COMPTBS RENDUS DES SEANCES ET MEMOIRES HE r.A SOCIETE BE BIOLOCtIE. TOME QUATRIEME DE LA DEUXIEME §ERIE. AIVNEE 1857. PARIS, ,],-B. BAILLIERE et FILS, t ! B B A I R K S D It L ' A C A n K M I F. I M P E R I A I. F, HE M F. D K C I X K . RUE HAIiTRrFI'II.I.K , i9. L0NDRE3, i NEW-YORK, H. BAILLIETIE, SI9, Regent-SU'eet. 0 H. BAILLIETVK, 1W . Bro;(dw,ij . MADniD, C. BAiLtY-BAlLLitRE, CHlle del Pi'incipe , It. 185S III I I I ... Wif COMPTES RENDUS DES STANCES MEMOIRES r r DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1857. CHEZ LES AIEMES LIBRAIRES. COMPTES RENDUS DES SEANCES ET MEMOIRES r /f SOCIETE DE BIOLOGIE. PREMIERE 8ERIE. Annees 1849 a 1853. Paris, 1850—1854. 5 volumes iu-8° avec planches Le tome 1", aiinee 1849, Paris 1850, ia-8» de 206—170 pages, avec 4 planches lithographiees, est 6puise. Tome II, annexe 1850. Paris, 1851. In-S" de 203— 258 pages, avec 3 planches lithographiees. Tome III, ann6e 1851. Paris, 1852. ln-8° de 166—284 pages, avec h planche.s lithographiees. Tome IV, annee 1852. Paris, 1853. In-8'' de 192—514 pages, avec 7 planches lithographiees. Tome V, annee 1853. Paris, 1854. In-8° de 173—347 pages, avec 8 planches lithographiees. DEVXXilME 8ERIE. Annees 1854—1856. Tome 1", amice 1854. Paris, 1855. In-8° de 175—366 pages, avec 'J figures intercalees dans le texte, et 0 planches lithographiees. Tome II, annee 1855. Paris, 1856. ^-8° de 160—393 pages, avec 3 planches lithographiees. Tome III, annee 1856. Paris, 1857. In-8» de 253— 495 pages , avec 0 planche? lithographiees et figures intercalees dans le teste. Prix de chaquc volume i 9 fr. COPIES RENDUS DES SEANCES ET MEMOIRES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE. TOME QUATRIEME DE LA DEUXIEME SERIE. AMEE 1867. PARIS. J.-B. BAILLIERE et FILS, LIBF.AIRE3 DE L'ACADKMIE IMPERIALK 1' K M E D E C I N K , RDE HAUTEFEUIILE , 19. LONDRES, i, KEW-YORK, H. BAILLIERE, 219, Regent-Street. <^ H. BAILLIERE, 290, Bicadw Madhid, C. Bailly-Bailliere , calle del Principe, II. 1858 0'^4U> ftutanttm PARIS. IMPRIME PAK E. THllNOT EI C 26, rue Bacine, pres dp rOdenn. -rn DES MEMBRES I)E LA SOCIETE I)E BIOLOGIE. COMPOSITION DU BUREAU KN 18JT. Scrrt'tairoM. Prealdvnt perpetu«l. . . ^f. Rayer wi - . . - ( '^f- Blot. ( M. Vernenil. /' M. Fai\re. \ M. Le Br(-t. i M. rtoiisft. \ M. Viilpian. TrcHorler M. Daviiine. ArciiiTlste M. Fahre. MEMBRES HONORAIRES. MM. .\nHral. MM. Litlre. Bernard (Claude). .\fontiif;nf . Douillaiid Moquin-Tandon. I'liirriap- Onatrcfa^cs i.\. de', Dumeril. Serres, Milne-Edwards. Yalpncienncs. FloTirens. Velpeau. GeotlYoy-Suint-llilaife Isidore), a VI MEMBRES ASSOCltS. MM. Agassiz. Baijr (dc . Bennett iHughes'. Bright (Richard). Dufour lI.i5on). Dujardin. fiurlt (Ernst-Friediichi Lebert. Liebig (Justusi. Mohl illuso}. il.M. .Milller (J.). Owen iRichard . Paget 'James). I'anizza (Rarlolomeo). Pouchet. Rathke. Retzius. SMillot. Valentin. Wagner iRudolphi. MEMBRES TITULAIRES. MM. Euraud. Bernard (Cliarlcs . Berthelot. Blot. Bouchut. Bonley. Bourguignon. Broca. Browii-SiHiuard. Cazeaux. Charcot. Davaine. Dcpanl. FaiviT. Foil in. Ormain .de Saint-Pierre;. Oiraldti.<. Goubau^ Gnbler. KJlTelsheim. MM. Hirschfeld (Ludovicl. Houel. Laboulbene. l.oblanc iC). Le Bret. Leconte. Lorain (Paid;. Moreau (.\rmand . Morel-l.a^'alk'e. Porcliat. P.aycr. Robin iCIiarles'. fiouget. ilogiixiuld. S;ippey. Soubeiran {J.-l..*. Thobzan J.-L.). YerJeil. Vcmeuil. Vulpiau. VI! MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. BeylarJ 4 Paris. Blondlot a Nancj". Chaussat k Aubusson. Coquerel a Toulon. Courty a Montpellier. Desgranges a Lyon. Deslongcliamps a Caen. Purour (Gustave) a Paris. Dug6s a Guat(§raala. Duplay a Paris. Ebrard a Boiirg;. (iosseliu a Paris. Out-rin (Jules) a Paris. Khnnann a Strasbourg. Huctle a Montargi.s. .lobert (de Lauiballc a Paris. l.ecadrc au Havre. Leudct (fiiiiile) i Rouen. Martins a .Montpellier. De Mi^Ticourt a Brest. MEMBRES CORRESPONDANTS ETRANGERS. (•ritKfloallrotHgnc. M.M. Berkeley (M.-J.) a Rings-Cliff. Bowman fW.) a LondreS. Carpenter (W.-B.) a LondreS. Coodsir (John; a lidimbourg. Grant (R.-E.) a Londrcs. Jacob (A.) a Dublin. Jones (Bencc) a Londres. Jones iWhartoii) a Londrcs. Maclise a Londres. Marcel a Londres. Montgomery ;, Dublin. Nunnclcy a Leeds:. Queckclt a londres. vin MM. Redftrn ,i Aberdeen. Sbarpey a Londre*. Simon (John) d Londres. Simpson k fidimbourg, Thomson i.\llen) a Glasgow. Todd (R.-B.) a Londres. Toynbee a Londres. Waller a Londres. Williamson d Londres. AJIemagne. MM. Bischoff a Munich. Brucke (Ernst) a Vienne. Cams (T.) a Leipsick. Dubois-Reymond a Berlin. Henle a Goettingue. Bering a Stuttgardt. Hofmeister a Leipsick. Hyrtl a Vienne. Kcelliker a Wiirzbourg. Lehmann a Leipsick. Ludwlg a Vienne. Mayer a Bonn. Meckel (Albert) a Halle. Rokitansky a Vienne. Siebold (C. Th. de) a Munich. Slannius a Rostock. Stilling k Cassel. Virchow a Wiirzbourg. Weber (Wilhelm-Eduard'i.. . . a GcEttingue. Weber (Ernst- HenricW a Leipzick. PortugAl. M. Dc Mcllo a Lisbonne. Bclgiqae. MM. r.luge a Bruxelles. Schwann a Li^gc. Spring a Li^ge. Tliicrnessc a Bruxelles. IX Dnnciuark. M. HaniiovfH- a Copeuliague. mnbae. M. Saiilcssou a Stockholm. Dollande. MM. Dondcrs a Utrecht. Uartinjj a Utrecht. SchrfEcler van der Kolk d Utrecht. Van der Hanea a Leydc. Vrolik a Ainsterdam. Suisse. MM. Duby a Gen^TC. Mieschcr d Bale. Italfo. MM. Martini a Naples. Vella a Turin. Etats-tlnia. MM. Bigclowdlenrf J.) a Bo.' que leur largeur a fait appeler lacs san- guins, se continuent directement avec les sinus veineux de la couche muscu- laire, restes notablement plus larges a ce niveau que dans le reste de la parol contractile de rut^rus. II en resulte pour la serotine coupee ou diss6qu6e un aspect caverneux ou Erectile, ar^olaire, tout particulier. En coupantles larges conduits anastomoses en tous sens qui la parcourent, on arrive graduel- lement jusque dans I'epaisseur des parois musculaires parcourues par des sinus analogues, et comme eux a parois fort minces, intimement adh^rentes avec le tissu propre de la muqueuse ou de I'utei'us, et lisses a leur surface interne. Ces sinus cessent plus ou moins brusquement au niveau de la circon- f^rence du placenta, et cela d'une mani^re trt;s-nette lorsqu'a la Peripherie de celui-ci existe, le sinus circulaire du placenta avec lequel ils communiquent, et qui n'est autre chose que une ou plusieurs de ces veines de la peripherie de la serotine, offranl le plus souvent un volume different, selon le point de la circonference, du placenta que Ton examine. Sur une coupe d'un uterus dont le placenta n'est pas detache, coupe por- tant sur la caduque uterine et sur la serotine, il resulte de ces dispositions anatomiques, pour ces deux membranes, une difference d'aspect assez tran- 36 chee. La sei'otine se montre comme la couclic la plus epaisse, parcourue par de gros vaisseaux, qu'on ne voit pas dans la caduque proprement dite plus mince. Si, dans un uterus de femme morte enceinte du septiemeauhuiti^mc mois, comme celui qu'en faisant cette description, j'ai sous les yeux (sept mois et dcmi), on vient a detacher Ic placenta, on est frappe des faits suivants : Le chorion entraine les caduques uterine et refle'chie qui lui adherent et ad- herent aussi asscz fortement entre elles ; il les detache des parois contrac- tiles de I'nt^rus, en laisant la face interne de la muscuieuse tapissee par la muqueuse de remplacement qui a deja commence a uaitre. Cette derni^re forme une mince couche, plus ou moins rosee, se moulant sur les faisceaux musculaires et les laissant parfois apercevoir par transpa- rence. La surface libre de cette muqueuse commencante est un pen rugueuse bien que molle, elle est irregnlierement villeuse sous I'eau. Mais, chez les temmes mortes sept on huit jours apr^s I'accouchement, elle a deja pris une surface lisse, bien que son epaisseur soit encore peu augmentie, et elle est nn peu brillante, comme glutineuse, trop molle encore pour 6tre separee par dissection de la couche sous-jacente. On voit en outre que le placenta en- traine avec lui le sinus circulaire qui entoure sa circonference et qui est leg^rement extcrieur a lui plut6t qn'inter-utero-placentaire, a proprement parler. Lorsqn'il so separe de I'uterus, 11 laisse adherente a celui-ci la s6- rotine dans tout ce qu'ellc a de vasculaire. II ne I'entralne pas tout entifere, ainsi qu'on peut le reconnaitre facilement. Au niveau du contour du placenta, la caduque utdrine mince, molle, se de- chire circulairement ou a peu pr^s, an niveau de sa continuation avec la s^Totine. Ici se presentcnt alors deux objets a etudier et d'une observation pleine d'interet. Cost, d'une part, le placenta avec le chorion qui emporte les ca- duques uterine et r^fl^chie ; mais ces membranes n'ofFrant rien de particulier ;i noter pour le sujet dont je parle, je ne m'en occuperai plus. Cost, d'autre part, I'uterus qui, au contraire, retient toute la portion vasculaire de la sii- rotineou au moins les deux tiers de son epaisseur. J'y reviendrai tout a I'heure. Yoyons d'abord le placenta. La face ut6rine du placenta offre les bosselures ou saillies des cotyledons, separes par des sillons plus ou moins profonds. Mais je m'citonne qu'on n'ait pas remarqu6 avec plus de soin que, dans une separation artiticielle de cet organe cbez une femme morle avant i'acLOuchemcnt, comme sur le placenta rejete naturellement la surface des cotyledons est recouverte d'une membrane grisatre, demi-transparente, molle, Epaisse d'un demi a 2 millimetres, selon les sujets. Cette membrane est tantot lisse, tant6t rugueuse, d'un aspect tout particu- lier. Elle ne pre-sente point dans son epaisseur de vaisseaux comparables au sinus circulaire qu'on peut rencontrer souvent a la peripherie du placenta, ni par consequent aux sinus de la serotine. J'ai deja signale ailleurs ce I'ait im- portant, que cette membrane, grisalre, assez elastique, comme un peu gluante ou glutineuse, passe sans discontinuite d'un cotyledon a I'autre, en offrant seulement beaucoup plus d'epaisseur dans leurs interstices entre les- quels elle s'enfonce (1). Cette couche ou membrane, detacliee de la serotine par le placenta auquel elle adhere, est representee par I'epithelium de cette partie inter-ule'ro-placen- taire de la muqueuse uterine, et par la portion la plus superlicielle de la se- rotine, moins ses larges sinus. Aussi est-elle constituoe principalement par des cellules epitheliales ayant snbi une hypertrophie considerable de leur corps et de leur noyau, ainsi que des deformations souvent les plus bizarres, modifications que j'ai signalees ailleurs (2). Elle renfcrme, eu outre, de la ma- tifere amorplie, des granulations moleculaires diverges, etc. Je m'eloignerais trop de mon but en decrivant la structure de cette couche ; aussi je ne Ic ferai que plus tard, dans une communication speciale. On peut constater aussi qu'a la peripherie du placenta, en approchant de la caduque, elle va se continuer avec la portion de celle-ci qui adhere au chorion plutOt qu'avec la face de la caduque qui vient de se detacher de I'uterus. L'existence de cette membrane, qui est consfante, sauf dechirure acciden- telle, demontre une serie de fails trSs-importants : c'est que les villosites pla- centaires ne plongent pas librement et d'une manifire immediate dans les larges sinus sanguins de la serotine. Les cotyledons font bien saillie du cote de la caduque inter-utero-placentaire, qui, asontour, s'enfonce dans laprofon- deur des sillons qui separent les cotyledons; mais leur substance meme, les ramifications de leurs villosites parcourues par le sang fffital, sent separees du sang maternel par cette membrane grisatrc dont I'epaisseur peut atteindre 1 millimetres, et par la tr^s-mince membrane des sinus de la serotine. C'est au ti'avers de I'epaisseur de cette couche et au travers de celle des parois des subdivisions des villosites et de leurs capillaires que se fait I'echange des materiaux nutritifs de la mere au f«tus, et reciproquement. Cette trans- mission est loin d'etre aussi directe qu'on le pense, ainsi qu'on le voit ; car le contact entre les villosites choriales ou placentaires est medial, tr6s-me- diat meme, et non immediat. (1) Ch. Robin, Recherches sur les modifications graduelles des villo- sites DU CHORION ET DU PLACENTA. (C. R. ET MeM. DE LA SOC. DE BIOL. TariS, 1854, in-8°, p. 75.) (2) C. Robin. Memoire pour servir a l'iiistoire anatomique et patiiolo- GIQUE DE LA MEMBRANE MUQUEUSE UTERINE, DE SON MUCUS ET DES OEUFS, OU MiEux GLANDEs DE iNaboth. lu ii la Socict^ philomatiquc le 18 mars 1848. (Ar- chives GENERALES DE MEDECiNE, 4' scpe, t. XYllI, p. 201 ; Paris, in-8°.) 38 L'adherence entre les cotyledons et la mere est moleculaire, tr6s-intime, comme on le voit, puisque le placenta d^tache la surface de la s^rotine, I'en- traine avec lui plutdt que de se decoller simplement de celle-ci; mais il n'en est pas molns vrai qn'au point de vue de la physiologie, et meme ana- tomiquement, les cotyledons, le placenta, en un mot, sont appliques simple- ment en surface contre les larges vaisseaux maternels, et non plonges en substance dans le sang ou dans le tissu de la serofine, sous forme de ramus- cules arborescents ou radiculaires ; or c'est pourtant ce que semblent indiquer toutes les descriptions, dans lesquelles certainement rhypotliese, pour s'ex- pliquer plus faciloment I'echange des materiaux nutritifs de la mere au foetus, a d^passe I'observation. Je ne peux m'emp^cher de faire remarquer que c'est la un fait qui n'est pas propre a I'homme seul. II n'est pas vrai, en effet, que les villosites des co- tyledons, du placenta ou du chorion des mammiferes dels que ruminants, rongeurs, carnassiers, solipedes et fissipSdes) enfoncent, comme on le dit, leurs subdivisions terminates dans les glandes tubuleuses de la muqueuse uterine ou dans ses vaisseaux dilates. Chez les lapins, en particulier, les villosites s'enfoncent, au commencement de leur evolution, entre des plis de la muqueuse uterine, tr^s-riche en vais- seaux a ce niveau ; mais il n'y a autre chose qu'un entre-croisement ou un enchevetrement de ces plis avec les ramifications des villosites, ou meme avec des faisceaux de ramuscules de celles-ci. II n'y a la au fond que conti- gu'ite de ramifications, d'un cote, avec des plis d'une muqueuse vasculaire, d'autre part. Cette simple contiguite ou application devient bien plus mani- festo plus tard. En efl'ct, par suite de I'accroissement de I'ocuf et du foetus qu'il contient, la muqueuse uterine est deplissee; de telle sorte que, lorsqu'on exa- mine un uterus de lapine pleine, quatre a cinq jours avant le part, on voit que le placenta est simplement contigu, applique face a face avec la muqueuse ute- rine. Celle-ci est seulement parcourue de vaisseaux plus gros et plus nom- breux la qu'ailleurs, mais il n'y a plus ou presque plus de plis fins et nom- breux, ni enchevetrement avec les villosites. Des dispositions successives analogues s'observent chez les juments et les truies. C'est egalement par un enchevetrement du genre de celui qui a ete si- gnale plus haul, mais plus intime, plus profond et plus persistant que les vil- losites des cotyledons du veau sont en rapport do contiguite et d'adherence avec les cotyledons uterins de la vache; ceux-ci sont tres-vasculaires, mais n'ont pas de sinus ou lacs sanguins proprement dits; car la disposition des veincs en forme de lacs ou larges sinus ne se voit reellement que chez la femme, et peut-6tre chez ceux des singes, dont I'uterus a une musculeuse epaisse et rigide, non intestiniforme. Ce n'est partout, au fond, qu'une application face a face, comme chez la femme, des parties vasculaires du foetus et de la m^re, application varieedans 39 ses dispositions d'anatomie descriptiye, si I'ou pent dire ainsi, selon les dis- positions de la muqiieuse uterine et des villosites, la presence ou I'absence de cotyledons matcrnels;mais ilny a pas trace de cette penetration des villosites dans les glandules dont on a parte. II n'y a pas d'autres Yaisseaux utero-pla- centaires que ceux qui parcourent ces plis ou saillies de la muqueuse ute- rine et s'enfoncent entre les villosites choriales ou placentaires des mammi- ftres precedents, entre les cotyledons chez la femme. Voyons maintenant ce qu'on trouve du cote de I'uterus au niveau de la surface d'insertion du placenta. On observe ici que cet organe a retenu la serotine, sauf la mince couche superflcielle qui s'en est detachee et a ete entrain^e par le placenta. Cette portion de la muqueuse uterine, en effet, restee riche en vaisseaux distendus sous forme de larges sinus, u'est pas devenue caduque, au moins d'une maniSre immediate. Cela tient a la fois a ce que ses vaisseaux se conti- nuent avec ceux de la musculeuse, et a ce qu'elant vasculaire, elle a continue a se nourrir. De ce dernier fait resulte que, bien que flexible et d'une cer- taine moUesse, elle conserve une t^nacite que n'a pas la portion de muqueuse devenue caduque. Cette particularite frappe d'autant plus qu'on est toujours etonne de voir, a la dissection, combien le tissu propre de la muqueuse qui forme cette membrane est pen de chose a cote du diamfetre des larges sinus entre lesquels il est interpose sous forme de minces couches ou cloisons de separation. Ce tissu est rougeatre, plus fonce que la caduque proprement dite. Enfln, et ce fait est important, il ne s'est pas produit entre la serotine et la muscu- leuse de I'uterus une mince muqueuse nouvelle ou de remplacement, comme il en existe une entre celle-la et la caduque uterine. Aussi ce n'est que pen a pen, pendant la durce des lochies, que s'exfolie et que s'^limine la s^'^ rotine. Mors seulement elle est remplacee par la continuation de la mince muqueuse de remplacement sur la place qu'elle occupait, et a mesure de I'ex- foliation. La serotine offre un aspect trfes-diflferent, selon qu'on I'examine dans un uterus plein chez une femme morte enceinte du sepli6me au neuvi^me mois, par exemple, ou dans celui d'une femme morte de deux a dix jours apr^s raccoucliement. Sur le premier, elle est mince, aussi large que le placenta, ses sinus sont aplatis, plus larges qu'^pais, et les moins gros sont seuls cy- lindriqnes. Sa surface est legerementrugueuse, d^primee au niveau des co- tyledons, mais est relativement lisse, comparativement a ce qu'elle est dans le second cas. Apr^s I'accouchement au contraire, la contraction des parois uterines dimi- nue beaucoup I'etendue en surface de la serotine. Elle est reduite bientfit a une largeur de 6 a 8 centim. environ, et ce diam^tre va toujours en dimi- nuant. Da peu pr^s cireulaire qu'elle etait, sa forme devient irreguliferemen 40 ovale, a grand diametre, dirige daus le sens de lalongueurde I'uferus, a con- tour sinueux, dentcle, dechirt^. Ccfte mcmbrnne gagnc ainsi en epaisseur cu quelle perd en largeur pendant cctle contraction. En meme temps sa surface devient plissee, rugueuse, comma mamelonn^e ; son tlssu devient brunatre ou rougeatre, se ramollit peu a pen, prend une surface de consistance mu- queuse ou pultacee. Ciicz une femnie morto (pielques jours apr^s raccoucliemenf, on trouvc Ics restes dela caduque inter-utero-placentairc ou serotine devenus cpais, de 5 a S millimetres et memo plus par places. Les bords saillants, irrcguliers, de cette plaque, qui est commc appliquee a la face interne de 1' uterus, et qui lui adherent intimement, se contiuuent avec la mince muqueuse nouvelle qui ta- pisse le reste de I'uterus. Cclle-ci est rosec, generalcnient lisse, ou un peu luisaute meme,saufles cas oil du sang ou un mucus sanguinolent et purulent la recouvrent ; au contraire, la surface de la couche epaisse que forme la se- rotine, dans ces conditions, est rugueuse, comme tuberculeuse ou irregulie- rement mamelonnee par places. Elle est d'aspect pultace ou muqueux, ramol- lie, facile a enlever par le raclage ; sa couleur est d'un brnn rougealre ou grisatre, tirant quelquefois sur le noir. Dans certains cas defl^vre puerperale, au sommet, des irregularitc'S ou saillics dela surface, et meme, d'nne ma- niere uniforme, elle prend une teinte grise, par suite d'une veritable morti- fication. U n'estpas rare d'apercevoir a la surface de cette couche des orifices vas- cnlaires bouches par des caillots fibrineux bruns, rougeatres ou un peu deco- lores. Si onpoursuit, par la dissection avec des ciseaux, ces caillots dans la profondeur de la membrane, on est conduit bientot jnsqu'^inx sinus de la musculeuse ulerino ponrvuc de vaisseaux plus voluminenx a ce niveau qn'ail- leurs. On estfrappe de I'aspect areolaire caverneux que donnent a cette cou- che les anastomoses nombreuses de ces larges vaisseaux nne fois qu'on les a ouverts. On remarque en memo temps que son epaisseur et les saillics ([u'elle fait a la face interne de I'uterus sent dues principalement aux caillots san- guins qui remplissent et distendent plus ou moins les sinus. Une fois ceux- ci vides, on voit que les intervalles qui les si'parent sont peu considerables, representes par une mince epaisseur d'un tissu qui adhere intimement a la couche musculaire de I'uterus, mais qui etant bien plus mou pent en etre d^- tach(5 facilement et exaclement par le raclage. Dans les autopsies de fievres puerperales, j'ai vu souvent cette couche ru- gueuse ou a surface floconneuse, noiratre, rougeatre ou grise, pultacee ou non prise pour des restes du placenta fcetal adherents a I'utdrus en voie de de- composition, par des personnes qui n'ctaicnt pas an courant dos fails prece- dents. On Irouve, en elTet, cette couche ([uohpjefoia plus ou moins ramollie, ou raeme mortitiOc et putreflee dans les conditions pr^cedentes. 41 Plus I'epoque dc la raort est cloignee de celle de raccoucliemeut, plus les restes de la caduque inter-utero-placentaire diminuent d'etendue ct d'epais- seur, plus ils sc ramollissent. Maislors memo que leur disparition graduelle s'est completee, la posilioii occupee aulrcl'ois par cette couche reste loug- tomps reconnaissable, parce que la jnuqueuse nouvelle qui la remplace est plus rugueuse ct plus saillaute que celle qui occupe le I'csfc de la surface uterine ct qui avail commence a se produirc avant I'accouchement. L'eliminalion de la caduque inter-utero-placentaire se fait surtout de sa peripheric vers son centre, et a mesure que s'opere ce phenomene, la mu- queuse dc remplacenient gagne vers le centre, de telle sortc qu'on la trouve toujours en conlinuilc avec les restes de la scrotine en voic d'elimination. III. — Anatomie pathologique. DISSFXTION ET EXAMEN DUN MOIGNON RESULTANT DUNE AMPUTATION DE LA JAMBE Au LIEU d'election pratiquee il y A iiuiT ANS J par M. H. Devalez. A Testremite inferieure du moignon, on trouve un tissu dur, compacle, dans lequel vienneut se terminer la peau, les muscles, les os, les nerfs, etc. Ce tissu est exclusivement forme de tissu cellulaire condense. Les nerfs qui aboutissent dans ce tissu out subi une remarquable hyper- trophic dans I'etendue de plusienrs ponces. Mais c'est surtout au niveau des OS, dans les points oil existent des pressions continues, qu'on trouve I'aug- nientation de volume. La, en effet, on voit une petite tumeur, longue de 2 centim. et demi, snr le sciatique poplite interne, et mesurant 3 centim. de circonference. Sur le poplite externe, 11 en existe une de la grosseur d'un gros pois. L'examen microscopique fait par M. Broca a montre du tissu fibreu.K. M. le doctcur Rayer a trouve du tissu fibreux et des tubes nerveux en petit nombre. Cette lesion est connue depuis fort longtemps. M. le docteur Broca (I) attribue I'hypertrophieaux pressions continues auxquelles les nerfs sont as- sujettis au niveau du moignon. 11 a remarquc que cette hypertrophic porte toujours exterieurement sur le nevril6me. L'artere poplitee est tres-petite et s'arrete a G centim. au-dessus de I'ex- tremite du moignon ; quclqucs petites art^res articulaires parties de son extremity enfreticnneut la circulation. Les petites branches s'anastomosent largement avec la recurrente tibiale anterieure. 1/aitere, qui se continue par un cordon fdjreux tr&s-nettement accuse, ne contient pas dc traces de caillols. (1) Bull, de la See. anat., t. XXVll, 18.52, p. 133. 42 Les OS sont coaicjues, atrophies, terminus eu pointe, surtout le peron^ qui vessemble a un cubitus de lievre. Une petite lamelle compacte existc a leur extremite inf(5rieure. lis adherent fortemeut au tissu libreux du moignon, avec lequel ils font corps. lis sont trfes-ramollis. La scie les traverse avec facilite et fait sourdre une grande quantit(5 d'un sue hnileux trfes-abondant Le tissu spongieux contient des vacuoles tres-larges. L'os a subi une veritable atrophie. Cette lesion a ete decrite par M. le docteur Rayer dans les Archives GENERALES DE MEDECiNE, t. I, p. 530. Larroy cite egalement plusieurs faits semblables dans sa Cliniqije chirurgicale, t. Y, p. 258. IV. — Pathologie. 1" OBSERVATION d'apoplexie cerebrale ET CEREBELLEUSE ; par M. le docteur HlLLAIRET. Le malade, age de -48 aus, fondeur en caracteres, hemiplegique du cote droit, a di'ja ete atfeint d'apoplexie cerebrale, sur la marche de laquelle les renseignements nous manquent completement. . Depuis son entree a I'hospice des Incurables ihommes), qui date de moins dedeux ans, il semble s'etre toujours bien porle; car il n'apaseu occasion de monter a rintirmerie. II est fort, de taille assez elevee, replet, sanguin, le systeme musculairc est trfes-developpe, et nous noterons specialement les muscles de la partie droite du tronc et des membres qui, malgre leur paralysie remontant a cinq ans, ont sensiblement le meme developpcment que ceux de la partie opposee. Do plus amples details manquent completement sur le malade et sur son (Mat de sante avant sa seconde attaque d'apoplexie. Toujours est-il que le 19 fevrier 1857, il etail sorti de la maison pour se promener, quand, apr^s quelques pas dans la rue, il tomba soudainement. 11 fut releve immediatement et apporte a rintirmerie a quatrc heures du soir. La perte de counaissance etait complete ; les muscles etaient d'abord dans la resolution ; la sensibility semblait abolie; mais a cet etat ne tarda pas a succ^der une agitation convulsive, surtout des bras, agitation qui rendit difficile la saignee que Ton dut falre. La face ^tait pale, up. rale stertoreux entendu a distance. (Saignee de 500 grammes, sangsues, lavement purgatif.) Quelque temps apr6s la saignee, une heure environ, le malade fut pris de vomissemeuts. Pendant toute la nuit, le malade resta dans le meme 6tat. Le matin, a la v^rite, on constate les signes suivants : rale stertoreux bruyant, facies pale, occlusion des paupieres ; pouls lent, large. Si I'on ouvre les paupieres, on trouve les pupilles considerablement et Egalement di)atees, les deux iris encore conlractiles. 43 L'ceil tantot fixe, tant6t agite de mouvements convulsil's. Les membres superieurs, legerement coutractui'es, eprouvent des secousses de la meme nature. Les membres inferieurs sont dans la resolution. La sensibilite est abolie dans plusieurs points ; la partie droite, plus an- ciennemeut paralysee, est plus sensible. Le malade, pour employer une expression acceptee, fume la pipe. II semble plonge dans le coma le plus profond ; pourtant en Ic secouant ener- giquement et en Tappelant tres-fort, il ouvre a peine les yeux, ne sort pas de sa lethargie, et ne donnue aucun signe d'intelligence. Le lavement purgatif administre la veille a procure de nombreuses eva- cuations. L'etat du pouls motive la prescription d'une nouvelle saignee et de vingt sangsues. Dans la journee, l'etat du malade ne s'ameliore pas ; il reste toujours plonge dans un etat comateux profond. Sa femme est venue le voir. Les personnes du service qui etaient presentes ont pense, aux quelques mouvements que fit le malade, qu'il I'avait reconnue. Les vomissements se renouvellent deux fois dans le courant du jour. Mort le soir, a six heures, dans le coma. AuTOPSiE 40 beures apres la moi"t. Le cerveau, examine en place, ne presente aucune alteration ; sa consis- tance est normale ; cependant les veines qui rampent a la surface de sa con- vexite sont remplies de sang et volumineuses. En le soulevant pour le deta- cher de la moelle, on s'apercoit qu'il est baignede sang a sa partie posterieure. Detache et reposant sur sa convexity, il presente successivement les alttira- tions suivantes : Toute sa face inferieurc, dans son tiers posterieur, est infiltree de sang epanche au-dessous de Taracbnoide et dans les mailles de la pie-mere. Le cervelet presente le meme aspect, surtout a sa face superieure. Une couche de sang coagule recouvre cctte face. En retournant le cerveau et en reclierchant les alterations qu'a pu subir sa substance, on trouve les hemispheres intacts et a peine parsemes d'un poia- tille rouge. Le corps calleux, la voute, sont exempts de lesion; mais, aussitot que Ton a ouvert les ventricules, on trouve les traces d'une hemorrhagie recente abondante. Toute la partie posterieure du ventricule lateral droit et du ventricule moyen est occupee par un caillot volumineux. On met I'organe dans I'eau pour debarrasser les cavites du sang qui les obstrue, et le lendemain on procfede de nouveau a leur examen. L'6panchement semble s'etre fait dans I'epaisseur de la couche en ligne droite, dotacliL' comph'icnicnt dans sps deux tiers postcrieurs ; de la le sang s'ctait epanclic dans le ventricule nioyen, et le ventricule lateral juscjue dans son 6tagc inferieur. 11 avail penetre par I'aqueduc de Sylvius dans le ventricule cerebelleux, lequel du reste etail exempt de toute lesion, et n"of- frait a observer qu'une telnte rougeatre due a la presence du sang dans sa cavite. L'alteration consecutive u I'hemorrhagie 6tait toute concentree dans la couche optique. Nous notcrons cependant une inOltration sanguine au niveau et dans I'epais- seur du lobule du corps strie. Cette derniere partie du cerveau avail subi une deformation dont I'indi- cation probable serait dans une compression exercie par le sang de dedans en dehors. Cette deformation consistail dans un aplalissemenl lateral lei, qu'au lieu d'etre reguli^rement convexe de dedans en dehors, le corps elait representc sous la forme d'une Crete aigui; et se prolongeant dans lout son grand diametre. Au pourtour du caillot, la substance cerebrale ^laitanfractueuse, ramollie. Le ventricule gauche examine laisse voir des traces evidentes d'epanche- raenlancien. Independamment d'une couche jaune el d'aspecl comme citri- neux qui le recouvrait dans une grande parlie de son ^tendue, on decouvrit a sa partie antcrieure une veritable caverne anfraclueuse creusee dans I'epais- seur du lobe frontal. Les autres organes n'ont presenl(5 rien qui meritat d'etre note. La moelle epiniere n'a pas m examinee. 2°.N0TE SUR LES MALADIES SYPHILITIQUES CONSECtlTlVES DES VOIES LACRVMALES ; par M. le docteur Lagneau Ills. Apres avoir rapporte loutcs les observations qui existent dans la science a propos des maladies sypbilitiques conseculives des voies lacrymales, et en indiquant les sources oil il a puise ces exemples, M. Lagneau y ajoute quatre nouveaux fails, I'un recueilli par M. Desportes, membre de I'Acadsimie de m(5decine, deux autres par M. Lagneau pere, et le dernier par lui. De Tensemble de ces observations, il croit pouvoir tirer les conclusions sui- vanles : La nature syphilitique de certaines afTections des voies lacrymales parait demontree. Ces atTections resultent de la plus ou moins complete oblil(5ration d'un des points des voies lacrymales. Cette obliteration est delerminee le plus souveut par une lesion osseuse (periostose, exostose, caric, necrose), siegeant sur I'unguis et I'apophyse montantc du maxillaire superieur, quelquefois sur I'apophyse angulaire du coronal. 45 Parfois die parait tenir au gonflement de la niuqueuse enflanimee a la suite (I'une blephaiitechronique; d'autres fois encore a une lesion analogue ulcc^'rative ou autre accompagnant des accidents sypliilitiques naso-palatins. Cette obliteration, suivant qu'ellc sitigc au-dessus ou au-dessous du sac, pent determiner, dans le premier cas, la tumeur et par suite la fistulc lacry- male; dansle second, simplement I'^piphora, los points lacrymaux n'dant plus permeables, Les symptomes permettant de diagnostiquer la nature sypliiliticinc d'une afTection des votes lacrymales sont : La pr(5sencc d'un gonfleraent dur, resistant, enfin osseux, constats soit par le doigt, a la partie interne ou infdrieure du bord de I'orbite, soit au moyen du catlieterisme, dans I'int^rieur du canal nasal ; L'aspect syphilitiquc ou chancreux de I'oritice cutane de la flstule du sac lacrymal ; La coexistence d'accidculs sypliilitiques de la muqueuse ct de la voute palatine et des fosses nasales ; La prt^sence de sypbilides sur la peau du visage ; La c^phalee et les exostoses sus-orbitaires du coronal ; Enfin I'existence anterieure ou simultanee sur les diverses parties du corps, de tous autres accidents syphilitiques, reveles a I'observa- teur, soit par les commemoratifs fournis par le malade, soit par la simple inspection directe. La marclie de ces afFections est ordinairement lente, cbronique et indo- lente, quoique parfois avec une certaine apparencc inflammatoire erysipda- teuse. Les maladies sypbilitiques des votes lacrymales et parties voisines (an- chilops, ffgilops) presentent nn pronostic moins grave que celles analogues n'etant pas ds^terminees par cclte cause speciliquc; car elles sont ordinai- rement curables par un traitenient antisypbilitiqne convenable, quaud toule- fois 11 est employ(5 a temps. Lorsque I'obliteration des voies lacrymales tient, non pas a nnc alfection osseuse, mats a une li^sion des parties molles (inflammation de la muqueuse, bride cicatricielle) comme traitenient pallialif, il est possible parfois de r^ta- blir le cours des larmes, soit par le catbeterismc, soit par rintioduction d'un til, d'une canuie, etc., dans le caoa! nasal. Quant au traitement curatif, la plupart des cas rapporles ont et6 heureuse- ment traites par les preparations mercurielles ; cependant, avec M. Tavignot, je pense que I'iodure de potassium pent aussi etre avantageusement em- ploy6 centre les lesions purement osseuses, reservant surtout les mercu- riaux et principalemcnt le sublime pour celles porlant sur le? parties moUcs. 46 V. — Teratologie. 1» IMPERFORATION CONGENITALE DU VAGIN; DILATATION CONSIDERABLE DE CE CONDUIT XYEC ACCUMULATION DE LIQUIDE DANS SON INTERIEUR ; ESTO- MAC SITUE A DROITE; RATE REDUITE A UN PETIT TUBERCULE SITDE DANS LHYPocoNDRE DROIT; par M. Depaul. La petite Clle sur laquelle a etc recueillie cette piece a et6 trouv^e a Tam- phith^atre des hOpitaux de Clamart. Nous n'avons, par consequent, aucun ren- seignement sur les circonstances qui ont prec6d6 sa mort. Nous dirons seu- lement que cette petite filie n'avait ni le volume ni le poids d'un enfant a terme; il n'y avait pas, du reste, de point d'ossification apparent a I'epiphyse InKrieure du femur. L'enfant avait respire, ce qu'on reconnait au grand d^ve- loppement des poumons et a la crepitation caracteristique que Ton determine en comprimant son tissu. Mais eile n'a du vivre que fort peu de temps; car le cordon ombilical, non-seulement n'etait pas tombe, mais memo ne presen- tait a sa base aucune trace d'un travail ulceratif commencant. Dans le but de decouvrir les organes abdominaux, une incision courbe a 6te pratiquee sur la parol abdominale antcrieure; cette incision longeait le bord superieur du pubis et des deux arcades crurales, en m6me temps qu'elle in- teressait toute I'^paisseur de la paroi. Cette derniere etant soulevee de bas en haut, on dt^couvre sur la ligne me- diane et plongeant dans I'excavation pelvienne une tumeur ovoide, du volume d'un gros a'uf de poule, ayant sa grosse extremity tournee en liaut et sa pe- tite extr^mite inferieure. La premiere depassait le bord superieur du pubis d'environ 0,04 cent. Preoccupe de sa situation, j'ai d'abord pris cette tumeur pour la vessie dis- tendue par de I'urine, et j'ai pense qu'il pouvait exister une imperforation de I'uretre. In examen plus attentif n'a pas tard6 a d^monlrer qu'il n'en^taitpas ainsi. Un stylet Introduit dans la seule ouverture qu'on d^couvre a la vulve m^ne a la vessie, reconnaissable a sa situation derri^re le pubis et a la pre- sence d'une portion de I'ouraque qui lui etait restee attenante au sommet de I'organe. Le reste de I'ouraque s'apercoit sur la paroi abdominale anterieure sous le p6ritoine. Les deux arleres ouibilicales occupent leur position normale; on les voit longer les bords lateraux de ce m6me organe qui constitue la vessie. La tumeur est situee derri^re la vessie et la depasse sup^rieurement d'au moins 0,04 cent. Elle offre a la pression une certaine resistance et donne tout a fait la sensation d'une tumeur liquide. Cette consistance n'a pu d'ailleurs 6tre appr^ciee qu'avant le souievement complet de la paroi abdominale. Une ouverture accidentelle a ete pratiquee sur cetle poclie, et il s'en est ecould en- viron 80 ou 100 grammes d'un liquide ayant la fluidity de I'eau, legireraent 47 colore en blanc, non d'un blanc laiteux, mais analogue a de Teau blanche affaiblie ou encore a une decoction do riz tr^s-^tendue d'eau. II ne m'a pas 6t6 possible de recueillir ce liquide, qui a et6 complcHement ^vacu6. L'ouverture pratiqu^e sur latumeura 6te alors legerement agrandie, et la surface interne de la poche a pu etre exploree dans une certaine etendue. Cette surface interne etait blanchatre et lisse dans toutes les parties accessi- bles a la vue, Si Ton deprime rextreniit^ snperieure de la tumeur jusqu'a l'ou- verture pratiqu6e, en envaginant la tumeur dans elle-mfime, on observe une saillie circulaire, peu proeminente, perc^e d'un trou a son centre, et ayant tout a fait I'aspect d'un museau de tanche aplati refoul6 par le liquide. Un stylet introduit par ce petit trou central se rend a I'extremite snperieure de la tu- meur et un peu en arri^re, dans un cul-de-sac qu'il est facile de reconnaitre pour le fond de I'uterus. L'extr^mite mousse du stylet se voit par transpa- rence a travers la paroi peu ^paisse qui iermel'uterus sup^rieurement. Je dis Vuterus; en effet, le corps de cet organe se pr^'sente avec sa forme normale et sou petit volume ordinaire chez la petite fllle. De chaque c6t4 part un repli du peritoine, qui n'est autre chose que le ligament large avec ses Irois aile- rons distincts. Une sorte de petite rigole transversale separe I'uterus de I'ex- tremite superieuro de la tumeur. Le stylet, promene dans I'extremite infe- rieure de la tumeur, ne rencontre qu'un cul-de-sac, dont la partie la plus declive est tres-voisine de la vulve. Le doigt indicateur place sur la fente vulvaire sent I'extremite mousse du stylet, qui est poussee dans le cul-de- sac. On s'assure ainsi que le doigt et I'extremite du stylet ne sont separes que par une faible epaisseur de parties molles. J'ajouterai que la tumeur est en arriere avec le rectum, qui contient une assez grandc quantite de meconium. Apres avoir enleve I'os coxal du cOte droit, si on examine la tumeur par sa face laterale droite, on voit d'avant en arric^re la vessie reposant sur la parol anterieure de la tumeur, la tumeur ellc-meme et le rectum, qui est adossc a la paroi posterieure. Si on isole cette tumeur de la vessie d'une part, du rec- tum de I'autrc, 11 est facile de reconnaitre qu'elle est constituee par le vagin. Son extremite inferieure n'est pas ouverte ; I'obliteration n'a guere qu'un de- mi-centimetre d'avant en arriere. En d'autres termes, c'est a 0,004 ou 0,005""" de la vulve que se trouve le cul-de-sac inferieur de la tumeur on aboutissait le stylet. Cette tumeur est done constituee par une accumulation de liquide dans le vagin imperfore. Ce vice de conformation n'etait pas le seul observe sur le cadavre de la pe- tite title. Le foie occupe I'hypocondre droit i sa place babituelle, et preseiite son volunie normal. L'estomac est situe egalement dans rhypocondre droit, immediatement au- 48 dessous du foie, qui repose sur lui.La grande courbure, au liou d'etre dirigee de droite a gauche, puis dc gauclie a droite, est dirigee en sens inverse. La petite courbure regarde a gauche par sa concavite. Les trois portions du duo- denum sout dirigees en sens inverse de ce qu'elles sent a I'etat normal ; la concavite dc la courbure qu'elles forment par Icur jonction est tourn^e a droite. A la place occupee nornialemcnt par la rate, c'est-a-dire dans I'bypocondre gauche, on ne trouve pas cet organe. On ne I'observe pas davautage dans I'hy- pocondre droit, au moins avec sa configuration et son volume habit'iels. Seulement on trouve attenant a la grosse tuberosite de Testomac un tubercule rougeatre, spherique, du volume d'un noyau de cerise et leur tenant lieu de rate. Les autres visceres abdominaux et les organes contenus dans la cavit(^ tho- racique sont conformes normalement. 1° CAS DE FUSION DES REINS ; ETAT DE l'aPPAREIL VASCULAIRE RENAL ; par M. A. Luton. A I'autopsic d'un nouveau-ne du sexe femlnin, mort a I'liospice des Enfants- Trouves, Tanomalie suivante a (5t6 observ^e : Les deux reins, librcs par leur extremite superieure, sont confondus par leur autre extromiti', rapproches en isthme au devant de la colonne lombaire. Leur ensemble constitue un croissant a concavitci superieure ; on ne peut mieux le comparer qu'au corps thyroide dont il rappelle tout a fait la dispo- sition au devant du larynx. Chaque rein, isolc par la pensee, a son volume normal et est sain d'ail- leurs. II y a deux uretercs et deux bassinets. L'echancmre qui loge ceux-ci est pratiquee aux ddpens de la face ant^rieure de chacun des deux reins. Lesuret^res descendent de chaque c6t6 au devant de I'isthme. On voit, d'apres cette description, que la fusion des reins n'a eu lieu qu'entre les pyramides de Malpighi les plus inferieures. Cette anomalie est I'une des plus frequentes qui aient ete observees. Void la disposition du syst^me vasculaire renal : II y a d'abord deux arteres renales naissant isolement de I'aorte, a droite et a gauche, se portant au devant des bassinets et sc distribuant a I'extremite superieure et a la partie moyenne de chacun des deux reins. Puis plus has, au-dessous de la naissance de I'artere mesenterique inf^- rieure, par consequent tres-loin de I'origine des arteres renales superieures, nait une artere unique, egale en volume aux precedents, et se bifurquant en- suite pour se distribuer a I'isthme des reins. II est important de faire ressortir ici la relation qui existe entre I'anomalie des reins et la disposition du systtoe arteriel renal. Ce point capital a ete neylig^ jusqua present : il doit [luui taiiL y uvuir uu raijpovtiiucessaire et sus- ceptible d'etre assiijetti a des lois entre les vaisseaux et les organes devies de leur type normal; et peut-6tre serait-il possible d'expliquer, dans quelques cas, I'anomalie d'un organe par I'anomalie d'origine des vaisseaux qui lui sont destines. Ainsi, dans le cas actuel, les deux reins sont tout a fait isoles supt^rieurement : il y a deux artferes r^nales, une droite et une gauche; in- ferieurement, les reins sont confondus : une seule artere est destinee a I'istbme ; cetle artere se subdivise bientOt, il est vrai ; mais ^videnunent il y a des anastomoses art^rielles dans cette commissure renale. Les veines renales pr^sentent une disposition correspondant a celle des arteres, a I'exception d'une petite veine qui, sortie du rein gauche va se jeter dans la veine iliaque primitive droite. Les capsules surrenales occupent leur place habituelle. La grande veine azygos nait de la veine renale gauche, ;i plein canal. Cette origine est tres-exceptionnelle. Enfin, Chez ce meme individu, il y avait une hernie inguinale de Tovaire et de la trompe, a droite. 3" ANOMALIE PAR DEPLACEMENT DU REIN GAUCHE ; ETAT DE LAPPAREIL VASCU- LAIRE RENAL ; UNE SEULE ARTIiRE OMBILICALE ; ETAT RUDIMENTAIRE DE LA coRNE UTERINE GAUCHE ; par Ic mcuie. L'anomalie suivante a ete obsei-vee sur le cadavre d'un enlant nouveau-ne, du sexe Kminin, mort a I'hospice des Eni'ants-Trouves. Le rein gauche, situe beaucoup plus has que de coutuine, est en meme temps repoi't(5 a droite, presque au-dessous du rein droit ; il est loge dans Tangle de la bifurcation de I'aorte, an niveau de la base du sacrum. Sa forme est toute particuliere : il est presque spherique et un pcu aplati d'avant en ar- ri^re. Son volume est assez considerable; il ne le cede enrien pour la masse au rein droit. Le bassinet occupe la face anterieure et donne naissance a un uretere qui se rend obliquement de droite a gauche, parallalelement a I'artere iliaque pri- mitive gauche, vers son point d'insertion ordinaire sur le bas-fond de la vessie. La capsule surr^nale gauche est restee a sa place habituelle et n'a pas suivi le rein dans son d^placement. Voici maintenant la disposition du systeme vasculaire de ce rein deplace. Les arteres viennent de plusieurs points : I'art^rc renale la plus superieure nait ne I'artere mesenterique inferieure ; une autre prend son origine a la bifurcation de I'aorte, a la mauiere de I'artere sacrec moyemie ; deux autres arteres renales naissent de I'artere iliaque primitive droite ; enfin, une der- niere, et la plus inferieure, provicnt de I'artere ombilicale gauche. C. R 4 50 Les veines correspondent aux artferes et n'offrcnt rien de particulier a mentionner. Ainsi done, ici comme dans la premiere observation d'anomalie renale que nous avous rapportee, la relation la plus etroite existc entre I'anomalic dc I'organe et la disposition nouvelle des vaisseaux qui lui sont destines. Le rein est deplace : il tire ses arti^res des gros troncs les plus voisins ; son ap- pareil vasculairc a subi un deplacement correspondant ; 11 est arrondi et presque splierique ; il veroit ses artercs par tons les points de sa peri- pherie, 11 est comme le centre d'irradiation de cinq art(;res r^nales princi- pales. Sur le meme sujet, on a constats qu'il n'exlstait qu'une seule art^re ombi- licale, la gauche; elle est volumineuse, du calibre d'une plume a ecrire, et semble etre la continuation de I'art^re iliaque primitive gauclie. L'artere om- bilicale droite se perd dans les parois de la vessie. Luterus, qui semble elre comme bicorne, presente un developpement tres-in^gal dans ses deux moiti(5s ; la come gauche est nidimentaire; elle est figuree par un cordon long et grele, qui se rend vers lk>rifice al)dominal du canal inguinal et donne ea ce point insertion a un ovaire plus petit que I'o- vaire droit ; on uc decouvre aucune trace de la trompe. L'existencc d'une artere ombilicale unique, a gauche, et trSs-voiumineuse, aurait-elle gene le developpement de la partie correspondante de Tuterus et aurait-elle aussi quelque influence sur le deplacement du rein gauche qui, rejete plus bas et a droite, serait venu, comme un parasite, implanter ses arteres dans les gros troncs arteriels voisins et meme dans cette artere om- bilicale unique. GOMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BiaiOGIE PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1857; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRESIDE\CE m Al. RAYER. I. — Physiologie. EssAi PUYSiOLOGiQUE suR l'hree et les URATES iGxtrait iluac thfesc offerte a la Socicte dc biologie) ; par M. le doctcuv Gallois. Les auteurs etant partages sur la qiiestloa de savoir comment se comporfo I'uree quandon Tadministre par les voies digestives, je me suis livre d quel- ques experiences sur les animaux pour essayer d'obtenir la solution du pro- blfime. L'uree introduite dans Testomac passe-t-elle intacte dans rurlne,et dans quelle proportion? Au bout de combien de temps s'y montre-t-elle ct au bout dc combien de temps a-t-elle disparu de I'orgaaisme ? Quelles sont les conditions q>ii president a tous ces phenomenes ? Telles sont les ques- 52 tions auxquelles je me suis efforce de repondre, ctjevaisici presenter, en quelques mots, Ics resultats que rcxperienco m'a t'ournis. Ayant dose, a I'aide du procede de M. Millon, la quantite d'uree excretee dans les vingt-quatre lieures, par im lapin uourri de carottes et bien portant, je lui injectai dans I'eslomac trois jom's de suite, 5 grammes d'uree, puis de la meme manii^re et pendant ti'ois jom'S encore, 10 grammes de la meme substance. Pendant la prenr.iere s^rie d'exp^riences, je recueillis I'urine des vingt-quatre heures et je Tanalysai ; pendant la seconde serie, je recueillis I'urine par fraction, et je dosai I'uree de chacune de ces portions. Or voici quelles sont mes conclusions a cet egard. L'uree injectee dans I'estomac des lapins passe intacte dans I'urine et en grande proportion. Cependant elle n'est point elimin^e en totality par le rein : sur 15 gr. je n'en ai retrouve que 11 gr. 8G centigr., et sm* 30 gr. la quantite qui est pass^e dans I'urine n'a 6te que de 19 gr. 84 centigr. Ce qui tend a prouver que plus 11 y a d'uree introduite dans I'organisme, plus aussi 11 y en a qui n'est point entralnee dans I'urine, soil quit y ait absorption, commc je serais assez dispose a le croirc, sans oser cependant Taflirmer, soit qu'elle se transforme en d'autres produits jusqu'alors inconnus. Quand l'uree est injectee dans I'estomac des lapins, elle apparalt dejaen exc^s dans Turine, au bout de trente ou quaraute minutes ; sa quantite va croissant regulierement jusque vers la douzieme ou quinzieme heure envi- ron apres I'injection, puis elle decroit regulierement aussi, et au bout de soixante a soixante-dix heures I'urine a repris ses qualites premieres, quelle que soit du reste la proportion d'uree ingeree. DE L'ACTIOK TOXIQUE I)E l'hkee. L'm'^e n'est point inoffensive pour I'orgauisme, comme on I'avait cru jus- qu'alors ; c'est, au contraire, un poison dont I'efTet ne manque pour ainsi dire jamais quand on I'administre, aux lapins par exemple, a dose suflisante. Pour ceux de ces animaux dont le poids varie entre 1500 et 2000 gr., la dose capable de donncr la mort est de 20 grammes. Les sympt6mes de I'empoi- sonnement par l'uree peuvcnt se resumer ainsi : acceleration de la respira- tion, afifaiblissement des membres, tremblements avec soubresauts, convul- sions generates, puis tetanos et mort. Les lesions cadaveriques sont le plus souvent nulles. J'ai repet6 et varie de diverses manieres les experiences propres a dece- ier la presence du carbonate d'amnioniaque, dans I'air expire par les lapins, au moment oil ils succombaient a I'empoisonnement par l'uree ; je I'ai re- cherche aussi dansleur sang, et je declare que mes resultats ont toujours m negatifs. D on je crois pouvoir conclure que Furee empoisonne en tant qu'u- ree el sans se transformer en carbonate damiuoniaciuc. Les accidents de l'uree, qui ont guelque analogic avec ceux qu'on observe chez les animaux 53 empoisoiiuiis par I'urec, et que MM.Woehler et Frerichs attribuent a la trans- formation en carbonate d'ammoniaque, de I'uree accumulee dans le sang, senibleraient done, d'apres mes experiences, devoir recevoir une interpreta- tion differente. PHtSIOLOGIE BES URATES POUK SERVIB A l'HISTOIRE DB LA BIATHESE OXALIfttJE ET DES CALCULS MURAUX. L'acide urique et les urates introduits dans I'organisme s'y briilent-ils de facon a donner, comme quand ['operation se fait dans une cornue, de I'ur^e, de I'allanloiiie el de l'acide oxalique, et cette explication toute chimique peut- elle etre invoquee, comme le veulent MM. Woehler et Frerichs, pour expli- quer la generation des calculs d' oxalate de cliaux ? Telle est la question dont j'ai cherche la solution a I'aide de 1' experience. Des urates alcalins, a doses assez eievees, ont (5te injectes a deux reprises dans I'estoniac d'un lapin. Un urate alcalin a etc injecte dans la jugulaire d'un chien, et enfln le meme corps a ete administre a I'homme. Or voici ce que mes recherches m'ont ap- pris : La proportion d'ur^e n'a point paru augmentce dans I'urine du lapin qui avait recu dans I'estomac, une premiere fois 2 gr. 50 centigr., une se- conde fois 7 gr. 30 centigr. d'urate. An contraire, il y a eu un pen moins d'ur6e eliminee qu'avant I'injection, et le resultat oppose obtenu par MM. "Woollier et Frerichs me parait tenir a ce qu'ils ont peut-etre analyse I'urine d'une seule emission, au lieu d'analyser Purine des vingt-quatre heures. L'examen microscopique de ce liquide ne m'y a point montre de traces d'oxalate de chaux. L'urine du chien, auquel j'avais injecte dans la jugulaire 1 gr. 50 centigr. d'urate d'ammoniaque, n'en contenait pas davan- tage. Enfln, je fls sur moi-meme deux experiences : La premiere fois, je pris 5 gr. d'urate de potasse, et la seconde fois, 4 gr. 30 centigr. Mon urine, quelques heures aprSs la premiere ingestion, contint de nombreux cris- taux d'oxalate de chaux, tandis que je n'en trouvai pas un seul aprSs la se- conde. Ce resultat lout oppose tient peut-etre a ce que, dans ce dernier cas, je fus purge assez violemment par I'urate alcalin. En resume, je crois pouvoir conclure qu'il y a reellement un rapport entre les diatheses urique et oxalique, mais un rapport assez eioigne. On ne peut nier, ce me semble, que l'acide urique, en s'oxydant dans I'organisme, ne produise au moins quelquefois de l'acide oxalique qui reste libre on qui se combine a I'ammoniaque, pour donner naissance, eu vertu d'une double decomposition, a de I'oxalate de chaux. Mais les aulres elements de la reac- tion, I'uree et rallanto'ine, ne se produisent point forcement en meme temps que lui, et en un mot le dedoublement de l'acide urique ne semble poin s'efFectuer nettement dans leconomie comme dans la cornue du chimiste. 54 II. — Pathologie. 1° OBSERVATION D'UN KYSTE SANGUIN OVARIQUE, UNILOCULAIRE ; par M. DCPUT. Le 21 f6vrier 1857 est entree, sallc Saint-Basile, n° 2, service de M. Rayer, la nomm^e D., agce de 60 ans, domestique. Cette femme a eu uq enfant. M- glee a 19 ans, elle a cesse de Toir a 42. EUe n'a jamais ete malade. 11 y a trois ans, deLut d'une tumeur abdominale, qui n'a d'ailleurs produit, en se developpant, aucune espteede troubles fonctionnels, sauf une sensation de gene et de pesanteur que le temps ne faisait qu'accroilre. De I'engourdis- sement, des fourmillements et un pen de faiblesse survenus dans le membre infevieur a droite, depuis quelques semaines, apportent seuls un luger cor- rectif a I'^tat de sant6 parfaite, dont, la tumeur mise a part, semblait jouir la malade au moment de son entree. Cette tumeur a pr&ente une notable augmentation de volume dans les huit a dix derniers mois. Tres-saillante en avant, la Iluctuation, la sensation de choc que produit par la percussion le liquide deplactJ, y sont partout aussi facilemcnt appreciables que dans une ascite ordinaire. A la palpation, la tu- meur n'offre pas plus de resistance et de durete, dans un point que dans I'autre. II s'agissait evidemment d'un kyste de Tovaire, et I'ensemble des divers signes physiques indiques devait porter a admettre, ou un kyste uniloculaire simple, ou une cavite principale se pretant seule aux moyens d'exploration, et par celameme fournissant seule des 61(5ments de diagnostic. Dans les deux cas, et en tenant compte des conditions de sante generate, si favorables en appareuce, offertes par la malade, la ligne de conduite a suivre etait toute trac(5e, et le traitement n'etait plus qu'une deduction legitime de I'etat actuel. La ponction etait la seule ressource curative, et, la ponction faite, rinjection de teinture d'iode paraissait formellement indiquee. M. Giraldfes, charge defaire la ponction, lapratiquale2Gfevrier. Elle donna is- sue a environ G litres d'un liquide ayant une teinte brunatre et contenant du pus, des gloljules sanguins, des cristaux de cholesteriue et beaucoup d'albu- mine. La nature du liquide parut a M. Giraldes une coutre-indication ii faire rinjection projctee. II ne survint pas, apres la ponction, d'amelioration immediate. Le 28, des douleurs assez vives se manifesterent autour du point ponc- tionn6. Le 1" mars, persistance des douleurs, point de hoquets, point de vomisse- incnts ; mais il y a des signes de paralysie incomplete du sentiment et dumou- vemenl dans le membre thoracique droit. L'iutelligence demeure saine. (Sai- jruee de 200 grammes,* 55 Le 4 mars, les douleurs abdominales persistant au m6me degr^, application de 10 sangsues autour du point ponctionn^. Le 6, les douleurs ont disparu. Le 9, les symptomes de paralysie se sent aggrav^s pour le membra thora- cique et sonl devenus tres-manifestes pour le membre abdominal droit. II y a dcpuis quelqnes jours de I'oedemc des extremites inferieurcs, mais point d'albumine dans les urines. La collection liqulde s'cst en grande partie repro- duite dans le kyste. Le 10 mars, M. Depaul, examinant la malade, trouve a gauche, surajoutee pour ainsi dire ii I'ancienne tumeur, unc tumour nouvelle, d'une resistance marquee au toucher et n'ofl'rant point d'ailleurs do fluctuation appreciable. En percutant a droite, la main placde a gauche, a son niveau, n'^prouve point la sensation du choc d'un liquide deplac(5. M. Depaul pensa que le kyste de- vait etre au moins biloculaire, ou qu'il s'agissait d'uno tumeur cntierement solide, sans doute formee aux d^pens de I'ovaire gauche. A. partir de ce moment, la malade s'est progressivement afTaiblie. 11 est sur- venu de la constipation, de la retention d'urine, un mouvement febrile con- tinu et que n'a jamais accompagnc ou interrompu le moindre frisson. Le 26 mars, la mort est arriv^e aprSs trois jours d'un coma presque com- plet. A Tautopsie, on a trouve un kyste uniloculaire ayant son point de depart dans I'ovaire gauche, renfermant un liquide chocolat, et, de plus, une masse de caillots flbrineux egalant presque le volume d'une tete d'enfant a terme. Le liquide contenait encore de ralbumine> des globules sanguins et puru- lents, mais beaucoup moins de cholesterine. La parol du kyste est d'une epaisseur inegale et sillonn^e en arri^re de quelques veines volumineuses. Formee d'une s(5rie de couches, la plus ex- terne, de nature sereuse, a contracts des adh(5rences avec plusieurs des or- ganes voisins. La plus interne, intimemeut unie a des caillots de flbrine, pa- rait faire corps avec eux et etre le resultat de leur transformation. La transi- tion d'un etat a I'autre est, dans certains points, nettement appreciable a I'cril nu. Cette membrane interne du kyste n'a I'aspect ni d'une sereuse, ni d'une muqueuse. Entre la membrane interne constituee par les caillots en vole de transfor- mation et la couche externe sereuse, se trouve un tissu blanchatre, albugiue, facilement decomposable en deux couches; la plus exterieure manifestement fibreuse et triis-peu vasculaire ; la deuxieme, de memo nature et d'une den- site beaucoup moindre, presente a la coupe de nombreux orifices, dus, selon toute apparence, a la section de sinus veineux. Telle est au moins I'opinion 6mise par M. Giraldes, qui a bien voulu examuier avec soin la pi6ce anato- mique. Quant aux fibres miusculaires, qui, d'apriis Dubreuil, ontrent dans h conipo<» 5ti sitioii Je tout kyste de Tovaire; je ne sachc point que M. Giraldcs en ait con- stats la moindre trace. Les caillots volumiueux de Ubriue coagulec, dont I'autopsie a rcveie la pre- sence dans I'interieur du kyste, formaient, selon toutc apparence, celte tu- meur, que M. Dcpaiil avait constatee du cote gauche pendant la vie, et qui lui avait fait penser qu'il y avail lieu arevenir sur le diagnostic primitif de kyste uniloculaire. A I'ouverture du crane, on a trouve les artSres de la base alterees par des concretions calcaires. Dans les corps stries et les couches optiques, il y a, des deux c6tes, plu- sieurs petits foyers hemorrhagiques, de date plus ou nioins recente. Le plus volumineux, qui a la grosseur d'une petite noisette si6ge dans le corps strie a droite. J'ai fait quelques recherches dans divers recueils sur les kystes sanguins ovariqncs. Je n'ai trouve qu'un petit nombre d'observations sur ce sujet. Tantot il s'agit de kystes uniloculaires, tantot de kystes multiloculaires. La presence des caillots est signalee dans certains cas; il n'en est pas fait mention dans d'autres. L"une des observations, qui appartient a M. Ro- bert, a ceci de reniarquable, que I'injection iodee fut faite a plusieurs re- prises, nialgre la presence reconnue du sang dans le liquide extrait par la ponction. La malade succomba aune peritonite, et Ton trouva un kyste qui n'avait plus m6me le volume d'un poing ordinaire d'adulte. Dans aucun cas, on n'a pu accuser la ponction elle-meme de rhemorrhagie, et celle-ci s'est faite par exhalation, ou peut-etre par une rupture non consta- tee de quelques-unes des veines siegeant dans les parois du kyste. 2" PLAIE DU REIN GAUCHE PAR ARME A FEC ; FISTULE URINAIRE ; GUERISON. NEIF ANS APRJiS; ALBUMINURIE ; DEGENERESCENCE GRAISSEUSE DES DEUX REINS ; par M. Jules Luvs. Le malade qui fait I'objet de cette communication cHait Ag(5 de 28 ans. 11 recut, il y a neuf ans, un coup de feu au niveau de la region lombaire gau- che : la balle sortit ii droite dans la region sous-epineuse. 11 fut immSdiate- ment porte a I'hopital Saint-Louis. L'urinc sortit par I'ouverture de la plaie pendant vingt-quatre heures. II y avait en meme temps retention d'urinc. Apres un cathetMsme qui amena I'e- vacuation d'une grandc quantite de litiuide, elle reprit son cours habituel. Des cauterisations furent laites dans le Irajet listuleux avec le fer rouge, et le malade sortit gu(5ri apres environ trois mois de sejour a I'hOpital. Sa sant6 ne presenta rien d'anorraal, sous le point de A'ue des fonctions urinaires, jusqu'au moment oil il vint a I'hopital de la Pitie, en d(5cembre 1856 (service de M. Becquereli, pour y etre traite des accidents de rayelite aigue. L'urine, examinee dansles premiers jours de sou entree, nccontonait ni al- bumine, ni Sucre. Trois semaines avant les accidents ultimes, qui furent ceux d'une tubercu- lisation aiguC, le malade fut pris de lievre intense, et, en mcme temps, appa- rut un (Bdeme general, particulierement dans le tissu celiulaire sous-cutane de la face, des poignets et des cuisses. L'urine, examinee en ce moment, contenait une forte proportion d'albu- mine. rendant tout le temps qu'il fut soumis a notre observation, on nota pareil- lement (six fois) une quantity tres-considerable du meme principe. AuTOPSiE. — On constate, au niveau de la cicatrice de la region lombaire, les traces d'une ancienne fracture de la dixiilime cote. Un noyau de tissu flbreux tres-dur relie et la cote et le fond meme de la cicatrice. Parcillement, un autre noyau flbreux, emanant de la face interne de la c6te, dur et cylin- dro'ide, du volume u peu pres du petit doigt, va gagner la face par devant, puis le parcncliyme meme du rein dans lequel il s'enfonce. On trouve, en effet, que le rein gauche est ratatin6 ; il mesure a peine, suivant son grand diametre, 10 centimd'tres ; son tiers inlerieur est envahi par un noyau flbreux cicatriciel en continuile directe avec celui qui Emerge de la face interne de la dixifeme cOte. Des radiations flbreuses, tout en rayon- nant, vers son tiers inferieur, ferment des travees 6paisses qui i^endent sa surface bosseltSe. Le bassinet correspondant est aussi envahi par le tissu flbreux et retracte. Neanmoins la permeabilite des voles urinaires n'est pas interrompue superieu- rement. Le rein droit est tr^s-notablement augmente de volume. II mesure 18 cen- timetres dans son grand diametre. Le tissu des deux reins, examine en lui-m6me, presente une mollesse et une coloration toute speciale. C'est une nuance blanc jaunatre qui occupe toute I'epaisseur de la substance corticale et cpii se montre aussi dans les in- tervalles des pyramides de Malpighi. On reconnait au microscope que : l" Les parois des tubuli sont infiltrees de granulations graisseuses excessi- vement abondantes, formant ca et la des couclies plus ou moins epaisses a leur surface. 2° Quelques-uns sont rectilignes et conservent encore les cellules qui tapis- sent leurs parois internes ; d'autres sont depourvus de ces memos cellules, que Ton trouve ca ct la Uottantes, Isoldes, et completement couvertes de gra- nulations graisseuses. D'autres sont beaucoup plus volumineux, distendus qu'ils sont par une matiere amorphe, granulo-graisseuse, qui occupe toute leur cavite, et leur fait revetir un aspect intestiniforme. C'est parliculiere- 58 ment dans ces gros tubes qiie Ton constate la desquammation des galncs ^pi- theliales. 3° Les glomerules sont aussi'augmentes do volume; ils sont entourcs de granulations gralsseuses et grisdtres qui Icur forment comme une sortc d'at- niosphf^re; d'autres ne prcsentent pas ce genre d'alteration; ils sont franche- ment rouges par stase du sang dans les capillaires. 4° Une exsudation formee de granulations nioleculaires grisatres et jainu'i- tres infillre tons les espaccs intcrlubulcux ; elle parait de menie nature que celle qui distend les tubuli. Cost elle qui s'ecliappe lorsqu'on passe legere- ment le dos du scalpel sur une section de I'organe a I'etat frais. COMPTE RENDU DES STANCES DE r r- LA SOCIETE DE BIOLOGIE pendant le mois de mai 1857 ; Par M. le Dogteur Ch. ROUGET, secretaire. PRESIDEKCe DE \\. RHYER. I. — Physiologie. 1° NOUVELLES EXPERIENCES SUR LE NERF FACIAL; pat M. Cl. BERNARD. Quand on an-aclie le nerf facial, le nerf de Wrisberg reste intact ainsi que le ganglion genlcule et les nerfs p6trcux. On a (imis I'opinion que le nerf facial et le nerf de Wrisberg constituent par leur accolement une paire fibreuse complete, dont le nerf de Wrisberg serait la portion sensitive. Mais ce nerf n'est pas sensible quand on le pince dans le crane. A la veritu, a la sortie du trou stylo-masto'idien, le nerf facial est sen- sible avant d'avoir recu I'anastomose de la cinqui6me paire ; mais cette sen- sibilite, il I'a recue a son passage a travers le rocher par une anastomose venue du pneumo-gastrique, leramcau delafossejugulaire ; rexpcrience exii- 60 cutt'c siir unchicn 1p prouve. On a dissequi- ccramcaudc la fosse jugulaire et sculpte le facial dans le rocher. Le nerf est sensible au dcssous de 1' anasto- mose; on coupe le filet du pneumo-gastrique, la sensibiliteest abolio. Le nerf de Wrisberg ne fournit pas au facial la sensibilite; ce nerf interm6- diaire est probablement une racinc du grand sympathique. Si le ganglion genicule reprcscntait un ganglion desracines posterieurcs, ildevrait, comme ceux-ci, ne fournir aucun filet, tandis qu'il fournit Ics deux nerfs peti-eux et se rapproclie par la des ganglions du grand sympathique qui 6mettent de nombreux filets. Des experiences nouvelles, entreprises sur la corde du tympan, montrent duresteque cencrf, parson influence directc sur la secretion de la glande sous-maxillaire , se comporte comme un nerf du grand sympathique. Chez le chien, une portion recurrente de la corde du tympan vient direcfement se distribuer dans la glande sous-maxillaire. Quand on galvanise ce petit nerf, la salive coule abondamment ; mais peut-6tre, dira-t-on , des filets venus de la cinqui^me paire sont confondus avec la corde du tympan. La section dunerf lingual ne dctruiraitpas I'objection, carta secretion pout continner par action re^flexe du nerf du cote oppose. Mais la section isolee de la corde du tympan ecarte toutc objection. La section a ete faite dans I'oreille moyenne, a travers la membrane du tympan ; elle est d'une execution tr6s-facUe : le resultat est I'abolition de la secretion de la glande a la suite de I'excitation de la muqueuse. Au contraire, la secretion devient tr^s-abondante quand on galvanise le bout periphdrique de la corde du tympan, qui est ^videmment le nerf sympathique qui preside a cette secretion. 2° RECHERCHES SUR L'URINE DES FEMMES EN LACTATION; par M . LeCONTE . Desirant 6tudier les propriet^s du sucre dont M. Blot venait de signaler la presence dans I'urine des femmes en lactation, je m'arretai, apr6s plusieurs tentatives, au precede d'extraction suivant : Quatre litres d'urine de femme en lactation reduisant tr6s-abondamment le liquide cupropotassique, furent additionmis d'un exces d'ac^tate neutre de plombet jetes surun filtre;une portion de la liqueur limpide, debarrassee de I'exces de plomb, reduisait encore le liquide bleu ; toute la liqueur limpide fut additionnee d'un exces d'ammoniaque; la nouvclle liqueur limpide ne reduisait plus le liquide cupropotassique; le precipite renfermait done la matiere reduetrice ; il suflisait, si cette matiere etait du sucre, pour I'extraire, de delayer le precipite dans I'oau et de separer le plomb par I'hydrog^ne sulfure. Cependant la liqueur qui eM dii contenir le sucre ne donnait aucune reduction par le liquide bleu, elle ne contenait done aucune trace de sucre. Craignantque le sucren'eutet^ detruit parl'ammonfaquc employee, j'operai dri la manitire suivante : 61 Quatre litres duriue dc feiiime cii lactation, reduisaut ciiergiquement la liqueur cupropotassique et rougissant fortement le papier de tournesol, fu- rcnt acidules par I'acide ac^tique et furent (5vapores au bain-marie, jusqu'a cintiuitaic de leur volume, et additionncs d'alcool a 38°, qui forma un preci- pite assez abondant que Ton recueillit sur un fdtre ; la liqueur alcoolique, privee de son alcool par la distillation, ne me donna avec le liquide bleu qu'unc reduction insigniliantc beaucoup plus faible que celle dc I'urine; les substances precipitees parl'alcool donnaientune reduction abondante qu'une analyse attentive me demontra etre due a I'acide urique. Dans d'autres analyses immediates oil je separai les difTercnts composes renfermes dans I'urine, j'arrivai de meme a conclure que dans les urines nombreuses de femmes en lactation que j'ai examinees, I'acide urique (5tait le seul corps reducteur. Du reste, les experiences que j'ai faites et qui ne peuvent trouver place dans cette note, se r^sument dans les conclusions sui- vantes : 1° Qu'il n'existait pas de sucre dans les urines de femmes en lactation que j'ai examinees ; 1° Qu'il m'a ^te impossible d'obtenir une fermentation alcoolique regulicre avec les urines que j'ai examinees et de la levure de bonne qualit(5; 3» Que toutes les urines peuvent reduire les liquides bleus un pen anciens. Les causes de cette reduction peuvent etre multiples : I'acide urique m'a paru etre la plus energique, puisque ce corps r^duit les liquides bleus re- cemment prepares ; 4" Que les urines de femmes en lactation m'ont presente moins d'uree et plus d'acide urique que les urines normales, ce qui facilite la reduction du liquide bleu; 5"» Que I'eau et les matieres solides dans les urines de femmes en lactation sont a peu pres dans le meme rapport que dans I'urine normale. II. — Chimie organique. TRANSFORMATION DE LA MANNITE ET DE LA GLYCERINE EN UN SUCRE PROPREMENT DiT; par M. Berthelot. Les analogies qui existent entre la fermentation alcoolique de la mannite et de la glycerine et la fermentation alcoolique des sucres proprement dits, font naitre tout d'abord 1' opinion que ces deux fermentations pouri'aient bien n'etre pas reellement distinctes : si la mannite et la glycerine fournissent de I'alcool, c'est qu'elles ontpeut-etre passe au prealable par letatde sucre. Pour examiner cette question, j'ai entrepris des experiences tr6s-vari6es ; leurs r^sultats ont ete diiTerents suivant les circonstances. Dans les condi- tions normales de la fermentation alcoolique de la mannite et la glycerine, ou d'acimaux (coq, cUien, cheval), on les coupe en petits morceaux et on les 6-> je vcux dire sous Ics iiiJlueuces simultanees dii carbonulc dc diuux ct dc la caseine, la transformation de la glycerine et de la mannite en alcool, soil a 40degrcs, soil meniea 10 degres, s'opere d'uue nianiere directe, sans qu'a aucun moment de I'experience on puisse saisir le molndre indlce de I'exis- tcnce temporaire d'un sucre proprement dit. Mais la marcbe rcguliere de ces experiences est subordonnee a la presence du carbonate de chaux ; s'il est supprime, tantot et en general, la fermentation nc se devcloppe pas : la man- nite et la glycerine demeurent inalterees ; tant6t , ct sculement dans des cir- constances particulieres , on pent observer la formation d'un sucre propre- ment dit. Je vais exposer le resume de ces diverscs observations. La mannite et la glycerine dissoutes dans Teau ont etc abandonnees a la temperature ordinaire au contact de tons les tissus et substanc:^ azotees de nature animale ou analogues que j'ai pu me procurer. Dans plusieurs cas il s'est produit un sucre proprement dit, susceptible de reduire le tartrate cu- propotassique, et d'oprouver immediatement sous I'influence de la leviire de biere la fermentation alcoolique. Les conditions de cette formation de sucre sent, les uncs susceptibles d'etre deflnies avec quelque rigueur, les autres exceptionnelles. Ainsi j'ai observd cette formation avec I'albumine, la caseine (1), la flbrine, la gelatine, les tissus cutane, renal, pancreatique, etc., mais toujours acci- dentellement et sans reussir a fixer les conditions du phenomene. Un sent tissu, celui du testicule, a provoque d'une maniere a peu pres t6- guliere la transformation de la mannite et de la glycerine en sucre propre- ment dit. Voici dansquelles circonstances. On prend des testiculcs d'homme (1) Voici quelques causes d'erreur centre lesquellcs il est bon de se tenir en garde dans ces experiences : 1° L'albumine et la caseine contienneat de petites quantites de sucre dont il est necessaire de les debarrasser. 2° La man- nite du commerce, meme la plus belle, doit etre egalement purifiee, car elle contient 1 a 2 centimes de sucre. Ce sucre vient de la manne , laquelle en renferme 10 a 15 centitimes. Presque tousles analystes ont signalela presence d'un sucre dans la manne ; je I'ai vcrifi^e sur tous les echantillons que j'ai pu me procurer, etnotamment sur des produits aussi frais que possible et d'ori- gine certaine, que M. Ic baron Anca a bien voulu faire venir de Palermo a mon intention. La proportion de ce sucre preexistant dans la manne n'aug- mente pas sous I'influence du temps ou du sejour dans un lieu obscur et Lu- mide. Indepcndammenl du sucre et de la mannite, la manne renferme pres de moitie desonpoids de substances a peu priis inconnues; aussi I'emploi de la manne dans ces experiences ne saurait-il conduire a aucune conclusion. 3* La glycerine dite purifiee du commerce renferme un corps susceptible de reduire le tartrate de cuivre. 11 est necessaire de purifier soi-meme la gly- cerine brute. 63 abandonne dans une solution lurmee de dix parties d'eau ct dune partic de mannite ou de glycerine ; le poids du tissu animal (suppose sec) doit re- presenter nn -vingti^me environ du poids de la mannite et de la glycerine. On opere dans un flacon ouvert, sous I'intluence de la lumiiire difluse et a unj temperature qui doit rester comprise entre 10 et 20 degrcs. Le tissu de- meure en general sans se pulrefier; s'il pourrit, I'experience est manquee. La formation des moisissures et pavticuliferement du penicilUum glaucum, est egalement nuisible, quoiquea un moindrc degre. On essayc de temps en temps la liqueur ; au bout d'un inlervalle qui \arie entre Irois mois et une seule semainc, on constate d'ordinaire I'apparition d'une substance apte a reduire le tartrate cupropotassique et a fermenler inimediatement au contact de la levure de biere. A ce moment, on s6pare par ddcantation les fragments testiculaires eton les soumet a des lavages r^iteres jusqu'a elimination totale de la mannite ou de la glycerine ; dans cet etat , ils out acquis la propriete de transformer ces deux substances en sucre veritable. Pour atteindrece but, on reproduit avec les tissus prepares I'experience que jc viens de decrire; elle reussil en general et fournit presque toujours une certaine proportion de sucre. II suflit meme d'imprcgner le tissu avec une solution de mannite ou de glycerine pour observer au bout de quelques semaines une formation de sucre tres-abondante. Quelques experiences realisees avec la dulcine ont donne lieu a des resul- tats semblables. Le sucre ainsi formd est analogue au glucose par la plupart de ses proprie- t^s; il n'a pu etre obtenu sous forme cristallisee ; il est tres-soluble dans I'eau, dans I'alcool aqueux et dans la glycerine, dont on ne pent guere le scparer. G'est un corps assez hygrometrique , tres-alterable durant I'evapo- ration de ses dissolutions, susceptible de brunir sous I'inlluence des alcalis €t de reduire le tartrate cupropotassique; I'acetate de plomb ammoniacal ne le precipite pas en proportion sensible. Au contact de la levure de biere, il fermente immcdiatement avec production d'alcool et d'acide carbonique. II 6tait fort important de verifier si ce sucre possede le pouvoir rotatoire ; mal- heureusement, la facilite avec laquelle il se colore et s'altSre durant la con- centration de ses dissolutions m'a empeche d'etablir ce point avec une cer- titude complete. Une seule fois j'ai r(5ussi a observer une deviation de la teinte de passage egale a — S-.S, sur une longueur de 200 millimetres, avec une liqueur renfermant environ un vingtieme de sucre ; ce sucre serait done l^vogyre et distinct du glucose et de la plupart des aulres sucres par le sens de son pouvoir rotatoire. J'espere ^tablir completement ce caractere essentiel par des observations ulterieures. Quelle est I'origine de cette substance et quelle influence le tissu lesticu- laire exerce-t-il sur sa formation? 6i L'originc de cc sucrc est assez diflicile a etablir, car sa proportioa varie estremement, tantotelle repr6sente a peine qnelques dix-milli^mes du poids de la mannite ou de la glycerine employee , tantCt elle s'eleve jusqu'au dixieme du poids de ces memes matieres ; la derni^re proportion u'a pu etre depasstie. Ces variations s'expliquent par deui causes principalcs ; d'une part, le milieu au sein duquel la fermentation s'opere, change par le fait meme de cette fermentation; d'autre part, le sucre form6 se detruit sous des in- fluences presque identiques a celles qui lui out donn6 naissance, durant les chaleurs de I'ete , par esemple, on trouve souvent dans les liqueurs une cer- taine proportion d'alcool qui semble resulter de la destruction du sucre forme tout d'abord. Observons enfin que le poids de la mannite et de la glycerine dis- parue est touj ours superieur au poids du sucre que Ton constate par I'analyse. Malgre ces difficultes, la proportion du sucre forme dans les circonstances les plus favorables est assez forte pour qu'on doive le regardcr comme produit surtout par la mannite et par la glycerine. Entre les nombreuses exp6riences que j'ai faites pour eclairer ce point, je citerai I'une des plus decisives. Le 18 decembre 1856, on a pese 2 grammes de testicules Irais de coq (re- presentant a I'etat sec 0,280), 5 grammes de mannite et 50 grammes d'eau ; on a introduit le tout dans un flacon communiquant avec Tatmosphere a tra- vers un tube rempli de colon carde ; le flacon a etc abandonn^ dans un labo- ratoire mediocrement chauffc. Le 12 avril 1857 on a mis tin a rexperience. La liqueur renfeimait 0sr,250 de sucre proprement dit. Les fragments de tes- ticule avaient conserve leur forme et leur aspect microscopique ; un examen tres-attentif y fit decouvrir quelques traces presque inappreciables de veg^- taux. Laves et sechcs, la portion insoluble de ces fragments pesait 0s'',230. lis avaient done perdu 0Er,050. Cette perte est d'ailleurs plus apparente que reelle ; car les testicules frais renferment une certaine proportion de sub- stances salines et autres solubles dans I'eau ; de plus, une portion du tissu se desagrege et devient egalement soluble sans se changer en sucre'; tons ces produits sont evalues comme perte, bien qu"on les retrouve a I'ctat so- luble et en partie coagulable durant I'evaporation des liqueurs. Si Ton tient compte de ces diverges circonstances et de la proportion du sucre forme dans I'exp^rience qui precede et dans diverses autres, sans parler des analogies de composition et de constitution qui existent eutre les sucres, la mannite et la glycerine, on sera conduit a regarder le sucre produit dans les expe- riences prec^dentes comme resultant surtout, oupeut-etre meme exclusive- ment, de la transformation de la mannite et de la glycerine. J'ai pu d'ailleurs conflrmer cette conclusion par d'autres experiences dans lesijuelles le tissu testiculaire a produit, sans diminuer notablement, jusqu'a septfois consecu- tives la transformation de la mannite en sucre. Ces phcnomenes teadcnt a assimiter I'influence du tissu testiculaire aui actions de contact proprement elites que Ton aobseivees en ciiimic miueralc ; cette interpretation est confirmee par la permanence de la structure mi- croscopique du tissu testiculaire dans le cours des experiences. Mais ce sont la des probabilites plutotqu'une demonstration. EnelTet, les tissus animaux ne jouissent pas de cette invariabilite absolue de composition qui caracterise souvent les composes min^raux agissant par contact. En meme temps que le tissu agit, il s'altere d'une maniere continue ; il se decompose sans se pu- trefier, comme I'attestent les analyses suivantes : Elles ont port(5 sur le tissu testiculaire isole des matieres gTasses et au be- soin des vegetations microscopiques ; il avait provoque tant(5t 2, tantdt 3 fois la formation du sucre. II renfermait, cendres deduites : Carbone. . . 50,0 a 46,0 Hydrogene. . 7,8 a 8,8 Azote. . . . 10,5 a 4,0 Oxygene. . . 32,7 a 39,2 ition moyenne de la fibrine € Carbone. . . 54,0 Hydrogene. . 7.3 Azote. . . . 15,8 Oxygene. . . 22,9 Ainsi, Ton ne peut decider avec toute rigueur si le tissu opere par action de contact en raison de sa structure organique ou de sa constitution clii- mique, ou bien si le fait meme de sa decomposition exerce quelque in- fluence. Enfln, le contact de I'air, sans lequel ces experiences n'ont pu reus- sir, introduit une complication nouvelle : car il permet le developpement d'^tres microscopiques animaux et surtout vegutaux ; ce developpement n'a jamais pu etre evite completement, mais il semble plus nuisible que favo- rable a la formation du sucre. Dans les experiences les plus lieureuses, la formation des etres organises 6tait la plus faible possible ; ainsi, dans celle dontj'ai cite plus haut les resultats num^riques, leur presence ne s'est ma- nifest(5e que par un examen tr^s-minutieux. Ces details, que j'ai cherche a rendre aussi fideles que possible, montrent combien sont complexes les plienomenes de fermentation, combien ils ren- ferment d' elements inconnus ou obscurs ; cependant les chimistes peuvent mettre en jeu les forces qui les provoqucnt, les faire agir sur des corps de- finis et les diriger vers I'accomplissement de metamorphoses determinees. C'est a pen pres de la meme maniere qu'ils font agir les afTinites ordinaires dont la nature intime ne leur est guere mieux connue. L'emploi des fer- ments ne s'en distingue que par la preexistence d'une forme, d'une constitu- tion particuliere, extremement mobile et produite en dehors de notre inter- vention, sous I'influence do la vie. c. n. 5 ()(j Ouoiqa'il en soit, les experiences que jc vieus d'exposer so distinguent par leur caract^re synthctique des fermentations connues jusqii'a ce jour. Au lieu de clianger le sucre, la mannite, la glycerine enalcool, acide lactique, acide butyrique, composes plus simples ct plus dilTiciles a decomposer, elles consistent a transformer la mannite et la glycerine, corps assez stables, pri- ves du pouvoir rotatoire et qui touchent a ceux que nous savons produire, en une substance douee d'une stability moindre et d'un ordre de complica- tion plus cleve, je veux dire en un sucre veritable, analogue aux sucres qui se ferment sous I'iaQuence de la vie, au sein des tissus des vegetaux ct des animaux. 111. — Pathologie vegetale. DE L'ALTERATION DES SILIQUES DE COLZA PAH DES INSECTES ; par M. le docteur Laboulbe.ne. M. LABouLBJiNE fait la communication suivante : Noire president m'a charge d'examiner des siliques do colza attaquf^es par des insectes et vcnant du departement du Calvados. J'ai moi-meme pu obser- ver aux environs de Paris des ravages identiques sur la m6me plante, et je viens Ics communiquer a la Societe. J'etudierai tour a tour I'^tat maladif des siliques et des graines, et j'indi- querai ensuite les insectes qui sent les auteurs du mal. Les siliques ma2ades examinees a VexUrieur presentent g^ncralenient une ddfiirmation qui consiste, soit en une courbure anguleuse sur une de leurs faces, soit une sorte d'atrophie generate ou partielle. En outre, leur couleur, au lieu d'etre verte (ou jaunatre a I'^poque de la maturite), est brunatre ou roussatre, parfois avec une teinte plus foncee sur un de leurs points. Toute- fois, la couleur exterieure peut roster normale, malgre la deformation. On remarque sur ces memes siliques des trous, des perforations, ou plus rarement dc simples pertes de substance n'interessant qu'une partie peu eten- due de leur surface et ne penetrant pas a I'int^rieur. Les trous paraissent produits, ou bien de Yinte'rieur a I'exte'rieur, ce dout 11 est facile de s'assurer sur la silique ouverte, car on voit alors une sorte d'eutonnoir evase en dedans avec la parol externe refoulee ; ou bien ils sont produits de Vexte'rieur d I'intdrieur, car ils vont en s'evasant du dehors en dedans, et la paroi interne est refoulee vers rint^rieur de la silique. 11 y a deux esp^ces de trous fails du dedans eu dehors : l<>Ceux de la premiere espece sont grands, arrondis, et coiTespondent a la place oil se trouvent une ou deux graincs d(5vorees dans leur partie interne, leur enveloppe ou ecorce restant en grande partie intacte. 2' Les trous dc la seconde espece sont moin.=: grands, moins regulirrcmcnt 67 arrondis, et ne se trouvent pas exactement situes pres d'un groupo de graines et de debris, celles-la etant devorees a peu pres ea totalite. II n'y a qu'une seule esp6ce de trous fails de deliors en dedans. 3" J'ai constamment trouve les trous de la troisieme espece petits ou meme Irfes-petits ne correspondant pas a des graines mangees, mais bien a des graines avorties ou non developpues. En ouvrant les slliques nialades pour en visiter I'iuterieur, voici ce cpie Ton constaic : 1" CcIIes qui prcseiitcnt uue leinle fonci'e siir un da leurs points m'out otTert eu cot endroit une tarie Uanchdlre courhee en arc, apode, ayaut douzc an- neaux, la lete non comprise, et les parties buccales des larves de charan- conites. Cette larve se nourrit de rinterieur des graines, et c'est elle qui doit percer la silique d'un gros trou rond ou de la premiere espece. L'insecte ne restant point dans la silique dolt se metamorphoser dans la terre. Je ne puis dire quel est le coleoptfere que cette larvc produit, mais je ne ci-ois point que ce soit un ceutorrhynchus ou un grypidius, commc on I'a assure. 2° On voit dans d'autres siliques une chenille (non une vraie larve) recoii- naissable a ses pattcs, au nombre de seize. Sa couleur est verte avec des polls noirs. Tres d'ellc sent des graines presque entiSrement devorees. Jai vu cette chenille attaquant la parol interne de la silique assez loin du point oil cxistaient les debris des graines ; c'est done cette chenille qui produit les trous de la deuxicmc espece. Ces deux insectes, larve et chenille, ne font que percer la silique pour en sortir et ne se nourrissent pas de sa substance, mais bien de la graine du colza. La chenille verte lile une coque au dehors sur un rameau et s'y change en chrysulide. II sort de cette cnvcloppe un petit papillon. J'ai trouvcj cette co- que, mais je n'enai point vu sortir l'insecte parfait, qui du reste est bien connu et dont je reparlerai plus has. 11 n'est eclos que le parasite. 3" Enfln, le plus grand nombre des siliques malades, celles qui soul mat d^veloppees ou anguleuses presentent dans le point coude un trou fait dc dehors en dedans Ces siliques rcnfcrment un grand nombre (qiiinze, vingt et plus) de larves, longues de 2 d 3 millimetres, d'un hlanc grisdtre ou a peine jaunatre. Ces larves determinenl, par leur presence ou leurs succions dans la silique, une essudalion humide qui tapisse les parois. Les graines sont avortees ou mat venues, parfois moisics; la couleur est changec. Par leurs caracteres divers, qui sont ■ un corps compose de douze seg- ments, la tele non comprise , celle-ci formee d'une sorte de museau retrac- tile, avec deux antennes biarticulees, peu visiblcs ; le dernier segment du corps legeremeul echancre avec quelques polls roides diriges en arriere ; uenf paires de stigmates, etc.; ces larves apparlienneul ii uu insecte diptere 68 du gcnro cecidomyia. Klles doiveiit, pour lu plus •^vMid nombrc, lombcr en terrc a I'cpoquc dc la dehiscence de la sillquc, et lii sc metuuiorplioser eu line petite moucbc. l.e fait a, du rcste, (ile parfaitcment observe. C'est la mouche fcmcllc qui, avec sa longuc tariCrc, doit forer Ic trou de dehors cu dedans ct pondrc les u;uls dans la silique, lorsqu'clle est encore tr6s-peu dc-veloppee. On voit que jc nc pense pas que cc soil un col^optcre qui percc la sili([ue d'un trou pour manger les graines. 4° Enlin, en dernier lieu, il existe dcs parties dela silique oii la paroi externe est rongde. Ccs degats soiit produits par dcs insectes coliopleres parvenus a I'etat par fait; jc les uoinnicrai bicnt(jt. Pour ne pas compliquer cet cxpos6, j'ai neglige de dire que, pour chacun des frois habitants dc la silique, il y a une larvc parasite qui prodiiit un hy- nicinoptcre. J'cn ai vu plusicurs parmi les larvcs du diplcre, et une autre avec uno larvc I'orant les trous ronds de la premiere espt'ce. Ea rdsum6, j'ai trouv(5, sur les colzas du Calvados cl dcs environs dc Paris : 1° Une larve assez grossc, blanchatre, appartcnant a un curculionite, man- geant I'intericur des graines, forant la silique en cet cndroit. 1° Une chenille vcrtc, a polls noirs, mangcant a peu prCiS toutc la grainc sans respecter I'lipiderme et allant pcrccr la silique dans un cndroit souveut <51oign6 du lieu oil ellc s'cst nourrie. 3" Une larvc dc diptcre, blanchatre, sans mandibules, produisant une ex- travasation des sues ct cmpechant les graines de se d(5veloppcr convenable- ment. En outre, les parasites de ces trois larves. 11 me rcste a donncr les noms dc ces trois larves, insectes parfaits, ct a fairc remarquer ([uclques travaux antcrieurs. La larve ducurcuiioniteou cha,rancon a etc observceet dccritepai' M. Focillon Annales del'Institut AGiioNOMiQUK, Paris, 1852, p. 152, pi. 1, fig. 5), cpii la rapporle a rinsectc qu'il nommc grypidius hrassiau nouvcau d'aprCs lui pour la science. 11 y a la, ce me scmble, une double erreur. Le grypidius est un in- secte (ceutorhynchus) fort commun, parfaitcment connu, dccrit par Gyllenhal sous le nom de C. assimilis. Sa larvc se trouve constammcnt dans les racines ouau collet delatigc des plantes crucifiircs, eutre autres du navel, ainsi que KiKBY et Spence I'ont demontr(5. J'ai signal6 leurs observations dans les An- nales DE LA SOCIETK ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE (ann6c 185C), p. 1G5). Jc ne puis savoir encore quel est I'insecte produit par la larvc qui fait Ics trous ronds dc la premiC^rc espticc, mais ce ne peut clre le C. assimilis qui vit sous sa prcmi(ire forme dans les galles des crucif6res, au collet de leurs racines. J'ai deja dit, et jc le repute, qu'il mc parait peu probable que le C. assimi- lis perce les siliqucs pour manger leurs graines. 69 ■> Le fecpiWan proTeoant dc la chftTiiUe Terte «^di4e phi?, hant esrt la ti»«a de Gemtbot. M. PociDoQ I'a bicn ob«'?rr*;f;. C/;tt/; kt'grw Be Tit pas daineors cxcimiTeiriftTJt yir It colza, maia ao*?.i jor Ja plapart (l«! {Jantest cmcilferes potag^e« on d ornemftTit. 9* La larrf; blancMfrc d'rn?/y:1e diptert (jai prodtnt Ifts phH graods if^kii, etqae M. Fociilon Zo<, «'J., ICS et pi. If, %. 2:2, pi. HI, %.29) ue saTaH a qod in.%ctf; rapporter, f;st le pTemier ^tat de la dd/Umyui '/rauiiw? Wnr- jrarz (Linn^ea enU/molo^^, Biitra/j iu eiturr llf/n/>*ftixphU r (iaikm*e)>- ken, vHi, 131), C*t aafi*nf dit f;2prr-ixante larTi««. dana one jusok saiqae.qoe r;feslarTes se m^tamorpbosent dans bterre,oti flies sTuesK traiD^cmiierenoTx^beseti^dflTeliiiitoa dix joors a^v^ leor duoigiaKiit d'etat. 4* Les inseetes qui noseat la eatieole et le peorenetiTme exteme des st- liqoes xnd des eol^opt^rea da ?e«re AUiea. n 7 a loi>emps ffne lams »- rages soot eorans; laais il £aat dire quils oat lien sat les feaOles des l^antes trgs-jeanes anxqndles les Jlliea musent I^eaoeoop; taodis rpie le to*t fait am iiUqaes fsX itm^nOaal. Ces i2&,ML ixsxT, Tai £ut comaitre les wKnrs 4tae eanease et BOiiTefle esp^«e le Ce»- tmhfmOau irdbse Otta, Be u .^^. ce wai^az. V"^/:",. Eaia oairiartdfefiniwiHiiMJttw.i ala36eifct^ei^m<)feigiqBfede Fra&ee les d^gils oecaaioD^ aa eoba, das le d^puteiaeat de roise, par la hrre do nOifeSka aemewn Fas., pelit eol^opil^ tre3--ei«iimoD. lf.BoEecsalepreaH»^ bit esaaattre eette bore eoooae naijaBt ant erS' eifhres pf*a^ksv» (^acxsta. ta KE, Aju». df Wies, 1^^; p. TH, pi. 3^. 1<\ J'ai cberche avec le plus grand soin la larve du Meligethes sans pouvoir a trouver. IV. — ROTANIQUE. SUR UN CHAMPIGNON DKLETERE DE L'ORDRE DES MUCORINES TROUVE DANS l'estomac DES areilles; communication faite par M. Ic docteur Camille MONTAGNE. Dans le n- 19 d'nn journal allemand consacri aux plantcs cryptogaraes ct intilul6 : Hedwigia, M. HolTmaun, professeur a I'Universite dc Gicsscn, qui m'a adressc ce journal par la poslc, a L'tudi6 avcc le plus grand soin nn nou- voau champignon dc la tribu dcs Mucorinces, qui avail ct6 observe? depuls (luolque temps dans I'pslomac des abeilles malades par M. Leuckart, profes- seur a la meme Universitc. Ne le trouvant pas mentionn(5 dans I'ouvrage de notre confrere M. Charles llobin, 11 s'est mis en devoir de nous Ic faire connaitre par une bonne des- cription et par de nombrcuses figures qui en representent les formes et les 6tats divers. Ce champignon, que M. Hoffmann nomme Mucor melittophihorus, a son sl(5ge dans le second estomac des abeilles malades, dans celui oil se forme le chyme (chymusmagen). Son mycelium se flxe sur la parol, enlre les cellules epilhe- liales, et consistc en lllaments hyalins nombreux, obscur^ment cloisonnes de distance en distimco, cttres-ramifife. Cesfdanients, s'accroissant incossani- mout, distendent (5normL'ment le ventricule et tucnt I'lnfectc. On y rencontre en m6me temps une immense quantite de trfes-petites spores. A mesure que Ton descend dans le canal intestinal de Tabeille, les filaments en question di- minuent; ils disparaisscnt meme ordinairement tout a fait dans I'intestin grele, et plus encore dans le rectum, oil Ton ue trouve plus a leur place que des spores et des gemmes {Conicliens), mals ni les unes ni les autres en cilat de germination. M. Hoffmann n'a pu constater avec certitude leur pn'scnce dans d'autres parties du corps del'insectc, comme a I'extericur on a rintcricur des corps de Malpighi, sur les trach(5es, dans la couclie musculaire des intes- tins, etc. Passant ensuile a I'efiologie de la maladle, I'auteur dit : 11 est vraiseml)lable que les spores venues du dehors poussent dans l'estomac des filaments cloi- sonnes dont les rameaux, assez courts, portent a leur sommet un sporange on une vesiculc qui rcnferme les spores. Cette vc'siculc, de la plus extrt^me diilicatcsse, distenduepar I'accroissement incessant dcs spores, ne pent man- fjuer de se rompre et dc les laisser echapper. D'abord agglomt^rees en un peloton unique, dies se desagregent bientdt et se diss6minent en quantite innombrable. Lc pins ordinairement cependant la chute du sporange prect'de sa rupture. 71 M. Hoffmann, qui regarile avec raison cettc vesiciilo commelafructiflcalion normale, en a aussi observe une seeonde fort analogue a colle que repr^sente ro'idium pour I'Erysiplie. TanWt celle-ci se rencontre seule dans certains es- toniacs, tantdt elle y est confondue avec la pi'emih'e, ce qui est le cas le plus rare. Elle se compose d'uu lilament principal cloisonne, divisc5 en rameaux nombrcux, et dont les ramules extremes sont formes d'articles courts qui se separent et tombent isoles ou rcunis en chapelets au nombre dc trois ou quatre. Ces articles isol(5s repondent, comme ceux des oidiums, aux bour- geons ou gemmes des bautes plantes. L'auteur ajoute que les reactifs n'ac- cusent point en eux la presence de la cellulose. Cette forme o'idienne de la fructification des Gymnomyc^tes conduit l'au- teur a faire remarquor qu'elle se rencontre dans une foule de genres different.^ du meme ordre. G'est pour la premiere fois qu'elle est observee dans les Mu- cors, et JI. Hoffmann annonce qu'il a encore trouv(5 les plus belles formes d'Oidium dans le Botrytis polymorpha Fries, lorsque ses rameaux s'elevaient au-dessus de la surface du liquide oil 6tait plongee la mncddin6e. Ici viennent se ranger, selon l'auteur, ces nombreux oidiums que I'on f rouve parasites sur I'homme et les animaux, qui out recu des noms divers, et dont M. Ch. Robin a figure un grand nombre tires des classes d'animaux les plus differentcs. A cette categoric appartiennent encore VAchorion SchwnleinU (1) Remak (champignon de la teigne faveuse) et cet autre champignon que jc trouvai dans un oiuf de poute en 1846, que je ligurai a cette epoque dans les Families de Plantes de I'Allemagne (t. I, fig. 2), et qui fut rotronvee dans le m£me habitat par Rayer, et nomm6 par Montagne Dactylium oogenum (2). (1) OiDiuM PoRRiGiNis, Moutg., in Berkeley, British Fungi, n° 54G. (2) Ceci demande une petite rectification. Les termes dont se sert M. Hoff- mann pourraient donner a croire ciu'il nous a precedes, M. Rayer et moi, dans la decouverte de cette singuliferc ei remarquaDie mucedinee ; il n'en est pour- tant rien, car c'est en 1842 (V. Journal de l'Institut pour 1842), juste quatre ans avant le professeur do I'Univcrsite de Giessen, que nous I'avons fait con- iiaitre par une description et un dessin dans les Archives de med. compauee. Quant a en faire une algue, comme I'avait d'abord pense M. Hoffmann, nous qui avons fait une etude toute speciale dc ces deux grandes classes de vc5ge- taux, nous ne saurions partager cette opinion, et nous persistons avec con- viction dans noire determination premif;re. Au reste, 11 paralt que l'auteur allemand n'a vu que les filaments steriles ou le mycelium, ce qui rend son erreur facile a expliquer. N'oublions pas de rappeler que, nous aussi, nous n'avions d'abord observe qu'un mycelium, et que c'est par artifice que nous sommes parvenu a pousser son Evolution jusqu'a la production des spores. Nous ne counaissons aucune algue lilamenteuse, si ce u'est pcut-etrc le Chroo- 72 Voici la diag:noso du parasite des abeilles, telle quo la donno M. lo prot'esseur IlolTmann a la fin dc son article de VHedwigia : II Mucor melitiophthorus (Mucor apicide) hyphis sparsis albis irregulariter dichotome racemoso-ramosis, parce septatis, apicibus ramulorum pi-a?clpue lateralium sporangia alba (longitudine 1/50 lin. sive 0°"',045, latitudine 1/90 lin.) ovato-piriformia proferentibus ; sporangio tevi fluxili sporidiorum acer- Yulo flavescenti-griseo dense replete, dein lateraliterflsso; sporis ellipticis albis (longitudine 1/100 lin., latitudine 1,700); conidiis (gemmis) ex apice ra- mulorum quorumdam mulli?eptatorum secedcntibus (longitudine 4/500 lin., lalitudine 1/200 lin.) Oidium Leuckarti mihi, sistcntibus. — Hab. in ventri- culo chymifico apis mellillca:. » lepus, qui ait quelque ressemblance avec un Dactylium. Enfin, un naturaliste, dont nous regrettons fort de ne pouvoir partager toutes les vues sur les meta- morphoses des cbampignons inferieurs, M. Spring a confirni(5 notre observa- tion, meme avant M. Hofl'mann, si je ne me trompc, dans une note inser6e dans les Bulletins de i,'.\cademie royale de Belgioue, t. XIX . n" 4. COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE pendant le mois de juin 1857; Par M. t.k Dogteur Ch. ROUGET, secretaire. PRESIDENCE DE W, R4YER. 1. — Anatomiecomparee. SCR LA PRESENCE DE CELLULES D'ePITHELIUM VIBRATILE DANS L'(£S0PHAGE DES reptiles; par M. Vulpian. En faisant une etude minutieuse des parois de I'oesophage chez un python molure, avec notre collogue M. le docteur Jacquart, je fus frappe de trouver dans plusieurs preparations microscopiques des cellules d'epLthdlium vlbra- tUe. Je cherchai d'oii pouvaient provenir ces cellules, et je trouvai que tout Tcpsophage 6tait tapisse par de repitWlium vLbratile ; cependant je ne pense pas que les cellules vibratilcs ferment exclusivement repithelium de I'ccso- pliage ; mais ellos y sont en grande qnantitc'- dopuis l"arri6re-boucbe jusqu'au 74 voisinage de restomac. J'ai retrouvd' cette particularitii anatomlque sur des couleuvres et des viperes. Cette observation me fit penscr qu'il pourrait bien en etrc de meme dans toute la classe des reptiles. Je no parte pas des batraciens ; le fait, pour cette sous-classe, est connu depuis longtemps. Ma supposition s'est trouvcie exacte. J'ai rencontre de TepitlKMium viiiratile dans I'a'sopliage meme d'unetortue mauritanique et d'une cmydo. II en est de niOmc de I'uisopbagc de lezards verts et de lezards de muraille. Ces fails, quoique peu nonibreux, ayant 6te observes chez des anlmaux qu'on pent regarder comme les types de leurs ordres, me donnent presque le droit do poser en loi que lu'sopliagc des reptiles presente de repitlieliiim vibratile. II. — Physiologie. 1° EXPERIENCE RELATIVE A LA DIFFERENCE D' ACTION DES DEUX POLES DE LA PILE SUR LA CONTRACTILITE MUSCULAIRE J par M. VULPIAN. En faisant diverses etudes sur I'lrritabilit^ musculaire, j'ai cte conduit a in- stituer une experience qui rend trSs-sensible un fait d'aiUeurs tres-connu : jc veux parler de la diflerence d'action des deux poles d'une pile galvanique sur les fibres contractiles. Une grenouille avait ete empoisonnee avec du venin de salamandre terrestre ; elle etait morte depuis quelque temps et la contractilite musculaire etait fres- afTaiblie. Je me servais d'une pince galvanique de Pulvermacher. Je remar- quai qu'en placant nn des poles, lepole zincou negatif, sur la cuisse non de- pouill^e de la peau, j'oblenais nn elTet beaucoup plus considerable qu'en y placant le pole cuivre ou posltif. De plus, dans le premier cas, il se produisait une sorte de nceud musculaire, et je ne voyais rien de semblablc sous ['in- fluence du p61e cuivre. Je mis alors les muscles a nu, j'y appliquai alternati- vement les deux poles, et je trouvai la meme difference entre Taction du pole zinc et celle du pole cuivre. Pour bien me rendre compte de ce que je voyais, je tracai, avec de I'encre, sur le milieu de la cuisse et en travers des muscles cruraux, deux lignes separees par un intervalle d'un demi-cenlim6- tre. Lorsque j'appliquais le pole zinc au milieu de I'intervalle qui separait les deux lignes, je voyais ces deux lignes s'approclicr I'une de I'autrc, et les muscles se tumefler au point meme oil le p61e se trouvait plac6. II se for- mait la une saillie musculaire tres-nolable. Sije plarais au contraire le p61e cuivre au point intermc-diaire aux deux lignes, ces deux lignes s'ecartaient I'une de I'autre sans former la raolndre saillie. Pour rendre bien compte da phenomene par des expressions un peu exag^r^es, on eiit dit que, sous Piii- lluencedu pole zinc, le muscle etait attire de ses deux points d'attache vers le point d'application ; ot que, sous rinfluence du pOl'e cuivre, ilse retirait vers /.) ses deux points d'altache. Le resuUat, dansriin ctl'autre cas.etait Svidemment un raccourcissement des muscles : il ctait seulement beaucoup plus prononc6 quand j'agissais avec le pole zinc qu'avcc le pole cuivre ; et meme il y avait quelquefois des differences dans le sens de Taction gcnerale sur Ic membre. II est tres-necessaire d'ajouter qu'il n'y avait non plus aucuue difference, se- lon que le second pole, cuivre ou zinc, suivant le cas, elait applique sur le tronc ou sur les muscles de la jambe. L'experience pratiquee sur les muscles abdominaux efait suivie des nienies effels. J'airepete, depuis,bien souvenlcette experience, et j'ai toujours obtenule mSme r^sultat : la meilleure condition pour I'obtenir est d'op(5rer sur des grenouilles mortes ou mourantes dont la contractilite musculaire est nota- blement diminu^e, soil naturellemenf, soit par Taction d'un poison, des ve- uins de batraciens, par exemple, de la digitaline, de la nicotine, etc. (Expe- rience faite devant la Soci^te.) 2" DE l'extirpation du ganglion cervical du grand sympathique CHEZ LES GRENOUILLES ; par le meme. Pour enleverle gang] ion cervical du grand sympathique chez les grenouilles, on fait une incision a la membrane muqueuse palatopbaryngienne, defacona mettre a nula partie inferieure du crane et de la coloune vertebrate. 11 suffit alors d'ecarter un peu ou de couper la partie inferieure des faisceaux musculaires qui naissent de la premiere vertebre et do la [)artic posterieure du crane et vont se rendre au bord posterieur du scapulum, pour apercevoirle ganglion place longitudiuaiement un peu en arriere du ganglion du nerf vague. L'op^- rationest donccxtrememeutfacile, surtout si Tanimal est ^tlierise ; on excise ensiiitc ou Ton arrache le ganglion du sympathique. Ou pent aisement aussi enlever en meme temps le ganglion situe en arriere du precedent et qui eiitre en communication par les filets qu'il donne, avec le nerf brachial. L'extirpation du ganglion cervical du grand sympathique produit chez la grenouille des resultats analogues a ceux que Ton observe chez les m.ammi- f6res; ils en different cependant sous plusieurs points. II faudrait des expe- riences tres-minutieuses et des Instruments thermometrlques tres-delicats pour rechercher s'il y a une iuQuence quelconque sur la temperature ani- male. Je ne doute pas que, soit en comparant directement la temperature d'une des moitirs de la td'te a Tautre, soit eu exposant Tanimal a des eleva- tions ou des al)aissements de chaleur ambiante, Ton ne parvienne a trouver quelque 16g6re difference dans les donnees thermoraetriques. Quelques instants aprt^'s que Toperation est termin^e, on voit la moitie cor- respondante de la langue et de la muqueuse buccale s'injecter, et former un contraste frappant avec Tautre moitie qui demeure p;"de. En soulevant la lan- gue, on reconnalt que les vaisseaux linguaux du c6t6 congestionne sent plus larges que ccux du cnt*' oppoS(5. 7G Ce n'est pas imraediatement apres I'operation que I'on voit la piipiHe se resserrer : c'est le plus souvent au bout de plusicurs heures que Ton peut constater ce r^sullat. Le resserrement de la pupille augmente peu a peu, et le lendemain, on trouve la pupille du c6t^ correspondant au ganglion externe extremement retruci, leduitc a une petite fente transversalc, un peu trian- gulaire. La pupille du cote oppose n'a subi aucune modilication. Uicu n'ost done plus facile que de montrer sur une grenouille les elTets de rexperience de Pourfour Dupetit. La dilatation des vaisseaux de la langue, I'lnjection de la muqueuse lln- guale et buccale sent des effets permanents. II n'en est pas de meme du re- trecissement de la pupille. Quatre ou cinq jours apr6s Toperation, quelque- fois plus, quelquefois moins, la difference devient moins considerable ; puis bientot la pupille primitivement retr(5cie arrive a etre plus large que la pu- pille de ra?il oppose, de telle sorte que si Ton navait pas eu soin de bien no- tcr le c6t6 sur lequel a et6 pratiquee I'extirpation du ganglion, on serait, ea ce moment, induit surement en erreur. Mais I'influence de I'operation sur I'i- ris, pour avoir pris une autre face, n'en est pas moins reconnaissable. Ou- tre la dilatation relative de la pupille du cOte correspondant, on remarque en effet que I'iris n'obeit plus que tres-imparfaitement aux actions reflexes d(jri- vees de I'impression de la lumiere sur la retine. Si Ton expose la grenouille a une vive lumiere, quel que soit I'ceil qui en soit le plus directement frappe, la pupille du cOte non opere se retrecit toujours beaucoup plus que I'autre; la premiere se dilatera de meme'presque seule, lorsqu'on aura place I'ani- mal dans I'obscurite, et, dans ce cas, les pupilles pourront devenir sem- blables. Apres la mort, la difference des deux pupilles s'efface compl^tement. Je n'ai observe aucune modification dans la secretion des deux moities de la muqueuse buccale. J'ai examine les papilles de la muqueuse lingiiale, soit pendant la vie, soit apres la mort, dans des cas oil les grenouilles avaient vecu trcnte jours, et je n'y ai trouve aucune alteration. Les filets nerveux que j'ai pu voir etaient sains aussi. II n'y a pas eu de diminution apparente, soit dans la sensibility genei'ale des deux moities de la langue, soit dans leur contractilite. On s'expliquera facilenicnt les resultats de I'extirpation du ganglion cervi- cal, en sachant que ce ganglion fusiforme, situe a 1 millimetre environ en ar- riere du tronc du pneumogastrique, se lerminc en avant par un petit cordon qui se rend au ganglion du pneumogastrique et le rencontre juste au point oil il fait suite a la raciue. De cette racine, a peu pres au meme niveau, ou voit partir deux filaments qui penetrent dans la cavite cninienne en suivant de dehors en dedans la racine du pneumogastrique. Une fois entres dans cette cavite, ils divergent : I'un, le posterieur, gagne le ganglion d'un nerf destin(!' a rorelUe, et on le voit s'y perdre ; I'autre se porte vers le ganglion 77 d'uu iici'f destiuc a la seusibilitc tie I'ceil et duuc partic do la peaude la tete, et on le volt s'y perdre pareillement. Si Ton considere que ces deux petits filets naissent de la raciae du nerf vague, en dedans par consequent du ganglion de ce nerf, ce qui est en de - Lors de la loi commune a tons les rameaux des nerfs du systeme cerebro- spinal, on sera dispose a admettre avec moi que ce sont la des filets du grand sympathique. Je dirai d'ailleurs que, dans plusieurs cas, j'ai vu tr6s-nette- ment Ic filet destine a I'a'il n'etre qu'accole a la racine du vague ou a sou ganglion, et se continuer directement avec le rameau communiquant du gan- glion cervical. Les laits que je viens d'indiquer doivent faire penser qu'aprcs I'extirpatiou du ganglion, il y a aussi un efl'et produit sur I'organe de Touie, efTet que je n'ai pas pu determiner. Les connexions du ganglion avec le nerf vague donnent la raison de I'in- jection de la muqueuse buccale et de la dilatation des vaisseaux de la languc. En elTetj le nerf vague fournit, comme on salt, le representant du nerf lin- gual et les nerfs sensibles de la umqueuse buccale ; il est bion probable que quelques filets provenant du grand sympatiiique ne font que traverser le gan- glion du nerf vague, entrent dans la composition du lingual et des autres nerfs du sentiment, et qu'ilsabandonnentensuitepoursedistribuer aux vais- seaux. Enfin, le coeur lui-meme doit presenter quelque modification. J'ai observe deux fois, apres avoir extirpe les ganglions des deux cot^s, une augmentation des batteraents du cceur; mais je ne donne point cefait pour un resultat con- stant. La lesion du sympathique est inevitable lorsque Ton coupe le pneumogas- trique sur son ganglion ou a une petite distance en deca ou au dela de ce gan- glion. C'est une complication dont il faut tenir grand compte ; sans cela, on serait amene a attribuer au nerf pneumogastrique les resultats directs pro- duits par la section du grand sympatbique. III. ~ Chimie physiologique. HECHERCHES SUR LA TRANSFORMATION EN SUCRE DE DIVERS PRINCIPES IMJIE- DIATS CONTENUS DANS LES TISSUS DES ANIMAUX IISVERTEBRES J par M. BER- THELOT. En 1845, M. Schmidt, dans un travail general sur la composition chimique des lissus des invertebres, fut conduit a etablir des rapprochements romar- quables entre la composition de certains des principes qui ferment ces tissus et celles des principes immediats qui constituent les tissus des vege- taux. D'apres les experiences de ce savant, I'enveloppe des ascidies ren- ferme uu principe insoluble dans la potasse et isomeriquc avec la cellulose ; 78 I'envoloppe dcs criistuces et des iuscctcs conlieiit uu aulic piincipc iusolublc dans la jiotassc, leciuel presente vis-a-vis du precedent cerlaincs analogies. Ce principe, designe sous le nom de chitine, renfernie dc razole ; mais sa composition ccntesimale est telle qu'ellc peat se rcpr(!"scnler par nne combi- naison d'lni isomcrc de la cellulose avecun isoniere de la libriue musculaire. Ces rapprochements entre la composition dcs tlssus des vegetans, dont la cellulose constifue relement fondamental, et la composition des tissus des invertcbres, sont I'un des rcsultats les plus generaux et les plus importants auxquels ait conduit I'analyse cliimiqr.e appliquee aux etudes physiolo- giques. lis ont etc d'ailleurs conflrmes, d'un c0t6, par les experiences de MM. Lccrig et Koelliker et par celles de M. I'ayen surl'enveloppe des ascidies, et, d'un autre cote, par les analyses relatives a la chitine executees par M. Lehmann. Les rcsultats nonveaux que jc vais communiquer a la Societe donnent a ces vucs un nouvel appui et precisent d'une maniferc plus compl(}tc le sens qu'ou doit leur attribuer. En efTef, les analyses du principe cxtrait des enveloppes des ascidies attri- buent a cette nialiere la composition de la cellulose, mals sans etablir d'aufre analogic fondamentalc entre les fonctions cliimiques, les reactions de ces deux substances. Or que Ton se place au point de vue chimique ou au point de vue physiologique, 11 n'est gucre moins cssentiel dc dtMerminer les rap- ports, les analogies reelles qui existent entre les reactions chimiques dcs corps que d'etablir leur composition centesimale. L'(5tude dc la chitine donne lieu aux memcs reflexions, avec d'autant plus dc fondement, que les rappro- chements entre ce principe azote et la cellulose nc reposent point sur une identite de composition, mais sur unc simple probabilite de formule. Aussi ai-je cru utile d'etablir entre ces divers principes des liens plus reels ct plus complets, en cberchant a leur faire subir la transformation la plus caracteristique de la cellulose vegs^tale, la transformation en vertu de laquelle ce principe flxe les elements de I'eau et se change en sucre fermen- tesciblc. La realisation de cette experience avec Ic principe exlrait dc I'en- vcloppe des ascidies est bcaucoup plus diOicilc qu'avcc la cellulose vege- tate ; car elle a ete tentee sans succes par divers chimistes. Je decrirai successivement les experiences que j'ai executees sur le prin- cipe isomere dc la cellulose et sur la chitine. I. Je dois a I'obligcance de M. Valenciennes les enveloppes d'ascidies sur lesquelles j'ai op^re (genre cynthia?). Apres les avoir isolees, fait bouillir pendant quclqucs boures avec de I'acidc clilorhydrique concentre, puis avec une solution de potassc marquant 31° a I'areomctre, je les ai lavees avec de I'eau distill^e, dess(5ch^es et soumises a I'analyse. Les nombres que j'ai obtenus s'accordent exactement avec la composition de la cellulose ol par consequent avec la analyses anterioures aux mieunes. 79 Le principe imniediat puriliu u clij soumis ii uiie seiic d'essais Ires-divcrs dans le but de le changer en sncrc; mais i! presenfc Yis-;i-vis dos reactil's line resistance ('gale ou plutot snperieure a cellc du ligneux le plus coherent. C'est ainsi tiuon pent le faire bouillir pendant plusfenrs semaines avec de I'acide sulfiiriipie (Mendu, sans I'altercr sensiblcmcnt. Celte resistance est si grande que, pour la vaincre, il fant, dans presque tons Ics cas, employer dcs reactifs qui depassent le but et seraient propres non a produire du sucre, y mais a le d^truire s'il avail pu prendre naissance. Cepcndant j'ai reussi a opcrer cctte transformation a I'aide d'uu tour de main particulier cmprunte a I'industrio, et dans lequel on a rccours a des aflTmit^s trfes-puissantes, mais agissant pendant un temps trfes-court. Pour changer en sucre la substance estraite de I'enveloppe des ascidies, il suffit de delayer celte substance, prise sous un grand etat do division, au sein de I'acide sulfurique concentre et froid ; pen a peu la matiere s'y liquelie sans se colorer scnsiblemcut. On verse alors le liquide goutte a goutte dans cent fois son poids d'eau bouillante ; on neutralise I'acide par le carbonate de chaux; on evapore avec precaution la liqueur Iiltree;on reprend loresidu par I'alcool aqueux ; ou evapore de nouveau, et on obtient, comme dernier rtSsidu, une matiere sirupeuse, legorement coloree. Celte matiere est un me- lange de sucre avec nn autre principe non determine. Elle reduit energique- raeut le tartrate cupropolassique ; delayee dans I'eauet melee avec la levure de biere, ellelermente en prodiiisant de I'acide caibonique i,ur et de I'alcool. Ces divers caracleres etablissent la formation d'un sucre analogue au glu- cose, aux. depens du principe contenu dans I'enveloppe des ascidies. II. J'ai repete lesmemes expeiiencessur la chitine. Cetlematieieaele pre- paree en traitant succcssivement, pendant plusieurs heures, par I'acide chlorhydrique concentre et par la potasse bouillante la carapace du liomard. La matiere oblenue a etc lavec a I'eau distillee, sechee, puis analysee. Je suis arrive aux memes resullats tjue MM. Schmidt et Lelmiann. La presence dei'azoledans la chiliue ayant etu contestee, j'ai porte toule mon attcutioa sur la determination de cet element. Voici sur quelles substances j'ai op^re : r Chitine puriflee, comme il vient d'etre dit. 2" Cette memo chitine puriliee et incompletemeut divisee a etc delayee dans I'acide sulfurique concentre, et le melange verse dans I'eau bouillante. Une portion s'est dissonte, une antre portion est demeuree non desagregee : c'est celte portion que j'ai purifiee et soumise a I'analyse. 3° La cliitinc puritiee et reduite dans iin grand etat de division a ete sou- mise a une ebullition de plusieurs semaines avec I'acide sulfurique elendu; on a abandone le melange a la temperature ordinaire durant quatorze mois; puis on a isole et lave la chitine, laquelle etait demeuree a pou pres intacte, et ou I'a fait bouillir, uiic solution de potasse marquant 32° a I'areometre; 80 ou a evapore a sec sur uu feu tres-doux cette solution bouillaulc mainteuue en contact avec la chltine. Mors on a repris par I'eau, lave, seclic ct analyse la maticrc Dans toutes les analyses des trois produits qui precedent, exeutees au moycn de la cbaux sodee, j'ai obtenu une proportion d'azote, comprise enlre cinq et six centi^mes, conformement aux analyses de MM. Schmidt et Leh- mann. Cette presence de I'azote dans la chitine augmente I'int^ret des expe- riences qui vont suivre. J'ai traite la chitine exactement 'par les m6mes procedes que le principe extrait des ascidies; la chitine presente une resistance beaucoup plus grande encore vis-a-vis des reactifs. Cependant j'ai pu obtenir de mfime, au terme des operations, une certaine quantite d'nne matiere sirupeuse, assez colo- ree, reduisant fortement le tartrate cupropotassique, et fermentant au contact de la leviire de bifere avec formation d'acide carbonique : je n'ai pas r^ussi, faute de niatiSre, a isoler I'alcool ; aussi je compte revenir sur cette expe- rience, aussi bien que sur les tentatives analogues quelle suggfere vis-a-vis des substances corndes ct epidermiques. En resume, les rapprochements entre les enveloppes de certains inverte- bres et les tissus des vegetaux, etablis d'apres I'analyse el^mentaire de quelques-uns de leurs principes immediats, se trouvent conlirmesparl'etude des reactions chimiques que presentent ces memes principes et par leur transformation en sucre. Ces fails tirent un nouvel intf^rct des experiences de M. Bernard sur le sucre et sur la matiere glycogine analogue a I'amidon dont il a decouvert la formation au sein des organismes animaux. IV. — Pathologie. RETRECISSEMENT NGN CANCEREUX DU PYLORE ; DILATATION CONSIDERABLE DE l'estomac ; par M. P. Dupuy. Salle Saint-Basile, n° 29, service de M. Rayer, le 12 mai 1857 est entree H..., 38 ans, courtiere ; n'a jamais eu d'enfants ; point de maladies graves ant6- rieures. Debut de la nialadie vers le mois de novembre de Tannic derniere ; diges- tions dilficiles, sensation de pesanteur, point de douleurs proprement dites ; vomissements de temps a autre. L'appetit reste a peu pr6s ce qu'il etait. Un peu plus tard le ventr?; se tumefie et les regies ne se reproduiscnt plus a partir du mois de f^vrier. Peu prouonce au diJbut, ramaigrissement a, depuis cette derniere (5poque, fait des progres rapides. Les vomissements, devenus plus frequents, revicnnent tous les huit a dix jours; formes des raati^res alimentaires, ils n'ont point do couleur spociale. Eructations nidoreuses. Constipation do plus en plus marquee et dont les purgatifs nc triomphent 8t que difficilemeul cl mouiuuluLiciucnl. Pendant U- cuius de la raaladie, il y a tin une ou deux selles noiratrea. \u moment de I'entree a rhfipital, ventre tres-volumineux, mais preseii- tant une saillie sous forme de relief convexe qui occupe les parties laterales gauche et inferieure de I'abdomen, de mani^re a rappeler tr^s-exactement a la vue et au palper la forme traditiounellc et clonique de la coruemuse. Occu- pant I'hypocondre gaucbe, le flanc, la partie sup^rieure des regions iliaque gauche ethypogastrique, la tumeurvientse terminer insensiblement en de- hors et a droite de rombilic. Dans ce dernier point, c'est-a-dire a droite de I'ombilic, on constate a travers les parois abdominales la presence d'un corps dur, allonge dans le sens vertical, et ayant a peu pres le volume d'un goulot de bouteille ordinaire. La percussion donne une sonorite exag6ree, excepte au niveau des regions iliaque gauche et hypogastrique. Soit par une pression alternative et assez energique des deux mains, soit par la succus- sion, le bruit hydro-aerique est facile a percevoir. Quelques rares douleurs spontanees ; la pression n'en reveille point. Lorsque la malade est prise de Tomissements, le ventre perd beaucoup de son volume, et par le fait de I'ap- plication de la main, ona pu voir quelquefois la tumeur sebosseleret prendre I'aspect biloculaire. Diagnostic : dilatation de I'estomac, induration organique du pylore. Apr^s I'entree de la malade, les vomissements devinrent d'abord beaucoup plus frequents, mais sans presenter le caractere de simples regiargitations, comme il a ete observe dans des cas analogues. Les matieres vomies etaient d'une odeur fetide, mais uniquement formees d'aliments k un degre de diges- tion plus ou moins avance; une fois seulement ils out eu une coloration noi- ratre. Avec la plus grande frequence des vomissements est survenue une no- table dimiuution dans le volume du ventre. Reduite a la plus extreme maigreur, ne pouvaut plus prendre aucune es- p6ce d'aliments solides, la malade cessede vomir dans les huit derniers jours, et le ventre s'affaisse de plus en plus. Le 14 juin elle meurt d'inanition, apr6s trois ou quatre jours de subdelirium. Al'autopsie, au lieu de I'estomac dilate et occupant une grande partie dela cavity abdominale, on ne trouve a premiere vue que des circonvolutions for- mees par le gros intestin distendu par des gaz et recouvrant I'estomac et I'iu- testin grele, aussi put-on penser un moment a une erreur de diagnostic. Mais apres avoir ecarte le gros intestin, on arrive a I'estomac revenu sur lui-meme et tout entier contenu dans I'hypocondre gauche. Alors par I'inusufllation on lui a donne des proportions considerables, et ou I'a vu occuper a lui seul un tiers au moins de la cavit6 abdominale. 11 y avail de la grosse a la petite tu- berosite 0°',45, 0»,12 do haut en bas au niveau de la grosse tuberosity, et 0",08 au niveau de la petite. Au voisinage du pylore, dans toute la partie in- dur^e et dans une^tendue de O-^.O? a O-n.OS, I'estomac devenait perpendicu- C. R. 6 82 laire, quittant alors sa direction genSrale de liaut en bas et de gauche a droite. Imitant a s'y meprendre du cOti' dn duodenum un museau do tanche a ori- lice circulaire, et s'accusant du e6t6 de restomac par un relief a bords frang^s, I'alteration anatomique n'a point compl(5tement obtur6 le passage, car una sonde de femme peut 6tre introduite avec facilite d'une cavit6 dans I'autre. 11 existe un double r^trecissement, I'un an niveau de la valvule pylorique, et selon toute apparence constitu^ par elle, I'autre situe a Q'^fil ou 0™,08 de cette m6me valvule. Entre ces deux points extremes se trouve une dilatation sen- sible. Dans le sens de la grande courbure le plan de la section a pres de 0™,02 d'epaisseur, tandis que dans le sens de la petite il u'offre pas plus de 0'°,008. II y a une hypertrophie gen^rale de toutes les couches, mais elle est plus marquee pour les tuniques fibrcuse et musculaire que pour les tuniques mu- queuse et pcJritoneale, et la couche musculaire est plus bypertrophi^e que la couche fibreuse. Le peritoine, au niveau de I'alteration, a un aspect blanchatre, albugine, et parait epaissi par I'addition de fibres nouvelles a sa lace viscerale. La muqueuse, ^paissie pareillement, ne semble denatur^e qu'au niveau du premier retrecissement (51oigni5 de plusieurs centimetres du pylore. Elle y offre une surface inegale et comme cbagrinee, qui setermine insensiblement a droite, et par un relief a bords franges a gaucbe. Ainsi done, elle a son as- pect normal entre les deux retr^cissements. La partie alteree aurait-elle ete jadis le siege d'une ulceration maintenant cicatrisee? L'hypertrophie des tuniques fibreuse et musculaire tient a la multiplication des (^l^ments celluleux. Ce n'est pas seulement au voisinage du pylore qu'il 6tait survenu dans les diverses couches de I'estomac, sauf la plus ext(5rieure, une perversion nutri- tive. On la trouvait moins accusee dans toute I'^tendue de I'organe et avec un cachet different, car elle avail laisse aux divers Elements des parois leur phy- sionomie ordinaire. La tunique musculaire ofifrait en particulier un d(5veloppcment tr^s-remar- quable des fibres longitudinales. L'estomac renfermait 3 a 400 grammes d'une masse pulpeuse, noiratre et fetide dont I'examen a (5t6 ni^glige. L'intestin grcle n'avait pas le tiers de son calibre ordinaire. Le gros intes- tin n'etait dilate que jusqu'a I'orlgine du rectum ; celui-ci, moins volumineux encore que l'intestin gr^le, mais sans lesion organique. D'ou il serait peut- 6tre permis d'induire que le rectum n'est pas seulement un conduit excr^- teur, mais encore une cavite de d^pfit pour les matieres stercorales. Point de liquide dans le peritoine. Cette observation est interessante a plus d'un titre. L'^iorme dilatation de TabJomen aurait pu fairc croire a I'existence dune ascite, et Tobservation pu- bliee par Chaussier dans les memoires de rAcadeniic de Dijon, prouve toute la gravite d'une scmblable erreur. J'ajouterai memc quelle a et6 commise 83 daus le cas actuel par uae pei'soune etraugeie au service et a laquelle ou iie sauvait contester une grande valeur scientifique. Mais les elements essentiels de diagnostic etaient ici r^unis, et il suffisait d'un esamen attentif pour re- connaitre, avec toute la precision desirable, la nature de la maladie. L'indu- ration du pylore constatee, la question de savoir s'il s'agissait d'nne degene- rescence cancereuse devait etre et avait eti reserv^e. Un dernier fait qui a ete observe dans un cas analogue par M. Charcot est le volume relativement peu considerable oCfert par I'estomac vers la flu de la maladie. Ici, et cette ex- plication est d'ailleurs inadmissible dans le fait de M. Charcot, I'organe dont la tunique charnue 6tait tres-hypertrophiee avait dti revenir sur lui-meme, apr^s avoir expulse son contenu par des vomissements multiplies. On doit se souvenir que la malade avait cesse de prendre les aliments solides dans les huit a dix derniers jours. COMPTE RENDU DES SEANCES I)B r F LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1857: Par M. LE DoGTEUR Ch. ROUGET, secretaire. PRESIDGm DE M. RHYER. 1. — Physiologie. SDR L INFLUENCE QU EXERCENT DIFFERENTS NERFS SCR LA. SlfeCRETION DE LA salive; par M. Cl. Bernard. M. Cl. Bernard communique de nouveaux fails relatifs a I'influence des nerfs sur les glandes salivaires. La glande sous-maxillaire de chaque c6t6 recoil des filels nerveux sympathiques de deux sources : les uns accompa- gnenl le nerf du gout, el sonl fournis par la corde du lympan; les aulres re- montenl des plexus el ganglions intra-abdominaux vers le ganglion cervical superieur, pour se rendre ensuile aux glandes. Aussi, meme apr6s une sec- tion de la corde du tympan d'un c6t^, voil-on la glande correspondante s6- .SC) crater encore (r^s-aboudaiumenl sous rinflueuce d'oxritations de l;i nui- queuse gastrique. Les filets eman^s du ganglion cervical Hcconipagnent I'ar- t^re linguale. La glande parotide continue aussi a secreter quand la corde du tympan est coupee. D'oii pvoviennent les filets nerveux qui animent alors la secretion? lis ne viennent pas du facial proprement dit, car la section de ce nerf a sa sortie du trou stylo-masto'idien n'abolit pas la secretion. Le ganglion spli6no- palatin ne parait pas non plus avoir d'influence sur la secretion. Si, au con- traire, on coupe le nerf de Wrisberg dans le crane, la parotide ne s6crete plus ; c'est done ce nerf qui preside, dans ces conditions, ii la s(5cr(5tion, et les filets qu'il envoie passent par le ganglion otique, car, en le d(5truisant, on abolit aussi ce qui reste de la fonction. Voila ce qu'enseignc la physiologie ; mais I'anatomie n'a pas encore rtevoile les connexions qui peuvent esister entre ce ganglion et la ^parotide. M. Bernard execute, devant la Soci^t^, une expMence qui montre le mode d'action de la corde du tympan sur la secretion de la glande sous-maxillaire, et qui fait voir que les filets de ce nerf agissent dans un sens centrifuge, a la facon des nerfs moteurs. 11 a introduit un petit tube dans le conduit d'une des glandes sous-maxillaires. Apres avoir montr6 que I'excitation de la muqueuse linguale par du vinaigre, aucun nerf n'etant coupe, active la secretion, il coupe la corde du tympan du cote correspondant : la s6cr6tion s'arrete com- pletement, il n'y a aucun ecoulement de salive (par le tube) sous I'influence de I'excitation de la muqueuse buccale ; I'impression est bien portee par le nerf lingual vers les centres nerveux, mais Taction rdflexe ne pent avoir lieu, le nerf moteur 6tant coupe. Si Ton galvanise le bout central de ce der- nier nerf, il n'y a aucun efl'et produit; si on galvanise le bout p^riph^rique, on voit presque aussitOt sortir par le tube quelques gouttes de salive. II. — P.WHOLOGIE. 1 " OBSERVATION DE HERNIE CRURALE A TRAVERS L'APONEVROSE DU MUSCLE PEC- TixE ; HERME DE J. Cloquet ; par le docteur E. Q. Legendre, prosecteur des li6pitaux. Parmi les formes rares de hernie crurale, celle qui sc fait a travcrs le muscle pectin^ est une des moins connues. II n'existe dans la science que deux faits iucomplcJlement d^crits de cette forme de bernie que M. le profes- seur J. Cloquet a fait connaltre le premier. Dans ses Reciierches anatomiques suu les HERMES DE l'abdomen, 1S17, xlvi° proposition, cet auteur rapporte avjalr vu le sac de la hernie crurale s'engagcr par une ouvertuie de la parol post6rieure du canal crural ; il reposait imm^diatement sur le muscle pectin^, et avait au devant de lui I'artfere et la veine f^morales, dont 11 6tait s6par6 87 par le (enillct prolimd do laponevrose fascia lata. Cette mCme observation csl relat^e, avec quelques details de plus, dans sa thfese pr^sent^e au concours dfi 1831 pour la cliaire de pathologle cxterne. Le cadavrc d'une vieillc femme de 60 ans prescntait deux hernies crurales epiploiques : le sac descendait en dehors du ligament dc Gimbernat dans la gains de I'artere et de la veine femorales, s'introduisait en partie entre ces vaisseaux qu'il refoulait en avant et en dehors, ainsi que Ic muscle pectine, sur lequel il reposait en arriere. Dans son Traite de pathologie externe(5' 6dit.), Vidal (de Cassis) signale une variete de hernie qui, dit-il, n'a ete decrite par personne.« Le 18 octobre 1827, j'ai trouvc, sur le cadavre d'une vieillc femme, une hernie Lien extra- ordinaire ; elle s'etait faite tout a fait a la partie interne du canal crural, a toucher ^e ligament de Gimbernat; de la elle seporlait en arriere, pcrrait le feuillet profond du fascia lata qui recouvre le pectiue et se prolongeait dans ce muscle. » Voici maintenant la description de la hernie dont je priisente la piece a la Societe. Cette hernie a et6 recucillie sur une femme de 60 ans, morte a la Salputriere le 6 mars 1865, etop^r(5c anciennement d'une hernie crurale, comma I'indique la cicatrice de la peau adherente au tissu cellulaire de cette region : le sac lierniaire ne renferme que de Tepiploon. Si Ton examine cette hemic du cote de Tabdomen, on volt qu'elle s'est faite comme la hernie crurale la plus com- mune, immediatement en dehors du bord concave du ligament de Gimbernat, I'artere epigastrique repondant au cote externe du collet du sac. Comment cette hernie passe -t-elle de la region abdominale dans la region crurale? On salt que I'aponevrose qui recouvre le muscle pectine remonte trSs-haut pour s'inserer a la crete pectineale et sur la surface pectineale du pubis ; par son cote externe, elle se confond avec I'aponevrose du muscle psoas, en formant, sous le nom de feuillet profond du fascia lata, la parol posterieure du canal crural des auteurs. Par son cote interne, elle donne insertion au liga- ment de Gimbernat, dans le point correspondant au ligament ileo- pubien de Thompson on ligament de Coopei'. jN'otre heniie traverse im- mediatement dans ce point I'aponevrose pectineale et repose sur le bord su- perieur du pubis. Arrivee dans la region crurale, cette hernie presente une forme arrondie et le volume d'un petit oeuf de pigeon : elle est en rapport avec la face anterieure de la hanche transversale du pubis au niveau de la gouttifere sous-pubiennc ; son sommet r^pond au trou obturateur; ce rapport est important, parce que la saillie de cette lumeur se fait a la region crurale, dans le lieu memo oil siegent les hernies obturatrices, ce qui pourrait reudro le diagnostic tres-diflicile. En avant, la hernie est reconvene par laponevrose du muscle pectin(5. La hernie affecte des rapports tres-61oignes avec les vais- seaux lemoraux. En ellet, elle en ests^par^e par cette lame aponevrotique 88 profonde, r^sultat de I'accolement des deux aponevroses fascia iliaca et pec- tinee, qui, insoroes surla capsule arliculaire, se s6parent en avant pour for- mer les deux parois postt^rieures de la gaine des \aisseaux f^moraux. Si maintenant nous examinons les couches que le chirurgien aurait a tra- verser pour arriver a cetfe liernie, nous trouvons successlvement la peau, le tissu cellulaire sous-cutan^, les deux lames de I'aponevrose superflcielle ; en- fin, I'apon^vrose fascia lata qui, dans cette region recouvre le muscle pec- tin6. En raison de la profondeur de cette tumeur, on comprend la di/Ticulte du diagnostic si des accidents d'etranglement etaient venus a se manifester : comme pour la hernie obturatrice, on aurait pu les confondre avec ceux d'un dtranglement interne. Enfin, si une operation devait 6tre pratiqu^e dans cette region, telle qu'un debridement, il devrait etre fait directement en de- dans, comme pour la hernie crurale ordinaire, le collet du sac affectant les memos rapports avec I'art^re ^pigastrique et les vaisseaux f^moraux. 2° SUR UN RETRECISSEMENT TRES-CONSIDERABLE DU CANAL DU COL DE L'UTERUS A SON ORIFICE CERVICO-UTERIN, AINSI QU'A SON ORIFICE VAGINAL, AVEC UN PETIT POLYPE VASCULAiRE ; par M. A. Fabre. Cette pi^ce a 6te recueillie sur une femme de 70 ans, qui a succomb^ a une p^rltonite avec ctranglement interne du gros intestin par une bride p^ri- toneale. Le col ut^rin est efface : il pr^sente, au lieu de la fente transversale plus ou moins irreguliere qu'ofTrc ordinairement le museau de tanche, une simple depression qui semble imperfort5e et qui est divis^e en plusieurs petits en- foncements par des brides antero-posterieures. Divise longitudinalement, I'uterus presente une cavity moins grande qu'a retat normal. II en sort une faible quantite d'un liquide ^pais, gluant, verda- tre, contenant des globules sanguins et des cristaux de cholesterine. On voit au fond, et sur les parois de la cavitc uterine, deux ou trois petiles tumeurs molles, jaunatres, d'apparence g^latineuse, du genre de celles qui ont m de - crites sous le nom de tannes, ou tumeurs folliculeuses. Un stylet introduit de haut en bas dans la cavite uterine pen^tre, par un canal trSs-etroit, dans la cavite du col, qui contient quelques gouttes de li- quide semblable a celui du corps. Enfin, en incisant le col de haut en bas, on a pu suivre le canal cervical exfremement r^treci, jusqu'a I'orifice vaginal, et s'ouvrant a Tangle gauche de la depression qui remplace le museau de tanche, par un orifice imperceptible. .\ pen pves vers la partie moyenne do la cavite dn colexiste une petite tumeur du volume dun pois, implantee sur la parol posterieure par un pi'jdi- cule tr6s-mince, long de C milliin(^tres. 89 Cette petite tumeur, creusee d'une cavite multiloculaire, contient un liquide st^reux (polype vasculaire) . m Diam6tre vertical de I'ut^rus 0,07 — — du col 0,035 — transverse du corps 0,035 — — ducol 0,03 „ . , , , ( hauteur 0,015 Cavite du col j , . _, ( largeur 0,01 Diam^tre transv. du museau de tanche. 0,015 — antero-posttoeur 0,01 Depression transversale 0,005 Epaisseur de la l^vre posterieure. . . . 0,004 R^tr^cissement cervico-ut^rin (liauteur). 0,02 — de I'orifice vaginal (id.). 0,008 3° SUR UN RETRECtSSEMENT DU RECTUM, AVEC ULCERATIONS ET PERFORATIONS DE GET INTESTIN, ET FOYER PURULENT DANS L'ESPACE ISCHIO-RECTAL ; par M. A. Fabre. Ce retrecissement a et6 observe chez une femme de 65 ans (service de M. Rayer). Pendant la vie, elle a presente les signes d'un retrecissement du rectum et d'une phthisic pulmonaire assez avanc^e. A 3 centimetres au-dessus de I'orifice anal, on trouve I'intestin rectum r^- tr^ci au point de permettre diflicilement I'introduction du doigt indi- cateur. Ce retrecissement, incise a sa partie posterieure, offre une hauteur de 2 centimetres : sa plus grande epaisseur, qu'on trouve en avant et a droite, est d'un centimetre. Dans la partie laterale droite, on voit une Urge uMration dont les bords sent epaissis et comme dechires. Une bride transversale la di- vise en deux ouvertures qui font communiquer la cavite du rectum avec un vaste foyer rempli de pus, de debris de tissu cellulaire et de grumeaux de matiere caseiforme. Au-dessous du retrecissement dans la partie gauche du rectum existeune ulceration semblable, mais beaucoup moins large et moins profonde. Dans la cavite de I'intestin, de mSme que dans les foyers purulents, exis- taient ces concretions irregulieres de matiere caseiforme, dont quelques-unes offraient le volume d'une amunde. Examinee au microscope par M. Robin, cette matiere, blanchatre, peu con- sistante, s'ecrasant sous une pression legere des doigts. a ote tronvee forraee de globules de pus meles a uu amas de cpIIhIo? ('niUu'lialos plus ou moiiis ul- ter6es dans Icui- iiirnii-. 90 Les parois I'paissios et indur6es du r(5trc'cissement rectal sont fornixes de plusieurs couches successives de tissu libreux ct dc tissu cellulaire.' Dans les ganglions m^senterlques et dans les deux poumons, on a trouv(5 une grande quantitc de maticro tuborculeuse. III. — Pathologie comparee. NOTE SCR UNE ALTERATION PROFO.NDE DES MUSCLES GRANDS PSOAS SURVENUE TRES-RAPIDEMENT CHEZ UNE JUMENT; par M. H. BOULEY. M. Bouley met sous les yeux de la Societe des muscles grands psoas d'uno jument morte le matin. Cettc jument, d'une cxcellente constitution, trSs-ener- gique, pleine d'ardeur au travail, n'ayant jamais manifeste lemoindre signc de faiblesse dans la rfl'gion lombaire (tons commemoratifs tres-int6ressants au point de vue de I'altt^ration speciale qui va etre signage dans le groupe des muscles psoas) ; cettc jument, dit M. Bouley, mise a son service ordinaire, qui consiste a trainer ou tirer une voiture un pen chargee, s'est arretde tout a coup, I'avant-veille, en boitant fortement, puis apres avoir fait quelqucs pas.elle a vacilli du derriere ct est torabee, sans pouvoir se relever. Gonduite a I'Ecole sur un camion, elle a presents tousles symptomes d'une paraple- gic, et a succomb^ en moins de quarante-huitheures, au milieu des efforts impuissants auxquels elle n'a cess6 de se livrer pour tacher de se remettre en position verticale. II faut bien noter qu'avant la chute de ravant-veille, cette bete etait, au dire du proprit'taire, aupres duquel des renseignements precis out ete pris, une des meilleures qu'on put alteler, vigoureuse, ne refiisant jamais le travail, toujours dans le collier ot n'ayant jamais donne le moindre signe qui iudi- quat une faiblesse quelconque de I'appareil locomoteur ; il faut bien noter encore que, depuis Ic moment du debut de la maladie jusqua celui de la mort, quarante-huit heures seulement se sont ccoules, et ccpendant voici qu'4 Tautopsie on rencontre des alti'rations d6ja trSs-avanciies des muscles grands psoas : alterations qui, pour le degre oil dies sont arrivecs, semblent impliquer qu'elles remontcnt a une date dcja anoiennc, tandis que, au con- traire, I'histoire, qui paralt authentique, des antecedents de cette bete, re- pousse I'idt^e qu'unc parcille lesion a pu exister et etre compatible avec les manifestations si remarquables d'energie musculaire que donnait Tanimal, a I'autopsie duquel on I'a rencontree. Cast sur ce point particulier que M. Bouley desire fixer rattenlion de la So- ci6t6. Voici quel est, a I'ceil nu, I'aspect des grands psoas : comme on pent en juger k une simple inspection, ils sont remarquablement d^colores, dans une grande partio dp lour i^tondup. mais irrc^guli^rement. Dans quclqups points, 91 la couleur rouge de la chair imsculaire a complelement disparu et est rem- plac^e par une teinte jaune tres-accus^e. Dans d'autres, les couleurg rouge et jaune se fondent ensemble. Ca et la I'aspect musculaire normal est davantage conserve. Ces muscles ont perdu de leur tenacite et dc leur elasticite. lis sont friables, s'ecrasent facilement, se d(5priment et se reduisent facilement en pulpe sous le doigt qui les presse. lis donneat a la main une sensation comme onctueuse. Quelle est la nature de cette lesion? est-elle ancienne? Et alors, comment une transformation si complete, dans un appareil musculaire aussi essentiel a I'exercice libre de la locomotion de Tarriere-train, esl-elle compatible avec les manifestations d'energie et la regularity des mouvements de I'animal sur lequel on I'a observ^e? An contraire, cette lesion est-elle r^cente, corame semWe I'implirpier I'histoire rlinique de ce sujef ? M. Bouley desirerait Yoir (5clairer ces difTerentes questions pour ceux de ses collegues qui sont comp6tents dans les etudes microscopiques. Pour lui, a ne consid(5rer les choses qu'au point de vue clinique, il est convaincu que la lesion dont il s'agit actuellemont est de formation recente ; il lui parait im- possible qu'elle existe de longue date, sans se manifester du vivant de I'a- nimal par le moindre signe qui permette de la soupconner. Maintenant cette li^sion est-elle commune ? Oui. M. Reynal, chef de service des hopitaux a Alfort, Fa deja signal^c depuis quelques ann^es, et toujours dans les m6mes circonstances, c'est-a-dire sur des animaux bien portants, arrStes tout a coup dans leur marche par une boitcrie intense de I'un on des deux membres post^rieurs, et tombant, avoc tous les sympt6mes d'une para- pl^gie, pour ne plus se relever. Dans quelles conditions cette maladie se manifeste-t-elle? Le plus souvent sur des chevaux tr^s-energiques, et, chose remarquable, lorsque, pour une cause ou pour une autre, ils ont etc laiss^s au repos complet pendant plu- sieurs jours cons^cutifs. Seralt-ce que, dans les efforts plus energiques dans lesquels ils se livrent, alors qu'on les remct au travail, en raison de leur force accrue par le repos, les animaux impatients de mouvements, donneraient dans leur collier avec moins de mesure, et que les muscles sows- Zombo-fro- chantiniens (grands psoas) 6prouveralent une deterioration par le fait d'un violent ecart du femur auquel ils vont rcspectivement s'inserer ? M. Bouley serait porte a le croire, d'aulant que souvent la lesion de ces muscles est lo- calis6e exclusivement en un point, celui oh le psoas commence t se retr^cir pour concentrer ses fibres sur la tuberosity trochantinienne. 11 faut ajoufor que les symptomes de paraplegic s'expliquent assez bien, dans cette circon- stance, par la participation forcee du nerf crural ou femoral anterieur a la lesion du muscle lui-meme. 11 est commun, en effet, de rencontrer ce nerf inflltre au point de la lesion musculaire, et notamment epaissi. M, Bouley, dureste, meftra pvochainement sons las yenx de la Societ('- ces 9? deux 16sions coTincidentes , celle du muscle et celle du nerf qui rampe au- dessus de lui, avant de disperser ses divisions dans les muscles de la cnisse. EXAMEN HISTOLOGIQUE DES MUSCLES GRAS, par M. H. BlOT. Mod examen a port6 sur les muscles de deux regions diff^rentes : d'une part sur une portion des muscles fessiers, de I'autre sur une partie de I'un des psoas. A I'oeil nu, les fibres des muscles fessiers paraissaient compl^tement saines; elles avaient leur couleur rouge Labituelle, et M. H. Bouley lui-meme les regardait comme tellement normales qu'il ne les avait apportees que comme un specimen, specimen destine a faire mieux ressortir I'alteration qu'offrait le psoas. Celui-ci, en effet, dans presque toute son etendue, pre- sentait une couleur rouge pale jaunatre qui contrastait tr^s-manifestement avec la teinte normale du tissu musculaire ; aussi la simple inspection, a I'oeil nu.sufTisait-elle pour reconnaitre une alteration profonde dans ce mus- cle. Desireux de connailre plus completement la nature de cette alteration, nous I'examinames au microscope, et voici ce que nous piunes facilement constater : La portion du fessier, en apparence la plus saine, contenait d6ja un grand nombre de fibres malades au milieu de fibres saines. Parmi les fibres alte- r6es, les unes offraient ca et la un petit sable tres-fin de granulations, d'ap- parence graisseuse, disseminees par ilots au milieu des elements normaux des faisceaux primitifs. Les fibres longitudinales, plus marquees dans quel- ques points de la preparation, I'etaient moins dans d'autres oil Ton voyait, au contraire, plus nettement les fibres striees en travers ; a c6te de ces fibres oil les stries se voyaient encore bien s'en trouvaient d'autres oil la disposi- tion striee etait presque imperceptible ; tout le tube musculaire ctait rempli de graisse a I'etat de granulations assez grosses et aussi de vesicules grais- seuses d'un petit volume; dans d'autres enfin, on n'apercevaitabsolumentplus du tout de stries, ni transversales ni longitudinales, mais seulement des gra- nulations et des vesicules graisseuses d'un petit volume. Ainsi done, en re- sume, dans ces fibres musculaires, en apparence parfaitement saines, exis- tait, deja assez avancee, I'alteration connue sous le nom de degdne'rescence graisseuse. Quant aux elements du muscle psoas, ils presentaient encore ca et la quel- ques fibres saines, mais presque partout des fibres profondement alter^es, dans lesquelles la degenerescence graisseuse se presentait sous une forme beaucoup plus avancee. En effet, les unes etaicnt completement remplies et formSes par des vesicules graisseuses de volume variable; mais en general assez considerable, dont le diametre etait au moins quatre fois aussi grand que celui des vesicules de meme nature trouvees dans les fibres du fessier. D'autres ue presentaient pas seulement des vesicules, maisde vraies goutte- 93 lettes graisseuses, de forme irreguli^re, donnaul au contour des fibres uiu.-- culaires un aspect moniliforme. Le sarcoltoe paraissait meme dStruit dans quelques-unes. Enfln, au milieu de ces fibres alt^rees, nageaient litres un grand nombre de vesicules graisseuses de tres-grosses dimensions. Telles sent, en r6sum6, les alterations que m'ont offertes les parties de muscles presentees a la Societe par M. H. Bouley. IV. — Teratologie. SYNDACTYLIE DES CINQUIEMES DOIGTS ET ABSENCE DU CINQUIEME ORTEIL ; par le docteur L. Q. Legendre, prosecteur des hopltaux. Le cadavre d'un homme, age d'environ 40 ans, attira mon attention par la petitesse du pied droit. Cette apparence tenait a I'absence du cinqui^me or- tell. Cette lesion etait congeniale, car non-seulement 11 n'existalt aucune trace de cicatrice a la peau, mais encore cet homme presentait une dispo- sition tout a fait particuliere de tons les autres clnquiemes doigts qui etaient reunls au quatrieme par la peau qui enveloppe la premiere phalange, c'^tait une veritable syndactylle de la base des doigts, et cette disposition faisait paraltre le cinqui6me doigt des mains et du pied extr^mement petit. Un examen attentif et la dissection du pied a montr^ les fails suivants : lorsque Ton cherchait a travers les teguments la saillle considerable que presente toujours I'extremlte posterleuve du cinquiSme metatarsien, on ne percevait aucune saillle appreciable en avant du cubo'ide, et on pouvait con- clure a I'absence du cinquieme metatarsien. Les muscles des pieds, tels que les extenseurs et les nechisseurs communs, ne presentaient que trois tendons terminaux. A la region externe de la plante du pied, on trouvait le muscle abducteur du petit orteil assez developpe, presentant des attaches poste- rieures normales, et allant en avant s'inserer au cote externe du quatrieme metatarsien. Le muscle court liechlsseur du petit doigt allait s'inserer de mSme a la base de rextremitc posterieurc et externe de la premiere pha- lange du quatrieme orteil. On trouve trois interosseux a la face plantaire, le plus externe couche sur la face inferieure du quatrieme metatarsien. Cette existence des muscles du cinquleme doigt Indiqualt la presence du sque- lette osseux ; en efifet, si Ton gratte le quatrieme metatarsien, et si Ton exa- mine cet OS avec soin, on ne tarde pas a voir qu'll offre une epaisseur bleu plus considerable que dans I'etat normal ; son extremite posterieure s'arti- cule avec le cuboide, et laisse en dehors une portion non articulalre comme dans un cinquleme metatarsien. Cet os offre dans ce point jusque vers sa partle moyenne une salUie lineaire qui semble le diviser en deux parties inegales, Tune interne avant la parfaite conformation de I'os, I'autre externe ijui seiuble Ic rcaultat de luiiiuu dim ciiuiuieuie mutatarriicu, dont I'extru- mite anterieure mauquerait complelement. La coloration d'un blanc mat et la deusite plus grande de ccltc portion cxtcrnc du quatricme mclalarsieu rendent plus uette cetto apparence de fusion des deux os. Ea outre, ce me- tatarsien et le suivant sout unis vei's leur partie moyenne par une surface rugueuse. lUen dans I'cxamea des plialangcs et des surfaces articulalres du quatrieme orteil n'indique qu'il y ait eu aussi reunion de deux doigts. Ainsi nous trouvons ici un exemple remarquable de syndactylie incom- plete des cinquiemes doigts des mains et du pied gauclie, et une absence complete da cinqui6me doigt du pied droit avec fusion du quatricme et du cinquieme melatarsien. En outre, je ferai remarquer le pen de developpe- nient des cinquiemes doigts existants, cette microdactylie peut otre opposec a cc developpenient auormal qui sc presentc quelquefois au pouce et qui, couime dans Ic cas precedent, affecte a la fois les premiers doigts do la main ct du pied. V. — ChIMIE I'HYSIOLOUIQL'E. Stjft LA COMl'OSmON CIllJUQUE DU CRISTALLIN CHEZ LES POISSONS ET LES MAJLMIFERES TERRESTRES ; par M. I'AVEN. M. Payeu a soumis a uue uouvelle etude la composition chimique et les proprietes du cristallin. Ces recherclies ont ete entreprises a I'occasion d'un travail sur des corps particuliers trouv(5s dans les momies d'iVrica, corps que Ton croyait etre des produits artificiels, mais qui, eu realite, ne sont autre chose que des cristallins de mollusques. Les premieres recherclies out ete faites sur des cristallins de poissons et de veaux, et eteudues ensuite aux cristallins de bu^ui's, et ellcs ont surtoul pour but de determiner la nature des eldmeuts albiunlnoides du cristallin. Les proprietes chimiques varient avec chaque couche de I'organe. Les cou- ches externes, d'apparence gelatiniforme, sont composees de tubes et de cel- lules remplis d'un liquide albumineux. Cette albumine, coutralrement a Topi- nion t^misc par MM. Valenciennes et Fr6my, est coagTilable par la chaleur ; mais, pour cela, il faut extraire I'albumine du cristallin frais. Apres dessicca- lion, on ne pourrait plus obtenir la matiere coagulable. Au-dessous de la couche gelatiniforme, on trouve, dans les tubes propres du cristallin une ma- tiere tres-adhesivc, tres-abondantc dans les cristallins des momies d'Arica. La presque totalite de ces tubes est soluble; les ])arois des tubes forment a peine 1/1000 de la masse : cette substance coutieut beaucoup d'eau. Ce qu'il y a de remarquable, c'est (juc, dans le cristallin, la proportion d'eau va eu diminuanl de la peripheric vers le ceutre. Ainsi, pour le cougre, 11 y a, a la peripheric, 60 \\om 100 d'eau; dans la couche adhesive, 40 [lour lOU; enliu, dans le noyau, ti pour 100 acuicmcut. Le uoyau du cvistalUn coiilieut uuc '.ir) iiialit'ie soluble dans I'eau froiile. L'opacite que pieiid Ic nuyuu dans 1 iau tient a une infiltralion de i'eau eutre ses lames et a la diffLrence de refiiii- gence qui en resulte. Le coagulum du noyau est insoluble dans rammoniaqiie ct I'acide azotique. II semblerait, au premier abord.que chaque couclie contient des substances dilKrentes ; mais il est plus probable qu'il y a la une meme matiSre dont la cohesion vade. M. Payen expose ensuite les rdsultats num^riques de quelques experiences demontrant les plus grandes analogies entre la composition des couches con- centriques des cristallins chez les poissons et chez les mammifferes ter- restres. II signale aussi des differences, mais d'nn autre ordre, qui ne lui paraissent dependre que d'une cohesion nioindre, d'une proportion d'eau et de sub- stances solubles plus grandes dans les uus (les cristallins des poissons), que dans les autres (les cristallins des mamniiitires terrcstres), ceux-ci contenant d'ailleurs des libres moins nombreuses, moins larges, moins teuaces et moins prol'ondement dentelees sur leurs bords. Ces differences n'empechent pas de consfater les plus grandes analogies, presque une similitude complete, entre les proprietes caracteristiques des parties semblablement situees dans les cristallins des deux classes d'ani- maux. Le tableau suivant resume les experiences pond^rales sur les deux cristal- lins des yeux d'un boeuf. Couches molles exlernes dans la capsule 2,000 Couches adhesives .... Couches plus centrales et plus dures du noyau. . Poids normal. Sec vide Eaa p. 100. Fibres insolubles dessechees. Poids des fibres secbes dans la substauce normale. gr. 2,000 1,607 gr. 0,590 0,745 gr. 70,50 54,88 gr 0,002 0,033 gr. 0,001 0,020,5 0,470 0,255 45,74 0,027 0,057 Les deux cristallins 4,077 1,590 61 0,062 0,015,20 En separant ainsi en trois parties concentriques la masse du cristallin, on reraarque les proportions graduellement d(5croissantes de la p^riphdric au centre : l" de I'eau, 2° des parties, solubles, 3° du poids des fibres. Le sens de ces proportions decroissantcs est le memo que relativement aux cristallins des poissons, bieu que, dans ces derniers, cliacune des couches semblablement situees renferme de plus grandes quantites de substances solldes ; ainsi les proportions de ces substances dcssechces sont respoctivc- nient : CKISTACT DE BOEUF. CRISTAUI DE CONGBF.. SobsUDce aeche SabsUnce secbe poor 100. poor 100. Couches molles 29,50 39,80 — adWsives 45,12 59,04 — dures centrales 54,26 76,90 Les couches de la substance moUe ayant la consistance d'une gelee facile a s^parer de la matiere adhesive sont dans les deux classes fornixes de fibres tubulaires excessivement minces, remplies et entour^es d'une solution albu- minoide. Cette solution, extraite pardes lavages a froid,de la substance fralche, offre des proprietes chimiques trfes-analogues dans les deux cas. Elle est coagulee a 100° lorsque la proportion de substance seche forme au moins cinq centi^mes du poids du liquide et que I'^buUition est prolongee pendant cinq minutes. Le coagulum so maintient et devient plus opaque lorsqu'on le cbauffe a lOO", dans 10 fois son poids d'eau ; separe alors et tout humide, il est dissous immediatement a froid par I'acide ac^tique a 8°. La substance molle du cristallin, egalement dans les deux cas, dessechec, pulverisee, est rapidement dissoute afroid par 4 ou 5 volumes d'acide cblor- hydrique , la solution incolore prend graduellement une coloration violett foncee au bout de plusieurs jours. Les deux autres parties concentriques se dissolvent dans le meme acide ut donnent des colorations plus faibles. Quant a la partie plus centrale du noyau, elle contient aussi, dans les deux classes d'animaux, une substance albumino'ide soluble a froid dans I'eau ; 1'. s proportions sont diff(5rentes : 9 centi^mes seulement, dans le cougre, elle s e- leve a 94,8 pour 100 dans le boeuf ; mais, dans les deux cas, la solution est coagulable a 100<>, et le coagulum lav^ est, pour la plus grande partie, inso- luble dans I'acide acetique a 8'. De ces experiences, il parait resulter encore que, dans toute la masse du ci'istallin, les lamelles concentriques etant formees de tubes lateralement plus adherents que par leurs faces, chacune de ces lamelles diff^re, a I'elat normal, des lamelles superposees, du centre a la p^ripherie, par des proportions d'eau, de substances solubles, et de plus graduellement moins grandes. L'agi'egatiou des iibres, egalement du centre a la p^ripherie, se trouve gra- duellement moins forte. II est digne de remarque que, dans la couche externe, sous la capsule, la tr6s-faible proportion ponderate des fibres (uu millieme) suflise pour donuer a cette substance la consistance d'un mucilage epais, gelatiniforme, taudis qu'apres la separation des fibres, et sous le meme volume, la substance est liquide. 97 Ainsi done, la substance albuminoMe soluble des couches externes ou cor- ticales du cristallin olTre (avec de tres-legeres differences) des proprieties ca- ract^ristiques semblables chez les poissons et chez les mammiferes terres- tres. Ses couches concentriques sous-jacentes offrent (^galement dans les deux classes d'animaux une composition presque enti^rement semblable ou qui difffere seulement par les proportions d'eau et des substances solides. G. It. COMPTE RENDU DES STANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'aOUT 1857; Par M. le Docteur VULPIAN, secretaire. PRESIDEEE DE W, RAIEK. I. — Physiologie. 1« NOTE SUR L'INFLUENCE EXERCEE SUR L£ DEVELOPPEMENT DO POULET PAR L' APPLICATION LOCALE DON YERNIS SUR LA COQUILLE DE LCEUF ; par M. Da- RESTE. J'ai lu, il y a prSs de deux ans, devant la Soci^t^, un travail dans lequel je faisais connaltre les resultats d'experiences entreprises pour determiner I'inlluence exercee sur le developpement du poulet par rapplication par- tielled'un Yernis sur la coquille de I'oeuf. Ces resullats, qui varient en raison de la partie de I'oeuf oil le veruis est applique et de I'^poque de I'incubation oil cette application est faite, m'ont toujours montr6 ce fait, facile d'ailleurs 100 a prevoir, que le developpement s'effcctne toutes les fois que la respiration n'est point entrav^e , tandis que I'asphyxie se manifesto et d^tennine la mort quand, par une cause quelconque, le poulet ne peutplus respircr. Eu faisant ces espc^riences, jc n'avais point essaye de vernir un neuf en totalite. Je croyais que si Taction de I'air est indispensable au developpement des etres, le poulet ne pouvait jamais sc developper dans rinterienr d'une coqijille entierement vernie, et devenue, par consequent, impermeable a I'air. D'ailleurs des experiences avaient ete anciennement faites sur ce sujet. Des le Steele dernier, Reaumur, cherchant a ri^sondre un probleme important d'<5conomie domestique, celai de la conservation des ceul's pour ralimenta- tion, avait imagine de recouvrir les ccufs dun vernis pour les mettre al'abri de I'iniluence de I'air, et il etait arrive, par I'emploi dece precede, a des r^sultats assez satisfaisants. II voulut connailre I'iniluence exerct5e sur le germe par I'appUcation du vernis, et il mit en incubation sous une poule des oeufs vernis en totality. Dans ces conditions, aucun poulet ne se d^veloppa. 11 voulut ensuite savoir si le germe avait ete detruit, ou du moins s'il avait perdu la faculte de se developper ■ plusieurs oeufs furent devernis et places sous la poule. Apres plusieurs insucces, Reaumur trouva un poulet vivant dans un oeuf verni d'abord, puis deverui et mis alorsen incubation. Ces experiences m'avaient paru assez concluantes pour me I'aire croire qu'il etait inutile de les repeter. Toutefois d'autres experiences, faites en 1822 par Geoffroy-Saint-Hilaire, ne semblaient point d'accord avec les obser- vations de Reaumur. En liant I'oviducte chez des poules proles a pondre et en retenant ainsi les ceufs pendant plusieurs jours dans le ventre de I'animal, ce savant avait vu se produire, dans le vitellus de ces oeufs, des modifica- tions que Ton pouvait attribuer a un commencement d'incubation. Plus tard, des observations analogues furent faites a Berlin par M. Miiller et a Toulouse par.M.Joly.Ufautajoutercependant que les details donnespar Geoffroy-Saint- Hilaire sur ses exp(5riences sont trop peu complets, pour qu'il soit possible d'affirmer qu'il y ait eu reellement un commencement de developpement, et que les fails qu'il a observes n'6taient pas simplement un commencement de decomposition. Plus tard, MM. Baudrimont et Martin Saint-Ange, dans un travail couronne par rAcademieenlS45 et publie en 1851. dans lequel ils lirent de nombreuses experiences sur la respiration de I'embryon dans I'tcuf, indiquerent I'exis- tence de debris d'embryon dans un ccuf soumis a I'incubation apres avoir 616 verni en totalite. Cetle divergence dans les resultats obtenus m'a conduit a repeter Pexp6- rience de Reaumur. J'ai verni, adiverses reprises, un certain nombre d'ceufs, soit avec le vernis a chaussure, soit avec le collodion. Dans presque tons les ceufs dont la coquille etait ainsi rendue impermeable, j'ai trouve des em- bryons vivants, si la dur^e de I'incubation n'avait pas ete tres-longue (deux toi ou trois jours). De plus, j'ai toujours vu que le developpemeut s'6tait arrete a un certain degr^, passe lequel rien ne s'^tait produit. Ce moment oil le de- Teloppement semble fatalement s'arreter dans les oeufs vernis est celui oil la premiere circulation vitelline vient de s'^tablir, circulation principalement caracterist^e par I'existence de la veine primigeniale qui entoure comma un cercle I'aire vasculaire du poulet. Quand ou i)rolonge I'incubation au dela de ce temps, le poulet ne tarde pas a p^rir, et alors ses debris disparaissent pen a pen. Heconnaissables encore pendant quelque temps, par les taches de sang qui tranchent sur la couleur du vitellus, il arrive un moment oil ils cessent d'etre visibles, et oil on ne les reconnait plus qu'a I'aide de la loupe ou du microscope. C'est aiusi que Ton peut expliquer les r^sultats observes par Reaumur. En metlant en incu- bation pendant quinze jours et plus des oeufs vernis, il ne devait plus, a la fin de I'experience, trouver de trace de developpement, si le developpemeut avail eu lieu, d'autant plus qu'il se contentait d'examiner I'ceuf a la vue simple ; carl'embryon devait etre depuis longtemps mort et decompose. Ainsi done les experiences que je viens de faire ne me permettent point de douter que I'embryon ne puisse se developper dans les oeufs dont la co- quille est impermeable, et que ce developpement s'effectue jusqu'a rentier etablissement de la premiere circulation vitelline, 6poque apres laquelle la mort arrive. Maintenant est-il possible d'aller plus loin et de donner I'expiication de ces fails qui semblenten desaccord avec nos connaissances en physiologie? II me semble que I'expiication la plus simple et la plus naturelle que I'on puisse en donner, cest que la periode qui me parait si nettement indiquee par rentier etablissement de la premiere circulation vitelline, serait caracte- risee par retablissement de la fonction de respiration ; qu'il y aurait deve- lopiiement de I'embryon tant que cette fonction serait inutile a la vie, et que la mort arriveraitpar suite de I'impossibilite oil serait cette fonction de s'etablir dans un organisme enferme dans une coquille impermeable a I'air. C'est d'ailleurs ainsi que M. Dumas a clierche a expliquer les resultats obte- nus par Geofl'roy-Saint-Hilaire ; toutefois M. Dumas pensait que I'etablisse- ment de la respiration devait avoir lieu a une epoque beaucoup plus rappro- chee du commencement de I'incubation que celle que j'ai constatee dans mes experiences. Toutefois je dois faire remarquer que si cette hypoth^se me semble pro- bable, elle est loin cependant de presenter toutes les conditions qu'exigerait une demonstration complete. 11 y a, en eflfet, dans mes experiences, une cir- constance qui peut jeter du doute sur Ihypotb^se. On salt que I'a^uf, enti^re- ment plein au moment de la ponte, perd pea a peu une certaine quantity de la mati^re qui le compose, et que le vide qui se forme ainsi dans son int6- rieur se remplit d'air. 102 Aussi quand on vernit des ranches principales : Tune, plus voluniineuse, s'engage sous celte arcade 135 pour se distribuer au membre correspondant, I'autre plonge presque vertica- lement dans la cavity pelvienne. Derriere la vessie et accol6 a sa parol post^rieure, existe un rudiment d'nt^rus, d'une forme allong^e et d'une couleur trfes-pale. Plus profond^ment encore se volt le rectum. Sur les c6t^s de la colonne vertebrate, on trouve : A gauche, le tube digestif, uniquement represents par le gros intestin, qui s'^tend depuis le coecum hernia a la base du cordon, jusqu'a I'anus ou il se termine comme a I'Stat normal. II decrit une double courbure en S, il a le volume d'une plume de corbeau, et on le trouve rempli par une espSce de meconium presque blanc, et trfes-peu Spais. L'insufnation pratiqu^e par I'a- nus demontre, d'une maniSre Svidente, sa terminaison en cul-de-sac, a son extrSmite coecale. Plus en dehors et alapartiesuperieure immSdiatement au-dessous du dia- phragme contre lequel il est applique, un rein mamelonne, un pen aplati, du volume d'une petite noix, d'une couleur normale, de la partie interne duquel part un uretSre trfes-distinct qui va se terminer a la vessie. Au-dessous un petit corps ovalaire, de la grosseur d'une lentille, d'un rouge vif, communique par un filet trSs-deiie avec le rudiment d'uterus deja indi- que et represente I'ovaire. Ces organes reposent immediatement sur la gouttifere laterale de la parol post6rieure de Tabdomen, formSe par un plan charnu ou le muscle psoas seul se reconnait distinctement. A droite, a I'exception de I'intestin qui ne dSpasse pas la saillie de la co- lonne vertebrate, se trouvent les mSmes organes places de la mSme mani^re; mais, plus en arrifere, a la partie anterieure et un peu laterale du corps des vertebres, existe un gros tronc veineux qui est evidemment la veine cave in- ferieure. C'est en vain, d'ailleurs, que nous cherchons soit un estomac, soit une portion d'intestin greie, soit la rate, les capsules surrenales ou I'aorte. Pour proceder a retude du systeme circulatoire, nous avons disseque les vaisseaux du cordon a partir de leur extremite foetale jusque dans la cavite abdomlnale. Les deux artSres out un volume inegal; la droite est inflniment plus grele que la gauche dans toute son etendue et atteint a peine O^jOOl de diametre, se rend directement, ainsi qu'on le constate par I'introduction d'un stylet dans son calibre, dans la veine cave interieure, dont le diam^tre est de O^jOOS. Cette anastomose se fait au-dessus du diapbragme, a la partie su- perieure de la veine cave qui se termine en ce point par un renflement de forme triangulaire, contre lequel on rencontre un petit corps jaunatre du vo- lume d'un grain de chenevis et qu'on suppose 6tre un rudiment du foie : rexamen microscopique de ce petit corps, confie a M. le docteur Robin, a precisement conflrme cette supposition. 13G Ell suivant sa direction hal)ituelle , la veine cave fournit une branche a chaque rein, et vient se terminer en se bifurqiiant a Q"',Q[ de Tangle sacro- Tertobral. Les deux branches de la bifurcation suiTent le mfime trajet que les divisions de I'artere ombilicale du meme cote. Membres inferieurs. — Les membres inferieurs, recouverts par une peau considerablement infiltree, ne presentent rien de particulier a signaler, les distributions vasculaires et nerveuses, les divisions musculaires existent comme a I'etat normal. Squelette. — Dans lebut de conserver le plus longtemps possible les faits que nous Tenons d'enumerer, les parties molles n'ont pas 6te enlerees et le squelette n'a pu etre etudie dans tons ses details ; mais on pent dire, d^s a present, qu'il n'existe aucun vestige dcs os du crane, de la face, des ver- t6bres cervicales, des os de I'epaule et du merabre superieur, ainsi que des phalanges dudeuxi^me orteil. Organes de connexion. — II existe un seul placenta pour les deux foetus, sa forme est legerement elliptique, son plus grand dianaetre a 23 centimetres, le plus petit 0"',19 seulement ; son ^paisseur ne depasse pas 0",01. Triis-mou, tr^s-friable, il se dechire au moindre contact, etoflfre sur sa sur- face foetale quatre tacbes d'un noir fonce. Une, placee a gauche et un peu au-dessus de I'lnsertion du cordon, dune forme irreguli^rement arrondie, a environ 4 centimetres de diametre el occupe un quart de I'epaisseur de I'organe. Une seconde, phis allongee et un peu plus ctendue, placee au-dessous de la precedente, a une plus grande profondeur et interesse les deux tiers de I'e- paisseur du placenta. Les deux autres sont situ^es a gauche du cordon, int^ressent la circonf6- rence placentairc, occupent toute son epaisseur et penfetrent jusqu'a la sur- face uterine ; Tinfcrieure, la plus large de toutes, a une circonference tres- irreguliere, et oflfre sur sa superficie le developpement de petites phlyc- tenes. Au niveau de toutes les taches, la consistance du tissu est encore moindre que sur les autres points, leur d^chirure laisse suinter une humidity dont I'odeur gangr^neuse est manifeste. De la surface foetale du placenta part un seul cordon du volume de I'index ; a 4 centimetres de ses attaches 11 se bifurque : I'une des branches, tres- courte (29 centimetres), conserve le volume du tronc ct appartient au foetus vivant ; I'autre, plus grule, atteint a peine le volume du petit doigt, mais est plus longue (55 centimetres), et aboutit au foetus acdphale. On ne saurait mieux comparer cette division du cordon qu'a ce qui se passe dans les divisions arterielles lorsqu'une branche semble continuer le tronc par son volume, aux d^pens de sacongenere bien moins d^velopp^e. 137 Des le troisieme jour, les organes, bien que places dans I'alcool, 6taient enti^rement decomposes et leur conservation est devenue impossible. En resumant les faits importants que nous a presentes cette autopsie, nous voyons : 1° Cavity dorsale analogue a ce qui se passe dans le spina-bifida, avec cette dilTercnce que recoulement medullaire n'a eu lieu, ni par une scissure, ni par une division du rachis, niais bien par son ouverture supericure natu- relle ; 2" Absence de tout I'appareil respiratoire ; 3» Absence des centres nerveux, existence des nerfs des membres; 4° Appareil circulatoire reduit a un cercle etabli par les vaisseaux ombili- caux entre le placenta et le foetus, et borne chez ce meme foetus a la veine cave inferieure et aux veines et art^res des membres inferieurs; absence d'organe d'impuision ; 5° Appareil digestif reduit au gros intestin ; C° Appareil urinaire complet ; 7" Appareil de la generation a I'etat rudimentaire; 8° Etat patliologique du placenta ; 9° Unite du cordon a son origine placentaire. COMPTE RENDU DES SEANCES DB r r LA SOCIETE DE BIOLOOIE PENDANT LE MOIS D'OCTOBRE 1857; Par M. us Dogteur E. LE BRET, secretaire. pheside^'ce de m. rater. \. — Phtsiologie. DE L'INFLUENCE DU CERVEAD SUR la locomotion CHEZ LES SACTERELLfiS ; par Ernest Faivre. Nous avons eu Toecasion de faire sur des sauterelles des experiences que nous avions entreprises deja sur des dytiques, et qui sent relatives a I'in- fluence Jes diverses parties du cerveau sur la locomotion. Ces exp(!riences, dont le r^sultat ne pouvait etre pr6vu d'avance, ont eom- pletement conDrme les premieres, comme le d^montrent les observationsr qu'on va lire. Nous donnerons d'abord quelques details sur la disposition anatomique 140 du cerveau des sauterelles, et sur le proc6d6 op6ratoire que nouS atons suivi. Le cerveau des sauterelles est compost d'un ganglion sus-cesophagien, des pedoncules et du ganglion sous-oesophagien. Le premier renllement situ6 sur rffisophage se compose de deux lobes. Le grand diamiitre transversal est d'un pen plus de 2 millimetres, et le diametre an- t^ro-post^rieur dans sa plus grande etendue est de 1 millimCitre et demi. Ainsi on pent aisement enlever en partie ou en totalite ce renflement. Les pedoncules cerebraux assez greles, mais beaucoup plus lougs quechez les dytiques, out 3 millimetres de longueur. Le ganglion sous-cesopliagien est le plus petit renflement (1). Toutes les sauterelles sur lesquelles nous avons oper6 avaient environ 3 centimetres et demi a 4 de longueur. Les opf^rations que nous avons pratiquees sont de deux sortes : tant6t nous mettons a decouvert le ganglion sus-cesophagien, tantot nous operons surle ganglion sous-oesophagien ou les connectifs qui en partent. Pour mettre a nu le ganglion sup^rieur, nous enlevons a I'aide d'un scal- pel toute la portion du crane comprise entre les deux yeux, I'occipital et le frontal. Nous sommes, par consequent, obliges de detruire les deux antennes d6s leur orlgine ; il ne nous reste plus qu'a rctirer soigneusement les troncs des trachees, et nous distinguons la face superieure du cerveau situee sur la ligne qui joint la face anlerieure des deux yeux. Pour parvenir au ganglion sous-oesophagien, il suffit d'^tendre fortement la tete sur le thorax, d'enlever a I'aide d'un scalpel la membrane qui joint la Ifevre infcrieure au protliorax, d'i5carter quelques muscles et quelques tra- chees : on peut facilement couper les connectifs qui joignent le ganglion in- fdrieur au premier ganglion Ihoracique, mais il est plus difTicile de detruire completement le ganglion sous-oesophagien ; pour y parvenir, il faut enlever une portion de la l^vre infcrieure. Pendant les operations que nous venons de decrire, les sauterelles perdent beaucoup de sang, mais nous nous sommes assure par des experiences prea- mbles , qu'il n'en rCsulte aucun trouble dans les mouvements genCraux de I'animal ; ces mouvements sont seulement aCTaiblis. La locomotion des sauterelles a lieu, comme on salt, de deux mani^res : tant6t elles marchent, tant6t elles sautent ; les deux paires de pattes antdrieures sont disposees pour la marche ; la paire posterieure est organisCe pour le (1) Consultez sur le systeme nerveux des sauterelles, Regne animal de CuviER, grande Edition, atlas, pi. 76, fig. 1. — Leon Dufour, sur I'Anatomie DES ORTHOPTERES, Memoires des savants strangers, tome Vll, 1841. Newport; Enctcloped., p. 950 {forficula et locusta). 141 saut. Les pattes post(5rie'ires sont, en effet, froisfois plus longues que toutes les aufres, et pourvues de muscles plus puissants. Si on enleve ces pattes, la sauterelle ne peut plus sauter, mais elle continue a marcher. U est aise de rcconnaitre que les pattes posterieures, bien que specialement organisees pour le saut, servent cependant aussi a la marclic. Voyons maintenant quelles sont les consequences des diverses operations pratiquees sur le cerveau, soit par rapport a la marche, soit par rapport au saut. Si on enl6ve la totality du ganglion sus-oesophagien sur des sauterelles, les insectes operes vestent d'abord immobiles. Pendant les premiers moments, rien ne les determine a la marche, on dirait meme qu'ils en out perdu la puis- sance. Cependant, si. on les excite, si on pince, par example, I'une des pattes, a I'instant Tinsecte marche ou saute pendant un temps plus ou moins long. A mesure que les effets produits par I'operation deviennent moins sensibies, la locomotion se fait avec plus de facilite, et sans qu'il soit besoin d'excitalion pour la determiner. L'insecte se dirige en avant, pourvu que la section du cerveau ait ete faite d'uns maniSre egale a droite ou a gauche. •Mnsi, I'ablation du cerveau superieurn'empeche pas les niouvements, mais elle les ralentit, et parait abolir la faculty de direction, puisque lanimal marche toujours et comme fatalement dans le meme sens. Si Ton pique a plusieurs reprises ou si Ion coupe I'un des lobes du cer- veau, l'insecte commence a tourner en sens inverse de la section. Si on a piqu6 ou coupe le lobe droit, il tourne de gauche a droite; si on a pique ou coup6 le lobe gauche, il tourne de droite a gauche. Ces mouvements de ro- tation ne sont ni rapides ni continus, mais lis s'effectuent apres chaque ope- ration, et il est facile de les constater, surtout lorsqu'on a enleve aux saute- relles leurs pattes posterieures ; dans le cas contraire, ils sont beaucoup plus lents. Les insectes sur lesquels on a pratique cette operation n'ont pas perdu la faculte de sentir; mais ils ne sautent qu'autant qu'on excite les pattes poste- rieures. La rotation en sens inverse de la lesion peut persister de quinze a Tingt heures. Generalement sa duree est moins longue, et, dans certains cas, le sens de la rotation peut changer. Yoyons maintenant les resultats des operations pratiquees sur le ganglion sous-oesophagien. ,Si on detruit ce ganglion, ou meme si Ton se borne a couper les connectifs qui I'unissent au premier renflement thoracique, ranimal devienl immobile. En vain on I'excite, soit en pincant une de ses pattes, soit en comprimant I'abdomen, il n'avance pas, il ne marche pas ; cependant il peut sauter si Ton a excite ses pattes posterieures. Disons tout de suite que ce mouvement de saut est un mouvement reflexe qui se passe dans le ganglion situd entre les 142 deux longues pattes post^rieures ; on peut s'en convaLncre en excitant ce ganglion. Ainsi privee du ganglion sous-oesopliagien, la sauterelle ne marche pas ; si ia marche est devenue impossible, ce n'est pas que, par suite de Top ration, les pattes aient ete paralysees; en les pincant, elles se retirent, elles s'a- gitent, on provoque des mouvoments reflexes ; la marche est impossible parce qu'il y a une abolition de la puissance qui commande les mouvements gene- raux et qui les coordonne. Nous avons vu que rablation du ganglion sus-oesophagien produit un tout autre resultat. Ces insectes, apr^s nette operation peuvent encore marcher, et, par conse- quent, la puissance qui excite et coordoniie les mouvements n'a pas 6te abo- lie ; elle n'appartient done pas a celte partie du cerveau plac^e sur roeso- pbage. Nous venous de voir comment les experiences conduisent a admettre que le siege de cette puissance reside dans le renflement plac6 sous i'oeso- phage. Nous revenous done a la distinction que nous avons deja faite dans notre travail sur le dytique. Le ganglion sus-oesophagien parait etre en rapport avec la direction des mouvements. Le ganglion sous-cesophagien est specialement le si^ge de la faculte exci- tatrice et coordinatrice. 11. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE COMPAREE. NOTE SCR UNE TUMEUR VOLUMINEISE EN TOURANT LESTOMAC D'UN PYTHON MO- LURE, ET SURVENUE A LA SUITE DUNE VIOLENCE EXTERIEURE; NOUVEAU DIS- TOME TR0U\E DANS LES VOIES URINAIRES DE CE PYTHON ; par M. le docteur H. Jacquart. Un python molure d'environ 1 mfetre 60 centimetres de long fut acquis le 25 Janvier 1851 par la menagerie des reptiles du Museum. Mais il y etait deja depuis plusieurs mois, en sorte qu'a sa mort, survenue le 7 septembre 1857, il y avait pres de six ans qu'il etait nourri au jardin des plantes. U a mange huit ou dix fois chaque ann^e, et la derni^re fois ce fut en avril 1857, c'est- a-dire environ cinq mois avaiit de mourir. M. le docteur Auguste Dumeril, professeur-administrateur au Museum, qui a bien voulu suivre avec moi tons les details de I'autopsie, m'a donn6 ces renseignements. Voici ce que j'ai appris sur I'^tiologie de la maladie : En mars 1856, ce serpent fut mis par son gardien avec une femelle de py- thon de Seba d'une taille double de la sienne. Celle-ci ne trouvant pas de son 143 gofit ce compagnon d'une esp6ce diff^rente de la sienne, le serra si fort dans ses replis, que le pauvre python molure allalt succomber si le gardien n'6- tait arrive, et apr6s beaucoup de difficult^s u'etait parvenu k les s^parer en les mettant dans un bain. Pendant les premiers mois qui suivirent cette lutte, car le male avait t6- sist6 en serrant aussi (5troitement la femelle, on ne s'apercut d'aucun chan- gement dans la sante ni I'babitude ext^rieure de ces deux reptiles. Mais vers le mois d'avril 1857, c'est-a-dire environ une annee aprfes le combat qui avait eu lieu entre eux, on commenca a remarquer qu'une tumeur se ddveloppait vers le milieu du corps du male, laquelle augmentait beaucoup lorsqu'il avail mangi5 et lorsque la proie i^tait presum^e airiv(5e dans I'estomac. Ce qui porta naturellement a penser que la tumeur avait pour si6ge les parois de ce vis- c6re, car elle grossissait de tout le volume de la proie, pour diminuer pro- gressivement ensuile a mesure que la digestion s'operait, et enfln revenir au volume qu'elle avait avant que I'animal eiit mang^. Ce ne fut que vers le mois d'aoilt de la meme ann^e, c'est-a-dire quatre mois plus tard, qu'on s'apercut qu'une tumeur semblable sedeveloppait chez la femelle ; celle-ci continue a vivre, et la tumeur olTre, aprfes les repas de I'animal, les changements que nous avons indiqufe pour le python molure dont nous faisons ici I'autopsie. Nous voyons que la tumeur principale empifete de 4 ou 5 centimetres sur I'exlremite post^rieure du foie et cesse7 a 8 centim. en avant du pylore. Elle entoure I'eslomac presque dans les deux tiers inferieurs de sa circonference. A I'union de son tiers post^rieur avec les deux tiers anterieurs de son plus grand diam^lre, elle est un peu etranglde, ce qui la rend bilob^e. Elle avoi- sine par son extr^mit^ anterieure celle du petit poumon et le foie. Elle est en contact imm^diat avec le grand poumon par toute sa face superieure, et de- vait gener I'entr^e de I'air dans la partie posterieure de ce sac a^rien. II est vrai que dans I'attitude la plus ordinaire des ophidiens, la reptation se trouvant au-dessous de ce poumon, elle devait moins le comprimer, en- traln^e qu'elle etait par son poids qui tendait a Ten detacher. Elle se moule sur les goutti^res vertebro-costales, dont elle est s^paree par les oiganes pr6- c^demment indiqu^s, et sur la parol abdominale. Par ses connexions avec I'estomac, elle devait singuli^rement s'opposer a la descente de la proie dans la cavit6 dece viscere. Cette tumeur, multilobul(5e a sa surface, estfor- m6e d'un nombre consid(§rable de petits depots ou collections arrondiesd'un diam^tre qui varie d'un centimetre a 2 centimetres et demi, assez semblables a du pus, si ce n'est que la couleur en est plus pale. EUes sout s^par^es par des depressions qui les sertissent en quelque sorte et qui sont le siege d'une in- jection comme ecchymotique vasculaire d'un rouge tres-vif, formee par un reseau plus ou moins fin. Le peritoine qui recouvre les gouttieres vertebro-costales et la parol abdo- 144 minale qui lui correspondent est parcouru dans sa couche sous-sereuse par un grand nombre de pelils vaisseaux d'un brun fence, partant du rachis, di- rig6s transversalement , paranoics entre eux , et frequemment anastomoses. II y a eu la un point de peritonite assez intense. Le plus grand diamelre pa- raliae a I'axe du corps est de 26 centimetres et demi, le transversal a9 cen- timetres et demi, et se reduit a 6 centimetres au niveau do I'etranglement indique plus haut;de la surface infericure a la parol de I'eslomac, il ya 10 centimetres mesures sur unc coupe qui divise la turaeur jusqu'aux. tu- niques de ce visc^re. Elle est formee, a l'int6rieur comme a Tcxterieur, d'une mullitude de collections variables en grosseur, depuisle volume d'un pois jusqn'a celui d'une noix, renfermant uue matiere semi-Uquide caseeuse un peu plus blanche que le pus. II existe trois autres tumeurs de meme nature et de m6mc aspect, mais beaucoup plus petites, allongees, arrondies, multilobulecs. L'une qui a 6 cen- timetres dans sa plus grande dimension, 3 dans une autre et 2 dans une troisieme, se trouve au-dessous de la partie cardiaque de I'estomac. Elle est avoisinee par une autre tumeur moitie plus petite; ct enfin une autre tenant le milieu pour le volume entre les deux, repond au milieu du cole gauche du lobe anterieur de la tiuneur principale. Celle-ci coiffe I'estomac, le loge dans son etranglement et se moule sur lui, comme la glande thyroiJe hypertro- phiee sur la trachee et le larynx. Nous verrons plus loin Tanalyse de cette tumeur faite par M. le docteur Charles Robin, sur I'invitation de M. le professeur Auguste Dumeril. Le tube digestif ouvert dans toute son etendue est sain. I'estomac contient un botrydie de 1 metre 50 cent, environ, mais dont la tete a ete detachee et n'a pu etre retrouvee. Lamuqueuse stomacale ne presente pas d'alteration; la couleur et la consistance sont normales. La tumeur s'arrete aux tuniques de I'estomac, et on peut, par la dissection, Ten detacher. Le foie est plus fence que de coutume et sensiblement ramoUi. Dans le peumon gauche est un helminlhe pentastome d'enviren 5 centimetres de long, et de 2 millimetres de diametre vers la tete. Veici les resultats de I'examen micrescopique de la tumeur par M. le docteur Churles Robin : « Le liquide contenu dans les tumeurs du python molure etait compose ainsi qu'il suit : » !• D'une scrosite treubiee par une grande quantite de granulations, les unes de nature graisseuse, les autres de nature calcaire, car elles se dissolvent dans I'acide chlorhydrique en degageant une petite quantite de buUes de gaz. Toutes refractaient la lumiere en jaune et ofTraieut une couleur foncee; » 2° Dans ce serum, nageaient des globules de pus en petite quantite, du reste, dont beaucoup etaient assez granuleux. » 3" D'une quantite plus considerable encore d'amas irreguliers, jaunalres ou noiratres, lorsqu'ils etaient assez gres pour etre presque opaques, tous larges de 1 a 5 centifemes de millimetre. lis etaient certainemeat de nature 145 calcaire, formes de phosphate et de carbonate de chaux, selon toutes probabi- lites, car ils se dissolvaient rapidement dans I'acide chlorhydrique avec de- gagement d'une notable quantite de gaz. Ces corpuscules, avec les granula- tions moleculalres decrites en premier lieu, etaient les elements les plus abondants de ce liquide, et lui donnaient principalemeut sa couleur. « De quelle nature est la tumeur survenue a la suite d'une violente constric- tion? Est- elle de nature franchement inflammatoire ? et la mati^re crayeuse melee de pus est-elle le produit constant de rinllammation chez les reptiles? C'est peut-etre ce qu'il nous sera possible de determiner, car aujourd'hui meme oii je r^dige cette observation d'apres mes notes, je vais faire I'au- topsie de la femelle de python de Seba, qui a si maltraile le python molure dont il s'agit; car elle aussi a succombe, et nous aurons a examiner sa tu- meur. Les reins disseques avec soin paraissent sains. Les uret^res sont ouverts depuis le cloaquejusqu'al'extr^mite anterieure des reins, car chez les ophi- diens il n'y a pas de bassin et les calices s'ouvrent dircctement dans I'ur^- t6re. Mais nous trouvons particuliferement dans le goulot des calices des points noirs qui, degages avec precaution, nous apparaissent sous la forme de petits corps longs de 4 a 5 millimetres etaplatis, et qui, examines au mi- croscope, sont de veritables helminthes du genre tr^matode, de la tribu des distomes. II y en a quelques-uns dans les uret^res. En consultant le traite special du docteur Charles-Maurice Diesing, je ti'ouve que c'est le dislomum lancea qui y ressemble le plus. Mais la ventouse abdominale est bieu plus rapprochee de la buccale sur le distome du python que sur ce dernier. D'ail- leurs le dislomum lancea n'a ete trouve que dans les voies biliaires, et il ne paraitpas, jusqua plus ample information, qu'on en ait trouv6 dans les voies urinaires des ophidiens. Nous serious done les premiers qui les y aurions signales. Nous nous proposons de leur donner le nom de distomum Rayeri, du nom de M. le docteur Rayer, qui a fait une etude si savante des maladies des reins chez I'homme, et que nous avons eu pour maltre et initiateur a I'lconographie pathologique. Depuis nous avons eu occasion de les trouver dans les voies urinaires des boas constricteurs que nous avons eu occasion d'ouvrir; mais ceux de ces derniers sont beaucoup plus allonges, et au premier coup d'oeil semblent avoir une queue. Du reste, a part cette elongation qui leur donne de 5 a 6 millimiStres de long, et qui est peut-etre en harmonic avec la configuration des calices des boas constricteurs dont les goulots r(5trecis bien plus que chez le python n'auraient pas permis a ces helminthes de s'y engager, si leur extremite buccale n'avait pas et(5 evid(5e au point de simuler une queue a la simple vue. Les distomes des voies urinaires du python et des boas constric- teurs, a part relongation de deux des derniers reptiles , out I'organisation des tr^matodes. Uue ventouse qui contient la bouche est situ(5e a 1' extremity c. u. 10 146 la plus 6vid6e. Us ont un tube digestif rameux, mais point d'ouverture anale. II existe une autre ventouse ventrale fort rapprochee de la preml&re. lis sont hermaphrodites; I'ovaire est rameux et situe au-dessus de I'iu- testin. 11 existe plusieurs testicules et un pertuis oil aboutissent les oviductes. Je me propose, du reste, de completer ces recherches si I'occasion s'en preseate. III. — Pathologie. 1° PHTHISIE PILMONAIRE ; ALBUMINURIE ; COLORATION BRONZEE DE LA PEAD ; ALTERATION GRAISSEUSE DES CAPSt'LES SURRENALES; par MAI. CHARCOT et VULPIAN. Obs. — Laraon, age de 57 ans, journalier, est entr6 le 13 septembre 1857 a rh6pitalde laPiti^, salle Saint-Raphael, n" 35. Get homme est dans un etat d'amaigrissement, de marasme des plus pro- nonces. La face est gripp(5e, la peau du visage terreuse; le nez est effile, froid, violace. La temperature de la peau est basse, tres-basse m6me aux extr^mites. Le pouls est estremement faible, a peine sensible. La voix est eteinte. L'intelligence du malade est affaiblie; mais il n'y a pas en realite, perturbation des fonctions intellect uelles. Toujours est il que nous ne pou- vous obleni;- de lui que fort peu de renseignements concernant son etat ant6- rieur ; nous apprenons seulement qu'il est d'une mauvaise sante habiluelle et qui! est beaucoup plus malade depuis une quinzaine de jours. II y a beaucoup de soif , de I'inappetence, de la diarrhce. Les selles sont tout a fait sereuses, au nombre de quatre ou cinq dans les vingt-quatre heuies; il y nage des tlocons album ineux sous forme de grumeaux. Le malade ne ressent aucune douleur dont il puisse preciser le siege, si ce n'est au niveau de la region r6nale gauche oil il 6prouve depuis longtemps, dit-il, une douleur sourde. Le 14 septembre, I'exploration du thorax fait decouvrir au sommet du poumon droit les signes physiques en rapport avecrexistencede tubercules pulmonaires; ily a merae plusieurs excavations. Les urines tr6s-claires, peu abondantes, traitees par I'acide ntlrique, donnent un prteipite albumineux assez abondant. La diarrhee persiste, et il s'y niele un peu de sang sous forme de caillots. L'algidite persiste; le pouls est a peine sensible. Le 15 septembre, on constate les particularites suivantes : La peau du malade presente une coloration brune, bronzee, tn'-s-foncf^e, plusfonc^e en certaines parties que nest la coloration de la peau dun mula- tre. Celte coloration est a peine sensible a la face et aux mains, ce qui fait qu'elle serait pass^e inapercue si Ton n'avait eu I'occasion de decouvrir le corps du malade. Elle est disposee sous forme de grandes laches dont cha- cune recGuvre toute une region du corps. Lane d'elles enveloppe le cou dans 147 toute son etendue ; elle est trSs-fonciie. La poitrine, mais surtout rabdomen et le scrotum sont reconverts d'une grande plaque d'ua brun trfes-sombre ; les ^paules et les bras, les cuisses surtout, dans leur partie ant^rieure et ex- terne, prtSsenlent une coloration tr^s-sonibre ; an contralre, les mains et les avant-bras, les pieds et lesjambes sont compl^tement epargnes et pr^sentent une couleur normale. La teinte bronzee est tr^s-fonc^e sur les regions lat6- rales du thorax ; elle Test moins a la region du dos. Ces plaques brunes ne se limitent pas pardes bords tranches, elles se fondent an contraire par des gradations insensibles dans la teinte generate des parties vbisines. A part cette coloration bronzee si remarquable, rien a noter sur le tegument ex- terne, si ce n'est un etat lich^no'ide h'ger, mais presque general, qui rend la peau rugueuse et qui oblige le malade a se gralter. L'etat des forces s'amoin- drit chaque jour, la diarrhee persiste quoi qu'on fasse; les urines sent tou- jours albumineuses ; I'algidite continue, et le malade meurt tout a coup pres- que sans agonie le 25 septembre 1857. Une gouttelette de.sang, tirce d'un des doigts de la main, par une legere piqiire, ayant 6le examinee an microscope, on n'y a trouv^ rien d'anormal, et, en particulier, on n'y a pas constats {'existence de corpuscules de pigment; AuTOPSiE. — Cerveau. On trouve un petit kyste rempli de s6rositt5, si^geant an niveau de la corne irontale droite. Poumons. Le lobe supc^rieur droit est farci de tubercules a divers degr^s dedeveloppements. 11 y a la quelques excavations d'un petit volume; quel- ques tubercules dissemin^s an sommet du poumon gauche. Cosur. De petit volume, normal d'ailleurs. Foie petit, sans alteration notable. Les Epiploons, le mesentere et le tissu cellulaire sous-p6ritoneal par peaces, contiennent une accumulation de graisse qui contraste avec l'etat de maigreur extreme que presente le cadavre. Intestins. Tubercules dans la membrane muqueuse de I'il^on. Ca et la quelques ulcerations tuberculeuses. Rate de petit volume, de consistance normale, ne presentant pas une colo- ration plus foncec que cela n'a lieu en general. Reins de petit volume, presentant une surface in^gale, bossel^e, lobul^e. Lorsqu'ils ont et6 incises, on y constate tons les caract6res qui distinguent I'alteration de Bright (3" degre). Les capsules surrenales ont leur volume normal et leur forme habituelle. Elles sont divisees du hile au bord convexe; et, a premiere vue, leur tissu examine sur les surfaces de section, n'olfre aucun dcpdt morbide apparent, et ne montre pas non plus une de ces alterations evidentes de coloration qui accompagnent ordinairement les lesions intimes. Cependant une etude plus attentive fait decouvrir quelques modiUcations. On n'apercoit pas distincte- ment la substance medullaire qui parait avoir pris les memes caract^res que 148 la snbsfance corticale, et tout le tissn presente une teinte jaunatre, surtout prononcee en quelqnes points, qni s'eloigne un pen de la couleur ordinaire des capsules surrenales. Mais ces modifications sont en somme assez le- g^res pour qu'il soit impossible d'arTirmerque les capsules sont altorees. L'exa- men microscopique donne au contraire des resultats tranches. Chaqne pre- paration presente une quantite considerable de granulations graisseuses, la plupart tres-petites, dont quelques-unes cependant sont assez grosses. Les elements propres des capsules sont reconverts de ces granulations et s'aper- coivent avec quelque difDculte : dans les preparations oii Ton reussit a bien isoler les cellules du parenchyme, on voit qne ces cellules sont un peu bour- souflees, d'une teiute sombre et sont remplies de nombreuses granulations graisseuses. Dans les points les plus jauuatres, la graisse se trouve accu- muloe en bien plus grande quantite. Les capsules ont done subiune alteration graisseuseprofonde,etressemblentcompletement sous ce rapport au foiegras des phthisiques. Kous avons fait I'essai de la substance de ces capsules arec la teinture d'iode, en faisant bouillir une partie de ce qui devait avoir ete la substance meduUaire avec 5 ou 6 centimetres cubes d'eau dans un tube de verre et en ajoutant ensuite goutte par goutte de la teinture d'iode : nous n'a- Tons pas obtenu la coloration rose, un peu vineuse, qui est la reaction carac- t^ristique des capsules surrenales a I'etat sain. Peau. Les parties colorees de la peau ont ete examinees au microscope. Les cellules de la couche de Malpighi contiennent des granulations pigmen- taires foncees et tres- nombreuses : en outre, il y a aussi du pigment dans un grand nombre de points de la couche superficielle du derme. Ces points ont une couleur brunatre plus ou moins foncee. Le pigment y est en teinte uni- forme ou en granulations, et il a pour siege soit des cellules etroites a pro- longements multiples, soit des elements fusiformes allonges qui nous ont paru faire partie des elements normaux du derme. Le pigment dans le derme ne forme pas une couche continue, mais est reparti sur des points plus ou moins rapproches, en ilots nombreux, souvent irreguliers, et de dimensions tr^s-variables. Dans un cas de maladie bronz^e oil la peau avait et^ examinee au micro- scope par lun de nous (Comptes rendcs de l.\ Soc. de biol., 1S56, p. 155), le pigment se trouvait exclusivement dans la couche muqueuse de I'^pi- derme. Kous ne terminerons pas cette observation sans faire deux remarques im- portantes. La coloration bronzee de la peau a ete ete constat^e sur notre ma- lade a un moment oil il etait tellement affaibli qu'il a ete impossible d'obtenir de lui des renseiguements precis sur le moment oii s'etait developpee cette coloration, dont I'apparition pouvait remonter a une epoqne fort eioignee du debut de la maladie et qui pouvait meme ^tre cong^nitale. En second lieu nous devons dire que, qnelques jours apres la stance de la Soci^te de biolo- 149 gie oil nous avions montre les capsules surrC'nales de ce malade, nous avoius pu faire Texamen de capsules surrenales proyeDant d'une femme morte de phlegmon diffus des parols abdominales, et que ces capsules offraient nne alteration graisseuse tout aussi prononcee, sans qne la malade, fjui a pu 6tre longtemps observt^e al'hOpital Beaujon, eCit jamais pr^sente la moLndre teinte bron^ee de la peau. 2* OBSERVATION D'HTDROrEPHALE CO.VGEMTALE P.AR EP.ANCUEME.Vr DA.VS LES VEXTRJCLLES ; TBOIS PO.NCTIO.NS SUCCE3SIVE5 ; MOBT, ALTOPSIE ; EiiilE.N DO LIQCIDE DE L'EPA>CHEiIE>'T ; par il. A. LCTO.\. La nomm^e Eugenie Michelet, nee le 3 join 1856, est entree a rinflrmerie de I'hospice des Enfants-Trouves (service de M. Giialdfes) le 22 aout 1857, pour Stre soignee d'une ophthalmic catarrhale. Cette petite fille presentait tous les caracteres ext^rieurs de I'hydrocephale, Le volume de la tete paraissait enonne ; la circonference du crane mesurait 51 centimetres. L'ossiiication de la voiite etait tr^s-peu avancee : la fonta- nelle ant^rieure formait une large membrane offrant en travers 1 1 centime- tres et demi, et davant en arriere & centimetres ; la suture sagittate etait largement 6cart6e; il y avaitnne petite fontanelle post^rieure; en un mot, tous les OS de la voute semblaient disjoints. On sentait manifestement de la fluctuation an niveau de tous ces espaces membraneux. Sous tous les autres rapports, cette petite fille etait bien developpee ; elle offrait un embonpoint notable; sauf son ophthalmic, elle ne paraissait pas malade; elle mangeait de bon appetit. Cependant sa respiration etait habituellement ronflante ; et d^s gu'on ne s'occupait plus d'eUe, elle s'endormait profondement. La sensibilite etait in- tacte, car lorsqu'on voulait explorer ses yeux, I'enfant poussait des cris et s'agitait vigoureusement ; la vue et I'oule etaient conservees; jamais il n'y a eu de mouvements couvulsifs ni de vomissements. Peu a pen la somnolence devint plus profonde et prit le caractere d'un veritable coma dont on ne pouvait tirer la petite malade que pour lui faire prendre quelques aliments. C'est alors que M. Giraldes, autorise par de nom- breux antecedents dans la science et dans I'espoir de rctablir pour un mo- ment les fonctions de I'encephale, resolut de pratiquer une ponction des membranes et d'evacuer une partie du liquide epanche. Cue premiere ponction fut faite le 9 septembre a I'aide d'un trocart explo- rateur, sur Tangle lateral gauche de la fontanelle anterieure. L'instrument penetra d'un centimetre et demi environ. U sortit un liquide incolore et trans- parent dont la description sera donnee plus loin ; on en recueillit environ 60 grammes, mais il eut ete facile d'en obtenir bien davantage, M. Giraldes sabstint dans la crainte de faire penetrer de Tair dans la cavite de I'epan- 150 chement : en effet, la membrane de la fontanelle s'6tait deja fortement af- faiss^e. A la suite de cette operation il ne survint aucun accident; seulement I'etat de I'enfant n'en fut pas ameliore. Le 11 septembre nouvelle ponction au niveau de Tangle lati'i-al droit de la fontanelle anterieure. Cette fois on recueaiit nne cenlaine de grammes d'un liquide identique a celui de la premiere ponction. Aucun accident iiiflammatoire ne se di'clara. 11 sembla cependant qu'nn pea d'air avail dft pdn^lrer par la canule du trocart explorateur, car en per- cutant le frontal du cute droit,' on trouvait de la sonorite, tandis qu'on n ob- tenait rien de semblable du cote oppose. ''te coma ievinl de plus ien plus profond, car le liquide se reproduisait avec une grande rapidite; la fontanelle, qui s'etait affaissee a la suite de chaque ponction, reparaissait bientot plus bombee que jamais. Le lundi 14 septembre, nouvelle ponction qui fournit des resultats identi- ques a ceux des deux premieres operations. On fit ecouler environ lOOgram- mes de liquide. A ce moment on rechercha, sans le trouver, un signe qui a ete signale dans rhydrocepbale : le souffle du docteur Fischer. D'un autre c6te, comme il semblait qiTune certaine quantite d'air avail peniMrt^ dans la cavite de r^panchement, on chercha vainement a determiner la fluctuation hippocra- tique; on n'entendit pas non plus I'^gophonie corebiale, signe assez singu- lier que le docteur Whitney (de Newton) pretend avoir constate. Malgre ces trois ponctions successives, le liquide sc reproduisaut avec uue extreme rapidite, I'enfant, qui parut un moment un pen plus eveillee, re- tomba bientot dans son coma. Puis la mahide refisa de manger; ses yeux se Secb^rent, ainsi que les levres et la langue ; il y eut un pen de fievre, sans qu'on conslatat ncanraoins aucun signe d'irritation t-erebrale. L'enfaiit mourut le 18 septembre, quatre jours apres la derni^re ponction. Son auto|)sie fut faite au bout de vingt-quatre heures. Avant d'ouviir le crane, M. Giraldes fit une ponction avec le trocart explo- rateur sur Tangle lateral gauche de la fontanelle anli-rieure. 11 s'ecoula d'a- bord, goutte a goutte, un liquide tout a fait semblable a ce ui qni avail 6i6 recueilli pendant la vie; puis en opi'^rant des pres^inns sur le crane, et en metlant en jeu Teiastlcit6 des os, de Tair p^netra par la canule en sidflant et Tt5coulement devint continu. Lorsqu'il s'interrompiiit la meme manoeuvre le f^tabl'ssalt. On recueillit ainsi 260 grammes du liquide (5panche; on aurait pu en obtenir davanlage. A ce moment, au moyen de la succussion, 51. Gi- raldfe produisit un bruit de fluctuation semblable a celui de la fluctuation dii pnefinio-hydrothotax^ et qu'on entendait a distance. Le cr5nc outerf , on reconnut que Tepaufiiement ne si(^geait pas dans la ca- viti5 de Taraclmoiide; il n'existait pas non plus dans iesespai'es snus-aracli- '151 no'idiens. n n'y avait ni pus, ni fausses membranes, ni injection inflamma- toire dans les enveloppes de I'encephale. L'epauchement occupait les cavites ventriculaires. La surface des hemispheres, surtout a gauche, (5tait lisse et comme d^plis- see. La fluctuation ^tait des plus evidenles au niveau de chaque heraisplifere cerebral. L'ouverture des ventricules laissa ^couler une grande quantite d'un liquide a peine teint6 de sang. Les ventricules lateraux, ^normement dilates, formaicnt deux vastes poches dont les parois, (^paisses tout au plus de 3 cen- timetres, etaient formi^es par la substance cerebrate ^talce par le refoule- ment du liquide ^panche. L'etage inferieur et le prolongement ancyro'ide des ventricules etaient developpes dans les memos proportions. Les sailliesnor- males du plancber ventriculaire n'etaient pas effac^es : le pied d'hippocampe ofl'rait meme des bosselures tres-marquees. On voyait ramper a la surface du corps slrie et de la couche optique de grands vaisseaux rectilignes qui s'irra- diaient depuis la fonte cerebrate jusque vers les hemispheres; ces vaisseaux ofTraient un calibre bien plus considerable que dans I'^tat normal. lis parais- saientefre des veines;ils etaient enveloppes d'une legfere atmosphere opaline; on remarquait aussi, a la surface du corps strie et sur le pied d'Hippocampe une multitude de petites saillies papillaires reticulees : I'examen microsco- pique a montre que ces saillies etaient form^es d'une matiere homogene, sans fibres ni cellules. M. Robin, qui a eu occasion d'observer une alteration semblable, a obtenu le meme resultat. Le ventricule moyen etait aussi enormement dilate, mais sans offrir d'alte- rations sur ses parois. La commissure grise n'existait pas. Lecinquieme ventiicule contenait aussi du liquide; il n'a pas parucom- muniquer avec le ventricule moyen. Les trnus de Monro etaient manifeste- ment eiargis. L'aqueduc de Sylvius aurait admis une plume d'oie dans son interieur. La qualrieme ventricule etait moderement distendu ; son orifice posterieur clait large et beant. II a serabie qu'au niveau des parties laterales de la grande fente cerebrate, I'adherence entre les deux levres de cette fente etait plus inlime que d'ordi- naire et qu'elle ne permettait aucune communication pour le liquide entre le ventricule et I'espace sous-arachno'idien anterieur. Les plexus choroldes etaient sains. Nulle part la substance nerveuse n'offrait d'alteration, Elle etait simplement ecartee, deplissee et comme lavee. On ne retrouva pas a la surface des ven- tricules lateraux la trace des ponctions. La moelle epinifere n'etait pas malade; il y avait peu de liquide dans le ca- nal rachidien. Le canal central de la moelle, bien qu'assez facile a voir, a la suite de la maceration dans I'alcool, n'etait pas dilate d'une maniere no- table. Les autres visceres 6taient sains. II n'y avait aucune anomalie des gros 152 troncs \asculaires. Lii substance corticale des reius etaient uu peu hyper- tropliiee. Examen du crdne. — Le crane, macere et depouill^ do ses parties moUes, oiTrait Ics modilications suivantes : Tons les os de la voute sont tres-amincis et comme papyrac^s. Leur ossi- fication est trcs-peu avancee, comme cela avail etc constate du reste pendant la vie. Les deux moities du frontal sont encore tr^s-distinctes ; la parol orbi- taire superieure est plane et deprim(5e ; le front s'^vase et domine la face. Sur toute la lignc d'union de la portion ccailleuse du temporal et du parie- tal, il existe une multitude de petits os wornieus se touchant a peine par leurs bords ; sur Ic parietal gauche, il y a meme une sorte de fontanelle large comme une pi&ce de 50 centimes. Aux deux extremites de la suture larabdo'idc, on voit une fontanelle laterale post^rieure ; cette suture lamb- doide offre aussi uu nombrc considerable de petits os wormicns le long do son trajet. On voit au lieu de Tangle superieur de I'occipital, un os epactal bicn delimite et divise lui-meme sur ia liguc ni^diane par une suture lege- rement dcntelee. A la face interne, les anfractuosites sont completement ef- facees a la votite; maisa la base, snrtout dans les fosses spheno'idales, elles sont tres-apparcntes. Voici I'etat de I'Dssiflcation de la base du crane : Les quatrc portions de Toccipital qui concourent a former le trou occipital sont encore separocs. Les grandes ailes du splieno'ide ne sont pas encore soudees au corps : or cet enfant etait age de 15 mois. Du reste il n'y a encore que les deux dents incisives moyennes de la macboire inf6rieure qui aient fait Erup- tion. Les OS intermaxillaires sont encore distincts du corps du maxillaire supe- rieur. Les deux moities du maxillaire inferieur ne sont pas entierement r^u- nies. Ainsi done rossification du squelette de la tete est sensiblement en retard. Examen du liquide recueilli au moyen des ponctions faites pendant la vie. — La quantite totale du liquide obtenu a Ete de 250 grammes environ. II etait aussi incolore ct aussi limpide que de I'eau de roche; quoiquc tres-fluide, il moussait un peu par I'agitation ; il n'a semble contenir aucun element anato- mique, tel que de I'epithelium de la membrane ventriculaire. Au bout de vingt-quatre heurcs environ, il s'est trouble spontanement et a pris I'appa- rence du petit-lait : au microscope, on a observe alors une multitude de gra- nulations, douees d'un mouvement brownien tr6s-vif; I'acide acetique ne les a pas dissoutcs. Ce liquide, legerement alcalin, ne se trouble que tr6s-16g6rement par la chaleur; le trouble obtenu avec I'acide azotique fut un peu plus marque; avec ce v(5actif, ct avec I'acide acetique, il se lit une \igeve effervescence. L'alcool et le tannin produisirent dans le liquide un trouble opalin. La recher- che du glucose ne donna que des resultats negatifs ; de meme pour celle de 153 I'uree. L'evaporatiou spontanee dans un verre de montre laissa une belle cristallisation de-chlorure de sodium; le nombre des cristaux indiquait qu'il y avail dans le liquide une tr^s-forte proportion de ce sel. D'ailleurs le ni- trate d'argent y produisait un precipite abondant que redissolvait I'ammo- niaque. Parrabaudon a I'air, Icliquide rupandit une l^gere odeur sulfbydri- que, par suite de la putrefaction qu'il eprouva. De I'ensemble de ces caract^res, il est permis de conclure que le liquide de repanchement n'etait autre chose que Icliquide cepbalo-racbidien accu- mul6 en grande quantite dans les cavites ventriculaires. S'il y avait eu la plus l^g^rie trace d'inflammation a la suite des ponctions, il aurait bien vite ac- quis les caracteres d'un epancliement sereux : or il n'en est rien. La ponc- tion des ventricules dans le cas d'hydroccphale chronique est done par elle- meme une operation tres-innocente. Malbeureusement dans ce cas, bien que repet^ a plusieurs reprises, elle n'a amene aucun resultat favorable. Ce qui a ddpendu sans doute de ce que la cause de I'hydropisie ventriculaire persis- tait ; or cette cause ici n'a pas pu eire appreciee. Tout ce qu'on pent dire, c'est que I'hydrocephale a du se declarer anterieurement a la naissance, comma I'indique le retard sensible de I'ossiflcation des os du crane et de la face. 3* IIBRME CRUKALE A TRAVERS LE LIGAMENT DE GIJIBERNAT ; par le dOCtCUr E.-Q. Legendre, prosecteur des hopitaux. Cette forme rare de la hernie crurale a ete observ(5e pour la premiere fois par M. le professeur Laugier en 1833. Depuis, un certain nombre d'observa- teurs ont signale des faits semblables. MM. Cruveilhier, Velpeau, Tliompson, Demeaux, KUhu et Heidelberg; mais dans quelques-uns de ces cas, la hernie passait seulement a travers quelques fibres situees en dedans du ligament de Gimbernat. La description detaillee du fait dont je presente la piece et les dessins a la Socicte, montre qu'on avait affaire ici a une veritable hernie crurale a travers les fibres du ligament de Gimbernat. Cette hernie a ete trouvee sur une femme agee de 40 ans environ, qui efait morte tr6s-peu de temps apres I'opi^ration. Si Ton en juge d'apres les restes du sac qui persiste dans la plaie, cette hernie avait environ le volume d'un oeuf, et d'aprfes son siege du c6te de la region crurale, rien ne pouvait faire prevoir sa conformation speciale du c6te de I'abdomen. Dans cette derniere region, lesac herniaire presentait un collet trSs-etroit, aplati d'avant en arri^re dans le sens du ligament de Fallope ; ce collet elait entoure par un tissu flbreux resistant, et par consequent tout a fait separe des vaisseaux iliaques. La distance qui existe entre ces vaisseaux et le c6te externe de la hernie, est de 1 centimetre, et remplie par une baadelette fibreuse, veritable dependance du ligament de Gimbernat, qui a 6te aiusi traverse par la her- 154 nie. La distance qui existe entre le bord concave du ligament de Gimbernat qui r^pond aux vaisseaux iliaques et la symphyse du pubilest de 5 centime- tres 1 millimetre ; le bord interne du nouvel anneau qui a donno passage a la hemic est distant de la symphyse pubienne de 3 centim6trcs 7 milli- mfelres. Cclte hernie affecte dans le reste de son trajet les rapports suivants avec I'ouverture suporieure du canal crural des auteiirs. Elle repose sur le bord sup^rieurdu pubis dont elle est separee par une lame apon^vrotique, depen- dance du ligament de Gimbernat, et qui respond a Tinscilion de la bandelette ileopectinoe : en avant, la hernie repond a la bandelette iieopubienne. 11 en r&ulte que si Ton considere le ligament de Gimbernat comme une apon6- vrose formee par I'union des deux ligaments ileopubien et il(?opectine, la hernie s'est fuite au niveau de cette intersection et a separe les deux inser- tions lerminalcs des ligaments. L'artfere 6pigastrique etait situee en dehors du col de la hernie. Si nous examinons les rapports de cette hernie du c6te de la region cru- rale, nous voyons qu'elle n'otTre rien de diflferent dans sa situation, dans le nombre de ses enveloppes avec la hernie crurale ordinaire. Au point de vue de I'opiration du debridement, operation qui avait ete pra- tiquce chez cette malade, nous voyons qu'il fauJrait agir directement sur le ligament de Gimbernat, c'est-a-dire debrider en dedans comme on le pra- tique dans le plus grand nombre des hernies crurales, quoique dans certains cas r^tranglement siege dans un autre point ; raais, dans ce cas, on ne pent refuser a I'anneau crural, et en particulier au ligament de Gimbernat, son r61e d'agent constricteur. IV. — Organographie. NOTE SUR LA STRUCTURE DE L'OVAIRE DANS LA FAMILLE DES BORRAGINEES ; par E. Germain (de Saint-Pierre). Onsait aujourd'hui que I'ovaire quadrilobe des plantes de la famille des labiees se compose de deux carpelles a dos inflechi, dont chaque moiti6 lon2;ilu(linale constilue nne fausse loge et renfcrrae un ovule. J'ai contribue ad^montrer ce fait d'organographie, en faisant connaitreune anomalie ob- servee chez un stachys, dont I'ovaire 6tait accidenlelleraent foliace et se pre- sentait sous la forme de deux valves soudees, a dos leg^rement introfl^chi dans leur partie superieure, et introllechi jusqu'a I'axe dans leur partie inf(^- rieure seulement. Malgr6 I'analogie de la forme de I'ovaire des borragin^es avec I'ovaire des labii^es, et malgr^ les afTmites qui existent entre ces deux families, on conti- nuait a attribuer quatre carpelles borragin^es, aucun fait a'^tant Tenu d^- 155 montrer d'une mani^i-e ^vidente la structure r^elle del'ovaire chez les plantes de cette fainille. J'avais jusqu'ici vaineraent cherclie, a I'occasion de mes etudes toratologiqiies, un exemple de fleurs accidentellement foliacees chez les borraginees qui put eclairer ce point douteux d'organograpliie. Get exem- ple vient enfln de se renrontrer. Un botanistc distingue, M. de Sclioenefeld, cultivait les especes du genre myosoUs dans son jardin ; il a ete surpris rier- niSrement de I'aspeet anorainl tpie prt?sentaient les fleurs de son myosotis CBespitosa, et il a bien voulu me remetlre la plante pour en faiie I'analyse et I'etude. L'ovaire des fleurs d'un certain nombre de rameaux presente I'aspeet et la conformation de l'ovaire anormal que j'avais observe chez une labiee. Get ovaire est foliace, mais encore quadrilobe et termine par un style indivis; il parail compose de deux carpelles soudes. Chez un plus grand nombre de rameaux floriferes, la structure bicarpellaire de l'ovaire est encore bien plus evidente; le calice deces fleurs est a sepales foliacps, ti'6s-amples, enlifere- ment libies jusqu'a la base, ils ont la forme des feuiUes canlinaires. La corolle est encore tubuleuse, alobee, mais a limbe dresse, verdatre, et plus ample qu'ii I'etat normal. Les ('tamines sont a peine modifiees dans leur forme; elles sont inserees sur le tube de la corolle comrae a I'etat normal. L'ovaire est reprdsente par deux feuiUes foliacees libres jusqu'a la hase, non prolongees en style, et ne presentant pas de traces d'ovules. On ne trouve aucun vestige du disque gynobasiijue. L'axede ces fleurs se prolonge gene- ralement en un rameau fcuille et souvent florifere. La premiere feuille de ce rameau coulinue la serie commenc^e pa les deux feuilles qui repr^sentent les deux carpelles. II resulle de celte observation que ans le genre myosotis, et par conse- quent chez les borraginres dont l'ovaire presente une structure analogue, le nombre des carpelles est le nombre deux ; et que I'apparence du nombre quatre est due, comme chez les labiies, a I'inlroflexion el a la courbure de la nervure dorsale des feuilles carpellaires. COMPTE RENDU DES SEANCES DB r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NO\'EMBRE 1857; Par M. LE DocTEUR E. LE BRET, secretaire. PRESIDE^Ce DE M. R\YER. I. — Physiologie. !• EXPERIENCES SDR L'ASPHYXIE DES INSECTES ; par M. BALBIANI. Exp. 1. — Le 20 mai 1856, a onze henres vingt minutes, cinq hannetons bien vivants sont introdults dans un llacon a large ouverturc, rempli d'eau et renverse sur une soucoupe contenant egalement de I'eau. Les insectes remon- tenta la partie sup^rieure duliquideet s'y d^battent vivement pendant environ dix minutes, puis leurs mouvements se ralentissent graduellement etcessent tout a fait a onze heures trente-cinq minutes. lis sont alors retirds du flacon et places sur une terrasse fortement dchauffee par le soleil. Au bout de dix minutes, trois d'entre eux commencent a agitcr legt'reraent les pattes, les 158 deuxautres donnent bientOt aussi quelques signes de vie , les mouvements respiratoires de Tabdomen se retablissent, et a une Iieure tous les cinq sunt redevenijs aiissi vivaces qu'avanl leur immersion dans I'eau. Exp. 2. — Le mcniejoiir, a onzeheures vingt-cinq minutes, qnatre autres hannetons sont placi^s dans nn second flacon dispose comme le precedent. A niiui dix minutes, tout nuiuvement a cess^cliez ces insccles, ils paraissent morls. On ne les retire du liquide qu'a une lieure vingt-cinq minutes, c'est- a-dire, aprfes un sejour de deux heures. Exposes ensuite au soleil et a I'air exterieur, ils ont recouvre , en moins d'une demi-lieure, la plus grando parlie de leurs mouvements et de leur sensibililu. A deux heures trente mi- nutes, ils ont retrouve toute leur agilile premiere. Exp. 3. — Cinq hannetons sont submerges a midi comme Iespr6c6dents, et nesont retires de I'eau qu'apres y etre demeur^s quatre heures. Tout mouve- ment spnntan6 ou excite' a disfiaru. On les place dans cct ctat sur une ter- rasse, a rombrc. A six heures dusoir, ils se sonl Iruim's a une petite distance du lieu oil ils avaient 6te pos^s. Le lendemain, toute trace de I'asphyxie a disparu, leur saute est complete. Exp. 4. — On maiutient sous I'eau pendant cinq heures trente minutes un groupe de cinq hainietons fort vifs et agiles; ils uc tardent pas a tomber dans un etat de mort apparente, apres quoi ils sont placfe dans une bolte ouverte et expos(5s, a six heures quinze minutes du soir, a I'air exterieur. A huit heures, tous les sept sont a peu pres compl(!'lement revenus a la vie, les mouvements seuls restent encore uu peu paresseux. Exp. 5 — Le meme jour a une heure de I'aprfis-midi, sept autres du poids total lie 7,32 grammes sont plonges dans I'eau, ou ils demeurent jusqu'au lendemain a neiif heures trente minutes du matin (vingt heures et demie). Essuyes avec soin jusque sous les elytres el pesos de nouveau , on constate une augmentation de poids de 1,04 gramme repr^sentant celui de I'eau absorbee. On les expose ensuite a I'air exterieur, aux rayons directs du soleil, et vers deux heures, les mouvements reparaissent chez cinq d'entre eux, les deux autres ne donnent aucun signe de vie. Quelques heures plus tard, les premiers ont repris assez de force pour pouvoir marcher et se re- lever apres avoir ct6 places sur le dos. Exp. 6. — Sept autros insectes de meme espece, ayant d(jd servi a de sem- blables experiences et pesani ensemble G,93 grammes, reslent submerges depuis le 21 mai a trois heures vlngt minutes, jusqu'au surlendemain a la mf'me heure. Ils cxhalenl une odeur de putrefaction Iri^s prononcc'^e, et leur poids setrouve augmenti5 de 0,56 gramme. On les expose au dehors a I'ombre, sous une tem[)(^rature de 21° C. Moins d'une heure apres, plusieurs oft'rent un l^ger trembiement des tarses. Ces mouvements se prononcent davantage et 159 gagnent les autres articles des pattes, lorsqu'on les excite ou qu'on les echauffe au-dessus de la flamme d'uue bougie. Un peu de sang, extrait des grosses uervures des ailes membraneuses, montre des gloljules intacts. Bientot les sigiies de vie devienneiit moius equivoques, les mouvements spon- tanes reparaisseut eux-memes dans les nieuibres et les antennes chez cinq d'entre eux, la respiration abdominale se relablit graduellemeut, et le len- demain, sauf un peu de leuleur qui persiste dans lamarche, ils ne paraissent pas se ressentir du long s6jour qu'ils ont fait sous lean, Ajoutons quecelle- ci contenait de nombreux vibrions et quelques monades. Exp. 7. — Un autre groupe de sept hannelons, du poids de 6,55 grammes ayant deja servi pour les experiences precedentes, mais qui avaient recouvr^ toute leur vivacite, sejourne soixante-sept beures dans I'eau (du 21 mai cinq heures du soir au ^4 a midi). Au moment oil ils en sont retires, le liquide exhale une odeur fetide tres-prononcee, et contient de nombreux infusoires (bacteriums et monades). Le sang de ces coleopt^ies ne presenle point de globules alter^s. Places a I'ombie, sous une temperature de 21" C, ils com- meucent a revivre apres une beure et demie d'exposition a I'air; les mouve- ments, la respiration, la sensibilite reparaissent, mais faiblement, et tons, sauf uu seul, meurent le lendemain. Exp. 8. — EuOn, meme chez ceux de ces insectes dont on a prolonge le sejour dans I'eau pendant six a huit jours, on peut surprendre encore, apr6s qu'ils ont ete stJches et places a I'air, quelques lagers mouvements spontanes dans les articles des tarses et dans des pattes, mais la respiration et la sensi- bilite restent abolis, ou ne donneiit que des traces douteuses de leur reappa- rilion. Le sang n'oflre plus de globules noimaux , mats est devenu le siege du developpement d'une quantiteinlinie du baclcriums ternes, infusoires qui se montrent les premiers dans tout liquide oil commence a se decomposer une mati^re organique, v6getale ou animate. 2" ACTION PHYSIOLOGIQUE DE l'uPAS-ANTHIAR ET DE L'ANTHIARINE ; par M. E. Pelikan. Brodie, en 1811, et quelques annees plus lard Emmert, en etudiant Taction physiologique de I'upas-anihiar, ont reconiiu que ce poison arretait le batte- ment du coeur. En 1838, M. Mulder a retirti de I'upas-anlhiar le principe actif ne contenant pas de I'azote, et qu'il a nommc anihiarine (I). Cetle mati^re, suivant M. Mulder, possedait tons les caracteres loxiques de rupus-anthiar. Dernierement ce c^lebre chimiste a eu I'obligeance de me remelire une cer- taine quantite de ce corps parfaitement pur et cristallise Je I'ai soumis, ainsi (1) La formule de ce corps, doul)I6e par Gerliardt, est G" P" 0»». 160 qu'un echantillon d'upas-anthiar que j'ai recu de M. le professeur Van Hassett (d'Utreclil), a des exp(?riences dont M. Moreau a bicn vouludeja rendre compte a la Soci^te. Des lors, en poursuivant mes reclicrchcs snr ces deux poisons, de concert avec M. Martin-Magron, nous sommes arrives aus resultats sui- vants, qui en conflrmant ce que j'avais d'ahord observe, prcsentent quelques fails nouveaux, que j'ai I'lionneur de soumettre a TaUention bienveillante de la Societe : 1° L'upas-anthiar etl'antliiarine, introduits dansle tissu ccllulaire (chez une grenouiUe), arr6tcnt le battcment du occur apres un temps tr(>s- court, qui varie cependant avec la dose du poison introduce, la vitalite de I'animal et I'activitd de la circulation. Le ventrlcule, au moment ou il s'arretc, est vide de sang et dans I'etat de contraction. 2° L'irritabilite musculaire est manifestement diminu^e d'abord, et comple- tement abolie aprtis un temps tres-court. 3° Les nerfs moteurs conservent pendant longtemps leur excitabilite. Ces trois fails : I'arret du batlement du cceur, ia diminution de rirritabilit^ musculaire et la conservation des propriet6s des nerfs moteurs, distinguent singuli^rement Tupas-anthiar de curare. Ajoutons a cela qu'aprSs lempoison- nement par le premier poison, on observe sonvent les convulsions et le teta- nos, ce qui n'a pas lieu, comme on le salt, apres rempoisonnenient par le curare. 4° L'upas-anthiar et I'anthiarine, introduits dans les voles digestives, poss&- dent la meme action loxiquequequand ils sont appliques dans le tissu cellu- laire ; mais leur dose, comme pour le curare, doit etre beaucoup plus consi- derable pour produire les phenomtoes d'empoisonnement de la meme Anergic. 5° L'action de l'upas-anthiar sur le coeur et sur les muscles parait indepen- dante du systeme nerveux; en effet, les battements du cceur s'arretent aussi bien snr une grenouille dont la moelle allongee et la moelle (Jpini^re ontete prealablement detruites, que sur grenouille qui n'a subi aucune prepa- ration. 6° Le coeur detach^ d'une grenouille bien vivace, avec ou sans la ligature prealable de vaisseaux qui en cmanent, ^tant plongc dans une solution aqueuse de l'upas-anthiar, cesse de battre aprSs un temps tres-court. Les muscles de la cuisse, placfe dans les memes conditions, perdent bientCt leur contractilite, tandis que le nerf sciatique plonge dans la m6me solution ne perd pas plus t6t son excitability que quand on I'a plonge dans I'eau. Les memes experiences etant ropetees avec le curare, le coeur continue a battre, etles muscles, comme I'a d(5ju constats M. Bernard, conservent leur irritabi- 1116 pendant un temps tres-long (1). (l)Le sulfocyanure de potassium, dont les propri^t^s physiologico-toxi- 161 7° Ea appliquant la ligature en iiuisse sur un dcs membres inferieurs, dont le nerf sciatkjue scul avait ete reserve, nous avons pu bien constater la di- minution de I'irritabilite musculaire dans tous les trois membres laiss^s in- tacts, tandis qu'elle etaitconservee pendant longtemps dans lemembie opere. En outre, en pincant les membres intacts, 11 y avait des mouvements re- flexes manifestes dans le membre op^r^. 8° Dans tous les cas ou les muscles ont subi la tetanisation, ils ont perdu leur contractilite plut6t que ceux qui n'ont pas presente cet etat. L'action lo- cale du poison (imbibition) sur les muscles est aussi bien demontree par ce fait, que le membre sur lequel le poison avait ete applique, perdait son irri- tabilite plus t6t que ceux qui le recevaient seulement par rintermediaire de la circulation. S" INFLUENCE DES NERFS SPLANCHNIQUES SUR LES MOUVEMENTS DE l'INTESTIN; par MM. Pfluger et Westphal. M. Westphal expose les experiences faites par le doclcur Pfluger a Berlin et r^pdtees par lui relativement a I'lnfluence du grand sympalliique sur I'intestin : Appuyt5 sur les faits observes snr les organes dans lesquels se repandent des fibres sympathiques, M. Ludwig, professeur de physiologie a Vienne, presumait le premier que les nerfs splanchniques agissaient sur les mouve- ments peristaltiques des intestins d'un maniere semblable a celle qu'on avait observee sur le pneumogastrique agissantsurle coeur. Partant de cette id^e, M. Hatrter, sous la direction de M. Ludwig, coupait les nerfs splanch- niques sur des chats. Mais a part quelques resultats qui ne nous regar- dent pas ici, il crut pouvoir tirer de ses experiences les resultats suivanls : lo Le nerf splanchnique n'est pas le nerf moteur des intestins, puisque des perles introduites dans I'estomac traversaient entierement le tube digestif. 2° Les nerf splanchniques ne sont pas plus des nerfs arretant les mouve- ments peristaltiques, puisque, ces nerfs coupes, il n'ea suivit pas de diarrhee, conclusion, il est vrai, bien peu fondee. Or M. Pfluger, dont nous aliens vous communiquer les experiences, ne s'arrelant pas a ces resultais ncgatifs, concut I'idee d'irriter directement le nerf splanchnique au moyen du courant ^lectrique. Mais, selon son avis, que les fibres nerveuses produisant un arret, si toutefois il y en avait, partaient probablement de I'organe cercbro-spinal tout aussi bien que ceux du pneu- cologiques ont et6 si bien elablies par M. Bernard, nous a fourni les memes resultats que I'upas-anthiar, quant a l'action immddiaie sur le coeur et les muscles, avec cette difference que le coeur au moment de I'arret est gorge de sang. C. R. 11 162 niogastrique, il se mit a irriler a litre d'essai la moelle tout entiSre par le stimulant puissant de I'elcctricitc. Par consequent, les Electrodes ont etc appliquecs I'unc sur la cinquieme ou sixieme, I'autre sur la dixi^me ou on- zi6me vertebre dorsale d'un lapin, et la moelle Epini^re a Ete irritee aumoyen de I'appareil d'induction de M. Dubois-Reymond. Cela se fit de mani6re que les courants d'induction traversant les parties de I'animal, ont pu Gtre etaMis ou rompus instantanement par lY'tablissement ou I'enlevement d'un arc me- tallique r^unissant les fils couducteurs de I'appareil et pouvant ainsi d^rirer les courants. Eh bien ! cbaquefois, lorsquc par Tenl^vement de Tare m6tal- lique, les courants d'induction traversaient la moelle et que par consequent le tetanos s'etablissait, les mouvements peristaltiques de I'intestin grele, d'abord assez forts, cessaient, tandis que ceux du colon continuaient. Or cet arret des mouvements n'etait point la suite d'une contraction, mais d'un relachement des fibres musculaires de I'intestin, comme on pouvait I'ob- server tres-distinctement, quand, par exemple, una partie de I'intestin etait en train de passer de la position horizontale a la position verticale, etc. Rela- chee, elle retomba dans la position anterieure aussitot que le tetanos etait survenu. Ensuite les nerfs splanchniques furent coupes , et la meme ex- perience repetee n'eut plus le meme succes ; les mouvements continuant meme pendant I'existencc du tetanos. Ces experiences ont cte repetees et confirmees par M. Koelliker. Apr6s ces experiences prealables, qui niontraient clairement un effet pro- duit sur des fibres uerveuses qui setrouvcnten dehors de I'intestin, puisque le couiant electrique applique sur I'intestin lui-mcme ne produit pas de re- lachement, mais une contraction des parois ; apres ces experiences, disons- nous, il s'agissait d'irriter directement les nerfs splanchniques par le cou- rant electrique. Nous ne parlerons pas ici des moyens par lesquels on est arrive a execu- tcr cette operation rendue si difficile par la tenuite, la position, etc., de ce nerf; nous dirons seulement que chaque fois que les courants d'induction agissaicnt sur lenerf, les mouvements, tant parliculiers que gentraux, des intcstins cessaient presque immediatement. II scmble done prouve que c'est, en efl'et, le nerf splancbniquc qui agit cu arrctant les mouvements peristaltiques de I'inteslin grele, quoique ccpen- dant on ne puisse constater une acceleration dans les mouvements apres la section de ce nerf. I'ai passe sur bien des details de I'opcration et sur les rcssemblances qui existent cntre rcffet du pneumogaslri(|uc et Telicl du splanchnique,en me contentant d'iutliqucrles rapports principaux. Mais pour repeterces experiences, il est necessaire de consulter le memoire de M.Pflli- ger lui-mcme. J'ajoute encore que M. Koelliker a constate que rirritaliou des splanchniques ne produit plus I'arret des mouvements, I'animal etant empoisonne par le curare. 163 II. — Anatomie. DU MODE DE TERMINAISON DES FIBRES LONGITUDINALES DU RECTPM; par M. Beraud. "Des 1849, j'avais entrepris une s^rie de reclierclies pour savoir comment se terminent inKrieurement les fibres musculaires longitudinales du rec- tum. J'etais arrive a des resultals assez curieux, et dans mes cours d'anatomie et de physlologie, j'ai souvent insiste sur Ic mode de terminaison que je me propose de decrire aujourd'hui. Je crois que le moment est venu de faire connaitre ces faits, parce que j'ai pu depuis huit ans les verifier un grand nombre de fols, et parce que nos livres classiques nous laissent a cot egard dans unc fachcuse incertitude. Si Ton possede un sujet adulte, bien muscle, frais, non injecte a I'liypo- Bulfite de sonde, on constate que la tunique musculeuse du rectum ofTie une epaisseur vraiment extraordinaire. Je me sers de cette expression parce que Ton s'en ferait une idee incomplete si Ton voulait la comparer avec la tuni- que musculeuse des autres parties du gros intestin. Cette tunique forme une enveloppe qui est au moins trois fois plus epaisse qu'ailleurs. C'est memo ce qui explique la production de ces tumours signalees r^cemment par M. le professeur Nelaton, et qui au lieu d'etre canc^reuses, comme on le croyait avant lui, ne sont autre chose que des fibres musculaires hypertrophiees. Ainsi voila un fait qui nous parait digne de remarque, et sur lequel nous avions besoin de nous expliquer avant d'aborder notre sujet. Si, apres avoir insufll(5 le rectum, on disseque attentivement cette tunique musculeuse, on reconnait qu'elle est constituee par deux ordres de fibres bien distinctes : les unes sont longitudinales, les autres circulaires. Occupons- nous seulement des premieres. Les fibres longitudinales du rectum forment une tunique complete a ce conduit; elles sont les plus extMeures, c'est-a-dire qu'elles recouvrent les fibres circulaires dont on peut les separer assez facilement. Ce sont ces fibres longitudinales qui contribuent le plus k donner a la tunique muscu- leuse I'^pafsseur si considerable dont nous Tenons de parler. Elles n'ofi'rent rien de particulier a remarquer dans toute la portion du rec- tum qui est revetue par le peritoine ; mais suivons-les plus bas, et la nous trouverons les dispositions sur Icsquelles nous voulons appeler I'attenlion des anatomistes. Arrivees vers le plancber perineal, ces fibres longitudinales se divisent en trois couches que nous designerons par les noms de couche superficielle, de couche moyenne et de couche profonde. 164 La couche superficielle se comporte d'unc manicre differente en avant, sur les cotes et en arriure. 1" En avant. Si Ton suit en bas les fibres longitudinales et superficielles de la face exterieurc du rectum, on voit qu'arrivees au niveau de la prostate, elles se detachent du rectum, I'abandonnent completement, se portent en avant, et vont s'inserer a la prostate. Ce faisceau musculaire pourrait etre appele muscle recto-prostalique. Ce muscle est plus ou moins epais, suivant les sujets ; queliTuefois on a de la peine a le constater; mais il est tr^s-visible chez les personnes qui out, pendant un temps plus ou moins long, eprouv6 des diflicultes dans la defe- cation. II s'ins^re en haut et en arri^re a la face ant^rieure du rectum, en bas sur le bord superieur, et au tiers post^rieur de la face inf^rieure de la prostate. L'insertion superieure se fait directement par des fibres musculaires qui se confondent avec les fibres longitudinales du rectum. L'insertion inferieure ne se fait pas par des fibres musculaires, mais bien par des petits tendons, tres-fins, un pen aponevrotiques, se confonJant inti- mement avec les aponevroses qui enveloppent la prostate. Les fibres musculaires ces'sent de se voir a environ un centimetre du rec- tum, et c'est alors que les petits tendons se montrent. La direction de ce muscle est oblique de haut en bas et d'arrifere en avant. Ses rapports meritent de nous arreter un instant. Par sa face superieure, ce petit ruban musculaire est en rapport avec la face inferieure de ce qu'on de- signe sous lenom d'apotidvrose prostato-pcrine'ale; on plutot les petits ten- dons du muscle que nous decrivons, renforcant le tissu cellulaire prerectal et sous-peritoneal, on comprend que Ton ait pu croire a 1' existence d'une apo- nevrose. Si nous nous basons sur nos recberches, nous croirions volontiers que cette bandelette fibreuse n'est pas autre chose que I'apon^vrose de notre muscle renforcee des tendons rubanes qui le terminent. Par sa face inferieure, ce muscle est en rapport avec le tissu cellulaire pre- rectal. 2° Sur les parties latdrales. Les fibres longitudinales du rectum se conti- iiuent de chaque c6te avec les fibres du releveur de I'anus. C'est la une dis- position connue, mentionnee dans tous les auteurs classiques; aussi nousne croyons pas n^cessaire de nous y arreter. Disons neanmoins que c'est grace a ces fibres lat^rales refl^chies que le rectum se trouve fix6 autour du d6- troit superieur. 3° En arriere. Ici nous rencontrons une disposition qui est tres-remar- quable et sur laquelle nous voulons beaucoup insister. En se detachant du rectum, les fibres superficielles se portent en arriere et viennenl s'inserer sur la face anterieure du sacrum. Elles forment ainsi sur la ligne mediane ran muscle que je propose de designer sous le nom de 165 muscle suspenseur dn rectum, pour le distinguer du muscle qui est au-dessous et qui est connu sous le nom de releveur de I'anus. Se dirigeant de haut en bas ct d'arriere, ce muscle part du sacrum et vient se terminer a la face posterieure du rectum. L'insertion an sacrum se fait a la parlie anterieure de la dernicre pifece, immediatement au-dessus du releveur de I'anus par des fibres aponevro- tiques tr^s-courtes. Inferieurement les fibres musculaires se confondent avec celles du rectum, et se dirigent les unes en haut, les autres en bas. Chez quelques sujets, ce muscle est excessivement developp^; chcz d'au- tres, au contraire, il est r^duit en une gangue cellulo-flbreuse. En haut, il est en rapport avec le tissu cellulaire du bassin, et quelquefois avec le p^ritoine quand il exists un mesorectum. En bas, il recouvre la face sup^rieurc du releveur de I'anus, dont il est neanmoins separe par une apon(5vrose bien distincte. Sa face superieure est revalue d'une telle Dbreuse plus ou moins large, suivant le developpementdu muscle, ayant ordlnairement2 ou 3 centimetres transvcrsalement. Cetle aponevrose mtjrite done le nom i'aponevrose sacro- rectale. Suivons maintenant la couche moyenne des fibres longitudinales. Celles-ci descendent plus bas que les precedentes; elles restent accol^es au rectum, arrivent jusqu'ii I'anus, et voici comment elles se terminent. Quand elles rencontrent le muscle sphincter externe, elles passent atra- vers les fibres de ce muscle, et si Ton les suit attentivement en dissociant celles-ci, on les volt passer au dela de ce muscle et s'insercr directement a la face profonde de la peau, dans le fond des plis radies de I'anus. Celte inser- tion se fait par des petits cordons tendineux ou aponevrotiques que I'ou con- fond facilement avec les fibres du fascia superflcialis de cette region. Enfin, la couche profonde se comporte d'une maniere non moins remar- quable. Les fibres longitudinales qui composent cette couche, en arrivant au sphinc- ter, se reflechissent autour de ses fibres circulaires, forment une anse a con- cavite superieure, et devenant profondes, s'inserent par de petits tendons a la face externe de la muqueuse du rectum et a une hauteur plus ou moins considerable. Qu'il nous soit permls de faire ressortir I'importance de ces fails pour la physiologie. C'est ainsi que par l'insertion des fibres a la prostate, au pourtour du bas- sin, nous expliquons la solidarite de plusieurs organes dans la defecation. Par le muscle sacro-rectal, nous comprenons que le rectum ne soit pas dc- place, ni trop fortement abaisse par I'efTort des parois al)dominales qui ten- dent a expulser non-seulement les matieres fecales, mais encore le rectum lui-m6me. 166 Par les fibres qui s'ins6rent a la peaa de la marge de I'anus, nous nous expliquons la persistance des plis radies de I'anus, le duplacemeut syuer- gique dc la peau pendant la defecation. Pour les fibres profondes, nous comprenons : 1° La formation du bourrelet muqueux pendant la defecation. En effet, au moment oil les fibres longitudinales so contraclcnt la niuqueuse est abaiss^e, et par consc^quent tend a devenir exterieure. 2* Cespetits culs-de-sac de la niuqueuse, en nombre variable etaune hau- teur plus ou moins grande, culs-de-sac qui sont diriges en haut, et servent ainsi de receptacles a des matieres fecales qui durcissent, pouvant sejour- ner longtemps, ou bien amener une inflammation qui a de la tendance a se porter au dehors, d'oii production des flstulcs a I'anus. i 3» Enfin, par les fibres a anses, nous pouvous espliquer bienfacilementla dilatation du sphincter. En efl^et, au moment oil le bol fecal arrive dans le rectum, les fibres longitudinales prennent sur lui un point d'appui, et alors les fibres circulaires du sphincter sontportees au dehors dans un mouvement excenlrique; elles sont dilatiies d'une maniere passive. Cetle dilatation sera d'autant plus grande que le bol f^cal sera plus gros. Tous les sphincters : le sphincter pupillairc, le sphincter palpebral, le sphincter des Icvres, etc., sont soumis a unememe loi ; c'est-a-dire qu'ils sont tous en rapport avec des fibres qui tombent sur eus suivant une ligne plus ou moins parallele a leurs rayons. Plus I'incidence des fibres en dilatation ou longitudinales sera dans la direction du rayon, plus la forme de dilatation sera considerable. Le sphincter des 16vres est sous ce rapport dans les meilleures conditions. Le sphincter de I'anus est, au contraire, tr^s-d6favo- rablement place. Mais ici le plus souvent il suflit d'un simple relachement de muscle pour que les matieres fecales sorteut; si, au contraire, un bol fecal enorme doit sortir, par suite de leur reflexion sur ce corps dur, les fibres longitudinales, d'abord perpendiculaires au rayon, tendent a lui deve- nir paralleles ; le sphincter anal tend, en un mot, a se mctire dans les condi- tions du sphincter pupillaire, et alors la dilatation peut devenir aussi grande qu'il le faut. III. — Anatomie comparee. D£ LA DISTRIBUTION DES NERFS PNEU.MOGASTRIQUES DANS LES POUMONS DES opniDiENs; par M. le docteur Henri Jacquart, aide-naturaliste au jardin des plantes de Paris. Si chez les ophidiens le larynx comme organe de la voix ne joue qu'un r61e secondaire, puisque ces reptiles sont presque apbones, et ne font enten- dre que des sifllements , considere comme partie superienre flu canal aerien, comme caput aspene arterix, ou gardien en quelque sorte de renlrce et de la sortie de Pair, il rcprend des fonctions plus relevees et plus importantes. 167 Nous nc voyons en effct dans aiicrine classe do vcrtcMiR^s la traclif5e sniimise ii (les compressions plus fortes fjuc cliez les serpents, au moment ou ils uva- lent leur proie. Chez aucune les mouvements de dilatation at de resserrement de la glottc ne sont plus actifs que chez ceux-ci dans les circonstances que nous signalons. Le larynx chez eux , au moment oil s'opoic Icur longue et laborieuse deglutition , occupe une position exceptionnelle qui permet a la respiration de s'exercer, bien qu'avec gene et difflculte.On ne s'etonnera done pas de trouver chez les serpents un nerf larynge supeiieur et un nerf recur- rent plus d<5vcloppes qu'on ne S'y attendrait au premier abord, et rappelant par leur disposition celle qu'on rencontre chez les mammiferes. Ce sont la des points d'anatomie comparative que je me propose de reprendre en detail dans un autre travail ; mais pour ie moment, je ne m'occuperai que de la dis- tribution des nerfs pneumogastriques dans les pouraons des ophidiens, et je tdcherai de faire ressortir I'analogie qu'elle presente avec cello des memes nerfs dans une classe plus elevee. Je montrerai que leurs divisions ne sont pas destinies aux vaisseaux des poumons, et ne les suivent pas, mais que parvenues a un certain degre de tenuit(5, elles se dirigent transversalement et directement pour se terminer dans la partie arcolaire des sacs aiiriens, et quo si elles sont paralleles aux veines et artdires pulmonaires, elles ne s'y ramiflent pas. Or on salt que chez les mammiferes les filets des pneumo- gastriques ne sont pas satellites du systemc vasculaire, mais bien des bran- ches et de leurs embranchements auxquels ils se rendent, et qu'ils accom- pagnent jusque dans les cellules pulmonaires. Chez les serpents, et nous avons sous les yeux un python exact figure par nous, les nerfs pneumogastriques, dont je ne donnerai pas ici la distribution au larynx et a la trachec, apres avoir longe cettc derniere, et suivi le cOte interne et sup(5rieur de la veine jugslaire correspondante en dehors do cha- que carotide, quand il en cxiste deux, arrivent au niveau des crosses aorti- ques droite et gauche au-dessous desquelles ils sont situes. Immediatement en arriere de la concavity de ces crosses ils fournissent de chaque cOt(5 le nerf recurrent qui contourne chacune d'elles de bas en haut et d'arri6re en avant , et se rcflechit sur elle, commc chez les mammiferes, sur la crosse de I'aorte a gauche, et sur la sous-clavi6re a droite. Le pneumogastrique droit est situe au-dessus de la reunion de la veine vericbrale avec la jugulaire droite; avant d'atteindrc le cote superieur de la veine cave posterieure, un pen en arriere de son embouchure, il lournit un nerf volumineux qui se place au-dessous et en dedans de la crosse aortique droite, puis de I'aorte abdominale qu'il longe dans une assez grande ^tenduc, communique avec le grand sympatliique par de nombreux filets au devant du vachis, passe sous le poumon droit et va former sur la face sup(5rieurc du foie une des racines du nerf intestinal, que nous ne faisons qu'indi- quer ici. t68 Comme la dislril)ution ult^rieure des pneumo-gastriques est la meme des deux c6tes, il suffira d'indiquer celle de I'un d'eux, du droit i)ar eiemplc. Ce ncrf, avant d'atlcindre le poumoii correspondaat, donne de nombreux filets a la trachea, et passe entre I'oesophage et I'art^re pulmonaire droite. Au niveau do rextremlle anterieure de I'organe respiratoire il se divise en deui bran- ches, I'une externe, continue le trajet du tronc d'origine, cotoyant d'abord en dedans I'artfere pulmonaire droite a laquelle elle est accolue, puis s'en eloignant en arriere de maniere a se rapprocher de plus en plus de la division droite dc la vcinc pulmonaire qu'elle avoisine jusqu'a sa terminaison. La secondc branciie plus interne et beaucoup plus courte, se dirige obliquement en de- dans et en arriere sur le tronc commun des veines pulmonaires, fournit des lilets a la trachee et au poumon droit et au cdte interne du gauche, et s'ana- stomose avec une branche semblable du pneumo-gastrique gauche. 11 en re- sulte un nerf unique situ6 au-dessus de la veine cave posterieure, couche sous le tronc commun des veines pulmonaires, et qui, au niveau de I'cicarte- ment des poumons, gagne la face superieure du foie, non loin de son extr6- mite anterieure, s'unit a un rameau precedemment diicrit, emami du pneumo- gastrique droit, pour former le nerf intestinal deja indique. Le rameau pulmonaire median ainsi forme par la fusion des deux subdivi- sions internes des pneumo-gastriques, constitue par ses nombreuses anasto- mosesavec les deux branches externes des nerfs des deux c6tes,un plexus qui donne a I'organe de la respiration ; mais c'est surtout des branches externes qiieviemient ces nerfs pulmonaires, tantCt par des filets internes et externes qui naissent directement en dedans et en dehors du rameau principal, tantdt de subdivisions plus ou moins obliques a I'axe des poumons et qui croisent la direction des vaisseaux. Quelle que soil Torigine de ces nerfs destines au tissu pulmonaire, ils sont disposes perpendiculairement a la longueur des sacs aeriens, et se trouvent ainsi paralleles aux veines et arteres. Mais la dissection la plus attentive a la loupe et sous I'eau no m'en a fait reconnailre aucun d'une certaine grosseur dans les tuniques de ces vaisseaux. Us se rendent tous directement dans les cellules aeriennes, n'affectant avec les radicules vasculaires que des rapports de ^oisinage et de contiguit(5. II y a parailelisme et non satcllifisme entre ces deux ordres d'organes. La description du pneumo-gastrique droit s'applique au gauche. Seulement celui-ci peut-6tre suivi jusqu'a I'extremite postdrieure du petit poumon, et donne dans son trajet sur la portion lisse quelques rameaux legerement obliques. Tandis que Ic pneumo-gastrique droit no s'etend guere plus loin que la region areolaircdu grand poumon. Chez les mummiferes, les pneumo- gastriques suivent dans les poumons toutes les radiations des canaux aeriens, et s"y distribuenl. Chez les ophidiens oil il n'existe pas d'arbrc broncliique, leurs filets vont directement au tissu pulmonaire, mais ni chcz les premiers ni Chez les seconds ils ne sont satellites des veines et des artSres, et celte in- 169 dependance du syst^me nerveux avec le systfeme ciiculatoire, nous fournit uiie analogie de plus entre deux classes de Yert(5bres si (51oignees I'une de I'aulre. IV.— Pathologie compare e. KYSTE VOLUMINEUX DEVELOPPE SUR LA FACE SUPERIEURE DE L'eSTOMAC D'uN SERPENT FEMELLE PYTHON DE SEBA, ET SURVENU A LA SUITE DUNE VIOLENTE ETHEiNTE SLBiE PAR l'animal ; par M. le docteur Henri Jacquart. Ea juillet 184G, la menagerie du musuum d'lilstoire naturelle de Paris recut vivaiite une femelle python de Seba, qnf; abondamment nourric, se ddveloppa rapidement. En Janvier 1856 elle fut mise avec un python molure male, c'est- a-dire avec un serpent d'une espcce qui n'etait pas la sienne, et moilie plus petit qu'elle. Une lutte eut lieu, et comme je I'ai d(?ja raconte dans une ob- servation publiee preccdemment , on eut beaucoup de peine a st'parer ces deuxreptiles etroitement scrres I'unautourde I'aulre. Onne s'aperciitd'abord d'aucun changement dans la sante de la femelle. Le IG fevrier elle fut accou- pl6e avec un male de son espece, puis le 28 f^vriei', et le 23 mars. En mai on s'aperrut qu'elle grossissait, et le 24 juillet, elle pondit 22 oeufs qu'elle couva. Ce n'est qu'en aoCit 1857, c'cst-a-dire dix-huit mois environ apres le combat, et quatrc mois apres I'apparition de la tumeur du python molure (1), qu'on s'apercut qu'une grosseur semblable se d^veloppait chez la femelle et dans le meme endroit , c'est-a-dire dans la portion de ce visciire la plus voisine du pilore, et qu'on put observer les variations de son volume suivant que l'animal avail mang6 ou qu'il iStait a jeun. 11 continua cependant a prendre de la nourriture, mais moins souventqu'avant ; on s'apeicut qu'il etait malade; il etait devcnu mecbant; et enfin il mourut le IG oclobre 1857. M. le docteur AugusteDumeril, professeur au jardin des plantes, nous permit d'en faire I'autopsie et voulut bien y assister. La longueur du corps de ce reptile est de 3 metres 4 centimStres. Sa cir- conf(5rence au niveau de la tumeur est de 35 centimiitres, et de28 millimetres dans le point le plus volumineux pris ailleurs qu'au si(?ge qu'occupe celle-ci Le grand epiploon est charge de graisse; il piise 305 grammes. En presence des desordres que nous aliens signaler dans les organes, il est diflicile de comprendre comment la iiutrition a pa se faire d'une raanitre si complete. La tumeur est situ(5e a la face supdrieure de la portion de I'estomac la plus voisine du pilore. Apres avoir incise les parois abdominales, on n'apercoit qu'une partie de (1) Voir I'observation presentee par nous a la Society de biologic le 19 sep- tembre 1857 et publiee dans la Gaj^tte Medicale. no cette production morbide; elle est presque entiferement recouvcrte par I'es- tomac, sice n'est a droite oil elle deborde dans I'etendue d'environ 4 cen- timetres. Elle est developp6e dans I'epaisseur de la paroi sup^rieure de ce viscere, mais de maniere a laisser au-dessous d'elle, du cote de la cavite stomacale, pins des deux tiers de I'epaisseur de ses tuniques, tandis que supdrieurement la poclie est formee par uue couche assez mince. Elle se pr^sente sous la forme d'un kyste ovofde, aplati de haul en bas, ct iisse asa surface; sa couleurd'un brun fence, et quiatleiut dans certains points la rongeur de I'eccbymose, trjpcbe sur celle de I'estomac Irus-pule « I'exterieur, et qui a la teiate des intestins a I'^tat sain. Sa face inferieure est adherente a la riigion corrcspondante de lestomac qui la suit dans ses deplacemenls. Sa face superieure est en contact avec la region vertebro-costale, I'aorte, la veine cave posterieure, et le grand pou- mon; elle devait singulierement gener la circulation dn sang, les fonctions digestives, et comprimer le grand reservoir aerieu. Dans les points de sa re- gion ventrale qui ne sent pas recouverts par I'estomac, elle est en rapport avec les parois de I'abdomen. Son plus grand diam^tre parallele a I'axe du corps estde 20 centimetres, le diamtitre transversal de 13, le diametre ver- tical de 9. Son extremite posterieure est a 11 cenlimelre du pilorc et 13 cen- timetres de I'infundibulum terminal du grand puumon. En avant elle est dis- tante du foie de 10 centimetres, et seulement de 5 de I'extremit^ posterieure du petit pouraon. On renverse le kyste avee I'estomac, et on I'ouvre largement par sa paroi superieure. 11 contient un liquide couleur chocolat au lait, dont on garde une partic pour I'analyser. II n'existe qu'une seule cavite dont la surface est reconvene d'un detritus jaune rougeatre assez semblable a celui des anciens anevrismes. La mu- queuse de I'estomac est saine, si ce n'est dans I'etendue d'une circonference de 6 a 7 centimetres de diametre, oil on voit une pseudomembrane grisatre, pen consistante. A Texterieur de la tumeur et dans I'epaisseur de ses parois existent quelques petites collections qui, a la vue simple, paraissent Strede memo nature que celles qui composaient par leur agglomeration la tumeur du python molure, et qui conliennent une matiere grisatre demi-solide dont nous douuerons plus loinl'analysc microscopique. Le foie est euorme, toute proportion gardee, avec la taille de I'animal ; il a 38 centimelres de long, 8 dans sa plus grande largeur, et 4 dans la plus grande epaisseur ; il a une teinte generate plus foncee qu'a I'ordinaire, et par places a I'extcirieur, ou dans son epaisseur, d'un gris ardoise ou lout a fait noir. 11 est ramolli, et a sa surface infen3ure, il est le siege d'une foule de petits d^pets disposes en bandes, qui simulent des dessins bizarres, im- possibles il d'jcrirc. lis sent formes par une matiere grisatre, demi-solide et 171 semblable a celle que nous avons indiquee sur la p^riph^rie du kyste. On di- rait a premiere vue des fausses membranes. lis ne remplissent pas enti^re- ment les sillons ou depressions du foie qui les logent, comma si une partie des elements qui les constituent avaient subl un commencement de resorp- tion. Le tiers anterieur de la face superieure du foie est adherent au pdritoine, et celui-ci aux parois vertcbro-costales correspondantes. Un grand nombre de vaisseaux transversaux dont la couleur varie du cra^ raoisi au brun fence ferment un lacis vasculaire qui nous fait croire a une peritonite partielle dont pous n'h^sitons pas a admettre 1' existence, bien que I'examen microscopique n'ait trouve de pus ni dans les depots du foie, ni dans les petites tumeurs de la surface exterieure du kyste. Le reste du tube digestif est sans alteration. Les ovaires contiennent des ovules a diflerents degres de deyeloppement, depuis le volume d'un grain de millet jusqu'a celui d'un pois. Les oviductes insuffles sont gros comaie le doigt iudicateur. On se rappelle quel'animal avait pondu le 24 juillet 1856, ce qui nous explique leur deve- loppement, car, sur une femelle de python moliire et presque de la meme taiUe, et d'apres laquelle nous avons precedemment figure les mcmes orga- ues, ils n'atteignaient pas le calibre d'une plume a 6crire. De toutes les alterations organiques que nous avons rencontrees, les plus interessantes sont celles du rein droit. G'est un bel exemple d'hydrorenale, distension ou hydropisie du rein. Mais nous d(icrirons d'abord le rein gauche reste sain, et donnerons ses dimensions pour nous en servir comme de terrae de comparaison. Chez les ophidians, ce rein, comme on salt, est situe plus en arrifere qua le droit. II a ici 20 centimetres de longueur, 2 centimetres et demi de diamfetre et 7 de circonference. Nous le d^pouillons de son anveloppe pe- ritondale et de sa gaine flbreuse et isolons les lobules renaux. Sa couleur et sa consistance sont normales. L'uretfere, divise suivant sa longueur et elale, est a peine large d'un centimetre ; il est sain et ne conlient pas de dis- tomes. Le rein droit est atrophia dans ses quatre cinquiSmes anterieurs et reduit a un petit cylindre arrondi, bossel6, demi-transparent, en sorte qu'on lepren- drait d'abord pour un ovaire, sile developpement des ovaires n'avait d^ja flxe notre attention. Mais en nous aidant des donnees anatomiques, nous retrou- vons les arteres renales, qui viennent s'y'rendre, I'uretfere qui en part, ainsi que la veine renale a(T6renta qui est une des racines do la veine post^rieure et la veine renale afferente ou de Jacobson ; puis enfln, nous reconnaissons a rextr^raite posterieure de ce rein, dans I'^tendue de 4 centimetres environ, une partie beaucoup moins atrophiee, dont la substance est reconnaissable par sa couleur, sa consistance et son aspect lobule. Plusleurs des lobules contiennent de I'urine ou urate de chaux epaissi dont la couleur, d'un blanc 172 grisatre, apparalt a travers la couche tr^s-mince qui le recouyre. Le reste de cet organe, comme nous I'avons dit precedemment, ne ressemble plus a un rein. Des bosselures inegales rappellent seules les lobules renaux ; I'uretSre, divise dans sa longueur et etal6, a 2 centimetres et demi de large, il semble constituer a lui seul le rein. 11 contieut una assez grande quantity d'urate de chaui entoure de mucus. Les c6nes de substance mamelonn^e ont disparu, et les calices conduisent dans des infundibulums produitspar I'atrophie du tissu tubuleux et cortical, et remplis de mucus et d'urate de chaux. Quelle a ete la cause de cette transformation remarquable par I'absence de tout caract^re inflammatoire ? Un examen attenlif nous fait reconnaitre que, juste au devant de la partie du rein la moins atropbiee, I'uretere s'est oblit^r^ par la soudure de ses parois. D6s lors tout s'explique, car, tandis qu'au de- vant de I'obstacle, I'uretere a plus que double de volume, on lui voit repren- dre un calibre peu different de celui de I'uretere du rein gauche en arriere de ce point. Ainsi Ton retrouve ici I'hydrorenale distension comme chez rhomme et les mammiferes, et produite par le meme mecanisme. Je me plais a constater cette analogic pathologique entre deux classes de vertebres si ^loigm^es I'une de I'autre, entre I'homme et les ophidiens ! Je joins ici I'analyse microscopique des produits morbides dt^posc^s surles dififerents organes. « lis sont formes, dit M. le docteur Yulpian, a peu pres en totality de llbrine desagri^gde, se pr^sentant sous forme d'une substance amorphe, granuleuse, au milieu de laquelle on voit de nombreuses granula- tions moleculaires, a bords refringents, spbero'idales, qui paraissent etre de nature graisseuse. Je n'ai point trouve de veritables globules de pus ; il y a seulement de rares noyaux plus on moins alter^s et provenant vraisembla- blement des 61(^ments epithrliaux propres a cbacun des organes malades. » Le liquide provenant de la tumeur volumineuse de I'estomac est fortement albumineux, ainsi que je m'en suis assurtj par Taction de la chaleur et de I'aclde azotique. Les matieres qu'il contlent en suspension et qui le rendent blancliatre et tres-trouble, la substance assez peu coherente, dont une portion nageait dans le liquide sous forme de flocons irreguliers, et dont la plus grande partie etait en rapport avec lefond de la tumeur, sont constitu(5s aussi par la fibrine alteree, et qui, dans les matieres solides, conserve encore une structure fibrillaire. II n'y a pas de globules de pus, il n'y a pas non plus de globules sanguins reconnaissables. 1) Toutefois, la nature albumineuse du liquide, et la nature fibrineuse des d6p6ts solides qui y sont contenus donnent a penser qu'il s'agit ici probable- ment d'une production d'origine hematique. » II s'est ecoule dix-huit mois, il est vrai, entre I'instant oil la lutte des deur pythons a eu lieu, et celui oil la tumeur est devenue assez grosse chez la femelle pour 6tre remarqu(5e. Mais il est certain qu'elle a commence a se 173 former bien longtemps avant qu'ori ne s'en soit apercu. Est-il bien possible de rejeter comme cause de I'alt^ration morbidc la violente etreinte qu'ont su- bie les deux serpents, quanJ on voit chez cbacun d'eus se developper une tumeur presque dans le nieme point de Testomac et les (5poques de leur mort separ^es seulement par six semaines d'intervalle ? COMPTE RENDU DES SEANCES SB r F LA S^CIETE m BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DECEMBRE 1857; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. PRESIDE^GE DE W, R4YER. I. — A.NAT0M1E. PsuR LA DISPOSITION DES APONEVROSES Du cou; par le docteuT E.G. Le Gendre, prosecteur des hopitaux. La disposition des apon^vroses du cou est la meme que dans toules les au- tres regions du corps : ces membranes enveloppcnt les muscles sous forme de galnes, les unissantles uns aux autres. Dans les intervalles qui separent les organes so trouve du tissu cellulaire oil rampent des vaisseaux et des gan- glions lymphatiques, reconverts seulement par ces aponevroses. Les veines qui les traversent souvent pour passer d'une region superflcielle dans une re- gion plus profonde, ne presentent de gaines aponevrotiques que dans cette partie de leur trajet. 176 8i Ton pratique une section horizonlale vers la region moyennedu cou, on comprcndra plus facilement la disposition de ces aponevroses rendue si com- plexe par les descriptions toujours differentes qu'cn out faites les auteurs. Si Ton fait abstraction des attaches superieures et inferieures des differents feulllets aponevrotiques, voici comment lis se comportcnt quand on examine I'ensemble de cette region du cou. Deux cercles aponevrotiques formant une infinite de loges enveloppent, le premier, les muscles et les organes situ^s autour du larynx et de la trachee , le second, les muscles qui entourent la colonne vertebrale; enfln, un grand cercle aponevrotique superficiel enveloppe a son tour toute la region cervi- cale. Pour rappeler cette disposition anatomique, on peut donner a ces trois surtouts aponevrotiques les noms d'aponevrose tracli(51ienne, aponevrose ver- tebrale et aponevrose cervicale. Cette disposition anatomique offre un veri- table interet chirurgical lorsque Ton considere les loges celluleuses qui sont circonscrites par ces aponevroses. C'est dans ces intervalles celluleux que le pus se ramasse en foyers et suit une direction plus ou moins en rapport avec celle des aponevroses qui les circonscrivent. On peut remarquer qu'il existe une certaine ind^pendance entre ces deux regions du cou : I'une anterieure, ayant pour centre la trachee ; I'autre pos- terieure, an centre de laquelle est la colonne vertebrale. Dans la premiere region, les muscles peritracheaux, la trachee, I'exlremite inferieure de I'oe- sophage, sont unis par des feuillets aponevrotiques dont I'ensemble constitue ce que j'ai appele I'aponevrose trachelienne. Dans la secondc region, tous les muscles qui entourent la colonne vertebrale prt'sentent chacun une gaiue propre ct sont reunis entre eux par des prolongements aponevrotiques; leur ensemble constitue I'aponevrose vertebrale. Cette independance de I'apone- vrose trach(51ienne explique bien la mobilite du larynx et du pharynx sur la colonne vertebrale. On comprend aussi la raret^ des abcSs autour de cet or- gane en voyant le pen de tissu cellulaire renferme dans ces loges aponevro- tiques. D'autre part, la resistance de I'aponevrose vertebrale et sa disposition autour des os et des muscles, force les abces a suivre, en general, leurs gaines aponevrotiques. Enfln.. ces deux regions sont unies entre elles par une vaste loge aponevrotique dependant des muscles superflciels, et que j'ai de- signee sous le nom d'aponevrose cervicale. Cette aponevrose cervicale cir- conscrit une vaste loge celluleuse renfermant tous les gros vaisseaux de la region du cou, les nerfs et les ganglions lymphatiques, et presentant en avant et en arrierc du muscle sterno-mastoidien deux points moins rcsistants oil vienncnt faire saillie les tumeurs qui se ddveloppent dans cette region. On peut pen6trer dans cette grande loge celluleuse dans ces deux points ; on voit alors qu'elle se prolonge derriere le larynx et la trachee qu'elle isole de la colonne vertebrale. Les vaisseaux sont situes au milieu d'un tissu cellu- laire plus ou moins condense, mais je rejette cette opinion qui entoure ces 177 organes d'une aponevrose, leur formant une enveloppe particuli6rc et allant se fixer aux apophyses transverses des vertebres cervicales. Nous avons consid^re la disposition generale des apontivroses du cou et noii la succession des lames apon^vrotiques qui se prcsentent de la superflcic vers les regions profondes ; nous allons comparer maintenant cette disposi- tion a celle qui est admise par la plupart des auteurs. L'aponevrose cervicale est formce par les feuiilets aponevrotiques qui en- veloppent les muscles peaucier et sterno-mastoidien et qui reunissent ce der- nier en avant aux petits muscles trach^aux, en arriere au muscle trapeze ; elle comprend alors le fascia superliciel et Taponevrose cervicale anterieure des auteurs. L'aponevrose trachelienne, formee a la fois par les leuillets apo- nevrotiques qui enveloppent les petits muscles peritraclieaux, les muscles du pharynx et la trachee-art^re, represente l'aponevrose moyenne du cou pour les aponevroses musculaires, et l'aponevrose cervicale profonde pour celle qui enveloppe les organes tracheaux. Enfln, notre aponevrose vertcbrale se- rait formee en avant par l'aponevrose pr^vertebrale des auteurs ; en arriere, elle se confondrait en partie avec rapont5vrosc cervicale superflcielle. ARTERIEL. — MODE DE RETABLISSEMENT DE LA CmCULATION ARTERIELLE; observation de M. Jordan (de Manchester), communication de M. Beraud. M. Beraud communique, au nom de M. Jordan, chirurgien en chef de riiopital royal de Manchester, les dcssins d'un cas fort remarquable d'obli- teration de I'aorte. Le siege de cette lesion, un pen au-dessous du canal arteriel, a environ 1 centimetre. L'obliteration ne se trouve pas complete, il y a un petit pertuis d'un millimetre qui fait communiquer la partie supurieure de I'aorte avec la partie de ce vaisseau qui est au-dessous du retrecissement. Le contour de cet orilice est constitue par du tissu fibreux tres-dcnse, de sorte qu'il n'est pas possible de le dilater, et tout nous porte a croire qu'il ne devait pas laisser passer du sang en grande quantite, si toutefois 11 pouvait en passer, L'etude des modifications que cette alteration a produite dans le reste du systeme arteriel offre le plus vif interet. Le cosur est considerablement augmente de volume, il remplit compiete- ment la cavite pericardique, ce qui porte son volume et son poids presque au double de ce qui existe a I'etat sain. Cette hypertrophic a porte principa- lement sur les fibres musculaires. Le cote gauche du cceur participe le plus a cette augmentation; le c6te droit n'est pas affecte a un degre si prononce, mais enfln il est un peu hypertrophic. 11 n'y avail pas de serosite dans le peri- cardc. La cavite des ventricules n'clait pas dilatee. C. R. 12 178 Les oreillettes sont beaucoup moiiis hypertrophiees que les veatricules, les gauches le sont plus qiic les Jroites. h'aorte, dans la portion pericardique, olTre un volume tres-consld6- rable, elle est plus grosse d'un quart environ. Elle est plus longue , le- gferement flexueuse; ses parois sont plus dpaisses, moins souples , plus resistantes. Dans sa portion courbe ou extrapdricardique, I'aorte n'est pas notable- ment augmentee de volume ; ce qu'elle offre de plus saillant c'est son ir- regalarite, ses bosselures esistant au niveau de I'origine du tronc bra- chio-CL'phalique , de la carotide primitive gauche, de la sous-claviere du meme cotd. Cette portion de I'aorte se termine brusquement par un cul-de-sac, ou plutot semble se continuer en haut avec I'artere sous-claviere. En bas on voit le caual arteriel qui est plus volumiueux qu'i I'etat normal, mais qui n'est pas perfore entre ces deux organes ; on voit le petit pertuls qui occupe le centre du retrecissement. Au-dessous du retrecissement , la portion de I'aorte connue sous le nom A'aorte thoracique, suit son trajet hubituel, mais elle presente dans sa con- formation et dans son volume des alterations. Ainsi son volume est moindre que sur une aorte saine, sa conformation est irreguliere , renilec un peu au-dcssous du retrecissement; elle se re- trecit iasensiblement jusque vers le diaphragme, oil desormais elle con- servera le volume d'une artere iliaque primitive d'un sujet adulte bien con- forme. La terminaison de I'aorle se faisait regulierement par des branches pres- que aussi volumineuses que dans I'etat normal. Le tronc brachio-ce'phalique est plus gros et lu dilatation porte surtout sur la bifurcation qui va au membre thoracique. La carotide primitive gauche, nee directemcut de I'aorte, offre une legere dilatation a son origine, et puis on la voit reprendrc un volume qui ne dti- passe guere celui d'une carotide normale. La sous-claviere gauche est veritablement doublee de volume , on dirait qu'elle est la continuation de I'aorte; il semble que ce dernier vaisseau sort du thorax au lieu d'aller passer au devant des corps vertebraux pour consti- tuer I'aorte thoracique. Les branches qui naissent de la sous-claviere, a droite comme a gauciie, oEfrent des dilatations considerables. La mammaire interne est aussi grosse que I'artere humeralc d'uu adulte bien cont'orme. Elle fournit des branches intercostales trtjs-volumineuses , au moins comme une radiate, qui vont s'anastomoser avec les intercos- tales. Les branches terminales de la mammaire interne s'anastomoserit a 179 plein ct gi'os canal avec les Liauches aussi volumineuses de I'artere epi- gastrique. L'intercostale supMeure est I'artere qui nous presente les modiflcatious les plus considerables. A son origine a droite comme a gauche elle est aussi grosse qu'unc artere femorale ; elle est onduleuse, elle fournit les intercos- tales desquatre premiers espaces intercostaux , s'anastomose a plein canal avec les intercostales qui naissent de I'aorte. Celles-ci ont un volume quatre fois plus considerable que les intercos- tales dans r^tat sain. EUes sont anastomosees largement avec la mammaire interne. L'artere axillaire est tres-volumineuse, mais elle lournit une branche assez forte qui va s'anastomoser avec les intercostales. L'artere humirale bifurqu(5e prematurement presque des sou origine n'est pas plus considerable qu'a Fordinaire, et a partir de ce moment le systemc artericl est regulierement conforme. D'apres cette description , il est facile de comprendre le mecanisme sui- vant lequel la circulation s'est rctablie. Lauce par le coeur dans I'aorte, et ne pouvant franchir le point retreci, le sang arrivait par les artcres qui naissent de la crosse de I'aorte et par le moyen de Tintercostale superieure et la sous-scapulaire , il p6netrait dans les intercostales et de la dans I'aorte tho- racique. II resultait de cela que le cours du sang dans les intercostales aortiques etait interverti, qu'au lieu de se faire du centre a la periplierie, il se faisait de la Peripherie au centre. Malgre cet abord facile du sang dans I'aorte par les intercostales au nom- bre de sept ou huit de chaque cote, I'aorte thoracique n'avait pas son vo- lume regulier suffisant pour foumir a toutes les parties du corps situees au- dessous du diaphragme. C'est pour cela que la mammaire interne venait completer la somme de sang n^cessaire en s'anastomosant avec I'artere epigastrique qui amenait ainsi le sang dans le membre inf^rieur. Tel est le mecanisme si simple et en meme temps si admirable au moyen duquel la nature avait surmonte un obstacle qui, au premier abord, paraitrait devoir amener fatalement une mort prompte ou etre incompatible avec le developpement regulier des organes. Si quelque chose pouvait justifler les tentatives des chirurgiens qui ont pratique la ligature de I'aorte, le fait qui nous occupe serait bien favorable. Mais on ne pent s'empecher de faire remarquer que lorsquc le cliirurgien place une ligature sur ce vaisseau , il ne se trouvc pas dans les memes con- ditions de saute, de jeunesse, de developpement qui ont permis a la nature de produire les merveilleux resultats que nous venons de signaler. Les pieces de cette autopsie ont cte recueillies chcz un sujet adulte d'envi- 180 ron 40 ans, du sexe raasculin ; rien pendant la vie n'avait pu faire soupcon- ner une pareille lesion. M. Biiraud ajoute en terminant que M. Jourdan a public ce fait dans un jour- nal do Manchester; mais comme il a passe inapercu memo dans les travaux les plus recents, I'auteur de la communication a pens6 que la Societe de bio- logic recouterait avec interet. II. — Anatomie pathologique comparee. 1" TllJIEDR TROUVEE DANS LA RATE D'UN CHIEN ET PRODUITE PAR UNE MULTI- PLICATION CONSIDERABIi DES ELEMENTS NORSLVUX DE LA RATE ; par M. A. VULPIAN. En examinant les viscSres d'un chien, j'ai trouv^ une tumeiir assez remar- quable dans la rate. Cette tumeur etait situde a la face externe de I'organe, et a la reunion des deux tiers superieurs avec le tiers inferieur. Elle fait une saillie notable, et offre une coloration ros^e nuanc^e de blanc au travers de I'enveloppe propre de la rate qui la recouvre. Elle se d(5prime facilement sous le doigt. On fait une section au niveau de la tumeur de facon a la par- tager en deux parties ^gales, et Ton voit qu'ellc s'enfouce dans la rate par sa moitie inferieure. Dans son ensemble elle a environ 1 centimetre et demi de diametre ; elle est a pea pres sphero'idale : elle se continue avec le tissu splenique, sur lequel elle tranche compl^tement par sa couleur. Vue ainsi sur la coupe, la tumeur est blanchatre et parcourue par des trainees rougeatres, indecises. Son tissu s'ccrase facilement sous le scalpel et se reduit en une sorte de pulpe presque liquidc, puriforme. L'examen microscopique fait voir que cette tumeur est enti6rement constitute par les 616ments normaux de la rate considerablement multiplies, et contenus dans un re'-seau tr^s-lache dc tissu conjonctif. Ce sont des noyaux libres ayant de 6 milliemes de millimetre a 1 centi6me, des cellules ayant un diametre de 14 a 18 niilli&mes de milli- metre ; quelques-unes renfermant de tres-petits noyaux n'ont que 1 centieme dc millimetre de diametre. Les noyaux des cellules du premier ordre ont le plus souventun, mais quelquefois deux ctjusqu'a trois nucleoles. L'acide ac6tique palit les cellules, contracte un pen les noyaux en rendant leurs bords plus nets, et les nucleoles deviennent aussi plus apparents et brillants. On trouve de plus des globules lymphatiques et de rares ^l^ments fusifor- mes. Je n'ai pas trouv6 de corpuscules de Malpighi. Les seules diffirences quej'aiconstattes entre le tissu normal et le tissu de cette tumeur sont les suivantes : les vaisseaux sont tres-peu nombreux, le tissu conjonctif est rar(51ie ; et enfin le nombre des grandes cellules est plus considerable dans la tumeur que dans le tissu nonnal. 181 00 pETlTS GRAINS OSSEUX SOUS LA PLEVRE PULMONAIRE CHEZ UN CHIEN ; INCRCS- TATION DES CARTILAGES DE LA TRACHEE ; TUMEURS DEVELOPPEES DANS LES POUMONS DU MEME ANIMAL ; pal' M. A. VULPIAN. Sur un chien sacrifie a la suite d'une experience, j'ai troiivc sous la plSvre des deux poumons, mais principalement du poumon gauche, de petits grains irr(5guliers, dont les plus gros n'avaient pas plus de deux a trois millimetres de diametre, et dont la duret6 etait analogue a celle dcs os. Ces grains etaient retenus de toutes parts par des liens celluleux dependant du tissu conjonclif du poumon, et, a I'ceil nu, Us ne paraissaient pas environnes d'un dep6t cai'- tilagineux. En usant ces petits grains sur une pierre, j'ai obtenu facilement ile pctitcs lames tres-minces, trfes-transparentes et pouvant etre examinees au mi- croscope. L'etude que j'en ai faite m'a d^montre que ces depots sont formes d'un veritable tissu osseux. Dans les preparations "que j'ai montrees a la Societe, on a pu voir que chacune des petites tumeurs sous-pleurales est constitute par un nombre plus ou moins grand de tr&s-petils grains de forme irregu • li^rement arrondie et relies ensemble par un tissu conjonctif plus ou moins abondant, de telle sorte que certains grains sont tout a fait contigus, tandis que d'autres sont assez distants les uns des autres. Dans ce tissu conjonctif se voit du pigment pulmonaire en assez grande quantite. Chaque petit grain est une parcelle osseuse compos^e d'une substance fondamentale et de nom- breuses cavites osseuses dont quelques-unes donnent naissance a d'assez iiombreux canalicules. U n'y a pas de veritables canaux de Havers; les es- paces interstitiels les representent en ce sens que c'est par la qu'on trouve les vaisseaux qui probablement nourrissaient le tissu osseux. Les stries de la substance fondamentale ne sont pas parall61es aux espaces interstitiels, du moins en general. Dans quelques points oil ces interstices affectent une forme arrondie, j'ai vu les stries s'infl^chir etleur devenir parallelcs.il n'y a aucune trace de tissu cartilagineux sur les confins des grains osseux. Chez ce chien, les cartilages de la trachee et ceux dcs bronches paraissaient ossifies. Leur consistance devenait de moins en moins grande a mesure que Ton s'approchait des poumons. J'ai fait des preparations de ces cartilages : on remarque d'abord que le tissu, de couleur jaunatre, est beaucoup plus compacte que celui des petits os qui viennent d'etre decrits, et en m6me temps plus cassant. 11 s'usesur la pierre beaucoup plus difllcilement. Lovsque la preparation est faite, on trouve un aspect bien diflei'cnt de celui du tissu osseux. A un faible grossissement, on voit des parties qui ont conserve tout a fait la structure cartilagineuse et qui se presentent isieme avec leur consis- tance et leur 61asticite normale ; d'autres parties continues avec celles-ci offrent des caracteres distincts. On y voit des petits dep6ts sombrcs, commc 182 granuleux, et paraissant au premier abord disperses sans ordre ; la prepara- tion est parcoiirne par des lignes formant un r^seau a mailles inegales, ar- roudies et le plus ordinairement allongees ; il y a aussi des sortes de felures ramifK^es, produites peut-etre pendant le frottement sur la pierre. Un examen approfondi fait voir que le reseau dont je viens de parler circonscrit des collections de cellules cavtilagineuses incrustees de substance osseuse, et que les petits depots granuleux sont constitues par une sortc de poussiere cal- calre rassemblte principalement sur les noyaux de ces cellules. Dans les parties qui avoislnent le plus le cartilage, on voit encore les noyaux cartila- gineux trt's-reconnaissables, a bord devenu plus sombre, et a mesure qu'on s'eloigne, le dep6t amorphe devient plus abondant et voile de plus en plus les noyaux. A un grossissement de 350 diamStres, la structure que je viens d'indiquer devient encore plus claire; on voit alors , meme au milieu des parties les plus sombres , des cellules cartilagineuses parfaitement conserv^es , au milieu desquelles on apercolt le noyau, et meme dans certains points, on voit un on deux nucl^oles dans ce noyau ; ail'.eurs on ne voit que le contour de la cavite cartilagineuse, et au centre un depot irr(5gulier sombre formant des lignes sinueuses qui cachent le noyau. Les capsules cartilagineuses sont meme vlsibles dans plusieurs points, et leur paroi semlile former une leg^re saillie au-dessus do la preparation. L'incrustation a-t-elle envahi toutes ces parties , ou en a-t-elle respects quelques-unes ? C'est nne question a laquelle je chercherai a vijpondre. J'era- ploie a dessein cc mot il'i7icrustation, car il est evident qu'il ne s'agit pas ici d'une veritable ossification, m^is simplement d'un d(^p6t calcaire dans le tissu cartilagineux non modifl^. Et je crois que si I'animal eiit vecu plus longtemps, aucun changement nouveau ne serait intervenu pour faire passer ce tissu incmstc a I'etat d'os veritable; car dans aucun point je n'ai pu trouver la moindre trace de veritable cavit6 osseuse. Dans les parties qui pouvaient passer pour les plus anciennement incrustees, a la difference pr6s du depot calcaire, les elements etaient les memes que dans les parties con- tigues au cartilage et que dans le cartilage lui-m6me. L'acide chlorhydrique tres-dilue dissout completement le di\>6i calcaire avec effervescence, et le tissu cartilagineux apparait alors sur toule la sur- face de la preparation avec les caracteres normaux. On reconnait et les cap- sules du cartilage et les cellules dont les parois paraissent avoir ete I'ctractcies pendant le travail d'incrustation et s'etre rapprochces du noyau. L'acide ne p^n^tre pas tout d'abord dans I'int^rieur des capsules de cartilages et des cellules ; mais au bout de quelques moments on voit dans beaucoup de cellules une ou plusieurs bulles de gaz qui y sont emprisonuees. D'apr^s ce que produit l'acide clilorhydrique , il est permis de croire quo le depot calcaire avail surtout incruste le noyau et les parois de la cellule , mais (lu'il 183 y avail cntre la capsule ct la parol cellulairc iin espaco oil n'avait peut-t'tre pas pen6lre le calcaire. C'est une coincidence cui'ieuse que celle de cctte incrustation des carti- lages de I'arbre adrien et de ces d^p6ls osseux sous-pleuraux ; mais la diffe- rence de structure enipeclie qu'on rattache ces deux fails a une seule et m6ine cause, a I'iniluence d'une sorte de diatliese. D'aillcurs, j'ai examine les poumons d'autres chiens, et j'ai vu qu'il n'ctait pas tres-rare de Irouver de ces dcp6ts osseux sous-pleuraux, au moins cbez les chiens adulles. Deux fois j'en ai rencontre, et les animaux n'offraient pas la moindre incrustation des cartilages de la tracheae. Les poumons de ce chien n'^taient pas int^ressants seulcment par les gi'ains osseux sous-pleuraux qu'ils presentaient : on y a trouve plusieurs tumours dont les plus grosses avaient le volume de grains de raisin, d'uu blanc grisiitre, se continuant manifestement avec le tissu pulmonairc cnvi- ronnant. Ces tumeurs, au nombre de sept ou buit , (5taient assez denses et pouvaient etre decbirees sans beaucoup de difTicultd : la surface de la de- cbirure ctait tinement mamelonnee. Le tissu assez buniide ne laissait cepen- dant pas echapper de liquide sous I'intluence de la pression entre les doigts. La plupart de ces tumeurs etaient rapprocbeef? de la plevre; quclques-unes 6taient sous-pleurales. J'ai d6ja dit qu'elles se continuaient avec le paren- cliyure pulmonaire, mais on n'observait pas une transition graduelle du tissu pulmonaire au tissu niorbide; il y avail passage brusque. Les petites bron- cbes qui avoisinenl les tumeurs sent remplies d'un mucus epais. A I'examen microscopique, on trouve dans ces tumeurs un grand nombre d'elements flbro-plastiques, fusiformes, a noyaux allonges, des cellules coniquesa base coupee nettement el un pen saillante, cellules donl un grand nombre ont la plus grande ressemblance avec des elements d't^pitbelium vibratile qui au- raient perdu leurs cils ou dont les cils auraient avorte, et enfin, dans certains points, des cellules legerement boursouflees munics d'un grand noyau con- tenant un ou deux nucleoles brillants et assez gros. Quclquefois il y a deux noyaux dans une cellule. Certaines cellules de la derniere variete el un tr6s- pctil nombre de cellules cylindriques soul remplies de granulations grais- seuses. Le mucus contenu dans les bronches qui aboutissenl aux tumeurs, so compose uniquement de cellules d' (Epithelium vibratile. Ces tumeurs sent formees, comme on le voit, de tons les elements qui entrenl dans la compo- sition du poumon ; mais ces elements, a I'exception des vaisseaux qui sont tres-peu nombreux, sont en nombre bien plus considerable, el ieurs dimen- sions individuelles se sont accrues aussi. On pent Irouver que ces tumeurs ont une analogic marquee avec celles qui portent le nom d'cpitlieliomes pul- monaires ; mais on n'y relrouve pas la disposition en culs-de-sac qu'alTeclent les elements multiplies dans les 6pilb61i6mes. En les comparaut a ce qu'on di'trit sous le nom de cancer, ces tumeurs offrent encore quelque jntt'ret, 184 car dies s"en rapprochcnt jusqu'a un certain point. C'est, comme dans le cancer, une modification produite dans les elements normaux du tissu affectL^ et une alteration plus grande encore des fonctions nutritives des parties atteintes, altt^ration telle que tons les elements d'epith(?lium, de tissu eonjonctif, et jusqu'a ceux des parois des vaisseaux eux-mSmes se d6for- nient, se multiplient, s'hypertrophient : ainsi, en meme temps que leur puis- sance generatrice s'accroit, elle se deprave pour ainsi dire. Les tumeurs trouvees diins les poumons du chien n'ont pas cepcndant un caractere tres- commun dans le cancer, a savoir la presence d'un liquide infiltre que la pression lait sorlir du tissu, et qu'on d^signe sous le nom de sue canc6- reux ; cnlin les elements sontraoins alteres qu'ilsnelesonteii general dans le cancer. En resume, je rangerais plutCt ces tumeurs dans la classe des ('■pitbelidmes que dans celle des cancers. Je ne puis comparer ^videmment ces differents produits que sous le rapport anatomique, n'ayant rien observe sur la marclie et sur I'expression symptomatique des tumeurs pulmonaires de chien. Probablement a ce degr^ de developpement, I'affcction ne se re- vtlait encore par aucua signe appreciable. lU. — Pathologie. HEMORRIIAGIE INTESTINALE CONSECUTn^ ET DUE A LA PRESENCE D'IINE ULCERATION DANS LE couRS d'une fievre TYPHOiDE , Observation par M. Dupuis. X..., age de 32 ans, entre le 55 novembre a la Charitd pour suites de fifevre typlioide ayant debute six semaines auparavant. Traite pendant un mois dans le service de M. Nonat, ilsort avant que la convalescence sesoit conllrmee et conlre I'avis du chef de service. II entre dans le service de M. Rayer quinze jours apr^s. Prostration, indecision dans les rdponses, de la diarrhee, un pen de toux ; il n'accuse ancune douleur. Pris le 27 dans la nuit d'une hemorrhagic intes- tinale abondante, il y succombe en deux heures ; le sang ctait noir. Al'autopsie, paleur generate de la muqueuse digestive; deux on trois ul- Ci'ratious dans le ccecum et pr^s de la valvule de Bauhin. L'une des ulcera- tions, plusprofonde que les aulres, de la largeur d'une piece de 50 centimes, atteignant jusqu'a la couche musculaire est noiratre, a fond im'gal et odre un pertuis vasculaire que M. Davainc qui le decouvre juge etre forme par I'c^rosion d'une arteriole. Le calibre de celle-ci permct d'y introduire une 6pingle de moyenne grosseur. 185 IV. — Chimie patholocique. NOTE SCR CNE REACTION POUVANT CONTRIBUER A l'eTUDE DE L'ALBUMINE ; par M. A. Vulpian. On mSle environ une partie de sang de lapin a environ 20 parties d'eau ; on verse dans Ic tube qui contient ce melange une quantity d'acide azotique suflisante pour pr^cipiter toutel'albumine; on ajoute alors del'alcool a 36 de- gres, en proportion egale a la raoiti6 ou aux deux tiers du liquide; on pgite; on chauffe jusqu'a ebullition : le pr^cipit^ disparait entitirement; le liquide devient compl(5tenient limpide. Pour que cette reaction reussisse, 11 faut que le sang soit traite aussit(5t qu'ilest recueilli surTaninial vivant. En general, le pr^cipite forme parl'a- cide azotique semble diminuer notablement quand on verse I'alcool, efTet du Burtout a ce que le precipite est plus etendu, mais aussi a ce qu'une cer- taine partie entre dejaen dissolution. Si la quantity de sang traitee esttres- <5tendue d'eau, on voit memo quelquefois le prdcipite disparaltre complete- ment sous rinfluence de I'alcool, sans Elevation de la temperature. Lorsqu'il est necessaire de chauffer, le precipite commence a disparaltre avant que le liquide ait attelnt le point d'ebullition. Le liquide devenu tout a fait limpide par le traitement complet, reste transparent plus ou moins longtemps, suivant le degre de concentration de la dissolution sanguine : lorsqne le sang est ires -etendu d'eau, le liquide est encore limpide lorsqu'il est revonu a une temperature voisine de celle du milieu. Pen a pen il devient louche, puis tout a fait opaque ; un nouveau pre- cipite aJ)ondant s'est form(5, ct bient6t se rassemble au fond du tube, sous forme d'un depot grisatre, bourbeux. Si Ton chauffe de nouveau le liquide, le precipite se dissout encore, pour reparaitre par le refroidissement (1). Si, (I) E. Briicke rapporte (Ess.\i sur la cause de la coagulation du sang, British and foreign MEDico-CHmuRGicAL Review, Janvier 1857) une reaction qui offre avec celle-ci une certaine analogie. Lorsque, dit-il, on ajoute a du plasma frais mele a trois fois son poids d'eau froide une assez grande quan- titc d'acide azotique pour rendre Ic fluide trouble d'une facon permanente, si on le fait alors bouillir, il devient clair ; mais en refroidissant, 11 se forme de nouveau un abondant precipite blanc. G'est la reaction de la matiere al- bumineuse frouvee pour I'urine par le doclcur Bence Jones. J'ai essaye de reproduire cette reaction avec du sang de lapin ; je n'ai point reussi. En ex- perimentant comparativement avec le proc^de de Bence Jones et celui que j'indique, on verra facilement combien leurs resultats different en nettete. E. Briicke indiquc d'aulrcs reactions interessantes : Tune d'elles est obtenue 186 avant dc chauffer de nouveau, on a neutralise I'acide au moyea d'un excfes d'ammoniaque, la chaleur ne fait pas molns rentrer le pr^cipite en disso- lution. Au moment oil le liquide est bouiUant ct limpide, on pout y verser une no- table quantite de sang prealablement otendu de vingt fois son volume d'eau, sans qu'il se produise le plus ledger trouble. On ne voit appavailrc un preci- piteque si la quantite de sang ajoutd'e est trop considerable. On peut varier cette experience de la facon suivaulc : on verse une dizaine de gouttes d'a- cide azotique dans un lube contenant 3 a 4 centimetres cubes d'eau, on ajoute moitie d'alcool, on agite le melange et Ton chauffe; il est possible alors de verser dans celte liqueur ainsi preparee et bouillanle une grande quantity de sang etendu de 20 et 30 parties d'eau, sans qu'il y ait precipita- tion de I'albumine. Lorsque la liqueur se refroidit, on voit promptement ap- parailre un ddpot bourbeux tres-abondant, obscurcissant quelquefois les cinq sixiemes de lu bauteur du liquide. •J'di traits de la memo facon le sang de cochon d'Inde, de rat; le r^sultat est lememe. Le sang de chien s'est comporle de meme dans un grand nom- bre d'eesais ; je ne conserve quelques doutes que sur une experience dans laquelle le sang d'un chien ne m'a.pas paru se dissoudre complelement apres avoir 6t6 precipite dans une dissolution aqucuse par I'acide azotique. Lorsqu'on n'agit que sur le serum du sang de ces divers animaux, on obtient encore la meme reaction. Si I'on a mele une partie de sang a vingt ou treute parties d'eau, et qu'on laisse ce melange en repos, au bout de quelques minutes la flbrine s'y coa- gule sous forme d'un reseau tres-leger qui ne se rassembleque ditBcilement. D6s que la coagulation de la fibrine a commence, la dissolution du preci- pite form6 par I'acide azotique n'est plus complete. II subsiste des flocons qui, manifestement, sont constitues par la fibrine sur laquelle cette redaction n'a pas de prise. II en est toujours ainsi , quelque legerc que soil la toile fibrineuse en suspension dans le liquide. C'est done une nouvelle preuve du au moyen de I'acide acetique. Elle avail dt^ju ete di'couverte par Magendie (Leqcns sur le sang et les altebations de ce liquide dans les maladies GRAVES, 1838, p. 112) qui I'appliquait a la demonstration des differences entre I'albumine de I'oeuf et celle du serum du sang. 11 traitait comparativement le s^rum et I'albumiue de I'ccuf par I'acide acetique; il se produisait dans ces deux cas un corps opalin, transparent : il soumettait a la cbaleur les deux tubes ou s'eMait faile la coagulation. L'albumine de I'ocuf n'uprouvait aucun cliangement, tandis que celle du scrum se liqud^liait corapletement pour se solidifler de nouveau par le refroidissemcnt. Ces derniers effels se produi- sent aussi dans le scJrum suivant E. Briicke, lorsqu'on emploie les acides phosphorique, tartrique et oxalique. 187 cliangeraent profond que subit la fibrine en se coagulant : une simple modi- lication dans la cohesion ne rendrait pas compte de la difftirence des effets produits snr la fibrine liquide et sur la flbrine coagulee. J'ai traitt5 de la meme facon et avec les memes resullats le liquide vetir6 de kystes developp^s dans les corps thyroides d'uu cluen, et le liquide de rallantoide de rembryon do cochon. Lorsque I'albumine du scrum traitce par I'acide azotique et I'alcool, puis liquefi^e par la clialeur, s'est coagulee de nouveau sous rinfluence du refroi- dissement, on pent facilement retenir le dipot sur un fdtre. Ce depot delaye dans I'eau ne s'y dissout plus lorsqu'on le soumet a la cbaleur. L'albumine de I'oeuf etendue de ving a trente fois son volume d'eau ne se comporte pas de meme. Lorsqu'on ajoute I'acide azotique goutte par goutte (1), on obtient bient6t un precipite opalescent plus ou moins abondant, suivant le de- gre de dilution et restant en suspension. On verse alors dans le tube dc I'alcool en quantity egale a cclle du liquide en essai ; le precipite ne disparait pas, 11 semble plutot augmenter. Si Ton chauffe alors, le liquide s'eclaircit, mals la plus grande partie du precipite ne se dissout pas ; elle se rassemble en flo- cons qui fombent bientot an fond du tube. Lorsque le liquide se refroidit, le depot devient un pen plus abondant, ce qui semble indiquer qu'une petite partie du precipite avail reellement 6te dissoute. Le sang et le serum de poule, le sang et le serum de canard, presentent la serie des memes plienomenes lorsqu'on les traite de meme. Cependant I'alcool n'augmente pas le precipitd form6 par I'acide azotique. .Te n'ai essaye qu'une fois le sang de pigeon, et encore dans des conditions toutes particulieres. Ce sang avait ete recueiili dans un vase aplati, s'y etait coagule tr^s-rapidement, et le caillot s'y etait desseche sans s'6tre r6lract6 et sans avoir expuls6 le serum. J'ai pris un petit fragment de ce sang desseche, je I'ai mis avec de I'eau dans un tube, et aprt's avoir soumis le lout a diges- tion de deux heures a une temperature de 40 degres centigrades, j'ai traite i'eau devenue rouge par le proc6d6 indiqu6. Dans ce cas, 11 s'est form6 un abondant precipite, par I'acide azotique ; mais il s'est dissous completement lorsqu'on a chaufl'e le liquide additionne d'alcool. Le refroidissement a fait reparaitre le precipite qui s'est de nouveau dissous par la cbaleur. J'ai traite dela meme facon du s^rum du sang de I'homme. Quelle que fut la dilution, je n'ai jamais pu obtenir une dissolution complete du precipite. De meme le precipite n'a pas ete dissous dans deux urines d'albuminuriques. (1) On observe dans ce cas, comme daus le cas oil Ton agit sur du serum (itendu d'eau, le fait signal^ d'abord par E. Biucke, a savoir que le trouble occasionne paries premieres gouttes d'acide le dissout si Ton agite le tube ; il faut toujours un certain nombre de gouttes pour produire un trouble per- manent. 188 Au contralre, Ic liquide d'un ascile, apres avoir ctd eteudu d'une assez grandc quanlited'eau, a donne par racideazotifpieuaprccipito, puis traits parl'alcool et la chaleur, il est devenu presque entiurement limpidc ; par le refroidisse- ment 11 s'est fait un nouveau pr6cipit6. Cette reaction, que je me propose dY'tudier plus compl^tcment, montre done une dift'iJrence, giossiere il est vrai, puisque Ton agit sur un composti complexe, mais trfes-nelte entre divers animaux sous le rapport de leur sang : elle fait voir que I'albumine est une substance qui varie suivant rorganismc on cllese forme; et si Ton possedait des precedes plus diilicats de recherche, on arriverait probablement a apprecier des nuances qui paraissent a priori devoir exister dans les propridtes de I'albumine du sang, non-seulement des animaux compares entre eux, mais m^me de tel organe compare a tel autre chezlememe animal (1). 11 faudrait d'ailleurs, dans ces etudes, tenir un grand compte des matieres salines en dissolution dans le sang, car leur nature et leurs proportions pour- raient jouer un grand r6le dans ces dilTerences de reaction. V. — Helminthologie. SUR LE DIAGNOSTIC DE LA PRESENCE DES VERS DANS L'INTESTIN PAR L'INSPEC- TiON MicROScopiQUE DES MATIERES EXPULSEEs; par M. C. Davaiue. En examinant, en 1853, dans le service de M. Rayer, a la Charite, les garde- robes de malades atteints du choldra, M. Davaine trouva plusieurs fois dans ces matieres de petits corps qu'il crut otre des ccufs de trichocephale. De nouvelles rechercbes ayaut confirme ces vues, M. Davaine eut plusieurs fois, depuis lors, I'occasion d'en enlretenir la Society, et de faire remarquerqucla recherche des ocufs des vers intestinaux pouvait donner des indications cer- taines sur la presence de ces animaux dans le tube digestif. M. Davaine met aujourd'hui sous les yeux de la Societe des matieres intes- tinales d'un individu mort d'une mcjningite dans le service de M. Rayer. Ces matieres contiennent une quantity considerable d'ajufs de tricliocepliale. (1) Sur un cbien auquel on avail coupe une des carotides pour lui faire perdrc une grandc quantite de sang, j'ai pu essayer comparativement le sang au commencement et a la fm de I'hemorrliagie. Le sang recueilli dans les der- niers moments de I'ecoulemcnt semblait plus charge d'albuminc que cclui qui avail cte pris au debut; car I'aeide azolique y determinail uu coagulum plus considerable (j'agissais sur deux grosses goalies de sang diluees dans 3 a 4 centimetres cubes d'eau). De plus, en traitanl alors par I'alcool, puis par la chaleur , j'ai obtenu une dissolution complete dans le sang pris au debut, et tr6s-incompl6te dans le sang pris a la fm de I'liemorrhagie. 189 Chaqne goutte, ptacee sous le microscope, en contient ile dix a, vingt. Ces ocufs sont facilement reconnaissables a leur couleur brunatre, a leur forme ovoide, fort allongee, un petit renflement qui les termine a chaque extr^mit^ ; ils n'ont point d'opercule et sont longs de 5 centiemes de millimetres environ. Aucun des helminthes qui vivent dans I'intestin chez I'liomme n'a des ovules qu'on puisse confondre avec ceux-ci. Le malade qui a fourni ces matieres avail dans le ccccum un grand nombre de trichoc(5phales. Le diagnostic de la presence de ces vers dans le tube digestif, regarde jusqu'aujourd'bui comme impossible, est done desormais facile par I'inspection microscopique des fSces. Au mois d'octobre dernier, M. Davaine a ^galement fait voir a la Society des matieres rendues par un enfant, et dans lesquelles une parcelle moins grosse qu'une t6te d'epingle prise dans quelque partie que ce fut, contenait un grand nombre d'oeufs d'ascarides lombrico'ides; I'enfant expulsa cinq ou six de ces animaux. L'oeuf de I'ascaride lombricoide a environ 8 centiemes de millimetre de longueur; il est oblong, il diir(ire notablement, apres avoir sejourn6 dans les matieres intestinalcs, de ce qu'on le voit dans I'oviductc avant la ponte. Ici la coque parait lisse et comme enveloppee dans une fine membrane, qui semble en etre independante. Cette membrane est mamelon- n^e, transparcnte et peu perceptible; mais apres la ponte, elle s'imbibe des matieres intestinales j elle devient opaque, jaunatrc, et masque presque com- pletement la coque, de telle sorte que l'oeuf de I'ascaride lombricoide est alors mameloune, muriforme, jaune ou brun. La coque peut cependant assez souvent etre apercue, ainsi que levitellusqui en est plus ou moins sdpar(5, et Ton reconnalt facilement un ovule. Ce ne sont pas seulement les helminthes renferm^s dans le tube digestif que I'examen microscopique des feces peut faire reconnaitre ; M. Davaine a pu s'assurer par ce moyen de I'existence du distome hepatique dans les con- duits biliaires chez le mouton. Les oeufs de cet helminthe ont des caract{ires distinctifs qui ne permettent point de les confondre avec ceux des vers de I'intestin. La presence du distome hepatique dans les voies biliaires chez I'homme, si die n'etait si rare, pourrait etre dlagnostiquee par le meme moyen. FIN DES COMPTES RENDUS DES SEANCES. MEMOIRES LUS A LA SOClfiTfi DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1857 f ■»?-.•. iin '■ NOUVELLES RECHERCHES EXPERIMENTALES SCR *■ _ ^ 3_ LES PHENOMENES GLYCOGENIQUES DU FOIE, Communiquees a la Soci^tt de Biologie, seances des U et 21 mars 18S7 M. LE Propesseur Claude BERNARD. Chacun salt que le sang qui sort du foie contient, dans les condi- tions physiologiques, du sucre, et, en outre, que le sang qui entre dans le foie n'en contient pas. La formation de ce sucn3 est un pro- Lleme qui a excite I'attention des savants, et plusieurs theories out 6t6 propos6es pour I'expliquer. Ges theories supposent toutes quale sucre rfeulte du dedoublement des 6l6nients contenus dans le sang de la veine porte, dedoublement op^re dans le foie ; elles different entre elles par I'element que chaque auteur considere commededoubl^. AinsiLelimann pense que la fibrine, en se dedoublant dans le foie, donae naissance, d'une part, au sucre des veines sushepatiques, d'autre part, a des produits azotes que I'on retrouve dans la bile. Schmidt pense que la formation du sucre dans Torganisme peut resulter du dedoublement de la graisse. Fr^richs admet que le sang de la veine porte se dedouble en uree et en sucre; 11 donne des formules hypotlietiques de ces dedoublements. A mon avis, rien de moins acceptable que cette idee souvent formulee et generalement admise, que Ton peut etablir une Equation dans I'un des membres de laquelle on placerait tons les 61toents du sang arteriel qui arrive a la glande, et dans I'autre membre, le sang qui sort el le liquide secrete. Guide par quelques donnees experi- mentales, j'ai 6le porte a admetlre la preexislence d'une matiere pro- pre au foie, qui subit une transformalion et produit le sucre. Une des experiences principales qui m'ont conduit a cette notion est cells que j'ai faite depuis longtemps, consistant a laver un foie avec soin et a lui enlever tout le sang et tout le sucre qu'il contient, et a I'exposer ensuite a une temperature liede. Le sucre dont on ne trouvait plus de traces apparait d'une mauiere manifeste. Je me suis applique a rechercher et a isoler la matiere soupQon- nte comme preexistant au sucre, et apres de nombreux tatonne- ments, apres avoir plusieurs fois abandonn^ cette recherche, je suis arrive, dans des essais tout recents, a I'isoler et a determiner ses ca- racteres essentiels. Les experiences dont on va connaitre les resultats ont 6t6faitessur des chiens nourris exclusivement avec de la viande. La matiere que je pr^sente isolee est secr(5tee par le foie ; aucun autre organe ne la possede. Comme I'amidon, qui exists dans la graine et qui subit, sous I'influence de ccrtaines conditions physiques et chimiques, sa transformation en sucre, cette matiere, con tenue dans lefoie, se transforme en sucre, nieme apres la mort,sousrinfluence des memes conditions physiques et chimiques. Dans la fonction glycog^nique du foie, il faut necessairement reconnaitre deux ordres de phenomenes : 1° La creation de cette matiere, acte vital, dont I'origine essentielle est encore inconnue. 2° La transformation de cette matiere en sucre, phdnomene pui-e- ment chimique. J'admels done que le foie ne sdcrfete pas le sucre, mais se nourrit du sang, et cr6e, par une evolution organique, cette matiere speciale, qui subit, sous I'influence du ferment que le sang lui fournit, sa transfor- mation en sucre. Voici les procedds qui m'ont servi ii extraire cette matiere : L'animal etant tu6 par la section du bulbe rachidien, le foie est pris, coup6 en tranches et jete dans I'eau bouillante. Je ferai remarquer que si I'onjette le foie dans une eau iroide, qu'on porte ensuite a J'dbuUition, il se forme du sucre pendant cette 616vation graduelle de temperature. 5 An conlraire, lo foie etant plonge dans I'eau houillante, le ferment est coagule, et la matiere reste dans I'eau en se dissolvant. J'exprime alors la masse, et la liqueur est additionnee de trois ou quatre fois sou volume d'alcool a 40". Je la recueille sur un liltre, la redissous dans I'eau, et la fais bouillir pendant une derai-heure avecune solution con- cenlree de potasse ; on la precipite de nouveaupar I'alcool, eton la traite ensuite par I'acide acetique, pour transformer en ac(5tate soluble le carbonate de potasse entraine ; on precipite une derniere fois par I'al- cool, et on lave avec I'alcool au memo litre. Cette matiere ainsi obtenue et dess(jchee est blanche, amorphe, insi- pide, soluble dans I'eau, a laquelle elle donne une teinte opaline; bouillie avec une solution de potasse, elle ne donne pas d'ammoniaque ; calcinee avec la chaux sod6e, elle ne donne pasnon plus d'ammoniaque, caracteres qui la rangentparmi les substances non azot^es. Soumise a une temperature capable de la torrefier legerement, elle produit de la dextrine et une petite quantite de sucre, Une solution de cette sub- stance transformee en dextrine par Taction limit6e de I'acide sulfu- rique, devie adroite le plande polarisation. Mise en contact avec I'eau iodee, elle prend une teinte violacee, analogue a cello que donne I'a- inidon qui se transforme en dextrine. Elle estprecipitablepar I'alcool. Ellene reduit point le tartrate de cuivre et de potasse; elle se trans- forme en Sucre sous I'influence des acides mineraux, mais avec len- teur : au contraire, elle subit rapidement cette transformation vers la temperature de iO", sous Finllueuce de ferments tels que la salive, le tissu pancreatique, la diastase, et surtout sous I'influence du sang, lequel transforme aussi I'amidon vegetal en sucre. La Society peut se rendre compte de la substance que je mats sous ses yeux et de ses propri^tes principales, telles qu'elles sent dnoncees precedemment. L'ensemble de ces propriety rapproche cette substance de I'amidon des pi antes. II est inutile de faire voir I'analogie qui existe entre la production du Sucre dans I'animal et dans le vegetal; cette analogie ressort clai- rement de ce qui vient d'etre dit. Si, d'une autre part, nous considerons le role des nerfsdans la fonc- tion glycog^nique du foie, il est facile d'apprecier comment I'etude de ce r61e permet de concevoir d'une maniere generate les secretions, sur- tout en tenant compte de I'inlluence de la temperature sur la circula- 6 tion. Des grenouilles, prises dans lY'fat d'hybernation, et dont le foie ne contieat pas de sucre, sont-elles soumises ii une temperature ua peu cliaude, possedcnt bientot du sucre dans le foie, mfime en dehors de toute digestion. Pour faire comprendre rinflucncenerveuse dont i! est question ici,je rappellerai deux faits observes par raoi depuis longteraps. Si on pique le quatrieme ventricule ii Torigine des pneurao-gastriques, la secretion du Sucre augmente beaucoup •, le sang en contient au dela des propor- tions ordinaires, et les urines en sont chargees : en meme temps on remarque que la circulation abdominale est augmentee. Si Ton pique la moelle epiniere un peu au-dessous des nerfs phreniques, on observe des phenomenes tout opposes ; le sucre ne se rencontre pas dans les urines : bien plus, il n'existe plus dans le foie pris trois heures apres la piqiire. La temperature do la region abdominale baisse considerablement, la circulation s'y ralentit ; on observe encore d'autres ph^nomene int6ressants : par exemple, des mouvements tres-visibles des in- testins. , Ne consid^rant les effets de ces piqures de la moelle dans deux points differents, que sous le rapport de la production du sucre, on pent remarquer que, dans un cas, on a une augmentation de circula- tion dans la cavite abdominale, et en m6me temps une production exag^ree de sucre ; dans I'autre cas, une diminution de la circulation abdominale, et en meme temps une diminution et une disparition du sucre. Le sang dans ce cas arrive en abondance, et avec la temperature dev6e qui accompagne une circulation active, translorme en sucre une quantity considerable de la matiere qui pr^existe. Dans I'autre cas, le sang est plus rare, et cette transformation, di- minuee encore par I'abaissement de temperature, cesse ou se r^duit considerablement. La Society de biologic doit avoir garde le souvenir d'un fait que j'ai signals deja devant eile, il y a pliisieurs annees, a savoir : raugmenta- tion de la circulation daus la moitie de la tete, apres la section du filet syrapathique du meme c6t6. Remarquons que dans tons ces cas le systeme nerveux a agi sur la couche rausculaire des vaisseaux san- guins, et que cette action, determinant une acceleration ou un ralen- tissement de la circulation dans une region du corps, araene consecu- 7 tivement des effets tres-varies ; mais, on peut, d'une maniere gen6- rale, ne reconnaitre a la fibre nerveusc d'autre action que celle de faiie contracter uu element rausculaire. Ainsi, les plienomenes de secretion se produiront ou ne se produi- ront pas, suivant qu'il y aura eu influence nerveuse ou qu'elle aura fait defaut ; mais ces phenomenes ne derivent qu'indirectement de Taction nerveuse; celle-ci n'a d'autre effet que le jeu des elements con- tractiles, elFet mecanique incomprehensible, mais toujours le meme, et determinant, suivant les organes, des conditions de phenomenes tres- diffOrents, parce que les organes ont des proprietes essentiellement distinctes. Les actions des nerfs sur les glandes ont el6'consid6rees comma des actions chimiques, ou quelquefois comme des actions occultes. Les fails qui out ete cites ici, et d'autres que je ferai connaitre, m'autorisent a ramener ces actions a une seule, qui est une action sur I'element contractile, et tous ces phenomenes d'apparences si diverses a. un m^canisme unique. SUR L'ETAT ANATOMO-PATHOLOGIQLK DES ELEMENTS DU FOIE DANS L'ICTERE GRAVE, Pau M. lk Docteur Charles ROBIN, Professeiir agicge a la Faciilte de medccine- § 1. — UEMAKQUKS PRELIMINAIKES Les medecins so sonl beaucoup occupes depuis quelques anniies, et avec raison, d'lrae afTectiou particuliere du foie, qui a recu les noms (Victere grave, crictere mulin, pevnicieiix, typlwide et ataxiqtte. Ges denominations, coranie on le voit, sont tirees, d'une part, de la couleur de la peau, c/est-a-dire d'un symptome comnmn a d'autres affections d'une nature et d'une marche tres-differentes; elles sont ti- rees, d'autre part, de ce que la fin de la maladie est generalement la mort du malade, precede de symptomes nerveux, inteslinaux el circulaloires, graves par leur intensite, par leur apparition insidieuse, et propres a mettre en defaut I'attention du medecin qui ne cher- cherait a prevoir la suite du nial que d'apres les indications qu'on peut tirer de la coloration cutan^e. Sous un autre point de vue, cette affection a ele consideree comma une forme dficUre spasmodique ^ une atropine jaune aigue du foie 10 regard^e par quelques auteurs comme due a une dissolution des cel- lules hepatiques par le contact dissolvant de la bile ; elle a 6te consi- d(5ree aussi corame iiii Iroiihle de la secretion hilinire avec alteration dusang, une fievre jaune sporadiquc, une alteration des fonclions in- times du foie, dont I'atrophie serait la consequence, ainsi que les alterations du sang ct celles qui en derivent, telles que p6t6chies, suffusions sanguines sous-sereuses, sous-nuu]ueuses,de laprofondeur des tissus, riicraatemese, le metena, etc.; ou bien encore cette affec- tion serait un ictere dont la gravite, dont les complications signalees ci-dessus devraient etre recherchees, non point dans les conditions memes qui delerininent I'icteritie, mais dans un fait plus general com- rnun a beaucoup d'autres maladies, savoir I'ataxie ou malignite. Enfin, suivant divers auteurs, il y aurait assez grand nombre de faits dans lesquels il n'existerait pas de lesion du foie, dans lesquels on pent constater I'absence de toute lesion de cet organe. Mon but n'est point de discuter ces diverses opinions, dont plusieurs ne sont pas disculables, parce qu'il est facile d'y reconnaitre de simples hy- potheses emises en I'absence de toute connaissance, d'apres I'obser- vation de I'etat reel de Torgane malade. Or on sait que ce n'est qu'en pareille circonstance que Ton a recours a I'intervention de quelque chose de mysterieux et d'inconnu pour expliquer ce que Ton ignore. Cette maniere de faire repr^sentc encore un arriere-fond de doctrine medicale, plus ou moins vaste selon chaque genre d'esprit, mais elle tend a diminuer de jour en jour, et n'a pas besoin d'etre ressuscitee pour la maladie dont il est question ici. Je n'ai examine que cinq fois I'organe hepathiquc dans des cas d'ic- tere grave, avec assez de soin et d'uue maniere assez complete pour que je puisse en tirer parti dans cette description. Deux ou trois autres fois, on m'a envoye de petits fragments de cet organe provenant de cas semblables, mais des fragments si petits que je n'ai pas note les details de mon exam en, et que je n'en parlerai pas bien que j'y aie trouv6 la meme lesion que dans certaines de mes autres observations. 11 arrive, en effet, dans I'ictere grave, que tout I'organe n'est pas uniformement altera ou colore, qu'il est de consis- tance normale, ou memo que celle-ci est exagereeen \m point et que lefoie est ramolli ailleurs, qu'il offre sa couleur habituelle ici, et une coloration jaune plus ou moins prononcee en ([uelque autre endroit. Or j'ai trouv6 d'une maniere si constante la meme alteration des 1 11 cellules du foie, qu'il est reste incontestable pour moi que si Ton avait chcrche la lesion oil elle est, on se serait garde de dire que I'anato- mie pathologique ne rend pas compte de I'ictere grave; que souvent il y a absence de lesion du foie dans cette maladie, etc. etc. Cost nierae pour avoir entendu r^peter a diverses reprises cette erreur que je me suis decide a comrauniquer les fails que je possede, quelque peu nom- breux qu'ils soient. § II. — ICTERES GRAVES AYEC ATROPHIE LEGERE, RAMOLLISSEMENT ET COLORATION JAUNE DU FOIE. Dans deux des cas d'ictere grave dont je viens de parler, le foie of- frait une mollesse particuliere et s'aifaissait en quelque sorte sur lui- menie des qu'on le posait sur une table; les tranches de I'organe avaient une llexibilite qui contrastaitavecla consistance de celles qu'on coupe sur I'organe sain. Ces deux organes etaient faciles a ecraser a la pression du doigt, et leur dechirure, bien qu'irr^guliere, n'etait pas granuleuse comme a I'^tat normal. Certains points du tissu etaient v6- ritablement pulpeux, et se reduisaient en une matiere presque dif- fluente par le raclage. Get etat elait surtout tranche dans Tun des cas oil le foie etait d'un jaune orange assez vif tout particulicr, avec des trainees ou marbrures se rapprochant de la couleur normale. Dans ce- lui-ci, la puipe obtenue par Taction de racier montrait de tres-petites gouttes d'huile apercevables a sa surface a I'oeil nu. Dans I'autre, la couleur etait plus analogue a celle du foie normal, mais pourtant tirant en nieme temps sur le jaune d'ocre et le jaune verdalre de I'ictere, avec les memos trainees ou marbrures d'un rouge brun analogue a la teinte habituelle du tissu h^patique. Dans celui-ci existaient de nombreuses suffusions sanguines sous le pMtoine et de petites infil- trations ecchymotiques dans I'^paisseur de I'organe qui tranchaient sur la coloration precedente. Je rapproche la description de ces deux foies malades, non-seule- menl en raison de leurs analogies de couleur et de consistance, mais encore parcc que tons deux etaient manifesteraent un peu plus petits qu'a I'etat normal, et plus pelits egalement queceux donl je parlerai apres avoir decrit ceux-ci. II m'est impossible, du reste, de donner plus de precision a ces details, que je reproduis tels qu'ils ra'ont ete communiques par les eleves auxquels je dois ces organes, dont je 12 ii'iii cu que la moitie dans un cas et a pen pres les deux tiers dans raiitrc. Mais ce que la structure intirae otfrait de particulier et de comraun dans ces deux circoustanccs, c'est que, eii porlant des fragments du lissu sous le microscope apres avoir fait la preparation comme pour etudier les cellules hepatiques, lant a I'etatd'isolement que de juxta- position, il etait impossible d'en trouver unc scule. Toules les portions de tissu examinees, au lieu de presenter des cel- lules polyedriques regulieres, nolfraient plus qu'une trame ou gangue amorphe linement granuleuse, transparenle, demi-solide, assez facile a ecraser, parsemee d'une qiiantite considerable de fines granulations d'aspect graisseux. Ces granulations etaient assez abondantes pour qLiil ne fiit possible de voir la matiere amorphe dans laquelle elles etaient plongees qu'au bord des fragments de tissu de la preparation. Parlout ailleurs, des que celui-ci offrait une certainc epaisseur, par suite de leiir superposition, les granulations masquant cette matiere (itaieut seules visibles ou rendaient la preparation opaque. Le volume de ces granulations variait de 1 a 6 millieraes de millimetre; elles of- iVaient un centre d'un jaune fonce, r^fractant fortement la lumiere el im contour epais noirutre, circulaire et regulier sur la plupart, polye- diique dans quelques-unes. Des granulations graisseuses semblables tloltaient en grande quantite dans le liquide de la preparation, entre les fragments de lissu dont elles s'etaient detachees pendant les ma- noeuvres nccessaires pour I'isolementde ceux-ci, et elles ollraient un niouvement brownien tres-vif. Le foie, leplus mou et de beaucoup le plus jaune dont il a ete ques- tion en premier lieu, offrait pourtant celte parlicularite que, parmi les granulations precedentes, on voyait un grand nombre de gouttes d"huile, d'un jaune tres-prononce, de toutes dimensions, principale- ment splieriques, atteignant parfois un diametre 6 a 9 cenliemes de millimetre ou meme plus, et alors quelques-unes (Etaient irregulieres, a contour plus ou moins sinueux. On les rencontrait aussi dans le second; mais elles y etaient moins grosses, moins nombreuses et avaient une logere teinte d'un jaune verdutre. Ces gouttes d'lmile liquide genaient en certains points I'examen de la preparation par suite de leur abondance, ainsi quelles le font sou- vent dans I'etude de la structure du foie gi-as, et elles etaient tout a fait semblables i celles que Ton rencontre danscet ordred'alterations. 13 On salt, du reste, que souvent, sans que le foie ait les caracteres exterieurs du foie gras, on trouve d'un sujet a I'autre un plus ou moins grand nombre de cellules h^patiques contenant des gouttes d'huile plus ou moins nombreuses aussi et plus ou moins grosses. Or il n'est pas douteux que, selon que I'ictere grave se presentera Chez un individu dont les cellules h^patiques sont tout a fait saines ou contiennont diija une certainc quantite de gouttes d'huile, les alte- rations du tissu olTriront des differences de couleur, de consistance et de structure intime, analogues entre autres a celles dont je viens de parler en comparant les deux organes ci-dessus. Dans les portions des foies malades, qui offraient encore une teinte analogue a celle de I'lilat normal et qui se presentaient sous forme de trainees ou marbrures, les cellules h6patiques etaientdetruites comnie dans le reste du foie. Seulement la trame ou la substance amorphe, flnement granuleuse, etait plus facile a observer ici qu'ailleurs, parce que les granulations graisseuses y etaient plus fines, d'un volume plus uniforme et manifestement moins nombreuses. Cette matiere, amorphe sous le microscope, paraissait plus abondante que dans les autres points •, mais elle ne I'etait que d'une maniere relative, par rapport an moindre nombre des granulations graisseuses, et c'elail aussi le moindre nombre de ces dernieres qui rendait cette sub- stance plus facile k apercevoir entre elles. Quoiqu'ilensoit, la lesion commune aux deux cas precedents consis- tait done en une disparilion complete des cellules hepatiques ; car il m'a 6te impossible d'en retrouver une seule sur un grand nombre de preparations. Cette disparition elle-meme est due a un passage, par une sorte de demi-liquefaction ou de dissociation de la substance des cellules et des noyaux de celles-ci, en une matiere amorphe, homo- gene, flnement granuleuse, constituant la trame ou gangue signalee plus haut ; matiere amorphe dans laquelle restent les granulations graisseuses qui preexistaient dans les cellules et dans laquelle aussi s'en produisent probablement de nouvelles. Dans cet expos6 du mode de destruction des cellules du foie, je me sers des termes : passage de I'etat figure a Cetat amorphe, de demi- Hqiid faction ou de dissociation de la substance des cellules Mpatiques plut6t quedeceux de dissolution, parce que le mot dissolution a un sens precis qui ne d^signe nuUement le ph6nomene precedent, Toute dissohttion suppose un dissolvant, un liquide ou vehicule qui s'em- u pare de la mati^re dissoute ; or on sail que la bile ne dissout pas les cellules hepaliques, et dans Tune des trois cas donl 11 me reste aparler, ayaut eu a ma disposition la vesicule pleine de bile, j'ai constate que dans ces conditions morbides pas plus qua I'elal normal elle ne dis- solvait les cellules h^patiques. 11 y aurait done erreur, sans parler des autres inconvenients scientifiques, a employer le terme dissoluiion dans I'expose de ces faits. On ne saurait non plus se servir, sans sortir de la verite, des mots atropine des cellules hepaliques; car il y a autre chose que de I'atro- pbie dans ce passage a I'^tat de substance amorphe de la substance de ces elements du foie. II est probable pourtant, sinon certain, qu'il y a en memo temps atropbie, c'est-a-dire disparition molecule a mo- lecule d'une certaine quantite de la substance des cellules, ainsi que le prouvent la diminution de volume de I'organe dans les cas ci-dessus et les alterations dont je vais parler ci-apres ; mais ce qui frappe le plus dans I'etude de cette lesion, c'est le remplacement des cellules r6gulieremeut polyediiques par cette substance amorphe, et c'est evidemment la le fait capital dans la question anatomo-pathologique dont il s'agit. II y a de plus une grande difference entre les faits pre- cedents et I'atrophie ou diminution graduelle de volume, sans defor- mation ou avec un pen de deformation que presenlent les cellules du foie dans la cirrhose, cellules qui cependant ne cessent pas d'etre distinctes les unes des autres et reconnaissables, taut que I'atrophie n'est pas encore arrivee a les reduire a un diametre moindre qu'un centieme de millimetre ou a les faire disparaitre completement. § III. — ICTERE GRAVE AVEC UN PEU DE RAMOLLISSEMEXT DU FOIE SANS CHAXGEMENT DE VOLUME. L'organe malade dont je vais parler offrait une consistance un pen moindre qu'a I'etat normal else dechirait faciJement. On trouve nean- moins dans certains cas de fievre typboide ou d'infection puruleute des foies plusmous que celui-li. J'ai eu tout le lobe droit de cet organe entre les mains, avec la vesicule du flel, et il etait manifeste que le volume de l'organe n'avait pas diminu6. Malgre la tointe icteri(iue de tout l'organe, on distinguait facilement de petites stries jaunatres, analogues a celle dile substance jaune normale du foie, mais irrt^gu- lieres. On remarquait 5a et la des plaques ou de petites portions du 15 foie, qui offraient une couleur d'un jaune d'ocre tres-franc et uni- forme. Ces portions etaient ecartees les unes des autres de 5 a 8 centim. environ, et leur largeur variait de 5 a 12 millim. environ. Leur con- tour 6tait ovale arrondi ou irregulier et sefondait insensiblement avec la portion de I'organe normalenient coloree. Le tissu du foie Ctait un pen plus mou a leur niveau qu'ailleurs; ce que Ton constatait surtout par Taction de racier. Dans la portion rougeatre du foie, comme dans les taclies jaune d'ocre, il 6tait impossible d'y retrouver une seule des cellules h6pa- tiques ; leur destruction 6tait aussi complete que dans les deux cas precedents. Dans les plaques de couleur jaune d'ocre, les fragments de tissu examines n' offraient ^galement plus qu'une frame ou gangue amorphe, fmement granuleuse, demi-solide, assez facile a ecraser. Cette frame etait parsemee d'un nombre considerable de granulations offrant I'as- pect et les reactions des corps gras,maisirregulierement poly^driques, a angles arrondis ; elles refractaient la lumiere en lui donnant une teinte jaune fonc(5e. Leur volume variait de 3 a 6 milliemes de milli- metre, mais on n'y voyait pas de gouttes d'huile telles que celles dont i'ai parte plus liaut. La portion de tissu, de beaucoup plus considerable, qui avait con- serve sa couleur normale, offrait, comme je I'ai deja dit, une destruc- tion complete de ses cellules comme dans les cas precedents. Mais elle difierait pourtant de ce qui a 6te decrit plus haut en quclques points. Ces differences consistaient particulierement enceque la trame parsemee de fines granulations graisseuses, en laquelle semblent s'etre reduites les cellules, au lieu d'etre seulement composee de matiere amorphe, homogene, flnement granuleuse, etait form^e pour moitie environ de fibres de tissu cellulaire et de corps fusiformes fibro-plas- tiques. Ces dements ploughs dans la substance amorphe et disposes en nappes laches plutdt qu'en faisceaux etaient gtoeralement paral- leles les uns aux autres, et donnaient aux portions epaisses de la trame un aspect fibro'ide plutot que fibreux. Cette disposition ne laisse pas que d' avoir une certaine analogic avec celle qu'on observe dans la cirrhose ; seulement dans I'ictere grave la matiere amorphe est beaucoup plus abondante, plus molle, et les fibres lamiueuses bien moins nombreuses que dans celle-la. En outre, ainsique je lai dit, on ne voit plus de cellules dans I'ic- 16 tere grave, tandis qu'onen retrouve toujours dans la cirrhose. Quant aux granulations graisseuses jaunatres parseniant cette trame iibroide, elles t'taient moins nombreuses que dans les portions offrant unc tcinte jaune d'ocre, mais pourlant elles rendaient rapidement opaques par leur superposition les portions de tissu ayant une certaiue epaisseur sous le microscope. Toutes etaient spheriques, variant de diametre entre 1 et 6 milliemes de millimetre et n'elaient pas accompagnees de gouttes d'huile. 11 serable done, d'apres ce qui precede, qu en nieme temps que marche la disparition des cellules hepatiques juxtaposees,quel qu'en soil le mode, s'opereune rapide genese de corps fusiformes et de libres de tissu cellulaire dans la matiere amorplie, tendant a remplacer les dements qui se detruisent •, ce qui est un fait commun i\ divers or- ganes de I'economie, dont on trouve les elements alteres on disparus sans qu'il y ait atrophic, on du moins sans qu'il y ait atrophic de I'organe pris en masse. § IV. — ICTERE GRAVE SANS GHANGEMENT DES CARACTERES EXTERIEl'RS DU FOIE. J'ai eu entre les mains le lobe gauche et une portion du lobe droit du foie d'un malade mort avec des sympt6mcs d'iclere grave, com- pliques de vomissements noirs et bilieux, ainsi que de mela?na, dont I'organe hepatique, m'a-t-on dit et autant que j'ai pu en juger, etait de volume normal et plutot un pen plus gros qu'atrophie. A la coupe, il s'(3chappait une certaine quanlite de bile des conduits hepatiques: mais la teinte icterique des tissus, rcconnaissable dans le peritoine etune portion du diaphragme adherent au foie, etait a peine pronon- c6e dans le parenchyme de ce dernier. 11 etait, au contraire, ferme, rougeatre ; mais sa dechirure n'etait pas granuleuse. Sa couleur rou- geitre un peu foncee le rapprochait un peu de la coloration du tissu de la rate, et on n'y voyait presque pas de substance jaunc sous forme de petites taches irr6gulieres on sinueuses qu'il fallait examiner avec soin pour les decouvrir. La couleur rouge du foiect sa consistance m'avaient faitpenser que je devais trouver les cellules hepaliques inlactes dans cet organc, et j'en avals parlii dans ce sens a un eleve auqnel je le montrais ; car c'etail !e second cas d'autopsio d'icten^ grave que j'exaniinais (avril 0 17 1855), et je n'^tais pas fix6alors sur les altt5rations propres k cette maladie. Malgre de nombreuses preparations faites dans tous les points de I'organe tel que je I'avais, c'est a peine si je pus rencontrer de rares cellules hepatiques encore enticres et dans une partie seulement des preparations. Ces cellules etaient, du rcste, presque toutes sans noyaux, contenant tres-peu de granulations graisseuses. Tout le reste du tissu se coiuposait, comme dans le cas precedent, de la trame de 'iiatiere amorphe, molle, fmement granuleuse, parcourue de Qbres de tissu cellulaire et de corps fusiformes et parsemee de nombreuses granulations graisseuses. La plupart de celles-ci 6taient larges seu- lement de 2 Jl 4 milliemes de millimetre, a contour fonce et sphe- rique. La matiere amorphe et les fibres de tissu cellulaire, toute la trame en un mot, semblait plus abondante par rapport aux cellules que dans les cas precedents. Ici encore nous trouvons comme fait constant la destruction des cellules hepatiques avec production de la trame indiquee ci-dessus. Quant a la production des granulations graisseuses, coincidant avec les alterations profondes dont je "viens de parler et qui, suivant leur quantite ou leur teinte plus ou moins foncee, modiGent ou non la couleur de I'organe, on sail qu'elle se rattache a un fait general. Ce fait remarquable consiste en ce que toutes les fois que la nutrition dans un tissu est troublee, ralentie surtout, il se produit des granu- lations graisseuses dans I'epaisseur de ses elements, et g6n6ralement d'autant plus petites que leur formation est plus rapide. On ne sail pas encore exactement quels sent, dans la renovation moieculaire inces- sante de la substance organisee, ceux des actes d'assimilation ou de desassimilation qui sont cause de ces phenomenes ; on ne salt meme pas d'une maniere precise s'ily a dep6t a I'etatde granulations, delagraisse venant du sang ou formation de corps gras aux depens des prin- cipes azotes ou autres des elements anatomiques, principcs qui se de- composeraientpardedoublementou de quelque autre maniere.Quelles que soient les lacunes qu'il reste encore a remplir pour reiucidation complete de ces questions, eette production de granulations graisseuses au sein ou dans les interstices des elements ou dans les substances amorphes d'un tissu n'en est pas moins un fait constant. Cette alteration pent aller dans certaines tumeurs jusqu'a determi- ner la destruction des elements anatomiques comme derniere phase MEM. 2 lie CL'tleuvallUlW Kipi'tiiile, parfe (|iifi li>s folliilea iiuissont \\^v fJffe disteqducs pat les {^ranulatiqns gralsseuscs, parce qqe leur sulislanFe proprc linit par disparaitrc coiupltHcnient qu a peu pres devant les graimlalions graisseiises qui cq preaneut la place ea se deposant dans son L'pai^seur. II y a la, comme on Yoit, des troubles de la nutriliou ayant po^r rdsultat un chapgement dans la structure des cellules, dans leur vo- lume, dans leur forme, et parfois aussi en entrainant la destruction consecutive. Decc que ces faits sont observes specialement lorsque,les conditions de vascularite d'un tissu, et par suite de sa nutrition vien- nent a etre modifi6es, on en a conclu qu'il y avait la une metamor- phose ou evolulion retrograde des Elements anatomiques ; mais il est facile devoir que ces expressions et Tidee qu'elles entrainent sont fau- tives. II n'y a n ullement dans ces phenomenes un retour en arriere, vers des phases ant6rieurement pr6sent6es par les Elements durant leur vie. II y a perturbation dans la nutrition, etplus tard ralenlisse- ment de ce pbenomene a mesure que la substance propre de cliaque fibre ou cellule diminue devant Jes granulations graisseuses qui se multiplient. Mais il n'y a rien la de ce qu'ont presente tous ces 616- raents dans leur evolution norraale, ineme en ce qui concerne la nutrition, puisque celle-ci, loin d'avoir ete paoins energique antiirieu- rement, I'etait au contraire d'autant plus qu'on etait encore plus rap- procbe de I'age embryonnaire de ces corps elementaires. De I'etat de cellule ou de fibre a substance homogene ou seulement parsemees de granulations de nature azot^e, pes Elements passent gra- duellement par suite des alterations precedentes u I'etat de v^ritables amas de gouttes graisseuses contigues, a peine retenues par la petite quantite de la substance propre de I'element qui reste encore. Aussi voit-on parfois, dans certaines tumei^rs, |es cellules, etc., etre ain§ii alterees jusqu'au degre de complete destruction, par dissociation sponlanee des granulations, qui remplissent ces elements au point d'ar- river a en faire disparaitrc completement, a un moment donne, la sub- stance normale. Tel n'est point le cas de I'alteration du foie dont il est ici question; car les granulations graisseuses, comme on vient de le voir, ne sont meme pas assez abondantes pour changer la couleur du tissu hepalique dans la plupart des cas, et le sont toujours intini- ment moins que les goutlcs de graisse dans le foie gras, oil cependant les cellules restent encore entieres. 19 II y a loin, en elTet, ainsi qu'on pent le comprendre facilenient, entre le retour vers des choses deja accomplies, vers des 6tats deja presentes par un element anatomique, etc. (ce qui caracterise la reirograda- tion), et les plienomenes auxquels on a donne les noms precedents. Geux-ci, en efTet, sont la deformation des cellules, etc., avec ou sans atrophic, la production d'escavations dans leur t^paisseur, des forma- tions ou depots de granulations graisseuses dans les Elements anato- miques avec ou sans ramollissement ; ces plienomenes peuvent, il est vrai, alter jusqu'a la destruction complete des dements, soit par dis- sociation de leur substance et des granulations accumul6es, soit par liquefaction, etc., etc.; mais la mort, la destruction, la disparition d'un element ne sont pas des plienomenes retrogrades, ce sont des fails speciaux, des aberrations quelquefois a partir de I'etat normal, ayant leurs lois propres qui ne reproduisent nullement en sens inverse celles de revolution propreraent dite ou developpement. II faut done accepter ces faits pour ce qu'ils sont, en reconnaitre la nature speciale, en elu- dier les lois ; mais il est manifeste que le noni de metamorphose retro- grade ne convientpas pour les designer, car ces mots, d'apres leur sens propre, entrainent avec eux des id6es qui ne representent nullement ce qui a lieu en reality, ct qui habituellement expriment un ordre de faits parliculiers distincts des precedents. Ainsi dans I'iclere grave, la perturbation nutritiveamene, comme fait essentiel, le passage de la substance propre des cellules en une sub- stance amorphe avec un certain degre de ramollissement qui, pour le tlssu pris dans son ensemble, est a la verite contre-balanc6 par la pro- duction de libres lamineuses dans la plupart des cas. Quant k la pro- duction de granulations graisseuses, elle semble reellement n'etre qu'accessoire a cote du ph6nom^ne precedent. ;? V. — ICTERE GRAVE, SANS CHANGEMENT DE VOLUME DU FOIE, MAIS AVEC CERTAINES PORTIONS RAMOLLIES ASSEZ ETENDUES. Le cas dont je parle ici est le premier de tous ceux que j'ai observes, sur lequel j'aie pris en note le resultat de mou examen (octobre 1854). Le foie, que j'ai eu entier, olfrait par portions egales deux aspects fort diff6rents d'un point a I'autre de sa masse. Une partie etait d'un brun rouge un peu plus fonc6 qu'a I'Slat normal ; sa d^chirure 6tait comme granuleuse ou mamelonnee. L'autre partie du foie offrait une couleur 20 d'un jaune orange assez vif, tranchant d'une maniere remarquable sur le restc du tissu ; sa consistance (Jlait liomogone, iiioUe, pulpeuse. Ces denx portions dii lissu li(5patique (^taient melangees I'une ii I'autre, formant des masses irregulieres qui avaienl de 3 a 8 centimetres d'e- paisseur en tons sens, et se fondant ensemble sous le rapport de la couleur et de la consistance, mais assez brusquement. La portion rouge 6tait constitute principalement de matiere amor- phe, molle, facile a (^eraser ; celle-ci etait parcourue par une quantite considerable de fibres lamineuses (fibres du tissu celiulaire), a peine flexueuses, avec un petit nombre de corps fusiformes tibro-plastiques. Ces fibres etaient dispos^es parallalelement les unes aux autres et en nappes plutot qu'en faisceaux. La matiere amorphe 6tait parsem^e de fines granulations moleculaires grisatres et d'un certain nombre de granulations graisseuses, mais moins abondantes pourtant que dans les autres cas dont j'ai parl6. Enfin, on y voyait quelques cellules h6- patiques, larges de 2 a 3 centiemes de millimetre. Les unes 6taient polyedriques, un pen moins regulieres qua I'etat normal; la plupart t^taient sphero'idales ou irregulierement bossel6es a la surface. Presque toutes avaient un aspect granuleux qu'elles devaient a la presence de granulations ou gouttes graisseuses, mais plus petiles que celles qui parsemaient la substance amorphe, et dont il vient d'etre question plus haul. Ces granulations graisseuses, vues par transparence sous le microscope, etaient remarquables par leur teinte d'un jaune vert assez vif. La portion jaune, molle, pulpeuse, du tissu, offraitune trame com- pos6e principalement de matiere amorphe molle et de fibres lamineuses pen abondantes. On y trouvait aussi quelques cellules hepatiques semblablcs a. celles que je viens de decrire, mais elles y etaient tres- peu nombreuses. I'' Les particules qui pr^dominaient dans cette trame etaient des gra- nulations graisseuses et surtout de grandes gouttes d'huile, semblables a celles decrites precedemment (§ II). La quantite de cette matiere hui- leuse etait des plus remarquables ; ces grandes gouttes, la plupart spheriques, mais parfois irregulieres, offraient une teinte jaune assez pale, qui tranchait a c6te de la coloration jaune verdatre des gouttes contenues dans les cellules decrites plus haul et a c6te d'un certain nombre de pelites gouttes graisseuses fibres, egalement verdatres, mc^- langees a celles-la. Dans cette portion jaunc et inolle diifoic, on Irouvail en outre deux especes deproduitsque je n'ai pas trouvesdans lescas precedents, mais que j'ai rencontres, bien qu'en beaucoup moindrc quantite, dans quel- ques cas de cirrhose tres-avancee, avec atrophic considerable du foie. G'6taient, d'une part, des corpuscules arrondis, larges de 8 a 12 mil- liemes de millimetre, d'une teinte brun jaunatre ou verdatrc. Usexis- taient en quantite assez considerable dans la trame. lis etaicnt g6ne- ralement spheriques ou cylindriques, mais courts ou irreguliers, et se dissolvaient facilement dans rararaoniaque. lis conslituaient, sans au- cun doute, des amas de matiere colorante de la bile a I'etat concret, telle qu'on la trouve dans un assez grand nombre d'alterations du foie. 11 existait enfln dans ce tissu, mais surtout dans le champ du mi- croscope, entre les fragments de tissu, des aiguilles cristallines mises en liberte par la dilac^ration du foie. Ces aiguilles, legerement jauna- Ires, se terminaient en pointe a leurs deux extremit^s ; ellcs avaient un peu moins de 2 milliemes de millimetre de large sur 2 a 8 cen- liemes de millimetre de long. Les plus grandes etaient de beaucoup les plus rares. Beaucoup de ces aiguilles etaient libres, mais la plupart etaient groupees d'une maniere toute speciale. On trouvait ca et la des corps solides de meme teinte jaunatre que les aiguilles qui representaient des segments de sphere equivalents au quart environ de ce solide. lis etaient parfaitement reguliers et lisses par leur portion arrondie, tan- dis que la surface de section 6tait concave et h^rissee d'un plus ou moins grand nombre des aiguilles signalees plus haut. Gelles-ci etaient implantees par I'une de leurs extremites dans cette surface de section et libres dans le reste de leur etendue. Elles s'ecarlaient en 6ventail a partir de cette surface comme centre et offraient souvent une disposi- tion tres-elegante, differant un peu selon que ces amas cristaliins et les segments de sphere etaient vus de face ou de cote. § VI. — RESUME ET CONCLUSIONS GENERALES. Ainsi qu'on pent le voir d'apres ce qui precede, il n'est done pas exact de dire que I'examen attentif des organes dans I'ictere grave laisse I'observateur convaincu de I'absence complete de lesions con- stantes. Sculement il faul les chercher oii elles eoiit et a Taide des 22 moyens qui Ics montrent, ce que Ton ne fait qu'apres I'avoir appiis par la m^lhode et par I'experience ; car on ne pent determiner ces 16- sipns, en ce cas comma en beaucoup d'aulres, qu'a la condition de connaitre deja le plus grand nombre possible des questions relatives a Torganisation normale des tissus et a leurs alterations plus simples que celles dont il s'agit ici. L'observation conduit, en eflet, a distinguer deux ordres fondamen- taux de lesions anatomiques direclement percepliblcs par lajil. Les deux ordres de lesions dont je parle sout les alterations des ele- ments anatomiques et celles des tissus. Parmi les premieres, il en est qui, portant simplement sur quelques details de structure des cellules, des fibres, etc., peuvent exister seules, independamment des secondes. Mais des que la forme, le volume, etc., des elements viennent ii etre modifies, elles s'accompagnent necessairemenl de modilications de texture qu'elles entrainent. Ces dernieres consistent en changements varies sutvenus dans I'ar- rangement r6ciproque normal des fibres, des cellules, etc., par suite des lesions indiquees ci-dessus ou par suite de I'interposition a ces elements de matieres amorphes, etc., sans qu'ils soient al teres en eux- meme aux points de vue de la structure', de la forme, etc. Mais on sait qu'il existe, independamment de celles-ci, des lesions moleculaires plus profondes et plus generales encore, puisqu'elles por- tent sur les principes immediats eux-memes des elements anatomi- ques, et dont des moyens indirects, bieu que tres-certains dans leurs r6sultats, peuvent seuls nous devoilef I'existence. Or, dans le cas de I'ictere grave, nous voyons, comme 16sioil con- stante, une alteration des plus remarquables ; c'est-a-dire la destruc- tion des cellules hepatiques en tant que cellules, en tant qu'elements anatomiques figures, par suite de leur reduction en une substance amorphe plus ou moins granuleuse. On comprend des lors toute la gravite de cette lesion des qu'elle ar- rive a porter sur la tolalitu ou la plus grande partie des cellules he- patiques; elle doit en ell'et avoir pour resultat la cessation des ph6no- menes essentiels qui se passent dans le foie ; elle rend compte ainsi fa- cilement des sympt6mes graves et de la marche souvent rapide offerts par cette maladie, ainsi que des alterations cons6cutives du sang, et par suite de la nutrition de tons les tissus. Cette destruction par une sorte de dissociation de la substance des 23 cellules hepatiques est uri exetaple unique daus i'ecoQomie, raais doht rend compte la d^Iicatesse que presente la constitution des celiiiles lie- patiques et leur texture particuliere. Ce n'esl guere qlie dans certaines alteratibus des filaments aiiatd- iniques dli cerveau qu'on pent en observer d'analogues, iiiais circon- scrites et avec des diferences eiicore tres-iiotables. Partout se reti"Ouve ce forid coramuri d'alteratioii, la desti'uctidri des cellules, et cette lesion speciale des eleraerits ohlraine fatalemeiit uii changement considerable dans la texture dti foie. Selon qu'il se forme en meme temps plus ou moins de granulations gt-aisseuses en un point ou dans tdlit le fbie, selon qlie les celiiiles con- tenaient ou non deja des goulles graisseuses, le tissu est plus ou tiioins jaune, oO're plus ou moins de mollesse. On observe en outre ici Im exempld d'uil foit assez geileral dans I'e- couomie animate a I'etat iribrfcide. Gei Mt coHsiste en ce que, lorscju'il arrive aux Elements esseritiels et caracteilstiques d'un lissu de s'a- trophicr, de disparaitre par suite d'une alteration quelcoiique, on voit frequemment ces elenients etre remplaces a nlesure qu'a lieu leur dis- parilion par des fibres du tissu cellulaire, que Ton rencontre naturel- leraent a des phases diverses de leur evolution. De telle sorte que si le tissu propre d'un organe disparait en r^alite aussi bien que ses qualites pbysiologiques speciales, I'organe meme qu'il formait ne disparait pas, remplac6 qu'il est en partie de la sorte au point de vue de la forme et du volume parte developpement du tissu precedent, et parfois du tissu adipeux. C'est dans des cas de ce genre qu'on pent voir les tilemenls propres d'un organe atrophies, sans que cet organe meme ait change de vo- lume. Or, dans le foie, nous voyons ici, avec la disparition des cellules he- patiques reduites a I'^tat de maliere amorphe plus ou moins granu- leuse, se produire parfois un fait analogue. Tantdt, en eQ'et, le pheno- mene precedent se manifeste seul ; il coincide alors avec un certain degre de ramollissement et d'atrophie de I'organe dont il est la cause, ainsi que le montrent les deux premiers cas dont j'ai parte. Le plus souvent, au contraire, et lorsque peut-etre la maladie a dur6 plus longlemps, on voit la lesion des elements anatomiques propres du foie s'accompagner de la production do fibres lamiueuses dans la maticre amorphe resultant de la destruction des cellules. C'est sans doute a ce fait qu'est due la conservation assez frequente du volume et de la con- sistance du foie. II rfeulte en outre, de ce qui precede, que le nom A' atrophic jaune aigue du foie, appliqu6 a ces lesions, n'est pas exact et a pu tromper quelques lecteurs sur la nature des alterations reellement observees. En effet, ce passage des cellules hepatiques a I'^tat de matiere araor- phe, avec production plus ou moins abondante de granulations grais- seuses, n'est pas Vatrophie. De plus, comme nous venons de le voir, cette destruction des cel- lules hepatiques pent avoir lieu sans qu'il y ait diminution de volume ni de consistance de I'organe par les raisons indiquees tout a I'heure et sans que sa couleur ait change. Cette destruction reste le fait con- stant, mais avec de notables differences, d'un foie a I'autre, au point de vue du volume, de la consistance ou de la couleur des organes exa- mines, ce dont rendent compte la presence ou I'absence des fibres la- mineuses, la plus ou moins grandp quantite des granulations grais- seuses oudes gouttes d'huile, etc., faits qui pourtant sont secondaires sous le rapport de la Constance a c6te du precedent. ETUDES SUR L'ALBUMINURIE, CONSIDERATIONS DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE FONDEES SUR L'OBSERVATION CLINIQUE; Par M. a. LUTON, Interne des hOpitaux. Les observations qui suivent et la discussion qui les accompagne ont pour but de demontrer les variations periodiques qu'eprouve I'albumine urinaire dans ses proportions chez les albuminuriques, et d'apprecier les principales influences qui paraissent presider a ces variations. Ce sujet a deja ete porte une premiere fois devant la Societe de biologie. Dans la seance du 6 aout 1853, M. Gubler a hi une note in- titulee : Variations diurnes de l'albumine etldiees dans l'urine du SANG et dans celle DE LA DIGESTION. On trouvera plus loin le recit du fait, a propos duquel cettc note fut coniposee. Comme elle n'a pas 6te publice, nous reproduirons les principaux points de cet intcressant travail, que M. Gubler a bien voulu nous conlier. 2fi Le luciuie ijlienomeuc, a savoir que I'urine do la digestion coiitiont toujours notablement plus d'alljumiiie que I'uriue dusang, fut v^riiic a la meme epoque par M. Gubler sur trois albuminuriques du service de M. Barth. Mais la demonstration n'etail pas encore complete : il fallait I'eteildre a un pllis grand iioiiibre de cas et donner la tliedric du phenoliifeue. Aussi M. Gilbler se pDse-l-il eette question: Lb fail se veritiera-t-il dans la geueralite des cas? Et il ajoule : J'avoue que cela me semble probable. Dans des lecons cliniques faites en 1855 a I'liO- pital Beaujon, M. Gubler donne plus d' extension a son idee et il com- mence a en formuler la theorie. Un grand nonibre de ph6nomenes, appartenant a la physiologic et a la clbiqnej peutfent se rattacher ii la question qui nous bCcupe, bien qu'ils aient 6t6 employes par ceux qui les ont decouverts a sou- tenir des opinions tres-distinctes de celle que nous defeudons. Nous les avons done reunis ici pour les discuter a notre point de vue, en les appuyant de considerations nouvelles. Cela pos6, nous allons d'abord rapporter un certain nombre d'obser- vations cliniques, encommencant par celles que nous devons a I'obli- geance de M. Gubler, puisqu'elles sont les premieres en date, et en les faisant suivre de celles qui nous sont propres, mais recueillies d'ail- leurs dans le service de cet excellent maitre. OBSERVATIONS (1). Obs. 1. — Cette premiere observation est preciscmeut celle doiit M. Gubler a entretenu la Socicte de biologic le G aoiit 1853. Depuis plusieurs aunees, M. A... souffre de sympt6mes morbides, qu'on a successivcment attribues a des pertes senunales, a la diathese gdufteusfe, a une paraplegie commencaute, etc. Le malade s'est recoimu lui-meme albn- minurlque pour avoir vu son frfere succomber a la maladie de Bright. Jainais il n'y a eu traces d'uedeme. Sous I'influence d'un traitement tonique bien conduit, la sante g(5nerale du malade s'cst soutenue, les forces se sont con- servees, et la proportion d'albumine, loin d'augmenter, a diminue sensiblc- ment dans I'urine ; jamais d'ailleurs elle n'a et6 bien considerable. M. Gubler rechercha avec le plus grand soin les circonstances qui pou- (ij Ces observations ont ot6 rapportees avec tous leurs d(5tails dans le mdmoire que nous avons lu devant la Soci(5t6 de biologic ; nous ne repro- duirous ici que les points qui servent a demontrer les faits que nous voil- lons nicllre en luniicrc. 27 vaieut jeter quelque jour sur cette afifection. Cette etude I'a conduit a la connaissance du ph^nomene, a la demonstration duquel le present travail est consacre. Parmi les essais nombreux auxquels M. Gubler s'est livre, nous nous contenterons de rapporter le suivant, les autres offrant une iden- tite complete. Le 27 juillet 1853, M. A... avail eu soin de vider sa vessie avant de diner. II a urine une heure environ apr^s ce repas; puis deux ou trois lieures plus tard; enfln le lendemain matin. On obtint ainsi trois ^chantillons d'Urine, et Yoici ce que Ton observa : La somme du liquide provenant des deux prernieres mictions egale a pen prfes la quantity totale rendue a la fin de la nuit. Les deux premieres urine sent de coilleur amhree ; la troisieme est pdle et presque incolore. Les urines qui out suivi le repas sont tres-chargdes d'alhumine, quel'acide nitrique precipite en flocons. Le prt^cipite albumineux, rassemble au fond d'un verre conique, a 5 ou 6 millimetres de hauteur. L'urine du matin, au contraire, ne renferme que des traces d'albumine ; elle devient simplement opalescente au bout de quelques instants et par I'agitation, soil qu'on I'ait chauffee, soil qu'on ait employe I'acide azotique. Une autre particularite importante de cet examen est la presence d'Ime notable proportion d'acide urique libre, depose sous foi'me de cristaux dans l'urine de la digestion. Vraisemblablement il n'existe pas, dans ce cas, de lesion renale ; semble que si I'oQ avail pu supprimer tout a fait les aliments azotes, I'albumiuurie aurait disparu momentanement. Nous croyons que ce malade 6tait goutteux ou qu'il etait voue aux accidents de la diathese urique. D'ailleurs, M. Gubler n'a pas manqu6 de fairs ressortir, avec une grande sagacite, toutes les deductions physiologiques et cliniques auxquelles donne lieu ce fait int^ressant. ANASARQUE ET ALBUMINURIE ; INFLUENCE MANIFESTE DU MODE D' ALIMENTATION SUR LA PROPORTION D'ALBUMINE CONTENUE DANS l'uRLNE. Obs. II. — Lesd6taUs qui suiventontet^recueilliS par M. Durosiez, en 1854, a I'Hotel-Dieu, pendant que M. Gubler remplacait M. le professeur Rostan. . Lenomme Bodelet, age de 44 ans, peiiitre eu voitures, est entr6 le 11 sep- tembre 1854 a I'Hotel-Dieu, salle Sainte-Jeanne, n° 18. Ce malade, trois semaines auparavant, avait eprouve une diarrh^e assez forte; pendant sept jours il alia jusqu'a onzefois par jour a la garde-robe. Or a la meme epoque, onobservait de nombreux cas de cholera; a I'eiitr^c du malade, on pcusa qu'il s'agissait des suites d'unc atteinle de cette affectiou. Mais on vitbientot un oedemc general se manifestcr; les urines examinees 28 furent Irouvees albumincuscs ; il cxistait en mcme temps unpcu d'cpaiiclie- meiit dans les deux plevres. Les fonctions digestives 6taicnt intactes. Peul- etre s"agissait-il ici d'une neplirite albumiueuse secondaire, consL-ciitive a une attaque de cholera. On examine pendant plusieurs jours de suite I'urine de la digestion com- parativement a celle du sang, ct Ton constate tovjonrs une proportion beau- coup plus considerable d'albumine dans I'urine recueillie une on deux heures apr^s le diner. On s'avise alors de varier le regime alimentaire du malade, qui jusque-la avail ete mis a I'usage d'une alimentation mixte. On commence par lui faire manger, chaque jour pendant trois jours const5cutifs, six ocufs sous toutes les formes, a I'exclusion de toute autre matiere azotee, cxcepte du pain. D6s le premier jour, on constate une augmentation de la quantite absolue d'albumine dans les deux urines ; ce dont on s'assure en comparant les precipites de la veille a ceux obtenus avec la meme quantite d'urine du jour. Toutefois le meme rapport existait entre I'urine du sang et celle de la digestion. Le malade, degoute du regime des oeufs, voulut revenir a son an- cienne alimentation; alors on observa un phenomene inverse, c'est-a-dire que la proportion d'albumine diminua, ainsi que I'intensite de la coloration, les- qiielles redevinrent ce qu'elles c^taient auparavant. Apr^s quelques jours, le i-egime mixte fut de nouveau abandonne, pour faire place a une alimentation exclusivement v^getale, pendant deux jours. Commc on pouvait le prevoir, la proportion d'albumine devint plus faible que jamais. On avail soin de conserver les dep6ts de la veille. Notons ici qu'il s'agit pourtant d'une maladie de Bright propremenl dite. Obs. III. — Un marchand de vin et de biere en gros, age de 45 ans, grand et vigoureux, ayant fait de frequents exc&s alcooliques, est soigne en ville depuis plusieurs anuses par M. Gubler. En 1851, il a 6tc traite a la Charite pour une ascite qui s'est rapidement dissipee et n'a pas reparu depuis. A. la suite, il eut une eruption d'eczema generalisee. Depuis lors, cet homme fut sujet a la meme affection cutanee, revenant par bouffees, s'accompagnant defifevreetetantprecedee ordinairo- ment de troubles dans la digestion. Demierement une nouvelle eruption se declara; elle fut accompagnee d'un pen de bouffissure du visage et d'oedSme des membres infcrieurs, accidents qui persistSrent pendant quelque temps aprSs que I'ecz^ma eut disparu. M. Gubler examina I'urine et la trouva albumiueuse. Le 1" octobre, M. Gubler recut deux ^chantillons de cette urine : I'un pris pendant la p^riode de la digestion, I'autre apr^s que cette pcriode fut passce. Nous fumes temoin des essais auxquels M. Gubler soumit ces deux urines. l" L'urine renduela veille, uneheure ct demie apres Ic repas du soir, est 29 calorie commo line urine normalc ; clle est acide el reuferme une notable proportion d' album ine, que Ion coagule au moyen de I'acide azotique. 2* L'urine rendue le jour meme dt;s Ic matin, c'est-a-dire I'urine du sang, est moins colorie que la pr(5c6dente ; elle ne se trouble pas du tout par I'addi- tion de I'acide azotique. 11 ne nous semble pas que cet homme soit atteint pour le moment de la maladie de Bright, et nous ignorons de quoi peut d6pendre cette albuminurie passagere, li6e peut-etre a ces eruptions eczemateuses presque p^riodiques. Notons toutefois que des troubles digestifs pre- cedent et accompagnentl't^ruption. NEPHRrrE ALBUMINEUSE CHRONIQUE ; PROPORTION d'ALBUMINE PLUS FORTE DANS l'urine DE LA DIGESTION QUE D/VNS LURINE DU SANG ; ALBUMINE CASEl- FORME ; INFLUENCE DU MODE D' ALIMENTATION. Obs. IV. — Le nomm6 Gontard (Martin), age de 54 ans, menuisler, est entr6 a I'hOpital Beaujon, salle Saint-Jean, n° 12, le 1" avril 1856. Cet homme (5tait tourmente depuis longtemps par de frequents besoins d'uriner; il avail quelquefois jusqu'a vingt mictions dans les vingt-quatre heures ; mais il ne rcndait a cbacune d'elles qu'une petite quantite d'urine. II y a vingt jours, il a 6t6 mouill6 par la pluie et s'est refroidi. A dater de ce moment, le nombre des emissions d'urine a beaucoup diminue ; 11 s'est trouve reduit a trois par jour environ ; cequi a coincide avec le d(5but d'une enflure generate. Outre tous les autres caractSres de la maladie de Bright qui ont 616 con- states avec soin, on dirige principalement I'altention vers l'urine. Celle-ci, examinee par I'acide azotique et par la chaleur, contient une grande quantite d'albumine ; elle offre une coloration ambr^e et ne renferme pas de sang. Le lendemain 2 avril, on examine l'urine de la digestion et l'urine du sang, qu'on a fait recueillir separemcnt ; il est impossible de dire laquelle des deux contient leplus d'albumine; d'aiUeurs la proportion en est tr6s-consi- d^rable. Cette comparaison est continuee les jours suivants, et conduit au meme r&ultat n^gatif ; la maladie est encore trop intense. Le 6 avril, on commence a sentir une difference. La quantity d'urine ren- due pendant les six heures qui suivent le repas du soir est notablement plus grande que celle rendue pendant les six heures suivantes. Or comme la pro- portion d'albumine paralt absolument la meme dans les deux urines, on peut en conclure que la perte en albumine est plus considerable dans la p^riode digestive que dans celle du jeune. Ce n'est qu'apartir du 16 avril, a la suite d'un traitcment appropri^, que la 30 nialadie semble avoir perdu de son intensity, et que la difference se prononce bien nettcment entre les deux Tari^t^s d'urine. Du 15 au 24 avril, I'urine est examinee tous les jours avec le plus grand soin. Voici cc que Ton constate cliaque fols. 1° L'urine de la digestion, c'est-a-dire dans les heures qui suiTent le repas dn soir, est de couleur ambre'e, presque neutre. EUe contient unc quantiti notable d'albumine, bien qu'en moindre proportion qu'autrefois. L'(5bullition. ne coagule qu'incompletement I'albuniine; I'addition de quelques gouttes d'acide azotique augmente d'abord I'abondance du pr^cipit6, puis contractc le coagulum. II ne faut pas croire que ce phenom^ne d6pende de ce quo l'u- rine est presque neutre, car une goutte d'acide azotique sufTit pour lui don- ner une forte reaction acide, et cependant toute I'albumine ne se precipite pas encore par la chaleur. 2° L'urine du sang, c'est-a-dire de la nuit, est toujours plus pdle que la pre- cddente. Elle est tr6s-16g6rement alcaline. Elle ne renferme que tres-peu d'al- bumine; 11 faut la rendre tres-fortement acide au moyen de I'acide azotique pour que la chaleur y produise un tr^s-faible coagulum. Le 24 avril, on trouve le malade dans les conditions les plus favorables pour observer sur lui I'influence du mode d'alimentation. On recueille : 1° l'urine correspondant a la p(5riode de digestion du repas du soir du 24 avril ; 2° l'urine rendue vers le matin le 25 avril; 3" I'uriuc ron^ due une heure et demie apr^s un repas compost eiclusivement de deux ceufs a la coque,fait de bonne heure le 25 ^vril, I'estoniac utant vide depuis la vcille. 1° L'urine de la digestion, rendue apr6s le repas du soir le 24 avril, est aiw- hrie, limpide, franchement acide, et contient une qxiantiU v^oyenne d'ai&wvu^e. 2" L'urine du sang, emise d6s le matin du 25 avril, est pdZe comme de I'n- rine nerveuse, l(5g6rement alcaline : la chaleur la trouble a peine, n^algve I'addition de I'acide azotique. 3° L'urine, rendue deux heures apres le repas de deux ceufs, fait \^ §5 '^yxl] dbs six heures du matin, est manifestement la plus colorde des U'ois. Ello renferme aussi positivement une pZitx grmnde proportion d'(ilb]iri:^inc;cc\)c\\- dant son degr6 d'acidit6 est moindre que celui de l'urine n° 1. ^'acide a^ip,-. tique augmente le pr6cipltc forme par la chaleur. Lc 26 avril, on r^pete la memo experience dans les memes conditions : elle fournit les memos r6sultats. Le malade demande sa sortie le 6 mai. Son etat est tr^s-satisfaisant : \\v- d6me a presque entierement disparu ; mais I'albumine, qui persistc dans l'u- rine, indique que cet homme n'est pas gueri. Les differences entrc les deux vari^t^s d'urine sont devenues plus nettes que jamais. Les conclusions de cette observation sont transcriles en t^te sous foime de litre. 31 nephrite albumineuse secondaire ; variations periodiques de la quantiti^ d'albumine urinaire ne reconnaissant pas toujours une cause bien de- terminee; albumine proprejient dite; vomissements remarquables ; eclampsie; mort; autopsie. Obs. v. — Le nomme Jourdain (Charles), age tie 27 ans, m^canicien, est entr(5une premiere fois, le 11 mars 1856, a I'hopitalBeaujoa, pourune fl6vre typho'ide qui ue fut pas tr^s-grave. Seulement, vers la fin dc cette maladie, on s'apercut qu'il avail le visage un peu boulTi : on examina I'urine et on la trouva fortement albumineuse. Malgre Favis du in{['decin, ce malade voulut sortir; il quitta I'hopital le 10 avril. Quelques jours plus lard, 11 revint dans un 6tat d^plora^le. L'ced^iiie 6tait devenu general ; des vomissements incessants suivaient immediatement les repas. La douleur r^nale iHait a peine marquee. Rlen au cceur, ni au foie, ni a la rate. Pouls tres-lent, variant de 40 a 50. L'urine est color6e et contient beaucoup d'albumine; cependant elle ne renferme pas de sang en nature. On a recueilli a part l'urine du soir (20 avril) et celle du 21 au matin. 11 n'y a pas de dilTerence decisive dans la proportion d'albumine que renferment ces deux urines : celle de la digestion, ou du soir, par alt en contenir davantage. Les jours suivants, du 22 au 20 avril, on ne parvient pas a saisir une diffe- rence tranchee entre les deux variet(l'S d'urine. La proportion d'albumine est toujours enorme. II faut ajouter que ce malade ne se nourrit pas, puisqu'il vo- mit tout ce qu'il prend. C'est done I'albumine du s^rum qui se perd par les urines. Le 26 avril, voici ce qu'on note : l'urine du matin, c'est- a-dire celle du sang, parait contenir plus d'albumine que l'urine de la digestion. Mais nous repetons que ce malade n'absorbe aucun aliment ; I'affection est portee a un si haul degre que les nuances cessent d' avoir de la valeur et meme de pou- voir etre appreci^es. Le 30 avril, les deux urines sent a peu pres ^galement colorees ; raais l'u- rine du soir contient notablemeut plus d'albumine que l'urine du matin; or le malade a assez bien digere bier environ un demi-litre de lait, aliment pour lequel, inslinctivement, il se sent unecertaine appetence. On lui prescrit cinq portions de lait et on lui administre en meme temps, tons les jours, 2 grammes de presure de veau dans le but de faciliter le tra- vail de la digestion. Jusqu'au mois de juin, I'etat du malade ne varie pas sensiblement. Le 3 juin, ou voit apparaitre un erysip61e d'assez mauvais aspect sur le bas-ventre ; de la il s'est ^tendu a tout I'abdomea et aux cuisses. Le 14 juin au soir, nous sommes appeld aupres de ce malade pour de nou- veaux accidents qui venaient de se manil'ester : perte complete de la vue. 32 pupilles dilates, bourdonncments d'orcillc, violente ceplialalgic. Nous diag- nostiquames une attaque d'cclampsie imminenle. Doux heures plus tard, convulsions Cpileptifomies, a la suite desquellcs le malade roste dans le coma le plus profond. La connaissance, depuis lors, n'est pas revenue. Le 15 juin, deux nouvelles attaques convulsives dans la journee, moins fortes que celle de la veille. Le malade meurt a une heure de I'apres-midi. AuTOPSiE. — Reins volumineux; substance corticale hypertrophi^e ; hyp^- r^mie sur certains points, decoloration commencante sur d'autres. Infdtration de la pie-m^re; t'pancliemcnt sereux dans les ventricules. Cerveau ramoUi, inflltre. Epanchements dans toutes les cavites sereuses ; oedenie general ; 6ry- sipMe phlegmoneux de la parol abdominale anterieurc. Gangrene du pre- puce. On voit que, chez ce raalheureux, raffection a eu une inten- sity des plus remarquables; elle s'est montree avec ses symptomes ses complications les plus graves : vomissements incessants, menaces de suffocation par cedeme de la glotte; 6rysipele de mauvaise nature, eclampsie, etc. C'estla tout le cortege de la pretendue uremie. Les variations de I'albumine ont 6t6 toujours en faveur de I'urine de la digestion (a une exception pres, le 26 avril), lorsqu'on a pu supposer que le malade avait digere quelques aliments. Mais comme, par suite des vomissements continuels, cet bomme se nourrissait a peine, les variations de couleur et de quantite, bien que constatees ii plusieurs reprises, ne reconnaissent pas une cause bien definie. L'alhumine a toujours offert les caracteres de Falbumiue du s6rum ; cependaut on n'a pas constats que ce fiit du sang en nature qui passat dans I'urine, la couleur du liquide ne permet pas de le supposer. NEPHRITE ALBUiMlNEUSE CHRONIQUE ET HYPERTROPHIE DU CCEUR ; VARUTIONS DE LA QUANTITE DALBUJUNE TOUJOURS EN FAVEUR DE LURINE DE LA DIGES- TION ; MORT; AUTOPSIE. Obs. Y1. — Le nomme Fauquet (Eticnne), age de 43 ans, cantonnier, est en- Ivi a I'hGpital Beaujon le 19 Janvier 1856. En 1830, a la suite de flSvres paludeennes, cet bomme a eu une anasarque qui a dure deux mois; depuis lors, un pareil accident ne s'etait pas repro- duit. II y a un an qu'il est cantonnier au bois de Boulogne; auparavant il etait charretier; ainsi il a toujours et6 expose aux intemperies de I'air. II ne paralt pas s'6tre livr6 aux excfes alcooliques. Le d(5but de la maladie pour laquelle il vicnt se faire soigncr remonte a une ^poque incerlaine, bien qu'il ne se soit apercu qu'il cnllail que depuis une .y.5 quinzaiiiu do jours. Auparavuul il avail cpruuvci tie la rieclicrcsse do la bou- che, de la soif, une fatigue dans les jambes. Jamais de maux de tete ni deii- vies de vomir. Actuellement, anasarque generals, epanchement dans le peritoine, oedeme pulmonaire, absence de douleurs lombaires, meme a la percussion. La rate n'est pas grosse. Le coeur est volumineux ; li y a un souffle au premier temps, pas de rhumatismes anterieurs. L'urine est pale et renferme une grande quantite d'albumine. Le 20 Janvier, on examine l'urine de la veille au soir et l'urine du matin du jour meme. Les deux urines renferment sensiblement une e'gale propor- tion d'albumine. 24 Janvier. L'urine du sang parait contenir un peu moins d'albumine que l'urine rendue apres le repas du soir. L'abondance de remission, correspon- dant a la premiere de ces urines, est cependant moindre que celle qui cor- respond a l'urine de la digestion. 25 Janvier. La quantity d'urine rendue de minuit a huit heures du matin est a peu pr^s la moitie de l'urine rendue de quatre heures du soir a minuit. L'albumine parait etre en egale proportion dans les deux urines : done la de- pcnse en alliumine dans la periode de la digestion est plus importante du double que dans la periode pendant laquelle le malade est rest(5 a jeun. 30 Janvier. On a recueilli a part Purine qui a ete rendue a chaque emission dans la periode de six heures qui a suivi le repas du soir : la proportion d'al- bumine est la meme dans les differents echantillons ; mais il y en a moins dans l'urine du sang. Le 3 fevrier, on note : dyspnea extreme, oedeme pulmonaire; tremblement des muscles. Mort le 4. A I'autopsie, on constate que les reins ont subi la dcgenerescence gTanu- leusc a un degre tres-avance ; la substance corticale est remplie de petits kystes (periode extreme de la maladie de Bright). Nous passerons les autres details sous silence. NEPHRITE ALBUMINEUSE CHRONIQUE; EXAMEN COMPARATIF DES URINES; RESULTATS INCEUTAINS ET C0NTRADICT0IRE3 ; MORT. Obs. vn. — Saint-Pierre (F(51icit6), agee de 45 ans, femme de menage ; en- tree le 3 fevrier 1856 a I'hCpital Beaujon. Cette femme dit qu'elle est malade depuis environ seize mois. EUe a d'abord eu des manifestations secondaires de syphilis, pour lesquelles elle a suivi un traitement mercuriel. Depuis lors, elle nc s'est jamais bien riMablie. Elle n'a commence a s'apercevoir qu'elle enilait que depuis un mois ; I'oedeme s'est rapidemeut generalise. H'esf avec toutes les apparcnces exterieures dune anasarque enorme que MEM. 3 34 la malade se presenta a I'hdpital. On examina iminediatement I'urine et on la trouva fortement albumineuse. 10 fevrier. Les quanlites d'urine recueillies Jans les deux periodes de temps suivantes : quatre lieures apr^s le repas d'hier soir, puis depuis mi- nuit jusqu'au matin, sont a peu prtis egales. La proportion d'alhumine est plus forte dans I'urine du matin que dans celle du soir. Cette particularite est tres-importante a noter : nous no croyons pas qu'il y ait eu erreur, bien que le fait soil en opposition apparente avec la thuoric de I'lnlluence de ralimen- tation. 1 1 fevrier. Meme quantity d'urine dans les deux memes periodes de temps, memo proportion d'alhumine. L'urine rendue est peu abondante en somme; la proportion d'albumine est enonne, ce qui peut expliquer jusqu'a ua cer- tain point pourquoi I'influence des repas se fait ici si peu sentir. D'ailleurs la malade mange a peine ; elle est arrivee a une pcriode tres-avancee de I'afTec- tion dont elle est atteinte. Elle succombe le 16 fevrier. L'autopsie n'a pas pu etre pratiqu^e. ALBUMINURIE TEMPORAIRE DURANT LE COURS ET A LA SUITE D'UNE FIEVRE TVPIlOiDE ; INFLUENCE DE L' ALIMENTATION SUR CE SYMPTOME J GUERISON. Obs. VIII. — Gastal (Pierre), age de 25 ans, cocher ; entre a I'hopital Bcaujon le 16 septembre 1856. Get homme se presentait a I'hopital pour une lievre typhoide arrivee a une periode deja assez avancee. L'urine, examinee dSs le premier jour, contenait une forte proportion d'albumine : c'etait d'ailleurs une urine febrile. La fievre typhoide suivit son cours sans jamais presenter une marche in- quietante. Chaque fois qu'on examina rurine, oa constata qu'elle contenait une grande quantity d'albumine. Le 24 du meme mois, la plupart des symptomes typhoi'des avaient disparu et la convalescence Otait confirmee. Le malade f ut mis a une portion. Le lendemain 25, divers echantillons de l'urine rendue depuis la veille fu- rent examines avec le plus grand soin. 1° L'urine de la veille au soir, (imise deux heures apros le dernier repas du jour, ofTrait une couleur ambree; elle etaitlimpide et tenait en suspension un leger en^or^me ; sa reaction etait faiblement alcaline. L'eneor6me, con- stitue par I'epithaium des tubuli en desquammation, etait parseme de grains opaques de phosphate ou de carbonate do chaux. L'ebuUition la trouble a peine ;raddition de quelqucs gouttes d'acide azotique augmente nolablement le pr^cipite, qui se dispose en flocons. 2° L'urine du matin, rendue a jcun, plus pale en couleur, contient mani- fesument moias d'albumine; elle est acide. 35 Le 4 octobre, on repete I'experience. 1» L'urine de la veille, emise deux lieures apvus ua repas compose dedeux ceufs a la coque fait vers dix heures du matin, est d'nnjaunc citrin, couverle d'unc pellicula epaisse semblable a une couche de graisse, colorant le papier bleu de tourncsolen rouge vineux, ce qui indique une faible acidite ; offrant un sediment assez abondant. On obtient avec I'acide azotique un leger trouble albumineux. 2" L'uvine de la veille au soir, rendue deux beures apres un repas do viande rotic, est plus coloree : imauce ambree; sediment assez abondant; elle colore le papier de tournesol eu rouge pelure d'oignon. Avec Tacide azo- tique, on obtient un precipite albumineux evidemment plus considerable que dans la precedente urine. 3» L'urine du jour, rendue le matin a jeun, est acide, meme degre d'aciditc que l'urine (I), plus pdle que les deux echantiUons de la veille : elle ne ren- ferme pas laplus petite trace d'albumine. Avec la chaleur, on trouve la meme difl'erence entre les deux urines (I et 2) pour la proportion d'albuminc qu'elles contienncnt. Le 5 octobre, on renouvelle I'experience avec des resultats idenliques. II faut dire que laplus grande quantite d'uriue rendue dans les'vingt-quatre lieures con-espond a la periode de la journee qui a suivi le premier iepa>. Onne devra done pas trop s'etonner de la difference indiquee plus luiuL eutn.'. les deux urines de la digestion. Une autre remarque importanle a faire dans cette observaliou, c'est que I'alimentation avec les ceufs a donn6 un resultat contradictoire qui s'explique cependant. En effet, 11 an'ive sans doute que I'elimlnation de I'albumine di- geree ne commence pas aussi vile que nous I'avons admis dans ccs expe- riences. Vraisemblablement c'est l'urine rendue a la fin de la Journec qu'il faut considerer comme representant la resultante en albumine des deux repas du jour. Le 8 octobre, le malade sort en parfaite sante et sans que son urine con- tienne d'albuminc, quelle que soil I'epoque de la joui'nee a laquelle on I'exa- mine. ALBUMINURIE DE CAUSE INCERTAINE ; LEGERES OSCILLATIONS PERIODIQUES DANS LA PROPORTION DE L'ALBUMINE URINAIRE. Obs. IX.— Pilfert (Marie), 41 ans, domestique, entree a I'hupital Bcaujon Ic 3 octobre 1856, service de M. Bebier. Cette femme fait remonter le debut de sa maladio actuelle a un mois envi- ron. Faiblessc dans les jambes, cnllure autour des malleoles et remontant jusqu'aux mollets. La pression dans la region des reins n'cveille aucune dou- leur. L'urine n'a jamais ute rouge; elle est restee pale comme aujourd'ui. Uien du cote du ccjeur, ni du cote des poumons. 36 L'urine contient une notable proportion d albumine. Le 14octobre, on accorde une portion. Le 15 octobre, on examine divers (^chantiilons d'nrine. l" L'urine de la veille au soir, apres le repas ordinaire des uialadcs qui sont a une portion, est jaune paille, avec un sediment muqueux ; elle est legerement acide. Trouble albumineux peu considerable obtenu avec I'acide azotique et la clialeur. 2° L'urine du matin, rendue a jeun, est plus pdle encore, avec un sediment muqueux moins considerable, acide. L'acide azotique y produit a peine une legere teinte opaline, indice d'une tres-minime proportion d'albumine, * Le 16 octobre, experience analogue. 1° Urine dela veille au soir, citrine, limpide, acide, contenant une quantile notable d'albumine. La malade avait mange un a;uf. 2° Urine du matin, plus pdle, a peine albumineuse. La proportion d'albu- mine serait a celle de I'autre urine comme 1 est u 2. Le 17 octobre, nouvel essai. 1" L'urine du soir, aprfes un repas compose d'lm ceuf, d'une soupe au pain et d'eau rougie, est jaune paille, avec un depot muqueux assez notable. Trouble albufkineux le'ger, obtenu avec l'acide azotique. 2° Urine du matin, plus pale, avec un depot muqueux ; tres-peu d'albumine; comparativement avec lautre urine, il ne s'agit ici que de nuances a peine appreciables. Notons que la malade n'urine que deux fois par jour, le matin et le soir ; elle rend chaque fois a peu pres la meme quantite d'urine ; elle n'urine pas davantage depuis qu'on lui accorde des aliments. Ici I'albuminurie est 6videmment un phenomena secondaire, par consequent il n'en etait que plus int^ressant de verifier I'inlluence de I'alimentation et du jeune. Obs. X. — Durand (Adelpliine) , agee de IT ans, lingere, est entree a I'ho- pital Beaujon le 3 octobre 1856. Nous rapporterons ici en quelques mots les observations qui ont cte faites sur l'urine d'une jeune lille chloro-hysterique, ayant offert le plienomene d'une albuminurie tres-passagere. Cette fiUe eprouve depuis un mois quelques troubles digestifs : douleurs d'estomac, perte d'appetit, nausres par moments, constipation, points doulou- reux intercostaux, souffle carotidieu intense. Menstruation assez regulitre ; pas de flueurs blanches. L'urine reufermc une quantilu noiable d'albumine. Le 4 octobre, on essaye dilTcreuts echantillons d'urine rccueillic depuis la veille. 37 I* L'urine emise la veille, Jeux heures environ aprc-s le repas du matin compose d'un ocnf a la coque et de pain, est pdle et acide; elle contient de Valbumine en 'petite 'proportion. 2» L'urine rendue la veille, peu d'heures apres le repas du soir compost de poulet et de pain, est plus colorce ; elle est acide et renferme une notable quantity d'albumine. 3° L'urine de la nuit, rendue a jeun, ne donne aucun trouble albumineux, ni par la clialeur, ni par I'acide azotique ; c'est la mains colore'e des trois. Le 5 octobre, nouvel essai. 1" L'urine rendue la veille, de dix heures du matin a cinq heures du soir, et correspondant a un dejeuner fait avec deux oeufs et du pain, forme un litre a peu pres ; elle est citrine, avec un depot muqueux, opaque ; son acidity est peu prononcee. Elle devient opalescente et rose avec I'acide azotique. 2° L'urine rendue la veille, de cinq heures du soir a minuit, et correspon- dant a un repas d'un oeuf, est ambree, louche, avec un precipitu muqueux, saupoudr6 de petifs cristaux d'acide urique, notablement acide. Elle preci- pite avec i'acide azotique plus d'albumine que l'urine 1 . 3° L'urine rendue de minuit a six heures du matin est citrine, sans d(5p6t muqueux, acide; elle se trouble autanl que l'urine 2 avec I'acide azotique. Les deux dcrnieres urines r^unies egalent en quantite l'urine 1. II faut noter encore qu'un echantillon d'urine, pris une heure et demie aprfes le dejeuner de la veille, ne renferme ni plus ni moins d'albumine pro- portionnellement que la totalite de l'urine i, correspondant a la mume pe- riodc delajournee. Le 6 octobre, on repute I'experience absolument dans les m6mes condi- tions. Cette fois on ne trouve pas la plus petite trace d'albumine dans les trois echantillons d'urine. Voici une albumiimrie tres-teraporaire, produite sous I'mtluence d'une indisposition l^gere et ind^finie, ou peut-etre par rimminence de I'eruption menstruelle; car les regies ont paru le 7 octobre; cepen- dant I'influence de ralimentation s'est encore fait sentir ici. Le 5 oc- tobre, le resultat a ete contradicloire, sans qu'on sache au juste pour- quoi. AFFECTION CEREBRALE INDETERMINEE ; ALBUMI^TORIE ; INFLUENCE VARIABLE DE L'ALIMENTATION SUR CE S\iaPTUME. Obs. XI. — Ernouf (Jacques), 49 ans, cantonnier, est enfre a I'hopital Beau jon, lel3 octobre 1856. Le 13 octobre de bon matin, ce malade. etant occupe a balayer la voie pu- blique, tomba sans connaissance et fut amene a I'hopital. Au moment de la 38 visite, il avail repris en partie ses sens; on s'aperrut qu'il s etait mordu la langiie; il a eu plusieurs vomissements alimentaires; incertitude dans les id6es et dans la parole ; sensibilitti et mouvements conserves. Le nialadese rappelle pen a pcu les jours suivauts qu'il a deja uprouve deux attaques sem- blables a celle-ci : une il y a quinze mois, I'autre il y a deux mois. Chaque foisilperdit completement connaissance; il no salt pas s'il a ete pris de mouvements convulsifs. A la suite, il tombait dans un lourd sommeil qui du- raitplus d'anejournic. S'agit-il ici d'une congestion cdr^brale ou d'epilepsie ? II reste de I'lncer- titude a cet ogard. Dans tous les cas, ce qui est interessant a noter, c'est que Furine renferme une quantite tr6s-considerable d'albumine ; elle est pale comme de I'urine nerveuse. Pouls a 75, developpe, dur ; hypertropliie du cccur ; Wsion mitrale ; palpi- tations depuis I'age de 18 ans; jamais de rhumatismc articulaire ; absence d'a3deme. Le 14 octobre, on examine les urines recueillies depuis la veille. 1° L'urine du soir, deux lieuresapres le repas (bouillon et potage), est citrine, claire et limpide ; clle est acide et precipite de I'albumine en abon- dance avec I'acide azotique. 2° L'urine du matin, rendue a jeun, offre une coiileur tm •pen plus foncee avec un lugcr nuage muqucnx. Difference pen sensible dans la proportion d'albumine, mais en faveur de cette derni^re urine. S'il n'y a pas eu confusion des urines, ce resultat nous semble inexpli- cable d'apr^s la theorie que nous dtifcndons. Le 15 octobre, on repete cet essai. 1° Urine du soir (le malade a mange une portion) coloree normalement, ayant laisse cristalliser beaucoup d'acide urique, contenant une forte propor- tion d'albumine. 2° Urine du matin, mains colorde, sans cristaux d'acide urique. En preci- pitant I'albumine avec une egale quantit(5 d'acide azoticpie, on obtient une opacitd moindre que dans le cas pri5cedent. Le 16 octobre, nouvel essai : resultats idcntiques. Le 17, on repete I'experience. 1" L'urine rendue la veille, depuis midi jusqu'a minuit (le malade ayant mange deux portions), peut etre cvaluee atrois quarts de litre environ. Elle est amhree avec un depot muqueux ; elle a laisso cristalliser beaucoup d'acide urique ; trouble alhumineux considerable avec I'acide azotique. 2° L'urine rendue depuis minuit jusqu'a midi est en quantite un peu moindre, im cinqui^me environ de dilTerence; elle est mains foncee en cou- leur et renferme mains d'albumine ; pas d'acide urique cristallise. Ce malade est sorti de rh6pital sans que son all)uminurie ait ^te modificie en quoi que ce soit. 39 L'albuminurie dependait-elle ici d'une affection cer6brale, de I'hy- peiiropliie du coeur ou d'une maladie des reins? Nous rignorons. ETUDE GENERALE DES FAITS; DISCUSSION. I. DU MODE D'EXPLORATION MIS EN USAGE. Abordant francliement la question qui pourrait soulever le plus d'objections, nous parlerons du mode de dosage qui a ete employe dans ces recherches sur ralbuininurie. A vrai dire, il n'offre aucune rigueur at n'a pas pour lui la precision qu' exigent les experiences de la physique. Nous nous sommes contente, d'apres I'exeraple de M. Ou- bler lui-meme, d'examiner des volumes egaux des difTerents echantil- lons d'urine ; nous les faisions chauffer ou nous les traitions par d'e- gales quantites d'acide azotique, pour coaguler lalbumine. Puis nous examinions si I'opacite elait plus considerable dans une urine que dans I'autre , ou bien nous attendions que le prticipite se fut depose dans le vase ; alors, dans des vases dememediamctre, il occupait une hauteur plus ou moins grande. II est certain que ce proc6de est sufflsant pour la majorite des cas de la clinique. L'reil saisit tres-bien une difference, memo assez mi- nirae. Presque toujours, d'ailleurs, cette ditKrence fut tres-tranch^e ; et, dans les cas douteux, nous nous sommes abstenu de nous pro- noncer. Mais si Ton voulait donner plus de precision ii ces essais, et certes la question merite bien d'etre etudiee dansses plus pctits details, pour apprecier rigoureusement la quantite absolue d'albumine perdue par les urines, dans telle ou telle p6riode de la journee, et la traduire en cliiffres, ou pour determiner des differences pen marquees, il faudrait avoir recours a d'autres moyens. On pourrait se servir d'eprouvetles graduees et mesurer la hauteur des depots, ou bien employer les ap- pareils de polarimtitrie. La pesee des precipites albumineux dessech^s serait longue et n'offrirait pas sensiblement plus de precision que le precede de I'^prouvette gradu^e; mais elle aurait I'avantage de faire connaitre exactement la quantity absolue d'albumine rendue dans uu temps donne. Dans nos essais, nous avons tenu compte d'autres conditions impor- tantes, pouvant faire varier les r^sultats dans la recherche de la pro- Hi portion d'alhumino contcnue dans I'uriue. Ainsi, dans quclques-uues des observations, nous avons mesure toute I'urine rendue dans les vingt-quatre heures ; puis la quantite corrospondant a chaque emis- sion. Nous avons aussi chcrclic avec soin aquelles circonstances d'ali- mentation, ou autres, 11 lallait attribuer les variations que nous con- stations, lorsque nous voulions doser I'albumine. Nous avons fait voir (obs. -'i) que souvent deux echantillons d'urine semblaienl contenir la meme proportion d'alhumino ; mais comme I'un d'eux correspondait a une emission plus abondante, il s'ensuivait que la perte en albumine, dans la periode correspondante, etait en realite plus considerable, cc qui coincidait presque toujours avec la cir- constance d"un repas plus ou moins recent. Voici encore quelques resultats generaux importants a signaler. En meme temps que Turine dela digestion etait la plus riche en aibumine, elle 6tait aussi la plus color6e ; il s'y formait un sediment plus abon- dant, et souvent elle laissait cristalliser de I'acide urique libre. L'urine du sang se distinguait par des caracteres tout opposes : do telle sorte que, avant lout essai par la cbaleur ou par lacide azotique, il etait facile de distingucr les deux varietes d'urine. Rarement il nous a fallu, M. Gubler ou moi, revenir sur une distinc- tion faite ainsi a premiere vue. Gela pose, entrons plus a fond dans notre sujet, n. ,DE L' ALBUMINE CONSIDfeREE AU POINT BE VUE DE LA CHIMIE ANIMALE. Presque tons les auteurs qui ont ecrit sur I'albuminurie n'ont tenu compte que de deux conditions capables de produiro ce sympt6me : il y a lesion rtoale ou non; mais, dans les deux cas, on suppose que I'al- bumine est toujours un meme corps identique avec lui-meme, Cette opinion regno encore de nos jours. Cependanl, depuis plusieurs annues, des chimistes et des physiolo- gistes ont fait remarquer que I'albumine proprement dite, c'est-a-dire le compose proteique soluble dans I'cau et coagulable dans certaines circonstances, n'oifrait pas toujours les memes caracteres. Parmi les savants qui ont insiste sur ce fait, il n'en est aucun qui I'ait demontre avec plus de talent que M. Mialhe. Mais voulant elablir une ditference trop tranchOe, telle qu'on la constate cntre les corps les mieux delinis 41 lie la rliimio, cntre los comiioses albumiiioTdes doiit il adnietlail I'exi;^- tence, il est arrive tout au plus k former trois grands groupes d'especes d'albumincs, pouvant cliacun, a notrc idee, comporter une multitude de variet^s. Les raoyens de la chimie sont precis, mais ils sont assez bornes quand il s'agit des composes qui concourent a la vie. Lorsqu'elle a fait agir la chaleur, puis tel ou tel acide, sur un corps albumino'ido, elle prononce I'identite ou la dissemblance. Quelques analyses ^lementaires tres-delicates ont conduit uu peu plus loin dans cetle question. Or, d'apres cela, des hommes tres-expe- rimentfe croient a la multiplicite des especes albuminoi'des. Mais il y a un laboratoire oil les reactifs sont infmiment plus sensi- bles que ceux de la chimie : c'esl le corps des etres vivants. Si Ton voulait pour un moment se mettre au point de vue de la chimie pure, on aurait, dans I'emploi babilement conduit des actions vitales, une precieuse pierre de louche pour caracteriser telle ou telle substance de la chimie. Les exeraples seraient faciles ii trouver : contentons-nous d'appliquer cette vue a Falbumine, ou plutot aux albumines. 1° On dit que I'albumine du serum el que celle du Wane d'ffuf ont absolument la memo constitution chimique, et cependant, si Ton in- jecle dans les veines d'un animal Falbumine de ra3uf, celle-ci est im- mediatement rejetee par I'urine, tandis que I'autre ne produirait pas le memo resultat. 2° L'albumine de I'rouf, ou du sang, introduite dans I'estomac, ne saurait etre absorbte sans etre modifi6e, tout aumoins physiquement, par Taction du sue gastrique, et cependant la resorption s'exerce sur les 6panchements s^reux sans que cette albumine ait besoin d'etre di- g(5r6e. II est vrai que nous avons entendu a ce sujel M. Gubler expri- mer une opinion des plus ingenieuses : il admottrait assez volontiers que, dans la plupart des cas, cette digestion s'exerce reellemenl sur les points oil se sont produits les 6panchements qui viennent a dispa- raitre ; ce serait une sorte de digestion iuterstitielle. M. Bouillaud a d'ailleurs fail I'observalion que Furine est souvenl albumineuse pen- dant la resorption des epanchements pleuretiques. Ceux qui admettent I'identite chimique des albumines diverses at- tribuent les differences qu'ils sont obliges de reconnaitre neanmoins entre ces corps a la constitution physique tres-variable des molecules de Falbumine. 42 Tantotla trop grande proportion des parlies aqueuses lui fait eprou- ver un commencement de.desagregation, ainsi que cela r^sultc des experiences de M. Magendie, qui place I'albumine du serum dans les conditions de I'albumiue de I'a'uf lorsquil vient a injecter de I'eau dans les veines. Alors tout s'explique pour le raieux : I'albuminurie, les hydropisies, etc. Rapproclions de ce fait I'experience de Fourcault, qui, en realite, produit le meme r^sultat. Tant6t I'albumine, ainsi que le veut M. Mialhe, passe de I'etat inso- luble a I'etat soluble; sa constitution physique pent meme changer au point qu'elle n'est plus coagulee ni par la chaleur ni par les acides, de telle sorte qu'elle peut flltrer plus ou moins facilemenl au travers des membranes. Cette raaniere de considerer, seulement sous le point de vue physique, les diverses apparences de I'albumine ne nous serable pas etre la ve- rite. Si Ton se fonde sur la facility avec laquelle s'operent les muta- tions chimiques des composes organiques, si Ton songe un moment aux mille conditions diverses de milieux et d'actions vitales que tra- verse la molecule albuminoide, depuis son entree dans corps d'un animal jusqu'a sa sortie, on verra que le nonibre des especes d'albu- mines doit etre necessairement ires-multiplie. D^jii des leur entree dans I'economie, les composes prot^iques du groupe de I'albumine ne constituent pas un seul et mfirae corps qu'on a appel6 albuminose ou peptone. Nous partageons sous ce rapport I'o- pinion de M. Ducom , qui s'exprime ainsi dans sa these inaugurale : « Chaque matiere albuminoide se transforme par la digestion en une matiere soluble isomerique avec celle dont elle derive. » Nous sommes lieureux de voir cette opinion egalement parlagee par notre maitre M. Gubler. Nous pouvons ajoutcr qu'apres I'absorption op6ree sur le produit de la digestion, les memes differences se maintiennent encore. Les premiers composes se reforment dans leur etat physique, ou subissent des transformations qui les conduisent peu a peu a. leur destruction. Si, a une periode donn6e dans la serie de leurs metamorphoses, ils trouvent une issue au dehors, on les revolt avec des differences de constitution quo les reactifs de la chimie apprecient parfois. Do telle sorte que, pour nous rapprocher de notre sujet, nous pouvons dire qu'il serait possible, a la rigueur, de retrouver dans I'urine tous ces innombrables composes organiques, qui se pressent entre la molecule '(3 type do ral])umine et I'acide urique ou I'ur^e qui nous la representent tout a fait defigurcc, lorsqu'une lesion renale, ou tout autre accident, les poussent au dehors. Nous ajouterons iQcidcmment que vraisembla- blement la molecule type initiate est toujours la plus complexe, et qu'elle ne peut alter qu'en se degradant depuis le moment oii I'animal I'a employee comme aliment jusqu'au moment oil ses residus passent dans les excretions. III. DE l'albuminurie consideree au point de vue de la physiologie PATHOLOGIQUE. C'est surtout sous le rapport des causes qui peuvent I'engendrer que r^tude de l'albuminurie, telle que nous la faisons ici, olTre de I'intereL L'ordre que nous aliens adopter dans I'enum^ration de ces causes suivra precisement la marche de la molecule albumino'ide au travers de I'organisme. 1° Mode d'alimematiox. — Les faits ne manquent pas pour prouver que le mode d'alimentation peut devenir une cause d'albuminurie. Gregory, cite par les auteurs du Compendium de medecine pratique, rapporte qu'au moyen de gros pain mal cuit ou de patisserie chargee (le beurre que Ton donne ii manger a un bomme sain, on peut rendre les urines albumineuses. Thenard et Dupuytren, en 180G, ont fait voir que, si I'onmettait des diabetiques a un regime animalise, leur urine devenait albumineuse, et ils ont considere cette circonstauce comme elant d'un pronostic fa- vorable. Le Traite des maladies des reins de notre illustre maitre M. Rayer nous montre un exemple analogue dans I'observation XXV, tome II, page 224 : le diabete sucre, produit par une alimentation vegetale et lactee, est remplace par une albuminurie lorsque la nourriture est devenue exclusivement animate. Christison, suivant M. Desir, a annonc6 que I'usage de certains ali- ments pouvait donner lieu a une albuminurie accidentelle et passa- gere. II estvrai que ces auteurs se mettentplutot au point de vue de la nephrite albumineuse : c'est une sorte de maladiede Bright tempo- raire, comme celle qu'occasionne I'application d'un vesicatoire aux cantharides. C'est encore une action du mome genre, mais bien plus durable et bien plus grave, qu'exerce Tabus des alcooliques. 4^1 Suivant M. ilecqucrol, souvenl I'albumine se montrc accidentclle- ment dans I'urine, sans qu'il soil possible de rattaclier sa presence a aucun desordre organique ou fonctionnel appreciable. Peut-etrc, dans ces cas, pourrail-on trouver quelqiiecirconslance d'alimentalionayant occasionne ce plienomene passager. All rapport d'undcsesauditeurs,M. Gl. Bernard auraitannonce, dans Tun de ses cours fails au college de France, qu'apres une abstinence d'une certaine duree, Fingestion de quelques ocufs dursauraitproduit chez lui une alburainurie teraporairc. Citons encore les experiences de Tegarth et de M. Brown-Sequard, rapport^es par M. Teissier dans sa these sur I'uremie. L'albuminurie des goiilteux tient-elle a une lesion renale, ou plutot depend-elle de I'alimenlation azot(^e qui produit primitivement la maladie et qui I'exaspere? Cette albuminuric ne s'accompagne pas or- dinairement d'hydropisie. Scudamore la considere conime un ph^no- mene nerveux, ou comme dependant d'un trouble des fonctions diges- tives. Prout en 1821, faisant I'examende pareilles urines, dit que I'al- bumine qu'elle renferme differe de celle du sang ; il la compare a I'albumine caseiforme du chyle. Done le mode d'alimentation et I'absorption s'exercant trop ^nergiquement sur une albumine a peine elaboree par la digestion, peuvont etre consideres comme la cause de cette alburainurie. Entin, pour citer nos propres observations, nous voyons dans pres- que toutes, niais surtout dans la seconde, des exemples frappants de I'influence qu'exerce le mode d'alimentation sur la marche de l'albu- minurie. Le nialade de I'observation dont nous parlous est soumis a un regime exclusivement azote: la proportion d'albumine augmente; le regime dcvient mixte : la proportion d'albumine diminue; il est rendu exclusivement vegetal pendant deux jours : la proportion d'al- bumine devient plus faible que jamuis. Citons aussi dans I'obs. 4 les experiences des 25 el 2(3 avril. L'albumine des (pufs et la flbrine de la viande ne subissent pas avec une egalerapidite Taction digestive. Tiedmann et Gmelin ont constate que I'albumine prise en trop grande quantity n'etait pas digeree. Cette substance est done refractaire a la dissolution gastrique. Par conse- (lucnl ilpeut arriver que eel aliment a peine elabore, ayant et(3 seu- Jement liqu^lle sans avoir encore eprouve la transformation isome- rique enalbuminose, soitabsorb6 dans I'^tat interniediairc d'albumine 45 caseiforine. Oupouvait done supposer que I'alimentation avec les (jout's occasioimerait une augmeatation dans la proportion de Talbumine urinaire, plus facilement que I'alimentation avec la viande. Les ma- lades des obs. 2 et 4 nous offrent des resultats en rapport avec ce qui avait ete pr6vu: c'est au moment oil on les soumet a I'usage des ceufs que la proportion d'albumine atteint son maximum dans I'urine. On trouvcra quelquos experiences contradictoires (obs. 8) : c'est dans I'urine rendue apres le repas du soir, compose de viande rotie, qu'on trouve le plus d'albumine. Nous avons d^ja cherche a expliquer cette anomalie apparente. Nous ignorons encore combien de temps apres le repas commence I'elimination de cette albumine en exces, et dont la vie ne saurait faire son prolit. U est done tres-possible que I'urine re- cueillie le soir contienne a la fois I'albumine provenant du repas du matin compose d'oeufs, et I'albumine du repas du soir, qui commence a peine ii paraitre dans I'urine. 2° Mauvaise disposition des organes de la digestion. — Plusieurs des circonstances que nous venous d'invoquer comme cause d'albu- minurie pourraient tout aussi bien se rattacher a ce que nous allons maintenant exposer. On conceit ({u une lesion vitale on organique de la muqueuse stomacale ou intestinalc, qu'une digestion mal faite par consequent, permettent I'introduction dans I'^conomie d'une albumi- nose non assimilable que rejette bient6t I'urine. Nous nous fondons, pour admettre cette opinion, sur 1' existence memo de cette albumine cas^iforme, transition de I'albumine proprement dite vers I'albumi- nose et sur la possibilite de voir I'absorption s'exercer surce produit. (M. Mialhe et M. Ducom, these cit^e.) Nous ne proposerons qu'avec beaucoup de reserve, comme excmple, I'observation de cette jeune fille chloro-hysterique (obs. 10), qui olTrait des troubles digestifs de nature nerveuse depuis un mois environ, et qui nous a presents le phenomene d'une albuminuric temporaire, augmentee par I'usage des oeufs et de la viande. Dans I'obs. 8, ils'agit d'un convalescent de fi6vre typho'ide. L'urine, il est vrai, a 6t6 albumineuse des le debut de la maladie; mais pen- dant la convalescence, alors que la muqueuse gastro-inteslinale etait encore sous le coup de I'irritation dont elle avait ete le siege, nous voyons I'alimentation augmenter notablement le degre de I'albumi- nurie ; puis bientot les forces digestives serelevent, et loule trace d'al- bumine disparait duns ruiine. 46 Nous admetliions volonliers que, chez beaucoup de couvalesceuls, on pourrait souvent constaler le ph^nomene de Talbuniinurie, si Ton ne les aliinentait pas avec beaucoup de precautions, pour niettrc Ics alinienls en rapport avec la faculte digestive d'unorganisme aflaibli. Peut-etre certaines urines, ditcs critiques, coutenant de Talbuminc, ii la fin d'une maladie aigue, doivent-elles ce mode d'alt6ratiou a la cause que nous indiquons. 3" AuTREs CAUSES. — Nous alloDS encore appeler I'atlention sur un certain nombre de circonstances pouvant produire ralbuuiiuurio et qui n'ont pas ete sufflsamment appreciees par les obscrvateurs. C'est ici surtout que les ieoons cliniques, faites par M. Gubler ii I'bopital Beaujon en 1855, nous ont ete utiles. En suivant ainsi la matiere albumino'ide pas a pas depuis son entree dans les secondes voies, nous verrions facilement comment le d^t'aut d'aclion da foie, qui agit si energiquement sur les matieres albumi- noides dans les conditions ordinaires de sante; comment le manque d'emploi de cette albumine, qu'introduit I'absorption, amenant bien vite une sursaturation albumineuse du sang; comment une alteration insultisante de cette albumine par I'acte respiratoire •, comment une modilication legere imprimee aux corps albumnoides par la mala- die, etc., peuvent devenir cause d'albuminurie. Reprenons en pen de mots cbacun do ces points interessauts, qui se pretenta une multitude de vues nouvelles. Pour ce qui estdu foie, nous ne nous y arreterons pas. Son action sur les matieres albumino'ides compte aujourd'hui parmi les verites pliysiologiques les plus incontestables. Observons seulement que dans quelques-unes des maladies de cet organe, lelles que la cirrhose, I'al- buminurie nest que I'exception. Cependant tout pent s'expliquer : le foie, 11 est vrai, ne detruit plus qu'incompletement les matieres albu- mino'ides pour faire du sucre que va briiler I'acte respiratoire ; mais alors c'est la molecule albuniinoide elle-raeaie qu'attaque la respira- tion ; aussi I'urine des cirrhotiques est-elle tres-charg^e do raateriaux solides, acide urique et urates. Le manque d'emploi deTalbumine, soitparce que le travail nutritif ne marche pas reguliercment, soit parce que la digestion en introduit dans le sang une trop grande quantite, peut amenerune surexcilation du serum par I'albumine; alors ce qui est en exces est cliasse par I'urine, comme I'excea de glucose chei! les diabetiques. 11 est vrai que 17 presque tous les auteurs nous disent que dans I'albuminurie la pre- portion d'alhumine diminue dans le si^runi, niais leurs analyses ne portent que sur les cas de nialadie de Bright les plus graves et les plus avanctes. Vraisemblablement dans I'albuminurie legereet sans lesion renale, le serum nevoit pas varier la quantity de son albumine; si elle tend a augmenter, I'urine ou toute autre excretion en debarrasse reconomie; si elle venait a diniinuer, on verrait bienlot tous les phe- nomenes les plus s6rieux de la nephrite albumineuse chronique se nianii'ester, etalors la distinction des cas deviendrait impossible. M. E. Robin acherche a demontrer queralhuminuriereconnaissaitle plus souvent pour cause une alteration insullisanle de I'albumine du sang par Tacte respiratoire, qui n'aurait pas pu la conduire jusqua I'etat d'acide urique ou d'uree. Mors on comprend comment les ma- ladies dnpoumon : phthisic tuberculeuse, emphyseme, etc., comment les maladies asphyxiques, telles que le cholera, comment I'agonie, peuvent devenir cause d'albuminurie. Enfin, disons que la plupart des maladies aigues ou chroniqucs peuvent facilement imprimer aux composes albumino'ides une modi- fication legere, maissiiflisante pour que I'eliminationurinaire s'exerce sur eux. Ainsi, snivant M. Bedgie et M. Bouillaud, la presence de I'al- bumine dans I'urine a la tin des maladies aigues peutetre consideree comme une crise, comme une elimination de materiaux proteiques modifies par la maladie. Ainsi done pour resumer ce qui precede, I'urine sert de vehicule u toutes ces substancesqui ne sauraient etreassimilees, ou qui out perdu tout droit a la vie, lout aussibien qu'a cette albumine du blanc d'oeul, ou qu'a ce prussiate de potasse qu'on injecte dans les veines d'un animal. IV. DE L'ALBUMINURIE CONSIDEUEE dans la IkULADlE DE BRIGHT. Ici s'eleve une grande difficulte. On se demandera pourquoi, alors meme qu'il existe une lesion renale des mieux caracterisees, comme dans la nephrite albumineuse chronique, on observe egalement ces variations dans la proportion de Talbumine urinaire, et pourquoi I'in- lluence de Falimentation est aussi marquee. Or, nous ferons remarquer d'abord que lorsque la maladie possede uae grande inteusite, et que la proportion d'albumiue est Irop consi- i8 derable (.obs. V), ceiteinllueuce ue se fail pas seulir. Dailleurs, uu Tail tres-important ii signaler, et que nous avons conslate plusicurs fois avec soin, c'est que I'espece d'albumine 61iminee n'est pas toujours la menie. MM. Chrislison et'fissot disent que c'est le serum qui passe en nature dans I'urine. M. Sabatlier combat cette opinion en faisant observer que la proportion d'albumine diminue dans le s6rum du sang ; d'oii il tire une explication pour Ihydropisie qui se manifeste en mcmc temps. (GOMP. MED.) M. Becquerel semble admettre qu'il n'y a dans I'urine des malades atteints de nephrite albumineuse chronique que Talbuniine du serum, c'est-a-dire I'albumine normale. M. Mialhe fait rentrer Falbumine de la raaladic de Bright dans son espece albumine caseiforme. II est positif que, dans le cours de cette maladie, on pent observer dans I'urine toules les especes d'albumines que nous avons indiquees plus haul, suivant le degre et Fin tensile de la maladie. Tantol, en ellet, c'est du sang en nature qui passe dans I'urine, comme cela so voit dans la periode d'acuite de la nephrite albumi- neuse. Taotot I'albumine normale se montre avec toutes ses qualites, eu enlrainant avec elle une maliere colorante rouge, sans qu'on Irouvc cependant de globules de sang dans I'urine. Nous voyons de nombreux exemples de ce fait dans nos observations : I'urine la plus chargee d'al- bumine, celle qui est rendue dans la periode de la digestion, est aussi la plus color^e. Nous voyons aussi quelquerois une sorle d'albumine qui n'est coa- gulee qu'incomplelement par la chaleur, qui ne se precipite que lorsque la liqueur a atleint un grand degr6 d'aciditS, par I'addition de I'acide azotique; cependant ce n'est pas tout a fait de la cas^ine (obs. IV, ex- periences des 17, 18, 19, 20 avril). Ouelquefois, lorsque la quantite d'albumine est peu considerable, la chaleur ne modiiie pas I'urine : « On ne connait pas, dit M. Becquerel, la cause de ce phenomene; quoi qu'il en soil, I'addition d'une gouUe d'acide nitrique determine immedialement la precipitation. » 11 pout meme arriver certains jours que I'albuminurie disparaisse momentan^ment, lorsque la maladie est legere ou est en voie de gue- rison. Mais alors, diseul MM. Bec(]uerel el Vernois, le tannin forme cu- 49 core un pr^cipite voUimineux dans rurine. II est vrai qu'ou obtienl ce precipilo dans loutes les urines : cc ne serait done qu'une question de quantity. Toutes ces cspeces differentcs d'albumioes, toiitcs ces variations de quantite, correspondent a des degr(^s divers de I'alteration r(!inale, de- puis la simple desquammation des tubuli, qu'on peut comparer alors 4 la peau depouillee de son epidemic par un vesicatoire, jusqu'aux rup- tures vasculaires suite de riiyperemie renale, jusqu'a la transforma- tion coQiplete du rciu en un tissu plastique avec granulations grais- seuses, resultat d'une inflammation chronique. Sous I'inlluence de pareilles alterations, et meme lorsque la maladie est tres-peu prononcee, les conditions de la secretion sont cliangces, le mode de sensibilite du rein n'est plus lememe; il laisse passer des substances quil est charge de retenir dans le sang. On peut comparer la surface de secretion a une vaste membrane malade dont les fonc- tions, par cela meuie, sont denaturees et perverties. L'influence ner- veuse peut meme n'etre pas etrangere ii ces perversions de secr(^tion. M. CI. Bernard n'a-t-il pas demontre que I'albumine se montraitdans I'urine dans le cours et a la suite des convulsions? Notre malade de robservatiou XI est peut-etre dansce cas. Suivanl Brodie et Henckel, cit63 par les auteurs du Gomi'E.ndium, I'urine des sujets altiints d'une 16sion spontanee ou traumatique de la moelle perd en acide urique pour gagner en albumine. Pour M. Landouzy, la nephrite albu- mineuse serait le resultat d'une alteration du systeme gaoglion- naire. D'un autre cote, nous trouvons le sang charge des produits albumi noides d'especes ditrerentes. II se presente ainsi au rciu, qui laisse fll- trer telle ou telle de ces substances suivaut son mode de sensibilite acluelle, et suivant la proportion relative de I'ospece de compose albu- uiineux. Mais il faul dire que c'est i'albumine du serum quil elimine principalement, parce que celle-ci est en plus grande abondance. Nous admettrions volonliers que le rein puisse etre primilivement ou secondairemeut alYecte dans la maladie de Bright. On concoit, en effet, que I'elimination incessante d'un compose albuminoide que re- jelte I'economie parce qu'il est en ext;es dans le sang ou parce qu'il est d6natur6, finisse par modifier la surface de secretion, par 1 irriter et par amener une lesion grave. De meme une liypercmie renale, une desquammation comniencant la lesion, puis les infillralionsplastiques MEM. i et graisscuses, reproiUiisonl cii sens inverse les nu'nies iilit'iiomenc^. et entrainent avcc eux ralleration clu sang, les hydropisies, etc. Mors, par suite d'une sorte de cercle vicieux, ce sang alt6rc ne garde plu:* son albumine et la perd incessamment. Ainsi se comprennent ces ai- burainuries qui persistent longtemps sans hydropisie, et qui tout a <-oup s'accorapagnent de ce syniplome si grave. Y. DE LALBIJHINURIE CONSJDEREE DANS L'ETAT DE GROSSESSE. Nous ne quitterons pas ce sujet sans chercher a faire renlrer dans les cas ordinaires que nous venons de g^neraliser une espece d'albu- minurie trop constante dans sa manifestation pour ne pas se rattaclier a quelque acte physioiogique de T^conomie. Mous voulons parler de Talbuminurie des femraes grosses. Si nous suivons ce phenomene dans tous ses degres, car il est 6mi- neinment variable, pour bien mettre au jour sa Constance, nous ver- rons d'abord, ainsi que lindique M. J. Regnaud, que, chez la feinme en tHat de gestation, il y a hypersecretion par les reins d'une sub- stance aibuniinoide, identique avec cellequi, dans toute urine, preci- pite par le tannin : c'est cette matiere aibuniinoide qui, agissanl eomnie ferment, donne naissance a la kyesteine. On Irouve aussi Ires- souvent des cas d'albuminurie chez des ferames enceintes, avec on sans hydropisie, et qui n'oU'rent aucuu des troubles fonctionnels que Ton observe dans les grossesses compliquees d'alt^ralions renales graves. MM. Devilliers et Regnault, M. Blot egalemeiit, out cite de nombreux exemples d'albuminurie sans hydropisie et sans lesions re- nales chez les femmes grosses. Enfin, passant de degres en degres, nous voyons I'hydropisie se produire, puis Teclampsie, etc., et, al'autopsie, on trouve les lesions propres de la nephrite albumineuse; comme aussi le plus souvent il peut arriver qu'il n'y ait pas trace de It^sions n^nales. Tous ces cas divers ne sont que des degres d'un memeacte physio- iogique, domine lui-meme par le fait de la grossesse. La cause pre- miere de ces alburainuries n'est pas I'alteration du sang chez la femme enceinte ; ce n'est surtout pas non plus la compression des veines ^mulgentes par le globe ut6rin : elle reside tout entiere dans la pn''- sence du produit de la conception. Celui-ci, pour parcourir toutes les * 51 phases do son d^velopijement, agit sur Jes mat^riaux nutritil's que lui fournit sa mere; il en assimile quelques-uns, il en denature d'autres, ou bien la mere les a denatures, pour preparer un compost necessaire a sa vie. Puis le rein elimine ces produits albuminoides en voie de destruction, ces r&idus du travail nutritif qui ne sont pas encore ar- rives au degre d'allantoine, d'acide urique ou d'uree. Cette th^orie, que nous n'avancons qu'avcc une ccrtaine ri5serve, a pour nous I'a- vantage de reproduire sous une autre forme la thiese que nous avons soutenue a I'aide de nos observations. VI. F.SSAI DE CLASSIFICATION DE L ALBrMIM RIE CONSIDEBEE COMME MALADIE ESSENTIELLE. Nous formulerons ces considerations d'une maniere encore plus pre- cise, en reproduisant ici une comparaison qui a deja et6 faite par d'au- tres auleurs enlre lalbuminurie et le diabete sucre. Voici comment s'expriment les auteurs du Compendium de medecine : « Ne peut-on pas assurer ii priori qu'il exists, au point de vue patho- g6nique, une grande analogie entre ces deux afTections? Cette anal ogie ne porte-t-elle pas a croire que la cause prochaine de ralbuminurie n'est point une alteration locale du rein, raais une alteration generale, soit du sang, soitdu piotluit de la digestion des matieres proteiques de ralburainose? » M. Gubler, dans sa note infidite du 6 aoiit 1S53, s'exprime ainsi : I0RRHAGI£. Obs. — Gerard (F^licite), ag6e de 37 ans, d'une taille moyenne, muscles bien developpiis, embonpoint mediocre, entre le 25 juillet 1857 a I'Hutel- Dieu de Rouen ; elle est couchee au lit n" 9 de la salle XIX, dans ma divi- sion. D'une bonne sante habituelle, Gerard a ete mcustru^e a 12 ans, sans aucun malaise, ct a cu dcpuis toujours unc menstruation reguliere jusqu'a ily adix- huit mois, cpoquc du debut dc sa maladie actucUc; les racnstrucs se suppri- 67 merent alors completemeut. 11 y a huit aus, Gerard fut atteinte d'uue maladie chrouique des deux yeux terminee par ua slaphylome, avec opacite complete de la cornee droite, elle est accouch^e quatre fois et a perdu un seul de ses quatre enfants. Gerard est occupee actuellement comme domestique aux en- virons de Rouen. Le debut de la maladie pour laquelle elle entre a I'Hotel-Dieu remonterait a dix-huit mois ; avant cette epoque elle jouissait d'une sante parfaite. Les symptomes initiaux furent de la dyspnea, de la gene dans I'execution des travauxpenibles ou lorsqu'elle montait des escaliers, de retouflfement pendant la nuit, qui la iorcait par moments a s'asseoir. Vers la meme epoque, Gerard fut atteinte d'un ced^me des membres inferieurs peu considerable, et qui la genait seulement pour mettre des chaussures ; cet oideme se dissipa apres lusage dun purgatil, et n'a pas reparu depuis. Aggravation des accidents de- puis un an, etoulTements plus intenses, douleui's se manifestant a la partie sup^rieure du sternum, ayant ieur maximum tantot a gauche, tantot a droite de cet OS, ne s'etendant jamais dans les membres, mais percues dans ces der- niers temps sous la partie moyenne du scapulum gauche. II y a quelques mois, elle a eprouve un peu de gene dans la deglutition, mais jamais au point de rendre I'alimentation difflcile. 11 y a six semaines environ, Gerard fut atteinte dun enrouement tel de la voix, qu'on I'entendaita peine parler; elle n'eprouvait aucune douleur sur le trajet des voies aeriennes; aujourd'hui encore, elle assure que sa voix est beaucoup moins claire que dans sun etat de sante parfaite. Depuis les deux derniers mois signales par les troubles legers de la deglu- tition et ceux beaucoup plus marques de la voix, la dyspnee s'est accrue pro- gressivement sans jamais s'accompagner de batiements de coeur, mais d'une sensation pongilive ; r^veil en sursaut, necessity de s'asseoir sur son lit ; pas de baltements du coeur; la marche est plutot i-etardce par I'oppression sous- sternale que par les palpitations. Pas de toux, peu d'appetit, vomissements rares, pas de diarrhee, affaiblissement tel des forces, quelle a 6t6 obligee de suspendre presque completemeut son travail depuis deux mois. Gephalalgie gravative frontale gauche, pas de battements dans la tele ni de vertiges. Le jour de I'admission a I'hopital, nous trouvons Gerard dans I'etat suivant : face un peu pale, sans coloration violacee des muqueuses ; amaigrissement peu marque. Aucune voussure ou deformation du thorax, pas de dilatation des veines a sa surface, dilatation de pelits rameaux arteriels sur la partie moyenne et anterieure du thorax ; dilatations arterielles beaucoup plus mar- quees dans le dos au niveau de la fosse sous-epineuse gauche; elles sem- blent descendre de dessous le bord du muscle delloide et s'anastomoser avec les branches lombaires ; situees pres du bord interne du scupulum, elles de- crivent de nombreuses flexuosites et sent soulevees par des battements iso- chroncs u la diastole dc I'iirlcrc railiiilo; les ramificalioriH nc soni pas assez 68 serrees pom- former une tumeur erectile. D'autres branches arterielles volii- mineuses existent sur le bord post^rieur de I'aisselle gauche. La pointe du coeur bat dans le cinquiSme espace intercostal gauche, un peu en dedans du mamelon ; rlen d'anormal dans I'lmpulsion de la pointe du coeur ou dans I'c- tendue de sa matite; aucun fremissement cataire. Pas de dilatation des veines du col, rien d'anormal surle trajet des carotides. Egalite parfaite des batte- ments des deux art^res radiales. Bruit de souffle doux au premier temps a la base du coeur au niveau des valvules aortiques, ne s'etendant pas sur le bord gauche de I'organe. Ce bruit de souffle augmente sur le trajet de I'aorte et a son maximum au niveau de la deuxieme cote. Absence complete de double battement au niveau de la crosse, pas d'impulsion ou de mouvement d'ex- pansion ; aucune deformation du sternum. Souffle arteriel tres-marque dans la fosse sous-epineuse gauche, pas de double bruit ; Ic bruit morbide no s'entend pas sur le trajet de I'aorte abdominale ; les pulsations sont faibles, mais egales, dans les deux femorales. Diminution de la sonorite a la percus- sion dans le quart inferieur du poumon gauche en avant ; en arri^re, la ma- tite occupe les quatre cinquiemes inferieurs, elle est complete et s'accom- pagne d'un peu d'atJ'aiblissement dans Fextremile des vibrations thoraciques. AfTalblissement dans I'intensite du murmure respiratoire, avec relentissement de la Yoix, pas franchement egophonique. Absence de rales. Dans la moitic superieure, afTaiblissement du murmure respiratoire, mais moins marque qu'a la base. En arriere, a gauche, absence presque complete du murmure respiratoire, absolue dans la moitie inferleure, sans egophonie distincte. Rien d'anormal dans I'auscultation du poumon droit; les visceres de I'abdo- men ne presentent aucune alteration ; I'urine est pale et ne conlient pas d'al- bumine. Appetit assez bon. (Chiendent nitr6 ; deux granules de digitaline de 0 gr., 001 chacune; deux jtortions d'aliments.) Au commencement d'aout, on ajoute une potiou avec lu goutlcs de teinturc de cantharides. 3 aout 1857. Aucun changement ne s'est manifeste dans ies symptomes du c6te de I'appareil de la circulation. Le pouls est a 76. Dyspnee plus marquee, memes resultats a I'auscultation du poumon gauche. (Chiendent nitr^ ; vesi- catoire Tolant sur le c6te gauche du thorax ; deux granules de digitaline : potion avec 12 gouttes de teinture de cantharides ; deux portions.) Dans lajournee du 3 aout, la malade ^prouve uu frisson assez violent, suivi de chaleur et de sueur; cet acc6s se prolonge jusque dans la nuitet n'esl accompagne d'aucun nouveau phenomene morbide, pas meme du c6te do I'excretion des urines qui ne contiennent ni sang ni albumine. Depuis quelques jours, toux incommode, sans expectoration, sans aucun nouveau symptome du c6te du thorax, oppression sous-sternale toujour,-; fris-genanteettroublantlc sommcil pendant la nuit. (M6mc prescription; ww^ portion.; by Dans la nuit du 0 au 7 aoCit, envies fr6quenles d'liriner avee excretion Ue petites quantit^s d'uriue, trouble et un pen rougeatre. M6me 6tat. Le 7 aout, je supprime la teinture de cantharides. 10 aout. Depuis le commencement du mois, ramaigrissement a 6te chaque jour en progressant. Dyspnee plus intense n'empechaut cependant pas la malade de se lever la plus grande partie de la journee. Matite absolue a la percussion dans les quatre cinquifemes inferieurs du poumon gauche, avec absence de vibrations thoraciques. Broncho^gophonie dans le tiers moyen posterieur gauche du thorax, ne s'etendent pas dans le tiers inferieur oil Ton ne percoit pas de retentissement vocal. Memes dilatations arterielles sous- cutanees dans le dos a gauche; souffle vasculaire unique toujours tres-fort ayant son maximum au niveau de I'articulation synchondrosternale de la deuxieme c6te se propageant dans les vaisseauxdu col etsurle cote gauche des cinq premieres vert^bres dorsales. (Infusion de queues de cerises ; infusion de parietaire ; deux paquets de Ogr,, 05 chacun de poudre dedigitale; une portion.) 12. Accroissement de la dyspnee ; toux toujours opiniatre ; matite complete remontant jusqu'a la fosse sous-6pineuse gauche ; absence de respiration ; on entend dans le lointain un pen de souffle analogue a celui que Ton percoit dans les epanchements thoraciques. En avant, matit6 remontant jusque sous la clavicule gauche, avec faiblesse considerable de la respiration, sans 6go- phonie. Pas de matite sous-sternale. Le bruit de souffle vasculaire simple au premier temps est plus fort que les jours precedents au niveau de I'articuJa- tion synchondrosternale de la deuxieme cote; il se propage toujours dans les vaisseaux du col et dans la partie superieure de I'aoi'te descendante dans le dos. Un peu de sensation d'engourdissement dans les pieds. (Meme pres- cription.) 15, Meme etat. 16. Dans la journi5e precedente, Gerard s'etait levee et promenee dans la cour, se plaignant de dyspnee et des douleurs sous-sternales habituelles. Ce matin, a cinqheures et demie, elle avail quitt6 son lit et s'etait rendue aux lieux d'aisances avec I'intention d'aller entendre la messe a six heurcs. En revenant des lieux, a quelques pas de son lit, Gerard rendit tout a coup par la bouche une grande quantite de sang vermeil, et tomba sur le sol ; portee dans son lit, elle succomba au bout d'un quart d'heure environ. Examen du cadavre le 17 aoiit, vingt-sept heures apr^s la mort. Roideur cadaverique bien marquee, un peu de coloration verdatre des te- guments de I'abdomen. Une petite quantity de sang s'est (5coul6e par la bouche. Cerveau et m^niuges sains. Larynx contenant une grande quantity de sang liquide, sans aucune altera- tion de sa muqueuse ; la trach^e et les branches en renfermaient ^galement 70 line grandp quantite. La bronche gauche, a 1 renlinifelres au-dpssons de sa naissance, adherait forlement a une tumeur an(5vrismale, que nous d^crirons plus loin, sur Taorte desccndante. Deux orifices, I'un plus large, situ6 sur le c6t6 interne et droit de la bronche gauche, I'autre plus etroit, etablissaient une communication enire les voies a^riennes et I'aorte an(5vrismatlque. La premiere de ces ouvertures (itait assez large pour permettre I'introduction du petit doigt, a borJs franges, les anneaux cartilagineux faisant saillie dans la solution do continuite; I'autre orifice flstuleux aurait pu laisser passer un gros pois ; il etait bouchci par un caillot blanchatre de fibrine ; plus has plu- sieurs points souleves de la muqueusc simulaient de petits polypes de la mu- queuse des bronches; mais, en les examinant plus attentivement, on trouvait que ces petites eminences 6taient constitutes par de petits soul^vements de la muqueuse, les tuniques sous-jacentes et meme le? anneaux cartilagineux ayant ete detruits dans cet endroit. On ne rencontrait, du reste, aucune in- jection de la membraue muqueuse des bronches, qui etait ramollie. Pas d'epanchement dans la plevre droitc. Le poumon droit est volumineux, emphys^mateux; ses vesicules pulmonaires dilatees, marquees par des sail- lies blanchatres entrecoupees de taches rouges ecchymotlques. En coupant ce poumon, on trouve que toutes les bronches, depuis les gros troncs jus- qu'aux ])etits rameaux, sont pleincs de sang noir nouvellement coagul^. Au- cune trace d'apoplexiepulmonaire par infiltration, excepts pres de la surface du poumon ou un peu de sang s'est extravas^ dans le parenchyme pulmo- naire par petits amas du volume d'une tete d'epingle. Epanchement dans la plevre gauche d'un litre environ de s<5rosite l^g^rement trouble. Le poumon gauche, danstoute sa hauteur, est le siege d'une alteration cas^euse que nous ne pourrions mieux designer que sous le nom de cirrhose, quoique nous n'at- tachions pas comphitement a ce mot la signification qui lui avail 6\ii denude par Corrigan. Examin6 a I'exterieur, ce poumon ofi'rait une couleur verdalre lonce, mamelonne par petites saillies sessiles irr^guli^res ; il est dur, peu friable et se laisse facilement couper en tranches. A la coupe, on le trouve constitue par un grand nombre de petites masses lobulces, comme dans la pneumonic lobulaire, et laissant suinter a la coupe un liquide purulent m61e de sang. En poursnivant les bronches jusqu'a ces petites masses depnenmo- nie lobulaire chronique, on les trouve remplies d'un liquide purulent opais, avec un peu de sang liquide. Cette lesion s'f^'tend k tout I'organe, dont aucune partie n'est perms^able a Fair. L'insulllation n'a cependant pas m tentf^e. Les branches de Tarttre pulmonaire, dans le poumon gauche comme dans le droit, ne presentaient rien d'auormal. Les ganglions lymphatiques situ6s au hile du poumon gauche 6taient volu- mineux, d'un blanc grisatre, fermes, ne contenant aucun liquide dans leur interieur. Aucune trace de tubercules. 71 Aiicun c'pancheraciit dans Ic poricarde; son feuillet visceral presciitalt pres de la poliite une petite plaque pseudomembrancuse avec trace d'anciens liens celluleux vompus. Le caiiir etait un pen plus volumincux que dans I'etat normal ; la pointe un peu obtuse et form6e prcsque exclusivement par le ventricule gauche. Le yentricule et roreillettc droits etaient sains ; aucunc lesion des valvules de cc cotu. Le tronc de I'avt^re pulmonaire, ainsi que sa brancho gauche qui passait en avant de la tumeur anevrismale, ne presentait aucune alteration. La valvule milrale etait saine et laissait passer deux doigts ; les valvules aortiques suffisantcs n'offraient aucun depot aih(5roina- teux ou calcaire. L'endocarde du ventricule gauche etait un peu blanchatre, cpaissi ; la caviie ventriculaire gaudie etait un peu dilatce et les parois leg6- rement hypertrophiees. L'aorte ascendantc n'etait pas dilattie, ses parois compl6tement normaies. Au niveau de lacrosse, on Irouvail lelronc bracliio- cephalique un peu plus large que dans I'etat normal ; il en etait de memo dc I'artere carotide gauche ; I'artere sous-claviere gauche ^tait surtout dilatec et avait a peu pres le volume du tronc brachiocephalique arl(5riel. Aucune allc- ration des tuniques. Le retrecissement de I'aorlc avait lieu immediatement au-dessous do la naissance de I'artere sous-claviere gauche; le retrecissement etait infundi- buliforme, et tel qu'un stylet de trousse ordinaire pouvait seul passer et qu'on ne pouvait y iutroduire une sonde de femme de volume ordinaire. On ne sentait dans la parol aortique, au niveau du retrecissement, aucune indu- ration ni plaque calcaire ; les parois et surtout les tuuiques moyenne ci ex- terna etaient considerablement hypertrophiees. Au-dessous du retrecissement, l'aorte presentait une large excavation ane- vrismatique qui occupait toute la circonference du vaisseau et dans laquelle on ne retrouvait aucun point des parois normaies dc l'aorte; en avant el en communication avec la bronche gauche existait un an6vrisme sacciformo qui etait place dans I'ecartement des deux bronches et un peu en arriere et au-dessus dc I'artere pulmonaire. Cette poche, a parois un pen irregulieres, incrustees de sels calcaires, etait perloree en deux points; la communication la plus large encore libre etait celle par laquelle s'etait operee I'hemorrhagie mortelle; I'autre, beaucoup moins large, etait bouchee paruncaillotiibrineux applique centre la parol. En arriere, plusieurs poches moins profondes com- muniquaient avec la grande cavite anevrismatique qui n'etait pas pourvue de collet, mais qui etait seulement une grande dilatation sacciforme late- rale. L'aorte descendante se continuait immediatement en has avec I'anevrisme decrit plus haul ; elle n'etait pas dilatee et etait saine, ainsi que les ilia- ques. Les artferes mammaires etaient dilatees et s'anastomosaient avec les bran- ches des artSres epigastriques ^galcment dilatees; en arriere du tronc, les 72 arteres lombaiies avaienl plus du double de leur calibre normal ; il en ^tait de meme des arteres scapulaires post^rleures. Pas d'dpanchement daus Tabdomen. Le foie est assez volumineux, sain , la bile claire est peu filante. La rate assez volumineuse, un peu ramollie. Aucuno alteration de I'oRsophage, de I'estomac ou de I'lntestin. Uterus libre d'adhercnces, legerement granule a son col. Les ovaires sent sains. Cette observation, avons-nous dil, prfeento qiielques points remar- quables; le debut, comme dans la plupart des cas de ce genre, n'est s-ignale que par des troubles geni^raux du c6le de la circulation, ana- logues a ceux que Ton constate dans les maladies organiques du coeur, de r^toulTement et de roedeme. A ces accidents iniliaux succede une periode latente, puis on voil se manifesler des douleurs localisees sous le sternum et une dyspn^e de plus en plus grande, un amaigrisse- ment graduellement croissant, le developpement d'une circulation arterielle colat^rale a la partie anterieure et surtout posterieure du trouc. La vie se termine par une hemorrhagie par les voies a^riennes. Ces sympt6mes different un peu de ceux qui ont ete notes dans la plu- part des cas deretrecisseraent de I'aorte, et celte ditference tiont prin- cipalementala coexistence de deux lesions: un r^trecissement au ni- veau du canal art^riel et un an6vrisme place plus has au commence- ment de I'aorte desceadante et ouvert dans la bronche gauche. L'anevrisrae, par son action sur le canal (lui porle I'air au poumon gauche, avail ete la cause d'une modification pathologique dans la structure du poumon etpar suite dans ses fonctions. Nous avons de- crit longuement plus haul cette induration du parenchyme pulmo- naire avec inflammation chronique des bronches, sans dilatation de leur calibre. Cette lesion, a laquelle ctaitvenu s'ajouter, probablement dans les derniers de la vie seulement, un epanchement leger dans la plevre gauche, rend compte de la dyspnte et de I'amaigrissement du sujet. Cependant un anevrisme aortique au niveau de sa crosse ne pouvait seul produire un arret de la circulation dans legros vaisseau ; cette gene etait surtout indiquee par la dilatation des branches art6- rielles sous-cutanees dans le dosct a la partie anterieure du tronc. Si I'an^vrisme existait seul, nous devious done avoir un de ces cas dans lesquels les caillots anevrismatiques, I'aisant saillic dans la lumi^re meme du vaisseau, gencnt le cuurs du sang dans son interieur en re- tr^cissanl son calibre. Tels etaient les signes pathologiques qui avaient fix6 Dotre attention. Ce fail nous paraissait d'autanl plus difficile a i6 expliquer que la coincidence d'un r6tr6cisseraent aorlique au niveau du canal art^riel avec un an^vrisme situ6 au-dessous est, sinon abso- lument exceptionnelle, au moins tres-rare. Gelte compression devait exisler au-dessous du canal arl^riel, puisque la bronche gauche etait seuie retrecie et que les organes situes en avant de la crosse n'eprou- vaient aucune gene dans leurs fonctions. Au point de vue du diagnos- tic, ce cas presentait done une difficulte reelle, et dans unelecon cli- nique nous avions formule la presomption d'un retrecissement arte- riel ou d'un anevrisme aortique, ou del'une on I'autre de ces lesions. Le mode de terminaison de la maladie n'offre rien de tres-exception- nel ; car il est assez frequent de voir des an6vrismes de Taorte s'ou- vrir dans la bronche gauche, et nous avons observe plusieurs cas de ce genre. Chez notre malade, les parties de I'appareil de la circulation situ6es au-dessous du retrecissement n'offraient que peu de lesions; ainsi le coeur (itait a peine uu peu plus volumineux que dans I'citat normal ; la dilatation et I'hypertrophie des parois portant principalement sur les cavites gauches dont les valvules etaient dans un 6tat absolument normal. L'aorte elle-meme n'etait pas dilatee. Le retrecissement avail lieu a pres de 3 millimetres au-dessous de la sous-claviere gauche ; il etait circulaire et avait a peine un dia- metre capable de laisser passer un stylet de trousse; ilconstituaitle commencement de Tanevrisme volumineux situe au-dessous. Telles sont les particularit^s sur lesquelles nous avons cru devoir insister. Ce fait derive done son principal interet de la coexistence du retrecissement avec un anevrisme situe au-dessous de lui, tandis que le plus souvent cette dilatation partielle ou g6n6rale, avec ou sans rup- ture de ses parois, exisle sur l'aorte avant le retrecissement. L'^tude de la lesion anatomique est dans une maladie de ce genre la partie principale ; car elle rend compte de symplomes morbides qui eux-memes doivent servir ulterieurement de signes et d' elements du diagnostic. Le retrecissement au niveau du canal arteriel est indique, tant6t correspondant exactement a la terminaison aortique du canal arteriel, tantot un peu plus bas, par consequent immediatement au niveau de la naissance de I'artere sous-claviere gauche ou bien a quelques milli- metres plus bas. Le fait que nous avons rapporte appartient i cetle derniere cat6gorie. Comme dit M. Leberl. dont ju description est tres- 74 exacte, lo diametre de rorifice varie beaucoup : lanlOt le r6lr6cisse- mcnt permet encore le passage de I'indicateur, d'autres fois, au con- traire, il n'a qu'une demi-ligne ou 1 a 2 lignes; enfin dans quelques cas, I'obliteration est dite complete. Le retrecissement chez notre malade (5tait constitu6 par un fipais- sisseraent destuniques arterielles limite a cet cndroit, et qui n'existait pas sur I'aorte ascendante. Dans un cas fort curieux, cit6 par M. Boch- dalek et observe chez un enfant de 22 jours, mort de pneuraonie, le retrecissement n'avait qu'un diametre de pres de 4 lignes. Le canal arteriel, dontles parois etaient ridees au niveau de sa terminaison aor- tique, eiait rempli plus loin par de la lymphe plastique. Dans d'autres cas, celui de M. Hammernjk, par exemple, le point retreci est fort etroit et ressemble a une cloison plan tee de champ dans la lumiere dii vaisseau. Dans I'observationde M. Barth, le retrecissement ressemblait a une simple arete. Ce n'est qu'exceptionnellement que les tuniques arterielles presentent dans leur epaisseur un depot atheromateux ou calcaire ; apres I'analyse des observations, nous partageons a cet ^gard I'opinion de M. Lebert. Le retrecissement de I'aorte est en general unique ; cependant il n'en est pas toujours ainsi : dans un fait de M. Maigne (Bul. de la See. ANAT., 1837, p. 219), il existait deux retrecissements, Tun au-dessus, I'autre au-dessous de la naissance de I'artere sous-claviere gauche; sur cette piece, la diminution de calibre du vaisseau etait due a la pre- sence, dans ce point, de plaques calcaires nombreuses. On pourrait se demauder si le fait de M. Maigne rentre bien dans la categorie de ceux que nous avons cites plus haul. Nousaurons a nous en occuper plus loin, a propos des theories qui out servi a expliquer ces fails curieux. Norman Chevers a donne dans son travail une description tres-exacle des caracteres du retrecissement et a surtout attire I'attenfion sur retat du canal arteriel. L"ariere aorte pent etre, dit-il, retrecie ou lout a fait obliteree a quelque distance au-dessus ou imraediatement au-dessous du canal arteriel. Dans ces cas, ou bien I'artere est fortement contractee dans une petite etendue, ou bien un prolon- gement falciforme se projette dans sou iuterieur, ou bien encore elle est brusquement retrecie, comme si elle etait etrangiee par une corde. Relativement a I'etat du canal arteriel, voici ce que nous trouvons /n dans son menioire : « Ce rtHrecissement se pi-esentp sous deux formes » principales : I) 1° Avec permeability du canal artSriel ; » 2° Avec occlusion de ce canal. » De considerations que nous ne transcrivons pas ici, Nerman Chevers conclutque le r^trecissement, qui a son si^ge au-dessus du canal art6- riel, ne s'accompagne pas necessairement de la perm^abilite de ce ca- nal, que roblit^ralion ou le r^tr^cissement considerable del'aorte au- dessous du point d'insertion de ce canal ne coincide pas constamment avec la non-obliteration de ce canal. Parmi les observations ou le canal art^riel etait encore permeable, nous citerons des observations de MM. Gintrac, Nixon, Graham, Roki- tansky ; ce dernier cite un fait dans lequel le canal art^riel etait per- meable dans la moitie de la longueur qui tenait a I'aorte, le retrecis- sement siegeant a un millimetre au-dessous du canal arteriel. Comme consequence immediate du retrecissement de I'aorte au niveau du canal arteriel, nous devons citer des alterations qui se pro- duisent sur I'aorte, en avant de la coarctation ; telle est la dilatation plusou moins marquee de I'aorte ascendante, dont les paroissont quelquefois atheromateuses. La dilatation ne se borne pas toujours a I'aorte: temoin le fait de Wise, dans lequel un anevrisme vrai existait a Tangle forme par les carotides interne et externe gauches. A cote de ces dilatations, nous devons noter des fails de rupture de I'aorte ascen- dante (Otto, Wise, Oppolzer), dont nous nous occuperons plus loin en parlant des terminaisons de la maladie, Le coeur lui-meme est sou- vent bypertrophie et ses valvules plus ou moins alterees; dans le fait que nous avons rapporte, I'etat du coeur etait presque physiologique, circonstance qui venait, bien entendu, faciliter le diagnostic. Enfin le cceur iui-meme peut se rompre. (Winstone, Alex. Meckel.) L'aorte, au-dessous du retrecissement, presente en general une di- minution de son calibre; cependant il n'en est pas toujours ainsi • M. Lebert {toe. d<.,p. 355) dit que parmi lesfaits qu'il a analyses, trois montraient une dilatation des vaisseaux au-dessous du point retreci; mais dans tous ces cas la dilatation etait simple, I'anevrisme vrai, tan- dis que dans I'observation que nous avons recueillie I'anevrisme etait faux, volumineux, comprimait la bronche gauche, et finit par s'ou- vrir dans son interieur. Gomme toutes les lesions a developpement lent genant le cours du 76 sang dans les vaisseaux, le r6tr6cissement de I'aorte au niveau du canal arteriel trouve dans une circulation collat6rale une voie suppl6- mentaire destinee a contre-balancer les effets funesles qu'il pourrait exercer sur rorganisme. Depuis les travaux dc MM. Barlh et Ham- raernjk, les auteurs n'onlrien ajoule a I'etude de la circulation coUa- terale supplenientaire dans ces cas, et nous n'avons egalement rien de neuf a signaler. L'artere sous-claviere gauche, la premiere intercoslale, par les branches qu'elles fournissent en avant el en arriere du thorax, s'anastomosent largement avec les ramifications terrainales des arteres lombaires et epigastriques, et torment des troncs volumineux soule- ves par des battements arteriels. Ces deux conditions : le retrecissement frequent des arteres branches de I'aorte abdominale, des femorales, etc., et le developpement d'une circulation collaterale, sont les signes qui out permis a plusieurs pra- ticiens d'6tablir un diagnostic ; nous renvoyons pour ces details a ce qu'ont ecril MM. Piorry, Oppolzer, etc.; enfin chez notremalade nous avions ele egalement conduit par ces circonstances areconnaitre d'une maniere presque certaine la nature de I'affection. Nous ajouterons a ces lesions un resume analylique des alterations qui causerent la mort des malades. Ce tableau est emprunt6 au tra- vail de M. Rolvitansky (/oc. cii., p. 36). Nous avons seulement ajout6 les cas qui sont venus depuis a notre connaissance. Mort par rupture du ventricuie droit (Winstone), 1 cas. — par rupture de I'Dreillette droite (Alex. Meckel), 1 cas. — par rupture de Taorte au-dessus des valvules (Otto, Wise, Oppolzer) , 1 cas. — par rupture d'ua anevrisme dissequantde longue date (Jordan), l cas. — par rupture d'un anevrisme de I'aorte descendante dans la bronche gauche (Leudel), 1 cas. — par apoplexie pulmonaire avec ajdeme du larynx (Barlh), 1 cas. — par pneumonie (Mercier, Maigae, Lebert, Hammernjk, JS'orman Chevers, Bochdalek), 6 cas. — par epanchement pleuretique (Rokitansky), 1 cas. — par bronchite (Craigie), 1 cas. — par oed^me pulmonaire (Rokitansky), 1 cas. — par phthisic aigue (Bochdalek), 1 cas. — par hydropisie (Legrand, Kixon, Dlauhy, Rokitansky), 4 cas. — par senilite (Reynaud), 1 cas. — de diabele aver tubercules (Oppolzer), 1 cas. 77 Mort subite, (Roemer, van Leuven), 2 cas. Genre de mort non indiqu6, 3 cas. Les symptomes du retrdcissement de I'aorte au niveau du canal ar- t6riel sont assez variables, circonstance qui rend le diagnostic quel- quefois tres-difficile; aussi I'absence presque complete d'accidents pen- dant la vie a-t-elle, dans un certain nombre de ces fails, completement fait meconnaitre la lesion, et ce n'est qu'a Tautopsie qu'elle a ete re- velee, sans qu'elle eut ete raeme soupconnee pendant la vie : ce fut le cas des observations de MM. Lebert et Barth, et probablement, comme le dit le premier de ces auteurs, du plus grand nombre des cas qui se sont pr^sentes. Les accidents initiaux furent, cheznotre malade, de la dyspn^e, de la douleur h la partie superieure du sternum et d'une maniere passa- gere de I'apbonie et de la dysphagie, symptomes qui pouvaient plut6t ^tre attribuds a I'andvrisme de I'aorte qu'au r^trecissement du vais- seau. Voici un apercu des accidents eprouves dans un certain nombre de ces cas. Le premier malade de Rokitansky [toe. cit., p. 57) souCfrait depuis un an, surtout a la suite des travaux p6nibles, de battements de cceur avec dyspnee et expectoration d'un mucus clair; deux mois avant son entree k I'hopital, il s'apercut d'un peu d'oedeme au niveau des malleoles. Le deuxieme malade cit6 dans le travail du meme au- teur, et dont I'histoire a ete publiee par M. Loebl, etait entre plusieurs fois dans le service de M. Skoda. La premiere fois il prfeentait les signes d'une insuffisance des valvules aortiques; pendant un autre sejour du malade a I'hopital, on diagnostiqua une hypertrophie du coeur avec dilatation de I'aorte. La faiblesse des pulsations arterielles aux membres inferieurs contrastait avec la force des battements des arteres thoraciques. Le malade mourut de cyanose avec cedeme pul- monaire. Le troisieme malade fut recu a I'hopital pour un epanche- ment pleur^tique, et Ton ne reconnut pas la maladie de I'appareil dela circulation. Le malade de M. Barth presenta surtout des accidents g6- neraux habituels aux maladies organiques du coeur. Le sujet, homme de 38 ans, observe par M. Mercier, faisait remonter le debut de ses accidents a six mois, et aurait eprouv6 a cetle epoque un affaiblis- sement du bras droit qui I'aurait empeche de travailler et se serait dissipe spontanement. Un mois avant son admission a I'hOpital, 11 avail ete atteiat d'h^raoptysies. Nousne passerons pas en revue les accidents gencraux eprouves par les malades; ladifficulte que Ton eprouve a 78 les classer depend surLout desalteratious variables coucumilaales, que Ton rencontre dans beaucoup de visceres. Les sifxnes locaux que Ton doit citer en premiere ligne sont I'eta- blissement d'une circulation collateralc en avant et en arriere du tronc, et, dans plusieurs cas, un bruit de soufflet plus ou mo ns fort, plus ou moins rude, ayant quelquefois son maximum au niveau de la crosse de I'aorte, bruit de soufflet, unique se propageant quelquefois dans les vaisseauxducol. Cessymptomes etaient quelquefois masques par des bruits morbides se produisaut a la region du C(jeur. Ce bruit vasculaire etait percu quelquefois dans le dos, et a 6te note egalement dans quelques cas dans les arteres sous-cutanees, dorsales, dilat^es. In autre signe qui presente, quand il existe a cote du precedent, une valour diagnostique considerable, c'est ralfaiblissement des batle- ments du pouls dans les arteres des membres inf^rieurs. L'appareil respiratoire presente souvenl dans ses fonctions des trou- bles notables : le tableau oii nous avons presente plus liaut les causes de mort, montre que la pneimionie, I'empbyseme, I'ocdeme du poumon, I'apoplexie pulmonaire, la pleuresie, se rencontrent assez friiquemment. Dans le cas que nous avons observe, la lesion du poumon etait occa- sionnee par la compression exerciie sur la bronciie gauche par I'aue- vrisme do I'aorte. M. Lebert signale I'hydropisie dans la moitie des cas observes. Nous avons pen de chose a ajouter sur le diagnostic. L' etude que nous avons faite des symptomes, et surtout des cas dans lesquels le diagnostic aet^ etabli, montre que les signes caracteristiques sont le developpement de la circulation collat(5rale en avant et en arriere du tronc, uu bruit dc soufilesystolique ayant son siege ou son maximum au niveau de la crosse de I'aorte, et se propageant dans le dos, enfin rafl'aiblissement des battements du pouls dans les arteres des membres iuferieurs pendant que les battemenls out augmente de force dans les arteres des membres superieurs. Le diagnostic sera surtout possible, nous le croyons, dans les cas oil les lesions concomitantes ne vien- nent pas, par les accidents qu'elles occasionnent, di^tourner ratleutioo du mMecin. Le pronostic est difQcile a etablir, puisque les cas publies sont tous mortels; nous pouvons seulement etablir que les accidents sont sou- vent talents ; la mort subite est la terminaison frequcnte de la ma- ladic. 79 Lu ixHrecissemenl de I'aorte a ele surtoul obricrve cliez ties lioiumeri ; iiotrc observation rentre done dans I'exception. La maladie a ete observee a pen pres a tons les ages M. Lebcrl donne [loc. cit., p. 369) le tableau suivant : De 5 a 10 ans 1 cas. De 40 a 50 ans 3 cas. Dc to a 20 ans 2 cas. De 50 a 60 ans 1 cas. De 20 a 30 ans 4 cas. De 60 a 70 ans 1 cas. De 30 a 40 ans 4 cas. De 70 a 92 ans I cas. La therapeutique du r^trecissemeut de I'aorte n'existe pour ainsi dire pas; on se borne, en general, aux sedatifs de la circulation, prcsque exclusivement aux preparations de digitate. SUR L'ICTERE GRAVE, k PROPOS D'UN NOUVEAU CAS RECUEILLl DAIS'S LE SERVICE DE M. RAYER , pvesentees i la Societe de Biologie, le 5 octobve 18S7, MM. LES DocTEUKS HIFFELSHEIM et Ch. ROBIN. La tendance la plus naturelle est de rechercber dans les causes pro- chaines d'une maladie les conditions d^terminantes de son degre de gravite(l). Lamalignite ou la benignity d'une affection ne constituent qu'un rfeultat juge le plus souvent par la terminaison ; mais ces denominations ne donnent aucune id^e de la filiation des divers phenomenes raojbides, et voila pourquoi ces mots ne sont scienti- fiquement d'aucune signification, et pratiquement d'aucune utility reelle; ils sout, de plus, un lit de Procuste pour les observateurs peu progressistes. Le genie raalin qui dirige cette mortelle affection a eu le privilege d'atlirer I'attention depuis quelque temps. L'un de nous a publie un premier travail sur cette question. Le cas present a quelque chose de type, lanl pour sa marche que pour la 16sion organique constat^e sur le cadavre. Invariablement identique quant au fond, la lesion evidente et remar- quable dans I'ictere grave se trouve toujours dans le foie. Ceci prouve (1) La coustitutlou iuclividuellc et I'iniluence gen^rale du milieu viennent d'ordinairc en secoiide liyiic. .Ml.M. (> 82 iiu moins que cetle maladic se rattache trcs-directtiinenl a unc per- version dans I'un des usages de ect organe. La formation de la bile est I'exemple de Tunc des secretions les plus compliquees de Torganisme. Le foie separe du sang des mate- riaux dont tous sent tres-(51oign6s de la composition de la bile, et ce travail est accompli, il y a tout lieu de le croire, par les cellules pro- pres des canalicules biliaircs. Quand ces cellules ont disparu, la secretion de la bile semble done impossible, et ses materiaux s'accu- mulent dans le sang. Est-ce la I'une des causes de cette 16thalite ine- vitable ? Plus d'une hypothese pourrait provisoirement satisfaire le physio- logistc pour expliquer la uouvelle relation morbide entre I'humeur et le tissu qui comproniet ainsi I'existence. La liliation est susceptible de diverses permutations theoriques. I'eu importe. Nous pensons toutelbis que c'est sur ce terrain-la que Ton doit ])lacer et essayer de resoudre positivement la question etiologique. L'humeur est tres-profondement atteinte. Qui en douterait? La bile (de la matiere colorante au moins) a pass^ dans le sang ; I'ictere est au dedans et au dehors, dans les s6cr6tions et les tissus, partout. Le malade devient d'un jaunc fonce, tombe dans le coma, se refroidit et s'6tcint, comme dans des cas de cholera foudroyant. MM. Leblanc ont tres-frequemment observe cette maladie chez le cbien. Elle y prend la meme allure, la meme terminaison foudroyante, et olfre le meme cou- trasle avec I'ictere ordinaire si frequent chez le chien. Ce qui donne, en eifet, un int6ret particulier a cette maladie, c'est que sa physionomie au debut el dans les premiers moments se cunibnd avec une maladie insignitiante et journaliere, et que le symplome le plus remarquable peut rester insignifiaut dans I'uu des cas et avoir une si grande portee dans I'aulre. Nous voulons parler du ralentisse- meut du pouls et des battemenls du coeur qui tombenl tres-frequem- ment il 50 et 45 par minute. Signe en general de quelque grave in- toxication, nous voyons la plupart des malades n'en pas souU'ri el rester simplement indisposes. Serail-ce la difference de quantite, serait-ce la qualite modiliee, serait-ce I'accuraulation subite d'une forte proportion de bile dans le sang qui changerait alors soudain ratlectioh inoffensive en un morlel empoisonnemeut? D'est un excmplc unique dans la pai,lhoj;enesio (luc celte inloxicaliou .s:3 Ijiliuiru oL SOQ iiiUuuuce pi'oloude sav la ciicululioii riuiis lioubic iiu- lable dans la vie. L'un de nous (Hiffelsheiin) a deja observe, dans uuc experience personnelle d'empoisonnement par la belladone, que Ton pouvait arriver a effacer presque les mouvements du cosur et les ralentir a un haut degre, tout en conservant I'inlelligence au moins tres-intacte •, mais alors la nutrition languit, ainsi que I'atteste un grand refroidissement. Dans le cholera, il en a ete de memo souvent; raais dans I'ictere ordinaire nul trouble inquietant. La presence des poisons dans le sang en modiiic les proprietes he- matosiques (cette influence au moins est demontrec) ; cela a lieu pour le Sucre en exces egalement, ainsi que M. Bernard I'a montre. Gala a lieu pour I'alcool (1). Ne serait-ce pasle cas de la bile en exces? Et qui nepense, a cesmots, k Faccumulation de I'ur^e dans le sang, qui est certainement mortelle d'apres les dernicres experiences que M. Rayer lit realiser a M Gallois. Une Men autre analogic, c'est que I'^liniinatiou de I'uree diuiinue en meme temps que les epitheliums du rein passent dans les urines sous forme de gaines tubuleuses, et si la formation de I'uree n'a pas le pareuchyme renal pour si,ege, du moins c'est le rein qui la soustrait et la separe dusang, comme le foie siipare les materiaux de la bile. (Juand, par exemple, dans les premieres periodes de la nephrite al- bumineuse, I'urte semble inoflensive aussi, il est a remarquer qu'elle doit passer lentement, petit k petit dans la circulation, ou certcs elle u'est pas formee ; mais elle est eliminte aussi a mesure qu'elle passe dans le sang par des voies nouvelles et accessoires. Lorsque le rein est tellement altere qu'il est tout granuleux, et que lo malade succombe avec des accidents cerebraux, serait-ce aussi une accumulation subite de I'uree qui est la cause determinante de la mort? En loucbant a toutes ces questions sans les resoudrc, nous avons voulufaire ressortir le lien etroit qui unit les notions acquises sur les solides a celles qui sent a acquerir sur les humeurs, et par la aussi nous avons cberche a prouver que I'etude des humeurs nous semble pour le moins aussi importante que celle des tissus, puisque lesang est la chair coulanle. Mais revenons au sujet de notre observation. Obs. — Le II septembre 1857, entre onze lieures et uudjj uu auiena d la !l) iN'ous omelton^ a iloj^cju le |iii.s le lail, ric Si Charitc J. B. Beck, domestique, age de42 ans. M. Gaulhiez, interne de garde le recut sans remarquer d'autre particularity qu'un peu d'abattement et la jaunisse. Le raalade avail I'esprit net et lamemoire prt^sente, il repondit par- faitement a diverses questions. II etait a Paris depuis quelques jours, et de- puis iors il se sentait indispose. Vers le milieu de la soiree, on appela I'interne pour constater une forte aggravation dans I'^tat du malade an grand etonnement de tout le monde. Le maiade offrait une teinte jaune fonce ; il etait froid, stupide, dans un etat co- matenx ; pouls petit, trt;s-lent, tres-mou ; les battements du cueur a peine perceptibles; le corps fut vainement enveloppe d'alezes chaudes; a deu.\ heures du matin le malade expira. A I'autopsic, on I'ut frappe de I'odeur infecte qui s'exhala de I'abdomen ou- vert. La teinte jaune fonce du cadavre, legeremeut modiiiee depuis la mort, se retrouva tres-prononcec a la surface d'un grand nombre d'organes. Le cceur n'ofl'rait rien de particulier. Le foie avail la couleur franchemeut et uniformement ardoisee, sauf un petit ilol sur le lobe droit qui avail a peu pres la couleur uormale. La v6si- cule biliaire etait pleine d'une bile f^tide el sans calcul ou autre lesion appa- rente. Le tissu du foie oflfrail la meme consistance (la consistauce normale) dans ses deux parties dififeremment colorees. II n'y avail pas de difference a cet egard entre la portion malade el la partie saine oflranl la couleur ordinaire du foie, sauf une teinte jaune brun plus fonc6e. Quant a la partie que le mi- cioscope a montree lesee, elle ^tail remarquable par sa couleur d'un brun uoiratre ou verdatre fonc6 el loute particuliere. Elle a offer! ceci de remar- quable encore qu'apr^s vingt-quatre beures de contact avec la portion saine du foie, eUe a communique sa teinte speciale d'une maniere uniforme au pti- ritoine et a un tissu du foie sous-jacent dans une epaisseur d'un millimetre de diam^lre. Bien que non ramolli ni pulr^fie, Torgane bepalique malade repandait une odeur tres-fetide, offranl quelque chose de peni^lrant, preuaul a la gorge. Celte odeur exislait du resle dans tons les cas examin(5s jusqu'a present par I'unde nous (Robin), line autre particularity a signaler, c'esl qu'ayant em- ploye pour faire la preparation de I'eau qui contenail des infusoires du genre volvox, ceux-ci onl ete tu^s en moins d'une minute par les substances que I'eau avail empruntees au foie ; tandisque le foie d'un autre sujet pris sur un cadavre de I'Ecole pratique n'a pas produil eel effel sur lesmiimes infusoires, Du reste^ M. Robin a vu a diverses reprises des tumeurs arriv^es par putre- faction a une grande fdlidild tuer ces infusoires. Cepcndant ici les vibrious allonges qui s'etaient developp6s dans la substance du foie ou dans les con- duits biliaires continuaient a vivre et a se mouvoir dans les preparations dc tissu malade. On sait, e u effet, qu'il est a peu pr^s impospible di' trotivcv ,< une autopsie qiielooiiqiie, un foie on de la bile, dans laquelle ne se meurent d^ja des vibrions en plus ou moins grand nombre. Ces animaux se d^ve- loppent tr6s-rapidement dans le foie et bien plutOt que dans tout autre or- gane. La portion du foie qui conservait la couleur d'un brun jaunatre normal, dans cet organe chez un grand nombre de sujets, c^-tait formce par des cel- lules epitheliales bepatiques, semblables a celles du foie sain. EUes etaient toutefois un pen plus granuleuses que dans certains foies, mais ne renfer- maient pas de gouttes d'huile, telles qu'on on voit souvent dans ces cellules chez beaucoup de sujets. Les granulations qu'elles contenaient etaient fon- cees, jaunatres, larges de 1 a 5 milli^mes de millimetre. En meme temps, loute la masse des cellules etait teinte en jaune. Qa et la se voyaient des frag- ments ou concretions arrondis ou a contour sinueux formes de matiere co- lorante de la bile, concrete, d'un jaune verdatre fence. La portion du tissu qui ofTrait la teinte d'un brun fonce ardois^, prepa- ree de la meme maniere que I'aulre et portee sous le microscope, au lieu de presenter des cellules poly^driques reguliSres ou a angles peu wrrondis, n'a pr6sent6 sous le microscope qu'une trame ou gangue amorphe, finement granuleuse, transparente, demi-solide, assez facile a ecraser, parscmde d'une quantite considerable de granulations semblables a celles que contenaient les cellules de la portion saine du foie. Pas plus que cette dernii'Te, le tissu malade necontenait des gouttes d'huile. On y voyait cependant en certains points quelques rares cellules epitheliales h^patiques, mais difficiles a re- connaitre pour la plupart, parce qu'elles etaient devenues irreguli^res et tr^s-granuleuses. Les granulations qui les remplissaient ne depassaient pas 5 a 6 millifemes de millimetre, et bien que non arrondies et irregulieres elles- memes, elles refractaient fortement la lumifere a la manifere des corps gras. EUes ofTraient un centre brillant, d'un jaune fonco, et un contour noiralre. Par lenr accumulation, ellcs rcndaicnt les cellules foncces et peu transpa- rentes sous le microscope. Des granulations ou gouttes graisseuses, sem- blables a celles que je viens de decrire, se voyaient aussi eparses au milieu des autres granulations dans la trame ou gangue amorphe et depassaient en volume ces dernieres. Qa et la, mais dans des parties peu etendues de la trame, la matifere amor- phe qui la formait principnlement etait parcourue par de minces fibres du tissu cellulairo qui liii donnaient un aspect fibroide tr^s-elegant, bien que dif- ficile a distinguer en certains points. Ainsi, dans les portions du foie colorees en brun, il etait facile de constater la disparition complete par places, incomplete ailleurs, des cellules bepa- tiques. Cette disparition, comme dans les cas observes jusqu'a present, etait due a un passage de la substance des cellules a I'etat amorphe par une sorte de demi-liquefaction ou de dissociation de celles-la et de leurs noyaux. Cette triati^re amorphe liomogviie, llnfment granuleiise par ellpm^me. ronpti- tiialt la tramc ou ijangue slpnal^p ci-dessus, et se trouvall parsem^e des granulations jaunalresetgraisseuses qui preexistaient dansles cellules. Rien de plus frappant a cet egard que de comparer sous le microscope des frag- ments du tissu normalement color6avec les portions l(5s(5es du foie. Les pre- mieres monlraient leurs cellules polyc^driques rc^guli^rement juxtapos^es, ou en partie dissociees et enlassoes par suite de la dilaceration, mais nettement reconnaissables individuellement ; tandis que dans les fragments microsco- piques de la partie brune, prepares de la memo manitsre, on ne voyait plus que la tramc amorphe, finement granuleuse, transparente, demi-solide, se laissant facilement eci'aser, parsemee d'un plus ou moins grand nombre des granulations diV.rites pr^cedemmcnt. f' 1» COLLECTION BE CRANES HUMAINS APPARTENANT A l'academif. des sciences naturelles de philadelphie ; RAPPORT In i la Soriplo tie Binlngio, dans s,i seaiioe du 28 nnvPmbrp, Pati M. le DncTEUR E. LE BRET, Seirelaii-p do la Snoiele, file. C'est a Blumembach quapparlient la pensuc premiere d'une collection anlhropologique. Elonn(';, conime il le raanifeste aii de))ut de ses decades (Decad. cuan.), de cc que jusqua liii aiicun specimen de Thistoire naturelle de i'liomme ne flgurait sur les catalogues des plus riches musees assembles alors a grands frais, il r^solut de reparer une omission aussi incomprehen- sible, et qu'a I'exception de BufTon, les naturalistes les plus celebres des Slides precedents avaient egalement faite dans leurs oeuvres. Pendant le cours de trente-neuf ans, apartir de 1790, il donna successivement la relation et les dessins de cranes appartenant aux diverses varitHes de l'esp6ce hu- maine, et pour racquisilion descpiels son zele s'employait sans relache. Nous lui devons soixante-cinq representations de types dont la publication , en rendant son nom justement cel^bre, n'a pas peu contribu^ an progr^s des connaissances ethnologiques. 88 Get exemple n'a eu que peu d'imitateurs. Nous ne sachions pas qu'on puisse compter de collections analogues, sinon celle du professeur Retzius (de Sfockbolm), dent il nous sera permis de rendre compte plus tard, celle du docteur Leach au BniTiSH Mrs.Ei'M et qui est particulierement relative aux antiquites egyptiennes, celle form^e a Londres au Guy's Hospital par le doc- teur Hodgskin, et le musee celtique de Dublin, dii aux soins d'une Society d'arclieologie. Enfln, dans ces dernieres annees, grace a la savante impul- sion de M. le professeur Serres, les galeries d'anatomie comparee de notre museum se sont enricliies d'une s^rie dc pieces anatomiques de bustes mou- If^s sur nature, de reproductions photograpliiques ou autres formant I'en- semble le plus digne d'int^ret et promettant d'amples renseignements pour la caract^risation de la famille humaine (1). L'Academie des sciences naturelles de Philadelphie a le privilege de poss^- der le fruit des labeurs du docteur Morton, Tun des hommes qui, depuis Elumembach, ont le plus travaille a I'avancement de I'anthropologie. C'est du catalogue qu'elle a bien youIu adresser a la Soci^t^ de biologie que nous croyons devoir donner un apercu. Morton commenca I'efude de lethnologie en 1830, et par une singuli^re co'incidence, I'idc^e de composer une collection sur ce sujet lui vint, comme a Blumembach, de re qu'ayant a trailer des differentes formes du crane et de lenr signification dans I'^tude des races humaines, ii se trouva a court de materiaux. R raconte comment il en etait rc^duit, en cette circonstance. a quelques cranes caucasiques et n^gres, a deux ou trois tetes d'lndiens, sans possibilite de se procurer des exemples des races mongole et malaie. C'est alors qu'il se mit en quete de reunir une serie d'objets capables de faciliter les recherches qu'il entreprenait et qu'il a poursuivies avec distinction jus- qu'a la (in de sa carriere en IS.jo. De nouibreuses relations qu'il avail su se concilier dans tout le monde civilise concoururent a seconder ses efforts. Nous n'insistons sur ces details que parce qu'ils portent avec eux la prouve de ce que pent une volonte individuelle, ferme et pi^netri'e de son but, et qu'ils reinvent d'ailleurs des traits les plus remarquables de rinitiative pro- pre a I'esprit americain. Soil qu'on admette avec Morton et la plupart de cthnologues de son pays ladiversite originelle des races, soil que, comme lesecoles allemande et fran- caise le professent, on embrasse ces varietes sous la vue d'un regne hu- main et qu'on lui attribue un berceau unique, questions oil fourmillent les difficultes et les divergences d'appreciations, il est reconnu en general que la charpente osseuse, et plus particulierement le crane, dans son volume. ■ dans ses rapports avec le developpement du cerveau, fournissent les carac- (1) Voy. Ga2. Med., iSJo, n- 3U. I I S9 teres les plus essentiels, beaucoup moins sujets aux irr^gularites et aux cliangements anormaiix que certains plK'Uom^nes exterieurs, la structure de la peau, la coloratioa des cheveux, etc. Evidemment Prichard (1) a raison de mettre en garde contre la variabilite deces formes crigees en marques distinctives des especes et derecommander qu'elles ne soint admises comme base d'analyse que concurremment avec les autres particularites d'organisa- tion et avec les modifications imprimees par les iuQuences exterieures. M. le professeur Serres a ete plus loin : il interroge la structure intime des or- ganes, et a I'aide des lumiercs de I'organogenie et de Tembryog^nie, il se propose de mettre an jour les litres de consanguinite et de filiation qui ap- partiennentaux divers groupes de la famille humaine sur la surface du globe. Mais I'examen des configurations de la tete, renferme dans de sages limites, doit conduire sans aucun doute a dissiper les obscurites du probl6me, et c'est pourquoi il nous semble utile d'indiquer I'une des plus pr6cieuses sources oil Ton puisse recourir avec profit. Apr^s la mort du docteur Morton, sa magniQque collection de cranes hu- raains fiit acquise, an nioyen d'une souscription, pour I'Academie des sciences naturelles de Philadelphie, dont il etalt le prfeident, et depos6e avec lionneur dans le musee de cette compagnie. 1,035 tetes composent cette collection et sont groupces de la maniere la plus convenable et dans I'ordre de classification que Morton lui-meme avail adopte. Une premiere serie comprend les types europeens, et parmi ceux-ci les ra- meaux sueves, cimbres et scandinaves de la grande race teutonique sont re- presentes par 32 cranes et 3 nioulages. L'evaluation de la capacite interieure, prise suivant le procede du docteur Morton, donne en moyenne 94 pouces cubes environ (mesure anglaise). Dans les notes qu'il a laissees, Morton fait remarquer que la race anglo- saxonne se distingue de la race teutonique par une forme de la tete moins sphero'idale et plus particulierement ovale. Ge caractfere appartient aussi bien aux Anglo-Am^ricains qu'a la souclie premiere, et le melange cause par les nombreuses immigrations de population d'origine celtique que Flrlande de- verse sur le nouveau continent, esplique sufiisamment la deviation du type pur des Germains. La moyenne de capacite prise dans les exemplaires de la collection est d'environ 90 pouces cubes pour les Anglo-Saxons, et 85 a 87 au plus pour les Celtes. Les Slaves ne sont malheureusement pas representes a c6t6 de la famille germaine. Morton le regreltait d'autant plus vivement qu'il savait combien la race slave ofTre d'unite, etant de celles parmi les races indo-europeennes que les croisements out le moins alteree. (1) Prichard. Hist. nat. de i/homme. 1. T, p. I iJ, '.in Soup la ilonomination vasiue do pplasgiques sntit r(^nnis los fireris Pt Ipr do- mains, fit lours ddrivos dans Ics diverges parties do lEnrope. Morton a rans^o (!galement dans r-ette sorie des cnlncs dc Porsans, d'Armi'niens, do Circas- sicns, de Grorgiensctphisieiirs autrcs types apparcntcs, donl 11 fait imgroupe grec-cgyptien. La race S(5mitiquc comprcnd les Chaldecns, les Assyricns ct les Lydiens des temps antiques, de memo que les Aral^cs et les .luifs. La mensuration iutO- rieure de ces cranes anciens ou contemporains est indiquee avec soin. Des anciens (Jgyptiens de souche pure et des modernes Fellahs, Morton avait fait uno race qu'il nomme niloiique. Sur 88 cranes de cefte seric, il a rclovi' 55 roesures de capacite. 11 de ces tetes peuveut passer pour des exemples do types sans melanges et montrent une forme longue et ovale, avec un front 1(''- ggrement fuyant, le nez droit ou un pen aquilin, le mcuton quelque peu ro- tir(5. La consistance gcjneralc de la boite cranienne est minco, delicate, syme?- trique, et la tete se fait romarquer par son petit volume. La face est dtroite, se projetant plus en avant que cela n'a lieu chez TEuropeen, d'ou resulte une difference dc deux degr(5s dans Tangle facial de I'un et de lautre. Morton in- siste surce qu'il n'a reucontre sur aucun dc ses cranes egypticns les parlicu- larites signalees dans les Decades de Blumenbach, a propos de la situation du meat auditif externe chez ces peuples. La chevelure, autant qu'on peut en jii- ger paries quelques restes, est longue, friseeet fine an toucher. Mais nous oJjservons, surtout dans la notice qui sert d'introduction a I'es- pose de la collection, que vers les derniers temps de sa vie Morton avait mo- difie I'opinion exprimee par lui dans son grand ouvrage : Crania /egyptiaca, et I'egardant les Egyptiens comme une nation asiatiquc :« Septann^esdenou- » velles recherches, dit-il, poursuivies sur des materiaux considerablement " augmentes, m'ont convaincu que ces peuples n'ont ete ni Asiatiques ni Eu- i> ropecns, ipais aborigcnes et habitants de la vallee du Nil ou de quelque con- >' tree voisine, doues d'une physionomic particuliere, possedant des inslitu- " lions propres, et representant un des centres primitifs de la famille hu- ■> maino. » Cctte conclusion, d'alUeurs adopt(f'e a quolquos modifications prt^s par phisieurs savants qui out ctudic les monuments dc I'aucienne Egypte, est en opposition avec bcaucoup d'autres classifications. Les unes rapportent lo pouplc egyptien a la race blanche, et pensent qu'il a recu sa civilisation de THindoustau; d'autre les rattachent au rameau ethiopien, le representant le plus 61eve du type noir et le plus rapproch6 des traits caucasiques. Une pa- reillc dissidcnce aurait lieu de surprendre si Ton ne dcvait tenir compte de I'incertitude qui regne encore sur les textes historiques rclatifs a cette ques- tion, et qui ajoute au d(5faut de precision des caracteres naturels sur lesquels I'interpretation s'exerce. Toutefois, le docteur Morton avait pouss6 tr^s-loin cette recherche j il assurait meme, pieces en mains, que les Fellahs, ou Egyp- tiens-Arabcsmodornos, sont les descendants directs des premiers EgypticnS;, \)[ population as'i'icole, mclang^o plu? t;iril par la ixtnqn^te arahc. Lcs prfuvpf: qu'il donne a I'appui de son assertiou sont principalement tinges de la com- paraison osteologique entrc les cranes appartenant aux momies des tombeaux de Gizeb et ceux des individus de la population rurale d'aujourd'hui: elles m^rltent au moins d'etre prises en consideration et interessent un des pro- hlSmes les plus curieux de I'ethnologie. 35 cranes liindous completent cette division, et parmi eux, 8 seulement rappellent le beau type de cette tribu Aryas ou Ayras, issue vraisemblable- ment de la famille jap^tique, et qui s'est stabile sur les bords du Gange, aprf's en avoir repousse ou vaincu les populations indigenes; leur conformation tout europeenne les caract^rise nettement et contraste avec les traits des Bengalis, bommes de petite taille, de constitution faible et d'un naturel hum- ble, que tous les conquerants ont pu asservir. La collection possSde 26 cranes de ces derniers ; la moyenne de mensuration interieure ne depasse pas 78 ponces cubes. Le groupe mongol est rcpresente par 17 cranes et 4 moulages, savoir : 11 Chinois, 1 Japonais, 1 Mongol Bourete, 1 habitant du Kamstchatka, I Kalmouck, 5 Lapons et 6 Esquimaux. 26 cranes de Malais proprement dits et 12 Polyn(5siens forment le groupe malais, ou mieux malayo-polynesien. G'est de ce rameau etendu dcpuis Ma- dagascar jusqn'a VOceanie, qu'on a voulu faire une race brune, fandis que Topinion la plus vraisemblable porte a les regarder comme un melange de sang jaune et de sang noir aiistralien. Morton lui-meme considerait les Malais comme une race particuliere, eu egard a leur type constitue par un crane lourd et arrondi, dont le diametrc vertical est remarquablement prolong^, la face aplatie, les pommettes ecartees et saillantes, les os du nez allonges et plus ou moins ccrases, et toute la charpente maxillaire massive et saillante. Ce type, d'ailleurs, s'est tellement melauge avec celui des Hindous, que la (illation des peuples malais attend encore, comme beaucoup d'autres analo- gues, une determination exactc. On salt avec quelle perseverance Samuel-Georges Morton avail reuni les elements propres a eclairer les origines dc la race americaine. Son eminent ouvrage Crania Americana rcste comme nn monument de cette savante re- cherche, et le musec de I'Acaddmie des sciences uaturcUes a recueilli les 503 exemplaires de pres de 70 nations ou tribus differentes du sol am(5ricain, que Morton avail pu rcunir. 490 cranes et 13 moulages composent ce bel ensemble Sur CO nombrc , 250 teles appartiennent a la race foltecanienne et 247 aux peuplades sauvages dissemin^es dans les solitudes du continent. Par Tol- t^ques s'entendent, avec le savant ethnologue, les populations a demi clvi- lisees qui occupaient, avanl les derni^res conquetes, le Mexique, le Perou et la Nouvelle-Grenade. Conlrairement aux divisions admises par ses devanciers, .Morton soutint qu'il existe entreles differentes nations americaines des points 92 de rapprochement tr^s-saisissables et dont il est possible de composer la physionomie g^n^rale de la population du nouveau mondo, compar^e a celle de rancien, exception faite dcs tribus polaires. De cettc communaute de ca- ractSrcs, il crut devoir conclure, sans liesitcr, a I'existence d'une seule et meme race americaine, differant essentielJement de toutes les autres, en par- ticulier da type mongol on jaune asiatique, auqncl on avait essay^ de la re- lier, et se divisant en deux grandes families qui se ressemblent entre dies par les traits physiques, mais se distinguent sous le rapport intellectuel. C'esta la suite de ce travail capital, sur un sujct qui Tinteressait double- raent sous le rapport de la scieuc? et de la nationalitc, que Morton emit des dontes sur I'origine de I'espece liiuuaiue atlribuec a un seui couple. 11 dccla- rait qu'en ahordant la solution d'un aussi grand probl^me avec les donn(5es dc I'observation impartiale et rigoureuse, on ne pouvait se defendro d'(51oi- gnemcnt pour les doctrines qui ne voient dans les varietes humaines que des degenerescences d'un meme type primordial. A ses yeux, I'Europeen et le Mgre, I'homme blanc et le Malais a teinte jaune, I'lndien americain dn Nord et le Hottentot, ne sauraient venir de la merae souclie, divisee en un certain nombre de rameaux, soit par TelTet des migrations, soil en raison de croisements successifs. Encore moins acceptait-il Taction prolongee et per- sistanteduclimatet des agents exterieurs, des habitudes, des institutions, etc. II lui semblait, en un mot, plus rationnel d'admettre que chaque race a ete, des le debut, adapttje a la destination des milieux dans lesquels elle etait appelee a se developper. Chaque region terrestre aurait son espece propre d'homnies, commo elle possede sa flore et sa faunefondamcntales. Et il fautbien le dire, I'etude de I'Amerique, envisagee comme centre de formation et de rayonnement, en- courage singuli^rement cette conviction, la ou, depuis les Peaux- Rouges du Nord, aux traits accentues et energiques jusqu'aux miserables P6cherais de la Terre de feu, en passant par les Guaranis, les Botocoudes, les Aymaras, on voit le type d'autant moins parfait que les conditions du milieu sent moins favorables. Cos Toltf'ques, dont Morton rtudia les cranes ddcouverts dans les sepultures du I'eroii au Wisconsin, repiTsentent, memo de Taveu de ses con- tradicteurs, la civilisation que feconde un climat tempere. « C'est, en efTet, » dit M. Alf. Maury (I), au Mexique et au Perou, c'est-a-dire dans des contrees » plac^es, a raison de leur altitude, dans des conditions biologiques plus I'a- ■> vorables, que la civilisation indigene americaine avait atteint son plus haul » degre de developpement. » Morton avait etaye ces considerations, dont la valeur n'^chappera a per- .sonne, par des recherches interessantes sur I'hybridite et ses consequences. Nous avons ins^r^ <5galement dans les comptes rendus de cette Soci(^t6 >m L,\ TERRE KT l'hom.mk, ]M' A. Maury. 1857. 03 apeiru de ses etudes sur les modilicatious artiticielles de la tete cliez len peuples americains. La collection, rassemblde par ses soins, expose les preuves de I'ceuvre a laquelle il avail vou(5 une si remarquable aptitude d'in- vestigation et une grande loyaute de critique. 1 17 cranes et deux moulages de la race negre et diverses autres tetes de race m^tisse, d'alienes et d'idiots, terminent la s^rie de ces ^chantillons des races humaines, sur laquelle il otait opportun dappeler I'attention. A coup sur, corame I'exprime lui-meme I'auteur du catalogue, le docteur Aitken Meigs, bibliotliecaire de I'Academie des sciences naturelles de Phila- delphie, quelque etendue que soit cette collection, elle est encore trop res- treintc pour clore par quelque solution decisive rimmense debat que sou- levent les principales questions de I'ethnologie, etqui, en Amerique surtout, emprunte a certain ordre d'idees une vivacite sans egale.Mais ce n'en est pas moins, avcc toulcsces defectuosites, un noyau de grande valeur, du a des sa- crifices pecuniaires et au travail opiniatre de plusieurs annees, et que les collegues du docteur Morton, en honorant pieusement sa memoire, ont re- cueilli comme un heritage et un modele. 11 est a souhaiter quo de promptes et nombreuses additions en comblent les lacunes et contribuent d'autant plus aux progres de la science anthropologique, encore si peu developpee, peut- 6tre par I'unique motif qu'elle doit etre la resultante de toutes les autres sciences. SUR LA CATARACTE NOIRE, lue i la Sociili de biologie , dans sa sfonce du i2 septembrc , Par mm. les Docteurs SICHKL et Ch. ROBIN. 1. — ciiNiiuALiriis et etude CLiNiauE; par M. Sichel. Pliisieurs fois dejii j'ai eu I'occasion d'examiuer aualomiquemcnl, a la loupe ou au microscope, des cataractcs noires que j'ai oxtraites sur le vivaat ou trouvees sur Ic cadavrc. Je les ai fait soumeltre, en outre, a des recherches microscopiques et chimiques par des hommes com- petents, lels que MM. Mandl, Marcel, Boucliardat. Toujours le resullat de ces etudes a et6 conforme a celui que j'avais iudiqu6 a priori. Je pouvais done regarder mon opinion comnie juste et etablie avec cer- titude : un fait recent est venu lui donner une nouvelle et 6clataute conlirmation. M. Cli. Robin, a qui j'avais comrauniquti environ soixanle cataractes, de consistances diverses, extraites par moi (1), et qui en avait examine encore un certain nombre recueillies par d'autres chi- rurgiens, n'avait ccpendant pas eu I'occasion de se former par lui- meme une conviction bien arretee sur la cataracte noire. 11 n'en avait Yu qu'un seul cas, et son examen, me dit-il, avait ete insufllsant. Ayant pratique, tout derniereraent, I'extraclion d'une cataracte de cette es- pece, je la remis immediatement a M. Robin. L' examen microscopique complet et approfondi qu'il en lit coniirma de tous points 1' opinion exprimee dans ma lettre d'envoi : « Voici, lui disais-je, une cataracte noire, reconnue par moi comme telle et comme cxcessivement dure (1) Sichel, Ico.NOUK.vi'Hli; oi'iriHAL-MoLouiyLii, I). :j;i9. avaat I'operatiuu. Elle doil sa tcinte ioucec exclusivomeut a 8a duii- site. Vous n'y trouverez aucun 616ment pigmenteux de couleur brune ou noire. » G'est cetle cousecration nouvelle donniie par uae des autorites de la science a une opinion depuis longtemps profess^e et publi^e par moi. qui ni'a engage a prier mon savant confrere de lire a la Societe de bio- logie, juge si competent de pareilles questions, une note redigee ea commun, dans laquelle jai, pour ma part, cru devoir inserer un ex- trait concis de mes travaux anterieurs sur ce sujet (1). J'y joins I'oL- servation clinique inedite du cas soumis a I'examen de M. Robin. G'est le huitieme ou le neuvieme qui se soit presenie a moi de cataractes uoires completes ou presque completes. J'appelle complete celle oil lout le cristallin est dur et d'une teinte brune variable, et incomplete celle oil une portion seulement du cristallin, c'est-a-dire son noyau, plus ou moins volumineux et dur, a cette couleur. tandis que sa sur- face, c'est-a-dire la substance corlicale, plus ou moins moile, est blan- chatre ou grisatre. G'est a cette seconde espece qu'appartient notre dernier cas. Les auteurs ont ete tres-divises d'opinion sur la calaracte noire. Les uns, tels que Dupuytren par exemple, out ni6 cette affection parce qu'ils ne I'avaient jamais observee. Ce motif ne saurait etre ac- cepte comme valable; car de ce qu'un praticien fort occupe n'a pas rencontre certaine forme de maladie, certain sympt6me, il n'estpas en droit de conclure a leur non-existence : ce que le hasard lui a refuse, le hasard ou des circonstances particulieres peuvent I'avoir offert a I'un de ses confreres. D'autres I'ont confondue avec la cataracte pig- meuteuse, erreur due soit a un diagnostic defectueux, soit au manque de dissections. D'autres enfln, approchant davautage de laverite, ont classe la cataracte noire parmi les cataractes lenticulaires, mais sans en exposer les caracteres ditierentiels, la consistance, la nature verita- ble, et en attribuant la couleur noire a I'exislence, dans le cristallin, soit d'oxyde de manganese, soit de pigment choroidien, soit de ma- tiere melanotique. Des recherches cliniques et anatomiques m'ont font professor, long- temps avant que je I'aie publie en 1837, que le cristallin opaque prend fl) TrAITE de L'0PHTHAL.MIK, tic, 1831, p. oOi. — kO.NOGRAPlIIE OPHTHAL- MOLooiQLE. U -67 a '11. - Archives DopiiTHALMOLOtiit, t. Ill, p. 31 a i'). 97 line teinte d'autant plus foncec (iiie s^a consistance est plus grande ; que les cataractes les plus dures parmi celles qu'on observe fr^quem- ment sont verdatres, vertes et quelquefois d'un vert noiratre dans Toeil, jaunatres, jaunes et jaunes brunatres apres leur extraction; enfm, que la cataractelenticul aire operable la plus dure et laplusrarede tou- tes est la cataracte commun^ment appel^e noire qui, en r^alite, quoi- que d'une couleur noiratre dans I'ceil, offre hors de I'oeil une teinte brun d'acajou ou jaune succin fonce tirant sur le brun, quelquefois d'un jaune plus clair a la circonference. Cette cataracte esl d'une tres- grande durete, presque pierreuse, de sorte qu'elle fait rfeouner assez fortement un verre sur lequel on la laisse tomber. Elle est aussi extr6- mement aplatie d'avant en arriere, quand elle est compkHement dure et non, comme cela semble etre le cas le plus ordinaire, entour^e de substance corticale moins consistante. G'est uniqueraent le rapprochement des Elements cristalliniens opa- ques, la tres-grande consistance du cristallin et une teinte jaune ou jaune brunatre de ses fibres ou bandeleltes el^mentaires, surtoutdans le noyau, qui donnent a la cataracte noire sa teinte propre. Sa sub- stance ne contient pas d'oxyde de manganese, non plus que de pig- ment choroidien ou de matiere melanique, c'est-a-dire ni carbone a un etat particulier, ni fer, ni matiere colorante du sang, ni autre ma- tiere colorante quelconque, ainsi que I'a constate M.Bouchardat, pro- fesseur a la Faculte de raedecine de Paris, qui a bien voulu, ci ma de- mande, analyser une cataracte noire extraite par moi en 1847 sur un homme presque septuag^naire. Les caracteres anatomiques et physiologiques de la cataracte noire, outre sa couleur brunatre ou noiratre, sont ceux des cataractes tres- dures : opacite tres-visible dans la pupille, mais assez distante de riris; ombre portec large de ce diaphragme ; chambre posterieure spacieuse; chambre anterieure de capacite normale; iris plan, non bombe; mouvements de la pupille etendus, rapides; vision notable- ment meilleure au demi-jour etlateralement. II n'y a d' exception, pour les deux derniers de ces caracteres, dans la cataracte noire comme dans toute autre cataracte dure, que lors d'une complication d'amau- rose, d'amblyopie ou de mydriasis, et pour les autres caracteres, que lorsque la cataracte, au lieu d'etre dure, est demi-dure, c'est-a-dire que sa substance corticale, au lieu d'etre ferme, jaune fonce ou bru- natre, semontre moUasse, jaunatre, grisatreou blanchatre. particula- MKM. 7 98 rile qu'ua roiicuiiUu assez suuveul, el qui piouve que In calaraclo noire peut quelquelbis offrir una substance corticale tres-claire, meme blanche et dehiscente. Remarquons toutefois que, ineme daus les cata- ractes noires entierement dures, I'onibre portee de I'iris, bicn que large, est souvent difficile a dislinguer, puree que sacouleur foncee tranche moins sur la surface noiratre de I'opacite que sur la teiate grisatre ou verdatre des cataractes dures ordinaires. Voici maiateuant la nouvelle observation, prise, a deux epoques difKrentes, sur les deux yeux de la meme malade : Obs. I.— Mademoiselle B..., domestique, iigee do CI ans, a etc op(5r6e par mot, par extraction, le 31 aoiit 1857, a ma clinitpie, d'une cataracte de I'ajil droit, en presence du docteur Buttura (de Paris) et d'un grand nombre de m^decins etrangers, parmi lesquels je citerai le docteur de Kabatli, premier medecin oculiste de Tempereur de Russie. Cette cataracte, avant I'operation, ^tait d'une couleur vert fonce, noiratre, ou plut6t d'un noir tirant sur le vert, qui mo faisait predire que le cristallin, apves sa sortie, presenterait dans sa masse unc teinte brunatrc, tirant sur le jauue a sa circouf^rence, et cpie son noyau serait oscessivement dur ; mais plusieurs autres circonstances rae faisaient reconnaitre qu'U ne s'agissait pas d'une cataracte noire complete, c'est-a- dire brunatrc, excessivement dure dans toutes ses parties, et tres-aplatie d'avant en arrifire. An contraire, I'opacite cristallmienne avail ici les carac- tetes des cataractes demi-dures, c'est-a-dire des cataractes a noyau dur avec une substance corticale tnoins consistante. Elle (5tait volumineuse, assez convexe a sa face anterieure, trSs-rapprocb^e de I'iris, et, par consequent, n'^tait bordee a sa cipconference que d'une ombre portee pen large, rendue encore moins apparente par la teinte foncee du cristallin. En outre, a peu pres au milieu de la partie inf^rieure de la pupille, on voyait converger vers le centre deux larges stries triangulaires blanches de la substance corticale; ce qui mettait hors de doute la consistance plus ou moins molle de celle-ci. Extraite par une large section de la cornee, cette cataracte se montra, dans son centre, d'un brun d'acajou foncd noiratre, et a la circonference de son noyau d'un brun d'acajou plus clair, tirant, surtout vers les bords, sur le jaune succin foncu. Quant a la substance corticale, d'un jaune succin plus Clair, non-seulement elle ctait en avant beaucoup moins ferme, un peu gela- tineuse, et recouverte, au milieu de sa circonference inferieure, paries deux* stries triangulaires blanchatres reconnues avant reparation et compos6cs de substance tout a fait molle, mais encore elle revetait loute la face posterieure du cristallin d'une couche assez epaisse, molle, blanche, formant de nom- breuses stries ou bandelettes blanches, g(5neralcment en forme dc triangle etioil el allonge, convergeaut toutes vers le centre el s'y eulrc-croisaut rnemc en grande partie. Toutes ces stries de substance corticale moUe devaient etre excessivement faciles a detacher a I'aide dune curette ou dun autre in- strument mousse; car a la surface posterieure surtout elles etaient tres-ele- vees et avaient 6te deja un peu detachees pendant leur passage par la pupille, de maniere a oflrir un relief considerable; mais je ne permis meme pas d'y toucher avec le doigt, voulant laisser I'ensemble de cette cataracte dans toute son int6grit6 , afin d'en menager I'examen anatomique et micrographique complet a M. CU. Robin. Avant de laisser la parole a raon honore coUabora- teur, je rappellerai qu'en lui envoyant cette piece anatomique, je lavertis qu'il n'y trouverait pas de pigment ni d'autre mati^re colorante, mais seule- ment une plus grande densite, due au rapprochement des fibres ou bande- lettes cristalliniennes. Je rappellerai en outre que ces fibres, dans les ca- taractes dites noires, offrent quelquefois eiles-memes, surtout vers le centre du noyau, une teinte brunatre et brune. Obs. II. — La meme malade, qui fait le sujet de I'observation 1, avail al'oeil gauche une cataracte lenticulaire tres-blanche, dehiscente, et en apparence enlieremeut molle, sans indice dun noyau plus dur et d'une teinte plus fon- cee. Je lis, le 10 aoiit, une tentative d'extraction lineaire, c'est-a-dire par une ponclion verticale pratiquee sur le bord corneen exterue a I'aide du couteau lanceolaire, enpr6venant toutefois que, si un noyau plus dur existait, il ne pourrait sortir et s'adosserait a la pupille et a I'iris. C'est ce qui eut lieu, en elTet, apres la sortie de la substance corticale entierement molle et blan- chatre. Le noyau etait d'un vert fonce, noiratre. L'ophthalmie traumatique, bien qu'interessant un peu les membranes internes, fut peu intense, et c^da promptement a uu traitement antiphlogistique mod6r6. Au commencement d'octobre, la pupille ayant et6 dilatee par une solution d'atropine, le noyau crislallinien se montre tr6s-volumineux et, partant, ap- puy6 centre I'iris, exceple par son bord interne, qui proemine dans la chambre anterieure et laisse sur son cote interne une lacune noire lineaire permettant a la malade d'entrevoir ses doigts. Le 5 octobre, a ma clinique, je precede, en presence des docteurs Buttura et Lustremann, professeur au Val-de-Grace, a I'abalssement de ce noyau par scleronyxis, en pr^venant que le cristalliu doit ndcessairement tomber dans la chambre anterieure. Son extraction aurait (ite trop dangereuse, parce qu'en des cas de cette nature, le corps vitr^ 6tant d'ordinaire d^chir^ et liqu^fle a la suite de la premiere operation, la moindre pression en fait sortir une quan- tite considerable, tandis que la cataracte sort sans pression lorsqu'elle se trouve deja dans la chambre anterieure. Comme je I'avais predit, le cristalliu, a peine louche avec I'aiguille, descendil dans la chambre anterieure, oil il prit im- iiicdiulemenl une teinte noiratre beaucoup plus foncee sans aucnn nulange 100 de vert. Des t'omeutatious d'eau iiuide sur les paupieres fermees t'ureat pr.i- tiquees. Je procedai a rextraction de ce noyau cristallinien par la keratotomie infe- rieure, le 1'^ octobre 1857. U 6tait d'une couleur noiratre fonc^e, plus claireala circonference, plus convexe a la surface posterleure, encore I'ecouvert au centre d'une mince couche de substance corticate molle tr^s-blanche. Les bords du noyau, lovs de I'incidence oblique des rayons de la lumlere, se mon- traient brunatres, et meme d'un jaune dore fonce a leur extreme circonfe- rence. Pour tout le reste, ce cristallin, tres-dur et rendant un leger son me- talliquc lorsqu'on le faisait tomber sur une soucoupe, ctait semblable a celui extrait de I'o'il droit. 11 a ^'te examine avec moi par MM. les docteurs Baizeau, Lustremann, professeur au Val-de-Grace, Matuschenkow, professeura I'Aca- demie de Saint-Petersbourg, et par les autres medecins qui avaient assiste a I'operation. Malheureusement M. Robin, absent de Paris a ce moment, ne put le soumettre au microscope que plusieurs jours pbis tard, apr^s qu'il avait d^ja (ite conserve dans de I'alcool atTaibli; le r^sultat de cet examen ad'ail- leurs ete le meme que celui de la cataracte extraite de I'autre oeil, tel qu'on va le lire. II.— ETUDE MicROScopiQUE ; par M. Ch. Robin. La couclif superlicielle, grisatre, demi-molle, epaisse dun tiers do millimetre, quientoure le noyau central dur d'un noir brun de come, un pen jaunatre a sa surface, offre la structure suivante : EUe ne presenle plus de cellules du cristallin {glohuli Icntis)^ mais a leur place une matiere demi-liquide, parsemee de granulations raole- culaires tres-nombreuses. Dans cette matiere flottent des goutles par- faiteraent spb^riques de matiere homogene, limpide, refractant faible- ment la lumiere. On y voit en meme temps des gouttes de matiere grasse, jaunatre, refractant fortement la lumiere et oU'rant pour la plupart dans leur masse les lignes ou stries concentriques. Dans cette couche molle se trouvent aussi des faisceaux de ia couche des tubes a noyau du cristallin; ils sont encore reconnaissables, mais ont perdu leurs noyaux. Us sont aplatis, devenus irregulierement granuleux el moins transparents qu'a Tetat normal. Entre ces tubes r^duits a I'^tat de bandelettes granuleuses se voient des granulations moleculaires li- bres, de petites gouttes limpides et des gouttes graisseuses. On trouvc aussi ca et la, dans la partie de cette couche grisatre molle la plu.- voisine du noyau dur et noir des corpuscules solides. generalemen) ppheriques, soil homogcnes transparents, soit libres, «oit enLriohesdan • 101 des masses ou couches plus ou moins eteudues d une substance iuco- lore, transparente, r6fractant I'aiblemeat la lumiere, et de consistance cireuse. Ce sont, en un mot, les alterations propres a la cataracte molle. (Voy. Sichel, Iconographie ophthalmologique, in-4°, p. 339-341.) Le noyau dur et noir est entierement compose par les fibres ou prismes denleles juxtaposes d'une maniere immediate comme a I'etat normal, sans trace d'aucun Element anatomique entre eux ni de gra- nulations quelconques, pigmentaires ou autres. L'alteration porte en- tierement sur les fibres ou prismes dentel^s. Geux-ci ont, du reste, conserve entierement leur forrne et leur volume habituels. Les dente- lures ou saillies en dent de scie, ou mieux d'apparence grenue qui les surcbargent, sont parfaitement intactes et faciles a observer, ainsi que la forme prismatique un peu aplatie a quatre ou cinq faces de ces ele- ments. L'alteration qui donne au noyau du cristallin sa coloration fon- cee commence au niveau meme du point ou a lieu le passage de la couche des lubes a uoyaux, a celle des fibres dentelees. II est raanifeste que ces derniers sont devenus plus fermes, plus durs, plus cassants, et pourlant plus faciles a isoler qu'a I'etat normal; ils offrent a cet egard les caracteres qui leur sont propres dans les cata- ractes dures ordinaires. Mais ce qu'iis ont de special dans le cas dent il s'agit ici, c'est (lue chaque fibre ou prisme denteie offre une colora- tion notablement plus foncee que celle des fibres d'une cataracte dure jauna Ire ordinaire, examinees comparativement. Les bords de chaque fibre sont noiratres et la partie centrale brunatre avec une teinte toute particuliere. Du reste, ces elements ne sont ni plus ni moins granuleux que dans les aulres varietes de cataracte dure. La teinte brune, propre ■ a chaque prisme denteie vuisoiement, devient surtout tres-manifeste sous le microscope dans les fragments de faisceaux formes par la reu- nion de plusieurs fibres encore juxtaposees, comme elles le sont habi- tuellement. L'alteration qui cause cette coloration noire ou d'un brun corne du cristallin est done extremement simple. Elle n'est en aucune maniere due a la formation de particules microscopiques nouvelles, compara- bles au pigment ou autres. Elle consiste uniquemenl en un changement dans la constitution moieculaire des tubes, qui fait que leur transpa- rence devient notablement moindre, changement qui est la suite de troubles survenus dans les phenomenes intimes de la nutrition de ces elements. ♦ Si les auteurs quj ont cru voir du pigment daus les eataractes noires n'ont pas consid6r6 corame apparteiiant au cristallin celui qui a pu 6tre d^tach6 de I'iris et entrain^ par la lentille pendant son extraction, il est difficile de savoir ce qu'ils ont appele pigment de la cataracte noire. 11 n'y a, en effet, pas trace de pigment dans la piece dont il s'agit id, ni meme de granulations d'autre nature entre ses fibres dentel6es, brunatres, juxtapos^es elenchevetr^es. Quelques auteurs appliquent le nomdejoJ^meM^Mma tous lescorpuscules microscopiques des tissusqui colorent la lumiered'une teintespeciale eu larefractaiit ou la r^fl^chis- sant, au lieu de reserver ce mot, ainsi qu'on le fait habitiiellement, pour designer le pigment clioroidien et cutane. G'est daus ce sens peut- 6tre qu'on a pu donner le nom de pigment aux granulations de nature graisseuse, r6fractant fortement la lumiere, offrant un contour fonc6 noiratre, un centre jaunatre et qu'on trouve dans la partie superficielle molle des cataractes. EUes peuvent se trouver m^langees accidentel- lement aux fibres de la portion centrale dure et noire du cristallin. Mais les granulations de cette sorte manquent compl6tement dans le noyau noir de la cataracte qui vient d'etre d^crite. Du reste, aucune fraction de pigment irien n'avait 6t6 entrain^e par elle durant I'ex- traction, et il a 6t6 impossible d'en trouver trace dans I'exaraen au mi- croscope de la partie molle. I^OTE SIiR UN CAS DE KYSTES HYDATIQUES MULTIPLES, lup. i la SociSt6 de Biologie , Par mm. les Dogtetjrs CHARCOT et DAYAINE. L'observalion que nous conimuniquons a la Society de biologie, renfernie plusieurs faits interessants, principalement au point de vue de I'anatomie et do la physioiogie pathologiques. Mais nous nous hor- nerons h faire ressortir deux de ces faits, a savoir, d'une part, lexis- tence decristaux d'hematoidine dans I'interieur des hydatides du foio et d'une matiere colorante rouge dans les corpuscules calcaires de quelques echinocoques; et, d'autre part, I'existence de kysles Iiyda- tiquesfort singuliers, appendus au peritoine par un long pellicule et dont la constitution analomique m^rite bien de fixer I'altention. Nous ne ferons que mentionner en passant une turaeur hydatique qui si6- geait dans le petit bassin, entre le rectum et la vessie; c'est un exem- ple a rapprocher de ceux que I'un de nous a rassembles dans uu me- moire lu a la Society en 1852 et a celui que notre collegue, M. le doc- teur Leudet, a insere dans nos comptes rendus pour 1856.— Voici notre observation : v KYSTES HYDATIQUES MULTIPLES DU FOIE; CRIST AUX D'HEMATOIDINE DANS LA CAVITE MEME DES HYDATIDES ET COLORATION TOUTE PARTICULIERE DES COR- PUSCULES CALCAIRES DES ECHINOCOQUES J NOMBREUX KYSTES HYDATIQUES SITUES DANS LE TISSU CELLULAIRE SOUS-PERITONEAL, ET DONT QUELQUES- UNS, APPENDUS AU PERITOINE PAR UN LONG PEDICULE, NE CONTENAIENT AUCUN VESTIGE D'ECHINOCOQUES ; KYSTE HYDATIQUE DU PETIT BASSIN. Obs.— Le9juin 1856 entre a I'hopital de Lariboisi^re, salle St.-Cliarles., wd, le nomme Taveau, no a Saint-Qnentin, age de 63ans, exercant la profession (Je taillpur. 104 Get homme fait reraontev le d6but de sa maladie au mois de novembre de I'annee derni^re. A cette cpoque, il s'apercut que son ventre grossissait ; en meme temps il remaiqua que les dejections etaient plus difficiles et qu'il avait de la constipation, ce qui ne lui etait pas habituel. Au mois de Janvier dernier, il se manifesta nne tumefaction bien 6vidente dans I'liypocondrc droit. Jamais, assure le malade, il n'y a eu d'ictfere, ni de douleur dans la region du foie. Lors de son entree, on constate chez le malade les phenomeues suivants : Amaigrissement assez considerable contrastant avec le developpement du ventre. Dans I'abdomen existe une tumeur considerable siegeant principale- ment dans la region du flanc droit et dont la partie sup6rieure, qui rappelle par sa forme le bord tranchant du foic, descend jusqu'a deux Iravers de doigt au-dessous de I'ombilic. Cette tumeur est fluctuantc ; on n'y percoit pas de fremissement liydatique. Une ponetion exploratrice fut faite, et il sortit un liquide limpide, transparent, incolore, qui se troublait a peine par I'addition d'acide nitrique ou par Taction de la chaleur. M. Ic doctenr Bourdon, qui di- rigeait alors le service, se decida a vider la tumeur par le proc6d6 de Mca- mier. La premiere application du caustique fut faite le 23 juin. Au bout de sept jours, apres quatre applications successives, le kyste se vida, et il s'ecoula, tant le matin que pendant la nuit du 30 juin, une quantite de liquide qui peut ^tre evaluce a 3 livres environ. Ce liquide contenait des poches hydatiques dont le volume variait depuis celui d'un gros ceuf de poule jusqu'a celui d'une tete d'epingle. Le liquide etait trouble, de couleur jaunatre, et contenait en grande abondance de petits grumeaux d'une matiere d'un rouge vif. Ces grumeaux I'urent recueillis, et I'examen microscopique , fait par MM. Senac et Heurtaux, internes de I'hopital, moutra qu'iis contenaient en quantity des cristaux rhomboidaux d'hematoMine parfaitement caracterises. L'examen des hydatides donna les resultats suivants : 1" Toutes les vesi- cules examinees contenaient des echinocoques. 2° Un certain nombre d'hy- dalides etaient pourvues d'une membrane fertile complete, appliquee dans toute son 6teudue a la face interne de la memlrane acephalocystique; dans les autres, la membrane fertile etait incomplete et presentait des lambeaux nottants dans le liquide de I'hydatide. 3° Des fragments de la membrane fertile places sous le microscope ont offert les gouttes huileuses ordinaires et une couche considerable d'f^chinocoques. Ces derniers etaient parfaitement reconnaissables a leur corps arrondi, parseme de granulations, et a leur double couronne de crochets. Chez plusieurs Echinocoques les ventouses pouvaient ^tre distinguf^es avec assez de facility. Mais ce qu'il est important de noter surtout, c'est que chez tons les echinocoques les granulations, qui habituellement sont incolorps , pr^sentaipnt, Men qu'elles n'eussent iprouvi d'aiUevkU, toit dans leur forme, voU daits leurs autres caracieres, aucune 100 modification appreciable, une coloration rouge ires-intense, tout d fait ana- logue II celle qui distingue les cristaux d'he'mato'idine. 4° Dans quelques- unes des hydatides, on trouvait au-dessous de la membrane acephalocys- tique, de petites taclies d'un rouge carmin, et dans Icsquelles on a constats au microscope I'existence de uombreux cristaux d'hemato'idine ; dans d'autres, la membrane acephalocystique 6tait par places teinte en jaune plus ou moins fonce; mais dans ccs taches jaunes on nc distingnait pas de cris- taux. 5" Enfln le liquide des hydatides contenait quelquefois des cristaux de cholesterine. Du 30 juin au 9 juillet, onne cessade voir sortir, chaque jour, parl'ori- fice du kyste, quelques hydatides, les unes enti^res, les autres dechir^es et vides. II ne se mauifesta pendant cette periode de temps aucune douleur, et r^tat g^n^ral du malade etait satisfaisant. Chaque jour il pouvait se lever pendant quelques heures. La tumeur avait diminue de volume, et son bord inferieur etait remonte a deux travers de doigt au-dessus de I'ombilic. En mfme temps la region de I'hypocondre droit s'affaissait assez rapidement, et il se formait dans la region correspondante, du cftte gauche, une tum(5faction fluctnante, tres-manifeste. Chaque jour on avait soin d'injecter dans le kyste, matin et soir de grandes quantites d'eau. A deux reprises, on fit des injections avec la teinture d'iode. Vers le 15 juillet, I'etat du malade d^clina. Les forces et I'appetit dimi- nu^rent; I'affaiblissement surtout fit de rapides progr^s. Un erysipele se d6- clara sur les membres inferieurs ; cet erysipele guerit cependant assez promptement, mais il laissa apr6s lui des taches de purpura, et il se declara une sorte defievre hectique. L'emaclation devint extreme, et il fut impossible de ramener les forces, malgr6 I'emploi des toniques. Le malade succomba le 3 aout. Pendant les premiers jours de la maladie le liquide du kyste etait devenu tout a fait purulent. AiJTOPSiE faite le 4 aoiit 1856. Laplaie exterieure a subi pendant les demiers jours de la vieun mouve- ment ascensionnel assez prononcepourquelamoiti6superieure corresponde actuellement a la face externe des derni^res fausses c6tes. L'onverture qui est au fond de la plaie est assez grande pour permettre I'introduction de I'an- nulaire ; elle est plac^e imm^diatement au-dessous du bord inferieur de la cage thoracique et dirig^e en haut et a droite ; les bords sont en grande partie cicatrises. Le thorax ayant ete ouvert de haut en bas, on trouve la base du poumon gauche adherant intimement au diaphragme. De ce c6te, la plfevre contient un pen de liquide ; des deux cotes, la plevre pulmonaire est fixi^e a la plfivre costale par des adherences assez laches, mais occupant la presquo tnialite de la surface externe des poumons. La base du p^ricarde adhere tr^s-fortenient an diaphiagnie; sa face interne 106 est couverte de fausses membranes vecentes qui lui donnent un aspect clia- grine. Le coeur, peuvolumineux, est flasque; sa surface ext^rieure est couverte de fausscs membranes, molles ct evidemment de formation recente. Les val- vules du ccEur ne presentent pas d'altcration. Le diaphragme adhere tres-intimemcnt au foie dans toute son etendue. En chercbant a detacber la face iufeiieure du pericarde, on penetre dans une cavity a parois inegales ct anfractueuses. Cette cavity contient un liquide puriforme oil nagent des hydatides nombreuses et encore enti^res, Cette poche est creusee en partie dans I'epaisseur de la face superieure du lobe gauche du foie, a gauche du ligament suspenseur. Sa parol superieure esl ferm^e par le diaphragme. A droite duligament suspenseur du foie, la face superieure etanterieure dc cet organe forme la parol inferieure d'un vaste kyste, dont le diaphragme et les parois abdominales forment la parol superieure ; c'est dans cette parol qu'a dte pratiqu^e I'ouverture par le caustique. Des adh^rences solides sonl stabiles entre les feulUets du p(5rltolne qu'll n'est plus possible de separcr. Ces adh^rences existent non-seulemeut au pourtour de Touverfurc, mals dans toute I'^tendue du kyste. Id la capsule de Gllsson semble avoir aug- ments d'Spaisseur ; elle a prls en outre un aspect granuleux tr6s-manlfeste ; sa coloration est d'un jaune rougeatre ; an niveau des points les plus forte- ment colores, on a constate I'exlstence de crlstaux d'hematoidine. La parol interne est formSe par le ligament suspenseur; elle ne permet aucune com- munication entre ce kyste ct celui qui occupait la face sup(5rleure du lobe gauche du foie. La parol externe est formee par des adherences qui s'Sten- dent du diaphragme au foie ; cette parol est interrompue au niveau de sa partie superieure. Dans ce point existe un orifice qui communique avec une tres- vaste cavltS a parois anfractueuses et creusee auxdepens du lobe gauche, dont toute I'extremltu droite est detrulte a une grandc profondeur. Cette ca- vity esttapissee dans quelques points par les debris de membrane Spaisse, dure, incrustee de molecules calcalres. Outre ces kystes prlnclpaux, on rencontre encore : !• Une poche hydatlque, de moyen volume, qui parait avoir prls naissance dans I'epaisseur du lobe de Spiegel qu'elle a detrult en grande partie. 2* Deux tumours hydatiques, sltuees dans I'Spiploon gastro-hepatique, et dont le volume Sgale celui d'un oeuf de poule. 3» Une tumeur hydatlque, plus volumlneuse que les precedentes, se trouve dans I'd'piploon gastro-spl(5nlque. 4"> De nombreuses tumeurs hydatiques developpSes a la face inferieure du foie, et dont la moitir environ fait saillie au dehors, tandis que I'autre moiti6 si6ge dans I'epaisseur du tlssu hepatlque. ■> Des kystes hydatiques en grand nombre, et dont le volume variedepuis 1U7 eeliii dune nolx jusquii celiii d'un pois, sont disseminf^s dans lf> tissu cel- lulaire sous-periton6al ca et la sur le pMtoine pari(5tal ou lo long de I'intes- tin grele et du gros intestin. Ces kystes sont pour la plupart pourvus de p(5di- cules plus ou moins allonges et flottent dans la cavite du peritoine. Le p^dl- cule de ces kystes flottants atteintsouvent plusieurs centimetres de longueur; deux d'entre eux ont jusqu'a 7 centim. de long ; leur ^paisseur est variable, et, dans quelques cas, ne ddpasse pas celle d'un crin de cheval. Dans r^paisseur du mcisocolon transverse et au voisinage du ccecum, on trouve plusieurs kystes, dont les plus gros atteignent le volume d'un oeuf de poule. Enfm, dans le petit bassin, on trouve une tumeur hydatique, situee entre le rectum et la vessie qu'elle a refoul^e tout a fait au-dessous du pubis. Cette tumeur a un volume superieur a celui du poing d'un adulte ; son extremite inferieure descend un pen plus bas que celle de la vessie. EUe adhfere entie- rement, d'une part, a la face antdrieure du rectum, et de I'autre a la face posterieure de la vessie. Elle est situd-e tres-manifestement au-dessous du repli pMtoneal qui se porte de la face posterieure de la vessie sur le rectum; sur ses cftt^s rampent les uret&res. Cette tumeur contientun liquide d'aspect purulent et melange d'une grande quantite d'hydatides brisees. La rate est volumineuse, tr^s-friable et gorg^e de sang; elle ne contient pas de kystes. Les reins et le pancreas ne pr^sentent pas d'altcJration. Les kystes bydatiques situes dans le peritoine, a I'exception des hydatides des kystes pedicuKs, Ctaient tous pourvus d'6cbinocoques. Ces kystes ne con- tenaient pas de crislaux d'hemato'idine, et les granulations des ^chinocoques ne pr^sentaient pas la coloration d'un rouge vif, qui a etc mentionnee plus liaut a propos des echinocoques contemis dans les kystes hi'patiques. Voici maintenant les quelques remarques que nous avons voulu soumettre a la Societe a propos de cette observation. 1° On salt que I'hematoidine a 6t6 rencontree dans des tumeurs de nature diverse, dans des tissus plus ou moins modiDes ; elle a ete rencontree aussi plusieurs fois dans des kystes hydatiques ; raais en pareil cas, a notre connaissance du moins, les hydatides ^taient tou- jours situ6es dans le foie. Dans un kyste adherent au foie et qui avail subi la transformation atlieromateuse, M. Joues trouva des globules huileux, d^slamelles de cholesterine, des membranes d'hydatides, des crochets d'echinocoques et des cristaux d'h6maloIdine. Ji nefaitaucuue mention de I'existence de cristaux semblables dans des kystes hyda- tiques qui, chez le meme sujet, etaient situes dans d'autres parties de la cavite abdominnle (Trans, ok thf pathoi.. society, p. 298. London, 108 1854). Dans un kyste hydatique du foie ^galement, le docteur Hyde Salter Irouva une matiere rouge et cristallis6e (h^matoidine). Les cris- taux se trouvaient non-seulement dans le liquide qui enloure les hy- datides, mais encore dans I'inlerieur raerae de ces v«5sicules [loc. cit., p. 304). MM. Robin el Mercier ont recemment trouve des cristaux d'Mmalo'idine dans un kyste hydatique du foie. Dans ce cas, les cris- taux existaient non-seulement dehors, mais aussidans la cavitcmeme des hydatides ; il est vrai que celles-ci s'etaient ouvertes et atTaiss^es (Mem. de la See. debiol., p. 117, 1855). 11 est remarquable que dans le cas dont nous donnons ici la rela- tion, les kystes situes dans le foie fussent les seuls qui conlinssent des cristaux d'hemato'idine. Cette substance se rencontrerait-elle exclusi- vement dans les hydatides de certains organes, eten particulier dans celles du foie? II peut paraitre assez singulier, au premier abord, de rencontrer I'hematoidine, cette substance qui, suivant I'opinion g^neralement recue, provient d'une metamorphose de la matiere colorante du sang, dans la cavite do vesicules hydatiques parfaitement intacles; el meme pourrions-nous ajouter au sein des 6chinocoques eux-memes, sil est vrai, comme nous le pensons, que c'est bien a rhematoidine qu'il faut rapporter la coloration que pr^sentaient les corpuscules calcaires chez quelques-uns de ces cesto'ides. Ge fait cependant parai- ira moins inattendu si Ton se rappelle que des cristaux d'hematoidine, des granules de pigment, peuvent se rencontrer dans la cavil6 de cel- lules parfaitement closes, et qu'on est conduit d'ailleurs, dans bien des cas aumoins,aconsiderer comrae ayant pr6exist6 a la formation deces granules de pigment ou de ces cristaux hematoidiques qu'elles renfer- ment (Virchow, Die pathol. pigmeme, Arch.^ 1. B., 1847. —Id. Bd. IV, 1852. — Rokitansky, t. I, p. 199 et 209). 2» Un examen ulterieur et altentif des kystes hydatiques pris dans diverses regions, nous a permis de constater qu'il existait des 6chino- roques ou des debris d'6chinocoques dans toutes les tumeurs hyda- tiques, a I'exception de celles qui pr^sentaient un pedicule. Faut-il admettro que dans ces rternieres tumeurs les ^chinocoques aient exists a une certaine epoque,el qu'ils aient 6t6 par la suite d6truits au point de ne plus laisser de vestiges? INous ne le crovons pas. En etl'et, toutes les tumeurs pediculi^e? oii les echinocoques faisaient defaul renferniaient cependant des membranes hydatiques parfaitement re- m coDuaissables. Or Ion salt que les crochets des echinocoques, daus Ic? tumeurs hydatiques transformees, persistent plus longtemps que ne le font les membranes des hydatides. II faut done admettre que, dans nos tumeurs pedicul6es, les echinocoques ne se sont jamais deve- loppes. D'ailleurs la presence ou I'absence de ces pelits helminthes n'indique pas une difference essentielle dans la nature des hydatides ; car on voit quelquefois dans un meme kyste, certaines vesicules hydatiques renfermer des echinocoques, tandis que d'autres en sont compl^teraent privees ; et Ton ne peut pas toujours en pareil cas invo- quer, pourse rendre compte d'une telle difference, I'alteration ouTan- ciennete des vesicules. II n'y a done pas lieu de consid^rer les hyda- tides contenues dans les kystes pedicul^s comrae diff^rant essentielle- ment des autres, par ce seul fait qu'elles 6laient depourvues d' echi- nocoques. L'absence des Echinocoques dans le cas qui nous occupe s'explique peut-etre par la situation meme des hydatides dansun kyste suspendu a un long effort mince pedicule. Un tel kyste ne peut, en etfet, rece- Toir qu'une faible quantity desang; et les hydatides s'y trouvent sans doute dans des conditions peu favorables a leur developpement. Quoi qu'il en soit, I'organe et le tissu dans lesquels se developpe une hy- datide paraissent avoir une influence Ires-reelle sur la generation des echinocoques. Et, pourciterunexemple, on ne rencontre que raremenl, et peut-etre meme jamais, ces cestoides dans les hydatides qui sedeve- loppent au sein du tissu musculaire. Un fait, en apparence contraire a cette proposition, rapporte dernierement dans la Gazette des h6pitaux, neTinfirme point cependant, car il est facile de voir, d'apres la des- cription que Ton a donnee dans cette observation de I'echinocoque solitaire et gros conime une tite ctepingle, qu'il s'agissait la du corps d'un cysticerque ladrique dont la vesicule aura ete prise pour une hydatide. Les kystes hydatiques pedicuies s'observent sans doute rarement, soit chez I'homme, soit chez les aniraaux. Nous n'en connaissons pas pour notre compte d'exemple bien authentique, en dehors de celuique nous rapportons. Mais Ton a rencontre, sur quelques animaux, des vers appjirtenant aun autre genre que les hydatides renfermes dans des kystes suspendus par un pedicule ; c'est ainsi que M. Dujardin a observe plusieurs fois de jeunes spiropteres contenus dans de petits kystes pedicuies apitendus a la surface oxterne de I'intestin de la 110 taupL'. Neltt'ier u reucuutio egalemeut dcs jjpiropteies logos duns dc;> protuberances de la surface derestomacducoq (Diering, Systema liel- minllium, t.ll, 217). Tels sout les seals examples de kystes venniueux pedicul^s que nousayonspu recueillir. lln'est pas rare de rencontrer chez le cheval, a la surl'ace du peri- toine, depetits corps d'unc nature particuliere, etsur lesquelsMM. Gou- baux et Robin ont consigne quelques observations dans nos comples rendus (1856). Ges corps sout, comma on salt, coilTt^s par le peritoine, lis sont suspeudus par un pedicule qui se forme tres-probablement par I'effet des tiraillements frequents qulls subissent, developpes qu'ils sont sur des parties plus ou moius mobiles ou douees de mouvements propres; peut-clre est-il perinis d'expliqiier par un mecauisme ana- logue la formation du pedicule dans les kystes hydaliques que nous avons decrits. Or les observations de MM. Goubaux et Robin ont fait voir que le pedicule des corps peritoneaux du cheval se rorapt fre- quemment, et que devenus libres ces corps llottent dans la cavite du peritoine, generalementdurestesans yprovoquer d'accideuls. Pareille chose pourrait arriver sans doute a des kystes hydatiques, suspendus comme Tetaient quelques-uns des notres par des pedicules, longs de l)lusieurs centimetres, el dont le diaraetre quelquefois ne depassait pas celui d'un crin de cheval. Des kystes hydaliques ainsi devenus libres dans le peritoine par suite de la rupture de leur pedicule ne devraient pas etre confondus avec les hydatides qui se d^veloppent quelquefois dans les cavites memes des membranes sereuses, non plus qu'avec celles qui parvien- nent assez frequerament dans ces cavites par suite de la rupture d'une poche situ^e dans le voisinage. Voici d'ailleurs quelques remarques qui pourraient prevenir toute confusion: Les hydatides libres qui existent, soil chez Ihomme, soil chez les animaux, dans la cavite des membranes sereuses, et qui paraissent s'y Olre developpes primitive- ment, n'ont jamais 6te rencontrees, chose d'ailleurs assez singuliere, dans la cavite du peritoine; c'estdans la plevre, dans la cavit6 de I'arachno'ide ou danscelle des ventricules cerebraux qu'elles ent (ite sig-nalees, et les kystes pedicules donl uotre observation oflre un exemple exceptionnel appartenaienl au peritoine. De plus, les hyda- tides libres des membranes sereuses no sont pas enveloppees dans un kyste : dies sont a nu dans la membrane sereuse qui les renferme et qui parait leur eu tcnir lieu. Les kystes pedicules, au contraire, de- vraioiit cousurvcr, cc nuns c-emble, leureuveluppekysliqucuiemeaijros la rupture de leur pedicule. Pour ce qui est des Iiydalides qui pai- viennent dans la cavite peritoneale par suite de la rupture d'un kyslu voisin, on renionterait toujours ais6ment ii Icur origine, en raisoii surtoutdes traces que cette rupture laisse toujours apres elle et des d^s- ordres graves, bieat6t suivis d'une mort rapide, qui sigaalent con- stamment un pareil accident. i NOTE SDR m PASTITES VARIABLES D'ELECTRICITE NECESSAIRES POUR EXCITER LES PROPRIETES LES DIFFEHENTS TISSUS , lue h la Soci6t6 da Biologie, Par M. le Professeur CLAUDE BERNARD. Je crois que I'instrument que M. Jules Regnault a presents a la So- ci^te, et qui est destine a doser exactement la quantite d'electricit6 que Ton met en usage dans les experiences sur les propri^tes des nerfs, rendra de grands services a la physiologic, et pourra expliquer des discordances exp6rimentales dont la cause doit etre attribuee, sui- vant moi, a ce qu'on n'a pas tenu compte de Tintensit^ des courants que I'OQ employait. J'indiquerai d'abord que je suis heureux que M. Regnault ait pu verifier et confirraer une opinion que j'avais 6mise relativement aux diCf^rentes formes de contractions qui suivent I'excitation d'lin nerf. La Soci6t6 se rappelle qu'il y a peu de temps MM. Rousseau et Martin- Magron lui ont pr^sente un travail fort int^ressant qui expliquait tres- bien des divergences d'opinion qui existaient sur I'interpretation des dilf^rentes formes de contractions musculaires, suivant la direction des courants electriques. Dans raon cours du college de France, j'ai veritie moi-meme I'exaclitude des experiences conlenues dans leur travail ; seulement, j'avais ajoute qu'il ne faudrail pas considerer ces MEM. 8 Hi diverses formes de contractions musculaires comme des manifesta- tions physiologiques, parce que lorsque le nerf tenant encore a la nioelle est reste dans ses rapports physiologiques, et qu'il est excite par un courant faible, on n'obtient, avec un courant identique, qu'une seule contraction ii la fermeture du courant. Quel que soit le sens de ce courant, si Ton vient a couper le nerf et ii interronipre ses rapports avec la moelle, on voit aussil6t les deux periodes semanifester sous I'influence dun courant exactement sem- blable. Je desire, en outre, communiquer a la Society quelques-unes des observations que j'ai signaldes dans mon cours et qui m'ont prouve que la quantity d'electricite necessaire pour manifester I'activite phy- siologique d'un organe est bien differente suivant le tissu auquel on s'adresse. II y a plus de dix ans que pour la premiere fois j'ai et6 a meme d'ohserver un fait de ce genre : c'est lorsque voulant 6tudier les effets que le curare produit sur les nerfs, je priai M. Pulvermaclier de con- struire les pinces 61ectriques bien connues aujourd'hui des physiolo- gistes. D'abord ces pinces etant d'un tres-petit calibre, voici ce que j'observai sur les grenouilles tuees dans I'^tat physiologique, et pre- parees a la maniere de Galvani : j'avais constate que les pinces appli- quees sur les nerfs determinaient des convulsions violentes dans les muscles, landis qu'au contraire je reconnus que lorsque la grenouille avait ete empoisonn6e par Ic curare, la m6me piace appliquee sur les nerfs ne diiterminait aucune contraction musculaire. Mais alors, vou- lant savoir si le curare avait delruit Firritabilite musculaire en meme temps que I'excitabilite nerveuse, je portai la piace electrique sur le tissu musculaire meme de la grenouille tuee par le curare, et je ne constatai non plus aucune contraction dans le tissu musculaire. Pour savoir si le muscle etait egalement paralyse par le curare, je repetai la meme experience sur des cuisses de grenouilles non em- poisonnees, et je vis que cliez ces grenouilles, lorsqu'on agissait seulcment sur le tissu musculaire, sans exciter le nerf, on n'obtenait aucune contraction musculaire. II me fut demontrc par cette expe- rience, que j'ai depuis rcpetce et publico, que, sur uu meme animal, on peut, avec un meme courant electrique, obtenir une contraction tres-violente dans les muscles quand on agit primitivement sur les nerfs, tandis qu'il faut employer un courant beaucoup plus energi(iue 115 pour oblenir la conlractioQ rauaculaire ea agissant directement sur le tissu de I'organe. G'est a Cjause de cela que je lis faire a M. Pulvermacher un modele de pinces beaucoup plus fort, alin qu'elles fussent capables d' exciter non-seulemeut les nerfs, mais encore les muscles eux-memes lors- qu'on agit directement sur leur tissu. II resulte done de ce qui precede, qu'il faut pour faire agir un mus- cle, une quantite d'electricite beaucoup plus considerable que pour agir sur un nerf. Je ne saurais indiquer avec quelque precision quelle est cette difference; je puis seulement dire qu'elle est considerable. Cettc simple remarque peut expliquer, je crois, des faits en appa- rence contradictoires qui ont ete erais par M. Duchenne (de Boulogne) etM. Remack. M. Duchenne a admis que I'irritabilite musculaire etait plus facile- ment mise en jeu lorsqu'on agissait avec des courants assez faibles sur certaines parties des muscles. M. Remack a fait observer que les points repondaient a I'entree des nerl's dans les muscles, et que Taction de I'electricite 6tait alors port^e directement sur eux, et il en a concUi que, sur le vivant, il n'etait pas possible de produire des contractions en agissant directement par I'electricite sur le tissu musculaire sans riutermediaire des nerfs, et qu'ainsi, sur le vivant, Firritabiiil^ mus- culaire n'etait pas mise en jeu. La divergence d'opinion entre MM. Duchenne et Remack me parait s'expliquer quand on sait que la quantite d'electricite qui est neces- saire pour faire contractor un muscle, estbeaucoup moins considerable quand on agit sur les nerfs que lorsqu'on agit directement sur lui. Gelte diff"erence d'excitabilite a I'electricite entre les tissus nerveux et musculaire, me semble, ainsi que je I'ai dit depuis longtemps, etre un excellent argument pour demontrer que rirriliablite musculaire et I'excitabilite nerveuse sent deux choses distinctes. II est un autre fait que je veux signaler et qui, je crois, avail deja etc observe avantmoi •. c'est la difference d'excitabilite sous I'influence de I'electricite qui existe entre le nerf moteur et le nerf sensitif. Lorsqu'on excite Ic tronc du nerf sciatiquc d'une grenouille tenant d'une part a la moelle epiniere, et de I'autre aux muscles de la jambe avec une pile tres-faible ou avecle couraut musculaire d'une grenouille, on n'obtient jamais de coutractioD reffexe par suite de I'excitalion du nerf sensitif, tandis qu'on obticnt -constamment la contraction dans 116 les muscles oii se rend le nert' sciatique par rexcitation du nerf mo- teur. Un troisiome point seraitrelatifa la difference d'electricite necessaire pour manifester les proprieti'S d'un nerf nioteur du sysleme cer6bro- rachidien et d'un nerf moleur du sysleme sympatliique. Ed effet, pour faire con trader la pupille ou les vaisseaux sous I'in- fluence du filet cervical du grand sympathique, il faut une dose d'6- lectriciteplus considerablcquepour faire exciter un nerf de la vie ani- male. Pour faire s'irriter la glande sublinguale sous I'influence de la corde du tympan, il faut un courant plus energique que pour faire contracter un muscle en agissant sur un des rameaux du nerf fa- cial, etc. i DE TACTION DU COENURE SUR LE CERVEAU (TOURNIS); Note lue a la Socidt^ de Biologic Par le Docteur C. DAVAINE , Chevalier de la Legion d'honneur, laureat de I'lnstitut, membre de la Societe de Biologie, correspondant de la Society imperiale des sciences de Lille, etc. Le tournis, sympt6me remarquable et frequent de la presence du coenure dans le cerveau, n'a point encore recu d'explication satisfai- sante. Parmi les theories qui ont 616 donn6es de ce phenomene, I'une qui le regarde comme un r^sultat des eflorts de I'animal cherchant a debarrasser son cerveau, nitrite a peine d'etre mentionnee; elle est infirmee par I'absence nieme du tournis dans tous les cas d'une tu- meur quelconque de Fencephale; elle est, en outre, autiphysiolo- gique. On ne pent non plus attribuer le tournoiement, comme on I'a fait r6cemment, a une irritation morbide; car on ne trouve ordinai- rement aucunc trace d'irritatioa ou d'intlammalion dans les parties du cerveau en rapport avec le coenure. Une autre tli6orie, plus gen6- ralement recue, consiste a regarder le tournoiement comme un phe- nomene de paralysie, comme TeHet de I'hemiplegie incomplete deter- raiuee par la compression des centres nerveux. Cette explication n'est pas noil plus admissible. Si le tournis elait occasionne par un alTai- blissement paralytique, la tendance au tournoiement diminuerait a mesure que ralTaiblissement augmenterait. Or c'est le conlrairequi a lieu. Les acces de tournis devienuent plus frequents et plus longs, la marche dans le tournoiement devient plus rapide, les cercles coocen- 118 Iriques deviennenl de plus en phis petits a mesure que le coemire ac- quiert plus de developperaent, ii mesure que la t'aiblesse augmente et jusqu'a ce que la paralysis ne permette plus la statioa ni la marcbe. Si la compression exercee par le ccBnure etait la cause du tournis, un phenomone semblable devrait ctrc produil par une bydatidc en rapport avec les hemispheres ceri^braux , car rhydalide et le ca:)nure ont une analogie complete et dans la lenteiir de leur developpement et dans les dimensions qu'iis acquierent; aussi les phenomenes patholo- giques qu'iis d(5terminent I'un et I'autre, ont-ils egalement une analo- gie complete sous tons les rapports, sauf le touruoiement : avec lun comme avec I'autre ver v(5siculaire, I'affeclion cerebrate a une marcbe lente, une duree lougue, une intensite progressive; I'un et I'autre finissent par produire une paralysie des organes du mouvement, des organes des sens; I'un et I'autre entrainent necessaireraent la mort; mais le touruoiement tel qu'il existe chez le mouton affecte de coenure n'a 6te signale dans aucun cas d'hydatide, soit chez I'liomme, soil chez les animaux. Nous possedons des observations deja nombreuses de ce dernier ver v^siculaire chez I'homme, dans lesquelles, outre le deve- loppement lent et le volume considerable de la vesicule, son siege dans I'un des hemispheres du cerveau, 1' absence d'un kyste notable, serablent assimiler completement dans ses rapports avec I'organe cen- tral du sentiment et du mouvement I'hydatide au ccenure. La difference dans I'expression symptomatique de ces vers serait- elle dans quelque condition particuliere au cerveau des bfitesqui sont sujettes au ccenure ? Non ; car toute autre tumeur qui se developpe dans les monies conditions devrait aussi developper le tournis chez ces animaux. C'est done dans le ver v6siculaire lui-meme qu'il faut cher- cher la cause du phenomene que sa presence determine : si le coenure pent etre assimil6 a I'hydatide du cerveau sous les rapports do sa na- ture, de la lenteur de son developpement, du volume qu'il acquiert, des parties qu'il envabit, il ne pent I'fitre sous celui de sa constitu- tion ; en effet, la vesicule -la coenure est pourvue de tctes plus ou moins nombreuses £•' ^xsertilcs. Les (5chinocoques qui, jusqu'a un cer- tain point, corresponaent chez I'hydatide aux Ules chez le ca3nure, sont toujours internes ; dans aucun cas elles ne peuvent venir au con- tact des tissus qui sont en rapport avec I'hydatide , il y a done la une difference essentielle entre les deux vers V(3Siculaires d'oii dependent, suivant nous, la ditWrence dans les phenomenes pathologiques q^'ils iiy dfitermint'iil. Dans Thydaticle du cerveau, la substance ncrveuse est toiijours en rapport avec une membrane inerme qui n'agit que par la compression progressive que son accroissement determine. Dans le cocnure, cette compression progressive existc de meme;mais, en outre, ]a substance nervcuse peut etre excitee par les tetes qui sortent de la vesiculc et s'y plongent jusqu'a une distance do 4""", 5; or il est Evident qu'un ccenure qui possede jusqu'a deux ou trois cents de ces tetes doit exciter vivement le cerveau aux 6poques oti elles se portent en grand nombre au dehors de la v^sicule commune. Le tournis est done pour nous un pbenomene d'excitation de I'un des hemispheres c6r6braux. Ne produirait-on pas des ph6nomenes d'excitation tres-raanifestes, si Ton enfoncait dans la substance du cerveau cent ou deux cents pointes d'epingles, ou m6me beaucoup moins, a une profondeur de 4 a 5 millimetres ? Ce fait cependant a 6t6 tout a fait neglige dans les theories qui out 6t6 donnees du tournis. Celle que nous proposons ici ne serait point admissible si les tetes du ccenure, que Ton voit gene- ralement reufermtes dans de petites vesicules disseminees a la surface interne de la vesicule commune, si ces ^«?res grasses. Le phosphate de soude neutre tribasique (2iNaO. HO. PUj) a une r& (I) REcnEKCHES EXPiiRiMENTALES, ETC., SUR i.A DifiESTiox ; par Tif'liiiann ( t Gmelin. — 1820, 2' partie, p. .37. I 193 action alcaline ; il doimc ua precipite jauneavec une dissolutioa neu- tre de nitrate d'argent, et la liqueur devient acide ; ces caracteres etaient sul'tisamment tranches pour faire reconnaitre de suite la na- ture du pliospliate employe dans les experiences en question. Les graisses acides furent obtenues de I'acide stearique du com- merce, prealablement saponilie avec lapotasse, reunis al'etat libre au moyen de I'acide cblorhydrique, et lav6 a I'eau distillee jusqu'a ce que les lavages ne soient plus troubles par le nitrate d'argent. L'acide gras ainsi obtenu entrait en fusion a 53° centigrades, et contenait peu ou point d'acide ol&que. Les graisses neutres furent extraites de la graisse de mouton frai- che, n'ayant pas d'action sur le papier de tournesol; dans ce but, on fit ])ouillir du tissu adipeux do mouton dans de I'eau, et puis la graisse fut triluree dans uu mortier. La masse en fusion, suspendue dans de I'eau chaude, fut ensuite filtree a travers de la mousseline, et enlin jetee sur un filtre de papier Joseph, cette derniere liltration etant ope- ree dans I'interieur du bain-marie. Exp. I. —On secoua violemment, dans un tube a I'eactif, une dissolution de- phosphate neutre de suude contenant en suspension une petite quantilus d'a- cides gras ; il s'opiJra une l^gere emulsion qui fut considcrablement augmen- tee par rapplication de la chaleur. Le liquide prit uneapparence laiteuse, et les globules de graisses disparurcnt completement, puis une mousse blanche parut a la surface, et au retroidissement, il se deposa une masse solide. Api(is avoir jete le tout sur un llltre, el suche le residu solide en le comprimant entre des feuillets de papier a liltre, il fut redissous dans de I'alcool bouil- lant, oil il cristallisa par le refroidissement ; puis la substance cristaUisce fut sechce d'abord sur du papier Joseph, et ensuite, dans le vide, sur I'acide sul- furique. Le produit cristallis6 ainsi prepare n'entra point en fusion dans le bain-marie a 100" c, U futsoumis a I'analyse chimique ; 0,345 ccntigr. de ceUe substance dessechee furent decomposes dans de I'eau bouillante par dc I'acide cblorhydrique. Le melange s'etaut rcfroidi, on le filtra, et I'acide qui n'etait pas relenu dans le fdtre fut soigneusement lave avec de I'eau distillee, finalement, on dissolvit la matiere grasse dans I'ether; cette dissolution fut evapor(§e a siccitc et le residu fut ensuite desseche alin d'en obtenir Ic poids. De cette mani^re, I'analyse des 0,345 centigr. de matiere donna, sur iOO parties : Acide gras 97,3 Substance inorganique ... 2,7 100,0 MEM. 13 194 Oa examina ensuite la liqueur filtrte du precipite d'acide gras ; elle tut cou- centree, et jereconnus alors qu'ellc contenait une certaine proportion d'acide phospborique. Exp. II. — On fit bouillir une dissolution de phosphate de sonde neutre avec des acides gras, et la masse solide qui se fomia an refroidissement, apr^s avoir et6 isoWe et dess(5ch(5e conime pr(5c6demment, fut briil^e sur le cou- teau de platine ; on humecta les cendres avec de I'acide chlorhydrique, en observant atteutivement la reaction ; il s'opera immediatement un d(5gage- ment de gaz (acide carbonique). Cette expt^rience, r(5p^tee plusieurs fois, donna toujours les memes r(5sultats, tandis que des acides gras simplement tritures avec du phosphate de soude neutre, puis bruits, produisaient des cendres desquelles I'acide chlorhydrique ne d^gageait pas de gaz. Exp. III. — On fit bouillir des acides gras avec une dissolution de phos- phate de soude neutre. II en rcSsnlta une emulsion complete comme dans les autres cas, et les globules de graisse disparurent. Le liquide refroidi fut jete sur un filtre, et on lavale residu sur le filtre avec de I'eau distill^e jusqu'a ce que les eaux du lavage aient cessc de donner un precipit6 avec I'acide nitrique et le molybdate d'ammoniaque, montrant aussi I'absence de phos- phates. Je fls secher sur du papier Joseph une partie de la substance restee sur le filtre, et ensuite elle fut traitce par de I'ether sulfurique oil elle se dissolvit compl^tenient, la liqueur ctheree etant devenue acide. Avant d'a- voir 6te lavee, I'emulsion n'etait pas entierement soluble dans ce liquide. On remarqua de plus que la temperature de fusion de I'emulsion lavte s'^tait considerablement abaissee. Ges experiences demontrent que lorsqu'on fait bouillir du phos- phate de soude neutre tribasique en dissolution dans I'eau avec des acides gras cristallisables, il se forme une certaine quantity de savon, le reste de I'acide etant emulsionn^. II s'agissait raaintenant de de- couvrir s'il existait une proportion deflnie entrc la quantite dc savon et I'emulsion ainsi obtenue. Cette question fut resolue en soumettaat a I'analyse la substance produite par I'^buUition du melange ou je faisais entrer un exces considerable de phosphate de soude. Pour rechercher la composition de la substance en question, apres qu'elle eut ete sechee cnlre des feuillets de papier a filtrer et ensuite dans le bain-marie a 100° jusqu'a ce qu'elle ne pcrdit plus de poids, elle fut pes6e et bruise ; puis on pesa les cendres, etelles furent ensuite decomposecs par Facide chlorhydrique ; enfm on evapora le melange a siccite, et on determina le poids du rt'sidu. La quantity d'acide car- bonique, degagee des cendres par I'acide chlorhydrique, fut calculee d' apres la proportion suivantc. 195 La ditlerence enlrc lequivalent du chlore et requivalent de I'acide carbonique est al'^quivalent de I'acide carbonique, comme la diffe- rence du poids du rcsidu apres et avant Faddition de I'acide chlorhy- drique, est a la quantity de I'acide carbouique degage. Afin d'etre certain que les r^sultats etaient exacts, on determina dans certains cas la quantity de chlore retenue dans les cendres apres I'additiou dc I'acide chlorhydrique, et il devint facile de calculer la proportion de soude a laquelle elle s'etait combinee. Le poids de la sonde corrcspon- dant il I'acide carbonique et au chlore obtenus representait la quan- tite de soude saponifiee par les acides gras. La proportion des graisses acides restees a I'etat libre dans Temul- sion fut calcul^e en soustrayant du poids de la substance premiere le poids des cendres augments d'un Equivalent proportionnel d'eau, en ajoutant a cette difference le poids de I'acide carbonique degage; enfin ce dernier resultat fut diminu6 du poids de I'acide gras participant a la formation du savon. Le poids du phosphate de soude tribasique (2 Na 0. HO. PO^) retenu dans I'emulsion fut active en ajoutant le poids du savon oblenu de I'acide gras libre et retranchant ce resultat du poids de I'emulsion. Les operations indiquees ci-dessus peuvent se resumer comme suit : P. Poids de I'emulsion seche. • S. — du savon. A. — de I'acide gras libre. R. — des cendres. K' — des cendres, plus le chlore. C. — de I'acide carbonique degage. aq. — d'tin equivalent d'eau proportionnel au phosphate des cendres. a. — de I'acide gras participant a la formation du savon. Ph. — du phosphate de soude de remulsion. F. — de Pacide gras du savon. On calculera les formules suivantes : (, _ 22 X (R' - R) 35.5 — 22 & = C + NaO— C + F A = P — (R + aq) + G - a Ph = P-(S4-A) 196 Exp. IV. — Pour simplifier I'expose des analyses de I'dmulsion obtenue dans les experiences precedentes, je disposerai de suite ce travail sous la fornie d'un tableau : ANALYSES I. II. 111. IV. V. Emulsion obtenue 0,699 0,779 0,228 0,758 0,235 Acides gras 0,501 0,491 0,155 0,517 0,058 Savon 0,169 0,235 0,066 0,207 0,169 Phosphate de soude 0,129 0,053 0,007 0,034 0,008 0,699 0,779 0,228 0,758 0,235 Savon sur 100 part, d'cmulsion. 24 30 28 27 71 Exp. V. — On melangea une dissolution concentrte de phosphate de soudc neutre avec des acides gras cristallises, et on exposa le tout pendant deux heures et demie a une temperature variant de 35 a 40° c. en le secouant for- tement de temps en temps. II se forma une emulsion, et lorsque le liquide fut refroidi, on le fiUra. La substance retenue sur le filtre presentait les memos caract^res que I'emulsion precedemment decrite ; elle fut incineree, et les ccndres soumises a Taction de I'acide chlorhydrique dOgag^rent de I'acide carbonique. L'analyse de 0,296 ccntigr. de I'emulsion obtenue dans cette experience desscche^ dans le vide sur I'acide sulfui'ique jusqu'a ce qu'il ne pcrdcnt plus de poids donna : Acide gras 0,235 Savon 0,037 Phosphate de soude . . 0,024 0,296 Savon sur 100 parties d'emulsion. 12 II resulte done de celte premiere serie d' experiences : 1° Que lorsqu'on fait bouillir une dissolution de phospliate de soude neutre tribasique avec des acides gras cristallisables, il se forme une emulsion commencant a froid et augmentant a mesure que la tempe- rature du melange s'eleve, en meme temps les globules de graisse disparaissent; 2» Que cette Emulsion, en partie dissoute dans le liquide bouillant tl en partie flottaut a la surface, se transforme par le refroidissemcnt en une masse solide ; 197 3° Que r^mulsion obtenue contient toujoursune certaine quantite de savon, qui n'est cependant point proportionnelle au poids de ce pro- duit dessecli6 ; 4° Que lorsqu'on expose pendant un certain temps une dissolution de phosphate neutre de soude, contenant des acides gras en suspen- sion, a une temperature variant de 35° a 40°, il se forme la m6me espece d'^mulsion que dans les cas precedents', mais contenant appa- remment une plus faible proportion de savon. Exp. VI. — On fit bouillir une dissolution de phosphate de soude neutre Iribasique avec des graisses neutres (graisse de mouton filtr^e), 11 nc se forma pas d'emulsion, meme apres plusleurs heures. En secouant le me- lange, le liquidc devint opaque ; mais ce ph^nom^ne dependait evidemmcnt de la division des globules de graisses en pclites particules qui niontaienl a la surface du liquide apres qu'on I'eut abandonnu au repos pendant quel- ques instants. Cette experience rep6t6e plusleurs fols donna toujours les memos resultats. Je conclus de lii que le phosphate de soude en question n'a point la propriete d'^mulsionner les graisses neutres, et par consequent d'en saponifier meme une tres-faible proportion. Le phenomene que je viens de d^crire est certainement tres-reraar- quable; car, si je ne me trompepas, on n'avait point encore observe qu'une substance a reaction alcaline eilt la propriete de former un savon avec des acides gras, cette meme substance ne pouvant cepen- dant pas saponifier les substances grasses neutres. Quant a {'emulsion obtenue dans ces experiences, I'analyse d6monlre qu'elle contenait toujours une petite quantity do savon; il semblerait done que la presence de ce savon 6tait la condition indispensable a la formation de I'emulsion. MM. Jeannel et Monsel, dans un m6moire tres-interessant commu- nique a I'Atademie de medecine le 3 novembre dernier, concluenl : « Que le phenomene de I'emulsion des matieres grasses par les bases )) resulte d'un commencement de saponilication qui a lieu a froid, on » tout au moins d'une manifestation a froid des affmites qui deter- » minenl la saponification par finterventiou de la chaleur. » Mes ex- periences d6montrent que lorsqu'il s'agit de I'emulsion produile par I'actiondu phosphate de soude tribasique (2NaO. HO. PhOg) a reaction alcaline, sur les graisses acides, la saponilication qui a lieu est d'une nature particuliere, puisque I'emulsion une fois formee, la saponili- 198 cation parait s'arreter, tandis qu'avec le carbonate de soude la sapo- nification continuerait jusqu'a ce que I'acide gras filt entierement sa- poniOe. Je demande encore la permission de faire remarquer que mea re- sultats ne sont pas d'accord avec la premiere partie dela conclusion n" 1 a laquelle ces messieurs sont arrives, « que tous les liquides a I) reaction alcaline d'o^igine inorganique ou organique 6mulsionnent » k's huiles dans I'eau distillee. » En effet, si par ce mot liuile ils en- Icudent graisses neutres en fusion, pris en gi^neral, le phosphate de soude neutre a reaction alcaline qui nous occupe n'a pas le pouvoir d'emulsionner ces substances. Je desire reconnaitre, en terminant, les pr^cieux services que mon assistant M. Frederic Dupre, Ph. D., ui'a rendu dans ces recherches. MEMOIRE SUR L'HYDROPISINE, NOPELLE mmU ALBVMI^OIDE, GONFONDUE JUSQU'A CE JOUR AVEG L'ALBUMINE; Societe de Biologie, dans sa seance du 2S avnl 1857 Par M. Felix GANNAL, Pharmaciea de premiere classe, externe des hijpitauv de Paris. 11 existe dans la nature, tant a I'^tat physiologique qu'a I'^tat pa- thologique, un certain nombre de, substances organiques, presentant entre elles de grandes analogies at designees collectiveraent sous le nom demalidres albuminoidcs. G'est principalement dans ces derniers temps que I'^tude de ces substances a 6t6 faite d'une maniere appro- fondie, et les travaux de MM. Robin, Verdeil et Claude Bernard ont beaucoup contribu6 a en etendre le cadre. Ces substances ferment par leur union une grande partie de nos tissus, et tandis que les autres principes imm^diats peuvent etre amends sans decomposition a I'etat de simplicity, il est impossible 200 d'isoler ceux-ci dans I'elat oil ils existent dans Torganismc, sans leur faire subir des transformations. Parmi ces substances, une des plus importantes est sans contredit ralbumine. Je ne veux pas faire ici I'exanien de ses propriet^s, je me propose seulement d'etudier une matiere albuminoide speciale con- fondue avec elle, etque j'ai obtenue en analysant les liquidesde divers epanchements morbides. On lit dans le Traite de chimie anatomique de MM. Robin et Verdeil, a I'article Albuminc^ t. Ill, p. 299 : « L'albumine du sang, la caseine du lait et la pancreatine, malieres » albumino'ides pen distinctes pour les chimistes, peuvent 6tre diffe- » renciees par Taction qu'exerce sur elles la chaleur et le sulfate de » magn^sie. En effet, la pancreatine se distingue de la caseine par sa 1) coagulation a I'aide de la chaleur, et de Falbumine par sa coagula- » tion par le sulfate de magn^sie, qui laisse passer l'albumine et re- » tient la pancreatine, reaction indiqui^e par M. Claude Bernard. L'al- 1) bumine du blanc d'ccuf coagulepar la chaleur les acides 6nergiques » Talcool, et filtre a travers le sulfate demagnesie. )' Le liquide de I'hydropisie a tons les caracteres de l'albumine par » la chaleur et les acides; mais m61ang6 avec le sulfate de magnesie, » le liquide filtr6 se trouble legerement sans se prendre en caillots » blancs, volumineux, par la chaleur, I'alcool et les acides (1) ; ce fait )' indique I'existence d'un principe coagul6 par le sulfate de magnesie » et d'une petite quantity d'albumine qui filtre sur ce sel sans etre » retenue par lui. » C'est la tout ce qui a 6t6 dit jusqu'a ce jour sur cette matiere albu- minoide. Guide par les conseils de mon savant ami le docteur Gh. Ro- bin, j'entrepris la recherche de ce principe nouveau contenu dans le liquide des hydropisies et si different de l'albumine par Taction qu'excrce sur lui le sulfate de magnesie. Attache a un service de TH6tcl-Dieu, je pus, dans un cas de thora- centese, me procurer un litre de s6rum pleural; ce liquide etait ci- trin, assez epais par suite de la presence d'une certaine proportion de (1) Lc caillot est beaucoup moins abondant, mais il oxiste n6anmoins e vient sans doute de la petite qiiantite d'albumine qui accompagnc Vhydropi- sine dans le liquide des s^renses. 201 fibrine (3 pour 1000) donl je me debarrassai en fouettant leliquide et le laissant reposer. Je fis sur ce premier liquido les experiences suivantes : Exp. I. — . Je pris 200 grammes de liquide et le cliaufTai Icntement. A. 68°, 5 la liqueur devint plus epaisse en conservant la transparence du blanc d'ocuf ; a 70° la coagulation s'effectua rapidement. Le melange etant trop 6pais, j'y ajoutai de I'eau et jetai sur nn filtre. La liqueur filtr^e n'a point presents de traces d'albumine. Je lavai I'albumine du filtre pour en separer les sels ; puis jelafls secher au-dessous de 100°, ce qui me donna 8,45 dematiire seclie, dont 4,225 pour 100 ; le liquide filtr^ mis a 6vaporer donna 1,35 de sels, dont 0,675 pour 100. Exp. II. — Le serum du sang, scch6 au-dessous de 100°, a donne 7 pour 100 de r^sidu. Le liquide de I'hydrothorax, dans la m6me circonstancc, n'a donne que 6 pour 100 de matiere secbe. Exp. 111. — Comparative entre le s6rum du sang et le liquide d'liydro- pisie. A. S^rum du sang. ... 125 gr. Sulfate de magn^sie. 250 Le serum fut vers(5 sur im filtre garni de sulfate de magn(5sie; quand il ne s'ecoula plus ricu du filtre, je chaulTai le liquide filtre. A 80° le trouble commcnca, a 85° la liqueur s'epaissit, devint laiteuse a 92°, et se coaguia de 95° a 98°. Le eoagulum pesait humide. 90 gr. — — sec. . . 11 JIatiurc extractive et sels . . . 1,15 Le sulfate de magnesie fut ensuite dissous : la liqueur portee a I'ebuUition se Iroubla legerement, puis filtr(5e. 11 ne rcsta sur le fibre aucun eoagulum nppn'ciable. B. Liquide de rhydrothorax. 200 gr. Sulfate de magnesie. . . . 400 Lo liqnide, apr^s avoir flltre a travers le sulfate de magnesie, a etc cbauHe : il se troulila a 76", s'epaissit de 78° a 8S», a 95° la coagulation commenra. Le eoagulum, apres avoir dte lave pour enlever le sulfate de magnesie, jiesait : Humide , 31,25 Sec 4,80 Matiere extractive et sels. . 1,90 202 Le sulfate de magn^sie a ensuite €{& dissous, et le liquide chauffti, devint laiteux a 73* , s'est coagale de 92° a 93'. J'ai obtenu un coagulum pesant humide. . 32,60 sec ... . 7 gr. Comme on le voit, dans ces experiences mes resultats se sont trou- v6s conformes a ceux que MM. Robin et Verdeil ont consignes dans leur Traite de CHiMiE ANATOMIQUE, a savoir : 1° qu'il existe dans le liquide de I'hydropisie une certaine proportion d'une matiere diilerente de I'albumine en ce qu'elle est retenue par le sulfate de magnesie ; 2° que le liquide, apres avoir ele flltre sur le sulfate de magn&ie, donne un coagulum moins abondant qu'avant la filtration, d'oiiM. Robin conclut tout naturellement que la matiere retenue par le sulfate de magnesie est coagulable par la chaleur. Les chimistes auxquels j'ai fait de si nombreux emprunts dans mes experiences n'en disent pas davantage a ce sujet. 11 etait important de savoir : ]° Si cette substance est coagulde par le sulfate de magnesie; 2° Si elle est simplement retenue en combinaison avec le sulfate de magnesie ; 3° Quelle est sa nature; 4° Quelles sont ses proprietes ; 5° Comment la distinger de la pancreatine. Pour repondre a ces questions, il fallait faire une analyse compara- tive entre un liquide albumineux, autre que celui sur lequel j'experi- mentais, et mon liquide d'hydropisie. J'ai pris le s6rum du sang comme point de comparaison; ainsi qu'onapu le voir par I'exp. Ill; le sulfate de magnesie n'a pas modifi6 ce liquide, et le l^ger trouble ob- tenu en dissolvant le sel du filtre et cbauEfant peut etre attribu6 a un pen de liquide albumineux retenu mecaniquement a la surface des crislaux. Cela est evident, surtout si Ton tient compte de la difference d'intensite des reactions. Ayant done dissous separeraent le sulfate de magnesie de mes deux Qltres, je vis que la liqueur etait claire, ne presenlait aucun llocon et pouvait 6tre liltree sans modification de ses caracteres. Done, 1" la matidre albuminoide^ s^il en avait ete retenu une^ na- vait pas 6te coagulee par le sulfate de magnesie, mais simplement arritee par combinaison avec ce sel. !203 En avait-il 6t6 retenu une? Cela est Evident; car en chauffant le liquide (solution de sulfate de magnesia du tiltre) on obtenait un coa- gulum abondant qui, je I'ai dit plus haut, ne pouvait etre confondu avec le trouble a peine sensible que donnait, dans les memes circon- stances, la dissolution du sulfate de magnesie sur lequel avail el6 fillr6 le serum du sang. Done, 2° une matiere albiiminoide est restee sur le filtre, retenue par combinaison avec le sulfate de magnesie. Quant auxaulres questions, F^tude de la nature el des propriel6s de cette substance, que j'appellerai liydropisine, elle est Ires-difficile, attendu qu'il n'est pas aise de I'isoler sans en modifier les proprieles; elle est en dissolution dans un liquide conlenant du sulfate de magne- sie, et ce sel doit, dans beaucoup de cas, masquer les proprieles de I'bydropisine. En effet, on lit dans le Traite de chimie anatomique : « Notons pour • I'alcool que le liquide filtre sur le sulfate de magnesie cause un » leger trouble, d'autant plus grand qu'on y ajoute une plus grande » masse de reaclif dans de certaines limites ; trouble qu'on pourrait » prendre pour une coagulation albumineuse, mais il est dii a Taction " de I'alcool sur la solution magnesienne qui est pr6cipit6 identique- » ment de la meme maniere lorsqu'on prend le sulfate de magnesie » pur. » Gependant j'ai essaye d'une maniere succinic ]'6tude comparative de cette substance avec I'albumine, me r^servant de completer ensuite cet examen par I'analyse d'aulres liquides morbides. Pour bien faire la part de ce qui serait dii au sulfate de magnesie, a I'albumine etThy- dropisine, j'ai agi en meme temps, 1° sur une solution de sulfate de magnesie pur; 2° sur la solution de sulfate de magnesie sur lequel avail filtre le serum du sang ; 3° sur la solution du sulfate de rnagn^- ie sur lequel avail filtre le liquide de I'hydrothorax, 204 Eau. . . Chaleur. Acide nitrique. iVcide chlorhydriqiie. . Sonde et potasse. . . . Teint.de noix degalle. Eaii iodee. . . . . Sulfate de cuivre. Reactif eupro-potassi- siqne (Icery) A. Solution de sulfate de mag nes. pur. Kien. B. Solution de sulfate de magnesic du serum dn sang. Laliqueur deviant opa- line sans coagulum. Liqueur louche. C. Solution de stilfate de magnesie du liqnide d'hydropisie. Dissolution difficile dc ce sel dans I'eati. La liquenrdevient lai tense et il se I'ormo uncoagnlumpar re- froidisseuieut. Liqueur laiteiise. Ces deux liqueurs, cbaulTees avec nn exces d'a- cide nitrique, s'eclaircis.sent et jauuissent. En refroidissant.la iiquenrC donuu un coa;; iiluin plus abondaut que la liqueur 1!. Liqueur louche. Precipite abondant hydrate de magnesie. Trouble et coagulum egalement abondant dans les deux liqueurs. Liqueur laiteuse. Liqueur louche. Liqueur laiteuse. Precipite d'hydrate do magnesie. Gomme on le voit par ce tableau, il n'y a pas do reactioa chiraique bien trancheeqiiipermette de differencier I'albumine dc I'hydropisiae, en exceptant toutefois Taction du sulfate de magnesie sur cette der- niere substance. M. Icery a, dans sa these inaugurale, indiqu(5 I'existencc de deux especes d'albuminequ'il aurait observ^es dans la raaladie de Bright et chez les femmcs enceintes, et, suivant lui, au moyen d'nn reactif cu- pro-potassique on pourrait dilTiirencier ces deux substances. J'ai rep6t6 ces experiences, et mes r^sultals n'ont pas etti d'accord avec les siens; j'ai, en efFet, obtenu par ce reactif une coloration d'un beau violet clair, mais pas le moindre precipite noir, contrairement a ce qu'a indique cet auteur. 11 ne faut pas, du reste, attachcr beaucoup d'importance aux reac- tions des sels metalliques sur Talbumine; ellos peuvent varier a I'infini. 205 « Ces variations, disent MM. Robin et Verdeil, pcuvent provenir soil » de I'etat de concentration du ruaclif que Ton eniploie, et surlout des » substances qui se trouvent toujours melangees a I'albumiue dans Ics » liquides animaux ; aussi voit-on les auteurs varier dans la descrip- >> tion qu'ils font de ces precipites et annoncer souvent n'avoir pu » reussir a refaire ce qu'un autre chimiste a obtenu. » Et plus loiu ces chimistcs ajouteut : a Nous croyons que ces reactifs " par les sels mt^talliques doivent tons etre abandonnes comme moyen <> de reconnaitre et de distinguer entre elles I'albumine et les substan- » ces organiques. » Je ne partage pas cet avis. Je crois en outre que dans les maladies oil il y a albuminerie, il scrait important d'analyscr jour par jour et pendant longtemps les urines, car ces liquides doivent varier par la nature ou par la quaulite des substances coagulables ([u'iis renfer- nient, dans la raaladie de Bright, les affections du cceur, du foie, etc. h'lajdropisine est une substance organique qui doit clre rangee dans la troisieme classe des principes immcdiats, dans les principes coagulables, non cristallisables, azotes, en un mot, dans les raatieres albuminoides entre I'albumine et I'albuminose. 11 me reste a indiquer comment on peut distinguer I'hydropisine de la pancreatine, car, je I'ai dit plus haut, cctte derniore substance est rctenue par le sulfate de magnesie. Ayant vu dans les exccllentes le- cons de M. Claude Bernard que la pancreatine prenait, sous rinfluence du chlore, une teinte rouge caracterislique, j'essayai ce reactif sur I'hydropisine. En faisaut passer quelques bulles de'gaz chlore dans le liquide d'hydropisie, je n'observai pas de modiQcatioQ dans sa cou- leur. En resume, il devient bien evident par les fails cites plus baut : 1" Que dans les ^pancheraents morbides de la plevre et du peritoine, il existe une substance organique coagulable par la chaleur et par I'acide uitrique, differente de I'albumine du sang et de I'oeuf, dcla caseinc et de la pancreatine. G'est a cette substance que j'ai donn6 le nom d'hydropisine, suivant le conseil de mon maitre et savant ami le docteur Robin; 2° Que cette substance se distingue de I'albumine parce qu'ellc est retenue en combinaison par le sulfate de magnesie sans etre coagulee par ce sel ; de la caseine, parce qu'elle est coagulee par la chaleur ; de la pancreatine, parce qu'elle nc rougit pas par le chlore. 206 Je vais terminer par I'expose des essais que j'ai fails sur divers autrcs liquides. a. L'eau albumineuse n"a pas sensiblement perdu do sa coagulabilite en liltrant sur le sulfate de magnesia; le sel du iiltre dissous a donne une solution a peine troublee par la chaleur el I'acide nitrique. b. L'uriue d'un cas de raaladie de Bright avcc alTection du occur n'a pas donne avec le sulfate de niagnesie dc reaction analogue a celle indiquee plus haut pour le liquide des hydropisies ; le meme rt^sultal a ete oblenu avec une urine normale dans laquelle j'avais dissous du blanc d'a3uf. c. Le serum de la plevre obtenu apres la mort chez un malado af- fecte d'une maladie du occur m'a donne pour lOQ : Ilydropisinc humide 1G,70 seclie. ..... 5,70 Mbumine humide 21,15 scche 6,95 d. La serosite peritoneale du meme sujet a produit pour 100 : Hydropisine humide 14 seche 9,80 AUjumine humide 24,46 seche 7,45 NOTE SUR IX mUCTURE DE l\ mmUM DES KYSTES SURLI^OMH AI'PELES GRENOUILLETTE, lue ii la Societe de Biologie, dans sa seance dii 18 juillet 1857, Par M. le Docteur Charles ROBIN, Profcsseur agrege a la Farulte de niedecine- J'ai eu deux ibis I'occasion d'etudier la structure des parois de la grenotdllette, une fois surle cadavre, et lekyste, qui fut assez raal dis- sequc, avait le volume d'unenoix seulemcot. La secondc fois la paroi me fut remise par M. Malgaigne, qui en avait fait I'ablation. Dans les deux, cas lastructure etaitlameme. La description suivante la resume, et elle est faite particulierement a I'aide de la piece de M. Malgaigne, dont j'ai dicte les details en meme temps que j'en faisais la dissection et queje I'observais. La surface interne est lisse et offre plus I'aspect d'une sereuse que d'une muqueuse, si ce n'est qu'au toucher elle est un pen gluante. L'epaisseur de la membrane est d'un milimetre au plus.Sa structure, examinee du dedans au dehors, a offert les particularity suivantes qui sent exactement les memes sur les deux fragments. 208 1° La face interne ctait tapissee d'lin epithelium disconlinu, c'est-ii- dirc manquaut par places, compose d'une seulc couclie ou rangec de cellules, la plupart prismatiques , fort elegamment disposees les unes centre les autres. Les lambeaux d'epitbelium vus dc face monlrent des cellules larges d'un centieme de millimetre, tres-reguliercment poly(^- driques ; vusde c6t6, ils raontrentque les cellules sontlongues de 3 a 4 centiemes de millimetre , prismatiques, plus etroites a leur extremile adherente qu'a I'autre bout ; toutes sent tres-linement granuleuses et pourvues d'un noyau ovoide regulier, contenant un nuclide sur un certain nombre de cellules seulement. Autour des lambeaux d'epitbelium, se trouvaient quelques cellules pavimenteuses irregulicres, avec ou sans prolongement aigu aux an- gles, rarement imbriquees en lamelles. Certaines cellules etaientsphe- riques. Caet la on rencontrait aussi des leucocytes. 2° Au-dessous de cet epithelium et immediatement a nu, dans les points ou celui-ci manquait, on trouvait une couche epaissc de 1 a 2 dixiemes de millimetre, composee de matiere amorphe et de corps fu- siformesfibro-plastiqucs, pules bieu qu'un pen granuleux, a contour unpen den tele. II n'y avait que de rares noyaux hbro-plastiqucs libres, dont quelques-uns, ainsi que dans les corps fusiformcS; oirraient un petit nucleole brillant. L'epithelium decrit precedemment est tres-analogue a celui qu'on trouvedans lecanal excreleurde Stenonetdans celui deWarllion, pres des points oil ils se continuent avecles acm? giandulaires. La couche de matiere amorphe qui vient d'etre decrite, raais pauvre en corps fusi- formes ou en manquaut tout a fait, se trouve egalement dans ces con- duits immediatement au-dessous de l'epithelium. Ces parlicularites anatomiques portent done a penser que la poche de la grenouillette etait due a une dilatation d'un conduit glandulaire excreleur, ou peut-etre a un petit lobule secretour. 3° Au dehors de la couche decrite precedemment, se trouvait une couche de fibres de tissu lamineux non disposees en faisceaux, tres- elegamuient entre-crois^es, toutes un pen onduleuses, et parcourues par de nombreux capillaires, pleins de sang, formant des mailles assez etroites. A la face profonde de cette couche existaient de nombreuses libres elastiques, elOgamment llexueuses, plus rarement anastomosees que les libres elastiques ordinaires des muqueuses ct se rapprochant 209 plusde celles qu'on trouve dans le tissii lamineux sou3-cutan6 etsous- muqueux que d'aulres fibres elastiques. 4" A la face exterieure des deux lambeaux des parois du kyste on trouvail ca et la des grains glanduleux, semblables par leur structure a ceux desglaades salivaires normales. lis adheraient assez fortement aux deux fragments de membrane kystique decrits ci-dessus. MRM. 14 I I MEMOIRE svn VK modi: particvlier et jvoai recrit DE PRODUCTION DE LA PAROI DES KYSTES AUTOUK DE CERTAINES COLLECTIONS DE PUS ET D'AUTRES LIQUIDES DANS LES ORGANES PROFONDS; In a la Socifit6 de Biologie, le 26 septembre 1837, Par M. le Docteur CHARLES ROBIN, Professeur agr4g6 i. la Faculty de mMeciae, etc. § !• — DESCRIPTION GENERALE. Le sujet de ce travail est un phenomene de physiologie palhologique qui n'a pas et6 etudie, que je sache, jusqu'a present, parce que, pour etrecompris,ilexigelaconnaissaDcede la texture ou structure intime des tissus en general, et des tissus tibreux et elastiques en parliculier. Or on sait que cet ordre d'etudes, g^neralement neglige par les prati- ciens, qui n'y voient le plus souvent qu'un objet de pure curiosite scieutiflque, ne pent nalurellement guere intervenir dans I'interpreta- tion des produits niorbides qu'ils observent. Cependant il est certain que nulle interpretation des alterations d'un lissu ne peut etre exactement faite si on ne connait la texture de ceux-ci. Quoi qu'il en soit, le phenomene dont je vais parler a pour rfeultat de determiner Tapparition de dispositions anatoraiques de I'aspect exterieur le plus remarquable, et quibien que n'elant pas fort rares, ne sont pas decrites dans les auteurs classiques, ainsi qu'elles raeriteraient de I'etre. 212 Le fait anatomique dont il s'agit est caracterise par I'existence , a la face interne des cavit6s ou parois kysteuses, de colonnes charnues qui sont comparables souvent, pour la consistance, la couleur meme et I'arrangement g6n6ral, i celles qui tapissenl les cavites ventricu- laires du ccbut ou celles des oreillettes. Rien de plus remarquable a cet egard que cette disposition lorsqu'on a diibarrasse la parol de ces cavites accidentelles, par le riclage ou le lavage a grande eau, des raatieres liquides ou demi-solides qui leur adherent. Les colonnes se montrent alors avec une surface souvent lisse et d'aspect sereux. Elles sont rougeatres, d'une maniere uniforme g6ne- ralemenl, ou d'un gris jaunatre, et quelquefois marquees de trainees jaunatres ou d'aspect purulent dont il sera question plus loin. Leur consistance est charnue, elles se dechirent dans le sens de la longueur d'une maniere reguliere et avec assez de facility, tandis qu'elles le font plus difticilement dans toute autre direction. La dechirure a un aspect finementstrit^, analogue acelui que presentent les faisceauxcharnus du coGur. Ces particularites sont telles, que j'ai vu a diverses reprises des medecins et des cbirurgiens admeltre qu'il s'agissait la de faisceaux charnus de nouvelle formation, en discuter la probabilite et apporter de nombreuses raisons en sa faveur, avant d'avoir fait faire I'examen du lissu. Ceux memes qui prefcrent les suppositions a I'observation, et qui pour cela ne veulent point admettre les determinations de la na- ture des tissus auxquelles conduit I'examen de ceux-ci a I'aidedu mi- croscope, ont plus d'une fois persiste dans leur hypoihese plut6t que d'admettre les resultats fournis par I'^tude de la structure inlime. Quoi qu'il en soil, les faisceaux sont parfois adherents dans toute leur longueur a la parol du kyste, comrae dans les vessies a colonne. lis donnent alors a la face interne de la parol un aspect areolaire Ires- el6gant, parce qu'ils s'entre-croisent, se ramifient et s'anastomosent en divers sens. D'autres fois, il est un certain nombre de faisceaux .se rencontrant ca et la an milieu des precedents, qui sont libres dans une parlie de leur ^tendue, et adherents dans le reste ou seulement a leurs extre- mit6s, comme quelques faisceaux charnus du coeur. II est enQn des circonstances dans lesquellcs la cavite est travcrst'e d'une face a I'autre des parois par un ou plusieurs faisceaux donnant au kyste uu as- pect cloisonne ou areolaire, quand ces faisceaux sont norabreux. Malgr6 eel aspect ext^rieur et les dispositions anatomiques prerO- dentes, de I'elegance et de la singularite desquelles une description peut difficilement donner une idee, on ne trouve jamais de fibres raus- culaires, ni de la vie animale, ni de la vie organique dans ces fais- ceaux. II s'aglt la simpleraent de kystes ii parois fibreuses, plus ou moins ^paisses suivant les cas, dont souvent la consistance est considerable, qui crient sous le scalpel ou les ciseaux qui les coupent et qui alors ont souvent ele dites de nature squirrheuse. Les parois, comme les faisceaux, sent pen vasculaires et composes ou principalement de fibres lamineuses disposees en faisceaux fibreux ou de ces dernieres nielangees a des fibres elastiques. Les iibres lami- neuses offrent une texture assez remarquable sous le microscope. EUes sont disposees ca et la en couches ou nattes ii fibres legerement et r6- gulierement ilexueuses. EUes sont ou non accompagnees de matiere amorphe et de granulations graisseuses. Ailleurs ou dans le voisinage, elles sont comme dans le tissu fibreux proprement dit, arranges en petits ou en gros faisceaux r6guliers, a fibres tantdt rectilignes, tant6t Ilexueuses, mais toujours tres-adhercntes les unes aux autres et diffl- ciles a dissocier, soit a cause de leur propre adherence, soit a cause de la matiere amorphe tenace qui est interpos6e entre elles. Quant a la surface lisse des faisceaux qui, par leur saillie, leur en- tre-croisement, leurs ramiQcalious et leurs anastomoses, donnent a la parol I'aspect ar^olaire, elle est composee d'une mince couche de ma- tiere amorphe, tenace, dans laquelle je n'ai jamais trouve de vaisseaux, et dont la superficie n'est pas tapissee d'epithelium. Je vais actuellement, dans un second paragraphe, donner la descrip- tion particuliere de deux pieces du genre de celles dont je viens de parler d'une maniere generate. Je dois ces deux pieces et les observa- tions qui accompagnent leur description a Tobligeance de M. le doc- teur P. Lorain. § IL — DESCRIPTION PARTICULIERE DES KYSTES A PAROIS AREOLAIRES. Premier cas : Abces chronique ou kyste suppure du testicule. — 11 ne s'agit point ici d'une inflammation du testicule ou orchite, ni de ce genre de le- sions connues sous le nom d'hydatides du testicule; i'observation du fait que nous relatons montre que le malade n'a jamais ressenti de douieurs dans le testicule, que la maladie a ete lente, qu'on ne peut lui assigner aucune cause vraisemblable. Nous devons la connaissance des principaux details de 214 I'obsen'ation clinique a une obligeante communication de M. E. Cadet-Gassi- court. Le malade qui fait le sujet de cede observation (5tait 5g6 de 35 a 40 ans d'une constitution vigoureuse, ayant toujours liablle en Bourgogne (departe- ment de la Cdte-d'Or), oii il exerce la profession de marcband de vin. II est entre a l'h6pital des Gliniques le 20 mars 1854. Voici les renseignements qu'il nous a donn(5s sur les antecedents de sa maladie : deux ans et demi avant son entree a I'hOpital, il remaiqua qu'une tumeur se di5veloppait dans la bourse du c6t6 droit. S'il faut Ten croire, cette tumeur arrondie, d'un petit volume, 6tait situee en avant du testicule proeminenf, a la surface de I'organe qu'elle aurait fini progressivement par englober tout entier. Le developpement dc cette tumeur ne donna lieu a aucune douleur vive, elle ne fut point produite 80US I'intluence d'un coup; le testicule n'avait jamais ant^rieurement €[& le si(^ge d'aucune lesion, et le malade nie avoir jamais eu d'accidents vcne- riens. Au moment m6me oil il est venu a Paris pour reclamer une operation, 11 n'accusait point de douleur, mais I'accroissement de la tumeur lui faisait craindre que sa maladie ne fxit dangereuse. Six semaines environ avant l'^- poque oil il se presenta a M. Nelaton, le malade consulta un cbirurgien de son pays. La tumeur avait alors le volume d'un gros oeuf. Une ponction fut prati- qu6e avec im trocart , mais probablement I'instrument ne pdndtra pas pro- fondement, et n'alteignit pas la cavite de la tumeur, car il ne s'ecoula qu'un pen de sang noir ; neanmoins on fit une injection de teinture d'iode. Quelques jours apres cette tentative infructueuse, une nouvelle ponction fut pratiqu^e avec lebistouri, et n'amena que la sortied'un pen de sang. (I'eut-etre avait-on voulu ouvrir la voie a un pblegmon forme dans les parois de la tumeur, a la suite de la premiere ponction suivie d'injection iod^e.) Aucun accident ne suivit cette operation ; le malade se d^cida alors ^ venir a Paris se faire operer. M. N61aton, parlant de ce malade dans sa lecon clinique du 3 avril 1854, s'exprimait a pen pres ainsi : J'ai constate qu'il existe dans la bourse du c6te droit une tumeur ovo'ide la grosseur d'un ocuf de poule, assez reguliere. Une exploration attentive m'a permis de reconnaitre qu'elle pr^sente ime fluctua- tion manifeste de haut en bas et transversalement, cependant je dois ajouter que toutes les parties de cette tumeur n'offrent pas exactement la meme con- sistance ; la density est assez grande a la partie anterieure et inferieure, la mollesse assez grande en baut et en avant; les teguments sont sains etn'ont pas contracts d'adherence avec la tumeur; le cordon u'est pas aWri, les ganglions de I'ainene sont pas engorges; il ii'y anidouleurs ni tiraillements, ni dlancement du c6te des reins ou vers les regions iitguinales ; la tumeur elle-m6me est tout a fait iudolente. Discutant ensuile la valeur dessignessur lesquels il devait Ctablir le diagnostic, M. Nrlaton dit qu'il avail d'abord pensc a une beaiatoc^le, mais i|u'uue exploration attentive dc lu tumeur 215 I'avait fait cUauger d'avis ; en effet, le toucher lui lit reconnaitrc I'existeiice d'une crepitation particuliire au niveau du point oil avait 6te faite la premiere ponction avec le trocart; cette crepitation observee souvent par M. Nelaton, dans les jours qui suivent une operation d'hydrocele, lui paraissait due au I'rottement des deux feulllets de la sereuse vaginalc reconverts de fausses membranes ou devenusrugueux, froltement analogue a celui des deux faces pleurales a la suite d'une pleuresie. Si Ton avait eu affaire ici a une hemato- cele, le frottement des deux feuiUets sereux aurait ete impossible. M. Nela- ton fut amene a conclure que la tunieur occupait le teslicule lui-meme; quant a la nature de la lesion, elle lui parut difficile a etablir neltement, et 11 inclina, sous toules reserves, plutot pour un enceplialo'ide que pour tout autre genre de lesions. Le testicule fut enleve, I'operation ne pvescnta aucune circoustance digue d'etre notee, la plaie se cicatrisa, et un mois apres, le malade partit gueri. La piece anatomique fut examinee a loisir et avec le plus grand soin. M. Nelaton s'assura d'abord que la tunique vaginale elait intacte et vide. La membrane sereuse etait saine, lisse, polie, excepte dans le point indique plus haut, oil elle etait rugueuse, terne, presentant les signes d'une phleg- wnasie locale sur Tune et sur I'autre face. La tumeur elle-meme fut incisee avec precaution, ses parois resistantes avaient une t^paisseur de 8 millimetres environ partout, sauf a la partie supcrieure oil cette epaisseur n'etait que de 4 millimetres, cette tumeur etait un kyste rempli de pus blanc assez epais; le pus fut conserve pour etre examine au microscope, et i'interieur de la cavite ayant ete lave, voici ce que Ton vit ; une surface lisse, telle que celle qn'on rencontre dans un grand nombre de kystes, et des colonnes charnues de dimensions considerables, semblables en apparence a celle qn'on rencontre dans les ventricules du crour. Ces colonnes ou faisceaux sont Ires-nombreux et donnent un aspect caracterisUque a la lesion que nous decrivons : les uns font corps avec les parois, d'autres sont libres par leur partie mediane, de facon a former comme des especes de ponts ; ces faisceaux paraissenf, comme les parois elles-meraes, constitucs par du tissu lamineux tres-dense. Toute la tumeur est renfermee dans la tunique albugiuee, et c'est a peine si, a sa partie superieure, nous trouvons trace de la substance meme du testicule. Cette piece anatomique fut presentee a la Societe anatomique dans le mois d'avril et se trouve decrite incompletement dans le bulletin de cette Societe (juin 1854). Le pus contenu dans la cavite centrale est forme de globules de pus, tous tr6s-granulenx, mais dans lesquels I'acide acetique fait reconuailre de 1 a 2 noyaux, quelquefois 3. Quelques-uns sont irreguliers; mais le contact pro- long6 de I'eau diminue cette irriigularite, et I'acide acetique agit sur eux comme sur les precedents. Eu outre, le iiquide tient en suspension une grande quantite de globules 216 de pus granuleux (globules dits d'exsudation), tous spheriqnes ou ovoides, larges de deux a trois cenlifemes de millimetre; il renferme, en outre, une grande quantite de granulations jaunatres, spheriques, douees du mouvement Brownien et quel'acide ac^tique n'attaque pas. L'(5ther au contraire les dis- sout, bien que lentement; tous ces caracteres portent a les determiner comme granulations graisseuses. A la surface interne de la cavite, remarquable par les colonnes saillantes entre-croisees qui la limitent comme dans le cccur ou dans une vessie a co- lonnes, on trouve une couche presquc pateuse formee des m^mes elements que le liquide lui-memc. Cette couche eulevec laissc apercevoir la surface rougeatrc des colonnes. Celles-ci sont charnues, assez friables, se i6- chirant facilement, mais plutot en longueur qu'en travers. Elles sont formees : 1" De tissu lamineux dispos6 en faisceaux ou natles dont les fibres pre- sentent des flexuosites tres-courtes et tres-rapprochees ; on pent pourtant les isoler dans une assez grande longueur, ou au moinsles s^parer en faisceaux plus petits; 2" L'el^ment le plus abondant, apr^s les fibres de tissu lamineux, est de la malifere amorphe interposee a ces fibres et a leurs faisceaux et qui est plus abonrlante a leur surface que dans leur profondeur. Dans plusieurs endroits, m^me dans les parties les plus rouges, on trouve des granulations grais- seuses eparses dans cette mati^re amorphe. On en trouve aussi dans les interstices des fibres disposees ou non en faisceaux avec des corps fusj- formes fibro-plastiques; 3" De noyaux embryo-plastiques, visibles surtout apres I'actioa de I'aoide ac^lique ; 4° De cytoblastions. Une particularite importante a signaler, c'est la presence, dans I'epaisseur de plusieurs colonnes, mais surtout dans le tissu plus ext^rieur auquel elles adherent, d'une maticre jaunatre ou blanche que nous aliens decrire. Le tissu infiltre par celte matiere a la m6me constitution que les colonnes elles-m6mes, et a une ^paisseur de 1 centimetre environ. La matiere blan- chatrc ou jaunatre se retrouve sous forme de plaques ou de trainees allon- gees dans la plus grande partie de I'epaisseur de cette substance. Par places, elle forme de petits amas a contours irr(?guliers ; c'est surtout au niveau de I'interstice des faisceaux entre-croises qu'on retrouve le plus de cette ma- tiere ; les bords en sont mal determines et se fondent insensiblement avec la substance environnante. Cette matifere est moUe, pulpeuse, par Taction de racier; elle s'enlSve sur le scalpel, sous forme de petites gouttes crenieuses. Le microscope permet de constaterqu'elle est formee surtout de granulations jaunatres de volume presque uniforme, tres-abondantes, infiltrees dans le tissu des colonnes ou celui qui leur est exterieur. Ces granulations sont tan- tM disposees en amas, tant6t en trainees irreguli^res. Parfout oil elles 217 abondent, les elements du tissu cellulaire sont moins nombreux qu'ailleurs et sont accompagnes d'une certains quantite de globules granuleux dits glo- bules d'exsudation. Le tissu testiculaire aplati, grisatre, refoule par la paroi ^paisse, ne renferme presque plus de vaisseaux. Deuxieme CAS : Cavernes du poumon d parois pourvues de colonnes char- nues. — Un cadavre qui servait a des demonstrations anatomiques, et dont I'origine nous est restee inconnue malgr^ nos recherches, nous a fourni le sujet de cette observation. Ce cadavre etait celui d'une femme de 45 ans, de taille moyenne, qui pre- sentait les signes suivants : maigreur extreme, ced6me des membres infe- rieurs, etroitesse du thorax. Des vergetures nombreuses sur la peau de I'abdomen et I'examen des organes genitaux montrent que cette femme a eu au moins un accouchement ; I'uterus n'olTre pas les caracteres d'une ges- tation recente. La percussion pratiquee sur le thorax donne un son a peu pr^s mat dans la hauteur en arri6re. Les caractSres exterieurs du cadavre seniblent indiquer que la mort est survenue a la suite d'une maladie orga- nique longue avec gene dans la circulation. L'examen des organes abdominaux nous fait voir un peu de s(?rosite epan- chee dans le petit bassin et des h^morrhagies formant des collections de sang noir coagule sous la muqueuse de I'intestin grele, dans la derni^re portion de I'ileon. Les ganglions mcsenteriques sont sains. Le cerveau et les me- ninges n'ont rien presents de particulier. La poitrine ayant (5te ouverte, on trouve les deux poumons partout adhe- rents a la plevre costale dont ils ne peuvent etre d^lacb^s sans eflFort. Le CQJur est sain ; le pericarde contient une quantite de serosite plus grande qu'a I'etat normal. Les poumons ont tout d'abord frappS notre attention par leur poids et par leur volume considerables, par leur defaut d'elasticile et par le nombre in- commensurable de noyaux d'apparence tuberculeusc qu'ils renfermcnt. A la coupe, ils olTrent un aspect gianitique, rudes au toucher sur les surfaces : incises, ils sont, suivant I'experience consacree, formes de petits noyaux grisatres, non pas arrondis comme les tubercules le sont d'habitude, non pas jaunes et caseeux, mais cubiques et grisatres, assez durs pour la plupart. Cependant un tres-grand nombre de foyers ou cavernes sont dissemines dans la masse piilmonaire. Le plus generalement ces cavernes logeraient un pois ou une aveline; mais aux deux sommets se voient d'immenses cavernes qui n'ont pas moins de 6 a 7 centimetres de diamStre. Dans les plus petites de ces cavites, on trouve une substance grisatre qu'on racle facilement avec le scalpel et qui ressemble a de la matitre tuberculeusc. Dans les grandes ca- vernes, les parois sont seulement tapissees par celte substance. I'n epais- sisseraent et une hypertrophic considerables du tissu lamineux donncnt a 218 ces cavit^s un aspect analogue a celui des oreilletles da coeur ou des vessies a colonnes. Las broaches sont purtout ^paissies, durcs, beantes. Tout I'arbre aerien est jusque dans la trancbce rcmiili d'une matii'rc grisc d'aspcct purulent qui laisse encore le passage libre a Tair dans les grosses broncbes, mais obturc entlerement les broncbes d'un petit calibre. Ces alterations n'apparlicnncnt pas a unc parlie des poumons ; elles en ont envahi tons les lobes sans distinction. Le tissu pulmonaire est encore per- meable a lair et surnage. Ayant examine tous les ganglions broncbiques quo nous piimes trouver, nous n'en rencontrames aucun qui ne tut sain. Quel- ques-uns seulement ont une teinte noire tres-prononcee. Oa fut etoune de voir que, en presence de lesions aussi considerables du poumon, les gan- glions fussent sains, contrairement a ce qu'on volt d'habitude. Examen anatomique. — A la coupe du tissu pulmonaire, on pent constater qu'il est entierement parseme de granulations eloignees au plus les unes des autres d'ua demi-centimetre. Dans quelques points elles sont presque coa- fluentes; par places memo elles formcnt de petits anias largcs d'un quart a un demi-centimt;tre, ayant en tout sens a peu pres le volume d'un pois. Les autres granulations ne depassent pas, au contraire, le volume d'une tete d'epingle : celles-ci sont beauconp plus nombrcuses que les amas plus volumineux ; toutes sont remarqual)les par leur aspect gris perle demi- transparent. Ala coupe, elles font saillie a la surface du parenchyme sain et lui donnent un aspect rugueu.\. que vient verifier le toucber opere a I'aide de la pulpe du doigt ; celte saillie, la coloration, la demi-transparence, la teinte grisatre rendent tr6s-distinctcs les granulations grises a c6t(5 du parenchyme pulmonaire, qui a conserve son lilasticite, sa teinte gris rose avec de lines ponctuations on trainees de charbon pulmonaire. Ca et la se trouvent quel- ques cavernes remplics d'un liquidc qui a la consistance du pus cremeux, mais qui oflTre une plus grande viscosite^ On y trouve meme des grumeaux demi-solides s'ecrasant sous la pression comme une masse diffluente. Ce liquidc est grisatre ou d'un gris rougeatre dans la partie centralc des ca- vernes. Les grumeaux dont nous venous de parler olfrent seuls une teinte jaunatre, qui est celle du pus. En outre, les parois des cavernes sont taplssees d'une couche demi-solide pultacee qui se detacbe par Taction de racier avec la plus grande facilitu sous forme de grumeaux. Cette couche est plus visqueuse et ofifre un peu plus de tcnacite que celles qui sont au centre des cavernes. Immcdialement au-dessous d'elle se trouve le tissu pulmonaire avec son aspect granitique et son immense quantitc de granulations grises. Ici, plus que partout ailleurs, ces granulations sont confluentes, confondues parieurs bords et plusmoUes que dans le reste du tissu. Quelles que soient, du rcste, leur mollesse et leur confluence, nous dirons de suite qu'elles ofl'rent la mCme structure que I 219 les granulations plus den ses dont nous avons parl6 en commencant cette description, structure dont nous foioiis mention plus bas. Lorsque, par Taction de racier, on enleve les granulations grises, cou- fluentes, moUes et visqueuses, et qui n'ont pas la mollesse case'euse du tuber- cule, on arrive peu a peu sur unc couche formia de faisceaux entre-croisds, arrondis, constituant une paroi complete, ou Men qui laisse apercevoir entre les faisceaux des points gris, rose's ou noirdtres, constitues par du parenchyme pulmonaire que ces faisceaux n'ont pas reconvert. L'eritre-croisement de ces faisceaux est des plus remarquables ; on ne peut meme le comparer, pour I'as- pect extirieur, qu'a celui des colonnes du cceur, et en particuKer des auricules. II est de ces carernes, et ce sont les plus grandes decrites plus haul, dans les- quelles cette couche de faisceaux reticules a fini par tapisser complctement le tissu du poumon et ne laisse plus a nu aucune trace de parencliyme. Notons immMiatement que ces faisceaux sont composes de faisceaux de tissu c'lastique pulmonaire et devaisseaux pulmonaires oblitcrespour la plupart et tons en- tourds d'une couche de tissu fibreux accompagne de matiere amorphe, couche asses epaisse. La plupart d'entre eux sont composes de tissu lamineux et de faisceaux elastiques du parencliyme pulmonaire. Ces faisceaux proviennent dvi- demment du parenchyme dont les autres eUments ont dte detruits; ilsoccipent surtout le centre des faisceaux du tissu cellulaire qui, comme nous I'avons dit, les accompagne. Avec ces cle'ments, il faut noter une certaine proportion d'dle- ments fibro-plastiques et surtout de matiere amorphe granuleuse. Telle est la constitution intime de ces faisceaux qui, ainsi qu'on le voit, sont des plus remarquables par leurs dispositions physiques. § III. — REMARQUES SUR LE MODE ET LES CONDITIONS DE LA PRODUCTION DES FAISCEAUX A DISPOSITION AREOLAIRE A LA FACE INTERNE DE CERTAINES CAVITES ACCIDENTELLES PROFONDES. Les fails du genre de ceux que je viens de decrire ne s'observent pas seulemenl dans le testicule et dans certaines cavernes pulmonaires. C'est neanmoins dans le testicule et dans I'epididyme qu'on les ren- contre le plus souvent, el qu'ils ont 6le decrits ou signales par quel- ques auteurs sous le nom d'abc^s chroniques du testicule, etc. La plus souvent qu'ailleurs leurs parois deviennent dures, epaisses, squirrheu- 5e5, et crient sous le scalpel comme tons les tissus durs, tibreux ou non. Leur evolution dans cet organe, leur consistance, etc., ont sou- vent enlraine des diagnostics successes differents sur leur nature, et frequemment i'organe a eti5 enlev6 parce qu'on croyait avoir attaire a un produit autre que celui dont il s'agissait reellcmcnt. On a YU par le premier cas qui a ele rapporle, que dans le testicule 220 le liquide etait purulent. C'est la en effet la nature du iluide habituel- lement renferme dans ces kystes a parois pourvues de colonnes areo- laires. Le second exemple montre aussi quel est le contenu habituel des cavit6s d'aspect analogue, qu'on peut trouver dans le poumon, ou du moins quelle est la nature de la substance qui les tapisse. Mais il n'est pas rare de trouver dans la profondeur des merabres, corarae les parois exterieures du bassin, a la cuisse, a la jambe, aux epaules, des cavites accidentelles dont les parois sont compos(5es comme les prec^dentes et pourvues de colonnes a disposition areolaire sem- blable. Certains kystes de la machoire, des parties profondes du cou, etc., offrent aussi un arrangement anatomique de meme nature, soit sur toute I'^tendue de leur face interne, soit sur une partie seu- lement. Le liquide contenu dans ces cavites accidentelles est parfois aussi du pus, mais non toujours. C'est dans certains cas un liquide de con- sistance plus ou moins visqueuse ou muqueuse, mais transparent, ou grisiitre, ou de teinte louche. 11 conlient, il est vrai, constamment des leucocytes, mais ils sont peu nombreux, et il en est un petit nombre seulement de granuleux; ils sont en suspension dans un s(5rum plus ou moins visqueux, mais leur masse ne prMomine pas sur celle du liquide comme lorsqu'il s'agit du testicule. Souvent dans les circonstances dont je parle le liquide a 6te retire une ou plusieurs fois par ponction de la cavity profonde avant qu'on en vint a I'ablation des parois, necessity plus tard par la reproduction du contenu et par la resistance a tout accolement de la part de la face interne des parois areolaires. La disposition analogue des faisceaux areolaires de la face interne de cavites accidentelles, observees chez ditferents sujets, et la pre- sence de ces faisceaux n'indiquent pas, en etfet, une identite absolue de structure etde nature intime dans ces kystes, ni qu'il doive y avoir dans ces cavitfe un liquide semblable. Lorsque du pus vient a se produire plus ou moins lentement dans des parties profondes , il distend peu a peu , molecule a mole- cule, les tissus arabiants ; mais a mesurc qu'a lieu sa production aussi, les portions les plus tenaces du li~su, comme les faisceaux li- breux et 6Iasliques, resistent a la distension, pendant que les portions plus moUes des tissus interposes sont refouliies. De plus on constate encore que tout ne se borne pas a des ph^nomenes physiques de dis- 221 tension lente d'une part, par un liquide et de resistance de certains solides d'autre part. L'examen de ces ph^nomenes dans les organes parenchymateux, comme le poumon, le testicule, la mamelle, etc., monlrenl qu'une parlie de leur tissu propre comprime et n'agissant plus, s'atrophie jusqu'a disparition complete; tandis que le volume qu'ont pris les faisceaux et les cloisons naturels de tissus fibreux qui ferment les colonnes de la cavite nouvelle prouvent qu'il y a eu la pro- duction de fibres lamineuses, de matiere aniorphe, de granulations mol^culaires, etc... Des ph^nomenes d'ordre organique ou vital marclient ici manifes- teraent en meme temps queceux d'ordre physique, et ils doiventetre pris en grande consideration; niais enfin, il n'est pas n^cessaire que cesoit du pus qui se prodiiise pour que ce ph6nomene ait lieu. Cer- tains 6panchements lents et graduels de serosite, suite de contusions, ayant porte sur des parlies profondes, dans des regions riches en tis- su flbreux et lamineux surtout, comme le periosie, les inlervalles musculaires profonds, etc., sufflsent pour determiner I'apparition de ces phenomenes, qui ont pour r^sullat d'amener les dispositions ana- tomiques d^crites pr^cedemment. La lenteur de la production du .li- quide, permettant a la generation des fibres lamineuses et a f atrophia des tissus peu resistants d' avoir lieu, sont les conditions habiluelles a la suite desquelles on trouve des cavitfe accidentelles constitutes, comme celles que je viens de decrire. Mais une autre condition con- stante, c'est que la production du liquide s'opere dans un organe pro- fond et protege, comme le testicule, etc., parliculariles ayant pour resultat de s'opposer a Tissue facile ou prorapte du liquide, de deter- miner son sejour prolonge dans feconomie; faits qui permettent ainsi d'une part I'atrophie de certains tissus pendant que les autres resistent et augmentent de masse par la genese de nouveaux elements qui s'ajoutent a eux. C'est ainsi que se forment la parol de la cavite accidentelle, ses faisceaux ; puis les uns et les autres augmentent graduelleraent de volume et de consistance, pendant que le liquide, selon sa nature purulente ou autre, presente les raoditications habi- tuellement offertes par ces iluides lorsqu'ils sejournent longlemps au sein de feconomie vivante. ACTION DES COURANTS ELECTRIQUES lETDDIEE COMPARATIVEMENT SUR LES NERrS MIXTES ET SUR LES RACINES ANTERIEURES RACHIOIENNES , PAR MM. EMILE-L. ROUSSEAU (de Verzy) , aiiciea eleve de I'Ecole normale superieure, licencie es sciences malliemaliques et physiques, ALFRED LESURE (d'Attigny) MARTIN MAGRON, Bocleur en medecine, professeur de physiologie. Avant d'exposer les resultats d'experiences faites sur ce sujet par M. Marlin-Magron, M. Lesure et raoi, je demanderai a la Society de Liologie la permission d'indiquer en quelques mots quel a 6tc leur point de depart. Get avant-propos servira a (itablir la liaison entreces experiences et d'autres que je me reserve de publier plus tard. Beaucoup de physiciens et de physiologislcs ont siguale des analo- gies entre les phenomenes nerveux et les piienomeues galvaniqaes ; d'autres ont mis en relief des differences qui emp6chent de conlbndre, dans retalactuel de la science, I'agent nervenx avec le fluide electri- 224 que. Sans cherchor a me dissimuler ces differences, je n'ai pu m'em- p6cher d'etre seduit par les analogies ; j'ai etii viYemcnt fraiipe, par exemple, de la singuli^re rcssemblance que la structure des ncrfs leur donne avec des faisceaux de fils conducleurs de courants galva- niques, enveloppcs ct separes les uns des autres par une substance isolante, et du role de telegraphes elecUiques au service des centres uerveux que paraissent jouer les nerfs dans I'economie aniraale. II m'a serable d'ailleurs que la fusion assez recenle du magne- tisme et du galvanisme, dont les ditferences ont du parailre d'abord si ridicules , permettait (ou du moins rendait excusable , si c'est une erreur), Tespoir pour I'avenir d'autres fusions actuellement inoppor- tunes. Ces id^es theoriques (vraies ou fausses) ont eu pour effet de fixer mon attention dans I'^tude de 1' anatomic et de la physiologie du sys- teme nerveux, sur les fails d^ja connus qui paraissent les coufirmer ou les inQrmer. Elles m'ont donn^ le desir de verifier ces faits, et m'ont inspire le projet de quelques experiences nouvelles , pouvant contri- buer a etablir le parallele entre I'agent nerveux et le fluide electri- que, en mettant en evidence de nouvelles analogies ou de nouvelles differences. M. Martin-Magron , mon excellent maitre en physiologie, auquel je Bs part en 1853 de mes idees et de mes projets d'experiences, mit spontanement a ma disposition son cabinet , ses instruments et ses conseils. Deux de ses Aleves, M. Alfred Lesure (d'Attigny) , et M. Ro- bert Ek (de Bjorneberg, en Finlande), voulurent bien s'adjoindre k moi pour travailler ea commun, et M. Martin-Magron lui-meme prit souvent une part active a nos experiences. Nous convinmes de commencerpar repeter ensemble quelques-unes des experiences de MM. Longet etMatteucci, rapportees dans IcTraite DE PHYSIOLOGIE dc M. Louget, experiences relatives a I'action de I'^lec- Iricite sur les nerfs, et dont les resultats nous paraissaient inexpli- cables. Ce sont ces experiences commencees le 13 juin 1853, interrompues apr^ssix seniaincs, et continuees pendant I'annee 1855, sans la par- ticipation de M. Ek retourne en Finlande, dont nous avons llionneur de soumettre quelques resultats a la Societe de biologic. A. Le but premier de notre travail est de rectifier une erreur de MM. I.onget el Malteucci en prouvant, contrairemeut aux requitals 225 annonces par ces physiologistes, quun courant galvanique qui ■par- court une portion de la longueur Wiin nerf, agit de la mime maniere sur les mouvements isoles des muscles auxquels ce nerf se distribue, que ce uerf soit mij;?e (c'est-a-dire a la Ms sensitif et raoteur, comme un nerf sciatique), ou qu'il soit exclusivement moteur (comme une ra- cine anterieure rachidienne). Mais nous regarderions notre resultat comme incomplet , si nous n'etions pas arrives a expliquer comment ont pu se tromper des obser- vateurs aussi habiles que MM. Longet et Matteucci. L'etude des causes d'erreur et des precautions experimen tales indispensables pour les ^viter nous a conduits a la decouverte des deux fails sui- vants : B. Premier fait. Dans la plupart des experiences ou Ton fait agir un courant galvanique sur un nerf mis a nu et soulev6, il s'etablit un courant derive, facilement ddmontrable, qui donne souvent des resultats covi- pletement opposes a ceux que fournit le courant principal quand il existe seul. G. Deuxiemefait. De deuxcourants de sens oppose, qui agissent si- multanement a une hauteur differente sur un meme nerf (mixte ou exclusivement moteur), celui qui est le plus pres de la peripheric ma- nifeste seul son action par des contractions dans les muscles animds par ce nerf; il s" oppose comme une barriere k la transmission de Taction nerveuse developpee plus haut par le courant de sens op- pose. Nous n'avons pas besoin de rappeler que si Ton r^unit les deux poles d'une pile au moyen d'un corps conducteur, il s'^tablit dans celui-ci un courant galvanique qui , suivant la convention admise universellement, ya du p61e positif au p61e n^gatif. Tout le monde sail egalement que si ce conducteur interpose aux deux p61es de la pile est une portion de nerf, on appelle le courant di- rect ou inverse, suivant qu'il circule du centre a la peripheric, ou de lap^riph^e au centre nerveux ; qu'ainsi ona un courant direct quand le pole positif de la pile est plus rapproche de Torigine du nerf que le p61e negatif, et qu'on a un courant inverse dans le cas contraire. Mais il importe d'appeler Tattention sur un fait bien etudie dans les coursde physique, et qu'on oublie souvent dans les applications phy- MEM. 15 226 siologiques de 1 electricite. Nous aurons a I'invoquer a chaque instant pour rexplication des r^suUats de nos experiences. Si en deux points P et N (fig. a) d'un corps conducteur PNAP, for- Fig. a. mant un circuit lerme, on applique les deux poles d'une pile, il s'etablit dans ce corps conducteur deux courants, I'un qui va de P en N par le cherain le plus court, c'est le courant principal ; I'autre qui suit le chemin plus long P.VN, c'est le courant derive. Au contraire, il n'y aqu'un seul courant PN, si le corps conducteur ne forme pas un circuit ferme, BPNA (tig. b). Rg. b. Ces preliminaires poses, arrirons aux resultats experimentaux. Nous distinguerons, commeiyLM. Longet etMatteuci, deux p6riodes. Premiere periode. — Quand dans un nerf mixle, adherent ou non au i-^y-l^4\li I 227 centre nerveux c^rebro-spinal, on fait passer un courant, soit direct, soit inverse, pen de temps apres que le nerf a ete decouvert, des con- tractions surviennent dans les muscles auxquels ce nerf se rend a /f Sjl. U. l I'etablissement et a la rupture du courant. C'est ce qu'ont bien vu ; '^ MM. Longet et Matteucci et d'autres physiologistesavant eux. Ajoutons seulement que, dans les premiers moments, tout courant, soit direct, soit inverse, donne lieu a des contractions plus energiques en commencant qu'en flnissant. Le meme resultat s'obtieot sur les racines ant^rieures. Notons encore, avec MM. Longet et Matteucci, que les phenomenes de cette premiere periode se reproduisent assez longtemps apres que la deuxieme a commence, si Ton augmente la force du courant em- ploye, ou si Ton applique la pile sur une nouvelle portion du nerf , ou bien encore si Ton laisse au nerf un repos un pen prolong^. Deuxieme periode. — Au bout d'un temps variable suivant les con- ditions de I'experience, raais toujours plus long en hiver qu'en ete, on voit apparaitre une autre periode , dans laquelle les contractions n'ont plus lieu qu'au commencement de I'un des courants et a I'in- terruption de I'autre. MM. Longet et Matteucci, d'accord avec leurs predecesseurs pour les nerfs mixtes, s'en separent pour les racines anterieures, et posent les deux lois suivantes : Premihre loi. Pour les nerfs mixtes, les contractions n'ont lieu que, i" au commencement du courant direct, et 2" a I'interruption du cou- rant inverse. Deuxieme loi. Au contraire, pour les racines anterieures , les con- tractions n'ont lieu que, 1° au commencement du couraut inverse, et 2" a I'interruption du courant direct. Pour parler aux yeux, nous jwuvons les representor par le tableau suivant : (Le chiffre 1 indique contraction, 0 absence de contraction.) Premiere loi. Commenc. Fin. ( Cour. direct , 1 0 Nerfs mixtes 5 . „ , Cour.mTerse, 0 1 Seconde loi. CommeDc. Tin. Racines an- J Cour. inverse, 1 0 terieures, \ Cour. direct, 0 1 228 Ici nous cessons ' d'etre d'accord avec les physiologistes que nous Yenons de citer. llresulte en efTet de nos experiences : 1° Que la prcmUre l.oi, donnie scuiement Tpour les nerfs mixtes, est egalement vraie pour les racines ant^rieures ou tout autre nerfex- clusivement moteur ; qu'on en obtient lesresultatstouteslesfoisqu'on se soustrait k I'influence de tout courant deriv6 ; 2° Que dans certains cas bien determines de derivation electrique, quelle que soit d'ailleurs la nature du nerf moteur ou mixte, les re- sultals sont tout a fait inverses par rapport an sens du courant prin- cipal ; mais la contradiction n'est qu'apparente, parce que, dans tons ces cas, le courant efficace n'est pas le courant principal, mais un cou- rant derive de sens oppose et qui agit suivant la loi generale. Nos experiences ont toutes etc faites sur des grenouilles d'abord, renouvelees chacune un grand nombre de fois et dans des seances dif- ferentes, puis repetees sur des animaux a sang chaud (cochons d'Inde oulapins). Nous excitions le plus souvent les nerfs sciatiques ou les racines rachidiennes anterieures; mais, dans le but de generaliser nos resultats, nous avons agi egalement sur d'autres nerfs (entre autres sur les nerfs lombaires, faciaux et hypoglosses). Precautions experimentales. — La grenouille (ou le membre do grenouille mis en experience) est placee sur une lame de verre enduite de gomme laque et recouverte d'un morceau de taffetas gomme bien sec ; le nerf est souleve au moyen d'un fil de sole suspendu a une tige de verre, et la petite pile de M. Pulvermacher, pile de deux elements en forme de pince ou de corapas, est placee dans un tube de verre un peu conique, qui I'isole des mains de I'operateur, et permet de r^gler I'in- tervalle qui separe les deux p6Ies. Voici d'abord les experiences faites sur les nerfs mixtes sur lesquels il est plus facile que sur les racines anterieures de faire varier les con- ditions experimentales. Pour ne pas compliquer le langage etles figures, nous n'indiqucrons dans chaque experience que celui des deux courants qui agit en com- mencant; ilsera sous-entendu que I'autre agit ii sa rupture. EXPERIENCES SUR LES NERFS MIXTES. PREaiiRR FAIT. — influencc d'un courant derive snr Ic sens des r^saltats. Exp. I. — Membre posterieur d'une grenouille separe du trope (ct pre^par^ 229 a la mani6re de GaWani), nerf sciatique decolle de I'interstice celluleux qui le contient.et soul eve parunfil de sole attache a son bout central Hbre(B,flg. 1). Fig. 1. L'application des deux p61es de la pile sur le nerf donne : Commencemeiil. Fin, Courant PN direct 1 0 (Contraction.) (Absence de contract.) (P repr^sente dans toutes nos figures le point d'application du p61e positif, et N celui du p61e n6gatif. Exp. II. — Membre post^rieur de grenouille s6par6 du tronc; nerf souleve en anse par un 111 de soie, ct adherent a la cuisse par les deux extromites de I'anse qu'il forme (fig. 2). Commencement. Fin. Courant principal PN inverse 1 0. Fig. 2. ^-c:«.N 230 Exp. III. — An lieu de laisser le nerf adherent a la cuisse par son bout central, d^taclions ce bout central B comme dans la premiere experience (Qg. 1), mais laissons-le retomber jiisqu'au contact de la cuisse, la parlie moyenne du nerf restant soulev(5e par un fll de sole (fig. 3). Fig. 3. La contraction initiale a lieu comme dans la deuxieme experience avec le Courant principal PN inverse Commencement. 1 FiD. 0. Quelle est done la difference essentielle qui s^pare la premiere ex- perience (flg. 1) de la deuxieme et de la troisieme, qui donnent un r^- sultat tout oppose, si ce n'est que dans ces deux derniercs le nerf et les muscles sous-jacents forment un circuit ferme, et qu'alors a I'ap- plication des deux p61es aux points P et N (flg. 2 ou flg. 3), il s'etabiit dans ce circuit deux courants, un courant principal PN inverse, et un courant derive PABN qui est direct dans les deux portions de nerf qu'il parcourt PA et BN. C'est le courant derive direct qui produit la contraction initials, tandis que Taction du courant principal ne se manifeste pas. Exp. IV. — Voulez-vous une preuve plus evidente de la verite de raction que nous attribuons a ce courant derive? Interrompons le circuit dans un point quelconque D de I'intervalle AB (flg. 4), en coupant transversalement la cuisse de la grenouille, de maniere que les deux fragments ne tiennent plus I'un a I'autre que par le nerf sciatique sou- leve en anse par un fil de sole, separons les deux fragments par un corps iso- lant un morceau de taffetas gomme bien sec place sous tous le membre ; 231 il n'y a plus de courant d^riv(5, le courant principal agit seul ; c'est alors, quand il est direct, que la contraction a lieu en commeneant : Commencement. Courant NP direct, 1 (Comme dans la premiere experience, fig. 1 .) Fig. 4. Fin. 0 Exp. Y.~ Dans cette quatrieme experience (fig. 4), retablissons le couran derive en fermant le circuit en D par un corps conducteur quelconque, m6- tal, papier mouille (ou simplement un pen d'eau sur le talTetas), imm^diate- ment le resultat change, et la contraction a lieu au commencement quand le courant principal est un courant inverse (fig. 5). Commencement. Fin. Courant principal PN inverse ,1 0 (Comme dans les deuxi^me et troisiSme experiences, fig. 2 et fig. 3). Fig, S. > 232 NoTA. — Dans les experiences 2, 3 et 5, le passage du couvant de- rive dans les muscles de la cuisse y determine ordiuairement une legere contraclion. Mais I'electricite agissant sur ces muscles immo- dialement, et non par I'intermediaire dc leur nerf, amene leur con- traction a r^tablissement du couraat, quel que soit son sens. 11 faut done bien se garder de la confondre avec la contraction des muscles de la patte qui , seuls anim6s par le nerf excite , peuvent seuls nous donner les renseignements que nous cherchons. MEComt FAIT. — I. InOuence de la position da coorant d6riv6 par rapport h eelle da coarant principal. Recherchons maintenant comment le courant derive (dans les exp. II, 111 et V) peut substituer sa manifestation a celle du courant principal, qui gen^ralement lui est sup6rieur en intensity. 1° Est-ce parce qu'il traverse deux portions de nerf NB etPA (fig. 2), et que la somme de ces deux portions forme une longueur plus consi- derable que la partie moyenne PN parcourue par le courant principal ? Non, car nous pouvons ecarter les p61es P et N davantage (fig. 6), et comprendre entre eux plus de la moitie de la longueur de I'anse ner- veuse, sans cesser d'avoir le meme resultat : Commencemenl. Fin. Courant principal PN inverse 1 0 Fig. 6. B. 2" L'action du courant d6riv6 sur la portion de nerf NB, la plus rap- prochee du centre nerveux, est-eile necessaire a la production du phenomene? Non ; car nous pouvons placer Tun des p6les au point 233 d'emergence sup^rieure du nerf B (fig. 7), et le r6sultat reste le nieme. Fig. 7. Commencement. Flo. Courant principal PNB inverse 1 0 3° Mais alors le ph^nomene ne peut etre du qu'a Taction du cou- rant derive sur la portion du nerf PA, la plus rapprochee de la p6ri- pherie. Si notre conclusion est juste, en supprimant la portion PA du cou- rant d6rive, ce qu'on peut faire en placant I'un des p61es au point d'immergence inf^rieure du nerf dans le membre (A, fig. 8), nous de- vons retrouver Taction du courant principal. En effet, nous obtenons la contraction en commencanl avec le Courant principal PNA direct Commencement. 1 Fin. 0 Fig. 8. 234 comme nous I'obtenions dans I'experience pr6c6dente avec le courant principal PNB inverse (fig. 7). Arretons-nous un pen sur ce r^sultat. Nous voyons (fig. 7) un cou- rant d6riv6 PA qui substitue son action a celle d'un courant principal PNB, de sens oppose au sien, place plus loin que lui des muscles aux- quels le nerf se distribue ; tandis que (fig. 8) le courant principal PNA, place plus pres des muscles animes par le nerf, manifesto seul son ac- tion malgre I'existence d'un courant d6riv6 PB plus eloigne de ces muscles. Le courant efficace n'est done ni loujoiirs le courant principal, ni toujours le courant ddrive, mais c^est celui des deux qui agit sur le nerf le plus prts de la peripherie, et par consequent le plus pris des muscles auxquels le nerf se distribue. ■I. Innnence de la position relative de deux eoaranttt de aeBM opposes quelconqaes agissant aur le meme nerf. Dans lintention de generaliser lefait enonce au bas de la page ci- dessns, en faisant voir qu'il s'applique a. deux courants quelconques et pent en donner une demonstration direcle, j'ai imaging et construit le petit appareil suivant ; Fig. 9. 235 Appareil REOPHOREBiFURQUE. — La piecG essentiellc est nn 7-eopliore bifur-quden fil de cuivre ou de platine, dont on peut ^carter ou rap- procher les deux branches a volonte, tandis qu'un autre reophore simple peut venir presenter son extremite librerecourbee en un point quelconque de I'intervalle compris entre les deux branches, ou bien en dehors de cet intervalle. Chaque reophore est isol6 par un petit tube de verre qu'il traverse, et fixe par Tintermediaire de ce tube et d'un bouchon sur une tige de verre horizontale autour de laqueile il peut tourner. L'autre extri^mit^ de chaque reophore, recourb^e a angle droit, plonge dans un godet en verre, rempli d'eau rendue conductrice par une petite quantite de vinaigre ou de sel marin, et qui sert a mettre chaque reophore en rapport avec un p61e de la pile. La tige de verre qui supporle les reophores peut raonter, descendre, s'avancer, reculer, s'incliner de maniere que les reophores puissent etre amends facilement au contact du nerf qu'on veut exciter. Pour me servir de cet appareil, je place les deux branches du reo- phore bifurque sous un nerf, et Textr^mit^ libre du reophore simple au contact de ce nerf dans I'intervalle qui separe les deux branches-, puis je plonge les deux poles de la pile chacun dans un godet. II s'eta- blit alors dans le nerf deux couraiits de sens oppose. Ces courants sent divergents, PN, PN' (Qg. 10), ils vont du reophore simple vers Kig. 10. 236 chacune des branches du reophore bifurqu^, si (comme le repr^sentent Icsfig. 9 el 10) le reophore simple a 6te mis en rapport avec le p61e positif de la pile, lis changent de sens, ils deviennent convergents, PN, P'N (flg. 11), si, retournant la pile, on met ainsi le reophore simple Fig. 11. :p n' p' A A— - + en rapport avec le p61e n^gatif, et le reophore bifurqu6 avec le p61e positif. Get appareil a reophore bifurque m'a permis de d^montrer directe- nient ce fait general : De deux courants de sens opposes qui agissent simuUanement a une liauteur di/ferente sur un mime nerf, celui qui est le plus pres de la pdripherie manifeste seul son actionpar des con- tractions particulieres aux muscles animus par ce nerf. U s'oppose comme une barriere au passage, a travers la portion de nerf qu'il ex- cite, de Taction nerveuse developp^e plus haut par le courant de sens oppose. En effet, toutes les experiences que nous avons rapport^es jusqu'a present ont 6t6 refaites avec cet appareil, et toutes ont donue ce r6- sultat constant et unique (a la seconde p6riode, bien entendu) : Contraction o au commencement des courants divergents. b a la rupture des courants convergents. Or si nous analysons une quelconque de ces experiences, par exem- 237 pie la premiere (fig. l),qui, ainsi modifiee, nous donne la fig. 12, nous Fig. IS. >-- remarquons que quand Ics deux courants sont divergents, ou, ce qui est la mime chose, quand le pole positif P est au milieu, le courant leplus pr^s de la pdriplierie PN est direct. La contraction ayant lieu en commencant seulement, tout se passe done dans les muscles de la patte comme si ce courant existait seul. Le courant inverse PN', le plus eloign^ des muscles, pent etre sup- prim6 en detruisant le contact du nerf avec la branche IS' sans que le resultat change (fig. 13). II est done completement inefficace pour faire contracter les muscles de la patte. Fig. 13. n' > Si Ton supprirae, au contraire, le courant PN, situe le plus pres de la p6riph6rie, en laissant subsister le plus eloign^, celui-ci reprend son efficacite, et comme il est inverse, le resultat change de sens imme- diatement. 2" Resultats completement identiques avec la quatrieme experience (fig. 4) qui, ainsi modifiee, nous donne la fig. 14. 238 Fig. 14. I 3° La seconde experience (fig. 2) (ainsi que toutes les autres oil il existait un courant deriv^), repetee avec I'appareil a reophore bi- furque, donne les memes resultats que les precedentes, pourvu que les trois branches des reophores bien decapees communiquent reellement toutes avec le nerf. C'esl qu'alors les deux branches extremes ayant la meme ^lectricicite, au meoie degr6 de tension, il ne peul plus y avoir de courant d6riv6, allant de I'une a I'autre par la cuisse. II n'y a plus que les deux courants PN et PN' {fig. 15). Mors on a comme fig. 12 et fig. 14 : Courants divergents, c'est-a-dire courant peripherique PN direct Fig. 15. Commencemenl. 1 Fin. 0 (Ce fait rend la reophore bifurque tres-commode pour I'etude.) 4° Les resultats restent les memes quand on fait varier la position du p61e median de maniere a le rapprocher davantage d'une branche que de I'autre, taut qu'on laisse subsister les deux courants, et quel que soitcelui des deux auquel on donne le plus de longueur. [Notons en passant que quand on agit avec le meme appareil sur les nerfs mixtes, en les etudiant au point de vue de la sensibiliie ou des actions reflexes^c'esi le courant le plus rapproche du centre ner- veux qui paiait Otre le courant efficace ; mais le phenomene ayant ete moins completement etudi^, et nous ecartant du reste de notre sujet actuel qui a trait seulement a la motilite, nous ne nous y arreterons pas.] w Cette influence de la position du courant derive par rapport a celle 239 du courant principal, el plus generalement de la position relative de deux courants desens opposes quelconques, est un fait que j'ai decou- vert en dehors de notre travail commim sur les nerfs mixtes et sur les racines ; mais il ne peut en etre separe, car il est le complement et donne I'explication du premier fait trouve en commun, a savoir du changement de sens des risultats dans certains cas par C existence d'un courant derive. Avant de quitter I'etude des nerfs mixtes, il importe d'ajouter que si jusqu'a present nous avons toujours suppose le raembre de la gre- nouille separ6 du tronc, ce n'etait quepour simplifier notre exposition,* mais que nous avons fait les memes experiences en laissant lemembre adherent a I'animal, et le nerf continu avec la moelle sans que les re- sultats en aient et6 modifies autrement que par la duree plusgrande de chaque periode. N^anmoins le plus souvent nous nous sommes mis a I'abri de la sensibilite ou des actions reflexes, qui compliquenl le phenomene, au moyen d'uue ligature serree, plac^e sur lenerf entre le centre nerveux et le point excite. EXPERIENCES SUR LES NERFS EXCLUSIVEMENT MOTEDRS. Abordons maintenant I'etude des racines anterieures. Pour etablir un parallele complet, nous avons repute sur elles toutes les experiences faites sur les nerfs mixtes, en les calquant sur celles-ci autant que Ic permet la difference de conformation des parties sous-jacentes au nerf. II nous sufTira done den faire 1' enumeration et d'inscrire les resul- tats de chacune d' elles. Exp. I. — Racine anterieure Ilea avec un fll de sole tout pres de son origine, et detachee entre cette ligature et la moelle ; bout central Ubre de la racine suspendu au moyen du fll de sole (flg. 1 Us), On obtient, conmie pour les nerfs mixtes (fig. 1): Commencement, Flo. Courant PN direct 1 0 (Contraction.) (Absence de contract.) 240 Fig. 1 bis. .^ ^Vn > ...<:_ Exp. II. — Racine anterieure adherente a la moelle, soulevee en anse avec un fil de sole (fig. 2 bis) ; pdles VS appliques sur la partie moyenne de I'anse : Commencement. Fin. Courant principal I'N inverse 1 0 FiK. 2 bis. i :::^ C'estle r^sultat inJique par MM. Longet et Matteucci; mais c'est ausfii le resultat que nous avons obtenu dans les memes conditions pour les nerfs mixtes (fig. 2), et nous I'avons fait concorder avec le re- sultat de la premiere experience, en I'cxpliquant par Faction du cou- ranl derive direct PA, qui se substitue a celle du couraut principal PN inverse, plus eloigne que lui des muscles. I 241 Exp. III. — Racine d^tach^e de la moelle comme dans la premiere expe- rience, mais replacee par son bout central au contact du corps de I'animal, la partie moyenne de la racine restant soulevee par un fll de soie (fig. 3 bis). Nous obtenons encore, comme dans les nerfs mixtes (fig. 3) : Courant principal PN inverse Commencement. 1 Fin. 0 Fig. 3 bis. Quand, au lieu de fairs la premiere experience en soulevant le bout central libre de la racine avec un fil de soie, on cherche a Tisoler avec un petit morceau de taffetas gomme ; pour peu qu'il soit huniide, on retombe dans les conditions de cette troisieme experience par I'eta- blissement d'un courant derive, et Ton pent etre induit en erreur si Ton s'en rapporte au sens du courant principal. Exp. IV. — II ne nous 6tait pas permis, pour rendre I'experience complete- tnent identique a la quatrieme experience (fig. 4), faite sur les nerfs mixtes, de couper sous la racine, et sans I'endommager, le corps de I'animal en deux fragments isolables I'un de I'autre, comme nous ayions coupe la cuisse sous le nerf mixte, afln d'inlerrompre le circuit conducteur sans agir sur le nerf lui-meme ; nous avons neanmoins fait sur la racine une experience analogue en laissant adherent a son bout central un troncon de moelle que nous avons isole du reste de I'animal, comme nous avions isole la partie sup^rieure de la cuisse du reste du membre. Nous avons eu alors (fig. 4 bis), comme pour les nerfs mixtes (fig. 4) : Commencement, Courant PN direct Fin. 0 MEM, lU 242 Fie. 4 liis. Coir/is Exp. V. — R^tablissant le circuit au moyen d'un corps quelconque D, con- ducteur de I'electricite (flg. 5 bis), nous avons obtenu, comme pour les nerfs mistes (flg. 5) : Commencemcni. Fin Courant principal PN inverse 1 0 Fi". 5Ws. Exp. VI. — C'est la seconde repetee arec un ecartement plus considerable des pules et sans changement dans le sens des rc^sultats (flg. G his) : Commenceaient. Fin. Courant principal PN inverse I 0 i Fi2. f, is. 3>- Nous ne rapportons cette experience que parce qu'elle a 6te indi- qu6e pour les nerfs mixles et afin que le parallele soit complet. Exp. VII. — Importante, parce que sa comparaison avec la suivante explique bien I'erreur deftlM. Longet et Matteucci. Pour oblenir uii resultat net, ces physlologistes recommandent de placer les poles le plus loin possible de I'u- nion de la racine anterieure avec la racine posterieure, par consequent leplus pres possible de la moelle. Or, en suivant leur recommandation, nous obtenons en effet comme eux (flg. 7 bis). Commeincemeht. Fin. Courant principal PNB invetse 1 0 Fig. 7 bis. Mais, dans les m6nies conditions, nous avons eu le mgme resultat avec les nerfs mixtes (fig. 7), et nous I'avons expliqu^ par Taction du courant derive direct PA, plus rapproche de la p^ripherie, qui donne des r^siiltats tres-nets pares qu'il traverse une grande longueur du nerf. 244 Exp. VIII. — En effet, si, placant au contraire les p61es sur ia portion de I'anse nerveuse la plus pr^s de la p^riplierie, nous faisons que le courant principal soil plus rapprochc des muscles que le courant d(5rivd, nous olite- nons (fig. 8 bis), comme pour les nerfs mixtes (Qg. 8) : Commeacemoot. Fin, Courant principal PNA direct 1 0 Fig. 8 bis. Enfin, en agissaut sur les racines anterieures au moyen de I'appa- reil a^ropliore bifurque, comme je I'avais fait sur les nerfs mixtes (fig. 12, 13 et 15), on s'assure ainsi directement pour les racines, que, pom- elles comme pour les nerfs mixtes, dest toujours le courant le plus prds de la peripheric qui est le seul efficace. En resume, quand les dispositions experimentales sont les monies pour un nerf mixte et pour une racine anterieure, les resultats sont identiques. Dans tous les cas, a la deuxiime periode, quand un nerf mixte ou exclusivement moteur est excite par un courant galvanique, la con- traction particuliere aux muscles animes par ce nerf n'a jamais lieu que : 1° A CelaOlissement du courant direct, 2° Eta la rupture du courant inverse, pourvu qu'on tienne compte du sens du courant (principal ou d6riv6) le plus rapproch6 de la p6- riph6rie. Nous n'avons pas rapporte toutesles exptoences instituees par nous pour mettre hors de doute I'existence du courant derive, et son effica- cit6, parce que nous ne voulions pas ralentir notre exposition deja fort longue, et parce que celles que nous avons decrites nous paraisscnt compl^tement demonstratives ; neanmoins, nous croyons utile de dire un mot des suivantes, que nous avons disposees de maniere a faire parcourir par le courant deriv6 un nerf different de celui qui est ex- cite directement. I* Dans la cinquieme experience (fig. 5), le conducteur D qui ferme le circui peut etre remplac6 par le nerf d'une patte galvanoscopique. 245 Le courant derive traverse ce nerf et amene des contractions dans la patte galvanoscopique, au commencement s'il y est direct, a la fia s'il y est inverse. On pourrait dgalement constater I'existence et le sens du courant deriv6 au moyen d'un galvanometre arme des vases reophores em- ployes par M. Dubois-Reymond, et avantageuseraeut modifies par M. Regnault, professeur de physique a I'Ecole de pharmacie. 2' line grenouille a 6te preparee a la maniere de Galvani, c'est-a- dire depouill^e de sa peau et reduite aux deux memhres posterieurs adherents par les deux nerfs lombaires seulement a un troncon de co- lonne vert6brale prive de sa moelle. Un crochet en verre ou un fil de sole pass6 enlre les deux nerfs lom- baires suspend le tout et met en evidence un circuit forme par le tron- con vertebral en haut, par les deux nerfs lombaires lateralement, et par le bassia en bas. En placant les deux p61es de la pile sur un des nerfs lombaires, on determine des contractions non-seulement dans le membre correspons dant, mais aussi dans I'autre membre dont le nerf est traverse par le .courant d6riv6, et Ton pent obtenir a volonte contraction simultanee des deux pattes, ou contractions alternatives (a I'^tablissement du cou- rant pour un des membres et a sa rupture pour I'autre), suivant qu'oa place les poles de maniere que le courant efficace soit de meme sens dans les deux nerfs, ou qu'il y soil de sens oppos(^. 3° Au lieu de deux nerfs diff6rents, on peut prendre simplemcnt les deux branches de bifurcation d'un meme nerf, se rendant toutes deux au meme membre; elles forment encore avec le membre un circuit ferme, et si Ton applique les deux p61es sur I'une des branches, le courant derive Iraversant I'autre, on aura contraction non-seulement dans les muscles auxquels se rend la branche excit6e directement, mais aussi dans ceux qui sont animes par I'autre branche. De meme que, dans I'exp^rience prec^dente, on peut avoir des contractions si- multan^es ou alternatives, suivant que, par la position donnee aux poles, le courant efficace est de meme sens dans les deux branches ou de sens oppose. Cette derniere experience, d(^ja faite par d'autres observateurs et decrite sous le nom deparadoxe de contraction, a 6te jusqu'a present expliqu^e d'une maniere toute differente. M. Dubois-Reymond I'a don- nee corame un exemple de la force electro-tonique qu'il admet dans 246 les nerls. Dans tons les cas ou les deux branches nerveuses font par- tie d'un circuit ferme, nous regardons le rdsultat covime devant ^tre attribue an courant derive, et ne prouvant par consequent ni pour ni conlrc la force electrolonique. Pourrendre I'experience concluante, il faudrait s6parer les muscles auxquels se rend chaque branclie ner- veuse, et les isoler de maniere a eviter qu'il y ait circuit ferine; nous ignorons si M. DuboisReymond I'a faite dans ces conditions, et nous nous proposons de la rep6ler avec cette raoditication. Dureste, ce phenomeae connu sous le nom de paradoxe de contrac- tion n'aet6 pour nous Fobjet que d'une 6tude accessoire, et I'explica- tion que nous en donnons n'est qu'un exemple des applications que pent fournir la connaissance des deux fails nouveaux que nous avons signales : 1° L'influeuce des courants derives sur le sens des resultats; 2° L'importance de k position relative de deux courants de sens op- poses. CONCLUSIONS. 1* De deux courants de sens oppose qui agissent simultanement ii une hauteur diffdrente sur un m^me nerf {moteur ou mixte), celui qui est le plus prts de la peripheric manifeste seul son action par des contractions particulikres aux muscles animes par ce nerf; il s'oppose comoie une barriere au passage, a travers la portion du nerf qu'il excite, de Taction nerveuse d^velopp^e plus haut par le courant de sens oppose. 2° Quand uu courant derive est situe entre le courant principal et la peripherie, il substitue, par le fait de sa position, son action a celle ^ du courant principal , il faut done tenir compte alors, dans I'apprecia- tion du resultat, du sens du courant derive et non de celui du courant principal, plus eloigue que lui des muscles a mouvoir. 3° La connaissance do ces fails nous j) permis de d^raontfer qu^un nerf mixte et un nerf exclusivement moteur reagissent tons deux de lamime manitrc^ au point de vue de la contraction parliculiere aux muscles qu'ils animent, quand on les soumet, dans les monies condi- tions, a I'influence d'un courant galvanique de mdme sens. Ainsi, quelle quesoit la nature dunerf, dans ui^e premiere periode, 247 le courant direct et le courant inverse determinent tous deux des con- tractions a leur elablissement et a leur rupture ; Puis, dans une deuxieme p^riode, le nerf ayant perdu deson excila- biliti^, les contractions n'ont plus lieu que : 1° A Cetablissemcnl du courant direct, 2° EC a la ruyturc du courant inverse. RAPPORT sua L^ MEMOIRE PRECEDENT, FAIT AU NOM D'UNB COMMtSSION composee de MM. Claude BERNARD, LECONTE et VERNBUIL , rapporteur. Messieurs, Malgr6 I'habiletS et la perseverance des exp^rimentateurs , malgre le nombre considerable des travaux qui ont ete publics sur la physiologle du systeme nerveux, nous devons reconnaitre que I'obscurite plane encore sur les fonctions de ce grand appareil. Chaque jour volt surgir une nouvelle difficidte, soulfeve un nouveau probleme, et sans I'activite extraordinaire qui caractMse notre ^poque, on pourrait craindre que les complications crois- santes ne lassent les investigateurs et qu'on ne s'arrete apres avoir ren- verse les notions ant^rieures sans avoir le courage d'extraire enfin la lumiere du chaos. Autrefois on esp6rait d^couvrir et expliquer les propri6t6s physiologiques par le raisonnement et la coraparaison de nos organes avec les corps qui nous entourent ; on se trompait, le raisonnement (5tait impuissant, les com- paraisonsinexactes. La physiologic exp^rimentale I'a demontre, et Ton a pu croire pendant quelque temps qu'a I'aide de ses proc^d^s on arriverait siire- ment et du premier coup a la verite ; on se trompait encore : I'histoire a deja prouv6 combien 11 est malaise d'interroger la nature ; aussi voyons-nous les contradictions, les dissidences aussi nombreuses dans les fastes de la vivi- section que dans les annates de la physiologic rationnelle. C'est done entre des experiences oppos6es qu'est d6sormais engag^e une lutte qui n'est pas pr6s de finir. 248 La Soci6t6 de biologic a, depuis longtemps, I'heureux privilege de recevoir les pr^mices de la plupart des grandes d^couvertes physiologiques de r^poque, mais elle s'interesse aussi aux controverses qui portent sur des fails d^ja vulgarises ; elle entendra done, jel'esp^re, avec quelque attention le r^cit d'experiences nouvelles failes avec un soin extreme et une sage lenteur. Nous nous rappelons tous qu'a cette mSme tribune M. Broca, r^unis- sant les immenses recherches du plus infatigable des experimentateurs, est yenu saper la magnifique th^orie de Charles Bell dans un rapport cdl^bre qui a 6t6 accueilli par I'^tonnement, la critique, les clameurs memes. Au- jourd'hui, la tache que je dois accomplir est beaucoup plus modeste, elle ne suscitera point d'orages ; mais si la demonstration est complete, si petit qu'il soil, un pas sera fait vers la verity. J'ai a vous entretenir d'un point de physique animate : en cherchant de nouvelles analogies ou des diffdrences nouvelles entre I'agent nerveux et le fluide eiectrique, M. Rousseau, aneien eleve de I'Ecole normale supdrieure, licencie es sciences mathematiques et physiques, pensa a instituer quelques experiences ; il en confera avec Martin-Magron , professeur particulier a I'Ecole pratique, et que je considere comme I'un des physiologistes les plus instruits de notre temps. Deux el^ves, MM. A. Lesure et R. Eck s'adjoignirent, et les travaux commencerent au mois de juin 1853. Le premier resultat obtenu, et que je vais vous exposer, est destine a rectifier une assertion de MM. Longet et Matteucci , assertion fondee sur des experiences nombreuses, deiicates, emanant de deux auteurs justement ce- lebres et qui paraissaient tout a fait concluantes. MM. Longet et Matteucci avaient dit : « L'influence du courant eiectrique differe totalement quand elle 1) s'exerce sur les nerfs exclusivetnent moteurs dont Taction n'est que centri- » fuge, ou sur les nerfs mixtes dont Taction est a la fois centripete et cen- » frifuge. » Nos auteurs aflirment au contraire « qu'un courant galvanique qui par- T> court une portion de la longueur d'un nerf, agit de la mSme maniSre sur » les mouvements isoles des muscles auxquels le nerf se distribue, que ce » nerf soit miite (c'est-a-dire a la fois sensitif et moteur comme le nerf scia- » tique) ou qu'il soit exclusivement moteur comme une racine anterieure » rachidienne. » Et si vous voulez me permettre de contracter ces formules un peu longues, je dirai : Un courant galvanique agit diff^remment sur le nerf seiatique el sur une racine rachidienne antdrieure (Longet et Matteucci) ; un courant galva- nique agit de la m&me maniere sur le nerf seiatique et sur une racine ra- chidienne antirieure (Rousseau, Martin-Magron et Lesure). Vous voyez Top- position blen tranchee, j'aurai a vous montrer par quels moyens chacune des parties adverses est arrivee a sa formule. Mais Tintelligencc complete des phcnomenes dont je vais vous entretenir, 249 n^cessite la connaissance d'un certain nombre de principes d'electricile ani- male universellement adoptes par convention ou susceptibles d'une de- monstration rigoureuse. Je ne ferai qu'^noncer ces principes sous forme d'axiomes. 1° Si Ton applique les deux p61es d'une pile en activity sur un nerf isole, la portion de ce nerf qui est comprise entre les deux p61es est traversee par un courant qui marche du pole positif an pole negatif. 2" Un courant agit a la maniere des excitations volontaires ou autres, c'est-a-dire que sous son influence Taction motrice est transmise par la por- tion de nerf intermediaire au muscle et au courant, et qui n'est pourtant pas travers^e par ce dernier, 3" Tout nerf presente deux extr^mit^s : I'une centrale situee du c6te de I'axe cer^bro-spinal, c'est-a-dire de son origine, I'autre peripherique du c6t6 de la terminaison, c'est-a-dire vers les muscles dans lesquels il se distribue en supposant qu'il soil moteur, ce que nous admettrons jusqu'a la fln dans ce rapport. 4° En appliquant sur le nerf les deux p61es de la pile on pent a volenti placer le pole positif du c6te du centre ou duc6te de la p6ripherie, il y aura toujours formation d'un courant ;mais dans les deux cas la direction de ce der- nier sera diam^tralement opposee : le courant sera direct ou centrifuge quand le pole positif sera situ6 vers I'origine du nerf et le pdle negatif vers la ter- minaison ; il sera au contraire inverse ou centripete quand la position des p61es sera intervertie. 5° Le courant se d^veloppera constamment dans le nerf pourvu que celui- ci se trouve dans certaines conditions d'integritd physique et physiologique. Peu importe que ce nerf soit adherent par ses deux extremit^s ou d^tach^ a son extremity centrale, toujours il agira comme conducteur ; mais les effets produits sur les muscles ^tant trfes-differents dans ces deux circonstances, il faudra soigneusement distinguer : 1° le cas oil le nerf detach^ a son extr6mit6 centrale sera flottant, libre de toute connexion avec la moelle ou les parties molles, et ne tiendra au membre que par son extr^mit^ peripherique ; 2" le cas contraire ou le bout peripherique etant adherent aux muscles, le bout cen- tral sera encore en continuite avec la moelle ou avec les parties molles am- biantes, I'isolement du nerf n'ayant lieu que dans I'intervalle etendu entre les deux bouts; isolement qui s'obtient facilement en soulevant le nerf en anse au moyen d'un fil de soie. J'insiste beaucoup sur ces deux conditions qui joueront un grand r61e dans la suite de ce rapport, et qui rendront compte d'une partie des dissidences sur lesquelles j'aurai a me prononcer. Ainsi al'avenir, suivant que j'emploicrai les expressions de nerfd^tachd ou de nerf soulevd, on comprendra que cet organe est dans la premiere ou dans la seconde condition. &" Lorsqu'un courant galvanique traverse un nerf moteur et qu'il teste 250 pendant toute la dur^e de son passage d'une intensity parfaitement egale, les muscles ne se contractent point. Les contractions n'apparaissent qii'a la fermeture et a I'ouverture du circuit. Si an contraire le courant 6prouve des alternatives d'augmentation et de diminution, des contractions apparaissent meme pendant le passage continu; il est done tr6s-important d'avoir im courant constamment egal, ou sinon de tenir compte de ces contractions ex- ceptionnelles qui ont toutefois I'inconvenient de rendre les resultats plus douteux et plus difliciles a constater. 7° Le temps pendant lequel un nerf reste excitable par le courant galvani- que est limite ; mais comme les ph^nomenes ne sont pas les memes pendant toutes les fractions de ce temps, on I'a divise en periodes plus ou moiiis nombreuses suivant les auteurs. Peut-etre pourrait-on en compter jusqu'a quatre successives ; on pent n'en admettre que deux avec les auteurs du m^moire et les experimentateurs qui les ont pr^c^des (Lehot, Marianini, No- bili, Longet et Matteucci). Dans la premiere periode, alors que le nerf vient d'etre mis a d^couvert, les contractions surviennent dans les muscles aux- quels ce nerf se distribue a I'etablissement et a I'interruption du courant, que celui-ci soit direct ou inverse, que le nerf soit mixta (sensitivo-moteur, nerf sciatique) ou purement moteur (racines rachidiennes anterieures) ; en d'autres termes , il y a contraction initiale et terminale. Dans la deuxi^me periode, les contractions n'ont plus lieu qu'au commen- cement d'un courant et a la cessation de I'autre. Elles sont terminales ou ini- tiales, mais non plus doubles. A cette periode, qui seule est propre aux experiences qui nous occupent, tout le monde est d'accord sur le poiut sui- vant : si Ton applique un courant direct sur ua nerf sciatique detacM les contractions seront initiales, c'est-a-dire qu'elles apparaltront seulement a r(^tablissement du courant; si celui-ci est inverse, les contractions seront terminales, c'est-a-dire qu'elles ne se montreront qu'au moment de I'inter- ruption (1). C'est ici que commencent les dissidences entre MM. Longet et Matteucci, d'une part, MM. Rousseau, MartinMagron et Lesure, de I'autre, dissidences qui ont donne lieu au present travail. Les premiers pensent que les phenomSnes sont diametralement opposes dans les racines anterieures purement motrices, et dans les nerfs mixtes ou sensitivo-moteurs comme le sciatique ; les seconds pr6tendent que dans les deux cas les ph^nomenes sont identiques : en ro- ll) Les expressions e'^abZmemenf, commencement du courant, fermeture du circuit sont synonymes ; il en est de meme de celles-ci : interruption, termi- naison du courant, rupture, ouverture du circuit; les premieres indiquent le moment oil les deux p6les toucbent le nerf, les secondes s'emploicnt lorsque ces deux poles sont enlev^s ou qu'un seul d'entrc eux reste en contact avec le nerf. 251 v^Dche, ils 6tablissent que dans cbaqueordrede nerfs les rdsultats pourront itre tout a fait opposes, suivaat que ces nerfs seront ddtachis ou seulement soulev6s, ou, pour parler plus exactement, suivant que la portion qui sera comprise entrele muscle et le courant sera en simple continuity avec cecou- rant ou qu'elle fera elle-mfime partie d'un circuit conducteur traverse par le fluide galvanique. 8* L'etendue du courant qu'on d6veIoppe dans un nerf est toujours rigou- reusement mesur^e par la distance qui s^pare les points oii sont appliques les deux p61es do la pile. L'experimentateur peut done a volenti augmenter ou diminuer la longueur du courant; il devra pourtant (Jviter de le faire dans les experiences que nous d^crirons tout a I'lieure, sous peine d'amener de la con- fusion dans les r^sultats. 9° Lorsqu'un nerf est de'tacM a son extr^mit^ centrale, Tapplication des p61es de la pile en un point quelconque fait naitre un courant unique a direc- tion d^terminee. Par consequent, toute action qui se manifeste dans les mus- cles doit lui 6tre exclusivement attribute. 10" Mais I'expgrimentateur a le pouvoir de d^velopper simultan^mcnt dans un mSme nerf d6tach6 deux courants distincls separ^s ou places bout a bout, de memo sens ou de sens opposes. L'exp^rience prouve que de ces deux cou- rants 11 n'y en a jamais qu'un d'efficace, c'est-a-dire qui rende, suivant sa direction, les contractions initiales ou terminales. Exp. I. — On place en contact avec le nerf d6tach6 AB (\ etant tourne vers la peripberie), un r^ophore bifurqud n^gatif, etentre les deux bifurcations on place le r^opbore positif. Fig. 1. A - 252. La portion M' du nerf est tratersSe par deux courants opposes divergents PN, PN'. Or, dans ce cas, nous avons une contraction initiale ; c'est done le courant direct PN qui a agi, et ce courant est prdcis^ment le plus rapproch^ de la peripherie. OnpeutTarierl'experlence, bifurquer le r^ophore positif, blfurquer m6me les deux reophores, les intervertir, lesenlre-croiser; toujours on obtiendra le merae resultat, toujours le courant le plus rapproch6 de la periph6rie r^gira seul I'ordre des contractions. Notons avec soin que dans toutes ces experiences failes sur un nerf dilacM, Fig. s. ^:>- la portion N'A qui est seulement en continuite avec le circuit, mais qui n'entre pas dans sa composition, subit toujours I'influence du courant qui traverse ce circuit avec lequel elle se continue. La portion N'A se trouve exactement dans la meme condition que si une irritation m^canique, les mors d'une pince, je suppose, avaient excite le nerf au point N'. llo Si au lieu d'etre ditache le nerf est seulement souJet?^, les r^sultats seront-ils les memes? Je r^ponds oui en reality, non en apparence. C'est la un des points importants du travail que j'analyse ; je n'^pargnerai done pas les demonstrations peremptoires. Exp. II. — Soit un nerf sciatique soulev6 en anse, j'applique sur lapartie moyenne les deux poles PN de maniSre a produire un courant direct. Je de- vrais obtenir une contraction initiale si les choses se passaient comme dans 1 'experience pr^cedente, et bien au contraire, la contraction est terminale comme si c'etait un courant inverse qui aglt. Repliant I'exp^rience de plusieurs facons, j'arrive a cette conclusion que les pMnomenes peuvent ilre tout d fait opposes dans un nerf detachi et dans un nerf soulev^. Par bonheur, cette difficult^ trouve sa solution dans un principe bien connu en physique, et qui a 6t6 jusqu'ici trop n^glig^ dans ce genre d'exp^rience. Voici ce principe : 12" Si en deux points PN d'un circuit conducteur ferm^ on applique les deux p61es d'une pile, il s'^tablit dans ce circuit deux courants, I'un qui va de P 253 en N par le chemin le plus court: c'est le courant principal PN ; I'autre qui sui le chemin le plus long : c'est le courant derive PAN. Kg. 3. Lorsque d^sormais nous allons instituer des experiences sur un nerf sou- levd, faisant avec les parlies molles de la cuisse un circuit conducteur fermd, nous aurons done toujours affaire a deux courants, I'un principal, I'autre derivi, d^velopp^s simultanement. L'un de ces deux courants sera toujours plus rapproche de la peripheric que I'autre ; il reste done a d(5monlrer que c'est lui qui r^gira I'apparition des contractions et que, suivant sa nature directe ou inverse, il rendra ces contractions initiales ou terminales. Si cette demonstration est possible, nous conflrmerons le principe d^ja ^tabli pour les nerfs detaches, et nous ferons voir que la contradiction signalee dans I'exp^- rience deuxi^me n'est qu'apparente. Exp. III. — Soil le nerf sciatique soulev6, il forme avec les muscles du bassin et de la cuisse un circuit conducteur ferm6. Appliquons en PN les deux p61es de la pile, nousavons immediatement formation d'un courant prin- r*:- 254 cipal direct PNA, et d'un courant d&M inverse beaucoup pins long, PBCA. Le Fig. 4. > & A resultat sera une contraction initiale ; nous n'en serons pas surpris ayanl employ^ un courant direct. Mais attendons. Exp. IV.— Nous employons encore le meme courant direct de meme 6ten- due, seulement nous le plaoons sur le milien de I'anse soulevee corame dans I'experience deuxieme ; il s'^tablit un courant principal direct et un courant derivd inverse comme dans la fig. 3. Le resultat sera une contraction ter- minate, c'est-a-dire tout le contraire de I'experience pr^cedente. Voyons si ces deux experiences sont dans les memes conditions. Nous em- ployons dans toutes deux le courant direct, il occupe dans les deux cas une meme etendue du nerf, c'est-a-dire la moitie de I'anse, le courant inverse I'autre moitie. II n'y a pas d'autre difference que la position respective des courants. Dans I'experience 3, le courant principal direct est le plus rapproch^ de la peripheric; dans I'experience 4, c'est le courant derivi inverse qui occupe cette position. Or le resultat s'accomplit dans la premiere comme si le courant deriv6 n'existait pas, la contraction est initiale ; dans la seconde, la contraction est terminale comme si le courant principal n'existait pas a son tour. J'en peux conclure hardiment que de deux courants, principal et dMvi qui traversent un nerf jouZer^, celui qui est leplusrapprochedelapSriph^rie agit seul comme si I'autre n'existait pas. Le premier intercepte Taction du second et le neutralise completement. 13" Various les experiences pour demontrer que la position des courants est v^ritablement la condition majeure qui domine les r^sultats. Exp. v.— Sur notre nerf soulev^ j'applique les p61es en FN a la partie moyenne de I'anse; entreces deux points s'6tablit un ctourant principal in- Terse, les deux autres portions NB. PA. sont parcourues par le courant derivS direct. La portion du circuit ferme qui est constitute par le nerf est tra* 25& Ters^e par trois courants. Nous avons une contraction initiale absolument comme si le courant direct PA existait seul. FiS. S. Toutes les fois que le courant principal n'est pas lui-meme le plus rappro- ch6dela pSriphMe, il est neutralise et n'agit pour ainsi dire que m^diate- ment, c'est-a-dire en provoquant la formation d'un courant derive auquel seul sont soumises les contractions. Voici une experience dans laquelle on pent empecher la formation d'un oourant derive ; meme dans un nerf souleve en anse, elle donne absolu- ment le meme r^sioltat que s'il s'agissait d'un nerf detach^. Exp. VI. — On met en contact deux points N, N' avec les extr6mit6s bifur- quees du r^ophore negatif : on applique le r^ophore unique positif au point Fig. 6. P, il y a developpement immediat de deux courants PN, PN' de sens contraire 6gaux et divergents. Les portions NA, N'B de I'anse nerveuse ne sont point parcourues par des courants derives ; elles sont done simplement excit^es par le courant developp6 dans le circuit respectif avec lequel elles se continuent. Des deux courants PN, PN' le plus rapproche de la penph^rie est direct ; 11 doit y avoir contraction initiale, c'est ce qui a lieu en effet. On pent varier cette experience comme la premiere, la rSgle ne sera jamais d^mentie. 14* II est inutile de rappeler que le courant dMvi est aussi apte a deter- miner les contractions que le courant principal. 256 IS' Exp. VI et VII. — Lorsque deux couranls sont places bout a bout, c'est le plus rapproch^ de la periphdrie qui agit quand bien meme il se- rait bcaucoup moins ^tendu que I'autre. Ceci est \rai aussi bien pour le cou- rant derivd que pour le courant principal. La preuve est donnee par deux experiences tri^s-simples. Dans la premiere on rend le courant principal tres- court, s'il est le plus pres de la peripherie; cependant, s'il est direct les contractions sont initiales malgre I'extreme etendue du courant d^riv^ inverse. Dans la seconde le courant principal est trfes-long et direct, et cepen- dant les contractions sont terminates; si elles sont regies par le courant d^riv^ tfirerse quoique fort court, mais qui est plus rapproch6 de la p^riph^rie que le premier. On trouTcra peut-etre que je suis bien prolixe et que je multiplie sans n6- cessite les demonstrations qui gagneraient en clart6 a 6tre plus succincte- ment expos^es. J'ai pense qu'un certain nombre de medecins ^taient comme moi un peu brouill6s avec cette physique difficile, et comme malgr^ la luci- dite avec laquelle les experiences que j'examine ont 6t6 d^crites, 11 m'a failu un certain temps pour me mettre au fait, j'ai cru utile d'ecrlre ce rapport, non pour des physiciens qui le trouveront charg6 de details superHus, mais pour des physiologistes moins familiarises avec cette matiere. Si cette excuse est acceptee, je continue sans scrupule mon exposition minutieuse. On pourrait ranger les experiences contenues dans le memoire et celles que je viens de rapporter en deux categories. Dans les unes, le nerf ne tient plus au membre que par son extremity periph^rique ; dans le reste de son etendue, 11 est tout a fait libre de toute connexion avec la moelle. Dans les autres, les deux extremites sont restees dans leurs rapports ana- tomiques normaux. Le nerf n'est que souleve. Nous avons vu combien les resultats differaient dans ces deux conditions : mais il faut savoir aussi qu'on pent retablir la concordance, c'est-a-dire obte- nir dans les deux cas et a volonte des contractions terminales ou initiales. Deja nous avons montre que I'application des reophores bifurquees four- nissait des resultats identiques, que le nerf soit detach^ ou souleve, et nous en avons conclu que c'etait I'absence ou la presence du courant derive qui faisait apparaitre les differences. Exp. VIII, IX, X et XI. — Demontrons que I'experimentateur est absolu- ment maltre de faire naitre ou disparaitre ces differences.— Soient les deux experiences suivantes : un courant direct de meme etendue est applique sur deux nerfs, I'ua detacbe, I'autre souleve. Dans les deux cas nous obtenons les contractions initiales. C'est, dira-t-on, parce que le courant direct a ete employe; mais je deplace le meme courant direct et I'applique sur le milieu du nerf souleve: aussitOtje constate des contractions terminales. 11 y a plus : 31 je Teux reproduire les contractions initiates, je n'ai qu'a employer le cou- rant inverse et i I'appliquer ^galement sur le milieu de I'anse nerveuse. Fig. 7. ^ R En comparant ces qnatre derniferes experiences, on voii sur-le- champ que dans la premiere (nerf detache) il n'y a pas de courant derive, et que par con- Fig, s. sequent tout effet produit doit 6tre rupporle an courant unique qui exisle et qui est direct. (V. plus liaiit prcpos. neuviemel. Dans les trois antres (nerf soulev^ ) le courant derive exisle, mais dans la seconde ^voir fig-. 4) il est neu!rali?(5 par la position dii courant principal qui est plus rapprocli6 de la p(^ripherie et qui seul est cfTicace. (V. propos. dnuzieme}. Dans la Iroislt'Tue MKN. 17 •258 et Jans la qnatriSnre, c'est ail contraire le coUratlt d^Hv^ qui r^git I'appaH- tioh des contractions en depit du coui-ant principal qui a son tour feat neii- traliS'S parce qu'il en exisle un autre eiitie lui et le point d'immer/^^encc du nerf dans le muscle. Void done de nouvelles exptTiences qui conduisent encore a la de- monstration de lomnipotence de la position du courunt. Toutes sont ncces- saires a la dcnionstralion, qnoiqu'elles pnissenl paruitre snperfliies et inuti- lement multipiii'es. Je snppcjse, en effet, qu'on se conlcnte de faire les expe- riences liuiliemc et dixieme. En voyant des resullats opposes se produire avec des comants de meme sens et de m&me longueur, on pourrait croire que la difierence tient a ce que dans la prcmitire le nerf est isole de la moelle, tandis que dans la seconde il y adhere encore; si Ton examinait superficiellement, on pourrait se conlenter de cede explication et faiie in- tervenir je ne sais quelle influence vitale de la moelle, en raison de la faci- lite avec laquelle on se paye de niols vides quand on ne salt comment expiiqner des contiadictinns reclies , uniqnemcnt dues aux conditions phy- siques dilTerentes dans lesquellcs on se place. Si cependant alors on faisait les exptTiences VIII et ^I, on serait surpris de voir que la continuite ou Tabscnce de conlinuile du nerf avec la moelle n'em- peclie nullement la concordance de se rcMablir entrel'apparition des contrac- tions. On serait force de mettre de cole rinlluence vitale de la moelle et de reclierclier encore une simple explication physique pour trouver la clef du phenom^ne. La question cependant resfe indecise : pour la simpUfler, dobarrassons- nous d'aburd de la part qu'on pourrait uttribuer a I'influence de la moelle. Exp. XII. — Au lieu delaisser le nerf sciatique adherent par son bout supii- rieur a la moelle ('pinleie, coiisei'vunslui seulement ses connexions avec les parties molles du bassin.le nerf sciatique sera ensulte souleve commed'ba- bilude; ses deux extremiti's seront encore en rapport ave' des parlies molles, le circuit conducteur fermti sera conserve, maisl'axe racliidien n'en fera plus partie. Or un courant applique dans ccs nouvelles conditions surl'anse ner- \euse soulevee pruduira exactement les memes resnltats que dans Texp^- rience II, et cependant la moelle epiniere n'a plus rien a faire ici. Autre preuve. — Exv-JilU.— Lenerf tient encore a la moelle; interrompons le circuit feime en coupant les muscles de la cuisse et en maintenant soi- gneusemcnt isolcs les deux bouts C, C de celte section, nous aurons uue coiilraction ini tiaic comme lians Texpeiience 8 dans laquelle le nerf est tout a fait ddtaclie. Ici encore la conservation des adlit^rences entre la moelle et le nerf sciatique n'a eu aucune influence. 259 Fig. «. > A c- » c:_^ Autres preures— Exp. XIV, XV, XVI. —Je dispose deux nerfs de la mani^re suivante : Tun est d^iacM, I'uutre soulerd WgbI encore a la nioelle. Le cou- rant inverse est appliqu^ aiix deux ncrfs, les coiitracliops sonl lerminales avec le premier, inilia'es avec le second. Mais je modifie Irgerement I'exp^ rience 14, et an lieu de lenir elev6 le bout libie PR, je le iaisse relomber de maniere qu'il touclie exactement les parlies moUes de la culsse. Aussitdt Fig. 10. > J'obtiens avec le courant inverse P.N des contractions initiales comme dans I'exp^rience XV, de m6me que si la continuity du ncrf et de la nioclleexis- tait encore, et cependant il est evident que cette continuity fait complele- ment defaut. Exp. XVII. — B.eprenons I'experience XIII qui nous donnait une contraction 260 initiale. Kappvochons I'nn de I'autre et jusqu'au contact les doux troncons t-'iK. II. y>- s6pares de la cuisse, ou bi(^n r^tablissons la continuity de ces deux tron- cons au moyen d'un corps conducleur quelconqiio D liquide ou solide, a I'insiaut les contractions redeviennent terininalos (1). Si pour conserver identique une dcs conditions nous rcpetons ces six derni^rcsexpfTieiu'es avec ic mtuie couraiit direct, les connexions avec la moelie ^laiit consenees ou detruites, nous voyons que la concordance ou la dissidence des r^Millals ne tient a aucnne de cei deux circonsiances, mais quelle est sous la drpcndance imraediale d'un fait unique, savoir : la pre- sence ou I'absence d'un courant derive. Dans les experiences XIll bis et XIV bis pas de courant derive, courantuni- que direct, ciinlraclions initiales.— Dans les experiences XII, XV, XVI XVll its, deux courants, le principal loiijours direct, le derive toujuurs inverse et plus rapproclie oe la peripheric. — Les coidractiuns toujuurs lerminales. Je crois avoir, messieurs, asscz mulliplie les preuves pour que le moindre doule no puisse surgir dans voire es|iril, el pour qu'il me soit permis de poser comme indeniablcs les Iruis propositions suivantcs : 1° Les couranis galvaniques appliques sur un ncrf raixte produiscnt des r^sullats bien dill'erents, suivant que cc nerf est dcJlaclic ou sculenient souleve. 2° Les difTtirences ne tienncnt nullement a I'induence de la moelie et de sa contlnuitt^ avec le nerf; elles provienneut deresistence ou de I'absence d'un courant derive. (I) Par \inc errour dii dcssinatciir, les lettres PN sont mal placees et indi- rpient un rourant principnl inrerse: lo. lecteuc est prit"' de faire la correction. 261 3" De deux courauts agissaut sur ua neil', celui qui est le plus rappioche de riminergence de ce nerf dans le muscle agit toujours a I'exclusion de I'autre, quellesque soient sa direction et son elcndue par rapport au courant leplus eloigne. Ce qui pent encce s'exprimer d'une aulremaniere : le cou- rant efllcace n'est done ni toujours le courant principal ni toujours le cou- rant deprive, mais c'est celui des deux qui agit sur le nerf le plus pres de la periplu>iie. On dit bien souvent que lorsque des experiences nombrenses et bien faites ont une fois drmontre une verito, il est inutile de les repiMer; ceci aurait pu s'appliquer aux experiences si souvent failes par Leliot, Maria- nini, Nobili, Malleucci et Lorget. Ellesconcordaienttoutes ensemble; 11 pou- vait done paraiire superflu de consacrerde nouveau un fait qui paraissait acquis. MM. Longet et Malteucci avaient proclame I'identite desresultatsobte- uus sur le nerf sciatique, que ce nerf soil dctache ou no7i. Eh bien! MM. Rousseau, Martin-Magron et Lesure reprennent ces expe- riences et constafent les ditTerences qui resullent de I'etat d'isolement du nerf; ils font intervenir un principe de physique laiss6 dans I'oubli ; ils de- couvrent I'inlluence de la position des courauts; ils ranntrent que toute aulre circonstance n'est qu'accessoire; ils soulfevent une foule de diincultos, de conlradictions qu'ils resolvent a I'instant raeme; et sans autre point de depart que des principes et des experiences deja connus, ils arrivent a une decouverte Ires-importante de physique animate. — Et voici comment, en parcourant avec attention les routes battues, on y rencontre encore des ve- rites nouvelles que les predecesseuis n'avaient point apercues. Lorsque par des experiences nombrenses les auteurs dont j'examine le travail eurent ^tabli les regies que je viens d'exposer devant vous, ils son- g^renta repeter les memesoporal ions, non plus sur un nerf mixte comnie le nerfsciatique, mais sur les rameaux composes uniquement de flbresmotrices, c'est-a-dire sur les rai-ines antcrieures rachidiennes. D'ailleurs, les expe- riences n'ont pas porte uniquement ni sur les memes nerf.<, ni sur les memes espSces animales; elles ont el6 faites sur les nerfs lombaires, sur le facial et I'hypoglosse, sur des lapins et des cochons d'Inde. Voire rapporteur n'a vu experimenter que sur des grenouilles. J'ai signale en commencant les dissidences qui existent entre MM. Longet et Malleui-ci, d'une part, MM. Rousseau, Martin Magron et Lesure, de I'autre, en ce qui louche les efl'ets des courauts sur les racines rachidiennes motrices. Les premiers auteurs admettent que les contractions sont toujours ini- tiales avec le courant inverse, toujours terminates avec le courant direct, tandis que le contraire s'observe, discnt-ils, sur le nerf sciatique qui est mixte. — Et i)our rendre ropposilion plus frappantc dans voire esprit, je vai.¥ reproduire les conclusions de MM. Longet et Matteucci. 262 1" Nerf MiXTE. — les contractions ont lieu cu commencement du courant direct et a I'interruption dc courant inverse. 2° Racines RACiiiDiEN.NES — Les contractions ont lieu au commencement du courant inrcrse et a I'interruption du courant direct. Us eiiavaieiit conclii qu'il siitTisait de I'association dequelques fibres sen- sitives a un nerf principalemeiit moteur, pour changer conipl6tement I'aclion des courants galvaniqiips siir ce dernier. A la verite on ne cuniprenait pas bien comment agissaient ces fibres sensitives. U etail impossible d'expli- quer d'une maniSre satisfaisante leur influence perturbalrioe snr les couranls ; mais enfin il fallait bien accepter le fait, et Ton pouvait a la rigueur invoquer les cas rares, il est vrai, oil les propri tes organiques interver- tissent completement les lois physiques deduiies de I'etude des mali^res noa organisces. Les physiciens, comma on le sail, n'acceptent qn'avec repugnance ces ex- ceptions a leurs lois immuables; bien des fois d(^j;i ils ont eu raison en de- montrant que la physique animate est ordinairement soumise aux regies de la physique generate, et que le fameux principe vital n'a rien a faire dans la production du son, la marclie des rayons luminenx dans I'oeil, la loconiotioii g^nerale, la resistance mrcanique on le jeu desleviers solides, etc., etc. 11 s'agissait de voir si I'opposition des resuitatsannonces par MM. Longet et Mat- leucci existait reellement, si elle etait due a I'absence ou a la presence des fibres sensitives , si elle 6tait constante dans toutes les conditions exp6- rimentales. Je vais done entreprendre I'examen de ces nouvelles questions. Je n'in- sisterai pas sur les difficultes Ires-grandes que presente rexperimenlatioa sur les racines anterieu-es : avee de la patience et de I'adresse, on parvient a reppter sur elles toutes les experiences fondamentates executees sur I9 nerf sciatiquedf^lach(5 ou souleve. M. Rousseau les a executees devant la com- mission, et votre rapporteur a cru de son devoir de consacrer plnsieurs heures a en 6tre lemoin. 11 vous declare ici que cesexpt^rienceslui ont paru conclnantes, alors surtout qu'il a ete au fait des causes d'erreur et des clr- constances nombreuses qui peuvent obscurcir les resultats deflnitifs. Mais d'abordle premier piincipe pose par MM. Longet etMatteucci est-il rigoureusement vrai, et toutes les fois qu'on experimentera snr le nerf scia- tique (mixte) aura-t-on tonjnurs des contractions iniliales avec le courant direct, terminates avec le courant inverse? Evideniment non. Les experiences prouvent que cette regie n'est exactc que si Ton agit sur le nerf dcitache, et que si le nerf est souleve, I'interposition d'un courant derive inverse ontre les muscles et le courant principal direct change completement Ic rc^sultat. Nous en avqns di'duitque le courant qu'on emploie, quoique restant iden- tique, pent donncr naissanccades contractions iniliales ou terminales, sui- vant le point du oivcuil ferme sur Icquel on I'applique. On peut done repro- 263 duire avec le nerf sciatique (mixte) souleve les rrsultats que MM. Longet et Matteucci ont oblcnus avec les racines racludiennes anterieures. Ces derni^res n'oiit done rieii de parliculier. Autre preure. — Peut-on en exp^ritnentant sur des racines anterieures oblenir a volonte des contraclions au commencenient ou a la fin du rou- raut direct? Evidemment oui. I'ourcela, il sulfit de placer ces racines dans la condition d'un nerf soulevc ct de changer la position des poles de la pile de maniure a ce qii'un courant derive se produisant, il soil tantot plus rapproch^, lanl6t plus eloign^ de la peripherie que le courant principal direct. Exp. XYIII, XIX. —On prepare unegrenouille de maniure a conserver a la fois le nerf sciatique, un troncon de la moelle et les racines racliidiennes. On soul^ve Tanterieure en la laissaut adherer par un bout a la moelle, par I'aulre au ganglion intraradiidien. Le courant direct est applique sur la moi- tie de I'anse qui tone' e a la moelle, un courant derive s' lablit aussitot par rinlerraediaire du ra?his de la moelle ou de la raciue postericure. Cc cou- rant derive est inverse; il est plus pres de la pc^ripheiie que le courant principal; il determine une contraction terminale : c'esl ce qn'ont fait et vu MM. Longet et Matteucci. Si les poles de la pile sont appliques a u milieu de i'anse nerveuse formee par la racine rachidienne soulevee, c'est-a-dire sans toucher la moelle, nous aurons le meme resultat parce que, pres de la peripherie, existera egalement un courant derive inverse. Exp. XX.— Mais si nousplaronsles poles euPN,le pole negatifetantassczpres Fig. 12. du ganglion pourqu'il ne pnissese former aucun courant derive sur la portion de la racine ant^rieure qui fait partie du circuit, c'est le courant principal direct qui agira au detriment du courant derive inverse et la contraction sera initiale. Ceci piouve bicn que Ton peut oblenir avec les racines anterieures ^es rcsultats entiercment opposes. Chose singuliere, MM. Longet el Matteucci ont repete cette derniere experience comme I'atteste le passage suivant : « Si en appliquant les deux reophores sur la racine anterieure elle-meme, » vous voqs rapprochez du ganglion intervertebral..., vous vcrrez les ph6- p pomenes se renverser et apparaltre tels qq'ils ont lieiiavecles nerfsqui ■m » n ont pas une action cxclusiveiuent centrifuge corame les racincs aute- » rieures. » Ce qui revient a dire que dans cette derni^re condition expe- rimentale les racines racbidieunes motrices reagisseut comn^e le nerf scia- tique. Puisque MM. Longet et Matlencci ont vu cette contradiction , comment sont-ils rrives a noser le pri'icipe absolu que nous yooncions plus haut? C'est que pour se rendie compte du second resultat oppose au premier ils ont fait intervenir une explication qui, je crois, n'est pas la vraie. Ils pen- sent qn'en appliquant I'un des reoph ires pr6s du ganglion, « I'excitation est transmise au nerf mixte situe au-dessous de ce ganglion, » ce qui con- duirait a admetire qu'uu nerf situe en dehors d'un courant pent modifier completeraent Taction galvanique dans un autre nerf traverse directemenl au contraire par ce courant. Outre que cette explication est contraire aus principes de la physique, on voit qu'elle ne tient nul compte de la formation du courant derive ; I'expe- rience suivanle levera, je I'esp^re, tons les Loutes. Exp. XXI.— Au lieu de sonlever la racine rachidienne en anse, on la detache commelenerfsciatiquedansrexperience premiere. Sises Gbr'jsnnt sur le cou- rant galvanique une action specifiqucquelconque, ellevase r'. veler biennette- ment, surtout si I'ou a le soin de placer le reopbore vers le milieu de cette ra- cine, c'est-a-direassez loin du ganglion pour quel'lnterprelationdeMM. Longet Fig. «:!. >^ Cor/!s etMatteucci ne pnisse plus 6tre .nvoquee. D'apr^s cesdeux auteurs, lecourant direct etant employe, nous devrions avoir une coniravition a la fin. Dapr^s MM. Rousseau, Martin Magron et Lesure, au contraire, le courant derive n'exislant plus, la racine anlerieure n'a^ant rien de spe'Uflque doit agir romme le nerf sciatique. et la contraction doit avoirlieu au commencement. 2(35 Or u'eit ce qui a lieu eu diet; d'oiije conclus que les difl'eiences que pent donner rexptTimentalion sur les raciiies racbldiennes antericures ne lien- neut nullement a leur naluie exchisivenioiit motrice, mais resident simple- ment dans les conditions dans lesquelles on place le nerf, ce cjui peut encore se tradnire ainsi : « quand les dii^positions exp&rimentales sont les m^mes pour un nerf mixle el fourune racine ante'rieure, les resul'uts sont identiques. Je ne suivrai pds les autcurs dn momoire dans les experiences nonibreuses qu'ils ont pratiquees sur les racinesanterieures, el qui, sanf queiques modi- fications, rappelleut et conflrment celles qui ont ete executces sur le nerf sciatiqne. De menie j'ai passe sons silence une fonle de details snr les condi- tions anatoiniques de ces experiences. La lecture du memoire comblera toutes ces lacunes. Je me snis attach^ uniqnement a poursuivre la demonstration des propositions fondamentales qui donnent un grand interet a ces nonve'les recherches. MM. Longet ct Matleucci avaient altribue aux faisceaux ante- rieurs de la moelle les memes proprii^les qu'aux racines anterienres. MM. Rousseau, Martin Magron et Lesure n'ont point abord6 cette question ; je les imite. U me resle cependant un devoir a remplir, il consiste a apprecier la valeur respective des series d'e.\periences qui sont en opposition. Je n'ai point as- siste a celles deMM. Longet et Matleucci, mais je suis cnnvaincu qu'elles ont ete executees avec touterDabilet(5 dont ces auteurs ont donne mainles preu- ves. Je crois seulement qu'elles n'ont pas ete faites dans des conditions aussi variees que celles que nous devonsa MM. Rousseau, Martin Magron et Lesure. Ce qui me le fait supposer, c'est que les premiers auteurs n'ont pas ai)ercu la diCference qu'enlraiuent le detachement ou le soulSvement des nerfs, et que, par suite, lis ont meconnu I'influence fondamentale des courants derives. Certainement ils ont vu quelquefois les contradictions exp6rimentales que le present memoire erige en principes regies, mais sans doute ils les auront consid^rees comme des anomalies on des irregularites dont il ne fallait pas tenir compte, car il faut reconnaltre que nuUes experiences plus que celles- ci ne sont sujettes a des variations, a des perturbations incessantes. D'un autre c6te, je puis alTirmer que les nouvelles experiences ont ete faites avec le soinle plus minutieux, qu'elles sont poursuives depuis pres de quatre ans, ce qui leur donne un cachet de maturite trcs-satisfaisant ; j'ajoulerai que la concision du momoire ne donne qu'une faible idee de I'etendue de ces reclierehes et du temps qu'elles ont necessity. Les auteurs ne nous ont donne que la quintessence de leurs labeurs ; mais alors que novice dans ce sujet, j'avais note en commencant une ccrlaine quantite d'ohjectionset ima- ging un certain nombre d'experimentations dcslinees a les elucider, j'ai constate que les auleurs avaient prevu toutes ces objections et institu6 beaucoup d'experiences dont le memoire ne fait pas mention. Je me plais a reconnaltre que MM. Rousseau, Martin Magron et Lesure ont etudie la que.s- tion d'une nianiere complete sous le double rapport pliysique et pbysio- log:ique. Je ciois que le desaccorJ a sa raison d'etre dans Ic noiiveaii lerme qu'ils imt fait iiilerTcriir dans ie piobleme, ct je fais aUusion ici a I'inlliience des couranls derives et de la position i, Martin Magron et Lesure la font disparaitre, Taction du couraut galva- nique sur les cordons nerveux reste une. Si de semblables simplifications sont rares, il est plus rare encore de donner le jour a quelque verite sans metire a nu quelque erreur, sans delruirc quelque esperance. MM. Longet et Matteucci avaient cm trouver enfin un cri- t^rium siir pour distinguer les nerfs mixtes des nerfs exclusivement moteurs : 267 probleme devant lequel I'anatomie est restee impuissanfe jusqu'a ce jour. « La presence dans un nerf moieiir, avaient-ils dit, de qnelques fibres ner- » veiises, sensitives oil a action ceiiiri pole, sufTil pour modifier les plienomenes, !> et le galvaiiisme est un agent preiieux pour decouvrir ces fibres alors » meme que le scalpel de ranalomiste serait inhabile a en demontrer I'exis- » tence. » Desormais il ne faudra plus compter sur ce moyen, et il faudra chercher ailleurs la solution de la dilTiculte. Yous le voyez done, messieurs, les nou- velles recherches demontrent une verite en meme temps qu'elles dissipent une illusion : des deux cotes elles realisent le progres. Votre commission a done I'honneur de vous proposer les conclusions sui- vanles : 1° Adresser des rcmerclments a MM. Rousseau, Martin Magron et Le- sure; 2* Renvoyer leur travail au comife de publication pour qu'il soit insere dans nos memoires. I I^OTE suR guEiguEs points relatifs A LA PHYSIOLOGIE DE L' AMNIOS ET DE L^ALLANTOIDE CHEZ LES OISEAUX; CommuniqiiSe a la Societe de Biologie dans le mois d'octobre 1857, Par M. le Docteur VULPIAN, Secretaire de la Societe. Dans la stance du 10 aoiit de cette annee, j'ai pr^sente a rAcademie de sciences line note sur la contractilile de rallanlo'idecliez rembryon de la poule (1). Depuis lors j'ai fait de nouvelles observations soil sur ce sujet, soit sur d'autres points relatifs a la physiologie des mem- branes et des vaisseaux de I'embryoa : je vais ies consigner ici. §1. L'aliantoide ne m'a paru contractile qu'a partir du buitieme jour. Je n'ai jamais pu observer une contraction franche de cette membrane le sc'ptieme jour. Plusieurs fois le huitieme jour, quelquefois le neu- vieme et meme le dixieme jour, i'excitation gaivanique ne provoquait aucun mouvemenl dans rallanloide, et, dans ces cas, je trouvais par I'examen microscopique un tresfaible developpement des fibres mus- (1) Voir 1p compto rendu do rette S(?anpp, •270 culaires. Le developpement de la muscularity d'une part, et, d'autre part, de la conlractilile qui ea d^peod, ne se fait done pas k une 6poque fixe dans I'allantoide. L'amnios, au contraire, est toujours contractile au sixieme jour et surtout au septieme, oil les pheuomenes deviennent tres-etendus. Leonzieme jour et les jours suivants, j'ai toujours trouv6 I'allan- toide contractile, et cette contractilite dure jusqu'aux deroiers jours. Je I'ai coQStatee sur plusieurs oeufs le dixieme jour de I'incubalion; Sur un ceuf I'allantoide se contractait encore le viDglieme jour, mais quelques circonstances que je remarque en lisant I'observation, me font penser qu'il peut y avoir eu une erreur dans la date marquee sur cet oeuf. J'avais cru, lors de mes premieres etudes sur la contractility des membranes, que l'amnios cessait d'dtre contraclile dans les derniers jours ; mais j'ai reconnu depuis qu'il n'en est rien : toutes les fois que j'ai vu rallantoide contraclile, l'amnios retail aussi; et ce qui ra'a trompe, c'eslque le dix-liuilieme jour raliauloide, dans quelques cas, a une conlractilile plus proiioncee que Tamnios. G'est vers les douzieme, treizieme, quatoizieme jours que les phe- nometies sont leplus marques. A ces differenles ^poques de I'incuba- tion, la conlractilile de l'amnios est encore plus considerable que celle de I'allanloide. Les contractions qui s'executenl lorsque Ton a decouverl les membranes en enlevant dans un certain espace la coquille et la membrane oalcaire, dependent certainement beaucoup plus de l'amnios que de I'allantoide; et si cette derniere mem- brane parait aussi se resserrer, c'est une apparence due a ce qu'elle est entraioee dans le mouvemenl de l'amnios. On comprend facile- menl eel effet lorsqu'on a vu les rapporls que le feuillel profond allantoidien affecte avec l'amnios. II ya toujours, des le huilieme jour, des adherences consldcrabU'S enlre ce feuillel profond et toute la surface superieure que pr^senle l'amnios a I'observaleur; et ces adherences sont formees par du lissu celkilaire et des elements mus- culairesdont le nombre augmente chaque jour a partir du huitifemfe jour. Par suite de ces adherences, lorsque l'amnios se contracte, il tire a lui de tous les points de sa circonfercnce le feuillel profo.id de I'allantoide, qui semble alors lui-ineme se contracler, mais qui (5vi- demment nesubil qu'un mouvemenl passif : on s'en assure facilement en constalant que les differenls vaisseaux de ce feuillel ne changent 271 point de rapport r^ciprcque. Quelquefois cependant, I'allantoide prend line part active au mouvement. Dans ma note pr^'sentee a 1' Academic des sciences, je disais que le sac vitellin cHait attire de tons les points de la pt^riplierie vers le centre de la surface amniotique, et que ('am- nios et le ffflus qu'il conlienl semblaient s'enfoncer au milieu du vi- tellus Je mainliens cette description comme exacte avec les modifl- calions que je viens d'indiquer; I'allantoide n'est pas le ressort actif dece mouvement. Lorsque Ton applique un excitant quelconque sur le feuillet pro- fond de rallanloide ou sur la surface amniotique, au travers de ce feuillet, que cet excitant soil m^canique, cliimique ou physique, on voit toujours nallre des contractions assez energi(|ues, et qui, comme Font deja dil Baer et Remak, ont une grande analogic avec ceux de rintestiii. L'amnios olfre une contraction vermiculaire q.ii nesuit pas immediatement I'aclion de I'iJXcitaMt, mais se produit au bout de quelques instants. Ce mouvement'commence au point excite, se pro- page aux parties environuanles, et la forme de I'amnios se trouve plus ou moins cliangee. Le foetus subit le conlre-coup de rette con- traction et se trouve soit souleve, soil abaiss^, ou bien est porle a droite ou a gauche, ou enfin eprouve un mouvement incomplet de revolu- tion dont la direction est le plus souvent difficile a determiner. Le feuillet allautoidien, lorsqu'on I'excife , se resserre plus on moins, suivant I'intensite et la nature de I'excitant. Lorsqu'on se sert d'une pince galvanique et qu'elle est peu chargee, la contraction est quel- quefois iimilee aux points touches; le plus souvent elle s'etend aux parties voisines, et si I'excitalion est vioienle, elle gagne I'amnios. La coatraclili'e des membranes amniotique et allanloidienne a une grande per^istance. La coquille elant brisee, et les membranes misesi nu, apr6s avoir etudii^ pendant une heure les ditferenls phenomenes de la conlrai-lilile, j'ai mis sur la partie decouverte un linge mouill6, et le lendemain, au bout de vingt-quatre heures, j'ai trouve des traces plus ou moins grandes de contractilite dans I'allantoide et surlout dans I'amnios. Cette experience ne rdussit bien que lorsque I'incuba- tion est assez avancee. Des oeufs couv^s depuis dix-sepl ou dix-huit jours peuvent resler hors de la couveuse pendant vingt qualre heures sans que le fcclus meure (1). (I) Le 23 juillet, je remets dans la couveuse quatre ceufs retires la veille et 272 J'ai chercht?. uu grand nombre de fois, et a diverses epoques de Tin- cubation, si la membrane ombilicale ne jonirail pas aussi d'une con- tractilile plus ou moins developpee; je n'ai jamais pu y determiner la plus faible contraclion. De meme, je puis afiirmer que le feuillet su- perticiel de rallanloicleest denue de loute contractility. Apres de nouvelles et tres-nombreuses recherches, je dois aussi re- nouveler I'asserlioa que j'ai deja cmise, c'est que, comme Remak I'avait dit, il n'y a point de fibres nerveuses dans I'amnios et qu'il n'y en a pas non plus dans rallanto'ide. Je tenais d'autant plus a arriver a un r^sultat net sur ce point que j'en comprenais I'importance d'upres des observations que j'avais i'aites, et que je consignerai plus loin. §11. Vaisseal'X de l'allanto'ide. — En meme temps que rallantoide se developpe. croissent ra[iidement les vaisseaux de celte poche dont les fonclions vont devenir si imporlantes pour I'exercice de la vie fcetale. Au neuvieme jour, dc'ja I'allantolde environne une grande partie de I'oBuf. A ce moment on remarque que la plupart des rameaux arte- riels sont situt's dans le feuillet profond, ct que les branches veineuses sonla peu presexclusivementcontenuesdansle feuillet superflciel qui est le vrai organe res])iraloire du foetus. A mesure que le foetus se de- veloppe et que rallantoide s'accroit encore, la dilftirence en Ire les deux feuillets dcvient un peu moins tranchee, et dans chacun d'eux Ton trouve des arteres et des veines norabreuses, quoique les veines pri^dominent toujours dans le feuillet superlieiel. Dans les deux der- niers jours de I'incubalion, la circulation aUantoidienne devient moins laisses a la temperature ambiante deppis vingt-quatre lieures. I,a nuit n'a pas ete cliautle, et le 23, a qiialrc licures de l'apr6s-midi le lliermomtU'e centi- grade marque 25" dans Ic laboratolrc. Cos ccufs sonl en incubation depuis di.\-sept jourg. Un ocui' pareil a etc ouvcrt avant quo !cs autres soicut repla- ces dans la couveuse, ct I'on y a Irouvc le fcctus vivant ; quoique Tcciif pa- raissc tout tVoid , les ballemeuts des arleres sont asscz energiciucs, mais beau- coup plus leuts que daus I'etat normal. Les oeufs rcmis dans la couveuse ont aclicve leur developpement, et les poulels sonte.los le vingt et unierae jour. Si rajjaissemeiil de la Icnipcralnre avail ete moins considerable, mais beau- coup plus prolouge, I'cclosion eiit cle cerlaiuemcnl relardee, comme nous I'apprennent les e.Kperiences de Reaumur. 273 active, et quand on casse un oeuf au vingtieme ouau vingt et unieme jour, on trouve un grand nombre de branches vasculaires vides de sang. Lorsque les membranes viennent d'etre mises h d^couvcrt, on ob- serve une difference Iresgrande entre les veines et ies arleres. sous le rapport de !a coloration du sang, les arteres contenant du sang brun, et les veines du saug rouge; mais quand le feuillel allaiiloidiea superficic'l est expose a Pair depuis un certain temps, la djfference s'efface un peu, lesang des arteres deveuanl plus rouge qu'il ne I'^tait au debut de I'observation. Les vaisseaux du feuilletsuperficiel de Tallantoidenesont pasdou^s de conlractilite. Dans les cinq ou six derniers jours de lincubalion, on pcut s'assurer au contraire que certains vaisseaux du feuiliet pro- fond jouissent d'une grande conlractilile. II y a toujours un gros tronc veineux qui, form6 de la r(^union des rameaux d'un ordre iiiferieur venant des deux lames, suit un certain Irajet dans la lame profonde avant de gagner romluiic. Si Ton louche celte veine avec les deux p6ies de la plnce galvanitiue, a un inlervalle d'un demi centimetre, il ne se produit rien au moment meme du contact : quelquefois, cepen- dant, il semble que la veine se dilate tres-l(^gerement au niveau des deux points toiiclit'S. Bienlot, au bout d'une demi-minute environ, on voit la veine se retrecir lenti^mcnt au niveau des points touches. Le r^lrecissement se fait progressivement et n'alteint son maximum qu'en quatre ou cinq minutes. La contraction est tonjoiirs considerable et le calibre du vaisseau se reduit au cinquieme ou au sixieme de son dia- metre. Quelquefois le resserrement amene I'eiracement complet du tube vasculaiie aux deux points tomhes. Entre ces deux points se trouve une partie de la veine (jui conserve a peu pres son diametre normal. Lorsque la contraction produit I'effacement du vaisseau, le sang est retenu dans Id parlie intermediaire aux deux points resserres, et Taction continue de I'air lui donne une teiote un peu plus vermeille qn'au sang veineux normal. Peu a peu le resserrement des points con- tractcs diminue, et la veine y reprcnd ses dimensions normales. Lorsque les poles sont appliques sur des pelites branches veineuses, celles-ci s'effacent (ompletement an niveau des points touches. L'ex- eitation galvanique appliqude aux branches arlerielles ne produit pas de contraction, et la dillerence que je signale ici est surtout sensible quand, avec les deux pOles. on louche a la fois une veioule et une ar- MFJVI. IS 27't t^riole accolees Time a I'autre. On voit tonjours la veinule se contrac- ler, tandis que le calibre de I'arteriole deineure h pen pres invariable. J'ai cherche si les excitants mecaniqucs seraieiU aussi impuissants a faire contracter les parois des arleres. Voici le seul resultat que j'ai oblenu. Lorsque Ton presse un tronc arteriel entre les mors d'une pince, au bout d'un temps tres-court, on voit les parois s'ecarter au niveau du point presse et former la un renflement etroit tres-sail- laut. Le microscope demon tre que les veines possedent une couche con- tinue formee de fibres-cellules ii noyaux allonges, placfe transversale- raent a i'axe longitudinal du vaisseau. Qaand on met un agent cliimique en contact avcc un point qucl- conque de I'allantoide, il se produit en ce point une injection plus ou moins considerable. Aucun agent ne determine cette injection plus energiquement que la nicotine. D'ailleurs la nicotine ne produit pas cet etTet seulement sur rallantoide, mais encore sur la membrane om- biiicale, et, ce qui est interessant, d(^s les premiers jours de I'incuba- tion.Deslequatriemc jourelmemele troisieme jour, unegouttelettede nicotine placee sur la surface du jaune, sur un des points de la figure veineuse, y developpe en quelques instants une vive injection. Sous les yeux de I'observatenr, d'iniiombrables vaisseaux invisibles aupa- ravant sont dessines par le sang qui y afflue, les parties voisines de- viennent plus ou moins exsangues, et le coeur lui-meme pent se vlder presque completemcnt. Le spectacle est d'autant plus curieux et inte- ressant que le devcloppcment est plus avance. Plus lard, quand I'al- lantoide entoure les aulres parlies fa'tales, la nicotine a la meme ac- tion sur les vaisseaux de cette membrane : il y a toujours dilatation de tous les vaisseaux touches avec ce liquide. I in. Liquide allantoidiex. — Entre les deux feuillcs de rallantoide, on trouve, des le huilieme jour de I'incubalion, un liquide d'abord lim- pide, qui, a mesure que le developpeuient fait des progres, devient de plus en plus trouble. Le quatorzieme jour, le liquide est encore presque completemcnt limpide; mais lo seizieme jour il est deja trouble, et les dix-buitieme et dix-neuvieme jours, il est blancbatrc ; il tient en sus- pension une niatiere poudreuse, et Ton rencontre des flocons fibrineux converts de cclte pondre blanche et d(5pos6s sur les parties d*5clives du 275 feuillet profond. Le vingtieme jour, le liquide a presque entieremeat disparu; Le dix-huiliemc jour, on peut recueillir au moins 2 grammes de liquide allanto'idien. 11 suffil d'y ajouter un tiers d'eau pour que le suspensum soil dissous et que le liquide devienne transparent; cepen- dant il reste une certaine teinte louche. Cette reaction m'a fait soup- Qonner que la mati^re en suspension devait etre en grande partie for- m^e par un urate. L'examen microscopique avant addition d'aucun reaclif montrait un liquide limpidc dans lequel on voit une quantity considerable de petils grains tres-petits, ii bordsassez fonces, a milieu transparent, et qui offrent une grande analogie avec I'urate de sonde qu'on rencontre dans I'urine huraaine. En Iraitant le liquide par I'a- cide acetique ou par I'acide nitrique, on obtient de nombreux crislaux d'acide urique. Le liquide allanto'idien renferme, outre I'urate dont je n'ai pas de- termine la base, quelques rares cristaux d'acide urique, et des cristaux spb^roidaux a stries rayonnantes, constilues par du carbonate de chaux. Lorsque le liquide est limpide, ces diflerentes malieres sent prcbable- ment en quanlites excessivement niininies,car on n'en constate pas di- rectement I'exislenee. Outre ces malieres, le liquide allanto'idien en renferme certainement d'autres, et, en parliculier, celles que M. Stas y a trouvees, a savoir des chlorures, des sulfates et des phosphates al- calins (Comptes p.endus de l'Acad. des sc, 1850, p. 629). Le liquide allanto'idion mis en contact avec un papier seche apres avoir ete imbibe de perchlorure de fer, lui communique une teinte noiratre tirant sur le bleu, teinte qui s'^vanouit a mesure que la des- siccation s'opere. (11 ne se produit aucun precipite noir avec un sel de plomb soluble.) La teinlure aqueuse d'iode y developpe une teinte jaune legerement rosee, et le chlorure d'or jn-oduit le meme effet. Le chlorure de manganese n'a point d'action. Expose a la lumiere solaire dans un tube de verre, le liquide etendu d'eau jusqu'a dissolution du suspensum prend assez rapidement une coloration jaunatre. §1V. Remak a montre comment on pouvait rattacher la presence de fibres musculaires dans I'amnios aux rapports de cette membrane avec I'en- veloppe culanee oil les recherches de Koclliker ont eiabli I'existence de fibres musculaires de la vie organique. Les rapports de la vesicule al- lantoide avec rinlestin nous rendront de meme corapte du developpe- 276 ment des fibres rausculaires lisses dans celte membrane foetale. J'ai decrit brievement. dans ma note inseree dans les Comptes rendus de l'Academie des sciences, les fibres-cellules qui constituent ces Elements muscuiaires. Eiles ontcinqccntiemes de millimetre de longueur, quel- quefois un peu plus, et de 5 a 8 millicmes de millimetre de largeur, au niveau du noyau, qui a de U a 18 millifemes de millimetre en lon- gueur, sur 4 milliemes de millimetre en largeur. De meme que Re- roak, j'ai constate sur plu?ieurs fibres une apparence strioe due a des granulations rangees en series a peu pres paralieles, apparence que delruit comi)letement I'acide acetique. Si Ton euleve une parlie de la coquille sur un CEuf en incubation deptiis onze ou dix jours, et memea une epoque moins avancee, outre les mouvements dus a la contraction de I'amnios on apercoit facilement des mouvements appartenant au faHus. J'ai vu I'embryon age de sept jours presenter quehjues mouvements brusques des membres poste- rieurs » Au sixieme jour, j'ai apercu dans rembryon le premier » mouvemeiit qui consistuit en une convulsion de certaines parties, » et sembliiil elre determine par I'impression du froid. » (Baer, Phy- siOLOG. deBurdach, t. Ill, p. 281.) A dix jours ou onze jours, il ya de plus des mouvements g6neraux et surtout des mouvements remar- quables diiispiralion. Le foetus ouvre le bee en relevant la tele eten paraissant cbercher a dilaler soih tborax. On saisit assez aisement la cause de ce pheuomene lorrqu'on I'observe dans des oeufs de mammi- feres separes de la mere et prives par consequent de la resfiiration placeutaire. Le sang fuetal ne respirant plus ac(iuiert des propriet6s excilanles, agit sur le centre nerveux respiratoire et suscile des niou- Temeuts de respiration. Dans I'duf d'oiseau le mecanisme de la res- piration foetale est tout dirferent.Lorsqu'oua misadecouvert lefeuillet superficiel ou re^'piratoire de lallantu'ide, la respiration n'est 6vi- demment point suspendue et meme les 6 hangesentre lesang foetal et I'air semblent devoir etre plus faciles : commeje I'ai dit plus haut, le sang acquiert une coloration plus vermeille. Les elTorts respiratoires s'observenl seulement dans les premiers moments : on pourrait les atlribuer a I'impression produite par Pair froid ; mais le contact de I'air agit uniquement sur les membranes supeificielies et ne peut se faire seul'r directcment au foetus protege non-seulement par ces mem- branes, n.ais encore par les liquidcsqu'ellcscontiennentEst-ce le sang des vaisseaux allantoidiens qui se refroidit et va impressiouner le 277 foetus? 11 faut bieu remarquer que Ton observe dejii ces efforts respi- raloires a une pt^riode dans laqiielle le sysleme nerveux central n'a pas encore acquis une organisation suflisanle pour determiner et coor- donner les divers mouvements du foetus; aus?i le centre nervoux n'est-il pus alors, comme cluz I'adulte, riutermediaire oblige entre les excitations exterioures el les reactions de i'organismc. Une autre hypottiese pourrait elre disculee : ces mouvements respiraloircssont- iis normaux, plus ou raoins rhyllimiqucs, etexistent-ils pendant la derniere nartiede Tiniubation? Baer avail compare les quelques mouvements successifs quepre- sente I'amnios mis a docouverta une pulsation : « Au seplieme jour, n dit-il, i'embryon oscille dans I'amnios, sur rombiiii-, comme sur ua » point fixe. Mais ce mouvement de va-et-vient ne depend pas de » I'embryon seul : 11 se raitaciie plus encore a I'amnios qui se con- B tracte et se fronce, lanl6t a Tune de ses extr^milt'S, tantdt a I'autre. » II m'a done semble etre une sorte de ])ul?alion irreguliere dans » I'amnios. » (Baer dans Physiolooie de Burdach, t. Ill, p. 281.) ?ius loin, p. 297, il reproduit la meme comparaison. Dans ces deux pas- sages, il parle de i'amnios mis a dccouvert et expose a rimpression de I'dir froid, impression qui semble determiner ces mouvements. Ri-mak (Arch, de Muller, 18o4, t. XXI, p. 3G9 et suiv. Ueber die ZuSAMM_NziEHiiNG DES A.MXioNs) reppoduit I'opinion de Baer. II pense que les contractions de I'amnios sont la spule cause des mouvements de I'embryon au septieme jour. Or, comme Baer I'avait vu, comme j'ai 6t<'a meme de I'obscrveraussi, il y a certainement alors des mou- vements propres au foetus. Apres avoir iiidique quelescontradionsde I'amnios ne sontpasaussi regulieres quel'expression de pulsation por- terail a le croire, Remak dit qu'il est fort po.-:sible que ces contrac- tions, observees lorsque I'amnios est mis en contact avec I'air, n'aient pas lieu a I'etat normal. Ces mouvements de I'amnios ne sont pas dus a I'impression de I'air comme Baer et Remak Tout cru. Ge sont a ce moment les derniers restes d'un mouvement normal qui va s'arr^lercompletemenl au bout de quelques instants. Par le mirage des oeufs, on arrive k un resultat tres-net sur ce point. Au sirieme jour, si Ton mire un oeuf dans une chanibre obscure, et a la claite d'une bougie on apercoit une 'ache noire qui correspond au fcctus et probablement a sa tele. Cette tache subit les mouvements les plus remarquables. Lagrcsseextrdmilfidc 278 Toeuf 6tant en haul, ou voit cette tache se soulever rapidement, se di- riger de bas en haul un pen ohliquement de droite a gauche, puis presque direclement de droite a gauche, s'arreter, et revcnir ensuite a son point de repos en suivaul le merae trajet et en parcourant dans ces deux p^riodes un arc de cercle d'une certaine etendue. Ce double mouvement se reproduit plusieurs fois (de dix a vingl?) dans une mi- nute; mais les intervalles ne m'ont pas semble d'une parfaite rcgula- rite. Le huitieme jour, on pcut oljserver encore le ni6me mouvement qui est peut-c^lre plus regulier. Les jours suivants, a mesure que I'embryon grandil et que les diverses parties se developpent, Toeuf devient de plus en plus obscur el I'observalion est impossible. II y a done dans I'oeuf des oiseaux un mouvement qu'on pent ap- peler rhythmique, mouvement qui amene une sorte de balancement p^riodique du foetus et qui est dii indubilabiement aux contractions de I'amnios. Ce mouvement, quoique produit par un mecanisme diffe- rent, rappelle le mouvement gyratoire de I'embryon des gasteropodes. L'amnios ne possede pas d'elements nerveux : son action rhythmique ne depend done pas d'une influence nerveuse periodique. Faut-il at- tribuer les mouvements rhylhraiques a des modes alternants dans la constitution du sang et dans ses conflits avec le tissu contractile de l'amnios? Cette hypothese s'accorderait assez avec I'opinion r^cem- ment 6mise par J. Paget (1) sur la cause du rhythme; mais on peut, dans le casqui nous occupe, lui faire une grave objection, a savoir le nombre extremement restreinl des vaisseaux qui se distribuent a l'amnios. D'ailleurs cette supposition ne feraitquereculer la difficulty, car on peut se demander pourquoi le mouvement nutrilifaffecte le type rhythmique dans certains organes et le type continu dans d'autres ; on bien, si Ton admet que le typo rhythmique est une loi generale du mouvement nutritif, pourquoi les excitations qui en sont la suite d^- terminent des contractions rhythmiques uniquement dans certains organes musculaires. Le rhythme depend d'une raison primitive et secrete qui nous 6chappe : jusqu'a present aucune hypothese ne peut s'appliquer a I'ensemble desfaits connus. (1) Cqmptes BENpus m l'Academie des sciences, 5 octobre 1857. SDR UN TADREiU MONSTRUEUX PAR GREFFE D'UN INDIVIDU PARASITE AMORPHE SUR UN AUTRE BIEN CONFORME {genre Desmiogmthe de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hikire) ; SUR LA RESTITUTION DE CELUI-CI A L'ETAT NORMAL PAR UNE OPERATION CHIKURGICALE ; BT St'R L'ORCiAnflSATIOIW UE LA HASSE PABASITAIRb; Par M. ARMAND GOUBAUX, Professeiir d'anatomie et de physiologie a I'Ecole imperials veterinaire d'Alioit, etc. Le 31 Janvier 1853, M. Isidore Geofiroy-Saint-Hilaire, professeur au Museum d'histoire nalurelle, m'a fait riionneur de me confier ua tau- reau monstrueux (monstre d'un genre nouveau de polygnathiens et qui peut elre nomme desmiognatlie) que possedait la menagerie du jardin des plantes, dans le but de le I'aire operer ou sacriiier, et dans tons les cas de faire dissequer la masse parasitaire. , M. H.Bouley et moi, nous avons opere ce taureau, qui a ete rendu le 2 mars suivant au jardin des planies, dans un parfait 6tat de saate. J'ai dissequd ensuite la masse parasitaire. Ce memoire est divise en trois chapilres : Dans le premier, je reproduis une partie de la communicalion qu'a faite M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a I'Acadi^mie des sciences « suR UN NOUVEAU GENRE DE MONSTRES DOUBLES PARASITAIRES. DELA FAMILLEDES POLYGNATHIENS » (seance du 10 fevrier 1851); Dans le deuxieme, je rends corapte de reparation chirurgicale et de ses suites ; '280 Enfin, clans le troisieme, je m'occupe de la descriptioa anatoniiquc de la masse parasitaire. CHAPITRE PREMIER. Caracteres du genre desmiognathe. — « Une t6fe surnumeraire et tres-irapaifailc, qui est iinie au sujet principal par des altaches mus- cuiaires el culan^es, el non osspuses; mais ces altaches sontconverlies en un long pediciile ou cordon a rextrt^mitedniiuel la tele surnume- raire est puspendue et comma floltanle. De plus, ce podicule s'inpere, non sous la lele, mais sous le rol ou m6mi! sous la partie ant^ricnredu Eteroum du snjet principal. Tels seniles caracleresd'un gi'nre nouveau de polygnalhiens qui peul etre nomme desmiognathe (1). « Par une de ces rencontres singuliercs donl il y a lanl d'oxemples en leratologie, celte monslruosile, qui parait n'avoir pas encore 6l6 rcncontree, s'est produite presqpe simnlianement, il y a quelques mois, sur deux points de la France. Un veau desmiognathe est n6 dans les derniers jours de mars 1850, pres de Vannes ; un autre sujet, c'elait encore uq vcau (male aussi hit-n que le premier) dans les premiers joursdeseptembre, aNeuville(Loirel).Tousdeuxse Irouvaient, bienl6t apres, reunis a la menagerie du museum. L'un d'eux, trop 161 s6pare de sa mere, a bientot succomhe; mais I'aulre. celui de Vannes, est encore vivant. Le museum d'hisloire naturelle avail rccu celui-ci,et nous nous faisons un devoir de consigner iri celle cirronslance, d'un boucher de Paris, M. Vrillolle, qui, ayant vu le veau monslrueux dans un marche de btsliaux, el ayant compris I'inl^ret qu'il pouvait pre- (1) « Desmiognathus, de Aea[j:to?, attached, retenu par un lien, et de TviOo?. » II est prc^qne inutile de (aire remarqiier que la caracteristiciue de la fa- » mille des polygnalhiens, ainsi que les gen(^ralilt''s faites d'apres les genres » ayant la lele surnumeraire adherente par soudure osseuse, doivenl etre » maintenant notablement modiflres. Lafamilledes polygualhiens se compo- » sera maintenant de trois sections : » I* Soudure, par les os, de la masse parasitaire a la t6te principale. » Genres, epignatlie.liypognalhe, augnathe et (paragnatlie?). » 2° Adherence par les muscles et la peau, a la t6te principale. Genre myo- D gnathe. « 3» Suspension par I'lntermWiaire d"un p(5dicule musculaire et cutan^, » sous le ecu ou le sternum. Genre desmiognathe. » 281 senter pour la science, s'est empresse don faire r&cquisitioD, de nous i'ainener,et d'en faire don a la menagprie. i> Les deux desmiognathes se ressemblent par les conditions gene- rales el essenlielles de la monstruosile, mais les differences secondaires sont nombreuses. » Chez tous deux la lete acressoire est una masse, de forme lres-ir« regnliere, beaucoup plus petite que la tete principale, en grande par- tie osseuse et muscuiaire, recouverte parlapeauet velue sur une face, prej^entant a decouvert, sur I'autre, la mombrane mutjucuse buccaie, avec sa structure tres-caracteristii^ue, une langue rudimentaireet une ou plusieurs dents. Sur la partie velue decette leteimparfailes'iusere le pedirule,sortede cordon muscuiaire etcutan^, de forme cylindrique, dont I'autre extremile seconfoiid avecie bord inl^rieur dufanon. Les polls du p^dicuie et de la tete accessoire sont de meme nature et de memocouleurquecenx du col et de la region sternale. » Les ditrerences enlre les deux sujets sont relatives soil au p^dicule, soit a la l(5te elle-meme. » Chczied('sraiognatliedeVannPS,lepediculeestins^re sousle milieu du col, el assez long pour que la masse parasitaire louche le sol des que I'animal baisse un pen la tele. Chez le sujel de Neuville, il est insert tout a fait a la partie posterieure du fanon, et plus court; la masse para?it.,ire est suspendue au niveau de la partie superieure du canon. » Chez le premier, la portion velue de la tete accessoire ou masse pa- rasitaire est superieure ou anlerieure. En examinanl cctte masse par la facc inferieure, on reconnait aussitdt, en avant, Textremile de la mai'hoire inferieure avec ses huit incisiveset la ievre iufi-rieure, et un peu nlus en arriere, la langue, placee transversalement de gauihe a droile, et presque continuellcmentanimee d'une sorte de mouvemcnl vibratoire. En arriere, a I'autre extremile de la masse, est une fissure m^dianequi, Ires-etroite il ya quatre mois, s'est beaucoup elargiepar I'effet du deveioppement de la tele; cllesi^pare deux eminences arron- dies qui ne sont aulres que les deux moilies d'une Ievre superieure et d'un mufle imparfait ; un peu en avant, et(a raison de la largeur de la fissure) a une grande distance I'une de Tautre, sont deux petiles dents, pousseesdepuispeu,runed'elle3enrcmplaceinentd'i'neautre,quiOtail seulement implantee dans la gencive, et qui est tombee presque aussi- t6t que venue. Ces petiles dents sont evidemmenl les deux incisives sup6rieures que tout lemondeconnaitchez les camelides, et qui, dans •282 I'etat uormal, u'existeul pas chez les autres ruminants. On voitdeja, par ce que nous venons de dire, que les parlies qui devraient etre su- perposees,la levre et les liuit iiicisives superieuros, se Irouvent rejeti^es a distance, aux deux extremites auliirieure et posterieure de la tete, absolument comme si la cavile buccale s'elait ouverle et elalee en table, a la uianiere d'un livre dont on ecarlerait les deux moities jus- qu'a les placer dans un meme plan. Cette meme disposition se retrouve a regard des molaires : sur les parties laterales de la tete existent, en arriere, les molaires infcrieures, au norabre de trois de chaque cole; en avant, enlre les huit incisives et le pedicule, les molaires supe- rieures, au nombre de qualre a gaucbe, au uombre de trois a droite, la qualrieme d'un cote el la troisieme de I'autre, ayant paru depuis quelques jours seulement. Jsous ajouterons a ces details que I'existence de glandes salivaires est atlestijepar Fexcretion d'une salive abondante ; celle de muscles dans la tele, par les mouvements de la langue, et, dans le pedicule, par la retraction momenlanee, tres-sensible en quel- ques circonslances, de la masse suspendue a son extremile. Quant aux OS, le toucher en fait reconnaltre plusieurs, tons mal conformes ou meme tres-imparfaits, a I'exception de la portion terminale des maxil- liaires inferieurs. » JN'ous devons dire encore que la masse parasilaire a pris, depuis que I'animal est sous nos yeux, un accroissement tres-no table, mais inegalement reparti enlre les diverses parlies de cette masse, son dia- melrc antero-poslerieur et son diamelre transversal etaient I'un et I'autre, il y a qualre mois et demi, d'environ 18 centimetres : ie pre- mier a a peine change; le second mesure aujourd'hui prcs de 23 cen- timetres. Get accroissement transversal a porle presque en eutier sur le cote gauche; aussi les incisives inferieures, d'abord medianes, sont- elles aujourd'hui a droite de la ligne mediane. » Nous ne saurionsenlrer dans autanl de details sur le desmiognathe de Neuville; la bizarre el informe organisation de sa tele serail abso- lument inintelligible sans le secours d'une figure. Is'ous dirons seule- ment que la masse surnura6raire, longue de 14 centimetres et large de 11, est suspendue par une de ses extremites, et qu'elle a sesfaces prin- cipales a droite et a gauche. G'esl la face droite qui est velue. La face gauche se divise en trois portions tres-distincles : Tune superieure, formee par une portion de la cavit6 buccale, ouverle et elalee comme dans le cas precedent, avec un rudiment de langue biQde et une dent ib-6 bifurqu6e a la couronne (1); une moyemie, garnie de quelques polls et ne pr^seatant, d'ailleurs, rien de remarquable; I'mferieure, revetue d'une membrane miiqueuse, aplatie et se terminant en bas par deux lames de forracirreguliere,iiilC'rieiiremeiU cartilagineuse, I'unecourte, I'autre trcs-saillante,celle-cigencralement regardeecomme une oreille mal conformee; d^tcrminatioa que toutefois nous sommes loin d'ad- mettre comme scientiliquement etablie. Ici I'examen anatomique le plus rigoureux. sera necessaire, et nous avons du le renvoyer au mo- ment oil il pourra etre fait avec le plus de fruit, c'est-a-dire lorsque la mort de I'autre sujet fournira un terme de comparaison presque indis- pensable a regard d'anomalies aussi complexes. 11 est toutefois deux points qu'il imporlail de meltro en lumiere des a present, la compo- sition du pedicule et les relations musculaires existant entre le parasite et I'autosite. Le pedicule est forme par des t(5guments qui sc conti- nuent avec ceux de la r(5gion sternale, par un peaucier assez 6pais, et par un faisceau vasculaire, grele et allonge, dont des libres, longitu- dinalement dispos^es, expiiquent parfaitement la retraction, parfois observee chez ce sujet comme cbez I'autre, de la masse parasitaire. Dans I'interieurdu pedicule, sur la ligne mediane.est une artere prin- cipale qui, en haut, se porte un peu a gauche, se recourbe derriere le sternum, et vas'ins^rer sur lathoracique interne. La tboracique interne droite fournil de raeme une brancbe qui se porte dans le pedicule, mais qui est fort petite, et disparait bienl6t. Le systeme veineux presente une disposition analogue. Nous n'avons point, au conlraire, trouve de nerf accompagnant i'artere et la veine principales du pedicule. 11 est presque inutile d'ajouterque les arteres, veines et nerfs dest^guments decette parlie se conlinuent avec les arteres, veines et nerfs dcla peau qui revet le sternum, comme les teguments eux-meraes avec les tegu- ments de la region sternale dont ils sont le prolongement, et dont ils conservent completementla structure. » Ges faits anatomiques sont parfaitement en rapport avec les resul- tats des experiences, plusieurs Ibis repiitees, que nous avons faites tant sur ce sujet que sur le precedent. Unepiqure, une pression, soitsur la peau du pedicule, soit, de memo sur la partie velue de la masse para- sitaire, est aussi vivement perdue par le sujet principal que si elle (I) « II Importe de rappeler iei que I'animal est mort a I'age de trois mois seulement ; d'autres dents auraient sans doute poussc plus lard. » 284 etait faite sur ses propres teguments. Au contraire, les piqures faites surles parties revetues sculemenl de la membrane buccale, ne provo- quent aucun signe de seusibilite. » CHAPITRE II. Le faureaii monstrueiix dont nous allons nous occuper niaintenant est ce- lui qui est nc^ a Vannes dans les derniers jours de mars 1850. Cet animal a el6 envoye a rEcole impeTiule v('terinaire d'Alforf, le 31 Jan- vier 1853. 11 presentall tous lessignes d"iiric bonne sanle. Voici son signale- ment : taureau de race bretonne, age de 3 ans environ, sous poll noir, bande blan'he sous e thorax et rabdomen, laille de l^.QCO. De la pailie inferieure du fanon se detaclie un pedicule d'une longueur de O^.SOO et du diamdire de O-^jOoO a sa partie superieure, de 0"-,040 dans sa par- tie mo\ enne, et de 0"',060 a la partie mlerieure. A cetle derniere pailieesi at- tachoe une masse parasitaire, une tele auormulement developpce, reposant sur le sol par la face opposee a celle sur laquelle s'iusere le pcdicule. Nous examinerons plus loin la masse parasitaire. II est imporlant de noler des a pr(?sent que la masse repo^^e sur le sol un peu en avant des raembres anierieurs; qu'elle traine sur le sol lorsqu'on fait avancer I'aniraal; que, de temjis en temps le membre anierieur droit vienl appuyer sur elle sans que I'auimal trmoigne de douieur, et que !e lu'dicule ne se raccourcit pas, ce qui lend a faire admettre qn'U u'y a pas de muscles qui entrent dans sa composition. Conime ce taureau avait ele envoyt- a TEcole, surtout pour y 6lre disseque; comme, d'une part, 11 avait une cerlaine valeur comnierciale, et, d'autre part, comme il ctait intrressant de savoir si I'amputation de la masse parasitaire n'entralnerait pas la mart de I'animal, nous avons decide qu'une aperatiou serait pratiquoe le lendemain matin. Un peu tivanl Toperaiion, I'animal, a jeun, est mis sur une bascule : il ptee 348 kilogrammes (1). Operation. — Le 1" fevrier, I'aniraal etant maintenu debout par des aides et par des cordes, M. Bouley et moi, nous procedames a I'opeiation. Une incision circulaire fut pratiquee sur la peau du p(?dicule, a 10 centi- (1) La masse parasitaire, amsi qu'on le verra plus loin, pese 10 kilogrammes 150 gr mmes. Elle etait done au poids total de I'animal :: 1 : 34,'38 environ. D'ou il suit qu'oQ a retranche, par loperalion, les 34,^8 environ du poids to- tal de I'animal. 285 metres Je son origine on de son extr^mit^ sup^rieure, afln de pouToir suivre ult^rieurement les parties qui composaient ce p^dicnie, si I'animal venait a mourir. Iramediafement au-des?ous de la peau, nous trouvames une galne aponevrolique en etui, dans laquelie ^taient contenus du tissu ceilulaire, de la graissc et des vuisseaux. La situation d'line arlere ayant ete reconnue par rexploration, nous en flmes la ligature mediate ; puis I'excision fut praliquee 2 centimetres au-dessou? de la ligature. Aussit6t il se raanifesta une liemor- rhagie en un pclil jet sacradc : elle provenait de la section d'une arlc^re plus petite que la premiire. Ce second vaisseau aiteriei fut saisia I'aidede pinces, line ligature fut appli(iu 'c a sa surface, et roperatlon fut complete. L'animal ne perdit pas 2 centilitres de sang. Rentrea I'ecurie. I'aninial boit un demi-sean d'eau.puis mange avec ap- petit environ 3 kdograranies de foin. Les pulsations, explorres al'arlere fe- morale, ^laientau nombre de 120 par minute; les mouvements respiratoires etaient frequents (25 par minute). Deux lieures apres, l'animal est tranqnille; le nombre des pulsations est descen.lu a 92, ct celui des respirations est de 25. Quatre lieures aprcs, il mange de la paille; le pouls a conserve sa force; les pulsations sont ou nombre de G5 ; 10 respirations par minute. L'extrerait^ du p(?dicule, au niveau de la plaie, est sensible, tres-doulou reuse a la pres- sion, el presente une legere tumefaction circulaire. Depuis ce temps jusqu'au lendemuin matin, on ne remarque riea de parti- culler. Le 2, dans la matinee, l'animal eprouve un acces de fi^vre assez prononc^; des tremltlements geu^raux ap[iaraissent et disparaissent alternativement. Le pouls est petit et vite {80 pulsations). Le flaiic est agit(^ (25 respirations). L'appetit est conserve; les plif'inomenes particuiiers furent attribu^s au froid qu'a du ressenlir l'animal. II ('tait i)iace pr6s de la porle de I'^rurie. On le change de place, on le met au fund de I'ecurie, el bientOttoutes les fonclions reprennent leur eiat normal. L'extremite du pedicule est couverte par une croule d'une couleur d'un rouge brun fonce. Pheuomenes inflammatoires pen inteuses. Ghaleur et sensibiliti\ mais tum(ifaction peu considerable. La veiUe, la circonftMencede rextremiielibrc du pSdicule etait de O^.ISO; elle est au- jouM'bui deO"',l50. Le 3, 1'etat general du sujet est satisfaisant. Dans I'intervalle des repas, I'a- ninial se con, he et rumine. La tuniefaclion de I'extromite libredu pddicule est encore plus considerable que la veille; elle est de 0°,170. Le 4, la suppuration s'etablit ; la tumefaction est rest e stationnaire. Lotions ^mollientes. Du 5au 8, la tumefaction diminue de jour on jour; le pus est de bonno iia« ture. Lotions (^mollientes. 286 Le 8, 1'escarre form^e par la partie libre du faisceau vasculaire se detache et fait saillie a la surface de la plaie. Memes soins. Le 9, I'escarre s'est detacliee et laisse voir, a I'extr^mitd libre du p^dicule, une belle plaie ros(5e, bourgeonneuse, ayant une disposition infundibuliforme. Lotions emollientes et applications resolutives. Le 10, il n"y a plus de tumefaction ; la plaie presente a son centre un petit infnndibulum d'oti Ton fait sortir, par la pression, une petite quantite de pus de bonne nature. La cicatrisation marche reguli^rement de la circonference au centre de la plaie. Du 11 au 15, diminution constante del'etenduede la plaie. Memes soins, ut supra. Le IG, la plaie est reduitc aux dimensions d'une piece de cinquante cen- times. Le 20, la plaie est tout a fait cicatrisee. Le2 mars, I'animal, dans un parfait ctat de sante, est reconduit au jardin des plantes. CHAPITRE m. A. — Exterieur de la masse parasitaire. !• Face superieube. — Le pedicule qui suspendait la ttHe, ou le parasite a Tautositc, s'elargit unpeu au niveau de son insertion, et se continue avec une portion de peau qui reprcsente assez bien, d'avant en arriere, la face in- ferieure de la levre inferieure et la poriion de peau de la region de I'auge ou de I'espace intra-maxillaire. A partir de Fexlremit^ anterieure, qui correspond a la levre inferieure, on remarque, de chaque c6te et d'avant en arriere, des papilles : elles sont dis- posees comme a la face interne des joues du boeuf. raals sur une surface plus large dans sa partie moyenne qu'a cbacune de ses extremites. Cbacune de ces surfaces represente la face interne de cbacune des joues. Plus en dehors de ces surfaces garnies de papilles, il existe de chaque cOte deux eminences volumineuses, arrondies, tapissces par une membrane mu- queuse. Dans chacunedelles sont implantees des dents molaires. C'est entre I'eminence anterieure et la posterieure, de chaque c6t6, que se trouve la par- tie la plus large de la surface garnie des pa[iiiles. Ces deux eminences sont separees I'une de I'autre, I'anterieure de la posterieure, et de chaque cOte, par un sillon assez profond, dirige vcrticalement. En avant, entre les deux eminences anlerieures, et au-dessous de la Itjvre infdrieure, se trouve une eminence courbee sur elle-mcme d'un cole a I'au- tre, qui represeute la partie anterieure d'uiic nuichoirc inferieure, et dans la- qnelle sont implantees des dents incisives des deux dentitions. 11 y a ceci de remarquable, quoique I'implantation des dents soil irreguli^re, que la face 287 anterieure de ces dents incisives est tournee en haul pour se mettre en rap- port avec la 16vre inferieiire. Du coid oppose, ou ii la partio post^rieure, il y a un sillon assez profond qui paralt diviser cette extremite en deux molties lateralcs, I'une gauche et I'autre droite. Chacune des moitlcs lalerales rcpresenle une moitii- de la levre superleure, et porte une surface lisse, analogue a une partie du mufle. 2» Face inferieure. — La face inferieure de cette tSfe est tres-irr^guliere ; elle offre, en avant, une langiie dirigcc fransveisalement de droite a gauche. Get organe est fixe par son extremite droite, et libre dans une partie de son ^tendue ; il est loge dans une cavite iirrgnliere qu'il deborde un pen en de- hors. On voyait parfaitement les mouvemcnts ondidatoires de cette langue pendant la vie. Sa face supcrieure (qui etait inferieure puisqu'elle reposait sur le sol) est garnle de papilles analogues a celles qu'on remarqiie ordinai- rement chez le boeuf. En relevant I'extremite libre de la langue, on trouve, au-dessous d'elle, deux barbillons a la place qu'ils occuperaient si la tete dtait bien conformee. Tout le reste de la surface Inferieure de la masse parasitaire est lisse, lui- sant, rose dans la plus granJe partie de son etendue ; dans quelques points seulement, elle est coloree en noir par un pigment. Pendant la vie, elle etait enduite par un liquide visqueux et filant. Dimensions dc la luasso parasitaire. m La circonf^rence tres-irreguli^re mesure 1,160 Diametre antero-postcricur 0,260 Id. transveisal mesure d'uu sillon lateral a celui du c6te oppose 0,300 De la partie moycnnc de I'eminence posterieure a la partie correspondante dc celle du cote oppose 0,410 De la parlie moyenne de remincnce anterieure a la partie correspondante de celle du cote oppose 0,310 Poids dc la msissc parasitaire. La masse parasitaire p6se 10 kilogr. 150 grammes (1). (1) Le poids de I'animal (autosite et parasite) etait de 348 kilogr., ainsi que je I'ai dit plus haul. 288 B. — DIaaectlon de la uaaae parasltaire. La peau du pedicule est en rapport, par sa face adb^rente, avec un tissu celiulaire parfaitement sain. Aii-dessous de celuici, on trouve un feuillet flbreux blanc qui forme un Tcrilable elui aux diverses parties qu'il contient : d'abord, c'est une coucbe graisseuse d'une blancheur remarquab'o, puis la disseciion permet de reconuailre les parlies qui composent essenliellemeat ce pddicule. i! importe de faire remarquer d'abnrd qu'il n'j/ avait absolument pas de fibres musculoires,e\ qu'aucun uerf, quelle qu'ait cte I'atteiition appoitee dans "un examen a Iccii nu, n'a e.ti renconlri dans le pedicule. Voici les parties qui y out ete disscquees : !• Deux Taisseaux lymphatiques assez volumineux, que I'oa voyait naitre des ganglions situesa la base du pWicule. 2° Deux arleres, I'une grosse et I'uulre petite. Les parois de I'artere la plus gmsse claient minces; son calibre etait egal au volume d'un crayon ordinaire, au moins. Lautre artere avait le volume d'une plume de cor- bean. .3"" Deux veines peu volumineuses. En alleignant la base du pWicule, ou mieux, la masse parasitaire, les ar- t^res donnuient naissunce a plusieurs branches qui se portaient en diver- geant dans ditTerentes directions. A ce mcme endroil se trouvaient deux ganglions lynipbaliques volumiueux, de forme uvoide, qui paraissaient 6tre un pen infilln's. Siir un plan plus profond, et lonjonrs dans I'espacc inter-mnxillaire, se trouvaient deux autres ganglions lymphatiques, raais ils etaienl moins vo- lumineux que les deux superficiels dont j'ai parte pr^cedem,ment. A la base de toutes les papilles dont jai parle plus liaut en decrivant I'ex- tdrieur de la masse paiasitaire, et que Ton voyait dans des parlies qui me paraissent representer la face interne de cbacune des joues, il y avait des glandules, absolument comme on en remarque dans les endroits correspon- danls chez le bceuf. La dissection, couche par couche, de la face syperieure des quatre masses ou eminences lal^rales, a fait reconnaltre qu'eUes ^taient formees par une couche iiif'galcnient cpaisse id'un centinifMre environ dans les endroits les plus ('■pais) d'un tissu fibreax blanc, criaut sous linstnmient tranchant dans que'.qups points. Dans Tc'iiaissenr de cctte couclie, trois pelits kystes ont ("16 rencontn's; ilsavaietit le volume d'une noisette et Claient remplisd'un li- quide clair et visqueux. Ce tissu flbreux blanc, d'aspect lardacC', etait gorge de serosit6 qui s'(}cou- lait a la surface de la coupe. Tres-pcu de vaisseaux sanguins traversaient m I'epaisseur de celte rouclie ; aussi ne s'ea est-il ecoule que trte-peu de sang. Sur la face inferieure de chacune de ces masses ou rminences latorales, il existail quelqiies papilles, el a leur base des glandules. J'ai enlev6 siir celte face absolument les memes parties que snr la face sup^rieure, c'est-a-dire un tissu Obro-lardacp, inlillre d'une grande quantite de serosile, et criant sous rinstrument truncliant dans qnelqnes endroits. Dans quelques endroits aussi, j'ai rencontre de petitskystes contcnant uu liquide tres-clair et tres- filant. En regard des sillons latrraux qui si^parent les Eminences ou masses lato- rales en anterieures et en posterieures, j'ai trouvd une grande quantite de graisse blanche, ferme, d'un ties-bel aspect. Cette graisse recouvrait une cavite de forme irreguliere qu'elle remplissait en meoae temps qu'elle re- couvrait deux ma.«ses glandulaires 6gales par le volume et par le puids (cha- cune d'elles pesait 38 grammes), qui ressemblaient beaucoup a des glandes maxillaires. Ces deux glandes, en remettant les choses a leur place norraale, avaient leur grosse exlreniiti' ovoide tournce en bas et leur sommet en haut. A leur pourtour, il existait des vaisseaux qui leur fournissaient des divisions. Une dissection bien nette a etc impossible a faire a cause de I'abondance de la graisse et de la profondeur de la cavite dans laqnelle Otaient ces glandes. Tout a fait en arriere, oil j'ai dit qu'on Irouvait, a droite et a gauche, une moitie de la levre snpcrieure, il y avait une surface rugueuse qui paraissait correspondre au palais, enraison de sa forme, mais il n'existait au-dessous de la peau et de la muqueuse qu'un tissu fibro-cellulaire, lardace, blanc, tra- verse ])ar tres-peu de vaisseaux sanguins. Entre les deux moities de la levre superieure, il existait quelques fibres musculaires, rares, dirig^es transversalement, noyces au milieu d'un tissu blanc, liirdace, et enfin une couche vasculaire erectile qui, par sa disposition, (Mail analogue a celle du palais. Cetle couche s'ctcmlait transversalement du bord le plus excentriquede la levre d'un cote a celui du cOte oppose^. En supposant la masse parasilaire dans la position qu'elle avait lorsqu'elle ^tait suspendue a I'autosite, j'ai trouve, immediatement en arrie're d'une sorte de jelee osseuse dirigee transversalement, deux petiles cavites a peu pr6s de memes dimensions, mais placees sur des plans diflfirents, et toules les deux du c6le gauche. La premiere de ces caviltis, inferieure et anlcrieure reluliveraeut a la secondc, etait cllipsoide et avait 1 centimetre de diametre environ; elle conlcnait une nialicre d'un brun grisaire funce, epaisse, mu- queuse. La capa il(i de celte petite poche aurait pu contenir une petite noi- sette. La seconde de ces cavites, sitiice a I centimetre environ en arriere de la premiere et sur un plan pluseleve, contenait une matiere r^sistante dent les proprietOs physiques m'ont rappele celles du cristallin. M. le professeur MKM. 19 ■m Lassaigne a soumis cette mati^re, qu'il avail plong6e dans de I'cau distill(5e, a la flauime d'une lampc a esprit-de-vin, et bieiitul clle est devemic opaque, sa consistance a augraenl('', et Ton a pii la manior cntre ies doigts et la petrir comme on le fait d'un cristallin. Cette matiere avait pris un aspect gelatineux a sa circonference, mais une coupe, faite dans son epaisseur, n'a pas permis dereconnallrc la disposition en couches conccntriques que Ton observe dans celle du cristallin. Eiilin, un pen phis en dedans de la cavite dont je vicns de parler, il en esistait encore une autre, un peu plus petite, qui contenait une matiere senijjlable. Cos Irois cavites ou poclies etaient complcteuient entou- t6cs par dcs parties moUes et de la nature de celles dont j'ai parle plus haut (tissu fdn'o-lardace). En arriere de I'endioit oil s'inscrait le pc'dicule a la masse parasitaire, et un peu en avant et au-dcssus de celui ou se trouvait uue portion analogue an mulle, j'ai decouvcrt, apres avoir enlev^ une masse de graisse, une cavit6 qui m'a paru (-{ve analogue a celle du crane : cite n'etait pas entierement t'ormee par des os- La oil ceux-ci manquaient, ellc etait completee par une membrane libreuse. J'ai fait une coupe des os, de telle sorte qu'ils pourront etre facilement remis a leur place ulterieurement, afin d'etudier la disposi- tion de cette cavite qui est peu spacieuse et extremementirreguliere. Quelque precaution que j'aie prise, je n'ai pu laisser a leur place Ies diverses parties qu'elle renfermait : I'une d'elles s'est detachee et est restee adherente a la portion des os que j'ai enlevee; elle est irr^guliere a sa surface, molle, jaune ou blanclic suivant Ies endroits, et facilement attaquable par le scalpel dans une partie de son (Mendue, tandis qu'elle est extremcment rcsistante dans une autre. Cette partie ressemblait a une dent quo Ton aurait prise dans I'epais- seur du maxillaire chez un jenue animal. Les portions attaquables parle scalpel sont formees de tissu carlilagincu.x. Ke serait-ce pas la le rudiment d'nneoreille?... Une autre partie, qui est restee adherente dans la cavite, est aplatie sur ses face?, libre par une extremite qui est arrondie et mousse, tandis qu'elle est adberente parl'autre. Les rapports dc cette seconde partie, que contenait la cavity, sont (5tablis, avec la membrane qui tanisse celle-ci, au moycn d'uu tissu celiulaire fin, filanientenx, analogue a celui de de la pie-mere. Le tissu cellulaire etait noir dans quelques points, comme infiltree de matiere mela- nique : ce que I'ou remarque quclquefois dans la pie-ra6re racbidieniie du clieval. Dans le fond de cette meme cavite, et a la base de cette seconde partie contenue dans son int^rieur, on remarque quelques petites perforations sc-pa- rees les uuesdes aulres par de petites brides tres-deliees. L'insufflation de ces perforations ne m'a pas permis de voir oil elles aboutissaient. II y avait, du reste, antour de cette cavite et dans son inlerieur, mais a I'exterienr de la membrane qui la tapissait, unegrande quantile de graisse dont les proprietes physiques etaient toujours celles que j'ai indiquOes. 291 ■ Cette membrane flbreuse blanclie qui tapissait I'int^rieur de la cavit6 dont je viens de fairc connaltre la situation, la forme et les rapports, contenait une matiere rrunie ou une petite masse amorplie, mais que ses autres propri^tes pliysiques, telles que la couleur et la cousistance, m'avaient fait consid(5ret comme une petite masse nerveuse. La cavity qui la renfermait aurait done 6te une caviid cranienne, mais nous aliens voir qu'on ne peut affirnier que la masse qu'cUe renfermait fiit veritablement de la substance nerveuse. J'al remis cette substance a mon honorable et savant collogue M. le profes- seur Lassaigne, qui a eu I'obligcance de I'analyser, et je rapporte ici textuel- lement le resultat de ses recherches qu'il a bien voulu me transmettre : « La matiere qui m'a et6 remise par mon collegue, M. Goubaux, n'a pas presente les caract^res de la substance nerveuse ou cdrebrale avec laquelle on lui supposait do I'analogie ; en effet, elle n'a pas donne dans sa calcination au contact de I'air un charbon acide comme en fournit la pulpe nerveuse ou ce- rebrate, mais un charbon alcalin, ainsi que les mati^res albuminoWes en donnentparia decomposition au feu. » Broy^e et traitde par I'alcool bouillant, elle a cede a ce liquide une petite quantite de substance grasse, demi-solide, qui n'a pas presente les caracteres de la cerebrine. (L'acide sulfuriipie hydrate ne la colorait pas, et sa calcina- tion au contact de I'air fournissait un charbon qui u'etait po.nt acide.) n Ces faits autorisent a regardcr cette matiere organique comme une sub- stance albumino'ide, moUe et penetree de S(5rosile, et d'une petite quantity de graisse ordinaire. » Des vaisseaux passent dans toutes les perforations qui sont situ^es en ar- riere de I'espace compris entre les deux branches de la machoire inf^- rieure. De chaque cote de lalangue, on trouve une glande sublinguale dont les ca- naux excreteurs aboulissent sur une crete, comme dans I'etat ordinaire. 11 n'a pas ete possible de voir si une partie de la glande sublinguale avail un canal excr^teur sjiccial, ainsi qu'on le remarquc erdinairement dans les ani- maux de I'espece bovine. Les muscles de la langue, qui prenaientnaissance a gauche de la dent mo- laire qui se porte transvorsulement a drotc, elaient tons extrcmement pales, et, dans rextrcmite libre de I'organe, on ne pouvait plus les reconnailre tant its etaieut infdtres de graisse. Dans la liivre inferieure, je n'ai pas constats la presence de fibres muscu- laires. Un petit faisceau musculaire, d'un rouge assez pale, existait dans la moiti6 laterale gauclie de la 16vre sup^rieure. En terniinant la description des observations anatomiques que j'ai faites en dissequaut cette masse parasitaire, je crois devoir repetcr que, malgre la plus grande attention, je n'ai constald la presence d'aucun filet nerveux. 292 S'il existail des nerfs, ils devaient elre excessivement petits : leur petitesse et rabondancc de la graisse, dans la plus grande partie de la masse parasi- laire, expliquenl du reste les diHiculles que j'ai rencontrees daus ma dissec- tion et daas mun examen. C. — Examen da sqnelette dc la masse parasUaire. Je vais essayer de doiiner inie idee de la forme gpnerale du squeletfe de la masse pavasilaire; je cliertlicrai ensuile a lelrouver dansses details les os qiii enlrent dans sa composition. La comparaison que M. Isidore GeofTroy-Saint-Hilaire a faite de la masse parasitaire avec one tete dont la cavite buccale seraii ourerte et e'talee eti table, me parait parfiiitement juslilioe par I'e.xamen de la pitce anatomique, mc^me reduile aux os qui en furmaient la base, mais la justlGcalioa de cette compa- fuison sera encorL; plus evidente parl'examen suivant : I' Max'Llaire iNFERiEim. — En avanf, on trouve la partie moyenne d'un maxiUaire inferieur qui porle des dents incisives des deux dentitions. Celles de la premiere dentition sont placees regulierement, mais elles sont assez ecartees les unes des aulres; dies sont au nnmbre de sept {I'une d'elles, du c6le gauche, est sans donte tombee, et il ne reste plus aucune trace de son existeme), et ne sont plus maintenues que par des parties molles; elles ne sont plus implantccs dans I'epaisseiir de Tos. Plus en arriere so trouvent six denls incisives de la seconde dentition : trois apparlieiuient a chacune des moities lalerales de la maciioire inferieurc, elles sont disseminees irregnli^- rement dans la parlie moyenne du maxillaire, mais ce qu'il y a de remar- quable, c'est que leur norabre coincide parfaitement avec celui des dents in- cisives de seconde dentition dc I'aulosite. Euliu, plus en dehors et sur chacune des moities lat^rales, on apercoit la dent du coin, qui etait compl^tement re- converfe par la membrane muqueuse. Immediatement en arriese de la partie moyenne du maxiUaire inferieur, et au moment nirme oil celie-ci se continue a droile et a gauche, avec les bran- ches, il semble que cet os ait t^prouve une torsion dans chacnne de ses bran- ches, et que le resultat de cetle torsion ail ete le renversement du bord su- pf?rieur ou alveolaire en dehors. Ceci est Icllemenf exact que la face interne est toujours a sa place, mais ses dimensions sont beaiicoup moins etendues qn'elles ne devraient I'etre, et constituc, en s'opposant a celle du cote oppos(^, une sorte de r6eplacle en forme de cuvette dans lequel ^talent logees la langue et les glandes sublinguales. Le bord alv(>o!aire de chacune des branches du maxiUaire inft^rieur est ren- verse en dehors, et a pris une epaisseiir considerable; il conslilne ce que j'ai appele precedemment chacune des masses ou eminences laterales anti- rienrex. Chacune est rngneuse a sa surface, et porte un certain nombre de ■M6 dents molaires, savoir : 1" celle du cdtd gauche .- cinq dents molaires de diflfe- rentes dimensions -.I" celle ducotd droit, cinq dents molaires aussi.Ces dents sont ecartees les unes des autres, leiir iniplanlution est pins on moiiis pro- fonde et irrogiiliere. Dans I'epaisseu"- de cliacune des masses lalerales, il exisle encore des deuts qui n'ont pas fait leur eruption, et que I'on Toit dans I'interieur de I'os. Un sillon assez profond sopare cliacune des masses laterales antt^rieures qui appartiennent an maxillaire : en avant, de la partie moyenne du meme os, et en arii^re, de cliacune des masses latdrales postt^rieures. J'ajouleiai em'ore, comme particularity de cet os, que cliaonne des (Emi- nences ou masses laterales, sur chacune de lenrs faces (sup^reure et infe- rienre^ et I'extiemit^ antorieure de la portion moyenne dans laqnclle sont implant es les dents incisives, presentent nne disposition de tissii osseux tout a fait analogue a la surface d'une oponge, tant elle est irr'guliere. Le bord inferieur de cliacune des branches (supeneur lorsque la masse parasilaire etait appendue a son pedicule) est cpais, et arrondi d'un cOt(5 a I'aulre. L'espace infermaxillaire est beaucoup plus petit de ce c6te qui r^pondait a rinsertion du pedicule, que du cole oppose oil etait logee la langue. 11 est difficile, sinon impossible, de dire d'une maniere exaite quel est le rapport de Textrrmile de cliacune des branches avec les os voisins. D'abord, on ne voit aucune trace de condyle; ensuite, la soparalion est un pen iiidi- queedu c6te droit, tandis quelle ne Test pas du cole gauche, et la suudure desos entre eux est comfylf-te. On trouvertut [leut-clre rupophyse coroiioi le du cote gauche, et, au-dessous d'elle, I'echancnire sigmo'ide ou corono-con- dylienne ; mais au dela il n'y a plus rien (jui soit distinct, la fusion devient complete avec les os voisins. 2» Grands sus-maxili.aires ou maxillairks superteurs.— Cliacun de ces OS foime les masses ou eminences laterales posteiienres. Ici encore, de meme que dans le maxillaire inferieur, c"est le bord alvf^olaiie qui, avec un tres-grand developpcnient en epaisseur, constitue cliacune de ces masses la- terales. Les dents anxquelles ces eminences ou masses donnent implantation sont au nombre de trois de cl'.aqiie cote : elle.< appartiennent aussi, comme les incisives, aux deux dentitions. Des pirforations pratiquees dans I'epaisseur de ces masses, a I'aide d'un trypan, onl permis de voir qu'elles sont enl ele- ment foi mees de tissu spongienx. En outre, on voit encure dans leur intL'rieur des dents molaires qui n'ont pas fait leur cruplion. La disposition de ( hacun de ces os est diHicile a caracteriser, et, pour ea donucr une idee, je supposerai le maxilLiire inferieur dans la position qu'il devrait occuper si la tele avail une disposition iiornlale. C^Ci admis. voici ce qu'd est permis de supposer. •2'J4 Puisque, d'apres ce que uous avons vu en (5tudiant I'ext^rieur de la masse parasitaire, les petits sus-maxillaires sont a la partie poslcrienre de celte masse, ou a I'extrcmite opposee do la pjiitie nioyenne de la machoire infe- rieure, il est raisonnable de supposer, en raison des connexions normales de ces OS, que rextremlte correspondante de chacun des grands sns-maxillalres est diiig(?e en an iere, landis que leur extrcmite postcrieure est dirigee en avant. Celte supposition est d'aiUeurs conCrmee par la forme meme de la partie de chacun des grands sus-maxillaires que Ton voit immediatement en arriere de cliacune des branches du maxiilaire infericnr. En outre, la face infcrieure ou palatine de chacun de ces os scrait devenue superieure, et la face exlerne serait devenue inferieure. On ne retrouverait pas distinctement la face nasale de chacun de ces os, et nous verrons plus tard s'il est possible meme de retrouver quelques-uns des os qui entrent dans la composition des cavitcs nasales. Le grand sus-maxiUaire gauche est separe, en avant, de la masse ou emi- nence laterale anterieurc du c6te correspondant, d'abord par une echancrure profonde, et ensuite par un sillon elroit. En arriere, il y a aussi une petite Echancrure qui le separe du petit sus-maxiUaire du c6te correspondant. Sa face inferieure ou palatine (devenue supeiicure) est en partie recouverte par d'autresos que nous etudierons plus loin. Sa face exlerne (devenue inferieure! est irr(5guli6!'ement plane, et porle trois perforations, assez petites, qui donnaient passage a des vaisseaux. Le grand sus-maxUlaire droit presente a peu pres les memes dispositions g^ncrales, car les diflcrences sont tellement legeres qu'il n'est pas Important de m'y arreter. 3. Petits sus-maxillaires ou os incisifs. — Chacun de ces os, qui forme une partie saillante et un peu detac'uee a I'extremitd posterieure de la masse parasitaire, est assez marque par sa forme generate ou par son contour; cependant, il ne presente pas de fente ; 11 est Epais, confondu et soudd avec le grand sus-maxillairc correspondant dont la limite est indiquee posterieu- rement a une echancrure. En supposanl toujonrs la nid'hoire inferieure dans sa position naturelle, on voit que le petit sus-maxillaire du c6te gauche porte une petite dent incisive sur son cote le plus excentrique : cette dent n'a pas une forme bien dcterminee. Je fcrai remarquer ici, ainsi que I'a fait dcja M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, que cette dent nexiste pas ordinairement chez les animaux de I'espece bovine. J'ai precede jusqu'a present du simple au compose. Les os qui me restent encore a examiner sont tellement modifies dans leur forme generalc que leur determination devient extrcmement ditlicile : je poursuis mJanmoins moa examen. A la partie posterieure de la masse parasitaire, entre les deux bords con- centriqucs des pefUs sus-maxillaires, on voit une grande ouverlure de forme iiTeguli^re, lai|uelle est separee d'uiie om-eitiire jjIus petite par uue bride osseiise, mince, dirigee tranversalemcnt. Cette derni^ie ouverture est supe- lieure et a gauclie relativemcnt a la premiere. EUes about issent toutes les deux dans une cavite peu spacieiise, mais dont les parois sont extr^mement irreguliores : c'e.?t dans cetle cavile que j'avais cru trouTer une masse ner- vcuse dont j'ai parlc pn'cc'denunent. Le plancber ou la partie inforieure de cette cavite c=t tout a fait incomplet et n'exisfe que posterieurement; en avanf, au conlraire, on volt une grande ouverture qui abontit en lias d'une part, et en avant d"autre part. A ce dernier endroit, cette ouverture est divisce en deux par une portion ofseuse, et I'ou- verture placee a sa droite est plus petite que celle qui est placee a sa gauche. La parol lateralc gauclie, irregulit;reraent concave snivant ses deux dia- metres, porfe une saillie osseuse, et, plus en dehors et en haul, une perfora- tion qui se dirige obliquement de bas en haul et de dedans en dehors. La parol latdrale droite est aussi concave suivant ses deux diametres, et presente une ouverture a sa partie antcrieure. Toutes ces ouvertures donnaient passage a des vaisseaux et etaient occu- pees, surtout, par une grande quantito de graisse. Etudions maintenant les differentes surfaces exterieures a cette cavite que je viens de decrire. a. Supe'rieurement. — La surface est tres-irreguliere; elle est plus ctendue dans le sens transversal que dans le sens antero-posterieur; elle est oblique de haut en bas et d'arrifere en avant ; elle est conslituee par plusieurs pieces osseuses, et Ton volt parfaitement la delimitation de chacune d'elles. Du cote gauche, en procddant de la partie moyenne, elle porte deux perforations qui aboutissent dans la cavite qui est situee immediatement au-dessous d'elle. b. Posterieurement. — J'ai dit plus haut ce qu'on remarque a cet endroit, en decrivant la cavite dont je me sers actuellement comme point de depart. c. Anterieuremcnt. — La partie anterieure de la cavite repond a la partie post^rieure de I'espace intermaxillaire; elle porte trois perforations qui sont s(5pai'ees les unes des aulres par des reliefs ou colonnes osseuses : la perforation moyenne est la plus petite, et celle du cote gauche est la plus grande. Le reste est extremement irregulier, ce sont surtout des saiUies os- seuses appartenant dune part a I'extremite de chacune des branches du maxillaire inferieur, et a des os dont Je n'ai point encore parl6. d. Inferieurement. — Ici encore, comme a la surface superieure, il y a tant d'irregularit^s que je ne puis indiquer que d'une maniere gcnerale et les parties osseuses en saillie et les perforations qu'on y remarque. J'ai toujours procede par voie d'eliminatiouj en decrivant successivement le maxillaire inferieur, les deux grands sus-maxillaires et les deux petits sus-maxillaires, etje n'ai fait que reculer la dilTiculte. •5! Quels sont les os qui formeut les parois de la cavile daus laquellc j'avais cru reconnaitre nne masse nerveuse?.... Je pourrais, d'une maniere douleiise, et avec la plus grande reserve, de- terminer quels sont ces os; mais si jevoisici les caracteresqui appartiennent a on OS en parliculier, je voisaussi, immedialement a c6te, d'autres carac- teres qui appartiennent a nn os different. Ces os sont tellement modifles dansleur forme, ieurs ominences sont tellement loin de presenter leurs ca- racleres norraaux, et les perforations sont tellement irregu lilies, que je crois devoir renoncer a un examen qui ponrrait cerfainement avoir de I'ia- teret, mais qui pourrait etre complelement faux dans ses resultats. Tel est le rdsultat de mes recherclies anatomiques sur la masse pa- rasitairc du taureau desmiognathe que M. Isidore Geoffroy-Saiot- Hilaire avail confie a mon exaraen. J'ai fait tous mes efforts pour les exposer avec clart6, malgr6 les difficultes que j'ai eu a surmonter pour d^crire cette sorte de chaos. DESCRIPTION BE TROIS MONSTRES SYCEPIIALIENS, lue & la Soci^te de Biologie Par M. le Docteur HOUEL, Conservateur du Musee Dupuytren. Lorsque Ton etudie avec soia la teratologic, I'oa ne tarde pas a se convaincre que la nature dans les cas de monslruosit^s se reproduit avec une fid^lile aussi merveilleuse que dans son type r^gulier. II est impossible d'admettre qu'une force aveugle preside a ces creations particulieres, car si dans cliaque type on retrouve quelquefois des modifications, elles sont plus apparentes que readies, et les vices de developpement dans les cas d'anomalie comme dans ceux de monstruo- sile propremenl dites, se reproduisent avec une fidelite remarquable. J'ai dejii eu I'occasion d'examiner un assez grand nombre de nionstres simples ou doubles, j'ai constamment trouve cliez chacun d'eux le caraclere de famille el de genre. Ce n'est que tres-exceplionnellement que Ton trouve des caracteres qui s'en eloignent, et il est probable que quand la science teratologifiue sera plus avancee, ces cas particuliers (jui semblent pour aujourd'hui fairc une exception, trouveront a se grouper dans une famille tout aussi naturelle que cello que nous con- naissons aujourd'hui. 298 On ne peut done s'empeclier d'admircr In creation aussi bien dans ces aberrations que dans son type normal, el il est impossible a cclui qui y a reflecbi de voir dans tons ces vices de conformation un hasard, un jeu de la nature. La theorie de I'arrel de developpemcnt n'est pas sul'fisante, elle n'explique veritablcment rien de colte Constance de reproduction, et sans juger la theorie primitivement vicieuse des ger- mesemise par Dupuytren, j'avoueque cette fidiMiledans la reproduc- tion des vices de conformation et des nionBlruosiles plaide un peu en ga faveur. Quant a I'essence meme de cet 6lat vicioux des germes, la penetration de ce probleme me paraildifiicile, mais les resultals sem- blent ne pas devoir la faire rejeler d'une manierc absolue; si cette theorie nefait que reculer la difficulty, les autres ne prouvent guere plus, et ne rendent certainement pas comple de cette Odelite de re- production des families et des genres t^ratologiques. Ces quelques reflexions sont applicables a I'tHude des trois monstres sycephalieiis dont je vais donner une description aussi complete que possible; ces monstres ne prouvent rien de nouveau, rien qui naif ete bien dccrit par M. I.-G. Saint-Hilaire; mais les fails de ce genre, sanselre absolumentrares,nesont pas cependant assez communspour qu'ils ne presentent point un certain interet d'observation. C'est pr6- cis^ment cette absence de faits nouveaux qui prouve qu'il y a quelque chose de veritablement digne d'interet dans la reproduction d'une monslruosite aussi complexe. MONSTRE SYCEPIIALIEN (GENRE lANICEPS). Obs. 1. — Ce foetus, qui est ne a environ sept mois, et sur lequel je ne pos- sh&e aucuns renseiguemenfs, appartient aux monstres doubles sycephaUens de M. Is. -G. Saint-Hilaire, et il est un type du genre janiceps ; radhesiona partir de rombilic est complete dans la partie superieiire du tronc. On trouve unetete unique volumineuse avec deux faces opposees, d'une conformation Tf^guliere et identique ; elles sont a peu pres d'galement d(^veloppecs. Les ori- fices, bouclies, nez et yeux, sont cependant plus pelits que ceux d'un foetus normal de meme iige. 11 existe quatre membres superiours bien coustituds. La partie sous-ombilicale de ce double foetus est distincte, on y trouve deux abdomens, deux bassins, ct cliacun d'cux supporte deux membres pcl- viens bien conform(5s. Les sexes sont accused, ce sont deux petites filles. Les deux thorax qui, extOrieurement, presentent chacun une apparence reguliere, offrent a I'examen anatomique une disposition egalement iden- tique. Le diapliragme pour chacun d'eux est normalement developpe du c6te droit, ct separe compk'tenient la poitrine de rabdomen. mais a gauche, il manque; la poitriue et rabdomea ne font plus qu'iinc seule et meinecavil6. Le foie, qui est double et volumineux, a son lobe a gauche, et cela des deux cdles releve do bas en liaut, de mauiere qu'il s'engage dans la moiti6 cor- respondante du thorax qu'il remplit completcment. Les deux coours qui ont leur developpement normal se trouvent dejetes a droile ; les deux poumons pour chaque poilrine sont rudimcntaircs, et le gauche est interpose entre le coeur et le petit Inbe dn foie qui le comprime. Les deux aortes sont normales dans leur volume et leur direction, elies fournissent a leur crosse les arteres qui se portent de chaque cote a la tele et aux membres thoraciques corres- pondant, apres quoi elles se portent surles cotes de la colonne vertebrale. Le thymus situe derriSre chaque sternum, masque I'origine des vaisseaux au coeur. L'abdomen, qui forme une cavile unique dans sa partie sus-orabilicale, est, d'apr^s le mode d'adhesion double dans la partie sous-ombilicale, et I'intcs- tin offre la disposition suivante : I'estomac unique et volumineux, par suite de I'abseace de la moitie droite du diaphragme, fait hernie dans la cavite thoracique, il est interpose aux deux lobes gauches du foie , qui sont releves de bas en bant, et sont sepaies par uu fcuillet sero-flbreux qui cloi- sonne la cavit(5 des deux thorax. Get estomac donne naissance de son orifice pylorique a un duodenum unique, auquel fait suite un jejunum plus long qu'a I'etat normal. Ce jejunum en bas se termine dans une esp^ce d'ampoule ou cavite qui, de chaque cote, donne naissance a uu ileon qui est double et aboutit a un veritable coecum pour donner ensuite naissance au gros intestin. A partir de I'ileon I'intestin est done double. 11 n'existe aussi qu'un pancreas, tandis que I'on trouve pour chaque foetus une rate et deux reins. MONSTBE SYCEPIIALIEN (GENRE JANICEPS, RHINOCEPHAIE). Obs. II. — La m6re de ce foetus 6tait agee de 30 ans, primipare, grande, forte- mentconstituecqnoique lymphatique;elle vitses regies pourladerniere fois le 4 juin 1853. Pendant le cours de la grossesse, il ne se manifesta ricn de parti- culier, si ce n'est au commencement de decembre une parotiditc epiddmique qui c6da facilement. M. le docteur Mongeot, appele aupr^s de cette femme a cette epoque, fut frappe du volume du venire et de la maniere dont on perce- vait a la fois sur dilTerents points les mouvenients actifs du fuetus, et sans avoir recours a rauscultalion qui dans ce cas, du reste, n'aurait pu que le tromper, il pcnsa que la grossesse (itait double. Vers le milieu de decembre, alasuited'unefrayeur des plus vivos causec par un violent incendie, ma- dame X. . . s'apercut que les mouvements de son enfant avaient cesse, et M. Mongeot, appel6> ne put entendre les battements du coeur du foetus. Enfin, oUO le 31 deccmbre, par consequent vers la Gn du septieme mols de la grossesse, madame X... eprouva Ic? premieres doiileurs dc I'enfiintcmcnt ; il etait envi- ron midi, a trois lieiircs la nipiiirc de la poclie amniotique cut lien, et d'apr&s le dire de la sage-femme appelee pour raccoucliemenl , il s'ecoiila une enormc quanlite d'ean. line demi-lieure apres sc Ot {'expulsion par I'extre- mite cephalique du foetus qui est le sujetde celle observation. M. le docteur Mongeot, appele une demi-lieure apres la sortie du fojtus, trouva la malade non delivree et presque exsangue, il fit imni(5diatenient des tentatives pour extiaire le placenta, qui lui sembia enchalonne a Tangle su- perieur droit de laraatrice. Son adherence etait telle qu'il fallnt a ToperatGur s'arreter a plusieurs reprises, la main ^tait engourdie, et ce nc fut qu'au prix d'une grandc perseverance qu'il parvint a detacher le placenta, qui elait au moins aussi considerable que celui d'un tetus a terme, il etait de forme oblongue, et {'insertion dn cordon, au lieu d'etre centrate, etait a une des ex- tremites. Les membranes n'offrirent rien d'anormal, et M. Mongeot ne trouva rien dans I'epaisseur du placenta qui put expliquer la mort du foetus, mort que le decollement partiei de I'epiderme autorisait a faire remonler a une douzaine de jours. L'etat de la mere etait des plus inquietants, rhemorrbagic qui persis'ait la menacait a cbaque instant de syncope, le pouls etait presque insensible, 11 existait des vomissements opiniatres avec refroidissement extreme des mem- bres. M. Mongeot chercha alors par des frictions a provoquer la retraction de la matrice, il pratiqua meme la compression de I'aorte, administra le seigle ergote; malgre ce traitement il lui fallut a quaire fois difTrrentes vider la matrice des caillots volumineux qui s'acnuraulaient dans sa cavile; et ce ne fut qu'apr^s cinq ou six benres del'emploi de ces moyens qu'il put croire la m^rea I'abri d'un danger immediat. Le lendemain sc developperent tons les symptonies d'une metro- peritonite grave, dont le traitement rendu difficile par I'extreme faiblesse de la malade, consisia en quinze sangsues et quelques frictions mercurielles belladonees, qui suffirent pour arietcr lamaladie. Description exterieure de ce foetus.— L'adbesion est borm'e a lamoitie su- perieure des deux corps, comme on I'observe generalement dans les monstres sycepbatiens Is.-G. Saint-Hilaire ; c'est le cordon ombilical qui limite inferieu- rement cetle adhesion, et on trouve distincts et norraaux huit membres, qua- tre superieurs et quatre inferieurs. C'est doncle trone qui, dans sapartie sus- ombilicale, est le siege exclusif de cette raonstruosite. Je vais examiner suc- cessivemenl la lete et le tronc. A.. Tile. La t6te a un volume presque double de celui de l'etat normal, ellc presenlc a considerer deux faces coniplrtcmcnt opposees; le grand diamelre de cette tele double quoiquc unique en apparent e;au lieu d'etre parallcleaux drux faces, est, aucontraire, transversalement dirigc, ccqui s'cxplique assex 301 bieu par le m^caiiisme d'apres lequel s'opere la fusion cliez ces monstres. Des deux faces qui sunt completement opposees, I'une est parfaitement con- fortnee, seulemeut les ouvertures budales, nasales et oculaires sont plus pe- tites que d'ordinaire ; la bou<;lie n'a qii'un diametre tranveisede 1 centimetre et demi, et en supposiint celle monstrnositc compatible avec la vie, cet ori- fice aiirait a peine snffl par son diamelre a I'alimentation du petit etrc. Les oreilles, bieu conformees, sont situees un peu plus bas que daus I'etat normal. La seconde face, quoique parfaitement reconnaissable, est molns bien ac- cusee que la premiere ; la bouclie tres-petite n'a que 8 millim. de diamelre ; a la place du nez exisie un leger relief sans ourerture nasale. II existe nne cyclopie avec trompe placee au-dessus de reel! ; la trompe est a son inte- rieur, comme on ['observe orilinaircmcnt,i-erroree;maiscecanal se termine en cul de sac. QuanI a I'oeil cyclope, II appartientau tmisieme degre de II. le professeui- Cruveilliier et au genre rh-noce'phale de G. Saint Hilaire ; c'est- a-dire que I'oii pent facilement y distinguer quatre paupieres et deux globes oculaires scpares I'un de I'autre par uue petite bandelelle veiticalement si- tuee. Les oreilles pour cette face sont normtles dans leur posiiion et leur developpement. Le col, qui est uni([ue comme la tele, a un volume presque double de I'etal normal ; il est arrondi et a une circoiifeience de 24 centim. L'adhesion sternaleet sus-ombilicale n'otfre rien de particulier. Etude apres dissection. — Prenant pour point de depart de ma descrip- tion les deux splienoides qui sont la veritable clef de la base du crane, on voit que les deux corps de cet os, pousses a la renconlre I'un de I'aulre, ont presque entierement disparu; ils sont fusionnes et ne sonlgu ^rerepr^- sentes que par leur lame quadiilalere. Par une de ces faces, elle constitue la goutti^re qui conduit a chacun des trous oicipitaux ; leur face anterieure est separee par une depression paralliile aux lames; Pecartement qu'elles inter- ceplent est de 4 a 5 millim. Celte de[iression correspond a la selle turcique, qui, dans ce cas, serait unicpie et a une pronfondeur d'environ 2 centim. Pour chaque corps sphenoidal, les grandes apophyses exislent et vont consti- tuer la paroi externe des orbites, ainsi que I'etage raoyen des deux bases du crane; il existe quatre temporaux et deux ocoipilaux. A la voiitcdu crane, on trouve d'une manieie distincte les deux fruntaux qui sont normaux pour chaque face, et de chaque c6le il existe deux parietaux qui, d'une part, s'ar- ticulent entre eux par leurs bords supcJrieurs et poslerieurs, et par les autres bords avec le coronal et le temporal dont I'ecaille est rudimentaire. Les parties moUes de la voiite cranienne n'ont olTert rien de particulier a la dissection. A Pinterieur du crane, il existait manifestenient deux cerveaux a peu prt'S ^gaux en volume ; charun d'eux eluil plus petit qu'un cerveau normal ; ils so rorrespondaient par leur partie anterieure qui elait d^primee, anlatie. 302 lis dfaient cepcndant s^pards I'un de I'autre par un repli de la dure-m^re. La pavtie ant^rieure du cerveau ne correspond done point, comme cela a lieu dans r^tat normal, a cbacune des faces; c'est, au contraire, une des mol- ti(5s lalerales des centres nerveux qne Ton y observe. Chaque cerveau pris isolement ne pr^senle qu'un h^misph&re qui contient plusieurs cavites ven- trlculaires, que I'etat avance de putrefaction ne m'a pas permis d'examiner avec soin. Les deux cervclets et les bulbes rachidiens correspondants occu- pent relativement aux os leurs places normales, et chaque canal rachidien contient une nioelie epiniere bien conform^e. La duplicite des centres ner- veux ne[ieut done etre douteuse. B. Tronc. Le mode d'adh(^sion des deux ecus des deux thorax n'ofTre rien de particulier qui ne se rencontre chez les stemopages, les hectopages et les he'mipages; les deux moities de la poitrine, comme pour les deux faces, sont venues s'adjoindre anx deux moities correspondanles de I'autre foetus. J'^iudierai avec soin la disposition des viscSres, ainsi que celles gros vais- seaux. Apvfes I'ouverture des deux cavites pectorales, il m'a ete facile de constater qu'elles renfermaient deux coeurs bien complets, quatre poumons, deux thymus bien d(5veloppes. Les deux cavites pectorales sont separees Tune de I'autre par une cloison fibro-sereuse double. Les veines, qui pour chaque coeur se rendent a roreillelte droite, sont norujales ; I'arlere aorte, egale- ment double, nalt de chac[uc ventrieule gauche, apr^s quoi ello se reconrbe pour se placer sur le c6ti' de cbacune des colonnes vcrtebrales ; la crosse de I'aorte, et cela des deux cotes, donne un gros tronc qui se divisc bient6t en deux troncs secondaires brachio-c^ph;iliques qui fournissent par consequent I'art^re carotide et sous-claviere correspondante. La partie infc'rieure de la poitwne est fermee par un diaphragrae bien com- plet du cote de la face oil existe la tronipe, et incomplet du c6te de la face bienconformte; au-dessous de ce diaphragme existe pour chaque foetus un foie normalement constitue et volumineux. Tous les vise&res signales jusqu'a present sont paires et normaux; mais il n'en est pas ainsi de I'intestin. Au-dessous des deux foies se rencontre un estomac unique, communiquant, d'une part, a un cesophage unique, et de I'oritJce pyloriqiie de cet estomac pen dilal(5 nait un duodenum unique qui se continue sous forme de jejunum, lequel, arrive a pen pros au niveau du point desigu(i sous le nom d'il^on, se termine par une ampoule du voulume d'une noisette. Cetle cavite ampullairc prt^sente trois orifices, I'un mi^dian et superieur qui communique au jejunum dt'ja decrit, et les deux aulres latdraux donnenl naissance chacun a un ilcon (jui se trouve double; chacun deces ileons aboutit a un CLiecum, lequel se continue avec legros intestin. La moitie Supcrieurc du tube digestif est done unique, tandis que la moiti6 inf^rieure est multiple. 303 Les autres organes que renferrae la cavit(5 abdominale prdpenlent une dis- posilion normale. MONSTRE SYCEPHALIEN OBSERVE CHEZ LE CHAT ; par Beclard. Genre synote (Geoffroy Saint-Hilaire). Obs. III. — La fusion de ces chatons, comma dans tous les monstres de cetle famillc, existe dans la paitie dii tronc siture au-dessus de I'ombiUc commun; I'un de ccs animaus, quoique parfait dans son organisation, est cepondant moins volumineux que I'autre dans sa partie sous-onibilicale. 11 existe ciiez ce monstre synote quatre niembres tboraciques et abdomi- naux ; la Icte unique en appavence, du volume de celle d'un petit chat a peu pres, est douide : eile presente par ces deux poinis opposes dciix faces rudi- raentaires, toutes lea deux caracterisees par deux appendices en forme d'oreilles rudimentaires, niais assez reconnaissables neanmoins. 11 n'existe aucune trace du conduit auditif exterue, d'ouverlure buccale, nasale, ni d'y eux. Vindication des deux faces bien opposees n'est done indique que par des organes rudimentaires. Je regrette que le mauvais etat de conservation de cet animal ne m'ait point permis d'etudier la disposition des organes contenus dans la cavitc cranienne ; cette etude otTre cependant un interet moindre que dans les deux faits priSccdents, ce genre de monstruosite ^tant assez commun. Le cou unique aboutit a deux thorax opposes ct situes sur le plan de cba- cune des faces rudimentaires. Quoiqu'ici la monstruosite soit plus compiexe que dans les deux observations preccdentes, j'ai n^anmoins trouv6 pour les visceres thoraciques et abdominaux une disposition identique. Dans cbacun des thorax existent un cffiur et deux poumons; dans I'abdonien, deux foies distincts, un seul estomac, un jejunum qui aboulit a deux ileons qui eux- m6mes se rendent, pour chaque fostus, a uncfficum, lequel se continue avec le gros intcstin. Ces cliatons apparliennent tous deux an sexe lYminin. Les Irois observations que je viens de rapporter apparliennent sans aucun doiite aux nionslres syceplialiens . Les deux faces sont laterales par rapport a la colonne vertebrale, ainsi que les deux sternums, ce qui fait qii'il y a une correspondance parfaite enlre I'axe des deux poitrines et des deux faces ; les deux moilies laterales droite et gauche de la face et du sternum, au lieu de s'unir entre ellcs, ont ('16 chercher lat^ralement les deux moilies gauche cL droite de I'autresujet. Ces trois observations sont encore inleressantes en ce qu'elles nous offrent un exen^iple do chacun des genres etablis par M. Geodroy Saint-Hilaire. La jiremiere appartient au genre janiceps, la seconde 304 presenle a la fois quelquos-uus des cavacteres de ce geure el de celui des iniopes. Les caraclcres qui separent res deux genres ne sont pas Lieu lraiicli(''S dans M. Is.-Gi oiTioy Sainl-IIilaire ; il me paraitque Ton pounail conservcr le nom de janiceps^ de jamis aux monslres donl les deux faces opposees sontiegulierc-ment cunformees,et rapporterau genre iniope ceux qui prescnlent a I'une des faces line des allerations a des dcgres divers proprcs aux monstres cydoceplialifn?. Mais cliez ces monstres les signes caracterisliquts d'une verilable face existent encore. La troisieme observation est sans aucune contestation un exemple de synole; on ne retrouve plus cliez E LA SOCIETE DE BlOLOCIfi POUR l'annee 1857 (1). C. 1. M. Abc^t (Note 8Ur un cas d') du cervelet, par M. Dupuy i6 » Abcilles (Voy. Champignons}. AcCpbale (Note sur un foetus), par M. Depaul 132 « Albuminc (Note sur une reaction pouvant contribuer k I'^tude de I'), par M. Vulpian . Ig; » Albuininurte(Etudessurl'); oonsid^rations de physiologie palbologique fondees sur I'observalion clinique, par M. A. Luton • 25 Allantolde (Voy. Amnios). Amnios (Note sur quelijues points relalifs ii la physiologie de 1'}, cl de I'allantoi'de ehez les oiseaux, par M. Vulpian » 269 AmpiitaiioD (Dissection et examon d'un nioignon resultant d'une) de la jambe au lieu d'election, pratiques il y a buit ans, par M. Devalez. . 4i » Anlbiarine '^Voy. Upas). Aorle (Obliteration del'); changemenls survenus danslesysteme arleriel; mode de retablissement de la circulation ari^rielle; communication de M. Beraud, par M. Jordan 177 » — (Recherches anatomiques et cliniques sur le r6tr6cissement de I') au niveau du canal arteriel, par M. Leudet » 63 — (Voy. Nephrite^ ■l) l-pspagrs indiqi'cp? 5 !a mnri'o ^ftit oelles df^ (^r):nplP'; r»ndi,i^ fO. B '^ fl dr' mt'inoirfs (Ml. 318 Aponevros*B (Sur la disposition des) du cou, par M. Legendre. ... 175 » Apoplexie (Obscrvalion il' ciTebrale el ccrebelleuse, parM. Hillairet. . i2 Aspbyxle (.Experiences sur 1') des insecles, par M. Balbiani 157 » B Balsamine (Sur une inaladie de la) des jardins {impatient baltamina), parM. Davaine '3' » Borraginees (Voy. Ovaire). BnpresUs manca. Reclicrclies sur les appareils de la digestion et de la reproduction du bupresiis (anlhaxia) manca ;^avec figures), par M. La- boulb^ne * **' c Cacbexie exopbtbalmlque (Note sur nne maladie pen connne desi- gnee sous le nom de), ou de procidenee anemique du globe oculaire, parM. Gros 2» " Calllots (Note sur la disposition que prSsentent ordinairemenl certains) de la cavite uterine, par M. Ch. Robin 106 » Caire ^tiole sur les maladies du), par M. Isambert 28 •> Cananx paner^atiques (.Anonialie des], par M. Marc See i >• Capsules surr^ualcs (,Voy. Phthisie). Caiaracte (Note sur la) noire, par MM. Sichel etCh. Robin » 85 Cerveau (Voj- Sauterelles). Cenelet i,Voy. Abces). CUampiguou (Sur un) deletcre de I'ordrc des mucorides, trouv6 dans I'estomac des abeilles, par M. C. Montagne 70 >• Ccenure (De Paction du) sur le cerveau (tournis), par M. Davaine ... » til Col de rm^rns (Alteration du) chez un enfant nouveau-nc, par M. Gi- rald^s 13 « — (Voy. RHriciuement). Colza (De ralteralion des siliques de) par les insectes, par M. Laboul- bene 66 » Conlracllll(6 musculalre (Experience relative a la dill'erence d'action des deux p6les de la pile sur la), par M. Vulpian 74 » CrAnes (Collection des)huniains apparlenant a I'Academie des sciences nalurelles de I'hiladelpliie; rapport lu a la Societe le 'JS iiovembre, par M. Le Bret » 87 Cristallin (Sur la composition chimique du) cbez les poissons et les mamaiifcres Icrrestres, par M. Payen S* » Croup (Voy. TrachHle). D DesmiogDallie (Voy, Taureau), 319 c. n. ». DeTeIoppem«nt du poulet (Note sur Tinnuenre exercee sur le) par rap- plication lotale dun vernis sur la coquille ile I'oBiif, par M. Daresle. 93 » —(Note coniplcmentairc 4 un metnoire sur I'influence ([ue le vernissane tolal de la coquille de I'ffiuf cxerce sur le;, par lo ni^ine »17 » Dlab6te (Recherches cliniques sur I'iiilluence des maladies cerebrates sur ia production du) sucrii, par M. Leudet » 12S E filectrlclte (Note sur les quantltcs variables d'J n^cessaires pour exciter les proprietes des dilTerents tissus, par M. CI. Bernard » ll3 —(Des applications de I'J dynaiiiique ii la pliysiologie et a la therapeu- tique, par M. Hiffelsheim » 183 —Action des courants elcctriques etudiee comparalivement sur les nerfs mixtes et sur les racines antcrieures racbidiennes, par MM. Alfred Lesure et Martin Magron » 223 iSpItli^liam (Voy. Eslnmac). Estoiaac (Observations d'ulceialions de I') choz un foetus a tcrme, par M. Carteaux 20 » —(Sur la presence de cellules d'epitbelium vibraiile dans 1') des reptiles, par M. Vulpian 73 » F Fifivre typboVde (Voy. Himorrhagie,. Fole (Nouvelles recherches experimentales sur les phenomSnes glyco- geniques du), par M. CI. Bernard —(Note sur I'etat anatorao-palhologique des elements du) dans I'ictdre grave, par M. Cli. Robin " 9 G Cangllon cervical (De I'extirpalion du) du grand sympathiquo chex les grenouilles, par M. Vulpian '* • Gasiralgie (Observations dc s^raplftmes d'une) cbronique, avec paraly- sie incomplete de I'exlenseur des doigls mbdius et annulairc de chaque main, pur M. Jacquart J • Glycerine (Voy. Sucre). Comme adi-aganie (Note sur la rt^colte de la) en Asie Mineure, par M. Leon Soubeiran. . " " H H«morrUasle intestinale consecutive, el due a la presence d'une ulcera- tion dans le cours dune fievre typboide, par M. Dupuis 184 • Herole crurale (Observation d'une) h travers I'aponevrose du muscle pectine, par M. Legendre ** » —i travers le ligament deGimbernat, par le meme , . , . i . • II »53 g 320 e. It a. Hydroc^phale (Observation d') cong6nitale par epanchemenc dans les venlriculcs; Irois ponclions successives; naort; autopsic; cxamen du liqulde de I'epanchemeni, par M. Luton H9 » Dydroplsine (Memoire sur I'), nouvelle mali^re albuminoide confondue jusqu a ce jour avcc ralburnine, par M. Felix Gannal > i99 I IcWre (Quelquei considerations »urj') grave, par MM. Oiffelsheira et Ro- bin . at — (Voy. Foie). Insecies (Voy. Atphyxie; Colza). Inlestln (Innuence des nerfs splancbniques sur les mouvemenls de I'), parMM. Pflugeret Westphal tli Eyitea (Note sur un cas de) hydatiques multiples, par MM. Charcot el Davaine • lOS ^(Memoire sur un mode partinulier et non decrit de la production des) autour de certaines collections de pus et d'autres liquides dans les organes profonds, par M. Ch. Robin » 2ti —{Note sur la structure de la raembrane des) sublinguaux appeles gre- nouilletie, par le m^mo 207 Ryste (Observation d'un) sanguin ovarique, uniloculaire, par M. Dupuy. 54 » — volumineux developp6 sur la face supcrieure de I'estomac d'un serpent femelle python de Seba, et survenu A la suite d'une violente 6treinte subie par I'animal, par M. Jacquart ............ i(» " — (Voy. Rein). M Maladies cerebrates Voy. Diabe(e). Maladle pigmenlairc (Voy. Pigmenlaire). MaladieN sypbllitique8(Voy. Syphililiques). Mannite (Voy. Sucre). Uembres (Sur I'etude comparative des) thoraciques avee les membres abdominaux, par M. Cb. Martins 33 » Monstres (Voy. Syciphaliens, Taureau). Moovements reflexes (No>e sur quelques caract^res non encore signa- les des) ches les inammiferes, par M. Brown-S^quard 102 - Mnsclcs (Exainen hislologique des) gras, par M. Blot 92 » — (Note sur une altcraiion profonde des) grands psoas, survcnue tris-ra- pideinent cheK unc jumon!, par M. Boiilay so >• 321 N C. K. ■, N£pbrlte alLumineuse coincidanl avec un anevrisme de I'aorle abdomi- nale, par M. Dupuy 14 , Nerf facial (Nouvelles experiences sur le), par M. CI. Bernard . ... 59 > Nerfs ( Voy. £lectricite, Salive). — pDeumosa§trI(|ue8 (De la distribution des) dans les poumons des ophidians, par M. Jacquart igs . 0 Ovalre. Note sur la structure de I'ovaire dans la famille des borraginees, par M. Germain (de Saint-Pierre) m m P Pentastonia (Description d'une nouvelle espdce de) trouv6 dans lo pou- mon d'un serpent d'Egypte, par M. Harley no , Pblblsle pulmonaire ; abuminurie ; coloration bronzee de la peau ; alte- ration graisseuse des capsulessurrenales, par MM. Charcot etVulpian. Us » Pbospbale de soude (De I'action du) neutre tribasique sur les matl^res grasses, par M. Marcet , „ igi PlEmeuialre (Observation d'un cas de maladie) survenue sur une vache, par MM. Dupont ct Denuce. , » 307 Pile (Voy. ConlraclUile musculaire). Placenta (Memoire sur les anherences du) ou des enveloppes k certaines parties du corps du foetus, par M. Houel , » ss —(Note sur les connexions analomiques et physiologiques du) avec I'u- terus, par M. Ch. Robin. 34 ■ Purpura baiinorrhagica et tuberculisation generate aigue, par M. Charcol. I26 » R Rein (Plaie du) gauche, etc., par M. Dupuy ^ 55 » —(Sur la presence de I'uree dans un kysle sereux du), par M. Gallois. . 2 » Bectuin (Dumode de terminaisondeslibreslongiludinales du),parM. B6- raud '63 " — (Voy. Retreeissement). R^tr^cissenient de raorte (Voy. Aorie), non cancereux du pylorc; di- latation considerable de I'estomac, par M. Dupuy 80 » —(Sur un) tres-considerable du canal du col de I'ulerus d son orifice cer- vico-uterin, ainsi qu'k son orifice vaginal avec un lr6s-pelit polype vasculaire, par M. Fabre • 88 ■ ■—(Sur un) du rectum, avec ulceration el perforation de cet intestin, et foyer purulent dans t'espace ischio-rectal, par le m^rnc ... 89 » MEM. -n 322 S C. K, Sallve (De rinflucnce qu'cxercent dilT^renis nerPs sur la secreiion de la), par M. CI. Bernard 8s SaDgsne (Etudes «ur la constitution chimique des Elements et des tissus nerveuxchez la) mediclnale, par MM. Leconle et Ernest Faivre. . . >■ Sautcrelles (De Tinlluence du cerveau sur la locomotion chez les), par M. Faivre <■ ■ >39 Stomatite (Voy. Trachiite). Sacre (Recherches sur la transformation en)de divers principes imm6diats dans les tissus des animaux vertebres, par M. Berthelot 77 —(Transformation de la mannilo et de la gljc6rine en un) proprement dit, par le meme 6j — Sur diverses malieres sucrees, par le mfinie m Sycepballens (Description de irois raonslres), par M. Houel .... Syndactille des cinquiiimes doigts el absence du cinquieme orteil, par M. Legendre 9J Sypbilltlqnes (Note sur les maladies) consecutives des voles lacrymales, par M. Lagueau fils *• T Taoreau (Note sur un) monstrueux par greffe d'un individu parasite amorpbe sur un autre bien conforme (genre desmiognatbedeM. Isi- dore GeoB'roy-Saint-Hilaire) ; sur la restitution de celui-ci a I'etal normal par une operation cbirurgicale, et sur I'organisation de la masse parasitaire, par M. Armand Goubaux » Tracb^ite (Observation de croup avec stomatite et) pseudo- membraneuso constal6e par I'aulopsie sur un boa conslricteur du Museum d'bis- toire naturelle de Paris, par M. Jacquart tOJ — Tracheo-laryngite et stomatite pscudo-membraneuse chez un boa con- slricteur du Museum d'histoire naturelle de Paris, constatces par I'au- topsie; 23 belraintbes trouvees dans la trachee-artere el les pou- mons, etc., par le mfime 122 Tobercullsatlon (Voy. Purpura) . Tumeur (Note sur une) volumineuse enlourant Testoniac d'un python uolure, et survenue a la suite d'une violence exlerieure; nouveau distorae irouve dans les voies urinaircs de ce python, par le mdme. . 142 — irouvee dans la rale d'un cbien et produite par une multiplication con- Biderable des elements de la rale, par M. Vulpian ....... »80 V Cpat (Action physiologique de 1') antbiar et de I'anthiarine, par M. P61i- kan. 'W CrCe (Essaipbysiologique sur 1') dies urates, par M. Gallois , . . , 5i I6< 279 323 C. It. tirceolalres (Sur la presence d')dans la cavite brancliiale des tetards de grenouille, des epinoches, at a la surface du corps de ces animauz et des larves de trilon, par M. Vulpian Ill Drlne (Recherches sur I') des femmes en lactation, par M. Leconte . . «o Ut6ru8(Voy. Caillots, Placenta). Tacin (Imperroration congenitale du); dilatation considerable de ee con- duit, etc., par M. Depaul IS Vernis (Voy. Diveloppemenl du poulet). Vers (Sur le diagnostic de la presence des) dans I'intestin par rinspection microscopique des mati^res eipulsies, par M. Davaine It! FIN DE LA TABLE ANALTTIQUE. TABLE DBS MATIfRES PAR NOMS D'AUTEURS. B C. K. U. Balbia.Ni Experiences sar I'asphyxie des insectes iS7 > Beraud Du mode de lerminaison des libres longitudinales du rectum i63 • Bernard (CI.) Nouvelles experiences sur le nerf facial 59 • — De I'lnlluence qu'exercenl differenls nerfs sur la se- cretion de lasalive 65 • — Nouvelles recherches experimenlales sur les pli6no- menes glyeogeniques du foie » l — Note sur les quantites variables d'^Iectricile ncces- saires pour exciter les proprietes des dilTerents tissus " 113 BCRTBELOT Transformation de la mannite et de la glycerine en en un sucre proproraeni dit 61 ■ — Becberclies sur la transformation en sucre de di- vers principes immfediats dans les tissus des ani- maux verlebres 77 » — Surdiverses maiieres sucr^es 112 •• Blot Examen hisiologique des muscles gras 92 » BouLAY Note sur une alteration profonde des muscles grands psoas survenue tres-rapidement chez une ju- ment 90 » Brown-Sequard. . . Note sur quelques caract6res non encore signales des mouvemenls reflexes chez les mamraiferes. . 102 " C Carteaux Observations d'ulceralions de resloraac chez un foe- tus a lerme 20 >• Charcot Purpura hasmorrhagica et tuberculisation generate aigue I'iS H — et Davaine. Note sur un cas de kystes hydatiques multiples. . » 103 — el Vulpian. Phthisic pulmonaire; albuminuric; coloration bron- zee de la peau ; alteration graisseuse des capsules surrenalcs. . , , , lis u 326 D C. (. M. Darestb Note sur I'influence exercee sur le developpement du poulet par I'application lotale d'un vernis sur la coquille de I'cBuf 99 » — Note coraplementaire k nn memoire sur I'influence que le vernissage total de la coquille de Toeuf exerce sur le developpement du poulet ti7 » Davaine Sur une maladle de la balsamine des jardins ( im- patiens baltamina) 131 • — Sur le diagnostic de la presence des vers dans I'in- tesdn par I'lnspection microscopique des ma- ti^res expuls^es 188 » — De Taction du ccenure snr le cerveau (tournis). . . ■» U7 — et Charcot. (Voy. Charcot). Depacl Imperroration congenitale du vagin; dilatation con- siderable de ce conduit, etc 46 • — Note sur un Tcetus acepbale 132 » Devalez Dissection et examen d'un moignon resultant d'une ampuiaiion de la jambe au lieu d'election prati- quee il y a huit ans 41 > Ddpont et Dendcis. . Observation d'un cas de maladie pigmentaire sur- venue sur une vache » 307 Dcpiiis H^morrhagie intesilnale consecutive, et due k la presence d'une ulceration dans le cours d'une fiSvre typhoide 184 » DCPDV Observation d'un kyste sanguin ovarique, unilocu- laire 54 » — Plaie du rein gauche, etc 56 • — Retrecissement non cancereux du pylore; dilata- tion considerable de Testomac 80 • — Nephrite albumineuse coincidantavecun anevrisme de I'aorte abdominale 14 » — Note sur un cas d'abc^s du cervelet 16 • Fabre Sur un retr^cissement tres-considerable du canal du col de I'uterus a son oriQce cervico-ut^rin , ainsi qu'i son orifice vaginal , avec un tr^s-petit polype vasculaiie 88 — Sur un relrecissement du rectum, avec ulceration et perforation de cet intesiin, cl foyer purulent dans I'espace isitiio-rectal 89 Faivre De rinllucnce du cerveau sur la locomotion cbez Ics saulerelles (39 — el ^ecostf. (Voy. l.econle). 327 G u. n. 51 Gai.lois Essai physiologique siir I'liree et les urates.. . . — Sur la presence de Vures dans un kyste s^reux du rein 2 » Gannal (Felii). . . Memoire sur I'hydropisine, nouvelle maliere albu- minoide confondoe jusqu'a ce jour avec I'albu- mine » 199 SeruaiN (de Saint-Pierre). Note sur la structure de I'ovaire dans la fa- mille des borraginees 154 a Gikald£s Alteration du col de I'uterus chez un enfant nou- veau-ne 13 ■ GouBAiix Veau monstrueux appartenant au genre notomdle (faraille des polymeliens) 6 » — Sur un taureau monstrueux par greffe d'un individu parasite amorplie sur un autre bien conforrae (genre desmiognathe de M. Isidore Geoffroy- Sjint-Hilaire); sur la restitution de celui-ci a I'etat normal par une operation chirurgicale, et sur ['organisation de la masse parasitaire. ... n 279 Gros Note sur une nialadie peu connue, designee sous le nomde cachexie exoplitbalmique, de procidence anemique des globes oculaires 21 > Harlet -Description d'une nouvelle espece de pentastoma trouvee dans le poumon d'un serpent d'Egypte. HiFFELSBEiH Des applications de I'eleciricite dynaraique a la phy- siologie et a la iberapeutique — et Robin. Quel 139 Lagneau fits Note sur les maladies syphilitiquesconsecutives des voies lacrymales 44 » Le Bret Collection des cranes bumains appartenant a I'Aca- demie des sciences naturelles de Philadelphie; rapport lu a la Societe, le 28 novembre. ... » 87 Leconte Recherches sur I'urlne des femmes en lactation. . 60 • — et Ernest Faivre. Etudes sur la constitution chimique des elements et des tissus nerveux chez la sangsue medici- nale > t63 Legendre Observation d'une hernie crurale a travers I'apone- vrose du muscle peciine 86 •> — Syndaciylie des cinquiSmes doigls et absence du cinquieme orteil 93 » — Hernie crurale a travers le ligament de Gimbernat. I53 • — Sur la disposition des apondvruses du cou. ... 175 » LtsuKE (Voy. Rousseau). Leudet Recherches anatomiques et cliniqiies sur le retrecis- sement de raorte au niveau du canal arteriel. . . » fl3 — Recherches cliniques sur linlluence des maladies cer6brales sur la production du dialM'to ciicre. .> 123 329 C. R. H. LeiON (A.) • Etudes surl'albuminurie; considerations dephysio> logie palbologique Tondees sur I'observation cli- nique » 3ii — Cas de conrusion des reins ; etat de I'appareil vas- culalre renal 48 » — Anomalie du deplacement du rein gauche; Hal de I'appareil vasculaire renal; une seule artere om- bilicale; elat rudimentaire de la come uterine gauche to V — Observation d'hydrocephale congenitale par epan- chement dans les venlricules; trois ponctions successives; mort ; aulopsie; examen du liquide de I'epancberaent .,>.>. 149 » M Marcet De Taction du phosphate de sonde neutre tribasique sur les matieres grasses » 191 Martin Magron. . . (Voy. Rousseau). Martins (Ch.) .... Sur I'elude comparative des membres Iboraciques avec les membres abdomlnaux ....... 33 » MoNTAGNE (C.). . . . Sur un champignon deletere de I'ordre des muco- rines, irouve dans Testomac des abeilles ... 70 » Paten Sur la composition chimique du cristallin chez les poissons et les mammireres lerrestres .... 94 P£likan Action physiologique de I'upasanihiar et del'anthia- rlne 159 Pfluger el Westphal. Influence des nerfs splanchniques sur les niouve- menls de I'inlestin <6i R Robin (Ch.) Note sur les connexions anatumiques et pbysiologi- ques du placenta avec I'uterus 34 — Note sur la disposition que presentent exterieure- ment et sous le microscope certains caillots de la cavite uterine lOS — Note sur I'elat anatomo-pathologique des elements du foie dans I'ict^re grave . — Memoire sur un mode particulier el non diicrit de la production des kystes autour de certaines col- lections de pus et d'autres liquides dans les or- ganes profonds • 330 u. n. a. Robin (Ch.) Nolesurla structure de la membrane des kystes sublinguaux appelesgrenouillelte » 207 — et UiFFELSHElH. (Voy. Hiffelsheim). — et SicHEL. . . . (Voy. Sicliel). Rousseau (Euilg-L.), Alfred Lesure et Martin Macron. Action des cou- rants electriques eludiee comparativeoient sur les nerfs mixtes el sur las racines anlerieures ra- chidiennes » 223 — Rapport sur le memoirs precedent, fait au nom d'une commission compos6e de MM. CI. Bernard, Leconte et Verneuil, rapporteur •247 S SfiE (Marc) Anomalie des canaux pancr6atiques ....... i « SicHEL et Ch. Robin. Note sur la calaracte noire » 93 SocBEiRAN (Leom). . Note sur la recolte de la gomme adragante en Asia Mineure ** " V Vdlpun ; Sur la presence de cellules d'epilhelium vibratile dans restomac des reptiles 73 « — Experience relative a la diflerencod'aclion des deux p61es de la pile sur la contraclilite musculaire. 74 • — De Textirpatioii du ganglion cervical du grand sympatliiquc chez les grenouilles 75 • — Sur la presence d'urceolaires dans la cavite bran- chiate des leiards de grenouille, des epinoches, et k la surface du corps de ces animaux et des larves de triton ill » — Tumeur trouvee dans la rate d'un chien el produile par une multiplication considerable des elements normaux de la rale 180 » — Note sur une reaction pouvant contribuer a I'etude de I'albumine I85 » — Note sur quelqaes points relatifs a la physiologic de I'amnios etde rallanloide Chez les oiseaux. . . » 269 — et CnARCOT. (Voy. Charcot). Westphal. (Voy. Pfliiger.) FIN DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFFERTS A liA S®€IETE BE JSIOSiOeiE. 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HoFMEiSTER. . Beitrffige zur Kenntniss der Gefasskryptogamen. Leipzig, 1857. HouEL Des plaies et des ruptures do la vessie. Paris, 1857. L Larrey (Hippolyte) Rapport a la Society de chirurgie sur r(51ephaa- tiasis dii scrotum. Paris, 1856. Lebert. Ueberdie Piizkrankeit der Pliegen, etc., nebst Bemerkungen iiber andere planzlich parasi- tische Kranklieitea der Insecten. Zurich, 1856. Lebret Memoire sur le scorbut de rarm^e d'Orient. Pa- ris, 1857. — Esameu anthropologique des collections recueiU lies dans le voyage du prince Napoleon aux mers du Nord. Legendre De la valeur comparee des dilTerentes mtStliodes de traitemcnt des fractures, 1857. LEUDET(Lucien-Th6odore). Dissertation inaugurale, 1857. M M6moires de I'Academie royale de medecine de Belgique , t. Ill, 2 fasc, et I. IV, 1 fasc. Bruxelles, 1857. Memoires de la Societe de medecine veterinaire, t. Ill, 1" serie. Paris, 1856. M^moires de la Society imperiale des sciences de Lille, annees 1853, 1855, 2 vol. MiDDELDORPF Die Galvauocaustik, ein Beitrag zur operativen Medecin. Breslau, 1857. — Beitrage zur Lehre von der Knochenbruchen. Breslau, 1853. MoNTAGNE (C.) Communication relative a piusieurs maladies des plantes economiques et potag^res. (Extrait des comptes rendus de I'Acad. des sciences. 1857.) 334 MoNTAGN'E (C.) lieflexioiis sur le mode de reproduction des algiies. (Acad, des sciences, t. XLIII.) — Sylloge generum specierumque cryptogama- rum, etc. Parisiis, 1856. — Note sur le genre mazzantia de la famille des py- remomycetes. — Note sur le boschia, genre nouveau de la famille des b(?patiques. — Note sur un champignon monstrueux trouv^ par M. Leon SouLeiran. — Analyse da memoire du reverend Berkeley sur les mucedinees parasites de la Tigne et du houblon. P Publications of learned Societies and periodicals in the library of the Smith- sonian institution. PcEL De la catalepsie. Paris, 1856. S Societe havraise Recueil de publications, 1855-1856. Le Havre. Smith Experiments upon digestion. Philadelphia, 1856. SouBEiRAN (Leon) Description de deux cas de monstruosites. — line course aux lies d'Houat et d'Hoedic. — Description de I'aquarium du Museum de Paris. T Thiernesse Memoire sur une concretion polypiforme dans le ventricule gauche du coeur d'un jeune pore Bmxelles, 1856. V Yerbandlungen der physikalisch-medicinischen Gesellschaft in Wurzburg. ( Siebenter band 11 heft. Wurzbourg, 1857.) Verslagen en mededie lingen der koninklijke .Akademie van wetenschappen. Amsterdam, 1S56-1S57. VV WiiXEMiN De I'emploi des eaux de Vichy dans les affections chroniques de I'uterus. Paris, 1857. CHEZ LES MEMES LIBRAIRES. COMPTES RENDUS DES SEANCES ET MEMOIRES *■ ^_ >' SOCIETE DE BIOLOGIE. Annies 1849 a 1853. Paris, 1850— 1854. 5 volumes in-8° avec planches. Le tome I", ann^e 1849, Paris 1850, in-8° de 206-170 pages, avec 4 planches lithographi^es, est 6puis6. Tome II, ann^e 1850. Paris, 1851. In-S" de 203-258 pages, avec 3 planches lithographi^es. 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