18 et 62" cliez ceux qui soiit en prismes rhomboidaux obliques, nombrc que j'ai retrouves a I'aidedu goniometre appliqu6 au microscope. Mulder dil dc riiematouline que uos connaissanccs ne sont pas en- core fixees sur elle; quou a probablement dfeigne plusieurs corps sous ce uom (parcc qu'on a pu quelquefois y demontrer du fer et d'au- trcs ibis non) ; qu€, dans tous les cas, sa decouverte est d'un grand jioids, parce que ce compose est sans doute un produit de decomposi- tion de Ihematosine tres-rapprochec de cette derniere. II pense aussi quo puisqu'on rencontre rb(5matoidine a I'ttat cristallin, son exameu •aurait certaiuement beaucoup avance I'^tude de rhematosine, si Ton pouvail rc^ssir a en preparer artificiellement une grande quantite avec I'bematosine (4). On a vu plus baut que les previsions de Mulder sur la nature de rhematoidine se trouvent v6rifl6es par ce travail meme. M. Lebert lesaobservesetdecrits avec soin dans un grand nombre de ■tiiiiteui-s 'et -autres produits morbides (5). Meckel signals la presence des cristaux d'hematoi'dine dans la pro- fondeur xllu placenta des carnivores au-dessous de la couche superficielle vie cot organe, qui est coloree en vert par la matierc colorante de la (l)VirchO\V,VERHANDLUNGENDERPU.-MED. GESSELLSCHAFT IN WURZBUUG. Ill- s'-, t. II, p. 305. (?) 3.-M. Sclirant, Prijs\"erhandling over de Goeden Kwaadaardige Ger- WELLEN. 1" afl. Amsterdam, 1S50. In-S", p. 1'25. (3) Sanderson, On jrETAMORPHOsis of coloitied blood corpuscles (Monthly JoiR>fAl OF SCIENCES, 1850, decembre, p. 5?5). ('i) Mulder, Yersuch FINER allgemeinen physiologischen Chemie. Zweite lialftc. Braunschweig, 1851. In-8°, p. 1084-1085. (5) Lebert, Traite pratique des maladies cancereuses. Paris, 1851. In-8", p. 37 et passim. 147 bile (1). Cellc-ci provient, commc on salt, dun passage de riiomatosine [fiematoglobuline do quclques auteurs allcinands) a un autre etal spe- cifique. Buhl (2) a observe aussilescristauxd'hematoidine dans des alterations du foie; il pense que rhemaloidinc en granule, aniorplie, eu aiguille, en cristaux rliomdoidaux bien dete^nli^e^, etc., lout en cunservant une couleur qui est ton jours la meme, peuvent etre unis a des corps de reaction tres difierents; que, provenant originairement d'une coni- binaison azotee hepatique, ils sont sonmis a iinc serie de changements continns qui conduisent de rheniatosinc conime point de depart a la couleur brun-vert de la bile ou autres principcs colorants, en jiassant par plusieurs stades intermediaires. Apres avoir fait connaltre, avec M. Verdeil, tous ics caracteres phy- siques et cliimiques de riieniatoidiue, aiusi que ks travaux publics jusqu'alors sur ce compose (3), j'avais eniis I'opiuiuu que les cristaux dhemato'idine etaieut ceux dun principe inculure, mais teint parl'hc- matosine conime elle teint les cartilages, la lace interne des arteres, etc., coninie die teint les cristaux qui se ferment dans le sang, dont une partie ou la tolalite des globules a ete alteree prealablement. Quant a determiner la nature de ce corps, on nc saurait le faire d'apri's les re- actions oper6es en petit sous le microscope, parce que les corps qui les accompagnent font qu'elles ne donnent pas constamment les memcs resultats etn'ont pas ton jours beaucoup de nettete. Bien que cette raaniere do voir filt partagee par M, Lebcrt (i) el i)iuu accucillie par Henle (5^ j'en suis venu depuis a recounaitre (6) que (1) Mecl^el, Ueber n.EMATOGi-OBiLiNE (Dectscue Ivlimk, 1852, n° 41. c2] Buhl, Alveol.vrculloid ln deu Lebek (Ili.lstuat. medical Zeitiag. Heft 11, 1852, p. 117. i3) Ch. Robiu et Verdeil, Tuaite de cuimie A.NAxoMiyiE oc des i'ri.ncipes IMMEDIATS NORMAiix ET MORBiDES. Taris, 1853. 10-8°, I HI, p. 430 ;i 437, pi. xLui, fig. 4 et 5, et pi. xuv, fig. 3. (4) Lebert, Note sur cxe combinaison de la .MATiiiRE colcrante du saag AVEC de l'acide margarique. (C. R. et Meji. de la Soc. de BioLOGiE. Paris, 1852. ln-8°, p. 51.) (5) Henle, C-csstat's Jahresbericht ueber die Leistuxge.v l\ de.\ puvsiolo - GiscnExWissEXSCHAFTEMMJAiiRE, 1852. Gruiid 111-8°. Wuerzhuig, 1853, ji. 37 (G) DicTioxNAiRE DE jiEDECLNE, par .Xyslcu. I'aris, 1855, 10" edition par I.il- treet Robin, p. 610-611. 148 cuttu hypothi'se devait etre abaudonuee cl que I'interpreUition de Mul- der (itait exacte. J"ai dit plus haut que c'esl par une transposition de mots que les r(5- actions de Tacide ac6tique sur co compose avaient et6 assimilees a celles de la potasse, qui se comportc lout differenunent. M. Lebert en a donne encore recemmcnt de tres-belles figures dans son admirable iconographie, d'apres des cristaux retires d'epancbe- mcnts apoplectiques du cerveau et d'hemorrhagies dans des kystes hy- datiques du foie (1). Enfin le proFesseur Zeis et moi avons montre a la Soci6t6 de biologie que les cristaux d'bematoidine mel6s a des vesicules adipeuses, a de la maliere amorpbe et a des fibres des tissus cellulaire et elastiquc, f'or- mentles pelils flocons de teinte orangec ou ocreuse quisont entrainOs avec le pus dans les plaies, suite d'ampulalion (-2). Les pieces prepa- rees par M. Zeis, et presentees a la Societe de biologie, ne laissent au- cun doute sur I'exactitude de la determination de la cause de cette cou- leur des flocons dontil vient d'etre question. il) Lebert, Traite d'anatomie GENERALE ET SPEciALE. Paris, 1855. In-folio, liviaison t^% pi. v, fig. 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13, et pi. vii, fig. 1 . ('2) Voir ci-apres la note de M. Zeis. NOTE SUR DES FILAMENTS FLOCONNEUX DE COULEUR ORANGE QUI SE PRODUISENT DANS CERTAINES PLAIES RECENTES, lue k la Societe deBioIogie, le 28 juillet 185S, Par le Professeur ZEIS, Chirurgien en chef de ITiSpital de I'Etat a Bresde, etc. , etc. II y a six a huit annees d6ji, que mon attention fut dirig^e sur iin symptdme qui se montre assez souvent dans los plaies recentes. J'eii etais 6tonn6 alors, puisque je ne me rappelais pas en avoir entendu jamais dire quelque chose, ni avoir rien lu qui s'y rapporte. Dans certaines plaies, a I'epoque oil la suppuration commence a s'etablir, on observe quelquefois des filaments qui sont converts d'une matiero de couleur orang^e brillante, de I'epaisseur du pus bon et louable. .lamais une plaie n'est entierement couverte d'une telle masse. Ce phenomene ne parait jamais avant le quatrieme jour, et il persists pendant quatre, six et huit jours au plus. Quand on vent enlever cette substance a I'aide d'une eponge ou d'une spatule, il en reste toujours au fond de la blessure une quantiti- adherente au tissu cellulaire, et qui doit se morbifier avant que la pliiic devienne pure ot nette. Quand on Va enlevee autant que possible. 150 un la trouvo de ncuvcau Ic k'udLinaiii, mOino si aiiciino goutle de sang ne s'est melee de nouveau avec le pus; mais une fois disparuc par elle-memo, c'cst-a-diro ([iiaiid la suppuration est parfaitement eta- blie et aljoudanle, et quand les graiiulalioiis clianiues recouvrent la surface de la blossure, elle no revient puB. Je dois ajouter quil m'ascnible que celte maliore orange se mon- trait le plus souvent dans des plaies par decliirure, et quand des aponevroses sont mises a nu ; mais il pourrait bien se I'aire quo ces circonstances n'eussent pas d'importance dans la question. Quoiqu'une fois, dans ces derniers temps, j'aie observC' le ph(!'no- mene en question sur un cas d'amputation, oil lemalade perissait par suite de pyohemie, dans la plupart des cas les malades ont gu^ri, de maniere qu'on n'a pas raison du tout de regarder ce symptOme commo un pronostic d^favorable. D'apres tout cela, je ne doute pas quo ceux d'entre vous, Messieurs, qui s'occupent de chirurgie pratique, ne se rappellent avoir vu cofto substance. II s'agit done de savoir quelle est sa nature. 11 y a ime annee a pen pres que j'ai fait, pour la premiere fois, I'examen microscopique de rette masse, et c'est ia meme preparation que j'ai I'lionneur de vous montrer sous le microscope. Vous verroz de la substance amorphe el des globules de pus qui sont detruits en partie; mais vous verrez aussi des gouttes de graisse (margarine) ; quelques-unes contiennent des cristaux pellucides, et dans leur int^rieur des cristaux rhombo'ides, bruns ou de coulenr orange. Quelquefois des aiguilles de la m6me couleur se trouveul mi'lces aux cristaux ou sont Isoldes. D'aprte I'ap- parence de ces cristaux, on ne pent m^connaltre qu'ils offrent tous les caracteres de I'hematoidine. Depuis ce temps-la j'ai examine la substance orange dans tous les cas (|ui se sont presentos a moi. .I'ai reconnu ainsi qu'on ne d(5couvre pas toujours des cristaux; au contraire, il arrive plus souvent qu'on nc voit, a I'aide d'un bon microscope, qu'une masse non organis6e brunatre, dans laquelle les cristaux et les aiguilles groupes en forme do houppe sont trcs-rares; mais, d'autresfois, les cristaux sont beau- coup plus grands que ceux que vousvenez do voir; c'est ce que vous pouvez apercevoir en jetanl les yeux sur cette seconde preparation. Les cristaux s'y trouvent en onorme qnantit(5, tellement que vous en verrez deux ou trois cents a la fois. 11 rae semble d'apr(!;s cela qu'il 151 est pcrmis de conchiro ([iic la siibstaiKo oranpc non orcanisi^e est composed des memes parfie^^ cliimiqiu's quo les ciistaiix, vl que les conditions seulement ontmanqudpourquelacristalliHalion s'onbctuiU. Je finis en ajoulant quelques questions a ce qui precede. l" Les cristaux sont probablement de rhematoidino; mais comment se forment-ils dans des plaies a une epoque oii aucunc trace do sang ne g'y trouYe plus ? 2'' Quplles sout les conditions qui font naitre cette suhslance de cou- leur orange. Pourquoi la trouve-t-on quelquefois el pas toujouis? Lo traitenient ne me senible avoir aucune influence sur son origine. 3" Pourrait-on tirer un profit de oette decouverle pour la pratique ou seulement pour la pbysiologie ? Voila, messieurs, toutce que j'avais a vous communiqucr sur ce su- jet. N'etant point assez chimiste pour juger certaines de ces ques- tions, je u'ai encore rien puljUe sur ce point; et, pour resoudre quelques difficultes, je me suis adresse a M. Ch. Robin, qui a Inen voulu joindre a mon travail la note suivante ; car, de son cote, il a observe, soit seul, soit avec M. Nelaton, des cas analogues a ceux qui, depuis plusiours annees, attiraient mon attention. Voici quelles sont les remarques transmises par M. Gli. Robin : « Chaque filament, large de 1 a 4 millimetres, long de 10 a 20 milli metres, dans les cas que j'ai observes, se sont truuves composes de fibres du tissu cellulaire, peu nombreuses, accompagnees quelquefois de fibres tlastiques flexueuses, contournees ; le tout formait une sorte de frame lache remplie d'une matiere amorphe, molle, se gonflant par I'eau et parsemee de fines granulations mol6culaires tres-nombreuses. Cette matiere amorphe etait g^neralement teintee en jaune rougeatre ou d'une coiileur orangee pale. Souvent on trouve dans le centre ou sur les bords de ces filaments floconneux, soit des vcisicules adipeuses accompagnees de gouttes huileuses fibres provenant sans doute du rontenu de vesicules adipeuses rorapues, soit seulement de gouttes huileuses plus ou raoins grandes, soit enfin quelquefois des globules du sang intacts ou devenus irreguliers. Ces particularity indiquent bien que la substance meme des filaments est formee de portions des tissus cellulaires, apronevrotiques et adipeux qui se sont d6tachees, par mortification eliminatrice lors du travail inflammatoire qui pre- cede et accompagne la suppuration des plaies. » La teinte orangee des filaments, vus a I'ceil nu, est le resultat : 152 1» de la presence des crislaux en aiguille ou rhouiboedriques rouge- pourpre ou rouge-orange vif, qui sont manifestement de rhematoidine ; 2" de la presence de la matiere coloranle amorphe ou liquide qui teinte en jaune-rouge pale la substance amorphe granuleuse des Ilo- conds Yus au microscope. Cette derniere matiere colorante parait elre : I'ou bien de rhematoidine amorphe et liquide; 2" ou Men plut6t de la matiere colorante du sang, s^par^e des globules rouges d^truits pendant le travail 61iminateur ou apr^s de petites h^morrhagies capil- laires ; c'est-a-dire la matiere colorante (dite hematosine) naturelle- ment demi-liquide et coagulable, qui n'a pas encore subi la modifica- tion chimique particuliere, qui la fait passer dans certaincs conditions pathologiques, a Fetat d'licmatoidine, corps solide, peu soluble et cristallisable. » Ce qui tend a appuyer cette hypothese, c'est que quelquefois on trouve des filaments floconneux oranges qui, examini^s de suite, nc pr6sentent pas de cristaux color^s, mais seulement la matiere colo- rante liquide qui les teinte et les imbibe en quelque sorte uniform6- ment ; puis au bout de plusieurs heures apres la chute et le premier examen de ces filaments, des cristaux se forment. Gependant, jamais la matiere colorante ne passe tout entifere a I'^tat d'h^mato'idine cris- tallis^e ; car la substance amorphe granuleuse des filaments reste tou- jours un peu teintee en jaune ou orang6 p^le. » hEmorrhagie IlilClEAN'r DANS IaM. PROTUBERANCE AUdVUIiAIRE , PARALYSIE SANS CONVULSIONS, RESOLUTION DES MEMBRES, MORT DEUX HEURES APRES L' ACCIDENT ; Observation lue a la SociSt4 de Biologis Par M. le Dogteur A. LABOULBENE, laureat des hopitaux (medaille d'or) , secretaire de la Societe de Bioloftie. Les cas d'h^morrhagie de la protuberance annulaire ne sent pas comrauns dans les divers ouvrages sur les maladies du systeme ner- veux, et j'ai pens6 que le fait suivant serait digne d'int^ret, bien que je n'aie pu que constater les lesions sans avoir vu moi-meme le ma- lade pendant la vie. Obs. — Un homme de 50 ans, le nomme Dannat (Auguste- Joseph), exercant la profession de fondeur, tombe a neuf heures du soir le 17mai 1855, dans la rue. II est priv^ de connaissance, et on le porte chez un pharmacien oil 11 recoit les premiers soins. Un m^decin pratique une abondante saignee du bras, et le malade est transports a I'hOpital de la Charite, oil il expire a onze heures du soir. N'ayant pas vu ce malade, j'ai recueilli les renscignemcnts suivants sur son (Hat pendant la journSe du 17 mai et pendant son court st'^jour a I'hOpital : Get homme Stait d'un embonpoint considerable, et il avait le matin m6me, an dire de sa femme, pris une purguliuii cini avail produit plusieurs Evacua- tions alvines. Lc soir il avail dinu a huit heures et il avail bu une assez grandc quantilc d'absinthe, Au moment de raccident qui est arrive d'unc maniore pul)lle, lc malade a 616 corame frappe de la foudre, sans mouvcment, sans tremhlements de.i mcmbres. L'infirmier, qui I'a reeu a I'h^pital, m'a dit aussi qu'il dtait sans mouvenieut, sans soubresauts des membres, ayant Ics yeux fciniL'S. Les por- teurs n'ont remarque aucun mouvement pendant lc trajct. 11 respirait d'unc maniere bruyanfe, avec effort, de facon a etre cntendu d'unc salle a I'autrc. L'inlirmier a regarde les yeux en soulevant les paupicres du maladc, et il les a \rony6 fixes, non conYulses, II sortait par la bouche ct les narines une ecume roussatre, non sanguinolcnte, ayant une odeur alcoolique. Lc maladc ayant ete laisse seul, a peine pendant I'espace de cinq minutes, pour aller donner des solns a un de ses voisins, on n'a plusentendu la respiration; on a couru pr6s de lui, il etait mort. AuTOPSiE faite lc 19 mai, a dix heures du matin, par un temps assez frais. Cadavre d'un embonpoint excessif, cou tr6s-court, membres surcharges d'embonpoint, abdomen enormement dEvelopp6 en largeur et en avant. La cavitc cranienne ouverte avec precaution montrc un (5panchemcut san- guin abondant, sous-arachno'idien, de la base du cerveau en arriere et s'clen- dant un pen sur les coles, moins marque ou presque nul sur la face supL^- rieurc. En coupant le cerveau avec precaution, on constate un piquctc abondant de la substance blanche; mais les ventricules lateraux sont presque vides, a peine y a-t-il un peu de serositc rougeatre. Le trolsieme vcntricule est rem- pli de sang en partie coagul6 ; enfin lc quatri^mc vcntricule est en cnlier occupc par des caillots et du sang liquide, a part rextremite bulbaire qui lie renferme pas de sang. La protuberance annulaire, dont la face inf^rieure paraissait saine, apres avoir 6X6 coupee en travers a etc trouvee rempliede caillots volumincux ([ui avaient dilacerc la substance ucrveuse. La k^sion n'alteignait ni les fibres transversales infch-icurcs, ni I't^'tage supc^rieur; les noyaux apoplectiquos etaient plus abondants a gauche, ct le centre lui-meme elait devcnu une cavit6 anfractueuse remplio de sang coagul6. Le pc5doncule cercbelicux moyen et lc lobo c6rebellcux gauche renfcrment aussi du sang (Jpancht?. L h^morrhagie occupait done presque toule I'c^paisseur do la protuberance, lc pedoucule cdrc^belleux moyen et le lobe cc'rebclleux gauche. Une couclic as- sez (5pals8e de la face inftJrieiire de !a protubi'rance avail 6t6 m6nig6e el limitall trrs-cxactement la lesion. Non-seulcment les deux faisceaux innomi- nes du bulbeontdle I6s6s, mais aussi les deux faisceaux pyramidaux, et i)ar la s'expliquc la paralysie des deux c6lcs du corps observce pendant la vie. Le cervelet avait la substance grise couleur lie de vin, et il offraii du 0616 155 gaucUe, cntre plusieurs lanios, un c'panclicnipnt asscz considi'ralilc, tiiii com- muniquait avec I'epancliement sous-arachnoidien. La moelle allonge'e et rorigine de la moelle epiniere (5taient saines. 11 n'existait pas de ramoUissement, ni dans ce qui reste de la proluberancc, ui dans le cervelet, ni dans la moelle allongee. Les diverses art&res cerebrales n'etaient point atheromateuses. Le troncba- silaire elait sain, ainsi que les vert6brales. Les viscSres thoraciques ou abdominaux n'ont rien offert deremarquable. Le cojur n'etait pas sensiblement hyperlrophio. RECHERCHES SURLESHYDATIDES, LES ECfllNOCOQUES ET LE COENURE, ET SUR LEUR DEVELOPPEMENT ; lues a la Societe de Biologie, dans sa seance du 22 decenibre l8bB , Par M. le Docteur G. DAVAINE. Avant d'arriver al'objet do ma coniinuriication, j'ai besoin d'appe- ler I'attention sur quelqucs notions prelirainaires qui me serviront dans la suite de ce travail. Le bourgeon, lagenirae ou la spore chez les animaux n'ont point 6t6, comme I'oeuf, I'objetd'une elude approfondie et comparative. Je ne veux pas entreprendre ici cette etude, mais je dois rappeler quelques- uns des faits qui la concernent. Le bourgeon ou la gemnie parait se produire par une simple exten- sion du lissu sur lequel il nait , il est form6 originairement de ce tissu ; plus tard, il pent acquerir une organisation plus complexe et plus variee. Le bourgeon se forme soit a la surface externe, soit a I'int^- rieur d'un individu. 11 reste ind^finiment attache a cet individu, ou bien il s'en stipare spontanement ; dans ce dernier cas, i! I'abandonne, soit apres avoir acquis jusqu'a uu certain point sa forme et sa struc- ture definitives, soit dans un etat rudimentairc. Alors, ([u'il soit con- 158 slitue ou Don comrae Tanimal qu'il doit former, il n'arrive pas moins ii son dcveloppement coniplet. Lc bourgeon actiuiert ce developpenicnt ail dehors de Tindividu ?oiicho ou dans son intC'rieur. G'cst dans ce dernier cas surloiil que I'on veil les gcmnies sc separer dii tissn qui les a produilos avaut d'avoir acquis aucun organe distinct. Elles con- stituent quelquelbis des spheres dun tres-petit volume, coniparables a des ovules, mais que Ton nc confundrail pas a^•ec ccs corps par I'ab- sence d'un chorion et d'nne vesicule germinative. On a donne a ccs spheres libresle uom de spores. On aie pent regarder ces spores autre- ment que comme des gemmes; elles sc developpent a la maniere de celles-ci, sans fecondation ct sans fractionnement. Chez les distomes, les spores se fornienl dans rioterieur des larve? de ces animaux; a peine visibles, elles sont deja iibres; par leur dcveloppement, elles envahissentet distendent le corps de leur mere au point de lc reduire il une poche inerle, sans vie, que Ton a nommee sporocyste. Ces spores developpees en cercaires, qui se metamorphoscront en distomes, ne reproduisent point I'individu dans lequel elles sc sont formees, mais elles constituent des individus diirerents, nnc generation nouvelle, qui reste longtemps emprisonnee dans la precedente, et s'en distingue par sa forme, par son organisation, et plus tard par Tacquisition des or- ganes genitaux. Le bourgeon tantot reproduit un individu semblable a sa souche, tantotun individu dissemblable. La cause de cette difference me parait tenir en partie a la nature du tissu ou des tissus qui doiineiil nais- sauce au bourgeon. Ainsi chez les liydres d'eau douce, les bourgeons, qui reproduisent des individus scmblables, se fornieut aux depens des trois couches qui constituent le corps de I'individu-sonche; taudis que la generation des meduses, dontla conformation est bien dilTerentede cello du polype qui les produit, s'accomplit, chez les campanulaires par excmple, au moyen de bourgeons constitues primilivenient jiar une simple dilatation, une hemic de la membrane interieure de la campanulaire. La membrane exterieure ne prend aucune part a la formation de la meduse. Le bourgeon qui forme uu individu semlilablc a la souclie n"est qu'une repetition de riudividu-souche; il ne constitue pas une phase nouvelle degeneration; aussi chez un grand nombrc d'animaux, ces bourgeons restent-ilsconstammcnt adherents a la partie qui les a pro- duils; il en est neaumoins (jui s'en detachent et formentdos individus 159 libres coinnie chez les hydros d'eau douce ; on poiirrait les designer par le nora de rejetons. Unc fois diiveloppes, ces rejetons ont la inenie organisation ct les memes proprietos que la souche. Le bourgeon qui forme un individu disserablable se detache en ge- neral lot on lard de sa souche, soil a I'etat rudiraenlaire, soil dans un etat avance de developpement. 11 constitue une phase nouvelle dans revolution de Taniraal dont il provient, une generation distincte ; car souvent, autant sous le rapport de Forganisation que sous celui de la forme, 11 differc completement de Tindividu qui leproduit. Cette nou- velle generation est toujours un acheminement vers I'etat adulte, si elle u'atteiut point elle-meme cedegre de perfection. Jamais cette nou- velle generation ne reproduit celle qui I'a precedee, si ce n'est par un ceuf. Les bourgeons qui formcnt des individus dissemblables s'obscrvent chez les animaux sujets aux generations alternantes ; s'il se produit, chez ces animaux, des rejetons semblables k la souche, ceux-ci ne font que repeter, que multiplier leur souche, tandis que les bourgeons cUssemblables constituent unc nouvelle phase, une phase plus avancee dans Fensemble des periodesdu developpement d'un animal. I'our resumer par un exemple la succession et la fonction des bour- geons semblables et dissemblables dans le developpement d'un ani- mal, je rappellerai ce que Ton connait generaleraent aujourd'hui de la generation de certains polypes. Un embryou semblable a un infusoire nait d'un anif; il nage en liberte apresson 6closion et va se fixer sur un corps quelconque; par son extremite libre, il s'accroit et se transforme en polype ; celui-ci se reproduit avec sa forme et son organisation par des bourgeons, qui restent adherents ou qui dcvieuneut libres et constituent de nouveaux polypes. A une certaine epoquc de I'annee, le polype-souche et les rejetons produisent des gerames, qui ne leur ressemblcnt nuUemenl pour la forme et pour I'organisation ; ces gemraes se separent de leur mere encore tres-imparfaites, ou etant assez avanc^es dejii dans leur organisation definitive ; ces gemmes nouvelles forment des meduses qui Be reproduisent jamais de polypes par des bourgeons ; mais ces meduses, une fois separees du polype qui les a produites, arrivent a un developpement plus parfait, acquierent des organes g^nitaux, et forment des oeufs qui reproduisent I'embryon d'oii est sorti le polype primordial. 160 .I'arrive niaintonant a Tohjet de raa communicatioii. Les vers vesiculaires de riiomme et des aniniaux supcrieurs sont formes d"apres trois types distincts : cysticerque, cccnurc, echinocoque. Le premier est uii animal simple, pourvu d'une seulc tete; les deux autres sont constitues par une vesicule pourvue de plusieurs tetes de cesto'ide. II y a entre ces trois types de vers des differences plus pro- fondes que celles qui resultent du nombrc de leurs tetes; je ne m'oc- cuperai aujourd'hui que du cuonure cl des echinocoques. GoENURE. — Le ccenure est constitue par une vesicule plus ou moins voluniineuse, de la surface de laquelle naissent un grand nombre de tetes semblables a celle des tenias. Le coenure est contenu dans un kysle tres-mince, comnie le sont, en general, les kystes du cerveau; 11 y est toujours solitaire. Lorsque plusieurs de ces vers vesiculaires existent dans un cerveau, ils ont ctiacun leur kyste distinct. La vesi- cule du ccenure est formee par une membrane tres-mince, simple, c'est-a-direnon composee de plusieurs feuillets. Gette membrane est con- stituee par un stratum, dans lequcl on reconnait, non de veritables fibres, mais des tibrilles semblables a celles de la fibrine coagulee ; entre ces fibrilles existent en grande quantity des granulations ele- mentaires (^ue Ton pourrait comparer, pour le volume, aux globules du lait. On n'y reconnait aucune cellule. Lacide acetique ne change point I'aspect des fibrilles ni des granulations eleraentaires. Les corps et les tetes de coenure qui naissent de cette membrane sont formes d'un tissu semblable. 11 s'y ajoute seulement des corpus- cules calcaires, des crochets, et cinq masses musculaires distinctes, une qui forme le rostre et une pour chaque ventouse. Les tetes naissent de la vesicule par uu veritable bourgeonnement ; aussi les trouve-t-on dans un etat plus ou moins avance de d6veloppc- ment ; elles ne sont jamais libres. La vfeicule du coenure qui produit les tetes par bourgeonnement ne produit jamais une vesicule semblable a elle-meme, car Ton ne trouve point deux ccenures dans le raeme kyste. Echinocoques. — Passons maintenant aux echinocoques (Rudolphi): Cos vers v(5siculaires microscopiques, pourvus d'une tete analogue a celle des tenias, sont contcnus en grand nombre dans une vesicule que Ton connait sous le nom d'liydalidc ou dac6phalocyste. 11 sont atta- ches a la surface interne de I'hydatide ou libres dans sa cavite. La ve- sicule qui renferme les echinocoques, c'est-ii-dire I'hydatide, est elle- 161 ni6me, comme le coenure, contenue dans un kyste, mais elle n'y est pas toujours solitaire. L'hydatide ressemble au coenure, en cequ'elle est une vesicule pour- vue de plusieurs teles de ceslo'ide ; mais si Ton 6tudie sa constitution, on la trouve bien dillerente ; elle est forniee non par une membrane simple, unique, comme le coenure, mais par deux membranes com- pl^tement distinctes quant k leur organisation, et qui forment deux v&icules emboitees. Examinons d'abord la vesicule interieure: celle-ci est 6tendue sur la parol interne de la vesicule externe; mais elle ne lui est que tres- faiblement adherente et s'en d^tache avec la plus grande facility. Cette vesicule interieure est une membrane simple, d'une structure tout a fait semblable a celle du coenure ; elle est form^e par un stratum fibril- laire, inliltre de granulations eleraentaires , les fibrilles ne different point de celles du coenure et les granulations elementaires n'offrent d'autre difference que celle d'atteindre un volume un peu plus consi- derable ; comme dans la vesicule du coenure, il n'y a point de veri- tables fibres, ni de cellules, et comme celle-ci elle produit par une extension de son tissu, par gemmation-, des animalcules pourvus d'une tete de cesto'ide, les ecbinocoques. Cette membrane a 6te d^crite sous le nom de germinale par M. Goodsir, qui a bien vu le mode de gene- ration des ecbinocoques par gemmation, et la nature de son tissu a 6t6 etudiee par M. Robin, qui a fait aussi d'excellentes recherches sur le developpement des cestoides qu'elle produit. 11 est evident que la vesicule coenure est I'analogue de la vesicule germinale renferm^e dans une hydatide et d'oii naissent les Ecbino- coques. 11 est important de remarquer que jamais Ton n'a vu d' ecbinocoques se developper d'une autre partie que de cette membrane interieure des hydatides. Hydatide. — Examinons raaintenant la vesicule ext^rieure ; c'est celle-ci que Ton connait generalement sous le nom d'hydatide; elle est formee d'un tissu qui n'a aucune ressemblance avec celui de la vesicule interieure. La vesicule extMeure est constitute par une sub- stance semblable, en apparence, au blanc d'oeuf coagule, homogene, sans granulations elementaires, sans llbres ni iibrilles, sans cellules, et dispos6e par lames stratiiiees. Toutes les lames ex tern es, moyennes et internes (la membrane germinale exceptee), sont serablables entre MEM. 11 ellcs; piles sont toulcsd'uno miwcom" extreme el, uuUuil qn'oii en pewt jiigcr, ii peupres egale; elles ont tle2 a 3 miliieines lie luilliinetre tle- l)aisseuv. II esl evident que la vesicule cxt6ricurc u'a point d'analogue chez le cuuiure. Qliuiqu'il n'y ait dans I'hydatidc ni iibres ni cellules, on ne peut pas dire qu'elie u'est pas organisee; mais clle poss6de, ewmne l)iea des animaux inferieurs, une organisation speciale. La substance de I'liydatido, que nous appcllerons, pour abreger, lissu liydatiiiue, a la proprietedc produire des bourgeons, et, coniuie toules les couches de ce tissu sont semblables, dies produisent loules des bourgeons. On en trouve, en efl'et, ciiez I'homme a la surface externe, a la surface interne et ;quelquefois dans I'epaisseur de la membrane liydatique. Cos bourgeons conservent parfailement tons les caracleres du lissu qui les a produits. lis sont entieremeut formes par le tissu liydatique dispose, comme chez la vesicule mere, en un grand nombre de couches minces el conceutriques. Aussi petits qu'on puisse les aperccvoir, ces bourgeons offrenl cette meme organisation ; ils sont globulcux et adherent a la vesicule mere par un tres-mince pedicule, qui se vompt avec une extreme facilite. Une fois Iibres, on ne recon- nait plus de difference entre eux et des hydatides de la mSme gros- seur. Les bourgeons se separent de leur souche avaut d'avoir acquis un grand volume, et generalement ils ne depassent pas celui d'une graine de chenevis sans devenir iibres. On trouve ([uekiuefois sur riiydalide mere des bourgeons a tons les degres de grosseur, depuis celle oil ils ne sont plus visibles a I'oeil nu jusqu'a cclle d'une graine (le chenevis. A col6 deces hydatides adh^rentes sur leur souche, on en trouve d'autres Iibres doht quelques-unes peuvent etre d'un plus petit volume que quelques-unes de celles qui sontadherentes. On ne peut se refuser a voir dans ces hydatides adherentes, sembla- bles pour la forme, pour la structure et meme pour le volume ii des hydatides Iibres, le premier degre du developpenienl de celles-ci. Ce sont des bourgeons qui, apres avoir acquis un certain degre d'accrois- sement sur leur souche, acheveront de se developper en liberie ; en ellel, ne sont-ils pas pourvus d'une organisation semblable a celle de la vesicule mere? Ne sont-ils pas jjlaces dans les conditions cxterieures fpii onl permis et qui permeltent encore a celle-ci de se developper et de aaccroiti;e? Serait-ce leur petit volume qui s'opposerait a leur ac- 163 croissement?Mais les spores qui se doveloppent en cercaires sonl d'nu volume Men plus petit encore lorsquelles deviennent libres. L'accrois- sement de genimes libres est un fait trop commun chez lesanimaux inferieurs, et trop bien etabli pour ([u'il y ait quelque raison d'cn uicr la possibilite chez Tun deux, surluul lurs(iuo lageuuncet I'iudividu qu'elle doit former ont une organisaliou ideiiliquo. Si le bourgeon a 6te produit ii la surface exlerne do la vesiculo mere, rhydatidelille se developpe en deiiors d'cUe ; elle se developpe dans sa cavite, s'il a ete produit ii la surface interne ; niais il n'y a aucune dif- ference de nature entre le bourgeon inlerne on exlerne, non plus qu'entre I'hydatide enrfogfivMe ou <>a;og'ewequ'ilsproduisent; aussi, chez riiomme, trouve-t-on des hydatides internes, externesetnienie intersli- licUes toutes seniblables entre dies. Les bourgeons produilssur le tissu hydaliquc no deviennent jamais des ecliinocoques, et, de memo, jamais je n'ai vu i-l jamuis Ton n'a si- gualede bourgeons bydatiqucs naissants de la vesicule iiilericure ou germinale. RnOn, aucun observaleur n\i vu d'ecbinocoques se trans- former en liydatides. Si Ton examine les liydatides secondaires d'un tres-petit volume, li- bres ou encore adherenles. Tonne truuve point, dans leur jnterieur,la membrane germinale, la membrane semblable a celle qui conslitno le ccenure, et Ton n'y trouve pas non plus d'ecbinocoques. Dans des hy- datides d'un certain volume, on trouve la membrane germinale et des echinocoques. J'ai vu des ecliinocoques dans des liydatides qui n'etaienl guere plus grosses qu'un grain de chenevis; je n'en ai jamais trouve dans celles qui n'avaient que le volume d'une tete d'epingie. On pent done conclure que I'bydatide, aprcs avoir acquis un certain develop- pement, produit la membrane germinale d'oii naissent les ecliino- coques. Mais les echinocoques ne reslent point indefiniment lixes ii la mem- brane germinale. Formes d'abord dans une expansion vesiculifonnede cette membrane, et constitues par un tissu semblable, ils s'isolenl bien- 161 el restenl attaches par un funicule assez mince. Us acquiereiit de.s crochets, des ventouses, en dernier lieu, des corpuscules calcaires. Quoique Techinocoque soil alors constitue en grandepartiepar le tissu germinal, on recoimailcependant I'existence de membranes d'une au- tre nature qui monlrent un degre d'organisation plus avanceque celui qu'a acquis la tete du ccenure. 16'i Entin, le funicule se rompt ou la membrane gcrminale sc ddtruit, et recliinocoque reslc libre et vivanl dans la cavite de riiydatidc. Les echinocoques sont done alors, par rapport a Thydatidc, ce que sontles cercaires par rapport ii leur sporocyste ; comme les cercaires, ils res- tent renfermes dans le corps de I'individu qui les a produits , jusqu'ii ce qu'il se delruise ot les laisse en liberie. Comme les sporocystes et les cercaires forment deux generations 'distinctes, les hydatides et les Echinocoques forment deux generations distinctes, deux geni^rations successives. Geci deviendra plus manifesto encore lorsque nous aurons rappele ce que nous avons dit de la generation des polypes et des m6- duses. Le polype produitpar gemmation des polypes semblables a lui; ccs rejetons naissent du corps du polype, el I'ecorce de la souche prend une grande part a leur formation; la meme chose arrive pour I'hydalide qui produit par gemmation de son ecorce d'autrcs hydatides sembla- bles a clle. Le polype souche et ses rejetons produisent, a une epoque donn6e, par gemmation de la membrane interne des individus dissem- blables, des m6duses, qui sont une phase nouvelle et plus avancee dans revolution de I'animal polype ; il en est de meme pour I'hydatide mere et pour les hydatides lilies, la souche et les rejetons, qui produisent pai" gemmation de leur membrane iulerieure une generation d'indivi- dus dissemblables, les echinocoques. 11 y a done, chez les hydatides comme chez certains polypes, deux generations distinctes, deux series d'individus successives, I'une for- manl une phase plus avancee que I'autre. L'hydatide, en un mot, se multiplie par la formation de nouvelles hydatides et se developpe par la formation des echinocoques. On ne peut done considerer la vesicule hydatique, comme une enve- lo|)pe proteetrice des echinocoques, ni comme resultant de la fusion des vesieules de ces vers ; mais les hydatides et les Echinocoques for- ment reellement deux individualites distinctes, deux phases du deve- loppement d'un animal ti generation alternantc. En comparant Thydalide et I'echinocoque an polype et a lameduse. •j'ai voulu meltre en regard deux animaux qui se reproduisent par deux ordres de bourgeons, les uns n'Etant qu'un precede de multiplication et reproduisant la phase de I'individu souche, les autres etant, en meme temps, un procede de developpenicnl, et produisant une pha-^^e plus avancee; mais je uai point voulu dire qu'il y eiit une corrcspondance 165 entre ces phases de d6voloppement, et que I'l^chinocoque, par exemple, fill la periode de developpement correspondante a la meduse. On pour- rait poser la question, et la solution ne serait point difficile : la meduse est l'(^tat adulte d'un polype, elle le reproduit par des oeufs ; I'tehino- coque, comme la tete d'un tenia, dont il a la conformation, ne produit point d'oeufs et ne pourrait etre, par consequent, dans la vie d'un ces- toide, une phase de developpement correspondante a la meduse. Analogies.— Les considerations exposees ci-dessus relativemenl aux hydatideset aux 6chinocoques (5tant admises, il est naturel derecher- clier quellessont les analogies qui existent entre les deux autres types de vers vfeiculaires et celui-ci, Cliez le ca?nure, la vesicule n'est point I'analogue de la v(5sicule hy- datique, mais seulement de la vesicule interieure ou germinale. On pent expliqucr ainsi comment, prive d'une enveloppe qui bourgeonne et se reproduit, le ccenure est toujours isole dans son kyste. II est pos- sible que la vesicule du ccenure soit primitivement renferm(5e, rommo relle qui produit les echinocoques, dans une vesicule analogue ii riiydatide, mais qui n'aurait qu'une existence 6ph6mere. S'il existe une analogic entre I'tehinocoque et le cysticerque, en tant que ver vesiculaire, on la trouverait,sans doute, dans I'echinocoque lui- meme, apres qu'il s'est detache de la membrane qui I'a produit ; en cf- fet, un ecliinocoque dont la tete n'est point invaginee olfre la forme d'unsablier. Lapartie anterieure, pourvue d'une trompe, d'unedouble couronne de crochets et de quatre ventouses, reprfeente la tete d'un tenia ou d'un cysticerque. La partie posterieure, s^par^e de la tele par un retrOcissement Ires-prononce, constitue une veritable vesicule. L'c- chinocoque pr^sente done I'image d'un cysticerque reduit a la tete et a la vesicule, le corps n'etant pas d6velopp6. Cette comparaison paraitra plus juste encore si Ton considere que la tete, avec ses crochets et ses vcnlouses, rentre et se lege dans la vesicule chez l'6chinocoque, comme elle le fait chez le cysticerque ladrique, par exemple. HiSTORiQUE. — Apr^s avoir expos6 les rapports qui existent, suivant nous, entre les hydatides et les echinocoques, il n'est pas sans int6ret de rappeler les opinions des divers observateurs qui se sont occup^s de ces vers vesiculaires. Laennec (1804), qui ne connut point les Echinocoques chez I'hommc, ri'garda les ve^sicules hydatiques comme des individus douEs d'une vie K'lii *^ propro so ropi-oduisant par bouriieoniicnK'nl, ol Iclir ilonna lo nom d'act^plialocystes. Riukilplii (1810) congidtu-ait riiydalido commc! ml prodiiit inanimO qui sci't d'ciivoloppo aux I'cliiiiocoquL'S. M. Gruveilliler (art. Acephalocyste, 1829) admit que les liydatides sont vivantes, sans s'expUquer toutefois sur ieur animalite. M. Kulm (1832) adopta les opinions deLacnnec et n'eut sur les echi- nocoques que des connaissanccs tres-inconiplctes. II designa sous le nom d'aceplialocystes exogenes, les liydatides qui se produisent a la surface externe d'une vesicule mere, et sous le nom d'endogene celles qui se produisent a sa surface interne. Pour liii, I'acephalocyste est un etre d'une classcintermediaire cntreles animaux ct les plantes, classe designee par Bory sous le nom de jmjcliodiaircs. M. de Siebold (dans Burdach, 1838) a vu se developper les echinoco- ques k la surface interne des liydatides, il a tres-bien decrit Ieur mode de gemmation, Ieur independance a une certaine epoque ; il se de- mandesilos liydatides libres dans une liydatide mere lie proviendraient pas de la transformation des ecliinocoques en ces v6sicules •, mais quant a I'origine de rhydatideprimordiale, il la laisse en question. En 1851 (An.\. sc. xat.), ce savant zoologiste parle des ecliinocoques comnic de larves de tenia ayant subi une degenerescence hydropique, « et les couches exterieures de I'hydatide fornixes par une masse ho- » mogene, comparable au blanc d'oeuf coagule, ne doivent etre proba- « blementconsiderees, dit-il, quecomme une secr^ion dechaque ves- » sie animale (la membrane germinate) situi5e dans Ieur interieur. » En 1852 (Ann. sc. nat.), le meme observateur annouce des expe- riences sur Yechinococcus veterinorum^ mais dont on ne peut encore rien conclure. M. tivois (18'i3) considera les ecbinocoques conlme I'avait fait Ru- dolplii, c'est-a-dirc qu"il donna ce nom aux animalcules a lete de tenia qu'il trouva librcs dan,=; la cavite des liydatides ; il ne vit point que les ecbinocoques sont primitivemcnt adli(^rents :i la membrane interieure de I'hydatide, et qiiarit a cettc VL'sicbIc, il no s'eXplique nullement sur sa nature ct sur ses foncliotig. M. Dujardlii (1815) donna le flOni d'echlilbcoqiie aux vesicules hyda- tiques elles-memes : « Ce sont des ampoules membraneuses, con tenant » und foule de petils helniinthes blaucs, lloltaiits, qui ressemblent a » des grains de sable, mais qui, sous le microscope^ laissent voir Ieur 1G7 » coiirotinc tie cTochels ct lours vontoilses. » W. Oiijal'divi coristate U ressem])laiice do oos petitsliolininthes avec des lolos do loliia, mals il he s'oxplique point siii- la relatioil qu'il y a entrc ces tOles et la vdsicule ecliinococjue qui les renferme, et dont elles paraissent se prodiiire par gemmation. QUclTit a rechinocoque, c'est-d-dire I'hydatido, clle pixrait, dit-il, lo rosultat d'une formation spontanee darls les tissiis vivants dc divers animaux. M. Gervais (Dlfci. sc. nat., I8'i5) comiJare les i^CliiilocotilJcs ii des teles de coonure, en continuite direcie avec la meinbrdne iiitei'iie., qui nest que la fusion dc lews pochcs hydatiqueh. M. Diesing (1850) considere les ochinocoques comme dss atiiitialcules qui se devcloppent de la surface interne d'une spordcyste et qui dc- viennerit ensuite libres dans sa cavite ; la sporocyslb oii I'liydatide naitrait elle-meme des 6chinocoqlles qui, perdant leurs crochets, se transforment 6n une vt'sicule, et prodiliseilt ainsi les liydatides se- condaires. M. Robin (1854) decrlt d'une tiianierb tr6s-bxacte k generation d^- gchindcoqiies par getnmation db la meitibrane gelTnitiale ; ihais il re- gatde I'hydatide coinnib uilfe mbttibrand d'fetiveloppe oil jirotefctrice des echinocoques. Aucune de ces opinions n'festentiet-erilfent satisfalsante : dll tiibii elles ne donrtent iiulleinent la raisdn do la multiplicatidii des ilydatidos, bu bien elles laissetit dans le vagiie les rclatiotis qui oxi^teiit entre les hydatides et les 6cliinocoques ; quelqtles-unesenflti stint cdrnpletoment inexactes. On cdmprend toutes les difficultes qpi s'opposent a la con- naissaflte de ph6notiienes dont on ne pent snivre la slltcfessldil par I'observation, tii par rexp(5rimentiition ; dans deS tas senibtables, il estperniis dechetchor dans I'analogie des luniieres qu'elle seulepeiil donner ; c'est cc qile j'ai fait en prenant pour guide Fanaloniie. Nature des hyijatides et des echinocoques, oricine, DEVELOPPEMExt. — Je crois done avoir 6tabli que les hydatides ct les edlindcoques for- ment deux phases successives du d6vcloppfement d'iin animal; cet animal appartiertt 6videniment aux cestoides ; les caraciores propres a cet ordre d'animaux soht manifestos dans I'echinocoque. La double couronne de crochets d'line fdfliie spStiale, la troitipe, les quatre ven- louses offront les caracterfcs propres £i la t6te des t6nias ; les corpus- cules calcaires et le mode d'invagination des deux parties qui consti- tuent I'echinocoque conhrment cfes deductions. Mais les echinocoques 108 n'acquierenl jamais dans la lumour qui Ics renferme un developpe- menl plus parfait el, lorsque cette tumeur est tres-ancienne, ils pe- rissent, ne laissant que leurs crochets comnie iudice de leur existence ant6rieure. L'observation n'ayant rien appris sur le d^velopperaent ult^rieur d'un echinocoque, on pent se demander si le cestoide auquel il appar- tient est reduit aux deux phases de developpemenl d'hydalidc ct d'e- chinocoque. La formation de I'echinocoque par Fhydalide s'operaiil d'une manifere analogue a celle que Ton connait dans la formation de certaines phases du developpement des animaux sujets aux gt^nera- tions alternantes, lesquels, apres une s^rie de generations dissem- blables, reviennent au type primitif, il y aplutot raisonde penserque le cestoide, qui nous occupe, se d6veloppe par une s6rie de phases dis- semblahles, dont deux seulement nous sont connues. N^anmoius Ton nc peut former aujourd'hui a cet 6gard que des conjectures, auxquelles toutefois I'analogie et ['induction donnent un certain degre de proba- bilite. Ces conjectures pouvant diriger I'observateur dans des recher- ches sur ce sujet, disons en peu de mots ce qu'il est permis d'inf^rer de I'analogie et de I'induction touchant le developpement de I'echino- coque etla generation de I'hydatide primordiale. On sail que la tete dun tenia produit des bourgeons qui restent en- chaines plus ou moins longtempsles uns aux autres; ce sont les an- neaux du tenia: ils acquierent des organes genitaux etproduisentdes ovules. L' analogic entre la tete d'un tenia et celle de rediinocoqiie etant complete, il est apresumer que si celui-ci se developpe, c'est par la production de bourgeons ou d'anneaux analogues a ceux du tenia, ([ui flnissent par acquerir des organes g6nitaux. L'hydatide primor- diale proviendrait done do I'ocuf forme dans ces organes genitaux ; mais I'embryon contenu dans I'oeuf des tenias est bien connu ; s"il differe compietement d'un echinocoque ou d'une tete de tenia, il est aussi bien different d'une hydatide ; il represente toujours un animal cule ovoide pourvu de six crochets. L'hydatide primordiale ou soli- taire devra done se former soil par un bourgeon developpe dans le corps de I'embryon, comme on le voit dans la generation des trema- todes, chez celui du monostomum mutabile, soit par une metamor- phose de cetembryon, comme il arrive dans la formation de certains polypes. On sait encore qu'il n'existe de tenias pourvus d'organcs genitaux 169 que clans la cavit6 de I'intestin dcs animaux ; il faudrait done, pour que I'echinocoque acquit le developpemcnt d'un tenia, qu'il arrival dans la cavited'un inlestin; mais cliez quel animal? car les ttoias, conime les autres entozoaires, ne se developpent, suivantleur espece, que chez un animal particulier ou cliez un petit nombre d'animaux voisinspar I'organisation ou par le genre devie La comparaison du nombre et dela dimension des crochets chez les echinocoques et chez les tenias des divers animaux donnerait peut-etre des indications a cet 6gard. M. de Siebold, qui a fait des experiences (Ann. so. nat., 1852) sur la transformation de V ecldnococcus veterinorum en tenia chez le cliien, ne parait pas s'etre pr6occupe de ces considerations. Quoique ce savant observateur ait cru pouvoir declarer, d'apresses experiences sur le chien, que Yechinococcus vetei-inorum se rattaclie a un tenia, il n'a pu cependant en determiner I'espece, Je ne sache pas que M. de Siebold, qui annoncait il y a quatre ans devoir publier sous peu le r6sultat des recherches dont il continuait a s'occuper, ait rien publi6 de nouveau a cet 6gard ; il est done probable que ses experiences n'ont pas produit le r6sultat qu'il en esperait. Quant a savoir si les Echinocoques chez I'homme peuvent se deve- lopper dans son intestin et former I'un des vers cestoides dont il est affects, la negative est eertaine; car le nombre et la dimension des crochets de I'echinocoque ne se retrouvent point dans les vers cestoides de I'homme ; en outre, une experience directe et decisive s'est faite pouvcnt sous les yeux des medecins : on possede un assez grand nombre d'observations de tumeurs hydatiques ouvertes dans I'esto- mac ou I'intestin ; les echinocoques introduits par myriades dans ces organes auraient pris de I'accroissement, s'ils y avaient trouve les conditions propres a leur developpement, et I'existence d'un grand nombre de tenias consecutive a I'ouverture d'une tumeur hydatique dans le tube digestif n'aurait pu passer inapercue des malades et des medecins. CONCLUSIONS. Des faits et des considerations exposes dans ce travail, on pent tirer les conclusions suivantes : 1° li'hydatide se multiplie par gemmes ; 2° Elle se developpe par la formation des echinocoques; 170 ;]" L'liydatideellpsi'ohinocuqms lurnu'iil ileux phases Jistinctes ol successivos du dovulopponieiil dim cesloidc; 4" Lc camiirc olVn- line tiiamie analopio de stnicliire avec la vi'si- culu iutei'iL'iire des liydatides; 5° L'ecliiiiocoque isol6 del'liydatidc repix'setite dn cysticerque ; G° L'aiialogie et I'induction pcrinettont de presumer que, dans cer- taines circonstaiices, rechinocoqiie so diiveloppe en tenia, el que lliy- dalide primordialeprovientd'iin enibryon de ce tenia; 7° L'ecliinocoque lie trouve pointdans Ic canal intestinal deriiommo les conditions de son developpement ulteiieur. REGHERCHES SUR L'ACTION DES POISONS SUR LE COEUR, lues a la Societe de Biologie , eu novembre ISbS , PAH M Ad. MOREAU PREMIERE PARTIE. — ACTION DU SULFATE DE CUIVRE. Chacun salt que lorsqu'on soumet une grenouille a Faction dii cu- rare, onvoitles mouveraents volontaires et reflexes disparaitrepromp- teraent, et les nerfs periplieriques cesser d'etre excitables sous I'in- fluence d'un courant electrique ; tandis que les muscles conservent la faculty de se contracter et que le coeur continue longtemps encore a battre spontanement. Tcmoin de cette exp(^rience souvent faite au cours du college de France, je me suis propose de voir si d'aiitrcs poi- sons delruiraient pareillement I'excitabilite du systeme nerveux pd-ri- pherique avant d'arreter les battements du coeur. J'ai employe le courant electrique comme le stimulant le plus propre ar^veiller cette excitabilite, et je citcrai, pour moutrer la valeur de ce reactif pliysio- logique, une des conclusions du Traite des phexomenes electro-phy- siOLOGiQUES de Matteucci : « Le courant electrique, dit-il, est parmi tons les agents stimulants celui qui possede pour plus longtemps la propriete d'6veiller I'excita- bilite de nerf, quelque laible qu'il soit, en comparaison des autres agents stimulants. » (Matteucci, p; 251 » 6d. de 1844.) 172 La question est done celle-ci : Lorsque les animaux succombent sous I'influence des substances toxiques, rexcitabilit6 des nerfs p6ri- pheriques disparait-elle loujours avant les battenients du cffiur? Je resolus pour lY-tudier de inettre le ca-ur ;i docouvert chcz dos grenouilles, que je soumetlais ensuite a Taction du poison, et d'exa- miner les propri6t6s des nerfs lorsque les battenients du ca'ur aii- raient cessO. Dans une experience prealable, je mis Ic ca3ur adecouvertsurplu- sieurs grenouilles, et les laissai dans cet etat. Au bout de huit jours, dies paraissaient ne pas avoir sensiblement souffert et vivaient commc celles qui n'avaient pas subi d'operation. Je remarquerai, relativement a cette operation, qu'il convient do menager le quart inferieur du sternum, alin de preveiiir la lieruie dos viscercs abdominaux etde nepratiquer Touverture du thorax qu'au- dcssus de cc quart. On 6vite alors la projection en avant du ventricule et on decouvre I'oreillette dont les mouvements persistent apres I'ar- r6t de ventricule. Je pris done une grenouille sur laqucUe le coeur 6tail mis a decou- vcrt, et j'introduisis par ime plaie faite a I'abdomen un petit cristal do sulfate de cuivre. Pendant une heure le coeur continua a battre. Au bout de ce temps, il se ralentit et cessa bientfit tout a fait. La gre- nouille parut avoir encore quelques mouvements volontaires, et cii ejirouva manifestement de reflexes qui m'obligercnt a la fixer avec quatre epingles pour mieux observer I'etat du coeur. Cet organc elait complelcment immobile, et pendant cinq minutes que je I'observai je ne trouvai aucun fremissemcnt. Jo preparai alors la grenouille suivant la maniere usitee pour iso- ler les faisceaux des nerfs lombaires, et appliquant les deux extremi- tes d'uiie pince elertrique sur ces faisceaux nerveux, je determinai des mouvements violents dans les membres inferieurs. Toutes les experiences que j'ai faites avec le sulfate do cuivre m'onl donn6 le memeresultat. Ainsi I'cffet de ce poison, relativement a I'excitabilite nerveuse et a I'arret du ccEur, est prOcisemcnt inverse de I'effet du curare. J'ai presque toujours mis le cristal dans une plaie faite au dos, et je dois noter une cause d'erreur qui s'est rencontree dans plusieurs obser- vations. II m'est arrive de trouver peu de temps apres I'arret d^finitit du co^ur les muscles des cuisses tout a fait immobiles, soit qu'on ap- 173 pliqiiat la pince electrique sur les nerfs qui s'y distribuent, soit qu'on Tappliquat directement sur la fibre musculaire. Get elTet est du a ce que Ic sulfate de cuivre a passe a Fetat de dissolution sous la peau jusqu'ii la region femorale dont il a imbibe les muscles. Tous les muscles qui n'ont pas su])i cette action dirccte dcmeurent tout a fait contracliles, et si on prend la precaution de placer le cristal de ma- niere a ce qu'il ne puissc en se dissolvant atteindre facilenient les mem])res inferieurs, on Irouve la contractility musculaire con- servee. Le mtirae eifet se rencontre avccd'autres sels; je I'ai reuiarque par- ticulicrement avec ceux qui sont tres-soluLles. On Yoit, dans I'observalion que j'ai citce, que des mouvements rellexcs et meme des mouvements spontancs s'observaient encore chez la grenouille dont le cccur etait dejii arret(5. J'ai note les memos plienomenes dans une observation d'empoison- nement par le sulfate de mercure. Lorsque jc les ai observes, lis n'ont persiste que pcu de temps apres la cessation des battements du coeur. II n'en est pas de meme de I'excitabilite des nerfs peripheriques sous Fintluence du courant electrique. Cette proprietc persiste longtemps. II est facile de le constater plusieurs heures apres la cessation des mou- vements du copur. Et lorsqu'on cesse de les r^veiller dans les faisceaux lombaires isoles depuis quelque temps, on pout la rechercber dans les nerfs sciatiques que Ton disseque avec pri^caulion. Je I'ai, de cette ma- niere, souvent retrouvee plus de vingt-quatre heures apres le premier examen. J'ai dit que le sulfate de cuivre determinait I'arret definitif des mou- vements du ca'ur avanl I'aljolition de I'excitabilitc nerveuse. Parmi les autres poisons qui m'ont constamment donne le meme resultat, je citerai le sulfate de mercure, le cyanure de mercure, le bichlorure et le biiodure de mercure. DEUXIEME PARTIE. — ACTION DU SULFATE DE STRYCHNINE. J'ai soumis des grenouilles a Taction du sulfate de strychnine place sous la peau du dos, soit a I'etat cristallin, soit a I'etat de dissolution dans I'eau. Dans ces conditions, on observe, apres les phenomenes te- taniques, une periode de relachemcnt g(:'nt^ral dans hKiuelle les mus- cles sont llasques, le coeur continue a battre. Si onpincc alors la peau, 174 on ne dtHcrmine aucun mouvemcnt r^llexc, ct si on prepare la grc- noLiille suivanl la manioro ordinaire, on ne remarqnc, pendant loule cctle operation, ancnn signe de sensibiiite; la pinrc clcctrique porlee sur les nerfs lomljaires isoles ne determine dans les ninsclcs aiixquels ils se distribuent ancune contraction apprecialile ; le coeur continne encore a battre quelque temps, souvent meme plusicurs lieures apres que Ton a constate la disparition de rexcilabilite des nerfs peripheri- qnes sous rinfhience de I'electricite. Lorsque la dose de sulfate do strychnine n'a pas etc asscz forte, I'ex- citabilite nerveuse reparait, et on pent facilement la retrouver en ap- pliquant do temps en temps la pince electrique sur les nerfs isoles; alors, au bout d"un temps plus on moins lent;', quelquefois quatre, six, douze heures on davantage, on determine dans les muscles auxquels ils sc distribuent des contractions manifestes. J'ai place des grenouilles dans nne atmosphere chargee de vapeurs dellier, et j'ai constate que I'excitabilitc des nerfs peripheriques dis- liaraissait, comme dans le cas du sullate de strychnine, avant la cessa- tion des battements du cceur. Je remarquerai qu'il coovient de placer la grenouille de raaniere a ce quil n'y ait de contact qu'avec la vapeur clnon pas avec le liquide; autrement I'imbibition des tissus determine dans les muscles la perte de la contractilite. La pince electrique portee directement sur eux ne la reveille point; el ainsi ils ne peuvenl plus servir a accuser la pre- sence ou I'absence de I'excitabilite des nerfs. Le retour de Texcitabilite nerveuse s'observe dans Fempoisonne- meul par le curare, par le sulfate de strychnine, par I'elber. 11 est fa- cile de constater avec le sulfate de strychnine, et plus facile encore avec Tether. Dans tousles cas, il suffit de diminuer convenablement lu dose du poison. Je conclurai done relativement a la question que je ni'elais posee au commencement de ce travail, savoir : Lorsque les animaux succoiubeat sous Fiulluence dc substances loxi- ques, rcxcitabilitedesnerls peripheriques disparait-elle loujours avant les battements du Cd'ur'.' L'excitabilite des nerfs peripheriques persiste apres la cessation des battements du cceur sous rintluence du sulfate de cuivre, du sulfate de mercure, etc. .\u coutraire, cettc excilabilitedisparait avant la cessation des bat- 175 teraenls du coour sous rinriuencc du sulfate de stryclinine, du cu- rare, etc. J'ai examine un certain nombre d'autres substances toxiques, et j'ai vu que los unes agissaient a la maniero du sulfate de cuivre ; Ics autres a la maniere du sulfate de strychnine. Je ne les cite point, parce que jc n'ai pas repete sur elles les experiences un nombre de Ibis suf- fisant. Les experiences que j'ai faites avec le sulfate de strychnine et le chlorhydrate de morphine, au mois de juillet etaumoi? de novembre, ra'ont fait reconnaitre une ditlerence notable cntrc I'energie de ces substances a ces deux epoques de I'annee. Cette energie est plus grande dans la saison chaude que dans la saison froide. I'avais commence des experiences sur les oiseaux dans le but de sa- voir si la succession des pbenomenes etait la meme que chez les gre- nouilles ; mais cette succession est si rapide chez ces animaux, qu'il nra paru tres-difncile de I'apprecier. Je m'abstiendrai done de toutc generalisation. G'est seulement a des experiences nouvelles qu'il faut en iippeler pour afiirmer que les memes pbenomenes se passent dans le meme ordre avec d'autres animaux et aussi avec daulres substances toxiques. NOTE SCR L' APPLICATION DE LA GLYCERINE k LA THERAPEUTIQUE EXTEME , lue i la Socifite de Biologie , en decembre 1855 , Par M. LUTON. Vers le mois de septerabre dernier, M. Demarquay, remplacant M. Denonvilliers a rh6pital Saint-Louis, eut I'id^e d'appliquer sur cer- laines plaies la glyc6rine, dont les propriet^s physiques Favaient frapp(5. Les heureux resultats qu'il put constater tout d'abord I'enga- gerent k etendre I'emploi de cette substance a la plupart des panse- ments qui se font dans une salle de chirurgie. L'ev^nement etant venu donner une valeur r(5elle a la glycerine consid6r6e comnie topique, on peut des k present la regarder comme ayant pris place dans la medica- tion externe et comme y devant jouer un grand role. En qualite d'interne du service, j'ai 6te temoin des nombreux essais qui ont el6 entrepris, et c'est parce que j'ai pu nie faire une convic- tion dans cette operation que je prends la liberie de venir concourir a lapublicite du nouvel agent de la matiere m^dicale. Laissant de c6te I'historique de la glyct'rine et me contentant dedire qu'au point de vue de la medication externe, elle n'a presque point MEM. 1"2 178 de passe, j'^tudierai ses elTets sous un double rapport. Je les distingue- rai en effets physiques et en effets Iherapeutiques. I. Les seules propri^t^s physiques de la glycerine la rendent dSja tres- interessaate et reniplissent pour le chirurgien un grand nombre d'in- dicalions. Vis-a-vis du cerat, que ses qualites anodines etsa vieille re- pulalion ne mcttent pas a I'abri de la crilique, elle ne souffre aiicune infcriorilc; quilsoit meme permis d'affirmer qu'elle lui est inliuiineut preferable. En effet, la glycerine est un liquide onctueux, non susceptible de s'^vaporer. Quoique son aspect soit celui d'une huile, elle a la consti- tution physique d'uu sirop; aussi est-elle soluble dans I'eau. Parses deux premieres proprietes, elle empeche, comme le cerat et tons les corps gras, les pieces de pansement d'adh^rer a la plaie. Par sa solul^i- lit6 dans I'eau, quaUte extremement precieuse, elle permet d'entrete- nir les plaies dans un grand (itat de proprete, sans faire beaucoup d' ef- forts do lavage. On ne voit jamais, sur les parties pansees avec la gly- cerine, ces croutes formees de pus et de cerat qu'on ne pent enlever qu'avec la spatule, ce qui est fort douloureux pour le malade. U est meme evident, par Fobservation, qu'on pent se passer la pluparl du temps de laver la plaie : il sufdt de I'absterger 16geremeut avec une eponge. Nous verrons en effet que la glycerine modere evidemment labon- dauce de la suppuration; d'un autre cCle, etant une substance Ires- hygrom6trique, elle entrelient les parties dans un degre constant d'hu- miditc et empeche les produits d'exsudation de se concreler. 11 est in- dispensable, pour obteoir un pareil rfeultat, d'employer la glycerine avec abondance et d'en bien impr^gner la charpie et le liuge trou6, tandisque, pour eviter les incouvenieuts propres au cerat, on recom- mande d en couvrir a peine les memes pieces de pansement. Maintenant on se demaude si la glycerine preserve les plaies du con- tact de Pair aussi bien que les corps gras. D'abord Paction des corps gras, etudiee dans ce sens, est tres-imparfaite; ne pouvant mouiller une surface suintante, ils s"y etendent fort mal. ^'ous voyons au con- traire la glycerine, par une propriele tout opposee, entrer en contact beaucoup plus direct avec la partie d6nud6e. Elle la protege contre Paction de Pair au nioins aussi bien qu'une compresse mouill^eou un 179 cataplasme. D'un autre c6t6, elle mouille plus facilement la charpie, s'y imbibe mieux, et avec elle les liquides exsud6s qu'elle dissout, que ne pourrait le fairs le c6rat dans les mfimes conditions, puisque celui- ci erapeche plut6t rimbibition des liquides aqueux, et cela d'aprte les lois les plus simples de la capillarite. Les corps gras, en s'opposant h revaporation des humeurs sur les parties denud^es ou sur la peau meme, y entretiennent une tempera- ture assez 61ev6e. La glycerine, a cause de son affinity pour I'eau, arrete aussi reva- poration en retenant les liquides exsudes et remplit ^galement bien ce but. II suffit, pour en acquerir la preuve, de se couvrir de glycerine les levres gerc6es par le froid ; on sent bient6t une chaleur marquee dans ces parties, m6me lorsqu'on est a Fair, et on en 6prouve un grand soulagement sous le rapport de la douleur. Ainsi done, la glycerine, par ses propri6tes physiques, triomphe des corps gras employes pour panser les plaies. Blandin, raconte M. De- marquay, a cherche pendant bien longtemps un moyen de remplacer le cerat, pour lequel il n'avait pas un culte bien profond. U a essay6 differentes huiles, des solutions concentrees de mati^res mucilagineu- ses, etc. ; toujours il a et6 oblige de revenir sous le joug du c^rat. S'il avait connu la glycerine, son rfive eut ete accompli. n. Mais la ne s'arretent pas les avantages de la glycerine dans le panse- ment des plaies. Elle possede, independamment des qualites que nous venous d'indiquer, une action topique tres-remarquable et qui doit in- teresser beaucoup plus serieusement le chirurgien. Pour bien nous rendre compte de cette action, nous allons suivre la glycerine dans les differents cas oii elle a 6te appliquee, nous boruant simplement a enoncer d'une maniere generale ses effets salutaires. Les details des observations trouveront mieux leur place dans un travail plus im- portant que celui-ci, travail qu'il ne nous appartient pas d'entre- prendre. Disons d'abord que le premier effet de 1' application de la glycerine sur une surface denud6e est un leger picotement qui va quelquefois jusqu'a la cuisson, mais qui se calme bient6t et n'est jamais bien vi- vement accuse par le malade. Plaies simples. — Dans les plaies ordinaires, accidentelles ou chirur- 180 gicales, etexemptes de complications, la glycerine, employee comnio le c6rat, n'a aucune action bien manifeste. Elle conduit ii la gut'rison au moins tout aussi rapidement que la plupart des topiques ncutres et ne se fait guere remarquer que par le peu d'abondance de la suppura- tion, ce qui du reste est une des qualites esscntielles et generates de la glycerine. En outre, on remarque qu'il ne se produit presque jamais d'exubt^rance des bourgeons charnus. Brulures. — Dans les diftercnts degres de briilure, la glycerine est d'un emploi extremement commode, et en meme temps elle a une ac- tion tres-efficace. Nous avons vu des majades sur lesquels on avait pra- tique la cauterisation transcurrente pour des tunieurs blancbes, des sciatiques, etc., s'opposer a ce qu'on les pansiit a la glycerine, parce que, disaient-ils, la glycerine guerissait tropvite et ne tirait pas assez, Rien n'a 6t6 frappant comme Theureux eflet de la glycerine et la com- modity de son emploi dans un cas de brulure au deuxieme degre de la face et des avant-bras produits par I'explosion d'une mine, chez un des malades de la salle Saint-Aiigustin. DiPHTHERiTE DES PLAIES. — Tout le mondc connait I'aspect que pren- nent les plaies de I'hdpital Saint-Louis durant les premiers jours de leur production. EUes ofTrent une surface grisatre, presque diphth^ritique, qui ne se deterge que lentement. Sous I'influence de la glyc(5rine, cet etat, plus inquietant que grave, du reste, ne se manifeste pas a un de- gr6 aussi prononce. La plaie prend bien vite un aspect rose et sans exuberance des bourgeons charnus. PouRFiTURE d'h6pital. — Ici uous trouvons la porte d'entr^e de la glycerine a I'hdpital Saint-Louis. G'cst pour un cas bien avere de pour riture d'hopital que la glycerine a ete d'abord employee. Get accident, etendu sur une vaste surface de suppuration consecutive a une brulure, avait ete vainement combattu par le quinquina, le jus de citron, et memel'acide azotique monoliydrate et le fer rouge. Sans doute si, ma- teriellement, il avait ete possible d'employer ces deux derniers moyens sur toute I'etendue du mal, on aurait gueri, puisque quelquefois de- truire s'appelle guerir. Mais la glycerine a eu un effet tout aussi salu- taire et moins destructeur. La pourriture d'h6pital a ete eteinte dans ce cas ; elle Fa ete dans deux autres cas qui se sont declares a la meme epoque dans le service. Abces , FOYERS piiRULENTS ; CLAPiERS. — Dans les plaies profondes, dans les foyers anfraclneux, la glycerine a ete egalement employee. On 4 181 riulroduisail a I'aide d un plumasseau de charpie, ou meme coiuaie injection. Ici I'abondance de la suppuration a 6te singulierement dimi- nu6e, el, partant, la durte de la cicatrisation a ete moindre. Logique- ment, M. Demarquay etait autorise a faire des injections dans des ab- ces froids, dans des abces par congestion, dans des abces en contact avec des os entlammes. 11 Fa fait, et les plus heureux r&ultats sont ve- nus donner una grande valeur a cette pratique. Ulceres. — Nous avons vu la glycerine reussir encore admirable- ment dans le pansement des ulceres. Les ulceres les plus chroniques, variqueux, gangr^ncux, etc., se detergent rapidement sous son in- fluence ; la surface ulc6r6e bourgeonne, se comble pen a peu et se ci-' catrise. Bien entendu que le repos est toujours un auxiliaire puissant et indispensable. Chancres. — Cette action promptement detersive de la glycerine sur les plaies de mauvaise nature a engage M. Demarquay a I'employer dans le pansement des chancres. Evidemmentla glycerine nepeut rien contre la sp^cificite de ces ulceres ; mais la rapidite avec laquelle leur surface s'est nettoyee, I'aspect de bon aloi qu'ils ont bientdt pris, ont pu etre reraarques par toutle monde. L'epoque de neutralisation etde cicatrisation n'en a pas paru sensiblement moins eloign^e du d^but de I'ulcere; mais il faut dire que I'observation n'a encore rien de precis a cet egard, et d'ailleurs on pent declarer ici que rien n'est commode comrae le pansement des chancres du prepuce avec de la charpie imbi- bes de glycerine. Dans les ulceres veneriens appartenant aux accidents de transition, I'effet topique, aid6 du traitement g6n6ral, a 6t6 tres-avantageux aussi. Maladies du col de l'uterus. — Dans la s6rie des essais que I'heu- reuse action de la glycerine engageait a poursuivre de jour en jour, il etait tout naturel de comprendre les affections ut6rines ulcereuses. En effet, les moyens locaux sont certainement les plus efficaces dans le traitement de ces maladies, toutes les fois qu'on peut agir localement. Deja MM. Trousseau et Aran out essays dans ces cas la glycerine; mais ils n'ont pas paru tres-satisfaits de son emploi. CependantM. Demarquay s'en est bien trouve dans les ulcerations simples ou granuleusesdu col. Lorsque I'ulceration paraissait trop chronique ou que le col etait un peu gros et tumefie, on n'a pas neglige d'employerles differenls caus- tiques, entre autres lefer rouge. Alors la glycerine, imbibant un tam- 182 pon de ouate n'6tait plus appliqu^e que comme moyen de pansement ; or, avant et apr^s la chute de I'escarre, les secretions, habituellement si abondantes et si fdlidcs dans cctle partie, se faisaient remarquer par leur quantity extrCmcment moderce. Enfin, M. Demarquay commence a employer la glycerine dans les vaginites. Mais, pour ces affections comme pour celies du col de I'utd- rus, on ne peut rien dire de bien concluant. L'action de la glycerine est, dans ces cas, plut6t en voie de demonstration que d6montr6e. Nous venonsde passer rapidement en revue les di verses circonstances oil la glycerine a 6t6 mise en usage. Nous avons vu qu'elle produisait des effets trSs-marquds et que son efficacitd thdrapeutique n'dtait pas contestable. Un fait domine toute cette action thdrapeutique : la glycerine roodere I'abondance de la suppuration. En outre, elle pos- sede unc influence styptique, difScile a determiner, en vertu de la- quelle toute plaie impure et compliquee tend a redevenir simple et par consequent a se gu6rir rapidement. Ici se borne I'explication que Ton peut donner de cette heureuse influence. Peut-^trepourrait-onen reculer les limites, en invoquant quelques-unes des propri6tes chimi- ques de cette substance si remarquable soustous les rapports; mais, pour le th6rapeutiste, il suffit d'avoir indiqu6 un medicament utile. Que chacun verifie les fails qu'on annonce et fournisse la contre- epreuve de ces premiers essais sur une substance dont M. Demar- quay aura Thonneur d'avoir generalise I'emploi dans la medication exterae. OUELQUES PROPOSITIONS SUR LES FIBROMES OD Tl'MElIRS FORMEES PAR LES ELEMEWS DU TISSC CELLllLAIRE, AVEC DES REMARQUES SUR LA NOMENCLATURE DES TUMEURS; lues ci la Sociele de Biologie dans une seance d'octobre 1855; Par M. le Docteur VERNEUIL, Agrege de la Facnlte de medecine de Paris. Le meilleur moyen de s'entendre snr les choses consiste i s'entendre d'abord sur les mols. A la suite de la presentation d'une tumeur fibreuse de la region cer- vicale, une discussion s'est engagte a la Society do biologie. M.Verneuil, qui I'avait provoquee, a formula sa maniere d'envisager le sujet dans les quelques propositions suivantes : 1" Toutes les tumeurs constitutes par les 616ments, parfaits ou im- parfaits du tissu cellulaire, a I'etat d'liomog^neite ou de melange, avec une petite proportion d'autres (Elements anatoraiques normaux, constituent au point de vue anatomique une famille tres-naturelle. 2° On doit comprendre dans cette familleles tumours libreuses, fibro- i8't plastiques, a tM6ments lusiformcs ou ii noyaux, tibro-colloules, tihro- celliileuscs, fibro-vasculaires, les tumeurs dites fibro'ides, clioiidroides, desmoidcs, les sarcomes, les tumeurs libro-nuclecs, Ics reau-rent fibroid tumours, les tubercules sous-cutan^s douloureux, la plupart des n6vr6mes, quelques exostoses dites fibreuses, quelques tumours de la peau, des indurations du tissu cellulaire sous-cutan6 (dans quelques cas dY'lc^phanliasis partiel) ou sous-muqueux, etc., etc. 3° La multiplicity extreme des denominations qu'on trouve dans les auteurs et meme dans les plus raodernes est facheuse, en ce qu'elle tend a faire m^connaitreles aflinitcs etroites qui lient toutes les tu- meurs homcEomorphes de nature fibreuse. Si nombreux que soient ces mots, ils sont encore insuftlsants pour qualifier les varietes innom- brables de si^ge, d'apparence exterieure, d'6volution clinique, etc. Augmenter encore ces denominations, non-seulementserait sans avan- tage pour Tanatomie palhologique et la pratique, mais n'aurait pas d'autres r(5sultats que de surcharger la m6moire et d'obscurcir les des- criptions. II importe, au contraire, de reslreindre le plus possible la synonymic, en ne conservant qu'un nom generique commun a toutes ces tumeurs, puis un petitnombre de denominations pour les especes; en ajoutant h ces mots un adjectif qualillcatif, a sens bien arrete, puis la designation du siege anatomique, on pourrait sans neologisme d(5fi- nir avec toute la clarte desirable la totalite des productions patholo- giques qui nous occupent. 4° II y aurait lieu de faire a cet egard une r^forme de langage ana- logue a celle qui a et6 si profitable a I'etude du cancer et qui consis- terait a adopter un nom geiierique quelconque ; celui de fibr6me, par exemple, qui a d6ja 6t6 employe dansce sens, meparaitrait acceptable; il se rangerait par sa terminaison a c6te d'autres mots dont I'usage est vulgaire, et qui s'appliquent egalement a un developpement exagere d'el6ments anatomiques et de tissus simples. Je rappelle les qualifica- tions d'epith^liomes, de lip6mes, d'enchondr6mes, de n6vr6mes, etc. 5° Ce n'est pas seulement au point de vue de la pathologic g6n6rale cl de la taxonomie que la formation d'une famille generale des tibr6mes est necessaire, elle est exigee egalement par I'anatomie pa- lhologique elle-meme; en effet, si on persistea disliuguerradicalement les tumeurs fibreuses proprement dites, les tumeurs fibro-plastiques, les tumeurs colloides, etc., etc., on sera arrets a chaque instant par des dilficulles insurmontables, et une tumeur etant donnce, il sera 1 185 ijouvciiliaipussiljlu ilo L-uvuif s'il J'aul la ranger daus uuc ties classes artificielies que Ton aura creees; ii cliaqueiiialant Fhistulogie donnera un dementi a rappareace cxlerieure, et reciproquement. U est tout aussi impossible de coiiclure de la composition anatomiqiie a Tissue probable du raal, c'est-a-dire d'adopter pour bases de distinction la malignite et la benignite. S'il est vrai que les tumeurs fibreuses pures soient en general raoins funestes que les tumeurs fibro-plastiques ; s'il est vrai que les tumeurs colloides soient nioins sujeltes que les prec^dentes a recidiver, a se g^neraliser ; si elles determinent ordinai- rement moins de desordres de voisinage, on ne pent que tenir compte de ces particularites, mais nullement s'en servir comme de bases de classiflcation, tant les exceptions qu'elles comportent sont nom- breuses. De tons les modes de distinction dichotomiques, la division des tu- meurs en malignes et b^nignes est certainemenl une des moins sures, des plus liasardeuses, comme la clinique le montre tons les jours, el comme nous avons cherche a le demontrer dans une autre occasion. 6° 11 est un fait qui tend encore a effaccr les barrieres qu'on (51eve entre les tumeurs iibreuses et les tumeurs fibro-plastiques ; si ce fait n'a pas ete souvent constate, si la demonstration n'en est pas peremp- toire, au moins il est assez evident pour qu'on en lienne un grand compte : je veux parler de la composition anatomique dilferente d'une meme lumeur a diCferenles phases de sondeveloppemeut. Je ne veux pas aborder ici les questions de savoir si les elements fibro-plastiques se transforment toujours en fibres de tissu cellulaire et si toute tu- mour fibreuse a inevilablement passe par la phase fibro-plastique. Je suis convaincu du contraire, et je crois que certaines tumeurs sont, resteut et resteront fibro-plastiques depuis leur apparition jusqu'a leur developpement le plus avance. Je crois aussi que des tumeurs fibreuses &ijeunes, si peu volumineuses qu'elles soient, sont et seront toujours fibreuses, ce qui revient a dire que les fibres de tissu cellu- laire peuvent s'organiser directement dans un blastemc amorphe et sans passer par I'etat fibro-plastique. Mais dans d'autres cas on ne pent m6connailre les changements qui surviennent dans une m^me production, changements en vertu desquels une tumeur manifeste-' ment fibreuse en certains points ou dcstintje a devenir principalement fibreuse renfermera dans son intt^rieur une tres-grande quantite d'ele- ments fibro-plastiques, sielle s'accroittres-rapidement, sielle est tres- 186 vasculaire, si elle existe chez un sujet jeune, si elle est en 6tal de r6ci- dive, etc., etc. II peut 6tre utile de fournir quelqiies exemples. J'ai examin6 recem- ment un polype fibreux de la base dii cn\ne implant6 sur I'apophyse basilaire et envoyant des prolongenients dans le pharynx, les fosses nasales, Torbite, etc., etc. C'etait bien la un exemple de ces polypes si rebelles, si funestes, connus sous le noni de polypes fibreux du pha- rynx. Or en general ces tumeurs sont compos^es de tissus fibreux pur; elles sont ordinairement tres-dures, tres-adh^rentes, d'un blanc nacre a la coupe, criant sous le scalpel, offrant en un mot tons les ca- racteres de la tumeur fibreuse classique. Ces tumeurs ont de coutumc un accroissement peuactif; elles grossissent lentement, et lorsqu'oii les opere, elles datent fr^quemment de plusieurs anuses. Dans le cas que j'ai examine, le tissu (;tait fibreux i I'oeil nu ; mais cependant il etait ros6, parcouru par des vaisseaux trfes-abondants, assez peu coherent en certains points pour devenir presque friable cnlrelesdoigts,etrexaraenmicroscopiqueydistinguaitunetros-grande proportion d'elements (ibro-plastiques, nucl^aires et fusiformcs, et les parties fibreuses elles-m6mes traittespar I'acide accHique renfermaient beaucoup de noyaux plac(5s bout a bout et juxtaposes ; dans d'autres points de la tumeur le tissu fibreux 6tait beaucoup plus pur et formait des faisceaux entre-crois6s etfortement serr6s les uns centre les autrcs ; aiUeurs les mailles de cette trame fibreuse interceptaient des espaces remplies de matiere collo'ide amorphe parsera^e de noyaux libres. La tumeur etait done au moins autant libro-plastique que fibreuse, mais il est important de remarquer que son d6but ne remontait guere au dela de quatre mois, que I'accroissement avait et6 tres-rapide, que le volume 6tait 6norme eu egard a sa dur6e, et que la rapidity des pro- gres 6tait attest^e par la destruction, renfoncement des lames osseu- ses de la plupart des cavit(5s correspondantes de la face. L'enfant etait jeune, il avait 8 a 10 ans : il mourut sans avoir ete op6r6, par le seul fait de cette tumeur. II est diflicile de ne pas voir une relation intime entre la composition anatomique et la marche de la maladie. Avec une Evolution plus lente, la tumeur cut die sans doute fibreuse, comme le sont ordinairement les polypes de la base du crane. Peut-6tre si la mort n'etait pas survenue, la tumeur devenant dc plus en plus vasculaire et envahissante, aurait-elle presents plus compl6te- menl, au contraire, les caracteres de la tumeur fibro-plastique. 187 J'ai vu a plusieurs reprises des tumeurs offrant le meme si^ge, ayant eu a peu presla meme marche, et qui difT^raient a peine paries details de dur^e, d'origine, etc. Leur aspect ext^rieur^taitpresquele meme, et pourtant de ces tumeurs, les unes 6taientfranchement flbreuses, les au- tres nettemenl fibro-plastiques. Tout portait a considerer les maladies comme identiques ou au moins comme tres-analogues, et a mettre les details de structure au second rang. M. Denonvilliers m'adressa, Tan dernier, une tumeur de la pulpe du doigt, developpte dansle tissu cel- lulaire soiis-cutan6. Gette production adherait a peine aux os et aux tendons fl6cliisseurs, elle soulevait la peau, qu'elle avait meme per- force par pression de dedans en dehors ; elle 6tait entierement compo- see de noyaux fibro-plastiques et d' Clements fusiformes libres ou seu- lement juxtaposCes sans cohesion. (Voir a la fin du memoire obs. A.) M. Huguier me remit, dans ces derniers temps, une tumeur ayant le mCme siege, les mSmes rapports, les memes signes : I'apparence exte- rieure etait un peu differente, le tissu, plus homogene, resistait au scalpel. L'examen microscopique mon trait un tissu fibreux, bien de- veloppe, avec quelques rares elements fibro-plastiques. (Obs. B.) Autre exemple : Les tumeurs sous-cutan6es douloureuses sont le plus souvent de nature flbreuse. J'en ai examine deux, dans ces derniers temps, qui etaient entierement composees de ce tissu. Mais une troi- sieme me fut apportCe ; elle avait amen6 absolument les memes symp- tomes, identiquement les memes caracteres exterieurs de couleur, de forme, de volume, sauf une resistance beaucoup moins grande, car elle se laissait presque ecraser sous la pression forte des doigts , elle n'Ctait guere constituee que par des 616menls fibro-plastiques. II etait impos- sible de mettre en doute la similitude de ces cas et de ne pas recon- naitre qu'on avait affaire a la meme affection, raalgr6 les differences de structure. Notre savant coUegue, M. Broca, cita un fait qui vient encore a I'ap- pui. Dans une des observations les plus cdebres de generalisation de tumeurs fibro-plastiques arrivee apres plusieurs recidives, il eut roc- casion de faire l'examen de la tumeur primitive et de la premiere r6- cidive. Ces deux productions etaient purement fibreuses. J'ai a mon tour examine les derniers produits, et entre autres les dep6ts de la plevre et du poumon. Us etaient essenliellement compo- ses d' elements fibro-plastiques. La conclusion est facile a tirer ; il est possible que si la diathese se contiuue apres Textirpation d'une pre- 188 miiM-L' lumciir ii sU-ucliii-i; libreusc, les maiufcslulioiis secoiulain'S al- fecteat les caracteres du tissu librcux einbryoniiaiie, c'est-a-dirc du lissii fibroplastiqiR'. Sans multiplier, coiiinie il scrait facile de le faire, les exemples de ce genre, ne voit-on pas conibien est arlificielle la distinction entrc les tumeurs libro-plasliques el les tuineurs iibreuses, et les elTorls qu'on tenle dans ce sens ne rappellent-ils pas les difficultes qu'on avail a distinguer le squirrhe de I'encciphaloide, le cancer cru du cancer mou ou ramolli, I'encepbalolde du fongus hematode, etc., etc.? On sail denos jours de combien denianierestoutes cesvarietes de cancer peu- vent se combiner, el I'on n'attache qu'une importance relative a ces divisions, qui ont tant preoccupe les anatomo-patbologistes du com- mencement de ce siecle. T La famine des fibr6mes etant etablie, il est utile et il devient commode do former des genres et des especes fondees sur la compo- sition anatomique, c'est-a-dirc sur la proportion plus ou moins con- siderable de tel ou tel element conslituant. II convient aussi de tenir comple de I'association de divers tissus aux elements deprives du tissu cellulaire, ce qui donne naissance a des tumeurs mixtes formanl la chaine entre les libromes et d'autres families, comme les encliondr6- mes, les lip^mes, les adenomes, les exostoses. 8° Les elements conslituant des fibr6mes sont done de trois es- peces : 1» Elements essentiels ou fondamentaux, 2° Elements accessoires, 3° Elements associes. Ces derniers manquent ou sont en quantite tres-minime dans les fibromes vrais. Quand, au contraire, lis predominent, la denomination de la lumeur doit changer et les elements du tissu cellulaire devien- nent aleur tourassoci^s ou accessoires. Nous en dirons un mot plus loin. 9" Les elements essentiels sont des noyaux fibro-plastiques, des cel- lules llbro-plastiques, des corps fusiformes avec ou sans noyau, puis des fibres r^unies en masse fibroide ou en faisceaux plus ou moins dis- lincls et isol6s, reclilignes ou flexueux, serr(}s ou lachement entrela- cos, de maniere a circonscrire des ar^olcs, puis enfm une matiere ou especede sue interstiticl, plus oumoinsg^latiniformeetvisqueux, trans- m parent, incolore on opalin et k'-geremenl rose; je n'ai pas besoin de de- crire ces divers (^l^menls, n'ayant pas lintenlion de tracer ici I'his- toire des fibr6mcs. Les 616ments accessoires sent des vt5sicules adipeuses, des goutte- lettes ou des granulations graisseuses, du sang epanclie, des corpus- cules granuleux de rinflammation , des fibres lilastiques, ordinaire- ment rares , puis des vaisseaux. La vascularite est extremcment variable, et suivant qu'elle est plus ou moins marquee, les aspects exterieurs des produits morbides sont tri'S-differents. Le nombre des vaisseaux a (['galement une influence bien marquee sur la marche de la maladie. La vascularisation exagereeparait etre, suivant M. Michon, un ph^noraene frequent des tumeurs fibreuses du perioste, qui pren- nentplus ou moins tardivemcnt les caracteres des tumeurs pulsa- tiles improprement appelees anevrismes des os. (Societe de chirurgie, 1855.) Les Elements associes sont ou bien des vestiges de I'organe dans le- quel le librome s'est d6veloppe (1), ou bien I'indice d'une hypertrophie concomitante des elements de cet organe. lis sont tres-variables : je puis citer les tissus nerveux, osseux, cartilagineux, glandulaire, les cytoblastions, etc., etc. 10° Les fibromes vrais ne renferment parfois que des elements essen- tiels et a peine quelques elements accessoires. Certains d'entre eux sont meme presque absolument homogenes. c'csl-ii-dire que leur masse entiere est composee de la meme variete de tissu fibreux au meme degre de developpement. Ainsi j'ai vu des tumeurs du derme dans lesquelles on ne irouvait absolument rien autre cbose que des fibres tout a fait semblables aux fibres du derme voisin. J'ai vu, par contre, des masses considerables uniquementconstitues par des noyaux fibro- plastiqucs ou bien par des Elements fusiformes ; dans d'autres, toute la masse solide ne montrait que des faisceaux fibreux, coherents, recti- lignes, tres-difficiles a dissocier. Parfois la maliere colloide I'em- porte tenement sur les Elements fibreux que ceux-ci ne jouent plus que le r61e de charpente ou de sac multiloculaire. Quand les tumeurs sont ainsi trcs-homogenesellessont ordinairement peu riches en vais- (1) C'est de cette mani^re que du tissu fibreux ou ceiiulaire peut entrer dans les fibrc'imrs comme ^l^ment associ^ et pr(!'existant au deiiOt patliolo- gique. 190 seaux; mais il faut bien qu'on sache que eel 6tat homogene est sans contredit le plus rare. 1 1° Sans cesser d'etre des ribr6mesvrais, cesturaeurs peuvenletre me- laugees dans toute leur 6teadue ou dans certaines parties d'(3l6ments accessoires, tels que des granulations graisseuses, des corpusculcs gra- nuleux, des opanchemcnts sanguins, etc., etc. Cette addition n'est sou- vent que la suite des complications qui sont survenues pendant le cours de la maladie. Ainsi, dans quelques fibr6mes anciens, ii marclie lente et ayant 616 a plusieurs reprises le si6ge de douleurs ct de phe- nomenes inllammatoires, on trouvera non-seulement des corpuscules granuleux, mais encore une infiltration graisseuse des elements fibro- plastique ou de la gangue fibro'ide qui compose la production mor- bide. (V. obs. D.) Gette accumulation de raatiere grasse changera I'as- pect du tissu de maniere afaire croire, dans quelques cas, a des depots tuberculcux, cette apparence, que M.Lebert a d^crite sous le nora de matiere phymatoide, n'est pas propre au cancer ni aux tumeurs des glandes, elle se rencontre en une foule decas,et je I'aiobservee enpar- liculier dans un cas d'enchondrfime. 12° Les tumeurs flbro-plasliques sont exposdes, dans des cas rares,il est vrai, a un travail de ramoUissement. Ce changement d'aspect n'est pas toujours, comme on le croyait autrefois, le signe d'une inflamma- tion ant6c6dente, il resulte tout simplement du fait de I'acte de diisas- similation qui liquCfie spon tankmen t les 616ments anatomiqucs dont la nutrition ne s'efTectue plus. D'ou il suit que la cohesion du tissu pout diminuer beaucoup par place, et permettre ainsi des ruptures vascu- laires, des epancbements sanguins interstitiels ou en foyer, en un mot, de v^ritables apoplexies ou des suffusions sanguines. 11 n'est pas rare de rencontrer ces 16sions surajoutiies dans I'interieur des fibrdmes. On doit encore reconnaitre que des contusions, des frottements, des irri- tations survenues, par exemple, a la suite de ponctions exploratrices, peuvent amener le meme rc^sultat, (V. plus loin I'obs. deM. Larrey.) Je dois ranger encore, parmi les Elements accessoires ou accidentels, divers d^pftts tcrreux ou calcaires auxquels on donnelc nom impropre d'ossificalions. Des circonstances de duree, de marche, donnent com- mun6ment I'explication satisfaisante de cette addition. 13° Une association assez commune dans les fibrSmes consiste dans la presence de cavit6s kystiques remplies ou non deliquides et situ^es soil au centre, soil k la p6riph6rie de ces tumeurs. L'aspect en est quel- 191 quefois tres-modifie. II est facile de se rendre compte de ces mutations. Le tissu fibreux ou fibro'ide, qui est la base des tumeurs qui nous oc- cupent jouit en g6n6ral d'une grande cohesion : fibres, noyaux, 616- ments fusiformcs, sont souvent tres-serres les uns contre les autres, mais parfois aussi ils sont lachement unis et tres-mobiles ; il se pi6- sente alors deux cas : ou les interstices sont remplis par une matiere amorphe tres-consistante , visqueuse , colloide, qui est emprisonuee dans les mailles tibreuses, et ne diminue que pen la consistance gen6- rale de la masse, ou bien cette matiere interposee est tres-tenue, lluide comme la serosite qui infiltre le tissu celluiaire dans I'cedeme, et alors les fibres lachement unies sont susceptibles de se d6placer tres-aisement les unes sur les autres. Dans des circonstances semblables, j'ai vu des tumeurs fibreuses presenter une fluctuation fausse, il estvrai, mais si trompeuse, qu'on n'hesitait pas a reconnaitre une lumeur liquide. L'exemple le plus frappant m'en a ete fourni par une enorme tumeur flbreuse developpee sur la levre anterieure du col ulerin ; plusieurs accoucheurs tres-distingu6s, croyant reconnaitre une fluctuation tres- manifeste, firent sans succes, bien entendu, des ponctions avec le trocart. Je pus faire I'examen de celte piece et la trouvaiuniquement consti- tuee par des faisceaux de tissu cellulo-fibreux ; mais ces faisceaux, tres-lachement unis ensemble, formaient un tissu ar6olaire a larges mailles abreuvecs de liquide, etsedeplacant les unes sur les autres avec la plus grande facilite. On aurait dit d'une masse de tissu celluiaire qui aurait depuis plusieurs jours macere dans de I'eau albumineuse. La tumeur, etendue sur une table, etait comme diffluente et fuyaitsous la pression, et cependant elle resistait tres-bien a la dechirure, et ce- pendant le liquide interstitiel n'etait nulle partr6uni en collection, ce qui explique comment les ponclions n'avaient amene aucune diminu- tion dans le volume. (Obs. G.) Dans certains cas, cette dissociation des faisceaux fibreux pent aller plus loin et permettre la formation d'ar6oles, delacunes plus oumoins spacieuses, plus ou moius bien limitees et regulieres, et dans rint6- rieur desquelles du liquide peut s'amasser. lien r6sulte des collections liquides interstitiel les susceptibles a leur tour de presenter tous les aspects qu'on rencontre, par exemple, dans les v6ritables hygromas du tissu celluiaire sous-cutane. J'ai eu I'occasion d'observer tout recem- ment un cas de ce genre : une 6norme tumeur fibro-plastique sous- mammaire presen tail dans son int6rieur des lacunes, v6ritables geodes 192 reiuplies de siirosilti un peu visqueuse. Jai lecounu sans peine leur mode d'apparition. Quant aux cavit^s kysliques p(5riph(5riqucs vides ou remplies de li- quide, elles sont tres-communes autour dcs fumeurs libro-plastiqucs ou fibreuses ; olles sont I'eiret des frottements, de la mobilile, dcla con- sistance des fibr6mes qui creusent, dans le tissu cellulaire voisin, des cavitc^s par un mccanisme tout a fait analogue k celui qui donne naissance aux bourses s^reuses sous-cutan^es. J'ai etudi6 les faits de cet ordre (Massot, these de Paris, 1854, Des hygromas profonds ou res KYSTES SEREUX QUI COMPLIQUENT LES TUMEURS), el j'ai d^moutre que les tumeurs qui nous occupent r^alisent precisement a un tres-haut degr6 les conditions qui president a la formation de ces lacunas du tissu cellulaire. 14° Pour ne pas etendre k I'infini cette simple note, qui serait, par ses d^veloppements, I'objet d'un long et interessant travail, je ne dirai qu'un mot des Elements que j'ai ditai5o«e'5.Les tissus fibreux etfibro- plastiques peuvent sc d^velopper ailleurs que dans le tissu cellulaire, et des lors les Qbrftmcs peuvent renfermer soit des lilets nerveux, soit des culs-de-sac glandulaires, soit des ossifications, soit des fibres mus- culaires, etc., etc. On pent dire en general que le developpement exa- g6r6 que I'hyperg^ntee des 616ments du tissu cellulaire donne le plus souvent lieu a I'atrophie, a la disparition plus ou moins complete des autres tissus, et, en un mot, ii une substitution plus ou moins radicale, Cependantrhypertrophie peut porter simultanemcntsurdeux616ments, comme cela s'observe par exemple dans le lipdme ou dans certaines tumeurs fibreuses du perioste; dans ces dernieres, il est comniun de voir le travail de I'ossification envahir des portions tres-etendues du t\br6me periostique. M. Gosselin mon trait dernierement a la Societe de chirurgie une tumeur de la region parotidienne qui renfermait a la fois beaucoup de tissu fibreux, des culs-de-sac glandulaires, sans doute provenant de la parotide, et enfin des masses cartilagineuses tres-notables. Meme complexite pour certaines tumeurs cutanees qui offrent un melange de tissu adipeux et fibreux et de vaisseaux capillaires et vei- neux tres-dilates. Nouvelle difliculte pour les n^vr6mes qui renferment bien plus de lissu cellulaire ou fibro-plastique que d'elements nerveux. Le m6me cmbarras se presente pour les glandes. J'ai observ('' des ganglions lympbatiques qui (itaientpresquecompletementfibreux. J'ai vu un ovaire gros corame la tete d'un enfant presque entierement forme de tissus fibreux et fibro-plastique. Le meme tissu se rencontre. a la mamelle ; il y a meme une variety d'liypertrophie de cet organe dans laquelle la forme des culs-de-sacestconservee; mais ces culs-de- sac, g^n^ralement tres-volumineux, sont compI6leraent conslilues par des elements libro-plastiques fusiformes, I'^pilhelium ayant tout a fait disparu . Comment faire pour denommer ces tumeurs mix tes dans lesquelles on ne rencontre que des tissus normaux ou, pour mieux dire, des 616ments homoeomorphes? Comment faire encore pour designer dans la nomenclature anato- mique certaines tumeurs des gaines tendineuses ou meme des bour- geons charnus exuberants, dans lesquels on trouve mi melange de vaisseaux,de cytoblaslions, de cellules d'epiderme, de globules de pus, de matiere amorphe? II y a la une difflculte r^elle qu'ilnefaut pas dissimuler, et qui nous met toujours devant les yeux la complexite si grande qui s'attache a toules les etudes biologiques. L'existence des tumeurs mixtes est tres-fr6quente, et c'est un point sur lequel, depuis biea longtemps deja, j'appelle I'attention. Au point de vue de la nomenclature, une solution approximative de cette ques- tion est seule possible. On ne pent s'en tirer qu'en faisant entrer dans la denomination deux mots, I'un indiquant I'element hypertrophic, I'autre le systeme, dontun des tissus est hypertrophie. C'est ainsi qu'on peut appeler fibrome nerveux, le n6vr6rae ; fibrome glandulaire, I'hy- pertrophie glandulaire avec predominance des elements du tissu cel- lulaire ; fibrome vasculaire, certains ncevi a cloisons rfeistantes. On comprendrait bien egalement les mots fibro-chondrdme, fibro-tipome (voir obs. E) ; si I'element vasculaire 6tait assez developp6 pour m^riter une mention, on pourrait ajouter encore une Cpilhete et dire fibrome perioslique vasculaire. Sans faire de n6ologismeeten combinantseulement les motsvulgaires entre eux, on pourrait sans peine 6viter une p6riphrase et caracteriser clairement une tumeur. Si je disais, par cxemple, fibrome colloide mam- maire, ou fibro-nevrome nucl^aire, je serais certainement plus court et tout aussi clair que si je disais tumeur libro-colloide de la mamelle, ou nevrfime forme par des noyaux fibro-plastiques. MEM. 13 194 ' En supposaut merae que les denominations ne soient pas beaucoup abr^g^es, il reslerait loujouis un avantage important, celui de creer les families morbides, de rapprocher autant que possible ce qui pent et doit retre, et de s'appuyer sur une unite de langage plut6t que sur une foule d'expressions et de termes variables et arbitraircs. 8i tout le monde avait la bonne volonte de prendre les bases pr6c6- dentes pour inlituler les cas de tumours qui sont publies; si chacun s'appliquait a perfeclionner une nomenclature qui seule otTre de Tavc- nir et de lu clarte, il nest pas douteux que le langage y gagnerait beaucoup, et qu'il serait surtout plus facile de rassembler les materiaux quaud on voudrait composer I'histoire didactique des tumeurs. On Yerrait disparaitre alors les vagues denominations de polypes, d'eu- gorgements, d'induratious, d'hypertropliies, d'exostoses; on cesserait de s'extenuer a trouver une definition supportable du mot ttimeur, et quaud on s'euteodrait mieux sur les mots, il est probable qu'on serait moins Oloign^ de s'entendi-e sui* les cboses. 15° Je me suis occup6 uniquement dans les propositions qui pr6- eedent de la combinaison des eliimentsfibro-plasliques et fibreux avec les Elements et tissus homoeomorpbes, et Ton a vu que la nomencla ture de ces tumeurs mixtes, facile a determiner dans certains cas, 6tait au contraire difficile a preciser dans d'autres. La predominance mar- quee d'un des tissus sur I'autre m'a servi de base. Le nom generique a 6t6 tirede I'elemeutleplus abondant: la dtoomiuation de fibr6mecar- tilagineux, par exemple, signifle une tumeur priucipalement flbreuse, avec association de quelques cellules carlilagineuses. Je dirais chon- drOmes fibreux si la proportion 6tait renversee, si les proportions etaient inverses. Si la repartition etail sensiblement egale, il pourraity avoir certains embarras ; je pense qu'il faudrait ranger parmi les chondrCimes une tumeur form6e de quantity 6gales d'elements de tissu cellulaire et d'elements cartilagiueux, parcette raison que la pro- duction exageree du tissu cellulaire etant beaucoup plus commune que celle de tout autre tissu, c'est I'apparition insolite de I'hypergi^nese ou la neog^nese du cartilage qui constitue ici le phenomene le plus saillaut, le plus int6ressant. L'addition du tissu fibro-piastique peut tres-bien d'aiUeurs n'etre que symplomatique ou consecutive, ce tissu tres-simple se d^veloppant, dans mille circonstances, sous liufluence d'une lesion quelconque : corps strangers, inflammation cbronique, s^queslre, etc., etc. 195 La m6me chose s' observe dans une foule d'autres associations mor- bides, Le p(5ritoine, la plevre s'entlamment tres-Wquemment au voi- sinage d'une affection d'un des visceres thoraciques ou abdominaux. Mais cette lesion est consid6ree comme secondaire, comme une com- plication qui n'est jamais 6nonc6e qu'apres I'indication de la maladie primordiale. Je viens de citer tout a I'heure une tumeur de la region parotidienne renlerniant du tissu fibreux, des culs-de-sac glandulaires, et enfin une masse cartilagineuse ; I'embarras parut grand pour baptiser cette pro- duction. M. Gosselin et d'aulres hesitaient a I'appeler enchondr6me, parce que le carlilage n'y 6tait pas pur. Get obstacle ne m'arrete guere, et je regarde la tumeur comme un cliondrome jibrcux paroti- dien. Ge qui est remarquable, en effet, c'est I'h^t^rotopie du cartilage. Le tissu tibreux associ^ est beaucoup moins important. L'elcment glandulaire est dans le meme cas; car nous savons tres-bien que les glandes d'une region s'bypertrophient tres-aisement au voisinage d'une lesion organique quiluiest etrangere; lemoin I'augmentation de volume des glandules labiales tres-commune dans repithelioma des levres et aussi celles des cryptes linguaux dans la cancro'ide de cet organe. 16° Ghaque fois done qu'on se trouve en presence d'une tumeur mixte, il faudra avant de la classer : 1° tenir compte de la predomi- nance d'un Element sur I'autre ou les autres ; 2° corriger au besoin cette premiere donnte en cherchant, soit dans I'examen anatomique, soit dans la marcbe du mal, quel est le point de depart, la lesion pri- mordiale, et celles au contraire qui sont seulement cons^cutives; 3° quand de deux ou trois elements associes I'un sera en 6tal d'hete- rotopie, c'est-a-dire stranger a la region, c'est lui qui devra ordinaire- ment caracteriser la maladie et lui imposer la denomination princi- pale ; 4° si deux ou un plus grand nombre d'616ments sont associes a peu pres en proportions 6gales, on devra rel6guer au second rang dans la denomination celuiou ceux qui appartenant a toutes les regions de I'economie se produisent le plus souvent d'une maniere exag^ree et Sous des influences plus varices. Dans ce cas, les Elements du tissu cel- lulaire, du tissu adipeux, les vaisseaux ne devront etre consideres que comme des elements associes el accessoires. 17° Montrons par un exemple combien le langage chirurgical actuel est souvent vicieux et vague, combien il est parfois facile de le rectifier. 19f. Notre oxcellent colK'gue a la Soci^te docliirurgic, M. Larroy, dont lo caractere egale le savoir, a proseTite derniercmeTit un maladc alteint d'une tumeur de la cuisse et qu'il intitule tumeur fibrineuse degdne- rie et recidivee (1). 11 y a tout d'abord dans ce mot plusieurs id^cs qui sont en opposition avec les recherches modernes : 1° I'idee de degcne- resccnce des tumeurs •, 2" cette id6e de degen^rescence appUquee a un epanchemcnt detibrinequin'est pas susceptible, dansmon sentiment, de s'organiser ni de changer sa natureprimitive. line analyse succincte du fait nous d^raontrera, je pense, qu'on pouvait caracteriser d'une maniere plus heureuse I'affection. Obs. — Un adulte bien portant reriit, en 1840, une balle morte a la region interne et inferienre de la cuisse. Point de plaie, ni de contusion. Douleurs tr6s-l(5g6res.Pas de gene dans les mouvemenls. Trois on quatre mois apres, apparition d'une petite tumeur du volume d'une noix, douloureuse au tou- cher, trfes-mobile et tendant a se developper davantage. Pas de traitement. En 1844, choc sur cette region, douleurs plus vives, incision de la tumeur, extirpation incomplete a cause do I'intensite de la douleur. La matiere con- tenue dans une sortc de kyste offrc I'aspect d'une concretion sanguine, noi- ratre et homogene. Cicatrisation rapide et sans accident. Six mois aprfes, reproduction de la tumeur avec son volume primitif ; 6tat stationnaire pendant dix ans. En 1854, violente contusion dans la region de la tumeur, douleur imm(5- diate extremeraent vive, progr^s incessants et assez rapides de la maladie. A cette ^poque, tumeur du volume d'une grosse orange, arrondie, lisse a sa surface marbree d'une teinte bleuatrc, mobde dans presque toute sa circon- f6rence, adMrente vers sa base ou a son point d'implantation a la cuisse, un peu au-dessus de la t6te du peron6. Tissu de consistance molle, semi-flue - tuante, insensible au toucher a sa superficie ; douloureuse au contraire dans sa partie profonde, si^ge parfois de quelques elancements. Articulation du genou saine. Hesitation dans le diagnostic, tumeur supput^e maligne, ponction explora- trice. Issue de quelques gouttcs do sang. On songe a un kyste hematique. L'extirpation est resolue et pratiqu^e le 23 novembre 1854. La tumeur se compose d'une partie saillante, assez libre a sa surface, et d'une partie adh^-renle qui parait pinilrer profonde'ment sous Vaponivrose vers le cul-de-sac de la synoviale du genou. Cette partie de la tumeur nest pas enlev^e, done l'extirpation est incomplete. (1) Bull, hk l\ Soo. oe cuiRXinGiE, 1855, p. 246. 107 Lo tissu qu'on a cnleve est constitu6 par des caillots et une matiere friable sous le doigt. L'examen microscopique ne montre pas de cancer. Suites tr6s-heureuses de I'operation. Deuxmois apres, sous la cicatrice, un noyau douloureux, assez consistant d'abord, plus mou ensuite, qui se deve- loppe et grossit davantage. La recidive est dvidente, et bientotle nial a repris les memes dimensions que lors de la derniSre operation. Au milieu de cela, la sante g^n^rate reste trfes-bonne. Une discussion s'engage a la Societe de chirurgie sur ce fait int^ressant. Une nouvelle extirpation est resolue ; la question de I'amputation de la cuisse est mSme soulev6e. M. Larrey proc^de a Toperation en presence de quelques- uns de ses coUegues. La tumeur a des racines profondes qui probablement ne sont pas encore compl^tement atteintes. On essaye de d^truire par une cauterisation energique ce qui a echappe au bistouri. Le tissu morbide est ramolli, friable et s'accompagne d'une osteophyte implant^e sur I'apon^vrose. L'examen au microscope fait par MM. Coulier, GosselinetBauchet revile I'exis- tence d'elements fibro-plastiques, meles en certains points d'une grande quantite de matifere grasse. La cicatrisation promet d'etre prochaine. 18° J'ai cite cette observation parce qu'elle repr^sente fldelement I'histoire d'un bon nombre de tumeurs cancereuses ou pseudo-cance- reuses. II est tout d'abord aise de reconnailre a la marche de la mala- die, a sa duree, a I'etat general reste boa apres trois r^cidives, une tumeur fibro-plastique d'origine traumatique, c'est-a-dire jouissant d'une b^nignite relative beaucoup plus grande que celles qui se d6ve- loppent spoiitan^ment. Qiioique la veritable structure n' ait et6 constates qu'apres la derniere operation, je pense que, des le d6but, elle a tou- jours ete identique. Si, a plusieurs reprises, on a trouve surtout du sang epancbe, cela s'explique d'une part par les violences exterieures qui out amene la formation d'6panchements sanguins superficiels, d'un autre cote, parce que, dans les deux premieres operations, on n'a gu6re abord6 que la couche exterieure de la masse morbide form6e par ces memes epanchements. Ce meme fait est bien propre a montrer tout le parti que la clinique peut tirer de I'^tude anatomique exacte des tumeurs. Si la nature ve- ritable avail 6t6 constatee lors de la premiere operation, quand la tu- meur, du volume d'une noix, 6tait encore mobile et 6trang6re aux couches profondes, tout chirurgien au courant des recherches modernes et du pronostic des tumeurs fibro-plastiques ne se serait point laisse arreter par les douleurs de I'operation, et celle-ci eut ete radicalement pratiquee. 198 Domiiie au contraire par I'id^e qu'il s'agissait d'une simple tumeur sanguine, on a cm sans inconvenient d'enlever seulement une partie du mal. Les antc^c^dents ont (J^galcment (?gar6 M. Larrey, qui, sur la foidu premier diagnostic, a encore fail une op(^ration incomplete frappee d'avancede sterility. Puis un second examen auatomique,quoiqueplus soign6 que le premier, a encore paru justifier I'erreur premiere en ne faisant reconnaitre dans la tumeur r6cidiv6e que les seuls mat(5riaux du sang. Depuis que la nature fibro-plastique a 6td nettement reconnue, la gravity du pronostic s'est enfm rev61ee, et M. Larrey lui-meme, qui se tient au courant des travaux modernes, entrevoit d6s k present la re- doutable necessity du sacrifice du membre. Nous constatons encore dans la m6me observation I'existcnce de r6- cidives successives de plus en plus graves, de plus en plus rapides. De la, peut-6tre, k la gto^ralisation, il n'y a qu'un pas. Cela voudra-t il dire que Ton a eu affaire a un cancer? Point du tout. J'ai cherch6 a d^montrer, d'accord en ceci avec mes collogues et amis Robin, Broca, Leber t, etc , etc., que la rteidive et la generalisation n'etaient nullement I'apanage exclusif du vrai cancer ; et c'est une idee que les fails conflrment encore de jour en jour (1). Peut-on egalement dire que la tumeur primitivement fibrineuse a deg^nere? Pas davan- tage. On ne pent admeltre que la premiere tumeur ait etc primitive- ment Gbrineuse; car comment comprendre que cette fibrine, qui de- vrait provenir d'un foyer sanguin dans les materiaux liquides et glo- bulaires auraient 616 r6sorb6s? Que cette fibrine, dis-je, ne se soit ac- cumuiee que quatre mois apres I'accident, alors que celui-ci n'a 6t6 suivi (['aucu7ie iwndfaclion, d'aucune trace dc contusion. G'est ce qui m'aulorise a changer le tilre de 1' observation pour le suivant : (ibrdme liemorrhagique h recidives multiples par operations incompletes. Si j'avais discute avec le savant auteur de Fobservation, et si je lui avals expose les raisons qui precedent, je suis convaincu qu'il aurait accepte la rectification que je propose. 19° Yoici la seconde fois que je vols les epancbemcnts sanguins ac- cidentels et secondaires donner le change sur la nature reelie du mal. (1) Du MOLLUSCDM, Evec quslqucs reinarques sur les productions homceo- morphes (Mem. de la Soc. de biologie, 1854, 2" serie, 1. 1, p. 177). 199 II y a quelques ann^es, je vis a I'liftpital Beaujon, dans le service de M. Robert, un des chirurgiens les plus distingu^s et lus plus amis du progres, un horanie qui avait dans la region inguinale une turaeur forniee par le testicule retenu dans I'anneau. Cette glande etait affectee d'une maladie organique rnal determin^e ; en quelques jours elle aug- menta avec une rapidite surprenante, demaniere a acquerirle volume du poing d'un adulte. Les douleurs etaient ires-vives, la peau disten- due; I'extirpation fut faite et la tumeur me fut confiee. Je I'examinai avec M. Lebert. Une premiere coupe ne nous montra que des caillots sanguios a divers degr6s de consistance, de coloration. On eut ditl'in- terieur d'un sac anevrismal, on n'y retrouvail que les elements du sang. Les coupes furent multiplite et fournissaient toujours le meme resultat. Sans doute nous aurions decide qu'il s'agissait d'une hemato- cele, quand, en examinant la piece vers sa circonference et du cote op- pose a la peau, Je d^couvris une masse du volume d'une grosse noi- sette a peine, qui olTrait un tout autre aspect. C'etait un noyau ence- phaloide : une h^morrhagie abondante en 6tait partie et rendait compte et de I'accroissement tres-rapide de la tumeur et du rfeultat n^galif des premieres investigations microscopiques. 20° Je terminerai cette note par une derniere remarque. Lorsquc les elements du tissu cellulaire se combinent avec des elements hctero- morphes purs, tubercule, cancer, devra-t-on conserver le mot de fibr6me et lui accoler seulement comme qualificatif le nom de Fele- ment het^romorphe associ^? Je ne le pense pas. Jccroisau contraire que le tissu cellulaire accidentel est tout a fait accessoire, et que c'est le cancer, le pus ou le tubercule qui caracterisent la maladie. L'asso- ciation du cancer et des tissus fibreux et libro-plastique est moins rare qu'on ne pense; j'en ai vu un bien hel exemple dans une tumeur du calcaneum. Cost le cancer qui me parait ici dominer le pronostic, di- nger la marche du mal. Nous ignorons encore presque completement rinflnence reciproque que peut avoir sur la physionomie g6nerale de la maladie, le melange de deux Elements simuUan(5nient hypertrophies ou d'un element homocomorphe avec un Element h(5t6romorphe. La presence d'une grande quantity de tissu Obreux dans une tumeur canc^reuse passe bien a la verite pour en retarder la propagation ; exemple : le squirrhe, mais la faciliti? avec laquelle, sous des influences souvent inconnues elle se Iransforme, comme on le disait autrefois, en encephaloide, les temps d'arret qui, au contraire, surviennent parfois ■m dans cette tlerniere forme, rendent tres-hasardee toute formule uu pen gen^rale. L'association en question pourrait a la rigueur so designer suivant les principes ^nonces plus haut par un mot mixte, et Ton pourrait dire fibrdme cancereux, ou cancer fibreux. Mais la reforms du langage, telle que nous la comprenons, n'^tant pas encore sufflsamment accep- t6e, il naitrait de ces termes une ambiguity f^cheuse. Un grand nom- bre d'auteurs persistant a prendre le mot cancer adjectivement, c'est- a-dire a I'employer pour designer, nonpas la nature r6elle du mal, mais bien seulement sa marche 6ventuelle, la possibility de la r^cidive ou dela generalisation. Jusqu'au moment done oii on reconnaitra enfin qu'a ce compte toutes les tumours peuvent etre des cancers, il faudra 6viter de r(5unir des mots qui perp^tueraient le malentendu au lieu de le dissiper. II sera bient6t possible de tracer unehistoire complete des fibr6mes, grace aux nombreuses observations publi^es sous diverses denomina- tions et qui se trouvent disseminees dans les divers recueils, dans des memoires isoies, dans des livres d'anatomie pathologique parmi les- quels je citerai en particulier ceux de MM. Lebert, Vogel, Texcellent traite des tumeurs de M. Paget, les Bulletins des Societes anatomique, de biologie, de chirurgie. J'ai, pour ma part, recueilli un assez grand nombre d'observations de ce genre; quelques-unes sont consignees dans un memoire des Archives generales de medecine (1), et dans la these d'un de mes eieves, le docteur Jolieu (2). Je joindrai a ce travail 0 diverses notes inedites, dans le but de grossir le nombre des materiaux, surtout au point de vue anatomo-pathologique. FIBRdME MOU HEMORRHAGIQUE DE LA PULPE DU DOIGT ; AMPUTATION. Obs. a. — Piece provenant du service dc M. Denonvilliers, decembre 1854. Gonflement considerable de I'extremitd d'un doigt au niveau de la face palmaire dc la derniere phalange. Ulceration ou perforation de la peau assez etendue et a Iravers laquelle fait saillie une masse fongueuse d'apparence charnue et vasculaire. On croit a une tumeur de mauvaise nature de la pha- lange clle-m6me ct on pratique I'amputation. La dissection montre que la tumeur reposait sur la face anterieure de I'extremite superieure de la pha- (1) Tumeurs de la peau, 1855. (2) Th. de Paris, Tumeurs chirurgicales de la peau. 20 1 langette et suv le tendon fl(}chisseur, mais que I'os, le tendon et ['articulation (5taient sains. La masse morbide a le volume d'une grosse noisette; elle adhere pea aux tissus circonvoisins ; elle a ulcere par pression de dedans en dehors le tegu- ment, qui est enflamm(5 et vascularis6 autour de la perforation. Elle est lobu- l^e, a surface asscz lisse, mais non enveloppee d'une couche tibreuse dis- tincte; consistance assez mollc, unpeu friable, coloration d'un blancros6 en certains points, rougeatre pres de la peau, brune et sanieuse dans le point expose a I'extcrieur ; ca etlu dans I'epaisseur memedu tissu, foyers hemorrha- giques de 1 a 3 millimetres de diametre, formant des sortes de cavites ou g^odes qui renferment du sang a divers etats, ou de la serosit^ sanguinolente. ^paisse et visqueuse; les plus anciennes de ces cavites ont leur parol coloree en jaune fonce, comme les anciens foyers apoplectiques cerebraux. La coupe de la tumeur donne au raclage un sue assez abondant, visqueux et transparent. ExAMEN MicuoscopiQUE. — Noyaux et cellules fibro-plastiques arrondis ou ovo'ides, melanges de corps et de cellules a noyaux fusiformes. Ces Elements, pen coherents, sont rassembles en faisceaux ou en colonnes juxta-posees.Un grand nombre se desagregent aiscment et flottent dans le liqnide. Dans les caviteSj on trouve beaucoup de globules sanguins a divers degres d'alt^ration, et une grande proportion de granulations graisseuses libres ou infiltrant des elements flbro-plastiques. La tumeur renferme en outre des vaisseaux assez nombreux; elle est par- courue en divers sens par des faisceaux de tissu fibreux plus parfait formant un r^seau lache. l\ulle trace de cancer ni d'epiderme. fibr6me dur du doigt. Obs. B. — Piece remise le 2 mars 1855, de la part de M. Huguier. La tumeur qui siegeait a la pulpe du doigt a ete mise a nu par une inci- sion simple, et enuclLC sans ditficulte. La plaie a ete reunie avec succ^s par premiere intention. Tumeur du volume d'une aveline, tr^s-ferme au tou- cher, lobulee, in^gale a sa surface ; les lobules, assez nombreux et separes par des scissures assez profondes, sont neanmoins tons continus; un tissu cellulaire dense assez vasculaire et ressemblant a de la libre charnue orga- nique remplit leurs interstices. Le tissu morbide a la consistance d'un tissu fibreux trfes-dense ou m§me fibro-cartilagineux. II est lachement uni aux parties adjacentes ; a la coupe, 11 est d'un blanc rose, il crie sous le scalpel et presente une notable 61asticite. On n'y trouve aucune cavite, aucun point ramoUi ; le raclage nc donne pas de sue. •202 ExAjiEN MicRoscopiQUE. — Faisccaux fibreiix rigides, pales, entre-croisds en divers sens, de mani^re a circonscrire des ar^oles tr6s-6troites. G'csl la texture type dcs tumours fibreuscs dures, sans matii'-rc amorpbe, sans depot collo'i'de ; peu ou point de tissu elastique, pas de nerfs ni dc glandes. Yais- seaux trfes-rares dans les lobules, un peu plus nombreux dans les iulcr- stices. A un grossisscment plus considerable, on trouvc une certainc proportion d'elements fibre -plasliqucs, soit dans Icpaisf cur mfenic dela tramc, soil dans le liquide qu'on obtient par la pression. lis apparticnnent a la vari^t6 dite cellules (ibro-plastiqurs, non fusiformes ; par consequent, ces cellules sont ir- rt'guliercment arrondies ou unpen allongees; elles renferment un noyau ar- rondi ou l^gferement ovoKde, sans nucleole et place au centre, a un des Louts ou pr6s de la circonfcrence dc la cellule. L'acide acetique palit beaucoup la preparation ; il met en evidence un grand nombrc de noyaux, soit dans les faisccaux fibrcux, soit dans les mailles que leur reseau intercepte. Ces noyaux sont disposes en series parallelcs et lon- gitudinales, comme cela s'observe dans les tissus Hbreux dc nouvellc for- mation. On voit doncqu'il s'agit d'un fibrdme en vole d'^volution; je fais remarquer que, raalgrc son extreme density, il renferme un grand nomiirc d'elements fibro-plastiques, c'est-a-dire dY-K-ments jeunes du tissu ccUulaire. FIBROJIE UERMIQtE PEDICULE SIEGEAJJT A LA REGION POSTERIEUBE DU COU (rcmis par M. Chamerot, d&ve des hopitaux. Mars 1855.) Obs. C. — Cette tumeur existait depuis de tongues annees; clle n'avait ja- mais cause lamoindre douleur. Dans ces dernicrs temps, elle s'etait cxcoriee a la surface et dL-tcrminait de la gene dans les mouvements et un peu de cuis- son lorsque les vetements frottaient sur la surface excorite. L'excision fut faite avec des ciseaux courbes et donna ocoulement a une faible quantity dc sang. La tumeur, du volume d'une noisette, se continue avec la peau par un pedi- cule gi"Os comme une plume a ecrire. Sa consistance est molle et comme fletrie; elle change de forme a la moindre pression ; on dirait un sac vide; sa surface est blanche, lisse, non mamelonnee ni papillifcrme. 11 existe un peu de rongeur et de vascularisation autour du point excori6. ExAMEN MicRoscopiOTiE. — Pas dc suc cw rachiut la coupe; pas dc liquide interslitiel. Fibres du derme trfes-Uichement unies etfacilemcnt dissociables, formant de gros faisccaux entre-croisi''S, un peu moins transparents et nets qu'a I'l'tat normal. Tr(>s-peu de vaisseaux au centre, pas de filets nerveux, ni de glandes, ni de foUicules pileux. Onretrouve une assez forte propor- tion de fibres ^lastiques ; malgre sa moUesse et sa laxite, ce tissu presente 203 une trts-grande rfeistance a la d^chirure. Point de matiere amorphe ni de cytoblastions. (Get Element se combine assez fr^cpiemment aux Elements naissants du tissii cellulaire dans les libromes culan^s.) Pas d elements flbro- plastiques. La peau qui recouvre cette masse flbreuse n'a sobi d'autres alte- rations qu'un amincissement considerable. On reconnait n^'anmoins la couclie epidermique mince ct dense, qui mancpie toutefois sur le point ulcere. La couclie papillaire est egalcment visible, mais les papilles sont larges, tres- aplafies et privees de vaisseaux. Le tissu cellulo-graisseux sous-cutan6 n'existe plus. Le derme lui-m6me ne peut efre isol6 et se confond avec la masse du flbrorae qu'il concourt sans doute a former. J'ai rapports cette description peu importaute en elle-meme, parce qu'elle peut servir de type a un grand nombre de tumeurs cutanees connuessous le nora de polypes de la peau. Ces tumeurs me paraissent n'etre autre chose que des liypertropliies cireonscrites du derme qui, d'abord, larges, aplaties et sessiles, sont confonducs avec des tumeurs de nature toute dillerente, sous la vague denomination de vermes. Plus tard, en s'accroissant, ces tumeurs se mobilisent, sous I'influence des frottements, se pediculent a lamaniere do toutes les tumeurs qui font saillie sur ime surface libre, cutanee, muqueuse ou s^reuse, et prennent alors le nom tout aussi vague de polypes. Ce mot, cree seule- ^ent pour designer une disposition de forme tres-variable d'un moment a I'autre de revolution, ne peut etre accepts plus longtemps pour de- signer un ordre entier de maladies. C'est un vestige des classifications grossieres oil la moindre particularite exterieure servait a grouper les tumeurs an m^pris de leur composition anatomique, On peut toujours d'ailleurs conserver I'id^e que ce mot repr^sente et qui a quelque in- teret au point de vue op6ratoire en qualifiant de pediculees les tu- meurs qui sont retrteies a leur base. Nousvenonsde voir que dans ce fibr6me dermique les couches su- periicielles de la peau etaient amincies et comme atrophi^es ; il n'en est pas toujours ainsi, et la couche papillaire peut en s'hypertro- phiant donner a la surface un aspect lobule rauriforme, avec ou sans vaisseaux, avec ou sans pigment, et donner ainsi naissance a des fibrdmes det^mo-papillaires , vasculaires ou pigmentaires, etc. J'ai presents dernierement a la Soci6t6 anatomique (voir les bulle- tins 1855) une tumeur pediculee de la region ombilicale que je designai sous le nom de libro-lipdmc dermique qui cquivaut presquc a une description. •204 I'lUndME COLLOiDE. Obs. D. (1). — Aa deviiiit du geuou et resultant d'ua hygroma ancieu, la tu- meur represente un gateau aplati ayaiit pres de 15 centim. dans son plus grand diam^tre, 8 a 10 dans le plus petit. Son dpaisseur au centre est de 3 centim. environ. La consistance en est tr^s-variable ; elle est lobulee, inegale en certains points, dure et flbreuse; elle pr^sentc ailleurs des saillies mamelonnees qui donnent la sensation d'une fausse fluctuation j elle donne au toucher les memes sensations que le lipi'ime. Sa coloration est en gen(5ral rosec, mais ce caractere est masque par un revetement fibreux plus ou moins epais. La cohesion dc la masse est considerable, sa pesanteur tr^s-notablc ; elle se prccipite rapidement au fond d'un vase plein d'eau. Aprfes I'exposci de ces caract^res generaux, voyons les details que nous re- vele la dissection. SuRF.\cE cuTANEE. — Uue partio de la peau cernec entre deux incisions elliptiques reste sur la partie saillante de la tumeur. Cette peau pr^sente deux tumeurs saillantes circonscrites du volume dune noisette pour la pre- miere, d'une noix pour la seconde. Ces bosselures cutan^es sont molles, et paraissent renfermer du liquide. 11 nen est rien. Une coupe les montre for- mees par une hypertrophie du derme dont les mailles tr^s-ecartees sont in- filtrees d'une maticre jaune, albuminoide, analogue a de la synovie epaissie et en tout semblable a la matiere colloide que nous verrons former la pres- que totalite de la masse morbide. La partie la plus profonde de ces mame- lons cutanes se continue sans ligne de demarcation avec le reste de la tu- meur sous-jacente. Je pense que ces deux tumeurs sont les vestiges des ponctions qui ont et^ autrefois pratiquees dans I'hygroma; elles constitu- raient alors des especes de kelo'ides cicatricielles. Dans le reste de son (Stendue, la peau est tres-in(?galement adhercnte a la production morbide ; la, en elTet, les trabecules fibreuses du derme s'enfoncent directement dans la tumeur sous-jacente, de telle sorte que pendant I'ope- ration le bistouri a ete oblige de trancher a mSme la masse pathologique, tan- dis que dans d'autres points la face profonde de la peau en est separee par de petites bourses sereuses tres-restreintes, mais bien evidentes. Vers la peripheric de la tumeur, la peau est beaucoup plus libre. Letissu graisseux sous-cutane n'existe plus. Suhface pnoFONDE. — Un tissu cellulaire lamelleux unissait la tumeur anx (I) Cette observation a etcrecueillie en 1851. Je lui laisse sa redaction pri- mitive, convaincu des iuconvenients reels qui survieunent quand on corrige aprcs coup une observation faite depuis longtemps. 205 couches sous-jacentes ; aprts I'avoir ciilcvt', on constate quo la tumeur ost partout limitee dans ce sens par une couche fibrcuse, blanche, presque na- cr^e, lr6s-r^sistante quoique 61astlque; c'est evidemment la paroi profonde de la bourse sereuse ant6rotullenne tr^s-hypertrophiee. 11 n'existe point de graisse de ce c6te. La circonKrence dela tumeur plus mince que la partie centrale est nette- ment circonscrite, mais elle est inegale, comme maraclonnee, et offre des incisures profondes separant des bosselures velum ineuses. La tumeur parait avoir ete enlevee dans sa totalite. J'ajoute qu'apres I'ex- tirpation, M. Denonvilliers a pris soin d'exciser encore quelques noyaux durs et suspects. Pour caracteriser par une comparaison cettc remarquable production, je diraique, circonscrite par la peau vers sa superficie par un feuillet flbreux tres-fort vers sa profondeur, elle represente une glande mam- maire aplatie. La ressemblance est encore legitimee par I'examen de la disposition du centre de la tumeur. De la peripheric, en effet, partent des cloisons fibreuses, tres-fortes, qui cloisonnent la masse et la divisent en un certain nombre de lobes volumineux, arrondis, lisses, separes les uns des autres, et des cloisons precisees par un tissu cellulaire tres-lache qui, en plus d'un point, forme de v^ritables bourses sereuses, secondaires et accidentelles. Plusieurs de ces cavites renferment des liquides de diverse nature. La on trouve de la serosite plus ou moins filante, ce qui constitue des kystes s6- reiix anormaux ; ailleurs, cette serosit6 est coloree en jaune rouille, comme les anciens foyers apoplectiques du cerveau. Ce sont des kystes dits hema- tiques, ce qui provient soit de ce que les operations antecedentes ont donn^ lieu a des suffusions sanguines, soit de ce que du sang a ete exhale a la sur- face interne des bourses sereuses accidentelles enflamm^-es, phenomfene que j'ai pu observer d6ja plus d'une fois et qui est loin d'etre rare dans les vraies sereuses (l). Une de ces poches, situee vers la circonference, a pres de trois centimetres d'etendue, la cavit6 est anfractueuse et rev6tue d'une couche jaune tomen- teuse. J'ai, dans un tiers de la tumeur environ, isol6 par la dissection les masses lobul6es que jeviens de decrire ; elles se continuent les unes avec les autres en pr^sentant des etranglements et des dilatations irregulieres. Elles sont constituees par une euveloppe celluleuse tres-delicate, qui ren- (1) La presence dun liquide chocolat ou de couleur cafe, en un mot, d'lin fluide qui renferme en proportions diverses du sang plus ou moins altera, n'indique nullement que la poche hematique se soit formee a la suite d'une ancienne contusion, d'un ancien epanchement sanguin; •200 ferme une masse ros6e golatiuifoime analogue a la gel^e de coings ou de groseilles, et travers(!'e par un lacis de t'aisceaux tr6s^d61i6s de tissu ccllii- laire. Dans les cloisons et les interstices inlerlobulaires, on rencontre des Tais- scaux assez \olumincux ; je n'y ai pas vu de nerfs. Ca et la se trouvent des eccliyuioses ou do pelits foyers sanguins assez circonscrits. Sont-cc des foyers hemorrliagiques spoutancs analogues a ceux qui parsomeut si souvent les tumeurs cancereuses et quelquefois meme les hypertrophies glaudulaires? Sont-ceseulement des epanchements, suite des I'rottemeuts, des chocs aux- quels par sa position superlicielle (5tait exposee la tumour en question? Je penciie pour la derniere supposition. Vers la profondeur de la masse inorbide et vers sa circonfdrence, les masses lobul^es olTraient moins I'aspect collo'idc que dans le centre ; quelques-uncs meme avail I'aspect, la consistauce, les caracteres de masses librcuses; mais sauf la difference de consistance, les apparences de conflguration (itaient les memes. Je u'ai pu retrouver nul vestige de Tancicnne cavite de I'hygroma, e'est-a-dire de la bourse s^reuse anterotuliennc. Si, content decette descrip- tion, on voulait intituler d'une mani^re claire et precise cetle maladie, 11 fau- drait lappeler hypertrophie fibro-colloide delabourse sereuse antorotuliennc, suite d'un ancieu hygroma. J'evite a desseiule mot dogcn^rescence. J'ai eu occasion, en effet, de voir plusieurs fois d^ja les tumeurs formt-es par le tissu colloidc en I'absence de toute production cancereuse, et je leur ai toujours trouve la phis grande ressemblance avcc la production que je viens deducrire. La presence de la matifere coUo'ide n'est qu'un accident presque insignidanl des tumeurs; it ne faut lui attribucr qu'une importance restreiute; ellc nc signifie gu^re aux yeux des anatomo-pathologistes moderues que le dupol, dans les mailles d"uu tissu normal ou accidentel, de la stcrcition ordinaire du tissu cellulaire condensee, epaissie et sans organisation ; c'est une esp6ce d'iutiltration plus circonscrite, plus lente quera'dt^me. Si la presence de la matiere coUo'ide n'est pas liee d'une mani^re n(5ces- sairc a I'apparition du cancer, elle s'associe presque toujours a la produc- tiuu du tissu iibro-plastique qui n'est autre, comme on le sail, ([u'un mode d'hypertrophie du tissu cellulaire, et cela se comprend. Le travail hyperlro- phiquc dans cc dernier tissu porlc et sur les faisceaux qui le composent ct sur la matiere secr6t(!'e dans les interstices. S'il y a predominance de la pro- duction solidc, la tunieur libro-plustique apparait avcc les carachires qui lui ont ele assignes dans ces derniers temps et pent probablement par une evo- lution plus complete devenir tumeur libreuse ; si I'el^ment liquide est, au coutraire, exuberant, nous avous la forme coUoide : la tumeur que uous avons sous les yeux offre tons les degriSs de cettc echellc pathologiquc;-nous y trouvons les masses collo'Ides, Ic tissu tibro-plasUquc en voic de developpe- 207 ment, et en d'aufres points nous avons d(^j;i des tumours llbreuses arrivf-es a leurpresquo complet developpemeut. C'esl ce qui rosulte de I'examen mi- croscopique attentif auquel j'ai soumis les dilT6reiites portions de la produc- tion patLiologique. Les deux bosselures de la peau, de meme que les groslobules de la tumeur, sont composes de deux ek^mcuts : A. Une trame formee Ue fibres tr^s-d^licates qui ne sont autres que des faisceaux primitifs de tissu cellulaire. Ces falsceaux sont les plus reguliers, les plus beaux que j'aie jamais vus; ils pourraient servir a otudierle type normal du tissu cellulaire; ils sont solubles dans I'acide ac(5tique. On volt, en outre, un bon nombre de fibres dlastiques. Les lambeaux que j'ai sou- mis a I'examen sont, malgr(i leur tenuite, rusistants et elastiques. B. La mati^re colloide qui empate et intiitre cette trame cstamorphe commc cela doit etre ; suivant qu'elle pr^domine plus ou moins, les bosselures sont plus ou moins consistantes. Certaines d'entre elles presentent une sorte de fluctuation qui pourrait les t'aire prendre pour des kystes. Lorsque Ton vient a couper un des lobules de la tumeur, on n'en extrait pas de sue lactes- cent par leraclage, mais la pression fait ecouler lamatiere colloide, comme clle exprimeraitun liquide visqueux contenu dans lesmailles d'une eponge. C. Ce liquide renferme un assez bon nombre de cellules fusiformes libres plus ou moins ailongci'es et qui pourraient ^galement servir de type a I'etude du tissu flbro-plaslique a son origine. D. Enfin on rencontre un assez bon nombre de ces fibres gramileuses qui etablissent le passage entre les cellules allong^es du tissu flbro-plastique et les faisceaux plus parfaits du tissu cellulaire. Le developpemeut est ici plus complet. E. Dans les masses dures et coberentes, la matiere colloide n'existe pres- que plus; nous neretrouvons plus que des elements fusiformes tr6s-conden- ses dont on ne recounait la nature qu'en s'aidant de I'acide acetique. F. On trouve ca et la quelques globules granuleux, accompagnement pres- que oblige des manifestations inflammatoires, quelques rares gouttelettes luiileuses, et enfin des globules sanguins deform(5s dans les points ou I'ujil nu reconnail lexislenee depancbements sanguins plus ou moiiis ancieus, Comme dernier detail, j'ajouterai que j'ai soumis a I'analyse chimique (in- complete sans doute) le liquide renferme dans les ar^oles celluleuscs des tu- meurs coUoides. Ce liquide lilant, visqueux, variant en coloration du jaune au rouge, renferme une telle proportion d'albumine qu'il se prend en masse par la chaleur et que dilu^d'au moins vingt fois de sonpoids d'eau, il donue encore un precipite fioconneux extremement abondant. Je viens de citer un cas dc librome qui a succed6 a un hygroma qui avail et6 d6ja deux fois ponctionn^. Jen'ai pu me procurer I'observa- 208 tion complt'lo, c'ost-i-dire la partie cliniquo. J'ai dtijk vu un certain nombre de Ibis des tumeurs Jibro-plastiques se d^velopper dans des gaines tendineuses ou dans des bourses s^'reuses ; en un mot, I'byper- trophie celluleuse pent envahii- les organes de glissement,soit sponta- n^nient, soil apres des tentatives infructueuses de traitement. Je ne puis que mentionner ici (I'observation sera sans doute publiec plus tard)un fibr6menucleairedela gaine du longfl(5chisseurdu pouce qui a necessite quatre operations successives, et enfin en dernier lieu, je crois, I'amputation du poignet ou de I'avant-bras. J'ai pr6sent6 egale- ment a la Societe anatomique une hypertrophiedes gaines tendineuses des muscles qui contournent la malleole interne. Maladie tres-grave mal dOcrite encore, et qui, dans ce cas, avait necessite I'amputation de la jambe. Des (51toients fibro-plastiques, des cytoblastions, de la matiere amorphe Ires-abondante constituaient la tumeur qui s'eten- dait autour des tendons, envoyant un prolongement sous le tendon d'Acbilie, et ne mesurant pas moins de 12 a 15 centimetres de long sur une 6paisseur de 2 i 3 centimetres en certains points. Ai-je besoin de r^peter que le fungus articulorum est ordinairement constitue par une production exubc^rante de tissu fibro-plastique vasculaire, m6- lang6 de matiere amorphe? Un des cas les plus curieux que j'ai observes se rapporte aux cita- tions precedentes. FIBR6ME de la BOUBSE SEBEUSE de l'aRTICULATION METATARSO-PHALANGIENNfi DU GROS ORTEIL (1). Obs. E. — Un vieillavd couche dans le service de Roux, remplace tenipo- rairement par M. Gosselin, pr^sentait a la partie interne de I'articulalion m^ tatarso-plialangienne du gros orted une tumeur du volume d'une noix, rouge, saignante et fongueuse a sa surface, d'une consistance ferme. Cette produc- tion ^tait retenue a son point d'implantation et paraissait se perdre dans la profondeur a travers une perforation circulaire de la peau. La maladie exis- tait depuis longtemps (phisieurs annees) ; elle rendait la marche penible quoique la tumeur ne soil guere doulonreuse a la pression. Le malade ra- contait qu'il avait eu d'abord un oignon (denomination ridicule), que cet oignon s'6tait enflamme, avait suppuvi-, et avait ^\.i, suivi d'une perforation donnant issue a du liquidc. A travers cette perforation s'etait engag^e une , III "" (1) J'ai recueilli cette observation autrefois, mais je Tai egar^e; je la donne seulement ici de souvenir ; je la crois cependant bien pr(5sen1e a men esprit. 209 masse charnue qui pcu a peu s'(5tait accrue de maniere a constittier en der- niere analyse la fongosite volumincuse existant actuellcmcnt. Cclte evolu- tion avail ete lente. II est facile de reconstiluer cette liisloire palhologique. Notre malade presente la deviation en dehors du grosorteil, avec tum(5fac- tion de la region articulaire en dedans. Une bourse sereuse tres-vaste se forme, comme cliacun le sail, au niveau du point saillant(l). Cette cavite pent devenir le siege soit d'un hygroma, soil d'uue inflammation purulente, d'un veritable abces. Celui-ci s'est ouvert et la bourse sereuse est devenue fistuleuse, puis le fond de la poche a vegete. Les vegetations sc sont engagees par la flstule cutan^e, petit a petit elles ont comble la cavite et sont venues s'epanouir au dehors. Peu a peu la masse s'est induree au centre, tandis que la superficie continuait a suppurer, et la maladie passant ainsi par des me- tamorphoses successives et tres-faciles a concevoir, a donne naissance a la tumeur qui nous occupe. L'extirpation fut faite, et I'examen que je lis de la piece me fit reconnaltre qu'elle etait entiercraent coniposec de tissu flbrcux, dense, inliltre de matiere amorphe, a faisceaux serres, coherents, formes par des elements de tissu cellulaire a divers degres d'evolution. FIBRO-LIPOME DERMIQUE DIFFUS DE LA REGION DU MOLLET (2). Obs. F. — Martinet (Arthur), age de 20 mois, entre a I'hopital, salle Saint- Come n° 1 4, le 6 aoiit 1855. Les parents rapportent qu'a la naissance cet enfant presentait a la parlie posterieure et interne dc lajambe droitc unc tumeur grosse comme le bout du petit doigt, assez dure, mobile sous la peau, sans changement de couleur a la surface. Depnis ce moment la tumeur s'est accrue pcu a peu, et lors de I'cntree du petit nialadc elle avail le volume d'une petite figue. Elle n'offre ni fluctuation, ni renitence, ni douleurau tou- cher, elle diminue un peu par la pression et presente une coloration nn pcu plus foncee que les parties environuantes. On lit pendant six semaines, el sans succes, des frictions avec la pom- made ioduree. M. Guersant traversa alors la tumeur avec des aiguilles rou- gies a blanc qui ennammercul le tissu morliiile, les piqures suppurerent, mais lors de leur cicatrisation la tumeur n'avaitpas diminue de volume; eile parul au contraire s'accroilre d'une maniere progressive. On tenia alors la compression au moyen de disques d'agarie et de bandeleltes de diachylon, la saillie s'aplatil et parut perdre de son volume, niais le lendemain du jour oil ce moyen fut suspcndu les dimensions primitives reparurent. (1) Ces particularitcs ont H6 i'tudiees dans ces derniers temps el avec beaucoup de soin par mon excellent ami le docteur Broca. (2) Je dois celte pi^ce a I'obligeance dc M. Guersant, chirurgien de I'hopital des Enfants. ME.M. 14 210 Le 27 d^cembre, M. Guersant cerna la tumeur entro deux incisions senii- ellipliques paralleles au grand axe du menibre. La plaie fut reunic par pre- miere intention an moyen do la suture encbevillee. ExAMEN ANATOMiQiE. — La peau, saine a la surface, montre les cicatrices du trajel des aiguilles, on y remarque une coloration brunatre legere, due sans doute a un dL'])ot plus considerable que de coutuine du [ligment cutane. Par sa face profonde la peau se continue sans ligne de demari-atinQ avec I'in- duration qui forme la tumeur; le derme est lui-meme 6paissi, mais on ne put I'isoler que par une dissection artificielle et en coupant des tractus filireux epais et forts qui vont se perdre dans la tumeur. Celle-ci n'est pas mieux circonscrite a sa circonference, son tissu se con- tinue evidemment sans ligne de demarcation avec la trame libreuse et adi- peuse du tissu cellulaire sous-cutane. Sur sa face profonde la production re- posait sur Taponevrose d'cnveloppe, ct elait un pen plus lucbement tissee. Cette tumeur comprend sans aucun doute toute I'^paisseur de la couche sous- cutanee, car on trouve a sa face profonde une portion de la veine saph6nc interne qui a ete resequde dans I'etendue de 2 centimetres environ. La coupe du tissu indure n'offre aucuue particularite remarquable, on n'y voit pas autre cbose que des pelotes de tissu adipeux renfermees dans des loges interccptces par des tractus fibi'eux tres-resistants, (5pais, blancs et entrecroises en divers sens, se continuant dune part avec la face profonde du derme, de I'autre avec les cloisons celluleuses du pannicule adipeux voi- sin. Ca et la on apercoit des points plus vasculaires que les autres ; mais ce- pendant les vaisseaux ne sent pas assez volumineux pour rappeler I'exis- tence antecedente d'une tumeur erectile. L'examen niicroscopique ne decouvre rien autre chose que du tissu adi- peux, du tissu elastique assez abondant, des faisceaux flbreux Ires-cohe- rents, et dans lesquels I'acide ac^tique montre quclques noyaux allonges et epai's; cnfin on retrouve des vaisseaux, des filets ncrveux, mais rien d'etran- ger aux elements analoniiques normaux de la region. L'liisloire de celte tumeur a structure si simple est fort intcressanle. Les divers traitements mis en usage montrent quellesout ete les hesi- tations du diagnostic. L'insucces des iodiques, des aiguilles cliaulTees a blanc, de la compression, s'explique fort bien dans riiypolhese d'une simple liypertropliie des elements du tissu cellulaire sous-cutan6. La maladie n'etait point dangereuse, point maligno, comme on dirait, et cependant elle ne devait point ceder a lous ces procedes, I'exlirpalion seule pomait en faire justice. Le m^ange des tissus fibreux et de la graisse, Tabsence de limitation de la tumeur, son adherence ii la peau 211 he donnaient aucun caractere tranche, ni des tumeurs fibreuses, ni des Jipdmes; une coloration Equivoque, uneapparence de reductibility, la congenialite, justitient un pen Fhypothese d'une tumeur erectile veineuse ; en un mot, en Tabsencc d'aucun caractere pathognorao- nique, le diagnostic devait elre ce qu'il a ete, c'est-a-dire incertain et vague. L'hypertrophie ditluse des elements du tissu cellulo-adipeux sous- cutane n'est point decrite dans nos livres ; c'est pour cela que je public ce fait, car c'est seulemenl lorsque I'on connaitra a fond, toute la serie possible de ces combinaisons patbologiques qu'on pourra eviter I'er- reur dans ces cas diliiciles. Le diagnostic par elimination sera moins hypotbetique et la tberapeutique mieux raisonnee. Combien de cas comparables passent inapercus parce qu'ils ne pa- raissent pas dignes d'etre mentionn^s, en raison de leur simplicity ! FiBRO-ADENOJiE LACRYMAL (1). (Pi^cc rcmisB par M. DenoQvillers, novembre 1853). Obs. G. — La turaeijr qui avail ete extraitc tie la cavite orbitaire offrait une longueur de 3 centimetres sur 2 centimetres en largeur et en epaisseur. EUe est ovoide, aplatie, termlnee a la circonference par unbord aminci et comme lobule, on y Yoit pcnotrer un nerf long et grele qui se divise en deux bran- ches, Tunc qui se perd dans la masse morbide, I'autre qui la contourneet a etc divisee. Le volume de ce nerf, sa bifurcation, ses rapports le font re- connailrc pour le nerf lacrymal, et prouvent en meme temps que le tissu pa- thologique siege reellement bien dans la glande a laquelle il s'est substitue. L'organe malade tient encore aux parties voisines par un faisceau cellulo- vasculairc tres-ricbe en veines. Lorsque tout le tissu cellulaire est enleve par la dissection, on reconnait en plusieurs points limitus de la circonference de la tumeur et surtout vers la partie interne I'aspect glandulaire normal ; on j etrouve quelques lobules bieu couserves avec leurs culs-de-sac et repitheliuni nucleaire qui remplit leur cavite. La plus grande partie de la masse est constituee par une vaste poche reve- tue a I'interieur d'une parol flbreuse qui represente sans doute la tunique fibreuse do la glande et qui, a sa face interne, est recouverte d'une couche pulpeuse, friable, impregnee d'un sue fdant, rougeatre quoiiiue transparent et semblable a de la lymphe plastique. Dans cette poche, dont la cavit6 resulte du travail de ramoUissement de la ^l) Le mot adenoine pourrait remplacer avantageuscment le mot d'hyper- tropliie glandulaire, qu'on a beaucoup critique dans ces derniers temps. 212 tumeur, flotte presque librement un gros lobule d'un tissu friable, qui no resiste ni a la pression ni au tranchant dii scalpel. Cette substance, qui adhere a peine a la parol, est d'un jaune rougeatre ; elle donne au raclage des debris tenus et du liqulde visqueux; niais point de sue cremeux et lactes- cent. Avant de proceder a I'examen microspique, il est ais^ de reconnalire la les caracteres du tissu fibro-plastique, et riiypotlicse du cancer no pent venir a I'esprit. On constate en elTet : 1° un tr^s-grand nombre d'elements fibro-plastiques libres ou faiblement colierents. Toutes les varietes y sont representees : noyaux libres ovoides, cellules ovo'ides ou prescpic sphdriques, cellules a noyau allongdes et fusiformes, corps fusiforuies sans noyau ou dans lesquels il est pen evident. Tous ces elements ont un volume assez considerable, ce qui parait commun dans les tumours (ibro-plastiques des glandes ; 2° la matiere pulpeuse qui tapisse la poche ou qui flotte en debris dans le liquide offre exactement la memo composition ; 3° ra et la on rencontre quelques noyaux d'epithelium de la glande melanges aux elements fibro-plastiques, ils sont isoles ou associes en petits amas en mosaique ; 4° il n'y a nulle trace d'eltments cancereux. J'ajouterai comme dernier detail queToperation parait avoir ^t^ complete, c'est-a-dire avoir enleve la totalite du mal. Mon desir n'etant pas d'etendre davantage les limites de cette simple note, je passe sous silence des fails nombreux et importants qui ren- treut naturellement dans I'histoire des fibromes. Si je voulais en effet (jlre coniplet, je devrais parlor encore: 1° des fibromes cicatriciels counus sous le nom cheloides; 2° des libr6mes des membranes mu- queusesdus a Thypertrophie du derme de ces membranes, et qui sont decrites sous Ic nom de polypes flbreux ou sarcomateux ; 3° d'une fornlation analogue dans les sereuses, les synoviales, les gaines ten- diueuscs, les bourses sereuses. L'hypcrtrophie circonscrite de laparlie libreuse dc ces membranes possede une rcmarquable tendance a se pediculor, et donne naissance a ces corps etrangers : du peritoine, de la tunique vaginale, des articulations ; puis a ces corpuscules pedicul(5s des gaines du poignet ou autres designees sous le nom de grains de riz, d'liydatides, et dont la formation est attribute a tort a des concretions albumineusesou fibrineuses. Toutes ces questions,duresle, sontdignes d'un examen special, et je compte publier un jour les r^sultats de mes recherches a cet 6gard. GANGRENE DU PIED ET DE LA JAMBE GAUCHES; DEPOTS FIBRINEUX MULTIPLES DANS LES REINS, LA. RATE, LE FOIE; ENGORGEMENTS HEMOPTOIQUES DANS LES DEUX POUMONS ; Observation lue a la Soci6tS de Biologie Par M. le Docteur CHARCOT. Obs. — La nominee Fromentin (Marie), ag6e de 86ans, autrefois jardiniere, est entree a I'hospice de la Salpetri^re le 17 d^cembre 1842. EUe est admise a rinfirmerie le 29 novembre 1852, service de M. Cazalis. 30 novembre 1852. Cette malade, vu I'affaissement de son intelligence, ne pent nous donner aucun renseignement sur le d^but de sa maladie actuelle. D^s son entree a I'infirmerie, ellc se plaint de douleurs vivos avec four • millemenls dans les deux membres infericurs, surtout dans le gauche qui pr^sente deja une diminution de chaleur tr^s-notable, et oil elle cprouve une sensation tr^s-p^nible de froid. Cependant le sentiment persiste dans ces deux membres ; la malade ne pent les mouvoir sans y eprouver une vive douleur, on n'y observe i)as d'oed^me, pas de changement de couleur des teguments. L'examen physique des divers organes n'y fait reconnaitre aucune lesion importante. Le cipur seul parait volumineux ; on y entend un double bruit de souffle assez doux, dont le maximum siege vers la pointc et qui ne se prolonge pas dans les vaisseaux du cou. Les battements y sont intermitlents, trfes-irreguliers, le choc peu ^nergique. Le pouls radial est •21'i tres-irregulier, et pr(5scnte des intcrmittences noinbreuses. Lcs deux artercs fdmorales, examin(5es dans I'cspace inguinal, paraisseut volumineuses, mais ne seuiLlent pas ossifiees. La Icmpcrature du corps est asscz (51ev(5c ; il n'y a pas cu, assurc-t-on, de frissons, pas de doulcur a la prcssion ou a la per- cussion, le long de la colonne vevtcbrale. Lc 5 decembrc, les douleurs dans les deux menibres infiTicurs et specia- lement dans lc gauche sont dcvenues progressivement extreniement vivos. EUes sont a pen pres continues, mais on observe qu'elles preseatent, vers sLx lieures du soir, une exacerbation Ires-manifeste. La peau du tronc devient plus chaude, le pouls est plus irr^gulier encore que par le passe. II se manifeste un peu de d(51ire et I'cHat adynarnique so prononce. Le membre inlerieur gaucbe a une temp6rature trfes-basse; il prend une coloration bleuatre, surtout sensible sur le dos du pied, mais qui gagne, dans I'espace de deux ou trois jours, toute I'ctendue des deux tiers in- f^rieurs de lajambe; on y observe en meme temps un peu d'empatement, qui conserve a peine I'impression du doigt. Les battements de I'artere cnirale gauche sont devenus moins sensibles que ceux de I'artere correspondante du cOte droit, lesquels ont cependant aussi un peu diminue d'inlensite. Une tache violacee apparait, vers la meme 6poque, au niveau do la malleole interne du pied droit. On ne pent toucher la jambe gauche sans que la malade pousse des cris violents; elle ne pcut elle-meme la remuer. Quand on pince la peau de ce membre, la douleur ac- cus(5e par la malade parait tr^s-vive, plus vive meme que par le passe. In- somnie et delire coutinus. Le 12 decembre, le dos du pied gauche, les deux tiers inferieurs de la jambe gauche ont une coloration uniforme violet fonct\ parseme ca et la de macules d'un rouge vif. Celte teinte violette se limite du c6t6 des orleils et du cote de la cuisse par un bord sinueux, mais uettemcnt tranche. Le mem- bre, qu'on n'a cess6, depuis rapparitiou de la gangrene, de recouvrir de compresses trempees dans le vin aromatique, et qu'on a continuellemenl mis en contact avec des vases remplis d'eau tiede, ne presenle pas une tempera- ture inferieure a celle du corps. La malade ne cesse de s'agiter et de pousser des cris, surtout vers le soir, tant est vive la douleur. Le delire continue. (Potion, depuis le 5 decembre : de 1 a 3 pillules d'extrait d'opium, de 0,05 chaquejour.) II y a toujours de la chaleur de la peau, une intermittence tr6s-prononc(5e des battements du coeur et du pouls ; pas de frissons, pas de devoiement. La langue est seche et recouverte d'un cnduit fuligineux. L*ai't6re crui'ale gauche ne prc^sente plus (lue des battements tr^s-faibles. Le 15 decembre, les douleurs dans les membres sphaccMes ont manifeste- ment diminue. Les pupilles sont tres-contractiles, les conjonctives tres-injec- t^es. 215 Mort le 17 decembre, a une lienre de raprfes-midi. AuTOPSiE. — Organcs circulatoires. — Lo aeur est Irus-volumineux. Lcylu- triculc droit est distendu par une gninde quantite do sang noir, comme pois- seux, a demi coagule. Ses parois ont une epaisseur normalu. Les valvules sent en bon etat. Le ccEur gauche est manifestcnient liypcrtrophie : les i)a- rois sont tr^s-epaisses -, la cavite contient un peu de sang noir a peine coa- gule. Les valvules lu'etrales sont legferement opaques; elles ne sont pas in- suITisantes. Les valvules sygmoides de I'aorte contiennent quelques concre- tions calcaires. La crosse de I'aorte prescnte aussi quelques incrustations. L'aorte descendante tlioracique, a part quelques plaques atberouiateuses, est, dans toute son etendue, saine. L'aorte abdominale, un peu avant sa bifurca- tion, dans rctendue d'un decimetre, est transfornice ea un tube resistant, os- seux, moniliforme; sa cavite ne contient pas de caillots. Les urteres iliaques primitives ne coutienneut pas de caillots, elles ne sont pas ossitiees ; leurs parois sont simplement blanches, opaques, cpaissies. L'artere crurale gauche elle-meme estlibre dans I'eten'due de 4- centimetres au-dessus de I'arcadc crurale. Plus has, cette artere, dont les parois sont simplement cpaissies et opaques, est remplie par un caillot noir, moyennement resistant, etadherant a peine a la membrane interne, qui presente une couleur violacee, mais qui est peu friable. •L'arlere tibiale antei'ieure gauche, dans ses deux tiers superieurs, prescnte le volume dune plume a ecrire d'assez fort calibre; plus has elle diminuc brusquement de volume, et devienttout a coup moitie moins grosse. Dans sa partie superienre, cette artere est remplie de caillots d'une coloration rosee, consistants et adherant assez intimement aux parois de l'artere, qui parait fortement distendue. En certains poiuts, I'adherence du caillot est telle qu'il est difTicile de le detacher. La membrane interne de l'artere presente une teinte rouge fonc(5e, et dans les points oil les caillots sont adiierents, on apcr- coit par transparence des plaques blanchaties qui paraissent sous-jacentes , mais pas de v6ritables plaques calcaires. D'ailleurs, la membrane interne est friable, nuiis elle n'est ni ulcer^e ni meme erodee. Les autres membranes arterielles sont imbibees de sang et friablcs, mais pas autrement alterees. Plus has, dans la portion de l'artere qui a conserve son calibre, on renconh'c un caillot noir, peu consistant, et n'adherant nidlement aux parois arte- rielles. Les art^res tibiale posterieure et peronnifere pr^sentent des alterations analogues. Les grosses veines du membre sphacc^^le, la veine f(5morale elle-meme et les veines d'un calibre moyen, sont fortement dislendues par du sang noir a demi coagule. Toutes les parties du membre inf(5ricnr qui correspondent aux points oil 11 existe une coloration violacee ecchymotique, sont inliltrees par une sorle de 216 sanie brunatre, qui s'6coule quand on les divise. Les muscles, eu parliculicr, ont une teiiile pale et leur tissuest ramoUi. L'artdre crurale du c6tu droit est rcmplie par un caillot analogue a cclui qu'on rencontre dans I'artere correspondanlc du cOte gauche. Les poumons sont congestionnes ; ils rcnferment ra et la, surtout au voi- sinage de lours bords anterieurs, dcs noyaux durs, du volume d'un oeuf de pigeon, d'une coloration noire foncec, d'une structure grauuleuse dont les bords sont bien arret^s (apoplexie pulmonaire). La rate est tres-(5paisse ; clle presente 10 centimetres dans son petit diam6- trc. Son tissu s'^crase facilement par la compression, ct laisse alors s'ecouler une boule d'un brun noiratre. Get organe pr(5sente, vers son bord superieur, un noyau d'une coloration jaune rougedtre, de 2 centimetres de diametre en- viron dans tous les sens, dont les bords sont nettcmcntlimites, etqui tranche vivement, par sa coloration, sur la teintc violet fonce du restc de I'or- gane. Reins. — Un trt-s-grand nombre de noyaux analogues a celui qu'on a vu dans larate.ct de divers volumes, se montrent dans les deux reins. Cos deux or- ganes sont, en outre, un peu ramollis. Leurs plus gros vaisseaux contiennent beaucoup de sang noir; on remarque aussi une infiltration sanguine, tr{;s- prononcee et d'une teinte noire, dans le tissu propre du rein, infiltration surtout evidente au pourtour des noyaux fibrineux decolorL^s. Le foie est volumineux, d'une consistancc un peu molle, d'une coloration foncee. II laisse ecoulcr beaucoup de sang noir quand on I'incise. II renferme ca ct laun certain nomhre de noyaux ou plaques fibrineuses analogues a celies qui ont 6t6 signales dans les reins et dans la rate. Mais ces noyaux sont ici moins bien delimites, et ilsne consistent qu'en des especes de taches. Les autres organes n'ont rien presente qui raeritat d'etre not(5. Les turacurs multiples qui ont ete reiicontrecs dans les reins, la rale et le foie de cettc inalade etaient composees, ainsi que nous I'a demon- tr6 I'examen microscopique, de tibrine amorphe ct de nombreuses granulations moleculaires ; elles ne contenaient pas de globules puru- lents. Tout nous porta a croire qu'elles ont etc le resullat d'h(^morrha- gies parenchymateuses. Quelqucs-unes d'entre elles contenaient, en effet, outre la librine amorphe ct les granulations, des globules du sang, parfois en grand nombre, et presenlant divers degres d'altera- tion. 11 est trcs-vraisemblable que les engorgements hcmoptoiques cir- conscrits que renfermaient les poumons se fussent eux-raemes dt^co- lores a la longue, par suite de la disparition des dements culores du sang, si lamalade eut pu resister plus longtemps a raffeclion a laqueile elle a succomb6. Nous avons vu, dans une autre circonstance (Comptes 217 RENDUS ET MEMOIRES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE, t. Ill, p. 91, 1851), de semblables noyaux fibreux dissf^mines dans divers visceres, coexister Chez un meme individu avec des foyers bcmorrhagiques sous-sereux, sous-muqueux, etc. Dans ce dernier cas, quelques-uns de ces noyaux s'etaient ramollis a lour centre, transforme des lors en une masse demi-liquiiie, d'une consistance coinme crenieuse et d'une couleur jaune verdatro. On ciit pu croire qu'il s'agissait lii de foyers purulents multiples, si Ton se fut contente d'un examen superficiel. L'examen microscopique est venu demontrer que la matiere liquide n'^tait pas formee de pus, mais bien de fibrine desagregee et de globules que nous designions alors sous le nom de globules pyo'ides, mais qui, sui- vant toute probabilite, n'etaient autres que des globules blancs du sang. II parait que ces globules resistent beaucoup plus longtemps a la destruction qui s'empare tot ou tard des elements du sang sortis des vaisseaux, que ne le font les globules rouges. Dans I'observation que nous rapportions en 1851, et que nous rap- pelons ici, le malade, atteiut de rhumatisme articulaire aigu, avait sucombc a la suite d'une affection cerebrate amarche aigue, et carac- t^risee surtout par du subdelirium suivi do coma, et une paralysie bien marque-e de tout le cote gauche clu corps. On trouva, lors de la necroscopie, outre les depots fibrineux visceraux multiples et de noni- breux caillots hemorrhagiques, un ramollissement de la substance cerebrate au voisinage des couches optiques et du corps strie du cote droit, et dans le coeur des vegetations fibrineuses, siegeant sur les val- vules milrales, qui etaient d'ailleurs comme ulcerees a leur bord libre. A cette epoque, les accidents qui ont determine la mort de ce malade etaient pour nous inexplicables. Nous penchions a croire qu'on pou- vait comparer les affections locales qui ont ete trouv^es a I'autopsie, a celles qui se reucontrent chez les sujets qui succombent a la morve aigue, al'infection purulente, et a d'autres maladies dites g^n^rales. Les observations qui ont quelques rapports analogues a la.note publiee, il y a longtemps, par M. Legroux, Allibert etDuplay (1), auraient pu alors nous servir de terme de comparaison; mais il n'y etait pas fait mention des d6p6ts iibrineux multiples qui fixaient surtout notre at- (t) Legroux, Tlifeses de Paris, 1827, n° 215. Allibert, Theses de Paris, 1828, n° 74. Duplay, Archiv. general, de medec, t. I, 2^ s^rie, 1833, p. 177, 178, etc. , etc. 218 lentioa. lyint^ressants travaux qu'on doit a des inOdecins Strangers, (3t dout les plus iniportants soot, sans conlredil, ceux du prof. Vir- chow (1) et du docteiir Senhouse Kirkos (-2), sent voniis dans ces der- iiiers temps jeter delluilivemeut quelque luiuiere sur ce genre d'affec- lion, quil n'est sans doute pas tres-rare de rencontrer dans la pra- tique. Ces travaux tendenl ii faire admettre que des parcelles de matiere alheromateuse, des fragments de plaques osseuses arttjrielles on de vegetations valvulaires desagregees, peuveul se detacher sous I'in- fluence de causes mecaniques ou autres, etre entraines au loin par le courant sauguin, s'arreter par la suite dans les vaisseaux Irop etroits pour leur donner passage, les obturer plus ou moins completement, el determiner ainsi, suivant le lieu ou ils se lixenl, la production des depots fibrineux visceraux multiples, de gangrenes des organes pro- fonds ou des membres, de certaines especes de ramoUissement cere- bral, etc. Cette theorie est fort ingenieuse , elle pent rendre compte d'un certain uombre de faits qui, sans elle, trouveraient difQcilement leur explication; mais il est, et il sera toujours fort difficile, quelque soin qu'on apporte dans ce genre de recherche, de retrouver, au mi- lieu des caillots qui les enveloppenl, ces particules tibrineuses, athe- romateuses ou osseuses qui, vtotables corps etrangers meles au sang et circulant avec lui, viendraicnt determiner I'occlusion des vais- seaux. Leur existence, cependant, a pu, assure-t on, etre demontr^e quelquefois deja, a la suite d'une investigation minutieuse. Quoi qu'il en soil, les observations sur lesquelles sappuie la partie purement descriptive des travaux dont il vient d'etre question, eta- blissent plusieurs faits imporiants; ainsi elles font voir: 1° que ces dep6ts fibrineux multiples des reins, du foie, mais surloul de la rate, se rencontrent assez particulierement cbez des individus qui pendant la vie ont presenters signes d'uue affection organique du coeur, et Chez lesquels, apres la mort, on a trouvci les valvules sigmoides de I'aorte ou mitrales recouvertes de vegetations fibrineuses qui souvent (1) Virchow-Traube's Beitrage z. Exper. pathol. v\n piiysiol. , 1846, Hfit 2 , g I. — ExiVDBUCH DER SPECIEL. PATHOL. UND THER.\p., Erlangcn, 1854, Bd. 1. H. I. S. 157, etc. (2) Senhouse Khkes (Med.-chir. trans., 1852, vol. XXXV, p. 281, etARCU. GEN. DE MKD. , 1853, mars, p. 279). 219 paraissaient ramollies ou comme dechiqueWes. Cette coexistence fr(5- quente des deux alterations a ete remarquee par un assez grand nombre d'auteurs (Rokitasnky, Hodgkin et Jackson (de Boston), On a PARTICULAR DERANGEMENT OF THE SPLEEN, in MeDIC.-CHIR. TRANS.; London, 1846, V. XXIX.— Virchow, loc. cit.; Kirkes, loc. cit. et autres). Nous I'avons rencontr(5e nous-meme dans uu assez bon nombre de cas. 2° L'obliteration des arteres volumineuses avec ou saiis gangrene des membres et le ramollissement cerebral s'observent quelquefois, soit isol6rnent, soit simultanement, en merae temps que les depots flbri- neux el les h(5morrhagies interstitielles, ainsi que Font vu les auteurs que nous venons de citer et d'autres encore. 3° 11 arrive parfois aussi que les premieres de ces alfections locales soient les seules qui coexis- tentavec les v6g6tations flbrineuses valvulaires, et que les depots fibri- neux fassent defaut ou dumoins passentinapercus. (Pioch , Gaz.Med., aout 1847, n° 34.— Tiiffnel, Durlin quarterly rev., v. XV, 1853, p. 371.) 4" Enfin il pent arriver encore, entre autres combinaisons possibles, que les vegetations valvulaires manquent et que les depots fibrineux el Foblit^ration d'une artere volumineuse, suivie de gangrene d'un membre, existent seuls. G'esl ce qui avail lieu chez la malade qui fail I'objet de notre communication. Nous pourrions a la rigueur supposer que chez cette malade quel- ques fragments des plaques osseuses qui existaient a I'origine de I'aorte el a sa terminaison ont et6 detach^es par une cause quelcon- que et ont determine la coagulation du sang dans les arteres de la jambe gauche et aussi la production des hemorrhagies multiples et parenchymateuss; mais ce' sefaitlatine bypothese purement gratuite; car, malgre un examen assez attentif des parties, nous n'avons rien rencontre qui soit de nature a la iustifier. D'un autre cole, les details de I'observation ne nous permeltent pas de croirc que Finllammation, ou tout autre affection des arteres du membre inlerieur gauche, aienl exists primitivemenl et aienl provoqu6 la formation des caillots qui obliteraienl ces vaisseaux. Les caillots se soul formes d'abord, el I'ar- lerite, si toulefois elle existail reellement, s'est developpee ensuile. Nous ignorons quelle a pu etre la cause premiere de cette coagula- tion sponlanee du sang dans les arteres des membres inf6rieurs. La rigidite des parois de I'aorte abdominale a sans doute favorise son action, mais elle n'a certainement pas ete Ic point do depart de tons les accidents. 11 nous semble que cette cause quelle qu elle soit devra 220 rendre compte, nou-sculcraent de la gangrene qui a frappe un des membres, mais encore do la presence des depots fibrineux el des h(i- morrhagies circonscrites disseminees dans plusieurs visceres. Un pourrait peut-etre admeltre qu'elle n'est autre qu'une modifica- tion survenue dans les proprietes plastiques du sang, et supposer que ce liquide a acquis une tendance particulicre a la coagulation ; mais d'oii provicndrait cette alteration du sang? Serait-elle primitive, ou au contraire faudrait-il la subordonner a une affection des organes? Ce sont la des questions que nous ne pouvons point aborder pour le mo- ment; qu'ii nous sufflse dc faire remarquer que la gangrene spontant^e des membres n'est certainement pas toujours une affection toute lo- cale, et qu'il est des cas oil elle n'est, ainsi qu'on le voit par I'histoire de notre nialade, qu'une des manifestations d'une affection qui, des I'origine, frappe a la fois plusieurs points de I'^conomie. A I'appui de cette maniere de voir, rappelons que dans des circonstances oil la ma- ladie affecte une marche tres-aigue, I'apparilion de la gangrene est parfois pr^cedee pendant plusieurs jours, ainsi que nous I'avons vu en particulier tout recemment, chez un homme age de 26 ans, par des accidents gen6raux graves a forme typhoide. NOTE SDR LA COMPOSITION DES GAZ QUI INFILTRAIENT LE TISSU CELLULAIRE DANS CM CAS U'AVFECTIOM CHABBOWNEUSK: CHEZ I^'HOMIWE, ET SUR LEUK ANALOGIE AVEC LES GAZ DES MARAIS ; lue 4 la Soci^t6 Par M. le Docteur GUBLER, Professeur agrege i la Faculte de medecine de Paris , Medecin dc I'liupital Beaujoii. Le developpement spontane de gaz dans I'dpaisseur des tissus et des parenchymes, pendant la vie, est un phenomcne qu'on a rarement I'occasion d'obsorver : aussi la nature des produits gazeux qui pren- nent ainsi naissance est-elle encore fort pen connue. Leliasard m'ayant fait rencontrer, en 1851, un cas de ce genre, j'en ai profite pour faire analyser les gaz que j'ai pu me procurer. Rapprochee du fait patholo- gique qu'elle completait, cette analyse devait oil'rir plus d'interet, el j'en aurais depuis longtemps communique les rfeultats, si I'observa- tion recueillie sous ma direction n'avait pas ete publiee a mon insu. Mais cette analyse, Lien qu'isolee de I'liistoire de la maladie, n'en conserve pas moins une valeur r^elle. Une autre consideration d'ail- leurs m'engage a la faire connaitre; c'est qu'elle a 6t6 faite par un chimiste dont nous deplorons la perte r^cente, par M. Quevenne, a qui mon amitie veut rendre cet hommage. 222 Void d'abord un apercu de I'liistoire de la maladie : Bans les premiers jours du mois de septembre 1851, on apporta k I'hupital Sainl-Louis, dans le service de M. Cazenavc dont j'elais pro- visoirement charge, un homme ademi asphyxia par suite d'ungonlle- ment extreme de la region du cou et de la face. A son aspect violac6, a I'existence surtout d'une crepitation gazeuse sous-cutan6e, je jugeai que nous avians affaire a une inflammation de mauvais caracterc. Ce- pendaut je nen trouvais pas le point de depart a I'exti^'rieur ; mais I'exploration de la gorge, rendue tres-difflcile par I'enorme tumefac- tion de la langue, me fit d6couvrir sur le fond du pbarynx une plaque gangr6neuse noiratre. Des lors mon diagnostic etait presquelixu : il s'agissait d'une affection charbonneuse. Cela devenait d'autantplus probable que le malade etait un ouvrier encrins(l). Gemalheureux ue tarda pas a succomber k son asphyxie croissante, offrant d'ailleurs une 6norme tumefaction crepitante de tout le corps. Je ne relaterai pas ici les details de I'autopsie qu'on trouvera d'ail- leurs cousignes dans la Gazette des H(5pitaux de ce temps-la. 11 me suffira de dire que tout le corps etait enormement gonfle et crepitant comme an moment de la mort. Je voulus recueillirune partie de ces gaz, et j'y parvins de la ma- niere suivante : Des fioles a medecine, prealablement remplies d'eau, etaient renver- s6es au dessus des piqiires que nous avions pratiqu^es dans la peau des membres on du tronc, et tandis qu'une personne tenait une fiole en I'inclinant tres-legerement de maniere a perraettre rtcoulement du liquide a mesure que des buUes de gaz viendraieut en [jrcndre la place, d'autres personnes pressaient sur les regions voisines de la petite plaie pour refouler les gaz infdtres dans le tissu cellulaire et les forcer a s'echapper par Tissue qui leur etait ouverte. A mesure qu'elles appa- raissaient au dehors, les buUes gazeuzes moutaient au travers de I'eau dans Fintericur de la Hole et en gagnaient le fond qui etait la partie la plus elevee. Quand le flacon 6tait aux deux tiers plein de gaz il 6tait (1) On salt que le crin apport6 des provinces argentines rec^le et transmet quelquefois, a Paris, aux ouvriers qui le Ivavaillent, les a/Tcctions conta- gieuses dont les chcvaux cux-memes etaient atteiuts. Chose remarquable, ces depouilles animales conservent ainsi plusieurs amines a letat d'intcgrite des virus dont rinoculation est tres-redoutable. 223 renverse rapideraent, bouch6 au plus vite ot cachete. Je pus r^unir de cette maniere unc ijuaulile suffisante de ces iiaz pour en faire exeeu- ter Fanalyse par mon regrettable ami M. Queveniie. Voici la note tex- tuelle qu'il m'a fournie. GAZ REMIS PAR M. GUDLER. Una petite portion de ce gaz agit^e avec la solution d'ac(5tate de plomb ne colore nuUement celle-ci {point d'hydrog^ne sulfure). D'ailleurs le gaz senti en petite quantite n'offrait point d'odeur pro- nonc(5e quelconque. La totalite dugaz agitee dans une fiole de forme cylindrique avec de I'eau debaryte, celle-ci est fortemenl troubleepardestloconsblancs, et apresun contact sufflsamment prolonge on constate qu'il y a eu une diminution equivalente a un dixieme environ du volume [acide carbonicjue) . L'orifice de la fiole approcb^ alors de laflamme d'une bougie, le gaz restant s'est entlamm^ sans detonation et a brul6 avec une flamrae jaunatre, terne, peuvive etde courte duree [liydrog^ne carbon^). Ainsi : 1° Point d'hydrogene sulfur6 ; 2° Environ un dixieme d'acide carbonique ; 3° Le reste du gaz surtout compose d'hydrogene carbon^. 12septembre 1851. Quevenne n'a pas fait d'experience speciale propre a d6cder la pre- sence de Fammoniaque; mais il avait I'odorat si fin et si exerce que certainement I'odcur de ce compose ne lui aurait pas echapp6 s'il s'6tait trouve a I'etat de liberte apres Faction de Feau de chaux. L'azote ne figure pas non plus dans cette analyse, bien que son existence soil probable. En eifet, il est dit que la flamme produite par la combustion de Fhydrogene carbonc a (5te pen vive et de courte du- ree, ce qui n'aurait pas eu lieu si les neuf dixiemes du gaz restant avaient et6 constitues entierement, ou presque entierement, par le gaz combustible : il devait done y avoir en meme temps une assez forte proportion d"un autre gaz qui etait vraisemblablement de Fazote (1). Au reste, cela importepeu : ce qui m^rite surtout de fixer notre at- (1) Peut-etre aussi s"etait-il iutroduit accidcntellemeut un peu d'air atmo- spht^rique. 224 * tention dans cette analyse, c'esl lout a la I'ois I'absence d'acide sulfhy- (Irique et la prt^sence du carburc d'liydi'ogono. Le premier ctait un protluil constant (le la putrefaction dos matirros aninialos; on devait s'attendre a le rcncontrer ici, et pourlant Pacetate de plomL n'en a pas accuse une trace ; ce qui peut faire supposer, ou bien qu'ayant pris naissance d'aborden meme temps que les autres gaz il s'etait ensuite dissimule dans de nouvelles combinaisons, ou bien qu'en realile il ne s'en etait jamais forme, sans doute parce que la Ffrmentation s'etait ^tablie aux di^pens de principes immediats incapables d'en foiirnir. Quant a I'hydrogene carbone, que son origine sp^ciale a fait designer aussi sous le nom de gaz des marais, n'est-il pas bien singulier de le trouver parmi les produits de la putrefaction des substances animales? J'avoue que cette particulaiite m'etonne nioins qu'un autre par suite des id^es que jc mesuisfaites sur rorigine des Emanations miasma- tiques des lieux marecageux. En general, on enseigne que ces emana- tions proviennent de la d(^composition des plantes palustres, et Ton ne parte gueredes matieres animales qui les accompagnent, ou du moins on n'attacbe aucune importance aux produits de leur putrefaction. Cette maniere de voir nous parait sujette k contestation. Ce qui a pu induire en erreur les bygienistes, c'est probablement la nature des gaz que les chimistes leur out appris a constaler dans I'eau des marais, lesquels se rapportaient par leur composition bien plus au regne ve- getal qu'a I'autre regne organique. Les carbures d'hydrogene, Facide carbonique sent en ellet les pro- duits ordinaires de la decomposition des substances bydrocarbonees, taudis que Tacide sulfhydrique et Tammoniaque caracterisent les sub- stances azotees de nature animale. Mais nous venous de voir que, dans telle circonstance determinee, I'acide carbonique et I'liydrogene car- bone peuvenl etre les seuls gaz d6velopp6s par une sorte de fermenta- tion putride dans lesein d'un organisme animal : il ne faut done pas faire de leur presence ou de leur predominance dans I'eau des marais le caracttire a I'aide duquel on peut affirmer que ces eaux doivent leur insalubrite a la decomposition des substances vegetales. Cela peut 6tre, mais cela n'est pas suffisamment d^montre. Ajoutons que des consi- derations de diverses sortes nous porteraient au contraire a attribuer une large part d'influence a la putrefaction des matieres animales. iN"a-t-on pas signal^ dans les lieux mar(5cageux I'existence de cet hy- drogene phosphore sponlani^ment indammablc, qui peut donncr I'ex- 225 plication des feux foUets et qui prend naissance aux ddpens des ma- tieres animales? Alarigueur, d'apres ce qui precede, nous scrions autorise arattacher k cette origine las gaz des marais pris dans leur ensemble. D'un autre c6te, il ne serait pas difficile d'etablir que les matieres animales qui croupissent dans le fond des marecages sont tout aussi abondantes que les debris vegetaux eux-memes : la faune des lieux palustres ne le cede pas en richesse a la flore de ces memcs regions. Si les plantes out de plus grandes dimensions, en revanclie les animaux sont plus nom- breux ; il y a compensation. 11 suffitderappeler ces myriades de mol- lusques, d'insectes, decrustac^s, de zoopbytcs, d'infusoires, etc., dont les generations (5phemeres pullulent dans I'interieur des eaux slag- nantes, pour comprendrede quelle importance doit elre dans la ques- tion I'intervention de ces etres dont les dejections s'entassent, dont les cadavres s'accumulcnt et se dissolvent incessammcnt dans la vase. Les efTets dangcreux de I'introduction d'un courant d'eau fluvialo dans les marais-gats, ou, d'une maniere plusgenerale, rinlluenco per- nicieuse d'un melange accidentel d'eau douce et d'eau saumatre, con- stitue encore un fait favorable a notre opinion, puisqu'il s'expliquo tout naturellement par la raort rapido de la plus grande partie des animalcules qui peuplaient I'cau de mer et qui ne peuvent vivrc dans une eau moins sal(5e. Nous en avons ditassez pourmontrer que si I'opinion vulgairemont accreditee au sujet de rinfluence presque exclusive des emanations v^gelalcs dans les affections marematiques n'cst pas lout a fait erro- nee, ollc est da moins fort oxagerec. Revenons maintenant a noire fait patbologique dont cette digression nous a bcaucoup eloigne. Les amiales de la science ne renferment pas un seul cas identique a celui que j'ai observe : celui qui s'cn rapproclie le plus a etc commu- nique autrefois a I'Acaderaic de medecine (1), par M. Bally, sous le titre (Temphyseme general forme par un gaz combustible ; seulement dans ce cas on trouva, avec les lesions de la lievre typhoide, des gaz jusque dans les vaisseauxet les ganglions mesenteriques. Mais leduide s'enflammait aussi, faisait meme explosion au contact d'un corps en ignition: il renfermaitpar consequent de I'liydrogene carbonuetpeut- etre de I'hydrogene libre. (1) Seance du 14decembre 1830. MEM. 15 226 On a observe aussi des gaz dans le tissu cellulaire autour des tu- meurs du charbon ct de la pustule maligne, ou dans certains visceres ct particulierement dans leurs vaisseaux lympbatiques et vcincux; seulemcnt dans ccs cas remphysenie etait Ires-circonscrit et personne n'a chcrclie jusqu'ici a savoir par quels gaz il elait constilue. Je suis porte il penser que ces gaz pourraient bien etre les memes que ceux dont nous avons otabli I'existence dans notre fait. II n'est pas tres- raro, par exemple, d'en observer dans le foie, soit par Ic fait de cer- taines maladies, soit comme consequence de la decomposition cadave- rique : ici, la presence de I'acide carbonique et de Ihydrogene carbone n'aurait rien que de tres-naturel en raison de la forte proportion de glycose que la glande hepalique renfcrme. M. Rayer, a I'occasion de notre communication, nous a fait part d'un fait qui aurait une grande analogic avec celui que nous avons observe : c'est celui d'une affection g^n^rale de mauvaise nature dans le cours de laquelleil survint ^galement un emphyseme general considerable. 11 est a d^sirer que, dans I'avenir, les cas semblables soient observes et analyses avec soin, pour arriver a la solution de differentes ques- tions interessantes qui s'y rattachent. M. Bally a exprime Fopinion ingenieuse que la presence de ces gaz pourrait bien expliquer les combustions spontanees : il faudrait prea- lablemcul en avoir demontre I'existence chez ceux qui succombent a cet accident extraordinaire. Les gaz acide carbonique et hydrogene carbone sont-ils le produit d'une secretion ou d'une decomposition putride? Sont-ils les seuls qui prenncnl naissancc dans les conditions indiquees? Aux depens de quels composes organiques se forment-ils? Ont-ils une part quelconque dans les syrapt6mes gen^raux de la maladie? Telles soul les principales questions que nous suggere le fait dont nous avons eie temoin a I'hopital Saint-Louis. Nous nous contentons aujourd'hui de les signaler comme aulant de desidtrula de la science. RECHEKCHES SDR LA STRUCTURE DES AMYGDALES ET DElit GLAiVIIEll* SITIJEElS jSVR L,A BASE DE LA LAilGVE lues a la Societe de Biologie, le 24 novembre 1855, Par.M. le Docteur G. SAPPEY, Menibre titulaire de la Societe. 1" GLANDES DE LA BASE DE LA LANGUE. Ces glandes ont ete consider^es par la plupart des auteurs comme de simples follicules. Quelques anatoraistes cepeudant les ont compa- r6es aiix glandes acineuses : telle est, en effet, la classe a laquelle clles apparliennent; mais elles fornient, dans cette classe, ime petite tribu a part. Le conduit excr^teiir des glandes en grappes ordinaires offre une disposition ramesccnte ; celui des glandes plactes a la base de la lan- gue se presente sous I'aspect d'un petit follicule dont la partie pro- fonde constitue au centre de chacune de ces glandes une veritable ca- vity. An tour de cette cavit6 centrale se trouvent groupies des glandules acineuses qui versent sur ses parois le produit dc leiir secretion. Tou- tes ces glandules sont iudependautes les uncs des autrcs. Lour conduit 228 excrdteur est mince, pale, transparent, extremement court et, par suite, tres-difficile a dislinguer. Le nombre dcs glandules inhtirentes au meine foliicule varient de trois a huit. Lorsqu'elles sont peu nom- breuses, elles s'etalent, pour ainsi dire, sur la surface exterieuro de ce foliicule, de maniere a le recouvrir en totalite, en se juxtaposant par leurs bords voisins. Lorsque leur nombre augmente elles s'allongent, deviennent plus ou moins perpendicuiaires aux parois de la cavit6 centrale, et ne correspondent alors h celles-ci que par leur extremity terminale. C'est dans ce cas seulement qu'on pent reussir ii distinguer leur conduit excreteur. Ce mode de conformation des glandcs linguales nous montre a la fois ce qu'il y a d'erron6 et ce qu'il y a d'exact dans les deux opinions t'mi?cs sur leur structure. Les auteurs qui les ont considerees comme de simples follicules n'avaient observ6 que leur partie centrale ou fol- liculiforme. Les anatomistes qui les ont rangees dans la classe des glandes acineuses ordinaires semblent n' avoir observe que leur partie peripbericiue, dont I'aspcct rappelle en elTet parfaitement celui des glandes lacrymales, parotides, sous-maxillaires, etc.; mais ilsont me- connu la cavit6 creus^e dans leur centre, cavit6 qui constitue pour elles un veritable reservoir, et qui les distingue de toutes les autres glandes de la memo classe. Ainsi, les premiers n'avaient apercu quece reservoir; les seconds n'avaient remarqu6 que les glandules groupees sur la peripheric de celui-ci. Pour arriver a I'expression complete de la verite, il faut done, en quelque sorte, emprunter aux uns I'or- gane qui secrete, et aux autres Forganc qui recoit le produit se- crete. Ce produit est un mucus extremement visqueux. Durant I'intervalle des repas, il s'accumule dans le reservoir creuse ail centre des glandes linguales; au moment de la dOglulition, le bol alimcnlaire, en comprimant de baut en bas tons ces reservoirs, ex- prime une petite quantile de leur contenu, et humecte ainsi lui-meme, par le simple fait de son passage, le plan incline sur lequel il glisse. Lorsque I'orilice destine a, transmettre au dehors ce produit de secre- tion vient a s'obiiterer, le mucus s'amasse en quantit6 plus ou moins considerable dans le reservoir de laglandc : telle paralt etre I'origine de ces kystcs, qu'on observe quelquefois a la partie la plus iuferieure de la base de la langue, au voisinage de I'os hyoide. 229 2° AMYGDALES. Les amygdales presentent, sur leur face interne, hiiit adix on douze oriDces extremement variables dans leur forme, leurs dimensions et leur situation respective. La plupart affectent la figure d'une fente ou d'un ovale, d'autres celles d'un triangle, d'autres celles d'un cerclc. Les plus petits n'of- frent pas moins de 1 millimetre de diametre ; les plus grand ne d6pas- sent pas, en g6n6ral, un demi-centimetre. lis peuvent etre reguliere- ment r^partis ; mais le plus souvent on les trouve rapproch(!'s sur cer- tains points et espaces sur les autres; dans quelques cas assez rares ils se reunissent tons en un seul groupe, et formcnt alors une sorte de pomme d'arrosoir a contour circulaire ou elliptique et a surface plus ou moins deprimte. La cavite qui leur succede presente des parois extremement in^gales, ct des dimensions tres-variables; tant6t elle est limitiie a la surface de Forgane; tantot elle s'etend jusqu'a son centre et memo jusqu'a sa surface externe. La masse entiere des amygdales se compose de la reunion de toutes les parois qui circonscrivent ces cavites. Le probleme de leur structure consiste done a determiner les elements qui cntrent dans la composi- tion de ces parois, et le mode d'arrangement ou la situation respec- tive qu'ils presentent; or, ces elements sont les suivants : 1° une mem- brane muqueuse qui revet exactement toutes les saillies ct tonics les depressions des cavites des amygdales; 2" des glandes; 3" des ar teres et des veines; 4° des nerfs; 5<> du tissu cellulaire ct un petit nombre de cellules adipeuses. Je m'occuperai seulement de deux de ces eliJments, de I'element muqueux et de I'^lement glanduleux. 1" Muqueuse amygdalienne. — Continue en arriere, en avant et en haut avec la muqueuse palatine, en bas avec la muqueuse linguale, cette membrane s'applique exactement a la face interne de I'amygdale, et lui adhere en general d'une maniere intime. Au niveau des orifices qui conduisent dans les cavites de la glande et sur les parois de ces cavites elles-memes , elle n'est pas moins adherente. Sa partie exte- rieure ou sus-amygdalienne est legerement rosce. Ses prolongements intra-amygdaliens offrcnt une couleur d'un gris pale ou cendr6. L'(itude comparative des glandes situees a la base de la langue et des amygdales demontre done que la muqueuse qui leur correspond offre la memo disposition dans les unes et les autres ; cette disposition est 230 seulement plus simple dans les premieres, plus compliquee dans les secondes. Sur quelques-unes des glandes situdes a la base de la langue, on Yoit la muqueuse linguale s'avancer jusqu'au centre de leur surface libre, se dcprinier dans ce point pour p(5netrer dans leur tpaisseur et lormer une sorte de rollicule plus ou moins etroit ii son embouchure. Sur d'autres, particulierement sur celles qui occupent le voisinage des amygdales, elle remonte aussi sur leur face libre, puis se d^prime presque aussit6t, et donne ainsi naissance a une cavitc si largement ou- verte que cette cavite perd I'aspect folliculiforme pour prendre celui d'un segment de cylindre. Sur les amygdales la muqueuse non-seule- ment se deprime pour former autant de cavit6s dans leur (5paisseur qu'elles presentent de trous a leur surface interne, mais elle revel toutcs les saillies extremement in^gales qu'on observe sur les parois de ces cavites. Dans loutes les glandes situees surlepourtour de I'islhme du gosier, elle penetre en un mot jusqu'a leur partie centrale oil elle se termine par une dilatation. Que cette dilatation soil raoins pronon- cee dans certaines glandes linguales, qu'elle lesoit plus dans d'autres, qu'elle le soil plus encore dans les amygdales oil les prolongements de la muqueuse ferment de larges cavites anfractueuses dont les parois se depriment elles-memes sur une foule de points en cavites secon- daires, qu'importent ces modiflcations de detail? La disposition gene- rale reste evidemment la memo. 2° Glandes des amygdales. — La plupart des anatomistes n'ont vu dans les amygdales qu'uae rc^union de grandes cellules dans chacune desquelles viendraient s'ouvrir un nombre indetermine de follicules. Mais la structure de ces glandes est beaucoup plus compliqute; ce ne sont pas de simples follicules, en effet, qui versent le produil de leur secretion dans les cavites ou cellules amygdaliennes ; ce sont des glan- des acineuses. Ces glandes sont situees dans I'^paisseur de la muqueuse qui tapisse les parois de ces cavites. Elles sont si multipliees qu'elles forment sur toutes les parois une couche continue. On pent les observer sans les avoir pr^alablement soumises a Tiufluence d'aucun r6actif ; mais leur etude devient en general plus facile lorsqu'elles ont macer6 vingt-qua- Ire ou quarante-huit heures dans I'acide ac^tique. Les acini qui les constituent sont arrondis, serres les uns centre les aulres et revetus a leur face interne ou concave d'un 6pith61ium nucleaire. Leur conduit excreteur est extremement court, mince, pale et iransparent, en sorte 231 qu'il disparait en general sur le fond un pen sombre de la preparation; ce n'est jamais qu'avec beaucoup de peine qn'on parvient a constater sa presence. L'orilice par leqnel chaqiie conduit s'ouvre sur la paroi qui lui correspond ne peut etre vu ni h Frcil nu ni a I'aide d'une loupe. Le liquidc secrete par les amygdales differe tres-notablement de ce- lui qui provient des glaudes linguales et des glandes du voile du pa- lais. Nous avons vu que ce dernier est un mucus extremement vis- queux. Celui des amygdales Test a peine. 11 serait bien a desirer que I'analyse chimique nous donnut sur sa nature et ses usages des notions plus satisfaisantes que celles que nous possedons. On le trouve pres- que constammeut niele a des grumeanx d'apparence et de consistance caseeuses. G'est dans les cavites les plus profondes et les plus anfrac- tueuses que sejournent ordinairement ces noyaux caseiformes pris quelquefois pour des d(5bris de matiere tuberculeuse. lis sont constants et toujours multiples, meme dans les amygdales en apparence les plus saines. Ne pourrait-on pas les consid^rer comme autant de corps strangers? Et ces corps strangers seraient-ils dans quelques cas au moins la cause de ces amygdalites rep6t6es qu'on observe chez certains malades? En r^sumant les principaux traits de la description qui precede, je me trouve conduit a formuler les trois propositions suivantes : 1° Toutes les glandes situees sur la partie inWrieure et sur les par- ties laterales de I'isthme du gosier presentent une structure identique : toutes sont des glandes en grappe ; 2° Ces glandes ont pour caractere commun et distinctif d'etre mu- nies d'un reservoir, ires-petit pour les glandes linguales, tres-grand et multiple pour les amygdales; 3" Ce reservoir, qui a 6te consider^ jusqu'a present comme la pro- priety exclusive des glandes les plus volumineuses ou les plus impor- tantes de I'economie, peut appartenir aussi a des glandes d'un tres- petit volume et d'une importance secondaire, avec cette difference toutefois qu'il est sitae en dehors de leur partie peripherique dans les unes, et au centre dans les autres. PARALYSIE DES MEMBRES SUPfiRIEURS SEULS; CONSERVATION DE LA SENSIBILITfi; « IIVDVRATIOW DE liA IflOEIiLiE EPIXIERE; RAMOLLISSEMENT DANS L'ESPACE COMPWS ENTRE LES 3' ET 6° VERTEBRES DORSALES; ObserTation lue a la Societe de Biologie Par M. le Docteur A. LABOULBENE, secretaire de la Societe. Les diverses afrections morbides du systeme nerveux pr^sentent sou- vent dans leurs manifestalions des caracteres dont la signification est difficile a preciser. Les affections de la moelle epiniere sont aussi ar- dues sous ce rapport que celle des centres nerveux encephaliques, et parmi elles Tinduratioa de la moelle est une des plus susceptibles de controverses. J'ai observd I'ann^e derniere, dans le service de M. Rayer a la Cha- rite, un cas extremement remarquable de maladie de la moelle Epi- niere qui semblait au premier abord se r6duire symptomatiquement a une paralysie du mouvement des membres sup^rieurs seuls avec con- servation de leur sensibility. Apres une amelioration marquee, le ma- lade est venu raourir a I'hftpital, et I'autopsie a montreune induration meduUaire generale avec un ramollissement siC'geant seulement dans 234 rcsp^ce compris entrc la troisieme et la sixi6me vcrtebre dorsales. Cetle observation nic paraissant tres-interessante, j'avais commence des recherches pour connailre les fails analoifuos qui peuvent exister dans la science; mais je ne suis arrive encore, a cc sujet, a ancim re- sultat salist'aisant. ]'ai trouve dans diA-ers onvrages des observations d'induration dela moelle epiniere, mais dont la symptomatologie ofl're une grande dissemblance; de plus, dans les divers cas de ramollisse- ment de la moelle rachidienne, j'en ai pcti trouve si^geant ii I'endroit que j'ai signale, mais ils ne coincident pas le plus souvent avec unc induration. Je me bornerai done a exposer les di^tails de I'observalion, que je ferai suivre de quelques reflexions generates. Les ouvragesetmemoiresd'Ollivier, d'Abercrombie, deMM. Andral, Gendrin, Prus, Gerdy, Hutin, Albers dc Bonn, la these de J.-T. Mueller (De iNDURATioxE MEDULL,-E SPINALIS), Ics travaux de Romberg, les rae- moires d'anatomie pathologique de M. Louis, celui de M. Maillot sur les flevres iatermittentes, etc., etc. , m'ont olTert une mine pr^cieuse. Je recueille aussiies fails trcs-extraordinaires deMM. Maisonneuve et Rul- lier, cites par M. Longet, car ils se rapportent, quoique d'une maniere eloign^e, a I'observalion acluelle, ainsi que Je I'elablirai brievcment en essayant de preciser les consequences physiologiques qu'elle pre- sente. Obs. — Le noinin6 Casse (6tienne), ag6 de 44 ans, menuisicr, 116 a Olctte (Pyrenees-Orientales), demeurant a Paris, rue de Londres, n" 10, marie, est entrele 15 mars 1854 dans le service de M. Raver a la Charlie, sallc Saiut- Michel, n° 29. 11 sort de rh6pilal le 16 juin, et 11 y rentre le 16 octobre. Mort le 2 novembre. Get hommc, d'une constitution robuste, brun, est d'une faille elevec; sa force musculaire est babituellement trcs-grande. D'aprcs les renseignenienls qu'il fouruit avec beaucoup de nettete et de precision, ses parents out tou- jours eu une bonne sant^. Son pere est mort hydropique a 64 ans ; sa mere s'est « eteinte de vieillcsse « a 68 ans. 11 a eu deux soeurs qui sont en parfaile sant6. U n'y a aucune her^dite probable de la maladie actuelle. L'enfance du malade s'est passee tres-naturellement, sans maladies graves. 11 a etc vaccine et il a eu plusieurs flevres eruplivcs, la rougeole cntre aulres. .lamais it n'a cu d'adunitos sous-maxiltaires ni d'abces d'aucune sorte. II est veuu a Paris en 1840 ; 11 s'y est mari6 a I'age de 42 ans ; il a eu une petite fillc qui a toujours et(5 bion portante; il a toujours habile dans des ap- partements ollrant dc bonnes conditions dc salubrile, sees et bicn aer(5s. 11 a toujours cu une bonne nourriture. 235 En 1843, aprfes des exces de travail repdt^s et des veilles prolongees sou- vent jiisqu'apres le milieu de la nuit, il a perdu I'appetit. Sa force niuscu- laire, Ircs-grando a cette epoque, restait toujours la meme ct ne faiblissait pas d'abord. Cependant, apr^s la r6p(5tition des veilles, 11 ressentit un peu de fatigue; les forces diminu^rent. II a ('prouve peu aprfes « des maux de reins, les uriues etaient quelqucfois diflicilement rendues, les aliments lui pesaient sur I'estomac pendant cinq ou six heures apr6s le repas, et souvent 11 les vo- missait sans pouvoir les digcrer. » Vers la meme epoque 11 a etc a I'Hotel-Dieu, oii 11 fut sonde, et voici pour quel motif. II fut invito a alter passer quelques jours a Chelles, oil se trou- vaient des compatriotes qui I'engageaient a venir aupr^s d'eux se reposer et se guerir. II s'y rendit; mais il y fut pris aprfes quelques jours « d'une crise nerveuse trfes-forte, pendant laquelle il y eut rt^tention complete d'urine. » II fut ramen^ a Paris, conduit a FHdtel-Dieu, ofi ayant ^te sonde et apprenant qu'il n'avait aucun corps etranger dans la vessie, remis d'ailleurs presque subitement, il sortit le lendemain de son entr(?e. Depuis lors, travaillant toujours de son ^tat de menuisier, 11 a en, a di- verses reprises, quelques douleurs dans la region lombaire, des crampes dans les jambes ; le sommeil est devenu plus leger, moins prolonge ; il ne dormait guerc plus de deux ou Irois beures consecutives par nuit. II etait souvent re- veille par des fourmillements sous la plante des pieds. Ses bras elaient tout a fait libres et dans Icur ctat normal. En 1849, il a ete oblige d'entrer a la maison de sante du faubourg Saint-De- nis pour s'y faire trailer d'une aflfectiou probablement cerebrale, caracterisee par unis les uns centre les autres au moyeu de la substance amorphe. Leur contenu paralt visqueux, homogene ; 3" Des vaisseaux capillalres peu nombreux, ayaut quelques granulations grisatres sur leurs i)arois. Substance blanche ramollie. — Elle olTre les elements precedents, mais la matiere amorphe y est beaucoup plus abondante dans le champ du mi- croscope, ainsi que les vaisseaux capillaires, et il existe des corps granuleux de rinllammalion [larmi les tuljes nerveux rares et alteres. 1° Matiere amorphe et goutlelettes d'aspect huileux formant des trainees dilllucntcs, provciumt pcut-etre des tubes nerveux alteres? 2" Tubes nerveux rares, altercs, ayant tons des varicosites; laplupart rcn- ferment une substance ayant I'aspect huileux. Le contenu n'ofl'rc plus un as- pect homogene, il y exisle des granulations ; 3° Les capillaires sont ici plus nombreux dans le champ du microscope qu'avec la substance blanche induree. En outre, ilsofl'rent de nombreuses gra- nulations jauniitres, graisseuscs sur leurs parois, oil clles sont reunics en petites masses, rarement isolees ; 4» Enfin, une assez notable quantite de corps granuleux de rinHammation, d'un diamStre de 0,02 a 0,035 de millimetre. Leur forme est crenelee, arron- die, et dans quclques-uns la masse amorphe reuuissant les granules est bien distincte. Les grauulalions qui les composcnl deviennent libres par le con- tact de I'acide acetique qui dissout la matiere amorphe unissante. Substance grise. — Dans les divers points de la moelle, la substance grise recueillie sur des coupes transversales, s'est montree a peu pr^s identique- ment composee des memes elements : 1" Une grande quantit(5 de matiere amorphe; 2" Des myelocystes on elements normaux de la moelle sous forme de cel- MEM. 10 242 lules et de noyaux libres. Ces dernlers sont de bcaucoup plus abondanta, lis sont sphcriques, d'un diam^fre do 0,005 environ, les cellules ont do 0,010 d 0,015 de millimetre. Ces noyaux sont linement granuleux, eans nnck^oles bien nets. L'acide acetiqueles altere peu et leurs bords sont nets, fonces. Les cellules ont un rebord pale ; 3" Des tubes nerveux plus nets, raoins variqueux que dans la substance blancbe pultacee. 4" Des vaisseaux capillalres nombreux, paralssant normaux. J'ai trouv^ sur les portions de substance grise des cornes quelques corps granuleux de rinflamniation (dans le voisinage de la substance blanche ra- mollie), mals ils manquaient au centre meme de la moelle. Les racines des nerfs ne paraissent pas avoir subi d'alt(5ration, du moins je n'en ai point trouv6 d'aulres que des varicocites des tubes. J'ai diss6qu6 avec soin les nerfs des merabves superieurs, et je n'ai pas trouve leur grosseur moindre a I'oeil nu, ni aucune alteration microscopique appreciable. Les muscles des bras atrophias ne renferment pas de graisse a I'ceil nu et un fragment soumis a I'analyse microscopique ne montre pas nettement des gouttelettes adipeuses dans le perimysium. Cavite thoracique. — Les poumons ne sont point emphyst^mateux. lis sont partout tr6s-cr(?pitants, aerds ; seulemcnt en arrifere on trouve de la con- gestion sanguine liypostastique. Pas de liquide dans les plevres. Quelques adh^rences qui paraissent an- cicnncs vers la partie moyenne du poumon gaucbe. Coeur revenu sur lui-nieme a cavitd's un peu diminuees de volume. Valvules saines, pas d'adherences du p^ricarde. Cavite abdominai.e. — Foie, rate, pancreas et tube digestif paraissant a rental normal. Reins un peu petits mais ne presentant rien de particulier, non plus que les urot^res et la vessie. Reflexions. — Je vais resumer bri6vement les principaux sympldmes of- ferts par le nialade : Troubles dans I'appareil digestif et faiblesse musculaire apparaissant, en 1843, chcz un bomme vigoureux d'une tres-bonne sant(3 habituelle. Pas de flevre, cephalalgie, douleurs lombaircs vagucs, diiricultc passagore dans Per- mission des urines sans aucun obstacle apparent. Plus fard, rdapparition des douleurs lombaires, cranipes dans les jambes, insomnie; les membrcs supd- ricurs sont libres de douleurs et pleins de force. En 1849, la mc'moire se perd, troubles c(5r(5braux, crampes dans les jambes, douleur thoracique en ceint\u"e; constipation, excretion dilHcilc des urines, puis tons ces phonomenes disparaissont, la santc seniblo lout a fait revenue. En 1851, afluiblisscment graducl du membre suporieur droit, mdmoire tout a fait perdue. 243 En 185?, la m^moire est tr^s-fld61e, la force musculaire est revenue dans les bras, mais en octobre 1863, la main droite et le bras droit sont faibles et la memoire devient infldMe. Au commencement de Janvier 1854, lemalade prendle lit etily rests «;roide comme une statue » sans eprouver de vives douleurs, mais ne pouvant re- muer ni les bras , ni les jambes, ayant de la dysphagia, bient6t suivie d'un app6tit vorace et d'une amelioration tr^s-grande. Les mouvements reparais- sent dans les membres inferieurs, les membres sup&'ieurs seuls sont para- lys(5s mais sensibles, comme tout le reste du corps Le malade examine le 16 mars 1854 ales membres sups^rieurs paralyses, pendants le long du tronc, la memoire est tr^s-nette et se conserve telle jus- qu'a la fm. Sous I'influence du galvanisme quelques mouvements reparaissent dans les bras. Les douleurs lombaires et celles des membres n'ont pas lieu, 11 sort dans un-etat bien marqu6 d'amf^'lioration. 11 rentre quatre mois plus tard avec des douleurs le long du rachis. Le 29 octobre 11 se sent trfes-afTaibli, puis la respiration s'embarrasse et il succombe rapidement. A I'autopsie on trouve la moelle indur^e et un ramollissement si^geant au niveau de I'espace situ6 entre les 3' et 6' vertfebres dorsales. II y a dans cette observation deux ordres de questions. Les plus importantes sont celles qui ne rapportent a la patliologie, les secondes, qu'il faut recueillir a litre de renseignements precieux, sont les ques- tions pliysiologiques. I. — Questions pathologiques. II y a d'abord : 1" a se demander si I'hypertrophie est ici primitive, c'est-a-dire, si elle r^sulte d'un travail propre d'induration ou bien; 2° si I'induration n'est que le r6sultat d'un ramollissement anl^rieur, que son mode parliculier d' Evolution, ressource naturelle de guerison. Je dois dire que je ne puis que me poser ces questions sans les resoudre. Les materiaux me manquent a cet effet. Cependant, je serais port6 h croire, d'apres la symptomatologie et les recherches deja faites, qu'il a pu y avoir un ramollissement l^ger de la moelle epiniere, suivi d'indu- ration, pkit6t ce me semble qu'une induration medullaire d'emblee. On peut remarquer I'absence de convulsions, d' exaltation de la sen- sibilite chez Casse, de m6me la persistance de la faculty tactile. II au- rait pu prendre de petits objets, s'il avait eu la force de les tenir enlre les doigts. L' existence d'un ramollissement si^geant au niveau de I'espace situ6 entre les S" et G" vertebres dorsales m'avait semble inexplicable pour 244 comprendre la paralysie ilcs membres superieurs seuls. On auraitbien raieux pu s'en rendre compte par un ramollisseraent de la region cer- vicale. Je siiis porle a croire aujourd'hui, daprt'S les recherciies tant pathologiques que pliysiologiqucs auxquellcs je ine suis livre, que le ramollissement (accompagne de peu de pliOnomenes intlammatoires) a determine la niort en occasiounant la gene de la respiration. Quant a la paralysie des membres superieurs seuls, elle doit tenir a I'indura- tion cervicale de la nioclle epiniure, niais en pareil eas comment est-il possible qu'avec une induration semblable daus la region dorsale in- ferieure et la region lorabaire, cetle paralysie autrefois exislantc se soit dissipee? Je signale le fait sans le comprendre. 11. — QlESTIOXS PHYSIOLOGIQUES. L'observation de Casse aura un grand int6rel pour les physiologistes. On salt que tout recemment notre infatigable collegue, M. le docteur Brown-Sequard, a demontr6 que les cordons posterieurs de la moelle ne transniettent pas la seiisibilite comme on le croyait gen6ralemenl depuis Gh Bell. M. Brown-Sequard, en coupantsur un animal les cor- dons posterieurs de la moelle dorsale, a trouv6 que le membre infe- rieur dont la sensibilite devrait etre perdue est beaucoup plus sensible que le membre anterieur. Dans les cas de section traumatique des cor- dons posterieurs seuls cbez I'bomnie, il parait aussi que les membres iiiferieurs oat une exaltation de sensibilite. Enlin, en coupant toute la moelle, moins la substance grise centrale, M. Brown-Sequard a trouve la sensibilite conserv^e, tandis qu'elle est perdue quand la substance grise est detruite. II en a conclu que la substance grise est la parlie da la moelle epinieie an moyen de laquelle la sensibilite so transmet au cerveau. Dans Tobservation acluelle la substance blanche etait diflluente, romme je I'ai dit, la substance grise etait conservee , or la sensibilite etait intacte. J'ai note dans mon observation la sensibilite en general, mais je puis assurer ii la Soci6te qiril s'agit reellement des diverses especes de sensibilite sur lesquelles les observateurs modernes , ontre autres MM. Gerdy et Beau, out appele Tattention d'une mauiereparticuliere. J'ai loujours soin, en examinant la sensibilite sur uu malade, de pi- quer, de i)incer la pcau, de produire avec les barbes d'une plume ou la pulpo des doigts la sensation du chatouiHeraent, d'appliqucr un 245 corps froid sur I'epiderrae ot, dans les cas doiiteux, d'essayer Ic courant galvanique pour obtenir la douleiir musculaire. Je puis done aflirmer que Casse avail la sensibilil6 intacte et je dois dire que la sensibilite parait s'etre conservee chez lui dans les membres inferieurs pendant les derniers moments, an moyen de la substance centrale grise de la moclle ^piniero, puisque le restc de la moclle etait en bouillie. Quant aux mouvements des membres inferieurs qui ont eu lieu jns- qu'a la fin, ils sont plus difficiles a expliquer. J'ai cependant, dan la substance blanche ramollie, trouve en avant et en arriere de la sub- stance grise centrale des tubes nerveux. Ne peut-on pas admettre, jus- qu'ii demonstration du contraire, qn'ils suffisent pour scrvir a trans- niettre Ic mouvement? Une derniere question , la plus importante de toutcs, se prcsente en dernier lieu. Casse aurait-il pu guMr et par quel moyen? Je crois que cette observation prouve non la guerison complete, mais la possibility d'une amelioration marquee. II est probable que sans le ramollisse- ment ultimo dorsal, Casse aurait v(5cu encore longtemps, vu le bon 6tat des voies digestives ct des autrcs appareils organiques. Peut-etre meme les membres superiours ([ui n'oiTraient pas de lesion autre qu'une di- minution des fibres musculaires, auraicnt pu retrouver leurs mouve- ments, puisque la substance do la moello epiniere an niveau du ren- flement cervical n'olfrait pas d'autre alteration que celle du renllement lombaire. Les cautercs appliques sur les lombes avant I'arrivee a I'hopital n'avaient pasagi d'une manierc bien efllcace, et le traitement qui a etc employe a produit une amelioration. Ge n'est point a dire qu'il soit utile toujours, mais n'aurait-il pas des chances de succes, alors que riuduration de la moclle epiniere aurait determine I'atrophie simple des muscles? On agirait ainsi en nourrissant le muscle par I'excilation de ses fibres, par des contractions repel^es an moyen du galvanisme. DESCRIPTION ANATOMIOUE VEAU MONSTRUEUX CU GENRE PYGOMELE (FAMILLE DES TOLYMELIENS) ; Memoire lu a la Societe de Biologie , dans la seance du samedi 24 noTcmbre 1855 , PAR M m\m GOUBAUX, Professeiir d'anatomie et de physiologie a I'EcoIe imperiale veterinaire d'Alfort, membre titulaire de la Societe, etc. SiGNALEMENT. — Veau, Age de quatre mois et demi, sous poil pie alezan bringer,— Hauteur du corps mesuree a lapotence : au niveau du garrot, 0'",871 , et a la croupe, 0°',864. Get animal, qui avait etc achete sur un marche par un boucher, devait etre abattu pour la consommation, il y a environ six semaines. Le boricher I'a envoye a I'Ecole pour I'y faire voir, et on en fait I'ac- quisition pour en faire la description anatomique. On a gard6 cet animal dans une ecurie du service d'anatomie dc- puis que Facquisition en a et6 faite. Voici ce qu'il pr^sente d"extraordinaire dans sa conformation ext6- rieure : 1" 11 porte cinq viembrcs^ dont trois postericiirs : un du cote droit et deux du c6ti^ gauche. 248 Du c6t(5 gauche, la croupe est aplatie de dehors en dedans. Le membre surnnmeraire est place ii la face interne du membre posterieur gauche, avcc lequcl il parait confondu depiiis la partie su- perieure jusqu'au niveau du jarret; et, dans toute celte litendue, on sent, a travers la peau, qu'il y a deux membres distincts, raais accoles I'un a I'autre. A partir du jarret, les deux merabres se separent I'un de I'autre a angle aigu, et le surnumeraire devient un peu anlerieur relalivement au membre gauche, enmeme temps qu'il est libre. La face anterieure de ce membre surnumeraire est tournee en dehors. Son extremity in- ferieure n'atteint pas tout a fait le sol dans la station, mais elle y louche quelquefois pendant la marche. Lorsque I'animal est arrive a rEcole, sa marche 6tait assez libre, mais elle est devenue difficile dans les derniers temps. On aurait pu attribuer cette difficulte de la marche a uue tout autre cause qu'a celle qui a ete constalee par la dissection du cadavre. 2° Au-dessous de Fanus, il y a unc vulve. De plus, a la face infericure du tronc, on voit, a quelque distance en arriere de rombiiic, un pro- longement qui represente le fourreau, tel qu'il est dispose d'ordinaire chez les animaux males de I'espece bovine. Ce prolongcment cutand, qui est garni de longs polls, prcscnte ii son extremite libre un orifice qui est oblileru par unc niatiere concrete, dessechee, et par lenuol on fait saillir, a I'exterieur, une petite cxtre'mtYc libre dun penis. A Fexploration, on sent, en arriere de ce prolongement, un cordon resistant f|ui represenlc le corps cavcrneux du penis. Plus en arriere, il cxislc quatrc trarjons on viamelons ; trois sent places du c6t6 droit les uns a la suite des autres : un seul est place du cote gauche, sur la m^me ligne que leplus posterieur du c6te oppose. On sent dans I'entre-deux des cuisses, aprcs avoir renverse I'animal sur le dos, une saillie osscuse considerable qui parait etre surajoutee a la partie inferieure de la symphyso du bassin. Enfin notons encore quQ jamais., pendant tout le temps que i'animal a sejourn6 dans les ^curies du service d' anatomic dd'Ecole, on ria vu [urine sortir par le fourreau. Le mercredi 16 mai 1855, cet animal, dans un etat de maigreur qui rendra la dissection beaucoup plus facile qu'a I'epoque oil I'acquisi- tion en a 6t6 faite, pose 70 kilogrammes. On le sacrilie par effusion de sang . 249 I II. — DE$!iCRIPTIOIV A]lATOIIIIQUE. OSTEOLOGIE. La t(^lc, le rachis, Ic thorax et les memhres anterieurs ne presea- tent rien d'anormal; aussi nous n'aui'onsii examiner que le bassin et les membres Tposterieurs. \° Bassin. — a. Lc coxal dumembre posteriettr droit osi normal. Nous n'aurons, mais plus loin, qu'une soule parlicularile a faire reniar- qucr : ellccoucerne la syniphyse. b. Le coxat du membre gauche est place sur un plan plus anterieur que celui du cote droit, et Ton s'en apercoit facilement lorsqu'on exa- mine la situation des ouvertures sous-pelviennes, par exemple : la partic poslerieure de celle du c6te gauche est d'uu centimetre et demi environ plus anterieure que celle du cote droit. Ges ouvertures ont cependant les memes dimensions. En regardant I'entree du bassin, on trouve que Tangle externe de riiium du cote gauche est bcaucoup plus ecartci de la lignc mediane que celui du cote droit : la dillerence d'elendue est de O^jOlO en fa- vour du cote gauche. De plus, I'espace compris entre I'apophyse trans- verse de la sixieme vertebre lombaire et la partie anterieure du sacrum est deux fois plus considerable du cote gauche que du cote droit. Ge coxal est tellement modiiie dans sa I'orme generale, que le con- tour interne de la cavite cotylo'ide se trouve place sur la ligne me- diane du corps. Aussi la direction de la symphyse n'est pas celle que Ton remarque ordinairement, ainsi que nous le verrons plus loin. L'ilium ne presente aucune particularite remarquable dans ses de- tails : il n'en est pas de meme pour le pubis et pour \ischium que nous aliens decrire en particulier. Le volume du pubis du coxal gauche est en rapport de volume avec celui du cote oppose ; sa forme generate est a pen pres normale, mais sa direction, an lieu d'etre horizontale, est devcnue presque verticale, de sorte que sa face superieure regarde la ligne m6diane ou du c6te de la cavity pelvienne, tandis que sa face inferieure regarde aussi la ligne mediane, mais a I'ext^rieur du bassin. Par son extremity supe- rieure, le pubis repond seulemenl a I'ischium, an lieu de repondre a la fois a l'ilium et a I'ischium. En avant de cette meme extremite, on 250 trouve un noyau osseux analogue, jusqu'a un certain point, a celui qui existe toujours chez les solipedes, mais qui n'existe pas ordinai- renienl cliez Ics animaux domcstiqnes ruminants. Ce noyau est intcrmediaire au pubis et a I'ilium , et vient concou- rir, comma chez le clieval, a la formation de la cavity cotylo'ide. L'extremit6 interne, qui est ici inferieure, ri!'pond a I'ischium du coxal du membre surnumeraire, et a I'extr^raite homologue du pubis du meme coxal. La face interne, qui correspond a celle qui d'ordinaire est sup6- rieure chez un animal bien conform^, est lisse et irreguliereraent plane. Quant a I'autre face, qui est ordinairement inferieure ou extra- pelviennc, elle offre tri^s-peu d'ctendue et une disposition normale. Nous avons confondu le bord anterieur avec les deux extremit6s, a cause de ses connexions soit avec I'ischium du coxal surnumeraire, soit avec ce noyau osseux qui est particulier aux solipedes, et dont nous avons signale la presence anormale. Le bord posterieur forme le contour anterieur de I'ouverture sous- pelvienne du coxal gauche, en s'opposant a la portion ischiale du meme os, ainsi qu'on I'observe ordinairement. La forme generale de I'ischium du coxal gauche est normale. Get os s'oppose sur la ligue mediane a celui du cote oppose. Son angle ante- rieur interne se reunit a Tangle correspondant de la portion pubienne du meme coxal. Jusqu'a present il n'y a done rien d'anormal ; mais cet ischium est enlr6 en coalescence avec I'ischium d'un coxal surnum6- raire quo nous decrirons tout a I'heure. Voici comment on doit com- prendre cette soudure : elle s'est effectuee par la moiti6 anterieure en- viron de ce que Ton appelle le pilier de I'ouverture sous-pelvienne, lequel forme cette ouverture et la separe de la symphyse du bassin. Par suite de cette soudure, ce pilier est devenu commun a deux ouvertures sous-pelviennes, in^gales par leurs dimensions, difPerentes par leur situation : I'une appartenant au coxal gauche, et I'autre au coxal surnumt'raire. L'ischium s'arlicule done en avant avec le pubis qui lui-memc, en s'opposant a I'ilium ct a un noyau osseux complementaire, forme la cavit6 cotyloide du coxal gauche. Son extremilii anterieure interne ou angle anterieur interne s'articule avec I'extremite correspondante du pubis du c6t6 gauche, et son bord interne, soud6 dans la moiti6 ant6- 251 rieure environ du contour interne de Fouverture sous-pelvienne gau- ch(3, au bord interne de I'ischium du coxal surnumeraire, devient en- suite libre dans la plus grande partie de son etendue et s'oppose au bord interne de Tischium du c6t6 droit, avec lequel il forme la symphyse du bassin dans sa portion ischiale. c. Coxal surnumeraire. Ge coxal est place presque sur la ligne 1116- diane du corps, et ii gauche de la sympliyse du bassin qu'il concourt a former. Les parties qui le composent se trouvent en connexion, ix la fois, avec le coxal gauche et avec le coxal droit, mais dans una moins grande etendue avec ce dernier. On reconnait tres-i'acilement deux de ses regions : le pubis et I'is- chium, mais on ne trouve aucun vestige de Yiliuin., a moins qu'on ne veuille considerer comme tel une petite plaque cartilagineuse quiaet6 rencontree dans I'^paisseur du muscle sterno-pubien [grand droit de Cabdomen) au c6l6 gauche, a sa partie extorne et en regard, a peu pres, de I'anneau inguinal du c6t6 droit. Cette plaque cartilagineuse, de forme triangulaire, avait environ 0'",002 d'^paisseur et O^.OOS a 0°',009 de cote, et n' avait aucune connexion, de quelque nature qu'elle aurait pu etre, avec les os voisins. Pour cette raison, nous croyons pouvoir conclure que la portion iliale de ce coxal manquait. Les dimensions du pubis sont en rapport avec celles du coxal sur- numeraire. Sa direction generate est oblique de haut en has, et d'avant en arriere. Sa face superieure, dont la forme est normale, regarde en avant, a droite et du cote de la ligne mediane du corps. La face infe- rieure est opposee a la prec6dente, et ri^duite a de tres-petites dimen- sions. Le bord anterieur ne pr6sente rien de particulier, et forme I'en- ceinte du bassin comme dans les cas ordinaires. Le bord postericur forme une partie du contour de I'ouverture sous-pelvienne du coxal surnumeraire. L'extremite superieure on externe de ce pubis repond a la fois a l'extremite inferieure du coxal gauche et a Tangle ante- rieur externe ou extremity anterieure externe de i'ischium surnume- raire ; mais elle ne concourt pas du tout a la formation de la surface articulaire qui devra s'opposer a la tete du femur du membre surnu- meraire. L'extremite inferieure ou interne s'oppose a Fexlremite in- terne du pubis du coxal droit, et se r6unit en meme temps a Tangle anterieur interne ou a Textr6mite anterieure interne de I'ischium du coxal surnumeraire. Ge pubis se rapproche done, sous plusieurs rapports, du pubis a T^- 252 tat normal ; il s'eii eloigns, au contrairc, en ce sens qu'il ne concourt pas il la formation de la surface arliculairo qui dcvra s'opposcr aii femur. 11 n'apparlicnt, onrcalile, niaii cote gauche ni au cote droll; c'esl unosorte de trait d'union qui est place enlre les os principaux du bassin : le coxal gauche ct le coxal droit. II tient a la fois, par conse- quent, du pubis de Tun ct de I'aulre c6te, et il en differe par rabscnee de facette arliculairo. Viscfmim apparlicnt evidemment a un coxal du c6tc droit. Sa forme est irreguliere, et sa situation est anormale. Gependanl on retrouve dans ses details la plupart de ses caracteres ordinaires. Sa direction gi^nerale est oblique de haut en bas, de droite a gauche et d'avant en arriere, de telle sorte que sa face, qui devrait etre superieurc ou intra- pelvienne, regarde la ligne medianc ou du c6te droit, tandis que sa face inferieure ou extra-pelvienne regarde du cote gauche. A part cette difference dans la situation respective des deux faces de I'ischium, chacune pr&ente les memos diilails, ou a pen prcs, que dans I'etat normal; nous n'avons a examiner en particulier que les bords, les angles et les connexions de cet os avec les os voisins. La description suivante, comme celles qui pri^cedent, sera (oujours rapportee a cellc d'un OS bien conforme. Le bord posterieur est oblique de bas en haut et de gauche a droite, ou de Tangle extcrnevers Tangle interne, etil se conlinuerait directe- ment avec le bord interne si Tangle posterieur interne ne se trouvait represents par une 'petite saillie prismalii[ue tournee en arriere. Ce bord interne forme, en s'opposant a Tischiura du coxal gauche, et a celui du c6te droit, sur la ligue mediaue, un espace angulairc qui rappelle un peu la disposition de Tarcade ischiale. A la partie supe- rieure de cet espace angulaire, le bord posterieur de I'ischium se r6u- nit a la partie correspondante du pubis du coxal surnumeraire. Le bord anlerieur , echaucre profondement comrae il Test d'ordi- naire, forme la plus grande partie du contour d'une ouverture sous- pelviennc, qui appartient en propre au coxal surnum^raire. Cette ou- verture sous-pelvienne prescnte une forme normale, seulement elle est petite rclativement aux deux autres; son grand diamelre n'a que 0'»,030. Le bord externe prSsonte une disposition tout a fait anormale ; il est tres-mince, et divis6 sur sa longueur et dans son milieu a peu pres p:\r une saillie osseuse, irr^gulierement triangulaire, a sommet libre. 253 tronqu(5, dirig6 en avant. Ciiacune des portions de ce bord que sdpare cette saillio osseuse esl concave; la posterienre est concave de haul en has el d'avant en arriere, est limitee en arriere par la tuberosite is- chiale, et ofTre un pen plus de longueur que I'anterieure, La portion ant^rieure de ce meme bord, concave de bas en haut, correspond assez exactement, vers son cxtremite superieure, a cette par tie qui, d'or- dinaire, forme la crete sus-cotyloidienne. La difference principale que le bord externe presents dans son en- semble, c'est que, au lieu d'etre concave dans toute sa longueur, il est divise en deux parties par une saillie osseuse, dont nous ne trou- Yons pas la signification. La tuberosity ischiale, qui appartient d'ordinaire a Tangle poste- rieur externe, est ici la plus inlerieure et la plus saillante de cet os. Sa forme n'cst pas tout a fait celle qu'elle devrait presenter; c'est une simple saillie qui ne presente aucun detail i sa surface. L'angle poslerieur interne, ainsi que nous Favons vu preredemment, est une legere saillie qui marque la limite ou la separation du bord poslerieur et du bord interne. L'angle anterieur interne sereunit alafois an pubis du coxal stir- nunieraire et a la partie bomologue ou correspoudanle de I'ischium du coxal gauche. Kniiii Tangle anterieur externe qui, dans ce coxal surnumeraire , en csl la i)artie la plus superieure et la plus anterieure, repond a la fois de bas en liaut et d'arrierc en avant, el succcisivemenl, a Textremile externe du pubis du coxal surnumeraire, a Textremite inferieure ou interne du coxal gauclie, et au noyau osseux (parliculier aux soli- pedes parmi les animaux domestiques) qui se Irouve interpose entre le pubis et Tiscliium du c6te gauche. Get angle presente, en avant et du c6[e de la ligne mediane, un rudiment de crcte sus-cotyloidienne. Uu c6le oppose, ou du cote gauche, il presente une facelle articulaire diarthrodiale, dont la forme est compl^tement diilerente de celle que Tiscliium presente ordinairement. Ce n'est point, en elfet, une facelle concave , c'est une surface qui rappelle la forme du condyle du maxil- laire inferieur du cheval, dont le grand diamelre est dirige de haut en bas, el dont le petit diamelre esl dirige d'avant ea arriere. Celle sorle de condyle esl Ires-rapprochee de la cavite colyloide du coxal gauche, au-dessous de laquelle elle est placee, raais elle en est parfai- tement distiucte, el la limite de chacune d'elles est indiquee par Tat- 254 tache commune aux deux ligaments capsulaires des articulations coxo- f^morales. d. Lo sacrum et les os coccygiens ne pr^sentent rien d'anormal. e. L'eutrfie du liassiii est Ires-irreguliere ; elle a la forme d'uu triangle isocele, dont la base ou le cOte le plus petit r^pond a la partie superieure, dont le c6t6 moyen en longueur r^pond an coxal du c6t6 droit, et dont le c6te le plus long, oblique de liaut en bas, d'avant en arriere et de gauche a droite, est formi5 par le coxal gauche d'abord, et ensuite par le coxal surnumeraire. f. La symphyse du bassin, dans sa portion qui repond au pubis, est oblique de droite a gauche, de dehors en dedans et d'avant en arriere, et elle est ensuite reguliere dans sa portion qui repond a I'ischium. g. Voici les dimensions comparatives des diff^rentes regions du bassin. INDICATION BES MESTJRES QVl ONT ETE PRISES. De Tangle cxtprne de I'ilium a la partie eiteme de la tubero- site ischiale De Tangle externe de Tiliiim a la partie auterieure du contour de la cavitc cotyloide Dianifetre antero-posterieur de la cavite cotyloide De Tangle interne de Tiliuni a la partie externe de Tangle ex- terne du meme os Grand diaraetre ou antero-posterieur de Touyertixre sous- pelvienne De la partie anterieure de Touverture sous-pelvienne a la tu- berosite ischiale COXAL droit. 0/260 0,130 0,050 0,120 0,055 0,120 COXAL gauche. 0,240 0,130 0,050 0,120 0,060 0,120 COXAL surnume- raire. 0,030 0,10(1 2° Membres posterieurs. — a. Membre posterieur droit. Tous les OS de ce membre ne pr^sentent rien d'anormal. b. Membre posterieur gauche. A part quelques particularit^s rela- tives a la direction de plusieurs des os, nous n'aurons a examiner que les connexions des os de ce membre avec ceux du membre surnu- meraire. Fimur. L'extr^mite superieure est tres-rapprochee de celle du membre surnumeraire, mais elle en est parfaitement distincte. Sa forme est normale. La diaphyse ou le corps ne prescnte rien do parti- culier, si ce n'est une direction oblique de haut en bas et de dedans en dehors, d'autant plus marquee qu'on examine cette region plus pres 255 de I'extremite inlerieure. \Jextremile inferieure presente sa trochlee dirigee de haul eii Las et de dehors en dedans : elle est complete et r6gulieie. Le condyle externe est normal. Par suite de lobliquite progressive du femur en bas et en dehors, par suite aussi d'une torsion de dedans en dehors, il est resulte un deplacement du condyle interne du femur gauche, et celui-ci est venu se sender et se confondre avec le condyle correspondant du femur apparlenant au membre surnunieraire. Nous mentionnons seulement cette soudure; nous y reviendrons en faisant connaltre la disposition du f^mur du membre surnumeraire, et nous verrons alors quelle a 6te la conse- quence de la coalescence de ces os, en ce qui concerne la forme de la surface articulaire sup^rieure de I'articulation f^moro-tibiale Tibia. L'extremite superieure et la partie superieure de la face in- terne de cet OS sont soud6es aux parlies correspondantes du membre surnumeraire. Cet os ne presente rien de particulier sur ses faces an- t^rieure et poslerieure. Nous verrons plus tard, en etudiant les articu- lations, quelle est la disposition anormale de la surface inferieure de I'articnlation femoro-tibiale. L'extremite inferieure ne presente rien d'anormal. Relativement a la direction absoluc du tibia, nous devons faire re- marquer qu'il parait avoir ete tordu de dehors en dedans vers son ex- tremite inferieure ; de sorte que la moilie inferieure de sa face interne est concave de haut en has, et est en rapport avec la partie correspon- dante du tibia du memhre surnumeraire qui presente uiae disposition opposee, et qui en est tout a fait distincte. Rotule el perone. Rien de particulier. Tarse. Rien a noter, si ce n'est le peu de developpement que pre- sente lecalcaneum. Metatarse et region digitee. Rien a noter. c. Membre surnumeraire. Femur. II est situe au cote interne de celui du memhre gauche. Ses dimensions sont heaucoup moins considerables, surtout pour les regions superieure et moyenne. Sa direction generate est oblique de haut en bas, d'arriere en avant, et parait aussi avoir eprouve un mou- vement de torsion vers son extr6mite inferieure .pour se reunir et se confondre a la partie correspondantc du femur du membre gauche. L'extremite superieure est etendue dans le sens antero-posterieur au lieu de Fetre dans le sens transversal. On y retrouve a peu pres les 250 niemes details que dans Ics cas ordinaires, cependant avec beaucoup mollis de developpement, et la lete, qui est placee au cote interne du femur du membrc gauche etsur un plan beaucoup plus inferieur, re- presente en quelque sorte un condyle, atlendu quelle est irreguliere, biconvexe, et ii grand diametre antero-postericur. II n'y a pas, sur au- cune partie de cette surface articulaire, d'echancrure ou de fosse pour I'insertion d'un ligament interarliculaire. Le corps est rcduil ade Ires-petitcs dimensions, et ne pr^sente rien de particulier. L'extremite inferieure offre sur sa partie anlerieure un seul bord de la trochlee femorale : c'est le bord externe. Sur cliacun de ses c6tes se trouve un plan oblique d'avant en arriere dont linterne (celui qui regarde la ligne mediane du corps) est beaucoup nioins etendu que I'aulre. Le plan externe forme, en s'opposant ;i un serablable plan in- terne plac6 en dedans du bord interne de la trochlee femorale du I'li- mier gauche, une sorte de grande gouttiere dont la concavite regarde en avant, et dont la partie moyenne est occupee par une ligne plusou moins irreguliere et saillante qui marqu(! la trace de la separation primitive du femur du membrc gauche et du lemur du membre sur- numeraire. Lorsqu'on considere la face posterieure de I'extreffiite inferieure de ces deux os, on voit une ligne oblique de liaut en bas et de dedans en dehors, qui correspond aussi a la separation primitive des deux os. Tout ce qui est en dehors de cette ligne appartient au femur gauche; tout ce qui est en dedans appartient au f»mur surnumeraire. Le nombre des condyles est de trois seulement : deuxappartiennent au femur surnumeraire , et le plus externe appartient au femur gauche. Peul-etre, si Ion i'aisait une coupe transversale de cette extre- mile inferieure, arriverait-on ii trouver que le condyle moyen appar- tient a la Ibis au femur gauche et au femur surnumeraire. — Nous pensons qu'il en est ainsi ; mais nous ue pouvons resoudre autrement la question, attendu que le squelette de cet animal devra etre depos6 dans le cabinet des collections de I'Ecole. Avant de pousser plus loin I'examen, nous signalerons : 1° que le condyle externe du femur surnumeraire ne presente pas manifeste- nient de fosse pour I'attache du muscle poplit6 ; 2" Que ce condyle ne presente pas-noa plus de fosse situ^e entre lui el le bord externe de la trochlee ; 2d7 S" Enfin que, entre les Irois condyles de Textremit^ inferieure com- mune aux deux femurs, se trouvent deux echancrures intercoudy- liennos. Tibia. Le tibia du membre surnumeraire est moins volumineux quecelui du membre gauche. La diaphyse, iorsqu'on examine la face anlerieure de la jambe, est aussi plac(5e sur nn plan un pen plus pos- t(^rieur. L'extremile s^npcrieure ne porte pas de coulisse enlre la tube- rosite extcrne ct la tnbei'osite anteriL'ure. Enfin, son exlremile infe- rieure est tordue de maniere a se rapprorher de la ligne m6diane, ct atlendu que ce tibia apparlient a un membre droit, cette torsion a lieu du c6te interne vers le cole extcrne. II nousreste maintenant a considcrer le resultat de la coalescence du tibia de ces deux membres(le gauche et le surnumeraire). Pour l'extremile superieure de chacun d'eux, la fusion est com- plete; de sorte qu'il y a trois plans articulaires qui sont destini^'s a s'opposer aux trois condyles de rextremite inferieure commune aux deux femurs. line derniere particularite a noter pour I'extremite superieure de ce tibia surnumeraire, c'est I'absence complete de la coulisse tibiale qui, d'ordinaire, donne passage an tendon commun, au muscle exlenseur conmiun des duigts, extenseur propre du doigt interne et portion moyenne du flechisseur du m^talarse. La face interne de ce tibia est en rapport dans toute sa longueur avec la face interne du tibia du membre gauche. En avant, on voit parfaitement la sc^paration des deux tibias I'un de I'autre : elle est annoncee par un sillon plus ou moins profond, rectiligne dans la plus grande partie de sa longueur, el curviligne en has et vers la ligne m^diane du corps, par suile de la torsion que pa- rait avoir cprouvte dans ce sens i'extremite inferieure des deux tibias. En arriere, la separation est visible aussi, mais elle ne se presente pas de la meme maniere, et tandis que dans la moilie superieure on voit une saillie longiludinale creustepar un sillon, dans la moitie in- ferieure il y a un sillon tres-profond et beaucoup plus large, curvi- ligne, dirigti ducote de la ligne mediane du corps. L'exlr^mite infi^rieure est sensiblement differente, dans sa forme g(inerale, de ce qu'elle est d'ordiniire; mais ses connexions avec lesos sont normales. MEM. 17 258 Perone. Rien de parliculier. Rolule. A proprcmcnt paiier, il ny a ptis dc rotiile; on troiivc scu- lemcnt iin rcnforccmont (ihrciix sur la limilu de I'inscrlion d'linc par- lie des exlenseiirs de la jambo de ce membre suruumeraire el du liga- ment libial anterieur. Tarse. he nombre des os qui coniposent cette refiion est normal. Nous ne nous occuperons que de sa disposition generate ot de sa situa- tion rclalivenienl a cello du membre gauclie. Dans son ensemble, le tarse est un peu moins volumineux ; il est place sur un pUin un peu plus sup^^rieur que celui du membre gauche, a la face interne duqucl il est place. Enlin, sa direction generate n'esl pas non plus la merae, car sa face anterieure regarde en dehors, ct sa face poslerieure un peu en dedans, ou du cole de la ligne mediane. Melalarsc ct region digilee. Ges regions son I un peu moins volu- mineuses : dies offrenl un peu moins de longueur que celles du cOle gauche, anssi les onglons ne porlaienl-ils pas sur le sol pendant la station. Enfin, la direction n'cst pas non plus la meme, allendu que leur face anterieure est lournee en dehors. 259 TABLEAU COMPARATIF DES DIMENSION'S DES TROIS MEMBRES POSTERIEURS. NOMS DES OS. I" FEMUR. Longueur mi grand diainetre Petit diametre, a la parlie moyenne Epaisseiirde l>xlre:nite iaferieure mesiiree de dedans en dehors Diametre transversal de la surface articnlaire siiperieuj'fi 2" TIBU. Longueur ou grand diametre Petit diametre, a la partie moyenne lipaisscur de I'pxtremite inferieiire msuree de di'daub en dehors Diametre transversal de I'extremite superieure. 3° TARSE. Hantpur du tarse mesiiree siir h face aute- rieure Longueur dn calcan6uni mesuree de la base au sommet 4° METATARSE. Longueur ou grand diametre Petit dianjetre, a la partie moyenne. . . Epaisseur de I'extremite inferieure mesnree de dedans en dehors Epaisseur a rexlremite superieure mesuree de dedans en dehors bo REGION DIGITEE. Longueur mesuree de I'extremite superieure de la premiere phalange a Textremite anterieure et libre du sabot MEMBRE I MEMBRE droit, gauche. 0,2-iO 0,029 0,0S0 0,0b3 0,230 0,031 0,060 0,087 0,070 0,103 0,191 0,022 0,048 0,049 0,129 0,2iO 0,029 MEMBRE siirnume- raire. 0,204 0,015 OBSEKTITIOSS. 0,1 12 pour les deux os qui sont souiies. 0,065 0,205 0,027 0,055 0,029 0,178 0,020 0,044 0,124 pour les deiu os ijui sont soudes. 0,052 0,094 0,190 0,023 0,049 0,052 0,120 0,042 0,089 0,181 0,022 0,047 0,045 0,125 ARTHROLOGIE. 1° MEMBRE POSTERIEUR DROIT. Une seulc articulalion est a examiner dans ce membre, c*est I'arli- culation coxC'fOniorale. On avail bien remarqu^, depuis quelque lemps d6ja, que ce veau 260 avail cle la peine a marcher : on avail bieii remarqu^ aussi unu defor- malion au niveau de cctto arliculalion. mais en n'avait pas appurtc asscz d'atlCDlion a son examcn poiirrcconnaitrenne luxalion de I'ar- ticulalion coxo-femorale que la dissection a fait decouvrir. La tele du femur etail completcment sorlie do la cavite colyloide, et etait venue se former une cavity de reception anoinale par le re- foulemenl en deliors du muscle pelil fessier, et en dedans par le refou- Jemenl du iibro-cartilage complementaiie de la cavite cotyloide. Les fibres musculaires qui entouraient I'arliculation en dehors etaient rouges dans certains endroits, jannatres dans d'autres. Dans la partiecorrespondanl a Texcavation de la tele du femur, on rcmarquait une surface rouge et lissc de laquelle on d(?tacliait, en exercanl une legere traction a I'aide des mors d'une pince anato- mique, un caillot sanguin au-dessous duquel se trouvaient quelques fibres du ligament qui s'etait rompu au niveau de son insertion femorale. La face interne du ligament capsulaire etait rouge, et les franges synoviales etaient tres-iiijectees. Le contour externe de la cavite cotyloide etait deforme par suite du refoulement qui avail ete opere par la luxation de la tele du femur ; et cctle cavile, au lieu d'etre orbiculaire, etail devenue Iriangulaire, a sommet interne. Le refoulement du fibro-cartilage complementaire avail produil une fracture du cartilage diartrodial vers la partie moyenne de la cavite cotyloide, el on en observait plusieurs fragments qui etaient compliile nient libies par une de leurs extremiles. Au fond de la cavite cotyloide. on observait une masse rouge, irr6- guliere, assez volumineuse, formee paruii caillot sanguin, solide, qui adherait assez fortemenl au ligament interarliculaire. Ce dernier etait Ic siege d'une vive injection sur son contour et son extremite libre, qui etait d'une couleur blanche, portait un fragment osseux qui, sans doute, avail ete detache de la tele du femur. Le lissu osseux qui environnait I'articulalion etait rouge, et le pe- rioste avail augmente tres-sensiblemenl d'epaisseur. Celle luxation avail ete acccmpagnee de la rupture du ligament capsulaire dans sa portion exterieure, aiiisi qu'on pouvait le voir par les herds franges qu'on y remarquail. 261 i° MEMBRE POSTEniF.lTR GAUCHE. \rliculalion coxo-femoralc. Cctte articiilalion prescnte lesparticularites suivantcs : Le ligament capsulaire e?t plus epais du coU; interne que du c6tii externe, et se confond pres de son insertion avec la partie correspon- daute du li^'amcnt capsulaire de rarliculationcoxo-femorale du mem- bre surnumeraire qui, ainsi que nous I'avons vu, est plane au c6le interne du mombre posterieur gauche. Apres avoir ouvert rarticulation, on trouve un ligament interarti- culaire dont le volume est normal. Vers la partie nioyenne de la lon- gueur de ce ligament et de sa face anterieure, semble se detacher una portion fibrcuse qui, apres avoir pris naissance dans le fond de la ca- vile cotylo'ide, suit le trajet du ligament interarliculaire, puis devient libre, s'elargit peu a peu, et vientse continuer avec le bourrelet com- plemcntaire de lacavite cotylo'ide a la partie anterieure et interne de son contour. Articulation coxo-femorale du raembre surnumeraire. Cette articulation est complelcment independante et est plac^e au- dessous de la precedente. Le ligament capsulaire est beaucoup plus epais que dans une articulation ordinaire ; il se confond en dehors avec la portion interne de celui de I'articulation coxo-femorale gauche. Parson extrc^mile supf'Tieure, ce ligament s"attacho au pourtour de la surface articulaire que porte I'ischium surnumeraire, en avant et en dehors de I'ouverture sous-pelvienne que porte cet os, et par son extr^mit6 inferieure il s'atlache au pourtour de la t6te du femur du membre surnumeraire. Dans rinterieur de cette articulation on remarque une sorte de fibro- cartilage intcrarticulaire ou de menisque incomplot ; c"est une bande fibreuse aplatie, plus 6paisse a ses extremities que dans sa partie moyenne, qui se porte d'avant en arri^re et un peu de dedans en de- hors, et qui, par chacune de .ses extremites, se confond avec le liga- ment capsulaire. Union du femur du membre gauche a celui du membre surnumeraire, Le ff^murdu membre gauche est uni a celui du membre surnunii''- 262 raire dans une certaine etendue comprise entre le trou nourricier et le trochanter du femur gauclie au moycn d'unelame fibreuse blanche dont la face posti'iieure est rccouverte par un muscle impair dont les fibres sent dirigees Iransvcrsalement. Entre le bord inferieur de ce muscle et I'extremite inferieure soudee dcs deux os de la cuisse, se trouve une ouvertureovalaire comprise entre le bord interne de ces deux OS, et dont le grand diametre est dirige de haut en bas. Articulations femoro-tibiales. Ces articulations sonl formoes. d'une part par trois condyles, s^pa- rds I'un de I'aulie par deux echancrures, el d'autre part par I'exlre- mite sup^rieure commune aux deux libias qui presente Irois plans articulaires , iocompletemenl s^pares les uns des aulres par deux epines tibiales. Ces surfaces sont dispos(?es pour s'opposer les uncs aux autres, car on trouve entre elles trois menisques ou iibro-carlilages interarlicu- laires. Dans chacune des echancrures intercondyliennes, on trouve deux ligaments croises ; enfin, il existe deux ligaments lat(5raux qui se romportentchacunen parliculier absolumenl de la meme maniereque le fait d'ordinaire le ligavient lateral cxterne, attendu que les deux femurs, comme les deux tibias, s'opposent par leurs faces homologues, c'est-a-dire la face interne de I'un a la face interne de I'aulre. Lessynovialesde cette articulation coraplexesont dislinctes decelles des articulations femoro-rotulienues. Articulations femororo-tuliennes. Abstraction faite du pen de developpement, ou meme du manque absolu de la rotuledu membre surnumeraire, une chose doit 6tre no- tice tout d'abord, c'est le rapport anormal de chacune des rotules avec le femur. En eft'et, la rotule du membre posterieur gauche est placee entre le condyle el lebord externede la troclilee femorale, tandis que celle du membre surnumeraire, ou le renfoncement fibreux qui la re- prdsenle, se irouve placee entre le condyle etle bord unique de la tro- chlee femorale. La situation anormale de ces os autorise a croiro qn'll s'agit pour chacun d'eux d'lme luxation congenilale dont il y aquclques exem- ples pourrespi'cohumaine, et dont nousneconnaissonsaucunexemple pour les animaux domesliques. 263 Quoi qu'il en soil, il y a deux arliculatioiis Kmoro-rotuliennes, dis- tinctes I'une de I'autre, d'liiie part, ct de rarticulation fdmoro-libiale , d'aiitre part. On comprend, d'apres la disposition de Fextreniile inferioure com- mune aux deux femurs, quelle doit etre ici hi direction des fibres li- gamenleuses qui unissent les rotules aux tibias. Ces fibres sont in6ga- lement nombreuses pour chacun des membrcs. Dans chacun d'eux, elles prennent naissance a la tuberosile anterieuro de I'extremile su- perieure du tibia, ct foi'mcntdeux ligainintspour la rolule da mombre gauche, et un sou! pour celie du membre surnumeraire. Pour chacun de ces merabres, ces ligaments sont obliques de has en iiaut et d'avant en arriere, en partant du tibia. Le ligament uniijue du membre sur- numcraire tend a se rapprocherde la ligne mediane, et, an contraire, ceux du membre gauche tendent a s'en eloigner. Pour chacune des articulations femoro-rotuliennes, on (rouve des fibres ligamenteuses qui rappellent la disposition des ligaments late- raux. Quant aux ligaments lateraux internes, lis font confondus I'un avec I'autre et avec une partie de I'insertion des muscles ex tenseurs de la jambe. Ces differentes parties occupentcette tele degoutliere qui est placee a I'extremite inferieure et anterieure de la region femorale, goutliere qui est limitee en dehors et en dedans par la trochlee rotu- lienne. Union des deux, tibias. Ces deux os sont soudds par leur extremity superieure, et dans tout le reste de leur etcndue oil la face interne de I'un s'oppose a celle de I'autre, ils sont unis d'une maniere plus ou moius etroite, au moyen d'un ligament form6 par du lissu fibrcux blanc. Articulations du tarse. L'articulation du tarse du membre gauche est distincle de celle du membre surnumeraire, et cependant ces deux articulations sont jus- qu'a un certain point solidaires : ainsi, il est possible de ilechir lepied sur la jambe du membre gauche, sans qu'aucun mouvement se pro- duise dans rarticulation du membre surnumeraire; mais il n'est pas possible d'imprimer un mouvement de flexion au pied sur lajambe du membre surnumeraire, sans que celui-ci ne se produise dans le mem- bre du c6te gauche. 264 -Nous ne nous occuperons que des moyens d'uuion communs aux deux articulations. Ces moyens consistent : 1" Sur la face posl6rieiire, en un ligament assez considerable qui prend nair^sance ii I'exlreinite inferieuredu sillon qui marque la sepa- ration des deux tibias. La direction generalede ce ligament est oblique de haut en bas et de dehors en dedans. Apres avoir parcouru un cer- tain trajot, les fibres qui entrent dans sa composition se s(^parent en divergeant, et se repandent sur la face interne du tarse : en deliors pour le membre gauche, et en dedans pour le membre surnumeraire. 2° De la face interne du scaphoide du membre gauche se detache un ligament tresfort, dont les fibres sont dirigees transversalement, et qui vient s'altacher sur la partie superieure de Tangle plan corres- pondant (rinterne) du membre surnumi'raire. G'est a partir du bord infi'i'ieur de ce ligament que les deux membres se separent fun de ('autre en divergeant, ainsi que nous I'avons dit en decrivant I'exte- rieur de fanimal. 3° Sur la face anterieure, il n'y a de remarquable que le ligament tres fort qui se detache de I'extremite inferieure du tibia surnume- raire, et qui vient s'attacher a I'extremite superieure et anterieure de la portion interne du metatarse, precisement a I'endroit oii vient s'in- s6rer d'ordinaire la portion moyenne du muscle flechisseur du meta- tarse (cetle portion musculaire n'existait pas). Les autres articulations du pied ne presentent rien de bien remar- quable; jc noterai cependant que I'articulation metalarso-phalan- gienne du membre surnumeraire a une ccrtaine obiiquite anormale qui est due a I'inegalite de longueur des deux moities coniposantcs du metalarse, et plus particulierement a ce que I'externe, qui est ici la plus rapprochee de la ligne mediane, oEfre plus de longueur que I'in- terne. m'OLOGIE. MUSCLES DE LA REGION ABDOMINALE INFERIEURE. II n'y a de remarquable que I'insertion de ces muscles. Elle est r(5- guliere du c6le droit; elle est aussi reguliere du c6te gauche; mais com me en dehors du tendon commun d'insertion se trouve la face su- p(;'rieure de Tisi'liium du coxal surnumeraire, il en resultela formation d'une cavit6 dont la capacite pourrait conlenir le volume du poing et dont les parois sont formi^es. d'une part, par la face superieure ou in- I 265 ternede I'ischium surnumt^raire, recouverte par un muscle obturateur interne, et d'autre part ou du c6te interne , par une portion de p6ri- toine qui appartient a la cavite pelvicnne formee par le coxal du c6te droit el par celui du c6te gauche. Cctte cavite repr&ente, mais d'une maniere fort incomplete, uii bassin surnumeraire qui est rempli par du tissu cellulaire et une cer- taine quanlite de tissu graisseux. Nous aurons plus tard a parler d'un organe que renfermait celte cavite, lorsque nous decrirons les organes gt^nilaux. MUSCLES DE LA REGION SOUS-LOMBAIRE. La forme des muscles qui composent cette region est normale. Voici les seules differences qu'on observe : La portion interne du psoas iliaque n'est pas r^unie a la portion ex- terne du meme muscle et a la terminaison du grand psoas. Ces deux dernieres parties se reunissent comme a I'ordinaire et vont s'inserer en conimun au trochanter du fi^mur du membrc gauche, tandis que la portion interne du psoas iliaque s'insere a la face interne du femur du membre surnumeraire. Enfin, nous verrons plus loin qu'il y a un muscle de plus dans cette r(?gion ; qu'il est place a la face inf^rieure de la portion externe du psoas iliaque, et qu'il est destine pour le membre surnumeraire. MUSCLES DU MEMBRE POSTERIEUR DROIT. Tons les muscles composant les differentcs regions de ce membre t^taieul normaux, car il n'est pas necessaire de decrire ici quelques l(5geres modifications qui n'^taient que la consequence de la luxation de I'articulation coxo-femorale. MUSCLES DU MEMBRE POSTERIEUR GAUCHE. 1" Muscles de la region de la croupe. A part la deformation generale de cette region, qui est due i un apla- tissementde dehors en dedans du coxal gauche, et dontnous avons parte en dterivant I'exterieur de I'animal, ces muscles ne pr^senlent absolument rien a noler. 2" Region crurale postfirieure. A. Le long vaste {iscliio-tihial externe) o(Tre les monies dispositions et les m^mes rapports que dans les circonstances ordinaires. 566 B. Ischio-tibial moyen on poslerieur. II n'est remarquable que sous le rapport desa terminaison. II passe an c6t6 interne du lobe in- terne du bifemoro-calcaneen du membre gauche, et se termine par unc aponevrose qui va sinserer sur la ligne qui marque la separation primitive des deux tibias. C. V ischio-tibial inierne a sa forme et scs rapports ordinaires, et se termine a i'extremite inft^rieureet inierne du femur gauche, au-dessus du point de la reunion decet os a laparlie correspondantc du f^mur du membre surnuniorairc. D. Enfii), le grdle interne est normal. 3° Muscles de la region crurale anterieure. Outre Ics muscles qui composent ordinairement cctte region, on trouve le muscle long adducteur de la jambe, dont nous ferons la des- cription a Tarlicle lUgion crurale inierne, a laquelle il appartieut chez I'animal bien conform^. A. Le fascia lata est normal. B. Le droit antiricur de la cuisse n'a de particulier que sa direc- tion oblique de haut en has et de dedans en dehors, qui est command^e par le femur gauche et par la situation anormale de la rotule. C. Triceps crural. 11 n'y a que la portion interne de ce muscle l^vaste interne) qui doive etre decrite en particulier. Celle portion est tres-volumineuse, prismatique, a base inferieurc. A son extr6mit6 in- ferieure, elle s'61argit et va s'inserer a la rotule par una partie seule- ment de sa base, et comme I'extremite inferieure commune aux deux femurs est tres-large, et que I'espece de goulliere que nous avons si- gnalee sur sa face anterieure n'est reconvene que par unc vaste lame librense, sorte de ligament capsulaire, I'autre partie de ses fibres, reu- nie a la terminai^•on du muscle long adducteur de la jambe, s'attache a celte lame librense et la recouvre. Vers son insertion, le triceps crural recouvre aussi une grande bourse muqueuse qui le separe de rarticulatioQ fL^moro-rotulienne correspondanle. 4° Muscles de la r6gion crurale interne. Les muscles de cetle region sont un peu irreguliers relalivement au mode suivant lequel ils sont groupes aulour du femur. II sembie, en oli'et, que lo membre surnumeraire soit venu se placer cntre le court adducteur de la jambe et le long adducteur de la jambe. 11 en est re- 257 sult^ que ces muscles, qui devraient se toucher par leurs Lords cor- respondants, sont a une grande distance I'un de I'autre, et que le long adducleur de la jaaibe sc trouve porte a la face anteripure de la cuissc, dans la parlle siiperfKieile de la rt^gion crurale antcrieure, au lieu d'etre a la partie anterieure de la region crurale interne. Voici ce qui resulte de la dissection de cliacun des muscles de cette region : A. Long adducteur de la jambe. U est pale, peu d(5velopp6 ; sa forme generate et ses attaches sont ditierentes de celles qu'on observe ordiuairement. 11 est triangulaire, a sommct superieur, compo.-e de deux parlies continues : I'une superieure, cliaruiie, el Taiitre inferieure, aponevro- tique, qui occupe environ le quart de la longueur totale du muscle. Sa direction est prcsque verlicale. II prend naissanre a la surface de Taponevrose lombo-iliaque qui recouvre le psoas iliaque, et il est re- couvert a ce mcme cndroil par un muscle surnumeraire destine pour le membre surnumeraire. Par sa face profonde ou posterieure, ce muscle recouvre le nerf sa- phene, sur le trajet de I'opposition du femur du membre gauche au femur du membre surnumeraire. An niveau de rextremile inferieure et anlerieure commune a ces deux os, la partie charnue se termine par une aponevrose qui recouvre la vaste lameflbreuse ou le ligament dont nous avons parle pr6cMemment, et se repand ensuite sur la face anlerieure des deux tibias. Quoique ce muscle s'eloigne beaucoup, par sa situation, des condi- tions normales, il represente evidemment le long adducteur de la jambe, sous le rapport de ses attaches et de son r61e de satellite a re- gard du nerf et des vaisseaux saphenes. D. Muscle court adducteur de la jambe. II a des dispositions a peu pres normales; cependant sa forme, au lieu d'etre quadrilatere, est celle d'un triangle donl le sommel respond a I'inserlion : celle-ci a lieu par une aponevrose qui se repand dans I'espace comprisenlre les deux libias, mais plus particulierement sur le libia gauthe. Enfui, son bord anterieur, qui devrait s'opposer au herd correspondaiit du long adducteur de la jambe, s'oppose au bord d'wn muscle long vasic ou ischio-tibialexlerne du membre surnumeraire. C. Muscle pcctinc. Nous ne trouvons pas ce muscle : la seule partie musculaire qui pourrail y correspondre. et encore partielle- •268 ment, serait une portion musculaire qui esl placi^c entre les deux fi^- murs. Nous dccrirons plus loin ce muscle, parmi ceux de la region crurale interne du niembre surnumeraire. D. Muscle sous-pubio fiimoral on triceps adduclcur de la cuissc. Ce muscle sereunit a I'homologue du membre surnumiiraire. 11 n'y a rien autre chose a noter. E. Les autrcs muscles de cette region, Yobturateur externe, le ;«- meaudu bassinet Yobturateur interne^ ne presentenl rien de particu- lier, 5° Muscles de la region tibiale anterieure. Ces muscles sont en nombre normal. Les seules particularites qui doivent etre notees sont : a. Le volume considerable du tendon d'origine commun k la portion moyenne du flecliisseur du melalarse, a I'extenseur commun des deux doigts et ii I'extenseur propre du doigt interne ; le volume de ce tea- don est au raoins aussi cousiderable que chez un animal adulte. b. Ce tendon est enveloppe, comme d'ordinaire, par un prolonge- ment de la syuoviale de I'articulalion fcmoro- tibiale, au moment oil il gtisse sur la coulisse placc^e eutre la tuberosite anterieure el la tube- rosite externe de Textremile superieure du tibia; mais, par suite de la luxation congenitale de la rotule, il est croise en plan superOciel , et de dedans en dehors par les ligaments tibio-rotuliens. 6" Muscles de la region tibiale posterieure. li n'y a rien de particulier a noter. 1" Muscles du pied. Rien a noter. MUSCLES DU MEMBRE SURNUMERAIRE. !■> Region de la croupe. Nous ne trouvons que deux des trois muscles qui composent ordi- rement cette r(^gion ; ce sont : le petit fessier et le moyen fcssier. A. Petit fcssier. 11 est plac6 en avant des jumeaux du bassin du membre surnum^raire, dont il est separe par un intortices dans lequel passe le tronc des nerfs sciatiques du meme membre. Sa direction est presque transversale relativement a la ligne mediane. 11 prend nais- sancp par des fibres apon^vrotiques a la partie la plus ant(!'rieure de ' 269 rischiiim du coxal surniimcraire, et il s'insere par des fibres apone- vrotiquos qui, apres avoir passe sur I'extrcmite superieure du vaste externe, s'altaclienl a la base et a la partie aulerieuredLi trochanter. B. Le moycn fessier est ce muscle anormal dont nous avons deja parl6, qui recouvre la face inferieure de la portion externe du psoas iiiaque, donl il est cependant separe par I'origine du long adducteur de la jambe, Sa face inferieure est recouverte parle piiriloine, on plus particulierement par I'origine du ligament suspenseur dc la malrice du meme c6le. G'est un muscle assez fort, qui est forme de deux por- tions inegales. Tune externe et I'autre interne. La portion externe, la plus considerable, est aplatie de dessus en dessous, dirigee obliquenienl de haut en bas et d'avant en arriere, prend naissance a Tangle anterieur externe de I'ilium du coxal gau- che, oil il se reunit a rorigine du muscle petit oblique ou oblique in- terne de Tabdomen. II va s'inserer, par des fibres aponevrotiques, a la base el a la par- tie anterieure du trochanter, en se reunissant a la terminaison de Fautre portion composanle du moyen fessier. Celle-ci, beaucoup moins considerable que la premiere, prend naissance sur I'aponevrose lombu- iliaque, par des fibres aponevrotiques. En dedans de cette petite por- tion musculaire se trouve le tronc arl^riel iiiaque externe, et le uerf qui constituera le tronc commun des nerfs sciatiques du membre sur- numeraire. G'est au-des£us de ces deux portions d'un meme muscle et au-des- sous du grand psoas et du psoas iiiaque que passent I'artere femorule et le nerf femoral anterieur du membre gauche. 2° Muscles de la region crurale posterieure. Nous reconnaissons facilement plusieurs des muscles qui composent cette rt^gion; ce sont: .4. Le long vaste ou uchio-tlbial externe, qui est place en arriere du fascia lata (muscle de la region crurale anterieure). Ges deux muscles, dont la face libre regarde du c6te de la ligne mediane, sont superfi- ciels, tres-pales, decolores et llasques, comme le sont, en general, tons les muscles de ce membre surnumeraire. Le long vaste prend naissance a la partie la plus inferieure de I'is- chium surnumeraire, et nous avons vu precedemment qu'eile corres- pond a la tuberosite ischiale. .\. part ces niodillcations tres-remarqua- •270 bles sous le rapport de la forme, de lu longueur, le long vasle se terminc de la m^me inaniere que dans les circonslanccs ordinaires. D. Viscluo-tibidl moycn ou posltiicw manque complotement, et ricn ne nous pariiil cu liiiir lieu. C. L'iscliio-libial inoiir- gclat, Lafosse, Girard) aienl dit que les testiculos operent Icur desceuto ve7's le sixiane mois aprcs La naissance ^ dans I'especc chevaline, il est certain (mais il nous serait impossible de preciser davantage) que les testicules occupeat deja les bourses avant que Ic corps ne soit en- core couvert dc polls (cspece bovine) ou de laine (espece ovine) : nous I'avons constate aiissi un grand nombre de fois dans I'cspece porcine. Mais, nous le repelons, nous ne saurions dire aujourd'hui a quelle (ipoque de la gestation correspond cette migration des organes testi- culaires. Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons partager la trop grande reserve de M. Vanhaelst, qui, a cet egard, conseille d'attendre jusqu'ii I'age de trois aos avaut de se prouoncer sur rexisteuce ou la uou- existeuce de rauomalie cliez le cbeval. §IV. Aux diverse? causes que nous avous deja fait connaltre, nous ajou- terons que la cryptorchidic est hcrdditaire. Les fails quiprouveut que cette anomalie des testicules est jusqu'a un certain point hereditaire nous sont fournis pour plusieurs especes, et ont 6t6 recueillis par plusieurs velerinaires. Nous les exposerons successivement. A, — TE»pi;ee chevaline. Voici ce que dit M. Pangoue, veterinaire a la Chatre-sur-le-Loir, dans une 7wte sur les ckcvuux anovchides el monorchides : « Ayant eteappele, le;:i mars dernier, aubaras de Mang6, propriety appartenant a M. le prince Marc de Beauveau, pour operer de la cas- tration deux poulains de demi-sang, I'un ag6 do 25 mois et I'autre de 13 mois, je m'apercus, lorsqu'on lit sortir le premier, I'animal ctant maintenu debout, apres avoir explore la region inguinale, qu'il etait anorcbide. M. Garter, charge de la surveillance du haras, me dit qu'en effet il n'avait pu constater I'exislence des testicules chez ce cbeval, dans leur region normale. « On lit sortir I'autre poulain, age de 13 mois, que j'explorai aussi debout, et chez qui, malgre raes investigations, je n'ai pu constater I'exislence que du testicule droit. » Je demandai a visiter les autres poulains males, et Von m'accom- pagna dans un pr6 oti etaient a paltre deux poulains pur sang. L'un 299 de ces animaux, age do 15 mois, est aussi monorchido, ol le testiciilo est du cote droit. » L'aulre poulain, de meme age, est normalement conforme. » D6sirant voir le pere de ces jeiines animaux, on me conduisit dans Tecurie de Master-AVaggs, cheval anglais pur sang, ag6 de 19 ans, qui est monorchide et donl le tosticule est du c6te droit. » Enfin, je fus frappe d'etonnement quand j'appris que la Cloture, cheval anorchide, est fds de Master-AYaggs.... » Les exemples que je viens de citer en faveur do I'lieredite ne peu- vent 6tre revoques en doute, peut-etre miimepourrait-on en augmenter le nombre, si Ton pouvait suivre les filiations genealogiques de tous les descendants de Master-AYaggs. » (Recueil de medecine VETfiRix.\mE, 18o2, p. 664.) B. — Espcce ovine. M. Mathieu nous a communique sur ce sujet les remarques sui vantes : « Les produits males, issusd'unWlier monorchide, ont, en gen(5ral, deux testicules; niais j'ai souvent observ(5 que ces organes etaient tres-peu volumineux. J'ajouterai aussi qu'un b61ier ayant deux testi- cules, et etant fils d'un belier monorchide, a donne naissance a beau- coup de boilers anorchides. » M. Mathieu pense que la consanguinite est la cause la plus frequente de I'anomalie chez les betes ovines. II a vu beaucoup de males anor- chides et raonorchides dans des troupeaux merinos ameliores par des accouplements consanguins. C. — Espisce porcine. M. Magne nous a fait connaitre ce qui suit : I Communica- 28 Id. 3 ans 1,65 V Id. 225 208 17 11 J tion de M. J Dillon.— I.C 29 Gros trait 6 ans 1,54 1) Id. 232 248 u 16 [ i;he\aln>'30 \ et celui 30 Trait leger 7 ans 1,55 D Id. 260 253 7 n 31 avaieiit les tcsticu- 3i Selle 3 aas 1,.5 1> Id. 62 62 )) » les mala- dcs. 32 Gros trait 6 ans 1,48 » Id. 150 155 » 5 I 33 Id. 4 ans » D Id. 250 288 U 33 1 34 Id. 26 mois U U Id. 70 82 1) 12 35 Id. 30 mois 1> 11 Id. 110 90 2 Id. 124 120 4 II tion de M. Festal (rbi- 37 W. 2 ans n 1> Id. 125 130 U b lilil-if). 38 Id. 3 ans ij D Id. 187 156 31 u 3y W. 4 ans D B Id. 125 120 5 » ., 40 Id. 7 ans 1,65 » Id., tres-m6ch. 304 306 » 2 41 W. 12 ans 1,60 b Cadavre 200 195 5 1) 42 W. 13 ans 0 340 Id. 136 78 58 D — Le testicule droit de cc 43 Id. 16 ans D 445 Id. 121 133 D 12 clieval etait atropine. 44 W. Id. a 363 Id. 166 159 7 11 45 Id. 12 ans n 394 Id. 157 156 1 0 311 2o Poms HES TESTICULES BANS LES CIS IlE CRYPTORCHIBIE. I~ DIFFERENCE § ! o 1 ° SERVICE. AGE. TAILLE. POliiS du testicule gauche. POIDS du testicule droit. de poids eutre le testicule situe dans les bourses et celiii situe OBSERVATIONS. dans rabdomen. I* c e"- c ' Gros trait. 15 ans 1,.50 165 18 147 Le testicule droit ctait dans I'abdomen. 2 III. 11 Id. 122 16 106 Id. 3 Id. 8 ans 1,S8 31 260 229 Le testicule gauche etait dans I'abdomen. 4 Id. " 1,55 31 25-1 223 Id. as. — Espfecc asine. Nous n'avons recueilli que peu d'exemples dans I'espece asine; niais nous avons pu constatcr, dans cliacun des fails que nous avons ob- serves, les memes dispositions anatomiques que chez le cheval. Chez quelques aniinaux de celte espece, nous avons pesii les tesli- cules afm de monlrer la difference qu'on observe entre ceux qui des- cendent dans les bourses et ceux qui restent pendant toule la vie dar la cavite abdoininale. Void les resultats de ces recherches : i" Chez des individds bien conformes. DIFFERENCE POIDS POIDS du testicule POIDS du testicule de poids en faveur du P3 O AGE. TAILLE. de I'animal testicule OBSERVATIONS. vivant. gauche. droit. ^ _ gauche. droit. m L 6' i' 6' E^ 1 10 ans 1,25 u 109 115 D 6 Les testicnles ont ete peses apres avoir ete 2 18 ans 1,20 1) 71 66 5 D completement deta- ches de I'epididyme. 3 5 ans 1,30 I) 191 191 B » 4 6 ans 1,069 97 95 107 l> 12 b vieui 0,920 96 90 92 D S 312 Jo Chez des individus crypthrchibes. N" D'oHDRE. POIBS de raoimal vivant. POIDS du testicule gauche. 11 POIDS dii testicule droit. 12 OBSERVATIONS. les deni testicules etaient dans la eavite abdominale. La pptite quantite de liqnide qui a pu etro eitraite des canaui diHernits etait tres-claire et tres-tiansparente. EUe a ete ciaiiuiiee au microscope; elle ne contenait aucun animalcule spermatique. M. Colin, clipf dp senice d'anatomie a I'Ecole imperiale veterinaire d'AHort, a etc temoin de cette con- statation. Nous avons communique i la Societe de Biologic, dans la seance du 23 decembre 1S54, lo fait d'un ane cryptorchide d'un cote ou il n'existait pas d'animalcules spermatiques. C. — Espeee bovine. Nous n'avons observe aucun exemple de cryplorchidie chez les ani- maux de cette espece; nousne pouvons que rappeler ici I'observation (Iiii en a (5te publi6e. Dans un cas d hermaplirodisme masculin complexe observe par M. le docteur liayer chez un taureau qui fut sacrifie aux abattoirs (COiMPTES REXDUS DES SEANCES ET MEMOIKES DE LA SOCIETE DE BlOLOGIE, 2° s6rie, t. 1, 1854, p. 112) on a note ce qui suit : " Les organes males etaient au complet, mais plusieurs (ilaient pen developpes. Les deux testicules, situtis dans la cavitti de Tabdomen, dans I'endroit oii Ton rencontre ordinairement les ovaires chez la vache, n'avaient qu'un tres-petit volume, surpassant it peine celui des testi- cules d'un homme adulte bien conforme. lis etaient reconnaissables a la tunique fibreusc qui leur servait d'envcloppc, a I'existence de I'e- pididyme et au canal deferent qui en partait. Ricn d'ailleurs ne rap- pelait, dans ces organes, la structure des ovaires. Lc tissu de ces tes- ticules 6tait (ividemment alt6re. « A la coupe, la substance de ces glandes etait d'un jaune-abricot, et les conduits seminiferes ne se d^'roulaicnt pas en lilamenls, comme dans I'etat sain; plusieurs points de ces conduits, examines a un fort grossissement, n'ont point montre de zoospermes. Un de ces testicules contenait dans son interieur un caillot de sang volumineux. Les canaux 313 deferents, partis de I'^pididyme, se rendaient derriere la vessie, cora- niuniquaient avec les vesiciiles seminales, se lermiiiaient par les ca- naiix ejaculateurs qui s'ouvraient dans le canal de i'liretre, par un tres-petit orifice, de chaque cote du verumontanura. » Les conduits deferents contenaient un liquide opalin dans lequel on distinguait en abondance un epithelium nucleaire, sans trace de zoospcrmes. Les vesicules seminales, situecs a leur place ordinaire, etaient peu volumineuses. L'Jiuraeur qu'elles renfermaient avail a I'ojil nu el a un fort grossisseraent la meme apparence que celle des con- duits deferents. Le canal de I'uretre et le penis etaient bien conformes. » D. — Espcco ovine. Dans I'impossibilite ou nous sommes encore ici de faire connaltre nos observations personnelles, nous rapporterons celles que notre ho- norable confrere et ami M. Mathieu, veterinaire a Sevres, a pu faire pendant plusieurs annees, alors qu'il habitait Ancy-le-Franc, depar- tement de I'Yonne, et celles de M. Festal (Philippe). « Quant aux testicules conserv(5s dans le ventre pendant loute la vie, nous dit M. Matbieu dans une leltre, je n'cn dirai rien; les obser- vations que vous avez faitcs rendent superflu tout ce que je pourrais ecrire ici. « Voici les poids des testicules chez quelques individus de I'espece ovine qui etaient cryptorchides des deux cot^s : u POIDS a O RACE. AGE. DU TESTICniE OBSERVATIONS. "^ gauche. droit. s"- 5' 1 Merinos 28 mois 35 30 Communication Je M. Festal. 2 Poiteviu 15 moii 22 18 U. 3 1 Merinos 30 mois 42 46 Id. E. — Especc porcine. Une seule occasion s'est presentee k nous d' observer un individu de I'espece porcine dont Tun des testicules 6tait rest6 dans la cavity abdo- 314 minale. Cot animal avait of6 cluitre du c6li! oppos6. La disposition anatomique etait la nieme quo nous uvons fait connaitre pour le cheval. 11 u'y avait pas d'aninialculcs spormaliqucs dans le liquide clair et transparent que conteuait le canal deiureiit. Dans uu fait observe par M. Reynal a I'autopsie d'un pore cliez le- quel les deux tcsticules t^taient restes dans rabdonicn, ces deux or- ganes, qui etaieiit tres-petits, mous et ilasqucs, elaient situi'S au milieu d'une masse de graisse a la region sous-lombairc et en arriere dcs reins. (Sociele nalionale et centrale de medecine veterinaire, seance du24avriri851.) Notre collegue M. Magne, professeur a I'Ecole imp^riale v6terinaire d'Alforl, qui avait dans son service une asscz grandc qiiantite de pores (1), a fait, depuis nos premieres observations sur le cheva!, plu- sieurs remarques fort importantes sur lesquelles il a bicn voulu nous communiquer quelques notes dont uous nous servirons dans cc tra- vail, M. Magne nous dit dans sa note : (1 Le teslicule abdominal est toujours plus mou et plus petit que le scrotal. La dillerence entre ces organes, quant au volune au moins, augmente a mesure que les animaux deviennent plus ages. EUc est d'un sixieme ii deux mois, et d'un quart a qualre mois et derai, cinq mois. » Chez des individus qui avaient les deux testicules dans la cavitC' ab- dominale M. Festal a trouv6 les poids suivants : cq poms RACE. AGE. DU TESTICDLE OBSERVATIONS. K gauclie. droit. B' c 1 Sainlongeais 5 mois 48 35 2 Chinois 8 mois 54 42 L'individu que nous avons examine avait et6 cliatr6 du c6t(5 droit. (1) La porcherle de I'Ecole a (5t(5 supprim^c depuis deux ans. 315 Le teslicule gaudie a (5te lroav6 dans la cavils abdomiiiale, a I'ontrce de la cavit6 pelvienne; il I'tait mou et flasque. Son poids etait de 47 grammes (24 novembre 1852). F. — Espfece canine. Pour cette espece nous avons recueilli Irois observations. J" Chez un chien basset a patles torses, qui etait cryptorcliide du c6te droit, \e testicule gauche (scioldl) pesait 8 grammes el le droit 2 grammes seulement. Le testicule abdominal etait mou et ilasque. Nous avons pu faire voir a quelqucs eleves de I'Ecole d'Alfort que, du cole gauche, le liquide contenu dans le canal deferent etait pourvu d'un grand nombre d'animalcules spermatiques, tandis que celui qui a et6 recueilli dans le canal dt^Krent du cole droit etait moins abon- dant, moins 6pais, plus transparent et ne conlenait pas d'animalcules spermatiques (4 juin 1855). 2" Chez un chien braque, age de quatre mois environ, le testicule droit etait situ6 dans la cavit6 abdominale, et y 6tait maintenu floltant entre le rein et I'entree de la cavile pelvienne. Le teslicule gauche, qui ^tait dans les bourses, pesait 0 gr. 412, et celui du cole droit, qui 6tait dans I'abdomen, pesait 0 gr. 372. 11 n'y avail pas d'animalcules spermatiques ni d'un c6t6 ni de I'autre, et cette particularite doit etre atlribuee, en ce qui concerne les organes du c6t6 gauche, au jeune age de I'animal (19 fevrier 1856). 3° Che^ un vieux chien caniche, le testicule droit etait reste dans la cavite abdominale. II n'y avail rien de particulier a noler relativc- ment a sa situation. 11 n'y avail pas d'animalcules spermatiques ni d'un cote ni de I'autre ; mais il importe de faire remarquer que ie teslicule gauche, qui etait situ(5 dans les bourses, etait aussi mou el flasque que celui du cole droit ; qu'il avail une teinte jaune pale, et que la lesion de fonction etait la consequence d'une lesion de la struc- ture de cet organe. Le testicule gauche ou scrotal pesait 2 gr. 260, et celui du cote droit Ogr.710. Les vaisseaux testiculaires du c6t6 gauche 6taient assez volumineux, tandis que ceux du c6t6 droit 6taient excessivement pelils (19 fevrier 1856). En resume : Dans les paragraphes precedents, nous avons prouY6 par un certain 31G nombre d'obscrvations que, lorsque les testiculcs demcurcnl pendant toute la vie dans la cavite abdoniinale : A. — Ces organcs sont flottants ct sont suspendii? a I'extremito d'un repli peritoneal, de la memo maniere que I'inteslin greie a rextremitti du mesentere, B. — Dans quelques cas, la partie posterieure dc I'c^pididyme a commenre a refouler la portion parietalc du peritoine vers la partie superieure du trajet inguinal, et, dans cette ouverturc, la gaino vagi- nale commence a se former, tandis que dans lo premier cas elle man- que absolument. C. — De ces fails, il devient evident que la formation de la gaine vaginale est la consequence de la descente ou de la migration des tes- ticules. Dans le premier cas, cette descente n'a pas commence a s'op6- rer. Dans le second, elle a ete arretee alors qu'elle comraencait a se faire. D. — Les testicules, qui sont pris dans les bourses, n'ont pas tou- jours le meme volume et le meme poids : il n'y a rien d'aljsolu sous ces deux rapports, c'est-a-dire que ce n'est pas, ainsi qu'on I'a pretendu, le gauche qui pr6sente le volume et le poids les plus considerables, puisque les faits prouvent que c est tant6t le gauche, tantot le droit. E. — Les testicules qui restent pendant toute la vie dans I'interieur de la cavite abdominale sont peu volumineux, et toujours moins vo- lumineux que ceux qui descendent dans les bourses. F. — Sous le rapport du poids, les testicules qui restent dans la ca- vite abdominale sont toujours beaucoup moins pesants que ceux qui sont silues dans les bourses. G. — Les testicules qui restent dans la cavitt^ abdominale sont tou- jours mous et flasques, comme ils le sont, du reste, pendant la vie fee- tale, tandis que ceux qui sont situes dans les bourses ont toujours une consistance beaucoup plus ferme. La difference qu'il y a entre ces tes- ticules, sous ce rapport, et dans les situations diverses dont nous fai- sons le parallele, est tellement remarquable et frappante, que Ton peut les distinguer les uns des autres facilement, meme lorsqu'on les pr6- sente a I'etatde complet isolement du cadavre. Nous n'ttendrons pas davantage ce resume pour le moment, attendu qu'il nous paralt indispensable de porter I'attention sur quelques points imporlants, et particulierement sur la structure des testicules dans les cas de cryptorchidie. 317 § VII. — STRUCTURE DU TESTICULE. 1.° Chez I'homnie. Siir tous les sujets qui nous ont offert une retention du testicule, soit a I'anneau inguinal, soil dansl'etendue du canal, nousavons tou- jours trouve une diminution tres-notable dans le volume de I'organe. Sur le Yivant comme sur le cadavre, la chose est facile a verifier. Mais I'alteration du testicule ne se borne pas, dans ce cas, a une di- minution de volume, la structure sc modifie profondi^nent ; I'organe subit ce qu'on pent appeler, dans un langage vicieux, une sorte de transformation fibreuse, c'esl-a-dirc que les parois des canaux semini- feres s'affaissent et ceux-ci prennent le caractere de ligaments fibreux tres-minces. Gequi contribue encore iirendre cette apparence fibreuse plus marquee, c'est que les cloisons celluleuscs du testicule, par le retrait de la substance seminifere, deviennent plus visibles. Ce retrait, auquel ne s'accommode pas la capsule si r^sistante qui envcloppe le testicule, donne a cet organe une sorte de flaccidite. Aussi cette espece de testicule est-elle moUasse, et meme, a travers les teguments, on ne sent plus la renittence normale. Une alteration plusprofonde de cette structure du testicule, c'est la transformation graisseuse complete, et par transformation graisseuse, nous en tendons le depot d'une matiere grasse, qui, comme dans le tissu musculaire, se substitue a 1' element normal de Torgane. Nous avons eu I'occasion d'examiner sur un vieillard un testicule retenu dans le canal inguinal. 11 ne contenait qu'une masse graisseuse jaune; sa forme etait celle du testicule, et la tunique albuginee, quoique amincie, en delimitaitbienles contours. Cette graisse etait traversee en differentes parties par des vaisseaux veineux assez developpes. En un point seul de ce globe cellulo-graisseux, on apercevait tres-distinctement un noyau blancbatre, gros comme un petit pois et forme par un peloton de canalicules seminiferes aplatis ; ces vaisseaux nous ont paru cor- respondre a Fun des cones des vasa e/ferentia. Une partie de I'epidi- dyme et du canal deferent, descendu en avant du testicule, dans le scrotum, etait bien devclopp6 et s'est laiss6 facilement penetrer par de la matiere colorante. On trouvait un liquide secrete par cette portion de I'epididyme, et dans le canal deferent, comme dans la vesicule se- minalc, on voyait un liquide brunatre, sans spermatozoides, mais tres- 318 abondamment fourni de globules jaunes, dont nous parlerons plus tard. Curieux de suivre au microscope ce changemeut dans la struc- ture du testicule, nous avons soumis a I'cxamen certains frag- ments do celte maticre cellulo-graisseuse. On pouvait etendre facilement sur une plaque de verre ces diverses portions, et on n'y apercevaita Tail nu aucune trace d'une structure reguliere; elles se laissaient d(5chirer et aplatir comme du tissu cel- lulo-graisseux ordinaire. A un I'aible grossissement, on n'y dislinguait aucune trace de canaux seminiferes, et avec le secours des plus fortes jcntilles, on n'apcrcevait que de tres-minces filaments de tissu ccUulaire et de globules graisseux. Une observation, que nous avons puLlice ailleurs, montre combien le systeme vasculaire t^tait peudevelopp6 dansun cas analogue, (Arch. GEN. DE MED., n° de juiUct 1851.) Cette diminution est loin d'etre tou- jours aussi considerable. Nous avons merae pu nous assurer que, dans un de ces fails, le systeme veineux etait assez bien marque, mais le systeme arteriel est toujours reste a I'^tat d'atrophie. Nous n'avons pas fait de recherclies sur los lymphatiques et sur les nerfs. 9° Chez Ics animaux donicstiqucs. Cliez plusieurs individus, nous avons pu faire les memes observa- tions touchant ia structure du testicule. Quoi qu'il ensoit, nous n'ose- rions pas encore aflirmer que, chez tous les animaux cryptorcbides, on trouve une semblable diminution des canaux seminiferes. U est facile de comprendre qu'on doit rcncontrer des degrcs ioLormediaires.Tandis que, sur quelques testicules, la disparition des canalicules seminiferes sera complete, sur d'autres, on pourra encore trouver quelques-uns de ces vaisseaux qui n'onl point encore subi la transformation grais- scuse et qui conservent leur element fibreux et leur coucbe epitheliale, mais I'observalion etablit que, dans tous les cas, I'exprcssion la plus marquee d'une alteration dans la structure du testicule, c'est I'ab- sence de spermatozoides dans le liquide secrete. SECONDE PARTIE. PHT!!»IOI.OCilE. Nous avons ctudie, dans la premiere partie, les causes el lauatomie 319 speciale de la cryptorchidie , il nous rcste rnaintenant h etudicr celte question an point de vue pliysiologique. Gette seconde partie reposera essentielleraent sur la premiere et sur des experiences ou des fails pratiques. §1. 11 ne serait pas prudent, dans lous les cas, d'affirmer au moment de la naissance, soit chez I'homnie, soit chez les animanx domesli- ques, lorsque les testicules no sont pas places dans les bourses, quo les individus sont cryplorcliides. II pout arriver que les organes les- ticulaires soienl, a ce moment encore, dans I'interieur du canal ingui- nal, et qu'ils ne descendent dans le scrotum qu'a une epoque plus eloignee. Mais a I'age adulte, la constatation de I'existence ou de la non-exis- tence de I'anomalie peut etre necessaire, et, sans vouloir ici preciser dans quelles circonstances, il nous parait utile d'exposer quels sont les caracteres a I'aide desquels cette constatation est possible. Nous diviserons ces caracteres en ceux qui sont propres a I'espece Imraaine et ceux qui sont particuliers aux animaux domestiques. 4° Cbez l^homme. L'etat du scrotum n'est pas invariablement le meme dans tous les cas de testicules retenus dans le canal inguinal ou dans le ventre. Dans une certaine categoric de fails, le scrotum est seulement rem- pli par du tissu cellulo-graisseux, et ou n'y trouve le vestige d'aucune poche vaginale ; dans une autre serie de fails, on voit une poclie vagi- nale dans le scrotum. L'explication de ces deux varietes est facile a decouvrir. Quand le teslicule, relenu dans le canal inguinal, y demeure con- starament fixe, on trouve d'ordinaire une poche s^reuse qui I'enve- loppe assez completeraent, et, dans la raajorite des cas, ne commu- nique point avec la cavit6 du peritoine. Cette poclie ne descend guerc plus bas que I'anneau inguinal externe. La retention du teslicule dans le canal inguinal soumeltant cet or- gane a une foule de violences, et souvent a I'application funeste des bandages, il n'est pas rare de trouver cette tunique vaginale ingidnale plus ou moins obliteree, plus ou moins divisee par des brides libreuses. Les tuniques normales du scrotum so rencontrent la, aj' exception 320 du cremaster ; mais il est parfaitement certain que la distinction dc lous ces dements est au moins fort difficile. Nous avons dit que dans une certaine s6rie de faifs, on trouvait une cavite vaginale dans le scrotum ; c'est alors qu'on a sous les yeux rexemple dc ces testiculcs Iloltants, que la main peut ropousscr dans le scrotum plus ou moins bas, mais qui reprennent leur place pre- miere aussitot que les doigts cessent leur compression. Dans ces cas, le testicule est retenu par de solidcs adherenccs ou par une hrievete naturelle du canal deferent ; presse de haut en bas par la main, il se cr(3e une voie dans le scrotum, et allonge sagaine periloncale; mais la cause qui le retient au canal inguinal persiste trop pour lui permettre uue descente complete. L'examen anatomique montrerail probabie- ment une disposition analogue cliez certains individus qu'on voit, dans un but raal compris d'cxemplion militaire, se repousser artiticielle- ment le testicule dans le canal inguinal. Dans tons les cas, qu'il possede oU nonune cavite vaginale, le scro- tum a perdu sa forme bilobee ; le sillon median a disparu, et une saillie, constitute par le testicule sain, traduit immediatement une lesion interieure. Quand les deux testicules sont restes dans I'abdomen, c'est a peine s'il y a, ainsi que nous I'avons constate sur un cadavre, un leger repli cutane correspondant au scrotum. Enlin quant a la tailleet au diiveloppoment general, nous nous bor- nerons a dire que ces individus n'ont rien d'etTemine. 1t° Ctaez les animaux doiucstiqucs. Plusieurs vet^rinaires se sont occupes de rechercher les signes a I'aide desquels on peut reconnaitre qu'un cheval est cryptorcbide. Ces signes peuvent etre tires de l'examen de la region testiculaire el du caractere ou du moral de I'individu. A. — « 11 se rencontre quclquefois dans les regiments, a dit M. S6on Rochas dans son Hyciexe veterinaire militaire (in-8°. Paris, 1844, p. 315), des chevaux dont la castration a et6 incomplete, parce que les deux testiculcs, ou seulement I'un d'eux, sont restes dans I'abdo- raen. Ces animaux sont un sujet d'embarras , et sont eux-memcs ex- posfe abcaucoup d'accidents ; ils se detachent, frappent les aulres che- vaux ou sont frappes par cux, portent le desordre dans I'ecurie, et sont maltraites pour cela par les cavaliers charges de les garder; ou 321 bien, excites par les cavaliers, Us saillissent les juments qu'its ne f^- condent pas , il est vrai, mais qu'ils entretiennent ou font devenir en chalcur; ils s'enervent el sont bient6t mines. Cos chevaux sont d'au- tant plus incommodes qu'ils sont plus jeunes et plus sanguins. » 11 est difficile, sinon impossible, de reconnaitre ce vice au mo- ment de I'achat, a moins que le soupconnant par la persistance de quelqucs-uns des signes qui distinguent le clieval entier du cheval hongre, on nefasse approcher une jument dont la prfcence deter- mine les symptomes de cette emasculation incomplete. Mais une fois que les chevaux sur lesquels elie se rencontre sont incorpores, on ne peut se soustraire ases effets que par beaucoup de precautions, et surtout par Temploi d'un licou, et d'une longe solides, llxes a la tete et a la mangeoire au moyen d'un cadenas. Ce sont principalement ces chevaux qu'il faut confier a de bons cavaliers, qui s'y attachent d'au- tant plus qu'ils ont ordinairement beaucoup de moyens et d'intelli- gence. » Ce que nous venons do rapporter souffre pcu d'exceptions, et Ton salt que dans les manccuvres de cavalerie les chevaux cryplorcliides portent souvent le d^sordre. Voila pour le caractere ou pour le moral ; cela est a peu pres general. Nous connaissons cependant quelques ex- ceptions, et nous pouvons assurer qu'elles sont rarcs. Ainsi, nous le repetons encore, cest surtout le caractere du cheval entier qui domine chez le cheval cryptorchide, mais on ne retrouve pas toujoursle cheval entier dans les formes, et surtout dans le volume de I'encolure. Le cheval cryptorchide d'un seul cote est qnclquefois chatre du c6t6 oil le testicule est descendu dans le scrotum, et il conserve toujours le meme caractere. Cest surtout dans cette circonslance qu'il convient d'examiner attenlivemcnt Tindividu, car son mauvais caractere le rend tres-indocile, difficile a conduire et a maitriser dans I'accomplis- scmentde certains services. Que la cryptorchidie soit simple ou double, il ne faut pas toujours espiirerderencontrer un certain dcveloppcment du scrotum, car, dans la majorito des cas, la region n'est pas plus en saillie que chez les animaux qui ont 6le chatres depuis longlemps. Pour s'assurer de I'existence de la cryptorchidie, on pouvrait, ainsi que Font fait MM. H. Bouley, professeura I'^cole d'Alfort,et Symph. Bouley, veteriuaire a Paris, a I'occasion d'une expertise faite sur un cheval de MEM. 21 dii course nomm6 la Cloture, voir si la rd'gion scrotale porle ou ne portepas de traces ou de cicatrices indiquant que la castration a etc operee. (Pro- ds-verbal d'expertise inserc dans les bulletins dc la Socicte nationale et ccntrale de medecine vetermairc, seance de 8 Janvier 1852.) Mais nous devons dire ici que, dans un but frauduleux, on pent faire des incisions sur la region scrotale, et donner ainsi, ii ua clieval cryptor- chidc, les apparences de celui qui a ete cliatre. Le seul moyen qu'il conviendrail alors d'eraployer serait cclui conseille par Scon Uoclias, c'est-a-dire de meltre I'animal en rapport avec une junieut : ce con- tact ne tarderait pas a faire entrer en erection I'auimal cryptorcliide, et ne laisserait plus aucun doute sur I'elat des organes genilaux. JNous avons eu une fois I'occasion de mettre ce moyen en pratique, et il nous parait important de rappeler ici les circonslances de ce fait spe- cial (1). On a conduit a la consultation de I'Ecole d'Alfort un cheval de race anglo-normande de 12 ans environ, qui presentait tous les caractercs du clieval entier ; il hennissait frequemment, et Terection se mauiles- tait immediatement lorsqu'il 6tait au voisinage d'une jument. Ce cheval prfeentait sur le sac scrotal, du cote droit seulement, les traces de la castration ; le sac avait encore un assez grand developpe- ment. Du c6te gauche il n'y avait pas de trace de cicatrice, ui de sac scrotal. Get animal, nouvellement achet6, avait ete conduit a I'Ecole pour qu'on constatat s'il 6tait reellement hongre ou enlier. On lui fit saillir une jument; il la monla trois fois dans un laps de temps assez court. On eut soin, a chaque fois, avant que I'ejaculation ne fut achevce, de faire retirer la jument de dessous le cheval, et de recueillir dans un vase le liquide excreta par le canal de I'uretre. Ce liquids (itait clair, transparent, sans odeur spermatique bien prononcec. 11 fut examine immediatement sous le microscope, et on ne put y reconnaitre d'ani- malcules spermatiques. Dans une circonstance analogue a celle dont nous venons de parlcr, notre honorable collegue M. le professeur H. Bouley, nomme arbitre par le tribunal de commerce du departement de la Seine, fut appele ii (1) Kous avons communique ce fait a la Societe nationale et cenlrale de medecine velerinairc, dans la seance du 8 jaavier 1852. faire un rapport qu'il a bieu voulu mettre a notre dispositioQ, et doal nous extrayons quelques passages. 11 s'agissait d'uncheval de gros trait age de 6 ans, qui venait d'etre achate. Una contestation s'elait ^levee entre I'acqu^reur et le vendeur sur la question de savoir si cet animal pouvait ou ne pouvait pas etre utilise comme etalon. Ge fait s'est pass6 dans le courant du mois de septembre 1855. « En explorant la region scrotale, dit M. H. Bouley, j'ai reconou qu'il n'y existail pas de testicules apparents, bien que cependant la peau de cette region ne portat aucune cicatrice qui indiquat quune operation avait et6 pratiquee dans le but d'enlever les organes essen- tiels de la reproduction, cicatrice indelebile et constante sur les che- vaux qui ont ete chatres. " Pour reconnaitre si, bien que les testicules ne fussent pas appa- rents a Fexterieur, le cheval dont il s'agit avait cependant les instincts du cheval entier, je I'ai mis eu presence d'une junient, et alors I'ani- mal amanifeste, par des signes non douleux, qu'il ressentait Finlluence de cette approche. Le membre genital s'est developpe en dehors du lourreau dans des proportions identiques a celles qu'on reraarque chez un cheval conipletement entier, tandis que sur le cheval hongre ce membre est petit, atrophic, et n'est plus susceptible d'une complete erection. En outre, ledit cheval faisait reconnaitre par Fattitude de sa tete, Fexpression de ses yeux et de ses levres, ses hennissements et Fagitation de ses membres, que chez lui Forgasmo genital etait coni- pletement d6veloppe. » J'ai conclu de ce premier examen que le cheval dont il s'agit n'etait pas hongre, mais qu'il etait affects d'un vice particulier de conformation des organes sexuels, que Ion appella, dans le iangage technique, anorchide ou crijplorchide. » Ce premier point etabli, restait a resoudre la question de savoir si, dans ces conditions , ce cheval pouvait etre considere comme entier dans Facception large du mot , c'est-a-dire s'il possedait des proprietes fecondantes; en d'autres termes, s'il etait apte a etre utilise comme Etalon reproducteur. » J'ai du, en consequence, faire saillir ce cheval, atin que la liqueur seminale put etre rccueiliie et examinee a Faide du microscope. '» Dans trois epreuves, faitesaplusieursjours d'intervalle, ledit che- val a pu accomplir Facte de Faccouplement, mais avac plus de diffi- 324 culte et surtout de lenteur que cela n'esl ordinaire cliez uu etalon dc sa force et de son age. L'examen de la liqueur recueiilie a la suite dc ces differcntes saiilies a demonlre qu'elle ne porisedail aucune des pro- prietes caracteristiques de la scmence normale : elio nc coiisliluail qu'un liquide s6reux, opalin, inodore, dans lequel on n'a pu consla- ter, par le microscope, aucune trace d'animalculcs. » Chez quelques ^ncs que nous avons observes, nous avons fait les memes remarques a I'egard du developpcnient du scrotum; mais nous n'avions eu aucun renseignement sur le caractere de ces iudividus, qui avaient ete amends a I'Ecole d'Alfort pour servir a des travaux anatomiques. Les chevaux cryptorchides sont designes vulgairenient sous le noni de couillards ou dc yifs. B. — Espece ovine. M. Mathieu nous a communique les notes suivantes : « Le belier anorcliide est un etre intermediaire entrc le belier nor- malement conforme et le mouton ; ainsi la tetc du belier anorcbide, moins male que celle du belier, Test cependant plus que celle du mouton. Les comes et I'encolure sont plus fortes que chez ce dernier. Le timbre de la voix est plus bas que chez le mouton La laine est aussi moins jarreuse et plus souple que chez le belier pourvu de tes- ticules normaux. » C. — Espece porcine. M. Festal (Philippe), dans un viemoirc siir la castration du vcrral, a attribue au verrat rile (1) ou cryptorchide des caraclercs que nous ne pouvons admettre. (Voir notre rapport sur le raemoire de M. Festal : Bulletin de la Societe nationals et centr.vle de medecine veteri- NAIRE, seance du 2'i avril 1851.) L'observation principale de M. Festal, que nous devons cnregistrer ici, c'est que les cas de cryptorchidie sont assez frequents chez les ani- maux de cette espece, que le commerce et les ^Icveurs rcpoussent ces aniraaux parce qu'ils s'engraissent mal, sont difliciles i\ mettre aux champs et ont une chair d'une odeur Ires-forte et meme repoussante. . (1) Vulgaireraent les beliers et les verrats cryptorchides sent connus sous les noms de beliers et de verrats riles. 325 Pour ces deux dernieres especes, nous n'avons auciin examen spe- cial de la region scrotale, mais dans le fait que nous avons observe Chez le pore, comme dans ceux du cliien, il n'y avail aucune appa- rence de poche scrotale du c6t6 ou le testicule etait reste dans la cavit6 abdomiaale. On comprendra bientOt toute I'importance que Ton doit attaciier i la conslatation dc I'existence ou de la non-existence de la cryptorclii- die chez les animaux domestiques, surtout en ce qui concerne le cheval. § II. — "LkS animaux CRYl'TORCHIDES SONT-ILS FECONUS? Nous ne nous arreterons pas a examiner la question suivant que I'anoraalie est simple ou suivant quelle est double. U n'est pas dou- teux quo lorsqu'un des testicules seulement reste dans I'abdomen, I'individu (homme ou animal domestiquc) soit encore capable de se reproduire. Qu'on nous passe une coniparaison a cet egard : il est alors dans les memes conditions que celui qui aurait 6te chutre d'un cote. Cctto proposition est tellemcnt (ividente qu'il n'est pas hcsoin d'en doiiiier une demonstration experimentale, qu'il nous serai t facile, du reste, de relator ici, car elle resulte desfaits observes i)ar plusieurs veteriaaires, et en particulicr par M. Mague (sur Tespece porcine) et par M. Paugoue (sur I'espece chevaline). Quant aux individus chez lesquels la cryptorchidie est double, il convient d'^tudier la question d'une maniere complete, et c'est ce dont nous aliens nous occuper. Si Ton consulte les auteurs toucliant cette question, on arrive bien- tOt a reconnaitre qu'une classification des opinions qui ont et6 ^mises dcvient n6cessaire pour rendre I'^tude plus facile. En effet, les opi- nions les plus contradictoires ont 6te formulees, et nous trouvons ma- tiere a en 6tablir trois chefs principaux, qui sont les suivants : 1° Doutes sur la feconditt^. 2" Opinions en favour de la fecondite. 3° Fails qui prouvent I'infecondile. Nous les exposerons successivement el dans I'ordre que nous venons d'etablir. 1.° Voules snr la fecondite. Les doutes sur la fecondite des individus cryptorchides ont 6t6 sur- 326 tout bien formul(5s par John Hiintor. (OEiiv. compi.ktes de John JJunter, iraduites de I'anglais sur I'^dilion du docteur J. F. Palmer, avec des notes par Richelot. Paris, 1841. Voyez : De la situation iies testicules (^HEZ LEFfKTUS ET nE LEUR MIGRATION DANS LE SCROTUM, t. IV, p. 79.) 'I Je crois, dit John Hunter, quo qiiand un testicule ou ies deux restent dans I'abdomen pendant toute la vie, ils sont extr(5mement im- parfaits et probablement incapables d'accomplir leurs fonctions natu- relles, et que c'est cette imperfection qui empeche que la disposition a descendre ne prcnne naissance. On doit admettre qu'ils sont plus d^fectueux que ceux memes qui passent tardivement dans ie scrotum, d'apres ce qui est Evident chez Ies quadrupedes, oii le testicule qui a atteintle scrotum est beaucoup plus volumineiix que celui qui reste dans I'abdomen. 11 est probable que cette particularite est un pas vers I'hermaphrodisme; car alors le testicule est rarement bien conform^. Je n'ai vuchez rhorame qu'un cas oil Ies deux testicules fussent rest6s dans I'abdomen ; il constituait une exception a la remarque pr6c6- dente; car il y avail tout lieu de croire que Ies testicules ^^laientpar- faitement conformes, puisquc le sujet avait toutes Ies facultcs et loutes Ies passions d'un homme. » !S° Opinions en favear de la f6eondit^. A. Georges Arnaud, dans ses Memoires de chirurgie (t. 1, p. 173), rapporte, d'apres Regnerus de Graaff, que Ies animaux qui ont Ies tes- ticules dans le ventre sont plus lascifs que Ies autres et qu'ils sont plus f^conds (1). B. Cabrol citelefait suivant que nous rapporterons texluellement : « Vous entendrez qu'eslant moy a Beaucaire, je feus appele pour advoir avis de moi par Ies parents d'un jeune homme de ladicte ville, aag6 de xxij ans ou environ, pour scavoir si on le marieroit ou si on le feroit d't^glise, veu qu'il n'avoit point aucun testicule. Je leur con- seillay de lemarier, le voyant gaillard, noneffemine. 11 est encore en vie et a eu deux enfants de son mariage. " (Alphabet anat., p. 87.) Le meme auteur rapporte encore I'autopsie qu'il fit d'un homme qui fut pendu pour viol : « Entre autres choses, dit-il, le plus rare est qu'il ne lui feust trcuve (1) Regnerus de Graaff, Opera ojinia, 1678; Vide : de virorum organis, page 4. 3?7 auciiu testicule i)i exterieuromont, ni inlerieurement; bien liiy troii- vasmes nous scs gardouchcs ou greniers autant remplis de semence qii'a liomme que j'aye anatliomise depuis; cela estonna merveilleuse- menl I'assistance. » On voit avec quelle facilite Cabrol tranche ici la question; cepen- dant, et malgre des observations si pen ligoureuses, I'opinion de Ca- brol a 6t6 adoptee par quelques auteurs. C. Le fondateur des 6coles v6terinaires, Bourgelat, ne doutait pas non plus de la fecondile des clicvaux cryptorcliides ; car il a dit : " II ne serait pas etonnant de trouver des cbevaux dont les teslicules ne seraient pas descendus dans le scrotum, et quin'en seraientpasmoins habilesa la generation. » (Exter. du cheval, 3" ed., p. 153.) D. Enfin, et pour ne pas multiplier davantage ces citations, rappe- lons Ic passage que I'illuslre annotateur des ceuvres de John Hunter a mis a la suite de ce qu'a dit cet auteur : « 11 est remarquable, dit M. Richard Owen, qu'avec son experience Hunter ait pu se former, d'apres une fausse analogic, et propager une opinion aussi facheuse que celle qu'il admet que les testicules qui, chez rhomrae, sont retenus dans I'abdomen, sont tres-imparl'aits et probablenient incapables d'accomplir leurs fonctions naturelles. 11 est evident, d'apres le grand nombre d'animaux chez lesquels ils font constamment partie des visceres abdominaux, qu'il n'y a rien dans cette situation qui tende a altercrleur inlluence. Et chez les animaux dont les testicules doivent naturellement passer dans un scrotum, s'ils restentdans I'abdomen, onn' observe, d'apres les propres remarques de Hunter, qu'une difference de volume ou de forme ; or il est permis de croire que cette circonstance pent intluer sur la quantiie, mais non pas sur la qualit6 de la secretion. » 3° Faits qui prouvcnt Pinr^condit6. Les fails que nous venous de rapporter sont assez nombreux pour que nous puissions deja commencer la discussion dont ils doivent etre Tobjet. Les faits anatomiques qui out et6 exposes dans la pre- miere partie de ce travail serviront de base a cette discussion dans la- quelle nous ferons encore intervenir les opinions qui out eteformul6es dans lesdiverses circonslanccs on nous avons fait des communications publiques, soit h la Societe de biologic, soil a la Societe centrale de m6decine v6terinaire. 328 Nous venous de voir, aus?i Lien clans Ics fails de John Hunter, qui doutait dela fecondile, ijuedaus ceux desautres auteurs qui croyaient non-seulenicnt les aniniaiix plus lascifs, niais encore capables de se reproduire, que cette croyance — car on ne pent autrement caracleri- ser.une pareille opinion — ne repose sur aucune observation cer- taine, bien avcree. II ne suffit pas, cu efTel, d'opposer a ce que nous avons nettemcnt d(''terniine (I'absencedes animalcules spermatiques) Ic failde Cabrol qui a dit, avecune naivete charmante, que son jeune horame de Beaucaire etail gaillard, non effemin^, et avail eu deux enfants deson mariage. Nous ne sommcspas aussi facilesii convaincre. Le savant Lallemand partageait nos idees acetegard ; car un jour, a la Sociele de biologic, oil nous avions agite la question de lafecondite dcs animaux cryptorchides, il disail a pen pres ce qui suit : On a bien pre- lendu, il est vrai, que les horames anorchides etaient susceptibles d'engcndrer; mais en pareille maliere la demonstration qu'on pretend baser sur dcs fails tires de Fespece humaine n'a pas, tant s'en faut, la rigueur d'une demonstration obteuue en cxperimenlant sur des ani- maux, a cause de la diflicult^ d'arriver a una conclusion certaine dans le premier cas. Les fails ou plul6l les opinions que nous avons relaleesplus haul sont pour nous de nulle valeur ; nous voudrions qu'elles fussenl ap- puyees sur des observations ou des experiences bien aulbenliques, et nons sommes persuad(5s qu'elles donneraient desresultals loul a fait contraires. Lorsque nous avons souleve cette question pour la premiere fois, il s'agissait d'un cheval nomme la Ctdiure, reuiarquable parses formes et par ses qualites. Ce cheval s'est montre deux annees de suite aux courses du champ de Mars, ety a remport6 les prix. 11 nous serablail que les courses avaient ete instiluees surtout en viie de reconiiaitre les qualites des chevaux destines a lareproduction et a Famelioration de I'espece, et que la Cloture etant cryplorchide u'aurait pas du elro adrais au nombre des chevaux qui concouraient pour les prix. II pa- rail que nous nous elions Irompes, au moins sur un point, car on a dit a cette epoque, et relalivemeut au fail en discussion : Les courses ont (5le instiluees pour reconnaitre cerlaines qualites (vitesse-fond) des chevaux enliers eldes jumenls. Or la Cloiure a-t-il ete chalr^ ? iMM. Bou- ley, qui avaient 616 charges de visiter ranimaI,onl repondu : Non. — Done, si laCloiure n'a pas 616 chatre, il est en tier, Quant a la ques- 329 tion de savoir s'il pourra se reprodiiire, elle doit etro (icarlee, car on no sait pas plus, quand on fait courir des juinents, si elles seront gli ne seront pas sterilos, qu'on no pent pas savoir si la Cloture pourra ou lie pourra pas se reproduire. Nous avouons que ce raisonnement avail quelque chose de serieux a I't^poque oil ilfutl'ait. Los donnees anatomiqucs pouvaient doniier prise au doute, et la solution definitive de la question exigeait que des experiences fussent faites et suivies avec soin. Or, depuiscette ^poque, des observations, qui vienncnt s'ajouter a celles que nousavons relatees plus liaut, out ete conimuniquees a la Societe veterinaire a roccasion de quelques presentations que nous y avons faites; nous en exposcrons le resultat tout al'heure. Nous avons deja dit plus haut, d'apres Scion Roclias, que les ani- maux cnjplorchides saillisscnt les jumcnts, mais qu'ils ne les fecon- deni pas, et nous pourriuus ajouter icides fails semblables qui ont ete recueillis par MM. Prange, lUquet et Bernis. (Sociele centrale de me- • decine velerinaire, seance du 1 'i novembre 1850.) Depuis que ces choses se sont passees et ont et6 publiees, la Cloture a ete achete par I'adniinistration des liaras, et a ete envoye a Pompa- dour, oiiilestreste pendant deux ans. Pendant cet espace de temps, ce clieval a sailli quarante juments et auciine d'elles n'a 6te fecondee. Ces resultats, que nous attendions avec la plus vive impatience, parce qu'ils devaient donner la confirmation a toutcs nos recherches anato- miques, nous ont 6te donnes par M. Thierot, proprietaire cultivaleur eteleveurde chcvaux, demeurant a Pxeims, qui est alle au haras de Pompadour pour y voir la Cloture. Nous rcgrettons de ne pouvoir donner ici les renseignements officiels que nous n'avons pu nous pro- curer, mais nous ne craignons pas qu'ils dounent un seul d(5menti a ce que nous venous d'ecrire. Voila, certes, uue experience qui a dure assez longtemps, qui a eu lieu sur un asscz grand nombre d'aniraaux, pour qu'on ne tcnte plus de venir lui opposer de vagues souvenirs ou des observations faites dansde mauvaiscs conditions. Et, qu'on le remarque bien, ce resultat, cette infecondite constateechez la CWiMre,n'est pas plus unfait excep- tionnel que I'absence des spermatozo'ides dans les cas de cryptorchi- die : c'est le fait ordinaire. Nous en avons la preuve dans les faits que nous ont transmis MM. Magne, Mathieu et Festal Philippe. Yoici ces faits : 330 A, — Les pores don( Ica deux testicnles sont rest^s dnns la cavitd abdoniinalc f^ont infeconds, « C'cst CO que j'ai observe siir deux sujets de la porclteric de I'^colc d'Alfort. Ces animaux 6taient, du reste, peu port(5s a se reproduire. Apres I'engraispement, il n'a pas meme Ote possible de leur fain; cou- vrir uneseule i'emelle.— Mais, avec un seul testicule daus le scroUim, les pores sont feconds. En 1847, j'ai fait conserver un verrat qui n'a- vait qu'un teslicule apparent. U a fiiconde un grand nombre de fe- melles. » (Communication de M. Magne.) B. — lies bcliers anorchides sont Impropres k la reproduction. « Je me suis assure de ce fait que, pour mon compte, je regarde comme posilivement incontestable, chez MM. Diion (Edme), Gurby (Remy) etFayier (Jacques), tons trois proprietaires h Champignelles, . pres Ancy-le-Frauc (Yonne), sur 250 brebis merinos, au milieu des- quelles des beliers anorchides ont cohabite pendant un laps de temps qui a varie de dix-liuit mois a deux ans et denii. Chacune de ces brebis a ete lutlee plusicurs fois par ces males incoinplets, mais neanmoins tres-ardents a la lutte, et jamais aucune d'elles n'a ete fecond^e. » J'ai fait la meme remarque dans les bergeries de MM. Beau, de Fuloy; Bouley-Noirot, de Villers-les-Hauts , et Guerard, a la ferme de la Paule, sur 260 brebis merinos. » (Communication de M. Mathieu.) C — Les animaux qui ont les testicules dans lo ventre sont incapablcs dc i^e reproduire. « Je puis vous certiOer que ce fait exisle chez le mouton et le cocbon, car j'en ai fait I'experience a maintes reprises. » (Communication do M. Festal Philippe.) CONCLUSIONS. 1" L'examcn microscopique montre qu'il n'y a pas d'animalcules spermatiques dans le liquide secrete par les testicules qui restenl dans la cavite abdominale pendant toute la vie chez rhomme et les princi- paux animaux domestiques. 2° Les observations et les experiences prouvent que les animaux chez lesquels la cryptorchidie est double sont infeconds. Telles sont les deux conclusions generales de ce travail. RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LES VOIES DE TRANSMISSION DES IMPRESSIONS SENSITIVES ET SUR DES PHENOMENES SINGULIERS QUI SUCCEDENT A LA SECTION DES RACINES DES NERFS SPINAUX; Comniuniquees ^ la Societe de Biologic en jiiillot , aoul cl septcmbre 18S6, PAR M. LE DocTEUR E. BROWN-SEQUARD, Laureat de rAcademie des sciences , vice-president de la Societe, professeur particulier de physiologie, etc. Des theories principales qui ont 6td emises, avant la n6tre, sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la raoelle epi- niere, il en est deux qui ont joui pendant longtemps de la favour pu- blique. L'une d'elles, soutenue avee passion par M. Longet, 6tait adraise en France par presque tout le monde. L'aulre, que Bellingeri, Schoeps, Stilling et d'autres physiologistes avaient soutenue avec ta- lent, etait acceptee comme vraie presque partout enAUemagne. Nous avons d^ja , dans de precedents memoires , fait en partie I'histoire cri- tique de ces theories (1). Nous allons completer ici notre examen a leur egard; cela fait, nous cxposerons plusienrs fails nouvcaux qui nous semblent meriter au plus liaul degre I'atlention des physiologistes et des raedecins. (1) Voyez Gaz. med. de Paris; 1855, p. 56G et 579; et IcsMemoirbs PE la SOCIETE DE BiOLOGiE POOR 1855 , vol. II, 2« s^rlc, p, 55-72. 332 PREMIERE PARTIE. Apres avoir attentivcniont clicrclie sur quclles bases M. Loiiget a fond6 sa theorie relative a la voie de transmission des impressions sensitives dans le centre nerveux cereLro-spinal , on est profondement surpris de deux clioses : la premiere, c'est que ranteur dc cette theorie ait pu la proposer; la seconde, c'est que le public ait pu I'admettre. En effet : 1° elle n'a pas en sa faveur une seule preuve directe, exp^ri- mentale ou clinique; 2" plusieurs de ses parties sent en contradic- tion I'une avec I'autre, ou avec des fails et des theories que I'auteur admet comme vrais ou probables; 3° il existe contre clle un grand nombrc des fails anatomiques, physiologiques et cliniques. Dans riiistoire des sciences , on trouve de nombrcux exemples de theories quiont ete proposees et gdmeralement acceplees, bien qn'elles n'eussent pas de solides fondements; mais nous ne connaissons pas d'exemple d'admission si generale d'une theorie manifestement fausse, que ce qui a eu lieu a propos de la theorie de M. Longet. Pour comprendre comment elle a pu etre si bien rerue, nous ne trouvons pas d'autres raisons que celles-ci : en premier lieu , I'ha- bilete de I'auteur de la theorie, qui I'asi intimement unie a une autre parfaitement vraie , que les preuves de cette derniere ontparu t^tre des preuves de la premiere; en second lieu , I'apparente simplicite de la theorie, qui la rendait acceptable sans travail ; enfm, Fabsence de I'es- prit d'examen et de critique dans le journalisme et dans le public medical en France. Peut-etre le langage si absolu, dont voici un curieux exemple, ex- plique-t-il aussi le succes de cette theorie. En parlant desresultats de ses recherclies sur les racines des nerfs spinaux et sur les cordons de la moelleepiniere, M. Longet va jusqu'a dire : « Nous ne craignons pas d'allirmer que les experiences qui les ont revel^s peuvent prendre place il cote des meilleures que la physique possMe , et qu'enfin ils i^tablis- sent entre les faisceaux de la moelle des dillerences aussi incontes- liibles que celles qui existent entre les deux ordres de racines des nerl's spinaux » (1). (I) Tn.MTfe d'anat. et de physiol. du svst. ne«v.: 1843, 1. 1, p. 275. 333 Avant d'essayer de demontrer que la theorie de M. Longet est en- tierement inexacte, nous croyons devoir rappeler en quoi elle con- sists. Les propositions suivantes en resunient Ddelement les principales parties : 1° Toutes les fibres dcs nerfs rachidiens qui servent a la trans- mission des impressions sensitives penetrent, avec les racines pos- terieurcs , dans les cordons ou faisceaux posterieiirs de la moello epiniere, et se portent a I'encephale dans ces cordons. 2" La transmission des impressions sensitives a renc(5phale ne s'o- pere , dans la moelle epiniere, que par les cordons ou faisceaux pos- terieurs. 3° Arrives ii la moelle allongee, les cordons poslerieurs prennent le nom de corps restiformes. De meme que les cordons posterieurs de la moelle epiniere sont les seules parties sensibles de cet organe, de meme les corps restiformes sont les seules parties sensibles de la moelle allongee ; d'oii il suit que , dans la moelle allongee , la transmission des impressions sopere uniqneraent par les corps rcstilbrmes. 4° Les fibres des corps restiformes se portent en majeure parlie an cervelet et le reste a la protuberance; d'oii il suit que les impressions sensitives venues du tronc et des membres se portent en tres-grande partie an cervelet , et en moindre partie ii la protuberance. 5° Le cervelet n'elant pas ua centre de perception des impressions sensitives , il en resulte que les fibres sensitives si norabreuses qui Jui vienneat des corps restiformes doivent necessairement le traverser et en sorlir. Elles passeraient, pour en sortir, par les pedoncules ante- rieurs du cervelet {processus cerebelli ad testes)^ et se portcraient au- dessous dcs lubercules quadrijumeaux, oil seferait principalemeut, sinon entierement, leur entrecroisement. 6° Les fibres sensitives qui n'ont pas traverse le cervelet iraient aussi s'entrecroiser au niveau du bord antero-superieur de la protuberance annulaire, d'oii il suit que Fentrecroisement des fibres sensitives du tronc et des membres se ferait surlout, sinon entierement, lii oil I'on soutienl que s'cntrecroiscnt les processus cerebelli ad testes. 7° Apres s'etre entrecroisees, les fibres sensitives se porteraient aux couches optiques, aux corps strieset aux lobes cerebraux. 8" Les fibres sensitives des nerfs craniens prennent leur origine sur les prolongements des cordons posterieurs de la moelle epiniere dans 334 I'eucephale , et il n'y a pas de fibres motrices qui prenuent ieur origine sur ces prolongements. 9° La substance grise dans la moelle epinierc, dans la moelle allon- gee, etc., n'est pas conductrice, el la propriete de coaduire ou de transmettre, soil les impressions sensitives, soil les ordres de la vo- lenti , n'appartient qu'a la substance blanche. Voila quelles sont les principales parties de la theorie de M. Longel. Uuels sont les fails sur lesquels il a essaye de la fonder? >'ous le repc- tons , cet ecrivain distingue ne rapporte aucun fait analomique, expe- rimental on clinique qui puisse servir directement depreuve a cette doc- trine. Nousavonsmontre aiileurs (l)quc]csfaitscliniquesrecueillispar M. Louget, et qu'il a rapporles comme prouvant que, lorsque les cor- dons posterieurs sont leses chez I'liomme, la sensibilile se perd, ne peuvent rien prouver a cet egard , puisque dans ces cas les racines pos- t^rieures qui, certainenient , sont les voies de tranynission des im- pressions sensitives, 6taient 16s6es. Les fails cliniques qui peuvent prouver quelque chose a I'egard des fonctions des cordons posterieurs, sont ceux oil ces parties sontlesees sans que les racines posterieu res le soient. Or nous avonsrtiuni plus devingt casde ce genre publics par des observateurs du plus grand merite , et dans tons ces cas la sensibilite etait conservee plus ou raoins completement , suivant que la lesiou s'etendait plus ou raoins a la substance grise de la moelle. Uuant aux fails anatomiques, M. Longet, pour d^montrer sa theorie, aurait du faire voir que les fibres sensitives suivent le trajet que nous avons fait connaitre et qu'elles doivent necessairement suivre si la theorie est vraie. Or M. Longet est oblige de declarer que ce n'est qu'une pure supposition de sa part que les fibres sensitives Iraversent le cervelet d'arriere en avant. Reste rexperimentalion. Nous avons dit, aiileurs (-2), ce que sont ces experiences que, suivant Fauteur, on peul placer au nombre des raeilleures que la physique possede. Quoi qu'il en soil, adniettons que ces experiences aient donneles r^sultats que M. Longet rapporte, et (1) Voyez les Comptes rendus de l'acad. des sciences, 1847, t. XXIV, p. 390. — Voycz aussi Gaz. medic, de 1'aris, 1855, p. 566; et Memoires de la SOCIETE DE mOLOGIE POUR 1855, p. 57. (2) Gaz. medic, de Paris, 1855, p. 566; Me.moires de la societe de biologie POUR 1855, p, 56. 335 voyons ce que prouvenl ces resultats. lis font voir que les seules parlies sensibles de la moelleepiniere et de la moclle allongee seniles cordons posterieurs et les corps restiformes. Voila le seul fait , la seule appa- rence de preuve que M Longet mentionne pour I'^tablissement de sa th^orie. Nous Irouvons bicn ailleurs un autre fait qui , suivant ce phy- siologiste, prouverait que la substance grise ne conduit pas les im- pressions sensitives, mais nousferons voir plus loin que ce fait ne jus- tiQe pas la conclusion que M. Longet en a tiree. La moelle 6piniere n'etant sensible que dans ses cordons posterieurs, M. Longet en conclut que les impressions sensitives ne se transmettent a I'encepliale que par ces cordons. Depuis que nous avons fait voir combien cette conclusion est illegitime, on a prelendu que jamais I'ecrivain dont nous exaniinons la doctrine n'avait soutenu que les cor dons posterieurs sont la seule voie de transmission des impressions sensitives. On oublie que cette maniere devoir est lapierre angulaire du systeme si ardemment pr6ne par M. Longet, et que s'il ne I'avait pas admise et s'il ne I'avait pas fait admettre a presque lous les mede- cins francais, son grand travail de 18U et les ouvrages ([u'il apublies depuis cette epoque iiauraient eu qu'une bien faible part du succes qu'ils ont obteiiu. Du reste, on trouve a chaque instant dans les publi- cations de M. Longet des assertions tres-positives a I'egard de la fonc- tion qu'il attribue exclusivemcnt aux cordons posterieurs. Nous nous bornerons, a ce sujet, a citer les phrases suivantes : « Ces experiences, dit I'auteur (1), revelont done entre les cordons medullaires des difTe- rences fonctlonnelles aussi incontestables que celles qui existent entre les deux ordres de racines desnerfs spinaux. » Ailleurs (2), M. Longet dit : n Dans notre opinion, il est demoutre que les impressions des rnembres et du tronc, qui doiveut parvenir a la conscience, se pro- pagent exclusivenient par les cordons posterieurs de la moelle epinicre jusqti'a Cencepliale. » Ailleurs encore : « Quant au bulbe rachidien , il est sensible seulement a sa face posterieure, oil se rencontrent les corps restiformes ; ceux-ci continuent les cordons posterieurs de la moelle qui , jouissant d'une exquise sensibilite dans toute la longueur de cet organe , sont destines , comme on I'a vu , « la transmission des impres- (1) TrAITE de PHYSIOL., iSoO, t. II, B, p. 'J. (2) Loco cit,, p. 56-57. 336 sions (1). Enfin , a propos des corps restiformes , M. Longet dit (2) : « lis sonl exclusivement en 7'apport avec la transmission des impressions sensitives a Ccnccpliale. » Nous avons dit que la theorie de M. Longet conduit a des contradic- tions flagrantcs, ot qu'il est surprenant que I'auteuret le public n'aient pas vu, par ces contradictions, que la theorie n'etait pas admissible. Nous nous bornerons a signaler ici les priucipales de ces contradic- tions. 1" Contradiction. M. Longet se refuse a admettre que la substance grise puisse conduire les impressions sensitives, parce qu'elle est in- sensible, et il admet que le cervelet, quoique insensible, conduit les impressions sensitives. De plus , il croit que les cordons i)osterieurs de la moelle, parcc qu'ils sont la seule partie sensible de la moelle, sont la seule voie de transmission des impressions ; el il croit que le cer- velet , bien qu'insensible , est aussi une voie de transmission des im- pressions. II est evident que I'une ou I'autre de ces assertions opposees n'est pas vraie : ou bien la transmission des impressions pent se I'aire par une partie insensible comme le cervelet, et alors la substance grise de la moelle pent etre un organc de transmission, et les cordons pos- terieurs pcuvent ne pas etre la voie uniciue de transmission des im- pressions; ou bien la transmission des impressions sensitives ne pent se faire que par une partie sensible , et alors la transmission des im- pressions ne peul pas avoir lieu a travers le ceiTclet. 2<^ Contradiction. Le cervelet, suivant M. Longet, serait traverse par la majeure partie des fibres sensitives du tronc et des membres ; or, suivant le meme auteur, la protuberance annulaire serait ce qu'il appelle le siege de la sensibilite , c'est-a-dire le centre percepteur des impressions de douleur et de plus des impressions tactiles (3). U est evident que I'une ou Tautrc de ces deux assertions n'est pas vraie, car si la protuberance est le centre unique ou principal des perceptions de douleur et de tact , laplupart, sinon toutes les fibres sensitives, de- vraient y arriver, et, consequemment, ellesne se porteraient pas en inajorite au cervelet. :]' Contradiction. L'al)Iation du cervelet, suivant plusieurs e.\p6ri- ili Tkmte mz PnvsiOLOGiE, 1850, t. II, B., p. 33. i',') Lorn cil., |i. 211. (3i Loco cil., [). 3G-39. 337 mentateurs et suivant M. Longet lui-menie, ne di^truit pas la scnsibi- lite et lie parait nieme pas la dimiuuer; au conlraire, elle semble I'augmenter. Ainsi les lapins, qui , lorsqu'ils sont a I'etat normal , no orient pas quasd on leur pince la queue, orient, au contraire, ainsi que le dit M. Longet, sous rintluence de cette excitation apres qu'on leur a enleve le cervelet (1). Or, suivant ce physiologiste , la majorite des fibres sensitives du corps passant par le cervelet, il est evident que I'ablation du cervelet devrait diminuer la sensibilite d'une nia- nierc tres-notable. II resulte de lii que, on bien les fibres sensitives ne passcnt pas en majorite par le cervelet, on bien I'exlirpation de cet organe produit Tinverse de ce que dit M. Longet. 4' Contradiction. II existe des faits patliologiques, et M. Longet lui- meme en rapporte (2), qui demontrent qu'uiie lesion limitee a une nioi- tie laterale de la protuberance, produit la perte complete de la sensi- bilite dans la moitie opi)osee du corps. Comment concilier ce fait avec cet autre prelendu fait que les fibres sensitives ne passeut qu'en petit nombre dans la protuberance, et que la majorite de ces fibres passent par le cervelet? Apres cet expose des contradictions les plus frappantes auxquelles conduit forcement la theorie suivant la(|uelle les cordons posterieursde la raoelle sont la seule voie de transmission des impressions sensitives venues du troac et des merabres , nous repeterons ce que nous avons dit avant de faire cet expose. fJomment ost-il possilile que M. Longet ait propos6 une theorie contre laquelle il connaissait des fails si de- cisifs, et comment se fait-il aussi que le public medical , en France au nioins, ait admis sans reserve une theorie conduisanl si manifeste- mont il de si grandes contradictions? II faut souvent bien plus d'efforts pour deraciner une erreur que pour elablir une verite : nous nous en apercevons tons les jours ; mais notre perseverance ne se lassera pas, et nous osons esperer que les personnes qui liront avec quelque attention, et ce que nous avons dit des contradictions auxquelles conduit le systeme de M. Longet, et I'expose que nous allons faire des fails experimentaux , cliniques et anatomiques qui sont contraires a ce systfeme, reconnaitront combien il est errone. (1) Traite d'anat. et de phys. du syst. nerv., 1843, 1. 1, p. 457. (2) Loco cit., p. 445-452. MEM. 22 338 § 1 — FAITS EXPERIMESTTAl-X COXTRAIRES A LA TSIEOHtE UE M. LOXGET. 1" Section tuaxsversale les connoNS posterieuus de la !«oelle epi- NIERE ET DES CORPS RESTIFORMES DE LA MOELLE ALLONGES. 11 est clair qu'apres cette operalion, si ces parlies sont les seulos voics de trans- mission des impressions sensitives a Tencephale, ainsi que le soutient M. Longet, nous devrions trouver la sensibilite corapletement perdue dans les parties du corps qui recoivent leurs nerfs du centre nerveux rachidien, en arriere de la section. Eh bien! ainsi que je I'ai decou- vert, il n'y a alors ni perte ni diminution de sensibility, el, tout au contraire, il y a augmentation. II nepeut plus y avoir de doutes maintenant sur larealite decefait. J'en ai rendu temoins tons les m^decins de Paris qui ont voulu le voir ; je I'ai fait constater par nombre de physiologistes distingu6s de Londres et d'AUemagne ; et enfin, le remarquable rapport de M. P. Broca a la Socit^te de biologic, et le lucide rapport de M. CI. Bernard a I'Acad^mie des sciences, ont confirme de la maniere la plus positive Fexactitude du resultat de cette experience. Mais il y a quelque chose de plus pour confirmer ce que j'ai avance a I'egard de I'existence de riiypereslhesie, apres la section transversale totale ou partielle des corps restiformes, c'est que M. Longet lui-meme , scms sen doutcr, il est vvai^ a fait cette experience et en a obtenu le meme resultat que j'en obtiens. En etfet, M. Longet a constate, comma d'autres experimentateurs , qu'apres I'ablation du cervelet , les lapins crient quand on leur pince la queue. (II aurait pu ajouter, ou les membres.) Or pour cnlever la totalite du cervelet, il fautcouper les corps restiformes a I'endroit oil ils sunis- sent a cet organe D'un autre c6t6, I'existence des cris apres un pince- ment, chez un lapin, est une preuve d'hyperestli6sie. II suit de la f[ue, sans s'en douter, M. Longet avail fait une section transversale d'une grande partie des corps restiformes, et qu'il avail constats, toujours sans s'en douter, que cette section , loin de delruirc la sensibilite ou de la diminuer notablement , est suivie d'une augmentation de sensi- bilite. C'etait la une experience decisive contre sa Iheorie. Certes, apres un fait comme celui-lii, on pourrait s'arreter el dire : La Iheorie est morte , son auleur lui-meme lui a donne le coup de grace. Mais le public medical, en France au moins, desire plus de preuves : nous allons lui en donner. 339 2° SECTION TRANSVERSALE DES CORDONS POSTERIEURS ET DES CORPS RESTIFORMES EN PLUSIELRS POINTS. Exi>. I. — Sur im gros et vigoureux lapin, nous mettons la moelle epinifere a nil (lepuis roriginc de la liiiiticme paire dorsale jiisqu'a cellc de la qua- tiieme paire lombaire, et, apres nous eirc assuru que la seiisibilitc pcrsiste partout a I'cfat normal, nous coupons transversalement le cordon postericur droit au niveau de la huitieme paire dorsale. Quelques instants apres nous constatons que le membre posterieur droit est plus sensible que les autres mcmbres. JN'ous coupons alors le cordon posterieur gaucbe, aumeme endroit ou nous avons fait la premiere section. Un moment apres, nous constatons que le membre posterieur gauche est plus sensible qu'avant I'operation, et plus sensible que les membres ante- rieurs. Les deux membres posterieurs sont alors dans un etat d'hyperestbe- sie evident. Nous coupons alors successivement les cordons pobterieurs en huit ou dix points dilTerents, depuis I'eudroit de la premiere section jusqu'a I'endrolt d'oii nait la quatrieme paire lombaire, et nous constatons, apres cbaque section, que I'hyperesthesie continue d'exister dans les membres pos- terieurs (1). Nous laissons I'animal en repos pendant une heure, ^t apr6s nous etrc as- sure de nouveau que I'hyperestbesie persiste dans les membres posterieurs, et que la sensibilite des membres anterieurs est a I'etat normal, nous met- tons a nu la moelle aUongec et la partie superieure de la mocUe cpiniere. Cela fait, nous nous assurons de nouveau que la sensibilite ne s'est pas mo- diflee dans les membres anterieurs et posterieurs, puis nous coupons en tra- vers les cordons posterieurs au niveau du bee du calamus. Si I'animal ne meurt pas par I'entree de I'air dans les veines (2), nous trouvons, apres quel- que temps, que la sensibility s'est augmentee parlout. Les membres ante- rieurs, qui avaient une sensibilite normale, devieunent hyperesthetiipies et les membres posti}rieurs, qui etaient deja hyperesthetiques, le deviennent (i) Pour rindication des precedes a Taide desquels nous jugeons du degr6 de la sensibilite, voy. G.\z. Med. de Paris, 1855, p. 579-80, et Mem. de la Soc. DE biologie pour 1855, p. G2-G5. (2) L'air entre sonvent dans les veines a la suite de blessures faifes a la moelle allong^e et a la partie superieure de la moelle epini^re. C'est surtout par suite de cet accident que la mort a lieu si subitement quand, en repetant I'experience celebre de M. Flourens, on enlfeve le v gris qui se trouve dans le bee du calamus scriptorius. Quand on reussit a faire cette dernicrc expe- rience sausqu'il cnire d'airdans les veines, ordiiiairement Tunimal y survit quelques heuresou mOme quelques jours. 340 davantage. Si I'on ajoute aux sections ddja faites celle des corps restiforincs, I'iiyperestliesie persiste paitout oil elle existait. 3° ABLATION d'lXE POBTIOX DES CORDONS POSTEIUEL'RS. Exp. II. — vSur un gros et vigoureux lapin, nous nicttons la nioelle epiiiifrc a nu depuis laliuitieme vertebre dorsalc jusqu'a la quatrienic \ertebre lom- baire, puis nous disscquons et nous enlevons les cordons posterieurs, dans line (i'tendue de 5 a 6 centimetres. Xous laissous I'animal en repos pendant quelque temps, puis en examinant I'ctat de la sensibilite dans les membrcs post(§rieurs, nous y coustatons lesistence d'uuc liyperestbesie tres-uiar- qu6e. l" ABLATION' DES CORPS RESTIKORMES. Exp. III. — Sur un lapin adulte, nous dissequons les corps restiforuies, nous les s^'parons du restc de la moellc allongec dans toutc lenr longueur, puis nous les enlevons. Apres quelque temps, I'animal, examine avec soin, est trouv6 byperestlictique partout, exceptc a la face, dont la sensibilite est presque completement perdue. Celte experience, et les deux precedentes, nepeuventlaisser de doules a regard de la conclusion suivante : la transmission des impressions sensitives ne se fait'pas exclusivement, comme I'a soulenu M. Longet, par les cordons posterieurs et les corps restiformes. Mais ces expe- riences laisseut indecisc la question de savoir s'il n'y aurait pas quel- ques fibres sensitives montant le long de ces cordons vers Fcncephale. Les I'aits suivants raonlrent qu"il n'y a pas de ces libres dans les cor- dons posterieurs. 5» Section loxgitudinale de la moelle tPixitniE passant par le plan MEDIAN antero-postebielr DE GET ORGANE. — Apres avoir fail une telle section dans toute I'etendue du renflement lombaire, la sensibilite est perdue dans les deux membres posterieurs. Apres une semblable sec- tion dans toute I'etendue du renllemcnt cervico-bracliial , la sensibilite est perdue dans les membres anterieurs et conservee dans les poste- rieurs. Dans ces experiences , les cordons posterieurs ne sont pas leses , ils ne sont que separes Fun de I'autre. D'apres la theorie de M. Longet, la sensibilite devrait alors persister ; au contraire, elle est perdue. 6» Section transversals de toute la moelle epiniere , a l' exception DES CORDONS POSTERIEURS. — Si cette scctiou est faite au niveau de I'une des dernieres vertebres dorsales, ou plus haul, on trouve que les 341 membres posterieurs perdent compUHemcnl leiir sensibilite. Si la sec- tion est faite au niveau Je la seconde vcrtebre cervicale , la sensibility se perd dans le tronc et dans les quatre membres. II r6sulte claire- ment de ces fails qu'il n'y a pas de fibre sensitive qui suive le trajet que M. Longet attribue a toutos les fibres sensitives , a savoir de se rendre jusqu'ii I'encepbale lelong des cordons posterieurs. En rapprocliant ces derniers faits de eeux que nous avons d'abord menlionnes, nous trouvons que, lorsque les cordons posterieurs sent coupes, la transmission des impressions sensitives continue de se faire, tandis que lorsque, au contraire, certainesautres parties de la moelle sont iesi'es, les cordons posterieurs ne Tetani, i)as, la sensibilite est perdue. En consequence, non-seulement les cordons posterieurs ne sont pas les voies uniques de transmission des impressions sensitives , mais encore ces impressions passent toutes par une autre voie, bien qu'elles traversent les cordons posterieurs, ainsi que nous I'avons montre dans nos deux precedents memoires. 1" SEXSIBILrPE DE LA SURFACE DE SECTION INFEUIEURE APRES QUE L'OX A COUPE LES CORDONS POSTERIEURS EN TRAVERS. — 11 est evident que si la thiiorie de M. Longet etait vraie, on devrait, en cberchant I'existence et le degre de sensibilite des deux surfaces, trouverque la superieure, celle ijui senible etre seule en rapport avec I'encepbale, est tres-sen- sible, tandis que Tinferieure, qui semble ne plus etre en rapport di- rect de continuite avec I'encephale, est tout a fait insensible. Eh bien ! lout au contraire, ainsi que nous I'avons trouve, la sensibilite paralt etre plus vive dans la portion des cordons posterieurs qui avoisiue la surface inferieure de la section que dans la portion de ces cor- dons qui avoisine la surface superieure. II est clair que cette expe- rience suffirait a elle seule pour montrer I'inexactitude de la theorie de M. Longet. 8" InSENSIBILITE de la surface DE SECTION SUPERIEURE APRES QUE L'ON A COUPE EX TR.WERS LES CORPS RESTIFORMES AU NIVEAU DU BEC DU CALA- MUS.—Cc fait, qu'apreS une section transversule des cordons posterieurs ii I'endroit oil ils prennent le nom de corps restiformcs, la surface in- ferieure est exlremcment sensible et la superieure depourvue de sen- sibilite (1), est decisif centre la tbeorie de M. Longet, parcc que, sui- (1) Voyez pour les details le rapport de M. Broca, Gaz. Med., 1855, p. 496, et Memoires de la Soc de biolooie pour 1855, p. 48-49, exp. XI, pi II, fig. 342 vant celle tlieorie, nous devrions trouvor : 1'= la surface inferieurc in- sensible; 2° la surface supL'rieure tres-sensible. Lorsque nous avons fait cette experience, nous coyions, avec tout le monde, qu'al'otat normal les corps reslifonncs sont doui's dune scq- siljilit6 tres-vive. Nous nous trompions : ils ne sont pas sensibles, ou s'ils le sont, c'est a un tres-faible degre. Ge sont surtout les assertions de M. Longct qui nous ont trompe a ceti^gard. Get auteur declare d'une maniere tellement positive avoir constate que les corps rcstiformes jouissent d'une exquise sensibilit6 (1), que nous avions admis I'exac- titude de son assertion. Mais en clierchant si vraimenl il y a dans cette partie du bulbe uue extreme sensibilite, nous avous ete prol'on- dement surpris de trouver qu'elleest insensible ou k peine sensible. Si done il 6lail necessairc, coramc M. Longet Fa cru, qu'une parlie fut sensible pour etre capable de transraettre les impressions sensitives, il y aurait lieu de conclure que les corps restiformes ne transmeltent pas les impressions, puisqu'ils ne sont pas sensibles. 9° Ablation oucervelet.— II est tres-certain que les animaux qui ont subi cette operation sont souvenldaus un etat d'hyperoslhesie tres-mar- qu6. Or si le cervelet 6tait le lieu de passage d'un tres-grand nombrede fibres sensitives, ainsi que M. Longet a 6te forc6 de I'admettre par suite de ce fait anatomique incontestable que la majorite des fibres des corps restiformes se portent au cervelet, la sensibilite devrait etre notable- ment diminuee apres I'ablation de cet organe. 10° Section tr.\nsversale des pedoncoles cerebelleux.\xterieurs.— M. Longet a 6t6 conduit forc^mcnt a imaginer que les fibres sensitives qui se portent, suivant lui, des corps restiformes au cervelet, se pen- dent de ce dernier organe au cerveau par les pedoncules anterieurs ou les processus cerebelli ad testes. Si cette partie de la tJK^orie etail vraie, nous trouverions la sensibilite diminute dans le tronc ou les menibres, ou dans quelques-unes de leurs parties, apres la section tranr.versale des processus ad testes. Or il n"en est rien, et il semble, au contraire, que Fanimal soit hyperesthetique. II ressortdonc de cette experience que ces processus ne sont pas ce qu'a suppose M. Longet. ' 11° Section transversale dela substance grise centrale de la moelle (1) Tkaite ue PHYSIOL., 1850, t. II, B. p. 32, et dans nombre d'aulics en- droits, et entre autrcs la page 209, oii I'autcur declare que « le moindre at- touchement des corps restiformes a occasionn(5 les douleiirs les plus vives. » 343 EPixiERE.— Nous avons decrit aillGiirs(l) dcs cxp(!'ricncos variecs, mais consislant essentiellement dans la section traiisvcrsale dc la substance grise. Nous avons dit que cette operation empeche entiereraent la trans- mission des impressions sensitives venues des parties situ^es a una cer- taiue distance en arriere du lieu de la section. Ce fait est en opposition complete avec la th(5orie dc M. Longct, puisqu'alors les cordons posterieurs n'^tant pas alter(5s, la trans- mission des impressions sensitives devrait continuer a se fairCc M. Longet, qui n'a pas clierclie quelle est rinfluence de la section des divers cordons do la moclle iJpiniere sur la sensibilite, parce que les animaux sar lesquels il mettait la moclle a nu dans la region lombaire ])erdaient invariablemenl la sensibility dans le train post(5- rieur, par suite, croit-il, de celte sim.ple exposition de la moelle a Fac- tion de I'air (2), M. Longet dit que la destruction de la substance grise de la moelle, sur des cliiens, « dans une longueur aussi conside- rable que possible, a I'aide d'un slylel, n'a aucunement modifie la sensibilite des faisceaux medullaires posterieurs (3). » Nous ne pou- vons tenir aucun compte de cette experience, attendu qu'il nous est impossible de deviner : 1° ce que I'auteur appelle une 6tendue aussi considerable que possible; 2" quelle est la grosseur du stylet employe; 3° quelle est I'etendue transversale de la partie de la substance grise quia ete deiruite; 4° quelle est la partie des faisceaux posterieurs qui est restee sensible. M. Magendie avait d6ja fait, il y a longtemps, une experience analo- gue. Mais lui aussi n'a pas donn6, a cet (5gard, de suflisants details. II dit seulement : « J'ai plusieurs fois enfonc6 des stylets dans presque toute la longueur de la moelle, sans que les mouvements ni la sensibi- lite de I'animal me parussent diminues (4). » Nous avons fait une ex- perience analogue : nous avons coupe en travers la moelle epiniere a la region lombaire sur des cliiens adultes et de taille moyenne, etnous avons enfonc6 un stylet d'argent de 1 millim. 1/2 de diametre dans la partie centrale de la substance grise du segment ctphalique de la (t) Gaz. Med., 1855,p. 594, et Mem. de la Soc. de biologie pour 1855, p. 73. [1] TrAITE D'ANAT. et de PHYSIOL. DU SYST. NERV., 1843, t. I, p. 276, et Traitede PHYSIOL., 1850, t. II, B. p. 186. (3) TRAirfe DE PHYSIOL., 1850, t. II, B. p, 188. (4) JOURN. DE PHYSIOL. EXPERIM., 1823, t. Ill, p. 154. 34i moelle, dans une d'tcndue de 0 ii 7 roiUiinetres. La sensibilito a etL' diminuop, mais a un faible degri!' seulement, dans Ics racines postericures qui nai^scnt de la portion de moelle dans laquello rinstrument etait enfoiice. Dans cette experience grossiere, on iiitro- duil le stylet dans le canal central de la moelle epiniere, canal dont les parois sont dilatables, ainsi que le montrent les cas d'hydropisic; on delruit sans doute ia couclie epillieliale qni tapisse ces parois et en merae temps une certaine quantite de substance grise. Mais quelle quantit6? C'est ce qu'il n'est pas possible de savoir. II faut done lais- ser de c6t6 ce mode d'experimentation el avoir recours aux sections transversales de la substance gri?e. Dans ces dernieres experiences, on salt ce que Ton fait, ou du moins I'autopsic le montre d'une maniere incontestable. Nous n'avons pas besoin de repeter que par ce dernier mode de recherche, nous avons constate et I'ait conslater par un tres- grand nombre de personnes, que la section transversale de la sub- stance grise centrale et de la base des cornes grises emp6che comple- tement la transmission des impressions sensitives venues des parties situees a une certaine distance en arriere de la section. 12° Section d'une moitie lateralede la moelle epinieue. — M. Lon- getadmet (1), avec tons les anatomistes modernes, que le sillon me- dian posterieur s'etend jusqua la cornniissiiro grise, c"est-a-dire que les deux cordons posterieurs ue comniuniquent aucunement Tun avec I'autre, in moins que ce ne soit par rintermediaire de la substance grise. Eh bieu ! s'il en est ainsi, en admettant que les cordons poste- rieurs sont la seule voic de transmission des impressions sensitives, et que la substance grise ne serve en rien a cette transmission, ainsi que le veul la theorie de M. Longet, nousdevons trouvor que la sec- tion transversale d'une moitie laterale de la moelle epiniere fait perdre completement la sensibilite aux parlies qui sonl en arriere et du cole de la section. En est-il ainsi? Tout au contrau-e, la oii il dc- vraity avoir de I'anesthesie, c'est de rhyperslliesie qui existe(2). 11 (1) TrAITE D'ANAT. et de PHYSIOL. DU SYST. NEIIV., 1843, t. I, p. 229. (2) Voyez a cc sujet le rapport dc la commission du prix de physiologie expcrimentale, commission composee de JIM. Floiircns, Raycr, Dum^ril, Pe- louze, Serres et Magcndie, in Comptes rendus oe i.'Aa^D. des sciences, 1852, t. XXXIV, stance du 22 mars. 345 resulte de la necessairemoul que !es impressions sensitives passent par la substance grise. Nous bornerons-la noire expose ties principales experiences con- traires a la theorie de M. Longet. Nous pourrions ajouter aces preuves experimenlalesun grand nonibre d'autres tout aussi decisives. Maisil est evident (jue nous en avons rapporte beaucoup plus qu'il n'en faul, car si le lecteui veul prendre an hasard I'un quelconque des fails que nous venous de decrirc ou de mentionner, et s'il vent reflechir quel- qucs instants sur la valeur de ce fait, il le Irouverasuffisant pour de- niontrer I'inexactitude du sysleme de M. Longet. Pour ceux qui desi- reraient connailre Ics autres i)reuvcs experinientales qui existent contre ce systeme, nous les renvoyons aux fails qui sont rapportes dans un de nos precedents rnemoircs (I), el aux fails que nous rap- porterons bientot conlrc ia liieorie des pliysiologistes allemands (Stil- ling, Schilf et aulres). En nous resumant a I'egard des fails experimentaux relalifs a la theorie de M. Longet, nous dirons : 1° Que ce physiologiste ne fonde cclte theorie quo sur nn sent fait, qui, en admettant qu'il soil exact, ne prouve rien autre chose que I'existence de la sensibility dans les cordons posterieurs et son absence dans les aulres parties de la moelle epiniere; 2° Qu'il existe un nombre tres-consid^rable de fails experimentaux tres-vari6s prouvant chacun d'une maniere incontestable que la theo- rie de M. Longet est erronee. Ainsiiln'y a aucun fait direct en favour de cette theorie, et il en existe, au contraire, un tres-grand nombre qui lui sont absolument opposes. § Bl. — FAITS CI.IIVIQVES COIWTRE I.\ THEORIE DR HI. LONtiET. Ce n'est qu'avec la plus grande reserve qu'il est permis de tirer des conclusions, pour la palhologie comrae pour la physiologic, d'unexa- mea anatomico-pathologique fait nombre d'heures apresla mort, dans les cas de maladie du centre encephalo-rachidien. Nous divisons en (1) Gaz. Med. de Paris, 1S55, p. G57, et Mem. de la Soc. de biolocjie pour 1855, t. 11, 2° serlc, p. 77 ; voyez surlout les exp. I, II, ill, IV, V, IX el X, et les fig. 2, 3, 4, 6, 7, « et 9 de la planche I. 346 deux categories distinclcs Ics cas d'alt(!;ration si^poant dans cc centre nervoux, siiivaiit le cIcutc do validitc des deductions que I'on peiitti- rer de cet exauicn post mortem. Daus uno categoric, nous placous les raniollissomcnts, les abcos, les heraorrhagics cl autres epancliements, les changcments de couleur, etc. Dans une autre categorie nous placons les blessurcs, les tumeurs et autres lesions, dont I'^tendue peut etre mesuree d'une maniere assez precise, et dont I'existence, pendant au moins uu certain temps avant la mort, est connue d'une maniere positive. Dans les cas de la premi(ire categorie, il est impossible do savoir quel etait le dcgr6 de ralteration peudaut la vie, a I'epoque du dernier exanieu des symptomes. Ea outre, il est impossible aussi de con- naitre quels sont les changements survenus dans I'alteration, d'une part, entre I'instant du dernier examen el le moment oii la mort a eu lieu, et, d'une autre part, dcpuis ce dernier moment et Finstanl oil I'aulopsie est faite. 11 n'en est pas ainsi dans les cas de la seconde ca- t(^^gorie. Aussi est-ce surlout en eludiant des faits appartenant a cette derniere categorie que nous nous sommes convaincu que la tbeorie de M. Longet rencontre tout autant d'opposition dans les faits cliniques que dans les faits experimentaux. JN'ous no rapporterous pas ici les faits cliniques qui nous ont conduit a cette conclusion : on les trouvera dans le livre que nous aliens pu- blier sur la physiologie et la pathologic de la moelle epinicre et de la mocUe allongee. Nous croyons cependant devoir indiquer, d'une ma- niere sommaire, ce que sont et ce que montrent ces faits. Ce sont des cas de lesiou des cordons posterieurs de la moelle ^piniere, de la sub- stance grise de cet organe, des corps restiformes, du cervelet ou de la protuberance annulaire. Quant a ce qu'ils en^'eignent, le voici : 1° La transmission des impressions s'opere malgri; des lesions plus ou moins considerables des cordons posterieurs de la moelle epi- niere. 2» Les lesions de la substance grise de la moelle epiniere, suivant leur (itendue, empecbent plus ou moins completemont la transmission des impressions sensitives. Limitecsa une moilielateralede la moelle, ces lesions empecbent la transmission des impressions sensitives ve- nues de la moitie du corps du c6te oppos6. 3° La transmission des impressions sensitives s'opere nialgre une lesion notable des corps restiformes. 347 4° Lcs lesions, mt-rae tres-considcrablos, tUi cervelol, et plus cncoro ]a destruction totale ou I'abseoce de cet organe, peuvent ne pas pro- duire de paralysie de la sensibilite. 5" Les 16sions limitees a line moitic laterale de la protuberance ou de la moelle allongee, quand elles causent une paralysie de la sensi- bilite, la produisent dans la moiti6 du corps du c6t(5 oppose. Ge dernier fait et le precedent sout en opposition iormelle avec cette partic du systeme de M. Longet, d'apres laquelle les fibres sensitives passeraient en majeure partie par le cervelet et feraient leur entre- croisement au-dessus ou en avant de la protuberance, la ou les proces- sus cerebeUi ad testes semblent s'entre-croiser. Quant aux auli'es fails, ils d6montrent que M. Longet s'est trompe en affirmant quo la trans- mission des impressions sensitives s'opere exclusivement par les cor- dons posterieurs de la moelle epiniere et par les corps restiformes. lis montrent aussi que cet ecrivain distingue s'est tromp^ en afiirmant que la substance grise de la moelle n'cst pas ua organe conducteur des impressions sensitives. § III. • — FAITS ANATOSIIQVES COmTRE I-A THEORIE DE M. LONGET. Nous avons deja montr6 ailleurs (1) que I'anatomie humaine, I'ana- tomie comparee et Tanatomie de structure sontegalement contrairesa la doctrine deM. Longet. JNousnous borneronsaajoutericiquclques fails tres-importants a I'egard de la structure de la moelle epiniere et de la moelle allongee, fails qui sont en opposition formelle avec la theorie que nous critiquons. Les coupes transversales do la moelle Epiniere, ainsi que nous I'a- vons vu sur des preparations faites par nous-meme, et surtout sur d'admirables preparations faites par Stilling et J. Lockhart Clarke, et d'apres ce qui a ete publie par la plupart des micrographos qui sesont occupes reccmment de la structure de la moelle epiniere, montrent que les racines posterieures, d'un c6te, envoient des fibres : !■■ dans le cordon post6rieur du cote correspondant et dans celui du cole op- pose ; 2° dans le cordon latt^'al du c6te correspondant el dans celui du cole oppose-, S" dans les racines anterieures du c6te correspondant et (I) Gaz. Mei). dc Paris, 1855, p. 5G7, et Wem. de la Soc. de biol. pour 1855, p. 57-59. 348 (\i\uf- cellos (III ((Ml' oppose (1). A cela il faut ajoiiler ([u'il y a au?si des nines trausversales venues des racines posleneure?, (lui seuiblent s'u- iiir aiix cellules tic la siiljslanco grise. Les coupes lougitudluales do la luoelle Opiniere doiiiieiil des resul- tats bien plus iaiporlanls. Nous avons vu de tres-belles preparations de ce genre, les unes faites par Stilling, les autres faites par J. Lock- hart Clarke. Les preparations que nous avons faites nous ayanl con- duit a admettre I'cxactitude des dessins que Clarke a publics, et I'exa- nien comparatil' que nous avons fait des preparations de cet analoniisle distingu6 et de ses dessins, nous ayanl niontr6 que ceux-ci sonl, pour ainsi dire, des portraits tres-ressemblants, nous allons indiquer, en peu de mots, ce que ces dessins et ces preparations enseignent a I'egard de la marche des racines posterieures dans la moelle epiniere. lis montrent (2) que les fibres des racines posterieures se divisent en Irois series : une de fibres ascendantes, une de fibres descendantes, une de fibres transversales. Les fibres ascendantes se dirigent obliquenienl vers I'enceplialc. La plupart se portent dans I'interieur de la substance grise; les autres raontent longitudinalement avec les fibres des cordons posterieurs. Les fibres descendantes, en s'eloignant de I'encepbale, se portent presque toutes dans I'interieur de la substance grise. Quant aux fibres transversales, nous avons ditplus liaut comment elles se comportent. Parmi les fibres ascendantes ou descendantes, il en est qui sont commismrales. Elles passent le long des cordons posterieurs, allanl des racines posterieures d'une paire de nerfs aux racines posterieures de la paire de nerfs qui est au-dessus et de celle qui est au-dessous (3). D'autres fibres, parmi les descendantes, paraissent clairement se con- linuer avec les racines anterieures. 11 importe de dire que Clarke n'a 6t(5 guid6 dans ses rechercbes sur la structure de la moelle par aucuiie vue tbeorique, etquelorsipi'il de- couvrit, en 1853, que les racines posterieures ou sensitives envoient des (1) Voyez la fig. 7, pi. Ill, Mem. de la Soc. de biol. pour 1855, t. II, 1' serle. (2) Voyez Philosophical tkansactigns, 1S53, p. 347, pi. XXIII et .XXIV, el Mem. de la Soc. de biol., pi. Ill, flg. 8 et 10. (3) Voyez la tig. 7, pi, 11, in Mem. de la Soc. de biol. pour 1855. 349 fibres descendantes dans lanioelleepiniero, il ignoraitquel'ann^epre- c^dente, j'avais ete conduit, par certaiiies expi'iionces, a admettre I'existence de ces fibres. Le nombre des fibres descendantes parait etre inferieur a celui des fibres ascendantes. Ccla raontre qu'il faut cbercher ailleurs que dans la difference de nombre, I'exces de sonsilnlile que j'ai Irouve dans le bout caudal compare aubout ceplmlique des cordons posterieurs cou- pes en travers. M. Longet, suivant en cela Charles Bell, a soutenu que parmi les nerfs craniens, ceux qui servent a la transmission des impressions sen- sitives uaissent des prolongements dans Fencepliale des cordons poste- rieurs de la moelle. Nous avons dejii dit ailleurs combien les belles re- cherclies de Stilling etde MM. Vulpian et Philipeaux sent en opposition avee Thypolhese soutenue par M. Longet; nous nous bornerons a dire ici qu'aujourd'bui il n'est plus douteux que c'est de la substance grise de la moelle allongee que viennent les nerfs sensilifs craniens, et non des corps restil'ormes . Les belles recherches de R. Wagner et de que!- ques autres anatomistes ont donne une complete confirmation a ce qu'avait avance Stilling a cet egard, dans ses deux magnifiques ouvra- ges sur la moelle allongee et sur la protuberance. Nou^ sommes heu- reux d'avoir a ajouter a I'autorile de ces noms celebres ceile d'uu homme-si competent en anatomic microscopique queKoelliker (1). En resuniant ce qiw nous venous d'exposer a I'egard de la theorie ou mieux du sysleme de M. Longet, relatif a la vole de transmission des impressions sensitives dans le centre enrephaio-rachidien, nous dirons : A. Ou'il existe de nombreuses contradictions entre dilTerents poinls de ce systeme, el aussi entre ce sysleme et des Tails et des theories que M. Longet admet comme vrais, et qu'il est singulier que ces contra- dictions u'aient pas empeche I'auteur de proposer son systeme et le pu- blic de I'admettre •, B. Que les fails exp^rimentaux rapportes par M. Longet, enpreuve de la seule partie de son sysleme qu'il ait essaye de demontrcr, ne donnent pas et ne peiivent pas donncr les resultats qu'il annonce, ex- cepte pent-etre sur des animaux mourants ; (I) Voyez les Elements d'histologik HUMAiNE, traduction de M.M. BeclarJ et See, fuse. 11, p. 330. 350 C. Uu'en admeltant cependant que cos expiJriences aiont donn6 les resiiltats que M. Longet dit avoir obtenus, ceux-ci ne prouvent abso- liiment rien en faveur du sysleme qu'il a soulcnii ; D. Que M. Longet lui-meme rapporte des experiences contraires a son systerae ; E. Que M. Longet n'a pas fait d'elperiences directes pour Irouver la voie de transmission des impressions sensitives dans la mocUc epi- niere, et qu'il ne pouvait pas en faire, puisque, ainsi (pi'il le declare rormellement lui-meme, il n'a jamais pu mettre la moelle a nu a la rC'gion ]oml)aire, sans produire une paralysie do la sensibilite dans le train posterieur ; F. Que M. Longet n'a etabli son systeme que sur une fausse appa- rence de continuity des fibres desracinesposl^rieures avec les cordons post^rieurs; G. Qu'il n'a appor t6 a I'appui de ce systeme aucun fait direct ana- tomique, experimental ou clinique ; H. Qu'il existe un nombre extremement considerable de i'aits ana- tomiques, cxperimentaux etcliniques, qui prouvent directement Fin- exactitude de ce systeme, et que ces fails =ont tuUemenleu opposition avec ce systeme que cbacun d'eux (au moins parmi les fails experi- mcntaux et les fails cliniques) suflirait a lui seul pour prouver I'in- exactitude du systeme ; I. Que non-seulemont le systeme, dans son ensemble, est essentiel- lement contrairc aux fails, mais qu'il en est de menie pour chacun deses details; Cost ainsi que : 1° 11 n'est pas vrai que loutes les fibres des nerfs rachidiens qui Iransmetlent des impressions sensitives penetrent avec les racines posterieures dans les cordons posterieurs ; 2° II n'est pas vrai que los fibres servant a la transmission des im- pressions sensitives, el qui out peiietre dans les cordons posterieurs, se portent a I'encephale dans ces cordons ; 3° II n'est pas vrai que la transmission des impressions sensitives s'opere exclusivement le long des cordons posterieurs et des corps rcs- liformes ; 4° II n'est pas vrai epic les fibres des racines posterieures servant k la Irausmission des impressions sensitives passent en majorile a travers le cervelet ; 351 5° 11 n'esl pas vrai quo ces fibres sortent du cervelet par les proces- sus cerebclli ad testes; 6° 11 u'c'st pas vrai que ces fibres s'entre-croisenl la oil quelques aaatomistes croient que les processus ccrcbelli ad testes s'enlre- croisent ; 7° 11 ii'est pas vrai quo la moolle allongoo n'aitpas uuo action croi- see pour la sensibilitij ; 8° 11 n'est pas vrai que les nerfs craniens sensitifs naissent des pro- longements des cordons posl^rieurs dans i'encephale, c'est-ii-dirc des corps reslifornies ; 9" 11 n'est pas vrai que la transmission des impressions sensitives ne puisse s'operer que par des parties sensibles; 10° Enfin, il n'est pas vrai que la substance grise soil incapable de transmettre les impressions sensitives. DEUXIEME PARTIE. Uu pliysiologiste hollandais, Van Been, un des plus ingonieux expe- rimentatcurs de notre temps, a ouvert la vole qui a conduit Stilling ct plusieurs pbysiologistos allemands a proposer les Ibeories qu'ils ont emises sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la moelle epiniere. Nous n'exposerons pas ici les details des theories plus ou moins differentes qui ont 6te propos^es par Van Been, Budge, Valentin, Volkmann, Eigenbrodt et d'autres physiologistos ; nous nous bornerons a dire que la plupart des faits que nous allons rapporter centre la doctrine de Stilling sont contraires aussi aux autres theories proposes ou admises en Allemagne. Stilling, a qui I'anatomie, la physiologic et la pathologic doivent de si beaux et de si nombreux travaux, a propos6 une th6orie que nous avioiis en partie acccptee comme vraio il y a dix ans (1). B'apros cette doctrine, la raoitie posterieure de la substance grise de la moelle Epiniere serait la seule voie do transmission des impresions sensitives a I'encephale. Be plus, il n"y aurait pas un cours determine, inva- (1) Voyez luath^se inaugurale. Paris, Sjanv. 1846; p. 20-30. 352 liable, pour la transmission des inipressions sensitives ; car celles-ci passeraient indiflercmment par I'uneou par I'autre moili6 laterale do la substance grisc. Stilling va meme jusqu'a croire que I'cxistencc d'uue tres-petite partie de la substance grise suffit pour iicrmcttrc la transmission des impressions sensitives venues des parties qui sont en arriere de la lesion. Nous allons montrer,par des faits qui nous serablent pcremptoires, quecette theorie n'cst pas exacte. Exp. I. — Nous coupons la moitid laterale droite de la mocllc epinicre, et nous constatons que la seusibilitc est exagcree du cute droit ct en arriere do la section it). Dans le cote oppose, au contraire, la sensibilile est tres-no- tablement diniinuec, et chez certains animaux elle senible meme clre perdue. Cela constate, nous coupon?, a qnelquos centimetres en avant de la section, I'autre moitic laterale de la nioelle (piniere, la moitie gauche, et alors nous ti'ouvons que la sensibilite n'a pas augmente du c6te de la seconde section, et qu'elle est presque completement perdue du cote de la premiere section. Or d'aprt;s la theorie de Stilling, la transmission des impressions sensitives, apres la premiere section, devrait continuer a se faire pour le c6t6 gauche, comme pour le cote droit, et apres la seconde section elle devrait continuer pour les deux cotes du corps. En admettaut, au contraire, que les fibres sen • sitives venues de la moitie laterale droile du corps passent a gauche et vice versd, on s'explique les resultals de I'experieuce, a I'exception de I'existence de riiyperesthcsle dont nous essayerons ailleurs de donner I'explication. Exp. II. — .\pres la section transversaledes deux cordons postcrieurs, nous constatons que la sensibilite est exageree en arriere dans les deux cotes du corps, ^■ous achevons alors decoupcr a droite tout ce qui reste de la moitie laterale de la moelle epiniere, et nous trouvons, apres quelques minutes, que I'hyperesthesie du cote corrcspondant s'est augmentec, tandis que dans le cote gauche, ctMu oppose a la section, non-seulement I'liyperesthi^sie a dis- parii, mais encore a peine restc-i-il une Ires-faible sensibilite (2). Ainsi, d'un (itat d'hyperesthesie, cemembre passe a un etat voisin d'une anesthesie com- plete. Dans ce cas, avec ii peu pres le tiers seulement de la moelle, la transmis- sion des impressions sensitives, venues du cote droit du corps, parait s'ope- rcr parfaitenicnt, tandis que maigrc la presence de la substance grise dans la moilie gauche de la moelle, la transmission des impressions venues du cc")tc (1) Voycz fig. (i. 111. in, de.^ Mem. de l.\ Soc. de biol. pour 1855. (2) Yoyez tig. 5, [il. m, des Mem. de la Soc. de biol. pour 1855. 553 gauclic du corps, eu arriere du hi st'ctioii, iic s'operc (lua peiue. Cela est assurement eu opposition formclle avec la tlieorie dc Stilling. Cetle experience, qui est la couibinaisoii dc iios deux experiences foudamentales, est extreraement importante, el nous engageons les physiologistes (jui voudront repetor uue partie ou la totalite de nos experiences a comnienccr par celle-lii. Quand on fait uue section d'une moitie laterale de la moelle epiniere, on laisse Ires-souvenl une petite partie de cette moitie adherente a Fautre, et alors on constate que la sensibilite est encore assez vive en arriere et dans le c6te du corps oppose a la section. Pour eviter cette cause d'crreur, j'ai employe le precede suivant, qui donue des resultats tres-nets, ainsi que je I'ai fait constater a la Societe de bio- logic, des 1851 (1). Exp. III. — Aprfes avoir fait snr la ligne mediane de la moelle une section lougitudinale, separaut cet organe en ses deux moities laterales, a la region dursale, dans un etendue d'environ I centimetre, nous faisons deux sections transTersales aux extremites de la premiere section et du meme c6t6, et nous retranchons ainsi un fiagmenl de la moelle epiniere. Du cote et en arriere de cette ablation, nous trouvons la sensibilite exageree, et de I'autre c6tc nous la trouvons presque conipletemcut perdue (2). Cette experience est aussi contraire que les deux qui la precedent ilia tlieorie de Stilling. Celles que nous allons rapporter nele sont pas inoins. Exp. IV. —Nous coupons une moitie laterale de la moelle epiniere an ni- veau de la troisienie vertebre lombaive, puis nous irritons avec une aiguille le cordon jjosterieur prcs de la surlaco superieurc de la section. Des sigues manifestes de doulcur se montrent. S'il y a de la donleur par suite seulc- ment de I'existcnce de fibres sensitives, montant jusqu'a I'cncepliale dans ce cordon, nous devrons n'cn plus produire apres avoir fait la section transver- sale de ce meme cordon entre renccpliale et le lieu de la premiere operation. Or nous coupons ce cordon an niveau de la premiere vertebre, derriere le bee du calamus, et nous trouvons qu'il y a tout autant, siuon plus de douleur qu'avant, eu irritant le cordon posterieur la oil nous Tavons d(''ja irrite. Ce n'est done pas le long dc ce cordon que la transmission s'opi're. Nous achc- vons alors de coupcr ce qui rcste de la moitie laterale dc la moelle la oil Ic (ll COMPTES RENOUS DE L\ SOC. DE BIOL. pOUr ISJl , t" Scric, t. HI, p. If). (1) Voycz fig. 9, pi. ni, des Mem. de la Soc. de biol. pour 18.j5. MKM. 23 354 cordon post^rieur est coupe a la region cervicale. La sensibilite dc la surface superieure de la premiere section a la region lombaire au lieu d'etre dimi- nuee semble augmentee. Si alors nous coupons en travers le cordon posto- rieur du c6te opposd aux sections deja faites et aux deux cndroits ou elles ont (516 faites, nous trouvons que le cordon post^rieur, au niveau de la sec- tion faite a la region lombaire, est sensible du c6tc ou la moiti61at6rale de la moelle est coupee et qu'il ne Test pas de I'autre c6t6. En outre en examinant la sensibilite des membres de I'animal, on trouve qu'il y a bypercstli^sie du cote oil il y a une double section dc lamoitie lateralc dela moelle et qu'il y a une anesthesie presque complete du cote oppose. II est clair que les resultats de cette experience sont en opposition positive avee les theories des physiologisles allemands. II en est de meme de ceus de I'experience suivante. Exp. V. — AprSs avoir coupe en travers la moitie lat(5rale di'oite de la moelle epiniere, nous faisons, a partir de cette section et en arriere d'elle, une section longitudinale qui separe la moitie lat^rale droite de la moelle dc la moitie gauche, dans I'etendue del'insertionde trois paires de nerfs, et nous obtenons ainsi un segment de moelle, uni au reste de I'organe par son extr(3- mite inferieure (I). En examinant alors quel est I'^tat de la sensibilite dans les racines posterieures des trois paires de nerfs qui s'insferent sur ce seg- ment, nous constatons : 1° que celles de la paire quiavoisine le plus la sur- face de section transversale donnent a peine de traces de sensibilite; 2" que celles de la paire suivante sont sensibles, mais bien moins qu'a I'ctat nor- mal; 3° que celles delatroisi^me sont trfes-sensibles. Si, sur uu autre animal, nous faisons une experience analogue, mais de fa- con a obtenir un segment se continuant avec le reste de la moelle, par sou bout sup^rieur au lieu de I'inf^rieur, nous trouvons que les racines poste- rieures des trois paires de nerfs, comparces les unes aux autres, ont a peu prfcs les mSmes differences de sensibilit(5 que celles du segment iuferieur. Ces fails sont des confirmations de la theorie que nous avons proposee, et d'apres laquelle les fibres venant des racines posterieures s'entre-croisent avec celles du cote oppose, apr^s avoir d'abord descendu ou monte plus ou moins obliquement dans la moelle epiniere. Entre les fibres ascendantes ct les fibres descendantes, il y a cette difference que le trajet des dernieres semble etre plus court que celui des premieres, avant leur passage dans le c6te de la moelle oppose a celui dans lequel elles ont pen6tr6 en quittant les racines posterieures (2). (1) Voyez fig. 4, pi. in, des Mesi. de la See. de biol. pour 1855. (2) Voy. pi. Ill, fig. 4 ; pi. II, fig. G, et pi. I, fig. 2 et 5, in Me.m. de l\ Soc. de BIOL, pour 1855. 355 S'il n'y avail pas un cours determine, invariable pour la transmis- sion des impressions sensitives dans la moelle epiniere, si la substance grise de cet organe avail la propriety de conduire en tous sens les im- pressions sensitives, ainsi que Schiff I'a soutenu recemment , nous de- vrions trouver toutes les racines egalement sensibles dans ces deux segments de moelle. II en est tout autrement, comme on I'a vu. Les fails suivanls sont tout aussi contraires que ceux qui precedent a la maniSre de voir de Stilling et h celle do Schiff. Exp. VI. — Si nous coupons transversalement la meme moiti6 latt5rale de la moelle en deux endroits, nous obtenons, suivant le nombre de paires dc nerfs qui existent cntrc les deux sections, les resultats suivanls : 1° quand il n'y a qu'une paire de nerfs entre les deux sections, ses racines postc^rieures sont, a bien peu pres, inscnsibles, fait qui confirme ce que nous avons dit ailleurs, a savoir que les flbres transversales venant des racines posterieures ne servent pas ou ne servent guere a la transmission des impressions sensi- tives. Nous n'avons pas besoin de dire que les fibres ascendantes et les flbres descendantes sont presque toutes coupees dans cette experience ; 2° quand il y a deux paires de nerfs, au lieu d'uue seule, leurs racines posterieures ont une sensibOitc faible, mais manifested 3" quand il y en a trois, les racines posterieures de la paire cpii est au mdieu sont tres-sensibles ; 4° quand i\ y en a cinq, six ou davantage, les racines posterieures de toutes ces paires de nerfs, excepts cedes qui avoisincnt le plus les sections sont dans un etat d'hyperes- thesie evident. Que les deux sections soient fades pres I'une de I'autre ou non, nous trou- vons toujours que les parties du corps qui sont en arriere et du cote de la section inferieure sont hyperesthetiques, tandis que les parties correspon- dautes de I'autre c6te sont presque insensibles. Tous les details de ces fails sont des confirmations de la theorie que nous avons proposee sur la distribution des fibres des racines sensi- tives dans la moelle 6pmiere, et ils sont, au contraire, presque tous en opposition formelle avec les theories de Stilling, de Schiff et de leurs compatriotcs. L'experience suivante est encore plus decisive centre ces theories. Exp. VII. — Nous coupons longitudinalement la moelle epiniere dans toute I'etendue du renflement cervico-bracbial, et de manifere a s(5parer comple- ment Tune de I'autre les deux moitics laterales de ce renflement. Nous consta- tons alors que la sensibditt; est perdue dans presque toutes les parties des membres anterieurs, et qu'elle se conserve dans les membres post^rieurs. Si ensuite nous coupons en travers la moitie laterale droite du renflement car- 356 vico-brachial, uous (rouvous que le luembre post^rieur gaucbe peril sa seu- sibilite, tandis quele membre posterieur droit devieiit byperesthetique (1). II est clair que ces resultats sont aussi contraires que possible aux tlieories de Stilling el de Schill'; il est clair aussi qu'ils demoutrent quo les fibres sensitives s'enlre-croisent dans la mocUeepiuiereau voisinagc de leur point d'entree. Nous ne croyons pas qu'il soil besoin diusister pour demontrer comment et combien loutes les experiences que nous vonons de rap- porlcr sont contraires aux theories des physiologistes allomands. }ious ne croyons pas non plus necessaire de rapporter d'autres experiences a Get egard : nous nous bornerous a dire qu'il en existe plusieurs au- tres mentionnees dans nos precedents meraoires, qui sont tout aussi contraires a ces doctrines que celles relatees ci-dessus. jN'ous dirons, en outre, qu'il y a nombre de faits patbologiques ob- serves sur I'homme, qui montrent aussi que les lesions d'une moitie laterale de la moelle epiniereproduisent une paralysie de la sensibilite du cote oppose et nondu c6te correspondant (-2). D'apres la theorie do Stilling et celle de SchilT, la sensibilite ne devrait etre perdue nuUe part dans ces cas. TROISIliME PAUTIE. l,IER!$ QUI SVCCEDEWT A I.A e«ECT10]% DE$i RAC1]»'E&> OE!9 2VER> $« SPIKAUX. -\ous avons essaye de montrer dans nos precedents memoires quel est le mode de distribution des fibres des racines sensitives dans la moelle epiniere. JN'ous rappellerons seulement a ce sujet que nous avons essaye de demontrer que ces fibres sontou ascendantes ou des- cendantes, et qu'apres un certain trajet plus ou moins oblique, elles arrivent a la substance grise centrale de la moelle, oil elles s'entre- croisent, de I'acon que celles venues du cote gauche passent iv droite, et vice versa. Que deviennent-elles alors'' G'est la une question, qui u'a (1) Yoy. pi. in, fig. 2, des Me.m. de la Soc. de biol. pour 1855. (2) Yoyez mon livrc : Experim. researches applied to piiysiol. and pa- TiiOL., NeAV-Yoik, 1853, p. 98, et mon rapport sur un memoire de M. Ore (de Bordeaux), in Mibi. de la Soc. de biol. pour 1853, l" surie, t. Y, p. 301 . 357 ete resolne jiisqn'ici ni par I'analomie ni par les vivisections. Nous no nous proposons pas de la discuter iri dans tons ces details ; nous voulons seulement rapporlcr quelques fails qu'il imporle Ijeaucoup de connaitre pour pouvoir aborder I'etude du difficile probleme rela- tif a la voie de transmission des impressions sensitives a I'encephale. Les fails que nous allons brievement exposer pourront servir aussi ii la solution d'ua autre probleme sur lequcl nous avons bien moins de notions que sur le prec(5dent : nous voulons parlor des voies de transmission des ordresde la volonte aux muscles. Exp. I. — Sur un cochon d'lnde, un lapiii ou un chien, nous coupons toutes les racines des cinq ou six derniers nerfs dorsaux et des deux pre- miers nerfs lombaires du cute droit. Apri's avoir laisse 1' animal en repos pen- dant quelque temps (quelques minutes ou quelques heures\, nous trouvons que le mouvement volontaire est diminue d'une maniere tres-notable dans le membre posterieur droit el que la sensibiUte y est exag^ree, tandis que, an conlraire, elle est diminuee d'une facon tres-manifcste dans le membre pos- ti^rieur gauche. En outre, nous constatons que les vaisscaux sanguins sont un pen dilates dans presque toutes les parties du corps, en arric^re et du cdte de la section des racines et, en m^me temps, que la temperature de ces parties est un peu plus eJevee (1 a 3 degrts) que celle des parties correspondantes de I'autre c6tc. Tous ces rd'sultats sont ceux que j'ai trouves depuis long- temps a la suite de la section d'une moitif^ laterale de la moelle epiniere a la region dorsale. Dans les premiers instants apres la section des racines, les ph^nomenes que j'ai indiques sont excessivement marques, a ce point que quelquefois la paralysie du mouvement volontaire semble complete ; mais apriis quelques beures, ilslesont bien moins, etlorsmeme quel'animal survit plusieurs jours ouplusieurs semaines a I'operation, it lui reste toujoursune faiblesse manifeste et une hyperestb^sie incontestable dans le membre pos- terieur du cOte de la section des racines, avec une diminution de sensibilit6 dans le membre posterieur du cote oppose (1). (1) Sur un chien ayant subi a peu pr&s la mcme operation que dans I'expe- rience ci-dessus, le membre posterieur droit (c6te de la section), apres avoir ^.i6 presque completement paralyse pendant quelques jours, a recouvr^ gra- duellement les mouvements volontaires jusqu'au degr6 normal ou a bien peu pres, dans Tespace de cinq mois. L'liyperesthcsie a persiste dans ce membre a un degrt' tres-marqu(5, et la sensibilite a paru ^tre moindrc qu'a I'etat nor- mal, dans le membre posterieur gauche, m6me au bout des cinq mois. L'exa- meu dps racines coupnos a fait voir ([u'il y avail eu reunion, et^ au milieu de 358 Kous ferons remarquer tout d'abord que nous nous sommes mis k I'abri de toutes les causes d'erreur que nous avons pu prt^voir. Ainsi nous saYons, pour I'avoir vu souvent, qu'une piqure de la dure-mere surles cochons d'Inde etles lapins est la cause d'unelierniede la moelle, a la suite de laquelle il y a des sympt6mes plus ou moins semblables a ceux qu'on observe apr6s la section des racines ; nous savons aussi, pour I'avoir constate maintos fois, que le simple arrachement des ra- cines de quelques nerfs rachidiens d'un c6t6 est suivi des memos symptOmes. Nous avons toujours 6vit6 ces causes d'erreur, ainsi que d'autres dont nous parlerons tout a I'heure. Comment s'expliquer les r^sultatssi singuliers de cette experience? D'apres les idees qui ont cours sur la voie de transmission des impres- sions sensitives et des ordres de la volenti, certes il est impossible de se rendre compte des phtoomenes que nous avons observes. Voila un animal chez lequel les nerfs des membres post6rieurs sont intacts (1), chez lequel la moelle epiniere est intacte, chez lequel I'enc^phale est intact : il semble consequemment que la continuity des conducteurs de la force nerveuse, soit pour la sensibilite, soit pour les mouvements volontaires, ne soit nuUe part interrompue, et pourtant nous voyons que les mouvements volontaires sont diminu^s dans un membre et la . sensibilite dans un autre ! II faut done chercher ailleurs que dans les theories ayant cours I'explication de ces faits 6tranges, el de plus, il faut chercher une autre th(5orie qui explique a la fois ces faits et ceux qui ont servi de base aux theories precedentes. L'exp6rience suivante donne des r^sultats tout aussi singuliers que ceux de la precedente. Exp. II. — Si, apr^s avoir coupe d'un cote toutes les racines que nous avons indiquees dans I'exp. I, nous coupons les mt^mes racines de I'autre c6te, nous trouvons que la sensibility et les mouvements n'existent plus qu'a un faible degr6 dans les deux membres posterieurs, et que la temperature de ces membres s'(?leve de quelques degres. Au bout d'une heure ou deux, ce- pendant, I" animal commence a recouvrer eu partie les fonctions pei'dues, et fibres alterees profondemcnt, M. Augustus Waller et moi avons vu nombre de fibres r^gd'n^rees. (1) Les premiers filets ncrveux qui se rendent de la moelle cipini^re aux: membres posterieurs, cbez les animaux que nous cmployons ordinaircment pour uos recberches sur la moelle et sur ses nerl's, viennent de la cinquieme ou de la sixi^me paire lombaire. 359 apr6s huit ou dix heures, il y a des mouvemonts volontaires assez forts, mais beaucoup moins qu'a I'etat normal, et ranimal ne pent pas se tenir sur ses membres posterieurs. Malheureusement nous n'avons jamais vu survivrc assez longtemps les animaux ainsi op(5r6s pour savoir ce que deviendraient les mouvemeuts volontaires et la sensibilite apr^s plusieurs jours. Ce fait est certainement aussi strange que le pr6c6dent. Les fails sui- vants ne le sont pas moins. Exp. III. —Nous mettons la moelle ^pinifere a nu depuis son extremite cau- date jusqu'a la partie sup^rieure de la region lombaire, et nous coupons en- suite les racines de toutes les paires de nerfs s'inserant sur cette partie de la moelle. Cela fait, nous trouvons que les irritations les plus vives sur les ra- cines post^rieures ou sur les cordons de la moelle, depuis I'extremitc^ de la moelle jusqu'au milieu, a pen pr^s, de la region lombaire, paraissent ne pas causer de douleur. Mais, a partir de la, la sensibilite commence a sc mon- trer, et on la trouve de plus en plus grande a mesure que Tirritation est faite plus pr^s de la partie oii la moelle a encore ses nerfs. Exp. IV. — Sur unlapin ou un cochon d'lnde, nous mettonsjla moelle a nu depuis la cinquifeme vertfebre dorsale jusqu'a la troisieme lombaire, puis nous coupons toutes les racines des nerfs provenant de cette partie de la moelle. Cela fait, nous constatons qu'en irritant soil une partie de la moelle cervicale, soil la moelle dorsale dans presque toute son (5lendue, nous ne provoquons pas de mouvemeuts dans les membres postc^rieurs. Enfln, des mouvements commencent a etre produits quand nous irritons la partie superieure de la moelle lombaire, et plus I'irritation est faite sur une partie rapprocbee de I'en- droit oil la moelle lombaire a encore ses nerfs, plus les mouvements sont forts. Dans I'exptoence suivante, on constate que, pour les actions r^Ilexes, il existe, apres la section d'un certain nonibre de racines, des pli6- nomenes analogues a ceux que nous venons d'exposer et qui concer- nent soit les mouvements volontaires et la sensibility, soit les mouve- ments par irritation directe de la moelle. Exp. V. — Sur un chien nouveau-n6, apr(^s la ligature des carotides, nous coupons la moelle epiniere en travers, pres de la moelle allongee, puis nous mettons la moelle epiniere a nu dans presque toute I'etendue de la region dorsale et a la partie supdrieure de la region lombaire. Apres nous etre as- sure que la faculte reflexe est encore vivc, et que tout pinccment de la peau d'un des membres est suivi de mouvements dans les quatre membres, nous coupons les racines des buit derniSres paires dorsales et des deux premieres paires lombaires. Cela fait, nous constatons que le pincement de la peau des 360 membies aiileiieurs ne produit plus df niouvements reflexes que dans ces membres, et que I'excltation des mcrabres posterieurs n'est suivie aussi de mouvements que dans ces derniers membres. L'insufllalion pulmonaire est alors pratiquee : la facuUti r^flexe augmente, mais les mouvements rcslent li- mltesaux membres anierieursouaux posterieurs, suivanl qu'on irritelcs pre- miers ou les derniers. Iln'ya done pins dp transmission de la force norvensc des membres post(^rieurs aux ant(5ripur?, et rice vrsd, bien que la moellc epiniere soil intacte entre les renllements lombaire et cervico-brachial. Nous avons cherdi6 si tous les fails si etranges que nous venons de rapporter ne dependaient pas des causes suivantcs : 1° tiraillement de la moelle epiuiere; 2° blessures de cet organe; 3" epuisement de la force nerveuse dans une partie de cet organe, par suite de I'irritation Ires-vive qu'on produit en coupaut un grand nombre de racines sensi- tives; 4" diminution de la circulation dans la partie de I'organe privee de racines ; 5° refroidissement de la partie considerable de la moelle qui eslmise a nu. 1° 11 est impossible d"admettre que des tiraillemenlsd'unc partie de la moelle ontete une cause fr^quente ou constantc des phenomeiicssingu- liersquenous avons d^crits. D'une part, nous avonsfaitavectant desoin lesexpt'rienccs que nous avons rapportees, et nousles avons repetees si souvent, quit n'est pas possible d'admettre que nous ayons liraille la moelle dans tous les cas et assez fortement pour occasionner une perte d'action plus ou moins complete de la partie tiraillee. D'une autre part, nous avons tiraill6 la moelle epiniere, sur des animaux n'ayant paseii de racines spinalescoupees, beaucoup plus fortement que nous ne pou- vions le faire accidentcllement cncoupant des racines, et s'il s'est pro- duit souvent alors une perte d'action incomplete ou complete de la partie tiraillee, il y a eu presc|ue toujours retour a I'etat normal apres un temps tres-courl (une demi-heure, une heure ou un peu plus). 2° Quant a avoir blesse la moelle epiniere, nous n'avons qu'un mot a dire, c'est que, lorsque cela a eu lieu dans quelqucs-unes de nos ex- periences, nous nous en sommesapercu immediatement En outre, on accordera aisement qu'un expcrimentateur qui, depuis dix ans, a ou- vert le rachis deux ou trois cents fois par an, an moins, pour coiiper des racines ou de pelitcs parlies de la moelle, doive etre capable de couper un assez grand nombre de racines spinales, en dehors de la dure-mtre, sans leser la moelle. 3' On pourrait dire tjue la partie de moelle dont los racines sent couples perd sa iorce nerveuso pur suite de I'irritaliou ties-vive -^ la- quelle elle est soumise lorsqu'on coupe un grand nombre de racinos sensitives. Mais, d'une part, il serait fort elrange que celte partie seule perdit sa force nerveuse, et, d'une autre part, lorsqu'on irritc sans les oouper un grand nombre do racines sensitives beaucoiip plus qu'on ne le fait en les coupant, — par la galvanisation, par exemple, — on ne trouve pas que la moelle perde, dune maiiiere durable, ses propriete? et ses fonctions. i° 11 est tres-vrai que la moelle perd une des sources do sa circula- tion sanguine quand on coupe des racines, mais d'une part la quantite de sang que la moelle ne recoit plus, apres la section des racines de sept ou buit paires de nerfs, n'est pas tres-considerable, et, d'une autre part, la suspension entiere de la circulation apres I'ablation du coeur laisse durer les proprietes et les fonclions de la moelle, non separec des racines, pendant une ou deux minutes, tandis que la section des racines aneantit ou diminue immtdiatement ces proprietes et rend aussit6t ou impossible ou bien moins actif I'exercice de ces fonc- tions. 5° Quant au refroidissement de la partie de la moelle exposee au contact de Fair, nous avons vu presque tons les jours, chaque biver, depuis plus de dix ans, de tres-longues portions de moelle epiniere soumises directement au froid de I'atmospbere, sans que leurs proprie- t(5s et leurs fonctions aient paru en souffrir notablement. Ce n'est done pas lii qu'il faut chercher la cause des plienomenes que nous avons observes a la suite de la section d'un certain nombre de racines spi- nales. Y a-t-il d'autres causes d'erreur que celles que nous venons d'exa- miner? Cela est possible ; mais nous n'en connaissons pas, et bien que notre attention se soit portee sur ce sujet depuis deja dix ans, nous n'en avons pas trouv^. Quelle est done I'explicalion des singuliers phenoraenes que nous avons decrits? Nous n'en avons trouve qu'une jusqu'ici, et bien qu'elle semble bizarre, nous croyons devoir la faire connaitre, parce qu'elle rend compte, non-seulement des fails que nous avon? rapporles, mais aussi de plusieurs fails palhologiques observers sur I'homme et d'un nombre tres-grand de fails experimentaux qui sont exposes dans le livre que nous aliens publier sur la physiologic et la patliologie de la moelle epiniere. Nous sommes loin de proposer comme demontree la 362 th^orie que nous allons exposcr ; nous la proposons seulement parce qu'elle est en harmonie avec tons les faits connus jusqu'ici a regard de la transmission soit des impressions sensitives, soil des ordresde la volont6, soit enfin de la force nerveuse dans les actions reflexes. D'apres les theories qui ont cours, quand la volenti met en action certains muscles, la force nerveuse se propage, a partir de I'encephale, tout le long de la moelle 6piniere jusqu'a lapartie de cet organe d'oii parteut les nerfs qui vont a ces muscles. Que ce soit par des fibres seulement ou par I'intermediaire de fibres et de cellules que la force nerveuse se propage; que ce soit dans les cordons anterieurs ou lat6- raux, dans la substance grise ou dans ces diverses parties a la fois que lapropagatioas'opere,toutcelaestindifFerenl.Lepointessentiel,c'estque c'est dans la moelle t^piniere merae que la propagation se fait jusqu'au lieu de sortie des nerfs qui vont aux muscles que la volonte met en ac- tion. S'il en etait ainsi, on comprend ais6ment que la section des ra- cines des nerfs intercoslaux et de la parol abdominale ne determine- rait pas une paralysie des mouvements volontaires dans les membres abdominaux. Si Ton admet, au contraire, que plusieurs (sinon m6me un grand nombre) des fibres des racines des nerfs de ces membres sortent de la moelle dans les racines des nerfs intercoslaux et des pre- miers nerfs lombaires, et que ces fibres rentrent dans la moelle par ces memes racines, avant de descendre jusqu'au lieu de sortie des racines des membres abdominaux, on comprend ais^ment que la section des racines a la region dorsale paralyse ces membres (1). La propagation des excitations directes sur les cordons anterieurs et la propagation de la force nerveuse dans les actions reflexes d'avant en arri6re, suivant les theories anciennes, se ferait aussi le long de la moelle epiniere. Les faits que nous avons rapport^s sont en opposition avec ces theories, et au contraire on les explique ais6ment en admet- tant qu'il en soit, pour la propagation des irritations directes ou re- flexes de la moelle d'avant en arriere, comme nous supposons qu'il en est pour la propagation des ordres de la volonte. Le courant sortirait de la moelle pour y rentrer et en sortir encore. Relativement a la transmission des impressions sensitives, la theorie a laquelle on est conduit par les faits que nous avons rapportes ci-des- sus, et par d'autres faits que nous mentionnerons ailleurs, peut etre (1) Voy. la flg. 2, pi. 1 des Mem. de la Soc. de biol. pour 1855. 363 expos6e ainsi qu'il suit : Ics fibres sensitives du c6t6 gauclie du corps, apres etre arriv^es a la moiLie gauclie de la moelle, passent dans la moiti6 droite de cet organe, d'oii quelques-unes d'entre dies sorteut de la moelle pour y revenir encore par les racines spinales du c6te droit, et vice versa, pour les iibres sensitives venues du cote droit du corps (1). Ne voulant pas entrer ici dans una longue exposition de cette theo- rie, nous nous bornerons a ajouter que les fibres motrices, avant d'ar- river aux fibres musculaires de la vie animate auxquelles elles se ren- dent en dernier lieu, paraissentse rendre aux vaisseaux sanguins des membres et aux parties animi^es par le nerf grand sympathiqiie (2). Nous devons dire qu'un experimentateur extremement ingenieux, Van Deen, avait depuis longtemps fait, sur des grenouilles, des expe- riences qui auraient du le conduire a cette theorie. II parait en avoir tir^ des conclusions tres-ditlerentes (3). D'apresdes exptiriences faites sur des lortues, par MM. James Paget et W. Baly (4), ces physiologistes distingu^s out pens6 que Van Deen s'6tait tromp6. JMousavons constats qu'en r6petant les experiences de Van Deen, on n'obtient pas exacte- (1) Voy. flg. 7, pi. 2 des Mem. dela Soc. de biol. pour 1855. (2) Quand on a fait la section des nerfs spinaux en dehors du racliis, c'est- a-dire aprSsle passage des librcsdes racines posterieures dans les ganglions, et apres I'emergence des brauclies de communication entre les nerfs spinaux el le nerf grand sympathique, on n'observe qu'une trfes-faible partie des pli^nom^nes qui suivent la section des racines. De plus, an bout dc peu de temps, il ne reste plus guere de traces de ces plienomSnes. Chez I'homme, cons(iquemment, aprfes les amputations des membres supcJrieurs, il ne doit guh'Q y avoir de troubles dans les mouveraents volontaires et dans la seusi- bilite des membres inferieurs. Cependant nous avons vu uu ampute d'un des membres superieurs avoir, a un degr6 assez marqu^, quelques-uns des troubles que nous avons signales. — Dans des cas de tiraillements des nerfs du menibre superieur, chez Thomme, il y a eu des phenomenes tr6s-singu- lierS que nous avons constates en partie aussi sur des animaux. (Voy. I'inte- ressant travail public par un excellent observateur, notre collogue et ami le docteur Lebret, otMem. de la Soc. de biol. pour 1853, t. V, I" se5rie, p, 119.) (3) Voy. TUDSCHEIFT VOOR NATUURLUKE GESCHIEDENIS EN PHYSIOLOGIE, ETC. 1842, vol. IX. (4) Report on the Progress of human Anat. and Physiol., hy James Paget, 1845, p. 50. 364 raent les mfimes resultats que lui, a moins que Ton ne coupe plus do racines qu'il n'en coupe. D'une autre part, nous avons constats, sur des tortues, I'exactitude des fails exposes par MM. Paget et Baly, mais nous avons vu de plus que Ton peul, en coupant plus de racines qu'ils n'en onl coup^, obtenir des resultats diffi^rents et analogues a ceux que nous avons obtenus sur des mammiferes. En terminant ce travail, nous r^peterons que c'est avec la plus grande reserve que nous proposons la theoric expos^e ci-dessus, ot que, relativcment aux t'aits experimcntaux sur lesquels cette theorie se fonde, nous sommes tout pvet a reconnaitre que nous nous soramcs trompe, si Ton nous montre qu'il y a dans res experiences une cause d'erreur que nous navons pas apercue et qui les rend nulles. Ces faits sont si i^tranges et la theorie qui en ressort semble si bizarre, que, bien que deja, en 1847, nous eussions trouveet constate souvent la plupart d'entre eux, nous n'avious pas ose les publier. Si nous nous decidons aujourd'hui a faire cette publication, c'est que nous connaissons maintenant des faits palhologiques observes chez rhomme. et des fails anatomiques qui sont tout a fait en harmonic avec les faits experimentaux que nous avons dtcrits et avec la theorie qui nous semble devoir en etre deduite. Les belies recherches de Lockhart Clarke sur la moelle epiniere des mammiferes et de certains annelcs, et des recherches non moins belles sur la moelle des articules, — recherches soigneusement faites par un jeuneanatomiste deja connu par I'exactitude rigoureusede sestravaux, M. Ernest Faivre, — montrent qu'il existe des fibres entrant dans )a moelle par une paire de nerfs et en sorlant par une autre paire (1). L' ana- tomic montre done ce que nos experiences nouscouduisent a admettre. 1 Yoy. les i\s. 8 et 10, pi. 3, de.e Mesi. dk i.a Soc. de Btoi,. pour 1855. FJ\ DES MEMOIHES. PLANCHES. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. (Memoires, pages SI, 77 el 331.) Fig. 1, 2, 3 ct 4. — Portions de moelle epinierc \ues par leur face posterieurc. Fig. 1. — a, n. Cordons poslericurs. — b. Cordon lateral droit. — c cl c'. Sections Irans- Tcrsales des cordons posterieurs. (Voy. Memoires, p. 82.) Fig. 2. — a, n. Cordons posterieurs. — h. Cordon lateral droit. — d. Section transversals de la moitie laterals droite de la moelle epiniere. — i. Eitremitc inferieure d'unc section longitudinale de la moelle ii angle droit avec la section Iransver- salerf. — r. Ganglion et racines posterieures d'un des ncrfs racbidiens, s'inse- raiit sur la portion de moelle epiniere en partie separee du reste dc I'encephale par Ics deux sections indiquees. — d' . Section du cordon posterieur droit it une faible distance en arriere de I'endroit oil se termine la section longitudinale i. — s. Section transversale du meme cordon a une distance plus considerable en arriere de la section longitudinale i. (Voy. Memoires, p. 80 cl 354.) Fig. 3. — Oj «. Cordons posterieurs. — 6. Cordon lateral droit. — dctd'. Deui sections trans- versales de la moitie laterale droite de la moelle epiniere, a une faible distance I'une de I'autre. (Voy. Memoires, p. 80, 82 et 555.) Fig. 4. — «, ". Cordons posterieurs. — h. Cordon lateral droit. — d et d'. Deux sections Irans- Tersales de la moitie laterale droite de la moelle epiniere, a une grande dis- tance I'une de I'autre. (Voy. Memoires, p. 81 el 355.) Fig. S. — u,a. Cordons posterieurs. — 6. Cordon lateral droit. — s et j'. Sections Iransver- sales du cordon posterieur droit. — r. Ganglions et racines posterieures du nerf rachidien, qui prend son origine enlre les deux sections transversales indiquees. — La figure montre que des fibres venant de ces racines sont coupees. C'est cc que re\periencc semble prouver, car la sensibilite de ces racines diminue d'une maniere assez notable apres que Ton a fail les deux sections transvcrsales. Fig. 6, 7, 8 et9. — Portions de moelle epiniere, vues par leur face laterale droite. Fig. 6. — a. Segment superieur ou cephalique des cordons posterieurs. — 6. Segment inferieur ou caudal des memes cordons. Les fleches indiquent la direction des impres- sions sensitives dans les deux segments. La bande ponctuee longitudinale figuree au centre de la portion de moelle, representela substance grise centrale. (Voy. Memoires, p. 78.) Fig. 7. •— a el fc comme dans la flg. 6. De meme pour la fleche et la bande ponctuee. — s. Section transversals des cordons posterieurs. Dans le segment inferieur on voit des radiations qui se portent vers la substance grise centrale. Les lignes transversales ont pour ohjet de montrer que plus une section des cordons pos- terieurs est faite loin du lieu oil le segment h se continue avec le reste de la moelle, moins il y a de fibres coupees veuant de ce segment. (Y. Memoires, p. 79.) Fig. 8. — a et 6, ainsi que les fleches et la bande ponctuee, comme dans la fig. 7. — s. Sec- tion transversale des cordons posterieurs et de la substance grise eentrale. En faisant I'experience que cette figure represente, si Ton s'arrete aprcs la section des cordons posterieurs en s, la sensibilite persiste dans les deux lambeaux, el elle ne se perd qu'apres la section de la substance grise centrale. Fig. 9. — a cl b, ainsi que les fleches et la bande ponctuee, comme dans la fig. 6. — s. Sec- tion transversale de la substance grise centrale et des cordons anterieurs et la- teraux. — /. Section transversale des cordons posterieurs. (Voy. Exp. II el Exp. m, Memoires, p. 79.) Fig. 10. — Represente une coupe transversale dc la moelle epiniere ei un instrument qui serl a couper en travers la substance grise centrale. n.i. H a a Fig. 5 a a 'M sv tr Fi^. 10 HW^ Fig. 6 a' It a Fi^^.3 a a ~1S :i^ a a r ..jr %8 ri 1 ^^i I- % I; ^1 I L,., J I a 1k: Lcveille lilh ImpManmaec, Fans . PLANCHE n. (Menioires, pa[;es 51, 77 el 331.) Fig. I . — Represeiite uiic coiiiic ankTO-poslcrieure d'uiie inoilie hilcralc de la nioclle epinicrc. — a. Cordon poslcrieur. — h. Substance frrisc cenlrale. — r. (jordun anlerieur. — rf. Fibres sensitives qui vonld'un point dels sulislanre grisc cenlrale a un au- tre, en passant par le cordun poslcrieur. (Voy. p. Si cl 83.) Fig. 2. — Ueprcsentation theorique de la Toie de propaaalion des ordres de la ■\oloiiloaui muscles. A droile, on voit des librcs venant de I'encephaie et sortant de la nioelle par les racincs pour se porler direclenieiit aax muscles. A gaucbc se \oit le mode de propagation de Taction nervense pour la production des mou- Temenls volontaires, suivant la tbcorie nouvelle e\posee pages 558 ct suivanls. — a. Portion des libres nerveuses se porlant vers la peripberie, ct b, portion de la nieuie librc levcnant a la moelle.Lcs llccbcs indiquent la direction de Taction ncrvcuse (Menioires, p. 33li-6i.) Fig. 5. — Portion de inoclle epinicrc, vue par sa face poslcrieure. — a, u. Cordons poslcrieurs. — 6, b. Cordons laleraux. — d. Section transversale de toulc la moelle epiniere, exceple les cordons posterieurs. — r, r. Racines posterieurcs de la paire de nerfs immcdiatement en arrie e de la section. — /, r' . Seconde paire dc nerfs, ct /•■', )'', troisicme paire de nerfs en arriere de la section. — c. Section trans- versale des cordons posterieurs. (Voy. llemoires, ti9-7 et l<5.) Fin. 4. — c. Ave central iiclif de la mocllo epiniere. — a. Fibre des cordons posterieurs — ». Section dc cetle librc. Les flecbcs indiquent la marchc de Taction ncrvcuse. Pig. 8. — Cervelet et moelle allongee d'un lapin — a. Cervelel. — h. Plancber du qualrictne ventricule. — c Section transversale du cordon posterieuretdune partie du cor- don lateral droit.— d, ci. Racines du pneumo-gastrique, du glosso-pliaryngien cl du spinal. — c. Trapeze et ncrf auditif. - /■. Corps resliforme droit — (. Urossc epingle enfoncce dans la moelle allongec el travcrsanl Ic corps rcstiforme gau- cbe, la racine bulbairc du ncrf trijumeau el la pyraniide anterieure gauche. — V. Le e gris du bee du calamus (nceud vilal). — /). Racine postcrieure de la pre- miere paire dc nerfs. Les deux points noirs sur In corps rcstiforme gauche representent des piqures d'epingle. (Voy. .Memoircs, p. 6S-69 ct 3H.) FlC. C. — Rcpreseutc la direction des fibres des racines posterieurcs d'une paire de nerfs •spinaui et Icur enlre-croisement sur la lignc mediane dc la mocTe epiniere. (Voy. Menioires, ]i. 354.) Fig. 7. — Figure theorique, conime la figure 4, pour e:iplii|uer les experiences dccrites — S. Fibres sensitives de gauche se continuant dans la moitic droitc de la moelle avec les libres c t\\\\ eu sorlent, sc portent dans divers organcs ct rcviennent a la nioelle paries libres c'. Les flecbcs indiquent la direction de Taction ncr- vcuse. (.Menioires, p. 35U-6t.) Fig. 8. — Figure emprunlee a Ovvsjanmkovv, representant uuc section longiludinale de la nioelle c^'nnnt, A\x pclromijzon flui-iutilis. On voit les cellules de la substance grisc donnant naissance chacune it cinq fibres nerveuses ; Tune a est ascendanlc et se porte dans Ic cordon poslcrieur, une autre /) sc porte IransTersalement vers unc racine postcrieure; une troisienie d est une fibre dcscendahle; unequatriemc i/iestune fibre oblique se porlant vers une racine anterieure; une cinquienie I est une fibre comniissurale allant d'uiic cellule a unc autre. PI. 2. Fi§.L a/ '■'■■'i ■ \ P LeveiJIe hth ImpJiemeraer hm .MliM. 24 PLANCHE III. (Memoires, pages 51, 77 el 331.) Kifi. 1 . — Represenic le plancher du qiiatrieme vcntiicule. On ■voil le cervelel coupe en deux par une seclion longiludinalo; chacunc des moilies de cot or^anc est dojelee de cole. — L'objel dc celle figure est de iiiontrercc que M. Loiigcl a suppose ii regard de la marchc des fibres sen- sitives. Les lignes ponrtuees rcprescnteiil ccs fibres passant en majorile dans le cervelet , les unes a droile el les autrcs i saurhc, el en sortani pour aller s'enlre-croiser au niveau du bord anlero-supcricur de la proluberance annulaire, au-dessous des tubercules (iuadrijumeau\. — c, c. les dcu\ mollies du cervelel. — p. Proluberance .innulairc el planclicr du quatrienie venlricule. — h. Tubercule nates gaucbe. — /. Tubercule le.stcs gauilie. — b. liec du calamus. — )'. Corps resliforme gauclie. — f, f. Fibres sensitives de droile venanl du corps resliforme el pas- sant dans le cervelet donl elles sorlcnt avec le jirovessus cerebelli ad testes, pour sc porter au- dessous des tubercules du cole paucbe, oil dies cntre-croiscnl avec cellcs provenani du corps resliforme gaucbe.— /^'. Fibre du corps resliforme gauche, ne passant pas dans le cervelel el rc- presenlanl la minorile des fibres sensitives du corps, d'apres la Iheorie de M. Longel; celte fibre monte le Ions rtc la protuberance du cole gauche, el passe dans la moilie droile de I'encephale au niveau du bord antero-supericur de la protuberance. (Vny. Memoires, p. 555-542.) Fig. 2, — Monlrc renlre-croisomcnt des fibres des racines sensitives dans la nioelle cpinicre. — c. Bee du calamus. — 7. Moilie gancbe dc la mnolle. — d. Moitie droile.— /. Section longilu- dinale separant la nioelle en deu\ moilies latcrales dans prcsque loulc la longueur du reiillenienl cervico-brachial. — (. Section Iransversale de la moilie lalerale droite.- ;■. Kacines postericurcs des nerfs du membre anterieur gauche. — /■'. Racines poslerieures de plusieurs nerfs dorsaux ct lombaires du cole gauche. — r". Racines poslericures des nienies nerfs du cote droit. (Vo\ . .Me- moires, p. 555-56 ) Fig. 3. — Pour faire comprendrc I'inDuence qu'cxerccraicnt des lumeurs siegeant sur une moilie lalerale des tubercules quadrijumeaux, de la proluberance ou du bulbe racliidien, si les enlrecroisenienls qu'on dil exisler tout le long de la ligne mediane de ristlinie de I'cncepbalc elaienl des enlrecroisenienls des fibres sensitives el des fibres molrices volonlaires des divcrses parties du corps. — c. Bee du calamus. — 6. Bulbe rachidb'n.— /) Protuberance — /. Tubercules testes. — K. Tubercules nates. — /, /, /, /, /. Tumeurs ou lesions occupant Inute I'clcndue Irans- versale ou d'un des tubercules ou d'une moitie lalerale de la protuberance ou du bulbe. — (I. Fibres sensitives el motrices volonlaires de droile passant a gauche apres avoir nionle plus ou moins le long de Tisthnie de I'encepbale.— 3. Fibres dc gauche passaul a droile. (Voy. Memoires, p. 557 el 547 ) FiG. 4. — Portion de nioelle epiniere de lapin, vue par sa face posterieure. — d. Moilie droile. — /), p. Cordons poslericurs.— /. Section longitudinale separant la moellc cn deux nioitics lale- rales dans I'etendue de I'inserlion de trois paires de nerfs. — s. Surface superieure d'une section Iransversale de la moitie lalerale droile de la nioelle. — 1,2, 3. Racines poslerieures des paires de nerfs s'inseranl sur le segment de nioelle ornie par les sections. (Voy. Memoires, p. 554.) FlG.b. — Portion de nioelle epiniere de lapin vue par sa face poslericure. — d. .Moitie droile. — p, p. Cordons posterieurs. — s. Section Iransversale de la moilie lalerale droile.—*'. Section Iransversale du cordon posterieur gauche. — r. Racines poslerieures des premieres paires de nerfs du cote droit au-dessus de la section. — )'. Racines poslerieures de la pairc de nerfs inimedialc- ment au-dessus de la section ducote gauche. —1, 2. Racines poslerieures a droite, el 1', 2', Ra- cines poslerieures a gauche, en arriere de la section. (Voj. Memoires, p. 352.) Fig. 6. — Portion dc la mocllc epiniere. — y. Cole gauche, — d. Cole droit, —.v. Section Irans- versale de la moitie lalerale droite. — .v'. Section Iransversale de la moilie lalerale gauche. — /. Fibres sensitives de droite se portanl dans la moitie gauche de la nioelle el coupees en s'. — /■'. Fibres sensitives de gauche se porlant dans la moitie lalerale droile de la moellc ct coupees en 8. — /■". F'ibre de gauche passant a droile au-dessus de la section. (Voy. Memoires, p. 35-.) Fig. 7. — Representation theoriquc de la dislribulion dans la moellc epiniere des fibres Iransversales provenant d'une racinc posterieure. — s. Sillon median anlericur de la moellc. — .v' Sillon median posterieur. — 3. Substance grise. — r. Racine posterieure droite donnant six fibres, donl I'une, p, va dans le cordon posterieur droit, une seconde, p', dans le cordon poste- rieur gauche, nne Iroisicme, (, dans le cordon lateral droit, une quatriemc, (', dans le cordon lateral gauche, une cinqiiieme, '(, dans la racine anterieurc droile, une sixienie, a', dans la ra- cine gauche. (Voy. Memoires, p. 547.) Fig. 8. — Enipiuntee a Lockharl Clarke. Represenic une section de !.•' moelle cpinicre, faile longitudinalcmcnt sur le rennemenl lombaire du ha-uf. — c, p. Cordons posterieurs, munlranU'en- Irelaicmeiil des fibres des racines poslerieures. — p, p, p, p. Racines poslerieures. — y. Substance gclatineuse — TABLE DBS M£M0IRES DE LA SOCI^TE DE BIOLOGIE. s 1. Memoire sur I'induration pulraonaire, nommee carnification congestive; par MM. Isambert et Charles Robin 3 2. Rapport sur les experiences de M. Brown-Sequard, relatives aux proprie- tes et aux fonctions de la moelle epiniere; par M. Paul Broca 23 3. Rechercbes sur la voie de transmission des impressions sensitives dans la raoelle epiniere; par M. E. Brown-Sequard 51 4. Recherches experiraeniales sur la distribution des fibres des racines poste- rieures dans la moelle epiniere, et sur la voie de transmission des impres- sions sensitives dans cet organe ; par M. E. Brown-Sequard 77 5. Memoire sur la production accidentelle d'un tissu ayant la structure glandulaire dans les parties depourvues de glandes; par M. Charles Robin .' 91 6. Memoires sur Fbematoidine et sur sa production dans reconomie animale: par MM. Charles Robin et Mercier 115 7. Note sur des filaments floconneux de couleur orange qui se produisenl dans ceriaines plaies recentes; par M. le professeur Zeis (de Dresde) i4a S. Hemorrbagie siegeant dans la protuberance annulaire; paralysie sans convul- sions; resolution des membres : mort deux beures apres I'accident; par ' M. A. Laboulbene 153 9. Recherches sur les hjdalides, les echinocoques et le ccenure, et sur leur de- veloppement; par M. C. Davaine 157 10. Recherches sur I'aciion des poisons sur le coeur; par M. Ad. Moreau. . . . i7i 11. Note sur I'applicalion de la glycerine a la tberapeutique externe ; par M. Lu- ton 177 12. Quelques propositions sur les fibrdmes, ou tumeurs Torm^es par les ele- ments du tissu cellulaire, avec des remarques sur la nomenclature des tumeurs; par M. Verneuil 183 13. Gangrene du pied et de la jambe gauche; depdts fibrineux multiples dans les reins, la rate, le foie; engorgements hemoploiques dans les deux pou- mons: par M. Charcot ^13 14. Note sur la composition des gaz qui infiltraient le tissu cellulaire dans un cas d'affection cbarbonneuse chez rbomme, et sur leur analogic avec le gaz des raarais; par M. Adolpbe Gubler 221 372 15. Rccbcrches sur la structure dus amygdalcset des ^landes siluees sur la base de lalangue; par M. C. Sappey 227 16. Paralysie des membres supericurs seuls; conservation de la sensibilitc; induration de la moelle ^piniere; ramollissement dans I'espace compris entre les 3' et 6' verlebres dorsales; par M. A. Laboulbene 233 17. Description anatomique d'un veau monsirueux du genre pjgomele (famille des poijmeliens; ; par M. Armand Goubaux 247 18. Mcmoire sur U secretion et la coinpoiition du lait cbez les enfants nouveau- nes des deux sexes; par M. Adolpbe Gubler 283 19. De la cryptorchidie cbez i'hoMirae et les principaux animaux domestiquesi par MM. Armand Goubaux et Follin 293 20. Kecbercbes experimentales sur les voies de transmission des impressions sensitives etsur des pbenomenes singuliers qui succedent k la section des racines des nerfs spinaux; par M. E. Brown-Sequard 33i 1I.\ HL LA TABLE UJiS MEMUIRES. TABLE ANALYTIQUE DBS MATIERES CONTENUES LANS LES COMPTES MNDUS ET LES MEMOIKES DE tjJk ISOCIETE DE BIOI.OGIE POUR l'annee 1855 (1). A Absorption du curare et du venin du crapaud Pommun, mis en contact aveo la peau inlacte des grenouilles; absorption du venin du crapaud commun dans les mdmes conditions par las tritons; par M. Vulpian 90 — Sur certaines substances auxquelles on atlribue la propriete de prevenir I'ab- sorplion,en determinant I'aslriction des vaisseaus capillaires superliclels; par M. Lagneau ?•- Albumineuses (Matieres). — Sur Taction du charbon animal par rapport aux matiires organiques et particulierement aux matiires albumineuses; par M. CI. Bernard l Amygdale (Cas de gangrene de I') dans la scarlatine; par M. Davalne. ... 49 — Reclierches sur la structure des amygdalcs et des glandes situees vers la base de la langue; par M. Sappey. (Menioires, p. 2'27.) Anencephale (Sur un monstre), dont une partie du cuir clievelu adhere k I'am- nios dans un point correspondant au placenta ; par M. Raycr 103 Angine gangr^neuse observee chez une femme; par M. Gubler CO Animaux domestiques (De la cryplorchidie cliei Ihoninie et les principaux); par MM. A. Goubaux et FoUin. (Memoires, p. 593^ Anomalies. — Rein uni(|ue, deux capsules surrcnales; une seule artere ombili- cale; persistance de I'ouraque; par M. Godard (02 (I) Lea pases indiqii^es a la marse sont celles des Couptes nENDiis. les renvois am MAuoirfs soDt speoifl^s. 374 C CaleuU (Note sur les) perles du bceuf etdu mouton; par M. Reynal 113 Cancer du rein gaaclie; lumeur renale; bematurio habiluelle; caillot encepha- loVde dans la veine cave et la veine renale gauche ; par M. Laboulb^ne. . . 51 Cerveau.— Note sur I'induration rouge du cerveau; par M. Ch. Robin 126 — Sclerome du cerveau dans I'idiolie; par MM. Isambert et Ch. Robin 0 CharboD animal. — Sur Taction da ciiarbon animal par rapport aux mati^res organiques, et particulierement aux matieres albumineuses ; par M. CI. Ber- nard 1 Cbeval.— Polyurie ou diabete non Sucre cbez le cbeval ; par MM. Reynal et Bou- ley 118 — Reraarquable exemple de deviation de la colonne vert6brale dans la region dorsale; aulopsie; parM. Goubaux 153 Cbien (Autopsie d'un) qui etait afTecte d'une paralysie incomplete du membre posterieur droit; lesions des muscles el de la moelle epiniere; examen des organes g^nitaux; lesion des testicules; obliteration des canaux deferents; par M. Goubaux 20 —Examen du sang che» un cbien derate depuis six ans et demi; observations necroscopiques failes sur ce cbien; par M. Vulpian 44 — Kystes k contenu sereux diveloppes a la surface du canal deferent, avec quel- ques remarques sur les kystes des conduits excreleurs du cbien ; par M. Ver- neuil 22 Ccenure. — Voyes Hydatides. Coeur. — Communication anormale de I'oreillette droite et du ventricule droit par une ouverture situee au point d'allacbe de la zone anterieure de la val- vule tricuspide; par M. J. Luys 5!) — Persistance du canal arieriel cbez une femme Sgee, sans communication a tra- vers la paroi, soit interauriculaire, soit inlerventriculaire du coeur; par M. Luys 74 — Recherchessurracliondes poisons sur le coeur; parM, Ad. Moreau. (Memoires, p. 171.) Crane.— Tumeur CEdemateuse sero-sanguinolenle developpee sur le crane (tissu cellulaire sous-cutan6) de plusieurs foetus mort-nes ; par M. II. Blot. ... 63 Cristallin iDescription d'un) enlierement pierreux, suivie de quelques remar- ques sur les affections des milieux non vasculaires de I'oeil; parMM.Des- marresetCh. Robin. 32 Croup cbez une poule; examen microscopique; par MM. Lorain et Laboulb*ne. 88 Cryptorchidie (De la) cbez I'homme et les principaux animaux domcstiques ; par MM. A. Goubaux etFoUin. (Memoires, p. 293.) D Dauphin.— Note surles huilesde dauphin; par M. Berlhclot 39 Bigitaline. — De Taction de la digitaline sur les batraciens ; par M. Vulpian. . 67 Siiques intervertebraux.- Sur la structure des disques intcrvertebraux ; par M. Luschka (de Tubingue) ii7 375 Docimasie pulmonaire. — Sur I'insulTisance de la docimasie pulmonaire; par M. Blot 110 Dure-mere. — Ossifications de la dure-mere, recueillies cliez une femme de 68 ans, d la Salpdtriere; par M. Luys •('5 E Echinocoques. — Foj/e» Hydatides. Embryogenie. — Recherches sur I'influence qu'exerce sur le developpement du poulet I'application partielle d'un vernis sur la coquille de I'oeuf; par M. C. Dareste 158 Enfants nouveau-n^s (Memoire sur la secretion et la composilion du lait chez les) das deux sexes; par M. Adolphe Gubler (Memoires, p. 283.) Epithelium (Note sur I') du corps de I'ulerus pendant la grossesse; par M. Cb. Robin 113 Essence de moutarde.— Production arlificielle de I'essence de moutarde; par MM. Berlhelot et S. de Luca » • F Fibres elastiques— Note sur I'etat striedes fibres elasliques; par M. Ch. Robin, iiri Fibrine.- Concretions ramiflees fibrineuses trouvees dans les crachals des ma- lades atteints de pneumonie lobaire ; par M. Gubler 61 Fibromes (Quelques propositions sur \es) ou tumeurs formees par les elements du lissu cellulaire avec des remarques sur la nomenclature des tumeurs; par M. Verneuil. (Memoires, p. 183.) Filaire de M6dine (Filaria Medinensis, Gmelin), extrait par M. Malgaigne de la jambe d'un homme; par M. Cli. Robin ^^ Foie.— Sur les phenomenes glucogeniques du foie; par M. CI. Bernard. ... '^ Fremissement vibratoire au niveau du bruit de souffle uterin; par M. Blot. . in G Cang;rene du pied et de la jambe gauche; depdts fibrineux multiples dans les reins, la rate, le foie; engorgements hcraoptoi'ques dans les deux poumons; parM. Charcot. (Memoires, p. 2i;i.) Gaz.— Note sur la coinposilion des gaz qui infiltraient le lissu cellulaire dans un cas d'affeclion charbonneuse chez I'homme et sur leur analogic avec les gaz des marais; parM. Gubler. (Memoires, p. 221.) Glotte (Resultat de I'obliteralion de la) chez I'homme, au point de vue de I'acle de la parole; par M. Bourguet 137 Glycerine (Sur I'application de la) a la therapeulique externe; par M. Luton. (Memoires, p. 177.) Goodierarepens. — Note sur la resistance que presentent les plantes a la des- truction au point de vue de la conservation de I'espece; energie vitale du Goodiera repens; par M.Germain de Saint-Pierre <■♦* 376 U EL-matoidine (Mimoire sur 1') el sur sa production dans I'economio animal«; par -MM. Ch. Robin el Mercier. (Memoires, p. 1 15.) Heniorrhag;ie intraptiriloneale diffusu, ayant son point de depart d;ins I'ovaire droit aliere par rinnammation; par M. Luion r^g — Siegeant dans la protuberance aeinulairc; paraljsie sans convulsions; resolu- tion des meinbres; mort deux heures apres raccident; par M. Laboulb^ne. (Memoires, p. 153.) Hermaphrodisme apparent chez le scxe masculin ; par M. Huelle 155 Homme iDe la crj ptorchidie chez I'i et les priiicipauv animaux doraestiques; par MM. A. Goubaux et Follin. (Memoires, p. 293.) Huiles. —Sur les huiles de dauphin; par M. Berlbelot 39 Hydatides (^Recherches sur les) , les echinocoques el le coenure, el sur leur de- veloppement; par M. Davaine. (Memoires, p. i,i7.) Hydatique (Kyste) de la rale ayant divis6 cet organe en deux parties lalerales; par M. Duplay U Hydronephrose chez une vache par M. Gruby ; analyse du liquide contenu dans la tumeur par M. Berthelot • .... lis I Induration pulmonaire (Memoire sur I') , nommee carnincation congestive; parM.M. Isambert el Ch. Robin. (M6moires, p. 3.) Iris. — Description d'une lumeur de I'iris qui a necessit6 I'ablalion de la moitie anlerieure de I'ceil; par MM. Desmarres etCh. Robin ni -FoyesOEil. K Kystes 4 contenu sereux developpes 4 la surface du canal deferent d'un chien, etc. ; par M. Verneuil ' <2'^ —Kyste pileux de I'ovaire; par M. Luys I3i L Iiait (Memoire sur la secrelion el la composition du lait chcz les enfanls nou- veau-nes des deux sexes ; par M. A. Gubler. Memoires, p. 283.) laamproie.— Reraarques sur les corpuscules du sang de la lamproie et sur ceux des animaux en general; par M. Davaine f,;, ^•aryngite ulcereuseaigue; pseudocoqueluche; broncho-pneumonie; bronchito pseudo-membraneuse; mort; par M. Bouchut I2n Lion. — Affection du poumon droit cbez une lionne; carnificalion et atrophic considerable de ce poumon; deformation des membres poslerieurs de cet animal produite par une exsudalion osseuse sous-periostale; maladie pro- bable do la mocllc epinicre; par M. Vulpian 7T 377 M Mesentere. — Concrilions osteiformes ajant leur siege dans I't'paisscur du mesentere ; par M. Peslel.— Analyse dcs concretions ; par M. Berllielot. ... 29 Moellc 6piniere.— Rapport sui- les experiences de M. Brown-Sequard, rela'ives aux proprietes et aux fonctions de la moelle epinierc; par M. Broca. (Memoires, p. 23.) — Reclierches sur la voie de Iransiuission des impressions sensitives dans la moclle epiniere; par M. Brown-Sequard. i,Memoires, p. 5i.) — Reclierches experimenlales sur la distribution des fibres des racines posle- rieures dans la moelle epinieie et sur la voie de transmission des impres- sions sensilives dans eel organe; par M- Brown-Sequard. (Mem., p. 77.; —Reclierches experimentales sur les voies de transmission des impressions sen- sitives et sur des phenomenes singuliers qui succedenta la section des ra- cines des nerfs spinaux; par M. E. Brown-Sequard. (Memoires, p. 331.) — Resullats de deux sections des cordons posterieurs de la moelle faites sur des chiens et separecs I'une de I'autre par un intervalle de 3 a 10 centimetres; par MM. Pbilipeaux et Yulpian 93 — Section de toute la moelle lombaire cliez un chien 4 I'exception des cordons posterieurs; perte complete et definitive de la motiliie et de la sensibilile dans le train poslerieur; par MM. Philipeaux et Yulpian 72 Monstre pjgom^le. — Voyez Veau. —Sur un nionstre anenceplialien dont une parlie du cuir chevelu adhere a I'am- nios dans un point correspondant au placenta; par M. Rajer 103 Muscles. — Sur les appareils musculaires du perinea ; par M. Ch. Rougel. . . 9.'. N nerfs.— Distribution des fibres des racines posterieuresdans la moelle epiniere; par M. E. Brown-Sequard. (Memoires, p. 77.) — Sur des phenomenes singuliers qui succedenl a la section des racines des nerfs spinaux; par M. E. Brown-Sequard. (Memoires, p. 331.) Sferfs spinaux. — Voyez Moelle. Wouveau-nes.— Memoires sur la secretion et la composition du lait chez les enfants nouveau-nes des deux sexes ; par M. A. Gubler. (Memoires, p. 283). 0 CEsophage. — Note sur une alteration non decrile des glandules cesopliagiennes, caracterisee par leur hjpertropliie 6pitheliale, suivie d'epithelioma ulcere; par MM. Ch. Robin et Bucquoy -3 ■ Bemiielot Analyse de concretions osteiformes ayant leur siege dans I'epaisscur du mesent6re 2U " — .\nalyse du liquide contenu dans une hydroneplirose cticz une vaclic 1I9 » — Note sur les builes de daupliln 3y » — el BE LucA. . . . Produclion arlilicielle de I'essence de nioularde. . 91 » Blot (H.j I'lacenla d'une grosscsse gemellaire til — Sur rinsulTisance de la docimasie pulmonaire.. . . iiu » — Tumeur oedemaleuse sero-sanguinolenle developpie sur le crane (lissu cellulaire sous-culanc) de plu- sieurs foetus inort-nes 63 » BoucutT Laryngile ulcercuse aiguc; pscudo - coqueluche; broncho-pncuinonie; broncbile pseudo-raernbra- neuse ; niort 120 " — Plilliisie laryngce chez un enfant 7« » BouLEY et Re\nal. Polyurie ou diabite non sucr6 cliez le cheval. . . . lis » BounuuET Resultat de I'obliteration de la glotte cbcz rhomone, au point de Yue de I'acte de la parole 137 » BnocA Rapport sur les experiences de M. Brown-Sequard relatives aux proprietes et aux functions de la moelle epiniere » 23 BiiowN Seql'Ard. . Recherchcs sur la voie de transmission des impres- sions sensitives dans la inoclle epiniere. (Avec planches.) >< 51 382 C. R. U. Brown- SEtiUAKD. . Reclicrches experimenlales sur la distribution Jes fibres des racines posterieures dans la moellc epi- niire et sur la voie dc transmission des impressions sensitives dans cet organe. (Avec planches). . . >> 77 — Rccherclies experimentales sur les voies de transmis- sion des impressions sensitives et sur des pheno- uienes singuliers qui succedent a la section des racines des nerfs spinaux. (Avec plancbes.)- • • » 334 Bulqdoy et Robin. Sur une alteration non decrite des glandules obso- phagiennes; hypertrophic ; ulceration 3 » C Charcot Gangrene du pied et de la jambe gauche; depdts fibrlneux multiples dans les reins, la rate, le Toie; engorgements hemoptoiques dans les deux pou- mons » 213 D Daresie Recberches sur I'influence qn'exerce sur le develop- pement du poulet I'application partielle d'un ver- nis sur la coquille de I'oeuf 158 » Davaime Cas de gangrene de I'amygdale dans la scarlaline. . 49 » — Recberches sur les hydatides, les echinocoques et le ccenure, et sur leur developpemenl » 157 — Remarques sur les corpuscules du sang de la 1am- proie et sur ceui des animaux en general. ... 55 ■ » — et Laboulbene.. Description de deux productions polypiformes du col de I'uterus, constitutes par une simple exten- sion des elements de ret organe 142 " DESHAnRES el Ch. Robin. Description d'une tumeur do I'iris qui a neces- site I'ablation de la moitie anterleure de I'ffiil. . 31 » — Sur une espece peu connue de tumeur de la cbambre anterieure de I'oeil 13 DcPLAY Kyste bydatique de la rate ayanl divise cet organe en deux parlies lalerales ii » F FoLLis el GoiEAtJX. De la cryptorcbidie chez I'bomme el les principaux animaux domestiques » 2<;3 « G Germai.v (de Saint-Pierre). Note sur la resistance que prescntent les plantes a la destruction au point de vue de la con- servation de lespece; energie vilale du Ooodiera repent i45 » ■m c. R. n. GoDARD Kein unique; deux capsules surrenales; una seule arlere ombilicale; persistance de I'ouraquu. . . . 102 « — Trois observalions d'atresie du rectum 97 » GovBAUX (A.) Auiopsie d'un chien qui eiait affecte d'une paralysie incompl^le du membra posterieur droit ; lesions des muscles el de la moelle epiniere; lesion des testicules, obliteration des canaux deferents. . . 20 » — Description analomique d'un \eau monstrucux du genre pygoraele (famille des polymeliens). ... » 247 — Remarquable exemple de deviation de la colonne ver- tebrale dans la region dorsale d'un cheval; autopsie. 153 » — etFOLLiN De la cryptorcliidie chez rhomme et las principaux animaux domestiques " 293 Grubv et Bertiielot. Cas d'hydronephrose chez une vache; analyse du liquide contenu dans la turaeur 119 " GuBLER (Adolphe).. Angine gangreneuse observee chez une femine. . . 60 •> — Concretions ramitiees fibrineuses trouvees dans les crachats des maladesatleinlsde pneumonic lobaire. 6( » — Note sur la composition des gaz qui inGllraienl le tissu cellulaire dans un cas d'afTection charbon- neuse chez I'homme, et sur leur analogic avec les gaz des marais »' 221 — Memoire sur la secretion et la composition du lait chez les enfanls nouveau-nes des deux sexes. . . » 283 H HuETTB Herniaphrodlsme apparent chez le sexe masculin. . i5.5 » I IsAMBERT etCn, Robin. Memoires sur I'induration pulmonaire, nommee carnilication congestive » 3 — Scleroma du cerveau dans ridiotia 9 » Laboulbene Cancer du rein gauche; lumeur renale; hemalurie habituelle; caillot encephaloide dans la veine cave et la veine renale gauches i'l „ — Hemorrhagie siegeant dans la protuberance annu- laire; paralysie sans convulsions; resolution des niembres; mort deux heures apres I'accident. . . '" 153 — Paralysie des membres superieurs seuls; conserva- tion de la sensibilite; induration de la moelle epi- niere; ramollisseinent dans I'espace conipris entre les iroisierae et sixierae vert^bres dorsales. ... x 233 — Tumeursfibroidesderuterus,examenmicrosnopiquc. 7 » 384 C. I\. M. Labollbene cl Davaine. Descriplion de deux productions polypiformcs du col de I'ulerus constiluees par unc simple exten- sion des elements de eel organe. ...... Hj » — et LciDET i^Lucien). Uterus prescnlant un polype folliculaire du col et quelques Tollicules dilates sur d'aulres points. . . 147 » — et Lorain Croup chez une poule; examen microscopique. . . S8 » Lag.nkau Note sur certaines substances auxquelles on aitribue la propriete de prevenir I'absorpiion , en determi- nant I'adtriction des vaisseaux capillaires superfi- ciels.. . . , 37 » Lecorcue Epaississement, aspect blanchalre et laiteux de la pie-mere avec plaques calcaires dans une portion de pie-mere de I'hemisphere gauche chezune femme de 53 ans, maniaque, n'ayant presente aucun symp- Idme de paralysie generale 57 » LEUDET(Lucien) el Laboulbene. Polypes folliculaires du col ulerin. . . 1<7 » LouAiN el Labolldene. Croup cliez une poule 88 »• Li;cA ! DE)"cl Bep.thelot. Production artificielle de I'essencede moularde. 9i » Li'sciiKA (de Tubinge). Note sur la structure des disques intervertebraux. 117 » LtTQN Dep6l considerable de phosphate ammoniaco-magno- sien trouve dans la vessie d'une truie; reflexions « sur I'origine du phosphate ammoniaco-magnesien des urines I08 » — Observation d'hemorrhagie intrapcritoneale difluse ayani son point de depart dans I'ovaire droit, altere par I'inflanimation 129 » — Sur I'applicalion de la glycerine a la thcrapeutique Gxlerne » 177 — Tumour irouvee sur I'ovaire d'une truie 86 » Luvs Cas de transposition generale des visceres .... 134 " — Communicaiion anormale de rorcilleiie droilecldu venlricule droit par une ouverlure siluee au point d'attache de la zone anterieure de la valvule tri- cuspide 59 • — Ossilications de la dure -mere recueillies chez une vieille ferame de 68 ans, a la Salpfilriere I05 " — Persistance du canal arleriel chez une femme agee, sang communicaiion a travers la parol, soil inler- auriculaire, soil inlerventriculaire du ccrur. ... 74 » — Sur un kyste pilcux de I'ovaire iSl M MoivEAL ; Ad.). ... Kecherches sur faction des poisons sur le coeur. . . >■ ni 385 Pestel Concretions ost^irormesayant leur siege dans r^pais- seur du mesent^re; analyse par M. Berthelot. . . 29 • Philipeaux et Vdlpian. Resultats de deux sections des cordons poste- rieurs de la moelle faites sur des cbiens et s^par^es I'une de I'autre par un intervalle de 3 a 10 centim, 93 » — Section de toute la moelle lombaire chez un cblen , i I'eiception des cordons posterieurs, perte complete et definitive de la motilite et de la sensibility dans le train posterieur 72 » PoissON (V.) et Ch. RoBiM. Tumeurs fibro-plastiqaes do poumon. . . . 149 » R Rayer Cas d'obliteratlon de I'orifice vaginal de I'ulerus. . . 3 » — Sur un monsire anencepbalien, dont one partie du cuir cbevelu adbere i I'amnlos dans un point cor- respondant au placenta 103 » Retnal Note sur les calcals perles do baof et du mouion. . 143 » Reynal et BOHLEY. Polyurie ou diabete non sucre cbez le cbeval. ... 118 • Robin (Cb.) Examen d'une tumeur epitbeliale du rein 41 » — Filaire de m^dine extrait de la jambe d'un bomme par M. Malgaigne 35 » — Memoire sur la production accidentelle d'un tissu ayant la structure glandulaire dans les parties du corps d^pourvues de glandes » 9i — Note sur repithelium du corps de I'uterus pendant la grossesse 113 » — Note sur r^tat strie des fibres ^lastiques 115 » — Note sur Tinduration rouge du cerveau 126 » — el BucQL'OY. . . . Alteration non decrite des glandules ossophagiennes caracterisee par leur hypertrophie epitbeliale, sui- vie d'epitbelioina ulcer6 3 » — el Desharkes.. . Description d'une tumeur de I'iris qui a necessil« I'ablalion de la moili^ anterleure de I'ffiil ... 3) » — Sur uneespece peu connue de tumeur de la cbambre anterieure de I'OBil 13 » — el IsAHBERT.. . . Memoire sur I'induration pulmonaire, nommie car- nification congestive 3 » — Sclerome du cerveau dans I'idiotie 9 » — et Mebcier. . . . Memoire sur rbematoidineet sur sa production dans dans I'economie animate » 115 — et PoissoN (V.). Tumeurs tibro-plasliques du poumon 149 « Roi'GET Note sur la structure vasculaire de I'lris el de la cbo- roide 140 • — Sur les appareils rausculaires du perinee 95 • MEM. 25 * 386 S Sappe» • Recherches sur la gtruclure des amygdoles et des glandes situ^es vers la base de la langue » 3)7 Verniuil Kysies i contenu sereui developpes k la surface du canal deferent, avec quelques remarque» sur les kysies des conduits eicreieurs du chien 22 » — Quelques propositions sur les fibrflmes ou tumeuj-s formces par les ilemenls du lissu cellulaire arec des remarques sur la nomenclature des tumeurs. » 183 — Structure des polypes de I'ur^tre de la femme. . . 123 .► VuLPiAN Absorption du curare et du venin du crapaud com- mun, mis en contact avec la peau intactedes gre- nouilles; absorption du venin du crapaud com- raun dans les mSmes conditions so ■»■ — AfTection du poumon droit chez une lionne ; carniQ- cation et atropbie considerable de ce poumon; de- formatiea des membres post^rieurs ; maladie pro- bable de la moelle epiniere 77 •> -~ De Taction de la digiialine sur les Batraciens. ... 67 » — Examen du sang d'un cbien derate depuis six ans et demi; observations necroscopiques H » — Sur des lesions rencontr^es dans le foie et dans la rate d'un ours; produit palhologique noBveau. . . 47 » — el Philipeaux. . Resultats de deux sections des cordons post^rieurs de la moelle faites sur des chiens et separees I'une de I'autre par un intervalle de i h \o centimetres. 93 »• — Section de toule la moelle lombaire chez un cbien, a Texception des cordons posterieurs; perle coin- pl^te et definitive de la motility et de la sonsibilile dans le train post^rieur 72 » Zbi» (de Dresde). . Sur des filaments Ooconneux de couleur orange qui se produisent dans cerlaines plaies rOcentes. . . » MS- FIN DES TABLE.^', LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A 1.A SOCIETE DE BIOIiOCtlE. A AWiandlungen, lierausgegeben von der scnckenbeigischen natuiiorschenden Gesellchaft. Bd. I, Lief. II. Frankfurt, 1855. Actes de la Soci6t6 medicale dcs hopilaux de Paris, 3' fascicule. Paris, 1855. B Beale (Lionel S.) Microscopic examination of the tubercles of mol- luscum. London, 1855. Bedford (Gunning S.). . . Two cases of vaginal histerotomy. 1843-1848. 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